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CHAPITRE VI

CALCUL A LA RUPTURE DES SYSTEMES EN


MILIEU CONTINU 3D

215
216
1. Domaine K des chargements potentiellement supportables

Comme nous l’avons vu sur le cas des structures à barres fléchies (chapitre V), la
définition des chargements potentiellement supportables repose sur un raisonnement de
compatibilité «équilibre-résistance» que nous nous proposons maintenant d’expliciter dans
le cadre du formalisme de la mécanique des milieux continus 3D.

Considérons un système occupant un domaine géométrique  , soumis à un chargement


dépendant de n paramètres Q  Qi , i  1,...,n  , et dont le critère de résistance du matériau
constitutif au point x de  est défini par :

f x; ( x)   0   ( x)  G( x) (6.1)

où G(x) représente le domaine de résistance en ce point, constitué de l’ensemble des états


de contrainte  (x) admissibles. Nous admettrons que ce domaine contient l’origine1:

 ( x)  0  G ( x) (6.2)

et possède par ailleurs la propriété de convexité :

 1(x),  2(x)G(x)  (1- ) 1(x)    2(x)G(x) ,  [0,1] (6.3)

qui est géométriquement illustrée sur la figure 1 : le segment joignant dans l’espace des
contraintes deux états de contrainte admissibles est inclus dans le domaine G(x) .

 kl
(1   )   ,   0,1
1 2

1

G(x) 2
0  ij

Figure 1. Convexité du domaine de résistance G(x)

Tout comme dans le cas des structures à barres fléchies, nous définirons le domaine K des
chargements potentiellement supportables par le système en milieu continu 3D, comme
l’ensemble des chargements Q tels qu’il existe un champ de contrainte  en équilibre

1
C’est-à-dire que le matériau résiste à un état de contrainte nul !

217
(statiquement admissible : S.A.) avec Q et vérifiant en tout point le critère de résistance (6.1)
du matériau constitutif.
 S.A. avec Q EQUILIBRE

QK   (6.4)

 ( x)  G ( x)  x   RESISTANCE

Il convient de noter, qu’à la différence des structures à barres fléchies2 où les champs de
contrainte (distributions de moments fléchissants) ne dépendent que d’un nombre fini
d’inconnues hyperstatiques, les champs de contrainte  en équilibre forment un espace de
dimension infinie non dénombrable. Ils doivent vérifier, outre les conditions aux limites en
efforts prescrites sur le contour  de  , les équations d’équilibre, soit :

x, div (x)   F(x)  0 (6.5)

en tout point où le champ  est continu et différentiable,  F désignant la densité


volumique d’efforts à distance (gravité,…), ainsi que l’équation aux discontinuités :

x ,   (x) . n(x)  0 (6.5-bis)

n(x)
2  ( x).n( x)  0

1  ( x)   2
( x)   ( x)
1

Figure 2. Surface de discontinuité du champ de contrainte et équation de saut

valable en tout point d’une surface de discontinuité  du champ de contrainte. Cette


dernière équation exprime la continuité du vecteur-contrainte agissant sur la facette tangente
à la surface, de normale n(x) , à la traversée de cette surface (figure 2).

2
…ou des systèmes réticulés.

218
Localement GLOBALEMENT

 kl Qj K
convexité convexité

G(x)
 ij
Qi

  0  G( x) Q  0 K

Figure 3. Transposition au domaine K des propriétés des domaines


Il est facile de montrer à partir de la définition (6.4), que les propriétés (6.2) et (6.3)
supposées valables pour tout G(x) , sont transposables au domaine K, qui contient donc le
chargement Q  0 et vérifie lui-même la propriété de convexité (figure 3).

2. Approche statique par l’intérieur de K

Cette approche revient tout simplement à appliquer la définition (6.4) du domaine K, en


s’attachant pour une valeur donnée du chargement à mettre en évidence3 un champ de
contrainte équilibrant ce chargement tout en respectant le critère de résistance en tout point
du matériau constitutif. Etant donné dans l’espace des paramètres de chargement Q un
ensemble de points représentatifs de tels chargements appartenant à K, la propriété de
convexité de ce dernier permet d’affirmer que l’enveloppe convexe de ces points (définie
comme le plus petit ensemble convexe les contenant) est incluse dans le domaine K : d’où la
dénomination d’approche «par l’intérieur» (figure 4).

Qj enveloppe convexe

Ks

0 Qi

3
Par voie analytique ou numérique (éléments finis).

219
Figure 4. Construction d’une approche statique par l’intérieur du domaine K

Une méthode possible consiste à procéder par trajets de chargements radiaux comme

indiqué sur la figure 5. Etant donnée une valeur quelconque du chargement, notée Q , on
définit  par:

  sup ; Q K  (6.6)


de sorte que  Q , situé sur la frontière de K, est le chargement extrême dans la direction

radiale définie par Q .

Désignant alors par  un champ de contrainte quelconque statiquement admissible avec
Q , il est clair que la valeur s définie par :
*


s  sup ;  (x)G(x) , x  (6.7)

constitue un minorant de la valeur extrême  du multiplicateur :


s   (6.8)

puisque nous n’avons exploré qu’une classe particulière de champs de contrainte, de la



forme  . Les relations (6.7) et (6.8) montrent que l’approche statique par l’intérieur se
traduit par un problème de recherche de maximum sous contraintes.

Qj

 Q 

K s Q 

Q
Qi

Figure 5. Approche par l’intérieur du domaine K par trajet de chargement radial

3. Un exemple illustratif : l’essai de compression simple d’une éprouvette

On se propose d’illustrer la mise en œuvre de l’approche statique par l’intérieur sur


l’exemple de la compression d’une éprouvette cylindrique de hauteur h et de section S
(figure 6). Les conditions aux limites sont les suivantes :

220
 Surface latérale S l libre de contrainte :

T 0 (6.9(a))
 Face inférieure de l’éprouvette (z=0) en contact sans frottement avec un plateau
rigide immobile :
Tx  Ty  0 , U z  0 (6.9(b))

 Face supérieure de l’éprouvette (z=h) en contact sans frottement avec un plateau


indéformable en translation verticale vers le bas:

Tx  Ty  0 , U z  U , U  0 (6.9(c))

 On néglige par ailleurs les forces de volume.

Cette éprouvette est constituée d’un matériau homogène obéissant à un critère de


résistance caractérisé par le domaine G, indépendant de x. Le paramètre de chargement étant
la force de compression Q, comptée positivement vers le bas, exercée par le plateau
supérieur sur l’éprouvette :
Q  zzdxdy
S ( z  h)
(6.10)

on s’intéresse à la détermination de sa valeur extrême Q  , définie en vertu de (6.4) par :


Q  sup  Q ;   S.A. Q,  (x)  G x (6.11)

 U

0
h
Sl
z
y
x

Figure 6. Compression simple d’une éprouvette homogène : approche statique par l’intérieur

On considère pour cela l’ensemble des champs de contrainte uniaxiaux homogènes de la


forme :
   ez ez ,   cte. (6.12)

221
dont on vérifie immédiatement qu’ils sont statiquement admissibles avec la valeur Q  S
du chargement, puisque l’équation d’équilibre ainsi que les conditions aux limites en
contrainte apparaissant dans (6.9) sont automatiquement satisfaites. Il reste à exprimer que
la condition de résistance doit être vérifiée par le champ (6.12).

a) Pour un critère de Tresca défini par :

 G  1  3  0  0 (6.13)

où 1  3 désignent les contraintes principales majeure et mineure, cette condition s’écrit :

 0    0 (6.13bis)

b)…tandis que pour un critère de von Mises :


  G  (1 / 2tr s 2 )1/ 2  k  0 (6.14)

(s est le déviateur de contrainte) , on obtient :

 k 3   k 3 . (6.14bis)

Une telle approche statique conduit au calcul d’un minorant de la charge extrême :

sup S ; 0     0    0 S (Tresca)



Q  Qs   (6.15)
  
sup  S ;k 3     k 3  k 3S ( von Mises)

puisque, pour tout chargement inférieur ou égal à Q s , nous venons de montrer qu’il existe
un champ de contrainte (uniaxial) en équilibre avec ce chargement et respectant le critère
(Tresca ou von Mises) en tout point de l’éprouvette.
Rien ne permet encore d’affirmer, à ce stade du raisonnement, que les valeurs ainsi
calculées constituent les valeurs exactes de la charge extrême, puisque nous avons choisi
une classe très particulière de champs de contrainte statiquement admissibles (champs
uniaxiaux homogènes de la forme (6.12)), et il n’est pas interdit de penser que l’utilisation
d’autres champs permettrait d’améliorer la minoration précédente.

4. Principe de l’approche statique par l’extérieur

Avant d’aborder l’approche cinématique par l’extérieur, nous allons maintenant montrer,
par un raisonnement qualifié de «statique par l’extérieur», que dans le cas d’un matériau de
Tresca la charge extrême est bien égale au minorant précédemment calculé, soit  0S .
Rappelons tout d’abord que le critère de Tresca (6.13) peut s’exprimer de manière

222
équivalente en écrivant que le module de la contrainte de cisaillement s’exerçant sur une
facette d’orientation quelconque demeure inférieur à la cohésion du matériau, égale à la
moitié de  0 :

(6.13)  n ,  (n)  C   0 / 2 (6.16)


 T (n)   .n
C

n T (n)
 C

Figure 7. Critère de résistance de Tresca exprimé sur une facette du matériau et courbe
intrinsèque dans le plan de Mohr

Il est souvent commode de représenter un tel critère sous la forme d’une courbe
intrinsèque dans le plan de Mohr  ,  , formée de deux droites d’équations   C ,
délimitant le domaine des vecteurs-contrainte admissibles pour une facette d’orientation
quelconque (figure 7). La définition (6.11) de la valeur extrême du chargement Q  peut
alors s’écrire :
  S.A. Q

QQ  
 (6.17)

 x, n  (n)  C

Considérant alors une partition de l’éprouvette en deux blocs, notés respectivement 1 et


2, séparés par un plan imaginaire ( P ) incliné d’un angle  par rapport à l’horizontale, on
s’intéresse à l’équilibre du bloc 1 en résultante projeté sur la direction de vecteur unitaire t
orienté selon la ligne de plus grande pente du plan ( P ), comme indiqué sur la figure 8.

1
(P )

t 
n
T (n)
2

223
Figure 8. Equilibre global du bloc 1 en résultante selon la direction t

Il apparaît alors clairement qu’une condition nécessaire (mais non suffisante !) pour
qu’un chargement Q soit potentiellement supportable, c’est-à-dire inférieur à Q  , est que
l’équilibre du bloc 1 en résultante selon t soit réalisé sous l’action du chargement Q d’une
part, de la distribution des contraintes T (n) exercées par le bloc 2 d’autre part, ces dernières
étant astreintes à respecter le critère de Tresca, formulé en terme de contrainte de
cisaillement maximale :


équilibre en résultanteselon t du bloc 1
Q  Q   (6.18)
sous l' action de Q et T (n), avec  (n)  C

ce qui se traduit par:

Q  Q  Q sin     ( n).t d ,  (n)  C (6.19)


où  désigne la surface d’intersection du plan (P) avec l’éprouvette, et donc en majorant


l’intégrale ci-dessus :
SC
Q  Q  Q sin  (6.20)
cos
soit :
 0S
Q  (6.21)
sin 2

On obtient en définitive, par le biais de ce raisonnement «statique par l’extérieur», un


majorant du chargement extrême, dépendant de l’angle  , et dont le minimum est obtenu
pour    / 4 4 :
  0S 
Q   min    0S (6.22)

 sin 2 
de sorte que la comparaison avec (6.15) permet maintenant d’affirmer que :

Q    0S (6.23)

Ce résultat attendu est cohérent avec le fait que l’on mesure bien expérimentalement dans
essai de compression simple la résistance en compression uniaxiale  0 du matériau en
divisant la charge de ruine Q  de l’éprouvette par sa section.

4
…à la condition que la hauteur de l’éprouvette soit suffisante pour qu’un plan incliné à 45° puisse la traverser
entièrement.

224
5. Dualisation par les puissances virtuelles : le principe de l’approche
cinématique par l’extérieur

Le raisonnement auquel nous allons maintenant procéder est, dans son principe général,
strictement identique à celui que nous avons suivi dans la cas des structures à barres
fléchies. Il repose ainsi que l’avons vu sur la dualisation des équations d’équilibre par le
biais de l’écriture du principe des puissances virtuelles. Désignant par Û un champ de
vitesses virtuel cinématiquement admissible pour le problème considéré, c’est-à-dire
vérifiant les conditions aux limites en vitesse, et que nous supposerons provisoirement
continûment différentiable, ce principe s’écrit :

 S.A. Q , Uˆ C.A. avec q (Uˆ ) Q ( ). q (Uˆ )   (  : dˆ ) d (6.24)


où q(Uˆ ) représente le vecteur des paramètres cinématiques apparaissant en dualité des


paramètres de chargement Q dans l’expression de la puissance virtuelle des efforts
extérieurs, mise sous forme d’un produit scalaire, tandis que d̂ désigne le taux de
déformation virtuel associé en tout point au champ Û par :

 
dˆ ( x)  1 / 2 gradUˆ  gradUˆ ( x)
T
(6.25)

L’intégrale de volume de (2.24) représente la puissance virtuelle de déformation, opposée


de la puissance virtuelle des efforts intérieurs. Il en résulte que la définition (6.4) du
domaine K des chargements potentiellement supportables peut être réécrite sous la forme :

 ; Uˆ C.A. Q. q Uˆ   ( : dˆ ) d


  EQUILIBRE (P.P.V.)
QK    (6.26)
  ( x)  G ( x)  x  
 RESISTANCE

Introduisant alors la fonctionnelle puissance résistante maximale, définie par :

 
PrmUˆ   dˆ d
 (6.27)
avec   dˆ  sup : dˆ ;  Gx 

il découle immédiatement de (6.26) et (6.27) que :

QK  Uˆ Q . q Uˆ  Prm Uˆ  (6.28)

225
soit de manière équivalente 5:

Uˆ Q . q Uˆ  PrmUˆ   QK (6.29)

Cette dernière inégalité donne lieu à la même interprétation géométrique que dans le cas
des structures à barres fléchies (voir chapitre V ): le domaine K est inclus dans le demi-
espace contenant l’origine et délimité par le plan d’équation (figure 9) :

Q . q ( Uˆ )  Prm(Uˆ ) (6.30)

Q. q (Uˆ )  Prm (Uˆ )  0


Qj
q(Uˆ )

Qi
QKi

Q. q (Uˆ )  Prm (Uˆ )

Figure 9. Interprétation géométrique de (6.29) dans l’espace des paramètres de chargement

n(x)
2
 Uˆ (x) Uˆ (x) Uˆ (x)
2 1

Figure 10. Saut de vitesse à la traversée d’une surface discontinuité du champ Û

L’approche cinématique peut être facilement généralisée au cas où le champ de vitesse


comporte des discontinuités à la traversée de surfaces (homologues des «rotules» pour les
structures à barres fléchies : chapitre V). L’expression de la puissance virtuelle de

5
En utilisant le raisonnement logique A  B  non B  non A

226
déformation donnée en (6.24) dans la formulation du principe des puissances virtuelles, doit
être modifiée en conséquence :

Q ( ). q (Uˆ )   (  : dˆ ) d   ( .n).U  d (6.31)



 S.A. Q , Uˆ C.A. avec q (Uˆ ),
 


où Û désigne la discontinuité de vitesse (virtuelle) à la traversée de la surface  en suivant
la normale unitaire n (figure 10).

L’expression de la puissance résistante maximale devient alors dans ce cas :

PrmUˆ      dˆ  d    n ; Uˆ  d
 

avec  dˆ   sup : dˆ ;   G x et  n ; Uˆ   sup .n . Uˆ ;   G x


(6.32)

6. Calcul des fonctions «  » : condition de pertinence des champs de vitesse

La mise en œuvre effective de l’approche cinématique du calcul à la rupture, c’est-à-dire


l’obtention de majorants des chargements extrêmes qui ne soient pas infinis6, suppose que
soient remplies deux conditions relatives aux champs de vitesses :

 La puissance des efforts extérieurs dans de tels champs de vitesse doit être non nulle.

 La puissance résistante maximale (et donc les fonctions  ) doit prendre des valeurs
finies. Cette dernière condition est appelée condition de pertinence.

 
6.1. Fonction  n ; Uˆ  pour les critères de Tresca et de Mohr-Coulomb

Nous allons dans un premier temps expliciter la condition de pertinence et calculer la


fonction  dans le cas d’une discontinuité de vitesse pour un matériau de Tresca, puis pour
un matériau de Mohr-Coulomb.

6.1.1 Matériau de Tresca.

La définition de la fonction  relative à une discontinuité de vitesse donne, compte tenu


de la définition (6.16) du critère de Tresca exprimée en termes de cission limite une facette
quelconque du matériau :

6
…car n’apportant alors aucune information sur ces chargements extrêmes.

227
 n ; Uˆ   sup [ . n  . Uˆ ;   G x ]  sup n    . Uˆ ;   C  (6.33)

T ( n)

Deux cas de figure se présentent alors :

a) La composante normale de la discontinuité de vitesse est non nulle ( Uˆ .n  0 ). Il en  


résulte que, la composante normale  du vecteur contrainte n’étant pas limitée par le
critère de Tresca, la valeur correspondante de la fonction  est alors infinie :

 n ; Uˆ    si Uˆ . n  0 (6.34)

Uˆ . n  0
C

n 
T (n)
C
Uˆ . n  0

Figure 11. Discontinuités de vitesse pertinentes pour un matériau de Tresca

 
b) La discontinuité de vitesse est purement tangentielle ( Uˆ .n  0) . La fonction  se
calcule alors immédiatement comme suit :

 n ; Uˆ   sup  . [Uˆ ] ;   C   C [Uˆ ] (6.35)

Ces deux cas de figure sont illustrés sur la figure 11. Pour un matériau de Tresca, les
champs de vitesse pertinents peuvent comporter des discontinuités de vitesse qui doivent
être purement tangentielles.

6.1.2 Matériau de Mohr-Coulomb


Le critère de résistance (applicable à des « géomatériaux »: sols, roches, bétons) s’écrit
dans ce cas:
  G  1(1  sin )   3(1  sin )  2C cos  0 (6.36)

où  désigne l’angle de frottement interne et C la cohésion7. Le domaine de résistance


correspondant dans le plan de Mohr est défini par la condition (figure 12):

7
On retrouve bien évidemment le critère de Tresca lorsque =0.

228
(6.36)  n ,  (n)  C   tan  (6.37)

 
C
n 

C
T (n)

Figure 11. Domaine de résistance dans le plan de Mohr pour un critère de Mohr-Coulomb

L’expression (6.33) de la fonction  relative à une discontinuité de vitesse devient dans


ce cas :
 n; Uˆ   sup[  .n  . Uˆ ;   Gx ]  sup n    . Uˆ ;   C   tan   (6.38)

T ( n)

 Uˆ   Uˆ  sin 


n
Uˆ 
C
n

n
 

Uˆ   Uˆ  sin 


n

Figure 13. Discontinuités de vitesse pertinentes pour un matériau de Mohr-Coulomb

Là encore, deux situations sont possibles, illustrées sur la figure 13 :

 
a) La discontinuité de vitesse est telle que Uˆ .n  Uˆ sin , c’est-à-dire qu’elle se situe
dans le secteur hachuré de la figure 13. La valeur correspondante de la fonction  est dans
ce cas infinie :

 n ; Uˆ       
si Uˆ . n  Uˆ sin  (6.39)

 
b) La discontinuité vérifie la condition Uˆ .n  Uˆ sin , ce qui correspond au fait que
cette discontinuité (vecteur) appartient au cône des normales extérieures au domaine de

229
résistance dans le plan de Mohr (secteur bleu de la figure 13). Il est facile de voir que la
fonction  prend alors la valeur suivante :

 n ; Uˆ   U . n si Uˆ . n  Uˆ  sin 


C ˆ
(6.40)
tan 

Ainsi, pour un matériau de Coulomb, les champs de vitesse pertinents peuvent comporter
des discontinuités de vitesse qui doivent «décoller» d’un angle au moins égal à  par
rapport à la surface de discontinuité. Il apparaît en particulier que les discontinuités de
vitesse tangentielles ne sont pas pertinentes car conduisant à des majorants infinis.

Il importe de remarquer que les conditions de pertinence précédentes ne sont en toute


rigueur que des conditions mathématiques portant sur les champs de vitesse virtuels, liées à
la possibilité ou non de pouvoir calculer les fonctions  , et donc la puissance résistante
maximale. Elles n’ont en particulier rien à voir avec le caractère plus ou moins
«physiquement réaliste» de ces champs de vitesses virtuels, dont il convient de rappeler
qu’ils n’ont rien à connaître des limitations imposées aux mouvements réels (liaisons
internes,…).

  
6.2. Fonctions  (dˆ ) et  n ; Uˆ pour le critère de von Mises

On rappelle que le critère de von Mises a pour expression :

1 / 2s : s
1/ 2
 k  0  s  k 2 avec s    1 / 3( tr )1 (6.41)

où s  s : s  désigne la norme du déviateur de contrainte. Il en résulte que la fonction


1/ 2

 (dˆ ) relative à ce critère s’écrit :


 (dˆ )  sup  : dˆ; s  k 2  (6.42)

soit :

 (dˆ )  sup s : dˆ  1 / 3( tr )(1 : dˆ ) ; s  k 2  (6.43)

Cette dernière expression permet de voir que si 1 : dˆ  tr dˆ  0 , la partie sphérique du


tenseur des contraintes n’étant pas bornée (contrairement à la partie déviatorique) la
fonction est nécessairement infinie (voir figure 14(a))

 (dˆ )   si tr dˆ  0 (6.43)

La condition de pertinence s’écrit tr dˆ  0 . Elle permet alors de calculer la fonction  (dˆ )


comme suit (voir l’interprétation géométrique sur la figure 14(b)) :

230
 (dˆ )  sup s : dˆ ; s  k 2   s  : dˆ  s  dˆ  k 2 dˆ (6.44)

d̂ plan déviateur
d̂ d̂
tr d̂ d̂
s
s ks 2
s 

 k 2 k 2

(a) (b)

Figure 14. Condition de pertinence et calcul de la fonction  (dˆ ) pour le critère de von
Mises.

Nous obtenons donc en définitive :

ˆ
 
k 2 dˆ : dˆ 1/ 2 si tr dˆ  0
 (d )   (6.45)
  sinon

Le calcul de la fonction  relative à une discontinuité de vitesse se déduit immédiatement


de (6.45). En effet, compte tenu de la relation :

     
( .n). Uˆ   : ˆ avec ˆ  1/ 2n  Uˆ  Uˆ  n (6.46)

il vient immédiatement :
 k 2 ˆ si tr (ˆ)  0
 n, Uˆ    (ˆ)   (6.47)
  si tr (ˆ)  0

c’est-à-dire finalement :
k Uˆ
 n, Uˆ    (ˆ)  
   
si Uˆ .n  0
(6.48)
  sinon

puisque d’après (6.46) :

231
   
tr(ˆ)  1 / 2n. Uˆ  Uˆ .n   Uˆ .n  
 1/ 2
  
et ˆ  ˆ : ˆ  1 / 4 Uˆ  Uˆ
2
    2 1/ 2
 
 Uˆ / 2
(6.49)

On observe donc que les conditions de pertinence relatives au critère de von Mises sont
identiques à celles qui prévalent pour le critère de Tresca.

6.3. Fonctions  (dˆ ) et  (n ;[Uˆ ]) pour quelques critères usuels : Tresca, von Mises
et Mohr-Coulomb.

Le tableau qui suit récapitule les conditions de pertinence pour un certain nombre de
critères usuels, et donne les expressions correspondantes des fonctions  (dˆ) et  (n ; Uˆ ) . On 

adopte la notation Uˆ  V̂ .

Critère  (dˆ )  (n;Vˆ )

Tresca  1   3  2C  0
 
C dˆ1  dˆ 2  dˆ3 si tr dˆ  0 C Vˆ si Vˆ.n  0

(C   0 / 2)   sinon   sinon

k (2tr dˆ )1 / 2 si tr dˆ  0 k Vˆ si Vˆ.n  0
2

von 1/ 2tr s 


2 1/ 2
k  0
  sinon   sinon
Mises

C
 1 (1  sin  ) tr dˆ si tr dˆ 
tan  C ˆ
V .n si Vˆ.n  Vˆ sin 
Mohr-   3 (1  sin  ) tan 
Coulom  2C cos  0
dˆ
1  dˆ2  dˆ3 sin    sinon
b  sinon

Remarques.

 Il convient tout d’abord de souligner que les fonctions , et donc également la


puissance résistante maximale, sont toujours des quantités positives ou nulles. Ceci provient
de la définition même de ces fonctions comme étant, à d̂ fixé, le maximum de  : d̂ , où la
contrainte  doit appartenir au domaine de résistance, et à la propriété que ce domaine
contient l’état de contrainte nul (   0 ).

232
 Ainsi que nous l’avons déjà observé, les conditions de pertinence correspondent au
fait que le taux de déformation virtuel est une normale extérieure au domaine de résistance8.

- Dans le cas de critères ne portant que sur le déviateur de contrainte, tels que les critères
de Tresca et de von Mises, le domaine de résistance dans l’espace des contraintes est
représenté par un cylindre (de section hexagonale ou circulaire) dont l’axe est la droite
des contraintes isotropes de la forme   p1 La condition de pertinence
correspondante ( tr dˆ  1 : dˆ  0 ) traduit la condition de normalité du taux de
déformation par rapport au domaine de résistance, impliquant dans ce cas que d̂ est
purement déviatorique.

- Dans le cas de critères dépendant de la contrainte moyenne ( tr ), tels le critère de


Mohr-Coulomb (ou encore le critère de Drücker-Prager9), la condition de pertinence,
c’est-à-dire de normalité par rapport au critère (domaine conique), implique d’après le
 
tableau précédent une «dilatance» (virtuelle), puisque trdˆ  dˆ1  dˆ2  dˆ3 sin  0 .

7. Retour sur l’exemple de la compression simple d’une éprouvette

7.1. Approche cinématique par champs de déformation homogènes

On considère le champ de vitesse défini comme suit :


z x y 
Uˆ  U e z  U  e x  e y  (6.50)
h h h 

qui est bien évidemment cinématiquement admissible pour le problème de la figure 6, et


dont le champ de taux de déformation associé s’écrit :

dˆ   e z  e z   e x  e x   e y  e y 
U
(6.51)
h
La condition de pertinence d’un tel champ de vitesse pour les critères de Tresca et de von
Mises s’écrit :
U
trdˆ  (2  1)  0    1/2 (6.52)
h
et le calcul de la puissance résistante maximale donne après calculs:

 U
(Sh)2C  2CSU Tresca
PrmUˆ     (dˆ) d   h (6.53).
U
 (Sh) 3k  2kSU von Mises
 h

8
Dans le contexte de l’Analyse Limite où le critère de résistance est un critère de plasticité, on parle de champs
de vitesse « plastiquement admissibles ».
9
…qui est au critère de Mohr-Coulomb ce que le critère de von Mises est au critère de Tresca.

233
L’application de l’approche cinématique conduit alors à l’inégalité :

Q  Q  QU  Prm(Uˆ ) (6.54)

c’est-à-dire à l’obtention d’un majorant de la charge extrême :



2CS Tresca
Q   (6.55)

 3kS von Mises

Ce résultat permet, par comparaison avec le résultat de l’approche statique (6.15), de


déterminer la valeur exacte du chargement extrême :

2CS Tresca
Q   (6.56)

 3kS von Mises

7.2 Approche cinématique par champs de vitesse par « blocs en translation»

Un tel champ de vitesse est représenté sur la figure 15 : l’éprouvette est «découpée» en
deux blocs, respectivement notés 1 et 2. La vitesse virtuelle du bloc 1 est prise égale à zéro,
tandis que le bloc 2 est animé d’un mouvement de translation de vitesse Ŵ . Le taux de
déformation virtuel est donc nul en tout point, et seule une discontinuité de vitesse
tangentielle égale à Vˆ  Ŵ apparaît au passage du bloc 1 vers le bloc 2. Le calcul de la
puissance résistante maximale donne :

1 U
W


n
2

Figure 15. Champ de vitesse par bloc en translation avec discontinuité de vitesse
tangentielle

 S ˆ 
 cos C W Tresca 
Prm U   
ˆ U
 avec Wˆ  (6.57)
 S k Wˆ sin 
von Mises
 cos 

234
D’où la majoration suivante de la charge extrême :

2CS Tresca
Q   (6.58)
2kS von Mises

Commentaires.

 La majoration obtenue dans le cas d’un matériau de Tresca est identique à celle
résultant le l’utilisation d’un champ de taux déformation homogène (§7.1). Elle ne
coïncide par contre pas avec cette dernière dans le cas d’un milieu de von Mises,
puisque l’on obtient la valeur 2kS au lieu de k 3S .

 Dans le cas d’un matériau de Tresca, le majorant est identique à celui découlant de
l’approche statique par l’extérieur conduite à la section 4. Cela ne doit nullement
surprendre dans la mesure où écrire le principe des puissances virtuelles pour un
mécanisme de bloc en translation tel que celui représenté sur la figure 14, est
strictement équivalent à exprimer l’équilibre global du bloc 2 en projection sur la
direction donnée à la vitesse W de ce bloc.

7.3. Cas d’un matériau de Mohr-Coulomb

L’expression du critère de résistance étant donnée par (6.36), l’approche statique par
l’intérieur utilisant un champ de contrainte uniaxial homogène de la forme (6.12), conduit à
la condition suivante sur le paramètre  :

cos cos
 2C    2C (6.59)
1  sin  1  sin 

d’où la minoration suivante de la valeur extrême de l’effort de compression :

cos   
Q   2CS  2CS tan   (6.60)
1  sin  4 2

Par ailleurs la mise en œuvre de l’approche cinématique par l’extérieur utilisant un champ
de la forme (6.41), avec   1 / 21  sin  /(1  sin) de manière à respecter la condition de
pertinence (voir tableau du paragraphe 6.3), conduit au calcul de la puissance résistante
maximale :

1  sin
PrmUˆ     (dˆ) d  Sh
C U
(2  1) ,   1/2 (6.61)
 tan  h 1 - sin

d’où la majoration suivante de Q  :

235
2  1
Q  CS (6.62)
tan 

dont l’optimum (minimum) est obtenu pour   1 / 21  sin /(1  sin) :
cos
Q   2CS (6.63)
1  sin 

D’où par comparaison avec (6.60) :

  
Q   2CS tan   (6.64)
 4 2

Examinons enfin ce que donne l’approche cinématique fondée sur l’utilisation d’un
champ de vitesse par bloc en translation représenté sur la figure 16. Désignant par 
l’inclinaison de la vitesse W du bloc 1 par rapport au plan de discontinuité, la condition de
pertinence impose :
      (6.65)

On obtient alors après calculs l’expression suivante de la puissance résistante maximale :

PrmUˆ  
S C ˆ
W sin  ,      - (6.66)
cos tan 

1 U


2 
n

Figure 16. Champ de vitesse avec discontinuité pour un milieu de Mohr-Coulomb

et donc l’inégalité :
S C ˆ
QU  W sin  ,      -  , U  Wˆ sin(   )  0 (6.67)
cos tan 
soit :

236
sin 
Q  CS ,      - ,    (6.68)
cos tan  sin(   )

La majoration optimale est obtenue pour    et   /4  /2 , soit :

  
Q   2CS tan   (6.69)
 4 2

c’est-à-dire la même valeur que (6.63).

Nous pouvons encore une fois constater que le résultat précédent peut être obtenu par un
raisonnement de type «statique par l’extérieur», illustré sur la figure 17. L’équilibre en
résultante du bloc 1, projeté sur la direction de vecteur unitaire v inclinée d’un angle  par
rapport au plan de séparation du bloc 1 avec le reste de l’éprouvette sous l’action de l’effort
Q d’une part, de la distribution des contraintes T(n) exercées par le reste de l’éprouvette
d’autre part, s’écrit :
(Qez ).v   T (n).(v)d (6.70)

1 T (n)

v
 
n
2

Figure 17. Approche statique par l’extérieur pour l’éprouvette en matériau de Mohr-
Coulomb

Il en résulte que :
(Qez).v   T (n).(v)d

QQ  
 
(6.71)
  (n)  C   tan 

d’où la majoration suivante de Q  :

(Q  e z ).v   T (n).(v)d   supT (n). v ;  (n)  C   tan  d (6.72)


 

237
On constate alors immédiatement que l’inégalité précédente n’est autre que l’expression
de l’inégalité générale résultant de l’approche cinématique par l’extérieur
 
( Q.q (Uˆ )  Prm Uˆ ), pour un champ de vitesse «par bloc» représenté sur la figure 16, avec
Wˆ  v ! On identifie notamment :


supT (n).  v ;  (n)  C   tan     n ; V̂  v  (6.73)

Cela confirme que la mise en œuvre de l’approche cinématique avec un mécanisme « par
bloc » en translation revient à dualiser le raisonnement correspondant à l’approche statique
par l’extérieur.

7. Récapitulatif et théorème d’association

7.1. Les approches du calcul à la rupture : une méthode d’encadrement

Le schéma de la figure 18 récapitule le principe du raisonnement de calcul à la rupture et


de ses deux approches :

 L’approche statique par l’intérieur (« lower bound method ») consiste à mettre en


évidence, par voie analytique ou numérique (éléments finis), des champs de contrainte
obéissant à la double exigence d’être en équilibre (statiquement admissibles) et de
respecter le critère de résistance en tout point. Elle aboutit à la détermination de
minorants des chargements extrêmes, et donc mathématiquement à la formulation d’un
problème de maximisation sous contraintes linéaires ou non-linéaires convexes. La
minoration est d’autant meilleure que l’ensemble des champs de contrainte est de
dimension importante.

Approches…
…statique «lower …cinématique «upper
par l’intérieur bound» par l’extérieur bound»

 SA avec Q
ˆ

Max Q  Prm (Uˆ ) U C.A. avec q  0
Min 
  ( x)  G ( x)  x Uˆ q Uˆ pertinent
 

Qs  Q   Qc

Figure 18. Encadrement des chargements extrêmes par mise en œuvre des approches
statique et cinématique du calcul à la rupture (cas d’un seul paramètre de chargement).

238
 L’approche cinématique par l’extérieur (« upper bound method ») consiste à explorer
des champs de vitesse virtuels (mécanismes) qui soient simultanément cinématiquement
admissibles et pertinents, à calculer la puissance résistante maximale correspondante et
à en déduire des majorants des chargements extrêmes. La recherche des meilleurs
majorants aboutit à la formulation d’un problème de minimisation sous contraintes
linéaires ou non linéaires convexes.

Qj

Ks  K  Kc
Qi

Figure 19. Encadrement du domaine K dans l’espace des chargements Q .

La figure 19 illustre, dans le cas d’un mode de chargement à n paramètres, l’encadrement


du domaine des chargements supportables K résultant de l’utilisation conjointe des
approches statique par l’intérieur (domaine polygonal rouge) et cinématique par l’extérieur
(domaine polygonal bleu).

7.2. Convergence des deux méthodes : le théorème d’association



Etant donné un chargement, noté Q , tel qu’il existe :

i. d’une part un champ de contrainte, noté  , qui soit statiquement admissible

avec Q tout en respectant le critère de résistance en tout point ;

ii. d’autre part un champ de vitesse virtuel, noté Û , vérifiant l’égalité :
  
Q .q (Uˆ )  Prm (Uˆ ) (6.74)


il en résulte immédiatement que Q est un chargement extrême situé sur la frontière du

domaine K avec q (Uˆ ) pour normale extérieure (figure 20(a)).

En effet la propriété i. montre que, par application directe de l’approche statique par

l’intérieur, Q  K , tandis que la propriété ii. et l’égalité (6.74) prouvent, par application de

l’approche cinématique par l’extérieur, que le chargement Q est situé à l’extérieur (ou sur

239
la frontière) de K. Ce chargement est donc bien un chargement extrême situé sur la frontière

de K ( Q  K ), point de tangence du plan d’équation (6.74) avec le domaine K.

 
 : dˆ ( x)   (dˆ ( x))
   kl
Qj Q. q (Uˆ )  Prm (Uˆ )


dˆ ( x)
q (Uˆ )
K G(x)
Q
   (x)

K Qi G(x)  ij
Qi Qi

(a) (b)

Figure 20. Théorème d’association

Par ailleurs, l’égalité (6.74), combinée au principe des puissances virtuelles appliquée
 
aux champs  et Û , donne :
  
Q .q (Uˆ )   ( : dˆ )d   ( .n).[Uˆ ] d
  

 
(6.75)
  
 Prm (Uˆ )    (dˆ )d    (n;[Uˆ ]) d
 

 
avec dˆ  d (Uˆ ) . Soit encore :

  (dˆ   
   
)   : dˆ d    (n; [Uˆ ])  ( .n).[Uˆ ] d  0
 
(6.76)
 

et puisque les quantités entre crochets sous les intégrales sont par définition toujours
positives ou nulles :

 x  ,  (dˆ  )    : dˆ 

 (6.77)
    ˆ 
  
ˆ 
  
ˆ  , avec ˆ   1/2(n  [Uˆ  ]  [Uˆ  ]  n)
 x , ( n; [U ]) ( .n ).[U ] :

Ces deux dernières égalités étant les homologues, à l’échelle locale, de l’équation (6.74),
on en déduit que :
 
o En tout point x où dˆ  0 , d̂ est normale extérieure au domaine de résistance G au

point  situé sur la frontière de G (figure 20(b)), ce que l’on peut écrire :

240
 f
dˆ  ˆ ( ), ˆ  0, f ( )  0 10
 
(6.78)

où f (.) désigne la fonction critère (convexe) associée au domaine G. La même relation est

valable pour le taux de déformation ˆ associé à une discontinuité de vitesse non nulle.
  
o Dans le cas où d̂ (respectivement ˆ ) est nul, l’état de contrainte  respecte le
critère de résistance sans être nécessairement sur sa frontière.
 
Les champs de contrainte  et de vitesse virtuelle Û sont dits « associés ».

********

10
Cette relation de normalité est formellement identique à la règle d’écoulement plastique avec G comme
domaine d’élasticité.

241

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