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Test de la mesure de l'indice de gonflement des sols par immersion dans l'eau
pour la caractérisation du retrait-gonflement de sols naturels - Test
measurement of swelling index of...
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RÉSUMÉ – Une étude sur la mesure de l’indice de gonflement des sols par immersion
dans l’eau a été réalisée afin de mettre en place un test capable de mesurer le potentiel
de gonflement d’un sol, directement sur site. Cette mesure est simple et rapide. Elle est
relativement robuste par rapport aux données minéralogiques et physico-chimiques des
échantillons analysés.
1. Introduction
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particulier, un gain en temps et en coût. Elle permettrait également d’orienter les décisions
sur le nombre, le type et l’implantation des sondages de reconnaissance.
Le gonflement libre en solution est un procédé qui offre l’avantage d’être relativement
rapide (quelques heures), peu coûteux et nécessitant peu de matériels. Ce procédé
consiste à mesurer la variation de volume d’une quantité déterminée de sols en présence
d’eau dans une éprouvette graduée. Une précédente étude (Derriche et al., 1997) a pu
montrer, pour une bentonite, qu’il y avait des corrélations significatives entre le potentiel
de gonflement libre en solution et le potentiel de gonflement déterminé par œdométrie,
d’une part, et l’indice de plasticité, d’autre part. La mesure du gonflement libre en solution,
aussi appelée indice de gonflement, a été normalisée pour la détermination de la capacité
de gonflement de l’argile dans les géosynthétiques bentonitiques (XP P 84-703). Elle
nécessite aujourd’hui d’être étudiée plus en détail pour la caractérisation du potentiel de
gonflement de sols naturels. Cette procédure implique plusieurs étapes qui dénaturent et
déstructurent le sol (séchage, broyage, immersion dans l’eau). La déstructuration de
l’échantillon peut influencer le potentiel de gonflement. En effet, bien qu’on associe
généralement le gonflement à la présence d’argiles de type smectite, ce phénomène est
bien plus complexe et est aussi lié à la structure des sols, aux interactions
interparticulaires, à la porosité, à la minéralogie, etc. (Serratrice et Soyez, 1996). En
particulier, il a été montré que, dans certains cas, la présence de carbonates pouvait
engendrer une cimentation du sol avec pour conséquence une diminution sensible du
gonflement (Plat et al., 2009 ; Souli et al., 2009). La destruction de ce squelette pourrait
donc être à l’origine d’une surestimation du potentiel de gonflement. Dans ce contexte, il
est essentiel que la mesure de l’indice de gonflement soit comparée à d’autres mesures,
pour caractériser le potentiel de gonflement d’un sol, afin d’évaluer la fiabilité que peut
présenter cette méthode. Dans le cadre de ce travail, le choix s’est porté sur une
comparaison avec les valeurs au bleu de méthylène, avec en complément des
caractérisations minéralogiques par diffractométrie des rayons-X. L’essai au bleu de
méthylène est un essai classiquement utilisé en géotechnique et donne des mesures
relativement fiables pour évaluer le potentiel de gonflement (Chassagneux et al., 1995,
1996).
Pour cette étude, des échantillons de sols plus ou moins argileux ont servi
d’échantillons tests. Dans un premier temps, les indices de gonflement ont été réalisés
selon la norme XP P 84-703 puis comparés aux essais au bleu de méthylène et aux
analyses minéralogiques (diffractométrie des rayons X) afin de valider la méthode. Dans
une seconde étape, une adaptation du protocole a été étudiée pour réduire le temps de
mesure et proposer un essai rapide et fiable pouvant être mis en œuvre sur le terrain.
2. Approche méthodologique
2.1. Échantillonnage
Pour cette étude, 23 échantillons ont été prélevés sur un « laboratoire de terrain »
d’environ 300 km² situé à l’ouest d’Orléans (Figure 1). Cette zone a été choisie car elle
présente un aléa retrait-gonflement des argiles variable, qualifié de faible à fort sur la carte
départementale de l’aléa retrait-gonflement, ainsi que des sinistres répertoriés.
L'échantillonnage de sol a été guidé par la carte d'aléa, d'une part, et par la carte
géologique, d'autre part, afin de présenter la plus grande variabilité de nature et de
comportement mécanique.
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Figure 1. Zone de prélèvement située sur la carte de l'aléa retrait-gonflement des argiles.
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Volume occupé = IG
3. Résultats et discussion
3.1. Caractérisation minéralogique
La figure 3 présente la distribution des échantillons étudiés en fonction des principales
fractions minéralogiques (argiles, carbonates et quartz + feldspaths), d’une part, et, d’autre
part, en fonction des familles argileuses.
Les 23 échantillons prélevés dans la zone d'étude sont caractérisés par des teneurs en
argiles variant d'environ 3 à 52% et des teneurs en carbonates comprises entre 0 et 35%.
Les principaux minéraux argileux sont la smectite (0 à 45% de la roche totale), l'illite/micas
(0 à 15% de la roche totale) et la kaolinite (1 à 23% de la roche totale). Quelques
échantillons contiennent également de la chlorite, de la vermiculite ou de la palygorskite
dans de faibles proportions (moins de 5% de la roche totale).
Ces résultats montrent une grande variabilité entre les différents échantillons qui
devront, en fonction de leur minéralogie, avoir des comportements gonflants plus ou moins
prononcés.
A B
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Les valeurs de bleu couvrent également une large gamme s'étalant de 0,25 à 12. En
s’appuyant sur la classification basée sur les valeurs VBS (Chassagneux et al., 1995,
1996), les échantillons sélectionnés dans cette étude présentent des susceptibilités aux
variations de volume allant de faible, pour deux d’entre eux, à très élevée.
Tableau 1. Classification des sols selon la valeur de bleu (Chassagneux et al., 1995, 1996)
Susceptibilité des sols aux Nombre d’échantillon de cette
VBS
variations de volume étude
< 2,5 Faible 2
2,5 < VBS < 6 Moyenne 7
6 < VBS < 8 Forte 4
>8 Très élevée 10
Ces résultats concordent avec les données minéralogiques (Figure 4), où de manière
générale, les valeurs VBS augmentent avec la quantité d’argile et la teneur en smectite,
principal minéral responsable du gonflement des sols.
A B
Figure 4. Corrélation entre la valeur de bleu (VBS) et la teneur en argile (A) et la teneur en
smectite (B) des échantillons étudiés.
Il est intéressant de noter que, pour les échantillons où il n’y a pas ou peu de smectite
(< 5%), il existe une variabilité des valeurs VBS, allant de 0.25 à 6.1. Ces variations
peuvent être attribuées aux présences plus ou moins importantes en illite/micas et en
kaolinite. En effet, dans ces échantillons, les teneurs en illite/micas se situent entre 3 et
15% et entre 10 et 25% en kaolinite, alors que pour les échantillons riches en smectite (>
10%), ces teneurs sont respectivement inférieures à 5 et 8%. Plusieurs études ont montré
que des matériaux principalement constitués d’illite/micas et/ou kaolinite pouvaient avoir
un comportement gonflant plus ou moins important (Barshad, 1953 ; Suratman, 1985 ;
Sridharan et Gurtug, 2004 ; Geremew et al., 2009). Ce comportement pourrait être dû à la
capacité de ces minéraux à adsorber les molécules d’eau à leur surface et ainsi
augmenter le volume entre chaque particule ; c’est le gonflement inter-particulaire
(Barshad, 1953). Des gonflements allant jusqu’à 20% ont déjà été mesurés pour des
matériaux riches en kaolinite (Suratman, 1985). L’hypothèse du gonflement
interparticulaire concorde avec d’autres résultats, comme celui concernant l’échantillon où
la valeur au bleu est de 0,25. Pour cet échantillon, il n’y a ni smectite, ni illite/micas et
seulement 3% de kaolinite. La fraction non argileuse (quartz, feldspaths, calcite) n’a pas la
même capacité à adsorber les molécules et n’engendre pas ou très peu de variations.
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Les indices de gonflement réalisés sur les 23 échantillons sont compris entre 1,5 et 3,8
cm3/2g de sol. Comme pour les valeurs VBS, les indices de gonflement sont directement
liés à la quantité d’argiles présentes dans les sols (Figure 5). La corrélation entre ces deux
paramètres est forte.
La figure 6 offre une représentation des valeurs IG en fonction des teneurs en smectite,
kaolinite et illite/micas. Les résultats présentés montrent que, globalement, plus
l’échantillon est riche en smectite et plus l’indice de gonflement est élevé. Ces résultats
sont tout à fait cohérents, mais montrent également qu’il y a une certaine influence de la
kaolinite et de l’illite/micas. En particulier, on peut observer que certains échantillons ayant
un IG compris entre 3 et 3.5 possèdent moins de smectite que d’autres dont l’IG est
inférieur à 3. L’indice de gonflement par immersion favorise l’adsorption des molécules
d’eau et modifie en conséquence l’état de surface des particules. Des forces attractives et
répulsives peuvent se développer et conduire soit à la floculation, soit à la dispersion des
particules. Dans le cas d’une dispersion engendrée par des forces de répulsion, un
gonflement de type inter-particulaire peut avoir lieu.
Bien qu’une surestimation du gonflement puisse exister lorsqu’une mesure est réalisée
en immersion dans l’eau, par un effet de gonflement interparticulaire, la figure 7 montre
qu’il existe une relation significative entre l’indice de gonflement et la valeur de bleu (R² =
0.87). Initialement proposée pour l’étude du gonflement des géosynthétiques
bentonitiques, il apparaît ici que l’indice de gonflement donne des résultats relativement
fiable pour mesurer le potentiel de gonflement des sols naturels. Dans le cadre de cette
étude, cette corrélation permet de montrer et de vérifier la pertinence de l’essai pour
obtenir une indication sur le comportement gonflant d’un sol.
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Les résultats présentés ci-dessus ont montré la fiabilité de l’essai par rapport à des
données minéralogiques et physico-chimiques et permettent d’envisager d’appliquer
l’essai de gonflement sur le terrain. Toutefois, pour être mise en œuvre sur site, la durée
de la mesure, initialement de 24 heures, nécessite d’être réduite à quelques heures. Une
étude sur la cinétique du gonflement des sols en immersion dans l’eau a été réalisée avec
les échantillons présentant les indices IG les plus élevés. L’essai a été réitéré pour ces
échantillons, mais en mesurant le volume occupé après 1h, 2h et 24h.
Les résultats de ces essais sont présentés sur la figure 8 et font apparaître que l’indice
de gonflement évolue durant les deux premières heures et qu’à partir de cette échéance,
le gonflement du sol n’évolue plus. Ces premiers résultats sont intéressants car ils
indiquent que le gonflement des sols étudiés se stabilise assez rapidement. Contrairement
aux géosynthétiques bentoniques, où l’hydratation et le gonflement nécessitent davantage
de temps pour se stabiliser, car ils sont très riches en smectite, l’essai pour l’étude des
sols peut considérablement être réduit en temps. À ce jour, des études sont en cours sur
d’autres échantillons, plus ou moins gonflants, pour confirmer ces résultats, mais ces
premières données offrent des perspectives pour la mise en place d’un essai de
gonflement sur terrain, par cette voie.
4. Conclusion et perspectives
L’étude menée sur la possibilité de mettre en place un test simple et rapide pour indiquer
le caractère gonflant ou non d’un sol a permis de montrer que la mesure de l’indice de
gonflement par immersion dans l’eau était un essai qui méritait d’être étudié. Les premiers
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résultats, présentés dans ce travail, ont montré une certaine fiabilité de la mesure,
notamment grâce aux relations établies avec les analyses minéralogiques et les valeurs
de bleu VBS. Cet essai présente aussi l’avantage d’être un procédé nécessitant peu de
matériels et peu coûteux, et il pourrait permettre d’orienter les décisions sur le nombre, le
type et l’implantation des sondages de reconnaissance.
Des essais de gonflement à l’œdomètre, qui est l’une des techniques les plus courantes
pour mesurer le gonflement d’un sol, sont en cours sur les mêmes échantillons. L’objectif
est de pouvoir comparer les indices de gonflement à des mesures qui se rapprochent le
plus de la réalité afin d’étudier plus finement la fiabilité de la mesure de l’IG. De même,
d’autres sols plus ou moins argileux et provenant de divers environnements géologiques
seront également étudiés afin de vérifier la robustesse de la mesure de l’indice de
gonflement par rapport à d’autres contextes géologiques et compositions minéralogiques.
5. Références bibliographiques
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