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Arnaud Poirier STMG 4

DM de philosophie – texte de Montaigne

Michel de Montaigne, philosophe humaniste et sceptique du XVIème siècle, écrit ce texte issu du
chapitre 31 « des cannibales » dans son essai nommé les essais. Il y décrit l’étonnement de trois « sauvages »
amenés en Europe, moins d’un siècle après la découverte de l’Amérique, face au système européen. Ainsi,
certains essais comme ceux de Montaigne visent à mener une réflexion philosophique sur divers sujets et en
font parfois ressortir une morale, qui désigne l'ensemble des règles qui permettent de définir le bien et le mal.
Ainsi, on peut se demander : peut-on tirer une morale de ce récit ? Dans un premier temps, nous étudierons
les faits exposés par Montaigne à travers le regard des « sauvages » et dans un second temps, nous
expliquerons en quoi ce récit manifeste-t-il une morale.
Dans un premier temps, nous remarquons que Montaigne compare deux civilisations totalement
opposées, « les sauvages » qui viennent de ce qu’il appelle « le nouveau monde », c’est-à-dire d’Amérique, et
les Européens. Les « sauvages » découvrent le système français en arrivant à Rouen « on leur fit voir notre
façon d’être, notre pompe ». Ils s’étonnent de ce système, qui est totalement différent du leur. En effet,
l’auteur nous explique que ces hommes trouvent le système politique insensé. Ils ne comprennent pas qu’un
enfant, en l’occurrence le roi Charles IX qui a 10 ans à l’époque, ait la lourde responsabilité de détenir le
pouvoir de tout un peuple. Ils ne comprennent pas pourquoi autant d’hommes doivent le protéger. Leurs
coutumes sont totalement différentes et ils leur paraient plus sensé et intelligent que ce soit un « des hommes
grands, portant la barbe, forts et armés » qui commandent. De plus, ils s’exclament de voir tant d’inégalités
sociales, d’un côté des hommes nobles et « gorgés de toutes sortes de privilèges » et de l’autre des hommes
assaillent par la pauvreté et la famine, se noyant dans un fleuve de tristesse et surtout impuissants et n’ayant
pas le choix de se soumettre à une telle injustice sociale.
Dans un deuxième temps et à partir de ces constats, nous pouvons en tirer une morale. En effet, à
travers ce texte et les paroles de ces « sauvages », on comprend que Montaigne critique la société de son
époque et en fait ressortir les dysfonctionnements. Tout d’abord, il critique le système de la monarchie
héréditaire qui lui semble peu approprié et très ethnocentrique « notre pompe, l’aspect d’une belle vie ». La
cour royale pense être parfaite et pense représenter un modèle de civilisation. Au contraire, Montaigne brosse
le portrait d’un système artificiel qui met en valeur le roi, mais qui ne pense pas à la société en tant que telle et
surtout un système qui ne laisse aucune place à la liberté. De plus, il nous expose une image d’un roi qui
semble être un intrus parmi ces hommes forts et viriles. Il souhaite alors nous faire comprendre que pour lui,
le roi est un chef de guerre et doit être un homme accompli pour mener à bien cette mission qui est de
représenter un peuple. De plus, l’auteur nous montre les dégâts sociaux que génère ce système politique. En
effet, le peuple semble divisé en deux puisque les hommes forment des « moitiés », d’un côté nous avons les
riches, puis de l’autre côté, les pauvres. On voit alors une réelle fracture de la société de son époque. Ces
hommes, pourtant unis par une même civilisation, semblent appartenir à deux mondes différents. Voici la
morale. Montaigne nous fait prendre conscience que nous pouvons alors critiquer les peuples soi-disant « non
civilisé » « barbare » et « sauvage », mais en réalité nous les critiquons sans réellement les connaître et
simplement car ils n’adoptent pas les mêmes coutumes que notre peuple. En réalité, ces peuples paraissent
parfois plus civilisés que les nôtres et reposent sur des valeurs essentielles : le respect et l’égalité pour tous les
hommes. On comprend alors pourquoi ces hommes sont outrés face à tant d’injustice et aussi peu de révoltes.
Certes, leurs moyens de révoltes sont parfois violents et assez barbares « sans prendre les autres à la gorge ou
mettre le feu à leurs maisons » mais ils ne les utilisent qu’envers leurs ennemis qui ne respectent pas leurs
valeurs fondamentales. Pour eux, laisser des hommes dans ces conditions de pauvreté n’est pas pensable. Ils
paraissent donc bien plus humains et civilisés que les Européens qui torturent moralement les plus pauvres.
Montaigne remet donc en question la notion même de civilisation.
Pour en conclure, cette analyse de texte nous permet de mettre en lumière le fait que Montaigne
dénonce la société de son époque, et plus particulièrement la monarchie héréditaire qui ne contribue qu’à
accentuer les inégalités entre les plus riches et les plus démunis, et qui n’apparait finalement pas plus civilisée
que les sociétés dites « sauvages ».

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