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INTRODUCTION

Apparaissant dans les années 1880, le symbolisme est un mouvement artistique français
qui s’est par la suite propagé en Belgique puis dans le reste de l’Europe et du monde
jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale.

Le terme « symbolisme » provient du latin « symbolum » et du


grec « symbolon » signifiant « mettre ensemble », « joindre ». C’est le poète Jean
Moréas qui le premier employa ce terme en 1886 dans « Un manifeste littéraire » publié
dans le Figaro.

En réalité, le symbolisme serait davantage une démarche intellectuelle, un courant aux


contours imprécis qu’un mouvement artistique délimité. L’utilisation d’un terme
commode a pour risque de rassembler sous une même étiquette des mouvements qui
ne coïncident qu’en surface. Les historiens ont souvent qualifié cette période
de postimpressionniste, prenant ainsi en considération les individualités de chacun
(Gustave Moreau, Puvis de Chavannes) et les écoles (Pont-Aven, Nabis).

Le symbolisme transcenda la seule Europe et se diffusa dans le monde entier. Il ne


généra pas de style commun, mais au contraire des styles très différents propres à
chaque artiste.

Ainsi pour aller plus loin, nous allons d’abord définition le mot symbolisme et ainsi que
ses caractéristiques.

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I. DEFINITION

Le symbolisme est un mouvement artistique européen qui se développe dans les années
1870 et qui atteint son apogée dans les années 1890. Il apparaît d'abord en poésie avant
de gagner la peinture, la musique et le théâtre.

Il est difficile de définir clairement un style symboliste, puisque le mouvement a réuni


de nombreuses tendances différentes. Un certain nombre de thèmes sont cependant
communs à tous les artistes : un fort pessimisme, une attirance pour le rêve et
l'ésotérisme, et une atmosphère générale de mélancolie. Le symbole de la femme
fatale, très souvent interprété par les symbolistes, s'accompagne d'une forte misogynie
dans le mouvement. Enfin, la recherche d'une synthèse des arts donne lieu à de
nombreux échanges entre des artistes de différents domaines, et le symbolisme se
répand dans tous les genres.

II. HISTORIQUE DE LA NAISSANCE DU SYMBOLISME EN ARTS PLASTIQUES

Le symbolisme est un mouvement littéraire et artistique apparut en France, en Belgique


et en Russie à la fin du 19ème siècle, en réaction au réalisme et au naturalisme.

C’est le critique et romancier Emile ZOLA, en 1876, qui a été le premier à employer ce
terme en accusant le peintre Gustave MOREAU de pratiquer du « symbolisme », dans le
cadre de la critique de ses tableaux présentés à Paris au salon annuel de peinture. Cette
critique est généralement considérée comme l’acte de naissance du symbolisme.

III. UN COURANT D’ORIGINE LITTERAIRE

D’abord mouvement littéraire, le symbolisme fit par la suite l’objet d’un salon artistique,
littéraire et musical dédié.

1. Les influences de la littérature

Le symbolisme en littérature trouve ses origines dans « Les Fleurs du Mal » de Charles
Baudelaire (1821-1867) dont la publication remonte à 1857. Les traductions des travaux
d’Edgar Allan Poe par Baudelaire eurent également une influence significative sur le
mouvement. Les poètes symboliques essayèrent de saisir un idéal, d’accéder à un
univers spirituel. Le symbole devint le secret de la poésie. Le langage est fluide, musical,
pur et le vers est libre.

Ce nouvel esthétisme du symbolisme a par la suite été développé par Stéphane


Mallarmé (1842-1898) et Paul Verlaine (1844-1896) dans les années 1870-1880. Des
manifestes à l’honneur du symbolisme attirèrent nombre d’écrivains. En ce sens,
l’écrivain et critique d’art Joris-Karl Huysmans, d’abord rattaché au naturalisme, finira

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par adhérer aux principes du symbolisme (« À rebours », 1884).

Un écrivain et critique d’art fut même à l’origine d’un Salon artistique, littéraire et
musical symboliste.

2. Le Salon de la Rose-Croix

Joséphin Péladan (1858-1918) fut l’un des plus importants promoteurs du symbolisme à
Paris. Prenant le contrepied de son contemporain et naturaliste Émile Zola (1840-1902),
Péladan écrivit de nombreux manifestes en faveur du symbolisme.

En 1890, Péladan fonda l’Ordre de la Rose-Croix. Le premier Salon de l’Ordre fut


organisé l’année suivante à la galerie Paul Durand-Ruel — célèbre marchand qui
défendit les artistes impressionnistes. De nombreux artistes symbolistes, français ou
étrangers, exposèrent leurs œuvres. Ainsi, il était possible de retrouver : Gustave
Moreau, Fernand Khnopff, Henri Martin, Émile Bernard ou encore Georges Rouault. Le
succès fut important et tous les plus grands écrivains s’y pressèrent. Certains artistes
comme Pierre Puvis de Chavannes, Odilon Redon ou Maurice Denis déclinèrent
l’invitation.

Le Salon de la Rose-Croix donna lieu à six représentations de l’avant-garde artistique. Il


prit fin en 1897.

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3. L’art symbolique

L’art symbolique s’est construit en opposition aux courants naturaliste et


impressionniste. S’il est difficile à définir, il comporte tout de même plusieurs
caractéristiques. Certains artistes du début du XIXe avaient annoncé la naissance du
mouvement.

4. Une remise en cause du naturalisme et de l’impressionnisme

Le symbolisme constitue un mouvement s’inscrivant en réaction au naturalisme et à


l’impressionnisme. Ces deux courants artistiques datent également de la fin du
XIXe siècle.

Le naturalisme peut approximativement être daté entre 1870 et 1890. Il fait suite au
réalisme de Gustave Courbet (1819-1877). Les peintres naturalistes s’attachèrent à
représenter la vie quotidienne, peignèrent des anonymes dans un milieu naturel et
essayèrent de dépasser le réel en accentuant l’instantanéité du moment afin de le
rendre davantage symbolique. Parmi les artistes naturalistes, nous pouvons évoquer
Jules Bastien-Lepage (1848-1884) et Jean-François Raffaëlli (1850-1924).

De son côté l’impressionnisme consiste à représenter le motif en fonction de la lumière


et de ses effets. Remettant en cause les principes artistiques qui définissaient
jusqu’alors la représentation picturale, les artistes peignèrent l’instant selon les lois
scientifiques de la perception visuelle. La couleur devenant ainsi le seul outil de
composition. Les artistes impressionnistes sont mondialement connus et leurs
compositions recherchées. Citons en ce sens Édouard Manet (1832-1883), Claude
Monet (1840-1926), Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), Gustave Caillebotte (1848-
1894), Edgar Degas (1834-1917) et Berthe Morisot (1841-1895).

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IV. CARACTERISATION D’UNE PEINTURE SYMBOLISTE

Même si le symbolisme est propre à chaque artiste et se traduit différemment selon


chacun, les œuvres des artistes symbolistes présentent des caractéristiques communes.

À travers leurs œuvres, les symbolistes ont souhaité représenter des vérités absolues
qui ne pouvaient être décrites directement d’où le recours à la spiritualité, à
l’imagination et au rêve. Ainsi, là où le naturalisme illustre ce qui est visible et
l’impressionnisme la superficialité et l’éphémère des choses et des êtres, le symbolisme
vise à interpréter et donner une signification plus vaste que celle constatée au premier
abord. Les thèmes de prédilection des artistes sont la mort, la religion, la sensualité, le
spirituel. Les compositions sont parsemées de signes et de symboles. Les personnages
et les objets n’acquièrent leur signification que par leur caractère symbolique. Le but
des symbolistes est de privilégier l’expression des états d’âme, mettre en avant la
dimension du psychique. Le symbolisme est un art ésotérique, de l’invisible, du
mystérieux, de l’occulte.

Le symbolisme est caractérisé par ses refus du réalisme et du naturalisme. En effet :

- Le sujet est de moins en moins important.


- Les peintres symbolistes privilégient la subjectivité.
- Les peintres symbolistes transposent des images concrètes dans des réalités
abstraites.
- Les thèmes traités sont tirés de la métaphysique, du mystère, du mysticisme et
du spirituel.
- L’intemporalité et l’invraisemblance des formes et des couleurs (les formes et les
couleurs ne varient pas en fonction du temps).
- Le mode d’expression est l’utilisation de nuances de couleurs.

Au début du XIXe siècle, plusieurs artistes réalisèrent des œuvres à la finalité


symbolique.

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V. LES PREMICES DU SYMBOLISME

De nombreux artistes romantiques anglais et allemands annoncèrent le symbolisme


dans leurs œuvres.

Les Anglais Johann Heinrich Füssli (1741-1825) et William Blake (1757-1827) usèrent du
rêve et de l’imagination dans leurs compositions. L’être humain étant presque toujours
au centre des préoccupations aux rapports énigmatiques et magiques avec la mort et
l’érotisme.

Enfin, les œuvres du groupe des préraphaélites avaient une visée symbolique et morale.
Leur style est réaliste, le but étant d’atteindre une pureté spirituelle qu’ils considéraient
comme perdue à leur époque. Les préraphaélites, tout comme leurs contemporains
allemands nazaréens, puisèrent leur inspiration dans la littérature.

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Si les prémices au symbolisme sont plurales, le mouvement fut avant tout français et
belge avant de devenir international.

A. LE SYMBOLISME FRANÇAIS

La première génération de peintres français symbolistes est notamment constituée de


Gustave Moreau et Pierre Puvis de Chavannes. Par la suite, l’École de Pont-Aven ainsi
que le groupe des Nabis firent leur apparition et peuvent être rattachés au symbolisme.

- Gustave Moreau

L’art de Gustave Moreau (1826-1898) s’inspire des principes académiques, romantique


et italianisant. Il a su combiner ces influences pour aboutir à des créations originales,
fortement individualisées et qui ne ressemblent à rien d’autre. Son but étant de faire
voyager le spectateur vers un autre monde. Ses compositions avaient pour ambition de
les faire rêver.

Moreau se considérait comme peintre d’histoire et affirma avoir souffert toute sa vie
d’avoir été considéré par l’opinion trop littéraire pour un peintre. Pour autant, en
donnant une dimension spirituelle à son art, Moreau conféra un souffle nouveau à ce
genre expirant. Il accorda un rôle prééminent à l’imagination et à l’hallucination dans
son œuvre. Le poète André Breton (1896-1966) affirma que le génie de Moreau a été de
revivifier les mythes antiques (« Œdipe et le Sphinx », 1864) et bibliques (« Salomé
dansant devant Hérode », 1876).

« Orphée » peint en 1865 constitue l’un des premiers exemples de peinture symboliste.
La composition de Moreau illustre le mythe grec selon lequel Orphée aurait été dépecé

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par les Ménades qu’il avait charmé avec sa musique afin de ramener des Enfers sa
femme Eurydice. Moreau prolongea le mythe en dépeignant une jeune fille recueillant
la tête du poète. Ces deux derniers se regardent dans une contemplation semblant
infinie. Cette scène apaisée se soustrait mystérieusement à la morbidité. La composition
est baignée par une lumière crépusculaire sur fond de paysages fantastiques évoquant
le sfumato de Léonard de Vinci. « Orphée » illustre un univers semi-fantastique à
l’atmosphère inquiétante imprégnée de charmes ambigus.

- Pierre Puvis de Chavannes

Tout comme Gustave Moreau, Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) est considéré
comme un précurseur au symbolisme, même si de son vivant l’artiste n’acceptait
qu’avec réticence cette qualification.

Puvis de Chavannes trouva son inspiration dans la Renaissance italienne, notamment


dans Giotto. Ses compositions n’ont pas de relief, les tons sont purs et mats laissant
filtrer une atmosphère sereine et hors du temps. Au cours de sa carrière, l’artiste
symboliste réalisa de nombreux décors (Panthéon de Paris, Musée de Lyon,
Amphithéâtre de la Sorbonne).

« Le Pauvre Pêcheur » de 1881 reprend un thème caractéristique du peintre. La


composition frappe par la simplification des formes, le recours à des couleurs douces en
aplats ainsi que par son caractère énigmatique. Puvis de Chavannes a peint un contraste
saisissant entre la solitude du pêcheur au visage émacié dans la barque au premier plan
et la quiétude de la jeune fille cueillant des fleurs aux côtés d’un enfant endormi sur la
berge. La pose du pêcheur, debout, la tête penchée et les bras croisés évoque la figure
paysanne dans « L’Angélus » (1857-1859) de Jean-François Millet (1814-1875) que
Chavannes admirait.

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À la même époque, la toute jeune Belgique datant de 1830 joua un rôle déterminant
dans l’élaboration et la diffusion des nouvelles esthétiques.

B. LE SYMBOLISME BELGE

Le symbolisme belge s’est exprimé par la poésie d’Émile Verhaeren (1855-1916), mais
également par ses nombreux peintres tels Fernand Khnopff, James Ensor, Georges
Minne et Léon Spilliaert.

- Le Salon des XX

En 1883 fut fondé à Bruxelles le Groupe des XX par l’écrivain Octave Maus (1856-1919),
le but étant de rivaliser avec Paris. Dès 1884, le groupe de vingt artistes organisa un
salon annuel privilégiant les tendances les plus novatrices de l’art européen. Plusieurs
artistes étrangers furent également invités à participer au salon : Paul Gauguin, Camille
Pissarro, Claude Monet, Georges Seurat, Paul Cézanne, Vincent van Gogh. Les salons se
sont succédé jusqu’en 1893 où ils furent remplacés par le Salon de la libre esthétique.

Fernand Khnopff et James Ensor font partie des vingt artistes fondateurs du Groupe des
XX.

- Le mystique Fernand Khnopff

D’abord peintre délicat d’intérieurs et de portraits, Fernand Khnopff (1858-1921) devint


par la suite, au contact des préraphaélites et des symbolistes de la Rose-Croix, l’un des
représentants les plus raffinés du symbolisme figuratif européen.

La représentation de la femme est prépondérante dans l’œuvre de Khnopff. Qu’elle soit


dépeinte sous les traits d’un sphinx ou d’un ange, son regard est souvent empli de
mystère et se veut inaccessible. Les compositions de l’artiste évoquent le rêve, le
monde de l’imaginaire. Les objets sont chargés de symboles. « Des caresses » de 1896
évoque le mythe d’Œdipe, thème cher aux symbolistes. La composition de Khnopff est
sensuelle et mystique. À la fois fatale et virginale, la femme de Khnopff peinte sous
l’apparence d’un sphinx illustre la dualité qui passionna l’artiste. Aux yeux des
symbolistes la femme incarne l’ambiguïté du monde. Les tons pastel renforcent l’aspect
nostalgique et mélancolique qui se dégage du tableau.

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C. Un symbolisme international

Parmi les étrangers proches du courant symboliste, citons James Abbott McNeil
Whistler, Gustav Klimt et Edvard Munch.

- L’américain James Abbott McNeill Whistler

Américain de naissance, français par sa formation et résident londonien, James Abbott


McNeil Whistler (1834-1903) est un peintre international. Son style esthétique est
proche de celui des impressionnistes et des symbolistes. Whistler est connu comme
étant le peintre des nocturnes. Ses compositions illustrent de véritables harmonies
d’ombres et de lumières, faisant de lui l’un des maîtres du paysage et du portrait
moderne.

En 1863, Whistler exposa « The White Girl » au Salon des Refusés aux côtés
du « Déjeuner sur l’herbe » d’Édouard Manet. Leurs compositions, incomprises, firent
l’objet de railleries. À travers son sujet Whistler cherchait une harmonie picturale de
blancs, les rehaussant de subtiles taches de couleur, sans s’intéresser à la ligne ou à la
beauté idéale. L’artiste rebaptisa par la suite son tableau « Symphony in White, No. 1 :
The White Girl » illustrant mieux sa démarche.

VI. LES SYMBOLISTES SUR LE MARCHE DE L’ART

Les œuvres symbolistes, tout comme les œuvres du XIXe en général, attirent les
collectionneurs. « Le Cri » d’Edvard Munch est demeuré pendant un certain temps le
tableau le plus cher du monde. Il fut vendu 120 millions de dollars par Sotheby’s New
York en 2012.

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CONCLUSION

En définitive il convient de retenir que le symbolisme est apparu en réaction contre le


naturalisme, accusé de ne proposer qu’une vision mécaniste de l’homme et de l’univers
: en effet les sciences prennent de plus en plus d’importance dans l’histoire de
l’humanité et l’on cherche de plus en plus à connaitre les causes des evennement
naturels, etc …

Au contraire, les symbolistes expriment leurs idées, leurs sentiments et leurs valeurs au
moyen de symboles plutôt que de déclarations explicites. ls développent un pessimisme
mélancolique. Ils utilisent des images morbides qui côtoient parfois l'ironie et la parodie.

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