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Chapitre 3 : Terrassement et drainage 1

Chapitre 3 : TERRASSEMENT ET DRAINAGE

3.1. INTRODUCTION

Terrasser, c’est amener progressivement le terrain naturel à une forme déterminée ayant les
caractéristiques correspondant à la nature de la route à construire. Le terrassement consiste
donc à extraire un terrain, à le transporter, à le mettre en dépôt ou en remblai. Ces opérations,
qui ne sont pas toujours indépendantes les unes des autres, constituent ce que, dans le langage
courant de la technique routière, on a l’habitude d’appeler le mouvement des terres.
On distingue deux types de drainage : le drainage profond, dont le but est l’élimination de
l’eau qui peut être présente dans les sols et le drainage superficiel, dont le but est l’évacuation
des eaux de ruissellement.

3.2. TERRASSEMENT
3.2.1. TRAVAUX DE PREPARATION

Ces travaux comprennent le déforestage, le débroussaillage, le dessouchage, le décapage et,


sous les remblais, l’exécution de sillons ou de redans et enfin le compactage.
L’ensemble de ces opérations a pour but :
- de libérer l’emprise des terrassements (déforestage, débroussaillage) ;
- d’éliminer les matériaux de déblais impropres à la construction de remblais
(décapage) ;
- de mettre en dépôt la terre végétale en vue d’une réutilisation ultérieure pour les
travaux de finition ;
- d’éviter le glissement du remblai sur le terrain naturel lorsque celui-ci est en pente
(sillons et redans) ;
- de préparer l’assise des remblais de façon qu’elle puisse résister sans déformation aux
efforts qui lui seront transmis (dessouchage et compactage) ;
- de dégager les lits et thalwegs en amont et en aval des futurs ouvrages.

L’importance de ces travaux est très variable. En région équatoriale il y a lieu de commencer
par déboiser sans dessouchage une bande de terrain de largeur nettement supérieure à celle
nécessaire à l’exécution des travaux, de façon à faciliter l’action du vent et du soleil en vue
d’assécher le terrain. La largeur de déforestage recommandée, mesurée de chaque côté de la

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route à partir des bords extérieurs de la plateforme, est égale à la hauteur des arbres les plus
élevés de la forêt. La largeur du terrain ainsi traité est souvent de l’ordre de 60 mètres. Ensuite
il est procédé au dessouchage et au décapage de la terre végétale sur des épaisseurs de
plusieurs dizaines de centimètres. Ces deux dernières opérations ne sont réalisées au
minimum que sur l’assiette des terrassements.
Par contre en climat semi-désertique, il suffit bien souvent d’une légère passe de niveleuse
pour éliminer la végétation ainsi que la mince couche de terre végétale.
Le compactage de l’assiette des remblais doit permettre d’obtenir une compacité de l’ordre de
90 % de la densité sèche du Proctor Modifié sur les 20 à 30 cm supérieurs du terrain naturel.
Il peut être nécessaire de scarifier et d’arroser le terrain en place avant le passage du
compacteur.
Les engins normalement utilisés pour ces travaux sont, entre autres :
- la niveleuse dans les régions à couverture arbustive maigre et à faible épaisseur de
terre végétale ;
- le bulldozer dès que la végétation devient un peut plus importante ou que l’épaisseur
de la terre végétale dépasse quelques centimètres ;
- la pelle mécanique pour l’ensemble des travaux de préparation dans le cadre d’un petit
chantier ;
- le compacteur lourd pour le compactage de l’assiette des remblais.
Afin de faciliter le travail des engins, il est recommandé de couper les arbres à 1 mètre au-
dessus du sol avant de procéder au dessouchage.

3.2.2. MOUVEMENT DES TERRES

Dans une première phase qualitative, le Maître d’œuvre évalue les meilleures conditions
d’utilisation des matériaux de déblais en remblais, eu égard aux caractéristiques
géotechniques de ces matériaux et dans le but d’assurer au remblai des qualités géotechniques
croissantes depuis le bas jusqu’à la couche supérieure de ce remblai.
La deuxième phase est quantitative ; elle consiste à définir dans le temps et dans l’espace les
mouvements et la localisation finale de chaque volume isolable de déblai, ou d’emprunt.

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Figure 3.1. Mouvement des terres

Lors de leur extraction tous les terrains augmentent de volume, on dit qu’ils foisonnent. Par
contre, ces matériaux une fois en place sur leur lieu de réutilisation, et sous l’effet du
compactage, diminuent de volume : on dit qu’ils tassent.

Tableau 3.1. Quelques valeurs des coefficients pour les matériaux types africains

Coefficient de Coefficient de
Matériau Coefficient de tassement (pour rendement (pour
foisonnement un compactage un compactage
à 95 % OPM) à 95 % OPM)
Latérites 1,10 à 1,20 0,70 à 0,80 0,80 à 0,90
Sables 1,15 à 1,30 0,70 à 0,85 0,80 à 0,90
Sables argileux 1,20 à 1,30 0,70 à 0,80 0,85 à 0,95
Concassé 0/40 1,60 à 1,70 0,70 à 0,80 1,10 à 1,20

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On appelle coefficient de foisonnement le rapport du volume d’un certain poids de matériau


foisonné au volume qu’occupe ce même poids de matériau en place dans le déblai, l’emprunt
ou la carrière.
On appelle coefficient de tassement le rapport du volume d’un certain poids de matériau
normalement mis en place et compacté au volume qu’occupe le même poids de matériau
lorsqu’il est foisonné.
On appelle coefficient de rendement le rapport du volume d’un certain poids de matériau
normalement mis en place et compacté au volume qu’occupe le même poids de matériau en
place dans le déblai, l’emprunt ou la carrière.

3.2.3. COMPACTAGE

Le compactage vise, par une action mécanique, à diminuer les vides existants dans un sol,
donc à augmenter sa densité.
Cette densification permet :
- de réduire les tassements ultérieurs du sol sous l’effet des charges permanentes ou des
surcharges roulantes qu’il est appelé à supporter ;
- d’augmenter les caractéristiques mécanique du sol (angle de frottement-cohésion) ce
qui se traduit par une augmentation de sa portance et donc de sa sécurité par rapport à
la rupture ;
- de diminuer l’influence de l’eau en rendant le sol plus imperméable par diminution de
la porosité et de l’érodabilité.
Cette action mécanique apparemment simple risque, si elle est appliquée sans discernement,
de ne pas avoir l’efficacité souhaitée, et même de conduire dans certains cas à des déboires
importants (phénomène du coussin de caoutchouc, chute de portance par surcompactage de
certains sols fins).
La teneur en eau optimale de compactage est l’un des paramètres les plus importants. On sait
que, dans un sol, l’eau interstitielle joue le rôle de lubrifiant entre les grains. Si cette eau est
en quantité insuffisante les grains solides se mettent difficilement en place lors du
compactage, si elle est en excès, elle encaisse la plus forte partie de l’énergie de compactage.
On est ainsi amené à définir une teneur en eau optimale pour laquelle on obtient, avec une
énergie de compactage donnée, un serrage maximal des grains, donc une densité maximale.

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L’épaisseur de la couche à compacter dépend de la nature du sol et surtout de l’efficacité de


l’engin utilisé. On peut envisager les épaisseurs suivantes :
- pour les sols fins limoneux ou argileux, les rouleaux à pieds de mouton permettent de
compacter les couches de 15 à 20 cm d’épaisseur et exceptionnellement 25 cm. Pour
les compacteurs à pneus, le compactage peut se faire correctement par couche de 15 à
20 cm (engins légers) et de 20 à 25 cm pour les engins plus lourds. Les rouleaux lisses
ne permettent pas de compacter des couches supérieures à 10 cm d’épaisseur ;
- pour les sols sableux ou graveleux, la granulométrie a souvent dans ce cas une grande
importance. Les compacteurs à pneus lourds peuvent compacter des épaisseurs de 25 à
30 cm et parfois plus (40 cm), pour les moins chargés l’épaisseur est de l’ordre de 20
cm. Pour les cylindres vibrants légers l’épaisseur moyenne est comprise entre 15 et 25
cm et pour les engins lourds elle peut atteindre de 30 à 40 cm.
Les normes de compactage définissent la valeur minimale que doit atteindre le rapport de la
densité sèche du sol après compactage à la densité sèche maximale Proctor. Compte tenu des
sols et de la diversité des conditions climatiques africaines, on admet en général les valeurs
minimales du tableau suivant :

Tableau 3.2. Normes de compactage

Matériau % minimal du Proctor modifié


Corps de remblai 80 à 90
Plate-forme 92 à 95
Couche de forme (éventuellement) :
- partie inférieure 90 à 92
- partie supérieure 92 à 95

3.3. DRAINAGE
3.3.1. DRAINAGE PROFOND

Le drainage profond a pour objectifs de :


- faciliter l’exécution de terrassements ;
- augmenter la portance de la plate-forme et réduire ses variations saisonnières ou
localisées ;
- assurer la tenue des talus.
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Il est recommandé de poser les drains en tranchée sur un socle imperméable et de les entourer
d’un filtre de matériau. La profondeur des tranchées est généralement de 1 à 2 m au-dessous
de la forme.
Il n’existe pas de règle en matière de drainage profond ; chaque cas est affaire de bon sens et
nécessite une étude particulière
Un projet de drainage profond peut être dégrossi lors de la phase du projet d’exécution de la
route, mais il doit être précisé lors de l’exécution des terrassements et aussitôt après leur
achèvement, en relation avec les projets de drainage superficiel. On procède essentiellement
par observation du terrain, de préférence en saison des pluies.

3.3.2. EVACUATION DES EAUX SUPERFICIELLES

Le problème de l’évacuation des eaux superficielles commence avec l’étude du tracé en plan
et du profil en long. Si le tracé d’une route peut suivre les lignes de crête, le drainage se
trouve singulièrement simplifié.
Les ouvrages essentiels de collecte et d’évacuation des eaux superficielles sont constitués par
les fossés, les ouvrages de transition et les petits ouvrages transversaux (buses et dalots).
La section des fossés sera suffisante pour collecter sans débordement les eaux de la plate-
forme (chaussée et accotements), ainsi que des autres dépendances de l’emprise (surface,
talus…) et éventuellement de l’extérieur dans la mesure où la superficie intéressée est une
faible fraction de celle de l’ensemble du bassin drainé par le fossé.
Les ouvrages de transition les plus importants sont les regards. Ils assurent en général la
liaison entre la collecte de surface et les évacuations enterrés.

3.4. CONCLUSION
L’ingénieur doit avoir à l’esprit que la bonne tenue d’une chaussée commence par la qualité
d’exécution des terrassements et la réalisation de bonnes structures de drainage dans les zones
humides. En règle générale, la chaussée devrait être à au moins 1 m au-dessus de la nappe
phréatique.

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