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Chapitre 12

Qualité de l'air intérieur


Benoît Lévesque, Pierre L. Auger, Jean Bourbeau,
Jean-François Duchesne, Pierre Lajoie, Dick Menzies

La référence bibliographique de ce document se lit


comme suit:

Lévesque B, Auger P L, Bourbeau J, Duchesne J-F,


Lajoie P, Menzies D (2003)
Qualité de l'air intérieur.
In : Environnement et santé publique - Fondements et
pratiques, pp. 317-332.
Gérin M, Gosselin P, Cordier S, Viau C, Quénel P,
Dewailly É, rédacteurs.
Edisem / Tec & Doc, Acton Vale / Paris

Note : Ce manuel a été publié en 2003. Les connaissances


ont pu évoluer de façon importante depuis sa publication.
Chapitre 12
Qualité de l'air intérieur
Benoît Lévesque, Pierre L. Auger, Jean Bourbeau,
Jean-François Duchesne, Pierre Lajoie, Dick Menzies

1. Introduction
2. Contaminants
2.1 Contaminants chimiques
2.2 Contaminants biologiques
3. Problèmes de santé dans les édifices non industriels
et non résidentiels
3.1 Problèmes de santé spécifiques
3.2 Problèmes de santé non spécifiques
3.3 Approche diagnostique et intervention
318 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

1. INTRODUCTION communément appelée «problèmes de santé des


édifices non industriels et non résidentiels». On
Les voies respiratoires sont quotidiennement retrouve par ailleurs une revue de divers pro-
soumises à des agresseurs biologiques et chi- blèmes de qualité de l'air intérieur dans une
miques présents dans l'air ambiant et dont cer- publication récente (CSE, 1999).
tains ont un potentiel allergène. La pathogénie
de ces différents agents est non seulement liée à
l'intensité de l'exposition, mais également à la 2. CONTAMINANTS
résistance de l'hôte. De façon logique, les affec-
Cette section porte sur les contaminants suscep-
tions respiratoires viennent en tête de liste des
tibles d'être produits à l'intérieur des bâtiments,
problèmes de santé associés à une mauvaise
sans aborder ceux q u i proviennent de l'extérieur
qualité de l'air.
de l'édifice et dont les concentrations à l'in-
Les symptômes respiratoires, fréquents dans térieur sont généralement inférieures à celles de
l'enfance, sont responsables d'une grande pro- l'extérieur. Les polluants intérieurs proviennent
portion de la morbidité et de l'absentéisme sco- essentiellement de trois sources: les appareils à
laire chez les moins de 16 ans (Ransom et Arden
combustion (monoxyde de carbone, dioxyde
Pope I I I , 1992). L'asthme est la maladie
d'azote), les constituants du bâtiment incluant
chronique la plus commune chez les enfants, et
les meubles (formaldéhyde, composés
il est de plus en plus apparent que le nombre de
organiques volatils, contaminants microbio-
cas augmente chez eux comme chez les jeunes
logiques) et l'activité humaine (fumée de tabac,
adultes (Weiss et coll., 1993). Plusieurs croient
moisissures) (Santé Canada, 1989).
qu'une partie de cette augmentation peut être
imputée à la qualité de l'air respirable.
La qualité de l'air peut être étudiée sous deux 2.1 Contaminants chimiques
volets distincts, l'air intérieur et l'air extérieur. Fumée de tabac dans l'environnement (FTE)
Même si les impacts des niveaux actuels de pol-
luants dans l'air extérieur continuent à susciter des Le problème de la pollution intérieure par la
inquiétudes (Burnett et coll., 1998) (voir aussi F T E est important. Aux Etats-Unis, en 1988, le
chapitre 11), on s'interroge de plus en plus sur les National Health Interview Survey on C h i l d
effets des altérations de l'air intérieur sur la santé. Health a révélé que 42 % des enfants de moins
de 5 ans vivaient dans des maisons où résidaient
Les Canadiens passent en moyenne 90 % de
des fumeurs habituels. Une étude effectuée par
leur temps à l'intérieur ( S C H L , 2002).
le Center for Disease C o n t r o l en 1991 a révélé
L'augmentation constante des coûts de l'énergie,
aussi que plus de 40 % des travailleurs adultes
depuis la crise énergétique des années 1970, a
travaillaient dans des lieux où il était permis de
provoqué la construction de résidences plus her-
fumer ( C D C , 1991). Parmi les 36,5 % de non-
métiques et d'édifices à fenêtres fixes dépendant
fumeurs, 59,2 % d'entre eux faisaient état des
pour l'apport d'air frais de systèmes mécaniques.
nuisances liées à l'exposition à la fumée se-
Ainsi, on a assisté à la prolifération de domiciles
condaire.
et de bâtiments souvent mal ventilés suscepti-
bles d'être contaminés, non seulement par des La fumée de tabac est produite par la com-
polluants de l'air extérieur, mais également par bustion de feuilles de tabac roulées sous forme
des substances provenant de l'habitation elle- de cigarette ou de cigare à des températures très
même (meubles, matériaux de construction, élevées qui varient de 600 à 800 ° C . La fumée
tapis, système de chauffage). principale est celle q u i est inhalée par le fumeur.
Ce chapitre est consacré à la qualité de l'air La fumée secondaire est la fumée qui s'échappe
intérieur et à son impact sur la santé humaine. de l'extrémité libre de la cigarette à laquelle s'a-
Il se divise en deux sections. La première porte joute la fumée exhalée par le fumeur. La F T E est
sur les principaux contaminants répartis en deux la fumée secondaire qui se répand dans l'air
classes, les contaminants chimiques et intérieur des maisons ou d'édifices publics. La
biologiques, cette dernière classe comprenant les fumée principale représente une exposition
moisissures et les allergènes. La seconde section volontaire alors que l'exposition à la fumée se-
est dédiée à une problématique particulière qui condaire est considérée comme involontaire et
affecte un nombre important de personnes, passive.
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 319

La composition chimique de la fumée de cotinine urinaire ont une corrélation impor-


tabac est très complexe, avec environ 4000 sub- tante avec les concentrations de nicotine dans
stances (Castonguay, 1995). Une quarantaine de l'air. Ces dernières varient généralement de
ces substances sont reconnues ou soupçonnées 1 m g / m 3 à 500 m g / m 3 . Les bars et les sections
d'être cancérogènes pour l'homme, comme le fumeurs des avions peuvent avoir des concentra-
benzène, le nickel, le polonium, les hydrocarbu- tions de 50 à 75 m g / m 3 tandis que, dans les
res aromatiques polycycliques ( H A P ) , le maisons, la moyenne sur 24 heures varie
formaldéhyde. À cela s'ajoutent des dizaines de habituellement entre 1 et 10 m g / m 3 . Notons
substances ayant d'autres effets toxiques comme qu'il existe certaines sources de nicotine dans la
le monoxyde de carbone, l'ammoniac, le cya- diète comme la tomate, le poivre et le poivron
nure d'hydrogène et les oxydes d'azote. Les pro- vert. On a rapporté des concentrations de coti-
priétés chimiques et physiques de la fumée prin- nine urinaire en moyenne de 3,9 ng/mL chez les
cipale et de la fumée secondaire sont différentes. non-fumeurs non exposés à la F T E , de
En effet, la fumée secondaire est formée à une 12,1 n g / m L chez les non-fumeurs exposés à la
température plus basse d'environ 600 °C. Des F T E , et de 1750 n g / m L chez les fumeurs
études détaillées ont été effectuées sur la com- (Jarvis, 1987). À partir des études sur la cotinine
position chimique de la fumée principale et de urinaire, on a estimé que les non-fumeurs
la fumée secondaire de tabac ( N R C , 1986; exposés à la F T E recevaient de 0,1 à 0,7 % de la
Guérin et coll., 1992). On retrouve dans la dose de nicotine d'un fumeur.
fumée secondaire des concentrations plus Après avoir analysé l'ensemble des études
élevées de certains composés, comme les scientifiques, plusieurs groupes d'experts et
nitrosamines, cancérogènes. La comparaison organismes de santé publique en sont arrivés à la
toxicologique indique même que ce mélange conclusion que l'exposition à la F T E était asso-
pourrait être plus cancérogène que la fumée ciée à un excès de cancers du poumon, de ma-
principale. ladies respiratoires et cardiaques de même que
La concentration de F T E dépend de d'infections respiratoires chez les personnes
plusieurs facteurs dont le niveau d'émission lié exposées ( N R C , 1986; Spitzer et coll., 1990;
au nombre de fumeurs et de cigarettes fumées, EPA, 1992; I A R C , 2002).
l'espace dans le bâtiment, la ventilation, la À titre d'exemple, en 1992, l'Environmental
capacité absorbante des matériaux et des Protection Agency (EPA) a conclu que la FTE
meubles, et la présence d'appareils de filtration appartient au groupe des cancérogènes reconnus
de l'air. Les multiples contaminants émis par la chez l'humain, et elle estime qu'environ 3000
combustion du tabac se présentent sous forme décès par cancer du p o u m o n surviennent
de gaz, de vapeurs ou de particules. La conden- chaque année aux Etats-Unis chez les non-
sation de vapeurs suite à une d i m i n u t i o n de la fumeurs des deux sexes, à la suite de l'exposition
température peut amener à la formation de à la F T E . De plus, elle note que l'exposition à la
microparticules. Plusieurs études ont été faites F T E est responsable d'une augmentation de la
dans divers environnements intérieurs: maisons, prévalence des symptômes d'irritation respira-
bureaux, véhicules de transport et lieux de tra- toire et que, particulièrement chez les jeunes
vail ( N R C , 1986; Guérin et coll., 1992). Une enfants, elle est associée à un plus grand risque
association étroite existe entre le nombre de ci- d'infection des voies respiratoires inférieures
garettes fumées et les concentrations moyennes comme la pneumonie, la bronchite et la bron-
de nicotine et de particules respirables dans les chiolite, et qu'elle augmente la fréquence des
maisons (Spengler et coll., 1981; Leaderer, épisodes et la sévérité de l'asthme. De plus, il y
1990). a des suggestions au niveau épidémiologique
Certains biomarqueurs sont utilisés pour que l'exposition à la F T E puisse augmenter le
mesurer de façon plus précise l'exposition des nombre de nouveaux cas d'asthme chez les
résidents à la F T E . Le biomarqueur le plus enfants exposés avant l'âge d'un an. Plus récem-
couramment utilisé est la cotinine mesurée dans ment, le Centre international de recherche sur le
l'urine. La cotinine est l'un des métabolites de la cancer (CIRC) a classé le tabagisme passif dans
nicotine. C'est un excellent indicateur d'exposi- le groupe 1, confirmant que l'exposition
tion à la F T E (Haufroid, 1998). Les niveaux de involontaire à la fumée de tabac est cancérogène
320 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

pour l'homme, provoquant notamment des can- 1990). Dans les résidences équipées de garage
cers du poumon (IARC, 2002). attenant ou d'appareils de chauffage ou de cuis-
Deux grandes stratégies existent pour son fonctionnant à partir de combustibles fos-
prévenir l'exposition à la F T E : l'élimination à la siles, les mêmes contaminants sont également à
source et la réduction de l'exposition (tableau craindre. Globalement, la prévention passe par
12.1). Bien que la première soit la plus efficace, l'élimination de la source ou encore, lorsque
et doive être privilégiée, la seconde est accep- c'est impossible, l'entretien o p t i m a l des
table dans tous les cas où la première est impos- appareils (appareils de chauffage, par exemple)
sible à appliquer. Une bonne ventilation des et, le cas échéant, par une ventilation adéquate.
lieux demeure une mesure modérément efficace.
Monoxyde de carbone (CO)
La filtration de l'air à l'aide d'appareils fixes ou
Absorbé par voie respiratoire, le CO passe rapi-
portatifs de types HEPA ou électrostatique
dement dans le système circulatoire. Dans le
représente une mesure d'appoint pour éliminer
sang, il a une affinité pour l'hémoglobine (Hb)
les particules (Lajoie, 1995). Ces appareils sont
de 200 à 250 fois plus grande que celle de
toutefois inefficaces pour capter le monoxyde de l'oxygène. Il s'associe donc à cette protéine pour
carbone et éliminer complètement les autres former la carboxyhémoglobine ( C O H b ) , qui est
vapeurs et gaz. Ils peuvent toutefois diminuer le principal marqueur de l'absorption du toxi-
les effets irritants de la fumée de tabac sur les que. Calculée en pourcentage de saturation, la
voies respiratoires (Bascom et coll., 1996). concentration de C O H b est généralement com-
prise entre 0,5 et 1,5 % chez les non-fumeurs
Tableau 12.1 Stratégies et moyens de prévention de (production endogène et exposition environ-
l'exposition à la FTE à l'intérieur des résidences et des nementale) et peut atteindre 10 % chez les
bâtiments publics fumeurs ( W H O - E u r o p e , 2000).

Élimination à la source L'action délétère du CO est directement t r i -


• Interdiction de la consommation de tabac à l'intérieur: butaire du déplacement de l'oxygène de ses sites
«Résidence et bâtiment sans fumée» de liaison avec l'hémoglobine. Cette propriété,
Réduction de l'exposition ainsi que la capacité qu'a le CO de déplacer la
• Fumoir avec ventilation indépendante courbe de dissociation de l'oxyhémoglobine vers
• Limitation de la consommation de tabac à certaines pièces la gauche, induisent des bouleversements
du bâtiment physiologiques qui aboutissent à l'hypoxie cellu-
• Identification de pièces sans fumée
laire (Lauwerys, 1999). Il n'est donc pas sur-
• Contrôle de la recirculation d'air vicié
• Aspiration locale (hottes) et apport d'air frais prenant que le cœur et le système nerveux cen-
• Purificateurs d'air tral, en raison de leurs besoins élevés en
• Matériaux non absorbants oxygène, soient des organes particulièrement
• Nettoyage régulier des surfaces sensibles au CO (Dolan, 1985).
Plusieurs études ont démontré qu'une expo-
Produits de combustion sition à des concentrations de CO suffisantes
Avec la fumée de tabac, la principale source de pour amener la concentration de C O H b au-
pollution dans l'air intérieur est probablement dessus de 2 à 3 % sont susceptibles de provo-
l'utilisation d'appareils fonctionnant par des quer des effets négatifs sur la santé d'individus
procédés de combustion. Ceux-ci sont suscepti- atteints de problèmes coronariens (Allred et
bles de produire différents contaminants pou- coll., 1989). On parle ici principalement de la
vant affecter la santé humaine, dont les plus d i m i n u t i o n de l'intensité de l'effort nécessaire
notables (dans le contexte de l'air intérieur) sont pour déclencher une crise angineuse.
le monoxyde de carbone ( C O ) , le dioxyde d'a- L'OMS considère comme plus vulnérables les
zote ( N O 2 ) et les particules respirables. À titre individus affligés de problèmes cardio-vascu-
d'exemple, il faut noter les multiples intoxica- laires et de maladies pulmonaires obstructives
tions au CO et au NO 2 qui surviennent dans les chroniques, mais également les personnes
patinoires intérieures suite à l'utilisation de sur- anémiques, les jeunes enfants, ainsi que les
faceuses à glace propulsées par des moteurs à femmes enceintes et leur fœtus ( W H O , 1999).
essence, propane ou gaz naturel dans des édifices Les limites de référence sont établies en fonction
insuffisamment ventilés (Lévesque et coll., d'une concentration moyenne maximale de CO
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 321

dans l'air pour diverses durées ou encore d'une les deux sources les plus susceptibles d'engen-
limite maximale acceptable à ne jamais dépasser. drer le toxique dans une habitation. Quoique
On tolère pour la population générale, incluant certains résultats soient contradictoires,
les personnes les plus exposées, des niveaux de l'ensemble des données semble montrer une
CO correspondant à moins de 2,5 % de C O H b association entre l'exposition au NO2 et les
( W H O , 1999; W H O - E u r o p e , 2000). C'est en symptômes respiratoires des enfants. Par exem-
vertu de ce principe que le Comité fédéral- ple, une étude réalisée chez 1567 jeunes, âgés de
provincial de l'hygiène du milieu et du travail 7 à 11 ans, a démontré qu'une augmentation de
du Canada a élaboré des limites de référence 0,015 p p m de la concentration annuelle de
pour l'air intérieur de 25 p p m pour 1 heure et NO2 dans la maison était associée à une aug-
11 ppm pour 8 heures (Santé Canada, 1989). Le mentation de symptômes d'atteinte des voies
bureau régional de l ' O M S pour l'Europe sug- respiratoires inférieures (rapport de cotes = 1,4;
gère comme limites 100 ppm pour 15 minutes, IC 95 %: 1,1 - 1,7) (Neas et coll., 1991).
60 ppm pour 30 minutes, 30 p p m pour 1 heure L'utilisation du gaz naturel pour la cuisson est
et 10 p p m pour 8 heures ( W H O - E u r o p e , généralement susceptible d'engendrer des con-
2000). centrations de cet ordre (0,05 ppm) (Santé
Canada, 1989). Au Canada, la l i m i t e de
Le CO est un toxique redoutable. En raison
référence établie pour l'air intérieur est de 0,25
de ses propriétés asphyxiantes, il peut souvent
ppm pour une heure et de 0,05 ppm pour une
constituer un poison mortel. Q u i ne connaît pas
exposition pendant la durée de la vie (santé
les effets nocifs du fonctionnement d'une
Canada, 1989). Le bureau régional pour
voiture dans un garage attenant au domicile ou
l'Europe de l ' O M S suggère une l i m i t e de
encore d'un appareil de chauffage défectueux?
200 µ g / m 3 (0,11 ppm) pour 1 heure, de
Chaque année, aux Etats-Unis, environ 200 per-
120 µ g / m 3 (0,06 ppm) pour 8 heures et de
sonnes meurent d'intoxication au CO
40 µ g / m 3 (0,02 ppm) pour une exposition
provenant de la combustion incomplète de
annuelle ( W H O - E u r o p e , 2000).
combustibles domestiques (Mah, 2000). Aussi,
dans les habitations munies d'un appareil de
combustion, celui-ci d o i t être entretenu Particules respirables
scrupuleusement. De plus, l'utilisation d'un Les matières particulaires sont un mélange de
détecteur de CO d o i t être recommandée. divers composés solides ou liquides en suspen-
Concernant la crise du verglas au Québec pen- sion dans l'air (aérosols). Leur taille varie
dant laquelle une grande partie de la population généralement de 0,005 à 100 µm (Santé
était privée d'électricité, le Centre antipoison du Canada, 1989). Les tailles d'intérêt principal
Québec a enregistré, pendant la période du 5 au pour les effets sur la santé humaine sont de 0,1
31 janvier 1998, plus de 845 cas d'exposi- à 10 µm (appelées P M 1 0 ) , dimension qui leur
tions/intoxications au CO (Sanfaçon, 1998). Le permet d'atteindre les voies respiratoires
lecteur est renvoyé au chapitre 20 pour obtenir inférieures. Entre 0,1 et 2,5 µm ( P M 2 , 5 ), elles
plus de détails sur cet événement catas- vont majoritairement jusqu'aux alvéoles p u l -
trophique. monaires (Santé Canada, 1989). Les particules
plus petites sont généralement exhalées, alors
Dioxyde d'azote (NO2) qu'entre 10 et 15 µm elles se déposent dans la
Le NO 2 est un irritant pulmonaire puissant. région du naso-pharynx. Au-delà de 15 µm,
Des études cliniques ont démontré que non elles sont trop grosses pour être inhalées (voir
seulement des sujets asthmatiques, mais égale- aussi le chapitre 7 pour les courbes de pénétration
ment des individus normaux, peuvent subir des des particules selon leur taille).
effets respiratoires délétères à des concentrations Les principales sources de particules à l'in-
de 0,5 p p m (Santé Canada, 1989). Plusieurs térieur des habitations sont le tabagisme et la
études épidémiologiques ont été réalisées aux cuisson des aliments (Wallace, 1996). L'usage
États-Unis et en Europe pour vérifier l'influence du tabac est de loin la cause la plus importante
sur les maladies pulmonaires de l'exposition de contamination par les particules respirables
intérieure au NO2 secondaire à l'utilisation de dans les habitations. La présence d'un résidant
gaz naturel pour la cuisson des aliments ou fumeur augmente les niveaux de P M 2,5 de 12 à
encore de kérosène pour le chauffage, qui sont 40 µ g / m 3 , et la contribution moyenne de la
322 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

combustion d'une cigarette aux concentrations plusieurs produits de consommation contien-


moyennes hebdomadaires de P M 2 , 5 varie entre nent des résines d'urée formaldéhyde qui en
1 et 2 µg/m 3 (Wallace, 1996). On estime que la dégagent: papier, cosmétiques, détergents,
cuisson des aliments engendre un apport moyen meubles, tapis, bois aggloméré, fumée de tabac.
de 10 à 20 µg/m 3 aux concentrations de P M 2 , 5 Le formaldéhyde a été particulièrement
alors que les appareils de chauffage auraient peu étudié dans les années 1970 et 1980 en rapport
d'effet sur la quantité de particules respirables avec les problèmes reliés à la mousse isolante
( P M 1 0 , P M 2 , 5 ) dans l'air ambiant (Wallace, d'urée-formaldéhyde ( M I U F ) ( M a r b u r y et
1996). Krieger, 1991). C'est dans les maisons isolées à
Plusieurs études épidémiologiques ont exa- la M I U F que l'on a trouvé les concentrations les
miné les effets des particules respirables sur la plus élevées de formaldéhyde au cours des
santé humaine. On a noté une augmentation de années 1970, allant jusqu'à 4 ou 5 p p m . En
la prévalence des symptômes respiratoires en général, les concentrations sont aussi plus
fonction des concentrations de particules res- élevées dans les nouvelles maisons avec des
pirables, chez les individus affligés de maladies meubles neufs, surtout si elles sont mal ven-
respiratoires. Chez les enfants, on a mis en évi- tilées. Les concentrations dans les maisons sans
dence des altérations de la fonction respiratoire problème varient entre 0,03 et 0,09 p p m ; par
pendant plusieurs semaines suite à des exposi- contre, elles sont de 0,2 à 0,5 p p m dans les
tions aiguës à des teneurs de particules res- maisons mobiles (EPA, 1987). Le niveau recom-
pirables en suspension (< 3,5 µm) de l'ordre de mandé au Canada à l'intérieur des résidences est
80 µg/m 3 (Santé Canada, 1989). de 0,1 p p m ; le niveau souhaitable à plus long
D'ailleurs, l'exposition chronique à des con- terme est de 0,05 ppm (Santé Canada, 1989).
centrations de particules fines ( P M 2 , 5 )de Les normes en milieu de travail varient selon les
80 µg/m3 semble être associée à une augmenta- organismes ou juridictions. L ' A C G I H par exem-
tion de la prévalence des maladies respiratoires ple recommande une valeur plafond de 0,3 ppm
chroniques, autant chez les adultes que chez les ( A C G I H , 2002), tandis qu'au Québec la nor-
enfants. Certaines études montrent même me légale est de 2 p p m valeur plafond
qu'une exposition chronique à des teneurs aussi (Gouvernement du Québec, 2001).
basses que 10 µg/m3 pourrait avoir un effet sur Le formaldéhyde est très soluble dans l'eau,
la mortalité et les symptômes respiratoires. donc facilement absorbé (à 95 %) par les voies
Aussi, l'OMS-Europe a jugé bon de ne pas respiratoires. Une fois absorbé, il s'oxyde rapide-
émettre de limite de référence pour l'exposition ment pour former de l'acide formique et du
aux particules respirables, considérant qu'il dioxyde de carbone. Il se lie facilement aux pro-
n'existait pas de preuve d'effet seuil sur la mor- téines et aux macromolécules comme l ' A D N . Le
bidité et la mortalité ( W H O - E u r o p e , 2000). formaldéhyde endommage les cellules épi-
Cependant, le Comité fédéral-provincial de théliales du tractus respiratoire et exerce un effet
l'hygiène du m i l i e u et du travail suggère cytotoxique important. Le formaldéhyde est un
100 µg/m 3 et 40 µg/m 3 en particules fines irritant puissant des muqueuses; il provoque de
( P M 2 , 5 ) pour des expositions respectives d'une la sécheresse et de la douleur aux yeux, au nez et
heure et sur la durée de la vie (Santé Canada, à la gorge (Berglund et coll., 1992). À l'intérieur
1989). des résidences, l'irritation des muqueuses appa-
raît à des concentrations supérieures à 0,1 ppm
Formaldéhyde et composés organiques volatils
(EPA, 1987; Paustenbach et coll., 1997). Les
(COV)
effets du formaldéhyde sont liés à la stimulation
Formaldéhyde des nerfs trijumeaux, ce qui induit une sensa-
Le formaldéhyde ( H C H O ) existe à l'état gazeux tion de brûlure et incommode beaucoup les per-
ou en solution liquide. Le formaldéhyde gazeux sonnes exposées. Le larmoiement et le cligne-
est incolore et présente une odeur caractéris- ment des yeux peuvent être provoqués par
tique. La formaline liquide, ou formol, contient l'exposition au formaldéhyde.
environ 40 % de formaldéhyde en solution dans À des concentrations plus élevées, le
l'eau. Il y a de nombreuses sources de formaldéhyde provoque de l'œdème et de l'in-
formaldéhyde à l'intérieur des bâtiments, car flammation des muqueuses et de la peau
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 323

(Wanke et coll., 1996). À des concentrations Dans les maisons, les concentrations de C O V
inférieures à 3 p p m , l'exposition aiguë au dépassent rarement 20 m g / m 3 en moyenne
formaldehyde chez les asthmatiques, au repos (Molhave et Nielsen, 1992). En général, la con-
ou à l'exercice, ne cause pas de changement dans centration est inférieure à 1 µg/m3
la fonction pulmonaire (Paustenbach et coll.,
1997). Selon certains auteurs, le formaldehyde
peut, dans certains cas, causer de l'asthme pro-
2.2 Contaminants biologiques
fessionnel. Le formaldehyde a été classé dans le Moisissures
groupe 2A par le C I R C , c'est-à-dire comme
Le rôle des moisissures en tant que pneumo-
cancérogène probable pour l'humain (IARC,
allergènes est connu depuis longtemps (Zaegel
1995). Ceci résulte de la mise en évidence d'un
et c o l l . , 1990). Elles forment un groupe
excès de cancer du nez chez le rat exposé et d'un
hétérogène de corps végétaux unicellulaires et
certain nombre d'études épidémiologiques rap-
portant des excès de cancer du nasopharynx et filamenteux. Elles sont constituées à 80-90 % de
des cavités sinonasales. polysaccharides, de protéines et de lipides. Pour
proliférer, elles ont besoin de nourriture, d'hu-
Composés organiques volatils (COV) midité et d'une température optimale qui peut
Plus de 500 C O V ont été décelés à l'intérieur varier d'une espèce à l'autre. Elles se repro-
des bâtiments (Wallace, 1991). Les substances duisent comme les plantes, c'est-à-dire par des
volatiles comprennent notamment le benzène, spores ou conidies. Ces spores se dispersent et se
le tétrachloréthylène, le chloroforme, le toluène, déposent dans différents sites: le sol, les feuilles,
le xylène et des terpènes. Parmi les substances les détritus végétaux ou animaux et éventuelle-
semi-volatiles, les pesticides, dont divers com- ment les domiciles où auront été créées des con-
posés organochlorés, les biphényles polychlorés ditions de nutrition et d'accumulation d'eau
(BPC) et certains hydrocarbures aromatiques suffisantes pour permettre leur survie. Depuis
polycycliques (HAP) sont les C O V les plus toujours, on a cru que l ' h u m i d i t é relative
fréquemment rencontrés. Les C O V sont émis mesurée au-dessus de 70 % dans l'air était le fac-
par diverses sources: matériaux de construction, teur primordial de prolifération fongique dans
colles, nettoyants, peintures, produits domes- un domicile. On sait maintenant que l'activité
tiques, désodorisants et photocopieurs (Wallace, hydrique (a w : Tension de vapeur de l'eau dans le
1991; Wieslander et coll., 1997). Aux États- substrat/Tension de vapeur de l'eau pure) du
Unis, les concentrations de C O V à l'intérieur matériau de construction est déterminante
sont 2 à 10 fois plus élevées qu'à l'extérieur (Gravesen et coll., 1994). En d'autres termes, la
(Wallace, 1991). Les concentrations à l'intérieur concentration hydrique du matériau n u t r i t i f est
varient beaucoup dans le temps. beaucoup plus importante que l'humidité.
Plusieurs des C O V sont neurotoxiques, can- Depuis quelques années, plusieurs groupes
cérogènes ou tératogènes. Toutefois, les effets de recherche en provenance de différents
des expositions aiguës à de faibles concentra- pays (Canada, États-Unis, Pays-Bas, pays Scan-
tions sont moins bien connus. Certains effets dinaves, Grande-Bretagne) se sont consacrés à
sur la perception de la qualité de l'air ont été l'étude de la prévalence de symptômes p u l -
démontrés (Molhave et Nielsen, 1992). Les monaires chez les enfants et les adultes vivant
C O V sont détectés par le nerf olfactif et par les dans des maisons humides (Peat et coll. 1998).
papilles gustatives de même que par les nerfs t r i - En plus des maladies allergiques, les symptômes
jumeaux. La détection de C O V à de très faibles recensés sont souvent irritatifs, non spécifiques
concentrations signalerait chez certains des et peuvent s'accompagner d'épisodes d'infec-
changements dans la qualité de l'air. L'activation tions répétées des voies respiratoires supérieures
des terminaisons nerveuses peut déclencher une (Husman, 1996). La moitié de ces études
sensation d'irritation, de brûlure et des picote- démontre une association significative avec les
ments des muqueuses et de la face. problèmes respiratoires (toux, expectorations,
Il n'existe pas de norme pour les C O V à l'in- sifflements pulmonaires et asthme) et ceci en
térieur des bâtiments. En général, les concentra- contrôlant pour le tabagisme et l'atopie. Pour les
tions de C O V totaux à l'intérieur sont de 100 à autres études, même si l'on n'a pas noté de rela-
1000 fois plus faibles qu'en milieu de travail. tion statistiquement significative, probablement
324 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

à cause d'une faible puissance statistique, le face ou de poussières avec comparaison avec le
risque relatif demeure supérieur à un. Ces milieu extérieur. D'autres chercheurs offrent des
études sont cependant critiquables, notamment méthodes prometteuses mesurant directement la
au niveau du type de devis (cas-témoins et trans- masse fongique aérienne. Des auteurs suédois
versal), dans lequel les biais de rappel sont pos- ont mis au point avec des collaborateurs japonais
sibles. De plus, bien peu d'études comportent une technique mesurant le (1-3)-béta-D-glucan
des mesures fiables de l'environnement. (Rylander, 1997). Il s'agit du polysaccharide
Cependant, l'ensemble de la preuve est à l'effet constituant la matrice de la membrane des m o i -
qu'il existe une relation entre le fait de vivre sissures. Ce composé possède de nombreuses
dans une habitation humide et les affections res- propriétés immunomodulatoires et inflamma-
piratoires. D'autant plus que certaines études toires. Plusieurs études ont bien démontré une
mettent en relief un plus grand effet d'un envi- corrélation entre la présence de symptômes irri-
ronnement humide ou contaminé par des moi- tatifs dans les demeures et la présence de cet
sissures sur les sujets plus vulnérables présentant agent avec atténuation de la symptomatologie
une sensibilité allergique. lorsque le taux avait diminué après rénovation et
Une équipe américaine et canadienne décontamination. Une équipe canadienne pro-
relatait, dans une récente publication, les résul- pose de mesurer l'ergostérol (Miller et coll.,
tats d'une enquête à propos de 10 cas d'hé- 1988), une autre composante de la paroi des
mosidérose pulmonaire avec anémie hémoly- moisissures. Enfin, certains auteurs allemands et
tique chez des nouveau-nés de la ville de finlandais ont proposé des techniques de mesure
Cleveland (Etzel et coll., 1998). Les auteurs de de toxicité générale des spécimens accompagnées
cette étude cas-témoin dirigeaient leurs d'une identification détaillée des moisissures
soupçons vers la présence de moisissures présentes.
(Stachybotris atra, Fusarium). Ce dramatique Pour l'avenir, il est essentiel de mettre au
incident mettait en lumière la capacité de point des mesures environnementales fiables
plusieurs de ces champignons de produire des pour permettre au praticien de santé publique
métabolites dont certains très toxiques. Ces de pouvoir fournir une opinion éclairée. En
mycotoxines, par exemple les tricothécènes, pos- attendant, malgré les difficultés d'établir une
sèdent des effets immunologiques et neurotoxi- relation définitive lors de cas concrets, ceci ne
ques majeurs chez l'animal. Il s'agit d'une pro- doit pas empêcher les démarches préventives en
blématique en émergence et, malheureusement, vue d'éliminer la présence des moisissures au
les données précises font défaut. Par contre, moment de la construction des domiciles ou
plusieurs cas anecdotiques relatifs à ces toxines lors de leur rénovation (Peat et coll., 1998).
ont été rapportés au Canada, dans les pays Scan- Ceci comprend le nettoyage d'endroits conta-
dinaves et aux Etats-Unis. Les toxines peuvent minés avec un javellisant, la recherche et la sup-
être transportées par les spores et ainsi être pression de causes excessives d'eau, l'utilisation
inhalées (Tobin et coll., 1987). Leur toxicité de matériaux secs et propres lors de construction
peut se manifester par des symptômes irritatifs domiciliaire, l'application de programmes d'en-
des voies respiratoires, des sinusites récurrentes tretien des systèmes de ventilation générale des
ou encore un syndrome plus systémique avec édifices ( S C H L , 1993; Goyer et coll., 2001). Le
fatigue, problèmes de mémoire et de concentra- lecteur peut également se référer au document
tion, céphalées, léthargie et vertiges, et finale- récent du secteur de la santé publique québé-
ment, des sensations de brûlures sur la peau coise concernant les problèmes de santé associés
(Gravesen et coll., 1994). aux moisissures dans l'air intérieur et leur
La caractérisation environnementale des moi- prévention ( I N S P Q , 2002)
sissures ou de leurs toxines demeure un impor-
tant problème à résoudre. Cependant, plusieurs Allergènes respiratoires d'origine biologique
techniques et nouvelles approches ont été pro- associés à la qualité de l'air intérieur
posées récemment: reconnaissance visuelle des L'atopie joue un rôle i m p o r t a n t dans le
lieux, mesure des colonies vivantes dans l'air déclenchement de l'asthme et d'autres maladies
ambiant ( U F C / m 3 ) par différents appareillages, respiratoires. Elle désigne des allergies à carac-
caractérisation fongique des spécimens de sur- tère héréditaire correspondant à une réaction
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 325

immunologique particulière aux immunoglobu- quantités d'allergènes dans l'air intérieur permet
lines E de certains sujets qui se sensibilisent à de réduire significativement les symptômes.
des allergènes provenant de l'environnement. Plusieurs méthodes permettent d'y parvenir:
De 80 à 90 % des enfants et 25 à 50 % des utilisation d'un déshumidificateur, augmenta-
adultes asthmatiques présenteraient des tests tion de la ventilation dans les salles de bains et
d'hypersensibilité dermique positifs (Demoly et la cuisine, retrait des sources d'humidité (aqua-
coll., 1996), démontrant ainsi un certain degré rium) et nettoyage fréquent des tapis, des car-
d'atopie. pettes, du mobilier en tissu, des draps, des
La réduction des allergènes présents dans l'air oreillers et des matelas.
intérieur devient donc un objectif souhaitable
Animaux domestiques
pour diminuer la morbidité liée aux maladies
Les allergènes retrouvés dans l'épiderme (pel-
respiratoires, particulièrement chez les enfants.
licules de peau morte), les poils, la salive et
Il est d'ailleurs maintenant reconnu qu'une
l'urine des animaux domestiques, particulière-
exposition en bas âge aux allergènes respiratoires
ment les chats et les chiens, peuvent causer ou
augmente les risques de souffrir plus tard de
aggraver les allergies respiratoires (Warner,
problèmes de santé, notamment d'asthme
1992). Cette source d'allergènes est classée
(Sporik et coll., 1990).
deuxième en importance après les acariens.
Les principales sources d'allergènes retrou- Dans les pays industrialisés, le problème est
vées dans les habitations sont les acariens, les important puisque les animaux domestiques
animaux (chats et chiens, par exemple) et les sont retrouvés dans près de 50 % des maisons
blattes. Les allergènes associés aux pollens (Warner, 1992). Les chats sont des vecteurs par-
provenant de l'air extérieur peuvent également ticulièrement importants étant donné leur
se retrouver dans l'air intérieur. Toutefois, tel grande occurrence, la puissance des allergènes
que déjà précisé, nous n'abordons pas, dans ce qu'ils produisent et la facilité avec laquelle ces
chapitre, les agresseurs principalement associés allergènes se retrouvent dans l'air ambiant
au milieu extérieur aux habitations. (Brunekreef et coll., 1992). Bien que les plus
fortes concentrations d'allergènes se retrouvent
Acariens
dans les maisons où réside un animal domes-
Les acariens sont reconnus depuis longtemps
tique, des niveaux élevés d'allergènes ont égale-
comme la principale source d'allergènes retrou-
ment été retrouvés dans des lieux où aucun ani-
vés dans les habitations des régions humides du
mal ne vit (maison, école, place publique)
globe. Au Royaume-Uni, par exemple, il est
(Berge et coll., 1998). Ce sont les propriétaires
extrêmement rare, voire impossible, de trouver
de chats et de chiens qui transporteraient sur
une maison dans laquelle on ne détecte pas d'al-
leurs vêtements les allergènes à l'extérieur de
lergènes d'acariens (Warner, 1992). D'ailleurs,
leur maison. Selon la population étudiée, entre
30 % de la population de cette région y serait
5 et 14 % des enfants seraient allergiques aux
allergique, tandis que près de 80 % des enfants
animaux (Kjellman et Petterson, 1983; Sears et
asthmatiques montrent une hypersensibilité
coll., 1989; Hader et coll., 1990), alors que chez
dermique aux acariens (Smith et coll., 1969;
les asthmatiques la proportion augmente à 40 à
Warner et Price, 1978). Les espèces les plus
60 % (Kjellman et Petterson, 1983; Croner et
communes sont Dermatophagoides farinae et
Kjellman, 1992; Warner, 1992).
D. pteronyssinus. On les retrouve principalement
dans les matelas, les oreillers et les tapis. Le seul moyen vraiment efficace de limiter
Le niveau d'acariens retrouvé dans une mai- les problèmes liés aux allergènes des animaux est
son est directement lié au niveau d'humidité I'évitement total (Peat, 1996). Les personnes
extérieur et intérieur, au taux d'échange d'air, à allergiques ne devraient pas avoir d'animaux à la
la quantité de mobilier et de tapis ainsi qu'à la maison. S'il est impossible d'éviter la présence
fréquence de nettoyage du mobilier et des tapis d'animaux dans la maison, on peut réduire le
(Peat, 1996). La d i m i n u t i o n de l'exposition aux niveau d'allergènes en limitant la quantité de
allergènes d'acariens est la façon la plus efficace mobilier et de tapis, en augmentant le taux de
de réduire leurs effets délétères sur le système ventilation et en lavant hebdomadairement l'a-
respiratoire. Bien que I'évitement total soit quasi nimal domestique et les planchers (Peat, 1996).
impossible, une réduction, même modeste, des L'efficacité de ces méthodes demeure toutefois
326 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

contestée. Rappelons que le chapitre 21 traite un groupe de maladies dont les manifestations
des zoonoses associées aux animaux domes- cliniques sont relativement homogènes et pour
tiques. lesquelles il existe des tests cliniques ou de labo-
ratoire spécifiques, ainsi que des sources ou des
Blattes agents connus pouvant causer une infection ou
Parce qu'aujourd'hui elles se retrouvent partout une maladie immunologique. Les problèmes de
et sont hautement allergisantes, les blattes sont santé non spécifiques représentent un symptôme
maintenant reconnues comme une importante ou un ensemble de symptômes quelquefois sub-
source d'allergènes affectant la qualité de l'air tils, plutôt qu'une maladie précise. Les symp-
intérieur (Rosenstreich et coll., 1997). Le statut tômes les plus fréquents rapportés au travail par
socio-économique semble être une variable les occupants des édifices affectent les muqueuses
importante comme déterminant du risque de (irritation des yeux, de la gorge et plus rarement
sensibilisation aux allergènes des blattes, parti- essoufflement et toux), la peau (sécheresse,
culièrement chez les enfants. Les habitants des démangeaisons) ou sont des symptômes généraux
quartiers pauvres des villes semblent en effet (céphalée, fatigue et troubles de concentration).
plus affectés par les problèmes respiratoires Il n'est généralement pas possible de mettre en
reliés à la présence des blattes (Sperber et coll., évidence des anomalies cliniques objectives ou de
1993; Rosenstreich et coll., 1997). Sperber et laboratoire. En 1983, un groupe d'experts de
coll. (1993) ont d'ailleurs démontré que 68 % l ' O M S a désigné cet ensemble de symptômes
des patients asthmatiques de leur étude, qui chez les occupants des édifices à bureau par l'ap-
provenaient tous d'un secteur défavorisé de New pellation «Sick building syndrome» ou «Syndrome
York, présentaient une hypersensibilité aux des édifices malsains». Bien que ce terme soit le
allergènes de blattes. plus connu et encore largement utilisé, il y a
plusieurs raisons d'en éviter l'utilisation. Ce
S'il apparaît illusoire d'enrayer totalement les
terme met l'accent exclusivement sur les problèmes
blattes, l'application de certaines mesures per- de l'édifice plutôt que ceux des occupants, en plus
met d'en réduire considérablement le nombre de suggérer de façon simpliste qu'il y a deux types
(ARLA, 1999). Trois éléments sont essentiels à d'édifices, les édifices qui sont malsains et ceux qui
la prolifération des blattes: la nourriture, l'eau et sont sains. Les études épidémiologiques sur le sujet
un abri. Il est par conséquent important de ne ne permettent pas d'appuyer une telle conclusion
jamais laisser des aliments ou de l'eau à décou- (Bourbeau et coll., 1996; Mendell et coll., 1996).
vert. Il faut nettoyer immédiatement les sub- Cette désignation peut aussi être préjudiciable
stances alimentaires renversées, la vaisselle et les pour l'occupant d'un édifice.
électroménagers. Il faut également éliminer les
fuites d'eau et la condensation des robinets de la
tuyauterie ainsi que toutes autres sources d'hu- 3.1 Problèmes de santé spécifiques
midité. L'amélioration de l'éclairage dans les
endroits critiques favorise l'élimination des Les problèmes de santé spécifiques des édifices
blattes. Toutes les fissures dans les fondations et sont variés et peuvent résulter d'une exposition
les murs doivent être bloquées, scellées ou à des agents biologiques, chimiques ou
calfeutrées. Le contrôle maximum des blattes physiques. Les contaminants biologiques peu-
vent causer des maladies des voies respiratoires
nécessite également un traitement à l'aide d'un
de type infectieux, telles que la grippe, la fièvre
insecticide homologué et spécialisé.
de Pontiac, la maladie du légionnaire et la tuber-
culose, ou de type immunologique, telles que
3. PROBLÈMES DE SANTÉ DANS l'hypersensibilité de type immédiate (IgE), la
LES ÉDIFICES NON INDUSTRIELS pneumonie d'hypersensibilité ou la fièvre des
humidificateurs. Des facteurs comme la surpo-
ET NON RÉSIDENTIELS pulation dans certains espaces de travail
Les problèmes de santé des édifices sont générale- (Jaakkola et Heinonen, 1995) et la réduction
ment divisés en deux groupes: les problèmes de d'apport d'air extérieur pourraient influencer la
santé dits spécifiques et ceux dits non spécifiques. transmission de certains agents infectieux
Les problèmes de santé spécifiques représentent (Nardell et coll., 1991).
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 327

La pneumonie d'hypersensibilité et la fièvre symptômes soient inconnus, dans bon nombre


des humidificateurs sont causées par des agents d'études il a été démontré que plusieurs facteurs
biologiques variés, résultant d'une contamina- sont associés à une augmentation de la préva-
tion des humidificateurs ou des systèmes de lence des symptômes au travail.
ventilation (Woodard et coll., 1988). Les mani- Les études épidémiologiques ont démontré,
festations cliniques sont la fièvre, les frissons et de façon habituellement constante, une aug-
la fatigue. Dans la pneumonie d'hypersensibi- mentation de la prévalence des problèmes de
lité, des symptômes de toux, d'oppression tho- santé non spécifiques chez les femmes, les jeunes
racique et de dyspnée sont aussi présents et asso- et les individus présentant une histoire d'atopie
ciés à des anomalies radiologiques et dans les ou d'asthme. Une telle association pourrait être
tests de fonction pulmonaire. expliquée par une augmentation du seuil de sen-
Des manifestations cliniques de type sibilité individuelle (Kjaergaard et coll., 1991).
allergique comme la dermatite, la rhinite et De plus, la prédominance sexuelle pourrait être
l'asthme n'ont été rapportées qu'à quelques due au fait qu'encore aujourd'hui les femmes
occasions. L'exposition à des allergènes tels les occupent en majorité les postes cléricaux sou-
poussières, les acariens, les plantes et le trans- vent associés à un moins bon environnement
port passif des allergènes d'animaux domes- physique et psychosocial. Certains facteurs psy-
tiques sont des problèmes potentiels. Bien chosociaux tels que le stress et l'insatisfaction au
démontré dans les domiciles, l'asthme associé au travail sont aussi associés à une augmentation de
milieu de travail dans des édifices à bureaux a la prévalence des problèmes de santé non spéci-
aussi été rapporté (Hoffman et coll., 1993), fiques.
mais sans qu'il soit possible d'établir une rela- L'exposition au tabac est associée à de nom-
tion avec un allergène spécifique. Des cas de breux effets sur la santé. On a suggéré que ces
prurit et d'éruptions cutanées, de brûlures aux mêmes effets puissent être extrapolés dans les
yeux, de mal de gorge et d'essoufflement ont été édifices à bureaux (Woodward, 1991). Malgré le
rapportés avec l'utilisation de papier auto- peu d'évidence de la contribution de la cigarette
copiant (LaMarte et coll., 1988). aux problèmes de santé non spécifiques, une
Des symptômes de démangeaison, de brûlure politique de non-fumeur demeure la conduite la
aux yeux, de mal de gorge et de toux suite à l'ex- plus prudente à appliquer dans ces édifices. Des
position à des fibres de verre ont aussi été rap- études épidémiologiques ont aussi permis d ' i m -
portés dans les édifices à bureaux (Schneider, pliquer de façon régulière certains facteurs de
1986). Une libération dans l'air de fines parti- travail (travail sur écran cathodique, proximité
cules de fibre de verre en provenance de pan- d'un photocopieur, utilisation de papier auto-
neaux des plafonds serait en cause. D'autres copiant) et de l'environnement physique (sur-
contaminants chimiques peuvent aussi être des population, présence de tapis et bruit). Bien que
agents étiologiques des problèmes de santé spé- les tapis soient un réservoir potentiel de
cifiques dans les édifices à bureaux. Cependant, microorganismes, de composés organiques
les polluants résultant de la combustion autre volatils et d'acariens, aucune étude n'a pu
que celle du tabac sont rarement en cause. démontrer une réduction des symptômes après
le retrait des tapis, quoiqu'une amélioration des
3.2 Problèmes de santé symptômes ait été démontrée à la suite d'un
meilleur entretien (Raw et coll., 1993).
non spécifiques
Dans la plupart des études faisant suite à des
Parmi les études épidémiologiques dans plaintes des occupants, les problèmes le plus
lesquelles les édifices n'avaient pas fait l'objet de fréquemment rapportés sont ceux ayant trait à
plaintes systématiques, certaines rapportent une la ventilation. Une ré-analyse des premières
prévalence allant jusqu'à 60 % d'au moins un études épidémiologiques (Mendell et Smith,
symptôme au travail, et de 10 à 25 % d'au 1990) avec reclassification des systèmes de ven-
moins un symptôme au travail deux fois par tilation a permis de démontrer que la prévalence
semaine ou plus (Mendell et Smith, 1990; des symptômes au travail était plus élevée chez
Jaakkola et Miettinen, 1995a, b). Bien que les les occupants des édifices munis de fenêtres scel-
mécanismes impliqués dans l'apparition des lées et d'air climatisé central. Les études expéri-
328 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

mentales et d'observation ont démontré de Une bonne connaissance du problème peut


façon constante une augmentation des symp- exiger plus qu'une simple entrevue des person-
tômes au travail avec un apport d'air extérieur nes affectées. Un protocole d'intervention en cas
de 10 L/s/personne ou moins (Bourbeau et coll., de demandes concernant des problèmes de santé
1997) tandis qu'habituellement aucun change- affectant un ou des occupants d'un édifice doit
ment des symptômes n'était observé en cas d'ap- englober une évaluation du problème et de son
port d'air extérieur supérieur (Menzies et coll., étendue, de l'environnement physique, du sys-
1993). Ces données suggèrent que les change- tème de ventilation et de la distribution de l'air.
ments de ventilation influencent la concentra- Une équipe multidisciplinaire spécialisée en
tion des polluants intérieurs lorsque la ventila- médecine environnementale est la plus habilitée
t i o n est faible, mais très peu lorsque la et possède habituellement les moyens à sa dis-
ventilation est déjà élevée. position pour investiguer le problème chez une
Les symptômes au travail augmentent avec ou plusieurs personnes. Il n'est pas rare qu'un
une température élevée (Menzies et coll., 1993). patient serve de cas sentinelle. Une personne
Les études épidémiologiques (Jaakkola et aux prises avec des problèmes de santé au travail
Heinonen, 1989) ont aussi démontré une aug- peut permettre de découvrir des problèmes de
mentation des symptômes avec des taux d'hu- santé chez plusieurs travailleurs d'un même
midité faible de 10 et 20 %, et les études expéri- milieu. Les équipes en santé environnementale
mentales (Reinikainen et coll., 1992), une ont parfois été informées d'autres cas dans le
diminution des symptômes lorsque les taux d'hu- même édifice et peuvent, s'il y a lieu, mettre en
midité sont augmentés de 18-25 % à 33-50 %. place un protocole d'intervention. Une évalua-
tion des autres travailleurs et une visite des lieux
de travail, incluant les systèmes de ventilation,
3.3 Approche diagnostique peuvent s'avérer nécessaire. Plus rarement, des
et intervention mesures objectives de la qualité de l'air devront
être effectuées. Ces mesures qui sont coûteuses
Une anamnèse complète est la première étape et et exigent une grande expertise sont parti-
la plus importante. Établir une relation entre les culièrement indiquées si un contaminant spéci-
symptômes et le milieu de travail peut exiger fique est suspecté. Assez souvent, compte tenu
une description spatiale et temporelle précise. Il de l'absence de causes spécifiques, la loi du gros
sera aussi important d'exclure d'autres causes bon sens basée sur les connaissances actuelles est
non rattachées au travail. L'examen physique est celle qui donne les meilleurs résultats. Dans le
habituellement normal en présence d'un pro- cas d'un travailleur présentant un problème de
blème de santé non spécifique, mais peut s'avé- santé non spécifique et des symptômes inex-
rer anormal en présence d'un problème de santé pliqués, changer son micro-environnement en le
spécifique. Des tests sont parfois utiles, par changeant de lieu de travail pourrait constituer
exemple une radiographie pulmonaire en une approche logique, bien que jamais évaluée.
présence d'une pneumonie d'hypersensibilité ou
des tests d'allergies et de fonction pulmonaire en
cas de rhinite et d'asthme.
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 329

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