La naissance de ce concept, et celle d'une revue, Présence africaine, qui paraît en 1947 simultanément à Dakar et à Paris, va faire l'effet

d'une déflagration. Elle rassemble des Noirs de tous les horizons du monde, ainsi que des intellectuels français, notamment Sartre. Celui-ci
définit alors la négritude comme : « la négation de la négation de l'homme noir ».

Pour Senghor, la négritude est « l'ensemble des valeurs culturelles de l'Afrique noire » ou encore : « La négritude est un fait, une culture.
C'est l'ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d'Afrique et des
minorités noires d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie ».

Pour Césaire, « ce mot désigne en premier lieu le rejet. Le rejet de l'assimilation culturelle ; le rejet d'une certaine image du Noir paisible,
incapable de construire une civilisation. Le culturel prime sur le politique ».

Critiques

Par la suite, des écrivains noirs ou créoles ont critiqué ce concept, jugé trop réducteur : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur
sa proie et la dévore » (Wole Soyinka), ce à quoi Léopold Sédar Senghor répondra : « Le zèbre ne peut se défaire de ses zébrures sans
cesser d'être Zèbre, de même que le nègre ne peut se défaire de sa Négritude sans cesser d'être Nègre ». Les propos de Soyinka ont fait
davantage de bruit que la réponse de Senghor.

Stanislas Spero Adotevi fait une analyse sévère dans son essai Négritude et négrologues : « Souvenir dans la connivence nocturne, la
négritude est l'offrande lyrique du poète à sa propre obscurité désespérément au passé ».

En 1968, Yambo Ouologuem participe à ce débat avec son ouvrage polémique Le Devoir de violence.

Il sera ainsi globalement reproché à la négritude de véhiculer une vision « négriste » de la poésie, et d'enfermer les Noirs dans un schéma
réducteur.

Mais les principaux auteurs de la négritude en ont également fait un mouvement controversé de par leurs désaccords. En effet, ils n'en
avaient pas tous la même vision. Selon l'écrivain guadeloupéen Daniel Maximin, la négritude ne se définit pas comme un mouvement, mais
comme une génération d'intellectuels rassemblés par une même prise de conscience[6], tandis que Léopold Sédar Senghor la théorise
comme telle[7]. Enfin, du fait d'origines différentes (Guyane, Martinique, Sénégal), la négritude trouvant sa source dans les vécus de chacun
d'eux, il s'agit de points de vue personnels, de leur propre négritude, à la fois singulière et plurielle (dépasser la révolte pour prôner la paix
et la fraternité[8], exhorter à la révolte[9] ou bien exprimer sa rancœur[10]).

Dans les années 1960, Aimé Césaire estime que le mot « négritude » risque de devenir une « notion de divisions » lorsqu’il n'est pas remis
dans son contexte historique des années 1930 et 1940[11].

Notes et références

1. Dossier sur le mouvement de la négritude (http://www.assemble 4. (en) Reilly, B, « Négritude’s Contretemps: The Coining and
e-nationale.fr/histoire/aime-cesaire/negritude.asp)  [archive], Reception of Aimé Césaire’s Neologism », Philological Quarterly,
Assemblée nationale française. vol. 99, no 4,‎2020, p. 377–98

2. Cathy Lafon, « Vidéo. Qui était Paulette Nardal, mise à l’honneur 5. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La
ce mardi par Google ? », Sud Ouest,‎10 décembre 2021 Découverte, 2014, p. 82
(ISSN 1760-6454 (https://www.worldcat.org/issn/1760-6454&l
6. dixit Aimé Césaire
ang=fr) , lire en ligne (https://www.sudouest.fr/culture/google-l
ui-rend-hommage-ce-mardi-qui-etait-paulette-nardal-6544584.p 7. Liberté, L.S Senghor

hp)  [archive], consulté le 13 octobre 2021). 8. Hosties Noires, Léopold Sédar Senghor
3. Christopher L. Miller, The (Revised) Birth of Negritude: 9. Cahier d'un retour au pays natal, Aimé Césaire
Communist Revolution and “the Immanent Negro” in 1935,
10. Pigments Névralgies, Léon Gontran Damas
PMLA, vol. 125, n° 3, May 2010
11. Amzat Boukari-Yabara, Une histoire du panafricanisme, 2014,
p. 280

Annexes

Articles connexes
 Véronique Tadjo René Maran Maison de la Négritude

Léopold Sédar Senghor Jean Price Mars Littérature africaine

Aimé Césaire Paulette Nardal Bernard Dadié

Jean-Fernand Brierre Stanislas Spero Adotevi Lamine Senghor (1889-1927)

Birago Diop Guy Tirolien Tiemoko Garan Kouyaté (1902-1944),

cofondateur de la « Ligue de défense de la
David Diop Tchicaya U Tam'si
race nègre » (LRDN, 1920)
Léon-Gontran Damas Léopold Congo-Mbemba
Marcus Garvey (1887-1940)
Jacques Rabemananjara Congrès des écrivains et artistes noirs

Lilyan Kesteloot Festival mondial des arts nègres

Bibliographie
Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal 1939 dans la revue Volontés, réédité en 1956, Présence Africaine

Stanislas Spero Adotevi, Négritude et négrologues, Paris : Éditions Le Castor Astral, 1972 réédité en 1998

Léon-Gontran Damas, Poètes d'expression française, Paris : Éditions du Seuil, 1947

Christian Filostrat, Negritude Agonistes, Africana Homestead Legacy Publishers 2008, (ISBN 978-0-9818939-2-1)

Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, Karthala, AUF, 2004 (mise à jour), 386 p.  (ISBN 2-84586-112-5)

Mouhamadou Kane, Birago Diop, l'homme et l'œuvre, Paris : Présence Africaine, 1971

Sélim Lander, Crépuscule de la négritude [source insuffisante]

(en) I. L.Markovitz, Leopold Sedar Senghor and the Politics of Negritude, New York, Atheneum, 1969, VIII-300 p. (Thèse)

Léopold Sédar Senghor, Liberté 1 : Négritude et humanisme, Paris: Éditions du Seuil, 1964.

Léopold S. Senghor, « Qu'est-ce que la négritude ? », Études françaises, vol. 3, n° 1, 1967, p. 3-20 (lire en ligne (https://www.erudit.org/fr/r
evues/etudfr/1967-v3-n1-etudfr1747/036251ar/)  [archive]).

René Piquion, L'épopée d'une torche, Deschamps, Port-au-Prince, 1979

Léopold Sédar Senghor, Ce que je crois, Paris : Grasset, 1988

(en) Véronique Tadjo, Latérite/Red Earth, Spokane, WA : Eastern Washington University Press, 2006

Peter Thompson, Négritude et nouveaux mondes - poésie noire : africaine, antillaise, et malgache, Concord, MA : Wayside Publishing, 1994

M. Steins, Les antécédents et la genèse de la négritude senghorienne, Paris, Université de Paris III, 1981, 3 t., 1346 p. + 9 p. (Thèse d’État)

Annie Urbanik-Rizk, Étude sur Aimé Césaire : Cahier d'un retour au pays natal, Discours sur le colonialisme, Ellipse Marketing, 1998
(ISBN 978-2729844127)

Karfa Diallo, Matins noirs, essai poétique pour une nouvelle négritude. Édition Ex Æquo10, Collection Hors cadre, Châlons en Champagne,
2010.

Supra-négritude, essai, éditions Fiat Lux, 2013, préface de Grégoire Biyogo (ISBN 979-1091157018)

Black Nihilism, essai, éditions New African Cultures Éditions, 2014 (ISBN 978-2955002902)

Obscure époque, fiction géopolitique, éditions New African Cultures Éditions, 2016, préface de Rockin' Squat (ISBN 978-2805203053)

L'Afrique libre, ou la mort, récit politique, édition Groupe CCEE, 2018, préfaces de Biram Dah Abeid, Alexandre Douguine, Élie Domota,
Pedro Biscay, Djimon Hounsou, Ganiou Soglo et Nicolas Anelka (ISBN 979-1091157292)

Filmographie
Négritude : Naissance et expansion du concept, film documentaire réalisé par Nathalie Fave et Jean-Baptiste Fave, produit par Maison
Africaine de la Poésie Internationale, tourné au Sénégal en 2005, 56 min (édité en DVD, premières minutes disponibles en ligne (https://w
ww.youtube.com/watch?v=OzQ4NM_fJHI)  [archive]). Le film comprend des interventions d'Amadou Lamine Sall, Racine Senghor,
Lilyan Kesteloot, Jean-Louis Roy, Jacqueline Lemoine, Gérard Chenêt, Victor Emmanuel Cabrita, Nafissatou Dia Diouf, Amadou Ly,
Youssoufa Bâ, Raphaël Ndiaye, Alioune Badara Bèye, Hamidou Dia, Georges Courrèges, Baba Diop
 « Le concept de négritude » (https://www.ina.fr/video/3607388001003/index.fr.html)  [archive] [vidéo], sur ina.fr, France 3, RFO (Soir 3
journal), 18 avril 2008

Liens externes
Notices d'autorité :
Bibliothèque nationale de France (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb119386184) (données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb119386184) )
 · Bibliothèque du Congrès (http://id.loc.gov/authorities/sh88002130)  · Gemeinsame Normdatei (http://d-nb.info/gnd/4171411-8)  ·
Bibliothèque nationale d’Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_code=UID&request=987007536724005171)  
· Bibliothèque nationale tchèque (http://aut.nkp.cz/ph1152146)  ·
Bibliothèque nationale de Lettonie (https://kopkatalogs.lv/F/?func=direct&local_base=lnc10&doc_number=000321925)

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :

Dizionario di Storia (http://www.treccani.it/enciclopedia/negritudine_(Dizionario-di-Storia)/)  [archive] ·
Encyclopædia Britannica (https://www.britannica.com/topic/Negritude)  [archive] ·
Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.enciclopedia.cat/EC-GEC-0125904.xml)  [archive]

Ressource relative à la recherche : (en) Stanford Encyclopedia of Philosophy (https://plato.stanford.edu/entries/negritude/)

La dimension diasporique de la négritude dans le Nouveau Monde

(http://www.manioc.org/fichiers/HASH2bf88fca1ca168135d07a9)  [archive]

Colloque Léon-Gontran Damas Discussion autour du thème "Négritude et Surréalisme"

(http://www.manioc.org/fichiers/V14003)  [archive]

Damas et la Guyane : "La négritude et les idéologies des racines : quels héritages dans l'identité créole guyanaise ?" (http://www.manioc.
org/fichiers/V13265)  [archive]

Négritude et surréalisme : le style canaille de Damas (http://www.manioc.org/fichiers/V13269)  [archive]

Léon-Gontran Damas : poète jazz du trio de la Négritude (http://www.manioc.org/fichiers/V13262)  [archive]

Articles et présentation "Négritude" (http://www.unc.edu/depts/europe/francophone/negritude/fren/index.htm)  [archive]

Présentation de la Négritude sur Écrit créole, Langue et culture (http://ecrit.creole.free.fr/negritude.html)  [archive] et sur l'Encyclopédie
de la francophonie (http://agora.qc.ca/francophonie.nsf/Dossiers/Negritude)  [archive]

L'Étudiant noir, journal mensuel de l'Association des étudiants martiniquais en France, première année n°3 mai-juin 1935 (http://letudiant-
noir.webs.com/)  [archive]

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