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Embouchure de la lagune Mellah.

G e m a l i t

Aires marines
protégées
en Algérie
Créée en 2009, la Jeune équipe associée à l’IRD Gemalit
travaille sur la gouvernance des aires marines protégées
Formation

à travers l’étude d’un site emblématique situé au nord-

© IRD/T. Dahoud
est de l’Algérie : le Parc national d’El Kala dont la partie
marine est, selon les estimations, représentative des
deux tiers de la biodiversité méditerranéenne !

D
éfi d’ampleur régionale et humides de Méditerranée, réserve de giques des usagers du parc et de tous les du tourisme est une condition néces- explique Tarik Dahou. Répondant aux
thématique encore peu étu- biosphère de l’Unesco depuis 1990 secteurs : la pêche, les forêts, l’agri- saire à la réussite d’une aire marine préoccupations de l’université d’An-
diée dans les pays du Magh- d’une superficie de 76 438 ha. Pour ce culture, l’aquaculture, le tourisme et protégée. L’équipe entend renforcer les naba, la jeune équipe envisage déjà de
reb, la gouvernance des Aires marines projet, l’équipe s’est associée à l’UMR surtout l’industrie, sans oublier les activi- synergies entre les divers acteurs locaux créer des formations spécialisées pluri-
protégées1 est au cœur des recherches Patrimoines locaux (UMR IRD/MNHN), qui a tés informelles », ajoute Said Chaouki (entre administrations, collectivités disciplinaires en management de l’envi-
menées par l’équipe Gemalit (Gestion déjà travaillé en Afrique de l’Ouest et à Chakour, agro-économiste spécialisé locales et usagers) en organisant des ronnement littoral et de faire émerger
de l’environnement marin et littoral). Madagascar sur ce thème. dans le domaine halieutique et respon- ateliers de restitution pour une des économistes de l’environnement,
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Dans une démarche d’interdisciplina- « Traiter de la biodiversité sous l’angle sable de Gemalit. meilleure prise en compte des logiques sous représentés en Algérie. A moyen
rité, elle réunit un agro-économiste, un des sciences sociales, c’est un projet L’équipe travaille étroitement avec la d’acteurs dans les plans de gestion et terme, la jeune équipe souhaite consti-
socio-économiste, un sociologue et une innovant (…) par rapport au terrain algé- direction du Parc à la mise au point les mesures de zonage. Ce partenariat tuer un pôle de recherche et de forma-
géographe urbaniste. rien ; jusqu’à présent les recherches d’indicateurs spatiaux de l’impact de la a déjà contribué à réactiver les liens tion autour de l’université d’Annaba et
Conformément à ses engagements étaient surtout axées sur la biologie et les création de l’Aire marine protégée et entre l’université d’Annaba et le Parc à de ses partenaires, tout en renforçant
internationaux, l’Algérie a créé une pre- écosystèmes, mais la création d’une Aire d’indicateurs socio-économiques pour travers la signature d’une convention les synergies entre recherche et action
mière Aire marine protégée (les îles marine protégée met en présence de les différents secteurs, notamment formalisant cette coopération animée publique. ●
Habibas, dans l’extrême ouest algérien) nombreux acteurs qui ont des stratégies l’écotourisme et la pêche. Il s’agit de par l’équipe Gemalit ; la convention
et étend actuellement ses parcs côtiers souvent antagoniques », commente formuler des outils d’aide à la décision, prévoit aussi des activités de renforce-
1. Une aire marine protégée (AMP) est un
de l’Est au domaine maritime. La jeune Tarik Dahou, socio-anthropologue à l’IRD mais aussi des instruments de lobbying ment des capacités des agents du Parc. espace délimité en mer dans un objectif de
équipe étudie la cohérence des mesures dans l’unité Patrimoines locaux et corres- pour le parc qui doit convaincre les L’ensemble des données produites par conservation de la nature à long terme, qui
d’aménagement des pêches et des pondant de la jeune équipe. La zone d’El autorités locales que l’Aire marine pro- l’équipe sera centralisé au niveau du bénéficie à ce titre d’un certain nombre de
usages non extractifs de la nature Kala connaît en effet une forte « littora- tégée n’est pas forcément un mal pour parc pour contribuer au suivi de long mesures de gestion : suivi scientifique, pro-
gramme d’action, charte de bonne conduite,
marine, notamment l’écotourisme, lisation » (concentration des populations les usagers. « Les premiers concernés, terme et aux recherches ultérieures protection du domaine public maritime,
dans le parc national d’El Kala situé et des activités humaines sur le littoral) ce seront les pêcheurs, ils sont environ commandées par le parc. réglementation, surveillance, information du
dans l’une des plus grandes zones qui accroît la pression anthropique sur 2000 ; pour eux, une Aire marine pro- Au-delà, la jeune équipe ambitionne public, etc. Erigées en instrument majeur de
les ressources natu- tégée, ça veut dire moins de captures. de relever le défi de la création d’un la conservation de la biodiversité suite au
Millenium ecosystem assessment (2001-
relles et engendre de Or, on va protéger une zone qui per- pôle d’expertise national et régional
2005), les aires marines protégées devraient,
nombreux conflits mettra d’accroître la biomasse et d’ob- dans le domaine spécifique de la gou- selon les objectifs formulés par la Conven-
d’usages. « On ne peut tenir un rendement bien supérieur ; on vernance des aires marines protégées tion sur la diversité biologique, passer de
pas prendre en compte est dans un contexte de gestion durable en Méditerranée. « En Tunisie et en 1 % de la surface Méditerranéenne en 2007
© Hamimeche et Bennacer

les seules considéra- des ressources halieutiques, dans la Algérie, il n’y a que peu d’expertise en à 10 % en 2010.

tions économiques, il mesure où beaucoup de pêcheurs stig- sciences sociales sur les questions mari-
faut comprendre les lo- matisent le manque de régulation de times, l’idée est de rassembler le faible Contacts
l’activité », précise Saïd Chakour. nombre d’experts et de le faire croître Said Chaouki Chakour
Port de pêche L’adhésion des pêcheurs, mais aussi à travers la formation de jeunes cher- schakour@yahoo.com
d’El Kala. des agriculteurs et des professionnels cheurs au sein du programme », tarik.dahou@ird.fr

A t e l i e r - r e n c o n t r e J E A I

Une troisième
édition thématique
Depuis 2006, l’IRD organise chaque année un atelier-
rencontre entre Jeunes équipes associées à l’IRD (JEAI).
En 2009, il a eu lieu au siège de l’IRD à Marseille et, pour
la première fois, autour d’une thématique unique : la
biologie végétale et animale.

Q
ue deviennent les « Jeunes stratégies de publication, etc. Pour valo-
équipes » après la fin du sou- riser leurs recherches et leurs résultats,
tien de trois ans ? La ques- les « Jeunes équipes » disposent d’outils
tion de la pérennisation était au cœur de protection des inventions et de capi-
des échanges de l’atelier-rencontre qui talisation du savoir-faire3.
a réuni, du 28 au 30 octobre 2009, 11 Comme le suggèrent les témoignages
jeunes équipes associées travaillant de nombreuses équipes, l’une des
DR

dans le domaine de la biologie végétale conditions de leur autonomisation est


et animale en Afrique, dans l’océan la diversification de leurs sources de de Bras, dont les recherches sont axées réseau : la création d’une plate-forme les pays en développement via un accès faci-
Indien et en Méditerranée1. financement, notamment via le Fonds sur les insectes ravageurs de bétail, est collaborative pour la mutualisation de lité à la littérature scientifique mondiale dans
les domaines de la santé, de l’agriculture et
Outre un état des lieux de la recherche européen de développement et le de mobiliser plusieurs pays d’Afrique de bases de données, l’échange d’idées et
de l’environnement.
en biologie végétale au Sud, il s’agissait 7e programme-cadre de recherche, l’Ouest, atteignant ainsi cette masse cri- de matériel végétal. De nouveaux ate- 3. Présentation du Laboratoire commun de
de permettre aux jeunes équipes de pour la première fois ouvert à tous les tique déterminante pour la maturation liers autour d’autres thématiques sont microbiologie des sols de Dakar, premier
présenter leurs travaux et de s’approprier pays, avec un appel à propositions spé- d’une « Jeune équipe ». En favorisant les d’ores et déjà prévus en 2010 en Afrique laboratoire certifié ISO en Afrique.
cial pour l’Afrique, coordonné par l’IRD4. 4. Présentation de Patrice Cayré, représen-
les outils leur visibilité. À commencer synergies entre communautés scienti- de l’Ouest et en Asie. ●
tant de l’IRD à Bruxelles.
par l’accès aux ressources en infor- Autre gage de pérennité : la constitution fiques du Sud, l’atelier-rencontre « nou-
mation scientifique et technique, notam- en réseaux et le développement de par- velle formule » a impulsé une
1. Djibouti, Madagascar, Tunisie, Algérie,
ment celles mises à leur disposition tenariats, à l’instar des équipes qui ont dynamique de partenariats tout en per-
par l’IRD : présentation du programme atteint un degré d’autonomie important, mettant d’esquisser de nouvelles pistes
Sénégal, Niger, Burkina Faso, Togo et Maroc.
2. Le programme Research4life a pour objec-
Contact
« Research4life »2, expertise éditoriale, telles les JEAI DJIBPALM et Bras. L’originalité d’accompagnement dans la mise en tif de favoriser la recherche scientifique pour dsf@ird.fr

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 53 - janvier-février-mars 2010

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