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1. Introduction
2. Contaminants
2.1 Contaminants chimiques
2.2 Contaminants biologiques
3. Problèmes de santé dans les édifices non industriels
et non résidentiels
3.1 Problèmes de santé spécifiques
3.2 Problèmes de santé non spécifiques
3.3 Approche diagnostique et intervention
318 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
pour l'homme, provoquant notamment des can- 1990). Dans les résidences équipées de garage
cers du poumon (IARC, 2002). attenant ou d'appareils de chauffage ou de cuis-
Deux grandes stratégies existent pour son fonctionnant à partir de combustibles fos-
prévenir l'exposition à la F T E : l'élimination à la siles, les mêmes contaminants sont également à
source et la réduction de l'exposition (tableau craindre. Globalement, la prévention passe par
12.1). Bien que la première soit la plus efficace, l'élimination de la source ou encore, lorsque
et doive être privilégiée, la seconde est accep- c'est impossible, l'entretien o p t i m a l des
table dans tous les cas où la première est impos- appareils (appareils de chauffage, par exemple)
sible à appliquer. Une bonne ventilation des et, le cas échéant, par une ventilation adéquate.
lieux demeure une mesure modérément efficace.
Monoxyde de carbone (CO)
La filtration de l'air à l'aide d'appareils fixes ou
Absorbé par voie respiratoire, le CO passe rapi-
portatifs de types HEPA ou électrostatique
dement dans le système circulatoire. Dans le
représente une mesure d'appoint pour éliminer
sang, il a une affinité pour l'hémoglobine (Hb)
les particules (Lajoie, 1995). Ces appareils sont
de 200 à 250 fois plus grande que celle de
toutefois inefficaces pour capter le monoxyde de l'oxygène. Il s'associe donc à cette protéine pour
carbone et éliminer complètement les autres former la carboxyhémoglobine ( C O H b ) , qui est
vapeurs et gaz. Ils peuvent toutefois diminuer le principal marqueur de l'absorption du toxi-
les effets irritants de la fumée de tabac sur les que. Calculée en pourcentage de saturation, la
voies respiratoires (Bascom et coll., 1996). concentration de C O H b est généralement com-
prise entre 0,5 et 1,5 % chez les non-fumeurs
Tableau 12.1 Stratégies et moyens de prévention de (production endogène et exposition environ-
l'exposition à la FTE à l'intérieur des résidences et des nementale) et peut atteindre 10 % chez les
bâtiments publics fumeurs ( W H O - E u r o p e , 2000).
dans l'air pour diverses durées ou encore d'une les deux sources les plus susceptibles d'engen-
limite maximale acceptable à ne jamais dépasser. drer le toxique dans une habitation. Quoique
On tolère pour la population générale, incluant certains résultats soient contradictoires,
les personnes les plus exposées, des niveaux de l'ensemble des données semble montrer une
CO correspondant à moins de 2,5 % de C O H b association entre l'exposition au NO2 et les
( W H O , 1999; W H O - E u r o p e , 2000). C'est en symptômes respiratoires des enfants. Par exem-
vertu de ce principe que le Comité fédéral- ple, une étude réalisée chez 1567 jeunes, âgés de
provincial de l'hygiène du milieu et du travail 7 à 11 ans, a démontré qu'une augmentation de
du Canada a élaboré des limites de référence 0,015 p p m de la concentration annuelle de
pour l'air intérieur de 25 p p m pour 1 heure et NO2 dans la maison était associée à une aug-
11 ppm pour 8 heures (Santé Canada, 1989). Le mentation de symptômes d'atteinte des voies
bureau régional de l ' O M S pour l'Europe sug- respiratoires inférieures (rapport de cotes = 1,4;
gère comme limites 100 ppm pour 15 minutes, IC 95 %: 1,1 - 1,7) (Neas et coll., 1991).
60 ppm pour 30 minutes, 30 p p m pour 1 heure L'utilisation du gaz naturel pour la cuisson est
et 10 p p m pour 8 heures ( W H O - E u r o p e , généralement susceptible d'engendrer des con-
2000). centrations de cet ordre (0,05 ppm) (Santé
Canada, 1989). Au Canada, la l i m i t e de
Le CO est un toxique redoutable. En raison
référence établie pour l'air intérieur est de 0,25
de ses propriétés asphyxiantes, il peut souvent
ppm pour une heure et de 0,05 ppm pour une
constituer un poison mortel. Q u i ne connaît pas
exposition pendant la durée de la vie (santé
les effets nocifs du fonctionnement d'une
Canada, 1989). Le bureau régional pour
voiture dans un garage attenant au domicile ou
l'Europe de l ' O M S suggère une l i m i t e de
encore d'un appareil de chauffage défectueux?
200 µ g / m 3 (0,11 ppm) pour 1 heure, de
Chaque année, aux Etats-Unis, environ 200 per-
120 µ g / m 3 (0,06 ppm) pour 8 heures et de
sonnes meurent d'intoxication au CO
40 µ g / m 3 (0,02 ppm) pour une exposition
provenant de la combustion incomplète de
annuelle ( W H O - E u r o p e , 2000).
combustibles domestiques (Mah, 2000). Aussi,
dans les habitations munies d'un appareil de
combustion, celui-ci d o i t être entretenu Particules respirables
scrupuleusement. De plus, l'utilisation d'un Les matières particulaires sont un mélange de
détecteur de CO d o i t être recommandée. divers composés solides ou liquides en suspen-
Concernant la crise du verglas au Québec pen- sion dans l'air (aérosols). Leur taille varie
dant laquelle une grande partie de la population généralement de 0,005 à 100 µm (Santé
était privée d'électricité, le Centre antipoison du Canada, 1989). Les tailles d'intérêt principal
Québec a enregistré, pendant la période du 5 au pour les effets sur la santé humaine sont de 0,1
31 janvier 1998, plus de 845 cas d'exposi- à 10 µm (appelées P M 1 0 ) , dimension qui leur
tions/intoxications au CO (Sanfaçon, 1998). Le permet d'atteindre les voies respiratoires
lecteur est renvoyé au chapitre 20 pour obtenir inférieures. Entre 0,1 et 2,5 µm ( P M 2 , 5 ), elles
plus de détails sur cet événement catas- vont majoritairement jusqu'aux alvéoles p u l -
trophique. monaires (Santé Canada, 1989). Les particules
plus petites sont généralement exhalées, alors
Dioxyde d'azote (NO2) qu'entre 10 et 15 µm elles se déposent dans la
Le NO 2 est un irritant pulmonaire puissant. région du naso-pharynx. Au-delà de 15 µm,
Des études cliniques ont démontré que non elles sont trop grosses pour être inhalées (voir
seulement des sujets asthmatiques, mais égale- aussi le chapitre 7 pour les courbes de pénétration
ment des individus normaux, peuvent subir des des particules selon leur taille).
effets respiratoires délétères à des concentrations Les principales sources de particules à l'in-
de 0,5 p p m (Santé Canada, 1989). Plusieurs térieur des habitations sont le tabagisme et la
études épidémiologiques ont été réalisées aux cuisson des aliments (Wallace, 1996). L'usage
États-Unis et en Europe pour vérifier l'influence du tabac est de loin la cause la plus importante
sur les maladies pulmonaires de l'exposition de contamination par les particules respirables
intérieure au NO2 secondaire à l'utilisation de dans les habitations. La présence d'un résidant
gaz naturel pour la cuisson des aliments ou fumeur augmente les niveaux de P M 2,5 de 12 à
encore de kérosène pour le chauffage, qui sont 40 µ g / m 3 , et la contribution moyenne de la
322 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
(Wanke et coll., 1996). À des concentrations Dans les maisons, les concentrations de C O V
inférieures à 3 p p m , l'exposition aiguë au dépassent rarement 20 m g / m 3 en moyenne
formaldehyde chez les asthmatiques, au repos (Molhave et Nielsen, 1992). En général, la con-
ou à l'exercice, ne cause pas de changement dans centration est inférieure à 1 µg/m3
la fonction pulmonaire (Paustenbach et coll.,
1997). Selon certains auteurs, le formaldehyde
peut, dans certains cas, causer de l'asthme pro-
2.2 Contaminants biologiques
fessionnel. Le formaldehyde a été classé dans le Moisissures
groupe 2A par le C I R C , c'est-à-dire comme
Le rôle des moisissures en tant que pneumo-
cancérogène probable pour l'humain (IARC,
allergènes est connu depuis longtemps (Zaegel
1995). Ceci résulte de la mise en évidence d'un
et c o l l . , 1990). Elles forment un groupe
excès de cancer du nez chez le rat exposé et d'un
hétérogène de corps végétaux unicellulaires et
certain nombre d'études épidémiologiques rap-
portant des excès de cancer du nasopharynx et filamenteux. Elles sont constituées à 80-90 % de
des cavités sinonasales. polysaccharides, de protéines et de lipides. Pour
proliférer, elles ont besoin de nourriture, d'hu-
Composés organiques volatils (COV) midité et d'une température optimale qui peut
Plus de 500 C O V ont été décelés à l'intérieur varier d'une espèce à l'autre. Elles se repro-
des bâtiments (Wallace, 1991). Les substances duisent comme les plantes, c'est-à-dire par des
volatiles comprennent notamment le benzène, spores ou conidies. Ces spores se dispersent et se
le tétrachloréthylène, le chloroforme, le toluène, déposent dans différents sites: le sol, les feuilles,
le xylène et des terpènes. Parmi les substances les détritus végétaux ou animaux et éventuelle-
semi-volatiles, les pesticides, dont divers com- ment les domiciles où auront été créées des con-
posés organochlorés, les biphényles polychlorés ditions de nutrition et d'accumulation d'eau
(BPC) et certains hydrocarbures aromatiques suffisantes pour permettre leur survie. Depuis
polycycliques (HAP) sont les C O V les plus toujours, on a cru que l ' h u m i d i t é relative
fréquemment rencontrés. Les C O V sont émis mesurée au-dessus de 70 % dans l'air était le fac-
par diverses sources: matériaux de construction, teur primordial de prolifération fongique dans
colles, nettoyants, peintures, produits domes- un domicile. On sait maintenant que l'activité
tiques, désodorisants et photocopieurs (Wallace, hydrique (a w : Tension de vapeur de l'eau dans le
1991; Wieslander et coll., 1997). Aux États- substrat/Tension de vapeur de l'eau pure) du
Unis, les concentrations de C O V à l'intérieur matériau de construction est déterminante
sont 2 à 10 fois plus élevées qu'à l'extérieur (Gravesen et coll., 1994). En d'autres termes, la
(Wallace, 1991). Les concentrations à l'intérieur concentration hydrique du matériau n u t r i t i f est
varient beaucoup dans le temps. beaucoup plus importante que l'humidité.
Plusieurs des C O V sont neurotoxiques, can- Depuis quelques années, plusieurs groupes
cérogènes ou tératogènes. Toutefois, les effets de recherche en provenance de différents
des expositions aiguës à de faibles concentra- pays (Canada, États-Unis, Pays-Bas, pays Scan-
tions sont moins bien connus. Certains effets dinaves, Grande-Bretagne) se sont consacrés à
sur la perception de la qualité de l'air ont été l'étude de la prévalence de symptômes p u l -
démontrés (Molhave et Nielsen, 1992). Les monaires chez les enfants et les adultes vivant
C O V sont détectés par le nerf olfactif et par les dans des maisons humides (Peat et coll. 1998).
papilles gustatives de même que par les nerfs t r i - En plus des maladies allergiques, les symptômes
jumeaux. La détection de C O V à de très faibles recensés sont souvent irritatifs, non spécifiques
concentrations signalerait chez certains des et peuvent s'accompagner d'épisodes d'infec-
changements dans la qualité de l'air. L'activation tions répétées des voies respiratoires supérieures
des terminaisons nerveuses peut déclencher une (Husman, 1996). La moitié de ces études
sensation d'irritation, de brûlure et des picote- démontre une association significative avec les
ments des muqueuses et de la face. problèmes respiratoires (toux, expectorations,
Il n'existe pas de norme pour les C O V à l'in- sifflements pulmonaires et asthme) et ceci en
térieur des bâtiments. En général, les concentra- contrôlant pour le tabagisme et l'atopie. Pour les
tions de C O V totaux à l'intérieur sont de 100 à autres études, même si l'on n'a pas noté de rela-
1000 fois plus faibles qu'en milieu de travail. tion statistiquement significative, probablement
324 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
à cause d'une faible puissance statistique, le face ou de poussières avec comparaison avec le
risque relatif demeure supérieur à un. Ces milieu extérieur. D'autres chercheurs offrent des
études sont cependant critiquables, notamment méthodes prometteuses mesurant directement la
au niveau du type de devis (cas-témoins et trans- masse fongique aérienne. Des auteurs suédois
versal), dans lequel les biais de rappel sont pos- ont mis au point avec des collaborateurs japonais
sibles. De plus, bien peu d'études comportent une technique mesurant le (1-3)-béta-D-glucan
des mesures fiables de l'environnement. (Rylander, 1997). Il s'agit du polysaccharide
Cependant, l'ensemble de la preuve est à l'effet constituant la matrice de la membrane des m o i -
qu'il existe une relation entre le fait de vivre sissures. Ce composé possède de nombreuses
dans une habitation humide et les affections res- propriétés immunomodulatoires et inflamma-
piratoires. D'autant plus que certaines études toires. Plusieurs études ont bien démontré une
mettent en relief un plus grand effet d'un envi- corrélation entre la présence de symptômes irri-
ronnement humide ou contaminé par des moi- tatifs dans les demeures et la présence de cet
sissures sur les sujets plus vulnérables présentant agent avec atténuation de la symptomatologie
une sensibilité allergique. lorsque le taux avait diminué après rénovation et
Une équipe américaine et canadienne décontamination. Une équipe canadienne pro-
relatait, dans une récente publication, les résul- pose de mesurer l'ergostérol (Miller et coll.,
tats d'une enquête à propos de 10 cas d'hé- 1988), une autre composante de la paroi des
mosidérose pulmonaire avec anémie hémoly- moisissures. Enfin, certains auteurs allemands et
tique chez des nouveau-nés de la ville de finlandais ont proposé des techniques de mesure
Cleveland (Etzel et coll., 1998). Les auteurs de de toxicité générale des spécimens accompagnées
cette étude cas-témoin dirigeaient leurs d'une identification détaillée des moisissures
soupçons vers la présence de moisissures présentes.
(Stachybotris atra, Fusarium). Ce dramatique Pour l'avenir, il est essentiel de mettre au
incident mettait en lumière la capacité de point des mesures environnementales fiables
plusieurs de ces champignons de produire des pour permettre au praticien de santé publique
métabolites dont certains très toxiques. Ces de pouvoir fournir une opinion éclairée. En
mycotoxines, par exemple les tricothécènes, pos- attendant, malgré les difficultés d'établir une
sèdent des effets immunologiques et neurotoxi- relation définitive lors de cas concrets, ceci ne
ques majeurs chez l'animal. Il s'agit d'une pro- doit pas empêcher les démarches préventives en
blématique en émergence et, malheureusement, vue d'éliminer la présence des moisissures au
les données précises font défaut. Par contre, moment de la construction des domiciles ou
plusieurs cas anecdotiques relatifs à ces toxines lors de leur rénovation (Peat et coll., 1998).
ont été rapportés au Canada, dans les pays Scan- Ceci comprend le nettoyage d'endroits conta-
dinaves et aux Etats-Unis. Les toxines peuvent minés avec un javellisant, la recherche et la sup-
être transportées par les spores et ainsi être pression de causes excessives d'eau, l'utilisation
inhalées (Tobin et coll., 1987). Leur toxicité de matériaux secs et propres lors de construction
peut se manifester par des symptômes irritatifs domiciliaire, l'application de programmes d'en-
des voies respiratoires, des sinusites récurrentes tretien des systèmes de ventilation générale des
ou encore un syndrome plus systémique avec édifices ( S C H L , 1993; Goyer et coll., 2001). Le
fatigue, problèmes de mémoire et de concentra- lecteur peut également se référer au document
tion, céphalées, léthargie et vertiges, et finale- récent du secteur de la santé publique québé-
ment, des sensations de brûlures sur la peau coise concernant les problèmes de santé associés
(Gravesen et coll., 1994). aux moisissures dans l'air intérieur et leur
La caractérisation environnementale des moi- prévention ( I N S P Q , 2002)
sissures ou de leurs toxines demeure un impor-
tant problème à résoudre. Cependant, plusieurs Allergènes respiratoires d'origine biologique
techniques et nouvelles approches ont été pro- associés à la qualité de l'air intérieur
posées récemment: reconnaissance visuelle des L'atopie joue un rôle i m p o r t a n t dans le
lieux, mesure des colonies vivantes dans l'air déclenchement de l'asthme et d'autres maladies
ambiant ( U F C / m 3 ) par différents appareillages, respiratoires. Elle désigne des allergies à carac-
caractérisation fongique des spécimens de sur- tère héréditaire correspondant à une réaction
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 325
immunologique particulière aux immunoglobu- quantités d'allergènes dans l'air intérieur permet
lines E de certains sujets qui se sensibilisent à de réduire significativement les symptômes.
des allergènes provenant de l'environnement. Plusieurs méthodes permettent d'y parvenir:
De 80 à 90 % des enfants et 25 à 50 % des utilisation d'un déshumidificateur, augmenta-
adultes asthmatiques présenteraient des tests tion de la ventilation dans les salles de bains et
d'hypersensibilité dermique positifs (Demoly et la cuisine, retrait des sources d'humidité (aqua-
coll., 1996), démontrant ainsi un certain degré rium) et nettoyage fréquent des tapis, des car-
d'atopie. pettes, du mobilier en tissu, des draps, des
La réduction des allergènes présents dans l'air oreillers et des matelas.
intérieur devient donc un objectif souhaitable
Animaux domestiques
pour diminuer la morbidité liée aux maladies
Les allergènes retrouvés dans l'épiderme (pel-
respiratoires, particulièrement chez les enfants.
licules de peau morte), les poils, la salive et
Il est d'ailleurs maintenant reconnu qu'une
l'urine des animaux domestiques, particulière-
exposition en bas âge aux allergènes respiratoires
ment les chats et les chiens, peuvent causer ou
augmente les risques de souffrir plus tard de
aggraver les allergies respiratoires (Warner,
problèmes de santé, notamment d'asthme
1992). Cette source d'allergènes est classée
(Sporik et coll., 1990).
deuxième en importance après les acariens.
Les principales sources d'allergènes retrou- Dans les pays industrialisés, le problème est
vées dans les habitations sont les acariens, les important puisque les animaux domestiques
animaux (chats et chiens, par exemple) et les sont retrouvés dans près de 50 % des maisons
blattes. Les allergènes associés aux pollens (Warner, 1992). Les chats sont des vecteurs par-
provenant de l'air extérieur peuvent également ticulièrement importants étant donné leur
se retrouver dans l'air intérieur. Toutefois, tel grande occurrence, la puissance des allergènes
que déjà précisé, nous n'abordons pas, dans ce qu'ils produisent et la facilité avec laquelle ces
chapitre, les agresseurs principalement associés allergènes se retrouvent dans l'air ambiant
au milieu extérieur aux habitations. (Brunekreef et coll., 1992). Bien que les plus
fortes concentrations d'allergènes se retrouvent
Acariens
dans les maisons où réside un animal domes-
Les acariens sont reconnus depuis longtemps
tique, des niveaux élevés d'allergènes ont égale-
comme la principale source d'allergènes retrou-
ment été retrouvés dans des lieux où aucun ani-
vés dans les habitations des régions humides du
mal ne vit (maison, école, place publique)
globe. Au Royaume-Uni, par exemple, il est
(Berge et coll., 1998). Ce sont les propriétaires
extrêmement rare, voire impossible, de trouver
de chats et de chiens qui transporteraient sur
une maison dans laquelle on ne détecte pas d'al-
leurs vêtements les allergènes à l'extérieur de
lergènes d'acariens (Warner, 1992). D'ailleurs,
leur maison. Selon la population étudiée, entre
30 % de la population de cette région y serait
5 et 14 % des enfants seraient allergiques aux
allergique, tandis que près de 80 % des enfants
animaux (Kjellman et Petterson, 1983; Sears et
asthmatiques montrent une hypersensibilité
coll., 1989; Hader et coll., 1990), alors que chez
dermique aux acariens (Smith et coll., 1969;
les asthmatiques la proportion augmente à 40 à
Warner et Price, 1978). Les espèces les plus
60 % (Kjellman et Petterson, 1983; Croner et
communes sont Dermatophagoides farinae et
Kjellman, 1992; Warner, 1992).
D. pteronyssinus. On les retrouve principalement
dans les matelas, les oreillers et les tapis. Le seul moyen vraiment efficace de limiter
Le niveau d'acariens retrouvé dans une mai- les problèmes liés aux allergènes des animaux est
son est directement lié au niveau d'humidité I'évitement total (Peat, 1996). Les personnes
extérieur et intérieur, au taux d'échange d'air, à allergiques ne devraient pas avoir d'animaux à la
la quantité de mobilier et de tapis ainsi qu'à la maison. S'il est impossible d'éviter la présence
fréquence de nettoyage du mobilier et des tapis d'animaux dans la maison, on peut réduire le
(Peat, 1996). La d i m i n u t i o n de l'exposition aux niveau d'allergènes en limitant la quantité de
allergènes d'acariens est la façon la plus efficace mobilier et de tapis, en augmentant le taux de
de réduire leurs effets délétères sur le système ventilation et en lavant hebdomadairement l'a-
respiratoire. Bien que I'évitement total soit quasi nimal domestique et les planchers (Peat, 1996).
impossible, une réduction, même modeste, des L'efficacité de ces méthodes demeure toutefois
326 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE
contestée. Rappelons que le chapitre 21 traite un groupe de maladies dont les manifestations
des zoonoses associées aux animaux domes- cliniques sont relativement homogènes et pour
tiques. lesquelles il existe des tests cliniques ou de labo-
ratoire spécifiques, ainsi que des sources ou des
Blattes agents connus pouvant causer une infection ou
Parce qu'aujourd'hui elles se retrouvent partout une maladie immunologique. Les problèmes de
et sont hautement allergisantes, les blattes sont santé non spécifiques représentent un symptôme
maintenant reconnues comme une importante ou un ensemble de symptômes quelquefois sub-
source d'allergènes affectant la qualité de l'air tils, plutôt qu'une maladie précise. Les symp-
intérieur (Rosenstreich et coll., 1997). Le statut tômes les plus fréquents rapportés au travail par
socio-économique semble être une variable les occupants des édifices affectent les muqueuses
importante comme déterminant du risque de (irritation des yeux, de la gorge et plus rarement
sensibilisation aux allergènes des blattes, parti- essoufflement et toux), la peau (sécheresse,
culièrement chez les enfants. Les habitants des démangeaisons) ou sont des symptômes généraux
quartiers pauvres des villes semblent en effet (céphalée, fatigue et troubles de concentration).
plus affectés par les problèmes respiratoires Il n'est généralement pas possible de mettre en
reliés à la présence des blattes (Sperber et coll., évidence des anomalies cliniques objectives ou de
1993; Rosenstreich et coll., 1997). Sperber et laboratoire. En 1983, un groupe d'experts de
coll. (1993) ont d'ailleurs démontré que 68 % l ' O M S a désigné cet ensemble de symptômes
des patients asthmatiques de leur étude, qui chez les occupants des édifices à bureau par l'ap-
provenaient tous d'un secteur défavorisé de New pellation «Sick building syndrome» ou «Syndrome
York, présentaient une hypersensibilité aux des édifices malsains». Bien que ce terme soit le
allergènes de blattes. plus connu et encore largement utilisé, il y a
plusieurs raisons d'en éviter l'utilisation. Ce
S'il apparaît illusoire d'enrayer totalement les
terme met l'accent exclusivement sur les problèmes
blattes, l'application de certaines mesures per- de l'édifice plutôt que ceux des occupants, en plus
met d'en réduire considérablement le nombre de suggérer de façon simpliste qu'il y a deux types
(ARLA, 1999). Trois éléments sont essentiels à d'édifices, les édifices qui sont malsains et ceux qui
la prolifération des blattes: la nourriture, l'eau et sont sains. Les études épidémiologiques sur le sujet
un abri. Il est par conséquent important de ne ne permettent pas d'appuyer une telle conclusion
jamais laisser des aliments ou de l'eau à décou- (Bourbeau et coll., 1996; Mendell et coll., 1996).
vert. Il faut nettoyer immédiatement les sub- Cette désignation peut aussi être préjudiciable
stances alimentaires renversées, la vaisselle et les pour l'occupant d'un édifice.
électroménagers. Il faut également éliminer les
fuites d'eau et la condensation des robinets de la
tuyauterie ainsi que toutes autres sources d'hu- 3.1 Problèmes de santé spécifiques
midité. L'amélioration de l'éclairage dans les
endroits critiques favorise l'élimination des Les problèmes de santé spécifiques des édifices
blattes. Toutes les fissures dans les fondations et sont variés et peuvent résulter d'une exposition
les murs doivent être bloquées, scellées ou à des agents biologiques, chimiques ou
calfeutrées. Le contrôle maximum des blattes physiques. Les contaminants biologiques peu-
vent causer des maladies des voies respiratoires
nécessite également un traitement à l'aide d'un
de type infectieux, telles que la grippe, la fièvre
insecticide homologué et spécialisé.
de Pontiac, la maladie du légionnaire et la tuber-
culose, ou de type immunologique, telles que
3. PROBLÈMES DE SANTÉ DANS l'hypersensibilité de type immédiate (IgE), la
LES ÉDIFICES NON INDUSTRIELS pneumonie d'hypersensibilité ou la fièvre des
humidificateurs. Des facteurs comme la surpo-
ET NON RÉSIDENTIELS pulation dans certains espaces de travail
Les problèmes de santé des édifices sont générale- (Jaakkola et Heinonen, 1995) et la réduction
ment divisés en deux groupes: les problèmes de d'apport d'air extérieur pourraient influencer la
santé dits spécifiques et ceux dits non spécifiques. transmission de certains agents infectieux
Les problèmes de santé spécifiques représentent (Nardell et coll., 1991).
QUALITÉ DE L'AIR INTÉRIEUR 327
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