Vous êtes sur la page 1sur 596

DICTIONNAIRE

INFERNAL.
PARIS. — IMPRIMERIE DE BETHUNE ET PI.ON.
Q ,

DICTIONNAIRE

INFERNAL,
r

DES ÊTRES, DES PERSONNAGES, DES LIVRES,


DES FAITS ET DES CHOSES QUI TIENNENT AUX APPARITIONS
AUX DIVINATIONS, A LA MAGIE, AU COMMERCE DE L'ENFER, AUX DÉMONS,
AUX SORCIERS , AUX SCIENCES OCCULTES , AUX GRIMOIRES , A LA CABALE ,

AUX ESPRITS ÉLÉMENTAIRES, AU GRAND OEUVRE , AUX PRODIGES,


AUX ERREURS ET AUX PRÉJUGÉS, AUX IMPOSTURES,
AUX ARTS DES BOHÉMIENS, AUX SUPERSTITIONS DIVERSES,
AUX CONTES POPULAIRES, AUX PRONOSTICS,
ET GÉNÉRALEMENT A TOUTES LES FAUSSES CROYANCES, MERVEILLEUSES,
SURPRENANTES, MYSTÉRIEUSES OU SURNATURELLES;

PAR

J. COLLIN DE PLAN C Y.

Troisième édition, entièrement refondue, augmentée de 250 articles nouveaux,

A > P Oî i© (H V E E PÂW OMOKl? 10 S M EU 8 K© H EW IS U1 ©I PARIS.

A PARIS,
CHEZ PAUL ME L LIER, É DITE U H
Ji. PLACE SAINT -ANDRE -DES -ARTS

ET A LYON,
en kz gu vo r, libraïr k,
1) \ 1 in 13
DENIS- AUGUSTE AFFRE ,
par la miséricorde divine et la grâce du
saint Siège Apostolique, Archevêque de Paris.

Nous n'avons rien vu de contraire a la foi et aux mœurs dans la troi-

sième édition de l'ouvrage intitulé Dictionnaire Infernal, que nous avons fait

examiner avec soin,

Donné a Paris , sous le seing de notre Vicaire général , le sceau de nos


armes et le contre-seing de notre Secrétaire, le vingt-sept juillet mil huit

cent quarante-quatre.

F. Dupànloup, Vicaire général.

Par Mandement de Monseigneur


l'Archevêque de Paris.

E. HiRON , C/ian. /ton., pro-spcrétaire.


PRÉFACE.

Comme un colosse immense, enjambant les deux mets,


La superstition règne sur l'univers.

Thomas.

Lorsqu'on s'arrête un instant à considérer les différents peuples qui chargent la

terre et que l'on parcourt les annales des nations qui ont passé, on trouve partout

une religion et un culte; mais , à toutes les époques et dans tous les pays où l'orgueil

éloigne l'homme des règles que Dieu lui a données, les idées mêmes de la Divinité

s'ensevelissent dans un chaos d'où sortent mille superstitions absurdes.


Dans l'ère ancienne , il n'y a qu'un petit peuple à qui Dieu reste connu : c'est le

peuple d'Israël. Depuis la venue de Jésus-Christ, tous les enfants de son Église, ré-

pandue sur toute la terre, le connaissent et le comprennent. Cependant, encore chez

nous comme chez les anciens Juifs, les abus superstitieux n'ont pas tous disparu. C'est

que la superstition, œuvre de l'ancien ennemi, peut dénaturer souvent dans les cœurs
gâtés la religion même dont elle se couvre, et servir ensuite de thème à ces enfants de
Satan qui l'aident à lutter contre l'Église.

Dans les vieilles mythologies, c'est la superstition qui, obscurcissant la notion de

Dieu , fit adorer à sa place le parricide et l'inceste , la cruauté , la vengeance , la pro-


stitution et le vol , sous les images de Jupiter , de Mars , de Junon , de Vénus et de
Mercure. Quelquefois même l'esprit du mal eut un triomphe plus brutal et plus auda-
cieux ,
lorsqu'il s'appela Baal , Moloch , Bélial , et qu'il régna effrontément sur des
autels baignés de sang humain. Ces abominables excès, châtiments de grands crimes,
disparurent devant l'Évangile , et les démons repoussés durent imaginer des impos-
tures plus timides.

Les superstitions qu'ils entretinrent , triomphantes chez les peuples étrangers à la

foi , ne purent s'attacher au catholicisme que comme des scories impures. Mais elles

ont cherché plusieurs fois à le miner; et, quoique les philosophes se vantent, il est

bien établi que c'est l'Kglise qui a toujours fait le plus pour extirper les superstitions,
dont on peut trouver la source dans quatre causes que les docteurs chrétiens n'ont
jamais cessé de combattre : l'ignorance, l'orgueil, le fanatisme et la peur.
Les maladies inconnues, les accidents peu communs, les phénomènes, les événe-
ments qui passaient le cours ordinaire des choses, furent expliqués d'une manière
prodigieuse ; et , sans les lumières que l'Église ne cessa de répandre , nous serions
comme les peuples de l'Orient, sous l'empire des génies et des magiciens qui occupent
la première place dans les récits des Mille el une Nuits.
Le désir de dominer produisit les devins et les astrologues. Puis, à côté de ceux qui
lisaient dans le cours des astres le sort de l'homme avec toutes ses variations, se dres-
sèrent les habiles qui , sans chercher les choses de la terre dans les signes du ciel

1
2 PRÉFACE.
virent dans les songes, dans le vol des oiseaux, dans les entrailles des victimes, dans

le mouvement de l'eau, dans les feuilles agitées du vent, dans le chant du coq, dans
la main , dans les miroirs, et plus récemment dans les cartes, dans les rides du front,
dans les traits du visage , dans les tubérosilés du crâne , toutes les nuances du carac-
tère de l'homme , ses pensées , les secrets impénétrables de son avenir, et se mirent à
distribuer aux mortels les espérances et les craintes, les bonnes et les mauvaises
destinées.

Il y eut des magiciens et des sorciers libres de tout système ; ils se vantaient de

commercer avec les puissances invisibles et n'étaient le plus souvent que des impos-

teurs. A côté des sorciers qui se donnaient pour tels, l'ignorance et la peur en fai-

saient tous les jours qui ne l'étaient guère. Des mathématiciens, des artistes, des
bateleurs passèrent pour sorciers.

La magie est très-ancienne. Plusieurs croient que Cham la pratiquait. On voit des

magiciens à la cour de Pharaon. Circé, Médée, Amphiaraùs, Tirésias, Abaris, Tris-


mégiste, Orphée se mêlaient de sorcellerie.

On a dit, après Boileau, Sainte-Foix et quelques autres, que les fables antiques

étaient plus riantes que les modernes; c'est inexact. Au contraire, nous n'avons de

sombre dans nos superstitions que ce qui nous reste des époques de ténèbres anté-

rieures à la venue N. S. Jésus-Christ. Les enchanteurs de la Table-Ronde, de l'ère de


Charlemagne et des temps de la chevalerie , les fées et les lutins sont aussi gracieux
que les fables antiques; la reine Bazine n'est comparable en rien à l'affreuse Médée.

On s'est récrié encore sur le fait exagéré des sorciers brûlés au seizième siècle. A
l'exception de quelques juges imbéciles qui sont de tous les temps, si l'on veut étudier

les documents historiques, on reconnaîtra que les sorciers mis à mort autrefois, chez
nos pères, étaient des bandits que les lois actuelles condamneraient en d'autres termes.
Platon , dans son Traité des Lois , veut qu'on chasse les magiciens de la société,

après qu'on les aura sévèrement châtiés , non-seulement pour le mal qu'ils peuvent
opérer par la vertu de leurs prétendus charmes, mais encore* pour le mal qu'ils vou-
draient faire. Dom Calmet, dont personne ne révoquera en doute la mansuétude,
remarque fort bien que la magie , les impiétés et les maléfices sont généralement la

suite des désordres de l'imagination , et que les gens qui s'y adonnent ne sont que des
vauriens , des impudiques et des voleurs.
La superstition est une source d'erreurs ; et elle est d'autant plus dangereuse qu'elle
cherche à se confondre avec la religion même. Il en résulte quelquefois que ceux qu'on
éclaire sur de fausses croyances qui paraissent se rapporter de près ou de loin à des
choses religieuses, sentent ensuite leur foi ébranlée dans les limites que la religion

lui pose. La superstition produit le dualisme, ou croyance plus ou moins vicieuse de


deux principes. Elle engendre le fatalisme dans ceux qui trouvent partout écrite une
destinée inévitable. Elle est fille de la peur, et rend lâches et pusillanimes des cœurs

qui ou bien t trop qu'ils sont sous la garde de Dieu. Les hommes superstitieux vivent

dans l'effroi ; la nuit même ne leur donne pas le repos.

« Le sommeil fait oublier à l'esclave la sévérité de son maître et au malheureux


prisonnier la pesanteur des fers dont il est garrotté ; l'inllammation d'une plaie , la
PRÉFACE. o

malignité d'un ulcère , les douleurs les plus aiguës laissent quelque relâche pendant la

nuit à ceux qui en sont tourmentés ; mais , dit Plutarque , la superstition ne donne
pas de trêve, elle ne permet pas à une âme de respirer un seul moment; et les gens
superstitieux ,
lorsqu'ils sont éveillés , s'entretiennent encore de leurs illusions et ne

peuvent concevoir qu'il n'y ait rien de réel dans ces fantômes qui les épouvantent. »

La superstition, qui consiste dans des croyances et des pratiques qui sortent

des règles fixées par l'Église, se rattache encore aux hérésies, aux schismes,
aux excès de tout genre. Ce n'est pourtant pas à elle qu'il faut attribuer, comme
l'ont fait les calvinistes , le massacre de la Saint-Barthélemi ,
coup d'État tout poli-

tique dont l'histoire n'est pas redressée encore; ni les carnages reprochés aux
premiers conquérants de l'Amérique , crimes des passions humaines ; ni l'inquisition ,

institution jugée chez nous jusqu'ici sur les données les plus perfides et les plus

fausses.

L'auteur de ce livre, dans les deux premières éditions qu'il en a faites, est tombé
lui-même d'une manière déplorable dans les écarts qu'il condamne ici. Entraîné hors
du sein de l'Église , centre unique de la vérité , il s'est égaré dans les sentiers d'une
philosophie menteuse, et il a semé ses écrits d'erreurs qu'il déteste et désavoue.

Rentré dans l'Église romaine par une grâce de la bonté de Dieu dont il n'était

pas digne , il a pu reconnaître depuis que l'Église seule a les moyens de combattre
efficacement, comme elle les a toujours combattus, les égarements superstitieux et les
travers absurdes de l'imagination.

Pour ne citer que quelques témoignages, saint Augustin dit que les superstitions

sont l'opprobre du genre humain. Origène les condamne avec plus de force que les
encyclopédistes mêmes, et surtout avec plus de poids. Le pape Léon X notait d'infamie

ceux qui se livraient aux divinations et autres pratiques superstitieuses. Le quatrième


concile de Carthage les exclut de l'assemblée des fidèles. Le concile provincial tenu à

Toulouse en 1590 ordonne aux confesseurs et aux prédicateurs de déraciner, par de


fréquentes exhortations et par des raisons solides , les pratiques superstitieuses que l'i-

gnorance a introduites dans la religion. Le concile de Trente, après avoir condamné


diverses erreurs, enjoint formellement aux évêques de défendre aux fidèles tout ce qui

peut les porter à la superstition et scandaliser le prochain.

Ce qui peut-être n'a pas été remarqué suffisamment au milieu des clameurs inté-

ressées des philosophes , c'est que les seuls hommes qui vivent exempts de supersti-
tions sont les fidèles enfants de l'Église, parce qu'eux seuls possèdent la vraie lumière.

Lesdouteurs au contraire semblent tous justifier cette grande parole, que ceux qui se
séparent de Dieu ont l'esprit fourvoyé ; car, parmi eux , les plus incrédules sont aussi
les Ils repoussent les dogmes révélés; et, comme Johnson, ils
plus superstitieux,

croient aux revenants; comme Rousseau, ils ont peur du nombre 13 comme Bayle, ;

ils ont un préjugé contre le vendredi; comme Volney, ils recherchent l'explication des

songes; comme Helvétius ils consultent les tireuses de cartes


, comme Hobbes, ils ;

étudient l'avenir dans des combinaisons de chiffres; comme Voltaire, ils redoutent les

présages. On a cité un savant de nos jours qui poursuit l'élixir de vie; un mathémati-

cien célèbre qui croit les éléments peuplés par les essences cabalistiques ; un philo-
1.
h PRÉFACE.
sophc qui ne sait pas s'il croit à Dieu et qui exécute les cérémonies du grimoire pour
faire venir le diable.

Jamais les égarements superstitieux n'ont été plus saillants qu'aux époques les plus

irréligieuses; et je ne sais trop si l'on ne pourrait pas répéter, aujourd'hui même, ce


que disait autrefois le curé Thiers dans la préface de son Traité des Superstitions :

« Elles sont si généralement répandues ,


que tel les observe qui n'y pense nulle-

ment ; tel en est coupable qui ne le croit pas. »

Il est donc utile, nous le pensons du moins, de donner, dans un meilleur esprit,

une nouvelle édition de ce livre pour dissiper les erreurs et les superstitions répréhen-
sibles, et pour exposer aux curieux les croyances bizarres ou singulières qui ne sont

que poétiques (comme on dit à présent) sans être dangereuses.

Les ouvrages qui traitent de ces matières ne sont généralement que d'indigestes
amas d'extravagances , ou d'incomplètes compilations , ou de froides discussions mal
coordonnées. Les personnes qui veulent connaître un peu ces matières et faire la

collection des ouvrages rares et curieux dont elles sont le sujet , doivent pour cela dé-
penser de grandes sommes et passer plusieurs années dans ces recherches. On croit

pouvoir leur épargner tous ces frais et toute cette peine dans cette nouvelle édition
entièrement refondue, du Dictionnaire infernal. Les curieux y trouveront tout ce
qui concerne les démons, les esprits, les lutins, les farfadets, les fantômes, les reve-

nants, les spectres, les vampires, lesgholes, les sorciers, les lamies, le sabbat, les

loups-garous, les possédés, les charmes, les maléfices, les enchantements, les bohé-

miens, les francs-maçons, les magiciens, les gnomes, les sylphes, les salamandres,
les fées, les ogres, les génies, les évocations, les secrets merveilleux, l'alchimie, la

cabale, les talismans, l'astrologie judiciaire, la physiognomonie, la chiromancie, la mé-


toposcopie , la crànologie , le magnétisme , la baguette divinatoire , les horoscopes , les

songes, la cartomancie et les autres moyens de dire la bonne aventure, les erreurs et
les préjugés populaires , les fausses opinions , etc. , et , en un mot , le résumé de tous
les livres écrits sur les superstitions, la notice des démons et des sorciers, et des ar-
ticles sur les démonographes. On y pourra juger ce que sont les fatras, dangereux
malgré leurs sottises, que de pauvres insensés recherchent encore Grand et le : le

Petit Albert , les Grimoires, le Dragon rouge, tes Clavicules de Salomon


VEnchiridion , attribué si effrontément au pape Léon III, etc., etc., etc.

Dans des sujets qu'une adresse salanique a si souvent accolés à la religiou , il se

présentera quelquefois, pour l'écrivain, des rencontres perfides et des passes délicates.

Puisse l'esprit de sagesse le diriger ! Si dans certains articles il se trompe , il déclare


d'avance que , fils soumis de la sainte Église , et soumis sans restriction et sans ré-
serve, il désavoue, condamne et déteste tout ce que l'Église pourrait désapprouver
dans son livre.
DICTIONNAIRE INFERNAL

A
Aamon, — AMON.
VOlJ. rapidité d'un oiseau ce qui a fait que les
;

Aaron, — magicien du
Bas-Empire, qui
Grecs l'ont appelé YAérobate. Il fut maître de
Pythagore, qui lui vola sa flèche, dans la-
vivaitdu temps de l'empereur Manuel Com-
quelle on doit voir quelque allégorie. On dit
nène. On conte qu'il possédait les clavicules
qu'Abaris prédisait l'avenir, qu'il apaisait les
de Salomon, au moyen de quoi il avait à ses
orages, qu'il chassait la peste on dit même
ordres des légions de démons, et se mêlait de
;

qu'il vivait manger. Avec les os


sans boire ni
nécromancie. On lui fit crever les yeux, après
de Pélops. il fabriqua une figure de Minerve,
quoi on lui coupa encore la langue. Mais
qu'il vendit aux Troyens comme un talisman
n'allez pas croire que ce fût une victime de
descendu du ciel c'est le Palladium, qui ren-
:

quelque fanatisme car on trouva chez lui un


;

dait imprenable la ville où il se trouvait 1

homme qui avait les pieds enchaînés, le cœur .

percé d'un clou, et d'autres abominations. Abdel-Azys, —


astrologue arabe du dixième
(Nicétas, Annales, liv. 4.) siècle, plus connu en Europe sous le nom

Abaddon, —
ou le Destructeur, chef des d'Alchabitius. Son Traité d'astrologie judi-
démons de la septième hiérarchie. C'est l'ange ciaire a été traduit en latin par Jean de Sé-
exterminateur dans l'Apocalypse. \\\\e(Hispalensis). L'édition la plus recherchée
cum commento,
Abadie (Jeannette) , — jeune fille du vil-
de ce
celle
livre : Alchabitius,
de Venise, 1503, in-4° de 4 40 pages.
est

lage de Siboure en Gascogne. Delancre, dans


son Tableau de V inconstance des démons, ra- Abdias de Babylone. — On attribue à un
conte que, Jeannette Abadie dormant un di- écrivain de ce nom l'histoire du combat mer-
manche, pendant la messe, dans la maison de veilleux que livra saint Pierre à Simon le

son père, un démon profita du moment et magicien. Le livre d'Abdias a été traduit par
l'emporta au sabbat (quoiqu'on ne fit le sab- Julius Africanus, sous ce titre : Historia cer-
bat ni le dimanche, ni aux heures des saints taminis apostolici, 1566, in-8°.
offices, temps où les démons ont peu envie de Abeilard. — Il est plus célèbre aujourd'hui
rire). Elle trouva au sabbat grande compa- par ses tragiques amours que par ses ouvrages
gnie, et vit que celui qui présidait avait à la théologiques, qui lui attirèrent justement les
tète deux visages, comme Janus. Du reste, censures de saint Bernard, et qui étaient pleins
elle ne fit rien de criminel, et fut remise à son d'erreurs très-dangereuses. Il mourut en 1142.
logis par le même moyen
de transport qui Vingt ans après , Héloïse ayant été ensevelie
l'avait emmenée. Elle se réveilla alors et ra- dans la mêmetombe, on conte qu'à son ap-
massa une petite relique que le diable avait proche cendre froide d'Abeilard se ré-
la
eu la précaution d'ôter de son cou avant de chauffa tout à coup, et qu'il étendit les bras
l'emporter. Il paraît que le bon curé à qui pour recevoir celle qui avait été sa femme.
elle confessa son aventure lui fit comprendre
Leurs restes étaient au Paraclet, dans une
qu'elle n'avait fait qu'un mauvais rêve car ;
précieuse tombe gothique que l'on a trans-
elle ne fut aucunement recherchée, quoique
portée à Paris en 1799.
Delancre dise qu'elle avait commencé là le
métier de sorcière. Voy. Crapaud.
Abeilles. — C'était l'opinion de quelques
démonographes que une sorcière, avant
Abalam — prince de , très-peu l'enfer , d'être prise, avait
si

mangé la reine d'un essaim


connu. Voy. Paymon. d'abeilles, ce cordial lui donnait la force de
Abano, — PlERRE d'ApONE.
VOlJ. supporter la torture sans confesser 2 ; mais
Abaris — magicien scythe, grand-prêtre
,
cette découverte n'a pas fait principe. — Dans
d'Apollon ,
qui lui donna une flèche d'or sur 1
IléroJote, Jamblique, Clément d'Alexandrie, etc.
laquelle il chevauchait par les airs avec la 2
Wierus, De Prsestigiis, lib. vi, cap. 7.
ABE —6— ABR
certains cantons de la Bretagne, on prétend à Coulommiers, et brûlé comme voleur, sor-
que les abeilles sont sensibles aux plaisirs cier, magicien, noueur d'aiguillettes 1
.
Voy. les
comme aux peines de leurs maîtres, et qu'el- art. Sabbat, Ligatures, etc.
les ne réussissent point si on néglige de leur Aben-Ezra, — VOlJ. MacHA-HallA.
faire part des événements qui intéressent la
maison. Ceux qui ont cette croyance ne man-
Aben-Ragel, —
astrologue arabe né à
Cordoue au commencement du cinquième
quent pas d'attacher à leurs ruches un mor-
siècle. 11 a laissé un livre d'horoscopes d'après
ceau d'étoffe noire lorsqu'il y a une mort
l'inspection des étoiles, traduit en latin sous
chez fiux, et un morceau d'étoffe rouge lors-
qu'il y a un mariage ou toute autre fête 4 .
— le titre De Judiciis
nise, 1485; très-rare.
seu fatis stellarum,
On que ses prédic-
dit
Ve-
Les Circassiens, dans leur religion mêlée de
tions,quand il en faisait, se distinguaient par
christianisme, de mahométisme et d'idolâtrie,
une certitude très-estimable.
honorent la mère de Dieu sous le nom de Mé-
rième ou de Melissa. Ils la regardent comme Abîgor, —
démon d'un ordre supérieur,
la patronne des abeilles, dont elle sauva la grand-duc dans la monarchie infernale.

race en conservant l'une d'elles dans sa man- Soixante légions marchent sous ses ordres 2 .

Il se montre sous la figure d'un beau cavalier


che alors que le tonnerre menaçait d'exter-
miner tous les insectes. Les revenus que les portant la lance, l'étendard ou le sceptre; il

Circassiens tirent de leurs ruches expliquent répond habilement sur tout ce qui concerne
leur reconnaissance pour le bienfait qui les les secrets de la guerre, sait l'avenir, et en-

leur a conservées. Solin a écrit que les — seigne aux chefs les moyens de se faire aimer
abeilles ne peuvent pas vivre en Irlande que ,
du soldat.
celles qu'on y amène y meurent tout à coup, Abîme, — et plus correctement abysme.
et que si l'on porte de la terre de cette île C'est le nom qui est donné dans l'Écriture
dans un autre pays, et qu'on la répande au- sainte : \° à l'enfer, 2° au chaos ténébreux
tour des ruches, les abeilles sont forcées d'a- qui précéda la création.
bandonner la place, parce que cette terre leur
Abou-Ryhan, — autrement appelé Mo-
est mortelle. On lit aussi cela dans les Ori- hammed-ben- Ahmed, astrologue arabe, mort,
gines d'Isidore. — « Faut-il examiner, ajoute
en 330, qui passe pour avoir possédé à un
le père Lebrun 2
d'où peut venir cette mali-
très-haut degréle don de prédire les choses
,

gnité de la terre d'Irlande ? — Non , car il


futures. On lui doit une introduction à l'as-
suffit de dire que c'est une fable, et qu'on
trologie judiciaire.
trouve en Irlande beaucoup d'abeilles. »
Abel, — Abracadabra. —
Avec ce mot d'enchan-
fils d'Adam. Des docteurs musul-
tement, qui est très-célèbre on faisait, sur- ,

mans disent qu'il avait quarante-huit pieds


tout en Perse et en Syrie, une figure magique
de haut. Il se peut qu'ils aient raisonné d'a-
à laquelle on attribuait le don de charmer di-
près un tertre long de cinquante-cinq pieds,
verses maladies et de guérir particulièrement
que l'on montre auprès de Damas, et qu'on
la fièvre. Il ne fallait que porter autour du
nomme la Tombe d' Abel. Les rabbins ont écrit
cou cette sorte de philactère écrit dans cette
beaucoup de rêveries sur son compte. Nos
disposition :

anciens, qui croyaient tanL de choses, lui at-


tribuent un livre d'astrologie judiciaire qui
ABRACADABRA
lui aurait été révélé, et qu'il renferma dans
A B R A C A D A B R
une pierre. Après le déluge, Hermès Trismé-
ABRACADAB
A B R A q A D A
giste le trouva de faire des
: il
y apprit l'art
A B R A C A D
talismans sous l'influence des constellations.
A B R A C A
Ce livre est intitulé Liber de virtutibus pla- :

A B R A C
netarum omnibus rerum mundanarum vir-
et
A B R A
inliljus. Voy. le traité De Essentiis essentia-
A B R
rum, qu'on décore faussement du nom de
A B
saint Thomas d'Aquin, pars i, cap. 1. Voy.
A
aussi Fabricius,Codex pseud. Vet. Testam.
Abel de x.a Rue, dit le Casseur, save- — Abracax OU Abraxas l'un des dieux
, —
tier et mauvais drôle qui fut
de quelques théogonies asiatiques, du nom
arrêté en 1582
1
L'histoire d'Abel de La Rue ressemble à beaucoup
' Cambry, Voyage dans le Finistère, t. If, p. 10. d'autres de ce temps-là, que nous reunissons à part dans
a
Histoire critique des pratiques superstitieuses, un Recueil de légendes infernales.
iv. i. chap. 3. * Wicrus, in Pscudomonarchia, etc.
ABR —7— ABS
duquel on a tiré le philactère abracadabra. Limbourg, un méchant pâtre, nommé Pierron,
11 est représenté sur des amulettes avec un conçut un amour violent pour une jeune fille
fouet à la main. Les démonographes ont fait de son voisinage. Or cet homme mauvais était
d'Abracax un démon qui a la tête d'un roi et marié il avait même de sa femme un petit
;

pour pieds des serpents. Les basilidiens, hé- garçon. Un jour qu'il était occupé de la cri-
rétiques du deuxième siècle, en faisaient leur minelle pensée de son amour , la jeune fille

dieu suprême. Comme ils trouvaient que les qu'il convoitait lui apparut dans la campa-
sept lettres grecques dont ils formaient son nom gne : un démon sous sa figure. Pierron
c'était

faisaient en grec le nombre 365, qui est celui lui découvrit sa passion la prétendue jeune ;

des jours de l'année, ils plaçaient sous ses fille promit d'y répondre s'il se livrait à elle

ordres plusieurs génies qui présidaient aux et s'il jurait de lui obéir en toutes choses. Le

trois cent soixante-cinq deux, et auxquels pâtre ne refusa rien, et son abominable amour
ils attribuaient trois cent soixante-cinq ver- fut accueilli. —
Peu de temps après, la jeune
tus, une pour chaque jour. Les basilidiens fille, ou le démon qui se faisait appeler Abra-

disaient encore que Jésus-Christ n'était qu'un hel par son adorateur, lui demanda, pour
fantôme bienveillant envoyé sur la terre par gage de son attachement, qu'il lui sacrifiât
Abracax. Ils s'écartaient de la doctrine de •
son fils. Le pâtre reçut une pomme qu'il de-
leur chef. Voxj. Basilide. vait faire manger à l'enfant; l'enfant, ayant


Abraham. Tout le monde connaît l'histoire mordu dans la pomme tomba mort aussitôt.
Le désespoir de la mère fit tant d'effet sur
,

de ce patriarche, écrite dans les livres saints ;

Pierron qu'il courut à la recherche d'Abra-


mais on ignore peut-être les contes dont il a
hel pour en obtenir reconfort. Le démon pro-
été l'objet. Les Orientaux voient dans Abra-
mit de rendre la vie à l'enfant si le père vou-
ham un habile astrologue et un puissant
magicien. Ils le mettent en rapport avec le
lait lui demander cette grâce à genoux , en
constituent juge à la porte de
lui rendant le culte d'adoration qui n'est dû
diable et le
qu'à Dieu. Le pâtre se mit à genoux, adora,
l'enfer. Suidas et Isidore lui 'attribuent l'in-
vention de l'alphabet et de la langue des Hé-
et aussitôt l'enfant rouvrit les yeux. On le

breux. Les rabbins font Abraham auteur d'un frictionna, on le réchauffa ; il recommença à
livre De V Explication des songes, que Joseph,
marcher et à parler. Il était le même qu'au-
paravant, mais plus maigre, plus hâve, plus
disent-ils, avait étudié avant d'être vendu par
défait, les yeux battus et enfoncés, les mou-
ses frères. On met aussi sur son compte un
ouvrage intitulé Jetzirah, ou la Création, que vements plus pesants. Au bout d'un an, le

plusieurs disent écrit par le rabbin Akiba :


démon qui l'animait l'abandonna avec un
voy. ce nom. Les Arabes possèdent ce livre grand bruit; l'enfant tomba à la renverse....
cabalistique, qui traite de l'origine du monde :
— Cette histoire dreousue et incomplète se

ils l'appellent le Sepher. On dit que Vossius,


termine- par ces mots dans la narration de

qui raisonnait tout de travers là-dessus, s'é- Nicolas Remy « Le corps de l'enfant, d'une
:

tonnait de ne pas le voir dans les livres cano-


puanteur insupportable, fut tiré avec un croc
niques. Postel l'a traduit en latin on l'a im- :
hors de la maison de son pére et enterré dans
primé à Paris en 552 à Mantoue en 1 562, avec
<\
un champ. » Il n'est plus question du démon
;

cinq commentaires; à Amsterdam en I6i2. succube, ni du pâtre.


On y trouve de la magie et de l'astrologie. Absalon. —
On a écrit bien des choses
— « C'est un ouvrage cabalistique très-ancien supposées à propos de sa chevelure. Lepelle-
docteur Rossi. Quelques-
et très-célèbre, dit le tier, dans sa dissertation sur la grandeur de
un^ en font auteur Akiba d'autres le croient ; l'arche de Noé dit que toutes les fois qu'on
,

composé par un écrivain antérieur au Thal- coupait les cheveux à Absalon, on lui en
mud, dans lequel il en est fait mention. » — ôtait trente onces
Le titre de l'ouvrage porte le nom d'Abraham
mais ajoutons qu'il y a aussi des opinions qui
;
Abstinence. —
On prétend qu'Abaris ne
mangeait pas et que les magiciens habiles
le croient écrit par Adam lui-même ».
peuvent s'abstenir de manger et de boire.
Abrahelj — démon connu par succube ,
— Sans parler des jeûnes merveilleux dont, il
une aventure que raconte Nicolas Remy dans est faitmention dans la vie de quelques saints,
sa Démonolâtrie, et que voici En Tannée : — Marie Pelet de Laval, femme du Hainaut,
'1581, dans le village de Dalhem, au pays de
vécut trente-deux mois (du 6 novembre 4 754
au 25 juin 1757) sans recevoir aucune nour-
T
Les rabbins ont conté d'Abraham îirte foule de cho-
ses prodigieuses. On en trouvera lé résumé dans les Lé-
riture, ni solide, ni liquide. Anne Harley,
gendes de l'ancien Testament. d'Orival près de Rouen, se soutint vingt-six
ACH — — ADA
ans en buvant seulement un peu de lait qu'elle Acherusie. — Marais d'Égypte prés d'Hé-
vomissait quelques moments après l'avoir liopolis. Les morts le traversaient dans une
avalé. — Dans les idées des Orientaux, les barque lorsqu'ils avaient été jugés dignes des
génies ne se nourrissent que de fumées odo- honneurs de la sépulture. Les ombres des
rantes qui ne produisent point de déjections. morts enferrés dans le cimetière voisin er-
Accidents. — Beaucoup d'accidents peu or- raient, disait-on, sur les bords de ce marais,

dinaires, mais naturels, auraient passé autre- que quelques géographes appellent un lac.

fois pour des sortilèges. Voici ce qu'on lisait Achmet. — Devin arabe du neuvième siè-
dans un journal de 1841 «Mademoi- :
— cle, auteur d'un livre De V Interprétation des
selle Adèle Mercier des environs de Saint-
( songes, suivant les doctrines de l'Orient. Le
Gilles), occupée il y a peu de jours à ar- texte originalde ce livre est perdu mais ;

racher dans un champ des feuiiles de mû- Rigault en a imprimer la traduction grec-
fait

rier, fut piquée au bas du cou par une grosse que et latine à la suite de YOnirocritique
mouche qui, selon toute probabilité, venait de d'Artémidore Paris, 1603, in-i°. ;

sucer le cadavre putréfié de quelque animal, Aconce (Jacques) ,


— curé du diocèse de
et qui déposa dans l'incision faite par son Trente, qui, poussé par la débauche, embrassa
dard une ou quelques gouttelettes de suc mor- le protestantisme en 4557, et passa en Angle-
bifique dont elle s'était repue. La douleur, terre. reine Élisabeth lui fit une pension.
La
d'abord extrêmement vive , devint insuppor- Aussi ne manqua pas de l'appeler diva
il

table. Il fallut que mademoiselle Mercier fût Elisabetha en lui dédiant son livre Des Stra-
conduite chez elle et qu'elle se mît au lit. La tagèmes de Satan Mais nous ne mention-1
.

partie piquée s'enfla prodigieusement en peu nons ce livre ici qu'à cause de son titre ce :

de temps: l'enflure gagna. Atteinte d'une fièvre n'est pas un ouvrage de démonomanie c'est ,

algide qui acquit le caractère le plus violent, une mauvaise et détestable diatribe contre le
malgré tous les soins qui lui furent prodigués catholicisme.
et quoique sa piqûre eût été cautérisée et al-
calisée, mademoiselle Mercier mourut le len-
Adalbert, —
hérétique qui fit du bruit
dans les Gaules au huitième siècle, regardé
demain dans les souffrances les plus atroces. »
par les uns comme un habile faiseur de mira-
— Le Journal du Rhône racontait le 3 juin :

cles et par les autres comme un grand caba-


« Un jeune paysan des environs de Bourgoin,
liste. Il distribuait les rognures de ses ongles
qui voulait prendre un repas de cérises, com-
et de ses cheveux, disant que c'étaient de
mit l'imprudence lundi dernier, de monter
,
puissants préservatifs; il contait qu'un ange
sur un cerisier que les chenilles avaient quitté
venu des extrémités du monde, lui avait ap-
après en avoir dévoré toutes les feuilles. Il
y porté des reliques et des amulettes d'une sain-
avait vingt minutes qu'il satisfaisait son ca-
teté prodigieuse. On dit même qu'il se consa-
price ou son appétit, lorsque presque instan-
cra des autels à lui-même et qu'il se fit adorer.
tanément il se sentit atteint d'une violente
11 prétendait savoir l'avenir, lire dans la pensée
inflammation à la-gorge. Le malheureux des-
et connaître la confession des pécheurs rien
cendit en poussant péniblement ce cri J'é-
qu'en les regardant. Il montrait impudemment
:

iouffe! j'étouffe! Une demi-heure après il était


une lettre de notre Seigneur Jésus Christ, di-
mort. Les chenilles, ajoute notre correspon-
sant qu'elle lui avait été apportée par saint
dant, déposent dans cette saison sur les ceri-
Michel - et il enseignait à ses disciples une

;

ses qu'elles touchent une substance que l'œil


prière qui commençait ainsi : « Seigneur,
distingue à peine, mais qui n'en est pas moins
un poison. C'est donc s'exposer que de man- 1 Stratagerr.atibus Satanae in religionis negotio
De
ger ces fruits sans avoir pris la sage précau- per sperstitionem , errorem haeresim, odium calum- , ,

niam, schisma, etc., Mb. vin. Baie, 1565. Souvent réim-


tion de les laver. » primé et traduit en plusieurs langues.

Accouchements prodigieux. — Voy. IMA-


3 Baluze, dansson Appendice aux Capitulaires des
francs, a publié cette lettre, dont voici le titre :
— uAu
rois

GINATION, Couches, Aétite, etc. nom de Dieu Ici commence la lettre «le notre Seigneur
:

Acham, — démon que l'on conjure le jeudi.


Jésus-Christ, qui est tombée à Jérusalem, et qui a été
trouvée par l'Archange saint Michel, lue et copiée par
Voy. Conjurations. la main d'un prêtre nommé Jean, qui l'a envoyée à la
ville de Jérémie à un autre prêtre nommé Talasius; et
Acharaï-Rioho ,
— chef des enfers chez Talasius l'a envoyée en Arabie à un autre prêtre nommé
Léoban et Léoban l'a envoyée à la ville de Betsamie,
;

les JTakouts. Voy. Mang-taar. où elle a été reçue par le prêtre Macarius, qui l'a ren-
Achéron, —
fleuve de douleur, dont les eaux vovée à la montagne du saint Archange Michel et par le
moyen d'un ange, la lettre est arrivée à la ville de Rome,
:

sont amères; l'un des fleuves de l'enfer des au sépulcre de saint Pierre, où sont les clefs du royaume
païens. Dans des relations du moyen âge, des deux et les douze prêtres qui sont à Rome ont fait
;

des veilles de trois jours, avec des jeûnes et des prières,


l 'Achéron est un monstre. Voy. Fondai,. jour et nuit, « etc.
ADA — 9 — ADE
Dion lout-puissant, père de noire Seigneur et disparut derrière nous. Il une cer-
laissait
Jésus-Christ, Alpha et Oméga, qui êtes sur le taine odeur qui pouvait bien être du soufre.
trône souverain, sur les chérubins et les séra- — Odeur de brouillard , marmotta l'autre.
phins, sur l'ange Uriel, l'ange Raguel, l'ange — Le diable reparut bientôt, et, cette fois,
Cabuel, l'ange Michel, sur l'ange Inias, l'ange c'était un chevalier noir qui s'avançait vers
Tabuas, l'ange Simiel et l'ange Sabaoth, je nous pareillement. — Eloigne-toi, lui criai-je
vous prie de m'aceorder ce que je vais vous d'une voix étouffée. Pourquoi m'attaques-tu ?
dire. » C'était —
comme on voit très- , , 11 passa encore, sans avoir l'air de s'occuper

ingénieux. Dans un fragment conservé des de nous. Mais il revint une troisième fois
mémoires qu'il avait écrits sur sa vie, il ra- ayant la forme d'un homme grand et pauvre,
conte que sa mère, étant enceinte de lui, crut avec un cou long et maigre. Je fermai les
voir sortir de son côté droit un veau; ce qui yeux et ne le revis que quelques instants plus
était, dit-il, le pronostic des grâces dont il fut tard sous le capuchon d'un petit moine. Je
comblé en naissant par le ministère d'un ange. crois qu'il avait sous son froc une rondache
— On arrêta le cours des extravagances de dont il me menaçait. Mais —
interrompit ,

cet insensé en l'enfermant dans une prison où l'autre, ces apparitions ne pouvaient-elles pas
il mourut. être des voyageurs naturels? Comme si on —
Adam, —
premier homme. Sa chute
le ne savait pas s'y reconnaître comme si nous !

devant les suggestions de Satan est un dogme ne l'avions pas vu derechef sous la figure d'un
de la religion chrétienne. Les Orientaux font pourceau, puis sous celle d'un âne, puis sous
d'Adam un géant démesuré, haut d'une lieue; celled'un tonneau qui roulait dans la campa-
ils en font aussi un magicien un cabaliste ,
gne, puis enfin sous la forme d'une roue de
;

les rabbins en font de plus un alchimiste et charrette qui, si je ne me trompe pas, me


un écrivain. On a supposé un testament de renversa, sans toutefois me faire aucun mal.
lui », et enfin les musulmans regrettent tou- — Après tant d'assauts, la route s'était ache-
jours dix traités merveilleux que Dieu lui avait vée sans autres malencontres *.
dictés.
Abraham
Il avait aussi inventé l'alphabet. Voyez
2
.
Adamantius, — médecin juif, qui se fit

chrétien, à Conslantinople, sous le règne de


Adam (l'abbé). — Il y eut un temps où Constance, à qui il dédia ses deux livres sur
l'on voyait le diable en toutes choses et par- la Physiognomonie ou l'art de juger les hom-
tout, et peut-être n'avait-on pas tort. Mais il mes par leur figure. Cet ouvrage, plein de
nous semble qu'on le voyait trop matérielle-^ contradictions et de rêveries, a été imprimé
ment. Le bon et naïf Césaire d'Heisterbach a dans quelques collections, notamment dans
fait un livre d'histoires prodigieuses où le dia- les Scriptores physiognomoniœ veteres, grec
ble est la machine universelle; il se montre et latin, cura J.-G.-F. Franzii ; Altembourg,
sans cesse et sous diverses figures palpables. '1780, in-8°.
C'était surtout à l'époque où l'on s'occupait
en France de l'extinction des Templiers. Alors
Adamiens OU Adamites, — hérétiques du
second siècle dans l'espèce des basilidiens.
,

un certain abbé Adam, qui gouvernait l'ab-


Ils se mettaient nus et professaient la promis-
baye du Vaux-de-Cernay, au diocèse de Paris,
cuité des femmes. Clément d'Alexandrie dit
avait l'esprit tellement frappé de l'idée que le
qu'ils se vantaient d'avoir des livres secrets
diable le guettait, qu'il croyait le reconnaître
de Zoroastre, ce qui a fait conjecturer à plu-
à chaque pas sous des formes que sans doute
sieurs qu'ils étaient livrés à la magie.
le diable n'a pas souvent imaginé de prendre.
— Un jour qu'il revenait de visiter une de ses Adelgreif (Jean-Albert), — fils naturel d'un
petites métairies, accompagné d'un serviteur pasteur allemand ,
qui lui apprit le latin , le

aussi crédule que lui, l'abbé Adam racontait grec, l'hébreu et plusieurs langues modernes.
comment le diable l'avait harcelé dans son Il devint fou et crut avoir des visions; il disait
voyage. L'esprit malin s'était montré sous la que sept anges l'avaient chargé de représen-
figure d'un arbre blanc de frimas, qui sem- ter Dieu sur la terre et de châtier les souve-
blait venir à lui.— C'est singulier! dit un de rains avec des verges de fer. Il se donnait les
ses amis ; n'étiez-vous pas la proie de quel- noms d'empereur universel roi du royaume ,

que illusion causée par course de votre


la des deux, envoyé de Dieu le père, juge des vi-
cheval ? — Non ; c'était Satan. Mon cheval vants et des morts. 11 causa beaucoup de
s'en effraya ;
l'arbre pourtant passa au galop troubles par ses extravagances, qui trouvè-
rent, comme toujours, des partisans. On lui
' Voyez Fabricius, Codex pseurî.
s Voyez les Légendes de l'ancien Testament. 1
Robert Gaguin, Philipp.
ADR — 10 — JEX
attribua des prodiges, et il fut brûlé a Kœnigs- effet. — On lui attribue en Écosse la con-
berg comme magicien, hérétique et perturba- struction de la muraille du Diable. — Ful-
teur, te 1 1 octobre 1630. Il avait prédit avec gose, qui croyait beaucoup à l'astrologie,
assurance qu'il ressusciterait le troisième rapporte, comme une preuve de la solidité de
jour; ce qui ne s'est pas du tout vérifié. cette science, que l'empereur Adrien, qui était
Adélites , — devins espagnols qui se van- très-habile astrologue, écrivait tous les ans,

taient de prédire, par le vol ou le chant des le premier jour du premier mois, ce qui lui

oiseaux , ce qui devait arriver en bien ou en devait arriver pendant l'année, et que, l'an
mal. qu'il mourut, il n'écrivit que jusqu'au mois
Adelung (Jean-Christophe), — littérateur
de sa mort, donnant à connaître par son si-
lence qu'il prévoyait son trépas. Mais ce livre
allemand, mort à Dresde en 18t)6. Il a laissé
de l'empereur Adrien, qu'on ne montra qu'a-
un ouvrage intitulé : Histoire des folies hu-
près sa mort, n'était qu'un journal.
maines, ou Biographie des plus célèbres né-
cromanciens, alchimistes, exorcistes, de- Aéromancie, — art de prédire les choses
vins, etc., sept parties; Leipzig, 1785-1789. futures par l'examen des variations et des

Adeptes , — nom que prennent les alchi- phénomènes de l'air l .


C'est en vertu de cette
divination qu'une comète annonce la mort
mistes qui prétendent avoir trouvé la pierre
d'un grand homme. Cependant ces présages
philosophale et l'élixir de vie. Ils disent qu'il
monde; extraordinaires peuvent rentrer dans la téra-
y a toujours onze adeptes dans ce et,
comme l'élixir les rend immortels, lorsqu'un
tosropie. —
François de La Torre-Blanca 2 dit
nouvel alchimiste a découvert le secret du que l'aéromancie est l'art de dire la bonne
grand œuvre, il faut qu'un des onze anciens aventure en faisant apparaître des spectres
lui fasse place et se retire dans un autre des dans les airs, ou en représentant, avec l'aide
mondes élémentaires. des démons, les événements futurs dans un
nuage, comme dans une lanterne magique,
Adès , — roi de l'enfer. Ce mot est pris
a Quant aux éclairs et au tonnerre, ajoute-
souvent, chez quelques poètes anciens, pour
t-il, ceci regarde les augures, et les aspects
l'enfer même.
du ciel et des planètes appartiennent à l'as-
Adhab-Algab, purgatoire des musul- — trologie. »
mans, où les méchants sont tourmentés par
les anges noirs Munkir et Nékir.
Aétite, — espèce de pierre qu'on nomme
aussi pierre d'aigle, selon la signification de
Adjuration , — formule d'exorcisme par ce mot grec, parce qu'on prétend qu'elle se
laquelle on commande, au nom de Dieu, à trouve dans les nids des aigles. On lui attribue
l'esprit malin de dire ou de faire ce qu'on la propriété de faciliter l'accouchement lors-
exige de lui. du genou d'une
qu'elle est attachée au-dessus
Adonis, — démon brûlé. Selon les démo- femme, ou de la lui met a la
le retarder si on
nologues, il remplit quelques fonctions dans poitrine. —
Dioscoride 5 dit qu'on s'en servait
les incendies i . Des savants croient que c'est autrefois pour découvrir les voleurs. Après
le mémo que le démon Thamuz des Hébreux. qu'on l'avait broyée, on en mêlait la cendre
Adramelech ,
— grand-chancelier des en- dans du pain fait exprès; on en faisait man-
ger à tous ceux qui étaient soupçonnés. On
fers, intendant degarde-robe du souverain
la
croyait que si peu d'aétite qu'il y eût dans
des démons, du haut conseil des
président,
,

diables. Il était adoré à Sépharvaïm, ville des le pain , le voleur ne pouvait avaler le mor-
Assyriens, qui brûlaient des enfants sur ses ceau. Les Grecs modernes emploient encore

autels. Les rabbins disent, qu'il se montre


celle vieille superstition, qu'ils rehaussent de
sous la figure d'un mulet et quelquefois sous quelques paroles mystérieuses.
celle d'un paon. JEvoli (César), auteur ou collecteur—
Adrien. —
Se trouvant en Mésie, à la tète d'un livre peu remarquable, intitulé Opus- :

d'une légion auxiliaire vers la tin du règne ,


cules sur les attributs divins et sur le pouvoir
de Domilien, Adrien consulta un devin (car il qui a été donné aux démons de connaître les
croyait aux devins et à l'astrologie judiciaire), choses secrèteset de tenter les hommes.

lequel lui prédit qu'il parviendrait un jour à Opuscula de divinis attributis et de modo et

l'empire. Ce n'était pas, dit-on, la


première 1
Wicrus, De Prœst. drem.. lib. n, cap. 12.
fois qu'on lui faisait cette promesse. Trajan
,
Franc. Torre Blanca Cordub. Epit. dtlict. sive de
7

qui était son tuteur, adopta, cl il régna en 1 Magia, l.b. 1, cap. 20, post PicPbrium et Psellum.
:

Cité parle pi re Lebrun. ITivt. desPratiques superst.


1
Wicrus, Do Pnest. da>m., lih. i. liv. i, ebap. 14.
AGL — 11 — AGR
potestate quam dœmones habent intelligendi et malin. Ce mot
compose des premières let-
se
passiones animi excitandi in-4°; Venise, ,
tres de ces quatre mots hébreux Athah ga- :

1589. bor leolarn, Adonaï ; « Vous êtes puissant et


Agaberte. — « Aucuns parlent, dit Tor- éternel, Seigneur. » Ce charme n'était pas
quémada , d'une certaine femme nommée seulement employé par les Juifs et les caba-
Agaberte, fille d'un géant qui s'appelait Va- lisles,quelques chrétiens hérétiques s'en sont
gnoste, demeurant aux pays septentrionaux, armés souvent pour combattre les démons.
laquelle était grande enchanteresse. Et la L'usage en était fréquent au seizième siècle *,
force de ses enchantements était si variée, et plusieurs livres magiques en sont pleins,
qu'on ne la voyait presque jamais en sa pro- principalement YEnchiridion , attribué ridi-
pre figure : quelquefois c'était une petite vieille culement au pape Léon III. Voy. Cabale.
fort ridée, qui semblait ne se pouvoir remuer, Aglaophotis, —
sorte d'herbe qui croit
ou bien une pauvre femme malade et sans dans les marbres de l'Arabie, et dont les ma-
forces; d'autres fois elle était si haute qu'elle giciens se servaient pour évoquer les dé-
paraissait toucher les nues avec sa tête. Ainsi mons-. Ils employaient ensuite l'anancitide
elle prenait telle forme qu'elle voulait aussi et la syrrochite, autres ingrédients qui rete-
aisément que les auteurs écrivent d'Urgande naient les démons évoqués aussi long-temps
la Méconnue. Et, d'après ce qu'elle faisait, qu'on le voulait. Voij. Baaras.
le monde avait opinion qu'en un instant elle
— démon qui tourmente
Agnan, les Amé-
pouvait obscurcir le soleil , la lune et les
ricains par des apparitions et des méchan-
étoiles, aplanir les monts, renverser les mon-
cetés il se montre surtout au Brésil et chez
:

tagnes arracher les arbres dessécher les


, ,
lesTopinamboux, et paraît sous toutes sortes
rivières, et faire autres choses pareilles si
de formes, de façon que ceux qui veulent le
aisément qu'elle semblait tenir tous les dia-
bles attachés et sujets à ses volontés — voir peuvent le rencontrer partout 3 .

Agobard, — archevêque de Lyon


*. »
femme ne au neu-
Cette serait -elle pas la même
qu'AoRAFÉNA? Voy. ce mot. vième siècle. Il a écrit contre les épreuves ju-

Agarès, —
grand-duc de la contrée orien-
diciaires et contre plusieurs superstitions
son époque.
de
tale des enfers. Il se montre sous les traits
d'un seigneur à cheval sur un crocodile, Agraféna-Shiganskaïa. — L'une des mala-
l'épervierau poing. Il fait revenir à la charge dies les plus générales sur les côtes nord-est
les fuyards du parti qu'il protège et met l'en- de la Sibérie, surtout parmi les femmes, est
nemi en déroute. Il donne les dignités, en- une extrême délicatesse de nerfs. Cette ma-
seigne toutes les langues, et fait danser les ladie, appelée mirak dans ce pays, peut être

esprits de la terre. Ce chef des démons est causée par le défaut absolu de toute nourri-
de l'ordre des vertus il a sous ses lois trente :
ture végétale; mais la superstition l'attribue
et une légions à l'influence d'une magicienne nommée Agra-

Agate, —
pierre précieuse à laquelle les féna Shiganskaïa, qui, bien que morte depuis

anciens attribuaient des qualités qu'elle n'a plusieurs siècles, continue à répandre l'effroi

pas, comme de fortifier le cœur, de préserver parmi les habitants et passe pour s'emparer
de peste, et de guérir les morsures du
la de la malade. —
M. de Wrangel, qui rap-
scorpion et de la vipère. porte ce fait dans le récit de son expédition

Agathion-, —
démon familier qui ne se au nord-est de la Sibérie, ajoute que parfois
on trouve aussi des hommes qui souffrent du
montre qu'à midi. Il paraît en forme d'homme
ou de bête quelquefois il se laisse enfermer mirak ; mais ce sont des exceptions.
;

dans un talisman, dans une bouteille ou dans Agrippa (Henri-Corneille) , médecin et


un anneau magique 8 .
philosophe, contemporain d'Erasme, l'un des
• Agathodémon ,
— ou bon démon, adoré plus savants hommes de son temps, dont on
des Egyptiens sous la figure d'un serpent à l'a appelé le Trismégiste, mais doué d'extra-
tète humaine. Les dragons ou serpents ailés, vagance né à Cologne en \ 486, mort en 535,
;
'1

que anciens révéraient, s'appelaient aga-


les après unecarrière orageuse, chez le receveur-
ihodemones, ou bons génies. général de Grenoble, et non à Lyon, ni dans
A g ,a »
— mot cabalistique auquel les rab- un hôpital, comme quelques-uns font écrit. Il

bins attribuent le pouvoir de chasser l'esprit


1
Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. vtii, ch. 6,
1
Examéron de Torquémada, traduit par Gabriel 2 Pline, Hist. nat., liv. xxiv, chap. 17.
Chappuis, Tourangeau, sixième journée.
3 Wierus, De Pweslig., lib. I, cap. 22. Thcvct, Obs.
2 Wierus, in
. Pseudomonarch. dœm. sur l'Amérique, ch. 3ô et 39. Boguet. Disc des sorciers,
1
Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. in, ch. 5. ch. 7.
AGR — — AGR
avait été lié avec tous les grands personnages pondent qu'il n'est pas étonnant qu'un pa-
et recherché de tous les princes de son épo- reil compère ait défendu ceux qui prati-
que. Chargé souvent de négociations politi- quaient la magie, puisqu'il la pratiquait lui-
ques, il fit de nombreux voyages, que Thevet, même. — Ils ajoutent que, tandis qu'il profes-
dans ses Vies des hommes illustres, attribue sait à l'université de Louvain, il infecta ses
à la manie « de faire partout des tours de son écoliers d'idées magiques. «Un de ses élèves,
métier de magicien, ce qui le faisoit recon- lisant auprès de livre de conju-
lui un certain
noistre et chasser incontinent. » Les démo- — rations , par le diable. Agrippa,
fut étranglé

nologues, qui sont furieux contre lui, disent craignant qu'on ne le soupçonnât d'être l'au-
qu'on ne peut le représenter que comme un teur ou la cause de cette mort arrivée dans sa
hibou , à cause de sa laideur magique ; et de chambre, commanda à l'esprit malin d'en-
crédules narrateurs ont écrit gravement que trer dans le corps qu'il venait d'étouffer, de
dans ses voyages il avait coutume de payer ranimer le jeune homme et de lui faire faire
ses hôtes en monnaie fort bonne en appa- avant de le quitter sept ou huit tours sur la
rence, mais qui se changeait, au bout de quel- place publique. Le diable obéit, et le corps
ques jours, en petits morceaux de corne, de du jeune étranglé après avoir paradé pen- ,

coquille ou de cuir, et quelquefois en feuilles dant quelques minutes, tomba sans vie devant
d'arbres. Il —
est vrai qu'à vingt ans il la multitude de ses camarades, qui crurent
travaillait à la ehrysopée ou alchimie; mais que ce n'était là qu'une mort subite l
. » — Ce
il ne trouva jamais le secret du grand œuvre. ne fut pas pourtant à cause de semblables
Il est vrai aussi qu'il était curieux de choses faits qu'il partitde cette ville savante. Ce fut
étranges, et qu'il aimait les paradoxes son : parce des ennemis, à qui il
qu'il s'y était fait
livre de la Vanité des sciences, que l'on con- donna un prétexte par la publication de son
sidère comme son chef-d'œuvre, en est une ouvrage de la Philosophie occulte. On accusa
preuve. Mais au chapitre xm de ce livre il ce livre d'hérésie et de magie et, en atten- ;

déclame contre la magie et les arts supersti- dant qu'il fût jugé, l'auteur passa une année
tieux. Si donc il fut obligé plus d'une fois de dans les prisons de Bruxelles. Il en fut tiré par
prendre la fuite pour se soustraire aux mau- l'archevêque de Cologne, qui avait accepté la
vais traitements de la populace, qui l'accu- dédicace du livre, dont il reconnut publique-
sait de sorcellerie, n'est-il pas permis de ment que l'auteur n'était pas sorcier. Les pen-
croire ou que son esprit caustique, et peut- sées de ce livre et celles que le même savant
être ses mœurs mal réglées, lui faisaient des exposa dans son commentaire In artem bre-
ennemis, ou que son caractère d'agent diplo- vem Raymundi Lullii , ne sont que des rê-
matique le mettait souvent dans des situations veries.Ce qui surtout a fait passer Agrippa
périlleuses, ou que la médecine empirique, pour un grand magicien, c'est un fatras plein
qu'il exerçait, l'exposait a des catastrophes; à de cérémonies magiques et superstitieuses
moins ne faille croire, en effet, que cet
qu'il qu'on publia sous son nom vingt-sept ans
homme avait réellement étudié la magie dans après sa mort qu'on donna comme le qua-
,

ces universités mystérieuses dont nous ne sa- trième livre de sa Philosophie occulte, et qui
vons pas encore les secrets? Voy. Universités. n'est qu'un ramassis de fragments décousus
Quoi qu'il en soit, Louise de Savoie, mère de de Pierre d'Apone, de Pictorius et d'autres ,

François 1 er lo prit pour son médecin. Elle vou-


, songes-creux 2 —
Cependant Delan^re ne porte
.

lait qu'il fût aussi son astrologue, ce qu'il refusa. son accusation que sur les trois premiers li-
Et pourtant on soutient auqu'il prédisait vres. « Agrippa, dit-il 3 , composa trois livres
trop fameux connétable de Bou rbon des succès assez grands sur la magie démoniaque; mais
contre la France. Si cette allégation est vraie, il confessa qu'il n'avait jamais eu aucun com-
c'était semer la trahison et Agrippa était un
, merce avec le démon , et que la magie et la
fripon ou un fourbe. —
Mais on établit encore sorcellerie (hors les maléfices) consistaient
l'éloignement d'Agrippa pour le charlatanisme seulement en quelques prestiges au moyen
des sorciers en rappelant ce fait, que, pen- desquels l'esprit malin trompe les ignorants.»
dant le séjour qu'il (it à Metz, remplissant les — Thevet n'admet pas ces palliatifs. « On ne
fonctions de syndic ou avocat-général (car cet peut nier, dit-il, qu'Agrippa n'ait été ensor-
homme fit tous les métiers) , il s'éleva très- celé de la plus fine et exécrable magie, de
vivemenl contre lo réquisitoire de Nicolas laquelle, au vu et au su de chacun il a fait ,

Savin, qui voulait faire brûler comme sorcière profession manifeste. Il étoit si subtil, qu'il
une paj sanne. La spirituelle et vivo éloquence 1
Delrio, Disquisit. mag., lib. n, quiest. 39.
d'Agrippa lit absoudre cette fille. A cela les 2 Voyez Apone.
partisans de la sorcellerie d'Agrippa ré- s
Tableau do l'inconstance des démons, liv. v.
AGR — 1 3 — AIG
grippait de ses mains crochues des trésors Aguapa , —
des Indes orientales
arbre
que beaucoup de vaillants capitaines ne pou- dont on prétend que l'ombre est venimeuse.
voient gagner par le cliquetis de leurs armes Un homme vêtu, qui s'endort sous cet arbre,
et leurs combats furieux. Il composa le livre se relève tout enflé ; et l'on assure qu'un
de la Philosophie occulte, censuré par les homme nu crève sans ressource. Les habitants
chrétiens , pour lequel il fut chassé de Flan- attribuent à la méchanceté du diable ces cruels
dre, où il ne put dorénavant être souffert; de effets. Voyez BoiioiN-Upas.
manière qu'il prit la route d'Italie, qu'il em- Aguerre. — Sous Henri IV, dans celte
poisonna tellement que plusieurs gens de bien partie des Basses-Pyrénées qu'on appelait le
luidonnèrent encore la chasse, et il n'eut rien pays de Labour, on fit très-gravement le pro-
de plus hâtif que de se retirer à Dole. Enfin il cès en sorcellerie à un vieux coquin de
se rendit à Lyon, dénué de facultés il y em- ; soixante-treize ans, qui se nommait Pierre
ploya toutes sortes de moyens pour vivoter, d'Aguerre, et qui causait beaucoup de maux
remuant le mieux qu'il pouvoit la queue du par empoisonnements dits sortilèges. On
bâton mais il gagnoit si peu, qu'il mourut en
; avait arrêté^ en même temps que lui, Marie
un chélif cabaret, abhorré de tout le monde, d'Aguerre Jeanne d'Aguerre, ses petites-
et
et détesté comme un magicien mnudit, parce filles ou ses petites-nièces, avec d'autres
que toujours il menoit en sa compagnie un jeunes filles, et les sorcières qui les avaient
diable sous la figure d'un chien noir. » Paul — menées au sabbat. Jeanne d'Aguerre exposa
Jove ajoute qu'aux approches de sa mort, les turpitudes qui se commettaient dans les
comme on le pressait de se repentir, il ôta à grossières orgies où on l'avait conduite elle ;

ce chien, qui était son démon familier, un y avait vu le diable en forme de bouc. Marie
collier garni de clous qui formaient des in- d'Aguerre déposa que le démon adoré au
scriptions nécromantiques, et lui dit : Va-t'en, sabbat s'appelait Léonard, qu'elle l'avait vu
malheureuse bête, c'est toi qui mas perdu ; en sa forme de bouc sortir du fond d'une
qu'alors le chien prit aussitôt la fuite vers la grande cruche placée au milieu de l'assem-
rivière de Saône, s'y jeta la tête en avant et blée, qu'il lui avait paru prodigieusement haut,
ne reparut plus. —
Delancre rapporte autre- et qu'à la fin du sabbat il était rentré dans sa
ment cette mort, qui n'eut pas lieu dans un cruche. —
Deux témoins ayant affirmé qu'ils
cabaret de Lyon, mais, comme nous l'avons avaient vu Pierre d'Aguerre remplir au sab-
dit, à Grenoble. « Ce misérable Agrippa, dit- bat le personnage de maître des cérémonies,
il, fut si aveuglé du diable, auquel il s'étoit qu'ils avaient vu le diable lui donner un bâton
soumis, qu'encore qu'il connût très-bien sa doré avec lequel il rangeait, comme un mestre-
perfidie et ses artifices, il ne les put éviter, de-camp, les personnes et les choses, et qu'ils
étant si bien enveloppé dans les rets d'icelui l'avaient vu à la fin de l'assemblée rendre au
diable, qu'il lui avoit persuadé que, s'il vou- diable son bâton de commandement Pierre
loit se laisser tuer, la mort n'auroit nul pou- d'Aguerre fut condamné à mort comme sor-
voir sur lui, et qu'il le ressusciteroit et le ren- cier avéré. Voy. Bouc et Sabbat.
droit immortel ce qui advint autrement, car
;
Aigle. —
L'aigle a toujours été un oiseau
Agrippa s'étant fait couper la tète, prévenu de présage chez les anciens. Valère-Maxime
de cette fausse espérance le diable se mo- ,
rapporte que la vue d'un aigle sauva la vie
qua de lui et ne voulut (aussi ne le pouvoit- au roi Déjotarus, qui ne faisait rien sans con-
il) lui redonner la vie pour lui laisser le moyen
sulter les oiseaux comme il s'y connaissait,
de déplorer ses crimes. » Wiérus qui fut — , il comprit
:

que l'aigle qu'il voyait le détour-


disciple d'Agrippa, dit qu'en effet cet homme
nait d'aller loger dans la maison qu'on lui
avait beaucoup d'affection pour les chiens,
avait préparée, et qui s'écroula la nuit sui-
qu'on en voyait constamment deux dans son vante. —
De profonds savants ont dit que
élude, dont l'un se nommait Monsieur et l'au-
l'aigle a des propriétés surprenantes entre ,

tre Mademoiselle, et qu'on prétendait que ces


autres celle-ci, que sa cervelle desséchée, mise
deux chiens noirs étaient deux diables dé- en poudre imprégnée de suc de ciguë et
guisés. —
Tout cela n'empêche pas qu'on ne
,

mangée en ragoût, rend si furieux ceux qui


soit persuadé, dans quelques provinces arrié-
se sont permis ce régal, qu'ils s'arrachent les
rées, qu'Agrippa ni'est pas plus mort que Ni-
cheveux et se déchirent jusqu'à ce qu'ils aient
colas Flamel, et qu'il se conserve dans un coin,
complètement achevé leur digestion. Le livre
ou par l'art magique ou par l'élixir de lon-
,
qui contient cette singulière recette - donne
gue vie *.
1
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
On peut Voir la légende d'Agrippa dans
*
les Lé- liv. il, discours 4.
'

gendes infernales. A Admirables secrets d'Albert-le-Grand, liv. n, ch. 3.


a ni — ih — AI M
pour raison de ses effets que. grande cha- « la quoiqu'elle nous ait été transmise par Satin.,
leur de la cervelle de l'aigle forme des illu- Pline, Plutarque, Mathiole, etc. Toutes les
sions fantastiques en bouchant les conduits expériences l'ont démentie. Un fil d'archal
des vapeurs et en remplissant la tète de fa- rougi, puis éteint dans le jus d'ail, ne laisse
mée. «C'est ingénieux etclair. Yoy. Pierre d'Ai- pas de conserver sa vertu polaire un mor- ;

gu-:. —
On donne en alchimie le nom d'aigle à ceau d'aimant enfoncé dans l'ail aura la
différentes combinaisons savantes. Vaigle cé- même puissance attractive qu'auparavant ;

leste est une composition de mercure réduit des aiguilles laissées dans l'ail jusqu'à s'y
en essence, qui passe pour un remède uni- rouiller n'en retiendront pas moins cette force
versel V aigle de Vénus est une composition
;
d'attraction. — On doit porter le même ju-
de vert-de-gris et de sel ammoniac qui for- ,
gement de cette autre assertion, que le dia-
ment un safran: l'aigle noir est une compo- mant a la vertu d'empêcher l'attraction de
sition de cette cadmie vénéneuse qui se nomme l'aimant. Placez un diamant (si vous en avez;
cobalt, et que quelques alchimistes regardent entre l'aimant et l'aiguille, vous les verrez se
comme la matière du mercure philosophique. joindre, dussent-ils passer par-dessus la

Aiguilles. — Voici, dans quelques localités, pierre précieuse. Les auteurs que nous com-
une divination par les aiguilles. — On prend battons ont sûrement pris pour des diamants

vingt-cinq aiguilles neuves; on les met dans ce qui n'en était pas. — Mettez sur la même
une assiette sur laquelle on verse de l'eau. ligne, continue Brown, cette autre merveille

Celles qui s'affourchent les unes sur les autres contée par certains rabbins, que les cadavres
annoncent autant d'ennemis. On conte qu il humains sont magnétiques, et que, s'ils sont
est aisé de faire merveille avec de simples étendus dans un bateau, le bateau tournera
aiguilles à coudre, en leur communiquant jusqu'à ce que la tète du corps mort regarde
une vertu qui enchante. Kommann écrit ceci i :
le septentrion. — François llubus, qui avait
« Quant à ce que les magiciens et les en- une crédulité très-solide, reçoit comme vrais
chanteurs font avec l'aiguille dont on a cousu la plupart de ces faits inexplicables. Mais tout

le suaire d'un cadavre, aiguille au moyen de ce qui lient du prodige, il l'attribue aux pres-
tiges du démon et c'est un moyen facile de
1
laquelle ils peuvent, lier les nouveaux mariés, ,

cela ne doit pas s'écrire, de crainte de faire sortir d'embarras. —


Disons un mot du tom-
naitre la pensée d'un pareil expédient... » — beau de Mahomet. Beaucoup de gens croient
Aiguillette. —
On appelle nouement de
qu'il est suspendu, à Médine, entre deux pier-
res d'aimant placées avec art, Tune au-dessus
l'aiguilletteun charme qui frappe tellement
et l'autre au-dessous; mais ce tombeau est
l'imagination de deux époux, ignorants ou
de pierre comme tous les autres, et bâti sur
superstitieux, qu'il s'éiève entre eux une sorte
d'antipathie dont les accidents sont très-
le pavé du temple. —
On lit quelque part, à
la vérité, que les mahométans avaient conçu
divers. Ce charme est jeté par des malveil-
un pareil dessein ce qui a donné lieu à la
;
lant qui passent pour sorciers. Voy. Liga-
fable que le temps et 1 eloignement des lieux
tures.
ont fait passer pour une vérité, et que l'on a
Aimant (Magnes) ,
— principal producteur essayé d'accréditer par des exemples. On voit
de la vertu magnétique ou atlractive. — Il
dans Pline que l'architecte Dinocharès com-
y a sur l'aimant quelques erreurs populaires
mença de voûter, avec des pierres d'aimant,
qu'il est ban de passer en revue. On rapporte
le temple d'Arsinoé à Alexandrie, afin de sus-
des choses admirables, dit le docteur Brown -,
pendre en l'air la statue de celte reine; il
d'un certain aimant qui n'attire pas seulement
mourut sans avoir exécuté ce projet, qui eut
le fer, la chair aussi. C'est un aimant
mais
échoué. —
Rutlin conte que dans le temple
très-faible ,composé surtout de terre glaise
de Sérapis il y avait un chariot de fer que
semée d'un petit nombre de lignes magnéti-
des pierres d'aimant tenaient suspendu: que,
ques et ferrées. La terre glaise qui en est la
ces pierres ayant été ôtées, le chariot tomba
base fait qu'il s'attache aux ièvrcs, comme
et se brisa. Bède rapporte également, d'après
l'hématite ou la terre de Lemnos. Les méde-
des contes anciens, que le cheval de Belléro-
cin-; qui joignent celte pierre à l'aétite lui
phon, qui était de fer, fut suspendu entre
donnent mal à propos
les ;i\oi temonls. — On a
la

dit.
vertu de prévenir
de toute espèce
deux pierres d'aimant. — C'est sans doute à
la qualité minérale de l'aimant qu'il faut at-
d'aimant ,
que l'ail peut lui enlever sa pro-
tribuer ce qu'assurent quelques-uns, que les
priété attractive; opinion certainement fausse,
blessures faites avec des armes aimantées
1
Dt Mtrnh. mort., para v, cap. '2'2.
Discours sur les pierres précieuses don'
1
il est fait
' lissai sur les cireurs, etc., liv. 2, ch. 3 n er.tion dans l'Apocalypse.
AIM — 15 — A Kl
sont plus dangereuses et plus difficiles à gué- ces sortes de choses qu'il ne faut croire que
rir, ce qui est détruit par l'expérience; les in- les faits éprouvés.
cisions faites par des chirurgiens avec des in- Aimar, — VOIJ. BAGUETTE.
struments aimant 's ne causent aucun mauvais
même
Ajournement. —
On croyait assez généra-
effet. Rangez dans la classe l'opinion
lement autrefois que si quelque opprimé, au
qui de l'aimant un poison, parce que des
fait
moment de mourir, prenait Dieu pour juge,
auteurs le placent dans le catalogue des poi-
et s'il ajournait son oppresseur au tribunal
sons. Gardas de Huerta, médecin d'un vice-roi
suprême, il se faisait toujours une manifesta-
espagnol, rapporte au contraire que les rois
tion du gouvernement temporel de la Provi-
de Ceylan avaient coutume de se faire servir
dence. Nous ne parlons de l'ajournement du
dans des plats de pierre d'aimant, s'imagi-
nant par là conserver leur vigueur. On ne — •
grand-maître des Templiers qui cita le pape
et le roi de France que pour remarquer que
peut attribuer qu'à la vertu magnétique ce
cet ajournement a été inventé après coup.
que dit iEtius, que, si un goutteux tient quel-
Voy. Templiers. Mais le roi d'Aragon Fer-
que temps dan? sa main une pierre d'aimant,
dinand IV fut ajourné par deux gentilshommes
il ne se sent plus de douleur, ou que du moins
injustement condamnés, et mourut au bout
il éprouve un soulagement. C'est à la même

vertu qu'il faut rapporter ce qu'assure Mar-


de trente jours. —
Énéas Sylvius raconte que
François 1 er duc de Bretagne, ayant fait as-
,
cellus Empiricus que l'aimant guérit les
,
sassiner son frère (en 1450) ce prince, en ,

maux de tête. Ces effets merveilleux ne sont


mourant, ajourna son meurtrier devant Dieu,
qu'une extension gratuite de sa vertu attrac-
tive, dont tout le monde convient. Les hommes,
et que le duc expira au jour fixé. On avait —
autrefois grande confiance en ces ajourne-
s'étant aperçus de cette force secrète qui at-
ments, et les dernières paroles des mourants
tire les corps magnétiques, lui ont donné
étaient redoutées. On cite même une foule
encore une attraction d'un ordre différent, la
d'exemples qui feraient croire qu'un con-
vertu de tirer la douleur de toutes les parties
damné peut toujours, à sa dernière heure, en
du corps; c'est ce qui a fait ériger l'aimant
appeler ainsi d'un juge inique; si ce n'était
en philtre. — On dit aussi que l'aimant res-
qu'une idée, dans les temps barbares elle
serre les nœuds de de
l'amitié paternelle et
pouvait être salutaire. Mais n'était-ce qu'une
l'union conjugale , même
temps qu'il est
en
idée? Delancre dit qu'un innocent peut
très-propre aux opérations magiques. Les
ajourner son juge, mais que l'ajournement
basilidiens en faisaient des talismans pour
d'un coupable est sans effet. Comme les sor-
chasser les démons. —
Les fables qui regar-
ciers ajournaient leurs condamnateurs, il ra-
dent les vertus de cette pierre sont en grand
conte, d'après Paul Jove, que Gonzalve de
nombre. Dioscoride assure qu'elle est pour
Cordoue ayant condamné à mort un soldat
les voleurs un utile auxiliaire; quand ils veu-
sorcier, ce soldat s'écria qu'il mourait injus-
lent piller un logis, dit-il, ils allument du feu
tement, et qu'il ajournait Gonzalve à compa-
aux quatre coins et y jettent des morceaux
raître devant le tribunal de Dieu. « Va, va,
d'aimant. La fumée qui en résulte est si in-
lui dit Gonzalve hâte-toi d'aller et fais in-
,

commode que ceux qui habitent la maison struire le procès mon frère Alphonse qui
:

sont forcés de l'abandonner. Malgré l'absur-


est dans le ciel, comparaîtra pour moi. »
,


dité de cette fable, mille ans après Diosco-
L'ajournement ne lui fut pas fatal.
ride, elle a été adoptée par les écrivains qui
ont compilé les prétendus secrets merveilleux
AkhRiiu, — ville de la moyenne Thcbaïde,
d'Albert-le-Grand. —
Mais on ne trouvera
qui avait autrefois le
des plus grands magiciens Paul Lucas parle,
renom d'être la demeure

plus d'aimant comparable à celui de Laurent


dans son second voyage 2 du serpent mer-
Guasius. Cardan affirme que toutes les bles- ,

veilleux d'Akhmin, que les musulmans hono-


sures faites avec des armes frottées de cet
aimant ne causaient aucune douleur. En- — rent comme un ange et que les chrétiens
croient être le démon Asmodée. Voy. Hamdi.
core une fable je ne sais quel écrivain assez
;

grave a dit que l'aimant fermenté dans du Akiba, — rabbin du premier siècle de
sel produisait et formait le petit poisson ap- notre ère, qui, de simple berger, poussé par
pelé rémore , lequel possède la vertu d'attirer l'espoir d'obtenir la marn d'une jeune fille
l'or du puits le plus profond. L'auteur de celle dont il était épris, devint un savant renommé.
recette savait qu'on ne pourrait jamais le Les juifs disent qu'il fut instruit par les esprits

réfuter par l'expérience 1


; et c'est bien dans élémentaires, qu'il savait conjurer, et qu'il

1
D'Herbdot, Bibliothèque orientale.
1
Brown, au lieu cité. 2 Liv. v, t. II, p. 83.
A.LB — 16 — ALB
eut, dans ses jours d'éclat, jusqu'à quatre- in-fol. Enparcourant on admire un sa-
les

vingt mille disciples... On croit qu'il est au- vant chrétien; on ne trouve jamais rien qui
teur du Jetzirah ou livre de la création, at- ait pu le charger de sorcellerie. Il dit formel-

tribué par les uns à Abraham, et par d'autres lement au contraire : « Tous ces contes de
à Adam même. Voy. Abraham. » démons qu'on voit rôder dans les airs, et de
Alain de l'Isle (ÏNSULENSIS), — religieux » qui on tire le secret des choses futures, sont
bernardin, évèque d'Auxerre au douzième » des absurdités que la saine raison n'admet-
siècle, l' Explication des prophéties
auteur de » tra jamais *. » — C'est qu'on a mis sous
de Merlin [Explanationes in prophetias Mer- son nom des livres de secrets merveilleux,
Uni Angli; Francfort, 1608, in-8°). Il com- auxquels n'a jamais eu plus de part qu'à
il

posa ce commentaire en 1170, à l'occasion l'invention du gros canon et du pistolet que


du grand bruit que faisaient alors lesdites lui attribue Matthieu de Luna. Mayer dit —
prophéties. Un autre Alain ou Alanus, qui qu'il reçut des disciples de saint Dominique

vivait dans le même siècle, a laissé pour les le secret de la pierre philosophale, et qu'il le
alchimistes un livre intitulé Dicta de lapide :
communiqua à saint Thomas d'Aquin; qu'il

philosophico, in-8°; Leyde, 1600. possédait une pierre marquée naturellement


Alary (François), songe-creux, qui a— d'un serpent, et douée de cette vertu admira-
que dans un que
ble, si on la mettait lieu les
fait imprimer à Rouen, en 1701 la Prophétie
serpents fréquentassent, elle les attirait tous;
du comte Bombaste, chevalier de la Rose-
qu'il employa, pendant trente ans, toute sa
Croix, neveu de Paracelse, publiée en l'an-
science de magicien et d'astrologue à faire,
née 1609, sur la naissance de Louis-le-Grand. »
de métauxbien choisis, et sous l'inspection des
Alastor, — démon sévère, exécuteur su-
astres,un automate doué de la parole, qui lui
prême des sentences du monarque infernal.
servait d'oracle et résolvait toutes les ques-
Il fait de Némésis. Zoroaslre
les fonctions
tions qu'on lui proposait : c'est ce qu'on ap-
l'appelle le bourreau; Origène dit que c'est
pelle ïandroïde d'Albert-le-Grand; que cet
le même qu'Azazel; d'autres le confondent
automate par saint Thomas d'A-
fut anéanti
avec l'ange exterminateur. Les anciens appe- quin, qui le brisa à coups de bâton, dansl'idée
laient les génies malfaisants Alastores, et
que c'était un ouvrage ou un agent du diable.
Plutarque dit que Cicéron, par haine contre On sent que tous cespetitsfaitssontdes contes.
Auguste, avait eu le projet de se tuer auprès
On a donné aussi à Virgile, au pape Sylves-
du foyer de ce prince pour devenir son alastor.
Roger Bacon, de pareils androïdes.
tre II, à
Albert-le-Grand, — Albert-le-Teutonique, Vaucanson a montré que c'était un pur ou-
Albert de Cologne, Albert de Ratisbonne, vrage de mécanique. Une des plus célèbres —
Albertus Grolus, car on le désigne sous tous sorcelleries d'Albert-le-Grand eut lieu à Co-
ces noms (le véritable était Albert de Groot), logne. Il donnait un banquet, dans son cloître,
savant et pieux dominicain, mis à tort au à Guillaume comte de Hollande et roi des
II,

nombre des magiciens par les démonogra- Romains c'était dans le cœur de l'hiver, et
;

phes, fut, dit-on, le plus curieux de tous les la salle du festin présenta, à la grande sur-
hommes. naquit dans la Souabe à Lawi-
Il , prise de la cour, la riante parure du prin-
gen sur Danube, en 1205. D'un esprit fort
le temps; mais, ajoute-t-on, les fleurs se flétri-
grossier dans son jeune âge, il devint, àlasuite rent à la fin du repas. A une époque où l'on
d'une vision de la sainte Vierge,
qu'il eut ne connaissait point les serres chaudes, l'élé-
qu'il servait tendrement et qui lui ouvrit les gante prévenance du bon et savant religieux
yeux de l'esprit, l'un des plus grands doc- dut surprendre. —
Ce qu'il appelait lui-même
teurs de son siècle. Il fut le maître de saint ses opérations magiques n'étaient ainsi que
Thomas d'Aquin. Vieux, il retomba dans la de la magie blanche. — Finissons en disant
médiocrité, comme s'il dût être évident que que son nom d'Albert-le-Grand n'est pas un
son mérite et sa science étendue n'étaient nom acquis par la gloire, mais la simple tra-
qu'un don miraculeux et temporaire. — D'an- duction de son nom de famille, Albert de Groot.
ciens écrivains ont dit, après avoirremarqué — On lui attribue donc le livre intitulé : tes
la dureté naturelle de sa conception, que Admirables secrets d'Albert-le-Grand, conte-
d'âne il avait été transmué en philosophe; nant plusieurs traités sur les vertus des herbes,
puis, ajoutent-ils, de philosophe il redevint des pierres prérieuses et des animaux, etc.,
âne. — Albert-le-Grand fut évoque de Ratis- augmentés d'un abrégé curieux de la physio-
bonne et mourut saintement à Cologne, âgé nomie et d'un préservatif contre la peste, les
de quatre-vingt-sept ans. Ses ouvrages n'ont
été publiés qu'en 1651; ils forment M vol. 1
De Somn. cl vig., lib. m, tract. 1, cap. 8.
A LE — '.
— ALB
fièvres malignes; les poi.ons et l'infection de nent, les moyens d'évoquer le diable. On y
l'ait-, tirés et traduits des anciens manuscrits voit la manière de nouer et de dénouer l'ai-
de l'auteur qui n'avaient pasencore paru, etc., guillette, composition de divers philtres,
la

in- 18, in-24, in-'12. Excepté du bon sens, on l'art de savoir en songe qui on épousera, des
trouve de tout dans ce fatras, jusqu'à un secrets pour faire danser, pour multiplier les
traité des fientes, qui « quoique viles et mé- pigeons, pour gagner au jeu, pour rétablir le
» prisables sont cependant en estime, si on vin gâté, pour faire des talismans cabalisti-
» s'en sert aux usages Le récol-
prescrits. » ques, découvrir les trésors, se servir de la
lecteur de ces secrets débute par une façon main de gloire, composer l'eau ardente et le
de prière; après quoi il donne la pensée du feu grégeois, la jarretière et le bâton du
prince des philosophes, lequel pense que voyageur, l'anneau d'invisibilité, la poudre
l'homme est ce qu'il y a de meilleur dans le de sympathie, l'or artificiel, et enfin des re-

monde, attendu la grande sympathie qu'on mèdes contre les maladies et des gardes pour
découvre entre lui et les signes du ciel, qui les troupeaux.
est au-dessus de nous et, par conséquent,
Albert d'Alby, — VO\J CARTOMANCIE.
nous est .supérieur. —
Le livre I er traite
Albert de Saint- Jacques,
.

— moine du
principalement, et de la manière la plus in-
dix-septième siècle ,
qui publia un livre inti-
convenante, de l'influence des planètes sur
tulé : Lumière aux vivants par Vexpêrience
la naissance des enfants, du merveilleux effet
des morts, ou diverses apparitions des âmes
des cheveux de la femme, des monstres, de
du purgatoire de notre siècle. In-8°, Lyon,
la façon de connaître une femme énceinte
si
1673.
porte un garçon ou une du venin que lesfille,

vieilles femmes portent dans les yeux, sur-


Albigeois ,
— espèce de manichéens très-
tout si elles y ont de la chassie, etc.; toutes perfides, dont l'hérésie éclata
dans le Langue-
ces rêveries grossières sont fastidieuses, ab- doc, et eut pour centre Albi. Ils admettaient

surdes et fort sales. — On voit, dans le livre II,


deux principes, disant que Dieu avait produit
les vertus de certaines pierres, de certains
de lui-même Lucifer, qui était ainsi son fils
animaux, du monde, des
merveilles aine; que Lucifer, fils de Dieu, s'était révolté
et les
planètes et des astres. — Le
Kl présente livre
contre lui; qu'il avait entraîné dans sa rébel-

l'excellent traité des fientes, de singulières


lion une partie des anges ;
qu'il s'était vu alors
idées sur les urines, les punaises, les vieux chassé du avec les complices de son crime
ciel
;

qu'il avait, dans son exil, créé ce monde que


souliers et la pourriture; des secrets pour
amollir le fer, pour manier les métaux, pour nous habitons, où il régnait et où tout allait
dorer l'étain et pour nettoyer la batterie de mal. Ils ajoutaient que Dieu, pour rétablir
cuisine. —Enfin, le livre IV est un traité de Tordre, avait produit un second fils, qui était
physiognomonie avec des remarques sa-
,
Jésus-Christ. Ce singulier dogme se présen-

vantes, des observations sur les jours heureux tait avec des variétés suivant les différentes
,

et malheureux, des'préservatifs contre la fiè- sectes. Presque toutes niaient la résurrection


vre, des purgatifs, des recettes.de cataplasmes de la chair, l'enfer et le purgatoire, disant

et autres choses de même nature. Nous rap- que nos âmes n'étaient que des démons logés
porterons en leur lieu ce qu'il y a de curieux dans nos corps en châtiment de leurs crimes.
dans ces extravagances et le lecteur trou- ;
— Les albigeois avaient pris, dès la fin du
vera, comme nous, étonnant qu'on vende douzième siècle, une telle consistance, et de
si odieux excès marquaient leur passage, que,
chaque année par milliers d'exemplaires les se-
crets d'Albert-lc-Grand aux pauvres habitants les remontrances et les prédications étant vai-

des campagnes. — - Le solide Trésordu Petit nes, il fallut faire contre eux une croisade,
Albert, ou secrets merveilleux de la magie dont Simon de Montfort fut le héros. On a dé-
naturelle et cabalistique, traduit exactement naturé et faussé par les plus insignes menson-
sur l'original latin intitulé : « Alberti Parvi ges l'histoire de cette guerre sainte ;
on a ou-
Lucii liber demirabilibus naturœarcanis, «en- blié que, si les albigeois eussent triomphé,
richi de figures mystérieuses, et la manière l'Europe retombait dans la barbarie. Il est

de les faire (ce sont des ligures de talismans)» vrai que leurs défenseurs sont les protestants,

Lyon, chez les héritiers de Beringos fratres, héritiers d'un très-grand nombre de leurs er-

à l'enseigne d'Agrippa. In-4 8, 631 G (année reurs.


cabalistique). — Albert-le-Grand est égale- Albigérius. —
Les démonographes disent
ment étranger à cet autre recueil d'absurdités, que les possédés, par le moyen du diable,
plus dangereux que le premier, quoiqu'on n'y tombent quelquefois dans des extases pendant
trouve pas, comme les paysans se l'imagi- lesquelles leur âme voyage loin du corps et
,

ALB — 8 — ALC
l'ait a son retour dos révolutions de choses se- Alborack, — VOIJ. BûRACK.
crètes. C'est uinsi, comme dit Leloyer, que les Albumazar, -— astrologue du neuvième
corybantes devinaient et prophétisaient. Saint siècle, né dans le Khorassan, connu par son
Augustin parle d'un Carthaginois, nommé Al- traité astrologique intitulé Milliers d'années
bigérius, qui savait par ce moyen tout ce qui où il affirme que le monde n'a pu être créé
se faisait hors de chez Chose plus étrange, lui.
que quand les sept planètes se sont trouvées
ajoute-t-il, cet Albigérius, à la suite de ses en conjonction dans le premier degré du Bé-
extases, révélait souvent ce qu'un autre son- lier, et que la fin du monde aura lieu quand
geait dans le plus secret de sa pensée. Était- ces sept planètes (qui sont aujourd'hui au
ce du magnétisme? Saint Augustin cite un nombre de douze) se rassembleront dans le
autre frénétique qui, dans une grande fièvre, dernier degré des Poissons. On a traduit en
étant possédé du mauvais esprit, sans extase, latin et imprimé d'Albumazar le Tractatus
mais bien éveillé, rapportait fidèlement tout
florum aslrologiœ ; in-i°, Augsbourg, 1488.
ce qui se faisait loin de Lorsque le prêtre lui.
On peut voir dans Casiri, Biblioth. arab.
qui le soignait était à six lieues de la maison, hispan., tome I er p. 351 le catalogue de ses ,
,

le diable, qui parlait par la bouche du ma-


ouvrages.
lade, disait aux personnes présentes en quel
lieu était le prêtée à l'heure qu'il parlait et
Albunée — Voyez SlBYLLES.
,

ce qu'il faisait, etc. Ces choses-là sont surpre- Alchabitius,— ABDEL-AZYS. V01JCZ

nantes. Mais l'âme immortelle , selon la re- Alchimie. — L'alchimie ou chimie par ex-
marque d'Aristote, peut quelquefois voyager cellence, qui s'appelle aussi philosophie her-
sans le corps 1
. métique, est cette partie éminente de la chi-

Albinos, — nom que les Portugais ont mie qui s'occupe de l'art de transmuer les
métaux. Son résultat, en expectative, est la
donné à des hommes d'une blancheur ex-
pierre philosophale. Voyez Pierre philoso-
trême, qui sont ordinairement enfants de nè-
phais.
gres. Les noirs les regardent comme des
monstres, et les savants ne savent à quoi at- Alchindus , — que Wiérus
1
met au nom-
tribuer cette blancheur. Les albinos sont pâles bre des magiciensmais que Delrio 2 se con-
,

comme des spectres ; leurs yeux, faibles et tente de ranger parmi les écrivains supersti-

languissants pendant le jour, sont brillants à tieux, était un médecin arabe du onzième

de
la clarté la lune. Les noirs, qui donnent siècle, qui employait comme remède des pa-

aux démons peau blanche, regardent les


la roles charmées et des combinaisons de chif-

albinos comme des enfants du démon. Us fres. Les démonologues l'ont déclaré suppôt

croient qu'ils peuvent les combattre aisément du diable à cause de son livre intitulé :

pendant le jour; mais que la nuit les albinos Théorie des arts magiques, qu'ils n'ont point
sont les plus forts et se vengent. Dans le lu; car Jean Pic de la Mirandole dit qu'il ne

royaume de Loango, les albinos passent pour connaît que trois hommes qui se soient occu-
des démons champêtres et obtiennent quelque pés de la magie naturelle'et permise Alchin- :

considération à ce titre. — Vossius dit qu'il


y
dus, Roger Bacon et Guillaume de Paris. Al-
a dans la Guinée des peuplades d'albinos. chindus était simplement un peu physicien dans
Mais comment ces peuplades subsisteraient- des temps d'ignorance. A son nom arabe, Al- —
elles, s'il est vrai que ces infortunés ne se re- cendi, qu'on a latinisé, quelques-uns ajoutent

produisent point? Il parait que les anciens le prénom de Jacques. Mais on croit qu'il

connaissaient les albinos. « On assure , dit


était mahométan. —
On lui reproche d'avoir
Pline, qu'il existe en Albanie des individus écrit des absurdités. Par exemple, il croit ex-

qui naissent avec des cheveux blancs, des pliquer les songes en disant qu'ils sont l'ou-
yeux de perdrix et ne voient clair que pen-
,
vrage des esprits élémentaires qui se mon-
dant la nuit. » ne dit pas que ce soit une
Il
trent à nous dans le sommeil et nous repré^

nation, mais quelques sujets affectés d'une sentent diverses actions fantastiques, comme
maladie particulière. « Plusieurs animaux ont des acteurs qui jouent la comédie devant le

aussi leurs albinos, ajoute M. Salgues; les na- public.

turalistes ont observé des corbeaux blancs, Alcoran, — l'oyez KoRAN.


des merles blancs, des taupes blanches; leurs Alcyon. — Une vieille opinion ,
qui sub-
yeux sont rouges, leur peau est plus pâle et siste encore chez les habitants des côtes, c'est
leur organisation plus faible 3
. que l'alcyon ou martin-pècheur est une gi-
i
1
Leloyer, Hist. et dise, des spectres, liv. iv. 1
De Prœstigiis, lib. It, cap. 3.
2 Des Erreurs et des préjugés, etc., t. I rt , p. 479. 2 Disquisit. Magicœ, lib. i, cap. 3.
, ,

A LE — I — ALE
remette naturelle, et que, suspendu par le bec, dans chacun de ces espaces une lettre de
il désigne le côté d'où vient le vent en tour- l'alphabet on mettait sur chaque lettre un
;

nant sa poitrine vers ce point de l'horizon. Ce grain d'orge ou de blé on plaçait ensuite, au
;

qui a mis cette croyance en crédit parmi le milieu du cercle, un coq dressé à ce manège ;

peuple, c'est l'observation qu'on a faite que on observait sur quelles lettres il enlevait le
l'alcyon semble étudier les vents et les devi- grain; on en suivait l'ordre; et ces lettres
ner lorsqu'il établit son nid sur les flots, vers rassemblées formaient un mot qui donnait la
le solstice Mais cette prudence est-
d'hiver. solution de ce que l'on cherchait à savoir. Des
elle dans l'alcyon une prévoyance qui lui soit devins, parmi lesquels on cite Jamblique, vou-
particulière ? N'est-ce pas simplement un in- lant connaître le successeur de l'empereur
stinct de la nature qui veille à la conservation Valens, employèrent l'alectryomancie le coq ;

de cette espèce ? « Bien des choses arrivent tira les lettres théod.... Valens, instruit de

dit Brown parce que le premier moteur l'a


,
cette particularité fit mourir
, plusieurs des
ainsi arrêté et la nature les exécute par des
,
curieux qui s'en étaient occupés et se défit ,

voies qui nous sont inconnues. » C'est en- — même, s'il faut en croire Zonaras, de tous les
core une ancienne coutume de conserver les hommes considérables dont le nom commen-
alcyons dans des coffres, avec l'idée qu'ils çait par Mais, malgré ses
les lettres fatales.

préservent des vers les étoffes de laine. On efforts , son sceptre passa à Théodose-Ie-
n'eut peut-être pas d'autre but en les pendant Grand. — Cette prédiction a été faite après
au plafond des chambres. « Je crois même, coup. Ammien-Marcellin raconte la chose au-
ajoute Brown, qu'en les suspendant par le bec trement. II dit que sous l'empire de Valens on
on n'a pas suivi la méthode des anciens, qui comptait, parmi ceux qui s'occupaient de ma-
les suspendaient par le dos afin que le bec
,
gie, beaucoup de gens de qualité et quelques
marquât les vents. Car c'est ainsi queKirker philosophes. Curieux de savoir quel serait le
a décrit l'hirondelle de mer. » Disons aussi sort de l'empereur régnant, ils s'assemblèrent
qu'autrefois, en conservant cet oiseau, on pendant la nuit dans une des maisons affec-
croyait que ses plumes se renouvelaient tées à leurs cérémonies ils commencèrent par
;

comme s'il eût été vivant et c'est ce qu'Al-


, dresser un trépied de racines et de rameaux
bert-le-Grand espéra inutilement dans ses ex- de laurier qu'ils consacrèrent par d'horribles
périences 1 .

Outre les dons de prédire le imprécations ; sur ce trépied ils placèrent un
vent et de chasser les vers, on attribue encore bassin formé de différents métaux, et ils ran-
à l'alcyon la précieuse qualité d'enrichir son gèrent autour, à distances égales, toutes les
possesseur, d'entretenir l'union dans les fa- lettresde l'alphabet. Alors le sorcier le plus
milles et de communiquer la beauté aux fem- savant de la compagnie s'avança, enveloppé
mes qui portent ses plumes. Les Tartares et d'un long voile, la tête rasée, tenant à la main
les Ostiaks ont une très-grande vénération des feuilles de verveine, et faisant à grands
pour cet oiseau. Ils recherchent ses plumes cris d'effroyables invocations qu'il accompa-
avec empressement, les jettent dans un grand gnait de convulsions. Ensuite, s'arrêtant tout
vase d'eau, gardent avec soin celles qui sur- à coup devant le bassin magique, il y resta
nagent, persuadés qu'il suffit de toucher quel- immobile, tenant un anneau suspendu par un
qu'un avec ces plumes pour s'en faire aimer. fil. C'était de la dactylomancie. A peine il
Quand un Ostiak est assez heureux pour pos- achevait de prononcer les paroles du sorti-
séder un alcyon, il en conserve le bec, les lège, qu'on vit le trépied s'ébranler, l'anneau
pattes et la peau, qu'il met dans une bourse, une lettre, tantôt
se remuer, et frapper tantôt
et, tant qu'il porte ce trésor, il se croit à une autre. A mesure que ces lettres étaient
de tout malheur 2
l'abri . C'est pour lui un ta- ainsi frappées, elles allaient s'arranger d'elles-
lisman, comme les fétiches des nègres. mêmes, à coté l'une de l'autre, sur une table

Al don,— voy. Graxson. où composèrent des vers héroïques qui


elles

Alectorienne (Pierre), — VOlJ. COQ.


étonnèrent toute l'assemblée. Valens, in- —
formé de cette opération et n'aimant pas
Alectryomancie OU Alectromancie, di- — qu'on interrogeât les enfers sur sa destinée,
,

vination par le moyen du coq, usitée chez les punit les grands et les philosophes qui avaient
anciens. Voici quelle était leur méthode On —
:
assisté à cet acte de sorcellerie il étendit :

traçait sur le sable un cercle que l'on divisait même la proscription sur tous les philosophes
en vingt-quatre espaces égaux. On écrivait et tous les sorciers de Rome. Il en péril une

multitude ; et les grands ,


dégoûtés d'un art
1
Brown, Erreurs populaires, liv. m, ch. 10.
2 qui les exposait à des supplices, abandonnè-
M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t. III,
p. 374. rent la magie à la populace et aux vieilles

ALE — 20 — ALE
qui ne la firent plus servir qu'à de petites in- domestiques, n'ayant fait du reste le moindre
trigues et à des maléfices subalternes. Voy. mal à personne 1
. Était-ce une hallucination
Coq, Mariage, etc. de jeunes gens ivres ou une espièglerie ?

Alès (Alexandre), ami de Mélanchthon, — Aleuromancie, —


divination qui se prati- -

né en 1500 à Edimbourg. Il raconte que quait avec de la farine. On mettait des billets
dans sa jeunesse étant monté sur le sommet
,
roulés dans un tas de farine; on les remuait
d'une très-haute montagne, il fit un faux pas neuf fois confusément. On partageait ensuite
et roula dans un précipice. Comme il était près la masse aux différents curieux et chacun se ,

de s'y engloutir, il se sentit transporter en un faisait un thème selon les billets qui lui étaient

autre lieu, sans savoir par qui ni comment, et échus. Chez les païens, Apollon était appelé
se retrouva sain et sauf, exempt de contusions Aleuromantis, parce qu'il présidait à cette di-
etde blessures. Quelques-uns attribuèrent ce vination. Il en reste quelques vestiges dans
prodige aux amulettes qu'il portait au cou, certaines localités où l'on emploie le son au
,

selon l'usage des enfants de ce temps-là. lieu de farine. C'est une amélioration.
Pour lui, il l'attribue à la foi et aux prières Alexander ab Alexandro ,
— VOiJ. ALES-
de ses parents, qui n'étaient pas hérétiques. saisdro.

Alessandro Alessandri, — en AUxan- latin Alexandre-le- Grand roi


,

de Macé-
der ab Alexandro, — jurisconsulte napolitain, doine, etc. Il a été le sujet de légendes pro-
mort en 1523. Il a publié un recueil rare de digieuses chez les Orientaux, qui ont sur lui
dissertations sur les choses merveilleuses *. Il des contes immenses. Ils l'appellent Iskender.

y parle de prodiges arrivés récemment en Les démonographes disent qu'Arisiole lui en-
de songes vérifiés, d'apparitions et de
Italie, seigna la magie les cabalistes lui attribuent
;

fantômes qu'il dit avoir vus lui-même. Par la un livre sur les propriétés des éléments ;

suite, il a fondu ces dissertations dans son les rabbins écrivent qu'il eut un songe qui
livre Genialium dierum , où il raconte toutes l'empêcha de maltraiter les Juifs lorsqu'il
sortes de faits prodigieux. Nous en citerons un voulut entrer en conquérant dans Jérusalem.
qui lui est personnel. — Il dit qu'il fit un — La figure d'Alexandre-le-Grand gravée ,

soir la partie d'aller coucher, avec quelques en manière de talisman sous certaines in-
amis, dans une maison de Rome que des fan- fluences passait autrefois pour un excellent
,

tômes et des démons hantaient depuis long- préservatif. Dans la famille des Macriens,
temps. Au milieu de la nuit, comme ils étaient qui usurpèrent l'empire du temps de Valérien,
rassemblés dans la même chambre avec plu- les hommes portaient toujours sur eux la fi-
sieurs lumières, ils virent paraître un grand gure d'Alexandre; les femmes en ornaient
spectre, qui les épouvanta par sa voix terri- leurs coiffures, leurs bracelets, leurs anneaux.
ble et par le bruit qu'il faisait en sautant sur Trebellius Pollio dit que cette figure est d'un
les meubles et en cassant les vases de nuit. grand secours dans toutes les circonstances
Un des intrépides de compagnie s'avança la de la vie, si on la porte en or ou en argent.
plusieurs fois avec de la lumière au-devant du Le peuple d'Antioche pratiquait cette super-
fantôme mais, à mesure qu'il s'en appro- stition, que saint Jean-Chrysostome eut beau-

;

chait, l'apparition s'éloignait; elle disparut coup de peine à détruire. Fo?/., dans les
entièrement après avoir tout dérangé clans la légendes, la légende d'Alexandre-le-Grand.
maison. —
Peu de temps après, le même Alexandre de Faphlagonie imposteur, ,

spectre rentra par les fentes de la porte. Ceux né au deuxième siècle, en Paphlagonie, dans
qui le virent se mirent à crier. Alessandro, le bourg d'Abonotique. Ses parents, qui étaient
qui venait de se jeter sur un lit, ne l'aperçut pauvres, n'ayant pu lui donner aucune éduca-
point d'abord, parce que le fantôme s'était
tion, il profita, pour se pousser dans le monde,
glissé sous la couchette ;
mais bientôt il vit un de quelques dons qu'il tenait de la nature. Il
grand bras noir qui s'allongea sur la table, avait le teint blanc, l'œil vif, la voix claire ,

éteignit les lumières et renversa les livres avec la taille bellepeu de barbe et peu de che-
,

tout ce qui s'y trouvait. L'obscurité rendit veux mais un air gracieux et doux. Se sen-
,

l'effroi plus violent encore. Les amis d'Ales- tant des dispositions pour le charlatanisme
sandro hurlèrent. Pendant qu'on apportait médical il s'attacha presque enfant, à une
,
,
des flambeaux, il remarqua que le fantôme
sorte de magicien qui débitait des secrets et
ouvrit la porte et s'échappa sans être vu des
des philtres pour produire l'affection ou la
haine, découvrir les trésors, obtenir les suc-
' Alcxandri jurisperiti neapolitani Dissortatioiics ,

quatuor tic rebus admirabilibus. etc. Itomc, sans date


,

ln-4°. 1
Genialium dierum, lib. v, cap. 23.
,

A LE — 21 — A LE
cessions, perdre ses ennemis, et autres résul- vrait et se fermait par un fil caché. Avec cette
tats de ce genre. Cet homme ayant reconnu tête et le serpent apprivoisé qu'il avait acheté

dans Alexandre un esprit adroit, une mémoire en Macédoine, et qu'il cachait soigneusement,
vive et beaucoup d'effronterie, l'initia aux il prépara un grand prodige. Il se transporta
ruses de son métier.— Après la mort du vieux de nuit à l'endroit où l'on creusait les fonde-
jongleur, Alexandre se lia avec un certain ments du temple, et cacha, dans une fontaine
Coconas, dont les récits font un chroniqueur voisine, un œuf d'oie où il avait enfermé un
byzantin et un homme aussi malin qu'auda- petit serpent qui venait de naître. Le lende-
cieux. Ils parcoururent ensemble divers pays, main matin il se rendit sur la place publique,
étudiant l'art de faire des dupes. Ils rencon- l'air agité, tenant sa faux à la main et couvert

trèrent une vieille femme riche, que leurs pré- seulement d'une écharpe dorée ; il monta sur
tendus secrets charmèrent, et qui les fit voya- un autel élevé, et s'écria que ce lieu était ho-

ger à ses dépens depuis la Bithynie jusqu'en noré de la présence d'un dieu. A ces mots,
Macédoine. —
Arrivés en ce pays, ils remar- le peuple accouru pour l'entendre commença
quèrent qu'on y élevait de grands serpents si à faire des prières, tandis que l'imposteur pro-
familiers qu'ils jouaient avec les enfants sans nonçait des mots en langue phénicienne ce ,

leur faire de en achetèrent un des


mal ; ils qui servait à redoubler l'étonnement général.
plus beaux pour les scènes qu'ils se propo- — Il courut ensuite vers le lieu où il avait

saient de jouer. Ils avaient conçu un projet caché son œuf, et, entrant dans l'eau, il com-
hardi. L'embarras était de décider quel lieu mença à chanter les louanges d'Apollon et
serait leur théâtre. Coconas préférait Calcé- d'Esculape et à inviter ce dernier à se montrer
doine, ville de Paphlagonie, à cause du con- aux mortels ;
une coupe dans
puis, enfonçant
cours de diverses nations qui l'environnaient. la fontaine,en retira l'œuf mystérieux; le
il

Alexandre aima mieux son pays, Abonotique, prenant dans sa main il s'écria « Peuples , , :

parce que les esprits y étaient plus grossiers. voici votre dieu Toute la foule attentive
! »
— Son avis ayant prévalu, les deux fourbes poussa des cris de joie en voyant Alexandre
cachèrent des lames de cuivre dans un vieux casser l'œuf et en tirer un petit serpent, qui
temple d'Apollon qu'on démolissait et ils , s'entortilla dans ses doigts. Chacun se répan-
avaient écrit dessus qu'Esculape et son père dit en bénédictions, les uns demandant au dieu

viendraient bientôt s'établir dans la ville. la santé les autres les honneurs ou des ri-
,

Ces lames ayant été trouvées le bruit s'en , chesses. —


Enhardi par ce succès, Alexandre
répandit aussitôt dans les provinces les ha- ;
fait annoncer le lendemain que le dieu qu'ils

bitants d'Abonotique se hâtèrent de décerner avaient vu si petit la veille avait repris sa


un temple à ces dieux, et ils en creusèrent les grandeur naturelle. Il se plaça sur un lit
fondements. —
Coconas mourut alors de la après s'être revêtu de ses habits prophéti-
morsure d'une vipère. Alexandre se hâta de ques, et, tenant dans son sein le serpent qu'il
le remplacer et, se déclarant prophète avant de avait apporté de Macédoine il le laissa voir ,

se rendre au lieu de sa naissance, il se montra entortillé autour de son cou et traînant une
avec une longue chevelure bien peignée, une longue queue mais il en cachait la tête sous
;

robe de pourpre rayée de blanc il tenait dans ;


son aisselle , et faisait paraître à la place la
sa main une faux, comme on en donne une à tète postiche à figure humaine qu'il avait pré-
Persée, dont il prétendait descendre du côté parée. Le lieu de la scène 'était faiblement
de sa mère il publiait un oracle qui le disait
;
éclairé ; on entrait par une porte et on
fils de Podalyre lequel ,
à la manière des , sortait par une autre, sans qu'il fût possible
dieux du paganisme avait épousé sa mère
, de s'arrêter long-temps. Ce spectacle dura
en secret il faisait débiter en même temps
; quelques jours il se renouvelait toutes les
;

une prédiction d'une sibylle qui portait que, fois qu'il arrivait quelques étrangers. On fit
des bords du Pont-Euxin il viendrait un li- , des images du dieu en cuivre et en argent. —
bérateur d'Ausonie. —
Dès qu'il se crut con- Le prophète, voyant les esprits préparés, an-
venablement annoncé il parut dans Abono- , nonça que le dieu rendrait des oracles et ,

tique, où il se vit accueilli comme un dieu. qu'on eût a lui écrire des billets cachetés.
Pour soutenir son personnage il mâchait la , Alors, s'enfermant dans le sanctuaire du tem-
racine d'une certaine herbe qui le faisait écu- ple qu'on venait de bâtir, il faisait appeler
mer, ce que le peuple attribuait à l'enthou- ceux qui avaient donné des billets , et les leur
siasme surhumain dont il était possédé. Il — rendait sans qu'ils parussent avoir été ouverts,
avait préparé en secret une tête habilement mais accompagnés de réponse du dieu. Ces
la
fabriquée, dont les traits représentaient la billets avaient été lus avec tant d'adresse
face d'un homme, avec une bouche qui s'ou- qu'il était impossible de s'apercevoir qu'on
ALE — 2! — ALG
eût rompu le cachet. Des espions et des émis- Alexandre de Tralles ,
— médecin né à
saires informaient le prophète de tout ce qu'ils Tralles, dans l'Asie-Mineure, au sixième siè-
pouvaient apprendre, et l'aidaient à rendre cle. On dit qu'il était très savant; ses ouvra-
ses réponses qui d'ailleurs étaient toujours
,
ges prouvent au moins qu'il était très-crédule.
obscures ou ambiguës, suivant la prudente Il conseillait à ses malades les amulettes et les
coutume^des oracles. On apportait des vic- paroles charmées. Il assure, dans sa médecine
1
times pour le dieu et des présents pour le pro- pratique ,
que la figure d'Hercule étouffant
phète. —
Voulant nourrir l'admiration par une le lion de la forêt de Némée ,
gravée sur une
nouvelle supercherie, Alexandre annonce un pierre et enchâssée dans un anneau, est un
jour qu'Esculape répondrait en personne aux excellent remède contre la colique. Il prétend
questions qu'on lui ferait : cela s'appelait des aussi qu'on guérit parfaitement la goutte , la

réponses de la propre bouche du dieu. On pierre et les fièvres par des philactères et des
opérait cette fraude par le moyen de quelques charmes. Cela montre au moins qu'il ne savait
artères de grues qui aboutissaient d'un côté à pas les guérir autrement.
la tête du dragon postiche, et de l'autre à la
bouche d'un homme caché dans une chambre en
Alexandre m—
roi d'Écosse qui épousa
285 Yolette, fille du comte de Dreux. Le
,
,

voisine. —
Les réponses se rendaient en prose
4

soir de la solennité du mariage, on vit entrer


ou en vers, mais toujours dans un style si va- à la fin du bal, dans la salle où la cour était
gue qu'elles prédisaient également le revers rassemblée, un spectre décharné qui se mit à
ou le succès. Ainsi l'empereur Marc-Aurèle , danser. Les gambades du spectre troublèrent
faisant la guerre aux Germains, lui demanda les assistants les fêtes furent suspendues; et
:

un oracle. On dit môme qu'en 474 il fit venir des habiles déclarèrent que cette apparition
Alexandre à Rome, le regardant comme le dis- annonçait la mort prochaine du Roi. En effet,
pensateur de l'immortalité. L'oracle sollicité la même année, dans une partie de chasse
disait qu'il fallait après des cérémonies pres-
,
Alexandre, montant un cheval mal dressé, fut
crites, jeter deux lions vivants dans le Danube, jeté horsde selle, et mourut de la chute 2 .

Alexandre VI, — élu pape en


et qu'ainsi l'on aurait l'assurance d'une paix
492 pon- \ ;

prochaine, précédée d'une victoire éclatante.


tife qui a été jugé souvent avec beaucoup
On exécuta la prescription. Mais les deux lions
d'exagération. Quelques sots écrivains afïir-
traversèrent le fleuve à la nage ; les barbares 3
mentqu'ilavaitàsesordres un démon familier
mirent ensuite l'armée de l'em-
les tuèrent et
qui passa ensuite au service de César Borgia.
pereur en déroute à quoi le prophète répli-
qua qu'il avait annoncé
:

la victoire, mais qu'il Alfader ,


— dieu très-important dans la

n'avait pas désigné le vainqueur. —Une autre théogonie Scandinave. Avant de créer le ciel

et la terre,il était prince des géants. Lésâmes


fois un illustre personnage fit demander au
dieu quel précepteur il devait donner à son des bons doivent vivre avec lui dans Simle ou
fils. Il lui fut répondu Pythagore et Ho- : — Wingolff ; mais les méchants passent à Hélan,
de là à Niflheim la région des nuages infé-
mère. L'enfant mourut quelque temps après. ,

— L'oracle annonçait la chose dit le père , ,


rieurs au neuvième monde. L'Edda lui donne
en donnant au pauvre enfant deux précepteurs
divers noms : Nikar (le sourcilleux), Svidrer
(l'exterminateur), Svider (l'incendiaire), Oske
morts depuis long-temps. S'il eût vécu, on l'eût
instruit avec les ouvrages de Pythagore et
(celui qui choisit les morts), etc. — Le nom
d'Homère, et l'oracle aurait encore eu raison. d' Alfader a été donné aussi à Odin.
— Quelquefois prophète dédaignait d'ouvrir
le Alfares, — génies Scandinaves. Les bons
les billets lorsqu'il se croyait instruit de la sont appelés lios ou lumineux , les méchants
demande par ses agents ; il s'exposait à de docks ou noirs.
singulières erreurs. Un jour il donna un re-
mal de côté en réponse à une
Alfridarie —
espèce de science qui tient
,

mède pour le
de l'astrologie et qui attribue successivement
lettre qui lui demandait quelle était véritable-
quelque influence sur la vie aux diverses pla-
ment la patrie d'Homère. On ne démasqua — nètes, chacune régnant à son tour un certain
point cet imposteur, que l'accueil de Marc-
nombre d'années. Voy. Planètes.
Aurèle avait entouré de vénération. Il avait pré-
dit qu'ilmourrait à cent cinquante ans, d'un Algol, — des astrologues arabes ont donné
coup de foudre comme Esculape il mourut
,
:
ce nom au diable.

dans sa soixante-dixième année, d'un ulcère à 1


Liv. x, ch. l ,r .

la jambe ce qui n'empêcha pas qu'après sa


;
7 Hector de Boëce, in Annalibus Scot.
mort il eut, comme un demi-dieu, des statues 1
Curiosités de la littérature, trad. de l'anglais par
et des sacrifices. Bertin, t. h*\ p, 51.
ALL — - ALM
Alîs de Télieux, — nonne du monastère de ver , nous le renvoyons aux automates mu-
et
Saint-Pierre de Lyon qui s'échappa de son ,
siciens de Vaucanson, qui n'étaient pas des
couvent au commencement du seizième siècle, harpes éoliennes).— Quoi qu'il en soit pour- ,

mena mauvaise vie et mourut misérablement. suit le biographe, ce concert étrange causa de
Son âme revint après sa mort. Cette histoire a la rumeur parmi la population superstitieuse
été écrite par Adrien de Montalembert, aumô- de la ville d'Aix ; Allix fut accusé de magie, et
er par
nier de François I
l
. le Parlement fit instruire son procès. Jugé

Alkalalaï, — cri d'allégresse des Kamts- la chambre de la Tournelle , il ne put faire


chadales ; ils le répètent trois fois à la fête des comprendre que l'effet merveilleux de son au-
balais , en l'honneur de leurs trois grands tomate n'était que la résolution d'un problème
dieux, Filiat-Chout-Chi, le père; Touïia, son mécanique. L'arrêt du Parlement le condamna
fils, et petit-fils. La fête des ba-
Gaëtch, son à être pendu et brûlé en place publique, avec
chez ces peuples sales, à balayer
lais consiste, le squelette complice de ses sortilèges la ;

avec du bouleau le foyer de leurs cabanes. sentence fut exécutée en 1664. »

Aliette , — voy. Etteila. Almanach. — Nos ancêtres du Nord tra-


Alléluia, — mot hébreu qui signifie louange çaient le cours des lunes pour toute l'année
à Dieu. Les bonnes gens disent encore dans sur un petit morceau de bois carré qu'ils ap-
plusieurs provinces qu'on fait pleurer la sainte pelaient al-mon-agt (observation de toutes les
Vierge lorsqu'on chante alléluia pendant le ca- lunes) : telles sont, selon quelques auteurs, l'o-

rême 3 —
Il y avait à Chartres une singulière
. rigine des almanachs et l'étymologie de leur
coutume. A l'époque où l'on cesse léchant, l'ai— nom. D'autres se réclament des Arabes, chez
leluia était personnifié et représenté par une qui al-manack veut dire le mémorial. Les —
toupie qu'un enfant de chœur jetait au milieu Chinois passent pour les plus anciens faiseurs
de l'église et poussait dans la sacristie avec un d'almanachs. Nous n'avons que douze constel-
fouet. Cela s'appelait Y Alléluia fouetté. — On lations ; ils en ont vingt-huit. Toutefois leurs
appelle trèfle une plante qui
de l'alleluia almanachs ressemblent à ceux de Matthieu
donne, vers le temps de Pâques, une petite Laensbergh par les prédictions et les secrets
fleur blanche étoilée. Elle passe pour un spé- dont ils sont farcis 1
. Bayle raconte l'anecdote
cifique contre les philtres. Voy. Alkalalaï. suivante, pour faire voir qu'il se rencontre des
hasards puérils qui éblouissent les petits es-
Allix.— Voici un de ces qui accusent traits
prits sur la vanité de l'astrologie. Marcellus ,
l'ignorance et la légèreté des anciens juges de
parlement. — Allix mathématicien, mécani-
professeur de rhétorique au collège de Lisieux,
,
avait composé en latin l'éloge du maréchal de
cien et musicien , vivait à Aix en Provence ,
Gassion, mort d'un coup de mousquet au siège
vers le milieu du dix-septième siècle ;
il fit
de Lens. Il était près de la réciter en public,
un squelette qui ,
par un mécanisme caché ,
quand on représenta au recteur de l'Univer-
jouait de la guitare. Bonnet, dans son His-
sité que le maréchal était mort dans la reli-
toire de la Musique, page 82, rapporte l'his-
gion prétendue réformée et que son oraison ,
toire tragique de ce pauvre savant. Il mettait
funèbre ne pouvait être prononcée dans une
au cou de son squelette une guitare accordée
université catholique. Le recteur convoqua
à l'unisson d'une autre qu'il tenait lui-même
une assemblée où il fut résolu, à la pluralité
dans ses mains, et plaçait les doigts de l'au-
des voix que l'observation était juste. Mar-
tomate sur le manche puis par un temps ;
,

cellus ne put donc prononcer son panégyrique


,

;
calme et serein, les fenêtres et la porte étant
et les partisans de l'astrologie triomphèrent
ouvertes, il s'installait dans un coin de la
en faisant remarquer à tout le monde que,
chambre et jouait sur sa guitare des passages
dans l'Almanach de Pierre Larrivey pour cette
que le squelette répétait sur la sienne. II y a
lieu de croire que l'instrument résonnait à la
même année 1 648 entre autres prédictions , ,

il se trouvait écrit en gros caractères LATIN :


manière des harpes éoliennes, et que le mé-
canisme qui faisait mouvoir les doigts du sque-
PERDU !

lette n'était pour rien dans la production des Almanach du Diable, —contenant des pré-
sons. (Nous citons M. Fétis 5 sans l'approu- dictions très-curieuses pour les années 1737 et

1738, aux enfers, in-24. Cette plaisanterie


1
La
merveilleuse Histoire de l'esprit qui depuis na- contre les jansénistes était l'ouvrage d'un
guère apparu au monastère des religieuses deSaint-
s'est
Pierre de Lyon, etc., par Ad. de Montalembert. Puris,
1 L'Almanach de Matthieu Laensbergh commença à
1528, petit in-4" gothique. Voyez dans les Légendes in-
fernales Alis de Télieux. paraître en 1636. Mais avant lui on avait déjà des an-
2
nuaires de même nature. Fischer a découvert à Mayence,
ïliiers, Traité des superstitions.
en 1804, un almanach imprimé pour 1457, tout à fait à
3
Biographie universelle des musiciens. la naissance de l'imprimerie.
ALP — 2 — ALR
certain Quesnel, joyeux quincaillier de Dijon, ceau de pain d'orge. Celui qui l'avalait sans
aii'ublédu nom que le fameux appelant a tant peine était innocent le criminel se trahissait ;

devenue rare, attendu qu'elle


attristé. Elle est par une indigestion K C'est même de cet usage,
fut supprimée pour quelques prédictions trop employé dans les épreuves du jugement de
hardies. Nous ne la citons qu'à cause de son Dieu ,
qu'est venue l'imprécation populaire :

titre. Les jansénistes y répondirent par un — Je veux , si je vous trompe ,


que ce mor-
lourd et stupide pamphlet dirigé contre les jé- ceau de pain m'étrangle ! — Voici comment
suites et supprimé également. Il était intitulé : se pratique cette divination, qui, selon les doc-
Almanach de Dieu, dédié à M. Carré de Mont- tes, n'est d'un effet certain que pour décou-
geron, pour l'année 1738, in-24, au ciel vrir ce qu'un homme a de caché dans le cœur.

Almoganenses nom que les Espagnols, — On prend de la pure farine d'orge on la pé- ;

trit avec du lait et du sel on n'y met pas de


donnent à certains peuples inconnus qui, par ;

levain on enveloppe ce pain compacte dans


le vol et le chant des oiseaux, par la rencon-
;

un papier gras, on le fait cuire sous la cendre


tre des bètes sauvages et par divers autres ;

ensuite on le frotte de feuilles de verveine et


moyens, devinaient tout ce qui devait arriver.
on le fait manger à celui par qui on se croit
« Ils conservent avec soin, dit Laurent Yalla,
trompé, et qui ne digère pas si la présomption
des livres qui traitent de cette espèce de
science, où ils trouvent des règles pour toutes
est fondée. —
Il y avait, près de Lavinium, un

bois sacré où l'on pratiquait l'alphitomancie.


sortes de pronostics. Leurs devins sont divi-
sés en deux classes l'une de chefs ou de maî- :
Des prêtres nourrissaient dans une caverne
de disciples
un serpent, selon quelques-uns un dragon
et d'aspirants. »
;
tres, et l'autre ,

selon d'autres. À certains jours on envoyait


On leur attribue aussi l'art d'indiquer non-
seulement par où ont passé les chevaux et les
des jeunes filles lui porter à manger; elles
avaient les yeux bandés et allaient à la grotte,
autres bètes de somme égarées, mais encore le
tenant à la main un gâteau fait par elles avec
chemin qu'auront pris une ou plusieurs per-
sonnes ce qui est très-utile pour la poursuite
du miel et de la farine d'orge. « Le diable ,
;

des voleurs. Les écrivains qui parlent des Al- dit Delrio ,
les conduisait leur droit chemin.

moganenses ne disent ni dans quelle province Celle dont le serpent refusait de manger le gâ-
nidans quel temps ont vécu ces utiles devins. teau n'était pas sans reproche. »

Almuchéfi .
VOlJ. B.VCON. Alphonse x, — roi de Castille et de Léon ,

surnommé l'Astronome et le Philosophe, mort


Almulus (Salomon), — auteur d'une expli- en 1284. On lui doit les Tables Alphonsines.
cation des songes en hébreu. In-8°. Amster-
C'est lui qui disait que, si Dieu l'avait appelé
dam, 1642.
à son conseil au moment de la création eût
Alocer, — puissant démon, grand-duc aux
pu donner de bons avis. Ce prince extra-
lui
, il

enfers; il se montre vêtu en chevalier, monté


vagant croyait à l'astrologie. Ayant fait tirer
sur un cheval énorme sa figure rappelle les
l'horoscope à ses enfants, il apprit que le ca-
;

traits du lion il a le teint enflammé, les yeux


det serait plus heureux que l'aîné, et le nomma
;

ardents; il parle avec gravité; il enseigne les


son successeur au trône. Mais malgré la sa-
secrets de l'astronomie et des arts libéraux ;
gesse de cet homme qui se jugeait capable ,

il domine trente-six légions.


de donner des conseils au créateur, l'aîné- tua
Alogricus. — VOlJ. ALRUY. son frère cadet, mit son père dans une étroite
Alomancie le sel
,
— divination par
dont , prison et s'empara de la couronne; toutes
les procédés sont peu connus. C'est en vertu choses que sa science ne lui avait pas ré-
de l'alomancie qu'on suppose qu'une salière
, vélées.
renversée est d'un mauvais présage.
Alpiel , —
ange ou démon qui selon , le
Alopécie, — sorte de charme par lequel on Talmud, préside aux arbres fruitiers.
fascine ceux à qui
auteurs donnent le
l'on
nom
veut nuire. Quelques
d'alopécie à l'art de
Alrinach, —
démon de l'Occident, que les
démonographes font présider aux tempêtes,
nouer l'aiguillette, l'oy. Ligati :hi;s.
aux tremblements de terre aux pluies à la , ,

Alouette, Voij. C.\ss<>.


grêle, etc. C'est lui qui submerge les navires.
Alphitomaucie ,
— divination par le pain Lorsqu'il se rend visible , il parait sous les
d'orge ; cette divination importante est. très- traits et les habits d'une femme.
ancienne. Nos pères, lorsqu'ils voulaient dans
plusieurs accusés reconnaître coupable et le
Alrunes , — démons succubes ou sorcières,
qui fuient mères des Huns. Elles prenaient
obtenir de lui l'aveu de son crime, faisaient
manger à chacun des prévenus un rude mor- 1
Delrio disqnisit, magie, lib. iv, cap. 2, qiuest. 7-
,

A MA — 25 — AMI)
tontes sortes de formes, mais ne pouvaient avec une armée contre Amalaric. La justice
changer de sexe. —
Voy. aussi Mandragores. des hommes fut prévenue par la justice éter-
nelle tandis que le bourreau de Clotilde s'a-
Alruy (David), —
magicien juif cité par ,
:

vançait au-devant des Francs, il tomba percé


Benjamin de Tudèle il se disait de la race
;

d'un trait lancé par une main invisible. Des


de David et se vantait d'être le messie des-
;
légendaires ont écrit que cette mort était l'ou-
tiné à ramener les Juifs dans Jérusalem. Le
vrage du diable; mais le trait ne venait pas
roi de Perse le fit mettre en prison, mais il s'é-
d'en bas K
chappa en se rendant invisible. Il ne daigna
se remontrer qu'en arrivant aux bords de la
Amalaric ( Madelkine )
, — sorcière qui
allaitau sabbat et qui accusée de onze ho-
mer. Alors il étendit son écharpe sur l'eau
,

micides, fut mise à mort à soixante-quinze


planta ses pieds dessus et passa la mer d'une
ans dans la baronnie de La Trimouille, à la
légèreté incroyable, sans que ceux qu'on en-
fin du seizième siècle 2
voya avec des bateaux à sa poursuite le pus-
.

sent arrêter. —
Cela le mit en vogue comme Amaranthe, — fleur que
l'on admet parmi

grand magicien mais enfin Scheick-Aladin


; ,
les symboles de l'immortalité. Les magiciens
prince turc et sujet du roi de Perse, fil tant à attribuent aux couronnes faites d'amaranlhe

force d'argent avec beau-père du magi-


le de grandes propriétés et surtout la vertu de
cien qu'il fut poignardé dans son lit. C'est concilier les faveurs et la gloire à ceux qui les

toujours la fin de telles gens, et les Juifs n'en portent.

ont pas meilleur marché que les autres magi- Amasis. — Hérodote raconte qu'Amasis,
ciens ,
quelque que leur persuadent leurs
fort roi d'Égypte, eut l'aiguillette nouée, et qu'il
talmudistes qu'ils sont obéis de l'esprit ma- fallutemployer les plus solennelles impréca-
lin. Car c'est encore un secret du Talmud des tions de la magie pour rompre le charme.
Juifs qu'il n'est rien de difficile aux sages Voy. Ligatures.
maîtres et savants en leurs lois que les es- ,
Amazones, —
nation de femmes guerriè-
prits d'enfer et célestes leur cèdent, et que res, dont Strabon regarde à tort l'existence
Dieu même (ô blasphème !) ne leur peut ré- comme une fable. François de Torre-Blanca
sister * » —
Ce magicien est appelé encore dit 3 qu'elles étaient sorcières ; ce qui est plus
dans de vieux récits Alogricus. Voy. Corbeau. hasardé : elles se brûlaient le sein droit pour
Altangatufun , — idole des Kalmoucks, qui mieux tirer de l'arc; et le père Menestrier
croit que la Diane d'Éphèse n'était ornée de
avait le corps et la tête d'un serpent , avec
tant de mamelles qu'à cause que les amazones
quatre pieds de lézards. Celui qui porte avec
adoration son image est invulnérable dans les lui consacraient celles qu'elles se retran-

combats. Pour en faire l'épreuve, un khan fit chaient. On


que cette république sans
dit

suspendre cette idole attachée à un livre et hommes habitait la Cappadoce et les bords du
,

l'exposa aux coups des plus habiles archers


Thermodon. Les modernes ont cru retrouver
;

des républiques d'Amazones en voyant des


leurs traits ne purent atteindre le livre, qu'ils
percèrent au contraire dès que l'idole en fut
femmes armées sur les bords du Maragnon,
détachée. C'est là une légende de Cosaques. qu'on a nommé pour cela le fleuve des Ama-
zones. Des missionnaires en placent une na-
Alvéromancie — ALEUROMANCIE.
, VOIJ.
tion dans les Philippines, et Thévenot une
Amadeus, — visionnaire qui crut connaî- autre dans la Mingrelie. Mais, une ré-
dit- on,
tre par révélation deux psaumes d'Adam le :
publique de femmes ne subsisterait pas six
premier en transport de joie à la création de mois , et ces états merveilleux ne sont que
la femme, le second en triste dialogue avec pour récréer l'imagination.
fictions inventées
2
Eve après leur chute .
Cependant voy. Thémiscyre.
Amaïmon, — VOIJ. AMOYMON. Ambrusius ou Ambroise, roi d'Angleterre.
Amalaric, — d'Espagne, qui épousa la
roi — Voy. Merlin.
princesse Clotilde, sœur du roi des Francs Amduscias — grand-duc aux , enfers. 11 a
Childebert. La pieuse reine, n'approuvant pas la forme d'une licorne; mais lorsqu'il est
les excès de son mari, tombé dans l'a na- évoqué il se montre sous une figure hu-
nisme, le barbare lui fit crever les yeux.
Clotilde envoya à son frère un mouchoir teint T
Lambërtirii de Cruz-Houen, Thcatrum regium his-
panicum, ad ann. 510.
de son sang, et Childebert marcha aussitôt
> Rikius. Disc, sommaire des sortilèges, vénéfices,

idolâtries, tiré des procès criminels jugés au siège royal


1
Leloyer, Discours des spectres, liv. iv, ch. 4. de Montmorillon en Poitou la présente année 1599,
, ,

? Ces deux psaumes sont imprimés dans le Codex p. 29.


pseudepigraphus veteris ïestamenti de Fabricius, } Jîpit. Delict, sive de magiâ, Mb. i, cap. 8,
AME — 26 — AME
maine. Il donne dos concerls si on les lui qu'il faut en croire, dit Leloyer *, comme de
commande; on entend alors, sans rien voir, toutes les autres bourdes et baveries des rab-
le son des trompettes et des antres instru- bins. )> —
Les juifs croient, au rapport du
ments de musique. Les arbres s'inclinent à sa Hollandais Hoornbeeck, que les âmes ont
voix; il commande vingt-neuf légions. toutes été créées ensemble, et par paires

Ame. — Tous les peuples ont reconnu d'une âme d'homme et d'une âme de femme;
l'immortalité de l'âme; hordes les plus
les
de sorte que les mariages sont heureux et
barbares ne l'ont jamais été assez pour se accompagnés de douceur et de paix lorsqu'on
rabaisser jusqu'à la brute. La brute n'est at- se marie avec l'âme à laquelle on a été ac-

tachée qu'à la terre couplé dès le commencement mais ils sont


l'homme seul élève ses
:
;

regards vers un plus noble séjour. L'insecte malheureux dans le cas contraire. On a à lut-
esta sa placcdans la nature; l'homme n'est pas ter contre ce malheur ,
ajoute-t-il ,
jusqu'à

à la sienne. Chez certains peuples, on atta- ce qu'on puisse être uni, par un second ma-
chait les criminels à des cadavres pour ren- riage, à l'âme dont on a été fait le pair dans

dre leur mort plus affreuse tel est ici bas le :


la création ; et cette rencontre est rare. —
Philon, juif, qui a écrit aussi sur l'âme, pense
sortde l'homme. Cette âme qui n'aspire qu'à
s'élever, qui est étrangère aux accidents du
que, comme
il y a de bons et de mauvais
corps, que les vicissitudes du temps ne peu-
anges,y a aussi de bonnes et de mauvaises
il

âmes, et que les âmes qui descendent dans


vent altérer, ne s'anéantira pas avec la ma-
tière. —
La conscience, les remords, ce désir les corps y apportent leurs bonnes ou mau-

de pénétrer dans un avenir inconnu, ce res- vaises qualités. Toutes les balivernes des hé-

pect que nous portons aux tombeaux, cet effroi rétiques et des philosophes et toutes les doc-

de l'autre monde, cette croyance aux âmes, trines qui n'ont pas leur base dans les
qui ne se distingue que dans l'homme tout enseignements de l'église, brillent par de sem-
nous instruit, quand même la révélation ne se-
,

blables absurdités. — Les musulmans sont


rait pas là pour repousser nos doutes. Les ma- persuadés que les âmes demeurent jusqu'au
jour du jugement, dans le tombeau, auprès
térialistes quivoulant tout juger par lesyeuxdu
corps, nient l'existence de l'âme, parce qu'ils du corps animé. Les païens
qu'elles ont
ne la voient point, ne voient pas non plus lesom- croyaient que les âmes séparées de leurs
meil, ils ne voient pas les vents ils ne com- corps grossiers et terrestres conservaient
;

prennent pas la lumière, ni cent mille autres aprèsmort un corps plus subtil et plus délié
la

faits que pourtant ils ne peuvent nier. On — de de celui qu'elles quittaient, mais
la figure

a cherché de tout temps à définir ce que c'est plus grand et plus majestueux çjue ces corps ;

que l'âme* ce rayon de la Divinité selon les étaient lumineux et de la nature des astres ;
:

uns, c'est la conscience, c'est l'esprit; selon que les âmes gardaient de l'inclination pour les
d'autres, c'est cet espoir d'une autre vie qui choses qu'elles avaient aimées pendant leur
palpite dans le cœur de tous les hommes; vie, et que souvent elles se montraient au-

c'est, dit Léon l'Hébreu le cerveau avec ses tour de leurs tombeaux. Quand l'âme de Pa-
,

deux puissances, trocle se leva devant Achille, elle avait sa


le sentiment et le mouve-
ment volontaire. voix, sa taille, ses yeux, ses habits, du moins
une flamme, a dit un
C'est
autre. Dicéarque affirme que l'âme est une en apparence, mais non pas son corps pal-
harmonie et une concordance des quatre élé- pable. —
Origène pense que ces idées ont
ments. —
Quelques-uns sont allés loin, et une source respectable, et que les âmes doi-
ont voulu connaître la figure de l'âme. Un vent avoir en effet un corps subtil; il se fonde
savant a même prétendu, d'après les dires sur ce qui est dit dans l'Évangile du Lazare
d'un revenant, qu'elle ressemblait à un vase et du mauvais riche, qui ont tous deux des

sphérique de verre poli, qui a des yeux de corps puisqu'ils se parlent et se voient, et que
tous les côtés. —
Lame, a-t-on dit encore, le mauvais riche demande une goutte d'eau

est comme une vapeur légère et transparente, pour rafraîchir sa langue. Saint ïrénée, qui
qui conserve humaine. Un docteur
la figure est de l'avis d'Origène, conclut du même
lalmudique, vivant dans un ermitage avec exemple que les âmes se souviennent après
son fils et quelques amis, vit un jour l'âme d'un la mort de ce qu'elles ont fait en celte vie. —
de sis compagnons qui se détaehail tellement Dans la harangue que fit Titus à ses soldats
de son corps qu'elle lui faisait déjà ombre à pour les engager à monter à l'assaut de la
la tôle. Il comprit que son ami allait, mourir, tour Anlonia, au siège de Jérusalem, on
cl (il tant par ses prières qu'il obtint que remarque une opinion qui est à peu près celle
celle pauvre âme rentrât dans le corps qu'elle des anciens Scandinaves. « Vous savez, leur
abandonnait. « .le crois de celte bourde ce 1
l.Hoyer, Dis.c. et hist. (ios spectros, liv. v, < li. 1".
AME — ? — AME
dit-il, que les âmes de ceux qui meurent à la la vraie lumière. — On a vu parfois, s'il faut
guerre s'élèvent jusqu'aux astres, et sont re- recevoir tous les récits des chroniqueurs, des
çues dans les régions supérieures, d'où elles âmes errer par Troupes. Dans le onzième siè-
apparaissent comme de bons génies; tandis cle, on vit passer près de la ville de Narni
que ceux qui meurent dans leur lit, quoique une multitude infinie de gens vêtus de blanc,
ayant vécu dans la justice, sont plongés sous et qui s'avançaient du côté de l'Orient; cette
terre dans l'oubli et les ténèbres
1
» Il
y a, .
— troupe défila depuis le matin jusqu'à trois
parmi les Siamois, une secte qui croit que les heures après midi mais sur le soir elle di-;

âmes vont et viennent où elles veulent après minua considérablement. Tous les bourgeois
la mort; que celles des hommes qui ont bien montèrent sur les murailles, craignant que ce
vécu acquièrent une nouvelle force, une vi- ne fussent des troupes ennemies ils les virent ;

gueur extraordinaire, et qu'elles poursuivent, passer avec une extrême surprise. Un citadin,
attaquent et maltraitent celles des méchants plus résolu que les autres sortit de la ville ,

partout où elles les rencontrent. Platon dit, — remarquant dans la foule mystérieuse un
dans le neuvième livre de ses Lois, que les homme de sa connaissance, il l'appela par
âmes de ceux qui ont péri de mort violente son nom, et lui demanda ce que voulait dire
poursuivent avec fureur, dans l'autre monde, cette multitude de pèlerins l'homme blanc ;

les âmes de leurs meurtriers. Cette croyance lui répondit « Nous sommes des âmes qui,
:

s'est reproduite souvent et n'est pas éteinte n'ayant point expié tous nos péchés et n'étant
parlout. — Les anciens pensaient que toutes pas encore assez pures, allons ainsi dans les
lesâmes pouvaient revenir après la mort, ex- lieux saints, en esprit de pénitence nous ve- :

cepté les âmes des noyés. Servius en dit la nons de visiter le tombeau de saint Martin,
raison : c'est que l'âme, dans leur opinion, et nous allons à Notre-Dame de Farfe. » Le
n'était autre chose qu'un feu ,
qui s'éteignait bourgeoisde Narni fut tellement effrayé de cette
dans l'eau, comme si le matériel pouvait dé- vision qu'il demeura malade pendant un an.
truire le spirituel. — On sait que la mort est Toute la ville de Narni, disent de sérieuses
la séparation de l'âme d'avec le corps. C'est relations, fut témoin de cette procession mer-
une opinion de tous les temps et de tous les veilleuse, qui se fit en plein jour. N'ou- —
peuples que les âmes en
monde quittant ce blions pas, à propos du sujet qui nous occupe,
passent dans un autre meilleur ou plus mau- une croyance tres-répandue en Allemagne :

vais, selon Les anciens don-


leurs œuvres. c'est qu'on peut vendre son âme au diable.
naient au batelier Caron la charge de con- Dans tous les pactes faits avec l'esprit de
duire les âmes au séjour des ombres on ; ténèbres, celui qui s'engage vend son âme.
trouve une tradition analogue à cette croyance Les Allemands ajoutent même qu'après cet
chez les vieux Bretons ces peuples plaçaient
: horrible marché le vendeur n'a plus d'om-
le séjour des âmes dans une île qui doit se bre. On conte, à ce propos, l'histoire d'un étu-
trouver entre l'Angleterre et l'Islande. Les diant qui fit pacte avec le diable pour devenir
bateliers et pêcheurs, ditTzetzès, ne payaient l'époux d'une jeune dont il ne pouvait dame
aucun tribut, parce qu'ils étaient chargés de obtenir la main. avec l'aide du dia-
Il réussit
la corvée de passer les âmes et voici com- ;
ble. Mais au moment de la célébration du
ment cela se faisait —
Vers minuit ils en-
: mariage, un rayon de soleil frappa les deux
tendaient frapper à leur porte, ils suivaient époux qu'on allait unir on s'aperçut avec ;

sans voir personne jusqu'au rivage; là ils effroique le jeune homme n'avait pas d'om-
trouvaient des navires qui leur semblaient bre on reconnut qu'il avait vendu son âme,
:

vides, mais qui étaient chargés d'âmes ils ; et tout fut rompu. —
Généralement les insen-
les conduisaient à l'île des ombres où ils ne , sés qui vendent leur âme font leurs condi-
voyaient rien mais ils entendaient les âmes
; tions un certain nombre d'années après le
anciennes qui venaient recevoir et compli- pacte. Mais si on vend sans fixer de terme,
menter les âmes nouvellement débarquées; le diable, qui est pressé de jouir, n'est pas
elles se nommaient par leurs noms, recon- toujours délicat ; et voici un trait qui mé-
naissaient teurs parents, etc. Les pécheurs, rite attention : — Trois ivrognes s'entrete-
d'abord étonnés, s'accoutumaient à ces mer- naient, en buvant de l'immortalité de l'âme
,

veilles et reprenaient leur chemin. Ces — et des peinesde l'enfer. L'un deux commença
transports d'âmes, qui pouvaient bien cacher de s'en moquer, et dit là-dessus des stupi-
une sorte de contrebande, n'ont plus lieu dités dignes de la circonstance. C'était dans
depuis que le christianisme est venu apporter un cabaret de village. Cependant survient un
1
Joseplic, DcBello jud., lib. vi, cap. 1, cité dans Cal- 1
DeCu'râ pio mortuis, cité parCalmet, première par-
met, première partie, ch. 16. tie, ch. 14.
A MX — 28 — AMP
homme de haute stature, vêtu gravement, amnios. Les sages-femmes présidaient le sort
qui s'assied près des buveurs, et leur de- futur du nouveau-né par l'inspection de cette
mande de Le plaisant villa-
quoi ils riaient. coiffe; elle annonçait d'heureuses destinées si

geois le met au fait si peu


fait, ajoutant qu'il elle étaitrouge, et des malheurs si elle pré-
de cas de son àme qu'il est prêt à la vendre sentait une couleur plombée. Voy. Coiffe.

au plus offrant et à bon marché, et qu'ils en Amon ou Aamon ,


— grand et puissant
boiront l'argent. « Et combien me la veux- marquis de l'empire infernal. Il a la figure
tu vendre"? » dit le nouveau venu. Sans mar- d'un loup avec une queue de serpent; il vo-
chander, ils conviennent du prix; l'acheteur mit de la flamme; lorsqu'il prend la forme
en compte l'argent, et ils le boivent. C'était humaine, sa tète ressemble à celle d'un hi-
joie jusque-là ;
mais, la nuit venant, l'ache- bou qui laisse voir des dents canines très-
teur dit : Il est temps, je pense, que chacun effilées. C'est le plus solide des princes des
se retire chez soi ; celui qui a acheté un che- démons il sait le passé et l'avenir, et récon-
:

val n'a-t-il pas le droit de l'emmener. Vous cilie, quand il le veut, les amis brouillés. Il

permettrez donc que je prenne ce qui est à commande à quarante légions l


.

moi. Or, ce disant, il empoigne son vendeur Amour. — Parmi les croyances supersti-
tout tremblant, et l'emmène où il n'avait pas tieuses qui se rattachent innocemment à l'a-
cru aller si vite; de telle sorte que jamais mour, nous citerons celle-ci, qu'un homme est
plus le pays n'en ouït nouvelles. Voy. Mort. généralement aimé quand ses cheveux frisent
Ame des bêtes. — Dans un petit ouvrage naturellement. A Roscoff, en Bretagne, les
très-spirituel sur l'âme des bêle.-, un père jé- femmes après la messe balaient la poussière
suite a ingénieusement développé cette sin- de la chapelle de la Sainte-Union, la souf-
gulière idée de quelques philosophes anciens, flent du côté par lequel leurs époux ou leurs

que les bêtes étaient animées par une partie amants doivent revenir, et se flattent, au
des démons moins coupables, qui faisaient moyen de ce doux sortilège, de fixer le cœur
ainsi leur expiation. Voy. Albigeois. de ce qu'elles aiment 2 Dans d'autres pays, on
.

Améthyste, — pierre précieuse, d'un vio-


croit stupidement se faire aimer en attachant
à son cou certains mots séparés par des croix.
let foncé, autrefois la neuvième en ordre sur
le pectoral du grand-prêtre des juifs. Une
Voy. Philtres. Voy. aussi Rhombus. Il
y —
a eu des amants passionnés qui se sont don-
vieille opinion populaire lui attribue la vertu
nés au démon pour être heureux. On conte
de garantir de l'ivresse.
qu'un valet vendit son àme au diable pour
Amiante, —
espèce de pierre incombusti- devenir l'époux de la fille de son maître, ce
ble, que Pline et les démonographes disent
qui le rendit très-infortuné. On attribue aussi
excellente contre les charmes de la magie
à l'inspiration des démons certaines amours
Amîlcar ,
— général carthaginois. Assié- monstrueuses, comme la passion de Pygma-
geant Syracuse, il crut entendre, pendant son lion pour sa statue. Un jeune homme devint
sommeil, une voix qui l'assurait qu'il souperait pareillement éperdu pour la Vénus de Praxi-
le lendemain dans la ville. En conséquence, il tèle; un Athénien se tua de désespoir aux pieds
fit donner l'assaut de bon matin, espérant de la statue de la Fortune, qu'il trouvait insensi-
enlever Syracuse et y souper, comme le lui ble. Ces traits nesont que des folies déplorables.
promettait son rêve.
gés et y soupa en
fut pris par les assié- Il
Amoymon OU Amaïmon, — l'un des quatre
non pas en vainqueur,
effet,
rois de l'enfer, dont il gouverne la partie
ainsi qu'il s'y était attendu, mais en captif,
orientale. On l'évoque le matin de neuf heu-
ce qui n'empêcha pas le songe d'avoir prédit
res cà midi, et le soir, de trois à six heures.
juste 2 Hérodote conte qu'Amilcar, vaincu par
.

Asmodée est son lieutenant et le premier


Gélon, disparut vers la fin de la bataille, et 5.
prince de ses états
qu'on ne le retrouva plus; si bien que les Car-
thaginois le mirent au rang de leurs Dieux et
Amphîaraùs, — devin
de l'antiquité, qui
se cacha pour ne pas aller à la guerre de
lui offrirent des sacrifices.
Ammon, — VOy. JuPITER-AsiMON. Thèbes, parce qu'il avait prévu qu'il y mour-
rait; ce qui eut lieu lorsqu'on l'eut découvert
Amniomanc'e, —
divination sur la coiffe et forcé à s'y rendre; mais il ressuscita. On
ou membrane qui enveloppe quelquefois la lui éleva un temple dans l'Attique, près d'une
télé dés enfants naissants, ainsi nommée de fontaine sacrée par laquelle il était revenu
céltocôijfoj que les médecins appelaient en grec
1
Wierus, in Psendomonarchià da?m.
1
Del a ne n\ De l'Inconstance, etc., liv. iv, dise. 3. u Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t I er .

' Vai. rc Maxime. •!


Wierus, in Pseudomonarchiâ d»m.
A MU — >9 — AMU
des enfers. Il guérissait les malades en leur avait aux prétendus génies gouverneurs du
indiquant des remèdes en songe; il rendait monde. Thiers 1 un grand nombrede
a rapporté
aussi par ce moyen des oracles, moyennant passages des Pères à ce sujet et les canons de
argent. Après les sacrifices, le consultant s'en- plusieurs Conciles. —
Les lois humaines con-
dormait sur une peau de mouton et il lui , damnèrent aussi l'usage des amulettes. L'em-
venait un rêve qu'on savait toujours interpré- pereur Constance défendit d'employer les
ter après l'événement. On lui attribue des amulettes et les charmes à la guérison des
prophéties écrites en vers, qui ne sont pas maladies. Celte loi, rapportée par Ammien
venues jusqu'à nous. Voy. Pyromancie. Marcellin, fut exécutée si sévèrement, que

Amphioa, —
Pausanias Wierus et beau- ,
Valentinien fit punir de mort une vieille femme

coup d'autres mettent Amphion au rang des qui était la fièvre avec des paroles charmées,
et qu'il fit couper la tête à un jeune homme
habiles magiciens, parce qu'il rebâtit les murs
qui touchait un certain morceau de marbre
de Thèbes au son de sa lyre.
en prononçant sept lettres de l'alphabet pour
Amphisbène , —
serpent auquel on attri-
guérir le mal d'estomac 2 Mais comme il . —
bue deux aux deux extrémités, par les-
tètes
fallait des préservatifs, on trouva moyen d'é-
quelles il mord également. Le docteur Brown
luder la loi; on fit des amulettes avec des
a combattu cette erreur, que Pline avait adop-
morceaux de papier chargés de versets de
tée. « On ne nie point, dit Brown l
,
qu'il n'y
l'Écriture sainte. Les lois se montrèrent moins
ait eu quelques serpents à deux têtes, dont rigides contre celle coutume, et on laissa aux
chacune était à l'extrémité opposée. Nous prêtres le soin d'en modérer les abus. Les —
trouvons dans Abdovrand un lézard de cette
Grecs modernes, lorsqu'ils sont malades,
même forme, et tel était peut-être l'amphis- écrivent le nom de leur infirmité sur un pa-
bène dont Cassien du Puy montra la figure
pier triangulaire qu'ils attachent à la porte
au savant Faber. Cela arrive quelquefois aux
de leur chambre. Ils ont grande foi à cette
animaux qui font plusieurs petits à la fois,
amulette. — Quelquespersonnes portent sur
et surtout aux serpents, dont les œufs étant
elles le commencement de l'Évangile de saint
attachés les uns aux autres ne peuvent s'u-
Jean comme un préservatif contre le tonnerre;
nir sous formes et s'éclore de la
diverses
et ce qui est assez particulier, c'est que les
sorte. Mais ce sont là des productions mon-
Turcs ont confiance à cette même amulette, si
strueuses, contraires à cette loi suivant laquelle l'on en croit Pierre Leloyer 5 On lit dans . —
toute créature engendre son semblable, et qui
Thyraeus 4 qu'en '1568,1e prince d'Orange con-
sont marquées comme irrégulières dans le cours
damna un prisonnier espagnol à mourir dans le
général de la Nous douterons donc que
nature.
diocèse de Juliers; que ses soldats l'attachèrent
l' amphisbène une race de serpents à deux
soit
à un arbre et s'efforcèrent de le tuer à coups
tètes jusqu'à ce que le fait soit confirmé. »

Amulette, —
préservatif. On appelle ainsi
1

2
Traité des superstitions, liv. v, ch. 1.

Voyez Ammien-Marcellin,lib. xvi, XIX, XXIX, et le


certains remèdes superstitieux que l'on porte P. Lebrun, liv. m, ch. 2.
sur soi ou que l'on s'attache au cou pour se 3 « Une autre question est de savoir
si c'est une su-

préserver de quelque maladie ou de quelque perstition de porter sur soi les reliques des saints, une
croix, une image, une chose bénite par les prières de
danger. Les Grecs les nommaient phylactères, l'église, un agnus-Dci , etc., et si l'on doit mettre ces

les Orientaux talismans. C'étaient des images choses au rang des amulettes comme le prétendent les
,

protestants. Nous reconnaissons que si l'on attribue à


capricieuses (un scarabée chez les Égyptiens), ces choses la vertu surnaturelle de préserver d'accidents,
des morceaux de parchemin, de cuivre, d'é- de mort subite, de mort dans l'état de péché, e'c, c'est
une superstition. Elle n'est pas du même genre que celle
tain, d'argent, ou encore des pierres particu- des amulettes, dont le prétendu pouvoir ne peut pas se
rapporter à Dieu; mais c'est ce que les théologiens ap-
lières où l'on avait tracé de certains caractères pellent vaine observance, parce que l'on attribue à des
ou de certainshiéroglyphes. —Comme cette su- choses saintes et respectables un pouvoir que Dieu n'y
perstition est a point attaché. Un chrétien bien instruit ne les envisage
née d'un attachement excessif à la point ainsi; il sait que les saints ne peuvent nous se-
vie et d'une crainte puérile de tout ce qui peut courir que par leurs prières et par leur intercession au-
nuire, le christianisme n'est pas venu à bout près de Dieu c'est pour cela que l'Eglise a décidé qu'il
;

'est utile et louable de les honorer et de les invoquer. Or


de la détruire universellement 2 Dès les pre- . c'est un signe d'invocation et de respect à leur égard de

miers siècles de l'église, les Pères et les Con- porter sur soi leur image ou leurs reliques; de même
que c'est une marque d'affection et de respect pour une
ciles défendirent aux fidèles ces pratiques du personne que de garder son portrait ou quelque chose
qui lui ait appartenu. Ce n'est donc ni une vaine obser-
paganisme. Ils représentèrent les amulettes
vance ni une folle confiance d'espérer qu'en considéra-
comme un reste idolâtre de la confiance qu'on tion de l'affection et du respect que nous témoignons à
un saint, il intercédera et priera pour nous. » Il en est
de même des croix et des agnus- Dci. Bergier, Diction-
1
Essai sur les erreurs, liv. iil, ch. 15. naire théologique.
2
Bcrgier, Dictionnaire théologique. i
Disp. de Dœmoniac, pars 3, cap. 15.
AN A — i — AN A
d'arquebuse, mais queleursballesne l'atteigni- frère : l'Anne d'or, et le père d'Orléans dé-
rent point. On le déshabilla pour s'assurer s'il couvrit dans celui du père Proust : Pur sot. —
n'avait pas sur lapeau une armure qui arrê- Un nommé André Pujon, de la haute Auver-
tât le coup, on trouva une amulette portant gne, passant par Lyon pour se rendre à Paris,
la figpre d'un agneau; on la lui ôta, et le rêva la nuit que l'anagramme de son nom
premier coup de fusil l'étendit roide mort. — était pendu à Riom. En effet, on ajoute que
On voit, dans la" vieille chronique de dom le lendemain il s'éleva une querelle entre lui
Ursino, que quand sa mère l'envoya, tout pe- et un homme de son auberge, qu'il tua son

tit enfant qu'il était, à Saint-Jacques de Com- adversaire, et fut pendu huit jours après sur
postelle, elle lui mit au cou une amulette que la place publique de Riom. C'est un vieux —
son époux avait arrachée à un chevalier maure. conte renouvelé. On voit dans Delancre 1 que
La vertu de cette amulette était d'adoucir la le pendu s'appelait Jean de Pruom, dont l'a-

fureur des bêtes cruelles. En traversant une nagramme est la même. J.-B. Rousseau, —
forêt, une ourse enleva le petit prince des qui ne voulait pas reconnaître son père parce
mains de sa nourrice et l'emporta dans sa que ce n'était qu'un humble cordonnier, avait
caverne; mais, loin de lui faire aucun mal, pris le nom de Verniettes, dont l'anagramme
elle l'éleva avec tendresse; il devint par la fut faite; on y trouva Tu te renies. On fît de
suile très-fameux sous le nom de dom Ur- Pierre de Ronsard, rose de Pindare. On donna
sino, et futreconnu par son père, à qui la lé- le nom de cabale à la ligue des favoris de

gende succéda sur le trône de Na-


dit qu'il Charles II d'Angleterre, qui étaient Clitford,
varre. —
Les nègres croient beaucoup à la Ashley, Buckingham, Arlington, Lauderdale,
puissance des amulettes. Les Bas-Bretons leur parce que les initiales des noms de ces cinq
attribuent le pouvoir de repousser le démon. ministres formaient le mot cabal. On voulut
Dans le Finistère, quand on porte un enfant présenter comme une prophétie cet ana-
au baptême, on lui met au cou un morceau gramme de Louis quatorzième, roi de France
de pain noir, pour éloigner les sorts et les et de Navarre : « Va, Dieu confondra l'armée
maléfices que les vieilles sorcières pourraient qui osera te résister » —
Les juifs caba-
jeter sur lui. Voy. Alès. listes ont fait des anagrammes la troisième

Amy, —
grand président aux enfers, et partie de leur cabale : leur but est de trou-

l'un des princes de la monarchie infernale. Il


ver, dans la transposition des lettres ou des

parait là-bas environné de flammes mais ici


mots, des sens cachés ou mystérieux. Voy.
,

OiXOMAXCIE.
sous des traits humains. Il enseigne les se-
crets de l'astrologie et des arts libéraux; il Anamelech, — démon obscur ,
porteur de
donne de bons domestiques; il découvre, à mauvaises nouvelles. Il était adoré à Sephar-
ses amis, les trésors gardés par les démons; vaïm, des Assyriens. Il
ville s'est montré sous
il est préfet de trente-six légions. Des anges la figure d'une caille. Son nom signifie, à ce
déchus et des puissances sont sous ses ordres. qu'on dit, bon roi; et des doctes assurent que
11 espère qu'après deux cent mille ans il re- ce démon est la lune, comme Adrameiech est
tournera dans le ciel pour y occuper le septième le soleil.
Irène ; ce qui n'est pas croyable, dit Wierus l
.
Anancitide, — V01J. AglAOPIIOTIS.
Amyraut (Moïse), théologien protestant, Anania OU Anagni (Je.VND'), — juriscon-
né dans l'Anjou, en
1596, mort en 1664. sulte du quinzième siècle, à qui on doit quatre
On lui doit un Traite des songes aujourd'hui , livres De la Nature des démons-, et un traité
peu recherché. De la Magie et des maléf/ces 3 Ces ouvrages sont .

Anagramme. — Il V Cllt des gens, surtout peu connus. Anania mourut en Italie en 458. 1

dans les quinzième et seizième siècles, qui Ananisapta. —


Les cabalistes disent que ce
prétendaient trouver des sens cachés dans les mot écrit sur un parchemin vierge est un ta-
mots qu'ils décomposaient, et une divination lisman très- efficace contre les maladies. Les
dans anagrammes. On cite comme une des
les
lettres qui le composent sont, a leur avis, les
plus heureuses celle que l'on lit sur le meur-
initiales de tous les mots qui forment cette
trier de Henri III, Frère dit Jacques Clément, prière Antidotum Nazareni Auferat Necem
où l'on trouve : C'est Venfar qui ma créé. — :

Intox icat ionis Sanctificet Alimenta Pocula-


,

Deux religieux en dispute, le père Proust et le


<jae Trinitas Aima.
père d'Orléans, faisaient des anagrammes; le
prre PfOUSt trouva dans le nom de son con- 1
L Incrédulité et mécréance, etc., trailé 5.
'-'
De Naturâ dapmpnum, lib. iv,in-12: Neapoli, K>0J.
' Jn Paeudomon. daernonum. !
De Magià et maleliciis, in- 4°; Lugduni, 1669.
ANA — 31 •— AJND
Anansié.— C'est le nom de l'araignée gi- laire, qu'il faut enfoncer avec un marteau dont
le manche soit de bois de cyprès, et on dit
gantesque et toute-puissante à qui les nègres
de la Côte d'Or attribuent la création de quelques paroles prescrites rigoureusement
l'homme. à cet effet. Alors le voleur se trahit par un

Anarazel , —
l'un des démons chargés de la
grand cri. —
S'il s'agit d'une sorcière, etqu'on

veuille seulement ôter le maléfice pour le re-


garde des trésors souterrains, qu'ils transpor- jeter sur celle qui l'a jeté, on prend le samedi,
tent d'un lieu à un autre pour les dérober aux avant le lever du soleil, une branche de cou-
recherches des hommes. C'est Anarazel qui, drier d'une année, et on dit l'oraison suivante:
avec ses compagnons Gaziel et Fécor, ébranle « Je te coupe, rameau de cette année, au nom
les fondements des maisons excite les tem- ,
» de celui que je veux blesser comme je te
pêtes, sonne les cloches à minuit, fait paraître
» blesse. » On met la branche sur la table, en
les spectres et inspire les terreurs nocturnes.
répétant trois fois une certaine prière qui se
Anathème. — Ce mot, tiré du grec, signifie termine par ces mots Que le sorcier ou la sor-
:

exposé, signalé, dévoué. On donnait chez les cière soit anathème, et nous saufs 1 » !

païens le qu'un
nom d'anathèmes aux filets Anatolius, — philosophe platonicien, maître
pêcheur déposait sur l'autel des nymphes de de Jamblique, et auteur d'un traité des Sym-
la mer, au miroir que Laïs consacra à Vénus, pathies et des antipathies , dont Fabricius a
aux offrandes de coupes, de vêtements, d'in- conservé quelques fragments dans sa Biblio-
struments et de figures diverses. On l'appli- thèque grecque.
qua ensuite aux objets odieux que l'on expo- Anaxîias, — philosophe pythagoricien qui
sait dans un autre sens, comme la tête ou les vivait sous Auguste. On l'accusa de magie,
dépouilles d'un coupable et l'on appela ana- ;
parce qu'il faisait de mauvaises expériences
thème la victime vouée aux dieux infernaux. de physique, et Auguste le bannit. Il fut l'in-
Chez les juifs l'anathème a été généralement venteur du flambeau infernal, qui consiste à
pris ainsi en mauvaise part. Chez les chré- brûler du soufre dans un lieu privé de lu-
tiens c'est la malédiction ou l'être maudit.
mière, ce qui rend les assistants fort laids.
L'homme frappé d'anathème est retranché de
la communion des fidèles. Il y a beaucoup
Andersen (ALEXANDRE). — VAMPIRES. VOIJ.

d'exemples qui prouvent les effets de l'ana- Andrade, — médecin qui eut des révélations
thème et comment expliquer ce fait constant, en 853. Elles sont peu curieuses; cependant
;

que peu d'excommuniés ont prospéré? voy. — Duchesne les a recueillies dans sa Collection
2
Excommunication, Pierres de malédic- des historiens français .

tion, etc. —
Les magiciens et les devins em- Andras, —
grand marquis aux enfers. On
ploient une sorte d'anathème pour découvrir le voitavec le corps d'un ange, la tête d'un
les voleurs et les maléfices : voici cette super- chat-huant, à cheval sur un loup noir, et por-
stition. Nous prévenons ceux que les détails
tant à la main un sabre pointu. Il apprend à
pourraient scandaliser qu'ils sont extraits des tuer ses ennemis, maîtres et serviteurs; c'est
grimoires. On prend de l'eau limpide on ras- ;
lui qui élève les discordes et les querelles; il

semble autant de petites pierres qu'il y a de commande trente légions.


personnes soupçonnées; on les fait bouillir dans
cette eau on les enterre sous le seuil de la
André (Tobie), — aulenr d'un livre sur le
;
pouvoir des mauvais anges, rare et peu re-
porte par où doit passer le voleur ou la sor-
cherché 5 Dix-septième siècle.
.

cière, en y joignant une lame d'étain sur la-


quelle sont écrits ces mots Christus vincit, :
Andreœ (Jean-Valentin), luthérien, né —
dans le duché cle Wurtemberg en 1596, mort
Christus régnât, Christus imper at. On a eu
en 654. Ses connaissances, son activité, les
soin de donner à chaque pierre le nom de l'une
1

des personnes qu'on a lieu de soupçonner. — mystérieuses allusions qui se remarquent dans
ses premiers ouvrages l'ont fait regarder
On ôte le tout de dessous le seuil de la porte au
lever du soleil; si la pierre qui représente le
comme le fondateur du "fameux ordre des
Roses-Croix. Plusieurs écrivains allemands lui
coupable est brûlante, c'est déjà un indice.
attribuent au moins la réorganisation de cet
Mais, comme le diable est sournois, il ne faut
ordre secret, affilié depuis à celui des Francs-
pas s'en contenter; on récite donc les sept
psaumes de la Pénitence, avec les Litanies Wicfus, De Prfcstig. dœm., Mb. v, cap. 5.
1

des Saints : on prononce ensuite les prières de Excerpta libri revelationum Andradi medici
> , atitio
l'exorcisme contre le voleur ou la sorcière 853, tomo II, Scriptorum And. Duchesne.
;
3 Tobirc Andrese Exercitationes philosophiez de an-
on écrit son nom dans un cercle ;
on plante sur
gel or iim malorum potentia in corpora, in-]2; Amstet.,
Ce nom un clou d'airain , de forme triangu- 1691.
AN-E — !
— ANE
Maçons, qui révèrent mémoire d'Andréa).la cet animal honoré dans l'Arabie.
était Cer- —
— Ses ouvrages, au nombre de cent, prêchent tains peuples trouvaient quelque chose de
généralement la nécessité des sociétés secrètes, mystérieux dans cette innocente bête, et on
surtout la République Christianopolitaine, la pratiquait autrefois une divination dans la-
Tour de Babel, Chaos des jugements portés
le quelle on employait une tête d'âne. Voy. —
sur la Fraternité delà Rose-Croix, l'Idée d'une Keph alonomancie . — Ce n'est pas ici le lieu

Société Chrétienne, la Réforme générale du de parler de la fête de l'âne. Mais relevons


Monde et les Noces chimiques de Chrétien
,
une croyance populaire qui fait de la croix
Rosencreutz. —
On attribue à Andréa) des voya- noire qu'il porte sur le dos une distinction ac-
ges merveilleux, une existence pleine de mys- cordée à l'espèce à cause de l'ânesso de
,

tères et des prodiges qu'on a copiés récem- Bethphagé. C'est un fait singulier. Mais Pline,
ment dans la peinture qu'on nous a faite des qui était presque contemporain de l'ânesse qui
tours de passe-passe de Cagliostrô. porta notre Seigneur, et qui a rassemblé avec
soin tout ce qui concerne l'âne, ne parle d'au-
Andrîague, — animal fabuleux, espèce de
cune révolution survenue dans la distribution
cheval ou de griffon ailé, que les romanciers
de la couleur et du poil de cet animal on
de la chevalerie donnent quelquefois aux ma- ;

doit donc croire que les ânes ont toujours


giciens et à leurs héros,
aussi dans des contes de fées.
et qu'on retrouve
porté cette marque. Chez les Indiens du —
Maduré une des premières castes, celle des
Androalphus —
puissant démon, marquis
,
,

cavaravadouks, prétend descendre d'un âne ;

de l'empire infernal; il se montre sous la fi- ceux de cette caste traitent les ânes en frères,
gure d'un paon à la voix grave. Quand il pa- prennent leur défense, poursuivent en justice
rait avec la forme humaine, on peut le con- et font condamner à l'amende quiconque les
traindre à donner des leçons de géométrie. Il charge trop ou les bat et les outrage sans rai-
est astronome, et enseigne à ergoter habile- son. Dans les temps de pluie, ils donneront
ment. Il donne aux hommes des ligures d'oi- le couvert à un âne et le refuseront à son con-
seaux ce qui permet à ceux qui commercent
; ducteur, s'il n'est pas de certaine condition 1
.

avec lui d'éviter la griffe des juges. Trente lé- — Voici une vieille fable sur l'âne Jupiter :

gions sont sous ses ordres *.


venait de prendre possession de l'empire; les
Androgina. — Bodin et Delancre content 2 hommes, à son avènement, lui demandèrent
qu'en 1536, à Casai, en Piémont, on remar- un printemps éternel ce qu'il leur accorda ,
;

qua qu'une sorcière nommée Androgina en- il chargea l'âne de Silène de porter sur la

trait dans les maisons, et que bientôt après terre ce présent. L'âne eut soif, et s'appro-
on y mourait. Elle fut prise et livrée aux ju- cha d'une fontaine le serpent qui la gardait,
;

ges, elle confessa que quarante sorcières, ses pour lui permettre d'y boire, lui demanda le
compagnes, avaient composé avec elle le ma- trésor dont il était porteur, et le pauvre ani-
léfice. C'était un onguent dont elles allaient mal troqua le don du ciel contre un peu d'eau.
graisser les loquets des portes; ceux qui tou- C'est depuis ce temps, dit-on, que les vieux
chaient ces loquets mouraient en peu de jours. serpents changent de peau et rajeunissent
— « La même chose advint à Genève en 563, 1
perpétuellement. —
Mais il y a des ânes plus
ajoute Delancre, si bien qu'elles y mirent la adroits que celui-là à une demi-lieue du:

peste, qui dura plus deseptans. Centsoixantc- Kaire se trouvait, dans une grande bourgade,
rlix sorcières furent exécutées à Rome pour un bateleur qui avait un âne si instruit que
cas semblable sous le consulat de Claudius les manants le prenaient pour un démon dé-

Marcellus et de Valerius Flaccus: mais la sor- guisé. Son maître le faisait danser ensuite il ;

cellerie n'étant pas encore bien reconnue, on lui disait que le Soudan voulait construire un

les prenait simplement alors pour des empoi- bel édifice, et qu'il avait résolu d'employer
sonneuses » tous les ânes du Kaire à porter la chaux, le

Androïdes, — automates
mortier et la pierre. Aussitôt l'âne se laissait
humaine. à ligure
— Voy. Mécanique Albert-le-Grand. et
tomber, roidissait
yeux comme
les jambes et fermait les
s'il eût été mort. Le bateleur se
Ane. — Les Égyptiens traçaient son image plaignait de la mort de son âne,
et priait qu'on
sur les gâteaux qu'ils offraient à Typhon, dieu luidonnât un peu d'argent pour en acheter
du mal. Les Romains regardaient la rencon- un autre. —
Après avoir recueilli quelque
tre de l'âne comme un mauvais présage. Mais
monnaie « Ah disait-il
: il n'est pas mort,
! ,

mais il a fait semblant de l'être parce qu'il


1
Wiems, in Pseudomon, dsemoii.
;
Démonomanic, Hv. iv, cl)'. 1. Tableau <lo l'incons-
tance, etc., liv. h, dise, 4.
1
Saint -Foix, t. II des Essais sur Paris. <
ANG — '
,
— AN G
.-ail que je n'ai pas le moyen de le nourrir. il publia deux volumes, et dont il en promet-
Lève-toi, » ajoutait-il. L'âne n'en faisait rien. tait vingt-quatre, sous le titre de Lumière
Ce que voyant le , maître annonçait que le magique, ou origine, ordre et gouvernement
Soudan avait fait crier à son de trompe que le de toutes les choses célestes, terrestres et in-
fernales, etc. i Mongitore en parle dans le
peuple eût à se trouver le lendemain hors de .

la ville du Kaire, pour y voir de grandes ma-


tome I er de sa Bibliothèque sicilienne.
gnificences. «Il veut, ajoutait-il, que les plus Angélique —
plante qui passe pour un
,

nobles dames soient, montées sur des ânes...» préservatif contre les fascinations delà magie.
— L'âne se levait à ces mots, dressant la tête On la mettait en manière d'amulette au cou des
et les oreilles en signe de joie. « Il est vrai, petits enfants pour les garantir des maléfices.
ajoutait le bateleur, que le gouverneur de mon Angerbode ou Angurbode, — femme gi-
quartier m'a prié de lui prêter le mien pour gantesque qui se maria avec le diable selon ,

sa femme ,
qui est une vieille roupilleuse l'opinion des Scandinaves, et qui enfanta trois
édentée. » L'âne baissait aussitôt les oreilles monstres le loup Fenris, le serpent Jormun-
:

et commençait à clocher comme s'il eût été gandur et la démone Héla, qui garde le

boiteux l. — Ces ânes merveilleux, disent les monde souterrain.


démonographes, étaient, sinon des démons, au Anges. — Les Juifs, à l'exception des sa-
moins des hommes métamorphosés comme , ducéens, admettaient et honoraient les anges,
Apulée, qui fut, ainsi qu'on sait, transmué en en qui ils voyaient, comme nous, des substan-
2
âne. Vincent de Beauvais parle de deux ces spirituelles, intelligentes, et les premières
femmes qui tenaient une petite auberge au- en dignité entre les créatures. L'Écri- —
près de Rome, et qui allaient vendre leurs ture sainte a conservé quelquefois aux dé-
hôtes au marché après les avoir changés en mons le nom d'anges, mais anges de ténèbres
cochons de lait, en poulets, en moutons. Une ou mauvais anges. Leur chef est appelé le
d'elles, ajoute-t-il, changea un comédien en grand dragon et l'ancien serpent, à cause
âne, et, comme il conservait ses talents sous de la forme qu'il prit pour tenter la femme.
sa nouvelle peau, elle le menait dans les foi- — Zoroastre enseignait l'existence d'un
res des environs, où il lui gagnait beaucoup nombre infini d'anges ou d'esprits média-
d'argent. Un voisin acheta très-cher cet âne teurs, auxquels non-seulement
il attribuait
savant; en le lui livrant, la sorcière se borna un pouvoir subordonné à la
d'intercession
à lui recommander de ne pas le laisser entrer providence continuelle de Dieu, mais un
dans l'eau, ce que le nouveau maître de l'âne pouvoir aussi absolu que celui que les païens
3
observa quelque temps. Mais un jour le pau- prêtaient à leurs dieux . C'est le culte rendu
vre animal ayant trouvé moyen de rompre
,
à des dieux secondaires que saint Paul a con-
son licou se jeta dans un lac, où il reprit sa
, damné 5 Les musulmans croient que les hom-
.

forme naturelle, au grand étonnement de son mes ont chacun deux anges gardiens dont ,

conducteur. L'affaire fut portée au juge, qui fit l'un écrit le bien et l'autre le mal. Ces anges
châtier les deux sorcières. Les rabbins font — sont si bons, ajoutent-ils, que, quand celui
très-grand cas de l'ânesse de Balaam. C'est, qui est sous leur garde fait une mauvaise ac-

disent-ils, un animal privilégié que Dieu forma dormir avant de l'enregis-


tion, ils le laissent
à la fin du sixième jour. Abraham se servit trer, espérant qu'il pourra se repentir à son
d'elle pour porter le bois destiné au sacrifice réveil. —
Les Persans donnent à chaque
d'Isaac; elle porta ensuite la femme et le fils homme cinq anges gardiens, qui sont placés :

de Moïse dans le désert. Ils assurent que cette le premier à la droite pour écrire ses bonnes
ânesse est soigneusement nourrie et réservée actions, le second à sa gauche pour écrire les
dans un lieu secret jusqu'à l'avènement du mauvaises le troisième devant lui pour le
,

Messie juif, qui doit la monter pour soumettre conduire le quatrième derrière pour le ga-
,

toute la terre. Voy. Borack. rantir des démons, et le cinquième devant son

Angat. — Nom du diable à Madagascar,


front pour tenir son esprit élevé vers
phète. D'autres portent le nombre des anges
le pro-

où est regardé comme un génie sanguinaire


il

et cruel. On lui donne la figure du serpent.


gardiens jusqu'à cent soixante. Les Siamois —
divisent les anges en sept ordres, et les char-
Angelieri ,
—* Sicilien du dix-septième
T
Lux magica academica cœlestium , terrestrium et
,

siècle, qui n'est connu que par un fatras dont infernorumorigo, ordo et subordinatio cunctorum quoad
esse, fieri et operari, XXIV voluminibus divisa. Pars 1,
Venise, 1686, sous le nom de Livio Betani; pars 2, Ve-
* Léon Africanus, part. S délia Africa, cité dans Le- nise, 1687. Ces deux vol. sont in-4".
loyer. 2 Bergier, Dictionnaire théologique,
?
In Specul. natur., lib. fif, cap. 109. J
Coloss., cap. 2, vers. 18.
ANG 3^ — AM
gent de garde des planètes, des villes, des
la près d'elle. Quand un Groenlandais tombe
personnes. Ils disent que c'est pendant qu'on malade , c'est encore l'anguekkok qui lui sert
éternue que les mauvais anges écrivent les de médecin, etqui se charge également de
fautes des hommes. —
Les théologiens ad- guérir les maux du corps et ceux de l'àme *.

mettent neuf chœurs d'anges en trois hiérar- VOIJ. TORNGARSUK.


chies les Séraphins, les Chérubins, les Trô-

:
Anguille. —
Les livres de secrets prodi-
nes; les Dominations, les Principautés, les
gieux donnent à l'anguille des vertus surpre-
Vertus des Cieux; —
les Puissances, les Ar-
nantes. Si on la laisse mourir hors de l'eau,
changes et les Anges. Parce que des an- — qu'on mette ensuite son corps entier dans du
ges en certaines occasions où Dieu l'a voulu, fort vinaigre et du sang de vautour, et qu'on
ont secouru les Juifs contre leurs ennemis, les place le tout sous du fumier, cette composi-
peuples modernes ont quelquefois attendu le tion « fera ressusciter tout ce qui lui sera pré-
même prodige. Le jour de la prise de Con- senté , la vie comme aupa-
et lui redonnera
slantinople par Mahomet II, les Grecs schis- »—
ravant 2 Des autorités de la même force
.

matiques, comptant sur la prophétie d'un de disent encore que celui qui mange le cœur
leurs moines, se persuadaient que les Turcs tout chaud d'une anguille sera saisi d'un in-
n'entreraient pas dans la ville, mais qu'ils se- stinct prophétique et prédira les choses futu-
raient arrêtés aux murailles par un ange armé
d'un glaive qui les chasserait et les repousse-
res. — Les Égyptiens adoraient l'anguille, que
leurs prêtres seuls avaient droit de manger.
rait jusqu'aux frontières de la Perse. Quand On a beaucoup parlé dans le dernier siècle, ,

l'ennemi parut sur la brèche, le peuple et


des anguilles formées de farine ou de jus de
l'armée se dans le temple de
réfugièrent
Sainte-Sophie, sans avoir perdu tout espoir;
mouton. Voy. Néedham. — N'oublions pas le

rapporté par Guillaume


petit trait d'un avare,
mais l'ange n'arriva pas et la ville fut sac- de Malmesbury, doyen d'Elgin, dans la pro-
cagée. —
Cardan raconte qu'un jour qu'il vince de Murray en Écosse, qui fut changé en
était à Milan, le bruit se répandit tout à anguille et mis en matelote 5
.

coup qu'il y avait un ange dans les airs


au-dessus de la ville. Il accourut et vit, Animaux. — Ilsjouent un grand rôle dans
les anciennes mythologies. Les païens en ado-
ainsi que deux mille personnes rassemblées
raient plusieurs, ou par terreur, ou par re-
un ange qui planait dans les nuages, armé'
connaissance, ou par suite des doctrines de la
d'une longue épée et les ailes étendues. Les
habitants s'écriaient que c'était l'ange ex-
métempsycose. Chaque dieu avait un animal
qui lui était dévoué. Les anciens philosophes
terminateur; et la consternation devenait gé-
avaient parfois, au sujet des animaux, de sin-
nérale lorsqu'un jurisconsulte fil remarquer
,

gulières idée.'Celse qui a été si bien battu


que ce qu'on voyait n'était que la représen- ,

dans les nuées d'un ange par Origène soutenait très - sérieusement
tation qui se faisait ,

de marbre blanc placé au haut du clocher de


que les animaux ont plus de raison plus de ,

Saint-Gothard. Voy. Armées prodigieuses. sagesse, plus de vertu que l'homme (peut-être
jugeait-il d'après lui-même), et qu'ils sont
Angeweiller, — FÉES.
VOIJ .
dans un commerce plus intime avec la Divi-
Anguekkok, — espèce de
sorcier auquel nité. Quelques-uns ont cherché dans de telles

les Groenlandais ont recours dans tous leurs idées l'origine du culte que les Egyptiens ren-
embarras. Ainsi, quand les veaux marins ne daient à plusieurs animaux. Mais d'autres
se montrent pas en assez grand nombre, on va mythologues vous diront que ces animaux
prier l' Anguekkok d'aller trouver la femme qui, étaient révérés parce qu'ils avaient prêté leur
selon la tradition, a traîné la grande île de peau aux dieux égyptiens en déroute et obli-
Disco de la rivière de Baal, où elle était située gés à se travestir. Vqy. Ame des bètes.
autrefois, pour la placer à plus de cent lieues — Divers animaux sont très-réputés dans la
de à l'endroit où elle se trouve aujour-
là, sorcellerie, comme le coq, le chat, le crapaud,

d'hui. D'après la légende, cette femme habite le loup, le chien, ou parce qu'ils accompa-

au fond de la mer, dans une vaste maison gnent les sorcières au sabbat, ou pour les pré-
gardée par les veaux marins; des oiseaux de sages qu'ils donnent, ou parce que les magi-
mer nagent dans sa lampe d'huile de poisson, ciens et les démons empruntent leurs formes.
et les habitants de l'abîme se réunissent au- Nous en parlerons à leurs articles particuliers.
tour d'elle, attirés par sa beauté, sans pou-
1
Expédition du capitaine Graah dans le Groenland.
voir la quitter, jusqu'à ce que l'anguekkok la
?
Admirables secrets d'Albert le Grand, liv. n, ch. 3.
saisisse par les cheveux, et, lui enlevant sa 3 Cité par M Saignes, Des Erreurs et des préjugés,
coiffure, rompe le charme qui les retenait au- t. I" , p. 323
ANN — 35 — ANN
— Dix animaux sont admis dans leparadis de généralement soin de courber le doigt annu-
Mahomet : la baleine de Jonas , la fourmi de laire au moment où elles reçoivent l'anneau,
Salomon le bélier d'Ismaël le veau d'Abra-
. , de manière à l'arrêter avant la seconde join-
ham, l'àne d'Aasis, reine de Saba la cha- , i ture. —
Les Anglaises, qui observent la même
melle du prophète Saleh, le bœuf de Moïse, le superstition, font le plus grand cas de l'anneau
chien des sept dormants le coucou de Belkis, d'alliance à cause de ses propriétés. Elles
,

et l'âne de Mahomet. Voy. Borack. Nous — croient qu'en mettant un de ces anneaux dans
ne dirons qu'un mot d'une erreur populaire un bonnet de nuit, et plaçant le tout sous leur
qui, aujourd'hui, n'est plus très-enracinée. On chevet, elles verront en songe le mari qui leur
croyait autrefois que toutes les espèces qui est destiné. — Les Orientaux révèrent les an-
sont sur la terre se trouvaient aussi dans la neaux et les bagues, et croient aux anneaux
mer. Le docteur Brown a prouvé que cette enchantés. Leurs contes sont pleins de pro-
opinion n'était pas fondée. « Il serait bien diges opérés par ces anneaux. Ils citent sur-
difficile, dit-il, de trouver l'huître sur la terre ; tout,avec une admiration sans bornes, l'an-
et la panthère le chameau
, la taupe ne se , neau de Salomon, par la force duquel ce prince
rencontrent pas dans l'histoire naturelle des commandait à toute la nature. Le grand nom de
poissons. D'ailleurs le renard, le chien, l'âne, Dieu est gravé sur cette bague, qui est gardée
le lièvre de mer ne ressemblent pas aux ani- par des dragons dans le tombeau inconnu de
maux terrestres qui portent le même nom. Le Salomon celui qui s'emparerait de cet anneau
:

cheval marin n'est pas plus un cheval qu'un serait maître du monde et aurait tous les gé-
aigle; le bœuf de mer n'est qu'une grosse nies à ses ordres. Voy. Sakhar. — A défaut
raie; le lion marin, une espèce d'écrevisse ; et de ce talisman prodigieux, ils achètent à des
le chien marin ne représente pas plus le chien magiciens des anneaux qui produisent aussi
de terre que celui-ci ne ressemble à l'étoile des merveilles. —
Henri VIII bénissait des an-
Sirius, qu'on appelle aussi le chien l . » — Il neaux d'or, qui avaient, disait-il, la propriété
serait long et hors de propos de rapporter ici de guérir de la crampe *. — Les faiseurs de
toutes les humain a
bizarreries que l'esprit secrets ont inventé des bagues magiques qui
enfantées par rapport aux animaux. Voy. Bê- ont plusieurs vertus. Leurs livres parlent de
tes, Excommunication, etc. Vanneau des voyageurs. Cet anneau,, dont le
Anj or ranci, — VOlJ. DENIS. secretn'est pas bien certain, donnait à celui qui
le portait le moyen
d'aller sans fatigue de
Anneau. —
y avait autrefois beaucoup
Il
Paris à Orléans de revenir d'Orléans à
, et
d'anneaux enchantés ou chargés d'amulettes
les magiciens faisaient des anneaux constellés
;
Paris dans la même journée. Mais on n'a —
pas perdu le secret de Vanneau d'invisibilité.
avec lesquels on opérait des merveilles. Voy.
Les cabalistes ont laissé la manière de faire
Eléazar. —
Cette croyance était si répandue
cet anneau, qui plaça Gigès au trône de Lydie.
chez les païens, que leurs prêtres ne pouvaient un mer-
Il faut entreprendre cette opération
porter d'anneaux, à moins qu'ils ne fussent si
credi de printemps, sous les auspices de Mer-
simples qu'il était évident qu'ils ne conte-
cure, lorsque cette planète se trouve en con-
naient pas d'amulettes
2
Les anneaux ma-
. — jonction avec une des autres planètes favora-
giques devinrent aussi de quelque usage chez
bles, commeLune, Jupiter, Vénus et le
la
les chrétiens, et même beaucoup de supersti-
Soleil. Que de bon mercure fixé et
l'on ait
tions se rattachèrent au simple anneau d'al-
purifié on en formera une bague où puisse
:

liance. On croyait qu'il y avait dans le qua-


entrer facilement le doigt du milieu; on en-
trième doigt, qu'on appela doigt annulaire,
châssera dans le chaton une petite pierre que
une ligne qui répondait directement au cœur;
l'on trouve dans le nid de la huppe, et on gra-
on recommanda de mettre l'anneau d'alliance
vera autour de la bague ces paroles Jésus :

à ce seul doigt. Le moment où le mari donne


passant f par le milieu d'eux f s'en allait;
l'anneau à sa jeune épouse devant le prêtre,
puis, ayant posé le tout sur une plaque de
ce moment, dit un vieux livre de secrets, est
mercure fixé, on fera le parfum de Mercure;
de la plus haute importance. Si le mari arrête
on enveloppera l'anneau dans un taffetas de la
l'anneau à l'entrée du doigt et ne passe pas
couleur convenable à la planète, on le por-
laseconde jointure, la femme sera maîtresse;
tera dans le nid de la huppe d'où l'on a tiré
mais s'il enfonce l'anneau jusqu'à l'origine du neuf jours; et quand
la pierre, on l'y laissera
doigt, il sera chef et souverain. Cette idée est
on on fera encore le parfum comme
le retirera,
encore en vigueur, et les jeunes mariées ont
la première fois; puis on le gardera dans une
1
Brown, Des Erreurs populaires, liv. m, ch. 24.
» Aulu-Gelle, lik x, cap. 25. 1
Misson, Voyage d'Italie, t. III, p. 16, à la marge.
3.
,

\m --- 3G — ANS
a
petite boite faite avecdu mercure lixé, pouf laient à une mine d'argent dont il avait i

s'en servir à l'occasion. Alors on mettra la garde. C'est un démon méchant et terrible.

bague à son doigt; en tournant la pierre au Il semontre surtout en Allemagne; on dit qu'il
dehors de !a main, elle a la vertu de rendre a la figure d'un cheval, avec un cou immense
invisible aux yeux des assistants celui qui la et des yeux effroyables *.
porte; et quand on veut être vu, il suffit de Année. — Plusieurs peuples ont célébré par
rentrer la pierre en dedans de la main, que des cérémonies plus ou moins singulières le
Ton ferme en forme de poing. —
Porphyre retour du nouvel an. Chez les Perses, un jeune
Jamblique, Pierre d'Apone et Agrippa, ou du homme s'approchait du prince et lui faisait

moins les livres de secrets qui leur sont attri- des offrandes, en disant qu'il lui apportait la
bués, soutiennent qu'un anneau fait delà ma- nouvelle année de la part de Dieu. Chez nous,
nière suivante a la même propriété. Il faut on donne encore des étrennes. Les Gaulois
prendre des poils qui sont au-dessus de la tète commençaient l'année par la cérémonie du
de l'hyène et en faire de petites tresses
, gui de chêne, qu'ils appelaient le guide Fan
avec lesquelles on fabrique un anneau, qu'on neuf ou du nouvel an. Les druides, accompa-
porte aussi dans le nid de la huppe on le ; gnés du peuple, allaient dans une forêt, dres-
laisse là neuf jours; on le passe ensuite dans saient autour du plus beau chêne un autel
des parfums préparés sous les auspices de triangulaire de gazon , et gravaient sur le

Mercure. On s'en sert comme de l'autre an- tronc et sur les deux plus grosses branches de
neau, excepté qu'on Tôle absolument du doigt l'arbre révéré les noms des dieux qu'ils
quand on ne veut plus être invisible. — Si, croyaient les plus puissants : Theutatès, Ésus.
d'un autre côté, on veut se précautionner con- Tarants, Belenus. Ensuite, l'un d'eux, vêtu
tre l'effet de ces anneaux cabalistiques on , d'une blanche tunique, coupait le gui avec
aura une bague faite de plomb raffiné et purgé; une serpe d'or; deux autres druides étaient là
on enchâssera dans te chaton un œil de jeune pour le recevoir dans un linge, et prendre
belette qui n'aura porté des petits qu'une fois ; garde qu'il ne touchât la terre. Ils distri-
sur le contour on gravera les paroles suivan- buaient l'eau où ils faisaient tremper ce nou-
tes: Apparuit Dominus Simoni. Celte bague veau gui, et persuadaient au peuple qu'elle
se fera un jour de samedi, lorsqu'on connaîtra guérissait de plusieurs maladies et qu'elle était
que Saturne est en opposition avec Mercure. efficace contre les sortilèges-. — On appelle
On l'enveloppera dans un morceau de linceul année platonique un espace de temps à la
mortuaire où on le laissera neuf jours; puis, fin duquel tout doit se retrouver à la même

l'ayant retirée, on fera trois fois le parfum de place 3 Les uns comptent quinze mille ans
.

Saturne, et on s'en servira. —


Ceux qui ont pour cette révolution, d'autres trente -six
inventé ces anneaux ont raisonné sur le prin- mille. Il y en eut aussi qui croyaient ancien-
cipe de l'antipathie entre les matières qui les nement qu'au bout de cette période le monde
composent. Rien n'est plus antipathique à serait renouvelé, et que les âmes rentreraient
l'hyène que Saturne rétrograde
la belette, et dans leurs corps pour commencer une nou-
presque toujours à Mercure; ou, lorsqu'ils se velle vie sembable à la précédente. On conte
rencontrent dans le domicile de quelques si- là-dessus cette anecdote . — Deux Allemands,
gnes du zodiaque, c'est toujours un aspect étant au cabaret et parlant de cette grande
funeste et de mauvais augure
4
On peut
.
— année* platonique où toutes les choses doivent
faire d'autres anneaux sous l'influence des retourner à leur premier état, voulurent per-
planètes, et leur donner des vertus au moyen suader au maître du logis qu'il n'y avait rien
de pierres et d'herbes merveilleuses. « Mais de si vrai que cette révolution « de sorte, di-
;

dans ces caractères, herbes cueillies, constel- saient-ils, que, dans seize mille ans d'ici, nous
lations et charmes, le diable se coule, » comme serons à boire chez vous à pareille heure et
dit Leloyer. « Ceux qui observent les heures dans celte même chambre. » Là-dessus, ayant
des astres, ajoute-t-il n'observent que les
, peu d'argent en vrais Allemands qu'ils étaient,
,

heures des démons qui président aux pierres, ils le prièrent de leur faire crédit jusque-là.
aux herbes et aux astres mêmes. » Et il est— Le cabaretier leur répondit qu'il le voulait

de fait que ce ne sont ni des sainls ni des bien. « Mais, ajouta-t-il, parce qu'il y a seize
cœurs honnêtes qui se mêlent de ces supersti-
Wierus, De Prrcst., lib. I, cap. 22.
1
tions. 2
Saint-Foix, Essais, etc., t. II.
Anneberg, —
démon des mines; il tua un 3
Quelques-uns disaient que les corps célestes seule*
ment se retrouveraient au même point au bout de la
jour de son souille douze ouvriers qui Iravail- grande année. Cicéron, dans un pass-agede son Horten-
sius, conservé par Servius, fait cette grande année de
» Petit Albert. douze mille neuf cent cinquante-quatre des nôtres.
A NO — 7 — A NT
mille ans, jour pour jour, heure pour heure, paroles , selon les croyances populaires des
que vous étiez à boire ici, comme vous faites, et Corses , mais clans un sens très-bizarre , les

que vous vous en allâtes sans payer, acquittez puissances mystérieuses qui président à l'a-
le passé et je vous ferai crédit du présent...» nocchiatura ayantla singulièrehabitude d'exé-
— Le préjugé des années climatériques sub- cuter le contraire de ce qu'on souhaite. Aussi,
siste encore, quoiqu'on en ait démontré l'ab- dans la crainte de fasciner les enfanls en leur
surdité. Auguste écrivait à son neveu Caïus adressant des bénédictions ou des éloges, le

pour l'engager à célébrer le jour de sa nais- peuple qui leur veut du bien le leur prouve
sance, attendu qu'il avait passé la soixante- par des injures et des souhaits d'autant plus
troisième année, — cette grande climatérique favorables qu'ils sont plus affreusement ex-
si redoutable pour les humains. — Beaucoup primés i.

de personnes craignent encore l'année climaté-


rique; cependant une foule de relevés prou-
Anpiel, —
l'un des anges que les rabbins
chargent du gouvernement des oiseaux car ;

vent qu'il ne meurt pas plus d'hommes dans


ils mettent chaque espèce créée sous la pro-
la soixante-troisième année que dans les an-
tection d'un ou de plusieurs anges.
nées qui la précèdent. Mais un préjugé se dé-
truit avec peine. Selon ces idées, quePytha- Anselme de Parme , — astrologue ,
né à
gore fitnaître par ses rêveries sur les nom- Parme, où il mourut en 1440. Il avait écrit des
bres, notre tempérament éprouve tous les sept Institutions astrologiques, qui n'ont pas été
ans une révolution complète quelques-uns ; imprimées. Wierus 2 et quelques démonogra-
disent même qu'il se renouvelle entièrement; phes le mettent au nombre des sorciers. Des
d'autres prétendent que ce renouvellement n'a charlatans qui guérissaient les plaies au moyen
lieu que tous les neuf ans : aussi les années de paroles mystérieuses inventées par lui ont
climatériques se comptent par sept et par neuf. pris le nom d'anselmistes et, pour mieux en ;

Quarante-neuf et quatre-vingt-un sont très- imposer, ils se vantaient de tenir leur vertu
importantes, disent les partisans de cette doc- de guérir, non d'Anselme de Parme, mais de
trine; mais soixante-trois est l'année la plus saintAnselme de Cantorbéry.
fatale, parce que c'est la multiplication de sept
par neuf. Un Normand disait « Encore un :
Ansuperomîn sorcier des environs de
,

des miens pendu à quarante-neuf ans et qu'on !
Saint-Jean-de-Luz, qui, selon des informa-
dise qu'il ne faut pas se méfier des années cli- tionsprisessousHenri IV parle conseillerPierre
matériques » « On ne doit pourtant pas porter
!
Delancre 3 fut vu plusieurs fois au sabbat, à
,

trop loin, dit M. Salgues, le mépris de la pé- cheval sur un démon qui avait forme de bouc,
riode septénaire, qui marque les progrès du et jouant de la flûte pour la danse des sorcières.

développement et de l'accroissement du corps Antœus. — Il y a , comme dit Boguet, des


humain. Ainsi, généralement, « les dents de se trouve toujours quelqu'un qui
familles où il

l'enfance tombent à sept ans, la puberté se Evanthes, et après lui


devient loup-garou.
manifeste à quatorze, le corps cesse de croître que dans la race d'un cer-
Pline, rapportent
à vingt-un.» —
Mais cette observation n'est tain Anthaeus, Arcadien, on choisissait par le
pas exacte. sort un homme que l'on conduisait près d'un
Annius de Viterbe (JEAN NANNl), — Savant étang. Là, il se dépouillait, pendait ses habits
ecclésiastique, né à Yiterbe en '1432. Il a pu- à un chêne ;
et, après avoir passé l'eau à la

blié une collection de manuscrits pleins de fa- nage, s'enfuyait dans un désert où, transformé
bles attribuées à Bérose, à Fabius Pictor, à en loup, il vivait et conversait avec les loups
Caton, à Archiloque, à Manéthon, etc., et pendant neuf ans. Il fallaitque durantee temps
connu sous le nom d'Antiquités cl' Annius. Ce ilne vit point d'hommes; autrement le cours
recueil a peu de crédit. —
On doit encore à des neuf ans eût recommencé. Au bout de ce
Annius un Traité de l'empire dès Turcs et un terme il retournait vers le même étang, le tra-
livre des Futurs triomphes des chrétiens sur les versait à la nage et rentrait chez lui, où il ne
Turcs et les Sarrasins, etc. Ces deux ouvrages se trouvait pas plus âgé que le jour de sa trans-
sont des explications de l'Apocalypse. L'auteur mutation en loup, le temps qu'il avait passé
pense que Mahomet est l'antechrist, et que la sous cette forme ne faisant pas compte dans
fin du monde aura lieu quand le peuple des le nombre des années de sa vie.
saints (les chrétiens) aura soumis entièrement
les juifs et les mahométans. 1
P. Mérimée, Colomba.

Anocchiatura , — fascination involontaire


2

;{
In libro apologetico.
Tableau de l'inconstance des démons, liv. ni,
qui s'exerce, soit par les yeux, soit par les dise. 4.
, ,

A NT — 3 — A NT
Antamtapp, — enfer des Indiens, plein de tranchants qui sortira de sa bouche. —Quel-
chiens enragés et d'insectes féroces. On y est ques-uns prétendent que le règne de l'Anté-
couché sur des branches d'épines et continuel- christ durera cinquante ans; d'autres, qu'il ne
lement caressé par des corbeaux qui ont des ne durera que trois ans et demi après quoi les ;

becs defer. LesBrames disent que les supplices anges feront entendre les trompettes du dernier
de cet enfer sont éternels. jugement. Le mot de passe des sectateurs de
Antéchrist. —
Par Antéchrist on entend l'Antéchrist sera, dit Boguet : Je renie le bap-
ordinairement un tyran impie et cruel, ennemi tême.— Ce qui est assez grotesque, assurément,
c'est que les protestants, ces précurseurs de
de Jésus-Christ; il doit régner sur la terre lors-
que le monde approchera de sa fin. Les per- l'Antéchrist , donnent le nom d'Antéchrist au

sécutions qu'il exercera contre les élus seront pape, comme les larrons qui crient au voleur
la dernière et la plus terrible épreuve qu'ils pour détourner d'eux les recherches.— Pendant
auront à subir et même notre Seigneur a dé-
;
un moment dans le peuple on a craint que Na-
poléon ne fût l'Antéchrist. Nous mentionnons
claré que y succomberaient si le temps
les élus

n'en était abrégé en leur faveur; car il se don- cette petite circonstancecomme un simple fait.
nera pour le Messie et fera des prodiges ca-
— Le troisième de YHisioire des trois
traité

pables d'induire en erreur les élus mêmes. — possédées de Flandre, par Sébastien Michaè'lis,

Leloyer 1 rapporte cette opinion populaire, que donne des éclaircissements sur l'Antéchrist
les démons souterrains ne gardent que pour d'après les dires des démons exorcisés. « Il

lui les trésors au moyen desquels il


cachés ,
sera méchant comme un enragé. Jamais si

pourra séduire cause des


les peuples. C'est à méchante créature ne fut sur terre. Il fera des
miracles qu'il doit faire que plusieurs l'ap- chrétiens ce qu'on fait en enfer des âmes ce ;

pellent le singe de Dieu. L'Antéchrist aura — ne sera pas un martyr humain, mais un mar-
beaucoup de précurseurs il viendra peu de ;
tyr inhumain. Il aura une foule de noms de

temps avant la fin du monde. Saint Jérôme synagogue il se fera porter par les airs quand
;

dit que ce sera un homme fils d'un démon ;


il voudra Belzébut sera son père. »
; Une —
d'autres ont pensé que ce serait un démon re- sorcière qui avait des visions
,
déclara que ,

vêtu d'une chair apparente et fantastique. l'Antéchrist parlerait en naissant toutes sortes

Mais ,
suivant saint Irénée ,
saint Ambroise de langues, qu'il aurait des griffes au lieu de
saint Augustin , et plusieurs autres pères pieds et fie porterait pas de pantoufles ;
que
l'Antéchrist doit être un homme de la même Belzébut , son père , se montrera à ses côtés

nature que tous les autres, de qui il ne diffé- sous la figure d'un oiseau à quatre pattes,
rera que par une malice et par une impiété di- avec une queue , une tête de bœuf très-
gnes de l'enfer. — Il sera Juif, et de la tribu de plate, des cornes, et un poil noir assez rude;
Dan, selon Malvenda 2 qui appuie son senti- qu'il marquera les siens d'un cachet qui re-
,

ment sur ces paroles de Jacob mourant à ses fils :


présentera cette figure en petit. — Nous
Dan est un serpent dans le sentier 3 sur celles- ;
pourrions citer beaucoup de choses pareilles
ci de Jérémie Les armées de Dan dévoreront
:
sur l'Antéchrist, mais les détails burlesques
la terre; et sur le chapitre 7 de Y Apocalypse, où et les plaisanteries ne vont qu'à moitié dans
saint Jean a omis la tribu de Dan dans l'énu- une pareille matière. — On a raillé l'abbé

mération qu'il fait des autres tribus. « L'An- — Fiard ,


qui regardait Voltaire et les ency-
téchrist sera toujours en guerre il fera des ;
clopédistes comme des précurseurs de l'An-
miracles qui étonneront la terre il persécu- ;
téchrist. Il est possible que les railleurs aient

tera les justes, et, comme le diable marque tort.

déjà ses sujets, marquera aussi les siens


il
Antesser, — démon. Voy. Blokula.
d'un signe au front ou àla main 4 Élie et . —
Énoch viendront enfin suivant Malvenda et , ,
Anthropomancie, divination par l'inspec- —
convertiront les Juifs. L'Antéchrist leur fera tion des entrailles d'hommes ou de femmes

donner mort, qu'ils n'ont pas encore reçue,


la èventrés. Cet horrible usage était très-ancien.

ne doivent recevoir que de lui. Alors


et qu'ils Hérodote dit que Ménélas retenu en Égypt.e ,

Jésus-Christ notre Seigneur, descendra des


,
par les vents contraires, sacrifia à sa barbare
oieux et tuera l'Antéchrist avec l'épée à deux curiosité deux enfants du pays et chercha à ,

savoir ses destinées dans leurs entrailles. Hé-


liogabale pratiquait cette divination. Julien
1
Discours des spectres, liv. iv, ch. 15.
a Dans un
long et curieux ouvrage en 13 livres sur l'Apostat , dans ses opérations magiques et
l'Antéchrist, Raban-Maur au neuvième siècle a lait
, ,
dans les sacrifices nocturnes, faisait tuer, dit-
aussi un livre sur la Vie et les mœurs de l'Antéchrist.
3 on, un grand nombre d'enfants pour consulter
Genèse, ch. 49.
* Boguetf Discours des sorciers, cl). 50. leurs entrailles. Dans sa dernière expédition,
,,

A NT — — A NT
étant à Carra en Mésopotamie , il s'enferma souffrir la vue d'une rose, pas même en pein-
dans le temple de la Lune et, après avoir fait ture, et elle aimait toute autre sorte de fleurs.
ce qu'il voulut avec les complices de son im- Le cardinal Henri de Cardonne éprouvait la
piété, il scella les portes, et y posa une garde même antipathie et tombait en syncope lors-
qui ne devait être levée qu'à son retour. Il qu'il sentait l'odeur des roses. Le maréchal
fut tué dans la bataille qu'il livra aux Perses, d'Albret se trouvait mal dans un repas où
et ceux qui entrèrent dans le temple de Carra, l'on servaitun marcassin ou un cochon de
sous le règne de Jovien son successeur, y , lait. ne pouvait rester seul dans une
Henri III
trouvèrent une femme pendue par les che- chambre où il y avait un chat. Le maréchal de
veux les mains étendues le ventre ouvert et
, ,
Schomberg avait la même faiblesse. Ladislas,
le foie arraché. roi de Pologne, se troublait et prenait la fuite
Anthropophages. Le livre attribué à — quand il voyait des pommes. Scaliger frémis-

Énoch dit que les géants nés du commerce des sait à l'aspect du cresson. Érasme ne pouvait

anges avec les filles des hommes furent les sentir le poisson sans avoir la fièvre. Tycho-
premiers anthropophages. Marc-Paul dit que Brahé sentait ses jambes défaillir à la rencontre
de son temps, dans la Tartarie, les magiciens d'un lièvre ou d'un renard. Le duc d'Épernon
avaient le droit de manger la chair des cri- s'évanouissait à la vue d'un levraut. Cardan ne
minels et des écrivains observent qu'il n'y a
,
pouvait souffrir les œufs le poète Arioste, les
;

que les chrétiens qui n'aient pas été anthropo- bains le fils de Crassus le pain
;
César de , ;

phages. Lescalle le son de la vielle.


,
— On trouve
Antide. —
Une vieille tradition populaire
souvent la cause de ces antipathies dans les
premières sensations de l'enfance. Une dame
rapporte que saint Antide évêque de Besan- ,
qui aimait beaucoup les tableaux et les gra-
çon vit un jour dans la campagne un démon
,

vures s'évanouissait lorsqu'elle en trouvait


fort maigre et fort laid, qui se vantait d'avoir
dans un livre elle en dit la raison étant en-
; :

porté le trouble dans l'église de Rome. Le


core petite, son père l'aperçut un jour, qui
saint appela le démon , le fit mettre à quatre
feuilletait les livres de sa bibliothèque pour
pattes, lui sauta sur le dos, se fit ainsi trans-
y
chercher des images il les lui retira brus-
porter à Rome, répara le dégât dont l'ange
;

quement des mains, et lui dit d'un ton terri-


déchu se montrait si fier, et s'en revint en son
ble qu'il y avait dans ces livres des diables
diocèse par la même voiture *.
qui l'étrangleraient si elle osait y toucher...
Antiochiu, — moine de Séba qui vivait au Ces menaces absurdes , ordinaires à certains
commencement du septième siècle. Dans ses parents, occasionnent toujours de funestes ef-
'190 homélies, intitulées Pandectes des divines
fets qu'on ne peut plus détruire. Pline as- —
Ecritures, la 84 e de Insomniis roule sur les ,
sure qu'il y a une telle antipathie entre le
visions et les songes 2
.
loup et le cheval que si le cheval passe où
,

Antipathie. — Les
astrologues prétendent le loup a passé, il sent aux jambes un engour-
que ce sentiment d'opposition qu'on ressent dissement qui l'empêche de marcher. Un che-
pour une personne ou pour une chose est produit val sentie tigre en Amérique, et refuse obsti-
par les astres. Ainsi, deux personnes nées sous nément de traverser une où son odorat forêt
le même
aspect auront un désir mutuel de se lui annonce la présence de Les l'ennemi.
rapprocher, et s'aimeront sans savoir pour- chiens sentent aussi très-bien les loups avec
quoi de même que d'autres se haïront sans
; qui ils ne sympathisent pas et peut-être se- ;

motif, parce qu'ils seront nés sous des con- rions-nous sages de suivre jusqu'à un certain
jonctions opposées. Mais comment explique- point, avec les gens que nous voyons la pre-
ront-ils les antipathies que les grands hommes mière fois, l'impression sympathique ou an-
ont eues pour les choses les plus communes ? tipathique qu'il nous font éprouver; car l'in-
on en cite un grand nombre, auxquelles on ne stinct existe aussi chez les hommes mêmes
peut rien comprendre.— Lamothe-Levayer ne qui le surmontent cependant par la raison.
pouvait souffrir le son d'aucun instrument, et
goûtait plus vif plaisir au bruit du tonnerre.
le Antipodes. —
L'existence des antipodes
César n'entendait pas le chant du coq sans était regardée naturellement comme un conte
frissonner. Le chancelier Bacon tombait
en dans le temps où l'on croyait que la terre était
défaillance toutes les fois qu'il y avait une plate. Mais il n'est pas vrai comme on l'a ,

éclipse de lune. Marie de Méd-ieis ne


pouvait écrit que le prêtre Virgile fut excommunié
,

par le pape Zachario pour avoir soutenu qu'il


1
Voyez les Bollandistcs, 25 juin, etc. y avait des antipodes ce Virgile au contraire
;
2
Voyez t. XII de la Bibliotheca patrunv,eç|. Lugdun-. à cause de sa science, fut comblé d'honneurs
APO — 40 — APO
et nommé à l'évècbé do Salzbourg — La aperçues piquants, on est aussi peu avancé
plupart des hommes a qui l'édacalion n'a pas que le premier jour. Newton a échoué, comme
étendu les bornes de l'esprit croient encore les autres, dans l'interprétation de l'Apoca-
que la terre n'est qu'un grand plateau ; et il lypse. Ceux qui ont lu comme un poème her-
1

de leur persuader qu'on trouve


serait difficile métique ont leur excuse dans leur folie. Pour
au-dessous de nous des hommes qui ont la nous, attendons que Dieulève les voiles. 11
y —
tête en bas, et les pieds justement opposés a eu plusieurs Apocalypses supposées, de saint
aux nôtres-. —
Les anciens mythologues ci- Pierre, de saint Paul, de saint Thomas, de
tent, dans un autre sens, sous le nom d'An- saint Etienne, d'Esdras, de Moïse, d'Élie,
tipodes , des peuples fabuleux de la Libye , à d'Abraham, de Marie femme de Noé, d'Adam
qui on attribuait huit doigts aux pieds, et les même. Porphyre a même cité une Apocalypse
pieds tournés en dehors. On ajoute qu'avec de Zoroastre.
cela ils couraient comme le vent.

Antoine. — Saint Antoine est célèbre par


Apollonius de Tyanes, — philosophe py-
thagoricien, né à Tyanes en Cappadoce, un
les tentations qu'il eut à subir de la part du
peu de temps après notre Seigneur Jésus-
diable. Ceux qui ont mis leur esprit à la
Christ. Philostrate, au commencement du
torture pour donner à ces faits un côté plai-
troisième siècle, plus de cent ans après la
sant n'ont pas toujours eu autant d'esprit
mort d'Apollonius, dont personne ne parlait
qu'ils ont voulu en montrer. Ils n'égalent cer-
plus, imagina le roman de sa vie pour oppo-
tainement pas bon légendaire qui conte
le
ser quelque chose de prodigieux à l'Évangile.
qu'Antoine, ayant dompté Satan, le contraignit
Il dit qu'il écrit sur des mémoires laissés par
à demeurer auprès de lui sous sa forme la ,

Damis, ami et secrétaire d'Apollonius. On


plus convenable ,
qui était celle d'un cochon.
peut juger du degré de confiance que méri-
Voy. Ardents.
taient ces écrivains par ce trait de Damis,
Apantomancie, — divination tirée des ob- qui assure avoir vu, en traversant le Cau-
jets qui se présentent à l'improviste. Tels sont
case les chaînes de Prométhée encore fixées
,

les présages que donne la rencontre d'un liè-


au rocker. Philostrate admit tout, et embellit
vre ou d'un aigle, etc.
les récits de Damis. —
La mère d'Apollonius
Aparctiens, — peuples fabuleux que d'an- fut avertie de sa grossesse par un démon un ;

ciens conteurs ont placés dans le Septentrion. salamandre fut son père, selon les cabalistes.
Us étaient transparents comme du cristal, et Les cygnes chantèrent quand il vint au monde,
avaient les pieds étroits et tranchants comme et la foudre tomba du ciel. Sa vie fut une
des patins, ce qui les aidait merveilleusement suite de miracles. 11 ressuscitait les morts,
à glisser. Leur longue barbe ne leur pendait délivrait les possédés, rendait des oracles,
pas au menton, mais au bout du nez. Ils n'a- voyait des fantômes, apparaissait à ses amis
vaient point de langue, mais deux solides râ- éloignés, voyageait dans les airs porté par
teliers de dents qu'ils frappaient musicalement des esprits, et se montrait le même jour en
l'un contre l'autre pour s'exprimer, lis ne sor- plusieurs endroits du monde. Il comprenait le

taient que la nuit, et se reproduisaient par le chant des oiseaux. — Philostrate conte qu'é-
moyen de la sueur qui se congelait et formait tant venu au tombeau d'Achille, à qui il vou-
un petit. Leur dieu était un ours blanc 3 . lait mânes;
parler, Apollonius évoqua ses

Apocalypse. —
Dans cette clôture redou- qu'après un tremblement de terre autour du

table du livre qui commence par la Genèse', tombeau, il vit paraître d'abord un jeune
l'esprit de l'homme s'est souvent égaré. La
homme de sept pieds et demi que le fan- ;

tôme qui était d'une beauté singulière, s'é-


manie de vouloir tout expliquer, quand nous ,

leva ensuite à dix-huit pieds. Apollonius lui


sommes entourés de tant de mystères que
fit des questions frivoles: comme le spectre
nous ne pouvons comprendre, a fourvoyé bien
répondait grossièrement, il comprit qu'il était
des esprits. Après avoir trouvé la bête à sept
tètes et l'Antéchrist dans divers personnages
possédé d'un démon, qu'il chassa; après quoi
jusqu'à Napoléon, qui prèle du moins à des
,
il eut sa conversation réglée. Un jour qu'il —
était à Rome, où il avait rendu la vie à une
1
pape Zacharic savait probablement
D'ailleurs le jeune tille morte le matin de ses noces, il y
qu'il y a des antipodes, puisqu'avant lui Origène le ,
eut une éclipse de lune accompagnée de ton-
pape saint Clément et d'autres en avaient parlé. Saint
Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Athanase ttla nerre. Apollonius regarda le ciel, et dit d'un
plupart des pères n'ignoraient pas la l'orme sphérique de
terre.VoyczPliiloponus.De Mundi créât., lib. v,c. 13.
ton prophétique : « Quelque chose de grand ar-
la

M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. II, p. 72.


rivera et n'arrivera pas. » Trois jours après la

3
Supplément à l'histoire véritable de Lucien. foudre tomba sur la table de Néron ,
et ren-

A PO 41 — APP
versa la coupe qu'il portait à sa bouche ce ;
tours; le fantôme qui lui apparut en traver-
qui était l'accomplissement de la prophétie. sant le tentation du diable
Caucase, à la

Dans la suite l'empereur Domitien l'ayant ,


dans Ces parallèles montrent
le désert, etc. «

soupçonné de sorcellerie, lui fit raser le 'poil la malice grossière et la finesse mal tissue de

pour s'assurer s'il ne portait pas les marques Philostrate ( pillard de Lucien 1 ) et le cas ,

du diable, comme dit Pierre Delancre; mais qu'on doit faire de ces fables n'est pas de les
Apollonius disparut sans qu'on sût par où rapporter à la magie, comme a fait François
il s'était sauvé. Ce n'était pas la première Pic, mais de les nier totalement 2
comme des
fois qu'il s'échappait ainsi. Sous Néron, on stupidités grossières. » — Hiéroclès, qui osa
avait dressé contre lui un acte d'accusation ; faire sous Dioclétien, dans un écrit spécial,
le papier se trouva tout blanc au moment où la comparaison d'Apollonius et de notre Sei-
le juge voulut en prendre lecture. — De Rome gneur Jésus-Christ, a été réfuté par Eusèbe,
il se rendit à Éphèse. La peste infestait cette qui veut bien regarder Apollonius comme un
ville; les habitants le prièrent de les en déli- magicien. Leloyer pense que ce fut Simon qui
vrer. Apollonius leur commanda de sacrifier lui enseigna la magie noire et Ammien-Mar- ;

aux dieux; après le sacrifice, il vit le diable cellin se contente de le mettre dans le nom-
en forme de gueux tout déguenillé il com- ; bre des hommes qui ont été assistés de quel-
manda au peuple de l'assommer à coups de que démon familier, comme Socrate et Numa.
pierre, ce qui fut fait; lorsqu'on ôta les pier- — On sait peu de chose surde la vie la fin
res, on ne trouva plus à la place du gueux d'Apollonius. On assure qu'à l'âge de cent ans
lapidé qu'un chien noir qui fut jeté à la voi- il fut emporté par le diable, qui était son
rie, et la peste cessa. — Au moment où Do- père, quoiqu'Hiéroclès ait eu le front de sou-
mitien périt, Apollonius, au milieu d'une dis- tenir qu'il avait été enlevé au ciel. Vopiscus
cussion publique ,
s'arrêta , et ,
changeant de dit que, par la suite, le spectre d'Apollonius
voix, s'écria, inspiré par le diable : « C'est bien apparut à l'empereur Aurélien qui assiégeait
fait, Étienne, courage ! tue le tyran. » Ensuite, Tyanes, et lui recommanda d'épargner sa
après un léger intervalle, il reprit : « Le tyran ville, ce que fit Aurélien. Il y a eu des —
est mort. » Étienne en ce moment assassinait gens qui ont trouvé Apollonius vivant au dou-
Domitien. — Ce fut alors, à ce qu'on croit, zième siècle. Voij. Artephius.
que le sorcier Vespésion, pour montrer qu'il Apomazar. — Des significations et événe-
pouvait enchanter les arbres, commanda à un ments des songes , selon la doctrine des In-
orme de saluer Apollonius ce que l'orme fit, ;
diens, Perses et Égyptiens, par Apomazar. Vol.
mais d'une voix grêle et efféminée *. C'était in-8° Paris, 1580. Fatras oublié, mais rare.
bien excusable de la part d'un orme. Apol- — Apone,
;

— VOy. PlERRE n'APONE.


lonius était, dit-on, habile faiseur de talis-
mans il en fit un grand nombre à Tyanes, à
;
Apparition. — On ne peut pas très-bien
préciser ce que c'est qu'une apparition. Dom
Rome, à Byzance, à Antioche, à Babylone et
tantôt contre
Calmet ditque, si l'on voit quelqu'un en songe,
ailleurs , les cigognes et les
c'est une apparition. «Souvent, ajoute— t-il, il
scorpions, tantôt contre les débordements et
n'y a que l'imagination de frappée; ce n'en
les incendies. 11 fut regardé par les uns
est pas moins quelquefois un fait surnaturel
comme un magicien comme un dieu par les
autres; on l'honora
,

même après sa mort. quand il a des relations. » Dans la rigueur —


nous
du terme une apparition est la présence subite
Mais sa vie, le répétons, n'est qu'un ro-
d'une personne ou d'un objet contre les lois
man calculé. Apollonius est annoncé par un
démon. Les cygnes chantent à sa naissance, de la nature par exemple, l'apparition d'un
:

tous les autres prodiges sont combinés ainsi


mort, d'un ange, d'un démon, etc. — Ceux
qui nient absolument les apparitions sont té-
de manière à pouvoir être comparés, avec
cette différence que ceux d'Apollonius ne
méraires. Spinosa, malgré son athéisme, re-
connaissait qu'il ne pouvait nier les appari-
méritaient pas même le peu de succès qu'ils
ont eu. —
La foudre qui tombe du ciel est tions ni les On ne raisonne pas
miracles.

opposée à l'étoile qui parut en Bethléem les mieux lorsqu'on qu'une chose qui est ar-
dit
;

rivée autrefois devrait arriver encore. Il y a


lettres de félicitation que plusieurs rois écri-
virent à la mère d'Apollonius répondent à
bien des choses qui ont eu lieu jadis et qui

l'adoration des mages; les discours qu'il pro-


ne se renouvellent pas, dans le système même
nonçait fort jeune dans le temple d'Esculape,
des matérialistes. —
Nous devons admettre
et croire les apparitions rapportées dans les
à la dispute de Jésus enfant parmi les doc-
1
Jacques d'Autan, l'Incrédulité savante et la crédu-
1
Dans Alexandre de Paphlagonic.
lité ignorante. ' Naudé, Apol. pour les grands personnages, ch. 12.
,

APP _ U2 — APP
saintes Écritures. Nous ne sommes pas tenus apparaissent que le jour, et la
la nuit plutôt
à la même foi dans
simples histoires et il
les ;
nuit du vendredi au samedi de préférence à
y a des apparitions qui réelles ou intellec- , toute autre, comme le témoigne Jean Bodin.
tuelles, sont fort surprenantes. On lit dans la — Les apparitions des esprits, dit Jamblique,
vie de saint Macairê qu'un homme ayant reçu sont analogues à leur essence. L'aspect des
un dépôt le cacha sans rien en dire à sa femme, habitants des cieux est consolant, celui des
et mourut subitement. On fut très-embarrassé archanges terrible, celui des anges moins sé-
quand le maître du dépôt vint le réclamer. Saint vère, celui des démons épouvantable. Il est
Macaire pria, dit la légende, et le défunt ap- assez difficile ajoute-t-il de se reconnaître
, ,

parut à sa femme, à qui il déclara que l'ar- dans les apparitions des spectres car il y en ;

gent redemandé était enterré au pied de son a de mille sortes. Delancre donne pour- —
lit, ce qui fut trouvé vrai. Ce sont les ap- — tant les moyens de ne point s'y tromper. « On
paritions des morts, chez les anciens, qui ont peut distinguer les âmes des démons, dit-il,
donné naissance à la nécromancie. Voy. Nécro- parce qu'ordinairement elles apparaissent en
mancie. —
Nous ne songeons à nous occuper hommes portant barbe, en vieillards, en en-
icique des apparitions illusoires ou douteuses, fants ou en femmes, bien que ce soit en habit
et le nombre en est immense. Nous suivrons et en contenance funeste. Or les démons peu-
un moment les écrivains qui ne doutent de vent se montrer ainsi. Mais, ou c'est l'àme
rien. Quelquefois, disent-ils, les apparitions ne d'une personne bienheureuse, ou c'est l'àme
sont que vocales c'est une voix qui* appelle.
: d'un damné. Si c'est l'âme d'un bienheureux
Mais dans les bonnes apparitions l'esprit se et qu'elle revienne souvent, il faut tenir pour
montre. —
Quand les esprits se font voir à un certain que c'est un démon, qui, ayant man-
homme seul, ajoutent les cabalistes, ils ne qué son coup de surprise, revient plusieurs
présagent rien de bon; quand ils apparais- fois pour le tenter encore. Car une àme ne
sent a deux personnes à la fois, rien de mau- revient plus quand elle est satisfaite, si ce
vais ils ne se montrent guère à trois person-
; n'est par aventure une seule fois pour dire
nes ensemble. Il —
y a des apparitions merci. —
« Si c'est une àme qui se dise l'âme

imaginaires causées par les remords; des d'un damné, il faut croire que c'est un dé-
meurtriers se sont crus harcelés ou poursuivis mon, vu qu'à grande peine laisse-t-on jamais
par leurs victimes. Une femme, en 1726, ac- sortir l'àme des damnés. » Voilà les moyens
cusée, à Londres, d'être complice du meurtre que Pierre Delancre donne comme aisés 11

de son mari, niait le fait; on lui présente dit un peu plus loin que le spectre qui appa-
l'habit du mort, qu'on secoue devant elle; raît sous une peau de chien ou sous toute autre
son imagination épouvantée lui fait voir son forme laide est un démon mais le diable est ;

mari même; elle se jette à ses pieds et déclare si malin, qu'il vient sous des traits
aussi
qu'elle voit son mari. Mais on trouvera des qui le font prendre pour un ange. Il faut
choies plus inexplicables. —
Les apparitions du donc se défier. T oi/.,
pour les anecdotes
diable, qui peu besoin de se montrer
a si Visions, Spectres, Fantômes, Esprits, Lu-
pour nous séduire, faibles que nous sommes, tins , Vampires , Revenants , Songes , Ar-
ont donné lieu à une multitude de contes mées prodigieuses, etc. Voici, sur les ap- —
merveilleux. Des sorciers, brûlés à Paris, ont paritions, une petite anecdote qui a eu lieu à
dit en justice que, quand le diable veut La Rochelle et que les journaux rapportaient
se
faire un corps aérien pour se montrer aux en avril 1843. « Depuis quelque temps la
hommes, « il faut que le vent soit favorable '
population se préoccupait de revenants qui
» et que la lune soit pleine, 6 Et lorsqu'il ap- apparaissaient tous les soirs sous la forme de
paraît, c'est toujours avec quelque défaut né- flammes phosphorescentes, bleuâtres et mys-
cessaire, ou trop noir, ou trop pale, ou trop térieuses. Ces revenants ont été pris au tre-
rouge, ou trop grand, ou trop petit, ou le buchet c'étaient cinq gros réjouis de paysans
:

pied fourchu, ou les mains en griffes, ou la des environs qui, grimpés tous les soirs sur
queue au derrière et les cornes en tète, etc.; des arbres très- élevés, lançaient des boulettes
à moins qu'il ne prenne une forme bizarre. phosphoriques avec un fil imperceptible. Pen-
C'est ainsi qu'il parlait à Simon le magicien dant la nuit, ils donnaient le mouvement et la
et à d'autres,sous la figure d'un chien à Py- direction qu'ils voulaient à leurs globes de
;

thëgdre, sous celle d'un fleuve; à Apollonius, feu, et quand les curieux couraient après une
sous Celle d'un orme », etc. Excepté les — flamme, elle devenait aussitôt invisible; mais,
démons de midi, les démons et les spectres à l 'instant , il en surgissait une autre sur un
1
Gabriel Naudti , \p<>l. pour les granits personnages,
rhap.xu. 1
L'Inconstanci- des démons, liv. V, dise. 2.
APP — h3 — APU
point opposé pour détourner l'attention. Ce jeu mêmes merveilles se répétèrent la nuit sui-
s'effectuait pendant quelques instants
ainsi vante; après quoi y eut deux nuits paisi-
il

successivement, puis simultanément, de


et bles. L'esprit se remit à faire du bruit le 26;
manière à produire plusieurs flammes à la il verrouilla les portes, dérangea les meubles,

fois. —Cette jonglerie trompa bien des in- ouvrit les armoires; et, pendant que M. de
crédules; mais enfin il se trouva un esprit S*** tremblait de tous ses membres, l'esprit,
fort. Caché derrière une haie il observa at- , saisissant l'occasion, lui parla enfin à l'oreille
tentivement la mise en scène et devina le se- et lui commanda de faire certaines choses
cret de la comédie. Suffisamment édifié, il qu'il tint secrètes, et qu'il fit quand il fut sorti
alla quérir la gendarmerie, et les cinq mysti- de l'évanouissement que la peur lui avait
ficateurs furent arrêtés au moment où ils don- causé. L'esprit revint au bout de quinze jours
naient une nouvelle représentation. Quel était pour le remercier, et frappa un grand coup
leur but? On l'ignore; le plus curieux de de poing dans une fenêtre en signe d'actions
l'histoire, c'estqu'une commission scientifique de grâces. —
Et voilà la fameuse aventure
un rapport sur l'étonnant
avait déjà préparé de l'esprit de Saint-Maur, que M. Poupart a
phénomène météorologique de ces mauvais le bon esprit de regarder comme l'effet d'un
plaisants. — Dissertation sur ce qiïon doit cerveau visionnaire. Voy. Meyer.
penser de l 'apparition des esprits à l 'occasion
Apulée ,
— philosophe platonicien , né en
Saint-Maur en '1706,
de V aventure arrivée à
Afrique, connu par le livre de V Ane d'or. Il
par M. Poupart, chanoine de Saint-Maur,
vécut au douzième siècle sous les Antonins.
près Paris. Paris, '1707. L'auteur croit, — On lui attribue plusieurs prodiges auxquels,
avec modération convenable, aux appari-
la
tions. Il raconte l'aventure de Saint-Maur;
sans doute, il n'a jamais songé. — Il dépensa
tout son bien en voyage, et mit tous ses soins
elle a fait tant de bruit à Paris dans sa nou-
à se faire initier dans les mystères des diver-
veauté, que nous ne pouvons la passer sous
ses religions; après quoi il fut ruiné. Comme
silence. M. de S***, jeune homme de vingt-
il était bien fait, instruit et spirituel, il captiva
cinq ans, fixé à Saint-Maur, entendit plusieurs
l'affection d'une riche veuve de Carthage,
fois la nuit heurter à sa porte sans que sa ,
nommée Pudentilla, qu'il parvint à épouser.
servante, qui y courait aussitôt, trouvât per-
Il était encore jeune , et sa femme avait
sonne. On tira ensuite les rideaux de son lit;
soixante ans. Cette disproportion d'âge et la
et le 22 mars '1706 sur les onze heures du
,
pauvreté d'Apulée firent soupçonner qu'il
soir, étant dans son cabinet avec trois do-
avait employé la magie et les philtres. On
mestiques, tous quatre entendirent distincte-
disait même qu'il avait composé ces philtres
ment feuilleter des papiers sur la table. On avec des de poissons, des huîtres et des
filets
soupçonna d'abord le chat de la maison mais ;
pattes Les parents, à qui ce
d'écrevisses.
on reconnut qu'il n'était pas dans le cabinet.
mariage ne convenait pas, l'accusèrent de
Ce bruit recommença quand M. de S*** se
sortilège; il parut devant ses juges, et, quoi-
fut retiré dans sa chambre il voulut rentrer ;
que les chimères de la magie fussent alors en
dans le cabinet avec une lumière, et sentit
grand crédit, Apulée plaida si bien sa cause
derrière la porte une résistance qui finit par
qu'il la gagna pleinement l Boguet 2 et . —
céder; cependant il ne vit rien, seulement il
d'autres démonographes disent qu'Apulée fut
entendit frapper un grand coup dans un coin
métamorphosé en âne, comme quelques au-
contre la muraille; ses domestiques accouru-
tres pèlerins, par le moyen des sorcières de
rent au cri qu'il jeta, mais ils ne firent aucune
Larisse, qu'il était allé voir pour essayer si la
découverte. Tout le monde s 'étant peu à peu
chose était possible et faisable 5 La femme
rassuré, on se mit au lit. —A peine M. de
qui le changea en âne, le vendit, puis le ra-
.

S*** commençait-il à s'endormir qu'il fut


cheta. Paril devint si grand magi-
la suite
éveillé subitement par une violente secousse ;
cien qu'il se métamorphosait lui-même, au
il appelaon rapporta deux flambeaux et il
;
besoin, en cheval, en âne, en oiseau il se ;

vit lit déplacé au moins de


avec surprise son
perçait le corps d'un coup d'épée sans se
quatre pieds. On le remit en place mais ,
blesser; il se rendait invisible, étant très-
aussitôt tous les rideaux s'ouvrirent d'eux-
bien servi par son démon familier. C'est
mêmes et le lit courut tout seul vers la che-
même pour couvrir son asinisme, dit encore
minée. En vain les domestiques tinrent les
pieds du lit pour le fixer ; dès que M. S*** s'y 1
Sa défense se trouve dans ses œuvres, soilsl's titre ae
couchait, le lit se promenait parla chambre. Oratio de mugia.
2 Discours dos sorciers, ch. 53.
Cette aventure fut bientôt publique; plusieurs
3 Dclancre. Tableau de l'inconstance di s dém ms, etc.,
personnes voulurent en être témoins, et les liv. iv, cli. 1".
ARA — kk — ARA
Delancre, qu'il a composé son livre de ÏAne gnée à côté de son lit. La vue de l'insecte lui
d'or. » que tout cela est
Taillepied prétend fit plaisir; il se hâta d'assurer la bonté du
une confusion, et que
y a un âne mêlé dans
s'il présage en l'écrasant; il avait saisi sa pan-
l'histoire d'Apulée, c'est qu'il avait un esprit toufle mais l'émotion qu'ii éprouvait fit man-
;

qui lui apparaissait sous la forme d'un âne '. quer le coup, l'araignée disparut. Il passa
Les véritables ânes sont ici Delancre et Bo- deux heures à la chercher en vain fatigué ;

guet. —
Ceux qui veulent jeter du merveil- de ses efforts inutiles, il se jeta sur son lit
leux sur toutes les actions d'Apulée affirment avec désespoir « Le bonheur était là, s'é-
:

que, par un effet de ses charmes, sa femme cria-t-il, et je l'ai perdu! Ah! ma pauvre

était obligée de lui tenir la chandelle pendant tragédie! » Le lendemain il fui tenté de reti-
qu'il travaillait; d'autres disent que cet office rer sa pièce mais un de ses amis l'en em-
;

était rempli par son démon


Quoi familier. pêcha; la pièce alla aux nues, et l'auteur
qu'il en soit, il y avait de la complaisance n'en demeura pas moins persuadé qu'une
dans cette femme ou dans ce démon. Outre — araignée porte bonheur lorsqu'on l'écrase *.
son Discours sur la magie, Apulée nous a — Dans le bon temps de la loterie, des fem- .

laissé encore un petit traité du démon de So- mes enfermaient le soir une araignée dans une
crate, De deo Socratis, réfuté par saint Augus- boîte avec les quatre-vingt-dix numéros
,

tin on en a une traduction sous le litre


; De ;
écrits sur de petits carrés de papier. L'arai-

V Esprit familier de Socrate, avec des remar- gnée, en manœuvrant la nuit, retournait
ques, m- 12. Paris, '1698. quelques-uns de ces papiers. Ceux qui étaient

Aquiel, —
démon que l'on conjure le di- retournés de la sorte étaient regardés, le
lendemain matin, comme numéros gagnants.
manche. Voij. Conjurations.
Aquîn (Mardochée d'), — rabbin de Car-
— Cependant les toiles d'araignées sont utiles ;

appliquées sur une blessure, elles arrêtent le


pentras, mort en 1650, qui se fit chrétien, et
sang et empêchent que la plaie ne s'enflamme.
changea au baptême son nom de Mardochée
Mais il ne faut peut-être pas croire, avec
en celui de Philippe. On recherche de lui
l'auteur des Admirables secrets d'Alberl-le-
l' Interprétation de V arbre de la cabale de*
Grand, que l'araignée pilée et mise en cata-
Hébreux; Paris, in-8°, sans date.
plasme sur les tempes guérisse la fièvre
Arachula, — méchant esprit de l'air chez tierce 2 —
Avant que Lalande eût fait voir
.

les Chinois voisins de la Sibérie. Voy. Lune. qu'on pouvait manger des araignées, on les
Arael, —
l'un des esprits que les rabbins regardait généralement comme un poison. Un
du Talmud font avec Anpiel princes et
, ,
religieux duMans disant la messe, une arai-
gouverneurs du peuple des oiseaux. gnée tomba dans le calice après la consécra-

Araignées. — Les anciens regardaient


tion
On
le moine, sans hésiter, avala l'insecte.
;

s'attendait à le voir enfler; ce qui n'eut


comme un présage funeste
gnées qui s'attachaient aux étendards et aux
les toiles d'arai-
paslieu. —
Il y a de vilaines histoires sur le

compte des araignées; n'oublions pourtant


statues des dieux. Chez nous, une araignée
pas que, dans son cachot, Pélisson en avait
qui court ou qui file promet de l'argent; les
apprivoisé une que Delille a célébrée. Mais la
uns prétendent que c'est de l'argent le matin,
et le soir une nouvelle; d'autres au contraire
tarentule est aussi une araignée!.... Le —
maréchal de Saxe, traversant un village, cou-
vous citerons ce proverbe-axiome Araignée :

cha dans une auberge infestée de revenants


du matin, petit chagrin; araignée de midi,
qui étouffaient les voyageurs. On citait des
petit profit; araignée du soir, petit espoir.
" exemples. ordonna à son domestique de
Il
« Mais, comme dit M. Salgues 2
,
si les arai-
veiller la moitié de la nuit, promettant de lui
gnées étaient le signe de la richesse, personne
ne serait plus riche que les pauvres. » — céder ensuite son
A deux
lit et de faire sentinelle à sa

place. heures du matin rien n'avait


,

Quelques personne» croient aussi qu'une arai-


encore paru. Le domestique, sentant ses yeux
gnée est toujours Tavant-coureur d'une nou-
s'appesantir, va éveiller son maître, qui ne
velle heureuse si on a le bonheur de l'écra-
répond point; il le croit assoupi et le secoue
ser. M. de T***, qui avait celte opinion,
inutilement. Effrayé, prend la lumière, ou-
il
donna, en 1790, au théâtre de Saint-Péters-
vre les maréchal baigné dans
draps, et voit le
bourg, une tragédie intitulée Âbaco et Moïna.
son sang. Une araignée monstrueuse lui su-
La nuit qui en précéda la représentation, au
çait le sein gauche. Il court prendre des pin-
moment de se coucher, il aperçut une arai-
1
Annales dramatiques, ou Dictionnaire des théâtres,
1
De l'Apparition dus esprits, ch. 15. par une société de gens de lettres, t. I", au mot Abaco.
* Des Erreurs et des préjugés, 1. 1" , p. 510.
1
Ces Admirables secrets d'Albert lu Grand, liv. m.
ARC — h — ARD
celtes pour combattre cet ennemi d'un nou- signe d'alliance; et comment attribuera- t-on
veau genre, saisit l'araignée et la jette au à l'arc-en-ciel ce passage d'Is;>ïe : foi mis
feu. Ce ne fut qu'après un long assoupisse- mon arc et ma flèche clans les nues ?
ment que le maréchal reprit ses sens; et
depuis lors on n'entendit plus parler de reve-
Ardents (mal des), — appelé aussi feu in-
et au douzième siècle
nants dans l'auberge. —
Nous ne garantis-
fernal. C'étaitau onzième
une maladie non expliquée qui se manifestait
sons pas celte anecdote, conservée dans- plu-
comme un feu intérieur et dévorait ceux qui
sieurs recueils. Au reste, l'araignée a de quoi
en étaient frappés. Les personnes qui voyaient
se consoler de nos mépris. Les nègres de la
là un effet de la colère céleste l'appelaient feu
Côte d'Or attribuent la création de l'homme à
sacré; celles qui l'attribuaient à l'influence
une grosse araignée qu'ils nomment Anansié,
des astres nommaient sidération. Les reli-
le
et ils révèrent les plus belles araignées tomme
ques de saint Antoine, que le comte de Jossc-
des divinités puissantes.
lin apporta de la Terre Sainte à La Mothe-

Arbres. — On sait que dans l'antiquité les Saint-Didier, ayant guéri plusieurs infortunés
arbres étaient consacrés aux dieux : le cyprès atteints de ce mal , on le nomme encore feu
à Pluton, etc. Plusieurs arbres et plantes sont de Saint- Antoine. On fêtait à Paris sainte Ge-
encore dévoués aux esprits de l'enfer : le poi- neviève des Ardents , en souvenir des cures
rier sauvage, l'églantier, le figuier, la ver- merveilleuses opérées alors par la chà-se de
veine, la fougère, etc. — Des arbres ont parlé ; la sainte
i
.

chez les anciens, dans les forêts sacrées, on a


entendu des arbres gémir. Les oracles de Do- Ardents, — exhalaisons enflammées qui
done étaient des chênes qui parlaient, On en- paraissent sur les bords des lacs et des ma-
rais, ordinairement en' automne, et qu'on
lendit, dans une forêt d'Angleterre, un arbre
qui poussait des gémissements; on le disait
prend pour des esprits follets, parce qu'elles
sont à Heur de terre et qu'on les voit quelque-
enchanté. Le propriétaire du terrain lira beau-
fois changer de place. Souvent on en est ébloui
coup d'argent de tous les curieux qui venaient
et on se perd. Leloyer dit que lorsqu'on ne
voir une chose aussi merveilleuse. A la fin,
peut s'empêcher de suivre les ardents, ce sont
quelqu'un proposa de couper l'arbre; le maître 2
bien en vérité des démons Il
y eut, sous le .

du terrain s'y opposa, non par un motif d'in-


règne de Louis XIII, une histoire de revenant
térêt propre, disait-il, mais de peur que celui
qui fit assez de bruit à Marseille; c'était une
qui oserait y mettre la cognée n'en mourût
espèce de feu ardent ou d'homme de feu. Le
subitement on trouva un homme qui n'avait
;

comte et la comtesse d'Alais voyaient toutes


pas peur de la mort subite, et qui abattit l'ar-
les nuits un spectre enflammé se promener
bres à coups de hache alors on découvrit un
:

dans leur chambre, et aucune force humaine


tuyau, qui formait une communication à plu-
sieurs toises sous terre, et par le moyen du-
ne pouvait le forcer à se retirer. La jeune
quel on produisait les gémissements que l'on
dame supplia son mari de quitter une maison
et une ville où ils ne pouvaient plus dormir.
avait remarqués.
Le comte, qui se plaisait à Marseille, voulut
Arc-en-ciel. —
Le chapitre 9 de la Genèse employer d'abord tous les moyens pour l'ex-
semble dire, selon des commentateurs, qu'il pulsion du fantôme. Gassendi fut consulté il ;

n'y eut point d'arc-en-ciel avant le déluge : conclut que ce fantôme de feu qui se prome-
mais je ne sais 1 où l'on a vu qu'il n'y en aura nait toutes les nuits était formé par des va-
plus quarante ans avant la fin du monde, peurs enflammées que produisait le souille du
« parce que la sécheresse qui précédera l'em- comte et de la comtesse; d'autres savants
» brasement de l'univers consumera la ma- donnèrent des réponses aussi satisfaisantes.
» lière de ce météore. » C'est pourtant une On découvrit enfin le secret. Une femme de
opinion encore répandue chez ceux qui s'oc- chambre, cachée sous le lit, faisait paraître
cupent de la fin du monde. —
L'arc-en-ciel un phosphore à qui la peur donnait une taille
a son principe dans la nature; et croire qu'il et des formes effrayantes; et la comtesse elle-
n'y eut point d'arc-en-ciel avant le déluge, même faisait jouer celte farce pour obliger
parce que Dieu en fit le signe de son alliance, son mari à partir de Marseille, qu'elle n'aimait
c'est comme si l'on disait qu'il n'y avait point pas ....

d'eau avant l'institution du baptême. Et puis,


Dieu ne dit point, au chapitre 9 de la Genèse, T
Le mal des ardents, qui se nommait aussi feu in*
qu'il place son arc-en-ciel, mais son arc en fernal, et J'en Saint- Anloi ne, était à Paris nue affreuse
maladie épidémique, une sorte de lèpre brûlante, dont
on dut la guérison à sainte Geneviève.
2 Discours des spectres, e*,
1
Brown, Erreurs populaires, liv. vil, ch. 5. liv. 1 ch. 7,
ARG — — ARG
Argens (Boyer d'), — marquis, né en 1704, par cette voie injuste, la somme de cent livres.

à Aix en Provence. On trouve des choses cu- Ayant serré dans un sac de cuir,
cet argent
rieuses sur les gnomes, les sylphes, les onclins il alla avec un de ses amis faire provision de

et les salamandres, dans ses « Lettres Caba- vin pour continuer son trafic; mais, comme il
listiques, ou Correspondance philosophique ,
était près d'une rivière, il tira du sac de cuir
historique et critique entre deux cabalistes, une pièce de vingt sous pour une petite em-
divers esprits élémentaires et le seigneur As- plette il tenait le sac dans la main gauche et
;

taroth. » La meilleure édition est de 1769, la pièce dans la droite incontinent un oiseau ;

7 vol. in-12. Ce livre, d'un très-mauvais es- de proie fondit sur lui et lui enleva son sac,
prit, est infecté d'un philosophisme que l'au- qu'il laissa tomber dans la rivière. Le pauvre

teur a désavoué ensuite. homme, dont toute la fortune se trouvait ainsi

Argent. —
L'argent qui vient du diable est perdue, dit à son compagnon : « Dieu est

ordinairement de mauvais aloi. Dell io conte juste : je n'avais qu'une pièce de vingt sous

qu'un homme, ayant reçu du démon une bourse quand j'ai commencé à voler, il m'a laissé mon
pleine d'or, n'y trouva le lendemain que des bien, et m'a ôté ce que j'avais acquis injuste-

charbons et du fumier. Un inconnu passant ,


ment. 1
» —
Un étranger bien vêtu, passant au
par un village, rencontra un jeune homme de mois de septembre 1606 dans un village de la
quinze ans, d'une figure intéressante et d'un Franche-Comté, acheta unejumentd'un paysan
extérieur fort simple. Il lui demanda s'il vou- du lieu pour la somme de dix-huit ducatons.
lait être riche; le jeune homme ayant répondu Comme il n'en avait que douze dans sa bourse,
qu'il le désirait, l'inconnu lui donna un papier il laissa une chaîne d'or en gage du reste,
plié et lui dit qu'il en pourrait faire sortir qu'il promit de payer à son retour. Le ven-
,

autant d'or qu'il le souhaiterait tant qu'il ne deur serra le tout dans du papier, et le len-
le déplierait pas et que s'il domptait sa cu- demain trouva la chaîne perdue, et douze pla-

,

riosité il connaîtrait avant peu son bienfai- ques de plomb au lieu des ducatons 2 Ter- .

teur. Le jeune homme rentra chez lui, secoua minons en rappelant un stupide usage de quel-
son trésor mystérieux il en tomba quelques -,
ques villageois qui croient que, quand on fait
pièces d'or. ..Mais n'ayant pu résister à la des beignets avec des œufs, de la farine et
,

tentation de l'ouvrir, il y vit des griffes de chat, de l'eau, pendant la messe de la Chandeleur,
des ongles d'ours, des pattes de crapauds, et de manière qu'on en ait de faits après la messe,
d'autres figures si horribles qu'il jeta le pa- . on a de l'argent pendant toute l'année 3 On .

pier au feu, où il fut une demi-heure sans en a toute l'année aussi quand on en porte
pouvoir se consumer. Les pièces d'or qu'il en sur soi le premier jour où l'on entend le chant

avait tirées disparurent et il reconnut qu'il ,


du coucou, et tout le mois si on en a dans sa
avait eu affaire au diable. Un avare, de- — poche la première fois qu'on voit la lune nou-
venu riche à force d'usures, se sentant à l'ar- velle.

ticle de la mort, pria sa femme de lui apporter Argent potable. — Si vous êtes versé dans
sa bourse, afin qu'il put la voir encore avant les secrets de l'alchimie et que vous souhai-
de mourir. Quand il la tint, il la serra ten- tiez posséderce panacée, prenez du soufrebleu-
drement, et ordonna qu'on l'enterrât avec lui, céleste mettez-le ; dans un vase de verre versez :

parce qu'il trouvait l'idée de s'en séparer dé- dessus d'excellent esprit-de-vin ;
faites digé-
chirante. On ne lui promit rien précisément rer au bain pendant vingt-quatre heures et ;

et il mourut en contemplant son or. Alors on quand l'esprit-de-vin aura attiré le soufre par
lui arracha la bourse des mains ce qui ne se , distillation, prenez une part de ce soufre: versez
lit pas sans peine. Mais quelle fut la surprise dessus trois fois son poids d'esprit blanc mer-
de la famille assemblée lorsqu'on ou\rant le curiel extrait du vitriol minéral bouchez bien ;

sac on y trouva non plus des pièces d'or


,
,
le vase; faites digérer au bain vaporeux jus-

mais deux crapauds! Le diable était venu, qu'à ce que le soufre soit réduit en liqueur ;

et en emportant l'àme de l'usurier il avait alors versez dessus de très-bon esprit-de-vin


emporté son or, comme deux choses insépa- à poids égal digérez-les ensemble pendant
;

rables et qui n'en faisaient qu'une K Voici — quinze jours; passez le tout par l'alambic ; re-
autre chose : un homme qui n'avait que vingt tirez l'esprit par le bain tiède, et il restera une
sous pour toute fortune se mit à vendre du liqueur qui sera le vrai argent potable , ou
vin aux passants pour gagner davantage,
;
soufre d'argent, qui ne peut plus être remis en
il mettait, autant d'eau que de vin dans ce qu'il
vendait. Au bout d'un certain temps, il amassa, 1
Saint Grégoire de Tours, livre des Mil actes.
7 Boguet, Discours des sorciers.
'
Csesarii Ilist. de îuurienti! i:s, cap. 39 mirac, lib. H. :
Thiers, Traité des superst., etc.
ARI — kl A M
corps. Cet élixir blanc un remède à peu est avertir ses parents ,
qui arrivèrent pour le

près universel, qui fait merveilles en méde- faire mais on ne trouva plus le
enterrer;
cine , fond l'hydropisie et guérit tous les maux corps. —
Toute la ville était en grande sur-
intérieurs 1
.
prise, quand des gens qui revenaient de quel-

Argouges, — V01J. FÉES.


que voyage assurèrent qu'ils avaient rencon-
tré Aristée sur le chemin de Crotone 1 Il paraît
Arignote. —
Lucien conte qu'à Corinthe, que c'était une espèce de vampire. Hérodote
.

dans le quartier de Cranaus, personne n'osait ajoute qu'il reparut au bout de sept ans à
habiter une maison qui était visitée d'un spec- Proconèse y composa un poème et mourut
,

tre. Un certain Arignote, s'étant muni de li- de nouveau. Leloyer, qui regarde Aristée
vres magiques égyptiens, s'enferma dans cette comme un sorcier à extases 2 cite une auto- ,

maison pour y passer la nuit, et se mit à lire rité d'après laquelle, à l'heure même où ce vam-
tranquillement dans la cour. Le spectre parut pire disparut pour seconde
la fois, il aurait été
bientôt pour effrayer Arignote il prit d'a- ,
transporté en Sicile, où
;
maître d'école. il se fit
bord la figure d'un chien, ensuite celles d'un Il se montra encore trois cent quarante ans
taureau et d'un lion. Mais, sans se troubler,
après dans la ville de Métaponte et il y fit ,

Arignote prononça dans ses livres des conju- élever des monuments qu'on voyait du temps
rations qui obligèrent le fantôme à se retirer d'Hérodote. Tant de prodiges engagèrent les
dans un coin de la cour, où il disparut. Le un temple où ils l'ho-
Siciliens à lui consacrer
lendemain on creusa à l'endroit où le spectre noraient comme un demi-dieu.
s'était enfoncé on y trouva un squelette au-
;

quel on donna la sépulture et rien ne parut ,


Arîstodème roi des Messénîens.
,
— Voij.

plus dans la maison. Cette anecdote n'est — Ophioneus et Ololygmancie.


autre chose que l'aventure d'Athénodore, que Arïstoïochie .
— ou paille de sarrasin , ou
Lucien avait lue dans Pline et qu'il accom- ,
plutôt espèce de plante appelée pistoloche,
mode à sa manière pour divertir ses lecteurs. avec laquelle Apulée prétendait qu'on pouvait
Arimane, — prince des enfers chez les an- dénouer l'aiguillette sans doute en l'em- ,

ciens Perses, source du mal, démon noir, en- ployant à des fumigations. Voy. Ligatures.
gendré dans les ténèbres 2 ennemi d'Oro- ,
Arlstomène ,
— général messénien, siha-
maze, principe du bien. Mais celui-ci est éter- bile et si adroit que, toutes les fois qu'il tom-
nel, tandis qu'Arimane est créé et doit périr
bait au pouvoir des Athéniens, ses ennemis, il
un jour. trouvait moyen de s'échapper de leurs mains.
Arioch , —
démon de la vengeance, selon Pour lui ôter cette ressource , ils le firent
quelques démonographes différent d'Alastor, ; mourir ;
après quoi on l'ouvrit et on lui trouva
et occupé seulement des vengeances particu- le cœur tout velu et tout couvert de poils 5 .

lières de ceux qui l'emploient.


Aristote — que l'arabe Averroës appelle
Arîolîstes , — devins
de l'antiquité, dont le comble de
,

humaine. Sa phi-
la perfection
le métier se nommait ariolatio, parce qu'ils losophie a toujours été en grande vénération,
devinaient par les autels [ab arts). Ils consul- et son nom ne peut recevoir trop d'éclat. Mais
3
taient les démons sur leurs autels, dit Daugis ; il ne fallait pas se quereller pour ses opinions

ils voyaient ensuite si l'autel tremblait ou s'il


et emprisonner dans un temps ceux qui ne
s'y faisait quelque merveille , et prédisaient
les partageaient pas pour emprisonner dans ,

ce que le diable leur inspirait. un autre ceux qui les avaient adoptées. Ces
Aristée , — charlatan de l'île de Proconèse, querelles, au reste, n'ont été élevées que par
qui vivait du temps de Crésus. Il disait que les hérétiques. —
Delancre semble dire qu'A-
son âme de son corps quand il voulait,
sortait ristote savait la magie naturelle 4 mais il ne ,

et qu'elle y retournait ensuite. Les uns content parle en homme superstitieux dans aucun de
qu'elle s'échappait à la vue de sa femme et , ses écrits. Quant à la vieille opinion, soutenue
de ses enfants, sous la figure d'un cerf, Wierus par Procope et quelques autres, qu'Aristote, ne
dit sous la figure d'un corbeau *. Hérodote — pouvant comprendre la raison du flux et du
rapporte, dans son quatrième livre que cet , rellux de l'Euripe s'y précipita en faisant
,

Aristée, entrant un jour dans la boutique d'un de désespoir ce mauvais calembourg « Puis- :

foulon , y tomba mort ;


que le foulon courut
1
Plutarque, dans la Vie de Romulus.
1
Traité de chimie philosoph. et hermétique, p. 168. ? -
Discours des spectres, liv. iv, ch. 24.
2
Plutarque, sur Isis et Osiris. ;i
Valère-Maxime, liv. i"', ch. 8, ext. n'-> 15.
3 Traité sur la magie, etc., p. 66. 'i
Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
;
» De Prœstigiis deem., lib. I, cap. H. liv. vi, dise. 2.
ARM — Z|8 — ARM
que je ne puis Le saisir, saisis-moi 1
;
» celle entendit balayer le grenier à minuit, Il sembla
opinion est aujourd'hui un conte méprisé. — même que les démons qui prenaient cette
Nous ne citeronsici des ouvrages d'Aristole que tambour et faisaient ensuile
peine, avaient un
ceux qui ont rapport aux matières que nous des évolutions militaires. La dame effrayée , ,

traitons 1° De la Divination par les songes ;


: quitta Amiens pour retourner à Paris c'est ;

2° Du Sommeil et de la veille, imprimés dans ses ce que voulait la femme de chambre, il n'y
œuvres. On peut consulter aussi les remarques eut plus de maléfice dès lors, et Ton a eu tort
de Michel d'Éphèse sur le livre de la Divina- de voir là autre chose que de la malice.
tion parles songes 2 et la Paraphrase deThé- Au siège de Jéru- —
,
Armées prodigieuses.
mistius sur divers traités d'Aristote, principa-
salem par Titus, et dans plusieurs autres cir-
lement sur ce même ouvrage 5
.
conslances, on vit dans les airs des armées ou
Arithmancîe OU Arithmomancie, divi- — des troupes de fantômes, phénomènes non en-
nation par les nombres. Les Grecs exami- core expliqués et qui jamais ne présagèrent
,

naient le nombre et la valeur des lettres dans rien de bon. Plutarque raconte, clans la Vie
les noms de deux combattants et en augu- , de Thémistocle, que pendant la bataille de Sa-
raient que celui dont le nom renfermait plus lamine, on vit en l'air des armées prodigieuses

de lettres et d'une plus grande valeur rempor- et des figures d'hommes, qui, de l'île d'Égine,
terait la victoire. C'est en vertu de celte tendaient les mains au-devant des galères
science que quelques devins avaient prévu grecques. On publia que c'étaient les Éacides,
qu'Hector devait être vaincu par Achille. — qu'on avait invoqués avant la bataille. Quel- —
Les Chaldéens qui la pratiquaient aussi ,
quefois aussi on a rencontré des troupes de re-
partageaient leur alphabet en trois parties, venants et de démons allant par bataillons et
chacune composée de sept lettres qu'ils attri- par bandes. Vo\j. Retz, etc. En 1123, dans —
buaient aux sept planètes pour en tirer des le comté de Worms, on vit, pendant plusieurs

présages. Les platoniciens et les pythagori- jours une multitude de gens armés à pied
,

ciens étaient fort adonnés à cette divination ,


et à cheval, allant et venant avec grand bruit,
qui comprend aussi une partie de la cabale et qui se rendaient tous les soirs, vers l'heure
des Juifs 4. de none, à une montagne qui paraissait le lieu
Arius , — fameux hérétique qui niait la di- de leur réunion. Plusieurs personnes du voi-
vinité de Jésus-Christ. Voici comment on ra- sinage s'approchèrent de ces gens armés en les

conte sa mort Saint Alexandre évèque


:
— ,
conjurant, au nom de Dieu, de leur déclarer ce

de Byzance voyant que les sectateurs d'A- que signifiait cette troupe innombrable et quef
,

rius voulaient le porter en triomphe, le lende- était leur projet. Un des soldats ou fantômes ré-

main dimanche, dans le temple du Seigneur, pondit: «Nous ne sommes pas ce que vous vous
pria Dieu avec zèle d'empêcher le scandale imaginez, ni de vrais fantômes, ni de vrais sol-
,

de peur que, si Arius entrait dans l'église, il dats nous sommes les âmes de ceux qui ont
;

ne semblât que l'hérésie y fût enlrce avec lui été tués en cet endroit dans la dernière ba-
;

taille. Les armes et les chevaux que vous


et le lendemain dimanche, au moment où l'on
s'attendait à voir Arius l'hérétique ivrogne voyez sont les instruments de notre supplice,
,

sentant un certain besoin fut obligé d'aller ,


comme ils l'ont été de nos péchés. Nous som-
aux lieux secrets, où il creva par le milieu du mes tout en feu, quoique vous ne voyiez rien
ventre perdit les intestins et mourut d'une
, ,
en nous qui paraisse enflammé. » On dit —
mort infâme et malheureuse, frappé, selon qu'on remarqua en leur compagnie le comte
quelques-uns, parle diable, qui dut en rece- Enrico et plusieurs autres seigneurs tués de-
voir l'ordre, car Arius était de ses amis. puis peu d'années, qui déclarèrent qu'on pou-
soulager par des aumônes et des
Armanville. — Une dame d'Armanville, à
vait les
prières 1
.
Voy. Apparitions, Phénomènes ,
Amiens fut battue dans son lit en 4746 sa
, ;
Visions , Aurore boréale , etc.
servante attesta que le diable l'avait maltrai-
tée ; la cloche de la maison sonna seule ; on Armide. — L'épisode d'Armide dans le
,

Tasse , est fondé sur une tradition populaire


1
Si quidem ego non capio te, tu capics me. qui est rapportée par Pierre Delancre 2 . Cette
* Micluiclis Kphesii Annotationes in Aristotelem, de
habile enchanteresse était lille d'Arbilan roi
somno, id est, de divinatione per somnum. Yenise, in-8", ,

1527. de Damas ; elle fut élevée par Hidraote , son


Tlieniistii Paraplirnsis in Aristotelem de îv.emoriâ


;

oncle, puissant magicien, qui en fit une grande


et reminiseentiâ, de insomniis, de divinatione per som-
num, latinè, interprète llermolao Barbaro. Baie, in-B°,
1530. 1
Chronique d'Urspcrg.
Delancre, Incrédulité et mécréanCe du sortilège
' * Tableau de rinconstanec des mauvais anges, etc.,
pleinement convaincue, traité 5.
ARN — i
— ARN
sorcière. La nature l'avait si bien partagée ,
elle mourut quinze jours ou trois semaines
qu'elle surpassait en attraits les plus belles après. » Voilà !

femmes de l'Orient. Son oncle l'envoya comme Arnaud de Villeneuve as- ,


— médecin ,

un redoutable ennemi vers la puissante ar- ,


trologue et alchimiste ne faut pas con- ,
qu'il
mée chrétienne que le pape Urbain XI avait fondre, comme on l'a fait quelquefois, avec le
rassemblée sous la conduite de Godefroi de précédent. Il était né auprès de Montpellier ;
Bouillon ; et là , comme dit Delancre ,
« elle il mourut dans un naufrage en 1314. La —
charma en etfet quelques chefs croisés » mais ; chimie lui doit beaucoup de découvertes il ;

elle ne compromit pas l'espoir des chrétiens. ne cherchait, à la vérité, que la pierre philo-
Armomancie , — divination qui se faisait sophale et ne songeait qu'à faire de l'or mais ,

par l'inspection des épaules 1


. On juge encore il trouva les trois acides sulfurique muria-
,

aujourd'hui qu'un homme qui a les épaules lar- tique et nitrique ; il composa le premier de
ges est plus fort qu'un autre qui les a étroites. l'alcool et du ratafia ; il fit connaître l'essence
de térébenthine, régularisa la distillation, etc.
Arnaud de Bresse ,
— moine du douzième Il mêlait à ses vastes connaissances en méde-
siècle, discipie d'Abeilard. Turbulent et am-
cine des rêveries astrologiques, et il prédit la
bitieux
les
, il se fit

bonnes œuvres sont préférables au sacri-


chef de secte. Il disait que
fin du monde pour Tannée 1335. On l'ac- —
cusa aussi de magie. François Pegna dit
fice de la messe ce qui est absurde, car le sa-
;
qu'il devait au démon tout ce qu'il savait d'al-
crifice de la messe n'empêche pas les bonnes
chimie, et Mariana 1 lui reproche d'avoir es-
œuvres, il les ordonne au contraire et sa com-
sayé de former un homme avec de certaines
;

paraison n'avait pas le sens commun. Il avait


drogues déposées dans une citrouille. Mais
jeté le froc comme tous les réformateurs.
Delrio justifie Arnauld de Villeneuve de ces
Ayant excité de grands troubles, il fut pris et
accusations et le pape Clément V ne l'eût pas
,
brûlé à Rome
en 1155. On l'a mis au rang
pris pour son médecin s'il eût donné dans la
des sorciers; il ne l'était guère, mais il fit
beaucoup de mal.
magie. —
L'inquisition de Tarragone fit pour-
tant brûler ses livres, empreints de plusieurs
Arnauld (àngélique). Apparition de la — sentiments hérétiques, trois ans après sa mort.
mère Marie-Angélique Arnauld , abbesse de — On recherche d'Arnauld de Villeneuve un
Port-Royal de Paris , peu avant là mort de traité de l'explication des songes 2 mais on ,

la sœur Marie-Dorothée Perdereau, abbesse met sur son compte beaucoup d'ouvrages d'al-
intruse de ladite maison; rapportée dans une chimie ou de magie auxquels il n'a pas eu la
lettre écrite en 1685 par M. Dufossé à la , ,
moindre part. Tels sont le livre des Ligatu- :

suite de ses mémoires sur Port-Royal. « Deux — res physiques*, qui est une traduction d'un
religieuses de Port-Royal, étant à veiller le livre arabe et celui des Talismans des douze
;

Saint-Sacrement pendant la nuit, virent tout signes du zodiaque*. On lui attribue aussi
d'un coupla feue mère Angélique, leurancienne faussement le livre des Trois imposteurs.
abbesse, se lever du lieu où elle avait été in-
humée ayant en main sa crosse abbatiale
,
Arnoux , —
auteur d'un volume in-12, pu-
blié à Rouen, en 1630, sous le titre des Mer-
marcher tout le long du chœur et s'aller as-
veilles de Vautre monde, ouvrage écrit dans un
seoir à la place où se met l'abbesse pendant
les vêpres. Étant assise —
elle appela une ,
goût bizarre et propre à troubler les imagina-
tions faibles par des contes de visions et de
religieuse qui paraissait au même lieu, et lui ,

revenants.
ordonna d'aller chercher la sœur Dorothée, la-
quelle ou du moins son esprit vint se pré-
, , —
Amuphis, sorcier égyptien. Voyant Marc-
senter devant la mère Angélique, qui lui parla Aurèle et son armée engagés dans des défilés
pendant quelque temps, sans qu'on pût enten- dont les Quades leur fermaient l'issue et
dre ce qu'elle lui disait après quoi, tout dis- ;
mourant de soif sous un il fit tom- ciel brûlant,
parut. — On ne douta point qu'elle n'eût cité ber, par le moyen de son
une pluie pro- art,
la sœur Dorothée devant Dieu ; et c'est la ma- digieuse qui permit aux Romains de se dés-
nière dont elle l'interpréta elle-même, lorsque altérer, pendant que la grêle et le tonnerre
les deux religieuses qui avaient été témoin fondaient sur les Quades et les contraignaient
de cette apparition la lui rapportèrent. Elle
s'écria : Ah ! je mourrai bientôt , » et en effet, * Rerum hispanic. lib. xiv, cap. 9.
Arnaldi de "Villanova libellus de somniorum inter-
2

pretatione et somnia Danielis, in-4°. Ancienne édition


1
Du mot latin armus, épaule. Les anciens appli- très-rare.
quaient surtout cette divination aux animaux. Ils ju-
geaient par rarmomancie si la victime était bonne pour
3 De Physicis ligaturis.
les dieux. 4 De Sigillis duodecim signorum.
ART - ) — ART
à rendre les armes. C'est ce que racontent eût déjà été dicté par quelque enfant d'Israël ;

quelques auteurs païens. D'autres font hon- car ce serait un prodige trop grand que Salo-
neur de ce prodige aux prières de Marc-Au- mon manuscrit de saint Jérôme. Mais
eût lu le

rèle mais les auteurs chrétiens l'attribuent


; les faiseurs d'écrits de ce genre ne reculent
unanimement et avec plus de raison à la
, , pas pour si peu. —
Gilles Bourdin a publié au
prière des soldats chrétiens qui se trouvaient seizième siècle un grimoire obscur sous le
dans l'armée. titre de Y Art notoire; il n'est pas probable

Amus , — devin tué par Hercule parce ,


que ce soit la bonne copie, qui sans doute est
qu'il faisait le métier d'espion. Apollon vengea perdue. Delrioditque de son temps les maîtres

la mort d'Arnus, qu'il inspirait, en mettant la de cet art ordonnaient à leurs élèves une cer-
peste dans le camp des Héraclides il fallut, :
taine sorte de confession générale, des jeûnes,

pour faire cesser le fléau, établir des jeux en des prières , des retraites, puis leur faisaient
l'honneur du défunt. entendre à genoux la lecture du livre de VArt
notoire, et leur persuadaient qu'ils étaient de-
Arot, voy. Marot.
venus aussi savants que Salomon, les prophè-
Arphaxat; — sorcier perse, qui fut tué d'un tes et les apôtres. Il s'en trouvait qui le
coup de foudre, si l'on en croit Abdias de Ba- croyaient. — Ce livre a été condamné par
bylone 1 à l'heure môme du martyre de saint
, le pape Pie V. Mêlant les choses religieuses à
Simon et de saint Jude. Dans une posses- — ses illusions, l'auteur recommande entre au-
sion qui fit du bruit à Loudun, on cite un dé- tres choses de réciter tous les jours , pendant
mon Arphaxat. sept semaines les sept psaumes de la péni-
,

Art de saint Anselme, — moyen de guérir tence et de chanter tous les matins, au lever
superstitieux, employé par des imposteurs qui du soleil, le Veni Creator, en commençant un
prenaient le nom d'anselmistes.Ils se conten- jour de nouvelle lune, pour se préparer ainsi
taient de loucher, avec certaines paroles les , àja connaissance de VArt notoire i Érasme, .

linges qu'on appliquait sur les blessures. Ils qui parle de ce livre dans un de ses colloques,
devaient le secret de leur art, disaient-ils, à dit qu'il n'ya rien compris qu'il n'y a trouvé ;

saint Anselme de Cantorbéry. MaisDelrio as- que des figures de dragons, de lions, de léo-
sure que leur véritable patron est Anselme de pards des cercles, des triangles, des ca-
,

Parme. ractères hébreux grecs latins et qu'on


,
, ,

Art de saint Paul. — Moyen de prédire les n'a jamais connu personne qui eût rien ap-

choses futures prétendu enseigné à saint


,
pris dans tout cela. Des doctes préten- —
Paul dans son voyage au troisième ciel et ,
dent que le véritable Ars notoria n'a jamais
dont quelques charlatans ont eu le front de se été écrit et que l'Esprit le révèle à chaque
,

dire héritiers. aspirant préparé ; il leur en fait la lecture

Art des esprits, — appelé aussi art angé-


pendant sommeil s'ils ont sous l'oreille le
le

nom cabalistique de Salomon écrit sur une ,


lique. Il consiste dans le talent d'évoquer les
lame d'or ou sur un parchemin vierge. Mais
esprits et de les obliger à découvrir les choses
d'autres érudits soutiennent que VMs notoria
cachées. D'autres disent que l'art angélique
existe écrit, et qu'on le doit à Salomon. Le
de s'arranger avec son ange gardien
est l'art
croira qui pourra.
de manière à recevoir de lui la révélation de
tout ce qu'on veut savoir. Cet art supersti- Art sacerdotal. — C'est , selon quelques
tieux se pratique de deux manières, ou par adeptes, le nom que les Égyptiens donnaient
extases dans lesquels on reçoit des avis, ou à l'alchimie. Cet art , dont le secret, recom-
par entretiens avec l'ange que l'on évoque, qui mandé sous peine de mort, était écrit en lan-
apparaît et qui , en cette circonstance , n'est gue hiéroglyphique n'était communiqué ,

pas un ange de lumière. Voy. Évocation. qu'aux prêtres, à la suite de longues épreuves.
Art notoire ,
— espèce d'Encyclopédie in- Artémidore, — Éphésien qui vécut du temps
spirée. Le livre superstitieux qui contient les d'Antonin-le-Pieux. On lui attribue le traité
principes de l'art notoire promet la connais- des songes intitulé Oneïrocrîticon, publié pour
sance de toutes les sciences en quatorze jours. lapremière fois en grec, à Venise, 4 51 8, in-8°-
L'auteur du livre dit eifrontément que le Saint- On recherche la traduction latine de Rigaut 2
3.
Esprit le dicta à saint Jérôme. Il assure en- et quelques traductions françaises
core que Salomon n'a obtenu la sagesso et la
Franc. Torreblanca, cap. 14, epist. de mag.
1
science universelle que pour avoir lu en une
2
Artemidori Ephesii Oneirocritica seti de somnio- ,

seule nuit ce merveilleux livre. Il faudrait qu'il rum interpretatione, grœc.-lat. cum notisNic. Rigaltii,
in-4°. Paris, 1603.
1
Ccrla.v.iftis aposlolïci, 1ii>. vi.
:|
Artémidore, De l'Explication des songes, avec le a-
ART — — ASC
Artéphius , —
philosophe hermétique du granit entassés, comme étant les débris de
douzième siècle, que les alchimistes disent ses vastes murailles. Il s'y trouve, dit-on, des
avoir vécu plus de mille ans par les secrets trésors gardés par des démons qui souvent
de la pierre philosophale. François Pic rap- traversent les airs sous forme de feux fol- la

porte le sentiment de quelques savants qui af- lets, en poussant des hurlements répétés par
firment qu'Artéphius est le même qu'Apollo- les échos du voisinage L'orfraie, la buse et 1
.

nius de Tyanes, né au premier siècle sous ce le corbeau sont les hôtes sinistres qui fréquen-
nom, et mort au douzième sous celui d'Arté- tent ces ruines merveilleuses
où apparaît ,

phius. On lui attribue plusieurs livres extra- l'âme d'Arthus de temps en temps avec sa cour
vagants ou curieux : 1° l'Art d'allonger sa vie enchantée. Voy. Merlin.
{De vitâ propagandâ), qu'il dit dans sa pré- Arundel (Thomas). — Comme il s'était op-
face avoir composé à l'âge de mille vingt-cinq posé (quatorzième siècle) aux séditions des
ans ;
2° la Clef de la sagesse suprême 1
;
3° un wickleffîtes, Chassaignon, dans ses Grands et
livre sur les caratères des planètes, sur la si- redoutables jugements de Dieu imprimés à ,

gnification du chant des oiseaux, sur les choses Morgesen \ 581 chez Jean Lépreux, imprimeur ,

passées et futures , et sur la pierre philoso- des très-puissants seigneurs de Berne, Chas-
phale 2
. — Cardan, qui parle de ces ouvrages, saignon, réformé et défenseur de tous les hé-
au seizième livre de la Variété des choses , rétiques, dit qu'il mourut cruellement, la lan-
croit qu'ils ont été composés par quelque plai- gue tellement enflée ne pouvait plus qu'il
sant qui voulait se jouer de la crédiriité des parler, « lui empêcher dans
qui avait voulu
partisans de l'alchimie. la bouche des disciples de Wickîeff le cours ,

Arthémia, —
de l'empereur Dioclétien.
fille
de la sainte parole » Mais il n'ose pas re-

chercher si Thomas Arundel fut, comme Wick-


Elle fut possédée d'un démon qui résista aux
îeff, étranglé par le diable.
exorcistes païens et ne céda qu'à saint Cyria-
que, diacre de l'église romaine. L'idée de — Aruspices —
devins du paganisme, dont
,

rire et de plaisanter des possessions et des l'art se nommait aruspicine. Ils examinaient
exorci^mes de l'Église est venue quelquefois à les entrailles des victimes pour en tirer des
des esprits égarés, qu'il eût été bon peut- présages ;
il fallait être de bonne maison pour
être d'exorciser eux-mêmes. exercer cette espèce de sacerdoce. Ils prédi-
saient, 4° par la simple inspection des victi-
Arthus, —
des Bretons, célèbre dans les
roi
mes vivantes 2° par l'état de leurs entrailles
;

romans de Table Ronde, et dont la vie est


la
après qu'elles étaient ouvertes; 3° par la
entourée de fables. On prétend qu'il revient la
flamme qui s'élevait de leurs chairs brûlées.
nuit, dans les forêts de l'Angleterre et de la
Bretagne, chasser à grand bruit avec des
— La victime qu'il fallait amener avec vio-
lence, ou qui s'échappait de l'autel, donnait
chiens, des chevaux et des piqueurs qui ne ,
des présages sinistres le cœur maigre, le foie ;

sont que des démons ou des spectres, au sen-


double ou enveloppé d'une double tunique, et
timent de Pierre Delancre 3 Quand le grand- .

surtout l'absence du cœur ou du foie, annon-


veneur apparut à Henri IV dans la forêt de çaient de grands maux. On croirait que les
Fontainebleau, quelques-uns dirent que c'é-
aruspices étaient habiles dans
tait la chasse du roi Arthus. La tradition — ter , car le cœur manqua aux deux bœufs im-
l'art d'escamo-

conserve, aux environs de Huelgoat, dans le


Finistère le souvenir curieux de l'énorme
,
molés le jour qu'on assassina César. — C'était
encore mauvais signe quand la flamme ne s'é-
château d' Arthus. On montre des rochers de
levait pas avec force et n'était pas transpa-
rente et pure et si la queue de la bête se
;

vre d'Augustin Nyphus, Des Divinations, in-16. Rouen,


courbait en brûlant, elle menaçait de grandes
16C0; édition augmentée, 1604. —
Epitome des cinq li-
vres d'Artémidore, traitant des songes, traduit du grec, difficultés dans les affaires. Voij. Hépatoscopie.
par Charles Fontaine; avec un recueil deValère-Maxime
sur le même sujet, traduit du latin, in-8°. Lyon 1555. ,
Arzels* Voy. Cheval.
1
Clavis majoris sapientiœ, imprimé dans le Théâtre
chimique. Francfort, 1614, in-8°, ou Strasbourg, 1699,
Asaphîns ,
— devins ou sorciers chaldéens,
in-12. qui expliquaient les songes et tiraient les ho-
2 De Characteribus planetarum cantu et motibus , roscopes.
avium, rerum przeteritarum et futurarum, lapide que
philosophico. Le Traité d' Artéphius sur la pierre philo-
sophale a été traduit en français par P. Arnauld, et im-
Ascaroth. —
C'est le nom que donnent les

primé avec ceux de Sinésius et Je Flamel. Paris 1612 ,


démonographes à un démon peu connu qui
,

1659, 1682, in-4". On attribue encore à Artéphius le Mi- protège les espions et les délateurs. Il dépen
roir des miroirs, Spéculum speculorum, et le Livre se-
cret, Liber secretus.
du démon Nergal.
3 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, liv. IV,
dise. 3. 1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. 1 er , p. 277.
ASM — ; 2 — ASM
Asdk-pacha ,
— démon turc ,
qui favorise quel a un temple dans le désert de Ryanneh.
les intrigues secrètes, facilite accouche-
les On ajoute que ce serpent se coupe par mor-
ments, enseigne les moyens de rompre les ceaux, et qu'un instant après il n'y paraît pas.
charmes etc. — Cet Asmodée est, selon quelques-uns, l'an-

Ascïétarion, — sorcier qui prédit à l'empe-


cien serpent qui séduisit Ève. Les
l'appellent Asmodaï, faisaient de lui le prince
juifs, qui

reur Domitien qu'il serait mangé des chiens


des démons, comme on le voit dans la para-
;

sur quoi l'empereur le fît tuer « ce qui ne ,

phrase chaldaïque. C'est aux enfers, selon


)> l'empêcha pas d'être mangé des chiens, ca-
Wierus, un roi fort et puissant, qui a trois
» suellement, après sa mort 2 » .

têtes la première ressemble à celle d'un tau-


:

Aselle. — L'aselle aquatique, espèce de clo- reau, la seconde à celle d'un homme, la troi-
porte, était révérée des Islandais, qui croyaient sième à celle d'un bélier. Il a une queue de
qu'en tenant cet insecte dans la bouche, ou serpent, des pieds d'oie, une haleine enflam-
son ovaire desséché sur la langue ils obte- ,
mée il se montre à cheval sur un dragon
;

naient tout ce qu'ils pouvaient désirer. Ils ap- portant en main un étendard et une lance. Il
pelaient son ovaire sec pierre à souhaits. est soumis cependant, par la hiérarchie infer-

Ashmole (Élie), — antiquaire et alchimiste nale, au roi Amoymon. Lorsqu'on l'exor- —


anglais, né en 1617. On lui doit quelques ou- cise, il faut être ferme sur ses pieds, et l'ap-

vrages Musée ashmoléen d'Oxford.


utiles, et le peler par son nom. Il donne des anneaux

Mais il 4 652, un volume


publia à Londres, en consteHés il apprend aux hommes à se rendre
;

in-4°, intitulé Theatrum chemicum britan-


:
invisibles et leur enseigne la géométrie, l'a-

nicum , contenant différents poèmes des phi- rithmétique, l'astronomie et les arts mécani-

losophes anglais qui ont écrit sur les mystères ques. Il connaît aussi des trésors qu'on peut le

hermétiques. Six ans après, il fit imprimer le forcer à découvrir; soixante-douze légions lui

Chemin du bonheur, in-4°, \ 658. Ce traité, qui obéissent ». On le nomme encore Chammadaï
n'est pas de lui, mais auquel il mit une pré- et Sydonaï. Le Sage a fait d'Asmodée le héros
face, roule aussi sur la pierre philosophale. d'un de ses romans {le Diable boiteux).
Voy. Alchimie. Asmond et Aswith, — compagnons d'armes
Asile. — Les lois qui accordaient droit d'a- danois, liés d'une étroite amitié, convinrent,

sile aux criminels dans les églises exceptaient par un serment solennel, de ne s'abandonner ni

ordinairement les sorciers, qui d'ailleurs ne à la Aswith mourut le premier


vie ni à la mort.

cherchaient pas là leur recours. et, suivant leur accord, Asmond, après avoir

enseveli son ami, avec son chien et son che-


Asïma, — démon qui rit quand on fait le
val dans une grande caverne, y porta des
mal. Il a été adoré à Émath, dans la tribu de provisions pour une année et s'enferma dans
Nephtali, avant que les habitants de cette ce tombeau. Mais, ajoute gravement un histo-
ville fussent transportés à Samarie. rien 2 le diable, qui était entré dans le corps
,

Asmodée démon destructeur, le même du mort, tourmenta le fidèle Asmond, le dé-


que Samaël, suivant les rabbins. Il est aux chirant, lui défigurant le visage et lui arra-
enfers surintendant des maisons de jeu, selon chant même une oreille, sans lui donner de
l'esprit de quelques démonomanes, qui ont raisons de sa fureur. Asmond, impatienté,
écrit comme s'ils eussent fait en touristes le coupa la tête du mort, croyant rogner aussi
voyage de l'autre monde. Il sème la dissipation le diable qui s'était logé là. —
Sur ces entre-
et l'erreur. —
Les rabbins content qu'il détrôna faites, de Suède, Éric, pas-
précisément, le roi

un jour Salomon mais que bientôt Salomon le


,
sant devant la caverne murée et entendant
chargea de fers, et le força de l'aider à bâtir le du vacarme, crut qu'elle renfermait un trésor
temple de Jérusalem. —
Tobie, suivant les mê- gardé par des démons. Il la fit ouvrir, et fut

mes rabbins, l'ayant expulsé, avec la fumée du bien surpris d'y trouver Asmond, pâle, ensan-
fiel d'un poisson du corps de la jeune Sara
,
glanté, auprès d'un cadavre puant; il lui fit

qu'il possédait, l'ange Raphaël l'emprisonna conter son histoire, et, ravi de sa fidélité et de
aux extrémités de l'Égypte. Paul Lucas dit son courage, il l'obligea par de bons procédés
qu'il l'a vu dans un de ses voyages. On s'est à le suivre à sa cour.
amusé de lui à ce sujet cependant on a pu lire
; Asmoug, — l'un des démons qui, sous les
dans le Courrier de l'Égypte que le peuple de ordres d'Arimane , sèment en Perse les dis-
ce pays adore encore le serpent d'Asmodée, le- sensions, les procès et les querelles.

» Wicrus, De Prrcst. tlœm., lib. i, cap. 6. 1


Wierus, in Pseudomonarchiâ dsemon,
a
Boguet, Discours des soieien, ch., 61, 2 Saxo Grammat. Danicee hist, lib, Y.
,

ASf 53 — AST
Asoors. — C'est le nom que les Indiens l'adorèrent. grand-trésorier aux
Il est, dit-on,

donnent à certains mauvais génies qui font enfers, et donne de bons avis quand on émet
tomber les voyageurs dans des embûches. des lois nouvelles. Wierus nous apprend qu'il

Aspame. —
« Zorobabel était épris d'un si
sait le passé, le présent et l'avenir, qu'il ré-

amour pour Aspame, qu'elle le souffletait


pond volontiers aux questions qu'on lui fait
fol
sur les choses les plus secrètes, et qu'il est fa-
comme un esclave et lui ôtait le diadème pour
indigne d'un ornement, cile de le faire causer sur la création, les fau-
en orner sa tête ,
tel
tes et la chute des anges , dont il sait toute
dit Delancre elle le faisait rire et pleurer,
quand bon lui semblait, le tout par philtres l'histoire ; mais il soutient que pour lui il a
été puni injustement. Il enseigne à fond les
et fascinations. » Les belles dames font tous
les jours d'aussi grands excès sans fascina-
arts libéraux et commande quarante légions ;

tion ni philtre.
celui qui le fait venir doitprendre garde de
s'en laisser approcher, à cause de son insup-
Aspiculette (Marie
d'), sorcière d'An- — portable puanteur. C'est pourquoi il faut tenir
daye, dans pays de Labour, sous le règne
le
sous ses narines un anneau magique en ar-
de Henri IV. Elle fut arrêtée à l'âge de dix-neuf
gent, qui est un préservatif contre les odeurs
ans, et avoua qu'on l'avait menée au sabbat,
fétides des démons Astaroth a figuré dans
que là elle avait baisé le derrière du diable
plusieurs possessions.
au-dessous d'une grande queue, et que ce der-
rière était fait comme le museau d'un bouc 2 .
Astarté, — femelle d'Astaroth, selon quel-
ques démonomanes porte des cornes, non
Aspîdomancie , — divination peu connue
difformes comme démons,
; elle
celles des autres
qui se pratique aux Indes, selon quelques
3
mais façonnées en croissant. Les Phéniciens
voyageurs. Delancre dit que le devin ou sor-
adoraient la lune sous le nom d'Astarté. A Si-
cier trace un cercle s'y campe assis sur un
,
don, c'était la même que Vénus. Sanchoniaton
bouclier, marmotte des conjuralions devient ,
dit qu'elle eut deux fils : le Désir et l'Amour.
hideux, et ne sort de son extase que pour an-
On l'a souvent représentée avec des rayons,
noncer les choses qu'on veut savoir, et que
ou avec une tête de génisse. Des érudits pré-
le diable vient de lui révéler.
tendent qu'Astaroth, qui donne les richesses, est
Asrafil, — ange terrible qui, selon les mu- le soleil, et Astarté la lune; mais dans les an-
sulmans, ré-
doit sonner de la trompette et ciens monuments orientaux Astarté est le
veiller tous les morts pour le jugement der- même qu'Astaroth, et Astaroth le même qu' As-
nier. On le confond souvent avec Asraël. tarté.

Assa-fœtida. — Les Hollandais appellent Astiages, — roi des Mèdes. Quand Cyrus
cette plante fiente du diable (duivelsdrek). eut vaincu l'Asie, on publia qu'Astiages, son

Assassins, — secte d'Ismaéliens qu'on eni- grand-père, avait songé en dormant que dans
vrait de hrachick et à qui on faisait un dogme le sein de sa fille Mandane croissait une vigne
de tuer. Le souverain des Assassins s'appe- qui de ses feuilles couvrait l'Asie entière; pré-

lait le cheick ou vieux de la Montagne. Il est


sage de la grandeur de Cyrus, fils de Mandane.
célèbre dans l'histoire des croisades. Voy. Astragalomancie divination par les dés. ,

Thuggisme. Prenez deux dés, marqués comme d'usage des
Assheton (Guillaume), — théologien angli- numéros 4, 2, 3, 4, 5, 6. On peut jeter à vo-
can, mort en 4 74 4. Il publia en 4 694 un petit lonté un dé seul, ou les deux dés à la fois; on

ouvrage peu recherché, intitulé : la Possibi- a ainsi la chance d'amener les chiffres 4 à 4 2.
lité des apparitions. Vous voulez deviner quelque affaire qui vous
embarrasse, ou pénétrer les secrets de l'ave-
Astaroth, — grand-duc très-puissant aux
nir posez la question sur un papier que vous
enfers. 11 a la figure d'un ange fort laid, et se
;

aurez passé au-dessus de la fumée du bois


montre chevauchant sur un dragon infernal ;
de genièvre; placez ce papier renversé sur la
il tient à la main droite une vipère. Quelques

magiciens disent qu'il préside à l'Occident


table, et jetez les dés. Vous écrirez les let- —
tres à mesure qu'elles se présentent En se
qu'il procure l'amitié des grands seigneurs, et
combinant, elles vous donneront la réponse :
qu'il faut l'évoquer le mercredi. Les Sido-
4 vaut la lettre A; 2 vaut E; 3 vaut I, ou Y;
niens, les Philistins et quelques sectes juives
4 vaut 0 5 vaut U 6 vaut B, P, ou V; 7 vaut
; ;

1 C, K, ou Q 8 vaut D, ou T; 9 vaut F, S, X,
Incrédulité et mécréance du sortilège, etc.
;

2 Incrédulité et mécréance, etc., tr. 5.


ou Z 4 0 vaut G, ou J 4 4 vaut L, M, ou N
; ;
;

3
Delancre, Tableau de l'inconstance des mauvais
anges, etc., liv. n, dise. 1, » Wierus, in Pseudomonarchia daem.

AST — 54 — AST
vaut R. —
Si la réponse est obscure, il ne labe. Le ciel, disaient-ils, est un livre dans
«

faut pas s'en étonner le sort est capricieux.


; lequel on voit le passé, le présent et l'avenir ;

Pans le cas où vous n'y pouvez rien com- pourquoi ne pourrait-on pas lire les événements
prendre, recourez à d'autres divinations. de ce monde dans un instrument qui repré-
La lettre H marquée, parce qu'elle
n'est point sente la situation des corps célestes
1
? »
n'est pas nécessaire. Les règles du destin se Astrologie, — art
de dire la bonne aven-
dispensent de celles de l'orthographe. PH s'ex-
ture et de prédire les événements, par l'as-
prime fort bien par la lettre F, et CH par la
pect, les positions et les influences des corps
lettre X. —
Les anciens pratiquaient l'astra- célestes. —
On croit que l'astrologie, qu'on ap-
îralomancie avec des osselets marqués des let-
pelle aussi astrologie judiciaire, parce qu'elle
tresde l'alphabet, et les lettres que le hasard
consiste en jugements sur les personnes et sur
amenait faisaient les réponses. C'est par ce
les choses, a pris naissance dans la Chaldée,
moyen que se rendaient les oracles d'Hercule d'où elle pénétra en Égypte, en Grèce et en
en Achaïe. On mettait les lettres dans une Quelques antiquaires attribuent l'inven-
Italie.
urne, et on les tirait comme on tire les numé-
tion de cette science à Cham, fils de Noé; le
ros des loteries.
commissaire de Lamarre, dans son Traité de
Astres. — La
première idolâtrie a com- police, titre 7, chap. 1
er
ne repousse pas les
,

mencé par des astres. Tous les peu-


le culte opinions qui établissent qu'elle lui a été en-
ples les adoraient, au temps de Moïse. Lui seul seignée par le démon. Diogène Laërce donne
dit aux Hébreux « Lorsque vous élevez les
:
à entendre que les Égyptiens connaissaient la
yeux vers le ciel, que vous voyez le soleil, la rondeur de la terre et la cause des éclipses.
lune et les autres astres, gardez-vous de tom- On ne peut leur disputer l'habileté en astro-
ber dans l'erreur et de les adorer, car c'est nomie; mais, au lieu de se tenir aux règles
Dieu qui les a créés » (Deutéronome, chap. I). droites de cette science, ils en ajoutèrent d'au-
Ceux qui ne croient pas à la révélation de- tres qu'ils fondèrent uniquement sur leur ima-
vraient nous apprendre comment Moïse a été gination ce furent là les principes de l'art
;

plus éclairé que les sages de toutes les na- de deviner et de tirer des horoscopes. Ce sont
tions dont il était environné Mahomet dit, l
. — eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à quel
dans Koran, que les étoiles sont les senti-
le dieu chaque mois chaque jour est consacré,
,

nelles du ciel, et qu'elles empêchent les dé- qui observèrent les premiers sous quel ascen-
mons d'en approcher et de connaître les se- dant un homme est né, pour prédire sa for-
crets de Dieu. Il y a des sectes qui prétendent tune, ce qui lui arriverait dans sa vie et de
que chaque corps céleste est la demeure d'un quelle mort mourrait. — « J'ai lu dans les
ange. —
Les Arabes avant Mahomet, ado-
,
registres du
il

ce qui doit vous arriver


ciel tout
raient les astres. Les anciens en faisaient des à vous et à votre fils, » disait à ses crédules
êtres animés; les Égyptiens croyaient qu'ils
enfants Bélus prince de Babylone. Pompée,
,

voguaient dans des navires à travers les airs César, Crassus croyaient à l'astrologie. Pline
comme nos aéronautes ils disaient que le so-
;
en parle comme d'un art respectable. Cette
leil, avec son esquif, traversait l'Océan toutes
science gouverne encore la Perse et une grande
les nuits pour retourner d'occident en orient. partie de l'Asie. « Rien ne se fait ici, dit Ta-
— D'autres physiciens ont prétendu que les vernier dans sa Relation dTspahan, que de
étoiles sont les yeux du ciel, et que les larmes l'avis des astrologues. Us sont plus puissants
qui en tombent forment les pierres précieuses. et plus redoutés que le roi, qui en a toujours
C'est pour cela, ajoutent-ils, que chaque étoile quatre attachés à ses pas, qu'il consulte sans
a sa pierre favorite. cesse et qui l'avertissent du temps où il doit
Astrolabe, — instrument
dont on se sert se promener, de l'heure où il doit se renfer-
pour observer les astres et horosco-tirer les mer dans son palais, se purger, se vêtir de ses
pes. Il est souvent semblable à une sphère ar- habits royaux, prendre ou quitter le sceptre, etc.
millaire. L'astrologue, instruit du jour de , Ils sont si respectés dans cette cour que le roi
l'heure, du moment où est né celui qui le con- Schah-Sophi étant accablé depuis plusieurs
sulte, ou pour lequel on le consulte, met les années d'infirmités que l'art ne pouvait gué-
choses à la place qu'elles occupaient alors, et rir, les médecins jugèrent qu'il n'était tombé

dresse son thème suivant la position des pla- dans cet état de dépérissement que par la faute
nètes et des constellations. — 11 y a eu des des astrologues, qui avaient mal pris l'heure
gens autrefois qui faisaient le métier de dé- à laquelleil devait être élevé sur le trône. Les

couvrir les voleurs par le moyen d'un aslro-


1
Le père Lebrun, Hist. des pratiques superst., t. Ier ,
*
1
Bcrgier, Dict. théolog., au mot Asires, p. 220.
ASï — j
— AST
astrologues reconnurent leur erreur : ils s'as- sous la Balance, Munich sous le Scorpion,
semblèrent de nouveau avec médecins les Stuttgard sous le Sagittaire, Augsbourg sous
cherchèrent dans le ciel la véritable heure pro- leCapricorne, Ingolstadt sous le Verseau, et
pice, ne manquèrent pas de la trouver; et la Ratisbonne sous les Poissons. — Hermès a dit
cérémonie du couronnement fut renouvelée, à que c'est parce qu'il y a sept trous à la tête,

la grande satisfaction deSchah-Sephi, qui mou- qu'il y a aussi dans le ciel sept planètes pour
rut quelques jours après. » Il en est de même présider à ces trous et Jupiter aux
: Saturne
à la Chine, où l'empereur n'ose rien entre- deux Mars et Vénus auxdeux narines,
oreilles.

prendre sans avoir consulté son thème natal. le Soleil et la Lune aux deux yeux, et Mer-
— La vénération des Japonais pour l'astrolo- cureàla bouche. Léon l'Hébreu, dans sa Phi-
gie est plus profonde encore chez eux per- ;
losophie d'amour, traduite par le sieur Duparc,
sonne n'oserait construire un édifice sans Champenois, admet cette opinion, qu'il précise
avoir interrogé quelque astrologue sur la du- très-bien « Le Soleil préside à l'œil droit, dit-
:

rée du bâtiment. Il y en a môme qui, sur la il, et la Lune à l'œil gauche, parce que tous

réponse des astres, se dévouent et se tuent les deux sont les yeux du ciel Jupiter gou- ;

pour le bonheur de ceux qui doivent habiter verne l'oreille gauche; Saturne, la droite;
la nouvelle maison Presque tous les an- — Mars, le pertuis droit du nez; Vénus, le pertuis
ciens, Hippocrate Virgile, Horace, Tibère, gauche; et Mercure, la bouche, parce qu'il
,

croyaient à l'astrologie. Le moyen âge en fut préside à la parole. » —


Ajoutons encore que
infecté. On tira l'horoscope de Louis XIII et Saturne domine sur la vie, les changements,
de Louis XIV; et Boileau dit qu'tm téméraire les édifices et les sciences; Jupiter, sur l'hon-
auteur n'atteint pas le Parnasse, si son astre neur, les souhaits, les richesses et la propreté
en naissant ne Va formé poète En astro- — des habits; Mars, sur la guerre, les prisons,
logie, on ne connaît dans le ciel que sept pla- les mariages, les haines; le Soleil, sur l'espé-
nètes, et douze constellations dans le zodiaque. rance, le bonheur, le gain, les héritages ; Vé-
Le nombre de celles-ci n'a pas changé; mais nus, sur les amitiés et les amours; Mercure,
il y a aujourd'hui douze planètes. Nous ne sur les maladies, les pertes, les dettes, le com-
parlerons que des sept vieilles employées par merce et la crainte; la Lune, sur les plaies, les
les astrologues. Nous n'avons, disent-ils, au- songes et les larcins. Aussi, du moins, le dé-
cun membre que les corps célestes ne gou- cide le livre des admirables secrets d'Albert-
vernent. Les sept planètes sont, comme on sait, le-Grand. — En dominant de la sorte tout ce
le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Mars, Mer- qui arrive à l'homme , les planètes ramènent
cure et Saturne. Le Soleil préside à la tête;la le même coursde choses toutes lesfois qu'elles
Lune, au bras droit; Vénus, au bras gauche; se retrouvent dans le ciel au lieu de l'horos-
Jupiter, à l'estomac; Mars aux parties sexuel- cope. Jupiter se retrouve au bout de douze
les; Mercure, au pied droit, et Saturne au pied ans au même lieu, les honneurs seront les
gauche; ou bien Mars gouverne la tête, Vénus mêmes; Vénus, au bout de huit amours ans, les
le bras droit, Jupiter le bras gauche, le Soleil seront les mêmes, etc., mais dans un autre
l'estomac, la Lune les parties sexuelles, Mer- individu. —
N'oublions pas non plus que cha-
cure le pied droit et Saturne le pied gauche. que planète gouverne un jour de la semaine :

— « Parmi les constellations, le Bélier gou- le Soleil le dimanche la Lune le lundi , Mars ,

verne la tête; le Taureau, le cou; les Gé- le mardi, Mercure le mercredi, Jupiter le jeudi,

meaux, les bras et les épaules; l'Ecrevisse, la Vénus le vendredi, Saturne le samedi; que le
poitrine et le cœur; le Lion , l'estomac; la jaune est la couleur du Soleil, le blanc celle
Vierge, le ventre; la Balance, les reins et les de la Lune, le vert celle de Vénus, le rouge
fesses; le Scorpion, les parties sexuelles; le celle de Mars, le bleu celle de Jupiter, le noir
Sagittaire, les cuisses ; le Capricorne, les ge- celle de Saturne, le mélangé celle de Mer-
noux ; le Verseau, les jambes ; et les Poissons, cure; que le Soleil Lune à
préside à l'or, la
les pieds. — « On a mis aussi le monde, c'est- l'argent, Vénus à Mars au fer, Jupiter
Tétain,
à-dire les empires et lesvilles, sous l'influence à l'airain, Saturne au plomb, Mercure au vif-
des constellations. Des astrologues allemands argent, etc. —
Le Soleil est bienfaisant et fa-
au seizième siècle avaient déclaré Francfort vorable; Saturne, triste, morose et froid; Ju-
sous l'influence du Bélier, Wurtzbourg sous piter, tempéré et bénin ;
Mars, ardent; Vénus,
celle du Taureau
Nuremberg sous les Gé- ,
bienveillante; Mercure, inconstant; la Lune,
meaux, Magdebourg sous l'Écrevisse, Ulm mélancolique. —Dans les constellations, le
sous le Lion, Heidelbergsous la Vierge, Vienne Bélier, le Lion et le Sagittaire sont chauds,
1
Essai sur les erreurs et
secs et ardents ; le Taureau, la Vierge et le
les superstitions ,
par
M. L. C., ch. 5. Capricorne, lourds, froids et secs ; les Gé-
AST — !
— AST
meaux , la Balance et le Verseau, légers, trésors et des biensde patrimoine. La cin- —
chauds et humides; l'Écrevisse, le Scorpion quième maison est celle du Lion, dite la de-
et les Poissons, humides, mous et froids. — meure des enfants; c'est la maison des legs et
Au moment de la naissance d'un enfant dont des donations. —
La sixième maison est celle
on veut ou bien au jour de
tirer l'horoscope , de la Vierge, on l'appelle Vamour de Mars.
l'événement dont on cherche à présager les C'est la maison des chagrins des revers et ,

suites, il faut d'abord voir sur l'astrolabe des maladies. —


La septième maison est celle
quelles sont les constellations et planètes qui de la Balance, qu'on appelle l 'angle occidental
dominent dans le ciel, et tirer les conséquences C'est la maison des mariages et des noces. —
qu'indiquent leurs vertus , leurs qualités et La huitième maison est celle du Scorpion ap-
leurs fonctions. Si trois signes de la même pelée la porte supérieure. C'est la maison de
nature se rencontrent dans le ciel, comme, l'effroi, des craintes et de la mort. La neu- —
par exemple le Bélier le Lion et le Sagit-
, , vième maison est celle du Sagittaire, appelée
taire, ces trois signes forment le trin aspect, l'amour du soleil. C'est la maison de la piété,
parce qu'ils partagent le ciel en trois, et qu'ils de la religion, des voyages et de la philoso-
sont séparés l'un de l'autre par trois autres phie. —La dixième maison est celle du Ca-
constellations. Cet aspect est bon et favo- pricorne, dite le milieu du ciel. C'est la mai-
rable. Quand ceux qui partagent le ciel par son des charges, des dignités et des couronnes.
sixième se rencontrent à l'heure de l'opéra- — La onzième maison est celle du Verseau
tion, comme le Bélier avec les Gémeaux, le qu'on appelle l'amour de Jupiter. C'est la mai-
Taureau avec l'Ecrevisse, etc., ils forment son des amis, des bienfaits et de la fortune.
Yaspect sextil, qui est médiocre. Quand ceux — La douzième maison est celle des Poissons,
qui partagent le ciel en quatre, comme le Bé- appelée l'amour de Saturne. C'est la plus mau-
lier avec l'Écrevisse, le Taureau avec le Lion, vaise de toutes et la plus funeste ; c'est la
les Gémeaux avec la Vierge, se rencontrent maison des empoisonnements, des misères,
dans le ciel ils forment Yaspect carré, qui est
, de l'envie, de l'humeur noire et de la mort
mauvais. Quand ceux qui se trouvent aux par- violente. —
Le Bélier et le Scorpion sont les mai-
ties opposées du ciel, comme le Bélier avec la sons chéries de Mars le Taureau et la Balance,
;

Balance, le Taureau avec le Scorpion, les Gé- celles de Vénus; les Gémeaux et la Vierge,
meaux avec le Sagittaire, etc., se rencontrent celles de Mercure; le Sagittaire et les Pois-
à l'heure de la naissance, ils forment Yaspect sons, celles de Jupiter; le Capricorne et le Ver-
contraire, qui est méchant et nuisible. Les seau, celles de Saturne; le Lion, celle du Soleil;
astres sont en conjonction quand deux pla- l'Écrevisse, celle delà lune. Il faut exami-—
nètes se trouvent réunies dans le même signe ner avec soin les rencontres des planètes avec
ou dans la même maison , et en opposition les constellations. Si Mars, par exemple,
quand elles sont à deux points opposés. — se rencontre avec le Bélier à l'heure de la
Chaque signe du zodiaque occupe une place naissance, il donne du courage, de la fierté
qu'on appelle maison céleste ou maison du so- et une longue vie; s'il se trouve avec le Tau-
leil; ces douze maisons du soleil coupent ainsi reau, richesses et courage. En un mot, Mars
le zodiaque en douze parties. Chaque maison augmente l'influence des constellations avec
occupe trente degrés, puisque le cercle en a lesquelles se rencontre, et ajoute la valeur
— Saturne, qui ydonne
il

trois cent soixante. Les astrologues représen- et la force. les peines,


tent les maisons par de simples numéros, dans les misères, les maladies, augmente les mau-
une figure ronde ou carrée, divisée en douze vaises influences et gâte les bonnes. Vénus
cellules. —
La première maison est celle du au contraire, augmente les bonnes influences
Bélier, qu'on appelle Y angle oriental, en ar- et affaiblit les mauvaises. Mercure aug- —
got asliologique. C'est la maison de la vie mente ou affaiblit les influences suivant ses
parce que ceux qui naissent quand cette con- conjonctions. S'il se rencontre avec les Pois-
stellation domine peuvent vivre long-temps. sons, qui sont mauvais, il devient moins bon;
— La seconde maison est celle du Taureau, s'il se trouve avec le Capricorne, qui est fa-

qu'on appelle la porte inférieure. C'est la mai- vorable, il devient meilleur. — La Lune joint
son des richesses et des moyens de fortune. la mélancolie aux constellations heureuses
— La troisième maison
;

est celle des Gémeaux elle ajoute la tristesse démence aux con-
ou la
appelée la demeure des frères. C'est la maison stellations funestes. Jupiter, qui donne les ri-
des héritages et des bonnes successions. — chesses et les honneurs, augmente les bonnes
La quatrième maison est celle de l'Écrevisse. influences et dissipe à peu près les mauvaises.
On l'appelle le fond du ciel, l'angle delà terre, Le Soleil ascendant donne les faveurs des
la demeure des parents. C'est la maison des princes ; il a sur les influences presque autant
— —

AST — ' — AST


d'effet que Jupiter; mais descendant il pré- amena ledomestique, qu'on venait de prendre
sage des revers. —
Ajoutons que les Gémeaux, enfin ,
malgré la protection de Mercure. —
la Balance et la Vierge donnent la beauté par Les astrologues tirent vanité de deux ou trois
excellence; le Scorpion, le Capricorne et les de leurs prédictions accomplies, quoique sou-
Poissons donnent une beauté médiocre. Les vent d'une manière indirecte, entre mille qui
autres constellations donnent plus ou moins n'ont point eu de succès. L'horoscope du poète
la laideur. — La Vierge, la Balance, le Ver- Eschyle portait qu'il serait écrasé par la chute
seau et les Gémeaux donnent une belle voix ;
d'une maison il s'alla, dit-on, mettre en plein
;

l'Écrevisse, le Scorpion et les Poissons don- champ, pour éviter sa destinée mais un aigle, ;

nent une voix nulle ou désagréable; les autres qui avait enlevé une tortue, la lui laissa tom-
constellations n'ont pas d'influence sur la voix. ber sur la tête, et il en fut tué. Si ce conte
—Si les planètes et les constellations se trou- n'a pas été fait après coup, nous répondrons
vent à l'Orient, à l'heure de l'horoscope, on qu'un aveugle, en jetant au hasard une mul-
éprouvera leur influence au commencement titude de flèches, peut atteindre le but une fois
delà vie ou de l'entreprise; on l'éprouvera au par hasard. Quand il y avait en Europe des
milieu si elles sont au haut du ciel, et à la fin milliers d'astrologues qui faisaient tous les
si elles sont à l'Occident. —
Afin que l'horos- jours de nouvelles prédictions pouvait s'en , il

cope ne trompe point, il faut avoir soin d'en trouver quelques-unes que l'événement, par
commencer les opérations précisément à la cas fortuit, justifiait; et celles-ci, quoique ra-
minute où l'enfant est né, ou à l'instant précis que des millions
res, entretenaient la crédulité
d'une affaire dont on veut savoir les suites. de mensonges auraient dû détruire. L'empe-
Pour ceux qui n'exigent pas une exactitude si reur Frédéric-Barberousse, étant sur le point
sévère, il y a des horoscopes tout dressés, de quitter Vicence ,
qu'il venait de prendre
d'après les constellations de la naissance. d'assaut, défia le plus fameux astrologue de
Voy. Horoscope. —
Tels sont, en peu de mots, deviner par quelle porte il sortirait le lende-

les principes de cet art, autrefois si vanté si , main. Le charlatan répondit au défi par un
universellement répandu et maintenant un
, tour de son métier; il remit à Frédéric un
peu tombé en désuétude. Les astrologues con- billet cacheté, lui recommandant de ne l'ouvrir
viennent que le globe roule si rapidement qu'après sa sortie. L'empereur fit abattre,
que la disposition des astres change en un mo- pendant la nuit, quelques toises de mur, et
ment. Il faudra donc, pour tirer les horos- sortit par la brèche il ouvrit ensuite le billet,
;

copes, que les sages-femmes aient soin de re- et ne fut pas peu surpris d'y lire ces mots :

garder attentivement les horloges, de marquer « L'empereur sortira par la porte neuve. »

exactement chaque point du jour, et de con- C'en fut assez pour que l'astrologue et l'astro-
sorver à celui qui naît ses étoiles comme son logie lui parussent infiniment respectables.
patrimoine. Mais combien de fois, ditBarclai,
« Un homme, que les astres avaient condamné
le péril des mères empêche-t-il ceux qui sont en naissant à être tué par un cheval, avait
autour d'elles de songer à cela Et combien ! grand soin de s'éloigner dès qu'il apercevait
de fois ne s'y trouve-t-il personne qui soit as- un de ces animaux. Or un jour qu'il passait
sez superstitieux pour s'en occuper! Supposez dans une rue, une enseigne lui tomba sur la
cependant qu'on y ait pris garde, si l'enfant tête, et il mourut du coup c'était l'enseigne
:

est long-temps à naître, et si, ayant montré d'un auberge où était représenté un cheval
la tête, le reste du corps ne paraît pas de suite, noir. — Mais il y a d'autres anecdotes. Un
comme il arrive, quelle disposition des astres bourgeois de Lyon, riche et crédule, ayant fait
sera funeste ou favorable? sera-ce celle qui dresser son horoscope, mangea tout son bien
aura présidé à l'apparition de ou celle la tête, pendant le temps qu'il croyait avoir à vivre.
qui se sera rencontrée quand en- l'enfant est N'étant pas mort à l'heure que l'astrologue lui
tièrement né? » —
Voici quelques anecdotes avait assignée , il se vit obligé de demander
sur le compte des astrologues Un valet ayant : l'aumône, ce qu'il en disant « Ayez
faisait :

volé son maître s'enfuit avec l'objet dérobé. pitié d'un homme qui a vécu plus long-temps
On mit des gens a la poursuite, et, comme on qu'il ne croyait. » —
Une dame pria un astro-
ne le trouvait pas, on consulta un astrologue. logue de deviner un chagrin qu'elle avait dans
Celui-ci, habile à deviner les choses passées, l'esprit. L'astrologue, après lui avoir demandé
répondit que le valet s'était échappé parce l'année, le mois, le jour et l'heure de sa nais-
que la lune s'était trouvée, à sa naissance, en sance, dressa la figure de son horoscope, et
conjonction avec Mercure, qui protège les vo- dit beaucoup de paroles qui signifiaient peu
leurs, et que de plus longues recherches se- de chose. La dame lui donna une pièce de
raient inutiles. Comme il disait ces mots, on quinze sous. « Madame, dit alors l'astrologue,
ATH — 58 — ATI
je découvre encore dans votre horoscope que morts, traduit du grec en français par Gaus-
vous n'êtes — pas riche. Cela est vrai, répon- sart, prieur de Sainte-Foy, Paris, 1574, et
— Madame, poursuivit-il en considé-
dit-elle. par Duferrier, Bordeaux, 1577, in-8°.
rant de nouveau des n'avez-
les figures astres,
Athénaîs —
sibylle d'Érythrée. Elle pro-
perdu? —
,

vous rien perdu, J'ai lui dit-elle,


temps d'Alexandre. Voy. Sibylles.
l'argent que viens de vous donner.
je — »
phétisait du

Darah l'un des quatre fils du grand-mogol


,
Atbénodore, — philosophe stoïcien du siècle
d'Auguste. On conte qu'il y avait à Athènes
Schah-Géhan, ajoutait beaucoup de foi aux
une fort belle maison où personne n'osait de-
prédictions des astrologues. Un de ces doctes
meurer, à cause d'un spectre qui s'y montrait
lui avait prédit, au péril de sa tête, qu'il por-
la nuit. Athénodore, étant arrivé dans cette
terait la couronne. Darah comptait là-dessus.
ville, ne s'effraya point de ce qu'on disait de
Comme on s'étonnait que cet astrologue osât

la maison décriée, et l'acheta. La première
garantir sur sa vie un événement aussi incer-
nuit qu'il y passa, étant occupé à écrire, il
tain : arrivera de deux choses l'une, ré-
« Il
entendit tout à coup un bruit de chaînes, et il
pondit-il ou Darah parviendra au trône, et
,

aperçut un vieillard hideux, chargé de fers,


ma fortune est faite ; ou il sera vaincu, et dès
qui s'approchait de lui à pas lents. Il continua
lors sa mort ne redoute pas
est certaine, et je
d'écrire. Le spectre l'appelant du doigt, lui
sa vengeance. » — Heggiage,
général arabe
fit signe de le suivre. Athénodore répondit à
sous le calife Valid, consulta, dans sa der-
l'esprit, par un autre signe, qu'il le priait d'at-
nière maladie un astrologue qui lui prédit
,

tendre, et continua son travail mais le spectre ;

une mort prochaine. « Je compte tellement sur


fit retentir ses chaînes à ses oreilles, et l'ob-
votre habileté, lui répondit Heggiage, que je
séda tellement que le philosophe, fatigué, se
veux vous avoir avec moi dans l'autre monde,
détermina à voir l'aventure. Il marcha avec
et je vais vous y envoyer le premier, afin que
le fantôme, qui disparut dans un coin de la
je puisse me servir de vous dès mon arrivée. »
cour. Athénodore étonné arracha une poignée
Et il lui fit couper la tête, quoique le temps
de gazon pour reconnaître le lieu, rentra dans
fixé par les astres ne fût pas encore arrivé.
sa chambre, et le lendemain il fit part aux
L'empereur Manuel, qui avait aussi des pré-
magistrats de ce qui lui était arrivé. On fouilla
tentions à la science de l'astrologie, mit en
dans l'endroit indiqué; on trouva les os d'un
mer, sur la foi des astres, une flotte qui de-
cadavre avec des chaînes, on lui rendit les
vait faire des merveilles et qui fut vaincue,
honneurs de la sépulture, et dès ce moment,
brûlée et coulée bas. — Henri VII, roi d'An-
ajoute-t-on, la maison fut tranquille *. Voy.
gleterre, demandait à un astrologue s'il savait
Ayola et Arignote.
où il passerait les fêtes de Noël. L'astrologue
répondit qu'il n'en savait rien. « Je suis donc Atinius. — Tite-Live raconte que, le matin
plus habile que toi, répondit le roi ;
car je sais d'un jour où l'on représentait les grands jeux,
que tu les passeras dans la Tour de Londres. » un citoyen de Rome conduisit un de ses es-
Il l'y fit conduire en même temps. Il est vrai claves à travers le cirque en le faisant battre

que une mauvaise raison.


c'était Un astro- — de verges; ce qui divertit ce grand peuple
logue regardant au visage Jean Galéas, duc romain. Les jeux commencèrent à la suite de
de Milan, lui dit « Seigneur, arrangez vos
:
cette parade mais quelques jours après Ju-
;

affaires, car vous ne pouvez vivre long-temps. piter Capitolin apparut la nuit, en songe, à
— Comment le sais-tu ? lui demanda le duc. un homme du peuple nommé Atinius 2 et lui ,

— Par la connaissance des astres. — Et toi, ordonna d'aller dire de sa part aux consuls
combien dois-tu vivre? Ma planète me pro- — qu'il n'avait pas été content de celui qui me-
met une longue vie. Oh bien tu vas voir — !
nait la danseaux derniers jeux, et que l'on
qu'il ne faut pas se fier aux planètes; » et il recommençât la fête avec un autre danseur.
le fit pendre sur-le-champ. Le Romain, à son réveil, craignit de se rendre
Astronomancie ,
— divination par les as-
ridicule en
main son fils,
publiant ce songe ;

sans être malade, mourut su-


et le lende-

tres. C'est la même chose que l'astrologie.

Astyle, — devin fameux dans l'histoire des


bitement.
rut de
La
nouveau
nuit suivante, Jupiter lui appa-
et lui demanda s'il se trou-
Centaures. On trouve dans Plutarque un autre
vait bien d'avoir méprisé l'ordre des dieux,
devin nommé Astyphile. Voy. Cimon.
ajoutant que s'il n'obéissait il lui arriverait
Aswith, — VOy. ASMOND. pis. Atinius, ne s'étant pas encore décidé à
Athénagore, —
philosophe platonicien, qui 1
Plin. jun., Epist., lib. VII, op. 27, ad Saram.
embrassa le christianisme au deuxième siècle. Plutarque
*•
le nomme Tiius Lalinus dans la Vie de
On peut lire son Traité de, la résurrection des Conolan.
A.UB — » — AU G
parler aux magistrats, fut frappé d'une para- Aubry (Nicole) ,
— possédée de Laon au
lysie qui lui ôta l'usage de ses membres. seizième siècle. Boulvèse, professeur d'hébreu
Alors il se fit porter en chaise au sénat, et ra- au collège de Montaigu, homme qui croyait
conta tout ce qui s'était passé. Il n'eut pas tout, a écrit l'histoire de cette possession, qui
plus tôt fini son récit qu'il se leva, rendu à la fitgrand bruit en 1566. Nicole Aubry, de —
la santé. — Toutes ces circonstances parurent Vervins, fille d'un boucher et mariée à un tail-
miraculeuses. On comprit que le mauvais leur, allait prier sur le tombeau de son grand-
danseur était l'esclave battu. Le maître de cet père, mort sans a voir pu faire sa dernière confes-
infortuné fut recherché et puni on ordonna ; sion elle crut le voir sortir du tombeau, lui de-
;

aussi de nouveaux jeux qui furent célébrés mandant de faire dire des messes pour le repos
avec plus de pompe que les précédents, l'an de son âme, qui était dans le purgatoire. La
de Rome 265. jeune femme en tomba malade de frayeur.
Atropos, — l'une des trois Parques; c'est On s'imagina alors que le diable avait pris la
elle qui coupait le fil. Hésiode la peint comme forme de Vieilliot grand-père de Nicole et
,
,

très-féroce ; on lui donne un vêlement noir, qu'elle était maléûciée. Si cette femme jouait

des traits ridés et un maintien peu séduisant. une comédie, elle la joua bien; car elle fit

de Laon qu'elle était


Attila, —
Fléau de Dieu, que saint
dit le
croire à toute la ville

possédée de Belzébut, de Baltazo et de plu-


Loup, évêque de Troyes, empêcha de ravager
sieurs autres démons. Elle disait que vingt-
la Champagne. Comme il s'avançait sur Rome neuf diables, ayant formes de chats et taille
pour la détruire, il eut une vision il vit en :

de moutons gras, l'assiégeaient de temps en


songe un vieillard vénérable, vêtu d'habits
temps. Elle obtint qu'on l'exorcisât; et on pu-
sacerdotaux, qui, l'épée nue au poing, le me-
blia que les démons s'étaient enfuis, Astaroth
naçait de le tuer s'il résistait aux prières du
sous la figure d'un porc, Cerberus sous celle
pape Léon et le lendemain, quand le pape
;
d'un chien, Belzébut sous celle d'un taureau.
vint lui demander d'épargner Rome, il répon-
On ne sait trop comment juger ces faits in-
dit qu'il Je ferait, et ne passa pas plus avant.
concevables, si fréquents au seizième siècle.
Paul Diacre dit, dans le livre xvdeson Histoire
Nicole Aubry parvint à se faire présenter, le
de Lombardie, que ce vieillard merveilleux
27 août 4 566, au roi Charles IX, qui lui donna
n'était autre, selon l'opinion générale, que
dix écus d'or.
saint Pierre, prince des apôtres. Des légen- —
daires ont écrit qu'Attila était le fils d'un dé- Augerot, — sorcier. Voy. Chorropiqde.
Augures. — Les augures étaient chez
mon.
les
Attouchement. — Pline dit que Pyrrhus Romains les interprètes des dieux. On les
guérissait les douleurs de rate en touchant les consultait avant toutes les grandes entrepri-
malades du gros doigt de son pied droit; et ses ils jugeaient du succès par le vol, le
:

l'empereur Adrien, en touchant les hydropi- chant et la façon de manger des oiseaux. On
ques du bout de l'index, leur faisait sortir l'eau ne pouvait élire un magistrat, ni donner une
du ventre. Beaucoup de magiciens et de sor- bataille, sans avoir consulté l'appétit des pou-
ciers ont su produire également des cures lets sacrés ou les entrailles des victimes.
merveilleuses par le simple attouchement. Annibal pressant le roi Prusias de livrer ba-
Voy. Charmes, Écrouelles, etc. taille aux Romains, celui-ci s'en excusa, en

Aubigné (Nathan d'), en latin Albineus, — disant que les victimes s'y opposaient. « C'est-

fils du fameux huguenot d'Aubigné. Il était à-dire, reprit Annibal, que vous préférez l'a-
partisan de l'alchimie. Il a publié sous le ti- vis d'un mouton à celui d'un vieux général. »

tre de Bibliothèque chimique J


, un recueil de
— Les augures prédisaient aussi l'avenir, par
divers traités, recherché par ceux qui croient le moyen du tonnerre et des éclairs, par les

à la pierre philosophale. éclipses, et par les présages qu'on tirait de


l'apparition des comètes. Les savants n'étaient
Aubrey ( Jean), —
Àlberius, savant anti-
pas dupes de leurs cérémonies, et Cicéron di-
quaire anglais, mort en 4700. Il a donné, en
sait qu'il ne concevait pas que deux augures
4 696, un livre intitulé

suivants :
Mélanges sur les sujets
:

Fatalité de jours, fatalité de lieux,


pussent se regarder sans rire. Quelques- —
uns méprisèrent, il est vrai, la science des
présages, songes, apparitions, merveilles et
augures; mais ils s'en trouvèrent mal, parce
prodiges; réimprimé en 4721, avec des addi-
que le peuple la respectait. On vint dire à
tions.
Claudius Pulcher, prêt à livrer bataille aux
1
Bibliotheca chimica contracta ex delectu et emen-
Carthaginois, que les poulets sacrés refusaient
datione Nathanis Albinei, in-8°. Genève, 1654 et 1673. de manger. « Qu'on les jette à la mer, répon-
AUG — 6 I
— AL G
ne mangent pas, ils boiront. » Mais
dit-il, s'ils jeun, on tombera infalliblement de cheval
l'armée fut indignée de ce sacrilège, et Clau- dans la journée, pourvu qu'on aille à cheval.
dius perdit la bataille. —
Les oiseaux ne sont Voy. Ornithomancie, Aigle, Corneille, Hi-
pas, chez nos bonnes gens, dépourvus du don bou, Aruspices, etc.
de prophétie. Le cri de la chouette annonce la
mort. Le chant du rossignol promet de la joie;
Auguste. —
Leloyer rapporte, après quel-
ques anciens, que la mère de l'empereur Au-
le coucou donne de l'argent quand on porte
guste, étant enceinte de lui, eut un songe où
sur soi quelque monnaie le premier jour
il lui sembla que ses entrailles étaient portées
qu'on a le bonheur de l'entendre, etc. Si une
dans le ciel, ce qui présageait la future gran-
corneille vole devant vous, dit Cardan, elle
deur de son fils. Ce nonobstant, d'autres dé-
présage un malheur futur si elle vole à droite, ;
monographes disent qu'Auguste était enfant
un malheur présent; si elle vole à gauche, un
malheur qu'on peut éviter par la prudence: si
du diable. —
Les cabalistes n'ont pas manqué
de faire de ce diable une Salamandre. Il y a des
elle vole sur la tête, elle annonce la mort, pourvu
merveilles dans le destin d'Auguste; etBoguet
toutefois qu'elle croasse : car, si elle garde le
conte, avec d'autres bons hommes, que cet
silence, elle ne présage rien. que la — On dit
empereur, étant sur le point de se faire procla-
science des augures passa des Chaldéens chez
mer maître et seigneur de tout le monde, en fut
les Grecs et ensuite chez les Romains. Elle
empêché par une vierge qu'il aperçut en l'air
est défendue aux Juifs par le chapitre 29 du
Lévitique. —
Gaspard Peucer dit que les au-
tenant en ses bras un enfant Auguste était —
superstitieux Suétone rapporte 2 que, comme
;

gures se prenaient de cinq choses 4° du :


on croyait de son temps que la peau d'un
ciel; 2° des oiseaux; 3° des bêtes à deux
veau marin préservait de la foudre, il était
pieds 4° des bêtes à quatre pieds 5° de ce
; ;
toujours muni d'nne peau de veau ma-
qui arrive au corps humain, soit dans la mai-
rin. Il eut encore la faiblesse de croire qu'un
son, soit hors de la maison. Mais les anciens
poisson qui sortait hors de la mer, sur le ri-
livres auguraux approuvés par Maïole dans
,
vage d'Actium, lui présageait le gain d'une
le deuxième colloque du supplément à ses
bataille. Suétone ajoute qu'ayant ensuite ren-
Jours caniculaires, portent les objels d'augures
contré un ânier il lui demanda le nom de son
à douze chefs principaux selon le nombre
,
âne; que l'ânier lui ayant répondu que son
des douze signes du zodiaque 4° l'entrée :
âne s'appelait Nicolas, qui signifie vainqueur
d'un animal sauvage ou domestique dans une
des peuples, il ne douta plus de la victoire; et
maison; 2° la rencontre d'un animal sur la route
que, par la suite, il fit ériger des statues
ou dans la rue; 3° la chute du tonnerre;
d'airain à l'ânier, à l'âne et au poisson sau-
4° un rat qui mange une savate, un renard qui
tant. Il dit même que ces statues furent pla-
étrangle une poule, un loup qui emporte une
brebis, etc.; 5° un bruit inconnu entendu
cées dans le On sait qu'Auguste
Capitole. —
fut proclamé dieu de son vivant, et qu'il eut
dans la maison, et qu'on attribuait à quelque
des temples et des prêtres.
lutin; 6° le cri de la corneille ou du hibou,
un oiseau qui tombe sur le chemin, etc.; Augustin (saint),— évèque d'Hippone, l'un

7° un chat ou tout autre animal qui entre par des plus illustres pères de l'Église. On lit

un trou dans la maison; on le prenait pour dans Jacques de Voragines une gracieuse lé-
un mauvais génie; 8° un flambeau qui s'éteint gende sur ce grand saint un jour qu'il était :

tout seul, ce que l'on croyait une malice d'un plongé dans ses méditations, il vit passer de-
démon 9° le feu qui pétille. Les anciens pen- vant lui un démon qui portait un livre énorme
;

saient que Vulcain leur parlait alors dans le


sur ses épaules, il l'arrêta et lui demanda à
voir ce que contenait ce livre. « C'est le re-
foyer; 4 0° ils tiraient encore divers présages
gistre de touspéchés des hommes, répond
les
lorsque la flamme étincelait d'une manière
extraordinaire; 11° lorsqu'elle bondissait, ils
le démon ramasse où je les trouve, et
;
je les
je les écris à leur place pour savoir plus ai-
s'imaginaient que les dieux Lares s'amusaient
à l'agiter; 42° enfin, ils regardaient comme
sément ce que chacun me doit. Montrez- —
moi, dit le pieux évèque d'Hippone, quels
un motif d'augure une tristesse qui leur sur-
venait tout à coup. Nous avons conservé quel-
péchés j'ai faits depuis ma conversion?... »

ques traces de ces superstitions, qui ne sont


Le démon ouvrit le livre, et chercha l'article

ne se trouva que
pas sans poésie . —
Les Grecs modernes tirent
1
de saint Augustin, où
cette petite note : « Il
il

oublié tel jour de


a
des augures du cri des pleureuses à gages.
dire les complies. » Le prélat ordonna au
Ils disent que si l'on entend braire un âne à

1
Discours des sorciers, eli. 7.
1 3 In Augusto, cap, 90.
Dictionnaire philosophique, au mot Augures,
aijp — m — AUR
diable de l'attendre un moment; il se rendit L'évèque de Limoges envoya un membre de
à l'église, récita les complies, et revint auprès l'ofïicialité pour assister, avec le vice-sénéchal

du démon, à qui il demanda de lire une se- et le conseiller de Peyrat, à l'audition du sor-
conde fois la note. Elle se trouva effacée. — cier. — Interrogé
s'il n'a pas été au sabbat

« Ah! vous m'avez joué, s'écria le diable,... de Menciras, s'il n'y a pas vu Antoine Dumons
maisonne m'y reprendra plus... » En disant ces de Saint-Laurent, chargé de fournir des chan-
mots, il s'en alla peu content 4 Nous avons . — delles pour l'adoration du diable; si lui,
dit que saint Augustin avait réfuté le petit livre Pierre Aupetit, n'a pas tenu le fusil pour les
du Démon de Socrate, d'Apulée. On peut lire allumer, etc.; il a répondu que non, et qu'il
aussi de ce père le traité de l'antechrist et priait Dieu de le garder de sa figure, ce qui
divers chapitres de la Cité de Dieu, qui ont signifie, au jugement de Delancre, qu'il était
rapport au genre de merveilles dont nous nous sorcier. —
Interrogé s'il ne se servait pas de
occupons. graisses, et si, après le sabbat, il n'avait pas

Aumône. — Le peuple croit en Angleterre lu dans un livre pour faire venir une troupe

que, pour les voyageurs qui ne veulent pas de cochons qui criaient et lui répondaient :

s'égarer dans leur route , c'est une grande im- « Tiran, tiran, ramassien, ramassien, nous

prudence de passer auprès d'une vieille femme » demandons cercles et cernes pour faire

sans lui donner l'aumône, surtout quand elle » l'assemblée que nous t'avons promise » il ;

regarde en face celui dont elle sollicite la pi- a répondu qu'il ne savait ce qu'on lui de-
tié
2
. —
Nous rapporterons sur l'aumône une mandait. —
Interrogé s'il ne sait pas embar-
anecdote qui ne tient pourtant pas aux supers- rer ou désembarrer, et se rendre invisible

de cet excellent père Bri-


titions. C'est celle étant prisonnier, il répond que non. — Inter-

daine, missionnaire toujours pauvre parce rogé s'il sait dire des messes pour obtenir la
qu'il donnait tout. Un jour il alla demander à guérison des malades, il répond qu'il en sait
coucher au curé d'un village, qui n'avait dire en l'honneur des cinq plaies de notre

qu'un lit, et qui le lui fit partager. -Le père Seigneur et de monsieur saint Côme. Pour —
tirer de lui la vérité, selon les usages d'alors,
Bridaine se leva au point du jour, selon son
usage, pour aller prier à l'église en sortant on l'appliqua à la question. Il avoua qu'il
;

du presbytère trouva un pauvre mendiant


il
était allé au sabbat; qu'il lisait dans le gri-

qui lui demanda l'aumône. « Hélas mon ami, !


moire; que le diable, en forme de mouton,

je n'ai plus rien, » répondit le bon prêtre en plus noir que blanc, se faisait baiser le der-
touchant cependant son gousset, où il fut rière; que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait

très-étonné de sentir quelque chose, car il appris le secret d'embarrer, d'étancher et


n'y avait rien laissé. Il fouille vivement, d'arrêter le sang; que son démon, ou esprit

trouve un petit rouleau de quatre écus, crie familier, s'appelait Belzébut, et qu'il avait

miracle, donne le rouleau au mendiant, et va reçu en cadeau son petit doigt. Il déclara
remercier Dieu. Au bout d'un instant le curé qu'il avait dit la messe en l'honneur de Bel-
arrive : le père Bridaine, dans l'obscurité, zébut, et qu'il savait embarrer en invoquant
avait mis la culotte du curé pour la sienne. le nom du un liard dans
diable, et en mettant
Les quatre écus étaient le bien, le seul trésor une aiguillette; que le diable
il dit, de plus ,

peut-être du pauvre curé. Mais le mendiant parlait en langage vulgaire aux sorciers, et
avait disparu, il fallut bien qu'il se consolât que, quand il voulait envoyer du mal à quel-
de la perte de son argent, et le père Bridaine qu'un, il disait ces mots « Vach, vech, stest, :

de la perte de son petit miracle. Une — sly, stu! » Il persista jusqu'au supplice dans
aventure semblable est attribuée à un bon ces ridicules révélations mêlées d'indécentes
curé de Bruxelles au dix-septième siècle. grossièretés 4
. Pour comprendre ces choses,
voy. l'article Sabbat.
Aupetit (Pierre), — prêtre sorcier, du
village de Fossas, paroisse de Paias, près la Aurore boréale, —
espèce de nuée rare,
ville deChalus, en Limousin, exécuté à l'âge transparente, lumineuse, qui paraît la nuit
de cinquante ans, le 25 mai 1598. Il ne — du côté du nord. On ne saurait croire, dit
voulut pas d'abord répondre au juge civil; il Saint-Foix, sous combien de formes l'igno-
en fut référé au parlement de Bordeaux, qui rance et la superstition des siècles passés nous
ordonna que le juge laïque connaîtrait de cette ont présenté l'aurore boréale. Elle produisait
affaire, sauf à s'adjoindre un juge d'église. des visions différentes dans l'esprit des peu-
ples, selon que ces apparitions étaient plus
1
Legenda aurca Jac. de Voragine , aucta à Clau-
àino à Rota,leg. 119. 1
Delancre, Tableau de l'inconstance des mauvais
» Fieiding, Tom Jomes, liv, xtv, ch. 2, anges, liv, vi, dise. 4.
AUX — 2 — AVI
ou moins fréquentes, c'est-à-dire, selon qu'on Autun (Jacques d'), — voy. Chevanes.
habitait des pays plus ou moins éloignés du Avenar, — qui promit aux
astrologue
pôle. Elle fut d'abord un sujet d'alarmes pour Juifs, sur la des planètes, que leur Messie
foi
les peuples du nord; ils crurent leurs campa- arriverait sans faute en 4 414, ou au plus tard
gnes en feu, et l'ennemi à leur porte. Mais ce en 1464. « Il donnait pour ses garants Sa-
phénomène devenant presque journalier, ils turne, Jupiter, l'Écrevisse et les Poissons.
s'y sont accoutumés. Ils disent que ce sont Tous les Juifs tinrent leurs fenêtres ouvertes
des esprits qui se querellent et qui combat- pour recevoir l'envoyé de Dieu, qui n'arriva
tent dans les airs. Cette opinion est surtout pas, soit que TÉcrevisse eût reculé, soit que
très-accréditée en Sibérie. Les Groënlandais, les Poissons d'Avenar ne fussent que des pois-
une aurore boréale, s'imaginent
lorsqu'ils voient sons d'avril *. »

que ce sont lésâmes qui jouent à la boule dans Avenir. —


C'est pour en pénétrer les se-
le ciel avec une tête de baleine. Les ha- — crets qu'on a inventé tant de moyens de dire
bitants des pays qui tiennent le milieu entre la bonne aventure. Toutes les divinations ont
les terres arctiques et l'extrémité méridionale principalement pour objet de connaître l'a-
de l'Europe n'y voient que des sujets tristes venir.
ou menaçants, affreux ou terribles; ce sont
des armées en feu qui se livrent de sanglantes
Aveme, —
marais consacré à Pluton, près
de Bayes. Il en sortait des exhalaisons si in-
batailles, des tètes hideuses séparées de leur
fectes qu'on croyait que c'était l'entrée des
tronc, des chars enflammés, des cavaliers qui
enfers.
se percent de leurs lances. On croit voir des
pluies de sang, on entend le bruit de la mous- Averroès, —
médecin arabe, et le plus
queterie, le son des trompettes, présages grand philosophe de sa nation, né à Gor-
funestes de guerre et de calamités publiques. doue dans le douzième siècle. Il s'acquit une
Voilà ce que nos pères ont aussi vu et en- si grande réputation de justice, de vertu et

tendu dans les aurores boréales. Faut-il s'é- de sagesse, que le roi de Maroc le fit juge de
tonner, après cela, des frayeurs affreuses que toute la Mauritanie. Il traduisit Aristote en

leur causaient ces sortes de nuées quand elles arabe , et composa plusieurs ouvrages sur la
paraissaient? — La Chronique de Louis XI philosophie et la médecine. Quelques démo-
rapporte qu'en 4 465 on aperçut à Paris une nographes ont voulu le mettre au nombre des
aurore boréale qui fit paraître toute la ville en magiciens et lui donner un démon familier.
,

feu.Les soldats qui faisaient le guet en furent Malheureusement Averroès était un épicu-
épouvantés, et un homme en devint fou. On rien, mahométan pour la forme, et ne croyait

en porta la nouvelle au roi qui monta à pas à l'existence des démons 2 L'empereur de.
,

cheval et courut sur les remparts. Le bruit se Maroc, un jour, lui fit faire amende honora-
répandit que les ennemis qui étaient devant ble à la porte d'une mosquée, où tous les

Paris se retiraient et mettaient le feu à la passants eurent permission de lui cracher au


ville. Tout le monde se rassembla en désor- visage, pour avoir dit que la religion de

dre, et on trouva que ce grand sujet de ter- Mahomet était une religion de pourceaux.
reur n'était qu'un phénomène. Avicenne, — célèbre médecin arabe, mort
Ausitîf , — démon peu connu qui est cité vers le milieu du onzième siècle, fameux par
dans la possession deLoudun, en 1643. le grand nombre et l'étendue de ses ouvra-
et par sa vie aventureuse. On peut en
Auspices, — augures qui devinaient surtout ges
quelque sorte le comparer à Agrippa. Les
par chant des oiseaux. Voy. Au-
le vol et le
Arabes croient qu'il maîtrisait les esprits, et
gures, Aruspices, Ornithomancie, etc.
qu'il se faisait servir par des génies. Comme
Automates. — On croyait autrefois que ces il rechercha la pierre philosophale, on dit en-

ouvrages de l'art étaient l'œuvre du démon. core dans plusieurs contrées de l'Arabie qu'il
Voy. Albert-le-Grand Bacon, Enchante- , n'est pas mort; mais que, grâce à l'élixir de
ments, Mécan.que, etc. longue vie et à l'or potable, il vit dans une
Autopsie, — espèce d'extase où des fous retraite ignorée avec une grande puissance.
se croyaient en commerce avec les esprits. — Il a composé divers traités d'alchimie re-

Autruche. — Il est bien vrai qu'elle avale


cherchés des songe-creux. Son traité de la
Congélation de la pierre et son Tractatulus de
du fer; car elle avale tout ce qu'elle rencon-
tre. Mais il n'est pas vrai qu'elle le digère, et 1
M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t. I er p. 90.
,

l
l'expérience a détruit cette opinion erronée . a Magiam dœmoniacam pleno ore negârunt Averroès
et alii epicurci, qui, una cum saducœis daemones esse
J
Voyez Brown, Des Erreurs populaires, liv. m, ch. 22. negarunt, (ïorroblanca, Délits magiques, liv. il, ch. 5.)
AYi\l — $ — AZA
Alchimiâ se trouvent dans les deux premiers Aymon ( LES QUATRE FILS).
Siècle de —
volumes de YArs aurifera Baie, 4 610. Son ,
Charlemagne. Ils avaient un cheval merveil-
Ars chimica a été imprimé à Berne, 1572. On leux. Voy. Bayard.
lui attribue encore deux opuscules herméti- Ayola (Vasques de). — Vers 1570, un
ques insérés dans le Theatrum chimicum, et jeune homme nommé Vasquès de Ayola étant
un volume in-8° publié à Bâle en 1572, sous
? allé àBologne, avec deux de ses compagnons,
le titre de la Porte des éléments, Porta ele- pour y étudier en droit, et n'ayant pas trouvé
mentorum. — Les livres de secrets merveil- de logement dans la ville, ils habitèrent une
leux s'appuient souvent du nom d'Avicenne grande et belle maison, abandonnée parce
pour les plus absurdes recettes. qu'il y revenait un spectre qui épouvantait

Axinomancie, —
divination par le moyen tous ceux qui osaient y loger. Mais ils se
d'une hache ou cognée de bûcheron. Fran- moquèrent de tous ces récits et s'y installè-
çois de Torre-BIanca, qui en parle ', ne nous rent. —
Au bout d'un mois, Ayola, veillant
dit pas comment les devins maniaient la ha- un soir seul dans sa chambre, et ses compa-
che. Nous ne ferons donc connaître que les gnons dormant tranquillement dans leurs lits,
deux moyens employés ouvertementdans l'an- entendit de loin un bruit de chaînes qui
tiquité et pratiqués encore dans certains pays s'approchait et qui semblait venir de l'escalier
du Nord. —
1° Lorsqu'on veut découvrir un de la maison; il se recommanda à Dieu, prit
trésor, il faut se procurer une agate ronde, un bouclier, une épée, et, tenant sa bougie en
faire rougir au feu le fer de la hache, et la main, il attendit le spectre, qui bientôt ouvrit
poser de manière que le tranchant soit bien la porte et parut. C'était un squelette qui
perpendiculairement en l'air. On place la n'avait que les os ;
il était, avec cela, chargé
pierre d'agate sur le tranchant. Si elle s'y de chaînes. Ayola lui demanda ce qu'il sou-
tombe, haitait le fantôme, selon l'usage, lui fit signe
tient, il n'y a pas de trésor; si elle ;

elle roule avec rapidité ; on la replace trois de le suivre. En descendant l'escalier, la bou-
fois, et, si elle roule trois fois vers le même gie s'éteignit. Ayola eut le courage d'aller la

lieu, c'est y a un trésor dans ce lieu


qu'il
rallumer, et suivit le spectre, qui le mena le

même prend à chaque fois une route


si elle
long d'une cour où il y avait un puits. Il crai-

;

différente on peut chercher ailleurs.


,
gnit qu'il ne voulût l'y précipiter, et s'ar-

2° Lorsqu'on veut découvrir des voleurs, on rêta : l'esprit lui fit signe de continuer à le

pose la hache à terre, le fer en bas, et le bout suivre, et ils entrèrent dans le jardin, où le

du manche perpendiculairement en l'air. On spectre disparut. —


Le jeune homme arra-
danse en rond alentour \ jusqu'à ce que le cha quelques poignées d'herbe pour recon-
bout du manche s'ébranle et que la hache naître l'endroit; il alla ensuite raconter à ses
s'étende sur le sol. Le bout du manche indique compagnons ce qui lui était arrivé, et le len-
la direction qu'il faut prendre pour aller à la demain matin il en donna avis aux princi-
recherche des voleurs. Quelques-uns disent paux de Bologne. Ils vinrent sur les lieux et
que pour cela il faut que le fer de la hache y firent fouiller. On trouva un corps décharné,
soit fiché en un pot rond « Ce qui est ab- :
chargé de chaînes. On s'informa qui ce pou-
surde tout à fait comme dit Delancre 2 car vait être mais on ne put rien découvrir de
;
, ;

quel moyen de ficher une cognée dans un certain. On fit faire au mort des obsèques

pot rond, non plus que coudre ou rapiécer ce convenables, on l'enterra, et depuis ce temps
pot, si la cognée l'avait une fois mis en pièces » !
la maison ne fut plus inquiétée. Ce fait, rap-
porté par Antoine de Torquemada, est encore
Aym, — voy. Haborym.
une copie des aventures d'Athénodore et d'A-
Aymar (Jacques ), — paysan né à Saint- rignote.
Véran, en Dauphiné, le 8 septembre 4 662, Ayperos, — comte de l'empire infernal.
entre minuit et une heure. De maçon qu'il C'est le même qu'Ipès. Voy. ce mot.
était il se rendit célèbre par l'usage de la
baguette divinatoire. Quelques-uns ont attri-
Azael, — l'un des anges qui se révoltèrent
contre Dieu. Les rabbins disent qu'il est
bué son rare talent à l'époque précise de sa
enchaîné sur des pierres pointues, dans un
naissance; car son frère, né dans le même
endroit obscur du désert, en attendant le ju-
mois, deux ans plus tard, ne pouvait rien
gement dernier.
faire avec la baguette. Voy. Baguette divi-
natoire. Azariel, — ange qui, selon les rabbins du
Talmud , a la surintendance des eaux de la
1
Epist. delict. sive de magia, lib. cap. 24. terre. Les pêcheurs l'invoquent pour prendre
î,
2
L'Incrédulité et mécréancc, etc., traité 5. de gros poissons.
BAA — 6/i — BAA
Azazel ,

démon du second ordre, gar- Azer, —
ange du feu élémentaire selon les
dien du bouc. A la fête de l'Expiation, que les Guèbres. Azer est encore le nom du père de
Juifs célébraient le dixième jour du septième Zoroastre.
mois *, on amenait au grand-prêtre deux
boucs qu'il tirait au sort l'un pour le Sei- ;
Azraël OU Azraïl ange de la mort. On
gneur, l'autre pour Azazel. Celui sur qui tom- conte que cet ange ,
passant un jour sous une
bait le sort du Seigneur était immolé, et son forme visible auprès de Salomon, regarda fixe-
sang servait pour l'expiation. Le grand-prêtre ment un homme assis à côté de lui. Cet
mettait ensuite ses deux mains sur la tête de homme demanda qui le regardait ainsi, et

péchés et ceux du peu-


l'autre, confessait ses ayant appris de Salomon que c'était l'ange de
ple, en chargeait cet animal, qui était alors la mort « Il semble m'en vouloir, dit-il;
:

conduit dans le désert et mis en liberté et le ordonnez, je vous prie, au vent de m'empor-
;

peuple, ayant laissé au bouc d'Azazel, appelé ter dans l'Inde. » Ce qui fut fait aussitôt.

aussi le bouc émissaire, le soin de ses iniqui- Alors l'ange dit à Salomon « Il n'est pas :

tés, s'en retournait en silence. — Selon Mil- étonnant que j'aie considéré cet homme avec
ton, Azazel est lepremier porte-enseigne des tant d'attention ;
j'ai ordre d'aller prendre
armées nom du dé-
infernales. C'est aussi le son âme dans l'Inde , et j'étais surpris de le

mon dont se servait, pour ses prestiges, l'hé- trouver près de toi en Palestine. » Voy. Mort,
rétique Marc. Ame, etc. —
Mahomet citait cette histoire
1
pour prouver que nul ne peut échapper à sa
Le septième mois chez les Juifs répondait à sep-
tembre. destinée.

Baal, — grand duc dont la domination est mont Liban. Ils disent qu'elle paraît au mois

très-étendue aux enfers. Quelques démono- de mai, après la fonte des neiges. La nuit, elle
manes le désignent comme général en chef des jette de la clarté comme un petit flambeau
armées infernales. Il était adoré des Chal- mais elle est invisible le jour; et même, ajou-
déens, des Babyloniens et des Sidoniens ; il le tent-ils, les feuilles qu'on a enveloppées dans
futaussi des Israélites lorsqu'ilstombèrent dans des mouchoirs disparaissent, ce qui leur fait
l'idolâtrie. On lui offrait des victimes humaines. croire qu'elle est ensorcelée, d'autant plus
On voit dans Arnobe que ses adorateurs ne lui qu'elle transmue les métaux en or, qu'elle
donnaient point de sexe déterminé. Souvent, en rompt charmes et les sortilèges, etc.— Jo-
les
Asie, il a été pris pour le soleil. sèphe qui admet beaucoup d'autres contes
, ,

Baalbérîth —
démon du second ordre
,
parle de cette plante dans son histoire de la

maître ou seigneur de Y alliance. Il est, selon guerre des Juifs l.


ne la saurait toucher
« On
quelques démonomanes secrétaire général ,
sans mourir, on n'a dans la main de
dit-il, si

et conservateur des archives de l'enfer. Les la racine de la même plante; mais on a trouvé

Phéniciens, qui l'adoraient, le prenaient à té- un moyen de la cueillir sans péril on creuse :

moin de leurs serments. la terre tout alentour, on attache à la racine

Baalzephon ,
— capitaine
des gardes ou
mise à nu un chien qui voulant suivre celui, ,

qui l'aattaché, arrache la plante et meurt


sentinelles de Les Égyptiens l'ado-
l'enfer.
aussitôt. Après cela on peut la manier sans
raient et lui reconnaissaient le pouvoir d'em-
,

danger. Les démons qui s'y logent, et qui sont


pêcher leurs esclaves de s'enfuir. Néanmoins,
les âmes des méchants, tuent ceux qui s'en em-
disent les rabbins, c'est pendant un sacrifice
parent autrement que par le moyen qu'on vient
que Pharaon faisait à cette idole que les Hé-
d'indiquer et, ce qui est merveilleux, ajoute
breux passèrent la mer Rouge; et on lit dans ;

encore Josèphe c'est qu'on met en fuite les


,
le Targum que l'ange exterminateur, ayant
démons des corps des possédés aussitôt qu'on
brisé les statues de tous les autres dieux ne
approche d'eux la plante baaras. »
laissa debout que Baalzephon.
Baarai,— plante merveilleuse, que les Ara- 1
Liv. vu, ch. 25. Elien, De Animal., liv. xiv, ch. 27,
bes appellent herbe d'or, et qui croît sur le accorde les mêmes vertus à la plante aglaphotis,
,, , ,

BAC — <>: — BAC


Babailanas ,
— VOy. C.VTAL0NOS. tiques de leurs bacides, « qui étaient trois in-

Babau, — espèce d'ogre ou de fantôme, signes sorciers très-connus 1


. »

dont les nourrices menacent les petits enfants Bacon (


Roger) — parut dans le treizième
dans les provinces du midi de la France siècle. C'était un cordelier anglais. Il passa
comme on les effraye à Paris de Croquemi- pour magicien, quoiqu'il ait écrit contre la ma-
taine et en Flandre de Pier-Jan Claes. Mais
,
gie, parce qu'il étudiait la physique et qu'il
Babau ne se contente pas de fouetter, il mange faisait des expériences naturelles. On lui at-
en salade les enfants qui sont méchants. tribue l'invention de la poudre. Il paraîtrait


La tour de Babel fut élevée cent
même qu'on lui doit aussi les télescopes et les
Babel.
lunettes à longue vue. Il était versé dans les
quinze ans après le déluge universel. On mon-
beaux-arts, et surpassait tous ses contempo-
tre les ruines de cette tour auprès de Bagdad.
— On sait que sa construction amena la con-
rains par l'étendue de ses connaissances et
par la subtilité de son génie. Aussi on publia
fusion des langues. Le poète juif Emmanuel
qu'il devait sa supériorité aux démons, avec
à propos de cette confusion, explique dans un
de ses sonnets comment le mot sac est resté
qui il commerçait. — Ce grand homme croyait
à l'astrologie et à la pierre philosophale. Del-
dans tous les idiomes. « Ceux qui travaillaient
rio, qui n'en fait pas un magicien, lui repro-
à la tour de Babel avaient , dit-il , comme nos
che seulement des superstitions. Par exemple,
manœuvres, chacun unsacpourses petites pro-
François Pic dit avoir lu dans son livre des
visions. Quand Seigneur confondit leurs lan-
le
,

ayant pris, chacun voulut six sciences qu'un homme pourrait devenir
gages, la peur les ,

prophète et prédire les choses futures par le


s'enfuir, et demanda son sac. On ne répétait
moyen d'un miroir, que Bacon nomme almu-
partout que ce mot; et c'est ce qui l'a fait
chefi, composé suivant les règles de perspec-
passer dans toutes les langues qui se formè-
tive « pourvu qu'il s'en serve
, ajoute-t-il
rent alors. » ,

sous une bonne constellation et après avoir


Bacchus —
Nous ne rapporterons pas ici tempéré son corps par l'alchimie. » Cepen-
,


les fables dont l'ancienne mythologie a orné dant Wiérus l'accuse de magie goétique, et
son histoire. Nous ne faisons mention de Bac- d'autres doctes assurent que l'Antechist se ser-
chus que parce que les démonographes le re- vira de ses miroirs magiques pour faire des
gardent comme l'ancien chef du sabbat, fondé miracles. Bacon se fit, dit-on, comme Albert-
par Orphée; ils disent qu'il le présidait sous Ie-Grand, une androïde. C'était, assurent les
le nom de Sabasius. « Bacchus dit Leloyer, ,
conteurs une tête de bronze qui parlait dis-
,

n'était qu'un démon épouvantable et nuisant tinctement et même qui prophétisait. On


,

ayant cornes en tête et javelot en main. C'é- ajoute que l'ayant consultée pour savoir s'il
,

tait le maître guide-danse


1
et dieu des sor- ,
seraitbond'entourerl'Angleterre d'un gros mur
ciers et des sorcières; c'est leur chevreau, c'est d'airain, elle répondit : Il est temps. — Les cu-
leur bouc cornu, c'est le prince des bouquins, rieux recherchent , de Roger Bacon le petit
,

satyres et silènes. Il apparaît toujours aux sor- traité intitulé Spéculum Alchimiœ , traduit en
ciers et sorcières, dans leurs sabbats, les cor- français par .1. Girard de Tournus, sous le ti-
nes en tète; et hors des sabbats, bien qu'il tre de Miroir cV alchimie, in-42 et in-8°, Lyon,
montre visage d'homme, les sorcières ont tou- 1557; Paris, 1642. Le même a traduit V Ad-
jours confessé qu'il a le pied difforme, tantôt mirable puissance de l'art et de la nature, in-8°,
de corne solide comme ceux du cheval, tantôt Lyon, 4 557; Paris, 629. Depotestatemirabili
fendu comme ceux du bœuf 2 » Les sor- .
— artis etnaturœ 9 On ne confondra pas Ro-
. —
4

ciers des temps modernes l'appellent plus gé- ger Bacon avec François Bacon grand chan- ,

néralement Léonard ou Satan, ou le bouc, ou ,


celier d'Angleterre, mort en 4 626, que Wal-
maître Rigoux. —
Ce qui sans doute appuie pole appelle « le prophète des vérités que
cette opinion que le démon du sabbat est le
, ))Newton est venu révéler aux hommes. »
même que c'est le souvenir des or-
gies qui avaient lieu
Bacchus ,

aux bacchanales.
Bacoti, —
nom commun aux devins et aux
sorciers du Tunquin. On interroge surtout le
Bacis , — devin deBéotie. Plusieurs de ceux bacoti pour savoir des nouvelles des morts. Il
qui se mêlèrent de prédire les choses futures bat le tambour, appelle le mort à grands cris,
portèrent le même nom de Bacis 3 Leloyer dit .
se tait ensuite pendant que le défunt lui parle
que les Athéniens révéraient les vers prophé-
* Discours des spectres, liv. vu, ch. 2.

1
? - qu'un chapitre de l'ouvrage intitulé Epis-
Ce n'est :

Discours des spectres, liv. vu, ch. 3.


tola Fratris Rogerii Baconis de secretis operibus artis et
2 Discours des spectres, liv. viir, ch. 5. naturœ et de nullitate magiœ. In-1°. Paris, 1542 Ham- ;

3 Cicero, De Divin., lib. i, cap. 31. bourg, l(i()8 et IBIS, in-S".


BAG — ,
— BAG
y l'oreille sans se laisser voir, et donne ordi- à l'aide duquel on découvre les métaux , les

nairement de bonnes nouvelles ,


parce qu'on sources cachées, les trésors, les maléfices et

les paie mieux. les voleurs. — Il y a long-temps qu'une ba-


Bad , — génie des vents et des tempêtes
guette est réputée nécessaire à certains pro-

préside au vingt-deuxième
diges. On en donne une aux fées et aux sor-
chez les Persans. Il
cières puissantes. Médée , Circé , Mercure
jour de la lune. ,

Bacchus Zoroastre Pythagore les sorciers


Baducke, — plante dont on prétend que le
,

de Pharaon, voulant singer la verge de Moïse,


, ,

fruit, pris dans du lait, glace les sens. Les ma- avaient une baguette Romulus prophétisait ;

giciens l'ont quelquefois employé pour nouer


avec un bâton augurai. Les Alains, et d'au-
l'aiguillette. Il suffît, dit-on, d'en faire boire
tres peuples barbares, consultaient leurs dieux
une infusion à celui qu'on veut lier.
en fichant une baguette en terre. Quelques
Bael, — démon cité, dans le Grand Grimoire, devins de village prétendent encore deviner
en tète des puissances infernales. C'est aussi beaucoup de choses avec la baguette. Mais
par lui que Wiérus commence l'inventaire de fin du dix-septième siècle
c'est surtout à la
sa fameuse Pseudomonarchia dœmonum. II qu'elle fit le plus grand bruit Jacques Aymar :

appelle Bael le premier roi de l'enfer; ses états la mit en vogue en 1692. Cependant, long-
sont dans la partie orientale. Il se montre avec temps auparavant Delrio avait indiqué ,
1

trois têtes, dont l'une a la figure d'un crapaud, parmi les pratiques superstitieuses, l'usage
l'autre celle d'un homme ,
la troisième celle d'une baguette de coudrier pour découvrir les
d'un chat. Sa voix est rauque; mais il se bat voleurs; mais Jacques Aymar opérait des
très-bien. Il rend ceux qui l'invoquent fins et prodiges si variés et qui surprirent tellement
rusés, et leur apprend le moyen d'être invi- que le père Lebrun 2
et le savant Malebran-
3
siblesau besoin. Soixante-six légions lui obéis- che les attribuèrent au démon, pendant que
sent. Est-ce le même que Baal? d'autres les baptisaient du nom de physique

Bœtiles , — pierres que les anciens consul- occulte ou d'électricité souterraine.- — Ce ta-
taient comme des oracles, et qu'ils croyaient lentde tourner la baguette divinatoire n'est
animées. C'étaient quelquefois des espèces de donné qu'à quelques êtres privilégiés. On peut
talismans. Saturne pensant avaler Jupiter, éprouver si on l'a reçu de la nature rien n'est ;
,

dévora une de ces pierres emmaillottée. Il y plus facile. Le coudrier est surtout l'arbre le

en avait de petites, taillées en forme ronde ,


plus propre. Il ne s'agit que d'en couper une

que l'on portait au cou on les trouvait sur des ;


branche fourchue et de tenir dans chaque ,

montagnes où elles tombaient avec le tonnerre. main les deux bouts supérieurs. En mettant
— Souvent les baetiles étaient des statues ou le pied sur l'objet qu'on cherche, ou sur les

mandragores on en cite de merveilleuses


;
vestiges qui peuvent indiquer cet objet, la ba-
qui rendaient des oracles, et dont la voix sif- guette tourne d'elle-même dans la main et ,

flait comme celle des jeunes Anglaises. On as- c'est un indice infaillible. Avant Jacques —
sure même que quelques baetiles tombèrent di- Aymar, on n'avait employé la baguette qu'à la
rectement du ciel telle était la pierre noire
;
recherche des métaux propres à l'alchimie.
de Phrygie que Scipion Nasica amena à Rome A l'aide de la sienne, Aymar fit des merveilles.

en grande pompe. —
On révérait à Sparte, II découvrait les eaux souterraines, les bornes
dans le temple de Minerve Chalcidique, des déplacées, les maléfices, les voleurs et les as-
baetiles de la forme d'un casque, qui, dit-on, sassins. Le bruit de ses répandu, talents s'étant

s'élevaient sur l'eau au son de la trompette , il fut appelé à Lyon en


1672 pour dévoiler
et plongeaient dès qu'on prononçait le nom un mystère qui embarrassait la justice. Le
des Athéniens. Les prêtres disaient ces pierres 5 juillet de cette même année sur les dix .

trouvées dans l'Eurotas *. heures du soir, un marchand de vin et sa

Bagoé ,
— devineresse que quelques-uns
femme avaient été égorgés à Lyon, enterrés
dans leur cave, et tout leur argent avait été
croient être la sibylle Érythrée. C'est, dit-on,
volé. Cela s'était fait si adroitement, qu'on ne
la première femme qui ait rendu des oracles.
soupçonnait pas même les auteurs du crime.
Elle devinait en Toscane, et jugeait surtout
des événements par
Un voisin fit venir Aymar. Le lieutenant cri—
le tonnerre. Voy. Bicoïs.
Bague ,
— VOy. ANNEAU. 1
Disquisit. magie, lib. m, sect. ult.

Baguette divinatoire, — rameau fourchu


7
Dans ses Lettres qui découvrent l'illusion des phi-
losophes sur la baguette et qui détruisent leurs systè-
de coudrier, d'aune, de hêtre ou de pommier, mes, in-12, Paris. 1693, et dans son Histoire des prati-
ques superstitieuses.
1
Tome III" des Mémoires de l'Académie des inscrip- 3 Dans ses
réponses au père Lebrun. On écrivit une
tions. multitude de brochures sur cette matière.
— BAO
minel et procureur du roi
le le conduisirent en passant sur un endroit où un meurtre avait
dans la cave. Il parut très-ému en y entrant; été commis; ce mal ne se dissipait qu'avec un
son pouls s'éleva comme dans une grosse fiè- verre de vin. —
Aymar faisait tant de prodi-
vre sa baguette qu'il tenait à la main, tourna
; ,
ges qu'on publia bientôt des livres sur sa ba-
rapidement dans les deux endroitsoù l'on avait guette et ses opérations. M. de Vagny, pro-
trouvé les cadavres du mari et de la femme. cureur du roi à Grenoble, fit imprimer une
Après quoi, guidé par la baguette ou par un relation intitulée Histoire merveilleuse d'un
:

sentiment intérieur, il suivit les rues où les as- maçon qui, conduit par la baguette divina-
sassins avaient passé ,
entra dans la cour de toire,a suivi un meurtrier pendant quarante-
l'archevêché, sortit de la ville par le pont du cinq heures sur la terre et plus de trente sur

Rhône, et prit à main droite le long de ce Veau. Ce paysan devint le sujet de tous les
fleuve. — II fut éclairci du nombre des assas- entretiens. Des philosophes ne virent, dans
sins en arrivant à la maison d'un jardinier, où les prodiges de la baguette qu'un effet des ,

il soutint opiniàtrément qu'ils étaient trois ,


émanations des corpuscules d'autres les attri- ;

qu'ils avaient entouré une table et vidé une buèrent à Satan. Le père Lebrun fut de ce nom-
bouteille sur laquelle la baguette tournait. Ces bre, etMalebranche adopta son avis. Le fils du —
circonstances furent confirmées par l'aveu de grand Condé, frappé du bruit de tant de mer-
deux enfants de neuf à dix ans^qui déclarè- fit venir Aymar à Paris. On avait volé
veilles,

rent qu'en effet trois hommes de mauvaise mine à mademoiselle de Condé deux petits flam-
étaient entrés à la maison et avaient vidé la beaux d'argent. Aymar parcourut quelques
bouteille désignée par le paysan. On continua rues de Paris en faisant tourner la baguette ;

de poursuivre les meurtriers avec plus de il s'arrêta à la boutique d'un orfèvre, qui nia
confiance. La trace de leurs pas, indiquée sur le vol, et se trouva très-offensé de l'accusation.
le la baguette
sable par montra qu'ils s'é- , Mais lendemain on remit à l'hôtel le prix
le

taient embarqués Aymar les suivit par eau ,


des flambeaux; quelques personnes dirent
s'arrêtant à tous les endroits où les scélérats que le paysan l'avait envoyé pour se donner
avaient pris terre, reconnaissant les lits où ils du crédit. —
Dans de nouvelles épreuves la ,

avaient couché, les tables où ils s'étaient assis, baguette prit des pierres pour de l'argent
les vases où ils avaient bu. Après avoir — elle indiqua de l'argent où il n'y en avait point.
;

long-temps étonné ses guides, il s'arrêta enfin En un mot, elle opéra avec si peu de succès
devant la prison de Beaucaire, et assura qu'il qu'elle perdit son renom. Dans d'autres expé-

y avait un des criminels. Parmi les prison-


là riences la baguette resta immobile quand il
niers qu'on amena, un bossu qu'on venait lui fallait tourner. Aymar, un peu confondu ,

d'enfermer ce jour même pour un larcin com- avoua enfin qu'il n'était qu'un imposteur
mis à la foire fut celui que la baguette dési- adroit, que
baguette n'avait aucun pouvoir,
la
gna. On conduisit ce bossu dans tous les lieux et qu'il avaitcherché à gagner de l'argent par
qu'Aymar avait visités partout il fut reconnu.
: ce petit charlatanisme... —
Pendant ses pre-
En arrivant à Bagnols, il finit par avouer que mierssuccès, une demoiselle de Grenoble, à qui
deux Provençaux l'avaient engagé, comme la réputation d'Aymar avait persuadé qu'elle

leur valet, à tremper dans ce crime ;


qu'il n'y était douée aussi du don de tourner la ba-
avait pris aucune part; que ses deux bourgeois guette craignant que ce don ne lui vînt de
,

avaient fait le meurtre et le vol, et lui avaient l'esprit malin, alla consulter le père Lebrun ,

donné six écus et demi. — Ce qui sembla plus qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la
étonnant encore, c'est que Jacques Aymar ne baguette. La demoiselle jeûna et prit la ba- ,

pouvait se trouver auprès du bossu sans éprou- guette en priant. La baguette ne tourna plus;
ver de grands maux de cœur, et qu'il ne pas- d'où Ton conclut que c'était le démon ou l'i-
sait pas sur un lieu où il sentait qu'un meur- magination troublée qui l'agitait. On douta —
tre avait été commis sans se sentir l'envie de un peu de la médiation du diable dès que le
vomir. — Comme les révélations du bossu con- fameux devin fut reconnu pour un charlatan.
firmaient les découvertes d'Aymar, les uns ad- On lui joua surtout un tour qui décrédita con-
miraient son étoile, et criaient au prodige, tan- sidérablement la baguette. Le procureur du
dis que d'autres publiaient qu'il était sorcier. roi au Châtelet de Paris fit conduire Aymar
Cependant on ne put trouver les deux assas- dans une rue où l'on avait assassiné un archer
sins, et le bossu fut rompu vif. Dès lors plu- du guet. Les meurtriers étaient arrêtés on ,

sieurs personnes furent douées du talent de connaissait les rues qu'ils avaient suivies, les
Jacques Aymar, talent ignoré jusqu'à lui. Des lieux où ils s'étaient cachés : la baguette resta
femmes mêmes firent tourner la baguette. Elles immobile. On fit venir Aymar dans la rue de
avaient des convulsions et des maux de cœur la Harpe, où l'on avait saisi un voleur en fia-
,

BAG )S — BAG
grant délit; la perfide baguette Iraliit encore fortement entre ses mains? D'ailieurs, pour-
toutes les espérances. —Néanmoins la baguette quoi le même homme trouve- t-il des fontai-
divinatoire ne périt point ; ceux qui prétendi- nes, des métaux, des assassins et des voleurs,
rent la faire tourner se multiplièrent même ;
quand est dans son pays, et ne tronve-t-il
il

et ce talent vint jusqu'en Belgique.Il y eut à plus rien quand il est à Paris? Tout cela n'est
Heigne ,
un jeune garçon
près de Gosselies ,
que charlatanisme. Et ce qui détruit totale-
qui découvrit les objets cachés ou perdus au ment le merveilleux de la baguette, c'est que
moyen de la baguette de coudrier. Cette ba- tout le monde, avec un peu d'adresse, peut la
guette ,
disait-il, ne pouvait pas avoir plus de faire tourner à volonté. Il ne s'agit que de te-
deux ans de pousse. — Un homme, voulant nir les extrémités de la fourche un peu écar-
éprouver l'art de l'enfant de Heigne, cacha un tées, de manière à faire ressort. C'est alors la

écu au bord d'un fossé le long d'un sentier ,


force d'élasticité qui opère le prodige. » —
qu'on ne fréquentait presque pas. Il fit appe- Cependant on croit encore à la baguette divi-
ler le jeune garçon et lui promit un escalin
, natoire dans le Dauphiné et dans le Hainaut;
s'il pouvait retrouver l'argent perdu. Le gar- les paysans n'en négligent pas l'usage, et elle

çon alla cueillir une branche de coudrier et ;


a trouvé des défenseurs sérieux. Formey, dans
tenant dans ses deux mains les deux bouts de V Encyclopédie, explique ce phénomène par le
cette baguette ,
qui avait la forme d'un Y, magnétisme. professeurdeMunich, s'au-
Ritter,
après avoir pris différentes directions, il mar- torisait récemment des phénomènes du galva-

cha devant lui et s'engagea dans le petit sen- nisme pour soutenir les merveilles de la ba-
tier. La baguette s'agitait plus vivement. Il guette divinatoire ; mais il n'est pas mort sans
passa le lieu où l'écu était caché; la baguette abjurer son erreur. — L'abbé de La Garde écri-
cessa de tourner. L'enfant revint donc sur ses vit au commencement avec beaucoup de foi
pas; la baguette sembla reprendre un mouve- l'histoire des prodiges de Jacques Aymar en ;

ment très-vif; elle redoubla vers l'endroit 1692 même, Pierre Garnier, docteur-médecin
qu'on cherchait. Le devin se baissa chercha , de Montpellier, voulut prouver que les opé-
dans l'herbe et trouva le petit écu, à l'admira- rations de la baguette dépendaient d'une cause
tion de tous Sur l'observa-
les spectateurs. — naturelle 1
; cette cause naturelle n'était, selon
tion que le pour essayer la ba-
bourgeois fit, lui, que
corpuscules sortis du corps du
les

guette, qu'il avaitperdu encore d'autre argent meurtrier dans les endroits où il avait fait le
le jeune garçon la reprit, mais elle ne tourna meurtre et dans ceux où il avait passé. Les
plus. —
On se crut convaincu de la réalité du galeux et les pestiférés, ajoute— t— il, ne transpi-
talent de l'enfant. On lui demanda qui l'avait rent pas comme les gens sains, puisqu'ils sont
instruit. « C'est le hasard , dit-il ;
ayant un contagieux de même les scélérats lâchent des
;

jour perdumon couteau, en gardant les trou- émanations qui se reconnaissent et si nous ;

peaux de mon père, et sachant tout ce qu'on ne les sentons pas, c'est qu'il n'est pas donné à
disait de la baguette de coudrier, j'en fis une tous les chiens d'avoir le nez fin. Ce sont là, dit-

qui tourna, qui me fit retrouver ce que je cher- il, page 23


des axiomes incontestables. « Or,
,

chais et ensuite beaucoup d'autres objets per- ces corpuscules qui entrent dans le corps de
dus. » C'était très -bien. Malheureusement l'homme muni de la baguette l'agitent telle-
d'autres épreuves, examinées de plus près, ne ment, que de ses mains la matière subtile
réussirent pas, et on reconnut que la baguette passe dans la baguette même, et, n'en pouvant
divinatoire était là aussi une supercherie. Mais sortir assez promptement la fait tourner ou ,

on y avait cru un siècle et des savants avaient,


la brise : ce qui me parait la chose du monde
fait imprimer cent volumes pour l'expliquer. la plus facile à croire... » — Le bon père Mé-
— « Faut-il rassembler des arguments pour nestrier, dans ses Réflexions sur les indica-
prouver l'impuissance de la baguette divina- tions de la baguette, Lyon, 1694, s'étonnedu
toire? ajoute M. Salgues Que Ton dise quel 1
.
nombre de gens qui devinaient alors par ce
rapport il peut y avoir entre un voleur, une moyen à la mode. « A combien d'effets, pour-
source d'eau, une pièce de métal et un bâton suit-il , s'étend aujourd'hui ce talent! Il n'a
de coudrier. On prétend que la baguette tourne point de limites. On s'en sert pour juger de la
en vertu de l'attraction. Mais par quelle vertu bonté des étoffes et de la différence de leurs
d'attraction les émanations qui s'échappent prix, pour démêler les innocents des coupables,
d'une fontaine, d'une pièce d'argent ou du pour spécifier le crime. Tous les jours cette
corps d'un meurtrier tordent-elles une bran- vertu fait de nouvelles découvertes inconnues
che de coudrier qu'un homme robuste tient
1
Dans sa Dissertation physique en forme de lettre à
M. de Sèvre, seigneur de Fléchères, etc. ln-12. Lyon .

1
Des Erreurs et des pr^jugi'-s, etc., t. T rr , p. 165. 1692.
— ,

BAG — 9 — BAI
jusqu'à présent. » — Il y eut même en 4700, à baguette Cardan cite une sorcière de Pa-
;
et

Toulouse, un brave homme qui devinait avec vie qui tua un enfant en le frappant douce-
la baguette ce que faisaient des personnes ab- ment sur le dos avec sa baguette magique. —
sentes. Il consultait la baguette sur le passé, C'est aussi avec leur baguette que les sorciers
le présent et l'avenir; elle s'abaissait pour ré- tracent les cercles , font les conjurations et
pondre oui et s'élevait pour la négative. On opèrent de toutes les manières. Cette baguette
pouvait faire sa demande de vive voix ou doit être de coudrier, de la pousse de l'année.
mentalement; « Ce qui serait bien prodigieux, 11 faut la couper le premier mercredi de la
dit le père Lebrun, si plusieurs réponses (lisez pronon-
lune, entre onze heures et minuit, en
1
la plupart) ne s'étaient trouvées fausses *. » çant certaines parolesLe couteau doit être .

Un fait qui n'est pas moins admirable c'est ,


neuf et retiré en haut quand on coupe. On
que la baguette ne tourne que sur les objets bénit ensuite la baguette disent les formu- ,

où l'on a intérieurement l'intention de la faire laires superstitieux; on écrit au gros bout le


tourner. Ainsi, quand on cherche une source, mot Agla f, au milieu On f; et Tetragam-
elle ne tournera pas sur autre chose, quoiqu'on maton j au petit bout, et l'on dit Çonjuro te :

passe sur des trésors enfouis ou sur des traces cito mihi obedire, etc.

de meurtre. Pour découvrir une fontaine, il Bahaman, — génie qui, suivant les Perses,
faut mettre sur la baguette un linge mouillé :
apaise la colère et, en conséquence, gouverne
si elle tourne alors , c'est une preuve qu'il y les bœufs , les moutons et tous les animaux
a de l'eau à l'endroit qu'elle indique. Pour susceptibles d'être apprivoisés.
trouver les métaux souterrains, on enchâsse
successivement à la tète de la baguette di-
Bahir, —
titre du plus ancien livre des

rabbins où, suivant Buxtorf, sont traités les


verses pièces de métal, et c'est un principe
profonds mvstères de la haute cabale des
constant que la baguette indique la qualité
Juifs.
du métal caché sous terre, en touchant pré-
cisément ce même métal. — Nous répétons
Baïan. —
Wiérus et vingt autres démono-
graphes content que Baïan ou Bajan fils de
et que
,
qu'on ne croit plus à la baguette ,

Siméon. roi des Bulgares, était si grand magi-


cependant on s'en sert encore dans quelques
provinces. Il fallait autrefois qu'elle fût de cou-
cien qu'il se transformait en loup quand il

voulait pour épouvanter son peuple, et qu'il


drier ou de quelque autre bois spécial depuis, ;

on a employé toute sorte de bois, et même pouvait prendre toute autre figure de bête fé-

des côtes de baleine on n'a plus même exigé


;
roce, etmême se rendre invisible ce qui n'est ;

que la baguette fût en fourche. Secret de la — pas possible sans l'aide de puissants démons,

baguette divinatoire et moyen de la faire tour-


comme dit Ninauld dans sa Lycanthropie.
ner, du Grand Grimoire, page 87 2
tiré .
— Baïer ( Jean-Guillaume ), professeur de —
Dès le moment que le soleil paraît sur l'horizon, théologie à Altorf, mort en '1729. Il a laissé
vous prenez de la main gauche une baguette une thèse intitulée Dissertation sur Behe- :

vierge de noisetier sauvage et la coupez de ,


moth et Lëviathan , l'éléphant et la baleine,
la droite en trois coups en disant « Je te
, :
d'après le livre de Job, chap. 40 et 41 avec la ,

2
ramasse au nom d'Éioïm, Mutrathon, Adonay réponse de Stieber . Baïer ne voyait que deux
et Sémiphoras, afin que tu aies la vertu de la animaux monstrueux dans Behemoth et Lé-
verge de Mcïse et de Jacob pour découvrir viathan.
tout ce que je voudrai savoir. »Et pour la faire Bâillement. — Les femmes espagnoles
tourner, il faut dire, la tenant serrée dans ses lorsqu'elles bâillent, ne manquent pas de se
mains, par les deux bouts qui font la fourche : signer quatre fois la bouche avec le pouce, de
« Je te commande, au nom d'Éioïm, Muthra- peur que le diable n'y entre. Cette supersti-
thon, Adonay et Sémiphoras, de me révéler... » tion remonte à des temps reculés et chez ,

(on indique ce qu'on veut savoir). beaucoup de peuples on a regardé le bâille-


Baguette magique. — On voit , Comme ment comme une crise périlleuse.
nous l'avons dit, que toutes les fées ou sor- Bailly (Pierre) ,
— médecin, auteur d'un
cières ont une baguette magique avec laquelle livre publié à Paris en 1634, in-8°, sous le
elles opèrent. Boguet rapporte 5 que
Fran- titre de Songes de Phestion, paradoxes phy-
çoise Secrélain et Thévenne Paget faisaient siologiques, suivis d'un dialogue sur l'immor-
mourir les bestiaux en les touchant de leur talité de l'âme.
1
Voyez Verge foudroyante.
1
Hisloire des pratiques superstitieuses, t. lî, p. 357. 2 Disserta tio de Behemoth et de Lëviathan, elephas
2 Ce secret est aussi dans le Dragon rouge, p. 85. ?> balfena, e Job. 40, 41. Respond. G. Steph. Stieber .

3. Di- cours des sorciers, ch. 30. ln-4". Altorf, 170S.


, ,

BAL — 7 — BAL
Balaam, —
fameux nécromancien madia- le présent et l'avenir. — Ce démon, qui était
nite, qui florissait vers l'an du monde 2545. autrefois de l'ordre des dominations, et qui
Lorsque les Israélites errants dans le désert commande aujourd'hui quarante légions in-
se disposaient à passer le Jourdain ,
Balac, fernales, enseigne les ruses, la finesse, et le
roi de Moab, qui les redoutait, chargea Ba- moyen commode de voir sans être vu *.

laam de les maudire. Mais le magicien, ayant


Balance, —
septième signe du zodiaque.
consulté le Seigneur, qu'il connaissait, quoi-
Ceux qui naissent sous cette constellation ai-
qu'il servît d'autres dieux, reçut une défense
ment généralement l'équité. C'est, dit-on,
précise de céder à cette invitation ;
et cepen- pour être né sous le signe de la Balance qu'on
dant , les magnifiques présents du roi l'ayant donna à Louis XIII le surnom de Juste. —
séduit, il se rendit à son camp. On sait que Les Persans prétendent qu'il y aura au der-
l'ange du Seigneur arrêta son ànesse, qui lui nier jour une balance, dont les bassins seront
parla. Balaam après s'être irrité contre
,
la
plus grands et plus larges que la superficie
bête, aperçut l'ange, se prosterna, promit de des cieux, et dans laquelle Dieu pèsera les
que commanderait le Dieu d'Israël, et
faire ce œuvres des hommes. Un des bassins de cette
parut au camp de Balac, très-embarrassé. balance s'appellera le bassin de lumière ,

Lorsqu'il fut devant l'armée des Israélites, en l'autre le bassin de ténèbres. Le livre des
présence de la cour de Balac fort surprise bonnes œuvres sera jeté dans le bassin de
pendant qu'on s'attendait à entendre des ma- lumière, plus brillant que les étoiles; et le
lédictions, il se sentit inspiré d'un enthou- livre des mauvaises dans le bassin de ténè-
siasme divin et prononça malgré lui une
, ,
,
bres, plus horrible qu'une nuit d'orage. Le
magnifique prophétie sur les destinées glo- fléau fera connaître qui l'emportera, et à
rieuses du peuple de Dieu. Il annonça même quel degré. C'est après cet examen que les
le Messie. Balac, furieux, le chassa; et par la corps passeront le pont étendu sur le feu
suite les Hébreux, ayant vaincu les Madia- éternel.
Balaam prisonnier
nites , firent et le tuèrent.
Balcoin ( Marie ) sorcière du pays de —
— Le manche à balai
,

Balai. est la monture Labour qui allait au sabbat du temps de


,

ordinaire des sorcières lorsqu'elles se rendent Henri IV. On lui fit son procès, où elle fut
au sabbat. Bemi conte à ce sujet que la femme convaincue d'avoir mangé, dans une assem-
d'un cordonnier allemand, ayant, sanslesavoir, blée nocturne, l'oreille d'un petit enfant 2
. Elle
fourré le bout de son manche à balai dans un fut sans doute brûlée.
pot qui contenait l'onguent des sorcières, se mit
machinalement aussitôt à califourchon sur ce
Baleine. — Mahomet place dans le ciel la

baleine de Jonas.
manche, et se sentit transportée à Bruch, où
se faisait le sabbat !
. Elle profita de l'occa- Bali , — prince des démons et roi de l'en-
sion, se fit sorcière, et peu après fut arrêtée fer, selon les croyances indiennes. Il se battit

comme —
y a sur le balai d'autres
telle. Il autrefois avec Wishnou, qui le précipita dans
croyances. Jamais, dans le district de Lesne- l'abîme, d'où il sort une fois par an pour faire
ven en Bretagne on ne balaie une maison la du mal aux hommes mais Wishnou y met ;

— Les Indiens donnent


, ,

nuit on y prétend que c'est en éloigner le


:
ordre. aussi le nom de
bonheur; que les âmes s'y promènent, et que Bali aux farfadets, à qui ils offrent du riz,
les mouvements d'un balai les blessent et les que ces lutins ne manquent pas de venir man-
écartent. Ils nomment cet usage proscrit ba- ger la nuit.

laiementdes morts. que la Ils disent veille du Balles. — On a cru autrefois que certains
jour des Trépassés novembre) il (2 y a plus guerriers avaient un charme contre les balles,
d'âmes dans chaque maison que de grains parce qu'on tirait sur eux sans les atteindre.
de sable dans la mer et sur le rivage 2 .
Pour les tuer, on mettait dans les cartouches
Balan, — roi grand et terrible dans les en- des pièces d'argent, car rien ne peut ensor-
fers. Il a trois tètes :l'une faite comme celle celer la monnaie.
d'un taureau, l'autre comme celle d'un homme, Baltazo, — l'un des démons de la posses-
la troisième comme celle d'un bélier. Joignez sion de Laon. Voy. Aubry. 11 paraît que ce
à cela une queue de serpent et des yeux qui démon, ou queltjue chenapan qui se fit passer
jettent de la flamme. Il se montre à cheval sur pour tel, alla souper avec le mari de Nicole
un ours, et porte un épervier au poing. Sa voix Aubry, la possédée, sous prétexte de combi-
est rauque et violente. Il répond sur le passé,
1
Wicrus, in Pseudomonarchia dœm.
1
Remigius. lib. n. Da?mon. cap. (
3. '
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
2 Voyage de M. Çambry dans le Finistère, t. II, p. 32. p. 19b, liv. m.
,,

BAP — — BAR
ner sa délivrance, qu'il n'opéra pas. On re- qui la passent pour la première fois une cé-
marqua en soupant qu'il buvait très-sec; ce rémonie qu'ils appellent le baptême de la li-

qui prouve, dit Leloyer, que l'eau est con- gne, et qui consiste en une aspersion plus ou
traire aux démons *. moins désagréable, dont on é v ite souvent les
Balthazar, — dernier roi de Babylone, pe- ennuis par une générosité. Les personnages
qui font la plaisanterie se travestissent; le
de Nabuchodonosor. Un soir qu'il pro-
tit-fils

fanait dans ses orgies les vases sacrés de Jé-


Père la Ligne arrive dans un tonneau, escorté

rusalem il aperçut une main qui traçait sur par un diable, un courrier, un perruquier et
,

la muraille, en lettres de feu, ces trois mots :


un meunier. Le passager qui ne veut pas
Marie, thecel, phares. Ses devins et ses astro-
donner pour boire aux matelots est arrosé ou
logues ne purent expliquer ces caractères ni
baigné, après avoir été poudré et frisé. On
promit de grandes ne sait trop l'origine de cet usage, ni pour-
en interpréter le sens. Il

récompenses à qui lui en donnerait l'interpré- quoi le diable y figure.

tation. Ce fut Daniel qui méprisant ses ré- ,


Barat, — maladie de langueur, ordinaire-
compenses, lui apprit qne les trois mots si- ment le résultat d'un sort jeté, qui conduit in-
gnifiaient que ses années étaient comptées, failliblement à la mort, et qui, selon les opi-
qu'il n'avait plus que quelques moments à nions bretonnes, est guérie par les eaux de la
vivre, et que son royaume allait être divisé. fontaine de Sainte-Candide, près de Scaer,
Tout se vérifia peu après. dans le Finistère. Il n'est pas d'enfant qu'on
Baltus (Jean-François), savant jé- — ne trempe dans cette fontaine quelques jours
suite, mort en 1743. Lisez sa Réponse à l'His- après sa naissance; on croit qu'il vivra s'il
toire des oracles de Fontenelle, in-8°, Stras- étend les pieds, et qu'il mourra dans peu s'il
bourg, 1709, où il établit que les oracles des les retire *.

anciens étaient l'ouvrage du démon, et qu'ils BarBas, — démon. Voy, Marbas.


furent réduits au silence lors de la mission de
Jésus-Christ sur la terre.
Barbatos ,—
grand et puissant démon
comte-duc aux enfers, type de Robin-des-
Banians, —
Indiens idolâtres répandus sur- Bois; il se montre sous la figure d'un archer
tout dans le Mogol. Ils reconnaissent un Dieu ou d'un chasseur; on le rencontre dans les
créateur; mais ils adorent le diable, qui est forêts. Quatre rois sonnent du cor devant lui.
chargé, disent-ils, de gouverner le monde. Ils Il apprend à deviner par le chant des oi-
le représentent sous une horrible figure. Le
seaux le mugissement des taureaux
,
les ,

prêtre de ce culte marque au front, d'un si- aboiements des chiens et les cris des divers
gne jaune, ceux qui ont adoré le diable, qui animaux. Il connaît les trésors enfouis par les
dès lors les reconnaît et n'est plus si porté a magiciens. Il réconcilie les amis brouillés. Ce-
leur faire du mal 2 .
démon qui était autrefois dans l'ordre des
Baptême. — On
que les sorcières, dans
dit
,

Vertus des cieux et de celui des Dominations,


leurs cérémonies abominables, baptisent au est' réduit aujourd'hui à commander trente
sabbat des crapauds et de petits enfants. Les légions infernales. Il connaît le passé et le
crapauds sont habillés de velours rouge, les futur 2
.

petits enfants de velours noir. Pour cette opé-


ration infernale, le diable urine dans un trou
Barbe. — Les Romains gardaient avec un
; soin superstitieux leur première barbe. Néron
on prend de cette déjection avec un goupillon
faisait conserver la sienne dans une boite d'or
noir, on en jette sur la tète de l'enfant ou du 5
enrichie de pierreries .

crapaud, en faisant des signes de croix à re-


bours avec la main gauche, et disant In :
Barbe-à-Bieu. — Thiers, dans son Traité
des superstitions rapporte la prière dite la
nomme patrica, matrica, araguaco petrica ,

agora, agora Valentia; ce qui veut dire « Au


Barbe-à-Dieu; c'est une prière superstitieuse
:

encore populaire, et qui se trouve dans divers


nom de Patrique, de Matrique Pétrique ,

d'Aragon, à cette heure, à cette heure, Va- recueils. La voici : « Pécheurs et pécheresses,

lentia.
venez à moi parler. Le cœur me dut bien
» Cette stupide impiété s'appelle le
baptême du diable.
trembler au ventre, comme fait la feuille au
tremble, comme fait Loisonni quand elle
Baptême de la ligne. — Lorsqu'on traverse voit qu'il faut venir sur
la

une petite branche


la ligne, les matelots font subir aux personnes
qui n'est plus grosse ni plus membre que trois
1
Disc, et hist. des spectres, liv. ni, ch. 10.
2
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 157.
Histoirede la religion des Banians, tirée de leur livre
Shaster, etc., traduit de l'anglais de Henry Lord. Paris,
> Wierus, in Pseudomonarclua dsem.
1667. ln-I2. 3 M. Nisard, Stace.
BAR — 72 — BAPv
cheveux de femme grosse ensemble. Ceux qui Barbîeri. — Dialogues sur la mort et sur

la Barbe-à-Dieu sauront par-dessus la plan- lesâmes séparées Dialoghi délia morte e


:

che passeront, et ceux qui ne la sauront, au deW anime separate, di Barbier i. In 8°. Bo-
bout de la planche s'assiseront, crieront, braie- logna, 1600.
ront: « Mon Dieu, hélas! malheureux état! » Barbu. —
On appelle démon barbu le dé-
Est comme petit enfant celui qui la Barbe-à- mon qui enseigne le secret de la pierre philo-
Dieu n'apprend. » sophale. On le nom semble-
connaît peu. Son
Barbeloth. —
Des gnostiques appelés ,
rait que Barbatos,
indiquer que c'est le même -

barbeliots ou barboriens, disaient qu'un Éon qui n'a rien d'un démon philosophe. Ce n'est
immortel avait eu commerce avec un esprit pas non plus Barbas, qui se mêle de méca-
vierge appelé Barbeloth, à qui il avait suc- nique. On dit que le démon barbu est ainsi
cessivement accordé la prescience, l'incorrup- appelé à cause de sa barbe remarquable.
tibilité et la vie éternelle; que Barbeloth un Voy. Berith.
jour, plus gai qu'à l'ordinaire, avait engendré Bareste (Eugène) auteur de la Fin des
,

la lumière qui, perfectionnée par l'onction de Temps et de quelques idées prophétiques dont
l'esprit, s'appela Christ; que Christ désira l'avenir dira la valeur.
l'intelligence et l'obtint; que l'intelligence, la
Barkokebas OU Barchochebas ,
— impos-
raison, l'incorruptibilité et Christ s'unirent;
teur qui se fit Messie juif sous
passer pour le
que la raison et l'intelligence engendrèrent
l'empire d'Adrien. Après avoir été voleur de
Autogène qu'Autogène engendra Adamas
;
grand chemin, il changea son nom de Bar-
l'homme parfait, et sa femme la connaissance de Barko-
kozibà, fils du mensonge, en celui
parfaite; qu'Adamas et sa femme engendrè-
kebas, fils de l'étoile, et prétendit qu'il était
rent le bois que le premier ange engendra
;
l'étoile annoncée par Balaam. Il se mit à faire
le Saint-Esprit la sagesse ou Prunic que
des prodiges. Saint Jérôme raconte qu'il vo-
,
;

Prunic engendra Protarchonte ou premier


missait du feu par la bouche au moyen d'un
prince, qui fut insolent et sot: que Protar-
morceau d'étoupes allumées qu'il se mettait
chonte et Arrogance engendrèrent les vices et
dans les dents, ce que font maintenant îles
toutes leurs branches. Les barbeliots débi-
charlatans des foires. Les Juifs le reconnurent
taient ces merveilles en hébreu, et leurscé-
pour leur Messie; il se fit couronner roi, ras-
rémonies n'étaient pas moins abominables que
sembla une armée, et soutint contre les Ro-
leur doctrine était extravagante '.
mains une guerre assez longue. Mais enfin,
Barbier. — Pline le jeune 2 avait un affran- en l'année 436, l'armée juive fut passée au
chi nommé Marc, homme quelque peu lettré, fil de l'épée et Barkokebas tué. Les rabbins

qui couchait dans un même ht avec son jeune assurent que ,


lorsqu'on voulut enlever son
frère. Marc
dans le sommeil crut voir une
, ,
corps pour le porter à l'empereur Adrien, un
personne assise au chevet c!u lit qui lui cou- serpent se présenta autour du cou de Barko-
pait les cheveux du haut de la tète. A son ré- kebas, et le fit respecter des porteurs et du
veil il se trouva rasé, et ses cheveux jetés au prince lui-même.
milieu de la chambre. La même chose ar- — Barnaud (Nicolas), — médecin protestant
riva, dans le même temps, à un jeune garçon pierre
du seizième siècle, qui rechercha la
qui dormait avec plusieurs autres dans une
philosophale. a publié sur l'alchimie divers
11
pension. Il vit entrer par la fenêtre deux
petits traités recueillis dans le troisième vo-
hommes vêtus de blanc, qui lui coupèrent les lume du Theatrum chimicum compilé par
,

cheveux comme il dormait. A son réveil on ,


659.
Zetzner; Strasbourg, 4
trouva ses cheveux répandus sur le plancher.
— « A quoi cela peut-il être attribué, dit
Barrabas. — « Quand les sorcières sont

entre les mains de la justice, dit Pierre De-


D. Calmet :î
, si ce n'est à des follets? » ou
aux compagnons de lit? — Il y a quelques
lancre », elles font semblant d'avoir le diable
leur maître en horreur, et l'appellent par dé-
du genre de ceux-là
lutins, ,
qui ont fait pa-
reillement les fonctions de barbiers. Les contes dain Barrabas ou Barrabam . »

populaires de l'Allemagne vous apprendront Bartholin (Thomas), à Copenhague — né


que les revenants peuvent ainsi faire la barbe en 1619. On recherche de lui le livre De un-
aux vivants *. guento armario. Ce traité de la poudre de
sympathie se ressent du temps et de la cré-
Bergier, Dict. théolog au mot Barlcl ius. dulité de l'auteur. On y trouve cependant des
1
,

''
Lib. xvi, epist. 27.
Dissertation sur les a ipnritinns, ch. 33, 1"' part. Tableau de l'inconstance des mauvais anges,
::
1 etCij

4 Voyez les Légendes h I (.'maies. ïiv. vi, dise 3. Paris, 1612*


BAS — 7 — BAS
choses singulières et qui ne sont pas indignes Basile -Valentin, — alchimiste qui est
de quelque attention. pour les Allemands ce que Nicolas Flamel est

Barthole, —
juriconsulte mort à Pérouse ,
pour nous. Sa vie est mêlée de fables qui ont
fait croire à quelques-uns qu'il n'a jamais
en 1356. 11 commença à mettre de l'ordre
existé. On le fait vivre au douzième, au trei-
dans la jurisprudence; mais on retrouve les
zième, au quatorzième et au quinzième siè-
bizarreries de son siècle dans quelques-uns
cle. On ajoute même sans preuve qu'il
de ses ouvrages. Ainsi pour faire connaître ,
, ,

était bénédictin à Erfurt. C'est lui qui, dans


la marche d'une procédure il imagina un ,

ses expériences chimiques, découvrit Yan-


procès entre la sainte Vierge et le Diable,
jugé par notre Seigneur Jésus-Christ Les 1
.
timoine, qui dut son nom à cette circons-
tance, que, des pourceaux s'étant prodigieu-
parties plaident en personne le Diable de- :

sement engraissés pour avoir avalé ce résidu


mande que le genre humain rentre sous son
de métal, Basile en fit prendre à des religieux,
obéissance; il fait observer qu'il en a été le
maître depuis Adam ; il cite les lois qui éta-
qui en moururent. —
On conte que long-,
temps après sa mort, une des colonnes de la
blissent que celui qui a été dépouille d'une
La cathédrale d'Erfurt s'ouvrit comme par mira-
longue possession a le droit d'y rentrer.
un posses- qu'on y trouva ses livres sur l'alchi-
cle, et
sainte Vierge lui répond qu'il est
mie. Les ouvrages de Basile, ou du moins
seur de mauvaise foi, et que les lois qu'il cite
ceux qui portent son nom, écrits en haut al-
ne le concernent pas. On épuise des deux cô-
chicane du qua-
lemand, ont été traduits en latin, et quel-
tés toutes les ressources de la

diable est débouté de


ques-uns du latin en français. Les adeptes
torzième siècle, et le
recherchent de lui YAzoth *, les Douze Clefs
ses prétentions.
de la philosophie de frère Basile Valentin

,

Barton (Élisabeth), religieuse de Kent traitant de la vraie médecine métallique 2 à ,

qui prévit et révéla en 1525 les excès où la suite de la traduction de l'Azoth, in-12,
tomberait bientôt le schisme qu'elle voyait naî- 1660; in-8° 1669; Y Apocalypse chimique T',
,

tre en Angleterre. Les partisans de Henri VIII la Révélation des mystères des teintures es-
s'écrièrent qu'elle était possédée du diable. sentielles des sept métaux et de leurs vertus
La protection de Thomas Morus loin de la ,
médicinales 4 in-4°, Paris, 1646; du Micro-
,

sauver, en 1533, celte pieuse et


la perdit :
cosme, du grand mystère du monde et de la
sainte fille fut mise à mort avec beaucoup Médecine de l'homme 3 Traité chimico-phi-;

d'autres, sous prétexte de sorcellerie, par les losophique des choses naturelles et surnatu-
réformés qui se vantaient d'apporter la lu- relles des minéraux et des métaux 6 Halio- ;

mière et la liberté. (jraphie, de la préparation, de l'usage et des

Bas. — Qui a haussé un de ses bas à l'en-


vertus de tous les sels minéraux, animaux et

vers, recevra dans la journée un conseil, — végétaux, aecueillis par Antoine Solmincius
dans les manuscrits de Basile Valentin 7 etc. ,
probablement celui de le retourner.
La plupart de ces ouvrages ont fait faire des
Bascanie, — sorte de fascination employée pas à la chimie utile. .

par magiciens grecs; elle troublait telle-


les
ment les yeux, qu'on voyait tous les objets à
Basilic ,
— petit serpent, long d'un demi-
mètre, qui n'a été connu que des anciens. Il
rebours, blanches les choses noires, rondes
avait deux ergots, une tête et une crête de
les choses pointues, laides les plus jolies figu-
coq, des ailes, une queue de serpent ordi-
res , et jolies les plus laides.
naire, etc. Les uns disent qu'il naît de l'œuf
Basile. — Michel Glycas 2
raconte que d'un coq couvé par un serpent ou par un cra-
l'empereur Basile, ayant perdu son fils bien-
' Azoth. sive aureliee philosophorum. Francfort, 1613.
aimé, obtint de le revoir peu après sa mort, In-4", traduit en français en 1660.
par le moyen d'un moine magicien qu'il le ;
? -
Practica,una cum duodecim clavibus et appendice.
en Francfort, 1618. In-4".
vit effet et le tint embrassé assez long-'
3 Apocalypsis chimica. Erfurt, 1624. In-8°.
temps, jusqu'à ce qu'il disparût d'entre ses
4 Manifestatio artificiorum etc. E furt, 1624. Tn -4°
bras. « Ce donc qu'un fanlôme qui pa-
n'était La traduction dont on indique le titre est de J. Israël.
rut sous la forme de son fils 3 » .
r

De microscomo, de que magno mundi mysterio et
'

medicina hominis. Marpurg, 1609. In-8".


T Ce
(;
Tractatus chimico-philosopliicus de rébus natura-
singulier ouvrage intitulé Processus Satanée
,
libus et prœternaturalibus metallorum et mineralium.
contra Virginem coram judice; Jesu, est imprimé dans Francfort, 1676. In-8".
le Processus juris jocoserus. In-8". Hanau, 1611.
7 Haliographia, de praeparatione, usu ac virtutibus
'
Annal., part. 4.
omnium salium mineralium, animalium ac vegetabi-
3 D. Calmet , Dissertation des revenants en corps, lium, ex manuscriptis Basilii Valentini collecta ab An-
Ch. 16. tonio Salmincio. Bologne, 1644. In-8".
BAS — 7h — BAS
paud. Boguet, au chapitre 14 de ses Discours autres nations, y eut des querelles et des
il

des sorciers, le fait produire de l'accouple- guerres, et le mal fit de grands progrès. Dieu,
ment du crapaud et du coq, comme mulet
le ou l'Être supérieur, touché des misères d'ici-
naît d'un âne et d'une jument. — C'est une bas, envoya Jésus, son premier fils, ou la pre-
opinion encore répandue dans les campagnes mièreintelligenee créée, poursauver le monde.
que vieux coqs pondent un œuf duquel
les Il prit la figure d'un homme, fit les miracles

naît un serpent ce petit œuf imparfait n'est,


; qu'on raconte, pendant la passion, il donna
et,

comme on sait, que l'etîet d'une maladie chez sa figure à Siméon le Cyrénéen, qui fut cru-

les poules, et l'absurdité de ce conte bleu n'a cifié pour lui, pendant que sous les traits de

plus besoin d'être démontrée. — Il est possi- Siméon il se moquait des Juifs après quoi ;

ble que les anciens, dans leurs expériences, il remonta aux cieux sans avoir été précisé-
aient pris des œufs de serpent pour des œufs ment connu. » —
Basilide, à côté de ce sys-
de coq. Voy. Coq. Quoi qu'il en soit, on — tème étrange, enseignait encore la métem-
croit que le basilic tue de ses 'regards et
1
; psycose, et il donnait aux hommes deux âmes,
l'on cite je ne sais quel historien qui raconte pour accorder les combats qui s'élèvent sans
qu'Alexandre-le-Grand, ayant mis le siège cesse entre la raison et les passions. 11 était
devant une ville d'Asie, un basilic se déclara très-habile, ajoute-t-on, dans la cabale des
pour les assiégés, se campa dans un trou des juifs, et c'est lui qui inventa le puissant talis-
remparts, et lui tua jusqu'à deux cents soldats man Abracadabra, dont nous avons parlé, et
par jour. Une batterie de canons bien servie dont l'usage fut long-temps extrêmement ré-
n'eût pas fait mieux. « Il est vrai, ajoute — pandu. Il fit un évangile apocryphe et des
M. Salgues -, que si le basilic peut nous don- prophéties qu'il publia sous les noms de Bar-
ner la mort, nous pouvons lui rendre la pa- cabas de Barcoph. Il plaçait Dieu dans le
et
reille en lui présentant la surface polie d'un soleil révérait prodigieusement les trois
et
miroir; les vapeurs empoisonnées qu'il lance cent soixante-cinq révolutions de cet astre
de ses yeux iront frapper la glace et, par ré- autour de la terre. Voy. Abracax.
flexion, lui mort qu'il voudra
renverront
donner. C'est Aristote qui nous apprend cette
la
Basilius. —
y eut à Rome, du temps de
Il

saint Grégoire, un sénateur de bonne et an-


particularité. » —
Des savants ont regardé en
cienne famille nommé Basilius, magicien
,

face le serpent qu'on appelle aujourd'hui ba-


scélérat et sorcier, lequel, s'étant rendu moine
silic, et qui n'a pas les accessoires dont les
pour éviter la peine de mort, fut enfin brûlé
anciens l'ont embelli, et, malgré tous les vieux
avec son compagnon Prétextatus, comme lui
contes, ils sont sortis bien portants de cette
sénateur romain et de maison illustre « Ce :

épreuve. Mois nous le répétons, le reptile au


qui montre, dit Delancre *, que la sorcellerie
quel les modernes donnent le nom de basilic
n'est pas une tâche de simple femmelette,
n'est sans doute pas le basilic des anciens;
rustiques et idiots. »
car il y a des races perdues.
Bassantin (JACQUES ), —
astrologue CCOS-
SasUide, —
hérétique du deuxième siècle, sais qui, en 4 562, prédit à sir Robert Melvil,
qui se lit un système en mêlant les principes si l'on en croit les mémoires de Jacques Mel-
de Pylhagore et de Simon, les dogmes des vil, son frère, une partie des événements ar-
chrétiens et les croyances des juifs. Il préten- rivés depuis à Marie Stuart, alors réfugiée en
dit que le monde avait été créé par les an-
Angleterre. Il ne fallait que pour cela que
ges. « Dieu (Abracax), disait-il, produisit l'In- quelque connaissance du temps et des hom-
telligence, laquelle produisit le Verbe, qui mes. Les autres prédictions de Bassantin ne
produisit la Prudence. La Prudence eut deux se réalisèrent pas. Son grand traité d'Astro-
filles, la Puissance et la Sagesse, lesquelles nomie, ou plutôt d'Astrologie, a été publié en
produisirent les vertus, les princes de l'air et
françaiseten latin. On cherche l'édition latinede
les anges. Les anges étaient de trois cent Genève, 1599, que les éditeurs appellent in-
soixante-cinq ordres; ils créèrent trois cent
gens et doctum vohimen. Tous ses ouvrages
soixante-cinq cieux ; les anges du dernier ciel présentent un mélange d'heureuses observa-
firent le monde sublunaire; ils s'en partagè-
tions et d'idées superstitieuses ».

rent l'empire. Celui auquel échurent les Juifs,


étant puissant, fit pour eux beaucoup de pro- 1
Delancre, De l'Inconstance des démons, etc., liv. IV,

diges ;
mais, comme il voulait soumettre les p. 416.
2Astronomia Jacobi Bassantini Scoti, etc. In-fol. Ge-
nève, 1599. Paraphrase de l'astrolabe, avec une expli-
1
Mathiole demande comment on a su que le basilic cation de l'usage do cet instrument. In-S". Paris, 1617.
tuait par son regard, s'il a tué tous ceux qui l'ont vu !
Super mathematica genethliaca aritlimetica musica ;
;

;*
Des Erreurs et des préjuges, etc., t. I
1
'
1
', p. 113. secundum Platonera; de mathesi in génère, etc.
BAX — 5 — BAX
Bateleurs, — faiseurs de tours en plein air, Bayard, — cheval des quatre fils Aymon.
avaleurs de couleuvres et de baguettes, qui Il avait la taille d'un cheval ordinaire lors-
passaient autrefois pour sorciers, comme les qu'il ne portait qu'un des frères, et s'allon-
escamoteurs et même les comédiens. geait lorsqu'il les fallait porter tous quatre.
Bathym, — VOIJ. MARTHYM. On conte beaucoup de merveilles sur cette
Bâton du diable. — On conserve, dit-on, monture célèbre, qui se distinguait surtout
à Tolentino, dans la marche d'Ancône, un par une vitesse incroyable, et qui a laissé la
bâton dont on prétend que le diable a fait trace d'un de ses pieds dans la forêt de Soi-
usage. gne en Brabant.
Bâton du bon voyageur. — « Cueillez le Bayemon. — Le grimoire attribué stupide-
lendemain de la Toussaint une forte branche ment 'au pape Honorius donne ce nom à un
de sureau, que vous aurez soin de ferrer par roi de l'occident infernal; on le conjure par
le bas ôtez-en la moeMe mettez à la place
; ; cette prière : « 0 roi Bayemon, très-fort, qui
les yeux d'un jeune loup, la langue et le règnes aux parties occidentales, je t'appelle et
cœur d'un chien, trois lézards verts et trois invoque au nom de la Divinité; je te com-
cœurs d'hirondelles, le tout réduit en poudre mande, en vertu du Très-Haut, de m'en-
par la chaleur du soleil, entre deux papiers voyer présentement devant ce cercle on (

saupoudrés de salpêtre placez par-dessus ; nomme l'esprit dont on veut se servir Passieî,
tout cela, dans le cœur du bâton, sept feuil- Rosus, etc. ) et les autres esprits qui te sont
les de verveine cueillies la veille de la Saint- sujets, pour répondre à tout ce que je leur
Jean-Baptiste, avec une pierre de diverses demanderai. Si tu ne le fais, je te tourmen-
couleursqui se trouve dans le nid delà huppe; terai du glaive du feu divin j'augmenterai ;

bouchez ensuite le bout du bâton avec une tes peines et tebrùlerai. Obéis, roi Bayemon 1
. »
pomme à votre fantaisie, et soyez assuré que
ce bâton vous garantira des brigands, des
Bayer. — En 4*26,
un curé du diocèse de
Constance, nommé Bayer, pourvu de la cure
chiens enragés, des bêtes féroces, des ani-
de Rutheim, fut inquiété par un spectre ou
maux venimeux, des périls, et vous procurera
mauvais génie qui se montrait sous la forme
la bienveillance de ceux chez qui vous loge-
d'un paysan mal vêtu, de mauvaise mine et
rez 1
» — Le lecteur qui dédaigne de tels
très-puant. Il vint frapper à sa porte; étant
secrets ne doit pas oublier qu'ils ont eu grand
entré dans son poêle , il lui dit qu'il était en-
crédit, et qu'on cherche encore, dans beau-
voyé par le prince de Constance, son évê-
coup de villages, à se procurer le bâton du
que, pour certaine commission qui se trouva
bon voyageur
fausse. Il demanda ensuite à manger. On lui
Batrachyte, — pierre qui, suivant que l'in- servit de la viande, du pain et. du vin. Il prit
dique son nom grec, se trouve dans le corps la viande à deux mains et la dévora avec les
de la grenouille, et qui a, disent les bonnes os, disant « Voyez comme je mange la chair
:

gens, de grandes vertus contre les poisons et et les os ; même 2 ? » Puis il prit
faites-vous de
les maléfices. le vase où était le vin et l'avala d'un trait; ,

Batscum-bassa OU Batscum-pacha, dé- — il en demanda d'autre qu'il but de même.


mon turc que l'on invoque en Orient pour Après cela, il se retira sans dire adieu; et la
avoir du beau temps ou de la pluie. On se le servante, qui le conduisait à la porte, lui

rend favorable en lui offrant des tartines de ayant demandé son nom, il répondit « Je suis :

pain grillé, dont il est très-friand 2 . né à Rutsingue, et mon nom est George Rau-
Baume universel , — composé par
élixir lin ;
» ce qui était faux encore. Il passa le reste

les alchimistes : c'est, disent-ils, le remède du jour à se faire voir dans le village, et re-
souverain et infallible de toutes les maladies vint le soir à minuit à la porte du curé en
;

il peut même au besoin ressusciter des morts. criant d'une voix terrible : « Monsieur Bayer

Voy. Alchimie. je vous montrerai qui je suis. » —


Pendant
,

Bavan (Madeleine) ,
— sorcière célèbre
trois ans, il revint tous les jours vers quatre

heures après midi, et toutes les nuits avant le


dans les fastes du sabbat au dix-seplième
point du jour. Il paraissait sous diverses for-
siècle. Voy. Sabbat.
mes, tantôt sous la figure d'un chien barbet,
Baxter, — écrivain anglais qui publia, à
tantôt sous celle d'un lion ou d'un autre ani-
la fin du dix-septième siècle, un livre inti-
mal terrible ;
quelquefois sous la forme d'un
tulé : Certitude du monde des esprits.
1
Grimoire du pape Honorius.
1
Secrets merveilleux du Petit Albert, p. 92.
Dom Calmet, Traité sur les apparitions, etc., t. II,
1 Joannis Cuspiniani, De Turcor. relig. ch. 48.
BAZ — ; i
— BÈH
homme ou sous celle d'une femme ou bien , sième fois. seconde fois des ours et des
II vit à la

il faisait dans la maison un fracas semblable loups, et à la troisième des chiens et d'autres
à celui d'un tonnelier qui relie des tonneaux ;
petits animaux qui s'entre-déchiraient. « Les —
certainsjours, on aurait dit qu'il voulait ren- prodiges que vous avez vus, lui dit-elle, sont
verser le logis par le grand bruit qu'il y cau- une image de l'avenir : ils représentent le ca-
sait. Pour avoir des témoins, le curé fit venir ractère de toute notre postérité. Les lions et
le marguillier et d'autres personnes du vil- les licornes désignent le fils qui naîtra de nous;
lage. Le spectre répandait partout une odeur les loups et les ours sont ses enfants, princes
insupportable mais ne s'en allait pas. On eut
,
vigoureux et avides de proie et les chiens, ;

recours aux exorcismes, qui ne produisirent peuple indocile au joug de ses maîtres,
c'est le
aucun effet; on résolut de se munir d'une soulevé contre ses rois, livré aux passions des
branche bénite le dimanche des Rameaux, et grands et malheureuse victime des uns
et des
d'une épée aussi bénite, et de s'en servir con- autres *. « — Au
on ne pouvait mieuxres'e,
tre le spectre. On le fit deux fois et depuis , caractériser les rois de cette première race;
ce temps il ne revint plus. Ces choses, rap- et si la vision n'est qu'un conte, il est bien
portées par Dom Calmet, peuvent s'expliquer imaginé 2 .

par les frayeurs qu'un garnement aura cau-


Béai, — VOIJ. BÉRITH.
sées au curé, frayeurs qui ont pu lui donner
des visions.
Beauvoys de Chauvincourt, gentilhomme —
angevin, imprimer en 1599 un volume in-
Bayer (Jean), — ministre protestant, né à
titulé :
fit

Discours de la Lycanthropie ou de la
Augsbourg au seizième siècle. On recherche
transmutation des hommes en loups.
de lui une thèse sur cette question « Si l'exis-
tence des anges peut se démontrer par les seu-
:

Bébal, — prince de l'enfer, assez inconnu.


Voy. Paymon.
les lumières naturelles 1
? »

Bayle ( François ), — professeur de méde- Bèchard, —


démon désigné dans les Cla-
vicules deSalomon comme ayant puissance
cine à Toulouse, mort en 1709. Nous ne cite-
sur les vents et les tempêtes. Il fait grêler,
rons de ses ouvrages que la Relation de l'état
tonner et pleuvoir au moyen d'un maléfice,

de quelques personnes prétendues possédées,


qu'il compose avec des crapauds fricassés et
faite de l'autorité du parlement de Toulouse,
autres drogues.
in— 1 2 Toulouse, 1682. Il veut prouver que les
;

démoniaques, s'ils ne sont pas des charlatans, Bèchet, — démon que l'on conjure le ven-
sont très-souvent des fous ou des malades. dredi. Voy. Conjurations.

Bazîne, —
célèbre reine des Tongres, qui Bède vénérable)
(le né au septième .

épousa Childéric et qui fut mère de Clovis. siècle, diocèse de Durham, en Angle-
dans le

terre. Il mourut à soixante-trois ans. On dit


Elle est représentée par les vieux historiens
qu'il prévit l'heure précise de sa mort. Un
comme une habile magicienne. On sait qu'elle
était femme de Bising, roi de Tongres que instant avant d'expirer, il dictait quelques
;

Childéric, chassé de ses états par une révolu- passages qu'il voulait extraire des œuvres de
tion et réfugié à la cour de Bising, plut à sa saint Isidore; le jeune moine qui écrivait le

femme que, lorsqu'il fut rétabli sur son trône, pria de se reposer parce qu'il parlait avec
;

peine « Non, répondit Bède, prenez une au-


Bazine quitta tout pour venir le trouver. Chil- :

déric l'épousa. de ses noces, quand


Le soir tre plume, et écrivez le plus vite que vous

elle fut seule avec lui, elle le pria de passer pourrez » Lorsque le jeune homme eut dit :

la première nuit dans une curieuse observa-


« C'est fait, —
Vous avez dit la vérité, » répli-
tion. Elle l'envoya à la porte de son palais en qua Bède; et il expira. Peu de temps après sa
lui enjoignant de venir rapporter ce qu'il y
mort, on dit qu'il se fit voir à un moine nommé
aurait vu. —
Childéric, connaissant le pouvoir Gamèle, à qui il témoigna le désir d'être en-
magique de Bazine, s'empressa d'obéir. Il ne terré a Durham auprès de saint Culhbert. On

fut pas plutôt dehors qu'il vit d'énormes ani- se hâta de le satisfaire, car on avait un grand

maux se promener dans la cour; c'étaient des respect pour sa mémoire.

léopards, des licornes, des lions. Étonné de ce Bèhémoth , — démon lourd cl stupidc, mal-
spectacle, il vint en rendre compte à son gré ses dignités. Sa force est dans ses reins,
épouse; elle lui dit, du ton d'oracle qu'elle
1
S'.'lon d'autres chroniques, elle dit que les lions et
avait pris d'abord, de ne point s'effrayer, et les licornes représentaient Clovis, les loups et les ours
de retourner une seconde fois et même une troi- ses enfants, et les chiens les dernier» rois de la race, qui
seraient un jour renversés du trône par les grands et le
peuple, dont les petits animaux étaient la figure.
1
An Angelornm existentia luminc naturali
à solo
possit demonstraril In-l». Wittcbergœ, 1658, '
Dreux du Radier, Tablettes des reines fie Frjmçe
BLk — — mm
ses domaines sont la gourmandise et les plai- « Oa eut beau lui dire, en prose et en vers ,

sirs du ventre. Quelques démonomanes disent de l'attaquer, attendu qu'il lui


qu'il avait tort

qu'il est aux enfers sommelier et grand échan- ressemblait beaucoup étant d'une laideur ,

son. Bodin croit 1 que Béhémoth n'est autre horrible rien ne l'arrêta
: il commença par ;

chose que le Pharaon d'Égypte qui persécuta nier absolument le pouvoir de Satan, et s'en-
les Hébreux. Il est parlé de Béhémoth dans hardit jusqu'à soutenir qu'il n'existe pas. « S'il

Job, comme d'une créature monstrueuse. Des y un diable, disait-il, il se vengerait de


avait
commentateurs prétendent que c'est la ba- la guerre que je lui fais. » Les ministres ses ,

leine, et d'autres que c'est l'éléphant; mais il confrères prirent le parti de Satan et dépo-
,

y eut d'autres monstres dont les races ont sèrent Bekker. » Il avait déjà fait l'esprit
disparu. On voit dans le procès d'Urbain Gran- fortdans de précédents ouvrages. Dans l'un
dier que Béhémoth est bien un démon. Delan- de ses catéchismes, le Mets de carême 1 , il
cre dit qu'on l'a pris pour un animal mons- réduisait les peines de l'enfer au désespoir des
trueux parce qu'il se donne la forme de toutes damnés, et il en bornait la durée. On l'accusa
les grosses bètes. Il a joute que Béhémoth se dé- de socinianisme et son catéchisme fut con- ,

guise aussi avec perfection en chien, en renard damné par un synode. L'auteur alla s'éta- —
et en loup. Si Wiérus, notre oracle en ce qui blir à Amsterdam, où
publia, à l'occasion de il

concerne les démons, n'admet pas Béhémoth la comète de 1680, des Recherches sur les co-
dans son inventaire de la monarchie infernale, mètes imprimées en flamand, in-8° Leu-
, ,

il dit, livre I
er
des Prestiges des démons, cha-
, warde 1683. ,

Il s'efforce de prouver que

pitre 21, que Béhémoth ou l'éléphant pourrait ces météores ne sont pas des présages de mal-
bien être Satan lui-même dont on désigne , heurs, et combat les idées superstitieuses que
ainsi la vaste puissance. Enfin , parce qu'on le peuple attache à leur apparition. Cet ou-

lit dans le chapitre 40 de Job que Béhémoth vrage fut reçu sans opposition. Il n'en fut pas
mange du foin comme un bœuf, les rabbins de même de son livre De Betooverde wereld
ont fait de lui bœuf merveilleux réservé
le (le monde ensorcelé), imprimé plusieurs fois,

pour le festin de leur Messie. Ce bœuf est si et traduit en français sous ce titre « Le Monde :

énorme, disent-ils, qu'il avale tous les jours enchanté, ou examen des communs sentiments
le foin de mille montagnes immenses, dont il touchant les esprits, leur nature, leur pou-
s'engraisse depuis lecommencement du monde. voir, leur administration et leurs opérations,
Il ne quitte jamais ses mille montagnes, où et touchant les effets que les hommes sont ca-
l'herbe qu'il a mangée le jour repousse la nuit pables de produire par leur communication et
pour le Ils ajoutent que Dieu tua
lendemain. leur vertu ;
divisé en quatre livres ; » 4 forts
la femelle de ce bœuf au commencement car ; volumes petit in-12, de l'au- avec le portrait
on ne pouvait laisser multiplier une telle race. teur 2 Amsterdam, 1 694.
,
L'auteur, dans —
Les Juifs se promettent bien de la joie au festin cet ouvrage, qui lui fit perdre sa place de mi-
où il fera la pièce de résistance. Ils jurent nistre 3 cherche à prouver qu'il n'y a jamais
,

par leur part du bœuf Béhémoth.


II publia deux espèces de catéchisme en langue hol-
1

Béhérit , —
démon sur lequel on a très- landaise, Vaste spize le Mets de carême ), et Gesneden
brood (le Pain coupé).
|

peu de renseignements, à moins qu'il ne soit 2 Bekker était si laid, que La Monnoye fit sur lui
le même que Bérith. Voij. ce mot. Il est cité cette épigramme :

dans la possession de Loudun. Ii avait même Oui, par toi, de Satan la puissance est bridée ;

Mais tu n'as cependant pas encore assez fait :

promis d'enlever la calotte du sieur commis- Pour nous ôter du diable entièrement l'idée,
saire, et de la tenir en l'air à la hauteur de Bekker, supprime ton portrait.
3 Pendant que les ministres d'Amsterdam prenaient
deux piques ce qui n'eut pas heu, à sa honte 2
;
.
le parti du diable, un ami de l'auteur le défendit dans
un ouvrage intitulé Le Diable triomphant, parlant
Bekker (Balthasar) ,
— docteur en théo-
:

sur le mont Parnasse ; mais le synode, qui avait déposé


Bekker, ne révoqua pas sa sentence. On écrivit contre
logie et ministre à Amsterdam, né
réformée ,
lui une multitude de libelles. Benjamin Binet l'a réfuté
en 1634. Ce Balthasar Bekker, grand ennemi
« dans un volume intitulé Traité historique des dieux :

du paganisme, avec des remarques critiques sur le sys-


de l'enfer éternel et du diable, et encore plus
tème de Balthasar Bekker. Delft, 1696. In-12. Ce vo-
de la précision dit Voltaire, fit beaucoup de
, lume se joint ordinairement aux quatre de Bekker; il a
aussi été imprimé sous le titre d'Idée générale de la
bruit en son temps par son gros livre du Monde
théologie païenne, servant de réfutation au système de
enchanté. » Alors la sorcellerie , les posses- Balthasar Bekker, etc. Amsterdam et Trévoux, 1699.
Les autres réfutations du Monde enchanté sont Mel- :

sions, étaient en vogue dans toute l'Europe ,


chioris Leydekkeri dissertatio de vulgato miper Bek-
ce qui le détermina à combattre le diable. keri volumine, etc. In-S". Ultrajecti, 1693. Bievis me-
ditatio academica de spirituum actionibus in homines
spiritualibus, cujus doctrinœ usus contra Bekkerum et
1
Démonomanie des sorciers, liv. i, cl). 1. alios fanaticos exhibitur a J. Zipcllio. In-8°. Francor-
2
Saint-Albin, Histoire des diables de Loudun. furti, 1701, etc.
,

BEL — 78 — BEL
eu ni possédés que tout ce qu'on dit
ni sorciers; des possédées de Loudun, avec Isaacarum et
des esprits malins n'est que superstitions, etc. Béhémoth : on le força de déloger *:

Un peu plus tard pourtant, dans une défense de Beîbach OU Belbog. — Voy. BelzÉBUTH.
ses opinions il admit l'existence du diable
,

mais il ajouta qu'il le croyait enchaîné dans les


;
Béléphantès ,
— astrologue chaldéen qui

enfers et hors d'état de nuire. Il ne fallait — prédit à Alexandre, selon Diodore de Sicile,
que son entrée à Babylone lui serait funeste :

pas poursuivre si sérieusement un livre que


ce qui advint comme chacun sait.,

sa prolixité seule devait rendre inlisible. « Il

y a grande apparence, dit encore Voltaire, Belette. — Les anciens croyaient que la

qu'on ne le condamna que par le dépit d'a- belette faisait ses petits par la gueule, parce

voir perdu son temps à le lire. » — Dans le qu'elle les porte souvent entre ses lèvres,

livre er
ou premier volume, qui a quatre
I ,
comme font les chattes. Plutarque remarque
cents pages, l'auteur examine les sentiments que lesïhébains honoraient la belette, tandis
que les peuples ont eus dans tous les temps que les autres Grecs regardaient sa rencontre
et qu'ils ont encore aujourd'hui touchant Dieu comme un présage funeste. On prétend que sa
et les esprits il parle des divinations, de l'art
;
cendre, appliquée en cataplasme, guérit les
magique, des manichéens et des illusions du migraines et les cataractes et le livre des ;

diable il entre en matière


; dès le tome se- Admirables Secrets d'Albert-le-Grand assure
cond. Ce tome ou livre second a 733 pages que, si on fait manger à un chien le cœur et
énormes. L'auteur traite de la puissance des la langue d'une belette, il perdra incontinent
esprits, de leur influence, des effets qu'ils sont la voix. Il ajoute imprudemment un secret

capables de produire. Il prétend qu'il n'y a qu'il dit éprouvé et qu'il certifie infaillible
,
:

aucune raison de croire qu'il y ait des démons c'est qu'un amateur n'a qu'à manger le cœur

ou anges, ou vice-dieux; il s'embarrasse ce- d'une belette encore palpitant pour prédire
2 ....
pendant avec les anges d'Abraham et de Loth ;
les choses à venir
il dit que le serpent qui tenta nos premiers Bélial, — démon adoré des Sidoniens. L'en-
parents n'était pas un diable, mais un vrai fer ri'à pas reçu d'esprit plus dissolu plus ,

serpent il soutient que la tentation de Notre-


;
crapuleux, plus épris du vice pour le vice
Seigneur par le diable est une allégorie, ainsi même. Si son âme est hideuse et vile, son
que le combat du diable avec saint Michel ; extérieur est séduisant. Il a le maintien plein
que Job ni saint Paul n'ont été tourmentés cor- de grâce et de dignité. Il eut un culte à So-
porellcment par le diable il dit que les pos- ;
dome dans d'autres villes; mais jamais on
et
sédés sont des malades, que les vrais diables n osa trop lui ériger des autels. Delancre dit
sont les hommes méchants etc. Dans le ,
— que son nom signifie rebelle ou désobéissant.
troisième volume, Bekker veut démontrer, — Wiérus, dans son inventaire de la monar-
dans le même style prolixe, que le commerce chie de Satan, lui consacre un grand article.
avec le diable et les pactes des sorciers sont « On croit, dit-il, que Bélial, l'un des rois de
des idées creuses il remarque que les livres ;
l'enfer, a été créé immédiatement après Lu-
saints ne font aucune mention d'actes de so- cifer, la plupart des anges
et qu'il entraîna
ciété avec le diable, que les devins de l'anti- dans la révolte aussi il fut renversé du ciel
:

quité étaient des imbéciles sans talent et sans un des premiers. Lorsqu'on l'évoque, on l'o-
pouvoir. 11 se moque, dans le quatrième vo- blige par des offrandes à répondre avec sin-
lume, de ceux qui croient à la magie, et des cérité aux questions qu'on lui fait. Mais il
juges qui condamr.ent les sorciers. conte bien vite des mensonges si on ne l'ad-
Bel, — divinité suprême des Chaldéens. jure pas, au nom de Dieu, de ne dire que la
Wiérus dit que c'est un vieux démon dont la vérité. Il se montre quelquefois sous la figure

voix sonne le creux *. Les peuples qui en d'un ange plein de beauté, assis dans un char
firent un dieu contaient qu'au commencement de feu il parle avec aménité; il procure les
;

le monde qu'un chaos habité par des


n'était dignités et les faveurs, fait vivre les amis en
monstres; que Bel les tua, arrangea l'univers, bonne intelligence, donne d'habiles serviteurs.
se fit couper la tète par un de ses serviteurs, Il commande quatre-vingts logions de l'ordre
détrempa la terre avec son sang et en forma des Vertus et de l'ordre des Anges. Il est exact
les animaux et les hommes. à secourir ceux qui se soumettent à lui s'il y ;

— démon manquait, il est facile de le châtier, comme fit


Belaam , donl on ne sait rien
sinon qu'en 1632 il entra dans le corps d'une 1
Histoire des diables de Loudun,
7
Les Admirables Secrets d'Albert-le-Grand, liv. ir

' De Prnstigiis diem. , lib. i, cap. 5. ch. 3.


,

BEL — 1 — BEL
Salomon ,
qui l'enferma dans
une bouteille cette herbe avec de grandes cérémonies. Les
avec toutes ses légions, » lesquelles font une femmes des druides choisissaient une jeune
armée de cinq cent vingt-deux mille deux vierge qui déposait ses vêtements et marchait
cent quatre-vingts démons. Il fallait que la à la tète des autres femmes, cherchant l'herbe
bouteille fût de grande taille. Mais Salomon — sacrée; quand elle l'avait trouvée, elle la

était si puissant que, dans une autre occasion, déracinait avec le petit doigt de la main droite ;

il emprisonna pareillement six mille six cent en même temps ses compagnes coupaient des
soixante-six millions de diables qui ne pu- branches d'arbres et les portaient à la main
rent lui résister. —
Des doctes racontent en- en la suivant jusqu'au bord d'une rivière voi-
core que Salomon mit la bouteille où était sine; là on plongeait dans l'eau l'herbe pré-

Bélial dans un grand puits, qu'il referma d'une cieuse, on y trempait aussi les branches que
pierre, près de Babylone; que les Babyloniens l'on secouait sur le visage de lajeune fille.
descendirent dans ce puits croyant y trouver Après cette cérémonie, chacun se retirait en
un trésor qu'ils cassèrent la bouteille que
; ,
sa maison seulement la jeune vierge était
;

tous les diables s'en échappèrent, et que Bé- obligée de faire à reculons le reste du chemin.
lial, qui avait peur d'être repris, se campa Belloc (Jeanne), — sorcière du pays de La-
dans une idole qu'il trouva vide, et se mit à bour, prise à vingt-quatre ans, sous Henri IV.
rendre des oracles ce qui fit que les Baby- ; Pierre Delancre ,
qui l'interrogea , dit qu'elle
loniens l'adorèrent commença d'aller au sabbat dans l'hiver

Beliche. — C'est le nom qu'on donne au de 1609 ;


qu'elle fut présentée au diable, dont
diable à Madagascar. Dans les sacrifices, on elle baisa le derrière, car il n'y avait que les

lui jette lespremiers morceaux de la victime, notables sorcières qui le baisassent au visage.
avec la persuasion qu'il ne fait point de mal Elle conta que le sabbat est une espèce de
tant qu'il a de quoi mettre sous la dent. bal masqué où uns se promènent en leur
les

Bélier. — Le diable s'est quelquefois trans-


forme naturelle tandis que d'autres sont
,

transmuées en chien?, en chats, en ânes, en


mué en bélier, et des maléficiés ont subi cette
pourceaux et autres bêtes. Voy. Sabbat.
métamorphose. C'est même sur une vieille
tradition populaire qu'Hamilton a bâti son Belmonte, —
conseiller du parlement de

conte du Bélier. —
Il parait que le bélier a Provence, qui eut au pied une petite plaie où
des propriétés magiques car lorsqu'on ac- ;
la gangrène se mit le mal gagna vite, et il en
;
,

cusa Léonora Galigaï femme du maréchal ,


mourut. Comme il avait poursuivi les sorciers
d'Ancre, d'avoir fait des sorcelleries, on pré- protestants et les perturbateurs réformés, les
tendit que, pendant qu'elle s'occupait des ma- écrivains calvinistes virent dans sa mort
léfices , elle ne mangeait que des crêtes de prompte un châtiment et un prodige *. C'était

coq et des rognons de bélier. au seizième siècle.

Belin (Albert) bénédictin né à Besan- ,


— Bélomancie. — Divination par le moyen
çon en é'1 0. On recherche parmi ses ouvra-
i
des flèches. On prenait plusieurs flèches, sur

4° le Traité des talismans, ou Figures lesquelles on écrivait des réponses relatives


ges :

astrales , dans lequel il est montré que leurs


à ce qu'on voulait demander. On en mettait
effets ou vertus admirables sont naturels, en-
de favorables de contraires ensuite on
et ;

semble la manière de les faire et de s'en servir mêlait les flèches, et on les tirait au hasard :

avec profit, in-12, Paris, '1671. On a joint a celle que le sort amenait était regardée

l'édition du même auteur,


de 1709 un traité
comme l'organe de la volonté des dieux. —
de la Poudre de sympathie justifiée ; 2° les C'était surtout avant les expéditions militaires

Aventures du philosophe inconnu en la recher- qu'on faisait usage de la bélomancie. Les

che et invention de la pierre philosophale, di- Chaldéens avaient grand'foi à cette divina-
visées en quatre livres tion. Les Arabes devinent encore par trois
, au dernier desquels
il est parléclairement de la manière de la
si
flèches qu'ils enferment dans un sac. Ils écri-

faire que jamais on n'en a traité avec tant de vent sur l'une Commandez-moi, Seigneur;
:

candeur. In-12; Paris, 1664 et 1674. sur l'autre Seigneur, empêchez-moi, et n'é-
:

crivent rien sur la troisième. La première


Belinuncia —
herbe consacrée à Belenus
,

flèche qui sort du sac détermine la résolution


dont Gaulois employaient le suc pour em-
les
sur laquelle on délibère. Voy. Flèches.
poisonner leurs flèches. Ils lui attribuaient la
vertu de faire tomber la pluie. Lorsque le
Belphégor, — démon des découvertes et

pays des inventions ingénieuses. Il prend souvent


était affligé d'une sécheresse, on cueillait
1
Voyez Chassanion, Des Grands et redoutables ju-
1
Wierus, in Pseudomon. dœmon. gements de Dieu. Morges, 1581, p. 61.
bi:l — 80 — BEN
un corps de jeune femme?; il donne des ri- voient aussi sous les traits d'une femme. — Le
chesses. Les Moabites. qui l'appelaient Baal- monarque des enfers, dit Palingène, in Zo-
phégor, l'adoraient sur le mont Phégor. Des diaco vitœ une taille prodigieuse assis
, est ,

rabbins disent qu'on lui rendait hommage sur un trône immense, ayant le front ceint
sur la chaise percée et qu'on lui offrait l'i- , d'un bandeau de feu, la poitrine gonflée, le
gnoble résidu de la digestion. C'était digne visage bouffi, les yeux étincelants, les sourcils
de lui. C'est pour cela que certains doctes ne élevés et l'air menaçant. Il a les narines ex-
voient dansBelphégor que le dieu Pet ou Cre- trêmement larges, et deux grandes cornes sur
pitus; d'autres savants soutiennent que c'est la tête; il est noir comme un Maure deux :

Priape. — Selden, par Banier, prétend


cité grandes ailes de chauve-souris sont attachées
qu'on lui offrait des victimes humaines, dont à ses épaules; il a deux larges pattes de ca-
ses prêtres mangeaient la chair. Wiérus re- nard une queue de lion
, et de longs poils
,

marque que c'est un démon qui a toujours la depuis la tête jusqu'aux pieds. Les uns —
bouche ouverte observation qu'il doit sans
;
disent que Belzébuth est encore Priape ;

doute au nom de Phégor, lequel signifie, selon d'autres, comme Porphyre, le confondent avec
Leloyer, crevasse ou fendasse, parce qu'on Bacchus. On a cru le retrouver dans le Bel-
l'adorait quelquefois dans des cavernes, et bog, ou Belbach (dieu blanc) des Slavons,
qu'on lui jetait des offrandes par un soupirail. parce que son image ensanglantée était tou-
jours couverte de mouches, comme celle de
Bélus, — premier roi des Assyriens; on
Belzébuth chez les Syriens. On dit aussi que
dit qu'il se fit adorer dans des temples de
c'est le même que Pluton. Il est plus vrai-
son vivant. Il était grand astrologue « J'ai :

semblable de croire que c'est Ba'ël, que Wié-


lu dans les registres du ciel tout ce qui doit
rus fait empereur des enfers; d'autant mieux
vous arriver, disait-il à ses enfants, et je vous
dévoilerai les secrets de vos destinées. » Il
que Belzébuth ne figure pas sous son nom
rendit des oracles après sa mort. Bélus pour-
dans l'inventaire de la monarchie infernale.
rait être le même que Bel.
— On voit, dans les Clavicules de Salomon,
que Belzébuth apparaît quelquefois sous de
Belzébuth OU Belzèbub OU Beelzèbuth, monstrueuses formes, comme celles d'un veau
1
prince des démons, selon les Écritures le
;
énorme ou d'un bouc suivi d'une longue
premier en pouvoir et en crime après Salan,
queue; souvent, néanmoins, il se montre sous
selon Milton; chef suprême de l'empire infer- la figure d'une mouche d'une extrême gros-
nal, selon la plupart des démonographes. — seur. Quand il est en colère, ajoute-t-on, il
Son nom signifie seigneur des mouches. Bodin 2
vomit des flammes et hurle comme un loup.
prétend qu'on n'en voyait point dans son
Quelquefois enfin Astaroth apparaît à ses
temple. C'était la divinité la plus révérée des
côtés, sous les traits d'un âne.
peuples de Chanaan, qui le représentaient
quelquefois sous la figure d'une mouche, le
Bénédict (Jean), — médecin allemand du
plus souvent avec les attributs de la souve- seizième siècle. On lui doit un livre sur les

raine puissance. Il rendait des oracles, et le


Visions et les révélations naturelles et surnatu-

roi Ochozias le consulta sur une maladie qui relles, qui n'est presque pas connu l
.

l'inquiétait; il en fut repris par le prophète Benoît Vin, — cent quarante-huitième


Élisée, qui lui demanda s'il n'y avait point pape, élu en 1012, mort en 0 2 i On lit dans 1 .

de Dieu en Israël pour aller ainsi consulter


, Platine cité par Leloyer et par Wiérus
,
2
,

Belzébuth dans le pays des Philistins. On lui que quelque temps après sa mort, Benoît VIII
attribuait le pouvoir de délivrer les hommes apparut, monté sur un cheval noir, à un saint
des mouches qui ruinent les moissons. — évêque dans un lieu solitaire et écarté que :

Presque tous les démonomanes le regardent 1'évèque lui demanda comment il se faisait
comme le souverain du ténébreux empire; et qu'étant mort il se montrât ainsi sur un
chacun le dépeint au gré de son imagination. cheval noir. À quoi le pape répondit que,
Milton lui donne un aspect imposant, et une pendant sa vie, il avait été convoiteux d'a-
haute sagesse respire sur son visage. L'un le masser des biens; qu'il était en purgatoire;
fait haut comme une tour l'autre d'une taille ;
mais qu'il n'était pas damné, parce qu'il avait
égale à la nôtre; quelques-uns se le figurent fait des aumônes. 11 révéla ensuite le lieu où
sous la forme d'un serpent; il en est qui le il avait caché des richesses, et pria le saint
Notre Seigneur Jésus-Christ même lui donne ce
1

nom (saint Matthieu, ch. 12, v. '24; saint Luc, ch. 11, 1
Jnannis Benedicti Libellus de visionibus et revela-
v. 15l. Les scribes reprochaient au Sauveur qu'il chas- tionibus naturalibus et divinis. In-8". Moguntne, 1550.
sait les diables au nom de Belzébuth, prince des démons. 2 Leloyer, Discours des spectres, liv. VI, ch. 13. Wié-
2 Démonomanie des sorciers, liv. iv, ch. 3. rus, De Prrest., lib. !, cap. 10.
,

BEN — L — BER
évêque de lesaux pauvres.
distribuer — aussi Nocticula, Hérodias ou la Lune. On
Après cela, le fantôme (selon le récit) se mon- voit, dans des manuscrits de l'église de Cou-

tra pareillement au pape son successeur, et sérans, que des dames au quatorzième siècle
le supplia d'envoyer en diligence un courrier avaient le renom d'aller à cheval aux courses
à Odilon, abbé de Cluny, pour l'avertir qu'il nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les
priât Dieu pour le repos de son âme. Odilon sorcières au sabbat, faisaient inscrire leur
le fit; et peu de jours après on vit un homme nom sur un catalogue, et après cela se
lumineux entrer dans le cloître, avec d'autres croyaient fées. On remarquait encore au der-
personnes habillées de blanc, et se mettre à nier siècle à Montmorillon en Poitou sur le
, ,

genoux devant Odilon. Un religieux demanda portique d'un ancien temple, une femme en-
qui était cet homme de si haute apparence, levée par deux serpents dans les airs. C'était
qui faisait tant d'honneur à l'abbé. Il lui fut sans doute le modèle de la contenance des
répondu que c'était Benoît VIII qui, par les sorcières ou fées dans leurs courses de nuit 1 .

prières d'Odilon, jouissait de la gloire des Benthaméléon. —


Titus, ayant pris Jéru-
bienheureux. salem, publia un édit qui défendait aux Juifs
Benoît ix, — cent cinquantième pape, élu d'observer le sabbat et de se circoncire, et
en 1033, dans -un temps de troubles, où les qui leur ordonnait de manger toute espèce
partis se disputaient Rome. Il eut à lutter de viande. Les Juifs consternés envoyèrent à
contre des antipapes qui l'ont fort noirci. On Titus le rabbin Siméon qui passait pour un ,

a dit qu'il était magicien, et que, renversé du homme très-habile. Siméon s'étant mis en
saint-siége par ses ennemis, il y remonta chemin avec le rabbin Éléazar, ils rencon-
deux fois par son pouvoir magique. C'est un trèrent un diable, nommé Benthaméléon, qui
peu niais. On a dit encore avec autant de demanda à les accompagner, leur avouant
bon sens qu'il prédisait les choses futures, et quelle était sa nature, mais se disant enclin
qu'il était habile enchanteur 1 . — L'auteur à rendre service et leur promettant d'entrer
calviniste des grands et redoutables juge- dans le corps de la fille de Titus, et d'en sortir
ments de Dieu ajoute même qu'il fut étran- aussitôt qu'ils le lui commanderaient, afin
glé par le diable, et qu'après sa mort, son qu'ils pussent gagner l'empereur par ce pro-

âme fut condamnée à errer dans les forêts, dige. Les deux rabbins acceptèrent sa pro-
sous la forme d'une bête sauvage , avec un position avec empressement; et, Benthamé-
corps d'ours à longs poils, une queue de chat léon ayant tenu parole ils obtinrent en effet ,

et une tête d'âne. Un ermite qui le rencontra la révocation de l'édit.

lui demanda pourquoi il avait cette figure. Bérande —


sorcière brûlée à Maubec
,

« .l'étais un monstre, répondit Benoît, et vous près Beaumont de Lomaignie, en 1577. En


voyez mon âme telle qu'elle a toujours été. » allant au supplice, elle accusa une demoiselle
C'est très-gracieux. Mais Benoît IX, au con- d'avoir été au sabbat; la demoiselle le nia;
traire, mourut dans la retraite sous le cilice, Bérande lui dit : « Ne sais-tu pas que la
pieusement et saintement, en 1054. C'est en- dernière fois que nous fîmes la danse, à la
core là une des victimes de la calomnie his- Croix du pâté, tu portais le pot de poison?... »
torique. Et la demoiselle fut réputée sorcière, parce
Bensozia. — Certains canonistes des dou- qu'elle ne sut que répondre 2.

zième et treizième siècles s'élèvent fortement Berbîguïer. —


Alexis- Vincent- Charles
contre les femmes d'alors qui allaient à une Berbiguier de Terre-Neuve du Thym, né à
espèce de sabbat, sur lequel il ne nous est Carpentras, est un auteur qui vivait encore
parvenu que très-peu de notions. On disait ily a peu de temps, et qui a publié en 1821
que des fées ou des démons transformés en un ouvrage dont voici le titre Les Farfadets, :

femmes s'associaient toutes les dames qui ou tous les démons ne sont pas de Vautre
voulaient prendre part à leurs plaisirs; et monde, 3 in-8°, ornés de huit lithogra-
vol.
que toutes, dames et fées ou démons, montées phies du portrait de l'auteur, entouré
et
sur des bêtes ailées, allaient de nuit faire des d'emblèmes, surmonté de cette devise Le :

courses et des fêtes dans les airs. Elles Fléau des Farfadets. L'auteur, qui était —
avaient pour chef la diablesse ou fée Benso- fou, débute par une dédicace à tous les em-
zia , à qui il fallait obéir aveuglément avec pereurs, rois, princes souverains des quatre
une soumission sans réserve. C'était, dit-on , partiesclu monde. « Réunissez vos efforts aux
la Diane des anciens Gaulois ; on l'appelait
1
Dom Martin, Religion des Gaulois, t. II, p. 59 et 65.
1
Naudé, Apologie pour tous les grands personnages 2 M. Jules Garinet. Histoire de la magie en France,
soupçonnés de magie, ch. 19. p. 132.
iJKU — 8 1 — BEH
miens, leur dit-il, pour détruire l'influence rafraîchissements et des comestibles ; car
des démons, sorciers et farfadets qui désolent leurs entrailles étaient dévorées par le feu de
les malheureux habitants de vos États. » Il l'enfer. Elles eurent besoin de rubans de dif-

ajoute qu'il est tourmenté par le diable depuis férentes couleurs, qu'elles ne m'ont jamais
vingt-trois ans et il dit que les farfadets se
: rendus. Pendant huit jours que dura leur ma-
métamorphosent sous des formes humaines gie ,
je fus d'une tristesse accablante. Le
pour vexer les hommes. Dans le chapitre 2 quatrième jour, elles se métamorphosèrent
de son livre, il nomme tous ses ennemis par en chats venant sous mon lit pour me tour-
,

leur nom, soutenant que ce sont des démons menter. D'autres fois elles venaient en chiens :

déguisés, des agents de Belzébuth; qu'en les j'étais accablé par le miaulement des uns et

appelant infâmes et coquins, ce n'est pas eux l'aboiement des autres. Que ces huit jours
qu'il insulte, mais les démons qui se sont furent longs ! » Berbiguier s'adressa à un ti-
emparés de leurs corps. « On me fait passer reur de cartes, qui se chargea de combattre
pour fou, s'écrie-t-il mais si j'étais fou, mes
;
les deux sorcières; mais il ne lui amena que
ennemis ne seraient pas tourmentés comme de nouveaux tourments. Dans les chapitres
ils le sont tous les jours par mes lardoires, suivants, l'auteur se fait dire encore sa bonne
mes épingles, mon soufre, mon sel, mon vi- aventure et se croit obsédé; il entend sans
naigre et mes cœurs de bœuf. » — Les trois cesse à ses oreilles des cris de bêtes affreuses ;

volumes sont en quelque sorte les Mémoires il a des peurs et des visions. Il vient à Paris
de l'auteur, que le diable ne quitte pas. Il pour un procès, fait connaissance d'une nou-
établit le pouvoir des farfadets; il conte, au velle magicienne, qui lui lire les cartes. « Je
chapitre 4, qu'il s'est fait dire la bonne aven- lui demandai, dit-il, si je serais toujours mal-

ture en '1796 par une sorcière d'Avignon, heureux; elle me répondit que non; que, si
appelée la Mansolte, qui se servait pour cela je voulais, elle me guérirait des maux pré-
du jeu de tarots. « Elle y ajouta, dit-il une , sents et à venir, et que je pouvais moi-même
cérémonie qui sans doute est ce qui m'a
, , faire le remède. —
11 faut, me dit-elle, ache-

mis entre les mains des farfadets. Elles ter une chandelle de suif chez la première
étaient deux disciples femelles de Satan ;
marchande dont la boutique aura deux issues,
elles se procurèrent un tamis propre à pas- et tâcher, en payant, de vous faire rendre
ser de la farine, sur lequel on fixa une paire deux deniers. » Elle me recommanda de sor-
de ciseaux par les pointes. Un papier blanc tir ensuite par la porte opposée à celle par

plié était posé dans le tamis. La Mansotte et laquelle je serais entré, et de jeter les deux
moi nous tenions chacun un anneau des ci- deniers en l'air ce que je fis. Je fus grande-
:

seaux de manière que le tamis était, par ce


,
ment surpris d'entendre le son de deux écus
moyen, suspendu en l'air. Aux divers mou- au lieu de celui des deux deniers. L'usage
vements du tamis, on me faisait des questions qu'elle me dit de faire de la chandelle fut
qui devaient servir de renseignements à ceux d'allumer d'abord mon feu de jeter dedans ,

qui voulaient me mettre en leur possession. du sel, d'écrire sur un papier le nom de la
Les sorcières demandèrent trois pots dans : première personne qui m'a persécuté, de pi-
l'un elles enfermèrent quelques-uns des ta- quer ce papier dans tous les sens, d'en enve-
rots jetés sur la table, et préférablement les lopper la chandelle en l'y fixant avec une
cartes à figures. Je les avais tirées du jeu les épingle, et de la laisser brûler entièrement
yeux bandés. Le second pot fut garni de sel, ainsi. Aussitôt que j'eus tout exécuté, ayant
de poivre et d'huile; le troisième de laurier. eu la précaution de m'armer d'un couteau
Les trois pots, couverts, furent déposés dans en cas d'attaque, j'entendis un bruit effroya-
une alcôve, et les sorcières se retirèrent pour ble dans le tuyau de ma cheminée; je m'ima-
attendre l'effet... Je rentrai chez moi à dix ginai que j'étais au pouvoir du magicien Mo-
heures du soir; je trouvai mes trois croisées , reau, que j'avais consulté à Paris. Je passai
ouvertes et j'entendis au-dessus de ma tête
, la nuit à alimenter le feu, en y jetant de
un bruit extraordinaire. J'allume mon flam- grosses poignées de sel et de soufre, pour
beau je ne vois rien. Le bruit que j'entendais
;
prolonger le supplice de mes ennemis... » —
ressemblait au mugissement des bêles féroces ;
M. Berbiguier neuf jours de suite la même
fit

il dura toute la nuit. Je souffris trois jours opération, sans se voir débarrassé des farfa-
diverses tortures, pendant lesquelles les deux dets et magiciens. —
Les trois volumes sont
sorcières préparaient leurs maléfices. Elles partout de cette force, et nous ne dirons rien
ne cessèrent, tant que dura leur manège, de de trop en rangeant cet ouvrage parmi les
nie demander de l'argent. 11 fallait aussi que plus extravagantes productions. L'auteur se
j(> fusse là pour leur donner du sirop, des croyait en correspondance avec des sorciers
BER — 8 — BER
ot des démons. Il rapporte des lettres faites à cheval à l'entrée d'une foret du Mans, ren-
par des plaisants assez malhabiles , et qu'il versa un vieux berger qui croisait sa route,
attribue à Lucifer, à Rothomago et à d'autres et ne s'arrêta pas pour relever le bon homme.
dont elles portent les signatures. En voici une Le berger, se tournant vers le voyageur, lui
qu'il a transcrite scrupuleusement : cria qu'il se souviendrait de lui. L'homme à
cheval ne fit pas d'abord attention à cette
A M. Berbiguier.
menace; mais bientôt, réfléchissant que le
« Abomination de la détestation, tremble- berger pouvait lui jeter un maléfice et tout ,

ment de terre, déluge, tempête, vent, comète, au moins l'égarer, il eut regret de n'avoir pas
planète, Océan, flux, reflux, génie, sylphe, été plus honnête. — Comme il s'occupait de
faune, satyre, Sylvain, adriadeet amadriade' ces pensées, il entendit marcher derrière lui :

» Le mandataire du grand génie du bien et il se retourne et entrevoit un spectre nu, hi-


du mal, allié de Belzébuth et de l'enfer, com- deux, qui le poursuit... C'est sûrement un
pagnon d'armes d'Astaroth, auteur du péché fantôme envoyé par le berger... Il pique son
originel et ministre du Zodiaque, a droit de cheval, qui ne peut plus courir. Pour comble
posséder, de tourmenter, de piquer, de pur- de frayeur, le spectre saute sur la croupe
ger, de rôtir, empoisonner, poignarder et liti- du cheval enlace de ses deux longs bras le
,

fier le très-humble et très-patient vassal corps du cavalier, et se met à hurler. Le


Berbiguier, pour avoir maudit la très-hono- voyageur fait de vains efforts pour se dégager
rable et indissoluble société magique: en foi du monstre, qui continue de crier d'une voix
, de quoi nous avons fait apposer les armes de rauque. Le cheval s'effraie et cherche à jeter
la société. à terre sa double charge enfin une ruade de ;

» Fait au soleil, en face de la lune, le grand l'animal renverse le spectre, sur lequel le
officier, ministre plénipotentiaire, le 5818 e cavalier ose à peine jeter les yeux. Il a une
jour et la 5819 e heure de nuit, grand'croix et barbe sale, le teint pâle, les yeux hagards;
tribun de la société magique. Le présent pou- il fait d'effroyables grimaces... Le voyageur
voir aura son effet sur son ami Coco. (C'était fuit au plus vite : arrivé au prochain vilhige,
l'écureuil de M. Berbiguier.) il raconte sa mésaventure. On lui apprend
» Thésaurochrysonicochrysidès. que le spectre qui lui a causé tant de frayeur

» Par son excellence le secrétaire,


est un fou échappé qu'on cherche depuis
» PlNCHlCHI-PlNCHI.
quelques heures ». —
Les maléfices de ber-
» 30 mars 1818. gers ont eu quelquefois des suites plus fâ-
cheuses. Un boucher avait acheté des mou-
»P. S. Dans huit jours tu seras en ma puis-
tons sans donner le pourboire au berger de
sance ;
malheur à toi si tu fais paraître ton
la ferme. Celui-ci se vengea; en passant le
ouvrage ! »
pont qui se trouvait sur leur route, les mou-
Bérenger, —
hérétique du onzième siècle. tons se ruèrent dans l'eau la tête la première.
Guillaume de Malmesbury raconte { qu'à son — On conte aussi qu'un certain berger avait
lit de mort Bérenger reçut la visite de son fait un sort avec la corne des pieds de ses
ancien ami Fulbert, lequel recula devant le bêtes, comme parmi eux
cela se pratique
lit où gisait le malade, disant qu'il n'en pou- pour conserver les troupeaux en santé. 11
vait approcher, parce qu'il voyait auprès de portait ce sort dans sa poche un berger du :

lui un horrible et grand démon très-puant. voisinage parvint à le lui escamoter; et,
Les uns disent qu'on chassa ce démon d'au- ;
comme il lui en voulait depuis long-temps, il
tres assurent qu'il tordit le cou à l'hérétique mit le sort en poudre et l'enterra dans uno
mal converti et l'emporta. fourmilière avec une taupe, une grenouille
Bergers. —
On est encore persuadé, dans verte et une queue de morue, en disant :

beaucoup de villages, que les bergers com- maudit ion, perdition, destruction; et au bout
mercent avec le diable et qu'ils font adroi-, de neuf jours il déterra son maléfice et le se-
tement des maléfices. Il est dangereux, as- ma dans l'endroit où devait paître le troupeau
sure-t-on, de passer près d'eux sans les de son voisin qui fut détruit.
,
D'autres —
saluer ils fourvoient loin de sa route le voya-
; bergers, avec trois cailloux pris en différents
geur qui les offense, font naître des orages cimetières et certaines paroles magiques, don-
devant ses pas et des précipices à ses pieds. nent des dyssenteries, envoient la gale à leurs
On conte là-dessus beaucoup d'histoires ter- ennemis, et font mourir autant d'animaux
ribles. Voy. Dams. — Un voyageur, passant qu'ils souhaitent. C'est toujours l'opinion des

1
In Historiâ Anglor. sub Gullielmo I,
1 MadameGabnelledeP ), 't
%Hist, des Fantômes, etc.,
p. 205'.
BÉR — — BER
gens de village. Quoique ces pauvres gens vailles qui lui valaient quelque chose »
ne sachent pas lire, on craint si fort leur sa- — L'historien semble croire que ce lutin était
voir et leur puissance, dans quelques ha- une mandragore *. Les cabalistes n'y voient
meaux, qu'on a soin de recommander aux autre chose qu'un sylphe.
voyageurs de ne pas les insulter, et de passer Berna (Benedetto), —
sorcier qui, au rap-
auprès d'eux sans leur demander quelle heure port de Bodin 2
de quelques autres démo-
et
il est, quel temps il fera, ou telle autre chose
nographes, avoua, à l'âge de quatre-vingts
semblable, si l'on ne veut avoir des nuées,
ans, qu'il avait eu des liaisons pendant qua-
être noyé par des orages, courir de grands rante années avéc un démon qu'il nommait
périls, et se perdre dans les chemins les plus
Hermione ou Hermeline, et qu'il menait par-
ouverts. —
Il est bon de remarquer que, dans
tout avec lui sans que personne l'aperçût il :

tous leurs maléfices , les bergers emploient


s'entretenait fréquemment, dit-on, avec cet
des Pater, des Ave, des neuvaines de chape- qu'on ne voyait pas
esprit, de manière qu'on
;

let.Mais ils ont d'autres oraisons et des priè- le prenait, pour un fou (et ce n'était pas autre
res pour la conservation des troupeaux. Voy.
chose). Il confessa aussi avoir humé le sang
Troupeaux ; et pour l'histoire des bergers de de divers petits enfants, et fait plusieurs mé-
Brie, voy. Hocque. chancetés exécrables. Pour ces faits il fut

Bérith, — duc aux enfers, grand et terri-


brûlé.
— voy. MACREUSES.
ble. Il est connu sous trois noms quelques- BernacheOU Bernacle,
;

uns le nomment Béai, les Juifs Bérith et les Bernard. —


Cardan pense que la sorcelle-
nécromanciens Bolfri. Il se montre sous les rie ne fut souvent qu'une espèce de maladie
traits d'un jeune soldat habillé de rouge des hypocondriaque, causée par la mauvaise
pieds à la tête, monté sur un cheval de nourriture des pauvres diables que l'on pour-
même couleur, ayant une couronne sur le suivait comme sorciers. Il raconte que son
front; il répond sur le passé, le présent et père sauva un jour un paysan nommé Ber-
l'avenir. On le maîtrise par la vertu des an- nard, que l'on allait condamner à mort pour
neaux magiques mais il ne faut pas oublier
; sorcellerie, en lui changeant sa façon ordi-
qu'il est souvent menteur. Il a le talent de naire de vivre il lui donna le matin quatre
:

changer tous les métaux en or aussi on le ;


œufs frais, et autant le soir avec de la viande
regarde comme le démon des alchimistes. Il et du vin; le bon homme perdit son humeur
donne des dignités et rend la voix des chan- noire, n'eut plus de visions et évita le bûcher.
teurs claire et déliée. Vingt-six légions sont à
— Bernard (SAMUEL), — VOIJ. POULE NOIRE.
ses ordres. C'était l'idole des Sichemites,
et peut-être est-ce le même que le Béruth de
Bernard de Thuringe ,
— ermite qui vers
le milieu du dixième siècle annonçait la fin du
Sanchoniaton, que des doctes croient être Pal-
monde. Il appuyait son sentiment sur un pas-
las ou Diane. L'auteur du Solide trésor du
sage de l'Apocalypse, qui porte qu'après mille
Petit Albert, conte de Bérith une aventure qui
ans l'ancien serpent sera délié. Il prétendait
ferait croire que ce démon n'est plus qu'un
que ce serpent était l'Antéchrist; que par con-
follet ou lutin, si toutefois c'est le même Bé-
rith. —« Je me suis trouvé, dit-il, dans un
séquent l'année G90 étant révolue, la venue
de l'Antéchrist était prochaine. Il disait que
château où se manifestait un esprit familier,
quand le jour de l'annonciation de la sainte
qui depuis six ans avait pris soin de gouver-
Vierge se rencontrerai avec le Vendredi saint
ner l'horloge et d'étriller les chevaux. Je fus
ce serait une preuve certaine de la fin du
curieux un matin d'examiner ce manège :

monde; cette prédiction a eu vainement des oc-


mon étonnement fut grand de voir courir l'é-
casions de se vérifier.
trille sur la croupe du cheval, sans être con-

duite par aucune main visible. Le palefrenier Bernard-le-Trévisan alchimiste du


, —
me dit qu'il avait attiré ce farfadet à son ser- quinzième siècle, que quelques-uns croient
vice, en prenant une petite poule noire, qu'il avoir été sorcier, né à Padoue en 1406. Il a
avait saignée dans un grand chemin croisé ;
beaucoup travaillé sur le grand œuvre, et ses
que du sang de la poule, il avait écrit sur un ouvrages inintelligibles sont recherchés des al-
morceau de papier « Bérith fera ma besogne
:
chimistes; ils roulent tous sur la pierre philo-
sophale 3.
pendant vingt ans, et je le récompenserai » ;

qu'ayant ensuite enterré la poule à un pied


1
Admirables secrets du Petit Albert, p. 122.
de profondeur, le même jour le farfadet avait
a Démonomanie des sorciers, liv. n, p. 279.
pris soin de l'horloge et des chevaux, et que 3 De Pliilosopluâ hermeticâ, lib. iv. Strasbourg, 1567,
de temps en temps lui-mémo faisait des trou- 1GS2; Nuremberg, 1643. — Opus historico-dogmaticum
,

BER — 85 — BER
Bernold, — V01J. BERTHOLD. basanée. Ils l'appelèrent « Recommandez à :

Berquin (Louis), — gentilhomme artésien, nos amis, dirent-ils, de prier pour nous. »
conseiller de François I
er
,
qui se mit à décla- Berthold le promit. Revenu à lui, il fit faire la

mer contre les moines et à donner dans le lu- commission, tomba derechef en extase et, re-
théranisme. Ses livres furent brûlés, et la tournant en purgatoire il trouva à la porte ,

protection du roi le sauva seule d'une abju- Ebbon avec les autres prélats qui en sortaient
ration publique; mais on le reprit bientôt. Il habillés de blanc et qui le remercièrent. Il vit

se mêlait aux orgies des sorciers; on le con- ensuite l'âme du roi Charles-le-Chauve éten-
vainquit d'avoir adoré le diable; on produisit due dans un bourbier et tellement décharnée,
contre lui de si tristes griefs, que le roi n'osa qu'on pouvait compter ses os et ses nerfs, « Priez
plus le défendre, et il fut brûlé en place de l'archevêque Hincmar de me soulager dans mes
Grève le 17 avril 1529. maux, » dit le roi. —
« Volontiers, » répondit

Berrid, — VOIJ. PURGATOIRE.


Berthold. Il fit encore la commission, et le roi

De plus, il fit écrire aux


Charles fut soulagé.
Berson, — docteur en théologie et prédica-
parents du jeune monarque défunt l'état dé-
teur visionnaire delà cour sous Henri 111, qui s'i-
plorable où il se trouvait. — Un peu plus loin,
maginait être Énoch, et qui voulait aller por-
Berthold avait vu Jessé, évêque d'Orléans,
dans le Levant avec un prêtre
ter l'Évangile
que quatre démons plongeaient alternative-
flamand qui se vantait d'être Élie. Taillepier]
ment dans la poix bouillante et dans l'eau
dit avoir entendu Berson prêcher cette bizar-
glacée. « Ami, priez les miens de s'intéresser
rerie devant le frère du roi, à Château-Thierry *.
à moi, » dit-il à Berthold : le bon homme s'en

Berthe, — voy. Robert, roi. chargea encore et il vit ; le comte Othaire qui

Berthier (Guillaume-François ),
— célè- était dans les tourments. Il fit dire à la femme
d'Othaire à ses vassaux et à ses amis de
bre jésuite, mort en 1 782. Voltaire a publié la ,

faire des prières et des aumônes pour lui.


relation de la maladie, de la
mort et de l'ap-
Berthold, après tout cela, se porta mieux et
paritiondu jésuite Berthier mais ce n'est ;

qu'une assez mauvaise plaisanterie. Le père vécut encore quatorze ans, comme le lui avait

Berthier vivait encore. promis celui qui l'avait conduit devant tous ces
personnages 1
Berthoîd. —
Après la mort de Charles-le-
Chauve, un bourgeois de Reims, nommé Ber- Berthomé du la gnon, dit Champagnal, —
thoîd ou Bernold, gravement malade, ayant sorcier jugé à Montmorillon, en Poitou, dans
reçu les sacrements, fut quatre jours sans pren- l'année 1599. Il avoua que son père l'avait
dre aucune nourriture et se sentit alors si fai- mené au sabbat dès sa jeunesse ;
qu'il avait
ble qu'à peine lui trouva-t-on un peu de promis au diable son âme et son corps; qu'à
palpitation et de respiration. Vers minuit, la Saint-Jean dernière, il avait eu un grand
ilappela sa femme et lui dit de faire promp- sabbat où le diable les faisait danser en rond;
tement venir son confesseur. Le prêtre était qu'il se mettait au milieu de la danse, en forme
encore dans la cour, que Berthold dit « Met- : de bouc noir, donnant à chacun une chandelle
tez ici un siège; car le prêtre vient. » Il en- allumée, avec laquelle ils allaient lui baiser
tra, et ditquelques prières auxquelles Ber- le derrière que le diable lui octroyait à cha-
;

thold répondit puis il tomba en extase et


:
; que sabbat quarante sous en monnaie et des
quand il en sortit, il raconta un voyage que poudres pour faire des maléfices que quand

;

son âme venait de faire. Il était allé en il le voulait, il appelait le diable qui venait
purgatoire, conduit par un esprit, et y avait à lui comme un tourbillon de vent ;
que la nuit
vu beaucoup de gens qu'on faisait geler et dernière il était venu
en sa prison, le visiter
bouillir tour à tour. Parmi les prélats se trou- et lui avait dit qu'il n'avait pas moyen de le
vaient Ebbon, archevêque de Reims, Léopar- tirer d'où il était; que le diable défendait à
delle ou Pardule, évêque de Laon et l'évêque tous de prier Dieu, d'aller à la messe et de
Énée, qui étaient vêtus d'habits déchirés et faire les Pâques; et que lui avait fait mourir
roussis; ils avaient le visage ridé, la figure plusieurs personnes et bêtes, au moyeu des
poudres qu'on lui donnait au sabbat 2 .

péri chymeias, cum J.-F. Pici libris tribus de auro.



Ursellis, 1598. In-8°. Tractatus de secrctissimo phi-
losophorum opère chimico, et responsio ad Tliomam de 1 Hincmari archiep. Epist., t. II,
p. 806. Leloyor,
Bononiâ. Bâle, 1600. — Opuscula chemica de lapide Disc, et hist. des spectres, liv. vi, ch. 13. Don Calmet,
phiïosophonim, en français. Anvers 1567. — Bernardus Traité sur les apparit., ch. 46. M. Garinet, Histoire de
redivivus, vel opus de chimifi, historico-dogmaticum, è ja magie en France, p. 56.
gallico in latinum versum. Francfort, 1625. 2 Discours sommaire des sortilèges et vénéfices tiré
1
Psychologie ou Traité de l'apparition des esprits des procès criminels jugés au siège royal de Montmoril-
ch. 3, lon, en Poitou, en fannée 1599, p. 29,
BET 86 — BEV
Berthomée de La Bedouche, voy. bos- Cependant le père Gaston Pardies, de la même
,

NKVAULT. société de Jésus, avait écrit, quelque temps

— VOy. BÉRITH.
Béruth. auparavant, que les bêtes ont une certaine
âme * et on ne l'avait pas repris. Mais on
Bêtes. — y dans
Il a,
choses prodigieu-
les pensa qu'auprès de certains esprits l'ingénieux
ses de ce monde, beaucoup de bêtes qui fi- amusement du père Bougeant pouvait faire
gurent avec — Les bêtes ont
distinction. été naître de fausses idées.
long-temps des instruments à présages : les Beurre. — On croit, dans plusieurs villa-
sorciers et les démons ont emprunté leurs for- ges, empêcher le beurre de se faire en récitant
mes; et souvent on a brûlé des chats et des
à rebours le psaume Nolite fieri 2 Bodin .

chiens dans lesquels on croyait reconnaître un


ajoute que, par un effet d'antipathie natu-
démon caché ou une sorcière. Dans les — relle, on obtient le même résultat en mettant
campagnes on effraie encore les enfants de la
un peu de sucre dans la crème ; et il conte
menace de la Bête à sept têtes, dont l'imagi-
qu'étant à Chelles en Yalois, ilune cham-
vit
nation varie en tous lieux la laideur. L'opi-
brière qui voulait faire fouetter un petit la-
nion de cette bête monstrueuse remonte à la
quais, parce qu'il l'avait tellement maléficiée,
Bêle de V Apocalypse. —
Des personnes accou- en récitant à rebours le psaume cité, que de-
tumées aux choses extraordinaires ont vu
puis le matin elle ne pouvait faire son beurre.
quelquefois des spectres de bêtes. On sait la
Lelaquaisrécitaalorsnaturellementle psaume,
petite anecdote de ce malade à qui son méde-
cin disait « Amendez-vous, car je viens de
et le beurre se fit
3
. — Dans le Finistère, dit-
:
on, l'on ensorcelle encore le beurre. On croit
voir le diable à votre porte. — Sous quelle
aussi dans ce pays que
du beurre à l'on offre
moribond. — Sous
si
forme? demanda le celle saint Hervé, les bestiaux qui ont fourni la crème
d'un àne. —
Bon, répliqua le malade, vous
n'ont rien à craindre des loups, parce que ce
avez eu peur de votre ombre. » Des — saintétantaveuglesefaisaitguiderparunloup 4 .

doctes croientencore que les animaux, à


qui ils n'accordent point d'âme, peuvent re-
Beurre des sorcières. Le diable donnait —
aux sorcières de Suède, entre autres animaux
venir, et on cite des spectres de ce genre. — destinés à les servir, des chats qu'elles appe-
Meyer, professeur à l'Université de Halle,
laient emporteurs, parce qu'elles les envoyaient
dans son Essai sur les apparitions, § 17, dit
voler dans le voisinage. Ces emporteurs, qui
que les revenants et les spectres ne sont peut-
étaient très-gourmands, profitaient de l'occa-
être que les âmes des bêtes qui, ne pouvant
sion pour se régaler aussi, et quelquefois ils
aller ni dans dans les enfers, restent
le ciel ni
s'emplissaient si fort le ventre qu'ils étaient
ici ^rrantes et diversement conformées. Pour
obligés en chemin de rendre gorge. Leur vo-
qu e celte opinion eût quelques fondement, il
missement se trouve habituellement dans les
faudrait croire, avec les pénpatéticiens, que
jardins potagers. « Il a une couleur aurore, et
les bêtes ont une àme quelconque ce qui :
s'appelle le beurre des sorcières 5 »
n'est pas facile. —
Les pythagoriciens sont al-
— avocat hollandais,
.

lés plus loin, ils ont cru que par la métem-


Beverland (Adrien ) .

de Middelbourg, auteur de Recherches philoso-


psycose les âmes passaient successivement du
phiques surle péché originel
6
pleines de gros-
corps d'un homme dans celui d'un animal. Ils ,

respectaient les brutes, et disaient au loup


sièretés infâmes. Les protestants mêmes , ses
:

« Bonjour, frère. » —
Le père Bougeant, de
co-religionnaires
cet homme
,

en prison à Leyde
s'en indignèrent et mirent
il s'en échappa
la compagnie de Jésus, dans un petit ouvrage
;

plein d'esprit, Y Amusement philosophique sur


et mourut fou à Londres en 171 1. Sa folie était

de se croire constamment poursuivi par deux


lelangage îles bêtes, adopta par plaisanterie
un système assez singulier. Il trouva aux bêtes cents hommes qui avaient juré sa mort 7 .

trop d'esprit et de sentiment pour n'avoir pas 1


Dans son Disc, de la connaissance dca bêtes. Paris,
une âme; mais il prétendit qu'elles étaient 4'- éd., 1696.
2 Thiers, Traité des superstitions, t. I
1 '
1

animées par des démons qui faisaient péni- .

3 Démonomanie des sorciers, liv. n, ch. 1" .

tence sous cotte enveloppe en attendant le * Cambry, Voyage dans le Finistère, 1. 1" p. 14 ,
et 15.
jugement dernier, époque où ils seraient plon- 5 Bekker, Le Monde enchanté, liv. iv, ch. 29.
G Hadriani Beverlandi peccatum originale philolo-
gés en enfer. Ce système est soutenu de la
gicè ulucubratum, à Themidis alumno, Kleuthcropuli,
manière la plus ingénieuse ce n'était qu'un : in horto Hesperidum, typis Adami et Kvae, terra; fil.
amusement; on le prit trop au sérieux. L'au- In-S". 1678. La Justa detestatio libelli sceleratissimi
Hadriani Beverlandi de peccato originali. In-S°. Gorin-
teur fut gravement réfuté et obligé de désa- chemii, 16SO, est une rétutation de cet écrit détestable,
vouer publiquement des opinions qu'il n'avait dont on a publié eu 1731, in-12, une imitation mêlée de

mises au jour que comme un délassement. — contes aussi méprisés.


(jabnel Peignot, Dict. des livres condamnés au leu.
,

B$E — 8 7 — BIL
Beyrevra, —
démon indien, chef des âmes veillesde l'époux de Bietka déclara que le ,

qui errent dans l'espace, changées en démons prétendu revenant était le démon qui lui ap-
aériens. On dit qu'il a de grands ongles très- partenait, le renferma de nouveau dans une
crochus. Brahma ayant un jour insulté un dieu bague , remporta en Italie en assurant
et le ,

supérieur, Beyvera chargé de le punir lui qu'il eût causé de très-grands maux en Polo-

coupa une tête avec son ongle. Brahma hu- gne s'il l'y eût laissé % De sorte que la pauvre
milié demanda pardon; et le dieu Eswara lui Bietka en fut pour trois années de mariage
promit, pour le consoler, qu'il ne serait pas avec un démon. Le fait est raconté par un
moins respecté avec les quatre têtes qui lui res- écrivain qui croit fermement à ce prodige
, ,

taient, qu'il ne l'était auparavant avec cinq. et qui s'étonne seulement de ce que ce démon

Biaule, — berger sorcier. Voy. Hocque. était assez matériel pour faire tous les jours

Bible du diable. —
C'est sans doute le gri-
ses trois repas. Des critiques n'ont vu là
qu'une suite de supercheries à partir de la ,
moire ou quelque autre fatras de ce genre.
prétendue strangulation de l'homme qui fit
Mais Delancre dit que le diable fait croire aux
ensuite le revenant.
sorciers qu'il a sa Bible ses cahiers sacrés
sa théologie et ses professeurs
,

;
et un grand
,

Bifrons ,

démon qui paraît avec la figure
magicien avoua, étant sur la sellette au parle- d'un monstre. Lorsqu'il prend forme humaine
ment de Paris, qu'il y avait à Tolède soixante- il rend l'homme savant en astrologie , et lui

treize maîtres en la faculté de magie, lesquels enseigne à connaître les influences des pla-
prenaient pour texte la Bible du diable 1 » .
nètes; il excelle dans la géométrie il connaît ;

Bibliomancie —
divination, ou sorte d'é-
,
les vertus des herbes , des pierres précieuses
et il transporte les cadavres d'un
des plantes
preuve employée autrefois pour reconnaître ;

les sorciers. Elle consistait à mettre dans un


lieu àun autre. On l'a vu aussi allumer des
des côtés d'une balance la personne soupçon- flambeaux sur les tombeaux des morts. Il a
vingt-six légions à ses ordres.
née de magie et dans l'autre la Bible si la
, ;

personne pesait moins, elle était innocente. Si Bifrost. — L'Edda donne ce nom à un pont
elle pesait plus, elle était jugée coupable ce : tricolore ,
qui va de la terre au cieux et qui ,

qui ne manquait guère d'arriver, car bien n'est que l'arc-en-ciel auquel les Scandinaves
— On
,

peu d'in-folio pèsent un sorcier. con- attribuaient la solidité. Ils disaient qu'il est ar-
sultait encore la destinée ou le sort, en ou- dent comme un brasier, sans quoi les démons
vrant la Bible avec une épingle d'or, et en ti- l'escaladeraient tous les jours. Ce pont sera
rant présage du premier mot qui se présentait. mis en pièces à la fin du monde, après que les
Bietka. — Il y avait en 1597 à Wilna, en
mauvais génies sortis de l'enfer l'auront tra-
nommée versé à cheval Voy. Surtur.
Pologne , une fille Bietka ,
qui était
recherchée par un jeune homme appelé Za- Bigoïs ou Bigotis, — sorcière toscane qui,
charie. Les parents de Zacharie ne consentant dit-on, avait rédigéun savant livre sur la con-
point à son mariage , il tomba dans la mélan- naissance des pronostics donnés par les éclairs
colie et s'étrangla. Peu de temps après sa et le tonnerre. Ce savant livre est perdu et ,

mort, il apparut à Bietka, lui dit qu'il venait sans doute Bigoïs est la même que Bagoé.
s'unir à elle et lui tenir sa promesse de ma- Bilis. — Les Madécasses désignent sous ce
riage. Elle se laissa persuader le mort l'é-
;
nom certains démons qu'ils appellent aussi
pousa donc, mais sans témoins. Cette sin- — anges du septième ordre.
,

gularité ne demeura pas long-temps secrète


on sut bientôt le mariage de Bietka avec un
Billard (Pierre), — Né dans le Maine en
\653, mort en \ 726, auteur d'un volume in-1 2,
esprit, on accourut de toutes parts pour voir
intitulé la Bête à sept têtes, qui a paru en 4 693.
la mariée; et son aventure lui rapporta beau-
Cet ouvrage dirigé contre les jésuites , est
coup d'argent, car le revenant se montrait et ,

très-absurde et très-niais. Selon Pierre Bil-


rendait des oracles mais il ne donnait ses
;

lard, la bête à sept têtes prédite par l'Apoca-


réponses que du consentement de sa femme ,

qu'il fallait gagner. Il faisait aussi beaucoup


lypse était la société de Jésus.
de tours il connaissait tout le présent, et pré-
;
Billis , — Sorciers redoutés en Afrique
ou ,

disait un peu l'avenir. Au bout de trois ans,— ils empêchentde croître et de mûrir. Les
le riz

un magicien italien ayant laissé échapper de- nègres mélancoliques deviennent quelquefois
puis ce temps un esprit quil avait long-temps sorciers ou billis le diable s'empare d'eux
;

maîtrisé, vint en Pologne, sur le bruit des mer- dans leurs accès de tristesse, et leur apprend
1
Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège Adrien Regenvolsins, Systema historico-chronologi
1

etc., traité 7. Voyez Université. cura ecclesiarum sclavonicarura. Utrecht, 1652, p. 95.
, .

Bill \ — BLA
alors, disent-ils, à faire des maléfices et à con- S'il avait reçu les sacrements de l'église ,
« Je
naître les vertus des plantes magiques. les ai reçus du curé votre prédéces-
. dit-il ,

Bînet. —
On recherche de Claude Binet seur. » On lui fit dire avec peine le Pater et
avocat du seizième siècle, les Oracles des douze Y Ave ,
parce qu'il en était empêché, à ce
sibylles extraits d'un livre antique qu'il assurait par le mauvais esprit qui ne
, , avec les , ,

lui permettait pas de dire au curé beaucoup


figures des sibylles portraites au vif par Jean
Rabel, traduit du latin de Jean Dorât en vers d'autres choses. Le curé, qui était un pré- —
français. Paris, 4 586, in-folio. — On peut voir montré de l'abbaye de Toussaints, se rendit
aussi de Benjamin Binet Vidée de la théologie à son couvent afin de prendre l'avis du su-
payenne, servant de réfutation au système de périeur. On lui donna trois religieux pour

Balthasar Bekker, touchant l'existence et les l'aider de leurs conseils. Ils se rendirent à la

opérations des démons, in-12. Amsterdam, maison et dirent à Humbert de frapper la


,

1699. muraille il frappa assez doucement. « Allez


;

chercher une pierre, lui dit-on alors, et frap-


Biragues (Flâmimo de), auteur d'une — pez plus fort. » Ce qu'il fit. Quelqu'un dit à
facétie intitulée V Enfer de la mère Cardine,
:
l'oreille de son voisin le plus bas possible , :

traitant de l'horrible bataille qui fut aux en-


« Je souhaite qu'il frappe sept fois; » et aus-
fers aux noces du portier Cerberus et de Car-
sitôt l'âme frappa sept fois. On dit le lende-
dine, in-8°, Paris, 1585 et 4 597. C'est une
main les trois messes que le revenant avait
satire qui ne tient que si on le veut bien, à
demandées on se disposa aussi à faire un
;
la démonographie. P. Didot l'a réimprimée à
pèlerinage qu'il avait spécifié dans le dernier
cent exemplaires en 4793. L'auteur était ne-
entretien qu'on avait eu avec lui. On promit
veu du chancelier de France Bené de Bira-
de faire les aumônes au premier jour, et, dès
gues.
que ses dernières volontés furent exécutées

,

Birck (Humbert), notable bourgeois Humbert Birck ne revint plus 1


— Cette
d'Oppenheim et maître de pension mort en , histoire n'est pas autrement expliquée.
novembre 1620, peu de jours avant la Saint-
Martin. Le samedi qui suivit ses obsèques, on
Biscar (Jeannette ), — sorcière boiteuse du
Labour, que le diable en forme de bouc trans-
ouït certains bruits dans la maison où il avait
portait au sabbat, où, pour le remercier, elle
demeuré avec sa première femme, car, étant
faisait des culbutes et des cabrioles
devenu veuf, il s'était remarié. Son beau-frère
soupçonnant que c'était lui qui revenait lui ,
Biscayens vagabonds de l'espèce des , —
dit « Si vous êtes Humbert
: frappez trois Bohémiens qui disaient la bonne aventure
,
,

fois contre le mur. » En effet, on entendit trois


dans les villes et dans les villages.
coups seulement d'ordinaire il en frappait
;
Bîihies, — sorcières fameuses chez les Scy-
plusieurs. Il se faisait entendre aussi à la fon- thes. Pline dit qu'elles avaient le regard si
taine où l'on allait puiser de l'eau, et troublait dangereux, qu'elles pouvaient tuer ou ensorce-
le voisinage, se manifestant par des coups re- ler ceux qu'elles fixaient. Elles avaient à l'un
doublés, un gémissement, un coup de sifflet des yeux la prunelle double, l'autre prunelie
3
ou un cri lamentable. Cela dura environ six était marquée de la figure d'un cheval .

mois. —
Au bout d'un an et peu après son ,
Sitru ,
— voy. Sytry.
anniversaire, il se fit entendre de nouveau plus
Blanc-d'œuf (DIVINATION PAR LE), VOiJ
fort qu'auparavant. On lui demanda ce qu'il
OOMANCIE.
souhaitait; il répondit d'une voix rauque et
basse « Faites venir, samedi prochain, le
:
Blanchard ( Élisabetii ), l'une des démo-
curé et mes enfants. » Le curé étant malade niaques de Loudun. Elle se disait possédée de
plusieurs démons Astaroth, Belzébuth, Pé- :
ne put venir que le lundi suivant, accompagné
de bon nombre de personnes. On demanda au rou et Marou, etc. Voy. Grandier.

mort s'il désirait des messes: il en désira trois :


Blasphème. Souvent il est arrivé mal- —
s'il voulait qu'on fit des aumônes ; il dit : « Je heur aux gens grossiers qui blasphémaient. On
souhaite qu'on donne aux pauvres huit mesu- en a vu, dans des accès décolère, mourir su-
res de grain ;
que ma veuve fasse des cadeaux bitement. Étaient-ils étouffés par la fureur?
à tous mes enfants, et qu'on réforme ce qui a ou frappés d'un coup d'apoplexie? ou châ-
été mal distribué dans ma succession, somme tiés par une puissance suprême? ou, comme
qui montait cà vingt florins. » — Sur la demande
T. ivre des prolixes, édit. de 1821, p. 7f>.
1

qu'on lui fit, pourquoi il infestait plutôt CDtte


Delancre, Tableau de l'inconstance des mauvais
maison qu'une autre; il répondit qu'il était anges, etc.. liv. n, dise. 4.
forcé par des conjurations et des malédictions. 2 Pline, liv. vu, ch. %
BLO — BOB
on l'a dit quelquefois, étranglés par le diable? relation, on leur prépare une fête ;
ils se don-
Torquemada parle, dans la troisième journée nent au diable, qu'ils jurent de servir ; ils se
de son Examéron, d'un blasphémateur qui fut font une piqûre au doigt et signent de leur sang
tué un jour par le tonnerre; et l'on reconnut un engagement ou pacte on les baptise en- ;

avec stupeur que la foudre lui avait arraché suite au nom du diable qui leur donne des ,

la langue. Si c'est un hasard, il est singulier. raclures de cloches. Ils les jettent dans l'eau
Monstrelet conte dans le tome II de ses his-
, en disant ces paroles abominables « De même :

toires, qu'un bourgeois de Paris, plaidant au que cette raclure ne retournera jamais aux clo-
palais, reniait Dieu, lorqu'une pierre tomba de ches dont elle est venue, ainsi que mon âme ne
la voûte et, sans blesser personne, mit en fuite puisse jamais entrer dans le ciel. » La plus —
les juges, les plaideurs et l'audience. C'est en- grande séduction que le diable emploie est la
core un hasard bizarre. Au reste, le blasphème bonne chère et il leur donne un superbe fes-
;

a toujours été en horreur. tin, qui se compose d'un potage aux choux et

Blendic. —
On exorcisa à Soissons, en 1 582, au lard, de bouillie d'avoine, de beurre, de lait
cinq énergumènes. La relation de leurs répon- et de fromage. Après le repas, ils jouent et se

ses et de leurs convulsions a été écrite par battent; et si le diable est de bonne humeur il

Charles Blendic, Artésien. les rosse tous avec une perche, « ensuite de quoi
il se met à rire à plein ventre. » D'autres fois il
Bîetton, — hydroscope ,
qui vers la fin du
leur joue de la harpe. Les aveux que le tribunal
dernier siècle renouvela à Paris les prodiges
obtint apprirent que les enfants qui naissaient
de la baguette divinatoire, appliquée à la re-
du commerce des sorcières avec les démons
cherche des sources et des métaux. Sa gloire
s'est promptement évanouie.
étaient des crapauds ou des serpents. Des —
sorcières révélèrent encore cette particularité,
Sloemardine , —
femme de Bruxelles qui ,
qu'elles avaient vu quelquefois le diable ma-
au commencement du quatorzième siècle, trou-
lade et qu'alors il se faisait appliquer des ven-
bla leBrabant,oùelle établit une sorte de saint-
touses par les sorciers de la compagnie. — Le
simonisrne abolissant le mariage et les mœurs ,
diable enfin leur donnait des animaux qui les
et donnant à ses disciples dissolus le nom de
servaient et faisaient leurs commissions, à l'un
frères et de sœurs du libre esprit. Elle avait un
un corbeau, à l'autre un chat, qu'ils appelaient
fauteuil d'argent que ses adeptes regardaient
emporteur, parce qu'on l'envoyait voler ce
comme un talisman puissant en prodiges.
qu'on désirait, et qu'il s'en acquitait habile-
Blokula. —
Vers l'année \ 670 il y eut en , ment. Il leur enseignait à traire le lait par
Suède, au village de Mohra, dans la province charme, de cette manière le sorcier planle :

d'Elfdalen une affaire de sorcellerie qui fit


, un couteau dans une muraille, attache à ce
grand bruit. On y envoya des juges. Soixante- couteau un cordon qu'il tire comme le pis
dix sorcières furent condamnées à mort; une d'une vache et les bestiaux qu'il désigne dans
;

foule d'autres furent arrêtées, et quinze enfants sa pensée sont traits aussitôt jusqu'à épuise-
se trouvèrent mêlés dans ces débats. — On di- ment. Us employaient le même moyen pour
sait que les sorcières se rendaient de nuit dans nuire à leurs ennemis, qui souffraient des dou-
un carrefour, y évoquaient le diable à
qu'elles leurs incroyables pendant tout le temps qu'on
l'entrée d'une caverne en disant trois fois , :
tirait le cordon. Ils tuaient même ceux qui leur
« Antesser, viens et nous porte à Blokula. » déplaisaient, en frappant l'air avecun couteau
C'était le lieu enchanté et inconnu du vulgaire de Sur ces aveux on brûla quelques cen-
bois.
où se faisait le sabbat. Le démon Antesser leur taines de sorciers, sans que pour cela il y en
apparaissait sous diverses formes, mais le plus eût moins en Suède
{
.

Voilà des faits pour ;

souvent en justaucorps gris, avec des chaus- les comprendre, voy. Sabbat.
ses rouges ornées de rubans des bas bleus
une barbe rousse un chapeau pointu. Il les
,
,
,
Bobin (Nicolas), — sorcier jugé a Mont-
morillon, en Poitou, dans l'année <\ 599. Il fit à
emportait à travers les airs à Blokula , aidé
d'un nombre suffisant de démons pour la plu- peu près la même confession que Berthomé du
Lignon. Il était allé comme lui, au sabbat, et
part travestis en chèvres quelques sorcières ;

plus hardies accompagnaient s'étaitdonné au diable, qui lui avait fait renier
le cortège à che-
Dieu, le baptême et ses parents. Il conta qu'a-
val sur des manches à balai. Celles qui me-
près l'offrandele diable se montrait quelque-
naient des enfants plantaient une pique dans
le derrière de leur chèvre tous les enfants s'y
fois en forme d'homme noir, ayant la voix
;

perchaient à califourchon, à cassée d'un vieillard; que, quand il appelait


la suite de la sor-

cière , et faisaient le voyage sans encombre.


Le Monde enchanté,
— Quand ils sont arrivés à Blokula, ajoute la
1 Balthazar Bekker ,

ch. 29, d'après les relations originales.


liv; iv,
BOD > — BOD
le diable, il venait à lui en homme ou en bouc ;
Bodm (Jean), savant jurisconsulte et —
que lorsqu'il allait au sabbat il y était porté
, démonc graphe angevin mort de la peste en ,

par un vent; qu'il y rendait compte de l'usage 4 596, L'ouvrage qui fit sa réputation fut sa
de ses poudres, qu'il avait toujours fidèlement République que La Harpe appelle le germe
,

employées à mal faire qu'il portait la marque ; de l' Esprit des lois. Sa Démonomanie lui donne
du diable sur l'épaule; que quand il donnait ici une place mais il est difficile de juger Bo-
;

des maladies il les donnait au nom du diable din. On lui attribue un livre intitulé Collo- :

et les guérissait au même nom; qu'il en avait quium heptaplomeron de abditis rerum subli-
fait mourir ainsi, et guéri plusieurs 1
.... mium arcanis ,
dialogues en six livres, où
sept interlocuteurs de diverses religions dis-
Bocal,— sorcier, qui fut arrêté à vingt-sept
putent sur leurs croyances, de manière que
ans dans pays de Labour, sous Henri IV,
le
les chrétiens cèdent souvent l'avantage aux
comme convaincu d'avoir été vu au sabbat
musulmans, aux juifs, aux déistes. Aussi l'on
vêtu en prêtre et servant de diacre ou de
,

a dit que Bodin était à la fois protestant, déiste,


sous-diacre les nuits des trois jours qui précé-
sorcier, juif et athée. Pourtant, ces dialogues
dèrent sa première messe dans l'église de Si-
sont-ils vraiment de lui ? On ne les connaît
bour (car ce malheureux était prêtre); et,
que par des copies manuscrites; car ils n'ont
comme on lui demandait pourquoi il disait
plutôt la messe au sabbat qu'à l'église, il ré-
jamais été imprimés. Sa Démonomanie des —
sorciers parut io-4°, à Paris, en 1581 on en ;

pondit que c'était pour s'essayer et voir s'il


a fait des éditions sous le titre de Fléau des
ferait bien les cérémonies. Sur la déposition
démons et des sorciers (Niort, i 64 6) Cet ou- .

de vingt-quatre témoins, qui disaient l'avoir


vrage est divisé en quatre livres; tout ce
vu au sabbat chantant la messe il fut con-
,
,
qu'ils contiennent de curieux est cité dans ce
damné à mort après avoir été dégradé. Lors-
qu'il allait être exécuté, il était tellement tendu
dictionnaire. — L'auteur définit le sorcier celui
qui se pousse à quelque chose par des moyens
à rendre son âme au diable, auquel il l'avait
diaboliques. Il démontre que les esprits peu-
promise, que jamais il ne sut dire ses prières
vent s'associer et commercer avec les hom-
au confesseur qui l'en pressait. Les témoins ont
mes; il trace la différence d'humeurs et de
déclaré que la mère les sœurs et toute la fa-
,

formes qui distingue les bons esprits des mau-


mille de Bocal étaient sorciers, et que quand il
vais il parle des divinations que les démons


;

tenait le bassin des offrandes au sabbat , , il


opèrent, des prédictions licites ou illicites.
avait donné l'argent desdites offrandes à sa
Dans le livre II, queil recherche ce que c'est
mère, en récompense, sans doute, de ce qu'elle
la magie; il fait voir qu'on peut évoquer les
l'avait, dè> sa naissance, voué au diable, comme
malins esprits faire pacte avec le diable; être
;
font la plupart des autres mères sorcières \
porté en corps au sabbat; avoir au moyen des
Bodeau (Jeanne)
sorcière du pays de
,
— démons des révélations par extases se chan- ;

Labour qui au rapport de Pierre Delancre


,
ger en loup-garou il termine par de longs ;

conta qu'à l'abominable cérémonie appelée la récits qui prouvent que les sorciers ont pou-
messe du sabbat on faisait l'élévation avec
,
voir d'envoyer les maladies , stérilités , grêles
une hostie noire de forme triangulaire 3 et tempêtes , et de tuer les bêtes et les hom-

.

mes. Si le livre traite des maux que


Bodilis. — Cambry, dans son Voyage au peuvent faire les sorciers
II

, on voit dans le
Finistère, parle de
merveilleuse fontaine la
y a manière de les prévenir
livre III qu'il :

de Bodilis, à trois quarts de lieue de Landi-


qu'on peut obvier aux charmes et aux sorcel-
visiau.Les habitants croient qu'elle a la pro-
leries; que les magiciens guérissent les ma-
priété d'indiquer si une jeune fille n'a pas
lades frappés par d'autres magiciens. Il indi-
fait de faute. Il faut dérober à celle dont
que les moyens illicites d'empêcher les malé-
on veut apprécier ainsi la sagesse l'épine qui
fices. Rien ne lui est étranger. Il assure que,
attache sa collerette en guise d'épingle, et la
par des tours de leur métier, les magiciens
poser sur la surface de Peau tout va bien :
peuvent obtenir les faveurs des grands et de
si elle surnage; mais si elle s'enfonce, c'est
la fortune, les dignités, la beauté et les hon-
qu'il y a blâme.
neurs. —
Dans le livre IV il s'occupe de la .

manière de poursuivre les sorciers, de ce qui


1
Discours sommaire des sortilèges et vénéficcs tirés les fait reconnaître, des .preuves qui établis-
des procès criminels jugés au siège royal de Montnio-
rillon,en Poitou, en l'année lô99, p. 30. sent le crime de sorcellerie, des tortures,
Delancre, Tableau i'e l'inconstance des démâtas, etc., comme excellent moyen de faire avouer. Un
lir. \\ y page 420. long chapitre achève l'œuvre sur les peines ,

1
Ibid., liv, vi, dise. 3. que méritent les sorciers. Il conclut à la mort
BOE — 91 — BOE
cruelle; et il dit qu'il y en a lant, que les ju- forment plus de cinquante volumes inintelli-
ges ne suffiraient à les juger ni les bourreaux gibles, ne sont pas connus en France, excepté

à les exécuter. « Aussi, ajoute-t-il, n'advient- ce que Saint-Martin en a traduit : V Aurore


ilpas que de dix crimes il y en ait un puni naissante, les Trois principes et la Triple vie.
par les juges, et ordinairement on ne voit que Ce songe-creux était anthropomorphite 1
et ma-
des bélîtres condamnés. Ceux qui ont des amis nichéen; il admettait pour deuxième principe
ou de l'argent échappent. » L'auteur consa- — du monde la colère divine ou le mal, qu'il
cre ensuite une dissertation à réfuter Jean faisait émaner du nez de Dieu. On recherche,
Wierus, sur ce qu'il avait dit que les sorciers parmi ses livres d'alchimie, son Miroir tem-
sont le plus souvent des malades ou des fous, porel de V éternité, ou de la Signature des cho-
et qu'il ne fallait pas les brûler. « Je lui ré- ses, traduit en français, in-8°; Francfort,
1669 2 Ses doctrines philosophiques ont en-
pondrai, dit Bodin, pour la défense des juges .

qu'il appelle bourreaux. » L'auteur de la Dé- core des partisans en Allemagne.


monomanie avoue que ces horreurs lui font
dresser le poil en la tête, et il déclare qu'il
Bœuf. —
Le bœuf de Moïse est un des dix
animaux que Mahomet place dans son para-
faut exterminer
pitié, et
les sorciers et
brûler les livres de
ceux qui en ont
Wierus 4
.
dis. — On attache à Marseille quelques idées
superstitieuses au bœuf gras qu'on promène,
Bodry — , VOIJ. REVENANTS. dans cette ville, au son des flûtes et des tim-
Boèce, — l'un des plus illustres Romains bales, non pas comme partout le jour du car-

du. sixième siècle, auteur des Consolations de naval, mais la veille et le jour de la Fête-Dieu.
la philosophie. Il s'amusait, dans ses moments Des savants ont cru voir là une trace du pa-
de loisir à faire des instruments de mathé-
,
ganisme; d'autres ont prétendu que c'était un
matiques, dont il envoya plusieurs pièces au usage qui remontait au bouc émissaire des
roi Clotaire. 11 avait construit des cadrans pour Juifs. Mais Ruffi, dans son Histoire de Mar-

tous les aspects du soleil, et des clepsydres seille, rapporte un acte du quatorzième siècle

qui quoique sans roues sans poids et sans


,
qui découvre l'origine réelle de cette coutume.
,

ressorts, marquaient aussi le cours du soleil, Les confrères du Saint-Sacrement, voulant ré-
de la lune et des astres, au moyen d'une cer- galer les pauvres achetèrent un bœuf et en
,

taine quantité d'eau renfermée dans une avertirent le peuple en le promenant par la
boule d'étain qui tournait sans cesse, entraî- ville. Ce festin fit tant de plaisir qu'il se renou-

née, dit-on, par sa propre pesanteur. C'était vela tous les ans; depuis il s'y joignit de pe-
donc le mouvement perpétuel. Théodoric avait tites croyances. Les vieilles femmes crurent*

fait présent d'une de ces clepsydres à Gonde- préserver les enfants de maladie en leur
baud, roi des Bourguignons. Ces peuples s'i- faisant baiser ce bœuf ; tout le monde s'em-
maginèrent que quelque divinité, renfermée pressa d'avoir de sa chair, et on regarde en-
dans cette machine, lui imprimait le mouve- core aujourd'hui comme très-heureuses les

ment c'est là sans doute l'origine de l'erreur maisons à la porte desquelles il veut bien,

:

où sont tombés ceux qui l'ont accusé de magie. dans sa marche, déposer ses excréments.
Ils en donnent pour preuve ses automates car ;
Parmi les bêtes qui ont parlé on peut compter
on assure qu'il avait fait des taureaux qui des bœufs. Fulgose rapporte qu'un peu avant
mugissaient, des oiseaux qui criaient et des la mort de César un bœuf dit à son maître,
serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit 2
que qui le pressait de labourer « Les hommes :

ce n'est là que de la magie naturelle. manqueront aux moissons, avant que la mois-
Boehm (Jacob) —
né en 1575, dans la
,
son manque aux hommes. » On voit, dans
Tite-Live et dans Valère-Maxime, que pen-
Haute-Lusace. De cordonnier qu'il était, il se
fit alchimiste, homme à extases, et chef d'une
dant la seconde guerre punique un bœuf cria
en place publique « Rome, prends garde à
:
secte qui prit le nom de boehmistes. Il publia,
toi » François de Ïorre-Blanca pense que
!

en un livre de visions et de rêveries


ces deux bœufs étaient possédés de quelque
intitulé Aurore naissante, que l'on poursui-
l'

vit. Il le système du monde par la


expliquait
démon 3 Le père Engelgrave [Lux evange-
.

philosophie hermétique et présentait Dieu,

1
comme un alchimiste occupé à tout produire Les anthropomorphites étaient des hérétiques qui
donnaient à Dieu la forme humaine.
par distillation. Les écrits de cet illuminé, qui 2 On peut voir encore Jacobi Boehmi, alias dicti teu-

tonici philosophi, clavis prœcipuarum rerum quœ in re-


1
Joannis Bodini universœ naturse theatrum, in quo liquis suis scriptis oceurrunt pro incipientibus ad ulte-
rerum omnium eff'ectrices catisœ et fines contemplantur. riorem considerationem revelationis divinœ conscripta.
ln-8°. Lugduni, Roussin, 1596. 1624, un vol. in-4".
2
Disquisition. magie, p. 40. ;
Epit. delictor. sive de magià, )ib. li, cap. 25.
BOG — 92 — BOH
lica, p. 286 des Dominicales) cite un autre des marques sous leur chevelure, lesquelles
bœuf qui a parlé. Voy. Béiiémoth. se découvrent si on les rase: que les sorciers

Bogaha, —
arbre-clieu de l'île de Ceylan. et les magiciens ont tous le talent de se chan-
On conte que cet arbre traversa les airs afin ger en loups que sur le simple soupçon mal
;

de se rendre d'un pays très-éloigné dans cette lavé d'avoir été au sabbat, même sans autre
île sainte, et qu'il enfonça ses racines dans le maléfice, on doit les condamner; que tous
sol pour servir d'abri au dieu Budhou qu'il méritent d'être brûlés sans sacrement, et que
,

couvrit de son ombrage tout le temps que ce ceux qui ne croient pas à la sorcellerie sont

dieu demeura sur la terre. Quatre-vingt-dix- criminels. Il faut remarquer qu'en ces choses
neuf rois ont eu l'honneur d'être ensevelis au- ce n'était pas le clergé qui était sévère, mais

près du grand arbre-dieu. Ses feuilles sont les juges laïques qui se montraient violents et
un excellent préservatif contre tout maléfice féroces. —A la suite de ces discours viennent
et sortilège. Un nombre considérables de huttes les Six avis, dont voici le sommaire :

l'environnent pour recevoir les pèlerins ; et
'1° Les devins doivent être condamnés au feu,
les habitants plantent partout de petits bo- comme les sorciers et les hérétiques, et celui

gahas, sous lesquels ils placent des images et qui a été au sabbat est digne de mort. Il faut
allument des lampes. Cet arbre, au reste, ne donc arrêter sur la plus légère accusation la
porte aucun fruit, et n'a de recommandable personne soupçonnée de sorcellerie quand ,

que le culte qu'on lui rend. même l'accusateur se rétracterait peut ; et l'on

Bogarmiles, Bogomiles et Bongomiles, — admettre en témoignage contre les sorciers


toutes sortes de personnes. On brûlera vif,
sorte de manichéens qui parurent à Conslan-
dit-il, le sorcier opiniâtre, et, par grâce, on
tinople au douzième siècle. Ils disaient que
se contentera d'étrangler celui qui confesse.
ce n'est pas Dieu mais un mauvais démon
qui avait créé le monde. Ils étaient icono-
— 2° Dans le crime de sorcellerie, on peut
condamner sur de simples indices, conjectures
clastes.

Boguet (Henri), — grand-juge de la terre


et présomptions on n'a pas besoin pour de
tels crimes de preuves très-exactes.
;

3° Le —
de Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort
crime de sorcellerie est directement contre
en 1019, auteur d'un livre pitoyable, plein
Dieu (ce qui est vrai dans ce crime existe
d'une crédulité puérile et d'un zèle outré con-
réellement, puisque c'est une négation de
tre les sorciers. Ce livre, publié au commen-
Dieu et un reniement) aussi il faut le punir :

cement du dix-septième siècle est intitulé , :

sans ménagement ni considération quelcon-


Discours des Sorciers , avec six advis en fait
.de sorcellerie et une instruction pour un juge
que... — 4° Les biens d'un sorcier condamné
comme ceux des hé-
en semblable matière *. —
C'est une compi-
doivent être confisqués
rétiques car sorcellerie est pire encore qu'hé-
;
lation des procédures auxquelles, comme juge,
résie en ce que les sorciers renient Dieu.
,
l'auteur a généralement présidé. On y trouve
Aussi on remet quelquefois la peine à l'hé-
l'histoire de Louise Maillât, possédée de cinq
rétique repenti on ne doit jamais pardonner
;
démons à l'âge de huit ans; de Françoise Se-
cretain, sorcière qui avait envoyé lesdits dé-
au sorcier... —
5° On juge qu'il y a sorcelle-
rie quand la personne accusée fait métier de
mons; des sorciers Gros-Jacques et Willer-
deviner, ce qui est l'œuvre du démon; les
moz, dit le Baillu; de Claude Gaillard, de
blasphèmes et imprécations sont encore des
Rolande Duvernois et de quelques autres.
indices. On peut poursuivre enfin sur la cla-
L'auteur détaille les abominations qui se font
au sabbat; il dit que les sorciers peuvent
meur publique. 6° Les fascinations — au ,

moyen desquelles les sorciers éblouissent les


faire tomber la grêle; qu'ils ont une poudre
yeux, faisant paraître les choses ce qu'elles ne
avec laquelle ils empoisonnent qu'ils se grais-
;
sont pas, donnant des monnaies de corne ou
sent les jarrets avec un onguent pour s'en-
de carton pour argent de bon aloi sont ou- ,

voler au sabbat; qu'une sorcière tue qui elle


vrages du diable; et les fascinateurs esca- ,

veut par son souffle seulement; qu'elles ont


moteurs et autres magiciens doivent être pu-
mille indices qui. les feront reconnaître
exemple que de leur chapelet est
la croix
par :

nis de mort. —
Le volume de Boguet est
,
terminé par l'instruction pour un juge en fait
cassée, qu'elles ne pleurent pas en présence
de sorcellerie. Cet autre morceau curieux est
du juge qu'elles crachent à terre quand on
,
connu sous le nom de Code des sorciers. Voy.
les force à renoncer au diable, qu'elles ont
Code.
« Un vol. in-8". Paris, 1603; Lyon, 1602, 1007, 1608, Bohémiens. — 11 n'y a personne qui n'ait
1610; Rouen, 1606. Toutes ces éditions sont très rares, entendu parler des Bohémiennes, et de ces
parce que la famille de Boguet s'efforça d'en supprimer
les exemplaires. bandes vagabondes qui, sous le nom do Bohé-
,

non — 93 — BOH
miens, de Biscaïens et d'Egyptiens ou Gitanos, tant se renier, convinrent de dire que
ils

se répandirent au quinzième siècle sur l'Eu- leurs pères habitaient autrefois l'Égypte
rope, dans l'Allemagne surtout, la Hollande, ce qui est vrai des juifs; et que leurs ancê-
la Belgique, la France et l'Espagne, avec la tres avaient été chassés de leur pays pour
prétention de posséder l'art de dire la bonne n'avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et
aventure et d'autres secrets merveilleux. Les son fils Jésus. — Le peuple comprit ce refus,
Flamands les nommaient heyden, c'est-à-dire du temps où Joseph emmena le divin Enfant
païens ,
parce qu'ils les regardaient comme en Égypte pour le soustraire aux recherches
des gens sans religion. On leur donna divers d'Hérode; au lieu que les vagabonds juifs
autres sobriquets. —
Les historiens les ont l'entendaient de la persécution qu'ils avaient
fait venir, sur de simples conjectures, de l'As- soufferte cinquante ans auparavant. De là
syrie, de la Cilicie, du Caucase, de la Nubie, vient le nom d'Égyptiens qu'on leur donna et
de l'Abyssinie de la Chaldée. Bellon, incer-
, sous lequel l'empereur Sigismond leur accorda
tain de leur origine, soutient qu'au moins ils un passe-port. —
Ils s'étaient formé un argot

n'étaient pas Égyptiens; car il en rencontra eu un jargon déguisé mêlé d'hébreu et de ,

au Caire, où ils étaient regardés comme étran- mauvais allemand qu'ils prononçaient avec
,

gers aussi bien qu'en Europe. Il eût donc été un accent étranger. Des savants qui ne ,

plus naturel de croire les Bohémiens eux- voyaient pas plus loin, furent flattés de re-
mêmes sur leur parole, et de dire avec eux trouver certains termes de la langue alle-
que c'était une race de mêlés ensuite de
juifs mande dans un patois qu'ils prenaient pour de
chrétiens vagabonds. Voici ce que nous pen- l'égyptien. Ils dénaturaient aussi plusieurs ap-
sons être la vérité sur ces mystérieux no- pellations; ils appelaient un enfant un criard,
mades. —
Vers le milieu du quatorzième siè- un manteau un preneur de vent un soulier ,

cle, l'Europe, et principalement les Pays-Bas, un marcheur, un oiseau un volant. Toutefois,


l'Allemagne et la France, étant ravagée par la la multitude de mots hébreux qui est restée

peste, on accusa les juifs, on ne sait pour- dans le langage des Bohémiens suffirait seule
quoi, 'd'avoir empoisonné les puits et les fon- pour trahir leur origine juive. Ils avaient —
taines. Cette accusation souleva la fureur pu- des mœurs particulières et s'étaient fait des
blique contre eux. Beaucoup de juifs fuirent lois qu'ils respectaient. Chaque bande se choi-
et se jetèrent dans les forêts. Ils se réunirent sissait un roi , monde était tenu
à qui tout le

pour être plus en sûreté et se ménagèrent des d'obéir. Quand parmi eux une femme se ma-
souterrains d'une grande étendue. On croit riait, elle se bornait, pour toute cérémonie, à
que ce sont eux qui ont creusé ces vastes ca- briser un pot de terre devant l'homme dont
vernes qui se trouvent encore en Allemagne et elle voulait devenir la compagne; et elle le
que les indigènes n'ont jamais eu intérêt à respectait comme son mari autant d'années
fouiller. — Cinquante ans après, ces proscrits que le vase avait produit de morceaux. Au
ou leurs descendants ayant lieu de croire que bout de ce temps, les époux étaient libres de
ceux qui les avaient tant haïs étaient morts, se quitter ou de rompre ensemble un nou-
quelques-uns se hasardèrent à sortir de leurs veau pot de terre. On citerait beaucoup de
tanières. Les chrétiens étaient alors occupés bizarreries de ce genre. — Dés que les nou-
des guerres religieuses suscitées par l'hérésie veaux Égyptiens virent qu'ils n'étaient pas
de Jean Hus. C'était une diversion favorable. repoussés , ils implorèrent la pitié des Alle-
Sur le rapport de leurs espions, les juifs ca- mands. Pour ne pas paraître à charge, ils as-
chés quittèrent leurs cavernes, sans aucune suraient que, par une grâce particulière du
ressource il est vrai pour se garantir de la ciel, qui les protégeait encore en les punis-
misère; mais, pendant leur demi-siècle de so- sant, les maisons où ils étaient une fois reçus
litude, ils avaient étudié les divinations et n'étaient plus sujettes à l'incendie. Ils se mi-
particulièrement l'art de dire la bonne aven- rent aussi à dire la bonne aventure, sur l'in-
ture par l'inspection de la main ; ce qui ne spection du visage , des signes du corps , et
demande instrument, ni appareil, ni dé-
ni principalement sur l'examen des lignes de la
pense aucune; et ils comptèrent bien que la main et des doigts. Ils annonçaient de si belles
chiromancie leur procurerait quelque argent. choses, et leurs devineresses déployaient tant
— Ils se choisirent d'abord un canifnino. d'adresse, que les femmes et les jeunes filles
nommé Zundel. Puis, comme il fallait décla- les traitèrent dès lors avec bienveillance. — Ce-
rer ce qui les amenait en Allemagne, qui ils pendant la fureur contre les juifss'était apaisée;
étaient, d'où ils venaient, et qu'on pouvait ils admis de nouveau dans les villages,
furent
lesquestionner aussi sur leur religion; pour ne puis dans lesvilles. Mais il resta toujours de
passe découvrir trop clairement, ni pour- ces bandes vagabondes qui continuèrent la vie
BOH — \ BOl
nomade, découvrant partout l'avenir, et joi- son nom vient du mot hébreu bohu, désolation,
gnant à cette profession de nombreuses fri- à ce que dit Leloyer. C'est le démon du mal.
ponneries plus matérielles. Bientôt, quoique la Bohmius (Jean). —
Quelques-uns recher-
nation juive fût le noyau de ces bandes, il s'y chent sa Psychologie ou Traité des esprits, pu-
fit un tel mélange de divers peuples qu'il n'y
bliée en 632 à Amsterdam 1 livre qui ne
î ,

eut pas plus entre eux de religion dominante manque pas d'hérésies.
qu'il n'y avait de patrie. Ils parcoururent les
Pays-Bas et passèrent en France, où on les
Bohon-Hupas, — arbre poison qui croît
dans l'île de Java, à trente lieues de Batavia.
appela Bohémiens parce qu'ils venaient de la
Les criminels condamnés allaient autrefois
Bohème. —
Pasquier, dans ses recherches
recueillir une gomme qui en découle, et qui
raconte à peu près ainsi leur apparition mys-
est un poison si prompt et si violent, que les
térieuse sur le sol français et leur arrivée aux
oiseaux qui traversent au-dessus de cet
portes de Paris en 4 427 :
— Ils étaient au
l'air

arbre tombent morts, du moins ces choses ont


nombre de cent vingt; l'un de leurs chefs été Après que leur sentence était
contées.
un autre celui de comte
portait le titre de duc, ;
prononcée, criminels pouvaient choi-
lesdits
ils avaient dix cavaliers pour escorte. Ils di-
sir, ou de périr de la main du bourreau ou de
saient qu'ils venaient de la Basse-Égypte
tenter de rapporter une boîte de gomme de
chassés de leur pays par les Sarrasins qu'ils
;
l'hupas. Foersech rapporte qu'ayant interrogé
étaient allés à Rome confesser leurs péchés
un prêtre malai qui habitait ce lieu sauvage,
au pape qui leur avait enjoint pour péni-
,
cethomme lui dit qu'il avait vu passer envi-
tence d'errer sept ans par le monde, sans ron sept cents criminels, sur lesquels il n'en
coucher sur aucun lit. (Les gens éclairés n'a-
était revenu que vingt-deux; qu'il n'y avait
joutèrent sans doute pas foi à ce conte.) — On pas plus de cent ans que ce pays était habile
les logea au village de La Chapelle, près Pa-
par un peuple qui se livrait aux iniquités de
ris ;une grande foule les alla voir.
et Ils — Sodome et de Gomorrhe; que Mahomet ne
avaient les cheveux crépus, le teint basané et
voulut pas souffrir plus long-temps leurs
portaient aux oreilles des anneaux d'argent.
mœurs abominables qu'il engagea Dieu à les
;

Comme leurs femmes disaient la bonne aven- punir et que Dieu fit sortir de terre le bohon-
;

ture et se livraient à des pratiques supersti-


hupas, qui détruisit les coupables et rendit le
tieuses et mauvaises l'évêque de Paris les,
pays à jamais inhabitable. Les Malais regar-
excommunia, défendit qu'on les allât consul- dent cet arbre comme l'instrument de la co-
ter et obtint leur éloignement. Le seizième — lère du prophète; et la mort qu'il procure,
siècle fut de Bohémiens. Les états
infecté
passe chez eux pour honorable voilà pour- ;

d'Orléans, en 1560, les condamnèrent au ban- quoi les criminels qui vont chercher le poison se
nissement, sous peine des galères s'ils osaient revêtent en général de leurs plus beaux habits 2 .

reparaître. Soufferts dans quelques contrées


que divisait l'hérésie chassés en d'autres
,
Bois. — Les anciens avaient une divina-
tion qui se pratiquait par le moyen de quel-
lieux comme descendants de Cham, inventeur
ques morceaux de bois. Voy. Zylomancie. Ils
de la magie, ils ne paraissaient nulle part que
croyaient les forêts habitées de divinités bi-
comme une plaie. On disait en Flandre qu'ils
zarres; et dans les pays superstitieux, on y
étaient si experts en sorcellerie que dès qu'on
redoute encore les lutins. Les Kamstchadales
leur avait donné une pièce de monnaie, toutes
disent que les bois sont pleins d'esprits mali-
celles qu'on avait en poche s'envolaient aus-
cieux. Ces esprits ont des enfants qui pleu-
sitôt et allaient rejoindre la première, opinion
rent sans cesse pour attirer les voyageurs,
populaire qui peut se traduire en d'autres
qu'ils égarent ensuite et à qui ils ôtent quel-
termes et qui veut dire que Bohémiens
les
étaient des escrocs. — Leurs bandes dimi-
quefois la raison. — Enfin, c'est généralement
dans les bois que les sorciers font le sabbat.
nuèrent au dix-septième siècle. Pourtant on
en voyait encore quelques rares détachements Bois de vie. —
C'est le nom que les alchi-
il y a soixante ans. Sous les nouvelles lois de mistes donnent à la pierre parfaite du grand
police des États européens, les sociétés bohé- œuvre, plus clairement appelée baume univer-
miennes sont dissoutes. Mais il y a toujours sel ou panacée, qui guérit tous les maux et

çà et là des individus qui disent la bonne assure à ceux qui la possèdent une. jeunesse
aventure et des imbéciles qui vont les con-
,
inaltérable. —
Les Juifs nomment bois Je vie
sulter. Voy. Chiromancie.
1
Johannis Bohmii Psychologia, cum verâ applica-
Bobînum, — Arméniens qui élait
idole des
tione Johannis Angeli. Iu-24. Amstel., 1632.
;
'
Extrait des Voyages de M. Foersech, Hollandais,
faite d'un métal noir, symbole de la nuit; Mélanges de la littérature étrangère, t. I. p. 63.
.

BOL — 95 — BON
les deux bâtons qui tiennent la bande roulée de Bolotoo sont chargés, disent-ils, des meil-
sur laquelle est écrit le livre de leur loi. Ils leurs fruits et toujours couverts des plus belles
sont persuadés que l'attouchement de ces bâ- fleurs, qui renaissent toutes les fois qu'on les

tons affermit la vue et rend la santé. Ils croient Ce séjour divin est rempli d'animaux im-
cueille.

aussi qu'il n'y a pas de meilleur moyen de mortels que l'on ne tue que pour la nourriture
faciliterl'accouchement des femmes, que de des dieux et des élus mais aussitôt qu'on en
;

leur faire voir ces bois qu'il ne leur est pas tue un, un autre le remplace.
permis de toucher. Bona (Jean), — savant et pieux cardinal,
Boistuau OU Boaistuau (Pierre), dit Lau- mort en 1674. On recherche de lui un Traité
nay, —
Nantais, mort à Paris en 4 566. On du discernement des esprits in-12 publié en ,
,

recherche de lui deux ouvrages rares et cu- 1673 et traduit par l'abbé Leroy de Hautefon-
rieux : 1° Histoires prodigieuses, extraites taine, 1676. Le chapitre 20 de cet ouvrage

de divers auteurs, in-8°, 1561. Aux quarante traite avec beaucoup de lumières de ce qu'il
histoires de Boistuau, Tesserant en ajouta y a de plus difficile dans la matière des visions
quinze. Belleforêt, Hoyer et Marionville les fi- et des révélations particulières ».

rent réimprimer avec une nouvelle continua-


2° Histoires — Bonasses, — Voy GlTLLETS. .

tion, en 1575, six vol. in-16


(Gui), — astrologue
;

Bonati florentin du
tragiques, extraites des œuvres italiennes de
Bandel, et mises en langue française, 1568 et
treizième siècle. Il vivait, dit-on, d'une ma-
nière originale, et possédait l'art de prédire
années suivantes, 7 vol. in-16. Il n'y a que
l'avenir. Les troupes de Rome, sous le ponti-
les six premières histoires du premier volume
ficat de Martin IV, assiégeaient Forli. ville
qui aient été traduites par Boistuau; les au-
de la Romagne, défendue par le comte de
tres sont de la traduction de Belleforêt, qui
Montferrat. Bonati, qui s'y était retiré, voyant
lui était bien inférieur. Voy. Visions, Sym-
la ville prête à faire une sortie, annonça au
pathie, Apparitions.
comte qu'il serait blessé dans la mêlée. L'é-
Bojani (Michel). — On peut une lire de lui
vénement justifia la prédiction; et le comte
Histoire des songes publiée en 1587. Nous de Montferrat, qui avait porté avec lui ce
ne la connaissons que par le titre.
pour panser sa blessure, fit depuis
qu'il fallait
Bolacré (Gilles), —- bonhomme qui habi- le plus grand cas de l'astrologie. Bonati sur ,

tait une maison d'un faubourg de Tours, où il la fin de sa vie, reconnut pourtant la vanité
prétendit qu'il revenait des esprits qui l'em- de sa science, se fit franciscain, et mourut
pêchaient de dormir. C'était au seizième siè- pénitent en 1300. Ses ouvrages ont été re-
cle. Il avait loué cette maison et comme il ; par Jacques Cauterus, sous le titre de
cueillis
s'y faisait un bruit et tintamarre d'esprits in- Liber astronomicus, in-4° rare. Augsbourg,
visibles, sabbats et lutins, qui ne lui laissaient 4 491
aucun repos, il voulut à toute force faire résilier
le bail. La cause fut portée devant le siège
Bonica, —
île imaginaire de l'Amérique,
où Deotatus médecin spagirique, place une
,

présidial à Tours, qui cassa le bail. Le pro-


fontaine dont les eaux, plus délicieuses que
priétaire en appela au parlement de Paris ; le meilleur vin, ont la vertu de rajeunir.
son avocat, maître René Chopin, soutint que
les visions d'esprits n'étaient autre chose que
Boniface VIII, — pape, élu le 24 décem-
contes de vieilles, épouvantails de petits en-
bre 1294. On a conté que, n'étant encore que
cardinal, il fit percer une muraille qui avoi-
fants. Le parlement ne décida rien et renvoya
la cause au tribunal de la Tournelle, qui par
sinait le lit du pape Célestin, et lui cria, au
son arrêt maintint du -.
moyen d'une sarbacane, qu'il eût à déposer
la résiliation bail

Bolfri, — VOIJ. BÉRITH.


la tiare s'il que le bon
voulait être sauvé;
pape Célestin obéît à cette voix, qu'il croyait
Bolingbroke, — VOIJ. GLOCESTER. venir du ciel, et céda la place à Boniface. —
Bolomancie. — C'est la Bélomancie. Voy. ce Mais ce récit n'est qu'une imposture entière-
mot. ment supposée par les protestants, qui ont
Bolotoo, —
île imaginaire où les naturels imaginé cette calomnie comme tant d'autres.
des de Tonga placent leur paradis. Ils
îles La vérité est que le pape Célestin déposa la
croient que les âmes de leurs chefs y devien- tiare pour s'occuper uniquement de son âme.

nent des divinités du second ordre. Les arbres Le cardinal Cajetan (depuis Boniface VIII) n'y
fut pour rien.
1
Michaelis Bojani, Historia de Somniis. In-4°. Wit-
tenberg, 1587. 1
JoannescardinalisBona,De discretiono spirituum,
2 Leloyer, Disc, des spectres, In-12. Paris, 1678.
liv. VI, ch. 15.
— ,

BON m— BOR
Bonne aventure. — Les diseurs de bonne n'avait plus pouvoir sur lui. — Mathurin Bon-
aventure étaient devenus si nombreux à Rome nevault, parent des deux précédents, accusé
du temps des premiers empereurs, qu'ils y comme eux de sorcellerie, fut visité par ex-
avaient une confrérie; et le lendemain du On lui trouva sur l'épaule droite une
perts.
jour où fut tué Caligula, il y avait des magi- marque de la figure d'une petite rose, dans
ciens venus d'Égypte et de Syrie qui devaient laquelle on planta une longue épingle sans
donner sur le théâtre une représentation des qu'il en ressentît aucune douleur, d'où on le
enfers ». Pour l'art de dire la bonne aventure, jugea bien sorcier. Il confessa qu'ayant épousé
voy. Chiromancie, Cartomancie, Astrolo- en premières noces Berthomée de La Bédou-
gie, Métoposcopie, Horoscopes, Cranologie, che, qui était sorcière comme ses père et
et les autres manières. mère, il l'avait vue faire sécher au four des
Bonnes. — On appelle bonnes, dans cer- serpents et des crapauds pour des maléfices ;

taines provinces, des fées bienveillantes, des


qu'elle le mena au sabbat, et qu'il y vit
alors
le diable, ayant des yeux noirs ardents comme
espèces de farfadets femelles sans malice qui
aiment les enfants et qui se plaisent à les
une chandelle. Il dit que le sabbat se tenait
quatre fois l'an de la Saint-Jean-
la veille
bercer. On a sur elles peu de détails; mais
:

c'est d'elles, dit-on,que vient aux berceuses Baptiste, de Noël, le mardi-gras et


la veille

la veille de Pâques. On le convainquit d'avoir


le nom de bonnes d'enfants. Habondia est leur
fait mourir sept personnes par sortilège; se
reine.
voyant condamné, il avoua qu'il était sorcier
Bonnet (Jeanne), —
sorcière de Boissy en
depuis l'âge de seize ans. Il y aurait de —
Forez, brûlée 15 janvier 1583 pour s'être
le
curieuses études à faire sur tous ces procès,
vantée d'avoir eu des liaisons avec le diable.
si nombreux pendant les troubles de la ré-

Bonnet bleu, — VOIJ. DÉVOUEMENT. forme.


Bonnet pointu , — ou Esprit au bonnet ; Bonzes. —
Les bonzes chinois font géné-
voy. Hecdeckin. ralement profession cie prédire l'avenir et
Bonnevault. —
Un sorcier poitevin du sei- d'exorciser les démons ils cherchent aussi la
;

zième siècle, nommé Pierre Bonnevault, fut pierre philosophale. Lorsqu'un bonze promet
arrêté parce qu'il allait au sabbat. Il confessa de faire pleuvoir si dans l'espace de six
;

que la première fois qu'il y avait été mené jours il n'a pas tenu sa promesse, on lui
par ses parents, il s'était donné au diable, lui donne la bastonnade. —
Il existe des bonzes

permettant de prendre ses os après sa mort ;


au Congo. On croit que leurs âmes sont er-
mais qu'il n'avait pas voulu donner son âme. rantes autour des lieux qu'ils ont habités.
Un jour, venant de Montmorillon, où il avait Quand on voit un tourbillon balayer la plaine
acheté deux charges d'avoine qu'il emportait et faire lever la poussière et le sable, les na-

sur deux juments, il entendit des gens d'ar- turels s'écrient que c'est l'esprit des bonzes.

mes sur le chemin; craignant qu'ils ne lui Bophomet, — VOIJ. TÈTE DE BOPHOMET.
prissent son avoine, il invoqua le diable, qui
vint à lui comme un tourbillon de vent, et le
Borak, —
jument de Mahomet qu'il a mise
dans son paradis. Elle avait une face humaine
transporta, avec ses deux juments, à son lo-
et s'allongeait à chaque pas aussi loin que la
gis. Il avoua aussi qu'il avait fait mourir di-
meilleure vue peut s'élendre.
verses personnes avec ses poudres; enfin il
fut condamné à mort. Voy. Tailletroux. — Borax, — sorte de pierre qui se trouve ,

Jean Bonnevault, son frère, fut aussi accusé disent les doctes, dans la tète des crapauds;
de sorcellerie; et le jour du procès, devant on lui attribue divers effets merveilleux
l'assemblée, il invoqua le diable, qui l'enleva comme celui d'endormir. Il est rare qu'on
de terre environ quatre ou cinq pieds et le ,
la puisse recueillir, et il n'est pas sur qu'elle

laissa retomber sur le carreau comme un sac soit autre chose qu'un os durci.
de laine, sans aucun bruit, quoiqu'il eût aux Borborites, VOIJ. GÉNIES.
pieds des entraves. Étant relevé par deux
archers, on lui trouva la peau de couleur
Bordi ou Al-Bordi, — montagne qui, selon
les Perses, est l'œuf de la terre; ils disent
bleu tirant sur le noir; il écumait et souffrait
qu'elle était d'abord très-petite, qu'elle gros-
beaucoup. Interrogé là-dessus, il répondit
sit au commencement, produisit le monde et
qu'ayant prié le diable de le tirer de peine,
s'accrut tellement, qu'elle supporte aujour-
il n'avait pu l'enlever, attendu que, comme
d'hui le soleil sur sa cime. Us la placent au
il avait prêté serment à la justice le diable ,

milieu de notre globe. Ils disent encore qu'au


1 Granier de Cassagnac. Littérature des esclaves. bas de cette montagne fourmillent quantité
BOR - 97 — BOU
de dives ou mauvais génies; et qu'au-dessous recueil de dix lettres, dont les deux premières
est un pont où les âmes passent pour aller roulent sur les esprits élémentaires. L'abbé
dans l'autre monde, après qu'elles ont rendu de Villars en a donné un abrégé dans l'ou-
compte de ce qu'elles ont fait dans celui-ci. vrage intitulé Le Comte de Gabalis.
:

Borgia (César). — On lui attribue l'hon- Bos (Françoise). —


Le 30 janvier 1606, le
neur d'avoir eu un démon familier. juge de Gueille procéda contre une femme de

Borri (Joseph-François), — Imposteur et


mauvaise que la clameur publique accu-
vie,
un commerce abominable avec un
sait d'avoir
alchimiste du dix-septième siècle, né à Milan
en 1627. Il débuta par des actions qui l'obli-
démon incube. Elle était mariée et se nommait
Françoise Bos. De plus elle avait séduit plu-
gèrent à chercher refuge dans une église
sieurs de ses voisines et les avait engagées à
jouissant du droit d'asile. Il parut depuis
se souiller avec ce prétendu démon, qui avait
changer de conduite; puis il se dit inspiré
l'audace de se dire capitaine du Saint-Esprit
du ciel, et prétendit que Dieu l'avait choisi ;

mais qui, au témoignage desdites voisines,


pour réformer les hommes et pour rétablir
était fort puant. Cette dégoûtante affaire se
son règne ici-bas. Il ne devait y avoir, disait-
termina par la condamnation de Françoise
il,qu'une seule religion soumise au pape, à
qui il fallait des armées, dont lui, Borri, se-
Bos, qui fut brûlée le 14 juillet 1606. On —
présume, par l'examen des pièces, que le sé-
rait le chef, pour exterminer tous les non
ducteur était un misérable vagabond.
catholiques. Il montrait une épée miraculeuse
que saint Michel lui avait donnée; il disait Bosc (Jean du), — président de la cour des
avoir vu dans le ciel une palme lumineuse aides de Rouen, décapité comme rebelle en
qu'on lui réservait. II soutenait que la Sainte- 1562. On a de lui un livre intitulé : Traité de
Vierge était de nature divine, conçue par in- la vertu et des propriétés du nombre septénaire.
spiration ,
égale à son fils et présente comme Botanomancie, —
divination par le moyen
lui dans l'Eucharistie; que le Saint-Esprit des feuilles ou rameaux de verveine et de
s'était incarné dans elle, que la seconde et la bruyère sur lesquelles les anciens gravaient
,

troisième personne de la Trinité sont infé- les noms


et les demandes du consultant. On —
rieures au Père, que la chute de Lucifer en- devinait encore de cette manière lorsqu'il y :

traîna celle d'un grand nombre d'anges qui avait eu un grand vent pendant la nuit, on
habitaient les régions de l'air. Il disait que allait voir de bon matin la disposition des
c'est par le ministère de ces anges rebelles
feuilles tombées, et des charlatans prédisaient
que Dieu a créé le monde et animé les bru- ou déclaraient là-dessus ce que le peuple vou-
tes, mais que les hommes ont une âme divine,
lait savoir.
que Dieu nous a faits malgré lui, etc. Il finit
par se dire lui-même le Saint-Esprit incarné.
Botis , — voy. Otis.
— Il fut arrêté après la mort d'Innocent X, Botris ou Botride, —
plante dont les feuil-
et, le 3 janvier 4 661 comdamné comme hé-
,
les sont velues et découpées et les fleurs en

rétique et comme coupable de plusieurs mé- petites grappes. Les gens à secrets lui attri-

faits. Mais il parvint à fuir dans le nord, et buent des vertus surprenantes, et particuliè-
il fit dépenser beaucoup d'argent à la reine rement celle de faire sortir avec facilité les en-
Christine, en lui promettant la pierre philoso- fants morts du sein de leur mère.

phale. Il ne lui découvrit cependant pas ses Boubenhoren, — voy. PACTE.


secrets. Il voulait passer en Turquie, lorsqu'il
Bouc — C'est sous la forme d'un grand
fut arrêté dans un petit village comme con- bouc noir aux yeux étincelants, que le diable
spirateur. Le nonce du pape le réclama, et il se fait adorer au sabbat; il prend fréquem-
fut conduit à Rome, où il mourut en prison ment cette figure dans ses entrevues avec les
le 10 août 1695. — Il est l'auteur d'un livre
sorcières, et le maître des sabbats n'est pas
intitulé : La Clef du cabinet du chevalier autrement désigné, dans beaucoup de procé-
Borri, où Von trouve diverses lettres scienti-
dures, que sous le nom de bouc noir ou grand
fiques chimiques et très-curieuses , ainsi que
,
bouc. Le bouc et le manche à balai sont aussi
des instructions politiques, autres choses di-
la monture ordinaire des sorcières, qui par-
gne de curiosité, et beaucoup de beaux secrets.
tent par la cheminée pour leurs assemblées
Genève, 1681, petit in-12 *. Ce livre est un
nocturnes. —
Le bouc, chez les Égyptiens,
représentait le dieu Pan, et plusieurs démo-
1 La Chiave
del gabinetto del cavagliere G. F. Borri,
col favor délia quale si vedono varie lettere scientifice, nographes disent que Pan est le démon du
chimice, e curiosissime, con varie instruzioni politiche,
sabbat. Chez les Grecs on immolait le bouc à
ed altre cose degne di curiosita e molli segreti bellis-
simi. Cologne (Genève), 1681. Bacchus; d'autres démonomanes pensent que
7
BOL — 5 — BOL
îe démon du sabbat est Bacchus. Enfin le relier de Blois, à l'enseigne du Cygne, che^
bouc émissaire des Juifs (Azazel ) hantait les qui elle était servante, lui avait fait gouver-
forêts et lieux déserts consacrés aux démons : ner trois mois cette marionnette ou mandra-
voilà encore, dans certaines opinions, les mo- manger avec frayeur
gore, qu'elle lui donnait à
tifs qui ont placé le bouc au sabbat. Voy. Sab- d'abord, car elle était fort méchante, que
bat. —
L'auteur des Admirables secrets d'Al- quand son maître allait aux champs, il lui di-
bert-le-Grand dit, au chapitre 3 du livre II, sait « Je vous recommande ma bête, et que
:

que si on se frotte le visage de sang de bouc personne ne s'en approche que vous. » Elle
qui aura bouilli avec du verre et du vinaigre, conta qu'une certaine fois Jehan étant allé en
on aura incontinent des visions horribles et voyage, elle demeura trois jours sans donner à
épouvantables. On peut procurer le même manger à la bête, si bien qu'à son retour, elle le

plaisir à des étrangers qu'on voudra troubler. frappa vivement au visage. Elle avait la forme . .

Les villageois disent que le diable se montre d'une guenon, que l'on cachait bien, car elle
fréquemment en forme de bouc, à ceux qui était si hideuse, que personne ne l'osait re-
le font venir avec le grimoire. Ce fut sous la garder. Sur ces dépositions, le juge fit mettre
figure d'un grand bouc qu'il emporta Guil- la femme Bouchey à la question , et plus tard
laume-le-Roux, roi d'Angleterre. Voici une — le parlement de Paris la condamna comme
aventure de bouc qui peut tenir ici sa place. sorcière L II est assez probable que la ma-
Un voyageur, couché dans une chambre d'au- rionnette était simplement une vraie guenon.
berge avait pour voisinage sans le savoir,
,

une compagnie de chèvres et de boucs dont


,

,
Bouillon du sabbat. — Pierre Delancre
assure, dans Ylncrêdulitè et mécréance du sor-
il n'était séparé que par une cloison de bois
tilègepleinement convaincue, traité dixième,
fort mince, ouverte en plusieurs endroits. Il
que au sabbat, font bouillir des
les sorcières,
s'était couché sans examiner son gîte et dor-
enfants morts et de la chair de pendu qu'el- ,
mait paisiblement, lorsqu'il reçut la visite
les y joignent des poudres ensorcelées, du
d'un bouc son voisin; il avait profité d'une
millet noir, des grenouilles; qu'elles tirent de
ouverture pour venir le voir. Le bruit de ses
tout cela un bouillon qu'elles boivent, en di-
sabots éveilla l'étranger, qui le prit d'abord
sant : bu du tympanon 2 et me voilà
« J'ai ,

pour un voleur. L'animal s'approcha du lit et


professe en sorcellerie. » On ajoute qu'après
mit ses deux pieds dessus. Le voyageur, ba-
qu'elles ont bu ce bouillon, les sorcières pré-
lançant entre le choix d'une prompte retraite
disent l'avenir, volent dans les airs, et possè-
ou d'une attaque vigoureuse, prit le parti de
dent le pouvoir de faire des sortilèges.
se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui
d'abord se présentent au bord du lit, com- Boullé (Thomas),
vicaire de Picard, —
mencent à l'intriguer; son effroi augmente, sorcier comme
impliqué dans l'affaire
lui, et

lorsqu'il touche une face pointue, une longue de Madeleine Bavan. On le convainquit d'a-
barbe des cornes... Persuadé que ce ne peut
, voir noué et dénoué l'aiguillette, de s'être mis
être que le diable, il saute de son lit tout sur des charbons ardents sans se brûler, et
troublé. Le jour vint seul le rassurer, en lui d'avoir fait plusieurs abominations. Il souffrit
faisant connaître son prétendu démon. Voy. la question sans rien dire, parce qu'il avait le
Grimoire. sort de taciturnité, comme l'observe Boisro-
Boucher. —
Ambroise Paré raconte, dans ger. Cependant, quoiqu'il n'eût rien avoué,

son livre des Monstres, chapitre 28, qu'un parce qu'il avait la marque des sorciers et
qu'il avait commis des actes infâmes; il fut,
valet, nommé Boucher, étant plongé dans des
pensées impures, un démon ou spectre lui après amende honorable, brûlé vif, à Rouen
apparut sous la figure d'une femme. Il suivit
sur le Vieux-Marché, le 22 août 1647 3 .

le tentateur ; mais incontinent son ventre et Boulleno


( Jacques )
astrologue à Bou- , —
ses cuisses s'enflammèrent, tout son corps logne-la-Grasse, né au diocèse de Dol en
s'embrasa, et il en mourut misérablement. Bretagne. Il fit plusieurs traités d'astrologie
Bouchey (Marguf.uite Ragum), femme — que nous ne connaissons pas ;
il prédit les

d'un maçon de la Sologne, vers la fin du sei- troubles de Paris sous Charles VI, ainsi que
zième siècle ; elle montrait une sorte de ma- la prise de Tours par le Dauphin. Il fit aussi,

rionnette animée ,
que les gens experts dé-
couvrirent être un lutin. En juin 1603, le juge 1
Arrêts notables de P. Delancre.
ordinaire de Romorantin, homme avisé, se 2
Ce bouillon se met dans une outre de peau de bouc,
qui sert quelquefois de tympanon ou de tambour.
mit en devoir de procéder contre la marion- ;
M. Jules Gaiinet. Hutoire de la magie en France,
nette Elle confessa que maître Jehan, caba- p. 246.
BOl) > — BOV
dit-on, l'horoscope de Polhon de Saintrailles, qu'ils appelaient le moine bourru il parcou- ;

en quoi on assure qu'il rencontra juste rait les rues pendant la nuit, tordait le cou à
Boulvèse, — professeur d'hébreu au col- ceux qui mettaient la tète à la fenêtre, et fai-
lège de Montaigu. Il a écrit l'histoire de la sait nombre de tours de passe-passe. Il paraît

possession deLaon, en 1556 ; c'est l'aventure que c'était une espèce de lutin. Les bonnes et
de Nicole Aubry. C'était un homme excessi- les nourrices épouvantaient les enfants de la

vement crédule. menace du moine bourru. Croque-mitaine lui


Boundschesch, — Livre de l'éternité, très- a succédé.
révéré des anciens Persans. C'est là qu'on Bourreau. — Le maître des hautes-œuvres
voit qu'Ormusd est l'auteur du bien et du avait jadis diverses prérogatives. On lui at-
monde pur Arimane l'auteur du mal et du
,
tribuait même, dans plusieurs provinces, le
monde impur. Un jour qu'Ormusd l'avait privilège de guérir certaines maladies, en les
vaincu, Arimane, pour se venger, tua un bœuf touchant de la main, lorsqu'il revenait d'une
qu'Ormusd avait créé du sang de ce bœuf :
exécution de mort *. On
dans croit encore,
naquit premier homme, sur lequel Ormusd
le nos campagnes, que bourreau est un peu
le
répandit la force et la fraîcheur d'un adoles- sorcier, et il n'est pas rare que des malades
cent de quinze ans, en jetant sur lui une superstitieux se fassent traiter par lui quoi- ,

goutte d'eau de santé et une goutte à'êau-de-vie. qu'il n'ait plus de graisse de pendu.
Ce premier homme s'appela Kaid-Mords;
vécut mille ans et en régna cinq cent soixante.
il
Bousanihropie, — maladie d'esprit qui frap-
pait certains visionnaires, et leur persuadait
Ilproduisit un arbre des fruits duquel naquit
qu'ils étaient changés en bœufs. Mais les bou-
le genre humain. Arimane, ou le diable, sous
la figure d'un serpent, séduisit le premier
santhropes sont bien moins communs que les
loups-garous ou lycanthropes, dans les annales
couple et le corrompit ; les premiers nommes
déchus se couvrirent alors de vêtements noirs
de la superstition. Voy. Lycanthropie.
et attendirent tristement la résurrection ;
car, Bouton de bachelier. — Les jeunes pay-
ils avaient introduit péché dans le monde.
le sans anglais prétendaient autrefois savoir
On voit là une tradition altérée de la Genèse. d'avance quels seraient leurs succès auprès
Bourîgnon (Antoinette ) , — visionnaire, des jeunes filles qu'ils voulaient rechercher en
née à Lille en 4 616, morte en 4680 dans la mariage, en portantdans leur poche une plante
Frise. Elle était si laide, qu'à sa naissance on nommée bouton de bachelier, de l'espèce des
hésita si on ne l'étoufferait pas comme un lychnis, et dont la fleur ressemble à un bou-
monstre. Elle se consola de l'aversion qu'elle ton d'habit. Us jugeaient s'il fallait espérer
inspirait par la lecture mal digérée de livres ou désespérer, selon que ces boutons s'épa-
qui enflammèrent son imagination vive et ar- nouissaient ou non -'.

dente. Elle eut des visions et des extases. A Boville OU Bovelles, Bovillus (CHARLES
vingt, ans,

un homme
comme elle était riche,
qui voulut bien l'épouser; mais, au
il se trouva
de), — Picard, mort vers 4 553. Il veut établir,
dans son livre De sensu, cette opinion que le
moment d'aller à l'autel, elle s'enfuit déguisée
monde est un animal, opinion d'ailleurs an-
en garçon. Elle voyait partout des démons et
cienne , renouvelée plusieurs fois depuis et
des magiciens. Elle parcourut la Hollande et
assez récemment par Félix Nogaret :i
. On cite
fréquenta les hérétiques, les rabbins, les sor- 4
encore de Bovillus ses Lettres , sa Vie de
ciers car il y avait alors à Amsterdam des
;
Raymond Lutte, son Traité des douze nombres
sorciers de profession. — Ses nombreux ou-
et ses Trois dialogues sur l'immortalité de
vrages, qui furent tous imprimés sous ses
l'âme, la résurrection et la Fin du monde £j»
yeux, en français, en flamand et en allemand,
combattent tout culte extérieur et toute litur-
1
Thiers, Traité des superst., t. I« r , p. 443.
gie , en faveur d'une perfection mystique 2 Smith, Notes aux Joyeuses commères de Shaks-
inadmissible. Les plus célèbres de ses écrits peare, acte III.
sont le traité du Nouveau Ciel et du règne de 3 Dans un petit volume intitulé .: La Terre est un
animal.
V Antéchrist, et son livre de X Aveuglement des
4 Epistolee complures super mathematicum opus qua-
hommes et de la lumière née en ténèbres. dripartitum, recueillies avec les traités De duodecim nu-
Boury, — VOy. FLAQUE. meris, de nume'ris perfectis, etc., à la suite du Liber de
intellectu, de sensu, etc.In-fol., rare. Paris, H.Estienne,
Bourru. — Les Parisiens faisaient autrefois 1510.
5 Vita Raymundi eremitœ, à la suite du Commenta-
beaucoup de contes sur un fantôme imaginaire
rius in primordiale evangelium Joannis. In-4°. Paris,
1514. —
Dialogi très de anima; immortalitate, de resnr-
1
Extrait d'un manuscrit de la Bibliothèque du roi, rectione, de mundi excidio et illius instauratione. In-8°.
rapporté â la fin des Remarques de Joly sur Bayle. Lyon, Gryphius, 1552.
BRA — 00 — BPxI
BoxWn (Marc Zuerius), — critique hol- qui fut dans son temps le fléau des sorciers,
landais, né à Berg-op-Zoom, en 1612. On re- regarde brahmanes comme d'insignes ma-
les
cherche de lui un Traité des songes, qui passe beau temps et la pluie
giciens qui faisaient le
pour un ouvrage rare et curieux *. en ouvrant ou fermant deux tonneaux qu'ils
Braccesco (Jean), — alchimiste de Brescia, avaient en leur puissance. Leloyer assure, —
qui florissait au seizième siècle. Il commenta page 337, que les brahmanes, ou brahmines,
l'ouvrage arabe de Geber dans un fatras vendent toujours les vents par le moyen du
,

diable et ii cite un pilote vénitien qui leur en


aussi obscur que le livre commenté. Le plus ;

acheta au seizième siècle.


curieux de ses traités est Le bois de vie, où
Von apprend la médecine au moyen de laquelle Brandebourg. —
On assure encore, dans
2 les villages de la Poméranie et de la Marche
nos premiers pères ont vécu neuf cents ans .

Bragadini (Marc- Antoine ) , — alchimiste Électorale, que toutes les fois qu'il doit mou-
rir quelqu'un de la maison de Brandebourg,
originaire de Venise, décapité dans la Bavière
un esprit apparaît dans les airs, sous l'appa-
en 1595, parce qu'il se vantait de faire de
rence d'une grande statue de marbre blanc.
l'or, qu'ilne tenait que des libéralités d'un
Mais c'est une femme animée. Elle parcourt
démon, comme disent les récits du temps. Son
les appartements du château habité par la
supplice eut lieu à Munich, par l'ordre du duc
personne qui doit mourir, sans qu'on ose ar-
Guillaume II. On arrêta aussi deux chiens
rêter sa marche. Il y a très-long-temps que
noirs qui accompagnaient partout Bragadini,
cette apparition a lieu et l'on conte qu'un
et que l'on reconnut être ses démons fami- ;

page ayant eu l'audace un jour de se placer


liers. On leur fit leur procès; ils furent tués
devant la grande femme blanche, elle le jeta
en place publique à coups d'arquebuse.
à terre avec tant de violence, qu'il resta mort
Brahmanes.— Brames et Bramines, secta-
sur la place.
teurs de Brahma dans l'Inde. Ils croient que
l'âme de Brahma passa successivement dans Bras-de-Fer, — berger sorcier. Foj/. Hocque.
quatre-vingt mille corps différents,, et s'arrêta Brebis. — Voy. TROUPEAUX.
un peu dans celui d'un éléphant blanc avec Brennus, — général gaulois. Après qu'il se
plus de complaisance, aussi révèrent-ils l'é- emparé de Delphes, profané
fut et qu'il eut le
léphant blanc. première des qua-
Ils sont la
temple d'Apollon, il survint un tremblement
tre castes du peuple qui adore Brahma. Ces
de terre accompagné de foudres et d'éclairs
philosophes, dont on a conté tant de choses, et d'une pluie de pierres qui tombait du
vivaient autrefois en partie dans les bois, où mont Parnasse : ce qui mit ses gens en tel dé-
ils consultaient les astres et faisaient de la
sarroi, qu'ils se laissèrent vaincre; et Brennus,
sorcellerie, et en partie dans les villes pour déjà blessé, se donna la mort.
enseigner la morale aux princes indiens.
Quand on allait les écouter , dit Strabon , on
Briffant, — démon peu connu, quoique
chef de légion, qui s'était logé dans le corps
devait le faire dans le plus grand silence. Ce-
lui qui toussait ou crachait était exclus. Les
d'une possédée deBeauvais au commencement
du dix-septième siècle.
brahmanes croient à la métempsycose, ne
mangent que des fruits ou du lait, et ne peu- Brigitte. — Il
y a, dans les révélations de
vent toucher un animal sans se rendre im- sainte Brigitte, d'épouvantables peintures de
mondes. —
Ils disent que les bêtes sont ani- l'enfer. Les ennemis de la religion ont trouvé

mées par les âmes des anges déchus, système dans ces écrits un thème à leurs déclamations.
dont le père Bougeant a tiré un parti ingé- Mais ce ne sont pas des livres canoniques;
nieux. —
Les brahmanes de Siam croient l'église n'ordonne pas de les croire, et ils ne

que la terre périra par le feu, et que, de sa s'adressent pas à toute sorte de lecteurs.
cendre, il en renaîtra une autre qui jouira Brinvillîers (MARIE-MARGUERITE, MARQUISE
d'un printemps perpétuel. —
Le jugeBoguet, de), —
femme qui, de 1666 à 1672, empoi-
sonna, sans motifs de haine, quelquefois même
1
Marci Zuerii Boxhornii Oratio de somniis. Lugduni
' Batav., 1639, vol. in-4». sans intérêt, parents, amis, domestiques; elle
y Legno dichiara la mcdicina
délia vita, nel quale si jusque dans les hôpitaux donner du poison
allait
perla quale i nostriprimi padri vivevano novc ccnto anni. aux malades. Il faut attribuer tous ces crimes à
Komc, 1542. In-8". —
La esposizione di Geber filosofo,
nella quale si dichiarano molti nobilissimi secreti délia une horrible démence ou à cette dépravation

natura.In-8°. Venise, 1544. Ces deux ouvrages, traduits atroce dont on ne voyait autrefois d'autre ex-
en latin, se trouvent dans le recueil de Gratarole, Ycra
alohèmi* doctrinal et dans le tome 1> de la Bibliothè- plication que la possession du diable. Aussi
que chimique de Manget; ils sont aussi publiés séparé- a-t-on dit qu'elle s'était vendue à Satan. Dès
ment nous le titre De Alchernia dialogi duo. ln~4 u
: .

Lngd., 1543. l'Age de sept ans, la Brinvilliers commença,


,

BRI — \ 01 - BliO
dit-on, sa carrière criminelle, et il a été per- Brocéliande , — forêt enchantée. Voy.
mis à des esprits crédules de redouter en elle Merlin.
un affreux démon incarné. Elle fut brûlée en
4 676 Les empoisonnements continuèrent après
.
Brohon (Jeaîn) ,
— médecin 'de Coutances,
au seizième Des amateurs recherchent
sa mort. Voy. Voisin. — Dans VAlmanach
de lui :
siècle.
1° Description d'une merveilleuse et
-prophétique de 4842, M. Eugène Bareste a
prodigieuse comète, avec un traité présagique
tenté de justifier la marquise de Briuvilliers
il n'est pas impossible qu'on ne l'ait fort
;

noircie.
et
des comètes, in-8°. Paris, -1568. 2° Alma- —
nach, ou Journal astrologique, avec les juge-
Brioché (Jean), — arracheur de dents qui, ments pronostiques . pour l'an \ 572 , Bouen
vers l'an 1650 , se rendit fameux par son ta- 4 571 , in-12.
lentdans l'art de faire jouer les marionnettes. BroKc (Corneille), jeune garçon du —
Après avoir amusé Paris et les provinces, il pays de Labour, que Pierre Delancre interro-
passa en Suisse, et s'arrêta à Soleure, où il gea comme sorcier au commencement du dix-
donna une représentation en présence d'une septième siècle. Il avoua qu'il fut violenté
assemblée nombreuse, qui ne se doutait pas pour baiser le derrière du diable. « Je ne
de ce qu'elle allait voir, car les Suisses ne sais s'il dit cela par modestie, ajoute Delan-
connaissaient pas les marionnettes. A peine cre car c'est un fort civil enfant. Mais il ajouta
;

eurent-ils aperçu Pantalon, mé- le diable, le qu'il soutintau diable qu'il aimerait mieux
decin, Polichinelle et leurs bizarres compa- mourir que lui baiser le derrière, si bien qu'il
gnons, qu'ils ouvrirent des yeux effrayés. De ne le baisa qu'au visage et il eut beaucoup ;

mémoire d'homme on n'avait point entendu de peine à se tirer du sabbat, dont il n'ap-
parler dans le pays d'êtres aussi petits, aussi prouvait pas les abominations *. »
agiles et aussi babillards que ceux-là. Ils s'ima-
ginèrent que ces petits hommes qui parlaient,
BrossJer (Marthe) fille d'un tisserand ,

dansaient, se battaient et se dispulaient
de Romorantin. qui se dit possédée et convul-
si bien,
sionnaire en 1569, à l'âge de vingt-deux ans.
ne pouvaient être qu'une troupe de lutins aux
ordres de Brioché. — Cette idée se confir-
Elle se fit exorciser les effets de la posses-
sion devinrent de plus en plus merveilleux.
;

mant par confidences que les spectateurs


les
Elle parcourait les villes et le diable, par sa
se faisaient entre eux, quelques-uns coururent ;

chez le juge, dénoncèrent le magicien.


et lui
bouche ,
parlait hébreu ,
grec , latin , an-
— Le juge, épouvanté, ordonna à ses archers glais , On disait aussi qu'elle découvrait
etc.
les secrets. On assure que dans ses cabrioles
d'arrêter le sorcier, et l'obligea à comparaître
elle s'élevait quelquefois à quatre pieds de
devant lui. On garrotta Brioché, on l'amena
devant les juges, qui voulurent voir les pièces terre. — L'official d'Orléans, qui se défiait
d'elle, lui dit qu'il allait l'exorciser, et conju-
du procès; on apporta le théâtre et les dé-
gua, dans Despautère, les verbes nexo et texo;
mons de bois, auxquels on ne touchait qu'en
le démon aussitôt la renversa à terre, où elle
frémissant; et Brioché fut condamné à être
brûlé avec son
fit ses contorsions. Charles Miron, évêque
attirail. Cette sentence allait
d'Angers, devant qui elle fut conduite, la fit
être exécutée, lorsque survintun nommé Du-
mont, capitaine des gardes suisses au service garder dans une maison de confiance. On mit,
du roi de France; curieux de voir le magicien à son insu, de l'eau bénite dans sa boisson,

français, qui n'opéra pas plus d'effet que l'eau ordi-


il reconnut le malheureux Brioché
qui l'avait tant fait rire à Paris. naire; on lui en présenta dans un bénitier,
11 se rendit
en hâte chez le magistrat. Après avoir fait qu'elle crut bénite, et aussitôt elle tomba par
fit les grimaces accoutu-
terre, se débattit et
suspendre d'un jour l'arrêt, il lui expliqua
mées. L 'évêque, un Virgile à la main, feignit
l'affaire, lui fit comprendre le mécanisme des
marionnettes, et obtint Tordre de mettre Brio- de vouloir l'exorciser, et prononça d'un ton
ché en liberté. Ce dernier revint à Paris, se grave Arma virumque cano. Les convulsions
promettant bien de ne plus songer à faire rire de Marthe ne manquèrent pas de redoubler.
les Suisses dans leur pays L Certain alors de l'imposture, Charles Miron
chassa la prétendue possédée de son diocèse,
Brizomantie, —
divination par l'inspira- comme on l'avait chassée d'Orléans. A Paris,
tion de Brizo, déesse du sommeil; c'était l'art les médecins furent d'abord partagés sur son
de deviner les choses futures ou cachées par état; mais bientôt ils prononcèrent qu'il y
les songes naturels. Voy. Onéirocritique. avait beaucoup de fraude, peu de maladie,

1
Lettres de Saint-André sur la magie, Déinoniana, T
Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
Pirtionnaire d'anecdotes suisses.
p. 75.
BRO — 1 % — BRU
et que le diable n'y était pour rien. Nihil a troisième livre est consacré aux animaux, et
dœmone, multa ficta, a morbo pauca. Le par- combat les merveilles qu'on débite sur leur
lement prit connaissance de l'affaire, et con- compte et les propriétés que des charlatans
pamna Marthe à s'en retourner à Romorantin, donnent à quelques-unes de leurs parties ou
chez ses parents, avec défense d'en sortir, de leurs sécrétions. Le quatrième livre traite
sous peine de punition corporelle. Cepen- — des erreurs relatives à l'homme. L'auteur dé-
dant elle se fit conduire quelque temps après truit la vertu cordiale accordée au doigt an-
devant l'évêque de Clermont qu'elle espérait nulaire, le conte populaire qui fait remonter
tromper; mais un arrêt du parlement la mit l'origine de saluer dans les éternuments à une
en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut épidémie dans laquelle on mourait en éter-
enfermée dans une communauté là finit sa nuant, la puanteur spéciale, des juifs les ,

possession. On peut voir sur cette affaire les


;

pygmées, les années climatériques. Lo —


lettres du cardinal d'Ossat, et une brochure cinquième livre est consacré aux erreurs qui
intitulée : Discours véritable sur le fait de nous sont venues par la faute des peintres;
Marthe Brossier, par le médecin Marescot, comme le nombril de nos premiers pa-
qui assista aux exorcismes. (In- 8°. Paris, 1 599.) rents, le sacrifice d'Abraham, où son fils

Broucolaques, — VOy. VAMPIRES. Isaac est représenté enfant, tandis qu'il avait

Brouette de la mort. —
C'est une opinion
quarante ans. L'auteur discute dans le livre
sixième les opinions erronées ou hasardées
généralement reçue parmi les paysans de la
qui ont rapport à la cosmographie et à l'his-
Basse-Bretagne que, quand quelqu'un est des*-
toire. Il combat les jours heureux ou malheu-
tiné à rendre bientôt le dernier soupir , la
reux, les idées vulgaires sur la couleur des
brouette de la mort passe dans le voisinage.
nègres. Le septième livre enfin est consacré à
Elle est couverte d'un drap blanc, et des spec-
l'examen de certaines traditions reçues sur-
moribond entend même
,

tres la conduisent; le
i la mer Morte, la tour de Babel, les rois de
le bruit de sa roue Dans certains cantons,
.

l'Épiphanie, etc. Le savant ne se montre pas


cette brouette est le char de la Mort, carrick
crédule; cependant il croyait, comme tout
an Nankou, et le cri de la fresaie annonce
2 chrétien, aux sorciers et aux démons. Le doc-
son passage .

teur Hutchinson cite de lui un fait à ce sujet


Brown (Thomas) médecin anglais, movt
,
dans son Essai sur la sorcellerie. En 1664- ,
en 1682. Il combattit les erreurs dans un sa-
deux personnes accusées de sorcellerie allaient
vant ouvrage 3 que l'abbé Souchay a traduit
être jugées à Norwich le grand jury consulta
;

en français sous le titre d'Essai sur les er-


,

Brown, dont on révérait l'opinion et le savoir.


reurs populaires, ou examen de plusieurs opi-
Brown signa une attestation, dont on a con-
nions reçues comme vraies et qui sont fausses
servé l'original dans laquelle il reconnaît
,

ou douteuses. 2 vol. n - 4 2 Paris, 1733 et i .

l'existence des sorciers et l'influence du dia-


1742. Ce livre, utile quand il parut, l'est en-
ble il y cite même des faits analogues à ceux
;

core aujourd'hui, quoique beaucoup de ces


qui faisaient poursuivre les deux accusés, et
erreurs soient dissipées. Les connaissances du
qu'il présente comme incontestables. Ce fut
docteur Brown sont vastes ses jugements ,

cette opinion qui détermina la condamnation


souvent justes; quelquefois cependant il rem-
place une erreur par une autre. L'Essai — des prévenus.

sur les erreurs populaires est divisé en sept Brownie ,


— lutin écossais. Le roi Jacques
livres. On recherche dans le premier la source regardaitBrownie comme un agent de Satan;
des erreurs accréditées; elles doivent nais- Kirck en fait un bon génie. Aux îles d'Arkney,
sance à de l'esprit humain, à la
la faiblesse on encore des libations de lait dans la ca-
fait

curiosité, àl'amour de l'homme pour le mer- vitéd'une pierre appelée la pierre de Brownie,
veilleux, aux fausses idées, aux jugements pour s'assurer de sa protection. Le peuple
précipités. Dans le second livre on examine de ces îles croit Brownie doux et pacifique ;

les erreurs qui attribuent certaines vertus mais si on l'offense il ne reparaît plus.
merveilleuses aux minéraux et aux plantes
telles sont les qualités surnaturelles qu'on
:

Bruhesen (Pierre Van), — docteur et as-


trologue de la Campine, mort Bruges en 571
à 1

donne à l'aimant, et le privilègede la rose de


Il publia dans cette ville, en 550, son Grand et
1

Jéricho, qui dans l'opinion des bonnes gens


perpétuel almanach, où indique scrupuleuse-
fleurit tous les ans la veille de Noël Le — ment, d'après les
il

principes de l'astrologie ju-


1
Voyage do M. Oambry dans le Finistère, t. I"\ diciaire, les jours propres à purger, baigner,
2 M. Keratry, Le Dernier des Beaumanoir, ch. 26. cheveux et appliquer
raser, saigner, couper les
J'seudodoxia epidemica or enquiries
:

t|ic vulgar er-


rors, etc. In-fbl. Londres, 104$. les ventouses. Ce modèle de ralmanach de
,

Biu; — \
) — BLC
Liège fit d'autant plus de rumeur à Bruges ,
vière accompagné de Brunon évèque de
, ,

que le magistrat, qui donnait dans l'astrologie, Wurtzbourg, et de quelques autres seigneurs.
fit très-expresses défenses à quiconque exer- Comme il passait près du château de Grein,
çait en sa ville le métier de barberie, de rien il se trouva en danger imminent de se noyer

entreprendre sur le menton de ses concitoyens lui et les siens dans un lieu dangereux ce- ;

pendant les jours néfastes. François Rapaert, pendant il se tira heureusement de ce péril.
médecin de Bruges, publia alors contre Bru- Mais incontinent on aperçut au haut d'un ro-
hesen le grand et perpétuel almanach, ou fléau cher un homme noir qui appela Brunog, lui
des empiriques et des charlatans 1 Mais Pierre . disant a Évêque, sache que je suis un diable,
:

Haschaert, chirurgien, partisan de l'astrologie, et qu'en quelque lieu que tu sois, tu es à moi.
défendit Bruhesen dans son Bouclier astrologi- Je ne puis aujourd'hui te mal faire mais tu ;

que contre le fléau des astrologues de François me verras avant peu. » Brunon, qui était
Rapaërt*: et depuis on a fait des almanachs homme de bien, fit le signe de la croix ,et après
sur le modèle de Bruhesen et ils n'ont pas , qu'il eutconjuré le diable, on ne sut ce qu'il
cessé d'avoir un débit immense. devint. Mais bientôt comme l'empereur dînait
Brulefer. — C'est le nom que donnent les à Ébersberg , avec sa compagnie, les poutres
Véritables clavicules Salomon à un dé-
de et plafond d'une chambre basse où ils étaient,
mon ou esprit qu'on invoque quand on veut s'écroulèrent ;
l'empereur tomba dans une
se faire aimer. cuve où il ne se fit point de mal , et Brunon
Brunehaut,— reine eut en sa chute tout le corps tellement brisé
d'Austrasie, au sixième
siècle , accusée d'une multitude de crimes et
qu'ilen mourut. De ce Brunon ou Bruno nous —
peut-être victime historique de beaucoup de
avons quelques commentaires sur les Psau-
calomnies. Dans le siècle où elle vécut on ne ,
mes. 1 » —
II n'y a qu'un petit malheur dans

ce conte rapporté par Leloyer, c'est que tout


doit pas s'étonner de trouver au nombre de
en est faux.
ses forfaits la sorcellerie et les maléfices.

Bruno philosophe , —
né à Noie dans le , Brutus. —
Plutarque rapporte que peu de
royaume de Naples, au milieu du seizième siè- temps avant la bataille de Philippes Brutus ,

cle. Il publia à Londres, en 1584 , son livre de étant seul et rêveur dans sa tente, aperçut un
l'Expulsion de la bête triomphante 5
. Ce livre fantôme d'une taille démesurée qui se pré- ,

fut supprimé. C'est une critique stupide dans senta devant lui en silence, mais avec un re-
le fond, maligne dans les détails, de toutes les gard menaçant. Brutus lui demanda s'il était
religions, et spécialement de la religion chré- dieu ou homme et ce qu'il voulait. Le spectre
,

tienne. — L'auteur ayant voulu revoirsa patrie, lui répondit « Je suis ton mauvais génie, et je
:

fut arrêté à Venise en 1 598, transféré à Rome, t'attends aux champs de Philippes. » « Eh bien ,

condamné et brûlé le 17 février de l'an 1600, nous nous y verrons » répliqua Brutus. Le fan- !

pour ses impiétés flagrantes et ses mauvaises tôme disparut mais on dit qu'il se montra de-
;

mœurs. Il avait consumé beaucoup de temps rechef au meurtrier de César la nuit qui pré-
à l'étude des rêveries hermétiques ; il a même céda la bataille de Philippes, où Brutus se tua
laissé des écrits sur l'alchimie *., et d'autres ou- de sa main.
vrages dont quelques-uns ont partagé son
bûcher 5. On s'étonnera peut-être de cette BucaïMe (Marie), jeune Normande de —
rigueur, mais alors les crimes que l'on pour- Valogne, qui, au dernier siècle, voulut se faire
suivait ainsi et qui troublaient la société in- passer pour béate. Mais bientôt ses visions et
spiraient plus d'horreur que n'en inspire au- ses extases devinrent suspectes elle s'était ;

jourd'hui chez nous l'assassinat. dite quelquefois assiégée par les démons ; elle

Brunon. — « L'empereur Henri III allait en


se faisaitaccompagner d'un prétendu moine,
qui disparut dès qu'on voulut examiner les
bateau sur le Danube en son duché de Ba-
,

faits elle se proclama possédée. Pour s'assu-


;

1
Magnum
perpetuum almanach, sen empiricorum
et rer de la vérité des prodiges qu'elle opérait
et medicastrorum flagellum. In-12, 1551.
on la fit enfermer au secret. On reconnut que
2 Clypeus astrologicus
contra flagellum astrologorum
Francisci Rapurdi. In-12, 1551. les visions de Marie Bucaille n'étaient que four-
'J
Spaccio île la bestia triomphante, proposto daGiove, beries ;
qu'elle n'était en commerce ni avec les
efifeluato dal conseglo, revelato Ha Mercurio, recitato da
Solia, udito da Saulino, registrato dal Nolano, diviso in
anges ni avec le diable. Elle fut fouettée et
ire dialogi, subdivisi in tre parti. In Parigi. Londres, marquée , et tout fut fini 2 .

1584. In-8».
'*
De compendiosa
architectura et coi^plemento artis
1
Lullii, etc. In-lib. Paris, 1582, etc. Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. ni, ch. 16.
5 Particulièrement La Cena de le ceneri ? Lettres du médecin Saint-André sur la magie et sur
descrita in ,

cinque dialogi, etc. In-b". Londres, 1581. k:, maléfices, p. 188 et 431.
BUD — J H — BCN
Bucer (Martin), —
grand partisan de Lu- tait, dit Pierre Delancre 1
, un magicien élève
ther, mort à Cambridge en 1 551 « Étant aux . des Brahmanes commerce avec
, et en plein
abois de la mort, assisté de ses amis, le dia- les démons. Un jour qu'il voulait faire je ne
ble s'y trouva aussi , l'accueillant avec une sais quel sacrifice magique, le diable l'enleva
figure si hideuse, qu'il n'y eut personne qui de terre et lui tordit le cou 2 digne récom- :

de frayeur, n'y perdît presque la vie. Icelui pense de la peine qu'il avait prise de rétablir
diable l'emporta rudement, lui creva le ventre par le manichéisme la puissance de Satan !

et le*tua en lui tordant le cou, et emporta son Buer, —


démon de seconde classe, prési-
âme, qu'il poussa devant lui, aux enfers 1 » .
dent aux enfers il a la forme d'une étoile ou
;

Buckingham (GEORGE VlLLIERS, DUC DE), d'une roue à cinq branches et s'avance en ,

— favori de Jacques I
er
, mort à Portsmouth en roulant -sur lui-même. Il enseigne la philoso-

4 628 , illustre surtout par sa fin tragique. phie, la logique et les vertus des herbes mé-
On sait qu'il fut assassiné par Felton, officier dicinales. Il donne de bons domestiques, rend
à qui il avait fait des injustices. Quelque la santé aux malades, et commande cinquante
temps avant sa mort, Guillaume Parker, an- légions .

cien ami de sa famille, aperçut à ses côtés en Bugnot (Étienne), gentilhomme de la —


plein midi le fantôme du vieux sir George chambre de Louis XIV, auteur d'un livre rare
Villiers, père du duc, qui depuis long-temps intitulé : Histvire récente pour servir de preuve
ne vivait plus. Parker prit d'abord cette ap- à du purgatoire vérifiée par procès-
la vérité ,

parition pour une illusion de ses sens mais ; verbaux dressés en 1663 et 1664, avec un
bientôt il reconnut la voix de son vieil ami Abrégé de la Vie d'André Bugnot colonel d'in- ,

qui le pria d'avertir le duc de Buckingham fanterie, et de son apparition après sa mort.
d'être sur ses gardes, et disparut. Parker, de- In-12, Orléans, 1665. Cet André Bugnot était
meuré seul réfléchit à cette commission et
, , frère d'Étienne. Son apparition et ses révéla-
la trouvant difficile, il négligea de s'en acquit- tions n'ont rien d'original.
Le fantôme revint une seconde
ter.
gnit les menaces aux prières de ,
fois et joi-

sorte que
Buisson d'épines. — Selon une coutume as-
sez singulière ,
quand il y avait un malade
Parker se décida à lui obéir mais il fut traité ;
dans une maison , chez les anciens Grecs on ,

de fou, et Buckingham dédaigna son avis. Le


attachait à la porte un buisson d'épines pour
spectre reparut une troisième fois, se plaignit
éloigner les esprits malfaisants.
de l'endurcissement de son fils et tirant un
^poignard de dessous sa robe « Allez encore, :
,

Bullet (Jean-Baptiste), académicien de —


dit-il à Parker annoncez à l'ingrat que vous Besançon, mort en 1775. On recherche ses Dis-
;

avez vu l'instrument qui doit lui donner la sertations sur la mythologie française et sur

mort. » Et de peur qu'il ne rejetât ce nouvel plusieurs points curieux de l'histoire de France.

avertissement, le fantôme révéla à son ami un In- 12, Paris, 1771.

des plus intimes secrets du duc. Parker re- — Bune , — démon puissant
grand-duc aux ,

tourna à la cour. Buckingham, d'abord frappé enfers. forme d'un dragon avec trois
Il a la
de le voir instruit de son secret, reprit bientôt têtes dont la troisième seulement est celle d'un
le ton de la raillerie, et conseilla au prophète homme. Il ne parle que par signes il déplace ;

d'aller se guérir de sa démence. Néanmoins, les cadavres, hante les cimetières et rassem-
quelques semaines après, le duc de Bucking- ble les démons sur les sépulcres. Il enrichit
ham fut assassiné. On ne dit pas si le couteau et rend éloquents ceux qui le servent on ;

de Felton était ce même poignard que Parker ajoute qu'il ne les trompe jamais Trente
avait vu dans la main du fantôme. On peut, légions lui obéissent 4
.
— Les démons soumis
du reste, expliquer cette vision. On savait que à Bune, et appelés Bunis, sont redoutés des
le duc avait beaucoup d'ennemis, et quelques- Tartares, qui les disent très-malfaisants. Il faut
uns de ses amis craignant pour ses jours
, , avoir la conscience nette pour être à l'abri de
pouvaient fort bien se faire des hallucinations. leur malice; car leur puissance est grande et

Bucon, — mauvais diable, cité dans les


leur nombre est immense. Cependant les sor-
ciers du pays les apprivoisent, et c'est par le
Clavicules de Salomon. Il sème la jalousie et
la haine. moyen des Bunis qu'ils se vantent de décou-
vrir l'avenir.
Budas, — hérétique qui fut maître de Ma-
nès, et auteur de l'hérésie manichéenne. C'é- 1
Discours des spectres, liv. vni, ch. 5.
? Socrate, Histor. eccles.Jib. I, cap. 121.

1
Delancrc-, Tableau de l'inconstance des '.tenions, etc. •'
Wierus, ii\ Pseiidonîonarcluù d»mon.
1 iv. i", dise. 1. i
Wierus, in Fseiidoni'iuircMà dçembn,
BUR — 1 05 — BYL
Bungey (Thomas), — moine anglais, ami Burton (Robert), — auteur d'un ouvrag e
de Roger Baron , avec qui lesdémonographes intitulé : Anatomie de la mélancolie, par Dé-
l'accusent d'avoir travaillé sept ans à la mer- mocrite le jeune, in-4°, 1624; mort en 1639.
veilleuse tête d'airain qui parla , comme on L'astrologie était de son temps très-respectée
sait 1
. On ajoute que Thomas était magicien, en Angleterre, sa patrie. Il
y croyait et vou-
et on qu'il publia un li-
en donne pour preuve lait qu'on ne doutât pas de ses horoscopes.
vre de magie naturelle, De magiânaturali,
la Ayant prédit publiquement le jour de sa mort,
aujourd'hui peu connu. Mais Delrio l'absout de quand l'heure fut venue il se tua pour la gloire
l'accusation de magie et il avoue que son '-, de l'astrologie et pour ne pas avoir un démenti
livre ne contient qu'une certaine dose d'idées dans ses pronostics. Cardan et quelques autres
superstitieuses. Une autre preuve qu'il n'était personnages habiles dans la science des astres
pas magicien, mais seulement un peu mathé- ont fait, à ce qu'on croit, la même chose 1
.

Busas — prince
maticien, c'est qu'on l'élut provincial des fran-
3
Voy.
, infernal. Pruflas.
ciscains en Angleterre
Butadieu, — démon rousseau,
.

cité dans des


Bunis, — VOIJ. BUNE.
procédures du dix-septième siècle.
Buplage ou Buptage. « Après la bataille — Buxtorf (Jean), — Westphalien, savant dans
donnée entre le roi Antiochus et les Romains,
la littérature hébraïque, mort en 1629. Les
un officier nommé Buplage, mort dans le com-
curieux lisent son Abrégé du Talmud , sa Bi-
bat, où il avait reçu douze blessures mortelles,
bliothèque rabbinique et sa Synagogue judaï-
se leva tout d'un coup au milieu de l'armée 2
que . Cet ouvrage, qui traite des dogmes et
romaine victorieuse et cria d'une voix grêle ,
des cérémonies des Juifs, est plein des rêve-
à l'homme qui le pillait :
ries des rabbins, à côté desquelles on trouve
Cesse, soldat romain, de dépouiller ainsi
des recherches curieuses.
Ceux qui sont descendus dans l'enfer obscurci...

» Il ajouta en vers que la cruauté des Ro-


Byîeth, —
démon fort et terrible, l'un des
mains serait bientôt punie, et qu'un peuple roisde l'enfer, selon la Pseudomonarchie de
sortide l'Asie viendrait désoler l'Europe; ce Wierus. Il se montre assis sur un cheval blanc,
qui peut marquer l'irruption des Francs ou précédé de trompettes et de musiciens de tout
celle des Turcs sur les terres de l'empire.
genre. L'exorciste qui l'évoque a besoin de

Après cela, bien que mort, il monta sur un beaucoup de prudence, car il n'obéit qu'avec
chêne, et prédit qu'il allait être dévoré par un fureur. Il faut, pour le soumettre, avoir à la

loup ce qui eut lieu quoiqu'il fût sur un chêne


;
main un bâton de coudrier; et, se tournant
:

quand le loup eut avalé le corps, la tête parla vers le point qui sépare l'orient du midi tra- ,

encore aux Romains et leur défendit de cer hors du cercle où l'on s'est placé un trian-
lui
donner la sépulture. Tout cela paraît très-in- gle ;
on lit ensuite la prière qui enchaîne les
croyable 4
Ce ne furent pas les peuples d'Asie
.
esprits, et Byleth arrive dans
le triangle avec

mais ceux du nord qui renversèrent l'empire soumission. ne paraît pas, c'est que l'exor-
S'il

romain. ciste est sans pouvoir, et que l'enfer méprise


sa puissance. On dit aussi que quand on donne
Burgot (Pierre), loup-garou brûlé à Be-
à Byleth un verre de vin, il faut le poser dans
sançon en 1521 avec Michel Verdun.
le triangle ; il obéit plus volontiers , et sert bien
Burrough (George), re- — ministre de la celui qui le régale. Il faut avoir soin, lorsqu'il
ligion anglicane à Salem, dans la Nouvelle-An- paraît, de lui faire un accueil gracieux, de le
gleterre pendu comme sorcier en '1692. On
,
complimenter sur sa bonne mine, de montrer
l'accusait d'avoir maléficié deux femmes qui qu'on fait cas de lui et des autres rois ses frè-
venaient de mourir. La mauvaise habitude res il est sensible à tout cela. On ne négli-
:

qu'il avaitde se vanter sottement qu'il savait gera pas non plus, tout le temps qu'on passera
tout ce qu'on disait de lui en son absence fut avec lui, d'avoir au doigt du milieu de la main
admise comme preuve qu'il communiquait gauche un anneau d'argent qu'on lui présen-
avec le diable 5
. tera devant la face. Si ces conditions sont dif-
ficiles,, en récompense celui qui soumet By-

1
Voyez Bacon. leth devient le plus puissant des hommes. —
'
magie, lib. i, cap. 3, qu. 1.
Disquisit.
1 Curiosités
3 Naudé, Apol. pour les grands personnages, de la littérature, trad. de l'anglais, par
etc.,
Bertin, t. I r p. 51.
'
l

p. 495. ,

2
Operis talmudici brevis recensio et Bibliotheca rab-
f Traité dogmatique des apparitions,
Leloyer, p. 253.
t. II, p. 153.
binica. In-8°. Baie, 1613. Synagoga judaïca. ln-8". —
Bâle, 1603, en allemand et en latin. Hanau 16C4. ,
5 Godwin, Vie des Nécromanciens. Bàle, 1641.
CAB — 1 5 — CAB
Il de l'ordre des puissances il
était autrefois ; voyage dans Grèce, qui fréquente les socié-
la
espère un jour remonter dans le ciel sur le sep- tés d'Athènes qui parcourt le monde, qui se
,

tième trône ce qui n'est guère croyable. Il


,
marie pour sucer sa femme. Les vampires de
commande quatre-vingts légions. Moravie étaient extrêmement redoutés mais ;

Byron. —
Le Vampire, nouvelle traduite de ilsavaient moins de puissance. Celui-ci quoi-
l'anglais de lord Byron, par H. Faber; in-8°, qu'il ait l'œil gris-mort fait des conquêtes.

Paris, '1819. Celte nouvelle, publiée sous le C'est, dit-on, une historiette populaire de la
nom de lord Byron, n'est pas l'ouvrage de ce Grèce moderne que lord Byron raconta dans
poète, qui l'a désavouée. L'auteur n'a pas suivi un cercle et qu'un jeune médecin écrivit à
,

les idées populaires sur les vampires, il a beau-


tort car il remit à la mode un instant des
; , ,

coup trop relevé le sien. C'est un spectre qui horreurs qu'il fallait laisser dans l'oubli.

Caaba, VOIJ. IvAABA. doit durer quarante-neuf mille. Les Juifs con-
Caacrinolaas, — nommé aussi Caassimolar servent la par tradition orale
cabale ils ;

et Glassialabolas, grand président aux enfers. croient que Dieu l'a donnée à Moïse au pied
Il se présente sous la forme d'un chien et il ,
du mont Sinaï; que le roi Salomon, auteur
en a la démarche, avec des ailes de griffon. Il d'une figure mystérieuse que l'on appelle
donne la connaissance des art libéraux, et, Y arbre de la cabale des Juifs, y a été très-ex-
par un bizarre contraste, il inspire les homi- pert et qu'il faisait des talismans mieux que
,

cides. On dit qu'il prédit bien l'avenir. Ce dé- personne. Tostat dit même que Moïse ne fai-
mon rend l'homme invisible et commande sait ses miracles avec sa verge, que parce que
trente-six légions 1
grand Grimoire le . — Le le grand nom de Dieu y était gravé. Valde-
nomme fait qu'une es-
Classijalabolas et n'en rame remarque que les apôtres faisaient pa-
pèce de sergent qui sert quelquefois de mon- reillement des miracles avec le nom de Jésus,
ture à Nébiros ou Naberus. Voij. Cerbère. et les partisans de ce système citent plusieurs

Cabadès, — VOIJ. ZOUBB-ADEYER.


saints dont le nom ressuscita des morts. —
La cabale grecque, inventée, dit-on, par Py-
Cabale ou Cabbale. Pic de La Mirandole — thagore et par Platon, renouvelée par les Va-
dit que ce mot, qui, dans son origine hébraï-
lentiniens ,
tira sa force des lettres grecques
que, signifie tradition, est le nom d'un héré-
combinées, et fit des miracies avec l'alphabet.

— —
que qui a écrit contre Jésus-Christ, et dont
La grande cabale, ou la cabale dans le sens
les sectateurs furent nommés cabalistes
moderne proprement dite, est l'art de com-
L'ancienne cabale desJuifs est, selon quelques-
mercer avec les esprits élémentaires; elle tire
uns, une sorte de maçonnerie mystérieuse;
aussibon parti de certains mots mystérieux.
selon d'autres , ce n'est que l'explication mys-
Elle explique les choses les plus obscures par
tique de la Bible, l'art de trouver des sens ca-
les nombres, par le changement de l'ordre des
chés dans décomposition des mots, et la ma-
la
lettres et par des rapports dont les cabalistes
nière d'opérer des prodiges par la vertu de ces
se sont formé des règles. Or, voici quels sont,
mots prononcés d'unecertaine façon. Voy. Thé-
selon les cabalistes, les divers esprits élémen-
mura
leuse ,
et
si
Tiiéomancie. Cette science merveil-
l'on en croit les rabbins, affranchit
taires. —
Les quatre éléments sont habités cha-
cun par des créatures particulières, beaucoup
ceux qui la possèdent des faiblesses de l'hu-
plus parfaites que l'homme mais soumises ,

manité, leur procure des biens surnaturels,


comme aux lois de la mort. L'air, cet es-
lui
leur communique le don de prophétie, le pou-
pace immense qui est entre la terre et les cieux,
voir de faire des miracles, et l'art de trans-
a des hôtes plus nobles que les oiseaux et les
muer les métaux en or, ou la pierre philoso-
moucherons ces mers si vastes ont d'autres
;
phai. Elle leur apprend aussi que le monde
habitants que les dauphins et les baleines la ;
sublunaire ne doit durer que sept mille ans,
profondeur de la terre n'est pas pour les taupes
et que tout ce qui est. supérieur à la lune en
seulement; et l'élément du feu, plus sublime
1
Wicrus, in Pseuaomoriarcma dœm. encore que les trois autres, n'a pas, été fait
CAB — 107 — CAB
pour demeurer vide.— Les salaman-
inutile et avec nous quand nous les appelons. Les ca-
dres habitent la région du feu les sylphes, le ;
balistes assurent que les déesses de l'antiquité,

vague de l'air les gnomes l'intérieur de la


; , et ces nymphes qui prenaient des époux parmi

terre et les ondins ou nymphes, le fond des


;
les mortels, et ces démons incubes et succubes,

eaux. Ces êtres sont composés des plus pures et ces fées, qui dans les temps modernes se

parties des éléments qu'ils habitent. Adam ,


montraient au clair de la lime ne sont que ,

plus parfait qu'eux tous, était leur roi naturel ;


des sylphes, ou des salamandres, ou des on-
mais depuis sa faute étant devenu impur et ,
dins. Il y a pourtant des gnomes qui aiment
grossier, il n'eut plus de proportion avec ces mieux mourir que risquer, en devenant im-
substances, il perdit tout l'empire qu'il avait mortels, d'être aussi malheureux que les dé-
sur elles et en ôta la connaissance à sa pos- mons. C'est le diable (disent toujours nos au-
térité.— Qu'on se console pourtant, on a trouvé teurs) qui leur inspire ces sentiments il n'y ;

dans la nature les moyens de ressaisir ce pou- a rien qu'il ne fasse pour empêcher ces pau-
voir perdu. Pour recouvrer la souveraineté sur vres créatures d'immortaliser leur âme par
lessalamandres et les avoir à ses ordres , ,
notre alliance. — Les cabalistes sont obligés de
qu'on attire le feu du soleil par des miroirs ,
renoncer à tout commerce avec l'espèce hu-
concaves, dans un globe de verre il s'y for- ;
maine s'ils veulent pourtant ne pas offenser
,

mera une poudre solaire qui se purifie elle- les sylphes et les nymphes dont ils recher-
même des autres éléments, et qui, avalée, est chent l'alliance. Cependant, comme lenombre
souverainement propre à exhaler le feu qui est des sages cabalistes est fort petit, les nymphes
en nous et à nous faire devenir pour ainsi
,
et les sylphides se montrent quelquefois moins
dire, de matière ignée. Dès lors, les habitants délicates, et emploient toutes sortes d'artifices
de la sphère du feu deviennent nos inférieurs, pour les retenir. — Un jeune seigneur de Ba-
et ont pour nous toute l'amitié qu'ils ont pour vière était inconsolable de la mort de sa
leurs semblables, tout le respect qu'ils doivent femme. Une sylphide prit la figure de la dé-
au lieutenant de leur créateur. De même, funte, et s'alla présenter au jeune homme dé-
pour commander aux sylphes aux gnomes ,
,
solé, disant que Dieu l'avait ressuscitée pour
aux nymphes qu'on emplisse d'air, de terre
,
le consoler de son extrême affliction Ils vé- .

ou d'eau un globe de verre, et qu'on le laisse,


, curent ensemble plusieurs années, mais le
bien fermé, exposé au soleil pendant un mois. jeune seigneur n'était pas assez homme de
Chacun de ces éléments ainsi purifié est un ai- bien pour retenir la sage sylphide elle dis- :

mant qui attire les esprits qui lui sont propres. parut un jour, et ne lui laissa que ses jupes
— Si on en prend tous les jours durant quelque et le repentir de n'avoir pas voulu suivre ses
mois, on voit bientôt dans les airs la républi- bons conseils. —
Plusieurs hérétiques des pre-
que volante des sylphes, les nymphes venir en miers siècles mêlèrent la cabale juive aux idées
foule au rivage et les gnomes gardiens des
,
,
du christianisme, et ils admirent entre Dieu et
trésors et des mines, étaler leurs richesses. On l'homme quatre sortes d'êtres intermédiaires,
ne risque rien d'entrer en commerce avec eux, dont on a fait plus tard les salamandres les ,

on les trouvera fort honnêtes gens savants , ,


sylphes, les ondins et les gnomes. Les Chal-
bienfaisants et craignant Dieu. Leur âme est déens sont sans doute les premiers qui aient
mortelle et ils n'ont pas l'espérance de jouir rêvé ces êtres; ils disaient que les esprits
un jour de l'Être Suprême, qu'ils connaissent étaient les âmes des morts, qui pour se mon-
et qu'ils adorent. Ils vivent fortlong-temps, et trer aux gens d'ici-bas, allaient prendre un
ne meurent qu'après plusieurs siècles. Mais corps solide dans la lune. La cabale des Orien-
qu'est-ce que le temps auprès de l'éternité?... taux est encore l'art de commercer avec les
Il n'est pourtant pas impossible de trouver du génies qu'on évoque par des mots barbares.
,

remède à ce mal car, de même que l'homme,;


Au reste , toutes les cabales sont différen-
par l'alliance qu'il a contractée avec Dieu, a tes pour les détails ; mais elles se ressem-
été fait participant de la divinité les sylves , ,
blent beaucoup dans le fond. — On conte sur-
les gnomes les nymphes et les salamandres
, ces matières une multitude d'anecdotes. On
deviennent participants de l'immortalité en ,
dit qu'Homère Orphée furent de sa-
,
Virgile,
contractant alliance avec l'homme (nous tran- ;
vants cabalistes. —
Parmi les mots les plus
scrivons les docteurs cabalistes). Ainsi, une puissants en cabale, le fameux mot agla est
nymphe ou une sylphide devient immortelle, surtout révéré. Pour retrouver les choses per-
quand elle heureuse pour se marier
est assez dues, pour apprendre par révélations les nou-
à un sage; un gnome ou un sylphe cesse
et velles des pays lointains, pour faire paraître
d'être mortel, du moment qu'il épouse une fille les absents, qu'on se tourne vers l'orient et ,

des hommes. — Aussi ces êtres se plaisent-ils qu'on prononce à haute voix le grand nom
CAC — i J — CAG
agla! opère toutes ces merveilles, même
Il tés. Les anciens en faisaient des talismans
lorsqu'il est invoqué par les ignorants. Voy. qui assuraient la victoire.
Agla. —
On peut puiser sur les rêveries de Cacus, —
espèce d'ogre de l'antiquité. Il
la cabale des instructions plus étendues dans était de Vulcain et vomissait du feu parla
fils
divers ouvrages qui en traitent spécialement, gueule. Ce monstre, de taille gigantesque,
mais qui sont peu recommandables 1° Le :
moitié homme et moitié bouc, mangeait les
comte de Gabalis ou Entretiens sur les scien-
,
passants dans sa caverne, au pied du mont
ces secrètes; par l'abbé de Villars. La meil- Aventin, et accrochait les tètes à sa porte. Il
leure édition est de 1742. in—12 2° Lès Gé- ;
fut étranglé par Hercule. Cacus a été peint —
nies assistants, suite du Comte de Gabalis, quelquefois avec une tête de bête sur un
in-12, même année 3° Le Gnome irréconci- ;
corps d'homme.
liable, suite
veaux
des Génies assistants
entretiens sur les sciences secrètes, suite
;
4° Nou-
Cadavre. —
Selon la loi des Juifs, quicon-
que avait touché un cadavre était souillé; il
nouvelle du Comte de Gabalis, même année ;
devait se purifier avant de se présenter au
5° Lettres cabalistiques, par le
marquis d'Ar-
tabernacle du Seigneur. Quelques censeurs
gens; La Haye, 1741, 6 volumes in-12. Il
des lois de Moïse ont jugé que cette ordon-
faut lire dans cet ouvrage, plein comme les
nance était superstitieuse. Il nous paraît, au
précédents de passages condamnés, les lettres
contraire, dit Bergier, qu'elle était très-sage.
du cabaliste Abukiback. Voy. Gnomes, Ox-
C'était une précaution contre la superstition
dins, Salamandres, Sylphes, Zédéchias, etc.
des païens, qui interrogeaient les morts pour
Cabires, —
dieux des morts, adorés très- apprendre d'eux l'avenir ou les choses ca-
anciennement enÉgypte. Bochard pense qu'il chées; abus sévèrement interdit aux Juifs,
faut entendre sous ce nom les trois divinités mais qui a régné chez la plupart des nations.
infernales : Pluton, Proserpine et Mercure; Voy. Aimant.
d'autres ont regardé les Cabires comme des Cadrnée OU Cadmie qu'on appelle plus ,

magiciens qui se mêlaient d'expier les crimes généralement calamine, fossile bitumineux
des hommes, et qui furent honorés après leur qui donne une teinte jaune au cuivre rouge,
mort. On les invoquait dans les périls et dans et que certains chimistes emploient pour faire
les infortunes. Il y a de grandes disputes sur de l'or.
leurs noms, qu'on ne déclarait qu'aux seuls
initiés i. Ce qui est certain, c'est que les Ca-
Cadière ,
— V01J. GlRARD.

bires sont des démons qui présidaient autre- Caducée. —


C'est avec cette baguette ornée

fois à une sorte de sabbat. Ces orgies qu'on de deux serpents entrelacés, que Mercure con-
,

duisait les âmes aux enfers et qu'il les en ti-


appelait fêtes des Cabires, ne se célébraient
rait au besoin.
que la nuit : l'initié, après des épreuves ef-
frayantes, était ceint d'une ceinture de pour- Cadulus, — pieux soldat, dont la légende
pre, couronné de branches d'olivier et placé rapporte qu'il était obsédé par le diable eu
sur un trône illuminé pour représenter le forme d'ours '. Il s'en délivra par la prière.
maître du sabbat, pendant qu'on exécutait Cœculus, — petit démon né d'une étincelle
autour de lui des danses hiéroglyphiques. qui vola de la forge de Vulcain dans le sein
Cacodémon, — mauvais démon. C'est le de Prenesta. fut élevé parmi les bêtes sau-
Il

nom que les anciens donnaient aux esprits vages. On reconnut à cette particularité,
le

malfaisants; ils appelaient spécialement ainsi qu'il vivait dans le feu comme dans son élé-
un monstre effrayant, un spectre horrible, ment. Ses yeux, qui étaient fort petits, étaient
qui n'était pas assez reconnaissable pour être seulement un peu endommagés par la fumée.
désigné autrement. Chaque avait son homme Les cabalistes font de lui un salamandre.
bon et son mauvais démon
cacodémon. Les , Caf, — voy. Kaf.
astrologues appelaient aussi la douzième mai-
CagHostro. Joseph Balsamo —
célèbre ,

son du soleil, qui est la plus mauvaise de aventurier du dix-huitième siècle, connu sous
toutes, cacodémon, parce que Saturne y ré-
le nom d'Alexandre, comte de Cagliostro, na-
pand ses malignes influences, et qu'on n'en quit, dit-on, à Païenne en 1743, de parents
peut tirer que des pronostics redoutables. montra, dans ses premières an-
obscurs. Il

Cactonite, —
pierre merveilleuse qui. se- nées, un esprit porté à la friponnerie; tout
lon quelques-uns, n'est autre chose que la jeune escroqua soixante onces d'or à un or-
il

cornaline. On lui attribue de grandes proprié- fèvre, en lui promettant de lui livrer un tré-

1
DclaïKline, L'Enter des peuples anciens, ch. 1
BoHàlidi Acta sanclorum, 21 aprilis.
,

GAG - 1 09 — GAI
s or enfoui dans une grotte, sous garde des la de cette dame, que l'on trouva effectivement
esprits infernaux; il le conduisit dans cette dans la même attitude, la même occu-
grotte, où le bonhomme fut assommé de coups pation, et avec les mêmes personnes. On —
de bâton. Cagliostro s'enfuit alors et voyagea rapporte aussi que dans des soupers qui ont-
avec un alchimiste, nommé Althotas, en Grèce; fait grand bruit à Paris, il invoquait les morts

en Égypte, en Arabie, en Perse, à Rhodes, à illustres : tels que Socrate, Platon, Corneille,
Malte. Ayant perdu là son compère, il passa d'Alembert, Voltaire, etc. Dans sa Lettre au
en Anglererre, et d'Angleterre en France peuple français, datée de Londres, le 20 juin
vivant du produit de ses compositions chimi- 1786, que la Bastille serait
il prédit détruite.
ques ( il donnait dans la pierre philosophale), Mais depuis long-temps on en avait le projet.

ou de jongleries et d'intrigues ignobles. Il se — Cagliostro avec un joueur de


était très-lié
rendit à Strasbourg, où il fut reçu, en 4 780, gobelets qui se disait assisté d'un esprit, le-
avec une sorte de triomphe il y guérit cer- ; quel esprit à ce qu'on prétend était l'âme
, ,

tains malades qui l'attendaient avec une , d'un juif cabaliste qui avait tué son père par
adresse si prompte, que l'on a cru qu'ils art magique avant la venue de notre Sei-
étaient apostés et leur mal supposé , à moins gneur. Il disait effrontément que les prodiges
que le diable ne fût aux ordres de Cagliostro, qu'il opérait étaient l'effet d'une protection
comme beaucoup l'ont dit, et comme le faisait spéciale de Dieu sur lui. ..; que l'Être Suprême,

penser sa physionomie patibulaire. — Les pour l'encourager, avait daigné lui accorder
uns l'ont regardé comme un homme extraor- la vision béatifique, etc.; qu'il venait conver-
dinaire, un inspiré; d'autres comme un vil tir les incrédules. — Il se vantait d'avoir as-
charlatan; quelques-uns ont vu en lui un sisté aux noces de Cana il était par consé- ; . . .

membre voyageur de maçonnerie templière,


la quent contemporainde notre Seigneur. II est dit
constamment opulent par les secours nom- ailleurs que Cagliostro était né avant le dé-
breux qu'il recevait des diverses loges de l'or- lugel
. —
Il fut arrêté à Rome, en 1789, et
dre mais le plus grand nombre s'accorde à
; condamné comme pratiquant à l'ombre de la
donner au faste qu'il étalait une source moins franc-maçonnerie. Il s'étrangla dans sa pri-
honorable encore. —
Il se vantait de conver- son en 1795. Il a écrit, dit-on, la relation do

ser avec les anges; et il faisait entendre en quelques opérations prétendues magiques,
rase campagne (par ventriloqnie) des voix ainsi que d'une transmutation de métaux vils
venant du ciel. Il institua une espèce de ca- en or, faites à Varsovie en 1780. On met —
bale égyptienne. De jeunes garçons et de jeu- sur son comple une plate brochure qui appre-
nes filles, qu'il appelait ses pupilles, ou co- nait aux vieilles femmes à trouver les numé-
lombes, se plaçaient dans l'état d'innocence ros de la loterie dans leurs rêves. On vendait
devant une carafe de cristal et là abrités , , tous les ans, à Paris, un grand nombre d'exem-
d'un paravant, ils obtenaient, par l'imposition plaires de ce fatras, dont voici le titre Le :

des mains du grand cophte (c'était lui qui vrai Cagliostro ou le Régulateur des action-
était le grand cophte) la faculté de commu-
, naires de la loterie, augmenté de nouvelles
niquer avec les esprits ils voyaient dans
: cabales faites par Cagliostro, etc., in-8°, avec
cette carafe tout ce, qu'ils voulaient voir. — le portrait de l'auteur, au bas duquel on amis
Les travaux de ces pupilles ou colombes ne se ces treize syllabes : Pour savoir ce qu'il est,
bornaient pas à cette cérémonie; Cagliostro il faudrait être lui-même.
leur enseignait encore à découvrir les choses

Les rabbins disent que, ne sachant
Caïn.
occultes, les événements à venir et les matiè-
comment prendre pour tuer son frère
s'y
res curieuses. On ajoute qu'il a fait paraître
Abel, Caïn vit venir à lui le diable, qui lui
aux grands seigneurs de Paris et de Versail-
donna une leçon de meurtre en mettant un
les, dans des glaces, sous des cloches de verre
oiseau sur une pierre et en lui écrasant la tête
et dans des bocaux, des spectres animés et
se mouvant, ainsi que des personnes mortes
avec une autre pierre. Il y a eu, dans le —
deuxième siècle, une secte d'hommes effroya-
qu'on lui demandait à voir. On fait même ce
bles qui glorifiaient le crime et qu'on a appelés
conte. —
Un jour que Cagliostro se trouvait caïnites. Ces misérables avaient une grande
en compagnie avec plusieurs de ses amis, ils
vénération pour Caïn, pour les horribles ha-
témoignèrent l'envie de connaître ce que fai-
bitants de Sodôme, pour Judas et pour d'au-
sait en ce moment une dame de leur société.
tres scélérats. Ils avaient un évangile de Ju-
Aussitôt il forma sur le parquet un carré,
das, et mettaient la perfection à commettre
passa les mains dessus, et l'ont vit se tracer
sans honte les actions les plus infûmes.
la figure de la dame jouant aux tressettes
avec trois de ses amies. On envova au loçis 1
Charlatans célèbres, t. l fr , p. 245.
. ,

CAL — î 0 — CAL
Caïnan. — On attribue à Caïnan, fils d'Ar- durerait dix ans ,
et qui exigea le sacrifice

phaxad un traité d'Astronomie gravé sur


, d'Iphigénie. Apollon lui avait donné la con-
deux colonnes par les enfants de Seth, et qu'il naissance du passé, du présent et de l'avenir.
retrouva après le déluge et transcrivit. On Il serait curieux de savoir s'il aurait prédit

prétend aussi que Caïnan découvrit encore aussi la prise de la Bastille. Sa destinée était
certains ouvrages écrits par les géants, les- de mourir lorsqu'il aurait trouvé un devin plus
quels ouvrages ne sont pas venus jusqu'à nous 1
. sorcier que lui. Il mourut en effet de dépit

Caïumarath OU Kaid-Mords. — Le pre- pour n'avoir pas su deviner les énigmes de


mier homme selon les Persans. Voij. Bounds- Mopsus.
CHESCH. Caleguejers. — Les plus redoutables d'entre
Cala ( Charles )
, — Calabrois qui écrivait les génies chez les Indiens. Ils sont de taille
au dix-septième siècle. On recherche son Mé- gigantesque, et habitent ordinairement le pa-
moire sur l'apparition des croix prodigieu- tala ou enfer.
ses
2
imprimé à Naples en 661
,
1 Calendrier. —L'ancien calendrier des païens
Calamités. —
On a souvent attribué aux tenait pour beaucoup au
culte des astres, et

démons ou à la malice des sorciers les cala- presque toujours il était rédigé par des astre^-
mités publiques; Pierre Delancre dit que les logues. —
Ce serait peut-être ici l'occasion de
calamités des bonnes âmes, sont les joies et parler du Calendrier des bergers, de YAlma-
festoiements des démons pipeurs 3
.
nach du bon laboureur, du Messager boiteux

Calaya. — Le troisième des cinq paradis


de Baie en Suisse et de cent autres recueils
,

où l'on voit exactement marqués les jours où


indiens. Là réside Ixora ou Eswara, toujours
il fait bon rogner ses ongles et prendre mé-
à cheval sur un bœuf. Les morts fidèles le
decine mais ces détails mèneraient trop loin.
;
servent le rafraîchissant avec des éventails ,
Voij. Almanach.
d'autres portant devant lui la chandelle pour
l'éclairer la nuit; il en est qui lui présentent Calî, — reine des démons et sultane de
des crachoirs d'argent quant il veut expec- l'enfer indien. On la représente tout à fait

torer. noire, avec de crânes d'or. On


un collier lui

Calcerand-Rochez. — Pendant que Hugues offrait autrefois des victimes humaines.

de Moncade était vice-roi de Sicile pour le roi Calice du Sabbat. — On voit, dans Pierre
Ferdinand d'Aragon, un gentilhomme espa- Delancre, que lorsque les prêtres sorciers di-
gnol, nommé Calcerand-Rochez eut une vi- , sent la messe au sabbat, ils se servent d'une
sion. Sa maison était située près du port de hostie et d'un calice noirs, et qu'à l'élévation
Palerme. Une nuit qu'il ne dormait pas il , ils disent ces mots : Corbeau noir! corbeau
crut entendre des hommes qui cheminaient et noir! invoquant le diable.
faisaient grand bruit dans sa basse-cour il
se leva, ouvrit la fenêtre et vit, à la clarté du
;
Caligula. —
On prétend qu'il fut empoi-
sonné ou assassiné par sa femme. Suétone dit
crépuscule, des soldats et des gens de pied en
qu'il apparut plusieurs fois après sa mort, et
bon ordre, suivis de piqueurs 4 après eux ; ,
que sa maison fut infestée de monstres et de
venaient des gens de cheval divisés en esca-
spectres jusqu'à ce qu'on lui eût rendu les
,
drons, se dirigeant vers la maison du vice-roi.
honneurs funèbres '.
Le lendemain, Calcerand conta le tout à Mon-
cade qui n'en tint compte; cependant, peu
,
Calmet ( Dom Augustin ), — bénédictin de
après, le roi Ferdinand mourut, et ceux de la congrégation de Saint-Vannes, l'un des
Palerme se révoltèrent. Cette sédition dont ,
savants les plus laborieux et les plus utiles du
la vision susdite donnait clair présage, ne fut 757, dans son abbaye
dernier siècle, mort en \

apaisée que par les soins de Charles d'Autri- de Senones. Voltaire même mit ces quatre
che (Charles-Quint) 5. vers au bas de son portrait :

Calcbas, — fameux
Des oracles sacrés que Dieu daigna nous rendre
devin de l'antiquité , Son travail assidu perça l'obscurité;
qui prédit aux Grecs que le siège de Troie Il fit plus, il les crut avec simplicité,
Et fut, par ses vertus, digne de les entendre.

Nous le citons ici pour sa Dissertation sur les


1
Joël, au commencement de sa Chronographie.
2 Syncelli Chronograpliiœ, p. 80.
apparitions des anges, des démons et des esprits,
et sur les revenants et vampires de Hongrie [
3 Memorie historiche dell' apparitione délie croci pro-
digiose da Carlo Cala. In-4°. In Napoli, 1661. de Bohême, de Moravie et de Silésie, in-42 ,
4 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
1 iv. i, p. 25. 1
Delandine, Enfer des peuples anciens, ch. 11, p. 316.
{>
Leloycr, Disc, et hist. des spectres, p, 272. Delancre, L'Inconstance des démons, etc., liv. "iî, p. 461.
,

CAM — 11 — CAM
Paris, 174(). La meilleure édition est de '1751 ;
lui, avait toujours agi de telle sorte que per-
Paris, 2 vol. in-! 2. Ce livre est fait avec bonne sonne ne lui refusait l'aumône 1
.

foi; l'auteur est peut-être trop crédule, il


Caméléon. — Démocrite
au rapport de ,

admet facilement les vampires. Il est vrai Pline avait fait un livre spécial sur les su-
,

qu'ilrapporte ce qui est contraire à ses idées perstitions auxquelles le caméléon a donné
avec autant de candeur que ce qui leur est lieu. Un plaideur était sûr de gagner son
favorable. Voy. Vampires. procès, s'il portait avec lui la langue d'un ca-
Calundronïus —
pierre magique dont on
,
méléon arrachée à l'animal pendant qu'il vi-
ne désigne ni la couleur ni la forme, mais qui vait. On faisait tonner et pleuvoir en brûlant
a la vertu d'éloigner les esprits malins, de sa tète et son gosier sur un feu de bois de
résister aux enchantements, de donner à celui chêne, ou bien en rôtissant son foie sur une
qui la porte l'avantage sur ses ennemis, et de tuile rouge. Boguet n'a pas manqué de re-

chasser l'humeur noire. marquer cette merveille, dans le chapitre 23


de ses Discours des sorciers. L'œil droit d'un
Calvin (Jean), —
l'un des chefs de la ré-
caméléon vivant, arraché et mis dans du lait
forme prétendue, né à Noyon en 4 509. Ce
de chèvre, formait un cataplasme qui faisait
hideux fanatique, qui fit brûler Michel Servet,
tomber les taies des yeux sa queue arrêtait ;

son ami parce qu'il différait d'opinion avec


,
le cours des rivières. On se guérissait de toute
lui, n'était pas seulement hérétique on l'ac- ;
frayeur en portant sur soi sa mâchoire, etc.
cuse encore d'avoir été magicien. « Il faisait — Des curieux assurent encore que cette es-
des prodiges à l'aide du diable, qui quelque- pèce de lézard ne se nourrit que de vent. Mais
fois ne le servait pas bien : car un jour il vou- mange des
il est constant qu'il insectes; et
lut faire croire qu'il ressuscitait un homme comment aurait-il un estomac et tous les or-
qui n'était pas mort; et, après qu'il eut fait ganes de la digestion s'il n'avait pas besoin
,

ses conjurations sur lecompère, lorsqu'il lui de digérer ? Comment encore s'il ne mange ,

ordonna de se lever celui-ci n'en fit rien et, ,


pas produit-ii les excréments dont les an-
, ,

on trouva qu'icelui compère était mort tout ciens faisaient un remède magique pour nuire
de bon pour avoir voulu jouer cette mauvaise à leurs ennemis? —
La couleur du caméléon
comédie *. » Quelques-uns ajoutent que Cal- paraît varier continuellement, selon la ré-
vin fut étranglé par le diable il ne l'aurait ;
flexion des rayons du soleil et la position où
pas volé. l'animal se trouve par rapport à ceux qui le

Cambions, —
enfants des démons. Delancre regardent c'est ce qui l'a fait comparer à
:

etBodin pensent que les démons incubes peu- l'homme de cour. —


Delancre dit, d'un autre
vent s'unir aux démons succubes, et qu'il naît côté, que le caméléon est l'emblème des sor-

de leur commerce des enfants hideux qu'on ciers, et qu'on en trouve toujours dans les

nomme cambions, lesquels sont beaucoup plus lieux où s'est tenu le sabbat.

pesants que les autres avalent tout sans en ,


Camérarius Joachim ), savant allemand
(

être plus gras , et tariraient trois nourrices ,
du seizième siècle. On recherche son traité
qu'ils n'en profiteraient pas mieux 2
. Luther, De la nature et des affections des démons 2 et
qui était très-superstitieux, dit dans ses Col- son Commentaire sur les divinations 3 .

loques que ces enfants-là ne vivent que sept Nous indiquerons aussi, de Barthélemi Came-
ans; il raconte qu'il en vit un qui criait dès rario, Bénéventin, mort en 4 564, un livre sur
4
qu'on qui ne riait que quand il
le touchait, et le feu du Purgatoire les Centuries de Jean ;

arrivait maison quelque chose de si-


dans la Rodolphe Camérarius médecin allemand du ,

nistre —
iMaïole rapporte qu'un mendiant ga- dix-septième siècle, sur les horoscopes et l'a-
licien excitait la pitié publique avec un cam- strologie 5
, et le fatras du même auteur sur
bion qu'un jour un cavalier, voyant ce gueux
; les secrets merveilleux de la nature G Enfin .

très-embarrassé pour passer un fleuve prit ,

par compassion, le petit enfant sur son cheval, 1


Boguet, Discours des sorciers, ch. 14.
mais qu'il était si lourd que le cheval pliait 2 De natura et affectionibus daemonum libri duo.
sous Peu de temps après, le men-
le poids. Lipsiœ, 1576. In-8°.
3 Commentarius de generibus divinationum, acgrsecis
diant, étant pris, avoua que c'était un petit
latinisque earum vocabulis. Lipsiœ, 1576. In-8°.
de démon qu'il portait ainsi et que cet af- , 4 De purgatorio igne. Eomœ, 1557.
freux marmot depuis qu'il le traînait avec
,
5 Horarum natalium centuriœ II pro certitudine as-
trologie. In-4». Francfort, 1607 et 1610.
c Sylloge memorabilium medicinee et mirabilium na-
1
Boguet, Discours des sorciers, ch. 18. turœ arcanorum centurie XII. In-12. Strasbourg, 1624.
2 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, L'édition in-8° de.Tubingue, 1683, est augmentée et
liv. ni, à la fin. Bodin, Démonomanie, liv. n, ch. 7. contient XX centuries.
,

|| — CAP
Éiio Caniérarius, aûtre rêveur de Tubinguc, a pied une caverne où les mauvais génies fai-
écrit en faveur de la magie et des apparitions, saient leur résidence, et les chevaliers qui
des livres que nous ne connaissons pas. s'en approchaient étaient sûrs d'être en-
Campanella (Thomas), homme d'esprit, — chantés s'il ne leur arrivait pas pis.

mais de peu de jugement né dans un bourg , Cancer ou l'Écrevisse, — l'un des signes du
delà Calabre en 1568. Tout jeune, il ren- zodiaque. Voy. Horoscopes.
contra, dit-on, un rabbin qui l'initia dans les Cang-Hy, — dieu des cieux inférieurs
secrets de l'alchimie, et qui lui apprit toutes chez les Chinois. Il a pouvoir de vie et de
les sciences en quinze jours, au moyen de mort. Trois esprits subalternes sont ses mi-
l'Art Notoire. Avec ces connaissances , Cam- nistres : Tankwam qui préside à l'air, dis-
,

panella entré dans l'ordre des dominicains, pense la pluie Tsuikwam


,
; ,
qui gouverne la
se mit à combattre la doctrine d'Aristote alors mer et les eaux, envoie les vents et les orages ;

en grande faveur. Ceux qu'il attaqua l'accu- Teikwam qui préside à la terre , surveille
,

sèrent de magie et il fut obligé de s'enfuir


;
l'agriculture et se mêle des batailles.
de Naples. On s'empara de ses cahiers l'in-
quisition y trouvant des choses répréhensi-
,
;

Canicule, — constellation qui doit son nom


à l'étoile Syrius ou le chien, -et qui domine
bles, condamna l'auteur à la retraite dans un
dans le temps des grandes chaleurs. Les Ro-
couvent: notez que c'était l'inquisition d'État
mains, persuadés de la malignité de ses in-
et que la vraie cause qui lui fit imposer le si-
fluences lui sacrifiaient tous les ans un chien
,
lence dans une sorte de séquestration, fut une
roux. Une vieille opinion populaire exclut les
juste critique qu'il avait faite dans son Traité
remèdes pendant cette saison et remet à la
de la monarchie espagnole des torts graves ,
,

nature la guérison de toutes


maladies. C'est les
de cette nation, dominée alors par un immense
aussi une croyance encore répandue, mais dé-
orgueil. Il sortit de sa retraite par ordre du
nuée de fondement, qu'il est dangereux de se
pape, en 4 626 , et vint à Paris où il mourut ,

baigner dans la canicule.


chez les jacobins de la rue Saint-Honoré, le
24 mai 1639. On a dit qu'il avait prédit l'é- Canîdia, —
magicienne dont parle Horace;
poque de sa mort. Nous ne citerons de ses elle enchantait avec des figures de cire, et par
ouvrages que ses quatre livres Du sens des ses conjurations magiques forçait la lune à des-
choses et de la magie et ses six livres d'a- ' , cendre du ciel.

strologie 2
;
l'auteur,
science, s'efforce d'accorder les idées astrolo-
qui faisait cas de cette
Canterme ,
— nom que donnaient les an-
ciens à certains enchantements et maléfices.
giques avec la doctrine de saint Thomas.

Campetti, —
hydroscope, qui renouvela à
Cantwel ( Axdré-Samuel-Mjchel ), — mort
bibliothécaire des Invalides le 9 juillet 1802.
la fin du dernier siècle les merveilles de la ba-
Il est auteur d'un sot roman intitulé : le Châ-
guette divinatoire. Il était né dans le Tyrol.
teau d'Albert ou le Squelette ambulant , 1 799,
Mais il a fait moins de bruit que Jacques Ay-
2 vol. in- 18.
mar. Au lieu de baguette pour découvrir les
sources, les trésors cachés, et les traces de vol Caous. — Les Orientaux donnent ce nom à
ou de meurtre, il se servait d'un petit pendule des génies malfaisants qui habitent les caver-
formé d'un morceau de pyrite, ou de quelque nes du Caucase.
autre substance métallique suspendue à un fil
qu'il tenait à la main. Ses épreuves n'ont pas
Capnomancie, —
divination par la fumée.
Les anciens en faisaient souvent usage on :

eu de suites.
brûlait de la verveine et d'autres plantes sa-
Camuz Philippe ), (
— romancier espagnol crées on observait la fumée de ce feu, les figu-
;

du seizième siècle. On lui attribue la Vie de res et la direction qu'elle prenait, pour en ti-
z
Robert-le-Diable ,
qui fait maintenant partie rer des présages. On distinguait deux sortes
de la Bibliothèque Bleue. de capnomancie l'une qui se pratiquait en
:

Canate, —
montagne d'Espagne fameuse ,
jetant sur des charbons ardents des grains de

dans les anciennes chroniques il y avait au jasmin ou de pavot, et en observant la fumée


;

qui en sortait; l'autre, qui était la plus usitée,


T
De sensu rerum et magialibri iv, etc. In-1°. Franc- se pratiquait par la méthode que nous avons
fort, 1620.
indiquée elle consistait aussi à examiner la
,

* Astrologicornmlibri vi. ln-4'\Lyon, lf>29. L'édition


de Francfort, 1630, c t plus recherchée, parce qu'elle fumée des sacrifices. Quand cette fumée était
contient un septième livre intitulé De fato syderali vi- légère et peu épaisse, c'était bon augure, On
tando.
J respirait même celte fumée; et l'on pensait
La Vida de Roberto el Diablo. etc. In-fo'io. Séville,
1629. qu'elle donnait des inspirations.
CAQ — 11 ;
— CAR
Cappautas, - grosse pierre brute qui, dans pirent même
de l'horreur, parce qu'ils font
les croyances populaires, guérissait de la fré- des cordes autrefois instruments de mort et
,

nésie ceux qui allaient s'y asseoir ;


elle se d'esclavage Us ne s'alliaient jadis qu'entre
trouvait à trois stades de Gytheum en Laconie. eux, et l'entrée des églises leur était interdite.

Capperon — doyen
de Saint-Maixant. Il
,
Ce préjugé commence à se dissiper; cepen-
dant ils passent encore pour sorciers. Us pro-
publia, dans le Mercure de 1726, une lettre sur
fitent de ce renom ils vendent des talismans :

les fausses apparitions, que Lenglet-Dufresnoy


qui rendent invulnérable, des sachets à l'aide
a réimprimée dans son recueil. ,11 montre peu
desquels on est invincible à la lutte; ils pré-
de crédulité et combat les fausses apparitions
disent l'avenir on croit aussi qu'ils jettent de
avec des raisons assez bonnes. Il conte « qu'un
;

mauvais vents. On les disait, au quinzième siè-


jour il fut consulté sur une femme qui disait
cle, juifs d'origine, et la lèpre du
séparés par
voir chaque jour, à midi un esprit en figure
,

reste des hommes. Le duc de Bretagne Fran- ,


d'homme, vêtu de gris, avec des boutons jau-
çois II , leur avait enjoint de porter une mar-
nes, lequel la maltraitait fort, lui donnant
que de drap rouge sur un endroit apparent
même de grands soufflets ; ce qui paraissait
de leur robe. On assure que le vendredi saint
d'autant plus certain qu'une voisine protes-
tous les caqueux versent du sang par le nom-
tait qu'ayant mis sa main contre la joue de
bril. Néanmoins on ne fuit plus devant les
cette femme dans le temps qu'elle se disait
cordiers mais on ne s'allie pas encore aisé-
maltraitée, elle avait senti quelque chose d'in- ;

visible qui la repoussait. Ayant reconnu que ment avec leurs familles *. N'est-ce pas ici la
cette femme était fort sanguine Capperon même origine que celle des cagoths? Voy. ce
,

mot.
conclut qu'il fallait lui faireune saignée avec ,

la précaution de lui en cacher le motif ce qui ;


Carabia OU Décarabia, — démon peu Connu,
ayant été exécuté, l'apparition s'évanouit. » quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir au som-
— Tous les traits qu'il rapporte et tous ses , bre empire ; car il est roi d'une partie de l'en-
raisonnements prouvent que les vapeurs ou
,
fer, et comte d'une autre province considéra-
l'imagination troublée sont la cause de la plu- ble. Il se présente sous la figure d'une étoile
part des visions. Il admet les visions rap- à cinq rayons. Il connaît les vertus des plan-
portées dans les livres saints ; mais il repousse tes et des pierres précieuses; il domine sur les
les autres assez généralement. Il parle encore oiseaux, qu'il rend familiers. Trente légions
d'une autre femme à qui un esprit venait tirer sont à ses ordres 2 .

toutes les nuits la couverture. Il lui donna, de Caracaila. — L'empereur Caracalla venait
l'eau ,
en lui disant d'en asperger son lit , et d'être tué par un soldat; au moment où l'on
ajoutant que cette eau ,
particulièrement bé- n'en savait encore rien à Rome, on vit un dia-
nite contre les revenants, la délivrerait de sa ble en forme humaine qui menait un âne
vision. Ce n'était que de l'eau ordinaire; mais tantôt au Capitole tantôt au palais de l'em- ,

l'imagination de la vieille femme se rassura pereur, en disant tout haut qu'il cherchait un
par ce petit statagème, qu'elle ne soupçonnait maître. On lui demanda s'il cherchait Cara-
pas, et elle ne vit plus rien. calla; il répondit que celui-là était mort, sur
Capricorne, —
l'un des signes du zodiaque. quoi il fut pris pour être envoyé à l'Empereur,
Voy Horoscopes. et il dit ces mots « Je m'en vais donc, puis-
:

Capucin. —
Ce sont les protestants qui ont qu'il le faut, non à l'empereur que vous pen-

mis à la mode ce stupide axiome superstitieux, sez, mais à un autre » et là-dessus on le con- ;

que la rencontre d'un capucin était un mau- duisit de Rome a Capoue où il disparut r ,

vais présage. Un jour que l'abbé de Voisenon sans qu'on ait jamais su ce qu'il devint 3
.

était allé à la chasse sur un terrain très-gi- Caractères. — La plupart des talismans doi-
boyeux, il aperçut un capucin. Dès ce mo- vent leurs vertus à des caractères sacrés que
ment il ne tira plus un coup juste, et comme les anciens regardaient comme de sûrs pré-
on se moquait de lui « Vraiment, messieurs :
, servatifs. Le fameux anneau de Salomon, qui
dit-il, vous en parlez fort à votre aise; vous soumit les génies à la volonté de ce roi ma-
:

n avez pas rencontré un capucin '. » gicien, devait toute sa force à des caractères
Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nom- — cabalistiques. Origène condamnait chez quel-
més caqueux ou cacoux en Bretagne sont , ,
ques-uns des premiers chrétiens l'usage de
relégués dans certains cantons du pays comme
des espèces de parias on les évite ils ins-
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 146;.
; ;
t. I er , etc.
2 Wierus, in Pseudomonarchiâ dam.
1 M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, etc., t. I,
p. 509. 3 Leloyer, Hist. et dise, des spectres, liv. m, ch. 16.
CAR — m— CAR
certaines plaquesde cuivre ou cTétain chargées fou que de gens de quarante
lui), ayant l'air

de caractères, qu'il appelle des restes de l'idolâ- ans , avec des capes à la grec-
vêtus de soie ,

trie. VEnchiridion du pape Léon III, le Dragon que, des chaussures rouges et des pourpoints
Bouge, les Clavicules de Salomon, indiquent cramoisis; qu'ils se direat hommes aériens,
dans tous leurs secrets magiques des caractè- assurant qu'ils naissaient et mouraient; qu'ils
res incompréhensibles, tracés dans des trian- vivaient trois cents ans; qu'ils approchaient
gles ou dans des cercles, comme des moyens beaucoup plus de la nature divine que les ha-
puissants et certains pour l'évocation des es- bitants de la terre ; mais qu'il y avait néan-
prits. Souvent aussi des sorciers se sont ser- moins enfre eux et Dieu une distance infinie.
vis de papiers sur lesquels ils avaient écrit Ces hommes aériens étaient sans doute des
avec du sang des caractères indéchiffrables ; sylphes. —
Il se vantait d'avoir, comme So-

et ces pièces produites dans les procédures,


, crate, un démon familier, qu'il plaçait entre
ont été admises en preuve de maléfices jetés. les substances humaines et la nature divine,
Nous avons dit quel était le pouvoir des mots et qui se communiquait à lui par les songes.
agla, abracadabra , etc. Voy. Talismans. Ce démon était encore un esprit élémentaire;
Cardan (Jérôme), —
médecin, astrologue car, dans le dialogue intitulé Tetim, et dans
et visionnaire né à Pavie en 1501, mort à
, le traité De libris propriis, il dit que son dé-

Rome en 576. Il nous a laissé une histoire de


'1 mon familier tient de la nature de Mercure et
sa vie où il avoue sans pudeur tout ce qui de celle de Saturne. On sent bien qu'il s'agit
peut tourner à sa honte. Il se fit beaucoup ici des planètes. Il avoue ensuite qu'il doit

d'ennemis par ses mœurs; du reste, ce fut tous ses talents, sa vaste érudition et ses plus
un des hommes habiles de son temps. Il fît heureuses idées à son démon. Tous ses pané-
faire des pas aux mathématiques, et il paraît gyristes, en faisant son éloge, ont fait la part
qu'il était savant médecin mais il avait une
; de son démon familier, ce qu'il est bon de re-
imagination presque toujours délirante, et on marquer pour l'honneur des esprits. Cardan
l'a souvent excusé en disant qu'il était fou. assurait aussi que son père avait été servi
— Il rapporte, dans le livre De vita propria, trente ans par un esprit familier. — Comme
que, quand la nature ne lui faisait pas sentir ses connaissances en astrologie étaient gran-
quelque douleur, il s'en procurait lui-même des, il prédit à Édouard VI, roi d'Angleterre,
en se mordant les lèvres ou en se tiraillant , plus de cinquante ans de règne ,
d'après les
les doigts jusqu'à ce qu'il en pleurât, parce règles de Mais Édouard VI mourut à
l'art.

que, s'il lui arrivait d'être sans douleur, il res- seize ans. —
Ces mêmes règles lui avaient
sentait des saillies et des impétuosités si vio- fait voir clairement qu'il ne vivrait que qua-

lentes, qu'elles lui étaient plus insupportables rante-cinq ans. Il régla sa fortune en consé-
que la douleur même. D'ailleurs, il aimait le quence ce qui l'incommoda fort le reste de
;

mal physique à cause du plaisir qu'il éprou- sa vie. Quand il se vit trompé dans ses calculs,
vait ensuite quand ce mal cessait. Il dit, dans il refit son thème, et trouva qu'au moins il ne

le livre 8 de la Variété des choses, qu'il tom- passerait pas la soixante-quinzième année.
bait en extase quand il voulait , et qu'alors La nature s'obstina encore à démentir l'astro-
son âme
voyageait hors de son corps, qui de- logie.Alors pour soutenir sa réputation et ,

meurait impassible et comme inanimé. Il — ,

ne pas supporter davantage la honte d'un dé-


prétendait avoir deux âmes, l'une qui le portait menti (car il pensait que l'art est infaillible et
au bien et à la science, l'autre qui l'entraînait que lui seul avait pu se tromper), on assure
au mal et à l'abrutissement. 11 assure que, — que Cardan se laissa mourir de faim. « De —
dans sa jeunesse, il voyait clair dans les ténè- tous les événements annoncés par les astro-
bres; que l'âge affaiblit en lui cette faculté; logues, je n'en trouve qu'un seul qui soit réel-
que cependant, quoique vieux, il voyait en- lement arrivé tel qu'il avait été prévu dit un ,

core en s'éveillant au milieu de la nuit, mais écrivain du dernier siècle *, c'est la mort de
moins parfaitement que dans son âge tendre. Cardan qu'il avait lui-même prédite et fixée
,

Il avait cela de commun, disait-il, avec l'em- ,à un jour marqué. Ce grand jour arriva Car- :

pereur Tibère il aurait pu dire aussi avec les


; dan se portait bien mais il fallait mourir ou
;

hiboux. —Il donnait dans l'alchimie, et on avouer l'insuffisance et la vanité de son art :

voit, dans ses ouvrages, qu'il croyait à la ca- Cardan ne balança pas; et, se sacrifiant à la
bale et qu'il faisait grand cas des secrets ca- gloire des astres, il se tua lui-même il n'a- ;

balistiques. Il dit quelque part que, la nuit vait pas expliqué s'il périrait par une maladie
du 13 au 14 août 4491, sept démons ou es- ou par un suicide. » Il — faut rappeler, parmi
prits élémentaires de haute stature apparu- les extravagances astrologiques de Cardan,
rent à Fazio Cardan, son père (presque aussi 1
Essai sur les superstitions ,
par M. L. C. In-12.
CAR — 11 5 — CAR
qu'il avait dressé l'horoscope de notre Sei- plus jeune de ses fils : « Souviens-toi d'aver-
gneur Jésus-Christ qu'il publia en Italie et ,
tir ton père que je reviendrai dans trois jours,

en France. Il trouvait, dans la conjonction de et qu'il se tienne prêt.... » Quand l'archi-

Mars avec la Lune au signe de la Balance, le diacre rentra chez lui, son fils lui raconta
genre de mort de Jésus et le mahométisme ;
cette circonstance. Carlostad épouvanté se mit
dans la rencontre de Saturne avec le Sagit- au lit et trois jours après le 25 décembre
, ,

taire, à l'époque de la naissance du Sauveur. 1541, le diable, dit-on, 4ui tordit le cou. L'é-
— En somme, Jérôme Cardan fut un homme vénement eut lieu dans la ville de Bâle '.
superstitieux, qui avait plus d'imagination Carmentes —
déesses tutélaires des en-
.

que de jugement. Ce qui est bizarre, c'est que, fants chez les anciens. Elles ont été rem-
croyant à tout, il croyait mal aux seules mer- placées par nos fées ; elles présidaient à la
veilles vraies, celles que l'Église admet. On naissance, chantaient l'horoscope du nouveau
le poursuivit comme magicien et comme im- né, lui faisaient un don , comme les fées en
pie... — Delancre dit qu'il avait été bien in- Bretagne, et recevaient de petits présents de
struit en la magie par son père, lequel avait la part des mères. Elles ne se montraient pas;
eu trente ans un démon enfermé dans une cependant on leur servait à dîner dans une
cassette et discourait avec ce démon sur
,
chambre isolée pendant les couches. On don-
toutes ses affaires \ On trouve donc des — nait aussi, chez les Romains, le nom de car-
choses bizarres dans presque tous ses ouvra- mentes (ou charmeuses) aux devineresses cé-
ges, qui ont été recueillis en 10 volumes in- lèbres et l'une des plus fameuses prophé-
;

folio, principalement dans les livres de la tesses de l'Arcadie s'est nommée Carmentie.
Variété des choses de la Subtilité des dé- , On l'a mise dans le ci-devant Olympe.
mons, etc., et dans son Traité des Songes 2.
Voyez Métoposcopie.
Carnaval ,
— MASCARADES.
VOlJ.

Carenus (Alexandre),— auteur d'un Traité


Carnoet , — Voy. TrOU DU CHATEAU.
des songes 3 publié
à Padoue en 1575.
Camus, — devin d'Acarnanie, qui, ayant
prédit de grands malheurs sous le règne de
Carlostad (André Bodenstein de), ar- — Codrus , fut tué à coups de flèches comme
chidiacre de Wurtemberg , d'abord parlisan ,
magicien. Apollon envoya la peste pour ven-
ensuite ennemi de Luther. Il nia la présence
ger sa mort.
réelle de notre Seigneur Jésus-Christ dans
l'eucharistie, après avoir gagé avec Luther, le Caron. — La
fable du batelier des enfers

verre à la main, qu'il soutiendrait cette er- vint, dit-on, de Memphis, en Grèce. Fils de
reur. Il abolit la confession auriculaire, le l'Érèbe et de la Nuit, il traversait le Cocyte

précepte du jeûne et l'abstinence des viandes. et l'Achéron dans une barque étroite. Vieux
et avare il n'y recevait que les ombres de
Il fut le premier prêtre qui se maria publique- ,

ment en Allemagne; permit aux moines de il


ceux qui avaient reçu la sépulture et qui lui
sortir de leurs monastères et de renoncer à payaient le passage. Nul mortel pendant sa
leurs vœux; il fit de mauvais ouvrages, au- vie ne pouvait y entrer à moins qu'un ra- ,

jourd'hui méprisés de toutes les sectes, et voici meau d'or consacré à Proserpine ne lui servît
ce qui lui arriva, selon le récit de Mostrovius :
de sauf-conduit; et le pieux Énée eut besoin
— Le jour que Carlostad prononça son der- que la sibylle lui en fît présent lorsqu'il voulut
nier prêche, un grand homme noir, à la figure pénétrer dans le royaume de Pluton. Long-
triste et décomposée, monta après lui dans la temps avant passage de ce prince, le nocher
le

chaire et lui annonça qu'il irait le voir dans infernal avait été exilé pendant un an dans
trois jours. D'autres disent que l'homme noir un lieu obscur du Tartare, pour avoir reçu
se tint devant lui, le regardant d'un œil fixe, dans son bateau Hercule, qui ne s'en était pas
à quelques pas de la chaire. Quoi qu'il en soit, muni. —
Mahomet, dans le Koran, chap. 28,
Carlostad se troubla il dépêcha son prêche, ;
a confondu Caron avec Coré que la terre ,

et, au sortir de la chaire, il demanda si l'on engloutit lorsqu'il outrageait Moïse. L'Arabe
connaissait l'homme noir qui venait de sortir Mutardi, dans son ouvrage sur l'Égypte, fait
du temple mais personne que lui ne l'avait
;
de Caron un oncle du législateur des Hébreux,
vu. —
Cependant le même fantôme noir était et ,comme il soutint toujours son parti avec
allé à la maison de Carlostad, et avait dit au zèle, ce dernier, dit-il, lui apprit l'alchimie et

1 1 Cette anecdote se trouve encore dans les écrits de


L'Incrédulité et mécréance, etc., traité 1 er p. 13, etc.
,

Luther, et dans un livre du dernier siècle, intitulé La :


2 Hicronymus Cardan us , De Somniis. Baie, 1685.
Babylone démasquée ou Entretiens de deux dames ,
In-4«.
hollandaises sur la religion catholique romaine, etc.,
3
Alex. Carenus, De Somniis, in-4°, Patavii, 1575. p. 226; édition de Pépie, rue St-Jacques, à Paris, 1727.
, ,

CAR — 1 1G — CAR
le grand œuvre
secret du avec lequel il , poteaux que les sorciers ou les démons en-
amassa des sommes immenses. Hérodote nous touraient de lanternes pendant la fête noc-
a indiqué l'opinion la plus sûre Caron fut : turne. On fait remarquer aussi sur le sol un
d'abord un simple prêtre de Vulcain mais , large rond où les démons dansaient, et l'on
qui sut usurper en Ëgypte le souverain pou- prétend que l'herbe ne peut y croitre. C'est
voir. Parvenu au faîte de la grandeur, il aussi dans un carrefour qu'on tue la poule
voulut rendre son nom immortel par un ou- noire pour évoquer le diable.
vrage qui pût attester, dans tous les siècles
l'étendue de sa magnificence. Le tribut qu'il
Cartagra ,
— région du purgatoire ,
voy.
Gamygyn
imposa sur les inhumations lui fournit des
trésors qui facilitèrent son dessein. C'est à lui
Cartes, — VOXJ. CARTOMANCIE.
que l'on doit ce labyrinthe égyptien, qui fut Carticeya ,
— divinité indienne qui com-
d'abord le palais qu'il se plut à habiter, et mande armées des génies et des anges;
les

qui passa ensuite dans l'opinion vulgaire pour i! a six faces, une multitude d'yeux et un
faire partie des enfers ». grand nombre de bras armés de massues, de
Carpentier (Richard), bénédictin an- — sabres et de flèches. Il se prélasse à cheval
sur un paon.
glais du dix-septième siècle. On recherche de
lui 1° la Ruine de l'Antéchrist, in-8°, 1648
:
;
Cartomancie, — divination par les cartes
2° Preuves que V astrologie est innocente, utile plus connue sous le nom d'art de tirer les

et précise, in-4°, Londres, 1653. 11 a publié cartes. — On dit que les cartes ont. étéinven-
une autre singularité intitulée « la Loi parfaite tées pour amuser la folie de Charles VI; mais
de Dieu, sermon qui n'e?t pas sermon, qui a Alliette, qui écrivit sous le nom d'Ettéilla,

été prêché et n'a pas été prêché, 1652. » nous assure que la cartomancie, qui est l'art

Carpocratiens, — hérésiarques du deuxiè- de tirer les cartes, est bien plus ancienne. Il
fait remonter cette divination au jeu des bâ-
me pour chef Car-
siècle, qui reconnaissaient
tons d'Alpha (nom d'un Grec fameux exilé en
pocrate, professeur de magie, selon 1 expres-

Espagne, dit-il). Il ajoute qu'on a depuis per-


sion de saint Irénée. Ils contaient que les anges
venaient de Dieu par une suite de générations
fectionné cette science merveilleuse. On s'est
servi de tablettes peintes et quand Jacque-
infinies, que lesdits anges s'étaient avisés un
;

min Gringoneur offrit les cartes au roi Charles


jour de créer le monde et les âmes, lesquelles
le Bien-Aimé, il n'avait eu que la peine de
n'étaient unies à des corps que parce qu'elles
transporter sur des carions ce qui était connu
avaient oublié Dieu. Carpocrate prétendait
des plus habiles devins sur des planchettes.
que tout ce que nous apprenons n'est que ré-
Ilest fâcheux que cette assertion ne soit ap-
miniscence. Il regardait les anges comme nous
les démons il les disait ennemis de l'homme,
;
puyée d'aucune preuve. — Cependant les

et croyait leur plaire en se livrant à toutes


cartes à jouer sont plus anciennes que Char-
les VI. Boissonade a remarqué que le petit
ses passions et aux plaisirs les plus honteux.
Jehan de Saintré ne fut honoré de la faveur
Ses disciples cultivaient la magie; faisaient
de Charles V que parce qu'il ne jouait ni aux
des enchantements et avaient des secrets mer-
cartes ni aux dés. Il fallait bien aussi qu'el-
veilleux. Ilsmarquaient leurs sectateurs à
les fussent connues en Espagne lorsque Al-
l'oreille et commettaient beaucoup d'abomi-
phonse XI les prohiba en 1332, dans les sta-
Cette secte ne subsista pas long-'
nations.
temps.
tuts de l'ordre de la Bande. Quoi qu'il en —
soit, les cartes, d'abord tolérées, furenten-
Carra ( Jean-Louis ),
— aventurier du der- suite condamnées; et c'est une opinion encore
nier siècle, qui se fit girondin, et fut guillotiné subsistante dans l'esprit de quelques person-
en 4793. Il a laissé, entre outres ouvrages, nes crédules que qui tient les cartes tient le
un Examen physique du magnétisme animal, diable. C'est souvent vrai, au figuré. « Ceux
in-8°, 1785. qui font des tours de cartes sont sorciers le
Carrefours , — lieux où quatre chemins plus souvent, » dit Boguet. Il cite un comte

aboutissent. C'est aux carrefours que les sor- italien qui vous mettait en main un dix de
ciers se réunissent ordinairement pour faire pique, et vous trouviez que c'était un roi de
le sabbat. On montre encore dans , plusieurs cœur *. Que dirait-il des prestidigitateurs ac-
provinces, quelques-uns de ces carrefours re- tuels?' —
Il n'est pas besoin de dire qu'on a

doutés, au milieu desquels étaient placés des trouvé tout dans les cartes , histoire , sa-
béisme, sorcellerie. Il y a même eu des doc-
1 Delandine, Enfers des peuples anciens ch. 9. Voyez,
dans les Légendes infernales, la légende de Caron, d'a-
1
près Paul Lucas. Discours des sorciers, ch. 53.
CAR — 11 1 — CAR
tes qui virent toute l'alchimie dans les figures; faires; le huit, mauvaise nouvelle; s'il es fc

et certains cabalistes ont prétendu y recon- suivi du sept de carreau, pleurs et discordes.

naître les esprits des quatre éléments. Les Le sept, querelles et tourments, à moins qu'il

carreaux sont les salamandres, les cœurs ne soit accompagné de cœurs. — Les huit trè-

sont les sylphes , les trèfles les ondins, et les fles. — Le roi est un homme juste, qui vous
piques gnomes. Arrivons à l'art de tirer
les rendra service; s'il renversé, ses inten-
est

les cartes. —
On se sert, pour la cartomancie, tions honnêtes éprouveront du retard. La
d'un jeu de piquet de trente deux cartes. Les dame est une femme qui vous aime; une
cœurs et les trèfles sont généralemeut bons femme jalouse, si elle est renversée. Le valet
et heureux les carreaux et les piques, géné-
;
promet un mariage qui ne se fera pas sans
ralement mauvais et malheureux. Les figures embarras préliminaires s'il est renversé. ,

en cœur et en carreau annoncent des per- L'as, gain, profit, argent à recevoir; le dix,
sonnes blondes ou châtaines - blondes les ; succès; s'il est suivi du neuf de carreau, re-
figures en pique ou en trèfle annoncent des tard d'argent ;
perte s'il se trouve à côté du
personnes brunes ou châtaines-brunes. Voici neuf de pique. Le neuf, réussite; le huit, es-
ce que signifie chaque carte Les huit : — pérances fondées; le sept, faiblesses; et s'i l
cœurs. — Lede cœur est un homme ho-
roi est suivi d'un neuf, héritage. rois de — Quatre
norable qui cherche à vous faire du bien: s'il suite, honneurs; de suite, succès trois rois
est renversé, il sera arrêté dans ses loyales dans le commerce deux rois de suite bons ; ,

intentions. La dame de cœur une femme est conseils. —


Quatre dames de suite, grands
honnête et généreuse de qui vous pouvez at- caquets; trois dames de suite, tromperies;
tendre des services ;
si elle est renversée, c'est deux dames de suite, amitié. Quatre valets —
le présage d'un retard dans vos espérances. de suite, maladie contagieuse trois valets de ;

Le valet de cœur
un brave jeune homme,
est suite, paresse deux valets de suite, dispute.
;

souvent un militaire qui doit entrer dans,


— Quatre as de suite, une mort trois as de ;

votre famille et cherche à vous être utile il ;


suite, libertinage deux as de suite, inimitié.
;

en sera empêché s'il est renversé. L'as de — Quatre dix de suite, événements désa-
cœur annonce une nouvelle agréable; il re- gréables; trois dix de suite, changement
présente un festin ou un repas d'amis quand d'état deux dix de suite perte.
; Quatre ,

il se trouve entouré de figures. Le dix de cœur neuf de suite, bonnes actions; trois neuf de
est une surprise qui fera grande joie le neuf ;
suite, imprudence deux neuf de suite, argent. ;

promet une réconciliation il resserre les liens , — Quatre huit de suite, revers; trois huit de
entre les personnes qu'on veut brouiller. Le suite, mariage; deux huit de suite, désagré-
huit promet de la satisfaction de la part des ments. —
Quatre sept de suite, intrigues;
enfants. Le sept annonce un bon mariage. — trois sept de suite, divertissements; deux sept
Les huit carreaux. —
Le roi de carreau est un de suite, petites nouvelles. H y a plusieurs —
hommeassez important qui pense à vous nuire, manières de tirer les cartes. La plus sûre mé-
et qui vous nuira s'il est renversé. La dame est thode est de les tirer par sept, comme il suit :

une méchante femme qui dit du mal de vous —


Après avoir mêlé le jeu, on compte les
et qui vous fera du mal si elleest renversée. — cartes de sept en sept, mettant de côté la
Le valet est un militaire ou un messager qui septième de chaque paquet. On répète l'opé-
vous apporte des nouvelles désagréables, et ration jusqu'à ce qu'on ait produit douze car-
s'ilest renversé des nouvelles fâcheuses l'as ;
te*. Vous étendez ces douze cartes sur la table
de carreau annonce une lettre: le dix de car- les unes à côté des autres, selon l'ordre dans
reau, un voyage nécessaire et imprévu le ;
lequel elles sont venues ensuite vous cher- ;

neuf, un retard d'argent; le huit, des démar- chez ce qu'elles signifient ,


d'après la valeur
ches qui surprendront de la part d'un jeune' et la position de chaque carte, ainsi qu'on l'a
homme; un gain de loterie; s'ilse trouve
le sept, expliqué. — Mais avant de tirer les cartes, il
avec de carreau, bonnes nouvelles.
l'as Les — ne faut pas oublier de voir personne pour si la
huit piques. —
Le roi représente un commissaire On prend
laquelle on les lire est sortie du jeu.
ou un homme de robe avec qui on aura des dis- ordinairement le roi de cœur pour un homme
grâces; s'il est renversé, perte d'un procès. La blond marié le roi de trèfle pour un homme
;

dame est une veuve qui cherche à vous trom- brun marié la dame de cœur pour une dame
;

per ; si elle est renversée , elle vous trompera. ou une demoiselle blonde la dame de trèfle ;

Le valet est un jeune homme qui vous causera pour une dame ou une demoiselle brune; le
des désagréments s'il est renversé, présage
;
valet de cœur pour un jeune homme blond ;
de trahison. L'as, grande tristesse; le dix, le valet de trèfle pour un jeune homme brun.

emprisonnement; le neuf, retard clans les af- — Si la carte qui représente la personne pour
CAR - i 8 — CAS
qui on opère ne se trouve pas dans les douze tière. Citonsencore l'Oracle parfait, ou nou-
cartes que le hasard vient d'amener, on ia velle manière de tirer les cartes au moyen ,

cherche dans le reste du jeu et on la place , de laquelle chacun peut faire son horoscope.
simplement à la fin des douze cartes sorlies. In-12, Paris, 1802. Ce petit livre, de 92 pages,
Si au contraire elle s'y (rouve, on fait tirer à est dédié au beau sexe par Albert d'Alby.
la personne pour qui on travaille (ou I on tire L'éditeur est M. de Valembert, qui fait ob-
soi-même si c'est pour soi que l'on consulte) server que YOracle parfait devait paraître
une treizième carte à jeu couvert. On la place en 1788 ;
que la censure l'arrêta, et qu'on n'a
pareillement à la fin des douze cartes étalées, pu qu'en 4 802 en gratifier le public. La mé-
parce qu'il est reconnu qu'il faut treize car- thode de ce livre est embrouillée ; l'auteur
tes. — Alors on explique sommairement l'en- veut qu'on emploie vingt cartes disposées par
semble du jeu. Ensuite, en partant
de la carte cinq, de cette manière une au milieu, une
:

qui représente la personne pour qui on inter- au-dessus, une au-dessous, et une de chaque
roge le sort on compte sept et on s'arrête
,
;
côté, ce qui fait une croix. La carte d'en haut
on interprète la valeur intrinsèque et relative signifie ce qui doit arriver bientôt, la carte
de la carte sur laquelle on fait station on ;
de droite arrivera dans un temps plus éloi-
compte sept de nouveau , et de nouveau on gné la carte d'en bas est pour le passé la
; ;

explique parcourant ainsi tout le jeu à plu-


,
carte de gauche pour les obstacles; la carte
sieurs reprises jusqu'à ce qu'on revienne pré- du milieu pour le présent. On explique ensuite
cisément à la carte de laquelle on est parti. d'après les principes. —
Mais c'en est assez
On doit déjà avoir vu bien des choses. Il reste sur la cartomancie. Nous n'avons voulu rien
cependant une opération importante. On — laisser ignorer de cette science aux dames
relève les treize cartes on les mêle on fait
, , qui consultent leurs cartes et qui doutent de
couper de la main gauche. Après quoi on les Dieu. Cependant nous les prierons d'observer
dispose à couvert sur six paquets, 0 pour la '1 que ce grand moyen de lever le rideau qui
personne, 2° pour la maison ou son intérieur, nous cache l'avenir s'est trouvé quelquefois
3° pour ce qu'elle attend, 4° pour ce qu'elle en défaut. Une des plus fameuses tireuses de
n'attend pas, 5° pour sa surprise, 6° pour sa cartes fit le jeu pour un jeune homme sans
consolation ou sa pensée. —
Les six premières barbe qui s'était déguisé en fille. Elle lui
cartes ainsi rangéessur la table, il en reste sept promit un époux riche et bien fait, trois gar-
dans la main. On fait un second tour, mais çons, une fille, des couches laborieuses mais
on ne met une carte que sur chacun des cinq sans danger. — Une dame qui commençait à
premiers paquets. Au troisième tour, on pose hésiter dans sa confiance aux cartes se fit un
les deux dernières cartes sur les numéros 1 jour une réussite pour savoir si elle avait dé-
et 2. On découvre ensuite successivement cha- jeuné. Elle était encore à table devant Jes
que paquet, et on l'explique en commençant plats vides, elle avait l'estomac bien garni ;

par premier, qui a trois cartes ainsi que le


le toutefois les cartes lui apprirent qu'elle était
deuxième, et finissant par le dernier qui n'en à jeun, car la réussite ne put avoir lieu.
a qu'une. —
Voilà tout entier l'art de tirer les Casaubon (Médéric), fils d'IsaacCasaubon.
cartes; les méthodes varient, mais les résul- né à Genève en 1599. On a de lui un Traité
tats ne varient pas. —
Nous terminerons en de l'Enthousiasme, publié en 1655; in-8°. Cet
indiquant la manière de faire ce qu'on appelle ouvrage est dirigé contre ceux qui attribuent
la réussite. — Prenez également uu jeu de l'enthousiasme à une inspiration du ciel ou à.
piquet de trente-deux cartes. Faites huit pa- une inspiration du démon. On lui doit aussi
quets à couvert de quatre cartes chacun, et un Traité de la crédulité et de l'incrédulité
les rangez sur la table ; retournez la première dans les choses spirituelles, in-8°, Londres.
carte de chaque paquet; prenez les cartes de 670. réalité des esprits, des
4 Il y établit la
la même valeur deux par deux, comme deux merveilles surnaturelles et des sorciers K
dix, deux rois, deux as, etc., en retournant Nous citerons aussi sa Véritable et fidèle rela-
toujours à découvert sur chaque paquet la tion de ce qui s'est passé entre Jean Dée et
carte qui suit celle que vous enlevez. Pour que certains esprits, 1659, in-fol.
la réussite sôit

riez
assurée, il faut que vous reti-
de la sorte toutes les cartes du jeu, deux
Casi. — C'est le nom d'une pagode fameuse
sur les bords du Gange. Les Indiens recher-
par deux, jusqu'aux dernières. On fait ces — chent le privilège d'y mourir: car Eswara ne
réussites pour savoir si un projet ou une af-
manque pas de venir souffler dans leur oreille
faire aura du succès, ou si une chose dont on
doute a eu lieu. —
Allictte, sous le nom cî'Et-
1
Cet ouvrage est connu aussi sous le titre de Traité
des esprits, des sorciers et des opérations surnaturelles,
tfilla. a publia un \of\a Iraité suj celte niu- en ajiRlaii. Londres, 1^72. In 8°.
CAS — 1 19 — CAS
droite au dernier instant pour les purifier : Castaigne (Gabriel de )
,
— aumônier de
aussi ont-ils grand soin de mourir couchés Louis XIII, cordelier et alchimiste. On lui
sur le côté gauche. doit l'Or potable qui guérit de tous maux,
Casmann (Othon), — savant Allemand du in-8°, rare, Paris, Paradis terrestre,
4 61 1 ; le

seizième siècle , auteur d'un livre sur les an- où l'on trouve la guérison
de toute maladie
ges, intitulé : Angélographie *. Il a laissé un in-8°, Paris, 1 61 5 « le Grand Miracle de na-
;

autre ouvrage, que quelques personnes re- » ture métallique, que, en imitant icelle sans

cherchent, sur les mystères de la nature 2 .


» sophistiqueries, tous les métaux imparfaits
Cassandre, —
fille de Priam, à qui Apol-
»

»
se rendront en or
rables se guériront,
fin,

»
et les
in-8°, Paris, 1615.
maladies incu-

lon donna le don de prophétie pour la


séduire; mais quand elle eut le don, elle ne Castalie, — fontaine d'Antioche, au fau-
voulut pas répondre à la tendresse du dieu bourg de Daphné; eaux étaient prophé-
ses
,

et le dieu discrédita ses pronostics. Aussi, tiques, et il y avait auprès un oracle célèbre
quoique grande magicienne et sorcière qui prédit l'empire à Adrien. Quand cet ora-
comme dit Delancre 3 elle ne put pas empê-
,
cle fut accompli , Adrien
boucher la fon- fit

cher la ruine de Troie, ni se garantir elle- taine avec de grosses pierres, de peur qu'un

même des violences d'Ajax. autre n'y allât chercher la même faveur qu'il

Cassius de Parme. de — Antoine venait avait obtenue.

perdre la bataille d'Actium; Cassius de Par- Castellinî (Luc), — frère prêcheur du dix-
me, qui avait suivi son parti, se retira dans septième siècle. On trouve des prodiges in-
Athènes là, au milieu de la nuit, pendant
:
fernaux dans son Traité des miracles l
.

que son esprit s'abandonnait aux inquiétudes, Castor. —


C'est une opinion très-ancienne
il vit paraître devant lui un homme noir qui et très-commune que le castor se mutile pour
lui lui demanda
parla avec agitation. Cassius se dérober à la poursuite des chasseurs. On
qui il était. « démon *, » répondit
Je suis ton la trouve dans les hiéroglyphes des Égyp-
le fantôme. Ce mauvais démon était la peur. tiens, dans les fables d'Ésope, dans Pline,
A cette parole, Cassius s'effraya et appela dans Aristote, dans Élien mais cette opinion ;

ses esclaves; mais le démon disparut sans se n'en est pas moins une erreur aujourd'hui
laisser voir à d'autres yeux. Persuadé qu'il reconnue 2 .

rêvait, Cassius se recoucha et chercha à se Castor et Pollux fils de Jupiter et de


, —
rendormir; aussitôt qu'il fut seul, le démon Léda. On en fit des dieux marins; et, dans
reparut avec les mêmes circonstances. Le l'antiquité, les matelots appelaient feux de
Romain n'eut pas plus de force que d'abord; Castor et Pollux ce que nos marins appellent
il se fit apporter des lumières, passa le reste feux Saint-Elme. Les histoires grecques et
de au milieu de ses esclaves, et n'osa
la nuit romaines sont remplies d'apparitions de Cas-
plus rester seul. Il fut tué peu de jours après tor et Pollux. Pendant que Paul-Émile faisait
par l'ordre du vainqueur d'Actium 3 .
la guerre en Macédoine, Publius Vatinius,
Casso ou Alouette. — On assure que celui revenant à Rome, vit subitement devant lui
qui portera sur soi les pieds de cet oiseau ne deux jeunes gens beaux et bien faits, montés
sera jamais persécuté au contraire, il aura ; sur des chevaux blancs, qui lui annoncèrent
toujours l'avantage sur ses ennemis. Si on que le roi Persée avait été fait prisonnier la
enveloppe l'œil droit de l'alouette dans un veille. Vatinius se hâta de porter au sénat
morceau de la peau d'un loup, l'homme qui cette nouvelle mais les sénateurs croyant
; ,

le portera sera doux, agréable et plaisant; et déroger à la majesté de leur caractère en


si on le met dans du vin, on se fera chérir de s'arrêtant à des puérilités, firent mettre cet
la personne qui le boira 6 .
homme en prison. Cependant, après qu'on
Cassotide, — fontaine de Delphes, dont la eut reconnu par les lettres du consul que le
vertu prophétique inspirait des femmes qui y roi de Macédoine avait été effectivement pris
rendaient des oracles. ce jour-là, on tira Vatinius de sa prison, on
1 Angelographia, 2 vol. in-8°. Francfort, 1597 et 1605. le gratifia de plusieurs arpents de terre, et
2 Nucleus mysteriorum naturœ enucleatus, 1605. le sénat reconnut que Castor et Pollux étaient
In-8°.
3
Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc., les protecteurs de la république. Pausanias
liv.v r dise. 3. , explique cette apparition : « C'étaient, dit-il,
L'original porte cacodaimon mauvais démon. Chez
*
les Grecs daimon simplement signifiait un ijénic, une
,
des jeunes gens revêtus du costume des Tyn-
bonne intelligence, comme le démon de Socrate et quel- dandes, et apostés pour frapper les esprits
ques autres.
Valère-Maxime, et d'autres anciens. 1
Tractatus de miraculis. Rome, 1629.
'>>
Admirables secrets d'Albert-le-Grand, 2 Voyez Brown, Des Erreurs populaires, liv. m, ch. 4.
CAT — 1 20 — CAT
crédules. » — On sait que Castor et Poilux guerres, et Frédéric, petit-fils du défunt Fer-
sont devenus la constellation des Gémeaux. dinand, vit brûler, saccager et ruiner son
Castro (Alphonse de), célèbre prédica- — pays 1
.

teur né au Pérou, et l'un des plus savants Catalonos OU Babailanas prêtresses , —


théologiens du seizième siècle, auteur d'un li- des Indiens des îles Philippines. Elles lisent
vre contre les magiciens l
.
dans l'avenir et prédisent ce qui doit arriver.
Catabolïques. — Ceux qui ont lu les an- « Quand elles ont annoncé le bien ou le mal à
ciens savent que les démons catabolïques ceux qui les consultent elles font le sacrifice ,

sont des démons qui emportent les hommes, d'un cochon qu'elles tuent d'un coup de lance
les tuent, brisent et fracassent, ayant cette et qu'elles offrent en dansant aux mauvais

puissance sur eux. De ces démons cataboli- génies et aux âmes des ancêtres, lesquelles,
ques, Fulgence raconte qu'un certain Cam- dans l'opinion des Indiens, fixent leurs de-
pester avait écrit un livre particulier qui meures sous de grands arbres.
nous servirait bien si nous l'avions, pour ap- Gatanancèe, —
plante que les femmes de
prendre au juste comment ces diables trai- Thessalie employaient dans leurs philtres.
taient leurs suppôts les magiciens et sor- On en trouve la description dans Dioscoride.
ciers 2 »

Catalde,
.

— évêque de Tarente au sixième Cataramonachia anathème que fulmi-,



nent papas grecs. Dans quelques îles de
les
siècle. Mille ans après sa mort, on raconte
la Morée, on dit que cet anathème donne une
qu'il montra une nuit, en vision, à un
se
fièvre lente dont on meurt en six semaines.
jeune Tarentin du seizième siècle et le

,

chargea de creuser en un lieu qu'il lui dési- Catelan ( Laurent ), pharmacien de


Montpellier au dix-septième siècle. a laissé
gna, où il avait caché et enterré un livre Il

écrit de sa main pendant qu'il était au monde,


une Histoire de la nature, chasse, vertus,

qu'incontinent qu'il aurait recouvré propriétés et usages de la Licorne, Montpel-


lui disant
ne manquât point de le faire tenir lier, in-8°, 4 624, et un Rare et curieux Dis-
ce livre il

roi. d'Aragon et de Naples, qui


cours de la plante appelée Mandragore, Paris,
à Ferdinand ,

in -12,<1639.
régnait alors. Le jeune enfant n'ajouta point
de foi d'abord à cette vision, quoique Catalde Catharin (Ambroise), dominicain de —
lui apparût presque tous les jours pour Florence, mort à Rome en 1553, auteur d'une
l'exhorter à faire ce qu'il lui avait ordonné. réfutation des prophéties de Savonarole 2 et ,

Enfin, un matin avant le jour, comme il fai- d'un Traité de la mort et de la résurrection.
sait sa prière, il aperçut Catalde en habit Catherine, — VOy. REVENANTS.
épiscopal, lequel lui dit avec une contenance
sévère : « Tu n'as pas tenu compte de cher-
Catherine ( SAINTE ) ,
— VOIJ . INCOMBUSTI-
BLES.
cher que je t'avais enseigné et de
le livre
l'envoyer au roi Ferdinand; sois assuré, cette Catherine de Médicis, — célèbre reine de
fois pour toutes, que si tu n'exécutes ce que France, née à Florence en 4 54 9, morte en
je t'ai commandé, adviendra mal. »il t'en — 4 589. Elle croyait non-seulement à l'astrologie

L'enfant, intimidé de ces menaces, publia sa judiciaire, mais encore à la magie. Elle por-
vision à tout le monde; le peuple ému s'as- tait, dit-on, sur l'estomac une peau de vélin,

sembla pour l'accompagner au lieu marqué. d'autres disent d'un enfant égorgé, semée de
On y arriva, on creusa la terre on trouva un ;
figures,de lettres et de caractères de différen-
petit coffre de plomb si bien clos et cimenté tes couleurs. Elle était persuadée que cette

que Tair n'y pouvait pénétrer, et au fond du peau avait la vertu de la garantir de toute

coffre se vit le livre où toutes les misères qui entreprise contre sa personne. Elle fit faire la

devaient arriver au royaume de Naples, au colonne de l'hôtel de Soissons 3 dans le fût ,

roi Ferdinand et à ses enfants, étaient dé- de laquelle il y avait un escalier à vis,

crites en forme de prophétie, lesquelles ont pour monter à la sphère armillaire qui est
eu lieu car Ferdinand fut tué au premier au haut. Elle allait y consulter les astres
;

conflit; son fils Alphonse, à peine maître du avec ses astrologues dont elle , s'entoura

trône, fut mis en déroute par ses ennemis, et e,


'
Histoires prodigieuses de Boistuaux, tom. i \
mourut en exil. Ferdinand, le puîné, périt mi- a
Discorso contra la dottrinaele profetie di Girolàmo
sérablement à la lleur de son Age, accablé de Savonaroln, da Ambrosio Catarinb polito. ln-8". Venise,
1548. Thomas Neri combattit cet ouvrage dans un livre
intitulé Apologia di Tomaso Non. in dil'esa délia doL-
:

1
De Sortilegis ac nialeticis ,
corumqui; punitione. trina di Girolàmo Savonarola. ln-8». Florence', l'6-l.
r
Lyon, l. )6b. ;i
Cette colonne existe encore à Paris; elle est adossée
2 Leloycr, Hist. et dise, des spectres, liv. vu, ch. 4. à la Halle au blé.
— ,

CAT — ï: t
— CAU
jusqu'à sa mort. — Cette princesse, que l'on divination, autrefois fort répandue. Quand on
a fort noircie, eut beaucoup d'ennemis, sur- a une perte, essuyé un vol, ou reçu quel-
fait

tout les réformés, qui n'ont reculé devant ques coups clandestins dont on veut connaître
aucune calomnie. Ils la représentent comme l'auteur, on va trouver le sorcier ou devin,
ayant été très-versée dans l'art d'évoquer lès qui introduit le consultant dans une chambre
esprits; ils ajoutent que sur la peau d'enfant à demi éclairée. On n'y peut entrer qu'avec
qu'elle portait au cou, étaient représentées un bandeau sur les yeux. Le devin fait les
plusieurs divinités païennes. Étant tombée évocations, et le diable montre dans un miroir
gravement malade, elle remit, disent-ils, à le passé, le présent et le futur. Malgré le ban-

M. de Mesmes une boîte hermétiquement


, deau les crédules villageois dans de telles
,
,

fermée, en lui faisant promettre de ne jamais occasions, ont la tète tellement montée qu'ils
l'ouvrir et de la lui rendre si elle revenait à ne manquent pas de voir quelque chose. —
la vie. Long-temps après, les enfants du dé- On se servait autrefois, pour cette divination,
positaire ayant ouvert la boîte, dans l'espoir d'un miroir que l'on présentait, non devant,
d'y trouver des pierreries ou un trésor, n'y mais derrière la tête d'un enfant à qui l'on
découvrirent qu'une médaille de forme anti- avait bandé les yeux. —
Pausanias parle d'un
que, large et ovale, où Catherine de Médicis autre effet de la catoptromancie. « Il y avait
était représentée à genoux, adorant les Furies à Patras, dit-il, devant le temple de Cérès,
et leur une offrande. Ce conte
présentant une fontaine séparée du temple par une mu-
donne mesure de vingt autres. Catherine
la raille là on consultait un oracle, non pour
;

de Médicis survécut à M. de Mesmes, et elle tous les événements, mais seulement pour les
n'aurait pas manqué de retirer la cassette. maladies. Le malade descendait dans la fon-
Elle avait attaché à sa personne plusieurs as- taine un miroir suspendu à un fil, en sorte
trologues, parmi lesquels il ne faut pas oublier qu'il ne touchât la surface de l'eau que par
l'illustre Luc Gauric. Ils lui prédirent que sa base. Après avoir prié la déesse et brûlé
Saint-Germain la verrait mourir. Dès -lors des parfums, il se regardait dans ce miroir,
elle ne voulut plus demeurer à Saint-Germain- et, selon qu'il se trouvait le visage hâve et

en-Laye et on dit qu'elle n'y coucha jamais


; défiguré ou gras et vermeil , il en concluait
depuis. Mais Nicolas de Saint-Germain, évê- très-certainement que la maladie était mor-
que de Nazareth, l'ayant assistée à l'heure de telle ou qu'il en réchapperait. »

sa mort, on regarda
complie.
la prédiction comme ac-
Cattani (François), évêque de Fiésol —
mort en 1595, auteur d'un livre sur les super-
Catho ( Angelo habile dans
)
, — savant stitions de la magie 1 .

l'astrologie, qui préditàCharles-le-Téméraire


sa mort funeste. Le duc de Bourgogne n'en
Cauchemar. — On appelle
ainsi un embar-
ras dans la une oppression et une
poitrine ,
tint compte, et perdit tout, comme on sait.
difficulté de respirer qui surviennent pendant
Malheureusement rien ne prouve que la pré-
le sommeil, causent des rêves fatigants, et ne
diction ait été faite en temps utile. Louis XI
cessent que quand on se réveille. On ne sa-
estimait tant Angelo Catho à cause de sa ,

vait pas trop, au quinzième siècle, ce que c'é-


science, qu'il lui donna l'archevêché de Vienne
tait que le cauchemar, qu'on appelait aussi
en Dauphiné.
alors chauche-poulet. On en fit un monstre;
Catillus, — voy. Gilbert. c'était un moyen prompt de résoudre la dif-
Catoblebas, — serpent qui donne la mort à ficulté. Les uns voyaient dans cet accident
ceux qu'il regarde, si on en veut bien croire une sorcière ou un spectre qui pressait le ven-
Pline. Mais la nature lui a fait la tête fort tre des gens endormis, leur dérobait la parole
basse, de manière qu'il de fixer lui est difficile et la respiration, et les empêchait de crier et
quelqu'un. On ajoute que cet animal habite de s'éveiller pour demander du secours les ;

près de la fontaine Nigris, en Ethiopie, que autres, un démon qui étouffait les gens. Les
l'on prétend être la source du Nil. médecins n'y voyaient guère plus clair; on
Caton le Censeur. — Dans son livre, De ne savait d'autre remède pour se garantir
Re Rustica, il enseigne, parmi divers remèdes, du cauchemar, que de suspendre une pierre
la manière de remettre les membres démis, creuse dans l'écurie de sa maison; et Delrio,
et donne même les paroles enchantées dont il embarrassé, crut décider la question en disant
laut se servir. que Cauchemar était un suppôt de Belzébuth il ;

Catoptromancie, — divination par le moyen l'appelle ailleurs incubas morbas. Dans les —
d'un miroir.On trouve encore, dans beaucoup 1
Sc.pra.la super.stitione <JeI£ ajste rnngiat. Floronce.
de villages, des devins qui emploient celte 1562.
,

CAY — 12 2 — GAZ
guerres de la république française en Italie ,
en tèle de l'histoire de Faust. Les huguenots,
on caserna dans une église abandonnée un dont il avait abandonné le parti, l'accusèrent
régiment français les paysans avaient averti
; d'avoir fait pacte avec le diable pour qu'il ,

les soldats que la nuit on se sentait presque suf- lui apprît les langues une grande ;
c'était alors

foqué dans ce lieu-là et que l'on voyait pas-


, injure; Cayet s'en vengea vivement dans un
ser un gros chien sur sa poitrine ; les soldats en livre où il défendit contre eux la doctrine du
riaient. Ils se couchèrent après mille plaisan- purgatoire 1
.

teries. Minuit arrive, tous se sentent oppres- Caym, — démon de classe supérieure, grand
sés,ne respirent plus et voient chacun sur son président aux enfers; il se montre habituelle-
estomac un chien noir, qui disparut enfin, et ment sous d'un merle. Lorsqu'il pa-
la figure
leur laissa reprendre leurs sens. Ils rappor- raît en forme humaine il répond du milieu ,

tèrent le fait à leurs officiers, qui vinrent y d'un brasier ardent; il porte à la main un
coucher eux-mêmes la nuit suivante, et furent sabre effilé. C'est, dit-on, le plus habile so-
tourmentés du même fantôme. Comment expli- phiste de l'enfer ; et il peut par l'astuce de
,

quer ce fait? « Mangez j)eu tenez le. ventre ,


ses arguments désespérer le logicien le plus
,

libre, ne couchez point sur le dos, et. votre aguerri. C'est avec lui que Luther eut cette
cauchemar vous quittera sans grimoire, » dit fameuse dispute dont il nous a conservé les
1
M. Salgues Il est certain que dans les pays
.
circonstances. Caym donne l'intelligence du
où l'on ne soupe plus, on a moins de cauche- chant des oiseaux, du mugissement des bœufs,
mars. —
Bodin conte 2 qu'au pays de Valois, de l'aboiement des chiens et du bruit des
en Picardie, il y avait de son temps une sorte ondes. Il démon qui fut
connaît l'avenir. Ce ,

de sorciers et de sorcières qu'on appelait cau- autrefois de l'ordre des anges commande à ,

chemares, qu'on ne pouvait chasser qu'à force présent trente légions aux enfers 2 .

de prières.
Cayol, — propriétaire à Marseille, mort au
Cauchon (
Pierre) -— évêque de Beau vais
, commencement de ce siècle. Un de ses fermiers
au quinzième siècle. Il poursuivit Jeanne lui apporta un jour douze cents francs, dont
d'Arc comme sorcière, et la fit brûler à Rouen. il promit la quittance pour le lendemain, parce
Il mourut subitement en 1443. Le pape Ca- qu'il était occupé. Le paysan ne revint qu'au
lixte IV excommunia après sa mort ce prélat bout de quelques jours. M. Cayol venait de
déshonoré, dont le corps fut déterré et jeté à mourir d'apoplexie. Son fils avait pris posses-
la voirie. sion de ses biens, il refuse de croire au fait que


Causathan, démon ou mauvais génie que le paysan raconte, et réclame les douze cents
Porphyre se vantait d'avoir chassé d'un bain francs en justice. Le paysan fut condamné à
public. payer une seconde Mais la nuit qui suivit
fois.

Causimomancie, —
divination par le feu,
cette sentence M. Cayol apparut à son fils
,

bien éveillé, et lui reprocha sa conduite « J'ai :

employée chez les anciens mages. C'était un


été payé, ajouta-t-il; regarde derrière le mi-
heureux présage quand les objets combusti-
roir qui est sur la cheminée de ma chambre
bles jetés dans le feu venaient à n'y pas brûler.
tu y trouveras mon reçu. » Le jeune homme
Cayet ( PlERRE— VlCTOR-PALMA );
— Savant se lève tremblant, trouve la quittance de son
écrivain tourangeau du seizième siècle. Outre père et se hâte de payer les frais qu'il avait
la Chronologie novennaire et la Chronologie faits au pauvre fermier, en reconnaissant ses
septennaire , il a laissé Y Histoire prodigieuse torts *.

et lamentable du docteur Faust ,


grand ma-
Cazotte ( Jacques ), né à Dijon en 1720, —
gicien , traduite de l'allemand en français,
guillotiné en 1793, auteur du poème d'Olivier,
Paris, 1603, in-12 et Y Histoire véritable
;
où beaucoup d'épisodes roulent sur les mer-
comment Vâme de l'empereur Trajan a été dé-
magiques. Le succès qu'obtint cette
veilles
livrée des tourments de V enfer par les prières
production singulière le décida à faire paraître
de saint Grégoire-le-Grand, traduite du latin dans cet Comme
le Diable amoureux. il y a

d'Alphonse Chacon, in-8°, rare; Paris, 1607.


ouvrage des conjurations et autres propos de
— Cayet rechercha toute sa vie la pierre phi-
losophale, qu'il n'eut pas le talent de trouver ;
1
La Fournaise ardente et le four du réverbère pour
évaporer les prétendues eaux de Siloé, et pour corrobo-
on débita aussi qu'il était magicien mais on ,
rer le purgatoire contre les hérésies, calomnies, faussetés
peut voir qu'il ne pensait guère à se mêler de et cavillatiuns ineptes du prétendu ministre Dumoulin.
Paris, 1603. In -8". Dumoulin, venait de publier les
magie dans l'épître dédicatoire qu'il a mise
,
Eaux de Siloé pour éteindre le feu du purgatoire
, ,

contre les raisons d'un cordelier portugais. In-b". IK03.


z Wierus, in Pseudomonarchià chem.
1
M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t.I, p. 332.
2 Démonomanie des sorciers, liv. n, ch. 7. Infemaliana, p. 226,
GÉC — 12 \ — CEN
grimoire, un étranger alla un jour le prier de travaux et lui donnait de bons conseils, ce qui
luiapprendre à conjurer le diable science ,
ne l'empêcha pas de faire des livres ridicules.
que Cazotte ne possédait pas. Ce qui lui — Cécile. —
Vers le milieu du seizième siècle,
obtient encore place dans ce recueil, c'est sa une femme, nommée Cécile, se montrait en
prophétie rapportée par La Harpe où l'on a , spectacle à Lisbonne elle possédait l'art de
;

cru long-temps qu'il avait pronostiqué la ré- si bien varier sa voix, qu'elle la faisait partir

volution dans la plupart de ses détails. Mais tantôtde son coude, tantôt de son pied, tantôt
on n'avait imprimé, dit-on, qu'un fragment de de son ventre. Elle liait conversation avec un
cette pièce. On a cru, plus tard, la découvrir être invisible qu'elle nommait Pierre-Jean, et

plus entière ,
quelques-uns pensent à pré-
et qui répondait à toutes ses questions. Cette
sent que la prophétie a été supposée. femme ventriloque fut réputée sorcière et
Saint-Thomas 1
Cébus ou Céphus , — monstre adoré des
bannie dans l'île

— Plusieurs
.

Ceintures magiques. livres de


Égyptiens. C'était une espèce de satyre ou
secrets vous apprendront qu'on guérit toutes
singe qui avait, selon Pline, les pieds et les
sortes de maladies intérieures en faisant por-
mains semblables à ceux de l'homme. Dio-
ter au malade une ceinture de fougère cueillie
dore lui donne une tète de lion, le corps d'une
la veille de la Saint-Jean à midi, et tressée
panthère et la taille d'une chèvre. On ajoute ,

de manière a former le caractère magique


que Pompée en fit venir un à Rome, et qu'on
n'en a jamais vu que cette fois-là.
HVTY. Le synode tenu à Bordeaux, en 4 600,
a condamné ce remède, et la raison le con-
Cecco d'Ascoli (François Stabili dit), ,
— damne tous les jours.
professeur d'astrologie né dans la marche ,
Celse, —philosophe éclectique du deuxième
d'Ancône au treizième siècle. 11 se mêlait aussi siècle, ennemi des chrétiens. En avouant les
de magie et d'hérésie. On dit, ce qui n'est pas miracles de Jésus-Christ, il disait qu'ils avaient
certain, qu'il fut brûlé en 1327, avec son livre été opérés par la magie, et que les chrétiens
d'astrologie, qui est, à ce qu'on croit, le com- étaient des magiciens. Il a été réfuté par Ori-
mentaire sur la sphère de Sacrobosco 1 Il di- .
gène.
sait qu'il se formait dans les deux des esprits
Celsius (André), —
suédois mort en 4744,
malins qu'on obligeait, par le moyen des con-
auteur d'une Lettre sur les comètes, publiée
stellations, à faire des choses merveilleuses.
à Upsal l'année de sa mort.
Il assurait que l'influence des astres était ab-

solue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa


Cenchroboles , — nation imaginaire dont
parle Lucien. que les Cenchroboles al-
Il dit
doctrine, Notre-Seigneur Jésus-Christ n'avait
laient au combat montés sur de grands, oi-
été pauvre et n'avait souffert une mort igno-
seaux couverts d'herbes vivaces au lieu do
minieuse que parce qu'il était né sous une
plumes. ,
constellation qui causait nécessairement cet
effet...; au contraire, l'antechrist sera riche
Cendres. —
On soutenait, dans le dix-sep-
tième siècle, entre autres erreurs, qu'il y avait
et puissant, parce qu'il naîtra sous une con-
stellation favorable. —
On demandait un jour des semences de reproduction dans les cada-
vres, dans les cendres des animaux et même
à Cecco ce que c'était que la lune il répon- ;

dit « C'est une terre comme la nôtre, ut terra


des plantes brûlées qu'une grenouille
;
par ,
:

terra est. » On a beaucoup disputé sur cet


exemple, en se pourrissant, engendrait des
grenouilles, etque les cendres des roses avaient
astrologue, connu aussi sous le nom de Cecus
Asculan, et plus généralement sous celui de
produit d'autres roses. Voij. Palingénésie. —
Chicus JEsculanus. Delrio ne voit en lui qu'un Le Grand Albert dit que les cendres de bois
astringent resserrent, et qu'on se relâche avec
homme superstitieux ,
qui avait la tête mal
des cendres de bois contraire. « Et, ajoute-
timbrée. Naudé le regarde comme un fou sa-
t-il, Dioscoride assure que la lessive de cen-
vant. Quelques auteurs, qui le mettent au
dres de sarments, bue avec du sel, est un
nombre des nécromanciens, lui prêtent un
esprit familier, nommé Floron, de l'ordre des
remède souverain contre la suffocation de
poitrine. Quant à moi, ajoute-t-il, j'ai guéri
chérubins ,
lequel Floron l'aidait dans ses
plusieurs personnes de la peste, en leur fai-
sant boire une quantité d'eau où j'avais fait
1
Commentarii in sphseram Joannis de Sacrobosco.
In-fol. Bâle, 1485. —« Une preuve que Cecco était fou, amortir de la cendre chaude, et leur ordon-
disent Naudé et Delrio, c'est, 1° qu'il interprète le livre
nant de suer après l'avoir bue 2 . »
de Sacrobosco dans le sens des? astrologues, nécroman-
ciens et chiroscopistes 2" qu'il cite grand nombre d'au-
;

teurs falsifiés, comme les Ombres des idées de Salomon,


1
M. Salgues, Des Erreurs, etc., t. IT, p. 227.
le Livre des esprits d'Hipparchus les Aspects des ,
2 Les admirables secrets d'Albert-le-Grand, liv. iil,
étoiles, d'Hippocrate, etc. » ch. I.
CE 11 — ]; \!x — CËR
Cénéthus, —
second roi d'Ecosse. Désirant On voit que ce n'est plus le Cerbère des an-
venger la mort de son père, tué par les Pietés, ciens, ce redoutable chien à trois têtes, por-
il exhortait les seigneurs du pays à reprendre tier incorruptible des enfers, appelé aussi la

les armes mais, parce qu'ils avaient été mal-


;
bête aux cent tètes, centiceps bellua, à cause
heureux aux précédentes batailles, les sei- de la multitude de serpents dont ses trois che-
gneurs hésitaient. Cénéthus, sous prétexte de velures étaient ornées. Hésiode lui donne cin-

les entretenir des affaires du pays, manda les quante têtes de chien mais on s'accorde gé-
;

plus braves chefs à un conseil, il les fit loger néralement à ne lui en reconnaître que trois.
dans son château, où il avait caché dans un Ses dents étaient noires et tranchantes, et sa
lieu secret quelques soldats accoutrés de vê- morsure causait une prompte mort. On croit
tements horribles, faits de grandes peaux de que la fable de Cerbère remonte aux Égyp-
loups marins, qui sont très-fréquents dans le tiens, qui faisaient garder les tombeaux par
pays à cause de la mer. Us avaient à la main des dogues. —
C'est principalement ici du dé-
gauche un bâton de ce vieux bois qui luit la mon Cerberus qu'il a fallu nous occuper. En
nuit, et dans la droite une corne de bœuf 1586, il fit pacte d'alliance avec une Picarde
percée par le bout. Us se tinrent reclus jus- nommée Marie Martin. Voy. Martix.
qu'à ce que les seigneurs fussent ensevelis Cercles magiques. — On ne peut guère
dans leur premier sommeil alors ils commen- : évoquer les démons avec sûreté sans s'être
cèrent à se montrer avec leurs bois qui éclai- placé dans un cercle qui garantisse de leur
raient et firent résonner leurs cornes de
, atteinte, parce que leur premier mouvement
bœufs, disant qu'ils étaient envoyés pour leur serait d'empoigner, si l'on n'y mettait ordre.
annoncer la guerre contre les Pietés leur vic- ; Voici ce qu'on lit à ce propos dans le fatras
toire, ajoutaient-ils, était écrite dans le ciel. intitulé Grimoire du pape Honorius
: « Les : —
Ces fantômes jouèrent bien leur rôle, et s'éva- cercles se doivent faire avec du charbon, de
dèrent sans être découverts. Les chefs vin- l'eau bénite aspergée, ou du bois de la croix
rent trouver le roi, auquel ils communiquèrent bénite... Quand ils seront faits de la sorte, et
leur vision et ils assaillirent si vivement les
; quelques paroles de l'Évangile écrites autour
Pietés, qu'ils ne les défirent pas seulement en du cercle, on jettera de l'eau bénite en disant
bataille, mais qu'ils en exterminèrent la race ^ une certaine prière superstitieuse... On récite,
Céphalonomancie. — VOiJ. KÉPHAL0N0- après cette prière, quelque formule de conju-
MAXCIE. ration, et les esprits paraissent. » Foy. Conju-

— ration. —
Le Grand Grimoire ajoute qu'en
Céram, Tune des îles Moluques. On y
entrant dans ce cercle il faut n'avoir sur soi
remarque, sur la côte méridionale, une mon-
aucun métal impur, mais seulement de l'or ou
tagne où résident, dit-on, les mauvais génies.
de l'argent, pour jeter la pièce à l'esprit. On
Les habitants de l'île d'Amboine, qui sont
plie cette pièce dans un papier blanc, sur le-
tous très-superstitieux, ne passent guère à la
quel on n'a rien écrit on l'envoie à l'esprit
;

vue de cette montagne sans faire une offrande


pour l'empêcher de nuire et, pendant qu'il :

à ces mauvais génies, qu'ils empêchent ainsi


se baisse pour la ramasser devant le cercle,
de leur susciter des tempêtes. Le jour, ils dé-
on prononce la conjuration. Le Dragon rouge
posent des fleurs et une petite pièce de mon-
recommande les mêmes précautions. — Il
naie dans une coque de coco; la nuit, ils y
nous reste à parler des cercles que les sor-
mettent de l'huile avec de petites mèches al-
ciers font au sabbat pour leurs danses. On en
lumées, et ils laissent flotter cette coque au
montre encore dans les campagnes on les ap- ;

gré des vagues.


pelle cercle du sabbat ou cercle des fées,
Céraunoscopie. — Divination qui se prati- parce qu'on croyait que les fées traçaient de
quait, chez les anciens, par l'observation de ces cercles magiques dans leurs danses au clair
la foudre et des éclairs, et par l'examen des de la lune. Ils ont quelquefois sept ou huit
phénomènes de l'air. toises de diamètre et contiennent un gazon
,

Cerbère. — Cerberus ou Naberus est chez pelé à la ronde de la largeur d'un pied, avec

nous un démon. Wierus le met au nombre des un gazon vert au milieu. Quelquefois aussi
tout le milieu est aride et desséché, et la bor-
marquis de l'empire infernal. 11 est fort et
puissant il se montre sous la forme d'un cor-
dure tapissée d'un gazon vert. Jessorp et
;

estrauque néanmoins donne Walker, dans les Transactions philosophi-


beau ; sa voix : il

enseigne ques, attribuent ce phénomène au tonnerre :


l'éloquence et l'amabilité il les

beaux arts. Dix-nèuf légions


;

lui obéissent. — ils en donnent pour raison que c'est le plus

souvent après des orages qu'on aperçoit ces


1
Jioistuaux, HLt ireg prodigieuses, t. I". cercles. —
D'autres savants ont prétendu mie
CER — 1 |
— CKR
ces cercles magiques étaientl'ouvrage des four- dit que la vie de l'homme finit, à quatre-vingt-
mis, parce qu'on trouve souvent ces insectes seize ans; que celle de la corneille est neuf

qui y travaillent en foule. On regarde encore — fois plus longue, et que la vie du cerf est

aujourd'hui dans les campagnes peu éclai-


,
quatre fois plus longue que celle de la cor-
rées, les places arides comme le rond du sab- neille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est de

bat; dans la Lorraine, les traces que forment trois mille quatre cent cinquante-six ans.

sur gazon les tourbillons des vents et les


le Pline rapporte que cent ans après la mort
sillons de la foudre passent toujours pour les d'Alexandre on prit dans les forêts plusieurs

vestiges de la danse des fées, et les paysans cerfs auxquels ce prince avait attaché lui-

ne s'en approchent qu'avec terreur '. même colliers. On trouva, en 4 037, dans
des

Cercueil. — L'épreuve ou jugement de Dieu


la forêtde Senlis, un cerf avec un collier por-
tant ces mots Cœsar hoc me donavit. « C'est
par le cercueil a été long-temps en usage.
:

César qui me l'a donné » mais quel César ?


Lorsqu'un assassin malgré les informations,
,
;

Ces circonstances ont fortifié toutefois le conte


restait inconnu, on dépouillait entièrement le
d'Hésiode. Les cerfs ne vivent pourtant que
corps de la victime on mettait ce corps sur
;

trente-cinq à quarante ans. Ce que l'on a dé-


un cercueil, et tous ceux qui étaient soup-
bité de leur longue vie, ajoute Buffon, n'est
çonnés d'avoir eu part au meurtre étaient
obligés de le toucher. Si l'on remarquait un
appuyé sur aucun fondement; ce n'est qu'un
préjugé populaire, dont Aristote lui-même a
mouvement, un changement dans les yeux,
relevé l'absurdité. Le collier du cerf de la
clans la bouche ou dans toute autre partie du
mort, si la plaie saignait, — celui qui touchait forêtde Senlis ne peut présenter une énigme
lecadavre dans ce mouvement extraordinaire qu'aux personnes qui ignorent que tous les
étaitregardé et poursuivi comme coupable. empereurs d'Allemagne ont été désignés par
Richard Cœur-de-Lion s'était révolté contre
le nom de César. Une autre tradition tou-—
chant le cerf, c'est que la partie destinée à la
Henri II son père, à qui il succéda. On rap-
génération lui tombe chaque année. Après
porte qu'après la mort de Henri Richard ,

avoir ainsi observé ce qui a lieu par rapport


s'étant rendu à Fontevrault, où le feu roi avait
ordonné sa sépulture, à l'approche du fils re- à son bois on s'est persuadé que la même
,

belle, le corps du malheureux père jeta du


chose arrivait à la partie en question. L'expé-
sang par la bouche et par le nez, et que ce rience et la raison détruisent également une

sang jaillit sur le nouveau souverain. On cite opinion si absurde


plusieurs exemples semblables, dont la ter- Cériothe ,
— hérétique du temps des apô-
riblemorale n'était pas trop forte dans les tres. Il que Dieu avait créé des génies
disait
temps barbares. chargés de gouverner le monde qu'un de ces ;

Cerdon, — hérétique du deuxième siècle, génies avait fait tous les miracles de l'histoire
chef des cerdoniens. Il enseignait que le des Juifs ;
que les enfants de ces esprits

monde avait été créé par le démon, et ad- étaient devenus des démons, etque le fils de
mettait deux principes égaux en puissance. Dieu n'était venu sur la terre que pour ruiner
Cérès. — Qu'étaient-ce
que les mystères
le pouvoir des mauvais anges.
des révélations qu'il prétendait
Il

lui
avait écrit
avoir été
de Cérès à Éleusis, sinon les symboles de la
faitespar un ange, avec qui il se vantait de
sorcellerie, de la magie et du sabbat? A ces
converser familièrement. « Mais cet ange,
orgies, on dansait au son du clairon, comme
au sabbat des sorcières, et il s'y passait des
comme dit Leloyer, é.ait un vrai démon, et
pas autre chose. »
choses abominables, qu'il était défendu aux
profès de révéler 2 —
On voit, dans Pausa-
.
Cerne ,
— mot vieilli. C'était autrefois le
nias, que les Arcadiens représentaient Cérès nom qu'on donnait au cercle que les magi-
avec un corps de femme et une tête de cheval. ciens traçaient avec leur baguette pour évo-
— On a donné le nom de Cérès à une planète quer les démons.
découverte par Piazzi en 1801. Cette planète Céromancie OU Ciromancie ,
— Divination
n'a encore aucune influence sur les horosco- par le moyen de faisait fondre
la cire, qu'on
pes. Voy. Astrologie. et qu'on versait goutte à goutte dans un vase
Cerf. — L'opinion qui donne une très- d'eau, pour en tirer, selon les figures que for-
longue vie à certains animaux, et principale- maient ces gouttes, des présages heureux ou
ment aux cerfs, est fort ancienne. Hésiode malheureux. Les Turcs cherchaient surtout à

1
Madame Élise Voïart, Notes au livre 1 er de la 1
Brown, Essais sur les erreurs, etc., t. l* r liv. m, ,

"Vierge d'Arduène. ch. 10. M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. 11,
2 Leloyer, Disc, et hist, des spectres, p, 689, 768. p. 215. Buffon, Hist. nat., etc.
CES — 1 •26 — CES
découvrir ainsi les crimes et les larcins. Ils Césalpin, particulièrement consulté, répondit
faisaient, fondre un morceau de cire à petit par le livre que nous citons. II commence par

feu, en marmottant quelques paroles, puis exposer une immense multitude de faits attri-
ils étaient cette cire fondue de dessus le bra- bués aux démons et à la magie. Ensuite il
sier, et y trouvaient des figures qui indiquaient discute ces faits il avoue qu'il y a des démons,
;

le voleur, sa maison et sa retraite. Dans l'Al- mais qu'ils ne peuvent guère communiquer
sace, au seizième siècle, et peut-être encore matériellement avec l'homme il termine en ;

aujourd'hui, lorsque quelqu'un est malade et se soumettant à la croyance de l'église. Il dé-


que les bonnes femmes veulent découvrir qui clare que la possession des religieuses de Pise
lui a envoyé sa maladie, elles prennent au- est surnaturelle que les secours de la mé-
;

tant de cierges d'un poids égal qu'elles soup- decine y sont insuffisants, et qu'il est bon de
çonnent d'êtres ou de personnes ; elles les recourir au pouvoir des exorcistes.
allument, et celui dont le cierge est le premier César (Caïus Julius). On a raconté de —
consumé passe dans leur esprit pour l'auteur cet homme fameux quelques merveilles sur-
du mal *, prenantes. Suétone rapporte que. César étant
Cervelle. —
On fait merveille avec la cer- avec son armée sur les bords du Rubicon que
velle de certaines bêtes. L'auteur des Admi- ses soldats hésitaient à traverser, il apparut

rables secrets (VAlbert-le-Gr and dit, au liv. 3, un inconnu de taille extraordinaire, qui s'a-
que la cervelle de lièvre fait sortir les dents vança en sifflant vers le général. Les soldats
aux enfants, lorsqu'on leur en frotte les gen- accourent pour le voir; aussitôt le fantôme
cives. Il ajoute que les personnes qui ont peur saisit la trompette de l'un d'eux, sonne la

des revenants se guérissent de leurs terreurs charge, passe le fleuve ; et César s'écrie, sans
paniques, si elles mangent souvent de la cer- délibérer davantage : « Allons où les présages
velle de lièvre. La cervelle de chat ou de des dieux et l'injustice de nos ennemis nous
chatte, si on s'en frotte les dehors du gosier, appellent. L'armée le suivit avec ardeur.
»

guérit en moins de deux jours les inflamma- — Lorsqu'il débarqua en Afrique pour faire
tions qui s'y font sentir mais après une crise
,
la guerre à Juba, il tomba à terre. Les Ro-

de fièvre violente. —
Les premiers hommes mains se troublèrent de ce présage; mais Cé-
ne mangeaient la cervelle d'aucun animal, sar rassura les esprits en embrassant le sol

par respect pour la tête, qu'ils regardaient et en s'écriant, comme si sa chute eût été vo-

comme le siège de la vie et du sentiment. lontaire « Afrique


: tu es à moi car je te
, ,

Césaire OU Césarius (PlERRE), — moine de tiens dans mes bras. » On a vanté l'éton- —
nante force de ses regards on a dit que, des ;

Citeaux, mort en '1240. On lui doit un recueil


côtes des Gaules, il voyait ce qui se passait
de miracles où les démons figurent très-sou-
dans l'île des Bretons. Roger Bacon, qui ne
vent 2 Ce recueil a été mis a l'index en Es-
.

doute pas de ce fait, dit que Jules César


pagne. Il est cité plusieurs fois dans ce dic-
n'examinait ainsi tout ce qui se faisait dans
tionnaire.
les camps et dans les villes d'Angleterre
Césaire (St),— VOy. MIRABILIS LIBER. qu'au moyen de grands miroirs destinés à cet
Césalpin (André), — médecin du seizième usage. — On assure que plusieurs astrologues
siècle, né à Arezzo en Toscane, auteur des prédirent à César sa mort funeste; que sa
Recherches sur les Démons où l'on explique ,
femme Calpurnie lui conseilla de se défier des
le passage d'Hippocrate, relatif aux causes ides de mars; que le devin Artémidore tâ-
surnaturelles de certaines maladies 3 Ce traité, .
cha également de l'effrayer par de sinistres
composé à la demande de l'archevêque de présages lorsqu'il se rendait au sénat, où il
Pise, parut au moment où les religieuses d'un devait être assassiné , toutes choses contées
couvent de cette ville étaient obsédées du dé- après l'événement. — On ajoute qu'une comète
mon. L'archevêque demandait à tous les sa- parut à l'instant de sa mort. On dit encore
vants si les contorsions de ces pauvres filles qu'un spectre poursuivit Brutus, son meur-
avaient une cause naturelle ou surnaturelle. trier, à de Philippes et que dans
la bataille ; ,

la même journée, Cassiuscrut voir au fort de


la mêlée César accourir à lui à toute bride,
1
Delancre Incrédulité et mécréance du sortilège
,

pleinement convaincue, traité S. Delrio, liv, IV. avec un regard foudroyant. C'est, dit-on, ef-
Illustrinm miiaculorum et historiarum memorabi-
2
frayé de cette vision terrible qu'il se perça de
Uum l'bri XII, a Cœsario Heisterbaclicensi, ordinis cis-
terciensis, etc. In-8°. Antverpise, 1605. Nuremberg, 1481. son épée. Quoi qu'il en soit, Jules César fut
In-fo}, Cologne, 1599. Jn-8 U Douay, 1604.
.
mis au rang des dieux par ordre d'Auguste,
Dsen.onum investigatio peripatetica, in qua expli-
3

catur locus Hippocratis si quid divinum in morbis ha-


qui prétendit que Vénus avait emporté son
beâïur. In-4 u . Florence, 1080. âme au ciel. On le représentait dans ses tem-
CHA — 1: 7 — CHA
pies avec une étoile sur la tête, à cause de la teur du traité traduit par Cayet : Comment
comète qui parut au moment de sa mort. Vaine de Trajan fut délivrée de l'enfer f.

César, —
charlatan qui vivait à Paris sous Chagran, — tonnerre de Wishnou. Les
Henri IV astrologue nécromancien chiro-
,
, , Indiens le représentent sous la figure d'un
mancien, physicien, devin, faiseur do tours cercle qui vomit du feu de tous côtés, comme
magiques; il disait la bonne aventure par nos soleils d'artifice.

l'inspection des lignes de la main; il guéris-


Chaîne du diable. —
C'est une tradition
sait en prononçant des paroles et par des at-
parmi les vieilles femmes de la Suisse que
touchements. Il arrachait les dents sans dou- saint Bernard tient le diable enchaîné dans
leur, vendait assez cher de petits joncs d'or
quelqu'une des montagn s qui environnent
émaillés de noir, comme talismans qui avaient
l'abbaye de Clairvaux et c'est sur cette tra-
;

des propriétés merveilleuses contre toutes les dition qu'est fondée la coutume des maré-
maladies. Il escamotait admirablement et fai-
chaux du pays de frapper tous les lundis,
sait voir le diable avec ses cornes. Quant à
avant de se mettre en besogne, trois coups de
sa dernière opération il semble qu'il voulait
,
marteau sur l'enclume pour resserrer la chaîne
punir les curieux d'y avoir cru; car ils en re-
du diable, afin qu'il ne puisse s'échapper.
venaient toujours si bien rossés par les sujets
de Belzébuth, que le magicien lui-même était Chais (Pierre), — ministre protestant, né à

obligé de leur avouer qu'il était fort impru- Genève en 1701. Dans son livre intitulé le

dent de chercher à les connaître. Le bruit Sens littéral de V Ecriture Sainte, etc., traduit
courut à Paris, en 4 64 4 ,
que l'enchanteur de l'anglais, de Stackhouse, 3 volumes in-8°,
César et un autre sorcier de ses amis avaient 4738, il a mis une curieuse dissertation, dont
il est l'auteur, sur les démoniaques.
été étranglés par le diable. On publia même,
dans un petit imprimé, les détails de celte Chalcédoine. — On conte qu'après que les
aventure infernale. Ce qu'il y a de certain, Perses eurent ruiné Chalcédoine, sur le Bos-
c'est que César cessa tout à coup de se mon- phore, Constantin-le-Grand voulut la rebâtir,
trer ; il n'étaitcependant point mort, il n'avait parce qu'il en aimait le séjour; mais des ai-
même pas quitté Paris. Mais il était devenu gles vinrent, qui, avec leurs serres, enlevèrent
invisible, comme quelques autres que l'État se les pierres des mains des ouvriers; ce prodige
charge de loger *.
se répéta tant de fois qu'il fallut renoncer à
Césara. — Les Irlandais croient remonter reconstruire la ville , si bien que l'empereur
à Césara, petite-fille de Noé, qui se réfugia alla bâtir Constantinople....
dans leur île, où, par grâce spéciale, elle fut
Chaldéens. — On prétend qu'ils trouvèrent
à l'abri des eaux du déluge.
l'astrologie ou du moins qu'ils la perfection-
Césonie , — femme de Caligula. Suétone nèrent. Ils étaient aussi habiles magiciens.
conte que, pour se faire aimer de son auguste
Cham, — troisième fils de Noé, inventeur
époux, elle lui fit boire un philtre qui acheva
ou conservateur de la magie noire. Il perfec-
de lui faire perdre l'esprit. On prétend qu'il
tionna les divinations et les sciences supersti-
y avait dans ce philtre de l'hippomane, qui tieuses.Cecco d'Ascoli dit, dans le chapitre 4
est un morceau de chair qu'on trouve quelque-
de son Commentaire sur la Sphère de Sacro-
fois, dit-on, au front du poulain nouveau-né.
bosco, avoir vu un livre de magie composé par
Voy. Hippomane.
Cham et contenant les Eléments et la pra-

,

Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si tique de la nécromancie. Il enseigna cette


grand'peur de détruire des animaux, qu'ils science redoutable à son fils Misraïm qui ,

se couvrent la bouche d'un linge pour ne pas pour les merveilles qu'il faisait fut appelé ,

avaler d'insectes. Ils admettent un bon et un Zoroastre, et composa, sur cet art diabolique,
mauvais principe, et croient à des transmigra- cent mille vers , selon Suidas , et trois cent
tions perpétuelles dans différents corps d'hom- mille, selon d'autres. — Les monstruosités de
mes ou de bêtes. Cham un châtiment ter-
lui attirèrent, dit-on,

Ceylan. — Les habitants croient que cette


rible; il emporté par le diable à la vue de
fut

île fut le lieu qu'Adam et Eve habitèrent,


ses disciples. —
Bérose prétend que Cham est
le même que Zoroastre Annius de Viterbe
après avoir été chassés du jardin de délices. ;

dans ses notes au texte supposé'de cet écri-


Chaoon (Alphonse), en latin Ciaconius, — vain pense que Cham pourrait bien être le
,

dominicain espagnol du seizième siècle, au-


1 Tractatus de liberatione animse Trajani imperaloris

* Charlatans célèbres, t. I", p. 202. a pœnis inferni, etc. Rome, 1576. Reggio, 1585.
CHA — ii 3 — CHA
type du Pan des anciens païens J, Kircher dit gnifie le dieu caché, c'est-à-dire Pluton, dont
que c'est leur Saturne et leur Osiris, d'autres Là demeure est aux enfers.
prétendent que c'est, lui qui fut adoré sous le
Chamouillard — noueur d'aiguillette qui
nom de Jupiter Ammpn. — On dit encore que fut condamné ,
,

par arrêt du parlement de


Cham a inventé l'alchimie, et qu'il avait laissé
Paris, en 1597, à être pendu et brûlé, pour
une prophétie dont l'hérétique Isidore se ser- avoir maléficié une demoiselle de la Barrière.
vait pour faire des prosélytes. Nous ne la con-
Voy. Ligatures.
naissons pas autrement que par un passage de
Sand, qui dit que Cham, dans cette prophétie,
Champ du
Rire. Annibal lorsqu'il fai- — ,

2
sait le siège de Rome se retira dit-on de , , ,
annonçait l'immortalité de l'âme .

devant cette ville, épouvanté de vaines ter-


Chamans , — prêtres sorciers des Yacouts. reurs et de fantômes qui troublèrent ses es-
Voy. Mang-Taar. prits. Les Romains, lui voyant lever le siège,
Chambres infestées, VOy. DeSHOULIÈRES, — poussèrent de tels cris de joie et firent, de si
Despilliers Athénagore, Ayola, etc.
,
grands éclats de rire que le lieu d'où il dé-
Chameau. — Les musulmans ont pour cet campa s'appela le Champ du Rire.
animal une espèce de vénération ils croient ; Champier ( Symphorien )
, — Lyonnais du
que c'est un péché de le trop charger ou de quinzième siècle, qui a publié en 1 503 la Nef
le faire travailler plus qu'un cheval la raison ; des Dames vertueuses , en quatre livres mêlés
de ce respect qu'ils ont pour le chameau, c'est de prose et de vers, dont le troisième contient
qu'il est surtout commun dans les lieux sacrés les prophéties des sibylles. On l'a soupçonné
de l'Arabie, et que c'est lui qui porte le Koran à tort d'être l'auteur du livre des Trois Im-
quand on va en pèlerinage à La Mecque. Les posteurs ; mais il a laissé un petit livre inti-
conducteurs de ces animaux après les avoir ,
tulé : De Triplici disciplina, in-8°, Lyon 1508.
fait boire dans un bassin prennent l'écume ,
On lui doit aussi des Dialogues sur la néces-
qui découle de leur bouche et s'en frottent dé- sité de poursuivre les magiciens ?..

votement la barbe en disant « 0 père pè-, :


Champignon. —
Les Hollandais appellent
lerin ô père pèlerin » Ils croient que cette
! !

le champignon pain du diable duivelsbrood ). (


cérémonie les préserve de méchef dans leur
voyage. —
On'voit dans les Admirables Secrets
Chandelle. —
Cardan prétend que, pour
savoir si un trésor est enfoui dans un souter-
dAlbert-le-Grand, livre II, cliar^ 3, que « si
rain où l'on creuse pour cela il faut avoir
le sang du chameau est mis dans la peau d'un
,

taureau pendant que les étoiles brillent, la une grosse chandelle faite de suif humain , ,

fumée qui en sortira fera qu'on croira voir un enclavée dans un morceau de coudrier, en

géant dont la tète semblera toucher le ciel forme de croissant, de manière à figurer avec
les deux branches une fourche à trois ra-
Hermès assure l'avoir éprouvé lui-même. Si
quelqu'un mange de ce sang il deviendra ,
meaux. Si la chandelle, étant allumée dans le
bientôt fou et si l'on allume une lampe qui
;
lieu souterrain y fait beaucoup de bruit en
,

pétillant avec éclat c'est une marque qu'il y


aura été frottée de ce même sang, on s'ima- ,

ginera que tous ceux qui seront présents au- a un trésor plus on approchera du trésor,
;

ront des têtes de chameau, pourvu cependant plus la chandelle pétillera; enfin elle s'éteindra
quand elle en sera tout à fait voisine. Ainsi il
qu'il n'y ait point d'autre lampe qui éclaire la
chambre. » Voy. Jean-Baptiste. faut avoir d'autres chandelles dans des lan-
ternes, afin de ne pas demeurer sans lumière,
Chammadaï, — le même qu'Asmodée.
Quand on a des raisons solides pour croire
chamos, — démon de la flatterie, membre que ce sont les esprits des hommes défunts qui
du conseil infernal. Les Ammonites et les gardent les trésors, il est bon d'avoir des
Moabites adoraient le soleil, sous le nom de cierges bénits au lieu de chandelles communes ;

Chamos, Kamosch ou Kemosch; et Milton et on les conjure de la part de Dieu de dé-


l'appelle Yobszène terreur des enfants de Moab. clarer si l'on peut faire quelque chose pour
D'autres confondent avec Jupiter Ammon.
le les mettre en lieu de repos il ne faudra ja- ;

Vossius a cru que c'était le Cornus des Grecs mais manquer d'exécuter ce qu'ils auront
et des Romains, qui était le dieu des jeux , demandé — Les chandelles servent à plus
des danses et des bals. Ceux qui dérivent ce d'un usage. On dans tous les démonogra-
voit
mot de l'hébreu Kamos prétendent qu'il si- phes que les sorcières, au sabbat, vont baiser

1
Comment, ad Bcrosi lib. m. Wicrus, De Praestigiis, 1
Dialogus in magicarum artium destructioncm.
dit que Pan est le prince des démons incubes. In-4<\ Lyon, Balsarin, sans date (vers 1507).
2 Christoph. Sandii lib. de Origine animai, p. 99. 2 Le Solide trésor du Petit Albert.
CIIA — 1 29 — OH A
le derrière du dinble avec une chandelle noire Le Sueur en a tiré parti dans sa belle galerie

à la main. Boguet dit qu'elles vont allumer ces de saint Bruno.


chandelles à un flambeau qui est sur la tête Chapuis ( Gabriel )
, — né à Amboise en
de bouc du diable , entre ses deux cornes, et 4 546. Nous citerons de ses ouvrages celui qui
qu'elles s'éteignent et s'évanouissent dès qu'on porte ce titre les Mondes célestes, terrestres
— N'oublions pas que
:

les lui a offertes


l trois
.
et infernaux, etc., tiré des Mondes de Doni,
chandelles ou trois bougies sur une table sont in-8°, Lyon, 1583. C'est un ouvrage satirique.
du mauvais augure et que quand de
plus
charbons se détachent de la lumière
;

Char de la mort ,
— VOlJ. BROUETTE.
petits
d'une chandelle, ils annoncent, selon quel- Charadrîus , — oiseau immonde que nous
ques-uns, une visite 2 mais, selon le senti- ;
ne connaissons pas ;
les rabbins disent qu'il
ment plus général, une nouvelle, agréable s'ils est merveilleux , et que son regard guérit la

augmentent la lumière, fâcheuse s'ils l'affai- jaunisse. Il faut, pour cela, que le malade et

blissent. l'oiseau se regardent fixement; car si l'oiseau

Chant du coq. — Il dissipe le sabbat.


détournait la vue, le malade mourrait aussitôt.

Voy. Coq. Charbon d'impureté ,


— l'un des démons
Chaomancïe ,
— art de prédire les choses de la possession de Loudun. Voy. Grandier.

futures par le moyen des observations qu'on Charlatans. — On attribuait trop souvent
fait sur l'air. Cette divination est employée autrefois aux sorciers ou au diable ce qui n'é-
par quelques alchimistes qui ne nous en ont tait que l'ouvrage des charlatans. Si nous pen-
pas donné le secret. sions comme au seizième siècle, tous nos es-
Chapeaux venteux, — Éric. VOlJ. camoteurs seraient sorciers. Voici ce qu'on —
Chapelet. — On a remarqué pertinemment lit dans le Voyage de Schouten aux Indes orien-

tales « 11 y avait au Bengale un charlatan qui,


:
que tous les chapelets de sorcières avaient une
en faisant plusieurs tours de souplesse prit
croix cassée ou endommagée : c'éiait même ,

une canne longue de vingt pieds, au bout de


un indice de sorcellerie qu'une croix de cha-
laquelle était une petite planche large de trois
pelet qui n'était pas entière.
ou quatre pouces; il mit cette canne à sa cein-
Chapelle du Damné. — Raymond Diocres, ture, après quoi une fille de vingt-deux ans
chanoine de Notre-Dame de Paris, mourut en
lui vint sauter légèrement par derrière sur les
réputation de sainteté vers l'an 1084. Son
épaules, et, grimpant au haut de la canne,
corps ayant été porté dans le chœur de la ca-
s'assit jambes croisées et les bras
dessus , les
thédrale il leva la tète hors du cercueil à ces
,
étendus. Après cela, l'homme, ayant les deux
mots de l'office des morts Responde mihi :

bras balancés, commença à marcher à grands


quantas habes iniquitates, etc., et dit Justo :

pas, portant toujours cette fille sur le bout de


judicio Dei accusatus sum. ( J'ai été cité de-
la canne, tendant le ventre pour s'appuyer,
vant le juste jugement de Dieu ) Les assistants .

et regardant sans cesse en haut pour tenir la


effrayés suspendirent le service et le remirent
machine en équilibre. La fille descendit adroi-
au lendemain. En attendant le corps du ,

tement, remonta ensuite et se pencha le ventre


chanoine fut déposé dans une chapelle de
sur le bâton en frappant des mains et des
,
Notre-Dame, qu'on appelle depuis la Cha-
pelle du Damné. —
Le lendemain on recom- ,
pieds les uns contre les autres. Le charlatan
ayant mis alors le bâton sur sa tête sans le
mença l'office, et lorsqu'on fut au même verset,
tenir ni des mains ni des bras cette même ,
le mort parla de nouveau et dit Justo Dei , :

fille et une autre petite Moresque de quinze


judicio judicatus sum. ( J'ai été jugé au juste
ans montèrent dessus l'une après l'autre;
jugement de Dieu. ) On remit encore l'office
l'homme les porta ainsi autour de la place, en
au jour suivant; et au même verset le mort ,

courant et se penchant, sans qu'il leur arrivât


s'écria Justo Dei judicio condemnatus sum.
:

le moindre mal. Ces deux mêmes filles mar-


(J'ai été condamné au juste jugement de Dieu.)
chèrent sur la corde la tête en bas, et firent
Là-dessus, dit la chronique, on jeta le corps
une multitude d'autres tours de force très-
à la voirie; et ce miracle fut cause, selon
merveilleux. Mais, quoique plusieurs d'entre
quelques-uns de la retraite de saint Bruno
,

nous crussent que tous ces tours de souplesse


qui s'y trouvait présent. Quoique cette anec-
fussent faits par art diabolique,il me semble
dote soit contestée, elle est consacrée par des
qu'ils pouvaient se faire naturellement car
monuments. La peinture s'en est emparée, et ;

ces filles, qui étaient très-adroites, subtiles,


1
Discours des sorciers, ch. 22. et dont les membres étaient grandement agiles,
2 Brown, liv. v,ch. 23. faisaient tout cela à force de s'y être accou-
9
,,

CHA — il ) — CHA
tumées et exercées. y a eu des char-
» — Il donné le jour à un fils, lequel, par la suite,
latans de toutes les espèces: en 1728, du élu pape sous le nom de Léon III, couronna

temps de Law, le plus fameux des charlatans, Charlemagne empereur d'Occident. Il se- —
un autre nommé Villars confia à quelques
, ,
rait long de rapporter ici tous les prodiges

amis que son oncle qui avait vécu près de


,
qu'on raconte de Charlemagne. Son règne est
cent ans, et qui n'était mort que par accident, l'époque chérie de nos romans chevaleres-
lui avait laissé le secret d'une eau qui pou- ques. On voit toujours auprès de lui des en-
vait aisément prolonger la vie jusqu'à cent chanteurs, des géants, des fées. On a même
cinquante années, pourvu qu'on fût sobre. dit qu'il ne porta la guerre en Espagne que
Lorsqu'il voyait passer un enterrement, il le- parce que saint Jacques lui apparut pour l'aver-
vait les épaules de pitié. « Si le défunt, disait- tir qu'il retirât son corps des mains des Sar-

il, avait bu de eau, il ne serait pas où il


mon rasins. Ses guerres de Saxe ne sont pas moins

est. » Ses amis auxquels il en donna géné- fécondes en merveilles , et les circonstances
,

reusement et qui observèrent un peu le ré-


,
de sa vie privée sont rapportées également
gime prescrit, s'en trouvèrent bien et le prô- d'une manière extraordinaire par les chroni-
nèrent; alors il vendit la bouteille six francs; queurs. — On dit qu'en sa vieillesse il devint
le débit en fut prodigieux. C'était de l'eau de si éperdument épris d'une Allemande, qu'il
Seine avec un peu de nitre. Ceux qui en pri- en négligea non-seulement les affaires de son
rent et qui s'astreignirent au régime, surtout royaume, mais même le soin de sa propre
s'ils étaient nés avec un bon tempérament personne. Cette femme étant morte sa pas- ,

recouvrèrent en peu de jours une santé par- sion ne s'éteignit pas, de sorte qu'il continua

faite. Il disait aux autres « C'est votre faute :


d'aimer son cadavre, dont il ne voulait passe
vous n'êtes pas entièrement guéris. » On séparer. L'archevêque Turpin ayant appris
si ,

la durée de cette effroyable passion alla un


sut enfin que l'eau de Villars n'était que de ,

jour, pendant l'absence du prince, dans la


l'eau de rivière on n'en voulut plus et on alla
;

à d'autres charlatans . Voy. Ane , Chèvre ,


chambre où était le cadavre afin de voir s'il ,

n'y trouverait pas quelque sort ou maléfice


Alexandre de Paphl agonie ,
etc.
qui fût la cause de ce dérèglement. 11 visita
Charles-Martel. —
Saint Eucher, évêque
exactement le corps mort et trouva en effet, ,

d'Orléans, eut une vision, dans laquelle il se sous la langue, un anneau, qu'il emporta. Le
crut transporté par un ange dans le purga- même jour Charlemagne, étant rentré dans
toire. Là, il vit Charles-Martel, qui expiait les
son palais, fut fort étonné d'y trouver une
pillages qu'il avait faits et ceux qu'il avait
carcasse puante; et, se réveillant comme
soufferts. —A cette vision, on ajoute ce conte,
si

d'un profond sommeil, il la fit ensevelir promp-


que le tombeau de Charles-Martel fut ouvert
tement. —
Mais la passion qu'il avait eue
et qu'on y trouva un serpent, lequel n'était pour le cadavre, il l'eut alors pour l'archevê-
qu'un démon. Et là-dessus les philosophes que Turpin, qui portait l'anneau il le suivait :

s'en prenant au clergé, l'ont accusé de fraudes.


partout, et ne pouvait le quitter. Le prélat,
Mais le tombeau de Charles-Martel n'a été effrayé de cette nouvelle folie, et craignant
ouvert à Saint-Denis que par les profanateurs
que l'anneau ne tombât en des mains qui en
de 1793. pussent abuser, le jeta dans un lac afin que
Charlemagne. —
On lit dans la légende , personne n'en pût faire usage à l'avenir. Dès
de Berthe au grand pied, que Pépin-le-Bref lors Charlemagne devint amoureux du lac,
voulant épouser Berthe. fille du comte de Laon, ne voulut plus s'en éloigner, y bâtit auprès
qu'il ne connaissait pas, ceux qui la lui ame- un palais et un monastère, et y fonda la ville
naient lui substituèrent une autre femme que d'Aix-la-Chapelle, où il voulut être enseveli.
Pépin épousa. Ils avaient chargé des assas- On que tout ce récit n'est qu'un conte.
sent
sins de tuer la princesse dans la forêt des Ar- Voy. Vétin, etc.
dennes. Ayant ému leur pitié, elle en obtint la Charles-le-Chauve deuxième du nom
, —
vie, à condition de se laisser passer pour de Charles parmi les rois des Francs. Il eut
morte. Elle se réfugia chez un meunier où la vision suivante, dont on prétend qu'il a écrit
ellevécut plusieurs années. Un jour Pépin, — lui-même le détail. — La nuit d'un dimanche,
égaré à la chasse, vint chez ce meunier; son au retour des matines, comme il allait se re-
astrologue lui annonça qu'il se trouvait là une poser, une voix terrible vint frapper à ses
destinée à quelque chose de grand. Berthe
fille oreilles . « Charles, lui dit cette voix, ton es-
fut reconnue, rétablie dans ses droits: elle prit va de ton corps; tu viendras et
sortir
devint mère de Charlemagne. La légende — verras les jugements de Dieu, qui te serviront
ajoute que la première épouse de Pépin avait ou de préservatif ou de présage Ton esprit.
• CHA — 13 1 — CHA
néanmoins, quelque temps
te sera rendu quoique rempli de fournaises ardentes. Je
après. » A l'instant il fut ravi en esprit; celui trouvai le côté opposé très-éclairé et fort
qui l'enleva était d'une blancheur éclatante. Il agréable. Je m'attachai particulièrement à
lui mit dans la main un peloton de fil qui je- examiner le côté obscur j'y vis des rois de
:

tait une lumière extraordinaire « Prends ce :


ma race tourmentés par d'étranges supplices.
fil. lui dit-il, et l'attache fortement au pouce
Le cœur serré d'ennui et de tristesse, je
de ta main droite, par ce moyen je te condui- croyais à tout moment me voir précipité moi-
rai dans les labyrinthes infernaux, séjour de même dans ces gouffres par de noirs géants.
peines et de souffrances. » Aussitôt le guide La frayeur ne m'abandonna pas. De l'autre
marcha devant lui avec vitesse*, en dévi- côté du vallon je remarquai deux fontaines,
dant le peloton de il le condui-
fil lumineux ;
dont l'une était d'une eau très-chaude, et
sit dans des vallées profondes remplies de l'autre plus douce et plus tempérée. Je vis

feux et pleines de puits enflammés, où l'on deux tonneaux remplis l'un et l'autre de ces
voyait bouillir de la poix, du soufre, du plomb, eaux; et dans l'un je reconnus mon père,
de la cire et d'autres matières. — « Je re- Louis-le-Débonnaire, qui y était plongé jus-
marquai, monarque, des prélats qui
dit le qu'aux cuisses. Il ne laissa pas de me rassu-
avaient servi mon père et mes aïeux. Quoi- rer, et me dit « Mon fils Charles, ne crai-
:

que tremblant, je ne laissai pas de les inter- gnez rien, je sais que votre esprit retournera
roger pour apprendre d'eux quelle était la dans votre corps; Dieu a permis que vous
cause de leurs tourments; ils me répondi- vinssiez ici pour voir les peines que mes pé-
rent « Nous avons été les officiers de votre
:
chés ont méritées. Si, par des prières et des
père et de vos aïeux et, au lieu de les por- ;
aumônes, vous me secourez, vous, mes fidèles
ter eux et leurs peuples à la paix et à l'union, évêques et tout l'ordre ecclésiastique, je ne
nous avons semé parmi eux la discorde et le tarderai guère à être délivré de ce tonneau.
trouble c'est pourquoi nous sommes dans ces
: Mon frère Lothaire et Louis son fils jouissent
souterrains. C'est ici que viendront ceux qui à présent du paradis. — Regardez à votre
vous environnent et nous imitent dans le gauche, ajouta mon père. » A l'instant je tour-
mal. » —
Pendant que, tout tremblant, le roi nai la tète, je remarquai deux grands ton-
considérait ces choses, il vit fondre sur lui neaux d'eau bouillante. « Voilà ce qui vous est
d'affreux démons, lesquels, avec des crochets destiné, continua-t-il, si vous ne vous corri-
de fer enflammé, voulaient se saisir de son gez et ne faites pénitence. » — Mon guide me
peloton de fil et le lui enlever des mains mais ;
dit alors Suivez-moi dans la partie qui est
: «

l'extrême lumière qu'il jetait les empêchait de à droite de ce vallon, où se trouve toute la
le happer. Ces mêmes démons voulurent gloire du paradis. Je ne marchai pas long-
prendre le roi et le précipiter dans les puits temps sans voir au milieu des plus illustres
de soufre; son conducteur le débarrassa des roismon oncle Lothaire, assis sur une topaze
embûches qu'on lui tendait, et le mena sur de d'une grandeur extraordinaire et couronné
hautes montagnes d'où sortaient des torrents d'un riche diadème; son fils, Louis, était dans
de feux qui faisaient fondre et bouillir toutes un éclat aussi brillant. A peine m'eut-il
sortes de métaux. « Là , dit le roi ,
je trouvai aperçu que, d'une voix fort douce, il m'ap-
les âmes des seigneurs qui avaient servi mon pela et me parla en ces termes « Charles, :

père et mes frères les uns y étaient plongés : qui êtes mon troisième successeur dans l'em-
jusqu'au menton, et d'autres à mi-corps. Ils pire romain, approchez. Je sais, continua-
s'écrièrent, en s'adressant moi « Hélas! à : t-il, que vous êtes venu voir les lieux de sup-

Charles, vous voyez comme nous sommes pu- plices et de peines où votre père et mon frère
nis pour avoir malicieusement semé le trouble gémissent encore pour quelque temps. Mais,
et la division entre votre père, vos frères et par la miséricorde de Dieu, ils seront bientôt
vous. . . » Je ne pouvais, dit le monarque (qui a délivrés de leurs souffrances, comme nous-
tout l'air de faire là
une brochure politique, mêmes en avons été retirés, à la prière de
dans l'esprit de son époque ) je ne pouvais ,
saint Pierre, de saint Denis et de saintRemi,
m'empôcher de gémir de leurs peines. Je vis que Dieu a établis les patrons des rois et du
venir à moi des dragons dont la gueule en- peuple français. Sachez aussi que vous ne
flammée cherchait à m'engloutir mon guide ; tarderez pas à être détrôné, après quoi vous
me fortifia par le fil du peloton lumineux vivrez peu. » Et Louis, se tournant vers moi :

dont il m'entoura, et celte clarté offusqua si « L'empire romain, dit-il, que vous avez pos-
bien les dangereux animaux qu'ils ne purent sédé, doit passer incessamment entre les mains
m'atteindre. —
Nous descendîmes dans une de Louis, fils de ma fille. » A l'instant j'a- -
vallée dont un côté était obscur et ténébreux, perçus ce jeune enfant. » Remettez-lui l'auto-
CHA — i: 2 — CHA
rité souveraine, continua Louis, et lui en don- die, « Sauvez le roi, » Charles dut la vie à

nez les marques en lui confiant ce peloton la présence d'esprit de la duchesse de Berri,
que vous tenez. » Sur-le-champ je le détachai qui le couvrit de son manteau et arrêta la
de ma main pour le lui donner. Par là il se flamme. — L'état du roi empirait tous les
trouva revêtu de l'empire et tout le peloton , jours; le duc d'Orléans fut soupçonné de l'a-
passa dans sa main. A peine en fut-il maître, voir ensorcelé. Jordan de Mejer, de Divin.,
qu'il devint tout brillant de lumière, et mon cap. 43, écrit que ce duc, voulant extermi-
esprit rentra dans mon corps. — Ainsi, tout le ner la race royale, confia ses armes et son
monde doit savoir que, quoi qu'on fasse, il anneau à un apostat, pour les consacrer au

possédera l'empire romain que Dieu lui a diable et les enchanter par des prestiges ;

destiné, et quand je serai passé à une autre qu'une matrone évoqua le démon dans la tour
vie, c'est ce qu'exécutera le Seigneur, dont de Montjoie, près Ligny qu'ensuite le duc se ;

la puissance s'étend dans tous les siècles sur servit des armes ensorcelées pour ôter la rai-

les vivants et les morts ». » Nous le répétons : son au roi Charles, son frère, si subtilement,
brochure politique. qu'on ne s'en aperçut pas d'abord. Le pre-
mier enchantement se fit près de Beauvais; il
Charles VI, —
roi de France. Ce prince,
fut si violent que les ongles et les cheveux
chez qui on avait déjà remarqué une raison
en tombèrent au roi. Le second, qui eut lieu
affaiblie, allant faire la guerre en Bretagne,
dans le Maine, fut plus fort encore personne ;

fut saisi en chemin d'une frayeur qui acheva


ne pouvait assurer si le roi vivait ou non.
de déranger entièrement le cerveau. Il vit
lui
Aussitôt qu'il revint à lui « Je vous supplie, :

sortir d'un buisson, dans la forêt du Mans,


dit-il, enlevez-moi cette épée, qui me perce le
un inconnu d'une figure hideuse, vêtu d'une corps par le pouvoir de mon frère d'Or-
robe blanche, ayant la tête et les pieds nus,
léans. » C'est toujours Mejer qui parle. Le
qui saisit la bride de son cheval, et lui cria
médecin qui avait guéri le roi n'existait plus;
d'une voix rauque : « Roi, ne chevauche pas
on fit venir du fond de la Guienne un char-
plus avant; retourne, tu es trahi» Le mo- !

latan qui se disait sorcier, et qui s'était vanté


narque, hors de lui-même, tira son épée et
de guérir le roi d'une seule parole il appor- ;

ôta la vie aux quatre premières personnes


tait avec lui un grimoire qu'il appelait Sima-
qu'il rencontra, en criant : « En avant sur les
gorad par le moyen duquel il était maître
,

traîtres Son épée s'étant rompue et ses


1 »
de la nature. Les courtisans lui demandèrent
forces épuisées, on le plaça sur un chariot et
de qui il tenait ce livre, il répondit effronté-
on le ramena au Mans. Le fantôme de la — ment que « Dieu, pour consoler Adam de la
forêt est encore aujourd'hui un problème dif-
mort d'Abel, le lui avait donné, et que ce li-
ficile à résoudre. Etait-ce un insensé qui se
vre, par succession, était venu jusqu'à lui. » ïl
trouvait là par hasard? était-ce un émissaire traita le roi pendant six mois et ne fit qu'irri-
du duc de Bretagne contre lequel Charles
marchait? Tous les raisonnements du temps
ter la maladie. —
Dans ses intervalles luci-
des, le malheureux prince commandait qu'on
aboutissaient au merveilleux ou au sortilège.
enlevât tous les instruments dont il pour-
Quoi qu'il en soit, le roi devint tout à fait rait frapper. « J'aime mieux mourir di- ,

fou. Un médecin de Laon, Guillaume de Har-


sait-il, que de faire du mal. » Il se croyait de
sely, fut appelé au château de Creil, et, après
bonne foi ensorcelé. Deux moines empiri-
six mois de soins et de ménagements, la santé
ques, à qui on eut l'imprudence de l'aban-
du roi se trouva rétablie. Mais, en 1393 — donner, lui donnèrent des breuvages désa-
son état devint désespéré à la suite d'une
gréables, lui firentdes scarifications magiques ;

autre imprudence. La reine, à l'occasion du puis ils furent pendus, comme ils s'y étaient
mariage, donnait un bal masqué. Le roi y obligés en cas que la santé du roi ne fût
vint déguisé en sauvage conduisant avec lui ,
point rétablie au bout de six mois de traite-
de jeunes seigneurs dans le même costume, ment. Au reste, la mode de ce temps-là était
attachés par une chaîne de fer. Leur vêtement
d'avoir près de soi des sorciers ou des char-
était fait d'une toile enduite de poix-résine, latans, comme depuis les grands eurent des
sur laquelle on avait appliqué des étoupes. fous, des nains et des guenons
Le duc d'Orléans, voulant connaître les mas-
ques, approcha un flambeau : la flamme se Charles ix, —
roi de France. Croirait-on
qu'un des médecins astrologues de Charles IX
communiqua avec rapidité, les cinq seigneurs
lui ayant assuré qu'il vivrait autant de jours
furent brûlés ; mais un cri s'étant fait enten-
qu'il pourrait tourner de fois sur son talon
1
Visio C;iroli C'alvi de locis pœnarum et félicitante
justorum. Manuscripta Bibl. reg., n° 2247, p. 188. 1
M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 87.
— ,

CHA — 1 o3 — CHA
dans l'espace d'une heure, il se livrait tous personnes qui étaient dans la chambre à dan-
les matins à cet exercice solennel pendant cet ser devant lui. «Ces sortes de charmes, dit-il,
intervalle de temps, et que les principaux s'opèrent ordinairement par des paroles qui
officiers de l'État, les généraux, le chancelier, font Toute l'antiquité a
agir le diable. » —
les vieux juges pirouettaient tous sur un seul remarqué que charmaient les ser-
les sorciers
pied pour imiter le prince et lui faire leur pents, qui quelquefois tuent le charmeur. Un
cour M — On assure qu'après le massacre de sorcier de Salzbourg, devant tout le peuple,
la Saint-Barthélemi, Charles IX vit des cor- fit assembler en une fosse tous les serpents

beaux sanglants, eut des visions effroyables, d'une lieue à la ronde, et là les fit tous mou-
et reçut par d'affreux tourments le présage rir, hormis le dernier, qui était grand, lequel
de sa mort prématurée. On ajoute qu'il mou- sautant furieusement contre le sorcier le tua.
rut au moyen d'images de cire faites à sa res- « En quoi, il appert que ce n'est pas le mot
semblance, et maudites par arl magique, que hipokindo, comme dit Paracelse, ni autres
ses ennemis, les sorciers protestants, faisaient mots semblables ni certaines paroles du
,

fondre tous les jours par les cérémonies de psaume 91, qui font seules ces prodiges; car
l'envoûtement, et qui éteignaient la vie du comment les serpents eussent-ils ouï la voix
roi à mesure
qu'elles se consumaient 2 En . d'un homme d'une lieue à la ronde, si le dia-
ces temps-là, quand quelqu'un mourait de ble ne s'en fût mêlé 1
? » — Nicétas indique
consomption ou de chagrin, on publiait que les à ce propos un charme qui s'opère sans le
sorciers l'avaient envoûté. Les médecins ren- secours des paroles « On tue un serpent, une :

daient les sorciers responsables des malades vipère et tout animal portant aiguillon dit- ,

qu'ils ne guérissaient pas. il, en crachant dessus avant déjeuner »

Charles il, — ducde Lorraine. Voy. Sabbat. Figuier prétend qu'il a tué diverses fois des

Charles-le -Téméraire, — duc de Bourgo- serpents de cette manière, mouillant de sa


salive un bâton ou une pierre, et en donnant
gne. disparut après bataille de Morat;
et, parmi
11

les chroniqueurs,
la

il en est qui disent


un coup sur la tête du serpent On cite —
un grand nombre d'autres charmes dont les
qu'il fut emporté par le diable, comme Ro-
effets sont moins vrais qu'étonnants. Dans
drigue ; d'autres croient qu'il se réfugia en
une solitude quelques villages du Finistère, on emploie ce-
et se fil ermite. Cette tradition a
fait le sujet du roman de M. d'Arlincourt
lui-ci on place secrètement sur l'autel qua-
:

intitulé le Solitaire.
tre pièces de sixliards, qu'on pulvérise après
messe; et cette poussière avalée dans un
Charles II, — roi d'Angleterre. Quoique
la

verre de vin, de cidre ou d'eau-de-vie, rend


,

fort instruit, Charles 11 était, comme son père,


invulnérable à course et à la lutte 2 Ces
la .

plein de confiance dans l'astrologie judiciaire.


charmes se au reste à l'insu du curé
font ;
Il recherchait aussi la pierre philosophale. car l'Église a toujours sévèrement interdit ces
Voy. Alchimie.
superstitions. —
Le grand Grimoire donne un
Charmes, —
enchantement, sortilège, cer- moyen de charmer les armes à feu et d'en
tain arrangement de paroles, en vers ou en rendre l'effet infaillible il faut dire en les ;

prose, dont on se sert pour produire des effets chargeant « Dieu y ait part, et le diable la
:

merveilleux. Une femme, de je ne sais quelle sortie; » et,met en joue, il faut


lorsqu'on
contrée, ayant grand mal aux yeux, s'en alla jambe gauche sur la droite
dire en croisant la :

à une école publique et demanda à un écolier Non tradas.... Mathon. Amen, etc. La plu- —
quelques mots magiques qui pussent charmer part des charmes se font ainsi par des paroles
son mal et le guérir, lui promettant récom- dites ou tracées dans ce sens; charme vient
pense. L'écolier lui donna un billet enveloppé du mot latin carmen, qui signifie non-seule-
dans un chiffon, et lui défendit de l'ouvrir. ment des vers et de la poésie, mais une for-
Elle le porta et guérit.Une des voisines ayant mule de paroles déterminées dont on ne doit
eu la même
maladie porta le billet, et guérit pas s'écarter. On nommait carmina les lois,
pareillement. Ce double incident excita leur les formules des jurisconsultes, les déclara-
curiosité; elles développent le chiffon et li- tions de guerre, les clauses d'un traité, les
sent : « Que le diable t'écarquille les deux évocations des dieux 5
. Tite-Live appelle lex
yeux bouche avec de la boue.... ».
et te les horrendi carminis la loi qui condamnait à
Delrio cite un sorcier qui, en allumant une mort Horace meurtrier de sa sœur. — Quand
certaine lampe charmée, excitait toutes les

1
1
Bodin, Démonomanie, etc., liv. Il, ch. 2.
Curiosités de la littérature, traduit de l'anglais par
Bertin, t. I", p. 249. 2 Cambry, Voyage dans
,
le Finistère, t. III, p. 195.
* Delrio, Disquisit, mag., lib. ni, cap. 3 Bergier, Dictionnaire théologique, au
1, quœst. 3. mot Charme,
CHA — 1 sa — CHA
les Turcs ont perdu un esclave qui s'est en- Chartier (Alain), — poète du commence-
fui, ils écrivent une conjuration sur un papier ment du quinzième siècle. On lui attribue un
qu'ils attachent à la porte de la hutte ou cel- Nature du feu de VEnfer, que
traité sur la
lule de cet esclave, et il est forcé de revenir nous ne sommes pas curieux de connaître.
au plus vite devant une main invisible qui
le poursuit à grands coups de bâton *. Pline
Chartumins , — sorciers chaldéens ,
qui
étaient en grand crédit du temps du prophète
dit que, de son temps, par le moyen de cer-
Daniel.
tains charmes, on éteignait les incendies, on
arrêtait le sang des plaies, on remettait les Chasdms. — astrologues de la Chaldée. Ils

membres disloqués, on guérissait la goutte, tiraient l'horoscope, expliquaient les songes et

on empêchait un char de verser etc. Tous ,


— les oracles, et présidaient l'avenir par divers
lesanciens croyaient fermement aux charmes, moyens.
dont la formule consistait ordinairement en cer- Chassanion (Jean de) ,
— écrivain protes-
tains vers grecs ou latins. —
Bodin rapporte, au tant du seizième siècle. On lui doit le livre
chap. 5 du ïiy. 3 de la Démonomanie ,
qu'en « Des grands et redoutables jugements et
Allemagne par charmes
les sorcières tarissent punitions de Dieu advenus au monde, princi-
le lait des vaches, et qu'on s'en venge par un palement sur grands, à cause de leurs
les
contre-charme qui est tel on met bouillir :
méfaits. » Morges, 4584. Dans cet ou-
In-8° ;

dans un pot du lait de la vache tarie, en ré- vrage très-partial, il se fait de grands mira-
citant certaines paroles (Bodin ne les indique cles en faveur des protestants. Chassanion a
pas) et frappant sur le pot avec un bâton. En écrit aussi un volume sur les géants *.

même temps le diable frappe la sorcière d'au-



Chasse. Secrets merveilleux pour la
tant de coups, jusqu'à ce qu'elle ait ôté le
charme. —
On dit encore que si, le lendemain
chasse. Mêlez le sucre de
sang et la peau d'un jeune
jusquiame avec
lièvre ; cette com-
le

du jour où l'on est mis en prison, on avale à


position attirera tous les lièvres des environs.
jeun une croûte de pain sur laquelle on aura
écrit Senozam, Gozoza, Gober, Dom, et
:
— Pendez le gui de chêne avec une aile d'hi-
rondelle à un arbre ; tous les oiseaux s'y ras-
qu'on dorme ensuite sur le côté droit, on sor-
sembleront de deux lieues et demie. On dit
tira avant trois jours. — On arrête les voitu-
aussi qu'un crâne d'homme, caché dans un
res en mettant au milieu du chemin un bâton
colombier," y attire tous les pigeons d'alen-
sur lequel soient écrits ces mots
omnipotenSi etc., convertis -toi,
: Jérusalem,
arrête-toi là. Il
tour. —
Faites tremper une graine, celle que
vous voudrez, dans la lie de vin, puis jetez-la
faut ensuite traverser le chemin par où l'on voit
arriver les chevaux. — On donne à un pisto-
aux oiseaux ceux qui en tàteront s'enivre-
:

ront, et se laisseront prendre à la main. Et le


let la portée de cent pas, en enveloppant ia
Petit Albert ajoute « Ayez un hibou que vous
:

balle dans un papier où l'on a inscrit le nom


attacherez à un arbre; allumez tout près un
des trois rois. On aura soin , en ajustant , de
gros flambeau, faites du bruit avec un tam-
retirer son haleine , et de dire : « Je te conjure
bour; tous les oiseaux viendront en foule pour
d'aller droitoù je veux tirer. »' Un soldat — faire la guerre au hibou et on en tuera au-

,

peut se garantir de l'atteinte des armes à feu


tant qu'on voudra avec du menu plomb. »
avec un morceau de peau de loup ou de bouc,
Pour chasse de Saint-Hubert, voy. Veneur,
sur lequel on écrira, quand le soleil entre
et pour les chasseurs merveilleux, voy. Ve-
dans le signe du Bélier « Arquebuse, pisto-:

neur, Arthus, M. de Laforèt, etc.


let, canon ou autre arme à feu, je le com-

mande que tu ne puisses tirer de par Chassen (Nicolas), — petit sorcier de Fra-
l'homme, etc.» —
On guérit un cheval encloué neker, au dix-septième siècle, qui se distingua
en mettant trois fois les pouces en croix sur à l'âge de seize ans. Ce jeune homme, Hollan-
son pied, en prononçant le nom du dernier dais et calviniste , étant à l'école ,
faisait des
assassin mis à mort, en récitant trois fois cer- grimaces étranges, roulait les yeux et se con-
taines prières 2 Il y a une infinité d'autres tournait tout le corps; il montrait à ses ca-
charmes. —
On distingue le charme de l'en- marades des cerises mûres au milieu de l'hi-
chantement, en ce que celui-ci se faisait par ver; puis, quand il les leur avait offertes il ,

des chants. Souvent on les a confondus. Voy. les reprenait et les mangeait. Dans le prêche,

Contre-Charmes Enchantements, Maléfi-


,
où les écoliers avaient une place à part, il fai-

ces, Talismans, Paroles, Philactères, Li- sait sortir de l'argent du banc où il était assis.

gatures, Chasse, Philtres, etc.


1
De Gigantibus eorumque reliquiis atqne iis quœ
1
Lcloyer, Tïist. et dise, des spectres, liv. iv, ch. 21. antE annos aliquot nostra a>tate in Ga'lia reperta sunt.
2 Thiers. Traité des superstition^, t te. In 8". Bâle, 1580.
, ,
,

eu a — 1: y — CHA
Il par le
disait qu'il opérait tous ces tours composés. Cette sorcière fut condamnée ,
et

moyen d'un esprit malin qu'il appelait Serug. ces morceaux de cire brûlés avec elle 1 .

— Balthazar Bekker dit, dans le Monde en-


— Les
Chasteté. livres de secrets merveil-
chanté*, qu'étant allé à cette école, il vit, sur
leux, qui ne respectent rien, indiquent des po-
le plancher, un cercle fait de craie, dans le-
tions qui, selon eux, ontpour effet de révéler
quel on avait tracé des signes dont l'un res-
quelques d'un coq et la chasteté, mais qui, selon l'expérience, ne
semblait à la tête ,

chiffres au milieu; il remarqua aussi une li-


révèlent rien du tout.

gne courbe comme la poignée d'un moulin


à bras tout cela était à demi effacé. Les
:
Chat. —
Le chat tient sa place dans l'his-
de la superstition. Un soldat romain ayant
toire
écoliers avaient vu Chassen faire ces ca-
tué, par mégarde, un chat en Égypte, toute la
ractères magiques. Lorsqu'on lui demanda
ville se souleva ce fut en vain que le roi in-
;
ce qu'ils signifiaient , il se tut d'abord ; il dit
tercéda pour lui, il ne put le sauver de la fu-
ensuite qu'il les avait faits pour jouer. On
reur du peuple. Observons que les rois d'É-
voulut savoir comment il avait des cerises et
gypte avaient rassemblé dans Alexandrie
répondit que l'esprit les
,
de l'argent ; il lui
donnait. « Qui est cet esprit "! — Beehébut , »
une bibliothèque immense, et qu'elle était pu-
blique les Égyptiens cultivaient les sciences
ajouta que le diable lui appa- ;
répondit-il.
raissait sous
Il

forme humaine quand il avait


pas moins les chats
et n'en adoraient
2
Ma- .

homet avait beaucoup d'égards pour son chat.
envie de lui faire du bien d'autres fois sous ,

L'animal s'était un jour couché sur la manche


forme de bouc ou de veau qu'il avait toujours ;
pendante de la veste du prophète, et semblait
un pied contrefait; etc. Mais, dit Bekker, on
finit par reconnaître que tout cela n'était qu'un
y méditer si profondément que Mahomet,
pressé de se rendre à la prière et n'osant le
jeu que Chassen avait essayé pour se rendre
tirer de son extase, coupa, dit-on, la manche
considérable parmi les enfants de son âge on ;

de sa veste. A son retour, il trouva son chat


s'étonne seulement qu'il ait pu le soutenir de-
qui revenait de son assoupissement , et qui
vant tant de personnes d'esprit pendant plus
s'apercevant de l'attention de son maître se ,
d'une année.
leva pour lui faire la révérence, et plia le dos
Chassi —
démon auquel les habitants des
,
en arc. Mahomet, qui comprit ce que cela
îlesMariannes allribuent le pouvoir de tour- signifiait assura au chat qui faisait le gros
,
,

menter ceux qui tombent dans ses mains. dos, une place dans son paradis. Ensuite, pas-
L'enfer est pour eux la maison de Chassi. sant trois fois lamain sur l'animal, il lui im-
prima par cet attouchement, la vertu de ne
,

Chastenet (Léonarde ), vieille femme de — jamais tomber que sur ses pattes. Ce conte
quatre-vingts ans, mendiante en Poitou, vers n'est pas ridicule chez les Turcs. Voici une —
1591 et sorcière. Confrontée avec Mathurin
, anecdote où le chat joue un mauvais rôle :

Bonnevault, qui soutenait l'avoir vue au sab- — Un aide-de-camp du maréchal de Luxem-


bat, elle confessa qu'elle y était allée avec son bourg vint loger dans une auberge dont la ré-
mari que le diable, qui s'y montrait en forme
;
putation n'était pas rassurante. Le diable, di-
de bouc était une bête fort puante. Elle nia
,
sait-on , venait toutes les nuits dans une cer-
qu'elle eût fait aucun maléfice. Cependant taine chambre, tordait le cou à ceux qui osaient
elle fut convaincue par dix-neuf témoins , y coucher, et les laissait étranglés dans leur
d'avoir fait mourir cinq laboureurs et plu- lit. Un grand nombre de voyageurs remp'is-

sieurs bestiaux. — Quand elle se vit condam- sant l'auberge quand l'aide-de-camp y en-
née, elle confessa qu'elle avait fait pacte avec tra, on lui dit qu'il n'y avait de vide que la
le diable, donné de ses cheveux et
lui avait chambre fréquentée par le diable où per- ,

promis de faire tout le mal qu'elle pourrait. sonne ne voulait prendre gîte. « Oh bien !

Elle ajouta que la nuit, dans sa prison, le dia- moi ,


répondit-il, je ne serai pas fâché de
ble était venu à elle en forme de chat, auquel lier connaissance avec qu'on fasse mon
lui ;

ayant dit qu'elle voudrait être morte, icelui lit dans la chambre en question, je me charge

diable lui morceaux de


avait présenté deux du reste. » Vers minuit, l'officier vit descendre
en mangeât et qu'elle
cire, lui disant qu'elle le diable par la cheminée, sous la figure d'une
mourrait; ce qu'elle n'avait voulu faire. Elle bête furieuse, contre laquelle il fallut se dé-
avait ces morceaux de cire ; on les visita , et
on ne put juger de quelle matière ils étaient T
Discours sommaire des sortilèges et vénéfices, tirés
des procès criminels jugés au siège royal de Montmo-
rillon, en Poitou, en l'année 1599, p. 19.
1
Tome IV, p. 154. 2 Saint-Foix, Essais sur Paris, t. II, p. 300.

CHA — 1; 16 — CHA
fendre. y eut un combat acharné, à coups
Il qu'elles font bouillir sur un feu de verveine
de sabre de la part du militaire à coups de ,
et d'autres plantes magiques.
griffes et de dénis de la part de la bête;
cetie lutte dura une heure; mais le diable
Chaudron Magoeleine-Michelle { ), — Ge-
nevoise , accusée d'être sorcière en 1652. On
finit par rester sur la place Faide-de-camp ;
dit qu'ayant rencontré le diable en sortant de
appela du monde, on reconnut un énorme chat
la ville réformée, il reçut son hommage, et im-
sauvage qui, selon le rapport de l'hôte, avait
prima sur sa lèvre supérieure son seing ou
déjà étranglé quinze personnes 1 .— On lit dans
marque. Ce petit seing rend la peau insensi-
la Démonomanie de Bodin 2 que des sorciers
ble, comme l'affirment les démonographes.
de Vernon, auxquels on fit le procès en 566, 1
Le diable ordonna à Michelle Chaudron d'en-
fréquentaient et s'assemblaient ordinairement
• sorceler deux filles elle obéit les parents , ;

dans un vieux château sous la forme d'un nom-


l'accusèrent de diablerie, les filles interrogées
bre infini de chats. Quatre hommes, qui avaient
attestèrent qu'elles étaient possédées. On ap-
résolu d'y coucher, se trouvèrent assaillis par
pela ceux qui passaient pour médecins ; ils
cette multitude de chats l'un de ces hommes ;
cherchèrent sur Michelle Chaudron le sceau
y fut tué les autres blessés néanmoins ils
, ;
du diable que le procès-verbal appelle les
,

blessèrent aussi plusieurs chattes, qui se trou-


marques sataniques; ils y enfoncèrent une ai-
vèrent après en forme de femmes mais bien
,
guille. Michelle connaître par ses cris que
réellement mu tuées. — On sait que les chats
les
fit

marques sataniques ne rendent point in-


assoient au sabbat, qu'ils y dansent avec les
sensible.— Les juges , ne voyant pas de preuve
sorc'ères, et que lesdites sorcières, aussi bien
complète lui firent donner la question. Cette
,

que le diable leur maître, prennent volontiers


malheureuse, cédant à la violence des tour-
la figure de cet animal. On lit dans Boguet
ments, confessa tout ce qu'on voulut. Elle fut
qu'un laboureur près de Strasbourg fut assailli brûlée après avoir été pendue et étranglée.
,

par trois gros chats, et qu'en se défendant il


les blessa sérieusement. Une heure après, le
Chaudron-du- Diable gouffre qui se trouve ,


au sommet du pic de Ténériffe. Les Espagnols
juge fit demander le laboureur et le mit en pri-
ont donné le nom de Chaudron-du-Diable à ce
son pour avoir maltraité trois dames de la
gouffre, à cause du bruit que l'on entend lors-
ville. Le laboureur étonné assura qu'il n'avait
qu'on y jette une pierre elle y retentit comme
maltraité que des chats, et en donna les preu- ;

un vaisseau creux de cuivre contre lequel on


ves les plus évidentes : il avait gardé de la
frapperait avec un marteau d'une prodigieuse
peau. On le relâcha, parce qu'on vit que le
diab'e était coupable en cette affaire. On ne — grosseur. Les naturels de l'île sont persuadés
que c'est l'enfer, et que les âmes des méchants
finirait on rappelait tout ce que les dé-
pas si
y font leur séjour *.
monomanes ont rêvé sur les chats. Boguet dit
encore que la chatte, étant frottée d'une herbe Chauve-souris. — Les Caraïbes regardent
appelée népeta conçoit t«ur-le-champ cette
, ,
les chauves-souris anges qui comme de bons
herbe suppléant au défaut du mâle 5 Les sor- . veillent à la sûreté des maisons durant la nuit;
ciers se servent aussi de la cervelle des chats les tuer, chez eux, est un sacrilège chez nous, :

pour donner !a mort; car c'est un poison, se- c'est un des animaux qui figurent au sabbat.
lon Bodin et quelques autres 4 Voy. Blokula, ,
Chavigny (JeAN-AimÉ DE) astrologue ,
— ,

BEURRK DES SORC'ÈRES, MÉTAMORPHOSES, etc. Nostradamus, mourut en 1 604. Il a


disciple de

Château du Diable. — Plusieurs vieux ma- composé la Première face du Janus français,
:

noirs portent ce nom dans des traditions et contenant les troubles de France depuis 1534

des contes populaires. jusqu'en 1589; Fin de la maison valésienne ,

extraite et colligée des centuries et commentai-


Chat-huant ,
— VOXJ. HlBOU , CHOUETTE , res deMichel Nostradamus (en latin et en fran-
Chasse, Chevesche, etc. çais), Lyon
594 in-8° et nouvelle édition
, 1 , ;
,

Chaudière. — C'est ordinairement dans une augmentée, sous le titre de Commentaires sur
les centuries et pronostications de Nostrada-
chaudière de fer que, de temps immémo-
rial, les sorcières composent leurs maléfices, mus , Paris, in-8°, rare; les Pléiades, di-
visées en sept livres ,
prises des anciennes
prophéties, et conférées avec les oracles de Nos-
1
Gabrielle de P***, Hist. des Fantômes et dis dé-
mons, e;c., p. 203. tradamus, Lyon, 1603 la plus ample édition ;

? Chap.
4, l;v. ii, p. *_57. est de 1606. C'est un recueil de prédictions,
J Discours des sorciers, ch. 14, p. 81.
• Bodin, Démonomanie des sorciers, liv m, cil, 2,
1
La Harpe, Abrégé de l'Histoire générale des voya-
p. 326. ;cs, t. f«,
, ,

CHE — 13 7 — CHE
dans lesquelles l'auteur promet à Henri IV avec attention leurs hennissements et leurs fré-
l'empire de l'univers. Voy. Nostradamus. missements. Il n'y avait pas de présages aux-
— quels les prêtres et les principaux de la nation
Chax ou Scox, démon. Voy. Scox.
ajoutassent plus de foi. On voit encore que —
Cheke, — professeur de grec à Cambridge,
chez certains peuples on se rendait les divinités
mort en 557. Il a1 écrit un livre 1
qu'il adressa
favorables en précipitant des chevaux dans les
au roi Henri VIII , et qu'il plaça à la tètede
fleuves. Quelquefois on se contentait de les
sa traduction latine du Traité de Plularque de
laisser vivre en liberté dans les prairies voi-
la Superstition. Il avait des connaissances en
sines après les avoir dévoués. Jules César,
,

astrologie, et croyait fermement à l'influence


avant de passer le Rubicon, voua à ce fleuve
des astres, quoiqu'ils lui promissent du bon-
un grand nombre de chevaux qu'il aban- ,

heur tout juste dans


le plus malheureux.
les occasions où il était
donna dans les pâturages des environs. Une —
tradition superstitieuse portait qu'une espèce
Chemens ,
— génies ou esprits que les Ca- de chevaux, qu'on nommait arzels, et qui ont
raïbes supposent chargés de veiller sur les une marque blanche au pied de derrière du
hommes. Ils leur offrent les premiers fruits , et côté droit, était malheureuse et funeste dans
placent ces offrandes dans un coin de leur les combats. Anciennement on croyait aussi
hutte, sur une table faite de nattes, où ils pré- que les chevaux n'avaient pas de fiel mais ;

tendent que les génies se rassemblent pour c'est une erreur aujourd'hui presque généra-
boire et manger; ils en donnent pour preuve lement reconnue. Voy. Drapé, Bayard, Trou-
le mouvement des vases et le bruit qu'ils se peaux, etc.'
persuadent que font ces divinités en soupant.
Chevalier Impérial, — VOlJ. ESPAGNET.
Chemise de nécessité. — Les sorcières al-
Chevaliers de l'Enfer. — Ce sont des dé-
lemandes portaient autrefois une chemise faite
d'une façon détestable et chargée de croix
mons plus puissants que ceux qui n'ont aucun
,

titre,mais moins puissants que les comtes les ,

mêlées à des caractères diaboliques par la ,

marquis et les ducs. On peut les évoquer de-


vertu de laquelle elles se croyaient garanties
puis le lever de l'aurore jusqu'au lever du so-
de tous maux 2 On l'appelait la chemise de
.

nécessité. —
Les habitants du Finistère con-
leil, et depuis le coucher du soleil jusqu'à la

nuit 1
.

servent encore quelques idées superstitieuses


sur les chemises des jeunes enfants. Ils croient Chevalier Guillaume ), (gentilhomme —
que S" elles enfoncent dans l'eau de certaines béarnais, auteur d'un recueil de quatrains
fontaines, l'enfant meurt dans l'année il vit ; moraux , intitulé : Le Décès ou Fin du monde
long-iemps, au contraire, si ce vêtement sur- divisé en trois visions, in-4°, 1 584.
nage.

Chériourt, — ange terrible, chargé de pu-


Chevanes (
Jacques capucin, plus connu)
,

sous le nom de Jacques d'Autun, du lieu de
nir le crime et de poursuivre les criminels,
sa naissance, mort à Dijon en 1678. On a de
selon la doctrine des guèbres.
lui V Incrédulité savante et la crédulité igno-
Chesnaye des Bois (FrançoïS-AlexanDRE- rante, au sujet des magiciens et des sorciers.

Aubert de la), capucin, mort en 1784. On a Lyon, 1671, in-4°. Ce recueil plein d'extra-
de lui, l'Astrologue dans le puits, 1740, in— 1 2 ;
vagances curieuses dont nous rapportons
,

et Lettres critiques,avec des songes moraux, en leur lieu les passages remarquables, est
sur les songes philosophiques de l'auteur des une réponse à l'apologie de Naudé pour tous
Lettres juives (le marquis d'Argens) in — 2 , 1 les grands personnages soupçonnés de magie.
1745. Heureusement pour l'auteur, dit l'abbé Pa-
Cheteb OU Chereb, DEBER. pillon l'irascible Naudé était mort depuis
,
VO)J.
long-temps quand ce livre parut.
Cheval.— Cet animal était, chez les anciens,
un instrument à présages pour la guerre. Les Chevesche ,
— espèce de chouette que ,

Suèves, qui habitaient la Germanie, nourris- Torquemada définit un oiseau nocturne fort
saient à Irais communs, dans des bois sacrés, bruyant, lequel tâche d'entrer où sont les en-
des chevaux dont ils liraient des augures. Le fants; et,quand il y est, il leur suce le sang
grand-prêtre et le chef de la nation étaient les du corps et le boit. Les démonographes ont
seuls qui pouvaient les toucher ils les atta- : donné Je nom de chevesche aux sorcières,
chaient aux chariots sacrés, et observaient parce que, semblables à cet oiseau, elles su-
cent le sang de ceux qu'elles peuvent saisir,
1
De Superstitione, ad regem Hcnricum.
2 Bodin, Démononumie, liv. r r
, ch. 3. 1
Wierus, in Pseudomonarch. decin , ad finem.
,

CHE — 1 î — CHI
et principalement des petits enfants 1
. C'est avait la pierre. » Et le diable, qui parfois aime
sans doute là l'idée mère des vampires. Les à se divertir, chevilla un jour la seringue d'un
sorcières qui sucent le sang ont aussi quelque apothicaire en fourrant sa queue dans le pis-
analogie avec les gholes des Arabes. Voy. L\- ton. Voy. Noals. — Pour empêcher l'effet de
31IES. ce charme , il faut cracher sur son soulier
Cheveux. — « Prenez des cheveux d'une du pied droit avant que de s'en chausser. Ce
femme dans ses jours de maladie ;
mettez-les qui approche de ce qu'on lit dans Tibulle, que
sous une terre engraissée de fumier, au com- les anciens crachaient dans leur sein par trois
mencement du printemps, et, lorsqu'ils seront fois pour se désensorceler ou empêcher le sorti-
échauffés par la chaleur du soleil, il s'en for- lège. On voit dans un livre, intitulé VUrotopè-
mera des serpents 2
Quelques con-
» — gnie ou chevillement que les tonneaux les , ,

teurs assurent que les mauvais anges étaient fers, les fours, les lessives, les moulins à vent
amoureux des cheveux des femmes et que , et ceux qui sont sur les ruisseaux et rivières,
les démons incubes s'attachent de préférence peuvent être pareillement liés et maléficiés.
aux femmes qui ont de beaux cheveux. Les Voy. Ligatures.
sorcières donnent de leurs cheveux au diable
Chèvres. — Ces animaux étaient fort ré-
comme arrhes du contrat qu'elles font avec vérés à Mendès en Égypte. Il était défendu
lui le démon les coupe très-menu, puis les
;
d'en tuer, parce qu'on croyait que Pan , la
mêle avec certaines poudres il les remet aux *.

grande divinité de cette ville s'était caché ,

sorciers qui s'en servent pour faire tomber


,
sous la figure d'une chèvre aussi le repré- ;

la grêle d'où vient qu'on trouve ordinaire-


sentait-on avec une face de chèvre, et on lui
;

ment dans la grêle de petits poils, qui n'ont


pas une antre origine —
On fait encore, avec
immolait des brebis. Souvent des démons —
ou des sorciers ont pris la forme de chèvre.
ces mêmes cheveux, divers maléfices 3 On . — Claude Chappuis de Saint-Amour, qui suivit
croit en Bretagne qu'en soufflant des cheveux
l'ambassadeur de Henri III près la sublime
en l'air on les métamorphose en animaux ;
Porte conte qu'il vit sur une place publique
,

les petits garçons de Plougasnou, qui font des


de Constantinople des bateleurs qui faisaient
échanges entre eux, confirment la cession en
faire à des chèvres plusieurs tours d'agilité
soufflant au vent un cheveu parce que ce
et de passe-passe tout à fait admirables
,
,
cheveu était autrefois l'emblème de la pro-
après quoi, leur mettant une écuelle à la bou-
priété. Des cheveux, dans les temps modernes,
che, ils leur commandaient d'aller demander,
ont même été trouvés sous des sceaux ils te- :

pour leur entretien, tantôt au plus beau ou au


naient lieu de signatures 4 Enfin il y a des. — plus laid, tantôt au plus riche ou au plus vieux
personnes superstitieuses qui croient qu'il faut
de la compagnie ce qu'elles faisaient dextre-
:

observer les temps pour se couper les cheveux


ment, entre quatre à cinq mille personnes
et se rogner les ongles. —
Autrefois on vénérait
et avec une façon telle qu'il semblait qu'elles
,

le toupet, par lequel les Romains juraient, et


voulussent parler. Or qui ne voit clairement
qu'on offrait aux dieux. Il paraît qu'ils étaient
que ces chèvres étaient hommes ou femmes
sensibles à ces présents, puisque, quand Bé-
ainsi transmués ou démons déguisés ? ,

rénice eut offert sa chevelure, ils en firent une


Voy. Bouc.
constellation. Chez les Francs, c'était une po-
litesse de donner un de ses cheveux, et les
Chibados, — secte de sorciers qui font

familles royales avaient seules le privilège de merveille au royaume d'Angola.


les laisser pousser dans tout leur développe- Chicota, — oiseau des îles Tonga qui a
ment. l'habitude de descendre du haut des airs en
Chevillement ,— sorte de maléfice employé poussant de grands cris. Les naturels sont

par les sorciers et surtout par les bergers. Il persuadés don de prédire l'avenir;
qu'il a le

empêche d'uriner. Le nom de ce maléfice lui quand il s'abaisse près d'un passant, on croit
vient de ce que pour le faire on se sert d'une que c'est pour lui annoncer quelque malheur.
cheville de bois ou de fer qu'on plante dans Chicus JEsculanus — VOy . CECCO d'AsCOLI.
la muraille, en faisant maintes conjurations.
« J'ai connu une personne , dit Wecker, qui
Chien. — Les chiens étaient ordinaire-
ment les compagnons fidèles des magiciens;
mourut du chevillement : il est vrai qu'elle
c'était le diable qui les suivait sous cette
forme pour donner moins à soupçonner ;
1
Torquemada, Hexantéron, troisième journée. ,

2 Secrets d'Albert-le-Grand, p. 27. mais on le reconnaissait malgré ses déguise-


3 Boguet, Discours des sorciers, ch. 25, p. 156.
* M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. 1" p. ,
17-1 Delancre Incrédulité et mécréance du SDttilége
i
,

et 195. pleinement convaincues, traité 6, p. 34tf.


CHI — U d — CHI
ments. Léon de Chypre écrit que le diable aboiements pour des marques de sa bienveil-
sortit un jour d'un possédé, sous la figure lance ou de sa colère. —
Les guèbres ont
d'un chien noir. — C'est surtout la couleur une grande vénération pour les chiens. On
noire qui dénote le diable sous une peau de lit dans Tavernier que lorsqu'un guèbre est
,

chien. Des bonnes gens se noient assez fré- à l'agonie, les parents prennent un chien
quemment à Quimper; les vieilles et les en- dont ils appliquent la gueule sur la bouche du
fants assurent que c'est le diable, en forme mourant, afin qu'il reçoive son âme avec son
de gros chien noir, qui précipite les passants dernier soupir. Le chien leur sert encore à
dans y a beaucoup de super-
la rivière ». Il faire connaître si le défunt est parmi les élus*
stitions qui tiennent au chien dans le Finis- Avant d'ensevelir le corps, on le pose à terre :

tère, où les idées druidiques ne sont pas tou- on amène un chien qui n'ait pas connu le
tes éteintes. On croit encore, dans le canton mort, et, au moyen d'un morceau de pain,
sauvage de Saint-Ronal que l'âme des scélé- on l'attire le plus près du corps qu'il est pos-
rats passe dans le
,

corps d'un chien noir. — sible. Plus le chien en approche plus le dé- ,

Les anciens mages croyaient aussi que les funt est heureux. S'il vient jusqu'à monter
démons se montraient en forme de chiens ;
sur lui et à lui arracher de la bouche un
et Plutarque, dans la vie de Cimon, raconte morceau de pain qu'on y a mis, c'est une
qu'un mauvais génie, travesti en chien noir, marque assurée que le défunt est dans le
vint annoncer à Cimon qu'il mourrait bientôt. paradis des guèbres. Mais l'éloignement du
— Un charlatan, du temps de Justinien, avait chien est un préjugé qui fait désespérer du
un chien si habile, que, quand toutes les per- bonheur du mort. —
Il y a aussi des gens

sonnes d'une assemblée avaient mis à terre qui descendre d'un


tiennent à honneur de
leurs anneaux, il les rendait sans se tromper, chien. Les et de Siam re-
royaumes de Pégu
l'un après l'autre, à qui ils appartenaient. Ce connaissent un chien pour chef de leur race.
chien distinguait aussi dans la foule, lorsque A Pégu et à Siam on a donc grand respect
son maître le lui ordonnait , les riches et les pour les chiens, si maltraités ailleurs ». On —
pauvres, les gens honnêtes et les fripons :
a toutefois honoré quelques individus de cette
« Ce qui fait voir, dit Leloyer, y avait qu'il race tel est le dogue espagnol Barecillo qui
:

là de la magie et que ce chien, un dé- était dévorait les Indiens à Saint-Domingue, et qui
mon 2 .
» — Delancre conte qu'en 1530 le dé- avait, par jour, la paye de trois soldats... —
mon, par le moyen d'un miroir, découvrit, à Il y aurait encore bien des choses à dire sur
un pasteur de Nuremberg, des trésors cachés les chiens. En Bretagne surtout, les hurle-
dans une caverne près de la ville, et enfermés ments d'un chien égaré annoncent la mort. Il
dans des vases de cristal le pasteur prit :
faut que le chien de la mort soit noir et s'il ;

avec lui un de ses amis pour lui servir de aboie tristement à minuit c'est une mort ,

compagnon; ils se- mirent à fouiller et décou- inévitable qu'il annonce à quelqu'un de la fa-
vrirent une espèce de coffre auprès duquel mille pour la personne qui l'entend. — Wié-
était couché un énorme chien noir. Le pas- rus dit qu'on chasse à jamais les démons en
teur s'avança avec empressement pour se sai- frottant lesmurs de la chambre qu'ils infes-
2
sir du trésor; mais à peine fut-il entré dans tent avec le fiel ou le sang d'un chien noir .

la caverne qu'elle s'enfonça sous ses pieds Voij. Agrippa, Bragadini, Dormants, etc.
et l'engloutit 3 Notez que c'est un conte et
.

Chifflet (Jean), —
chanoine de ïournay,
que personne n'a vu ce grand chien. Mais on
né à Besançon vers 1611. Il a publié Joan- :

peut juger par ces traits quelle idée avaient


nis Macarii Abraxas, seu apistopistus , quœ
des chiens les peuples mal civilisés. Chez les
estantiquaria de gemmis basilidianis disquisi-
anciens, on appelait les Furies les chiennes de
tiocommentants illust., Anvers, 1657, in-4°.
l'enfer des chiens noirs aux di-
on sacrifiait
Cette dissertation traite des pierres gravées
;

vinités infernales.Chez nos pères on pendait


portant le nom cabalistique abraxas , par le-
entre deux chiens les plus grands criminels.
quel Basilide, hérétique du deuxième siècle,
Quelques peuples pensaient pourtant autre-
désignait le Dieu créateur et conservateur.
ment; on a même honoré le chien d'une ma- commentaire que Chif-
Elle est curieuse, et le
nière distinguée. Élien parle d'un pays d'É-
flet y a joint est estimé.
thiopie dont les habitants avaient pour roi
un chien; ils prenaient ses caresses et ses Chija ou Chaja ( Abraham Ben ) ,
— rab-
bin espagnol du onzième siècle. Il a écrit, en
T
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 22.
2 Leloyer, Hist. et dise, des spectres, liv. i<>-, ch. 8. 1 Hexaméron de Torquemada, traduit par G. ( hap-
3 Madame Gabrielle de P*"*, Histoire des fantômes, pais, première journée.
p. 27. 2 De Prœst. dfem., lib. v, cap. 21.
cm — i i)
— CHO
hébreu, le Volume du Révélateur, où il traite Chion, — philosophe d'Héraclée, disciple
de l'époque où viendra le Messie, et de celle de Platon. Il fut averti en songe de tuer
où se fera la résurrection générale. Pic de la Cléarque, fyran d'Héraclée, qui était son
Mirandole cite cet ouvrage dans son traité ami. Il lui sembla voir une femme qui lui mit
contre les astrologues. devant les yeux la bonne renommée qu'il ac-
querrait par le meurtre du tyran et, poussé
Childéric I er ,
— VOIJ. BASINE et ClUSTAL-
par cette vision, il le tua. Mais ce qui prouve
;

LOMANCIE.
que c'était une vis'on diabolique c'est que ,

Childéric m, — fils de Chilpéric II. et Cléarque, tyran tolérable, ayant été tué, fut
dernier des rois de la Il pu- première race. remplacé par Satyre son frère bien plus , ,

blia, en 742, un édit contre les sorciers, où lui, et que rien ne pouvait adoucir.
cruel que
il ordonne que chaque évêque aidé du ma- ,
Chiorgaur, — VOV. GaurIE.
gistrat défenseur des églises mette tous ses
soins à empêcher le peuple de son diocèse de
,

Chiridirellès — démon qui


, secourt les
voyageurs dans leurs besoins, et qui leur en-
tomber dans les superstitions païennes. Il dé-
seigne leur chemin lorsqu'ils sont égarés. On
fend les sacrifices aux mânes, les sortilèges,
dit qu'il se montre à ceux qui l'invoquent
les philtres, les augures, les enchantements,
sous la forme d'un passant à cheval.
les divinations etc.
,

Chiromancie — art de dire la bonne aven-


Chilpéric Ier ,
— roi de France, fils de Lo-
,

ture par l'inspection des lignes de la main.


er
thaire I Saint Grégoire de Tours rapporte,
.
Cette science, que les Bohémiens ont rendue
sur le témoignage de Gontrand, frère de célèbre, est, dit-on très ancienne. Nous en
,

Chilpéric, cette vision merveilleuse. Gon- exposons les principes à l'article Main.
trand vit l'âme de son frère Chilpéric liée et

chargée de chaînes qui lui fut présentée par ,


Chodar ,

démon que les nécromanciens
trois évêques. L'un était Tétricus, l'autre
nomment aussi Bélial; il a l'Orient pour dis-
trict, et commande aux démons des prestiges.
Agricola , le troisième Nicétius de Lyon. Agri-
cola et Nicétius, plus humains que l'autre, Choquet (auteur d'un mystère
Louis )
,

disaient : « Nous vous prions de le détacher, très-rare , L'Apocalypse saint Jean
intitulé :

et, après l'avoir puni


de permettre qu'il s'en , Zébèdée, où sont comprises les visions et révé-
L'évêque Tétricus répondit avec amer-
aille. » lations qu*icelui saint Jean eut en l'île de
tume de cœur « Il ne sera pas ainsi; mais il
: Patmos; in-fol., Paris, 4 541.
sera châtié à cause de ses crimes. » Enfin, dit
Chorropique (Marie) sorcière borde- ,

Gontrand, le résultat fut de précipiter cette
laise du temps de Henri IV, qui confessa s'ê-
pauvre âme dans une chaudière bouillante tre donnée au diable par le moyen d'un
que j'aperçus de loin. Je ne pus retenir mes nommé Augerot d'Armore, qui la mena dans
larmes lorsque je vis le misérable état de une lande où ehe trouva un grand seigneur
Chilpéric jeté dans la chaudière, où tout à
vèiu de noir, dont la figure était voilée. Il
coup il parut fondu et dissous. 1 » é.a-t entouré d'une infinité de gens richement
Chimère, —
monstre imaginaire, né en habillés. Marie Chorropique ayant prononcé
Lycie que les poètes disent avoir été vaincu
,
le nom de Jésus, tout disparut incontinent.
par Be'lérophon ;
il avait la tête et l'estomac Son guide ne vint la reprendre que trois
d'un lion, le ventre d'une chèvre et la queue heures après, la tança d'avoir prononcé le

d'un dragon. Sa gueule béante vomissait des nom de Noi-'e-Se'goeur, et la conduisit au


flammes. Les démonographes disent que c'é- sabbat, près d'un moulin, où eUe retrouva
tait un démon. le même seigneur noir, avec un nommé Men-
join qui portait un pot de terre où il y avait
Chimie. — On la confondait autrefois avec
,

de grosses araignées enflées d'une drogue


l'alchimie. La chimie, selon les Persans, est blanche, et deux crapauds qu'on tua à coups
une science superstitieuse qui tire cequ*il y a de gaule, et qu'on chargea Marie d ecorcher.
de plus subtil dans les corps terrestres pour Ensuite, Augerot pila ces araignées dans un
s'en servir aux usages magiques. Ils font Ca- mortier avec les crapauds. Ils jetèrent cette
ron (le Coré du Pentateuque) inventeur de composition sur quelques pâturages pour faire
cette noire science qu'il apprit, disent-ils, de mourir les bestiaux. Après quoi, ils s'en al-
Moïse. lèrent au bourg d lrauris où ils prirent sans ,

bruit un enfant au berceau Augerot et Men- :

1
Orep. Turon., Ilist., Franc, lib. vin, cap. 5. — join l'étranglèrent et ie mirent entre son père
Lenglet-Diiïresnoy, Recueil de dissertations sur les ap-
paritions, p. 72 d>- :.i préfacée'. et sa mère qui dormaient, afin que le père
,,, .

CM — 1

crût que sa femme lavait étouffé. Ils en em- Christoval de la Garrade ,


— VOlJ. MARIS-
poisonnèrent d'autres; et, à toutes ces exé- SA3NE

cutions, Marie Chorropique les atiendait à la Chrysolïthe —


pierre précieuse qu'Albert-
,

porte des maisons. Que penser de ces récits? le-Grand regarde comme un préservatif con-
— Elle dit encore que dans un autre sab- ,
tre la folie. Elle a encore dit-il, la vertu de ,

bat , elle vit deux sorcières qui apportèrent mettre le repentir dans le cœur de l'homme
le cœur d'un enfant dont la mère s'était fait qui a fait des fautes...
avorter, et qu'elles le gardèrent pour en faire
un sacrifice au diable. Cette sorcière fut brû-
Chrysomallon , — nom du fameux bélier
lée le 2 octobre 1576 i
.
qui portait la toison d'or. On dit qu'il volait
dans les airs, qu'il nageait en perfection,
Chouette ,
— espèce de hibou de la gros- qu'il courait avec la légèreté d'un cerf, et
seur d'un pigeon qui ne paraît qu'au point
, que Neptune, dont il était fils, l'avait cou-
du jour ou à l'approche de la nuit. Chez les vert de soie d'or au lieu de laine. 11 avait
Athéniens et les Siciliens , cet oiseau était aussi l'usage de la parole, et donnait de bons
d'un bon augure; partout ailleurs, la rencon- avis. Il est le premier signe du zodiaque.
tre d'une chouette était d'un mauvais pré-
sage. Celte superstition vit encore dans plu-
Chrysopée ,
— œuvre d'or. C'est le nom
grec que les alchimistes donnent à la pierre
sieurs pays.
philosophale, ou à l'art de transmuer tous les
Choun , — divinité adorée chez les Péru- métaux en or pur.
viens, qui racontaient ainsi son histoire.
vint des parties septentrionales du monde un
Il
Chrysopole, — démon. Voy. Olive.

homme qui avait un corps sans os et sans Chrysoprase, —


pierre précieuse à laquelle
muscles, et qui s'appelait Chuun; il abaissait la supersiition attachait la propriété de forti-
les montagnes, comblait les vallées, et se fierla vue de réjouir l'esprit
, et de rendre
frayait un chemin dans les lieux inaccessi- l'homme libéral et joyeux.
bles. Ce Choun créa les premiers habitants
du Pérou, il leur apprit à se nourrir des her-
Cicéron ( Marcus Tullius ). Leloyer dit —
qu'un spectre apparut à la nourrice de Ci-
bes et des fruits sauvages. Mais un jour, of-
céron c'était un démon de ceux qu'on appelle
:

fensé par quelques Péruviens, il convertit en


génies familiers. Il lui prédit qu'elle allaitait
sables arides une partie de la terre, aupara-
un enfant qui , un jour à venir, ferait grand
vant très-fertile; il arrêta la pluie, dessécha
bien à l'État. « Mais d'où tenait-il tout cela
les plantes et ensuite, ému de compassion ,
;
me dira-t-on ? Je répondrai C'est la cou-
:

il ouvrit les fontaines et fit couler les rivières.,


tume du diable de bégayer dans les choses
pour réparer le mal qu'il avait fait...
futures. » Cicéron devint en effet ce qu'on
Choux. —
une croyance qui n'est
C'est sait*. —
C'est lui qui disait qu'il ne concevait
pas extrêmement rare qu'on ne doit pas pas que deux augures pussent se regarder
manger de choux le jour de Saint-Élienne sans rire. Il a combattu les idées supersti-
parce qu'il s'était caché dans un carré de tieuses dans plusieurs de ses ouvrages , sur-
choux pour éviter le martyre 2 .... Conte stu- tout dans les trois livres de la Nat ure des dieux,
pide et superstition absurde. dans les Tusculanes , et dans les deux livres

Chrisolytes , — hérétiques du sixième siè- de la Divination. — Valère-Maxime conte que


Cicéron, ayant été proscrit par les triumvirs,
cle qui disaient que
Notre-Seigneur avait
se retira dans sa maison de Formies, où les
laissé son corps et son âme aux enfers, et
satellites des tyrans ne tardèrent pas à le
qu'il n'était remonté aux cieux qu'avec sa di-
vinité.
poursuivre. Dans ces moments de trouble , il

vit un corbeau arracher l'aiguille d'un cadran :

Christophe. —
Autrefois, d'après une opi- c'était lui annoncer que sa carrière était finie.
nion exprimée par ce vers : Le corbeau s'approcha ensuite de lui, comme
Christophorum videas, postea tutus eas, pour lui faire sentir qu'il allait bientôt être
sa proie, et le prit par le bas de sa robe, qu'il
on .croyait que celui qui avait vu quelque ne cessa de tirer que quand un esclave vint
image de saint Christophe le matin était en dire à l'orateur romain que des soldats arri-
sûreté toute la journée. donner la mort. Les corbeaux
vaient pour lui

d'aujourd'hui sont plus sauvages.


1
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
p. 107. 1
Leloyer, Hist. et dise, des spectres, liv ch. 5;
. ir,
2
Thiers, Traité des superstitions, t. I
tr
. liv. m. ch. 17.
CIL — 1 2 — CIM
Ciel. — Un ne peut entrer dans
tel article Cîmeriés, — grand et puissant démon, mar-
ce dictionnaire qu'à propos de quelques folles quis de l'empire infernal. Il commande aux
croyances. Les musulmans admettent neuf parties africaines; grammaire, il enseigne la
cieux il y eut parmi les chrétiens des hé-
; , , la découvre les
logique et la rhétorique. Il

rétiques qui en annonçaienttroiscent soixante- trésors et révèle les choses cachées il rend ;

cinq, avec des anges spécialement maîtres de l'homme léger à la course, et donne aux bour-
chaque ciel. Voy. Basilide. Bodin assure qu'il geois la tournure fringante des militaires. Le
y a dix cieux, qui sont marqués par les dix marquis Cimeriès, capitaine de vingt légions,
courtines du tabernacle, et par ces mots : est toujours à cheval sur un grand palefroi
« Les cieux sont les œuvres de tes doigts » , noir '.

qui sont au nombre de dix *. Les rabbins — Cimetière. —


Il n'était pas permis en Es-
prétendent que le ciel tourne sans cesse et ,
pagne au quatrième siècle d'allumer des
, ,

qu'il y a au bout du monde un lieu où le ciel


cierges en plein jour dans les cimetières de ,

touche la terre. On lit dans le Talmud que


peur d'inquiéter les esprits. On croyait que les
le rabbin Bar-Chana s'étant arrêté en cet
,
âmes des trépassés fréquentaient les cime-
endroit pour se reposer, mit son chapeau sur
une des fenêtres du ciel, et que, l'ayant voulu
tières où leurs corps étaient enterrés 2 On .

croit encore aujourd'hui, dans les campagne?,
reprendre un moment après, il ne le retrouva
que les âmes du purgatoire reviennent dans
plus, cieux l'ayant emporté dans leur
les
les cimetières; on dit même que les démons
course de sorte qu'il fallut qu'il attendît la
;
aiment à s'y montrer, et que c'est pour les
révolution des mondes pour le rattraper.
écarter qu'on y plante des croix. On conte des
Cierges. —
On allume deux cierges à Scaer anecdotes effrayantes peu de villageois tra- ;

au moment du mariage on en place un de- ; verseraient le cimetière à minuit. Ils ont tou-
vant le mari l'autre devant la femme
, la :
jours l'histoire de l'un d'entre eux qui a été
lumière la moins brillante indique celui des rossé par une âme ou ( plutôt par un mauvais
deux qui doit mourir le premier. L'eau et le plaisant qui lui a reproché de troubler sa
feu, comme chez les anciens, jouent un grand pénitence.
)

Voy. Apparitions. — Henri Es-


rôle dans la Bretagne du côté de Guingamp, :
tienne et les ennemis du catholicisme ont conté
et ailleurs, quand on ne peut découvrir le aussi des aventures facétieuses, où ils attri-
corps d'un noyé, on met un cierge allumé sur buent de petites fraudes aux gens d'église
un pain, qu'on abandonne au cours de l'eau; pour maintenir cette croyance mais ces his- ;

on trouve, dit-on le cadavre dans l'endroit


, toriettes sont des inventions. On a vu quel- —
où le pain s'arrête .
quefois, dans les grandes chaleurs, des exha-
Cigogne. — On croit qu'elle préserve des laisons enflammées sortir des cimetières on ;

incendies les maisons où elle se retire ; cette sait aujourd'hui qu'elles ont une cause natu-

erreur n'est plus très-répandue. On a dit aussi relle.

que les cigognes ne s'établissaient que dans Cimmériens, — peuples qui habitaient au-
les États libres mais les Égyptiens, qui eu-
;
tour des Palus-Méotides, et dont les Cimbres
lui rendaient un culte;
rent toujours des rois,
sont les descendants. Beaucoup de savants ont
et c'étaitun crime capital en Thessalie qui ,
placé dans ce pays l'antre par lequel on allait
était monarchique, de tuer une cigogne, parce
aux enfers. Leloyer dit que les Cimmériens
que le pays est plein de serpents et que les ,
étaient de grands sorciers, et qu'Ulysse ne les
cigognes les détruisent. Elles sont enfin très-
alla trouver que pour interroger, par leur
communes en Turquie, en Égypte et en Perse, moyen , les esprits de l'enfer.
où l'on ne songe guère aux idées républi-
caines. Cimon, — général athénien, fils de IVIil-

tiade. Ayant vu en songe une chienne irritée


Cilano (GeORGES-ChRETIEN-MaTERNUS DE),
— Hongrois du dix-huitième siècle, qui a écrit
qui aboyait contre
humaine : « Viens, tu
lui, et lui disait

me
d'une voix
feras plaisir, à moi
nn livre de l'origine et de la célébration des
et à mes petits, » il alla consulter un devin
saturnales chez les Romains 3 et, sous le nom ,
nommé Astyphile, qui interpréta sa vision de
d'Antoine Signatelli des Recherches sur les ,

cette manière est ennemi de celui


: « Le chien
géants *.
contre lequel on ne pourrait faire
il aboie ;
or,
1
Démonomanie des sorciers.
Préface de la à son ennemi un plus grand plaisir que de
2 Voyage de Cambry dans le Finistère, t. III, p. 159.
mourir, et ce mélange de la voix humaine
3 De saturnalkim origine et celebrandi ritu apud Ro-
manos. 1759.
4 De Gigantibus nova disquisitio historica et crilica,
T
VVierus, in Pseudomonarchia dam.
175J1.
a Do:r. Calmet, Traité sur les apparitions, etc. ch 13.
cm — iii ; — CL A
avec l'aboi dénote un Mède qui vous tuera. » ceux qu'elles avaient pour en-
et faire périr
Les Grecs étaient en guerre avec les Perses et nemis. On décapita à Paris, en 4 574, un gen-
les Mèdes. Malheureusement pour le devin ,
tilhomme chez qui l'on trouva une petite
le songe ne s'accomplit pas et Cimon ne , image de cire ayant la place du cœur percée
mourut que de maladie. d"un poignard. Voy. Envoûtement.
Cincinnatulus ou Cincînnatus ( le petit Cîruelo ( Pierre ), savant aragonais du —
frisé), — esprit qui, au rapport de Rhodi- quinzième siècle à qui l'on doit un livre
,

ginus, parlait par la bouche d'une femme d'astrologie 1 où il défend les astrologues et
,

nommée Jocaba, laquelle était ventriloque. leur science contre les raisonnements de Pic
Cinq. — Les Grecs modernes se demandent de la Mirandole.
excuse en prononçant le nombre cinq, qui est Citation, — formule employée pour appeler
du plus mauvais augure, parce qu'il exprime les esprits et les forcer à paraître. Voy. Évo-
un nombre indéfini réprouvé par les caba-
,
cation.
listes. Citu, —
au Pérou, dans laquelle tous
fête

Ciones. — VoiJ. KlONES. les habitants se frottaient d'une pâte où ils

Cippus Venelius chef d'une partie de


, — avaient mêlé un peu de sang tiré de l'entre-
deux des sourcils de leurs enfants. Ils pen-
l'Italie qui, pour avoir assisté à un combat
,
saient par là se préserver, pour tout le mois,
de taureaux et avoir eu toute la nuit l'ima-
de tout malaise. Des prêtres faisaient ensuite
gination occupée de cornes, se trouva un front
des conjurations afin d'éloigner les maladies,
cornu le lendemain. D'autres disent que ce
et les Péruviens croyaient que toutes les fiè-
prince, entrant victorieux à Rome, s'aperçut
vres étaient chassées à cinq ou six lieues de
en regardant dans le Tibre qu'il lui était poussé
leurs habitations.
des cornes; il consulta les devins pour savoir
ce que lui présageait une circonstance si ex- Clairon ( ClAIRE-JoSÈPHE-LeyRIS DE La-
traordinaire. On pouvait expliquer ce prodige tude connue sous le nom d'Hippolyte ),
,

de plusieurs façons on lui dit seulement que
;
tragédienne française, morte en 4 803. Dans
c'était une marque qu'il régnerait dans Rome ses Mémoires ,
publiés en 4799 , elle raconte
;

mais il n'y voulut plus entrer. Cette modéra- l'histoire d'un revenant qu'elle croit être l'âme
tion est plus merveilleuse que les cornes. de M. de S...., fils d'un négociant de Bre-
tagne, dont elle avait rejeté les vœux à cause
Circé, — fameuse magicienne qui changea de son humeur haineuse et mélancolique
les compagnons d'Ulysse en pourceaux. Elle
,

quoiqu'elle lui eût accordé son amitié. Celte


savait composer des potions magiques et des
passion malheureuse l'avait conduit au tom-
enchantements par lesquels, au moyen du
beau. Il avait souhaité de la voir dans ses
diable, elle troublait l'air, excitait les grêles
derniers moments; mais on avait dissuadé
et lestempêtes et donnait aux hommes des
,

mademoiselle Clairon de faire cette démarche:


maladies de corps et d'esprit. Saint Jean-
et il s'était écrié avec désespoir « Elle n'y :

Chrysostome regarde la métamorphose des


gagnera rien je la poursuivrai autant après
compagnons d'Ulysse comme une allégorie.
,

ma mort que je l'ai poursuivie pendant ma


Cïrconcellions, — fanatiques du quatrième vie !... » —
Depuis lors, mademoiselle Clairon
siècle, de la secte des donatistes. Ils parurent entendit, vers les onze heures du soir, pen-
en Afrique. Armés d'abord de bâtons qu'ils dant plusieurs mois un cri aigu ses gens , ;

appelaient bâtons d'Israël ils commettaient ,


ses amis, ses voisins, la police même, enten-
tous les brigandages sous prétexte de rétablir
dirent ce bruit toujours à la même heure
l'égalité. Ils prirent bientôt des armes plus toujours partant sous ses fenêtres et ne pa- ,

offensives pour tuer les catholiques. On les raissant sortir que du vague de l'air. Ces cris
appelait aussi scotopètes; ils faisaient grand cessèrent quelque temps mais ils furent rem- ;

cas du diable et l'honoraient en se coupant la


placés toujours à onze heures du soir, par
,

gorge en se noyant en se jetant eux et leurs


, ,
un coup de fusil tiré dans ses fenêtres, sans
femmes dans les précipices. A la suite de Fré- qu'il en résultât aucun dommage. La rue fut
s déric Barberousse, au treizième siècle, on vit remplie d'espions et ce bruit fut entendu
,

reparaître des circoncellionsqui damnaient les frappant toujours à la même heure, dans le
catholiques. Ces violents sectaires ne durè- même carreau de vitre, sans que jamais per-
rent pas long-temps. sonne ait pu voir de quel endroit il partait. A
Cire. — C'est avec de la cire que les sor- ces explosions succéda un claquement de
cières composaient les petites figures magi- 1 Apotolesmata astrologiœ humanœ, hoc est de mu-
ques qu'elles faisaient fondre pour envoûter tationibus temporum. Alcala, 1021
CIA — 1 i — CLE
mains, puis des sons mélodieux. Enfin, tout prodiguer l'argent. Il rend complaisance pour
cessa après un peu plus de deux ans et demi ». complaisance à qui l'appelle '.

— Voilà ce que disent les Mémoires publiés Clauzette — Sur la fin de 1681, une fille
par mademoiselle Raucourt. Ce qui n'empêche insensée, Marie Clauzette, se mit à courir les
pas que ce fait n'est qu'une mystification, qui champs aux environs de Toulouse, en se ré-
eût fait plus de bruit à Paris si c'eût été autre
clamant du nom de Robert, qu'elle disait être
chose. le maître de tous les diables. On la crut pos-
Clams. — Saint Augustin rapporte qu'un sédée, et tout le monde voulut la voir. Qua-
jeune homme de condition, nommé Clarus, tre jeunes filles, qui assistèrent aux premiers
s'étant donné à Dieu dans un monastère d'Hip- exorcismes, se crurent possédées pareillement.
pone, se persuada qu'il avait commerce avec Le vicaire -général de Toulouse, voulant
les anges il en parla dans le couvent. Comme
; éprouver si la possession était vraie, fit em-
les frères refusaient de le croire, il prédit que ployer d'abord des exorcismes feints; et l'eau
la nuit suivante Dieu lui enverrait une robe commune, la lecture d'un livre profane, le
blanche avec laquelle il paraîtrait au milieu ministère d'un laïque habillé en prêtre, agitè-
d'eux. En effet, vers minuit, le monastère fut rent aussi violemment les prétendues possé-
ébranlé, la cellule du jeune homme parut dées, qui n'étaient pas prévenues, que si un
brillante de lumière on entendit le bruit de , prêtre eût lu avec des aspersions
le rituel
plusieurs personnes qui allaient , venaient et d'eau bénite. Les médecins déclarèrent que
parlaient entre elles, sans qu'on pût les voir. le diable n'était pour rien dans cette affaire.

Clarus sortit de sa cellule et montra aux frères Les possédées vomissaient des épingles cro-
la tunique dont il était vêtu : c'était une étoffe chues; mais on remarqua qu'elles les ca-
d'une blancheur admirable et d'une finesse , chaient dans leur bouche pour les rejeter de-
si extraordinaire qu'on n'avait jamais rien vant les spectateurs. Le parlement de Toulouse
vu de semblable. On passa le reste de la nuit proclama la fraude et dissipa cette ridicule
à chanter des psaumes en actions de grâces ; affaire.
ensuite on voulut conduire le jeune homme à
Clavicules de Salomon, — VOlJ. SALOMON.
saint Augustin; mais il s'y opposa, disant que
les anges le lui avaient défendu. Cependant on
Clay (Jean), — littérateur allemand, mort
ne l'écouta point; et, comme on l'y conduisait
en 4 592. On recherche son Aîkumistica, petit

malgré sa résistance, la tunique disparut aux poème en vers allemands contre la folie des
alchimistes et faiseurs d'or.
yeux des assistants; ce qui fit juger que le
tout n'était qu'une illusion de l'esprit de té- Clèdonismancîe, — divination tirée de cer-
nèbres. taines paroles qui, entendues ou prononcées

Classyalabolas, — VOIJ. CAACRINOLAAS.


en diverses rencontres étaient regardées
,

comme bon ou mauvais présage. Cette divi-


Claude, —
prieur de Laval, fit imprimera nation était surtout en usage à Smyrne ; il
y
du seizième siècle un livre
la fin intitulé : Dia- avait un temple où c'était ainsi qu'on rendait
logues de la Lycanthropie.
les oracles. Un nom seul offrait quelquefois
Clauder (Gabriel ), savant saxon, mort — l'augure d'un bon succès. Léotychide, pressé
en '1691, membre de l'académie des Curieux par un Samien d'entreprendre la guerre con-
de la Nature. Il a laissé, dans les Mémoires de tre les Perses demanda à ce Samien son
,

cette société, divers opuscules singuliers : tels nom; et, apprenant qu'il s'appelait. Hégési-
sont : « le Remède diabolique du délire, » et « les strate, mot qui signifie conducteur d'armée, il
Vingt-cinq ans de séjour d'un démon sur la répondit : « J'accepte l'augure d'Hégési-
terre Son neveu, Frédéric-Guillaume Clau-
2 . » strale. » Cey avait de commode en tout
qu'il
der, a donné dans les Éphémérides de la
, ceci, c'est qu'on était libre d'accepter ou de
même académie, un petit traité sur les nains 3 . refuser le mot à présage. S'il était saisi par

Clauneck , — démon
qui a puissance sur
celui qui l'entendait et qu'il frappât son ima-
gination, il avait toute son influence; mais si
les biens, sur les richesses il fait trouver des :

l'auditeur le laissait tomber, on n'y faisait pas


trésors à celui qu'il sert en vertu d'un pacte.
maître de
une prompte attention, l'augure était sans
II est aimé de Lucifer, qui le laisse
force.
1
Mémoires d'Hippolyte Clairon, édit. de Buisson, Clef d'or. — On a publié, sous le titre de
p. 167. volumes stupides
la Clef d'or, plusieurs petits
De Diabolico delirii remedio.
2 — De Diabolo per vi-
ginti quinque annos fréquentante cum muliere nulla qui enseignent les moyens infaillibles de faire
veneficii opéra.
3 De nanorum generatione. 1
Obedias illi, etobediet. Clavicules de Salomon, p. 14.
.

CLÉ — 1 5 — CLÉ
fortune avec la loterie, et qui, quand la lote- eiéonice. — Pausanias, général lacédé-
rie existait, ne faisaient que des dupes. La monien, ayant tué à Vicence une vertueuse
Clef d'or ou le Véritable trésor de la fortune, jeune fille, nommée Cléonice, qui lui avait ré-
qui se réimprimait de temps en temps à Lille, sisté, vécut dans un effroi continuel et ne

chez Castiaux, n'est pas autre chose que la cessa de voir, jusqu'à sa mort, le spectre de
découverte des nombres sympathiques, que cette jeune fille à ses côtés. Si l'on connaissait
l'auteur se vante d'avoir trouvés, ce qui lui a ce qui a précédé les visions, on en trouverait
valu trois cent mille francs en deux ans et souvent la source dans les remords.
demi. Il est mal de mentir aussi impunément Cléopâtre. —
C'est, dit-on, une erreur que
pour engager les pauvres gens à se ruiner l'opinionoù nous sommes que Cléopâtre se fit
dans les loteries. Or, les cinq nombres sympa- mourir avec deux aspics. Plutarque dit, dans
thiques ne manquent pas de sortir, dit-il ef- la vie de Marc-Antoine, que personne n'a ja-
frontément, dans les cinq tirages qui suivent mais su comment elle était morte. Quelques-
la sortie du numéro indicateur. Il faut donc uns assurent qu'elle prit un poison qu'elle
les suivre pendant cinq tirages seulement avait coutume de porter dans ses cheveux.
pour faire fortune. Par exemple les nombres ,
On ne trouva point d'aspic dans le lieu où elle
sympathiques de 4 sont 30, 40, 50, 70, 76. Ces était morte; on dit seulement qu'on lui re-
cinq numéros sortiront dans les cinq tirages marqua au bras droit deux piqûres imper-
qui suivront la sortie de 4, non pas tous à la fois ceptibles; c'est là-dessus qu'Augustehasarda
peut-être, mais au moins deux ou trois ensem- l'idée, qui est devenue populaire, sur
genre le
ble. Du reste les nombres sympathiques sont de sa mort. 11 est probable qu'elle se piqua
imaginaires, et chacun les dispose à son gré. avec une aiguille empoisonnée *.
Cléidomâncie OU Cleidonomancie,— divina- Gléromancie, —- art de dire la bonne aven-
tion par le moyen d'une clef. On voit dans Del- ture par le sort jeté, c'est-à-dire, avec des
rio etDelancre qu'on employait cette divination dés, des osselets, des fèves noires ou blan-
pour découvrir l'auteur d'un vol ou d'un meur- ches. On les agitait dans un vase, et après
tre. On tortillait autour d'une clef un billet con- avoir prié les dieux on les renversait sur une
tenante nom de celui qu'on soupçonnait puis ; table et Ton prédisait l'avenir d'après la dis-
on attachait cette clef à une Bible, qu'une fille position des objets.
y avait à Bura, en
Il

viergesoutenaitdesesmains. Ledevin marmot-, Achaïe, un oracle d'Hercule qui se rendait


tait ensuite tout bas le nom des personnes soup- sur un tablier avec des dés. Le pèlerin, après
çonnées, et on voyait le papier tourner et se avoir prié, jetait quatre dés dont le prêtre
mouvoir sensiblement. —
On devine encore considérait les points, et il en tirait la conjec-
d'une autre manière par la cléidomancie. On ture de ce qui devait arriver. fallait que ces Il

attache étroitement une clef sur la première dés fussent de bêtes sacrifiées 2 Le
faits d'os .'

page d'un livre; on ferme le livre avec une plus souvent on écrivait sur les osselets ou
corde, de façon que l'anneau de la clef soit sur de petites tablettes qu'on mêlait dans une
dehors la personne qui a quelque secret à
; urne; ensuite on faisait tirer un lot par le
découvrir par ce moyen pose le doigt dans premier jeune garçon qui se rencontrait; et si
l'anneau de la clef, en prononçant tout bas le du rapport avec ce
l'inscription qui sortait avait
nom qu'elle soupçonne. S'il est innocent, la qu'on voulait savoir, c'était une prophétie cer-
clef reste immobile; s'il est coupable, elle taine. Cette divination était commune en Égypte
tourne avec une telle violence, qu'elle rompt et chez les Romains; et l'on trouvait fréquem-
la corde qui attache le livre *. Les Cosaques ment des cléromanciens dans les rues et sur les
et les Russes emploient souvent cette divina- places publiques, comme on trouve dans nos fê-
tion, mais ils mettent la clef en travers et non tes des cartomanciens. Voy. Astragalomancie.
à plat, de manière que la compression lui fait
Clèves. — - On dit que le diable est chef de
faire le quart de tour. Us croient savoir par là
cette noble maison et père des comtes de
si la maison où ils sont est riche, si leur fa-
mille se porte bien en leur absence,
Clèves. Les cabalistes prétendent que ce fut
si leur
père
un sylphe qui vint à Clèves par les airs, sur
en font usage surtout
vit encore, etc. Ils
pour découvrir les trésors. On les a vus plu- un navire merveilleux traîné par des cygnes,
sieurs fois en France recourir à cet oracle de
et qui repartitun jour, en plein midi, à la vue
la clef sur l'Évangile
de tout le monde sur son navire aérien.
de saint Jean, durant
« Qu'a-t-il fait aux docteurs qui les oblige à
l'invasion de 184 4.

1
Delancre Incrédulité et mécréahce
, dit sortilège
1
Voyez Brown, Des Erreurs populaire*, liv. v,ch. 12.
2 Delancre, l'Incrédulité et mécréancs,
pleinement convaincue, traité 5. etc.; traité 5.

10
CLO — 1 46 — CLO
l'ériger en démon? » dit l'abbé de Villars *. parce que leur mouvement a peu d'intensité;
C'est en mémoire de cette origine merveil- mais le bruit seul agite l'air avec violence, et
leuse, diversement expliquée, qu'on avait le son du tambour sur un lieu élevé ferait
érigé, au pays de Clèves, l'ordre des cheva- peut-être le même effet d'attirer la foudre. On
liers du Cygne. a cru dans certains pays qu'on se
encore ,
,

Climatérique, — VOiJ. ÂNNEE.


mettait à l'abri de toute atteinte des orages
en portant sur soi un morceau de la corde
Clistheret, — démon qui fait paraître la attachée à la cloche au moment de son bap-
nuit au milieu du jour, et le jour au milieu de tême. —
Il nous reste à dire un mot de la

la nuit, quand c'est son caprice, si vous en Cloche du Diable. Dusaulx visitant les Pyré-
croyez les Clavicules de Salomon. nées à pied son guide ,qui était un franc ,

Cloches. — Les anciens connaissaient les montagnard, le conduisit dans un marécage,


comme pour lui montrer quelque chose de
cloches, dont on attribue l'invention aux Égyp-
curieux. Il prétendit qu'une cloche avait jadis
tiens. Elles étaient connues à Athènes et chez
Romains. Les musulmans n'ont point de été enfoncée dans cet endroit ;
que cent ans
les
ils croient que
après, le diable, à qui appartenaient alors tous
cloches dans leurs minarets;
âmes des les métaux souterrains,
s'était emparé de cette
le son des cloches effraierait les
bienheureux dans le paradis. — Les cloches cloche qu'un pâtre depuis peu de temps
, et
l'avait entendu sonner pendant la nuit de
ne furent généralement en usage, dans les
Noël dans l'intérieur de la montagne. « Fort
églises chrétiennes, que vers le septième siè-
bien, dit Dusaulx ce qu'on a pris pour le son
cle. On voit, dans Alcuin que la cérémonie ,
;

d'une cloche ne viendrait-il pas plutôt des


du baptême qui les consacre avait lieu déjà
du temps de Charlemagne. C'est, dit-on, — eaux souterraines qui s'engouffrent dans quel-
parce qu'elles sont baptisées que les cloches
que cavité? —
Oh! que non, » répliqua le
sont odieuses à Satan. On assure que quand
guide. —
H y a des cloches célèbres. On
respecte beaucoup, dans les Pyrénées, la clo-
le diable porte ses suppôts au sabbat, il est
che de la vallée on lui donne toutes sortes
forcé de les laisser tomber
entend le son s'il
;

des cloches. Torquemada raconte, dans son


d'origines merveilleuses : la plus commune,
Hexaméron, qu'une femme revenant du sab- c'est qu'elle a été fondue par les anges. On
J'entend , ou peut-être on croit l'entendre
bat, portée dans les airs par l'esprit malin,
quelquefois; mais on ne sait pas où elle est
entendit la cloche qui sonnait V Angélus. Aus-
suspendue. C'est cette cloche qui doit, à ce
sitôt le diable l'ayant lâchée, elle tomba dans
que disent les montagnards, réveiller leurs
une haie d'épines au bord d'une rivière. Elle
patriarches endormis dans les creux des ro-
aperçut un jeune homme à qui elle demanda
secours, et qui, à force de prières, se décida
chers, et appeler leshommes au dernier ju-
à la reconduire en sa maison. Il la pressa tel-
gement. —
Lorsque Ferdinand-le-Catholique
fut attaqué de la maladie dont il mourut, la
lement de lui avouer les circonstances de son
la lui apprit; elle lui en- fameuse cloche de la Villela (qui a dix bras-
aventure qu'elle fit
ses détour) sonna, dit-on d'elle-même ce
présents, pour l'engager à ne
,
suite de petits
;

qui arrive quand l'Espagne est menacée de


rien dire; mais la chose ne manqua pourtant
pas de se répandre. — On croit, dans quelques
quelque malheur. On publia aussitôt qu'elle
annonçaitla mort du roi, qui mourut effecti-
contrées, que c'est le diable qui excite les
vement peu après.
tempêtes, et que, par ainsi, les cloches con-
jurent les orages. Les paysans sonnent donc Clofye, — oiseau d'Afrique, noir et gros
les cloches dès qu'ils entendent le tonnerre, comme un étourneau. C'est pour les nègres un
ce qui maintenant est reconnu pour une im- oiseau de présage. Il prédit les bons événe-
prudence. Citons à ce sujet un fait consigné ments lorsqu'en chantant il s'élève dans les
dans les Mémoires de l'Académie des scien- airs; il en pronostique de mauvais s'il s'a-
ces : « En 4718 , le 4 5 août, un vaste orage baisse. Pour annoncer à quelqu'un une mort
s'étendit sur la Basse-Bretagne; le tonnerre funeste, ils lui disent que le clofye a chanté
tomba sur vingt-quatre églises situées entre sur lui.
Landernau et Saint-Pol-de-Léon; c'était pré-
cisément celles où l'on sonnait pour écarter la
Clotho. — L'une des trois Parques et la
plus jeune. C'est elle qui Ole les destinées;
foudre ;
ne sonna pas furent
celles où l'on
épargnées. » M. Saignes pense cependant que
on donne une quenouille d'une hauteur
lui

le son des cloches n'attire pas le tonnerre,


prodigieuse. La plupart des mythologues la
placent avec ses sœurs à la porte du repaire
1
L'abbë de Villars, dans le Comte de GàballS, de Platon. Lucien la met dans la barque à
COB — 147 — COG
Caron; mais Plutarque dit qu'elle est dans la les reins. « démons est présen-
Celte sorte de
lune, dont elle dirige les mouvements. tement assez plaisante, car tantôt vous les
verrez rire, tantôt se gaudir, tantôt sauter
Clou. —H y a, sur les clous, quelques pe-
de joie et faire mille tours de singe; ils con-
tites superstitionsdont on fera son profit. Les
treferont et imiteront les singes, et feront tant
Grecs modernes sont persuadés qu'en fichant
et plus les embesognés, combien ne fas-
qu'ils
le clou d'un cercueil à la porte d'une maison
sent rien du tout. A cette heure, vous les
infestée, on en écarte à jamais les revenants
verrez bêcher dans les
et les fantômes. —
Boguet parle d'une sor-
gent, amasser ce qu'ils auront bêché, et le
veines d'or ou d'ar-

cière qui, pour un cheval blessé, disait cer-


mettre en des corbeilles et autres vaisseaux
tains mots en forme d'oraison, et plantait en
pour cet effet préparés , tourner la corde et
terre un clou qu'elle ne retirait jamais. Les
la poulie afin d'avertir ceux d'en haut de ti-
Romains, pour chasser la peste, fichaient un
rer le mêlai, et fort rarement voit-on qu'ils
clou dans une pierre qui était au côté droit
offensent les ouvriers, s'ils ne sont gran-
du temple de Jupiter; ils en faisaient autant
dement provoqués de brocards, injures et ri-
contre les charmes Bt sortilèges, et pour apai-
sées dont ils sont impatients. Alors ils jette-
ser les discordes qui survenaient entre les ci-
ront premièrement de la terre et des petits
toyens. « Il y en a pareillement qui , se vou-
cailloux aux yeux des pionniers, et quelque-
lant prévaloir contre leurs ennemis, plantent
fois les blesseront \. »
un clou dans un arbre. Or, quelle force peut
avoir ce clou ainsi planté *? » Coboli, — génies ou démons révérés par


fils de Chilpéric I
Clovis, Il ne restait
er
.
les anciens Sarmates.
esprits habitaient les parties les plus secrètes
Ils croyaient que ces

à Chilpéric que ce fils de sa première femme;


des maisons, et même les fentes du bois. On
il fut assez indiscret pour s'expliquer sans
leur offrait les mets les plus délicats. Lors-
ménagement sur Frédégonde, qu'il regardait
qu'ils avaient l'intention de se fixer dans une
comme son ennemie. Elle résolut de s'en dé-
habitation, ils en prévenaient ainsi le père de
barrasser. Clovis aimait une jeune fille de
famille : assemblaient des tas de
la nuit ils
basse extraction un émissaire de Frédégonde
:

copeaux et répandaient de la fiente de divers


vint dire au roi que c'était la fille d'une ma-
animaux dans les vases de lait; gracieuses
gicienne que Clovis avait employé les artifi-
;
manières de s'annoncer. Si le lendemain le
ces de cette femme pour se défaire de ses
maître de la maison laissait ces copeaux en
deux frères (empoisonnés, à ce qu'on croit) et
un tas, et faisait boire à sa famille le lait
qu'il tramait la mort de la reine. La vieille
ainsi souillé, alors les cobolis se rendaient vi-
femme, mise à la question, fut forcée d'avouer
sibles et habitaientdésormais avec lui mais ;

qu'elle était sorcière. Clovis, convaincu, fut


s'il copeaux et jetait le lait ils
dispersait les ,

dépouillé de ses riches vêtements et conduit


allaient chercher un autre gîte.
dans une prison où des assassins le poignar-
dèrent, si les historiens disent vrai et on fit ;
Cocconas, — VOy. ALEXANDRE DE PAPHLA-
accroire au monarque qu'il s'était tué lui- GONIE.
même. La magicienne, dont
aussi d'èlre mise à mort, fut épouvantée de
la fille venait
Cochon. — Est-il vrai, comme le croit le
peuple, que de tous les animaux le cochon
ses aveux, qu'elle rétracta mais on se hâta ;
soit celui dont l'organisation ait le plus de
de lui imposer silence en la conduisant au
ressemblance avec celle de l'homme? « Sur
bûcher. C'est du moins ainsi que racontent
ce point, dit M. Salgues, on ne saurait mieux
les choses, des chroniqueurs peu favorables,
faire que de s'en rapporter à Cuvier. Or, voici
il est vrai, à Frédégonde.
ce que lui ont révélé ses recherches. L'esto-
Cobales, —
génies malins et trompeurs de mac de l'homme et celui du cochon n'ont
la suitede Bacchus, dont ils étaient à la fois aucune ressemblance dans l'homme, ce vis- :

les gardes et les bouffons. Selon Leloyer, les cère a la forme d'une cornemuse dans le co- ;

Cobales, connus des Grecs, étaient des dé- chon, il est globuleux; dans l'homme, le foie
mons doux et paisibles, nommés par quel- est divisé en trois lobes; dans le cochon, il
ques-uns bonhomets ou petits bonshommes est divisé en quatre; dans l'homme, la rate
des montagnes parce qu'ils se montrent en
, est courte et ramassée; daus le cochon, elle
vieux nains de basse stature ils sont vêtus ; est longue et plate; dans l'homme, le canal
court, demi -nus, la manche retroussée intestinal égale sept à huit fois la longueur du
sur l'épaule, et portent un tablier de cuir sur
1 Leloyer , Hist. et Disc, des spectres, etc., p. 345 ;

1
Boguet, Discours des sorciers, ch. 40. post Wierum, De pnest., lib. i, cap. 22.

10.
côc — \ 43 — (101
corps; dans le cochon, il égale quinze à dix- pable d'un meurtre. est probable que ces
Il

huit fois la même longueur. Son cœur pré- prophéties n'ont été faites qu'après coup. —
sente des différences notables avec celui de Coclès a écrit sur la physiognomonie et la
l'homme; et j'ajouterai, pour la satisfaction chiromancie ;
mais son livre a subi des modi-
des savants et des beaux-esprits, que le vo- fications.. L'édition originale est : Physiogno-
lume de son cerveau est aussi beaucoup miœ ac chiromanciœ Anastasis, sive compen-
moins considérable ce qui prouve que ses
, dium ex pluribus et penè inftnilis autorihus,
facultés intellectuelles sont inférieures à celles cum approbatione Alexandri AchiUini, Bolo-
de nos académiciens. » — Il y aurait bien des gne, 1504, in-fol. La préface est d'Achillini.
choses à dire sur cochon. Le diable s'est
le

quelquefois montré sous sa figure. On conte, à


Cocoio, — démon succube, adoré aux Indes
occidentales et mentionné par Bodin *.
Naples, qu'autrefois il apparaissait souvent
avec cette forme dans le lieu même où l'église Cocyte, — l'un des fleuves de l'enfer des
de Sa in te -Ma ne-Majeure a depuis été bâtie ,
anciens. Il le Tartare
entouraitet n'était
ce qui réjouissait peu les Napolitains. Dès formé que des larmes des méchants.
que l'église fut commencée, ap- la singulière
parition ne se montra plus. C'est en mémoire Code des Sorciers, VOlJ. SORCIERS.
de cet événement que l'évêque Pomponius fit
faire le pourceau de bronze qui est encore sur
Codronchi Baptiste )(
médecin d'Irnola ,

le portail de cette église. Camérarius ra- — au seizième siècle. Il a laissé un traité des an-
nées climatériques, de la manière d'éviter le
conte que, dans une ville d'Allemagne, un
danger, études moyens d'allonger sa vie 2 .
Juif malade étant venu chez une vieille, et
lui ayant demandé du lait de femme, qu'il Cœlicoles, — secte juive qui adorait les as-
croyait propre à le guérir, la sorcière s'avisa tres, et les anges gardiens des astres.
de traire une truie et en porta le lait au Juif,
qui le but. Ce lait commençant à opérer, le Cœur. — Des raisonneurs modernes ont cri-

Juif s'aperçut qu'il grognait et devina la ruse tiqué ce qui est dit dans Y Ecclésiaste ,
que le

de la sorcière, qui voulait sans doute lui faire cœur du sage est au côté droit,
de et celui

subir la métamorphose des compagnons d'U- l'insensé au côté gauche. Mais il faut entendre

lysse. Il du lait sans le boire, et


jeta le reste cette maxime comme le mot de Jonas, à pro-

incontinent tous les cochons du voisinage mou- pos de ceux des ISinivites qui ne savaient pas
rurent 1 faire la différence de leur main droite et de leur
main gauche, c'est-à-dire du bien et du mal.
Coclès (Barthélémy) ,
— chiromancien du — Que le cœur de l'homme soit situé au côté
seizième siècle. Il avait aussi des connaissan-
gauche de la poitrine, c'est un sentiment qui,
ces en astrologie et en physiognomonie. Il
à la rigueur, peut être réfuté par l'inspection
prédit à Luc Gauric, célèbre astrologue du seule, dit le docteur Brown; car il est évident
même temps, qu'il subirait injustement une
que la base et le centre du cœur sont exacte-
peine douloureuse et infamante, et Luc Gau-
ment placés au milieu. La pointe à la vérité
ric fut en effet condamné au supplice de l'es-
incline du côté gauche; mais on dit de l'ai-
trapade par Jean Bentivoglio, tyran de Bo-
guille d'un cadran qu'elle est située au cen-
logne, dont il avait pronostiqué l'expulsion
tre, quoique la pointe s'étende vers la circon-
prochaine. Coclès prophétisa qu'il serait lui-
même assassiné, et périrait d'un coup sur la
férence du cadran. —
Nous rappellerons que
quelques hommes ont eu le cœur velu. Voij.
tête son horoscope s'accomplit ponctuelle-
;
Aristomène.
ment, car Hermès de Bentivoglio fils du ty- ,

ran, ayant appris qu'il se mêlait aussi de Coiffe. —On s'est formé différentes idées
prédire sa chute, le fit assassiner par un bri- sur la membrane appelée coiffe qui couvre ,

gand nommé Caponi, le 24 septembre '1504 2 .


quelquefois la tète des enfants lorsqu'ils sor-
On assure même que, connaissant le sort qui tent du sein de leur mère. Les personnes su-
le menaçait, il portait depuis quelque temps perstitieuses la conservent avec soin , comme
une calotte de fer, et qu'il ne qu'armé sortait un moyen de bonheur, et on dit d'un homme
d'une épée à deux mains. On dit encore que heureux qu'il est né coiffé. On a même dit que
celui qui devait l'assassiner étant venu le cette coiffe étend ses effets favorables jusque
consulter peu auparavant, il lui prédit qu'a- sur ceux qui la portent avec eux. Spartien
vant vingt-quatre heures il se rendrait cou-
Démonomanie, liv. n, ch. 7.
1

2 De annis climatericis, nec non de ratione vitandt


1
Camcrnriux, De nat. et affcct. dœmon., in prcemio. eorum pericula, itemque de modis vitam producendi
a M. Saignes, DfcBEfretitS et des préjugés. commentarius. In-S". Bologne, 1G2<).
COL m— col
parle de cette superstition dans la vie d'An- y trouve de dresser toutes sortes de thèmes
l'art

tonin ; il dit que les sages-femmes vendaient d'horoscopes, avec des exemples de nativités
ordinairement ces coiffes naturelles à des ju- calculées.
risconsultes crédules, qui en attendaient d'heu-
reux résultats pour leurs affaires. Ils étaient
Collanges (Gabriel de), mathématicien —
né en Auvergne en 1 524. Il n'employa ses con-
persuadés que ce talisman leur ferait gagner
naissances qu'à la recherche des secrets de la
toutes les causes On se les disputait chez nous
1
.

cabale et des nombres. Il est traducteur de


au seizième siècle. Dans quelques provinces ,
la Poli/graphie et universelle Écriture caba-
on croyait que la coiffe révélait une vocation
listique de Trithème, Paris, 1561, in-4°. On
à la vie monastique 2 Les sages-femmes pré- .

cite plusieurs ouvrages de lui, dont aucun n'a


disaient aussi, chez nos pères, le sort de en- 1

été imprimé non plus que sa version de la


,
fant qui apportait la coiffe sur la tête. Voy.
Philosophie occulte d' Agrippa. Il a laissé ma-
Amniomancie.— Avant que l'empereur Macrin
nuscrit un Traité de Vheuret malheur du ma-
montât sur le trône, sa femme lui donna un
riage.
fils qui naquit coiffé. On prédit qu'il s'élève-
raitau rang suprême, et on le surnomma Dia- Collehites , — pierre que l'on assure être
dematus. Mais quand Macrin fut tué, il arriva propre à chasser démons et à prévenir
les les
de Diadematus qu'il fut proscrit et tué comme charmes l
. Mais on aurait dû la désigner.
son père.

— sorcière Colleman (Jean), — astrologue, né à Or-


Coirières (Claude), du sei- léans ; le roi Charles VII en faisait grand cas.
zième siècle. Pendant qu'elle était détenue en LouisXI, dit-on, donna des pensions, parce
lui
prison, elle donna une certaine graisse à un qu'il lui supputer des almanachs.
apprit à
nommé François Gaillard, pareillement pri- On dit que Colleman étudiait si assidûment le
sonnier, lequel, s'en étant frotté les mains, fut
cours de la lune, qu'à force d'application il en
enlevé de sa prison par l'assistance du diable, devint lépreux 2
3
qui toutefois le laissa reprendre .

Colarbasse , — hérétique valentinien qui


Collyre. —
On voit dans la Lycanthropie
,
de Nynauld qu'un sorcier faisait un certain
prêchait la cabale et l'astrologie comme scien-
collyre avec le fiel d'un homme, les yeux d'un
ces religieuses. Il était disciple deValentin. 11
chat noir et quelques autres choses qu'il ne
disait que la génération et la vie des hommes
nomme pas; « lequel faisait voir et apparaître
dépendaient des sept planètes que toute la
;
en l'air ou ailleurs les ombres des dé-
perfection et la plénitude de la vérité était
mons. »
dans l'alphabet grec ,
puisque Jésus-Christ
était nommé Alpha et Oméga 4
. Colokyntho-Pirates pirates fabuleux ,
— ,

Colas (Antide) , — sorcière du seizième qui dans l'histoire véritable de Lucien na-
,

viguaient sur de grandes citrouilles ou colo-


,

siècle, qui, avec le diable, qu'elle nommait Li-


quintes longues de six coudées. Lorsqu'elles
zabet, fut appréhendée et mise en prison, sur
étaient sèches ils les creusaient les grains
l'avis de Nicolas Millière, chirurgien. Elle , ;

leur servaient de pierres dans les combats, et


confessa qu'étant détenue à Betoncourt , le
diable s'était apparu à elle en forme d'homme les feuilles de voiles ,
qu'ils attachaient à un
par une fe-
noir, et l'avait sollicitée à se jeter
mât de roseau.
nêtre, ou bien à se pendre mais qu'une au- ;
Colombes. —
Il y avait dans le temple de

tre voix l'en avait dissuadée. Convaincue d'ê- Jupiter, àDodone, deux colombes que l'on gar-
tre sorcière, cette femme fut brûlée à Dôie dait soigneusement; elles répondaient d'une
en 599 5 et c'est ainsi que se terminent or-
4 ,
voix humaine lorsqu'elles étaient consultées.
dinairement les histoires racontées par Boguet. Mais on dans Pausanias que c'étaient des
voit

Coley (Henry), — astrologue anglais, mort femmes prêtresses qu'on appelait colombes do-
doniennes. —
Les Perses, persuadés que le so-
en 1690. On a de lui, la Clef des éléments de
leil avait en horreur les colombes blanches,
l'astrologie, Londres, 1675, in-8°. C'est un
lesregardaient comme des oiseaux de mauvais
traité complet de cette science fantastique. On
augure, et n'en souffraient point dans leur
pays.
1 Brown, Des Erreurs popul., t. II, p. 88.
2 Salgues, Des Erreurs et des préjugés.
1
Delancre, Tableau de l'Inconstance des démons, etc.,
3 Boguet, Discours clos sorciers, ch. 52, p. 327. liv. iv, p. 297.
'*
Bergier, Dict. théolog. 7 Ancien manuscrit de la Bibliothèque royale. Voyex
? Boguet, Discours des sorciers, ch. 13, p. 3^5, Joly, Remarques sur Bayle, à la fin.
COM — 1 0 — COM
Colonne du niable. On conserve à Pra- — pour les uns, il est heureux pour les autres, puis-
gue trois pierres d'une colonne que le diable qu'en accablant ceux-ci d'une grande défaite il
apporta de Rome pour écraser un prêtre avec donne à ceux-là une grande victoire. Cardan —
lequel il avait fait pacte et le tuer pendant , explique ainsi les causes de l'influence des co-
qu'il disait la messe. Mais saint Pierre , s'il mètes sur l'économie du globe « Elles rendent :

faut en croire la légende populaire, étant sur- l'air plus subtil et moins dense dit-il en l'é- , ,

venu, jeta trois fois de suite le diable et sa chauffant plus qu'à l'ordinaire les personnes :

colonne dans la mer, et cette diversion donna qui vivent au sein delà mollesse, qui ne don-
au prêtre le temps de se repentir. Le diable nent aucun exercice à leur corps, qui se nour-
en fut si désolé qu'il rompit la colonne et se rissent trop délicatement, qui sont d'une santé
sauva *. faible , d'un âge avancé et d'un sommeil peu
dans un air moins animé,
Combadasus, —
divinité dormante des Ja-
tranquille, souffrent
et meurent souvent par excès de faiblesse.
ponais. C'était un bonze dont ils racontent l'a-
Cela arrive plutôt aux princes qu'à d'autres,
necdote suivante . A huit ans, il fit construire
à cause du genre de vie qu'ils mènent; et il
un temple magnifique et, prétendant être las ;
suffitque la superstition ou l'ignorance aient
de la vie il annonça qu'il voulait se retirer
,
attaché aux comètes un pouvoir funeste, pour
dans une caverne et y dormir dix mille ans :

qu'on remarque, quand elles paraissent, des


en conséquence, il y entra; l'issue fut scellée
accidents qui eussent été fort naturels en tout
sur-le-champ les Japonais : le croient encore
autre temps.— On ne devrait pas non plus s'é-
vivant.
tonner de voir à leur suite la sécheresse et la
Comédiens. — « Il serait bon, comme dit peste puisqu'elles dessèchent l'air, et ne lui
,

Boguet, de chasser nos comédiens et, nos jon- laissent pas la force d'empêcher les exhalai-
gleurs, attendu qu'ils sont pour la plupart sor- sons pestiférées. Enfin les comètes produisent
ciers et magiciens, n'ayant d'autre but que de les séditions et les guerres en échauffant le

vider nos bourses et de nous débaucher. » cœ.ur de l'homme en changeant les hu-
et
— On a
,

dit de Cardan
1
Boguet n est pas tout à fait dans son tort. meurs en bile noire. »
qu'il avait deux âmes, l'une qui disait des
Comenius (
Jean Amos), — philologue du
choses raisonnables, l'autre qui ne savait que
dix-septième siècle. Ika laissé la Lumière dans
déraisonner. Après avoir parlé comme on
les ténèbres, Hollande, 1 657, in-i°, idem aug-
vient de voir, l'astrologue retombe dans ses
mentée de nouveaux rayons, 1665, 2 vol. in-
visions. Quand une comète paraît auprès de
4°, fig. C'est une traduction latine des pré-
Saturne, dit-il, elle présage la peste, la mort
tendues prophéties et visions de Kotter, de
des souverains pontifes et les révolutions dans
Dabricius et de Christine Poniatowska, habi-
lesgouvernements; auprès de Mars, les guer-
les gens que nous ne connaissons point.
res; auprès du soleil, de grandes calamités
Comètes. —
On a toujours vu dans les co- sur tout le globe auprès de la lune, des inon-
;

mètes les signes avant-coureurs des plus tris- dations et quelquefois des sécheresses auprès ;

tes calamités. Une comète parut quand Xerxès de Vénus, mort des princes et des nobles
la ;

vint en Europe avec dix-huit cent mille hom- auprès de Mercure divers malheurs en fort
,

mes (nous ne les avons pas comptés); elle —


grand nombre. Wiston a fait de grands ca-
prédisait la défaite de Salamine. Il en parut culs algébriques pour démontrer que les eaux

une, avant la guerre du Péloponèse; une, extraordinaires du déluge furent amenées par
avant la défaite des Athéniens en Sicile; une, une comète, et que quand Dieu décidera la fin
avant la victoire que les Thébains remportè- du monde, ce sera une comète qui le brû-
rent sur les Lacédémoniens une, quand Phi- lera....
;

lippe vainquit les Athéniens; une, avant la Comiers (Claude), —


docteur en théologie,
prise de Carthage par Scipion ;
une, avant la mort en 1693. 11 est auteur d'un Traité des
guerre civile de César et de Pompée une, à ; prophéties, vaticinations prédictions et pro- ,

lamort de César une, à la prise de Jérusa-


; c/nostications. Il a écrit aussi sur la baguette
lem par Titus; une, avant la dispersion de divinatoire et sur les sibylles.
l'empire romain par les Goths une, avant l'in-
vasion de Mahomet etc. une enfin, avant la , ;
;

Compitales, — Lares ou lu-


fêtes des dieux
Romains. On
chute de Napoléon. Tous les peuples regar- — tins du foyer, chez les anciens
leur sacrifiait dans l'origine des enfants, aux-
dent également les comètes comme un mauvais
quels Brutus substitua des tètes de pavots.
présage cependant si le présage est funeste ,
;

Comtes de l'Enfer ,
— démons d'un ordre
1
Voyages du docteur Patin. supérieur dans la hiérarchie infernale, et qui

CON — 1; 1 — COiN
commandent de nombreuses légions. On les Dans romaine, pour faire sortir le dé-
l'église

évoque à toute heure du jour, pourvu que ce mon du corps des possédés on emploie cer- ,

soit dans un lieu sauvage, que les hommes taines formules ou exorcismes, des aspersions
n'aient pas coutume de fréquenter 1
, d'eau bénite des prières et des cérémonies
,

instituées à ce dessein *. — Les personnes su-


Conclamatîon , —
cérémonie romaine, du perstitieuses et criminelles qui s'occupent de
temps du paganisme. Elle consistait à appeler à magie abusent du mot, et nomment conjura-
grands cris l'individu qui venait de mourir, tions leurs sortilèges impies. Dans ce sens, la
afin d'arrêter l'âme fugitive, ou de la réveiller
conjuration est un composé de paroles et de
si elle était attachée au corps. cérémonies détestables ou absurdes, adoptées
Condé. —
On lit dans une lettre de ma- par les sorciers pour évoquer les démons. On
commence par se placer dans le cercle magi-
dame de Sévigné au président de Monceau
que trois semaines avant la mort du grand
,
que {voij. Cercle) puis on récite les formules
;

Condé, pendant qu'on l'attendait à Fontaine- suivantes. Elles sont extraites d'un Grimoire.

bleau, M. de Verniîlon l'un de ses gentils- ,


— Conjuration universelle pour les esprits.
hommes, revenant de la chasse sur les trois « Moi (on se nomme) je te conjure esprit , ,

heures et approchant du château de Chan-


,
(on nomme l'esprit qu'on veut évoquer), au
tilly (séjour ordinaire du prince), vit, à une
nom du grand Dieu vivant, etc., etc., je te
fenêtre de son cabinet, un fantôme revêtu conjure de m'apparaître, comme dessus dit;
d'une armure qui semblait garder un homme sinon, saint Michel archange, invisible, te fou-
,

enseveli il descendit de cheval et s'appro- ,


droiera dans le plus profond des enfers; viens
;

cha, le voyant toujours son valet vit la même donc (on nomme l'esprit), pour faire ma vo-
chose et l'en avertit. Ils demandèrent la clef
;

lonté. » — Conjuration d'un livre magique.


du cabinet au concierge; mais ils en trouvè- a Je te conjure et ordonne ,
esprits , tous et
rent les fenêtres fermées, et un silence qui autant que vous êtes de recevoir ce livre en
,

n'avait pas été troublé depuis six mois. On bonne part afin que toutes fois que nous li-
,

conta cela au prince, qui en fut un peu frappé, rons ledit livre, ou qu'on le lira étant approuvé
qui s'en moqua cependant ou parut s'en mo- et reconnu être en forme et en valeur, vous

quer; mais tout le monde sut cette histoire et ayez à paraître en belle forme humaine, lors-
trembla pour ce prince, qui mourut trois se- qu'on vous appellera , selon que le lecteur le
maines après jugera, dans toutes circonstances, etc. ;
je vous
conjure de venir aussitôt la conjuration faite,
Conformants, —
sectaires qui parurent en afin d'exécuter, sans retardement, tout ce qui
Allemagne au treizième et au seizième siècle, est écrit et mentionné en son lieu dans ce
et qui durent leur nom à l'usage qu'ils avaient dit livre vous obéirez vous servirez en-
: , ,

de coucher tous ensemble , sous prétexte de seignerez, donnerez, ferez tout ce qui est en
charité. On dit que les premiers adoraient votre puissance en utilité de ceux qui vous
,

une image de Lucifer et qu'ils en tiraient des ordonneront, le tout sans illusion. Et si par —
oracles. hasard quelqu'un des esprits appelés parmi
Conférentes , — dieux des anciens , dont
vous ne pouvait venir ou paraître lorsqu'il se-
rait requis, il sera tenu d'en envoyer d'autres
parle Arnobe, et qui étaient, dit Leloyer, des
démons incubes. revêtus de son pouvoir, qui jureront solen-
nellement d'exécuter tout ce que le lecteur
Confucîus. —
On sait que ce philosophe est pourra demander; en vous conjurant tous,
révéré comme un dieu à la Chine. On lui of- par les très-saints noms du tout-puissant Dieu
fre surtout en sacrifice de la soie, dont les res- vivant, etc.. » —
Conjuration des démons.
tes sont distribués aux jeunes dans la
filles, « Alerte, venez tous, esprits. Par la vertu et
persuasion où l'on est que, tant qu'elles con- le pouvoir de votre roi et par les sept cou-
,

servent ces précieuses amulettes, elles sont à ronnes et chaînes de vos rois, tous esprits des
l'abri de tous dangers. enfers sont obligés d'apparaître à moi devant
ce cercle, quand je Venez tous
Conjurateurs, —
magiciens qui s'attribuent
à mes
les appellerai.
ordres, pour faire tout ce qui est à vo-
le pouvoir de conjurer les démons et les tem-
tre pouvoir, étant recommandés; venez donc
pêtes.
de l'orient, midi, occident et septentrion je
Conjuration, — exorcisme, paroles et céré- vous conjure et ordonne, par la vertu et puis-
;

monies par lesquelles on chasse les démons. sance de celui, etc. » Conjurations pour cha-

1
Wierus, in Pseudomonarchia daim. 1
Bcrgier, Dictionnaire théolog.
CON — 15 2 — CON
que jour de la semaine. Pour le lundi, à Lu- par tous les noms écrits dans ce livre, que sans
cifer. Cette expérience se fait souvent depuis délai tu sois ici tout prêt à m'obéir, etc. » —
onze heures jusqu'à douze et depuis trois , Conjuration très-forte, pour tous les jours et à
heures jusqu'à quatre. Il faudra du charbon, toute heure du jour et de la nuit, pour les tré-
de la craie bénite, pour faire le cercle, autour hommes que par les
sors cachés tant par les
duquel on écrira certains mots magiques. En- vous commande, démons qui ré-
esprits. « Je
suite on récite la formule suivante « Je te :
— sidez en ces lieux ou en quelque partie du ,

conjure, Lucifer, par le Dieu vivant, etc. » monde que vous soyez, et quelque puissance
—Pour le mardi, à Nambroth. Cette expérience qui vous ait été donnée de Dieu et des saints
se fait la nuit, depuis neuf heures jusqu'à dix ;
anges sur ce lieu même je vous envoie au ,

on lui doit donner la première pierre que l'on plus profond des abîmes infernaux. Ainsi, allez
trouve, pour être reçu en dignité et honneur. tous, maudits esprits et damnés, au feu éternel
On procédera de la façon du lundi; on fera qui vous est préparé et à tous vos compagnons ;

un cercle autour duquel on écrira « Obéis- : si vous m'êtes rebelles et désobéissants, je vous
moi, Nambroth obéis-moi, etc. » On récite, contrains et commande par toutes les puissan-

,

à la suite, cette formule : « Je te conjure ces de vos supérieurs démons, de venir, obéir
Nambroth, et te commande par tous les noms et répondre positivement à ce que je vous or-
par lesquels tu peux être contraint et lié, etc. » donnerai au nom de J.-C, etc. » Voy. Pierre
— Pour le mercredi, à Astaroth. Cette expé- d'Apone, etc.— Nous n'avons fait qu'indiquer
rience se fait la nuit, depuis dix heures jus- ces stupidités inconcevables. Les commentaires
qu'à onze ;
on le conjure pour avoir les bonnes sont inutiles.
grâces du roi et des autres. On écrira dans le
cercle : « Viens. Astaroth; viens, Astaroth; Constantin. —
Tout le monde sait que,
viens, Astaroth; » ensuite on récitera celte frappé de l'apparition d'une croix miracu-
formule « Je te conjure
: —Astaroth mé- , ,
culeuse , et de l'avis qui lui était donné qu'il

chant esprit, par les paroles et vertus de vaincrait par ce signe , Constantin-le-Grand
Dieu, etc. » —
Pour le jeudi, à Acham. Cette se convertit et mit la croix sur ses étendards.
expérience se fait la nuit de trois heures à ,
— Jusqu'au seizième siècle, aucun écrivain
n'avait attaqué la vision de Constantin tous
quatre; il paraît en forme de roi. Il faut lui ;

donner un peu de pain, afin qu'il parte. On les monuments contemporains attestent ce mi-

écrira autour du cercle : « Par le Dieu racle. Mais les protestants, voyant qu'il pou-
saint, etc. » ensuite on récite la formule qui vait servir à autoriser le culte de la croix, ont
;

suit : — «Je te conjure, Acham ;


je te com- entrepris d'en faire une ruse militaire Les
mande par royaumes de Dieu agis philosophes du dernier siècle n'ont pas man-
je t'adjure, etc. »
tous les
— Pour le vendredi, à Hé—
;

qué de copier leurs déraisonnements. —


chet. Cette expérience se fait la nuit, de onze J.-B. Duvoisin évèque de Nantes, et l'abbé
,

heures à douze il lui faut donner une noix. On ;


de l'Estocq, docteurs en Sorbonne, ont pu-
écrira dans le cercle « Viens, Béchet; viens, :
blié des dissertations sur la vision de Con-

Béchet; viens, Béchet; » et ensuite on dira cette stantin.

conjuration :
— « Je le conjure, Béchet, et te
Constantin Copronyme, — empereur ÎCO-
contrains de venir à moi je te conjure dere-
noclaste de Constantinople. était, dit-on,
— Pour
;
Il
chef, etc. » le samedi, à Nabam. Cette
magicien. Il conjurait habilement les démons,
expérience se fait de nuit de onze heures à ,
dit Leloyer; il évoquait les morts, et faisait
douze et sitôt qu'il parait il lui faut donner
,
des sacrifices détestables et invocations du
du pain brûlé, et lui demander ce qui lui fait
qui le saisit par
diable. Il mourut d'un feu
plaisir: on écrira dans son cercle : « N'entre
tout le corps , et dont la violence était telle ,

Nabam n'entre pas, Nabam


pas, ; ;
n'entre pas,
qu'il ne faisait que crier
Nabam » et puis on récitera la
;
conjuration
suivante : —
Nabam, au nom « Je te conjure Constellations. — Il y en a douze, qui
de Satan au nom de Béelzébuth
,
au nom , sont les douze signes du zodiaque, et que les
d'Astaroth et au nom de tous les esprits, etc. » astrologues appellent les douze maisons du
— Pour dimanche, à Aquiel. Celte expé-
le soleil, savoir : le bélier, le taureau , les gé-
rience se fait la nuit, de minuit à une heure ; meaux, Técrevisse, le lion, la vierge, la ba •

il demandera un poil de votre tète il lui faut ; lance, le scorpion, le sagittaire, le capricorne,
donner un poil de renard il le prendra. On ; le verseau et les poissons. On les désigne
écrira dans le cercle « Viens, Aquiel; viens, :

Aquiel; viqns, Aquiel. » Ensuite on récitera la 1


Leloyer, Hist. des spectres et des apparitions des
conjuration suivante :— « Je te conjure, Aquiel, esprits, liv. iv, ch. 6, p. 302,
CON — 1 y — coq
très-bien dans ces deux vers techniques, que gances dont leur folle imagination est rem-
tout le monde connaît :
plie. — Tout le monde a entendu parler des
Sunt aries, taurus, gemini, cancer, leo, virgo,
convulsions et des merveilles absurdes qui
Libraquc, scorpius, "arcitenens, caper, amphora, pisces. eurent lieu, dans la capitale de la France,
— On bonne aventure par le moyen de
dit la sur le tombeau du diacre Paris, homme in-
ces constellations. Voy. Horoscopes et As- connu pendant sa vie, et trop célèbre après
trologie. sa mort i La frénésie fanatique alla si loin,
.

Contre -Charmes —
charmes qu'on em-
,
que le gouvernement fut obligé, en 1732, de
fermer le cimetière Saint-Méciard, où Paris
ploie pour détruire l'effet d'autres charmes.
était enterré. Sur quoi un plaisant fit ces
Quand les charmeurs opèrent sur des ani-
deux vers :
maux ensorcelés, ils font des jets de sel pré-
De par le roi, défense à Dieu,
parés dans une écuelle avec du sang tiré
D'opérer miracle en ce lieu.
d'un des animaux maléficiés. Ensuite on ré-
cite pendant neuf jours certaines formules.
— Dès lors les convulsionnaires tinrent leurs
séances dans des lieux particuliers, et se don-
Voy. Gratianne, Amulettes, Sort, Malé-
nèrent en spectacle certains jours du mois. On
fices, Ligatures, etc.
accourait pour les voir, et leur réputation
Convulsions. — Au neuvième siècle, des
surpassa bientôt celle des bohémiens; puis
porsonnes suspectes déposèrent dans une
elle tomba, tuée par le ridicule.
de Dijon des reliques qu'elles avaient
église
disaient-elles, apportées de Rome, et qui
,

Copernic, —
astronome célèbre, mort en
1543. On dit communément que son système
étaient d'un saint dont elles avaient oublié
fut condamné par la cour de Rome ce qui est :
le nom. L'évêque Théobald refusa de rece-
faux et controuvé. Il vivait à Romod'un bon
voir ces reliques sur une allégation aussi va-
canonicat, et y professait librement l'astro-
gue. Néanmoins, elles faisaient des prodiges.
nomie. Mais voyez à ce sujet l'article Ga-.
Ces prodiges étaient des convulsions dans
LILÉE.
ceux qui venaient les révérer. L'opposition
de l'évêque fit bientôt de ces convulsions une Coq. —
Le coq avait, dit-on, le pouvoir
épidémie; les femmes surtout s'empressaient de mettre en fuite les puissances infernales;
de leur donner de la vogue. Théobald con- et corrfme on a remarqué que le démon, qu'on

sulta Amolon, archevêque de Lyon, dont il. appelle le lion d'enfer, disparaît dès qu'il voit
était suffragant. « Proscrivez, lui répondit ou entend le coq, on a répandu aussi cette
l'évêque, ces fictions infernales ,
ces hideuses opinion que levue du coq épou-
chant ou la

merveilles, qui ne peuvent être que des pres- vante et C'est du moins le
fait fuir le lion.
tiges ou des impostures. Vit-on jamais aux , sentiment de Pierre Delancre. « Mais il faut
tombeaux des martyrs ces funestes prodiges,
répondre à ces savants, dit M. Salgues 2 que ,

qui loin de guérir les malades, font souffrir


, nous avons des lions dans nos ménageries;
les corps et troublent les esprits?... » Cette — qu'on leur a présenté des coqs que ces ;

espèce de manie fanatique se renouvela quel- coqs ont chanté, et qu'au lieu d'en avoir
quefois; elle grand bruit au commence-
fit peur, les lions n'ont témoigné que le désir de
ment du dix-huitième siècle, et on prit encore croquer l'oiseau chanteur que toutes les fois ;

pour des miracles les convulsions et les grima- qu'on a mis un coq dans la cage d'un lion,
ces d'une foule d'insensés. Les gens mélanco- loin que le coq ait tué le lion, c'est au con-
liques et atrabilaires ont beaucoup de dispo- traire le lion qui a mangé le coq. » — On sait
sitions à ces jongleries; surtout si dans le que tout disparaît au sabbat aussitôt que le
temps que leur esprit est dérangé ils s'ap- , coq chante. On cite plusieurs exemples d'as-
pliquent à rêver fortement, ils finissent tou- semblées de démons et de sorcières que le
jours par tomber en extase, et se persuadent premier chant du coq a mises en déroute on ;

qu'ils peuvent aussi prophétiser. Cette mala- dit même que ce son qui est pour nous, par
die se communique aux esprits faibles , et le une sorte de miracle perpétuel une horloge ,

corps s'en ressent. De là vient, ajoute Brueys *, vivante, force les démons, dans les airs, à
que dans le fort de leurs accès les convuî-
1
Carré de Montgeron a recueilli ces merveilles en
sionnaires se jettent par terre, où ils demeu- trois gros volumes in-4°, avec ligures. Voici un de ces
rent quelquefois assoupis. D'autres fois, ils mirac'es rapporté dans une chanson de madame la du-
s'agitent extraordinairement; et c'est en ces chesse du Maine :

Un décrotteur à la royale,
différents états qu'on les entend parler d'une Du talon gauche estropié,
voix étouffée , et débiter toutes les extrava- Obtint, pour grâce spéciale.
D'être boiteux de l'autre pié.
2 Des Erreurs
1
Préface de l'Histoire du Fanatisme. et des préjugés, etc., préface.
COR — 1 »4 — COU
laisser tomber ce qu'ils portent : c'est à peu carter les mauvais génies. Marsile Ficin pré-
près la vertu qu'on attribue au son des clo- tend que le corail éloigne les terreurs pani-
ches. Pour empêcher le coq de chanter pen- ques et préserve de la foudre et de la grêle.
dant leurs assemblées nocturnes, les sorciers, donne cette raison, que le corail ex-
Liceti en
instruits par le diable, ont soin de lui frotter hale une vapeur chaude qui s'éievant en ,

la tête et le front d'huile d'olive, ou de lui l'air, dissipe tout ce qui peut causer la grêle
mettre au cou un collier de sarment. Beau- — ou le tonnerre. Brown, dans ses Essais sur
coup d'idées superstitieuses se rattachent à les erreurs populaires, dit qu'il est tenté de
cet oiseau, symbole du courage et de la vigi- croire que l'usage de mettre des colliers de
lance, emblème des Français. On dit qu'un corail au cou des enfants dans l'espérance ,

jour Vitellius rendant la justice à Vienne en de leur faire sortir les dents, a une origine
Dauphiné, un coq vint se percher sur son superstitieuse, et que l'on se servait autrefois
épaule; ses devins décidèrent aussitôt que du corail comme d'une amulette ou préserva-
l'empereur tomberait sûrement sous un Gau- tif contre les sortilèges.
lois; et, en effet, il fut vaincu par un Gaulois
de Toulouse. —
On devinait les choses futu- Corbeau, — oiseau de mauvais augure,
res par le moyen du coq {voy. Alectryoman- qui, dans les idées superstitieuses, annonce
cie). —
On dit aussi qu'il se forme dans l'es- des malheurs et quelquefois la mort. Il a
tomac des coqs une pierre qu'on nomme pourtant des qualités merveilleuses. Le livre
pierre alectorienne du nom grec de l'ani-
,
des Admirables secrets à" Albert-îe-Grand dit

mal. Les anciens accordaient à cette pierre que si l'on fait cuire ses œufs, et qu'ensuite
la propriété de donner le courage et la force :
on les remette dans le nid où on les aura
c'est à sa vertu qu'ils attribuaient la force pris aussitôt le corbeau s'en ira dans une
,

île où Alogricus, autrement appelé Alruy, a


prodigieuse de Milon de Crotone. On lui sup-
posait encore le don d'enrichir, et quelques- été enseveli, et il en apportera une pierre

uns la regardaient comme un philtre qui mo- avec laquelle touchant ses œufs, il les fera
,

dérait la soif. — On pensait autrefois qu'il y revenir dans leur premier état « ce qui est ;

avait dans le coq des vertus propres à la sor- tout à fait surprenant. » Cette pierre se

cellerie. On qu'avant d'exécuter ses


disait nomme pierre indienne parce qu'elle se
— On a de-
,

maléfices Léonora Galigaï ne mangeait que


,
trouve ordinairement aux Indes.
des crêtes de coq et des rognons de bélier viné par le chant du corbeau, si son croasse-
qu'elle avait fait charmer. On voit, dans les ment peut s'appeler chant. M. Bory Saint-
accusations portées contre elle, qu'elle sacri- Vincent trouve que c'est un langage. On l'in-

fiait des coqs aux démons i


. Certains Juifs, la terprète en Islande pour la connaissance des
veille du chipur ou jour du pardon, chargent affaires d'état. Le peuple le regarde comme
de leurs péchés un coq blanc qu'ils étranglent de tout ce qui se passe au loin, et an-
instruit

ensuite, qu'ils font rôtir, que personne ne nonçant aussi très-bien l'avenir. Il prévoit
veut manger, et dont ils exposent les entrail- surtout les morts qui doivent frapper une fa-

les sur le toit de leur maison. On sacrifiait, mille, et vient se percher sur le toit de la

dans certaines localités superstitieuses, un maison, d'où il part pour faire le tour du ci-
coq à saint Christophe pour en obtenir des metière, avec un cri continu et des inflexions

,

guérisons. On croyait enfin que les coqs de voix. Les Islandais disent qu'un de leurs
pondaient des œufs, et que, ces œufs étant savants avait le don d'entendre l'idiome du
maudits, il en sortait un serpent ou un basi- corbeau, et qu'il était, par ce moyen, instruit
lic. « Cette superstition fut très-répandue en des choses les plus cachées. Hésiode dit —
Suisse; et dans une petite chronique de Baie, que la corneille vit huit cent soixante-quatre
Gross raconte sérieusement qu'au mois d'août ans, tandis que l'homme ne doit vivre que
4 474 un coq de cette ville, ayant été accusé quatre-vingt-seize ans, et il assure que le

et convaincu de ce crime, fut condamné à corbeau vit trois fois plus que la corneille :

mort. Le bourgeois le brûla publiquement ce qui fait deux mille cinq cent quatre-vingt-
avec son œuf, dans un endroit nommé Ka- douze ans.... —
On croit dans la Bretagne
blenberg, à la vue d'une grande multitude de que deux corbeaux président à chaque mai-
personnes 2 » Voy. Basilic, Mariage, etc.
.
son, et qu'ils annoncent la vie et la mort. Les
habitants du Finistère assurent encore que
Corail. — Quelques auteurs ont écrit que
l'on voit sur un rocher éloigné du rivage,
,

le corail a la vertu d'arrêter le sang et d'ô-


les Ames de leur roi Graion et de sa fille Da-
hut, qui leur apparaissent sous la forme de
1
M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 100.
2 Dictionnaire d'anecdotes suisses, p 114. deux corbeaux; elles disparaissent à l'œil
— ,

COR — 1 5 — COR
4 Voy. Odin, honorable pour avoir supposé de fausses ap-
de ceux qui s'en approchent .

Cicéron, Augures, etc. paritions (4 534). —


Une preuve que cette
Corde de pendu. — Les gens crédules pré-
faute était individuelle, c'est qu'elle fut con-

tendaient autrefois qu'avec de la corde de


damnée par l'autorité ecclésiastique, et que
les huit condamnés dont deux seulement
,
pendu on échappait à tous les dangers, et
étaient coupables, le gardien et le custode,
qu'on était heureux au jeu. On n'avait qu'à
furent bannis sans que personne n'appelât ni
se serrer les tempes avec une corde de pendu
ne réclamât.
pour se guérir de la migraine. On portait un
morceau de cette corde dans sa poche pour Coré, — compagnon de Dathan et d'Abi-
se garantir du mal de dents. Enfin, on se sert ron. Les mahométans, qui le confondent avec

de cette expression proverbiale , avoir de la le batelier Caron, le font cousin-germain de


corde de pendu, pour indiquer un bonheur Moïse, qui, le voyant pauvre, lui enseigna

coastant, et les Anglais du menu peuple cou- l'alchimie,par le moyen de laquelle il acquit
rent encore après la corde de pendu 2
. de si grandes richesses qu'il lui fallait qua-
Cordeliers d'Orléans. — On a fait grand
rante chameaux pour porter son or et son ar-
gent. Il y en a d'autres qui prétendent même
bruit de l'affaire des cordeliers d'Orléans, qui
eut lieu sous François I er Les protestants s'en
.
que plusieurs chameaux étaient chargés seu-
emparèrent; et d'un tort qui est assez mal lement des clefs de ses coffres-forts. Moïse
établi, on fit un crime aux moines. C'était ayant ordonné aux Israélites de payer la
peut-être faire leur éloge que de s'étonner dîme de tous leurs biens Coré refusa d'o- ,

qu'ils ne fussent pas tous des anges. Voici béir, se souleva même contre son bienfai-

l'histoire. —
Le seigneur de Saint-Mesmin ,
teur jusqu'à répandre sur lui des calomnies

prévôt d'Orléans qui donnait dans les er- qui allaient lui faire perdre son autorité
,

reurs de Luther, devint veuf. Sa femme était parmi le peuple, si Moïse ne s'en fût plaint à
comme lui luthérienne en secret. Il la fit en- Dieu qui lui permit de punir l'ingrat; alors
,

terrer sans flambeaux et sans cérémonies; Moïse lui donna sa malédiction et ordonna ,

elle n'avait pas reçu les derniers sacrements. à la terre de l'engloutir, ce qui s'exécuta.
Le gardien et le custode des cordeliers d'Or- Corneille. — Le chant de la corneille était
léans, indignés de ce scandale, firent cacher, regardé des anciens comme un très-mauvais
dit-on, un de leurs novices dans les voûtes présage pour celui qui commençait une entre-
de l'église, avec des instructions. Aux ma- prise; ils l'invoquaient avant le mariage,
tines, ce novice fit du bruit sur les voûtes. parce qu'ils croyaient que les corneilles, après
L'exorciste, qui pouvait bien n'être pas dans la mort de l'un ou de l'autre couple, obser-
le secret, prit le rituel, et, croyant que c'é- vaient une sorte de veuvage. Voy. Corbeau.
tait un esprit, lui demanda qui il était? Point Cornélius — prêtre païen de Padoue
de réponse. — S'il était muet? — Il frappa
,

dont parle Aulu-Gelle. Il avait des extases, et


trois coups. On n'alla pas plus loin ce jour- son âme voyageait hors de son corps; le jour
là. Le lendemain surlendemain
et le le ,
de la bataille de Pharsale, il dit en présence
même Fantôme ou es-
incident se répéta. «
de plusieurs assistants qu'il voyait une forte
prit, dit alors l'exorciste, es-tu l'àme d'un
bataille, désignant les vainqueurs et les

tel?»— Point de réponse. «D'un tel? » Point fuyards; et, à la fin, il s'écria tout à coup
de réponse. On nomma successivement plu-
que César avait vaincu l .

Au
sieurs personnes enterrées dans l'église.
nom de Louise de Mareau, femme de Fran-
Cornes. —
Tous les habitants du ténébreux
empire portent des cornes; c'est une partie
çois de Saint-Mesmin, prévôt d'Orléans, l'es-
prit frappa trois coups. « Es-tu dans les
essentielle de l'uniforme infernal. — On a vu
flammes? » —
Trois coups. « Es-tu damnée — des enfants avec des cornes, et Bertholin cite
un religieux du monastère de Saint-Justin qui
pour avoir partagé les erreurs de Luther? »
en avait deux à la tête. Le maréchal de La-
Trois grands coups. Les assistants étaient
vardin amena au roi un homme sauvage qui
dans l'effroi. On se disposait à signifier au
seigneur de Saint-Mesmin d'enlever de l'é-
portait des cornes. On montrait à Paris, en
1699, un Français, nommé Trouillon, dont le
glise sa luthérienne; mais il ne se déconcerta
pas. courut à Paris et obtint des commis-
Il
front était armé d'une corne de bélier 2 .

Dans le royaume de Naples et dans d'autres
saires du conseil d'État un arrêt qui condam-
nait huit cordeliers d'Orléans à faire amende 1
Leloyer, Histoire des spectres, ou Appar. des esprits,
liv. iv, ch. 25, p. 456.
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 264. 2 M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, tome III,
2 Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. I, p. 433. p. 128.
COS — 15 . — COU
contrées, les cornes passent pour un préser- Côte. — Dieu
une côte d'Adam, pour
prit
vatif contre les sortilèges. On
a dans les mai- en faire notre mère Eve. Mais il ne faut pas
sons des cornes ornées dans la rue ou
; et croire pour cela, comme fait le vulgaire, que
dans les conversations, lorsqu'on soupçonne dans les descendants d'Adam les hommes ont
un sorcier, on lui fait discrètement des cor- une côte de moins que les femmes.
nes avec les doigts pour paralyser ses inten-
tions magiques. On pend au cou des enfants,
Cou. —
On regardait chez les anciens
comme un augure favorable une palpitation
comme ornement, une paire de petites cornes. dans la partie gauche du cou et comme fu- ,

Cornet d'Oldenbourg, — VOIJ. OLDENBOURG. neste celle qui avait lieu dans la partie droite.
• Correspondance — avec l'enfer. Voy. Ber- Couches. —
On prétendait, en certains pays,
BIGUIER. faire accoucher aisément les femmes en liant
Corsned, —
sorte d'épreuve chez les Anglo- leur ceinture «à la cloche de l'église, et en son-
Saxons, qui consistait à faire manger à l'accusé nant trois coups. Ailleurs la femme en couches
à jeun une once de pain ou de fromage con- mettait la culotte de son mari. Voy. Aétite.
sacré, avec beaucoup de cérémonies. Si l'ac-
Coucou. —
On croit, en Bretagne, qu'en
cusé était coupable cette nourriture devait
,
comptant le chant du coucou , on y trouve
l'étouffer en s'arrètant dans le gosier; mais
l'annonce de l'année précise où l'on doit se
si elle passait aisément, l'accusé était déclaré marier '. S'il chante trois fois, on se mariera
innocent. dans trois ans, etc. —
On croit aussi, dans la
Corybantiasme, — espèce de fi éuésie. Ceux plupart des provinces, que si on a de l'argent
qui en étaient attaqués s'imaginaient voir des avec soi la première fois qu'on entend le chant
fantômes devant leurs yeux et entendaient , du coucou, on en aura toute l'année. Le —
continuellement des sifflements ils ouvraient ; coucou de Belkis, dont nous ne savons guère
lesyeux lorsqu'ils dormaient. Ce délire san- que le nom, est un des dix animaux que Ma-
guin a souvent été jugé possession du diable homet place dans son paradis.
par les démonomanes.
Coucoulampons — anges du deuxième
— prince des Cerrhéniens
,

Oosingas ,
,
peu- ordre, qui, quoique matériels, selon les ha-
ples de Thrace, et prêtre de Junon. Il s'avisa bitants de Madagascar, sont invisibles et ne
d'un singulier expédient pour réduire ses su- se découvrent qu'à ceux qu'ils honorent d'une
jets rebelles. ordonna d'attacher plusieurs
Il protection spéciale. 11 y en a des deux sexes;

longues échelles les unes aux autres, et fit ils contractent mariage entre eux et sont
le ,

courir le bruit qu'il allait monter au ciel, vers sujets à la mort; mais leur vie est bien plus
Junon, pour lui demander raison de la dés- longue que celle des hommes , et leur santé
obéissance de son peuple. Alors les Thraces, n'est jamais troublée par les maladies. Leur
superstitieux et grossiers se soumirent à Co- ,
corps est à l'épreuve du poison et de tous les
singas, et s'engagèrent par serment à lui rester accidents.
fidèles.
Coudrier. — Les branches de cet arbre ont
Cosquinon:ancie, — sorte de divination qui servi à quelques divinations. Voy. Baguette.
se pratique au moyen d'un crible, d'un sas .
— Pline
Couleurs. leap-naturaliste nous
ou d'un tamis. On mettait un crible sur des
prend que les anciens tiraient des augures et
tenailles, qu'on prenait avec deux doigts; en-
des présages de la couleur des rayons du so-
suite on nommait les personnes soupçonnées de
leil, de la lune, des planètes, de Pair, etc. Le
larcin ou de quelque crime secret et on ju- ,

noir est le signe du deuil, dit Rabelais, parce


geait coupable celle au nom de qui le crible
que c'est la couleur des ténèbres qui sont
tournait ou tremblait, comme si celui qui te-
,

tristes, et l'opposé du blanc, qui est la cou-


nait les tenailles ne pouvait pas remuer le
crible à sa volonté —
Au lieu du crible on
leur de la lumière et de la joie.

met aussi
!

(car ces divinations se pratiquent


,

Coupe (divination parla), — très-usitée


encore un tamis sur un pivot, pour connaître en Egypte dès le temps de Joseph ,
employée
)

l'auteur d'un vol on nomme de même les


;
encore aujourd'hui. Voy. IIydromancie.
personnes soupçonnées, et le tamis tourne au Coups. — « En 1582, dit Pierre Delancre 2 ,
nom du voleur. C'est ce qu'on appelle dans , il arriva qu'à Constantinople , à Rome et à
les campagnes, tourner le sas. Cette supersti- Paris , certains démons et mauvais esprits
tion est surtout très-répandue dans la Bre-
tagne 1
.
1
M. Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I er , p. 175.
a Incrédulité et mécréanec du sortilège, etc., traité 7,
1
M, Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 48. p. 37.
— , ,

COU — 1 57 — COL
frappaient des coups aux portes des maisons, Belzébuth. — Pinel père, médecin à la Saîpè-
et c etait un indice de la mort d'autant de Irière, représentant de Satan. — Bonnet, em-
personnes qu'il y avait de coups. » ployé à Versailles, représentant d'Eurynome.
— Bouge, associé de Nicolas, représentant de
Cour infernale. —
Wierus et d'autres dé- Pluton. — Nicolas, médecin à Avignon, repré-
monomanes, versés dans l'intime connaissance sentant de Moloch. — Baptiste Prieur, de
des enfers, ont découvert qu'il y avait là des Moulins, représentant de Pan. — Prieur aîné,
princes, des nobles, des officiers . etc. Ils ont son frère, marchand droguiste, représentant
même compté le nombre des démons, et dis- de — Étienne Prieur, de Moulins, re-
Lilith.
tingué leurs emplois , leurs dignités et leur présentant de Léonard. — Papon-Lominy,-
puissance. — Suivant ce qu'ils ont écrit, Satan cousin des Prieur, représentant de Baalberith.
n'est plus le souverain de l'enfer ;
Belzébuth — Jeanneton Lavalette, Mansotte la et la
règne à sa place. Voici l'état actuel du gou- Vaudeval représentant Tarchidiablesse Pro-
vernement infernal. —
Princes et grands di-
,

serpine, qui a voulu mettre trois diablesses à


gnitaires. — Belzébuth , chef suprême de mes trousses , etc.
1
» Voy. Berbiguier.
fondateur de l'ordre de la
l'empire infernal ,

Mouche. Satan, chef du parti de l'opposition.


Courils, — petits démons
ou sorciers ma-
lins,corrompus et danseurs, dont M. Cambry
Eurynome, prince de la mort, grand'croix de
a trouvé la croyance établie sur les côtes du
l'ordre de la Mouche. Moloch, prince du pays
Finistère. On les rencontre au clair de la lune,
des larmes grand'croix de l'ordre. Pluton
,
sautant autour des pierres consacrées ou des
prince du feu. Léonard, grand-maître des
monuments druidiques; s'ils vous saisissent
Sabbats, chevalier de la Mouche. Baalberith,
par la main, il faut suivre leurs mouvements,
maître des alliances. Proserpine , archidia-
ils vous laissent exténués sur la place quand
blesse, souveraine princesse des esprits ma-
lins. — Ministères. — Àdrameleck
grand- ,
ils la quittent. Aussi les Bretons, dans la nuit,
évitent avec soin les lieux habités par cette
chancelier, grand'croix de l'ordre de la Mouche.
espèce de démons. On ajoute que les Courils
Astaroth, grand trésorier. Nergal chef de la ,

perdirent une grande partie de leur puis-


police secrète. Baal, général en chef des ar-
sance à l'arrivée des apôtres du catholicisme
mées infernales grand'croix de l'ordre de la
,
dans le pays.
Mouche. Léviathan, grand-amiral, chevalier
de la Mouche. Ambassadeurs. Belphégor, — Couronne nuptiale. — Chez les habitants
ambassadeur en France. Mammon, ambassa- de l'Entlebuch, en Suisse, le jour des noces,
deur en Angleterre. Belial ambassadeur en ,
après le festin et les danses, une femme vêtue
Turquie. Rimmon, ambassadeur en Russie. de jaune demande à la jeune épousée la cou-
Thamuz ambassadeur en Espagne. Hutgin
,
,
ronne virginale, qu'elle brûle en cérémonie.
ambassadeur en Italie. Martinet, ambassa- Le pétillement du feu est, dit-on, de mauvais
deur en Suisse. Justice.- —
Lucifer, gand- — augure pour les nouveaux mariés 2 .

justicier. Alastor, exécuteur des hautes œu- Courroie de soulier. C'était un mauvais —
vres. — Maison des princes. — Verdelet, présage, chez les Romains, de rompre la cour-
maître des cérémonies. Succar Benoth, chef roie de son soulier en sortant de chez soi.
des eunuques. Chamos grand-chambellan , , Celui qui avait cemalheur croyait ne pouvoir
chevalier de la Mouche. Melchom , trésorier- terminer une affaire commencée, et ajournait
payeut. Nisroch, chef de la cuisine. Béhemoth, celles qu'il s'était proposé d'entreprendre.
grand -échanson. Dagon grand-panetier.
Mullin, premier valet de chambre.
,

— Menus- Courtinière. —
Un gentilhomme breton
plaisirs. — Kobal, directeur des spectacles.
nommé M. de La Courtinière, ayant reçu un
jour dans son château plusieurs seigneurs ses
Asmodée surintendant des maisons de jeu.
,

voisins les traita bien pendant quelques


,
Nybbas, grand-paradiste. Antéchrist, esca-
moteur et nécromancien. Boguet l'appelle le jours. Après leur départ il se plaignit à sa ,

singe de Dieu. On voit que les démonomanes


femme de ce qu'elle ne leur avait pas fait
assez bon visage et, quoiqu'il fit ces remon-
se montrent assez gracieux envers les habi- ;

trances avec des paroles honnêtes, cette


tants du noir séjour.
Dieu veuille qu'après
tant de rêveries ils n'aient pas mérité d'aller
femme, d'une humeur hautaine, ne répondit
leur tenir compagnie! M. Berbiguier a écrit
mot, mais résolut intérieurement de se venger.

en 1821, après avoir transcrit cette liste des


— M. de La Courtinière s'étant couché et dor-
princes de la cour infernale « Celle cour a :
mant profondément, la dame, après avoir
aussi ses représentants sur la terre : Moreau 1
Les Farfadets, t. I er ,
,
etc , p. 4 et 5.
magicien et sorcier à Paris ,
représentant de 2 Eiictionnaire d'anecdotes suisses, an mot Noces.
,,,

CUA — 1 S — CUA
corrompu deux de ses domestiques , leur lit chaleur à une peau extrêmement
travers
égorger son mari, dont ils portèrent le corps mince qui la contient. Elle ne se dissout ni ,

dans un cellier. Ils y firent une fosse l'en- , dans le vinaigre, ni dans l'eau, ni dans l'esprit-
terrèrent, et ils placèrent sur la fosse un ton- de-vin; mais si on la renferme dans un vase
neau plein de chair de porc salée. La — bien scellé elle s'y dissout d'elle-même en
,

dame, le lendemain, annonça que son mari une eau puante. Les philosophes herméti-
était allé faire un voyage peu après elle dit ;
ques la recueillent avant le lever du soleil
qu'il avait été tué dans un bois en porta le , avec du verre ou du bois et en tirent une ,

deuil, montra du chagrin et fit faire des ser- espèce de poudre blanche semblable à l'a-
vices dans les paroisses voisines. Mais ce — midon, qui produit ensuite ou ne produit pas
crime ne resta pourtant pas impuni le frère : la pïerre philosophale.
du défunt, qui venait consoler sa belle-sœur Crânologie, —
Voy. PbrÉNOLOGIE.
et veiller à ses affaires, se promenant un jour Crapaud. —
Les crapauds tiennent une
dans le jardin du château, et contemplant un place dans la sorcellerie. Les sorcières les
parterre de fleurs en songeant à son frère , aiment et les choyent. Elles ont toujours soin
fut pris d'un saignement de nez qui l'étonna, d'en avoir quelques-uns, qu'elles habituent à
n'ayant jamais éprouvé cet accident. Au même les servir, et quelles accoutrent de livrées de
instant il lui sembla voir l'ombre de M. de La velours vert. — Pierre
Delancre dit que les
Courtinière qui lui faisait signe de le suivre. grandes sorcières sont ordinairement assistées
Il suivit le spectre jusqu'au cellier, où il le vit de quelque démon qui est toujours sur leur
,

disparaître. Ce prodige lui ayant donné des épaule gauche, en forme de crapaud, ayant
soupçons, il en parla à la veuve, qui se montra deux petites cornes en tête il ne peut être vu ;

épouvantée. Les soupçons du frère se forti- que de ceux qui sont ou qui ont été sorciers.
fiant de ce trouble, il fit creuser dans le lieu — Le diable baptise ces crapauds au sabbat.
où il avait vu disparaître le fantôme. On dé- Jeannette Abadie , et d'autres femmes , ont
couvrit le cadavre, qui fut levé et reconnu par révélé qu'elles avaient vu de ces crapauds ha-
le juge de Quimper-Corentin. Les coupables, billés de velours rouge , et quelques-uns de
arrêtés furent condamnés la veuve Marie
, , ( velours noir; ils portaient une sonnette au
de Sornin), à avoir la tète tranchée et tous cou une autre aux jambes de derrière.
et —
les membres de son corps dispersés, pour être Au mois de septembre i 61 0 un homme se ,

ensuite brûlés et les cendres jetées au vent ; promenant dans la campagne, près de Baza-,
les deux domestiques, à avoir la main droile vit un chien qui se tourmentait devant un
coupée et, après être pendus et étranglés
, trou ayant fait creuser, il trouva deux grands

, ,
;

leurs corps aussi brûlés Cet événement1


.
pots renversés l'un sur l'autre, liés ensemble
eut lieu vers la fin du seizième siècle. à leur ouverture et enveloppés de toile; le
Craca, —
magicienne qui, au rapport de chien ne se calmant pas on ouvrit les pots ,

Saxon-le-Grammairien, changeait les viandes qui se trouvèrent pleins de son au dedans ,

en pierres ou autres objets aussitôt qu'elle duquel reposait un gros crapaud vêtu de taf-
les voyait posées sur une table. fetas vert 1 C'était à coup sûr une sorcière
.

qui l'avait mis là pour quelque maléfice. Nous


Crachat. — Lorsque les sorciers renoncent
rions de ces choses à présent; mais c'étaient
au diable, ils crachent trois fois à terre; ils
choses sérieuses au seizième siècle et dont ,

assurent que
pouvoir sur eux
le diable n'a plus alors aucun
ils crachent encore lorsqu'ils
l'esprit ne nous est pas bien expliqué. Le —
;
peuple est persuadé, dit M. Salgues 2 que le
guérissent des écrouelles. — Les anciens
crapaud a la faculté de faire évanouir ceux
,

avaient l'habitude de cracher trois fois dans


qu'il regarde fixement , et cette assertion est
leur sein pour se préserver de tous charmes
accréditée par un certain abbé Rousseau, qui
et fascinations. — Cracher sur soi : mauvais
a publié dans le cours du dernier siècle
,

présage. Voy. Chevillement.


quelques observations d'histoire naturelle il
— Les alchimistes ap-
;

Crachat de la lune. prétend que la vue seule du crapaud pro-


pellent ainsi la matière de la pierre philoso- voque des spasmes, des convulsions, la mort
phale avant sa préparation. C'est une espèce même. 11 rapporte qu'un gros crapaud, qu'il

d'eau congelée, sans odeur et sans saveur, de tenait renfermé sous un bocal, l'ayant regardé
couleur verte, qui sort de terre pendant la fixement, il se sentit aussitôt saisi de palpita-
nuit ou après un orage. Sa substance aqueuse tions, d'angoisses, de mouvements convulsifs,
est très-volatile et s'évapore à la moindre
,
1
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
1
Arrêt du parlement de Bretagne, t. II des Disserta- liv. il, dise. 4, p. 133.
tions de Lenglet-Dulresnoy et Leloyer, liw ni, ch. 1.
;
* Des Erreurs et des préjugés, etc., t. I, p. 423.
cm — i 59 — CRI
et qu'il serait mort infailliblement si l'on n'é- Crible. — Parler au
crible est un ancien
tait venu à son secours Élien, Diosco- — proverbe qui signifiait faire danser un tamis
ride, Nicandre, iEtius, Gesner, ont encore par le moyen de paroles mystérieuses. Théo-
écrit que l'haleine du crapaud était mortelle, crite nommait les gens qui avaient ce pouvoir
et qu'elle infectait les lieux où il respire. On crible-sorciers ou sorciers du crible. — Je me
a cité l'exemple de deux amants qui ayant ,
suis trouvé, dit Bodin 4
y a vingt ans, dans
, il

pris de la sauge sur laquelle un crapaud s'était une maison à Paris où un jeune homme fit
,

promené, moururent aussitôt; mais ce sont là mouvoir un tamis sans y toucher, par la vertu
des contes, démentis, commetantd'autres, par de certaines paroles françaises, et cela devant
les expériences. —
Sur les bords de l'Orc- une société; et la preuve, dit-il, que c'était
noque, sans doute pour consoler le crapaud par le pouvoir de l'esprit malin, c'est qu'en
de nos mépris, des Indiens lui rendaient les l'absence de ce jeune homme on essaya d'o-
honneurs d'un culte ils gardaient soigneuse-
;
pérer en prononçant les mêmes paroles. Voy.
ment les crapauds sous des vases pour en COSQUINOMANCIE.
obtenir de la pluie ou du beau temps, selon Criériens ,
— fantômes des naufragés, que
leurs besoins; et ils étaient tellement per- les habitants de l'île de Sein, en Bretagne,
suadés qu'il dépendait de ces animaux de croient entendre demander la sépulture à tra-
l'accorder, qu'on les fouettait chaque fois que vers ce bruit sourd qui précède les orages.
la prière n'était pas promptement exaucée *.
Les anciens Bretons disaient : « Fermons les
Crapaudîne, —
pierre qui se trouve dans la portes, on entend les criériens, le tourbillon
tête des crapauds les sorcières la recherchent
;
les suit. »

pour leurs maléfices. Plusieurs écrivains as- Cristalomancie, — divination par le moyen
surent que c'est un objet très-rare ; mais du cristal. On tirait des présages des miroirs
quelques-uns nient l'existence de cette pierre. et des vases de cristal , dans lesquels le dé-
Cependant Thomas Brown ne croit pas le fait mon faisait, dit-on, sa demeure. Le roi Chil-
impossible, puisque, dit-il, tous les jours on déric cherchait l'avenir dans les prismes d'un
trouve des substances pierreuses dans la tête petit globe de cristal. Voy. Chien. — Les de-
des morues, des carpes, des gros limaçons vins actuels prédisent encore par le miroir.
sans coquilles. Il en est qui pensent que ces .
L'anecdote suivante fera connaître leur mé-
crapaudines sont des concrétions minérales thode. — Un pauvre laboureur de Sézanne, à
que les crapauds rejettent après les avoir ava- qui on avait volé six cents francs, alla con-
lées, pour nuire à l'homme 2 Mais ce ne sont .
sulter le devin en \ 807. Le devin lui fit donner
là encore que des contes ridicules. douze francs, lui mit trois mouchoirs pliés sur
Crapoulet, — VOy. ZOZO. les yeux, un blanc, un noir et un bleu, lui dit
de regarder alors dans un grand miroir où il
Cratéîs, — déesse des sorciers
et des en- faisait venir le diable et tous ceux qu'il vou-
chanteurs, mère de la fameuse Scylla. lait évoquer. « Que voyez-vous? lui demanda-

Crescence, —
cardinal, légat du Saint-Siège t-il. —
Rien » répondit le paysan. Là dessus
,

au concile de Trente, qui mourut paisiblement le sorcier parla fort et long-temps il recom- ;

en 1 552. Jean de Chassanion, huguenot, n'ai- manda au bonhomme de songer à celui qu'il
mant pasce prince del'Église, parcequ'ils'était soupçonnait capable de l'avoir volé, de se re-
élevé contre les protestants, a écrit que le dia- présenter les choses et les personnes. Le

ble, en forme de chien noir, était venu le voir paysan se monta la tête, et, à travers les trois
à son dernier moment et l'avait étranglé 3 ce mouchoirs qui lui serraient les yeux il crut ,
,

qui n'est pas vrai. Mais voy. Carlostad et voir passer dans le miroir un homme qui avait
Luther. un sarrau bleu un chapeau à grands bords
,

et des sabots. Un moment après crut le re-



Crespet (Pierre), religieux célestin, mort
connaître , et s'écria qu'il
il

voyait son voleur.


en 594 auteur d'un traité contre la magie
1

« Eh bien! dit le devin


,
,
vous prendrez un ,

intitulé : Deux livres de la haine de Satan et


cœur de bœuf et soixante clous à lattes, que
des malins esprits contre l'homme, etc. Paris
vous planterez en croix dans ledit cœur; vous
4590, in-8°. Cet ouvrage est rare et curieux.
le ferez bouillir dans un pot neuf avec un cra-
paud et une feuille d'oseille trois jours après, :

1 Pons,
Voyage à la partie orientale de la terre ferme
le voleur, s'il n'est pas mort, viendra vous ap-
de l'Amérique méridionale, t. I.
2 Thomas Brown, Essai sur les erreurs populaires, porter votre argent, ou bien il sera ensor-
t. î",
3
liv. m, ch. 13, p 312. celé. » —
Le paysan fit tout ce qui lui était
Des Grands et redoutables jugements de Dieu,
p. 66. 1 Démonomanie des sorciers, liv. il, p. 155.
cno — n - GUI
recommandé, mais son argent ne revint pas ;
Croix (Épreuves de la), — voy. Épreuves.
d'où il conclut que son voleur pouvait bien être Croix (Madeleine de La), religieuse de —
ensorcelé... Cordoue, qui mena mauvaise vie au seizième
Critomancîe, —
divination qui se pratiquait siècle, se disant sorcière et se vantant d'avoir
par le moyen des viandes et des gâteaux. On pour familier un démon. François de Torre-
considérait la pâte des gâteaux qu'on offrait Blanca raconte qu'elle avait à volonté des ro-
en sacrifice, et la farine d'orge qu'on répan- ses en hiver, la neige au mois d'août, et qu'elle
dait sur les victimes pour en tirer des pré-
,
passait à travers les murs ,
qui s'ouvraient
sages. devant elle. Elle fut arrêtée par l'inquisition ;

Crocodiles. — Les Égyptiens modernes as- mais ayant tout confessé elle fut admise à pé-
,

surent que jadis les crocodiles étaient des ani- nitence 1 car les inquisiteurs n'avaient pas
;

maux doux, et ils racontent de la manière la férocité que leur ont prêtée les livres.

suivante l'origine de leur férocité. Humeth Croméruach, — idole principale des Irlan-
gouverneur d'Égypte sous Gisar Al-Mutacil, ca- dais avant l'arrivée de saint Patrice en leur
life de Bagdad, ayant fait mettre en pièces la
pays. L'approche du saint la fit tomber, di-
statue de plomb d'un grand crocodile que l'on sent les légendes, tandis que les divinités in-
avait trouvée en creusant les fondements d'un férieures s'enfoncèrent dans la terre jusqu'au
ancien temple de païens à l'heure même de ,
menton. Suivant certains récits en mémoire ,

cette exécution les crocodiles sortirent du Nil de ce prodige, on voit encore leurs tètes à fleur
et ne cessèrent, depuis ce temps, de nuire
de terre dans une plaine, qui ne se trouve plus.
par leur voracité *. —
Pline et Plutarque
témoignent que les Égyptiens connaissent, Cromniomancie —
divination par les
,

par l'endroit où les crocodiles pondent leurs oignons. Ceux qui la pratiquaient mettaient la
veille de Noël des oignons sur un autel; ils
œufs, jusqu'où ira le débordement du Nil ;

mais il serait difficile, dit Thomas Brown, de écrivaient au-dessus le nom des personnes
comprendre comment ces animaux ont pu de- dont on voulait avoir nouvelle. L'oignon qui
viner un effet qui, dans ses circonstances, dé- germait le plus vite annonçait que la personne
pend de causes extrêmement éloignées, c'est- dont il portait le nom jouissait d'une bonr.e
à-dire de la mesure des rivages dans l'Ethiopie. santé. — Cette divination est en usage dans
— Les habitants de Thèbes et du lac Mœris ren- plusieurs cantons de l'Allemagne ,
parmi les
daient un culte particulier aux crocodiles ils ;
jeunes filles, qui cherchent à savoir ainsi qui

leur mettaient aux oreilles des pierres pré- elles auront pour époux 2 .

cieuses et ornements d'or, et les nourrissaient Croque-Mitaine, —


espèce d'ogre dont on
de viandes consacrées. Après leur mort ils ,
épouvante à Paris les petits enfants indociles.
les embaumaient et les déposaient en des ur- Aujourd'hui que ses dents sont tombées, il se
nes que l'on portait dans le labyrinthe qui contente de les mettre au cachot et de leur
servait de sépulture aux rois. Les Ombites donner le fouet, malgré les lumières du siècle.
poussaient même la superstition jusqu'à se Voy. Babau.
réjouir de voir leurs enfants enlevés par les
crocodiles mais ces animaux étaient en hor-
;
Crusembourg (
Guy de), — alchimiste.
Voy. Alchimie.
reur dans reste de l'Égypte. Ceux qui les
le

adoraient disaient que, pendant les sept jours Cubomancie, — divination par le moyen des
consacrés aux fêtes de la naissance d'Apis dés. Auguste et Tibère avaient grande con-
ils oubliaient leur férocité naturelle, et ne fai- fiance en cette manière de consulter le sort.
saient aucun mal mais que le huitième jour,
; Les Grecs s'en servaient aussi. C'est à peu
après midi, ils redevenaient furieux. près la même chose que l'astragalomancie.

Croix. — Les croix que les sorcières portent Voy. ce mot.


au cou et à leurs chapelets , et celles qui se
Cuivre. —
Théocrite assure que le cuivre
trouvent aux lieux où se fait le sabbat, ne sont
pur a naturellement là vertu de chasser les
jamais entières , comme on le voit par celles
spectres et fantômes; c'est pourquoi les La-
que trouve dans les cimetières infestés de
l'on cédémoniens frappaient sur un chaudron
sorciers et dans les lieux où les sabbats se
,
toutes les fois qu'un de leurs rois venait à
tiennent. La raison en est , disent les démo- mourir.
nomanes, que le diable ne peut approcher
d'une croix intacte. 1
François de Torre-Blanca, Epit. delict., etc., p. 1S5
et MR.
1 Lcloyer, Iîist. et dise, des spectres, etc., liv. IV, 2 Delancre, Incrédulité et mécréonec, etc., traité v,
ch. 21, p. 417. p. 2GI.
. ,

cim — 1 61 — CYPi
Culte. — Les démons recevaient un culte dont il mourut
probable que ce conte
i
: II est

par tout l'univers, avant le christianisme. Ju- a été fait après coup pour un autre Curtius.
piteretles autres dieux n'étaient véritablement Voy. DÉVOUEMENT.
que des démons mais le diable a reçu un culte
; Cylindres, —
sortes d'amulettes circulaires
plus spécial de gens qui savaient bien qu'ils que les Perses et les Égyptiens portaient au
s'adressaient à lui et non à un dieu. Ainsi, les cou, et qui étaient ornées de figures et d'hié-
sorciers au sabbat adorent le diable par son roglyphes.
nom. Le culte qu'ils lui rendent consiste prin- Cymbale —
c'est le nom que les sorciers
,

cipalement à lui baiser le derrière, à genoux, donnent au chaudron dans lequel ils mangent
avec une chandelle noire à la main. Cer- — leur soupe au lard dans les assemblées du
tains peuples de l'Afrique ne rendent aucun sabbat.
culte à Dieu, qu'ils croient bon, et font des
sacrifices au diable pour la raison contraire.
Cynanthropie espèce de frénésie dont ,

ceux qui en sont attaqués se persuadent qu'ils
Cunégonde, — femme de Henri II, empe- sont changés en chiens. C'est, comme la bousan-
reur d'Allemagne. Elle soupçonnée d'adul- fut thropie, une nuance de l'état de loup-garou.
tère et se purgea de l'accusation en marchant
, Voy. Lycanthropie.
pieds nus, sans accident, sur des socs de Cynobalanes nation imaginaire, que, —
charrue rougis au feu. Voy. Épreuves. Lucien représente avec des museaux de chien,
Cupai, — voy. Kupai. et montés sur des glands ailés.

Cureau de — habile médecin,


la Chambre, Cynocéphale ,
— singe que les Égyptiens
mort en 1669. On a de lui un discours sur les nourrissaient dans leurs temples pour con-
principes de la chiromancie et de la mètopos- naître le temps de
conjonction du soleil et la

copie. Paris, 1653, in-8°. On l'a aussi imprimé de la lune. On


persuadé que, dans cette
était

sous le titre de l'Art de connaître les hommes. circonstance l'animal devenu aveugle re-
, , ,

Curma. — Du temps de
fusait toute nourriture. Son image, placée sur
saint Augustin un
les clepsydres, était purement hiéroglyphi-
paysan . des environs d'Hippone, nommé que. On prétendait qu'à chaque heure du jour
Curma, mourut un matin et demeura deux
le cynocéphale criait très-exactement.
ou trois jours sans sentiment. Comme on al-
lait l'enterrer, il rouvrit les yeux et demanda
Cyprien. — Avant de se convertir au chris-
tianisme Cyprien s'occupait de magie.
saint
ce qui se passait chez un autre paysan du voi-
,

sinage qui , comme lui , se nommait Curma :


On voit, dans
Légende dorée, qu'il évoquait
la
les démons et que ce furent les épreuves qu'il
on lui répondit que ce dernier venait de mou-
fit de leur impuissance contre le simple signe
rir à l'instant où lui-même était ressuscité.
de la croix qui l'amenèrent à la foi.
« Cela ne me surprend pas dit-il on s'était
trompé sur noms on vient de me dire que
les ;
, ;

Cyrano de Bergerac, — écrivain remar-


ce n'était pas Curma le jardinier., mais Curma quable du dix-septième siècle. On trouve, dans
le maréchal qui devait mourir. » Il raconta ses œuvres, deux lettres sur les sorciers. Nous
,

en même temps qu'il avait entrevu les enfers n'avons pas besoin d'indiquer ses histoires des
;

et il mena depuis meilleure vie. empires du soleil et de la lune. Il a fait aussi


un Voyage aux enfers; c'est une plaisanterie
Curson, — voy. PlTRSAN. — « Je me suis trouvé cette nuit aux enfers,
:

Curtius, —
fils d'un gladiateur romain. On
dit-il ; mais ces enfers-là m'ont paru bien dif-
dit qu'un spectre lui annonça ainsi sa mort férents des nôtres. J'y trouvai les gens fort
Il accompagnait un lieutenant du gouverneur sociables; c'est pourquoi je me mêlai à leur
de l'Afrique n'ayant aucun garde auprès de
, compagnie. On occupé alors à changer
était
lui il vit un jour, dans une galerie le spec-
; ,
de maison tous les morts qui s'étaient plaints
tre d'une femme de haute stature qui lui dit , d'être mal associés l'un d'eux voyant que ; ,

qu'elle était l'Afrique, et qu'elle venait lui an- j'étais étranger, me prit par la main et me
noncer le bonheur. Elle l'assura qu'il aurait conduisit à la salle des jugements. Nous nous
de grands honneurs à Rome, et qu'il revien- plaçâmes tout proche de la chaire du juge
drait en Afrique non comme valet mais en, ,
pour bien entendre les querelles de toutes les
qualité de commandant en chef, et qu'il
y parties. —
D'abord j'aperçus Pythagore qui
mourrait. Cette prédiction s'accomplit entiè- très-ennuyé d'une compagnie de comédiens ,

rement; Curtius fut questeur, puis préteur; représentait que leurs caquets continuels le
il eut les privilèges du consulat, et fut envoyé détournaient de ses hautes spéculations. Le
comme gouverneur en Afrique; mais en dé- 1 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des es-
barquant il se sentit frappé d'une maladie prits, liv. ni, ch. 16, p. 268.

M
— ,

DA1) — 1 62 — DAG
juge lui dit que ,
de grande
l'estimant homme dre à conduire le fil. Néron choisit Érostrale ,

mémoire puisque après quinze cents ans il


,
ce fameux insensé qui brûla le iemple de Diane,
s'était souvenu d'avoir été au siège de Troie, aimant comme lui à se chautîer de gros bois.
on l'avait appareillé avec des personnages qui Achille prit la main d'Eurydice « Marchons, :

n'en sont pas dépourvus. On entendit toute- lui dit-il, marchons; aussi bien ne saurait-on
fois ses raisons, et marcher ailleurs.
on le fit mieux nous assortir, puisque nous avons tous
— Aristote, Pline, iElian beaucoup d'au- , et deux l'âme au talon. » —
Il ne fut jamais pos-

tres naturalistes, furent mis avec les Maures, sible de séparer les Furies des épiciers, tant
parce qu'ils ont connu les bêtes le médecin : elles avaient peur de manquer de flambeaux.
Dioscoride, avec les Lorrains, parce qu'il con- Les tireurs d'armes furent logés avec les cor-
naissait parfaitement les simples. Ésope et Apu- donniers d'autant que la perfection du mé-
,

lée ne firent qu'un ménage, à cause de la con- tier consiste à bien faire une botte; les bour-

formité de leurs prodiges-, car Ésope d'un àne a reaux, avec les médecins, parce qu'ils sont
fait un homme en le faisant parler, et Apulée payés pour tuer; Écho, avec nos auteurs mo-
d'un homme a fait un àne en le faisant braire. dernes, d'autant qu'ils ne disent, comme elle,

Caligula voulut être mis dans un appartement que ce que les autres ont dit; Orphée, avec
plus magnifique que celui de Darius, comme les chantres du Pont-Neuf, parce qu'ils avaient
ayant couru des aventures plus glorieuses car, ;
su attirer les bêtes. — On en mit quelques-uns
dit-il, moi, Caligula, j'ai fait mon cheval consul, à part, entre lesquels fut Midas, le seul homme
et Darius a été fait empereur par le sien. Dé- qui se soit plaint d'avoir été trop riche ; Pho-
dale eut pour confrères les sergents, les huis- cion ,
qui donna de l'argent pour mourir; et
siers , les procureurs ,
personnes qui comme Pygmalion, pareillement, n'eut point de com-
lui volaient pour se sauver. Thésée suivit quel- pagnon, à cause qu'il n'y a jamais eu que lui
ques tisserands, se promettant de leur appren- qui ait épousé une femme muette »

D
Dabaïda. —
Les naturels de Panama ont Dagobert Ier —
roi de France, mort en
,

une idole de ce nom, qui était née de race 638 à l'âge de trente-sept ans. Une vieille lé-
mortelle, et qu'on déifia après sa mort. Quand gende conte qu'après qu'il fut mort un bon
il tonne ou qu'il fait des éclairs, c'est Dabaïda ermite, nommé Jean, qui s'était retiré dans
qui est fâchée ; alors on brûle des esclaves en une petite île voisine des côtes de la Sicile,
son honneur. vit en songe, sur la mer, l'âme du roi Dago-

Bactylomancie —
divination qui se pra-
,
bert enchaînée dans une barque, et des dia-

tiquait au moyen de bagues ou anneaux fon- bles qui la maltraitaient en la conduisant vers

dus sous l'aspect de certaines constellations la Sicile, où ils devaient la précipiter dans les

et auxquels étaient attachés des charmes et gouffres de l'Etna. L'âme appelait à son se-

des caractères magiques {voy. Alectryoman- cours saint Denis, saint Maurice et saint Mar-
cie). C'est, dit-on, avec un de ces anneaux tin,que le roi, en son vivant, avait fort ho-
que Gygès se rendait invisible, en tournant norés; les trois saints descendirent revêtus
le chaton dans sa main. Clément d'Alexan- — d'habits lumineux , assis sur un nuage bril-

drie parle de deux anneaux que possédaient lant; ils se jetèrent sur les malins esprits, leur

les tyrans de la Phocide, et qui les avertis- enlevèrent la pauvre âme, et l'emportèrent
saient par un son du temps propre à certai- au ciel *. —
Un monument curieux, le tom-
nes affaires; ce qui ne les empêcha pas de beau de Dagobert, sculpté vers le temps de
tomber dans les griffes du démon, lequel leur saint Louis, retrace ces circonstances merveil-

tendait un piège par ses artifices i Voy. An- .


leuses. La principale façade est divisée en
neaux. trois bandes. Dans la première on voit quatre
Badjal, —
nom de l'antechrist chez les
diables (deux ont des oreilles d'âne) qui em-
Chaldéens; il signifie dans, leur langue le
mènent l'âme du roi dans une barque; la se-
menteur et l'imposteur par excellence. conde représente saint Denis, saint Maurice et
saint Martin, accompagnés de deux anges,
1
Delancre Incrédulité et mécréances du sortilège
,

pleinement convaincues, traité 5, p. B6JU 1


Gesta Dagoberti régis, etc.
DAN — i 3 — DAN
avec le bénitier et le goupillon, qui chassent chapelle, sans qu'il put le faire avancer; qu'il
les démons. Sur la troisième bande on voit avait vu sur ces entrefaites un berger qu'il
l'âme qui s'enlève, et une main sort d'un ne connaissait pas, lequel lui avait dit :

nuage pour l'accueillir. Les farceurs ont « Monsieur, retournez chez vous, car votre

glosé sur cette poésie du moyen âge, sur celte cheval n'avancera point. » Cet homme, qui
légende et le monument qui est à Saint-Denis ;
lui parut âgé d'une cinquantaine d'années,

mais quel mal y a-t-il donc dans ces récils était de haute taille, de mauvaise physiono-
que l'église n'a jamais imposés, et qui sont mie, la barbe et les cheveux noirs ayant la ,

toutefois des fleurs? Ce qu'il y a de mal, c'est houleile à la main, et deux chiens noirs à
que ces fleurs tombent quelquefois devant des courtes oreilles auprès de lui. Le jeune —
pourceaux. homme se moqua du propos du berger; ce-
Bagon , — démon de second ordre , bou- pendant il ne put faire avancer son cheval et
fut obligé de le ramener par la bride à la mai-
langer et grand panetier de la cour infernale.
son, où il tomba malade, car le sorcier lui avait
Les Philistins l'adoraient sous la forme d'un
monstre réunissant le buste de l'homme à la jeté un sort. —
M. de la Richardière le père fit
mille choses pour la guérison de son fils.
queue de poisson. Ils lui attribuaient l'inven-
tion de l'agriculture, qu'on a attribuée à tant
Comme un jour ce jeune homme rentrait seul
d'autres. —
On voit, dans le premier livre dans sa chambre, il y trouva son vieux berger
des Rois, que les Philistins s'étant rendus assis dans un fauteuil avec sa houlette et ,

maîtres de l'arche du Seigneur, et l'ayant ses deux chiens noirs. Cette vision l'épou-

placée dans leur temple d'Azot, à côté de l'i-


vanta; il appela du monde; mais personne

dole de Dagon, on trouva le lendemain cette que lui ne voyait le sorcier. Il soutint toute-

idole mutilée, et sa tète avec ses deux mains fois qu'il le voyait très-bien ; il ajouta même
sur le seuil de la porte. « C'est pour cela, dit que ce berger s'appelait Danis, bien qu'il

l'auteur sacré, que les sacrificateurs de Dagon


ignorât qui pouvait lui avoir révélé son nom.

et tous ceux qui entrent dans son temple, ne


Il continua de le voir tout seul. Sur les six

marchent point sur le seuil de la porte. » heures du soir, il tomba à terre en disant
que le berger était sur lui et l'écrasait; et, en
Bahut, — VOtJ. Is.
présence de tous les assistants qui ne voyaient
Damne tus , OU Bamachus —
loup-garOU
, rien, il tira de sa poche un couteau pointu,
de l'antiquité. On conte qu'ayant mangé le dont il donna cinq ou six coups dans le vi-
ventre d'un petit enfant sacrifié à Jupiter Ly- sage du malheureux par qui as- il se croyait
cien, en Arcadie,il fut changé en loup mais ; sailli. —Enfin, au bout de huit semaines de
il première forme au bout de dix
reprit sa souffrances, il alla à Saint-Maur, avec con-
ans; il remporta même le prix de la lutte fiance qu'il guérirait ce jour-là. Il se trouva
aux jeux olympiques mal trois fois; mais, après la messe, il vit

Baniel, — grands prophè-


l'un des quatre saint Maur debout, en habit de bénédictin, et
tes. On lui attribue un traité de Y Art des son- leberger à sa gauche, le visage ensanglanté
ges. Les Orientaux le regardent aussi comme de cinq coups de couteau, sa houlette à la
l'inventeur de la géomancie. main, et ses deux chiens à ses côtés. Il s'écria

Banis, —du dernier siècle. Le


sorcier
qu'il était guéri, et
moment. — Quelques
il le fut
jours après,
en effet dès ce
chassant
er
vendredi, mai 4705, à cinq heures du
1
dans les environs de Noisy, il vit effective-
soir, Denis Milanges de la Richardière, fils
ment son berger dans une vigne; cet aspect
d'un avocat au parlement de Paris, fut atta-
lui fit horreur; il donna au sorcier un coup
qué, à dix-huit ans, de léthargies et de dé-
de crosse de fusil sur la tête : « Ah ! mon-
mences si singulières que les médecins ne
sieur,vous me tuez » s'écria le berger en
!

surent qu'en dire. On lui donna de l'éméti-


fuyant; mais le lendemain il vint trouver
que, et ses parents l'emmenèrent à leur mai-
M. de la Richardière, se jeta à ses genoux,
son à Noisy-le -Grand, où son mal devint plus
lui avoua qu'il s'appelait Danis qu'il était ,
fort; si bien qu'on déclara qu'il était ensor-
sorcier depuis vingt ans, qu'il lui avait en ef-
celé. On lui demanda s'il n'avait pas eu de
fet donné le sort dont il avait été affligé, que
démêlés avec quelque berger; il conta que le
ce sort devait durer un an ;
qu'il n'en avait
4 8 avril précédent, comme il traversait à
été guéri au bout de huit semaines qu'à la
cheval le village de Noisy, son cheval s'était
faveur des neuvaines qu'on avait faites que ;

arrêté court dans la rue Feret, vis-à-vis la


le maléfice était retombé sur lui Danis, et
1 qu'il se recommandait à sa miséricorde. Puis,
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
liv. IV, dise. 3, p. 267. comme les archers le poursuivaient, le ber-
DAN — M— 1 DAN
ger tua ses chiens, jeta sa houlette, changea sait pourquoi alors elles prirent le nom de dan-
d'habits, se réfugia à Torcy, fit pénitence, et ses macabres. On fit des images de ces danses
mourut au bout de quelques jours. Le père — qui furent révérées par le peuple. — Les
Lebrun, qui rapporte 1 longuement cette aven- danses macabres se multiplièrent à l'infini,
ture, pense qu'il peut bien y avoir là sorti- au quinzième et au seizième siècle; les ar-
lège. tistes les plus habiles furent employés à les
Danse des Esprits. — Olaiis MagnUS, au peindre dans les vestibules des couvents et
troisième livre de son Histoire des peuples sur les murs des Danse des
cimetières. — La
septentrionaux, écrit qu'on voyait encore de morts de Bâle fut d'abord exécutée dans
son temps, en beaucoup de ces pays-là, des cette ville en 1435 par l'ordre du concile qui

esprits et fantômes dansant et sautant, prin- y était rassemblé. Ce qui l'a rendue célèbre,
cipalement de nuit au son de toutes sortes
,
c'est qu'elle fut ensuite refaite par Holbein.

d'instruments de musique. Cette danse est « L'idée de cettedanse est juste et vraie,
appelée, par les gens du pays, chorea elva-
disait, y a quelque temps, un rédacteur
il

distingué du Journal des Débats : ce monde-


rum (danse des elfes). Saxon-le- Grammairien
ci est un grand bal où la mort donne le
faitmention de ces danses fantastiques dans
branle. On danse plus ou moins de contre-
son Histoire de Danemarck. Pomponius Mêla,
danses, avec plus ou moins de joie; mais
en sa description de l'Ethiopie, dit qu'on a vu
cette danse enfin c'est toujours la mort qui
au delà du mont Atlas des flambeaux, et en- ,

la mène et ces danseurs de tous rangs et de


tendu des flûtes et clochettes, et que le jour ;

tous états, que sont-ils? Des mourants à plus


venu on n'y trouvait plus rien 2 On ajoutait
que les fantômes faisaient danser ceux qu'ils
.

ou moins long terme. Je connais deux —


rencontraient sur leur chemin, lesquels ne
Danses des morts, poursuit le même écri-
vain, l'une à Dresde, dans le cimetière au-
manquaient pas de se tenir pour avertis qu'ils
delà de l'Elbe; l'autre en Auvergne, dans
mourraient bientôt. On ne rencontre plus de
l'admirable église de la Chaise-Dieu. Cette
ces choses- là. Voy. Follets.
dernière est une fresque que l'humidité ronge
Danse des Fées. —
On prétendait chez nos
chaque jour. Dans ces deux Danses des
pères que les fées habitaient les forêts déser-
morts, la mort est en tête d'un chœur d'hom-
tes, et qu'elles venaient danser sur le gazon
mes d'âges et d'états divers
il y a le roi et :

au clair de la lune. Voy. Fées.


le mendiant, jeune homme,
le vieillard et le
Danse des Géants, — Merlin, voulant faire et la mort les entraîne tous après elle. Ces
une galanterie de courtisan, fit venir, dit-on, deux danses des morts expriment l'idée po-
d'Irlande en Angleterre, des rochers qui pri- pulaire de la manière la plus simple le génie :

rent des figures de géants, et s'en allèrent en d'Holbein a fécondé cette idée dans sa fa-
dansant former un trophée pour le roi Am- meuse Danse des Morts du cloître des Domi-
brosius. C'est ce qu'on appelle la danse des nicains. A Bàle, c'était une fresque, et elle a
géants. Des écrivains soutenaient, il n'y a pas péri comme périssent peu à peu les fresques.
long-temps, que ces rochers dansaient encore Il en reste au Musée de Bàle quelques débris
à l'avènement des rois d'Angleterre. et des miniatures coloriées. La danse d'Hol-
Danse des Morts. — L'origine des danses bein n'est pas, comme celles de Dresde et de la
des morts, dont on fit le sujet de tant de Chaise-Dieu, une chaîne continue de danseurs
peintures, date du moyen âge ; elles ont été menés par la Mort chaque danseur a sa mort ;

long-temps en vogue. D'abord on voyait fré- costumée d'une façon différente selon l'état
quemment, pendant le temps du carnaval, du mourant; de cette manière, la danse d'Hol-
des masques qui représentaient la mort; ils bein est une suite d'épisodes réunis dans le
avaient le privilège de danser avec tous ceux même cadre il y a quarante et une scènes
;

qu'ils rencontraient en les prenant par la dans le drame d'Holbein, et dans ces quarante
main, et l'effroi des personnes qu'ils forçaient et une scènes, une variété infinie. Dans aucun

de danser avec eux amusait le public. Bien- de ces tableaux vous ne trouverez la même
tôt ces masques eurent l'idée d'aller dans les pose, la même attitude, la même expression,
cimetières exécuter leur danse en l'honneur Holbein a compris que les hommes ne se res-
des trépassés. Ces danses devinrent ainsi un semblent pas plus dans leur mort que dans
effrayant exercice de dévotion elles étaient ;
leur vie , et que , comme nous vivons tous à
accompagnées de sentences lugubres, et l'on ne notre manière, nous avons tous aussi notre
manière de mourir. — Holbein costume le laid
1 Histoire des pratiques superstitieuses, t. I'
r
, p. 281. et. vilain squelette sous lequel nous nous figu-
a Taillepied, Psychologie, p. 17 j. rons la mort de la façon du monde la plus
DAN — 1 ) — DAP
bouffonne ,
exprimant, par les attributs qu'il écoutée; dans le combat enfin, où elle court
lui donne , le caractère et les habitudes du en tête des bataillons, pour se faire suivre,
et,

personnage qu'il veut représenter. Chacun de elle s'est noué le drapeau autour du cou.... »
ces tableaux est un chef-d'œuvre d'invention.
— Il avec quel art il donne l'ex-
est incroyable
Danse du Sabbat. —
Pierre Delancre assure
que les danses du sabbat rendent les hommes
pression de la vie et du sentiment à ces sque-
furieux, et font avorter les femmes. Le diable,
lettes hideux, à ces figures décharnées. Toutes
dit-on, apprenait différentes sortes de danses
ses morts vivent, pensent, respirent; toutes
aux sorciers de Genève ces danses étaient ;
ont le geste, la physionomie, j'allais presque
fortrudes puisqu'il se servait de verges et
,
dire les regards et les couleurs de la vie.
de bâtons, comme ceux qui font danser les
Holbein avait ajouté à l'idée populaire de la
animaux. Il y avait dans ce pays une jeune
Danse des Morts; le peintre inconnu du Pont
femme à qui le diable avait donné une ba-
de Lucerne a ajouté aussi à la danse d'Hol-
guette de fer, qui avait la vertu de faire danser
bein. Ce ne sont pas des peintures de prix
les personnes qu'elle touchait ; elle se mo-
que les peintures du Pont de Lucerne mais ,
quait des juges durant son procès, et leur
elles ont un mérite d'invention fort remar-
protestait qu'ils ne pourraient la faire mourir
quable. Le peintre a représenté, dans les trian- ;

gles que forment les poutres qui soutiennent


mais elle déchanta — Les démons dan-
1
.
2

sent avec les sorcières en forme de bouc ou


animal. — On danse générale-
le toit du Pont, les scènes ordinaires de la vie,
de tout autre
et comment la mort les interrompt brusque-
ment en rond ,
dos à dos, rarement seul ou à
ment. Dans Holbein, la mort prend le cos-
deux. Il y a troisbranles le premier se :

tume et les attributs de tous les états, montrant


nomme le bohémienne le second
branle à la ;
par là que nous sommes tous soumis à sa né-
s'exécute comme celui de nos artisans dans
cessité. Au Pont de Lucerne, la mort vit avec
les campagnes, c'est-à-dire en sautant tou-
nous; faisons-nous une partie de campagne,
jours, le dos tourné dans le troisième branle,
;
elle s'habille en cocher, fait claquer son fouet;
on se place tout en long se tenant par les ,
les enfants rient et pétillent : la mère seule
mains et avec certaine cadence. On exécute
se plaintque va trop vite. Que
la voiture
ces danses au son d'un petit tambourin, d'une
voulez-vous? C'est la mort qui conduit; elle
flûte, d'un violon, ou d'unautre instrument que
a hâte d'arriver. Allez-vous au bal voici la ,

l'on frappe avec un bâton c'est la seule mu- ;


mort qui entre en coiffeur, le peigne à la main.
sique du sabbat; cependant des sorciers ont
Hâtez-vous, dit la jeune fille, hâtez-vous! Je
assuré qu'il n'y avait pas de concerts au
ne veux point arriver trop tard. Je ferai — monde mieux exécutés.
vile ! Elle fait vite : car à peine a -t-elle touché
du bout de son doigt décharné le front de la Danse du Soleil. — C'est une croyance en-
danseuse, que ce front de dix-sept ans se core répandue dans beaucoup de villages que
dessèche aussi bien que les fleurs qui devaient le soleil danse le jour de Pâques. Mais cette
le parer. —
Le Pont de Lucerne nous montre gracieuse tradition populaire n'est que de la
la Mort à nos côtés et partout à table, où elle : poésie , comme les trois soleils qui se lèvent
a la serviette autour du cou le verre à la ,
sur l'horizon le matin de la Trinité.
main et porte des santés; dans l'atelier du
peintre où en garçon barbouilleur elle tient
,
Danses épidèmiques. Au quatorzième —
siècle il y eut une secte de danseurs qui par-
la palette et broie les couleurs; dans le jardin
coururent le Luxembourg, le pays de Liège,
où vêtue en jardinier, l'arrosoir à la main
,
le Hainaut et les provinces Rhénanes, dansant
elle mène le maître voir si ses tulipes sont
avec fureur et se prétendant favorisés pendant
écloses; dans la boutique où, en garçon mar-
leurs danses de visions merveilleuses. On
chand assise sur des ballots d'étoffe elle a
, ,
croit qu'ils étaient possédés, puisqu'on ne les
l'air engageant et appelle les pratiques; dans
guérit que par les exorcismes.
le corps-de-garde, où le tambour en main elle
bat le rappel dans le carrefour où en faiseur
; Daphnéphages, —
devins qui, avant de ré-
de tours elle rassemble les badauds au bar- ; pondre aux questions qu'on leur faisait, man-
reau où, vêtue en avocat, elle prend des con- geaient des feuilles de laurier, parce que, cet
clusions, le seul avocat (dit la légende en arbre étant consacré à Apollon , ils se
mauvais vers allemands placés au bas de croyaient de la sorte inspirés de ce dieu.
chaque tableau qui aille vite et qui gagne
)

toutes ses causes dans l'antichambre du mi-;


1 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
nistre où, en solliciteur, l'air humble et le dos îiv. m, dise. 4, p. 204.

courbé, elle présente une pétition qui sera 2 Bodin, Démonomanie, Iiv. i<>, ch. 4.
,

DAY — 166 — DEC


Daphnomancîe , — divination par le lau- vide. On il changeait de nom
le signala; mais
rier. On en une branche dans le feu
jetait ;
pour se mettre à couvert des poursuites. On
si elle pétillait en brûlant, c'était un heureux croyait qu'il avait intelligence avec les oi-
présage mais si elle brûlait sans faire de bruit,
;
seaux car il parlait avec eux en différentes
;

le pronostic était fâcheux. langues, et ces oiseaux lui portaient parfois

Dards magiques. — Les Lapons ,


qui pas- de la proiepour ses aliments. A Bàle il se ,

saient autrefois pour de grands sorciers et


fit appeler Jean Bruch, se disant neveu de
,

qui le sont à présent bien peu, lançaient, Dieu, qu'il appelait son oncle, ajoutant toute-

dit-on, des dards de plomb, longs d'un doigt, fois qu'il était né en Hollande. Il voulut aussi
contre ennemis absents, et croyaient
leurs se faire passer pour le prophète Daniel ,
que
leur envoyer, avec ces dards enchantés des ,
Dieu envoyait en ce monde afin de rétablir le

maladies et des douleurs violentes. royaume d'Israël et le tabernacle de Jacob.

Daroudji. — C'est le nom que les Persans


Il

que
ensorcelait les esprits, dit Delancre, tandis
les autres sorciers ensorcelaient les corps.
donnent à la troisième classe de leurs mauvais
Au bout de treize ans qu'il séjourna à Bâle
génies.
il mourut, ayant abusé tellement le peuple
Daugls , — auteur
peu connu d'un livre qu'on lui fit de magnifiques obsèques, et qu'il
contre les sorciers, intitulé Traité sur la magie, fut enterré en l'église de Saint-Léonard. Ses
le sortilège, les possessions, obsessions et malé- disciples furent étonnés de sa mort , car ils le

fices, où l'on en démontre la vérité et la réa- croyaient immortel ;


il avait prédit qu'il res-
lité, avec une méthode sûre et facile pour les susciterait trois jours après son trépas. Comme
discerner, et les règlements contre les devins, on vit que au bout de trois
cette prophétie
sorciers, magiciens, etc. ;
Paris, in-12, 1732. ans ne s'accomplissait point, on le reconnut
Dauphin. — On ne sait trop sur quoi est pour imposteur; on le tira de son cercueil et ,

fondée cette croyance populaire, que le


vieille on le porta sur un échafaud où il fut brûlé ,

dauphin est ami de l'homme. Les anciens le avec les livres qu'il avait composés, le 26 août,
connaissaient si imparfaitement, qu'on l'a 1559 J .

presque toujours représenté avec le dos courbé David-Jones. — Les matelots anglais appel-
en arc, tandis qu'il a le dos plat comme les lent de ce nom le mauvais génie qui préside
autres poissons. On trouve, dans Élien et dans à tous les esprits malfaisants de la mer. Il
d'autres naturalistes, des enfants qui se pro- est dans tous ouragans; on l'a vu quel-
les
mènent en mer à cheval sur des dauphins quefois d'une taille gigantesque, montrant
apprivoisés ce sont de ces merveilles qui ne
;
trois rangs de dents aiguës dans sa bouche
sont plus faites pour nous. On sait que le dau- énorme, ouvrant de grands yeux effrayants,
phin est le symbole de la rapidité et c'est :
et de larges narines, d'où sortaient des flammes
dans un sens emblématique, pour rappeler bleues.
qu'il faut se hâter avec prudence qu'on a
peint le dauphin entortillé à une ancre; car
,
Deber. —
Des théologiens hébreux disent
'
que Deber signifie le démon qui offense la
il est faux que par affection pour l'homme il
nuit; et Cheteb ou Chereb, celui qui offense
la conduise au fond de la mer, comme le con-
en plein midi.
taient nos pères *.

David. — Selon les Orientaux, ce prophète-


Decarabia ,
— VOy. CarABIA.
roi se faisait obéir des poissons, des oiseaux Décius (Publius). Pendant la guerre —
et des pierres; ils ajoutent que le fer qu'il des Romains contre les Latins les consuls ,

tenait dans ses mains s'amollissait, et que les Publius Décius et Manlius Torquatus, campés
larmes qu'il versa pendant les quarante jours près du Vésuve , eurent tous deux le même
qu'il pleura son péché faisaient naître des songe dans la même nuit ils virent en dor- :

plantes. Adam, disent les musulmans, avait mant un homme d'une figure haute, qui leur
donné soixante ans de la durée de sa vie pour dit que l'une desdeux armées devait descendre

prolonger celle de David, dont il prévoyait le chez les ombres , et que celle-là serait victo-
règne glorieux. torieuse dont le général se dévouerait aux
Le lendemain
David-George, —
de Gand, qui, en
vitrier
puissances de la mort.
consuls, s'étant raconté leur songe, firent un
, les

1525, se mit à courir les Pays-Bas, en disant


sacrifice pour s'assurer encore, de la volonté
(ju'il était le Messie envoyé sur la terre pour
des (lieux, et les entrailles des victimes con-
remplir le ciel, qui avait beaucoup trop de
1
Delancre, Tab'eau de l'inconstance des démons, etc.,
• Brown, Des Erreurs popul., liv. v, ch. 2. JïV. V, p. 337.
del — i I ~ DLL
Armèrent ce qu'ils avaient vu. Ils convinrent sacré à V attouchement , on voit ce que peuvent
donc entre eux que le premier qui verrait plier faire les sorciers par le toucher, bien plus
ses bataillons s'immolerait au salut de la puissant que le regard. Le traité quatrième,
patrie. Quand le combat fut engagé, Décius, où il s'agit du scopélisme, nous apprend que,
qui vit fléchir l'aile qu'il commandait, se dé- par cette science secrète, on maléficie les gens
voua, et avec lui toute l'armée ennemie, aux en jetant simplement des pierres charmées
dieux infernaux, et se précipita dans les rangs dans leur jardin. Le traité suivant détaille
des Latins où il reçut la mort en assurant à
, toutes les divinations. Au sixième traité on ,

Rome une victoire éclatante Si ce double 1


. — s'instruit de tout ce qui tient aux ligatures. Le
songe des consuls et les présages des victimes septième roule sur les apparitions. L'auteur,
publiés dans les deux armées n'étaient qu'un qui ne doute de rien, en rapporte beaucoup.
coup de politique le dévouement de Décius , II tombe, dans le huitième traité, sur les juifs,

était un acte de patriotisme bien grand, même apostats et athées. Dans le neuvième, il s'é-
chez les Romains lève contre les hérétiques, dont l'apparition

Decremps, — escamoteur du dernier siècle,


dans tous les temps a produit des fanatismes
qui publia un Traité de la magie blanche. plus ou moins absurdes ou abominables. Il se
récrie dans le dernier traité contre l'incré-
Dedschail, — le diable chez plusieurs tribus
dulité et
,

mécréance des juges en fait de sor-


,

arabes.
cellerie. Le tout est suivi d'un recueil d'Arrêts
Déiphobe, — sibylle de Cumes. Voy. Si- notables contre les sorciers. 2° Tableau de —
bylles. l'inconstance des mauvais anges et démons,
Déjections. — Le médecin de Haë'n , dans où il est amplement traité de la sorcellerie et
le dernier chapitre de son Traité de la magie, des sorciers ; livre très-curieux et très-utile ,

ditque si l'on voit sortir de quelques parties avec un discours contenant procédure faite la

que ce soit du corps humain, sans lésion con- par les inquisiteurs d'Espagne et de Navarre
sidérable des choses qui naturellement ne
,
à cinquante-trois magiciens, apostats, juifs et
puissent y entrer, comme des couteaux des ,
sorciers de Logrogne en Castille
, en la ville ,

morceaux de verre, du fer, de la poix des ,


le 9 en laquelle on voit com-
novembre 1 61 0 ;

touffes de crin, des os, des insectes, de grosses bien l'exercice de la justice en France est plus
épingles tordues, des charbons, etc., on doit juridiquement traité et avec de plus belles
attribuer tout cela au démon et à la magie. formes qu'en tous autres empires, royaumes,
Voy. Excrémelnts. républiques et États, par P. Delancre, conseiller

Delancre Pierre ) ( démonographe re- , — du roi au Parlement de Bordeaux ;


Paris, Ni-
1
colas Buon, 1612, in-4° d'environ 800 pages
nommé, né à Bordeaux dans le seizième siècle. ,

Il fut chargé d'instruire le procès de quantité


très-recherché ,
surtout lorsqu'il est accom-
de vauriens accusés de sortilèges; son esprit pagné de l'estampe qui représente les céré-
crédule en demeura convaincu de toutes les monies du sabbat. Cet ouvrage est divisé en
six livres le premier contient trois discours
:
extravagances du sabbat et des sorciers. Il
sur l'inconstance des démons, le grand nombre
mourut à Paris, vers 1630. On a de lui deux
ouvrages recherchés sur ces matières :
— des sorciers et le penchant des femmes du
1° pays de Labour pour la sorcellerie. Le second
V Incrédulitémécréance du sortilège
et
livre traite du sabbat, en cinq discours. Le
pleinement convaincues , où il est amplement
et curieusement traité de la vérité ou illusion
troisième roule sur la même matière et sur les
pactes des sorciers avec le diable pareille-
du sortilège, de la fascination, de l'attouche- ,

ment, du scopélisme, de la divination, de la ment en cinq discours. Le quatrième livre,


qui contient quatre discours, est consacré aux
ligature ou liaison magique, des apparitions
d'une
loups-garous le livre cinquième, en trois
et infinité d'autres rares et nouveaux ;

discours, aux superstitions et apparitions; et


sujets, par P. Delancre, conseiller du roi en
le sixième, aux prêtres sorciers, en cinq dis-
son conseil d'État. Paris, Nicolas Buon, 1612.
in-4° de près de 900 pages, assez rare, dédié cours. —
Tout ce que ces ouvrages présentent
au roi Louis XIII divisé en dix traités. Dans de curieux tient sa place dans ce Diction-
;

naire.
le premier, l'auteur prouve que tout ce qu'on

dit des sorciers est véritable. Le second, in- Delangle (Louis), médecin espagnol et —
titulé De la fascination, démontre que les sor- grand astrologue. On raconte qu'il prédit au
cières ne fascinent, en ensorcelant, qu'au roi Charles VII la journée de Frémigny, en
moyen du diable. Par le troisième traité, con- 1450 il prédit aussi, selon quelques auteurs,
;

r
Tite-Live et Valère-Maxime. ' Il
3
r
a une préface de Jean d'Espa^net.
DÉM — 1< ; — DÉM
l'emprisonnement du petit prince de Piémont, qui par les Abdéritains
raconte qu'appelé
ainsi que la peste de Lyon l'année suivante. pour guérir la folie prétendue de ce philoso-
On l'accusa de superstition quoiqu'il ne se dît ,
phe, il le trouva occupé à la lecture de cer-
qu'astrologue. Le roi le retint à quatre cents tains livres et à la dissection de quelques
livres de pension, et l'envoya pratiquer sa animaux ; ce qu'il n'eût point fait s'il eût été
science à Lyon. Il fit plusieurs livres, et tra- aveugle.De jeunes Abdéritains, sachant que
duisit, d'espagnol en latin, les Nativités, de Démocrite s'était enfermé dans un sépulcre
Jean de Séville. On ajoute qu'il prévit le jour écarté de la ville pour philosopher, s'habil-
de sa mort. Il fît faire, dit-on, quinze jours lèrentun jour en diables avec de longues ro-
d'avance, son service, que l'on continua jus- bes noires, et portant des masques hideux;
qu'à l'heure marquée, où en effet il mourut *. puis l'allèrenttrouver, et se mirent à danser

Delrio (Martin-Antoixe) ,
— né à Anvers autour de lui Démocrite n'en parut point ef-
;

en 1551 savant jésuite, auteur


, d'un livre in- frayé, il ne leva pas même les yeux de des-
sus son livre et continua d'écrire i
Il riait
titulé Recherches magiques^,
: en six livres, .

où il est traité soigneusement des arts cu- de nous dit-on, mais son rire était mo-
tout,
ral, et il voyait autrement que les hommes
rieux et des vaines superstitions; in-4°, Lou-
vain, 1599, souvent réimprimé. Ce livre ré-
dont il se moquait. Croyons donc, avec Sca-
liger, qu'il était aveugle moralement, quôd
lèbre, qui eut dans son temps beaucoup de
vogue, a été abrégé et traduit en français par aliorum more oculis non uteretur. On a —
dit qu'il entendait le chant des oiseaux, et
André Duchesne, Paris, in-4°, etin-8°, 2 vol.,
qu'il s'était procuré cette faculté merveilleuse
1611, très-recherché. L'auteur se montre gé-
néralement un peu crédule, mais plus éclairé en mangeant un serpent engendré du sang
que la plupart des écrivains de son siècle. mélangé de certains oisillons mais que n'a- ;

Son ouvrage est divisé en six livres le pre- :


t-on pas dit! On a dit aussi qu'il commerçait

mier traite de la magie en général, naturelle avec le diable, parce qu'il vivait solitaire.
et artificielle, et des prestiges; le second, de Démon barbu. — voy. BARBU.
la magie infernale le troisième, des maléfi-
;
Démoniaques, — Voy. POSSÉDÉS.
ces; le quatrième, des divinations et prédic-
tions; le cinquième, des devoirs du juge et
Démonocratie , — gouvernement des
dé-
mons, influence immédiate des esprits mal-
de la manière de procéder en fait de sorcel-
faisants, religion de quelques peuplades amé-
lerie ; le sixième, des devoirs du confesseur
ricaines, africaines, asiatiques, sibériennes,
et des remèdes permis ou prohibés contre la
kamtschadales, etc., qui révèrent le diable
sorcellerie. En général, ces disquisitions ma-
avant tout.
giques sont un recueil de faits bizarres, mêlés
de raisonnements et de citations savantes. Dèmonographie, — histoire et description
Déluge. — Voy. Is, NoÉ, etc.
de ce qui regarde les démons. On appelle dé-
monographes les auteurs qui écrivent sur ce
Démocrite, —
philosophe célèbre, qui flo-
sujet, comme Delancre, Leloyer, Wiérus, etc
rissait en Grèce environ trois cents ans après
Démonolâtrie culte des démons. On a pu-
,
la fondation de Rome. Les écrivains du quin-
blié à Lyon, vers 1819, un volume in-12, in-
zième et du seizième siècle l'ont accusé de
titulé Superstitions et Démonolâtrie des phi-
magie; quelques-uns lui ont même attri-
:

losophes. Ce livre a le tort d'être trivial quel-


bué un traité d'alchimie. Psellus prétend qu'il
quefois, mais il contient de bonnes choses.
ne s'était crevé les yeux qu'après avoir
touf/lé tout son recherche de la
bien à la Démonologie , —
discours et traité sur les
pierre philosophale. La cécité de Démocrite démons pour la démonologie du roi Jacques.
a embarrassé bien des personnes. Tertullien Voy. ce nom. Voy. aussi Walter Scott.
dit qu'il se priva vue parce qu'elle était
de la
Démonomancie, — divination par le moyen
pour lui une occasion de mauvaises convoiti- des démons. Cette divination a lieu par les
ses. Plutarque pense que c'était pour philoso-
oracles qu'ils rendent, ou par les réponses
pher plus à son aise, et c'est le sentiment qu'ils font à ceux qui les évoquent.
le plus répandu, quoiqu'il soit aussi dénué de
fondement que les autres. Démocrite ne fut — Démonomanie ,
— manie de ceux qui
croient à tout ce qu'on raconte sur les démons
point aveugle, si l'on en croit Hippocrale,
et les sorciers, comme Bodin Leloyer, De- ,

lancre, etc. L'ouvrage de Bodin porte le titre


1
Ancien manuscrit de. la Bibliothèque du roi, rap-
porté à Remarques de Joly sur Bayio.
ia fin des
2
Disquisitionum magicarum libri sex it"., auctoie ,
1
Leloyer, Histoire des spectres ou apparition des
Marlino Delrio, etc. esprits, îiv. i", ch. 9, p i><).
DÉM. — \ ) — DÉ M
de Démonomanie des sorciers ; mais là ce mot 1er à l'orgueil ; ils osèrent se croire aussi
signifie diablerie. Voy. Bodin. grands que leur Créateur et entraînèrent ,

Démons. — Ce que nous savons d'exact


dans leur crime une partie de l'armée des
anges. Satan le premier des Séraphins et
sur les démons se borne à ce que nous en en-
,

J
le plus grand de tous les êtres créés s'était
seigne l'Église que ce sont des anges tom-
:
,

mis à la tête des rebelles. Il jouissait dans le


bés, qui privés de la vue de Dieu depuis leur
ciel d'une gloire inaltérable et ne reconnaissait
révolte, ne respirent plus que le mal et ne
d'autre maître que l'Éternel. Une folle ambi-
cherchent qu'à nuire. Ils ont commencé leur
tion causa sa perte ; il voulut régner sur la
règne sinistre par la séduction de nos pre-
moitié du ciel, et siéger sur un trône aussi
miers pères ils continuent de lutter contre
;

élevé que celui du Créateur. L'archange Mi-


les anges fidèles qui nous protègent, et ils
chel et les anges restés dans le devoir lui li-
triomphent de nous quand nous ne leur résistons
pas avec courage. —
Nous ne pouvons faire ici
vrèrent combat. Satan fut vaincu et précipité
dans l'abîme avec tous ceux de son parti 2 .

un traité dogmatique sur les démons. Nous


Dieu exila les anges déchus loin du ciel, dans
devons nous borner à rapporter les opinions
bizarres et singulières auxquelles ces êtres
un lieu que nous nommons l'enfer ou Vabùne.
maudits ont donné de l'intérêt. Les anciens— — Quelques opinions placent l'enfer au cen-
tre de notre globe. Plusieurs rabbins disent
admettaient trois sortes de démons, les bons,
les mauvais et les neutres. Mais ils appelaient
que les démons habitent l'air, qu'ils remplis-
sent. SaintProsper les place dans les brouil-
démon tout esprit. Nous entendons par démon
un ange de ténèbres, un esprit mauvais. — lards. Swinden a voulu démontrer qu'ils lo-
geaient dans le soleil d'autres les ont logés
Presque toutes les traditions font remonter ;

dans la lune. Bornons-nous à savoir qu'ils


l'existence des démons plus loin que la créa-
tion du monde matériel. Parmi les rêveurs
sont dans les lieux inférieurs, bien loin du

juifs, Aben-Esra prétend qu'on la doit fixer


soleil et de nous, comme dit Milton, et que
au second jour de la création. Manassé Ben- Dieu leur permet toutefois de tenter les hom-
Israël, qui suit la même opinion, ajoute qu'a-
mes qui sont sur la terre, et de les porter au
près avoir créé l'enfer et les démons, Dieu les
mal. —
Tout chrétien connaît la dure et in-
contestable histoire du péché originel, réparé,
plaça dans les nuages et leur donna le soin
dans ses effets éternels, par la divine rédemp-
de tourmenter les méchants '. L'homme n'é-
tait pas créé le second jour; il n'y avait donc
tion. On sait aussi que depuis la venue du
Messie pouvoir des dénions, resserré dans
le
point de méchant à punir. Les démons d'ail-
d'étroites limites, se borne à un rôle vil et
leurs ne sont pas sortis noirs de la main du
t'mébreux, qui a produit quelques tristes ré-
Créateur; ils ne sont que des anges de lu-
mière devenus anges de ténèbres par leur
cits mêlés souvent de mensonge. On ne —
chute. —Origène et quelques philosophes
sait trop
Wiérus,
se figurer le nombre des démons.
toutefois, comme s'il les avait comp-
soutiennent que les bons et les mauvais es-
tés, dit qu'ils se divisent en six mille six cent
prits sont plus vieux que notre monde qu'il ;
soixante-six composées chacune de
légions,
n'est pas probable que Dieu se soit avisé tout
six mille six cent soixante-sixanges ténébreux
d'un coup, il y a seulement sept ou huit mille ;

il en élève ainsi le nombre à quarante-cinq


ans 2 de tout créer pour la première fois, que
,

millions, ou à peu près, et leur donne soixante-


les anges et les démons étaient restés immor-
douzeprinces, ducs, marquis, prélats ou com-
tels après la ruine des mondes qui ont pré-

cédé le nôtre etc. Manès, ceux qu'il a co-


,
tes. —
Mais il y en a bien davantage, et ils ont
leur bonne part dans le mal qui se fait ici-bas,
piés et ceux qui ont adopté son système, font
puisque les mauvaises inspirations viennent
le diable éternel et le regardent comme le

principe du mal, ainsi que Dieu est le prin-


d'eux seuls. Honte et malheur â qui les écoute î

cipe du bien. Il a été suffisamment réfuté.


— Selon Michel Psellus, les démons se divi-

Nous devons donc nous en tenir sur les dé- sent en grandes sections. Les premiers
six

mons au sentiment de l'Église universelle. sont les démons du


feu, qui en habitent les

Dieu avait créé les chœurs des anges. Toute régions éloignées les seconds sont les démons
;

cette milice céleste était pure et non portée de l'air, qui volent autour de nous, et ont le
au mal. Quelques-uns se laissèrent al- pouvoir d'exciter les orages les troisièmes ;

sont les démons de la terre, qui se mêlent


1
De Resurrectione mortuorum, lib. nr, cap. 6. avec les hommes et s'occupent de les tenter;
2 La version des Septanie donne au monde
quinze ou
dix-huit cents ans de plus que nous. Les Grecs modernes 1
Quique creaturse prsel'ulsit in ordine primus.... Aie.
ont suivi ce calcul, et le P. Pezron l'a un peu réveillé Aviti poem., lib. il.

parmi nous dans l'Antiquité rétablie, 1 Apocalypse, ch. v, vers. 7 et 9.


DEiM — i 70 — DEN
les quatrièmes sont les démons des eaux, qui Démons — Voy. FEMMES BLANCHES.
blancs,
habitent la mer pour y élever
et les rivières,
Démons familiers, — démons qui s'appri-
des tempêtes et causer des naufrages; les
voisent et se plaisent à vivre avec les hom-
cinquièmes sont les démons souterrains, qui
mes, aiment assez à obliger. Voy. BÉ-
qu'ils
préparent les tremblements de terre, soufflent
les volcans, font écrouler
rith. —
Un historien suisse rapporte qu'un
les puits et tour- baron de Regensberg s'était retiré dans une
mentent les mineurs; les sixièmes sont les tour de son château de Bâle pour s'y adonner
démons ténébreux, ainsi nommés parce qu'ils avec plus de soin à l'étude de l'Écriture
vivent loin du soleil et ne se montrent pas
Sainte et aux belles-lettres. Le peuple était
sur la terre. On ne sait trop où Michel Psel- d'autant plus surpris du choix de cette re-
ius a trouvé ces belles choses; mais c'est traite, que la tour était habitée par un démon,
dans ce système que les cabalistes ont ima-
qui jusqu'alors n'en avait permis l'entrée à
giné les salamandres, qu'ils placent dans les
personne; mais le baron était au-dessus d'une
régions du feu les sylphes, qui remplissent
;
telle crainte. Au milieu de ses travaux, le
l'air ; les ondins, ou nymphes, qui vivent démon lui apparaissait, dit-on, en habit sécu-
dans l'eau, et les gnomes, qui sont logés dans lier, s'asseyait à ses côtés, faisait des
l'intérieur de la terre. —
Des doctes ont pré-
lui

questions sur ses recherches, et s'entretenait


tendu que les démons multiplient entre eux
avec lui sur divers objets, sans jamais lui faire
comme les hommes ;
ainsi , leur nombre doit aucun mal. L'historien crédule ajoute que, si
s'accroître surtout si l'on considère la durée le baron eût voulu faire des questious au dé-
de leur vie, que quelques savants ont bien
mon, il en eût tiré beaucoup d'éclaircisse-
voulu supputer; car il en est qui ne les font
ments utiles 1
. Voy. Esprits, Lutins, Far-
pas immortels. Hésiode leur donne une vie de
fadets, etc.
six cent quatre -vingt mille
quatre cents ans.
Plutarque, qui ne conçoit pas bien qu'on ait
Démons de midi. — On parlait beaucoup
chez les anciens de certains démons qui se
pu faire l'expérience d'une si longue vie, la
réduit à neuf mille sept cent vingt ans..... — montraient particulièrement vers midi à ceux
avec lesquels ils avaient contracté familiarité.
Il y aurait encore bien des choses à dire sur
Voy. Agathion. Ces démons visitent ceux à
les démons et sur les diverses opinions qu'on
qui ils s'attachent, en forme d'hommes ou de
s'est faites d'eux. On trouvera généralement
un caractère,
bêtes, ou en se laissant encloreen
ces choses, à leurs articles, dans ce diction-
naire. — Les Moluquois s'imaginent que les
chiffre, ou bien en un anneau vide et
fiole,

creux au dedans. « Ils sont connus, ajoute


démons s'introduisent dans leurs maisons par
Leloyer, des magiciens qui s'en servent, et, à
l'ouverture du toit, et apportent un air infect
qui donne la petite-vérole. Pour prévenir ce
mon grand regret, je suis contraint de dire
que l'usage n'en est que trop commun 2 » .
malheur, ils placent à l'endroit où passent ces
Voy. Empuse.
démous certaines de bois pour
petites statues
les épouvanter, comme
nous hissons des hom- Denis Anjorrand docteur de Paris,,

mes de paille sur nos cerisiers pour écarter médecin et astrologue au quatorzième siècle.
les oiseaux. Lorsque ces insulaires sortent le Ce fut lui qui prédit la venue du prince de
soir ou la nuit, temps destiné aux excursions Galles, et qui configura d'avance par astrolo-
des esprits malfaisants, ils portent toujours gie la prise du roi Jean à Poitiers; mais on
sur eux un oignon ou une gousse d'ail, avec n'en tint pas compte. Néanmoins, après qne
un couteau et quelques morceaux de bois; et la chose fut advenue, il fut grandement estimé
~\
quand les mères mettent leurs enfants au lit, à la cour
ellesne manquent pas de mettre ce préser- Denis-le-Chartreux écrivain pieux du —
vatif sous leur tète. —
Les Chingulais, pour quinzième siècle, né dans le pays de Liège.
,

empêcher que leurs fruits ne soient volés, an- Nous ne citerons que son ouvrage Des Quatre
noncent qu'ils les ont donnés aux démons. dernières fins de l'homme, où il traite, selon
Dès lors, personne n'ose y toucher. Les — les idées de son temps et de son pays, du
Siamois ne connaissent point d'autres démons purgatoire et de l'enfer.
que âmes des méchants qui, sortant des
enfers où
les
elles étaient détenues, errent un
Denis de Vincennes, — médecin de la Fa-

culté de Montpellier et grand astrologue. Appelé


temps dans ce monde et font aux
certain
hommes tout le mal qu'elles peuvent. De ce 1
Dictionnaire d'anecdotes suisses, p. S2.
nombre sont encore les criminels exécutés, les
î Histoire des spectres, liv. m, ch. », p. 198.
enfants mort-nés, les femmes mortes en couches Ancien manuscrit de la Bibliothèque du
3 roi,. cité
et ceux qui ont été tués en duel. Voy. Diable. par Joly, Remarques sur Bayle.

DEN — 4 1 — DES
au service du duc Louis d'Anjou, il fut fort expert en l'honneur de saint Laurent. C'est une su-
en ses jugements particuliers, entre lesquels perstition. —
Les racines d'asperges sont, dit-
il en fit un audit duc, qui était gouverneur du on, un très-bon spécifique séchées et appli- :

petit roi Charles VI, au moyen duquel il trouva quées sur les dents malades, elles les arrachent
le Irésor du roi Charles V, qui était seulement sans douleur. Nous ne l'avons pas éprouvé.
à la connaissance d'un nommé Errart de Ser- Dérodon (
David), — dialecticien du dix-
reuze, homme vertueux, discret et sage. Il
y septième siècle. On conte qu'un professeur,
avait dans ce trésor, que Denis de Vincennes pressé par un argumentateur inconnu, lui dit
découvrit par son art, dix-huit millions d'or. sur le point de se rendre : « Tu es le diable,
Aucuns (attendu que ce roi avait toujours eu ou tu es Dérodon. » Ce savant a laissé un
laguerre) disent que Jean de Meung, auteur Discours contre V astrologie judiciaire, in- 8°,
du roman de la Rose, lui avait amassé ce tré- 4663.
sor par la vertu de la pierre philosophale *.
Dersaîl, — sorcier du pays de Labour, qui
Dents. —
y a aussi quelques histoires mer-
Il
portait le bassin au sabbat vers l'an 4610.
veilleuses sur les dents; et d'abord on a va Plusieurs sorcières ont avoué l'y avoir vu re-
des enfants naître avec des dents Louis XIV cevant les offrandes à la messe du sabbat, et
;

en avait deux lorsqu'il vint au monde. Pyr- assurèrent qu'il employait cet argent pour les
rhus, roi des Épirotes, avait au lieu de dents affaires des sorciers et pour les siennes *.

un os continu en haut de la mâchoire et un v


Desbordes, —
valet de chambre du duc de
pareil en bas. Il y avait même en Perse une Lorraine Charles IV. Ce valet fut accusé, en
race d'hommes qui apportaient ces os-là en 1628, d'avoir avancé la mort de la princesse
naissant 2 la république des Gorgones devait
;
Christine, mère du duc, et causé diverses ma-
être bien laide, comme dit M. Salgues, s'il est ladies que les médecins attribuaient à des
vrai que ces femmes n'avaient pour elles toutes maléfices. Charles IV avait conçu de violents
qu'un œil et qu'une dent, qu'elles se prêtaient soupçons contre Desbordes depuis une partie
l'une à l'autre. —
En 4591 le bruit courut ,
de chasse où il avait servi un grand dîner au
en Silésie que, les dents étant tombées à un duc, sans autres préparatifs qu'une petite
enfant de sept ans il lui en était venu une
, boîte à trois étages, dans laquelle se trouvait
d'or. On prétendait qu'elle était en partie na- un repas exquis. Dans une autre occasion, il
turelle et en partie merveilleuse , et qu'elle s'était permis de ranimer trois pendus (car il
avait été envoyée du ciel à cet enfant pour faisait toujours tout par trois ) qui, depuis trois
consoler les Chrétiens affligés par les Turcs, jours, étaient attachés au gibet; et il leur
quoiqu'il n'y eût pas grand rapport entre avait ordonné de rendre hommage au duc,
cette dent et les Turcs , et qu'on ne voie pas après quoi il les avait renvoyés à la potence.
quelle consolation les chrétiens en pouvaient On vérifia encore qu'il avait ordonné aux per-
tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants sonnages d'une tapisserie de s'en détacher et
et éleva plus d'une dispute entre les grands de venir danser dans le salon Charles IV,
hommes du temps, jusqu'à ce qu'un orfèvre effrayé de ces prodiges, voulut qu'on infor-
ayant examiné cette dent, il se trouva que mât contre Desbordes. On lui fit son procès et
c'était une dent ordinaire à laquelle on avait il fut condamné au feu .

appliqué une feuille d'or avec beaucoup d'a- Descartes (René), l'un des hommes les —
dresse mais on commença par disputer et
:
plus célèbres du dix-septième siècle. Il fut
faire des livres, puis on consulta l'orfèvre. persécuté en Hollande lorsqu'il publia pour
Nous ajouterons que dans le village de Senli- la première fois ses opinions. Vo'ët (Voetius)
ces il y a une fonlaine publique dont on dit qui jouissait de beaucoup de crédit à Utrecht,
que l'eau fait tomber les dents sans fluxion et l'accusa d'athéisme; il conçut même le des-
sans douleur. D'abord elles branlent dans la sein de provoquer sa condamnation sans lui
bouche comme le battant d'une cloche, en- permettre de se défendre, et, avec la man-
suite elles tombent naturellement. Il y a dans suétude protestante de le faire brûler à
,

ce village plus de la moitié des habitants qui Utrecht sur un bûcher très-élevé, dont la
manquent de dents 3 . —
On voit dans les flamme serait aperçue de toutes les Provinces-
Admirables secrets d' Albert-le-Grand qu'on Unies 3

calme le mal de dents en demandant l'aumône


1
Delancre, Tableau de l'Inconstance des démons, etc.,
etc.. p 90.
' Torquemada, Hexaméron, p. 29. 2 M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, et M. Ju-
7
Saint-Foix, Essais, t. I**. les Garinet, Histoire de la magie en France, p. 204.
3 Manuscrit de la Bibliothèque, cité Curiosités de la littérature, trad. de l'anglais, par
par Joly dans •'

ses Remarques sur Bayle. Bertin. t. I er p. 52. ,


DES — 17 2 — DES
Déserts. — C'est surtout dans les lieux dé- sur l'eau, secoua si rudement le jarret,
il

serts et abandonnés que les sorciers font leur qu'il me donna un grand coup dans la poi-
sabbat et les démons leurs orgies. C'est clans trine, et me jeta au fond de la rivière qui est
de tels lieux que le diable se montre à ceux là très-profonde. » — Desfontaines raconta
qu'il veut acheter ou servir. C'est là aussi ensuite à son ami beaucoup d'autres choses.
qu'on a peur et qu'on voit des fantômes. Voy. Bezuel voulut l'embrasser, mais il ne trouva
aussi Carrefours. qu'une ombre; cependant, son bras était si
Desfontaines. — En 1695, un certain fortement tenu qu'il en conserva une dou-
M. Bezuel (
qui depuis fut curé de Valogne), leur. Il le fantôme, un
voyait continuellement
étant alors écolier de quinze ans , fit connais- peu plus grand que de son vivant, à demi nu ;

sance des enfants d'un procureur nommé d'A- il portait, entortillé dans ses cheveux blonds,

baquène, écoliers comme lui. L'aîné était de un écriteau où Bezuel ne put lire que le mot
son âge ; le cadet, un peu plus jeune, s'appe- in. Il avait le même son de voix il ne pa- ;

Desfontaines; c'était celui des deux frères


lait raissait ni gai ni triste mais dans une tran-,

que Bezuel aimait davantage. Se promenant quillité parfaite; il pria son ami, quand son
tous deux en 1 696, ils s'entretenaient d'une frère serait revenu, de le charger de dire
lecture qu'ils avaient faitede l'histoire de certaines choses à son père et à sa mère; il
deux amis qui s'étaient promis que celui qui lui demanda de réciter pour lui les sept psaumes
mourrait premier viendrait dire des nou-
le qu'il avait eus en pénitence le dimanche pré-
velles de son état au survivant. Le mort re- cédent, et qu'il n'avait pas encore récités; en-
vint, disait-on, et conta à son ami des choses suite il s'éloigna en disant : Jusqu'au revoir, qui
surprenantes. Le jeune Desfontaines proposa était le termeordinaire dont il se servaitquand

à Bezuel de se faire mutuellement une pa- il quittait ses camarades. — Cette apparition
reille promesse. Bezuel ne le voulut pas d'a- se renouvela plusieurs fois. On l'expliquerait
bord; mais, quelques mois après, il y con- peut-être par les pressentiments, la sympa-
sentit au moment où son ami allait partir thie, etc. L'abbé Bezuel en raconta les détails
pour Caen. Desfontaines tira de sa poche deux dans un dîner, en 1708, devant l'abbé de
petits papiers qu'il avait tout prêts, l'un signé Saint-Pierre, qui en fait une longue mention
de son sang, où il promettait, en cas de mort, dans le tome iv de ses Œuvres politiques.
de venir voir Bezuel l'autre où la même pro-
;
Desforges (
PIERRE-JEAN-BAPTISTE ChOU-
messe étaitécrite,fut signée par Bezuel. Desfon-
taines partit avec son frère, et les deux amis
dard), — né à Paris en 1746, auteur plus que
Dans un souvenirs ou
entretinrent correspondance. — Il y avait six
frivole.
Veillées conjugales,
les Mille
livre
et

immoral qu'on lui


semaines que Bezuel n'avait reçu de lettres,
attribue, il raconte plusieurs histoires de
lorsque, le 31 juillet 1697, se trouvant dans
spectres qui ont été reproduites par divers
une prairie à deux heures après midi, il se
recueils.
sentit tout d'un coup étourdi et pris d'une fai-
blesse, qui néanmoins se dissipa le lende- ; Deshoulières. —
Madame Deshoulières étant
main, à pareille heure, il éprouva la même allée passerquelques mois dans une terre, à
chose; le surlendemain, il vit pendant son af- quatre lieues de Paris, on lui permit de choi-
faiblissement son ami .Desfontaines qui lui sir la chambre du château mais
plus belle ;

faisait signe de venir à lui. Comme il était on luien interdisait une qu'un revenant visi-
assis, il se recula sur son siège. Les assistants tait toutes les nuits. Depuis long-temps ma-

remarquèrent ce mouvement. Desfontaines dame Deshoulières désirait voir des reve-


n'avançant pas, Bezuel se leva pour aller à nants et, malgré les représentations qu'on
;

sa rencontre ; le spectre s'approcha alors, prit lui fit, elle se logea précisément dans la cham-

son ami par le bras gauche et le conduisit à bre infestée. La nuit venue, elle se mit au lit,
trente pas de là, dans une rue écartée. « Je prit un livre selon sa coutume ; et, sa lecture
vous ai promis, lui dit-il, que si je mourais finie, elle éteignit sa lumière et s'endormit.
avant vous, je viendrais vous le dire je me : Elle fut bientôt éveillée par un bruit qui se fit

suis noyé avant-hier dans la rivière, à Cuen, à la porte; elle se fermait mal; on l'ouvrit,
vers cette heure-ci. J'étais à la promenade; il quelqu'un entra, qui marchait assez fort. Elle
faisait si chaud, qu'il nous prit envie de nous parla d'un ton très-décidé, car elle n'avait
baigner. Il me vint une faiblesse dans la ri- pas peur. On ne lui répondit point. L'esprit
vière, et je coulai au fond. L'abbé de Ménil- tomber un vieux paravent qui tira les ri-
fit

Jean, mon camarade, plongea; je saisis son deaux du lit avec bruit elle harangua encore;

pied, mais soit qu'il crût que ce fût un sau- l'âme, laquelle s'avançant toujours lentement
mon, soit qu'il voulût promplement remonter et sans mot dire, passa dans la ruelle du lit,
DES — \"t ; — DEU
renversa le guéridon s'appuya sur In cou-
et pour savoir quel pouvait être l'auteur de celte
verture. Ce fut là que madame De?houlières farce un peu sombre. Plusieurs soldats de
fit paraître toute sa fermeté. « Ah! dit-elle, patrouille et de garde en avaient été épou-

je saurai quivous êtes! » Alors, étendant vantés; mais enfin la terreur cessa un in- ;

ses deux mains vers l'endroit où elle enten- trépide eut le courage de s'avancer sur la

dait le spectre elle saisit deux oreilles ve-


, place; il empoigna le spectre et le conduisit
lues, qu'elle eut la constance de tenir jusqu'au au corps-de-garde où l'on reconnut que ce
,

matin. Aussitôt qu'il fut jour, les gens du revenant était le frère de Desrues, riche au-
château vinrent voir si elle n'était pas morte. bergiste de Senlis, qui était devenu fou de
Ilse trouva que le prétendu revenant était un désespoir.
gros chien, qui trouvait plus commode de Destinée, — VOIJ. FATALISME.
coucher dans cette chambre déserte que dans
la basse-cour.
Desvignes, — parisienne qui avait, au
commencement du dix-septième siècle des
Despilliers. — Le comte Despilliers le père, attaques de nerfs dont elle voulut tirer parti
,

qui mourut avec le grade de maréchal-de- pour se une ressource. Les uns la di-
faire
camp de l'empereur Charles VI n'était en-
,
saient sorcière ou possédée les autres la ,

core que capitaine de cuirassiers, lorsque se croyaient prophétesse. Le père Lebrun, qui
trouvant en quartier d'hiver en Flandre, un de parle d'elle dans son Histoire des superstitions,
ses cavaliers vint un jour le prier de le chan- reconnut comme les médecins qu'il y avait
ger de logement, disant que toutes les nuits il
dans son fait une grande fourberie. Le bruit
revenait dans sa chambre un esprit qui ne le qu'elle avait fait tomba subitement.
pas dormir. Despilliers se moqua de
laissait
sa simplicité et le renvoya mais le militaire ;
Deuil. — Les premiers poètes disaient que
les âmes après mort allaient dans le sombre
la
revint au bout de quelques jours, et répéta la
empire : conformément à ces
c'est peut-être
même prière; il fut encore moqué. Enfin il
idées, dit Saint-Foix, qu'ils crurent que le
revint une troisième fois, et assura à son ca-
noir était la couleur du deuil. Les Chinois et
pitaine qu'il serait obligé de déserter si on
les Siamois choisissent le blanc, croyant que
ne le changeait pas de logis. Despilliers, qui
les morts deviennent des génies bienfaisants.
connaissait cet homme pour bon soldat, lui
En Turquie on porte le deuil en bleu ou en
,

dit en jurant « Je veux aller cette nuit cou-


:

cher avec toi, et voir ce qui en est. » Sur — violet;


tait
en gris, chez
en gris de souris au Pérou quand
les Éthiopiens; on le por-
les
les dix heures du soir, le capitaine se rend
Espagnols y entrèrent; le blanc, chez les Ja-
au logis de son cavalier, et, ayant mis ses pis-
ponais, est la marque du deuil, et le noir est
tolets armés sur la table , il se couche tout
celle de en Castille, les vêtements de
la joie ;

vêtu, son épée à côté de lui. Vers minuit il


deuil étaient autrefois de serge blanche. Les
entend quelqu'un qui entre dans la chambre,
Perses s'habillaient de brun, et se rasaient
qui, en un instant, met le lit sens dessus des-
avec toute leur famille et tous leurs animaux.
sous, et enferme le capitaine et le soldat sous
Dans la Lycie, les hommes portaient des ha-
le matelas et la paillasse. Après s'être dégagé
bits de femme pendant tout le temps du deuil.
de son mieux le comte Despilliers qui était
, ,
Chez nous, Anne de Bretagne, femme de
cependant très-brave, s'en retourna tout con-
Louis XII, changea en noir le deuil, qui jus-
fus et fit déloger le cavalier. Il raconta de-
puis son aventure, pensant bien qu'il avait eu
que-là avait été porté en blanc à la cour. —
A Argos, on s'habillait de blanc et on faisait
affaire avec quelque démon. Néanmoins il se
de grands festins. A Délos, on se coupait les
trouva que le lutin n'était qu'un singe.
cheveux, qu'on mettait sur la sépulture du
Desrues. — empoisonneur, rompu et brûlé mort. Les Égyptiens se meurtrissaient la poi-
à Paris, en 1777, à l'âge de trente-deux ans. trine et se couvraient le visage de boue. Ils
Il avait été exécuté depuis quinze jours, lors- portaient des vêtements jaunes ou feuille-
que tout à coup le bruit se répandit qu'il re- morte. Chez les Romains, les femmes étaient
venait toutes les nuits sur la place de Grève. obligées de pleurer la mort de leurs maris, et
Onvoyaitunhommeenrobedechambre, tenant les enfants celle de leur père, pendant une
un crucifix à la main, se promenant lentement année entière. Les maris ne pouvaient pleu-
autour de l'espace occupé son
qu'avaient rer leurs femmes , ni les pères leurs enfants
échafaud et son bûcher, et s'écriant d'une voix s'ils n'avaient pas trois Le grand ans. —
lugubre Je viens chercher ma chair et mes
: deuil des Juifs dure un an mort ,
il a lieu à la
os. Quelques nuits se passèrent ainsi, sans des parents. Les enfants ne s'habillent pas de
que personne osât s'approcher d'assez près noir; mais ils sont obligés de porter toute l'an-
DEl — 1 1k — DEV
née les habits qu'ils avaient à la mort de leur Devaux ,
— sorcier
du seizième siècle, à
père, sans qu'il leur soit permis d'en changer, qui l'on trouva une marque sur
le dos de la
quelque déchirés qu'ils soient. Ils jeûnent forme d'un chien noir. Lorsqu'on lui enfonçait
tous les ans à pareil jour. Le deuil moyen une épingle dedans, il n'en éprouvait aucune
dure un mois il a lieu à la mort des enfants,
; douleur; mais lorsqu'on se disposait à y plan-
des oncles et des tantes. Ils n'osent, pendant ter l'aiguille, il se plaignait beaucoup, quoi-
ce temps, ni se laver, ni se parfumer, ni se qu'il ne vît pas celui qui portait les doigts au-
raser la barbe, ni même se couper les on- dessus de la marque ».

gles ; ne mangent point en famille. Le pe-


ils Devins , — gens qui devinent et prédisent
tit deuil dure une semaine il a lieu à la mort :
les choses futures. Dans un siècle aussi éclairé
du mari ou de la femme. En rentrant des fu- que le nôtre prétend l'être, il est encore des
nérailles, l'époux en deuil se lave les mains, personnes qui croient aux devins; souvent
déchausse ses souliers, et s'assied à terre, se même ces personnes si crédules ont reçu une
tenant toujours en celte posture, et ne faisant éducation qui devrait les élever au-dessus
que gémir et pleurer, sans travailler à quoi que des préjugés vulgaires. — Deux dames d'un
ce soit jusqu'au septième jour. Les Chinois — rang distingué entendirent parler d'une devi-
en deuil s'habillent de grosse toile blanche, et neresse pour qui l'avenir n'était point caché ;

pleurent pendant trois mois. Le magistrat elles résolurent de la consulter, et se rendi-


n'exerce pas ses fonctions; le plaideur sus- rent chez elle en allant au spectacle, c'est-à-
pend ses procès. Les jeunes gens vivent dans dire dans toute leur parure. Les bijoux qu'el-
la retraite, et ne peuvent se marier qu'après les étalaient frappèrent la sorcière : « Mes-
trois années. —
Le deuil des Caraïbes con- dames, leur vous voulez lire dans
dit-elle, si
siste à se couper les cheveux et à jeûner l'avenir, il faut vous armer de courage. Ap-
rigoureusement jusqu'à ce que le corps soit prenez que nous avons tous, dans ce monde,
pourri; après quoi, ils font la débauche, pour un esprit qui nous accompagne sans cesse,
chasser toute tristesse de leur esprit. Chez mais qui ne se communique qu'autant qu'il y
certains peuples de l'Amérique, le deuil était est forcé par une puissance supérieure. Il ne
conforme à l'âge du mort. On était inconsola- tient qu'à moi de vous procurer un entrelien
ble à la mort des enfants, et on ne pleurait particulier avec le vôtre mais il ne cédera ;

presque pas les vieillards. Le deuil des en- point à mes conjurations si vous ne consentez
fants, outre sa durée, était commun, et ils à certaines conditions absolument nécessai-
étaient regrettés de tout le canton où ils res. » Les dames demandèrent avec empres-
étaient nés. Le jour de leur mort, on n'osait sement quelles étaient ces conditions « Les :

point approcher des parents, qui faisaient un voici, poursuivit la vieille il s'agit de dé- ;

bruit effroyable dans leur maison, se livraient pouiller les vêtements qui vous couvrent, et
à des accès de fureur, hurlaient comme des de déposer un instant ces ouvrages de luxe,
désespérés, s'arrachaient les cheveux, se mor- qui prouvent combien le genre humain s'est
daient, s'égratignaient tout le corps. Le lende- perverti. Adam était nu quand il conversait
main, ils se renversaient sur un lit qu'ils avec les esprits. » —
Les deux dames hési-
trempaient de leurs larmes. Le troisième jour, tent; elles sont d'abord tentées de se retirer;
ils commençaient les gémissements qui du- mais elles s'encouragent, et la curiosité l'em-
raient toute l'année, pendant laquelle le père porte. Les robes et les bijoux sont déposés
et la mère ne se lavaient jamais. Le reste de dans une chambre, et chacune des dames
la ville, pour compatir à leur affliction, pleu- passe dans un cabinet séparé. Elles y restè-
rait trois fois le jour jusqu'à ce qu'on eût rent deux heures dans une impatience diffi-
porté le corps à la sépulture K Voy. Funé- cile à exprimer. Enfin ne voyant point pa- ,

railles. raître l'esprit, elles commencent à croire


Deumui ou Beumo ,
— divinité des habi- qu'elles ont été trompées. La frayeur les sai-
tants de Calicut , au Malabar. Cette divinité, sit, elles poussent des cris; leurs gens, les
qui n'est qu'un diable adoré sous le nom de voisins accourent, et on les tire de leur pri-
Deumus, a une couronne ,
quatre cornes à la son. La prétendue sorcière, après les avoir
tête et quatre dénis crochues à la bouche, qui enfermées, avait déménagé avec leurs hardes
est fort grande elle a le nez pointu et crochu,
; et les siennes 2 . —
Un plat d'argent ayant élé
les pieds en pattes de coq, et tient entre elles dérobé dans la maison d'un grand seigneur,
2
une âme qu'elle semble prête à dévorer . celui qui avait la charge de la vaisselle s'en
1 Muret, Des Cérémonies funèbres, etc. 1
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
2 Leloycr, Histoire des spectres ou apparitions des es- liv. m, p. 185.
prits, liv. ni, ch. 4, p. 207. 2
Madame Gabrielle de P***, Démoniana, p. 24.
bi;v — j ï - JJKV
alla avec un de ses compagnons trouver une avalé tout son drap. L'inquisiteur, ayant as-
vieille qui gagnait sa vie à deviner. Croyant semblé le conseil, fit creuser la tombe. On
déjà avoir découvert le voleur et recouvré le trouva que le suaire était déjà avalé et di-
plat, ils arrivèrent de bon malin à la maison géré. A ce spectacle, un archer tira son sabre,
de la devineresse, qui, remarquant en ouvrant coupa la tète au cadavre , la jeta hors de la
sa porte qu'on l'avait salie de boue et d'or- tombe , et la peste cessa. Apres une enquête
dure, s'écria tout en colère " Si je connais-
: exacte, on découvrit que cette femme avait été
sais le gredin qui a mis ceci à ma porte pen- adonnée à la magie et aux sortilèges Au reste, 1
.

dant la nuit, je lui rejetterais tout au nez. » cette anecdote convient au vampirisme. On —
Celui qui la venait consulter regardant son lit ce qui suit dans Us Grands
redouta- et

compagnon Pourquoi lui dit-il allons-


: , . bles jugements de Dieu, de Chassanion a Un :

nous perdre de large nt? cette vieille nous soldat qui passait par l'Allemagne, se sentant
pourra-t-elle dire qui nous a volé, quand malade, demeura dans une hôtellerie, et donna
elle ne sait pas les choses qui la touchent *1 » son argent à garder à son hôtesse; quelques
Voy. Cristallomancie. Astrologie. C jours après qu'il fut guéri, il le redemanda â
mancie. Cartomancie, Prédictions. femme, laquelle avait déjà délibéré avec
celte
Dévouement. — mouvement - - - : son mari de le retenir elle le lui nia donc et :

se dévouent, ou sort de ceux qu'on dévoue. l'accusa comme s'il lui eût fait injure. Le soldat
Les histoires grecque et romaine fournissent de son côté taxa l'hôtesse d'infidélité ce que ;

beaucoup de de dévouement. Nous ne


traits l'hôte ayant entendu, il jeta le pauvre homme
rappellerons pas ici le dévouement de Décius hors de sa maison lequel tira son épée et en
,

[
Voy. ce nom), ni celui de Codrus, ni tant donna de la pointe contre la porte. L'hôte
d'autres. Il y avait aussi des villes où l'on commença à crier au larron, disant qu'il vou-
donnait des malédictions à un homme pour lait forcer sa maison ce qui fut cause que le ,

lui faire porter tous les maux publics que le soldat fut mis en prison et son procès fait par
peuple avait mérités. Valere-Maxime rapporte le magistrat, qui le voulut condamner à mort.
l'exemple d'un chevalier romain, nommé Cur- — Le jour étant venu que la sentence devait
tius, qui voulut attirer sur lui-même tous les être prononcée et exécutée, le diable entra en
malheurs dont Rome était menacée. La terre la prison, et annonça au prisonnier qu'il était
s'était épouvantablement entr'ouverte au mi- condamné à mourir; toutefois, que s'il se
lieu du marché; on crut qu'elle ne repren- voulait donner à lui, il lui promettait qu'il
drait son premier état que lorsqu'on verrait n'aurait aucun mal. Le prisonnier répondit
quelque action de dévouement extraordinaire. qu'il aimerait mieux mourir innocent que
Le jeune chevalier monte à cheval, fait le d'être délivré par ce moyen. Le diable dere-
tour de la ville à toute bride, et se jette dans chef lui ayant représenté le danger où il était,
le précipice que l'ouverture de la terre avait et voyant qu'il perdait sa peine, lui promit de
produit, et qu'on vit se refermer ensuite pres- l'aider gratis, disant qu'il ferait tant qu'il le
que en un moment. —
On voit dans Servius. vengerait de ses ennemis. Il lui conseilla,
sur Virgile, qu'à Marseille, dès qu'on aperce- lorsqu'il serait appelé au jugement, de re-
vait quelque commencement de peste, on montrer son innocence, en déclarant le tort
nourrissait un pauvre homme des meilleurs qui lui était fait; et que. pour cette cause, il
aliments: on le faisait promener par toute la priait le juge de lui bailler pour avocat celui
ville en le chargeant hautement de malédic- qu'il verrait là présent avec un bonnet bleu :

tions et on le chassait ensuite afin que la


. c'est à savoir, lui, démon, qui l'assisterait.
peste et tous les maux sortissent avec lui 2 .
— Le prisonnier accepta cette offre. Étant donc
Les Juifs dévouaient un bouc pour la rémis- au jugement, après qu'il eut entendu l'accu-
sion de leurs péchés. Voy. Azazel. Voici — sation qui lui était faite, il ne faillit point à
des traits plus modernes Un inquisiteur, en
: demander l'avocat qui s'était présenté à lui :

Lorraine, ayant visité un village devenu pres- ce qui lui fut accordé. Alors ce docteur ès-
fin

que désert par une mortalité, apprit qu'on lois commença à plaider et à défendre subti-
attribuait ce fléau à une femme ensevelie, qui lement sa partie . disant qu'elle était fausse-
avalait peu à peu le drap mortuaire dont elle ment accusée, et par conséquent mal jugée ;

était enveloppée. On lui dit encore que le que l'hôte lui retenait son argent et l'avait
fléau de la mortalité cesserait lorsque la forcé; et il conta comme le tout s'était passe.
morte, qui avait dévoué le village, aurait Qui plus est, il déclara le lieu où l'argent
1
avait été mis. L'hôte, étonné, ne s'en défen-
Bardai, dans l'Argems.
3
Lebrun, Histoire des superstitions, t. I e '. chap. 4,
p. 413.
1
Sprer.ger. Ma.ieus maîene.< par*. 1, qn**:. i5.
— ,

ma — 1 76 — DÎA
dait pas moins fort et ferme, et niait impu- sacs de procès à main, entra et proposa à
la

demment en se donnant au diable; c'était là la dame de jouer quelques pistoles avec elle ;

ce qu'attendait le gentil docteur au bonnet elle accepta le défi et gagna le masque pré- :

bleu, ne demandant pas plus, laissa la


qui, senta encore plusieurs pièces d'or, qu'il per-
cause, empoigna l'hôte, l'emporta hors du dit sans dire mot. Quelques personnes ayant

parquet et l'éleva si haut en l'air que jamais voulu jouer contre lui perdirent; il ne se lais-
depuis on n'a pu savoir ce qu'il est devenu. sait gagner que lorsque la dame jouait. On —
Ainsi le soldat de peine, et mis
fut délivré fit d'injurieux soupçons sur la cause qui l'en-

hors de procès par un moyen étrange, au gageaità perdre. « Je suis le dieu des richesses,
grand étonnement de tous les assistants '. — dit alors le masque en sortant de ses poches

On cite beaucoup d'histoires de ce genre, en- plusieurs bourses pleines de louis. Je joue tout
tre autres l'aventure d'une riche demoiselle cela madame contre tout ce que vous avez
, ,

d'Anvers, coquette et orgueilleuse, qui vivait gagné. » La dame trembla à cette proposition
au temps où le duc d'Alençon dominait pour et refusa le défi en femme prudente. Le mas-
quelques jours en Brabant. Irritée de certains que lui offrit cet or sans le jouer; mais elle
contretemps survenus à sa toilette, dont elle ne voulut pas l'accepter. Cette aventure com-
s'occupait fort, elle se mit en fureur et se mençait à devenir extraordinaire. Une dame
donna au diable dans son emportement. Elle âgée, qui se trouvait présente, vint à s'imagi-
tomba étranglée. Voij. Envoûtement. ner que ce masque pouvait bien être le diable.
Diable. —
C'est le nom général que nous Cette idée se communiqua dans l'assemblée, et

donnons à toute espèce de démons. Il vient comme on disait à demi-voix ce qu'on pensait,
d'un mot grec qui désigne Satan, précipité du le masque qui l'entendit se mit à parler plu-

ciel. Mais on dit le diable lorsqu'on parle sieurs langues pour les confirmer dans cette

d'un esprit malin, sans le distinguer particu- opinion; puis s'écria tout à coup qu'il était
il

lièrement. On dit le diable nommer spé-


pour sorti de pour venir prendre une dame
l'enfer

cialement l'ennemi des hommes. —


On a fait qui s'était donnée à lui et qu'il ne quitterait ,

mille contes sur le diable. Nous n'en citerons point la place qu'il ne se fût emparé d'elle,

que deux ou trois. — Un chartreux, étant en quelque obstacle qu'on voulût y apporter...—
prières dans sa chambre
sent tout à coup ,
Tous les yeux se fixèrent sur la dame. Les
une faim non accoutumée, et aussitôt il voit gens crédules étaient saisis de frayeur, les au-
entrer une femme, laquelle n'était qu'un dia- tres à demi épouvantés la maîtresse du logis ;

ble. Elle s'approche de la cheminée allume ,


se mit à rire. Enfin le faux diable leva son

le feu, et, trouvant des pois qu'on avait don- masque , et se fit le mari de la
reconnaître pour

nés au religieux pour son dîner, les fricasse, dame, qui jeta un de joie en le reconnais-
cri

les met dans l'écuelle et disparaît. Le char- sant. « J'apporte avec moi l'opulence, » dit-il.

treux continue ses prières, puis il demande au Puisse tournant vers les joueurs « Vous êtes :

supérieur s'il peut manger les pois que le dia- des dupes, ajouta-t-il; apprenez à jouer. » Il
ble a préparés. Celui-ci répond qu'il ne faut leur rendit leur argent, et le bal continua.—

jeter aucune chose créée de Dieu, pourvu Un vieux négociant des États-Unis retiré du ,

qu'on la reçoive avec action de grâces. Le re- commerce, vivait paisiblement de quelques
ligieux mangea les pois, et assura qu'il n'avait rentes acquises par le travail II sortit un soir

jamais rien mangé qui fût mieux préparé


2 .
pour toucher douze cents dollars qui lui étaient
Nous ne dirons rien de ce petit trait. En voici dus. Son débiteur, n'ayant pas davantage pour

d'autres qui font voir qu'on a pris souvent le moment, ne lui paya que la moitié de la

pour le diable des gens qui n'étaient pas de somme. En rentrant chez lui, il se mit à comp-
l'autre monde. —
Un marchand breton s'em- ter l'argent qu'il venait de recevoir. Pendant

barqua pour le commerce des Indes, et laissa qu'il s'occupait de ce soin, il entend quelque

à sa femme le soin de sa maison. Cette femme bruit, lève les yeux et voit descendre de sa ,

était sagemari ne craignit pas de prolon-


; le cheminée dans sa chambre le diable en per-
ger le cours de son voyage et d'être absent sonne. Il était en costume : tout son corps

plusieurs années. —
Or, un jour de carnaval, couvert de poils rudes et noirs, avait six pieds
la dame voulant s'égayer donna à ses pa- de haut. De grandes cornes surmontaient son
rents et à ses amis un petit bal qui devait être front, accompagnées d'oreilles pendantes il ;

suivi d'une collation. Lorsqu'on se mit au jeu, avait des pieds fourchus, des griffes au lieu
un masque habillé en procureur, ayant des de mains, une queue, un museau comme on
n'en voit point, et des yeux comme on n'en
1

ch. 17.
Chassanion, liv. l", p. 170, après Wicrus liv. III,
voit guère. —A la vue de ce personnage, le
7 Le cardinal Jacques de Vitry. vieux marchand eut le frisson. Le diable s'ap-
D1A — 1 77 — DIA
procha et lui dit « Il faut que tu me donne
: « Je veux savoir si tu es à l'épreuve du feu... »
sur l'heure douze cents dollars, si tu ne veux Le diable recula, et chercha à gagner la porte.
pas que je t'emporte en enfer. » « Hélas! ré- — « Fais-toi connaître bien vite, ou tu es mort... »
pondit le négociant, je n'ai pas ce que vous de- Le démon se hâta de se démasquer et de met-
mandez... » « Tu mens, interrompit brusque- tre bas son costume infernal. On trouva, sous
ment le diable je sais que tu viens de les
;
ce déguisement, un voisin du bon marchand,
recevoir à l'instant. » « Dites que je devais les qui faisait quelquefois des dupes et qu'on n'a-
recevoir, mais on ne m'en a pu donner que six vait pas encore soupçonné. Il fut jugé comme

cents. Si vous voulez me laisser jusqu'à de- escroc et le négociant apprit par là que le
,

main, je prometsde vous compterlasomme... » diable n'est pas le seul qui soit disposé à nous
« Eh bien ajouta le diable après un moment de
!
nuire. —
Nous nous représentons souvent le
réflexion, j'y consens; mais que demain, à dix diable comme un monstre noir; les nègres lui
heures du soir, je trouve ici les douze cents dol- attribuent la couleur blanche. Au Japon, les
lars biencomptés ou je t'entraîne sans miséri-
, partisans de la secte de Sintos sont persuadés
corde. Surtout que personne ne soit instruit de que le diable n'est que le'renard. En Afrique
notre entrevue, si tu tiens à la vie. » Après — le diable est généralement respecté. Les nè-
avoir dit ces mots, il sortit parla porte. Le len- gres de la Côte-d'Or n'oublient jamais, avant
demain matin , le négociant ,
qui était de bonne de prendre leurs repas, de jeter à terre un
pâte, comme on voit, alla trouver un vieil ami, morceau de pain qui est destiné pour le mau-
et le pria de lui prêter six cents dollars. Son ami vais génie. Dans le canton d'Auté, ils se le re-
lui demanda s'il en était bien pressé? « Oh! présentent comme un géant d'une prodigieuse
oui, très-pressé, il me les faut avant la nuit. grosseur, dont la moitié du corps est pourrie,
Il y va de ma parole et peut-être d'autre et qui cause infailliblement la mort par son at-
chose. » « Mais n'avez-vous pas reçu hier touchement ils n'oublient rien de ce qui peut
;

une somme? » « J'en ai disposé. » « Cepen- détourner la colère de ce monstre. Ils expo-
dant je ne vous connais aucune affaire qui sent de tous côtés des mets pour lui. Presque
nécessite absolument de l'argent. » « Je vous tous les habitants pratiquent une cérémonie
dis qu'il y va de ma vie... » Le vieil ami, bizarre et extravagante, par laquelle ils pré-

étonné, demande l'éclaircissement d'un pareil tendent chasser le diable de leurs villages :
mystère. On lui répond que le secret ne peut huit jours avant cette cérémonie, on s'y prépare
se trahir. « Considérez, dit-il, au négociant, par des danses, des festins, etc; il est permis
que personne ne nous écoute dites-moi votre ;
impunément les personnes même les
d'insulter
affaire je vous prêterai les six cents dollars. »
: plus distinguées. Le jour de la cérémonie ar-
« Sachez donc que le diable est venu me voir; rivé le peuple commence
, dès le matin à , ,

qu'il faut que je lui donne douze cents dollars pousser des cris horribles ; les habitants cou-
ce soir, et que je n'en ai que six cents. L'ami — comme des furieux jetant
rent de tous côtés ,

du négociant ne répliqua plus il savait Fima- ; devant eux des pierres et tout ce qu'ils trou-
gination de ce pauvre ami facile à effrayer. vent sous leurs mains ; les femmes furètent
Il tira de son coffre la somme qu'on lui de- dans tous les coins de la maison, et récurent
mandait, et la prêta de bonne grâce mais à ; toute la vaisselle, de peur que le diable ne
huit heures du soir, il se rendit chez le vieux se soit fourré dans une marmite ou autre
marchand. « Je viens vous faire société, lui ustensile. La cérémonie se termine quand
dit-il, et attendre avec vous le diable, que je on a bien cherché et qu'on s'est bien fatigué;
ne serai pas fâché de voir. » Le négociant ré- alors on est persuadé que le diable est loin.
pondit que c'était impossible ou qu'ils s'ex- ,
— Les habitants des îles Philippines se van-
poseraient à emportés tous les deux.
être tent d'avoir des entretiens avec le diable ; ils

Après des débats, il permit que son ami at- racontent que quelques-uns d'entre eux, ayant
tendît l'événement dans un cabinet voisin. — hasardé de parler seuls avec lui, avaient été
A dix heures précises, un bruit se fait enten- tués par ce génie malfaisant : aussi se ras-
dre dans la cheminée; le diable paraît dans semblent-ils en grand nombre lorsqu'ils veu-
son costume de la veille. Le vieillard se mit, lent conférer avec le diable.Les insulaires
en tremblant à compter les écus. En même
, des Maldives mettent tout en usage lors-
temps l'homme du cabinet entra. « Es-tu bien qu'ils sont malades pour se rendre le dia-
le diable? » dit-il à celui qui demandait de ble favorable. Ils lui sacrifient des coqs et des
l'argent... Puis, voyant qu'il ne se pressait poules. —
On a publié à Amsterdam une ms-
pas de répondre et que son ami frissonnait,
, toiredu diable, 2 vol. in— 1 2, qui est une es-
il tira de sa poche deux longs pistolets, et les pèce de mauvais roman, où les aventures du
présentant à la gorge du diable , il ajouta : diable sont accommodées à la fantaisie de l'au-
,

DID 178 — DIN


teur. M. Frédéric Soulié a prodigué, dans les rait ;
s'il un miracle. Didier
guérissait, c'était
Mémoires du Diable, beaucoup de talent à n'était pourtant qu'un magicien et sorcier,
faire un livre immoral, qui aurait pu être fort comme dit Pierre Delancre car si quelqu'un
;

singulier et fort piquant, si l'auteur avait res- disait du mal de lui en secret, il le lui repro-
pecté ce que respectent tous les cœurs hon- chait lorsqu'il le voyait; ce qu'il ne pouvait
nêtes. Voy. Démons. savoir que par le moyen du démon qui lui al-
Diable de mer- « Grand bruit parmi les — lait révéler tout ce qui se passait. Pour mieux
matelots on a crié tout d'un coup
; Voilà le : tromper le public, il avait un capuchon et une
diable, il faut lavoir. Aussitôt tout s'est ré- robe de poil de chèvre. Il était sobre devant
veillé, tout a pris les armes. On né voyait que le monde, mais lorsqu'il était en particulier,
piques, harpons et mousquets j'ai couru moi- ;
il mangeait tellement qu'un homme n'aurait
même pour voir le diable, et j'ai vu un grand pu supporter la viande qu'il avalait. Enfin ses
poisson qui ressemble à une raie, hors qu'il a fourberies ayant été découvertes, il fut arrêté
deux cornes comme un taureau. Il a fait quel- et chassé de la ville de Tours et on n'entendit ;

ques caracoles, toujours accompagné d'un pois- plus parler de lui.

son blanc qui de temps en temps va à la pe-


, , Didron, —
savant archéologue qui a publié
tite guerre, et vient se remettre sous le diable. une curieuse Histoire du diable.
Entre ses deux cornes, il porte un petit pois- Didyme, — VOlJ. POSSÉOÉES DE FLANDRE.
son gris qu'on appelle le pilote du diable
, , Diémats. — Petites images chargées de ca-
parce qu'il le conduit, et le pique quand il voit
ractères que les guerriers de l'île de Java por-
du poisson et alors le diable part comme un
;
tent comme des talismans, et avec lesquelles
trait. Je vous conte tout ce que je viens de
ils se croient invulnérables : persuasion qui
voir 1
. »
ajoute à leur intrépidité.
Diamant. — La superstition lui attribuait Digby, — fou connu sous le
et imposteur,
des vertus merveilleuses contre le poison , la nom du Docteur Sympathique. Il avait le se-
peste, les terreurs paniques, les insomnies, les cret d'une poudre sympathique avec laquelle
prestiges et les enchantements. Il calmait la co- il guérissait les malades sans les voir, et don-

lère et entretenait l'union entre les époux, ce nait la fièvre aux arbres. Cette poudre com-
qui lui avait fait donner le nom de pierre de posées de rognures d'ongles, d'urine ou de
réconciliation. II avait en outre cette propriété cheveux du malade et placée dans un arbre ,

talismanque de rendre invincible celui qui le communiquait, disait-il, la maladie à l'arbre *'.
portait, pourvu que sous la planète de Mars,
la figure de ce dieu ou celle d'Hercule sur- ,
Dindarte (Marie), — jeune sorcière de dix-
sept ans, qui confessa avoir été souvent au
montant l'hydre, y fut gravée. On a été jus-
sabbat. Quand elle se trouvait seule et que
qu'à prétendre que les diamants en engen-
ou absentes, le
les voisines étaient déjà parties
draient d'autres; et Ruérus parle sérieusement
diable lui donnait un onguent dont elle se
d'une princesse de Luxembourg qui en avait
frottait, et sur-le-champ elle se transportait
d'héréditaires, qui en produisaient d'autres en
par les airs. Elle voyageait ainsi la nuit du
certains temps 2
.
27 septembre 1609 on l'aperçut et on la prit ;

Diambiliche, de— nom du diable dans l'île le lendemain. Elle confessa aussi avoir mené

Madagascar. Il y est plus révéré que les dieux des enfants au sabbat, lesquels se trouvèrent
mêmes les prêtres lui offrent les prémices
: marqués de la marque du diable 2 Voy. Sarbat. .

de tous les sacrifices. Dindons. — On a


long-temps que les din-
dit
Didier, — imposteur bordelais du sixième dons nous ont été apportés des Indes par les
siècle, qui parut vers ce temps-là dans la ville pères jésuites c'est pourtant une erreur. Les
;

de Tours. Il se vantait de communiquer avec poules dTude furent apportées en Grèce l'an
saint Pierre et saint Paul ; il assurait même du monde 3559, comme le prouvent les mar-
qu'il était plus puissantque saint Martin et ,
.bres d'Arundel , et elles se naturalisèrent en
se disait égal aux apôtres. Ayant su gagner Béotie. Aristote a même décrit YHistoire phy-
le peuple, on lui amenait de tous côtés des ma- sique et morale des dindons ; les Grecs les ap-
lades à guérir; et voici, par exemple, com- pelaient méléagrides, parce qu'ils avaient été
ment il traitait les paralytiques. Il faisait éten- introduits dans leur pays par le roi Méléagre.
dre le malade à terre, puis lui faisait tirer les Is étaient fréquents chez les Romains ; mais
membres si fort que quelquefois il en mou- eur race, par la suite, devint plus rare en Eu-
1
L'abbé de Choisy, Relation de l'ambassade de Siam. 1
Charlatans célèbres, de M. Gouriet, t. I er , p. 263.
2 2 Delancre, Tableau de l'inconstance desdémons, etc.,
Incrédulité et mécréancc du sortilège, etc., traité 7,
iv. iv, p. 117.
DIO — 1 79 — DIS
rope, et on les montrait comme des bêtes cu- stantinople à Catane en un seul jour, ce qui
rieuses au commencement du seizième siècle. lui acquit tout d'un coup, parmi le peuple, une

Les premiers qu'on vit en France y furent ap- grande réputation ; mais ayant été pris, mal-
portés par Jacques Cœur, en 1450. Améric gré son habileté et sa puissance, on le jeta en
Vespuce ne les fit connaître que cinquante- un four ardent où il fut brûlé 1
.

quatre ans après. On


en attribua ensuite l'im- Dion de Syracuse. — Etant une nuit cou-
portation aux jésuites, parce qu'ils en en- ché sur son lit, éveillé et pensif, il entendit un
voyèrent beaucoup en Europe f. grand bruit, et leva pour voir ce qui pouvait
Binscops, — sorcière et sibylle du pays de le produire. Il aperçut au bout d une galerie

Clèves, dont parle Bodin en son quatrième li- une femme de haute taille, hideuse comme les
vre. Elle ensorcelait et maléficiait tous ceux Furies, qui balayait sa maison. Il fit appeler
vers qui elle étendait la main. On la brûla ;
et aussitôt ses amis et les pria de passer la nuit
quand sa main sorcière et endiablée fut bien auprès de lui mais le spectre ne reparut plus,
;

cuite, tous ceux qu'elle avait frappés de quel- et quelques jours après le fils de Dion se pré-

que mal revinrent en sanîé. cipita d'une fenêtre et se tua. Sa famille fut

Dioctétien. —
N'étant encore que dans les
détruite en peu de jours, et, « par manière
de dire, ajoute Leloyer, balayée et extermi-
grades inférieurs de l'armée, il réglait un jour
née de Syracuse, comme la Furie, qui n'était
ses comptes avec une cabaretière de Tongres,
qu'un diable avait semblé l'en avertir par
dans la Gaule Belgique. Gomme cette femme,
,

le balai. »
qui était druidesse, lui reprochait d'être avare :

« Je serai plus généreux , lui dit-il en riant Byonisio dal Borgo, — astrologue italien

quand je serai empereur. — Tu le seras, ré- qui professait la théologie à l'université de


pliqua la druidesse auras tué un
,
quand tu Paris au treizième siècle. Villani conte (livre X)
sanglier. » Dioclétien, étonné, sentit l'ambi- qu'il prédit juste la mort de Castruccio, tyran
tion s'éveiller dans son âme, et chercha sé- de Pistoie.

rieusement à presser l'accomplissement de Diopite , — né à Locres qui


bateleur, ,

cette prédiction, qui nous a été conservée par après avoir parcouru Grèce, se présenta la
Vopiscus. Il se livra particulièrement à la sur le théâtre de Thèbes pour y faire des
chasse du sanglier. Cependant il vit plusieurs tours. Il avait sur le corps deux peaux de bouc,
princes arriver au trône sans qu'on songeât à l'une remplie de vin, et l'autre de lait, par le
l'y élever; et il disait sans cesse : « Je tue moyen desquelles il faisait sortir de ces deux
bien les sangliers; mais les autres en ont le liqueurs par sa bouche, si bien qu'on l'a mis au
profit. » Il avait été consul, et il occupait des rang des sorciers 2 .

fonctions importantes. Quand Numérien eut été


Bîscours. Discours des esprits follets, pu-
tué par son beau-père, Arrius Aper, toute
les espérances de Dioclétien se réveillèrent :
blié dans le Mercure galant de 1680. Dis- —
cours épouvantable d'une étrange apparition
l'armée le porta au trône. Le premier usage
de démons en la maison d'un gentilhomme ,
qu'il fit de son pouvoir fut de tuer lui-même,
enSilésie, in-8°, Lyon, par Jean Gazeau, 1609,
de son épée, le perfide Aper, dont le nom est
celui du sanglier, en s'écriant qu'il venait en-
brochure de 7 pages. Discours sur la va- —
nité des songes, et sur V opinion de ceux qui
fin de tuer le sanglier fatal On sait que Dioclé-
.
— croient que ce sont des pressentiments. Voy.
tien fut ensuite un des plus grands persécuteurs
Songes.
de l'Église.

— Disputes. — L'abominable Henri VIII avait


Biocres, VOIJ. CHAPELLE DU DAMNÉ.
une telle passion de l'argumentation, qu'il ne
Diodore de Catane, —
sorcier et magicien, dédaigna pas d'argumenter avec un pauvre
dont le peuple de Catane garda long-temps le argumentateur nommé Lambert. Une assem-
souvenir. C'était le plus grand magicien de blée extraordinaire avait été assemblée à Wes-
son temps; il fascinait tellement les personnes minster pour juger des coups. Le roi voyant
qu'elles se persuadaient être changées en bê- qu'il avait affaire à forte partie, et ne voulant
tes; il faisait voir en un instant, aux curieux, pas avoir le dernier, donna à Lambert le choix
ce qui se passait dans les pays les plus éloi- d'être de son avis ou d'être pendu. C'est ainsi
gnés. Comme on l'eût arrêté en qualité de ma- qu'un dey d'Alger, faisant un cent de piquet
gicien , il voulut se faire passer pour faiseur avec son vizir, lui disait « Joue cœur ou je :

de miracles. Il se fit donc transporter, par le


diable, de Catane à Constantinople, et de Con- 1 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
esprits, liv. ni, ch. 8, p. 316.
1 M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t, III, p, 37, » Ibid., liv. I, p. 63.

12.
DOI — 180 — DOM
t'étrangle. » Lambert ne joua pas cœur; il fut d'un vaisseau, d'une artère ou d'une veine
étranglé. qui lui est communiquée par le cœur, et, par

Bîves. — Les Persans nomment ainsi les cette raison ,


qu'il mérite préférablement aux
mauvais génies; ils en admettent de mâles et autres doigts de porter l'anneau. Levinus
de femelles, et disent qu'avant la création Lemnius assure que ce vaisseau singulier est
d'Adam Dieu créa les Dives ou génies mâles, une artère, et non pas une veine ainsi que ,

le prétendent les anciens. Il ajoute que les


et leur confia le gouvernement du monde
pendant sept mille ans; après quoi, les Péris anneaux qui sont portés à ce doigt influent sur
ou génies femelles leur succédèrent, et pri- le cœur; que dans les évanouissements il avait

rent possession du monde pour deux autres accoutumé de frotter ce doigt pour tout mé-
mille ans, sous l'empire de Gian-ben-Gian, dicament que la goutte l'attaque rarement,
;

leur souverain mais ces créatures étant


;
mais toujours plus tard que les autres doigts,
tombées en disgrâce pour leur désobéissance, et que la fin est bien proche quand il vient

Dieu envoya contre eux Éblis, qui, étant à se nouer.


d'une plus noble nature et formé de l'élé-
, Dojartzabal, — jeune sorcière de quinze à
ment du feu, avait été élevé parmi les anges. seize ans qui confessa, vers 1609, avoir été
Éblis, chargé des ordres divins, descendit du menée au sabbat par une autre sorcière, la-
ciel, et fit la guerre contre les Dives et les quelle était détenue en prison '; ce que celle-
Péris, qui se réunirent pour se défendre; ci niai', disant qu'étant attachée à de grosses
Éblis les défit et prit possession de ce globe, chaînes de fer et surveillée elle ne pouvait
,

lequel n'était encore habité que par des gé- être sortie de la prison; que, si elle en
et
nies. Éblis ne fut pas plus sage que ses pré- était sortie , elle n'y serait pas rentrée. La
décesseurs; Dieu, pour abattre son orgueil, jeune personne expliqua toutefois que, comme
fit l'homme, et ordonna à tous les anges de elle était couchée près de sa mère, cette sor-
lui rendre hommage. Sur le refus d'Eblis, cière l'était venue chercher sous la forme d'un
Dieu le dépouilla de sa souveraineté et le chat. pour la transporter au sabbat, et que,
. .
. ,

maudit. Ce ne sont là, comme on voit, que malgré leurs fers , les sorcières peuvent aller
des altérations de l'Écriture sainte. à ces assemblées, bien que le diable ne puisse

Divinations. —
Il y en a de plus de cent
les délivrer des mains de la justice. Elle as-
sortes. Voy. Alectryomancie Alphitoman- sura encore que le diable ,
qui la faisait en-
,

cie, astrag alomancie astrologie, bota- lever ainsi d'auprès de sa mère , mettait en
,

nomancie, Cartomancie, Catoptromancie sa place une figure qui lui ressemblait. Cette
,

Chiromancie, Cristallomancie, Cranologie, prétendue sorcière ,


qui n'exerçait probable-

Daphnomancie, Gastromancie, Hydromancie, ment qu'une petite vengeance , ne fut pas


Lampadomancie Métoposcopie Mimique, châtiée.
,

Nécrologie, Onomancie, Ornithomancie,


,

Domfront ( Guérin de ) fils de Guil- , —


Physiognomonie, Pyromancie, Rabdomancie, laume de Bellême seigneur de Domfront , ;

Théomancie, etc., etc. ayant traîtreusement fait couper la tète à son


Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu, — voy. ennemi endormi chez lui, il fut, dit-on, étouffé

ZOROASTRE. par le diable 2 .

Doigt. —
Dans le royaume de Macassar, Domingina-Maletana, sorcière qui, dans —
si un malade est à l'agonie, le prêtre lui prend une joute qu'elle fit avec une autre sorcière,
sauta du haut de la montagne de la Rhune,
la main et lui frotte doucement le doigt du
,

qui borne les trois royaumes de France, d'Es-


milieu afin de favoriser par cette friction un
,

chemin à l'âme, qui sort toujours, selon eux, pagne et de Navarre, et gagna le prix 3 .

par le bout du doigt. —


Les Turcs mangent Domitien. — Un jour qu'il donnait un festin
quelquefois du riz avec les doigts mais lors- ;
aux sénateurs de Rome, à l'occasion de son

que cela arrive, ils n'emploient que les trois triomphe sur les Daces Domitien les fit en- ,

premiers doigts, parce qu'ils sont persuadés trer dans une salle qu'il avait fait tendre en

que le diable mange avec les deux autres. — noir, et qui était éclairée par des lampes sé-

Dans certaines contrées de la Grèce mo- pulcrales. Chaque convive se trouva placé
derne, on se croit ensorcelé qnand on voit vis-à-vis d'un cercueil , sur lequel il vit son
quelqu'un étendre la main en présentant les
1
Delancre, Tableau de l'inconstance des dém., etc.,
cinq doigts. liv. ii, p. 101.

annulaire. —
2
Doigt C'est une opinion re- Mémoires de Thébaut de Champassais sur la ville
de Domfront.
çue que le quatrième doigt de la main gaucho 3
Delancre, Tableau de l'inconstance des dénions, etc.,
a une vertu cordiale, que cette vertu vient liv. m, p. 210.
,
,

DOR — î 1 — DOU
nom écrit.... Une troupe d'enfants barbouillés Seigneur 450 , les sept Dormants se réveillè-
de noir représentaient une danse pour figurer rent et dans la ville d'Éphèse,
entrèrent
les ombres infernales. La danse finie ils se , croyant n'avoir fait qu'un bon somme mais ;

dispersèrent, chacun auprès du convive qu'il ils trouvèrent tout bien changé. Il y avait

devait servir. Les mets furent les mêmes que long-temps que les persécutions contre le
ceux que l'on offrait aux morts dans les céré- christianisme étaient finies des empereurs ;

monies funèbres. Un morne silence régnait chrétiens occupaient les deux trônes impé-
dans cette assemblée. Domitien parlait seul ;
riaux d'Orient et d'Occident. Les questions
il ne racontait que des histoires sanglantes et des frères et l'étonnement qu'ils témoignèrent
n'entretenait les sénateurs que de mort. Les aux réponses qu'on leur fit surprirent tout le
convives sortirent enfin de la salle du festin monde. Ils contèrent naïvement leur histoire.
et furent accompagnés, chacun à leur maison Le peuple, frappé d'admiration, les conduisit
respective ,
par des hommes vêtus de noir, à l'évêque celui-ci au patriarche et le pa-
,

armés et silencieux. —
A peine respiraient- triarche à l'empereur. Les sept Dormants
ils, que l'Empereur les fit redemander; mais révélèrent les choses du monde les plus sin-
c'était pour leur donner la vaisselle qu'on gulières, et en prédirent qui ne l'étaient pas
avait servie devant eux et à chacun un de , moins. Ils annoncèrent, entre autres, l'avé-
ces petits esclaves qui avaient joué le rôle de nement de Mahomet, l'établissement et les
démons. — C'était bien là un plaisir de tyran. succès de sa religion comme devant avoir lieu

Doppet (François-Amédée ), — membre deux cents ans après leur réveil. Quand ils

du conseil des Cinq-Cents, auteur d'un Traité


eurent satisfait la curiosité de l'empereur, ils

théorique et pratique du magnétisme animal; se retirèrent de nouveau dans leur caverne


Turin, 1784, un vol. in-8° d'une Oraison et y moururent tout de bon on montre encore :

.funèbre de Mesmer, avec son testament; Ge-


;

cette grotte auprès d'Éphèse. Quant à leur —


nève, 4785, in-8°; d'une Médecine occulte ou chien Kratim ou Katmir, il acheva sa carrière

Traité de la magie naturelle et vécut autant qu'un chien peut vivre, en ne


et médicinale
4786, in-4°. comptant pour rien les deux cents ans qu'il
avait dormi comme ses maîtres. C'était un
Dorée ( Catherine )
, — sorcière du dix- animal dont les connaissances surpassaient
septième siècle qui fut brûlée vive pour avoir
,
celles de tous les philosophes, les savants et
tué son enfant par ordre du diable; elle jetait
les beaux-esprits de son siècle aussi s'em- ;

des poudres et guérissait les ensorcelés en


pressait-on de le fêter et de le régaler et les
un pigeon sur l'estomac.
leur mettant Barbe — musulmans le placent dans le paradis de Ma-
;

Dorée, autre sorcière, était parente de Ca- homet, entre l'âne de Balaam et celui qui
therine.
portait Notre Seigneur le jour des Rameaux.
« Dormant». — L'histoire des sept Dormants — Cette historiette a tout l'air d'une contre-
est encore plus fameuse chez les Arabes que partie de la fable d'Épiménides de Crète, qui,
chez les chréliens. Mahomet l'a insérée dans s'étantendormi sur le midi dans une caverne
son Koran , et les Turcs l'ont embellie. Sous en cherchant une de ses brebis égarée, ne se
l'empire de Décius, l'an de notre ère 250, il réveilla que quatre-vingt-sept ans après, et
y eut une grande persécution contre les chré- se remit à chercher ses brebis comme s'il
tiens. Sept jeunes gens, attachés au service n'eût dormi qu'un peu de temps. Delrio dit —
de l'empereur, ne voulant pas désavouer leur qu'un paysan dormit un automne et un hiver
croyance, et craignant le martyre, se réfugiè- sans se réveiller *.

rent dans une caverne située à quelque di-


Bourdans, — VOtJ. ESPRITS.
stance d'Éphèse et par une grâce particu-
; ,

lière, ils y dormirent d'un sommeil profond


Dourlet ( SlMONE ) ,
— VOy. POSSÉDÉES DB
Flandre.
pendant deux cents ans. Les mahométans as-
surent que, durant ce sommeil, ils eurent des Douze, — c'est un nombre heureux. Les
révélations surprenantes, et apprirent en son2;e apôtres étaient douze, dit Césaire d'Hester-

tout ceque pourraient savoir des hommes qui bach, parce que le nombre douze est composé

auraient employé un pareil espace de temps de quatre fois trois , ou de trois fois quatre.
Ils ont été élus douze, ajoute-t-il, pour an-
à étudier assidûment. Leur chien ou du ,

moins celui d'un d'enlre eux, les avait suivis noncer aux quatre coins du monde la foi de
dans leur retraite, et mit à profit, aussi bien la sainte Trinité. Les douze apôtres, dit-il

qu'eux, le temps de son sommeil. Il devint le encore sont les douze signes du Zodiaque ,
,

chien le plus instruit du monde. Sous le — les douze mois de l'année les douze heures ,

règne de Théodose-le-Jeune l'an de Notre , 1 Dans les Pisquisitions magiques,


,

DRA 1 2 — DRI
du jour, douze étoiles de la couronne de
les mettait bonne récompense à celui qui pourrait
l'épouse. Les douze apôtres sont encore les en délivrer la contrée. Il se présente ; on
douze fils de Jacob, les douze fontaines du l'admet à combattre le monstre , et on lui
désert, les douze pierres du Jourdain, les douze promet sa grâce s'il parvient à le détruire.
bœufs de la mer d'airain les douze fonde- , Couvert d'un masque de verre et armé de
ments de la Jérusalem céleste. toutes pièces, l'intrépide soldat va à l'antre
Drac , — voy. Ogres. obscur où se tient le monstre ailé, qu'il trouve
Braoonîtes ou Dracontia, pierre fabu- — endormi. Réveillé par une première blessure,
leuse que Pline et quelques naturalistes an- il se lève, prend son essor et vole contre l'a-
ciens ont placée dans la tète du dragon pour gresseur. Tous les spectateurs se retirent, lui
;

se la procurer, il fallait l'endormir avant de seul reste et l'attend de pied ferme. Le dragon
lui couper la tête. tombe sur lui et le terrasse de son poids ;

Dragon. — Les dragons 1 ont fait beaucoup mais au moment qu'il ouvre la gueule pour
de bruit, et parce que nous n'en voyons plus le dévorer, le soldat saisit l'instant de lui en-
les sceptiques les ont niés mais Cuvier et les ;
foncer son poignard dans la gorge. Le monstre
géologues modernes ont reconnu que les dra- tombe à ses pieds. Le brave soldat allait re-

gons avaient existé. C'est seulement une race cueillir les fruits de sa victoire, lorsque, poussé
perdue. C'étaient des sortes de serpents ailés.
par une fatale curiosité il ôta son masque ,

Philostrate dit que, pour devenir sorciers et pour considérer à son aise le redoutable en-
devins, les Arabes mangeaient le cœur ou le nemi dont il venait de triompher. Déjà il en
foie d'un dragon volant. On montre auprès — avait fait le tour, quand le monstre blessé
de Beyrouth le lieu où saint Georges tua un mortellement, et nageant dans son sang, re-
monstrueux dragon il y avait sur ces lieux cueille des forces qui paraissaient épuisées,
;

consacrés par le courage de saint Georges une s'élance subitement au cou de son vainqueur,

église qui ne subsiste plus 2 Il est fait — et lui communique un venin si malfaisant
mention de plusieurs dragons dans les lé-
.

qu'il péritau milieu de son triomphe. On —


voyait encore il y a peu de temps dans le
gendes, il est possible que quelques-unes soient , ,

des allégories. —
Le diable porte souvent le cimetière de l'hôpital de Niort, un ancien tom-
nom d'ancien dragon, et quelquefois il a pris beau d'un homme iuè par le venin du serpent.
la forme de cet animal merveilleux c'est :
Est-ce une allégorie ? A Mons on vous — ,

ainsi qu'il se montra à sainte Marguerite. On contera l'histoire du dragon qui dévastait le
dit que le dragon dont parle Possidonius cou- Hainaut, lorsqu'il fut tué par le vaillant Gilles
vraitun arpent de terre, et qu'il avalait comme de Chin, en M32. Et que direz-vous du dragon
une pilule un cavalier tout armé; mais ce de Rhodes? — Voy. Trou du château de
n'était encore qu'un petit dragon en compa- Carnoet.
raison de celui qu'on découvrit dans l'Inde Dragon rouge. — Le Dragon rouge, ou
et qui, suivant Maxime de Tyr, occupait cinq l'art de commander les esprits célestes, aé-
arpents de terrain. Chinois rendent — Les riens, terrestres, infernaux, avec le vrai se-
une espèce de aux dragons. On en voit
culte cret de faire parler les morts, de gagner
sur leurs vêtements, leurs livres, dans leurs toutes les fois qu'on met aux loteries, de dé-
tableaux. Ils le regardent comme le principe couvrir les trésors cachés, etc., etc., in— 4 8,
de leur bonheur ; ils s'imaginent qu'il dispose 1521. —
Fatras qu'on réimprime souvent et
des saisons et fait à son gré tomber la pluie dont on trouvera l'essence dans ce Diction-
et gronder le tonnerre. Ils sont persuadés que n ire. Voy. Conjurations, Baguette, Évo-
tous les biens de la terre ont été confiés à sa cations, Pactes, Loteries, etc., etc.
garde, et
les
qu'il fait
montagnes élevées.
son séjour ordinaire sur
— Le dragon était aussi
Drapé. — On donne à Aiguës-Mortes le
nom de Lou Drapé, à un cheval fabuleux qui
très-important chez nos aïeux; et tous nos
est la terreur des enfants, qui les retient un
contes de dragons doivent remonter à une
peu sous l'aile de leurs parents, et réprime la
haute antiquité. Voici la chronique du dragon assure que quand
négligence des mères. On
de Niort 3 —
Un soldat avait été condamné à
.
Lou Drapé vient à passer, il ramasse sur son
mort pour crime de désertion il apprit qu'à
dos, l'un après l'autre, tous les enfants égarés;
;

Niort sa patrie
, un énorme dragon faisait
,
et que sa croupe, d'abord de taille ordinaire,
depuis trois mois des ravages, et qu'on pro-
s'allonge au besoin jusqu'à contenir cinquante
1
Lenglet Dulïcsnoy, Recueil de dissertations sur les et cent enfants, qu'il emporte on ne sait où.
apparitions, etc.,
2
t. I, p. exiv.
Voyage de Monconis, de Thévenot et du P. Goujon. Driff, — nom donné à la pierre de Uutt-
3 Voyage dans le Finistère, X. III, p. 112, ler, à laquelle on attribuait la propriété d'al-
DRU — 1 j — DU F
tirer le venin; elle était, dit-on, composée de missemenls de femmes 1 ce qui n'est pas ;

mousse formée sur des de mort, de sel têtes merveille dans une déroute.
marin, de vitriol cuivreux empâté avec de la jOryden ( Jean ) —
célèbre poète anglais,
,

colle de poisson. On a poussé le merveilleux mort en 1707. On rapporte qu'il tirait aux
jusqu'à prétendre qu'il suffisait de toucher dés, le jour de la naissance de ses enfants,
cette pierre du bout de la langue pour être pour deviner leur sexe et sa prédiction rela-
;

guéri des maladies les plus redoutables, Van- tive à son fils Charles se réalisa 8
, ce qui
Helmont en fait de grands éloges. n'est pas fort étonnant. Voy. Astragalo-
Brolles. —
Les drolles sont des démons ou mancie.
lutins qui, dans certains pays du nord, pren- Dualisme. —H y a des tremblements de
nent soin de panser les chevaux font tout ce ,
terre, des tempêtes, des ouragans, des débor-
qu'on leur commande et avertissent des dan-
dements de rivières, des maladies pestilen-
gers. Voij. Farfadets, Bérith, etc.
tielles, des bêtes venimeuses, des animaux
Druides, — prêtres des Gaulois. Us ensei- féroces, des hommes naturellement méchants,
gnaient la sagesse et la morale aux principaux perfides et cruels. Or, un être bienfaisant,
personnages de la nation. Us disaient que les
disaient les dualistes, ne peut être l'auteur du
âmes circulaient éternellement de ce monde- mal donc il y a deux êtres, deux principes
;
:

ci dans l'autre; c'est-à-dire que ce qu'on ap- l'un bon, l'autre mauvais, également puis-
pelle la mort est l'entrée dans l'autre monde, sants, coéternels, et qui ne cessent point de se
et ce qu'on appelle la vie en est la sortie pour
combattre. —
Dieu a donné à l'homme le li-
revenir dans ce monde-ci 4 Les druides .
— bre arbitre c'est à lui de choisir entre le
:

d'Aulun attribuaient une grande vertu à l'œuf bien et le mal. L'homme sans passions, et
de serpent; ils avaient pour armoiries dans obligé de faire le bien sans pouvoir faire le
leurs bannières, d'azur à la couchée de ser- mal, serait vertueux sans mérite. Dans un
pents d'argent, surmontée d'un gui de chêne monde sans dangers et sans besoins, l'homme
garni de ses glands de sinople. Le chef des La vertu ne
vivrait sans plaisirs. brille que
druides avait des clefs pour symbole 2 .
— par le contraste du vice
Dieu ayant placé ; et
Dans la petite île de Sena, aujourd'hui Sein, les mortels dans ce monde comme dans un
vis-à-vis la côte de Quimper, il y avait un lieu d'épreuves, on ne récompense point une
collège de druidesses, que les Gaulois appel- machine qui ne va bien que parce qu'elle est
lent Senes (prophétesses). Elles étaient au bien montée. -— Si l'on réfléchit bien sur le
nombre de neuf, gardaient une perpétuelle dualisme, dit Saint-Foix, je crois qu'on le
virginité, rendaient des oracles, et avaient le trouvera encore plus absurde que l'idolâtrie.
pouvoir de retenir les vents et d'exciter 1rs Les Lapons disent que Dieu avant de pro- ,

tempêtes; elles pouvaient aussi prendre la duire la terre, se consulta avec l'esprit malin,
forme de toute espèce d'animaux, guérir les afin de déterminer comment il arrangerait
maladies les plus invétérées et prédire l'ave- chaque chose. Dieu se proposa donc de rem-
nir. y avait d'autres druidesses qui se ma-
Il
plir les arbres de moelle, les lacs de lait, et de
riaient mais elles ne sortaient qu'une fois
,
charger les plantes et les arbres de tous les plus
dans l'année, et ne passaient qu'un seul jour beaux fruits. Par malheur, un plan si conve-
avec leurs maris 3 .
nable à l'homme déplut à l'esprit malin, et il
Drusus, —
chargé par l'empereur Auguste en résulta que Dieu ne fit pas les choses aussi
du commandement de l'armée romaine qui bien qu'il l'aurait voulu — Un certain
faisait la guerre en Allemagne. Drusus se pré- Ptolomée soutenait que le grand Être avait
parait à passer l'Elbe, après avoir déjà rem- deux femmes; que, par jalousie, elles se
porté plusieurs victoires, lorsqu'une femme contrariaient sans cesse, et que le mal, tant
majestueuse lui apparut et lui dit « Où cours- :
dans le moral que dans le physique, venait
Drusus? ne seras-tu jamais las de
tu si vite, uniquement de leur mésintelligence, l'une se
vaincre? Apprends que tes jours touchent à plaisant à gâter, à changer ou à détruire tout
leur terme » Drusus troublé tourna bride, ce que faisait l'autre.
fit sonner la retraite , et mourut au bord du
Dufay (Charles-Jérôme de Cisternay), —
Rhin. On vit en même temps deux chevaliers
chimiste, quoique homme de guerre. Il s'oc-
inconnus qui faisaient caracoler leurs chevaux
cupait du grand œuvre, et dépensa beaucoup
autour des tranchées du camp romain, et on
d'argent à la recherche de la pierre philoso-
entendit aux environs des plaintes et des gé-
phai. Il mourut en 1723.
1
Diodore de Sicile.
?
-
Saint-Foix, Essais, etc., t. II. ' Dion Cassius.
3 2 13crtin, Curiosités de la littérature, I", p. 248.
Saint-Foix, Essais sur Paris, t. III, p. 384. t.
EAU — 1 84 — EAU
Duffus. —
roi d'Éco?se. Pendant une ma- songes de la vie et de la mort. Paris, 1615,
ladie de ce prince, on arrêta plusieurs sor- in-12 ;
Lyon. 1620, in-8°.
ciers de son royaume qui rôtissaient, auprès
d'un petit feu, une image faite à la ressem-
Dsigofk. —
partie de l'enfer japonais où
les méchants sont tourmentés suivant le nom-
blance du roi, sortilège qui, selon leurs con-
bre ou la qualité de leurs crimes. Leurs sup-
fessions, causait le mal du monarque. En
plices ne durent qu'un certain temps, au bout
effet, après leur arrestation, la santé de Duf-
l
duquel leurs âmes sont renvoyées dans le
fus se rétablit .
monde, pour animer les corps des animaux
Bulot, — magicien. Voy. Marigny. impurs dont les vices s'accordent avec ceux
Bumons ( Antoine ) , — sorcier du dix- dont ces âmes s'étaient souillées; de là elles
septième siècle, accusé de fournir des chan- passent successivement dans les corps des
delles au sabbat pour l'adoration du diable. animaux plus nobles, jusqu'à ce qu'elles ren-
Dun camus, — voy. PACTE. trent dans les corps humains, où elles peuvent

Dupleix (Scipion), —
conseiller d'État et
mériter ou démériter sur nouveaux frais.

historiographe de France, mort en 1661. Dysers, —


déesses des anciens Celtes que ,

Parmi ses ouvrages très-remarquables, on peut Ton supposait employées à conduire les âmes
voir la Cause de la veille et du sommeil, des des héros au palais d'Odin où ces âmes bu- ,

1
vaient de la bière dans des coupes faites des
Leloyer. Hist. et dise, des spectres, etc., liv. iv,
Ch. 15, p. 369. crânes de leurs ennemis.

E
Éatuas, — dieux subalternes des (Haïtiens, renverser quelques gouttes. Les cabalistes
enfants de leur divinité suprême Taroataihé- peuplent l'eau d'Ondins. Voy. ce mot.
toomoo, et du rocher Lepapa. Les Éatuas, Eau amère (ÉPREUVE DE L'). — Elle avait
dit-on, engendrèrent le premier homme. Ces chez les anciens Juifs
lieu ainsi lorsqu'un :

dieux sont des deux sexes les hommes ado- : homme soupçonnait sa femme en mal, il de-
rent les dieux mâles, et les femmes les dieux mandait qu'elle se purgeât selon la loi. Le
femelles. Ils ont des temples où les personnes juge envoyait les parties à Jérusalem, au
d'un sexe différent ne sont pas admises, quoi- grand consistoire composé de soixante vieil-
qu'ils en aient aussi d'autres où les hommes lards. La femme était exhortée à bien regar-
et les femmes peuvent entrer. Le nom à'Ëatua der sa conscience avant de se soumettre au
est aussi donné à des oiseaux,
tels que le hé- hasard de boire les eaux ameres. Si elle per-
ron et le martin-pècheur.
Les Otaïitens et sistait à dire qu'elle était nette de péché, on
les insulaires, leurs voisins font une atten- , lamenait à la porte du Saint des Saints, et on
tion particulière à ces oiseaux , ils ne les tuent lapromenait afin de la fatiguer et de lui don-
point et ne leur font aucun mal; mais ils ne ner le loisir de songer en elle-même. On lui
leur rendent aucune espèce de culte, et pa- donnait alors un vêtement noir. Un prêtre
raissent n'avoir à leur égard que des idées était chargé d'écrire son nom et toutes les
superstitieuses, relatives à la bonne ou mau- paroles qu'elle avait dites;/ puis, se faisant
vaise fortune, telles que le peuple parmi nous apporter un pot de terre/ il versait dedans
en a sur le rouge-gorge et sur l'hirondelle. avec une coquille la valeur d'urTgrand verre
Les (Haïtiens croient que le grand Éatua lui- d'eau il prenait de la poudre
;
du tabernacle
même est soumis aux génies inférieurs à qui avec du jus d'herbes amères raclait le nom ,

il a donné l'existence, qu'ils le dévorent sou- écrit sur le parchemin et le donnait à boire
,

vent, mais qu'il a le pouvoir de se recréer. à la femme, qui, si elle était coupable, aussi-
Eau. — Presque tous les anciens peuples tôt blêmissait ; les yeux lui tournaient, et elle
ont fait une de cet élément, qui, sui-
divinité ne tardait pas à mourir 1
; mais il ne lui arri-

vant quelques philosophes, était le principe de vait rien si elle était innocente.
toute chose les Guèbres le respectent; un do
: Eau bénite. —
C'est une coutume très-an-
leurs livres sacrés leur défend d'employer cienne dans l'Église, et de tradition apostoli-
l'eau la nuit et de jamais emplir tout à fait un 1
Lelover, Hist. des spectres et des apparitions des
vase d'eau pour la faire bouillir, de peur d'en esprits, liv. IV, ch. 21. p. 408.
EAU 185 ECU
que ?, de bénir par des prières, des exorcis- Eau lustrale. — Eau commune dans la-
mes et des cérémonies, de l'eau dont on fait quelle on éteignait un tison ardent tiré du
des aspersions sur les fidèles et sur les choses foyer des sacrifices. Quand il y avait un mort
qui sont à leur usage. Par cette bénédiction, dans une maison, on mettait à la porte un
l'église demande à Dieu de purifier du péché grand vase rempli d'eau lustrale apportée
ceux qui s'en serviront, d'écarter d'eux les de quelque autre maison où il n'y avait point
embûches de l'ennemi du salut et les fléaux de mort. Tous ceux qui venaient à la maison
de ce monde 2 Dans les constitutions aposto-
. de deuil s'aspergeaient de cette eau en sor-
liques, l'eau bénite est appelée un moyen tant. Les druides employaient l'eau lustrale à
d'expier le péché et de mettre en fuite le dé- chasser les maléfices.
mon. —
On se sert aussi au sabbat d'une eau Ébérard, —
archevêque de Trêves, mort
bénite particulière. Le sorcier qui fait les
en 1067. Ayant menacé les Juifs de les chas-
fonctions sacrilèges qu'on appelle la messe
(
ser de sa ville, si dans un certain temps qu'il
du sabbat) est chargé d'en asperger les assis-
leur accorda pour se faire instruire, ils n'em-
3
tants .

brassaient le christianisme, ces misérables,


Eau bouillante (ÉPREUVE DE l'). — On qui se disaient réduits au désespoir, subor-
l'employait autrefois pour découvrir la vérité
nèrent un sorcier qui, pour de l'argent, leur
dans les tortures qu'on appelait téméraire-
baptisa du nom del'évêque une imagedecire, à
ment jugements de Dieu. L'accusé plongeait attachèrent des mèches et des bou-
laquelle ils
la main dans un vase plein d'eau bouillante
gies ; ils les allumèrent le samedi saint, comme
pour y prendre un anneau suspendu plus ou
le prélat allait donner le baptême. Pendant
moins profondément. Ensuite on enveloppait
qu'il occupé à cette sainte fonction la
était ,

la main du patient avec un linge sur lequel


statue étant à moitié consumée, Ébérard se
le juge et la partie adverse apposaient leurs
sentit extrêmement mal; on le conduisit dans
sceaux. Au bout de trois jours on les levait ;
la sacristie où ( dit la chronique ) il expira
,

s'il ne paraissait point démarques de brûlure,


bientôt après
l'accusé était renvoyé absous. Voy. Épreuves.
Eau —
Pour faire de bonne eau
d'ange.
Éblîs, — nom que les mahométans donnent
d'ange, ayez un grand alambic, dans lequel
au diable. Ils disent qu'au moment de la nais-
sance de leur prophète, le trône d'Éblis fut
vous mettez les drogues suivantes benjoin, :

précipité au fond de enfer, et que les idoles l


quatre onces; styrax, deux onces; sandal
des gentils furent renversées.
cilrin, une once; clous de girofle, deux drach-

mes; deux ou trois morceaux d'iris de Flo- Ébroin. — On


dans Jacques de Vo-
lit ceci

rence; la moitié d'une écorce de citron deux ;


ragine (legenda petite troupe de
\ \ 4) : — Une
noix muscades; cannelle, demi-once; deux pieux cénobites regagnait de nuit le monas-
pintes de bonne eau de roche; chopine d'eau tère. Ils arrivèrent au bord d'un grand fleuve,

de fleurs d'orange; chopine d'eau de mélilot et s'arrêtèrent sur le gazon pour se reposer
;

vous mettez le tout dans un alambic bien un instant. Bientôt ils entendirent plusieurs
scellé et distillé au bain-marie; et cette dis- rameurs qui descendaient le fleuve avec une
tillation sera une eau d'ange exquise k ainsi ,
grande impétuosité. L'un des moines leur de-
nommée parce que la recette en fut ensei- manda qui ils étaient « Nous sommes des :

gnée par un ange démons, répondirent les rameurs, et nous em-


Eau froide (Épreuve de l'). — Elle était
portons aux enfers l'âme d'Ébroïn maire du ,

fort en usage au neuvième siècle, et s'étendait palais, qui tyrannisa la France et qui aban-

non-seulement aux sorciers et aux héréti- donna le monastère de Saint-Gall pour rentrer
ques, mais encore à tout accusé dont le crime dans le monde.
n'était pas évident. Le coupable, ou prétendu Ébron, —
démon honoré à Toùrnay du
tel, était jeté, la main droite liée au pied gau- temps de Clovis. Il est cité parmi les démons
che, dans un bassin ou dans une grande cuve dans le roman de Gode froid de Bouillon, vieux
pleine d'eau, sur laquelle on priait pour poème dont l'auteur était du Hainaut.
qu'elle ne pût supporter un criminel de fa- : Écho. — Presque tous les physiciens ont
çon que celui qui enfonçait était déclaré inno- attribué la formation de l'écho à une réper-
cent. cussion de son, semblable à celle qu'éprouve
1
Le P. Lebrun, Explication des cérém., t. I pl', p. 76. la lumière quand elle tombe sur un corps
2 Bergier, Dict. théolog.
poli. L'écho est donc produit par le moyen
3 Boguet, Discours des sorciers, ch. 22, p. 141, etDe-
lancre , Tableau de l'inconstance des démons etc. d'un ou de plusieurs obstacles qui intercep-
,

liv. vi, dise. 3, p. 457.


* Secrets du Petit Albert, p. 162. 1
Histoire des archevêques de Trêves, ch. 57.

ECL 186 ECL


tent le son et le font rebrousser en arrière. devenaient, par là, plus propres aux sortilè-
Ily a des échos simples et des échos compo- ges des enchanteurs. Pour délivrer la lune de

sés. Dans les premiers on entend une simple son tourment pour éluder la force du
et
répétition du son; dans les autres, on l'en- charme, on empêchait qu'elle n'en entendît
tend une, deux, trois, quatre fois et davan- les paroles en faisant un bruit horrible. Une
tage. Il en est qui répètent plusieurs mots de éclipse annonçait ordinairement de grands
suite les uns après les autres; ce phénomène malheurs, et on voit souvent, dans l'antiquité,
a lieu toutes les fois qu'on se trouve à une des armées refuser de seiattre à cause d'une
distance de l'écho, telle qu'on ait le temps de éclipse. — Au Pérou, quand le soleil s'éclip-
prononcer plusieurs mots avant que la répé- sait, ceux du pays disaient qu'il était fâché
tition du premier soit parvenue à l'oreille. contre eux, et se croyaient menacés d'un
Dans la grande avenue du château de Ville— grand malheur. Ils avaient encore plus de
bertain, à deux lieues de Troyes, on entend un crainte dans l'éclipsé de lune. Ils la croyaient
écho qui répète deux fois un vers de douze malade lorsqu'elle paraissait noire , et ils

syllabes.— Quelques échos ontacquisunesorte comptaient qu'elle mourrait infailliblement si

de célébrité. On cite celui de la vigne Simo- elle achevait de s'obscurcir; qu'alors elle
netta, qui répétait quarante fois le même mot. tomberait du cieL qu'ils périraient tous , et
A Woodstock, en Angleterre, il y en avait que la fin du monde arriverait ;
ils en avaient
un qui répétait le même son jusqu'à cinquante une telle frayeur, qu'aussitôt qu'elle commen-
fois. A quelques lieues de Glascow, en Ecosse, çait à s'éclipser ils faisaient un bruit terrible
il un écho encore plus singulier. Un
se trouve avec des trompettes, des cornets et des tam-
homme joue un air de trompette de huit à dix bours; ils fouettaient des chiens pour les faire
notes; l'écho les répète fidèlement, mais une aboyer, dans l'espoir que la lune qui avait ,

tierce plus bas, et cela jusqu'à trois fois, in- de l'affection pour ces animaux aurait pitié ,

terrompues par un petit silence. Il y eut des — de leurs cris et s'éveillerait de l'assoupisse-
gens assez simples pour chercher des oracles ment que sa maladie lui causait. En même
dans les échos. Les écrivains des derniers siè- temps, les hommes, les femmes et les enfants
cles nous ont conservé quelques dialogues de la suppliaient, les larmes aux yeux et avec de

mauvais goût sur ce sujet. Un amant Dis- — : grands cris, de ne point se laisser mourir, de

moi cruel amour, mon bonheur est-il éva-


, peur que sa mort ne fût cause de leur perte
noui? — L'échu : Oui. — V amant : Tu ne universelle. Tout ce bruit ne cessait que quand
parles pas ainsi quand cœurs,
tu séduis nos la lune, reparaissant, ramenait le calme dans
et que tes promesses les entraînent dans de les esprits épouvantés. —
Les Talapoins pré-
funestes engagements. —
L'écho : Je mens. — tendent que quand la lune s'éclipse c'est un
L'amant Par pitié, ne ris pas de ma peine.

dragon qui la dévore, et que quand
elle re-

Réponds-moi, me reste-t-il quelque espoir ou paraît, c'est le dragon qui rend son dîner. —
non ? —
L'écho : Non. —
L'amant Eh bien : Dans les vieilles mylhologies germaniques,

!

c'en est fait, tu veux ma mort, j'y cours. deux loups poursuivaient sans cesse le soleil

L'écho : Cours. — L'amant : La contrée, in- et la lune; les éclipses étaient des luttes con-
struitede tes rigueurs, ne sera plus assez in- tre ces monstres. — Les Européens crédules
sensée pour dire de toi un mot d'éloges. — aussi regardaient autrefois les éclipses comme
L'écho Déloge
: !

Les anciens Écossais des signes fâcheux; une éclipse de soleil, qui
croyaient que l'écho était un esprit qui se plai- arriva le 4 annoncée comme
3 août 1664, fut
sait à répéter les sons. Voy. Lavisari. l'avant-coureur d'un déluge semblable à ce-
lui qui était arrivé du temps de Noé, ou plu-
Éclairs. —
On rendait autrefois une espèce tôt d'un déluge de feu qui devait amener la
de culte aux éclairs en faisant du bruit avec fin du monde. Cette prédiction épouvanta tel-
la bouche; et les Romains honoraient, sous
lement qu'un curé de campagne (c'est un
le nom de Papysma, une divinité champêtre,
petit conte que nous rapportons), ne pouvant
pour qu'elle en préservât les biens de la suffire à confesser tous ses paroissiens, qui
terre. Les Grecs de l'Orient les redoutent
craignaient de mourir dans cette circonstance,
beaucoup. et sachant que tout ce qu'il pourrait leur dire
Éclipses. — une opinion générale,
C'était de raisonnable à cet égard ne prévaudrait pas
chez les païens, que les éclipses de lune pro- contre les prédictions fâcheuses, fut contraint
cédaient de la vertu magique de certaines pa- de leur annoncer au prône qu'ils ne se pres-
roles, par lesquelles on arrachait la lune du sassent pas tant et que l'éclispe avait été re-
,

ciel, et on l'attirait vers la terre pour la con- mise à quinzaine Dans les Indes on
1

traindre de jeter l'écume sur les herbes, qui ' Legall., Calcnd. véritable, p. 46.
,

ÉCR — \ 7 — ÉCH
estpersuadé quand le soleil et la lune s'é-
,
est évident encore, poursuit Lavater, que cha-
clipsent, qu'un certain démon aux griffes noi- que tableau, que chaque figure détachée, et,
res les étend sur les astres dont il veut se aux yeux de l'observateur et du connaisseur,
saisir; pendant ce temps, on voit les rivières chaque trait conservent et rappellent l'idée du
couvertes de têtes d'Indiens qui sont dans peintre.— Que cent peintres, que tous les
l'eau jusqu'au cou. —
Les Lapons sont con- écoliers d'un même maître dessinent la même
vaincus aussi que les éclipses de lune sont figure, que toutes ces copies ressemblent à
l'ouvrage des démons. —
Les Chinois préten- l'original de la manière la plus frappante,
daient, avant l'arrivée des missionnaires, que elles n'en auront pas moins, chacune, un ca-
les éclipses étaient occasionnées par un mau- ractère particulier, une teinte et une touche
vais génie qui cachait de sa main
le soleil qui les feront distinguer. — Si l'on est obligé
droite et la lune de sa main gauche. Cepen- d'admettre une expression caractéristique pour
dant cette opinion n'était pas générale, puis- îes'ouvrdges W
peinture pourquoi voudrait-
.

que quelques-uns d'entre eux disaient qu'il y on qu'elle disparût entièrement dans les des-
avait au milieu du soleil un grand trou, et sins et dans les figures que nous traçons sur
que, quand la lune se rencontrait vis-à-vis, le papier? Chacun de nous a son écriture pro-

elle devait naturellement être privée de lu- pre, individuelle et inimitable, ou qui du moins
mière. —
Dieu, disent les Persans, tient le ne saurait être contrefaite que très-difficilement
enfermé dans un tuyau qui s'ouvre et se
soleil et très-imparfaitement. Les exceptions sont en
ferme au bout par un volet. Ce bel œil du trop petit nombre pour détruire la règle. — Cette
monde éclaire l'univers et l'échauffé par ce diversité incontestable des écritures ne serait-
trou; et quand Dieu veut punir les hommes elle point fondée sur la différence réelle du ca-
par la privation de la lumière, il envoie i'ange ractère moral ? — Ou objectera que le même
Gabriel fermer le volet, ce qui produit les homme, qui pourtant qu'un seul et même
ma
éclipses. —
Les Mandingues, nègres maho- caractère peut diversifier son écriture. Mais
,

métans qui habitent l'intérieur de l'Afrique, cet homme, malgré son égalité de caractère,
attribuent les éclipses de lune à un chat gi- agit ou du moins paraît agir souvent de mille
gantesque qui met sa patte entre la lune et la manières différentes. De même qu'un esprit
terre; et, pendant tout le temps que dure 1 e- doux se livre quelquefois à des emportements
clipse, ils ne cessent de chanter et de danser de même aussi la plus belle main se permet
en l'honneur de Mahomet. —
Les Mexicains, dans l'occasion une écriture négligée mais
, ;

effrayés, jeûnaient pendant les éclipses. Les alors encore celle-ci aura un caractère tout
femmes se maltraitaient, et les filles se tiraient à fait différent du griffonnage d'un homme qui
du sang des bras. Ils s'imaginaient que la écrit toujours mal. On reconnaîtra la belle
lune avait été blessée par le soleil pour quel- main du premier jusque dans sa plus mau-
que querelle de ménage. vaise écriture, tandis que l'écriture la plus soi-
gnée du second se ressentira toujours de son
Bcrégores, —
pères des géants, suivant un
barbouillage. — Cette de l'écriture
diversité
livre apocryphe d'Énooh. Les anges qu'il
d'une seule et même fait que con-
personne ne
nomme ainsi s'assemblèrent sur le mont lié—
firmer la thèse il résulte de là que la dispo-
mon du temps du partiarche Jared , et s'en- ;

sition d'esprit où nous nous trouvons influe sur


gagèrent par des anathèmes à ne se point
notre écriture. Avec la même encre avec la ,

séparer qu'ils n'eussent enlevé les filles des


même plume, et sur le même papier, l'homme
hommes.
façonnera tout autrement son écriture quand
Écriture. — Art de juger les hommes par il traite une affaire désagréable, ou quand il

leur écriture, d'après Lavater. —Tous les mou- s'entretient cordialement avec son ami. Cha- —
vements de notre corps reçoivent leurs modi- que nation chaque pays chaque ville a son
, ,

fications du tempérament et du caractère. Le écriture particulière, tout comme ils ont une
mouvement du sage n'est pas celui de l'idiot, physionomie et une forme qui leur sont pro-
le port et la marche diffèrent sensiblement du pres. Tous ceux qui ont un commerce de let-
colérique au flegmatique, du sanguin au mé- tres un peu étendu pourront vérifier la justesse
lancolique. —
De tous les mouvements du corps, de cette remarque. L'observateur intelligent
iln'en est point d'aussi variés que ceux de la ira plus loin, et il jugera déjà du caractère de
main et des doigts et, de tous les mouvements
;
son correspondant sur la seule adresse [j'en-
de la main et des doigts, les plus diversifiés sont tends récriture de l'adresse, car le style four-
ceux que nous faisons en écrivant. Le moindre nit des indices plus positifs encore), à peu
mot jeté sur le papier, combien de points, corn- près comme le titre d'un livre nous fait con-
bien de courbes ne renfermc-t-il pas!... Il — naître souvent la tournure d'esprit de l'auteur.
,

ECR — 188 — EDR


— Une belle écriture suppose nécessairement touchant. Les anciens rois d'Angleterre, sui-
une certaine justesse d'esprit, et en particu- vant certains auteurs, avaient ce pouvoir 1
.

lier l'amour de l'ordre. Pour écrire avec une Quand Jacques II fut reconduit de Rochesler à
belle main il faut avoir du moins une veine
, White-Hall, on proposa de lui laisser faire
d'énergie, d'industrie, de précision et de goût, quelque acte de royauté, comme de toucher les
chaque effet supposant une cause qui lui est écrouelles. Il neseprésenta personne. On at- —
analogue. Mais ces gens, dont l'écriture est si tribua aussi aux rois de France le don d'enlever
belle et si élégante , la peindraient peut-être les écrouelles par l'imposition des mains.
encore mieux si leur esprit était plus cultivé Louis XIII, en 1639, toucha, à Fontainebleau,
et plus orné. — On distingue, dans l'écriture, douze cents scrofuleux. On fait remonler cette
la substance et le corps des lettres, leur forme prérogative jusqu'à Clovis. Voy. Lancinet.
et leur arrondissement, leur hauteuret leurlon- Ecureuils. — Les Sirianes, peuplades de la
gueur, leur position , leur liaison, l'intervalle Russie d'Europe, ont pour la chasse de l'écu-
qui les sépare, l'intervalle qui est entre les li-
reuil une superstitieuse idée qu'on ne peut dé-
gnes , la netteté de l'écriture , sa légèreté ou raciner. Ils ne cherchent, dans toute la jour-
sa pesanteur. Si tout cela se trouve dans une née les écureuils qu'au haut des sapins rouges
,

parfaite harmonie il n'est nullement difficile ,


si le premier tué le matin s'est trouvé sur un
de découvrir quelque chose d'assez précis dans arbre de cette espèce et ils sont fermement
le caractère fondamental de l'écrivain. Une — convaincus qu'ils
;

en chercheraient en vain
écriture de travers annonce un caractère faux, ailleurs. Si c'est au contraire sur un sapin syl-
dissimulé, inégal. Il y a la plupart du temps premier écureuil,
vestris qu'ils ont aperçu leur
une analogie admirable entre le langage, la ilsne porteront leurs regards que sur cette
démarche et l'écriture. Des lettres inégales, — sorte d'arbres pendant tout le jour de chasse.
mal jointes mal séparées mal alignées et
,

jetées en quelque sorte séparément sur le pa-


, ,
Édelîne (Guillaume), docteur en théo- —
logiedu quinzième siècle, prieur de Saint-
pier, annoncent un naturel flegmatique, lent,
peu ami de l'ordre et de la propreté. Une — Germain-en-Laye. Il fut exposé et admonesté
publiquement à Évreux, pour s'être donné au
écriture plus liée, plus suivie, plus énergique
diable afin de satisfaire ses passions mondai-
et plus ferme annonce plus de vie plus de ,
nes. Il avoua qu'il s'était transporté au sabbat
chaleur, plus de goût. Il y a des écritures qui
sur un balai 2
;
et que, de sa bonne volonté, il
dénotent la lenteur d'un homme lourd et d'un
hommage
esprit pesant. — Une écriture bien formée ,
avait fait
la forme d'un mouton qu'il lui semblait
à l'ennemi, qui était sous
,
bien arrondie, promet de l'ordre, de la préci-
lors baiser brutalement sous la queue en signe
sion et du goût. Une écriture extraordinaire- 3
de révérence et d'hommage . Le jour du ju-
ment soignée annonce plus de précision et
gement étant arrivé, il fut conduit sur la place
plus de fermeté mais peut-être moins d'es-
,

publique ayant une mitre de papier sur la


prit. —
Une écriture lâche dans quelques-unes ,

tête; l'inquisiteur l'engagea à se repentir, et


de ses parties, serrée dans quelques autres,
lut la sentence qui le condamnait à la prison,
puis longue puis étroite puis soignée puis
, , ,
au pain et à l'eau. « Lors, ledit maître Guil-
négligée , laisse entrevoir un caractère léger,
laume commença à gémir et à condouloir de
incertain et flottant. — Une écriture lancée, des son méfait , criant merci à Dieu , à l'évoque
lettres jetées, pour ainsi dire d'un seul trait, ,
k
et à justice . »
et qui annoncent la vivacité de l'écrivain, dé-
signent un esprit ardent, du feu et des capri- Édris , — nom que les musulmans donnent
ces. — Une écriture un peu penchée sur la à Énoch ou Hénoch sur lequel ils ont forgé ,

droite, et bien coulante, annonce de l'activité diverses tradilions. Dans les guerres conti-

et de la pénétration. Une écriture bien liée nuelles que se faisaient les enfants de Seth et

coulante et presque perpendiculaire promet de Caïn, Hénoch, disent-ils, fut le premier qui
,

de la finesse et du goût. Une écriture originale introduisit la coutume de faire des esclaves ; il

et hasardée d'une certaine façon sans mé- avait reçu du ciel, avec le don de science et de
,

thode mais belle et agréable


, porte l'em- sagesse, trente volumes remplis des connais-

,

preinte du génie, etc. Il est inutile d'obser- sances les plus abstraites; lui-même en corn-
ver combien, avec quelques remarques judi-
1
Polydore Virgile.
cieuses ce système est plein d'exagérations.
,
2Ednctus Bcopam sumere, et inter femora equitis
Voij. Physiognomome. instar ponere, quo volebat brevi niomento, etc. Gaguin,
Écrouelles — Delancre dit que ceux qui liv.
3
x.
Monstrelet, Alain Chartier, à l'année 1453.
naissent légitimement septième mâle, sans mé-
Monstrelet, cité par M. Garinet, Histoire de la
*
langes de (illes, guérissent les écrouelles en les magie en France, p. 1U7.
ÉLÉ — \ ) — ÉLÉ
posa beaucoup d'autres aussi peu connus que A peine le démon l'avait-il flairée, qu'il jetait

les premiers. Dieu l'envoya aux Caïnites pour le possédé par terre et l'abandonnait. Le ma-
les ramener dans la bonne voie mais ceux-ci ;
gicien récitait ensuite des paroles que Salo-
ayant refusé de l'écouter, il leur fit la guerre, mon avait laissées par écrit ; et , au nom de
et réduisit leurs femmes et leurs enfants en es- ce prince , il défendait au démon de revenir
clavage. Les Orientaux lui attribuent l'inven- dans le même corps ;
après quoi il remplis-
tion de couture et de l'écriture, de l'astro-
la sait une cruche d'eau , et commandait audit
nomie de l'arithmétique
,
et encore plus , démon de la renverser. L'esprit malin obéis-
particulièrement de la géomancie. On dit de sait ; ce signe était la preuve qu'il avait quitté
plus qu'il fut la cause innocente de l'idolâtrie. son gîte.

Un de ses amis affligé de son enlèvement


, Éléazar de Gamîza , — auteur hébreu ,
qui
forma de lui, par l'instigation du démon, une a laissé divers ouvrages dont plusieurs ont
représentation si vivement exprimée, qu'il été imprimés , et d'autres sont restés manu-
s'entretenait des jours entiers avec elle et lui ,
scrits. On un Traité de lame,
distingue de lui
rendait des hommages particuliers, qui peu à cité par Pic de La Mirandole dans son livre
peu dégénérèrent en superstition. Voy. HÉ- contre les astrologues, et un Commentaire ca-
NOCH. balistique sur le Pentateuque.
Effrontés, — hérétiques qui parurent dans Éléments. — Les éléments sont peuplés de
la première moitié du seizième siècle. Ils
substances spirituelles, selon les cabalistes.
niaient le Saint-Esprit ,
pratiquaient diverses Le feu est la demeure des salamandres l'air,
;

superstitions, rejetaient lebaptême et le rem- celle des sylphes les eaux, celle des ondins ou
;

plaçaient par une cérémonie qui consistait à nymphes, et la terre celle des gnomes.— Se-
se râcler le front avec un clou jusqu'à effusion lon les démonomanes, les éléments sont abon-
de sang, puis à le panser avec de l'huile. C'est
damment peuplés de démons et d'esprits.
cette marque qui leur restait qui leur a
donner leur nom d'effrontés.
fait
Éléphant. —
On a dit des choses merveil-
leuses de l'éléphant. On lit encore dans de
Egérie, — nymphe qui seconda Numa Pom- vieux livres qu'il n'a pas de jointures, et que,
pilius dans son projet de civiliser les Romains. par cette raison, il est obligé de dormir debout,
Les démonomanes en ont fait un démon suc- appuyé contre un arbre ou contre un mur ;

cube, et les cabalistes un esprit élémentaire, que, s'il tombe, il ne peut se relever. Cette
une ondine selon les uns une salamandre se-
,
erreur a été accréditée par Diodore de Sicile,
lon les autres qui la disent fille de Vesta.
par Strabon et par d'autres écrivains. Pline
Voy. Zoroastre et NlîMA.
dit aussi que l'éléphant prend la fuite lorsqu'il
Bgipans, — démons que les païens disaient entend un cochon et, en effet on a vu en : ,

habiter les bois et les montagnes, et qu'ils 4769 qu'un cochon ayant été introduit dans
,

représentaient comme de petits hommes ve- la ménagerie de Versailles, son grognement


lus, avec des cornes et des pieds de chèvre. causa une agitation si violente à un éléphant
Les anciens parlent de certains monstres de qui s'y trouvait, qu'il eut rompu ses barreaux
Libye, auxquels on donnait le même nom; si l'on immonde.
n'eût retiré aussitôt l'animal
ils avaient un museau de chèvre avec une — iElien conte qu'on a vu un éléphant qui avait
queue de poisson c'est ainsi qu'on repré-
:
écrit des sentences entières avec sa trompe,
sente le capricorne. On trouve cette même et même qui avait parlé ;
Christophe Acosta
figure dans plusieurs monuments égyptiens et assure la même chose l
. Dion Cassius prête à
romains. cet animal des sentiments religieux. Le matin,
Egithe ,

sorte d'épervier boiteux dont ,
dit-il, il salue le soleil de sa trompe ;
le soir
une idée bizarre avait répandu l'opinion chez il s'agenouille ;
et ,
quand la nouvelle lune pa-
les anciens, que sa rencontre était du plus il rassemble des fleurs pour
raît sur l'horizon,
heureux présage pour les nouveaux mariés. lui en composer un bouquet. On sait que les
éléphants ont beaucoup de goût pour la mu-
Élaïs, — Une des filles d'Annius, laquelle,
sique Arrien dit qu'il y en a eu un qui faisait
en qualité de sorcière, changeait en huile tout ;

danser ses camarades au son des cymbales. On


ce qu'elle touchait.
vit à Rome des éléphants danser la pyrrhique,
Éléazar ,
— magicien ,
juif de nation ,
qui
et exécuter des sauts périlleux sur la corde...
attachait au nez des possédés un anneau où
Enfin, avant les fêtes données par Germani-
était enchâssé une racine dont Salomon se
cus, douze éléphants en costume dramatique,
servait) et que Ton présume être la squille ».
1
Thomas Brown, Essais sur les erreurs populaires,
1
Bodin, Démonomanie, etc., liv. I", ch. 3, p. 88. liv. m, ch. 1 er p. 241. ,
-

ELE — 1 90 — ELÉ
exécutèrent nn ballet en action ; on leur servit faisait pas sur M. Smithson l'effet d'un chasseur
ensuite une collation; ils prirent place avec dé- bien habile : les éléphants blancs se trouvent
cence sur des lits qui leur avaient été préparés. en très-petit nombre dans des retraites d'eaux
Les éléphants mâles étaient revêtus de la toge ;
et de bois d'un accès très-difficile. IMais rien
les femelles, de la tunique. Ils se comportèrent ne put changer la résolution de Tungug., qui,
avec toute l'urbanité de convives bien éle- serrant avec reconnaissance une petite somme
vés, choisirent les mets avec discernement, et d'argent dont son maître le gratifia, pari it
ne se firent pas moins remarquer par leur so- avec un arc des flèches
, et une mauvaise ,

briété que par leur politesse 1 Dans le Ben- .


— paire de pistolets. —
M. Smithson, que je vais
gale l'éléphant blanc a les honneurs de la di- laisser parler, me disait donc l'autre soir :

vinité il ne mange jamais


; que dans de la Cinq mois après, je me réveillai au bruit de
«

vaisselle de vermeil. Lorsqu'on le conduit à la tous les tambours de l'armée du roi un tin- ;

promenade dix personnes de distinction portent tamarre affreux remplissait la ville. Je m'ha-
un dais sur sa tête. Sa marche est une espèce bille etdescends dans la rue, où des hommes,
de triomphe, et tous les instruments du pays des femmes, des enfants couraient en poussant
l'accompagnent. Les mêmes cérémonies s'ob- des cris de joie. Je m'informai de la cause de
servent lorsqu'on le mène boire. Au sortir de tous ces bruits; on me répondit que l'éléphant
un seigneur de la cour lui lave les
la rivière, blanc arrivait. Curieux d'assister à la récep-
pieds dans un bassin d'argent. Voici, sur — tion haut personnage je me
de ce grand et ,

l'éléphant blanc, des détails plus étendus :


— ville, que précède une
rendis à la porte de la
Une personne établie à Calcutta depuis deux place immense entourée d'arbres et de canaux;
ans écrivait dernièrement au Sémaphore de la foule Sous un vaste dais,
la remplissait.
Marseille une lettre dont le passage suivant des richement vêtus attendaient l'em-
officiels

rappelle une des plusélrangessuperstitions des pereur, qui a bientôt paru avec tous ses mi-
* peuples de l'Inde. —
« Je veux vous envoyer nistres et ses esclaves on agitait devant lui :

le récit que vient de me faire M. Smithson ,


un vaste éventail de plume. L'éléphant sa- —
voyageur anglais, arrivé tout récemment de cré, arrivé la veille, avait passé la nuit sous
Juthia, capitaledu royaume de Siam. M. Smith- une tente magnifique dont j'apercevais les
son m'a beaucoup amusé aux dépens de ces Sia- banderoles. Peu après, les gongs } les tam-
mois qui continuent toujours à adorer leurs bours, les cymbales retentirent avec leurs sons
éléphants blancs. Depuis plusieurs mois la tris- aigres et perçants ;
j'étais assez commodément
tesse était à la cour et parmi tous les habi- placé ; un cortège de talapoins commença à
tants de Juthia un seul éléphant blanc avait
: défiler, ces prêtres avaient l'air grave et s'a-

survécu à une espèce de contagion qui s'était vançaient lentement; une triple rangée de
glissée dans les écuries sacrées. Le roi fit pu- soldats entourait le noble animal, qui avait
blier à son de trompe qu'il donnerait dix es- un air maladif et marchait difficilement. — On
claves , autant d'arpents de terre qu'un élé- cria à mes côtés : Voilà celui qui l'a pris. —
phant pourrait en parcourir dans un jour, et Je regardai et vis un petit homme borgne et
une de ses filles en mariage à l'heureux Sia- bossu, qui tenait un des nombreux rubans do-
mois qui trouverait un autre éléphant blanc. rés passés au cou de l'éléphant ; cet homme
— M. Smithson avait pris à son service, pour était mon domestique, Tungug-Poura. Le voilà
lui faire quelques commissions dans la ville ,
donc gendre du roi. Il vint me voir un jour en
un pauvre hère borgne bossu tout exténué , ,
palanquin et me parut fort content de sa nou-
de misère, qui s'appelle Tungug-Poura. Ce velle position. — L'éléphant blanc ,
qui a fait
Tungug-Poura avait touché le cœur compa- sa fortune, se présenta à lui à cinquante jour-
tissant du voyageur anglais, qui l'avait fait la- nées de marche de Juthia, dans un marais où il
ver, habiller, et le nourrissait dans sa cuisine. était couché, abattu par une fièvre à laquelle

Tungug, malgré sa chélive et slupide appa- les animaux de cette espèce sont sujets ; car
rence, nourrissait une vaste ambition dans sa leur couleur blanche est , comme on sait , le

chemise de toile, son unique vêtement il en- ;


résultat d'une maladie. Tungug-Poura s'ap-
tendit la proclamation de l'empereur de Siam, procha de l'éléphant , le nettoya , versa de
et d'un air recueilli, se présenter à
vint, l'eau sur les plaies et les boutons du dos , et

M. Smithson, qui rit beaucoup en l'entendant prodigua tellement ses soins et ses caresses à

lui déclarer qu'il allait chercher un éléphant l'intelligente bête que celle-ci lécha Tungug
blanc, et qu'il était ne
décidé à mourir s'il de sa trompe , et se mit à le suivre avec la
trouvait pas l'animal sacré. Tungug-Poura ne docilité d'un petit chien. Tungug est ainsi
parvenu, favorisé d'abord par un hasard
1
M. Salgucs, Des Erreurs, etc. t. III, p. 196. presque inespéré, à s'emparer d'un éléphant
ÉLI — 11 — EMB
blanc. Le pauvre bossu a maintenant des es- prenant tous les matins une cuillerée. Ce si-
claves , et possède la princesse dont le nom rop prolonge la vie, rétablit la santé contre
signifie en langue siamoise les yeux de la toutes sortes de maladies, même la goutte,

nuit. » dissipe la chaleur des entrailles ; et quand il

Elfes , — génies Scandinaves. On croit


ne resterait dans le corps qu'un petit morceau
de poumon et que le reste serait gâté, il
aux bords de la Baltique ,
qu'il y a un roi
maintiendrait le bon et rétablirait le mauvais
des Elfes ,
qui règne à la fois sur l'île de ;

guérit les douleurs d'estomac, la sciatique,


Stern, sur celle de Mœ et sur celle de Rugen.
il

les vertiges, la migraine, et généralement les


a un char attelé de quatre étalons noirs. Il
Il

s'en va d'une île à l'autre en traversant les douleurs internes. — Ce secret a été donné
par un pauvre paysan de Calabre à celui qui
airs ; alors on distingue très-bien le hennisse-
ment de ses chevaux, mer est toute noire,
et la
fut nommé par Charles-Quint pour général
Ce roi a une grande armée à ses ordres ses
de cette belle armée navale qu'il envoya en
;

soldats ne sont autre chose que les grands Barbarie. Le bonhomme était âgé de cent
chênes qui parsèment l'île. Le jour ils sont trente-deux ans, à ce qu'il assura à ce géné-
ral, lequel était allé loger chez lui et, le voyant
condamnés à vivre sous une écorce d'arbre ;

mais reprennent leur casque et d'un si grand âge, s'informa de sa manière


la nuit, ils

leur épée, et se promènent fièrement au clair


de vivre et de plusieurs de ses voisins, qui
de la lune. Dans
temps de guerre le roiles ,
étaient presque tous âgés comme lui f, On —
conte qu'un charlatan apporta un jour à l'em-
les assemble autour de lui. On les voit errer
pereur de la Chine Li-con-pan, un élixir mer-
au-dessus de la côte, et alors malheur à celui
veilleux, et l'exhorta à le boire, en lui pro-
qui tenterait d'envahir le pays 1 Voy. Danses !

DES ESPRITS. mettant que ce breuvage le rendrait immortel.


Un ministre, qui était présent, ayant tenté
Éligor,— le même qu'Abigor. Voy. Abigor.
inutilement de désabuser le souverain, prit la
Blînas,— roi d'Albanie. Voy. Mélusine. coupe et but la liqueur. Li-con-pan, irrité de
Élixir de vie. — L'éxilir de vie n'est autre cette hardiesse, condamna à mort le manda-
chose, selon Trévisan, que la réduction de la rin, qui lui dit d'un air tranquille : « Si ce
pierre philosophale en eau mercurielle on ; breuvage donne l'immortalité vous ferez de ,

l'appelle aussi or potable. Il guérit toutes sor- vains efforts pour me faire mourir et s'il ne ;

tes de maladies et prolonge la vie bien au la donne pas, auriez-vous l'injustice de me


delà des bornes ordinaires. L'élixir parfait faire mourir pour un si frivole larcin ? » Ce
ou rouge change le cuivre, le plomb, le fer et discours calma l'empereur, qui loua la sa-
tous les métaux en or plus pur que celui des gesse et la prudence de son ministre 2 .

mines. Vélixir parfait au blanc, qu'on ap-


Éloge de l'Enfer, — ouvrage critique
pelle encore huile de talc, change tous les
historique et moral; nouvelle édition, La
métaux en argent très-fin. Voici la recette — Haye , 1759 , 2 vol. in-42 ,
fig. — C'est un
d'un autre élixir de vie. Pour faire cet élixir,
livre satirique très-pesamment écrit.
prenez huit livres de suc mercuriel, deux li-
vres de suc de bourrache, tiges et feuilles,
Élossite, — pierre qui a la vertu de guérir
les maux de tête. On ne sait pas trop bien où
douze de miel de Narbonne ou autre,
livres
elle se trouve.
le meilleur du pays; mettez le tout à bouillir

ensemble un bouillon pour l'écumer, passez- Elxaï ou Elcésaï , — chef des elcésaïtes
le par la chausse à hypocras, et clarifiez- hérétique du deuxième siècle, qui faisait du
le. Mettez à part infuser, pendant vingt-qua- Saint-Esprit une femme, et qui proposait une
tre heures, quatre onces de racine de gentiane liturgie dont les prières étaient des jure-
coupée par tranches dans trois chopines de ments absurdes.
vin blanc, sur des cendres chaudes, agitant de Émaguinquilliers , — race de géants, ser-
temps en temps vous passerez ce vin dans; viteurs d'Iamen, dieu de la mort chez les In-
un linge sans l'exprimer; mettez cette cola- diens. Ils sont chargés de tourmenter les
ture dans lesdits sucs avec le miel, faisant méchants dans les enfers.
bouillir doucement le tout et cuire en consis-
tance de sirop vous le ferez rafraîchir dans
Embarrer, — VOy. LIGATURES.
;

une terrine vernisée, ensuite le déposerez Embungala , — prêtre idolâtre du Congo.


Ilpasse chez les noirs de ces contrées pour
dans des bouteilles que vous conserverez en
un si grand sorcier,* qu'il peut d'un coup de
un lieu tempéré pour vous en servir, en en
,

1 Admirables secrets du Petit Albeit, p. 165.


* Marmier, Traditions de la Baltique. 2 Bibliothèque de société, t. III.
,, ,

EMP — 19 l — ENC
sifflet devant lui qui bon lui semble,
faire venir formes, de chien, de femme, de bœuf, de vi-
s'en servir comme d'un esclave, et le vendre père, qui a le regard atroce, un pied d'âne
même s'il le juge à propos. et un pied d'airain, une flamme autour de la

Émeraude. — La superstition a long- temps tête, et qui ne cherche qu'à faire du mal. —
attribué à cette pierre des vertus miracu- Les paysans grecs et russes, qui ont conservé
leuses, telles entre autres que celles d'empê- des idées populaires attachées à ce monstre
cher les symptômes du mal caduc, et de se tremblent au temps des foins et des moissons
briser lorsque la crise est trop violente pour à la seule pensée de l'Empuse, qui, dit-on ,

qu'elle puisse la vaincre. La poudre de franche rompt bras et jambes aux faucheurs et aux
émeraude arrêtait disait-on la dyssenterie
, , moissonneurs s'ils ne se jettent la face en
et guérissait la morsure des animaux veni- terre lorsqu'ils l'aperçoivent, On dit même en
meux. Les peuples de la vallée de Manta, au Russie qne l'Empuse et les démons de midi
Pérou, adoraient une émeraude grosse comme qui sont soumis à cet horrible fantôme, par-
un œuf d'autruche, et lui offraient d'autres courent quelquefois les rues à midi en habits
émeraudes. de veuve, et rompent les bras à ceux qui
Emma, —
fille de Richard II, duc de Nor- osent les regarder en face. Le moyen de —
mandie. Cette princesse épousa Élhelred roi ,
conjurer l'Empuse et de s'en faire obéir chez

d'Angleterre et en eut deux fils dont l'un les anciens, c'était de lui dire des injures;
,

régna après la mort de son père c'est saint ;


,

chacun a ses goûts. —


Vasco de Gama , cité
Edouard. Ce prince écoutait avec déférence par Leloyer *, rapporte qu'il y a dans la ville
les pieux avis de sa mère mais Godwin ;
de Calicut un temple consacré à des démons
comte de Kent, qui était son ministre, et qui qui sont des espèces d'Empuses. Personne

voyait avec peine son autorité partagée avec n'ose entrer dans ces temples, surtout le mer-

Emma chercha à perdre cette princesse il


, :
credi, qu'après que le midi est passé car si ;

l'accusa de différents crimes, et il eut l'adresse on y entrait à cette heure-là, on mourrait à


de faire appuyer son accusation par plusieurs l'instant même.
seigneurs mécontents comme lui du pouvoir Énarque. —
Il revint de l'autre monde ( ou

d'Emma. Le roi dépouilla sa mère de toutes d'une syncope) après avoir passé plusieurs
ses richesses. — La princesse eut recours à jours en enfer, et raconta à Plutarque lui-
Alvvin, évêque de Winchester, son parent. même tout ce qui concernait Pluton ,
Minos,
2
Le comte de Kent, voulant écarter un protec- Éaque, les Parques, etc. .

teur aussi puissant, accusa la princesse d'un Encens. — « En la région Sachalite ,


qui
commerce infâme avec ce prélat : cette odieuse n'est autre que le royaume de Tartas, l'en-
accusation ,
appuyée par les ennemis de la cens qui s'y recueillait se mettait à grands
princesse et de l'évèque , fit impression sur monceaux en certaine place, non loin du port,
l'esprit d'Édouard ; il eut la faiblesse de mettre où marchands abordaient. Cet encens n'é-
les
sa mère en jugement condamnée à se
, elle fut taitgardé de personne, parce que le lieu était
purger par l'épreuve du feu. La coutume — assez gardé des démons; et ceux qui abor-
de ce temps-là voulait que l'accusé passât nu- daient près de la place n'eussent osé, en ca-
pieds sur neuf coutres de charrue rougis au chette ni ouvertement, prendre un seul grain
feu, et la condamnation portait qu'Emma fe- d'encens et le mettre en leur navire sans la
neuf pas pour elle-même
rait sur ces coulres licence et permission expresse du prince au- ;

et cinq pour l'évèque de Winchester elle :


trement leurs navires étaient retenus par la
passa en prières la nuit qui précéda cette puissance secrète des démons, gardiens de
périlleuse épreuve; puis elle marcha sur les l'encens, et ne pouvaient se mouvoir ni partir
neuf coutres au milieu de deux évèques du port 3 » .

habillée comme une simple bourgeoise et les Enchantements. — On entend par enchan-
jambes nues jusqu'aux genoux. Le feu ne lui
tement l'art d'opérer des prodiges par des pa-
tit aucun mal de sorte que son innocence
, fut roles chantées mais on a beaucoup étendu le
;

reconnue. sens de ce mot. —


On voyait, au rapport de
Émodes , — démon de Madeleine de La Léon l'Africain tout au haut des principales
,

Palud. Voy. Gaifridi. tours de la citadelle de Maroc, trois pommes

Emole ,
— génie que les basilidiens invo-
d'or d'un prix inestimable, si bien gardées par

quaient dans leurs cérémonies magiques.


enchantement que les rois de Fez n'y ont

Gmpuse, —
démon de midi, qu'Aristophane, 1
Histoire des spectres, etc., liv. in, ch. 14.
dans sa comédie des Grenouilles, représente 2 M.Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t. I
er
, p. 313.

comme un spectre horrible, qui prend diverses 3


Leloyer, Disc, et hist. des spectres, p. 415.
ma — 1 * — EN F
jamais pu toucher, quelques efforts qu'ils aient Snergumène. — On appelait énergumènes
faits. Ces pommes d'or ne sont plus. Marc — ceux qui étaient possédés du démon.
Paul conte que des Tartares ayant pris huit Enfants. — Croirait- on que des savants en
insulaires de Zipangu, avec qui ils étaient en démence et des médecins sans clientèle ont
guérie, se disposaient à les décapiter; mais recherché les moyens de s'assurer du sexe
ils n'en purent venir à bout, parce que ces d'un enfant qui n'était pas né et qu'on a ,

insulaires portaient au bras droit, entre cuir fait, autour de ce thème absurde, des livres
et chair, une petite pierre enchantée qui les niais qui trouvent des lecteurs? Voy. Sexe.
rendait insensibles au tranchant du cimeterre ; Enfants ,
— VO\J. SEXE.
de sorte qu'il fallut les assommer pour les Enfants du Diable — ,CAMBIONS.VOlJ.
faire mourir. Voy. Paroles magiques, Char-
Eufers, — lieux inférieurs où méchants les
mes, Fascination Tour enchantée, etc.
,
subissent après leur mort le châtiment dû à
On entend souvent par enchantement quelque leurs crimes. Nier qu'il y ait des peines et
chose de merveilleux. Les arts ont aussi pro-
des récompenses après le trépas , c'est nier
duit des enchantements, mais naturels et re-
l'existence de
Dieu ne peut être
;
puisqu'il
gardés comme œuvre de magie, par ceux-là que nécessairement juste. Mais les tableaux
seuls qui lui attribuent gratuitement tout ce
que certains poètes et d'autres écrivains nous
qui est extraordinaire. — M. Van Estin, dit
ont faits des enfers ont été souvent les fruits
Decremps dans sa Magie blanche dévoilée
, ,
de l'imagination. On doit croire ce que l'église
nous fit voir son cabinet de machines. Nous enseigne sans s'égarer dans des détails que
,

entrâmes dans une salle bien éclairée par ,

de grandes fenêtres pratiquées dans le dôme.


Dieu n'a pas jugé à propos de révéler. Les —
anciens, la plupart des modernes, et surtout
« Vous voyez, nous dit-il tout ce que j'ai pu
,
les cabalistes, placent les enfers au centre de
rassembler de piquant et de curieux en mé-
la terre. Le docteur Swinden, dans ses re-
caniques » cependant, nous n'apercevions de
;
cherches sur le feu de l'enfer, prétend que
tout côté que des tapisseries sur lesquelles l'enfer est dans le soleil parce que le soleil ,

étaient représentées des machines utiles, telles


est le feu perpétuel. Quelques-uns ont ajouté
que des horloges, des pompes, des pressoirs,
que les damnés entretiennent ce feu dans une
des moulins à vent, des vis d'Archimède, etc. activité continuelle, et que les taches qui pa-
& Toutes ces pièces ont apparemment beau-
raissent dans le disque du soleil après les ,

coup de valeur, dit en riant M. Hill elles ;


grandes catastrophes, ne sont produites que
peuvent récréer un instant la vue mais il ,
par l'encombrement... Dans Milton (c'est —
paraît qu'elles ne produiront jamais de grands du moins de la poésie ) l'abîme où fut préci-
effets par leurs mouvements. » M. Van Estin
pité Satan est éloigné du ciel trois fois autant
• répondit par un coup de sifflet: aussitôt les que le centre du monde l'est de l'extrémité
quatre tapisseries se lèvent et disparaissent du pôle, c'est-à-dire, selon les calculs des
nos yeux éblouis voient
la salle s'agrandit, et
astronomes, à 990,000,000 de lieues 1 .

humaine a inventé de plus


ce que l'industrie L'enfer de Milton est un globe énorme en- ,

étonnant: d'un côté, des serpents qui ram- touré d'une triple voûte de feux dévorants il ;

pent, des fleurs qui s'épanouissent, des oi- est placé dans le sein de l'antique chaos et
seaux qui chantent; de l'autre des cygnes ,
de la nuit informe. On y voit cinq fleuves le :

qui nagent, des canards qui mangent et qui Styx source exécrable consacrée à la Haine
,
;
digèrent, des orgues jouant d'elles-mêmes et l'Achéron, fleuve noir et profond qu'habite la
des automates quidu clavecin.
touchent
Douleur le Cocyle, ainsi nommé des sanglots
;

M. Van Estin donna un second coup de sifflet,


et tous les mouvements furent suspendus. — perçants qui retentissent sur ses funèbres ri-
vages ; le fougueux Phlégéton , dont les flots
Un instant aprèsnous vîmes un canard na-
,
précipités en torrents de feu portent la rage
geant et barbotant dans un vase au milieu ,
cœurs ; et le tranquille Léthé qui
dans les ,

duquel était un arbre. Plusieurs serpents ram- roule dans un lit tortueux ses eaux silen-
paient autour du tronc , et allaient successi-
cieuses. — Au delà de ce fleuve s'étend une
vement se cacher dans les feuillages. Dans zone déserte, obscure et glacée, perpétuelle-
une cage voisine, étaient deux serins qui ment battue des tempêtes et d'un déluge de
chantaient en s'accompagnant, un homme qui
grêle énorme qui loin de se fondre en tom-
,

jouait de la flûte, un autre qui dansait, un


bant s'élève en monceaux semblable aux
, ,

petit chasseur et un sauteur chinois, tous


ruines d'une antique pyramide. Tout autour
artificiels et obéissant au commandement.
1 Le poète dit que la chute de Satan dura neuf jours
Voy. Mécanique. :

d'où il suivrait que Satan aurait lait 1,200 lieues par


Encbiridion, — Voy. LÉON. seconde.
, ,

ENF 194 — ENF


sont des gouffres horribles , des abîmes de pelle les habitants des ombres éternelles, le
neige et de glace. Le froid y produit les effets Tartarc s'ébranle dans ses gouffres noirs et
du feu, et l'air gelé brûle et déchire. C'est là profonds; l'air ténébreux répond par de longs
qu'à certains temps fixés tous les réprouvés gémissements. Soudain les puissances de l'a-
sont traînés par les Furies aux ailes de Har- bîme accourent à pas précipités quels spec- :

tourments
pies. Ils ressentent tour à tour les tres étranges, horribles épouvantables La ,
!

des deux extrémités dans la température ,


terreur et la mort habitent dans leurs yeux ;

tourments que leur succession rapide rend quelques-uns, avec une figure humaine, ont
encore plus affreux. x\rrachés de leur lit de des pieds de bêtes farouches leurs cheveux ;

feu dévorant, ils sont plongés dans des mon- sont entrelacés de serpents leur croupe im- ;

ceaux de glaces immobiles, presque éteints, mense et fourchue se recourbe en replis tor-

;

ils languissent, ils frissonnent et sont de nou- tueux. On voit d'immondes Harpies des ,

veau rejetés au milieu du brasier infernal. Ils Centaures, des Sphinx, des Gorgones, des
vont et reviennent ainsi de l'un à l'autre sup- Scylles qui aboient et dévorent des Hydres, ;

plice et, pour le combler, ils franchissent à


,
des Pythons, des Chimères qui vomissent des
chaque fois le Léthé : ils s'efforcent , en le torrents de flamme et de fumée; des Poly-
traversant, d'atteindre l'onde enchanteresse ;
phèmes, des Géryons mille monstres plus ,

ils n'en désireraient qu'une seule goutte, elle bizarres que jamais n'en rêva l'imagination
suffirait pour leur dans un doux faire perdre, mêlés et confondus ensemble. Ils se placent
oubli, le sentiment de tous leurs maux. Hélas ! les uns à la gauche les autres à la droite de
,

Méduse aux regards terribles, à la têle hé-


, leur sombre monarque. Assis au milieu d'eux,
rissée de serpents, s'oppose à leurs efforts ; il tient d'une main un sceptre rude et pesant ;

et, semblable à celle que poursuivait si vai- son front superbe, armé de cornes, surpasse
nement Tantale, l'eau fugitive se dérobe aux en hauteur le roc le plus élevé, l'écueil le plus
lèvres qui l'aspirent... A la porte de l'enfer — sourcilleux : Calpé, l'immense Atlas lui-même,
sont deux figures effroyables : l'une qui re- ne seraient auprès de lui que de simples col-
présente une femme jusqu'à la ceinture, finit lines *. — Une horrible majesté empreinte
en une énorme queue de serpent , recourbée sur son farouche aspect accroît la terreur et
à longs replis écailleux et armée à l'extré- , , redouble son orgueil. Son regard tel qu'une ,

mité d'un aiguillon mortel. Autour de ses


, funeste comète, brille du feu des poisons dont
reins est une meute de chiens féroces ,
qui ses yeux sont abreuvés. Une barbe longue ,

sans cesse ouvrant leur large gueule de Cer- épaisse , enveloppe son menton et
hideuse ,

bères frappent perpétuellement les airs des


,
descend sur sa poitrine velue sa bouche dé- ;

plus odieux hurlements. Ce monstre est le gouttante d'un sang impur s'ouvre comme un
Péché, fille sans mère, sortie du cerveau de vaste abîme de cette bouche empestée s'ex-
:

Satan ; il tient les clefs de l'enfer. L'autre halent un souffle empoisonné et des tourbil-
figure ( si l'on peut appeler ainsi un spectre lons de de fumée. Ainsi l'Etna, de
flamme et
informe , un fantôme dépourvu de substance ses flancs embrasés, vomit avec un bruit af-
et de membres distincts )
, noire comme la freux de noirs torrents de soufre et de bitume.
nuit, féroce comme les Furies, terrible comme Au son de sa voix terrible l'abîme tremble .
,

l'enfer, agite un dard redoutable ; et ce qui Cerbère se tait épouvanté, l'Hydre est muette,
semble être sa tête porte l'apparence d'une le Cocyte s'arrête immobile
2 Voici quel- .

couronne royale. Ce monstre est la Mort, fille ques voyages aux enfers, empruntés aux
de Satan et du Péché. Nous suivons tou- — chroniqueurs du moyen âge et qui sont moins
jours Milton ce grand poète. Après que le
, agréables que les tableaux des poètes, mais
premier homme fut devenu coupable, la Mort qui ont pourtant aussi leur charme de naïveté.
et le Péché construisirent un solide et large — Le landgrave de Thuringe venait de mou-
chemin sur l'abime. Le gouffre enflammé reçut rir. Il laissait après lui deux fils à peu près

patiemment un pont, dont l'étonnante lon- du même âge, Louis et Hermann. Louis, qui
gueur s'étendit clu bord des enfers au point qui était l'aîné et le plus religieux (puisqu'il
le plus reculé de ce monde fragile. C'est à est mort dans la première croisade ), publia
l'aide de cette facile communication que les cet édit après les funérailles de son père
,
:

esprits pervers passent et repassent sur la « Si quelqu'un peut m'apporter des nouvelles
terre pour corrompre ou punir les hommes. certaines de l'état où se trouve maintenant
— Mais séjour des réprouvés est un sé-
si le l'âme de mon père, je lui donnerai une bonne
jour hideux ses hôtes ne le sont pas moins.
,
1
Milton donne à Satan quarante mille pieds de haut.
Citons à présent le Tasse. Quand d'un son 2 Et phlegetontete requiertint murmura ripa;.
rauque et lugubre l'infernale trompette ap- Cl.UUHKN.
,

ENF — 1 ) — ENF
ferme.... » Un pauvre soldat, ayant entendu toi ce malheureux prince qui fut ton maître ,

parler de cette promesse, alla trouver son et maintenant n'avoir jamais


qui voudrait
frère, qui passait pour un clerc distingué, et régné.... » Le clerc répondit « Votre fils est :

qui avait exercé pendant quelque temps la curieux de savoir çe que vous faites ici, et s'il
nécromancie il chercha à le séduire par l'es-
;
peut vous aider en quelque chose? Tu sais —
poir de la ferme qu'ils partageraient amica- où j'en suis, reprit l'âme du landgrave, je n'ai
lement. « J'ai quelquefois évoqué le diable guère d'espérance; cependant, si mes fils
répondit le clerc , et j'en ai tiré ce que j'ai veulent restituer certaines possessions que je
voulu mais le métier de nécromancien est
;
te vais nommer, et qui m'appartenaient in-
trop dangereux et il y a long-temps que j'y , justement, ils me soulageront. » Le clerc ré-
ai renoncé.' » Cependant l'idée de devenir pondit « Seigneur, vos fils ne me croiront
:

riche surmonta les scrupules du clerc il ap- : pas. —


Je vais te dire un secret, répliqua le
pela le diable, qui parut aussitôt, et demanda landgrave, qui n'est connu que de moi et de
ce qu'on lui voulait. « Je suis honteux de mes fils. » En même temps il nomma les pos-
abandonné depuis tant de temps ré-
t'a voir , sessions qu'il fallait restituer, et il donna le
pondit finement le nécromancien; mais je re- secret qui devait prouver la véracité du clerc.
viens à toi. Indique-moi, je te prie où est — Après cela, l'âme du landgrave rentra dans

,

1 ame du landgrave, mon ancien maître ? le gouffre; le puits se referma, et le nécro-


Si tu veux venir avec moi, dit le diable, je te mancien revint dans la Thuringe, monté sur
la montrerai. — J'irais bien, répondit le clerc, son démon. Mais , à son retour de l'enfer, il

mais je crains trop de n'en pas revenir. Je — était si défait et si pâle ,


qu'on avait peine à
te jure par le Très-Haut et par ses décrets , le reconnaître. Il raconta aux princes ce qu'il
formidables, dit le démon, que si tu te fies à avait vu et entendu ; et cependant ils ne vou-
moi je te conduirai sans méchef auprès du
,
lurent point consentir à restituer les posses-
landgrave, et que je te ramènerai ici Le sions que leur père
les priait de rendre. Seu-
nécromancien, rassuré par un serment aussi lement landgrave Louis dit au clerc « Je
le :

solennel monta sur les épaules du démon


, ,
reconnais que tu as vu mon père et que tu ,

qui prit son vol et le conduisit à l'entrée de ne me trompes point; aussi te vais-je donner
l'enfer. Le clerc eut le courage de considérer la récompense que j'ai promise. Gardez —
à la porte ce qui s'y passait, mais il n'eut pas votre ferme, répondit le clerc; pour moi je
la force d'y entrer. Il n'aperçut qifun pays ne dois plus songer qu'à mon salut. » Et il se
horrible et des damnés tourmentés de mille
, moine de Cîteaux K
fit On voit que le lé- —
manières. Il remarquasurtout un grand diable, gendaire ne désigne pas bien si les lieux que
d'un aspect effroyable assis sur l'ouverture , son héros a cru visiter sont le purgatoire ou
d'un puits, qui était fermé d'un large cou- l'enfer. Citons encore un bon religieux anglais
vercle, et ce spectacle le fit trembler. Cepen- dont le voyage a été écrit par Pierre-le-Vé-
dant le grand diable cria au démon qui por- nérabîe, abbé de Cluni, et par Denys-le-Char-
tait le clerc : « Que portes-tu là sur tes treux 2 Ce voyageur parle à la première
.

épaules? viens ici que je te décharge. Non, — personne « J'avais saint Nicolas pour con-
:

répondit le démon celui que je porte est un ; ducteur, dit-il; il me fit parcourir un chemin
de mes amis je lui ai juré que je ne lui cau-
;
plat jusqu'à un espace immense, horrible,
serais aucun mal ;
et je lui ai promis que vous peuplé de défunts qu'on tourmentait de mille
auriez la bonté de lui faire voir l'âme du manières affreuses. On me dit que ces gens-là
landgrave , son ancien maître , afin qu'à son n'étaient pas damnés, que leur supplice fini-
retour dans le monde il publie partout votre rait avec le temps, et que je voyais le purga-
puissance. » Le grand diable ouvrit alors son toire. Je ne m'attendais pas à le trouver si
puits, sonna du cornet 2 avec tant de vi-
et rude tous ces malheureux pleuraient à chau-
;

gueur et de force que la foudre et les trem- ,


des larmes et poussaient de grands gémisse-
blements de terre ne seraient qu'une musique ments. Depuis que j'ai vu toutes ces choses ,

fort douce en comparaison. En même temps je sais bien que si j'avais quelque parent dans
le puits vomit des torrents de soufre enflammé, le purgatoire je souffrirais mille morts pour
et, au bout d'une heure, l'âme du landgrave, l'en tirer. — ,

Un peu plus loin j'aperçus une ,

qui remontait du gouffre au milieu des tour- vallée où coulait un épouvantable fleuve de
billons étincelants, montra sa tète au-dessus feu qui s'élevait en tourbillons à une hauteur
du trou , et dit au clerc « Tu vois devant .

1 Césarius. moine d'Heisterbach, de l'ordre de Cî-


r
Juro tibi per Altissimum et per tremendum ejus
1
, teaux, Miracles illustres, liv. i ch. 34. ,
,

judicium quia, si fidei meae te commiseris, etc. 2


Pelri Vencrabilis, de miracul., et Dyonisii carthu-
2 Buccinavit tam valide. siani, De quatuor novissimis, at\. 47.

13.
,,

ENF — \ ') — ENF


énorme. Au bord de ce fleuve i! faisait un vertueuses, formaient la quatrième division
froid si glacial qu'il est impossible de s'en des enfers ; il traverser l'Érèbe pour y
fallait

faire une idée. Saint Nicolas m'y conduisit parvenir. — Chez les juifs modernes, lesjustes
et me fit remarquer les patients qui s'y trou- seront heureux les méchants seront tour-
,

vaient, en me disant que c'était encore le mentés en enfer, et ceux qui sont dans un
purgatoire. — En pénétrant plus avant, nous état mitoyen, tant juifs que gentils, descen-
arrivâmes en enfer. C'était un champ aride dront dans un abîme avec leurs corps, et ils
couvert d'épaisses ténèbres, coupé de ruis- pleureront pendant douze mois, en montant et
seaux de soufre bouillant on ne pouvait y ; en descendant d'un lieu moins pénible à un
faire un pas sans marcher sur des insectes lieu plus rigoureux. Après ce terme leurs ;

hideux, difformes, extrêmement gros et jetant corps seront consumés, leurs âmes brûlées,
du feu par les narines. Ils étaient là pour le et le vent
les dispersera sous les pieds des

supplice des pécheurs qu'ils tourmentaient justes.Les rabbins ajoutent que le premier ,

de concert avec les démons. Ceux-ci, avec des jour de l'an, Dieu fait un examen du nombre
crochets happaient les âmes punies et les
,
et de l'état des âmes qui sont en enfer. —
jetaient dans des chaudières où ces âmes se , L'enfer des Romains était divisé en sept, pro-
fondaient avec les matières liquides; après vinces différentes : la première renfermait les

cela on leur rendait leur forme pour de nou- enfants mort-nés , comme ne devant être ni
velles tortures. —
Ces tortures se faisaient en récompensés ni punis ia seconde était des- ;

bon ordre et chacun était tourmenté selon tinée aux innocents condamnés à mort la ;

ses crimes. » —
Il voit ensuite des prélats, des troisième logeait les suicides dans la qua- ;

chevaliers des dames


,
des religieux des
, , trième erraient les parjures la cinquième ;

princes. Mais toutes ces relations se ressem- province était habitée par les héros dont la
blent un peu. Voy. Vétin, Bertiiold, Charles- gloire avait été souillée par la cruauté la ;

le-Chauve, Engelbrecht, etc. — Il serait sixième était le Tartare ou lieu des tour-
très-long de rapporter les sentiments des dif- ments et la septième les Champs-Élysées
,

férents peuples sur l'enfer. — Les Druses di- comme chez les Grecs. L'enfer des mu- —
sent que tout ce qu'on mangera dans les enfers sulmans a sept portes, et chacune a son sup-
aura un goût de fiel et d'amertume et que , plice particulier. Cet enfer est rempli de tor-
les damnés porteront sur la tète , en signe rents de feu et de soufre, où les damnés chargés
d'une éternelle réprobation, un bonnet de poil de chaînes de soixante-dix coudées seront
de cochon d'un pied et demi de long. Les — plongés et replongés continuellement par de
Grecs représentaient l'enfer comme un lieu mauvais anges. A chacune des sept portes il
vaste et obscur, partagé en plusieurs régions, y a une garde de dix-neuf anges toujours ,

l'une affreuse où l'on voyait des lacs dont prêts à exercer leur barbarie envers les
l'eau infecte et bourbeuse exhalait des va- damnés envers les infidèles, qui se-
et surtout
peurs mortelles un fleuve de feu des tours
, , ront à jamais dans ces prisons souterraines ,

de fer et d'airain des fournaises ardentes,


, où les serpents, les grenouilles et les corneilles
des monstres et des furies acharnés à tour- aggraveront encoreles tourments de ces mal-
menter les scélérats l'autre riante, paisible,
; heureux. Les mahométans n'y demeureront
destinée aux sages et aux héros. Le lieu le au plus que sept mille ans au bout de ce ;

plus voisin de la terre était l'Érèbe on y ; temps, le prophète obtiendra leur délivrance.
voyait le palais de la Nuit, celui du Sommeil On ne donnera aux damnés que des fruits
et des Songes c'était le séjour de Cerbère
; amers, ressemblant à des de diables; tètes

des Furies et de la Mort c'est là qu'erraient ;


leur boisson se puisera dans des sources
pendant cent ans les ombres infortunées dont d'eaux soufrées et brûlantes, qui leur procu-
le corps n'avait pas reçu les honneurs de la reront des tranchées douloureuses. Quel- —
sépulture; et lorsqu'Ulysse évoqua les morts, ques Japonais prétendent que la peine des
ceux qui apparurent ne sortirent que de l'É- méchants est de passer dans le corps d'un
rèbe. L'autre enfer était l'enfer des méchants : renard. —
Les Guèbres disent que les mé-
c'est là que chaque crime était puni que les ,
chants sont les victimes d'un feu dévorant
remords dévoraient leurs victimes et que se , qui les brûle sans les consumer. Un des tour-
faisaient entendre les cris aigus de la douleur. ments de leur enfer est l'odeur infecte qu'ex-
Le Tartare proprement dit venait après l'en- halent les âmes scélérates les unes habitent ;

fer c'était la prison des dieux


: environné ;
d'affreux cachots où elles seront étouffées par
d'un triple mur d'airain, il soutenait les vastes une fumée épaisse et dévorées par les mor-
fondements do la terre et des mers. Les sures d'un nombre prodigieux d'insectes et de
Champs-Elysées, séjour heureux des ombres reptiles venimeux ; les autres seront plongées
,

ENG — 1 I — ÉM
jusqu'au cou clans les flots noirs et glacés Engelbrecht (
Jean ), — visionnaire alle-
d'un fleuve; celles-ci seront environnées de mand, mort en 4 642; il était protestant et
diables furieux qui les déchireront à coups de d'un naturel si mélancolique, qu'il tenta sou-
dents ; celles-là suspendues par les
seront vent de s'ôter la vie. Un soir, vers minuit, il

pieds et dans cet état on les percera clans


, lui sembla que son corps était transporté au
tous les endroits du corps avec un poignard. milieu des airs avec la rapidité d'une flèche.
— On croit , Formose
dans que les
l'île ,
Après un voyage très-court, il arriva à la
hommes après leur mort passent sur un
, ,
porte de l'enfer, où régnait une obscurité pro-
pont étroit de bambous, sous lequel il y a une fonde et d'où s'exhalait une puanteur à la-
,

fosse profonde pleine d'ordures. Le pont s'é- quelle il n'y a rien à comparer sur la terre.
croule sous les pas de ceux qui ont mal vécu, II entendit les cris et les gémissements des

et ils sont précipités dans cette horrible fosse. damnés. Une légion de diables voulut l'en-
— Les Cafres admettent treize enfers et vingt- traîner dans l'abîme il se débarrassa de leurs ;

sept paradis, où chacun trouve la place qu'il griffes ,


pria , et tout cet horrible spectacle
a mérité d'occuper, suivant ses bonnes ou s'évanouit. apparut dit-
Le Saint-Esprit lui ,

mauvaises actions. Les sauvages du Missisripi il , sous la forme d'un blanc et le homme
croient que les coupablesJront dans un pays conduisit en paradis. Quand Engelbrecht eut
malheureux, où il n'y a point de chasse. Les goûté les délices du séjour divin, un ange lui
Virginiens placent l'enfer à l'Occident, et pré- ordonna de retourner sur la terre pour an-
cisément à l'un des bouts du monde. Les — noncer ce qu'il avait vu entendu et senti ,

Floridiens sont persuadés que les âmes cri- avec charge d'exhorter les hommes à la
la
minelles sont transportées au milieu des mon- pénitence. Engelbrecht revint à la vie, et ra-
tagnes du nord ;
qu'elles restent exposées à la conta sa vision. Dans un de ses ouvrages,
voracité des ours et à la rigueur des neiges ( car il a fait des ouvrages quoiqu'il ne sût
et des frimas. — Les Kalmouks ont un enfer pas lire ), il dit que tous les assistants, pen-
,

pour les bêtes de somme; et celles qui ne dant son récit, sentirent la puanteur horrible
s'acquittent pas bien de leurs devoirs ici-bas de l'enfer, et que lui-même en sortant de ,

sont condamnées, selon eux, à porter sans son lit, en était encore infecté mais personne, ;

relâche dans l'autre monde les fardeaux les excepté lui ne sentit les parfums suaves de
,

plus pesants. — L'enfer du Dante est célèbre. la demeure des bienheureux. Il annonça dès
La forme de cet enfer ressemble à un enton- lors qu'il avait été mort et qu'il était ressus-
noir ou à un cône renversé. L'espace qui se cité , et il fonda sur ces prodiges la vérité de
trouve depuis la porte de l'enfer jusqu'au sa mission. — Il eut encore d'autres visions;
fleuve Achéron se divise en deux parties :
il entendit pendant quarante nuits une mu-
dans la première sont les âmes de ceux qui sique céleste si harmonieuse, qu'il ne put
vécurent sans réputation ils sont tourmentés ; s'empêcher d'y joindre sa voix. Les ministres
par des frelons qui leur piquent le visage ces :
protestants crurent reconnaître en lui quelque
damnés courent après une bannière qui tourne chose de surnaturel mais dès qu'il leur eut ;

sans cesse autour d'un cercle. Dans la seconde reproché leur avarice, ils déclarèrent que tout
se trouvent les enfants morts sans baptême ; n'était que l'œuvre du démon. Parcourant la
ces ombres poussent des gémissements con- Basse-Saxe , il prêchait , disait-il , comme il

tinuels. y a des cercles concentriques au-


Il en avait reçu l'ordre d'en haut. Un jour qu'il
tour de l'enfer. Le second cercle renferme les racontait ses extases, il dit qu'il avait vu les
luxurieux; ils sont sans cesse agités, trans- âmes des bienheureux voltiger autour de lui,
portés çà et là sur des tourbillons de vent. Le sous la forme d'étincelles, et que, voulant se
troisième est rempli par les gourmands éten- mêler à leur danse, il avait pris le soleil d'une
dus dans la fange et continuellement exposes main et la lune de l'autre. Toutes ces absur-
à un déluge épouvantable de^luie, de neige dités ne l'empêchèrent pas de faire des pro-
et de grêle. Le quatrième contient les prodi- sélytes parmi les réformés. Il a laissé divers
gues et les avares ils sont condamnés à rouler
; ouvrages 1° Véritable Vite et histoire dufiiel,
:

éternellement les uns contre les autres des Amsterdam, 1690, in-4° c'est le récit de son :

poids énormes. Les autres cercles sont par- excursion en enfer et en paradis; 2° Mandat
tagés aussi bien. et ordre divin et céleste délivrés par la chan-
ïîngastrimisme art des ventriloques
,
— ,
cellerie céleste Brème 1 625 in-4° cet écrit
, , , ;

que on attribuait autrefois à la magie.


1 manque dans le recueil intitulé OEuvres , :

Engastrimitlies OU Engastrimandres ,
— Visions et Révélations de Jean Engelbrecht,
devins qui faisaient entendre leurs réponses Amsterdam, 4 680, in-4°.
dans leur ventre. Voy. Ventriloques. Énigme. — On lit dans de vieilles histoires
EiNL — î 98 — EON
de Naples que, sous le règne de Robert Guis- fois autour de Mâcon,
son dîner, et porté trois
card on trouva une statue qui avait !a tête
, à lavue de tous les habitants qui assurent ,

dorée et sur laquelle était écrit


, Aux ca- : ne l'avoir pas vu revenir 1 Voy. Agrippa, .

lendes de mai, quand le soleil se lèvera, j'aurai Simon Gabrielle d'Estrées Luther etc.
, , ,

la tête toute d'or. Robert chercha long-temps


Enoch — voy. Édris. ,

à deviner le sens de cette énigme


Ensorcellement. — Bien
mais ni ;

des gens se sont


lui ni les savants de son royaume ne purent
crus ensorcelés, qui n'étaient que le jouet de
la résoudre. Cependant un prisonnier de guerre,
quelque hallucination. On lisait ce fait dans le
Sarrazin de nation promit au roi de l'inter-
préter s'il lui
,

accordait la liberté sans rançon.


Journal des Débats du 5 mars \ 844 « 11 y a .

trois jours, M. Jacques Coquelin demeurant ,
Il avertit donc le prince d'observer aux pre-
rue du Marché Saint-Jean, n° 21 à Paris, ,
miers jours de mai l'ombre de la tête de la
logé au troisième étage, rentrait chez lui vers
statue, au lever du soleil, et de faire bêcher
onze heures du soir, la tète échauffée par le
la terre à l'endroit où tomberait cette ombre.
vin. Arrivé sur le palier du deuxième étage ,
Robert suivit ce conseil et trouva de grands
il se croit dans son domicile; il se déshabille
trésors qui lui servirent dans ses guerres d'I-
tranquillement, jette une à une ses hardes par
talie il récompensa le Sarrazin
; non-seule- ,

une large fenêtre donnant sur la cour et que


ment en lui accordant la liberté, mais encore
dans son ivresse il prend pour son alcôve
en lui donnant de bonnes sommes d'argent. ;

— Il y a beaucoup d'énigmes dans les divi-


puis il se fait un bonnet de nuit avec sa cra-
vate et n'ayant plus que sa chemise sur le
,
nations. On peut voir le traité des énigmes
corps il se lance lui-même par la fenêtre
,

du père Mencstrier, de la compagnie de Jésus,


croyant se jeter sur son lit.... Ce ne fut que
intitulé la Philosophie des images énigma-
:

le lendemain vers six heures du malin que


, ,
tiques, où il est traité des énigmes, hiérogly-
les autres habitants de la maison s'aperçu-
phiques, oracles, prophéties, sorts, divina-
rent de ce malheureux événement. Le corps
tions loteries talismans songes centuries
, , , ,
de l'infortuné Coquelin était étendu sans mou-
de Nostradamus et de la baguette. Lyon, \ 694,
vement sur les dalles de la cour. Pourtant cet
in-12.
homme, âgé seulement de vingt-sept ans, et
Enlèvement. —
Nous ne parlons ici que de
doué d'une grande force physique, n'était pas
ceux qui ont été enlevés par le diable. Une mort, quoique son corps fût horriblement mu-
Allemande avait contracté l'habitude de jurer
tilé. Transporté chez lui, il vécut deux jours
et de dire des mots de corps-de-garde; elle
encore mais son état était désespéré et il
;

fut bientôt le modèle de quelques femmes de


expira après soixante heures des plus cruelles
son pays, et il fallut un exemple pour arrêter
le désordre. Un jour qu'elle prononçait avec
souffrances. » — Dans d'autres temps ou dans
d'autres pays, on eût vu là un ensorcellement.
énergie ces paroles, qui sont tristes surtout
Voy. toutefois Sortilèges, Paroles, Ber-
dans la bouche d'une femme Que le diable :
gers ,
etc., etc.
ni emporte ! .... !e diable arriva et l'emporta
— On lit en beaucoup de livres qu'un certain
,
.

Enthousiastes. — On a donné ce nom à


certains sectaires qui, étant agités du démon,
comte de Maçon homme violent et impie , ,
se croyaient inspirés.
exerçait une espèce de tyrannie contre les
ecclésiastiques et contre ce qui leur apparte- Envoûtement. Les sorciers font, dit-on, —
nait, sans se mettre en peine de cacher ni de la figureen cire de leurs ennemis, la piquent,
colorer ses violences. Un jour qu'il était assis la tourmentent, la fondent devant le feu. alin

dans son palais bien accompagné on y vit , ,


que les originaux vivants et animés ressen-
entrer un inconnu à cheval, qui s'avança jus- tent les mêmes douleurs. C'est ce que Ton
qu'auprèsdu comte, et lui dit «Suivez-moi, :
appelle envoûter, du nom de la figure , vols

j'ai à vous parler. » Le comte le suit, entraîné ou vourt; voy*z ce mot. Voy. aussi Duffus ,

par un pouvoir surnaturel. Lorsqu'il arrive à Charles IX, Glocester, etc.

la porte, il trouve un cheval préparé, le monte, Éon de l'Etoile. — Dans le douzième siè-
et il dans les airs, criant d'une
est transporté cle un certain Éon de l'Étoile, gentilhomme
,

voix terrible, à ceux qui étaient présents « À . breton abusant de la manière dont on pro-
,

moi au secours !.... » On le perdit de vue, et


! nonçait ces paroles Pereum qui vendons est :

on ne put douter que le diable ne l'eût em- on prononçait per Eon ), prétendit qu'il était

(

porté. Dans la même ville il y eut un bailli le Fils de Dieu qui doit venir juger les vivants
qui fut aussi enlevé par le diable à l'heure de et les morts, se donna pour tel, eut des adhé-

Wicrus, de Pr?est. daem.,


1
lib. 2; Bodin, Démono- 1
Jean d«; Chassanion, huguenot , Des granJs et re-
manic, liv. ni, ch. I '. 1
doutables jugements de Dieu advenusau monde, p. 116.
,

EPH — 1 99 — ÉPR
rents qu'on appela Éoniens , et qui se mirent Épicure. —
Qui pourrait ne pas déplorer
«

à piller les églises et les monastères. le sort d'Épicure, qui a le malheur de passer

— pour avoir attaché le souverain bien aux plai-


Êons. Selon les gnostiques, les Éons sont
sirs des sens et dont à cette occasion on a
des êtres vivants et intelligents que nous ap-
,

flétri la mémoire
? Si l'on fait réflexion qu'il a
pelons des esprits. Les Grecs les nommaient
vécu soixante-dix ans, qu'il a composé plus
démons ; ce mot a le même sens. Ces Éons
d'ouvrages qu'aucun des autres philosophes
prétendus étaient ou des attributs de Dieu per- ,

qu'il se contentait de pain et d'eau et que


sonnifiés, ou des mots hébreux tirés de l'Écri- ,

quand il voulait dîner avec Jupiter il n'y fai-


ture, ou des mots barbares forgés à discrétion.
sait ajouter qu'un peu de fromage, on re-
Ainsi de Pléroma la divinité sortaient Sophia ,

viendra bientôt de cette fausse prévention.


la sagesse, Nous l'intelligence, Sigé le si-
Achamoth la pru-
Que l'on consulte Diogène Laërce, on trouvera
lence, Logos le verbe ,

dans ses écrits la vie d'Épicure ses lettres


dence, etc. L'un de ces Éons avait formé le , ,

son testament et l'on se convaincra que les


,
monde, l'autre avait gouverné les juifs et fa-
faits que l'on avance contre lui sont calom-
briqué leur loi, venu parmi
un troisième était
nieux. Ce qui a donné lieu à cette erreur,
les hommes, sous le nom de
de Dieu ou Fils
c'est que mal pris sa doctrine en effet,
l'on a
de Jésus-Christ. Il n'en coûtait rien pour les ;

il ne pas consister la félicité dans les


faisait
multiplier les uns étaient mâles et les autres
;

plaisirs du corps mais dans ceux de l'âme


,
femelles, et de leur mariage il était sorti une ,

et dans la tranquillité que selon lui on ne peut


nombreuse famille. Les Éons étaient issus de
obtenir que de la sagesse et de la vertu 1 . »
Dieu par émanation et par nécessité de na-
C'est ce que disent quelques critiques com-
ture. Les inventeurs de ces rêveries disaient
battus par d'autres.
encore que l'homme a deux âmes, l'une sen-
sitive qu'il a reçue des Éons, et l'autre intel- Bpiiepsie. — Les rois d'Angleterre ne gué-
ligente et raisonnable que Dieu lui a donnée rissaient pas seulement les écrouelles , mais
pour réparer les bévues des Éons maladroits K encore ils bénissaient des anneaux qui pré-

Épaule de mouton. — Giraud , cité par


servaient dela crampe et du mal caduc. Celte

cérémonie se faisait le vendredi-saint. Le roi,


M. Gautrel dans son Mémoire sur la part
,

pour communiquer aux anneaux leur vertu


que les Flamands prirent à la conquête de
salutaire les frottait entre ses mains. Ces
,
l'Angleterre par les Normands, dit que les
anneaux, qui étaient d'or ou d'argent, étaient
Flamands qui vinrent en Angleterre connais-
envoyés dans toute l'Europe, comme des pré-
saient l'avenir et le passé par l'inspection de
servatifs infaillibles il en est fait mention dans
1 épaule droite d'un mouton /dépouillée de la
;

viande non rôtie, mais cuite à l'eau « par :


différents monuments anciens 2 Il y a d'au- . —
un art admirable et vraiment prophétique
tres moyens naïfs de traiter l'épilepsie qui ,
,

ajoute le même écrivain, ils savent les choses


n'obligent pas à passer la mer. On croyait en
guérir chez nos aïeux en attachant au bras
qui, dans le moment même, se passent loin
du malade un clou tiré d'un crucifix. La même
d'eux ; ils annoncent avec la plus grande cer-
cure s'opérait en lui mettant sur la poitrine ou
titude, d'après certains signes, la guerre et
dans la poche les noms des trois rois mages
la paix, les massacres et les incendies, la
Gaspar, Balthazar Melchior. Cette recette
maladie mort du roi. C'est à tel point
et la t

est indiquée dans des livres anciens.


qu'ils prévirent,un an auparavant, le boule-
versement de l'État après la mort de Henri I er Gaspar fert myrrham, tluis Melchior, Balthazar aurum,
,
Hsec tria qui secum portabit nomina regum ,

vendirent tous leurs biens, et échappèrent à Solvitur à morbo, Christi pietate, caduco.

leur ruine en quittant le royaume avec leurs


— Epreuves. — L'épreuve gothique qui ser-
richesses. » Pourtant on voit dans les his-
beaucoup de
vait à reconnaître les sorciers a
toriens du temps que ce fait avancé par Gi-
rapport avec la manière judicieuse que le
raud n'est pas exact, et qu'il arriva au con-
peuple emploie pour s'assurer si un chien est
traire à ces Flamands beaucoup de choses
enragé ou ne l'est pas. La foule se rassemble
qu'ils n'avaient pas prévues. tourmente, autant que possible, le chien
et

Éphialtes OU Hyphialtes, Éphélès, nom — qu'on accuse de rage. Si l'animal dévoué se


que donnaient les Éoliens à une sorte de dé- défend et mord, il est condamné, d'une voix
mons incubes 2 .
unanime, d'après ce principe, qu'un chien

' Brown, Essais sur les erreurs, etc., liv. vu, ch. 27,
1 Bcrgier, Dict. théolog., au mot Cnos/iqucs, p. 329.
2 Leloyer, Hist.des spectres ou ap. des esprits, 2
liv.II, Ltitiruh, Hist. des pratiques superstitieuses, t. If,
ch. 5, p. '197. p. 128.
.,,

ERO — 200 — ESC


enragé mord tout ce qu'il rencontre. S'il tâche, de leurs vœux. Si l'eau venait à bouillonner,
au contraire, de s'échapper et de fuir à toutes c'était un pronostic heureux.
jambes, l'espérance de salut est perdue sans
Érotylos, — pierre fabuleuse dont Démo-
ressource on
de reste qu'un chien enragé
sait
vantent propriété
;
cri te et Pline après lui la
court avec force et tout droit devant lui sans
pour la divination.
se détourner. —
La sorcière soupçonnée était
— Lorsque Dante
plongée dans l'eau, les mains et les pieds for- Erreurs populaires. le
publia son Enfer, la simplicité de son siècle
tement liés ensemble. Surnageait-elle on ,

l'enlevait aussitôtpour la précipiter dans un


le reçut comme une véritable narration de sa

bûcher, comme convaincue d'être criminelle, descente dans les sombres manoirs. A l'époque

puisque l'eau des épreuves la rejetait de son où l'Utopie de Thomas Morus parut pour la
sein. Enfonçait-elle
première fois, elle occasionna une plaisante
son innocence était dès ,

méprise. Ce roman poétique donne le modèle


lors irréprochable; mais cette justification lui
coûtait la vie 1
.
— 11 y avait bien d'autres
d'une république imaginaire dans une île qui
est supposée avoir été nouvellement décou-
épreuves. Celle de la croix consistait généra-
lement, pour les deux adversaires, à demeurer
verte en Amérique. Comme c'était le siècle .

les bras étendus devant une croix


dit Granger, Buddœus et d'autres écrivains
celui qui ,

prirent le conte pour une histoire véritable


y tenait le plus long-temps gagnait sa cause.
et regardèrent comme une chose importante
Mais le plus souvent les épreuves judiciaires
se faisaient autrefois par l'eau ou le feu.
qu'on envoyât des missionnaires dans cette

Voij. Eau bouillante, Cercueil, Fer chaud, île. —


Ce ne fut que long-temps après la pu-
Ordalie etc.
blication des Voyages de Gulliver, par Swift ;
,

qu'un grand nombre de ses lecteurs demeura


Érèbe, —
fleuve, des enfers: on le prend
convaincu qu'ils étaient fabuleux l Les er- .

aussi pour une partie de l'enfer et pour l'enfer
reurs populaires sont en. si grand nombre
même. Il y avait un sacerdoce particulier pour
qu'elles ne tiendraient pas toutes dans ce livre.
les âmes qui étaient dans l'Érèbe.
Nous ne parlerons pas des erreurs physiques
Ergenna , — devin d'Étrurie dans l'anti- ou des erreurs d'ignorance nous ne nous :

quité. élèverons icique contre les erreurs enfantées


Eric au chapeau venteux. On lit dans — par les savants. Ainsi Cardan eut des parti-
Hector de Boëce que le roi de Suède Éric ,
sans lorsqu'il débita que, clans le Nouveau-
ou Henri, surnommé le Chapeau venteux, Monde , les gouttes d'eau se changent en pe-
faisait changer les vents en tournant son bonnet tites grenouilles vertes. Cédrénus a écrit

sur sa tête, pour montrer au démon, avec qui très-merveilleusement que tous les rois francs
il avait fait pacte, de quel côté il les voulait; de la première race naissaient avec l'épine
et le démon était si exact à donner le vent du dos couverte et hérissée d'un poil de san-
que demandait le signal du bonnet, qu'on au- glier. Le peuple croit fermement, dans cer-

rait pu en toute sûreté prendre le couvre-


,
,
taines provinces que la louve enfante avec
,
,

chef royal pour une girouette. ses louveteaux, un petit chien qu'elle dévore

Érichtho ,
— sorcière qui dans la guerre
,
aussitôt qu'il voit le jour. —
Voyez la plupart
des articles de ce Dictionnaire.
entre César et Pompée évoqua un mort le-
quel prédit toutes les circonstances de la
,

ba- Érus ou Er, —


fils de Zoroastre. Platon
taille de Pharsale 2
.
assure qu'il de son tombeau douze jours
sortit

Éroconopes, peuples imaginaires que — après avoir été brûlé sur un bûcher, et qu'il
conta beaucoup de choses sur le sort des bons
Lucien représente comme d'habiles archers
des méchants dans l'autre monde.
,
et
montés sur des moucherons-monstres.
Érocordacès, autre peuple imaginaire— Escamotage. — On l'a pris quelquefois pour
la sorcellerie le diable, dit Leloyer, s'en est
que le même auteur représente combattant
;

souvent mêlé. Delrio ( liv. 2, quest. 2) rap-


avec des raves en guise de flèches.
porte qu'on punit du dernier supplice, à Trê-
Éromantie, — une des six espèces de di- ves, une sorcière très-connue qui faisait venir
vinations pratiquées chez les Perses par le lait de toutes les vaches du voisinage en
le
moyen de l'air. Us s'enveloppaient la tète un vase placé dans le mur. Sprenger assure
d'une serviette ,
exposaient à l'air un vase pareillement que certaines sorcières se pla-
rempli d'eau, et proféraient à voix basse l'objet cent la nuit dans un coin de leur maison ,

tenant un vase devant elles qu'elles plantent ;

1
Goldsmith, Essai sur les hommes et sur les mœurs.
er
» Wierus, de preestig. dœm., lil). 2, cap. 11.
1
Berti») Curiosités de la littérature, t. I , p. 304.
ESP — 20 1 — ESP
un couteau ou tout autre instrument dans le Apulée , même chaque famille et chaque
mur; qu'elles tendent la main pour traire, en homme, a son esprit qui le guide et qui veille
invoquant le diable, qui travaille avec elles à sur sa conduite. Tous les peuples avaient du
traire telle vache qui paraît la plus
ou telle respect pour eux , et les Romains les révé-

grasse et la mieux fournie de lait; que le raient. Ils n'assiégeaient les villes et n'entre-

démon s'empresse de presser les mamelles de prenaient leurs guerres qu'après que leurs
la vache et de porter le lait dans l'endroit
,
prêtres avaient invoqué le génie du pays. Ca-
où se trouve la sorcière qui l'escamote ainsi. ligula même fit punir publiquement quelques-
Voy. Fascination Charmes Agrippa etc. , , ,
uns de ceux qui les avaient maudits 1
. — Il

Dans les villages, les escamoteurs ont encore y a eu des philosophes qui se sont imaginé
le nom de sorciers. que ces esprits n'étaient que les âmes des

Eschyle ,
— tragique grec à qui on avait
morts qui étant une fois séparées de leurs
,

corps, erraient incessamment sur la terre. Ce


prédit qu'il mourrait de la chute d'une maison ;

sentiment leur paraissait d'autant plus vrai-


ce qui fit qu'il s'alla loger en pleine campagne ;

semblable qu'ils s'imaginaient voir des spec-


mais le conte ajoute qu'un aigle, qui portait
tres auprès des tombeaux dans les cimetières,
une tortue dans ses serres la laissa tomber ,

dans les lieux où l'on avait tué quelques per-


sur la tête chauve du poète, pensant que ce
sonnes. « Les esprits , dit Wecker, sont les
fût un rocher; et la prédiction s'accomplit.
seigneurs de peuvent exciter les tem-
l'air; ils
Esdras. — Pour les écrits qu'on lui attribue,
pêtes rompre les nues et les transporter ou
,

VOIJ. PlC DE LA MlRANDOLE. ils veulent avec de grands tourbillons en- ;

Espagnet Jean d'), philosophe hermé-


(
— lever l'eau de la mer, en former la grêle et
tique qui a fait deux traités intitulés l'un :
, tout ce que bon leur semble. » Ilya dans —
Enchiridion de physique rétablie ; l'autre,
la l'intérieur de l'Amérique septentrionale des
Secret de la philosophie hermétique ; encore
1
peuplades sauvages qui s'imaginent que lors-
lui conteste-t-on ce dernier, que l'on attribue qu'un homme est enterré sans qu'on place
à un inconnu qui se faisait appeler le cheva- auprès de lui tout ce qui lui a appartenu, son
2
lier impérial Le Secret de la philosophie
. esprit revient sous forme humaine, et se
renferme la pratique du grand œuvre et , montre sur les arbres les plus près de sa
YEnchiridion la théorie physique sur la- maison, armé d'un fusil; on ajoute qu'il ne
quelle repose la transmutabilité des métaux. peut jouir du repos qu'après que les objets
D'Espagnet est encore auteur de la préface qu'il réclame ont été déposés dans sa tombe.
qui précède le Traite de l'inconstance des dé- — Les Siamois admettent une multitude d'es-
mons de Pierre Delancre. On lit dans celte prits répandus dans l'air, dont la puissance
préface que les sorcières ont coutume de voler est fort grande, et qui sont très-malfaisants.
les petits enfants pour les consacrer au dé- Ils tracent certaines paroles magiques sur des
mon. feuilles pour se prémunir contre
de papier ,

Espagnol Jean l' ) docteur en théo-


( , — leur malice. Lorsqu'ils préparent une méde-
logie, grand-prieur de Saint-Remi de Reims, cine, ils garnissent le bord du vase d'un grand

auteur d'un livre intitulé Histoire notable de- :


nombre de ces papiers, de peur que les esprits
là conversion des Anglais, etc. ;
in-8°, Douai, n'emportent la vertu des remèdes. Les au- —
1614. La vingtième annotation, qui commence teurs cabalistiques ont prétendu que les esprits
à la page 206 et va jusqu'à la 306 e , est un étaient des créatures matérielles, composées
traité sur les apparitions des esprits, où, avec de la substance la plus pure des éléments ;

des choses passables et médiocres, on trouve que plus cette matière était subtile plus ils ,

de bonnes observations 3
.
avaient de pouvoir et d'action. Ces auteurs en

Esprits. — Les anciens ont cru que les es-


distinguent de deux sortes, de supérieurs et
d'inférieurs les supérieurs sont ou célestes
prits, qu'ils appelaient démons ou génies, :

étaient des demi-dieux. Chaque nation dit ,


ou aériens; les inférieurs sont ou aquatiques
ou terrestres. Ceux qui ont cru que ces es-
1
Enrichidion physicse restitutse. Arcanum philoso- prits étaient des créatures matérielles, les ont
phie hermeticœ.
7 chevalier, très-révéré des alchimistes, est men-
assujettis à la mort comme les hommes. Cardan
Ce
tionné souvent dans la Trompette française, petit vo- dit que les esprits qui apparurent à son père
lume contenant une Prophétie de Bombart sur ta nais- connaître qu'ils naissaient et qu'ils
lui firent
sance de Louis XIV. On a, du Chevalier impérial, le
Miroir des alchimistes, avec instructions aux dames mouraient comme nous ;mais que leur vie
pour dorénavant être belles sans plus user de leurs fards
venimeux, 1609. ln-16.
était plus longue et plus heureuse que la nôtre.
3 Lenglet-Dufresnoy, Catalogue des auteurs qui ont
écrit sur les apparitions. 1
Discours sur les esprits follets, Mercure galant, 1680.
,, ,

ESP — : 2 — ESP
— Guillaume de Paris écrit que, l'an 1 447, il nuit en alarmes, et le matin on aperçoit sur
y avait un esprit à Poitiers dans la paroisse le toit de maison un gros singe qui, armé
la

de Saint-Paul lequel rompait vitres et ver- du goupillon le plongeait dans l'eau de la


,


,

rières , et frappait à coups de pierres sans gouttière et en arrosait les passants. En


blesser personne *j Caesarius écrit que la fille 1 210, un bourgeois d'Épinal, nommé Hugues,
d'un prévôt de Cologne était si tourmentée fut visité par un esprit qui faisait des choses
d'un esprit malin, qu'elle en devint frénétique. merveilleuses, et qui parlait sans se montrer.
Le père fut averti de faire aller sa fille au On lui demanda son nom et de quel lieu il

deià du Rhin et de la changer de lieu ce ;


venait? Il répondit qu'il était l'esprit d'un
qu'il fit. L'esprit fut obligé d'abandonner la jeune hommede Ciérentine, village à sept
fille ,mais il battit tant le père qu'il en mourut lieues d'Épinal; et que sa femme vivait en-
trois jours après 2 . — Nous rapporterons quel- core. Un jour, Hugues ayant ordonné à son
ques histoires d'esprits. « Au commencement valet de seller son cheval et de lui donner à
du règne de Charles IV, dit le Bel, l'esprit manger, le valet différa de faire ce qu'on lui
d'un bourgeois, mort depuis quelques années, commandait l'esprit fit son ouvrage, au grand
;

parut sur la place publique d'Arles en Pro- étonnement de tout le monde. Un autre jour,
vence il rapportait des choses merveilleuses
; Hugues, voulant se faire saigner, dit à sa fille
de l'autre monde. Le prieur des Jacobins de préparer des bandelettes. L'esprit alla
d'Arles, homme de bien, pensa que cet esprit prendre une chemise neuve dans une autre
était un démon déguisé. Il se rendit sur la chambre, la déchira par bandes, et vint la
place ; soudain l'esprit découvrit qui il était, présenter au maître en lui disant de choisir
,

et pria qu'on le tirât du purgatoire. Ayant les meilleures. Un autre jour, la servante du
ainsi parlé, il disparut; et, comme on pria logis ayant étendu du linge dans le jardin pour
pour son âme, il ne fut oncques vu depuis 3 » . le faire sécher, l'esprit le porta au grenier et
— En 1750, un officier du prince de Conti le plia plus proprement que n'aurait pu faire

étant couché dans le château de l'Ile-Adam la plus habile blanchisseuse. Ce qui est re-

sentit tout à coup enlever sa couverture il la ;


marquable c'est que pendant six mois qu'il
, ,

retire. On renouvelle le manège, tant qu'à la fréquenta cette maison, il n'y fit aucun mal à
fin l'officier, ennuyé jure d'exterminer le ,
personne, et ne rendit que de bons offices,
mauvais plaisant, met l'épée à la main, cher- contre l'ordinaire de ceux de son espèce.
che dans tous les coins et ne trouve rien. Voy. Hecdekin. —
Sur la fin de l'année 746, 1

Étonné, mais brave, il veut, avant de conter on entendit comme des soupirs qui partaient
son aventure, éprouver encore le lendemain d'un coin de l'imprimerie du sieur Lahard ,

si l'importun reviendra. Il s'enferme avec soin, l'un des conseillers de la ville de Constance.
se couche, écoute long-temps et finit par s'en- Les garçons de l'imprimerie n'en firent que
dormir : alors on lui joue le même tour que Mais dans les premiers jours de
rire d'abord.

la veille. Il s'élance du lit, renouvelle ses me- janvier, on distingua plus de bruit qu'aupa-
naces, et perd son temps en recherches. La ravant. On frappait rudement contre la mu-
crainte s'empare de lui il appelle un frotteur, ;
raille, vers le même coin où l'on avait d'abord
qu'il prie de coucher dans sa chambre, sans entendu des soupirs on en vint jusqu'à ;

lui dire pour quel motif; mais l'esprit, qui donner des soufflets aux imprimeurs et à jeter
avait fait son tour, ne parait plus. La nuit sui- leurs chapeaux par terre. L'esprit continua
vante, il se fait accompagner du frotteur, à son manège pendant plusieurs jours, donnant
qui il raconte ce qui lui est arrivé, et ils se des soufflets aux uns, jetant des pierres aux
couchent tous deux. Le fantôme vient bientôt, autres; en sorte que les compositeurs furent
éteint la chandelle qu'ils avaient laissée allu- obligés d'abandonner ce coin de l'imprimerie.
mée, les découvre ets'enfuit. Comme ils avaient — Il se fit beaucoup d'autres tours dans les-

entrevu cependant un monstre difforme, hi- quels les expériences de la physique amusante
deux et gambadant, le frotteur s'écria que entrèrent probablement pour beaucoup et ;

c'était le diable et courut chercher de l'eau enfin celte farce cessa. Voy. Revenants, Ap-
bénite mais au moment qu'il levait le gou- paritions Drolles, etc. Voici l'histoire —
— En
; ,

pillon pour asperger la chambre, l'esprit le d'un esprit qui fut cité en justice. 1 76 1

luienlève et disparaît.... Les deux champions un fermier de Southams comté de , dans le

poussent des cris; on accourt; on passe la Warwick (Angleterre), fut assassiné en re-
venant chez lui le lendemain, un voisin vint
:

1
Bodin , Démonomanie des sorciers, liv. ni, p. 393. trouver la femme de ce fermier et lui demanda
* Id., ibid.
3 Lcloycr, si son mari était rentré elle répondit que non,
Ilist. des spectres et apparitions des es- ;

prits. et qu'elle en était dans de grandes inquiétudes


ESP — 20: i — ETE
homme, ne d'esprits divers. Les Salamandres habitent le
«Vos inquiétudes, répliqua cet
feu les Sylphes, l'air les Gnomes, la terre;
peuvent égaler les miennes car, comme j'é- ;
; ;

sans être encore en- l'eau est le séjour des Ondins ou Nymphes.
tais couché cette nuit ,

Voy. ces mots.


dormi votre mari m'est apparu couvert de
,

blessures, et m'a dit qu'il avait été assassiné Esprits familiers. — Scaliger, CeCCO d'AS-
par son ami John Dick, et que son cadavre coli, Cardan et plusieurs autres visionnaires

avait été jeté dans une marnière. » — La fer- ont eu, comme Socrate, des esprits familiers.
mière, alarmée, fitdes perquisitions. On dé- Bodin connu un homme qui était
dit avoir

couvrit dans la marnière le corps blessé aux accompagné d'un esprit familier, le-
toujours
endroits que le voisin avait désignés . Celui quel lui donnait un petit coup sur l'oreille
que revenant avait accusé fut saisi et mis
le gauche quand il faisait bien, et le tirait par
entre les mains des juges, comme violemment l'oreille droite quand il faisait mal. Cet homme

soupçonné du meurtre. Son procès fut instruit était averti de la même façon si ce qu'il vou-
à Warwick ; les jurés l'auraient condamné lait manger bon ou mauvais, s'il se trou-
était

aussi témérairement que le juge de paix l'a- vait avec un honnête homme ou avec un co-
vait arrêté , si lord Raymond , le principal quin, etc. C'était très-avantageux.
juge, n'avait suspendu l'arrêt. «Messieurs, —
Esprits follets, FOLLETS. VOIJ. FiîlIX
dit-il aux jurés, je crois que vous donnez plus

de poids au témoignage d'un revenant qu'il Esséniens, — secte célèbre parmi les Juifs.

n'en mérite. Quelque cas qu'on fasse de ces Les Esséniens avaient des superstitions par-
ticulières. Leurs devins prétendaient connaî-
sortes d'histoires, nous n'avons aucun droit
tre l'avenir par l'étude des livres saints faite
de suivre nos inclinations particulières sur ce
point. Nous formons un tribunal de justice,
avec certaines préparations ; ils y trouvaient
et nous devons nous régler sur la loi or, je ;
même la médecine et toutes les sciences, par
ne connais aucune loi existante qui admette des combinaisons cabalistiques.

le témoignage d'un revenant; et quand il y en Esterelle, — VOIJ. FÉES.


aurait une qui l'admettrait, le revenant ne
Etang de la vie. — Au sortir du pont où
parait pas pour faire sa déposition. Huissiers,
se fait la séparation des élus et des réprou-
ajouta-t-il appelez le revenant. »
,
Ce que — vés, les docteurs persans font descendre les
l'huissier fit par trois fois, sans que le reve-
bienheureux dans cet étang, dont les eaux
nant parût. — «Messieurs, continua lord Ray-
sont blanches et douces comme le miel. Pour
mond , le prisonnier qui est à la barre est,
la commodité des âmes, il y a tout le long de
suivant le témoignage de gens irréprochables,
l'étang des cruches semblables aux étoiles
d'une réputation sans tache, et il n'a point
toujours pleines de cette eau les fidèles en :

paru, dans le cours des informations, qu'il y


boiront avant d'entrer dans le paradis, parce
ait eu aucune espèce de querelle entre lui et
que c'est l'eau de la vie éternelle, et que si
le le crois absolument innocent, et,
mort. Je
Ton en boit seulement une goutte, on n'a plus
comme il n'y a nulle preuve contre lui , ni
rien à désirer.
directe ni indirecte, doit être renvoyé. Mais
par plusieurs circonstances qui m'ont frappé
il

Eternument. —
On vous salue quand
dans le procès, je soupçonne fortement la per- vous éternuez pour vous marquer, dit Aris-
,

tote, qu'on honore votre cerveau, le siège du


sonne qui a vu le revenant d'être le meur-
trier auquel cas il n'est pas difficile de con- bon sens et de l'esprit. Cette politesse s'étend
;

cevoir qu'il ait pu désigner la place les


jusque chez les peuples que nous traitons de
,

blessures, la marnière et le reste, sans aucun


barbares Quand l'empereur du Monomotapa
en conséquence de ces éternuait, ses sujets en étaient avertis par un
secours surnaturel ;

soupçons, je me crois en droit de le faire signal convenu, et il se faisait des acclama-

arrêter, jusqu'à ce que l'on fasse de plus am- tions générales dans tous ses états. Le père Fa-

ples informations. » Cet homme fut effecti- — mien Strada prétend que pour trouver l'ori-
gine de ces salutations il faut remonter
vement arrêté on fit des perquisitions dans
;
,

jusqu'à Prométhée; que cet illustre contre-


sa maison on trouva les preuves de son
;

crime, qu'il avoua lui-même à la fin, et


facteur de Jupiter, ayant dérobé un rayon
il fut
solaire dans une petite boite pour animer sa
exécuté aux assises suivantes.
statue, lui insinua dans les narines comme
Esprits élémentaires. — Les CabalisteS
une prise de tabac, ce qui la fit éternuer aus-
peuplent les éléments, comme on la dit
sitôt. —
Les rabbins soutiennent que c'est à
Adam qu'il faut faire honneur du premier
1
Recueil de dibsertations de Lenglet-Dufresnoy,
t. III r p. 64. éternument. Dans l'origine des temps, c'était,
ETI — 2 !i
— EUG
dit-on, un mauvais pronostic et le présage de Le diable se retira sans se montrer, et maître
la mort.Cet état continua jusqu'à Jacob, qui, Étienne n'invoqua plus ce nom *, Voy. Guido.
ne voulant pas mourir pour cause aussi lé- Etna. — Le christianisme chassa de l'Etna
gère, pria Dieu de changer cet ordre de et des de Lipari Vulcain, les Cyclopes elles
îles
choses ;
de là qu'est venu selon ces
et c'est ,
Gcan's mais les démons se mirent à leur
;

docteurs, l'usage de faire des souhaits heu- place et quand on institua la fêle des morts,
reux quand on éternue. On a trouvé une — ;

afin d'enlever au purgatoire et de rendre au


cause plus probable de cette politesse c'est ;
paradis une foule d ames souffrantes, on en-
que, sous le pontificat de saint Grégoire-le- tendit, comme le raconte un saint ermite, des
Grand, il y eut en Italie une sorte de peste bruits affreux dans l'Etna et des détonations
qui se manifestait par des élernuments tous ; étourdissantes dans les îles voisines. C'était
les pestiférés éternuaient; on se recommanda Satan et toute sa cour, Satan et tout son peu-
à Dieu, et c'est de là qu'est venue l'opinion ple de démons qui hurlaient de désespoir et
populaire que la coutume de se saluer lire redemandaient à grands cris les âmes que la
son origine d'une maladie épidémique qui em- nouvelle foi venait de leur ravir 2 .

portait tous ceux dont la membrane pitui-


taire était stimulée trop vivement. En gé- — Étoiles. — Mahomet dit que les étoiles sta-
bles et les étoiles qui filent sont les sentinel-
néral, l'éternument chez les anciens était
lesdu ciel, qui empêchent les diables d'ap-
pris tantôt en bonne, tantôt en mauvaise part,
suivant les temps, les lieux et les circonstan-
procher et de connaître les secrets de Dieu. —
Les Romains voyaient des divinités dans les
ces; un bon éternument était celui qui ar-
étoiles, -r— Les Étéens observaient, un certain
rivait depuis midi jusqu'à minuit, et quand
jour dans l'année, le lever de l'étoile Sirius :

la lune était dans les signes du taureau, du


si elle paraissait obscure, ils croyaient qu'elle
lion, de la balance, du capricorne et des
annonçait la peste.
poissons; mais venait de minuit à midi,
si la lune était dans
s'il

le signe de la vierge, du
Étraphïll, — l'un des anges des musul-
verseau, de l'écrevisse, du scorpion, mans, il se tient toujours debout : c'est lui
si vous
qui embouchera la trompette pour annoncer le
sortiez du lit ou de la table, c'était alors le
• cas de se recommander à Dieu l L'éter- . — jour du jugement.

nument, quand on l'entendait à sa droite, Etrennes. —


Dans les temps reculés, chez
était regardé chez les Grecs et les Romairs nos pères, loin de se rien donner mutuelle-
comme un heureux présage. Les Grecs, en ment dans les familles le premier jour de
parlant d'une belle personne, disaient que les l'an, on n'osait même rien prêter à son voi-
amours avaient éternué à sa naissance. — sin mais chacun mettait à sa porte des ta-
;

Lorsque le roi de Sennaar éternuait, ses cour- bles chargées de viandes pour les passants.
tisans lui tournaient le dos, en se donnant de On y plaçait aussi des présents superstitieux
la main une claque sur la fesse droite. pour les esprits. Peut-être était-ce un reste
de ce culte que les Romains rendaient, le pre-
Ethnophrones , — hérétiques du septième mier jour de l'année, aux divinités qui pré-
siècle qui joignaient au christianisme les su- sidaient aux petits cadeaux d'amis. Quoi qu'il
perstitions païennes, l'astrologie, les augures, en soit l'Église fut obligée sous Charlema- ,
,

les expiations, les jours heureux et malheu- gne d'interdire les présents superstitieux
,

reux, les divinations diverses. que nos ancêtres déposaient sur leurs tables.
Les canons donnent à ces présents le nom
Etienne. — Un homme, qui s'appelait
d'étrennes du diable.
Etienne, avait mauvaise habitude de par-
la

ler à ses gens comme s'il eût parlé au diable,


Etteilla. — On a publié sous ce nom dé-
guisé, qui est l'anagramme d'Allielte, plu-
ayant toujours le diable à la bouche. Un jour,
sieurs traités de cartomancie.
qu'il revenait de voyage il appc'a son valet
en ces termes: « Viens çà, bon diable, tire-
,

Eubius, — auteur d'un livre intitulé : Ap-


moi mes chausses. » A peine eut-il prononcé paritions d'Apollonius, ou Démonstration des
ces paroles, qu'une griffe invisible délia ses apparitions d'aujourd'hui. In-4° , Amster-
caleçons, fit tomber ses jarretières et tira les dam, 4735. (En latin.)

chausses jusqu'aux talons. Étienne, effrayé, Eucharistie. — « L'épreuve par l'Eucha-


s'écria a Retire-loi, Satan, ce n'est pas toi,
: ristie se faisait en recevant la communion.
mais bien mon domestique que j'appelle. » Ainsi Lothaire, roi de Lotharingie, jura, en

r
1
Gregorii magni dialog., lib. 3, cap. 20.
1
M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. I' ;

7 M. Didren, Histoire du
p. 391, diable.
ÉVO — 20! ) — EXC
recevant la communion de la main du pape emparer, mais il n'en put venir à bout, parce
Adrien II, qu'il avait renvoyé Valdrade, sa que le coffre rentrait dans ie rocher dès qu'il
concubine ; ce qui était faux. Comme Lolhaire s'en approchait. aux chevaliers ce
Il vint dire

mourut un mois après, en 868, sa mort fut qui lui arrivait, et demanda un peu de vin
attribuée à ce parjure sacrilège. Cette épreuve pour reprendre des forces. On lui en donna.
fut défendue par le pape Alexandre II '. » Quelque temps après, comme il ne revenait
point, on alla voir ce qu'il faisait; on le trouva
Eumèces , — caillou fabuleux, ainsi
étendu mort, ayant sur toute sa chair des
nommé de sa forme oblongue, et que l'on di-
coups de canif représentant une croix. Les
sait se trouver dans la Bactriane on lui at- ;

chevaliers portèrent son corps au bord de la


tribuait la vertu d'apprendre à une personne
mer, et l'y précipitèrent avec une pierre au
passé pendant son
endormie ce qui
sommeil, si elle
s'était
avait dormi avec celte pierre
cou '. —
Pour l'évocation des âmes, voy. Né-
cromancie.
posée sur sa tête.

— Exaeï , —
le dixième des premiers hom-
Eu
y nome,
i démon supérieur, prince de mes; il prit aux hommes, selon le livre d'É-
la mort, selon quelques démonomanes. Il a de
noch, fart de fabriquer des armes et des ma-
grandes et longues dents, un corps effroya- chines de guerre, les ouvrages d'or eLd'argent
pour vêtement
ble, tout rempli 'de plaies, et
qui plaisent aux femmes, et l'usage des pier-
une peau de renard. Pausanias dit qu'il se res précieuses , ainsi que le fard.
repaît de charognes et de corps morts. Il
avait, dans le temple de Delphes, une statue
Excommun'cation. — Il y a eu quelquefois
qui le représentait avec un teint noir, mon-
des abus, de la part des hommes, dans l'u-
sage des excommunications on est parti et
trant ses grandes dents comme un loup affamé, ;

de là pour crier contre ces excommunications,


et assis sur une peau de vautour.
qui ont cependnnt rendu de si grands services
Evangile de saint Jean. On Croit dans les — à la société dans des siècles barbares. Mais
campagnes que celui qui porte sur soi l'évan- on ne trouverait pas facilement, dans l'his-
gile de saint Jean, In princîpio erat verbum,
toire, un excommunié, frappé régulièrement
écrit sur du parchemin vierge, et renfermé
par le Saint-Siège, qui ait prospéré jusqu'au
dans un tuyau de plume d'oie, le premier di- bout. Napoléon même
peut fournir un exem-
manche de l'année, une heure avant le lever ple récent. — On
dans les Menées des Grecs,
lit
du soleil, sera invulnérable et se garantira de au 15 octobre, qu'un religieux du désert de
quantité de maux 2
.
Schété, ayant été excommunié par son supé-
Eve. — Les musulmans et les talmudistes rieur pour quelque désobéissance, sortit du
lui donnent, comme à notre premier père, désert et vint à Alexandrie, où il fut arrêté
une taille d'une lieue. Voy. Samael. par le gouvernement de la ville, dépouillé du
Évocations. — Celui qui veut évoquer le saint habit, puis vivement sollicité de sacri-
fier aux faux dieux. Le solitaire résista géné-
diable lui doit le sacrifice d'un chien, d'un
chat ou d'une poule, à condition que ces trois reusement; il fut tourmenté en diverses ma-
animaux soient sa propriété nières, jusqu'à ce qu'enfin on lui tranchât la
; il jure ensuite
fidélité et obéissance éternelles , et reçoit
tête ;on jeta son corps hors de la ville. Les
une marque, au moyen de laquelle il jouit
Chrétiens l'enlevèrent la nuit et l'ayant en- ,

d'une puissance absolue sur trois esprits in- veloppé de linceuls, l'enterrèrent dans l'église
fernaux, l'un de la terre, l'autre de la mer, comme martyr. —
Mais pendant le saint sa-
le troisième de — On peut aussi faire
l'air 3 . crifice de la messe, le diacre ayant crié tout

venir diable en lisant certaines formules


le
haut à l'ordinaire Que les catéchumènes et
:

du grimoire. Voy. Conjurations. — Deux ceux qui ne communient pas se retirent, on


chevaliers de Malte avaient un esclave qui se vit tout à coup le tombeau s'ouvrir de lui-

vantait de posséder le secret d'évoquer les même, et le corps du martyr se retirer dans le
démons et de les obliger à découvrir les cho- vestibule de l'église. Après la messe il rentra
ses cachées. On le conduisit dans un vieux de lui-même dans son sépulcre. Un pieux
château , où l'on soupçonnait des trésors en- vieillard ayant prié pendant trois jours, ap-

fouis. L'esclave descendit dans un souterrain, prit par révélation que ce religieux avait en-

fit ses évocations : un rocher


s'ouvrit, et il en couru l'excommunication pour avoir désobéi
sortit un coffre. Il tenta plusieurs fois de s'en à son supérieur, et qu'il demeurait lié jusqu'à
ce que ce même supérieur lui eût donné l'ab-
1
Bergier, Dictionnaire théologique. solution. On alla donc au désert, et l'on en
2 Thiers, Traité des superstitions, er
t. I .

3 Daneeus Fortianis. 1
D. Calmet et Guyot-Delamarre.
EXG — s 6 — EXO
amena le supérieur, qui fit ouvrir le cercueil pourrissent pas en terre, mais qu'ils s'y con-
du martyr et lui donna l'absolution, après quoi servent noirs et puants. —
En Angleterre, le
il demeura en paixdansson tombeau
1
C'est .
— tribunal des doctors commons excommunie en-
un fait merveilleux, que nous neprétendonspas core; et, en 4 837, il a frappé de cette peine
donner comme incontestable. Danslesecond — un marchand de pain d'épices, nommé Stud-
concile de Limoges, tenu en \ 031 ,
l'évèque de berry, pour avoir dit une parole injurieuse à
Cahors raconte une aventure qui lui était par- un autre paroissien dans une sacristie angli-
ticulière, et qu'il présenta comme toute ré- cane. Voy. Interdit.
cente : « Un chevalier de notre diocèse, dit
Excréments. — On sait que le dalaï-lama,
ce prélat, ayant été tué dans l'excommunica-
chef de des Tartares indépendants,
la religion
tion, jene voulus pas céder aux prières de
est regardé comme un dieu. Ses excréments
ses amis, qui me suppliaient vivement de lui sont conservés comme choses sacrées.
des
donner l'absolution je voulais en faire un
:
Après qu'on les a fait sécher et réduits en
exemple, afin que les autres fussent touchés
poudre, on les renferme dans des boîtes d'or
de crainte; il fut enterré par quelques gentils-
enrichies de pierreries, et on les envoie aux
hommes, sans cérémonies ecclésiastiques et
plus grands princes. Son urine est un élixir
sans l'assistance des prêtres, dans une église
— propre à guérir toute espèce de maladie. —
dédiée à saint Pierre. Le lendemain ma-
Dans le royaume de Boutan on fait sécher ,

tin, on trouva son corps hors de terre et jeté


également les plus grossières déjections du roi,
nu loin de son tombeau qui était demeuré ,
et après les avoir renfermées dans de petites
entier, et sans aucune marque qui prouvât
boîtes, on les vend dans les marchés pour sau-
qu'on y eût touché. Les gentilshommes qui
poudrer les viandes. Voy. Déjections, Fien-
lavaient enterré n'y trouvèrent que les lin-
tes, Tanchelm, etc.
ges où il avait été enveloppé; ils l'enterrè-
rent une seconde fois, et couvrirent la fosse Exorcisme, — conjuration, prière à Dieu
d'une énorme quantité de terre et de pierres. et commandement fait au démon de sortir du
— Le lendemain ils trouvèrent de nouveau corps des personnes possédées. Souvent il est
le corps hors du tombeau sans qu'il parût ,
seulement destiné à les préserver du danger.
qu'on y eût travaillé. La même chose arriva On regarde quelquefois exorcisme et conju-
jusqu'à cinq fois; enfin ils l'enterrèrent, rationcomme synonymes cependant la con- ;

comme ils purent, loin du cimetière, dans une juration n'est que la formule par laquelle on
terre profane; ce qui remplit les seigneurs commande au démon de s'éloigner; l'exor-

voisins d'une si grande terreur qu'ils vinrent cisme cérémonie entière


est la Les gens —
tous demander la paix -. » — Jean Bromton qui s'occupent de magie ont aussi leurs exor-
raconte dans sa chronique que saint Augustin, cismes pour évoquer et renvoyer. Voy. Con-
apôtre de l'Angleterre, ayant dit devant tout jurations. —
Voici une légende bizarre sur
le commencer la messe
peuple, avant de :
un exorcisme on lit dans Césaire d'Hester-
:

« Que nul excommunié n'assiste au saint sa- bach, que Guillaume, abbé de Sainte-Agathe,
crifice » on vit sortir aussitôt de l'église un
!
au diocèse de Liège, étant allé à Cologne
mort qui était enterré depuis longues années. avec deux de ses moines, fut obligé de tenir-
Après la messe, saint Augustin, précédé de tête à une possédée. Il fit à l'esprit malin des

la croix, alla demander à ce mort pourquoi il questions auxquelles celui-ci répondit comme
était sorti. Le défunt répondit qu'il était mort il Le diable faisant autant de men-
lui plut.

dans l'excommunication. Le saint pria cet ex- songes que de réponses l'abbé s'en aperçut ,

communié de lui dire où était enterré le prêtre et le conjura de dire la vérité il obéit. Il ,

qui avait porté contre lui la sentence. On s'y apprit au bon abbé comment se portaient plu-
transporta. Augustin pria le prêtre de se lever :
sieurs défunts dont il voulait savoir des nou-
il le fit, et à la demande du saint évèque il velles. Un des frères qui l'accompagnaient
donna l'absolution à l'excommunié, et les deux voulut lier conversation avec le diable. « Tais-

morts retournèrent dans leurs tombeaux. — loi , lui dit l'esprit malin , tu as volé hier

Les critiques vont se récrier, nous adresser douze sous à ton abbé ces douze sous sont ;

quelque froide plaisanterie; nous les avertis- maintenant dans ta ceinture. » L'abbé, —
sons que nous ne rapportons cette légende ayant entendu ces choses, voulut bien en don-
que comme une tradition populaire que nous ner l'absolution à son moine; après quoi il
ne garantissons pas. Les Grecs schismati- — ordonna au diable de quitter la possédée.
ques croient que les corps excommuniés ne « Où voulez-vous que j'aille? demanda le dé-

1
D. Calmet, Dissertation sur les revenants, p. 329. 1
Cœsarii HeisterbachMiracul.,liv. v, ch. 29 et Sbel-
2 Concil., t. IX, p. 902. len, De Diabol., liv. vu.
FAB 207 FAB
mon. — Je bouche, répondit
vais ouvrir ma d'un prêtre qui paraissait mort à volonté, et
l'abbé tu entreras dedans, si tu peux.
,
II — qui resta mort, très-involontairement sans
y fait trop chaud répliqua lè diable vous
,
;
doute, dans une de ses expériences. S'il fit le

avez communié. — Eh bien! mets-toi ici; et mort, il le Ce prêtre se nommait


fit bien.
l'abbé qui était gai tendait son pouce.— Merci, Prétextât; il ne sentait rien de ce qu'on lui
vos doigts sont sanctifiés. — En ce cas, va où faisait souffrir pendant son extase. Les —
ta voudras, mais pars. Pas si vite, répli- — démonomanes appellent l'extase un transport
qua le diable"; j'ai permission de rester ici en esprit seulement, parce qu'ils reconnaissent
deux ans encore. » L'abbé dit alors au — le transport en chair et en os, par l'aide et

diable « Montre-toi à nos yeux dans ta forme


: assistance du diable. Une sorcière se frotta
naturelle. —
Vous le voulez? Oui. — — .de graisse, puis tomba pâmée sans aucun sen-
Voyez. » En même temps la possédée com- timent et trois heures après elle retourna en
;

mença de grandir et de grossir d'une ma- son corps, disant nouvelles de plusieurs pays
nière effroyable en deux minutes, elle était
;
qu'elle ne connaissait point, lesquelles nou-

déjà haute comme une tour de trois cents velles furent par la suite avérées *. — Cardan
pieds, ses yeux devinrent ardents comme des dit avoir connu un homme d'église qui tom-
fournaises et ses traits épouvantables. Les bait sans vie et sans haleine toutes les fois

deux moines tombèrent évanouis ;


l'abbé, qui qu'il le voulait; cet état durait ordinairement
seul avait conservé du courage ,
adjura le quelques heures; on le tourmentait, on le

diable de rendre à la possédée la taille et la frappait, on lui brûlait les chairs sans qu'il
forme qu'elle avait d'abord. Le diable obéit éprouvât aucune douleur; mais il entendait
encore et dit à Guillaume « Vous faites bien : confusément, et comme à une distance fort
d'être pur, car nul homme ne peut, sans mou- éloignée, le bruit qu'on faisait autour de lui.
rir, me voir tel que je suis s'il est souillé. » — Cardan assure encore qu'il tombait lui-même
Nous pourrions beaucoup de contes sau-
citer en extase à sa volonté; qu'il entendait alors
grenus de ce genre; mais à quoi bon? les voix sans y rien comprendre, et qu'il no
Expiation. — Les anciens Arabes coupaient sentait aucunement
les douleurs. Le père —
l'oreille à quelque animal et le lâchaient au de Prestantius, après avoir mangé un fromage
travers des champs en expiation de leurs pé- maléficié, crut qu'étant devenu cheval il avait
chés. — Un Juif, dit Saint-Foix, s'arme d'un porté de très-pesantes charges, quoique son
couteau, prend un coq, le tourne trois fois corps n'eût pas quitté le lit; et l'on regarda
autour de sa tête, et lui coupe la gorge en lui comme une extase, produite par sortilège, ce
disant : « Je te charge de mes péchés; ils sont qui n'était qu'un cauchemar causé par une
à présent à toi : tu vas à la mort, et moi je suis indigestion.
rentré dans le chemin de la vie éternelle... »
Ézéchiel. — Les musulmans disent que les
Extases. — L'extase (considérée comme ossements desséchés que ranima le prophète
crise matérielle) est un ravissement d'esprit, Ézéchie! étaient les restes de la ville de Da-
•une suspension des sens causée par une forte vardan, que la peste avait détruite et qu'il
contemplation de quelque objet extraordinaire releva par une simple prière.
et surnaturel. Les mélancoliques peuvent
avoir des extases. Saint Augustin fait mention 1
Bodin, dans la Démonomanie.

Faal, —
nom que les habitants de Sainl- Fabert (Abraham), de simple soldat, il de- —
Jean-d'Acre donnent à un recueil d'observa- vint maréchal de France, et s'illustra sous
tions astrologiques , qu'ils consultent dans Louis XIV. C'était si extraordinaire, qu'on
beaucoup d'occasions. l'accusa de devoir ses succès à un commerce

Faber ( Albert-Othon) ,
— médecin de avec le diable !..

Hambourg, au dix-septième siècle; il a écrit 1


Curiosités de la littérature, trad. de l'anglais, par
quelques rêveries sur l'or potable. Bertin, t. I er , p. 51.
FAN 208 FAN
Fabre (Pierre-Jean), — médecin de Mont- natisme outré dans les hérésies et dans la sor-
pellier, qui fit faire des pas à la chimie au cellerie. —
Sous le règne de Louis XII, un
commencement du dix-septième siècle. 11
y écolier de l'université de Paris, persuadé que
mêlait un peu d'alchimie. Il a écrit sur cette la religion d'Homère était la bonne, arracha
matièreetsurla médecine spagyrique. Son plus la sainte hostiedes mains d'un prêtre qui la
curieux ouvrage est V Alchimiste chrétien [Al- consacrait, et la foula aux pieds. Voilà du
chimista christianus,)'m-8° ;
Toulouse, 1 632. fanatisme. —
Les Juifs en ont fourni de nom-
Jean-Alrert),
Fabricïus
(
bibliographe — breux exemples. Il y a enfin un très-grand
fanatisme chez beaucoup de philosophes mo-
allemand, né à Leipsig en 1668. Il y a des
dernes. « Il y a un fanatisme politique, un
choses curieuses sur les superstitions et les
fanatisme littéraire, un fanatisme guerrier, un
contes populaires de l'Orient dans son recueil
des livres apocryphes que l'Église a repoussés
fanatisme philosophique \ » On a nommé
d'abord fanatiques les prétendus devins qui
de Y Ancien et du Nouveau Testament K
rendaient leurs oracles dans les temples, fana.
Fairfax (Édouard ), poète anglais du sei- Aujourd'hui on entend par fanatisme tout zèle
zième siècle, auteur d'un livre intitulé la Dé- aveugle.
monologie, où il parle de la sorcellerie avec
assez de crédulité.
Fannius Caïus ) historien qui mourut
( , —
de peur en composant un ouvrage contre Né-
Fairfolks , —
espèce de farfadets qui se ron. Il en avait terminé trois livres, et il com-
montrent en Écosse, et qui sont à peu près mençait le quatrième, lorsque Néron, dont il
nos fées.
avait l'imagination remplie, apparut en lui
Fakone, — lac du Japon, où les habitants songe, et, après avoir parcouru les trois pre-
placent une espèce de limbes habités par tous miers livres de son ouvrage, se retira sans
les enfants morts avaut l'âge de sept ans. Ils touchpr au quatrième qui était en train. Ce
sont persuadés que les âmes de ces enfants rêve frappa Fannius il crut y voir que son ;

souffrent quelques supplices dans ce lieu-là, ouvrage ne serait pas achevé, et il mourut en
et qu'ils y sont tourmentés jusqu'à ce qu'ils effet peu après.
soient rachetés par les passants. Les bonzes
vendent des papiers sur lesquels sont écrits
Fautasmagoriana ,
— litre d'un recueil de
contes populaires où les apparitions et les
les noms de Dieu. Comme ils assurent que les
spectres jouent les premiers rôles. Ces contes
enfantséprouventquelqueallègementlorsqu'on
sont, pour la plupart, traduits de l'allemand,
jette ces papiers sur l'eau, on en voit les bords
2 vol. in-12 Paris, 1812.
du lac couverts. —
Il est aisé de reconnaître
;

dans ces usages des traditions altérées de l'É- Fantasmagorie, —


spectacle d'optique, du

glise.
genre des lanternes magiques perfectionnées,
et qui, aux yeux des ignorants, peut paraître
Falconet (Noël),— médecin, mort en 1734.
de la sorcellerie.
Nous ne citerons de ses ouvrages que ses Let-
tres et remarques sur l'or prétendu potable; Fantômes, — esprits ou revenants de mau-
elles sont assez curieuses. vais augure, qui effrayaient fort nos pères,
quoiqu'ils sussent bien qu'on n'a aucunement
Fanatisme. —
L'Église l'a toujours con-
peur des fantômes si l'on tient dans sa main
damné, comme elle condamne tous les excès.
de l'ortie avec du millefeuille 2 Les juifs . —
Les actes de fanatisme des conquérants du
prétendent que le fantôme qui apparaît ne
Nouveau Monde étaient commis par des scé-
peut reconnaître la personne qu'il doit effrayer
lérats, contre lesquels le clergé s'élevait de
si elle a un voile sur le visage; mais quand
toutes ses forces. On peut le voir dans la vie
cette personne est coupable, ils prétendent,
et dans les écrits de Barthélemi de Las Casas.
au rapport de Buxtorf, que le masque tombe,
— Les écrivains philosophes ont souvent ap-
afin que l'ombre puisse la voir et la poursui-
pelé fanatisme ce qui ne l'était pas. Ils se
sont trompés ou ils ont trompé lorsque, par
vre. —
On a vu souvent des fantômes venir
annoncer la mort; un spectre se présenta
exemple, ils ont attribué le massacre de la
pour cela aux noces du roi d'Ècosse Alexan-
Saint-Barthélemi à la religion, qui y fut étran-
gère; lorsqu'ils ont défendu les fanatiques des
dre III, qui mourut peu après. Camerarius —
rapporte que, de son temps, on voyait quel-
Cévennes, etc. Il y a eu très-souvent du fa-
quefois dans les églises des fantômes sans
1
Codex pseudepigraphus veteris Testamenti, collcc- tête, vêtus en moines et en religieuses, assis
tus, castigatus, testimoniisque censuris et animadver-
sionibus illustratus. In-8°. Hambourg et Leipsig, 1713.
— Codex apocryplius novi Testamenti, etc. Hambourg. 1
Bcrgier, Dict. théolog.
1719. In-8». 2 Les Admirables secrets d'Albert-le-Grand.
FAN 209 — PAK
dans des vrais moines et des sœurs
les stalles terrible fantôme, dont elle entend le frotte-

qui devaient bientôt mourir. —


Un chevalier ment des chaînes contre la muraille. Elle
espagnol avait osé concevoir une passion cri- aperçoit enfin une faible clarté, et, reconnais-
minelle pour une religieuse. Une nuit, qu'il sant la porte du concierge, elle y frappe et
traversait l'église du couvent dont il s'était tombe évanouie sur le seuil ; il vient ouvrir,
procuré la clef, il vit des cierges allumés et la fait transporter sur son lit et lui prodigue
des prêtres, qui lui étaient inconnus, occupés tous les secours qui sont en son pouvoir. Elle
à célébrer l'office des morts autour d'un tom- raconta ce qui lui était arrivé. « Hélas s'é- !

beau. s'approcha de l'un d'eux et demanda


Il cria le concierge , notre fou aura brisé sa
pour qui on faisait le service. « Pour vous, » chaîne et se sera échappé! » Ce fou était un
lui dit le prêtre. Tous les autres lui firent la parent du maître du château, qu'on gardait
même réponse; il sortit effrayé, monta à che- depuis plusieurs années. Il avait effective-
val, s'en retourna à sa maison, et deux chiens ment de l'absence de ses gardiens, qui
profité

l'étranglèrent à sa porte *. — Une dame étaient allés à la noce, pour détacher ses
voyageant seule dans une chaise de poste fut chaînes, et le hasard avait conduit ses pas à
surprise par la nuit près d'un village où l'es- la chambre de la voyageuse, qui en fut quitte

sieu de sa voiture s'était brisé. On était en pour une grande peur i Voy. Apparitions, .

automne, l'air était froid et pluvieux; il n'y Esprits, Revenants, Spectres, Deshouliè-
avait point d'auberge dans le village; on lui res, etc., etc.
indiqua le château. Comme elle en connais- Fantôme volant. On croit, dans la —
sait le maître, elle n hésita pas à s'y rendre. Basse-Bretagne, entendre dans les airs lors- ,

Le concierge alla la recevoir, et lui dit qu'ils qu'il fait un orage, un fantôme volant, qu'on
avaient dans ce moment beaucoup de monde accuse de déraciner les arbres et de renver-
qui était venu célébrer une noce , et qu'il al- ser les chaumières.
lait informer le seigneur de son arrivée. La Fapisia, — herbe fameuse chez les Portu-
fatigue, le désordre de sa toilette et le désir gais, qui l'employaient comme un excellent
de continuer son voyage engagèrent la voya- spécifique pour chasser les démons 2
.

geuse à prier le concierge de ne point déran- Fakir. —


y a dans l'Inde des fakirs qui
Il
ger son maître. Elle lui demanda seulement sont d'habiles et puissants jongleurs. On lit ce
une chambre. Toutes étaient occupées à l'ex- qui suit dans l'ouvrage de M. Osborne, inti-
ception d'une seule, dans un coin écarté du tulé : la Cour et le Camp de Rundjet-Sing : —
château, qu'il n'osait lui proposer à cause de « A la cour de ce prince indien, la mission
son délabrement mais elle lui dit qu'elle s'en
;
anglaise eut l'occasion de voir un personnage
contenterait, pourvu qu'on lui fît un bon lit et
appelé le fakir, homme enterré et ressuscité
un bon feu. Après qu'on eut fait ce qu'elle dont les prouesses avaient fait du bruit dans
désirait, elle soupa légèrement et, s 'étant bien
les provinces de Punjab. — Ce fakir est en
réchauffée, elle se mit au lit. Elle commençait
grande vénération parmi les Sihks à cause de
à s'endormir, lorsqu'un bruit de chaînes et
la faculté qu'il a de s'enterrer tout vivant
des sons lugubres la réveillèrent en sursaut.
pendant un temps donné. Nous avions ouï ra-
Le bruit approche, la porte s'ouvre, elle voit, conter de lui tant d'histoires que notre curio-
à la clarté de son feu, entrer un fantôme
sité était excitée. Voilà plusieurs années qu'il
couvert de lambeaux blanchâtres; sa figure
fait le métier de se laisser enterrer. Le capi-
pâle et maigre, sa barbe longue et touffue, les
taine Wade me témoin d'une de
dit avoir été
chaînes qu'il portait autour du corps, tout
ses résurrections, après un
enterrement de
annonçait un habitant d'un autre monde. Le
quelques mois. La cérémonie préliminaire
fantôme s'approche du feu, se couche auprès
avait eu lieu en présence de Rundjet-Sing,
tout de son long, se tourne de tous côtés en
du général Ventura et des principaux sirdars.
gémissant, puis, à un léger mouvement qu'il
Les préparatifs avaient duré plusieurs jours,
entend près du lit, il se relève promptement
on avait arrangé un caveau tout exprès. Le
et s'en approche. Quelle amazone eût bravé fakir termina ses dispositions finales en pré-
un tel adversaire? Quoique noire voyageuse
sence du souverain; il se boucha avec de la
ne manquât pas de courage elle n'osa l'at- ,
cire les oreilles, le nez et tous les autres ori-
tendre, se glissa dans la ruelle du lit, et,
fices par lesquels l'air aurait pu entrer dans
avec une agilité dont la frayeur rend capa-
son corps. Il n'excepta que la bouche. Cela
bles les moins légères, elle se sauve en che-
fait, il fut déshabillé et mis dans un sac de
mise à toutes jambes, enfile de longs et ob-
1 Spectriana, p. 79.
scurs corridors, toujours poursuivie par le
2 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
1
Torquemada, Hexaméron. liv. iv, page 297.
44
FAR — no FA S
toileaprès qu'il se fat retourné la langue pour trent sous des figures d'animaux, le plusgrand
fermer le passage de la gorge , et qu'il se fut nombrerestent invisibles. Ils rendent générale-
posé dans une espèce de léthargie le sac fut ; ment de bons offices. Des voyageurs crédules
fermé et cacheté du sceau de Runjet-Sing et ont prétendu que les Indes étaient pleines de
déposé dans une boîte de sapin qui, fermée ces esprits bons ou mauvais, et qu'ils avaient
et scellée également, fut descendue dans le un commerce habituel avec les hommes du
caveau. Par dessus on répandit et on foula de pays. — Voici l'histoire d'un farfadet : « En
la terre on sema de l'orge et on plaça des
, l'année 1%%A temps des vendanges
, vers le ,

sentinelles. Il paraît que


maha-rajah, très- le le frère cuisinier d'un monastère de Cîteaux
sceptique sur cette mort, envoya deux fois chargea deux serviteurs de garder les vignes
des gens pour fouiller la terre, ouvrir le ca- pendant la nuit. Un soir, l'un de ces deux
veau On trouva chaque
et visiter le cercueil. hommes, ayant grande envie de dormir, ap-
fois le dans la même position et avec
fakir pela le diable à haute voix et promit de le
tous les signes d'une suspension de vie. Au bien payer s'il voulait garder la vigne à sa
bout de dix mois, terme fixé, le capitaine place. Il achevait à peine ces mots, qu'un far-
Wade accompagna le maha-rajah pour as- fadet parut. » « Me voici prêt, dit-il à celui
sister à l'exhumation il examina attentive-
:
qui l'avait demandé. Que me donneras-tu si

ment par lui-même l'intérieur de la tombe; je remplis ta charge? — Je te donnerai un pa-


il vit ouvrir les serrures, briser les sceaux et nier de raisin, répondit le serviteur, à condi-
porter la boîte ou cercueil au grand air. Quand tion que tu veilleras jusqu'au matin."» — Le
on en tira le fakir, les doigts posés sur son farfadet accepta l'offre, et le domestique ren-
artère et sur son cœur ne purent percevoir tra à la maison pour s'y reposer. Le frère
aucune pulsation. La première chose qui fut cuisinier, qui était encore debout, lui demanda
faite pour le rappeler à la vie, et la chose ne pourquoi il avait quitté la vigne? « Mon com-
se fît pas sans peine, fut de ramener la lan- pagnon la garde, répondit-il, et il la gardera
gue à sa place naturelle. Le capitaine Wade bien. — Va, va, reprit le cuisinier, qui n'en
remarqua que l'occiput était brûlant, mais le savait pas davantage, ton compagnon peut
reste du corps très-frais et très-sain. On l'ar- avoir besoin de toi. » Le valet n'osa répliquer
rosa d'eau chaude, et au bout de deux heu- et sortit; mais il se garda bien de paraître
res le ressuscité était aussi bien que dix mois dans la vigne. Il appela l'autre valet, lui
auparavant. Il prétend faire dans son caveau conta procédé dont il s'était avisé et tous
le ;

les rêves les plus délicieux aussi redoute- :


deux, se reposant sur la bonne garde du lu-
t-il d'être réveillé de sa léthargie. Ses ongles tin, entrèrent dans une petite grotte qui était
et ses cheveux cessent de croître sa seule :
auprès de la vigne et s'y endormirent. Les
crainte est d'être entamé par des vers ou des choses se passèrent aussi bien qu'on pouvait
insectes; c'est pour s'en préserver qu'il fait l'espérer; le farfadet fut fidèle à son poste
suspendre au centre du caveau la boite où il jusqu'au matin, et on lui donna le panier de
repose. — Ce fakir eut la maladroite fantai- raisin promis. Ainsi finit le conte 1 . Voy. Ber-
sie de faire l'épreuve de sa mort et de sa ré- BIGUIER, BÉRITH, ESPRITS, FEUX FOLLETS, Or-
surrection devant la mission anglaise lors- thon, etc.
qu'elle arriva à Mais les Anglais,
Lahore.
avec une cruelle méfiance, proposèrent de lui
Farmer (Hugues), théologien anglican, —
mort en 4787. On a de lui un Essai sur les
imposer quelques précautions de plus ils :
démoniaques du Nouveau Testament, 1775, où
montrèrent des cadenas à eux appartenant, et
il cherche à prouver, assez gauchement, que
parlèrent de mettre au tombeau des faction -
les maladies attribuées à des possessions du
naires européens. Le fakir fit d'abord de la
démon sont l'effet de causes naturelles et non ,

diplomatie ; il se troubla, et finalement refusa


l'effet de l'action de quelque malin esprit.
de se soumettre aux conditions britanniques.
Runjet-Sing se fâcha. « Je vois bien, dit le Fascination , — espèce de charme qui fait

fakir au capitaine Osborne, que vous voulez


qu'on ne voit pas les choses telles qu'elles sont.

me perdre, et que je ne sortirai pas vivant Un Bohémien sorcier, cité par Boguet, chan-
de mon tombeau. Le capitaine, ne voulant geait des bottes de foin en pourceaux, et les
pas avoir à se reprocher la mort du pauvre vendait comme tels , en avertissant toutefois
charlatan, renonça à l'épreuve. » Voy. ÎA- l'acheteur de ne laver ce bétail dans aucune
MAMBUXES. eau mais un acquéreur de la denrée du Bo-
;

Farfadets —
esprits ou lutins ou démons
,
hémien, n'ayant pas suivi ce conseil, vit, au
lieu de pourceaux des bottes de foin nager ,
familiers, que les personnes simples croient
voir ou entendre la nuit. Quelques-uns se mon- 1
('«sari us Hcisterbaehcensis ill. miracul., lib. v.
FAT - 2 11 — FAU
sur l'eau où il voulait décrasser ses bêtes. marier, de suivre tel ou tel genre de vie?
Delrio conte qu'un certain magicien, au moyen Est-il rien de plus fortuit que de périr par le

d'un certain arc et d'une certaine corde ten- fer, de se noyer, d'être malade?... L'homme
due à cet arc, tirait une certaine flèche, faite vertueux, qui parvient par de grands efforts
d'un certain bois, et faisait tout d'un coup pa- à vaincre ses passions n'a donc plus besoin ,

raître devant lui un fleuve aussi large que le de s'étudier à bien faire, puisqu'il ne peut être
jet de cette flèche. Et d'autres rapportent vicieux?... C'est un peu la doctrine de Calvin.
qu'un sorcier juif dévorait des hommes et Faunes, — dieux rustiques inconnus aux
des charretées de foin, coupait des tètes, et Grecs. On les distingue des satyres et sylvains,
démembrait des personnes vivantes, puis re- quoiqu'ils aient aussi des cornes de chèvre ou
mettait tout en fort bon état. Dans la guerre — de bouc, et ta figure d'un bouc depuis la cein-
du duc Vladislas contre Grémozislas duc de ,
ture jusqu'en bas ; mais ils ont les traits moins
Bohême, une vieille sorcière dit à son beau- hideux, une figure plus gaie que celle des sa-
fils, qui suivait le parti de Vladislas, que son tyres et moins de brutalité. D'anciens pères
maître mourrait dans la bataille avec la plus les regardent comme des démons incubes 1 ; et
grande partie de son armée, et que, pour lui, voici l'histoire qu'en donnent les docteurs juifs :

il pouvait se sauver du carnage en faisant ce « Dieu avait déjà créé les âmes des faunes et
qu'elle lui conseillerait ;
c'est-à-dire, qu'il tuât des satyres, lorsqu'il fut interrompu par le jour
le premier qu'il rencontrerait dans la mêlée ; du sabbat, en sorte qu'il ne put les unir à des
qu'il lui coupât les deux oreilles, et les mît corps, et qu'ils restèrent ainsi de purs esprits
dans sa poche puis qu'il fît avec la pointe
;
,
et des créatures imparfaites. Aussi, ajoulent-
de son épée, une croix sur la terre entre les îls, ces esprits craignent le jour du sabbat, et
pieds de devant de son cheval, et qu'après se cachent dans les ténèbres jusqu'à ce qu'il
avoir baisé cette croix il se hâtât de fuir. Le soit passé; ils prennent quelquefois des corps
jeune homme, ayant accompli toutes ces cho- pour épouvanter les hommes; mais ils sont
ses, revint sain et sauf de la bataille, où péri- sujets à la mort. Cependant ils peuvent ap-
rent Vladislas et le plus grand nombre de ses procher si près des intelligences célestes, qu'ils
troupes mais en rentrant dans la maison de sa
; leur dérobent quelquefois la connaissance de
marâtre ce jeune guerrier trouva sâ femme, certains événements futurs, ce qui leur a fait
qu'il chérissait uniquement, percée d'un coup produire des prophéties, au grand étonnement
d'épée, expirante et sans oreilles... Les — des amateurs. »
femmes maures s'imaginent y a des sor- qu'il
Faust (Jean), fameux magicien allemand,
ciers qui fascinent par leur seul regard et ,

né à Weimar au commencement du seizième


tuent les enfants. Cette idée leur est commune
siècle. Un génie plein d'audace, une curiosité
avec les anciens Romains, qui honoraient le
indomptable un immense désir de savoir
, .

dieu Fascinus, à qui l'on attribuait le pouvoir


telles étaient ses qualités prononcées. Il apprit
de garantir les enfants des fascinations et ma-
la médecine, la jurisprudence, la théologie; il
léfices. Voy. Œil, Charmes, Enchantements,
approfondit la science des astrologues; quand
Prestiges, etc.
il eut épuisé les sciences naturelles, il se jela
Fatalisme , —
doctrine de ceux qui recon- dans la magie
du moins toutes ses histoires
:

naissent une destinée inévitable. Si quelqu'un — le disent. On le confond souvent avec Fust
rencontre un voleur, les fatalistes disent que l'associé de Guttemberg dans l'invention de
c'était sa destinée d'être tué par un voleur. l'imprimerie et l'on sait que quand les pre-
;

Ainsi cette fatalité a assujetti le voyageur au miers livres imprimés parurent on cria à la ,

fer du voleur, et a donné long-temps aupa- magie on soutint qu'ils étaient l'ouvrage du
!

ravant au voleur l'intention et la force afin , diable et sans la protection de Louis XI et


; ,

qu'il eût au temps marqué la volonté et le


, , de Sorbonne, l'imprimerie, en naissanl,
la
pouvoir de tuer celui-ci. Et si quelqu'un est était étouffée a Paris. Quoi qu'il en soit, voici
écrasé par la chute d'un bâtiment, le mur est les principaux traits de la légende de FausI.
tombé parce que cet homme était destiné à — Curieux de se lier avec les êtres d'un
être enseveli sous les ruines de sa maison monde supérieur, il découvrit la terrible for-
Dites plutôt qu'il a été accablé sous les ruines, mule qui évoque démons. 11 s'abstint les d'a-
parce que le mur est tombé K — Où serait la bord d'en faire usage mais un jour, se ; pro-
liberté des hommes, s'il leur était impossible menant dans la campagne avec son ami
d'éviter une fatalité aveugle, une destinée iné- Wagner, il aperçut un barbet noir qui for-
vitable? — Est-il rien de plus libre que de se
1
Delancrc, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
1
Barclai, dans l'A rgenis. p. 214.

44.
, —
,

F AU — 2 2 — FAU
mait des cercles rapides en courant autour de lui. Do son côté Faust s'abandonnait au dia-
,

lui; une trace ardente brillait à la suite du ble, sans réserve d'aucun droit à la rédemp-
chien. Faust étonné s'arrête; les cercles que tion ni de recours futur à la miséricorde di-
formait le chien devenaient toujours plus pe- vine. Le démon
lui donna, pour arrhes de ce
tits il s'approche bientôt de Faust et le flatte.
; traité, un coffre plein d'or dès lors, Faust fut ;

Le savant s'en retourne pensif, et le barbet le maître du monde, qu'il parcourut avec éclat.
suit. — Faust ne se retrouva seul que pour se Il allait partout lorsqu'il ne voyageait pas à
,

livrer à de noires idées. Le chien, son nouveau travers les airs dans de riches équipages
,
,

compagnon , les interrompait par des hurle- accompagné de son démon. Il vit un jour, au
ments. Faust le regarde , s'étonne de le voir village de Rosenthal, une jeune fi le ingénue, i

grandir, s'aperçoit qu'il a reçu un démon, que Widman représente comme surpassant
saisit son livre magique , se place dans un en grâces toutes les beautés de la terre et ,

cercle, prononce la formule et ordonne à l'es- qu'il appelle Marguerite. Il en devint épris ;

prit de se faire connaître. Le chien s'agite, une mais elfe était Méphistophelès
vertueuse.
fumée l'environne , et à sa place il voit un dé- pour le détourner de cette passion qu'il re-
mon costume d'un jeune seigneur vêtu
sous le doutait, le mena à la cour. Charles-Quint, sa-
avec élégance. C'était le démon Méphistophe- chant ses talents magiques, le pria de lui faire
lès, le second des archanges déchus, et, après voirÀlexandre-le-Grand Faust obligea aus- ;

Satan, le plus redoutable chef des légions in- sitôt le fameux roi de Macédoine à paraître.

fernales... — Les divers légendaires rappor- Il vint sous la figure d'un petit homme trapu,

tent cet événement avec des variantes. Wid- haut en couleur, avec une espèce de barbe
man dit qu'étant décidé à évoquer un démon, rousse, le regard perçant et la contenance
Faust alla dans l'épaisse forêt de Mangeall fière. Il fit à l'empereur une révérence, et lui

près de Wittemberg là il fit à terre un cer- ; adressa même quelques mots dans une langue
cle magique, il se plaça au milieu et prononça que Charles-Quint n'entendait point. D'ailleurs
la formule de conjuration avec tant de rapi- il lui était défendu de parler. Tout ce qu'il
dité qu'il se fit autour de lui un bruit effroya- put faire fut de bien considérer, ainsi que
le

ble. Toute la nature parut s'ébranler. Les ar- César et quelques autres que Faust ranima
bres pliaient jusqu'à terre de grands coups ,
un instant pour lui. — L'enchanteur
opéra
de tonnerre interrompaient les sons lointains mille merveilles semblables. en croire sesA
d'une musique solennelle, à laquelle se mê- historiens, il usait sans discrétion de son pou-
laient des cris, des gémissements, des clique- voir surnaturel. Un jour, se rencontrant à ta-
tis d'épées. De violents éclairs déchiraient le ble dans un cabaret avec douze ou quinze
voile noir qui cachait le ciel. Une masse en- buveurs qui avaient entendu parler de ses
flammée parut, se dessina peu à peu, et forma prestiges , ils le supplièrent de leur en faire
un spectre qui s'approchant du cercle sans
,
voir quelque chose. Faust perça la table avec
parler, se promena alentour, d'une marche un foret, et en fit sortir les vins les plus déli-
inégale, pendant un quart d'heure. L'esprit cats. Un des convives n'ayant pas mis la coupe
revêtit enfin la figure et le costume d'un moine assez vivement sous le jet, la liqueur prit feu
gris et entra en conversation avec Faust. Le — en tombant à terre, et ce prodige effraya
docteur signa de son sang, sur un parchemin quelques-uns des assistants. Le docteur sut
vierge avec une plume de fer que lui pré-
, dissiper leur trouble et ces gens, qui avaient
;

senta le démon, un pacte par lequel Méphis- la tête échauffée, lui demandèrent unanime-
tophelès s'obligeait à le servir vingt-quatre ment qu'il leur fit voir une vigne chargée de
ans, après quoi Faust appartiendrait à l'enfer. raisins mûrs. Ils pensaient que, comme on
Widman, dans son Histoire de Faust, rapporte était alors en décembre , il ne pourrait pro-
les conditions de ce pacte, dont on assure duire un tel prodige. Faust leur annonça qu'à
qu'on trouva le double parmi lçs papiers du l'instant, sans sortir de table, ils allaient voir
docteur. Il parchemin en ca-
était écrit sur une vigne telle qu'ils la souhaitaient, mais à
ractères d'un rouge foncé, et portait 1° que : condition que tous ils resteraient à leurs pla-
l'esprit viendrait toujours au commandement ces, et attendraient, pour couper les grappes de
de Faust, lui apparaîtrait sous une figure sen- raisin, qu'il le leur commandât, les assurant
sible , et prendrait celle qu'il lui ordonnerait que quiconque désobéirait, courait risque de
de revêtir; l° que l'esprit ferait tout ce que la vie. Tous ayant promis d'obéir, le magicien
Faust lui commanderait; 3° qu'il serait exact fascina si bien les yeux de ces gens, qui étaient
et soumis comme un serviteur 4° qu'il arri- ;
ivres qu'il leur sembla voir une très-belle
,

verait à quelque heure qu'on l'appelât ô° qu'à ;


f
vigne chargée d'autant de longues grappes de
la maison il ne serait vu ni reconnu que de raisin qu'ils étaient de convives. Cette vue les

FAU — : 3 — FÉE
ravit; ils prirent leurs couteaux et se mirent par le diable. — On
encore qu'il débitait
dit
en devoir de couper les grappes au premier en Allemagne des almanachs qui dictés par ,

signal de Faust. Il se fit un plaisir de les te- Méphistophelès, prédisaient toujours juste, et
nir quelque temps dans cette posture, puis, avaient, par conséquent, plus de succès en-
tout à coup, il fit disparaître la vigne et les core que Matthieu Laensberg, qui se trompe
raisins chacun de ces buveurs pensant
et quelquefois. Mais on ne retrouve aucun de ces
— La
; ,

avoir en main sa grappe pour la couper, se almanachs. vie de Faust et de Christophe


trouva tenant d'une main le nez de son voi- Wagner, son valet , sorcier comme lui, a été
sin, et de l'autre le couteau levé, de sorte que écritepar Widman, Francfort, 1587, in-8°,
s'ils eussent coupé les grappes sans attendre traduite en plusieurs langues, et en français
l'ordre de Faust ils se seraient coupé le nez
, par Victor Palma Cayet; Paris, 1603, in-12.
les uns aux autres. —
On a dit que Faust avait, Adelung lui a consacré un grand article dans
comme Agrippa, l'adresse de payer ses créan- son Histoire des folies humaines. Tous les dé-
ciers en monnaie de corne ou de bois, qui pa- monographes ont parlé de lui Gœthe a mis ;

raissait bonne au moment où elle sortait de ses aventures en un dràme bizarre ou chro-
sa bourse, et reprenait au bout de quelques , nique dialoguée. MM. Desaur et de Saint-
jours, sa véritable forme. Mais le diable lui Geniès ont publié en 1825, les Aventures de
,

donnait assez d'argent pour qu'il n'eût pas Faust et sa descente aux enfers, roman en 3
besoin d'user de ces fraudes. Wecker dit qu'il vol. in-12, où l'on ne trouve pas tout le mer-
n'aimait pas le bruit, et que souvent il faisait veilleux des légendes allemandes. M. Mar-
taire par la force de sa magie les gens qui
,
, mier a donné aussi une curieuse légende do
le fatiguaient, « témoin ce certain jour qu'il Faust.
lia la bouche à une demi-douzaine de paysans

ivres, pour les empêcher de babiller et de


Fechner Jean),
(

auteur d'un traité latin
sur la pneumatique, ou doctrine des esprits
piailler comme ils faisaient. » — Il n'avait
selon les plus célèbres philosophes de son
pas renoncé à son projet chéri d'épouser
temps. Breslau, in-12, 1698.
Marguerite; mais le démon l'en détournait
d'autant plus , comme dit Widman ,
qu'ap-
Fécondité. — De graves écrivains affir-

partenant à l'enfer par son pacte il n'avait


ment que le vent produit des poulains et des
,

perdrix. Varron dit qu'en certaines saisons


plus le droit de disposer de lui ni de former

un nouveau lien. Méphistophelès l'en éloignait le vent rend fécondes les juments et les poules

donc sans cesse. Faust allait au sabbat il pour- de Lusilanie. Virgile, Pline, Columelie ont ,
;

suivait le cours de sa destinée infernale. Lors- adopté ce conte, et le mettent au nombre des
faits constamment vrais, quoiqu'on n'en puisse
que le temps du pacte fut accompli, il fris-
sonna à la pensée du sort qui lui était main- dire la raison. —
On a soutenu autrefois
tenant réservé. Il voulut s'enfuir dans une beaucoup d'impertinences de ce genre, qui
église ou dans tout autre lieu saint, pour im- aujourd'hui sont reconnues des erreurs. On a
plorer la miséricorde divine Méphistophelès publié un arrêt donné en 1537 par le parle-
;

l'en empêcha il le conduisit tremblant sur la ment de Grenoble, qui aurait reconnu la fé-
;

plus haute montagne de la Saxe. Faust voulut condité d'une femme produite par la seule

se recommander à Dieu « Désespère et meurs, :


puissance de l'imagination. Cet arrêt supposé
lui dit le démon, lu es maintenant à nous. » n'est qu'une assez mauvaise plaisanterie.
A ces mots, l'esprit des ténèbres apparut aux Fées. —
Si les histoires des génies sont an-
yeux de Faust sous la forme d'un géant haut ciennes dans l'Orient, la Bretagne a peut-être
comme le firmament ses yeux enflammés lan- ; le droit de réclamer les fées et les ogres. Nos
çaient la foudre, sa bouche vomissait du feu, fées ou fades (
fatidicœ ) sont assurément les
ses pieds d'airain ébranlaient la terre. Il sai- druidesses de nos pères. Chez les Bretons, de
sit sa victime avec un éclat de rire qui reten- temps immémorial et dans tout le reste des
,

tit comme le tonnerre , déchira son corps en Gaules, pendant la première race des rois
lambeaux, et précipita son âme dans les en- francs, on croyait généralement que les drui-
fers. —Apprenez par là, frères, que tout n'est desses pénétraient les secrets de la nature, et
pas gain en mauvaise compagnie. Nous — disparaissaient du monde visible. Elles res-
avons dit que la découverte de l'imprimerie semblaient en puissance aux magiciennes des
fit poursuivre Faust comme sorcier; on assu- Orientaux on en a fait les fées. On disait
;

rait que l'encre rouge de ses Bibles était du qu'elles habitaient au fond des puits, au bord
sang; il est vrai qu'elle a un éclat particulier, des torrents, dans des cavernes sombres. Elles
et qu'on a pu croire au moins, dans un siècle avaient le pouvoir de donner aux hommes des
d'ignorance, que le secret en avait été donné formes d'animaux , et faisaient quelquefois
fée — 2 * — FÉE
dans les forêts les mêmes fonctions que les neille de Kempen du temps de
assure que ,

nymphes du paganisme. Elles avaient une Lothaire, y avait en Frise quantité de fées
il

reine qui les convoquait tous les ans en assem- qui séjournaient dans les grottes, autour des
blée générale, pour punir celles qui avaient montagnes, et qui ne sortaient qu'au clair de
abusé de leur puissance et récompenser celles la lune. Olaiis Magnus dit qu'on en voyait
qui avaient fait du bien. Dans certaines con- beaucoup en Suède de son temps. « Elles ont
trées de l'Écosse, on dit que les fées sont char- pour demeure, ajoute-t-il, des antres obscurs,
gées de conduire au ciel les âmes des entants clans le plus profond des forêts; elles se mon-
nouveau-nés, et qu'elles aident ceux qui les trent quelquefois, parlent à ceux qui les con-
invoquent à rompre les maléfices de Satan. — sultent, et s'évanouissent subitement. » On
On voit dans tous les contes et dans les vieux voit, dans Froissard, qu'il y avait également
romans de chevalerie, où les fées jouent un si une multitude de fées dans l'île de Cépha-
grand rôle, que quoique immortelles elles
, , lonie qu'elles protégeaient le pays contre
;

étaient assujetties à une loi qui les forçait à tout méchef, et qu'elles s'entretenaient fami-
prendre tous les ans, pendant quelques jours, lièrement avec les femmes de l'île. Les —
la forme d'un animal, et les exposait, sous femmes blanches de l'Allemagne sont encore
celte métamorphose, à tous les hasards, même des fées; mais celles-là étaient presque tou-
à la mort, qu'elles ne pouvaient recevoir que jours dangereuses. Leloyer conte que les
violente. On les distinguait en bonnes et mé- Écossais avaient des fées, ou fairs, ou fair-
chantes fées; on était persuadé que leur folks qui venaient la nuit dans les prairies.
,

amitié ou leur haine décidait du bonheur ou Ces fées paraissent être les striges, ou magi-
du malheur des familles. —
A la naissance de ciennes, dont parle Ausone. Hector de Boëce,
leurs enfants les Bretons avaient grand soin
, dans ses Annales d'Ecosse dit que trois de ,

de dresser, dans une chambre écartée, une ces fées prophétisèrent à Banquo chef des ,

table abondamment servie avec trois cou-


, Stuarts, la grandeur future de sa maison
verts, afin d'engager les mères, ou fées, à leur Shakspeare, dans son Macbeth, en a fait trois
être favorables, à les honorer de leur visite, sorcières. —
Il reste beaucoup de monuments

et à douer le nouveau-né de quelques qua- de la croyance aux fées telles sont les grottes
:

lités heureuses. Ils avaient pour ces êtres mys- du Chablais, qu'on appelle les grottes des fées.
térieux le même respect que les premiers On n'y aborde qu'avec peine. Chacune des
Romains pour les carmentes déesses tuté- , trois grottes a dans le fond, un bassin dont
,

laires des enfants, qui présidaient, à leur nais- l'eau passe pour avoir des vertus miracu-
sance, chantaient leur horoscope et recevaient leuses. L'eau qui distille dans la grotte supé-
des parents un culte. —
On trouve des fées rieure, à travers le rocher, a formé, dans la
chez tous les anciens peuples du Nord et , voûte la figure d'une poule qui couve ses
,

c'était une opinion partout adoptée que la poussins. A côté du bassin, on voit un rouet,
grêle et les tempêtes ne gâtaient pas les fruits ou tour à filer, avec la quenouille. « Les
dans les lieux qu'elles habitaient. Elles ve- femmes des environs, dit un écrivain du der-
naient le soir, au clair de la lune, danser dans nier siècle, prétendent avoir vu autrefois,
les prairies écartées. Elles se transportaient dans l'enfoncement, une femme pétrifiée au-
aussi vite que la pensée partout où elles sou- dessus du rouet. Aussi on n'osait guère ap-
haitaient, à cheval sur un griffon , ou sur un procher de ces grottes mais depuis que la ;

chat d'Espagne, ou sur un nuage. — On assu- figure de la femme a disparu, on est devenu
rait même que, par un autre caprice de leur moins timide. » —
Auprès de Ganges, en Lan-
destin, les fées étaient aveugles chez elles, et guedoc, on montre une autre grotte des fées,
avaient cent yeux dehors. Frey remarque qu'il ou grotte des demoiselles , dont on fait des
y avait entre les fées , comme parmi les contes merveilleux. On voit à Merlingen, en
hommes, inégalité de moyens et de puissance. Suisse une citerne noire qu'on appelle le
,

Dans les romans de chevalerie et dans les puits de la fée. Non loin de Bord-Saint-Georges,
contes, on voit souvent une bonne fée vaincue à deux lieues de Chambon on respecte en-
par une méchante, qui a plus de pouvoir. — core les débris d'un vieux puits qu'on appelle
,

Les cabalistes ont aussi adopté l'existence des aussi le puits des fées, ou fades , et sept bas-
fées mais ils prétendent qu'elles sont des syl-
, sins qu'on a nommés
creux des fades. On
les

phides, ou esprits de l'air. On vit, sous Char- voit près de là, sur la roche de Beaune, deux
Jemagne et sous Louis-le-Débonnaire une , empreintes de pied humain l'une est celle du :

multitude de ces esprits, que les légendaires pied de saint. Martial; l'autre appartient, sui-
appelèrent des démons les cabalistes des
,
vant la tradition, à la reine des fées, qui, dans
sylphes, et nos chroniqueurs des lues. Cor- •m moment de fureur, frappa si fortement le
FÉF — 2 5 — FEL
rocher de son pied droit qu'elle en laissa la qui déroba au prince de Salm la bague qu'il
marque. On ajoute que, mécontente des ha- avait au doigt, un jour qu'il le trouva assoupi
bitants du canton , elle tarit les sources mi- pour avoir trop bu. Ce M. de Pange avait
nérales qui remplissaient les creux des lées ,
quarante mille écus de revenu il avait de ;

et les fitcouler à Évaux, où elles sont encore. belles terres il était surintendant des fi-
;

— On voyait, près de Domremy, V arbre des nances du duc de Lorraine. Cependant à son
Fées ; Jeanne d'Arc fut même accusée d'avoir retour d'Espagne, où il ne réussit à rien, quoi-
eu des relations avec les fées qui venaient qu'il y eût fait pendant long-temps bien de la
danser sous cet arbre. On remarque dans la dépense ( il était ambassadeur chargé d'ob-
petite île de Concourie, à une lieue de Saintes, tenir une fille du roi Philippe II pour son
une haute butte de terre qu'on appelle le ,
maître), il trouva tout son bien dissipé, il
mont des Fées. La Bretagne
est pleine de ves- mourut de regret, et ses trois filles qu'il avait
tigessemblables; plusieurs fontaines y sont mariées furent abandonnées de leurs maris.
encore consacrées à des fées qui métamor- — On ne saurait dire de quelle matière sont
phosent en or, en diamant , la main des in- ces dons de la fée. Ils sont grossiers. On ra-
discrets qui souillent l'eau de leurs sources. conte que Diane de Dampmartin marquise
— ïallemant
,

des Réaux rapporte une mer- d'Havré de la maison de Croy, ayant laissé
,

veilleuse histoire de fée ,


qui se rattache à tomber le gobelet en le montrant, il se cassa
l'origine des maisons de Croy, de Salm et de en plusieurs pièces. Elle les ramassa, les remit
Bassompierre. —
Le comte d'Angeweiller, dans l'étui en disant « Si je ne puis l'avoir
:

marié avec la comtesse de Kinspein allait , entier, je l'aurai au moins par morceaux; »
habituellement à la chasse; quand il revenait et le lendemain, en ouvrant l'étui, elle trouva
tard ou qu'il voulait partir de grand matin le gobelet aussi entier que devant... Voilà, —
sans réveiller sa femme, il couchait dans une ajoute Tallemant, une belle petite fable. On —
petite chambre, au-dessus de la porte d'en- lit, dans la légende de saint Armentaire, écrite

trée de son château. On avait mis là pour lui en l'an 1300, quelques détails sur la fée Es-
une couchette de bois, bien travaillée selon le terelle, qui vivait auprès d'une fontaine où les
temps. —
Or un lundi en montant à sa cham-, Provençaux lui apportaient des offrandes. Elle
bre sur le portail, il y trouva une fée endormie. donnait des breuvages enchantés aux femmes.
11 ne la troubla point; et durant quinze ans Le monastère de Notre -Dame- de -l'Esterel
elle revint là tous les lundis, jusqu'à un cer- était bâti sur le lieu qu'avait habité cette fée.
tain jour que la comtesse, étant entrée dans — Mélusine était encore une fée il y avait ;

cette chambre, y vit le couvre-chef de la fée dans son destin cette particularité qu'elle ,

et le dérangea. La fée, se voyant découverte, était obligée tous les samedis de prendre la
dit au comte qu'elle ne reviendrait plus et lui forme d'un serpent dans la partie inférieure
donna un gobelet, une cuiller et une bague, de son corps. La fée qui épousa le seigneur
lui recommandant de partager ces trois dons d'Argouges, au commencement du quinzième
à trois filles qu'il avait. « Ces gages, dit-elle, siècle l'avait
, dit-on averti de ne jamais
, ,

porteront le bonheur dans les maisons où ils parler de la mort devant elle mais un jour ;

entreront tant qu'on les y gardera et tout ; qu'elle s'était fait long-temps attendre son ,

malheur arrivera à qui dérobera un de ces mari impatienté lui dit qu'elle serait bonne
,

— A près ces mots,


,

objets précieux . » la fée s'en à aller chercher la mort. Aussitôt la fée dis-
alla, et le comte d'Angeweiller ne la revit parut en laissant les traces de ses mains sur
jamais plus. Il maria ses trois filles avec trois les murs, contre lesquels elle frappa plusieurs
seigneurs des maisons de Croy, de Salm et do fois de dépit. C'est depuis ce temps que la
Bassompierre et leur donna à chacune une
, noble maison d'Argouges porte dans ses armes
terre et un gage de la fée. Croy eut le gobelet trois mains posées en pal et une fée pour ,

et la terre d'Angeweiller Salm eut la bague ; cimier. L'époux de Mélusine la vit également
et la terre de Fenestrange et Bassompierre , disparaître pour n'avoir pu vaincre la curio-
eut la cuiller avec la terre d'Answeiller. Trois sité de la regarder à travers la porte dans sa
abbayes étaient dépositaires do ces gages métamorphose du samedi. La reine des fées —
quand les enfants étaient mineurs Nivelles , estTitania, épouse du roi Obéron, qui a inspiré
pour Croy, Remenecour pour Salm Épinal ,
à Wieland un poème célèbre en Allemagne.
pour Bassompierre; et en effet ces trois mai- Felgenhaver Paul ), — visionnaire alle-
sons prospérèrent long-temps. — Quant à mand du
(

seizième siècle. Il se vantait d'avoir


l'autre prédiction de la fée, relativement au reçu de Dieu la connaissance du présent,
vol de ces objets, on en reconnut la vérité dans du passé et de l'avenir; il prêchait un esprit
la maison de M. de Pange, seigneur lorrain astral, soumis aux régénérés, lequel esprit
FE31 21G — FEM
astral soumis aux régénérés a donné aux
, , le toupet et le crin des chevaux, qu'ils pei-
prophètes et aux apôtres le pouvoir d'opérer gnent et qu'ils tressent ensuite fort propre-
des prodiges et de chasser les démons. Ayant ment; ces femmes blanches, ajoute le même
été mis en prison à cause de quelque scan- auteur, sont aussi nommées sibylles et fées.
dale qu'il avait causé il composa un livre ,
— En Bretagne, des femmes blanches, qu'on
où il prouvait la divinité de sa mission par ses appelle lavandières ou chanteuses de nuit
souffrances. Il y raconte une révélation dont lavent leur linge en chantant, au clair de la
le Seigneur, disait-il Ses
, l'avait favorisé. lune, dans les fontaines écartées ; elles invi-
principaux ouvrages sont -1° Chronologie ou : tent les passants à tordre leur linge et cas-
efficacité des années du monde, sans désigna- sent bras à qui les aide de mauvaise grâce.
le

tion du lieu d'impression, 4 620, in-4°. Il pré- — Érasme parle d'une femme blanche célèbre
tend y démontrer que le monde est de 235 ans en Allemagne et dont voici le conte
, « La :

plus vieux qu'on ne le croit que Jésus-Christ ;


chose qui est presque la plus remarquable
est né l'an 4235 de la création et il trouve ; dans notre Allemagne, dit-il, est la femme
de grands mystères dans ce nombre parce ,
blanche qui se fait voir quand la mort est
que le double septénaire y est contenu or, ;
prête à frapper à la porte de quelque prince,
le monde ne pouvant pas subsister plus de et non-seulement en Allemagne, mais aussi
six mille ans, il n'avait plus, en 4 620, à en Bohême. En effet, ce spectre s'est montré
compter que sur une durée de 4 45 ans. Le à la mort de la plupart des grands de Neu-
jugement dernier était très-proche et Dieu , haus de Rosemberg, et il se montre encore
et
lui en avait révélé l'époque, qui était 4765. aujourd'hui. Guillaume Slavata, chancelier de
2° Miroir des temps, dans lequel, indépendam- ce royaume, déclare que cette femme ne peut
ment des admonitions adressées à tout le monde, être retirée du purgatoire tant que le château
on expose aux yeux ce qui a été et est parmi de Neuhaus sera debout elle y apparaît, non-
;

tous les par la grâce de Dieu et


Etats , écrit seulement quand quelqu'un doit mourir, mais
par l'inspiration du Saint-Esprit 4 620 ,
,
aussi quand il se doit faire un mariage ou
in-4° ;
3° Postillon ou Nouveau calendrier et qu'il doit naître un enfant avec cette diffé-
;

prognosticon astrologico-propheticum ,
pré- rence que quand elle apparaît avec des vê-
senté à tout l'univers et à toutes les créatures, tements noirs, c'est signe de mort; et, au
4 656 ,in-12 ( en allemand ). contraire, un témoignage de joie quand on la
voit tout en blanc. Gerlanius témoigne avoir
Femmes. —
Il y eut une doctrine, adoptée
ouï dire au baron d'Ungenaden, ambassadeur
par quelques hérétiques que les femmes
de l'empereur à la Porte, que cette femme
,

étaient des brutes, mulieres non esse homines.


blanche apparaît toujours en habit noir lors-
Un concile de Mâcon foudroya cette extrava-
qu'elle prédit en Bohême la mort de quel-
gance. —
Nous ne rapporterons pas ici toutes
qu'un de la famille de Rosemberg. Le sei-
les mille et une erreurs qu'on a débitées con-
gneur Guillaume de Rosemberg s'étant allié
tre les femmes. Delancre et Bodin assurent
aux quatre maisons souveraines de Brunswick,
qu'elles sont bien plus aptes que les hommes
de Brandebourg de Bade et de Pernstein
,
,

à la sorcellerie, et que c'est une terrible chose


qu'une femme qui s'entend avec le diable. — l'une après l'autre, et ayant fait pour cela de
grands frais, surtout aux noces de la princesse
D'anciens philosophes disent aussi que la pré-
de Brandebourg , la femme blanche s'est
sence des femmes en certains jours fait tourner
rendue familière à ces quatre maisons et à
le lait, ternit les miroirs, dessèche les cam-
pagnes engendre des serpents et rend les
quelques autres qui lui sont alliées. A l'é- —
gard de ses manières d'agir, elle passe quel-
,

chiens enragés. Les philosophes sont bien


quefois très-vite de chambre en chambre,
niais.
ayant à sa ceinture un grand trousseau de
Femmes blanches. — Quelques-uns don- clefs, dont elle ouvre et ferme les portes aussi
nent le nom de femmes blanches aux syl- bien de jour que de nuit. S'il arrive que
phides aux nymphes, et à des fées qui se , quelqu'un la salue, pourvu qu'on la laisse
montraient en Allemagne d'autres entendent ; faire, elle prend un ton de voix de femme
par là certains fantômes qui causent plus de veuve et une gravité de personne noble, et,
peur que de mal. Il y a une sorte de spectres après avoir fait une honnête révérence de la
peu dangereux, dit Delrio, qui apparaissent tête, elle s'en va. Elle n'adresse jamais de
en femmes toutes blanches dans les bois et , mauvaises paroles à personne; au contraire,
les prairies quelquefois mémo on les voit dans
; die regarde tout le monde avec modestie et
les écuries, tenant des chandelles de cire allu- avec pudeur. Il est vrai que souvent elle s'est
mées, dont ils laissent tomber des gouttes sur fâchée, et que même elle a jeté des pierres
,

FEU — 21 7 — FEU
à ceux à qui elle a entendu tenir des discours sortir du palais, il voulut que la sentence fût
inconvenants, tant contre Dieu que contre son exécutée ,
quoique les accusés protestassent
service elle se montre bonne envers les pau-
;
de leur innocence, et quoiqu'il n'y eût aucune
vres, et se tourmente fort quand on ne les preuve contre eux. Alors, disent les historiens
aide pas à sa fantaisie. Elle en donna des de ce temps, les deux frères ajournèrent Fer-
marques lorsqu'après que les Suédois eurent dinand à comparaître dans trente jours au
pris le château, ils oublièrent de donner aux tribunal du juge des rois; et, précisément
pauvres le repas de bouillie qu'elle a institué trente jours après, le roi s'étant retiré, après
de son vivant. Elle fit un si grand charivari le dîner, pour dormir, fut trouvé mort dans
que les soldats qui y faisaient la garde ne sa- son lit.

vaient où se cacher. Les généraux mêmes ne


furent pas exempts de ses importunités, jus-
Femand ( Antoine ) jésuite espagnol , —
auteur d'un commentaire assez curieux sur
qu'à ce qu'enfin un d'eux rappelât aux autres
les visions et révélations de Y Ancien Testa-
qu'il fallait faire de la bouillie et la distribuer
ment, publié en 1617 !
.

aux pauvres; ce qui ayant été fait, tout fut


Ferragus, — géant dont parle la chronique
tranquille. »
de l'archevêque Turpin. Il avait douze pieds
Fer chaud (Épreuve du ). Celui que — de haut, et la peau si dure qu'aucune lance
l'on condamnait à l'épreuve du fer chaud était ou épée ne la pouvait percer. Il fut vaincu
obligé de porter, à neuf ou douze pas une , par l'un des preux de Charlemagne.
barre de fer rouge pesant environ trois livres.
Ferrier ( Auger ) —
médecin et astrolo-
,

Cette épreuve se faisait aussi en mettant la


gue, auteur d'un livre peu connu, intitulé :

main dans un gantelet de fer sortant de la Jugements d'astronomie sur les nativités , ou
fournaise, ou en marchant sur du fer rougi.
horoscopes, in-16, qu'il dédia à la reine Ca-
Voy. Emma. —
Un mari de Didymotèque, therine de Médicis. Auger Ferrier a laissé en-
soupçonnant la fidélité de sa femme, lui pro-
core un petit traité latin, De somniis, imprimé
posa d'avouer son crime ou de prouver son
à Lyon en 1549 avec , le traité d'Hippocrate
innocence par l'attouchement d'un fer chaud.
sur les insomnies.
Si elle avouait, elle était morte; si elle tentait
l'épreuve, elle craignait d'être brûlée. Elle
Fétiches, —
divinités des nègres de Guinée.
Ces divinités varient ce sont des animaux
:

eut recours à l'évêque de Didymotèque, prélat


desséchés, des branches d'arbres, des arbres
recommandable ; elle lui avoua sa faute en
mêmes, des montagnes, ou toute autre chose .
pleurant et promit de la réparer. L'évêque ,
ilsen ont de petits qu'ils portent au cou ou
assuré de son repentir, lui dit qu'alors elle
au bras, tels que des coquillages. Ils honorent
pouvait sans crainte se soumettre à l'épreuve.
un'arbre qu'ils appellent Yarbre des fétiches;
Elle prit un fer rougi au feu , fit trois fois le
ils placent au pied une table couverte de vins
tour d'une chaise, l'ayant toujours à la main,
et le mari fut pleinement rassuré. Ce trait eut
de palmier, de riz et de millet. Cet arbre —
lieu sous Jean Cantacuzène. — Sur la côte du est un oracle que l'on consulte dans les occa-
sions importantes; il ne manque jamais de
Malabar, l'épreuve du fer chaud était aussi
faire connaître sa réponse par l'organe d'un
en usage. On couvrait la main du criminel
chien noir, qui est le diable, selon nos démo-
d'une feuille de bananier, et l'on y appliquait
un fer rouge; après quoi le surintendant des
nographes. —
Un énorme rocher nommé Ta-
bra, qui s'avance dans la mer en forme de
blanchisseurs du roi enveloppait la main de
presqu'île, est le grand fétiche du cap Corse.
l'accusé avec une serviette trempée dans de
l'eau de riz la liait avec des cordons puis
il
On lui rend des honneurs particuliers, comme
; ;

le roi appliquait lui-même son cachet sur le


au plus puissant des fétiches. Au Congo, per-
sonne ne boit sans faire une oblation à son
nœud. Trois jours après on déliait la main et
principal fétiche, qui est souvent une défense
on déclarait le prévenu innocent, s'il ne res-
tait aucune marque de brûlure
d'éléphant.
mais s'il en ;

était autrement, il était envoyé au supplice. Feu. —


Plusieurs nations ont adoré cet élé-
— Au reste l'épreuve du fer chaud est fort
,
ment. En Perse, on faisait des enclos fermés
ancienne; car il en est question dans Y Electre de murailles et sans toit, où l'on entretenait
de Sophocle. du feu. Les grands y jetaient des essences et
des parfums. Quand un roi de Perse était à
Ferdinand IV ( dit i/ AJOURNÉ ), roi do — l'agonie, on éteignait le feu dans les villes
Castille et de Léon, né en 4285. Ayant con-
damné à mort, deux frères que l'on accusait 1 Antonii Fernandii, etc. Coinraentarji in visiones vê-
d*avoir assassiné un seigneur castillan au te ris Testamenti. Lugd., 1617.
FEU — % 8 — FEU
principales du royaume, pour ne le rallumer bouillir le tout, jusqu'à ce qu'un morceau de
qu'au couronnement cle son successeur. — toile qu'on aura jeté dedans soit consumé; on
Certains Tartares n'abordent jamais les étran- le remue avec une spatule de fer. 11 ne faut
gers qu'ils n'aient passé entre deux feux pour pas s'exposer à faire cette composition dans
se purifier ; ils ont bien soin de boire la face une chambre, mais dans une cour; parce que
tournée vers le midi, en l'honneur du feu. Les si le feu prenait, on serait très-embarrassé de

.lagous, peuple de Sibérie, croient qu'il existe l'éteindre 1


. — Ce n'est sans doute pas là le
dans un être qui dispense le bien et le
le feu feu grégeois d'Archimède.
mal ils lui offrent des sacrifices perpétuels.
;
Feu Saint-Elme, OU feu Saint-Germain,
— On sait que, selon les cabalistes, le feu est OU Saint- Anselme.
feu Le prince de —
l'élément des salamandres. Voy. ce mot. — Radzivill dans son Voyage de Jérusalem
,

Parmi les épreuves superstitieuses qu'on ap-


parle d'un feu qui parut plusieurs fois au haut
pelait jugements de Dieu, l'épreuve du feu ne du grand mât du vaisseau sur lequel il était
doit pas être oubliée. Lorsqu'il fallut décider
monté; il le nommait feu Saint - Germain
en Espagne si l'on y conserverait la liturgie d'autres feu Saint-Elme et feu Saint-An- ,

mozarabique ou si l'on suivrait le rit romain, selme. Les païens attribuaient ce prodige à
on résolut d'abord de terminer le différend Castor et Pollux, parce que quelquefois il pa-
par un combat où les deux liturgies seraient raît double. Les physiciens disent que ce n'est
représentées par deux champions; mais en-
qu'une exhalaison enflammée. Mais les an-
suite on jugea qu'il était plus convenable de
ciens croyaient y voir quelque chose de sur-
jeter au feu les deux liturgies et de retenir
naturel et de divin 2 .

celle que le feu ne consumerait pas; ce pro-


dige fut opéré, dit-on, en faveur de la liturgie
Feux follets. — On appelle feux follets,
ou esprits follets, ces exhalaisons enflammées
mozarabique Voy. Fer chaud.
que la terre, échauffée par les ardeurs de
Feu de la Saint-Jean. — En 1634, à l'été, laisse échapper de son sein, principale-
Quimper, en Bretagne, les habitants mettaient ment dans les longues nuits de l'Avent ; et
encore des sièges auprès des feux de joie de comme ces flammes roulent naturellement vers
la Saint-Jean pour que leurs parents morts les lieux bas et les marécages, les paysans,
— On réserve, en
,

pussent en jouir à leur aise. qui les prennent pour de malins esprits, s'i-
Bretagne un tison du feu de la Saint-Jean
,
maginent qu'ils conduisent au précipice le
pour se préserver du tonnerre. Les filles, pour voyageur égaré que leur éclat éblouit, et qui
èlre sures de se marier dans Tannée, sont prend pour guide leur trompeuse lumière.
obligées de danser autour de neuf feux de Olaiis Magnus dit que les voyageurs et les
joie dans cette même nuit ce qui n'est pas :
bergers de son temps rencontraient des esprits
difficile , car ces feux sont tellement multipliés follets qui brûlaient tellement l'endroit où ils
dans la campagne, qu'elle paraît illuminée. passaient, qu'on n'y voyait plus croître ni
On conserve ailleurs la même opinion qu'il herbes ni verdure ?. Un jeune homme re-—
faut garder des tisons du feu de la Saint-Jean venant de Milan pendant une nuit fort noire,
comme d'excellents préservatifs qui, de plus, fut surpris en chemin par un orage; bientôt il
portent bonheur. —A Paris , autrefois ,
on crut apercevoir dans le lointain une lumière
jetait deux douzaines de petits chats ( em- et entendre plusieurs voix à sa gauche; peu
blèmes du diable sans doute ) dans le feu de après il distingua un char enflammé qui ac-
la Saint-Jean, parce qu'on était persuadé que courait à lui, conduit par des bouviers dont
les sorciers faisaient leur grand sabbat cette les cris répétés laissaient entendre ces mots :

nuit-là. On disait aussi que la nuit de la Saint- Prends garde à toi! Le jeune homme épou-
Jean était la plus propre aux maléfices, et vanté pressa son cheval mais plus il courait, ;

qu'il fallait recueillir alors toutes les herbes plus le char le serrait de près. Enfin, après
dont on avait besoin pour les sortilèges. une heure de course, il arriva, en se recom-
Feu grégeois. — Dit terrible feu grégeois mandant à Dieu de toutes ses forces, à la

et de la manière de le composer. Ce feu est si porte d'une église où tout s'engloutit. Cette
violent qu'il brûle tout ce qu'il touche, sans vision, ajoute Cardan, était le présage d'une
pouvoir être éteint si ce n'est avec de l'urine,
,
grande peste qui ne tarda pas à se faire sentir,
de fort vinaigre ou du sable. On le compose accompagnée de plusieurs autres fléaux 4 .

Qyeç. du soufre vif, du tartre, de la sacoocsole, 1


Admirables secrets du Petit Albert, p. 88.
de la pUiQle du sel commun recuit
, ,
du pen- J Dom Calmet, Dissertât, sur les apparitions, p. 88.
tréolc et de l'huile commune; on fait bien ;t
Dom Calmet, Dissertationsur les apparitions, p. 100.
'•
Cardan était enfant lorsqu'on lui raconta cette his-
1 toire, de sorte qu il peut aisément l'avoir dénaturée. Le
Bcrgier, Dict. tliéoiog.
FIA — î 19 — FIE
Fèves. — Pythagorc défendait à ses élèves de vrais sorciers. Il met dans la même liste

de manger des fèves, légume pour lequel il Robertson, Olivier et tous les escamoteurs. Il
avaitune vénération particulière, parcequ'elles prétend que Voltaire était un démon et qui ,

servaient à ses opérations magiques et qu'il sait?


savait bien qu'elles étaient animées. On dit
Ficino (Marsïle), — philosophe florentin,
qu'il les faisait bouillir qu'il les exposait en-
;
né en 4 433. Un jour qu'il disputait avec Mi-
suite quelques nuits à la lune jusqu'à ce
,
chel Mercati , son disciple sur l'immortalité
,

qu'elles vinssent à se convertir en sang, dont de l'âme, comme


ne s'entendaient pas, ils ils
il se servait pour écrire surun miroir convexe convinrent que le premier qui partirait du
ce que bon lui semblait. Alors, opposant ces monde en viendrait donner des nouvelles à
lettres à la face de la lune quand elle était
l'autre peu après ils se séparèrent. Un soir
;

pleine, il faisait voir à ses amis éloignés, dans


que Michel bien éveillé s'occupait de ses
, ,

le disque de cet astre, tout ce qu'il avait écrit


études, entendit bruit d'un cheval qui
sur son miroir. —
Pythagore avait puisé ses
il

venait en grande hâte à sa porte, et en


le

même
idées sur les fèves chez les Égyptiens ,
qui
temps la voix de Marsile qui lui criait :

ne touchaient pas à ce légume s'imaginant ,
« Michel, rien n'est plus vrai que ce qu'on dit
qu'elles servaient de refuge à certaines âmes.
On conte qu'il aima mieux se laisser tuer par
de l'autre vie. » Michel ouvrit la fenêtre, et —
vit son maître Ficino monté sur un cheval
ceux qui le poursuivaient que de se sauver à
blanc, qui s'éloignait au galop. Il lui cria de
travers un champ de fèves. C'est du moins
mais Marsile continua sa course
une légende borgne très-répandue. Quoi — s'arrêter
jusqu'à ce qu'on ne
;

le vît plus. Le jeune


qu'il en soit on offrait chez les anciens des
,
homme, stupéfait, envoya aussitôt chez Fi-
fèves noires aux divinités infernales. Il y avait
en Égypte aux bords du Nil
, de petites ,
cino, et apprit qu'il venait d'expirer. Mar- —
sile Ficino a publié sur l'astrologie , sur l'al-
pierres faites comme des fèves ,
lesquelles
chimie, sur les apparitions et sur les songes,
mettaient en fuite démons. Festus prétend
les
divers ouvrages devenus rares.
que la fleur de la fève a quelque chose de lu-
gubre et que le fruit ressemble exactement
,
Fidélité. — On
Admirables se- lit dans les

aux portes de l'enfer.... Dans Y Incrédulité — crets d'Albert-le-Grand qu'en


mettant un
et mècréance du sortilège pleinement con- diamant sur la tête d'une femme qui dort, on
vaincue, page 263, Delancre dit qu'en pro- connaît si elle est fidèle ou infidèle; parce
menant une fève noire, avec les mains nettes, que, si elle est infidèle, elle s'éveille en sur-
par une maison infestée, et la jetant ensuile saut et de mauvaise humeur si, au contraire,
— Le
;

derrière le dos en faisant du bruit avec un elle est fidèle, elle a un réveil gracieux.
pot 'de cuivre, et priant neuf fois les fantômes Petit Albert dit qu'on peut être bien sûr de la

de fuir, on de vider le terrain.


les force Les — fidélité d'une femme quand on lui a fait

jeunes de Venise pratiquaient, avec des


filles manger la moelle de l'épine du dos d'un loup 1
.

fèves noires, une divination qui n'est pas en- Fien ( Thomas ),
— anversois, auteur d'un
core passée de mode. Quand on veut savoir livre curieux sur les effets prodigieux
de l'i-
de plusieurs cœurs quel sera le plus fidèle, magination, De viribus imaginationis , Lon-
on prend des fèves noires on leur donne à ,
dres 4 657.
chacune le nom d'un des jeunes gens par qui
on est recherchée on les jette ensuite sur le
,
Fientes. — Des vertus et propriétés de plu-

carreau la fève qui se fixe en tombant an-


:
sieurs sortes de fientes. Comme l'homme est la
plus noble créature, ses excréments ont aussi
nonce l'amant certain; celles qui s'écartent
avec bruit sont des amants volages. une propriété particulière pour guérir plu-
sieurs maladies Dioscoride et Galien en font
Fiard, — auteur des Lettres philosophiques cas et assurent qu'ils enlèvent les
;

maux de
sur la magie, in 8° ; de la France trompée gosier ou esquinancies. Voici la manière de
par les magiciens et démonolâtres du dix- les préparer on donnera à manger à un :

huitième siècle, in-8°; de la Superstition et jeune homme de bon tempérament des lupins
démonolâtrie des philosophes, in-12, ouvrages pendant trois jours et du pain bien cuit, où
publiés il y a quarante ans. Rien de plus cré- il y aura du levain et du sel on lui fera boire ;

dule que ce bon abbé ,


qui voit dans Caglio- du vin clairet et on gardera les excréments ,

stro, Mesmer, Saint-Germain, ces charlatans, qu'il rendra après trois jours de ce régime.

jeune homme qui eut la vision n'avait que vingt ans il On les mêlera avec autant de miel, et on les
;

était seul, il avait éprouvé une grande frayeur. Quant à fera boire et avaler comme de l'opiat, ou bien
la peste qui suivit, elle était occasionnée, aussi bien que
l'exhalaison, par une année de chaleurs extraordinaires. 1
Le Solide trésor du Petit Albert, p. 24.
FIE — 220 — FIE
on les appliquera comme un cataplasme : le cles durs et de clous, si on la détrempe avec
remède est infaillible, nous ne dirons pas s'il du vinaigre et qu'on l'applique sur la douleur.
est agréable. — De la fiente de chien. Si on — De la fiente des pigeons ramiers et des pi-
enferme un chien et qu'on ne lui donne pen- geons domestiques. Pour les douleurs de l'os
dant trois jours que des os à ronger, on ra- ischion la fiente des pigeons ramiers ou do-
,

massera sa fiente, qui, séchée et réduite en mestiques est admirable, étant mêlée avec de
poudre est un admirable remède pour la
, la graine de cresson d'eau et lorsqu'on veut
;

dyssenterie. On prendra des cailloux de ri- faire mûrir une tumeur ou une fluxion on ,

vière qu'on fera chauffer, ensuite on les jettera peut user d'un cataplasme dans lequel entre
dans un vaisseau plein d'urine dans lequel , une once de cette fiente deux drachmes de,

on mettra un peu de cette fiente de chien ré- graine de moutarde et de cresson, une once
duite en poudre on en donnera à boire au
; d'huile distillée de vieilles tuiles. Il est sûr
malade deux fois la journée, pendant trois que plusieurs personnes ont été guéries par
jours, sans qu'il sache ce qu'on lui donne. — celte fiente, mêlée avec de l'huile de noyaux
Cette fiente est aussi un des meilleurs dessic- de pèches. —
Galien dit que la fiente d'oie est
catifs pour les vieux ulcères malins et invé- inutile, à cause de son àcreté; mais on est
térés —
De la fiente de loup. Comme on certain qu'elle guérit aussi de la jaunisse
sait que cet animal dévore souvent les os a\ec lorsqu'on la détrempe clans du vin blanc et
la chair de sa proie on prendra les os que
, qu'on en boit pendant neuf jours. Diosco- —
l'on trouvera parmi sa fiente, parce que, pilés ride dit que la fiente de poule ne peut être
bien menu, bus dans du vin, c'est un spéci- efficace que pour guérir de la brûlure, lors-
fique contre la colique.... — De la fiente de qu'elle est mêlée avec de l'huile rosat; mais
bœuf et de vache. de bœuf ou de
La fiente Galien et Éginelte assurent que, mêlée avec
vache, récente et nouvelle, enveloppée dans de l'oximel cette fiente apaise la suffocation
,

des feuilles de vigne ou de chou et chauffée , et soulage ceux qui ont mangé des champi-

dans les cendres, guérit les inflammations cau- gnons car elle fait vomir tout ce qui embar-
;

sées par les plaies. La môme fiente apaise la rasse le cœur. Un médecin du temps de Galien
sciatique. Si on la mêle avec du vinaigre, elle guérissait la colique avec cette fiente mêlée
a la propriété de faire suppurer les glandes d'hypocras fait de miel et de vin. La fiente —
scrofuleuses et écrouelles. Galien dit qu'un de souris, mêlée avec du miel, fait revenir le
médecin de Mysie guérissait toutes sortes d'hy- poil lorsqu'il est tombé, pourvu qu'on en frotte

dropisies en mettant sur l'enflure de la fiente l'endroit avec celte mixtion.... Pour con- —
chaude de vache. Cette fiente aussi appli- ,
server la beauté, voici un secret très-impor-
quée sur la piqûre des mouches à miel fre- , tant au beau sexe c'est une manière de faire
:

lons et autres, en enlève aussitôt la douleur. le fard. On prendra de la fiente de petits lé-

. — Fiente de porc. Celte fiente guérit les cra- zards, du tartre de vin blanc, de la raclure
chements de sang. On la fricasse avec autant de corne de cerf, du corail blanc et de la fa-
de crachats de sang du malade, y ajoutant du rine de riz, autant de l'un que de l'autre; on
beurre frais, et on la lui donne à avaler.... broiera le tout dans un mortier, bien menu,
— Fiente de chèvre. La fiente de chèvre a la on le fera tremper ensuite dans de l'eau dis-
vertu de faire suppurer toutes sortes de tu- tillée d'une semblable quantité d'amandes,

meurs. Galien guérissait fort souvent ces tu- de limaces de vigne ou de jardin, et de fleurs
meurs et les duretés des genoux, mêlant cette de bouillon-blanc, après cela on y mêlera
fiente avec de la farine d'orge et de l'oxicrat, autant de miel blanc, et l'on broiera encore
et l'appliquant en forme de cataplasme sur la le tout ensemble. Cette composition doit être

dureté elle est admirable pour les oreillons


; ,
conservée dans un vase d'argent ou de verre,
mêlée avec du beurre frais et de la lie d'huile et l'on s'en servira pour se frotter le visage et

de noix. Ce secret semblera ridicule; mais il les mains— Voilà une singulière pharma-
*.

est véritable; car on a guéri plus de vingt copée.


personnes de la jaunisse , leur faisant boire Fièvre. — Quelques personnes croient en-
tous les matins pendant huit jours à jeun
,
, , core se guérir de la fièvre en buvant de l'eau
cinq petites crottes de chèvre dans du vin bénite la veille de Pâques ou
La veille de la

blanc... —
De la fiente de brebis. Il ne faut Pentecôte. En Flandre
on croyait autrefois
,

jamais prendre cette fiente par la bouche , que ceux qui sont nés un vendredi ont reçu
comme celle des autres animaux; mais l'ap- de Dieu le pouvoir de guérir la fièvre 5 .

cment sur
pliquer extéricui le mal ;
elle a les
' S; crots d'Albert -lc-Gr;\nd, p. lt.7.
mêmes propriétés que la de chèvre. fiente a Dclancrc, Incrédulité et mécréance du sortilège
Elle guérit toutes sortes de verrues, de furon- pleinement convaincue, p. 157,
FI G — 2 21 — FIN
Figures du diable. diable change — Le français se trouvant, au dix-septième siècle,
souvent de formes selon le témoignage de
, dans le royaume d'Ardra
en Afrique, alla ,

quantité de sorcières. Marie d'Aguère con- faire une


au chef des prêtres du pays.
visite
fessa qu'il sortait, en forme de bouc, d'une Il aperçut, dans la chambre du pontife une ,

cruche placée au milieu du sabbat. Françoise grande poupée blanche, et demanda ce qu'elle
Secrétain déclara qu'il avait la forme d'un représentait. On lui répondit que c'était le
grand cadavre. D'autres sorcières ont dit qu'il diable. « Vous vous trompez, dit bonnement
se faisait voir sous les traits d'un tronc d'arbre, le Français, le diable est noir. — C'est vous
sans bras et sans pieds, assis dans une chaire, qui êtes dans l'erreur, répliqua le vieux prêtre ;

ayant cependant quelque forme de visage hu- vous ne pouvez pas savoir aussi bien que moi
main. Mais plus généralement c'est un bouc quelle est la couleur du diable je le vois lous :

ayant deux cornes par devant et deux par les jours, et je vous assure qu'il est blanc

derrière. Lorsqu'il n'â que trois cornes on , comme vous *. » Voy. Sabbat, Démons etc. ,

voit une espèce de lumière dans celle du mi-


lieu laquelle sert à allumer les bougies du
Fils de la vierge. — Les bonnes gens
,
croient que ces flocons blancs cotonneux, qui
sabbat il a aussi une espèce de bonnet ou
;
nagent dans l'atmosphère et descendent du
chapeau au-dessus des cornes. On a pré- — ciel sont des présents que la Sainte-Vierge
,

tendu que le diable se présente souvent sous


nous fait, et que c'est de sa quenouille cé-
l'accoutrement d'un homme qui ne veut pas
leste qu'elle les détache. Le physicien La-
se laisser voir clairement, et qu'il a le visage
marck prétend que ce ne sont pas des toiles
rouge comme du feu D'autres disent qu'il a
deux visages à la tête, comme Janus. — De- d'araignées ni d'autres insectes fiieurs
des filaments atmosphériques qui se remar-
, mais

lancre rapporte que dans les procédures de la


quent dans les jours qui n'ont pas offert de
Tournelle on l'a représenté en grand lévrier
brouillard. Selon le résultat des observations
noir, et parfois comme un bœuf d'airain cou-
de ce savant, les fils de la Vierge ne sont
ché à terre. Il prend encore la forme d'un
qu'un résidu des brouillards dissipés, et en
dragon. Quelquefois c'est un gueux qui porte
quelque sorte réduits et condensés par l'ac-
les livréesde la misère, dit Leloyer. D'autres
tion des rayons solaires « de sorte qu'il ne ,

fois abuse de la figure des prophètes et


il ;
nous faudrait qu'une certaine suite de beaux
du temps de Théodose il prit celle de Moïse
soleils et de brouillards secs pour approvi-
pour noyer les juifs de Candie, qui comptaient
sionner nos manufactures et nous fournir un
selon ses promesses traverser la mer à pied
beaucoup plus beau que
sec 2 —
Le commentateur de Thomas Val-
.
coton tout
que nous
filé

tirons du Levant 2 » .
celui

singham rapporte que le diable sortit du corps


d'un diacre schismatique sous la figure d'un Fin du monde. — Hérodote a prédit que
âne, et qu'un ivrogne du comté de Warwick le monde durerait 4 0,800 ans; Dion, qu'il du-
fut long-temps poursuivi par un esprit malin rerait 13,981; Orphée, 120,000; Cassander,
déguisé en grenouille. Leloyer cite quelque 1,800,000, Il serait peut-être mieux de croire
part un démon qui se montra à Laon sous la à ces gens-là, dont les prédictions ne sont
figure d'une mouche ordinaire. Ces figures — pas encore démenties qu'à une foule de pro- ,

diverses que prennent les démons pour se


,
phètes, maintenant réputés sots dans les an-
faire voir aux hommes, sont multipliées à nales astrologiques. Tel fut Aristarque, qui
l'infini. Quand ils apparaissent avec un corps prédisait la débâcle générale du genre humain
d'homme, on les reconnaît à leurs pieds de en du monde 3484 Darétès, en l'an 5552;
l'an ;

bouc ou de canard à leurs griffes et à leurs


, Arnauld de Villeneuve, en l'an de Notre-Sei-
cornes, qu'ils peuvent bien cacher en partie gneur 1 395 Jean Hilten allemand en 1 651
; , ,

mais qu'ils ne déposent jamais entièrement. L'Anglais Wistons, explicateur de l'Apoca-


Caesarius d'Heisterbach ajoute à ce signale- lypse, qu'il voulait éclaircir par la géométrie
ment, qu'en prenant
forme humaine le la et l'algèbre , avait conclu ,
après bien des
diable n'a ni dos, ni derrière, de sorte qu'il supputations, que le jugement dernier aurait
se garde de montrer ses talons. MiracuL, lieuen 1715, ou au plus tard en 1716. Ou
lib. 3. ) —
Les Européens représentent ordi-
(

nous a donné depuis bien d'autres frayeurs.


nairement le diable avec un teint noir et Le 1 8 juillet 1 81 6 devait être le dernier jour.
brûlé; les nègres soutiennent au contraire M. de Krudener l'avait remis à 1819, M. de
que le diable a la peau blanche. Un officier Libenstein à 1823, M. de Sallmard-Montforfc

1
Ddancre, Tableau de l'inconstance des démons, •
te.
1
Anecdotes africaines de la cote des Esclaves, p. 37.
liv. II, p. 70. 2 M. Saignes. Des Erreurs et des préjugés, t. III,
2
Soccate, Hist. ceci., liv. vn, cliap. 28. p. 184.
FIO 2-22 — FL.V
à 1836, cl d'autres prophètes, sans plus de Fiorina, — VOIJ. FLORîNE.
succès, au 6 janvier 1840. Attendons — :
Flaga, —
fée malfaisante des Scandinaves,
mais , si nous sommes sages , tenons-nous quelques-uns disent que ce n'était qu'une ma-
prêts. —
Non loin d'Avignonet, village qui est gicienne qui avait un aigle pour monture.
auprès de Villefranche en Languedoc est
un 'petit monticule situé au milieu d'une des
,

Flambeaux. — Trois flambeaux allumés

plus fertiles plaines de l'Europe; au haut de


dans la même chambre sont un présage de

ce monticule sont placées les pierres de Nau-


mort. Ayez donc soin d'en avoir deux ou
quatre.
rause c'est-à-dire deux énormes blocs de
,

granit qui doivent avoir été transportés là du Flamel (Nicolas) .


— célèbre alchimiste du
temps des druides. Or, il faut que vous sa- quatorzième On
ne connaît ni la date
siècle.
chiez (lous les gens du pays vous le diront) ni le lieu de sa naissance; car il n'est pas
que quand ces deux pierres viendront à se certain qu'il soit né à Paris ou à Ponloise. Il

baiser, ce sera le signal de la fin du monde. fut écrivain public au charnier des Innocents
Les vieilles gens disent que depuis un siè- ,
libraire juré ,
poète, peintre, mathématicien,
cle elles se sont tellement rapprochées qu'un
, architecte; enfin, de pauvre qu'il était, il

gros homme a tout au plus le passage libre, devint riche ,


par le bonheur qu'il eut de
tandis qu'il y a cent ans un homme à che- trouver la pierre philosophale. Une nuit, dit-
val y passait sans difficulté. Voy. Bernard on pendant son sommeil un ange lui appa-
, ,

de Thuringe, Felgenhaver, Eclipses, etc. rut, tenant un livre assez remarquable, cou-

Finnes. —
On lit dans Albert Krantz *, que vert de cuivre bien ouvragé les feuilles ,

les Finnes ou Finlandais sont sorciers, qu'ils


d'écorec déliée;, gravées dune très-grande in-

ont le pouvoir de connaître l'avenir et les


dustrie, et écrites avec une pointe de fer. Une
inscription en grosses lettres dorées contenait
choses cachées; qu'ils tombent en extase, et
qu'à leur réveil ils racontent ce qu'ils ont vu, une dédicace faite à la gent des Juifs, par

et apportent en témoignage de la vérité


Abraham le Juif, prince, prêtre, astrologue
.

une bague, un bijou que leur âme a pris en ,


et philosophe. — « Flamel, dit l'ange, vois

voyageant dans les pays éloignés. Delan- — ce livre auquel tu ne comprends rien : pour
bien d'autres que toi il resterait inintelligi-
cre dit que ces sorciers du Nord vendent les ,

vents dans des outres aux navigateurs, les- ble; mais tu y verras un jour ce que tout
autre n'y pourrait voir. » A ces mots, Flamel
quels se dirigent alors comme ils veulent.
Mais un jour, un maladroit, qui ne savait ce tend les mains pour saisir ce présent précieux ;

que contenaient ces outres, les ayant crevées, mais l'ange et le livre disparaissent, et il voit

il en sortit une si furieuse tempête que le des flots d'or rouler sur leur trace. — Nicolas
vaisseau y périt. Olaiis Magnus dit que — se réveilla mais le songe tarda si long-temps
;

certains de ces magiciens vendaient aux na- à s'accomplir, que son imagination s'était

vigateurs trois nœuds magiques serrés avec


beaucoup refroidie lorsqu'un jour, dans un ,

livre qu'il venait d'acheter en bouquinant, il


une courroie. En dénouant le premier de ces
nœuds on avait des vents doux et favorables; reconnut l'inscription du même livre qu'il
avait vu en songe, la même couverture, la
le second en élevait de plus véhéments; le
troisième excitait les plus furieux ouragans. même dédicace, et le même nom d'auteur.
Ce livre avait pour objet la transmutation
Finskgalden, — espèce de magie en usage métallique, et les feuillets étaient au nombre
chez les Islandais; elle a été apportée en Is-
de 21 qui font le mystérieux nombre de trois
,

lande par un magicien du pays qui avait ,


fois sept. Nicolas se mit à étudier; mais, ne
fait à ce dessein un voyage en Laponie; elle
pouvant comprendre les figures, il fit un
consiste à maîtriser un esprit, qui suit le sor-
vœu, disent les conteurs hermétiques, pour
cier sous la forme d'un ver ou d'une mou-
posséder l'interprétation d'icelles, qu'il n'ob-
che, et lui fait faire merveilles.
tint pourtant que d'un rabbin. Le pèlerinage
Fioravanti (Léonard), — médecin , chirur- à Saint-Jacques eut lieu aussitôt, et Flamel
gien ,
et alchimiste du seizième siècle. On en revint tout à fait illuminé. Voici, selon les
remarque parmi ses ouvrages, qui sont nom- mêmes conteurs, la prière qu'il avait faite
breux, Résumé des secrets </ui remanient la
fis
pour obtenir la lumière :
— « Dieu tout-puis-
'médecine, la chirurgie et l'alchimie'1 , Veni- sant, éternel, père lumière, de qui
de la
se* 4 571, in-8°, 1GGG ;
Turin, Io80. viennent tous les biens et tous les dons par-
faits, j'implore votre miséricorde infinie; lais-
1
Leloyer, Ilist. des spectres et apparitions des es-
prits, liv. iv, p. 450. sez-moi connaître votre éternelle sagesse,
2 Compendlo dei secreti, etc. elle qui environne votre trône qui a créé et ,
F LA — 2 \ — FLA
fait, qui conduit et conserve Daignez
tout. le titre de Transformation métallique trois ,

me l'envoyer du ciel, votre sanctuaire et du , traités en rhythme français la Fontaine des :

trône de votre gloire, afin qu'elle soit et amoureux des sciences; les Remontrances de
qu'elle travaille en moi; car c'est elle qui est nature à V alchimiste errant, avec la réponse,
la maîtresse de tous les arts célestes et occul- par Jean de Meung et le Sommaire philoso- ,

tes, qui possède la science et l'intelligence phique attribué à Nicolas Flamel. On met
de toutes choses faites qu'elle m'accompagne
;
aussi sur son compte le Désir désiré ou Tré- ,

dans toutes mes œuvres que par son esprit ;


sor de philosophie autrement le Livre des six
,

j'aie la véritable intelligence; que je procède paroles, qui se trouve avec le Traité du sou-
infailliblement dans l'art noble auquel je me fre, du cosmopolite, et l'œuvre rovale de
suis consacré dans la recherche de la mira-
, Charles VI, Paris, 1618, 1629, ih-8°. On le
culeuse pierre des sages que vous avez cachée fait encore auteur du grand Eclaircissement

au monde mais que vous avez coutume au


, de la pierre philosophale pour la transmuta-
moins de découvrir à vos élus; que ce grand tion de tous métaux, in— 8°, Paris, 1628.
œuvre que j'ai à faire ici-bas je le com- ,
L'éditeur promettait la Joie parfaite de moi }
mence, je le poursuive et je l'achève heureu- Nicolas Flamel, et de Pernelle, ma femme,
sement; que, content, j'en jouisse à toujours. lequel n'a point paru ; on a donné enfin la

Je vous le demande par Jésus-Christ, la pierre Musique chimique opuscule très-rare et ,


,

céleste, angulaire, miraculeuse, et fondée de d'autres fatras qu'on ne recherche plus.


toute éternité, qui commande et règne avec Au résumé, Flamel était un homme laborieux,
vous 1
» etc. ,

Cette prière eut tout son qui fit quelque fortune en travaillant avec les
effet,puisque Flamel convertit d'abord du juifs; et, comme il en fit mystère, on l'attribua à
mercure en argent, et bientôt du cuivre en des moyens merveilleux. L'abbé de Villars —
or. —
Il ne se vit pas plutôt en possession fitde Flamel, dans le Comte de Gabalis, un
de la pierre philosophale qu'il voulut que ,
chirurgien qui commerçait avec les esprits
des monuments publics attestassent sa piété élémentaires. On a débité sur lui mille conles
et sa prospérité. Il n'oublia pas aussi de faire singuliers; et de nos jours un chercheur de
mettre partout ses statues et son image, sculp- dupes, ou peut-être un plaisant, répandit en
tées accompagnées d'un écusson où une main
,
mai 1 81 8 dans les cafés de Paris une espèce
, ,

tenait une écriloire en forme d'armoirie. Il fit d'avertissement où il déclarait qu'il était le
graver aussi le portrait de sa femme, Pernelle, fameux Nicolas Flamel, qui recherchait la
qui l'accompagna dans ses travaux alchimi- pierre philosophale au coin de la rue Mari-
ques. — Flamel fut enterré dans l'église de vaux, à Paris, il y a plus de quatre cents,
Saint-Jacques-la-Boucherie, à Paris. Après ans; qu'il avait voyagé dans tous les pays du
sa mort, plusieurs personnes se sont imagi- monde, et qu'il prolongeait sa carrière depuis
né que toutes ces peintures et sculptures quatre siècles par le moyen de Yélixir de vie,
allégoriques étaient autant de symboles caba- qu'il avait le bonheur de posséder. Quatre
listiques qui renfermaient un sens qu'on pou- siècles de recherches l'avaient rendu, disait-
Sa maison vieille rue de
vait mettre à profit. , il , très-savant , et le plus savant des alchi-
Marivaux, n° 16, passa dans leur imagina- mistes. Il faisait de l'or à volonté. Les curieux
tion pour un lieu où l'on devait trouver des pouvaient se présenter chez lui rue de Cléry, ,

trésors enfouis; un ami du défunt s'engagea, n° 22 et y prendre une inscriptinn qui coû-
,

dans cet espoir, à la restaurer gratis il brisa ; tait trois cent mille francs, moyennant quoi
tout et ne trouva rien. D'autres ont pré- — ils aux secrets du maître, et
seraient initiés
tendu que Flamel n'était pas mort, et qu'il se feraient sans peine un un million huit cent
avait encore mille ans à vivre; il pourrait mille francs de rente....
même vivre plus en vertu du baume univer- ,
Flaque (Louis-Eugène), sorcier jugé à —
sel qu'il avait découvert. Quoi qu'il en soit,
Amiens en 1825. On l'accusa d'escroqueries
le voyageur Paul Lucas affirme, dans une de
à l'aide d'opérations magiques et cabalisti-
ses relations, avoir parlé à un derviche, ou
ques , de complicité avec Boury, teinturier,
moine turc qui avait rencontré Nicolas Fla-
,
logé rue des Hautes-Cornes , à Amiens , et
mel et sa femme s'embarquant pour les In- encore avec François Russe, laboureur de
des. —
On ne s'est pas contenté de faire de Conti. —
Au mois de mars 1825, la cour
Flamel un adepte on en a fait aussi un au- ,
royale d'Amiens confirma un jugement par
teur. En 4561 cent quarante-trois ans après
,
lequel il appert que les trois individus sus-
sa mort Jacques Gohorry publia in-1 8 sous
,
, ,
nommés ont, par des manœuvres frauduleu-

HyJrolicus sophicus seu aquarium sapicnt. Bibl.


,i
ses persuadé à des particuliers l'existence
,

chim. de Manget, t. II, p. 557. d'un pouvoir mystérieux surnaturel sur quoi ;
F LA — 22 \
- FLA
et pour en user, l'un desdils particuliers re- cinq miuutes avec Boury et Flaque avant
, ,

mit à Boury la somme de cent quatre-vingt- de bailler les 400,000 francs l'un des sor- :

douze francs; et Boury présenta le consultant ciers perdit un de ses souliers dans la course.
à un individu déguisé en démon dans le Aussitôt Pâque aperçut une table et des chan-
bois de Naours. Le démon promit au parti- dellesdessus il poussa un cri « Tais-toi

; :

*
culier huit cent mille francs ,
qui n'arrivèrent Flaque, ton affaire est manquée. »
lui dit

jamais. Boury, Flaque et Russe n'en gardèrent Pâque s'enfuit à travers le bois et revint de-
pas moins les cent quatre-vingt-douze francs; vant le diable, qui lui dit : « Scélérat, tu as
mais le bailleur les poursuivit. Boury fut con- traversé le bois au lieu d'en faire le tour.
damné à quinze mois de prison, Flaque et Retire-toi sans le retourner, ou je te tords le
Russe à une année, à l'amende de cinquante cou. » — Une autre opération eut encore lieu
francs, et au remboursement des frais, etc. dans le même bois; et quand le pauvre Pâque
— Voici ce qu'on apprit dans les débats. demanda l'argent, le diable lui dit : « Adresse-
Boury exerçait l'état de chirurgien dans la toi au bureau. » —
un buisson.... Com- C'était
commune de Mirvaux et d'abord n'étant ; , me il n'y avait rien, le démon promit que la
pas toujours heureux dans ses cures, il per- somme se trouverait le lendemain dans la
suadait à ses malades que l'on avait jeté un cave de Flaque Pâque s'y rendit le lende- ;

sort sur eux et leur conseillait de chercher


, main avec sa femme et celle du bonhomme
un devin plus savant que lui; cependant il qui avait donné les cent quatre-vingt-douze
se faisait payer et se retirait. Ces escroqueries francs pour la première affaire. Mais Boury
n'étaient que le prélude de facéties plus gra- les mit à la porte en annonçant qu'il allait se

ves. En 4 820 le charron Louis Pâque, ayant plaindre au procureur du roi. Pâque recon-
besoin d'argent, se rendit à Amiens, et en nut qu'il était trompé et se retira avec son ,

emprunta à un menuisier. Boury dit qu'il pro- argent perdu.... Nous sommes cependant —
curerait de l'argent à meilleur compte, moyen- dans le dix-neuvième siècle et nous avons ,

nant quelques avances. Le charron alla le les lumières du dix-huitième !

trouver, et Boury lui déclara que le meilleur Flauros, — grand-général aux enfers. Il

moyen était de se vendre au diable. Il lui de- se fait voir sous la figure d'un terrible léo-
manda deux cents francs pour assembler le pard ; et lorsqu'il prend la forme humaine
conseil infernal donna.
;
Louis Pâque les il porte un visage affreux , avec des yeux en-
Boury s'arrangea de façon à toucher ainsi flammés il connaît le passé le présent et
sept à huit mille francs. con- — Enfin il fut
;

l'avenir, soulève tous les démons ou


,

esprits
venu qu'en donnant encore quatre louis Pâ- contre ses ennemis les exorcistes , et com-
que obtiendrait cent mille francs malheureu- ; mande vingt légions *.

sement il n'en put donner que deux. Il partit Flavia-Vénéria-Bessa femme qui fit , —
néanmoins avec Boury, Flaque et un sieur bâtir une chapelle en l'honneur des anciens
de Noyencourt, pour le bois de Saint-Gervais.
monarques de l'enfer, Pluton et Proserpine
Boury tira d'une de ses poches un papier écrit par suite d'un avertissement qu'elle avait eu
qu'il fit tenir aux assistants, chacun par un 2
en songe .

Flaque fit trois conjura-


coin il était minuit
:

tions. Le diable ne parut pas. Noyencourt et


;
Flavin, —
auteur d'un ouvrage intitulé
l'Etat des âmes trépassées, in-8°, Paris, 1579.
Boury dirent alors que le diable était occupé
ce jour-là et on prit un autre rendez-vous
,
Flaxbmder. — Le professeur Hanov, bi-

au bois de Naours. Pâque mena sa fille avec bliothécaire à Dantzick ,


après avoir combattu
lui Boury lui avait dit qu'il fallait que son les apparitions et les erreurs des différents
;

premier-né assistât à l'opération. Flaque et peuples touchant les revenants et les spectres,

Boury appelèrent le diable en latin. Le diable raconte toutefois « Flax- le fait suivant : —
parut; il avait une redingote rougeâlre-bleuâ- binder, plus connu sous Johannes le nom de
tre, un chapeau galonné; il portait un sabre. de Curiis, passa les années de sa jeunesse
Sa taille était d'environ cinq pieds six pou- dans l'intempérance et la débauche. Un soir,
ces.Le nom de ce démon était Robert; et tandis qu'il se plongeait dans l'ivresse des
celuidu valet qui l'accompagnait, Saday. — plus sales plaisirs, sa mère vit un spectre qui
Boury dit au diable « Voici un homme que :
ressemblait si fort, par la figure et la conte-
je te présente , il désire avoir quatre cent nance, à son fils, qu'elle le prit pour lui-
mille francs pour quatre louis ,
peux-tu les même. Ce spectre était assis près d'un bureau
lui donner? » — Le diable répondit : « il les

aura. » — Pâque lui présenta l'argent, et le


1

3
Wierus de prœstig. dœm,
,

Leloyer, Hist. des spectres ou apparitions,


p. 929.
t. IV,
diable lui fit faire le tour du bois en quaranle- p. 439.
FLO - 225 — FON
couvert do livres, et paraissait profondément Flotilde! — Ce personnage
est inconnu ;

occupé à méditer et à lire tour a tour. Per- mais ses visions ont été conservées. On les
suadée qu'elle voyait son agréablement fils, et trouve dans le Recueil de Duchesne 1 .

surprise , que lui don-


elle se livrait à la joie
Flots. — Cambry parle d'ungenre de di-
nait ce changement inattendu lorsqu'elle en- ,
vination assez curieux qui se pratique dans ,

lendit, dans la rue, la voix de ce même les environs de Plougasnou des sorciers ou :

Flaxbinder qui était dans la chambre. Elle devins interprètent les mouvements de la mer,
fut horriblement effrayée on le serait à ;
les flots mourants sur la plage, et prédisent
moins cependant ayant observé que celui
:
, l'avenir d'après cette inspection 2
.

qui jouait le rôle de son fils ne parlait pas


qu'il avait l'air sombre, hagard et taciturne,
Fo ou Foé ,
— l'un des principaux dieux
des Chinois. Il naquit dans les Indes envi-
elle conclut que ce devait être un spectre;
,

ron mille ans avant notre ère. Sa mère étant


cette conséquence redoublant sa terreur,
,
et ,

enceinte de lui, songea qu'elle avalait un


elle se hâta de faire ouvrir la porte au véri-
éléphant blanc conte qui a donné lieu aux
,
table Flaxbinder. Il entre, il approche; le
honneurs que les rois indiens rendent aux
spectre ne se dérange pas. Flaxbinder, pé-
éléphants de cette couleur. Il finit ses jours à
trifié à ce spectacle forme en tremblant la , , ,

soixante-dix-neuf ans. Les bonzes assurent


résolution de s'éloigner du vice de renoncer ,

qu'il est né huit mille fois et qu'il a passé ,


à ses désordres , d'étudier enfin , et d'imiter
successivement dans le corps d'un grand nom-
le fantôme. A peine a-t-il conçu ce louable
bre d'animaux avant de s'élever à la divi-
,
dessein que le spectre sourit d'une manière
nité. Aussi est-il représenté dans les pagodes
un peu farouche comme les savants, ferme
sous la forme d'un dragon, d'un éléphant,
les livres et s'envole.... »
d'un singe, etc. Ses sectateurs l'adorent com-
Flèches. — Voici une divination qui se pra- me législateur du genre humain.
tique chez les Turcs par le moyen des
S'ils doivent aller à la guerre ,
entreprendre
flèches.
Focaîor, — général aux enfers. Il se mon-
un voyage ou acheter quelque marchandise,
,
tre sous les traits d'un homme ayant des ailes
de griffon. Sous cette forme il tue les bour-
ils prennent quatre flèches qu'ils dressent en
pointe l'une contre l'autre, et les font tenir
geois et les jette dans les flots; il commande
à mer, aux vents, et renverse les vaisseaux
la
par deux personnes; puis ils mettent sur un^
de guerre II espère rentrer au ciel dans mille
coussin une épée nue devant eux , et lisent
ans, mais il se trompe il commande à trente
un certain chapitre du Koran alors les flèches ;
;

légions, et obéit 3
en rechignant à l'exorciste .
se battent durant quelque temps et enfin les ,

unes montent sur les autres si les victorieu- ;


Follet, —- voy. Feux Follets, Lutins,
ses ont été nommées chrétiennes (car
ils en Farfadets, etc.
appellent deux les donnent aux
Turcs, et
Fong-Chwi ,
— » Opération mystérieuse qui
deux autres le nom de leur ennemi), c'est
se pratique dans la Chine, dans la disposi-
signe que les chrétiens vaincront; si autre-
tion des édifices, et surtout des tombeaux. Si
ment, c'est une marque du contraire
quelqu'un bâtit par hasard dans une position
Voy. BÉLOMANCIE.
contraire à ses voisins, et qu'un coin de sa
Flins. — Les anciens Vandales adoraient maison soit opposé au côté de celle d'un au-
sous ce nom une grosse pierre, qui repré- tre, c'est assez pour faire croire que tout est
sentait Mort couverte d'un long drap
la perdu. Il en résulte des haines qui durent
tenant un bâton à la main et une peau de , aussi longtemps que l'édifice. Le remède con-
lion sur les épaules. Ces peuples croyaient siste à placer dans une chambre un dragon ou
que cette divinité pouvait les ressusciter après quelque autre monstre de terre cuite, qui
leur trépas. jette un regard terrible sur le coin de la fa-
Florent de Villiers ,
— VOy. VlLLIERS. tale maison et qui repousse ainsi toutes les
,

Florîne , — Florina et Florinde noms d'un ,


influences qu'on en peut appréhender. Les
voisins qui prennent celte précaution contre le
démon familier qui, au rapport de Pic de La
danger, ne manquent pas chaque jour de vi-
Mirandole, fréquenta long-temps un sorcier
siter plusieurs fois le monstre chargé de veil-
nommé Pinet.
ler à leur défense. Ils brûlent de l'encens de-
Floron , — démon familier de Cecco d'As-
coli. Il est de l'ordre des chérubins damnés. 1 Flotildse Visiones, în tom. 2 Script. Hist. franc*
And. Duchesne, 1836.
* Lebrun, Hist. des pratiques superstitieuses,
2 Voyage dans le Finistère, t. p. 195.
t. II,
405. 3 Wierus, De preestigiis dœra. p. 926,

15
FOR FOU
Vant lui, ou plutôt devant l'esprit qui le gou- devant Louis XIV, un cheval chargé de son
verne et qu'ils croient sans cesse occupé de
, cavalier. Il alla trouver une autre fois un ma-
ce soin. réchal -ferrant il lui donna un fer de cheval
,

Fong-Onhang , — oiseau fabuleux auquel à forger. Celui-ci s'étant un peu éloigné, Bar-

les Chinois attribuent à peu près les mêmes sabas prit l'enclume et la cacha sous son
propriétés qu'au phénix. Les femmes se pa- manteau. Le maréchal se retourne bientôt
rent d'une figure de cet oiseau, qu'elles por- pour battre le fer; il est tout étonné de ne
tent en or, en argent ou en cuivre , suivant plus trouver son enclume et bien plus sur- ,

leurs richesses et leurs qualités. pris encore de voir cet officier la remettre
sans difficulté à sa place. Un Gascon que
Fontaines. —
On prétend encore dans la Barsabas avait offensé dans une compagnie,
,

Bretagne que les fontaines bouillonnent quand


lui fit un défi Très-volontiers, répondit Bar-
:

le prêtre chante la préface le jour de la Sainte-


baras; touchez là. Il prit la main du Gascon,
Trinité 1 Voy. Hydromancie.
. 11 y avait au — et la lui serra si fort que tous les doigts en
château de Coucy, en Picardie une fontaine ,

furent écrasés. Il le mit ainsi hors d'état de


appelée Fontaine de la mort, parce qu'elle se
se battre. —
Le maréchel de Saxe était de
tarissait lorsqu'un seigneur de la maison de
Coucy devait mourir.
même calibre. —
Dans les anciens jours on ,

regardait comme possédés par le diable tous


Fontenettes (
Charles ), — auteur d'une les gens doués d'une force extraordinaire.
Dissertation sur une de Grenoble, qui de-
puis quatre ans ne boit ni ne mange,
fille

1 737, in-
Forêts. — Les forêts sombres sont des
lieux où, comme dit Letoyer 1 , les diables se
4°, prodige qu'on attribuait au diable, et dont
mêlent avec les sorciers. Ces diables y font
Fontenettes explique les causes moins téné-
leurs orgies commodément sous la fëuilfee, et
breuses.
n'y a de lieux où se rendent plus volon-
Foray OU Morax ,
— VOIJ. MoRAX.
il

tiers visibles.
ils

Forças Ferras OU Furoas


,
chevalier ,
— ,
Fomeus —
marquis infernal, semblable
,

grand président des enfers; il apparaît sous


à un monstre marin. 11 instruit l'homme dans
la forme d'un homme vigoureux avec une ,

les plushautes affaires, fait du bien à ses amis


longue barbe et des cheveux blancs; il est
et du mal à ses ennemis il a sous son pou- ;

monté sur un grand cheval et tient un dard


voir vingt-neuf légions de trônes et d'anges 2 .

aigu. II connaît les vertus des herbes et des


pierres précieuses il enseigne la logique, l'es- Forras, — VOIJ. FORÇAS.

;

téthique, la chiromancie, la pyromancie et la Fortes Epaules. Le peuple de Dijon croit


rhétorique; il rend l'homme invisible, ingé- à l'existence d'une espèce de lutin de ce nom,
nieux et beau parleur; il fait retrouver les qui porte des fardeaux et qui rappelle le
choses perdues; découvre les trésors, et a
il forte-échine de madame d'Aulnoy dans le ,

2
sous ses ordres vingt-neuf légions de démons . conte du chevalier Fortuné.

Force. — Milon de Crotone n'eut pas seul Foudre. —


L'empereur Auguste gardait
une force prodigieuse. Louis de Boufïlers, sur- soigneusement une peau de veau marin pour
nommé le Fort, au quatorzièmesiècle, possédait se mettre à l'abri de la foudre. Tibère —
une force et une agilité extraordinaires. Quand portait dans la même vue une couronne de
il avait croisé ses deux pieds, il était impossible laurier. —
Quand la foudre était partie de
de avancer ou reculer d'un pas. 11 bri-
le faire l'orient, et que n'ayant fait qu'effleurer quel-
sait sans peine un fer à cheval; et lorsqu'il qu'un, elle retournait du même côté, c'était
saisissait un taureau par la queue, il l'entraî- le signe d'un bonheur parfait. — Les Grecs
nait où il voulait. Il enlevait un cheval et modernes chassent les chiens et les chats
l'emportait sur ses épaules. On l'a vu souvent, quand il tonne parce que leur présence est
,

armé de toutes pièces, sauter à cheval sans censée attirer la foudre sur les maisons.
s'appuyer et sans mettre le pied dans rétrier.
Fougère. — « Personne n'ignore les mau-
Sa vitesse à la course n'était pas inoins re-
vaises et diaboliques façons dont on se sei t

marquable, puisqu'il dépassait le cheval d'Es-


pour cueillir la fougère.Le 23 juin veille de ,

pagne le plus léger, dans un espace de deux la saint .Iean- Baptiste, après un jeune de
cents pas. —
Un certain Barsabas qui ser- ,
s

quarante jours, plusieurs sorciers, conduits par


vait, au commencement du dix-huitième siècle
Satan, recueillent pendant cette nuit la graine
dans les armées françaises, emporta un jour.
1
Leloycr, Ilist. des spectres ou apparitions, chap. 4.
' Cambry, Voyage dans le Finistère 1
, t.. IT, p. Vo. p. 314.
?
à Wïerus, de Prrcstig., p. 921. Wierus, de Prœstigiis.
de celte herbe, qui n'a ni lige, ni fleur, ni se- rite est que la franc-maçonnerie, comme so-
mence, et qui renaît de la même racine qui ;
ciété secrète , créée au commencement du
plus est, le malin se joue de ces misérables dernier siècle par un Anglais, lord Montagne,
sorciers en leur apparaissant cette nuit-là, au n'est autre chose que le protestantisme par-
milieu des tempêtes sous quelque forme , venu à l'état d'indifférence , et une sourde
monstrueuse, pour les épouvanter davantage. conspiration ccfhtre le catholicisme. — Quand
Ils croient s'en défendre par leurs exorcismes, la franc-maçonnerie, qui détruit à présent,
les cercles et caractères qu'ils font sur la terre construisait, il n'y avait qu'un seul grand-
autour d'eux ; ensuite ils mettent une nappe maître qui résidait en Angleterre; aujourd'hui
neuve de fin lin ou de chanvre sous la fou- chaque pays a le sien. — Les assemblées des
gère, qu'ils croient voir fleurir en une heure, maçons se nomment communément loges. Une
pour en recevoir la graine. Ils la plient dans loge doit moins composée de sept
être au
un taffetas ou dans du parchemin vierge, et membres. Le président de la loge porte le
la gardent soigneusement pour deviner les nom de vénérable. It a au-dessous de lui deux
songes et faire paraître les esprits. Le démon, surveillants qui font exécuter les règlements
— Dans
,

par ses malices et menteries, leur persuade de l'ordre. assemblées solennel-


les
que semence n'est pas seulement propre
cette les, chaque frère a un de peau ou de
tablier
à deviner, et que si on met de l'or ou de l'ar- soie blanche , dont les cordons sont blancs
gent dans la bourse où l'on doit garder la se- aussi et d'étoffe pareille à celle du tablier; les
mence fougère le nombre en sera doublé le
, apprentis le portent tout uni, les compagnons
jour suivant. Si l'événement n'a pas lieu ,
les l'entourent des couleurs de la loge, les maîtres
magiciens vous accuseront de mauvaise foi y font broder une équerre, un compas, deux
ou ils diront que vous avez commis quelque colonnes et les divers ornements de l'ordre.
crime tant nous nous laissons aller à ces
, Les maîtres portent aussi un cordon bleu, au-
abominables impostures de Satan 1

.» quel pendent une équerre et un compas. —


Foulques. —
Au temps de la guerre des Dans le lumières doivent être en
repas , les

Albigeois, vivait un méchant comte Foulques, triangle la table servie a trois


, cinq sept , ,

lequel avait la coutume détestable de jurer neuf couverts et plus, suivant le nombre des
et maugréer. Un jour qu'étant à cheval, il convives, mais toujours en nombre impair.
blasphémait furieusement, il fut jeté à bas de Tous les termes qu'on y emploie sont em-

sa monture et ne se releva point. On pense pruntés de l'artillerie, comme ceux qu'on em-
qu'il avait été assommé par le diable, son ploie dans les travaux sont empruntés de l'ar-
grand ami. chitecture. On porte la première santé au

Fourberies, — SORCIERSVOlj. , SABBAT


prince à qui on obéit, la seconde au grand-

etc., etc. — Voy. aussi Cagliostro et les au-


maître la troisième au vénérable de la loge.
On
,

tres imposteurs.
aux surveillants, aux nou-
boit ensuite

Fourmis. — Les Thessaliens honoraient ces


veaux reçus et à tous les frères. Le fils —
d'un franc-maçon est Loufton '; il peut être
animaux, dont ils croyaient tirer leur origine.
reçu à quatorze ans. Le fils d'un profane
Les Grecs étaient si sottement vains, qu'ils
(celui qui n'est pas franc-maçon) ne peut
aimaient mieux descendre des fourmis de la
forêt d'Egine, que de reconnaître qu'ils étaient
l'être qu'à vingt et un ans. — Entre plu-
sieurs signes mystérieux qui se voient dans
des colonies de peuples étrangers. La fourmi — les loges on remarque au milieu de X étoile
, ,

était un attribut de Cérès elle fournissait ;


flamboyante, un G, première lettre de God
matière aux observations des augures.
(en anglais, Dieu). Il y a dans la maçon- —
Francs-Maçons. — Les francs-maçons font nerie trois principaux grades. Il faut être ap-
remonter leur origine jusqu'au temps de Sa- prenti avant d'être compagnon et compa- ,

lomon et l'entourent de contes merveilleux.


,
gnon avant d'être maître. Les maîtres n'en-
C'est un ordre qui paraît avoir pris naissance
trent en loge qu'avec le geste de l'horreur a .

en Angleterre, et qui avait pour but dans le et cela en mémoire de la mort <ÏAdoniram
•principela construction des églises. Mainte-
ouHiram, dont on raconte diversement l'his-
nant ce goût de maçonnerie est purement al-
toire. —
Cette histoire ou ce conte n'est que
légorique, et il a bien changé de destination :
pour amuser les niais. On peut appeler ainsi
former le cœur, régler l'esprit, rappeler le
bon ordre, voilà, disent les maçons, ce qu'on
1
La plupart des Français disent improprement Lou-
veteau.
entend par le compas et Véquerre. Mais la vé- Les lamentations des maîtres sur la mort de Hiram
?
décédé il y a bientôt trois nulle ans, rappellent, en
1
Delancre, Tableau de l'inconstance des dém., etc., quelque sorte les lêtes funèbres d'Adonis chez les
,

p. 151. païens.

15.
,, ,

FRA '228 — FRA


ceux qui se parent des trois gracies dont nous teau. Le coup n'ayant pas été assez violent
venons de parler, et qui ne sont pas initiés pour le renverser, Adoniram s'enfuit vers la
aux grands secrets réservés aux dignitaires porte du nord où il trouva le second qui lui
,

supérieurs. —
Les uns vous diront que dans en fit autant. Cependant ce second coup lui
ce récit il s'agit de Hiram, roi de Tyr, qui fit laissant encore quelques forces, il tenta de
alliance avec Salomon et lui fut d'un grand sortir par la porte de l'orient, où le troisième,

,

secours pour la construction du temple. après lui avoir fait la même demande que les

D'autres content que ce Hiram était un ex- deux premiers, acheva de l'assommer. Les
cellent ouvrier en or, en argent et en cuivre ;
assassins enfouirent le corps sous un tas de
qu'il était fils d'un Tyrien, et d'une femme de pierres, et quand la nuit fut venue, ils le trans-
de Nephtali 1
que Salomon le fit ve- portèrent sur une montagne où ils l'enter-
la tribu ;

nir de Tyr pour aux ornements du


travailler rèrent; et, afin de pouvoir reconnaître l'en-
temple, comme on le voit au quatrième livre droit, ils plantèrent une branche d'acacia sur
des Rois; qu'entre autres ouvrages, il con- la fosse. — Salomon ,
ayant été sept jours
struisit, à l'entrée du temple, deux colonnes sans voir Adoniram, ordonna à neuf maîtres
de cuivre, qui avaient chacune dix-huit cou- de le chercher. Ces neuf maîtres exécutèrent
dées de haut et quatre de diamètre qu'il ;
fidèlement l'ordre ;
après de longues et vaines
donna le nom de Jakin à l'une près de la- ,
recherches, trois d'entre eux qui se trouvaient
quelle on payait les apprentis et le nom de
, fatigués s'étant assis par hasard à l'endroit
,

Booz à l'autre près de laquelle on payait les


,
où Adoniram avait été enterré, l'un des trois
compagnons, etc. Mais voici l'histoire d'Ado- arracha machinalement la branche d'acacia,
niram 2 ou de Hiram, suivant l'opinion la et s'aperçut que la terre, en cet endroit, avait
plus commune chez les francs -maçons. Ils été remuée depuis peu. Les trois maîtres, cu-
prétendent qu'elle a été puisée dans le Tal- rieux d'en savoir la cause, se mirent à fouil-
mud, où on lit que le vénérable Hiram donna ler et trouvèrent le corps d'Adoniram. Alors
l'habit et le caractère de maçon à Salomon ils appelèrent les autres, et ayant tous re-

qui se fit honneur de le porter. —


Adoniram
,

connu leur chef, dans la pensée que quelques


que Salomon avait chargé de diriger les tra- compagnons pouvaient bien avoir commis le
vaux de son temple, avait un si grand nom- crime, et qu'ils avaient peut-être tiré d'Ado-
bre d'ouvriers à payer, qu'il ne pouvait les niram le mot de maître, ils le changèrent sur
connaître tous. Pour ne pas risquer de payer le champ ', et allèrent rendre compte à Salo-

l'apprenti comme le compagnon et le com- , mon de cette aventure. Ce prince en fut tou-
pagnon comme le maître, il convint avec les ché; ordonna à tous les maîtres de trans-
il

maîtres de mots et d'attouchements qui ser- porter le corps d'Adoniram dans le temple
viraient à les distinguer de leurs subalternes où on l'enterra en grande pompe. Pendant la
et donna pareillement aux compagnons des cérémonie, tous les maîtres portaient des ta-
signes de reconnaissance qui n'étaient point bliers et des gants de peau blanche, pour
connus des apprentis. —
Trois compagnons marquer qu'aucun d'eux n'avait souillé ses
peu satisfaits de leur paye, formèrent le des-
,

mains du sang de leur chef. Telle est l'his- —


sein de demander le mot de maître à Adoni- toire d'Adoniram. —
L'ordre des francs-ma-
ram, dès qu'ils pourraient le trouver seul, ou çons a des prétentions à la gravité, quoiqu'il
de l'assassiner s'il ne voulait pas le leur dire. soit pétri et nourri de ridicules. Ce serait peu
Ils l'attendirent un soir dans le temple, et se s'il n'avait pas en religion de pernicieuses ten-

postèrent, l'un au nord, l'autre au midi, le dances. Aussi le Saint-Siège, par quatre ac-
troisième à l'orient. Adoniram étant entré tes différents, a-t-il formellement condamné
seul par la porte de l'occident, et voulant sor- la franc- maçonnerie. Les mystérieuses jon-

tirpar celle du midi, un des trois compa- gleries de leurs loges leur ont donné la réputa-
gnons lui demanda le mot de maître, en le- tion de sorciers dans les campagnes. Outre —
vant sur lui le marteau qu'il tenait à la main. les ordres de chevalerie qu'ils ont créés pour
Adoniram lui dit qu'il n'avait pas reçu le mot leur amusement, il y a chez eux plusieurs
de maître de cette façon-là. Aussitôt le com- schismes, et on citerait beaucoup de sociétés
pagnon lui porta sur la tôte un coup de mar- secrètes de ce genre plus ou moins absurdes.
Les mopses. en Allemagne, étaient des francs-
1
Salomon tulit Hiram de Tyro, filium mulieris vi- maçons qui avaient ponr emblème un boule-
duœ de tribu Nephtali, ivrtiflccm serarium, etc.
Reg., lib. iv. dogue. Une autre secte s'appelle Yordre de la
2
L'Ecriture nous apprend que celui qui conduisait
lestravaux du temple de Salomon s'appelait Adoni- 1
Le mot de maître était Jehox'nh. Celui qu'on a pris
ram. Josèphe, dans son Histoire des Juifs, le nomme depuis signifie, selon les trancs-macons, le corps est cor-
Adoram. rompu.

m
, ,,

FRA. — 229 — FRI


liberté , et ils regardent Moïse comme leur pos faisant soupçonner que la tête de cet
fondateur. Les chevaliers prussiens font re- homme était dérangée, on attendit que le chi-

monter leur origine à la tour de Babel, d'au- rurgien fût arrivé. — Monsieur, lorsqu'il îe

tres à Noé. —
On ne reçoit les femmes chez vit entrer, s'écria le tonnelier, j'implore votre
les francs-maçons que dans les loges d'adop- secours, je suis un homme mort! — Sachons
tion, loges où l'on donne des bals et festins. d'abord, lui dit le chirurgien, de quoi il s'agit.

On change alors les mots et les signes pour ,


— Ah ! faut-il en vous di-
que je sois forcé,
ne pas exposer les secrets de l'ordre. sant d'où partent mes douleurs, de déshono-
FrankChristian ) visionnaire
( , — qui rer ma femme même répondit le pauvre !

mourut en 4 590; il changea souvent de reli- homme, mais elle le mérite, et, dans mon
gion , ce qui le fit surnommer Girouette. Il état, je n'ai plus rien à ménager. Apprenez

croyait la religion japonaise meilleure que donc qu'en rentrant chez moi ce soir, après
les autres, parce qu'il avait lu que ses minis- avoir passé deux heures au plus chez le mar-
tres avaient des extases. chand de vin du coin, ma femme, qui me

Frank (Sébastien), — autre visionnaire du croit toujours ivre, m'ayant trop poussé a bout,
je me suis vu forcé pour pouvoir me coucher
seizième siècle, sur duquel on a peu de la vie
,

en paix, d'être un peu rude à son égard sur ;


données positives, quoiqu'il ait dans son temps
quoi, après m'avoir menacé de sa vengeance,
excité l'attention du public. Il donna en 1531
elle s'est sauvée du logis; je me suis désha-
un traité de l'Arbre de la science du bien et du
billé pour gagner mon lit; mais au moment
mal, dont Adam a mangé la mort et dont en- ,

d'y monter... Dieu la méchante créature! une


'

core aujourd'hui tous les hommes la mangent.


main, pour ne pas dire une barre de fer, plus
Le péché d'Adam n'est selon lui qu'une allé-
brûlante qu'un tison, est tombée sur ma fesse
gorie, et l'arbre que la personne, la volonté,
droite, et la douleur que j'en ai ressentie,
la science, la vie d'Adam. Frank mourut en
jointe à la peur qui m'a saisi m'a fait man- ,
'1545. On a encore de lui une traduction al-
quer le cœur au point que je ne crois pas y
lemande de Y Eloge de la folie ,
par Érasme ;
survivre !.... Mais vous en riez, je crois? eh
le Traité de la vanité des sciences , et Y Eloge
bien messieurs voyez si toute autre main
!
de l'âne, traduit d'Agrippa en allemand; Pa- , ,

que celle de Lucifer même pût jamais appli-


radoxa ou deux cent quatre-vingts discours
miraculeux, tirés de l'Écriture sainte, Ulm
quer une pareille claque Au premier as- !

pect de la plaie, de sa noirceur et des griffes
1533, in-8°. Témoignage de l'Ecriture sur les
qui semblaient y être imprimées, la plupart
bons et les mauvais anges 1535, in - 8°, etc. ,
des assistants furent saisis, et le petit Piron
N'était-il pas le père du précédent ?
voulut se sauver. Mais on rassura malade
Franzotius ,
— auteur d'un ouvrage inti-
sur les idées qu'il avait conçues ,
le

tant contre
tulé : De la divination des anges, in-4°, Franc-
sa femme que contre la prétendue sorcière;
fort ou Venise, 1632.
le chirurgien lui appliqua les remèdes conve-
Frayeur. — Piron racontait souvent qu'il nables : on le laissa un peu dans son effroi
avait environ dix ans, lorsqu'un soir d'hiver, ce qui le corrigea légèrement de son ivrogne-
soupant en famille chez son père, on entendit rie. Ce remède avait été employé par la
des cris affreux qui partaient de chez un ton- femme (au moyen d'un parent qu'elle avait
nelier voisin on alla voir ce que c'était. Un
; fait cacher dans la maison), pour corriger t'im-
petit garçon transi de peur conduisit les cu- tempérance du tonnelier.
rieux dans la chambre d'où venaient les cris, Fribourg. — M. Lucien Brun a publié cette
qui redoublèrent bientôt. Ah messieurs — !
, curieuse légende des deux Fribourg. — Wil-
dit le tonnelier tremblant, couché en travers frid de Thanenburg un des riches gentils- ,

sur son lit, daignez au plus tôt faire appeler hommes de Fribourg en Brisgaw, fêtait ses
un chirurgien, car je sens que je n'ai pas accordailles avec la noble héritière de Rosen-
long-temps à vivre. Le père de Piron, après — berg. Les vins du Rhin , des meilleurs crus,
avoir chargé un domestique de remplir les coulaient largement dans des coupes souvent
intentions du prétendu malade, s'étant appro- vidées. —
Le vieux bourgmestre Conrad de
ché de lui , et l'ayant interrogé sur la cause
Blumenthal céda doucement à une impulsion
de sa maladie : — Vous voyez, mon cher voi- communicative et ne manqua pas, après des
,

sin ,
répondit l'homme le plus le tonnelier, révélations que l'histoire n'a pas conservées
malheureux! Ah! maudite femme! on m'a- d'épancher quelque dose de mauvaise humeur
vait bien dit que tes liaisons avec la plus dé-
contre l'archevêque Adhémard ,
qui lui ro-
testable sorcière de la Bourgogne ne tarde- ,
gnait ses privilèges. Les convives se récrièrent
raient guère à m'ètre fatales....— Ces pro- sur ce courage inconnu, dontils tirent, du reste,
,

FMI — 230 — FRO


tous les honneurs au tokay, et chacun de rappe- sans but arrêté et en devisant de choses et
ler au bourgmestre les prétentions de l'arche- d'autres. — Ils remontèrent ainsi le Rhin jus-
vêque, suivies d'autant de soumissions du digne qu'à Bàle, non sans admirer les riches plaines
magistrat. — Par saint Conrad, Messeigneurs ! de l'Alsace; puis, prenant un peu à droite,
s'écria-l-il aiguillonné ne saurai-je donc pas
, ils s'avancèrent dans la Suisse. Satan dis-
mettre un frein à ses empiétements? Eh — ! courait toujours. Il est —
tout à coup inter-
mais, nous avons tout lieu de le croire! lui dit rompu par un ébranlement subit du fardeau
un de ses voisins. — Eh bien ! je veux que que son jeune compagnon avait cessé de sou-
Satan nous emporte et avec nous la moitié
, tenir. A la vue du gouffre au-dessus duquel
de notre bonne ville, si hier déjà je ne lui ai il planait, tout entouré de rochers à pic et
fait sentir combien son arrogance me déplaît, de noires forêts suspendues sur l'abîme au
et si demain... —
En ce moment un éclat de fond duquel grondait un torrent écumant,
rire moqueur, la chute de quelques vases et Satan comprit que l'autre avait été soudai-
d'un riche bahut, interrompirent le bourg- nement effrayé de l'aspect sauvage de cette
mestre: —
Qui ose rire? s'écria-t-il exaspéré, nature inculte, et que ce mouvement d'hor-
quoiqu'un peu inquiet du mensonge qu'il ve- reur avait causé sa chute. Il se précipita tète
nait de faire qui veut que je lui prouve ce baissée avec Fribourg les suivait.
lui La —

; ;

que j'avance? C'est toi qui fais tout ce malheureuse ville ne fut cependant pas gra-
bruit! dit Wilfrid à un vieux serviteur ef- vement endommagée. Elle se posa un peu
frayé. —
Non, monseigneur, mais quand on rudement sur le flanc du ravin et roula de ci

a parlé du diable, j'ai senti... — Le brûlé, je de là au fond de l'entonnoir. Cette ville est
parie, s'écriaWilfrid en riant; eh bien
donne- ! maintenant Fribourg en Suisse où vous voyez ,

nous du vin et laisse le diable en paix, s'il (chose parfaitement explicable sans légende)
peut y rester. —
Celte saillie détourna l'at- des maisons superposées et des rues courant
tention, et les convives eurent bientôt oublié sur les toits. Satan et son compagnon, voyant
la colère de Blumenthal et le court incident la ville prendre possession de l'endroit, trou-
qui en était résulté ils s'amusèrent beaucoup
;
vèrent original d'être les fondateurs de cette
toutefois de la figure bouleversée du vieil cité qui tombait des nues , et laissèrent les
échanson, qui affirma très-positivement qu'il convives et la colonie reconnaître leurs do-
avait vu fuir les forêts et failli se heurter à maines. — Et cependant vous lirez partout
la lune qui n'était pas à hauteur d'homme. qu'en l'an 1178 Berthold V de Zaehringen

,

Or voici ce qui ce passait. Le bourg- — érigea en ville Fribourg, dans l'QEchtland,


mestre avait été pris au mot par Satan lui- sans que des ouvrages, du reste fort esti-
même, qui faisait voyager, pour son instruc- mables, vous disent un mot du fondateur.—
tion, un jeune diable. «Mon fils, lui avait-il dit, Ce que c'est que l'histoire !

quand tu sauras qu'il y a chez un jeune fou Frisson des cheveux. On disait autrefois —
un projet de fête, invite-toi sans crainte, le
dans certaines provinces que le frisson des
diable n'est jamais déplacé dans une orgie, cheveux annonçait la présence ou le passage
au contraire. >; Et ils s'en étaient allés chez d'un démon.
Wilfrid de Thanenburg. — On a su ce qui
Front. — Divination par les rides du front.
précéda et suivit les paroles du bourgmestre.
Yoy. MÉTOPOSCOPIE.
Satan fit un signe à son élève, et l'un de
droite et l'autre de gauche ils prirent joyeu-
, ,
Frothon. — On
lit dans Albert Krantz que

sement la moitié de Fribourg la plus éloignée Frothon ,


de Danemark fut tué par une
roi ,

de la cathédrale et s'enfuirent comme des sorcière transformée en vache. Ce roi croyait


larrons. C'était leur joie et ce brusque mou- à la magie, et entretenait à sa cour une in-
vement qui avaient interrompu le bourg- signe sorcière qui prenait à son gré la forme
mestre. —
Les deux démons ne savaient trop des animaux. Elle avait un fils aussi méchant
que faire de ce riche butin ils avaient en- ;
qu'elle,avec qui elle déroba les trésors du
levé Fribourg en vrais voleurs qui prennent roi ,et se relira ensuite. Frothon s'étant

par goût, par instinct, sans songer que la aperçu du 'larcin et ayant appris que la

porte de l'enfer, quelque vaste qu'elle fût et ,


sorcière et son fils s'étaient absentés , ne
quoique donnant passage à des consciences douta plus qu'ils n'en fussent coupables. Il
d'une largeur remarquable, ouvrait inutile- résolut d'aller dans la maison de la vieille.
ment ses deux battants devant une demi- La sorcière, voyant entrer le roi chez elle,
ville d'une dimension presque égale et d'une eut recours aussitôt à son art, se changea en
nature beaucoup moins élastique et compres- vache et son fils en bœuf. Le roi s'étant baissé

sible. Ils suivaient donc leur route aérienne pour contempler la \ache [dus a son aise
. »,

mm — H —\ FUS
pensant bien que c'était la sorcière , la vache mée, je me lie toujours à la plus belle i
. » —
se rua avec impétuosité sur lui , et lui donna On dit en Champagne que fumée du foyer, la

un si grand coup dans les flancs qu'elle le tua quand elle s'échappe, s'adresse aux plus gour-
sur-le-champ ». mands.
Fruit défendu ,
— VOy. TABAC, POMME d'A- Fumée Martin ( )
,
— sieur de Génillé; il a
dam, Adam etc. , publié. Comme traduit d'Athénagore, un ro-
Fruitier. — Celui qui fait le fromage et le man dont il est l'auteur, intitulé : Du vrai et

beurre dans le Jura est le docteur du canton. parfait amour. Tout insipide qu'est ce roman,
On l'appelle le fruitier ;
il est sorcier, comme Fumée trouva le moyen de le faire rechercher
de juste. La richesse publique est dans ses des adeptes par diverses allusions et surtout

mains il peut à volonté faire avorter les fro-


;
par un passage curieux, où, sous de le voile

mages, en accuser les éléments. Son au-


et l'allégorie, du grand
il peint la confusion
torité suffit pour ouvrir ou fermer en ce pays œuvre. Ce passage devenu célèbre chez les ,

les sources du Pactoleon sent quelle consi- ;


enfants de l'art, se trouve à la page 345, de
dération ce pouvoir doit lui donner, et quels l'édition de 4 612, moins rare que la pre-

ménagements on a pour lui Si vous ajoutez !


mière ainsi que dans YHarmonie mystique
,

à cela qu'il est nourri dans l'abondance, et de David Laigneau Paris, 4 636, in-8°. ,

qu'une moitié du jour il n'a rien à faire qu'à Fumigations. Quelques doctes pensent —
songer aux moyens d'accaparer encore plus que les bonnes odeurs chassent les démons,
de confiance; qu'il voit tour à tour, en parti- gens qui puent et qui ne peuvent aimer, comme
culier, les personnes de chaque maison qui , a dit une grande sainte. Les exorcistes em- —
viennent faire beurre à la fruiterie; qu'il
le ploient diverses fumigations pour chasser les
passe avec elles une matinée tout entière; démons les magiciens les appellent égale-
;

qu'il peut les faire jaser sans peine et par ,


ment par des fumigations de fougère et de
elles apprendre, sans même qu'elles s'en dou- verveine mais ce ne sont que des cérémonies
;

tent, les plus intimes secrets de leurs familles accessoires.


ou de leurs voisins ; si

ces circonstances, vous ne serez point étonné


vous pesez bien toutes
Funérailles ,
— VOy, MORT.
d'apprendre qu'il est presque toujours sorcier, Furcas (le même que Forças), — voy. ce
au moins devin; qu'il est consulté quand on nom.
a perdu quelque chose qu'il prédit l'avenir, , Furfur, —
comte aux enfers. Il se fait voir
qu'il jouit enfin, dans le canton, d'un crédit sous la forme d'un cerf avec une queue en-
très-grand, et que c'est l'homme qu'on ap- flammée il ne dit que des mensonges à
; ,

préhende le plus d'offenser 2 .


moins qu'il ne soit enfermé dans un triangle.
Fumée. — Dans toutes les communes du Il prend souvent la figure d'un ange, parle
Finistère , on voit à chaque pas, dit Cambry, d'une voix rauque, et entretient l'union entre
des usages antérieurs à la religion catholique. les maris et les femmes. Il fait tomber la fou-
Quand un individu va cesser d'être on con- , dre luire les éclairs et gronder le tonnerre
,

sulte la fumée. S'élève-t— elle avec facilité le , dans les lieux où il en reçoit l'ordre. Il répond
mourant doit habiter la demeure des bien- sur les choses abstraites. Vingt-six légions
heureux. Est-elle épaisse il doit descendre , sont sous ses ordres
dans les antres du désespoir, dans les ca-
vernes de l'enfer. —
C'est une espèce de pro-
Furies, — divinités infernales chez les an-
ciens , ministres de la vengeance des dieux
verbe en Angleterre que la fumée s'adresse
et chargées d'exécuter les sentences des juges
toujours à la plus belle personne. Et quoique
de l'enfer.
celte opinion ne semble avoir aucun fonde-
ment dans la nature, elle est pourtant fort Fusely (Henri) ,
— célèbre peintre anglais,
ancienne. Victorin et Casaubon en ont fait la qui affectionnait les sujets infernaux et qu'on
remarque à l'occasion d'un personnage d'A- appelait le peintre ordinaire du diable, parce
thénée, où un parasite se dépeint ainsi: « Je qu'il l'avait peint souvent. Il disait à ses
suis premier arrivé aux bonnes
toujours le amis : — Ah ! si j'avais pu peindre le diable
tables d'où quelques-uns se sont avisés de
,
comme je l'ai vu j'aurais surpassé Michel-
!

m'appeler soupe. Il n'y a point de porte que Ange, et vous seriez tous morts de peur et
je n'ouvre comme un bélier semblable à un ;
d'admiration
fouet, je m'attache à tout, et, comme la fu-
1
Thomas Brpw,n, lissais sur les erreurs, etc., ch. 22,
T
Leloyer, Hist. et Disc, des spectres, etc., p. 142. p. 80.
2 2 Wierus, In Pseudomonurchia àçcm.
Lequinio, Voyage dans le Jura, t. II, p. 366.
,.,

GAB — 232 — GAL

Gaap (autrement dit Tap)> — voy. Tap. trés parmi les hommes, in-12, 4 819 et du ,

Gabinius ou Gabienus. Dans la guerre — Démoniana ou Anecdotes sur les apparitions


,

de Sicile, entre Octave et Sextus-Pompée. un de démons, de lutins et de spectres, in-18


des gens d'Octave, nommé Gabinius, ayant 1820.
été fait prisonnier, eut la tète coupée. Un Gaeth , — dieu des morts chez les Kamts-
loup emporta cette tête; on l'arracha au loup, chadales. Voy. Lézards.
et sur le soir on entendit ladite tête qui se Gaffarel (Jacques) —
hébraïsant et orien-
,

plaignait et demandait à parler à quelqu'un. taliste,né en Provence en 1 601 mort en 4 681 ,

On s'assembla autour; alors bouche de la


Ses principaux ouvrages sont Mystères se- :

cette tète dit aux assistants qu'elle était ve- crets de la cabale divine défendus contre les
,

nue des enfers pour révéler à Pompée des paradoxes des sophistes ,
Paris, 1825, in-4°.
choses importantes. Pompée envoya aussitôt Curiosités inouïes sur la sculpture talismani-
un de ses lieutenants à qui le mort déclara,
que des Persans, V horoscope des patriarches
que Pompée serait vainqueur. La tête chanta et la Lecture des Etoiles ,
Paris , 1629 ,
in-8°.
ensuite dans un poème les malheurs qui me- Index de 19 cahiers cabalistiques dont sest
naçaient Rome; après quoi elle se tut, à ce servi Jean Pic de La Mirandole Paris, 4 654
que disent Pline Valère Maxime.
et Si ce — in-8°. Histoire universelle du monde souter-
,

trait a quelque fondement c'était une four- ,


rain, contenant la description des plus beaux
berie inventée pour relever le courage des antres et des plus rares grottes, caves }
voûtes ,

troupes; mais elle n'eut point de succès :


cavernes et spélonques de la terre. Le pro-
Sextus-Pompée, vaincu et sans ressource, spectus de ce dernier ouvrage fut imprimé à
s'enfuit en Asie où il fut tué par les gens de
,
Paris, 1666, in-folio de 8 feuillets : il est
Marc- Antoine. très-rare. Quant au livre, il ne parut pas à
Gabkar. — Les Orientaux croient à une cause de la mort de l'auteur. On dit que
ville fabuleuse appelée Gabkar, qu'ils disent c'était un monument de folie et d'érudition.
située dans le désert habité par les génies. 11 voyait des grottes jusque dans
l'homme,
Gabriel (Gilles) ,
—a
au dix-septiè- écrit dont le corps présente mille cavités il par- :

me siècle un essai demorale chrétienne la courait les cavernes de l'enfer, du purgatoire


comparée à la morale du diable Specimina :
et des limbes, etc.
moralis christianœ et moralis diabolicœ in Gaïlan. — Les Arabes appellent ainsi une
'praœi. Bruxelles , 1675, in-12. espèce de démon des forêts ,
qui tue les hom-
Gabrielle. — Dans le Vexin français , le mes et les animaux.
bourgeois qui a quatre filles et veut avoir un Gaillard, — voy.
CoiRIÈRES.
garçon, nomme la dernière Gabrielle, charme Gaius, —
aveugle guéri par un prodige,
qu'il croit de nature à lui amener infaillible- du temps d'Antonin. Esculape l'avertit, dans
ment un fils. un songe, de venir devant son autel de s'y ,

Gabrielle d'Bstrées, — maîtresse de Hen- prosterner, de passer ensuite de la droite à


la gauche, de poser ses cinq doigts sur
ri IV, morte en '1 599. Elle cherchait à épouser l'au-

le roi , et se trouvait logée dans la maison de tel, de lever la main, et de la mettre sur
ses

Zamet, riche financier de ce temps. Comme yeux. Il obéit, et recouvra la vue en présence
elle se promenait dans les jardins, elle fut du peuple, qui applaudit avec transport. C'é-
frappée d'une apoplexie foudroyante. On la tait une singerie qu'on faisait pour balancer
porta chez sa tante, madame de Sourdis. Elle les miracles réels du christianisme.
eut une mauvaise nuit le lendemain elle ; Galachide ou Garachide , — pierre noirâ-
éprouva des convulsions qui la firent devenir tre à laquelle des auteurs ont attribué plu-
,

toute noire; sa bouche se contourna, et elle sieurs vertus merveilleuses, celle entre autres
expira horriblement défigurée. On parla di- de garantir celui qui la tenait des mouches
versement de sa mort; plusieurs en chargè- et autres insectes. Pour en faire épreuve, on
rent le diable. On publia qu'il l'avait étranglée. frottait un homme de miel pendant l'été, et

Gabrielle de P., — auteur de V Histoire on lui faisait porter cette pierre dans la main
des Fantômes et des Démons qui se sont mon- droite; quand cette épreuve réussissait, on
GAL GAL
reconnaissait que la pierre était véritable. On en impose dans ces récits infidèles. Galilée
prétendait aussi qu'en la portant dans sa bou- ne fut pas censuré comme astronome, mais
che , on découvrait les secrets des autres. comme mauvais théologien car il voulait ;

Galanta, —
sorcière du seizième siècle. expliquer la Bible. Ses découvertes , à l'appui
du système de Copernic ne lui eussent pas
Elle donna un jour une pomme à goûter à la
,

fait plus d'ennemis qu'à cet autre savant. Ce


fille du suisse de l'église du Saint-Esprit à
fut son entêtement à vouloir concilier, à sa
Bayonne, qui désirait en avoir trois paniers.
n'eut pas plutôt mordu la pomme,
manière, la Bible et Copernic, qui le fit re-
Celte fille

tomba du haut-mal, et la force du chercher par l'inquisition. En même temps


qu'elle
maléfice fut telle qu'elle en fut tourmentée
que lui vivaient à Rome plusieurs hommes
toute sa vie. Aussitôt qu'elle voyait la sor- célèbres, et le saint-siége n'était pas entouré

cière, les accès lui prenaient très-violemment:


d'ignorants. En 4 614. pendant son premier
« ce qui a été confirmé devant nos yeux, »
voyage à Rome, Galilée fut admiré et comblé
comme dit Delancre. De nos jours on n'attri- d'honneurs par les cardinaux et les grands
buerait pas cela au sortilège mais alors on seigneurs auxquels il montra ses découvertes.
;

poursuivit la sorcière. Lorsqu'il y retourna, en 1615, le cardinal

Galien. — Le plus grand médecin des temps Delmonte lui traça le cercle dans lequel il
devait prudemment se renfermer. Mais son
passés après Hippocrate. un On lui attribue
ardeur et sa vanité l'emportèrent. « 11 exi-
Traité des enchantements, médecins et les
geait, dit Guichardin que le pape et le
empiriques ont souvent abusé de son nom. ,

saint-office déclarassent le système de Co-


Galigaî (Léonora) ,
— épouse du maréchal pernic fondé sur la Bible. » Il écrivit à ce
d'Ancre Concino Concini qui fut tué par la
,
sujet mémoires sur mémoires. Paul V, fatigué
populace en 4617. On la crut sorcière. On
de ses instances accorda que cette contro-
,

publia que par ses maléfices elle avait en-


verse fût jugée dans une congrégation. Malgré
sorcelé la reine; surtout lorsqu'on eut trouvé
tout l'emportement qu'y mit Galilée, il ne fut
chez elle trois volumes pleins de caractères
point intéressé dans le décret rendu par la
magiques, cinq rouleaux de velours destinés
congrégation, qui déclara seulement que le
à dominer les esprits des grands, des amu-
système de Copernic ne paraissait pas s'ac-
lettes qu'elle se mettait au cou, des agnus
corder avec la Bible. Avant son départ, il
que l'on prit pour des talismans et une lettre
eut une audience très-gracieuse du pape, et
que Léonora avait ordonné d'écrire à une
Bellarmin se borna, sans lui interdire aucune
sorcière nommée Isabelle. Il fut établi au
hypothèse astronomique , à lui interdire ses
procès que le maréchal et sa femme se ser-
prétentions théologiques. — Quinze ans après,
vaient pour envoûter, d'images de cire qu'ils
,
en 1632, sous d'Urbain VIII, Ga-
le pontificat
gardaient dans de petits cercueils; qu'ils con-
imprima ses célèbres dialogues Délie due
lilée
sultaient des magiciens, des astrologues et
massime sisteme del mondo, avec une per-
des sorciers; qu'ils en avaient fait venir de
mission et une approbation supposées; per-
Nancy pour sacrifier des coqs, et que dans
sonne ne réclama. Il fit reparaître ses mé-
ces cérémonies Galigaî ne mangeait que des
moires écrits en 4 61 6 où il s'efforçait d'ériger
,

crêtes de coq et des rognons de bélier qu'elle


la rotation du globe sur son axe en question
faisait charmer auparavant. Elle fui encore
de dogme. Ses bravades le firent citer à Rome.
convaincue de s'être fait exorciser par un
Il y arriva le 3 février 4 633. Il ne fut point
certain Matthieu de Montanay, charlatan sor-
logé à l'inquisition mais au palais de l'envoyé
,

cier. Sur ses propres aveux, dit-on, elle eut


de Toscane. Un mois après il fut mis, non
la tête tranchée, et fut brûlée en 4 617. Ce-
dans les prisons de l'inquisition, comme tant
pendant le président Courtin lui demandant
de menteurs l'ont écrit mais dans l'apparte-
,

par quel charme elle avait ensorcelé la reine,


ment du fiscal. Au bout de dix-huit mois,
elle répondit fièrement « Mon sortilège a été
:

s'étant rétracté c'est-à-dire ayant renoncé


,

le pouvoir que les âmes fortes ont sur les


à sa conciliation de Copernic et de la Bible,
âmes faibles. »
seule question qui fût en cause il s'en re- ,

Galilée. — Les protestants, copiés par les tourna dans sa patrie. Voici ce qu'il écrivait
jansénistes, ont beaucoup déclamé contre la en 4 633, au P. Récénéri son disciple , :

prétendue persécution qu'essuya Galilée à , « Le pape me croyait digne de son estime.
cause de ses découvertes astronomiques. On Je fus logé dansle délicieux palais de la Tri-
a fait fracas de sa prétendue condamnation nitédu Mont. Quand j'arrivai au saint-office,
au tribunal de l'inquisition romaine. Mais il deux pères dominicains m'invitèrent très-hon-
est prouvé, depuis long-temps déjà, qu'on nêtement à faire mon apologie. J'ai été obligé
, ,

G AM — 234 — G AN
de rétracter mon opinion en bon catholique. cependant là-bas , trente légions lui sont sou-
Pour me punir, on m'a défendu les dialogues, mises h
et congédié après cinq mois de séjour à Rome. Gandillon (Pierre), —
sorcier de la Fran-
Comme la peste régnait à Florence, on m'a che-Comté, qui fut brûlé vers 4 610, pour
assuré pour demeure le palais de mon meil- avoir couru la nuit en forme de lièvre
leur ami, monseigneur Piccolomini, archevê-
Gandreid ,
— sorte de magie en usage chez
que de Sienne, où j'ai joui d'une pleine tran- les Islandais, laquelle magie donne la faculté
Aujourd'hui, je suis à ma campagne
quillité.
de voyager dans les airs; elle est, dit-on,
d'Arcètre^ où je respire un air pur auprès de
d'invention nouvelle, quoique le nom en soit
ma chère patrie *. » — Néanmoins les philo-
connu depuis des temps reculés. Mais on at-
sophes rebelles continueront à faire de Galilée
tribuait autrefois les cavalcades aériennes au
une victime de la superstition et du fanatis- diable et à de certains esprits. Les Islandais
me. —Dans tout cela, nous ne jugeons pas prétendent aujourd'hui que ce sont des sor-
le système de Galilée, sur lequel il n'est pas
cières montées sur des côtes de cheval et des
impossible que le dernier mot ne soit pas dit.
tibia, en guise de manche à balai, qui se
— On vient de retrouver les manuscrits de promènent par les airs. —
Les sorcières de
Galilée que l'on avait dit brûlés par l'inqui-
,
Basse-Saxe et du duché de Brunswick .se
sition. Que ne peut-on retrouver, à l'usage
mettent à califourchon sur la même monture;
des ennemis de l'Église la bonne foi! ,
et tous les autres ossements qui se trouvent

Gamahé ou Camaïeu, — espèce de talis- dans la campagne, se pulvérisent à l'appro-


man qui consiste dans des images ou des ca- che de l'un de ces cavaliers nocturnes. L'art
ractères naturellement gravés sur certaines de préparer leur équipage consiste dans une
pierres auxquels la superstition a fait attri- courroie d'une espèce de cuir qu'ils appellent
,

buer de grandes vertus parce qu'elle les Gandreid-Jaum, sur laquelle ils impriment
,

croit produits par l'influence des esprits. Gal- leurs runes ou caractères magiques 5 .

farel dit qu'Albert-le-Grand avait, une de ces Ganga-Gramma ,


— démon femelle que les
pierres, sur laquelle était un serpent qui Indiens craignent beaucoup, par consé- et
avait cette admirable vertu d'attirer les autres quent auquel ils rendent de grands honneurs.
serpents lorsqu'on la plaçait clans le lieu où II a une seule tète et quatre bras; il tient
ils venaient. D'autres pierres ,
ajoute-t-il dans la main gauche une petite jatte et dans ,

guérissent les morsures et chassent les venins. la droite une fourchette à trois pointes. On le

George Agricola rapporte qu'on en voit de la mène en procession sur un char avec beau-
forme de quelques parties du corps, ou de coup de pompe, et quelquefois il se trouve
quelques plantes, et qui ont des vertus mer- des fanatiques qui se font écraser par dévo-
veilleuses; ainsi celles qui représentent du tion sous ses roues. Les boucs sont les victi-
sang arrêtent les pertes, etc. mes ordinaires lui immole. Dans les
qu'on
maladies ou dans quelque autre danger, il se
Gamouïis, —
esprits qui selon les habi- ,
trouve des Indiens qui font vœu s'ils en ré- ,

tanîs du Kamtschatka, produisent les éclairs chappent, de pratiquer en l'honneur de Gan-


en se lançant dans leurs querelles les tisons
ga-Gramma la cérémonie suivante. On leur
à demi consumés qui ont chauffé leurs huttes.
enfonce dans la peau du dos des crochets
Lorsqu'il tombe de la pluie ce sont les Ga- ,
par le moyen desquels on les élève en l'air ;

mouïis qui rejettent le superflu de la boisson. là ils font quelques tours d'adresse en pré-

Gamygyn, —
grand marquis des enfers; sence des spectateurs. Il se trouve des fem-
c'est un puissant démon. On le voit sous la mes simples et crédules, à qui l'on persuade
forme d'un petit cheval; mais dès qu'il prend que cette cérémonie est agréable à Ganga-
celle d'un homme, il a une voix rauque et
Gramma, et qu'elle ne cause aucune dou-
discourt sur les arts libéraux; leur. Lorsqu'elles la sentent, il n'est plus
il fait paraître
aussi devant l'exorciste les Ames qui ont péri
temps de s'en dédire , elles sont déjà en l'air,

dans mer, et celles qui souffrent dans cette


la
et les cris des assistants étouffent leurs plain-

partie du purgatoire qui est appelée Cartagra


tes. Une autre sorte de pénitence ,
toujours

(c'est-à-dire affliction des âmes); il répond en l'honneur du même démon, consiste à se

clairement à toutes les questions qu'on lui


laisser passerune ficelle dans la chair, et à
fait; il reste auprès de l'exorciste jusqu'à ce
danser pendant que d'autres personnes tirent
qu'il ait exécuté tout ce qu'on lui ordonne; 1
Wierus, de Pnest. drem., p. 926.
2 M. Garinet, Hist. de la magie en France, 160.
p.
1
Bergier, Dict. de théologie, au mot Sciences. ? Voyage en Islande, traduit du danois, etc, 1802.
GAR — î 5 — GAS
cette La nuit qui suit le jour de sa
ficelle. ici une allégorie. Des historiens rapportent
fêle, on lui sacrifie un buffle dont on recueille que du temps de saint Romain, la ville de
,

le sang dans un vase; on le place devant Rouen fut menacée d'une inondation; que ce
l'idole, et l'on assure que le lendemain il se saint prélat eut le bonheur de l'arrêter par
trouve vide. Des auteurs disent qu'autrefois ,
ses soins et par ses prières. Voilà l'explication
au lieu d'un buffle on immolait une victime , toute simple du miracle de la gargouille. Ce
humaine. mot, dans notre vieille langue, signifie irrup-
Ganguy (Simone) ,
— dite la Petite-Mère ,
tion , bouillonnement de l'eau. Des savants
sorcière, amie de Madeleine Bavan. Il ne auront rendu le mot hydra par celuide dragon.
paraît pas qu'elle ait été brûlée. Garibaut ( Jeanne ),
— sorcière, voy. Gre-
Ganna, — devineresse germaine elle avait nier, et Pierre-Labourant.

;

succédé à Velléda ; elle fit un voyage à Garinet ( .lu les )


, auteur de Y Histoire
Rome, où elle reçut de grands honneurs de de la magie en France, Paris, 1818, in-8°. On
Domitien trouve à la tête de cet ouvrage une description

Gantière, —
sorcière. En 1582 le parle- ,
du sabbat, une dissertation sur les démons et
ment de Paris confirma la sentence de mort un discours sur les superstitions qui se ratta-
du bailli de la Ferté contre la femme Gantière. chent à la magie chez les anciens et les mo-

Elle avouait que la Lofarde l'avait transportée dernes. L'auteur, fort jeune lorsqu'il publia
lui a donné une teinte philosophique
ce livre,
au sabbat; que le diable l'avait marquée;
qu'il était vêtu d'un habit jaune; qu'il lui
etimmorale que son esprit élevé doit désap-
avait donné huit sous pour payer sa taille; prouver aujourd'hui.
mais que de retour dans son logis, elle ne les Gamier Gilles ( loup-garou con- )
, — ,

avait plus trouvés dans son mouchoir. damné à Dole sous Louis XIII, comme ayant
dévoré plusieurs enfants. On le brûla vif et
Garde des troupeaux, — VO\J. TROUPEAUX.
son corps réduit en cendres fut dispersé au
Gargantua, — héros populaire de taille gi- vent. —
« Henri Camus, docteur en droit et
gantesque, dont la légende ne s'accorde pas conseiller du roi exposa que Gilles Garnier
,

» avec le roman de Rabelais. Quoique les ré- avait pris dans une vigne une jeune fille de
cits qui se font dans les campagnes sur ce
dix ans, l'avait tuée et occise, l'avait traînée
géant prodigieusement vorace ne soient que jusqu'au bois de La Serre, et que non content
des contes bleus on montre aux environs,
d'en manger, il en avait apporté à sa femme ;

d'Aigues-Mortes une vieille tour appelée la qu'un autre jour étant en forme de loup ( tra-
tour de Gargantua; et on n'ose en approcher
vestissement horrible qu'il prenait sans doute
la nuit, de peur d'être empoigné par un bras
pour sa chasse ), il avait également tué et dé-
de vingt-cinq mètres. voré un jeune garçon à une lieue de Dole ,
,

Gargouille. — « Que vous dire de la gar- entre Grédisans et Monotée qu'en sa forme ;

gouille de Rouen? Il est certain que, tous les d'homme et non de loup il avait pris un autre
ans, chapitre métropolitain de cette ville
le jeune garçon de l'âge de douze à treize ans,
présentait au parlement le jour de l'Ascension, et qu'il l'avait emporté dans le bois pour l'é-
un criminel qui obtenait sa grâce en l'hon- , trangler.... 1 »
neur de saint Romain et de ia gargouille. La
Garosmancie . — VOlJ. GaSTROMANCIE.
tradition portait qu'à l'époque où saint Ro-
main .occupait le siège épiscopal de Rouen ,
Garuda, — oiseau fabuleux qu'on repré-

un dragon embusqué à quelque distance de sente souvent avec la tète d'un beau jeune
,

la ville, s'élançait sur les passants et les dé-


homme, un collier blanc et le corps d'un aigle.

vorait; c'est ce dragon qu'on appelle Ilsert de monture à Wishnou comme l'aigle
la gar-
Romain, accompagné d'un cri-
gouille; saint en servait à Jupiter. Les Indiens racontent
minel condamné à mort alla attaquer le ,
qu'il naquit d'un œuf que sa mère Diti avait

monstre jusque dans sa caverne; il l'enchaîna pondu et qu'elle couva cinq ans.
et le conduisit sur la place publique, où il fut GastrocnémJe ,
— pays imaginaire dont
brûlé, à la grande satisfaction des diocé- parle Lucien, où les enfants étaient portés dans
sains
2
. » — On a contesté cette légende
en le gras de la jambe ils en étaient extraits au;

niant les dragons dont les géologues actuels


,
moyen d'une incision.

reconnaissent pourtant que l'existence a été Gastromancie OU Garosmancie, — divina-


réelle. Il se peut toutefois que ce dragon soit tion qui se pratiquait en plaçant entre plu-
1
Tacite, Annal. 55. T
M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France,
2 Des Erreurs,
M. Saignes, t. III, p. 370.
p. 129.
, .

GAU — 2 36 — GAU
sieurs bougies allumées des vases de verre , qu'il lisait un livre de magie;
ils entrèrent en

ronds et pleins d'eau claire après avoir in- ;


conversation et firent connaissance. Le prêtre
voqué et interrogé les démons à voix basse se livra au diable par un pacte en règle , à
on faisait regarder attentivement la superficie condition qu'il lui donnerait le pouvoir de su-
de ces vases par un jeune garçon ou par une borner et de séduire , en soufflant au visage.
jeune femme; puis on lisait la réponse dans Le diable y consentit d'autant plus volontiers,
des images tracées par la réfraction de la lu- qu'il trouvait dans ce marché un double avan-

mière dans les verres. —


Une autre espèce de tage. —
L'apostat s'éprit de la fille d'un gen-
Gastromancie se pratiquait par le devin qui tilhomme, Madeleine de La Palud, dont l'his-
répondait sans remuer les lèvres, en sorte toire est devenue célèbre. Mais bientôt la
qu'on croyait entendre une voix aérienne. Le demoiselle effrayée se retira dans un couvent
nom de cette divination signifie divination par d'Ursulines. Gaufridi furieux
y envoya, disent
le ventre; aussi pour l'exercer, il faut être les relationsdu temps, une légion de diables ;

ventriloque ou possédé ou sorcier. Dans le du prêtre fut prouvée. Un arrêt


la sorcellerie

dernier cas, on allume des flambeaux autour du parlement dé Provence le condamna au


de quelques verres d'eau limpide puis on ,
feu , en avril 1614
agite l'eau en invoquant un esprit qui ne Gauric, — génie ou lutin que la supersti-
tarde pas à répondre d'une voix grêle dans le tion des villageois bas-bretons croit voir
danser
ventre du sorcier en fonction. Les charla- — autour des amas de pierres ou monuments ,

tans trouvant, dans les moindres choses, des druidiques, désignés dans la langue des an-
moyens sûrs d'en imposer au peuple et de ciens insulaires par le mot chiorgaur que l'on
réussir dans leurs fourberies la ventriloquie , a traduits par ceux-ci chorea gigantum :

doit être pour eux d'un grand avantage. — ou danse des géants.
,

Un marchand de Lyon étant un jour à la , Gauric ( Luc ), —


astrologue napolitain, né
campagne avec son valet entendit une voix ,
en 1476 qui selon Mézeray et le président
,
,

qui lui ordonnait, de la part du ciel, de donner de Thou annonça positivement que le roi
,

une partie de ses biens aux pauvres et de , Henri IT. serait tué dans un duel et mourrait
récompenser son serviteur. Il obéit, et regarda d'une blessure à l'œil, ce qui fut vrai. Mais«
comme miraculeuses les paroles qui sortaient ne prédit-il pas après coup ? — Catherine de
du ventre de son domestique. On savait si peu Médicis avait en Luc Gauric la confiance la
autrefois ce que c'était qu'un ventriloque, que plus entière. Bentivoglio seigneur de Bo-
,

les plus grands personnages attribuaient tou- logne, le condamna à cinq tours d'estrapade,
jours ce talent à la présence des démons. pour avoir eu la hardiesse de lui prédire qu'il
Photius patriarche de Constantinople, dit,
, serait chassé de ses États ; ce qui n'était pas
dans une de ses lettres On a entendu le malin
:
difficile à prévoir, vu la disposition des esprits
esprit parler dans le ventre d'une personne qui détestaient ce seigneur. Gauric mourut
et il mérite, bien d'avoir l'ordure pour logis. en 1558. On une Description de la
a de lui

Gâteau des Rois. —


La part des absents sphère céleste, publiée dans ses Œuvres, Bàle,
quand on partage le gâteau des rois, se garde 4575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un Eloge
précieusement ; dans certaines maisons su- de l'astrologie. — On attribue à son frère

perstitieuses elle indique l'état de la santé de Pomponius Gauric un livre dans lequel on
ces personnes absentes, par sa bonne conser- traite de la physiognomonie de l'astrologie ,

vation; une maladie, par des taches ou des naturelle, etc. *; mais il ne parait pas que

ruptures. cet ouvrage soit de Pomponius, il serait plutôt

Gâteau triangulaire de Saint-Loup. — de Luc. —


Le traité astrologique 2 de Luc
Gauric est un livre assez curieux; pour prou-
Les personnes superstitieuses font ce gâteau
ver la vérité de l'astrologie il dresse l'ho- ,
le 29 juillet, avant le lever du soleil; il est
roscope de tous les personnages illustres, dont
composé de pure farine de froment, de seigle
il a pu découvrir l'heure de la naissance il ;

et d'orge, pétrie avec trois œufs et trois cuil-


démontre que tout ce qui leur est arrivé se
lerées de sel , en forme triangulaire.
donne par aumône, au premier pauvre qu'on
On le
trouvait prédit dans leur horoscope, comme —
si on n'y trouvait pas tout ce qu'on veut !

rencontre, pour rompre les maléfices.


1
Pomponii Gaurici Neapo'itani tractatus de symme-
Gaufridi ( Louis-Jean-Baptisti: ) curé , — trijs, lineamentis et physiognomonia, ejusque specie-
bus, etc., Argentor., 1630, avecla Chiromancie de Jean ab
de Marseille qui, infidèle à ses devoirs, tomba lndagine.
dans le désordre et se fit passer pour sorcier 2 Lucse Gaurici geoplionensis episcopi civitatensis

vers la fin du seizième siècle. — On raconte tractatus astrologicus in quo agitur de prœteiitis mul-
torum hominum accidentibus per pn>i rias eoriini geni-
que le diable lui apparut un jour, pendant turas, ad unguem examinatis Venetiis. ln-4°, 1552.
GAZ — 2 :)1 — GEL
Gauthier (Jean), —
alchimiste. Charles IX, Géants. —
Les géants de la fable avaient
trompé par ses promesses, lui fit donnercent le regard farouche et effrayant, de longs che-

vingt mille livres, et l'adepte se mit à l'ou- veux une grande barbe des jambes et des
, ,

vrage; mais après avoir travaillé huit jours pieds de serpent, et quelques-uns cent bras et
il se sauva avec l'argent du monarque: on cinquanletètes. Homère représente lesÀloïdes,
courut à sa poursuite on l'attrapa et il fut
, géants remarquables, comme étant d'une taille
pendu. si prodigieuse ,
qu'à l'âge de neuf ans ils
Gauthier, — conspirateur écossais ,
voy. avaient neuf coudées de grosseur, trente-six
Walter. de hauteur, et croissaient chaque année d'une
Gauthier de Bruges. On COnte que ce — coudée de circonférence et d'une aune de haut.
cordelier, nommé évèque par le pape Ni-
— Les talmudistes assurent qu'il y avait des
colas III, et déposé par Clément V, appela à
géants dans l'arche. Comme ils y tenaient

Dieu de cette déposition et demanda qu'en beaucoup de place, on fut obligé, disent-ils,
l'inhumant on lui mît son acte d'appel à la de faire sortir le rhinocéros, qui suivit l'arche
main. Quelque temps après sa mort, le pape à la nage. —
Aux noces de Charles-le-Bel
Clément V étant venu à Poitiers, et se trou- roi de France on vit une femme de Zélande
,

vant logé au couvent des Cordeliers désira ,


d'une taille extraordinaire, auprès de qui les

visiter les restes de celui qu'il avait déposé ;


hommes les plus hauts paraissaient des en-
fants elle était si forte qu'elle enlevait de
on ajoute qu'il se fit ouvrir le tombeau et ,
; ,

qu'il fut effrayé en voyant Gauthier de Bruges


chaque main deux tonneaux de bière, et por-
tait aisément huit hommes sur une poutre 4
agitant son acte d'appel d'une main dessé- .

chée 4
. »
— Il est certain qu'il y a eu de tout temps ,

des hommes d'une taille et d'une force au-


Gazardiel , — ange qui , selon le Talmud ,
dessus de l'ordinaire. On trouva au Mexique
préside à l'Orient, afin d'avoir soin que le
des os d'hommes trois fois aussi grands que
soleil se lève, et de l'éveiller s'il ne se levait
nous, et, dit-on dans l'île de Crète un ca-
,

pas.
davre de quarante-cinq pieds.... Hector de
Gaze (Théodore de), — propriétaire d'une Boe'ce dit avoir vu les restes d'un homme qui
ferme dans la Campanie, au seizième siècle;
avait quatorze pieds. Pour la force nous —
il la faisait cultiver par un fermier. Comme citerons Milon de Crotone tant de fois vain- ,

ce bonhomme un jour dans un


travaillait
queur aux Jeux olympiques ce Suédois qui, ;

champ, il découvrit un vase rond où étaient sans armes, tua dix soldats armés ce Mila- ;

enfermées les cendres d'un mort; aussitôt il


nais qui portait un cheval chargé de blé ce ;

lui apparut un spectre qui lui commanda de


Barsabas qui, du temps de Louis XIV, enle-
remettre en terre le même vase avec ce qu'il
vait un cavalier avec son équipage et sa mon-
contenait, sinon qu'il ferait mourir son fils
ture ces géants et ces Hercules qu'on montre
;

aîné. Le fermier ne tint compte de ces me-


tous les jours au public. Mais la différence
naces, et, peu de jours après, son fils aîné fut
qu'il y a entre eux et le reste des hommes est
trouvé mort dans son lit. Quelque temps plus
petite si on compare leur taille réelle à la
,

tard, le même spectre lui apparut, lui réité- taille prodigieuse que les traditions donnent
rant le même commandement et le menaça ,
aux anciens géants.
de faire mourir son second fils. Le laboureur
avertit de tout ceci Théodore de Gaze, qui
Geher, —
roi des Indes, et grand magicien,
auquel on attribue un traité absurde du rap-
vint lui-même à sa métairie , et fit remettre
port des sept planètes aux sept noms de Dieu,
le tout à sa place : sachant bien, dit Leloyer,
2
et quelques autres opuscules inconnus .
qu'il fait mauvais jouer avec les morts....

Gaziel, — démon chargé de garde des la


Gédi , — pierre merveilleuse qui , dans l'o-
pinion des Gèles , avait la vertu, lorsqu'on la
trésors souterrains, qu'il transporte d'un lieu
trempait dans l'eau , de changer l'air et d'ex-
à un autre pour aux hommes.
les soustraire
C'est lui qui ébranle les fondements des mai-
citer des vents et des pluies orageuses. On ne
connaît plus la forme de cette pierre.
sons et fait souffler des vents accompagnés de
flammes. Quelquefois il forme des danses qui Gello ou Gilo, —
c'était une fille qui avait la

disparaissent tout à coup; il inspire la ter- manie d'enlever des petits enfants. On ditmême
reur par un grand bruit de cloches et de clo- que parfois elle les mangeait, et qu'elle em-
chettes il ranime les cadavres, mais pour un
;
porta un jour le petit empereur Maurice mais ;

moment.
1 Jonsthoni thaumatographia.
* M. de Marchangy, Tristan le voyageur , ou la * Naudé, Apologie pour tous les grands personnages
France au quatorzième siècle, t. l<
f
,
cliap. 4, p. 63. soupçonnés de magie, chap. 14. p. 360.
qu'elle ne put lui faire aucun mal ,
parce qu'il se venger sans se compromettre. Les doctes
avait sur lui des amulettes. Son fantôme er- n'indiquent pas où se trouve cette pierre cu-
rait dans l'île de Lesbos, où, comme elle était rieuse.
jalouse de toutes les mères
dans leur sein les enfants qu'elles portaient,
, elle faisait mourir Génies. — La tradition des anges parvenue
altérée chez les païens, en a fait des génies.
un peu avant qu'ils fussent à terme \ On Chacun avait son génie. Un magicien d'É-
voit que c'était l'épouvantail du sixième siècle.
gypte avertit Marc -Antoine que son génie
Géloscopie ,
— Espèce de divination qui se étaitvaincu par celui d'Octave et Antoine ;

tire du rire. On prétend acquérir ainsi la con- intimidé se retira vers Cléopâtre *. Néron,
naissance du caractère d'une personne, et de dans Britannicus , dit en parlant de sa mère:
ses penchants bons ou mauvais. Un rire Mon génie étonné tremble devant le sien.
franc n'annonce certainement pas une âme
fausse , et on peut se défier quelquefois d'un — Les borborites, hérétiques des premiers
rire forcé. Voy. Physiognomonie. siècles de que Dieu ne
l'Église, enseignaient

Gématrie. —
une des divisions de la.
C'est
peut être l'auteur du mal que, pour gou-
verner le cours du soleil, des étoiles et des
;

cabale, chez prendre


les juifs. Elle consiste à
planètes il a créé une multitude innombrable
,

les lettres d'un mot hébreu pour des chiffres


de génies, qui ont été, qui sont et seront
ou nombres arithmétiques, et à expliquer
toujours bons et bienfaisants qu'il créa
chaque mot par la valeur arithmétique des ;

l'homme indifféremment avec tous les autres


lettres qui le composent. Selon d'autres, c'est
animaux, et que l'homme n'avait que des pattes
une interprétation qui se fait par la transpo-
comme que la paix et la concorde
les chiens ;
sition des lettres.
régnèrent sur pendant plusieurs siè-
la terre
Gemma (
Cornélius ) ,
— savant professeur cles et qu'il ne s'y commettait aucun dé-
,

de Louvain , auteur d'un


Des livre intitulé: sordre que malheureusement un génie prit
;

caractères divins et des choses admirables 2, , l'espèce humaine en affection, lui donna des
publié à Anvers, chez Christophe Plantin, mains, et que voilà l'origine et l'époque du
architypographe du roi, '1575, in-12. mal. — L'homme alors se procura des forces
Génération ,
— VOy. ENFANTS. artificielles, se fit des armes, attaqua les

Gengues , — devins japonais qui font pro-


autres animaux , fit des ouvrages surprenants,

fession de découvrir les choses cachées et de


et l'adresse -de ses mains le rendit orgueil-
leux de la pro-
l'orgueil lui inspira le désir
retrouver les choses perdues. Ils habitent des ;

priété de posséder certaines choses à


et
huttes perchées sur le sommet des monta- ,

l'exclusion des autres les querelles et les


gnes , et sont tous extrêmement laids. 11 leur ;

guerres commencèrent la victoire fit des ;


est permis de se marier, mais seulement avec
tyrans et des esclaves, des riches et des
des femmes de leur caste et de leur secte.
Un voyageur prétend que le signe caracté-
pauvres. Il est vrai —
ajoutent les borbo- ,

rites que si l'homme n'avait jamais eu que


ristique de ces devins est une corne qui leur
,

des pattes, il n'aurait point bâti des villes,


pousse sur la tête. Il ajoute qu'ils sont tous
ni des palais, ni des vaisseaux; qu'il n'aurait
vendus au diable qui leur souffle leurs oracles;
pas couru les mers; qu'il n'aurait pas in-
quand leur bail est fini le diable leur or- ,

venté l'écriture, ni composé des livres; et


donne de l'attendre sur une certaine roche.
qu'ainsi les connaissances de son esprit ne
A midi, ou plus souvent vers le soir, il passe
se seraient point étendues mais aussi il
au milieu de l'assemblée sa présence cause ;
;

n'aurait éprouvé que les maux physiques et


une vive émotion. Une force irrésistible en-
corporels, qui ne sont pas comparables à ceux
traîne alors ces malheureux, qui sont préci-
pités à sa suite et ne reparaissent plus.
d'une âme agitée par l'ambition, l'orgueil,
l'avarice par les inquiétudes et les soins
Géniane ,
— pierre fabuleuse
à laquelle on
,

pour élever une famille et par la crainte de ,

attribuait de chagriner les ennemis


la vertu
l'opprobre, du déshonneur, de la misère et des
de ceux qui la portaient. On pouvait, de très- châtiments. —
Aristote observe que l'homme
loin, en frottant sa pierre, vexer de toute fa-
n'est pas supérieur aux animaux parce qu'il
çon les amis dont on avait à se plaindre, et a une main mais qu'il a une main parce
;

1
Delrio, Disquisitions magiques Wierus, de Prest.,
;
qu'il est supérieur aux animaux. Les Arabes —
p. 466. ne croient pas qu'Adam ait été le premier
2 De nature divinis characterismis seu raris et ad- ;
être raisonnable qui ait habité la terre mais ,

mirandis spectaculis, causis indiens, pjropriëtatibiis


,

rcrum in partihus singulis universi libri 2. auctore Cor-


nelio Gemma, etc.
1
Plutarque, Vie de Marc-Antoine.
G EN — 889
2 — GEO
seulement le père de tous les hommes actuel- Gennadius, — patriarche de Constantinople.
lement existants. Ils pensent que la terre Allant à son église, il rencontra un spectre
était peuplée, avant la création d'Adam, par hideux. Il reconnut que c'était le diable ie ,

des êtres d'une espèce supérieure à la nôtre : conjura et entendit une voix qui lui dît : « Je
que dans la composition de ces êtres, créés t'avertis, Gennadius
que durant ta vie je ne ,

de Dieu comme nous, il entrait plus de feu pourrai nuire à l'église grecque mais après ;

divin et moins de limon. Ces êtres qui ont , ta mort je la ruinerai. » Le patriarche se mit à
habité la terre pendant plusieurs milliers de genoux, pria pour son église, et mourut peu
siècles, sont les génies, qui ensuite furent après *j Ceci se passait tandis que Mahomet II
renvoyés dans une région particulière, mais faisait la conquête de l'empire.
d'où il n'est pas impossible de les évoquer
Geoffroi d'iden. — Au treizième siècle
et de les voir paraître encore quelquefois,
le seigneur Humbert, de Guichard de fils
par la force des paroles magiques et des ta- Bélioc, dans le diocèse de Màcon, ayant dé-
lismans. y a deux sortes de génies, ajou-
Il
claré la guerre à d'autres seigneurs de son
tent-ils, les péris,ou génies bienfaisants, et voisinage Geoffroi d'iden reçut dans la mêlée
,

les dives, ou génies malfaisants. Gian-ben-


une blessure dont il mourut sur-le-champ.
gian du nom de qui ils furent appelés ginnes
,
Environ deux mois après, Geoffroi apparut à
ou génies, est le premier comme le plus fa- Milon d'Anta et le pria de dire à Humbert de
,

meux de leurs rois. Le Ginnistan est un pays Bélioc, au service duquel il avait perdu la
de délices et de merveilles où ils ont été re- ,
vie qu'il était dans les tourments pour l'avoir
,

légués par Taymural l'un des plus anciens ,


aidé dans une guerre injuste, et pour n'avoir
rois de Perse. —
Ce sont encore là des ves- pas expié avant sa mort ses péchés par la
tiges altérés de l'ancienne tradition. Les — pénitence; qu'il le priait d'avoir compassion
Chinois ont des génies qui président aux eaux,
de lui et de son propre père Guichard, qui
aux montagnes et chacun d^eux est honoré
;
lui avait laissé de grands biens dont il abu
par des sacrifices solennels. Voy. Fées — , sait, et dont une grande partie était mal ac-
Anges, etc.
quise qu'à la vérité, Guichard, prre de
;

Humbert, avait embrassé la vie religieuse à


Génirade, — médecin matérialiste,
ami de
Cluny, mais qu'il n'avait eu le temps ni de sa-
saint Augustin et très-connu à Carthage pour
tisfaire entièrement à la justice de Dieu, ni de
sa grande capacité. Il doutait qu'il y eût un
réparer ses torts envers le prochain ;
qu'il le
autre monde que celui-ci. Mais une nuit, il
conjurait donc de faire offrir, pour son père
vit en songe un jeune homme qui lui dit :

et pour lui, le sacrifice de la messe, de faire


« Suivez-moi. » Il le suivit et se trouva dans
des aumônes et d'employer les prières des
une ville où il entendit une mélodie admi-
gens de bien pour leur procurer à l'un et à
rable. — Une autre fois il vit le même jeune
homme qui lui dit : « Me connaissez-vous? — l'autre
qu'ils enduraient.
une prompte délivrance des peines
ajouta « Dites-lui que
Fort bien, lui répondit-il. — Et d'où me con- ne vous écoute pas
Il :

je serai contraint
naissez-vous? — Génirade lui raconta ce qu'il
s'il

d'aller moi-même lui


,

annoncer ce que je
lui avait fait voir dans la ville où
conduit.Le jeune homme ajouta « Est-ce en :
il l'avait
viens de vous prescrire. » — Milon d'Anta
s'acquitta de sa commission ; Humbert en fut
songe ou éveillé que vous avez vu tout cela?
— C'est en songe, répondit le médecin. Le
effrayé ,
mais il

Toutefois, craignant que Guichard, son père,


n'en devint pas meilleur.

jeune — Où
homme présent votre
dit : est à
ou Geoffroi d'iden, ne vinssent l'inquiéter, il
corps — Dans mon
? — Sa vez-vous bien que lit.
n'osait demeurer seul surtout pendant la ,

vousne voyez rienàprésentdesyeux ducorps?


— Je — Quels sont donc yeux par
le sais. les
nuit il voulait
; toujours avoir auprès de lui
quelqu'un de ses gens. Un matin donc, —
lesquels vous me voyez?... Comme le médecin
qu'il était tout éveillé lit, il vit pa- dans son
hésitait et ne savait quoi répondre le jeune
,
raîtreen sa présence Geoffroi armé comme ,
homme lui dit encore De même que vous me :

un jour de bataille, qui lui montrait la bles-


voyez et m'entendez, à présent que vos yeux
sure mortelle qu'il avait reçue, et qui parais-
sont fermés et vos sens engourdis; ainsi après
saitencore toute fraîche. Il lui fit de vifs re-
votre mort vous vivrez, vous verrez, vous
proches de son peu de pitié envers lui et
entendrez, mais des yeux de l'esprit. Ne
envers son propre père, qui gémissait dans
doutez donc plus. » Génirade conclut que — les tourments. « Prends garde ajouta-t-il', ,
sil'âme pouvait voyager ainsi dans le som-
meil, elle n'était donc pas liée à la matière;
1 Leloyer, Hist. des spectres et apparitions des es-
et il se convertit. prits, p. 270.
GER — 240 - GEY
que Dieu ne dans sa rigueur, et ne
te traite Gerson ( Jean Charmer de). — Chancelier,
te retire la miséricorde que lu nous refuses, pieux et savant, de l'université de Paris, mort
et surtout garde-toi bien d'exécuter la réso- en 429 auteur de Y Examen des esprits
1 , où
lution que tu as prise d'aller à la guerre avec l'on trouve des règles pour discerner les
le comte Amédée si ; tu y vas , tu y perdras fausses révélations des véritables et de V As- ,

la vie et les biens. » — Humbert se disposait trologie réformée, qui eut un grand succès.
à répondre au fantôme, lorsque l'écuyer Ri- Nous ne parlons pas ici de ses ouvrages de
chard de Marsay, conseiller de Humbert, piété.
arriva venant de la messe aussitôt le mort ; Gert (Berthomine de ) sorcière de la , —
disparut. Dès ce moment Humbert, travailla de Préchac en Gascogne qui confessa
ville ,

sérieusement à soulager son père et Geoffroi, vers 608 que lorsqu'une sorcière revenant du
1

et il fit le voyage de Jérusalem pour expier ses sabbat était tuée dans le chemin, le diable
péchés. —Ce fait est rapporté par Pierre le avait l'habitude de prendre sa figure, et de
Vénérable. la faire reparaître et mourir dans son logis

Géomancie OU Géomance divination ,


— pour la tenir en bonne réputation. Mais si
par la terre. Elle consiste à jeter une poignée celui qui l'a tuée a quelque bougie ou chan-

de poussière ou de terre au hasard sur une , ,


delle de cire sur lui, et qu'il en fasse une

table, pour juger des événements futurs, par croix sur la morte, le diable ne peut, malgré

les lignes et les figures qui en résultent, c'est toute sa puissance la tirer de là et par con- , ,

9
à peu près la même. chose que le marc de café. séquent est forcé de l'y laisser .

Voy. Marc de café. —


Selon d'autres elle se Gervais, archevêque de Reims, mort —
pratique, tantôt en traçant par terre des lignes en '1067, dont on conte cetle aventure. Un
et des cercles, sur lesquels on croit pouvoir chevalier normand qui le connaissait voulant,
deviner ce qu'on a envie d'apprendre tantôt ;
pour le besoin de son âme , aller à Rome vi-
en faisant au hasard par terre ou sur le pa-
,
siter les tombeaux des saints apôtres, passa
pier, plusieurs points sans garder aucun ordre ;
par Reims, où il demanda à l'archevêque sa
les figures que le hasard forme alors fondent bénédiction, puis il reprit son chemin, dont
un jugement sur l'avenir tantôt enfin en ob- ; il s'était écarté. Il arriva à Rome, et fit ses
servant les fentes et les crevasses qui se font oraisons. Il voulut ensuite aller au mont
naturellement à la surface de la terre, d'où Saint-Ange. Dans son chemin il , rencontra
sortent, dit-on, des exhalaisons prophétiques, un ermite qui lui demanda s'il connaissait
comme de l'antre de Delphes. Gervais archevêque de Reims à quoi le

, ;

Gerbert. — Voy. SYLVESTRE IL


voyageur répondit qu'il le connaissait.
Gervais est mort, reprit l'ermite. Le Nor- —
Géréahs. — Les habita tants de Ceylan mand demeura stupéfait; il pria l'inconnu de
croient les planètes occupées par autant d'es- lui dire comment il savait cette nouvelle. —
prits qui sont les arbitresde leur sort. Ils leur L'ermite lui répondit, qu'ayant passé la nuit
attribuent le pouvoir de rendre leurs favoris en prières dans sa cellule, il avait entendu
heureux en dépit des démons. Ils forment au- le bruit d'un foule de gens qui marchaient le
tant d'images d'argile appelées Géréahs, qu'ils long de sa cellule en faisant beaucoup de
supposent d'esprits mal disposés, et leur don- bruit; qu'il avait ouvert sa fenêtre, et de-
nent des figures monstrueuses le festin qui ; mandé où ils allaient; que l'un d'eux lui avait
suit en cette occasion est accompagné de répondu —
Nous sommes les anges de Sa-
:

tambours et de danses jusqu'au point du tan nous venons de Reims. Nous emportions
,

jour les images sont jetées sur les grands


; l'âme de Gervais; mais à cause de ses bon-
chemins, où elles reçoivent les coups et épui- nes œuvres on vient de nous l'enlever, ce ,

sent la colère des démons malintentionnés. qui nous fâche cruellement. Le pèlerin re- —
Germanicus , —romain qui fut
général marqua le temps et le jour où il avait appris
empoisonné par Plancine. On ne dit pas si ce tout cela, et, de retour à Reims, il trouva

fut par des parfums ou par le poison mais ;


que l'archevêque Gervais était mort à la mê-
ce qui est certain, dit Tacite, c'est que l'on me heure 3 .

trouva dans sa demeure des ossements et des Geyserio, —


démoniaque goth, dont Pâme
cendres de morts arrachés aux tombeaux et ,
fut emportée par le diable en enfer, après que
le nom de Germanicus écrit sur une lame de
1
De probatione spirituum, etc.
plomb qu'on avait dévouée à l'enfer *. a Delancre, Tableau de l'inconstance des démotts.etd,
p. 455.
1
Leloyer, lïist. des spectres et apparitions des es- 3
Manuscrit de la Bibliothèque royale, rapporté pat
prits, p. 370. Lenglet-Dufrcsnoy, Dissertations, t, P*.
gil — : I — GIR
son corps eût crevé comme ceux
,
de Bucer et Gîlo ,
— voy. Grllo.
d'Arius, pendant qu'il était au lit '. Gimi ou Glmin génies que les musul- , —
Ghilcul ou Gilgul. — Chez les juifs mo- mans croient d'une nature mitoyenne entre
dernes, c'est la métempsycose ou transmigra- l'ange et l'homme. Ce sont nos esprits follets.
tion des âmes en d'autres corps , doctrine Ginguérers —
cinquième tribu des géants
,

reçue dans quelques-unes de leurs sectes. ou génies malfaisants, chez les Orientaux.
Ghirardelîi (Corneille), — franciscain, né Gînnes , —

génies femelles chez les Per -

à Bologne vers la fin du seizième siècle. Il


qui les disent maudites par
sans ,
Salomon ,

étudia l'astrologie et la métoposcopie on con-


;
et formées d'un feu liquide et bouillonnant
naît de lui des discours astrologiques, des
avant la création de l'homme.
almanachs comme
berg
celui de Matthieu Laens-
enfin la Céphalonie Physionomique
,
Ginnistan , — pays imaginaire , où les gé-
nies soumis à Salomon font leur résidence
avec cent têtes dessinées et des jugements ,

selon les opinions populaires des Persans. Voy.


sur chaque figure lesquels jugements sont,
GÉNIES.
renfermés en un sonnet rehaussé d'un disti-
que; in-4°, 4 630.
Ginnungagap, — nom de l'abîme, partie

Gholes. — La croyance aux vampires, aux de l'enfer, chez les Scandinaves 1

gholes, aux lamies, qui sont à peu près le Gioerninca-Vedur. Les Islandais appel- —
même genre de spectres, est répandue de lent de ce nom le pouvoir magique d'exciter
temps immémorial chez les Arabes, chez les des orages et des tempêtes, et de faire périr
Perses, dans la Grèce moderne et dans tout des barques et des bâtiments en mer. Cette
l'Orient. Les Mille et une Nuits, et plusieurs idée superslitieuse appartient autant à la ma-
autres contes arabes, roulent sur cette ma- gie moderne qu'à l'ancienne. Les ustensiles
tière, etmaintenant encore cette terrible su- que les initiés emploient sont très-simples :

perstitionporte l'épouvante dans plusieurs par exemple une bajoue de tête de poisson
,

contrées de la Grèce moderne et de l'Ara- sur laquelle ils peignent ou gravent différents
bie. caractères magiques entre autres la tête du ,

Ghoolée-Beenban ou lamie .
— vampire , dieu Thor, de qui ils ont emprunté cette es-
ou ghole. Les Afghans croient que chaque so- pèce de magie. Le grand art consiste à n'em-
litude, chaque désert de leur pays, est ha- ployer qu'un ou deux caractères et tout leur ,

bité par un démon, qu'ils appellent le Ghoo- secret est que les mots Thor, hafot ou ha fut
lée-Beenban ou le spectre de la solitude. Ils
,
puissent être lus devant eux ou en leur ab-
désignent souvent la férocité d'une tribu en sence sans être compris de ceux qui ne sont
disant qu'elle est sauvage comme le démon pas admis à la connaissance de ces mystères.
du désert. Giourtasch, —
pierre mystérieuse que les
Giall, — fleuve des enfers Scandinaves; On Turcs orientaux croient avoir reçue de main
le passe sur un pont appelé Giallar. en main de leurs ancêtres, en remontant jus-
Gian-Ben-Gian VOy GÉNIES. ,
— . qu'à Japhet, fils de Noé, et qu'ils prétendent
Gibel, —
montagne volcanique, au sommet avoir la vertu de leur procurer de la pluie,
de laquelle se trouve un cratère d'où l'on en- quand ils en ont besoin.
tend, lorsqu'on prête l'oreille, des gémisse-
ments et un bouillonnement effroyable. Les
Girard (Jean-Baptiste) jésuite, né à ,

Dole en 4 680. Les ennemis de la société de
Grecs jetaient dans ce soupirail, des vases
,
Jésus n'ont négligé aucun effort pour le pré-
d'or et d'argent, et regardaient comme un senter comme un homme de scandale. Ils
bon présage lorsque la flamme ne les repous-
l'ont accusé d'avoir séduit une fille nommée
sait pas car ils pensaient apaiser par là les
;
Catherine Cadière ; et sur ce thème ils ont bâti
dieux de l'enfer, dont ils croyaient que cette
tous les plus hideux romans. Cette fille , folle
ouverture était l'entrée 2 .

ou malade sembla possédée dans les idées


Gilbert, — démon dont parle Olaus Ma-
,

du temps, ou le fut peut-être, et on dut l'en-


gnus. Il se montrait chez les Ostrogoths; et il
fermer aux Ursulines de Brest. Sur quelques
avait enchaîné dans une caverne le savant divagations qu'elle débita, un procès fut in-
Catillus, nécromancien suédois qui l'avait in-
tenté par le parlement d'Aix. Mais toutes
sulté 5 .
choses examinées et pesées il fallut se bor- ,

1 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc\,


ner à rendre Catherine Cadière à sa famille.
p. 5.
2
On ne put pas même trouver moyen d'impli-
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions
esprits, p. 50.
des*
quer le père Girard dans cette affaire, comme
3 Wierus, De prsest., p. 466. coupable ,
quoiqu'on eût ameuté trois partis
,

GLO — 2 l\i — GNO


violents contre lui , les jansénistes , le parle- en cire, clans l'idée que les forces de ce
ment et les philosophes. — Ce qui n'a pas em- prince s'épuiseraient à mesure que la cire
pêché les écrivains anti-religieux de faire fondrait, et qu'à sa totale dissolution la vie
revivre sur son compte des calomnies con- de Henri VI serait terminée. Une telle accu-
damnées. sation devait s'accréditer sans peine dans ce

Girtanner, — docteur de Gottingue qui a siècle crédule ;


plus elle s'éloignait du bon
annoncé que dans le dix -neuvième siècle sens, plus elle semblait digne de foi. Tous
tout le monde aurait le secret de la transmu- trois furent déclarés coupables , et ni le rang
tation des métaux ;
que chaque chimiste sau- ni l'innocence ne purent les sauver. La du-
rait faire de l'or; que les instruments de chesse fut condamnée à un emprisonnement
cuisine seraient d'or et d'argent, ce qui con- perpétuel, Roger Bolingbrocke pendu , et Ma-
tribuera beaucoup, dit-il, à prolonger la rie Gardemain brûlée dans Smithfield h\

vie, qui se trouve aujourd'hui compromise Glubbdubdrib , — île des sorciers , dans
par lesoxydes de cuivre de plomb et de fer ,
les voyages de Gulliver. Swift y fait des con-
que nous avalons avec notre nourriture Les tes très-piquants.
bons chimistes actuels partagent cet avis. Voy.
Alchimie.
Gnomes, — esprits élémentaires amis de
l'homme, composés des plus subtiles parties
Gîtanos , — mot espagnol qui veut dire de la terre, dont ils habitent les entrailles,
Egyptiens. Voy. Bohémiens. selon les cabalistes. — La terre , disent-ils
Criwon, — Les habitants
esprit japonais. presque jusqu'au centre remplie de gno-
est

croient qu'il veille particulièrement à la con- mes gens de petite stature gardiens des
, ,

servation de leur vie et qu'il peut les pré- ,


trésors, des mines et des pierreries. Ils aiment

server de tout accident fâcheux comme des ,


les hommes, sont ingénieux et faciles à gou- ,

chutes des mauvaises rencontres des ma-


, ,
verner. Ils fournissent aux cabalistes tout
ladies, et surtout de la petite vérole. Aussi l'argent qui leur est nécessaire , et ne deman-
ont-ils coutume de placer sur la porte de dent guère pour prix de leurs services que
, ,

leurs maisons l'image de Giwon. la gloire d'être commandés. Les gnomides


leurs femmes, sont petites, mais agréables,
Granville, — curé anglican d'Abbey-Church et vêtues d'une manière fort curieuse 2 .

à Bath , mort en '1680. On lui attribue un
Les gnomes vivent et meurent à peu près
traité des Visions et apparitions ,
in-8°, Lon-
comme les hommes; ils ont des villes et se
dres, 1700; mais il est certainement auteur
rassemblent en sociétés. Les cabalistes pré-
d'un ouvrage intitulé : Considérations philo-
tendent que ces bruits qu'on entendait, au
sophiques touchant l'existence des sorciers et
rapport d'Aristote dans certaines îles où , ,

la sorcellerie, 1666, in-4°.


pourtant on ne voyait personne n'étaient
Glaphyra , — épouse d'Alexandre , fils de autre chose que les réjouissances et les fêtes
,

cet effroyableHérode qu'on a appelé Hérode- de noces de quelque gnome. Ils ont une âme
le-Grand. Cette princesse ayant perdu Alexan- mortelle; mais ils peuvent se procurer l'im-
dre, se maria avec Archélaiis, son beau- mortalité en contractant des alliances avec
frère, et mourut la nuit même de ses noces, les hommes. Voy. Cabale, Pygmées, Naixs.
l'imagination troublée par la vision de son
premier époux, qui semblait lui reprocher ces
Gnostiques, —
hérétiques qui admettaient
une foule de génies producteurs de tout dans
secondes noces avec son frère 2 .

le monde. Leur nom signifie illuminés; ils


Glasîalabolas ,
— Voy. CAACRINOLAAS. l'avaient pris parce qu'ils se croyaient plus
Glocester. — Sous Henri VI,
ennemis les éclairés que les autres hommes. Ils parurent
de la duchesse de Glocester voulant la per- au premier et au second siècle principale- ,

dre, l'accusèrent d'être sorcière. On prétendit ment dans l'Orient. Ils honoraient, parmi les
qu'elle avait eu des entretiens secrets avec génies, ceux qu'ils croyaient avoir rendu au
Roger Bolingbrocke, soupçonné de nécroman- genre humain les bons offices les plus impor-
cie et Marie Gardemain, réputée sorcière.
, tants. Ils disaient que le génie qui avait
On déclara que ces trois personnes réunies appris aux hommes à manger le fruit de l'ar-
avaient, à l'aide de cérémonies diaboliques, bre de du bien et du mal avait
la science
placé sur un feu lent une effigie du roi faite fait pour nous quelque chose de très-signalé....

1
Philosophie magique, t. VI, p. 383, citée dans les 1
Goldsmitli, Hist. d'Angleterre.
Curiosités de la littérature, er
p. 262.
t. I , 1
y a apparence que ces contes de gnomes doivent
II
2 Leloyer, ÉTist. des spectres et des apparitions des leur origine aux relations de quelques anciens voya -

esprils, chap. 23, p. 43fï. geurs en Laponie.


GOD — 2

lis l'honoraient sous la figure qu'il avait prise jour que, dans le cabaret, il avait raillé les
et tenaient un serpent enfermé dans une cage : pèlerins qui faisaient le saint voyage, leur
lorsqu'ils célébraient leurs mystères ils ou- disant : « Il faut convenir que vous êtes fous
vraient la cage et appelaient le serpent qui ,
d'aller traverser les mers et risquer votre vie,
montait sur une table où étaient les pains, et tandis que pour cinq marcs d'argent je reste
, ,

s'entortillait alentour. C'est ce qu'ils appe- dans ma maison, et que j'aurai autant de
laient leur eucharistie.. .
— Les gnostiques mérite que vous » il advint ce qui suit , :

auxquels se rattachaient les basilidiens , les De retour en son logis, le meunier s'étant
ophites, les simoniens, les carpocratiens, etc., couché , meule de son
entendit tourner la
tentèrent contre de grands
le catholicisme moulin machine se mettre en
, et toute la

efforts. Leur serpent, non plus que les au- mouvement d'elle-même, avec le bruit ac-
tres, n'y put faire qu'user ses dents. Voy. coutumé. Il appela le garçon, et lui dit d'aller
TÈTE DE BOPHOMET, ÉONS etc. ,
voir qui faisait tourner le moulin. Celui-ci y
Goap ,
— roi des démons de midi. On peut
alla; mais il fut si effrayé qu'il rentra sans
trop savoir ce qu'il avait vu. « Ce qui se passe
l'évoquer de trois heures du matin à midi, et
dans votre moulin m'a tellement épouvanté
de neuf heures du soir à minuit ».
i
répondit-il, que, quand on m'assommerait,
Gobbino ,
— VOIJ. IMAGINATION. je n'y retournerais point. » — « Fût-ce le dia-
Gobelins — espèce de lutins domestiques ble , s'écria le meunier, j'irai et je le verrai. »
,

qui se retirent dans les endroits cachés de la — Il saute donc à bas du


lit il met ses chaus- ;

maison, sous des tas de bois. On les nourrit ses, ouvre la porte de son moulin il entre
il ,

des mets les plus délicats parce qu'ils ap- et voit deux grands chevaux noirs gardés par
,

portent à leurs maîtres du blé volé dans les un nègre, qui lui dit « Monte ce cheval il : ,

greniers d'autrui. — On dit que la manufac- est préparé pour toi. » Le meunier, trem- —
ture des Gobelins à Paris doit son nom à blant , cherchait à s'esquiver; le diable lui

quelques follets qui , dans l'origine , venaient cria d'une voix terrible : « Plus de retard!
travailler avec les ouvriers et leur apprendre ôte ta robe, et suis-moi.... » Or, Godeslas

à faire de beaux tapis. C'est d'eux ajoute-t- portait une petite croix attachée à sa robe ;
,

on qu'on tient le secret des riches couleurs. il ne réfléchit point que ce signe le garantis-
,

ce qu'on commandait grimpa


Gobes. —
On appelle gobes dans la cam- ,
sait
sur
;
il fit

le cheval noir, ou plutôt sur


lui , et
le démon
pagne des boules sphériques que l'on trouve
,
qu'on de monter. Le diable se jeta
lui disait
quelquefois dans l'estomac des animaux ru-
sur l'autre cheval, et ces quatre personnages
minants, et qui sont formées de poils avalés
s'éloignèrent, allantaux enfers. Là on fit voir
spontanément, mêlés de fourrages et agglu-
au meunier une chaise enflammée où l'on ,
tinés par les sucs gastriques. On persuaderait
ne pouvait attendre ni tranquillité, ni repos,
difficilement à la plupart des gens de la cam-
et on lui dit « Tu vas retourner dans ta mai- :

pagne que ces boules ne sont pas l'effet d'un


,
son lu mourras dans trois jours, et tu re-
,

sort -,
viendras ici pour y passer l'éternité tout
Godeslas. — Lorsqu'on prêcha
première la entière sur cette chaise brûlante. » A ces pa-
croisade dans, le diocèse de Maëstricht une , roles, le diable reconduisit Godeslas à son
bulle permettant aux vieillards et aux infir- moulin. Sa femme, qui trouvait son absence
mes de s'exempter du voyage de Terre-Sainte longue se leva enfin et fut étonnée de le
, ,

moyennant une certaine contribution, un meu- voir étendu sur le carreau mourant de peur. ,

nier, nommé Godeslas, qui était en même Comme du diable de la


il parlait de l'enfer, ,

temps riche, vieux et usurier, s'arrangea de mort, d'une chaise ardente, on envoya cher-
manière qu'il ne donna que cinq marcs d'ar- cher un prêtre pour le rassurer. « Je n'ai
gent pour avoir la liberté de rester à son pas besoin de me confesser, dit-il au prê-
moulin. Ses voisins rapportèrent à celui qui tre, mon sort est fixé. Ma chaise est prêle,
levait l'impôt que le meunier Godeslas pou- ma mort arrive dans trois jours; ma peine
vait donner quarante marcs sans se gêner, et est inévitable. » Et ce malheureux mourut
sans diminuer l'héritage de ses enfants; mais sans vouloir se reconnaître '.

il soutint le contraire et persuada si bien le


dispensateur, qu'on le laissa tranquille. Son
,

Godwîn , — écrivain anglais qui a publié

imposture, dit la légende, fut punie. Un — la Vie des

sonnages
Nécromaftciens
les plus célèbres
, ou histoire des per-
auxquels on a attri-

1
Wierus, In Pseudomonarchia dîemon. 1
Cœsarii Heistcrbacli. de 'ontritione, Mb. '2, Mirac,
2 Saignes, Des Erreurs et des préjugés, t. IJ, p. 14. cap. 7.

16.
GON — S h — GRA
bué, dans les différents âges, une puissance venir, et le même homme
d'armes lui fil de
surnaturelle. nouveau un pont de son épée. La bête passa
Goétie, —
art d'évoquer les esprits mal- une seconde fois et s'en retourna à la bouche
faisants, pendant la nuit obscure, dans des du dormeur, où elle rentra. 11 se réveilla alors;
cavernes souterraines à la proximité des tom- et comme on lui demandait s'il n'avait point

beaux et des ossements des morts avec ,


rêvé pendant son sommeil, il répondit qu'il

sacrifice de victimes noires, herbes magiques, se trouvait fatigué et pesant, ayant fait une

lamentations, gémissements, et offrande de longue course et passé deux fois sur un pont
jeunes enfants dans les entrailles desquels on de fer. Mais ce qui est plus merveilleux,
cherchait l'avenir. Voy. Théurgie. c'est qu'il alla par le chemin qu'avait suivi

Goguis, —
démons de forme humaine qui
la belette; qu'il bêcha au pied d'une petite

colline et qu'il déterra un trésor que son âme


accompagnent les pèlerins du Japon dans
leurs voyages, les font entrer dans une ba-
avait vu en songe.... Le diable, dit Wie- —
rus se sert souvent de ces machinations pour
,

lance et les contraignent de dire leurs péchés.


tromper les hommes et leur faire croire que
Si les pèlerins taisent une de leurs fautes
l ame est corporelle et meurt avec le corps;
dans cet examen les diables font pencher la
,

car beaucoup de gens ont cru que cette bête


balance de sorte qu'ils ne peuvent éviter de
blanche était l'âme de ce soldat, tandis que
tomber dans un précipice où ils se rompent
c'était une imposture du diable....
tous les membres
Goitres. — Les
¥.

Arabes prétendent guérir


Goo —
épreuve par le moyen de pilules
,
n

de papier que les jammabos, fakirs du Ja-


cette infirmité avec des amulettes. Le docteur
pon font avaler aux personnes soupçonnées
,

Abernethy, que l'on consultait sur la manière


d'un vol ou de quelque autre délit. Ce papier
de dissiper un goître, répondit : « Je crois
est rempli de caractères magiques et de re-
que le meilleur topique serait de siffler... »
présentations d'oiseaux noirs; le Jammabosy
Gomory, — duc des enfers
fort et puissant ;
met ordinairement son cachet. Le peuple est
il apparaît sous la forme d'une femme une ,
persuadé que si celui qui prend cette pilule
couronne ducale sur la tête et monté sur un ,
est coupable, il ne peut la digérer et souffre
chameau; il répond sur le présent, le passé cruellement jusqu'à ce qu'il confesse son cri-
et l'avenir ;
il fait découvrir les trésors ca- me. Voy. Khumano-Goo.
chés; il commande à vingt-six légions
2
.
Gorson, —
l'un des principaux démons,
Gonderic, —
roi des Vandales qui fut, à roi de l'Occident ;
il est visible le matin à
l'exemple de Geyseric et de Bucer, éventré neuf heures J .

par le diable et dont l'âme selon


, , les chro- Gouffres , — On en a souvent
fait des ob-

niqueurs, fut conduite en enfer 5 . jets Sur une montagne voisine de


d'effroi.

Gonîn. — Les Français d'autrefois don- Villefranche, on trouve trois gouffres ou étangs

naient le nom de maître-gonin à leurs petits considérables qui sont toujours le théâtre des

sorciers, charmeurs, escamoteurs et faiseurs orages ; du pays croient que le


les habitants

de tours de passe-passe
4 .
diable est au fond, et qu'il ne faut qu'y jeter

Gontran. —
Helinand conte qu'un soldat une pierre pour qu'il s'élève aussitôt une tem-
pête.
nommé Gontran, de la suite de Henry, arche-
vêque de Reims s'étant endormi en pleine
,
Goul , —
espèce de larves ou sorcières-

campagne, après le dîner, comme il dormait vampires qui répondent aux empuses des an-
ciens. C'est la même chose que ghok.
la bouche ouverte, ceux qui l'accompagnaient,
et qui étaient éveillés virent sortir de sa ,
Gouleho ,
— génie de
mort chez les ha- la

bouche une bête blanche semblable à une II gouverne une


bitants des Ûes des Amis*.

petite belette, qui s'en alla droit à un ruis- sorte de royaume sombre où se rendent les

seau assez près de là. Un homme d'armes la âmes.


voyant monter et descendre le bord du ruis- Graa, — sorte d'immortelle (plante) que
seau pour trouver un passage, tira son épée les Islandais employaient autrefois à la magie
et en fit un petit pont sur lequel elle passa et pour écarter les sorciers.

et courut plus loin. —


Peu après on la vit re- Grains bénits. — On se sert encore dans
les campagnes (et cette coutume est désap-
1 Leloyer, Histoire des spectres ou appar. des esprits,
ch. 11, p*. 336.
prouvée par l'Église comme superstitieuse)
1 Wicrus, In Pseudomon. dœmonum. de certains grains bénits qui ont la propriété de
3 Dclancrc, Tubl. de l'inconstance des démons, etc., délivrer les possédés par l'attouchement, d e-
p. 5.
* Bodin, TVmonomunic, p. 1 18.
1
Wierus, Psoudom. dsem., p. 931.
GRA — 24, ) — GRA
teindre les incendies et les embrasements, de reuses, et faisait sous le voile de l'anonyme des
garantir du tonnerre, d'apaiser les tempêtes, chansons et des pamphlets. On lui attribue la
de guérir la peste, la fièvre, la paralysie, de brochure politique intitulée la Cordonnière de
délivrer des scrupules, des inquiétudes d'es- Loudun ,
petit écrit dirigé contre Richelieu.
prit -des tentations contre la foi
, du déses- , Mignon, généralement reconnu pour un homme
poir, des magiciens et des sorciers 1 . de bien, fut choisi par les religieuses pour la
Grains de blé , — divination du jour de direction de leurs consciences. Grandier, qui
Noël. Dans plusieurs provinces du Nord, on eût voulu avoir accès auprès de ces da-
fait, le jour de Noël, une cérémonie qui ne doit mes échoua dans tous ses efforts aucune
, :

pas manquer d'apprendre au juste combien ne voulut même le voir. La haine qu'il por-
on aura de peine à vivre dans le courant de tait à Mignon et le dépit qu'il conçut dès-

l'année. Les paysans surtout pratiquent cette lors contre les Ursulines l'entraînèrent dans
divination. On se rassemble auprès d'un une manœuvre dont on ne le croyait pas ca-
grand feu , on fait rougir une plaque de fer pable. Le procès qui survint l'en convainquit,
ronde, et, lorsqu'elle est brûlante, on
y place bien qu'il n'ait jamais avoué que son fait fût une
douze grains do blé sur douze points mar- œuvre de magie noire. —
Citons ici une ré-
qués à la craie, auxquels on a donné les noms flexion de l'éditeur du livre que nous suivons 1 :

des douze mois de l'année. Chaque grain qui « Le principal motif qui faisait nier la posses-
brûle annonce disette et cherté dans le mois sion de Loudun, était l'impossibilité ou l'ab-
qu'il désigne; et si tous les grains disparais- surdité prétendue des phénomènes allégués
sent/, c'est le signe assuré d'une année de en preuve. Cette impossibilité ou cette absur-
misères. Triste divination !
dité peut-elle être légitimement opposée, main-

Graisse des sorciers. —


On assure que le tenant que les plus incrédules reconnaissent,
diable se sert de graisse humaine pour ses ou du moins n'osent pas contester la réalité
maléfices. Les sorcières se frottent de cetle de tant d'autres phénomènes analogues tout
graisse pour aller au sabbat par lacheminée aussi extraordinaires ,
tout aussi bizarres ,
;

mais celles de France croient qu'en se met- tout aussi prodigieux, qui, dit-on, se produi-
tant un balai entre les jambes, elles sont sent chaque jour par le moyen du magné-
transportées sans graisse ni onguents. Celles tisme ?» — Donc, pour trancher le mot Ur- ,

d'Italie ont toujours un bouc à la porte pour bain Grandier résolut, non pas de magnétiser
les transporter. les Ursulines (le mot n'existait pas encore)

Gralon ,
— VOIJ. Is.
mais de les ensorceler, de leur donner des
Grandier (Urbain). —
L'histoire d'Ur-
diables, de les rendre possédées, de les livrer
à des convulsions, et d'amener surtout cet ef-
bain Grandier est encore une de ces tristes
intrigues dont nous n'avions pas eu jusqu'ici fet qu'elles devinssent éprises de lui ,
quoi-
la clef. La relation des possessions où il fut
qu'elles ne le connussent pas. exécuta son
Il

impliqué a été entreprise par plusieurs écri- dessein de cette sorte : une branche de rosier
vains, presque tous ignorants ou malintention- chargée de plusieurs roses fut jetée dans le
nés, surtout le calviniste Saint-André, dont couvent; toutes celles qui les flairèrent furent
Y Histoire des diables de Loudun a trompé beau- saisies d'esprits malins, et livrées à un charme
coup de monde. Heureusement aujourd'hui qui les faisait soupirer après Urbain Grandier,
nous avons d'autres guides. On a publié en qu'elles n'avaient jamais vu, Dieu permettant

\ 829, du bon et pieux père Surin, un livre jus-


ainsi cette plaie et cette perturbation de leurs
que-là resté inédit 2 sens, pour des raisons que nous n'avons ni le
nous permet-
, et qui
tra d'être plus véridique. Un couvent d'Ur- droit ni le besoin d'approfondir. Elles étaient

sulines avait été établi à Loudun en 4 626. comme en démence , se retiraient dans les

Sept ans après, il y éclata de sinistres symp- lieux écartés, appelaient Grandier; et lors-

tômes. Il y avait eu de grands procès entre que, soit par une hallucination, soit par un
deux chanoines de la collégiale de Sainte- acte de Satan, la figure imaginaire ou réelle
Croix de Loudun. L'un était M. Mignon, homme de Grandier paraissait devant elles subite-
sage et vertueux, et l'autre Urbain Grandier, ment, elles le fuyaient avec horreur; car le
homme lettré, spirituel, caustique et plus dis- cœur de ces pauvres filles restait pur leurs ;

sipé que ne comportait sa condition comme ,


sens étaient seuls assiégés. Aucune d'elles ne
disent les écrits du temps. Il se répandait dans consentit jamais aux suggestions qui les éprou-
le monde, n'affectait pas des mœurs fort rigou- vaient. Mignon, assisté d'un sage curé, exor-

1
cisa la prieure, qui était en proie à d'étranges
Lebrun, Hist. des superstitions, t. I er p. 397. ,

2 Triomphe de l'Amour divin sur les puissances de 1


Triomphe de l'Amour divin, etc, Avis de l'éditeur
l'enfer. Avignon, Seguin aîné, 1839. 1 vol, in-12.
p. *t.
A

GRA — n 3 — G 11
crises, et dont le corps parfois restait élevé Grange du Il n'y a presque pas
diable. —
de terre par une puissance occulte. La chose de province où l'on ne montre dans quelque
fit bientôt tant de bruit, qu'on dut la déférer ferme écartée une grange mal famée qu'on
aux magistrats ordinaires. Le roi même, in- appelle la Grange du diable. Par suite -d'un
struit de ce qui se passait, ordonna à Martin pacte avec un paysan dans l'embarras c'est ,

de Laubardemont intendant de la justice


, toujours le diable qui l'a bâtie en une nuit,
dans la province, de prendre la conduite du et partout le chant du coq l'a fait fuir avant
procès. Cet homme, trop noirci, mit dans qu'il n'eût gagné son pari; car il y a un trou
l 'instruction la lenteur et la modération la qui n'est pas couvert, ou quelque autre chose
plus louable. Il assembla pour juger un cas qui manque à toutes les granges. On en cite
si grave quatorze juges de divers présidiaux une fameuse dans le Brabant 1
.

voisins, Poitiers, Angers, Tours, Orléans, Granson. — Paul Diacre (Hist. Longob.)
Chinon, La Flèche, etc. Un bon religieux ré- fait ce conte. Deux seigneurs lombards nom-
père Lactance, exorcisait les possé-
collet, le més Aldonel Granson, ayant déplu à Cuni»
dées en présence de l'évêque de Poitiers et bert, roi de Lombardie, ce prince résolut de
d'un grand concours d'hommes éclairés, pen- les faire mourir. Il s'entretenait de ce projet
dant que les juges recueillaient les déposi- avec son favori, lorsqu'une .grosse mouche
tions à la charge de Grandier. On trouva sur vint se planter sur son front et le piqua vive-
son corps les marques dont les sorciers ne ment; Cunibert chassa l'insecte, qui revint à
manquaient jamais d'être tatoués. Il fut dé- la charge, et qui l'importuna jusqu'à le met-
montré qu'il était l'auteur de la possession tredans une grande colère. Le favori, voyant
des pauvres sœurs et quand même il n'eût
;
son maître irrité ferma la fenêtre pour em-
,

pas été sorcier, l'enquête eût prouvé du moins pêcher l'ennemi de sortir, et se mit à pour-
sa mauvaise vie et ses mauvaises mœurs. On suivre la mouche, pendant que le roi tira son
saisit dans ses papiers un livre scandaleux poignard pour la tuer. Après avoir sué bien
qu'il écrivait contrele célibat des prêtres. long-temps, Cunibert joignit l'insecte fugitif,
Mais on n'y trouva pas comme l'ont dit de ,
le frappa mais il ne lui coupa qu'une patte,
;

mauvais plaisants, l'original du pacte qu'il et la mouche disparut. — Au même instant


avait pu faire avec le diable; et les pièces Aldon Granson, qui étaient ensemble, virent
et
qu'on a publiées dans ce genre ont été fabri- apparaître devant eux une espèce d'homme
quées après coup. Grandier fredonnait dans sa qui semblait épuisé de fatigue et qui avait
prison une chanson du temps L'heureux sé- :
une jambe de bois. Cet homme les avertit du
jour de Parthénice et d'Alidor, lorsqu'on vint projet du roi Cunibert, leur conseilla de fuir,
lui annoncer condamné au feu ce
qu'il était ;
et s'évanouit tout aussitôt. Les deux seigneurs
qui fut exécuté sur grand marché de Lou-
le rendirent grâces à l'esprit de ce qu'il faisait
dun. Une bande de corbeaux, dont quelques- pour eux ;
après quoi ils s'éloignèrent comme
uns ont fait une troupe de pigeons, voltigeaient l'exigeaient les circonstances.
autour du bûcher. Il paraît qu'il mourut mal.
Gratarole (Guillaume), — médecin du
Après sa mort la possession n'étant pas
,

seizième siècle, mort en 1568. Il est auteur


vaincue, les exorcismes continuèrent. Les dé-
d'un ouvrage intitulé Observations des diffé-
:

mons qu'il fallait chasser sont nommés As- :

rentes 'parties du corps de l'homme pour juger


modée, Léviathan, Béhémoth, Élimi, Grésil,
de ses facultés morales 2 . Bâle, '1554, in-8°. Il
Aman, Easas, Astaroth Zabulon etc. Le , ,

a composé aussi sur l'Antéchrist un ouvrage


père Lactance mourut de fatigue; il fut rem-
que nous ne connaissons pas. Enfin des traités
placé par le père Du pin et enfin le roi char-
sur l'alchimie et sur l'art de faire des alma-
;

gea les jésuitesde dompter celte hydre. Un


nachs.
très-saint homme et très-instruit, le père Su-
rin, qui prêchait avec grands succès à Maron-
Gratianne ( Jeannette ) habitante de ,

Sibour ou Siboro, au commencement du dix-
nes, futchargé de cette o péra ti o n d i tïici 1 e C'était
.

mais d'une grande septième siècle; accusée de sorcellerie à l'âge


un homme frêle et maladif,
de seize ans, elle déposa qu'elle avait été me-
piété. Il par obtenir une victoire complète.
finit
née au sabbat qu'un jour le diable lui avait
Toutefois il ne sortit pas de cette lutte sans ;

car pendant arraché un bijou de cuivre qu'elle portait au


en porter de rudes cicatrices ;

cou ce bijou avait la forme d'un poing


longues années, par la permission de pieu, ;

serré, le pouce passé entre les doigts, ce que


dont les secrets ne nous sont pas tous connus,
le père Surin vécut obsédé et souffrit des pei- 1
Voyez les légendes infernales.
nes qui ont fait de sa vie un martyre. V(hj. De ptffedictioné mm-uin îiatururuimiue hotninum
son livre que nous avons indiqué. faqli ex inspectione parlium corporis.
GRE 247 — GUI
les femmes du pays regardaient comme un justice enfin est écrite par un prolestant
préservatif contre toute fascination et sorti- (Voigt).

lège. Aussi le diable ne le put emporter, mais Grêle. —


Chez les Romains, lorsqu'une
le laissa près de la porte. Elle assura aussi nuée paraissait disposée à se résoudre en
qu'en revenant un jour du sabbat, elle vit le grêle, on immolait des agneaux, ou par quel-
diable en forme d'homme noir avec six cornes que incision à un doigt on en faisait sortir du
sur la tête, une queue au derrière, deux vi- sang, dont la vapeur, montant jusqu'à la nuée,
sages, qu'ayant été présentée à lui, elle
etc. ;
l'écariait ou la dissipait entièrement ce que :

en reçut une grosse poignée d'or; qu'il la lit Sénèque réfute comme une folie 1 .

renoncer à son Créateur, à la Sainte-Vierge Grenier (Jean), — loup-garou qui florissait


à tous les saints et à tons ses parents 1 .
vers l'an 1600. Accusé d'avoir mangé des en-
Gratidîa , —
devineresse qui trompa Pom- fants par Jeanne Garibaut, et par d'autres,
pée comme le rapporte Horace car lui
,
: quoiqu'il eût à peine quinze ans , il avoua
ayant demandé l'issue de la guerre de Phar- qu'il était fils d'un prêtre noir (prêtre du sab-
sale, elle l'assura qu'il serait victorieux; néan- bat) qui portait une peau de loup % et qui lui
moins il fut vaincu 2. avait appris le métier. On ne sait ce que de-
Gratoulet, — insigne sorcier qui apprenait vint ce jeune homme. — Voy. Poirier et
le secret d'embarrer ou nouer l'aiguillette , et Pierre Labourant.
qui s'était vendu à Belzébuth. donna des
Il Grenouille. —
Onn'ignore pas cet admirable
leçons de sorcellerie à Pierre Aupetit, con- secret des paysans, que la grenouille des buis-
damné en 1598. sons, coupée et mise sur les reins, fait telle-

Greatrakes (Valentïn) ,
— empirique qui
ment uriner que les hydropiques en sont gué-
ris —
Voy. Messie des Juifs, Tremble-
fit du bruit en Angleterre dans le dix-sep-
ments DE TERRE CtC. ,
tième siècle; était né en Irlande en 4628.
On ignore la
il

date de sa mort. Il remplit de


Griffon. — Brown 3 assure qu'il y a des

brillants emplois, mais il avait la tête déran-


griffons, c'est-à-dire des animaux mixtes, qui

gée en 4 663, il lui sembla entendrè une voix


par-devant ressemblent à l'aigle et par der-
;

rière au lion, avec des oreilles droites, quatre


lui dire qu'il avait le don de guérir les
pieds et une large queue.
écrouelles il voulut en user et se crut même

;

appelé à traiter toutes les maladies : ce qui Grigri, Démon familier que l'on voit
lui attiraune grande célébrité. Cependant une chez les Américains, et surtout dans les fo-
sentence de la cour de l'évèque de Lismore rêts du Canada et de la Guinée ''.

lui défendit de guérir. Sa méthode consistait Grillandus (Paul), auteur — Castillan,


à appliquer les mains sur la partie malade et d'un traité des maléfices (De maleficiis) pu- ,

à faire de légères frictions de haut en bas. 11 blié à Lyon en 4 555, d'un traité des Sortilè-
touchait même les possédés qui tombaient ,
ges, des Lamies de la Torture etc. Lyon
, ,
,

dans des convulsions aussitôt qu'ils le voyaient 4 536 de quelques autres ouvrages de ce
, et
ou l'entendaient parier. Plusieurs écrivains se genre. Il conte quelque part qu'un avocat
moquèrent de lui. Saint- Évremont écrivit ayant été noué par un puissant maléfice, que
contre la crédulité qu'on lui accordait. Mais nul art de médecine ne pouvait secourir, eut
Greatrakes a eu des défenseurs, et Deleuze, recours à un magicien qui lui fit prendre
dans son Histoire du magnétisme animal, l'a avant de dormir, une certaine potion, et lui
présenté sous un jour qui fait voir que c'était dit de ne s'effrayer de rien. A onze heures
un magnétiseur. et demie de la nuit survint un violent orage

Grégoire VII (saint) l'un des plus grands ,


accompagné d'éclairs; il crut d'abord que la
papes sauva l'Europe au onzième siècle.
,
maison lui tombait sur le dos il entendit bien- ;

Comme il fit de grandes choses pour l'unité tôt de grands cris des gémissements et vit
, ,
,

il eut des ennemis dans tous les hérétiques, et dans sa chambre une multitude de personnes
en dernier lieu dans les protestants, qui l'ac- qui se meurtrissaient à coups de poing et à
cusèrent de magie et même de commerce avec coups de pied, et se déchiraient avec les on-
le diable. Leurs mensonges furentstupidement gles et les dents; il reconnut une certaine
répétés par les catholiques. Ce saint pape femme d'un village voisin, qui avait la répu-
vient d'être vengé car l'histoire qui lui rend
;

1
Lebrun, t. p 376.
1
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc..
7
M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France,
liv. iv, p, 132. p. 173.
2 Essai sur les erreurs, etc., I er , p.
:!
Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc., t. 294.
Uv. 11, p. 53. f' Wieru.s, de Pracstig., p. U'J,
G1U 2^8 — GUI
tation de sorcière et qu'il soupçonnait de lui à table et dansent mais au coup de minuit ,

avoir donné son mal elle se plaignait plus ;


tout disparaît. On trouve dans le même —
que tous et s'était elle-même déchiré la face livre beaucoup de bêtises de ce genre que

,

et arraché les cheveux. Ce mystère dura jus- nous rapportons en leur lieu. Grimorium
qu'à minuit; après quoi le maître sorcier en- verum, vel probatissimœ Salomonis clavi-
tra; tout disparut; il déclara au malade qu'il culœ rabbini hebraici in quitus tum natu- ,

était guéri : ce qui fut vrai 1


. ralia tum supematuralia sécréta licet abdi- ,

Grimaldi. —
Sous le règne de Louis-le-
tissima, impromptu apparent, modo operator
pernecessaria et contenta faciat ; sciât tamen
Débonnaire, il y eut dans tonte l'Europe une
oportet dœmonum potentia dumtaxat per-
maladie épidémique qui s'étendit sur les trou-
peaux. Le bruit se répandit dans le peuple
agantur traduit de l'hébreu, par Plaingière,
:

que Grimaldi, duc de Bénévent, ennemi de avec un recueil de secrets curieux. A Mem-
phis chez Alibeck l'Égyptien, 4 517, in— 4 6
Charlemagne avait occasionné ce dégât en
,
,

faisant répandre de tous côtés une poudre ( sic omnia )


et sur le revers du titre
, Les :

Salomon, à Memphis,
véritables clavicules de
meurtrière par ses affidés. On arrêta un grand
nombre de malheureux, soupçonnés de ce chez Alibeck l'Égyptien, 1517. Le grand —
Grimoire avec la grande clavicule de Salo-
crime; la crainte et la torture leur firent
confesser qu'ils avaient en effet répandu cette
mon, et la magie noire ou les forces infernales
poudre qui faisait mourir les troupeaux. Saint du grand Agrippa pour découvrir les trésors ,

cachés et se faire obéir à tous les esprits


Agobard, archevêque de Lyon, prit leur dé- ;

suivis de tous les arts magiques in-1 8 sans , ,


fense et démontra que nulle poudre n'avait la
vertu d'infecter l'air et qu'en supposant même ;
date ni nom de lieu. Ces deux grimoires —
que tous les habitants de Bénévent, hommes,
contiennent, comme l'autre, des secrets que
nous donnons ici aux divers articles qu'ils
femmes jeunes gens, vieillards et enfants, se
,

fussent dispersés dans toute l'Europe, chacun'


concernent —
Voici une anecdote sur le gri-

suivi de trois chariots de cette poudre, ils n'au-


moire : —
Un petit seigneur de village venait
d'emprunter à son berger le livre du grimoire,
raient jamais pu causer le mal qu'on leur at-
2 avec lequel celui-ci se vantait de forcer le
tribuait .

diable à paraître. Le seigneur, curieux de


Grimoire. — Tout le monde sait qu'on fait voir le diable, se retira dans sa chambre et se
venir le diable en lisant le Grimoire ; mais il
mit à lire les paroles qui obligent l'esprit de
faut avoir soin , dès qu'il paraît, de lui jeter
ténèbres à se montrer. Au moment où il pro-
quelque chose à la tête, une savate, une sou- nonçait, avec agitation, ces syllabes puis-
ris un chiffon autrement on risque d'avoir
, ;
santes, la porte, qui était mal fermée, s'ouvre
le cou tordu. —
Le terrible petit volume connu brusquement : le diable parait , armé de ses
sous le nom de Grimoire, autrefois tenu secret, longues cornes et tout couvert de poils noirs...
était brûlé très-justement dès qu'il était saisi.
Le curieux seigneur perd connaissance et
Nous donnerons ici quelques notes sur les trois
tombe mourant de peur sur le carreau, en
Grimoires les plus connus. Grimoire ( sic ) — faisant le signe de la croix. — Il resta long-
du pape Honorius , avec un recueil des plus temps sans que personne vînt le relever. Enfin
rares secrets; sous la rubrique de Rome, 1 670, il rouvrit les yeux et se retrouva avec sur-
in-16 orné de figures et de cercles. Les cin- prise dans sa chambre. Il visita les meubles
quante premières pages ne contiennent que pour voir s'il n'y avait rien de dégradé un :

des conjurations voyez Conjurations et Évo- ; grand miroir qui était sur une chaise se trou-
cations. Dans le Recueil des plus rares se- vait brisé, c'était l'œuvre du diable. Malheu-
crets, on trouve celui qui force trois demoi- reusement pour la beauté du conte, on vint
selles à venir danser le soir dans une chambre.
dire un instant après à ce pauvre seigneur que
Il faut que tout soit lavé dans celte chambre;
son bouc s'était échappé et qu'on l'avait re- ,

qu'on n'y remarque rien d'accroché ni de pris devant la porte de cette même pièce où
pendu qu'on mette sur la table une nappe
, il avait si bien représenté le diable. Il avait
blanche, trois pains de froment, trois sièges , vu dans le miroir un bouc semblable à lui
trois verres d'eau on récite ensuite une cer- ;
et avait brisé la glace en voulant combattre
taine formule de conjuration, et les trois per-
son ombre 1
.

sonnes qu'on veut voir viennent, so mettent


Grisgris , —
nom de certains fétiches chez
1
lesMores d'Afrique, qui les regardent comme
Dellncre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
p. 356. des puissances subalternes. Ce sont de petits
a M. Salgués, Des erreurs et des préjugés, t. I
er
,

p. 298, 1
Histoire des fantôaics et des dénions, p. 214.
GUA — 2 ) — GUI
billets sur lesquels sont tracées des figures séjour ténébreux, disent-ils, leur arrache les
magiques ou des pages du Koran en caractères gémissements plaintifs qu'on entend au dehors.
arabes; ces billets sont vendus assez cher, et Les Indiens du gouvernement de Cumana ,

les habitants les croient des préservatifs as- non convertis à la foi, ont encore du respect
surés contre tous les maux. Chaque grisgrisa pour cette opinion. Parmi ces peuples jusqu'à
sa forme et sa propriété. deux cents lieues de la caverne, descendre au
Grœnjette. — Il y a, sur les côtes de la Bal-
Guacharo est synonyme de mourir.
tique, comme dans la plupart des contrées Guayotta, — mauvais génie que les habi-
montagneuses de l'Europe, des chasseurs dé- tants de l'île Ténériffe opposent à Achguaya-
funts condamnés pour leurs méfaits à courir Xérac, qui est chez eux le principe du bien.
éternellement à travers les marais et les taillis. Guécuba, — esprit du mal chez les Arau-
Les habitants du Sternsklint entendent sou- cans, voy. Toqui.
vent le soir les aboiements des chiens de
Gueldre. — On trouve ce récit dans les
Grœnjette, ils le voient passer dans la vallée,
historiens hollandais : « Un monstre affreux
le chasseur réprouvé, la pique à la main et ;
d'une grandeur prodigieuse ravageait la cam-
ils déposent devant leur porte un peu d'avoine
pagne , dévorant les bestiaux et les hommes
pour son cheval afin que dans ses courses
,
mêmes il empoisonnait le pays de son souffle
;

il ne foule pas aux pieds leurs moissons *.


empesté. Deux braves gens, Wichard et Lu-
Grossesse. — On a cru long-temps à Paris pold, entreprirent de délivrer la contrée d'un
qu'une femme enceinte qui se regarde dans fléau si terrible, et y Le monstre
réussirent.
un miroir croit voir le diable ;
fable autorisée en mourant, jeta plusieurs un soupir qui
fois
par peur qu'eut de son ombre une femme
la semblait exprimer le mot ghelre. Les deux
grosse, dans le temps qu'elle s'y mirait, et vainqueurs voulurent qu'en mémoire de leur
persuadée par son accoucheur qui lui dit qu'il triomphe la ville qu'ils bâtirent prît le nom
,

était toujours dangereux de se regarder en- de ghelre dont nous avons fait Gueldre. »
,

ceinte. On assure aussi' qu'une femme grosse Gui de chêne, —


plante parasite qui s'at-
qui regarde un cadavre, aura un enfant pâle tache au chêne, et qui était regardée comme
et livide 2 Dans certains cantons du Brésil
.
sacrée chez les druides. Au mois de décembre,
aucun mari ne tue d'animal pendant la gros- qu'on appelait le mois sacré , ils allaient la
sesse de sa femme, dans l'opinion que le fruit cueillir en grande cérémonie. Les devins mar-
qu'elle porte s'en ressentirait. Voij. Imagina- chaient les premiers en chantant, puis le hé-
tion. —
On ignore encore le motif pour lequel raut venait, suivi de trois druides portant les
quelques églises particulières refusèrent long- choses nécessaires pour le sacrifice. Enfin pa-
temps la sépulture aux femmes qui mouraient raissait le chef des druides, accompagné de
enceintes, c'était sans doute pour engager les tout le peuple; il montait sur le chêne, cou-
femmes à redoubler de soins envers leurs en- pait le gui avec une faucille d'or, le plongeait
fants? Un concile tenu à Rouen en 4 074, a dans l'eau lustrale et criait « Au gui de l'an :

ordonné que la sépulture en terre sainte ne neuf (ou du nouvel an). » On croyait que
fût nulle part refusée aux femmes enceintes
leau charmée ainsi par le gui de chêne était
ou mortes pendant l'accouchement. très-efficace contre le sortilège et guérissait
Grosse-Tête (Robert), évêque de Lin- — de plusieurs maladies. Voy. Gutheyl. —
coln auquel Gouvérus donne une androïde
,
Dans plusieurs provinces on persuadé que est
comme celle d'Albert-le-Grand. si on pend le gui de chêne à un arbre avec

Guacharo. — Dans
montagne de ïumé- la
une aile d'hirondelle, tous les oiseaux s'y ras-
sembleront de deux lieues et demie.
de Cumana,
réquiri, située à quelque distance
se trouve la caverne de Guacharo fameuse ,
Guido. — Un seigneur nommé Guido, blessé
parmi les Indiens. Elle est immense et sert à mort dans un combat, apparut autrefois tout

d'habitation à des milliers d'oiseaux noc- armé à un prêtre nommé Étienne quelque ,

turnes dont la graisse donne l'huile de gua- temps après son décès et le pria de dire à ,

charo.Il en sort une assez grande rivière son frère Anselme de rendre un bœuf que lui
;

on entend dans l'intérieur le cri lugubre de Guido avait pris à un paysan et de réparer ,

le dommage qu'il avait fait à un village qui


ces oiseaux, cri que les Indiens attribuent aux
âmes, qu'ils croient forcées d'entrer dans cette ne lui appartenait pas ajoutant qu'il avait ,

caverne, pour passer dans l'autre monde. Ce oublié de déclarer ces deux péchés dans sa
dernière confession et qu'il en était tour-,

1
Marmier, Trad. de la Baltique. menté. Pour assurance de ce que je vous dis,
- 3 Bro-\vn, Essai sur les erreurs popul., p. 101. continua-t-il , quand vous serez retourné à
, ,

GUI 250 g un
votre logis, vous trouverez qu'on vous a volé à toutes heures de jour et de nuit ,
s*y pou-
l'argent que vous destiniez à faire le voyage vaient trouver ; il Ta depuis rédigée par écrit
de Saint-Jacques. Étienne, de retour, trouva en tables astrologiques l
.

en effet son coffre forcé et son argent enlevé ; Guillaume- le -Roux. fils de Guillaume- —
mais il ne put s'acquitter de sa commission le-Conquérant, et tyran de l'Angleterre dans
parce qu'Anselme Peu de jours
était absent. — le onzième siècle; c'était un prince abomi-
après, le même Guido apparut de nou- lui nable, sans foi, sans mœurs, athée, blasphé-
veau et lui reprocha sa négligence. Étienne mateur et cruel. Il fit beaucoup de mal à
s'excusa comme il put, et il alla trouver An- l'église chassa l'archevêque
d'Angleterre ;
il

selme, qui lui répondit durement qu'il n'était de Cantorbéry, et ne voulut point que ce siège
pas obligé de faire pénitence pour les péchés fût rempli de son vivant, afin de profiter des
de son frère. Le mort apparut une troisième revenus qui y étaient attachés. Il laissa les
foisau prêtre, et lui témoigna son déplaisir prêtres dans la misère et condamna les moines
du peu de compassion que son frère avait de à la dernière pauvreté. Il entreprit des guerres
lui puis il le pria de le secourir lui-même
; injustes et se fit généralement détester. Un —
dans cette extrémité. Étienne restitua le prix jour qu'il était à la chasse ( en l'année M
00,
du bœuf, dit des prières, fit des aumônes, dans la quarante-quatrième de son âge et la
recommanda l'âme aux gens de bien de sa treizième de son règne), il fut tué d'une flèche
connaissance; et Guido ne reparut plus *. lancée par une main invisible; pendant qu'il
Guillaume domestique de Mynheer
,
— rendait le dernier soupir, le comte de Cor-
Clatz gentilhomme du duché de Juliers au
, ,
nouailies, qui s'était un peu écarté de la chasse,
quinzième siècle. Ce Guillaume fut possédé vit un grand bouc noir et velu, qui emportait

du diable et demanda pour exorciste un pas- un homme défiguré et percé d'un trait de part
teur hérétique nommé Bartholomée Panen ,
,
en part —
Le comte troublé de ce spectacle,
homme qui se faisait payer pour chasser le cria pourtant au bouc.de s'arrêter, et lui dé-
diable , et qui , dans cette circonstance , fut manda qui il était, qui il portait, où il allait ?
penaud. Comme le démoniaque pâlissait, que Le bouc répondit « Je suis le diable, j'em-
: —
son gosier enflait, et qu'on craignait qu'il ne porte Guillaume-le-Roux et je vais le pré- ,

fût suffoqué entièrement, l'épouse du seigneur senter au tribunal de Dieu où il sera con- ,

Clatz, dame pieuse ainsi que toute sa famille, damné pour sa tyrannie et il viendra avec ;

se mit à réciter la prière de Judith. Guillaume nous 2 » .

alors se prit à vomir, entre autres débris, la Guillaume de Paris. Il est cité par les —
ceinture d'un bouvier, des pierres, des pelo- démonographes pour avoir fait des statues
tons de fil, du sel, des aiguilles, des lambeaux
parlantes, à l'exemple de Roger Bacon, chose
de l'habit d'un enfant des plumes de paon ,
qui ne peut être faite que par les opérations
que huit jours auparavant il avait arrachées diaboliques 3
.

de la queue du paon même. On lui demanda


la cause de son mal. Il répondit que, passant
Gullets ou Bonasses , — démons qui ser-
vent les hommes dans la Norvège, et qui se
sur un chemin, il avait rencontré une femme
louent pour peu de chose. Ils pansent les che-
inconnue qui lui avait soufflé au visage et ,

vaux , les étrillent , les frottent , les brident


que tout son mal datait de ce moment. Cepen-
les sellent, dressent leurs crins et leurs queues,
dant lorsqu'il fut rétabli, il nia le fait, et
comme le meilleur palefrenier : ils font même
ajouta que le démon l'avait forcé à faire cet 4
les plus viles fonctions de la maison . Yoy. Be-
aveu, et que toutes ces matières n'étaient pas
R1TH.
dans son corps mais qu'à mesure qu'il vo-
missait, le démon
;

changeait ce qui sortait de Gurme, — chien redoutable, espèce de Cer-


sa bouche 2
....
bère de l'enfer des Celtes. Pendant l'existence

Guillaume de Carpentras astrologue ,


— du monde, ce chien est attaché à l'entrée
d'une caverne; mais au dernier jour il doit
qui lit pour le roi René de Sicile et pour le ,

être lâché, attaquer le dieu Tyr ou Thor, et


duc de Milan des sphères astrologiques sur
,

le tuer.
lesquelles on tirait les horoscopes. Il en fit
une pour le roi Charles Vlll qui lui coûta des re-
, 1
Extrait d'un ancien manuscrit, cité à la fin
Uouze cents écus; cette sphère contenait plu^ marques de Joly sur Bayle.
sieurs utilités, et était fabriquée de telle ma- 2
Matthau Tympii pra^mia virtutum. — Matthieu
Paris, Historia major, t. II.
nière que tous les mouvements des planètes , • !
Naudé, Apol. pour les grands personnages accusés
de magie, çhap. 17. p. -193.
• Pierre le Vénérable, Livre des Miracles. 1
Lelovcr, Hist. des spectres ou apparitions des es-
> Wierus, De prspst., lib. L>, cap. 6, prits, p. 3-J9.
HAB — -Il i — HAC
Gusoyn, — grand-duc aux enfers.
appa- Il rent à frapper Guymond, qui pourtant se po-
raît sous la forme d'un chameau. Il répond sait en incrédule. Dans l'instant que , tout

sur le présent, le passé, l'avenir, et découvre troublé, il regardait piquer des épingles dans
augmente les dignités la gorge d'une jeune fille « Vous êtes bien
les choses cachées. Il :

et affermit les honneurs. Il commande à qua- empressé, lui dit la sorcière, à vous éclaircir
rante-cinq légions *. de ce qu'on fait ici. Puisque vous êtes si cu-
Gustaph, — VOy. ZOROASTRE. rieux, apprenez que vous mourrez dans trois

Gutheyl ou Guthyl — nom sous lequel , le s


jours. » Ces paroles firent sur Guymond une
impression étonnante il tomba dans une pro-
Germains vénéraient le gui de chêne. Ils lui ,

fonde rêverie et cette prédiction , aussi bien


attribuaient des vertus merveilleuses, parti- ;

que ce qu'il avait vu , causa en lui une telle


culièrement contre l'épilepsie, et le cueillaient
révolution, qu'il tomba malade et mourut en
avec les mêmes cérémonies que les Gaulois.
effet au bout de trois jours, le \ i février 1760.
Dans certains endroits de la Haute-Allemagne,
cette superstition s'est conservée, et les habi- Gyromancie, —
sorte de divination qui se
lants sont encore aujourd'hui dans l'usage de pratiquait en marchant en rond, ou en tour-
courir de maison en maison et de ville en nant autour d'un cercle, sur la circonférence
ville , en criant : « Gutheyl ! Gutheyl » !
— duquel étaient tracées des lettres. A force de
Des Septentrionaux s'imaginaient qu'unhomme tourner on s'étourdissait jusqu'à se laisser
muni de gui de chêne non seulement ne pou- tomber, et de l'assemblage des caractères qui
vait être blessé, mais était sûr de blesser tous se rencontraient aux divers endroits où l'on

ceux contre lesquels il lançait une flèche. C'est avait fait des chutes, on tirait des présages
à cause de ces vertus magiques attribuées au pour l'avenir. Voy. Alectryomancie.
gui de chêne, qu'on l'appelle en Alsace Ma- Gymnosophistes, — philosophes ainsi nom-
rentakein: c'est-à-dire arbrisseau des spec- més parce qu'ils allaient nus ou sans habits.
tres. Chez les démonomanes les gymnosophistes

Guymond de La Touche ,
— poète dra- sont des magiciens qui obligeaient les arbres
matique, philosophe du dernier siècle. Il était à s'incliner et à parler aux gens comme des
allé, le M février 4760, chez une sorcière, à créatures raisonnables. Thespesion l'un de ,

Paris, dans le dessein de s'en moquer et de ces sages ,


ayant commandé à un arbre de
découvrir les ruses qu'elle mettait en usage. saluer Apollonius, il s'inclina, et, rabaissant
Il accompagnait une grande princesse, qui le sommet de sa tête et ses branches les plus
montra en cette occasion plus de force d'es- hautes, il lui fit des compliments d'une voix

prit que lui. L'appareil religieux de chaque distincte mais féminine, ce qui surpasse la
expérience, le silence des spectateurs, l'effroi magie naturelle *.

dont quelques-uns étaient saisis, commencè-


1
Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège
' Wierus, in Pseudomonarchia dœm. pleinement convaincue, p. 33.

Haagenti, — grand-président aux enfers. Haborym, — démon des incendies, appelé


11 paraît sous la avec des
figure d'un taureau aussi Aym. Il porte aux enfers le titre de duc;
ailes de griffon. Lorsqu'il se montre portant il montre à cheval sur une vipère avec
se ,

face humaine, il rend l'homme habile à toutes trois tètes, l'une de serpent, l'autre d'homme,
choses il enseigne en perfection l'art de trans-
; la troisième de chat. Il lient à la main une
muer tous les métaux en or, et de faire d'ex- torche allumée. Il commande vingt-six lé-
cellent vin avec de l'eau claire. Il commande Quelques-uns disent que c'est le même
gions.
trente-trois légions 1
. que Raum ce qui nous paraît douteux.
;

Habondia , — reine des fées , des femmes


Haceldama OU Hakeldama, — qui signifie
blanches, des bonnes, des sorcières, des lar-
héritage ou portion de sang. Ce mot est de-
ves, des furies et des harpies, comme l'assure
venu commun à toutes les langues du chri-
Pierre Delancre en son livre de l'Inconstance
stianisme, depuis le récit sacré qui nous ap-
des Démons. prend qu'après que Judas se fut pendu les ,

1
Wierus, in Pseudom. daem, prêtres juifs achetèrent, des trente pièces d'ar-
,

HAQ — 2 52 — HAR
gent qu'ils lui avaient données pour trahir lorsque ses sujets s'étant révoltés contre lui

notre Seigneur, un champ qui fut destiné à la il consulta l'oracle d'Odin qu'on révérait au-
sépulture des étrangers , et qui porta le nom près d'Upsal. Il lui fut répondu que s'il vou-
d'Haceldama. On montre encore ce champ lait sacrifier le seul fils qui lui restât, il vi-
aux étrangers. Il est petit et couvert d'une vrait et régnerait encore soixante ans. Il
y
voûte, sous laquelle on prétend que les corps consentit, et ses dieux lui tinrent parole. Bien
qu'on y dépose sont consumés dans l'espace plus , sa vigueur se ranima à l'âge de cent
de trois ou quatre heures '. cinquante ans; il eut un fils et successivement
Haleine. — Une haleine forte et violente
cinq autres, depuis cent cinquante ans jusqu'à
cent soixante. Se voyant près d'arriver à son
est la marque d'un grand esprit , dit un sa-
terme, il tâcha encore de le prolonger et les
vant, et au contraire, ajoute-t-il, une haleine ;

oracles lui répondirent que s'il sacrifiait l'aîné


faible est la marque d'un tempérament usé et
de ses enfants, il régnerait encore dix ans il
d'un esprit faible. ;

Hallucination, — VOJJ. VlSïONS.


le fit. Le second lui valut dix autres années

Halphas , —
grand comte des enfers. Il
de règne,
Enfin, il
et ainsi

ne lui restait
de suite jusqu'au cinquième.
plus que celui-là; il
parait sous la forme d'une cigogne, avec une
était d'une caducité extrême, mais il vivait
voix bruyante. Il bâtit des villes, ordonne les
toujours lorsqu'ayant voulu sacrifier ce der-
guerres et commande vingt-six légions 2 . C'est
;

nier rejeton de sa race , le peuple lassé du ,

peut-être le même que Malphas.


monarque de sa barbarie, le chassa du
Haltias. —
Les Lapons donnent ce nom trône il
et
mourut et son fils lui succéda.
;

aux vapeurs qui s'élèvent des lacs et qu'ils ,
Delancre dit que ce monarque était grand sor-
prennent pour les esprits auxquels est com- cier, et combattait ses ennemis à l'aide des
mise la garde des montagnes. éléments. Par exemple, il leur envoyait de la
Hamlet, — prince de Danemark, à qui ap- pluie ou de la grêle.
parut le spectre de son père pour demander Haridi —
serpent honoré à Akhmin ville
, ,

une vengeance dont il se chargea. Shakspeare de la Haute-Egypte. Il y a quelques siècles


a illustré cette sombre histoire. On montre qu'un derviche y mourut on lui éleva un ;

toujours sur une colline voisine d'Elseneur la tombeau surmonté d'une coupole au pied de
tombe d'Hamlet, que des croyances peureu- la montagne , les peuples vinrent lui adresser
ses entourent et protègent. des prières. Un autre derviche profita de leur
Handel , — célèbre musicien saxon ; se crédulité et leur dit que Dieu avait fait pas-
trouvant en 1700 à Venise dans temps du le ser l'esprit du défunt dans le corps d'un ser-
carnaval, il joua de la harpe dans une mas- pent. Il en avait apprivoisé un de ceux qui
carade. Il n'avait alors que seize ans mais , sont communs dans la Thébaïde et qui ne font

son nom dans la musique était déjà très- point de mal ce reptile obéissait à sa voix.
;

connu. Dominique Scarlati habile musicien , Le derviche mit à l'apparition de son serpent
d'alors sur cet instrument, l'entendit et s'é- tout l'appareil du charlatanisme éblouit le ,

cria : Il n'y a que le Saxon Handel ou le dia- vulgaire et prétendit guérir toutes les mala-
ble qui puisse jouer ainsi.... dies. Quelques succès lui donnèrent la vogue.
Hanneton. —
Il y a dans la Cafrerie une
Ses successeurs n'eurent pas de peine à sou-
sorte de hanneton qui porte bonheur quand il tenir une imposture lucrative ; ils enchérirent

entre dans une hutte. On lui sacrifie des bre- en donnant à leur serpent l'immortalité , et

bis. S'il se pose sur un nègre, le nègre en de-


poussèrent l'impudence jusqu'à en faire un
vient tout fier.
essai public; le serpent fut coupé en mor-
ceaux en présence de l'émir, et déposé sous
Hannon , — général carthaginois, distin-
un vase pendant deux heures. A l'instant où
gué par cette fourberie il nourrissait des oi- :

le vase fut levé les serviteurs du derviche ,

seaux à qui il apprenait à dire Hannon est :

eurent sans doute l'adresse d'en substituer un


un dieu. Puis il leur donnait la liberté.
semblable; on cria au prodige, et l'immortel
Haquin. — Les anciennes histoires Scan- Haridi acquit un nouveau degré de considé-
dinaves font mention d'un vieux roi de Suède, ration. —
Paul Lucas raconte que voulant
nommé Haquin ,
qui commença à régner au s'assurer des choses merveilleuses que l'on
troisième siècle et ne mourut qu'au cinquième, racontait de cet animal il fit pour le voir le ,

âgé de deux coût dix ans, dont cent quatre- voyage d'Akhmin qu'il s'adressa à Assan- ;

vingt-dix de règne. 11 avait déjà cent ans, Bey, qui fit venir le derviche avec le serpent
' L'abbé Prévost, Manuel lexique.
ou l'ange, car tel est le nom qu'on lui donnait;
» Wierus in Pseudonionarchia deem- que ce derviche tira de son sein en sa pré- ,
,, ,,

HAR — 2 53 — HAT
scnce l'animal qui était une couleuvre de
, blessures qu'ils ont reçues aux mômes parties
médiocre grosseur et qui paraissait fortdouce 1 . des corps dont ils dans
se sont revêtus , et

Harpe. — Chez les Calédoniens, lorsqu'un


lesquels
sur cette
ils Le plus croyable
apparaissent.
histoire peu avérée est que c'est un
»

guerrier célèbre était exposé à un grand péril,


les harpes rendaient d'elles-mêmes un son lu-
conte. — Voy. Vampires.

gubre et prophétique souvent les ombres des; Harvilliers (Jeanne), sorcière des envi- —
aïeux du guerrier en pinçaient les cordes. Les rons de Compiègne au commencement du ,

bardes alors commençaient un chant de mort, seizième siècle. Dans son procès, elle raconta
sans lequel aucun guerrier n'était admis dans que sa mère l'avait présentée au diabledès l'âge
le palais de nuages, et dont l'effet était si salu- de douze ans; que c'était un grand nègre vêtu
taire que les fantômes retournaient dans leur de noir; qu'ii arrivait quand elle le voulait
demeure pour y recevoir avec empressement botté, éperonné et ceint d'une épée; qu'elle
et revêtir de ses armes fantastiques le héros seule le voyait ainsi que son cheval qu'il ,

décédé. laissait à sa porte. La mère de Jeanne avait

Harppe. — Thomas Bartholin, qui écrivait


été brûlée comme sorcière; elle, qui du reste
avait commis d'autres crimes, fut également
au dix-septième siècle, raconte, après une
brûlée, à l'âge de cinquante ans, le dernier
ancienne magicienne nommée Landeîa dont
l'ouvrage n'a jamais été imprimé, un trait qui
,

jour d'avril de l'année 1578 l Voy. Sor- .



doit être du treizième siècle ou du quatorzième.
ciers.

— Un homme du nord qui se nommait Harppe, Hasard. — Le hasard, que les anciens ap-
étant à l'article de la mort, ordonna à sa femme pelaient Fortune a toujours eu un culte
la ,

de le faire enterrer tout debout devant la étendu quoiqu'il ne soit rien par lui-même.
,

porte de sa cuisine, afin qu'il ne perdît pas Les joueurs, les guerriers les coureurs d'a- ,

tout à fait l'odeur des ragoûts qui lui étaient ventures ceux qui cherchent la fortune dans
,

chers , et qu'il pût voir à son aise ce qui se les roues de la loterie, dans l'ordre des cartes,
passerait dans sa maison. La veuve exécuta dans la chute des dés, dans un tour de rou-
docilement et fidèlement ce que son mari lui lette ne soupirent qu'après le hasard. Qu'est-
avait commandé. —
Quelques semaines après ce donc que le hasard ? Un événement for-
la mort de Harppe, on le vit souvent apparaî- tuit amené par l'occasion ou par des causes
,

tre sous la forme d'un fantôme hideux qui qu'on n'a pas su prévoir, heureux pour les uns,
tuait les ouvriers et molestait tellement les malheureux pour les autres. — Un Allemand
voisins, que personne n'osait plus demeurer sautant en d'Agen sur le gravier, l'an
la ville
dans Un paysan, nommé Olaus Pa,
le village. 1597, au saut de l'Allemand, mourut tout
fut assez hardipour attaquer ce vampire il lui ; roide au troisième saut. Admirez le hasard
porta un grand coup de lance, et laissa la lance la bizarrerie et la rencontre du nom, du saut
dans la plaie. Le spectre disparut, et le len- et du sauteur, dit gravement Delancre Un :

demain Olaus fit ouvrir le tombeau du mort; Allemand saute au saut de l'Allemand et la ,

il trouva sa lance dans le corps de Harppe au mort, au troisième saut , lui fait faire le saut
même endroit où il avait frappé le fantôme. de la mort.. .. Ou voit qu'au seizième siècle
Le cadavre n'était pas corrompu on le tira ; même, on trouvait aussi des hasards mer-
de terre, on le brûla, on jeta ses cendres à la veilleux dans des jeux de mots.
mer, et on fut délivré de ses funestes appari-
tions 2 .

« Le corps de Harppe, dit ici Dom
Hatton ïl, — surnommé Bonose, usurpa-
teur du siège archiépiscopal de Mayence, qui
Calmet (si l'on admet la vérité de ce fait)
vécut en 1074. Il avait refusé de nourrir les
était donc réellement sorti de terre lorsqu'il
pauvres dans un temps de famine, et avait
apparaissait.Ce corps devait être palpable et
même fait brûler une grange pleine de gens
vulnérable, puisqu'on trouva la lance dans la
qui lui demandaient du pain; il périt miséra-
plaie. Comment sortit-il de son tombeau et
blement. On rapporte que cet intrus, étant
,

comment y rentra-t-il? C'est la difficulté; car


tombé malade dans une tour qui est située en
qu'on ait trouvé la lance et la blessure sur son
une petite île sur les bords du Rhin, y avait
corps, cela ne doit pas surprendre, puisqu'on
été visité de tant de rats, qu'il fut impossible
assure que les sorciers qui se métamorpho-
de les chasser. Il se fit transporter ailleurs
sent en chiens en loups - garous en chats
, ,

dans l'espoir d'en être délivré, mais les rats,


etc. ,
portent dans leurs corps humains les
s'étant multipliés ,
passèrent à la nage , le

1
Paul Lucas, Deuxième voyage, liv. v, t. II, p. 83.
joignirent et le dévorèrent. — Poppiel II, roi

2 Bartholini,
De causa contemptus mortis, etc., lib. 2,
cap. 2. 1
Histoire 'le la rnagi 0 en France, p. 133.
»
— HEL
de Pologne souillé de crimes.,
, fut pareille- tons, le voyant de jour en jour plus familier,
ment dévoré par les rats. se divertissaient en sa compagnie. Mais un —
sorcière du seizième soir, un d'eux se porta contre lui aux injures,
Haussy (Marie de ) ,

quelques-uns disent même aux voies de fait.


siècle, qu'une autre sorcière déclara clans sa
confession* avoirvue danser au sabbat avec un Le démon en colère s'alla plaindre au maître-
d'hôtel, de qui il ne reçut aucune satisfaction
sorcier de la paroisse de Faks, lequel adorait ;

l alors il crut pouvoir se venger. Il étouffa le


le diable .

marmiton, en assomma quelques autres, rossa


Hécate , — diablesse qui préside aux rues
le maître-d'hôtel et sortit de la maison pour
,

et aux carrefours. Elle est chargée aux enfers n'y plus reparaître *.

de la police des chemins et de la voie publi-


que. Elle a trois visages le droit de cheval :
Hérode. — On dit en Catalogne que la dan-
seuse homicide d'Hérode se noya dans le Sé-
le gauche de chien le mitoyen de femme. ,

gré , fleuve qui passe à Lérida , et cause de


Delrio dit : « Sa présence fait trembler la
temps en temps des dévastations. Les bonnes
terre, éclater les feux, et aboyer les chiens. »
femmes ajoutent qu'Hérode y est enseveli avec
— Hécate, chez les. anciens, était aussi la tri-
elle.
ple Hécate Diane sur la terre, Proserpine
:

aux enfers, la Lune dans le ciel. Ce sont, au Héhugaste , — sylphide qui se familiari-

les trois phases de la


sait avec l'empereur Auguste. Les cabalistes
dire des astronomes ,

disent qu'Ovide fut relégué à Tomes pour


lune.
avoir surpris Auguste en tête à tête avec elle;
Hécla. —
Les Islandais prétendaient au-
que la sylphide fut si piquée de ce que ce
trefois que l'enfer était clans leur île et le
prince n'avait pas donné d'assez bons ordres
,

plaçaient dans le gouffre du mont Hécla. Ils


pour qu'on ne la vit point, qu'elle l'aban-
croyaient aussi que le bruit produit par les
donna pour toujours 2 .

glaces, quand elles se choquent et s'amoncel-


lent sur leurs rivages, vient des cris des dam-
Hëkacontalithos. — pierre qui en renferme
soixante autres diverses que les Troglodites
,
nés tourmentés par un froid excessif, et qu'il
offraient au diable dans leurs sorcelleries 3 .

y a des âmes condamnées à geler éternelle-


ment, comme il y en a qui brûlent dans des
Héla , — reine des trépassés chez les an-
feux éternels. Cardan dit que cette montagne ciens Germains. Son gosier toujours ouvert

est célèbre par l'apparition des spectres et des ne se remplissait jamais. Elle avait le même
esprits. pense avec Leloyer 2 que c'est dans
Il
nom que l'enfer. Voy. Aingerbode.—
cette montagne d'Hécla que les âmes des Hélène, —
reine des Adiabénites, dont le
sorciers sont punies après leur mort. tombeau se voyait à Jérusalem, non sans ar-
Hecdekin. —
En l'année 'H 30, un démon tifice, car on ne pouvait l'ouvrir et le fermer
qu'à certain jour de l'année Si on l'essayait
que les Saxons appelaient Hecdekin. c'est-à-
dans un autre temps, tout était rompu 4.
dire Y esprit au bonnet, à cause du bonnet
dont il était coiffé, vint passer quelques mois Hélénéion ,
— plante que Pline fait naître

dans la ville d'Hildesheim en Basse-Saxe. ,


des larmes d'Hélène auprès du chêne où elle

L'évêque d'Hildesheim en était aussi le sou- fut pendue, et qui avait la vertu d'embellir

verain. En raison de ces deux titres, le dé- les femmes et de rendre gais ceux qui en met-
mon crut devoir s'attacher à sa maison. Il se taient dans leur vin.
posta donc dans le palais et s'y fit bientôt con- Helgafell , — montagne et canton d'Is-
naître avantageusement soit en se montrant , lande, qui a joui long-temps d'une grande ré-
avec complaisance à ceux qui avaient besoin putation dans l'esprit des Islandais. Lorsque
de lui soit en disparaissant avec prudence
, des parties plaidaient sur des objets douteux,
lorsqu'il devenait importun soit en faisant . et qu'elles ne pouvaient s'accorder, elles s'en
des choses remarquables et difficiles. Il — allaient à Helgafell pour y prendre conseil ;

donnait de bons conseils dans les affaires di- on s'imaginait que tout ce qui s'y décidait
plomatiques, portait de l'eau à la cuisine, et devait avoir une pleine réussite. Certaines fa-
servait les cuisiniers. La chose s'est passée milles avaient aussi la persuasion qu'après
dans le douzième siècle ; les mœurs étaient leur mort elles devaient revenir habiter ce
alors plus simples qu'aujourd'hui. Il fréquen-
1
Trithème, Chronique d'Hirsauge.
tait donc la cuisine et le salon; et les marmi- 2 Lettres cabalistiques, t. I er , p. 61.
3
Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc. ,

1
Dclancre, Tableau de l'inconstance des démons, p. 18.
p. 144. 4 Leloyer, Ilist. des spectres et apparitions des es-
2 Histoire des spectres, p. 519. prits, p. 61.
HEL 55 — H EN
canton. La montagne passait pour un lieu à ses habits. Au même instant, il fit le Signe
saint. Personne n'osait la regarder qu'il ne de la croix et le diable incontinent disparut. »

se fût lavé le visage et les mains. Héliogabale, —


empereur de Rome et né-
Hé lias. — «Apparition admirable et pro- cromancien qui méprisait toute religion, fto-
digieuse arrivée à Jean Hélias le premier ,
cHn assure qu'il allait ou sabbat et qu'il y ado-
rait le diable.
jour de l'an 623, au faubourg Saint-Germain

I

à Paris. » —
C'est un gentilhomme qui Héliotrope. On donnait ce nom à une
conte 1 «Étant allé le dimanche, premier jour
:
pierre précieuse ,
verte et tachetée ou veinée

de l'année 1623 sur les quatre heures après


,
de rouge à laquelle les anciens ont attribué
,

midi, à Notre-Dame, pour parler à M. le un grand nombre de vertus fabuleuses, comme


grand-pénitencier sur la conversion de Jean de rendre invisibles ceux qui la portaient. —
Hélias, mon laquais, ayant décidé d'une heure L'héliotrope, plante qui suit, dit-on, le cours
pour le faire instruire, parce qu'il quittait son du soleil, a été aussi l'objet de plusieurs con-
hérésie pour embrasser la vraie religion je tes populaires.

m'en fus passer le reste du jour chez


,

M. de Hénoch. — Les rabbins croient qu'Hénoch,


Sainte-Foy, docteur en Sorbonne, et me re- transporté au ciel , fut reçu au nombre des
tirai sur les six heures. Lorsque je rentrai anges, et que c'est lui qui est connu sous le
mon
j'appelai laquais avant de monter dans nom de Métraton et de Michel, l'un des pre-
ma chambre; il ne me répondit point. Je de- miers princes du ciel qui tient registre des ,

mandai s'il n'était pas à l'écurie; on ne m'en mérites et des péchés des Israélites. Ils ajou-
sut rien dire. Je montai , éclairé d'une ser- tent qu'il eut Dieu et Adam pour maîtres. —
vante; je trouvai les deux portes fermées, Saint jïude, dans son Epître ,
parlant de plu-
les clefs sur les serrures. En entrant dans la sieurs chrétiens mal convertis, dit: « Î7est
première chambre j'appelai encore mon la- d'eux qu'Hénoch, qui a été le septième depuis
quais, qui ne répondit point; je le trouvai à Adam a prophétisé en ces termes Voilà le
, :

demi couché auprès du feu la tête appuyée , Seigneur qui va venir avec la multitude de ses
contre la muraille, les yeux et la bouche ou- saints pour exercer son jugement sur tous les
verts; je crus qu'il avait du vin dans la tête; hommes, et pour convaincre tous les impies. »
et le poussant du pied, je lui dis Levez-vous, : Ces paroles de Saint -Jude ont donné lieu de
ivrogne! — Lui, tournant les yeux sur moi : forger, dans le deuxième siècle un prétendu ,

Monsieur, me dit-il, je suis perdu, je suis Livre d'Htnoch, rempli de visions et de fables
mort, le diable tout à l'heure voulait rn'em- touchant la chute des anges. — Voy. Edris.
porter. Il poursuivit qu'étant entré dans la Henri iïï. — fils de Catherine de Médicis;
chambre ayant fermé les portes sur lui et
,
ilétait infatué des superstitions de sa mère.
allumé le feu, il s'assit auprès, tira son cha- Ses contemporains le représentent comme
pelet de sa poche et vit tomber de la chemi- sorcier. Dans un des pamphlets qu'on répan-
née un gros charbon ardent entre les chenets ;
dit contre lui, on lui reproche d'avoir tenu au
aussitôt on lui dit : — Eh bien , vous voulez Louvre des écoles de magie et d'avoir reçu
donc me quitter? Croyant d'abord que c'était en présent des magiciens un esprit familier,
moi qui parlais, il répondit Pardonnez- : — nommé Terragon, du nombre des soixante es-
moi monsieur, qui vous a dit cela ?
,
Je — prits nourris en l'école de Soliman. Cette ac-
l'ai bien vu dit le diable, vous êtes allé tan-
, le poignard dans
cusation de sorcellerie mit
tôt à l'église. Pourquoi voulez-vous me quit- les mains de Jacques Clément. Les ligueurs
ter ? je suis bon maître; tenez, voilà de l'ar- avaient tenté auparavant de faire mourir
gent: prenez-en tant qu'il vous plaira. Je — Henri III en piquant des images de ce mo-
,

n'en veux point, répondit Hélias. Le diable narque, ce qui s'appelait envoûter. Voici —
voyant qu'il refusait son argent, voulut lui l'extrait d'un pamphlet intitulé Les sorcelle- :

faire donner son chapelet. Donnez-moi ces — ries de Henri de Valois et les oblalions qu'il ,

grains que vous avez dans la poche, dit-il, faisait au diable dans le bois de Vincennes
ou bien jetez-les au feu. Mon laquais ré- — (Didier - Millot 1589), pamphlet qui parut
,

pondit Dieu ne commande point cela je ne


:
, quelques mois avant l'assassinat de Henri III.
veux pas vous obéir. Alors le diable se mon- — Henri de Valois, d'Epernon et les autres ,

tra à lui, et voyant qu'il était tout noir, Hé- mignons, faisaient quasi publiquement pro-
lias lui dit : — Vous n'êtes pas mon maître, fession de sorcellerie, étant commune à la
car il porte une fraise blanche et du clinquant cour entre iceux et plusieurs personnes dé-
voyées de la religion catholique on a trouvé ;

1
Recueil de Dissertations de Lenglet-Dufresnoy,
1
t. II, p. 159. Bergier, Dictionnaire théologique.
HEN — 2; 6 — HER
chez d'Epernon un coffre plein de papiers de lalans. Au rapport d'Evelyn, dans ses Nu^
sorcellerie auxquels il y avait divers mots
,
mismata Henri IV
, un tel degré
fut réduit à
d'hébreu, chaldaïques, latins et plusieurs ca- de besoin par ses folles dépenses, qu'il cher-
ractères inconnus , des rondeaux ou cernes cha à remplir ses coffres avec les secours de
desquels alentour ily avait diverses figures l'alchimie. L'enregistrement de ce singulier
et écritures, même des miroirs, onguents ou projet contient les protestations les plus so-
drogues, avec des verges blanches, lesquelles ^
lennelles et les plus sérieuses de l'existence
semblaient êlre de coudrier, que l'on a in- et des vertus de la pierre philosophale avec ,

continent brûlés pour l'horreur qu'on en avait. des encouragements à ceux qui s'occuperont
— On a encore trouvé dernièrement au bois de sa recherche, et leur affranchissement de
de Vincennes deux satyres d'argent de la hau- toute espèce de contrariétés de la part des
teur de quatre pieds. Ils étaient au-devant statuts et prohibitions antérieures. Voy. Lulle,
d'une croix d'or, au milieu de laquelle on — On avait prédit à Henri IV qu'il mourrait
avait enchâssé du bois de la vraie croix de à Jérusalem il tomba malade subitement
:

notre Seigneur Jésus-Christ. Les politiques di- dans l'abbaye de Westminster et y mourut
sent que c'étaient des chandeliers. Ce qui fait dans une chambre appelée Jérusalem.
croire le contraire, c'est que dans ces vases il
Henri IV, —
roi de France. On fit une
n'y avait point d'aiguille qui passât pour y recherche assez curieuse sur le nombre qua-
mettre un cierge ou une petite chandelle. Ces torze relativement à Henri IV. Il naquit
,

monstres diaboliques ont été vus par messieurs quatorze siècles, quatorze décades, et qua-
de la ville. Outre ces deux diables, on a trouvé torze ans après l'ère chrétienne. Il vint au
une peau d'enfant, laquelle avait été cor- monde le M décembre et mourut le 14 mai.
royée, et sur icelle y avait aussi plusieurs a vécu quatre fois quatorze ans, quatorze
mots de sorcellerie et divers caractères. — Il

semaines ,
quatorze jours. Enfin , dans son
Le fait est que les Valois s'occupaient de nom de Henri de Bourbon, il y avait qua-
sciences occultes. Voij. Terragon. torze lettres.

Henri m, — empereur d'Allemagne. Étant Hépatoscopie OU Hiérôscopie divina- , —


encore très-jeune, Henri III obtint d'un clerc tion qui avait lieu par l'inspection du foie
une petite canule d'argent avec laquelle les des victimes dans les sacrifices chez les Ro-
enfants s'amusent à jeter de l'eau ;
pour l'en- mains. —
Quelques sorciers modernes cher-
gager à lui faire ce modique présent, il pro- chaient aussi l'avenir dans les entrailles des
mit à ce clerc que, dès qu'il serait monté sur animaux. Ces animaux étaient ordinairement,
le trône, il ne manquerait pas de le faire évê- ou un chat, ou une taupe, ou un lézard, ou
que. C'était à une époque où le Saint-Siège une chauve-souris ou un crapaud ou une, ,

ne cessait de travailler à éteindre la Simonie, poule noire. Voy. Aruspices.


fréquente surtout en Allemagne. Henri devint Héraïde, — VO\J. HERMAPHRODITES.
empereur en M 39, ilde sa parole
se souvint
et l'exécuta. Mais il ne tarda guère à tomber
Herbadilla. — « Autrefois il y avait à la
place du lac de Grand-Lieu en Bretagne , un
dans une fâcheuse maladie il fut trois jours ,
qu'ombrageait
vallon délicieux et fertile ,
la
à l'extrémité sans aucun sentiment. Un faible
forêt de Vertave. Ce que se réfugièrent
fut là
mouvement du pouls fit juger seulement qu'il les plus riches citoyens de Nantes et qu'ils ,

y avait encore quelque lueur d'espérance de sauvèrent leurs trésors de la rapacité des
le ramener à la vie. Le prince recouvra en légions de César. Ils y bâtirent une cité qu'on
effet la santé. Aussitôt il fit appeler ce prélat,
nomma Herbadilla à cause de la beauté des,

qu'il avait fait si précipitamment évêque, et,


prairies qui l'environnaient. Le commerce
de de son conseil, il le déposa. Afin de
l'avis
centupla leurs richesses; mais en même temps
justifier un jugement aussi bizarre, il assura
le luxe charria jusqu'au sein de leurs murs
que pendant les trois jours de sa léthargie, les
les vices des Romains. Ils provoquèrent le
démons se servaient de cette même canule
courroux du ciel. Un jour que saint Martin,
d'argent, qui avait été le prix de l'évêché
fatigué de ses courses apostoliques se repo- ,

pour lui souffler un feu si violent que notre


sait près d'Ilerbadilla , à l'ombre d'un chêne,
feu élémentaire ne saurait lui êlre comparé.
une voix lui cria : Fidèle confesseur de la foi
Ce fait, qui n'est peut-êlre qu'une hallucina-
éloigne-toi de la cité pécheresse. Saint Martin
tion, est rapporté par Guillaume de Malmes-
s'éloigne, et soudain jaillissent avec un bruit
bury, historien du douzième siècle.
affreux des eaux jusqu'alors inaperçues, et
Henrî IV, — roi d'Angleterre. Il poursuivit qui irruption d'une caverne pro-
faisaient
les sorciers; mais il encouragea d'autres char- fonde. Le vallon où s'élevait la Rabylone des
,

H Eli — 2 7 — HER
Bretons fut tout à coup submergé. A la sur- du désert de Zara un peuple d'androgynes. ,

face de cette onde sépulcrale vinrent aboutir Les lois romaines mettaient les hermaphrodi-
par milliers des bulles dair, derniers soupirs tes au nombre des monstres, et les condam-
de ceux qui expiraient dans l'abîme. Pour naient à mort. Tite Live et Eutrope rappor-
perpétuer le souvenir du châtiment, Dieu tent qu'il naquit auprès de Rome, sous le
permet que l'on entende encore au fond de consulat de Claudius Néron un enfant pourvu ,

cet abîme les cloches de la ville engloutie, et de deux sexes; que le sénat, effrayé de ce
que l'orage y vive familièrement. Auprès est prodige., décréta qu'il fallait le noyer; on
une île au milieu de laquelle est une pierre enferma l'enfant dans un coffre on l'embar- ,

en forme d'obélisque. Cette pierre ferme l'en- qua sur un bâtiment et on le jeta en pleine
trée du gouffre qui a vomi les eaux du lac, mer. Leloyer parle longuement d'une femme
et ce gouffre est la prison où un géant formi- de Macédoine, nommée Héraïde, qui se maria
dable pousse d'horribles rugissements. — comme femme et devint homme ensuite dans ,

A quatre lieues de cet endroit vers Test on , , une absence de son mari. C'était, dans les
trouve une grande pierre qu'on appelle la vieilles opinions un hermaphrodite. Mais on ,

vieille de saintMartin; car il est bon de sa- ne voit plus d'hermaphrodites aujourd'hui. —
voir que cette pierre qui pour bonne raison
,
Les hermaphrodites, dans les contes plus an-
garde figure humaine, fut jadis une femme ciens, avaient les deux sexes, deux têtes,
véritable, laquelle, s'étant retournée malgré quatre bras et quatre pieds. Les dieux, dit
la défense en sortant de la ville d'Herbadilla Platon avaient d'abord formé l'homme avec
,

fut transformée en statue 1


» Voy. Is. deux corps et les deux sexes. Ces hommes
Herbe qui égare. — Il y a, dit-On, une
doubles étaient d'une force si extraordinaire
certaine herbe qu'on ne peut fouler sans s'é- qu'ils résolurent de faire laguerre aux dieux.
garer ensuite de manière à ne plus retrouver Jupiter irrité les partagea pour les affai-
son chemin. Cette herbe qui n'est pas con- blir, et Apollon seconda le père des dieux
,

nue, se trouvait abondamment aux environs clans l'exécution de ses volontés. Voy. Poly-
du château de Lusignan bâti par Mélusine ,
crite.
;

ceux qui marchaient dessus erraient dans de Hermeline démon familier qui s'appe-
,

longs circuits, s'efforçaient en vain de s'éloi- lait aussiHermione et Hermelincie, et qui
gner, et se retrouvaient dans l'enceinte re- fréquenta quarante ans Benedotto Berna
dont ,

doutée jusqu'à ce qu'un guide préservé de François Pic de La Girandole rapporte lui-
l'enchantement les remît dans la bonne voie. même l'histoire, a Cet homme, dit-il, buvait,

Herbe de coq. — Les habitants de Panama mangeait, parlait avec son démon, qui l'ac-
vantent beaucoup une herbe qu'ils appellent compagnait partout sans qu'on le vît de ;

herbe de coq et dont ils prétendent que l'ap- sorte que le vulgaire ne pouvant comprendre
,

le mystère de ces choses se persuadait qu'il


plication est capablede guérir sur-le-champ ,

un poulet à qui l'on aurait coupé la tête, en était fou '.

respectant une seule vertèbre du cou. Des Hermès. — On vous dira qu'il a laissé
voyageurs sollicitèrent en vain ceux qui fai- beaucoup de livres merveilleux ;
qu'il a écrit
saient ce récit de leur montrer l'herbe ils ;
sur les démons et sur l'astrologie. C'est lui

ne purent l'obtenir ,
quoiqu'on leur assurât qui a décidé que , comme il y a sept trous à
qu'elle était commune : d'où l'on doit conclure la tête y a aussi sept planètes qui président
, il

que ce n'est qu'un conte populaire 2, à ces trous savoir Saturne et Jupiter aux
, :

Hérenberg (JEAN-CHRISTOPHE) auteur ,


— deux oreilles Mars et Vénus aux deux nari-
,

de Pensées philosophiques et chrétiennes sur les nes, le soleil et la lune aux deux yeux, et

Vampires, 1733. Voy. Vampires. Mercure à la bouche.

Hermaphrodites. — Long-temps avant An-


Hermialites , — ou Hermiens ,
disciples
d'un hérétique du deuxième siècle nommé
toinette Bourignon ,
qui soutint cette singulière
Hermas ils honoraient l'univers-Dieu
; , disant
thèse au dix-septième siècle , il s'était élevé
à la fois que ce monde est Dieu et que ce
sous le pontificat d'Innocent III une secte de
monde est l'enfer.
novateurs qui enseignait qu'Adam était, à sa
naissance homme et femme tout à la fois.
,
Hermione VOlJ. HERMELINE.
,

Pline assure qu'il existait en Afrique , au delà Hermotime. On sait que Cardan— et une
foule d'autres se vantaient de faire voyager
1 M. de Marchangy, Tristan le voyageur, tom. I,
p. 115. 1 Lenglet-DufrcMioy, Dissertations sur les apparit.,
2 La Harpe, Abrégé de l'Hist. générale des Voyages, tom. 1er p. 159, et Bodin, Démonorr.a iie des sorciers,
,

t. XYI, p. 106 de l'édit. in-12. p. 279.

M
MB — 1 58 — tilP

leur âme sans que le corps fût de ht partie. un colombier. Les anciens Francs condam-
L'Ame d'Hermotime de Clazomène s'absentait naient à une forte amende quiconque tuait ou
de son corps lorsqu'il le voulait, parcourait volait le hibou qui s'était réfugié dans le co-
des pays éloignés, et racontait à son retour lombier de son voisin On ne peut passer 1
.

des choses surprenantes. Apparemment que sous silence les vertus surprenantes de cet
Hermotime eut des ennemis. Un jour que son oiseau. Si l'on met son cœur avec son pied
âme était allée en course et que son corps ,
droit sur une personne endormie elle dira ,

était comme de coutume semblable à un ca- aussitôt ce qu'elle aura fait et répondra aux
davre, ses ennemis le brûlèrent et ôtèrent demandes qu'on lui adressera de plus si ; ,

ainsi à l'âme le moyen de rentrer dans son on met les mêmes parties de cet oiseau sous
étui. les aisselles, les chiens ne pourront aboyer

Héron, — ermite qui, après avoir passé


après la personne qui les portera et enfin ; ,

si on pend le foie à un arbre, tous les oiseaux


plus de cinquante ans dans les déserts de la
se rassembleront dessus 2 .
Thébaïde se laissa persuader par le diable
— Agrippa
,

sous la figure d'un ange, de se jeter dans un Hiérarchie. disait qu'il y avait
puits, attendu que, comme il était en bonne autant de mauvais anges qne de bons, qu'il
grâce avec Dieu , il ne se ferait point de mal. y en avait neuf hiérarchies de bons et neuf
Il ajouta foi aux paroles du diable
, dit-on , ,
de mauvais. Wierus, son disciple a fait l'in- ,

et, se précipitant d'un lieu élevé, dans la ventaire de la monarchie de Satan avec les ,

persuasion que les anges le soutiendraient, noms et surnoms de 72 princes et de plu-


il tomba dans le puits, d'où on le retira dis- sieurs millions de diables, nombres fantasti-
loqué; il mourut trois jours après 1
.
ques, qui ne sont appuyés sur d'autres raisons

HervUHers (Jeânne). — C'est la même que que sur


Cour infernale
la révélation de Satan
, Monarchie , etc.
même. Voy.

Jeanne Harvilliers.
Heure, —
voy. Minuit. Anges ou dé- — Hiéroglyphes. Les Egyptiens avaient —
beaucoup d'idées superstitieuses, s'il faut les
mons des heures, voy. Pierre d'Apone.
juger par leurs hiéroglyphes. Us expriment le
Hibou, —
oiseau de mauvais augure. On sexe masculin par un vautour, dit un ancien,
le regarde vulgairement comme le messager parce que tous les vautours sont femelles, et
de la mort; et les personnes superstitieuses qui que le vent seul féconde leurs œufs ils re- :

perdent quelque parent ou quelque ami, se présentaient le cœur par deux drachmes,
ressouviennent toujours d'avoir entendu le parce que le cœur d'un enfant d'un an ne
cri du hibou sa présence selon Pline
; pré- ,
, pèse que deux gros. Une femme qui n'avait
sage la stérilité. Son œuf, mangé en ome- qu'un enfant, ils la figuraient par une lionne,
lette, guérit un ivrogne de l'ivrognerie. — parce que cet animal ne fait qu'un petit (du
Cet oiseau est mystérieux parce qu'il recher- , moins ils le croyaient de la sorte). Ils figu-
che la solitude qu'il hante les clochers les
,
, raient l'avorlement par un cheval qui donne
tours et les cimetières on redoute son cri ; un coup de pied à un loup, parce que, di-
parce qu'on ne l'entend que dans les ténè- saient-ils, une cavale avorte si elle marche
bres; et, si on l'a vu quelquefois sur la mai- sur les traces d'un loup 3 etc. M. Champol- ,

son d'un mourant, il y était peut-être attiré lion donne d'autres explications.
par l'odeur cadavéreuse, ou parle silence qui Hiéromnénon pierre que les anciens—
régnait dans cette maison. Un philosophe — ,

employaient dans leurs divinations, mais dont


arabe se promenant dans la campagne avec
ils ne nous ont laissé aucune description.
,

un de ses disciples entendit une voix détes-


table qui chantait un air plus détestable en-
,

Hiéroscopie. — Voy. HÉPAT0SCOPIE.


core. « Les gens superstitieux, dit-il préten- ,
Hipokindo ,
— mot qui prononcé d'une ,

dent que le chant du hibou annonce la mort certaine façon , charme les serpents et les

d'un homme; si cela était vrai, le chant de empêche de nuire. Paracelse en parle.

cet homme annoncerait la mort d'un hibou. » Hipparchus. —


On lui attribue un ouvrage
— Cependant si le hibou est regardé comme intitulé le Livre des Esprits.
:

un mauvais présage chez les gens de la cam- Hippocrate , — père de la médecine. Les
pagne quand on le voit perché sur le haut légendes du moyen âge font de lui un grand
d'une maison il est aussi regardé comme d'un
,

bon augure quand il vient se réfugier dans 1


M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, etc., t. I ir ,
p. 439.
2 Des Admirables secrets d'Albert-le-Grand, p. 107.
1
Leloyer, Il ist. des spectres et apparitions les es-
prits, p. 2b6. ;
Uiown, Kssai sur les erreurs populaires, t. H, p. G9.

HIP 59 — HOC
magicien, et lui prêtent des aventures dans Hirigoyen , — sorcier du commencement
le genre de celles qu'elles attribuent à Vir- du dix-septième siècle que l'on a vu danser ,

gile- On met sous son nom un Traité des son- au sabbat avec le diable, qu'il adorait
ges dont on recherche les éditions accompa-
,
Hirondelles. —
Plutarque cite l'histoire
gnées des commentaires de Jules-César Scali- d'un nommé
Bessus qui avait tué son père et
ger; in-8°, Gnesse ,
1610; et un aulre livre
dont on ignorait le crime. Étant un jour près
intitulé les Aspects des étoiles.
d'aller à un souper, il prit une perche avec
Hippogriffe, —
animal fabuleux, composé laquelle il abattit un nid d'hirondelles. Ceux
du cheval et du griffon, que l'Arioste et les qui le virent en furent indignés, et lui de-
autres romanciers donnent quelquefois pour mandèrent pourquoi il maltraitait ainsi ces
monture aux héros des romans de chevalerie. pauvres oiseaux. Il leur répondit qu'il y avait

Hîppomane, — excroissance
charnue que
assez long-temps qu'elles lui criaient qu'il
avait tué son père. Tout stupéfaits de cette
les poulains apportent à en naissant, la tête
réponse, ces personnes la rapportèrent au
et que la mère mange aussitôt. Les anciens
juge, qui ordonna de prendre Bessus et de
donnaient le nom à'hippomane à certains
le mettre à la torture. Il avoua son crime et
philtres, parce qu'on prétend qu'il y entrait
de cette excroissance. Hippomane est aussi
fut pendu _ . —
Brown dans son Essai sur ,

les erreurs populaires, dit que l'on craint de


le nom d'une herbe qui fait entrer les chevaux

en fureur lorsqu'ils en broutent '. On ra- — tuer les hirondelles quoiqu'elles soient incom-
modes, parce qu'on est persuadé qu'il en
conte qu'une cavale de bronze, placée auprès
résulterait quelque malheur. Élien nous ap-
du temple de Jupiter olympien faisait hen- ,

prend que les hirondelles étaient consacrées


nir les chevaux comme si elle eût été vivante,
aux dieux Pénates, et que par celte raison on
vertu qui lui était communiquée par l' hippo-
s'abstenait de les tuer. On les honorait, dit-il,
mane qu'on avait mêlée avec le cuivre en la
comme les hérauts du printemps; et, à Rho-
fondant. Voy. Philtres.
des on avait une espèce de chant pour cé-
,

Hippomancie ,
— divination des Celtes. Ils lébrer le retour des hirondelles.
formaient leurs pronostics sur
ment
le hennisse-
Histoire. —
Il y a, dans la bibliographie
trémoussement de certains che-
et le
infernale ,
beaucoup d'histoires prodigieuses
vaux blancs, nourris aux dépens du public
publiées sans nom d'auteur. Nous n'en cite-
dans dos forêts consacrées, où ils n'avaient
rons que quelques-unes. — Histoire d'une Ap-
d'autre couvert que les arbres. On les faisait
parition avec des réflexions qui prouvent la
,

marcher immédiatement après le char sacré.


difficulté de savoir la vérité sur le retour des
Le prêtre et le roi, ou chef du canton, ob-
esprits, in-8°; Paris, chez Saugrin 1722,

,
servaient tous leurs mouvements, et en ti-
brochure de 24 pages. Histoire prodigieuse
raient des augures auxquels iis donnaient une
nouvellement arrivée à Paris, d'une jeune
ferme confiance persuadés que ces animaux
,
fille agitée d'un esprit fantastique, in-8°. —
étaient confidents du secret des dieux, tandis
Histoire du Diable, in-12, Amsterdam, 1729,
qu'ils eux-mêmes que leurs mi-
n'étaient
2 vol.; et Rouen, 1730, 2 vol. Histoire —
nistres. Les Saxons tiraient aussi des pronos-
miraculeuse advenue en La Rochette, ville de
tics d'un cheval sacré nourri dans le temple
Maurienne en Savoie, d'une jeune fille ayant
de leurs dieux, et qu'ils en faisaient sortir
été enterrée dans un jardin en temps de peste,
avant de déclarer la guerre à leurs ennemis.
l'espace de quinze ans, par lequel son esprit
Quand le cheval avançait d'abord le pied
est venu rechercher ses os par plusieurs évi-
droit, l'augure était favorable; sinon, le pré-
sage était mauvais , et ils renonçaient à leur
dents signes miraculeux in-8°. Lyon. His- ;

toire remarquable d'une femme décédée de-
entreprise.
puis cinq ans, laquelle est revenue trouver
Hippomyrmèces , — peuple imaginaire, son mari et parler à lui au faubourg Saint-
,

placé par Lucien dans le globe du soleil. C'é- Marcel Paris, 1618, etc. Voy. Appari-
,

taient des hommes montés sur des fourmis tions.


ailées, qui couvraientdeux arpents de leur
ombre, et qui combattaient de leurs cornes.
Hocque. — Après l'édit de 1682 pour la

punition des maléfices, la race des sorciers


Hippopodes, —
peuple fabuleux qui avait malfaisants diminua sensiblement en France.
des pieds de cheval, et que les anciens géo- Mais il restait encore, dans la Brie, aux
graphes placent au nord de l'Europe.
1 De l'inconstance, etc., p. 11!.
* Manuel lexique de l'abbé Prévost. 2 Taillcpied, Appa'itîoiis des esprits, p. 40.
M.
HOC 260 — HOL
environs de Paris, une cabale de bergers Cette lettre écrite ,
Hocque s'endormit. —
qui faisaient mourir les bestiaux, attentaient Mais à son réveil , les fumées du vin étant
à la vie des hommes, commettaient plusieurs dissipées, et réfléchissant sur ce qu'il avait
autres crimes, et s'étaient rendus formidables fait, poussa des cris et des hurlements
il

à la province. Il y en eut enfin d'arrêtés le ; épouvantables se plaignant que Béatrix l'a-


,

juge de Pacy instruisit le procès et, par les ;


vait trompé, et qu'il serait cause de sa mort.
preuves, il parut évident que tous ces maux Il se jeta en même temps sur lui, et voulut
étaient commis par maléfices et sortilèges. l'étrangler ; ce qui excita les autres forçats
Les sorts et poisons dont ces bandits se
les contre Béatrix, en sorte qu'il fallut que le

servaient pour faire mourir les bestiaux con- commandant de la Tournelle vint avec ses
sistaient avouè-
dans une composition qu'ils gardes pour apaiser ce désordre, et tirer
rent au procès , dans les
et qui est rapportée Béatrix de leurs mains. — Cependant la lettre

factums, mais remplie de sacrilèges, d'im- fut envoyée au seigneur, qui la fit remettre à
piétés d'abominations et d'horreurs
,
en ,
son adresse. Bras-de-Fer vint à Pacy, entra
même temps que de poisons. Ils mettaient dans les écuries; et, après avoir fait des
cette composition dans un pot de terre, et figures et des imprécations , il trouva effecti-
l'enterraient, ou sous le seuil de la porte des vement le soi t qui avait été jeté sur les che-
étables aux bestiaux, ou dans le chemin par vaux et les vaches; il le au leva, et le jeta
où ils passaient; et tant que ce sort demeurait feu en présence du fermier et de ses domes-
,

en ce lieu, ou que celui qui l'avait posé était tiques. Mais à l'instant il parut chagrin, té-
en vie, la mortalité ne cessait point; c'est moigna du regret de ce qu'il venait de faire,
ainsi qu'ils s'en expliquèrent dans leurs in- et dit que le diable lui avait révélé que c'était
terrogatoires. Une circonstance singulière de Hocque, son ami qui avait posé le sort en .

leur procès fit croire qu'il y avait un vrai cet endroit, et qu'il était mort à six lieues de
pacte entre eux et le diable pour commettre Pacy au moment que ce sort venait d'être levé.
tous ces maléfices. Ils avouèrent qu'ils avaient — En effet, par les observations qui furent fai-

jeté les sorts sur les bestiaux du fermier de tesau château de la Tournelle il y a preuve ,

la terre de Pacy, près de Brie-Comte-Robert, qu'au même jour et à la même heure que Bras-
pour venger l'un d'entre eux que ce fermier de-Fer avait commencé à lever le sort, Hocque,
avait chassé et mis hors de son service. Ils qui était un homme des plus forts et des plus
firent le récit exact de leur composition mais ; robustes, était mort en un instant dans des con-
jamais aucun d'eux ne voulut découvrir le vulsions étranges, et se tourmentant comme
lieu où ils avaient enterré le sort et on ne , un possédé, sans vouloir entendre parler de
savait, après de semblables aveux d'où pou- , Dieu ni de confession. — Bras-de-Fer avait
vait venir leur réticence sur ce dernier fait. été pressé de lever aussi le sort jeté sur les
Le juge les pressa de s'en expliquer ils dirent ; moutons; mais il dit qu'il n'en ferait rien,
que s'ils découvraient ce lieu et qu'on levât
, parce d'apprendre que ce sort
qu'il venait

le sort, celui qui l'avait posé mourrait à l'in- avait été posé par les enfants de Hocque, et
stant. — L'un de leurs complices, nommé qu'il ne voulait pas les faire mourir comme
Etienne Hocque moins coupable que les au-
, leur père. Sur ce refus, le fermier eut recours
tres, et qui n'avait été condamné qu'aux ga- aux juges du lieu. Bras-de-Fer, les doux fils
lères, était à la chaîne dans les prisons de la et la fille de Hocque furent, arrêtés avec deux
Tournelle : on gagna un autre forçat nommé autres bergers , leurs complices, nommés Jar-
Béatrix ,
qui était attaché avec lui. Ce dernier, din et le Petit-Pierre; leur procès instruit,
à qui le seigneur de Pacy avait fait tenir de Bras-de-Fer, Jardin et le Petit-Pierre furent
l'argent, fit un jour tant boire Hocque qu'il condamnés à être pendus et brûlés, et les
l'enivra, en cet état le mit sur le cha-
et trois enfants de Hocque bannis pour neuf
pitre du de Pacy. Il tira de lui le secret
sort ans J
.

qu'il n'y avait qu'un berger nommé Bras-de- Hoffmann, — célèbre auteur allemand de
Fer, qui demeurait près de Sens, qui put lever contes fantastiques, où le surnaturel occupe,
le sort par ses conjurations. Béatrix, profitant d'une manière très-originale^ la plus grande
de ce commencement de confidence, engagea place.
le vieux berger à écrire à son lils une lettre
Holda. — La holda était, chez les anciens
par laquelle il lui mandait d'aller trouver
Gaulois , une espèce de sabbat nocturne où
Bras-de-Fer, pour le prier de lever ce sort,
des sorciers faisaient leurs orgies avec des
et lui défendait surtout de dire à Bras-de-Fer
démons transformés en danseuses. Voy. Be.n-
qu'il fût condamné et emprisonné, ni que
c'était lui, Hocque, qui avait posé le sort. 1
Le commissaire Delamarre, Traité de la police.
HOL — : 31 — HOM
sozia. — On
parle encore en Allemagne de de l'Apocalypse dont il trouva toutes les pré-
,

holda, la bonne fileuse (sorte de fée qui rem- dictions en train de s'accomplir. Il mourut
place dans les opinions populaires une divi- en 1658. —
Ses visions sont très-bizarres. Il
nité antique). Elle visite sans être vue la vit un jour sept animaux un crapaud qui :

maison du laboureur; elle charge de laines chantait comme unun chameau perroquet. ;

les fuseaux des ménagères diligentes et ré- qui portait des reliques du ; un être qui tenait
pand l'abondance autour d'elle *. cheval hennissant et du chien aboyant un ;

Hollandais errant. — C CSt un vaisseau grand serpent plein de fiel qui avalait des
fantastique qui apparaît, dit-on, dans les
âmes un pourceau énorme qui se vautrait
;

parages du cap de Bonne-Espérance. Ce vais- dans la fange et qui allait de travers; un


sanglier qui exécrait, et enfin une septième
seau déploie toutes ses voiles lorsqu'aucun na-
On bôte, morte et sans nom. Barthélémy vit en-
vire n'oserait en risquer une seule. est
suite une monarchie, deux sièges, et un ar-
partagé d'opinion sur la cause de ce prodige;
d'après la version la plus répandue, celait
change qui se promenait entre plusieurs fau-
teuils il vit un roi à cheval sur le Danube,
dans l'origine un navire richement chargé, à ;

bord duquel se commit un horrible forfait. puis plusieurs petits vers qui allaient en man-
La peste s'y déclara et les coupables errè- ger un grand, lorsqu'un chat vint qui chassa
,

rent vainement de port en port, offrant leur tous les petits vers et délivra le grand l
.

riche cargaison pour prix d'un asile. On les Hommes. — Il paraît qu'il n'y a que
repoussait partout de peur de la contagion; l'homme à qui la nature ait donné une figure
et les matelots disent que la Providence, pour droite et la faculté de contempler les cieux.
perpétuer lesouvenir de ce châtiment, per- Seul parmi les animaux il a l'épine du dos et
met que le Hollandais errant apparaisse en- l'os de la cuisse en ligne droite. C'est un fait,
core dans ces mers où la catastrophe eut lieu. dit Aristole, que si l'homme est'le seul à qui
Cette apparition est considérée comme un •
il arrive des illusions nocturnes , c'est parce
mauvais augure par 2
les navigateurs . qu'il n'y a proprement que lui qui se couche

Hollère, — magicien danois qui s'était ac- sur le dos , c'est-à-dire de manière que l'é-
quis, au treizième siècle, la réputation d'un pine et la cuisse fassent une ligne droite, et
homme à miracles , et qui n'était qu'un sor- que l'une et l'autre avec lesbras soient pa-
cier adroit. Pour passer la mer, il se servait rallèles cà l'horizon. Or les animaux ne peu-
d'un os gigantesque marqué de quelques vent pas se coucher ainsi; quoique leur épine
charmes et caractères magiques. Sur ce sin- soit parallèle à l'horizon, leurs épaules sont

gulier esquif il traversait l'Océan comme s'il détournées, et forment deux angles. Lisez —
eût été aidé de voiles et poussé par les vents. Xénophon, Hérodote, Plutarqueetautres histo-
Il fut maltraité par les autres sorciers, ses riens ,
vous verrez qu'il existe des contrées fa-
envieux, qui l'obligèrent à quitter le pays 3
.
buleuses où les hommes ont une tète de dogue
Holzhauser (Barthélémy), — visionnaire ou de bichon, des pays où ils n'ont qu'un œil,
d'autres où ils n'ont qu'un pied sur lequel ils
allemand, né en 1613. Le diable apparut à sa
sautent, de sorte que, quand ils veulent courir,
naissance sous la forme d'un laid chien noir;
,

ils sont obligés de se mettre deux et de se


le nouveau-né s'écria qu'il ne le craignait
point et le diable décampa. — En étudiant le
tenir par le bras d'autres enfin où ils n'ont
;

point de tète 2 etc.


latin, il fut attaqué de la peste qui régnait à ,

Cologne. Comme il était sur son lit, il sentit Homme noir. L'homme noir qui promet —
quelqu'un lui donner un soufflet. 11 se tourna, aux pauvres de les faire riches s'ils se veulent
ne vit personne; mais le soufflet l'avait guéri; donner à lui n'est autre que le diable.
, On —
il retourna en classe. Il alla faire sa phi- — lit ce qui suit dans la Légende dorée Un : —
losophie à Ingolstadt , eut des visions sans chevalier qui jouissait d'une grande fortune
nombre , fut vexé par les démons pourchassé
, et qui la dépensait en libéralités, devint bien-
par des spectres; il délivra des possédés, pro- tôt si pauvre qu'il manquait du nécessaire.
— Et d'abord,
phétisa et publia ses visions. il Comme il n'avait pas le courage de recourir à
mit au jour son Voyage aux enfers. — pa- 11 fit ses amis, et que ses amis ne paraissaient pas
raître ensuiteun recueil de diverses petites
visions peu remarquables et son explication 1 Biographia venerabilis servi Dei Bartholomœi Hol-
zhauser, etc., Bambergœ, 1784,in-8°. Accédant ejusdem
1
M. Ozanam, De l'établissement du christianisme en in Apocalypsim commentarii plane admirabiles. Vi- —
Allemagne. siones venerabilis servi Dei B;irtholomœi Holzhauser,
etc., digna aevi nostri memoria ad ejus Biographiam ap-
2 Walter Scott, Mathilde de Rokeby, chant 2e .
pendix, Bambergrc, 1793, in-8°.
3 Jugements de Dieu, de Chassagnon, p. 111. 2 M.Salgues, Des Erreurs et des préjugés, t. I er p. 10.
,
, ,

110 M — 262 — HO M
disposés à se souvenir de lui, il tomba dans Notre-Dame qui ,
après lui avoir reproché
une grande redoubla encore à
tristesse, qui son égarement indigne, le reconduisit à l'é-
l'approche de son jour natal où il avait cou- , glise où sa femme dormait encore. Les deux
tume de faire le magnifique. Occupé de ses époux rentrèrent chez eux ils se dépouillèrent ,

chagrins, il s'égara dans une solitude, où il des richesses qu'ils tenaient du diable mais ;

vit paraître devant lui un homme vêtu de ils n'en furent pas plus pauvres, parce qu'ils

noir, d'une taille haute monté sur un cheval , reconnurent que les biens matériels ne sont
superbe. Ce cavalier, qu'il ne connaissait pas, pas les vraies richesses. — Le père Abram
lui demanda la cause de sa douleur. Après rapporte l'anecdote suivante, dans son His-
qu'il l'eut apprise il ajouta « Si vous vou-
, : toire manuscrite de l'université de Pont-à-
lez me rendre hommage, je vous donnerai Mousson « Un jeune garçon de bonne fa-
:

plus de richesse que vous n'en avez perdu. » mille mais peu fourni d'argent, se mit à
,

— Cette proposition n'avait rien d'extraor- servir dans l'armée parmi les valets. De là
dinaire dans un temps où la féodalité était ses parents l'envoyèrent mais ne aux écoles ;

en usage. Le chevalier promit à l'étranger de s'accommodant pas de l'assujettissement que


faire ce qu'il exigerait , s'il pouvait lui rendre demandent les études, il résolut de retourner
sa fortune. «Eh bien! reprit le diable (car à son premier genre de vie. En chemin, il
c'était lui) , retournez à votre maison, vous rencontra un homme vêtu d'un habit de soie
trouverez dans tel endroit de grandes sommes noire, mais de mauvaise mine, qui lui de-
d'or une quantité de pierres précieuses.
et manda ou il allait, et pourquoi il avait l'air
Quant à l'hommage que j'attends de vous si triste. « Je suis, ajouta-t-il, en état de vous

c'est que vous ameniez votre femme ici dans mettre à votre aise si vous voulez vous don- ,

un an. » —
Le chevalier s'engagea, regagna ner à moi. » Le jeune homme, croyant qu'il

sa maison, trouva les trésors indiqués, et re- parlait de l'engager à son service, lui de-
prit son habitude de largesses qui lui ra- manda un moment pour y penser; mois, com-
mena ses bons amis. A la fin de l'année — ,
mençant à se défier des magnifiques promesses
ilsongea à tenir sa promesse. Il appela sa que l'étranger lui faisait, il le considéra de plus
femme. « Vous allez monter à cheval et venir près, et ayant remarqué qu'il avait le pied gau-
avec moi, lui dit-il, car nous avons un petit che fendu comme celui d'un boeuf, il futsoisi de
voyage à faire. C'était une dame pieuse, qui frayeur, fit le signe de la croix et invoqua le nom
avait grande dévotion à la Sainte-Vierge. Elle de Jésus. Aussitôtle spectre s'évanouit. Trois —
fit sa prière et suivit son mari sans deman-
, jours après, la même figure lui apparut de

der où il la conduisait. Après avoir marché — nouveau , et lui demanda s'il avait pris sa ré-
plus d'une heure, les deux époux rencontrè- solution; jeune homme répondit qu'il n'a-
le

rent une église. La dame voulant y entrer, vait pas besoin de maître. L'homme noir jeta
descendit de cheval son mari l'attendit à la
; à ses pieds une bourse pleine d'écus, dont
porte. A peine fut-elle entrée dans l'église quelques-uns paraissaient d'or et nouvelle-
qu'elle s'endormit en commençant à prier; la ment frappés. Dans la mémo bour-e il y avait
Sainte-Vierge ayant pris sa figure, rejoignit une poudre que le spectre disait très-subtile.
le chevalier et partit avec lui au rendez-vous. Illui donna ensuite des conseils abominables,

— Lorsqu'ils arrivèrent au lieu désigné, le et l'exhorta à renoncer à l'usage de l'eau bé-


prince des démons y parut avec fracas. Mais nite et à de l'hostie. Le jeune
l'adoration
dès qu'il aperçut la dame que le chevalier lui homme eut horreur de ces propositions; il fit
amenait, il commença à trembler de tous ses le signe de la croix sur son cœur, et en même

membres, et ne trouva plus de force pour temps il se sentit jeté si rudement contre
s'avancer au-devant d'elle. « Homme perfide, terre qu'il y demeura une demi-heure. S'é-
s'écria-t-il , est-ce ainsi que tu devais recon- tant relevé, il retourna chez ses parents, lit
naîtremes bienfaits? Je t'avais prié de m'a- pénitence et changea de conduite. Les pièces
mener ta femme, et tu viens ici avec la mère qui paraissaient d'or et nouvellement frap-
de Dieu, qui va me renvoyer aux enfers!.... » pées, ayant été mises au feu, ne se trouvèrent
— Le chevalier, stupéfait, ne savait quelle être que du cuivre » Ainsi , bonnes gens,
contenance garder ; la Sainte-Vierge dit au défiez-vous de l'homme noir. Vuy. Argent.
diable « Méchant esprit,
: oserais-tu bien Voy. aussi Hugues.
faire du mal à une femme que je protège 9 Homme rouge, —
démon des tempêtes.
Rentre dans l'abîme, et souviens-toi de no « La nuit dans les affreux déserts des cotes
,

jamais chercher à nuire à ceux qui mettent de la Bretagne, près Saint-Paul-de-Léon


en moi leur confiance... « Le diable se retira.
Le chevalier éperdu se jeta à genoux devant Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I*
H OR — : 63 — H OR
des fantômes hurlants parcourent le rivage soustraire à sa mauvaise planète; il le pria
L'homme rouge en fureur commande aux élé- d'entrer dans la cage de fer. Le fils, un —
ments et précipite dans les ondes le voyageur qui peu plus instruit que son père, pensa que,
trouble ses secrets et la solitude qu'il aime » . loin de le garantir du tonnerre, cette cage
— On dans le peuple qu'un
croit petit homme ne servirait au contraire qu'à l'attirer il ;

rouge apparut à Napoléon pour lui annoncer s'obstina à rester dans sa chambre où il se ,

ses revers. mit à réciter l'Évangile de saint Jean. Cepen-

Hongrois, — V01J. OGRES. dant les nuages s'amoncellent, le temps ?e


couvre, le tonnerre gronde, l'éclair brille, la
Honorius, VOy. GRIMOIRE.
foudre tombe sur la cage de fer et la réduit
Horey, — nom que les nègres de la côte en poudre. Le maréchal surpris bénit pour la
occidentale d'Afrique donnent au diable, qui première fois le ciel d'avoir rendu son fils
n'est sans doute qu'un nègre aposlé par les désobéissant, et vit toutefois l'oracle accompli.
marabouts. Les cérémonies de la circoncision Du moins tel est le conte. Voy. Astrologie.
ne manquent jamais d'être accompagnées des — Horoscopes tout faits, ou moyen de con-
mugissements du Horey. Ce bruit ressemble naître sa destinée par les constellations de la
au son le plus bas de la vuix humaine. Il se naissance. Nous empruntons ces plaisanteries
fait entendre à peu de distance, et cause une aux divers livres sur la matière, traitée par
frayeur extrême aux jeunes gens. Dès qu'il Jacques de Hagen et par cent autres du ton
commence, les nègres préparent des aliments le plus grave. —
Les auteurs qui ont écrit sur
pour le diable, et les lui portent sous un les horoscopes ont établi plusieurs systèmes
arbre. Tout ce qu'on lui présente est dévoré, semblables à celui -ci pour la forme, et tout
dit-on, sur-le-champ, sans qu'il en reste un différents pour les choses. Les personnes qui
os. Si la provision ne lui suffit pas, il trouve se trouvent ici nées avec le plus heureux na-
le moyen d'enlever quelque jeune homme non turel, seront ailleurs des êtres abominables.
encore circoncis. Les nègres prétendent qu'il Les astrologues ont fondé leurs oracles sur
garde sa proie dans son ventre, et que plu- le caprice de ieur imagination et chacun ,

sieurs jeunes gens y ont passé jusqu'à dix ou d'eux nous a donné les passions qui se sont
douze jours. Après sa délivrance, la victime rencontrées sous sa plume au moment qu'il
qui a été avalée demeure muette autant de écrivait. Qui croira aux présages de sa con-
jours qu'elle en a passé dans le ventre du stellation, devra croire aussi à tous les pro-
diable. Les nègres parlent avec effroi de cet nostics de l'almanach journalier, et avec plus
esprit malin et l'on ne peut qu'être surpris
,
de raison encore, puisque les astres ont sur
de la confiance avec laquelle ils assurent la température une influence qu'ils n'ont pas
avoir été non-seulement enlevés, mais avalés sur nous. Enfin, si la divination qu'on va lire
par ce monstre. était fondée il n'y aurait dans les hommes
,

oroscopes . — Un maréchal de
ferrant et dans les' femmes que douze sortes de na-
Beauvais avait fait tirer l'horoscope de son turels dès lors que tous ceux qui naissent
,

fils. L'astrologue ,
après avoir examiné les sous le même signe ont les mêmes passions
divers aspects des astres , découvrit que l'en- et doivent subir les mêmes accidents ; et tout
fant était menacé de mourir à quinze ans le monde sait si dans les millions de mortels
d'un coup de tonnerre. Il désigna en même qui habitent la surface du globe, il s'en trouve
temps le mois, le jour et l'heure où l'événe- souvent deux dont les destinées se ressemblent.
ment devait avoir lieu ;
mais il ajouta qu'une — <i° La Balance. (C'est la balance de Thénùs

cage de fer sauverait le homme. Quand


jeune qu'on a mise au nombre des constellations.
le temps arriva, le père chercha comment la Elle donne les procès.) La Balance domine
cage de fer pourrait éviter à son fils une mort dans le ciel le 22 septembre jusqu'au
depuis
si prématurée il pensa que le sens de l'o-
; 21 octobre. Les hommes qui naissent dans
racle était probablement d'enfermer ce jour- cet espace de temps, naissent sous le.sfgno de
là son enfant dans une cage de fer bien fer- la Balance. —
Ils sont ordinairement querel-
mée. Il se mit à travailler à la construction leurs; ils aiment les plaisirs, réussissent dans
de cette cage, sans en parler à personne. Le le commerce, principalement sur les mers,
moment arriva. Une nuée paraissait se former et feront de grands voyages. Ils ont en par-
dans le ciel et justifiait jusqu'alors le dire
, tage la beauté, des manières aisées, des ta-
de l'astrologue. Il appelle donc son fils et lui lents pour la parole cependant ils manquent
;

annonce que son étoile le condamnait à être à leurs promesses, et ont plus de bonheur
tué du tonnerre, un peu avant midi s'il n'a- , que de soin. Us auront de grands héritages.
vait heureusement trouvé le moven de le — Ils seront veufs de leur première femme ,
HOK — 2 6à — UUK
et n'auront pas beaucoup d'enfants. Qu'ils se long-temps dans le même pays. Elle sera pré-
défient des incendies et de l'eau chaude. — somptueuse et douée de quelques qualités
,

La femme qui naît sous cette constellation tant de l'esprit que du cœur. Elle se ma- —
sera aimable, gaie, agréable enjouée, assez riera à dix-neuf ou à vingt-quatre ans. Elle

,

heureuse. Elle aimera les fleurs elle aura de


;
sera bonne mère. 4° Le Capricorne. (C'est
bonnes manières; la douce persuasion coulera la chèvre Amalthée qui allaita Jupiter, et qui
de ses lèvres. Elle sera cependant susceptible fut mise au nombre des constellations. Elle
et querelleuse. —
Elle se mariera à dix-sept donne l'étourderie. Le Capricorne domine
)

ou à vingt-trois ans. Qu'elle se défie du feu dans le ciel du 22 décembre au 21 janvier.


et de l'eau chaude. —
2° Le Scorpion. (C'est — Celui qui naît sous cette constellation sera
Orion que Diane changea en cet animal et ,
d'un naturel irascible, léger, soupçonneux,
qu'on a mis au nombre des constellations. Il ami des procès et des querelles ; il aimera le
donne la malice et la fourberie.) Le Scorpion travail, mais il hantera de mauvaises sociétés.
domine dans le ciel du 22 octobre au 21 no- Ses excès le rendront malade. Rien n'est plus
vembre. —
Ceux qui naissent sous cette con- inconstant que cet homme, s'il est né dans la
stellation seront hardis, effrontés, flatteurs, nuit. Usera enjoué, actif, et fera quelquefois
fourbes, et cachant la méchanceté sous une du bien. Son étoile le rendra heureux sur
aimable apparence. On les entendra dire une mer. Il parlera modérément aura la tête ,

chose, tandis qu'ils en feront une autre. Ils petite et les yeux enfoncés. Il deviendra —
seront généralement secrets et dissimulés. riche et avare dans les dernières années de
Leur naturel emporté les rendra inconstants. sa vie. Les bains, dans ses maladies, pour-
Ils penseront mal des autres, conserveront ront lui rendre la santé. La femme qui —
rancune, parleront beaucoup, et auront des naît sous cette constellation sera vive, légère,
accès de mélancolie. Cependant ils aimeront et cependant tellement timide dans ses jeunes
à rire aux dépens d'autrui, auront quelques années, qu'un rien pourra la faire rougir;
amis, et l'emporteront sur leurs ennemis. — mais son caractère deviendra plus ferme et
Us seront sujets aux coliques, et peuvent s'at- plus hardi dans l'âge plus avancé. Elle se
tendre à de grands héritages. La femme— montrera jalouse tout en voulant cacher sa
,

qui naît sous cette constellation sera adroite jalousie. Elle parlera beaucoup, et fera des
et trompeuse. Elle se conduira moins bien inconséquences. Elle aimera à voyager. —
avec son premier mari qu'avec son second. Elle ne sera pas d'une grande beauté. —
Ella aura les paroles plus douces que le cœur. 5° Le Verseau. (C'est Ganymède, fils de Tros,
Elle sera enjouée, gaie, aimant à rire, mais que Jupiter enleva pour verser le nectar aux
aux dépens des auîres. Elle fera des incon- dieux et qu'on a mis au nombre des con-
,

séquences, parlera beaucoup, et pensera mal stellations. Il donne la gaieté.) Le Verseau do-

de tout le monde. Elle deviendra mélanco- mine dans le ciel du 22 janvier au 21 février.
lique avec l'âge. —
Elle aura un cautère aux — L'homme qui naît sous cette constellation
épaules à la suite d'une maladie d'humeurs. sera aimable, spirituel, ami de la joie, cu-
— 3° Le Sagittaire. (C'est Chiron le Cen- rieux, sujet à la fièvre, pauvre dans la pre-
taure, qui apprit à Achille à tirer de l'arc, mière partie de sa vie, riche ensuite, mais
et qui fut mis au nombre des constellations. modérément. Il sera bavard et léger, quoique

Il donne l'amour de la chasse et des voya- discret. Il fera des maladies courra des dan-
,

ges.) Le Sagittaire domine dans le ciel, du 22 gers. Il aimera la gloire; il vivra long-temps.

novembre au 21 décembre. —
L'homme qui Il aura peu d'enfants. —
La femme qui naît
naît sous cette constellation aimera les voya- sous cette constellation sera constante, géné-
ges et s'enrichira sur les mers. Il sera d'un reuse, sincère et libérale. Elle aura des cha-
tempérament robuste, aura de 1 agilité et se grins, sera en butte aux adversités, et fera
montrera d'un esprit attentif. Il se fera des de longs voyages. Elle sera fidèle, sage et
amis dont il dépensera l'argent. Il aura un enjouée. —
6° Les Poissons. (Les dauphins

goôt déterminé pour l'équitation, la chasse, qui amenèrent Amphitrite à Neptune furent
les courses, les jeux de force et d'adresse et mis au nombre des constellations. Ils donnent
les combats. Il sera juste, secret, fidèle, la- la douceur.) Les Poissons dominent dans le

borieux, sociable, et aura autant d'amour- ciel du 22 février au 22 mars. Celui qui —
propre que d'esprit. — La femme qui naît naît sous cette constellation sera officieux,

sous cette constellation sera d'un esprit in- gai,aimant à jouer, d'un bon naturel, heu-
quiet et remuant; elle aimera le travail. Son reux hors de sa maison. Il ne sera pas riche
Ame s'ouvrira aisément à la pitié elle aura ;
dans sa jeunesse. Devenu plus aisé, il pren-
du goût pour les voyages, et ne pourra rester dra peu de soin de sa fortune, et ne profitera
H OR — 5 5 — HOR
pas des leçons de l'expérience. Des paroles ilne s'appauvrira point. Il sera rusé gai ,

indiscrètes lui attireront quelques désagré- enjoué il aura des dispositions pour les arts.
;

ments. Il sera présomptueux. La femme — — La femme qui nait sous cette constellation
qui nait sous cette constellation sera belle. est aimante et belle. Elle aura le cœur doux
Elle éprouvera des ennuis et des peines dans et simple. Elle négligera peut-être un peu
sa jeunesse. Elle aimera à faire du bien. Elle trop ses affaires. Les beaux-arts, principa-
sera sensée, discrète, économe, médiocre- lement le dessin et la musique, auront beau-
ment sensible, et fuira le monde. Sa santé, coup de charmes pour elle. 10° L'Écre- —
deviendra alors
faible jusqu'à vingt-huit ans, visse. (C'est le cancre ou l'écrevisse qui piqua
plus robuste. Elle aura cependant de temps Hercule tandis qu'il tuait l'hydre du marais
en temps des coliques. — 7° Le Bélier. (C'est de Lerne, et qui fut mise au nombre des
le bélier qui portait la toison d'or, et qui fut constellations. Elle donne les désagréments.)
mis au nombre des constellations. Il donne L'Écrevisse domine dans le ciel du 22 juin au
les emportements. ) Le Bélier domine dans le 21 juillet. —
Les hommes qui naissent sous
ciel du 23 mars au 21 avril. Ceux qui — cette constellation sont sensuels. Ils auront
naissent souscette constellation sont irascibles, des procès et des querelles, dont ils sortiront
prompts, vifs, éloquents, studieux, violents, souvent à leur avantage; ils éprouvèrent de
menteurs, enclins à l'inconstance. Us tiennent grands périls sur mer. Cet horoscope donne
rarement leur parole et oublient leurs pro- ordinairement un penchant à la gourmandise;
messes. Ils courront des dangers avec les che- quelquefois aussi delà prudence, de l'esprit,
vaux. Ils aimeront la pèche et la chasse. une certaine dose de modestie. La femme —
La femme qui naît sous cette constellation qui nait sous cette constellation est assez belle,
sera jolie , vive et curieuse. Elle aimera les active emportée mais facile à apaiser. Elle
, ,

nouvelles aura un grand penchant pour le


,
ne deviendra jamais très-grasse elle aimera ;

mensonge, et ne sera pas ennemie de la à rendre service, sera timide et un peu trom-
bonne chère. Elle aura des colères, sera mé-
disante dans sa
peuse.
de
— 0

Némée qu'Hercule
Le Lion. (C'est le lion de la
vieillesse et jugera sévère- forêt ,
parvint à étouffer,
ment les femmes. Elle se mariera de bonne et qui fut mis au nombre des constellations.
heure et aura beaucoup d'enfants. 8° Le — Il donne courage.) Le Lion domine dans le
le

Taureau. (C'est le taureau dont Jupiter prit ciel du 22 juillet au 21 août. Celui qui —
la forme pour enlever Europe , et qui fut mis naît sous cette constellation est brave, hardi
au nombre des constellations. Il donne la magnanime, fier, éloquent et orgueilleux. Il

hardiesse et la Le Taureau domine


force.) aime la raillerie. Il sera souvent entouré de
dans le ciel du 22 avril au 21 mai. — dangers ; ses enfants feront sa consolation et
L'homme qui naît sous cette constellation est son bonheur. s'abandonnera à sa colère et
Il

audacieux ;
il aura des ennemis qu'il saura s'en repentira toujours. Les honneurs et les
mettre hors d'état de lui nuire. Le bonheur dignités viendront le trouver mais aupara- ;

ne lui sera point étranger. 11 voyagera dans vant il les aura cherchés long-temps. Il aura
des pays lointains. Sa vie sera longue et peu de gros mollets. — La femme qui naît sous
sujette aux maladies. — La femme qui naît cette constellation sera vive, colère et hardie.
sous cette constellation est douée de force et Elle gardera rancune. Elle parlera beaucoup,
d'énergie. Elle aura du courage mais elle ; et ses paroles seront souvent amères. Au
sera violente et emportée. Néanmoins elle reste, elle sera belle; elle aura la tête grosse.
saura se plier à son devoir et obéir à son — Qu'elle en garde contre l'eau
se tienne
mari. On trouvera dans cette femme un fonds bouillante et sera sujette aux co-
le feu. Elle
de raison et de bon sens. Elle parlera pour- liques d'estomac. Elle aura peu d'enfants. —
tant un peu trop. Elle sera plusieurs fois veuve 42° La Vierge. (C'est Àstrée qu'on a mise au
et aura quelques enfants, à qui elle laissera nombre des constellations. Elle donne la pu-
des richesses. —
9° Les Gémeaux. (Les Gé- deur.) La Vierge domine dans le ciel du 22
meaux sont Castor et Pollux qu'on a mis au août au 21 septembre. L'homme qui naît —
nombre des constellations. Ils donnent l'a- sous cette constellation est bien fait, sincère,
mitié.) Les Gémeaux dominent dans le ciel généreux, spirituel, aimant les honneurs. 11
du 22 mai au 21 juin. — Celui qui nait sous sera volé. Il ne saura garder le secret des
cette constellation aura un bon cœur, une autres ni sien. Il aura de l'orgueil , sera
le
Joëlle figure, de l'esprit, de la prudence et de décent dans son maintien, dans son langage,
la générosité. Il sera présomptueux, aimera et fera du bien à ses amis. Il sera compatis-
les courses et les voyages, et ne cherchera pas sant aux maux des autres. Il aimera la pro-
beaucoup à*augmenter sa fortune cependant ;
preté et la toilette. — La femme qui nait sous
HUG — S s — iiul
cette constellation sera chaste, honnête ti- , le riche des riches tu veux croire en moi, ; si

mide, prévoyante et spirituelle. Elle aimera je te ferai vivre. Quoique ce capitaine eût
»

à faire et à dire du bien. Elle rendra service été assez dérangé dans sa vie, il lit le signe de
toutes les fois qu elle le pourra mais elle sera ;
la croix. Aussitôt cette bande de diables se

un peu irascible. Cependant sa colère ne sera dissipa en fumée *.


ni dangereuse ni de longue durée. — On peut Huile bouillante. Les habitants de Cey- —
espérer que le lecteur ne s'arrêtera à cette lan et des côtes de Malabar emploient l'huile
ridicule prescience que pour se divertir un bouillante comme épreuve. Les premiers ne
instant. s'en servent que dans les affaires de grande
Hortilopits (Jeanne de) sorcière du ,
— importance, comme lorsqu'ils ont des procès
pays de Labour, arrêtée comme telle en pour leurs terres, et qu'il n'y a point de lé-
1603, dès l'âge de ans, et châtiée pour M moins. —
On se servait autrefois en Europe
avoir été au sabbat. de l'épreuve par l'huile bouillante pour les
Houille. — Le charbon de terre qui se affaires obscures. L'accusé mettait le poing
trouve dans Hainaut et dans le pays de
le dans la chaudière ; s'il le retirait sans brû-
Liège, et que Ton y brûle communément, lure, il était absous.

porte le nom de houille, à cause d'un certain Huile de baume. L'huile de baume, ex- —
maréchal nommé Prudhomme-le-Houi lieux, traite du marc de l'eau céleste, dissipera la

qui, dit-on, en fit la première découverte au surdité, si on en met dans les oreilles trois
onzième siècle et des doctes assurent qu'un
;
gouttes de temps en temps, en bouchant les
fantôme, sous la figure d'un vieillard habillé oreilles avec du coton imbibé de ce baume.

de blanc, ou d'un ange, lui montra la pre- Il guérit toute sorte de gale et de teigne la
mière mine et disparut. plus invétérée, apostèmes, plaies, cicatrices,

Hou m an-', — génie femelle qui gouverne la


ulcères vieux et nouveaux; toutes sortes de

région des astres chez les Orientaux. Voy morsures venimeuses, de serpents > scor-
pions, etc. toutes fistules, crampes et érysi-
SCHADA-SCHIVAOUN ;

Houris, —
vierges merveilleuses du para-
pèles; toute palpitation de cœur et des autres
membres par fomentation et emplâtre. Crol-
dis de Mahomet; elles naîtront des pépins de
,

lius en fait tant d'estime qu'il le nomme par


toutes les oranges servies aux fidèles croyants
excellence huile mère de baume 2 .

dans ce séjour fabuleux. Il y en aura de


blanches, de jaunes, de vertes et de rouges. Huile de talc. —
Le talc est la pierre phi-
Leur crachat sera nécessairement parfumé. losophai fixée au blanc. Les anciens ont beau-
coup parlé de l'huile de talc, à laquelle ils
Hubner (Etienne), — revenant de Bohème. attribuaient tant de vertus que presque tous
Plusieurs auteurs ont dit qu'il parut quelques
les alchimistes ont mis en œuvre tout leur sa-
temps après sa mort dans sa ville et qu'il ,
voir pour la composer. Ils ont calciné, puri-
embrassa même de ses amis qu'il rencontra
fié, sublimé le taie, et n'en ont jamais pu ex-
Hugon, — e pèce de fantôme malfaisant traire cette huile précieuse. Quelques-uns
à l'existence duquel le peuple de Tours croit enlendent, sous ce nom, ('él'rxrf des philoso-
très-fermement. Il aux servait depouvantail phes hermétiques.
petits enfants, pour qui il était une manière
de Ooquemitainc. C'est de lui, dit-on, que
Hu-Jum-Sin, — célèbre alchimiste chinois
qui trouva, dit-on, la pierre philosophale.
les réformés sont appelés huguenots, à cause
Ayant tué un horrible dragon qui ravageait
du mal qu'ils faisaient et de l'effroi que semait
le pays, Hu-Jum-Sin attacha ce monstre à
leur passage au seizième siècle, qu'ils ont
une colonne qui se voit encore aujourd'hui, et
ensanglanté.
s'éleva ensuite dans le ciel. Les Chinois, par
Hugues, — bourgeois d'Épinal. Voy. Es- reconnaissance, lui érigèrent un temple dans
puits. l'endroit même où il avait tué le dragon.
Hugues-le-Grand, — chef des Français, Hulin, — petit marchand de bois d'Or-
père de tf ugûès-Câpet. Gualbert-Radulphe léans; étant ensorcelé à mort, il envoya
rapporte qu'il était guetté par le diable à chercher un sorcier qui se vantait d'enlever
l'heure de la mort. Une grande troupe d'hom- toutes les maladies. Le sorcier répondit qu'il
mes noirs se présentant à lui, le plus appa- mala-
ne pouvait le guérir, s'il ne donnait la
rent lui dit : a Me connais-tu? — Non, ré- die à son qui était encore à la mamelle.
peux-tu être? — Je
fils
pondit Hugues; qui suis,
dit l'homme noir , le puissant des paissants, 1
Lcloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
esprits, liv. m, p. 273
a Le relit-Albert,
1
Lenglet-Dui'resnoy ,
Dissert., t. Wtj p. 112.
IÎUP — 1 >7 — II YD
Le père y La nourrice, ayant en-
consentit. yeux sur l'estomac, on se réconciliera avec tous
tendu cela, s'enfuit avec l'enfant pendant que ses ennemis; et de peur d'être trompé par quel-
le sorcier touchait le père pour lui ôter le mal. que marchand, on a sa tête dans une bourse l .

Quand il eut fait, il demanda où était l'en- Hutgm, —


démon qui prend plaisir à obli-
fant. Ne le trouvant pas, il commença à s'é- ger les hommes, se plaisant en leur société,
crier Je suis mort, où est l'enfant? » puis
: «
répondant à leurs questions, et leur rendant
il s'en alla mais il n'eut pas plutôt mis les
:
service quand il le peut, selon les traditions
pieds hors la porte, que le diable le tua sou-
de la Saxe. Voici une des nombreuses com-
dain. Il devint aussi noir que si on l'eût noirci
plaisances qu'on lui attribue Un Saxon : —
de propos délibéré ; car la maladie était res-
partant pour un voyage, et se trouvant fort
tée sur lui 1
.
inquiet sur la conduite de sa femme, dit à
Humnaa, — dieu souverain des Cafres, qui Hutgin « Compagnon je te recommande ma
:
,

faittomber la pluie, souffler les vents, et qui femme, aie soin de la garder jusqu'à mon re-
donne le froid chaud. Ils ne croient pas
et le tour. » La femme, aussitôt que son mari fut
qu'on soit obligé de rendre hommage, parce lui parti, voulut se donner des licences; mais le
que disent-ils il les brûle de chaleur et de
, ,
démon l'en empêcha. Enfin le mari revint;
sécheresse, sans garder la moindre proportion. Hutgin courut au-devant de lui et lui dit « Tu :

Hunéric. —
Avant la persécution d'Huné- fais bien de revenir car je commence à me ,

ric, fils de Genseric, roi des Vandales, qui fut lasser de la commission que tu m'as donnée.
si violente contre les catholiques d'Afrique, Je l'ai l'emplie avec toutes les peines du mon-
plusieurs signes annoncèrent, dit-on, cet ora- de et je te prie de ne plus t'àbsenter, parce
;

ge. On aperçut mont Ziquen un hommesur le que j'aimerais mieux garder tous les pourceaux
de haute stature, qui criait à droite et à gau- de la Saxe que ta femme 2 » On voit que ce .

che a Sortez, sortez. » On vit aussi à Car-


:
démon ne ressemble guère aux autres.
tilage dans l'église de Saint-Fauste
, une
grande trcupe d'Éthiopiens qui chassaient les
,

Hvergeïmer, — fontaine infernale. Voy.


NlFLHEIM.
saints comme le pasteur mène ses brebis. Il

n'y eut guère de persécution d'hérétiques con- Hyacinthe, — pierre précieuse que l'on

tre les catholiques plus forte que celle-là 2 .


pendait au cou pour se défendre de la peste.

Huns. — Les anciens historiens donnent à


De
la
plus elle
foudre, et
fortifiait le cœur, garantissait de
augmentait les richesses et les
ces peuples l'origine la plus monstrueuse. Jor-
honneurs.
nandès raconte 5 que Philimer, roi des Goths,
entrant clans les terres gétiques, n'y trouva Hydraoth, — magicien célébré par le Tasse ;

que des sorcières d'une laideur atfreuse; qu'il il était père du roi de Damas, et oncle d'Ar-
les chassa loin de son armée; qu'elles errè- mide, qu'il instruisit dans les arts magiques 3.

rent seules dans les déserts, où des démons Hydromancie OU Hydroscopie art de ,

s'unirent avec elles. C'est de ce commerce prédire l'avenir par le moyen de l'eau on en ;

infernal que naquirent les Huns, si souvent attribue l'invention aux Perses. On en distin-
appelés les enfants du diable 4 Ils étaient .
gue plusieurs espèces : — 4° lorsqu'à la suite
d'une difformité horrible. Les historiens di- des invocations et autres cérémonies magi-
sent qu'à leurs yeux louches et sauvages, à ques, on voyait écrits sur l'eau les noms des
leur figure torse, à leur barbe de bouc, on ne personnes ou des choses qu'on désirait de
pouvait s'empêcher de les reconnaître pour connaître ;
ces noms se trouvaient écrits à re-
enfants de démons. Voy. Ogres. bours; — 2° on se servait d'un vase plein
Huppe, — oiseau commun, nommé par les d'eau et d'un anneau suspendu à un fil, avec
Chaldéens Bori et par les Grecs fsan. Celui , lequel on frappait un certain nombre de fois
qui le regarde devient gros; si on porte ses les côtés du vase ;
3° on jetait successivement
et à de courts intervalles trois petites pierres
1
Bodin, Démonomanie, p. 330. dans une eau Iran juille et dormante et des ;

' Leloyer, Hist. des spectres, p. 272. cercles qu'en formait la surface, ainsi que de
3 De rebns gothicis.
4 Besoldus prétend, après Servin, que le nom de
leur intersection, on tirait des présages ;

Tluns vient d'un mot tudesque, ou celtique, ou barbare, 4° on examinait attentivement les divers mou-
(lui signifie puissants par la magie, grands magiciens. vements et l'agitation des flots de la mer. Les
De Bonnaire dit, dans son Histoire de France, que les
Huns, venant faire la guerre à Cherebert, ou Caribert,
lurent attaqués près de la rivière d'Elbe par Sigebert, 1
Secrets d'Albert-le-Grand, p. 111.
roi de Metz, et que les Francs furent obligés de com- 2 Wierus, De prœstigiis dscm., etc.
battre contre les Huns et contre les spectres dont ces
3 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
barbares avaient rempli l'air, par un effet de la magie ;

ce qui rendit leur victoire plus distinguée. liv. \, p. 57.


1BI — 268 ICH
Siciliens et les Eubéens étaient fort adonnés petits cailloux qu'on jetait dans l'eau. Le nom
à cette superstition; — 5° on tirait des pré- du voleur ne s'effaçait pas. Voy. Oomancie.
sages de la couleur de l'eau et des figures
Hyène. — Les Égyptiens croyaient que
qu'on croyait y voir. C'est ainsi, selon Var-
ron qu'on apprit à Rome quelle serait l'is-
l'hyène changeait de sexe chaque année. —
,
On donnait le nom de pierres d'hyène à des
sue de la guerre contre Mithridate. Certaines
pierres qui au rapport de Pline, se trouvent
,

rivières ou fontaines passaient chez les an-


dans le corps de l'hyène, lesquelles, placées
ciens pour être plus propres que d'autres à
sous langue, attribuaient à celui qui les
ces opérations; —
6° c'était encore par une
portait le
la
don de prédire l'avenir.
espèce d'hydromancie que les anciens Ger-
mains éclaircissaient leurs soupçons sur la fi- Hyméra. — Une femme de Syracuse, nom-
délité des femmes ils jetaient dans le Rhin,
:
mée Hyméra, eut un songe, pendant lequel
sur un bouclier, les enfants dont elles venaient elle crut monter au ciel, conduite par un

d'accoucher; s'ils surnageaient, ils les tenaient jeune homme qu'elle ne connaissait point.
pour légitimes, et pour bâtards s'ils allaient Après qu'elle eut vu tous les dieux et admiré
au fond —
7° on remplissait d'eau une coupe
;
les beautés de leur séjour, elle aperçut, atta-

ou une tasse, et, après avoir prononcé dessus ché avec des chaînes de fer, sous le trône de
certaines paroles, on examinait si l'eau bouil- Jupiter, un homme robuste, d'un teint roux,
lonnait et se répandait par-dessus les bords; et le visage tacheté de lentilles. Elle demanda
— 8° on mettait de l'eau dans un bassin de à son guide quel était cet homme ainsi
verre ou de cristal; puis on y jetait une enchaîné. Il répondu que c'était le
lui fut

goutte d'huile, et l'on s'imaginait voir dans mauvais destin de l'Italie et de la Sicile, et
cette eau, comme dans un miroir, ce dont on que, lorsqu'il serait délivré de ses fers, il cau-
désirait d'être instruit; — 9° les femmes des serait de grands maux. Hyméra s'éveilla là-

Germains pratiquaient une neuvième sorte dessus, et le lendemain elle divulgua son

d'hydromancie, en examinant, pour y deviner rêve. —


Quelque temps après, quand Denys-
l'avenir, les tours et détours et le bruit que le-Tyran se fut emparé du trône de la Sicile,
faisaient les eaux des fleuves dans les gouf- Hyméra le vit entrer à Syracuse et s'écria
fres ou tourbillons qu'ils formaient 4 0° en- ;
— que c'était l'homme qu'elle avait vu enchaîné
fin, on peut rapporter à l'hydromancie une dans le ciel. Le tyran, l'ayant appris, la fit
superstition qui a long-temps été en usage en mourir ».
Italie. Lorsqu'on soupçonnait des personnes

d'un vol, on écrivait leurs noms sur autant de 1


Valère- Maxime.

Ialysiens, — peuple dont parle Ovide, et dont la présence bénit, disent-ils, les travaux
dont les regards avaient la vertu magique de champêtres, et qu'ils révèrent comme un
gâter tout ce qu'ils fixaient. Jupiter les chan- symbole d'innocence.
gea en rochers et les exposa aux fureurs des ichneumon. — ratdu Nil, auquel les Égyp-
flots. tiens rendaient un culte particulier; il avait
ibis, — oiseau d'Égypte qui ressemble à la ses prê'.res et ses autels. Buffon dit qu'il vit
cigogne. Quand il met sa tète et son cou sous dans de domesticité, et qu'il sert comme
l'état
ses ailes, dit Élien, sa figure est à peu près les chats à prendre les souris. Il est plus fort
celle du cœur humain. On que cet oiseau dit que le chat, s'accommode de tout, chasse aux
a introduit l'usage des lavements, honneur oiseaux, aux quadrupèdes, aux serpents et
qui est réclamé aussi par les cigognes. Les aux lézards. Pline dit qu'il fait la guerre au
Égyptiens autrefois lui rendaient les honneurs crocodile, qu'il l'épie pendant son sommeil,
divins, et il y avait poine de mort pour ceux et que si ce vaste reptile était assez impru-
qui tuaient un ibis môme par mégarde. De , dent pour dormir la gueule ouverte, l'ichneu-

nos jours, les Égyptiens regardent encore mon s'introduirait dans son estomac et lui

comme sacrilège celui qui tue l'ibis blanc, rongerait les entrailles. M. Denon assure que
1D0 269 ILL
c'est une fable; ces deux animaux n'ont ja- venir s'il le permet. » Il prit alors un papier
mais rien à démêler ensemble, ajoute-t-il, sur lequel il Grégoire à Satan. Ren-
écrivit : «

puisqu'ils n'habitent pas les mômes parages; tre. » — Le sacrificateur porta ce billet dans
on ne voit pas de crocodiles dans la basse son temple, fit ses sacrifices, et les démons y
Égypte, on ne voit pas non plus d'ichneu- revinrent. Mais, réfléchissant alors à la puis-
mons dans la haute *. sance de Grégoire, il retourna vers lui, se
Ichthyomancîe, — divination très-ancienne fit instruire dans la religion chrétienne et de-
qui se pratique par l'inspection des entrailles vint son disciple. Porphyre avoue que les—
des poissons. Polydamas, pendant la guerre démons s'enfermaient dans les idoles pour re-
de Troie , et Tirésias s'en sont servis. On dit cevoir le culte des gentils. « Parmi les idoles,
que les poissons de la fontaine d'Apollon à dit-il, il y a des esprits impurs, trompeurs et

Miré étaient prophètes, et Apulée fut aussi malfaisants, qui veulent passer pour des dieux
accusé de s'en être servi 2 .
et se faire adorer par les hommes; il faut les

Ida. — On dans la légende de la bien-


voit
apaiser, de peur qu'ils ne nous nuisent. Les
uns, gais et enjoués, se laissent gagner par
heureuse Ida de Louvain quelques pâles ap-
des spectacles et des jeux ; l'humeur sombre
paritions du diable, qui cherche à la troubler
des autres veut l'odeur de la graisse et se re-
et qui n'y parvient pas. ( Bollandistes , 13
paît des sacrifices sanglants. »
avril.)

idiot. — En Écosse,gens du peuple ne


les
Ifurin ,
— enfer des Gaulois. C'était une
région sombre et aux terrible, inaccessible
voient pas comme un malheur un enfant idiot
rayons du soleil, infectée d'insectes venimeux,
dans une famille. Ils voient là au contraire un
de reptiles, de lions rugissants et de loups
signe de bénédiction. Cette opinion est par ta-
carnassiers. Les grands criminels étaient en-
gée par plusieurs peuples de l'Orient, et nous
chaînés dans des cavernes encore plus horri-
nous bornons à la mentionner sans la juger.
bles, plongés dans un étang plein de couleu-
Idoles. — L'idole est une image, une fi- vres et brûlés par les poisons qui distillaient
gure, une représentation d'un être imaginaire sans cesse de la voûte Les gens inutiles, ceux
ou réel. Le culte d'adoration rendu à quelque qui n'avaient fait ni bien ni mal résidaient
idole s'appelle idolâtrie. — Si les idoles ont au milieu des vapeurs épaisses et pénétrantes
,

fait chez les païens des choses qu'on pouvait élevées au-dessus de ces hideuses prisons.
appeler prodiges, ces prodiges n'ont eu lieu Le plus grand supplice était un froid très-ri-
que par le pouvoir des démons ou par le char- goureux.
latanisme. — Saint Grégoire le thaumaturge,
Ignorance. — Ceux qui enseignèrent que
se rendant à Néocésarée, fut surpris par la
l'Océan était salé de peur qu'il ne se corrom-
nuit et par une pluie violente qui l'obligea
pît, et que les marées étaient faites pour con-
d'entrer dans un temple d'idoles, fameux dans
duire nos vaisseaux dans les ports, ne savaient
le pays à cause des oracles qui s'y rendaient.
sûrement pas que la Méditerranée a des ports
Il invoqua le nom de Jésus-Christ, fit des si-
et point de reflux. Voij. Erreurs, Merveil-
gnes de croix pour purifier le temple, et passa
les, Prodiges, etc., etc., etc.
une partie de la nuit à chanter les louanges
de Dieu suivant son habitude. Après qu'il fut Iles. —
Il y a dans la Baltique des îles

parti, le prêtre des idoles vint au temple, se rapprochées que les pêcheurs croient avoir
disposant à faire les cérémonies de son cu'te. été faites par des enchanteurs qui vou- ,

Les démons, dit-on, lui apparurent aussitôt, laient s'en aller plus facilement d'un lieu à un

et lui dirent qu'ils ne pouvaient plus habiter autre, et qui établissaient ainsi des stations
ce lieu depuis qu'un saint évêque y avait sé- sur leur route l
.

journé. Il promit bien des sacrifices pour les en- Illuminés, — sorte de francs-maçons d'Al-
gager à tenir ferme sur leurs autels; mais la lemagne, qui croient avoir la seconde vue et
puissance de Satan s'était éclipsée devant Gré- qui prophétisent. On connaît peu leur doc-
goire.Le prêtre, furieux, poursuivit l'évêque trine qui est vague et libre mais ils ont eu
,
,

de Néocésarée, et le menaça de le faire punir des prédécesseurs. En 1575, Jean de Villal-


juridiquement s'il ne réparait le mal qu'il pando et une carmélite nommée Catherine de
venait de causer. Grégoire, qui l'écoutait sans Jésus, établirent une secte d'illuminés, que
s'émouvoir, lui répondit « Avec l'aide de : l'inquisition de Cordoue dispersa Pierre Guérin .

Dieu, qui chasse les démons, ils pourront re- les ramena en France en 1634. Ils préten-
daient que Dieu avait révélé à l'un d'entre
1
M. Salgues, Dos Erreurs, etc., t. III, p. 3G1.
2
Delancre, Incrédulité et mécréance, etc., p. 2G7. 1
Marinier, Tract, de la mer Baltique.
ni a — 270 MA
eux le frère Anloine Bocquet une pratique
, , seaux qui entraient dans le Pirée, et donnait
de vie et de foi suréminenle, au moyen de ses ordres en conséquence. Horace parle d'un
laqueile on devenait tellement saint qu'on ne autre fou, qui croyait toujours assister à un
faisait plus qu'un avec Dieu et qu'alors on spectacle, et qui, suivi d'une troupe de comé-
pouvait sans péché se livrer à toutes ses pas- diens imaginaires, portait un théâtre dans sa
sions, ils se flallaient d'en remontrer aux tète , où il était tout à la fois et l'acteur et le
apôtres, à tous les saints et à toute l'Église. spectateur. On voit, dans les maniaques, des
Louis XIII dissipa cette secte de fous. choses aussi singulières; tel s'imagine être un

Images de cire, voy. Envoûtement.


moineau , un vase de terre , un serpent ; tel

autre se croit un dieu, un orateur, un Hercule.


Imagination. — Les rêves, les songes, les Et parmi les gens qu'on dit sensés, en est-il
chimères, les terreurs paniques, les supersti-
beaucoup qui maîtrisent leur imagination, et
tions, les préjugés, les prodiges, les châteaux se montrent exempts de faiblesses et d'er-
en Espagne, le bonheur, la gloire, et tous ces reurs ? —
Plusieurs personnes mordues par
contes d'esprits et de revenants, de sorciers des, chiens ont été très-malades parce que
et de diables, sont les enfants de l'imagination. les supposant atteints de rage
la , elles se
Son domaine est immense, son empire est des- croyaient menacées ou déjà affectées du même
potique une grande force d'esprit peut seule
;
mal. La société royale des sciences de Mont-
en réprimer les écarts. Un Athénien, ayant pellier rapporte dans un mémoire publié en ,

rêvé qu'il était devenu fou, en eut l'imagina-


4730, que deux frères ayant été mordus par
tion tellement frappée qu'à son réveil il fit
un chien enragé, l'un d'eux partit pour la Hol-
des folies comme il croyait devoir en l'aire , lande, d'où il ne revint qu'au bout de dix ans.
et perditen effet la raison. On connaît — Ayant appris, à son retour, que son frère était
l'origine de la fièvre de Saint- Vallier. A cette mort hydrophobe, il mourut lui-même enragé
occasion Pasquier parle de la mort d'un bouf- par la crainte de l'être. Voici un fait qui —
fon du marquis de Ferra re, nommé Gonelle, n'est pas moins extraordinaire un jardinier :

qui, ayant entendu dire qu'une grande peur rêva qu'un grand chien noir l'avait mordu. Il
guérissait de la fièvre , voulut guérir de la ne pouvait montrer aucune trace de morsure ;

fièvre quarte le prince son maître, qui en était et sa femme, qui s'était levée au premier cri,
tourmenté. Pour cet effet, passant avec lui assura que toutes les portes étaient bien
lui
sur un pont assez étroit, il le poussa et le fit fermées et qu'aucun chien n'avait pu entrer.
tomber dans l'eau au péril de sa vie. On re- Ce fut en vain l'idée du gros chien noir res-
;

pêcha le souverain, et il fut guéri mais, ju- ; tait toujours présente à son imagination, il
geant que l'indiscrétion de Gonelle méritait croyait le voir sans cesse il en perdit le som- :

quelque punition, il le condamna à avoir la meil et l'appétit, devint triste, rêveur, lan-
tête coupée, bien résolu cependant de ne pas guissant. Sa femme qui, raisonnable au com-
le faire mourir. Le jour de l'exécution, il lui mencement, avait fait tous ses efforts pour le
fitbander les yeux, et ordonna qu'au lieu d'un calmer et le guérir de son illusion, finit par
coup de satire on ne lui donnât qu'un petit s'imaginer que, puisqu'elle n'avait pas réussi,
coup de serviette mouillée l'ordre fut exécuté
; il y avait quelque chose de réel dans l'idée
et Gonelle délié aussitôt après, mais le mal- de son mari et qu'ayant été couchée à côté
,

heureux bouffon était mort de peur. Hé- — de lui. il était fort possible qu'elle eût été aussi
quet parle d'un homme qui, s'étant couché mordue. Cette disposition d'esprit développa
avec les cheveux noirs, se leva le matin avec chez elle les mêmes symptômes que chez son
les cheveux blancs, parce qu'il avait rêvé qu'il mari abattement , lassitude frayeur, in- ,


,

était condamné à un supplice cruel et infa- somnie. Le médecin, voyant échouer toutes
mant. Dans le Dictionnaire de police de Des les ressources ordinaires de son art contre
Essaris, on trouve l'histoire d'une jeune fille à cette maladie de l'imagination, leur conseilla
qui une sorcière prédit qu'elle serait pendue; d'aller en pèlerinage à Saint-Hubert. Des —
ce qui produisit un tel effet sur son esprit ce moment les deux malades furent plus tran-
qu'elle mourut suffoquée la nuit suivante. — quilles ils allèrent à Saint-Hubert, y subi-
:

Athénée raconte que quelques jeunes gens rent le traitement usité, et revinrent guéris.
d'Agrigenle étant ivre-, dans une chambre de — Un homme pauvre et malheureux s'était

cabaret, se crurent sur une galère, au milieu tellement frappé l'imagination de l'idée dis
de la mer en furie, et jetèrent par les fenê- richesses, qu'il avait fini par se croire flans
tres tous les meubles de la maison, pour sou- la plus grande opulence. Un médecin le guérit,
lager le bâtiment. Il —
y avait, à Athènes, et il regretta sa folie. — On a vu , en Angle-
un fou qui se croyait maître de tous les vais- terre, un homme qui voulaiî absolument que
ni a 271 — MA
rien ne l'affligeât dans ce monde. En vain on a fait le pendant du pasquino, autre bénitier
lui annonçait un événement fâcheux i! s'ob- ; de Gabriel Cagliari. —
Une femme enceinte
stinait à le nier. Sa femme étant morte, il n'en jouait aux cartes. En relevant son jeu elle ,

voulut rien croire. Il faisait mettre à table le voit que. pour faire un grand coup, il lui
couvert de la défunte , et s'entretenait avec manque l'as de pique. La dernière carte qui
elle, comme si elle eût été présente; il en lui rentre était effectivement celle qu'elle at-
agissait de même lorsque son fils était absent. tendait. Une joie immodérée s'empare de son
Près de sa dernière heure, il soutint qu'il esprit, se communique, comme un choc élec-
n'était pas malade, et mourut avant d'en avoir trique, à toute son existence ; et l'enfant qu'elle
eu le démenti. —
Voici une autre anecdote : mit au monde porta dans la prunelle de l'œil
Un maçon sous l'empire d'une monomanie
, la forme d'un as de pique sans que l'organe ,

qui pouvait dégénérer en folie absolue, croyait de la vue fut d'ailleurs offensé par cette con-
avoir avalé une couleuvre il disait la sentir ; formation extraordinaire. —
« Le trait suivant

remuer dans son ventre. M. Jules Gloquet est encore plus étonnant, dit Lavater. Un de
chirurgien de l'hôpital Saint-Louis, à qui il mes amis m'en a garanti l'authenticité. Une
fut amené, pensa que le meilleur, peut-être dame de condition du Rhinthal voulut assister,
le seul moyen pour guérir ce monomane, était dans sa grossesse, au supplice d'un criminel
de se prêter à sa folie. Il offrit en conséquence qui avait été condamné à avoir la tête tran-
d'extraire la couleuvre par une opération chi- chée et la main droite coupée. Le coup qui
rurgicale. Le maçon y consent une incision ;
abattit la main effraya tellement la femme
longue, mais superficielle, est faite à la région' enceinte, qu'elle détourna la tête avec un mou-
de l'estomac des linges, des compresses, des
;
vement d'horreur, et se retira sans attendre
bandages rougis par le sang sont appliqués. la fin de l'exécution. Elle accoucha d'une fille

La tète d'une couleuvre dont on s'était pré- qui n'eut qu'une main, et qui vivait encore
cautionné est passée avec adresse entre les lorsque mon ami mepart de cette anec-
fit

bandes et la plaie. « Nous la tenons enfin ,


dote; l'autre main
séparément, d'abord
sortit
s'écrie l'adroit chirurgien» En ; la voici. après l'enfantement. » —
Il y a du reste, sur les

même temps, le bandeau


patient arrache son ;
accouchements prodigieux, bien des contes.
ilveut voir le reptile qu'il a nourri dans son <f J'ai lu, dans un recueil de faits merveilleux,
sein. Quelque temps après une nouvelle mé- dit M. Saignes ( Des Erreurs et des préjugés
lancolie s'empare de lui ;
i! gémit, il soupire; répandus dans la société), qu'en '1778, un
lemédecin est rappelé « Monsieur, lui dit-il
: chat, né à S:ap en Normandie, devint épris
avec anxiété, si elle avait fait des petits? — d'une poule du voisinage et qu'il lui fit une
Impossible c'est un mâle. »
! On attribue — cour assidue. La fermière ayant mis sous les
ordinairement à l'imagination des femmes la ailesde la poule des œufs de cane qu'elle vou-
production des fœtus monstrueux. M. Salgues lait faire couver, le chat s'associa à ses tra-
a voulu prouver que l'imagination n'y avait vaux maternels. 11 détourna une partie des
aucune part, en citant quelques animaux qui œufs et les couva si tendrement qu'au bout
ont produit des monstres et par d'autres , de vingt-cinq jours il en sortit de petits êtres
preuves insuffisantes. Plessman, dans sa Mé- amphibies, participant de la cane et du chat,
decine puerpérale ; Harting, dans une thèse; tandis que ceux de la poule étaient des ca-
Demangeon, dans ses Considérations physio- nards ordinaires- Le docteur Yimond atteste
logiques sur le pouvoir de F imagination ma- qu'il a vu connu tenu le père et la mère de
, ,

ternelle dans la grossesse soutiennent l'opi- , cette singulière famille,


et les petits eux-
nion générale. —
Les femmes enceintes défi- mêmes. Mais on au docteur Vimond
dit :

gurent leurs enfants, quoique déjà formés, « Aviez-vous la vue bien nette quand vous
lorsque leur imagination est violemment frap- avez examiné vos canards amphibies ? vous
pée. Malebranche parle d'une femme qui avez trouvé l'animal vêtu d'un poil noirâtre,
,

ayant assisté à l'exécution d'un malheureux touffu et soyeux mais ne savez-vous pas que
:

condamné à la roue en fut si affectée qu'elle


, c'est le premier duvet des canards? Croyez-
mit au monde un enfant dont les bras les , vous que l'incubation d'un chat puisse déna-
cuisses et les jambes étaient rompus à l'en- turer le germe renfermé dans l'œuf? Alors
droit où la barre de l'exécuteur avait frappé le pourquoi l'incubation de la poule aurait-elle
condamné. —Le peintre Jean-Baptiste Rossi été moins efficace et n'aurait-elle pas produit
futsurnommé Gobbino, parce qu'il était agréa- des êtres moitié poules et moitié canards? »
blement gobbo, c'est-à-dire bossu. Sa mère — On rit aujourd'hui de ces contes, on n'ose-
était enceinte de lui lorsque son père sculp- rait plus écrire ce que publiaient les journaux
tait le gobbo, bénitier devenu célèbre et qui de Paris, il y a soixante ans, qu'une chienne
LU A — 27 2 — IMA
du faubourg Saint-Honoré venait de mettre chée d'un chat noir; le chat fut brûlé comme
au jour quatre chats et trois chiens. Élien, — produit d'un démon Le môme Torqué-
1
. —
dans le vieux temps a pu parler d'une truie
, mada que nous avons cité énumère beaucoup
qui mit bas un cochon ayant une tête d'élé- d'accouchements extraordinaires une femme :

phant et d'une brebis qui mit bas un lion.


, qui mit au monde sept enfants à la fois , à
Nous le rangerons à coté de Torquemada, qui Médina de! Campo une autre femme de Sa-
;

rapporte, dans la sixième journée de son Exa- lamanque qui en eut neuf d'une seule couche ;

mèron, qu'en un lieu d'Espagne, qu'il ne puis une Italienne qui donna le jour à soixante-
nomme pas une jument était tellement pleine
, dix enfants d'une même portée. Et comme on
qu'au temps de mettre bas son fruit elle creva, pourrait être surpris du nombre , il rappelle
et qu'il sortit d'elle une mule qui mourut in- ce que conte Albert-le-Grand, qu'une Alle-
continent, ayant comme sa mère le ventre si mande enfanta, d'une seule couche, cent cin-
gros et si enflé que le maître voulut voir ce quante enfants, grands comme le doigt, très-
qui était dedans. On l'ouvrit et on y trouva bien formés et tous enveloppés dans une
une autre mule de laquelle elle était pleine... pellicule. On ne dit pas ce que devint cette
— Voici une autre anecdote. Un duc de Man- petite famille. Mais avouez qu'il n'y a que les
toue avait dans ses écuries une cavale pleine Allemandes pour faire de ces choses-là. —
qui mit bas un mulet. Il envoya aussitôt aux Une Hollandaise pourtant fit plus encore.
plus célèbres astrologues d'Italie l'heure de Voy. Marguerite. — « Ces faits sont difficiles
la naissance de cette bête les priant de lui
, à croire à qui ne les a pas vus , » dit Tor-
faire l'horoscope d'un bâtard né dans son pa- quémada ;
et il parle, de visu, d'un enfant né
lais sous les conditions qu'il indiquait. Il prit en avec une barbe de bouc; comment
Italie
bien soin qu'ils ne sussent pas que c'était d'un a-t-il reconnu que cette barbe était précisé-
mulet qu'il voulait parler. Les devins firent ment une barbe de bouc? Volaterranus —
de leur mieux pour flatter le prince, ne dou- parle d'un enfant qui naquit homme jusqu'à
tant pas que ce bâtard ne fût du prince. Les la ceinture, et chien dans la partie inférieure
uns dirent qu'il serait général d'armée les ; du corps. Un autre enfant monstrueux naquit,
autres en firent mieux encore, et tous le com- sous le règne de Constance avec deux bou- ,

blèrent de dignités. — Mais rentrons dans les ches, quatre yeux, deux petites oreilles et de
accouchements prodigieux. On publia au sei- la barbe. —
Un savant professeur de Louvain,
zième siècle qu'une femme ensorcelée venait Cornélius Gemma, écrivant à une époque où
d'enfanter plusieurs grenouilles. De telles nou- l'on admettait tout, rapporte qu'en 1545 une
veautés étaient reçues alors sans opposition. dame de noble lignée mit au monde, dans la
Au commencement du dix-huitième siècle, les Belgique, un garçon qui avait, au dire des
gazettes d'Angleterre annoncèrent, d'après le experts, la tète d'un démon avec une trompe
certificatdu chirurgien accoucheur, appuyé d'éléphant au lieu de nez, des pattes d'oie au
de l'anatomiste du roi, qu'une paysanne ve- lieu de mains, des yeux de chat au milieu du
nait d'accoucher de beaucoup de lapins; et ventre une tète de chien à chaque genou
, ,

le public le crut, jusqu'au moment où l'ana- deux visages de singe sur l'estomac et une
tomiste avoua qu'il s'était prêté à une mysti- queue de scorpion longue d'une demi-aune
fication. —
On fit courir le bruit, en 1471, de Brabant. Ce petit monstre ne vécut que
qu'une femme, à Pavie, avait mis bas un quatre heures, et poussa des cris en mourant
chien; on cita la Suissesse qui, en 1278, avait par les deux gueules de chien qu'il avait aux
donné le jour à un lion, et la femme que Pline genoux *. —
Nous pourrions multiplier ces
dit avoir été mère d'un éléphant. — On voit contes ridicules, fondés sur quelques phéno-
dans d'autres conteurs anciens qu'une autre mènes naturels que l'imagination des femmes
Suissesse se délivra d'un lièvre; uneïhurin- enceintes a produits. Arrêtons-nous un mo-
gienne, d'un crapaud; que d'autres femmes ment aux faits prodigieux plus réels. Tels sont
mirent bas des poulets Ambroise Paré cite les enfants nés sans tête, ou plutôt dont la tête
un jeune cochon une
napolitain qui portait n'est pas distincte des épaules. Un de ces
tête d'homme sur son corps de cochon. Boguet enfants vint au monde au village de Sehme-
assure, dans ses Discours des exécrables sor- chten, près de Paderborn, le 16 mai 1565; il
ciers, qu'une femme maléficiée mit au jour à avait la bouche à l'épaule gauche et une seule
la fois, en 1531, une tète d'homme, un ser- oreille à l'épaule droite. Mais en compensation
pent à deux pieds et un petit pourceau. Bayle de ces enfants sans tête une Normande ac- ,

pnrle d'une femme qui passa pour être accou- coucha le 20 juillet 1684, d'un enfant mâle
,

1
Bayle. République des lettres, 1684, t. III, p. 172,
» Bayle, République des lettres, 1G86, t. III, p. 1018.
cité par M. Salues. 7
Cornelii Gommcc cosmocritica?, lib. 1, cap. 8.
MA — 2 3 — MP
dont la tôle semblait double. Il avait quatre un cochon, un lièvre, etc., puisqu'ils n'avaient
yeux, deux nez crochus, deux bouches, deux aucune figure distincte. On prend souvent pour
langues et seulement deux oreilles. L'intérieur une cerise, ou pour une fraise, ou pour un
renfermait deux cerveaux deux cervelets et , bouton de rose, ce qui n'est qu'un seing plus
trois cœurs; les autres viscères étaient sim- large et plus coloré qu'ils ne le sont ordinai-
ples. Ce garçon vécut une heure ;
et peut-être rement. Voy. Frayeurs, etc.
eut-il vécu plus long-temps, si la sage-femme

ïme, — géant. Voy. Nains.
qui en avait peur ne l'eût laissé tomber. Immortalité. — Ménandre, disciple de Si-
Le phénomène des êtres bicéphales est moins mon le magicien , se vantait de donner un
rare que celui des acéphales. On présenta baptême qui rendait immortel. On fut bien
en 4779, à l'Académie des sciences de Paris, vite détrompé. —
Les Chinois sont persuadés
un lézard à deux têtes, qui se servait égale- qu'il y a quelque part une eau qui empêche
ment bien de toutes les deux. Le journal de de mourir et ils cherchent toujours ce breu-
;

médecine du mois de février 1808 donne des vage d'immortalité qui n'est pas trouvé en- ,

détails curieux sur un enfant né avec deux core. —


Les Strulldbruggs ou immortels de
têtes, mais placées l'une au-dessus de l'autre, Gulliver sont fort malheureux de leur immor-
de sorte que la première en portait une se- talité. La même pensée se retrouve dans cette
conde; cet enfant était né au Bengale. A son légende des bords de la Baltique. A Fal- —
entrée dans le monde, il effraya tellement la ster, il y avait autrefois une femme fort riche
sage-femme que, croyant tenir le diable dans qui n'avait point d'enfants. Elle voulut faire
les mains, elle le jeta au feu. On se hâta de un pieux usage de sa fortune, et elle bâtit une
l'en retirer, mais il eut les oreilles endomma- église. L'édifice achevé, elle le trouva si bien,
gées. Ce qui rendait le cas encore plus singu- qu'elle se crut en droit de demander à Dieu
lier, c'est que la seconde lête était renversée, une récompense. Elle le pria donc de la laisser
le front en bas et le menton en haut. Lorsque vivre aussi long-temps que son église subsis-
l'enfant eut atteint l'âge de six mois, les deux terait. Son vœu fut exaucé. La mort passa
têtes se couvrirent d'une quantité à peu près devant sa porte sans entrer la mort frappa ;

égale de cheveux noirs. On remarqua que la autour d'elle voisins, parents, amis, et ne lui
lête supérieure ne s'accordait pas avec l'infé- montra pas seulement le bout de sa faux. Elle
rieure qu'elle fermait les yeux quand l'autre
; vécut au milieu de toutes les guerres, de toutes
les ouvrait, et s'éveillait quand la tète prin- les pestes, de tous les fléaux qui traversèrent
cipale était endormie; elle avait alternative- le pays. Elle vécut si long-temps, qu'elle ne
ment des mouvements indépendants et des trouva plus un ami avec qui elle pût s'entre-
mouvements sympathiques. Le rire de la tenir ; elle parlait toujours d'une époque si
bonne tête s'épanouissait sur la tête d'en ancienne, que personne ne la comprenait. Elle
haut ;
mais la douleur de cette dernière ne avait bien demandé une vie perpétuelle, mais
passait pas à l'autre de sorte qu'on pouvait
,
elle avait oublié de demander aussi la jeu-
la pincer sans occasionner la moindre sensa-
nesse ;
le ciel ne lui donna que juste ce qu'elle
tion à la tête d'en bas. Cet enfant mourut d'un voulait avoir, et la pauvre femme vieillit elle
accident à sa quatrième année. Ce que — perdit ses forces, puis la vue, et l'ouïe et la
;

nous venons de rapporter n'est peut-être pas parole. Alors elle se fit enfermer dans une
impossible. Mais remarquez que ces mer- Chaque
caisse de chêne et porter dans l'église.
veilles viennent toujours de très-loin. Cepen-
année à Noël elle recouvre pendant une
, ,
,

dant nous avons vu de nos jours Ritta-Chris- heure, l'usage de ses sens, et chaque année,
tina, cette jeune fille à deux têtes, ou plutôt
à cette heure-là , le prêtre s'approche d'elle
ces deux jeunes filles accouplées. Nous avons
pour prendre ses ordres. La malheureuse se
vu aussi les jumeaux Siamois, deux hommes
lève à demi dans son cercueil et s'écrie « Mon :

qu'une partie du ventre rendait inséparables


église subsiste-t-elle encore? Oui répond —

,

et semblait réunir en un seul être. Pour le


le prêtre. Hélas dit-elle. » Et elle s'affaisse
!

reste, le plus sur est de rejeter en ces ma- en poussant un profond soupir, et le coffre de
tières ce qui n'est pas certifié par de suffisants chêne se referme sur elle l
témoignages. — Dans ce genre de faits , on
Impair. —
Une crédulité superstitieuse a
.

attribuait autrefois au diable tout ce qui sor-


attribué, dans tous les temps, bien des préro-
tait du cours ordinaire de la nature. — Il est
gatives au nombre impair. Le nombre pair
certain qu'on exagère ordinairement ces phé-
passait, chez les Romains, pour mauvais,
nomènes. On a vu des fœtus monstrueux à ,
parce que ce nombre, pouvant être divisé éga-
qui on donnait gratuitement la forme d'un
mouton et qui étaient aussi bien un chien
, 1
Marinier, Trad. «le la Baltique.

18
nip — 2 Ui — IMP
lement, est le symbole de la mortalité et de la Soudain voici celui qu'il avait tant
diable.-». ,

destruction; c'est pourquoi Numa ,


corrigeant de fois appelé qui le vint étrangler, et l'em-
l'année de Romulus, y ajouta un jour, afin de porta. —
L'an mil cinq cent cinquante et un
rendre impair le nombre de ceux qu'elle con- près Mégalopole, joignant Voilstadt, il advint
tenait. C'est en nombre impair que les livres encore, durant les fêtes de la Pentecôte, ainsi
magiques prescrivent leurs opérations les plus que le peuple s'amusait à boire qu'une fem- ,

mystérieuses. L'alchimiste d'Espagnet , dans me qui était de la campagne nommait or-


,
,

sa Description du Jardin des Sages, place à dinairement le diable parmi ses jurements :

l'entrée une fontaine qui a sept sources. Il lequel, à celte heure, en la présence d'un
faut, dit-il, y faire boire le dragon par le chacun , l'enleva par la porte de la maison
nombre magique de trois fois sept, et l'on doit et l'emporta en l'air. Ceux qui étaient pré-

y chercher trois sortes de fleurs ,


qu'il faut y sents sortirent incontinent tout étonnés, pour
trouver nécessairement pour réussir au grand voir où cette femme était ainsi transportée :

œuvre. Le crédit du nombre impair s'est établi laquelle ils virent, hors du village, pendue
jusque dans la médecine l'année climatérique : quelque temps en l'air bien haut, dont elle
est, dans la vie humaine, une année impaire. tomba en bas et la trouvèrent à peu près
,

Impostures. —- On lit dans Leloyer qu'un morte au milieu d'un champ. Environ ce —
valet, par le moyen d'une sarbacane, en-
temps-là il y eut un grand jureur en une
,

gagea une veuve d'Angers à l'épouser, en le villede Savoie, homme fort vicieux et qui
lui conseillant de la part de son mari défunt.
donnait beaucoup de peine aux gens de bien,
— Un roi d'Écosse voyant que ses troupes
,
qui pour le devoir de leur charge
,
s'em- ,

ployèrent à le reprendre et l'admonestèrent


ne voulaient point combattre contre les Pie-
bien souvent, afin qu'il s'amendât à quoi il :

tés suborna des gens habillés d'écaillés bril-


,

lantes, ayant en main des bâtons de bois


ne voulut oneques entendre. Or, advint que,
la peste étant en la ville, il en fut frappé et
luisant, qui les excitèrent à combattre, com-
se retira en un sien jardin avec sa femme et
me s'ils avaient été des anges ce qui eut le ,
,

succès qu'il souhaitait 1


. — Nous aurions un quelques parents. Là les ministres de l'église
,

ne cessèrent de l'exhorter à repentance lui ,


gros volume à faire , si nous voulions citer ici
remontrant ses fautes et péchés pour le ré-
toutes les impostures de l'histoire. Voy. Appa-
duire au bon chemin. Mais tant s'en fallut
ritions, Fantômes, Bohémiens, Jetzer, etc.
touché par tant de bonnes et saintes
Imprécations. —
Ce qui va suivre est de
qu'il fût
remontrances, qu'au contraire il ne fit que
Chassanion huguenot en ses Grands juge- ,
, (

s'endurcir davantage en ses péchés. Avançant


ments de Dieu : « Quant à ceux qui sont adon-
donc son malheur, un jour, comme ce méchant
nés à maugréer, et qui comme des gueules ,

reniait Dieu et se donnait au diable et l'appe-


d'enfer, à tout propos dépitent Dieu par d'hor-
lait tant qu'il pouvait, voilà le diable qui le
ribles exécrations et sont si forcenés que de
,
ravit soudainement et l'emporta en l'air; sa
le renier pour se donner au diable ils méri- ,
femme et sa parente le virent passer par-
tent bien d'être abandonnés de Dieu et d'être
dessus leurs têtes. Étant ainsi transporté,
livrés entre les mains de Satan pour aller
son bonnet tomba de dessus la tête et
lui ,

avec lui en perdition ce qui est advenu visi-


trouvé auprès du Rhône. Le magistrat,
;
fut
blement à certains malheureux de notre temps
averti de cela , vint sur le lieu, et s'informa
qui ont été emportés par le diable, auquel ils
du prenant attestation de ces deux fem-
s'étaient donnés. —
Il y a quelque temps qu'en
fait,
mes de ce qu'elles avaient vu. Voilà des —
Allemagne un homme de mauvaise vie était
événements terribles, épouvantables, pour
si mal embouché que jamais il ne parlait
,
donner crainte et frayeur à tels ou semblables
sans nommer les diables. Si en cheminant il monde
jureurs et renieurs de Dieu, desquels le
lui advenait de faire quelque faux pas ou de
n'est que trop rempli aujourd'hui. Réfrénez
se heurter, aussitôt il avait les diables dans
donc, misérables que vous êtes, vos langues
sa gueule. De quoi combien que plusieurs fois
infernales; départez-vous de toutes méchan-
il eût été repris par ses voisins et admonesté ,
tes paroles et exécrations, et vous accoutu-
de se châtier d'un si méchant et détestable
mez à louer et glorifier Dieu tant de bouche
vice toutefois ce fut en vain. Continuant
,

dans cette mauvaise et damnable coutume, il


que de fait '. » —
Quand les femmes gçecquœ
entendent des imprécations comme il s'en
advint un jour qu'en passant sur un pont il
fait dans chaudes colères de leur pays,
les
trébucha et, étant tombé du haut en bas, pro-
elles se hâtent de mouiller leurs seins avec
féra ces paroles Lève-toi par tous les cent
:

1
Hector de Boëce. 1
Chassanion, Jugements de Pieu, p. 169.
,,
, ,,

INC — 27 — INC
leur salive de peur qu'une partie de ers ma-
,
secrets de ces procédés , en a publié un dans
lédictions ne tombent sur elles ». Voy. Jure- ses Entretiens sur la physique expérimentale.

ments. Ceux qui font métier, dit-il, de manier le

Incendies. — En 1807, un professeur de feu et d'en tenir à la bouche ,


emploient quel-
quefois un mélange égal d'esprit de soufre,
Brunswick annonça qu'il vendait de la poudre
de sel ammoniac, d'essence de romarin et de
aux incendies, comme un apothicaire vend
suc d'oignon. L'oignon est en effet regardé, par
de la poudre aux vers; il ne s'agissait, pour
les gens de campagne, comme un préser-
la
sauver un édifice que de le saupoudrer de
,

vatif contre la brûlure. Dans le temps où le


quelques pincées de cette poudre; deux onces
P, Regnault s'occupait de ces recherches un
suffisaient par pied carré et comme la livre :
,

ne coûtait que sept à huit sous et qu'un ,


chimiste anglais , nommé Richardson , rem-
plissait toute l'Europe du bruit de ses expé-
homme n'a que quatorze pieds de superficie
on pouvait, pour M
sous ou six deniers (vieux riences merveilleuses. Il mâchait des char-

bons ardents sans se brûler il faisait fondre


style) se rendre incombustible. Quelques
,
;

gens crédules achetèrent la poudre du doc-


du soufre le plaçait tout animé sur sa main
,

et le reportait sur sa langue, où il achevait


teur. Les gens raisonnables crurent qu'il vou-
lait attraper le public et se moquèrent de
,
de se consumer; il mettait aussi sur sa lan-
lui 2 . Voy. Apparitions.
gue des charbons embrasés, y faisait cuire

Incombustibles. —
Il y avait jadis en Es-
un morceau de viande ou une huître, et souf-
frait, sans sourciller, qu'on allumât le feu
pagne des hommes d'une trempe supérieure
avec un soufflet; il tenait un fer rouge dans
qu'on appelait Saludadores, Santiguadores
ses mains, sans qu'il y restât aucune trace
Ensalmadores. Ils avaient non-seulement la
de brûlure prenait ce fer dans ses dents, et
vertu de guérir toutes les maladies avec leur
,

le lançait au loin avec une force étonnante


salive, mais ils maniaient le feu impunément; ;

il avalait de la poix et du verre fondus, du


ilspouvaient avaler de l'huile bouillante,
soufre et de la cire mêlés ensemble, et tout
marcher sur les charbons ardents se pro- ,

ardents, de sorte que la flamme sortait de sa


mener à l'aise au milieu des bûchers enflam-
bouche comme d'une fournaise. Jamais, dans
més. Ils se disaient parents de sainte Cathe-
toutes ces épreuves, il ne donnait le moindre
rine et montraient sur leur chair l'empreinte
d'une roue, signe màgnifeste de leur glorieuse
signe de douleur. Depuis le chimiste Ri- —
chardson, plusieurs hommes ont essayé com-
origine. Il —
existe aujourd'hui en France,
me lui de manier le feu impunément. En 1774,
en Allemagne et dans presque toute l'Europe,
on vit à la forge de Laune un homme qui
des hommes qui ont les mêmes privilèges et ,

marchait sans se brûler sur des barres de fer


qui pourtant évitent avec soin l'examen des
ardentes tenait sur sa main des charbons, et
,

savants et des docteurs. Léonard Vair conte


les soufflait avec sa bouche; sa peau était
qu'un de ces hommes incombustibles ayant
épaisse et enduite d'une sueur grasse onc- ,
été sérieusement enfermé dans un four très-
tueuse mais il n'employait aucun spécifique.
,
chaud, on le trouva calciné quand on rouvrit
Tant d'exemples prouvent qu'il n'est pas né-
le y a quelques années qu'où vit à
four. Il
cessaire d'être parent de sainte Catherine
Paris un Espagnol marcher pieds nus sur
pour braver les effets du feu. Mais il fallait
des barres de fer rOugies au feu promener ,
que quelqu'un prît la peine de prouver, par
des lames ardentes sur ses bras et sur sa
des expériences décisives, qu'on peut aisé-
langue, se laver les mains avec du plomb
ment opérer tous les prodiges dont l'Espagnol
fondu, etc.; on publia ces merveilles. Dans
incombustible a grossi sa réputation ce phy-
un autre temps l'Espagnol eût passé pour un
;

homme qui
,

avait des relations avec le dé-


sicien s'est trouvé à Naples. M. Sementini, —
premier professeur de chimie à l'université
mon ;
alors, on se contenta de citer Virgile
de cette ville, a publié à ce sujet des recher-
qui dit que les prêtres d'Apollon au mont So-
racte marchaient sur des charbons ardents;
ches qui ne laissent rien à désirer. Ses pre-
on mières tentatives ne furent pas heureuses
Varron, qui affirme que ces prêtres
cita
avaient
mais il ne se découragea point. Il conçut que
le secret d'une composition qui les
ses chairs ne pouvaient acquérir subitement
rendait pour quelques instants inaccessibles
à l'action du feu. —
Le P. Kegnault, qui a les mêmes facultés que celles du fameux Lio-
netti qui était alors incombustible qu'il était
fait quelques recherches pour découvrir les , ;

nécessaire de répéter long-temps les mêmes


tentatives et que, pour obtenir les résultats
1
Mac-Farlane, Souvenirs du Levant.
2 M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, tome III,
qu'il cherchait, il fallait beaucoup de cons-
p. 213. tance. A force de soins il réussit. Il se fit sur
18.
INF — 2 m — iNo
le corps des frictions sulfureuses, et les ré- que, pendant les trois jours de le sépulture
péta si souvent, qu'enfin il put y promener de Notre-Seigneur, son âme descendue dans ,

impunément une lame de fer rouge. Il essaya le lieu où les damnés souffrent y fut tour- ,

de produire avec une dissolu-


le même effet mentée avec ces malheureux
tion d'alun l'une des substances les plus pro-
,
Infidélité. —
Quand certaines peuplades
pres à repousser l'action du feu le succès :
d'Egvpte soupçonnaient leurs femmes d'infi-
fut encore plus complet. Mais quand M. Se- délité, ils leur faisaient avaler de l'eau sou-
mentini avait lavé la partie incombustible, il frée, dans laquelle ils mettaient de la pous-

perdait aussitôt tous ses avantages deve- , et sière et de l'huilede lampe, prétendant que.
nait aussi périssable que le commun des mor- si elles étaient coupables, ce breuvage leur
tels. Il fallut donc tenter de nouvelles expé- ferait souffrir des douleurs insupportables :

riences. Le hasard servit M. Sementini à espèce d'épreuves connue sous le nom de ca-
souhait. En cherchant jusqu'à quel point lice du soupçon.
l'énergie du spécifique qu'il avait employé Influence des astres. Le Taureau do- —
pouvait se conserver, il passa sur la parlie mine sur le cou les Gémeaux sur les épau-
;

frottée un morceau de savon dur. et l'essuya les; l'Écrevisse sur les bras et sur les mains;
avec un linge il
y porta ensuite une lame
:
le Lion sur le cœur et le dia-
la poitrine .

de fer. Quel fut son étonnement de voir que phragme ; Vierge sur l'estomac les intes-
la ,

sa peau avait non-seulement conservé sa tins, les côtes et les muscles; la Balance sur
première insensibilité, mais qu'elle en avait les reins ; le Scorpion sur les parties secrètes;
acquis une bien plus grande encore Quand !
le Sagittaire sur le nez et les excréments; le
on est heureux on devient entreprenant , :
Capricorne sur les genoux; le Verseau sur les
M. Sementini tenta sur sa langue ce qu'il ve- cuisses ; le Poisson sur les pieds. — Voilà en
nait d'éprouver sur son bras, et sa langue peu de mots ce qui regarde les douze signes
répondit parfaitement à son attente; elle sou- du Zodiaque touchant les différentes parties
tint l'épreuve sans murmurer un ;
fer étince- du corps. Il est donc très-dangereux d'offen-
lant n'y laissa pas la moindre empreinte de ser quelque membre, lorsque la lune est dans
brûlure. — Voilà donc les prodiges de 'in- i
le signe qui le domine parce que la lune en ,

combustibilité réduits à des actes naturels et augmente l'humidité comme on le verra si ,

vulgaires 1
.
Voy. Feu ;
on expose de la chair fraîche pendant la nuit
Incrédules. — On a remarqué, par de tris- aux rayons de la lune; il s'y engendrera des
tes expériences ,
que les incrédules, qui nient vers, et surtout dans la pleine lune -. Voy.
les faits de croient aux fables su-
la religion , Astrologie.
perstitieuses aux songes, aux cartes, aux
,
ïnis Fail, — nom d'une pierre fameuse at-
présages aux plus vains pronostics
, com- ,
— tachée encore aujourd'hui sous le siège où
me pour montrer que l'esprit fort est surtout l'on couronnait dans de Westminster l'église
un esprit faible. les rois de la Grande-Bretagne. Celte pierre

Incubes , —
démons qui séduisaient les du destin que dans la légende héroïque de
,

femmes. Servius Tullius, qui fut roi des Ro- ces peuples les anciens Écossais avaient ap-
mains, était le fils d'une esclave et de Vul- portée d'Irlande, au quatrième siècle, devait
cain selon d'anciens auteurs d'un salaman-
, ; les faire régner partout où elle serait placée
dre, selon les cabalistes; d'un démon incube, au milieu d'eux.
selon les démonographes. Inquisition. —
Ce fut vers l'an 1200 que
Incubo, — génie gardien des trésors de le pape Innocent III établit le tribunal de l'in-
la terre. Le petit peuple de l'ancienne Rome quisition pour procéder contre les Albigeois,
croyait que les trésors cachés dans les en- hérétiques perfides qui bouleversaient la so-
trailles de gardés par des es-
la terre étaient ciété. Déjà, en 1184, le concile de Vérone

prits nommés Incubones, qui avaient de petits avait ordonné aux évoques de Lombardie de
chapeaux dont il fallait d'abord se saisir. Si rechercher les hérétiques , et de livrer au ma-
on avait ce bonheur, on devenait leur maître, gistrat civilceux qui seraient opiniâtres. Le
et on les contraignait à déclarer et à décou- comte de Toulouse adopta ce tribunal en 1 229;
vrir où étaient ces trésors. Grégoire IX en 233 le confia aux domini-
, 1 ,

Infernaux. — On nomma dans le ainsi cains. Les écrivains qui ont dit que saint Do-

partisans de Nicolas Gal- minique fut le premier inquisiteur-général,


seizième siècle les
qui soutenaient ont dit la chose qui n'est pas. Saint Domini-
lus et de Jacques Smidelin ,

186
1
T5cr£ier, Dict. throlog.
i M. Signes, De? Ë-rcurs et des préjugé», t. Il, p.
2 Admirables secrets d'Albert-le-Grand, p. 18.
et suiv.
1NO — 2 77 — mq
que ne jamais inquisiteur; il était mort
fut seulement que des prêtres puissent prononcer
en '1221. Le premier inquisiteur-général fut des jugements de mort. H y a dans l'his- —
le légat Pierre de Castelnau que les Al- ,
toire de France un grand fait qui n'est pas
bigeois assassinèrent. Le pape Innocent IV assez observé, c'est celui des templiers; ces
étendit l'inquisition dans toute l'Italie , à infortunés, coupables ou non (ce n'est point
l'exception de Naples. L'Espagne y fut sou- de quoi il s'agit ici), demandèrent expressé-
mise de 4 480 à 1484, sous le règne de Fer- ment d'être jugés par le tribunal de l'inquisi-
dinand et d'Isabelle ;
le Portugal l'établit tion ;
car ils savaient bien , disent les histo-
en -1557. L'inquisition parut depuis dans les riens, que s'ils obtenaient de tels juges, ils

pays où ces puissances dominèrent; mais elle ne pouvaient plus être condamnés à mort....
ne s'est exercée dans aucun royaume que du — Le tribunal de l'inquisition était composé
consentement et le plus souvent à la demande d'un chef nommé grand-inquisiteur, qui était
des souverains *. Elle a été repoussée en toujours archevêque ou évêque; de huit con-
France et en Belgique. —
« Si l'on excepte un seillers ecclésiastiques, dont six étaient tou-
très-petit nombre d'hommes instruits , dit jours séculiers, et de deux réguliers, dont
Joseph de Maistre il ne vous arrivera guère
, l'un était toujours dominicain , en vertu d'un
de parler de l'inquisition sans rencontrer clans privilège accordé par le roi Philippe III l
. »

chaque tête trois erreurs capitales, plantées — Ainsi les dominicains ne dirigeaient donc
et comme rivées dans les esprits, au point pas l'inquisition puisque l'un d'eux seulement

,

qu'elles cèdent à peine aux démonstrations en faisait partie par privilège. « On ne voit
les plus évidentes. — On croit que l'inquisi- pas bien précisément, dit encore Joseph de
tion est un tribunal purement ecclésiastique :
Maistre à quelle époque le tribunal de l'in-
,

cela est faux. On croit que les ecclésiastiques quisition commença à prononcer la peine de
qui siègent dans ce tribunal condamnent cer- mort. Mais peu nous importe il nous suffit ;

tains accusés à la peine de mort cela est : de savoir, ce qui est incontestable qu'il ne ,

faux. On croit qu'ils les condamnent pour de put acquérir ce droit qu'en devenant royal,
simples opinions cela est faux.
: Le tribu- — et que tout jugement de mort demeure, par
nal espagnol de l'inquisition était purement sa nature, étranger au sacerdoce. » — La te-
royal. C'était le roi qui désignait l'inquisiteur neur des jugements établit ensuite que les
général, et celui-ci nommait à son tour les confiscations étaient faites au profit de la
inquisiteurs particuliers, avec l'agrément du chambre royale et du fisc de Sa Majesté.
roi. Le règlement constitutif de ce tribunal « Ainsi encore un coup le tribunal est pu-
, ,

fut publié en l'année 1484 par le cardinal rement royal malgré la fiction ecclésiastique,
— Doux
,

ïorquemada, de concert avec le roi \ et toutes les belles phrases sur l'avidité sa-
tolérant, charitable, consolateur dans tous les cerdotale tombent à terre 2
. » Ainsi l'inquisi-
pays du monde, par quelle magie le gouver- tion religieuse n'était, dans le fond, comme
nement ecclésiastique sévirait-il en Espagne dit Garnier, qu'une inquisition politique
3
. Le
au milieu d'une nation éminemment noble et rapport des Cortès de 1812 appuie ce juge-
généreuse? Dans l'examen de toutes les ques- ment. —
« Philippe II, le plus absurde des
tions possibles il n'y a
, rien de si essentiel princes, dit ce rapport, fut le véritable fon-
que d'éviter la confusion des idées. Séparons dateur de l'inquisition. Ce fut sa politique
donc et distinguons bien exactement lorsque , raffinée qui la porta à ce pointde hauteur où
nous raisonnons sur l'inquisition la part du , elle était montée. Les rois ont toujours re-
gouvernement de celle de l'Église. Tout ce poussé les avis qui leur étaient adressés con-
que le tribunal montre de sévère et d'ef- tre ce tribunal, parce qu'ils sont, dans tous
frayant, et la peine de mort surtout, appar- les cas maîtres absolus de nommer, de sus-
,

tient au gouvernement; c'est son affaire; c'est pendre ou de renvoyer les inquisiteurs, et
à lui, et c'est à lui seul qu'il faut en deman- qu'ils n'ont, d'ailleurs, rien à craindre de
der compte. Toute la clémence au contraire ,
l'inquisition, qui n'est terrible que pour leurs
qui joue un si grand rôle dans le tribunal de sujets.... » — Ainsi tombent ces contes bleus
l'inquisition est l'action de l'Église, qui ne
, de rois d'Espagne qui s'apitoyaient sur des
se mêle de supplices que pour les supprimer condamnés sans pouvoir leur faire grâce,
ou les adoucir. Ce caractère indélébile n'a quand il est démontré que c'étaient ces rois
jamais varié. Aujourd'hui ce n'est plus une , eux-mêmes qui condamnaient. On a dit —
erreur, c'est un crime de soutenir, d'imaginer
1 Joseph de Maistre, Lettres à un gentilhomme russe

1 sur l'inquisition espagnole.


Bergier, Dict. théolog.
2 Id., ibid.
3 Voyez le rapport officiel en vertu duquel 'inquisi-
er
tion fut supprimée par les cortès de 1812. > Hist, de François 1 , t. II, chap. 3,
278 - 1NQ
que depuis trois siècles l'histoire était une cinq millions le nombre des personnes que
vaste conspiration contre le catholicisme. On l'inquisition a fait périr en Espagne. C'est, de
feraitun volume effrayant du catalogue des plus de quatre millions et neuf cent mille une
,

mensonges qui ont été prodigués dans ce sens erreur, — pour ne pas dire plus. — Rappor-
par les historiens. La plupart ^viennent de la tons maintenant quelque procédure de l'in-
réforme; mais les écrivains catholiques les quisition. Le fait qui va suivre est tiré de
copient tous les jours sans réflexion. C'est la l'histoirede l'inquisition d'Espagne, faite à
réforme qui première a écrit l'histoire de
la Paris sur les matériaux fournis par D. Llo-
l'inquisition; on a trouvé commode de trans- rente, matériaux qu'on n'a pas toujours em-
crire son odieux roman qui épargnait des ,
ployés comme Llorente l'eût voulu car on ;

recherches. Vous trouverez donc partout des a fait de son livre un pamphlet. a L'inqui- —
faits inventés qui se présentent avec une ef- sition faisait naturellement la guerre aux
fronterie incroyable. Nous en citerons deux francs-maçons et aux sorciers. A la fin du
ou trois. —
« Si l'on en croit quelques histo- dernier siècle, un artisan fut arrêté au nom
riens Philippe III
,
roi d'Espagne obligé
,
,
du saint-office dans quelques
pour avoir dit
d'assister à un auto-da-fé (c'est le nom qu'on entretiens qu'il n'y avait ni diablesni aucune ,

donne aux exécutions des inquisiteurs) fré- , autre espèce d'esprits infernaux capables de se
mit, et ne put retenir ses larmes en voyant rendre maîtres des âmes humaines. Il avoua,
une jeune Juive et une jeune Maure de quinze dans la première audience, tout ce qui lui
à seize ans qu'on livrait aux flammes, et qui était imputé, ajouta qu'il en était alors per-
n'étaient coupables que d'avoir été élevées suadé pour les raisons qu'il exposa et déclara ,

dans la religion de leurs pères et d'y croire. qu'il était prêt à détester de bonne foi son
Ces historiens ajoutent que l'inquisition fit un erreur, à en recevoir l'absolution, et à faire
crime à ce prince d'une compassion si natu- la pénitence qui lui serait imposée. « J'avais
relle que le grand inquisiteur osa lui dire
;
vu (dit-il en se justifiant) un si grand nombre
que pour l'expier il fallait qu'il lui en coûtât de malheurs, dans ma personne, ma famille,
du sang que Philippe III se laissa saigner,
,
mes biens et mes affaires, que j'en perdis
et que le sang qu'on lui tira fut brûlé par la patience, et que, dans un moment de déses-
main du bourreau.... » C'est Saint-Foix — poir, j'appelai le diable à mon secours : je
qui rapporte ce tissu d'absurdes faussetés, lui offris en retour ma personne et mon âme.
dans ses Essais sur Paris, sans songer qu'au- Je renouvelai plusieurs fois mon invocation .

cun historien ne rapporte vraiment ces faits; dans l'espace de quelques jours, mais inuti-
qu'ils ont été imaginés quatre-vingts ans après lement, car le diable ne vint point. Je m'a-
la mort de Philippe III; que Philippe III était dressai à un pauvre homme qui passait pour
maître de faire grâce et de condamner; que sorcier; je lui fis part de ma situation. Il me
l'inquisition ne brûlait pas les Juifs et les conduisit chez une femme qu'il disait beau-
,

Maures coupables seulement d'avoir été éle-


,
coup plus habile que lui dans les opérations
vés dans la religion de leurs pères et d'y de la sorcellerie. Cette femme me conseilla de
croire qu'elle se contentait de les bannir me rendre, trois nuits de suite, sur la colline
;

pour raisons politiques, etc. — Vous lirez ail- des Visiillas de saint François et d'appeler ,

leurs que le cardinal Torquemada ,


qui rem- à grands cris Lucifer, sous le nom d'ange de
plit dix-huit ans les fonctions de grand-inqui- lumière, en reniant Dieu et la religion chré-
siteur, condamnait dix mille victimes par an, tienne et en lui offrant mon âme. Je fis tout,
,

ce qui ferait cent quatre-vingt mille victimes. ce que celte femme m'avait conseillé, mais
Mais vous verrez pourtant ensuite qu'il mou- je ne vis rien alors elle me dit de quitter le
:

rut ayant fait dans sa vie six mille poursui- rosaire, le scapulaire et les autres signes de
tes, ce qui n'est pas cent quatre-vingt mille; chrétien que j'avais coutume de porter sur
que pape lui fit trois fuis des représenta-
le moi et de renoncer franchement et de toute
,

tions pour arrêter sa sévérité; vous trouverez mon âme à la foi cie Dieu pour embrasser ,

dans les jugements assez peu de condamna- le parti de Lucifer, en déclarant que je re-

tions à mort. Les auto-da-fé ne se faisaient connaissais sa divinité et sa puissance pour


que tous les deux ans; les condamnés à mort supérieures à celles de Dieu même; et, après
attendaient longuement leur exécution parce ,
m être assuré que j'étais véritablement dans
qu'on espérait toujours leur conversion et ;
ces dispositions, de répéter, pendant trois
vous regretterez de rencontrer si rarement la autres nuits, ce que j'avais fait la première
vérité dans les livres. Un savant ouvrage — fois. J'exécutai ponctuellement ce que cette

qui vient de paraître (le Dictionnaire univer- femme venait de me prescrire cependant ;

sel de la Géographie et de l'Histoire) porte à Yange de lumière ne m'apparut point. La


,
,

INQ . 9 79 — unv
vieille de prendre de mon
me recommanda La lecture de la sentence fut souvent inter-
sang, et de m'en servir pour écrire sur du rompue par de grands éclats de rire auxquels ,

papier que j'engageais mon âme à Lucifer, se joignait le mendiant lui-même. Le coupa-
comme à son maître et à son souverain de ; ble fut, en effet, promené par les rues, mais
porter cet écrit au lieu où j'avais fait mes non fouetté; pendant la route, on lui offrait
invocations, et, pendant que je le tiendrais à du vin et des biscuits pour se rafraîchir.... »
la main de répéter mes anciennes paroles
, :
— Nous pourrions rassembler beaucoup de
je fis tout ce qui m'avait été recommandé traits pareils, qui peindraient l'inquisition tout
mais toujours sans résultat. — Me rappelant autrement que ne la montrent des livres men-
alors tout ce qui venait de se passer, je rai- teurs. Voy. Tribunal secret.
sonnai ainsi y avait des diables, et s'il
: S'il Insensibilité. — On prétendait que le dia-
de s'emparer des
était vrai qu'ils désirassent ble rendait les sorciers insensibles à la ques-
âmes humaines, il serait impossible de leur tion ou torture. Mais ce fait ne s'est jamais
en offrir une plus que celle-ci,
belle occasion vu , du moins avec certitude.
puisque j'ai véritablement désiré de leur don-
ner la mienne. Il n'est donc pas vrai qu'il y
Interdit, — censure de
l'Église qui suspend
les ecclésiastiques de leurs fonctions et qui ,

ait des démons; le sorcier et la sorcière n'ont


prive le peuple de l'usage des sacrements du ,

donc fait aucun pacte avec le diable et ils ,

service divin et de la sépulture en terre sainte.


ne peuvent être que des fourbes et des char-
latans l'un et l'autre. » Telles étaient en — L'objet de l'interdit n'était, dans son origine,
que de punir ceux qui avaient causé quelque
substance les raisons qui avaient fait aposta-
scandale public, et de les ramener au devoir
sier Jean Pérez. Il les exposa, en
l'artisan
en les obligeant à demander la levée de l'in-
confessant sincèrement son péché. On entre-
prit de lui prouver que tout ce qui s'était
terdit. — Ordinairement l'interdit arrêtait les
dérèglements des monastères ,
empêchait les
passé ne prouvait rien contre l'existence des
hérésies de s'étendre, était un frein aux sei-
démons, mais faisait voir seulement que le
gneurs tyranniques, aux criminels puissants,
diable avait manqué de se rendre à l'appel
aux perturbateurs de la paix publique. Ainsi,
Dieu le lui défendant quelquefois, pour ré-
après le massacre des vêpres siciliennes, Mar-
compenser le coupable, de quelques bonnes
tin IV mit en interdit la Sicile et les états de
œuvres qu'il a pu faire avant de tomber dans
Pierre d'Aragon. Grégoire VU, qui fit granit
l'apostasie. Il se soumit à tout ce qu'on vou-
usage de sauva plus d'une fois par
l'interdit,
lut, reçut l'absolution et fut condamné à une
année de prison à se confesser et à commu-
,
cette mesure la cause de l'humanité. L'in- —
terdit doit être prononcé dans les mêmes for-
nier aux fêtes de Noël de Pâques et de la ,

mes que l'excommunication, par écrit, nom-


Pentecôte, pendant le reste de ses jours sous ,

mément, avec l'expression de la cause et après


la conduite d'un prêtre qui lui serait donné
trois monitions. La peine de ceux qui violent
pour directeur spirituel à réciter une partie ;
l'interdit est de tomber dans l'excommunica-
du rosaire et à faire tous les jours des actes
tion.
de foi d'espérance de charité de contri-
tion ,
,

etc.
,

Tel fut son châtiment.


,

— Voici
Invisibilité. — Pour. être invisible, il ne
maintenant l'histoire d'un autre épouvantable faut que mettre devant soi le contraire de la

auto-da-fé, extraite du Voyage en Espagne lumière; un mur, par exemple t. Mais le —


pendant les années 1786 et 1787, par Joseph petit Albert et les Claviculesde Salomon nous
Fownsend, recteur de Pevvsey : — « Un men- découvrent des secrets importants pour l'invi-
sibilité. On se rend invisible en portant sous
diant, nommé Ignazio Rodriguez, fut mis en
jugement au tribunal de l'inquisition pour son bras droit le cœur d'une chauve-souris,
avoir distribué des philtres amoureux dont celui d'une poule noire ou celui d'une gre-

les ingrédients étaient tels que l'honnêteté ne nouille; ou bien, disent ces infâmes petiis li -

permet pas de les désigner. En administrant vres de secrets stupides, volez un chat noir,
le ridicule remède (il paraît que le prédicant achetez un pot neuf, un miroir, un briquet ,

anglais n'est pas sévère) prononçait quel- , il


une pierre d'agate du charbon et de Lama -
,

ques paroles de nécromancie. Il fut bien con- dou, observant d'aller prendre de l'eau au
staté que la poudre avait été administrée à coup de minuit à une fontaine; après quoi al-
des personnes de tout rang. Rodriguez fut lumez votre feu mettez le chat dans le pot,
,

condamné à être conduit dans les rues de et tenez le couvert de la main gauche sans ja-

Madrid, monté sur un âne, et à être fouelté. mais bouger ni regarder derrière vous, quel-
On lui imposa de plus quelques pratiques de que bruit que vous entendiez et après l'avoir
;

religion et l'exil de la capitale pour cinq ans. 1


Le comte de Gabalis.
im — 280 — 1S
fait -quatre heures, toujours
bouillir vingt ïo. — Cette femme que Junon changea en
sans bouger et sans regarder derrière vous génisse est traitée de sorcière dans les dé-
mettez-le dans un plat neuf, prenez la viande monographes. Delancre assure 1 que c'était
et la jetez par-dessus l'épaule gauche, en di- une magicienne qui se faisait voir tantôt sous
sant ces paroles Accipe quod tibi do et nihil
: les traits d'une femme, tantôt sous ceux d'une
amplius; puis mettez les os l'un après l'autre vache avec ses cornes.
sous les dents du côté gauche en vous re-
, ,
ïpès ou Ayperos et comte de,
— prince
gardant dans le miroir; et si l'os que vous te- l'enfer; il forme d'un ange,
apparaît sous la
nez n'est pas le bon, jetez-le successivement, quelquefois sous celle d'un lion avec la tète ,

en disant les mêmes paroles jusqu'à ce que et les pattes d'une oie et une queue de lièvre ;

vous l'ayez trouvé; sitôt que vous ne vous il connaît le passé et l'avenir, donne du gé-
verrez plus dans le miroir, retirez- vous à re- nie et de l'audace aux hommes, et commande
culons. — On peut encore pour se rendre , trente-six légions 2.

invisible, faire cette opération que l'on com-


Irlande. — Parmi beaucoup d'opinions
mence un mercredi avant le soleil levé on ;
poétiques ou bizarres , les Irlandais croient
se munit de sept fèves noires puis on prend ,
qu'une personne qui doit mourir naturelle-
une tête de mort on met une fève dans la
;
ment ou par accident se montre la nuit à ,

bouche, deux dans les narines, deux dans les


quelqu'un, ou plutôt son image, dans un drap
yeux et deux dans les oreilles; on fait ensuite
mortuaire. Cette apparition a lieu dans les
sur cette tête la figure d'un triangle, puis on
trois jours qui précèdent la mort.
l'enterre la face vers le ciel on l'arrose pen-
dant neuf jours avec d'excellente eau-de-vie,
;

Is, — ville bretonne, gouvernée par le roi

Gralon; toute espèce de luxe et de débauche


de bon matin avant le soleil levé. Au hui-
,

régnaient dans cette opulente cité. Les plus


tième jour, vous y trouverez un esprit ou dé-
mon qui vous demandera, Que fais-tu là? vous saints personnages y prêchaient en vain les
mœurs La princesse Dahut,
et la réforme.
lui répondrez J'arrose ma plante. Il vous
,

fille du roi, oubliant la pudeur et la modéra-


dira, Donne-moi cette bouteille, je l'arroserai
moi-même vous lui répondrez que vous ne
tion naturelle à son sexe y donnait l'exem- ,
;
ple de tout genre de dépravation. L'heure de
le voulez pas. Il vous la demandera encore ,
la vengeance approchait le calme qui pré- :

vous la lui refuserez jusqu'à ce que, tendant


cède les plus horribles tempêtes les chants ,

la main vous verrez dedans une figure sem-


,

la musique, le vin, toute espèce de spectacle


blable à celle que vous avez faite sur la tête
et de débauche enivraient, endormaient les
;

vous devez être assuré que c'est l'esprit véri-


habitants endurcis de la grande ville. Le roi
table de la tête n'ayant plus de surprise à
:

Gralon seul n'était pas insensible à la voix du


craindre, vous lui donnerez votre fiole, il arro-
sera lui-même et vous vous en irez. Le len- — ciel; un jour le prophète Guénolé prononça
d'une voix sombre ces mots devant le roi Gra-
demain, qui est le neuvième jour, vous y re-
lon « Prince, le désordre est au comble, le
:

tournerez vous y trouverez vos fèves mures,


;

bras de l'Éternel se lève, la mer se gonfle, la


vous les prendrez vous en mettrez une dans
,

cité d'Is va disparaître : partons. » Gralon


votre bouche puis vous regarderez dans un
,
monte aussitôt à cheval, et s'éloigne à toute
miroir: si vous ne vous y voyez pas, elle sera
bride; sa fille Dahut le suit en croupe.... La
bonne. Vous en ferez de même de toutes les
main de l'Éternel s'abaisse.; les plus hautes
autres; celles qui ne vaudront rien doivent
être enterrées où est la tête. Pour celte — tours de
sent en grondant
la ville sont englouties, les
le coursier du saint
flots

roi,
pres-
qui
expérience, ayez toutes les choses bien prépa-
ne peut s'en dégager une voix terrible se fait ;
rées avec diligence et avec toutes les solen-
entendre « Prince, si tuveux le sauver, ren-
:

nités requises.... Soyez sûr qu'il y a de mal-


voie le diable qui te suit en croupe. » La belle
heureux njais qui croient à ces procédés. Voy.
Dahut perdit la vie se noya près du lieu ,

Anneau.
qu'on nomme Poul-Dahut. La tempête cessa,
invocations. —
Agrippa dit que, pour in- l'air devint calme, le ciel serein; mais, de-

voquer le diable et l'obliger à paraître, on se puis ce moment, le vaste bassin sur lequel
s'étendait une partie de la ville d'Is fut cou-
sert de paroles magiques: Dies mies, jesquet
vert d'eau. C'est maintenant la baie de
benedo efet douvema enitemaiis ! Mais Pierre
Leloyer dit que ceux qui ont des rousseurs au Douarnenez 3
.

visage ne peuvent faire venir les démons, T


Tableau de l'inconstance des démons, p. 48.
quoiqu'ils les invoquent. Voy. Évocations et 2 Wierus, in Pseudomonarchia daim.
Conjurations. 3 M. Cambry, Voyage dans le Finistère., t. II, p. 284.
JAD 281 — JAM
Xsaacarum ,
— l'un des adjoints de Levia- ïsparetta, — idole principale des habitants
tan dans la possession de Loudun. de la côte du Malabar. Antérieurement à toute

Les Islandais sont si experts
Islandais. création, ïsparetta se changea en un œuf, d'où
dans l'art magique, dit un voyageur du der- sortirent le ciel et la terre et tout ce qu'ils con-

nier siècle qu'ils font voir aux étrangers ce


,
tiennent. On le représente avec trois yeux et
qui se passe dans leurs maisons, même leurs huit mains, une sonnette pendue au cou, une
pères, mères, parents et amis vivants ou demi-lune et des serpents sur le front.

morts i.

— ha- Xsrafil OU Asrafil , — VOy. ASRAFIL.


Isle en Jourdain (MAhNFROY DE l'),

bile devin qui découvrit par l'astrologie l'hor- ithyphalle , —


nom d'une espèce d'amu-
rible conduite de deux chevaliers, Philippe et lettes que l'on pendait au cou des enfants et

Gauthier d'Aunoy, lesquels étaient amants des vestales; on leur attribuait de grandes
,

l'unde Marguerite de Navarre femme de ,


vertus. Pline dit que c'était un préservatif

Louis-le-Hutin, et l'autre de Blanche, femme pour les empereurs mêmes qu'il protégeait ,

de Charles- le-Bel on prouva encore qu'ils


;
contre les effets de l'envie.

envoûtaient les maris de ces deux dames. Iwan Basilowitz, — V01J. JEAN.
C'étaient les deux frères de Philippe de Va-
lois. Le roi Philippe en fit, justice; les deux
iwanjis, — sorciers des îles Moluques, qui

chevaliers furent écorchés vifs et pendus, et les font aussi le métier d'empoisonneurs. On pré-

deux dames périrent en prison 2 .


tend qu'ils déterrent les corps morts et s'en
nourrissent ce qui oblige les Moîuquois à
;
1
Nouv. voyage vers le septenf ., 1708, chap. 06.
2
monter la garde auprès des sépultures jusqu'à
Manuscrit de la Bibliothèque cité par Joly dans
,

ses Remarques sur Bayle. ce que les cadavres soient pourris.

Jabamiah ,

mot puissant de la cabale Jakises, — esprits malins répandus dans
élémentaire, lequel prononcé par un sage ca- l'air chez les Japonais. On célèbre des fêtes
baliste restitue les membres tronqués. pour obtenir leurs bonnes grâces.
Jacobins de Berne, — VOlJ . JETZER. Jamambuxes, — espèces de fanatiques ja-
Jacques I er . —
Le roi d'Angleterre Jac- ponais qui errent dans les campagnes et pré-
ques I er que Henri IV appelait si plaisam-
, tendent converser familièrement avec le dia-
ment maître Jacques, ne se contentait pas de ble. Quand ils vont aux enterrements, ils en-
faire brûler partout les sorciers, il a fait en- lèvent, dit-on, le corps sans qu'on s'en aper-
core, sous le titre de Démunologie, un gros vo- çoive, et ressuscitent les morts. Après s'être
lume pour prouver que les sorciers entretien- meurtris de coups de bâton pendant trois mois
nent un commerce exécrable avec le diable. ils entrenteri nombre dans une barque, s'avan-
On trouve dans ce livre toutes les idées de cent en pleine mer, font un trou à la barque,
son temps, dont quelques-unes sont étroites. et se noient en l'honneur de leurs dieux. Cette
Jade, —
pierre à laquelle les Indiens attri- sorte de fakirs fait profession, à ce qu'on as-
buaient, entre autres propriétés merveilleuses, sure, entre les mains du diable même, qui se
celles de soulager les douleurs de reins, quand montre à eux sous une forme terrible. Ils dé-
on l'y appliquait, et de faire écouler le sable couvrent les objets perdus ou dérobés pour ;

de la vessie. Ils la regardaient aussi comme cela ils font asseoir un petit garçon à terre ,

un remède souverain contre l'épilepsie, et les deux pieds croisés ensuite ils conjurent le
;

s'étaient persuadé que, portée en amulette, diable d'entrer dans le corps du jeune homme,
elle était un préservatif contre les morsures qui écume, tourne les yeux et fait des con- ,

des bêtes venimeuses. Ces prétendues pro- torsions effrayantes. Le jamambuxe, après
priétés lui avaient donné la vogue à Paris, il l'avoir laissé se débattre, lui recommande de
y a quelques années; mais cette pierre pro- s'arrêter et de dire où est ce qu'on cherche;
digieuse a perdu sa réputation, et ses grandes lejeune homme obéit, et prononce d'une voix
vertus sont mises au rang des fables. enrouée lenom du voleur, le lieu où a mis il
JAR — 282 JEA
l'objet volé, le temps où il l'a pris, et la ma- largeur de deux pouces, vous en ferez un re-
nière dont on peut le faire rendre. doublé dans lequel vous coudrez ladite herbe •

Jamblique, — philosophe platonicien du et les porterez aux jambes. Il n'y a point de


quatrième siècle, né en Syrie sous le règne cheval qui puisse suivre long-temps un homme

de Constantin le Grand. Il fut disciple d'Ana-


de pied qui est muni de ces jarretières. Ou —
bien vous prendrez un morceau de cuir de la
tole et de Porphyre. Il admettait l'existence
peau d'un jeune loup dont vous ferez deux
d'une classe de démons ou esprits d'un ordre
,

jarretières sur lesquelles vous écrirez avec


inférieur, médiateurs entre Dieu et les hom-
mes. Il s'occupait des divinations, et on a vu
votre sang les paroles suivantes Abumalith :

cados vous serez étonné de la vitesse avec


à l'article Aleclryomancie que c'est lui qui ,
;

laquelle vous cheminerez étant muni de ces


prédit par cette divination l'avènement au
jarretières à vos jambes. De peur que l'écri-
trône de Théodose. On ignore où, quand et
ture ne s'efface, il sera bon de doubler la jar-
comment il mourut mais Bodin assure qu'il ;

retière d'un padoue de fil blanc du côté de


s'empoisonna lui-même pour éviter le sup-
plice que Yalens réservait aux magiciens. — l'écriture. —
« Il y a encore une manière de

faire la jarretière, que j'ai lue dans un vieux


On conte qu'étant un jour dans la ville de Ga-
manuscrit en lettres gothiques. En voici la
dare en Syrie, pour faire voir sa science ma-
recette. Vous aurez les chevenx d'un larron
gique, il fit sortir en présence du peuple deux
pendu desquels vous ferez des tresses dont
génies ou démons d'une fontaine il les nom- ;
,

vous formerez des jarretières que vous cou-


mait Amour et Contre-Amour l'Amour avait 1
;

drez entre deux toiles de telle couleur qu'il


les cheveux dorés , tressés et flottants sur les
vous plaira vous les attacherez aux jambes
épaules ;
ils paraissaient éclatants comme les
;

de derrière d'un jeune poulain puis vous


rayons du soleil ; l'autre était moins brillant; ;

laisserez échapper le poulain, le ferez courir


ce qui attira l'admiration de toute popu- la
à perte d'haleine et vous vous servirez avec
lace. Leloyer dit 2 encore que c'est Jamblique
,

et Maximus qui ont perdu Julien l'apostat. — plaisir de ces jarretières ». On prétendait —
autrefois que les magiciens pouvaient donner
On recherche de Jamblique le traité des
une jarretière enchantée, avec laquelle on
Mystères des Egyptiens^ des Chaldéens et des
3 faisait beaucoup de chemin en peu de temps.
Assyriens . Il s'y montre crédule pour toutes
C'est là peut-être l'origine des bottes de sept
les rêveries des astrologues.
lieues.
Jambrès Jamnès,et — sorciers égyptiens Jaunisse. — Les rois de Hongrie croyaient
les plus anciens que les saints livres nous fas-
avoir le privilège de guérir la jaunisse par
sent connaître par leur nom après Cham. Ils
l'attouchement 2 .
faisaient apparaître des grenouilles, des ser-
pents; ils changeaient l'eau du Nil en sang ,
Jayet d'Islande. — Les anciens Islandais
et tâchaient d'anéantir par leurs prestiges la attribuaient des vertus surnaturelles à ce
vérité des miracles que Dieu faisait par l'or- jayet, qu'ils regardaient comme un ambre
gane de Moïse 4 .
noir.Sa principale qualité était de préserver
de tout sortilège celui qui en portait sur soi.
Jamma-Locon, — enfer indien d'Où, après En second lieu ils le croyaient un antidote
,

certain temps de peine et de souffrance , les


contre le poison. Sa troisième propriété était
âmes reviennent en ce monde pour y animer
de chasser les esprits et les fantômes, lors-
le premier corps où elles peuvent entrer.
qu'on en brûlait dans une maison; la qua-
Jarretière. — Secret de la jarretière pour trième, de préserver de maladies épidémiques
les voyageurs. Vous cueillerez de l'herbe que les appartements qui en étaient parfumés.
l'on appelle armoise, dans le temps que le so- La plupart de ces idées superstitieuses sub-
leil fait son entrée au premier signe du Ca- sistent encore.
pricorne; vous un peu sécher à
l'ombre, et en ferez des jarretières avec
la laisserez
la
Jean (ÉVANGILE DE SAINT) ,
— VOIJ. Bl-
BLIOMANCIE.
peau d'un jeune lièvre, c'est-à-dire qu'ayant
coupé la peau du lièvre en courroie de la Jean, — magicien sectateur d'Apollonius
deTyane. 11 courait de ville en ville, faisant
lemétier de charlatan et portait une chaîne ,
1
Éros et Antéros.
2
Hist. des spectres ou apparitions des esprits, liv. IV,
de fer au cou. Après avoir séjourné quelque
p. 312. temps à Lyon il acquit une si grande célé-
,

3 Jambliclius, De mysteriis yEgyptiorum, Clialdreo-


rum, Assynoruru , avec d'autres Opuscules. In-Hi, H307.
: Secrets du Petit Albert, p. 90.
4 Leloyer, Ilist. des spectres ou apparit. des esprits,
2 Saignes. Des erreurs et des préjugés, t. 1, p. 272.
liv. il. p. 120.
,

JEA — 2 ; — jea
brité par ses cures merveilleuses, sou- que le troisième voyage ; son corps jeta une puan-
verain du pays l'admit en sa présence. Jean teur si infecte qu'on ne pouvait l'approcher ;

donna à ce prince une superbe épée enchan- ce qui penser que son âme avait été em-
fit

tée; elle s'entourait merveilleusement, dans portée par le diable; d'autant plus que son
le combat, de cent quatre-vingts couteaux ti- corps disparut le jour fixé pour l'enterrement 1
.

rés. Il donna aussi un bouclier portant un


lui Jean-Baptiste. —
Il y a des paysans qui

miroir, qu'il disait avoir la vertu de divul- croient qu'il est né dans un chameau. Voy. à
guer les plus grands secrets. Ces armes dis- l'article Troupeaux, la garde contre la gale.
parurent un jour ou furent volées; sur quoi Jean d'Arras, — écrivain français du qua-
Delancre conclut 1 que si les rois de France torzième siècle, qui compila le roman de Me-
dressaient, comme les ducs d'Italie, des ar- lusine. Voy. ce mot.
senaux de vieilleries (ee qu'ils font à présent), Jean d'Estampes. D'anciennes chroni- —
on y trouverait de ces armes enchantées et ques rapportent que Jean d'Estampes, l'un
fabriquées par quelque magicien ou sorcier. des gardes de Charlemagnc, mourut en 14 39,
Jean , — patriarche schismatique de Con- après avoir vécu 336 ans mais d"autres di- ;

stantinople. Zonaras conte que l'empereur sent qu'il ne vécut que 250 ans malheureu- :

grec Théophile, se voyant obligé de mettre à sement son secret de longévité n'est connu de
la raison une province révoltée sous la con- personne 2 .

duite de trois capitaines, consulta le patriar- Jean de Meung, astrologue qui com- —
che Jean, habile enchanteur. Celui-ci fit faire posa le roman de la Rose, où il montre bien
trois gros marteaux d'airain, les mit entre les son savoir, quoiqu'il ne fût âgé que de dix-
mains de trois hommes robustes, et conduisit neuf ans lorsqu'il le fit. Il est aussi l'auteur
ces hommes au milieu du cirque, devant une d'un livre intitulé^. Traité sur la direction des
statue de bronze à trois têtes. Ils abattirent nativités et révolutions des ans; il traduisit le
deux de ces têtes avec leurs marteaux, et fi- livre des Merveilles d'Irlande. On prétend
rent pencher le cou à la troisième sans l'a- que c'est lui qui a prédit les hauts faits d'ar-
battre. Peu après une bataille se donna entre mes du connétable de France Bertrand du
Théophile et les rebelles deux des capitaines
:
Guesclin 5.

furent tués, le troisième fut blessé et mit hors Jean de ïfêilan, — astrologue du quinzième
de combat, et tout rentra dans l'ordre. siècle, qui prédit à Velasquez gouverneur
,

Jean xxii, —
pape, mort en 1334, après d'Hispaniola ou Saint-Domingue, l'heureuse
un pontificat de dix-huit ans. On lui attribue issue de la guerre du Pérou ,
entreprise par
les Taxes de chambre apostolique, traduites
la Fernand Cortez.
en français sous le titre de Taxes des parties Jean de Sicile ,
— habile aslrologue et théo-
casuelles de la boutique dupape. C'est une sup- logien qui prédit couronnement de l'empe-
le

position d'un protestant faussaire. On attribue reur Sigismond. C'est encore lui qui annonça
encore à Jean XXII YElixir des philosophes à Boucicault ce qui lui devait advenir, et qui
ou Art transmutatoire des métaux, livre qu'il l'avertitde la trahison que firent aux Fran-
n'a pas fait. Ce du latin
livre a été traduit çais le marquis de Montferrat et le comte
en français; in— 42Lyon, 1557. On dit
,
— Francisque, trahison qu'il évita en fuyant 4 .

encore que Jean XXII ou Jean XXI s'occu- Jeanne d'Arc ,


— dite la Pucelle d'Orléans,
pait d'astrologie et s'amusait à supputer les née en Champagne, Domrémi près de Vau- à
changements de temps. On a fait là-dessus de couleurs sur de la Lorraine, en 1 41 0.
la lisière
petits contes imaginaires. Jamais la France ne fut accablée de calamités
Jean OU Iwan Basilowitz grand -duc ,
— aussi grandes que durant le domi-siècle qui

de Moscovie, au quatorzième siècle, tyran précéda l'année mémorable où l'on vit le cou-
cruel; à l'article de la mort, il tomba, dit-on, rage abattu de ses guerriers, près de subir
dans des pâmoisons terribles; et son âme fit le joug de l'étranger, se ranimer à la voix

de pénibles voyages. Dans le premier, il fut d'une jeune de dix-huit ans. Charles VII
fille

lourmenté en un lieu obscur, pour avoir tenu de céder Ghinon à l'ennemi


était sur le point

au cachot des prisonniers innocents; dans la lorsque Jeanne d'Arc parut dans cette place
seconde excursion, il fut encore plus tour-
1
Leloyer. Hist. des spectres et des apparitions des
menté pour avoir accablé le peuple d'impôts; esprits, liv. iv, p. 301.
et son successeur Théodore eut soin de l'en 2 Légal!, Calend. véritab., p. 140.
décharger en partie. Iwan mourut dans le 3 Manuscrit de la Bibliothèque du roi, cité dans les
Remarques sur Bayle.
1
Tableau de l'inconstance des démons, etc., liv. v, 4 Manuscrit de !a Bibliothèque du roi ; extrait du li-
p. 343. vre de Joly.
jeà — : m— JEA
vers de février 129. Ce n'était qu'une
la fin '1
fendre cette place contre le duc de Bourgogne
simple paysanne. Son père se nommait Jac- elle fut prise par un gentilhomme picard qui
ques d'Arc; sa mère, Isabelle Romée. Dès sa la vendit à Jean de Luxembourg, lequel la
plus tendre enfance elle avait montré une ti- revendit aux Anglais. Pour se venger de ce
midité sans exemple et fuyait le plaisir pour qu'elle les avait trop souvent vaincus ceux-ci ,

se livrer tout entière à Dieu ; mais elle s'exer- l'accusèrent d'avoir employé les sortilèges et
çait à manier les chevaux , et l'on remarquait la magie à ses triomphes. On la traduisit de-
déjà en elle l'ardeur martiale qui devait si- vant un tribunal corrompu qui la déclara ,

gnaler la libératrice des Français. A l'âge de fanatique et sorcière. Ce procès serait ridicule
seize ans, le cœur de Jeanne s'exalta. Vers s'il Ce qu'il y a de plus hor-
n'était atroce.
l'heure de midi, elle croyait voir dansle jar- rible, c'estque l'ingrat monarque qui lui de-
din de son père l'archange Michel et l'ange vait sa couronne l'abandonna il crut n'avoir ;

Gabriel, sainte Catherine et sainte Margue- plus besoin d'elle. Le procès se poursuivit —
rite , tout resplendissants de lumière. Ces avec activité à la treizième séance on voulut
;
,

saintes !a guidaient dans ses actions. Les voix lui faire comprendre la différence qui existait

(car elle s'exprimait ainsi) lui ordonnèrent entre l'église triomphante et l'église militante.
d'aller en France et de faire lever le siège
, On lui demanda ce qu'elle en pensait. « Je me

d'Orléans. Malgré les avis contraires, elle soumets au jugement du Saint-Siège, » ré-
obéit et se rendit d'abord à Vaucouleurs. Jean pondit-elle. On lui demanda si, dès son en-
de Metz se chargea de la présenter au roi. tls fance, les saints qui lui apparaissaient par-
arrivèrent tous deux, le 24 février 4 429, à laient anglais ou français s'ils avaient des ,

Chinon, où Charles tenait sa cour. Jeanne boucles d'oreilles des bagues etc. « Vous , ,

s'agenouilla devant lui. « Je ne suis pas le roi, m'en avez pris une, dit-elle pour toute ré-
lui dit-il pour l'éprouver le voici ajouta- ; ponse, rendez-la-moi. Les saints sont-ils —

,

t-il en montrant un des seigneurs de


lui nus ou habillés? Pensez-vous que Dieu
sa suite. —
Gentil prince, lui dit la jeune n'ait pas de quoi les vêtir ? » Comme on —
vierge c'est vous et non un autre je suis
,
;
insistait sur la chevelure de saint Michel,
envoyée de la part de Dieu pour prêter se- elle dit : « Pourquoi la lui aurait-on coupée?
— Avez-vous vu des fées? — Je n'en point
,

cours à vous et à votre royaume et vous , ai


mande le roi des cieux par moi que vous serez vu , entendu parler
j'en mais
ai n'y ; je
sauvé, et couronné en la ville de Reims, et ajoute aucune — Avez-vous une mandra- foi.

serez lieutenant du roi des cieux qui est le gore qu'en avez-vous
? — Je n'en fait ? ai
vrai roi de France. » Charles surpris la — point eu ne sais ce que c'est. On dit que
;
je
tira à l'écart, et, après un court entretien, c'est une chose dangereuse et criminelle. »
il déclara que Jeanne lui avait dit des choses — Quelquefois plusieurs juges l'interrogeaient
si secrètes, que nul ne pouvait le savoir que à la fois. « Beaux pères, disait-elle, l'un après
Dieu et lui ce qui attira la confiance de la
: l'autre, s'il vous plaît. » Durant l'instruction,
cour. Cependant un doute restait à éclairer, Ligny-Luxembourg vint la voir, accompagné
c'était de savoir si elle était pure ce qui fut : de Warwick de Straffort « Je sais bien,
et :

reconnu si elle était inspirée du ciel ou de


;
leur dit-elle que ces Anglais me feront
,

l'enfer ce qui sembla devoir être interprété en


: mourir, croyant qu'après ma mort ils gagne-
faveur du ciel. Après plusieurs consultations, ront le royaume de France; mais, seraient-
on lui donna des chevaux et des hommes on ; ils cent mille avec ceux qu'ils sont à présent,

l'arma d'une épée que, sur sa révélation, on ils n'auront pas ce royaume. » Fatiguée de —
trouva enterrée dans l'église de Sainte-Cathe- mauvais traitements, elle tomba dangereuse-
rine de Fierbois elle se rendit aussitôt sous
;
ment malade. Bedfort, Wincester, Warwick
les murs d'Orléans, et combattit avec un chargèrent deux médecins d'en avoir soin, et
courage qui éclipsa celui des plus grands ca- leur enjoignirent de prendre garde qu'elle ne
pitaines. Elle chassa les Anglais d'Orléans ,
mourût de sa mort naturelle ; le roi d'Angle-
fit ensuite, selon l'ordre qu'elle avait reçu, terre l'avait trop cher achetée pour être privé
sacrer son roi à Reims, lui rendit Troyes, de la joie de la faire brûler. — Le 24 mai,
Cbâlons, Auxerre, et la plus grande partie on la conduisit à la place du cimetière de
de son royaume. Après quoi elle voulut se , l'abbaye de Rouen. Guillaume Érard dé-
retirer, disant que sa mission était accomplie. clama contre le roi de France et contre les
Mais elle avait donné trop de preuves de sa Français ;
puis , s'adressant, à la Pucelle :

vaillance, on ne voulut pas lui accorder cette « C'est à toi, Jeanne, que je parle, et te dis
liberté. Ce fut la cause de ses malheurs bien- ;
que ton roi est hérétique et schismatique. »

tôt, s'étant jetée dans Côrnpiègne pour dé- L'exécuteur attendait la victime à l'extrémité
JE A — m— JEA
de la place, avec une charrette , pour la con- élevé, pour que le peuple entier pût la voir.

duire au bûcher. Mais Lout cet effrayant ap- — Lorsqu'elle sentit que la flammé appro-
pareil n'avait pour but que de lui arracher chait, elle avertit les deux religieux de se

des aveux. On une formule par laquelle


lui lut retirer.Tant qu'elle conserva un reste de vie,
elle promettait de ne jamais monter à cheval, au milieu des gémissements que lui arrachait
de laisser croître ses cheveux de ne plus , la douleur, on l'entendit prononcer le nom de
porter les armes à l'avenir. I! fallait mourir Jésus, en baisant une croix de bois qu'elle
ou signer cet écrit. Elie signa, mais on avait tenait de ses mains enchaînées. Un dernier
substitué une cédule, par laquelle elle se re- soupir, longuement prolongé , avertit qu'elle
connaissait dissolue ,
hérétique, séditieuse, venait d'expirer. — Alors le cardinal de Win-
invocatrice des démons et sorcière. Cette su- cester rassembler ses cendres, et ordonna
fit

percherie servit de base au jugement. Elle qu'elles fussent jetées dans la Seine. Son
fut condamnée à passer le reste de ses jours cœur fut respecté par les flammes : on le
dans une prison perpétuelle, au pain de dou- trouva sain et entier. En face du bûcher se
leur et à l'eau d'angoisse. Les juges, après trouvait un tableau portant une inscription
l'arrêt, furent poursuivis à coups de pierres qui qualifiait Jeanne de meurderesse, invo-
parle peuple; en même temps les Anglais catrice des démons, apostate et mal créante
voulaient les exterminer, les accusant de n'a- de de Jésus-Christ.
la foi Louis XI fit ré- —
voir reçu l'argent du roi d'Angleterre que habiliter la mémoire de Jeanne d'Arc. Deux
pour le tromper. « Ne vous embarrassez pas, de ses juges furent brûlés vifs, deux autres
dit l'un d'eux; nous la rattraperons bien. — exhumés pour expier aussi dans les flammes
Jeanne avait promis de no plus porter d'ha- leur jugement inique; mais le procès de la
bits d'homme, et repris ceux de sou sexe. La Pucelie n'en sera pas moins a jamais un sujet
nuit, les gardes de sa prison enlevèrent ses d'opprobre pour les Anglais, et aussi pour les
habits et y substituèrent des habits d'homme. Français de l'époque.
Lorsque le jour vint, elle demanda qu'on la
Jeanne Dibisson, — sorcière arrêtée à l'âge
déferrât, c'est-à-dire qu'on relâchât la chaîne
de vingt-neuf ans on : l'avait vue plusieurs
qui l'attachait par le milieu du corps. Puis,
fois danser au sabbat ; elle disait que ceux
voyant des habits d'homme elle supplia qu'on ,
qui y vont trouvent le temps si court, qu'ils
lui rendît ses vêtements du jour précédent,
n'en peuvent sortir sans regret. Il ne paraît
mais on les lui refusa. Elle resta couchée pas qu'elle ait été brûlée '.

jusqu'à midi. Alors elle fut. forcée de s'habiller


avec les seuls vêtements qu'elle eut à sa dis-
Jeanne du Hard, — sorcière saisie à l'âge
de cinquante-six ans. On la trouve impliquée
position. Des témoins apostés entrèrent pour
dans l'affaire de Marie Chorropique, pour lui
constater sa désobéissance les juges accou-
;

condamnée comme
avoir touché le bras, lequel devint comme
rurent. Incontinent, elle fut
mort. Nous ne dirons pas si elle fut brûlée 2 .
relapse, hérétique, sorcière, excommuniée,
rejetée du sein de l'Église. On lui lut sa sen- Jeanne (Mère). — Une vieille fille véni-
tence de mort, qu'elle entendit avec constance. tienne connue sous le nom de mère Jeanne,
,

Elle demanda qu'il lui fût permis de s'appro- infatua tellement Guillaume Postel de ses rê-

cher de l'euchari-tie ce qui lui fut accordé.


:
veries, qu'il soutint, dans un livre é^rit à son

Massieu, curé de Saint-Claude de Rouen, qui sujet, que la rédemption des femmes n'avait

avait la charge de la conduire devant ses pas encore été achevée, et que cette Véni-
juges, lui permettait de faire sa prière devant tienne devait accomplir le grand ouvrage.
la chapelle. Cette indulgence lui attira de san- C'était la mère que cherchent les saints-si-

glants reproches. —
Jeanne alla au supplice moniens. Voy. Postel.
le 30 mai, sous l'escorte de cent vingt hommes. Jeanne Southcott —
visionnaire anglaise
,

On l'avait revêtue d'un habit de femme; sa du dernier siècle, qui se fit une secte avec
tète était chargée d'une mitre en carton, sur des cérémonies bizarres. De temps à autre
laquelle étaient écrits ces mots Hérétique, : on entend encore parler de cette fanatique.
relapse, apostate, idolâtre. Deux pères do- Une centaine de sectaires se sont réunis dars
minicains la soutenaient ; elle s'écriait sur la un bois, il y a une trentaine d'années, auprès
route: Ah! Rouen, Rouen, seras -tu ma
« de Sydenham, et ont commencé leur culte
dernière demeure ? » On avait élevé deux superstitieux par le sacrifice d'un petit cochon
échafauds sur la place du Vieux-Marché. Les
juges attendaient leur victime chargée de
1
Delancre, Tableau de 1'incon.stance des démons, etc.,
liv. il, p. 127.
fers. Son visage était baigné de pleurs on
:
2 Dclancre, Tableau de l'inconstance des démons ; e'c,
la fit monter sur le bûcher, qui était fort liv. ii. p. 107.
JÉS - 286 JEU
noir, qu'ils ont brûlé pour répandre ses cen- Jetzer. — Cette affaire
des Jacobins de
dres sur leurs têtes. Ces fous disent et croient Berne a fait un grand bruit et les ennemis ;

que Jeanne Southcott, qu'ils appellent la fille de la religion l'ont travestie avec une insigne
deSion, est montée au ciel, et qu'elle re- mauvaise foi. Voici toute l'histoire Les Do- :

viendra avec le Messie. minicains ou Jacobins ne s'accordaient pas


Jéchiel, rabbin — et cabaliste. Voy. Lampe avec les Cordeliers sur le fait de l'immaculée
MERVEILLEUSE. conception de la très-Sainte-Vierge. Les Do-

Jehovah. — Ce nom auguste est employé


minicains ne l'admettaient pas. Or, au com-
mencement du seizième siècle il y avait, au
souvent chez les cabalistes juifs. On le trouve
,

couvent des Dominicains de Berne alors fort ,


dans les odieuses et absurdes conjurations de
relâché, quatre mauvais moines, qui imagi-
la magie noire.
nèrent une affreuse jonglerie, pour faire croire
Jenounes ,
— sortes de génies intermé-
que la Sainte-Vierge se prononçait contre les
diaires entre les anges et les diables : ils fré-
Cordeliers qui défendaient une de ses plus
,

quentent les bosquets et les fontaines, cachés


belles prérogatives. Ils avaient parmi eux un
sous forme de divers reptiles, exposés à
la
jeune moine, simple et crédule, nommé Jet-
être foulés sous les pieds des passants. La
zer ; ils lui firent apparaître pendant la nuit
plupart des maladies sont le résultat de leurs
des âmes du purgatoire et lui persuadèrent ,

vengeances. Lorsqu'un Arabe est indisposé,


qu'il les délivrerait en restant couché en croix
il s'imagine avoir outragé un de ces agents
dans une chapelle, pendant le temps qu'on cé-
invisibles il a aussitôt recours à une magi-
;
lébrerait la sainte messe on lui fît voir ensuite ;

cienne qui se rend à une source voisine, y


sainte Barbe à laquelle il avait beaucoup de
,

brûle de l'encens, et sacrifie un coq ou une


dévotion , et qui lui annonça qu'il était destiné
poule un bélier ou une brebis, suivant le sexe
,

à de grandes choses. Par une nouvelle im-


la qualité du malade, ou la nature de la ma-
posture sacrilège, le sous-prieur, qui était un
ladie.
des quatre moines criminels, personnage
saint). — On a eu
fit le
Jérôme (
le front de lui
de la Sainte-Vierge, s'approcha
la nuit de
attribuer des livres de nécromancie, et parti-
Jetzer et lui donna trois gouttes de sang, di-
culièrement Y Art notoire. Voy. ce mot.
sant que c'étaient trois larmes que Jésus-
Jérusalem. —
Avant la destruction de Jé- Christ avaient répandues sur Jérusalem. Ces
rusalem par Titus, (ils de Vespasien on dis- ,
trois larmes signifiaient que la Sainte-Vierge
tingua, dit-on, une éclipse de lune pendant était restée trois heures dans le péché .originel.
douze nuits de suite. Un soir, vers le coucher Cette explication était rehaussée de diatribes
du soleil on aperçut dans l'air des chariots
,
contre les Cordeliers. Jetzer, qui était de bonne
de guerre des cavaliers , des cohortes de ,
foi et. qui avait l'àme droite, s'inquiétait de
gens armés, qui, mêlés aux nuages, cou- la passion qui perçait dans cette affaire, et
vraient toute la ville et l'environnaient de se troublait surtout de reconnaître la voix du
leurs bataillons. Pendant le et peu de
siège ,
sous-prieur dans la voix de la Sainte-Vierge.
jours avant la ruine de on vit tout à
la ville, Pour le raffermir, on l'endormit avec un breu-
coup paraître un homme absolument inconnu, vage et on voulut le stigmatiser; puis, comme
qui se mit à parcourir les rues et les places il ne répondait pas à l'espoir qu'on avait mis

publiques, en criant sans cesse pendant trois en lui, on voulut l'empoisonner, et on l'en-
« Malheur à toi, Jérusa-
jours et trois nuits: ferma mais il trouva moyen de s'échapper;
,

lem On le fit battre de verges on le déchira


! ,
il s'enfuit à Rome, où il révéla toute l'in-
de coups, pour lui faire dire d'où il sortait; trigue.Le Saint-Siège fit poursuivre les moines
mais, sans pousser une seule plainte, sans scélérats.Les quatre Dominicains coupables
répondre un seul mot sans donner le moindre ,
furent brûlés le 31 mars 4 509, à la porte de
témoignage de souffrance, il criait toujours: Berne. Mais le malheur de ces grandes pro-
« Malheur à toi, Jérusalem! » Enfin, le troi- fanations, c'est que les ennemis de l'Église
sième jour, à la môme heure où il avait paru oublient la réparation ou la taisent et n'en ,

pour la première fois , se trouvant sur le rem- gardent que le scandale *.


« Malheur à moi-môme! » et
part, il s'écria :

un instant après, il tut écrasé par une pierre


Jeudi. —
Les sorciers font ce jour-là un
de leurs plus abominables sabbats, s'il faut èh
que lançaient les assiégeants.
croire les démonomanes.
Jés&bel, —
reine des Israélites, que Jéhu
Jeu. — P/enezune anguille morte par faute
fit manger aux chiens après l'avoir fait pré-
d'eau prenez le fiel d'un taureau qui aura
cipiter du haut d'une tour, et que Bodin met
;

au nombre des sorcières. 1


Gaillard, Histoire de François l
,r .
,

JOU — <
7 — JUI
été tué par la fureur des chiens ;
mettcz-lc blées ces jours-là mais ce sentiment n'est
1
;

dans la peau de cette anguille avec un , pas général. —


Si on rogne ses ongles les jours
drachme de sang de vautour; liez la peau de la semaine qui ont un r, comme le mardi,
d'anguille par les deux bouts avec de la corde le mercredi et le vendredi, il viendra des en-

de pendu et mettez cela dans du fumier


,
vies aux doigts. ïl n'est pas facile d'en donner
chaud l'espace de quinze jours; puis vous le la raison. —
Suivant une autre croyance, en
ferez sécher dans un four chauffé avec de la ne coupant ses ongles que le vendredi, on n'a
fougère cueillie la veille de la Saint-Jean ;
jamais mal aux dents. On a fait des tables —
puis vous en ferez un bracelet, sur lequel des jours heureux et malheureux pour chaque
vous écrirez avec une plume de corbeau et de mois. Mais comme elles varient toutes, le jour
votre propre sang ces quatre lettres HVTV, heureux de l'une étant malheureux dans
et, portant ce bracelet autour de votre bras, l'autre, nous laissons aux amateurs le soin
vous ferez fortune dans tous les jeux ! . de dresser ces tables à leur gré pour leur
Joachim — abbé
de Flore en Calabre,
,
usage.

passa pour prophète pendant sa vie et laissa Josué Ben-Lévi , — rabbin si rusé et si

des livres de prédictions qui ont été con- sage qu'il trompa
,
le ciel et l'enfer tout en-
damnés en ISIS, par le concile de Latran. semble. Comme il était près de trépasser, il

On lui attribue aussi l'ouvrage intitulé : YE- gagna si bien le diable, qu'il lui fit promettre
vangile éternel. de le porter jusqu'à l'entrée du paradis, lui

Job. — Des alchimistes disent que Job


disant qu'il ne voulait que voir le lieu de l'ha-

après son affliction , connut le secret de la


bitation divine , et qu'il sortirait du monde
plus content. Le diable ne voulant pas lui
pierre philosophale et devint si puissant, qu'il ,

refuser cette satisfaction le porta jusqu'au


pleuvait chez lui du sel d'or; idée analogue à ,

guichet du paradis mais Josué s'en voyant si


celle des Arabes ,
qui tiennent que la neige ;

près se jeta dedans avec vitesse, laissant le


et tombaient chez lui étaient
les pluies qui
précieuses. — Isidore
place dans l'Idumée la
diable derrière, et jura par le Dieu vivant
qu'il n'en sortirait point. Dieu, disent les rab-
fontaine de Job, claire trois mois de l'année ,

trouble trois mois, verte trois mois, et rouge


bins, fit conscience que le rabbin se parjurât,
trois autres mois. C'est peut-être cette fon-
et consentit qu'il demeurât avec les justes.
Voy. Messie des Juifs.
taine que , selon les musulmans l'ange Ga-

,

briel fit sortir en frappant du pied , et dont il Judas ïscariote. Après sa trahison in-
lava Job et le guérit. fâme, il fut possédé du diable et se pendit à
Jocaba, — VOIJ. &NCINNATULUS. un sureau. Les Flamands appellent encore les

Johnson ). Samuel
Johnson incrédule
(
— ,
excroissances parasites de l'écorce du sureau
sueur de Judas.
pour tout ce qui n'était qu'extraordinaire
adoptait avec plus de confiance tout ce qui
,

Jugement de Bieu ,
— VOlf. ÉPREUVES.
sentait le miracle, traitant de fable, par exem- Juif errant. —
On voit, dans la légende du
ple un phénomène de la nature, et écoutant
,
Juif errant, que ce personnage était cordon-
volontiers le récit d'un songe; doutant du nier de sa profession et qu'il se nommait
tremblement de terre de Lisbonne pendant six Ahassuérus, mais la complainte l'appelle Isaac
mois et allant à la chasse du revenant de
, Laquedem. A l'âge de dix ans, il avait en-
Cock-Lane; rejetant les généalogies et les tendu dire que trois rois cherchaient le nou-
poèmes celtiques, et se déclarant prêt à ajouter veau roi d'Israël il les suivit et visita avec
;

foi à la seconde vue des montagnards d'Écosse. eux la sainte étable de Bethléem. Il allait
En religion, plusieurs de ses opinions étaient souvent entendre notre Seigneur. Lorsque
plus que libérales, et en même temps il vi- Judas eut vendu son maître, Ahassuérus aban-
vait sous la tyrannie de certaines pratiques donna aussi celui qu'on trahissait. Comme on
superstitieuses 2 . conduisait Jésus au Calvaire chargé de l'in- ,

Joli-Bois, — voy. Verdelet. strument de sa mort, le bon Sauveur voulut

Jours. — Les magiciens et sorciers ne peu-


se reposer un instant devant la boutique du
cordonnier, qui craignant de se compro-
,
vent rien deviner le vendredi ni le dimanche;
mettre, lui dit « Allez plus loin
: je ne veux
quelques-uns disent même que
,
le diable ne
pas qu'un criminel se repose à ma porte. »
fait pas ordinairement ses orgies et ses assem-
Jésus le regarda et lui répondit « Je vais, et :

' Admirables secrets du Petit Albert, p. 25. reposerai mais vous marcherez et vous ne
;

2 J. Macaulay, Samuel Johnson et ses contempo-


1
rains. Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
JLI — 2 88 -- JGI
reposerez pas ; vous marcherez tant que ie l'on employait pour découvrir, il en est un
les
monde durera , et au jugement dernier vous singulier que rapporte Tostat, dans son livre
me verrez assis à de mon père. »
la droite des Démons; c'était, une tète d'airain une
— Le cordonnier un bâton à la
prit aussitôt androïde qui, en Espagne, dit-il, révélait les
,

main et se mit à marcher sans pouvoir s'ar- Juifs cachés —


Ils faisaient l'usure et dé-
rêter nulle part. Depuis dix-huit siècles il a pouillaient largement les chrétiens dans les
parcouru toutes les contrées du globe, sous le contrées où ils étaient soufferts; puis, quand
nom du Juif errant. 11 a affronté les combats, ils avaient tout ravi , les princes qui avaient
les naufrages, les incendies. Il a cherché par- besoin d'argent les faisaient regorger avec
tout la mort et ne l'a pas trouvée. Il a tou- violence. Dans de tels cas, ils essuyèrent sur-
jours cinq sous dans sa bourse. Personne ne tout de grandes vexations chez les Anglais. Le
peut se vanter de l'avoir vu mais nos grands- ; roi Jean un jour emprisonner les riches
fit

pères nous disent que leurs grands-pères l'ont Juifs de son royaume pour les forcer à lui
connu, et qu'il a paru il y a plus de cent ans,
, donner de l'argent un d'eux à qui on ar-
; ,

dans certaines villes. Les aïeux de nos grands- racha sept dents Tune après l'autre, en l'en-
pères en disaient autant, et les bonnes gens gageant de la sorte à contribuer, paya mille
croient à l'existence personnelle du Juif errant. marcs d'argent à la huitième. Henri III tira
— Ce n'est pourtant qu'une allégorie ingé- d'Aaron, juif d'York, quatorze mille marcs
nieuse ,
qui représente toute la nation juive , d'argent, et dix mille pour la reine. Il vendit
errante et dispersée depuis l'anathème tombé les autres Juifs de son pays à son frère Ri-
sur elle. Leur race ne se perd point, quoique chard pour le terme d'une année, afin que
,

confondue avec les nations diverses, et leurs ce comte évenlràt ceux qu'il avait déjà écor-
richesses sont à peu près les mêmes dans tous chés, comme dit Mathieu Paris.... En gé- —
les temps aussi bien que leurs forces. La re- néral, lorsqu'on tolérait les Juifs, on les dis-
ligion qu'ils professent les a jusqu'ici distin- tinguait des autres habitants par des marques
gués des autres hommes, et en fera toujours infamantes. Philippe-le-Hardi les obligea en
un peuple isolé au milieu du monde. France à porter une corne sur la tête i! leur :

Juifs. — Indépendamment de ce coup de était défendu de se baigner dans la Seine et, ;

foudre qui marque partout les Juifs et les fait quand on les pendait c'était toujours entre ,

partout reconnaître y a sur eux plusieurs


; il deux chiens. —
Le jour de la fête de Pâques,
signes de l'abandon où les a jetés la malédic- c'était un vieil usage à Toulouse de donner un
tion de Dieu. Tant qu'ils ont été le peuple soufflet à un Juif de la ville. On raconte qu'Ay-
fidèle, ils ont conservé intact le dépôt des meric, vicomte de Rochechouart, accompagné
saintes écritures. Depuis leur crime, les en- de Hugues son chapelain, se trouvant à Tou-
seignements de Moïse sont étouffés chez eux louse, le dimanche de Pâques, les chanoines
par les incroyables absurdités du Thalmud et chargèrent Hugues de cette cérémonie. Le
le sens n'est plus avec eux. La Terre-Sainte, — chapelain donna un coup si violent au Juif,
qui était le plus fertile et le plus beau pays qu'il lui fit sauter la cervelle; ce malheureux
du monde, maudite avec la nation qu'elle por- tomba mort: ce qui est faux. Les Juifs de
tait, est devenue si horrible, qu'elle ne nourrit Toulouse l'enlevèrent de la cathédrale et l'in-
plusses rares habitants. Partout en exécration, humèrent dans le cimetière de leur synagogue
les Juifs, qui avaient massacré et torturé les sans oser se plaindre ajoute Dulaure ,
qui 1
,

chrétiens toutes les fois qu'ils avaient été les était un menteur. Le vrai de ce fait, et nous
plus forts , se sont vus en tous lieux haïs et sommes loin de l'excuser, c'est que le soufflet
mal tolérés. On vous dira que souvent on les renversa le Juif. Voy. Bohémiens. « Avant —
poursuivit pour des crimes imaginaires ; mais de quitter Jaffa je vous parlerai d'une cou-
,

on ne prête qu'aux riches, et leur histoire est tume que vous ignorez peut-être et qui est
sérieusement pleine de crimes trop réels. On établie chez les Grecs de cette ville. Chaque
les chassa violemment de l'Espagne, qu'ils vou- soir, pendant le carême, les petits enfants des
laient dominer mais sans les mesures vio-
; familles grecques vont à la porte des maisons
lentes des rois chrétiens, la Péninsule serait chrétiennes, et demandent avec des cris mo-
aujourd'hui la proie des Juifs et des Maures. notones, qu'on prendrait pour une complainte,
— Quelquefois sans doute on mit peu d'hu- du bois ou des paras (demi-cents) pour
manité dans les poursuites exercées contre acheter du bois « Donnez, donnez
: disent- ,

eux; mais on ne les bannissait pas sans leur » ils; et l'an prochain vos enfants seront ma-
donner trois mois pour s'expatrier, et ils s'obs- » riés; et heureux et vous
leurs jours seront ;

tinaient à demeurer dans les pays où leurs » jouirez long-temps de leur bonheur. » Le
têtes étaient proscrites. Parmi les moyens que 1
Dulanre, Principaux lieux de Franco, t, II, p. 256.
jul — : 9 — JUP
bois que sollicitent ces enfants est destiné à rentes des prétextes pour faire son éloge. Ce
brûler les Juifs. C'est le soir du jeudi saint sage consultait Apollon et sacrifiait aux dieux
des Grecs qu'on allume les feux ;
chaque pe- de pierre, quoiqu'il connût la vérité. Les dé-
tite troupe allume le sien. On fabrique un monomanes l'ont mis au nombre des magi-

homme de paille avec le costume juif, et la ciens et il est vrai qu'avec Maximus et Jam-
;

victime en effigie est ainsi conduite devant le blique il évoquait les esprits et recherchait
feu, au milieu des clameurs et des huées. Les l'avenir par la nécromancie. Il avait des vi-
enfants délibèrent gravement sur le genre de sions Ammien Marcellin rapporte que, peu
;

supplice auquel il faut condamner l'Israélite; avant sa mort, comme il écrivait dans sa tente,
les uns disent: Crucifions-le, il a crucifié Jésus- à l'imitation de Jules César, il vît paraître
Christ; les autres : Coupons-lui la barbe et devant lui le génie de Rome avec un visage
les bras, puis la tète ; d'autres enfin : Fendons- blême. —
Il fut tué par un trait que personne ne

le, déchirons-lui les entrailles, car il a tué vit venir, à l'âge de trente-deux ans. Ennemi
notre Dieu. Le chef de la troupe, prenant alors acharné de Jésus-Christ, il recueillit, dit-on, en
la parole : « Qu'est-il besoin, dit-il, de re- tombant un peu de son sang dans sa main et
courir à tous ces supplices ? Il y a là un feu le lança vers le ciel, en disant « Tu as vaincu, :

tout allumé; brûlons le juif. » Et le juif est Galiléen » ! —


Après sa mort, on trouva, dans
jeté dans les flammes. « Feu, feu s'écrient , le palais qu'il habitait, des charniers et des
les enfants, ne l'épargne pas, dévore-le il a ; cercueils pleins de têtes et de corps morts. En
souffleté Jésus-Christ; il lui a cloué les pieds la ville de Carres de Mésopotamie, dans un
et les mains. » Et les enfants énumèrent ainsi temple d'idoles, on trouva une femme morte
toutes les souffrances que les Juifs firent en- pendue par les cheveux, les bras étendus, le
durer au Sauveur. Quand la victime est con- ventre ouvert et vide. On prétend que Julien
sumée, on jette au vent ses cendres avec des l'avait immolée pour apaiser les dieux infer-
imprécations et puis chacun se retire, satis-
;
naux auxquels il s'était voué, et pour apprendre
fait d'avoir puni le bourreau du Christ. De — par l'inspection du foie de cette femme le ré-
semblables coutumes portent avec elles leur sultat de la guerre qu'il faisait alors contre les
caractère et n'ont pas besoin d'être accom-
, Perses. —
La mort de l'Apostat fut signifiée,
pagnées de réflexions ». » Les diverses reli- — dit-on dans plusieurs lieux à la fois, et au
,

gions sont plus ou moins tolérées dans les états même moment qu'elle advint. Un de ses do-
des Turcs et des Persans. Des juifs à Con- ,
mestiques, qui allait le trouver en Perse,
stantinople, s'avisèrent de dire, en conversa- ayant été surpris par la nuit, et obligé de
tion, qu'ils seraient les seuls qui entreraient s'arrêter dans une église faute d'auberge, vit
dans le Paradis. « Où serons-nous donc, nous en songe des apôtres et des prophètes assem-
autres? demandèrent quelques Turcs
» leur blés qui déploraient les calamités de l'Église
avec qui ils s'entretenaient. Les Juifs, n'osant sous un prince aussi impie que Julien, et un
pas leur dire ouvertement qu'ils en seraient d'entre eux, s'étant levé, assura les autres
exclus leur répondirent qu'ils seraient dans
, qu'il allait y porter remède. La nuit suivante,
les cours. Le grand-vizir, informé de cette ce valet, ayant vu dans son sommeil la même
dispute, envoya chercher les chefs de la sy- assemblée, vit venir l'homme de la veille qui
nagogue, et leur dit que, puisqu'ils plaçaient annonça la mort de Julien. Le philosophe Di-
les musulmans dans les cours du paradis, il dyme d'Alexandrie vit aussi en songe des
était juste qu'ils leur fournissent des tentes hommes montés sur des chevaux blancs, et
afin qu'ils ne fussent pas éternellement ex- courant dans les airs en disant « Annoncez à :

posés aux injures de l'air. On prétend que Didyme qu'à cette heure Julien l'apostat est
c'est depuis ce temps-là que les juifs outre ,
tué. »
le tribut ordinaire paient une somme consi-
— auteur
,
Jung, allemand, vivant encore
dérable pour du grand-seigneur les tentes et
sans' doute ; il a écrit sur les esprits un
de toute sa maison quand il va à l'armée 8
.
ouvrage intitulé Théorie de Geister-Kunder
Julien l'Apostat né en 331 empereur , — Nuremberg, 808, in-8°.
romain, mort en 363. Variable dans sa — , 4

philosophie inconstant dans sa manière de


,
Jupiter- Ammon. —
Les Égyptiens por-
penser, après avoir été chrétien il retomba ,
taient sur le cœur, comme un
puissant pré-
dans le paganisme. Les ennemis seuls de l'É- servatif, une amulette ou philactère, qui était

glise ont trouvé dans quelques qualités appa- une lame sur laquelle ils écrivaient le nom de
Jupiter-Ammon. Ce nom était si grand dans
1
Michaud et Poujoulat, Correspondance de l'Orient. leur esprit, et même chez les Romains, qu'on
* Saint-Foix, Essais, t. II. en croyait l'invocation suffisante pour obtenir
49
,

jur — : '0 — JUR


toutes sortes de biens. On sait que Jupiter- vous corriger 1
! » — Un avocat gascon avai*
Ammon avait des cornes de bélier. Sa statue, recours aux grandes figures pour émouvoir
,

adorée à Thèbes, dans la Haute-Égypte, était ses juges. Il plaidait au quinzième siècle, dans
un automate qui faisait des signes de tête. ces temps où les jugements de Dieu étaient
Jurement. —
«C'est une chose honteuse, dit encore en usage. Un jour qu'il défendait la
un bon légendaire, que d'entendre si souvent cause d'un Manceau cité en justice pour une
répéter le nom du diable sans nécessilé. Un somme d'argent dont il niait la dette, comme
père en colère dit à ses enfants « Venez ici, :
il n'y avait aucun témoin pour éclaircir l'af-
faire, les juges déclarèrent qu'on aurait re-
mauvais diables. » Un autre s'écrie; « Te
voilà, bon diable » Celui-ci, qui a froid, vous
!
cours à une épreuve judiciaire. L'avocat de
la partie adverse, connaissant l'humeur peu
l'apprend en disant « Diable le temps est : !

rude. » Celui-là qui soupire après la table dit belliqueuse du Gascon, demanda que les avo-

qu'il a une faim de diable. Un autre, qui s'im- cats subissent l'épreuve, aussi bien que leurs
patiente, souhaite que le diable l'emporte. Un clients; le Gascon n'y consentit qu'à condition
savant de société quand il a proposé une ,
que l'épreuve fût à son choix. La chose se —
énigme, s'écrie bravement « Je me donne au :
passaitau Mans. Le jour venu, l'avocat gascon
diable si vous devinez cela. » Une chose pa- ayant longuement réfléchi sur les moyens qu'il
raît-elle embrouillée, on vous avertit que le avait à prendre pour ne courir aucun péril

diable s'en mêle. Une bagatelle est-elle per- s'avança devant les juges, et demanda qu'a-

due, on dit qu'elle est à tous les diables. Un vant de recourir à une plus violente ordalie ,

homme laborieux prend-il quelque sommeil, on lui permît d'essayer d'abord celle-ci, c'est-
un plaisant vient vous dire que le diable le à-dire qu'il se donnait hautement et ferme-

berce. — Ce qu'il y a de pis c'est que des ,


ment au diable, lui et sa partie, s'ils avaient
gens emploient le nom du diable en bonne touché l'argent dont ils niaient la dette. Les

part; ainsi on vous dira d'une chose mé- juges, étonnés de l'audace du Gascon, se per-
diocre : « Ce pas le diable. » Un homme
n'est suadèrent là-dessus qu'il était nécessairement
fait-il plus qu'on ne demande, on dit qu'il fortde son innocence et se disposaient à l'ab-
travaille comme le valet du diable. Que l'on soudre mais auparavant, ils ordonnèrent à
; ,

voie passer un grenadier de cinq pieds dix l'avocat de la partie adverse de prononcer le

pouces, on s'écrie « Quel grand diable » : !


même dévouement que venait de faire l'avocat
D'un qui vous étonne par son esprit, par son gascon. « Il n'en est pas besoin, » s'écria aus-
adresse ou par ses talents, vous dites « Quel :
du fond de
sitôt une voix rauque. En
la salle

diable d'homme! » On dit encore « Une force :


même temps on vit paraître un monstre noir,

de diable, un esprit de diable, un courage de hideux, ayant des cornes au front, des ailes
diable; un homme franc est un bon diable; de chauve-souris aux épaules et avançant ,

un homme qu'on plaint un pauvre diable ,


les griffes sur l'avocat gascon... Le champion,
;

un homme divertissant a de l'esprit en dia- tremblant, se hâta de révoquer sa parole, en


ble etc.; et une foule de mots semblables. suppliant les juges et les assistants de le tirer


,

Un père en colère dit un jour à son fils :


des de l'ange de ténèbres. « Je ne cé-
griffes

« Va-t'en au diable. » Le fils étant sorti peu derai, répondit le diable, que quand le crime

après rencontra le diable, qui l'emmena; et sera révélé....» Endisantcesmots, il s'avança


on ne le revit plus 1 Un autre homme irrité .
encore sur le plaideur manceau et sur l'avocat
contre sa fille qui mangeait trop avidement
,
gascon. Les deux menteurs interdits se hâtè-
une écuelle de lait, eut l'imprudence de lui rent d'avouer ; l'un ,
qu'il devait la somme
dire « Puisses-tu avaler le diable dans ton
:
qu'on demandait; l'autre, qu'il soutenait
lui

ventre! » La jeune fille sentit aussitôt la pré- sciemment une mauvaise cause. Alors le diab'e
sence du démon, et elle fut possédée plusieurs se retira mais on sut par la suite que le
,

mois 2 Un mari de mauvaise humeur donna


.
second avocat sachant combien le Gascon
,

sa femme au diable au même instant, comme ;


était peureux avait été instruit de son idée
, ;

s'il fût sorti de la bouche de l'époux, le démon qu'il avait en conséquence affublé son domes-

entra par l'oreille dans le corps de cette pauvre tique d'un habit noir bizarrement taillé , et

dame. Ces contes vous font rire, puissent-ils l'avait équipé d'ailes et de cornes ,
pour dé-
couvrir la vérité par ce ministère.
1 Ccesarii Heistcrb. miracul., lib. 5, cap. 12.
a Ejusdem, cap. 2, ibid. 1 Ejusdem, cap. 2, ibid.
KAL< — 291 — KAM

M
Xaaîïft. —
Ce lieu célèbre à La Mecque Kaha , — maléfice employé aux Mar-
îles

dans l'enceinte du temple, est, dit-on, la quises. Les habitants attribuent au Kaha la
maison d'Abraham, bâtie par lui, selon les plupart de leurs maladies. Voici comment il
croyances musulmanes. Le seuil est un bloc se pratique « Quelque sorcier aura attrapé
:

de pierre qui a été, disent les Arabes, la sta- de votre salive, et puis il vous a lié du ter-
tue de Saturne, autrefois élevée sur la Kaaba rible Kaha ou maléfice du pays, en envelop-
même, et renversée par un prodige ainsi que pant celte salive dans un morceau de feuille
toutes les autres idoles du lieu , au moment d'arbre et la conservant en sa puissance. ïl
de la naissance de Mahomet. — La Kaaba tient là votre âme et votre vie enchaînées. A
est un petit édifice d'une quinzaine de pieds. ce mal voici le remède : ceux qui ont eu le

Les musulmans l'appellent la maison carrée pouvoir de vous jeter le charme ont aussi le
et la maison de Dieu dans le Koran, elle est
; pouvoir de vous l'ôter, moyennant quelque
désignée comme le lieu le plus saint de la présent. Le sorcier vient donc se coucher près
terre aussi les bons musulmans se tournent-
: de vous; il voit ou il entend le génie du mal
ils toujours dans leurs prières vers la Kaaba, ou de la maladie quand il entre en vous et
et il faut être peu dévot pour n'en pas faire quand il sort car il paraît que ces génies se
,

au moins une fois en sa vie le pèlerinage. On promènent souvent; et il l'attrape comme au


y révère la fameuse pierre noire qui servait vol, ou bien il le saisit en vous frottant le bras,
d'écha fa ud à Abraham lorsqu'il maçonnait la et il l'enferme à son tour dans une feuille
maison carrée. On conte qu'elle se haussait et ou il peut le détruire »

se baissait d'elle-même, selon les désirs du Kaldmraords , — nom du premier homme


patriarche. Elle lui avait été apportée par qui sortit de la jambe de devant d'un tau-
l'ange Gabriel; et on ajoute que cette pierre,
I

reau selon la doctrine des mages il fut tué


, ;

se voyant abandonnée après qu'on n'eut plus par les Dives; mais il ressuscitera le jour du
besoin d'elle, se mit à pleurer; Abraham la jugement. On invoque son âme chez les Guè-
consola en lui promettant qu'elle serait extrê- bres. Voy. Bouxdschksgh.
mement vénérée des musulmans ; et il la plaça
Xalpa-Tarou
,
-- arbre fabuleux sur le-
en effet près de la porte , où elle est baisée
quel les Indiens d'autrefois cueillaient tout ce
par tous les pèlerins.
qu'ils pouvaient désirer.
Kaoher, — vieux magicien qui,
dans l'his-
toire fabuleuse des anciens rois de Cachemire,
Kamlat, —
opération magique en usage

transforma le lac qui occupait ce beau pays chez les Tartares de Sibérie, et qui consiste à

en un vallon délicieux, et donna aux eaux évoquer le diable au moyen d'un tambour
une issue miraculeuse en coupant une mon- magique ayant la forme d'un tamis, ou plutôt
tagne nommée Baraboulé. d'un tambour de basque. Le sorcier qui fait
le Kamlat marmotte quelques mots tartares
K.af, — montagne prodigieuse qui entoure court de côté et d'autre, s'assied, se relève,
,

l'horizon de tous côtés, à ce que disent les


fait d'épouvantables grimaces et d'horribles
musulmans. La terre se trouve au milieu de
contorsions, roulant les yeux, les fermant, et
cette montagne, ajoutent-ils, comme le doigt
gesticulant comme un insensé. Au bout d'un
au milieu de l'anneau. Elle a pour fondement
quart d'heure, il fait croire que par ses con-
la pierre Sakhrat, dont le moindre fragment
jurations il évoque le diable ,
qui vient tou-
opère les plus grands miracles. C'est cette
jours du côté de l'Occident, en forme d'ours,
pierre, faite d'une seule émeraude qui ex-
,
pour lui révéler ce qu'il doit répondre il fait ;

cite lestremblements de terre en s'agitant ,

entendre qu'il est quelquefois maltraité cruel-


selon que Dieu le lui ordonne. Pour arriver
lement par le démon, et tourmenté jusque
à la montagne de Cafa il faut traverser de
,

dans le sommeil. Pour en convaincre ses au-


vastes régions ténébreuses, ce qu'on ne peut
diteurs, il feint de s'éveiller en sursaut en
faire que sous la conduite d'un être supérieur.
criant comme un possédé.
C'est, dit-on, la demeure des génies. Il est
souvent parlé de cette montagne dans les con- 1
L-ltrcs du P. Mathias Graea sur les îles Marqui-
tes orientaux. Voy. Sakhrat. se?, lettre (>'.

'19.
KÂT — 92 — KEL
Kamosch et Kemosch .
— VOlJ. ClIAMOS. t'en ailles; reste assis là; j'ai des affaires
Karra-Kalf —
le plus haut degré de la
,
dont il que je m'occupe mais
est nécessaire ,

je reviendrai dans une heure et je te dirai


magie en Islande. Dans les temps modernes,
lorsqu'on pratiquait le karra-kalf , le diable
quelque chose. » Le berger donc l'attendit, le
paraissait sous la forme d'un veau nouvelle- katakhanès s'en alla à environ dix milles de
ment né non encore nettoyé par sa mère.
et
là où vivaient deux jeunes époux nouvelle-
,

Celui qui désirait d'être initié parmi les ma-


ment mariés; il les égorgea tous deux. A son
retour, le berger s'aperçut que les mains du
giciens était obligé de nettoyer le veau avec
sa langue; et, par ce moyen il parvenait à vampire étaient souillées de sang, et qu'il rap-
,

portait un foie dans lequel il soufflait, comme


la connaissance des plus grands mystères.
font les bouchers, pour le faire paraître plus
Katakhanès. —
C'est le nom que les ha- grand. « Asseyons-nous, compère, lui dit le
bitants de Candie donnent à leurs
de l'île katakhanès et mangeons le foie que j'ap-
,

vampires. En aucune contrée du Levant la porte.» Mais le berger fit semblant de manger;

croyance aux vampires ou katakhanès n'est il n'avalait que le pain et laissait tomber les
aussi générale que dans cette île où l'on croit ,
morceaux de foie sur ses genoux. Or, —
aussi aux démons des montagnes de l'air et ,
quand le moment de se séparer fut venu le ,

des eaux. Voici un récit fait il n'y a pas long- katakhanès dit au berger « Compère ce :
,

temps à un voyageur anglais, M. Pashley, que tu as vu, il ne faut point en parler, car,
qui le rapporte comme il lui a été raconté. si tu le fais, mes vingt ongles se fixeront dans

Nous l'empruntons à la Revue britannique ta figure et dans celles de tes enfants. » —


(mars 4 837) : — « Un jour le village de Ka- Malgré cela, le berger ne perdit point de
likrati, dans le district de Sfakia, fut visité temps; il alla sur-le-champ tout déclarer à
par un katakhanès les habitants s'efforcè- ; des prêtres et à d'autres personnes; et on se
rent de découvrir qui il était et d'où il venait. rendit au tombeau, dans lequel on trouva le
Ce katakhanès tuait non-seulement les en- corps du katakhanès précisément dans l'état
fants, mais encore les adultes et il étendait , où il était quand on l'avait enterré tout le ;

ses ravages jusqu'aux villages des environs. monde fut convaincu que c'était lui qui était
Il avait été enterré dans l'église de Saint- cause des maux qui pesaient sur le pays. On
George à Kahkrati et une arche avait été , rassembla une grande quantité de bois que
construite au-dessus de sa tombe. Un berger, l'on jeta dans la tombe et on brûla le cada- ,

gardant ses moutons et ses chèvres auprès de vre. Le berger n'était pas présent mais quand ;

l'église, fut surpris par une averse, et vint se le katakhanès fut à moitié consumé, il arriva
réfugier sous l'arche du tombeau. Après avoir pour voir la fin de la cérémonie, et alors le
ôté ses armes pour prendre du repos il les ,
vampire lança un crachat; c'était une goutte
posa en croix à côté de la pierre qui lui tenait de sang qui tomba sur le pied du berger; ce
lieu d'oreiller. —
ha nuit vint. Le katakha- pied se dessécha comme s'il eût été consumé
nès, sentant alors le besoin de sortir pour faire par le feu. Quand on vit cela, on fouilla avec
du mal aux hommes, dit au berger : « Com- soin dans les cendres et on y trouva encore ,

père, lève-toi de là, car j'ai des affaires qui l'ongle du petit doigt du katakhanès on le ;

m'obligent de sortir. » Le berger ne répondit réduisit en poussière. — Telle est la terrible


ni la première fois, ni la seconde, ni la troi- histoiredu vampire de Kalikatri. C'est sans
sième il;supposa que le katakhanès était doute au goût qu'on suppose à ces êtres mal-
l'auteur de tous les meurtres commis dans la faisants pour le foie humain qu'il faut attri-
contrée. En conséquence, la quatrième fois buer cette exclamation que Tavernier attribue
qu'il lui adressa la parole, le berger dit -— :
à une femme candiote « J'aimerais mieux :

« Je ne me lèverai point de là, compère, car je manger le foie de mon enfant » Voy. Vam- !

crains que tu ne vailles pas grand'chose et ,


pires.
tu pourrais me faire du mal mais s'il faut
que je me lève, jure par ton linceul que tu ne
;
Kaybora, — esprit des forêts, à l'existence
duquel croient encore les Américains ils di- ;

me toucheras pas, et alors je me lèverai. » Le


sent que cet esprit enlève les enfants les ,

katakhanès ne prononça pas d'abord les pa-


cache dans les creux des arbres et les y nour-
roles qu'on lui demandait mais le berger per- ;
rit K
sistant à ne point se lever, finit par faire le

serment exigé. Sur cela le berger se leva et


il

Kelby, — esprit qu'une superstition écos-


ôta ses armes du tombeau; le katakhanès saise suppose habiter les rivières sous diffé-

sortit aussitôt, et après avoir salué le bêfgipr,


rentes formes, mais plus fréquemment sous

il lui dit: « Compère, il ne faut pas que tu 1


Voyage a'i Bivsil, par le père Keuwied, t. II, c. 12,


/

KOB — \ 3 — KUT
celle du cheval. Il est regardé comme mal- doivent être peu joyeuses; patron des comé-
faisant et porte quelquefois une torche. On diens.
attribue aussi à ses regards un pouvoir de fas- Xoran ,
— Voy. MAORIDATH.
cination.

Kélen Nysrock,
et —
démons que les dé-
Kougbas, — démons ou esprits malfai-
sants, redoutés des Aléotes, insulaires voi-
monographes font présider aux débauches,
sins du Kamtschatka. Ils attribuent leur état
aux danses, aux orgies.
d'asservissement et leur détresse à
Renne, — pierre fabuleuse qui se forme
rité des koughos russes sur
la supério-
les leurs; ils s'i-
dans l'œil d'un cerf, et à laquelle on attribue
maginent aussi que les étrangers, qui parais-
des vertus contre les venins.
sent curieux de voir leurs cérémonies, n'ont
Képhalonomancie, — divination qui se pra- d'autre intention que d'insulter à leurs koug-
tiquait en faisant diverses cérémonies sur la
has, et de les engager à retirer leur protection
tète cuite d'un âne. Elle était familière aux Ger-
au gens du pays.
mains. Les Lombards y substituèrent une tête
de chèvre. Delrio soupçonne que ce genre de
Kratim ou Katmir. C'est le nom qu'on —
donne au chien des sept Dormants. Voy. Dor-
divination, en usage chez les juifs infidèles,
mants.
donna lieu à l'imputation qui leur fut faite
d'adorer un àne. Les anciens la pratiquaient Kublmann (Quirinus) ,
— l'un des vision-

en mettant sur des charbons allumés la tête naires du dix-septième siècle, né à Breslau en
d'un âne, en récitant des prières superstitieu- '1651.Il était doué d'un esprit vif; étant
ses, en prononçant les noms de ceux qu'on tombé malade à l'âge de huit ans, il éprouva
soupçonnait d'un crime et en observant le
,
un dérangement dans ses organes, et crut
moment où mâchoires se rapprochaient
les avoir des visions. Une fois il s'imagina voir le

avec un léger craquement. Le nom prononcé diable escorté d'une foule de démons subal-
en cet instant désignait le coupable. Le — ternes ;
un autre jour, il se persuada que
diable arrivait aussi quelquefois sans se mon- Dieu lui avait apparu dès ce moment, il ne
:

trer pour répondre aux questions qu'on avait cessa de voir à côté de lui une auréole écla-
à lui faire. tante de lumière. Il parcourut le nord escorté
Xhumano-Goo , — d'épreuve en
sorte d'une très-mauvaise réputation ;
il escroquait
usage au Japon. On appelle goo un petit pa- de l'argent à ceux qui lui montraient quel-
pier rempli de caractères magiques, de figu- que confiance, pour l'employer, disait -il, à
res de corbeau et d'autres oiseaux. On pré- l'avancement du royaume de Dieu. Il fut
tend que ce papier est un préservatif assuré chassé de Hollande au commencement de

contre la puissance des esprits malins, et les l'année 675 il voulut se lier avec Antoinette
I ;

Japonais ont soin d'en acheter pour les expo- Bourguignon qui rejeta ses avances. Il fut
,

arrêté en Russie pour des prédictions sédi-


ser à l'entrée de leurs maisons; mais parmi
tieuses, et brûlé à Moscou le 3 octobre 1689.
ces goos ceux qui ont la plus grande vertu
Il a publié à Lubeck un Traité de la sagesse
viennent d'un certain endroit nommé Kuh- l
mano; ce qui fait qu'on les appelle Kuhmano- infuse d'Adam et de Salomon ; on lui doit une

goos. —
Lorsque quelqu'un est accusé d'un quarantaine d'opuscules qui n'ont d'autre mé-
crime et qu'il n'y a pas de preuves suffisan- rite que leur rareté.

tes pour le condamner, on le force à boire Kupay, — nom que les Péruviens don-
une certaine quantité d'eau dans laquelle on naient au diable. Quand ils prononçaient son
met un morceau de khumano-goo. Si l'accusé nom , ils crachaient par terre en signe d'exé-
est innocent, cette boisson ne produit sur lui cration. On l'écrit aussi Cupai, et c'est encore
aucun effet; mais s'il était coupable, il se sent le nom que les Floridiens donnent au souve-
attaqué de coliques qui le forcent à avouer. rain de l'enfer.
Voy. aussi Goo. Kutuktus. —
Les Tartares-Kalkas croient
Kijoun, — nom d'une idole que les Israé- que leur souverain pontife, le kutuktus, est
lites honorèrent dans le désert, et qui paraît immortel; et, dans le dernier siècle, leurs
avoir été le soleil. Le prophète Amos en parle fakirs firent déterrer et jeter à la voirie le
au chap. V. corps d'un savant qui dans ses écrits avait
Kiones , — idoles communes en Grèce ,
paru en douter.
qui ne consistaient qu'en pierres oblongues en
forme de colonnes d'où vient leur nom.
1
De Sapientia infusa Adamea Salomoneaque. Ar- —
,
canum microcosmicum Paris, 1681. — Prodromus quin-
;

Kobal, — démon perfide qui mord en riant,


quennii mirabilis. In-8° Leyde, 1674. On n'a qu'un vo-
lume de
;

cet ouvrage, qui devaiten avoir trois et contenir


directeur général des farces de l'enfer, qui cent mille inventions curieuses, etc
,

LAC — 294 — LAC

Xiabadîe (Jean) fanatique du dix-sep-


,
— avait de son temps dans le Ferry un lac de
tième né en 1610 à Bourg sur la Dor-
siècle, mauvaise renommée, qu'on appelait le lac
dogne. Il se crut uq nouveau Jean-Baptiste desDémons. Voy. Pilate, Hehbidilla . etc.
envoyé pour annoncer la seconde venue du Lacaille (Denyse de). En 1612, la ville de
Messie, et s'imagina qu'il avait des révéla- Béarnais fut le théâtre d'un exorcisme sur le-
tions. Il assurait que Jésus-Christ lui avait quel on n'a écrit que des facéties sans auto-
déclaré qu'il l'envoyait sur la terre comme rité. La possédée était une vieille nommée De-
son prophète ; il poussa bientôt la suffisance nyse de Lacaille. Nous donnons la pièce sui-
jusqu'à se dire revêtu de la divinité et par- vante en résumé; nous ne la croyons pas très-
ticipant *du nom et de la substance de notre sérieuse : —
Extrait de la sentence donnée con-
Seigneur. Mais il joignit à l'ambition d'un tre les démons qui soîit sortis du corps de De-
sectaire le goût des plaisirs; il faisait servir nyse de Lacaille. —
« Nous, étant dûment in-
à ses odieux projets le masque de la religion, formés que plusieurs démons et malins es-
et il ne fut qu'un détestable hypocrite. Il prits vexaient et tourmentaient une certaine
mourut en 1674. Voici quelques-unes de ses femme, nommée Denyse de Lacaille, de la
productions Le Hérauld du grand roi Jésus,
:
Landelle, nous avons donné à Laurent Lepot
Amsterdam, 1667, in -\ 2. Le Véritable exor- toute puissance de conjurer lesdits malins es-
cisme ou l'unique moyen de chasser le diable prits. Ledit Lepot, ayant pris la charge, a fait
du monde chrétien] le Chant royal du roi Jé- plusieurs exorcismes et conjurations, desquels
sus-Christ. Ces ouvrages sont condamnés. plusieurs démons sont sortis, comme le pro-
Labour, — pays de Gasgogne dont les ha- cès-verbal le démontre. Voyant que, de jour
bitants s'adonnaient au commerce du diable, en jour, plusieurs diables se présentaient;
et entreprenaient de longs voyages. Pendant comme il est certain qu'un certain démon ,

que les nommes étaient absents, Delancre dit nommé Lissi , a dit posséder ladite Denyse ,

que les femmes devenaient sorcières. Henri iy nous commandons, voulons, mandons, or-
envoya en 16: 9 ledit Pierre Delancre, con- donnons audit Lissi de descendre aux enfers,
seiller au parlement de Bordeaux, pour pur- sortir hors du corps de ladite Denyse, sans

ger le pays de ses sorciers qui, instruits de ,


jamais y rentrer; et, pour obvier à la reve-
son arrivée s'enfuirent en Espagne. Il en fit
,
nue des autres démons nous commandons
,

toutefois brûler quelques-uns. voulons mandons et ordonnons que Belzé-


,

buth, Satan, Motelu et Briffault les quatre


Labourant — VOy. PlERRE LABOURANT. chefs, et aussi les quatre légions qui sont sous
,

Lac. —
Grégoire de Tours rapporte que leur puissance, et tous les autres, tant ceux
dans le Gévaudan il y avait une montagne qui sont de Pair, de l'eau, du feu, de la terre

appelée Hélanie, au pied de laquelle était et autres lieux, qui ont encore quelque puis-
un grand hic; à certaines époques de l'année, sance de ladite Denyse de Lacaille compa- ,

les villageois s'y rendaient de toutes parts rent maintenant et sans délai qu'ils aient à
,

pour y faire des festins, offrir des sacrifices, parler les uns après les autres, à dire leurs
et jeter dans le lac, pendant trois jours, une noms de façon qu'on les puisse entendre,
infinité d'offrandes de toute espèce. Quand ce pour les faire mettre par écrit. Et à défaut —
temps était expiré, selon la tradition que rap- de comparoir, nous les mettons et les jetons
porte Grégoire de Tours, un orage mêlé d'é- en la puissance de l'enfer, pour être tour-
clairs et de tonnerre s'élevait il était suivi ;
mentés davantage que de coutume; et faute
d'un déluge d'eau et de pierres. Ces scènes de nous obéir, après les avoir appelés par
durèrent jusqu'à la fin du quatrième siècle. trois fois, commandons, voulons, mandons
Cent ans avant l'ère chrétienne, il y avait que chacun d'eux reçoive les peines imposées
aussi à Toulouse un lac célèbre consacré au ci-dessus, défendant au même Lissi, et à tous
dieu du jour, et dans lequel les Tectosagcs je- ceux qui auraient possédé le corps de ladite
taient en offrandes de l'or, de l'argent en pro- Denyse de Lacaille, d'entrer jamais dans au-
fusion, tant en lingots et monnayé que mis en cun corps, tant de créatures raisonnables que
œuvre et façonné. On lit dans la Vie de— d'autres. — Suivant quoi ledit Lissi, malin
saint Sulpice, évèque de Bourges, qu'il y esprit, prêt à sortir, a signé ces présentes.
LA M — 5 5 — LA M
Belzébuth paraissant, Lissi s'est retiré au bras fleur de terre. On s'avisa de leur donner la
droit; lequel Belzébuth a signé ;
pareillement chasse quelques jeunes gens en tuèrent
, et
Belzébuth s'étant retiré, Satan apparut, et a plusieurs à coups d'arquebuse; il se trouva ,

signé pour sa légion, se retirant au bras gau- le lendemain, que ces lamies n'étaient plus

che; Molelu, paraissant, a signé pour toute la que des loups et des hyènes. — Il se rencontre
sienne, s'étant retiré à l'oreille droite ; incon- des lamies, très-agiles à la course, dans l'an-
tinent, Briffault est comparu, et a signé ces cienne Libye ; leur voix est un sifflement de
présentes. —
Signé Lïssi; Belzébuth; Sa- serpent. Quelle que soit la demeure des la-
tan; Motelu; Briffault. mies, il est certain, dit Leloyer, qu'il en
» Le signe et la marque de ces cinq démons existe,puisque cette croyance était en vigueur
sont appposés à l'original du procès-verbal. chez les anciens. Le philosophe Ménippe fut
» Beauvais, le 12 décembre 1612. » épris d'une lamie. Elle l'attirait à elle ; heu-
Lachanoptères animaux imaginaires, — reusement de s'en défier, sans
qu'il fut averti
quoi il eût été dévoré. Semblables aux sor-
que Lucien place dans le globe de la lune.
cières, ajoute Leloyer i ces démons sont très-* ,
C'étaient de grands oiseaux couverts d'herbes
friands du sang des petits enfants, -^f&us les
au lieu de plumes.
démonomanes ne sont pas d'accord sur la
Lachus , —
génie céleste dont les Basili- ,
forme des lamies; Torquemada dans son ,

diens gravaient le nom sur leurs pierres d'ai- Hexameron dit qu'elles ont une figure de
,

mant magique; ce talisman préservait des femme et des pieds de cheval ; qu'on les
enchantements. nomme aussi chevesches, à cause du cri et de
Laci ( Jean ),
— auteur d'un ouvrage inti- la friandise de ces oiseaux pour la chair fraîche.

tulé Avertissements prophétiques, publié en Ce sont des espèces de sirènes selon les uns;
1708, un vol. in-8°; il parut différents ou- d'autres les comparent aux gholes de l'Arabie.
vrages de cette sorte à l'occasion des pré- — On a dit bien des bizarreries sur ces femmes
tendus prophètes des Cévennes. singulières.Quelques-uns prétendent qu'elles
— Liégeois célèbre ne voient qu'à travers une lunette 2 Wierus
Laensbergh Mathieu ), (
.

parle beaucoup de ces monstres, dans le troi-


qui passe parmi le peuple pour le plus grand
sième livre de son ouvrage sur les Prestiges.
mathématicien astrologue et prophète des
,

temps modernes. Ses prédictions trouvent en- Il a même consacré aux Lamies un ouvrage
particulier 3
core, dans les campagnes, de bonnes gens qui .

se feraient scrupule d'en douter, et qui, quand tamotteVayer FRANÇOIS ), le littéra- (



son almanach prédit de la pluie pour un jour teur, né à Paris en 4 588, et mort en 4 672.
de beau temps, se contentent de dire « Il pleut : C'était, selon Naudé, le Plutarque de la France,
ailleurs. » Le premier almanach de Mathieu ressemblant aux anciens par ses opinions et
Laensbcrgh a paru en 4 636. ses mœurs. Il a laissé des Opuscules sur le

Lafin (
Jacques ), — sorcier qui fut accusé
Sommeil et les Songes, in-8°, Pans, 4 643.
d'envoûtement on dit ; même qu'on trouva sur Iiampadomancie ,
— divination dans la-
lui des images de cire qu'il faisait parler t
. quelle on observait la forme, la couleur et les

I.aica. —
Nom de fées chez les Péruviens. divers mouvements de la lumière d'une lampe,
Les laicas étaient ordinairement bienfaisantes, afin d'en tirer des présages pour l'avenir.
au lieu que la plupart des autres magiciennes lampe merveilleuse.
y avait à Paris, — Il

mettaient leur plaisir à faire du mal. du temps de saint Louis, un rabbin fameux,
Lamia, — reine de Libye, qui fendait le nommé Jéchiel, grand faiseur de prodiges, et
ventre des femmes grosses pour dévorer leurs si habile à fasciner les yeux par les illusions

fruits. Elle a donné son nom aux lamies. de la magie ou de la physique, que les Juifs
Garnies, — démons qu'on trouve dans les
le regardaient comme un de leurs saints, et

les Parisiens comme un sorcier. La nuit, quand


déserts sous des figures de femmes, ayant des
têtes de dragon au bout des pieds. Elles han-
tout le monde était couché, il travaillait, à la

tent aussi les cimetières,


clarté d'une lampe merveilleuse, qui répan-
y déterrent les ca-
dait dans sa chambre une lumière aussi pure
davres, les mangent, et ne laissent des morts
que les ossements. A la suite d'une longue — que celle du jour. Il n'y mettait point d'huile ;

guerre on aperçut dans la Syrie pendant


,

plusieurs nuits, des troupes de lamies qui dé-


,
1

p. 199.
Hist. des spectres ou Apparit. des esprits, liv. m
voraient les cadavres des soldats inhumés à 2 Naudé, Apol. pour les grands personnages, etc .

chap. 8.
1
M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 173. 3 J. Wieri de Lumiis liber. In-4° Bâle, 1577.
;
I ,

LA M — 296 LAN
elle éclairait continuellement,sans jamais s'é- erreur populaire , fondée sur ce que les lam-
teindre, et sans avoir besoin d'aucun aliment. proies ont sur le côté de la tète des cavités
On disait que le diable entretenait cette lampe, qui n'ont aucune communication avec le cer-
et venait passer avec Jéchiel. Aussi
la nuit veau i
.

tous les passants heurtaient à sa porte pour


l'interrompre. Quand des se'gneurs ou d'hon-
Lancinet. —
Les rois de France ont de ,

temps immémorial revendiqué l'honneur de ,

nêtes gens frappaient, la lampe jetait une


guérir les écrouelles. Le premier qui fut guéri
lueur éclatante, et le rabbin allait ouvrir;
fut un chevalier nommé Lancinet. Voici com-
mais toutes les fois
saient du bruit pour le troubler dans son tra-
que des importuns fai-
ment le fait est conté. — Il était un cavalier
Lancinet, de l'avis duquel le roi Clovis se ser-
vail lampe pâlissait le rabbin, averti,
, la ;
vait ordinairement lorsqu'il était question de
donnait un coup de marteau sur un grand clou
faire la guerre à ses ennemis. Étant de
affligé
fiché au milieu de la chambre; aussitôt la terre
cette maladie des écrouelles, et s'étant voulu
s'entr'ouvrait et engloutissait les mauvais plai-
servir de la recette dont parle Cornélius Celsus.
sants 1 . —
Les miracles de la lampe inextin-
qui dit que les écrouelles se guérissent si l'on
guible étonnaient tout Paris. Saint Louis, en
mange un serpent, l'ayant essayée par deux
ayant entendu parler, fit venir Jéchiel afin ,
fois, et ce remède ne lui ayant point réussi,
de le voir il fut content, disent les Juifs, de
;
un jour, comme le roi Clovis sommeillait, il

la science étonnante de ce rabbin. lui fut avis qu'il touchait doucement le cou à
Lampes perpétuelles. En ouvrant quel- — Lancinet, et qu'au même instant ledit Lan-
ques anciens tombeaux, tels que celui de la cinet se trouva guéri sans que même il parût
fille de Cicéron, on trouva des lampes qui ré- aucune cicatrice. Le roi s'étant levé plus —
pandirent un peu de lumière pendant quelques joyeux qu'à l'ordinaire, tout aussitôt qu'il fit
moments, et même pendant quelques heures ; jour, manda Lancinet, et essaya de le guérir
d'où l'on a prétendu que ces lampes avaient en le touchant, ce qui fut fait; et toujours de-
toujours brûlé dans les tombeaux. Mais com- puis, cette vertu et faculté a été comme hé-
ment le prouver? dit le père Lebrun; on n'a réditaire aux rois de France, et s'est transmise
vu paraître des lueurs qu'après que les sé- à leur postérité 2 .
— Voilà sans contredit un
pulcres ont été ouverts et qu'on leur a donné prodige mais on représentera que personne
:

de l'air. Or il n'est pas surprenant que dans ne se nommait Lancinet du temps de Clovis ;

les urnes qu'on a prises pour des lampes il que ni Clovis, ni Clotaire, ni le roi Dagobert,
y eût une matière qui, étant exposée à l'air, ni aucun des Mérovingiens, ne se vantèrent
devînt lumineuse comme les phosphores. On de guérir les humeurs froides que ce secret ;

sait qu'il s'excite quelquefois des flammes dans futégalement inconnu aux Carlovingiens et ,

les caves, dans les cimetières, et dans tous les qu'il faut descendre aux Capétiens pour en
endroits où il y a beaucoup de sel et de sal- trouver l'origine 3
.

Landéla, — magicienne. Voy. Harpe.


pêtre. L'eau de la mer, l'urine, et certains
bois produisent de la lumière et même des
Langeât — ministre de France qui em-
,

flammes, et l'on ne doute pas que cet effet ne ,


,

vienne des sels qui sont en abondance dans ployaitbeaucoup d'espions, et qui fut souvent
ces sortes de corps. —
Mais d'ailleurs Ferrari accusé de communiquer avec le diable 4 .

a montré clairement dans une savante dis- , Langue. — On


dans Diodore de Sicile que
lit

sertation, que ce qu'on débitait sur ces lam- les anciens peuples de la ïaprobane avaient
pes éternelles n'était appuyé que sur des contes une langue double, fendue jusqu'à la racine,
et des histoires fabuleuses. ce qui animait singulièrement leur conversation
lampon ,
— devin d'Athènes. On apporta et leur facilitait le plaisirde parler à deux
un jour à Périclès, de sa maison de campagne, personnes en même
temps 5 Mahomet vit dans .

un bélier qui n'avait qu'une corne très-forte son paradis des anges bien plus merveilleux ;

au milieu du front; sur quoi Lampon pronos- car ils avaient chacun soixante-dix mille tètes ;

tiqua (ce que tout le monde prévoyait) que à chaque tête soixante-dix mille bouches, et
la puissance jusqu'alors partagée en deux dans chaque bouche soixante-dix mille lan-
,

factions, celle de Thucydide et celle de Péri-


1 Brown, Des Erreurs popul., t. ï fr , liv. m, p. 319.
clès, se réunirait dans la personno de celui 2 Delancre, Traité de l'attouchement, p. Iô9 ; Forca-
chez qui ce prodige était arrivé. tel, De Imper, et philosop. gall.
Lamproies, —
poisson à qui l'on q donné
3

p. 273.
M. Salgues.Des Erreurs et des préjugés, etc., t. er
,

neuf yeux mais on a reconnu que c'était une


; 4 Bertin, Curiosités de la littérature, t. I
,r
p. 51.
,

5 M. Sa'gnes, Des Erreurs et des préjugés, t. IU,


1
Sauvai, Antiquités de Pans, etc. p. 119.
LAP — 2 7 — LAR
gues qui parlaient chacune soixante-dix mille anneaux de laiton attachés ensemble par une
idiomes différents. chaîne de même métal. Il frappe sur ce tam-
Langue primitive. — On a cru autrefois bour avec un marteau fourchu fait d'un os ,

que on abandonnait les enfants à l'instruc-


si
de telle sorte que ces anneaux se remuent.
tion de la nature ils apprendraient d'eux- Le curieux chante en même temps, d'une voix
mêmes la langue primitive, c'est-à-dire celle distincte une chanson que les Lapons nom-
,

que parlait Adam, que l'on croit être l'hébreu. ment jonk tous ceux qui sont présents, hom-
;

Mais malheureusement l'expérience a prouvé mes et femmes, y ajoutent chacun leur cou-
que cette assertion n'était qu'une erreur po- plet, exprimant de temps en temps le nom

pulaire l Les enfants élevés par des chèvres


.
du lieu dont ils désirent savoir quelque chose.
parlent l'idiome des boucs et il est impossible
,
Le Lapon qui frappe le tambour le met ensuite
d'établir que le langage n'a pas été révélé. sur sa tête d'une certaine façon , et tombe
aussitôt par terre, immobile, sans donner au-
Languet, — curé de Saint-Sulpice, qui avait cune marque de Les assistants continuent
vie.
un pour l'expulsion de
talent tout particulier
de chanter jusqu'à ce qu'il soit revenu à lui
certains esprits malins; quand on lui amenait ;

car si on cesse de chanter l'homme meurt ,

une de ces prétendues possédées qui ont donné


disent-ils, ce qui lui arrive également si quel-
matière à tant de scandales, il accourait avec
qu'un essaie de l'éveiller en le touchant de la
un grand bénitier plein d'eau commune, qu'il
main ou du pied. On éloigne même de lui les
lui versait sur la tète, en disant « Je t'adjure :

mouches et les autres animaux qui pourraient


de te rendre tout à l'heure à la Salpêtrière,
sans quoi je t'y ferai conduire à l'instant. »
le faire revenir. —
Quand il reprend ses sens
de lui-même il répond aux questions qu'on
,

La possédée ne reparaissait plus.


lui fait sur le lieu où il a été envoyé. Quel-
Lanthila, — nom que
les habitants des Mo- quefois il ne se réveille qu'au bout de vingt-
luques donnent à un être supérieur qui com- quatre heures selon que le chemin qu'il lui
,

mande à tous les Nétos ou génies malfaisants. a fallu parcourir a été long ou court et pour ;

Lapalud ,
— voy. PALUD. ne laisser aucun doute sur la vérité de ce qu'il

Lapons. —
Les Lapons se distinguent un
raconte, il se vante d'avoir rapporté du pays
où il a été la marque qu'on lui a demandée,
peu des autres peuples. La hauteur des plus
grands n'excède pas un mètre et demi
comme un couteau, un anneau, un soulier ou
ils

ont la tête grosse, le visage plat, le nez écrasé,


;

quelqu'autre chose. —
Les Lapons s? servent
aussi du même tambour pour savoir ia cause
les yeux bouche large une barbe
petits , la ,

d'une maladie, ou pour faire perdre la vie ou


épaisse qui leur pend sur l'estomac. Leur
habit d'hiver est une peau de renne, taillée
la santé à leurs ennemis. Parmi ces peu- —
ples certains magiciens ont une espèce de
comme un sac, descendant sur les genoux, et ,

gibecière de cuir, dans laquelle ils tiennent


rehaussée sur les hanches avec une ceinture
des mouches magiques ou des démons, qu'ils
ornée de plaques d'argent; ce qui a donné
lâchent de temps en temps contre leurs en-
lieu à plusieurs historiens de dire qu'il y avait
nemis ou contre leur bétail ou simplement
des hommes vers le nord velus comme des
, ,

pour exciter des tempêtes et faire lever des


bêtes , ne se servaient point d'autres
et qui
vents orageux. Enfin ils ont une sorte de dard
habits que ceux que la nature leur avait
donnés. —
On dit qu'il y a chez eux une école qu'ils jettent en l'air, et qui, dans leur opinion,
cause la mort à tout ce qu'il rencontre. Ils se
de magie, où les pères envoient leurs enfants,
servent encore, pour ce même effet, d'une pe-
persuadés que la magie leur est nécessaire
lote nommée tyre, de la grosseur d'une noix,
pour éviter les embûches de leurs ennemis
fort légère presque ronde qu'ils envoient
qui sont eux-mêmes grands magiciens. Ils font , ,

contre leurs ennemis pour les faire périr; si


passer les démons familiers dont ils se servent
par malheur cette pelote rencontre en chemin
en héritage à leurs enfants, afin qu'ils les em-
quelque autre personne ou quelque animal
ploient à surmonter les démons des autres ,

familles qui leur sont contraires. — Ils se ser-


elle ne manque pas de lui causer la mort 1
.

Voy. Finnes.
vent souvent du tambour pour les opérations
de leur magie. Quand ilsontenvie d'apprendre Lares. —
Leslares étaient, chez les anciens,
ce qui se passe en pays étranger, un d'entre des démons ou des génies, gardiens du foyer.
eux bat ce tambour, mettant dessus, à l'en- Cicéron , traduisant le Timée de Platon ap- ,

droit où l'image du soleil est dessinée , des pelle lares ce que Platon nomme démons.
Festus les appelle dieux ou démons inférieurs,
1
Thomas Brown, Essais sur les erreurs, t. II, ch. 23,
p. 95.
1
Dom Calmet, Sur les„Vampires,
LAR 298 LAV
gardiens des toifs et des maisons, Apulée dit arête, prédiclion qui ne fut pas accomplie. —
que les lares n'étaient autre chose que les Les almanachs qui continuent de porter son
âmes de ceux qui avaient bien vécu et bien nom sont encore très-eslimés dans le midi de
rempli leur carrière. Au contraire, ceux qui la France comme ceux de Matthieu Laens-
,

avaient mal vécu erraient vagabonds et épou- bergh dans le nord.


vantaient les hommes. Selon Servius, le culte Larves, — âmes des méchants, que l'on dit
des dieux lares est venu de ce qu'on avait errer çà et pour épouvanter les vivanls
là ;

coutume autrefois d'enterrer les corps dans les on les confond souvent avec les lémures, mais
maisons ce qui donna occasion au peuple cré-
; les larves ont quelque chose de plus effrayant.
dule de s'imaginer que leurs âmes y demeu- — Lorsque Caligula fut assassiné, on dit que
raient aussi comme des génies secourables et son palais devint inhabitable, à cause des
propices, et de les honorer en cette qualité. larves qui l'occupaient, jusqu'à ce qu'on lui
On peut ajouter que, la coutume s'étant intro- eût décerné une pompe funèbre. Voy. Fan-
duite plus lard d'inhumer les morts sur les tômes, Spectres, etc.
grands chemins, ce pouvait bien être de là
qu'on prit occasion de les regarder comme les
Launay ( Jean ), célèbre docteur de Sor-—
bonne, né le 21 décembre 1603 à Valdéric,
dieux des chemins. C'était le sentiment des
diocèse de Coutances. Il a laissé un ouvrage
platoniciens, qui des âmes des bons faisaient
pédantesque intitulé Dissertation sur la vi- :

les lares et les lémures des âmes des mé-


,
sion de Sinwn Stokius un vol. in-8°: Paris, ,

chants. On plaçait leurs statues dans


un ora-
1653 et 1663.
toire que l'on avait soin de tenir proprement.
Cependant quelquefois on perdait le respect à Laurier, — arbre
qu'Apulée met au rang
leur égard, comme à la mort de quelques per- des plantes qui préservent les hommes des
esprits malins. On croyait aussi chez les an-
sonnes chères on les accusait de n'avoir pas
;

ciens qu'il garantissait de la foudre.


bien veillé à leur conservation , et de s'être
laissé surprendre par les esprits malfaisants. Lauthu ,
— magicien tunquinois ,
qui pré-
Caligula fit jeter les siens par la fenêtre, parce tendait avoir été porté soixante-dix ans dans
que, disait-il mécontent de leur ser-
, il était le sein de sa mère. Ses disciples le regardaient
vice. Quand garçons étaient devenus
les jeunes comme le créateur de toutes choses. Sa mo-

assez grands pour quitter les bulles qu'on ne rale est très-relâchée c'est celle que suit le ;

portait qu'en la première jeunesse, ils les pen- peuple tandis que la cour suit celle de Con-
,

daient au cou des dieux lares. Les esclaves y fucius.


pendaient aussi leurs chaînes lorsqu'ils re- Lavater (Louis) théologien protestant,
, —
cevaient la liberté. Voy. Larves. né à Kybourg en 1527, auteur d'un traité sur
Larmes. — Les femmes accusées de sor- les Spectres, les Lémures 1

, etc. Zurich, 1570,


cellerie étaient regardées comme véritable- in-12, plusieurs fois réimprimé.
ment sorcières lorsqu'elles voulaient pleurer Lavater (Jean-Gaspard) ,
— né à Zurich
et qu'elles ne le pouvaient. Une sorcière, dont en 1741 mort en 1801 auteur célèbre de l'art
, ,

parle Boguet dans son premier avis, ne put déjuger les hommes par la physionomie. Voy.
jeter aucune larme, bien qu'elle se fût plu- Physiognomonie.
sieurs fois efforcée devant son juge : « Car il
Lavisari. — Cardan écrit qu'un Italien
a été reconnu par expérience que les sorciers nommé Lavisari, conseiller et secrétaire d'un
ne jettent point de larmes : ce qui a donné prince, se trouvant une nuit seul dans un
occasion à Spranger, Bodin de Grilland et
sentier, le long d'une rivière et ne sachant ,

dire que l'une des plus fortes présomptions


ou était le gué pour la passer, poussa un cri
que l'on puisse élever contre le sorcier est dans l'espoir d'être entendu des environs. Son
qu'il ne larmoie point \. »
cri ayant été répété par une voix de l'autre

X.arrivey ( Pierre ), ancien poète dra- — côté de l'eau, il se persuada que quelqu'un
matique du seizième siècle, né à Troyes en lui répondait , et demanda : Dois-je passer
1596. Il s'est fait connaître par un Almanach ici? la voix lui répondit : Ici. Il vit alors qu'il

avec grandes prédictions, le tout diligemment était sur le bord d'un gouffre où l'eau se je-
calculé qu'il publia de 1618 à 1647. Il pré- tait en tournoyant. Épouvanté du danger que
,

céda ainsi Mathieu Laensbergh. Il ne man- ce gouffre lui présentait, il s'écrie encore une
geait point de poisson parce que, selon son fois Faut-il que je passe ici? la voix lui ré-
:

horoscope il devait mourir étranglé par une


,

1 De spectris, lemuribns et magnis atquc insolilis


fragoribus et prasagitionibus qnx obitum hominum,
1
Boguet, Premier avis, n° 60, p. 26. ejades, mutationesquo iniperioriim procédant, etc.
LÉG — 2 9 — LEC
pondit : Passe ici. Il n'osa s'y hasarder, et dait dans cette eau y voyait ce qu'on vou-
prenant l'écho pour le diable, il crut qu'il lait savoir, ou ce qu'elle voulait y voir. —
voulait le faire périr et retourna sur ses pas *".
Ou bien on remplissait d'eau un vase d'ar-
Lazare (Denys) ,
— prince de Servie qui gent pendant un beau clair de lune; ensuite,
Il est auteur
vivait en l'année de l'hégire 788. on réfléchissait la lumière d'une chandelle
d'un ouvrage intitulé Songes, publié en les dans le vase avec la lame d'un couteau et ,

1686, 1 vol. in-8°. Il prétend avoir eu des l'on y voyait ce qu'on cherchait à connaître.

visions nocturnes dans les royaumes de Sté- — C'est encore par la lécanomancie que chez

phan, de Mélisch et de Prague. les anciens on mettait dans un bassin plein

Xieaupartie, — seigneur normand d'un es- d'eau des pierres précieuses et des lames
d'or et d'argent gravées de certains carac-
prit épais, qui fit paraître en 1735 un mé-
tères dont on faisait offrande aux démons.
moire pour établir la possession et l'obsession ,

de ses enfants et de quelques autres filles


Après les avoir coujurés par certaines paro-
les on leur proposait la question à laquelle
qui avaient copié les extravagances de ces ,

jeunes demoiselles. Il envoya à la Sorbonne — on désirait une réponse. Alors il sortait du


fond de l'eau une v oix basse semblable à un ,
et à la faculté de médecine de Paris des ob-
sifflement de serpent qui donnait la solution
servations pour savoir si l'état des possédées ,

désirée. Glycas rapporte que Nectanébus, roi


pouvait s'expliquer naturellement. Il exposa
d'Egypte connut par ce moyen qu'il serait
,
que les possédées entendaient le latin; qu'elles
détrôné; et Delrio ajoute que, de son temps,
étaient malicieuses; qu'elles parlaient en hé-
cette divination était encore en vogue parmi
rétiques; qu'elles n'aimaient pas le son des
les Turcs. Elle était anciennement familière
cloches; qu'elles aboyaient comme des chien-
aux Chaldéens aux Assyriens et aux Egyp-
,
nes ;
que l'aboiement de l'une d'elles ressem-
tiens. Vigenère ajoute qu'on jetait aussi du
blait à celui d'un dogue que leur servante ;

Anne Néel quoique fortement liée s'était ,


plomb fondu tout bouillant dans un bassin
,

plein d'eau et par les figures qui s'en for-


dégagée pour se jeter dans le pui!s ce qu'elle :
;

ne put exécuter, parce qu'une personne la maient, on avait la réponse à ce qu'on de-
suivait mais que pour échapper à cette mandait '.
; ,

poursuite elle s'élança contre une porte fer-


, Lechies , — démons des bois, espèces de
mée et passa au travers etc. Le bruit s'é- , — satyres chez les Russes, qui leur donnent un
tant répandu que les demoiselles de Leaupartie corps humain depuis la partie supérieure jus-
étaient possédées, un curé nommé Heurtin, fai- qu'à la ceinture, avec des cornes, des oreil-
ble ou intrigant, s'empara de l'affaire, causa les, une barbe de chèvre, et, de la ceinture
du scandale, fit des extravagances. Mais M. de en bas, des formes de bouc. Quand ils mar-
Luynes, évêque de Bayeux, le fit renfermer chent dans les champs, ils se rapetissent au
dans un séminaire et les demoiselles ayant ; ,
niveau des herbages; mais lorsqu'ils courent
été placées dans des communautés religieuses, dans les forêts ils égalent en hauteur les ar-
,

se trouvèrent immédiatement paisibles. bres les plus élevés. Leurs cris sont effroya-
Lebrun (Charles) ,
— célèbre peintre, né bles. Ils errent sans cesse autour des prome-
à Paris en 1619, mort en 1690. On lui doit neurs empruntent une voix qui leur est
,

un Traité sur la physionomie humaine com- connue, et les égarent vers leurs cavernes,
parée avec celle des animaux , 1 vol. in-folio. où ils prennent plaisir à les chatouiller jusqu'à

Lebrun (Pierre) — oratorien né à Bri-


la mort.

gnolles en 1661, mort en 1729.


,

On
,

a de lui :
Lecoq, —
sorcier qui fut exécuté à Sau-

1
0 Lettres qui découvrent V illusion des philo-
mur, au seizième siècle, pour avoir composé
sophes sur la baguette et qui détruisent leurs des vénéfices et poisons exécrables contre les
systèmes, 1693, in-12; 2° Histoire critique
enfants. Le bruit courait dans ce temps-là
des pratiques superstitieuses qui ont séduit les
que lui et d'autres sorciers ayant jeté leur
,

peuples embarrassé les savants 1 702 3 vol.


et
sort diabolique sur les lits de plume , il devait
, ,

in-12, avec un supplément, 1737, in-12. — s'yengendrercertainsserpents qui piqueraient


et tueraient les bonnes gens endormis; si bien
Nous avons occasion de le citer souvent.
qu'on n'osait plus se coucher. On attrapa- Le-
Lécanomancie , — divination par le moyen
coq , et on le brûla après quoi on alla dor- ,

de l'eau. Onmagiques
écrivait des paroles
mir 2 ce que vous pouvez faire aussi.
:

sur des lames de cuivre, qu'on mettait dans


un vase plein d'eau et une vierge qui regàr- , 1
Delancre Incrédulité et mécréance du sortilège
,

pleinement convaincues, p. 26S.


1 Lenglet-Dufresnoy, Dissert., 2
t. I, p. 169. Nynauld Discours de , la Lycanthropie, p. 5.
LE»! — 3 ) — LÉO
Ledoux (Mademoiselle) ,
— tireuse de car- Lémures, —
génies malfaisants ou âmes
tes, dont on fit le procès à Paris le 14 juil- des morts damnés qui (selon les croyances
let 1848; elle fut condamnée à deux ans superstitieuses) reviennent tourmenter les vi-
d'emprisonnement et à douze francs d'amen- vants, et dans la classe desquels il faut met-
de pour avoir prescrit à une jeune demoi- tre les vampires. On prétend que le nom de
selle d'aller la nuit en pèlerinage au Calvaire, Lémure une corruption de Rémure qui
est ,

près Paris et d'y porter quatre queues de


, vient à son tour du nom de Rémus, tué par
morue enveloppées dans quatre morceaux Romulus. fondateur de Rome; car après sa
d'un drap coupé en quatre, afin de détacher, mort les esprits malfaisants se répandirent
par ce moyen cabalistique, le cœur d'un jeune dans Rome *. Voy. Lares, Larves, Spectres,
homme riche de neuf veuves et demoiselles Vampires, etc.

qui le poursuivaient en mariage 1 .


Lenglet-Dufresnoy (NICOLAS) né à ,

Legendre (Gilrert-Charles) ,
— marquis Beauvais en 1674, et mort en 1755. On lui
de Saint-Aubin-sur-Loire né à Paris en 1 688. , doit 1° une Histoire de la philosophie hermé-
mort en 1746. On a de lui un Traité de V Opi- tique, accompagnée iïun catalogue raisonné
nion ou Mémoires pour servir à l'histoire de
, des écrivains de cette science , avec le véritable
l'esprit humain, Paris, 1733, 6 vol. in-12; philalète, revu sur les originaux, 1742, 3 vol.
ouvrage dont M. Salgues a tiré très-grand in-12; 2° un Traité historique et dogmati-
parti pour son livre Des erreurs et des préjugés que sur les apparitions , visions et révélations
répandus dans la société. particulières , avec des observations sur les

Légions. — H y a aux enfers six mille six dissertations du R. P. Dom Calmet sur les

cent soixante-six légions de démons. Chaque apparitions et les revenants, 1751 , 2 vol.
légion de l'enfer se compose de six mille six in-12; 3° un Becueil de Dissertations ancien-
cent soixante-six diables, ce qui porte le nes et nouvelles sur les apparitions, les vi-
nombre de tous ces démons à quarante-qua- sions et les songes, avec une préface histori-
tre millions quatre cent trente-cinq mille cinq que et un catalogue des auteurs qui ont écrit
cent cinquante-six, à la tête desquels se trou- sur les esprits, les visions, les apparitions,
vent soixante-douze chefs , selon le calcul de les songes et les sortilèges ;
1752, 4 vol. in-1 2.

Wierus. Mais d'autres doctes mieux informés Nous avons puisé fréquemment dans ces ou-

élèvent bien plus haut le nombre des démons. vrages.

Leleu (Augustin) contrôleur des droits ,


— Le Nurmant (Martin) ,
— astrologue qui
du duc de Chaulnes sur la chaîne de Piquigny, fut apprécié par le roi Jean, auquel il prédit
2
qui demeurait à Amiens, rue de l'Aventure, la victoire qu'il gagna contre les Flamands .

et dont la maison fut infestée de démons pen-


Lenormant (MADEMOISELLE) , — Sibylle qui
dant quatorze ans. Après s'être plaint, il exerçait avec bruit au faubourg Saint-Ger-
avait obtenu qu'on fit la bénédiction des mai- main sous l'empire et sous la restauration.
sons infestées, ce qui força les diables à dé- Elle devinait par les cartes et par le marc de
2
taler .
café. Morte en 1843. Elle a publié des mé-
Ziemia —
sorcière d'Athènes qui fut pu-
,
, moires et des souvenirs sibylliens. On a donné
niedu dernier supplice, au rapport de Dé- aussi sous son nom depuis sa mort, de pré-
,

mosthène pour avoir enchanté charmé et


,
, tendues prophéties. Le seul fait vrai en tout
fait périr le bétail car dans cette république
; cela, c'est que sous l'empire mademoiselle
on avait établi une chambre de justice des- Lenormant était un des organes de la .police
tinée à poursuivre les sorciers 3.
de Napoléon.
Lemnius OU Lemmens (LlVIN) ,
— né en Léon III, — élu pape en 795. On a eu
1505 à Ziriczée en Zélande, médecin et théo- l'effronterie de lui attribuer un recueil de pla-
logien ,
publia un livre sur ce qu'il y a de titudes et de choses ridicules, embrouillées
vrai et de faux en astrologie et un autre sur ,
dans des figures et des mots mystiques et
4
les merveilles occultes de la nature .
inintelligibles, composé par un visionnaire,
plus de trois cents ans après lui sous le titre ,

1
M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 291. tfEnchiridion Leonispapœ
3
. On a ajouté qu'il
2 Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les apparit.,
t. III, p. 213.

M. Garinet, Hist de la magie en France, p. 14. 1


Leloyer, Hist. des spectres ou Appar. des esprits,
ch. 5.
* De
astrologia liber unus, in quo obiter indicatur
2 Manuscrit cité à la fin des rem. de Joly sur Bayle.
quid illa veri, qui d ficti falsique habeat et quatenus
arti sit habenda rHos Anvers, 1554. In-8°. Dr oc-
;
— 3 Enchiridion Leonis papœ serenissimo imperatori
cultis natnrœ miraculis libri II; Anvers, 1559. In-12. Carolo Magno in munus pretiosum datum, nuperrime
Réimprimé chez Plantin en quatre livres; Anvers, 1564. mendis omnibus purgatum , etc.
LÉO — i I — LES
avait envoyé ce livre à Charlemagne. — Voici dans la nappe , ce qu'il refusa en faisant le

le titre Enchiridion
exact de cet ouvrage : signe de Le diable s'en retourna
la croix.
du pape Léon, donné comme un présent pré- confus chez Léopold, qui ne le quitta point
cieux au sérénissime empereur Charlemagne, pour cela; car, pendant la maladie à la suilo
récemment purgé de toutes ses fautes. Rome, de laquelle il mourut, s'étant levé un jour
4670, in-42 long, avec un cercle coupé d'un sur son séant, il commanda à son magicien
triangle pour vignette, et à l'entour ces mots qu'il tenait à gages d'appeler le diable , le-
en légende formation réformation trans-
:
,
,
quel se montra sous forme d'un homme la

formation. Après un avis aux sages cabalis- noir et hideux; Léopold ne l'eut pas plutôt
tes, le livre commence par l'Évangile de saint vu, qu'il dit : « C'est assez , » et il demanda
Jean, que suivent les secrets et oraisons pour qu'on le recouchât dans son lit, où il trépassa 1
.

conjurer le diable. Voy. Conjurations, etc. Lesage, — VOlJ. LUXEMBOURG.


Léonard —
démon du premier ordre
,
,
Lescorière (Marie) ,
— vieille sorcière ar-
grand maître des sabbats, chef des démons rêtée au seizième siècle , à l'âge de quatre-
subalternes inspecteur général de la sorcel-
, vingt-dix ans. Elle répondit dans son inter-
lerie, de la magie noire et des sorciers. On rogatoire qu'elle passait pour sorcière sans
l'appelle souvent le Grand Nègre. Il préside
l'être qu'elle croyait en Dieu , l'avait prié
;

au sabbat sous la figure d'un bouc de haute diable depuis


journellement, et avait quitté le
taille; il a trois cornes sur la tète, deux oreil-
long-temps qu'il y avait quarante ans qu'elle
;

les de renard les cheveux hérissés, les yeux


,
n'avait été au sabbat. Interrogée sur le sab-
ronds, enflammés et fort ouverts, une barbe bat, elle dit qu'elle avait vu le diable en forme
de chèvre et un visage au derrière. Les sor- d'homme et de bouc qu'elle lui avait cédé ,

cières l'adorent en lui baisant ce visage infé-


les galons dont elle liait ses cheveux, que le
rieur avec une chandelle verte à la main. diable lui avait donné un écu qu'elle avait
Quelquefois il ressemble à un lévrier ou à un mis dans sa bourse que le diable lui avait ;

bœuf, ou à iin grand oiseau noir, ou à un surtout recommandé de ne pas prier Dieu , de
tronc d'arbre surmonté d'un visage téné- donné
nuire aux gens de bien , et lui avait
breux. Ses pieds, quand il en porte au sab-
pour cela de la poudre dans une boîte; qu'il
bat, sont toujours des pattes d'oie. Cependant
était venu la trouver en forme de chat, et
les experts, qui ont vu le diable au sabbat,
que, parce qu'elle avait cessé d'aller au sab-
observent qu'il n'a pas de pieds quand il bat, il l'avait meurtrie à coups de pierre; que
prend la forme d'un tronc d'arbre et dans ,
quand elle appelait le diable, venait à elle
d'autres circonstances extraordinaires. — Léo- en forme de chien pendant le
il

jour et en for-
nard est taciturne et mélancolique mais dans
;
me de chat pendant la nuit qu'une fois elle ;

toutes les assemblées de sorciers et de diables


l'avait prié de faire mourir une voisine, ce
où il est obligé de figurer, il se montre avan- qu'il avait fait qu'une autre fois passant par ;

tageusement et montre une gravité superbe i .


un village les chiens l'avaient suivie et mor-
,

Léopold, — de l'empereur Rodolphe.


fils due; que dans l'instant elle avait appelé le
Il embrassa la magie et étudia les arts du diable ,
qui les avait tués. Elle dit aussi qu'il
diable, qui lui apparut plus d'une fois. Il ar- ne se faisait autre chose au sabbat sinon
riva que son frère Frédéric fut pris en ba- honneur au diable, qui promettait ce qu'on lui
taille en combattant contre Louis de Bavière. demandait qu'on lui faisait offrande le bai-
:

Léopold voulant lui envoyer un magicien, sant au derrière, ayant chacun une chandelle
pour le délivrer de la prison de l'empereur à la main 2 .

sans payer rançon s'enferma avec ce magi-


cien dans une chambre, en conjurant et ap-
,
Lescot , —
devin de Parme qui disait in- ,

différemment à tout homme qui en voulait


pelant le diable qui se présenta à eux sous
,
faire l'essai « Pensez ce que vous voudrez, et
:

forme et costume d'un messager de pied, ayant


je devinerai ce que vous pensez » parce qu'il ,

ses souliers usés et rompus, le chaperon en 3


était servi par un démon .

tête; quant au visage, il avait les yeux chas-


sieux. Il leur promit, sans que le magicien Iaespèce, — Italien, qui fut avalé pendant
le séjour de la flotte française au port de
se dérangeât, de tirer Frédéric d'embarras,
pourvu qu'il y consentît. Il se transporta de Zante , sous le règne de Louis XII. Il était

suite dans la prison changea d'habit et de ,


1
Leloyor, Histoire des spectres, p. 304.
forme, prit celle d'un écolier, avec une nappe
7 Discours des sortilèges et vénelices, tirés des procès
autour du cou et invita Frédéric à entrer
,
criminels, p. 32.
3 Delancre, Incrédulité et mécréance de la divina-
1
Delrio, Delancre, Eodin, etc. tion, du sort'lége, p. 304,
.,
, ,.

LÉV — , 02 — LIB
dans le briganlin de François de Grammont. est tenace , ferme à son poste et difficile a
Un jour, après avoir bien bu , il se mit à exorciser. — On donne aussi le nom de Lé-
jouer aux dés, et perdit tout son argent. Il viathan à un poisson immense que les rab- ,

maugréa Dieu, les saints, la vierge Marie, bins disent destiné au repas du Messie. Ce
mère de Dieu et invoqua le diable à son , poisson est si monstrueux qu'il en avale d'un ,

aide. La nuit venue comme l'impie commen- , coup un autre qui pour être moins grand que ,

çait à ronfler, un gros et horrible monstre, lui ne laisse pas d'avoir trois lieues de long.
,

aux yeux étincelanls approcha du brigantin. , Toule la masse des eaux est portée sur Lévia-
Quelques matelots prirent cette bête pour un than. Dieu au commencement, en créa deux,
,

monstre marin, et voulurent l'éloigner; mais l'un mâle et l'autre femelle mais de peur ; ,

elle aborda le navire et alla droit à l'héréti- , qu'ils ne renversassent la terre et qu'ils ne
que, qui fuyait de tous côtés. Dans sa fuite remplissent l'univers de leurs semblables
il trébucha et tomba dans la gueule de cet
,
Dieu disent encore les rabbins tua la fe-
, ,

horrible serpent *.
melle et la sala pour le repas du Messie qui
,

Léthé , — fleuve qui arrosait une partie du doit venir. —


En hébreu Léviathan veut dire ,

Tartare, et allait jusqu'à l'Élysée. Ses ondes monstre des eaux. Il parait que c'est le nom
faisaient oublier aux ombres , forcées d'en de la baleine dans le livre de Job chap. 41 ,

boire , les plaisirs et les peines de la vie Samuel Bochard croit que c'est aussi le nom
qu'elles avaient quittée. — On surnommait le du crocodile.
Léthé le fleuve d'Huile ,
parce que son cours Lewis (Mathieu-Grégoire) auteur de ,

était paisible , et par la même raison Lucain romans et de pièces de théâtre, né en 1773
l'appelle Deus tacitus le dieu du silence; ,
et mort en 1 818. On a de lui le Moine 1795 ,

car ne fait entendre aucun murmure. C'é-


il
3 vol. in- 2 production effroyable et dange-
1
,

tait aux bords du Léthé que les âmes des mé-


reuse, qui fit plus de bruit qu'elle ne mérite ;

chants après avoir expié leurs crimes par de


,
h Spectre du château, opéra ou drame en
longs tourments, venaient perdre le souvenir musique, etc.
de leurs maux, et puiser une nouvelle vie.
Sur ses rives, comme sur celles du Cocyte on ,
Lézards. — Les Kamtschadales en ont une
crainte superstitieuse. Ce sont, disent-ils, les
voyait une porte qui communiquait au Tarlare 2 .

espions de Gaeth (dieu des morts) ,


qui vien-
Lettres sur les diverses apparitions d'un
nent leur prédire de leurs jours. Si on
bénédictin de Toulouse, in-4°, '1679. — Ces
les attrape ,
la fin

on les coupe en petits morceaux


apparitions étaient, dit-on, des supercheries
pour qu'ils n'aillent rien dire au dieu des
de quelques novices de la congrégation de
morts. Si un lézard échappe, l'homme qui
Saint-xMaur, qui voulaient tromper leurs su-
l'a vu tombe dans meurt quel-
la tristesse, et
périeurs. On les fit sortir de l'ordre.
quefois de la peur qu'il a de mourir. Los —
Lettres infernales, — ou Lettres des cam- nègres qui habitent les deux bords du Séné-
pagnes infernales, publiées en 1734. Ce n'est gal ne veulent pas souffrir au contraire qu'on
qu'une satire contre les premiers généraux. tue les lézards autour de leurs maisons. Ils

Leuce-Carin hérétique du second siè- ,


— sont persuadés que ce sont les âmes de leur
cle auteur apocryphe d'un livre intitulé
, : pere, de leur mère et de leurs proches pa-
Voyages des apôtres. Il y conte des absurdités. rents qui viennent faire le folgar, c'est-à-
,

Leucophylle, — plante fabuleuse qui, selon dire se réjouir avec eux '.

les anciens, croissait dans le Phase , fleuve de Libanius, —


magicien né en Asie, qui,
la Colchide. On lui attribuait la vertu d'em- pendant le siège de Bavenne par Constance
pêcher les infidélités ; mais il fallait la cueillir envoyait des moyens magiques en place d'ar-
avec de certaines précautions et on ne la , mes pour vaincre les ennemis 2 .

trouvait qu'au point du jour, vers le commen-


Libanomancie ,
— divination qui se faisait
cement du printemps lorsqu'on célébrait les , par le moyen de l'encens. Voici , selon Dion
mystères d'Hécate. Cassius, les cérémonies que les anciens pra-
Léviathan grand amiral de l'enfer, se-
,
— tiquaient dans la libanomancie. On prend
lon les démonomanes. \\ ierus l'appelle le dit-il,de l'encens, et, après avoir fait des
grand menteur. Il s'est mêlé de posséder, de prières relatives aux choses que l'on deman-
tous temps, les gens qui courent le monde. de, on jette cet encens dans le feu, afin que
Il leur apprend à mentir et à en imposer. Il sa fumée porte les prières jusqu'au ciel. Si

1
D'Autan, Histoire de Louis XII. 1
Abrégé des voyages, par de La Harpe, t. II, p. 131
?
Delandine. l'Enfer tics anciens, p. 281. 7
Leloyer, Ilist. et dise, des spectres, etc., p. 726.
LIÉ — 30 3 — LIG
ce qu'on souhaite doit arriver, l'encens s'al- Maimonide ,
qui les rapporte à l'art de ceux
lume sur-le-champ, quand même il serait qui abusent des événements pour les convertir
tombé hors du feu le feu semble l'aller cher- ,
en signe heureux ou sinistre. Chez les Grecs
cher pour le consumer; mais si les vœux modernes, si un lièvre croise le chemin d'une
qu'on a formés ne doivent pas être remplis caravane, elle fera halte jusqu'à ce qu'un
ou l'encens ne tombe pas dans le feu ou le ,
passant, qui ne l'ait pas vu coupe le charme ,

feu s'en éloigne et ne le consume pas. Cet en traversant la même route'.


oracle ajoute-t-il
,
prédit tout excepté ce , , Lièvre (le grand). Les Chipiouyans, —
qui regarde la mort et le mariage. peuplade sauvage qui habite l'intérieur de
l'Amérique septentrionale croient que le
Libertins, — fanatiques qui s'élevèrent en
Grand Lièvre, nom qu'ils donnent à l'Être su-
,

Flandre au milieu du seizième siècle et qui


prême étant porté sur les eaux avec tous les
,

se répandirent en France où ils eurent pour ,

quadrupèdes qui composaient sa cour, forma


chef un tailleur picard nommé Quinlin. Ils
la terre d'un grain de sable tiré de l'Océan
professaient exactement le panthéisme des
et les hommes des corps des animaux mais ;

philosophes de nos jours et les rêveurs alle- ,

leGrand Tigre dieu des eaux, s'opposa aux


,

mands les copient. Ils regardaient le paradis


desseins du Grand Lièvre. Voilà, suivant eux,
et l'enfer comme des illusions, et se livraient
les principes qui se combattent perpétuelle-
à leurs sens. Le nom qu'ils se donnaient, com-
ment. Voy. aussi Sakimotjni.
me affranchis est devenu une injure.
,

Ligature. —
On donne ce nom à un malé-
Licorne. — La corne de licorne préserve fice spécial par lequel on liait et on paraly-
,

des sortilèges. Torquemada dit-on en avait , ,


sait quelque faculté physique de l'homme ou
toujours une sur sa table. Les licornes du cap de la femme. On appelait chevillement le sor-
de Bonne-Espérance sont décrites avec des tilège qui fermait un conduit et empêchait par
têtes de cheval d'autres avec des têtes de
,
exemple les déjections naturelles. On appelait
cerf. On dit que le puits du palais de Saint- embarrer l'empêchement magique qui empê-
Marc ne peut être empoisonné, parce qu'on chait un mouvement. On appelait plus spé-
y a jeté des cornes de licornes. On est d'ail- cialement ligature le maléfice qui affectait
leurs indécis sur ce qui concerne ces animaux, d'impuissance un bras, un pied ou tout autre
dont la race semble perdue. Voy. Cornes. membre. — Le plus fameux de ces sortilèges

Lierre. — Nous ne savons pourquoi les Fla- est celui qui est appelé dans tous les livres ,

mands appellent le lierre du diable (Dui- où il s'agit de superstitions, dans le curé


fil

vels-Naaigaren). Thiers dans le père Lebrun et dans tous les


,

autres, le nouement de l'aiguillette ou l'ai-


Lièvre. — On raconte des choses merveil- guillette nouée désignation honnête d'une
,

leuses du lièvre. Evax et Aaron disent que si


chose honteuse. C'est, au reste, le terme po-
Ton joint ses pieds avec la tète d'un merle, pulaire. —
Celte matière si délicate que nous ,

ils rendront l'homme qui les portera si hardi aurions voulu pouvoir éviter, tient trop de
qu'il ne craindra pas même la mort. Celui place dans les abominations superstitieuses
qui se les attachera au bras ira partout où il
pour être passée sous silence. Les rabbins —
voudra , et s'en retournera sans danger. Que attribuent à Cham
du nouement l'invention
si on en fait manger à un chien , avec le cœur de Les Grecs connaissaient ce
l'aiguillette.
d'une belette, il est sûr qu'il n'obéira jamais, maléfice. Platon conseille à ceux qui se ma-
quand même on le tuerait l
. — Si des vieil-
rient de prendre garde à ces charmes ou liga-
lards aperçoivent un lièvre traversant un 2
tures qui troublent la paix des ménages . On
grand chemin ils ne manquent guère d'en
,
nouait aussi l'aiguillette chez les Romains ;

augurer quelque mal. Ce n'est pourtant, au


cet usage passa des magiciens du paganisme
fond, qu'une menace des anciens augures,
aux sorciers modernes. On nouait surtout
exprimée en ces termes Inauspicatum dat :
beaucoup au moyen âge; plusieurs conciles
iter oblatus lepus. Cette idée n'avait appa-
frappèrent d'anathème les noueurs d'aiguil-
remment d'autre fondement
si ce n'est que
lettes le cardinal du Perron fit même insérer
,

nous devons craindre quand un animal timide


dans le rituel d'Evreux des prières contre
passe devant nous comme un renard s'il y ; ,
l'aiguillette nouée car jamais ce maléfice ne

;

passe aussi nous présage quelque imposture.


,
fut plus fréquent qu'au seizième siècle.
Ces observations superstitieuses étaient dé-
« Le nouement de l'aiguillette devient si com-
fendues aux Juifs, comme on le voit dans
1 Brown, Erreurs populaires.
1
Secrets d'Albert-le-Grand, p. 108. 2 Platon, Des Lois, liv. II.

I
,

LIG — l i — LTG
mun , dit Pierre Delancre qu'il n'y a guère qu'ils les emploient, et qu'on laisse vendre
d'hommes qui
,

s'osent marier, sinon à la dé- publiquement les livres qui les donnent. —
robée. On se trouve lié sans savoir par qui On trouve, dans Ovide et dans Virgile, les
et de tant de façons que le plus rusé n'y com- procédés employés par les noueurs d'aiguil-
prend rien. Tantôt le maléfice est pour l'hom- lette de leur temps. Ils prenaient une petite
me tantôt pour la femme ou pour tous les
, , figure de cire qu'ils entouraient de rubans ou
deux. Il dure un jour, un mois, un an. L'un de cordons ils prononçaient sur sa tète des
;

aime et n'est pas aimé les époux se mor- ;


conjurations en serrant les cordons l'un après
dent, s'égratignent et se repoussent; ou bien l'autre; ils lui enfonçaient ensuite , à la place
le diable interpose entre eux un fantôme, etc. » du foie , des aiguilles ou des clous , et le char-
Le démonologue expose tous les cas bizarres me était achevé. —
Bodin assure qu il y a
et embarrassants d'une si fâcheuse circon- plus de cinquante moyens de nouer l'aiguil-
stance. —
Mais l'imagination, frappée de la lette. Le curé Thiers rapporte plusieurs de
peur du sortilège, faisait le plus souvent tout ces sortes de moyens, qui sont encore usités
le mal. On attribuait aux sorciers les acci- dans les villages. — Contre l'aiguillette nouée.
dents qu'on ne comprenait point sans se ,
— On prévient ce maléfice en portant un
donner la peine d'en chercher la véritable anneau dans lequel soit enchâssé l'œil droit
cause. —
L'impuissance n'était donc généra- d'une belette; ou en mettant du sel dans sa
lement occasionnée que par la peur du malé- poche, ou des sous marqués dans ses sou-
fice ,
qui frappait les esprits et affaiblissait liers, lorsqu'on sort du lit ou selon Pline, ; ,

les organes; et cet état ne cessait que lorsque en frottant de graisse de loup le seuil et les
la sorcière soupçonnée voulait bien guérir poteaux de la porte qui ferme la chambre
l'imagination du malade en lui disant qu'elle à coucher. —
Hincmar, archevêque de Reims,
le restituait. Une nouvelle épousée de Niort, aux époux qui se croient
conseille avec raison
dit Bodin
accusa sa voisine de l'avoir liée.
1
,
du nouement d'aiguillette la prati-
maléficiés
Le juge fit mettre la voisine au cachot. Au que des sacrements comme un remède effi-
bout de deux jours elle commença à s'y en- , cace; d'autres ordonnaient le jeûne et l'au-
nuyer, et s'avisa de faire dire aux mariés mône. — Le Petit Albert conseille contre l'ai-
qu'ils étaient déliés; et dès lors ils furent dé- guillette nouée de manger un pivert rôti avec
liés. — Les
de ce désordre sont pres-
détails du ou de respirer la fumée de la
sel bénit,
que toujours si honteux qu'on ne peut mettre dent d'un mort jetée dans un réchaud. Dans —
sous les yeux d'un lecteur honnête cet enche- quelques pays on se flatte de dénouer l'aiguil-
nillement comme l'appelle Delancre 2
, .
— lette en mettant deux chemises à l'enveis
Les mariages ont rarement lieu en Russie l'une sur l'autre. Ailleurs on perce un ton-
sans quelque frayeur de ce genre. « J'ai vu neau de vin blanc dont on fait passer le pre-
,

un jeune homme, dit un voyageur 5 sortir , mier jet par la bague de la mariée. Ou bien,
comme un furieux de la chambre de sa fem- pendant neuf jours, avant le soleil levé, en
me s'arracher les cheveux et crier qu'il était
, écrit sur du parchemin vierge le mot auiga-
ensorcelé. On eut recours au remède employé zirtor. Il n'y a, comme on voit, aucune ex-
chez les Russes qui est de s'adresser à des,
travagance qui n'ait été imaginée. Voici, —
magiciennes blanches, lesquelles, pour un avant de finir, un exemple curieux d'une ma-
peu d'argent, rompent le charme et dénouent nière peu usitée de nouer l'aiguillette « Une :

l'aiguillette ce qui était la cause de l'état où sorcière , voulant exciter une haine mortelle
homme. — Xouement
;

je vis ce jeune V ai-» de entre deux futurs époux, écrivit sur deux bil-
guillette. — Nous croyons devoir rapporter la lets des caractères inconnus, et les leur fit

stupide formule suivante, qu'on lit au chapi- porter sur eux. Comme ce charme ne produi-
tre premier des Admirables secrets du petit sait pas assez vite l'effet qu'elle désirait , elle

Albert —
« Qu'on prenne la verge d'un loup
: écrivit les mêmes caractères sur du fromage
nouvellement tué qu'on aille à la porte de ,
qu'elle leur fit manger ;
'puis, elle prit un
celui qu'on veut lier et qu'on l'appelle par poulet noir qu'elle coupa par le milieu , en
son propre nom. Aussitôt qu'il aura répondu, offrit une partie au diable , et leur donna
on liera la verge avec un lacet de fil blanc, l'autre, dont ils firent leur souper. Cela les
et le pauvre homme sera impuissant aussi- anima tellement, ne pouvaient plus se
qu'ils
tôt. » —
Ce qui est surprenant, c'est que les regarder l'un l'autre. —
Y a-t-il rien de si
gens de village croient à de telles formules, ridicule, ajoute Delancre, persuadé pourtant
de la vérité du fait, et peut-on reconnaître
1 Démonomanic des sorciers, liv. iv, ch. 5.
en cela quelque chose qui puisse forcer deux
2 L'Incrédulité et mécréance, etc., tr. 6.
3 Nouveau Voyage vers le Septentrion, 170S, ch. 2. personnes qui s'entr'aiment à se haïr à mort? »
LÎG — 30 — LIN
On dit ont coutume d'enterrer
que les sorciers Lilith. — Wicrns et plusieurs autres dé-
des tètes et des peaux de serpents sous le seuil monomanes font de Lilith le prince ou la

de la porle, ou dans les coins de la maison ,


princesse des démons succubes. — Les démons
afin d'y semer la haine et les dissensions; soumis à même nom que leur
Lilith portent le

mais ce ne sont que les marques visibles des chef, et, comme
Lamies, cherchent à
les

conventions qu'ils ont faites avec Satan le- ,


faire périr les nouveau-nés; ce qui fait que

quel est le maître et auteur du maléfice de la les Juifs, pour les écarter, ont coutume d'é-

haine. — Parfois, continue-t-il , le diable ne crire aux quatre coins de la chambre d'une

va pas avant, et se contente, au lieu de la


si femme nouvellement accouchée « Adam, Eve, :

haine d'apporter seulement de l'oubli met- ,


hors d'ici Lilith *. »
,

tant les maris en tel oubli de leurs femmes Lilly (William), astrologue anglais du dix-
qu'ils en perdent tout à fait la mémoire, com- septième siècle, qui se fit une réputation en
me s'ils ne s'étaient jamais connus. Un jeune publiant l'horoscope de Charles I
er
. II mourut
homme d'Étrurie devint si épris d'une sor- en 681. Sa vie, écrite par lui-même, con-
4

cière ,
qu'il abandonna sa femme et ses en- tient des détails si naïfs et en même temps
fants pour venir demeurer avec elle et con- ,
une imposture si palpable, qu'il est impos-
tinua jusqu'à ce que sa femme, avertie du sible de distinguer ce qu'il croit vrai de ce
maléfice, l'étant venue trouver, fureta si exac- qu'il croit faux. C'est lui qui a fourni la partie
tement dans la maison de la sorcière qu'elle la plusconsidérable de l'ouvrage intitulé Folie
découvrit sous son lit le sortilège, qui était des Astrologues. Les opinions de Lilly et sa
un crapaud enfermé dans un pot, ayant les prétendue science avaient tant de vogue dans
yeux cousus et bouchés lequel elle prit et, , , son siècle, que Gataker fut obligé d'écrire
lui ayant ouvert les yeux elle le fit brûler. ,
contre cette déception populaire. Parmi un
Aussitôt l'amour et l'affection qu'il avait au- grand nombre dont le titre
d'écrits ridicules ,

trefois pour sa femme et ses enfants revinrent indique assez nous citerons de Lilly:
le sujet,
tout à coup dans la mémoire du jeune homme, 1° le jeune Anglais Merlin, Londres, 4 664
qui s'en retourna chez lui honteux et repen- 2° le Messager des étoiles, 1645 3° Recueil ;

tant, et passa dans de bons sentiments le de prophéties, 1646.


reste de ses jours. » Delancre cite d'autres — Limaçons. — Les limaçons ont de grandes
exemple? bizarres des effets de ce charme ,
propriétés pour corps humain, dit l'auteur
le
comme des époux qui se détestaient de près
des Secrets d'Albert-le-Grand et il indique de ,
et qui se chérissaient de loin. Ce sont de ces
suite quelques stupidités. Beaucoup de person-
choses qui se voient aussi de nos jours, sans
qu'on pense à y trouver du maléfice. Le — nes doutant si les limaçons ont des yeux. On

de ce doute par le secours des mi-


s'est guéri
P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs
croscopes les points ronds et noirs de leurs
:

d'aiguillette; cependant il rapporte le trait de


cornes sont leurs yeux et il est certain qu'ils ,
l'abbé Guilbert de Nogent, qui raconte 1 que
en ont quatre.
son père et sa mère avaient eu l'aiguillette
nouée pendant sept ans, et qu'après cet in- Limbes.— C'est le mot consacré parmi les
tervalle pénible une vieille femme rompit le théologiens pour signifier le lieu où les âmes
maléfice et leur rendit l'usage du mariage. — des saints patriarches étaient détenues en
Nous le peur de ce mal, qui n'a
répétons, la attendant venue de Jésus-Christ. On donne
la

guère pu exister que dans les imaginations aussi le nom de Limbes aux lieux où vont les
faibles était autrefois très-répandue. Per-
,
âmes des enfants morts sans baptême.
sonne aujourd'hui ne s'en plaint dans les vil- Limyre, —
fontaine de Lycie, qui rendait
les mais on noue encore l'aiguillette dans
; des oracles par le moyen de ses poissons.
les villages; bien plus, on se sert encore des Les consultants leur présentaient à manger.
procédés que nous rapportons ici car la su- , Si les poissons se jetaient dessus , le présage
perstition n'est pas progressive. Et tandis qu'on était favorable ;
s'ils le refusaient , surtout
nous vante à grand bruit l'avancement des s'ils le rejetaient avec leurs queues, c'était
lumières, nous vivons à quelques lieues de un mauvais indice.
pauvres paysans qui ont leurs devins, leurs
Linurgus ,
— pierre fabuleuse qui se trou-
sorciers, leurs présages, qui ne se marient
vait, dit-on, dans le fleuve Archéloiis. Les
qu'en tremblant, et qui ont la tête obsédée
anciens l'appelaient Lapis Uneus ; on l'enve-
de terreurs infernales. Yoy. Chevalement,
loppait dans un linge, et lorsqu'elle devenait
Imaginations, Maléfices, etc.
1
Dom Calmct, Dissertation sur les apparit., t. II,
1 De Vita sua, lib. 1, rap. 11. p. 74.

20
LIT — 30 ( LOF
blanche, on se promettait bon succès dans ses qu'on poussait l'un contre l'autre, et dont lo
projets de mariage. son plus ou moins clair ou aigu donnait à
connaître la volonté des dieux. On rapporte
Lion. — Si on fait des courroies de sa peau,
encore à cette divination la superstition de
celui qui s'en ceindra ne craindra point ses
ceux qui croient que l'améthyste a la vertu de
ennemis si on mange de sa chair, ou qu'on
;

faire connaître à ceux qui la possèdent les


boive de son urine pendant trois jours, on
événements futurs par les songes. On disait
guérira de la fièvre quarte.... si vous portez ;
aussi que si on arrose l'améthyste avec de
les yeux de cet animal sous l'aisselle, toutes
l'eau, et qu'on l'approche de l'aimant, elle
les bètes s'enfuiront devant vous en baissant
la tête l
.

Le diable s'est montré quelquefois
répondra aux questions qu'on lui fera mais
d'une voix faible, comme celle d'un enfant
,

sous la forme d'un lion, disent les démono-


graphes. Un des démons qui possédèrent Éli- Lituus, — baguette d'augure, recourbée
sabeth Blanchard est désigné sous le nom du dans le bout le plus fort et le plus épais. Le
Lion d'enfer. Voy. Messie des Juifs. lituus, dont on usage à l'élection de Numa,
fit

second roi de Rome, était conservé dans le


Lissî, — démon peu connu, qui posséda
temple de Mars. On conte qu'il fut trouvé en-
Denise de La Caille, et signa le procès-verbal
tier après l'incendie général de Rome 2 .

d'expulsion.

Litanies du sabbat. Les vendredis et — Livres. — Presque tous les livres qui con-
tiennent lessecrets merveilleux et les manières
mercredis, on chantait au sabbat les litanies
d'évoquer le diable ont été attribués à de
suivantes, s'il faut en croire les relations:
grands personnages: Abel, Adam, Alexandre,
Lucifer, prenez pitié de nous.
Albert- le-Grand Daniel, Hippocrate, Ga-
Belzébulh, prenez pitié de nous. ,

Léviathan prenez pitié de nous. lien, Léon III, Hermès, Platon, saint Tho-
,

mas, Jérôme, passent, dans l'idée des


saint
Baal prince des séraphins, priez pour
,

imbéciles pour auteurs de livres magiques.


nous.

,

Baalbérith, prince des chérubins,


La plupart de ces livres sont inintelligibles,
\
et d'autant plus admirés des sots qu'ils en
Astaroth, prince des trônes,
sont moins entendus. Voyez ces grands hom-
Rosier, prince des dominations,
Carreau, prince des puissances,
mes à leurs noms. Le Livre des prodiges —
ou Histoires et Aventures merveilleuses et re-
Bélias, prince des vertus,
marquables de spectres, revenants, esprits,
Perrier, prince des principautés,
fantômes, démons, etc., rapportés par des
Olivier, prince des archanges,
personnes dignes de foi. 1 vol. in— 12 5 e édi- ,

Junier, prince des anges,


Sarcueil,
tion, Paris, 1821. — Compilation sans objet.
Voy. Mirabilis Liber.
Fume-Bouche,
Pierre-de-Feu, Lizabet , — démon. Voy. Colas.
Garni veau, Locki. — Chez les Scandinaves, les trem-
Terrier, blements de terre étaient personnifiés dans
Coutellier, un dieu, un dieu mauvais, un démon, nommé
Candelier, Locki. Après avoir répandu le mal dans toute
Béhémoth, la Scandinavie comme un semeur une graine,
,

Oiletle, Locki fut à la fin enchaîné sur des roches


Belphégor, aiguës. retourne
Lorsqu'il ainsi qu'un se ,

Sabathan, malade, sur son de pierres coupantes, la lit

Garandier, terré tremble lorsqu'il écume et répand sur


;

Dolers, ses membres sa bave, qui est un poison,


Pierre-Fort, ses nerfs entrent en convulsion et la terre
s'agite 3.
àxaphat
Prisier, Lofarde, — sorcière qui fut. accusée en
Kakos, 1 $83! compagne la femme Gantière do
par sa. ,

2
Lucesme ,
j
l'avoir menée au sabbat où le diable l'avait

Lithomancie divination parles


, — pierres. marquée, lequel était vêtu d'un hilaret jaune.
Elle se faisait au moyen de plusieurs cailloux
1
Brown, Erreurs populaires, t. I t-r p. 162. ,

1
Admirables secrets d'Albcrt-le-Grarul, p. 100. Lebrun, Traité des superstitions, t. II, p. 39-1.
x
M, Garinet, Uis'. de la magie en France.
:l
M. Didron Histoire du diable.
,

LOS — 2 7 — LOT
3Lokman, — fabuliste célèbre de l'Orient berg, âgé de cent quarante-six ans. La der-
qui vivait, dit-on, vers le temps de David ;
il nière fois qu'il se maria, il avait cent onze
fut surnommé Sage- Les Pertes disent qu'il
le ans et il en avait cent trente quand sa femme
,

trouva le secret de faire revivre les morts, et mourut. Il devint épris d'une jeune fille de
qu'il usa de ce secret pour lui-même ;
ils lui dix -huit ans qui le refusa; de dépit, il jura
accordent une longévité de trots cents ans : de vivre garçon , et il tint parole. — En 1 670,
quelques-uns prétendent qu'il en vécut mille. sous Charles lTorkshire II, mourut dans
11 a laissé un grand nombre d'apologues qui Henri Jenkins, né en 1501, sous Henri VIL
jouissent d'une grande célébrité. Les écri- Il se rappelait à merveille d'avoir été de l'ex-
vains de l'Asie lui attribuent la plupart des pédition de Flandre sous Henri VIII, en 1513.
actions que les Grecs attribuent à Ésope. Il mourut à cent soixante-neuf ans révolus,
après avoir vécu sous huit rois, sans compter
Lollard (Gauthier), —
hérétique qui com-
le Son dernier métier
règne de Cromwell.
mença en 1 semer ses erreurs, qu'il avait
31 5 à
était celui plus de cent
de pêcheur Agé de
prises des Albigeois. Il enseignait que les dé-
ans, il traversait ia rivière à la nage. Sa
mons avaient été chassés du ciel injustement,
petite-fille mourut à Cork à cent treize ans.
qu'ils y seraient un jour rétablis et que saint
Michel anges seraient alors éter-
et les autres
— Voy. Dormants, Flaaiel, Jean d'Estam-
pes, LOKMAN, ZoaOASTRE, CtC.
nellement damnés. prêchait des mœurs cor-
Il

rompues. Ses disciples firent beaucoup de Z.oota ,


— oiseau dans l'opinion des
qui,

mal pour lui il fut brûlé à Cologne en 322.


, i
ha'uitun:s des îles des Amis, mange à l'instant
;

de mort les
la âmes des gens du peuple, et
Longévité. — On a vu, surtout dans les qui, pour cet élut, se promène sur leurs
pays du Nord, des hommes qui ont prolongé tombes l .

leur vie au delà des termes ordinaires. Celte


longévité ne peut s'attribuer qu'à une consti-
Loray, — VO)J. OlUY.

tution robuste, à une vie sobre et active, à


Loterie. — La loterie doit son origine à
un Génois. Elle fut établie à Gènes en 1720,
un air vif et pur. Il n'y a pa^ cinquante ans
en France en 1753. Elle est supprimée depuis
que Kotzebue rencontra en Sibérie un vieil-
peu. Entre plusieurs moyens imaginés par les
lard bien portant, marchant et travaillant en-
visionnaires pour gagner à la loterie, le plus
core, dans sa cent trente-deuxième année.
— Des voyageurs, dans Nord, trouvèrent
le
commun était celui des songes. Un rêve, sans

au coin d'un bois un vieillard à barbe grise, que l'on en sache la raison, indiquait à celui

qui pleurait à chaudes larmes. Ils lui deman-


qui l'avait fait les numéros qui devaient sortir
au prochain tour de roue. Si l'on voit en songe
dèrent le sujet de sa douleur. Le vieillard ré-
un aigle, disent les livres qui enseignent cette
pondit que son père l'avait battu. Les voya-
science, il donne S, 20, 46. Un ange 20, : :
geurs surpris le reconduisirent à la maison
paternelle, et intercédèrent pour lui. Après
46,56. Un bouc: 10, 13,90. Des brigands:
1, 19, 33. Un champignon 70 80 90. Un : ,
quoi, ils demandèrent au père le motif de la ,

punition qu'il avait infligée à son fils. — « Il


chat-huant 13 85. Un crapaud 4, 46. Le
diable
:

70,
,

80.Un dindon 8, 40, 66.


:

manqué de respect à son grand-père, ré-


: 4, :
a »

pondit le vieux bonhomme. — Les chercheurs Un dragon :


8, 12, 43, 60. Des fantômes :

de merveilles ont ajouté de


les leurs à celles
I, 22, 52. Une femme : 4 , 9, 22. Une fille:

la nature. Torquemada conte qu'en 1531 un


20, 35, 58. Une grenouille 3, 19, 27. La :

vieillard de Trente, âgé de cent ans, rajeunit


lune 9, 46 ,79, 80. Un moulin ; 15, 49, 62.
:

et vécut encore cinquante ans; et Langius dit


Un ours 21, 50, 63. Un pendu
: 17, 71. :

que les habitants de L'île Bonica en Amé- Des puces : 45, 57, 83. Des rats 9, 40, 56. :

rique, peuvent aisément s'empêcher de vieillir,


,

Un spectre : 31 43 74 etc.
, ,Or, dans cent
,

mille personnes qui mettaient à la loterie, il
parce qu'il y a, dans cette île, une fontaine
qui rajeunit pleinement. Voy. Haqulv. — y avait cent mille rêves différents, et il ne
sortait que cinq numéros; de plus, aucun
Lorsque Charles-Quint envoya une armée na-
général qui commandait
système ne se ressemblait. Si Gaglioslro don-
vale en Barbarie, le
nait pour tel rêve les numéros I, 27. 82, un I

cette expédition passa par un village de la


paysans étaient autre indiquait des numéros tout opposés.
Calabre, où presque tous les
Secret pour gagner à la loterie. — Croirait-on
âgés de cent trente-deux ans, et tous aussi
sains et dispos que s'ils n'en avaient eu que
que les lives de secrets merveilleux donnent
un sorcier
trente. C'était, disent les relations,
gravement ce procédé? Il faut avant de se
qui les rajeunissait. — Eu
1773 mourut près coucher réciter trois fois la formule qui va

de Copenhague un matelot nommé Draken- 1


Voyages de Cook.
20.
,, ,

LOU — b > — LOU


suivre ;
après quoi vous la meltrcz sous l'o- nom se trouvaient dans la maison d'E-pagne.
sur un parchemin vierge et pen-
reiller, écrite ;
Anne et Loys étaient de la même taille ;
leur
dant sommeil le génie de votre planète
)e condition était égale; ils étaient nés la même
vient vous dire l'heure où vous devez prendre année et le même mois.
votre billet et vous révéler en songe les nu- Louis xiv, — voy. Anagrammes.
méros. Voici la formule « Seigneur, mon- : — Louis de Hongrie. Peu de temps avant —
trez-moi donc un mort mangeant de bonnes
la mort de ce prince, arrivée en 1526, comme
viandes, un beau pommier ou de Tenu cou-
il dinaît, enfermé dans la citadelle de Bude
rante, tous bons signes et envoyez-moi les ;
on vit paraître à sa porte un boiteux mal
anges Uriel, Rubiel ou Barachiel, qui m'in-
vêtu ,
qui demandait avec grande instance à
slruisent des nombres que je dois prendre
parler au roi. Il assurait qu'il avait des cho-
pour gagner, par celui qui viendra juger les
ses de la dernière importance à lui communi-
vivants et les morts et le siècle par le feu. »
quer. On le méprisa d'abord et l'on ne dai- ,

Dites alors trois Pater et trois Ave pour les


gna pas l'annoncer. Il cria plus haut et pro-
âmes du purgatoire
testa qu'il ne pouvait découvrir qu'au roi seul
Loudun. — Pour la possession de LouJun, ce dont il était chargé. On alla dire à Louis
voy. Grandier. —
L'histoire des diables de ce qui se passait. Le prince envoya le plus
Loudun est l'ouvrage d'un calviniste très- apparent des seigneurs qui étaient auprès de
partial. lui, et qui feignit d'être le roi il demanda à
Louis I er , —
surnommé le Débonnaire fils , cet homme ce qu'il avait à lui dire. Il
;

répon-
de Charlemagne, né en 778, mort en 840. dit : « Je sais que vous n'êtes pas le roi mais
;

Les astrologues jouirent, dit-on, d'une grande puisqu'il méprise de m'entendre, dites-lui
faveur à sa cour. A l'article de la mort on , qu'il mourra certainement bientôt. » Ayant
raconte qu'au moment où il recevait la béné- dit cela il disparut, et le roi mourut peu
diction il se tourna du côté gauche, roula les après '.

yeux comme une personne en colère et pro- Louise de Savoie duchesse d'AngOU- ,

féra ces mots allemands hutz, hutz! (de- : ! !
lèmc, mère de François I er morte en 1532. ,

hors dehors!). Ce qui fit conclure qu'il


,
Elle avait quelques préjugés superstitieux, cl
s'adressait au diable dont il redoutait les ,
redoutait surtout les comètes. Brantôme ra-
approches *. conte que trois jours avant sa mort, ayant
Louis xi , —
roi de France né en 1 423 ,
aperçu pendant la nuit une grande clarté
mort en 1483. Un astrologue ayant prédit la dans sa chambre, elle fit tirer son rideau, et
mort d'une personne qu'il aimait, et cette fut frappée de la vue d'une comète «Ah! :

personne étant morte en effet, il crut que la pré- dit-elle alors, voilà un signe qui ne paraît pas
diction de l'astrologue en était la cause. 11 le pour une personne de basse qualité refermez ;

fît venir devant lui avec le dessein de le faire la fenêtre. C'est une comMe qui m'annonce la
jeter par la fenêtre. « Toi qui prétends être mort il faut donc s'y préparer. » Les méde-
;

né si habile homme , lui dit-il ,


apprends-moi cins l'assuraient néanmoins qu'elle n'en était
quel sera ton sort?» Le prophète, qui se doutait pas là. « Si je n'avais vu dit-elle, le signe ,

du projet du prince, lui répondit « Sire, je :


de ma mort, je le croirais, car je ne me sens
prévois que je mourrai trois jours avant votre point si bas.» —
Cette comète n'est pasla seule
majesté. » Le roi le crut, et se garda bien de qui ait épouvanté Louise de Savoie. Comme
le faire mourir. Du moins tel est le conte sur elle se promenait dans le bois de Romoran-
ce roi si bizarre. tin la nuit du 28 août 1514, elle en vit une

Louis xill, —
roi de France, né en 1 601 vers l'occident, et s'écria « Les Suisses les : !

mort en 1641, surnommé le Juste parce qu'il Suisses » Elle resta persuadée que c'était un
!

étaitné sous le signe de la Balance. Lorsqu'il avertissement que le roi serait en grande af-
épousa l'infante Anne d'Autriche, on prouva, faire contre eux 2 .

dit Saint-Foix, qu'il y avait entre eux une Loup. — Chez les anciens Germains et
merveilleuse et très-héroïque correspondance. chez les mauva's
Scandinaves, le diable ou le
Le nom de Loys de Bourbon contient treize principe était représenté par un loupénorme
lettres. Ce prince avait treize ans quand le et béant. —
A Quimper, en Bretagne, les ha-
mariage fut résolu il était le treizième roi ;
bitants mettent dans leurs champs un trépied
de France du nom de Loys. Anne d'Autriche ou un couteau fourchu, pour garantir le bé-
avait aussi treize lettres en son nom; son âge
était de treize ans, et treize infantes du même ' Leunclavius, Pandcc'.œ hist. turcicœ et surierc,
p. 697.
1
M. Garinct, TTist. de la magie on Franco, p 41. 9 M. Weiss, Biographie universelle.
,

LOY — : ) - LUC
(ail des loups el autres bètes féroces
1
.
— in-4°. Ce volume singulier est dédié Deo op-
Piine dit que un loup aperçoit un homme
si timomaximo, il est divisé en huit livres. Le
avantqu'il en soitvu, cet homme deviendra en- premier contient la définition du spectre la ;

roué et perdra la voix; fable qui est en vigueur réfutation des saducéens, qui nient les appa-
dans toute l'Italie. —
En Espagne, on parle ritions et les esprits ; la réfutation des épicu-
souvent de sorciers qui vont faire des courses riens, qui lienneut les esprits corporels , etc.
à cheval sur des loups, le dos tourné vers la Le second traite, avec la physique du
livre
tète de la bête, parce qu'ils ne sauraient aller temps, des illusions de nos sens, des presti-
autrement à cause de la rapidité. Ils font cent ges, des extases et métamorphoses des sor-
La queue de ces loups est
lieues par heure. ciers, des philtres. Le troisième livre établit
roide comme un bâton, et y a au bout une il les degrés, charges, grades et honneurs des
chandelle qui éclaire la route. — Il n'y a esprits les histoires de Philinnion et de Po-
;

pas un homme à campagne qui ne vous


la lycrite et diverses aventures de spectres et
,

assure que les moutons devinent à l'odorat de démons. Dans le livre suivant, on apprend
la présence du loup; qu'un troupeau ne fran- à quelles personnes les spectres apparais-
chira jamais le lieu où l'on aura enterré quel- sent; on y parle des démoniaques, des pays
que portion des entrailles d'un loup qu'un ; où les spectres et démons se montrent plus vo-
violon monté avec des cordes tirées des in- lontiers. Le démon de Socrate, les voix pro-
testins d'un loup mettrait en fuite tout le ber- digieuses les signes merveilleux les songes
, ,

cail. Des hommes instruits et sans préjugés diaboliques, les voyages de certaines âmes
ont vérifié toutes ces croyances et en ont re- hors de leurs corps tiennent place dans ce
connu l'absurdité. Kirker a répété à ce sujet livre. Le cinquième traite de l'essence de
des expériences démonstratives; il a même l'âme de son origine de sa nature de son
, , ,

poussé 1 épreuve jusqu'à suspendre un cœur état après la mort, des revenants. Le livre
de loup au cou d'un mouton, et le pacifique sixième roule tout entier sur l'apparition des
animal n'en a pas moins brouté l'herbe 2 Voy. . âmes on y démontre que les âmes des dam-
;

Oraison du Loup. nés et des bienheureux ne reviennent pas ,

Loup-Garou OU Lycanthrope homme ,


— mais seulement les âmes qui souffrent en
ou femme métamorphosé en loup par en- purgatoire. Dans le septième livre, on voit
chantementou sorcellerie. Voy Lycanthropie. que la pylhonisse d'Endor fit paraître le dia-

Louviers (POSSESSION DE), — VOIJ. PlCAUD.


ble sous la figure de l'âme de Samuel. Il est
traité en ce livre de la magie de l'évocation
Loyer (Pierre le) ,
— sieur de la Brosse,
des démons, des sorciers, etc. Le dernier livre
,

conseillerdu roi au siège présidial d'Angers,


est employé à l'indication des exorcismes, fu-
et démonographe, né à Huillé dans l'Anjou
migations ,
prières et autres moyens antidia-
en 1550, auteur d'un ouvrage intitulé Dis- :

boliques — L'auteur, qui a rempli son ouvrage


cours et histoire des spectres, visions etappa-
de recherches et de science indigérée com- ,

ritions des esprits, anges, démons et âmes se


bat le sentiment ordinaire qu'il faut donner
montrant visibles aux hommes; divisé en
quelque chose au diable pour le renvoyer.
huit livres, desquels, par les visions merveil-
« Quant à ce qui est de donner quelque chose
leuses et prodigieuses apparitions avenues en
au diable, dit-il, l'exorcisme ne le peut faire,
tous les siècles, tirées et recueillies des plus
non pas jusqu'à un cheveu de la tète, non
célèbres auteurs tant sacrés que profanes
jusqu'à un brin d'herbo d'un pré; car la terre
est manifestée la certitude des spectres et vi-
et tout ce qui habite en elle appartient à
sions des esprits, et sont baillées les causes
Dieu. »
des diverses sortes d'apparitions d'iceux
leurs elfets, leurs différences, les moyens
,

î.ubin ,
— poisson dont le fiel servit à To-
pour reconnaître les bons et les mauvais, et bie pour recouvrer la vue. On dit qu'il a con-
chasser les démons; aussi est traité des ex- tre l'oplithalmie une grande puissance, et que
tases et ravissements; de l'essence, nature son cœur sert à chasser les démons 1
.

et origine des âmes, et de leur état après le Lucifer , — nom de l'esprit qui préside à
décès de leurs corps; plus des magiciens et l'Orient, selon l'opinion des magiciens. Luci-
sorciers de leur communication avec les ma-
; fer était évoqué le lundi dans un cercle au
lins esprits; ensemble des remèdes pour se milieu duquel était son nom. Il se contentait
préserver des illusions et impostures diabo -
d'une souris pour prix de ses complaisances.
liques. Paris, chez Nicolas Buon, 1605, 1 vol. On le prend souvent pour le roi des enfers.

' Yoyage au Finistère, t. III, p. 35, 1


Leloyer, Hist. des spectres ou apparit. des esprits,
2 Salgues, Pes Erreurs et des préjugés, t, !>•>',
p. 9. liv. vm, p. 833.
t

LUI) — 2 10 — LUN
Lucifer commande aux Européens et aux ne se prêtant plus à aucune des demandes
Asiatiques. Jl apparaît sous la forme et la fi- qu'on lui fait '.
gure du plus bel enfant. Quand il est en co- lugubre ,
— oiseau du Brésil, dont le cri
lère il a le visage enflammé, mais cependant
,
funèbre ne se entendre que la nuit; ce
fait
rien de monstrueux. C'est, selon quelques dé- qui le fait respecter des naturels, qui sont
monographes, le grand justicier des enfers. persuadés qu'il est chargé de leur apporter
X»ucïfériens, nom donné aux partisans— des nouvelles des morts. Léry voyageur ,

de Lucifer, évêque scbismalique de Cagliari, français, raconte que, traversant un village,


au quatrième siècle. il en scandalisa les habitants pour avoir ri de
liucumorîens, —
du czar de Mosco- sujets l'attention avec laquelle ils écoutaient le cri

vie, qui, à l'instar de la marmotte, depuis le de cet oiseau. « Tais-toi , lui dit rudement
mois d'octobre jusqu'à la fin du mois d'avril un vieillard, ne nous empêche pas d'entendre
suivant, demeurent comme morts, au dire de les nouvelles que nos grands-pères nous en-
Le loyer 4 . voient. » •

Xiucïen , — écrivain grec dont on ignore Lumière merveilleuse. Prenez quatre —


l'époque de la vie et de la mort. On a dit qu'il onces d'herbe appelée serpentinelte mettez- ,

fut changé en âne, ainsi qu'Apulée par les , la dans un pot de terre bouché, puis faites-la
sorciers de Larisse, qu'il était allé voir pour digérer au ventre de cheval, c'est-à-dire
essayer si leur art magique était visible; de dans le fumier chaud, quinze jours; elle se
sorte qu'il devint sorcier-. changera en de petits vers rouges desquels ,

Ludlam, — sorcière, fée ou magicienne vous tirerez une huile selon les principes de
très-fameuse, dont les habitants du comté de l'art de cette huile vous garnirez une lampe,
;

Surrey, en Angleterre placent l'habitation et lorsqu'elle sera allumée dans une cham-
,

dans une caverne voisine du château de Farn- bre elle provoquera au sommeil et endor-
,

ham, connu dans le pays sous le nom de Lu- mira si profondément ceux qui seront dans
dlam's Hole caverne de la mère Ludlam. La
,
ladite chambre, que l'on ne pourra en éveil-
2
tradition populaire porte que cette sorcière ler aucun tant que la lampe brûlera .

n'était point un de ces êtres malfaisants qui


Lune, —
la plus grande divinité du sa-
tiennent une place distinguée dans la démo-
béisme après le soleil. Pindare l'appelle l'œil
nologie; au contraire elle faisait du bien à ,
de la nuit, et Horace la reine du silence. Une
tous ceux qui imploraient sa protection d'une
partie des Orientaux l'honoraient sous le titre
manière convenable. Les pauvres habitants d'Uranie. C'est l'îsis des Égyptiens, l'Astarté
du voisinage manquant d'ustensiles de cui-
,
des Phéniciens, la Mylitta des Perses, l'Ai î I a
sine ou d'instruments de labourage, n'avaient
des Arabes, la Séléné des Grecs, et la Diane,
qu'à lui manifester leurs besoins, ils la trou-
la Vénus, la Junon des Romains. César ne
vaient disposée à leur prêter ce qui leur était
donne point d'autres divinités aux peuples
nécessaire. L'homme qui voulait avoir un de
du nord e! aux anciens Germains que le feu ,

ces meubles se rendait à ia caverne à mi- le soleil et la lune. Le culte de la lune passa
nuit, en faisait trois fois le tour, et disait en- dans les Gaules, où la lune avait un oracle
suite Bonne mère Ludlam, ayez la bonté de
: «
desservi par des druidesses dans l'île de Sein,
m'envoyer telle chose je vous promets de ;
sur ia côte méridionale de la Basse-Bretagne.
vous la rendre dans deux jours.» Cette prière Les magiciennes de Thessalie se vantaient
faite, on se relirait; le lendemain, de grand
d'avoir un grand commerce avec la lune, et
matin, on retournait à la caverne, à l'entrée de pouvoir, par leur enchantement, la déli-
de laquelle on trouvait la chose demandée. vrer du dragon qui voulait la dévorer (lors-
Ceux qui invoquaient la mère Ludlam ne se qu'elle était éclipsée), ou la faire à leur gré
montrèrent pas toujoursaussi honnêtes qu'elle; descendre sur la terre. L'idée que cet astre
un paysan vint la prier une fois de lui prêter pouvait être habité a donné lieu à des fictions
une grande chaudière, et la garda plus long- ingénieuses : telles sont entre autres les
temps qu'il ne l'àvail promis la mère Ludlam, ;
voyages de Lucien, de Cyrano de Bergerac,
offensée de ce manque d'exactitude, refusa et la fable de l'Arioste, qui place dans la lune
de recevoir sa chaudière lorsqu'on la lui rap- un vaste magasin rempli de fioles étiquetées
porta et depuis ce temps elle se venge en
;
où le bon sens de chaque individu est ren-
fermé. On a récemment, publié, sous le nom
1
Leloyer, Hist. des spectres ou apparit. dos esprits,
liv. iv, p. 455.
7
Delancre, Tableau de l'inconstance destituions, etc.,
1
M. Nue!, Dictionnaire de la Fable.
liv. iv, p. 231. :
'
Le Petit Albert, p. 152.
— 311 — LUT
d'Herschell, une plaisante description des pré- dans quelques villages, c'est que la lune ra-
tendus habitants de la lune. — Les Péruviens nimait les vampires. Ainsi, lorsqu'un de ces
regardaient la lune comme la sœur et la spectres, poursuivi dans ses courses noctur-
femme du soleil , et comme la mère de leurs nes, était frappé d'une; balle ou d'un coup de
incas ; ils l'appelaient mère universelle de lance, on pensait qu'il pouvait mourir une
toutes choses, et avaient pour elle la plus seconde fois; mais qu'exposé aux rayons de
grande vénération. Cependant ils ne lui la lune il reprenait ses forces perdues et le
,

avaient point élevé de temple, et ne lui of- pouvoir de sucer de nouveau les vivants.
fraient point de sacrifices. Ils prétendaient
Lundi. —
En Russie, le lundi passe pour
aussi que les maTques noires qu'on aperçoit un jour malheureux. Parmi le peuple et les
dans la lune avaient été faites par un renard
personnes superstitieuses, la répugnance à
qui ,
ayant monté au ciel, l'avait embrassée entreprendre ce jour-là quelque chose sur- ,

si étroitement qu'il lui avait fait ces taches à


tout un voyage, est si universelle, que le pe-
force de la serrer. Suivant les Taïtiens, les
tit nombre de personnes qui ne la partagent
taches que nous voyons à la lune sont des pas s'y soumet par égard pour l'opinion gé-
bosquets d'une espèce d'arbres qui croissaient nérale.
autrefois à Taïii; un accident ayant détruit
ces arbres, les graines furent portées par des I.ure (Guillaume), — docteur en théologie
pigeons à la lune, où elles ont prospéré 1 .
— qui fut condamné comme sorcier, à Poitiers,

Les mahométans ont une grande vénération en '1453, convaincu par sa propre confession,
pour la lune ils ne manquent-jamais de la par témoins et pour avoir été trouvé saisi
;

saluer dès qu'elle paraît, de lui présenter d'un pacte avec le diable par lequel il
fait ,

leurs bourses ouvertes, et de la prier d'y renonçait à Dieu et se donnait à icelui dia-

faire multiplier les espèces à mesure qu'elle


ble K
croîtra. — La lune est la divinité des Nica- Lusignan. —
On prétend que la maison de
borins, habitants de Java. Lorsqu'il arrive Lusignan descend en ligne directe de Mélu-
une éclipse de lune, les Chinois idolâtres, voi- sine. Voy. Mélusine.
sins de la Sibérie, poussent des cris et des
hurlements horribles, sonnent les cloches,
Luther (Martin) ,
— le plus fameux nova-
teur religieux du seizième siècle, né en 1484
frappent contre du boi-s ou des chaudrons, et
en Saxe, et mort en 1546. Il fut d'abord d'une
touchent à coups redoublés sur les timbales
condition misérable, dut son éducation à la
de la grande pagode. Ils croient que le mé-
charité des moines, et entra chez les Augus-
chant esprit de l'air Arachula attaque la lune,
et que leurs clameurs doivent l'effrayer. — tins d'Erfurt. Devenu professeur de
d s'irrita de ne pas être le judas des indul-
théologie,

Il y a des gens qui prétendent que la lune est


gences c'est-à-dire de n'en pas tenir la
,

douée d'un appétit extraordinaire; que son


bourse; il écrivit contre le pape et prêcha
estomac, comme celui de l'autruche, digère
des pierres en voyant un bâtiment vermoulu,
;
contre l'Église romaine. Luther devint —
épris de Catherine Bore religieuse il l'en- ;

que c'est la lune qui l'a ainsi mu-


,
ils disent
leva de son couvent avec huit autres sœurs,
tilé, et que ses rayons peuvent ronger le mar-
se hâta de l'épouser, et publia un écrit où il
bre. —
Combien de personnes n'osent couper
comparait ce rapt à celui que Jésus-Christ fit,
leurs cheveux dans le flécours de la lune dit !

le jour de la passion lorsqu'il arracha les ,


M. Salgues 2 Mais les médecins sont conve-
.

nus que la lune influe sur le corps humain. La


âmes de la tyrannie de LSatan.... Quant à —
sa mort, ses ennemis ont assuré que le diable
plupart des peuples ont cru encore que le le-
l'avait étranglé ; et d'autres, qu'il était mort
ver de la lune était un signal mystérieux au-
subitement en allant à la garde-robe, comme
quel les spectres sortaient de leurs tombeaux.
Arius, après avoir trop soupé que, son tom- ;
Les Orientaux content que les lamies et les
beau ayant été ouvert le lendemain de son
gholes vont déterrer les morts dans les cime-
enterrement, on n'y avait pu trouver son
tières, et faire leurs horribles festins au clair
corps et qu'il en était sorti une odeur de

,
de la lune. Dans certains cantons de l'orient
soufre insupportable. George Lapôtre a
de l'Allemagne, on prétendait que les vampi-
dit qu'il était fils d'un démon et d'une sor-
res ne commençaient leurs infestations qu'au
lever de la lune , et qu'ils étaient obligés de
cière. —
A la mort de Luther, disent les rela-
tions les plus répandues, une troupe de dé-
rentrer en terre au chant du coq. L'idée la
mons en deuil vint chercher cet ami de l'en-
plus extraordinaire, et cette idée fut adoptée
1 Voyages de Coolî. 1 Delancre, Tableau de l'inconstance des dém., e(c.
7 Des Erreurs et des préjugés, etc., t. I tr , p. 240. liv. vi, p. 495.
,

LUT — 31 2 — • LUX
fer; ils étaient habillés en corbeaux. Ils assis- origine. —
L'abbé Cordemoy pense avec ,
'

tèrent invisiblement aux funérailles Thy- ;


et beaucoup d'apparence de raison, que certains
raeus ajoute qu'ils emportèrent ensuite le dé- critiques ont tort de prétendre que cette pièce
funt loin de ce monde où il ne devait que , n'est pas de Lulher. Il est constant qu'il était
passer. —
On conte encore que le jour de sa très-visionnaire.
mort, tous les démons qui se trouvaient en Lutins. —
Les lutins sont du nombre des
une certaine ville de Brabant sortirent des démons qui ont plus de malice que de noire
corps qu'ils possédaient, et y revinrent le méchanceté. Ils se plaisent à tourmenter les
lendemain et comme on leur demandait où
;
gens, à faire des tours de laquais, et se con-
ils avaient passé la journée précédente, ils
tentent de donner plus de peur que de mal.
répondirent, que par le commandement de Cardan parle d'un de ses amis qui, couchant
leur prince, ils s'étaient rendus aux funé- dans une chambre que hantaient les lutins,
railles de Luther. — Le valet de Luther, qui sentit une main froide et molle comme du co-
l'assistait à sa mort, déclara, en conformité de ton passer sur son cou et son visage, et cher-
ceci, qu'ayant mis la tète à la fenèlre pour cher à lui ouvrir la bouche II se garda bien

prendre de l'air au moment du trépas de son de bailler mais, s'éveillant en sursaut, il en-
;

maître, il aperçut plusieurs esprits hideux et tendit de grands éclats de rire sans rien voir
horribles qui sautaient et dansaient autour de autour de lui. —
Leloyer raconte que de son
la maison , et des corbeaux qui accompa- temps il y avait de mauvais garnements qui
gnaient le corps en croassant jusqu'à Wit- faisaient leurs sabbats et leurs lutmeries dans
temberg.... — La dispute de Luther avec le les cimetières, pour établir leur réputation et
diable a beaucoup de bruit. Un religieux
fait
se faire craindre, et que, quand ils y étaient
vint un jour frapper rudement à sa porte, en parvenus, ils allaient dans les maisons buffe-
demandant à lui parler. Le renégat ouvre; le ter le bon vin. — Les lutins s'appelaient
prétendu moine regarde un moment le réfor- ainsi parce qu'ils prenaient quelquefois plai-
mateur, et lui dit « J'ai découvert dans vos :
sir à lutteravec les hommes. Il y en avait un
opinions certaines erreurs papisliques , sur à Thermesse qui se battait avec tous ceux qui
lesquelles je voudrais conférer avec vous. — arrivaient dans cette ville. Au reste, disent
Parlez, répond Luther.... » L'inconnu propose de bons légendaires, les lutins ne mettent ni
d'abord quelques discussions assez simples, dureté ni violence dans leurs jeux...
que Luther résolut aisément: mais chaque
question nouvelle était plus difficile que la
iLutschin. — Au pied du Lutschin, rocher
gigantesque de la Suisse , coule un torrent où
précédente, et le moine supposé exposa bien-
se noya un fratricide en voulant laver son
tôt des syllogismes très-embarrassants. Luther
poignard ensanglanté. La nuit, à l'heure où
offensé lui dit brusquement : — «Vos questions le meurtre fut commis, on entend encore près
sont trop embrouillées j'ai pour le moment
;
du torrent des soupirs et comme le râle d'un
autre chose à faire que de vous répondre. »
homme qui se meurt. On dit aussi que l'âme
Cependant il se levait pour argumenter en-
du meurtrier rôde dans les environs, cher-
core, lorsqu'il remarqua que le religieux avait
chant un repos qu'elle ne peut trouver. »

le pied fendu, et les mains armées de griffes.

« N'es-tu pas, lui dit-il, celui dont la nais- lutteurs , — démons qui aiment la lutte

sance du Christ a dù briser la tète ?» Et le dia- et les petits jeux de main. C'est de leur nom
ble, qui s'attendait avec son ami à un cumbat qu'on a nommé les lutins.

d'esprit et non à un assaut d'injures, reçut Luxembourg (FRANÇOIS DE MOXTM 0 RENCYj


dans la figure l'encrier de Luther, qui était — maréchal de France, né en 1628 mort en
,

de plomb 1 On montre encore sur la muraille


. -1695. On l'accusa de s'être donné au diable.
à Wittemberg les éclaboussures de l'encre. Un de ses gens, nommé Bonard, voulant re-
On trouve ce fait rapporté avec quelque dif- trouver des papiers qui étaient égarés, s'a-
férence de détails dans le livre de Lulher sur dressa à un certain Lesage pour les recou-
la messe privée sous le titre de Conférence
, vrer. Ce Lesage était un homme dérangô qui
de Luther avec le diable 2 . 11 conte que, s'élant se mêlait de sorcellerie et de divinations. Il

éveilléun jour vers l'heure de minuit, Satan lui ordonna d'aller visiter les églises, de réci-
disputa avec lui, l'éclaira sur les erreurs du ter des psaumes; Bonard se soumit à tout ce
catholicisme et l'engagea à se séparer du
,
qu'on exigeait de lui et les papiers ne se re-
,

pape. C'est donner à sa secte une assez triste trouveront pas. Une fille, nommée la Dupin,
les retenait-, Bonard, sous les yeux de Lesage,
1
Melanchton. de Examin. theolog. operum, I
er
t. .

fit une conjuration au nom du maréchal de


3
Colloquium Lutherum inter et diabolum, ab ipso
LuUicro conscïiptum, incju^ libroDe missa privât», etc. Luxembourg; la Dupin ne rendit rien. Déses-
.

LUX — 13 — LYC
péré, Bonard fit signer un pacte au maréchal Lycanthropie , — transformation d'un
qui se donnait au diable. A la suite de ces homme en «.loup. Le lycanthrope s'appelle
menées, la Dupin fut trouvée assassinée. On communément loup-garou. Les loups-garous
en accusa le maréchal. Le pacte fut produit ont été bien long-temps la terreur des cam-
au procès. Lesage déposa que le maréchal pagnes, parce qu'on savait que les sorciers ne
s'était adressé au diable et à lui pour faire pouvaient se faire loups que par le secours
mourir la Dupin. Les assassins de cette fille du diable. Dans les idées des démonographes,
avouèrent qu'ils l'avaient découpée en quar- un loup-garou est un sorcier que le diable
tiers, et jetée dans la rivière par les ordres du lui-même transmue en loup, et qu'il oblige à
maréchal. La cour des pairs devait le juger; errer dans les campagnes en poussant d'af-
mais Louvois, qui ne l'aimait pas le fit en- , freux hurlements. L'existence des loups-ga-
fermer dans un cachot. On mit de la négli- rous est attestée par Virgile, Solin, Slrabon,
gence à instruire son procès enfin on lui con- ;
Pomponius Mêla, Dionysius Afer, Varron, et
fronta Lesage et un autre sorcier, nommé par tous les jurisconsultes et démonomanes
Davaux, avec lesquels on l'accusa d'avoir fait des derniers siècles. A peine commençait-on
des sortilèges pour faire mourir plus d'une à en douter sous Louis XIV. L'empereur Si-
personne. —
Parmi les imputations horribles gismond fit débattre devant lui la question des
qui faisaient la base du procès, Lesage dit loups-garous , et il fut unanimement résolu
que le maréchal avait fait un pacte avec le que la transformation des loups-garous était
diable pour pouvoir allier un de ses fils avec la un fait positif et constant Un garnement —
famille de Louvois. Le procès dura quatorze qui voulait faire des friponneries , mettait ai-
mois. 11 n'y eut de jugement ni pour ni contre. sément les gens en fuite en se faisant passer
La Voisin la Vigoureux et Lesage, compromis
,
pour un loup-garou. Il n'avait pas besoin pour
dans ces crimes, furent brûlés à la Grève. Le cela d'avoir la figure d'un loup puisque les ,

maréchal de Luxembourg fut élargi, passa loups-garous de réputation étaient arrêtés


quelques jours à la campagne, puis revint à comme tels, quoique sous leur figure humaine.
la cour, et reprit ses fonctions de capitaine On croyait alors qu'ils portaient le poil de
des gardes. loup garou entre cuir et chair. Pencer conte —
Luxembourg (LA MARECHALE De). — «Ma- qu'en Livonie, sur la tin du mois de dé-
dame la maréchale de Luxembourg avait cembre, il se trouve tous les ans un bélître
pour '>a!et de chambre un vieillard qui qui va sommer les sorciers de se rendre en
la ser-
vait depuis long-temps, et auquel elle était certain heu; et, s'ils y manquent, le diable

attachée. Ce vieillard tomba tout à coup dan- les y mène de force à coups si rudement
,

gereusement malade. La maréchale était dans appliqués que les marques y demeurent Leur .

l'inquiétude. Elle ne cessait d'envoyer de- chef passe devant, et quelques milliers le sui-

mander des nouvelles de cet homme, et sou- vent, traversant une rivière ,
laquelle passée,

vent allait elle-même en savoir. Se octant ils changent leur figure en celle d'un loup, se
j

très-bien, elle s'éveille au milieu de la nuit jettent sur les hommes et sur les troupeaux,
avec une agitation singulière elle veut son- ;
et font mille dommages. Douze jours après ,

ner pour demander ce que fait son valet de ils retournent au même fleuve et redeviennent
chambre elle ouvre les rideaux de son lit à
; ;
hommes. — On attrapa un jour un loup garou
l'instant, l'imagination
fortement frappée, elle qui courait dans les rues de Padoue on lui ;

croit apercevoir dans son appartement un fan- coupa ses pattes de loup, et il reprit au même
tôme couvert d'un linceul blanc; elle croit en- instant la forme d'homme, mais avec les bras

tendre ces paroles : — « Ne vous inquiétez point et les pieds coupés, à ce que dit Fincel. —
de moi, je ne suis plus de ce monde, et avant L'an 588, en un village distant de deux lieues
1

la Pentecôte vous viendrez me rejoindre. » La d'Apchon dans les montagnes d'Auvergne


, ,

fièvre s'empara d'elle, et elle fut bientôt à un gentilhomme, étant sur le soir à sa fenêtre,
toute extrémité. Ce qui contribua le plus à aperçut un chasseur de sa connaissance, et le
augmenter sa terreur, c'est qu'à l'instant pria de lui rapporter de sa chasse. Le chas-

même où elle fut frappée de cette vision, seur en fit promesse, et, s'étant avancé dans
l'homme en question la plaine, il vit devant lui un gros loup qui
venait effectivement
d'expirer, La maréchale a cependant survécu venait à sa rencontre. Il lui lâcha un coup
à la prédiction du fantôme imaginaire, et cette d'arquebuse et le manqua. Le loup se jeta
résurrection furieusement de aussitôt sur lui et l'attaqua fort vivement. Mais
fait tort aux
spectres pour l'avenir » l'autre, en se défendant, lui ayant coupé la
patte droite avec son couteau de chasse le ,

1
Hist, des revenants ou prétendus tels, t. I, p, 174, loup estropié s'enfuit et ne revint plus. Comme
LYC — k — LYC
la nuit approchait, le chasseur gagna la maison loup; mais ce duc, ayant préparé deux do-
de son ami, qui lui demanda s'il avait fait gues, les fit lancer contre ce misérable, qui
bonne chasse. de sa gibecière la patte
Il tira aussitôt fut mis en pièces. — On amena au
qu'il avait coupée au prétendu loup; mais il médecin Pomponace un paysan atteint de ly-
fut bien étonné de voir cette patte convertie canthropie ,
qui criait à ses voisins de s'enfuir
en main de femme, et à l'un des doigts un ne voulaient pas qu'il les mangeât. Comme
s'ils

anneau d'or que le gentilhomme reconnut être ce pauvre homme n'avait rien de la forme
ce'ui de son épouse. Il alla aussitôt la trouver. d'un loup, les villageois persuadés pourtant ,

Elle était auprès du feu , et cachait son bras qu'il l'était , avaient commencé à l'écorcher,
droit sous son tablier. Comme elle refusait de pour voir s il ne portait pas le poil sous la
l'en tirer, il lui montra la main que le chas- peau. Pomponace le guérit; ce n'était qu'un
seur avait rapportée ; cette malheureuse éper- hypocondre. —
J. deNynauld a publié en 1615

due avoua que c'était elle en effet qu'on avait un traité complet de la Lycanthropie qu'il ,

poursuivie, sous la figure d'un loup-garou ; ce appelle aussi Folie louvière et lycaonie, mais
qui se vérifia encore en confrontant la main dont il admet incontestablement la réalité.
avec le bras dont elle faisait partie. Le mari Un sieur de Beauvoys-de-Chauvincourt, gen-
courroucé livra sa femme à la justice; elle tilhomme angevin, a fait imprimer en 599 1

fut brûlée. —
On ne sait trop que penser d'une (Paris, petit in-12) un volume intitulé:
telle histoire, qui est rapportée par Boguet Discours de la hjeanthropie ou de la trans- ,

comme étant de son temps. Était-ce une abo- mutation des hommes en loups. Claude, prieur
minable trame d'un mari qui voulait, comme de Laval avait publié quelques années au-
,

disent les Wallons, être quitte de sa femme? paravant un autre livre sur la même matière,
— Les loups-garous étaient fort communs intitulé :Dialogues de la hjeanthropie. 'Ils
dans le Poitou on les y appelait la bête bi- affirment tous qu'il y a certainement des loups-
;

gourne qui court la galipode. Quand les bonnes garous. — Ce qui est plus singulier, c'est
gens entendent, dans les rues, les hurlements qu'il n'y a peut-être pas de village qui n'ait
du loup-garou, ce qui n'arrive qu'au milieu encore ses loups-garous ; celui dont on va
de la nuit, ils se gardent de mettre la lête à parler est peut-être encore aux galères. Il se
la fenêtre, parce que, s'ils le faisaient, ils au- faisait appeler Maréchal demeuraiten 80 i
, et 1

raient le cou tordu. On assure dans celte — au village de Longueville, à deux lieues de
province qu'on peut forcer le loup-garou à Méry-sur-Seine. Il était bûcheron, faisait des
quitter sa forme d'emprunt en lui donnant un fossés, et s'occupait de divers métiers qui
coup de fourche entre les deux yeux. Ou — s'exercent dans la solitude et sont par consé-
sait que la qualité distinctive des loups-garous quent propres à la sorcellerie. Avec l'aide —
est un grand goût pour la chair fraîche. De- du diable il se changeait toutes les nuits en
,

lancre assure qu'ils étranglent les chiens et les loup ou en ours et faisait de grandes peurs
,

enfants; qu'ils les mangent de bon appétit; qu'ils aux bonnes gens. —
Un jeune paysan s'arma
marchentà quatre pattes qu'ils hurlent comme ;
d'un fusil et l'attendit une nuit. Il aperçut un
de vrais loups, avec de grandes gueules, des monstreà quatre pattes, qui venait lourdement
yeux étincelants et des dents crochues. — à lui. Il le coucha en joue et le manqua. Le
Bodin raconte sans rougir qu'en 1542 on vit loup-garou, qui avait aussi un fusil, lira à son
un matin cent cinquante loups-garous sur une tour sur le paysan et le blessa à la jambe.
place publique de Constanlinople. — On trouve Celui-ci stupéfait de se trouver en face d'un
,

dans le roman de Sigismonde , le


Persilès et loup qui tirait des coups de fusil, se mit à fuir.
dernier ou vrage de Cervantès, des îles de loups- — A la fin, la justice informée s'empara de
garous et des sorcières qui se changent en l'homme. On ne trouva dans le prétendu sor-
louves pour enlever leur proie; comme on cier qu'un vaurien coupable de vols et de
,

trouve dans Gulliver une île de sorciers. Mais brigandages qu'il exerçait dans ses courses
au moins ces livres sont des romans. De- — nocturnes. On le condamna aux galères per-
lancre propose comme un bel exemple ce
1

, ,
pétuelles. —
Le lecteur fera sans doute ici une
trait d'un duc de Russie, lequel, averti qu'un réflexion toute naturelle : comment se fait-il
sien sujet se changeait en toutes sortes de qu'un loup-garou épouvante une contrée pen-
bêtes, l'envoya chercher, et, après l'avoir en- dant trois ou quatre ans sans que la justice
chaîné, lui commanda de faire une expérience l'arrête? C'est encore une des misères de nos
de son art; ce qu'il fit, se transformant en paysans. Comme il y a chez eux beaucoup de

méchants , ils se craignent entre eux ils ont ,

1
Tableau de l'inconstance des mauvais anges, liv. iv,
un discernement et une expérience qui leur
p. 304. apprennent que la justice nest pas toujours
MAB - ; 5 — MAC
juste; et ils nous dénonçons un
disent : « Si corps hideux, et portait une peau de loup
coupable et que ce coupable ne soit pas mis pour vêtement ».

hors d'état de nuire, c'est un ennemi im- Lychnomancie, — divination qui se faisait
placable que nous allons nous faire. Les — par l'inspection de la flamme d'une lampe; il
paysans sont vindicatifs. Après dix ans de ga- en reste quelques traces. Lorsqu'une étincelle
lères ils reviennent se venger de leurs dé-
, se détache de la mèche, elle annonce une
nonciateurs. Il faudrait peut-être qu'un cou- nouvelle et la direction de cette nouvelle. —
pable qui sort des galères n'eût pas le droit Voy. Lampadomaiscie.
de reparaître dans la contrée qui a été le Lynx. —
Les anciens disent des merveilles
théâtre de ses crimes. Voy. Cynanthropie , du lynx. Non-seulement ils lui attribuent la
BOUSANTHROPIE RaOLLET, ÇlC , faculté de voir à travers les murs, mais encore

Lycaon, — fils de Phoronée, roi d'Arcadie, la vertu de produire des pierres précieuses.

à laquelle il donna le nom de Lycaonie. Il Pline raconte sérieusement que les filets de

bâtit sur les montagnes la ville de Lycosure, son urine se transforment en ambre, en rubis
la plus ancienne de toute la Grèce, et y éleva
et en escarboucles; mais il ajoute que, par un

un autel à Jupiter Lycaeus auquel il com- sentiment de jalousie, cet animal avare a soin
,

mença à sacrifier des victimes humaines. Il de nous dérober ces richesses, en couvrant de
faisait mourir, pour les manger, tous les étran- terre ses précieuses évacuations. Sans cela

gers qui passaient dans ses États. Jupiter étant nous aurions pour rien l'ambre, les rubis et
allé loger chez lui Lycaon se prépara à lui les escarboucles .

ôter la vie pendant que son hôte serait en- Lysîmachîe, — plante ainsi nommée parce
dormi mais auparavant il voulut s'assurer si
;
que, posée sur le joug auquel les bœufs et

ce n'était pas un dieu et lui fit servir à souper


,
autres animaux étaient attelés, elle avait la
les membres d'un de ses hôtes, d'autres di- vertu de les empêcher de se battre.
sent d'uu esclave. Un feu vengeur allumé par Lysimaque, — devin dont parle Démétrius
l'ordre de Jupiter consuma bientôt le palais, de Phalère dans son livre de Socrate, lequel
et Lycaon fut changé en loup : c'est le plus gagnait sa vie à interpréter des songes par
ancien loup-garou. le moyen de certaines tables astrologiques. JI

se tenait ordinairement auprès du temple de


Lycas, — démon de Thémèse , chassé par
Bacchus 3
.

le champion Euthymius, et qui fut en grande


1
Leloyer, Histoire des spectres, p. 198.
renommée chez les Grecs. Il était extrême- 2 M. Salgues, Des Erreurs, etc. t. II, p. 103. ,

ment noir, avait le visage et tout le reste du 3 Plutarque, Vie d'Aristide, § LX.VI.

ni

Ma ,
— nom japonais qui signifie esprit avec elle, de Swert insista pour qu'elle en
malin; on donne au renard, qui cause de
le parlât à l'évêque, ce qu'enfin elle accorda ;

grands ravages au Japon où des sectaires , après la conférence, qui embarrassa tout le
n'admettent qu'une espèce de démons, uni- monde, elle s'en alla de la maison en disant :

quement destinés à animer le renard. « S'ils savaient que je sais ce que je sais, ils
ïttab, —
reine des fées, dans Shakspeare. diraient que je suis une sorcière. » On finit

Maberthe. — On
dans l'Histoire des lit par découvrir de grandes abominations dans
possédés de Flandre, tome II, page 275, qu'il cette fille. Lorsqu'on lui parlait de se con-
vertir, elle répondait: « J'y penserai; il y a
y a eu, en quelque royaume de l'Europe,
une jeune fille nommée Maberthe, menant vingt-quatre heures au jour. » On croit qu'elle
une vie célèbre, qui fut reçue en pitié dans finit par être brûlée.

la maison du seigneur de Swert, l'an 1618. Macha-Halla OU Messa-Hala , — astro-


Elle se faisait passer pour sainte, et se vantait logue arabe du huitième siècle de notre
que son Dieu lui parlait souvent. Mais elle ère. On a de lui plusieurs ouvrages dont ou
refusa de conférer de ces merveilles avec un trouve la liste dans Casiri. On a traduit en
évèque. Comme on disait qu'un jour le diable latin les principaux : 1° Un traiiè des Elé-
l'avait prise par la main et s'était promené ments et des choses célestes; 2° un autre, De
MAC — 31 6 — MAC
la Révolution des années du monde; 3° un en la présence du seigneur du lieu, et qu'on
troisième , De la Signification des planètes y trouva une quantité énorme de vers ; mais
pour les nativités, Nuremberg, 1549. La bi- ce qui surprit singulièrement l'honorable ba-
bliothèque Bodléienne a parmi ses manuscrils ronnet et les spectateurs, c'est que plusieurs
une traduction hébraïque de ses Problèmes de ces vers commençnient à prendre la forme
astrologiques faite par Aben-Ezra.
, d'oiseau que les uns avaient des plumes et
,

Machlyes, —
peuple fabuleux d'Afrique, que les autres étaient encore tout rouges. Ce
phénomène parut si étonnant que l'on déposa
que Pline prétend avoir eu les deux sexes et ,

la pièce de bois dans l'église voisine, où elie


deux mamelles la droite semblable à celle ,

d'un homme gauche à celle d'une fui conservée. Boelius ajoute qu'il fut lui-
, et la
iemme. même témoin d'un prodige semblable : que le

ministre d'une paroisse voisine des bords


Macreuses, —
oiseaux de la famille des
la mer ayant péché une grande quantité d'al-
c!c

canards, qui sont très-communs sur les côtes


gues de roseaux, il aperçut, à l'extrémité
et
d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande. Ils ont
de leurs racines, des coquillages singuliers,
été le sujet de bien des contes. Plusieurs au-
qu'il les ouvrit ety troina au lieu de poisson
teurs ont assuré que ces oiseaux sont produits
un oiseau. L'auteur assure que le pasteur lui
sans œufs ; les uns les font venir des coquilles
fit part de cette merveille , et qu'il fut lui-
qui se trouvent dans la mer ; d'autres ont
même vérité de ce fait
témoin de la
avancé y a des arbres semblables à des
qu'il
saules, dont le fruit se change en macreuses,
Ifëacrodor ,
— médecin écossais dont voici

et que les feuilles de ces arbres qui tombent


l'aventure : « En l'année '1371, un nommé
Trois-Rieux s'obligea envers un médecin écos-
sur la terre produisent des oiseaux, pendant
que celles qui tombent dans l'eau deviennent sais nemmé Macrodor (ions deux habitants

des poissons. Il est surprenant, dit le P. Le-


de Bordeaux) de lui servir de démon après
sa mor t c'est-a-dire que son esprit viendrait
brun que ces pauvretés aient été si souvent
,
;

lui obéir en toutes choses et lui faire con-


répétées, quoique divers auteurs aient re-
marqué et assuré que les macreuses étaient naître ce qui était caché aux hommes. Pour
parvenir à cesfins, ils signèrent un pacte en
engendrées de la même manière que les autres
de sang sur un parchemin vierge. Ce
lettres
oiseaux. Albert-le-Grand l'avait déclaré en
Macrocor était regardé comme sorcier et ma-
termes précis et depuis un voyageur a
,

gicien il eut une fin misérable, ainsi que


trouvé au nord de l'Écosse
, de grandes ,
;

troupes de macreuses et les œufs qu'elles de-


loule sa famille. On surprit chez lui l'obliga-

vaient couver, dont il mangea. « 11 n'y a — tion que nous venons de mentionner, avec
une platine de cuivre ronde, de médiocre
pas trois ans qu'un journal de Normandie
grandeur, sur laquelle étaient gravés les sept
nous racontait sérieusement, dit M. Salgues ',
qu'on venait de pêcher, sur les côtes de
noms de Dieu, sept anges, sept planètes et
plusieurs autres figures, caractères, lignes,
Granville un mat de vaisseau qui dormait
,

points, tous inconnus


depuis plus de vingt ans sous les eaux que
l'on fut fort étonné de le trouver enveloppé
;

Magares sorciers de Mingrélie fort re-


,
— ,

d'une espèce de poisson fort singulier, que les doutés des gens du pays parce qu'ils nouaient
Normands nomment bernacle ou bernache. Or, l'aiguillette. Aussi la cérémonie du mariage
cebernacheoubernacleestun long boyau rem- se faisait toujours en secret, et sans qu'on en
pli d'eau jaunâtre au bout duquel se trouve ,
sut le jour, de peur que ces prétendus sor-
une coquille qui renferme un oiseau, lequel pro- ciers ne jetassent quelques sortilèges fâcheux

duit une macreuse. Cette absurde nouvelle se sur les époux.


répandit; et les Parisiens ajoute M. Salgues, , Mages, — sectateurs de Zoroaslre , ado-
furent bien étonnés d'apprendre qu'il y avait rateurs du feu et grands magiciens. C'est d'eux
des oies qui naissaient au bout d'un boyau que la magie ou science des mages tire son
dans une petite coquille. » — Johnston dans, nom. Ils prêchaient la métempsycose astro-
sa Thaumatographie naturelle ,
rapporte que nomique c'est-à-dire que, selon leur doc-
;

lesmacreuses se forment dans le bois pourri trine les âmes au sortir de ce monde allaient
,

que le bois pourri se change en ver et le ver habiter successivement toutes les planètes
en oiseau. Boètius est celui dont l'autorité lui avant de revenir sur la terre.
paraît la plus imposante. Or ce savant rap- Magie et Magiciens. La magie est l'art —
porte qu'en I 190 on pécha sur les côtes d'E- de produire dans la nature des choses au-
cosse une pièce de bois pourri, qu'on l'ouvrit
1
Del ancre, Tableau de l'inconstance des rlém., etc.,
1
Des Erreurs et des préjugés, t. [«•, p. 44S. liy. M. p. 174.
RI AG — SI 7 — MA G
dessus du pouvoir des hommes, par le secours attribué à cet art noir bien des accidents qui
des démons, ou en employant certaines céré- n'en ont pas été le produit ; et il est constant

monies que la religion interdit. Celui qui que les écrivains des siècles passés ont en-
exerce cet art est appelé magicien. On dis- touré les historiens magiques d'une crédulité
lingue la magie noire , la magie naturelle ,
la trop étendue. La magie, disent-ils, donne a
cœlestialis, c'est-à-dire l'astrologie judiciaire, ceux qui la possèdent une puissance à laquelle
et la cœremonialis cette dernière consiste ;
rien ne peut résister d'un coup de baguette, ;

dans l'invocation des démons, en conséquence d'un mot. d'un signe, ils bouleversent les élé-
d'un pacte formel ou tacile fait avec les puis- ments changent l'ordre immuable de la na-
,

sances infernales. Ses diverses branches sont ture, livrent le monde aux puissances infer-
la cabale, l'enchantement, le sortilège, ré- nales, déchaînent les tempêtes, les vents et
vocation des morts et des esprits malfaisants, les orages, en un mot, font le frbid et le

la découverte des trésors cachés et des plus chaud. Les magiciens et sorciers, dit Vecker,
grands secrets; la divination, le don de pro- sont portés par l'air d'un très-léger mouve-
phétie, celui de guérir par des termes ma- ment, vont où ils veulent, et cheminent sur
giques et par des pratiques mystérieuses les les eaux comme Oddon le pirate lequel vol-
,
,

maladies les plus opiniâtres, de préserver de tigeait çà et là en haute mer, sans esquif ni
,

tous maux, de tous dangers, au moyen d'a- navire .... —


On conte qu'un magicien coupa
fréquentation du la tè e d'un valet en présence de plusieurs
f

mulettes, de talismans; la

sabbat, etc. — La magie naturelle , selon les personnes qu'il voulait divertir, et dans le
démonographes , est l'art de connaître l'avenir dessein de la remettre; mais pendant qu'il so
et de produire des effets merveilleux par des disposait à rétablir celte tète, il vit un autre
moyens naturels mais au-dessus de , la portée magicien qui s'obslinait à le contrecarrer,
du commun des hommes. La magie artificielle quelque prière qu'il lui adressât; il fit naître
est l'art de fasciner les yeux et d'étonner les tout d'un coup un lys sur une table, et en
hommes, ou par des automates, ou par des ayant abattu la tète, son ennemi tomba par
escamotages, ou par des tours de physique. terre sans tète et sans vie. Puis il rétablit
— La magie blanche est l'art de faire des celle du valet et s'enfuit. Mais voici un fait
, —
opérations surprenantes par l'évocation des moins grotesque. —
Les habitants d'Hamel sur
bons anges, ou simplement par adresse et le Wéser, en Basse-Saxe, étant, en l'année

sans aucune évocation. Dans le premier cas, 4284, tourmentés d'une quantité surprenante
on prétend que Salomon en est l'inventeur; de rais et de souris, jusque-là qu'il ne leur
dans le second la magie blanche est la môme
, restait pas un grain qui ne fût endommagé,
chose que la magie naturelle confondue avec , et plusieurs d'entre eux songeant aux moyens
la magie artificielle. La magie noire ou — de se délivrer de ce fléau, il apparut tout
diabolique, enseignée par le diable, et pra- d'un coup un homme étranger, d'une taille
tiquée sous son influence, est l'art de com- extraordinaire, qui entreprit, moyennant une
mercer avec les démons, en conséquence d'un somme d'argent dont on convint, de chasser
pacte fait avec eux, et de se servir de leur mi- sur l'heure toutes les souris hors du territoire
nistère pour faire des choses au-dessus de la de la ville. Après que le marché fut conclu,
nature. C'est de celle magie que sont entichés il tira une
de sa gibecière, et se mit à
flûte
ceux qu'on appelle proprement magiciens. en jouer. Aussitôt lous les rats qui se trou-
Cham en a été, dit-on, l'inventeur ou plutôt vaient dans les maisons, sous les toits, dans
le conservateur car Dieu n'envoya le déluge,
;
les planchers, sortirent par bandes, en plein
disent les démonomanes, que pour nettoyer jour, et suivirent le joueur de flûte jusqu'au
la terre des magiciens et des sorciers qui la Wéser, où ayant relevé ses habits il enlra
souillaient. Cham enseigna la magie et la sor- dans la rivière, et les rats qu'il entraînait s'y
cellerie à son fils Misraïm ,
qui, pour les noyèrent. — Lorsqu'il eut ainsi exécuté sa
grandes merveilles qu'il faisait, fut appelé promesse, il vint demander l'argent dont on
Zoroaslre. 11 composa cent mille vers sur ce était convenu avec lui mais il ne trouva plus ;

sujet, et fut emporté par le diable en pré- les bourgeois dans la disposition de le lui
sence de ses disciples. — Il n'est pas néces- compter. Cette mauvaise foi le rendit furieux;
saire d'établir ici la vérité des faits rapportés il les menaça d'une vengeance terrible s'ils
dans l'Écriture sainte sur la magie et lesma- ne le satisfaisaient sur-le-champ. Les bour-
giciens. Ils ne sont contestés que par la mau- geois se moquèrent de lui et de ses menaces.
vaise foi des incrédules qui ont leur parti pris — Mais, le lendemain, le magicien leur ap-
denier. C'est plus tôt fait. Tous les peuples ont parut, avec une mine effrayante, sous la
reconnu l'existence de la magie. Mais on a figure d'un chasseur il avait un chapeau de ;
MAC — 318 — MAG
pourpre sur la joua d'une autre flûte
lète ; il statue au doigt de qui tu as mis ton anneau. »

tout à fait différente de la première, et tous — Le jeune époux, effrayé, chose à révéla la

les enfants de la ville, depuis quatre ans jus- ses parents. Son père lui conseilla d'aler
qu'à douze, spontanément. Il les
le suivirent trouver Lexilis da: s son cachot; il lui en re-
mena dans une caverne, sous une montagne mit la clef. Le jeune hommes'y rendit'et trouva
hors la ville, sans que depuis ce temps-la on le magicien endormi sur une table. Après
en ait jamais revu un seul, et sans qu'on ait avoir attendu long-temps sans qu'il s'éveillât,
appris ce que tous ces enfants étaient deve- il le tira doucement par le pied; le pied avec

nus. — Depuis coite surprenante aventure, on la jambe lui demeura dans les mains —
a pris, dans Hamel, la coutume de compter Lexilis, s'éveillant alors, poussa un cri-, la
les années depuis la sortie des enfants, en porte du cachot se referma d'elle-même. Le
mémoire de ceux qui furent perdus de cette marié tremblant se jeta aux genoux du ma-
manière et les annales transylvaines disent
; gicien lui demanda pardon de sa maladresse,
,

que, vers ce temps-là il arriva en Transyl-


, et implora son assistance. Le magicien pro-
vanie quelques enfants dont on n'entendait mit de le débarrasser de la slatue, moyen-
pas la langue, et que ces enfants, s'y étant nant qu'on le mit en liberté. Le marché fait,
établis, y perpétuèrent aussi leur langage, il rajusta sa jambe à sa place, et sortit. —
tellement qu'encore aujourd"hui on y parle Quand il fut libre, Lexilis écrivit une lettre
allemand-saxon. — La première preuve de qu'il donna au jeune homme « Va-t'en à :

cette histoire consiste dans la vitre d'une minuit, dans le carrefour voisin où
lui dit-il,

église d'Hamel, sur laquelle elle est peinte, aboutissent quatre rues attends debout et ;

avec quelques lettres que le temps n'a pas en silence ce que le hasard t'amènera. Tu
encore effacées. La seconde preuve était sur n'y seras pas long-temps sans voir passer
la porte appelée la Neuve, où l'on voyait des plusieurs personnages, chevaliers, piétons,
vers latins qui apprenaient qu'en 1284 un laquais, gentilshommes; les uns armés, les
magicien enleva aux habitants cent trente autres sans armes; les uns tristes, les autres
enfants, et les emmena sous le mont Coppen- gais. Quoi que lu voies et que tu entendes,
berg. — Ces inscriptions ne prouvent pas tout garde-toi de parler ni de remuer. Après celte
à fait que celte histoire soit vraie mais seu- , troupe, suivra un certain puissant de taille, .

lement qu'on le croyait ainsi. Mouchem- — assis sur un char, tu lui remettras ta lettre,
berg, dans la suite de l'Argenis, raconte les sans dire un mot. et tout ce que tu désires
aventures singulières du magicien Lexilis. Ce arrivera. » — Le jeune homme fit ce qui lui

magicien ayant été mis en prison par ordre était prescrit, et vit passer un grand cortège.
du souverain de Tunis (le fait a eu lieu quel- Le maître de la compagnie venait le dernier,
que temps avant la splendeur de Rome) il , . monté sur un char triomphal. Il passa devant
arriva dans ces entrefaites une étrange aven- le fils du geôlier; et, jetant sur lui des re-

ture au fils du geôlier de la prison où Lexilis gards terribles, il lui demanda de quel front
était détenu. Ce jeune homme venait de se il osait se trouver à sa rencontre"? Le jeune
marier, et les parents célébraient les noces homme, mourant de peur, eut pourtant le

hors de la ville. Le soir venu on joua au , courage d'avancer la main et de présenter sa


ballon. Pour avoir la main plus libre, le jeune letre. L'esprit, reconnaissant le cachet, la

marié ùta de son doigt l'anneau nuptial, et le lut aussitôt et s'écria : « Ce Lexilis sera-t-il
mit au doigt d'une slatue qui était près de là. long-temps encore sur la terre!... >; Un instant
Après avoir bien joué, il retourne vers la après, envoya un de ses gens ôter l'anneau
il

statue pour reprendre son anneau; mais la du doigt de la statue, et le jeune époux cessa
main s'était fermée, et il lui fut impossible d'être troublé. —
Cependant le geôlier fit an-
de le retirer. Il ne dit rien de ce prodige mais ;
noncer au souverain de Tunis que Lexilis
quand tout le monde fut rentré dans la ville, s'était échappé. Tandis qu'on le cherchait de
il revint seul devant la statue, troina la toutes parts le magicien entra dans le palais,
,

main ouverte et étendue comme auparavant, suivi d'une vingtaine ce jeunes filles qui
toutefois sans la bague qu'il y avait laissée. portaient des mets choisis pour le prince.
Ce second événement le jeta dans une gran le Mais, ibUÎ en avouant qu'il n'avait rien mangé
s irprise. Il n'en alla pas moins rejoindre sa de si délicieux le roi de Tunis n'en renou\ela
,

famille. Mais il voulut inutilement se* rap- pas moins l'ordre d'arrêter Lexilis. Les gardes
procher de sa femme. Un corps soliJe se pla- voulant s'emparer de lui ne trouvèrent à sa
çait continuellement devant lui. « C'est moi — place qu'un chien mort, sur le ventre duquei
que tu dois embrasser, lui dit-on enfin, puis- ils avaient tous la main... Ce prestige ex- —
que tu m'as épousée aujourd'hui je suis la :
cita la risée générale. Après qu'on se fut
MAC — î 19 — ftlÀG
c almé, on alla du magicien; il
à la maison saisi, avec sa mâchoire, l'extrémité du fouei,
était à sa fenêtre regardant venir son monde.
,
s'enleva pareillement. L'enchanteur, comme
Aussitôt que les soldais le virent, ils couru- s'il eût voulu retenir son bidet,
par la le prit

rent à sa porle, qui se ferma incontinent. De queue emporté de même. La femme


, et fut
par le roi, le capitaine des gardes lui com- de cet habile magicien empoigna à son tour
manda de se rendre le menaçant d'enfoncer , les jambes de son mari qu'elle suivit enfin , ; ,

la porle s'il refusait d'obéir, a Et si je me la servante s'accrocha aux pieds de sa maî-


rends, dit Lexilis, que ferez-vous de moi? tresse, le valet aux jambes de la servante,
— Nous vous conduirons courtoisement au et bientôt le fouet, le petit cheval, le sorcier,
prince. — Je
vous remercie de voire cour- la femme, la cuisinière, le laquais, s'enle-
toisie mais par où irons-nous au palais?
;
— vèrent si haut qu'on ne les vit plus. Pen- —
Par cette rue, » reprit le capitaine, en la mon- dant que tous les assistants demeuraient tout
trant du doigt. Et en même temps il aperçut stupéfaits d'admiraiion il survint un homme ,

un grand fleuve qui venait à lui en grossis- qui leur demanda pourquoi
bayaient aux ils

sant ses eaux , et rempissait la rue qu'il venait corneilles ; et quand


Soyez en paix il le sut : «

de désigner, tellement qu'en moins de rien ils leur dit-il, votre sorcier n'est pas perdu, je
en eurent jusqu'à la gorge. Lexilis ,
riant, leur viens de le voir à l'autre bout de la ville,
criait : « Retournez au palais, car pour moi qui descendait à son auberge avec tout
je ne me soucie pas d'y aller en barbet. » — son monde.... i » Voy. Hoque, Agrippa, .

Le prince ayant appris ceci résolut de perdre Faust, etc., etc./— On raconte qu'Hemmin-
la couronne plutôt que de laisser le magicien gius, théologien célèbre cita un jour deux ,

impuni. s'arma lui-même pour aller à sa


Il vers barbares dans une de ses leçons et ,

poursuite, et le trouva dans la campagne qui ajouta, pour se divertir, qu'ils pouvaient
se promenait paisiblement. Les soldais l'en- chasser la fièvre, parce qu'ils étaient magi-
tourèrent pour le saisir mais Lexilis faisant ;
ques. L'un de ses auditeurs en fit l'essai sur
un geste, chaque soldat se trouva la tête en- son valet, et le guérit. Puis après on fit courir
gagée entre deux piquets, avec deux cornes le remède, et il arriva que plusieurs fébrici-
de cerf qui l'empêchaient de se retirer. Ils res- tants s'en trouvèrent bien. Hemmingius, après
tèrent long-temps dans celte posture, pendant cela , se crut obligé de dire qu'il n'avait parlé
quedesenfants leur donnaientdegrandscoups de qu'en riant, et que ce n'éiait qu'un
la sorte

de houssine sur les cornes... Le magicien — jeu d'esprit. Dès lors le remède tomba mais ;

saulait d'aise à ce spectacle , et le prince était il y en eut beaucoup qui ne voulurent point
.furieux. Ayant aperçu à terre, aux pieds de se dédire de la confiance qu'ils y avaient ajou-
Lexilis, un morceau de parchemin carré sur ,
tée. —
Les maladies n'existent souvent que
lequel étaient tracés des caractères, le roi de dans l'imagination telle personne guérira avec :

Tunis se baissa et le ramassa, sans être vu un charlatan en qui elle a confiance telle autre ;

du magicien. Dès qu'il eut ces caractères dans ne guérira point avec un excellent médecin
la main, les sotdats perdirent leurs cornes; de qui elle se défie. — Il y a eu de tous temps,
les piquets s'évanouirent : Lexilis fut pris, chez tous les peuples peu éclairés grand ,

enchaîné, mené en prison, et de là sur l'é- nombre de magiciens, et on a beaucoup écrit


chafaud pour ij être rompu. Mais ici il joua contre eux. Nous citerons ici quelques-uns
encore un tour de son métier car, comme le ;
des mille et un volumes qui traitent de cette
bourreau déchargeait la barre de fer sur lui, matière exprofesso : 4° le Traité de la magie
le coup tomba sur un tambour plein de vin, blanche, ou de l'escamotage de Decremps , ;

'qui se répandit sur la place, et Lex lis ne re- 2° Magie naturelle de Porta 3° la Véritable
la ;

parut plus à Tunis — Voici une autre magie noire, ou le Secret des secrets, ma-
histoire contée Un magicien
par Wierus. — nuscrit trouvé à Jérusalem , dans le sépulcre
de Magdebourg gagnait sa vie en faisant des de Salomon , contenant quarante-cinq talis-
tours de son métier, des enchantements des , mans, avec la manière de s'en servir et leurs
fascinations et des prestiges, sur un théâtre merveilleuses propriétés; plus, tous les ca-
public. Un jour qu'il montrait, pour quelque ractères magiques connus jusqu'à ce jour,
monnaie un petit cheval à qui il faisait exé-
, traduit de l'hébreu du mage Iroé-GregO,
cuter, par la force de sa magie, des choses Rome, 4750. Cet ouvrage slupide est donné
incroyables, après qu'il eut fini son jeu, il comme un de Salomon. On y trouve sur-
écrit
s'écria qu'il gagnait trop peu d'argent avec tout des conjurations 4° trinum magiciun, ;

les hommes, et qu'il allait monter au ciel... ou Traité des secrets magiques, contenant des
Ayant donc jeté son fouet en l'air, ce fouet recherches sur la magie naturelle, artificielle
commença de s'enlever. Le petit cheval ayant < Wierus, Du pnest., lib. Il, cap. 7.
màG — : 0 — MAI
et superstitieuse, les talismans, les oracles solitaire , une foule d'au-
la rate dérangée et
de Zoroastre, les mystères des Égyptiens, tres maladies. On
mais le cria merveille ;

Hébreux, Clialdéens etc., in-8°. Francfort,


,
lendemain, lorsqu'on voulut achever l'opéra-
1673; 5° Lettres de Saint-André, conseiller- tion, le Gascon troubla l'allégresse générale.
médecin ordinaire du roi à quelques-uns de , « Le vide dont je vous ai parlé, dit-il, est

ses amis, au sujet de la magie, des malé- dans ma bourse j'étais malade de n'avoir ;

fices et des sorciers , etc , Paris , in-1 2 , 1725 ;


pas d'argent; je viens d'obtenir ma place, je
G 0 Traité sur la magie . le sortilège , les pos- suis guéri et reconnaissant de la bonne chère
sessions, obsessions et maléfices, etc. par que vous m'avez faite, car je n'avais pas de

;

M. Daugis; Paris, in- 2 1732.— Voy. Bodin,


1 , crédit. » Les partisans du magnétisme
Delancre, Loyer , Wierus etc. , peuvent lire YHistoire critique du magné-
tisme animal, par M. Deleuze, 2 vol. in-8°;
Magie islandaise. — La première magie de Paris 1813. Les incrédules consulteront aussi
,
ces peuples consiste à évoquer des esprits
les Recherches et doutes sur le magnétisme
aériens, et à les faire descendre sur terre
animal, par M. Thouret, in-1 2, 1784.
pour s'en servir. Elle était regardée comme
la magie des grands cependant ces derniers
;
Magoa, —
l'un des plus puissants démons,

en avaient une seconde qui consistait à in- ,


roi de l'Orient on l'évoque par l'oraison sui-
;

terpréter le chant des oiseaux, surtout des vante prononcée au milieu d'un cercle. Elle
,

corneilles, les oiseaux les plus instruits dans peut servir tous les jours et à toute heure,
la connaissance des affaires d'État et les plus dit un Grimoire —
« Je te conjure et invo-
:

capables de prédire l'avenir mais comme il ; ,


que, ô puissant Magoa, roi de l'Orient, je
n'en existe point en Islande les corbeaux ,
te fais commandement que tu d'obéir, à ce
remplissaient cet office les rois ne faisaient :
aies à venir ou m'envoyer sans retardement
pas même scrupule de se servir de cette magie. Massa y el, Asiel, Satiel, Arduel Acorib, et ,

sans aucun délai pour répondre à tout ce


Magnétisme. — Science occulte, pratiquée que je veux savoir et faire, etc.
,

autrefois par l'hérétique Marc renouvelée


par Mesmer pour la guérison des maladies,
,

Maillât (Louise) ,
— petite démoniaque ,

perfectionnée pour la pratique manuelle par qui vivait en 1598 : elle perdit l'usage de ses
Puységur, et qui produit des effets surpre-
membres; on la trouva possédée de cinq dé-
nants, dit-on, mais quelquefois ténébreux; mons, qui s'appelaient loup, chat, chien,
johj, griffo7i. Deux de ces démons sortirent
car tous ne supportent pas la lumière. Pigault-
Lebrun qui ne croyait à rien croyait au ma- d'abord par sa bouche en forme de pelotes
, ,

gnétisme. Un Gascon, venu à Paris en oc- grosses comme le poing l'une rouge comme ;

tobre 4819, pour solliciter une place, alla du feu; et l'autre, qui était le chat, sortit

trouver un magnétiseur toute noire les autres partirent avec moins


illustre. « Monsieur
;

lecomte, lui dit-il, je suis atteint d'un mal de violence. Tous ces démons, étant hors du
corps de la jeune personne firent plusieurs ,
où les médecins ne peuvent rien j'ai
tours auprès du feu, et disparurent. On a su
sans cesse des besoins.... des inquiétudes....
j'éprouve un vide insupportable.... un grand
que c'était Françoise Secrétain qui avait fait
avaler ces diables à celte petite fille dans
appétit.... je suis d'humeur enjouée, et je me
désole....» — Cette maladie sembla si em-
une croûte de pain de couleur de fumier *.
brouillée qu'on négligea les autres cures pour Maimon, —
chef de la neuvième hiérar-
s'en occuper. On fit dîner le Gascon ,
qui man- chie des démons, capitaine de ceux qui sont
L-ea honorablement; le soir môme on voulut tentateurs, insidiateurs , dresseurs de pièges,
le magnétiser. On rendormit si bien, qu'il lesquels se tortillent autour de chaque per-
2
n'éprouva aucune crise de somnambulisme, sonne pour contrecarrer le bon ange .

et qu'il ne put répondre à rien. L'expérience Main. — Les gens superstitieux prétendent
fut répétée plusieurs fois sans que le malade qu'un signe de croix fait de la main gauche
voulut jamais parler dans son sommeil ma- n'a pas de valeur, parce que la main droite
gnétique. Il n'en parut que plus intéressant; est destinée aux œuvres pieuses; c'esl pour-
on le soigna mieux, et, pour apprendre enfin quoi on habitue les enfants à tout faire de la
la cause du mal qui le tourmentait, on le main droite et fà regarder la gauche comme
conduisit éveillé devant une dame qui se fai- nulle. Ce serait pourtant un avantage que de
sait magnétiser quelquefois, qui, dans ces pouvoir se servir également des deux mains.
sortes de circonstances devinait avec le plus ,
1
M. Garinct, lïist. de la magie en France, p. 102.
grand talent. Elle n'eut pas plutôt touché 7-
Delancre, Tableau de l'inconstance dos déni., etc ,

le Gascon qu'elle s'écria qu'il avait le ver Uv. i, p. 22.


MAI — 3: 1 — MAI
— Les nègres ne r orient jamais les morceaux elle finit sous la racine du petit doigt. — Il
y
à la bouche que de h
main droite, parce qm, a au.-si sept tubérosités ou montagnes ,
qui
l'autre étant destinée au travail, il serait in- portent le nom des sept planètes. Nous les

décent ,
disent-ils ,
qu'elle touchât le visage ,
désignerons tout à l'heure. Pour la chiro- —
eux que de blesser ce
et c'est sacrilège chez mancie on se sert toujours de la main gau-
,

préjugé. Les habitants du Malabar ne sont che, parce que la droite, étant plus fatiguée,

pas moins scrupuleux c'est chez eux un cri- : présente quelquefois dans les lignes des irré-
me de toucher les aliments de la main gau- gularités qui ne sont point naturelles. On
che. Dès les temps anciens, les Perses et les prend donc la main gauche lorsqu'elle est re-
Mèdes faisaient toujours serment de la main posée, un peu fraîche et sans aucune agita-
droite; les Romains lui donnaient une si haute tion, pour voir au juste la couleur des lignes
préférence sur la gauche que lorsqu'ils se ,
et la forme des traits qui s'y trouvent. La
mettaient à table ils se couchaient sur le côté figure de la main peut déjà donner une idée,
gauche pour avoir l'autre entièrement libre; sinon du sort futur des personnes, au moins
ils se défiaient tellement de la main gauche de leur naturel et de leur esprit. En général,
que quand ils voulaient représenter l'amitié, une grosse main annonce un esprit bouché, à
ils la figuraient par deux mains droites réu- moins que les doigts ne soient longs et un peu
nies. — Aristote cite l'écrevisse comme un déliés. Une main potelée, avec des doigts qui
être privilégié d'une patte droite beaucoup plus se terminent en fuseaux comme on se plaîc
,

grosse que la gauche i


. Voy. Génies. — Voici à en souhaiter aux femmes, n'annonce pas
les principes de l'art de dire la bonne aven- un esprit très-étendu. Des doigts qui rentrent
ture dans la main, science célèbre parmi les dans la main sont le signe non équivoque
sciences mystérieuses, appelée par les adep- d'un esprit lent, quelquefois d'un naturel en-
tes chiromancie et chiroscopie et cultivée , clin à la fourberie. Des doigts qui se relèvent

spécialement par les bohémiennes. H y a — au-dessus de la main annoncent des qualités


dans la main plusieurs parties qu'il est im- contraires.Des doigts aussi gros à l'extrémité
portant de distinguer : la paume ou dedans qu'à la racine n'annoncent rien de mauvais.
de la main ;
le poing ou dehors de la main, Des doigts plus gros à la jointure du milieu
lorsqu'elle est fermée; les doigts, les ongles, qu'à la racine n'annoncent rien que de bon.
les jointures montagnes.
, les lignes et les — — Nous donnons sérieusement ces détails, ne
Il y a cinq doigts,pouce, l'index, le doigt le pensant pas qu'il soit nécessaire de les réfu-
du milieu, l'annulaire, l'auriculaire ou pefit ter. — Une main large vaut mieux qu'une
doigt. Il y a quinze jointures trois au petit : main trop étroite. Pour qu'une main soit belle,
doigt, trois à l'annulaire, trois au doigt du il faut qu'elle porte en largeur la longueur du
milieu trois à l'index, deux au pouce et une
,
doigt du milieu. — Si la ligne de la jointure
entre la main et le bras. Il y a quatre li- — qui est quelquefois double , est vive et colo-
gnes principales. La ligne de la vie qui est ,
rée, elle annonce un heureux tempérament.
la plus importante, commence au haut de la Si elle est droite, également marquée dans
main entre le pouce et l'index et se pro-
, ,
toute sa longueur, elle promet des richesses
longe au bas de la racine du pouce, jusqu'au et du bonheur. Si la jointure présentait qua-
milieu de la jointure qui sépare la main du tre lignes visibles, égales et droites, on peut
bras; la ligne de la santé et de l'esprit, qui s'attendre à des honneurs, à des dignités, à
a la même origine que la ligne de vie, entre de riches successions. Si elle est traversée de
le pouce et l'index ,
coupe la main en deux et trois petites lignes perpendiculaires, ou mar-
finit au milieu de main, entre la base de la quée de quelques points bien visibles , c'est
la jointure du poignet et l'origine du petit le signe certain qu'on sera trahi. Des lignes
doigt; la ligne de la fortune ou du bonheur, qui partent de la jointure et se perdent Je
qui commence à l'origine de l'index finit sous , long du bras annoncent qu'on sera exilé. Si
la base de la main en deçà de la racine du , ces lignes se perdent dans la paume de la
petit doigt; enfin la ligne de la jointure, qui main , ellesprésagent de longs voyages sur
est la moins importante, se trouve sous le terre et sur mer. —
Une femme qui porte la
bras dans le passage du bras à la main
, figure d'une croix sur la lignede la jointure
c'est plutôt un pli qu'une ligne. On remar- — ;

est chaste, douce, remplie d'honneur et de


que une cinquième ligne qui ne se trouve pas sagesse; elle fera le bonheur de son époux.
dans toutes les mains; elle se nomme ligne — Si la ligne dévie, qui se nomme aussi li-
du triangle, parce que, commençant au mi- gne du cœur, est longue, marquée, égale,
lieu de la jointure, sous la racine du pouce, vivement colorée, elle présage une vie exempte
1
M. Saignes, Des Erreurs et des préjugés, p. 123. de maux et une belle vieillesse. Si cette ligne
21
, e
,,

MAI — m - MAÎ
est sans couleur, tortueuse ,
courte, peu ap- absolument nue, unie, sans rameaux, elle
parente, séparée par de petites lignes trans- prépare la misère et l'infortune. S'il se —
versales, elle annonce une vie courte, une trouve une petite croix sur la ligne de la for-
mauvaise santé. Si celte ligne est étroite, tune, c'est la marque d'un cœur libéral ami ,

mais longue et bien colorée elle désigne la , de la véracité, bon, affable, orné de toutes
sagesse, l'esprit ingénieux. Si elle est large et les vertus. —
Si la ligne du bonheur ou de la
pâle, c'est le signe quelquefois de la sottise. fortune au lieu de naître où nous l'avons
,

Si elle est profonde et d'une couleur inégale, dit, prend racine entre le pouce et l'index,
elle dénote la malice, le babil, la jalousie, au même lieu que la ligne de santé de façon ,

la présomption. Lorsqu'à son origine, entre que les deux lignes forment ensemble un an-
le pouce et l'index, la ligne de vie se sépare gle aigu on doit s'attendre à de grands pé-
,

en deux de manière à formel- la fourche


, rils, à des chagrins. Si la ligne de santé ne

c'est le signe de l'inconstance. Si cette ligne — se trouvait pas au milieu de la main et qu'il ,

est coupée vers le milieu par deux petites li- n'y eût que la ligne de vie et la ligne de la
gnes transversales bien apparentes c'est le , fortune ou du bonheur, réunies à leur origine
signe d'une mort prochaine. Si la ligne de de manière à former un angle c'est le pré- ,

vie est entourée de petites rides qui lui don- sage qu'on perdra la tète à la bataille eu ,

nent la forme d'une branche chargée de ra- qu'on sera blessé mortellement dans quelque
meaux, pourvu que ces rides s'élèvent vers affaire. —
Si la ligne de la fortune est droite

lehaut de la main c'est le présage des ri- , et déliée dans sa partie supérieure elie donne ,

chesses. Si ces rides sont tournées vers le bas le talent de gouverner sa maison et de fait

de la main ,
annoncent la pauvreté. Tou-
elles une face honnête à ses affaires. Si cette ligne
tes les fois ligne de vie est interrom-
que la est interrompue vers le milieu par de petites
pue brisée c'est autant de maladies.
,
, La — lignes transversales, elle indique la duplicité.
ligne de la santé et de l'esprit est aussi appe- — Si la ligne de la fortune est pâle dans toute
lée ligne du milieu. Lorsqu'elle est droite, sa longueur, elle promet la pudeur et la chas-
bien marquée, d'une couleur naturelle, elle teté. —
La ligne du triangle manque dars
donne la santé et l'esprit, le jugement sain, beaucoup de mains, sans qu'on en soit, plus
,une heureuse mémoire et une conception vive. malheureux. Si la ligne du triangle est droite,
Si elle est longue on jouira d'une santé par-
, apparente (car ordinairement elle parait peu),
faite. Si elle est tellement courte qu'elle n'oc- s'avance jusqu'à la ligne de la santé,
et qu'elle
cupe que la moitié de la main , elle dénote elle promet de grandes richesses. Si elle se

la timidité , la faiblesse , l'avarice — Si la li- prolonge jusque vers la racine du doigt du


gne de santé est tortueuse elle donne le goût , milieu elle donne les plus heureux succès.
,

du vol; droite, au contraire c'est la marque , Mais si elle se perd au-dessous de la racine
d'une conscience pure et d'un cœur juste. Si du petit doigt, vers le bas de la main, elle
cette ligne s'interrompt le milieu pour vers amène des rivalités. Si elle est tortueuse,
former une espèce de demi -cercle, c'est le inégale de quelque côté qu'elle se dirige
,

présage qu'on sera exposé à de grands périls elle annonce que l'on ne sortira pas de la

avec les bêtes féroces. La ligne de la fur- — pauvreté. —


L'éminence qui se trouve à la
tune ou du bonheur commence, comme nous racine du pouce et s'étend jusqu'à la ligne de
l'avons dit, sous la racine de l'index, et se la vie se nomme la montagne de Vénus, Quand
termine à la base de la main en. deçà de la , celte lubérosité est douce, unie, sans rides,
racine du petii doigt elle est presque paral- : c'est l'indice d'un heureux tempérament. Si
lèle à la ligne de santé. Si la ligne de la for- cette montagne est ornée d'une petite ligne
tune est égale, droite, assez longue et bien parallèle à la ligne de vie, et voisine de cette
marquée, elle annonce un excellent naturel, ligne , c'est le présage des richesses. — Si le

la force, la modestie et la constance dans le pouce est traversé dans sa longueur de peti-
bien. Si, au lieu de commencer sous la racine tes lignes qui se rendent de l'ongle à la join-
de l'index, cidre l'index et le doigt du mi- ture, ces lignes promettent un grand héritage.
lieu, elle commence presqu'au haut de la Mais :-i le pouce est coupé de ligues transver-
main, c'est le signe de l'orgueil. Si elle est sales, comme le pli des joinlures, c'est le si-

très -rougedans sa partie supérieure elle dé- , gne qu'on fera des voyages longs et péri lieux.
note l'envie. —
Si la ligne de la fortune est Si le pouce ou la racine du pouce présentent

chargée de petites lignes formant des ra- des points ou des étoiles, c'est la gaieté. —
meaux qui s'élèvent vers le haut de la main, L'éminesce qui se trouve à la racine de l'in-
elle présage les dignités, le bonheur, la puis- dex se nomme la montagne de Jupiter. Quand
sance et les richesses; mais si celle ligne est cette Lubérosité est unie et agréablement co-
MAI - 3 ?, — MAI
'orée, c'est le signe d'un heureux nature! et uni, doux et net, il est le caractère du vrai
d'un cœur porté à la vertu. Si elle est, char- courage et de celte bravoure que la prudence
gée de petites lignes doucement marquées, accompagne toujours. S'il est fortement co-
on recevra des honneurs et des dignités im- loré, il désigne l'audace, la témérité. — Lors-
portantes. —
La tubérosité qui s'élève dans la que la montagne de Mars chargée de est
paume de la main à la racine du doigt du grosses rides, ces rides sont autant de dan-
milieu se nomme la montagne de Saturne. Si gers plus ou moins grands suivant la profon- ,

cette éminence est unie et naturellement co- deur et la longueur des rides; c'est aussi le
lorée, elle marque la simplicité et l'amour du présage d'une mort possible entre les mains
travail; mais si elle est chargée de petites ri- des brigands, si les lignes sont livides; elles
des, c'est le signe de l'inquiétude, c'est l'in- sont l'indice d'un trépas funeste si elles sont
dice d'un esprit prompt à se chagriner. — Si fort rouges, d'une mort glorieuse au champ
la jointure qui sépare la main du doigt du de bataille si elles sont droites. Des croix
milieu présente des plis tortueux, elle désigne sur la montagne cie Mars promettent des di-
un jugement lent , un esprit paresseux , une gnités et des commandements. N'oublions —
conception dure. Une femme qui aurait sous pas les signes des ongles.
petits signes — De
le doigt du milieu, entre seconde jointure la blanchâtres sur les ongles présagent des crain-
et la jointure voisine de l'ongle, la figure d'une ils annoncent des frayeurs
tes; s'ils sont noirs,
petite croix porterait là un signe heureux
,
et des dangers; s'ils sont rouges, ce qui est
pour l'avenir. La tubérosité qui se trouve à plus rare, des malheurs et des injustices;
la racine du doigt annulaire se nomme la s'ils sont d'un blanc pur, des espérances et

montagne du Soleil. Si celte montagne est du bonheur. —


Quand ces signes se trouvent
chargée de petites lignes naturellement mar- à la racine de l'ongle, l'accomplissement de
quées, elle annonce un esprit vif et heureux, ce qu'ils présagent est éloigné. Ils se rappro-
de l'éloquence, des talents pour les emplois ,
chent avec le temps, et se trouvent à la som-
un peu d'orgueil. Si ces lignes ne sont qu'au mité de l'ongle quand les craintes et les es-
nombre de deux, elles donnent moins d'élo- pérances se justifient par l'événement. Pour —
quence, mais aussi plus de modestie. Si la qu'une main soit parfaitement heureuse, il
racine du doigt annulaire est chargée de li- faut qu'elle ne soit pas trop potelée, qu'elle
soit un peu longue, que les doigts ne so ent
:

gnes croisées les unes sur les autres, celui


qui porte ce signe sera victorieux sur ses en- pas trop arrondis que l'on distingue les nœuds
,

nemis et l'emportera sur ses rivaux. L'é- — des jointures. La couleur en sera fraîche et
minence qui s'élève dans la main à la racine douce, les ongles plus longs que larges; la
du petit doigt se nomme la montagne de Mer- ligne de la vie bien marquée, égale, fraîche,
cure. Si cette éminence est unie, sans rides, ne sera point interrompue et s'éteindra dans
on aura un heureux tempérament, de la con- la ligne de la jointure. La ligne de la santé
stance dans l'esprit et dans le cœur; les hom- occupera les trois quarts de l'étendue de la

mes, de la modestie; les femmes, de la pudeur. main. La ligne de la fortune sera chargée de
Si celle éminence est traversée par deux li- rameaux et vivement colorée. On voit, dans —
gnes légères qui se dirigent vers le petit doigt, tous les livres qui traitent de la chiromancie,
c'est la marque de la libéralité. L'espace — que les doctes en cette matière reconnais-
qui se trouve sur le bord inférieur de la main saient deux sortes de divinations par le moyen
au-dessous de la montagne de Mercure, de- de la main la chiromancie physique, qui,
:

puis la ligne du bonheur jusqu'à l'extrémité par la simple inspection de la main, devine
de la ligne de l'esprit, se nomme la monta- le caractère et les destinées des personnes

;

gne de la Lune. Quand cet espace est uni, et la chiromancie astrologique qui examine ,

doux, net, il indique la paix de l'âme et un les influences des planètes sur les lignes de
esprit naturellement tranquille. Lorsqu'il est la main, et croit pouvoir déterminer le carac-
fort coloré , c'est le signe de la tristesse, d'un tère et prédire ce qui doit arriver en calcu-
esprit chagrin et morose , et. d'un tempéra- lant ces influences. Nous nous sommes plus
ment mélancolique. Si cet espace est chargé appesantis sur les principes de la chiromancie
de rides il annonce des voyages et des dan-
, physique, parce que c'est la seule qui soit
gers sur mer. —
L'espace qui se trouve sur encore en usage. C'est aussi la plus claire et
lebord inférieur de la main, en deçà de la la plus ancienne. —
Arislote regarde ta chi-
montagne de la Lune depuis l'extrémité de ,
romancie comme une science certaine; Au-
la ligne de l'esprit jusqu'à l'extrémité infé- guste disait lui-même la bonne aventure dans
rieure de la ligne de la jointure, se nomme la main mais Torquemada pense qu'on ne
;

la montagne de Mars. Quand cet espace est peut pas être chiromancien sans avoir aussi
,

MM rux — MAI
un peu de nécromancie, et que ceux qui de- humeur vive et enjouée, rencontra en société
vinent justeen vertu de cette science sont une femme qu'on avait fait venir pour tirer
inspirés
,

par quelque mauvais esprit *.


,

— des horoscopes. Il présente sa main, la vieille

« Gardez-vous, en chiromancie, dit M. Sal- le regarde en soupirant « Quel dommage :

gues 2 des lignes circulaires qui embrasse-


,
qu*un homme si aimable n'ait plus qu'un mois
raient la totalité du pouce ; les cabnlistes les à vivre! » Quelque temps après, il s'échauffe
nomment l'anneau de Gygès, et Ad' ien Sicler à la chasse, la fièvre le saisit, son imagina-
nous prévient que ceux qui les portent cou- tion s'allume , et la prédiction de la bohé-
rent risque qu'un jour un lacet fatal ne leur mienne s'accomplit à la lettre.... »
serre la jugulaire pour le prouver, il cite
;

Jacquin Caumont, enseigne de vaisseau qui . Main de gloire. — Ce que les sorc.crs ap-
fut pendu pour ne s'être pas assez méfié de pellent main de gloire est la main d'un pendu,
cette funeste figure. —
Ce serait bien pis si ce qu'on prépare de la sorte on l'enveloppe :

cercle était double en dehors et simple en de- dans un morceau de drap mortuaire, en la
dans alors nul doute que votre triste carrière
: pressant bien pour lui faire rendre le peu de
,

ne se terminât sur une roue. Le même Adrien sang qui pourrait y être resté; puis on la met
Sicler a connu à Nîmes un fameux impie, qui dans un vase de terre, avec du sel du sal- ,

fut roué en 1559, et qui portait ce signe mor- pêtre, du zimat et du poivre long, le tout
tel à lapremière phalange. Il n'est pas pos- bien pulvérisé. On la laisse dans ce pot l'es-
sible de vous tracer toutes les lignes décrites pace de quinze jours; après quoi on l'expose
et indiquées par les plus illustres chiroman- au grand soleil de la canicule, jusqu'à ce
ciens pour découvrir la destinée et fixer qu'elle soit parfaitement desséchée ; si ie so-
l'horoscope de chaque individu; mais il est leil ne suffit pas, on la met dans un four
bon que vous sachiez qu'Isaac Kim-Ker a chauffé de fougère et de verveine. — On com-
donné soixante-dix figures de mains au pu- pose ensuite une espèce de chandelle, avec
blic; le docte Melampus, douze; le profond de la graisse de pendu, de la cire vierge et
Compotus, huit; Jean de Hagen, trente-sept; du sésame de Laponie et on se sert de la ;

le subtilRomphilius, six; l'érudit Corvaaus, main de gloire, comme d'un chandelier, pour
cent cinquante; Jean Cirus vingt; Patrice ,
tenir cette merveilleuse chandelle allumée.
Tricassus, quatre-vingts; Jean Belot, quatre; Dans tous où l'on va avec ce funeste
les lieux
Traisnerus, quarante, et Perrucho, six; ce instrument, ceux qui y sont demeurent im-
qui fait de bon compte quatre cent vingt-trois mobiles, et ne peuvent non plus remuer que
mains sur lesquelles votre sagacité peut s'ils étaient morts. — Il y a diverses manières

s'exercer. — Mais, dites-vous, l'expérience de se servir de la main de gloire, que les


et les faits parlent en faveur de la chiroman- scélérats connaissent bien; mais, depuis qu'on
cie. Un Grec prédit à Alexandre de Médicis ne pend plus chez nous ce doit être chose ,

duc de Toscane, sur l'inspection de sa main, rare. —


Deux magiciens, étant venus loger
qu'il mourrait d'une mort violente; et il fut dans un cabaret pour y voler, demandèrent
en effet assassiné par Laurent de Médicis, à passer la nuit auprès du feu ce qu'ils ob- ;

son cousin. De tels faits ne prouvent rien; tinrent. Lorsque tout le monde fut couché, la

car siun chiromancien rencontra juste une servante ,


qui se défiait de la mine des deux
fois ou deux il se trompa mille fois. A quel
, voyageurs, alla regarder par un trou de la
homme raisonnable persuadera- t-on en effet porte pour voir ce qu'ils faisaient. Elle vit
que le soleil se mêle de régler le mouvement qu'ils tiraient d'un sac la main d'un corps
de son index (comme le disent les maîtres en mort, qu'ils en oignaient les doigts de je ne
chiromancie astrologique)? que Vénus a soin sais quel onguent, et les allumaient, à l'ex-
de son pouce et Mercure de son petit doigt?
, ception d'un seul qu'ils ne purent allumer,
Quoi Jupiter est éloigné de vous d'environ
î quelques efforts qu'ils fissent; et cela parce
cent cinquante millions de lieues dans sa que, comme elle le comprit, il n'y avait
moindre distance; il est quatorze cents fois qu'elle des gens de la maison qui ne dormit
plus gros que le petit globe que vous habitez, point; car les autres doigts étaient allumés
et décrit dans son orbite des années de douze pour plonger dans le plus profond sommeil
ans, et vous voulez qu'il s'occupe de votre ceux qui étaient déjà endormis. Elle alla aus-
doigt médius!... —
Le docteur Bruhier, dans sitôt à son maître pour l'éveiller, mais elle ne
son ouvrage des Caprices de l'imagination ,
put en venir à bout, non plus que des autres
rapporte qu'un homme de quarante ans, d'une personnes du logis, qu'après avoir éteint les
Hexameron, 4' journée. doigts allumés pendant que les deux voleurs
,

Des erreurs et «les préjnf 'S, etc., t. If, p -19 o' suiv commençaient à faire leur coup dans une
,

MAI — 3 25 — MAL
chambre voisine. Les deux magiciens se , qui fit quelque bruit. On vit tout à coup voler
voyant découverts, s'enfuirent au plus vite, en l'air des bouteilles, depuis la cave jusqu'au
et on ne les trouva plus Les voleurs ne l
.
— grenier ;
plusieurs personnes furent blessées
peuvent se servir de la main de gloire quand les débris de bouteilles restèrent entassés dans
on a eu la précaution de frotter le seuil de la le jardin sans que la foule des curieux pût
porte avec un onguent composé de fiel de découvrir d'où provenait ce phénomène.
chat noir, de graisse de poule blanche et de On consulta des physiciens et des chimistes,
sang de chouette lequel onguent doit être fait
,
ils ne purent pas même dire de quelle ma-
2 nufacture venaient les bouteilles qu'on leur
dans la canicule .

Main invisible. — Gaspard Schotter,


dans montra. Les gens du peuple se persuadèrent
sa Magie universelle page 407, rap-
,
livre 4, manufacture du diable,
qu'elles venaient de la

porte le fait suivant, dont il a été témoin dans et que cette aventure ne pouvait être que

son enfance, et qu'il a entendu raconter à l'ouvrage des sorciers ou des revenants; les
des témoins plus âgés que lui Deux compa- :
personnes plus instruites, tout aussi crédules,
gnons sortaient d'une ville, armés et portant ne surent que penser. La police découvrit en-
leur bagage, pour aller travailler dans une fin que ces revenants n'étaient que des habi-

autre contrée. L'un d'eux, ayant trop bu at- ,


tants de la maison voisine, aidés d'un physi-

taque l'autre, qui refuse de se battre avec cien de leurs amis, qui au moyen de l'élec-

un homme ivre. Mais il reçut un coup à la tricité , et d'un trou imperceptible pratiqué
tôle; voyant couler son sang, il riposta et dans mur, parvenaient à faire mouvoir à
le

perça de part en part le malheureux ivrogne. leur gré les meubles de la maison prétendue
On accourt aussitôt de la ville, et parmi les ensorcelée. Ils avaient pour objet d'empêcher
assistants se trouve la femme même du mort. le propriétaire de la vendre; ils se vengeaient

Dans le moment qu'elle donne des soins à son en môme temps d'une personne dont ils
époux, le meurtrier, qui s'enfuyait, se sentit croyaient avoir à se plaindre Voy. Ales-
saisi par une main invisible, et fut entraîné sandro, Athénodore, Ayola, Bolacre, Cham-
auprès du magistrat, lequel le fit mettre en BRES INFESTÉES, REVENANTS, etC.
prison. Qu'était-ce que cette main invisible? Malade. — « Divers sont les jugements qui
Celle du mort, qui revenait dégrisé. se font d'aucuns, si un malade doit vivre ou

Mainfroi OU Manfred roi de Naples, ,


— mourir; mais je publierai ce présent signe
qui légna dans les Deux-Siciles de '12o4 à infaillible, duquel se pourra servir un chacun,

'1266,- fils naturel de l'empereur Frédéric II. et en faire un ferme jugement prenez une :

Lorsqu'il fut excommunié, il s'occupa, dit- ortie, et la mettez dans l'urine du malade
on, de la magie. Pic de La Mirandole conte incontinent après que le malade l'aura faite
que Mainfroi, étant en guerre contre Charles et avant qu'elle soit corrompue laissez l'ortie ;

d'Anjou voulut savoir du diable événement


, 1 dans ladite urine l'espace de vingt-quatre
de la bataille qu'il allait lui livrer, et que le heures; et après, si l'ortie se trouve verte
démon pour le tromper ne lui répondit qu'en c'est un signe de vie -. » Delancre 5 nous — >

paroles ambiguës quoique cependant il lui


,
conseille de ne pas admettre l'opinion des
prédît sa mort; et en effet, malgré le secours gnostiques, qui disent que chaque maladie a
qu'il reçut des Sarrasins, il fut tué dans le son démon, et d'éviter l'erreur populaire qui
combat par un soldat. On remarque que — prétend que tous ceux qui tombent du haut-
Charles d'Anjou écrivit à Mainfroi avant la mal sont possédés. Les maladies ont sou- —
bataille « Aujourd'hui je t'enverrai en enfer
: vent causé de grands désordres. Le P. Lebrun
si tu ne m'envoies pas en paradis. » — On a at- rapporte l'exemple d'une femme attaquée
tribué à Manfred un livre latin intitulé : la d'une maladie de l'œil ,
qui lui faisait voir
Pomme philosophique, où il traite de la science une foule d'images bizarres et effrayantes ;

de l'alchimie ,
qu'il dit être la sœur germaine elle se crut ensorcelée un habile oculiste :

de la magie 3 . l'opéra et guérit en même temps son œil et


,

Maison ensorcelée. de nivôse —A la fin son imagination. —


La plupart des sorciers,
an 43 (1805), il s'est passé à Paris, rue loups-garous et possédés n'étaient que des
Notre-Dame-de-Nazareth, dans une ancienne malades.
maison de religieuses Cordelières, une scène Malafar, — VÔf. VALAFAR.

1
Delrio, Disquisitions magiques. 1
M. Salgues, Des erreurs et des préjugés.
2 Le Solide trésor du Petit Albert. 2 Le Petit Albert, p. 172.
3 Leloyer, Hist. des spectres et apparitions des es- 3 Tableau de l'inconstance des dém.. sorc. et magie,
prits, liv.lv, p. 303. liv. iv, p. 284.
MAL — 3 2(3 — MAL
Malaingha, — nom général des anges du dessein de nuire aux hommes, aux animaux
premier ordre chez les habitants de Mada- ou aux fruits de la terre ; on appelle encore
gascar. Ces anges font mouvoir les cieux, les maléfices les maladies et autres accidents mal-
étoiles, les planètes, et sont chargés du gou- heureux causés par un art infernal, et qui ne
vernement des saisons les hommes sont con- : peuvent s'enlever que par un pouvoir surna-
fiés à leur garde ils veillent sur leurs jours,
; turel. Il y a sept principales sortes de malé-
détournent les dangers qui les menacent et , fices employés par les sorciers 1° ils mettent :

écartent les démons. dans le cœur une passion criminelle 2° ils ;

Mal caduc — Pour guérir ce mal on se sert inspirent des sentiments de haine ou d'envie

d'un anneau dont voilà la recelte : Vous ferez à une personne contre une autre 3° ils jet- ;

un anneau de pur argent, dans le chaton du- tent des ligatures i° ils donnent des mala-
;

quel vous enchâsserez un morceau de corne dies 5° ils font mourir les gens
;
6° ils ôtent ;

de pied d'élan puis vous choisirez un lundi l'usage de la raison 7° ils nuisent dans les ;
;

du prinlemps auquel la lune sera en aspect biens et appauvrissent leurs ennemis. Les an-
bénin ou en conjonction avecJupiter ou Vénus, ciens se préservaient des maléfices à venir

et à l'heure favorable delà constellation vous en crachant dans leur sein. En Allemagne, —
graverez en dedans de l'anneau ce qui suit :
quand une sorcière avait rendu un homme
-h Dabi, +
Habi , -\- Haber, Habi. Soyez ou un cheval impotent et. maléficié, on prenait

assuré qu'en portant habituellement cet an- les boyaux d'un autre ou d'un cheval homme
neau au doigt du milieu de la main il vous ,
mort, on les traînait jusqu'à quelque logis
garantira du mal caduc Si vous n'y croyez l
.
sans entrer par la porte commune mais par ,

pas, moi non plus. le soupirail de la cave, ou par-dessous terre,

lttaldonat, —
célèbre jésuite, né en 1534,
et on y brûlait ces intestins. Alors ia sorcière
qui avait jeté le maléfice sentait, dans les en-
à Casas de la Reina dans l'Estramadure. Il
trailles une violente douleur, et s'en allait
étudia à Salamanque , et entra chez les jé- ,

droit à la maison où l'on brûlait les intestins


suites de Rome en 1562. Deux ans après, il
pour y prendre un charbon ardent, ce qui
ouvrit, au collège de Clermont , à Paris, un
faisait cesser le mal. Si on ne lui ouvrait
cours de philosophie, dans lequel il obtint les
promptement la porte, la maison se remplis-
plus brillants succès ,
quoiqu'il n'eût encore
sait de ténèbres avec un tonnerre effroyable,
que trente ans. Ayant formé le dessein de
et ceux qui étaient dedans étaient contraints
travailler a un commentaire sur les quatre
évangélistes il crut voir, pendant quelques
,
d'ouvrir pour conserver leur vie Les sor- 1


ciers, en étant un sort ou maléfice, sont obligés
nuits, un homme qui l'exhortait à finir promp-
de le donner à quelque chose de plus consi-
lement cet ouvrage , et qui l'assurait qu'il
dérable que l'être ou l'objet à qui ils l'ôtent :

l'achèverait, mais qu'il survivrait peu de jours


sinon le maléfice retombe sur eux. Mais un
à sa conclusion ; marquait en
cet homme lui
,

sorcier ne peut ôter un maléfice s'il est entre


même temps un certain endroit du ventre, qui
les mains de la justice; il faut pour cela qu'il
fut le même où Maldonat sentit les vives dou-
leurs dont ii mourut en 1583 peu de temps
soit pleinement Voy. Hocque. On a
libre. —
épidémies comme des
,

regardé souvent les


après avoir achevé son ouvrage.
maléfices. Les sorciers, disait-on, mettent
Male-bêie, —
monstre qui passait autre-
quelquefois, sous le seuil de la bergerie ou de
fois dans l'opinion du peuple de Toulouse,
etable qu'ils veulent ruiner, une touffe de
,
l

pour courir les rues la nuit. La superstition


cheveux ou un crapaud avec trois maudis-
, ,

avait fait croire que tous ceux qui rencon-


sons, pour faire mourir étiques les moutons et
traient ou envisageaient la male-bèle, mou-
les on n'arrête
bestiaux qui passent dessus :

raient le lendemain.
le mal qu'en ôtant Delancre dit le maléfice.
Walebranche ( Nicolas), savant prêtre — qu'un boulanger de Limoges voulant faire du
de l'Oratoire, né à Paris en 1638, mort en pain blanc suivant sa coutume, sa pâte fut
1715. On trouve dans sa Recherclie de la Vé- tellement charmée et maléficiée par une sor-
rité de fort bonnes choses sur la sorcellerie , cière, qu'il fit du pain noir, insipide et infect.
qu'il regarde comme une maladie d'imagina- — Une magicienne ou sorcière, pour gagner
tion. —
On dit qu'il n'osait pas se moucher, le cœur d'un jeune homme marié mit sous ,

parce persuadé qu'il lui pendait un


qu'il était son dans un pot bien bouché, un crapaud
lit,

gigot de mouton au bout du nez. qui avait les yeux fermés; le jeune homme
Maléfices. — On appelle maléfices toutes quitta sa femme et ses enfants pour s'attacher
pratiques superstitieuses employées dans le à l,i sorcière; niais la femme trouva le malé-
1
L° Petit Albert, page 166. 1
Bodin. Démonomanie, iiv. iv.
>\\L — 3 1 — MAL
lice, le (il brûler, et son mari revint à elle '. — Boguet conte encore qu'une jeune fille en-
— Un pauvre jeune homme ayant quitté ses sorcelée rendit de petits lézards, lesquels s'en-
sabots pour monter à une échelle une sor- , volèrent par un trou qui se fit au plancher.
cière y mit quelque poison sans qu'il s'en Voy. Charmes, Enchantements, Magiciens,
aperçût, et le jeune homme, en descendant, Sorciers ,
etc.
s'étant
sa vie 2
donné une entorse,
. — Une femme
fut boiteux toute
ensorcelée devint si
Malices du Démon. — On trouve sur Ce
chapitre des légendes bien naïves. Il y avait
grasse, dit Delrio, que c'était une boule dont
à Bonn, ditCésaire d'Heisterbach un prêtre ,

on ne voyait plus le visage, ce qui ne laissait


remarquable par sa pureté, sa bonté et sa dé-
pas d'être considéiable. De plus, on entendait
votion. Le diable se plaisait à lui jouer de
dans ses entrailles le même bruit que font les
petits tours de laquais; lorsqu'il lisait son bré-
poules, les coqs, les canards, les moutons, les
viaire l'esprit malin s'approchait sans se
,

bœufs, les chiens, les cochor.s et les chevaux,


laisser voir, mettait sa griffe sur la leçon du
de façon qu'on aurait pu la prendre pour une
bon curé et l'empêchait de finir; une autre
basse-cour ambulante. Une sorcière avait — fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet
rendu un maçon impotent et tellement courbé
à contre-temps. Si c'était la nuit , il soufflait
qu'il avait presque la tète entre les jambes. Il
la chandelle. Le diable espérait se donner la
accusa la sorcière du maléfice qu'il éprouvait;
joie d'impatienter son homme ; mais le bon
on I'ancta, et le juge lui dit qu'elle ne se sau-
prêtre recevait tout cela si bien et résistait si
verait qu'en guérissant le maçon. Elle se fit
constamment que l'importun
à l'impatience ,

apporter par sa fille un petit paquet de sa


esprit fut obligé de chercher une autre dupe i .

maison, et, après avoir adoré le diable, la face


en terre, en marmottant quelques charmes,
— Cassien parle de plusieurs esprits ou dé-
mons de la même trempe qui se plaisaient à
elle donna le paquet au maçon, lui commanda
tromper les passants, à les détourner de leur
de se baigner et de le mettre dans son bain ,
chemin et à leur indiquer de fausses routes
— Un
,
en disant Va de par le diable! Le maçon le
:
2
le tout par malicieux divertissement .

fit, et guérit. Avant de mettre le paquet dans


baladin avait un démon familier, qui jouait
le bain, on voulut savoir ce qu'il contenait on ;
avec lui et se plaisait à lui faire des espiè-
y trouva trois petits lézards vifs; et quand le
gleries. Le matin il le réveillait en tirant les
maçon fut dans le bain, il sentit sous lui comme couvertures, quelque froid qu'il fit et quand
;

trois grosses carpes, qu'on chercha un moment le baladin dormait trop profondément, son
après sans rien trouver 5
. —
Les sorciers met-
démon l'emportait hors du lit et le déposait
tent parfois le diable
nent aux petits
dans des noix, et les don-
enfants, qui deviennent malé-
au milieu de la chambre 3 Pline parle de . —
quelques jeunes gens qui furent tondus par le
ficiés. Un de nos démonographes (c'est, je
diable. Pendant que ces jeunes gens dor-
pense, Boguet rapporte que, dans je ne sais
)
maient, des esprits familiers, vêtus de blanc,
quelle ville, un sorcier avait mis sur le parapet
entraient dans leurs chambres, se posaient
d'un pont une pomme maléficiée, pour un de
leur coupaient les cheveux pro-
sur leur lit,
ses ennemis qui était gourmand de tout ce
,
prement, et s'en allaient après les avoir ré-
qu'ilpouvait trouver sans desserrer la bourse.
pandus sur le plancher *.
Heureusement le sorcier fut aperçu par des
gens expérimentés, qui défendirent prudem- Malin. —
C'est une des épithètes qu'on
ment à qui que ce fût d'oser porter la main à donne volontiers au démon, appelé souvent
la pomme , sous peine d'avaler le diable. Il l'esprit malin.
fallait pourtant moins qu'on ne voulût
l'ôter, à

lui donner des gardes. On fut long-temps à


Mallebrancke marqueur de jeu de
,

paume demeurant en la rue Sainte-Gene-
,

délibérer, sans trouver aucun moyen de s'en


viève, à Paris, lequel fut, le 1 décembre \ 61 8, i

défaire; enfin il se présenta un champion qui,


visité par un revenant. C'était sa femme ,
muni d'une perche, s'avança à une distance donna de bons
morte depuis cinq ans. Elle lui
de la pomme et la poussa dans la rivière, où
conseils qui redressèrent sa mauvaise vie ,
4 îant tombée
on en vit sortir plusieurs petits
mais parla sans se montrer. On a fait là-dessus
dnbles en forme de poissons. Les spectateurs
une brochure in- 12 intitulée Histoire nou- ,
:

P nis ntdes pierres et les jetèrent à la tète de


velle et remarquable de l'esprit d'une femme
ces pt;t s démons, qui ne se montrèrent plus...

1
Csesarii Hei&terb. miracul., lib. v, cap. 53.
1 Delrio, ^rjuisjtions magiques. 2 Cassiani collât. 7, cap. 32.
2 Del ancre, „ l'Inconstance, etc. :J
Guillelmi Tarisieiisis, partis 2 princip., cap. 8.
3 Bodin,Dénv, )manie _
4 Pline, lib. xvi, epit. 27.
mm — 2 >8 — M AN
qui s'est apparue au faubourg Saint-Mar- le Petit Albert que, voyageant en Flandres et
cel, etc. Paris, 1 61 8. passant par Lille, l'auteur de cet ouvrage fut
;

Malphas , — grand président des enfers ,


invité par un de ses amis à l'accompagner
chez une vieille femme qui passait pour une
qui apparaît sous forme d'un corbeau. la
grande devineresse et dont il découvrit la
,

Quand il se montre avec la figure humaine,


fourberie. Cette vieille conduisit les deux amis
le son de sa voix est rauque il bâtit des ci- :

dans un cabinet obscur, éclairé seulement


tadelles et des tours inexpugnables, renverse
d'une lampe, à la lueur de laquelle on voyait,
les remparts ennemis, fait trouver de bons
sur une table couverte d'une nappe, une es-
ouvriers, donne des esprits familiers, reçoit
pèce de petite statue ou mandragore, assise
des sacrifices, et trompe les sacrificateurs :

sur un trépied, ayant la main gauche étendue


quarante légions obéissent à ses commande-
et tenant de cette main un cordon de soie très-
ments 1,
délié, au bout duquel pendait une petite
Mammon, — démon de l'avarice : c'est lui. mouche de fer bien poli. On avait placé au-
ditMilton, qui, le premier, apprit aux hommes dessous un verre de cristal en sorte que la ,

à déchirer le sein de la terre pour en arracher mouche se trouvait suspendue au-dessus de


les trésors. ce verre. Le mystère de la vieille consistait à
Mammouth ,
— animal dont la race est commander à la mandragore de frapper la
perdue; il est un sujet de vénération parmi mouche contre le verre, pour rendre témoi-
les peuplesdelaSibérie, qui lui donnentquatre gnage de ce que l'on voulait savoir. Ainsi elle
ou cinq mètres de longueur; sa couleur est disait , en s'adressant à la statue : « Je t'or-
grisâtre, sa tête fort longue et son front large; donne, mandragore, au nom de celui à qui tu
il lui sort des deux côtés, au-dessus des yeux, dois obéir, que si monsieur doit être heureux
des cornes qu'il remue et croise à son gré clans le voyage qu'il va faire, tu fasses frapper
disent les Sibériens ; ils ajoutent qu'il a la trois fois la mouche contre le verre. » La mou-
faculté de s'étendre considérablement en mar- che frappait aussitôt les trois coups demandés,
chant, et de se rétrécir en plus petit volume; quoique la vieille ne touchât aucunement ni
ses pattes ressemblent à des pattes d'ours 2
.
au verre, ni au cordon de soie, ni cà la mouche,
m&n, — ennemi de Sommona-Codom.
Les
ni à la statue; ce qui surprenait les specta-

Siamois le représentent comme une espèce de teurs. Et atin de mieux duper les gens par la

monstre, avec une tête hérissée de serpents, diversité de ses oracles, la vieille faisait de
un visage fort large et des dents horriblement nouvelles questions à la mandragore, et lui

grandes. défendait de frapper, si telle ou telle chose


devait ou ne devait pas arriver; alors la
Mancanas, — imposteur
dans les îles qui,
mouche immobile.
restait Voici en quoi —
Mariannes, s'attribuait le pouvoir de com-
consistait tout l'artifice de la vieille la mou- :

mander aux éléments, de rendre la santé aux che de fer, qui était suspendue dans le verre,
malades de changer les saisons et de pro-
,
étant fort légère et bien aimantée quand
,
la
curer une récolte abondante ou d'heureuses
vieille voulait qu'elle frappât contre le verre,
pèches.
elle mettait à un de ses doigts une bague dans
Manche à baîaî. — Quand les sorciers et laquelle était enchâssé un assez gros morceau
les démons faisaient le sabbat , les sorcières d'aimant. On sait que la pierre d'aimant a la
s'y rendaient à cheval sur un manche à balai. vertu d'attirer le fer : l'anneau de la vieille

Mandragores, — démons familiers assez


mettait en
et la faisait
mouvement
frapper autant de
la mouche aimantée,
fois qu'on vou-
débonnaires; ils apparaissent sous la figure
lait contre le verre. Lorsqu'elle désirait que
de petits hommes sans barbe avec les che- ,

la mouche ne frappât point, elle ôtait la bague,


veux épars. Un jour qu'un mandragore osa se
montrer à la requête d'un sorcier qu'on tenait de son doigt sans qu'on s'en aperçût. Ceux
qui étaient d'intelligence avec elle avaient
en justice, le juge ne craignit pas de lui ar-
racher les bras et de les jeter dans le feu 5 soin de s'informer des affaires de ceux qu'ils
.

lui menaient, et c'est ainsi que tant de per-


Ce qui explique ce fait, c'e^t qu'un appelle
aussi mandragores de petites poupées dans
sonnes furent trompées. Les anciens Ger —
lesquelles le diable se loge, et que les sorciers
mains avaient aussi des mandragores qr^
consultent en cas d'embarras. — On nommaient Alrunes c'étaient des figur* do
:

lit dans
bois qu'ils révéraient , comme les p^auis
1
Wierus, ïn Pseudomonaivln'à dœm.
leurs dieux Lares, et comme les nè< 0& eui * ^

2 fétiches. Ces ligures prenaient soi' 'di-


Laharpc, Hist. c]es Voyages, t. 11, p.'ÏBL
3 Dolrio, Disquisitions magiques. sons et des personnes qui les h^"a,eft* ^ n k
MAN — i 9 — MAR
les faisait des racines les plus dures, surtout tés et occupés à nuire. Leloyer 1
dit que les
de la mandragore on les habillait propre-
: mânes démons noirs
étaient des et hideux,
ment, on les couchait mollement dans de pe- comme les diables et les ombres infernales.
tits coffrets toutes les semaines on les lavait
;
Voy. LÉMURES.
avec du vin et de l'eau et à chaque repas
on leur servait à boire et à manger sans
,
Manfred, — VOlJ. MAINFROY.

quoi elles auraient jeté des cris comme


;

des Mang-Taar, — espèce d'enfer des Ya-


enfants qui souffriraient la faim et la soif, ce kouts, habité par huit tribus d'esprits mal-
qui eût attiré des malheurs; enfin, on les te- faisants : ces esprits ont un chef, dont le nom
nait renfermées dans un lieu secret, d'où on est Acharaï Bioho Le bétail , le puissant.

ne les retirait que pour les consulter. Dès — dont le poil est entièrement blanc est sacré
qu'on avait le bonheur d'avoir chez soi de pour les Yakouts, comme dévoué au grand
pareilles figures (hautes de huit à neuf pouces), Acharaï. Les Yakouts croient que dès que
on se croyait heureux on ne craignait plus ,
leurs chamans (prêtres sorciers) meurent , ils

aucun danger, on en attendait toutes sortes se réunissent à ces esprits.


de biens, surtout la santé et la guérison des Manichéens, — sectateurs de l'hérésiarque
maladies les plus rebelles. Mais ce qui était Manès, né dans la Perse en 240. Ils recon-
encore plus admirable, c'est qu'elles faisaient naissaient deux principes également puissants,
connaître l'avenir on les agitait pour cela, et
:
également éternels, Dieu, auteur du bien, et
on croyait attraper leurs réponses dans des le diable auteur du mal. ,

hochements de tète que le mouvement leur


imprimait. On dit que cette superstition des
Manitou. — C'est le nom que les nègres

anciens Germains subsiste encore aujourd'hui donnent au diable. Voy. Matchi-Manitou.


parmi le peuple de la Basse-Allemagne du , Manto, — sibylle thessalienne , à qui on
Danemarck et de la Suède. Les "anciens — altiibua cette prophétie appliquée à notre
attribuaient de grandes vertus à la plante ap- Seigneur Jésus-Christ : « Celui qui est grand
pelée mandragore. Les plus merveilleuses de viendra , il traversera les montagnes et les eaux
ces racines étaient celles qui avaient pu ètie du ciel; il régnera dans la pauvreté et domi-
arrosées de l'urine d'un pendu; mais on ne nera dans le silence; et il naîtra d'une vier-
pouvait l'arracher sans mourir. Pour éviter ge 2 . »
ce malheur, on creusait la terre tout autour,
on y fixait une corde al lâchée par l'autre ex-
Many, — faux prophète et peintre célèbre
parmi les Orientaux, qui fonda en Perse une
trémité au cou d'un chien ensuite, ce chien
;

secte dont l'existence desdeux principes éter-


étant chassé arrachait la racine en s'enfuyanf,
nels du mal, la métempsycose,
du bien et
il succombait à l'opération; mais l'heureux
l'abstinence des viandes, la prohibition du
mortel qui ramassait alors celte racine ne
courait plus le moindre danger, et possédait
meurtre de tout animal, sont les dogmes prin-
cipaux.
un trésor inestimable contre les maléfices.
Voy. Bouchey, Brioché etc. , Maoridath ,
— préservatif contre les en-
chantements. C'est le nom que les musulmans
Mânes, — dieux des morts, qui présidaient donnent aux deux derniers chapitres du Ko-
aux tombeaux chez les anciens; mais plus ran qu'ils récitent souvent pour se garantir
,

souvent encore mânes sont les âmes des


les des sortilèges et de toutes autres mauvaises
morts. Le nom de mânes en Italie était par- rencontres.
ticulièrement attribué aux génies bienfaisants
et secourables. Ces dieux pouvaient sortir
Marbas ou Barbas, — grand président des
des enfers; il se montre sous la forme d'un lion
enfers avec la permission de Summanus, leur
furieux; lorsqu'il est en présence d'un exor-
souverain. Ovide rapporte que, dans une
ciste , il prend la figure humaine et répond
peste violente, on vit les mânes sortir des
sur les choses cachées ; il envoie les mala-
tombeaux et errer dans la ville et les champs
dies; donne la connaissance des arts mé-
il
en jetant des hurlements affreux. Ces appa-
caniques; il change l'homme en différentes
ritions ne cessèrent avec la peste, suivant
ce métamorphoses; il commande trente-six lé-
poète, que lorsqu'on eut établi les fêtes féra- 3.
gions
les, instituées par Numa
qu'on eut rendu , et
aux ombres le culte ordinaire qu'on avait de- 1
Hist. des spectres, etc.
puis quelque temps interrompu. Lorsque — Magnus veniet, et transibit monteset aquas cœli et
2

les mânes étaient nommés Lémures ou Rému- regnabu in paupertaîe et in silentio dominabitur, nas-
ceturque ex utero virginis.
res on les regardait comme des génies irri- 3
,
Wierus, in Pseudomonarchiâ dœmon
MAH — 3: 0 — • M A 11
Marc. — L'hérésiarque Valentin eut entre rie. Les paroles n'ont pas ici vertu. Si on les
autres disciples un Marc, qui exerçait nommé ajoute, ce n'est que pour donner à l'œuvre
une espèce de magnétisme par lequel i! pré- quelque solennité, et pour contenter les gens
tendait communiquer le don de prophétie. qui veulent que tout se fasse en cérémonie.
Quand une femme à qui il avait promis ce — Le marc de café, après qu'on l'a versé
don lui disait : — Mais je ne suis pas prophé- dans l'assiette, y laisse donc diverses figures.
tesse ;
il faisait sur elle des invocations afin de Il s'agit de les démêler; car il y a des cour-

l'étonner, et lui disait :


— Ouvre la bouche bes des ondulations des ronds des ovales
, , ,

et dis tout ce qui te viendra, tu prophétiseras. des carrés, des triangles, etc. — Si le nombre
La pauvre femme se hasardait et se croyait des roîids ou cercles, plus ou moins parfaits,
prophétesse. Il donnait dans — la cabale; et l'emporte sur la quantité des autres figures,
sans doute ses sectateurs tenaient de lui cette ce signe annonce que la personne recevra de

doctrine, que les vingt-quatre lettres de l'al- l'arge. y a peu de ronds il y a de la


t. S'il ,

phabet sont vingt quatre éons ou esprits qui gène dans les finances de la personne qui
dirigent toutes choses. On ajoute que dans ses consulte. —
Des figures carrées annoncent
prestiges car il faisait aussi de la magie
, il , des désagréments en raison de leur nombre.
était secondé par le démon Azazel. Des figures ovales promettent du succès dans
Marc de café ART DE DIRE LA BONNE les affaires quand elles sont nombreuses ou

aventure par le
(

) .
— Les préparatifs de distinctement marquées. —
Des lignes gran-
Y Art de lire les choses futures dans le marc de des ou petites, quand elles sont saillantes ou
Vous multipliées, présagent une vieillesse heureuse.
café sont fort simples. laisserez dans la
cafetière le marc que le café y a laissé; qu'il Les ondulations ou lignes qui serpentent an-
soit vieux ou
frais, il a des résultats, pourvu
noncent des revers et des succès entremêlés.
qu'il soit à peu près sec quand vous voudrez
— Une croix au milieu des dessins de l'as-

l'employer. Vous jetterez un verre d'eau sur siette promet une mort douce. Trois croix
ce marc; vous le ferez chauffer jusqu'à ce présagent des honneurs. S'il se trouve dans
qu'il se délaie. Vous aurez une assiette blan- l'assiette un grand nombre de croix on re- ,

che, sans tache, essuyée et séchée. Vous re- viendra à Dieu après la fougue des passions.
muerez d'abord le marc avec une cuiller — Un triangle promet un emploi honorable.
vous le verserez sur l'assiette, mais en petite Trois triangles à peu de distance l'un de l'au-

quantité et de façon qu'il n'emplisse. l'assiette tre sont un signe heureux. En générai, cette

qu'à moitié. Vous l'agiterez en tous sens, avec figure est de bon présage. Une figure qui au-
rait la forme d'un H annonce un empoisonne-
légèreté, pendant une minute; ensuite vous
répandrez doucement tout le liquide dans un ment. Un carré long bien distinct promet des
autre vase. Par ce moyen— il ne reste ,
discordes dans le ménage. —
Si vous aper-

dans l'assiette que des particules de marc de cevez au milieu des dessins de l'assiette une
raie dégagée, c'est un chemin qui annonce un
café disposées de mille manières, et formant
une foule de dessins hiéroglyphiques. Si ces voyage. Il sera long si ce chemin s'étend fa- ;

cile si le chemin est net: embarrassé si le


dessins sont trop brouillés que le marc soit ,

trop épais, que l'assiette ne ressemble à rien, chemin est chargé de points ou de petites li-
vous recommencerez l'opération. On ne peut gnes. —
Un rond dans lequel on trouve qua-
lire les secrets de la destinée que si les des-
tre points promet un enfant. Deux ronds de
cette sorte en promettent deux et ainsi de
sins de l'assiette sont clairs et distincts, quoi- ,

que pressés. — Les bords sont ordinairement suite. —


Si vous découvrez dans l'assiette la
figure d'une maison à côté d'un cercle, atten-
plus épais il y a ; même souvent des parties
embrouillées dans le milieu; mais on ne s'en
dez-vous à posséder cette maison. Elle sera
à la ville si vous voyez un X dans le voisinage.
inquiète point; on peut deviner quand la ma-
jeure partie de l'assiette est déchiffrable. — Elle sera à la campagne si vous distinguez
auprès de ce signe la forme d'un arbre ou
Il y a des sibylles qui prétendent qu'on doit
1
en ver- d'un arbuste, ou quelque plante quelconque.
dire certaines paroles mystérieuses
Cette maison vous sera donnée ou vous l'au-
sant l'eau dans la cafetière , en remuant le
rez par héritage, si elle est accompagnée de
marc avec la cuiller devant le feu , et en le
triangles. Vous y mouriez si elle est surmon-
répandant sur l'assiette c'est une superche-
:

tée d'une croix. — Vous trouverez peut-être


1
Les jetant l'eau sur le marc Aqua hora-
voici. En :
la forme d'une couronne, elle vous annonce
xil venias carajos; en remuant le marc avec la cuiller
Fixatnr et patricam explinabit lornure; en répandant le.
:

des succès à la cour. —


On rencontre souvent
marc sur l'assiette Hax varlicaline, pax fantits maro-
:
la figure d'un ou de plusieurs petits poissons;
bum, max destinâtes, velda porol. Ces paroles ne signi-
fiant rien, ne s'adressent à personne, et sont tans utilité. ils annoncent qu'on sera invité à quelque ui-
MAK — 1*1 —
ner. La figure d'un animal à quatre pâlies talement l'aumône à une pauvre femme qui
promet des peines. La figure d'un oiseau pré- avait plusieurs enfants et lui ayant reproché

sage un coup de bonheur. Si l'oiseau semble sa fécondité , cette pauvresse lui prédit
prisdans un filet, c'est un procès. La figure qu'elle-même aurait autant d'enfants qu'il y
d'un reptile annonce une trahison. La figure a de jours dans l'an. Elle accoucha en effet
d'une rose promet la santé la forme d'un ; de trois cent soixante-cinq enfants qui furent
saule pleureur, une mélancolie; la figure d'un présentés sur deux grands plats à Loosduy-
buisson, des retards. La forme d'une roue est le nen près de La Haye, où cette histoire n'est
signe d'un accident. Une fenêtre ou plusieurs pas mise en doute et où les deux plats ont
,

carrés joints ensemble de manière à former été conservés ainsi que le tombeau des trois
une espèce de croisée vous avertissent que , cent soixante-cinq enfants morts aussitôt ,

vous serez volé. —


Si vous voyez une tète ou après leur baptême.
une forme de chien à côté d'une figure hu- Marguerite, — Italienne, qui avait un es-
maine, vous avez un ami. Si vous voyez un prit familier. Lenglet-Dufresnoy rapporte ainsi
homme monté sur un cheval ou sur tout au- son histoire, sur le témoignage de Cadran :

tre quadrupède un homme estimable fait
y avait à Milan une femme, nommée Mar-
,
« Il
pour vous de grandes démarches. Quand qui publiait partout qu'elle avait un
guerite ,

vous apercevez trois figures l'une auprès de diable ou esprit familier qui la suivait et l'ac-
l'autre attendez quelque emploi honorable.
,
compagnait partout mais qui pourtant s'ab- ,

Si vous distinguiez une couronne de croix, un


sentait deux ou trois mois de l'année. Elle
homme de vos parents mourrait dans Tannée. trafiquait de cet esprit car souvent elle était ,

Une couronne de triangles ou de carrés an- appelée en beaucoup de maisons, et inconti-


nonce la mort d'une de vos parentes égale- commandement d'é-
nent qu'on lui avait fait
ment dans l'année qui court. Un bouquet courbait la tête ou
voquer son esprit, elle
composé de quatre fleurs, ou d'un plus grand commençait
l'enveloppait de son tablier, et à
nombre, est le plus heureux de tous les pré-
l'appeler et adjurer en sa langue italienne; il
sages. Voilà.
se présenlait soudain à elle et répondait à son
Marchocias, —
grand marquis des enfers ; évocation la voix de cet esprit ne s'entendait
;

il se montre sous la figure d'une louve féroce, comme si elle


pas auprès d'elle, mais loin ,

avec des ailes de griffon et une queue de ser- fût sortie de quelque trou de muraille et si ;

pent. Il vomit des flammes. Lorsqu'il prend la quelqu'un se voulait approcher du lieu où la
figure humaine, on croit voir un grand soldat; voix de cet esprit résonnait, il était étonné
il obéit aux exorcistes, est de l'ordre des do-
qu'il ne l'entendait plus en ce lieu, mais en
minations , et commande trente légions l
. quelque autre coin de la maison quant à sa ;

Marcionites ,
— hérétiques du cinquième voix, elle n'était point articulée ni formée de
siècle, qui avaient pour chef Marcion. Ils manière qu'on la pût entendre; mais elle était
étaient dualistes et disaient que Dieu avait grêle et faible, de sorte qu'elle se pouvait dire
créé nos âmes, mais que le diable jaloux avait plutôt un murmure qu'un son de voix ; et

aussitôt créé nos corps,


dans lesquels il avait après que cet esprit avait ainsi sifflé et mur-
emprisonné lesdites âmes. muré, cette vieille lui servait de truchement,

Mardi. —
Si on rogne ses ongles les jours
et faisait entendre aux autres ce qu'il avait

de la semaine qui ont un R, comme le mardi, dit. demeuré en quelques maisons où


Elle a

le mercredi et le vendredi , il viendra des en- il y a des femmes qui ont observé ses façons
vies aux doigts. de faire, qui disent qu'elle enferme quelque-
en un linceul, et qu'il a cou-
Margarîtomancie ,
— divination par les
fois cet esprit
tume de lui mordre la bouche tellement qu'elle
perles. On en pose une auprès du feu ; on la
a presque toujours les lèvres ulcérées. Cette
couvre d'un vase renversé; on l'enchante en
misérable femme est en si grande horreur à
récitant les noms de ceux qui sont suspects.
tout le monde à cause de cet esprit, qu'elle ne
Si quelque chose a été dérobé au moment
trouve personne qui la veuille loger ou fré-
où le nom du larron est prononcé, la perle
quenter avec elle '. » Nous n'avons pas be-
bondit en haut et. perce le lond du vase pour
soin d'ajouter que c'était là un tour de venlri-
sortir; c'est ainsi qu'on reconnaît le coupable 2 .
loquie.
Marguerite, — princesse hollandaise qui
Mariacho de Molères, — insigne sorcière
vivait au treizième siècle. Ayant refusé bru-
qui fut accusée par une jeune fille nommée
Wierus, In Pseudomonarchiâ dcem.
1

2 Delancre
Incrédulité et mécréance du sortilège
, 1
Eecueil de Dissertât, de Lenglet-Dufresnoy, t. 1 er ,
pleinement convaincue, p. 270. p. 156.
MAR 332 MAR
Marie Aspiculette, âgée de dix-neuf ans, de divination s'appelle en russe most mastite 1
.

l'avoir menée au sabbat l'emportant sur son ,


— On lit dansadmirables secrets du Pe-
les
cou après s'être frottée d'une eau épaisse et tit Albert cette manière de connaître avec qui
verdâtre, dont elle se graissait les mains, les on s'unira. ïl faut avoir du corail pulvérisé et
hanches et les genoux *. de la poudre d'aimant, les délayer ensemble
avec du sang de pigeon blanc on fera un pe-
Mariagrane (Marie), — sorcière qui dit
tit peloton de pâle qu'on enveloppera dans un
;

avoir vu souvent le diable, et qui se trouve


morceau de taffetas bleu on se le pendra au ,

citée dans Delancre.


cou; on mettra sous son chevet une branche
Mariage. — On - a plusieurs moyens de de myrte vert et on verra en songe la per-
,

connaître quand et avec qui on se mariera. sonne qu'on doit épouser. Les filles ou veuves
M. Chopin conte qu'en Russie les jeunes filles obtiennent le même résultat en liant une

curieuses de connaître si elles seront mariées branche de peuplier avec leurs chausses sous
le chevet, et se frottant les tempes avant de
dans l'année forment un cercle dans lequel
chacune répand devant soi une pincée de dormir d'un peu de sang de huppe. On —
grains d'avoine. Cela fait, une femme placée croit aussi dans plusieurs provinces que les

au centre, et tenant un coq enveloppé, tourne époux qui mangent ou boivent avant la célé-
plusieurs fois sur elle-même en fermant les bration du mariage ont des enfants muets.

yeux et lâche l'animal, qu'on a eu soin d'affa- Marigny [EtNGtï ERR AND DE), — ministre de
mer il ne manque pas d'aller picoter le grain.
; Louis X, de France. Alix de Mons, femme
roi
Celle dont l'avoine a été la première entamée d'Enguerrancl et la dame de Canteleu
, sa ,

peut compter sur un prochain mariage. Plus sœur, furent accusées d'avoir eu recours aux
le coq y met d'avidité et plus promptement , sortilèges |:our envoûter le roi, messire Char-
l'union pronostiquée doit se conclure. — S'il les son frère et autres barons, et d'avoir fait
est naturel à une jeune fille russe de désirer des maléfices pour faire évader Enguerrand
le mariage , il ne l'est pas moins qu'elle sou- qui était emprisonné. On fit arrêter les deux
haite de connaître celui qui sera son époux. dames. Jacques Dulot, magicien, qui était
Le moyen suivant satisfait sa curiosité. Elle censé les avoir aidées de ses sortilèges, fut
se rend à minuit dans une chambre écartée mis en prison ; sa femme fut brûlée , et son
où sont préparés deux miroirs placés parallè- valet pendu. Dulot, craignant pareil supplice,
lement vis-à-vis l'un de l'autre de
et éclairés se tua ou fut tué dans son cachot. Le comte
deux flambeaux. Elle s'assied et prononce par de Valois, oncle du roi, lui fit considérer que
trois fois 2 ces mots : Kto moy soujnoy 'kto la mort volont; ire du magicien était une
moy riajnoy, tôt pokajetsia mnie. « Que celui grande preuve contre Marigny. On montra au
qui sera mon époux
m'apparaisse » Après !
monarque les images de cire il se laissa per- ;

quoi elle porte ses regards sur l'un des mi- suader et déclara qu'il ôtait sa main de Mari-
roirs, et la réflexion lui présente une longue gny, et qu'il l'abandonnait à son oncle. On as-
suite de glaces sa vue doit se fixer sur un es-
; sembla aussitôt quelques juges la délibéra- ;

pace éloigné et plus obscur, où l'on prétend lionne fut pas longue Marigny fut condamné, :

que se fait l'apparition. On conçoit que plus malgré sa qualité de gentilhomme, à être
le lieu observé paraît éloigné, et plus il est fa- pendu comme sorcier; l'arrêt fut exécuté la
cile à l'imagination déjà préoccupée de se faire veille de l'Ascension, et son corps fut attaché
une illusion. On se sert du même procédé au gibet de Montfaucon, qu'il avait fait rele-
pour savoir ce que font des personnes absen- ver durant son ministère. Le peuple, que l'in-
tes. —
Ceux qui désirent apprendre (toujours solence du ministre avait irrité, se montra
chez les Russes) si une jeune fille se mariera touché de son malheur. Les juges n'osèrent
bientôt, font un treillage en forme de pont avec condamner sa femme et sa sœur; le roi lui-
de petites branches entrelacées, et le mettent même se repentit d'avoir abandonné Marigny
sous son chevet sans qu'elle s'en aperçoive. à ses ennemis et dans son testament il laissa
;

Le lendemain on lui demande ce qu'elle a vu une somme considérable à sa famille, en con-


en songe; si elle raconte avoir passé un pont sidération, dit-il, de la grande infortune qui
avec un jeune homme, c'est un signe infailli- lui était arrivée 2 .

ble qu'elle lui sera unie la même année. Cette


Marionnettes. — On croyait autrefois que
dans les marionnettes logeaient de petits dé-
1
Delancre, Tableau de l'inconstance des dém., etc.,
liv. il, p. 116.
1
M. Chopin, De l'État actuel de la Russie, ou Coup-
2 Les Russes supposent au nombre trois une vertu
d'œil sur Salut -Pétersbourg, p. 82.
particulière, liog tionbil Iroitzon e t un dicton popu-
laire qui signifie : Dieu aime le nombre trois. » M. Garinet, Hist. de la magie en France.
MAR — 3o i
— MAR
mons. Vmj. BniociiÉ, Bouciiey, Mandrago- me d'un petit croissant ou d'une griffe, ou
res etc. ,
d'une paire de cornes qui font la fourche.

Marlssane. — Un jeune homme de quinze Marquis de marquis de


l'enfer. — Les
ou seize ans nommé Christoval de la Garrade l'enfer, comme Phœnix, Cimeries Andras, ,

fut enlevé, sans graisse ni onguent, par Ma- sont, ainsi que chez nous, un peu supérieurs
rissane de Tartras, sorcière, laquelle le porta aux comtes. On les évoque avec fruit depuis
siloin et si haut à travers les airs qu'il ne ,
trois heures du soir jusqu'à la chute du jour 1 .

put reconnaître du sabbat; mais il le lieu Marthym OU Bathym ,


— duc aux enfers,
avoua qu'il avait été bien étrillé pour n'avoir grand et fort ;
il a l'apparence d'un homme
pas voulu y prendre part, et sa déposition fut robuste, et au derrière une queue de serpent.
une des preuves qui firent brûler la sorcière ;
Il monte un cheval d'une blancheur livide. Il

pourtant il pouvait n'avoir fait qu'un rêve. connaît les vertus des herbes et des pierres
Voy. Ralde. précieuses. Il transporte les hommes d'un
Marius. — ïl menait avec lui une sorcière pays dans un autre avec une vitesse incroya-
scythe qui lui pronostiquait le succès de ses ble. Trente légions lui obéissent.

entreprises. Martin — Un
jour que saint Martin de
Marot. — Mahomet cite l'histoire des deux Tours messe le diable entra dans
disait la ,

anges Arot et Marot pour justifier la défense l'église avec l'espoir de le distraire. Celte —
qu'il fait de boire du vin. « Dieu, dit-il, char- naïve historiette de la Légende dorée, repré-
gea Àrot et Marot d'une commission sur la sentée dans une église de Brest, parut à
terre. Une jeune dame les invita à dîner, et Grosnet un trait si joli qu'il le mit en vers.
i
!

s le vin si bon qu'ils s'enivrèrent.


trouvèrent Le diable était, selon cet ancien poète, dans
Ilsremarquèrent alors que leur hôtesse était un coin de l'église, écrivant sur un parchemin
belle, s'éprirent d'amour et se déclarèrent. les caquets des femmes et les propos incon-

Cette dame, qui était sage, répondit qu'elle venants qu'on tenait à ses oreilles pendant
ne les écouterait que quand ils lui auraient les saints offices. Quand sa feuille fut remplie,
appris les mots dont ils se servaient pour mon- comme il avait encore bien des notes à pren-
ter au ciel. Dès qu'elle les sut, elle s'éleva dre, il mit le parchemin entre ses dents et le
jusqu'au trône de Dieu, qui la transforma, tira de toutes ses forces pour rallonger mais ;

pour prix de sa vertu en une étoile brillante , la feuille se déchira et la tête du diable alla
,

(c'est rétoiledu matin), et qui condamna les frapper contre un pilier qui se trouvait der-
deux anges ivrognes à demeurer jusqu'au rière lui. Saint Martin, qui se retournait alors
jour du jugement suspendus par les pieds pour le Dominus vobiscum se mit à rire de ,

dans le puits de Babel que les pèlerins mu- ,


la grimace du diable, et perdit ainsi le mérite

sulmans vont visiter encore auprès de Bag- de sa messe, au jugement du moins de l'es-
dad. » prit malin, qui se hâta de fuir.

Marque du diable. — On saitque les sor- Martin Marie ( )


, — sorcière du bourg de
cières qui vont au sabbat sont marquées par La Neufville-le-Roi en Picardie qui fut ar-
,
,

le diable, et ont particulièrement un endroit rê'.ôepour avoir fait mourir des bêtes et des
insensible que les juges ont fait quelquefois
,
hommes par sortilège. Un magirien qui pas-
sonder avec de longues épingles. Lorsque les sait par là la reconnut et, sur son avis, la ;

prévenues ne jettent aucun cri et ne laissent sorcière fut rasée. On lui trouva la marque
voir aucune souffrance, elles sont réputées sor- du diable ayant l'empreinte d'une patte de
,

cières et condamnées comme telles, parce chat. Elle dit au juge qu'elle se reconnaissait
que c'est une preuve évidente de leur trans- coupable. Traduite à la prévôté elle avoua ,

port au sabbat. Delancre


1
ajoute que toutes qu'elle était sorcière, qu'elle jetait des sorts
celles qui ont passé par ses mains ont avoué au moyen d'une poudre composée d'ossements
toutes ces choses lorsqu'elles furent jetées au de trépassés que le diable Cerbérus lui par-
;

feu. Bodin prétend que le diable ne marque lait ordinairement. Elle nomma les personnes

point celles qui se donnent à lui volontaire- qu'elle avait ensorcelées et les chevaux qu'elle
ment et qu'il croit fidèles; mais Delancre ré- avait maléficiés. Elle dit que pour plaire à ,

fute cette assertion en disant que toutes les Cerbérus, elle n'allait pas à la messe deux
plus grandes sorcières qu'il a vues avaient jours avant de jeter ses sorts, qu'elle a été au
une ou plusieurs marques, soit à l'œil , soit chapitre tenu par Cerbérus, et qu'elle y a été
ailleurs; ces marques ont d'ordinaire la for- conduite la première fois p.ir ouise Morel, l

1
Tableau de l'inconstance des démons, p. 103.
1
Wicrus, In Pseudomon. daem.
ÏM AS MAS
sa tante. Dans son second interrogatoire, elle ils nommaient le dernier Sathan et suppo- ,

déclara que la dernière fois qu'elle avait été saient que les deux fièrcs se faisaient une
au sabbat c'était à Yaripon
, près Noyon , ;
guerre continuelle, mais qu'un jour ils de-
que Cerbérus vêtu d'une courte robe noire
,
,
vaient se réconcilier '.

ayant une barbe noire, coiffé d'un chapeau à Mastication. —


Les anciens croyaient que
forme haute, tenait son chapitre près des haies lesmorts mangeaient dans leurs tombeaux.
dudit Varipon, et qu'il appelait par leurs On ne sait pas s'iis les entendaient mâcher;
noms les sorciers et sorcières. Elle fut con- mais il est certain qu'il faut attribuer à l'idée
damnée par le conseil de la ville de Montdi- qui conservait aux morts la faculté de manger
dier à être pendue, le 2 juin 1586. Elle en 'l'habitude des repas funèbres qu'on servait de
appela au parlement de Paris ,
qui rejeta le temps immémorial , et chez tous les peuples
pourvoi. Son exécution eut lieu le 25 juillet
sur la tombe du défunt. — L'opinion que les
,

même année *.
spectres se nourrissent est encore répandue
Martinet, —
démon familier, qui accompa- dans le Levant. Il y a long-temps que les
gnait les magiciens et leur défendait de rien Allemands sont persuadés que les morts mâ-
entreprendre sans sa permission, ni de sortir chent comme des porcs dans leurs tombeaux ,

d'un lieu sans le congé de maître Martinet. et qu'il est facilede les entendre grogner en
Quelquefois aussi il rendait service aux voya- broyant ce qu'ils dévorent. Philippe Rherius,
geurs, en leur indiquant les chemins les plus au dix-septième siècle, et Michel Raufft, au
courts; ce qui était de la complaisance. commencement du dix-huitième, ont mène
Mascarades. —
Les Gaulois croyaient que
publié des Traités sur les morts qui mâchent
clans leurs sépulcres 2 Ils disent qu'en quel-
.
Mythras présidait aux constellations; ils l'a-
ques endroits de l'Allemagne, pour empêcher
doraient comme le principe de la chaleur, de
les morts de mâcher, on leur met dans le cer-
la fécondité, et des bonnes et mauvaisrs in-
fluences. Les initiés à ses mystères étaient
cueil une motte de terre sous le menton ;
ail-
leurs on leur fourre dans la bouche une petite
partagés en plusieurs confréries, dont cha-
pièce d'argent, et d'autres leur serrent forte-
cune avait pour symbole une constellation
les confrères célébraient leurs fêtes, et fai-
;

ment la gorge avec un mouchoir. — Ils citent


ensuite plusieurs morts qui ont dévoré leur
saient leurs processions et leurs festins, dé-
propre chair dans leur sépulcre. On doit s'é-
guisés en lions, en béliers, en ours, en
tonner de voir des savants trouver quelque
chiens, etc., c'est-à-dire sous les figures qu'on
suppose à ces constellations. Voilà sans doute,
chose de prodigieux clans des faits aussi na-
selon Saint-Foix, l'origine de nos mascarades.
turels. Pendant la nuit qui suivit les funérailles
— On demandait à un Turc revenu d'Europe
du comte Henri de Salm, on entendit dans
l'église de l'abbaye de Haute-Seille, où il était
ce qu'il y avait vu de remarquable. « A Ve-
enterré des cris sourds que les Allemands
,
nise, répondit-il, ils deviennent fous pendant
auraient sans doute pris pour le grognement
un temps de l'année ils courent déguisés par
;

d'une personne qui mâche et le lendemain


les rues, et celte extravagance augmente au ; ,

le tombeau du comte ayant été ouvert, on le


point que les ecclésiastiques sont obligés de
trouva mort, mais renversé et le vidage en
l'arrêter;de savants exorcistes font venir les
bas, au lieu qu'il avait été inhumé sur le dos.
malades un certain jour le mercredi des (

Cendres ), et, aussitôt qu'ils leur ont répandu On l'avait enterré vivant, comme on en a en-
un peu de cendres sur la tète le bon sens ,
terré tant d'autres. —
On doit attribuer à une
leur revient, et
cause semblable l'histoire rapportée par Raufft,
ils retournent à leurs affaires. »
d'une femme de Bohème, qui en 345 mangea,
Massaliens OU BSessaliens, illuminés des — dans sa fosse, la moitié de son linceul sépul-
1

premiers siècles qui croyaient que chaque


c al. Dans le dernier siècle, un pauvre homme
homme tire de srs parents et apporte en lui ayant été inhumé précipitamment dans le ci-
un démon qui ne le quitte pas. Ils faisaient
metière, on entendit pendant la nuit du brait
de longues prières pour le dompter après ;
dans son tombeau on l'ouvrit le lendemain
:
,

quoi ils dansaient et se livraient à des con-


et on trouva qu'il s'était mangé les chairs des
torsions et à des gambades, en disant qu'ils
bras. Cet homme, ayant bu de l'eau- de- vie
s uitaient sur le diable. Une autre secte de — avec excès, avait été enterré vivant. Une —
Massaliens au dixième siècle admettait deux
demoiselle d'Augsfoourg étant tombée en lé-
dieux, nés d'un premier être; le plus jeune
thargie, on la crut moite, et son corps fut mis
gouvernait le ciel, l'aîné présidait à la terre;
1
Dictionnaire théolog. de Bergier.
1
Garinet, Ilist. de la magie en France, p. 1 16. 2 De Masticatione mortuorum in tumulis.
MÊG — l 3 — MfvC
dans un caveau profond, sans être couvert de vançait oanard-autotnale de Vaueanson
le
,

terre. On enlendit bientôt quelque bruit dans qui barbottait voltigeait, cancanait et digé-
,

son tombeau; mais on n'y fit pas attention. rait. Aulu-Gelle rapporte qu'Architas, dans

Deux ou trois ans après, quelqu'un de la fa- l'antiquité, avait, construit un pigeon qui pre-
mille mourut on ouvrit le caveau
: et l'on , nait son vol, s'élevait à une certaine hauteur
trouva le corps de la demoiselle auprès de la et revenait à sa place. On attribue à Roger
pierre qui en fermait l'entrée. Elle avait inu- Bacon une tête qui prononçait quelques pa-
tilement tenté de déranger celte pierre, cl roles. Vaucanson fit un joueur de flûte qui
elle n'avait plus de doigts à la main droite, exécutait plusieurs airs. Jacques Droz son ,

qu'elle s'était dévorée de désespoir. Voy. Vam- contemporain, fit au dernier siècle un auto-
pires. mate qui dessinait et un autre qui jouait du
Mastiphal, — c'est le nom qu'on donne au clavecin. Dans le même temps, l'abbé Mica!
prince des démons dans un livre apocryphe construisit deux têtes de bronze qui, comme
cité par Cedrenus, et qui a pour titre : la pe- l'androïde de Roger Bacon, prononçaient des
tite Genèse. paroles. Mais ce qui fit plus d'effet encore,
Matchi-Manitou, — esprit malfaisant, au- ce fut le joueur d'échecs du baron de Kem-
quel les sauvages de l'Amérique septentrionale pelen. C'était un automate mu par des res-
attribuent tous les Ce maux qui leur arrivent. sorts qui jouait aux échecs contre les plus
,

mauvais génie Plu-


n'est autre que la lune. forts joueurs et les gagnait quelquefois. On
sieurs de ces sauvages s'imaginent que les ignorait, que le mécanisme était
il est vrai ,

orages sont causés par l'esprit de la lune. Ils dirigé par un homme caché dans l'armoire à
jettent à la mer ce qu'ils ont de plus précieux laquelle l'automate était adossé. Mais ce n'en
dans leurs canots, espérant apaiser par ces était pas moins un travail admirable. — Au-

offrandes l'esprit irrité. trefois nous le répétons on ne voyait dans


, ,

Matignon Jacques Goyon de


(
gentil- ) , — les androïdes que l'œuvre d'une science oc-

homme, qui servit Henri Iïl et Henri IV. Ses culte. Aujourd'hui, par un revirement incon-

envieux, apparemment pour le décrier, di- cevable on semble faire peu de cas de ces
,

saient que l'esprit, l'habileté, la prudence, le efforts du génie de la mécanique. On a laissé

courage n'étaient point naturellement en lui, périr tous les automates célèbres et nos mu- ,

mais qu'ils lui venaient d'un pacte qu'il avait sées et nos conservatoires, qui font encombrés
fait avec le diable. Il fallait que ce diable fût de tant de futilités, ne possèdent pas d'an-
une bonne créature dit Saint- Foix, puisque droïdes.
Matignon donna dans toutes les occasions
,
,

Mécasphîns ,
— sorciers chaldéens ,
qui
des marques d'un caractère plein de douceur usaient d'herbes, de drogues particulières et
et d'humanité *. d'os de morts, pour leurs opérations supersti-
Matzou, — divinité chinoise. C'était, sui- tieuses.

vant quelques auteurs, une magicienne. Méchant. — Le diable est appelé souvent
flfaury( Jean-Siffrein ). Un colpor- — le méchant , le mauvais et le maiin. 11 est le

teur, en 1792, pour mieux piquer la curiosité principe en effet et le père de la méchanceté.
du peuple de Paris, criait, en vendant ses Mechtilde ( Sainte ). — Elle parut environ
pamphlets: Mort de Vabbé Maury ! L'abbé cent ans après sainte Hildegarde. Elle était
passe, s'en approche, lui donne un soufflet et sœur de sainte Gertrude. Ses visions et révé-
lui dit « Tiens
: si je suis mort,au moins tu , lations ont été imprimées en 1513. C'est un
croiras aux revenants » recueil assez curieux et assez rare, qui con-
Mécanique. — Ainsi que toutes les sciences du Pasteur et les Visions du
tient le livre
compliquées, la mécanique a produit des com- moine Vetin, réimprimées depuis par le père
binaisons surprenantes qui ont été reçues Mabillon , au quatrième livre de ses Actes de
autrefois comme des prodiges. Ce qui a le Saint-Benoît, partie première. On y trouve
plus étonné les esprits, c'est l'aulomate qu'on aussi les révélations de sainte Élisabeth de
appelait aussi androïde. Nous avons parlé de Schonaw, qui contiennent cinq livres, aussi
l'androïde d'Albert-le-Grand, qui passa aux bien que celles de sainte Mechtilde. Celles de
yeux de ses contemporains pour une œuvre sainte Gertrude viennent ensuite, et sont sui-
de magie. Jean Muller, savant du quinzième vies des visions du frère Robert, dominicain,
siècle, plus connu sous le nom de Regiomon- qui vivait en 1330. Sainte Mechtilde est morte
tanus, fît, dit-on, un aigle-automate qui avait en l'an 1284 ou 286 «. On trouve dans ce
1 re-
la faculté de se diriger dans les airs il de- ;
cueil beaucoup de descriptions de l'enfer.
1
Hist. de l'ordre du St -Esprit, promotion de 1579. 1
Lenglet-Dufresnoy, Traité dos apparitions, 274.
MÉG — 336 — M EH
Médée —
enchanteresse de Colchide, qui
, parfaitement semblable à l'Amour de marbre,
rendit Jason victorieux de tous les monstres, mais paie et blanc comme lui. TWquemada
et guérit Hercule de sa fureur par certains rapporte qu'une Italienne des environs de Flo-
remèdes magiques. moins cé-
Elle n'est pas rence s'étant frappé l'esprit d'une image de
,

lèbre par ses vastes connaissances en magie Moïse mit au monde un fils qui avait ut e
,

que par le meurtre de ses enfants. Les dé- longue barbe blanche. On peut se rappeler,
monographes remarquent qu'elle pouvait bien sur le même sujet, une foule d'anecdotes non
être grande magicienne, parce qu'elle avait moins singulières; peut-être quelques-unes
appris la sorcellerie de sa mère, Hécate. — sont-elles exagérées. Voy. Accouchements.
Les songe-creux lui attribuent un livre de con- — En 1802, une paysanne enceinte, arrivant
juration qui porte en effet son nom. Voy. Mélye. à Paris pour la première fois, fut menée au

Médie. — On trouvait, dit-on, chez les


spectacle pnr une
capitale. Un
sœur
acteur qui jouait
qu'elle avait dans la
le rôle d'un niais
Mèdes des ,
pierres merveilleuses , noires ou
la frappa si fortement, que son fils fut idiot,
vertes, qui rendaient la vue aux aveugles et
stupide et semblable au personnage forcé que
guérissaient
dans une compresse de
la goutte, appliquées sur le
de brebis.
mal
la mère avait vu avec trop d'attention. —
lait
— Puisque l'imagination des femmes est si
Meerman, — homme de mer. Les habitants puissante sur leur fruit, c'est de cette puis-
des bords de la mer Baltique croient à l'exis- sance qu'il faut profiter, disent les professeurs
tence de ces hommes de mer ou esprits des de mégalanthropogénésie. Ornez la chambre
eaux qui ont la barbe verte et les cheveux
, des femmes de belles peintures durant toute
tombant sur les épaules comme des tiges de la grossesse ,
n'occupez leurs regards que de
nénuphar *. Ils chantent le soir parmi les beaux anges de sujets gracieux; évitez de
et
vagues, appelant les pêcheurs. Mais malheur les conduire aux spectacles de monstres, etc.
à qui se laisse séduire par eux leur chant ; A Paris, où les salons de peinture occupent
précède les tempêtes. les dames, les enfants sont bien plus jolis que
Mégalanthropogénésie moyen d'avoir ,
— dans les villages où l'on voit rarement des
,

de beaux enfants et des enfants d'esprit. On choses qui puissent donner une idée de la
sait quels sont les effets de l'imagination sur beauté. Chez les cosaques, où tout est gros-
qui s'y laissent emporter sier, tous les enfants sont hideux comme leurs
les esprits ces effets
sont surtout remarquables dans les
;

femmes pères. —
Pour obtenir des enfants d'esprit, il
enceintes, puisque souvent l'enfant qu'elles n'est pas nécessaire que les parents en aient

portent dans leur sein est marqué de quel- mais qu'ils en désirent, qu'ils admirent ceux
qu'un des objets dont l'imagination de la mère qui en ont, qu'ils lisent de bons livres, que la

a été fortement occupée pendant sa grossesse,


mère se frappe des avantages que donnent
— Quand Jacob voulut avoir des moutons de l'esprit, la science, le génie qu'on parle sou-
;

diverses couleurs, il présenta aux yeux des vent de ces choses qu'on s'occupe peu de

,

brebis des choses bigarrées, qui les frappè- sottises. Voy. Imagination. On a publié il y
rent assez pour amener le résultat qu'il en a quelques années un traité de Mégaîanthro-

espérait. L'effet que l'imagination d'une brebis pogénésie qui est un peu oublié, 2 vol. in-S°.

a pu produire doit agir plus sûrement encore


sur l'imagination incomparablement plus vive Mphdi. —
Les journaux d'avril 4 841 an-
d'une femme aussi voyons-nous bien plus de
;
nonçaient l'apparition en Arabie d'un nou-
variété dans les enfants des hommes que dans veau prophète appelé Mehdi. « Ceux qui
les petits des animaux. —
On a vu des femmes croient en lui ( disaient ces journaux ), et ils

mettre au monde des enfants noirs et velus ;


sont nombreux, comptent la nouvelle ère ma-
et lorsque l'on a cherché la cause de ces effets, hométane du jour de son apparition. Ils di-
on a découvert que, pendant sa grossesse, la sent qu'il entrera à La Mecque dans sa qua-

femme avait l'esprit occupé de quelque ta- rantième année, que de là il ira à Jérusalem,
bleau monstrueux. —
Les statues de marbre et régnera avec puissance et grandeur jus-

et d'albâtre sont quelquefois dangereuses. Une


qu'à ce que DeJschail le démon du mal se , ,

jeune épouse admira une petite statue de l'A- soit levé contre lui et l'ait vaincu. Alors Jésus,
le prophète des chrétiens, viendra à son se-
mour en marbre blanc. Cet Amour était si

gracieux, qu'elle en demeura frappée; elle cours avec soixante-dix mille anges. Toute la
conserva plusieurs jours les mêmes impres- terre reconnaîtra Mehdi, et après la conver-
sions, et accoucha d'un enfant plein de grâces, sion des païens, des juifs et des chrétiens à
l'islamisme , commencera l'empire des mille
1
M. Marinier, Traditions de la Baltique. et mille années. Ce prophète a fait battre des
MÉL — : 7 — MÉL
monnaies, sur lesquelles il s'intitule : Iman princesse. — Mélusine
fut l'aînée de trois
des deux continents deux mers. » Toute-
et des filles, que sa mère, Pressine, femme d'Élinas
fois, on ne parla de Mehdi qu'un moment, et roi d'Albanie, eut d'une seule couche. Pres-
nous ignorons ce qu'il est devenu. sine avait exigé d'Elinas qu'il n'entrerait

Mélampus , — auteur d'un Traité de l'art


point dans sa chambre jusqu'à ce qu'elle fût

de juger les inclinations et le sort futur des


relevée. Le désir de voir ses enfants le fît

hommes par l'inspection des seings ou grains


manquer à sa promesse. Pressine ,
qui était

de beauté. Voy. Seings.


une sylphide ou une donc forcée de lefée, fut
quitter; ce qu'elle ayant emmené avec fit,
Mélanchton, — disciple de Luther, mort elle ses trois filles, auxquelles d'une haute
en 4 568 : il croyait aux revenants comme son montagne elle montrait le pays albanais, où
maître, et ne croyait pas à l'Église ; il rap- elles eussent régné sans la fatale curiosité
porte dans un de ses écrits que sa tante
, ,
de leur père. Les troissœurs, pour s'en ven-
ayant perdu son mari .lorsqu'elle était en- ger, enfermèrent leur père dans la montagne
ceinte et près de son terme, vit un soir, étant
de Brundelois. — Pressine aimait encore son
assise auprès de son feu, deux personnes en-
mari; elle les punit par différents châtiments;
trer dans sa chambre l'une ayant la figure ,
celui de Mélusine fut d'être moitié serpent tous
de son époux défunt, l'autre celle d'un fran- lessamedis, et d'être fée jusqu'au jour du ju-
ciscain de la ville. D'abord elle en fut effrayée ;
gement, à moins qu'elle ne trouvâtun chevalier
mais son mari la rassura, et lui dit qu'il avait qui voulût être son mari, et qui ne vît jamais
quelque chose d'important à lui communi- sa forme de serpent. Raimondin fils du comte ,

quer; ensuite il fit un signe au franciscain de de Forez, ayant rencontré Mélusine dans un
passer un moment dans la pièce voisine en ,
bois, l'épousa; cette princesse bâtit le châ-
attendant qu'il eût fait

à sa femme alors il la pria de lui faire dire


connaître ses volontés teau de Lusignan. — Son premier enfant fut
;
un fils nommé Vriam, en tout bien formé,
des messes, et l'engagea à lui donner la main excepté qu'il avait le visage court et large en-
sans crainte; elle donna donc la main à son travers un œil rouge et l'autre bleu
il avait
;

mari, et elle la retira sansdouleur, mais brûlée, et les oreilles aussi grandes que les manilles
de sorte qu'elle en demeura noire tout le reste d'un van. Le second fut Odon qui était beau ,

de ses jours après quoi le spectre rappela le


; et bien formé mais il avait une oreille plus
;

franciscain, et tous deux disparurent. grande que l'autre. Le troisième fut Guion,
Mélancolie. —
Les anciens appelaient la qui fut bel enfant mais il eut un œil plus
;

mélancoliele bain du diable, à ce que disent haut que l'autre. Le quatrième fut Antoine:
quelques démonomanes. Les personnes mé- nul plus bel enfant ne fut vu mais il apporta ;

lancoliques étaient au moins maléficiées quand en naissant une griffe de lion sur la joue. Le
elles n'étaient pas démoniaques ; et les choses cinquième fut Regnault il fut bel enfant, ;

qui dissipaient l'humeur mélancolique, comme mais il n'eut qu'un œil, dont il voyait si bien
faisait la musique sur l'esprit de Saiil ,
pas- qu'il voyait de vingt-une lieues. Le sixième
saient pour des moyens sûrs de soulager les fut Geoffroi ,
qui naquit avec une grande dent
possédés. qui lui de la bouche de plus d'un
sortait

— Plusieurs pouce, d'où il fut nommé Geoffroi à la grande


Meichisédech. sectes d'héré-
dent. Le septième fut Froimond, assez beau
tiques, qu'on appela Melchisédéchiens, tom- ,

qui eut sur le nez une petite tache velue


bèrent dans de singulières erreurs à propos
de ce patriarche. Les uns crurent qu'il n'é-
comme la peau d'une taupe. Le huitième fut
tait pas un homme, mais la grande vertu de
grand à merveille il avait trois yeux, des-,

quels il s'en trouvait un au milieu du front.


Dieu, et supérieur à Jésus-Christ les autres ;

Vriam et Guion étant allés avec une armée


dirent qu'il était le Saint-Esprit. Il y en eut
secourir le roi de Chypre contre les Sarrasins,
qui soutinrent qu'il était Jésus-Christ même.
et les ayant taillés en pièces, Vriam épousa
Une de ces sectes avait soin de ne toucher
Hermine, fille et héritière du roi de Chypre
personne , de peur de se souiller.
et Guion, la belle Florie fille du roi d'Ar-
Melchom, — démon qui porte bourse; la
ménie. Antoine et Regnault étant allés au se-
,

il est aux enfers le payeur des employés cours du duc de Luxembourg, Antoine épousa
publics. Christine, fille Ai-
de ce prince, et Regnault,
Mélusine. —
Jean d'Arras ayant recueilli, glantine, fille de Bohème.
et héritière du roi

sur la fin du quatorzième siècle, tous les Des quatre autres fils de Mélusine, un fut
contes qu'on faisait sur Mélusine en com- , roi de Bretagne, l'autre seigneur de Lusi-

posa ce qu'il appelle la chronique de cette gnan le troisième comte de Parlhenay, et le


,
MÉL - î 38 — mm
dernier se fit religieux. — Raimondin ne tint bon coup d'épée, et pouvaient, comme d'au-
pas la promesse qu'il avait faite à Mélusine tres, recevoir la mort, pourvu qu'elle fût vio-
de ne jamais la voir le samedi il fit une ou- ;
lente). Mélye évita le coup en changeant de
verture avec son épée dans la porte de la place avec la plus grande agilité ;
et, comme
chambre où elle se baignait il la vit en elle se vit pressée , elle parut s'abîmer dans
forme de serpent. Mélusine ne put dès lors
;

un antre qui vomit aussitôt des flammes. —


demeurer avec lui, et s'envola par une fe- Urgande qui reconnut Mélye au portrait
,

nêtre sous la même forme: elle demeurera fée que les chevaliers lui en firent, voulut la voir,
jusqu'au jour du jugement et lorsque Lusi- ; et conduisit Esplandian et quelques chevaliers

gnan change de seigneur, ou qu'il doit mourir dans une prairie, au bout de laquelle ils trou-
quelqu'un de sa lignée, elle paraît trois jours vèrent Mélye assise sur ses talons et absorbée
avant sur les tours du château et y pousse , dans une profonde rêverie. Celte fée possédait
de grands cris *. Selon quelques démono- — un livre magique, dont Urgande désirait de-
manes Mélusine était un démon de la mer;
, puis long-temps la possession Mélye, aper- ;

Paracelse prétend que c'était une nymphe ca- cevant Urgande, composa son visage, ac-
balistique; le plus grand nombre en fait une cueillit la fée avec aménité, et la fit entrer-

fée puissante. — Le beau château de Lusignan dans sa grotte. —


Mais à peine y avait-elle
passa dans le domaine royal. Hugues-le-Brun pénétré que s'élançant sur elle , la méchante
,

avait fait à Philippe--le-Bel des legs considé -


fée la renversa par terre en lui serrant la
rables ,
Guy son frère , irrité ,
jeta le testa- gorge avec violence; les chevaliers, les en-
ment au Le
fit accuser de conspi-
feu. roi le tendant se débattre, entrèrent dans la grotte :

ration et confisqua château de Lusignan. A le le pouvoir des enchantements les fit tomber

cette occasion l'ombre de Mélusine se la-


, sans connaissance le seul Esplandian
;
que ,

menta sur la plate-forme du château pen- son épée garantissait de tous les pièges ma-
dant douze nuits consécutives 2 On dit ail- .
— giques, courut sur Mélye, et retira Urgande
leurs que cette Mélusine ou Merline était de ses mains. Au même instant Mélye prit
une dame fort absolue, et commandait avec ceiui de ses livres qui portail le nom de Mê-
une telle autorité que ,
lorsqu'elle envoyait dée, et, formant une conjuration, le ciel s'ob-
des lettres ou patentes scellées de son sceau scurcit et il sortit d'un nuage noir un chariot
ou cachet sur lequel était gravée une sirène
, attelé de deux dragons qui vomissaient des
il ne fallait plus songer qu'à obéir aveuglé- flammes. Tout à coup Mélye, enlevant Ur-
ment. C'est de là qu'on a pris sujet de dire gande la plaça dans le chariot et disparut
,

qu'elle était magicienne, et qu'elle se chan- avec elle. Elle l'emmena dans Thésyphante,
geait quelquefois en sirène. et l'enferma dans une grosse tour, d'où Es-
Mélye. Il y avait —
dans les fées comme , plandian parvint à la tirer quelque temps
dans les hommes, une inégalité de moyens et après.
de puissance. On voit, dans les romans de Ménandre , — disciple de Simon le ma-
chevalerie et dans les contes merveilleux, que gicien, qui profita des leçons de son maître,
souvent une fée bienfaisante était gênée dans et qui enseigna la même
doctrine que lui. Il
ses bonnes intentions par une méchante fée professait la magie. Simon se faisait appeler
dont le pouvoir était plus étendu. La cé- — la grande vertu. Ménandre dit que, quant à
lèbre fée Urgande, qui protégeait si généreu- lui, il était envoyé sur la terre par les puis-
sement Amadis avait donné au jeune Espian-
,
sances invisibles pour opérer le salut des
dian fils de ce héros, une épée enchantée
,
hommes. Ainsi, Ménandre et Simon doivent
qui devait rompre tous les charmes. Un jour être mis au nombre des faux messies plutôt
qu'Esplandian et les chevaliers chrétiens se qu'au rang des hérétiques. L'un et l'autre
battaient en Galatie, aidés de la fée Urgande, que la suprême intelligence,
enseignaient
ils aperçurent la fée Mélye leur ennemie im- ,
qu'ils nommaient Ennoïa, avait donné l'être
placable, qui, sous la figure la plus hideuse, à un grand nombre de génies qui avaient
était assise sur la pointe d'un rocher, d'où elle formé le monde et la race des hommes. Va-
protégeait les armes des Sarrasins. Esplan- lentin, qui vint plus tard, trouva là ses éons 1
.

dian courut à elle pour purger la terre de Ménandre donnait un baptême qui devait
cette furie (car, bien qu'immortelles de leur rendre immortel...
nature, les fées n'étaient

3 Hullet, D's.serlations
pas à l'épreuve d'un
Menasseh ben Israël, — Savant Juif por-
sur la mythologie française. tugais, né vers 1601. Il a beaucoup écrit sur
'*
Belgique^ Mélusine passe pour 'éir'j la protec-
l'n
trice maison de &avw*. On croyait qu'elle no quit-
'h.- 'a le Thalmud. Il y a quelques faits merveilleux
tait jamais \é château (l'pllgJiwn,. (M. j uie.s île Saint-
Génois, La Cour de -Jean V, t. I", p. 02 I
)
' B'ergier, Dictionn. tftéôTogique!
MKV — I ) -~ MER
dans ses trois livres de la Résurrection des le plus redoutable chef de l'enfer «. Voij.

morts i. Son ouvrage de l'Espérance d'Israël 2 Faust.


est curieux. Un juif renégat de Villatlor en Mercati (Miguel) ,
— V01J. FlCINO.
Portugal, Antoine Montesini, étant venu à
Amsterdam vers 1649, publia qu'il avait vu,
Mercier, — auteur d'un
Tableau de Paris,
qui a fait quelque bruit, et de Songes philoso-
dans l'Amérique méridionale, de nombreuses
phiques, où l'on trouve deux ou trois songes
traces des anciens Israélites. Menasseh ben
qui roulent sur les vampires et les reve-
Israël s'imagina, là-dessus (avait-il tort?),
nants.
que les dix tribus enlevées par Saimanazar
étaient allées s'établir dans ce pays-là , et Mercredi. — Ce jour est celui où les sor-
que telle était l'origine des habitants de l'A- ciers jouent au sabbat leurs mystères etchan-
mérique il publia son Spes Israelis pour le tent leurs litanies. Voy. Litanies du Sabbat.

prouver. Dans
;

la troisième partie de son livre — Les Persans regardent le mercredi comme


Souffle de vie s
, il traite des esprits et des un jour blanc, c'est-à-dire heureux, parce
démons, selon les idées des rabbins de son que la lumière fut créée ce jour-là pourtant ;

ils exceptent le dernier mercredi du mois de


temps; et, dans la quatrième partie, de la
métempsycose qui est pour beaucoup de Juifs séphar, qui répond à février, qu'ils appellent
,

une croyance. Il avait commencé un traité de mercredi du malheur, et qui est le plus re-
la science des thalmudistes et un autre de la douté de leurs jours noirs.
philosophie rabbinique ,
qui n'ont pas été Mercure. — 11 est chargé dans l'ancienne
achevés. mythologie de conduire les âmes des morts à
Menestrier (CLAUDE-FRANÇOIS) Jésuite ,
— ,
leur destination dernière.
auteur d'un livre intitulé la Philosophie des :
Merle, — oiseau commun, dont la vertu
Images énigmaiiques, où il traite des é.u'gmes, est admirable Si l'on pend les plumes de
hiéroglyphes, oracles, prophéties, sorts, di- son aile droite, avec un
fil rouge, au milieu

vinations, loteries, talismans, songes, centu- d'une maison où Ton n'aura pas encore ha-
ries de Nostradamus et de baguette divina- bité, personne n'y pourra sommeiller tant
toire, in-12, Lyon , 1 694. qu'elles y seront pendues si l'on met son ;

Meneurs de loups. — Près du château de cœur sous la tète d'une personne endormie

Lusignan ancienne demeure de Mélusine, on et qu'on l'interroge, elle dirà tout haut ce
,

rencontre de vieux bergers maigres et hi- qu'elle aura fait dans la journée si on le ;
,

deux comme des sprctres on dit qu'ils mè- jette dans l'eau de puits avec le sang d'une
;

nent des troupeaux de loups. Cette supersti- huppe et qu'on frotte de ce mélange les
,

tion est encore accréditée dans quelques pays, tempes de quelqu'un, il tombera malade et en
entre autres dans le Nivernais 2 .
danger de mort. On se sert de ces secrets sous
comme
Menippe, — compagnon d'Apollonius de
une planète favorable et propre
celles de Jupiter et de Vénus, et, quand on
,

Thyane. Visité d'une lamie ou démon suc-


veut faire du mal, celles de Saturne et de
cube, il en fut délivré par Apollonius 5 .

Mars 2 —
Le diable s'est quelquefois montré
.

Mensonge. — Le diable est appelé dans sous la forme de cet oiseau. — On sait aussi
l'Évangile le père du mensonge. qu'il y a des merles blancs.
Méph^stophélès , — démon de Faust ;
on Merlin. — Merlin n'est pas né en Angleterre,
le reconnaît à sa froide méchanceté , à ce rire comme on le dit communément mais en Basse- ,

amer qui insulte aux larmes, à la joie féroce Bretagne, dans l'île de Sein. Il était fils d'un
que lui cause l'aspect des douleurs. C'est démon et d'une druidesse, fille d'un roi des Bas-
lui qui par la raillerie attaque les vertus, Bretons. Les cabalistes disent que le père de
abreuve de mépris les talents, fait mordre Merlin était un sylphe. Que ce fût un sylphe
sur l'éclat de la gloire la rouille de la ca- ou un démon il éleva son fils dans toutes les
,

lomnie. Il n'était pas inconnu à Voltaire, à sciences et le rendit habile à opérer des pro-
Parny et à quelques autres. C'est après Satan diges. — Ce qui
a fait, croire à quelques-uns
que Merlin était Anglais, c'est qu'il fut porté
1
Libri très de Resurrcctione mortuonim. Amsterdam, dans ce pays quelques jours après sa nais-
1636, in-8°. Typiset sumptibus auctoris.
2 Spes Israelis, Amsterdam, 1C50, in-12.
sance. Voici l'occasion de ce voyage. Wor- —
3 En hébreu. Amsterdam, 5412 (1C52), in-4°. tigern, roi d'Angleterre, avait résolu de faire
4 M. de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la France
au quatorzième siècle, t. l' r . T
MM. Desaur et de Saint-Geniès, les Aventures de
5 Faust, t. 1 e1
'.
Leloyér, Histoire des spectres et des apparitions des
esprits, liv. tv, p. 310. * Albert-le Grand, Admirables secrets, p. 115.
MLR — m — 3 MÉR
bâtir une lour inexpugnable où il put se met- ne construisit Pa:i:lémonium des enfers.
le —
tre en sûreté contre les bandes de pirates Après une foule de choses semblables, Merlin,
qui dévastaient ses États. Lorsqu'on en jeta jouissant de la réputation la plus étendue et
les fondements la terre engloutit pendant la
,
de l'admiration universelle ,
pouvait étonner
nuit tous les travaux de la journée. Ce phé- le monde s'abandonner aux douceurs de
et
nomène se répéta tant de fois que le roi as- la gloire aima mieux agrandir ses con-
; il

sembla les magiciens pour les consulter ;


naissances et sa sagesse. Il se retira dans
ceux-ci déclarèrent qu'il fallait affermir les une forêt de la Bretagne, s'enferma dans une
fondements de la le sang d'un
tour avec grotte, et s'appliqua sans relâche à l'étude
petit enfant qui né sans père.
fût Après — des sciences mystérieuses ; son père le visi-

beaucoup de recherches dans le pays et hors tait tous les sept jours et sa mère plus fré-
le pays, on apprit qu'il venait de naître dans quemment encore des pro-
; il fit , sous eux ,

l'île de Sein un petit enfant d'une druidesse grès étonnants et les surpassa bientôt l'un et
et qui n'avait point de père connu c'était : l'autre. — On a lu , dans les histoires de la
Merlin il présentait les qualités requises par
;
chevalerie héroïque, les innombrables aven-
•les magiciens ; on l'enleva et on l'amena de- tures de Merlin. Il purgea l'Europe de plu-
vant le roi Wortigern. —
Merlin n'avait que sieurs tyrans; il protégea les dames, et bien
seize jours; cependant il n'eut pas plutôt en- souvent les chevaliers errants bénirent les
tendu la décision des magiciens, qu'il se mit heureux secours de Merlin. Las de parcourir
à disputer contre eux avec une sagesse qui le monde,il se condamna à passer sept ans
consterna tout l'auditoire. Il annonça ensuite dans de Sein. C'est là qu'il composa ses
l'île

que sous les fondements de la tour que


,
prophéties, dont quelques-unes ont été pu-
l'on voulait bâtir, il y avait un grand lac, et bliées. On sait qu'il avait donné à l'un des
dans ce lac deux dragons furieux. On creusa; chevaliers errants qui firent la gloire de la

les deux dragons parurent l'un qui était


:
,
France uneépée enchantée avec laquelle
rouge, représentait les Anglais; l'autre, qui on était invincible un autre avait reçu un
;

était blanc, représentait les Saxons ; ces deux cheval indomptable à la course. Le sage en-
peuples étaient alors en guerre et les deux chanteur avait aussi composé pour le roi
dragons étaient leurs génies protecteurs. Ils Arthus une chambre magique où ne pouvaient
commencèrent à la vue du roi et de sa cour,
, entrer que les braves une couronne transpa- ,

un combat terrible, sur lequel Merlin se mit rente qui se troublait sur la tète d'une co-
à prophétiser l'avenir des Anglais. On pense — quette et une épée qui jetait des étincelles
bien qu'après ce qui venait de se passer, il ne dans les mains des guerriers intrépides. —
fut plus question de tuer le petit enfant on ; Quelques-uns ont dit qu'il mourut dans une
se disposa à le reconduire dans son pays et , extrême vieillesse; d'autres, qu'il fut emporté
on l'invita à visiter quelquefois l'Angleterre. par le diable; mais l'opinion la plus répandue
Merlin pria qu'on ne s'occupât point de lui; aujourd'hui en Bretagne c'est que Merlin ,

il frappa la terre, et il en sortit un grand oi- n'est pas mort, qu'il a su se mettre à l'abri
seau sur. lequel il se plaça il fut en moins ;
'
de la fatalité commune et qu'il est toujours
d'une heure dans les bras de sa mère, qui plein de vie dans une forêt du Finistère nom-
l'attendait sans inquiétude parce qu'elle savait mée Brocéliande, où il est enclos et invisible
ce qui se passait. — Merlin fut donc élevé à l'ombre d'un bois d'aubépine. On assure
dans les sciences et dans l'art des prodiges que messire Gauvain et quelques chevaliers
par son père et par les conseils de sa mère, de la Table-Ronde cherchèrent vainement par-
qui était prophétesse on croit même qu'elle
;
tout ce magicien célèbre Gauvain seul l'en- ;

était fée. Quand il fut devenu grand il se , tendit, mais ne put le voir dans la forêt de
lia d'amitié avec Ambrosius, autre roi des Brocéliande. Voy. Gargantua:
Anglais. Pour rendre plus solennelle l'entrée Mérovée, — troisième roi des Francs, dont
de ce prince dans sa capitale, il fit venir d'Ir- la naissance doit être placée vers l'an 410; il

lande en Angleterre plusieurs rochers qui ac- monta sur le trône en 440 et mourut en 458.
compagnèrent en dansant le cortège royal, et Des chroniqueurs rapportent ainsi sa nais-
(urinèrent en s'arrètant une espèce de trophée sance. « La femme de Clodion-le-Chevelu se
à la gloire du monarque. On voit encore ces promenant un jour au bord de la mer fut
rochers à quelques lieues de Londres, et on surprise par un monstre qui sortit des flots;
assure qu'il y a des temps où ils s'agitent elle en eut un (ils qui fut nommé Mérovée,

par une suite du prodige de Merlin on dit ; et qui succéda à Clodion. » Sauvai croit que
môme que pour ce roi, son ami il bâtit un , cette fable fut inventée par Mérovée lui-
palais de fées en moins de temps que Satan même pour imprimer du respect dans l'esprit
,

MES — 3 1 — MES
des siens en s'attribuant une origine ex- si présenta ses découvertes. — Il vint à Paris:
traordinaire. Des chroniqueurs ont dit que son le peuple cour eurent quelque temps les
et la

nom Mer-Wech signifie veau marin yeux éblouis par ce nouveau genre de cures.
On nomma des docteurs pour examiner le
Merveilles. — Pline assure que les insu- magnétisme animal et on publia des écrits ,

laires de Minorque demandèrent un secours contre Mesmer, qui fut contraint de quitter
de troupes à l'empereur Auguste contre les la France, emportant avec lui une somme
lapins qui renversaient leurs maisons et leurs
de 300,000 francs. 11 alla vivre incognito en
arbres. Aujourd'hui on demanderait à peine
Angleterre ensuite en Allemagne où il mou-
un secours de chiens. Un vieux chroni- — rut. Il reste de lui
,

1° De l'influence des pla- :


,

queur conte qu'il y avait à Cambaya, dans


nètes Vienne, 1766, in— -12 2° Mémoire
1
, ;

l'Indoustan un roi qui se nourrissait de ve-


sur la découverte du magnétisme animal,
,

nin et qui devint si parfaitement vénéneux


,
Paris, 1779, in-12 ;
Précis historique des
qu'il tuait de son haleine ceux qu'il voulait
au magnétisme animal , jusqu'en
faire mourir. —
On lit dans Pausanias que ,
faits relatifs
avril 1781 Londres, 1781 in-8°; 4° His-
, ,

quatre cents ans après la bataille de Mara-


toire abrégée du magnétisme animal Paris , ,

thon, on entendait toutes les nuits, dans l'en-


1783, in-8° 5° Mémoire de F. -A. Mesmer
;

droit où elle se donna, des hennissements de


sur ses découvertes, Paris, an VU (1799),
chevaux et des bruits de gens d'armes qui se
in-8°.
battaient. Et ce qui est admirable c'est que
ceux qui y venaient exprès, n'entendaient
,

Messa-Hala ,
— VGIJ. MachA-HaLLA.
rien de ces bruits ils n'étaient entendus que
; Messe du Diable. — On a vu, par diffé-
de ceux que le hasard conduisait en ce lieu. rentes confessions de sorciers, que le diable
— Albert-le-Grand assure qu'il y avait, en fait aussi dire des messes au sabbat. Pierre
Allemagne, deux enfants jumeaux dont l'un , Aupetit, prêtre apostat du village de Fossas,
ouvrait les portes en les louchant avec son en Limousin , fut brûlé pour y avoir célébré
bras droit l'autre les fermait en les touchant
; les mystères. — Au de dire les saintes
lieu
avec son bras gauche. Paracelse dit qu'il— paroles de la consécration, on dit au sabbat:
a vu beaucoup de sages passer vingt années Belzébuth, Belzébuth, Belzébuth ;
le diable
sans manger quoi que ce fût Si on veut se vole sous forme d'un papillon autour de
la
donner cette satisfaction qu'on enferme de , celui qui dit la messe, et qui mange une
la terre dans un globe de verre qu'on l'ex- ,
hostie noire, qu'il faut mâcher pour l'avaler 2 .

pose au soleil jusqu'à ce qu'elle soit pétrifiée,


Messie des Juifs. — Quand le Messie vien-
qu'on se l'applique sur le nombril, et qu'on la
dra sur la terre (disent les rabbins dans le
renouvelle quand elle sera trop sèche on se
,
Talmud), comme ce prince sera revêtu de la
passera de manger et de boire sans aucune
force toute-puissante de Dieu aucun tyran no
,
,

peine, ainsi que Paracelse lui-même assure


pourra lui résister. Il remportera de grandes
en avoir fait l'expérience pendant six mois.
victoires sur tous ceux qui régneront dans le
Voy. la plupart des articles de ce diction-
monde et tirera d'entre leurs mains tous les
naire.
Israélites qui gémissent sous leur domination.
— médecin allemand,
Mesmer Antoine ), (
Après les avoir rassemblés, il les mènera en
fameux par doctrine du magnétisme ani-
la triomphe à la terre de Chanaan où ils trou- ,

mal né en 1734 mort en 815. — a


, , 1 Il laissé veront les habits les plus précieux, qui se
plusieurs ouvrages dans lesquels il soutient feront d'eux-mêmes, et s'ajusteront à toute

que les corps célestes, en vertu de la même sorte de grandeur et de taille; ils y auront
force qui produit leurs attractions mutuelle», aussi toutes les viandes qu'on peut souhaiter,
exercent une influence sur les corps animés, que le pays produira cuites et bien apprêtées,
et principalement sur système nerveux, le un air pur et tempéré, qui les conservera
par l'intermédiaire d'un fluide subtil qui pé- dans une santé robuste et prolongera leur vie ,

nètre tous les corps et remplit tout l'univers. au delà de celle qui a été accordée aux pre-
11alla s'établir à Vienne, et tenta de guérir miers patriarches. Mais tout cela n'est rien —
par le magnétisme minéral, en appliquant des en comparaison du festin que leur fera le
aimants sur les parties malades. Ayant trouvé Messie, où, entre autres viandes, seront ser-
un rival dans cet art, il se restreignit au ma- vis le bœuf Behemoth, qui s'engraisse depuis

gnétisme animal, c'est-à-dire à l'application le commencement du monde et mange cha- ,

des mains seulement sur le corps, ce qui le fit que jour toute l'herbe qui croît sur mille

regarder comme un fou et un visionnaire p:*.r '


De planetarum inflcxu.
les différentes académies dé médecine où il Delaricre, Incrédulité et mérréance, etc., p. &Q8;
, ,. ,

montagnes; le poisson Loviathan, qui occupe qu'un jeune homme de île de Chypre fut 1

une mer tout entière et l'oiseau fameux qui


;
changé en àne par une sorcière parce qu'il ,

en étendant seulement ses ailes, obscurcit le avait un penchant pour l'indiscrétion. Si les
soleil. On raconte qu'un jour cet oiseau ayant sorcières étaient encore puissantes, bien des
laissé tomber un de ses œufs, cet œuf abattit jeunes gens d'aujourd'hui auraient les oreilles
par sa chute trois cenîs gros cèdres, et inonda, longues. On lit quelque part qu'une sorcière
en se crevant, soixante villages. Avant de — métamorphosa en grenouille un cabaretier
mettre ces animaux à broche, le Messie
la qui mettait de l'eau dans son vin. Voy. Fées,
les fera battre ensemble pour donner à son
,
Mélye , etc.
peuple un plaisir agréable et nouveau car, : Métempsycose. — La mort, suivant cette
outre la monstrueuse grosseur de ces animaux que le passage de
doctrine, n'était autre chose
qui s'entre-choqueront il est rare de voir le
, l'âme dans un autre corps. Ceux qui croyaient
eombat d'un animal terrestre, d'un poisson à la mélemspycose disaient que les âmes
et d'un oiseau. Mais aussi faut-il que toutes étant sorties des corps, s'emolaient sous la
les actions de ce Messie soient extraordinaires. conduite de Mercure dans un lieu souterrain
Il tiendra dans son palais pour marque de sa
, où étaient d'un côté le Tartare et de l'autre ,

grandeur, un corbeau et un lion qui sont des les Champs-Elysées. Là, celles qui avaient
plus rares. Le corbeau est d'une force prodi- mené une vie pure étaient heureuses, et cel-
gieuse une grenouille, grosse comme un vil-
. les des méchants se voyaient tourmentées par
lage de soixante maisons ayant été dévorée
, les furies. Mais, après un certain temps, les
par un serpent, le corbeau du Messie mangea unes et les autres quittaient ce séjour pour
l'un et l'autre aussi aisément qu'un renard habiter de nouveaux corps même ceux des ,

avale une poire, comme dit le rabbin Bahba, animaux; et, afin d'oublier entièrement tout
présumé témoin oculaire du fait. Le lion n'est le passé, elles buvaient de l'eau du fleuve Lé-
pas moins surprenant un empereur romain
: thé. On peut regarder les Égyptiens comme
en ayant ouï parler et prenant ce qu'on en les premiers auteurs de cette ancienne opi-
disait pour une fable, commanda au rabbin nion de la métempsycose que Pythagore a ,

Josué de le lui faire voir. Le rabbin, ne pouvant répandue dans la suite. Les manichéens —
désobéir à de pareils ordres, se mit en prières; croient à la métempsycose, tellement que les
et Dieu lui ayant accordé la permission de âmes, selon eux passent dans des corps de
,

montrer cette bête, il alla la chercher dans pareille espèce à ceux qu'elles ont le plus ai-
le bois d'Éla, où elle se tenait. Mais quand més dans leur vie précédente ou qu'elles ont
elle fut à quatorze cents pas de Rome elle se , le plus maltraités. Celui qui a tué un rat ou
mit à mugir si furieusement que toutes les une mouche sera contraint, par punition, de
femmes enceintes avortèrent, et que les murs laisser passer son àme dans le corps d'un rat
de la ville furen renversés. Quand elle en fut ou d'une mouche. L'état où l'on sera mis
à mille pas, elle rugit une seconde fois, ce après sa mort sera pareillement opposé à l'é-
qui fil tomber les dents à tous les ciloyens; et tat où l'on est pendant la vie. Celui qui est
l'empereur, ayant été jeté à bas de son trône, r.che sera pauvre, et celui qui est pauvre de-
fit prier Josué de reconduire au plus tôt le lion viendra riche. C'est celte dernière croyance
dans son bois. qui dans le temps multiplia le parti des mani-
Métamorphoses. — La mythologie des chéens. Voy. Ghilcul et Transmigration.
païens avait ses métamorphoses; nous avons Métoposcopie , — art (le connaître les

aussi les transformations moins gracieuses des hommes par du front. Cardan publia
les rides
sorciers. Mais nous avons aussi les fées. — dans le seizième siècle un traité de Métopos-
Les sorciers qu'on brûla à Vernon, en I066, copie , dans lequel il fait connaître au public
s'assemblaient dans un vieux château, sous une foule de découvertes curieuses. Le front,
des formes de chats. Quatre ou cinq hommes, dit-il est de toutes les parties du visage la
,

un peu plus hardis qu'on ne l'était alors plus importante et la plus caractéristique un ;

résolurent d'y passer la nuit, mais ils se physionomiste habile peut, sur l'inspection du
trouvèrent assaillis d'un si grand nombre de front seul , deviner les moindres nuances du
chats que l'un d'eux fut tué et les autres caractère d'un homme. En général, un front

grièvement blessés. Les chats de leur cote , très-élevé avec un visage long et un menton
n'étaient pas invulnérableset on en vit plu- : qui se termine en pointe est l'indice de la nul-
sieurs lendemain qui, ayant repris leur
le lité des moyens. Un front très-osseux an-

ligure d'hommes cl de femmes, portaient les nonce un naturel opiniâtre et querelleur; si

marques du combat qu'ils avaient soutenu. ce front est au: ? si très-charnu, il est le signe
Voy. Loi ps - garoi s. Spranger conte — de la grossièreté. Un front carre, large, a\ec
MET — 3 3 — MET
un œil franc sans effronterie, indique du cou- et avare, mais qui a de meilleurs moments.
rage avec de la sagesse. Un front arrondi et Fortement prononcée, elle annonce de la mo-
saillant par le haut, qui descend ensuite per- dération de l'urbanité, du savoir-vivre, un
,

pendiculairement sur l'œil, et qui paraît plus penchant à la magnificence. La ride de Vé- —
large qu'élevé, annonce du jugement, de la nus fortement prononcée est le signe d'un
mémoire, de la vivacité, mais un cœur froid. homme porté aux plaisirs. Brisée et inégale,
— Des rides obliques au front, surtout si el- cette ridepromet des retours sur soi-même.
les se trouvent parallèles annoncent un es-
, Si elle n'est pasdu tout prononcée, la com-
prit soupçonneux. Si ces rides parallèles sont plexion est froide. La ride de Mercure —
presque droites, régulières, pas très-profon- bien marquée donne l'imagination, les inspi-
des, elles promettent du jugement, de la sa- rations poétiques, l'éloquence. Brisée, elle ne
gesse, un esprit droit. Un front qui serait bien donne plus que de conversation, le ton
l'esprit

ridé dans sa moitié supérieure, et sans rides de ne parait pas du tout, ca-
la société. Si elle

dans sa moitié inférieure, serait l'indice de ractère nul. —


Enfin la ride de la Lune, lors-
quelque stupidité. —
Les rides ne se pronon- qu'elle est très-prononcée, indique un tem-
cent qu'avec L'âge. Mais avant de paraître pérament froid, mélancolique. Inégale et bri-
elles existent dans la conformation du front; promet des moments de gaieté entre-
sée, elle
le travail quelquefois les marque dans l'Age le mêlés de tristesse. Si elle manque tout à fait
plus tendre. Il y a au front sept rides ou li- c'estl'enjouement bonne humeur. et la —
gnes principales qui le traversent d'une L'homme qui a une croix sur la ride de Mer-
tempe à l'autre. La planète de Saturne pré- cure se consacrera aux lettres et aux sciences.
side à la première, c'est-à-dire la plus haute ;
Deux lignes parallèles et perpendiculaires
Jupiter préside à la seconde Mars préside à ; sur le front annoncent qu'on se mariera deux
la troisième le soleil à la quatrième; Vénus
; fois, trois fois si ces lignes sont au nombre de
à la cinquième; Mercure à la sixième; la Lune trois quatre fois si elles sont au nombre de

,

à la septième qui est la dernière, la plus


,
quatre, et toujours ainsi. Une figure qui
basse et la plus voisine des sourcils. Si ces — aura la forme d'un (7, placée au haut du front
lignes sont petites, tortueuses, faibles, elles sur !a ligne de Saturne annonce une grande ,

annoncent un homme débile et dont la vie mémoire. Ce signe était évident sur le front
sera courte. Si elles sont interrompues, bri- d'un jeune Corse dont parle Muret, qui pou-
amènent des malad.es,
sées, inégales, elles vait retenir en un jour et répéter sans effort
des chagrins, des misères; également mar- dix-huit mille mots barbares qu'il n'entendait
quées, disposées avec grâce ou prononcées pas. Un C sur la ligne de Mars présage la
fortement, c'est l'indice d'un esprit juste et force du corps. Ce signe était remarquable
l'assurance d'une vie longue et heureuse. Re- sur le front du maréchal de Saxe, qui était si
marquons cependant que chez un homme à robuste qu'il cassait des barres de fer aussi
qui le travail ou des revers ont sillonné le aisément qu'un paysan ordinaire casse une
front de rides profondes, on ne peut plus tirer branche d'arbre ou un bâton de bois blanc.
de ce signe les mêmes conséquences car alors : Un C sur la ligne de Vénus promet de mau-
ces lignes étant forcées, ce n'est plus que l'in- vaises affaires. Un C sur la ligne de Mercure
dice de la constance. —
Quand la ligne de annonce un esprit mal fait, un jugement tim-
Saturne n'est pas marquée on peut s'atten- , bré. Un C entre les deux sourcils, au-dessous
dre à des malheurs que l'on s'attirera par im- de la ride de la Lune, annonce un naturel
prudence. Si elle se brise au milieu du front, prompt à s'emporter, une humeur vindicative.
c'est une vie agitée. Prononcée fortement, Les hommes qui portent cette figure sont or-
c'est une heureuse mémoire une patience- , dinairement des duellistes, des boxeurs. Les
sage. — Quand la ride de Jupiter est brisée, époux qui ont le front chargé de ce signe se
on est menacé de faire des sottises. Si elle battent en ménage.... —
Celui qui aura en-
n'est pas marquée, esprit faible, inconséquent, tre les deux sourcils, sur la ligne de la Lune,
qui restera dans la médiocrité. Si elle se pro- la figure d'un X, est exposé à mourir au
nonce bien, on peut espérer les honneurs et champ d'honneur dans une grande bataille.
la fortune. —
La ligne de Mars brisée promet — Celui qui porte au milieu du front, sur la
un caractère inégal. Si elle ne paraît point, ligne du Soleil, une petite figure carrée ou un
c'est un homme doux, timide et modeste. For- triangle, fera fortune sans peine. Si ce signe
tement prononcée audace, colère, emporte- esta droite, promet une succession. S'il est
il


,

ment. Quand la ligne du Soleil manque à gauche, annonce des biens mal acquis.
il

tout à fait, c'est le signe de Pavanée. Brisée — Deux lignes parlant du nez et se recour-
et inégale ,
elle dénote un bouiru , maussade bant des deux cotés sur le front, au-dessus
,

MEU MIC
des yeux, annoncent des procès. Si ces lignes Meyer, — professeur de philosophie à l'u-

sont au nombre de quatre et qu'elles se re- niversité de Halle, auteur d'un Essai sur les
courbent deux à deux sur le front, on peut apparitions, traduit de l'allemand par F. Ch.
craindre d'être un jour prisonnier de guerre de Baer. 1748, in -12. L'auteur convient —
et de gémir captif sur un sol étranger.... — qu'on est sur un mauvais terrain lorsqu'on
Les figures rondes sur la ligne de la Lune an- écrit sur les spectres.Il avoue qu'il n'en a ja-

noncent des maladies aux yeux. Si vous — mais vu et n'a pas grande envie d'en voir. Il
avez dans la partie droite du front, sur la li- observe ensuite que l'imagination est pour
gne de Mars, quelque figure qui ressemble à beaucoup dans les aventures d'apparitions.
un Y vous aurez des rhumatismes. Si cette
, «Supposons, dit-il, un homme dont la mé-
figure est au milieu du front, craignez la moire est remplie d'histoires de revenants;
goutte. Si elle est à gauche, toujours sur la car les nourrices les vieilles et les premiers
,

ligne de Mars, vous pourrez bien mourir d'une maîtres ne manquent pas de nous en appren-
goutte remontée. —
La figure du chiffre 3 sur dre; que cet homme pendant la nuit soit cou-
la figure de Saturne annonce des coups de ché seul dans sa chambre s'il entend devant ;

bâton. Sur la ligne de Jupiter, un emploi lu- sa porte une démarche mesurée, lourde et
cratif. Sur la ligne de Mars, commandement traînante, ce qui marche est peut-être un
d'un corps d'armée dans une bataille, mais le chien, mais il est loin d'y songer, et il a en-
commandant sera fait prisonnier dans le com- tendu un revenant, qu'il pourra même avoir
bat. Sur la ligne du Soleil ce signe annonce , vu dans un moment de trouble. » L'auteur —
quelque accident qui vous fera perdre le tiers termine en donnant cette recette contre les
de votre fortune. Sur la ride de Vénus dis- , apparitions : l° qu'on tâche d'améliorer son
grâces dans le ménage. Sur la ligne de Mer- imagination et d'éviter ce qui pourrait la faire

cure, elle fait un avocat. Enfin, sur la ligne extravaguer ;


2° qu'on ne lise point d'histoi-
de la Lune, la figure du chiffre 3 annonce à res de spectres car un homme qui n'en a
,

celui qui la porte qu'il mourra malheureuse- jamais lu ni entendu n'a guère d'apparitions,
ment, s'il ne réprime sa passion pour le vol. a Qu'un spectre soit ce qu'il voudra ajoute ,

— La figure d'un V sur la ligne de Mars an- Meyer, Dieu est le maître, et il nous sera
nonce qu'on sera soldat et qu'on mourra ca- toujours plus favorable que contraire. »

poral. La figure d'un H sur la ligne du Soleil Michael (Eliacim). — Jean Desmarets
ou sur celle de Saturne est le présage qu'on sieur de Saint-Sorlin , avait publié des Avis
sera persécuté pour des opinions politiques. du Saint-Esprit au roi. Mais le plus éclatant
La figure d'un P est le signe, partout où elle et le plusimportant des avis de cette sorte est
paraît, d'un penchant à la gourmandise qui celui qui fut apporté un peu plus tard par le
pourra faire faire de grandes fautes. Nous — grand prophète Eliacim Michael. Il nous aver-
terminerons ce petit traité par la révélation que dans peu de temps on
tissait, dit Baillet,
du signe le plus flatteur c'est celui qui a une:
verrait une armée de cent quarante -quatre
ressemblance plus ou moins marquée avec la mille hommes de troupes sacrées sous les or-
lettre M. En quelque partie du front, sur dres du roi, qui avait pour lieutenants les qua-
quelque ride du front que cette figure pa- tre princes des anges. Il ajoutait que Louis XIV
raisse elle annonce le bonheur, les talents,
,
avec cette armée exterminerait absolument
une conscience calme, la paix du cœur, une tous les hérétiques et tous les mahométans ;

heureuse aisance l'estime générale et une


,
mais que tous ses soldats merveilleux seraient
heureuse mort. —
Toutes bénédictions que je immolés
souhaite au lecteur. Michel (Mont Saint-). Il y a sur le —
Meurtre. — « Dans la nuit qui suivit l'en- mont Saint-Michel en Bretagne cette croyance
sevelissement du comte de Flandre Charles- que les démons chassés du corps des hommes
le-Bon ses meurtriers, selon la coutume des
, sont enchaînés dans un cercle magique sur le
païens et des sorciers, firent apporter du pain haut de cette montagne ceux qui mettent le ;

et un vase plein de cervoisé. Ils s'assirent au- pied dans ce cercle courent toute la nuit sans
tour du cadavre placèrent la boisson et le
,
pouvoir s'arrêter: aussi la nuit on n'ose tra-
pain sur le linceul comme sur une table, bu- verser le mont Saint-Michel 2 .

vant et mangeant sur le mort, dans la con- Michel , — maréchal-ferrant de Salon en


fiance que par cette action ils empêcheraient Provence , eut une singulière aventure en
qui que ce fut de venger le meurtre com-
1

P. Nicole , sens le nom de Damvillicrs, Lettres des


mis '. » Année 2,7.
visionnaires; Baillet, Jugea», des savants, Préjugés des
'I I

titres des livres.


1
Gualbert, Vie Je Charles-le-Bon. ,ip. ly, dans
I R collection des Bo!l an dictes
2 mars.
?
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. I", p. 242.
;
MIC — 3 5 — MIL
1697. Un spectre , disait-on . montré à
s'était église ; ce qui arriva , dit Granger. Comme il

un bourgeois de la ville et lui avait ordonné était un jour à l'office, il lui tomba sur la tête

d'aller parler à Louis XIV, qui était alors à une pierre qui le tua.
Versailles. Il lui avait recommandé le secret Midas. —
Lorsque Midas, qui fut depuis
envers tout autre que l'intendant de la pro- roi de Phrygie, était encore enfant, un jour
vince, sous peine de mort. Ce bourgeois effrayé qu'il dormait dans son berceau des fourmis ,

conta sa vision à sa femme et paya son indis- emplirent sa bouche de grains de froment.
crétion de sa vie. Quelque temps après la
Ses parents voulurent savoir ce que signifiait
même apparition s'étant adressée à un autre
ce prodige ; les devins consultés répondirent
habitant de Salon, il eut l'indiscrétion d'en
que ce prince serait le plus riche des hom-
faire part à son père; et il mourut comme le
mes 1 Ce qui n'a été écrit qu'après qu'il l'é-
.

premier. Tous les alentours furent épouvantés tait devenu.


de ces deux tragédies. Le spectre se montra
alors à Michel, qui se rendit aussitôt chez l'in-
Midi, — VOy. DÉMON DE MIDI.
tendant, où il fut de fou; mais
d'abord Iraité Migalena — sorcier du pays de Labour,
,

ensuite on lui accorda des dépèches pour le qui fut arrêté à l'âge de soixante ans , et tra-

marquis de Barbezieux lequel lui facilita les ,


duit devant les tribunaux en même temps que
moyens de se présenter au premier ministre Bocal, autre sorcier du même pays. Migalena
du roi. Le ministre voulut savoir les motifs avoua qu'il avait été au sabbat, qu'il y avait

qui engageaient ce bonhomme à parler au faitdes sacrifices abominables, qu'il y avait


prince en secret. Michel, à qui le spectre ap- célébré les mystères en présence de deux
parut de nouveau à Versailles, assura qu'au cents sorciers. Pressé par son confesseur de
risque de sa vie il ne pouvait rien divulguer ;
prier Dieu , il ne put réciter une prière cou-
et comme il était néanmoins pressé de lui ramment, il commençait le Pater, Y Ave, sans

parler, il dit au ministre que, pour lui prou- les achever, comme si le diable qu'il servait
empêché 2.
ver qu'il ne s'agissait pas de chimères, il pou- l'en eût

vaitdemander à Sa Majesté si, à sa dernière Milan, — oiseau qui a des propriétés ad-
chasse de Fontainebleau elle-même n'avait , mirables. Albert-le-Grand dit que si on prend
pas vu un fantôme ? si son cheval n'en avait sa tête et qu'on la porte devant son estomac,
pas été troublé? s'il n'avait pas pris un écart? on se fera aimer de tout le monde. Si on l'at-
et Sa Majesté, persuadée que ce n'était
si tache au cou d'une poule, elle courra sans
qu'une illusion, n'avait pas évité d'en parler relâche jusqu'à ce qu'elle l'ait déposée si on
à personne? —
Le marquis et le ministre frotte de son sang la crête d'un coq il ne ,
;

ayant informé le roi de ces particularités chantera plus. Il se trouve une pierre dans
Louis XIV voulut voir secrètement Michel le ses rognons qui, mise dans la viande que doi-
jour même; personne n'a jamais pu savoir ce vent mange/ deux ennemis, les rend bons
qui eut lieu dans cette entrevue. Mais Michel, amis et les fait vivre en bonne intelligence.
après avoir passé trois jours à la cour, s'en
revint dans sa province, chargé d'une bonne
Millénaires. —
a donné ce nom 1° à On
sommed'argentquelui avaitdonnée LouisXIV des gens qui croyaient que notre Seigneur, à
la fin du monde, régnera mille ans sur la
avec ordre de garder te secret le plus rigou-
reux sur le sujetde sa mission. On ajoute — terre 2° à d'autres qui pensaient que la fin
;

que, le roi étant un jour à la chasse, le duc


du monde arriverait en l'an mil 3° à d'autres ;

de Duras, capitaine des gardes du corps, encore qui avaient imaginé que, de mille ans

ayant dit qu'il n'aurait jamais laissé appro- en mille ans, il y avait pour les damnés une
cessation des peines de l'enfer.
cher Michel de la personne du roi s'il n'en
avait reçu l'ordre , Louis XIV répondit : « Il Millo, — vampire de Hongrie au dix-hui-
n'est pas fou comme
vous le pensez, et voilà tième siècle. Une jeune
Sta- fille, nommée
comme on juge mal.» Mais on n'a pu décou- noska, s'étant couchée un soir en parfaite
vrir ce mystère. santé, se réveilla au milieu de la nuit toute
Michel de Sahourspe Sorcier du pays ,
— tremb'ante, jetant des cris affreux, et disant
de Saxe, qui déclara qu'il avait vu au sabbat que le jeune Millo mort depuis neuf semai-
,

un grand et un petit diable; que le grand se nes, avait failli l'étrangler. Cette fille mourut
servait du petit comme d'un aide-de-camp; au bout de trois jours. On pensa que Millo
et que le derrière du grand-maître des sab- pouvait être un vampire il fut déferré re- ; ,

bats était un visage.


Michel l'Écossais, — astrologue du seiziè-
2
1
Valère-Maxime.
De! cancre, Tableau de l'inconstance des démons,
me siècle. Il prédit qu'il mourrait dans une liv. VI, p. 423.
,

.M LU 346 — M1U
connu pour tel, et décapité après avoir eu le ficile eten même temps la plus aisée diffi- :

cœur percé d'un clou. Ses restes furent brû- cile tant que l'hypocrite se croit observé fa- ;

lés et jetés dans la rivière. Voy. Vampires. cile dès qu'il oublie qu'on l'observe. Ce- —
Milon. — athlète grec qui était doué d'une pendant on voit tous les jours que la gravité
et la timidité donnent à la physionomie la plus
force prodigieuse. Galien , .Mercurialis et
d'autres disent qu'il se tenait si ferme sur une honnête un aperçu de malhonnêteté. Sou-
planche huilée que trois hommes ne pou- vent c'est parce qu'il est timide, et non point
,

vaient la abandonner. Athénée ajoute


lui faire parce qu'il est faux, que celui qui vous fait un
qu'aux jeux olympiques il porta long-temps récit ou une confidence n'ose vous regarder
sur ses épaules un bœuf de quatre ans, qu'il en face. — N'attendez jamais une humeur
mangea le même jour tout entier; fait aussi douce d'un homme qui s'agite
et tranquille

vrai que le trait de Gargantua lequel avala sans cesse avec violence, et en général ne
,

six pèlerins dans une bouchée de salade l. craignez ni emportement ni excès de quel-

Mimer. — En face de Kullan, on aperçoit qu'un dont


posé.
le maintien est toujours sage et
Avec une démarche alerte on ne peut
,

une de verdure qu'on appelle


colline couverte
guère être lent et paresseux; et celui qui se
la colline d'Odin. C'est là, dit-on, que le dieu
traîne nonchalamment à pas comptés n'an-
Scandinave a été enterré. Mais on n'y voit que
nonce pas cet esprit d'activité qui ne craint ni
le tombeau du conseiller
mann, qui était un homme
d'état
fort paisible, très-
Sehimmel-
dangers, ni obstacles pour arriver au but. —
Une bouche béante et fanée, une attitude insi-
peu soucieux, je crois, de monter au Valhalla
pide, les bras pendants et la main gauche tour-
et de boire le miœd avec les valkyries. Ce-
née en dehors, sans qu'on en devine le motif,
pendant une enceinte d'arbres protège l'en-
annoncent la stupidité naturelle, la nullité,
droit où les restes du dieu suprême ont été
déposés; une source d'eau limpide y coule
le vide, une curiosité hébétée. La démarche —
d'un sage est différente de celle d'un idiot,
avec un doux murmure. Les jeunes filles des
environs qui connaissent leur mythologie di-
et un idiot est assis autrement qu'un homme
sensé. L'attitude du sage annonce la médita-
sent que c'est la vraie source de la sagesse
tion, le recueillement ou le repos. L'imbécile
la source de Mimer, pour laquelle Odin sacrifia
reste sur sa chaise sans savoir pourquoi il
un de ses yeux. Dans les beaux jours d'été, ;

semble fixer quelque chose et son regard ne


elles y viennent boire 2 .

porte sur rien son assiette est isolée comme


Mimi ,
— VOIJ. ZOZO.
lui-même. —
;

La prétention suppose un fond


Mimique, — art de connaître les homme* de sottise. Attendez-vous à rencontrer l'une
par leurs gestes, leurs attitudes , etc. C'est la et l'autre dans toute physionomie dispropor-
partie la moins douteuse de la physiognomo- tionnée et grossière qui affecte un air de so-
nie. La trompeuse; mais
figure est souvent lennité et d'autorité. Jamais l'homme sensé
les gestes et les mouvements d'une personne ne se donnera des airs, ni ne prendra l'atti-
qui ne se croit pas observée peuvent donner tude d'une tète éventée. Si son attention ex-
une idée plus ou moins parfaite de son carac- citée l'oblige à lever la tète , il ne croisera
tère Rien n'est plus significatif, dit Lavater, pourtant pas les bras sur le dos; ce maintien
que les gestes qui accompagnent l'attitude et suppose de l'affectation, surtout avec une phy-
la démarche. Naturel ou affecté rapide ou , sionomie qui n'a rien de désagréable, mais qui
lent, passionné ou froid, uniforme ou varié, n'est pas celle d'un penseur. Un air d'in-—
grave. ou badin, aisé ou forcé, dégagé ou roi- certitude dans l'ensemble, un visage qui dans
de noble ou bas, fier ou humble, hardi ou
,
son immobilité ne dit rien du tout, ne sont pas
timide, décent ou ridicule, agréable, gra- des signes de sagesse. Un homme qui, réduit
cieux, imposant, menaçant, le geste est diffé- à son néant, s'applaudit encore lui-même avec
rencié de mille manières. L'harmonie éton- joie, qui rit comme un sot sans savoir pour-
nante qui existe entre la démarche, la voix et quoi, ne parviendra jamais à former ou à sui-
le geste, se dément rarement. Mais pour dé- vre une idée raisonnable. — La crainte d'être
mêler le fourbe, il faudrait le surprendre au distrait se remarque dans la bouche. Dans
moment où se croyant seul il est encore lui- l'attention elle n'ose respirer. — Un homme
même, et n'a pas eu le temps de faire prendre vide de sens, et qui veut se donner des airs,
à son visage l'expression qu'il sait lui donner. met la main droite dans son sein et la gauche
Découvrir l'hypocrisie est la chose la plus dif- dans la poche de sa culotte avec un maintien
affecté et théâtral. —
Une personne qui est
1
Brown, Essai surles erreurs popul.,1, mi, ch. xvnr,
p. 334. toujours aux écoules ne promet tien de bien
2 Marinier, Souvenirs danois. distingué. —
Quiconque sourit sans sujet avec
HIM — 3 1 — Ail Al

une lèvre de travers, quiconque se tient sou- s;ige et modéré. — Kappelez-vous les gens
vent isolé sans aucune direction, sa; s aucune qui glissent plutôt qu'ils ne marchent, qui re-
tendance déterminée quiconque salue le ;
culent en s'avançant, qui disent des grossiè-
corps roide, n'inclinant que la tète en avant, retés d'une voix basse et d'un air timide, qui
est un fou. —
Si la démarche d'une femme vous fixent hardiment dès que vous ne les
est sinistre, non-seulement désagréable, mais voyez plus et n'osent jamais vous regarder
,

gauche, impétueuse, sans dignité, se précipi- tranquillement en face, qui ne disent du bien
tant en avant et de côté d'un air dédaigneux, de personne, sinon des méchants, qui trou-
soyez sur vos gardes. Ne vous laissez éblouir, vent des exceptions à tout et paraissent avoir
ni par le charme de la beauté, ni par les grâ- toujours contre l'assertion la plus simple une
ces de son esprit, ni même
de la par l'attrait contradiction toute prête; et fuyez l'atmo-
confiance qu'elle pourra vous témoigner; sa sphère où ces gens respirent. Celui qui —
bouche aura les mêmes caractères que sa dé- relève la tète et la porte en arrière (que cette
marche, et ses procédés seront durs et faux tête soit grosse ou singulièrement petite); ce-
comme sa bouche elle sera peu touchée
; lui qui se mire dans ses pieds mignons de
de tout ce que vous ferez pour elle et se , manière à les faire remarquer celui qui, vou- ;

vengera de la moindre chose que vous aurez lant montrer de grands yeux encore plus grands
négligée Comparez sa démarche avec les li- qu'ils ne sont, les tourne exprès de côté com-
gnes de son front et les plis qui se trouvent me pour regarder tout par -dessus l'épaule ;

autour de sa bouche, vous serez étonné du celui qui , après vous avoir prêté long-temps
merveilleux accord de toutes ces lignes carac- un silence orgueilleux vous fait ensuite une,

téristiques. —
Ayez le plus de réserve possi- réponse courte, sèche et tranchante, qu'il ac-
ble en présence de l'homme gras et d'un tem- compagne d'un froid sourire; qui, du moment
pérament colère qui semble toujours mâcher, qu'il aperçoit la réplique sur vos lèvres
roule sans cesse les yeux autour de soi, ne prend un air sourcilleux et murmure tout bas
parle jamais de sens rassis s'est donné ce- , d'un ton propre à veus ordonner le silence :

pendant l'habitude d'une politesse affectée, cet homme a pour le moins trois qualités
mais traite tout avec une espèce de désordre haïssables avec tous leurs symptômes, l'en-
et d'impropreté. Dans son nez rond, court, têtement, l'orgueil, la dureté; très-probable-
retroussé, dans sa bouche béante, dans les ment il
y joint encore la fausseté, la fourbe-
mouvements irréguliers de sa lèvre inférieure, rie et l'avance. —
Le corps penché en avant
de son front saillant et plein d'excroissances, annonce un homme prudent et laborieux. Le
dans sa démarche qui se fait entendre de loin, corps penché en arrière annonce un homme
vous reconnaîtrez l'expression du mépris et de vain, médiocre et orgueilleux. Les bor- —
la dureté, des demi-talents avec la prétention gnes, les boiteux et surtout les bossus, dit AI-
d'un talent accompli, de la méchanceté sous bert-le-Grand, sont rusés, spirituels, un jeu
une gauche apparence de bonhomie. Fuyez — malins et passablement méchants L'hom- —
tout homme dont la voix toujours tendue, tou- me sage rit rarement et peu. Il se contente
jours montée, toujours haute et sonore, ne ordinairement de sourire. Quelle différence
cesse de décider ;
dont les yeux , tandis qu'il entre le rire affectueux de l'humanité et le
décide, s'agrandissent, sortent de leur orbite ;
rire infernal qui se réjouitdu mal d'autrui !

dont les sourcils se hérissent, les veines se Il larmes qui pénètrent les deux il en
est des ;

gonflent, la inférieure se pousse en


lèvre est d'autres qui provoquent l'indignation et
avant, dont mains se tournent en poings;
les le mépris. — Remarquez aussi la voix (com-
mais qui se calme tout à coup, qui reprend le me les Italiens font dans leurs passe-ports et
ton d'une politesse froide, qui fait rentrer ses dans leurs signalements); distinguez si elle est
yeux et ses lèvres, s'il est interrompu par la haute ou basse forte ou faible
, claire ou ,

présence imprévue d'un personnage important sourde, douce ou rude, juste ou fausse. Le
qui se trouve être votre ami. L'homme — son de la voix, son articulation sa faiblesse ,

dont les traits et la couleur du visage chan- et son étendue, ses inflexions dans le haut et
gent subitement, qui cherche avec soin à ca- dans le bas, la volubilité et l'embarras de la
cher cetie altération soudaine, et sait repren- langue, tout cela est infiniment caractéristi-
dre aussitôt un air calme celui qui possède ; que. Le cri des animaux les plus courageux
l'art de tendre et détendre les muscles de sa est simple, dit Aristote, et ils le poussent sans
bouche, de les tenir pour ainsi dire en bride, marqué. Celui des animaux timides e>t
effort
particulièreuu nt lorsque l'œil observateur se beaucoup plus perçant. Comparez à cet égard
dirige sur lui : cet homme a moins de probité le lion, le bœuf, le coq qui chante son triom-
que de prudence ;
il est plus courtisan que phe, avec le cerf et le lièvre ;
ceci peut s'ap-
MIN — 348 MIR
pliquer aux hommes. La voix grosse et forte BXmgrélie. —
Le christianisme dans ce pays
annonce un homme robuste; la voix faible, de schisme grec est très-corrompu. On y voit
un homme timide. La voix claire et sonnanle des prêtres baptiser des enfants distingués
dénote quelquefois un menteur; la voix ha- avec du vin. Lorsqu'un malade demande des
bituellement tremblante indique souvent un secours spirituels le prêtre ne lui parle pas
,

naturel soupçonneux. L'effronté et l'insolent de confession mais il cherche dans un livre


;

ont la voix haute. La voix rude est un signe lacause de sa maladie et l'attribue à la colère
de grossièreté. La voix douce et pleine, agréa- de quelqu'une de leurs images, qu'il faut apai-
ble à l'oreille, annonce un heureux naturel. ser par des offrandes.
— Un homme raisonnable se met tout autre-
lttînoson, — démon qui fait gagner à tou-
ment qu'un une femme pieuse autrement
fat;
tes sortes de jeux il dépend de Haël , l'un
;

qu'une coquette. La propreté et la négligence, des plus puissants chefs de l'enfer l


.

le bon et le
la simplicité et la magnificence
mauvais goût, la présomption et la décence,
,
Minuit. —
C'est à cette heure-là que se
fait lesabbat des sorciers, et que les spectres
la modestie et la fausse honte voilà autant :

et les démons apparaissent. Cependant le


de choses qu'on distingue à l'habillement seul.
diable n'aime pas uniquement l'heure de mi-
La couleur, la coupe, la façon, l'assortiment
nuit car il peut tenir sabbat à midi comme
, ,
d'un habit tout cela est expressif encore et
,

l'ont avoué plusieurs sorcières telles que ,


nous caractérise. Le sage est simple et uni
Jeannette d'Abadie et Catherine de Naguille 2 .

dans son extérieur; la simplicité lui est na-


turelle. On reconnaît bientôt un homme qui Mirabel (Honoré), fripon qui fut condamné
s'est paré dans l'intention de plaire, celui qui aux galères perpétuelles, après avoir été ap-
ne cherche qu'à briller, et celui qui se néglige p iqué à la question par arrêt du 18 février ,

soit pour insulter à la décence, soit pour se 1729. Il avait promis à un de ses amis, nom-
singulariser. — Il y aurait aussi des remar- mé Auguier, de lui faire trouver des trésors

ques à faire sur le choix et l'arrangement des par le moyen du diable. Il fouilla, après
meubles dit Lavater. Souvent d'après ces
,
maintes conjurations, dans un jardin près de
bagatelles on peut juger l'esprit et le carac- Marseille, et dit qu'il y avait là un sac de pie-
tère du propriétaire mais on ne doit pas tout
;
ces portugaises que lui avait indiqué un spec-
dire. Voy. Physiognomonie. tre. Il tira en présence de plusieurs personnes
Mineurs (Démons). —
II y a de malins es- et d'un valet, nommé Bernard, un paquet en-
prits qui, sous la forme de chèvres, vont veloppé d'une serviette l'ayant emporté chez
;

tourmenter les mineurs; on dit qu'ils appa- lui , il le un peu d'or, qu'il
délia et y trouva

raissent souvent aux mines métalliques et donna à Auguier, lui en promettant davan-
battent ceux qui tirent les métaux. Cependant tage et le priant de lui prêter quarante francs ;

ces démons ne sont pas tous mauvais puis- ce qui doit sembler assez singulier. L'ami lui
,

prêta cette somme, lui passa un billet par le-


qu'il y en a qui au contraire aident les ou-
vriers. Olaiïs Magnus dit que ces derniers se quel il reconnaissait lui devoir vingt mille li-

laissent voir sous la forme de nains, grands* vres, et lui remettait les quarante francs. Le
d'un demi-mètre qu'ils aident à scier les billet fut signé le 27 septembre 1726. Quelque
;

pierres, à creuser la terre mais que malgré ;


temps après, Mira bel demanda le paiement
cela ils ont toujours une tendance au mal, et du billet; comme on le refusa parce que le ,

que les malheureux mineurs sont souvent vic- sorcier n'avait donné que des espérances, il

times de leurs mauvais traitements. Au — eut la hardiesse d'intenter un procès; mais en


fin de cause il se vit, comme on l'a dit, con-
reste on a distingué six sortes d'esprits qui
fréquentent les mines et sont plus ou moins damné aux galères par messieurs du parle-
méchants; quelques-uns disent qu'ils en ont ment d'Aix 3 .

vu dans les mines d'Allemagne qui ne lais- Mirabilis liber. —


On attribue la plus gran-
saient aucun repos aux ouvriers, tellement de part de ce livre à saint Césaire. C'est un
qu'ils étaient contraints d'abandonner le mé- recueil de prédictions dues à des saints et à
tier ;
et entre autres exemples qu'ils donnent des sibylles. Ce qui peut surprendre les esprits
de la malignité de celte engeance infernale forts, c'est que dans édition de 1522 on voit 1

on cite qu'un démon mineur tua douze arti- annoncés les événements qui ont clos si tra-
sans à la fois; ce qui fit délaisser la mine giquement le dernier siècle l'expulsion et ,

d'argent, qui était cependant très-productive 1


.

1
Clavicules de Salomon, y>. 20.
Voy. Annebeuu , Montagnards , etc.
2 Ddancre, Tabl. de linconstance des dénions, etc ,

Tiv. il, p. GG.


1
Lcnglet-Dnfresnoy, Recueil de dissert. , tom, I >r ,

3 les apparitions, p. 145.


p. 162. D. Cuhv.it. Dissertât, sur
,

ri m — 3 a — MOE
l'abolition de la noblesse, les persécutions enlin vous n'avez pas lo talent do ressusciter
contre le clergé, la suppression des couvents, les morts. — Vous ne connaissez pas les

le mariage des prêtres, le pillage des églises, hommes, lui répliqua le docteur; je suis tran-
la mort violente du roi et de la reine, etc. On quille.» L'événement justifia sa présomption.
y lit ensuite que l'aigle venant des pays loin- Il reçut d'abord une lettre d'un gentilhomme
tains rétablira l'ordre en France du lieu; elle était ainsi conçue : — « Mon-
Miracles. — Un certain enchanteur abattit sieur, j'ai appris que vous deviez faire une

une bosse en y passant la main-, on cria au grande opération qui me fait trembler. J'a-
vais une méchante femme, Dieu m'en a déli-
miracle !.... La bosse était une vessie enflée.
Tels sont les miracles des charlatans. Mais — vré et je serais le plus malheureux des hom-
;

mes si vous la ressuscitiez. Je vous conjure


parce que les charlatans font des tours de
passe-passe qui singent les faits surnaturels donc de ne point faire usage de votre secret
proprement appelés miracles (et il n'y a de dans notre ville, et d'accepter un petit dédom-
miracles que ceux qui viennent de Dieu) il ,
magement que je vous envoie etc. » Une ,

est absurde de les nier. Nous vivons entourés
heure après les charlatans virent arriver chez
de miracles qui ne se peuvent expliquer quoi- eux deux jeunes gens qui leur présentèrent
qu'ils soient constants. —
Nous ne pouvons une autre gratification sous la condition de ,

parler ici que des faux miracles , œuvre de ne point employer leur talent à la résurrec-
tion d'un vieux parent dont ils venaient d'hé-
Salan, ou fourberie des imposteurs qui ser-
vent ainsi la cause de l'esprit du mal. Ce qui riter.Ceux-ci furent suivis par d'autres, qui
apportèrent aussi leur argent pour de pareil-
est affligeant, c'est que les jongleries ont sou-
vent plus de crédit chez les hommes fourvoyés les craintes, en faisant la même supplication.

que les faits extraordinaires dont la vérité est


Enfin le juge du lieu vint lui-même dire aux
établie, comme les superstitions ont parfois
deux charlatans ne doutait nullement de
qu'il

plus de racines que les croyances religieuses. leur pouvoir miraculeux qu'ils en avaient ,

— On raconte l'anecdote suivante pour prou- donné des preuves par une foule de guéri-
ver que les plus grandes absurdités trouvent sons; mais que l'expérience qu'ils devaient

des partisans. Deux charlatans débutaient faire le lendemain dans le cimetière avait mis
dans une petite ville de province comme ;
d'avance toute la ville en combustion, que
l'on craignait de voir ressusciter un mort dont
Cagliostro, Mesmer et d'autres personnages
le retour pourrait causer des révolutions dans
importants venaient de se présenter à Paris à
les fortunes, qu'il les priait de partir, et qu'il
titrede docteurs qui guérissaient toutes les
allait leur donner une attestation comme quoi
maladies; ils pensèrent qu'il fallait quelque
chose de plus relevé pour accréditer leur sa- ils ressuscitaient réellement les morts. — Le
voir-faire. Ils s'annoncèrent donc comme certificat fut signé, paraphé ,
légalisé, dit le

ayant le pouvoir de ressusciter les morts; et, conte; et les deux compagnons parcoururent
afin qu'on n'en pût douter, ils déclarèrent les provinces, montrant partout la preuve lé-

qu'au bout de trois semaines, jour pour jour, gale de leur talent surnaturel....

ilsrappelleraient à la vie, dans le cimetière Miroir. — Lorsque François I e1 faisait la


qu'on leur indiquerait, le mort dont on leur guerre à Charles-Quint, on conte qu'un magi-
montrerait la sépulture, fût-il enterré depuis cien apprenait aux Parisiens ce qui se passait
dix ans. Ils demandent au juge du lieu qu'on à Milan, en écrivant sur un miroir les nou-
lesgarde à vue pour s'assurer qu'ils ne s'é- velles de cette ville et l'exposant à la lune
chapperont pas, mais qu'on leur permette en de sorte que les Parisiens lisaient dans cet as-
attendant de vendre des drogues et d'exercer tre ce que portait le miroir. Ce secret est
leurs talents. La proposition paraît si belle perdu comme tant d'autres. Voy. Pythagore.
qu'on n'hésite pas à les consulter. Tout le Pour la divination par le miroir, voy. Cristal-
monde assiège leur maison ; tout le monde LOMANCIË.
méde-
trouve de l'argent pour payer de
cins. — Le grand jour approchait. Le plus
tels
Misraïm ,
— fils de Cham ;
voy. Magie.

jeune des deux charlatans qui avait moins ,


MœnsUlint —
Les riverains de la mer
d'audace, témoigna ses craintes à l'autre, et Baltique vous montrent avec orgueil une
lui dit « Malgré toute votre habileté, je crois
: grande masse de roc, toute blanche, taillée à
que vous nous exposez à être lapidés car ;
pic, surmontée de quelques flèches aiguës et
couronnée d'arbustes. Mais voyez, ce que le
1
Mirabilis liber qui prophetias revelationesque , géologue appelle de la pierre calcaire, ce n'est
liecnon res mirandas, prœttritas, prœsentes et futuras
Bperte demonstrat. In-4°; Paris, 1522. pas la pierre calcaire ; et ce qui s'élève au
2 Le MoikIc enchante, de Bêcher. haut de cette montagne sous la forme d'un
MOG — 3 »0 — MOT
massif d'arbres, ce n'est pas un massif d'ar- Moine bourru ,
— voy. BOURRU.
bres. Il y a là une jeune fée très-belle qui
Moines. — On
partout ce petit conte. lit
règne sur les eaux et sur l'île. Ce roc nu ,
Un moine, qu'une trop longue abstinence fai-
c'est sarobe blanche qui tombe à grands re- un jour dans sa cellule
sait souffrir, s'avisa
plis dans les vagues et se diapré aux rayons
de faire cuire un œuf à la lumière de sa lam-
du soleil; cette pyramide aiguë qui le sur- pe. L'abbé qui faisait sa ronde, ayant vu le
monte c'est son sceptre et ces rameaux de
, ;
moine occupé à sa petite cuisine, l'en reprit;
chêne, c'est sa couronne. Elle est assise au de quoi le bon religieux s'excusant dit que
haut du pic qu'on appelle le Dronnings Stol c'était le diable qui l'avait tenté et lui avait
(le Siège de la Reine). De là elle veille sur inspiré cette ruse. Tout aussitôt parut le dia-
son empire elle protège la barque du pê-
,
ble lui-même ,
qui était caché sous la table,
cheur et le navire du marchand. Souvent la et qui s'écria en s'adressant au moine : « Tu
nuit on a entendu sur cette côte des voix har- en as menti par ta barbe ; ce tour n'est pas
monieuses, des voix étranges qui ne ressem- de mon invention, et c'est toi qui viens de me
blent pas à celles qu'on enlend dans le mon-
l'apprendre. » — Césaire d'Heisterbach donne
de. Ce sont les jeunes fées qui chantent et cet autre petit fait. Le moine Herman, com-
dansent autour de leur reine, et la reine est parant la rigoureuse abstinence de son ordre
là qui les regarde et leur sourit. Oh le peu- !

aux bons ragoûts que l'on mange dans le


ple est le plus grand de tous les poètes. Là ou
monde, vit entrer dans sa cellule un inconnu
la science analyse et discute il invente il , ,
de bonne mine qui lui offrit un plat de pois-
donne la vie à la nature animée, il divinise reçut ce présent; et lorsqu'il voulut
son. I!
les êtres que le physicien regarde comme une accommoder son poisson il ne trouva plus
,

matière brute. Il passe y le long d'un lac et il


sous sa main qu'un plat de fiente de cheval.
voit des esprits; il passe au pied d'un roc de — Il comprit qu'il venait de recevoir une le-
craie, et il y voit une reine, et il l'appelle le
çon ,
et fut plus sobre '.

Mœnsklinl (le rocher de la Jeune Fille)


— Divinités de chaque mois chez
l
» .

Mois.
Mog. — De ce nom peut-être est venu le
pa'iens. — Junon préside au mois de janvier;
les

mot magus , magicien. On retrouve encore


Neptune, à février Mars, au mois qui porte
;

dans l'Arménie l'ancienne région desMogs. «Le nom Phé-


son Vénus au mois d'avril
; , ;

nom de Mog , dit M. Eugène Boré 2 est un ,


bus, au mois de mai; Mercure, au mois de
mot zend et pehlvi qui a passé dans la langue juin; Jupiter, à juillet; Cérès, au mois d'août;
chaldéenne à l'époque où le symbole religieux
Yulcain, à septembre au mois d'octo- ;
Pallas,
de la Perse fut adopté par le peuple de Baby- bre Diane, à novembre; Vesla, à décembre.
;

lonc. I! représentait la classe pontificale, ini- — Anges de chaque mois. Janvier est le —
tiée sans doute à des doctrines secrètes dont
mois de Gabriel; février, le mois de Bar-
l'abus et l'imposture firent tomber ensuite ce chiel mars, le mois de Machidiel avril, le
; ;

titreen discrédit. Les prêtres ainsi désignés mois d'Asmodel mai le mois d'Ambriel
; ,
;

étaient ces anciens desservants du temple de juin, le mois de Muriel; juillet, le mois de
Bélus, qu'avait visités et entretenus Hérodote, Verchiel août, le mois d'Hamaliel sep-
; ;

et qu'il nomme Chaldéens aussi bien que le tembre, le mois d'Uriel octobre, le mois ce ;

prophète Daniel. Ils avaient encore le nom Barbiel novembre, le mois d'Adnachiel dé- ;
;

de sages ou philosophes de voyants et d'as- ,


cembre, le mois d'Hanaê'l. Démons de cha- —
tronomes. Lorsqu'ils mêlèrent aux principes que mois. —
Janvier est le mois de Bélial;
élevés de la science et de la sagesse les su- février, le mois de Léviathan mars le mois ,
;

perstitions de l'idolâtrie et toutes les erreurs de Satan; avril, le mois d'Astarté mai, le ;

de l'astrologie et de la divination, ils furent mois de Lucifer; juin, le mois de Baalberith;


appelés enchanteurs, interprètes de songes, juillet, le mois de Belzébuth août, le mois ;

sorciers, en un mot magiciens. » Mais au ,


d'Astaroth septembre, le mois de Thamuz
; ;

dixième siècle Thomas Ardzérouni. cité par octobre, le mois de Baal novembre, le mois
M. Boré, appelle encore la contrée qu'ils ha- d'Hécate; décembre, le mois de Moloch.
;


bitaient le pays des Mogs. Les Mogols vien- Animaux de chaque mois. La brebis çs< —
draient-ils des Mogs'?
consacrée au mois de janvier; le cheval, au
Mogol. —
Delancre dit qu'un empereur mois de février; la chèvre, au mois de mars;
mogol guérissait certaines maladies avec l'eau le bouc, au mois d'avril; le taureau, au mois

dans laquelle il lavait ses pieds. de mai ; le chien, au mois de juin ; le cerf, au

1
Mar . icr, Traditions c|e 1% mer BaMicjuc. 1
Cœsarii Ilcisterbacli. D.- tentât., lib. iv; Miracul ,

2 De la Clialdée et des C'haldéins. cap. 87.


, ,,

MOÎC — 3 l - MON
mois de juillet; le sanglier, au mois d'août; hommes grossièrement faits, ou des quadru-
l'âne, au mois de septembre; le loup, au mois pèdes, ou des oiseaux. On leur offre des vœux
d'octobre; la biche, au mois de novembre; le et des sacrifices pour les apaiser.

lion au mois de décembre.


, Oiseaux de — Moloch, — prince du pays des larmes,
chaque mois. —
Le paon est consacré au mois membre du conseil infernal. Il était adoré par
de janvier; le cygne, au mois- de février; le les Ammonites, sous la figure d'une statue de
pivert, au mois de mars; la colombe, au mois bronze assise sur un trône de même métal
d'avril; le coq, au mois de mai; l'ibis, au ayant une tête de veau surmontée d'une cou-
mois de juin; l'aigle, au mois de juillet; le ronne royale. Ses bras étaient étendus pour
moineau, au mois d'août; l'oie, au mois de recevoir les victimes humaines on iui sacri- :

septembre la chouette, au mois d'octobre;


; fiait des enfants. Dans Milton Moloch est un ,

la corneille au mois de novembre l'hiron-


, ; démon affreux et terrible couvert des pleurs
delle, au mois de décembre. Arbres de cha- — des mères et du sang des enfants.
que mois. —
Le peuplier est l'arbre de jan- Momies. —
Le prince de Radziville, dans
vier; l'orme, de février; le noisetier, de mars; son Voyage de Jérusalem, raconte une chose
le myrte, d'avril le laurier, de mai le cou-
; ;
singulière, dont il a été le témoin. Il avait
drier, de juin; le chêne, de juillet; le pom- acheté en Egypte deux momies, l'une d'hom-
mier, d'août; le buis, de septembre l'olivier, ;
me et l'autre de femme et , les avait enfer-
d'octobre le palmier, de novembre le pin
; ;
mées secrètement en des caisses qu'il fît
de décembre. mettre dans son vaisseau lorsqu'il partit
Moïse. — Le diable selon
les uns, un im- d'Alexandrie pour revenir en Europe. Il n'y
posteur selon pour induire en
les autres, avait que lui et ses deux domestiques qui

erreur le peuple juif, prit la figure de Moïse sussent ce que contenaient les caisses parce ,

en 434. Il se présenta aux Israélites de l'île que les Turcs alors permettaient difficilement
de Candie leur disant qu'il était leur ancien
,
qu'on emportât les momies croyant que les ,

libérateur, ressuscité pour les conduire une chrétiens s'en servaient pour des opérations
seconde fois à la terre promise. Les Israélites magiques. —
Lorsqu'on fut en mer, il s'éleva
donnèrent tête baissée dans le piège; ils se une tempête qui revint à plusieurs reprises
rassemblèrent des diverses contrées. Quand avec tant de violence que le pilote désespé-
tout fut prêt pour le départ de l'île, l'armée rait de sauver le navire; tout le monde était

du peuple se rendit au bord de la mer, dans dans l'attente d'un naufrage prochain et iné-
la persuasion qu'on allait la passer à pied vitable. Un bon prêtre polonais, qui accom-

sec. Le diable, riant sous cape, conduisit les pagnait le prince de Radziville, récitait les
cohortes jusqu'au rivage. La confiance de ces prières convenables à une telle circonstance ;

gens était si grande, qu'ils n'attendirent pas le prince et sa suite y répondaient. Mais le

que leur conducteur eût fait signe à la mer prêtre était tourmenté, disait-il, par deux
de se fendre ils se jetèrent en masse au mi-
:
spectres (un homme et une femme) noirs et
lieu des flots, certains que la mer se retire- hideux, qui le harcelaient et le menaçaient.
rait sous leurs pas malheureusement la verge
;
On crut d'abord que la frayeur et le danger
de Moïse n'était pas là; plus de vingt mille du naufrage lui avaient troublé l'imagination.
Juifs, dit-on, se noyèrent en plein jour, et le Le calme étant revenu, il parut tranquille;
faux Moïse ne se trouva plus. mais le tumulte des éléments reparut bientôt ;

alors ces fantômes le tourmentèrent plus fort


Mokissos, —
génies révérés des habitants qu'auparavant, et il n'en fut délivré que quand
de Loango, mais subordonnés au Dieu su- on eut jeté les deux momies à la mer, ce qui
prême. Ils pensent que ces génies peuvent les fit en même temps cesser la tempête ». —
châtier, et même leurôter la vie s'ils ne sont Ajoutons que de nos jours les marins du Levant
pas fidèles à leurs obligations. Lorsqu'un hom- conservent cette opinion que les momies atti-
me est heureux et bien portant, il est dans rent les tempêtes , et on ne peut les embar-
les bonnes grâces de son mokisso. Est-il ma-
quer qu'à leur insu.
lade ou éprouve-t-il des revers, il attribue
cette calamité à la colère de son génie. Ces
Monarchie infernale. — Elle se Compose ,

selon YVierus, d'un empereur, qui est Belzé-


peuples donnent le même nom à leur souve-
buth; de sept rois, qui régnent aux quatre
rain auquel ils croient un pouvoir divin et
,

points cardinaux et qui sont Baël Pursan ,

surnaturel, comme de pouvoir faire tomber


Byleth, Paymon Belial , Asnioday, Zapan;
,
la pluie et d'exterminer en un instant des
,

de vingt-trois ducs, qui sont Agares, Basas,


milliers d'hommes, etc. Les mokissos sont —
des figures de bois qui représentent ou des 1
Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions.
MON — 35 2 — MON
Gusoyn, Baihym, Eligor, Valcfar, Zepar, Sy- lepère en détacha deux autres, que Saturne
try, Bune, Berith Astarolh, Vepar, Chax,
, épousa pareillement. Quelque temps après,
Pricel Murmur, Focalor, Gomory, Amdus-
,
Saturne ayant tendu des embûches à son père,
cias, Aym, Orobas, Vapula, Hauros Alocer; ,
l'estropia, et l'honora ensuite comme un dieu.
de treize marquis qui sont Aamon Loray,
, ,
— Tels sont les divins exploits de Saturne;
Naberus, Forneus, Roncve, Marchocias, Sab- tel fut l'âge d'or. Astarté-la-Grande régna

nac, Gamigyn Arias, /ndras, Androalphus,


,
alors dans le pays par le consentement de
Cimeries, Phœnix de dix comtes, qui sont ; Saturne; elle porta sur sa tête une tète de
Barbatos, Botis, Morax, fpcs Furfur, Raym, taureau pour marque de sa royauté etc. ,

— Au
, ,

Halphas, Vine, Decarabia, Zalcos; de onze commencement, Hésiode, était le


dit
présidents, qui sont Marbas, Buer, Glasiala- Chaos, ensuite la Terre, leTartare, l'Amour,
bolas, Forças, Malphas, Gaap, Caym, Vo- le plus beau des dieux. Le Chaos engendra

lac, Oze, Amy, Haagenti; et de plusieurs l'Erèbe et la Nuit de l'union desquels naqui-
,

chevaliers, qui sont Furcas, Bifrons, etc. Ses rent le Jour et la Lumière. La Terre produisit
forces se composent de 6666 légions, chacune alors les étoiles, les montagnes et la mer.
de 6666 démons. Voy. Cour. Bientôt unie au Ciel elle enfanta l'Océan
, ,

Monde. —
Tout s'accorde pour donner au Hypérion, Japhet Rhéa Phœbé Thétis
, , , ,

monde une origine peu éloignée. L'histoire, Mnémosyne, Thémis et Saturne ainsi que les ,

aussi bien que la Sainte-Bible, ne nous per- cyclopes, et les géants Briarée et Gygès, qui
met guère de donner au monde plus de six avaient cinquante têtes et cent bras. A me-
mille ans; et rien dans les arts, dans les sure que ses enfants naissaient, le Ciel les
monuments, dans la civilisation des anciens enfermait dans le sein de la Terre. La Terre,
peuples, ne contredit cette époque de la créa- irritée ,
fabriqua une faux qu'elle donna à
tion. Quelques sophistes ont voulu établir le Saturne Celui-ci en frappa son père, et du
stupide système de l'éternité du monde; d'au- sang qui sortit de cette blessure naquirent
tres ont prétendu que le monde était fait_par les géants et les furies. Saturne eut de Rhéa,

le hasard mais, indépendamment de la foi


;
son épouse et sa sœur, Vesla Cérès, Junon, ,

la main de Dieu paraît trop clairement dans Pluton Neptune et Jupiter. Ce dernier, sauvé
,

les chefs-d'œuvre de la nature pour qu'on de la dent de son père, qui mangeait ses en-
puisse croire que le monde se soit fait de lui- fants, fut élevé dans une caverne et par la ,

même. —
Racontons, toutefois, les rêveries suite fit rendre à Saturne ses oncles qu'il te-
des conteurs païens. Sanchoniaton présente nait en prison ses frères qu'il avait avalés
, ,

ainsi l'origine du monde. Le Très-Haut et sa le chassa du ciel et la foudre à la main


, ,

femme habitaient le sein de la lumière. Ils devint le maître des dieux et des hommes. —
eurent un fils beau comme le ciel, dont il Les Egyptiens faisaient naître l'homme et les
porta le nom et une fille belle comme la
,
animaux du limon échauffé par le Soleil. Les
terre, dont elle porta le nom. Le Très-Haut Phéniciens disaient que le Soleil, la Lune et
mourut tué par des bêtes féroces , et ses en- les astres Limon, fils de l'Air
ayant paru , le

fants le déifièrent. — Le Ciel, maître de l'em- et du Feu enfanta tous les animaux que les
, ;

pire de son père ,


épousa la Terre , sa sœur, premiers hommeshabitaient la Phénicie; qu'ils
et en eut plusieurs enfants, entre autres Ilus furent d'une grandeur démesurée et donnè-
ou Saturne. Il prit encore soin de sa postérité rent leur nom aux montagnes du pays; que
avec quelques autres femmes mais la Terre ;
bientôt ils adorèrent deux pierres, l'une con-
en témoigna tant de jalousie qu'ils se séparè- sacrée au Vent, l'autre au Feu, et leur im-
rent. — Néanmoins le Ciel revenait quelque- molèrent des victimes. Mais le Soleil fut tou-
fois à elle, et l'abandonnait ensuite de nou- jours le premier et le plus grand de leurs

veau , ou cherchait à détruire les enfants dieux. —


Tous les peuples anciens faisaient
qu'elle lui avait donnés. Quand Saturne fut remonter très-haut leur origine, et chaque
grand il prit le parti de sa mère, et la pro-
, nation se croyait la première sur la terre.
tégea contre son père avec le secours d'Her- ,
Quelques peuples modernes ont la même am-
mès, son secrétaire. Saturne chassa son père, bition :les Chinois se disent antérieurs au
et régna en sa place. Ensuite, il bâtit une déluge les Japonais soutiennent que les dieux
;

ville, et se défiant de Sadid, l'un de ses fils, dont ils sont descendus ont habité leur pays
il le tua et coupa la tète à sa fille
, au grand , 1
L'auteur du Monde primitif trouve la clef de ce
étonnement des dieux. Cependant le Ciel tou- ,
morceau dans l'agriculture......; d'antres en cherchent
l'explication, dans 'astronomie, ce qvii n'est pas moins
l

jours fugitif, envoya trois de ses filles à Sa- ingénieux; ceux-ci n'y voient que les opinions reli-
turne pour le faire périr; ce prince les fit gieuses des Phéniciens touchant l'origine du mon. le ;

ceux-là y croient voir l'histoire dénaturée des premiers


prisonnières et les épousa. A cette nouvelle, princes du pays, etc.
MON — 53 — S MON
plusieurs millions d'années avant le règne de
père des Lapons, qui vivent encore au-
fut le

Sin-Mu, fondateur de leur monarchie. — jourd'hui sans s'abriter.


Origène prétend que Dieu a toujours créé, Mon kir ïîekir — anges qui, selon et , la
par succession, des mondes infinis, et les a croyance des musulmans, interrogent le mort
ruinés au temps déterminé par sa sagesse; à aussitôt qu'il est dans le sépulcre, et com-
savoir: le monde élémentaire, de sept en sept mencent leur interrogatoire par celte deman-
mille ans; et le monde céleste, de quarante- de Qui est votre seigneur? et qui est votre
:

neuf en quarante-neuf mille ans réunissant ,


prophète? Leurs fonctions sont aussi de tour-
auprès de lui tous les esprits bienheureux et , menter les réprouvés. Ces anges, qui ont un
laissant reposer la matière l'espace de mille aspect hideux et une voix aussi terrible que
ans, puis renouvelant toutes choses. Le monde le tonnerre, après avoir reconnu que le mort
élémentaire doit durer six mille ans, ayant est dévoué à l'enfer, le fouettent avec un
été fait en six jours, et se reposer le septième fouet moitié fer et moitié feu *. Les mahomé-
millénaire, pour le repos du septième jour; (ans ont tiré cette idée du ïhalmud.
et, comme la cinquantième année était le Monsieur de Laforêt. — C'est le nom qu'on
grand jubilé chez les Hébreux, le cinquantiè- donnait autrefois au fantôme plus connu sous
,

me millénaire doit être le millénaire du repos le titre de grand Veneur, de la forêt de Fon-
pour le monde céleste. Il n'est point parlé
tainebleau. Voy. Veneur. Sa résidence ordi-
dans la Bible de la création des anges, parce naire était dans cette forêt; mais il s'en écar-
qu'ils étâient restés immortels après la ruine
tait quelquefois. Delancre rapporte qu'un en-
des mondes précédents. — Les Parsis ou Guè- fant, qui vivait en Allemagne, fut trouvé vêtu
bres prétendent que, pour peupler plus promp- d'une peau de loup, et courant comme un
tement le monde nouvellement créé Dieu ,
petit loup-garou il dit que c'était Monsieur
;

permit qu'Eve mère commune, mît au


, notre de Laforêt qui lui avait donné sa peau que ;

monde chaque jour deux enfants jumeaux ;


son père s'en servait aussi. Dans un interro-
ils ajoutent que durant mille ans la mort res-
gatoire cet enfant avoua que si Monsieur de
,

pecta les hommes, temps de


et leur laissa le
Laforêt lui apparaissait, il pouvait le mettre
se multiplier. Les Lapons, qui ne sont pas en fuite par des signes de croix qu'il lui de- ;

très-forts, s'imaginent que le monde existe mandait s'il voulait être à lui, qu'il lui offrait
de toute éternité, et qu'il n'aura jamais de pour cela de grandes richesses, etc.
fin. —Les hommes tirent plus de vanité d'une
Monstres. — Méry, célèbre anatomiste et
noble origine et d'une naissance illustre que
chirurgien-major des invalides , vit et dissé-
d'un noble cœur et d'un mérite personnel.
qua , en 1720, un petit monstre né à six mois
Les peuples de la Côte-d'Or, en Afrique,
de terme, sans tête, sans bras, sans cœur,
croient que le premier homme fut produit par
sans poumons, sans estomac, sans reins,
une araignée. Les Athéniens se disaient des-
sans foie, sans rate , sans pancréas, et pour-
cendus des fourmis d'une forêt de l'Atlique.
tant né vivant. Celte production extraordinaire
Parmi les sauvages du Canada il y a trois ,
fut suivie d'une fille bien organisée, qui te-
familles principales l'une prétend descendre
:

nait monstre par un cordon ombili-


au petit
d'un lièvre l'autre dit qu'elle descend d'une
cal commun. Son observation est consignée
;

très-belle et très-courageuse femme, qui eut


dans les Mémoires de V Académie des sciences.
pour mère une carpe, dont l'œuf fut échauffé
Comment la circulation du sang s'opérait-elle
par les rayons du soleil la troisième famille ;
dans cet individu dépourvu de cœur? Méry
se donne pour premier ancêtre un ours 4 Les .

essaya de l'expliquer dans une dissertation 2 .

rois des Goths étaient pareillement nés d'un


En d'autres temps, on eût tout mis sur le
ours. Les Pégusiens sont nés d'un chien. Les
Suédois et les Lapons sont issus de deux frè-
compte du diable. Voy. Imagination. Il
y —
a beaucoup de monstres dans les historiens
res dont le courage était bien différent, s'il
des siècles passés. Torquemada rapporte qu'A-
faut en croire les Lapons. Un jour qu'il s'était
lexandre, faisant la guerre des Indes, vit plus
élevé une tempête horrible, l'un des deux frè-
de cent trente mille hommes ensemble qui
res qui se- trouvaient ensemble fut si épou-
avaient des têtes de chiens et aboyaient
vanté, qu'il se glissa sous une planche que
comme eux il dit aussi que certains habi-
:

Dieu ,
par pitié, convertit en maison. De ce
tants du mont Milo avaient huit doigts aux
poltron sont nés tous les Suédois. L'autre,
pieds et tournés en arrière, ce qui rendait
plus courageux, brava la furie de la tempête,
sans chercher même à se cacher : ce brave T
Dclancre, Tableau de l'incons'ancc des démons, <fc.,
liv. îv, p. 318.
1 M. Saignes, Dec erreurs et des préjugés, etc., t. III,
1
Saint-'Foix, Essaie t. II. p. 116.

I
MON — M— î MOU
ces hommes extrêmement légers à la course. n'en mourut point il eut mais
le cou ren-
;

— On voit dans des vieilles chroniques qu'il versé et le visage tourné par derrière tout le
y avait au nord des hommes qui n'avaient reste de sa vie. Il y a eu des gens qui l'ont
qu'un œil au milieu du front; en Albanie, des vu en cet état Us avaient de bons yeux 4 .

hommes dont les cheveux devenaient blancs Voy. Mineurs.


dès l'enfance, et qui voyaient mieux la nuit Montalembert (Adrien de )
, — aumônier
que le jour (conte produit par les Albinos) ;
de François I
er
auteur d'un ouvrage intitulé :
,

des Indiens qui avaient des têtes de chien; La Merveilleuse histoire de l'esprit qui depuis
d'autres sans cou et sans tète ,
ayant les yeux naguère apparu au monastère des reli-
s est
aux épaules; et, ce qui surpasse toute ad- gieuses Saint - Pierre de Lyon, Paris,
de
miration, un peuple dont le corps était velu
1528, in-4°; Rouen, 1529; Paris, 1580,
et couvert de plumes comme les oiseaux, et in-12.
qui se nourrissaient seulement de l'odeur des
fleurs. —
On a pourtant ajouté foi à ces fables :
Montan ,
— chef des hérétiques monta-
nistes au deuxième siècle. C'était un eunuque
n'oublions pas celles qui se trouvent consi-
phrygien. Comme il avait des attaques d'épi-
gnées dans le Journal des voyages de Jean
lepsie, il en fit des extases où il s'entretenait
Struys, qui dit avoir vu de ses propres yeux
avec Dieu. Il reconnaissait que le Saint-Esprit
les habitants de l'île de Formose, ayant une
était venu mais il le distinguait du Paraclet
queue au derrière, comme les bœufs ;
il parle ;

et il disait : C'est moi qui suis le Paraclet.


aussi d'une espèce de concombre qui se nour-
Les montanistes admettaient les femmes à la
rit, dit-on, des plantes voisines. Cet auteur
prêtrise.
ajoute que ce fruit surprenant a la figure d'un
agneau avec les pieds, la tèle et la queue de Montanay ,
— sorcier. Voy. Galigaï.

cet animal distinctement formés; d'où on l'ap- Montézuma, — VOlJ . PRÉSAGES.


pelle en langage du pays, banaret ou bo-
,
Morail ,
— démon qui a la puissance de
narez qui signifie agneau. Sa peau est cou-
, rendre invisible, selon les Clavicules de Sa-
verte d'un duvet fond blanc aussi délié que lomon.
de Les Tartares et les Moscovites en
la soie.
fond grand état, et la plupart le gardent avec
Morax ou Forai, — capitaine, comte et
président de plusieurs bandes infernales il
soin dans leurs maisons, où cet auteur en a ;

se fait voir sous la forme d'un taureau. Lors-


vu plusieurs. Il croît sur une lige d'environ
qu'ilprend la figure humaine il instruit ,
trois pieds de haut. L'endroit par où il tient
l'homme dans l'astronomie et dans tous les
est une espèce de nombril sur lequel il se
tourne et se baisse vers les herbes qui lui
arts libéraux. — Il est le prince des esprits fa-
miliers qui sont doux et sages. Il a sous ses
servent de nourriture se séchant et se flétris-
,
2
ordres trente-six légions .

sant aussitôt que ces herbes lui manquent.


Les loups l'aiment et le dévorent avec avi- Moreau , — chiromancien du dix-neuvième
dité parce qu'il a le goût de la chair d'a-
,
siècle, dit-on, prédit à Napoléon sa
qui,
gneau et l'auteur ajoute qu'on lui a assuré
;
chute et ses malheurs. Bien d'autres furent
que cette plante a effectivement des os, du aussi sorciers que lui. Il exerçait à Paris, où
sang et de la chair d'où vient qu'on l'ap-
:
il mourut en 1825.
pelle dans le pays Zoaphité, c'est-à-dire Morel ( Louise ), —
sorcière, tante de Ma-
plante animale rie Martin. Voy. Martin.
Montagnards, — démons qui font leur sé- Morgane, — sœur du roi Arthus, élève de
jour dans les mines sous les montagnes, et Merlin, qui lui enseigna la magie ; elle est fa-
tourmentent les mineurs. Ils ont trois pieds meuse dans les romans de chevalerie par ses
de haut, un visage horrible, un air de vieil- enchantements et par les tours qu'elle joua à
lesse, une camisole et un tablier de cuir, Genièvre sa belle-sœur. C'est dans la Bre- —
comme les ouvriers dont ils prennent souvent tagne une grande fée l'une des prophétesses ,

la figure. On dit que ces dénions n'étaient de l'île de Sein, et la plus puissante des neuf
point malfaisants , et entendaient la plaisan- sœurs druidesses.
terie mais une insulte leur était sensible et
; ,
Morin ( Louis ), médecin de mademoi- —
ils la souffraient rarement sans se venger.
selle de Guise, né au Mans en 1615 et mort
Un mineur eut l'audace de dire des injures à en 1705. Il pronostiquait, comme LucGauric;
un de ces démons. Le démon indigné saufa
on dit qu'il annonça le sort de Gustave-Adolphe
sur le mineur et lui tordit le cou. L'infortuné
1
Taillepied, Apparitions des esprits, p. 136.
« Lebrun, Uist. des superstitions, t. I ,r ,
p. 112. * Wierus, in l'seudomonarchia dœm.
M OR — 3; 5 - M OR
et du jeune Cinq-Mars, et qu'il fixa à quel- , monde fuyait devant lui,
vînt chez soi, tout le
ques légères différences près, le jour et l'heure comme si c'eût été un démon ou un fantôme ;

où moururent le cardinal de Richelieu et le et on ne lui permettait de communiquer avec


connétable de Lesdiguières. On lui attribue à personne qu'il n'eût été purifié. On était per-
tort la réponse adroite de cet astrologue qui, suadé qu'il devait avoir eu de grandes liai-
interrogé par Louis XI s'il connaissait lui- sons avec les démons, puisque les bêtes ne
même l'époque de sa propre mort, répondit : l'avaient pas mangé, et qu'il avait recouvré
« Oui, prince, trois jours avant la vôtre. » ses forces sans aucun secours. — Les anciens
Morin ( Simon visionnaire fanatique
)
, — attachaient tant d'importance aux cérémonies
funèbres qu'ils inventèrent les
du dix-septième siècle, né vers 1623, qui ,
dieux Mânes
voulut rétablir la secte des Illuminés. Il fit
pour veiller aux sépultures. On trouve, dans
quelques. prosélytes mais à la suite de plu- la plupart de leurs écrits, des traits frappants
;

sieurs détentions à la Bastille, il condamné


fut
qui nous prouvent combien était sacré, parmi

à être brûlé, après avoir fait amende hono- eux , ce dernier devoir que l'homme puisse
rable comme accusé de conspiration contre rendre à l'homme. Pausanias conte que cer-
le roi ilmonta sur le bûcher le \ 4 mars 1 663. tains peuples de l'Arcadie ayant tué inhu- ,
;

C'était un agitateur qui eût bien voulu une mainement quelques garçons qui ne
petits

petite révolution. ne leur faisaient aucun mal, sans leur donner


d'autre sépulture que les pierres avec les-
Mort. — <( La mort, si poétique parce
quelles ils les avaient assommés , et leurs
qu'elle touche aux choses immortelles, si
femmes quelque temps après
,
se trouvant ,
mystérieuse à cause de son silence, devait
atteintes d'une maladie qui les faisait toutes
avoir mille manières de s'énoncer pour le
avorter, on consulta les oracles, qui com-
peuple. Tantôt un trépas se faisait prévoir par
mandèrent d'enterrer au plus vite les enfants
le

même;
tintement d'une cloche qui sonnait d'elle-
tantôt l'homme qui devait mourir en-
si cruellement privés de funérailles. Les —
Égyptiens rendaient de grands honneurs aux
tendait frapper trois coups sur le plancher de
morts. Un de leurs rois, se voyant privé d'hé-
sa chambre. Une religieuse de Saint-Benoît,
ritiers mort de sa fille unique, n'é-
par la
près de quitter la terre, trouvait une couronne
pargna rien pour lui rendre les derniers de-
d'épine blanche sur le seuil de sa cellule. Une
voirs et tâcha d'immortaliser son nom par
,

mère perdait-elle son fils dans un pays loin-


la plus riche sépulture qu'il pût imaginer. Au
tain, elle en était instruite à l'instant par ses
lieude mausolée, il lui fit bâtir un palais et ;

songes. Ceux qui nient le pressentiment ne


on ensevelit le corps de la jeune princesse
connaîtront jamais les routes secrètes par où
dans un bois incorruptible qui représentait
deux cœurs qui s'aiment communiquent d'un ,

une génisse couverte de lames d'or et revêtue


bout du monde à l'autre. Souvent le mort
de pourpre. Cette figure était à genoux, por-
chéri, sortant du tombeau, se présentait à son
tant entre ses cornes un soleil d'or massif, au
ami lui recommandait de dire des prières
,
milieu d'une salle magnifique et entourée de
pour le racheter des flammes et le conduire
à la félicité des élus'. » De tous les spec- — cassolettes où brûlaient continuellement des
parfums odoriférants. —
Les Égyptiens em-
tres de ce monde, la mort est le plus effrayant.
baumaient les corps et les conservaient pré-
Dans une année d'indigence un paysan se ,
cieusement; les Grecs et les Romains les
trouve au milieu de quatre petits enfants qui
brûlaient. Cette coutume de brûler les morts
portent leurs mains à leurs bouches, qui de-
mandent du pain et à qui il n'a rien à
,
est fort ancienne. —
Les Égyptiens, avant de
rendre à leurs rois les honneurs funèbres, les
donner.... La démence s'empare de lui; il
jugeaient devant le peuple et les privaient ,

saisit un couteau il égorge les trois aînés


;
;
de sépulture s'ils s'étaient conduits en tyrans.
lo plus jeune, qu'il allait frapper aussi, se

jette à ses pieds et lui crie : « Ne me tuez pas,


— Quand le roi des Tartares mourait, on met-
tait son corps embaumé dans un chariot, et
je n'ai plus faim. » — Dans les armées des
on le promenait dans toutes ses provinces. Il
Perses, quand un simple soldat était malade
était permis à chaque gouverneur de loi faire
à l'extrémité, on le portait dans quelque forêt
quelque outrage, pour se venger du tort qu'il
prochaine, avec un morceau de pain, un peu
en avait reçu. Par exemple, ceux qui n'avaient
d'eau et un bâton pour se défendre contre
,
pu obtenir audience maltraitaient les oreilles,
les bêtes sauvages qu'il en aurait la tant
qui leur avaient été fermées ceux qui avaient ;

force. Ces malheureux étaient ordinairement


été indignés contre ses débauches, s'en pre-
dévorés. S'il en échappait quelqu'un qui re-
naient aux cheveux, qui étaient sa principale
1
M. de Chateaubriand, C^jnie du christianisme. beauté, et lui l'aidaient mille huées après ,
MOR — B 16 — i\;OR
l'avoir rasé, pour le rendre laid et ridicule; sépulture le ventre des oiseaux sacrés. —
ceux qui se plaignaient de sa trop grande dé- Plusieurs peuples de l'Asie eussent cru se
licatesse lui déchiraient le nez, croyant qu'il rendre coupables d'une grande impiété en
n'était devenu efféminé que parce qu'il avait laissant pourrir les corps c'est pourquoi, aus- ;

trop aimé les parfums. Ceux qui décriaient son sitôt que quelqu'un était mort parmi eux ils ,

gouvernement lui brisaient le front d'où , le mettaient en pièces et le mangeaient en

étaient sorties toutes ses ordonnances tyran- grande dévotion avec les parents et les amis.
niques ceux qui en avaient reçu quelque vio-
;
C'était lui rendre honorablement les derniers
lence lui mettaient les bras en pièces. Après devoirs. Pythagore enseigna la métempsycose
qu'on l'avait ramené au lieu où il était mort, des âmes ceux-ci pratiquaient la métemp-
;

on le brûlait avec une de ses femmes un , sycose des corps, en faisant passer le corps
échanson un cuisinier, un écuyer, un pale-
, des morts dans celui des vivants. D'autres —
frenier, quelques chevaux et cinquante es- peuples, tels que les anciens Hiberniens, les
claves —
Quand un Romain mourait, on lui Bretons et quelques nations asiatiques, fai-
f ermait les yeux pour qu'il ne vît point l'afflic- saient encore plus pour les vieillards ils les ;

tion de ceux qui l'entouraient. Quand ii était égorgeaient dès qu'ils étaient septuagénaires,
sur le bûcher, on les lui rouvrait pour qu'il et en faisaient pareillement un festin. C'est
pût voir la beauté des cieux qu'on lui sou- ce qui se pratique encore chez quelques peu-
haitait pour demeure. On faisait faire ordi- plades sauvages. — Les Chinois font publier
nairement la figure du mort, ou en cire, ou le convoi, pour que le concours du peuple soit
en marbre, ou en pierre; et celte figure ac- plus nombreux. On fait marcher devant le
compagnait le cortège funèbre entourée de , mort des drapeaux et des bannières, puis des
pleureuses à gages. —
Chez plusieurs peuples joueurs d'instruments, suivis de danseurs re-
de l'Asie et de l'Afrique, aux funérailles d'un vêtus d'habits fort bizarres qui sautent tout ,

homme riche et de quelque distinction on ,


le long du chemin avec des gestes ridicules.
égorge et on enterre avec lui cinq ou six de Après cette troupe viennent des gens armés
,

ses esclaves. Chez les Romains dit Saint- , de boucliers et de sabres ou de gros bâtons ,

Foix, on égorgeait aussi des vivants pour noueux. Derrière eux d'autres portent des ,

honorer les morts on faisait combattre des


;
armes à feu dont ils font incessamment des
gladiateurs devant le bûcher, et on donnait à décharges. Enfin, les prêtres crient de toutes
ces massacres le nom de jeux funéraires. — leurs forces, marchent avec les parents, qui
En Égyple au Mexique, dit le même auteur,
et mêlent à ces cris des lamentations épouvan-
on faisait toujours marcher un chien à la tête tables; le cortège est fermé par le peuple.
du convoi funèbre. En Europe, sur les anciens Cette musique enragée et ce mélange bur-
tombeaux des princes et des chevaliers , on lesque de joueurs, de danseurs, de soldats ,

voit communément des chiens à leurs pieds. de chanteuses et de pleureurs, donnent beau-
— Les Parthes, les Mèdes et les Ibériens ex- coup de gravité à la cérémonie. On ensevelit
posaient les corps, ainsi que chez les Perses, le mort dans un cercueil précieux et on en- ,

pour au plus tôt dévorés par les


qu'ils fussent terre avec lui entre plusieurs objets de pe-
, ,

bêtes sauvages, ne trouvant rien de plus in- tites figures horribles, pour faire sentinelle

digne de l'homme que la putréfaction. Les près de lui et effrayer les démons. Après quoi
Bactriens nourrissaient, pour ce sujet, de on célèbre le festin funèbre, où l'on invite de
grands chiens dont ils avaient un soin ex- temps en temps le défunt à manger et à boire
trême. Ils se faisaient autant de gloire de les avec les convives. —
Les Chinois croient que
nourrir grassement, que les autres peuples de les morts reviennent en leur maison, une fois
se bâtir de superbes tombeaux. Un Bactrien tous les ans, la dernière nuit de l'année. Pen-
faisait beaucoup d'estime du chien qui avait dant toute cette nuit, ils laissent leur porte
mangé son père. —
Les Barcéens faisaient ouverte, afin que les âmes de leurs parents
consister le plus grand honneur de la sépul- trépassés puissent entrer ils leur préparent ;

ture à être dévorés par les vautours de sorte ; des lits et mettent dans la chambre un bassin
que toutes les personnes de mérite et ceux plein d'eau ,
pour qu'ils puissent se laver les

qui mouraient en combattant pour la patrie pieds. Ils attendent jusqu'à minuit. Alors,
étaient aussitôt exposés dans des lieux où les supposant les morts arrivés, ils leur font com-
vautours pouvaient en faire curée. Quant à pliment, allument des cierges, brûlent des
la populace, on renfermait dans des tom- odeurs, et les prient, en leur faisant de pro-
beaux ne la jugeant pas digno d'avoir pour
, fondes révérences, de ne pas oublier leurs
enfants et de leur obtenir des dieux la force
* Muret, D s <\'rt; moni< s funèbres. la sant'' les biens et une longue vie.
1
,
Les —
MOR — : »7 — MOR
Siamois brûlent les corps et mettent autour royaume de Tonquin , il est d'usage ,
parmi
du bûcher beaucoup de papiers où sont peints lespersonnes riches, de remplir la bouche du
des jardins, des maisons, des animaux, des mort de pièces d'or et d'argent, pour ses be-
fruits en un mot
, tout ce qui peut être utile
,
soins dans l'autre monde. On revêt l'homme
et agréable dans l'autre vie. Ils croient que de sept de ses meilleurs habits et la femme ,

ces papiers brûlés deviennent réellement ce de neuf. Les Galates mettaient dans la main
qu'ils représentent. Ils croient aussi que tout du mort un certificat de bonne conduite. —
être, dans la nature, quel qu'il soit, un habit, Chez les Turcs on loue des pleureuses qui
,

une flèche, une hache, un chaudron, etc., a accompagnent le convoi et on porte des ra- ,

une âme et que cette àme suit dans


, l'autre fraîchissements auprès du tombeau, pour ré-
monde le maître à qui la chose appartenait galer les passants, qu'on invite à pleurer et à
dans ce monde-ci. On aurait dit sérieuse- pousser des cris lamentables. Les Gaulois —
ment pour eux ces vers burlesques :
brûlaient, avec le corps mort, ses armes, ses
habits, ses animaux, et même ceux de ses
J'aperçus l'ombre d'un cocher
Qui tenant l'ombre d'une brosse ,
,
esclaves qu'il avait paru le plus chérir. Quand
Eu frottait l'ombre d'un carrosse I , on découvrit le tombeau de Childéric père ,

— Le gibet, qui nous inspire tant d'horreur,


de Clovis, à Tournay, on y trouva des pièces
d'or et d'argent des boucles des agrafes
, ,
a passé chez quelques peuples pour une telle
des filaments d'habits, la poignée d'une épée,
marque d'honneur, que souvent on ne l'ac-
le tout d'or la figure en or d'une tête de bœuf,
cordait qu'aux grands seigneurs et aux sou- ;

qui était, dit-on, l'idole qu'il adorait; les os.


verains. Les Tibaréniens les Suédois les , ,

le mors, un fer et quelques restes du harnais


Goths suspendaient les corps à des arbres et
d'un cheval, un globe de cristal dont il se ser-
les laissaient se défigurer ainsi peu à peu, et
vait pour deviner, une pique, une hache d'ar-
servir de jouet aux vents. D'autres empor-
taient dans leurs maisons ces corps desséchés,
mes , un squelette d'homme en entier, une
autre tète moins grosse qui paraissait avoir
et les pendaient au plancher comme des ,

pièces de cabinet 2 Les Groè'nlandais habi- . ,


été celle d'un jeune homme, et apparemment
de l'écuyer qu'on avait tué, selon la coutume,
tant le pays du monde le plus froid, ne pren-
pour accompagner et aller servir là-bas son
nent pas d'autres soins des morts que de les
maître. On voit qu'on avait eu soin d'enterrer
exposer nus à l'air, où ils se gèlent et se dur-
avec lui ses habits, ses armes, de l'argent, un
cissent aussitôt comme des pierres puis, de ;

cheval un domestique des tablettes pour


, ,
peur qu'en les laissant au milieu des champs
écrire, en un mot, tout ce qu'on croyait pou-
ils ne soient dévorés par les ours, les parents
voir lui être nécessaire dans l'autre monde.
les enferment dans de grands paniers qu'ils
suspendent aux arbres. Les Troglodites ex- — Quelquefois même on enterrait avec les grands
personnages leur médecin. La belle Austre-
posaient les corps morts sur une éminence,
gilde obtint en mourant du roi Gontran son ,
le derrière tourné vers les assistan's; de sorte
mari, qu'il ferait tuer et enterrer avec elle les
qu'excitant, par cette posture, le rire de toute
deux médecins qui l'avaient soignée pendant
l'assemblée, on se moquait du mort au lieu
sa maladie. « Ce sont, je crois, les seuls, dit
de pleurer chacun lui jetait des pierres et
; ,

Saint-Foix, qu'on ait inhumés dans le tom-


quand il en était couvert on plantait au- ,

beau des rois; mais je ne doute pas que plu-


dessus une corne de chèvre et on se retirait.
— Les habitants des îles Baléares dépeçaient
sieurs autres n'aient mérité le

même hon-
le corps en petits morceaux, et croyaient ho-
neur. » On observait anciennement
en ,

norer infiniment défunt en l'ensevelissant


France une coutume singulière aux enter-
,
le

dans une cruche. — Dans certains pays de


rements des nobles; on faisait coucher dans
le lit de parade qui se portait aux enterre-
l'Inde , la femme
le bûcher de
se brûle sur
ments un homme armé de piod en cap pour
son mari. Lorsqu'elle a dit adieu à sa famille,
représenter le défunt. On trouva dans les
on lui apporte des lettres pour le défunt, des
comptes de la maison de Polignac Donné :
pièces de toile, des bonnets, des souliers, etc.
cinq sous à Biaise, pour avoir fait le chevalier
Quand les présents cessent de venir elle ,

mort, à la sépulture de Jean, fils de Randonnet-


demande jusqu'à trois fois a l'assemblée si
l'on n'a plus rien à lui apporter et à lui re-
Armand, vicomte de Polignac. Quelques —
peuples de l'Amérique enterraient leurs morts
commander, ensuite elle fait un paquet de tout
et l'on met le feu au bûcher. Dans le — assis et entourés de pain, d'eau, de fruits et

d'armes. A Panuco, dans le Mexique, on
1
De Cli. Perrault, attribués mal à propos à Scarron. regardait les médecins comme de petites di-
2 Muret; Des cérémonies funèbres, etc. vinités, à cause qu'ils procuraient la santé
,
, ,

MO 11 358 — MOU
qui est le plus précieux de tous les biens. le prince que le défunt avait choiri pour son
Quand ils mouraient, on ne les enterrait pas successeur ;
la noblesse et le peuple suivaient
comme les autres mais on , les brûlait avec le corps avec de grandes lamentations. Le
des réjouissances publiques les hommes et ;

convoi r.e se mettait en marche qu'à minuit,
les femmes dansaient pèle-mè'e autour du à la lueur des torches. Quand il était arrivé
bûcher. Dès que les os étaient réduits en cen- au temple, on faisait quatre fois le tour du
dres chacun tâchait d'en emporter dans sa
, bûcher, après quoi on y déposait le corps et
maison et les buvait ensuite avec du vin
,
,
on amenait les officiers destinés à le servir
comme un préservatif contre toutes sortes de dans l'autre monde entre autres, sept jeunes ;

maux. —
Quand on brûlait le corps de quel- filles l'une pour serrer ses bijoux
, l'autre ,

que empereur du Mexique on égorgeait d'a- , pour lui présenter sa coupe, la troisième pour
bord sur son bûcher l'esclave qui avait eu lui laver les mains la quatrième pour lui ,

soin, pendant sa vie, d'allumer ses lampes donner la serviette la cinquième pour faire ,

afin qu'il lui allât rendre les mêmes devoirs sa cuisine la sixième pour mettre son cou-
,

dans monde. Ensuite on sacrifiait deux


l'autre vert la septième pour laver son linge. On
,

cents esclaves, tant hommes que femmes, et, mettait le feu au bûcher, et toutes ces mal-
parmi eux, quelques nains et quelques bouf- heureuses victimes, couronnées de fleurs,
fons pour son divertissement. Le lendemain, étaient assommées à grands coups de massue
on enfermait les cendres dans une petite grotte et jetées dans les flammes. Chez les sau- —
voûtée, toute peinte en dedans, et on mettait vages de la Louisiane après les cérémonies ,

au-dessus la figure du prince, à qui l'on faisait des obsèques, quelque homme notable de la
encore de temps en temps de pareils sacri- nation, mais qui doit n'être pas de la famille
fices; car, le quatrième jour après qu'il avait du mort , fait son éloge funèbre. Quand il a
été brûlé, on lui envoyait quinze esclaves en fini, les assistants vont tout nus, les uns après
l'honneur des quatre saisons, afin qu'il les eût les autres, se présenter devant l'orateur, qui
toujours belles ; on en sacrifiait cinq le ving- leur applique à chacun, d'un bras vigoureux,
tième jour, afin qu'il eûf, toute l'éternité, une trois coups d'une lanière large de deux doigts
vigueur pareille à celle de vingt ans le soixan- ; en disant « Souvenez-vous que pour être un
:

tième on en immolait trois autres afin qu'il


, bon guerrier comme l'était le défunt, il faut
ne sentît aucune des trois principales incom- savoir souffrir. » — Les protestants luthériens
modités de la vieillesse, qui sont la langueur, n'ont point de cimetière et enterrent indis-
le froid et l'humidité; enfin, au bout de l'an- tinctement les morts dans un champ, dans
née, on lui en encore neuf, qui est
sacrifiait un bois, dans un jardin. « Parmi nous, dit
le nombre le plus propre à exprimer l'éternité, Simon de Paul, l'un de leurs prédicateurs, il
pour lui souhaiter une éternité de plaisir. — est fort indifférent d'être enterré dans les ci-
Quand les Indiens supposent qu'un de leurs metières ou dans les lieux où l'on écorche
,

chefs est près c'e rendre le dernier soupir, les les ânes. » « Hélas! disait un vieillard du Pa-
savants de la nation se rassemblent. Le grand- lalinat, faudra-l-il donc qu'après avoir vécu
prêtre et le médecin apportent et consultent avec honneur, j'aille demeurer après ma mort
chacun la figure de la divinité , c'est-à-dire parmi les raves, pour en être éternellement
de de l'air et de celui du
l'esprit bienfaisant le gardien? » Les Circassiens lavent les» —
feu. Ces figures sont en bois, artistement tail- corps des morts, à moins que le défunt ne soit
lées et représentent un cheval, un cerf, un
, mort loyalement dans une bataille pour la
castor, un cygne, un poisson, etc. Tout au- défense du pays, auquel cas on l'enterre dans
tour sont suspendues des dents de castor, des son harnais, sans le laver, supposant qu'il
griffes d'ours et d'aigles. Leurs maîtres se sera reçu d'emblée en paradis Les Ja- —
placent avec elles dans un coin écarté de la ponais témoignent la plus grande tristesse
cabane pour les consulter il existe ordinai- ; pendant la maladie d'un des leurs, et la plus
rement entre eux une rivalité de réputation ,
grande joie à sa mort, lis s'imaginent que les
d'autorité, de crédit: s'ils ne tombent pas maladies sont des démons invisibles; et sou-
d'accord sur la nature de la maladie, ils frap- vent ils présentent requête contre elles dans
pent violemment ces idoles les unes contre les temples. Ces mêmes Japonais poussent
les autres, jusqu'à ce qu'une dent ou une quelquefois si loin la vengeance, qu'ils ne se
griffe en tombe. Cette perte prouve la défaite contentent pas de faire périr leur ennemi ;

de l'idole qui l'a éprouvée, et assure par con- mais donnent encore la mort, pour aller
ils se
séquent une obéissance formelle à l'ordon- l'accuser devant leur dieu et le prier d'em-
nance de son compétiteur. Aux funérailles —
du roi de RJéchqacan, le CQrps était porté par ' Stanislas. Ddl, Voyage en C'ircaisie.
MGR 3 ) — MOR
brasser leur querelle ; on conte même que des pour voir si Jésus-Christ jugera bien les
veuves, non contentes d'avoir bien tourmenté hommes; jugement il prendra la
qu'après le

leur mari pendant sa vie, se poignardent pour forme d'un mouton blanc, que tous les Turcs
avoir encore le plaisir de le faire enrager se cacheront dans sa toison changés en pe- ,

après sa mort. — Quand un Caraïbe est mort, tite vermine, qu'il se secouera alors, et que

ses compagnons viennent visiter le corps et tous ceux qui tomberont seront damnés, tandis
lui font mille questions bizarres accompa- que tous ceux qui resteront seront sauvés

,

gnées de reproches sur ce qu'il s'est laissé parce qu'il les mènera en paradis. Des doc-
mourir, comme s'il eût dépendu de lui de teurs musulmans exposent encore autrement
vivre plus long-temps « Tu pouvais faire si : la chose au jugement dernier, Mahomet se
:

bonne chère! il ne te manquait ni manioc, ni trouvera à côté de Dieu monté sur le Borak ,

patates, ni ananas; d'où vient donc que tu es et couvert d'un manteau fait des peaux de
mort? Tu étais si considéré! chacun avait tous les chameaux qui auront porté à la Mecque
de l'estime pour toi chacun t'honorait, pour-
, leprésent que chaque sultan y envoie à son
quoi donc es-tu mort?... Tes parents t'acca- avènement à l'empire. Les âmes des bien-
blaient de caresses ils ne te laissaient man-
; heureux musulmans se transformeront en
quer de rien dis-nous donc pourquoi tu es
; puces, qui s'attacheront aux poils du manteau
mort? Tu étais si nécessaire au pays tu t'étais ;
du prophète, et Mahomet les emportera dans
signalé dans tant de combats, tu nous mettais son paradis avec une rapidité prodigieuse; il

à couvert des insultes de nos ennemis d'où ;


ne sera plus question alors que de se bien
vient donc que tu es mort? » Ensuite, on — tenir, car les âmes qui s'échapperont, soit par
l'assied dans une fosse ronde on l'y laisse ;
la rapidité du vol ou autrement, tomberont
,

pendant dix jours sans l'enterrer ses com- dans la mer, où elles nageront éternellement.
— Parmi
;

pagnons lui apportent tous les matins à manger les Juifs modernes, aussitôt que le
et à boire mais enfin voyant qu'il ne veut
; ,
malade est abandonné des médecins, on fait
point revenir à la vie, ni toucher à ces viandes, venir un rabbin, accompagné, pour le moins,
iis les lui comblant la
jettent sur la tête, et, de dix personnes. Le Juif répare le mal qu'il
fosse, un grand feu autour duquel ils
ils font a pu faire; puis il change de nom pour que ,

dansent, avec des hurlements. Les Turcs, — lange de la mort qui doit le punir, ne le re-
en enterrant les morts, leur laissent les jambes connaisse plus; ensuite, il donne sa bénédic-
libres, pour qu'ils puissent se mettre à ge- tion à ses enfants, en a, et reçoit celle de
s'il

noux quand les anges viendront les examiner ;


son père pas encore perdu. De ce
s'il ne l'a

ils croient qu'aussitôt que le mort est dans la moment, on n'ose plus le laisser seul, de peur
fosse, son âme revient dans son corps et que que l'ange delà mort, qui est dans sa chambre,
deux anges horribles se présentent à lui et ne lui fasse quelque violence. Ce méchant
lui demandent « Quel est ton dieu, ta reli-
: esprit, disent-ils, avec l'épée qu'il a dans sa
gion et ton prophèle ? » S'il a bien vécu ,
il main , paraît si effroyable ,
que le malade en
répond : « vrai Dieu, ma re-
Mon dieu est le est tout épouvanté. De cette épée qu'il tient
ligion est la vraie religion, et mon prophète toujours nue sur découlent trois gouttes
lui ,

est Mahomet. » Alors, on lui amène une belle d'une liqueur funeste la première qui tombe :

figure, qui n'est autre chose que ses bonnes lui donne la mort, la seconde le rend pâle et
actions, pour le divertir jusqu'au jour du ju- difforme, la dernière le corrompt et le fait de-
gement où il entre en paradis. Mais si le
, , venir puant et infect. — Aussitôt que le ma-
défunt est coupable, il tremble de peur et ne lade expire, les assistants jettent par la fe-
peut répondre juste. Les anges noirs le frap- nêtre toute l'eau qui se trouve dans la maison :

pent aussitôt avec une massue de feu, et l'en- ils empoisonnée, parce que l'ange
la croient
foncent si rudement dans la terre ,
que tout de la mort, après avoir tué le malade, y a
le sang qu'il a pris de sa nourrice s'écoule trempé son épée pour en ôter le sang. Tous
par le nez. Là-dessus, vient une figure très- les voisins, clans la même crainte, en font
vilaine ( ses mauvaises actions )
qui le tour- autant. — Les que cet ange
Juifs racontent
mente jusqu'au jour du jugement, où il enlre de la mort était bien plus méchant autrefois ;

en enfer. C'est pour délivrer le mort de ces mais que, par la force du grand nom de Dieu,
anges noirs, que les parents lui crient sans des rabbins le lièrent un jour et lui crevèrent
cesse « N'ayez pas peur et répondez brave-
: l'œil gauche d'où vient que, ne voyant plus
:

ment. » —
Ils font une autre distinction des si ne saurait plus faire tant de mal.
clair, il

bons et des méchants qui n'est pas moins ,


— Dans leurs cérémonies funèbres, les Juifs
absurde. Ils disent qu'au jour du jugement sont persuadés que, si on omettait une seule
Mahomet viendra dans la vallée de Josaphat, des observations et des prières prescrites
,

MOU — 2 0 — MOU
l'âme ne saurait être portée par les anges Jésus, elle retomba morte, et ce fut tout de
jusqu'au lit de Dieu pour s'y reposer éter- ,
de bon-
nellement mais que, tristement obligée d'errer
;
Most-Mastite — , VOiJ MARIAGE.
çà et là, elle serait rencontrée par des troupes
de démons qui lui feraient souffrir mille peines.
Motelu, — démon que l'on trouve cité dans
le procès intenté à Denise de Lacaille.
Ils disent qu'avant d'entrer en paradis ou en

enfer, l'âme revient pour la dernière fois Mouche. — Le diable apparaît quelquefois
dans le corps et le fait lever sur ses pieds ;
en forme de mouche ou de papillon. On le vit
qu'alors l'ange de la mort s'approche avec sortir sous cette forme de la bouche d'un dé-

une chaîne dont la moitié est de fer et l'autre moniaque de Laon Les démonomanes ap- 1
.

moitié de feu et lui en donne trois coups


, :
pellent Belzébulh seigneur des mouches; les

au premier, il disjoint tous les os et les fait habitants de Ceylan appellent le diable Achor,
tomber confusément à terre au second, il les qui signifie en leur langue dieu des mouches
;

brise et les éparpille; et au dernier, il les ré- ou chasse-mouches ils lui offrent des sacri- ;

duit en poudre. Les bons anges viennent en- fices pour être délivrés de ces insectes, qui

suite et ensevelissent les cendres. Les Juifs — causent quelquefois, dans leur pays, des ma-
croient que ceux qui ne sont pas enterrés dans ladies contagieuses; ils disent qu'elles meu-
la terre promise ne pourront point ressusciter ;
rent aussitôt qu'on a sacrifié à Achor. —
mais que toute la grâce que Dieu leur fera, M. Éméric David à propos de Jupiter, dit,

ce sera de leur ouvrir de petites fentes au ,


que les ailes de mouches qui dans quelques
travers desquelles ils verront le séjour des monuments forment ( à ce qu'on prétend ) la
bienheureux. — Cependant, le rabbin Juda ,
barbe de Jupiter, sont un hommage au feu
pour consoler les vrais Israélites, assure que générateur, les mouches étant produites par
les âmes des justes enterrés loin du pays de la canicule... Voy. Gransox, Mïiagortis, etc.

Chanaan, rouleront par de profondes cavernes Mouni, — esprits que reconnaissent les
qui leur seront pratiquées sous terre, jusqu'à Indiens, quoiqu'aucun de leurs livres sacrés
la montagne des Oliviers, d'où elles entreront n'en fasse mention ils leur attribuent les
— En Bretagne, on
;

en Paradis. croit que tous qualités Européens accordent aux es-


que les
les morts ouvrent la paupière à minuit 4
; et prits follets. Ces esprits n'ont point de corps,
à Plouerden, près Landernau, si l'œil gaucho mais ils prennent la forme qui leur plaît ils ;

d'un mort ne se ferme pas, un des plus pro- rôdent la nuit pour faire mal aux nommes,
ches parents est menacé sous peu de cesser tâchent de conduire les voyageurs égarés
d'être 2
. On
que tout le monde voit
dit ailleurs dans des précipices des puits ou des rivières,
,

les démons en mourant,


et que la Sainte- se transformant en lumière et cachant le péril
Vierge fut seule exemptée de cette vision. — où ils les entraînent. C'est pour se les rendre
Les Arméniens frottent les morts d'huile ,
proprices que les Indiens élèvent en leur
parce qu'ils s'imaginent qu'ils doivent lutter honneur de grossières statues colossales
corps à corps avec de mauvais génies. Chez auxquelles ils vont adresser des prières.
les chrétiens schismatiques de l'Archipel grec, — Le diable s'est montré plusieurs
Mouton.
si le corps d'un mort n'est pas bien raide ,
fois sous la forme d'un mouton. Le sorcier
c'estun signe que le diable y est entré, et on
Aupetit, qui fut condamné à être brûlé vif,
le met en pièces pour empêcher les fredaines.
— Les Tonquinois de la secte des lettrés ren-
avoua qu'il s'était présenté à lui sous la figure
d'un mouton plus noir que blanc, et qu'il lui
dent un culte religieux à ceux qui sont morts
avait dit que toutes les fois qu'il verrait dans
de faim les premiers jours de chaque se-
;
les nuages un mouton, ce serait, le signal du
maine, ils leur présentent du riz cuit qu'ils
ont été mendier par la ville. Voy. Nécro-
sabbat 2 —
Quand vous rencontrez dans un
.

voyage des moutons qui viennent à vous,


mancie, Vampires, Revenants, etc.
c'est un signe que vous serez bien reçu s'ils ;

Mortemart. — Un seigneur de cette fa- fuient devant vous ,


ils présagent un triste ac-
mille célèbre perdit sa femme, qu'il chérissait. cueil. Voy. Morts.
Tandis
diable lui
qu'il se
apparut
livrait à
et lui offrit
son désespoir,
de ranimer
le

la
Mouzouko, —
nom que les habitants du
Monomotapa donnent au diable, qu'ils repré-
défunte donner à lui. Le mari,
s'il voulait se 3
sentent comme fort méchant .

dit-on,y consentit; la femme revécut. Mais


un jour qu'on prononça devant elle le nom de 1
Leloycr, Hist. et Disc, des spectres, etc.
7 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.,
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. 1F, p. 15. p. 50 5.

7 Idem, ibid., t. II, p. 170.


:<
Abrégé des Voyages, par de La Harpe, t. IV. p. 34,
moz — : 6i — mm
Mozart. — Un jour que Mozart, célèbre pu retrouver sa trace. —
Mozart se mit dans
compositeur allemand dans , était plongé la tète que cet inconnu n'était pas un être

ses rêveries mélancoliques devenues habi- , ordinaire, qu'il avait sûrement des relations
tuelles par l'idée de sa mort dont il s'é- avec l'autre monde, qu'il lui était envoyé
tait frappé, il entendit un carrosse s'ar- pour lui annoncer sa fin prochaine. Il n'en
rêter à sa porte on lui annonce un inconnu
;
travailla qu'avec plus d'ardeur à son Requiem,
qui demande à lui parler. « Un grand per- qu'il regarda comme le monument le plus du-
sonnage m'a chargé de venir vous trouver, rable de son talent. Pendant ce travail, il
dit l'inconnu. —
Quel est cet homme? inter- tomba plusieurs fois dans des évanouisse-
rompt Mozart. —
Il ne veut pas être nommé. ments alarmants. Enfin l'ouvrage fut achevé
— Que désire-t-il? Il vous —
demande un avant les quatre semaines. L'inconnu revint
Requiem pour un service solennel. » Mozart — au terme convenu... Mozart n'était plus. —
se sentit frappé de ce discours, du ton dont Saliéri en mourant avoua que c'était lui qui
il était prononcé, de l'air mystérieux qui sem- avait joué le personnage de l'inconnu et s'ac- ,

blait répandu sur cette aventure la dispo- ;


cusa de la mort de Mozart, dont il était en-
sition de son âme fortifiait encore ces im- vieux.
pressions. Il promit de faire le Requiem. Muhazîmîm, — nom que les Africains don-
« Mettez à cet ouvrage tout votre génie vous ; nent à leurs possédés; ils font des cercles,
travaillez pour un connaisseur. Tant mieux. — impriment des caractères sur le front de ces
— Combien de temps demandez-vous? — muhazimim, et le diable qui les possède dé-
Quatre semaines. —
Eh bien je reviendrai , loge aussitôt i.

dans quatre semaines. Quel prix mettez-vous


à votre travail ? — Cent ducats.
Muller (Jean) ,
— astronome et astrologue,
» L'inconnu
plus connu sous nom de Regiomontanus,
disparut. — Mozart
le
les compta sur la table et
né en 1436 en Franconie, mort à Rome en
reste plongé quelques moments dans de pro- 476. paraît qu'il prophétisait aussi
1 Il
,
puis-
fondes réflexions puis tout à coup il se met à
,
qu'on dit qu'il annonça la fin du monde en
écrire. Cette fougue de travail continua pen-
même temps que Stoffler. Ces deux hommes
dant plusieurs jours. Il travailla jour et nuit
firenttant de bruit que les esprits faibles
avec une ardeur qui semblait augmenter en
crurent que le monde finirait infailliblement
avançant, mais son corps ne put résister à
en 1588. On dit qu'il fit deux automates mer-
cette fatigue.11 tomba un jour sans connais-
veilleux 1° un aigle qui volait et qui alla au-
:

sance. Peu de temps après, sa femme cher-


devant de l'empereur lors de son entrée à
chant à le distraire des sombres pensées qui
Ratisbonne 2° une mouche de fer qui faisait
;
l'assiégeaient, Mozart lui brusquement:
dit
le tour d'nne table en bourdonnant à l'oreille
« Cela est certain ce sera pour moi que je
;
de chaque convive, et revenait se poser sur
ferai ce Requiem il servira à mes funérailles. »
,
sa main. Ses contemporains voyaient dans
Rien ne put détourner de cette idée
le il con-
;
ces deux objets des œuvres de magie.
tinua de travailler à son Requiem., comme
Raphaël travaillait à son tableau
Mullin, —
démon d'un ordre inférieur,
de la Trans-
figuration, frappé aussi de l'idée de sa mort.
premier valet de chambre de Belzébuth. Il —
Mozart sentait ses forces diminuer chaque y a aussi dans quelques procès de sorciers,
jour, et son travail avançait lentement.
un certain maître Jean Mullin qui est le ,
Les
lieutenant du grand-maître des sabbats.
quatre semaines qu'il avait demandées s'étant
écoulées, il vit entrer l'inconnu. « Il ma été
Mummol. — En 578, Frédégonde perdit
impossible, dit Mozart, de tenir ma parole.
un de ses fils, qui mourut de la dyssenterie.
— Ne vous gênez pas, dit l'étranger; quel On accusa le général Mummol, qu'elle haïs-
temps vous faut-il encore? Quatre semai- — sait, de par des charmes et
l'avoir fait périr

nes l'ouvrage m'a inspiré plus d'intérêt que


;
des maléfices. Il avait eu l'imprudence de dire
je ne croyais et je l'ai étendu plus que je ne
,
à quelques personnnes qu'il connaissait une
voulais.— En ce cas, l'inconnu dit
juste , il est herbe d'une efficacité absolue contre la dys-
d'augmenter honoraires. Voici cinquante
les senterie. Il n'en fallut pas davantage pour
ducats de — Monsieur,
plus. Mozart reprit qu'il fût soupçonné d'être sorcier. La reine —
toujours plus étonné, qui êtes vous donc? — fit arrêter plusieurs femmes de Paris, qui
Cela ne fait rien à la chose. Je reviendrai confessèrent qu'elles étaient sorcières, qu'elles
dans quatre semaines. Mozart envoya sur- » avaient tué plusieurs personnes que Mum- ,

le-champ sa servante à la suite de cet homme mol devait périr, et que le prince avait été
extraordinaire, pour savoir où il s'arrêterait; sacrifié pour sauver Mummol. De ces sorciè-

mais la servante vint rapporter qu'elle n'avait 1


Bodjn, Démonomanie, p. 396.
MUR — 362 — MUS
res, les unes furent brûlées, d'autres noyées; d'une pierre ordinaire. Elle demeura sur le
quelques-unes expirèrent sur la roue. Après bord du trou pendant que la curiosité y fit
ces exécutions Frédégonde partit pour Com-
, descendre le jardinier, plusieurs domestiques,
piègne, et accusa Mummol auprès du roi h les deux fils du gentilhomme qui s'amusèrent
Ce prince le fit venir, on lui lia les mains quelques moments à creuser encore le fond.
derrière le dos on lui demanda quel malé-
; La pierre fatale, qu'on avait négligé apparem-
fice il avait employé pour tuer le prince il ; ment de placer dans un juste équilibre, prit
ne voulut rien avouer de ce qu'avaient déposé ce temps pour retomber au fond du trou , et
les sorcières mais il convint qu'il avait sou-
, écrasa tous ceux qui s'y trouvaient. — Ce
vent charmé des onguents et des breuvages, n'était là que le prélude des malheurs que
pour gagner la faveur du roi et de la reine. devait causer cette pierre. La jeune épouse
Quand il fut retiré de la torture, il appela un de rainé des deux frères apprit ce qui venait
sergent, et lui commanda d'aller dire au roi d'arriver. Elle courut au jardin ,
elle y arriva
qu'il n'avait éprouvé aucun mal. Chilpéric, dans le temps que les ouvriers s'empressaient
entendant ce rapport s'écria « Il faut vrai-
, :
de lever la pierre, avec quelque espérance
ment qu'il soit sorcier, pour n'avoir pas souf- de trouver un reste de vie aux infortunés
fert de la question !... » En même temps il fit qu'elle couvrait. Us l'avaient levée à demi et ,

reprendre Mummol on l'appliqua de nouveau


; l'on s'aperçut en effet qu'ils respiraient en-
à la torture mais quand on se préparait à
; core, lorsque l'imprudente épouse, perdant
lui trancher la tète, la reine lui fit grâce de tout soin d'elle-même se jeta si rapidement ,

la vie, se contentant de prendre ses biens. sur le corps de son mari, que les ouvriers
On le plaça sur une charrette qui devait le saisis de son action lâchèrent malheureuse-
conduire à Bordeaux, où il était né; il ne de- ment les machines qui soutenaient la pierre,
vait point y mourir, tout son sang se perdit et l'ensevelirent ainsi avec les autres. Cet —
pendant la route, et il expira d'épuisement. accident confirma plus que jamais la supersti-
On brûla tout ce qui avait appartenu au jeune tion des Écossais; on ne manqua pas de l'at-
prince, autant à cause des tristes souvenirs tribuer à quelque pouvoir établi pour la con-
qui s'y attachaient que pour anéantir tout servation du mur d'Écosse et de toutes les
ce qui portait avec soi l'idée du sortilège 2 .
pierres qui en sont détachées.
Muraille du Biable. — C'est cette fameuse Murmur, — grand-duc
comte de l'em- et
muraille qui séparait autrefois l'Angleterre pire infernal, démon de
musique. Il parait la
de TÉcosse , et dont il subsiste encore di- sous la forme d'un soldat monté sur un vau-
verses parties que temps n'a pas trop al-
le tour et accompagné d'une multitude
,
de
térées. La force du ciment et la dureté des trompettes sa tête est ceinte d'une cou-
;

pierres ont persuadé aux habitants des lieux ronne ducale, il marche précédé du bruit des
voisins qu'elle a été faite de la main du clairons. Il est de l'ordre des anges et de
ciable ;
et les plus superstitieux ont grand celui des trônes '.

soin d'en recueillir jusqu'aux moindres dé-


bris, qu'ils mêlent dans les fondements de leurs
Muspelheim. Les Scandinaves nomment —
ainsi un monde lumineux, ardent, inhabi-
maisons pour leur communiquer la même so-
table aux étrangers. Surtur-le-Noir y lient
lidité. Elle a été bâtie par Adrien. — Un jar- son empire ;
dans ses mains brille une épée
dinier écossais , ouvrant !a terre dans son du monde,
flamboya; te. Il viendra à la fin
jardin , trouva une pierre d'une grosseur con-
vaincra tous les dieux, et livrera l'univers
sidérable sur laquel e on lisait, en caractères
aux flammes.
du pays, qu'elle était là pour la sûreté des
murs du château et du jardin, et qu'elle y
Musique céleste. — Entre plusieurs décou-
vertes surprenantes que fit Pylhagore on ,
avait été apportée de la grande muraille,
admire surtout cette musique céleste que lui
dont elle avait fait autrefois partie; mais qu'il
seul entendait. Il trouvait les sept tons rie la
serait aussi dangereux de la remuer qu'il y
aurait d'avantage à la laisser à sa place. — musique dans la distance qui est entre les
planètes : de la lerre de à la lune, un ton ;
Le seigneur de la maison moins crédule que ,

la de Mercure
lune à \iereure, un demi-ton ;
ses ancêtres voulut la faire transporter dans
,

à Vénus, un demi-ton de Vénus au soleil , ;


un autre endroit, pour l'exposer à la vue,
un ton et demi du soleil à Mars, un ton; de
comme un ancien monument. On entreprit de ;

Mars à Jupiter, un demi-ton; de Jupiter à


la l'aire sortir de terre à force de machines,
Saturne un demi-ton et de Saturne u z >-
, ;

et on en vint à bout, comme on l'aurait fait


;

diaque, un ton et demi. C'est à celle piusique


1
Chilpéric £«*,
2 Grégoire de Tours, liv. iv de l'IIist. <1<> France. ' Wicrus, in Fseud 'monarchia cl;vm.
NAB — 36 ô — NAG
des corps célestes qu'est attachée l'harmonie qu'autrement des essaims de mouches vien-
de toutes qui composent l'univers.
les parties draient infecter leur pays sur la fin de été 1

Nous autres, Léon l'Hébreu nous ne pou-


dit , et y porter la peste. Voy. Achor, Belzébuth
vons entendre cette musique, parce que nous
Myoam *énie invoqué par les Basi-
en sommes trop éloignés, ou bien parce que
licliens.
l'habitude continuelle de l'entendre fait que
nous ne nous en apercevons point, comme Myomancie ,
— divination par les rats ou
ceux qui habitent près de la mer ne s'aper- les souris ; on tirait des présages malheureux
çoivent point du bruit des vagues, parce qu'ils ou de leur cri ou de leur voracité. Élien ra-
,

conte que le cri aigu d'une souris suffit à Fa-


y sont accoutumés.
bius Maximus pour l'engager à se démettre
Musucca . — nom du diable chez quelques de la dictature et, selon Varon Cassius Fla-
; ,

peuples de l'Afrique. Ils en ont une très-


minius sur un pareil présage
, quitta la ,

grande peur, et le regardent comme l'ennemi


charge de général de cavalerie. Plutarque dit
du genre humain; mais ne lui rendent aucun
qu'on augura mal de la dernière campagne
hommage. C'est le même que Mouzouko. de Marcellus parce que des rats avaient
,

Mycale, — magicienne qui faisait descendre rongé quelques dorures du temple de Jupiter.
la lune par la force de ses charmes. Elle fut — Un Romain vint un jour fort effrayé con-
mère de deux célèbres Lapithes Broléas , et sulter Gaton, parce que les rats avaient rongé
Orion. un de ses souliers. Gaton lui répondit que c'eût
Myiagorus ,
— génie imaginaire auquel on été un tout autre prodige si le soulier avait

attribuait la vertu de chasser les mouches rongé un rat.


pendant les Les Àrcadiens avaient
sacrifices. Myricaeus donné à Apollon,
, — surnom
des jours d'assemblée et commençaient par
, comme présidant par les à la divination
invoquer ce dieu et le prier de les préserver branches de bruyère, à laquelle on donnait
des mouches. Les Éléens encensaient avec l'épilhète de prophétique. On lui mettait alors
constance les autels de Myiagorus, persuadés une branche de cette plante à la main.

Nabam, — démon que l'on conjure le sa- bagatelles ;


mais l'ongle de Nabuchodonosor
medi. Voy. Conjurations. est dans le cabinet de curiosités du roi de
Uaberus, au trement Cerbère appelé aussi Danemark.

,

Nébiros, marquis du sombre empire, ma- KTachtmanaetje ou petit homme de ,



réchal-de-camp et inspecteur-général des ar- nuit,nom que les Flamands donnent aux in-
mées, lise montre sous la figure d'un corbeau; cubes.
sa voix est rauque; il donne l'éloquence, l'a-
Stfachtvrouwtje ,
— ou petite femme de
mabilité, et enseigne les arts libéraux. 11 fait
nuit , nom que les Flamands donnent aux suc-
trouver main de gloire il indique les qua-
la ;
cubes.
lités des métaux, des végétaux et de tous les
animaux purs et impurs; l'un des chefs des BJagates, —
astrologues de Geylan. Des
nécromanciens, il prédit l'avenir. Il com- voyageurs crédules vantent beaucoup le sa-
mande à dix-neuf légions '. voir de ces devins, qui, disent-ils, font sou-

Nabuchodonosor, — roi de Babylone, qui


vent des prédictions que l'événement accom-
plit. Ils décident du sort des enfants; s'ils
crut pouvoir exiger des peuples le culte et les
déclarent qu'un astre malin a présidé à leur
hommages qui ne sont dus qu'à Dieu, et qui
fut pendant sept ans changé en bœuf. — Les naissance, les pères, en qui
étouffe la nature
la superstition

paradistes croient faire une grande plaisan-


, leur ôtent une vie qui doit
être malheureuse. Cependant si l'enfant qui
terie en annonçant qu'on verra chez eux
voit le jour sous l'aspect d'une planète con-
l'ongle de Nabuchodonosor parmi d'autres
traire est un premier né , le père le garde, en
1
Wierus, in Pseiulomon. dœmonum. dépit des prédictions; ce qui prouve que l'as-
INAI — 3 \ — NAS
Irologie n'est qu'un prétexte dont les pères contre les grues. — Swift fait trouver à son
trop chargés d'enfants se servent pour en
dé- Gulliver des hommes hauts d'un demi-pied
barrasser leur maison. Ces nagates se van- dans l'île de Lilliput. Avant lui, Cyrano de
tent encore de prédire, par l'inspection des Bergerac, dans son Voyage au soleil, avait
astres, si un mariage sera heureux, si une vu de petits nains pas plus hauts que le pouce.
maladie est mortelle , etc. — Les Celtes pensaient que les nains étaient

Naglefare, — vaisseau chez les Celles;


fatal
des espèces de créatures formées du corps du
géant Ime, c'est-à-dire de la poudre de la
il est fait des ongles des hommes morts; il ne
terre. Ils n'étaient d'abord que des vers mais,
doit être achevé qu'à la fin du monde , et son ;

par l'ordre des dieux, ils participèrent à la


apparition fera trembler les hommes et les
raison et à la figure humaine, habitant tou-
dieux. C'est sur ce vaisseau que l'armée des
jours cependant entre la terre et les rochers.
mauvais génies doit arriver d'Orient.
— « On a découvert sur les bords de la ri-
MTaguille (Catherine), — petite sorcière vière Merrimak, à vingt milles de l'île Saint-
âgée de onze ans, qui fut accusée d'aller au Louis, dans les États-Unis, des tombeaux
sabbat en plein midi *. en pierres une sorte d'art et
, construits avec

Naguîlle (Marie) , — jeune sorcière, sœur rangés en ordre symétrique mais dont au-
cun n'avait plus de quatre pieds de long. Les
,

de la précédente. Arrêtée à seize ans, elle


squelettes humains n'excèdent pas trois pieds
avoua que sa mère l'avait conduite au sabbat.
en longueur. Cependant les dents prouvent
Lorsqu'elles devaient y aller ensemble le ,

que c'étaient des individus d'un âge mûr.


diable venait ouvrir la fenêtre de leur cham-
Les crânes sont hors de proportion avec le
bre, et les attendait à la porte ; sa mère ti-
reste du corps. Voilà donc les pygmées re-
rait un peu de graisse d'un pot, s'en oignait
trouvés Voj. Pygmée.1
.
la tète, excepté la figure, prenait sa fille sous
le bras et elles s'en allaient en l'air au sab- Nairancie. Espèce de divination usitée —
bat. Pour revenir à la maison, le diable leur parmi les Arabes, et fondée sur plusieurs
servait de porteur. Elle avoua encore que phénomènes du soleil et de la lune.
le sabbat se tenait à Pagole, près d'un petit
2
Nakaronkir, esprit que Mahomet envoie —
bois •
.
dans leur sommeil aux musulmans coupa-
Nahama, —
sœur de Tubalcain. On lit bles pour les pousser au repentir.
,

dans le Thalmud que c'est une des quatre


Pffambroth démon que ,
— l'on conjure le
mères des diables. Elle est devenue elle- mardi. Voy. Conjurations.
même, selon les démonomanes, un démon
succube. KTan , — mouches assez communes en La-
ponie. Les Lapons les regardent comme des
Nains. —
Aux noces d'un certain roi de esprits et les portent aveceux dans des sacs
Bavière, on vit un nain si petit, qu'on l'en- de cuir, bien persuadés que par ce moyen, ,

ferma dans un pâté armé d'une lance et ,


ils seront préservés de toute espèce de ma-
d'une épée. Il en sortit au milieu du repas, ladies.
sauta sur la table la lance en arrêt et excita
l'admiration de tout
,

le monde La fable dit 3


.
Napoléon, — empereur des Français. On
a prétendu qu'il avait un génie familier,
que les Pygmécs n'avaient que deux pieds
de hauteur, et qu'ils étaient toujours en
comme Socrate et tous les grands hommes
dont les actions ont excité l'admiration de
guerre avec les grues. Les Grecs, qui recon-
naissaient des géants, pour faire le contraste
leurs contemporains. par un On l'a fait visiter

parfait, imaginèrent ces petits hommes qu'ils


petit homme vu aussi dans rouge. — On a
Napoléon un des terribles précurseurs de l'An-
appelèrent pygmées. L'idée leur en vint peut-
téchrist. Qui sait?
être de certains peuples d'Éthiopie, appelés
Véchinies qui étaient d'une petite taille; et,
, Narac ,
— enfer des Indiens ; on y sera
comme les grues se retiraient tous les hivers tourmenté par des serpents.
dans leur pays, s'assemblaient pour leur
ils

empêcher de s'arrêter dans


faire peur, et les
Nastrande, — partie de l'enfer des Scan-
dinaves. Là un bâtiment vaste et in- sera
leurs champs. Voilà le combat des Pygmées
fâme ;
la le nordporte, tournée vers
ne sera ,

1
Delancre, Ta'>] de l'inconstance des démons, etc., construite que de cadavres, de serpents,
liv. il, p. fiG. dont toutes les tètes, tendues à l'intérieur,
''
Del ancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc.,
liv. ii, p, 118.
:i
johnson, Taumutographia iiati'ralis,
1
Journal des Débats du '23 janvier 1319,
NAÏ — i 5 — NKC
vomiront des flots do venin. Il s'en formera un la bonne opinion qu'on avait de lui, et se
fleuve empoisonné, dans les ondes rapides donner en quelque sorte pour un dieu il ré- ,

duquel flotteront les parjures, les assassins solut en 1656 d'entrer dans Bristol en plein
et les adultères. Dans une autre région la , jour, monté sur un cheval dont un homme
condition des damnés sera pire encore car ; et une femme tenaient les rênes, suivi de
un loup dévorant y déchirera sans cesse les quelques autres qui chantaient tous Saint, :

corps qui y seront envoyés. le dieu de Sabaoth. Les magistrats


saint, saint

Sïaudé (Gabriel) ,
— l'un des savants dis-
l'arrêtèrent et l'envoyèrent au parlement, où
son procès ayant été instruit , il fut condamné
tingués de son temps, né à Paris en 1600. Il
le 25 janvier 4 657, comme blasphémateur et
fut d'abord bibliothécaire du cardinal Ma-
séducteur du peuple à avoir la langue percée
,

zarin, ensuite de la reine Christine, et mourut


avec un fer chaud et le front marqué de la
,

à Abbeville en 4 653. Il a laissé une Instruc-


lettre B (blasphémateur), à être ensuite re-
tion à la France sur la vérité de V histoire des
conduit à Bristol, où il rentrerait à cheval
frères de la Rose-Croix, 623 in-4° et in- 8°,
1 ,

ayant le visage tourné vers la queue, ce qui


rare. Naudéy prouve que les prétendus frères
fut exécuté à la lettre, quoique ce fou misé-
de la Rose-Croix sont des fourbes qui cher-
rable eût désiré paraître sur un âne. Naylor
chaient à trouver des dupes, en se vantant
fut ensuite renfermé pour de ses jours.
le reste
d'enseigner l'art de faire de l'or et d'autres
On l'élargit ensuite, et il ne cessa de prêcher
secrets non moins merveilleux. Ce curieux
ceux de sa secte jusqu'à sa mort.
opuscule est ordinairement réuni à une autre
brochure intitulée Avertissement au sujet des
: Naxac , — séjour de peines où les habitants
frères de la Rose-Croix. On a encore de lui : du Pégu font arriver les âmes après plu-
Apologie pour les grands hommes faussement sieurs transmigrations.
soupçonnés de magie, 4625, in-8°; cet ou-
vrage a eu plusieurs éditions. Il
y prend la — Xïebîros, — VOIJ. NabERUS.
défense des sages anciens et modernes ac- Nécromancie, — art d'évoquer les morts
cusés d'avoir eu des génies familiers, tels que
ou de deviner les choses futures par l'in-
Socrate, Aristote, Plotin etc. ou d'avoir ac-
, ,
spection des cadavres. Voy. ànthropomancie.
quis par la magie des connaissances au-dessus
Il y avait à Séville, à Tolède et à Salaman-
du vulgaire. que, des écoles publiques de nécromancie,
Xffaurause (PlERRE DE), — Voy. FïN DU dans de profondes cavernes dont la grande ,

MONDE. Isabelle fit murer l'entrée. Pour prévenir —


les superstitions de l'évocation des mânes et
Bïavîus (Àccms). —
CeNavius, étant jeune,
de tout ce qui a pris le nom de nécromancie,
ditCicéron fut réduit par la pauvreté à gar-
,
Moïse avait fait de sages défenses aux Juifs.
der les pourceaux. En ayant perdu un il fit
Isaïe condamne également ceux qui deman-
,

vœu que , s'il le retrouvait, il offrirait au dieu


dent aux morts ce qui intéresse les vivants,
la plus belle grappe de raisin qu'il y aurait
et ceux qui dorment sur les tombeaux pour
dans l'année. Lorsqu'il l'eut retrouvé, il se
avoir des rêves. C'est même pour obvier aux
tourna vers le midi, s'arrêta au milieu d'une
abus de la nécromancie, répandue en Orient,
vigne, partagea l'horizon en quatre parties;
que chez le peuple israélile celui qui avait
et, après avoir eu dans les trois premières des
présages contraires, il trouva une grappe de
touché un mort était censé impur. Cette —
divination était en usage chez les Grecs,
raisin d'une admirable grosseur. Ce fut le
et surloutchez les Thessaliens; ils arrosaient
récit de cette aventure qui donna à Tarquin
de sang chaud un cadavre et prétendaient ,

la curiosité de mettre à l'épreuve son talent


ensuite en recevoir des réponses certaines sur
de divination. Il coupa un jour un caillou
l'avenir. Ceux qui le consultaient devaient
avec un rasoir pour prouver qu'il devinait
auparavant avoir fait les expiations prescrites
bien.
par le magicien qui présidait à cette céré-
Naylor (James), —
imposteur du seizième monie, et surtout avoir apaisé par quelques
siècle, né dans le diocèse d'York, en An- sacrifices les mânes du défunt, qui, sans ces
gleterre. Après avoir servi pendant quelque préparatifs, demeurait sourd à toutes les ques-
temps en qualité de maréchal-des-logis dans tions. — Les Syriens se servaient aussi de
le régiment du colonel Lambert, il se retira cette divination , et voici comment ils s'y pre-
parmi les trembleurs, et s'acquit tant de ré- naient : Ils tuaient de jeunes enfants en leur
putation par ses discours qu'on le regardait tordant le cou , leur coupaient la tête, qu'ils
comme un saint homme. Voulant profiter de salaient et embaumaient puis gravaient, sur,
NEG — l i — NÉR
une lame ou une plaque d'or, le nom de l'es- s'évanouirent K — Les nègres, comme de
prit malin pour lequel ils avaient fait ce sa- juste, font le diable blanc.
crifice plaçaient la tête dessus l'entouraient ,
,
Kekir, VOIJ. MoXKIR.
de cierges, adoraient cette sorte d'idole et
en tiraient des réponses h Voy. Magie. Les — Xtfembroth ,
— un des esprits que les ma-
rois idolâtres d'Israël et de Juda se livrèrent giciens consultent. Le mardi lui est consacré;
à la nécromancie. Salil y eut recours lorsqu'il
et on l'évoque ce jour-là il faut, pour : le ren-
voulut consulter l'ombre de Samuel. L'Église voyer, lui jeter une pierre.

a toujours condamné ces abominations. Lors- Nemrod ,


— roi d'Assyrie ,
qui ayant fait
que Constantin devenu chrétien permit en-
, , bâtir la tour de Babel, et voyant, disent les
core aux païens de consulter leurs augures, auteurs arabes, que cette tour, à quelque
pourvu que ce fût au grand jour, il ne toléra hauteur qu'il l'eût fait élever était encore ,

ni la magie noire ni la nécromancie. Julien loin d'atteindre au ciel imagina de s'y faire
se livrait à cette pratique exécrable. — Il transporter dans un panier par quatre énor-
,

restaitau moyen âge quelque trace de la mes vautours les oiseaux l'emportèrent en
;

nécromancie dans l'épreuve du cercueil. effet lui et son panier, mais si haut et si loin

Sîeffesoliens, — secte de mahométans qui que depuis on n'entendit plus parler de lui.
prétendent être nés du Saint-Esprit, c'est-à- STénufar, — plante aquatique froide, dont
dire sans opérations d'homme, ce qui les fait voiciun effet Un couvreur travaillait en été
:

tellement révérer qu'on ne s'approche d'eux sur une maison, à l'une des fenêtres de la-
qu'avec réserve. On prétend qu'un malade quelle le maître avait un flacon d'eau de fleurs
guérit, pour peu qu'il puisse toucher un de de nénufar à purifier au soleil. Comme il était
leurs cheveux mais Delancre dit ;
que ces échauffé et altéré, but de il prit le flacon et
saints hommes sont au contraire des enfants cette eau il retourna chez lui avec les sens
;

du diable qui tâchent de lui faire des pro-


, glacés. Au bout de quelques jours, surpris de
2
sélytes .
son refroidissement, il se crut ensorcelé. Il se
Nègre. —
Il est démontré que ies nègres plaint du maléfice qu'on lui a fait. Le maître
ne sont pas d'une race différente des blancs, de la maison examine son flacon et le trouve
comme l'ont voulu dire quelques songe-creux ;
vide. Il reconnaît aussitôt d'où vient le ma-
qu'ils ne sont pas non plus la postérité de léfice, console le couvreur en lui faisant boire
Gain qui a péri dans le déluge. Les hommes,
,
du vin de gingembre confit , et toutes choses

cuivrés en Asie, sont devenus noirs en Afri- propres à le réchauffer. Il le rétablit enfin et
2
que et blancs dans le Septentrion et tous ;
fit cesser ses plaintes .

descendent d'un seul couple. Les erreurs Képhéîim , — nom qui signifie également
plus ou moins innocentes des philosophes à géants ou brigands. Aussi est-ce celui que
ce sujet ne sont plus admises que par les l'Écriture donne aux enfants nés du commerce
ignorants. —
Les sorciers appelaient quel- des anges avec les filles des hommes. Selon
quefois le diable le grand nègre. Un juriscon- l'auteur du livre d'Enoch, les néphélim étaient
sulte, dont on n'a conservé ni le nom ni le fils des géants et pères des éliuds.
pays, ayant envie de voir le diable, se fit
conduire par un magicien dans un carrefour
Nequam, — prétendu prince des magi-
ciens, à qui les chroniques mayençaises at-
peu fréquenté, où les démons avaient coutume
tribuent la fondation de Mayence.
de se réunir. Il aperçut un grand nègre sur
un trône élevé, entouré de plusieurs soldats Nergal, — démon du
second ordre, chef
noirs, armés de lances et de bâtons. Le grand de la du ténébreux empire premier
police ,

nèçjre, qui était le diable, demanda au ma- espion de Belzébuth, sous la surveillance du
gicien qui il lui amenait : —
« Seigneur, ré- grand justicier Lucifer. Ainsi le disent les —
pondit le magicien, c'est un serviteur fidèle. démonomanes. Toutefois Nergal ou Nergel fut
— Si tu veux me servir et m'adorer, dit le une idoie des Assyriens il parait que dans ;

diable au jurisconsulte, je te ferai asseoir à celte idole ils adoraient le feu.

ma droite. »
cour infernale plus
Mais le prosélyte
triste qu'il
, trouvant
ne l'avait es-
la
Néron, — empereur romain, dont le nom
odieux est devenu la plus cruelle injure pour
péré, fit un signe de la croix, et les démons une
les mauvais princes. Il portait avec lui

petite statue ou mandagore qui lui prédisait


1
Leloyer, Histoire des spectres ou nppnr. des esprits,
liv. v, p. 541.
'
Delancre, Tableau de l'inconstancades démons, etc.,
1
Legcnda aurea Jacobi de Voragine, leg. 01.
3
liv. ni, p. 231. Saint-André, Lettres svir la magie.
MF — 31 1 — NO A
l'avenir. On rapporte qu'en ordonnant aux ma- du séjour de la mort. Cet enfer est une espèce
giciens de quitter l'Italie, il comprit sous le d'hôtellerie, ou, si Ton veut, une prison où
nom de magiciens les philosophes, parce que, sont détenus les hommes lâches ou pacifiques
disait-il, la philosophie favorisait l'art ma- qui ne peuvent défendre les dieux inférieurs
gique. Cependant il est certain, disent les dé- en cas d'attaque imprévue. Mais les habitants
monomanes, qu'il évoqua lui-même les mânes ne doivent en sortir au dernier jour pour être
de sa mère Agrippine h condamnés ou absous. C'est une idée très-
imparfaite du purgatoire.
Sffetla, — voy. Ortie.
Migromancîe — art de connaître les cho-
Netos , — génies malfaisants aux Mo- ses cachées dans les
,

endroits noirs , téné-


lli qu es. breux comme les mines , les pétrifications
,

Neuf. — Ce nombre est sacré chez dif-


souterraines, etc. Ceux qui faisaient des dé-
férents peuples Les Chinois se prosternent couvertes de ce genre invoquaient les démons
neuf fois devant leur empereur. En Afrique, et leur commandaient d'apporter les trésors

on a vu des princes supérieurs aux autres cachés. La nuit était particulièrement desti-

en puissance exiger des rois leurs vassaux née à ces invocations, et c'est aussi durant
de baiser neuf fois la poussière avant de leur ce temps que les démons exécutaient les com-
parler. Pallas observe que les Mogols regar- missions dont ils étaient chargés.

dent aussi ce nombre comme sacré, et l'Eu-


Mi non de lenclos. On conte que, seule —
rope n'est pas exempte de cette idée.
un jour devant son miroir, à l'âge de dix-huit
Neuhaus (FEMME BLANCHE DE) ,
— VOIJ
ans elle s'admirait avec une expression de
,

tristesse. Une voix tout à coup répond à sa


Femmes blanches.
pensée et lui dit « N'est-il pas vrai qu'il
:

Meures ou Stfeuriens, — peuples de la Sar- est bien dur d'être si jolie et de vieillir ? »
matie européenne, qui prétendaient avoir le Elle se tourne vivement et voit avec surprise
pouvoir de se métamorphoser en loups une auprès d'elle un vieux petit nain noir, qui
fois tous les ans, et de reprendre ensuite leur reprend « Vous me devinez sans doute ? si
:

première forme. vous voulez vous donnera moi, je conserve-


rai vos charmes à quatre-vingts ans vous se-
New-Haven. — La barque de la fée de
;

rez belle encore. » Ninon réfléchit un instant,


New-Haven apparaît, dit-on, sur les mers
passa le marché, qui fut bien tenu et quel- ;
avant les naufrages au Nouveau-Monde. Cette
ques instants avant sa mort elle vit au pied
tradition prend sa source dans une de ces ap-
de son lit le petit nain noir qui l'attendait....
paritions merveilleuses et inexplicables, qu'on
suppose être occasionnées par la réfraction de Bïirudy, — roi des démons malfaisants
l atmosphère, comme le palais de la fée Mor- chez les Indiens. On le représente porté sur
gane qui brille au-dessus des eaux dans la
, les épaules d'un géant et tenant un sabre à
baie de Messine. la main.

Nid ,
— degré supérieur de magie que les Sîitoès, — démons ou génies que les habi-
Islandais comparaient à leur seidur ou magie tants des îles Moluques consultent dans les

noire. Cette espèce de magie consistait à chan- affaires importantes. on ap- On se rassemble ;

ter un charme de malédictions contre un en- pelle les démons au son d'un petit tambour,
nemi. on allume des flambeaux, et l'esprit paraît, ou
plutôt un de ses ministres on l'invite à boire
Sttflheim, — nom d'un double enfer chez
età manger; et, sa réponse
;

faite, l'assemblée
les Scandinaves. lis le plaçaient dans le neu-
dévore les restes du festin.
vième monde; suivant eux, la formation en
avait précédé de quelques hivers celle de la KToals (Jeanne), — sorcière qui fut brûlée
terre. Au milieu de cet enfer, dit l'Edda il , par arrêt du parlement de Bordeaux, le 20
y a une fontaine nommée Hvergelmer. De là mars 4 619, pour avoir chevillé le moulin de
coulent les fleuves suivants : l'Angoisse, l'En- Las-Coudourleiras, de la paroisse de Végenne.
nemi de la Joie, le Séjour de la Mort, la Per- Ayant porté un jour du blé à moudre à ce
dition, le Gouffre, laTempête, le Tourbillon, moulin avec deux autres femmes, le meunier,
le Rugissement, le Hurlement, le Vaste; celui Jean Destrade, les pria d'attendre que le blé
qui s'appelle le Bruyant coule près des grilles qu'il avait déjà depuis plusieurs jours fût mou-
lu ;
mais elles s'en allèrenlmécontentes, etaus-
1
Suétone, "Vie de Néron, cliap. 24. sitôt le moulin se trouva chevillé, de façon
NOR — 368 — NOS
que le meunier ni sa femme n'en surent trou- Nostradamus (Michel), — médecin et as-
ver le défaut. Le maître du moulin, ayant été trologue né en 1503 à Saint-Remi en Pro-
,

appelé; il s'avisa d'y amener ladite sorcière, vence, mort à Salon en 1566. Les talents qu'il
qui, s'étant mise à genoux sur l'engin avec déploya pour la guérison de plusieurs mala-
lequel le meunier avait coutume d'arrêter dies qui affligeaient la Provence lui attirèrent
l'eau , fit en sorte qu'un quart d'heure après la jalousie de ses collègues ;
il se retira de la
le moulin se remit à moudre avec plus de société. Vivant seul avec ses livres , son es-
vitesse qu'il n'avait jamais fait 1 . prit s'exalta au point don
qu'il crut avoir le
de connaître l'avenir. Il écrivit ses prédictions
Nodier ( Charles ), — spirituel auteur de
dans un style énigmalique et pour leur don- ;
Trilby ou le lutin d'Argail (Argyle), et beau-
ner plus de poids il les mit en vers. Il en
,

coup charmants où les fées et les fol-


d'écrits
composa autant de quatrains, dont il publia
lets tiennent poétiquement leur personnage.
sept centuries à Lyon en 1555. Ce recueil eut
Noël (Jacques), prétendu possédé qui fit — une vogue inconcevable on prit parti pour ;

quelque bruit en 1667. Il était neveu d'un le nouveau devin ; les plus raisonnables le re-
professeur de philosophie au collège d'Har- gardèrent comme un visionnaire , les autres
court à Paris. Il s'imaginait sans cesse voir imaginèrent qu'il avait commerce avec le

des spectres. II était sujet aux convulsions diable, d'autres qu'il était véritablement pro-
épileptiques , faisait des grimaces, des con- phète. Le plus grand nombre des gens sensés
torsions, des cris et des mouvements extraor- ne virent en lui qu'un charlatan qui, n'ayant
dinaires. On le crut démoniaque, on l'exami- pas fait fortune à son métier de médecin,
na; il prétendit qu'on l'avait maléficié, parce cherchait à mettre à profit la crédulité du
qu'il n'avait pas voulu aller au sabbat. Il as- peuple. La meilleure de ses visions est celle
sura avoir vu le diable plusieurs fois en dif- qui annonça qu'il s'enrichirait à ce métier.
lui

férentes formes 2 . On finit par découvrir qu'il Il comblé de biens et d'honneurs par Ca-
fut
était fou. therine de Médicis, par Charles IX, et par le

Noh, — nom du premier homme selon les


peuple des petits esprits. Le poète Jodelle —
fit ce jeu de mots sur son nom :

Holtentots. Ils prétendent que leurs premiers


parents entrèrent dans'le pays par une porte No-.tra damus cùm falsa damus, nam fallere nostrum est;

ou par une fenêtre; qu'ils furent envoyés de Et cùm falsa damus, nil nisi nostra damus.

Dieu même, et qu'ils communiquèrent à leurs


Ce n'est point merveille, dit Naudé, si, parmi
enfants l'art de nourrir les bestiaux avec
le nombre de mille quatrains , dont chacun
quantité d'autres connaissances.
parle toujours de cinq ou six choses différen-
Noix. —
« Un grand secret est renfermé tes, et surtout de celles qui arrivent ordinai-
dans les noix car si on les fait brûler, qu'on
; rement, on rencontre quelquefois un hémi-
les pile et qu'on les mêle avec du vin et de stiche qui fera jmention d'une ville prise en
l'huile elles entretiennent les cheveux et les
, France, de la mort d'un grand en Italie, d'une
empêchent de tomber 3 » . peste en Espagne, d'un monstre, d'un embra-

Nono , — génies malfaisants que les In-


sement, d'une victoire, ou de quelque chose
de semblable. Ces prophéties ne ressemblent
diens des îles Philippines placent dans des si-
à rien mieux qu'à ce soulier de Théramène
tes extraordinaires entourés d'eau ;
ils ne
qui se chaussait indifféremment par toutes
passent jamais dans ces lieux, qui remplissent
sortes de personnes. Et quoique Chavigny,
leur imagination d'effroi , sans leur en de-
qui a tant rêvé là-dessus, ait prouvé dans son
mander permission. Quand ils sont attaqués
Janus français que la plupart des prédic-
de quelque infirmité ou maladie, ils portent à
tions de Noslradamus étaient accomplies au
ces génies en forme d'offrande du riz, du
vin du coco et le cochon qu'on donne en- ,
commencement du dix-septième siècle, on ne
,

laisse pas néanmoins de les remettre encore


suite à manger aux malades.
sur le lapis. Il en est des prophéties comme
Nomes , — fées ou parques chez les Cel- des almanachs; les idiots croient à tout ce
tes. Elles dispensaient les âges des hommes qu'ils y lisent, parce que sur mille mensonges
et se nommaient Urda (le passé ), Verandi ils ont rencontré une fois la vérité. — Nostra-
(le présent) , et Skalda (l'avenir). damus est enterré à Salon ; il avait prédit de
son vivant que son tombeau changerait de
1
Delancre, Incrédulité et mécréance de la divina-
tion, du sortilège, etc., tr. 6, p. 318.
place après sa mort. On l'enterra dans l'église

2 Lettivs de Saint- André sur la magie, etc. des Cordeliers, qui fut détruite. Alors letom-
J
Alb. rt le Grand, p. 199. beau se Irouva dans un champ, et le peuple
ISILU — 3 9 — NYiU
est persuadé plus que jamais qu'un homme Il donna à son peuple des lois assez sages,
qui prédit si juste mérite au moins qu'on le qu'il disait tenir de la nymphe
Il mar- Égérie.
croie, qua heureux et les jours malheu -
les jours

— de
reux, etc. —
Les démonomanes font de Numa
Kîotarique, une des trois divisions
un insigne enchanteur et magicien. Cette
la cabale chez les Juifs. Elle consiste à pren-
nymphe, qui se nommait Égérie, n'était autre
dre, ou chaque lettre d'un mot pour en faire
chose qu'un démon qu'il s'était rendu fami-
une phrase entière ou les premières lettres
lier, comme étant un des plus versés et mieux
,

d'une sentence pour en former un seul mot.


entendus qui aient jamais existé en l'évocation
Noyés. — Les marins anglais et américains des diables. Aussi tient-on pour certain dit ,

que
croient retirer un noyé et l'amener sur le Leloyer, que ce fut par l'assistance et l'in-
pont d'un navire qui va appareiller, s'il y dustrie de ce démon qu'il fit beaucoup de
meurt, c'est un mauvais présage, qui annonce choses curieuses pour se mettre en crédit
,

des malheurs et le danger de périr : supersti- parmi le peuple de Rome, qu'il voulait gou-
tion inhumaine. Aussi laissent-ils les noyés verner à sa fantaisie. —
A ce propos, Denys
à l'eau. «Voici une légende qui a été racon- d'Halicarnasse raconte qu'un jour, ayant invité
lée par le poète OEhlenschlœger. Ce n'est à souper bon nombre de citoyens, il leur fit

point une légende, c'est un drame de la vie servir des viandes fort simples et communes en
réelle. Un pauvre matelot a perdu un fils dans vaisselle peu somptueuse; mais dès qu'il eut
un naufrage, et la douleur l'a rendu fou. Cha- dit un mot, sa diablesse le vint trouver, et
que jour il monte sur sa barque et s'en va en tout incontinent la salle devint pleine de meu-
pleine mer; là il frappe à grands coups sur
, bles précieux , et les tables furent couvertes
un tambour, et il appelle son fils à haute voix : de toutes sortes de viandes exquises et déli-
«Viens, lui dit-il, viens! sors de ta retraite! cieuses. —Il était si habile en conjurations

nage jusqu'ici! je te placerai à côté de moi qu'il forçait Jupiter à quitter son séjour et à

dans mon bateau et si tu es mort, je te don- ;


venir causer avec lui. Numa Pompilius fut le
nerai une tombe dans le cimetière, une tombe plus grand sorcier et magicien de tous ceux
entre des fleurs et des arbustes; tu dormiras qui aient porté couronne, dit Delancre, et il
mieux là que clans les vagues. » Mais le — avait encore plus de pouvoir sur les diables
malheureux appelle en vain et regarde en que sur les hommes. Il composa des livres de
vain. Quand la nuit descend, il s'en retourne magie qu'on brûla quatre cents ans après sa
en disant « J'irai demain plus loin
: , mon mort — Voy. Égérie.
pauvre fils ne m'a pas entendu 1 » .

Nybbas ,
— démon d'un ordre inférieur,
Nuit des Trépassés. — «De tOUS lesjour» grand paradiste de la cour infernale. Il a
de l'année, il n'en est point que l'imagination aussi l'intendance des visions et des songes.
superstitieuse des Flamands ait entouré de On le traite avec assez peu d'égards , le re-
er
plus grandes terreurs que le novembre. 1 gardant comme bateleur et charlatan.
Les morts sortent à minuit de leur tombe
pour venir, en longs suaires, rappeler les
Nymphes, — démons femelles. Leur nom
vient de beauté des formes sous lesquelles
la
prières dont ils ont besoin aux vivants qui les
ils se montrent. Chez les Grecs, les nymphes
oublient; la sorcière et le vieux berger choi-
étaient partagées en plusieurs classes les :

sissent cette soirée pour exercer leurs redou-


mélies suivaient les personnes qu'elles vou-
tables maléfices; l'ange Gabriel soulève alors
laient favoriser ou tromper; elles couraient
pour douze heures le pied sous lequel il re-
avec une vitesse inconcevable. Les nymphes
démon captif, et rend à cet infernal
tient le
genetyllides présidaient à la naissance, assis-
ennemi des hommes le pouvoir momentané
taient les enfants au berceau , faisaient les
de les faire souffrir D'ordinaire la désola-
fonctions de sages-femmes, et leur donnaient
tion de la nature vient encore ajouter aux
même la nourriture. Ainsi Jupiter fut nourri
terreurs de ces croyances
la neige tombe avec abondance
: la tempête mugit,
, les torrents
par la nymphe Mélisse, etc. Ce qui prouve—
que ce sont bien des démons c'est que les ,

se gonflent et débordent; enfin la souffrance


Grecs disaient qu'une personne était remplie
et la mort menacent de toutes parts le voya-
2 de nymphes pour direqu'elle était possédée des
geur . »
démons; du reste, les cabalistes pensent que
Numa-Pompilius, — second roi de Rome. ces démons habitent les eaux, ainsi que les
salamandres habitent le feu les sylphes ;

1 Marmier, Tradi ions# des bords de la Baltique. l'air; et les gnomes ou pygmées, la terre. Voy,
2
H. Bcrthoud, La Nuit de la Toussaint. OSDINS.
21
OBK — ï 0 — OM
Hynauid (j. DE), auteur d'un traité De la faire périr les fruitspar des poudres qu'il jet-
Lycanthropie ,
publié en 1615. terait au nom de Satan. Il avoua que le dia-
Nyol ,

vicomte de Brosse poursuivi ,
ble les avait tous fait danser au sabbat avec
comme sorcier à la fin du seizième siècle. Il chacun une chandelle; que le diable se reti-
confessa qu'ayant entendu dire qu'on brûlait rait enfin et eux aussi, et se trouvaient trans-
les sorciers ,
il avait quitté sa maison , et en portés dans leurs maisons. » Vingt-huit té- —
élait demeuré long-temps absent. Ses voisins moins confrontés soutinrent qu'il avait la ré-
l'ayant suivi l'avaient trouvé dans une étable putation de sorcier, et qu'il avait fait mourir
de pourceaux; ils l'interrogèrent sur diffé- quatre hommes et beaucoup de bestiaux
rents maléfices dont il était accusé; il recon- Nypho (Augustin), — sorcier italien qui
nut qu'il était allé une fois au sabbat à la avait un démon familier et barbu, dit Delan-
croix de la Motte , où il avait vu le diable en cre 2
lequel lui apprenait toutes choses.
,

forme de chèvre noire, à laquelle il s'était


donné sous promesse qu'il aurait des riches-
HTysrock, —
démon du second ordre, chef
de cuisine de Belzébuth, seigneur de la déli-
ses et serait bien heureux au monde « et lui ,

cate tentation et des plaisirs de la table.


bailla pour gage sa ceinture partie de ses ,

cheveux, et après sa mort un de ses pouces.


Ensuite le diable le marqua sur l'épaule : il
1
Rikius, Disc, sommaire des sortilèges, vcnéfices,
idolâtries, etc.
lui commanda de donner des maladies, de 3 Tableau de l'inconstance des mauvais anges, etc.,
faire mourir les hommes et les bestiaux , et liv. v, p. 414.

Oannès ou Oès monstre moitié homme


, — et mort en 1798. Son père avait eu le même
et moitié poisson dans les vieilles mythologies
, goût pour l'alchimie ,
qu'il appelait l'art de
de l'Orient, venu de la mer égyptienne, sorti perfectionner les métaux par la grâce de Dieu.
de l'œuf primitif d'où tous les autres êtres Le fils voulut profiter des leçons que lui avait
avaient été tirés. Il parut, dit Bérose, près laissées le vieillard: comme sa famille était
d'un lieu voisin de Babylone. Il avait une tête réduite à l'indigence, il travailla sans relâche
d'homme sous une tète de poisson. A sa queue dans son laboratoire mais l'autorité vint le
;

étaient joints des pieds d'homme , et il en fermer, comme dangereux pour la sûreté pu-
avait la voix et la parole. Ce monstre de- blique. Cependant il réussit à prouver que ses
meurait parmi les hommes sans manger, leur opérations ne pouvaient nuire et il s'établit ;

donnait la connaissance des lettres et des chez un frère de Lavaler. Depuis dix-huit
sciences, leur enseignait les arts, l'arithmé- ans, Jacques, qui était fou, connaissait, di-
tique, l'agriculture ;
en un mot, tout ce qui sait-il, une personne qu'il nomme Théantis,
pouvait contribuer à adoucir les mœurs. Au bergère séraphique; il l'épousa dans un châ-
soleil couchant, il se retirait dans la mer, et teau, sur une montagne entourée de nuages.
passait la nuit sous les eaux. C'était un pois- « Notre mariage, dit-il, n'était ni platonique

son comme on n'en voit guère. ni épicurien c'était un état dont le monde
,

n'a aucune idée. » Elle mourut au bout de


Ob, — démon des Syriens, qui était, à ce
trente-six jours, et le veuf se souvenant que
qu'il paraît, ventriloque. Il donnait ses oracles
Marsay, grand mystique de ce temps, avait
par le derrière, organe qui n'est pas ordi-
entonné un cantique de reconnaissance à la
nairement destiné à la parole et toujours ,
mort de sa femme il chanta à gorge déployée
,

d'une voix basse et sépulcrale, en sorte que


durant toute la nuit du décès de la sienne. Il
celui qui le consultait ne l'entendait souvent
a publié, en 1776 à Augsbourg, un traité de
,

pas du tout, ou plutôt entendait lout ce qu'il


la Connexion originaire des esprits et des
voulait.
corps, d'après les principes de Newton. On
Obereit Jacques-Hiïrmann)
(
alchimiste ,
— lui doit aussi les Promenades de Gainaliet ,

et mystique, né en 1725, à Arbon en Suisse, juif philosophe, 1780.


OUO — 3 ] — OEU
Obéron —
des fées et des fantômes
, roi du cerveau estpropre à rendre l'odorat plus
aériens; il joue un grand rôle dans la poésie subtil , et que ces mêmes qualités rendent
anglaise c'est l'époux de Titania. Ils habitent
;
l'imagination plus vive et plus féconde. Rien
l'Inde; la nuit ils franchissent les mers, et n'est moins sûr que cette assertion ; il n'y a
viennent dans nos climats danser au clair de point de peuple qui ait bon nez que les ha- si

la lune; ils redoutent le grand jour, et fuient bitants de Nigaragua, les Abaquis, les Iro-
au premier rayon du soleil ou se cachent , quois et on sait qu'ils n'en sont pas plus
;

dans les bourgeons des arbres jusqu'au re- spirituels. —


Mamurra selon Martial ne , ,

tour de l'obscurité. Obéron est le sujet d'un consultait que son nez pour savoir si le cuivre
poème célèbre de Wiéland. qu'on lui présentait était de Corinthe.

Obole, —
pièce de monnaie que les Romains OEil , — voy. Yeux.
et les Grecs mettaient dans la bouche des morts
OEnomancie, — divination par le vin, dont
pour payer leur passage dans la barque à Caron. on considère couleur en buvant,
la dont le et
Obsédés. — Dom Calmet fait celle distinc- on remarque moindres circonstances pour
les
tion entre les possédés et les obsédés. Dans les en tirer des présages. Les Perses étaient fort
possessions, dit -il, le diable parle, pense, attachés à cette divination.
agit pour le possédé. Dans les obsessions , il

OEnotbère , géant de l'armée de Char-
se tient au dehors, il assiège, il tourmente,
lemagne ,
qui d'un revers de son épée fau-
il harcelle. Saiil était possédé, le diable le ren-
chait des bataillons ennemis comme on fauche
dait sombre; Sara qui épousa le jeune Tobie,
,
l'herbe d un pré l
.

n'était qu'obsédée diable n'agissait qu'au-


tour d'elle. Voy. Possédés.
, le
OEonistîce , — divination par le vol des
oiseaux. Voy. Augures.
Occultes. — On appelle sciences occultes
Oès, — voy. Oannès.
lamagie, la nécromancie, la cabale, l'alchi-
mie et toutes les sciences secrètes. OEufs. On — doit briser la coque des œufs
quand on mangés, par pure civi-
Ochosias, — roi d'Israël, mort 896 ans
frais,
lité ;
les a
aussi cet usage est-il pratiqué par les gens
avant Jésus-Christ. Il s'occupait de magie et 2
bien élevés, dit M. Salgues cependant il ;
consultait Belzébuth , honoré à Accaron. Il
y a des personnes qui n'ont pas coutume d'en
eut une fin misérable.
agir ainsi. Quoi qu'il en soit, cette loi remonte
Oculomancie, —
divination dont le but était à une très-haute antiquité. On voit, par un
de découvrir un larron en examinant la ma- passage de Pline que les Romains y atta- ,

nière dont il tournait l'œil, après certaines chaient une grande importance. L'œuf était
cérémonies superstitieuses. regardé comme l'emblème de la nature, comme
Oddon, — pirate
flamand des temps an- une substance mystérieuse et sacrée. On était
ciens, qui voguait en haute mer par magie, persuadé que les magiciens s'en servaient
.

sans esquif ni navire.


dans leurs conjurations, qu'ils le vidaient et
traçaient dans l'intérieur des caractères ma-
Odin, —
dieu des Scandinaves. Deux cor-
giques dont opérer
la puissance pouvait
beaux sont toujours placés sur ses épaules et
beaucoup de mal. On en coques brisait les
lui disent à l'oreille tout ce qu'ils ont vu ou
pour détruire les charmes. Les anciens se
entendu de nouveau. Odin les lâche tous les
contentaient quelquefois de le percer avec un
jours; et, après qu'ils ont parcouru le monde,
couteau, et dans d'autres moments de frap-
ils reviennent le soir à l'heure du repas. C'est

pour cela que ce dieu sait tant de choses, et


per trois coups dessus. Les œufs leur ser- —
vaient aussi d'augure. Julie, fille d'Auguste,
qu'on l'appelle le dieu des corbeaux. —A la
étant grosse de Tibère, désirait ardemment
(in des siècles, il sera mangé par un loup. Il
un fils pour savoir si ses vœux seraient ac-
;
en a toujours deux à ses pieds beau cortège ; !

complis, elle prit un œuf, le mit dans son


— Les savants vous diront que l'un des cor-
sein, l'échauffa; quand elle était obligée de le
beaux est l'emblème de la pensée quelle :

quitter, elle le donnait à une nourrice pour


pensée et l'autre le symbole de la mémoire.
!

lui conserver sa chaleur. L'augure fut heu-


Les deux loups figuraient la puissance. Il
y — reux, dit Pline: elle eut un coq de son œuf
a des gens qui ont admiré ce mythe.
et mit au monde un garçon. Les druides —
Odontotyrannus ,
— VO]) . SERPENT. pratiquaient, dit-on. celte superstition étrange;
Odorat. —
Cardan dit, au livre 3 de la Sub- 1
1
M. Salgues, Des Erreurs et des préjugés, etc., t. Ier ,
tilité qu'un odorat excellent est une marque
, p. 416.
d'esprit parce que la qualité chaude et sèche
,
2 Des Erreurs et rie; préjugés, t. T ,r , p. 392.

24.
—,

OGR — 3 2 — ORK
ils vantaient fort une espèce d'oeuf inconnu à pophagie ancienne dans nos contrées, car
est
tout le monde , formé en été par une quantité le chapitre 67 de la loi salique prononce une

prodigieuse de serpents entortillés ensemble, amende de deux cents écus contre tout sor-
qui y contribuaient tous de leur bave et de cier ou stryge qui aura mangé un homme.
l'écume qui sortait de leur corps. Aux siffle- Quelques-uns font remonter l'existence des
ments des serpents, l'œuf s'élevait en l'air; il ogres jusqu'à Lycaon ou du moins à la ,

fallait s'en emparer alors avant qu'il ne , croyance où l'on était que certains sorciers se
touchât la terre : celui qui l'avait reçu devait changeaient en loups dans leurs orgies noc-
fuir ;
les serpents couraient tous après lui turnes, et mangeaient, au sabbat, la chair
jusqu'à ce qu'ils fussent arrêtés par une ri- des petits enfants qu'ils pouvaient y conduire.
vière qui coupât leur chemin '. Ils faisaient On ajoutait que, quand ils en avaient mangé
ensuite des prodiges avec cet œuf. — Aujour- une fois, ils en devenaient extrêmement friands,
d'hui on n'est pas exempt de bien des super- et saisissaient ardemment toutes les occasions
stitions sur l'œuf. Celui qui en mange tous de s'en repaître ce qui est bien le naturel :

les matins sans boire meurt, dit-on, au qu'on donne à l'ogre. On voit une multitude
bout de l'an. —
Il ne faut pas brûler les coques d'horreurs de ce genre dans les procès des
des œufs, suivant une croyance populaire su- sorciers on appelait ces ogres des loups-
;

perstitieuse, de peur de brûler une seconde garous; et le loup du petit Chaperon-Rouge


fois saint Laurent, qui a été brûlé avec de n'est pas autre chose. Quant à l'origine du —
pareils coques 2 —
Albert-le-Grand nous ap-
. nom des ogres, l'auteur des Lettres sur les
prend dans ses secrets que la coque d'œuf, contes des fées de Ch. Perrault l'a trouvée
broyée avec du vin blanc et bue, rompt les sans doute. Ce sont les féroces Huns ou Hon-
pierres tant des reins que de la vessie. grois du moyen âge, qu'on appelait Hunni-
Pour la divination par les blancs d'œufs, voy. gours, Oïgours , et ensuite par corruption
OOMANCIE. Ogres. Voy. Fées, Loups-Garous, Omestès.
Ogres. —
Sauf le nom ces monstres étaient ,
Oîarou, —
du culte des Iroquois.
objet
connus des anciens. Polyphème dans l'O- ,
C'est la première bagatelle qu'ils auront vue
dyssée, n'est autre chose qu'un ogre on trouve ;
en songe, un calumet une peau d'ours, un ,

des ogres dans les Voyages de Sindbad le couteau, une plante, un animal, etc. Ils croient
marin ; et un autre passage des Mille et une pouvoir, par la vertu de cet objet, opérer ce
nuits prouve que les ogres ne sont pas étran- qu'il leur plaît , même se transporter et se
gers aux Orientaux. Dans le conte du Visir métamorphoser.
puni, un jeune prince égaré rencontre une Oïgours , — voy. Ogres.
dame qui le conduit à sa masure elle dit en
entrant « Réjouissez-vous, mes fils, je vous
:
;

Oiseaux. — Naudé conte que l'archevêque


amène un garçon bien fait et fort gras. — Laurent expliquait le chant des oiseaux, comme
il en fit un jour l'expérience à Rome devant
Maman répondent les enfants où est-il, que
,
,

nous le mangions? car nous avons bon ap- quelques prélats; car il entendit un petit moi-
pétit. » Le prince reconnaît alors que la neau qui avertissait les autres par son chant
femme, qui se disait fille du roi des Indes, est qu'un chariot de blé venait de verser à la
une ogresse, femme de ces démons sauvages porte Majeure et qu'ils trouveraient là de
,

qui se retirent dans les lieux abandonnés et quoi faire leur profit 1 A la côte du Croizie, . —
se servent de mille ruses pour surprendre .et en Bretagne sur un rocher au fond de la mer,
,

les femmes du pays vont, parées avec re-


dévorer les passants comme les sirènes ;

qui, selon quelques mythologues, étaient cer- cherche, les cheveux épars ornées d'un beau ,

tainement des ogresses. C'est à peu près — bouquet de fleurs nouvelles; elles se placent
l'idée que nous nous faisons de ces êtres ef-
sur le rocher, les yeux élevés vers le ciel et ,

froyables les ogres, dans nos opinions, te-


demandent avec un chant sentimental aux oi-
;

naient des trois natures humaine, animale :


seaux, de leur ramener leurs époux et leurs
et infernale. Ils n'aiment rien tant que la chair
amants 2 Voy. Corneille Hibou
. Augu- , ,

fraîche et les petits enfants étaient leur plus


res, etc.
;

délicieuse pâture.Le Drac, si redouté dans Okkisik, — nom sous leque 1


les Hurons dé-
lemidi, était un ogre qui avait son repaire signent des génies ou esprits, bienfaisants ou
aux bords du Rhône, où il se nourrissait de malfaisants, attachés à chaque homme.
chair humaine. — 11 parait que cette anthre-
1
Apol. pour les grands personnages accusés de
1
Pline, liv. wi.Y, cliap. 3. magie.
2 Thiers, Traité dos superst,, etc. '
( anibry. Voyage dans le Fmi.st'r.i.
,

0MB — 3 7-3 — OND


Oldenbourg. —
« Je ne puis m'empêcher, qu'un animal tressaille subitement, sans au-
dit Ballhasar Bekker, dans le tome )V, cha- cune cause apparente, le peuple attribue ce
pitre 17, du Monde enchanté, de rapporter mouvement à l'apparition d'nn fantôme. —
une fable dont j'ai cherché aussi exactement En Bretagne, les portes des maisons ne se fer-
les détails qu'il m'a été possible c'est celle ; mentqu'aux approches delà tempête. Des feux
du fameux cornet d'Oldenbourg. On dit que le follets, des sifflements l'annoncent. Quand on

comte Otton d'Oldenbourg étant allé un jour à entendait ce murmure éloigné qui précède
la chasse sur la montagne d'Ossemberg, fut at- l'orage , les anciens s'écriaient : Fermons les
teint d'une soif qu'il ne pouvait étancher; il se portes, écoutez les cnériens, le tourbillon les
mit à jurer d'une manière indigne, en disant suit. Ces crieriens sont les ombres, osse- les
qu'il ne se souciait pas de ce qui pourrait lui ments des naufragés qui demandent sépul- la

arriver, pourvu que quelqu'un lui donnât à ture, désespérés d'être depuis leur mort bal-
boire. apparut aussitôt sous la
Le diable lui lottés par les éléments 1 On dit encore que . —
forme d'une femme qui semblait sortir de terre celui qui vend son âme au diable n'a plus
et qui lui présenta à boire dans un cornet fort d'ombre au soleil; cette tradition, très-ré-
riche d'une, matière inconnue
, et qui res- , pandue en Allemagne est le fondement de ,

semblait au vermeil. Le comte se doutant de , plusieurs légendes.


quelque chose, ne voulut pas boire, et ren-
versa ce qui était dans le cornet sur la croupe
Ombriel , — génie vieux et rechigné , à l'aile

pesante, à l'air refrogné. Il joue un rôle dans


de son cheval. La force de ce breuvage em-
la Boucle de Cheveux enlevée de Pope.
porta tout aux endroits
le poil qu'il avait
touchés. Le comte frémit mais ; il garda le Omestès, — surnom de Bacchus, considéré

cornet qui subsiste encore , dit-on , et que plu-


comme chef des ogres ou loups-garous qui

sieurs se sont vantés d'avoir vu. On le trouve mangent la chair fraîche.

représenté dans plusieurs hôtelleries : c'est un Omomancie ,


— divination par les épaules
grand cornet recourbé, comme un cornet à chez les rabbins. Les Arabes devinent par les
bouquin et chargé d'ornements bizarres. »
,
épaules du mouton ,
lesquelles, au moyen de
Olive (Robekt) ,
— sorcier qui fut brûlé à
certains points dont elles sont marquées, re-
Falaise en 1 556 - On établit à son procès,
présentent diverses figures de géomancie.

que le diable le transportait d'un lieu à un Omphalomancie divination par le nom-


,

autre; que ce diable s'appelait Chrysopole bril.Les sages-femmes, par les nœuds inhé-
et que c'était à l'instigation dudil Chrysopole rents au nombril de l'enfant premier-né, de-
que Robert Olive tuait les petits enfants et les vinaient combien la mère en aurait encore
jetait au feu 'K après celui-là.

,
Ololygmancie ,

divination tirée du hur- Omphalophysiques , — fanatiques de Bul-
lement des chiens. Dans la guerre de Mes- garie que l'on trouve du onzième au qua-
sénie le roi Aristodème apprit que les chiens
, torzième siècle, et qui, par une singulière
hurlaient comme des loups, et que du chien- illusion, croyaient voir la lumière dulhabor
dent avait poussé autour d'un autel. Déses- à leur nombril.
pérant du succès d'après cet indice et d'autres
,

encore (voy. Ophioneus) quoiqu'il eût déjà


On, — mot magique, comme télragram-
,
maton , dont on se sert dans les formules de
immolé sa fille pour apaiser les dieux, il se
conjurations.
tua sur la foi des devins, qui virent dans ces
signes de sinistres présages. Ondîns ou Nymphes, — esprits élémen-
composés des plus de
Olys, — talisman
que les prêtres de Ma-
taires,
l'eau qu'ils habitent. Les mers
subtiles parties
et les fleuves
dagascar donnent aux peuples pour les pré-
sont peuplés, disent les cabalistes, de même
server de plusieurs malheurs et notamment ,

que le feu , Les anciens sages


l'air et la terre.
pour enchaîner la puissance du diable.
ont nommé Ondins ou Nymphes cette espèce
Ombre. — Dans le système de la mytho- de peuple. 11 y a peu de mâles, mais les
logie païenne, ce qu'on nommait ombre n'ap- femmes y sont en grand nombre leur beauté ;

partenait ni au corps ni à l'Ame, mais à un e.^t extrême, et les filles des hommes n'ont

état mitoyen. C'était cette ombre qui descen- rien de comparable Voy. Cabales. En —
dait aux enfers. On croyait que les animaux Allemagne, le peuple croit encore aux On-
voyaient les ombres des morts. Aujourd'hui dines, esprits des eaux, qui ont une assez
même, dans les montagnes d'Éeosse, lors-
1
Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p.
1
Bodin, Démonomanie, p. 1<)8, 2 L,'abbé cle Villars, dans le Comte de Gabalis.
ONO — 37^ OO.M
mauvaise réputation. Du fond de leurs hu- de plaisir, les Romains buvaient à la santé
mides demeures, elles épient le pécheur qui de leurs belles autant de coups qu'il y avait
rêve au bord des ondes, et l'attirent dans de lettres dans leur nom. Enfin, on peut rap-
un gouffre où il disparaît pour toujours. porter à l'onomancie tous les présages qu'on

Oneirocritique ,
— art d'expliquer les son-
prétendait tirer des noms soit considérés dans ,

ges. Voy. Songes. leur ordre naturel, soit décomposés et réduits


en anagrammes folie trop souvent renou-
Ongles. —
Les Madécasses ont grand soin
velée chez les modernes. Voy.
;

Anagrammes.
de se couper les ongles une ou deux fois la
semaine ils s'imaginent que le diable s'y
— Cœlius Rhodiginus a donné la description
;
d'une singulière espèce d'onomancie Théodat, ;

cache quand ils sont longs. C'était une im-


roi des Goths, voulant connaître le succès de
piété cbez les Romains que de se couper les
la guerre qui projetait contre les Romains,
ongles tous les neuf jours. Cardan assure dans
un devin juif lui conseilla de faire enfermer
son traité de Varielate Berum, qu'il avait
1
un certain nombre de porcs dans de petites
prévu par les taches a o ses ongles, tout ce
,
étables, de donner aux uns des noms goths,
de singulier. Voy. Chi-
qu'il lui était arrivé
avec des marques pour les distinguer, et de
romancie. —
On sait qu'il pousse des envies les garder jusqu'à un certain jfjlir. Ce jour
aux doigts quand on coupe ses ongles les
étant arrivé, on ouvrit les étables, et l'on
jours qui ont un R comme mardi, mercredi
,
trouva morts les cochons désignés par des noms
et vendredi. — Enfin, quelques personnes
goths, ce qui fit prédire au juif que les Ro-
croient en Hollande qu'on se met à l'abri du
mains seraient vainqueurs l
.

mal de dents en coupant régulièrement ses


ongles le vendredi. Voy. Onychomancie.
Ony choman cie ,
— divination par les on-
gles. Elle se pratiquait en frottant avec de la
Onguents. — Il y a plusieurs espèces d'on- suie les ongles d'un jeune garçon, qui les pré-
guents, qui ont tous leur propriété particulière.
sentait au soleil, et l'on s'imaginait y voir des
— On sait que le diable en compose de diffé-
figures qui faisaient connaître ce qu'on sou-
rentes façons, lesquels emploie à nuire au
il
haitait de savoir. On se servait aussi d'huile
genre humain. Pour endormir, on en fait un
et de cire.
avec de la racine de belladone de la morelle
furieuse du sang de chauve-souris, du sang
,
,

Oomancie ou Ooscopie ,
— divination par
les œufs. Les devins des anciens jours voyaient
de huppe, de l'aconit, de la suie, du persil,
dans la forme extérieure et dans les figures
de l'opium et de la ciguë. Voy. Graisse.
intérieures d'un œuf les secrets les plus im-
Onomancie OU Onomatomancie ,
— divi-
pénétrables de l'avenir. Suidas prétend que
nation par les noms. E'ie était fort en usage
cette divination fut inventée par Orphée. —
chez les anciens. Les pythagoriciens préten-
On devine à présent par l'inspection des
daient que les esprits, les actions et les suc-
blancs d'œufs; et des sibylles modernes (en-
cès des hommes étaient conformes à leur
tre autres mademoiselle Lenormant) ont ren-
destin, à leur génie et à leur nom. On re-
du cette divination célèbre. Il faut prendre
marquait qu'Hippolyte avait été déchiré par
pour cela un verre d'eau casser dessus un ,

ses chevaux, comme son nom le portait. De


œuf frais et l'y laisser tomber doucement. On
même on disait d'Agamemnon, que, suivant
voit par les figures que le blanc forme dans
son nom , il devait rester long-temps devant
l'eau divers présages. Quelques-uns cassent
Troie; et de Priam, qu'il devait être racheté
l'œuf dans de l'eau bouillante on explique ;

d'esclavage. Une des règles de l'onomancie,


alors les signes comme pour le marc de café.
parmi les pythagoriciens, était qu'un nombre
Au reste cette divination n'est pas nouvelle
pair de voyelles, dans le nom d'une personne,
elle est même indiquée par le Grimoire. —;

signifiait quelque imperfection au cô'.é gauche,


« L'opération de l'œuf, dit ce livre, est pour
et un nombre impair quelque imperfection
savoir ce qui doit arriver à quelqu'un qui est
au côté droit. Ils avaient encore pour règle
présent lors de l'opération. On prend un œuf
que, de deux personnes, celle-là était la plus
d'une poule noire, pondu du jour, on le casse,
heureuse dans le nom de laquelle les lettres
on en tire le germe il faut avoir un grand
;

numérales, jointes ensemble, formaient la plus


verre bien fin et bien net, l'emplir d eau claire
grande somme, Ainsi, disaient-ils, Achille
et y mettre le germe de l'œuf on met ce ;

devait vaincre Hector, parce que les lettres


verre au soleil de midi dans l'été, en récitant,
numérales comprises dans le nom d'Achille
des oraisons et conjurations, et avec le doigt
formaient une somme plus grande que celles
on remue l'eau du verre pour faire tourner le
du nom d'Hector. C'était sans doute d'après
un principe semblable que, clans les parties '
M. Nuel, Dictionnaire delà Fable
OPH — | ) — ORA
germe on le laisse ensuile reposer
;
un in- Ophthalmius, — pierre fabuleuse qui ren-
stant et on regarde sans toucher on y voit ce : dait, dit-on, invisible celui qui la portait.
qui aura rapport à celui ou à celle pour qui Ophthalmoscopîe —
art de connaître le
,

l'opération se fait; il faut tâcher que ce soit caractère ou le tempérament d'une personne
un jour de travail, parce qu'alors les objets par l'inspection de ses yeux. Voy. Physiogno-
s'y présentent dans leurs occupations ordi- MONIE.
naires. Voy. OEufs \,
Optimisme. — On parle d'une secte de
Opale. —
Cette pierre récrée le cœur, pré- philosophes optimistes qui existaient jadis
serve de tout venin et contagion de l'air dans l'Arabie et qui employaient tout leur
,

chasse la tristesse, empêche les syncopes, les esprit à ne rien trouver de mal. Un docteur
maux de cœur et les affections malignes. de cette secte avait une femme acariâtre, qu'il
Opalskî, —
sources d'eaux chaudes dans supporta long-temps, mais qu'enfin il étran-
le Kamtschatka. Les habitants s'imaginent gla de son mieux et il trouva que tout était
,

que c'est la demeure de quelque démon et ,


bien. Le calife fit empaler le coupable, qui
ont soin de lui apporter de légères offrandes souffrit sans se plaindre. Comme les assis-

pour apaiser sa colère sans cela disent-ils, ;


tants s'étonnaient de sa tranquillité « Eh
:
,

il soulèverait contre eux de terribles tempêtes. mais, leur dit-il, ne suis-je pas bien empa-
Ophiomancie ,
— divination par les ser-
lé ? » — On fait aussi ce conte : Le diable em-
portait un philosophe de la même secte, et
pents. Elle était fort usitée chez les anciens
celui-ci se laissait emporter tranquillement.
et consistait à tirer des présages des divers
« II faut bien que nous arrivions quelque part,
mouvements qu'on voyait faire aux serpents.
On disait-il , et tout est pour le mieux. »
avait tant de foi à ces oracles, qu'on' nour-
rissait exprès des serpents pour connaître Or potable, Or artificiel, etc., — VOy. Al-
ainsi l'avenir. Voy. Serpents. CHIMIE.

Ophionée, — chef des démons ou mauvais Oracles. — Les oracles étaient chez
les an-
génies qui se révoltèrent contre Jupiter, selon ciens ce que sont devins parmi nous. Toute
les
Phérécyde-le-Syrien. la différence qu'il y a entre ces deux espèces,

Ophioneus, —
célèbre devin de Messénie, c'est que les gens qui rendaient les oracles se

aveugle de naissance, qui demandait à ceux disaient les interprètes des dieux et que les ,

qui venaient le consulter comment ils s'é- sorciers ne peuvent relever que du diable. On
taient conduits jusqu'alors, et, d'après leur honorait les premiers on méprise les se-
;

réponse, prédisait ce qui leur devait arriver. conds. —


Le père Kirker, dans le dessein de
Ce n'était pas si bête. Aristodème, roi des — détromper les gens superstitieux sur les pro-
Messéniens ayant consulté l'oracle de Del- diges attribués à l'oracle de Delphes, avait
,

phes sur le succès de la guerre contre les La- imaginé un tuyau adapté avec tant d'art à
,

cédémoniens il lu fut répondu que quand


,
;
une figure automate, que, quand quelqu'un
,

deux yeux s'ouvriraient à la lumière et se re- parlait, un autre entendait dans une chambre

fermeraient peu après c'en serait fait des ,


éloignée ce qu'on venait de dire, et répondait
Messéniens. Ophioneus se plaignit de violents par ce même tuyau, qui faisait ouvrir la bou-
maux de tête qui durèrent quelques jours, au che et remuer les lèvres de l'automate. Il sup-

bout desquels ses yeux s'ouvrirent pour se posa en conséquence que les prêtres du paga-
refermer bientôt. Aristodème en apprenant ,
nisme, en se servant de ces tuyaux, faisaient
cette double nouvelle, désespéra du succès et accroire aux sots que l'idole satisfaisait à leurs

se tua pour ne pas survivre à sa défaite. Votf. questions. — L'oracle de Delphes est le plus
Ololygmancie. fameux de tous. Il était situé sur un côté du
Ophites, — hérétiques du deuxième siècle
Parnasse, coupé de sentiers taillés dans le roc,
entouré de rochers qui répétaient plusieurs
qui rendaient un culte superstitieux au ser-
fois le son d'une seule trompette. Un berger
pent. Ils enseignaient que
serpent avait le
le découvrit en remarquant que ses chèvres
rendu un grand service aux hommes en leur
étaient enivrées de la vapeur que produisait
faisant connaître le bien et le mal ; ils maudis-
saient Jésus-Christ, parce qu'il est écrit qu'il
une grotte autour de laquelle elles paissaient.
est venu dans le monde pour écraser la tête La prêtresse rendait ses oracles, assise sur un
trépied d'or, au-dessus de cette cavité; la va-
du serpent. Aussi Origène ne les regardait-il
pas comme chrétiens. Leur secte était peu peur qui en sortait la faisait entrer dans une
sorte de délire effrayant, qu'on prenait pour
nombreuse.
un enthousiasme divin. Les oracles de la—
1
Les trois Grimoires, p. 55. Pythie n'étaient autre chose qu'une inspira-
ORA — 3 3 — ORA
lion démoniaque, dit Leloycr, et ne procé- da aussitôt qu'on fit sortir toutes les charret-
daient point d'une voix humaine. Dès qu'elle tes et tous les chariots de son royaume. Tou-
entrait en fonction son visage s'altérait sa
, , tefois il ne put échapper au sort que l'oracle
gorge s'enflail, « sa poitrine pantoisait et ha- avait si bien prévu Pausianas, qui lui donna :

letait sans cesse ; elle ne ressentait rien que la mort, portait une charrette gravée à la
rage; elle remuait la tête faisait la roue du
, garde de epée dont il le perça.
1 Ce même —
cou, pour parler comme le poète Stace, agitait Philippe désirant savoir s'il pourrait vaincre
tout le corps, et rendait ainsi ses réponses. — les Athéniens, l'oracle qu'il consultait lui ré-
Les prêtres de Dodone disaient que deux co- pondit :

lombes étaient venues d'Égypte dans leur fo- Avec lances d'argent, quand tu feras la guerre,

rêt, parlantlangage des hommes; et qu'el-


le Tu pourras terrasser les peuples de la terre.

les avaient commandé d'y bâtir un temple à Ce moyen lui réussit merveilleusement, et il

Jupiter, qui promettait de s'y trouver et d'y disait quelquefois qu'il était maître d'une pla-
rendre des oracles. Pausanias conte que des ce s'il pouvait y faire entrer un mulet chargé
fillesmerveilleuses se changeaient en colom- d'or. — Quelquefois les oracles ont dit des
bes, et sous cette forme rendaient les célèbres vérités ;
qui les y contraignait? On est surpris
oracles de Dodone. Les chênes parlaient dans de dans Porphyre que l'oracle de Delphes
lire

cette forêt enchantée {voy. Arbres); et on y répondit un jour à des gens qui lui deman-
voyait une statue qui répondait à tous ceux daient ce que c'était que Dieu a Dieu est la :

qui la consultaient , en frappant avec une source de la vie, le principe de toutes choses,
verge sur des chaudrons d'airain , laissant à le conservateur de tous les êtres. Tout est
ses prêtres le soin d'expliquer lts sons pro- plein de Dieu; il est partout, personne ne Ta
phétiques qu'elle produisait. — Le bœuf Apis, engendré il est sans mère; il sait tout, et on
:

dans lequel l'âme du grand Osiris s'était re- ne peut rien lui apprendre. Il est inébranla-
tirée, était regardé chez les Égyptiens comme ble dans ses desseins et son nom est ineffa- ,

un oracle. En le consultant, on se mettait les ble. Voilà ce que je sais de Dieu, ne cherche
mains sur les oreilles et on les tenait bou-
, pas à en savoir davantage ta raison ne sau- :

chées jusqu'à ce qu'on fut sorti de l'enceinte rait le comprendre, quelque sage que lu sois.
du (emple; alors on prenait pour réponse du Le méchant et l'injuste ne peuvent se cacher
dieu la première parole qu'on entendait. — devant lui l'adrcs-e et l'excuse ne peuvent
Les oracles présentaient ordinairement un r
;

en déguiser à ses regards perçants. » —


double sens, qui sauvait l'honneur du dieu et Dans Suidas, l'oracle de Sérapis dit à Thulis,
leur donnait un air de vérité mais de vérité , roi d'Égypte : « Dieu, le verbe, et l'esprit qui
cachée au milieu du mensonge que peu de les unit, tous ces trois ne sont qu'un : c'est le
gens avaient l'esprit de voir. Théagènes de — Dieu dont la force est éternelle. Mortel, adore
Thase avait remporté quatorze cents couron- et tremble ou tu es plus à plaindre que l'a-
,

nes en différents jeux de sorte qu'après sa ; nimal dépourvu de raison. » Le comte de —


mort on lui éleva une statue en mémoire de Gabalis, en attribuant les oracles aux esprits
ses victoires. Un de ses ennemis allait souvent élémentaires, ajoute qu'avant Jésus- Christ
tomba sur lui et l'é-
insulter cette statue, qui ces esprits prenaient plaisir à expliquer aux
crasa. Ses enfants, conformément aux lois de hommes ce qu'ils savaient de Dieu, et à leur
Dracon qui permettaient d'avoir action, même donner de sages conseils; mais qu'ils se reti-
contre les choses inanimées, quand il s'a- rèrent quand Dieu vint lui-même instruire les
gissait de punir l'homicide, poursuivirent la hommes, et que dès lors les oracles se turent.
statue de Théagènes pour le meurtre de leur — On pensera des oracles des païens ce que
père; elle fut condamnée à être jetée dans la l'on voudra, dit dom Calmet dans ses Disserta-
mer. Les Thasiens furent peu après affligés tions sur les Apparitions: je n'ai nul intérêt à
d'une peste. L'oracle consulté répondit Rap- : les défendre, je ne ferai pas même difficulté
pelez vos exilés. Ils rappelèrent en consé- d'avouer qu'il y a eu de la part des prêtres et
quence quelques-uns de leurs citoyens. Mais des prêtresses qui rendaient ces oracles beau-
la calamité ne cessant point, ils renvoyèrent coup de supercheries et d'illusions. Mais s'en-
à l'oracle, qui leur dit alors plus clairement : suit-il que le démon ne s'en soit jamais
Vousavëz détruit leshonneurs du grand Théa- mêlé? On ne peut disconvenir que depuis le
gènes La statue fu! remise à sa place ; on christianisme les oracles ne soient tombés in-
lui sacrifia comme à un dieu; et la piste s'a- sensiblement, dans le mépris, et n'aient été
paisa. — Philippe, roi de Macédoine , lut réduits au silence, et que les prêtres qui se
averti par l'oracle d'Apollon qu'il serait tue mêlaient rie prédire les choses cachées et fu-
(I une charrette. C'est pourquoi il eomman- tures n'aient été souvent forcés d'avouer que
,

OUI — 2 1 — ORP
la présence des chrétiens leur imposait silence. Ceux qui nient le péché originel n'ont pour-
Voy. Baltus. tant jamais pu expliquer leur négation.

Orages, — voy. Crieriens, Tonnerre, etc. Origines ,


— VOIJ . MONDE.
Oraison du loup. —
Quand on l'a pronon- Ornithomancie, —
divination qu'on tirait
cée pendant cinq jours au soleil levant, on de la langue, du vol, du cri et du chant des
peut défier les loups les plus affamés et met- oiseaux. Voy. Augures.
tre les chiens à la porte. La voici, cette orai- Orobas — grand prince du sombre em-
son fameuse : — « Viens, bète à laine ,
c'est pire.
,

On le voit sous laforme d'un beau che-


» l'agneau d'humilité, je te garde. Va droit, val. Quand il paraît sous celle d'un homme ,

«bète grise, à gris gripeuse va chercher la ,


il parle de l'essence divine. Consulté, il donne
» proie, loups et louves et louveteaux, tu n'as des réponses sur le passé le présent et l'a- ,

» point à venir à cette viande qui est ici. Vade venir. Il découvre le mensonge, accorde des
»retro. o Salarial » Voy. Gardes. dignités et des emplois, réconcilie les ennemis,

Oray ou Loray —
grand marquis des en- et a sous ses ordres vingt légions *.

fers, qui se montre sous la forme d'un superbe Oromasis, —


salamandre distingué que les
archer portant un arc et des flèches il anime ; cabalistes donnent pour compagnon de Noé
les combats, empire les blessures faites par dans l'arche.
les archers, lance les javelines les plus meur-
Orphée, — époux d'Eurydice, qu'il p relit
Irières. Trente légions le reconnaissent pour
le jour de ses noces, qu'il pleura si long-temps,
dominateur et souverain *.
et qu'il alla enfin redemander aux enfers.
Orcavelle, — magicienne célèbre dans les Pluton la lui rendit à condition qu'il ne re-
romans de cheva'erie. Elle opérait des en- garderait point derrière lui jusqu'à ce qu'il
chantements extraordinaires. fut hors du sombre empire. Orphée ne put

Ordalie. — On donnait le nom û'ordalie à


résister
perdit
au désir de revoir sa femme
une seconde fois il s'enfonça dans un :
; il la

une série d'épreuves par les éléments. Elles


désert, jura de ne plus aimer, et chanta ses
consistaient à marcher les yeux bandés par-
douleurs d'un ton si touchant, qu'il attendrit
mi des socs de charrue rougis au feu, à tra-
les bêtes féroces. Les bacchantes furent moins
verser des brasiers enflammés à plonger le ,

sensibles , car il fut mis en pièces par ces fu-


bras clans l'eau bouillante, à tenir à main
une barre de fer rouge à avaler un morceau ,
la
rieuses. — Les anciens voyaient dans Orphée
un musicien habile à qui rien ne pouvait ré-
de pain mystérieux à être plongé les mains
,

sister.Les compilateurs du moyen âge l'ont


liées aux jambes dans une grande cuve d'eau,
regardé comme un magicien insigne, et ont
enfin à étendre pendant assez long-temps les
attribué aux charmes de la magie les mer-
bras devant une croix. Voij. Croix, Eau,
veillesque la mythologie attribue au charme
Feu , etc.
de sa voix. Orphée dit Leloyer, fut le plus
Oreille. — On dit que nos amis parlent de grand sorcier et le plus grand nécromancien
,

nous quand l'oreille gauche nous tinte et nos ;


qui ait jamais vécu. Ses écrits ne sont farcis
ennemis quand c'est la droite.
que des louanges des diables. Il savait les évo-
Oresme ( Guillaume )
, — astrologue du quer. Il institua l'ordre des Orphéotélestes
quatorzième siècle, dont on sait peu de chose. espèces de sorciers parmi lesquels Bacchus ,

anciennement pareil lieu que le diable


Orias, — démon des astrologues et des de-
tenait
tient aujourd'hui aux assemblées du sabbat.
vins, grand marquis de l'empire infernal ; il
Bacchus, qui n'était qu'un diable déguisé, s'y
se montre sous les traits d'un lion furieux as-
nommait Sabasius; c'est de là que le sabbat a
sis

Ii
sur un cheval qui a
porte dans
la queue d'un serpent.

chaque main une vipère. Il con-


tiré son nom. —
Après la mort d'Orphée, sa
tète rendit des oracles dans l'île de Lesbos.
naît l'astronomie et enseigne l'astrologie. Il
Tzetzès dit qu'Orphée apprit en Egypte la fu-
iiK'lnmorphose les hommes à leur volonté,
neste science de la magie, qui y était en grand
leur fait obtenir'des dignités et des titres, et
crédit et surtout l'art de charmer les ser-
,
commande trente légions 2
.

pents. Pausianas explique sa descente aux en-


Originel (Péché), — la source de tous les iers par un voyage en Thesprotide où Ton ,

maux qui affligent l'humanité, réparé par le évoquait par des enchantements les âmes des
baptême dans ses conséquences éternelles. morts. L'époux d'Eurydice, trompé par un
fantôme qu'on lui fit voir pendant quelques
1
Wierus, Pseudom dœm.
2 Idem, ibid. 1
Wierus, in Pseudom. dcein.
OUR — 378 OXY
instants, mourut de regret, ou du moins re- quand on peut en attraper quelqu'un , on le

nonça pour jamais à la société des hommes tue sans miséricorde.


et se retira sur les montagnes de Thrace. Le- Ours. — Quand les Ostiacks ont tué un
clerc prétend qu"Orphée était un grand magi- ours, ils l'écorchent et mettent sa peau sur
cien que ses hymnes sont des évocations in-
, un arbre auprès d'une de leurs idoles; après
fernales, et que, si l'on en croit Apollodore et quoi ils lui rendent leurs hommages, lui font
Lucien, c'est lui qui a mis en vogue dans la de très-humbles excuses de lui avoir donné
Grèce la magie, l'art de lire dans les astres la mort, et lui représentent que dans le fond
et l'évocation des mânes. ce n'est pas à eux qu'il doit s'en prendre
Orphéotélestes ,
— ordre de gens qui fai- puisqu'ils n'ont pas forgé le fer qui l'a percé,
saient le sabbat institué par Orphée, comme et que
plume qui a hâté le vol de la flèche
la

on vient de le dire. appartient à un oiseau étranger. Au Cana- —


Ortie brûlante. — Les Islandais ,
qui ap-
da, lorsque des chasseurs tuent un ours, un
d'eux s'en approche, lui met entre les dents
pellent cette plante Netla, croient qu'elle a
le tuyau de sa pipe, souffle dans le fourneau, et,
une vertu singulière pour écarter les sortilè-
lui remplissant ainsi de fumée la gueule et le
ges. Selon eux, il faut en faire des poignées
gosier, il conjure l'esprit de cet animal de ne
de verges et en fouetter les sorciers à nu.
pas s'offenser de sa mort mais comme l'es-
Os des morts. — Les habitants de la Mau- prit ne fait aucune réponse, le chasseur, pour
;

ritanie ne mettent jamais deux corps dans la savoir si sa prière est exaucée, coupe le filet
même sépulture, de peur qu'ils ne s'escamo- qui est sous la langue de l'ours et le garde
tent mutuellement leurs os au jour de la ré- jusqu'à la fin de la chasse. Alors on fait un
surrection. grand feu dans toute la bourgade, et toute la
Othon. —
Suétone dit que le spectre de troupe y jette ces filets avec cérémonie s'ils :

Galba poursuivait sans relâche Othon, son y pétillent et se retirent, comme il doit natu-
meurtrier, le tiraillait hors du lit l'épouvan- rellement arriver, c'est une marque certaine
,

tait et lui causait mille tourments C'était que les esprits des ours sont apaisés; autre-
peut-être le remords. ment on se persuade qu'ils sont irrités, et que
la chasse ne sera point heureuse l'année d'a-
Otis ou Boiis ,
— grand-président des en-
près, à moins qu'on ne prenne soin de se les
fers; il apparaît sous la forme d'une vipère;
réconcilier par des présents et des invoca-
quand il prend la figure humaine, il a de
grandes dents, deux cornes sur la tête et un
tions 1 .

Le diable prend quelquefois la
forme de cet animal. Un choriste de Cîteaux,
glaive à la main il répond effrontément sur ;
s'étant légèrement endormi aux matines, s'é-
le présent, le passé et l'avenir. Il a autant
veilla en sursaut et aperçut un ours qui sor-
d'amis que d'ennemis. Il commande soixante
tait du chœur. Cette vision commença à l'ef-
légions *.
frayer quand il vit l'ours reparaître et con-
Ouahiche ,
— génie ou démon dont les sidérer attentivement tous les novices, com-
jongleurs iroquois se prétendent inspirés. me un officier de police qui fait sa ronde
C'est lui qui leur révèle les choses futures. Enfin le monstre sortit de nouveau en disant :

Ouikka , — mauvais génie qui , chez les « Ils sont bien éveillés ; je reviendrai tout à
Esquimaux, fait naître les tempêtes et ren- l'heure voir s'ils dorment.... » Le naïf légen-
verse les barques. daire ajoute que c'était le diable qu'on avait

Oulon-Toyon ,
— chef des vingt-sept tri-
envoyé pour contenir
— On
les frères dans leur de-
voir croyait autrefois que ceux qui
bus d'esprits malfaisants, que les Yakouts
avaient mangé la cervelle d'un ours étaient
supposent répandus dans l'air et acharnés à
frappés de vertiges durant lesquels ils se
leur nuire. Il a une femme et beaucoup d'en-
croyaient transformés en ours , et en pre-
fants.
naient les manières. Voy. Visions.
Oupires ,
— VOIJ. VAMPIRES.
Ovide. — On lui attribue un ouvrage de
Ouran et Ouran-Soangue HoMMB ENDIA- (
magie intitulé le Livre de la Vieille, que nous
BLE) sorte
,
— de magiciens de l'île Grom- ne connaissons pas.
boccanore, dans les Indes orientales. Ils ont
la réputation de se rendre invisibles quand il
Oxyones, —
peuples imaginaires de Ger-
manie, qni avaient, dit-on. la tète d'un hom-
leur plaît, et de se transporter où ils veulent.
me et le reste du corps d'une bête.
l>e peuple les craint et les hait mortellement;
1
La Harpe, Hist. des Voyages, t. XVIII, p. 3H6.
' Wierus, in Pseudom. daem. * CjesarijHeisterb, Mirncul. illustrium,lib. v, cap. 41>.
PAC — 379 — PAG
Oze ,
— grand-président des enfers. Il se me, rend insensé au point de lui faire croire
le

présente sous la forme d'un léopard ou sous qu'il est roi ou empereur. Oze porle une cou-
celle d'un homme. Il rend ses adeptes habiles ronne mais son règne ne dure qu'une heure
;

dans les arts libéraux. Il répond sur les cho- par jour ».
ses divines et abstraites, métamorphose l'hom- 1
Wierus, In Pseudomon. dgemon,

Pa (Olaus), — voy. Harppe. produisaient cet effet, ce ne pourrait être que


Pacte. —
y a plusieurs manières de faire
II par l'opération de l'esprit infernal. — De là

pacte avec le diable. Les gens qui donnent les théologiens concluent que non-seulement
dans croyances superstitieuses pensent le
les toute espèce de magie mais encore toute es- ,

l'aire le Grimoire à Vendroit


venir en lisant pèce de superstition renferme* un pacte au ,

des évocations en récitant les formules de


,
moins tacite ou équivalent avec le démon,
conjuration rapportées dans ce Dictionnaire, puisque aucune pratique superstitieuse ne peut
ou bien en saignant une poule noire dans un rien produire à moins qu'il ne s'en mêle C'est

grand chemin croisé, et l'enterrant avec des le sentiment de saint Augustin de saint Tho- ,

paroles magiques. Quand le diable veut bien mas et de tous ceux qui ont traité cette ma-
se montrer, on fait alors le marché, que l'on tière — Voici l'histoire d'un pacte. Plusieurs
signe de son sang. Au reste, on dit l'ange des autres se trouvent dans ce dictionnaire : — Un
ténèbres accommodant, sauf la condition ac- gentilhomme allemand, Michel-Louis de Bou-
coutumée de se donner à lui. Le comte de — benhoren envoyé assez jeune à la cour du
,

Gabalis, qui ôte aux diables leur antique pou- duc de Lorraine, perdit au jeu tout son ar-
voir, prétend que ces pactes se font avec les gent; dans son désespoir, il résolut de se ven-
gnomes, qui achètent l'âme des hommes pour dre au diable s'il voulait l'acheter un peu
les trésors qu'ils donnent largement; en cela, cher. Comme il se livrait à cette pensée, tout

cependant, conseillés par les hôtes du som- d'un coup paraître devant lui un jeune
il vit

bre empire. —
Un pacte, dit Bergier, est une homme de son âge, élégamment vêtu qui lui ,

convention expresse ou tacite avec le dé- faite donna une bourse pleine d'or, et lui promit
mon dans l'espérance d'obtenir, par son en- de revenir le lendemain. Louis courut re- —
tremise , des choses qui passent les forces de trouver ses amis regagna ce qu'il avait per-
,

la nature. —
Un pacte peut donc être exprès du et emporta même l'argent des autres. Le
,

et formel, ou tacite et équivalent. Il est censé jeune homme mystérieux parut de nouveau ,

exprès et formel 1° lorsque par soi-même on lui demanda pour récompense du service
,

invoque expressément le démon et que l'on qu'il lui avait rendu, trois gouttes de son sang,
,

demande son secours, soit que l'on voie réel- qu'il reçut dans une coquille de gland; puis,

lement cet esprit de ténèbres soit que l'on ,


offrant une plume au jeune seigneur, il lui

croie le voir; 2° quand on l'invoque par le dicta quelques mots barbares que Louis écri-
ministère de ceux que l'on croit être en rela- vit sur deux billets différents. L'un demeura

tion et en commerce avec lui 3° quand on ;


au pouvoir de l'inconnu, l'autre fut enfoncé,
fait quelque chose dont on attend l'effet de par un pouvoir magique, dans le bras de
lui.— Le pacte est seulement tacite on équi- Louis à l'endroit où il s'était piqué pour tirer
,

valent lorsque l'on se borne à faire une chose les trois gouttes de sang. La plaie se referma

de laquelle on espère un effet qu'elle ne peut sans laisser de cicatrice. « Je m'engage —


produire naturellement, ni surnalurellernent dit alors l'étranger, à vous servir sept ans,

et par l'opération de Dieu, parce* que alors on


;
au bout desquels vous m'appartiendrez. » —
ne peut espérer cet effet que par l'interven- Le jeune homme y consentit, quoiqu'avec une
tion du démon. Ceux par exemple, qui pré- certaine horreur; depuis ce jour, le démon ne
,

tendent guérir les maladies par des paroles manqua pas de lui apparaître sous diverses
doivent comprendre que les paroles n'ont pas formes, et de l'aider en toute occasion. Il
naturellement cette vertu. Dieu n'y a pas at- s'empara peu à peu de son esprit; il lui in-
laché non plus celte efficacité. Si donc elles 1
Bergier, Dictionn. théologique.
- ,

PAI 380 PAL


spirait des idées neuves et curieuses qui le Pain bén!t. — Du côté de Guingamp en Bre-
séduisaient; le plus souvent il le poussait à tagne, et dans beaucoup d'autres lieux, quand
de mauvaises actions. Le terme des sept — on ne peut découvrir le corps d'un noyé, on
années vint vite; le jeune homme, qui avait met un petit cierge allumé sur un pain que
alors vingt-cinq ans, rentra à la maison pa- l'on a fait bénir et qu'on abandonne au cours
ternelle. Le démon auquel il s'était donné lui de l'eau on trouve le cadavre dans l'endroit
;

conseilla et parvint à lui persuader d'empoi- où le pain s'arrête et ce qui peut surpren-
sonner son père et sa mère de mettre le feu , dre les curieux c'est que ce miracle s'est fait
,

à leur château et de se tuer lui-même après.


, Comment l'expliquer
souvent. ? — On a le
Il essaya de commettre tous ces crimes Dieu, : même usage en Champagne et ailleurs.
qui sans doute avait encore pitié de lui, ne Pajot (Marguerite), sorcière qui fut —
permit pas qu'il réussît; le poison n'opéra exécutée à Tonnerre en 1576, pour avoir été
point sur ses parents. Inquiet et troublé, Louis aux assemblées nocturnes des démons et des
eut des remords; il découvrit à quelques do- sorciers. Elle composait des maléfices et fai-
mestiques fidèles l'état où il se trouvait, les sait mourir les hommes et les animaux. Elle
priant de lui porter secours. Aussitôt qu'il eut avait de plus tué un sorcier qui n'avait pas
fait cette démarche , le démon le saisit, quoi- voulu lui prêter un lopin de bois avec lequel
que la dernière pas venue,
heure ne fût lui il faisait des sortilèges. Une remarque singu-
tourna le corps en arrière, et tenta de lui lièrequ'on avait notée, c'est qu'elle revenait
rompre les os. Sa mère, qui était hérétique du sabbat toujours toute froide 2 .

aussi bien que de recourir


lui , fut contrainte Palingénésie. — Ce mot veut dire renais-
aux exorcismes. Le diable parut, dit-on avec ,
sance. Duchêne un
dit avoir vu, à Cracovie ,

les traits d'un sauvage hideux et velu et jeta ,


médecin polonais qui conservait, dans des
à terre un pacte différent de celui qu'il avait fioles, la cendre de plusieurs plantes; lors-
extorqué du jeune homme pour donner à , qu'on voulait voir une rose dans ces fioles,
croire qu'il abandonnait sa proie. Mais on ne il prenait celle où se trouvait la cendre du
tomba point dans le panneau; et enfin, le 20 rosier, et la mettait sur une chandelle allu-
octobre 1 603 on força le démon à rapporter
,
mée après qu'elle avait un peu senti la cha-
:

la véritable cédule, contenant le pacte fait leur, on commençait à voir remuer la cendre;
entre et, Louis de Boubenhoren. Le jeune
lui puis on remarquait comme une petite nue
homme renonça alors au démon, abjura l'hé- obscure qui, se divisant en plusieurs parties,
résie, fit sa confession générale, et il sortit venait enfin à représenter une rose si belle
de son bras gauche, presque sans douleur, et si fraîche et si parfaite ,
qu'on l'eût jugée
sans laisser de cicatrice, le pacte secret, qui palpable et odorante , comme celle qui vient
tomba aux pieds de l'exorciste. On voyait, — du rosier. — Celte nouveauté fut poussée plus
dans une chapelle de Molsheim, une inscrip- loin. On assura que les morts pouvaient re-
tion célèbre qui contenait toute l'aventure de vivre naturellement, et qu'on avait des moyens
ce gentilhomme.... Voy. Faust. de les ressusci:er en quelque façon. Van der
Pain (Épreuve du). — C'était un pain fait Bect . donné ces opinions pour des
surtout , a
de farine d'orge, bénit ou plutôt maudit par vérités incontestables et dans le système qu'il ;

les imprécations d'un prêtre. Les Anglo-Saxons a composé pour expliquer de si étranges mer-
le faisaient manger à un accusé non convain- veilles, il prétend qu'il y a, dans le sang,
cu ,
persuadés que, s'il était innocent, ce des idées séminales c'est-à-dire des corpus- ,

pain ne lui que s'il était


ferait point de mal ;
cules qui contiennent en petit tout l'animal.
coupable, il ne pourrait l'avaler, ou que s'il Quelques personnes, dit-il, ont distiilé du
l'avalait, il étoufferait. Le prêtre qui faisait sang humain nouvellement tiré, et elles y ont
cette cérémonie demandait, par une prière vu, au grand étonnement des assistants saisis
composée exprès, que les mâchoires du cri- de frayeur, un spectre humain qui poussait
minel restassent roides que son gosier se ré- ,
des gémissements. C'est pour ces causes, ajou-
ne put avaler, qu'il rejetât le pain
trécit, qu'il te-l-il que Dieu a défendu aux Juifs de man-
,

de sa bouche. C'était une profanation des ger le. sang des animaux, de peur que les
prières de l'Eglise La seule chose qui fut 1
. esprits ou idées de leurs espèces qui y sont
réelle dans cette épreuve, qu'on appelait s o 1
1
contenues ne produisissent de funestes effets.
\ent Y épreuve du pain conjuré, c'est que, de — Ainsi en conservant les cendres de nos
toutes les espèces de pain le pain d'orge , ancêtres, nous pourrons en tirer des fantô-
moulue un peu ^ros est le plus difficile à ava- mes qui nous en représenteront la figure.
ler. Voy. Corsned, Alphitomancie etc. ,
' C'umbry, Yuyago dans le Finistère , t. III , p. 159.
» Bergier, Dictionn, théologique, ' Bodin, Demun<imani<\
,

PAN — 3 I — PAP
Quelle consolation, dit le P. Lebrun ,
que de Panjangam, almanach des bramines, —
passer en revue son père et ses aïeux sans , où sont marqués les jours heureux et les jours
le secours du démon et par une nécromancie ,
malheureux, et les heures du jour et de la
très-permise! Quelle satisfaction pour les sa- nuit heureuses ou malheureuses.
vants que de ressusciter, en quelque ma- Pantacles, — espèces de talismans magi-
nière, les Romains, les Grecs, les Hébreux ques. Toute science de la clavicule dépend
la
et toute l'antiquité! Rien d'impossible à cela, de l'usage des pantacles, qui contiennent les
il suffit d'avoir les cendres de ceux qu'on veut noms ineffables de Dieu. Les pantacles doi-
faire paraître. —
Ce système eut, comme tou- vent être faits le mercredi , au premier quar-
tes les rêveries, beaucoup de partisans. On tier de la lune , à trois heures du matin, dans
prétendait qu'après avoir mis un moineau en une chambre aérée, nouvellement blanchie,
cendres, et en avoir extrait le sel, on avait où l'on habile seul. On y brûle des plantes
obtenu, par une chaleur modérée, le résul- odoriférantes. On a du parchemin vierge, sur
tat désiré. L'académie royale d'Angleterre es-
lequel on décrit trois cercles l'un dans l'au-
saya dit-on cette expérience sur un homme.
, ,
tre, avec les trois principales couleurs : or,
Je ne sache pas qu'elle ait réussi. Mais cette cinabre et vert; plume
la et les couleurs doi-
découverte, qui n'aurait pas dù occuper un On
vent être exorcisées. écrit alors les noms
seul instant les esprits, ne tomba que quand sacrés dans un drap de
puis on met le tout
;

un grand nombre de tentatives inutiles eut soie. On prend un pot de terre où l'on allume
prouvé que ce n'était non plus qu'une ridi- du charbon neuf, de l'encens mâle et du bois
cule chimère. Voij. Cendres. La palingê- — d'aloès, le tout exorcisé et purifié; puis, la
nésie philosophique de Bonnet est un système
face tournée vers l'orient, on parfume encore
publié au dernier siècle et condamné il est ;
lespantacles avec les espèces odoriférantes,
plus du ressort des théologiens que du nôtre.
eton les remet dans le drap de soie consacré,
Palmoscopîe, — augure qui s'appelait aussi pour s'en servir au besoin K
Palmicum de
des parties du corps de
, et qui se tirait
la
la

victime
palpitation
, calculées
Pantarbe, — pierre fabuleuse à laquelle
quelques docteurs ont attribué la propriété
à la main.
d'attirer comme l'aimant attire
Falud (Madeleine de Mendoz de la), — Philostrate, dans
l'or,

la Vie d'Apollonius ,
le

en ra-
fer.

fille d"un gentilhomme de Marseille, et sœur


conte des merveilles : L'éclat en est si vif,
du couvent des Ursulines, qui fut ensorcelée dit-il qu'elle ramène le jour au milieu de la
,

par Gaufridi, à l'âge de dix-neuf ans. Voy. nuit; mais, ce qui est plus étonnant encore,
Gaufridi. — Cette femme, quarante ans après cette lumière est un esprit qui se répand dans
le ayant voulu se mêler
procès de Gaufridi , la terre et attire insensiblement les pierres
encore de sorcellerie, fut condamnée, par
précieuses; plus cette vertu s'étend, plus elle
arrêt du parlement de Provence, à la prison
a de force ; et toutes ces pierres dont la pan-
perpétuelle, en 1653.
tarbe se fait une ceinture ressemblent à un
Pamilius. — Pamilius de Phères, tué dans essaim d'abeilles qui environnent leur roi. De
un combat, resta dix jours au nombre des peur qu'un si riche trésor ne devînt trop vil,
morts; on l'enleva ensuite du champ de ba- non-seulement la nature l'a caché dans la
taille, pour le porter sur le bûcher; mais il terre profonde mais elle lui a donné la fa-
,

revint à la vie et raconta des histoires sur-


,
culté de s'échapper des mains de ceux qui
prenantes de ce qu'il avait vu pendant que voudraient la prendre sans précaution. On la
1
son corps était resté sans sentiment .
trouve dans celte partie des Indes où s'engen-
Pan, — l'un des huit grands dieux, ou dre l'or. Suivant l'auteur des Amours de Thêa-
dieux de la première classe chez les Egyp- gène et de Chariclêe, elle garantit du feu ceux
On le représentait
tiens. sous les traits d'un qui la portent.
homme dans la partie supérieure de son Paouaouci, —
enchantements ou conjura-
corps , et sous la forme d'un bouc dans par- la tions au moyen desquels les naturels de la
tie inférieure. — Dans les démonographies Virginie prétendent faire paraître des nuages
c'est le prince des démons incubes. et tomber de la pluie.
Pandeemonium ,
— capitale de lempîre in-
Pape. — Les huguenots ont ditque le pape
fernal selon Mil ton.
,
était l'antéchrist. C'est ainsi que les filous
Panéros. —
Pline cite une pierre précieuse crient au voleur pour détourner l'attention
de ce nom qui rendait les femmes fécondes. — Le conte absurde de la papesse Jeanne, in-

1
Leloyer, Hist. des spectres ou appar. des esprits. r
M gie noire, p. 89.
PAR 382 — PAR
venté par les précurseurs de Luther, est main- pergée on la serrera ensuite dans un drap
;

tenant reconnu si évidemment faux, qu'il ne de soie avec tous les instruments de l'art.
peut nous arrêter un instant *. Qu'aucune femme ne voie ce parchemin, par-
Papillon. —
L'image matérielle de l'âme la ce qu'il perdrait sa vertu. C'est sur ce par-

plus généralement adoptée est le papillon. chemin qu'on écrit ensuite les pantacles, ta-
Les artistes anciens donnent à Platon une tête lismans, figures magiques, pactes et autres
pièces.
avec des ailes de papillon, parce que c'est le
premier philosophe grec qui ait écrit sur l'im- Parfums. —
On dit que si Ton se parfume
mortalité de ame. 1
avec de la semence de lin et de psellium, ou

Paracelse, —
né dans le canton de Zurich
avec les racines de violette et d'ache, on con-
naîtra les choses futures *t que pour chasser
en 1493.voyagea, vit les médecins de
Il
;

les mauvais esprits et fantômes nuisibles, il


presque toute l'Europe, et conféra avec eux.
faut faire un parfum avec calament, pivoine,
Il se donnait pour le réformateur de la mé-
menthe et palma-Christi. On peut assembler
decine. Il voulut en arracher le sceptre à Hip-
les serpents par le parfum des os de l'extré-
pocrate et à Galien. Il décria leurs principes
mité du gosier de cerf, et, au contraire, on les
et leurméthode. On lui doit la découverte de
peut chasser et mettre en fuite si on allume
l'opium et du mercure dont il enseigna l'u- ,

la corne du même cerf; la corne du pied droit


sage. —
Paracelse est surtout le héros de ceux
d'un cheval ou d'une mule, allumée dans une
qui croient à la pierre philosophale , et qui
maison chasse les souris et celle du pied
, ,
lui attribuent hautement l'avantage de l'avoir
gauche, les mouches. Si on fait un parfum
possédée, s'appuyant en cela de sa propre
avec le fiel de seiche, du thymiamas, des ro-
autorité. C'était quelquefois un grand charla-
ses et du bois d'aloès, et qu'on jette sur ce
tan. Quant il était ivre, dit Wetternus, qui
me- parfum allumé de l'eau ou du sang la mai- ,
a demeuré vingt-sept mois avec lui , il
son semblera pleine d'eau ou de sang; et si
naçait de faire venir un million de diables
on jette dessus de la terre labourée il sem- ,
pour montrer quel empire et quelle puissance
blera que le sol tremble *.
avait sur eux; mais il ne disait pas de si
il

grandes extravagances quand il était à jeun. Paris. — Une prédiction avait annoncé que
Il avait un démon familier renfermé dans le
Paris serait détruit par une pluie de feu le

pommeau de son épée. Il disait que Dieu lui 6 janvier 1840. Mais la catastrophe a été re-

avait révélé le secret de faire de l'or; et il se mise au cinquième mois de l'année 1900.
vanlait de pouvoir, soit par le moyen de la Parlements. —
Le clergé n'a jamais de-
pierre philosophale soit par la vertu de ses
,
mandé la mort des sorciers. Ce sont les par-

remèdes, conserver la vie aux hommes pen- lements qui les ont toujours poursuivis avec
dant plusieurs siècles. Néanmoins il mourut chaleur. A la fin du dix-septième siècle, le

à quarante-huit ans en 1541, à Saltzbourg.


,
clergé réclamait contre l'exécution de plu-

Parchemin vierge. Il est employé dans — sieurs sorcières convaincues d'avoir fait le
sabbat avec maître Verdelet le parlement :
la magie en plusieurs manières. On appelle
de Rouen pria très-humblement le roi de per-
parchemin vierge celui qui est fait de peaux
mettre qu'on brùlàt incontinent lesdites sor-
de bêtes n'ayant jamais engendré. Pour le
cières. On citerait mille exemples pareils.
faire, on met l'animal qui doit le fournir dans
un lieu secret où personne n'habite, on prend Paroles magiques. —
On peut charmer les
dés ou les cartes de manière à gagner con-
un bâton vierge ou de la sève de l'année on ,

tinuellement au jeu, en les bénissant en même


le faille en forme de couteau puis on écor- ;

temps que l'on récite ces paroles Contra nie :


che l'animal avec le couteau de bois, et avec
le sel on sale ladite peau, que l'on met au so-
ad incarte cja, à filii à Eniol, Lieber, Braya,
Braguesca. On n'est point mordu des puces
leil pendant quinze jours. On prendra alors
si Ton dit en se couchant : Och och. On fait
un pot de terre vernissé, autour duquel on
tomber les verrues des mains en les saluant
écrira des caractères magiques. Dans ce pot
d'un bonsoir le matin, ot d'un bonjour le soir.
on mettra une grosse pierre de chaux vive
avec de l'eau bénite et ladite peau; on l'y
On fait filer le diable avec ces mots Per ip- :

laissera neuf jours entiers. On la tirera enfin,


sam et cum ipso, et in ipso. Qu'on dise:
,

Sista pista, rista , xista, pour n'avoir plus


et avec le couteau de canne on la ratissera ,

mal à la cuisse. Qu'on prononce trois fois :

pour en ôter le poil; on la mettra sécher pen-


Onasagcs, pour guérir le mal de dents. On
dant huit jours à l'ombre après l'avoir as- ,

prévient les suites funestes de la morsure des


1
Voyez Bcrgicr, Dict. théologique, au mot Pai/casc
Jean ut'. 1
Nynauld, p. 72 de la Lycantliropie.
PAT 385 — PAU
chiens enragés en disant : Hax, pax, max. cette chaise matérielle se remuer, quitter sa
Voy. Beurre, Charmes, Sabbat, Éléazar ,
place et venir à lui comme soutenue en l'air.

Anamsapta, Amulettes, etc. Il s'écria : « Monsieur le diable , les intérêts

Parques , — divinités que les anciens de Dieu à part, je suis bien votre serviteur,
croyaient présider à la vie et à la mort; maî- mais je vous prie de ne me pas faire peur da-
tresses du sort des hommes, elles en réglaient vantage.. » La chaise s'en retourna à sa place

les destinées. La vie était un fil qu'elles fi- comme venue. Cette vision, dit-on,
elle était

laient; l'une tenait la quenouille, l'autre le


fit une forte impression sur l'esprit de Patris,
fuseau , la troisième avec ses grands ciseaux et ne contribua pas peu à le faire rentrer dans

coupait le On les nomme Clotho, Lachésis


fil.
son devoir.
et Atropos. On les fait naître de la nuit, sans Paul (Arnold) ,
— paysan de Médroïga
le secours d'aucun dieu Orphée, dans l'hymne ; village de Hongrie, qui fut écrasé par la chute
qu'il leur adresse, les appelle les filles de d'un chariot chargé de foin, vers 1728.
l'Érèbe. Trente jours après sa mort, quatre personnes
Parthénomancie ,
— divination ridicule moururent subitement et de la même manière
pour connaître la présence ou l'absence de que meurent ceux qui sont molestés des vam-
la virginité. On mesurait le cou d'une fille pires. On se ressouvint alors qu'Arnold avait
avec un fil, et en répétant l'épreuve avec le souvent raconté qu'aux environs de Cassova,
même fil, on tirait mauvais présage du gros- sur les frontières de la Turquie il avait été ,

sissement du cou. tourmenté long-temps par un vampire turc;

Pasétès, — magicien qui achetait


les cho-
mais que, sachant que ceux qui étaient victi-
mes d'un vampire le devenaient après leur
ses sans les marchander; mais l'argent qu'il
mort, il avait trouvé le moyen de se guérir
avait donné n'enrichissait que les yeux, car
en mangeant de la terre du tombeau du vam-
il retournait toujours dans sa bourse. Voy.
pire et en se frottant de son sang. On présu-
PlSTOLE VOLANTE.
ma que si ce remède avait guéri Arnold Paul,
Passalorynchites , — hérétiques des pre- il ne l'avait pas empêché de devenir vampire
miers siècles, ainsi nommés de deux mots à son tour en conséquence on le déterra
;

grecs qui veulent dire pieu dans le nez. Ils


pour s'en assurer, et, quoiqu'il fût inhumé
croyaient qu'on ne pouvait prier convenable- depuis quarante jours on lui trouva le corps ,

mont qu'en se mettant deux doigls, comme vermeil; on s'aperçut que ses cheveux, ses
deux pieux , dans les deux narines. ongles, sa barbe s'étaient renouvelés, et que
Patala — nom de , l'enfer des Indiens. ses veines étaient remplies d'un sang fluide.

Patiniac, — superstition particulière aux Le bailli du lieu en présence de qui se fil


,

Indiens des îles Philippines. C'est un sortilège


l'exhumation, et qui était un homme expert,
qu'ils prétendent attaché au
fruit d'une femme,
ordonna d'enfoncer dans le cœur de ce cada-
dont de prolonger les douleurs de
l'effet est
vre un pieu fort aigu et de le percer de part
l'enfantement et même de l'empêcher. Pour en part ce qui fut exécuté sur le champ. Le
;

lever le charme, le mari ferme bien la porte corps du vampire jeta un cri et fit des mou-
de la case, fait un grand feu tout à l'entour, vements après quoi on lui coupa la tête et
;

quitte le peu de vêtements dont il est ordinai- on le brûla dans un grand bûcher. On fit su-
rement couvert, prend une lance ou un sabre, bir ensuite le même traitement aux quatre

et s'en escrime avec fureur contre les esprits morts qu'Arnold Paul avait tués de peur ,

qu'ils ne devinssent vampires a leur tour.


invisibles jusqu'à ce que sa femme soit déli-
vrée. Voy. Vampires.

Patris (Pierre), poète, né à Caen en 1583. Paule. —


Il y avait au couvent des Cor-

Il fut premier maréchal-des-logis de Gaston deliers de Toulouse un caveau qui servait


de France, duc d'Orléans. L'esprit de plai- de catacombes, et où les morts se conser-
santerie lui valut sa fortune et la confiance vaient. Dans ce caveau était enterrée depuis
dont il jouissait auprès du prince. mourut à
Il la fin du seizième siècle une femme célèbre
Paris en 1671. On raconte qu'étant au châ- dans le pays sous le nom de la belle Paule. Il
teau d'Egmont, dans une chambre où un es- était d'usage de visiter son tombeau le jour
prit venaitde se montrer il ouvrit la porte , anniversaire de sa mort. Un jeune cordelier,
de cette chambre, qui donnait sur une longue la tête un peu échauffée, s'était un jour en-
galerie au bout de laquelle se trouvait une
, gagé à descendre dans ces catacombes sans
grande chaise de bois si pesante que deux lumière et sans témoin, et à enfoncer un clou
hommes avaient peine à la soulever. Il vit sur le cercueil de Paule. Il y descendit en
, ,

péc — ; i — PEN
effet mais il attacha par mégarde au cercueil
; res des Troyens, le parricide de Romulus
un pan de sa robe; il se crut retenu par la c'est-à-dire les crimes commis par ses aïeux.
défunte quand il voulut s'enfuir, ce qui lui — Alexandre meurt au milieu de ses plus
causa une telle frayeur qu'il tomba mort sur belles années ;
apr ès lui de sanglantes divi-
la place. sions se déclarent; des maux sans nombre
Pausanias. —
Quelques écrivains ont pré- accablent les parents du conquérant ; les his-

tendu que les Lacédémoniens n'avaient point toriens païens attribuent sans hésiter tous ces

de sorciers parce que quand ils voulurent malheurs à la vengeance divine, qui punissait
, ,

apaiser les mânes de Pausanias. qu'on avait les impiétés et les parjures du père d'Alexan-
laissé mourir de faim dans un temple, et qui
dre sur sa famille. —
Thésée dans Euripide,
s'était montré depuis à certaines personnes troublé de l'attentat dont il croit son fils cou-

on fut obligé de faire venir des sorciers d'Ita- pable, s'écrie Quel est donc celui de nos
: «

lie pour chasser le spectre du défunt. Mais ce


pères qui a commis un crime digne de m'at-
trait ne prouve rien, sinon que les sorciers de tirer un tel opprobre ? » J'omets à dessein une

Lacédémone n'étaient pas aussi habiles que foule d'autres monuments, et je m'abstiens
ceux de l'Italie. même de citer les livres de l'ancienTestament,

Paymon, — l'un des rois de l'enfer. S'il se


fort explicites sur Mais parmi ce point. —
ces témoignages et ces une loi est écrite faits,
montre aux exorcistes, c'est sous la forme
évidemment; elle est écrite en caractères de
d'un homme à cheval sur un dromadaire,
sang dans les annales de tous les peuples;
couronné d'un diadème étincelant de pierre-
c'est la loi de l'hérédité du crime et de la
ries, avec un visage de femme. Deux cents
peine. Un sentiment, profond et universel la
légions, partie de l'ordre des anges, partie de
proclame. Ce cri des peuples ne saurait être
l'ordre des puissances, lui obéissent; si Pay-
ni la fausseté ni l'injustice *. »
mon est évoqué par quelque sacrifice ou liba-
tion, il paraît accompagné des deux grands Pégomancie, — divination par les sour-
princes Bébal et Abalam 4 .
en y jetant un cer-
ces. Elle se pratiquait soit

Féanite ,
— pierre fabuleuse que les an-
tain nombre de pierres dont on observait les
divers mouvements, soit en y plongeant des
ciens croyaient douée du privilège de faciliter
vases de verre , et en examinant les efforts
les accouchements.
que faisait l'eau pour y entrer et chasser l'air
Peau. — Pour guérir peau les taches de la
qui les remplissait. La plus célèbre des pégo-
et les verrues, il suffit de toucher un caHavre
mancies est la divination par le sort des dés,
ou de se frotter les mains au clair de la lune. qui se pratiquait à la fontaine d'Abano près
,

Voy. Verrues 2 .
de Padoue; on jetait les dés dans l'eau pour
Péché. — Chemin de l'enfer. voir s'ils surnageaient ou s'ils s'enfonçaient,

Péché originel. — Un enfant, dites-vous,


«
et quels numéros ils donnaient; sur quoi un

ne peut naître responsable de la faute d'un devin expliquait l'avenir.


père. En êtes-vous bien sûr ? Au sein de l'hu- Pendus. — On qu'on gagne à tous
sait les
manité un sentiment universel se manifesta; jeux quand on a dans sa poche de corde la

la vie de tous les peuples exprime par les faits de pendu. — Un soldat de
belle corpulence
les plus significatifs l'existence d'une loi ter- ayant été pendu, quelques jeunes chirurgiens
rible et mystérieuse, de la loi d'hérédité et demandèrent la permission d'anatomiser soa
de solidarité pour le crime et la peine entre corps. On la leur accorda, et ils allèrent à dix
les hommes. Interrogez les nations qui furent heures du soir prier le bourreau de le leur
les plus voisines des traditions primitives. En remettre. Celui-ci ,
qui était déjà couché
Chine le fils est puni pour le père, une famille leur répondit qu'il ne voulait pas se lever, et
et même une ville entière répondent pour le qu'ils pouvaient l'aller dépendre eux-mêmes.
crime d'un seul. Dans l'Inde, les parents, l'in- Pendant qu'ils s'y décidaient , le plus éveillé
stituteur, l'ami du coupable doivent être pu- d'entre eux se détacha sans rien dire, courut
nis. Tout l'Orient jugeait ainsi. Il en est de devant, se mit en chemise et se cacha sous
même encore parmi les peuplades sauvages. son manteau au pied de la potence en atten-

De là aussi ces chants lugubres des poètes qui, dant les autres. Quand ils furent arrivés, le

voyant Rome désolée par les guerres civiles, plus hardi monta à l'échelle et se mit à cou-
en donnent instinctivement pour raison qu'elle per la corde pour faire tomber le corps , mais
expiait les parjures de Laomédon les parju- ,
aussitôt l'autre se montra et dit : «Qui ètes-
1
Wicrus, in Pseudomon. dœm. 1
M Le P. Ravigni.n Conférences de 1813 àNotrc-
,

2 Jirown, Erreurs populaires, t. II. Pamc de Paris.


PET — S > — PEU
» vous? et pourquoi venez-vous enlever mon pour enseigner la bienséance aux enfants dans
corps ?...» A ces mots et à la vue du fantôme les contrées où l'on man^e beaucoup de choux

blanc qui gardait la potence, ces jeunes gens et de navets.

prennent la fuite épouvantés; celui qui était Petchimancie ,


— divination par les bros-
sur l'échelle saute à bas sans compter les éche- ses ou vergettes. Quand un habit ne peut pas
lons, pensant que l'esprit du pendu le tenait
se vergeter, c'est un signe qu'il y aura de la
déjà. « Et ne furent, ces pauvres chirurgiens, pluie.
de long-temps rassurés l . »
Petit monde. — On appelait petit monde
Pératoscopie, — divination par l'inspection une société secrète qui conspirait en Angle-
des phénomènes et choses extraordinaires qui terre au dernier siècle pour le rétablissement
apparaissent dans les airs. des Stuarts. On
beaucoup de contes
débitait
Perdrix. —
On dit qu'un malade ne peut sur cette société par exemple, on disait que
:

mourir lorsqu'il est couché sur un lit de plu- le diable en personne assis dans un grand ,

mes d'ailes de perdrix 2


.
fauteuil présidait aux assemblées. C'étaient
,

Pérez (Juan) ,
— voy. Inquisition.
des francs-maçons.

Périclès, — général athénien qui, se dé-


Petit-Pierre. —
Les contes populaires de
l'Allemagne donnent ce nom au démon qui
fiant de l'issue d'une bataille, pour rassurer
achète les âmes et avec qui on fait pacte. ïl
les siens, fit entrer dans un bois consacré à
vient au lit de mort sous la forme d'un nain
Pluton un homme d'une taille haute, chaussé
chercher ceux qu'il a achetés.
de longs brodequins, ayant les cheveux épars,
vêtu de pourpre, et assis sur un char traîné Petpayaton. —
Les Siamois appellent
de quatre chevaux blancs qui parut au mo- ,
ainsi lesmauvais esprits répandus dans l'air.
ment de la bataille appela Périclès par son ,
S'ils préparent une médecine, ils attachent au

nom, et lui commanda de combattre, l'assu- vase plusieurs papiers, où sont écrites des
rant que les dieux donnaient la victoire aux paroles mystérieuses pour empêcher que les
Athéniens. Cette voix fut entendue des enne- Petpayatons n'emportent la vertu du remède.
mis, comme venant de Pluton et ils en eurent ;
Pétrobusiens disciples de Pierre de
, —
une telle peur qu'ils s'enfuirent sans tirer Bruys, hérétique du Dauphiné, contemporain
l'épée. de la première croisade. Ils reconnaissaient
Péris, — génies femelles des Persans, d'une deux créateurs, Dieu et le diable. Ils disaient
beauté extraordinaire; elles sont bienfaisan- que les prières sont aussi bonnes dans un
tes, habitent le Ginnistan, se nourrissent d'o- cabaret que dans une église, dans une étable
deurs exquises, et ressemblent un peu à nos que sur un autel en conséquence, ils détrui-
:

fées. Elles ont pour ennemis les dives. Voy. saient les édifices sacrés et brûlaient les croix
DlVES. et les images.

Périthe, — pierre jaune qui avait, dit-on, Pettimancie, —


divination par le jet des
la vertu de guérir la goutte, et qui brûlait la dés. Voy. Astragalomancie et Cubomancïe.
main quand on la serrait fortement. Peuplier. — Les anciens regardaient le

Perlimpinpin, — VOy SECRETS MERVEIL-


.
peuplier comme un arbre dédié aux enfers et

LEUX. aux démons.

Persil (Maître) ,
— voy. Verdelet. Peur. — On prétend que pour se préser-
ver de peur faut porter sur soi une épin-
Pertinax. — Trois ou quatre jours avant
gle
la il

qui ait été fichée dans le linceul d'un


que l'empereur Pertinax fût massacré par les
soldats de sa garde on conte qu'il vit dans ,
mort. — Un officier logé en chambre garnie,
et sur le point de rejoindre son régiment,
un étang je ne sais quelle figure qui le me-
était encore dans son lit au petit point du
naçait l'épée au poing.
jour, lorsqu'unmenuisier, qui portait un
Peste. — Les rois de Hongrie se vantaient cercueil pour un homme qui venait de mou-
de guérir la jaunisse, les rois de France de rir dans la pièce voisine, entra, croyant ou-

guérir les écrouelles, ceux de Bourgogne de vrir la porte de la chambre du mort. «Voilà,
dissiper la peste. dit -il ,une bonne redingote pour l'hiver. »
Pet. — Qui pète en mangeant voit le dia-
L'officier ne douta pas qu'on ne vint pour le
voler. Aussitôtil saute à bas du lit, et s'élance
ble en mourant. Axiome populaire répandu
contre prétendu voleur.... Le menuisier,
le

1
Leloyer, Hist. des spectres et apparit. des esprits. voyant quelque chose de blanc laisse tom- ,

2 Thiors, Traité des superstitions. ber son cercueil, et s'enfuit à toutes jambes,
,

PHE — 3* G — PHI
criant que le mort était à ses trousses.... On re et le porte en Égypte, sur l'autel du soleil,
dit qu'il en fut malade. — Un marchand de à Héliopolis. — Outre que tous ceux qui par-
larue Saint-Victor, à Paris, donnant un grand lent de cet oiseau mystérieux ne l'ont point
souper, la servante de la maison fut obligée vu, et n'en parlent que par ouï-dire, qui peut
de descendre à la cave à dix heures du soir. être sûr qu'il a vécu cinq cents ans ? qui peut
Elle était peureuse elle ne fut pas plutôt
;
assurer qu'il soit seul de son espèce? Le —
descendue, qu'elle remonta tout épouvantée ,
P. Martini rapporte, dans son Histoire de la
en criant qu'il y avait un fantôme entre deux Chine qu'au commencement du règne de
,

tonneaux !... L'effroi se répandit dans la mai- l'empereur Xao-Hao IV, on vil paraître l'oi-
son, les domestiques les plus hardis descen- seau du soleil, dont les Chinois regardent l'ar-
dirent à la cave,, les maîtres suivirent, et Ton rivée comme un heureux présage pour le
reconnut que le spectre était un mort qui y royaume. Sa forme, dit-il, le ferait prendre
avait glissé de la charrette de l'Hôtci-Dieu pour un aigle sans la beauté et la variété de
et était tombé dans la cave par le soupirail. son plumage. Il ajoute que sa rareté lui fait
— Pour les traits qui se rapportent, à la peur, croire que cet oiseau est le même que le
voy. Revenants, Apparitions, Imagination, phénix.
Visions Fannius etc.
,

Pharmacie,
,

— divination employée par Phénomènes, — VOy. MERVEILLES, PrODI-


les
ges, Visions, Imaginations Apparitions, ,
etc.
magiciens et enchanteurs, lesquels devinent
à l'aide du seul commerce qu'ils ont avec les Philinnion. — Voici un trait rapporté par
démons, qu'ils évoquent pour cela au moyen Phlégon, et qu'on présume être arrivé à Hy-
de fumigations faites sur un réchaud. pate en Thessalie. Philinnion, fille unique de

Phénix, —
grand marquis des enfers. Il
Démocrate
bile
et de Charito, mourut en âge nu-
ses parents inconsolables firent enterrer
paraît sous la forme d'un phénix avec la voix ;

avec le corps mort les bijoux et les atours que


d'un enfant avant de se montrer à l'exor-
;

la jeune
fille avait le plus aimés pendant sa
ciste il rend des sons mélodieux
,
il faut se ;

vie. Quelque temps après sa mort, un jeune


boucher les oreilles quand on lui commande
seigneur, nommé Mâchâtes, vint loger chez
de prendre la forme humaine. Il répond sur
Démocrate, qui était son ami. Le soir, com-
toutes les sciences c'est un bon poète, qui sa-
;

tisfaiten vers à toutes les demandes après


me il élait dans sa chambre, Philinnion lui
;

apparaît, lui déclare qu'elle l'aime; ignorant


mille ans il espère retourner au septième or-
sa mort, il l'épouse en secret. Mâchâtes, pour
dre des trônes. Vingt légions lui obéissent 1 .

Phénix. — Il y a, dit Hérodote, un oiseau


gage de son amour, donne à Philinnion une
coupe d'or, et se laisse tirer un anneau de fer
sacré qu'on appelle phénix. Je ne l'ai jamais
qu'il avait au doigt. Philinnion, de son côté,
vu qu'en peinture. grand comme un
Il est
lui fait présent de son collier et d'un anneau
aigle; son plumage est doré et entremêlé de
rouge. Il vient tous les cinq cents ans en Egyp-
d'or, et se retire avant le jour. Le lende- —
main elle revint à la même heure. Pendant
,

te, chargé du cadavre de son père enveloppé


qu'ils étaient ensemble Charito envoya une,

de myrrhe qu'il enterre dans le temple du


,
vieille servante dans la chambre de Mâchâtes
soleil. —
Solin dit que le phénix naît en Ara-
pour voir s'il ne lui manquait rien. Cette fem-
bie; que sa gorge est entourée d'aigrettes,
me retourna bientôt éperdue vers sa maîtres-
son cou brillant comme l'or, son corps pour-
se, et lui annonça que Philinnion était avec
pre, sa queue mêlée d'azur et de rose; qu'il
Mâchâtes. On la traita de visionnaire; mais
vit cinq cent quarante ans; que certains his-
comme elle s'obstinait à soutenir ce qu'elle
toriens lui ont donné jusqu'à douze mille neuf
cent cinquante-quatre ans de vie. Saint — disait, quand
trouver son hôte et lui
le matin fut
demanda
venu Charito
si
alla
la vieille
Clément le Romain rapporte qu'on croit que
ne l'avait point trompée. Mâchâtes avoua
le phénix naît en Arabie, qu'il est unique
qu'elle n'avait pas fait un mensonge, raconta
dans son espèce, qu'il vit cinq ans que, lors- ;
les circonstances de ce qui lui était arrivé, et
qu'il est près de mourir, il se fait, avec de
montra le collier et l'anneau d'or, que la mè-
l'encens, de la myrrhe et d'autres aromates,
re reconnut pour ceux de sa fille. Cette vue
un cercueil où il entre à temps marqué et
réveilla la douleur de la perte qu'elle avait
meurt; que sa chair corrompue produit un
faite, elle jeta des cris épouvantables et sup-
ver qui se nourrit de l'humeur de l'animal
plia Mâchâtes de l'avertir quand sa fille re-
mort et se revêt de plumes: qu'ensuite, de-
venu plus fort, il prend le cercueil de son pè-
viendrait ; ce qu'il exécuta. — Le père et la
mère la virent et coururent à elle pour l'em-
« WieTufe. in P.spndomonan'liiil dsmon, brasser. Mais Philinnion, baissant les yeux ,
V\U — 3 7 — PUR
leur dit avec une contenance morne: «Hé- pour de l'amour. Telles sont les mouches ean-
las! mon père, et vous, ma mère, vous dé- tharides avalées dans un breuvage. Un Lyon-
truisez ma félicité en m'empêcha nt, par votre nais, voulant se faire aimer de sa femme qui

présence importune, de vivre seulement trois le repoussait lui fit avaler quatre de ces in-
,

jours. Voire curiosité vous sera funeste, car je sectes pulvérisés dans un verre de vin du
m'en retourne au séjour de la mort, et vous me Rhône il s'attendait à être heureux il fut
; :

pleurerez autantque quand je fusportée en ter- veuf le lendemain. A ces moyens violents on
re pour la première fois. Mais je vous avertis a donné le nom de philtres.
que je ne suis pas
des dieux. » — Après
venue ici sans
ces mots, elle tomba
la volonté
Phlégêton —
fleuve d'enfer, qui roulait
.

des torrents de flamme et environnait de tou-


morte et son corps fut exposé sur un lit à la
;
tes parts la prison des méchants. On lui attri-
vue de tous ceux de la maison. On alla visiter
buait les qualités les plus nuisibles. Après un
le tombeau, où l'on ne trouva point son corps,
cours assez long en sens contraire du Cocyte,
mais seulement l'anneau de fer et la coupe
il se jetait comme lui dans l'Achéron.
que Mâchâtes lui avait donnés.
Philosophie hermétique, — VOy . PlERRE
Phrénoîogie OU Crânologie ,
— art OU
science qui donne les moyens de juger les
PJIILOSOPIIALE.
hommes par les protubérances du crâne. Nous
Philotanus , — démon d'ordre inférieur,
ne voyons pas, comme quelques-uns l'ont dit,
soumis à Bélial. que la crânologie consacre le matérialisme
— breuvage on drogue
,

Philtre , , dont l'ef- ni qu'elle consolide les funestes principes de la


fetprétendu est de donner de l'amour. Les fatalité. Nous sommes persuadé au contraire
anciens, qui en connaissaient l'usage, invo- que les dispositions prétendues innées se mo-
quaient dans la confection des philtres les di- difient par l'éducation religieuse , surtout par
vinités infernales. Il y entrait différents ani- rapport aux mœurs. Dans on dit bien les arts

maux, herbes ou matières, tels que le poisson que le génie est inné en partie seu-
: c'est vrai

appelé remore, certain? os de grenouilles, la lement, car il n'y a pas de génie brut qui ait
pierre aslroïte et surtout l'hippomane. Delrio, produit des chefs-d'œuvre. Les grands poè-
qui met les philtres au rang des maléfices tes et les grands peintres ne sont pourtant
ajoute qu'on s'est aussi servi pour les compo- devenus grands qu'à force de travail. Le gé-
ser de rognures d'ongles, de métaux, de rep- Socra-
nie, a dit Buffon, c'est la patience; et
tiles, d'intestins de poissons et d'oiseaux, et né vicieux, est devenu
te, de bien. homme —
qu'on y a mêlé quelquefois des fragments Avant Gall et Spurzheim, les vieux physiolo-
d'ornements d'église. Les philtres s'expli- gistes n'avaient jeté que des idées vagues sur
quent comme les poisons par la pharmacie. la crânologie, ou crânoscopie, ou phrœnolo-
— L'hippomane est le plus fameux de tous les gie, qui est l'art de juger les hommes au mo-
philtres; c'est un morceau de chair noire et ral par la conformation du crâne et ses pro-
ronde , de la grosseur d'une figue sèche, que tubérances. Gall et Spurzheim en firent un
le poulain apporte quelquefois sur le front en système qui à son apparition divisa le pu-
, ,

naissant. Suivant les livres de secrets magi- blicen deux camps, comme c'est l'usage les ;

ques, il fait naître une passion ardente, quand, uns admirèrent et applaudirent les autres ;

étant mis en poudre, il est pris avec le sang doutèrent et firent de l'opposition. Peu à peu
de celui qui veut se faire aimer. Jean -Bap- on reconnut des vérités dans les inductions
tiste Porta détaille au long les surprenantes crânologiques des deux Allemands. Le systè-
propriétés de l'hippomane il est fâcheux ; me devint une science ;
la médecine légale y
qu'on n'ait jamais pu le trouver, ni au front recourut; ;
y a des chaires de
aujourd'hui il

du poulain naissant, ni ailleurs. Voy. Hippo- crânologie, et peut-être cette science, dont on
mane. —
Les philtres sont en grand nombre avait commencé par rire, deviendra un auxi-
et plus ridicules les uns que les autres. Les an- liairede la procédure criminelle. On a —
ciens les connaissaient autant que nous, et on soutenu que l'âme a son siège dans le cer-
rejetait chez eux sur les charmes magiques veau. Dans toute l'échelle de la création, la
les causes d'une passion violente un amour , masse du cerveau et des nerfs augmente en
disproportionné le rapprochement de deux
, raison de la capacité pour une éducation plus
cœurs entre qui la fortune avait mis une bar- élevée. La gradation a lieu jusqu'à l'homme,
rière^ ou que les parents ne voulaient point qui, parmi tous les êtres créés, roi de la créa-
unir. — Il y a de certains toniques qui en- tion, est susceptible du plus haut degré d'en-
flamment les intestins, causent la démence ou noblissement, et à qui Dieu a donné le cer-
la mort et inspirent une ardeur qu'on a prise veau le plus parfait et proportionnellement le
Pîîll — 3

plus grand. Il y a dans l'homme, comme dans femelles que chez les mâles, et si on compare les
les animaux , certaines dispositions innées. crânes des animaux, on le trouvera plus pro-
L'histoire nous offre plusieurs grands hom- noncé dans celui du singe que dans tout au -
mes qui, dès leur tendre jeunesse, ont eu un tre. — L'organe de Yamitié et de la fidélité
penchant décidé pour tel art ou telle science. est placé dans la proximité de celui des en-
La plupart des grands peintres et des poètes fants; il se présente des deux côtés par deux
distingués se sont livrés aux beaux-arts par protubérances arrondies, dirigées vers l'oreil-
cette inclination que la nature donne à ses fa- le. On le trouve dans les chiens, surtout dans

voris et sont devenus fameux quelquefois


,
le barbet et le basset. —
L'organe de l'hu-
malgré leurs parents. Ces dispositions peu- meur querelleuse se manifeste de chaque côté
vent être développées et perfectionnées par par une protubérance demi-globulaire, der-
l'éducation; mais elle ne les donne point, car rière et au-dessus de l'oreille. On le trouve
les premiers indices de ces talents commen- bien prononcé chez les duellistes. L'organe —
cent à se montrer quand les enfants ne sont du meurtre s'annonce de chaque côté par une
pas encore propres à une éducation propre- protubérance placée au-dessus de l'organe
ment dite. —
Dans le règne animal toutes , de l'humeur querelleuse en se rapprochant
,

les espèces ont des inclinations qui leur sont vers les tempes. On le trouve chez les ani-
particulières: la cruauté du tigre, l'industrie maux carnivores et chez les assassins. —
du castor, l'adresse de l'éléphant, sont dans L'organe de la ruse est indiqué de chaque
chaque individu de ces espèces, sauf quelques côté par une éminence qui s'élève au-dessus
variations accidentelles. — De même qu'il y a du conduit extérieur de l'ouïe, entre les tem-
dansles hommeset dans les animaux des dispo- pes et l'organe du meurtre. On le rencontre
de même il existe autant d'orga-
sitions innées, chez les fripons chez les hypocrites, chez les
,

nes rassemblés et placés les uns près des autres gens dissimulés. On le voit aussi chez de sa-
dans le cerveau, qui est le mobile des fonc- ges généraux, d'habiles ministres et chez des
tions supérieures de la vie les organes s'ex- ; auteurs de romans ou de comédies qui con- ,

priment sur la surface du cerveau par des duisent finement les intrigues de leurs fictions.
protubérances. Plus ces protubérances sont — L'organe du vol se manifeste de chaque
grandes plus on doit s'attendre à de gran-
,
côté par une protubérance placée au haut de
des dispositions. Ces organes exprimés à ,
la tempe, de manière à former un triangle
la surface du cerveau produisent nécessai-
,
* avec le coin de l'œil et le bas de l'oreille. On

rement des protubérances à la surface exté- le remarque dans les voleurs et dans quelques

rieure du crâne, enveloppe du cerveau depuis animaux il est très-prononcé au crâne de la


;

sa première existence dans le sein maternel. pie. — L'organe des arts forme une voûte
Cette thèse au reste n'est applicable qu'aux arrondie à côté de l'os frontal, au-dessous do
cerveaux sains en général les maladies pou- , l'organe du vol il est proéminent sur les crâ-
;

vant faire des exceptions. Mais il ne faut — nes de Raphaël de Michel-Ange et de Ru-
,

pas, comme a fait Gall, l'appliquer aux ver- bens.— L'organe des tons et de la musique
tus etaux vices, qui seraient sans mérite si s'exprime par une protubérance à chaque
les bossesdu crâne les donnaient. Ce serait angle du front, au-dessous de l'organe des
admettre une fatalité matérielle. S'il est vrai arts. On trouve ces deux protubérances aux
qu'un voleur ait la protubérance du vol, c'est crânes du perroquet, de la pivoine, du cor-
son mauvais penchant qui peu à peu a fait beau, et de tous les oiseaux mâles chantants ;

croître la protubérance en agissant sur le cer- on ne les rencontre ni chez les oiseaux et les
veau. Mais la protubérance antérieure n'est animaux à qui ce sens manque , ni même
pas vraie. Voici une notice de ce système : chez les hommes qui entendent la musique
L'instinct de propagation se manifeste par avec répugnance. Cet organe est d'une gran-
deux éminences placées derrière l'oreille im- deur sensible chez les grands musiciens, tels
médiatement au-dessus du cou. Cet organe que Mozart, Gluck, Haydn, Viotti, Boïeldieu,
est plus fortement développé chez les mâles Rossini, Meyerbeer, etc. L'organe de 1Y- —
que chez les femelles. — Vamour des enfants ducation se manifeste par une protubérance
est dans la plus étroite union avec ces orga- au bas du front, sur la racine du nez, entre
nes. Aussi la protubérance qui le donne est- les deux sourcils. Les animaux qui ont le
elle placée auprès de celle qui indique l'in- crâne droit, depuis l'occiput jusqu'aux yeux,
stinct de la propagation. Elle s'annonce par comme le blaireau, sont incapables d'aucune
deux éminences sensibles derrière la lèt<\ au- éducation et cet organe se développe de plus
;

dessus de la nuque, à l'endroit où se termine en plus dans le renard, le lévrier, le caniche,


la fosse d\i cou. Elle est plus forte chez les l'éléphant et l'orang-outang, dont le crâne ap-
PHR — 31 ) — H1R
proche le humaines mal orga-
plus des lêtes de la sagacité se manifeste par un renflement
nisées. Le rang suprême est occupé par le oblong au milieu du front. L'organe de la —
crâne de l'homme bien constitué. L'organe — force de Vesprit se manifeste par deux protu-
du sens des lieux se manifeste extérieurement bérances demi-circulaires placées au-des- ,

par deux protubérances placées au-dessus de sous du renflement de la méditation et sépa-


la racine du nez, à l'os intérieur des sourcils. rées par l'organe de la sagacité. On le trouve
Il indique en généralla capacité de concevoir dans Lesage, Boileau Cervantes, etc. ,

les distances, penchant pour toutes les
le L'organe de la bonhomie se manifeste par une
sciences et arts où il faut observer, mesurer élévation oblongue partant de la courbure du
et établir des rapports d'espace par exem- : front vers le sommet de la tête, au-dessus de
ple, le goût pour la géographie. Tous les voya- l'organe de la sagacité. On le trouve au mou-
geurs distingués ont cet organe, comme le ton , au chevreuil et à plusieurs races de
prouvent les bustes de Cook, de Colomb et chiens. —
L'organe de la piété vraie ou faus-
d'autres. On le trouve aussi chez les animaux se se manifeste par un gonflement au-dessus
errants. Les oiseaux de passage l'ont plus ou de l'organe de la bonhomie. L'organe de —
moins, selon le terme plus ou moins éloigné Yoryueil et de la fierté se manifeste par une
de leurs migrations. Il est très-sensible au protubérance ovale au haut de l'occiput. —
crâne de la cigogne. C'est par la disposition L'organe de Vambiiion et de la vanité se
de cet organe que la cigogne retrouve l'en- manifeste par deux protubérances placées
droit où elle s'est arrêtée l'année précédente au sommet de la tète et séparées par l'or-
et que, comme l'hirondelle, elle bâtit tous les gane de la fierté. — L'organe de la pru-
ans son nid sur même
cheminée.
la L'or- — dence se manifeste par deux protubérances
gane du sens des couleurs forme de chaque placées à côté des protubérances de l'ambi-
côté une protubérance au milieu de l'arc des tion, sur les angles postérieurs du crâne. —
sourcils, immédiatement à côté du sens des Enfin, l'organe de la constance ot de la fer-
lieux,Lorsqu'd est porté à un haut degré, il meté se manifeste par une protubérance pla-
forme une voûte particulière. C'est pour cela cée derrière la tète au-dessous de l'organe
,

que les peintres ont toujours le visage plus de la fierté. —


Ce système du docteur Gall a
jovial, plus réjoui, que les autres hommes, eu de nombreux partisans mais il n'a guère ;

parce que leurs sourcils sont plus arqués vers eu moins d'ennemis. Quelques-uns l'ont com-
le haut. Cet organe donne la manie des fleurs paré aux rêveries de certains physionomistes,
et le penchant à réjouir l'œil par la diversité du moins, un fon-
quoiqu'il ait, en apparence
des couleurs qu'elles offrent. S'il est lié avec dement moins chimérique. On a vu cent fois
l'organe du sens des lieux , il forme le pay- le grand homme et l'homme ordinaire se res-

sagiste. Il paraît que ce sens manque aux sembler par les traits du visage et jamais ,

animaux, et que leur sensibilité à l'égard de dit-on, le crâne du génie ne ressemble à ce-
certaines couleurs ne provient que de l'irri- lui de l'idiot. Peut-être le docteur Gall a-t-il

tation des yeux. —


L'organe du sens des nom- voulu pousser trop loin sa doctrine et on ;

bres est placéégalement au-dessus de la ca- peut s'abuser en donnant des règles invaria-
vité des yeux, à côté du sens des couleurs, bles sur des choses qui ne sont pas toujours
dans l'angle extérieur de l'os des yeux. Quand constantes. —
Un savant de nos jours a sou-
il existe dans un haut degré il s'élève vers , tenu contre le sentiment du docteur Gall
,

les tempes un gonflement qui donne à la tète que les inclinalions innées n'existaient point
une apparence carrée. Cet organe est forte- dans tes protubérances du crâne, puisqu'il
ment exprimé sur un buste de Newton, et en dépendrait alors du bon plaisir des sages-
général il est visible chez les grands mathé- femmes de déformer les enfants et de les ,

maticiens. Il est ordinairement lié aux têtes modeler dès leur naissance en idiots ou en
des astronomes avec l'organe du sens des génies; mais le docteur Gall trouve cette ob-
lieux. —
L'organe de la mémoire a son siège jection risible parce que;
quand même on ,

au-dessus de la partie supérieure et posté- enfoncerait le crâne par exemple à un endroit


rieure de la cavité des yeux. Il presse les où se trouve un organe précieux cet organe ,

yeux en bas et en avant. Beaucoup de comé- comprimé se rétablirait peu à peu de lui-
diens célèbres ont les yeux saillants par la même et parce que le cerveau résiste à toute
,

disposition de cet organe. —


Le sens de la pression extérieure par l'élasticité des tendres
méditation se manifeste par un renflement filets, et qu'aussi long-temps qu'il n'a pas été

du crâne environ un demi-pouce sous le bord écrasé ou totalement détruit, il fait une ré-
supérieur du front. On le trouve au buste de pression suffisante. — Cependant Blumenbach
Socrate et à plusieurs penseurs. — L'organe écrit que les Caraïbes pressent le crâne de
PHY — 3: 0 — PHY
leurs enfants avec une certaine machine , et ne pas chercher à connaître les hommes par
donnent à la tète la forme propre à ce peuple. leur physionomie? On juge tous les jours le
Les naturalistes placent aussi les qualités de ciel sur sa physionomie. Un marchand ap-
l'esprit, non dans les protubérances, mais précie ce qu'il achète par son extérieur, par
dans la conformation du crâne et plusieurs ; sa physionomie — Tels sont les raisonne-
prétendent qu'un soufflet ou une pression au ments des physionomistes pour prouver la
crâne de Corneille venant de naître, en eût sûreté de leur science. Il est vrai, ajoutent-
pu faire un imbécile. On voit d'ailleurs des ils qu'on peut quelquefois s'y tromper; mais
,

gens qui perdent la raison ou la mémoire par une exception ne doit pas nuire aux règles.
un coup reçu à la tète. Au surplus le — , J'ai vu, dit Lavater, un criminel condamné
docteur Fodéré parle dans sa Médecine légale à la roue pour avoir assassiné son bienfaiteur,
de voleurs et de fous sur le crâne desquels et ce monstre avait le visage ouvert et gracieux
on n'a point remarqué les protubérances du comme l'ange du Guide. Il ne serait pas im-
vol ni celles de la folie. Ajoutons que le crâne possible de trouver aux galères des tètes de
de Napoléon avait de très-mauvaises bosses Régulus, et des physionomies de vestales dans
qui ont fort intrigué les phrénologistes. une maison de force. Cependant le physiono-
Phylactères , — préservatifs. Les Juifs por-
miste habile distinguera les traits quoique
presque imperceptibles, qui annoncent le vice
,

taient à leurs manches et à leur bonnet des


bandes de parchemin sur lesquelles étaient
et la dégradation. —
Quoi qu'il en soit de la
ce que Notre-
physiognomonie en voici les principes, tan-
,
écrits des passages de la loi ;

tôt raisonnables tantôt forcés le lecteur en :

Seigneur leur reproche dans saint Matthieu ,

chap. 23. Leurs descendants suivent la môme


,

prendra ce qu'il voudra. La beauté morale —


est ordinairement en harmonie avec la beauté
pratique et se persuadent que ces bandes ou
,

physique. ( Socrate et cent mille autres prou-


phylactères sont des amulettes qui les préser-
vent le contraire. ) Beaucoup de personnes
vent de tout danger , et surtout qui les gardent
contre l'esprit malin. —
Des chrétiens ont fait gagnent à mesure qu'on apprend à les con-
naître, quoiqu'elles vous aient déplu au pre-
usage aussi de paroles écrites ou gravées,
mier aspect. Il faut qu'il y ait entre elles et
comme de phylactères et préservatifs. L'Église
vous quelque point de dissonance puisque
a toujours condamné cet abus. Voy. Amu- , ,

du premier abord ce qui devait vous rappro-


lettes. ,

cher ne vous a point frappé. Il faut aussi qu'il


phyllorhodomancie —
divination par les
,

y ait entre vous quelque rapport secret, puis-


feuilles de roses. Les Grecs faisaient claquer
que. plus vous vous voyez, plus vous vous
,

sur la main une feuille de rose, et jugeaient, convenez. Cependant faites attention au pre-
par le son, du succès de leurs vœux.
mier mouvement d'instinct que vous inspire
Physîognomonïe —
art de juger les hom-
, une nouvelle liaison. Tout homme dont la—
mes par les traits du visage ou talent de , figure dont la bouche dont la démarche
, ,

connaître l'intérieur de l'homme par son ex- dont l'écriture est de travers aura dans sa ,

térieur. — Cette science a eu plus d'ennemis façon de penser dans son caractère dans
, ,

que de partisans, elle ne paraît pourtant ri- ses procédés, du louche, de l'inconséquence,
dicule que quand on veut la pousser trop loin. de la partialité, du sophistique, de la faus-
Tous les visages, toutes les formes, tous les seté, de la ruse du caprice, des contradic-
.

êtres créés diffèrent entre eux , non-seulement tions, de la fourberie, une imbécillité dure
dans leurs classes, clans leurs genres, dans et froide. —
La tète est. la plus noble partie
leurs espèces, mais aussi dans leur individua- du corps humain,, le siège de l'esprit et des
lité. Pourquoi cette diversité de formes ne facultés intellectuelles. ( Le docteur Van Hel-
serait-elle pas la conséquence de la diversité mont plaçait les facultés intellectuelles dans
des caractères , ou pourquoi la diversité des l'estomac. Une tète qui est en proportion avec
)

caractères ne serait-elle pas liée à cette diver- le reste du corps, qui parait telle au premier

sité déformes? Chaque passion, chaque sens, abord, qui n'est ni trop grande ni trop petite,
chaque qualité prend sa place dans le corps annonce un caractère d'esprit plus parfait
de tout être créé; la colère enfle les muscles : qu'on n'en oserait attendre d'une tète dispro-
les muscles enflés sont donc un signe de co- portionnée. Trop volumineuse elle indique ,

lère?... Des yeux pleins de feu, un regard presque toujours la grossièreté; trop petite,
aussi prompt que l'éclair et un esprit vif et ,
elle est un signe de faiblesse. Quelque pro-

pénétrant se retrouvent cent fois ensemble. Un portionnée que soit la tète au corps, il faut
œil ouvert et serein se rencontre mille fois encore qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop
avec un cœur franc et honnête. Pourquoi ~ allongée : plus elle est régulière , et plus elle
PHY — 2 1 — PHY
est parfaite. On peut appeler bien organisée généralement un tempérament délicat san- ,

celle dont la hauteur perpendiculaire, prise guin-flegmatique. Les cheveux roux caracté-
depuis l'extrémité de l'occiput jusqu'à la risent, dit-on un homme souverainement
,

pointe du nez , est égale à sa largeur hori- bon ou souverainement méchant.


, Les che- —
zontale. Une tète trop longue annonce un veux fins marquent la timidité rudes ils an~ ;

homme de peu de sens, vain, curieux, en- noncent le courage (Napoléon les avait très-
vieux La tète penchée vers la
et crédule. fins)
ce signe caractéristique est du nombre
,

terre est la marque d'un homme sage con- ,


de ceux qui sont communs à l'homme et aux
stant dans ses entreprises. Une tête qui animaux. Parmi les quadrupèdes, le cerf, le
tourne de tous côtés annonce la présomption, lièvre et la brebis, qui sont au rang des plus

la médiocrité, le mensonge, un esprit pervers, timides , se distinguent particulièrement des


léger, et un jugement faible. — On peut diviser autres par la douceur de leur poil tandis que ;

le visage en trois parties, dont la première la rudesse de celui du lion et du sanglier répond
s'étend depuis le front jusqu'aux sourcils; la au courage qui fait leur caractère. En appli-
seconde depuis les sourcils jusqu'au bas du quant ces remarques à l'espèce humaine, les
nez; la troisième depuis le bas du nez jusqu'à habitants du nord sont ordinairement très-
l'extrémité de l'osdu menton. Plus ces trois courageux, et ils ont la chevelure rude; les
étages sont symétriques, plus on peut compter Orientaux sont beaucoup plus timides, et leurs
sur la justesse de l'esprit et sur la régularité cheveux sont plus doux. Les cheveux crépus
du caractère en général. Quand il s'agit d'un marquent un homme de dure conception. Ceux
visage dont l'organisation est extrêmement qui ont beaucoup de cheveux sur les tempes
forte ou extrêmement délicate , le caractère et sur le front sont grossiers et orgueilleux.—
peut être apprécié plus facilement par le profil Une barbe fournie et bien rangée annonce un
que par la face. Sans compter que le profil se homme d'un bon naturel et d'un tempérament
prête moins à la dissimulation, il offre des raisonnable. L'homme qui a la barbe claire
lignes plus vigoureusement prononcées, plus et mal disposée tient plus du naturel et des
précises, plus simples, plus pures; par con- inclinations de la femme que de celles de
séquent la signification en est aisée à saisir; l'homme. —
Si la couleur de la barbe diffère
au lieu que souvent les lignes de la face en de celle des cheveux f elle n'annonce rien de
plein sont assez difficiles à démêler. Un beau bon. De même un contraste frappant entre la
,

profil suppose toujours l'analogie d'un carac- couleur de la chevelure et la couleur des
tère distingué. Mais on trouve mille profils qui, sourcils peut inspirer quelque défiance —
sans être beaux peuvent admettre la supé-
,
Le front, de toutes les parties du visage, est
riorité du caractère. Un visage charnu annonce la plus importante et la plus caractéristique.

une personne timide enjouée ,


crédule et , Les fronts vus de profil peuvent se réduire
,
,

présomptueuse. Un homme laborieux a souvent à trois classes générales. Ils sont ou penchés
le visage maigre. Un visage qui sue à la en arrière, ou perpendiculaires ou proémi- ,

moindre agitation annonce un tempérament nents. Les fronts penchés en arrière indiquent
chaud un esprit vain et grossier un penchant
, , en général de l'imagination, de l'esprit et de
à la gourmandise. —
Les cheveux offrent des la délicatesse. — Une perpendicularité com-
indices multipliés du tempérament de l'homme, plète, depuis les cheveux jusqu'aux sourcils,
de son énergie de sa façon de sentir et aussi
, , est le signe d'un manque total d'esprit. Une
de ses facultés spirituelles. Ils n'admettent pas forme perpendiculaire, qui se voûte insensi-
la moindre dissimulation ils répondent à notre
;
blement par le haut, annonce un esprit capable
constitution physique, comme les plantes et de beaucoup de réflexion, un penseur rassis
les fruits répondent au terroir qui les produit. et profond. Les fronts proéminents appartien-
Je suis sûr, dit Lavater, que par l'élasticité nent à des esprits faibles et bornés et qui ne ,

des cheveux on pourrait juger de l'élasticité parviendront jamais à une certaine maturité.
du caractère (très-fréquemment démenti). Plus le front est allongé, plus l'esprit est dé-
Les cheveux longs, plats, disgracieux, n'an- pourvu d'énergie et manque de ressort. Plus
noncent rien que d'ordinaire. Les chevelures il est serré, court et compacte plus le carac- ,

d'un jaune doré, ou d'un blond tirant sur le tère est concentré ferme et solide , Pour —
brun, qui reluisent doucement, qui se roulent qu'un front soit heureux, parfaitement beau
facilement et agréablement, sont les chevelures et d'une expression qui annonce à la fois la
nobles (en Suisse, patrie de Lavater). Des richesse du jugement et la noblesse du carac-
cheveux noirs, plats, épais et gros dénotent tère, il doit se trouver dans la plus exacte
peu d'esprit mais de l'assiduité et de l'amour
, proportion avec le reste du visage. Exempt
de l'ordre. Les cheveux blonds annoncent de toute espèce d'inégalités et de rides per~
rat — 3 2 — PHï
manenles il doit pourtant en être susceptible
,
;
de beauté chez les Arabes, tandis que les
mais alors il ne se plissera que dans les mo- anciens physionomistes y attachaient l'idée
ments d'une méditation sérieuse dans un , d'un caractère sournois. La première de ces
mouvement de douleur ou d'indignation. Il deux opinions est fausse, la seconde exagérée
doit reculer par le haut La couleur de la peau car on trouve souvent ces sortes de sourcils
doit en être plus claire que celle des autres aux physionomies les plus honnêtes et les plus
parties du visage. Si l'os de l'œil est saillant, aimables. Les sourcils minces sont une marque
c'est le signe d'une aptitude singulière aux infaillible de flegme et de faiblesse; ils dimi-
travaux de l'esprit, d'une sagacité extraor- nuent la force et la vivacité du caractère dans
dinaire pour les grandes entreprises. Mais sans un homme énergique. Anguleux et entre-
cet angle saillant , il y a des tètes excellentes coupés, les sourcils dénotent l'activité d'un
qui n'en ont que plus de solidité lorsque le esprit productif. — Plus les sourcils s'appro-
bas du front s'affaisse, comme un mur per- chent des yeux ,
plus le caractère est sérieux
pendiculaire, sur des sourcils placés horizon- profond et solide. Une grande distance de
talement, et qu'il s'arrondit et se voûte im- l'an, à l'autre annonce une âme calme et tran-
perceptiblement, des deux côtés, vers les quille. Le mouvement des sourcils est d'une
tempes. — Les fronts courts, ridés, noueux, expression infinie; il sert principalement à
irréguliers, enfoncés d'un côté, échancrés, ou marquer les passions ignobles, l'orgueil, la
qui se plissent toujours différemment, ne sont colère, le dédain. Un homme sourcilleux est
pas une bonne recommandation et ne doivent , un être méprisant et méprisable C'est —
pas inspirer beaucoup de confiance. Les fronts surtout dans lesyeux, ditBuffon, que se pei-
carrés, dont les marges latérales sont encore gnent les images de nos secrètes agitations,
assez spacieuses, et dont l'os de l'œil est en et qu'on peut les reconnaître; l'œil appartient à
même temps bien solide supposent un grand
,
l'âme plus qu'aucun autre organe; il semble
fonds de sagesse et de courage. Tous les phy- y toucher et participer à tous ses mouvements ;

sionomistes s'accordent sur ce point. Un front il en exprime les passions les plus vives et les

très-osseux et garni de beaucoup de peau émotions les plus tumultueuses, comme les
annonce un naturel acariâtre et querelleur... sentiments les plus délicats; il les rend dans
— Un front élevé, avec un visage long et toute leur force, dans toute leur pureté tels ,

pointu vers le menton,


un signe de fai-
est qu'ils viennent de naître; il les transmet par
blesse. Des fronts allongés, avec une peau des traits rapides. —
Les yeux bleus annoncent
fortement tendue et très-unie, sur lesquels on plus de faiblesse que les yeux bruns ou noirs.
n'aperçoit, même à l'occasion d'une joie peu Ce n'est pas qu'il n'y ait des gens très-éner-
commune, aucun pli doucement animé sont , giques avec des yeux bleus, mais, sur la
toujours l'indice d'un caractère froid, soup- totalité, les yeux bruns sont l'indice plus or-
çonneux, caustique, opiniâtre, fâcheux, rem- dinaire d'un esprit mâle ; tout comme le génie
pli de prétentions, rampant" et vindicatif. Un proprement dit, s'associe presque toujours des
front qui du haut penche en avant et s'enfonce yeux d'un jaune tirant sur le brun Les —
vers l'œil est, dans un homme fait, l'indice gens colères ont des yeux de différentes cou-
d'uneimbécillité sans ressource. Au-dessous — leurs rarement bleus plus souvent bruns ou
, ,

du front commence sa belle frontière le sour- ,


verdàtres. Les yeux de cette dernière nuance
cil arc-en-ciel de paix dans sa douceur, arc
, sont, en quelque sorte, un signe distinctif de
tendu de la discorde lorsqu'il exprime le vivacité et de courage. On ne voit presque
courroux. Des sourcils doucement arqués jamais des yeux bleu-clair à des personnes
s'accordent avec la modestie et la simplicité. colères Des yeux qui forment, un angle al-
Placés en ligne droite et horizontalement, ils longé, aigu et pointu vers le nez, appartien-
se rapportent à un caractère mâle et vigou- nent à des personnes, ou très-judicieuses, ou
reux. Lorsque leur forme est moitié horizontale très-fines. Lorsque la paupière d'en haut dé-
et moitié courbée la force de l'esprit se trouve
, crit un plein cintre, c'est la marque d'un bon
réunie à une bonté ingénue. Des sourcils rudes naturel et de beaucoup de délicatesse quel- ,

et en désordre sont toujours le signe d'une quefois aussi d'un caractère timide. Quand la
vivacité intraitable ; mais cette même confu- paupière se dessine presque horizontalement
sion annonce un feu modéré si le poil est fin. sur l'œil et coupe diamétralement la prunelle,
Lorsqif ilssont épais et compactes, que les poils elle annonce souvent un homme très-adroit ,

sont couchés parallèlement et pour ainsi dire


, très-rusé mais il n'est pas dit pour cela que
;

tirés au cordeau, ils promettent un jugement celte forme de l'œil détruise la droiture du
mûr et solide, un sens droit et rassis. Des cœur. —
Des yeux très-grands d'un bleu |

sourcils qui se joignent passaient pour un trait fort clair, et vus de profil presque transpa-
FHY — 3 > — , PÏ1Y
rents, annoncent toujours uue conception fa- mais il faut que cette largeur soit un peu plus
cile, étendue, mais en même temps un ca- sensible vers le milieu. Le bout ou la pomme
ractère extrêmement sensible difficile à ,
du nez ne sera ni dure ni charnue. De face,
manier, soupçonneux jaloux susceptible de ,
il faut que les ailes du nez se présentent dis-


,

prévention. De petits yeux noirs, étince- tinctement, et que les narines se raccourcis-
lants sous des sourcils noirs et touffus, qui
, sent agréablement au-dessous. Dans le profil
paraissent s'enfoncer lorsqu'ils sourient mali- le bas du nez n'aura d'étendue qu'un tiers de

gnement, annoncent de la ruse, des aperçus sa hauteur. Vers le haut, il joindra de près
profonds, un esprit d'intrigue et de chicane. l'arc de l'os de l'œil; et sa largeur, du côté
Si de pareils yeux ne sont pas accompagnés de l'œil doit être au moins d'un demi-pouce.
,

d'une bouche moqueuse, ils désignent un esprit —Un nez qui rassemble toutes ces perfections
froid et pénétrant, beaucoup de goût, de exprime tout ce qui peut s'exprimer. Cepen-
l'élégance, de la précision, plus de penchant dant nombre de gens du plus grand mérite ont
à l'avarice qu'à la générosité — Des yeux le nez difforme; mais il faut différencier aussi

grands, ouverts, d'une clarté transparente, et l'espèce de mérite qui les distingue. Un petit nez
dont le feu brille avec une mobilité rapide échancré en profil n'empêche pas d'être hon- ,

dans des paupières parallèles, peu larges et nête et judicieux, mais ne donne point le
furtement dessinées, réunissent ces caractères : génie. Des nez qui se courbent au haut de la
une pénétration vive de l'élégance et du , racine conviennent à des caractères impérieux,
goût, un tempérament colère, de l'orgueil. appelés à commander, à opérer de grandes
Des yeux qui laissent voir la prunelle tout choses , fermes dans leurs projets et ardents
entière et sous la prunelle encore plus ou
, à les poursuivre. Les nez perpendiculaires
moins de blanc sont dans un état de tension
, ( c'est-à-dire qui approchent de cette forme,
qui n'est pas naturel, ou n'appartiennent qu'à car, dans toutes ses productions, la nature
ces hommes inquiets, passionnés, à moitié abhorre les lignes complètement droites )

fous; jamais à des hommes d'un jugement tiennent le milieu entre les nez échancrés et
sain, mûr, précis, et qui méritent confiance. les nez arqués ; ils supposent une âme qui sait
— Certains yeux sont très-ouverts, très-lui- agir et souffrir tranquillement et avec énergie.
sants, avec des physionomies fades ; ils an- — Un nez dont l'épine est large
n'importe ,

noncent de l'enlètement de la bêtise unie à , qu'il soit droitou courbé, annonce toujours
des prétentions. —
Les gens soupçonneux des facultés supérieures. Mais cette forme est
emportés, violents, ont souvent les yeux en- très-rare. La narine petite est le signe certain
foncés dans la tète et la vue longue et éten-
, d'un esprit timide, incapable de hasarder la

due. Le fou l'étourdi, ont souvent les yeux


,
moindre entreprise. Lorsque les ailes du nez
hors de la tête. Le fourbe a, en parlant, les sont bien dégagées, bien mobiles elles déno- ,

paupières penchées et le regard en dessous. tent une grande délicatesse de sentiment, qui
Les gens fins et rusés ont coutume de tenir un peut dégénérer en sensualité. Où vous ne
œil et quelquefois les deux yeux à demi fer- trouverez pas une petite inclinaison une es- ,

més. C'est un signe de faiblesse. En effet, on pèce d'enfoncement dans le passage du front
voit bien rarement un homme bien énergique au nez, à moins que le nez ne soit fortement
qui soit rusé notre méfiance envers les autres
: recourbé, n'espérez pas découvrir le moindre
naît du peu de confiance que nous avons en caractère de grandeur. Les hommes dont —
nous. —
Les anciens avaient raison d'appeler le nez penche extrêmement vers la bouche

le nez honestam,entum faciei. Un beau nez ne ne sont jamais ni vraiment bons, ni vraiment
s'associe jamais avec un visage difforme. On gais, ni grands, ni nobles: leur pensée s'at-
peut être laid et avoir de beaux yeux mais , tache toujours aux choses de la terre; ils sont
un nez régulier exige nécessairement une réservés, froids, insensibles, peu communi-
heureuse analogie des autres traits; aussi catifs, ont ordinairement l'esprit malin; ils

voit-on mille beaux yeux contre un seul nez sont hypocondres ou mélancoliques. — Les
parfait en beauté; et là où il se trouve, il peuples tartares ont généralement le nez plat
suppose toujours un caractère distingué Non : et enfoncé les nègres d'Afrique l'ont camard
; ;

cuiquam datum est habere nasum. Voici — les Juifs, pour la plupart, aquilin ;
les An-
d'après les physionomistes, ce qu'il faut pour glais, cartilagineux et rarement pointu. S'il
la conformation d'un nez parfaitement beau : faut en juger par les tableaux et les portraits,
sa longueur doit être égale à celle du front; les beaux nez ne sont pas communs parmi les
il doit y avoir une légère cavité auprès de sa Hollandais. Chez les Italiens au contraire ce , ,

racine. Vue par devant, l'épine du nez doit trait est distinctif. Enfin, il est absolument
être large et presque parallèle des deux côtés caractéristique pour les hommes célèbres de
,, ,

PII Y 394 FHY


la France et de la Belgique. Des joues char- — esprit appliqué, de l'exactitude et de la pro-
nues indiquent l'humidité du tempérament. preté, mais aussi de la sécheresse de cœur.
Maigres et rétrécies elles annoncent la sé- , Si elle remonte, en même temps, aux deux-

cheresse des humeurs. Le chagrin les creuse; extrémités, elle suppose un fond d'affectation
la rudesse et la bêtise leur impriment des et de vanité. Des lèvres rognées inclinent à la
sillons grossiers ; la sagesse ,
l'expérience et timidité et à l'avarice. —
Une lèvre de dessus
la finesse d'esprit les entrecoupent de traces qui déborde un peu est la marque distinctive
légères et doucement ondulées. — Certains de la bonté non qu'on puisse refuser abso-
;

enfoncements, plus ou moins triangulaires, lument cette qualité à la lèvre d'en bas qui
qui se remarquent quelquefois dans les joues, avance; mais, dans ce cas, on doit s'atten-
sont le signe infaillible de l'envie ou de la dre plutôt à une froide et sincère bonhomie
jalousie. Une joue naturellement gracieusé qu'au sentiment d'une vive tendresse, Une
agitée par un doux tressaillement qui la relève lèvre inférieure qui se creuse au milieu n'ap-
vers les yeux, est le garant d'un cœur sen- partient qu'aux esprits enjoués. Regardez
sible. Si, sur la joue qui sourit, on voit se attentivement un homme gai dans le moment
former trois lignes parallèles et circulaires où il va produire une saillie le centre de sa ,

comptez dans ce caractère sur un fond de lèvre ne manquera jamais de se baisser et de


folie. —L'oreille, aussi bien que les autres se creuser un peu. Une bouche bien close, si
parties du corps humain a sa signification , toutefois elle n'est pas affectée et pointue
déterminée elle n'admet pas le moindre dé-
;
annonce le courage et dans les occasions où
;

guisement elle a ses convenances et une


;
il s'agit d'en faire preuve les personnes même ,

analogie particulière avec l'individu auquel qui ont l'habitude de tenir la bouche ouverte
elle appartient. Quand le bout de l'oreille est la ferment ordinairement. Une bouche béante

dégagé, c'est un bon augure pour les facultés est plaintive une bouche fermée souffre avec
,

intellectuelles. Les oreilles larges et dépliées patience. —


La bouche, dit Le Brun, dans
annoncent l'effronterie la vanité, la faiblesse , son Traité des passions est la partie qui de , ,

du jugement. —
Les oreilles grandes et grosses tout le visage marque le plus particulière-
,

marquent un homme simple, grossier, stupide. ment les mouvements du cœur. Lorsqu'il se
Les oreilles petites dénotent la timidité. Les plaint, la bouche s'abaisse par les côtés;
oreilles trop repliées et entourées d'un bour- lorsqu'il est content, les coins de la bouche
relet mal dessiné n'annoncent rien de bon s'élèvent en haut; lorsqu'il a de l'aversion, la
quant à l'esprit et aux talents. Une oreille bouche se pousse en avant et s'élève par le
moyenne d'un contour bien arrondi, ni trop
,
milieu. —Toute bouche qui a deux fois la
épaisse ni excessivement mince ne se trouve
, ,
largeur de l'œil est la bouche d'un sot j'entends ;

guère que chez des personnes spirituelles la largeur de l'œil prise de son extrémité vers

judicieuses, sages et distinguées. La bouche — le nez jusqu'au bout intérieur de son orbite,
est l'interprète de l'esprit et du cœur; elle les deux largeurs mesurées sur le même plan.
réunit, dans son état de repos et dans la — Si la lèvre inférieure, avec les dents dé- ,

variété infinie de ses mouvements, un monde passe horizontalement la moitié de la largeur


de caractères. Elle est éloquente jusque dans de la bouche vue de profil comptez suivant , ,

son silence. On remarque un parfait rapport l'indication des autres nuances de physionomie,

entre les lèvres et le naturel. Qu'elles soient sur un de ces quatre caractères isolés ou sur ,

fermes, qu'elles soient molles et mobiles, le tous les quatre réunis, bêtise rudesse, ava- ,

caractère est toujours d'une trempe analogue. rice malignité. De trop grandes lèvres quoi-
, ,

De grosses lèvres bien prononcées et bien que bien proportionnées, annoncent toujours
proportionnées qui présentent des deux côtés
,
un homme peu délicat, sordide ou sensuel,
la ligne du milieu également bien serpentée quelquefois même un homme stupide ou mé-
et facile à reproduire au dessin, de telles chant. —
Une bouche, pour ainsi dire, sans
lèvres sont incompatibles avec la bassesse lèvres, dont la ligne du milieu est fortement
;

elles répugnent aussi à la fausseté et à la tracée, qui se retire vers le haut, aux deux
méchanceté. —
La lèvre supérieure caracté- extrémités, et dont la lèvre supérieure, vue
rise le goût. L'orgueil et la colère la courbent ;
de profil depuis le nez, paraît arquée; une
La finesse l'aiguise; la bonté l'arrondit; le pareille bouche ne se voit guère qu'à des
libertinage l'énervé et la flétrit. L'usage de la avares rusés, actifs, industrieux, froids, durs,
lèvre inférieure est de lui servir de support. flatteurs et polis, mais atterrants dans leurs
Une bouche resserrée, dont la fente court en reins. —
Une petite bouche, étroite, sous de
ligne droite , et où le bord des lèvres ne paraît petites narines et un front elliptique est tou-
, ,

pas, est l'indice certain du sang-froid, d'un jours peureuse timide à l'excès, d'une vanité
,
PHY — 3 5 — PHY *

puérile, et s'énonce avec difficulté. S'il se infailliblede la stupidité, tandis qu'un cou
joint à cette bouche de grands yeux saillants, bien proportionné est une recommandation
troubles, un menton osseux, oblong, et sur- irrécusable pour la solidité du caractère. Le
tout si la bouche se tient habituellement ou- cou long et la tête haute sont quelquefois le

verte, soyez encore plus sûr de l'imbécillité signe de l'orgueil et de la vanité. Un cou rai-
d'une pareille tète. —
Les dents petites et sonnablement épais et un peu court ne s'as-
courtes sont regardées, par les anciens phy- socie guère à la tête d'un fat ou d'un sot. Ceux
sionomistes, comme le signe d'une constitution qui ont le cou mince, délicat et allongé sont
faible. De longues dents sont un indice de timides comme le cerf, au sentiment d'Aris-
timidité. Les dents blanches, propres et bien tole; et ceux qui ont le cou épais et court ont
rangées, qui, au moment où la bouche s'ouvre, de l'analo ie avec le taureau irrité. Mais les
paraissent s'avancer sans déborder, et qui ne analogies sont fausses pour la plupart dit ,
,

se montrent pas toujours entièrement à dé- Lavater, et jetées sur le papier sans que
couvert, annoncent dans l'homme fait un es- d'observation les ait dictées.
l'esprit H y a —
prit doux et poli, un cœur bon et honnête. autant de diversité et de dissemblance entre
Ce n'est pas qu'on ne puisse avoir un caractère les formes des mains qu'il y en a entre les
très-estimable, avec des dents gâtées, laides physionomies. Deux visages parfaitement res-
ou inégales; mais ce dérangement physique semblants n'existent nulle part; de même vous
provient, la plupart du temps, de maladie ou ne rencontrerez pas chez deux personnes ,

de quelque mélange d'imperfection morale. différentesdeux mains qui se ressemblent.


,

Celui qui a les dents inégales est envieux. Les Chaque main , dans son état naturel , c'est-à-
dents grosses ,
larges et fortes, sont la marque dire abstraction faite des accidents extraor-
d'un tempérament fort, et promettent une dinaires, se trouve en parfaite analogie avec
longue vie, si l'on en croit Aristole. — Pour les corps dont elle fait partie. Les os, les
èlre en belle proportion, dit Herder, le men- nerfs, les muscles, le sang et la peau de la

ton ne doit être ni pointu , ni creux , mais main ne sont que la continuation des os, des
uni. Un menton avancé annonce toujours quel- nerfs des muscles, du sang et de la peau du
,

que chose de positif, au lieu que la significa- restedu corps. Le même sang circule dans le
tion du menton reculé est toujours négative. cœur, dans la tète et dans la main. La —
Souvent le caractère de l'énergie ou de la main contribue donc, pour sa part, à faire
non-énergie de individu se. manifeste unique-
1 connaître caractère de l'individu
le elle est, ;

ment par le menton. —


11 y a trois principales aussi bien que les autres membres du corps
sortes de menions les mentons qui reculent,
: un objet de physiognomonie objet d'autant ,

ceux qui dans le profil sont en perpendicu-


, , plus significatif et d'autant plus frappant que
larité avec la lèvre inférieure et ceux qui , la main ne peut pas dissimuler, et que sa

débordent la lèvre d'en bas, ou, en d'autres mobilité la trahit à chaque instant. Sa posi-
termes, les mentons pointus. Le menton re- tion la plus tranquille indique nos dispositions
culé, qu'on pourrait appeler hardiment le naturelles; ses flexions, nos actions et nos
menton léminin, puisqu'on le retrouve presque passions. Dans tous ses mouvements, elle suit
à toutes les personnes de l'autre sexe, fait l'impulsion que lui donne le reste du corps.
toujours soupçonner quelque côté faible. Les Tout le monde sait que des épaules larges,
mentons de la seconde classe inspirent la con- qui descendent insensiblement, et qui ne re-
fiance. Ceux de la Iroisième dénotent un esprit montent pas en pointes sont un signe de santé ,

actif et délié, pourvu qu'ils ne fassent pas et de force. Des épaules de travers influent
anse, car celte forme exagérée conduit ordi- ordinairement aussi sur la délicatesse de la
nairement à la pusillanimité et à l'avarice. complexion mais on dirait qu'elles favorisent
;

— Une forte incision au milieu du menton la finesse et l'activité de l'esprit l'amour de ,

semble indiquer un homme judicieux, rassis l'exactitude et de l'ordre. Une poitrine large —
et résolu à moins que ce trait ne soit démenti
, et carrée, ni trop convexe ni trop concave, ,

par d'autres traits contradictoires. Un menton suppose toujours des épaules bien constituées,
pointu passe ordinairement pour le signe de et fournit les mêmes indices. Une poitrine
la ruse. Cependant on trouve cette forme chez plate, pour ainsi dire creuse, dénote la
et
les personnes les plus honnêtes la ruse n'est ;
faiblesse du tempérament. Un ventre gros —
alors qu'une bonté raffinée. Cet entre-deux — et proéminent incline bien plus à la sensualité
de la lèle et de la poitrine qui tient de l'une ,
et à la paresse qu'un ventre plat et rétréci.
et de l'autre est significatif comme tout ce
, On doit attendre plus d'énergie et d'activité
qui a rapport à l'homme. Nous connaissons plus de tlexibiiité d'esprit et de finesse, d'un
certaines espèces de goitres qui sont le signe tempérament sec ,
que d'un corps surchargé
~,

PHY — 3 ) — FIA
d'embonpoint. Il se trouve cependant des gens ligne que forme la bouche de la vache et du
d'une taille effilée, qui sont excessivement bœuf est l'expression de l'insouciance, de la
lents et paresseux mars alors le caractère de
; siupidité et de l'entêtement. Le cerf et la
leur indolence reparaît dans le bas du visage. biche: timidité craintive, agilité, attention,
— Les gens d'un mérite supérieur ont ordi- douce et paisible innocence La ressem- —
nairement les cuisses maigres... Les pieds blance de l'aigle annonce une force victo-
rarement avec le génie..
plats s'associent .
— rieuse. Son œil étincelant a tout le feu de
Des ressemblances entre l'homme et les ani- Le vautour a plus de souplesse et en
l'éclair.
maux. — Quoiqu'il n'y ait aucune ressem- même temps quelque chose de moins noble.
blance proprement dite entre l'homme et les Le hibou est plus faible plus timide que le ,

animaux, selon la remarque d'Aristote, il vautour. Le perroquet affectation de force,


:

peut arriver néanmoins que certains traits du aigreur et babil, etc. Toutes ces sortes de
visage humain nous rappellent l'idée de quel- ressemblances varient à l'infini; mais elles
que animal. —
Porta a été plus loin puisqu'il ,
sont à trouver.
difficiles —
Tels sont les prin-
a trouvé dans chaque figure humaine la figure cipes de physiognomonie, d'après Aristote
d'un animal ou d'un oiseau et qu'il juge les , Albert-Ie-Grand, Porta, etc.; mais principa-
hommes par le naturel de l'animal dont ils por- lement d'après Lavater, qui a le plus écrit
tent les traits. Le singe, le cheval et l'éléphant sur cette matière, et qui du moins a mis quel-
son t les animaux qui ressemblent le plus à l'es- quefois un grain de bon sens dans ses essais.
pèce humaine, par le contour de leurs profils et Il parle avec sagesse lorsqu'il traite des mou-

de leur face. Les plus belles ressemblances vements du corps et du visage, des gestes et
sont celles du cheval, du lion du chien de , , des parties mobiles, qui expriment, sur la
l'éléphant et de l'aigle. Ceux qui ressem- — figure de l'homme, ce qu'il sent intérieure-
blent au singe sont habiles, actifs, adroits, ment au moment où il le sent. Mais com-
et
rusés, malins, avares et quelquefois méchants. bien il extravague aussi lorsqu'il veut décidé-
La ressemblance du cheval donne le courage ment trouver du génie dans la main! Il juge
et la noblesse de l'âme — Un front comme les femmes avec une injustice extrême. —Tant
celui de l'éléphant annonce la prudence et que la physiognomonie apprendra à l'homme
l'énergie. Un homme qui ,
par le nez et le à connaître la dignité de l'être que Dieu lui a
front, ressemblerait au profil du lion , ne serait donné, cette science quoique en grande
,

certainement pas un homme ordinaire (la face partie hasardeuse, méritera pourtant quelques
du lion porte l'empreinte de l'énergie, du éloges puisqu'elle aura un but utile et loua-
,

calme et de la force ) mais il est bien rare ;


ble. Mais lorsqu'elle dira qu'une personne
que ce caractère puisse se trouver en plein sur constituée de telle sorte est vicieuse de sa na-
une face humaine. La ressemblance du chien ture; qu'il faut la fuir et s'en défier, etc. ;

annonce la fidélité, la droiture et un grand que quoique cette personne présente un ex-
appétit Celle du loup, qui en diffère si peu,
l
. térieur séduisant et un air plein de bonté et
dénote un homme violent, dur, lâche, féroce, de candeur, il faut toujours l'éviter, parce
passionné, traître et sanguinaire. Celle du que son naturel est affreux, que son visage
renard indique la petitesse, la faiblesse, la l'annonce et que le signe en est certain im- ,

ruse et la violence. — La ligne qui partage le muable la physiognomonie sera une science
,

museau de l'hyène porte le caractère d'une abominable, qui établit le fatalisme. On a —


dureté inexorable. La ressemblance du tigre vu des gens assez infatués de cette science
annonce une férocité gloutonne. Dans les yeux pour se donner les défauts que leur visage
et le mufle du tigre, quelle expression de per- portait nécessairement, et devenir vicieux, en
fidie! La ligne que forme la bouche du lynx quelque sorte, parce que la fatalité de leur
et du tigre est l'expression de la cruaut?. Le physionomie les y condamnait; semblables à
chat hypocrisie, attention et friandise. Les
: ceux-là qui abandonnaient la vertu, parce
chats sont des tigres en petit, apprivoisés par que la fatalité de leur étoile les empêchait
une éducation domestique. La ressemblance — d'être vertueux. Voy. Mimique, Écritures, etc.
de l'ours indique la fureur, le pouvoir de dé- Pîaches ,
— prêtres idolâtres de la côte de
chirer une humeur misanthrope. Celle du
, Cumana en Amérique. Pour admis dans être
sanglier ou du cochon annonce un naturel leur ordre, il faut passer par une espèce de
lourd vorace et brutal. Le blaireau est igno-
,
noviciat qui consiste à errer deux ans dans
ble, méfiant et glouton. Le bœuf est patient, les forêts, où ils. persuadent au peuple qu'ils
opiniâtre, pesant, d'un appétit grossier. La reçoivent des instructions de certains esprits
qui prennent une forme humaine pour leur
1
Dans la physiognomonic de Porta, Pla-on ressemble
à un chien de chasse. enseigner leurs devoirs et les dogmes de leur
PÎC — 39
religion. Ils d'sent que le soleil et la lune sont la têted'un homme mort, et brûlaient du suif
le mari et la femme. Pendant les éclipses, les en son honneur. Ce démon se faisait voir aux
femmes se tirent du sang et s'égratignent les derniers jours des personnages importants. Si
bras, parce qu'elles croient la lune en que- on ne l'apaisait pas il se présentait*une se- ,

relle avec son mari. Les piaches donnent un conde fois; et, lorsqu'on lui donnait la peine
talisman en forme de X comme préservatif de paraître une troisième on ne pouvait plus ,

contre les fantômes. Ils se mêlent de prédire, l'adoucir que par l'effusion du sang humain.
et il s'est trouvé des Espagnols assez crédules Lorsque Picollus était content, on l'entendait
pour ajouter foi à leurs prédictions. Ils disent rire dans le temple car il avait un temple. ;

que les échos sont les voix des trépassés. Pie, — oiseau de mauvais augure. En Bre-
Picard (Mathurin) ,
— directeur d'un cou- tagne , les tailleurs sont les entremetteurs des
vent de Louviers, qui fut accusé d'être sor- mariages; ils se font nommer, dans cette
cier, et d'avoir conduit au sabbat Madeleine fonction, basvanals; ces basvanals, pour réus-
Bavan, tourière de ce couvent. Comme il — sirdans leurs demandes portent un bas rouge ,

était mort lorsqu'on arrêta Madeleine et , et un bas bleu et rentrent chez eux s'ils
,

qu'on lui fit son procès, où il fut condamné voient une pie, qu'ils regardent comme un
ainsi qu'elle, son corps fut délivré à l'exécu- funeste présage \. —
M. Berbiguier dit que la
teur des sentences criminelles , traîné sur des pie voleuse dont on a fait un mélodrame
, ,

claies par les rues et lieux publics, puis con- était un farfadet.

duit en la place du Vieux-Marché ; là brûlé Pied. —


Les Romains distingués avaient
et les cendres jetées au vent , 1647. dans leur vestibule un esclave qui avertissait
Picatrix, — médecin ou charlatan arabe, les visiteurs d'entrer du pied droit. On tenait

qui vivait en Espagne vers le treizième siècle. à mauvais augure d'entrer du pied gauche

Il se de bonne heure à l'astrologie,


livra chez les dieux et chez les grands. On en- —
et se rendit si recommandable dans cette trait du pied gauche lorsqu'on était dans le

science que ses écrits devinrent célèbres par- deuil ou dans le chagrin 2 .

mi amateurs des sciences occultes. On dit


les Pierre d'aigle, —
parce qu'on ainsi nommée
qu'Agrippa, étant allé en Espagne, eut con- a supposé qu'elle se trouvait dans les nids
naissance de ses ouvrages et prit beaucoup ,
d'aigle. Dioscoride dit que cette pierre sert à

d'idées creuses, notamment dans le traité que découvrir les voleurs; Malthiole ajoute que
Picatrix avait laissé de la Philosophie occulte. chercher cette pierre jusqu'aux
les aigles vont

Pic de la Mirandole (Jean) l'un des ,


— Indes pour faire éclore plus facilement leurs
hommes les plus célèbres par la précocité et
petits. C'est là-dessus qu'on a cru qu'elle ac-

l'étendue de son savoir, né le 24 février 1 463. célérait les accouchements. Voyez à leur nom
Il avait une mémoire prodigieuse et un esprit
les autres pierres précieuses. Voy. aussi Ru-
très-pénétrant. Cependant, un imposteur l'a- gner et Sakhrat.
busa en lui faisant voir soixante manuscrits Pierre du diable. Il y a dans la vallée —
qu'il assurait avoir été composés par l'ordre de Schellenen en Suisse des fragments de
, ,

d'Esdras et qui ne contenaient que les plus


,
rocher de beau granit, qu'on appelle la pierre
ridicules rêveries cabalistiques. L'obstination du diable dans un démêlé qu'il y eut entre
:

qu'il mit à les lire lui fit perdre un temps les gens du pays et le diable, celui-ci l'ap-

plus précieux que l'argent qu'il en avait donné porta là pour renverser un ouvrage qu'il avait
et le remplit d'idées chimériques dont il ne eu, quelque temps auparavant, la complai-
fut jamais entièrement désabusé. Il mourut sance de leur construire.
en 1 494. On a recueilli de ses ouvrages, des Pierre philosophale- — On regarde la pierre
Conclusions philosophiques de cabale et de- philosophale comme une
chimère. Ce mépris,
théologie, Rome, Silbert, in-fol., extrêmement disent les philosophes hermétiques, est un ef-
rare; c'est là le seul mérite de ce livre. Car, fet du juste jugement de Dieu qui ne permet ,

de l'aveu même
de Tiraboschi, on ne peut pas qu'un secret si précieux soit connu des
que gémir, en le parcourant, de voir qu'un méchants et des ignorants Cette science fait
si beau génie un esprit si étendu et si labo-
, partie de la cabale, et ne s'enseigne que de
rieux se soit occupé de questions si frivoles.
, bouche à bouche. Les alchimistes donnent une
On dit qu'il avait un démon familier. foule de noms à la pierre philosophale : c'est

Pichacha , — nom collectif des esprits fol- la fille du grand secret, le soleil est son père;
lets chez les Indiens. la lune est sa mère, le vent l'a portée dans

Picollus, — démon révéré par les anciens 1 Cambry, Voyage dans le Finistère, t. III, p. 47.
habitants de la Prusse ,
qui lui consacraient * M. Nisard, Stace.
PIE — 3 S — PIE
son ventre ,
clc. — Le secret plus ou moins esprits cabalistiques,ou même, si on l'aime
ch mérique de faire de l'or a élé en vogue mieux, le démon barbu, dont nous parlerons.
:

parmi les Chinois long-temps avant qu'on — On a dit aussi que saint Jean févangéliste
en eût les premières notions en Europe. Ils avait enseigné le secret de faire de l'or; et,
parlent dans leurs livres , en termes magi- en effet on chantait autrefois dans quelques
, ,

ques ,
de la semence d'or et de la poudre de églises, une hymne en son honneur où se
projection. Ils promettent
de leurs c!c tirer trouve une allégorie que les alchimistes s'ap-
creusets, non-seulement de mais encore l'or, pliquent :

un remède spécifique et universel qui pro- ,


Inexhaustum fert thesaurum
cure à ceux qui le prennent une espèce d'im- Qui de virgis facit aurum,

mortalité. —
Zosime qui vivait au commen- ,
Gemmas de lapidions.

cement du cinquième siècle, est un des


D'autres disent que pour faire lé grand
premiers parmi nous qui aient écrit sur l'art de
œuvre , du plomb du fer, de
il faut de l'or, ,

l'antimoine, du vitriol, du sublimé, de l'ar-


faire de l'or et de l'argent, ou la manière de
senic, du tartre, du mercure, de l'eau, de
fabriquer la pierre philosophale. Cette pierre
la terre et de l'air, auxquels on joint un œuf de
est une poudre ou une liqueur formée de di-
coq du crachat de l'urine et des excréments
, ,
vers métaux en fusion sous une constellation
favorable. — Gibbon an- remarque que les
humains. Aussi un philosophe a dit avec rai-
son que la pierre philosophale était une sa-
ciens ne connaissaient pas l'alchimie. Cepen-
lade et qu'il y fallait du sel de l'huile et du
, ,
dant on voit dans Pline que l'empereur Cali-
gula entreprit de faire de l'or avec une
vinaigre. —
Nous donnerons une plus ample
idée de la matière et du raisonnement des
préparation d'arsenic et qu'il abandonna son ,

adeptes, en présentant au lecteur quelques


projet, parce que les dépenses l'emportaient
sur le profit. —
Des partisans de cette science
passages du traité de chimie philosophique et
hermétique publié à Paris en 4725 4 «Au . —
prétendent que les Égyptiens en connaissaient
tous les mystères. — Celle précieuse pierre
commencement, dit l'auteur, les sages, ayant
bien considéré, ont reconnu que l'or engen-
philosophale, qu'on appelle aussi élixir uni-
dre l'or et l'argent, et qu'ils peuvent se mul-
versel eau du soleil poudre de projection
,

qu'on a tant cherchée et que sans doute on


,

,
,
tiplier en leurs espèces. — Les anciens philo-
sophes travaillant par
, la voie sèche, ont
n'a jamais pu découvrir >, procurerait à celui
rendu une partie de leur or volatil, et l'ont
qui aurait le bonheur de la posséder des ri-
réduit en sublimé blanc comme neige et lui-
chesses incompréhensibles, une santé toujours
florissante,une vie exempte de toutes sortes
sant comme cristal; ils ont converti l'autre
partie en sel fixe; et (le la conjonction du vo-
de maladies, et même, au sentiment de plus
d'un cabaliste, l'immortalité.... Il ne trouve-
latil avec le fixe , ils ont fait leur élixir. —
Les philosophes modernes ont extrait de l'in-
rait rien qui pût lui résister, et serait sur la
térieur du mercure un esprit igné minéral ,
terre le plus glorieux, le plus puissant, le
végétal et multiplicatif, dans la concavité hu-
plus riche et le plus heureux des mortels; il
mide duquel est caché le mercure primitif ou
convertirait à son gré tout en or, et jouirait
quintessence universelle. Par le moyen de cet
de tous les agréments. L'empereur Rodolphe
esprit, ils ont attiré la semence spirituelle
n'avait rien plus à cœur que celte inutile re-
contenue en l'or et par cette voie, qu'ils ont
cherche. Le d'Espagne Philippe II em-
roi
;

appelée voie humide, leur soufre et leur mer-


ploya dit-on
, de grandes sommes à faire
,

cure ont été faits c'est le mercure des phi- :


travailler les chimistes aux conversions des
losophes, qui n'est pas solide comme le mé-
métaux. Tous ceux qui ont marché sur leurs
traces n'ont pas eu plus de succès. Quel- — tal, ni mou comme le vif-argent, mais entre
lesdeux. —
Ils ont tenu long-temps ce secret
ques-uns donnent celte recette comme le vé-
caché, parce que c'est le commencement, le
ritable secret de faire l'œuvre hermétique :

milieu et la fin de l'œuvre nous Talions dé- :

Mettez dans une fiole de verre fort, au feu


de sable de lelixir d'aristée avec du baume
, ,
couvrir pour le bien de tous. Il faut donc', —
pour faire l'œuvre 1° purger le mercure avec :
de mercure et une pareille pesanteur du plus
du sel et du vinaigre (salade) 2° le sublimer ;
pur or de vie ou précipité d'or, et la calci na-
avec du vitriol et du salpêtre 3° le dissoudre ;
tion qui restera au fond de la fiole se multi-
pliera cent mille fois. Que si l'on ne sait — dans l'eau-forte 4° le sublimer derechef
5° le calciner et le fixer; 6° en dissoudre une
; ;

comment se procurer de Pélixir d'arislée et


du baume de mercure on peut implorer les ,
1
Traité de chimie philosophique et hermétique, en-
richi des opérations les plus curieuses de l'art, sans
T
Voyez pourtant Ray.ond Lulle, — quant à ce qui nom d'auteur. Paris, 1725, in-12, avec approbation si-
concerne l'or. gnée àudry', docteur en médecine et privilège du roi. ,
,

pie — s > — PIE


partie par défaillance à la cave, où il se ré- position et putréfaction des objets dunl on veut
soudra en liqueur ou huile (salade) 7° distil- ;
tirer l'or. La poudre blanche, qui transmue

ler cette liqueur pour en séparer l'eau spiri- les métaux blancs en argent fin. Vélixir au
tuelle l'air et le feu
, 8° mettre de ce corps ; rouge, avec lequel on fait de l'or et on guérit
mercuriel calciné et fixé dans l'eau spirituelle toutes les plaies. Vélixir au blanc, avec lequel
ou esprit liquide mercuriel distillé; 9° les pu- on fait de l'argent et on se procure une vie
tréfier ensemble jusqu'à la noirceur; puis il extrêmement longue; on l'appelle aussi la fille
s'élèvera en superficie de l'esprit un soufre blanche des philosophes. Toutes ces variétés
blanc non odorant, qui est aussi appelé sel de la pierre philosophale végètent et se mul-
armoniac; 4 0° dissoudre ce sel armoniac dans tiplient.... » — Le reste du livre est sur le
l'esprit mercuriel liquide, puis le distiller même ton. Il contient tous les secrets de l'al-

jusqu'à ce que tout passe en liqueur, et alors chimie. Voy. Baume universel Elixir de
,

sera fait le vinaigre des sages; 11° cela pa- vie, Or potable , etc. — Les adeptes préten-
rachevé il faudra passer de l'or à l'anlimoine
, dent que Dieu enseigna l'alchimie à Adam ,

par trois fois, et après le réduire en chaux ;


qui en apprit le secret à Énoch, duquel il
IS 0 mettre cette chaux d'or dans ce vinaigre descendit par degrés à Abraham à Moïse, à ,

très-aigre, les laisser putréfier; et, en su- Job, qui multiplia ses biens au septuple par
perficie du vinaigre, il s'élèvera une terre le moyen de la pierre philosophale , à Para-
feuillée de la couleur des perles orientales . celse, et surtout à Nicolas Flamel. Ils citent
il faut sublh er de nouveau jusqu'à ce que avec respect des livres de philosophie hermé-
cette terre soit très-pure alors vous aurez : tique qu'ils attribuent à Marie, sœur de Moïse,
fait lapremière opération du grand œuvre. — à Hermès Trismégiste à Démocrite à Aris- ,
,

Pour le second travail prenez au nom de ,


, tote, à saint Thomas d'Aquin , etc. La boîte
Dieu, une part de cette chaux d'or et deux de Pandore, la toison d'or de Jason le cail- ,

parts de l'eau spirituelle chargée de son sel lou de Sisyphe, la cuisse d'or de Pythagore ,

armoniac; mettez cette noble confection dans ne sont selon eux que le grand œuvre l Ils
,
,
:

un vase de cristal de la forme d'un œuf; trouvent tous leurs mystères dans la Genèse,
du sceau d'Hermès entretenez
scellez le tout ; dans l' Apocalypse surtout, dont ils font un
un doux et continuel l'eau ignée dissou-
feu ; poème à la louange de l'alchimie; dans YOdys-
dra peu à peu la chaux d'or il se formera ; sée,dans les Métamorphoses d'Ovide. Les dra-
une liqueur qui est l'eau des sages et leur gons qui veillent, les taureaux qui soufflent
vrai chaos , contenant les qualités élémentai- du feu, sont des emblèmes des travaux her-
res, chaud, sec, froid et humide. Laissez pu- métiques. Gobineau de Montluisant, gentil-
tréfier cette composition jusqu'à ce qu'elle homme chartrain, a même donné une expli-
devienne noire cette noirceur, qui est appe-
: cation extravagante des figures bizarres qui
lée la tête de corbeau et le saturne des sages, ornent la façade de Notre-Dame de Paris il ;

fait connaître à l'artiste qu'il est en bon che- histoire complète de la pierre
y voyait une
min. —Mais pour ôter cette noirceur puante philosophale. Le Père éternel étendant les
qu'on appelle aussi terre noire, il faut faire bras, et tenant un ange dans chacune de ses
bouillir de nouveau jusqu'à ce que le vase , mains, annonce assez, dit-il, la perfection de
ne présente plus qu'une suk-tance blanche l'œuvre achevé. — D'autres assurent qu'on ne
comme la neige. Ce degré de l'œuvre s'ap- le grand secret que par le se-
peut posséder
pelle le cygne. Il faut enfin fixer par le feu cours de magie; ils nomment démon barbu
la

cette liqueur blanche qui se calcine et se di- le démon qui se charge de l'enseigner; c'est,
vise en deux parts, l'une blanche pour l'ar- disent-ils, un très-vieux démon. On trouve
gent, l'autre rouge pour l'or alors vous aurez : à l'appui de cette opinion dans plusieurs li- ,

accompli les travaux et vous posséderez la , vres de conjurations magiques, des formules
pierre philosophale. —
Dans les diverses opé- qui évoquent les démons hermétiques. Cédré-
rations on peut tirer divers produits d'ab ,rd
, : nus qui donnait dans cette croyance ra-
,
,

le lion vert, qui est un liquide épais, qu'on conte qu'un alchimiste présenta à l'empereur
nomme aussi Yazot, et qui fait sortir l'or ca- Anastase, comme l'ouvrage de son art, un
ché dans les matières ignobles. Le lion rouge, frein "d'or et de pierreries pour son cheval.
qui convertit métaux en or; c'est une
les L'empereur accepta le présent et fit mettre
poudre d'un rouge vif. La tête de corbeau, l'alchimiste dans une prison où il mourut;
dite encore la voile noire du navire de Thésée, après quoi le frein devint noir, et on reconnut
dépôt noir qui précède le lion vert, et dont que l'or des alchimistes n'était qu'un prestige
l'apparition , au bout de quarante jours, pro-
met le succès de l'œuvre; il sert à la décom- ' Naudé ,
Apologie penr les grands personnages, etc.
— LM — PIE
du diable. Beaucoup d'anecdotes prouvent (Jans ses Numismata)
lyn chercha il à rem •

que ce n'est qu'une friponnerie ordinaire. — avec secours de


plir ses coffres le l'alchimie.
Un rose-croix passant à Sedan donna à
,
, L'enregistrement de ce singulier projet con-
Henri I er prince de Bouillon, le secret de
,
tient les protestations les plus solennelles et
faire de l'or, qui consistait à faire fondre dans les plus sérieusesde l'existence et des vertus
un creuset un grain d'une poudre rouge qu'il de la pierre philosophale, avec des encoura-
lui remit, avec quelques onces de litharge. gements à ceux qui s'en occuperont. Il annule
Le prince fit l'opération devant le charlatan, et condamne toutes les prohibitions antérieu-
et tira trois onces d'or pour trois grains de res. Aussitôt lut pu-
que cette patente royale
cette poudre il fut encore plus ravi qu'étonné;
;
bliée, y eut tant de gens qui s'engagèrent à
il

et l'adepte, pour achever de le séduire, lui faire de l'or, selon l'attente du roi, que l'an-
fit présent de toute sa poudre transmutante. née suivante Henri VI publia un autre édit
— Il y en avait trois cent mille grains. Le dans lequel il annonçait que l'heure était pro-
prince crut posséder trois cent mille onces che où par le moyen de la pierre philoso-
,

d'or. Le philosophe de partir; il était pressé phale, il allait payer les dettes de l'état en or
allait à Venise tenir la grande assemblée des et en argent monnayés. Charles II d'An- —
philosophes hermétiques; il ne lui restait plus gleterre s'occupait aussi de l'alchimie. Les
rien, mais il ne demandait que vingt mille personnes qu'il choisit pour opérer le grand
écus; le duc de Bouil on les lui donna et le œuvre formaient un assemblage aussi singu-
renvoya avec honneur. Comme en arrivant — lier que leur patente était ridicule. C'était une
à Sedan le charlatan avait fait acheter toute réunion d'épiciers, de merciers et de mar-
la litharge qui se trouvait chez les apothicai- chands de poisson. Leur patente fut accordée
res de cette ville et l'avait fait revendre en- authoritate parlamenti. — Les alchimistes
suite chargée de quelques onces d'or, quand étaient appelés autrefois multiplicateurs; on
cette litharge fut épuisée, le prince ne fit plus le voit par un statut de Henri IV d'Angleterre,
d'or, ne vit plus le rose-croix et en fut pour qui ne croyait pas à l'alchimie. Ce statut se
ses vingt mille écus. Jérémie Médérus, cité — trouve rapporté dans la patente de Charles II.

par Delrio 1 raconte un tour absolument sem-


, Comme il est fort court, nous le citerons :

blable qu'un autre adepte joua au marquis « Nul dorénavant ne s'avisera de multiplier
Ernest de Bade. Tous les souverains s'occu- l'or et l'argent ou d'employer la supercherie
.

paient autrefois de la pierre philosophale; la de la multiplication, sous peine d'être traité


fameuse Elisabeth la chercha long-temps. et puni comme félon. » On lit dans les Cn — -

Jean Gauthier, baron de Plumerolles, se van- riosités de la littérature, ouvrage traduit de


tait de savoir faire de l'or; Charles IX, trom- l'anglais par Th. Bertin, qu'une princesse de
pé par ses promesses, lui fit donner cent vingt la Grande-Bretagne, éprise de l'alchimie, fit
mille livres , et l'adepte se mit à l'ouvrage. la rencontre d'un homme qui prétendait avoir
Mais après avoir travaillé huit jours, il se la puissance de changer plomb en or. Il ne le

sauva avec l'argent du monarque. On courut demandait que les matériaux et le temps né-
à sa poursuite, on l'attrapa et il fut pendu : cessaires pour exécuter la conversion. Il fut

,

mauvaise fin même pour un alchimiste.


, emmené à la campagne de sa protectrice, ui
En 1616 la reine Marie de Médicis donna à
, l'on construisit un vaste laboratoire; et afin
Guy de Crusembourg vingt mille écus pour qu'il ne fut pas troublé on défendit que per-
travailler dans la Bastille à faire de l'or. Il sonne n'y entrât. Il avait imaginé de faite
s'évada au bout de trois mois avec les vingt tourner sa porte sur un pivot, et recevait à
mille écus, et ne reparut plus en France. — manger sans vu sans que rien
voir, sans être ,

Le pape Léon X fut moins dupe. Un homme pût —


Pendant deux ans il ne
le distraire.
qui se vantait de posséder le secret de la condescendit à parler à qui que ce fût, pas
pierre philosophale, demandait à Léon X une même à la princesse. Lorsqu'elle fut intro-
récompense. Le protecteur des arts le pria de duite enfin dans son laboratoire, elle vit des
revenir le lendemain et il lui fit donner un ; alambics, des chaudières, de longs tuyaux ,

grand sac, en lui disant que puisqu'il savait des forges, des fourneaux et trois ou quatre ,

faire de l'or il lui offrait de quoi le contenir 2 . feux d'enfer allumés; elle ne contempla pas
— Le roi d'Angleterre Henri VI fut réduit à avec moins de vénération la figure enfumée
un tel degré de besoin qu'au rapport d'Eve- ,
de l'alchimiste, pâle, décharné, affaibli par
ses veilles, qui lui révéla, dans un jargon
1
Disquisit. mag., lit). 1 cap. 5, qusest. 3. , inintelligible, les succès obtenus; elle vit ou
2Le comte d'Oxenstiern atiribue ce trait au pape
Urbain VIII, à qui un adepte dédiait un traité d'al-
crut voir des monceaux d'or encore imparfait
chimie. Pensées, t. l
rr
, p. 172. répandus dans le laboratoire. — Cependant
PIE — h I — PIE
l'alchimiste demandait souvent un nouvel riture !
. — C'est ce que surtout le galvanisme
alambic et des quantités énormes de char-
,
amènera.
bon. La princesse, malgré son zèle, voyant Pierre de santé. —
A Genève et en Savoie,
qu'elle avait dépensé une grande partie de on appelle ainsi une espèce de pyrite mar-
sa fortune à fournir aux besoins du philoso- tiale très-dure et susceptible d'un beau poli.
phe, commença à régler l'essor de son imagi- On taille ces pyrites en facettes comme le
nation sur les conseils de la sagesse. Elle dé- cristal et l'on en fait des bagues
, des bou- ,

couvrit sa façon de penser au physicien :


cles et d'autres ornements. Sa couleur est à
celui-ci avoua qu'il était surpris de la lenteur peu près la même que celle de l'acier poli. On
de ses progrès mais il allait redoubler d'ef-
; lui donne le nom de pierre de santé, d'après
forts et hasarder une opération de laquelle, le préjugé où l'on est qu'elle pâlit lorsque la
jusqu'alors , il avait cru pouvoir se passer. santé de la personne qui la porte est sur le
La protectrice se retira ; les visions dorées point de s'altérer.
reprirent leur premier empire. — Un jour
Pierre d'Apone, —
philosophe, astrologue
qu'elle était à dîner, un cri affreux, suivi
et médecin né dans le village d'Abano ou
,

d'une explosion semblable à celle d'un coup Apono 2 près de Padoue, en 4250. Celait le
de canon se fit entendre; elle se rendit avec
,
plus habile magicien de son temps, disent les
ses gens auprès du chimiste. On trouva deux
démonomanes ;
il s'acquit la connaissance des
larges retortes brisées, une grande partie du
sept arts libéraux, par le moyen de sept es-
laboratoire en flammes, et le physicien grillé
prits familiers qu'il tenait enfermés dans des
depuis les pieds jusqu'à la tête. Elie Ash- — bouteilles ou dans des boîtes de cristal. Il avait
mole écrit, dans sa Quotidienne du 13 mai
de plus l'industrie de faire revenir dans sa
1655 Mon père Backhouse (astrologue qui
: «
bourse tout l'argent qu'il avait dépensé. Il —
l'avaitadopté pour son fils, méthode pratiquée fut poursuivi comme hérétique et magicien ;

par les gens de cette espèce) étant malade ,


et s'il eût vécu jusqu'à la fin du procès, il y a
dans Fleet-street, près de l'église de Saint- beaucoup d'apparence qu'il eut été brûlé vi-
Dunstan et se trouvant sur les onze heures
,
,
vant, comme il le fut en effigie après sa mort.
du soir, à l'article de la mort, me révéla le II mourut à l'âge de soixante-six ans. Cet —
secret de la pierre philosophale et me le lé- ,
homme avait, dit-on, une telle antipathie
gua un instant avant d'expirer. » Nous appre- pour le lait, qu'il n'en pouvait sentir le goût
nons par là qu'un malheureux qui connaissait ni l'odeur. Thomazo Garsoni dit, entre autres
l'art de faire de l'or vivait cependant de
contes merveilleux sur Pierre d'Apone que, ,

charités, etqu'Ashmole croyait fermement être


n'ayant point de puits dans sa maison, il com-
en possession d'une pareille recette. Ash- — manda au diable de porter dans la rue le puits
rnole a néanmoins élevé un monument curieux
de son voisin parce qu'il refusait de l'eau à
,

des savantes folies de son siècle, dans son


sa servante. Malheureusement pour ces belles
Theatrum chimicum britannicum , vol. in-4° histoires, il paraît prouvé que Pierre d'Apone
dans lequel il a réuni les traités des alchimis- était une sorte d'esprit fort qui ne croyait pas
les anglais. Ce recueil présente divers échan-
tillons des mystères de la secte des Rose-
aux démons. —
Les amateurs de livres su-
perstitieux recherchent sa Géomancie?'. Mais
Croix et Ashmole raconte des anecdotes dont
,
ne lui attribuons pas un petit livre qu'on met
le merveilleux surpasse toutes les chimères
sur son compte et dont voici le titre les Œu- :

des inventions arabes. 11 dit de la pierre phi-


vres magiques de Henri-Corneille Agrippa,
losophale qu'il en sait assez pour se taire,
par Pierre d'Aban, latin et français, avec
et qu'il n'en sait pas assez pour en parler. — des secrets occultes, in-24, réimprimé à Liège,
La chimie moderne n'est pourtant pas sans
avoir l'espérance, pour ne pas dire la certi-
4788. —On dit dans ce livre que Pierre d'A-
ban était disciple d'Agrippa. La partie prin-
tude de voir un jour vérifiés les rêves dorés
,
cipale est intitulée : Heptaméron, ou les Elé-
des alchimistes. Le docteur Girtanner de Got-
ments magiques. On y trouve les sûrs moyens
tinguea dernièrement^hasardé cette prophétie
d'évoquer les esprits et de faire venir le diable.
que, dans le dix-neuvième siècle, la trans-
Pour cela il faut faire trois cercles l'un dans
mutation des métaux sera généralement con-
l'autre,., dont le plus grand ait neuf pieds de
nue; que chaque chimiste saura faire de l'or;
1
que les instruments de cuisine seront d'or et Philosophie magique, vol. 0, p. 383
II y a, dans le village d'A eue, aujourd'hui Abano,
2
d'argent, ce qui contribuera beaucoup à pro- la parole aux muets,
«ne fontaine qui prêtait autrefois
longer la vie qui se trouve aujourd'hui com-
,
et qui donnait à ceux qui y buvaient le talent, de dire la
bonne aventure. Voyez le septième chant de la Phar-
promise par les oxydes de cuivre de fer et ,
sale de Lucain.
de plomb que nous avalons avec notre nour- 3 Geomantia, in-8". Venise, 1519.

26
PIE - /i 2 — PÎR
circonférence dans le plus petit
, et se tenir rallia l'esprit en ba!le « Or- forme qui dira :

où l'on écrit les noms des anges qui président donnez demandez, me voici prêt à vous
et

à l'heure, au jour, au mois, à la saison etc. , obéir en toutes choses. » Vous lui demanderez
Voici les anges qui président aux heures ;
ce que vous voudrez, il vous satisfera; et
notez que les heures sont indiquées ici dans après que vous n'aurez plus besoin de lui
la langue infernale Yayn ou première heure:
,
vous le renverrez en disant « Allez en paix :

l'ange Michaël Ianor ou deuxième heure,


;
chez vous, et soyez prêt à venir quand je
Ana'ël; Nasnia ou troisième heure, Raphaël ;
vous appellerai. » —
Voilà ce que présentent
Salla ou quatrième heure, Gabriel; Sadedali de plus curieux les OEuvres magiques. Et le
ou cinquième heure , Cassiel ;
Thamus ou lecteur qui s'y fiera sera du moins mystifié.
sixième heure Ourer ou septième
, Sachiel ;
Voyez Secrets occultes , etc.
heure, Samaël; Thanir ou huitième heure,
Araël Néron ou neuvième heure, Cambiel
Pierre-le-Brabançon, — charlatan né dans
; 1
;
les Pays-Bas. M. Salgues rapporte de lui le
Jaya ou dixième heure Uriel Abaï ou on- , ;
fait suivant : étant devenu épris d'une Pari-
zième heure Azael Natalon ou douzième
, ;
le Brabançon contrefit
heure, Sambaël. —
Les anges du printemps,
sienne, riche héritière,
du pèredéfunt, et lui fit pousser
aussitôt la voix
cabalistiquement nommé Talvi, sont Spugli-
du fond de sa tombe de longs gémissements ;

guel, Garacasa Commissoros et Amaliel le


, ;
il se plaignit des maux qu'il endurait au pur-
nom de la terre est alors Amadaï, le nom du femme le refus qu'elle
soleil Abraïm, celui de la lune Agusita. — gatoire, et reprocha à sa
faisait de donner sa fille à un si galant homme.
Les anges de l'été nommé Gasmaran sont , ,
La femme effrayée n'hésita plus; le Brabançon
Tubiel, Gargatiel, Tariel et Gaviel. La terre
obtint la main de la demoiselle ,
mangea la
s'appelle alors Festativi le soleil Athémaï et ,
dot, s'évada de Paris courut se réfugier à
la lune Armatas. —
Les anges de l'automne ,
Lyon Un
et
gros financier venait d'y mourir, et
qui senommera Ardaraël sont Torquaret ,
son fils se trouvait possesseur d'une fortune
Tarquam et Guabarel. La terre s'appelle Ra- opulente. Le Brabançon va le trouver, lie con-
himara, le soleil Abragini, la luneMatafignaïs.
naissance avec mène dans un
— Losanges de l'hiver, appelé Fallas, sont
couvert et silencieux
lui , et le
là, il fait entendre
lieu
la
Altarib, Amabaël, Crarari. La terre se nomme voix plaintive du père
;

qui se reproche les


,
Gérenia , le soleil Commutât et la lune Affa-
malversationsqu'ila commises dans ce monde,
térim. Pour les anges des mois et des jours,
voy. Mois et Jours. Après avoir écrit les — et conjure son
et des aumônes;
fils de
il
les expier
l'exhorte, d'un ton pres-
par des prières

noms dans le cercle, mettez les parfums dans sant et pathétique, à donner six mille francs
un vase de terre neuf, et dites « Je t'exor- :
au Brabançon pour racheter des captifs. Le
cise, parfum, pour que tout fantôme nuisible
fils hésite et remet l'affaire au lendemain. Mais
s'éloigne de moi. » Ayez une feuille de par-
le lendemain la même voix se fait entendre
chemin vierge sur laquelle vous écrirez des
et le père déclare nettement à son fils qu'il
croix puis appelez des quatre coins du ,
;
sera damné lui-même s'il tarde davantage à
monde, les anges qui président à l'air, les donner les six mille francs à ce brave homme
sommant de vous aider sur-le-champ, et dites :
que le ciel lui a envoyé. Le jeune traitant ne
« Nous t'exorcisons par la mer flottante et
se le fit pas dire trois fois; il compta les six
transparente par les quatre divins animaux
,
mille francs au ventriloque, qui alla boire et
qui vont et viennent devant le trône de la di-
rire à ses dépens.
vine Majesté; nous t'exorcisons; et ne si tu
parais aussitôt, ici, devant ce cercle, pour nous Pierre Labourant, nom que des sorciers —
obéir en toutes choses, nous te maudissons et donnèrent au diable du sabbat. Jeanne Gari-
te privons de tout office, bien et joie; nous 4e baut, sorcière, déclara que Pierre-Labourant

condamnons à brûler sans aucun relâche dans porte une chaîne de fer qu'il ronge continuel-

l'étang de feu et de soufre, etc. » Cela dit, — lement, qu'il habite une chambre enflammée
on verra plusieurs fantômes qui rempliront où se trouvent des chaudières dans lesquelles
l'air de clameurs. On ne s'en épouvantera on fait cuire des personnes pendant que d'au-
point, et on aura soin surtout de ne pas sortir tres rôtissent sur de larges chenets , etc.

du cercle. On apercevra des spectres qui pa-


raîtront menaçants et armés de flèches; mais
Pierre-le-Vénérable abbé de Cluny, , —
mort en 4 156. Il a laissé un livre de miracles
ils n'auront pas puissance de nuire. On souf- qui contient plusieurs légendes où le diable
flera ensuite vers les quatre parties du monde ne joue pas le beau rôle.
et on dira: «Pourquoi tardez-vous? sou-
mettez-vous à votre maître. » Alors pa- — 1
Des erreurs et des préjugés, t T , r
, p, 310.
,

PIL — k 3 — PIS
Pierres d anathèmes. — Non loin (Je Fatras, et il était défendu ,
sous de fortes peines d'y
de pierres au milieu d'un champ,
je vis des tas rien jeter. — La même tradition ,

se rattache
j'appris que c'était ce que les Grecs appellent au lac de Pilate , vo sin de Vienne en Dau-
:

pierres d'anathèmes, espèces de trophées qu'ils phiné.


élèvent à la barbarie de leurs oppresseurs. Pillal-karras exorcistes ou devins du
, —
En dévouant leur tyran aux génies infernaux, Malabar, aux conjurations desquels les pê-
ils le maudissent « dans ses ancêtres dans ,
cheurs de perles ont recours, pour se mettre
son âme dans ses enfants » car tel est le
et ; à l'abri des attaques du requin lorsqu'ils plon-
formulaire de leurs imprécations ils se ren- ; gent dans la mer. Ces conjurateurs se tien-
dent dans le champ qu'ils veulent vouer à nent sur la côte, marmottent continuellement
l'analhème, et chacun jette sur le même coin des prières et font mille contorsions bizarres.
de terre la pierre de réprobation. Les passants
suite d'y joindre
Pinet. — Pic de la Mirandole parle d'un
ne manquant pas dans la
sorcier nommé Pinet, lequel eut commerce
leur suffrage , il s'élève bientôt dans le lieu
trente ans avec le démon Fiorina \
voué à la malédiction un tas de pierres assez

semblables aux monceaux de cailloux qu'on


Pipi (Marie), sorcière qui sert d'é- —
rencontre sur le bord de nos grandes routes
chanson au sabbat; elle verse à boire dans le
;

champ 1 repas, non-seulement au roi de l'enfer, mais


ce qui du reste nettoie le .

Pigeons. —
C'est une opinion accréditée
encore à ses officiers
sont les sorciers et magiciens
et à ses disciples, qui
2.
dans le peuple que le pigeon n'a point de fiel.
Cependant Aristole et de nos jours l'anatomie Piqueur. -A Marsanne, village du Dau-
ont prouvé qu'il en avait un, sans compter phiné, près de Montélimart, on entend toutes

que la fiente de cet oiseau contient un sel in- les nuits vers les onze heures un bruit sin-
,

flammable qui ne peut exister sans le fiel. — gulier, que les gens du pays appellent le pi-
queur il semble, en effet, que l'on donne
On conte que le crâne d'un homme caché dans :

un colombier y attire tous les pigeons des


plusieurs coups sous terre 3 M. Berbiguier, .

environs.
dans son tome III des Farfadets, nous apprend
qu'en 1821 les piqueurs qui piquaient les
Pij, — nom que les Siamois donnent aux
femmes dans les rues de Paris n'étaient ni
lieux où les âmes des coupables sont punies;
des filousni des méchants, mais des farfadets
elles y doivent renaître avant de revenir en ou démons. J'étais plus savant dit-il que ,
,
ce monde.
le vulgaire qui ignore que les farfadets ne
Pilapîens, — peuples qui habitent une pres- ,

font le mal que par plaisir.


qu'île sur lesbords de la mer Glaciale, et qui
Piripiris ,
— talismans en usage chez cer-
boivent, mangent
et conversent familièrement
tains Indiens du Pérou. Ils sont composés de
avec les ombres. On allait autrefois les con-
diverses plantes ;
ils doivent faire réussir la
sulter. Leloyer rapporte que quand un étranger
chasse, assurer les moissons, amener de la
voulait savoir des nouvelles de son pays, il
pluie, provoquer des Inondations, et défaire
s'adressait à un Pilapien, qui tombait aussitôt
des armées ennemies.
en extase, et invoquait le diable
révélait les choses cachées.
. lequel lui
Pison. — Après
mort de Germanicus, le la
bruit courut qu'il avait été empoisonné par
Pilate ( Mont ),
— montagne de Suisse, au les maléfices de Pison. On fondait les soupçons
sommet de laquelle est un lac ou étang cé-
sur les indices suivants on trouva dans la de- :

lèbre dans les légendes. On disait que Pilate meure de Germanicus des ossements de morts,
s'y était jelé, que les diables y paraissaient des charmes et des imprécations contre les
souvent, que Pilate, en robe déjuge, s'y fai-
parois des murs, le nom de Germanicus gravé
sait voir tous les ans une fois, et que celui
sur des lames de plomb, des cendres souillées
qui avait malheur d'avoir cette vision mou-
le
de sang, et plusieurs autres maléfices par les-
rait dans l'année. De plus il passait pour
quels on croit que les hommes sont dévoués
,

certain que quand on lançait quelque chose


,
aux dieux infernaux 4 .

dans ce lac, cette imprudence excitait des


tempêtes terribles qui causaient de grands
Pistole volante. — Quoique les sorciers de
profession aient toujours vécu dans la misère,
ravages dans le pays, en sorte que, même au
seizième siècle, on ne pouvait monter sur 1 Leloyer, Hist. des spectres ou apparitions des es-
cette montagne, ni aller voir ce lac, sans une prits, liv. m, p. 215.
2 Delancre, Tableau de l'inconstance des démons, etc.
permission expresse du magistrat de Lucerne,
liv. il. p. 143.
3 Bibliothèque de société, t. Iïfi
1
M. Mangeart, Souvenirs de laMorée. 1830. 4 Tacite.
PLO — /j i — PLU
on prétendait qu'ils avaient cent moyens d'é- son corps n'exhalait aucune mauvaise odeur ;

viter l'indigence et le besoin. On cite entre qu'il était entier et comme vivant, à l'excep-
autres la Pistole volante, qui, lorsqu'elle était tion du nez qui paraissait flétri que ses che- ;

enchantée par certains charmes et paroles veux et sa barbe avaient poussé et qu'à la ,

magiques, revenait toujours dans la poche de place de ses ongles, qui étaient tombés, il lui
celui qui l'employait, au grand profit des ma- en était venu de nouveaux; que sous la pre-
giciens qui achetaient, et au grand détriment mière peau qui paraissait comme morte et
,

des bonnes gens qui vendaient ainsi en pure blanchâtre, il en croissait une nouvelle, saine
perte. Voy. Agrippa, Faust, Pasétès etc. , etde couleur naturelle. Ils remarquèrent aussi
Pivert. — Nos anciens, dit le Petit Albert,
dans sa bouche du sang tout frais, que le vam-
pire avait certainement sucé aux gens qu'il
assurent que le pivert est un souverain re-
avait fait mourir. On envoya chercher un pieu
mède contre le sortilège de l'aiguillette nouée,
pointu qu'on lui enfonça dans la poitrine
si on le mange rôti à jeun avec du sel bénit. , ,

d'où il sortit quantité de sang frais et vermeil,


Planètes. — ya maintenant douze pla-
Il
de même que par le nez et par la bouche.
nètes le Soleil, Mercure, Vénus, la Terre,
:
Ensuite les paysans mirent le corps sur un
Mars, Vesta Junon Cérès, Pallas, Jupiter,
, ,
bûcher, le réduisirent en cendres 1 et il ne
Saturne et Uranus. —
Les anciens n'en con- suça plus.
;

naissaient que sept, en comptant la Lune, qui


n'est qu'un satellite de la Terre ainsi les nou- ;
Pluies merveilleuses. — Le peuple met les
pluies de crapauds et de grenouilles au nombre
velles découvertes détruisent tout le système
des phénomènes de mauvais augure; et il n'y
de l'astrologie judiciaire. Les vieilles planètes
a pas encore long-temps qu'on les attribuait
sont: le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus,
Mars, Jupiter et Saturne. Chaque planète — aux maléfices des sorciers. Elles ne sont pour-
tant pas difficiles à concevoir : les grenouilles
gouverne un certain nombre d'années. Les
et les crapauds déposent leur frai en grande
années où Mercure préside sont bonnes au
quantité dans les eaux marécageuses. Si ce
commerce etc. la connaissance de celte
, ;

frai vient à être enlevé avec les vapeurs que?


partie de l'astrologie judiciaire s'appelle Al-
la terre exhale, et qu'il res'.e long-temps ex-
(ridarie.
posé aux rayons du soleil, il en naît ces rep-
Platon, —
célèbre philosophe grec, né l'an tiles que nous voyons tomber avec la pluie.
430 avant Jésus-Christ. On lui attribue un — Les pluies de feu ne sont autre chose que
livre de nécromancie. Il y a vingt-cinq ans la succession très-rapide des éclairs et des
qu'on a publié de lui une prophétie contre les coups de tonnerre dans un temps orageux.
francs - maçons des doctes l'ont expliquée
; — Des savants ont avancé que les pluies de
comme celles de Nostradamus. pierres nous venaient de la lune; et cette opi-

Plats. — Divination par les plats. Quinte- nion a grossi la masse énorme des erreurs

Curce dit que les prêtres égyptiens mettaient populaires. Ces pluies ne sont ordinairement

Jupiter Ammon sur


une nacelle d or, d'où pen-
:
que les matières volcaniques, les ponces, les
daient des plats d'argent par le mouvement sables et les terres brûlées qui sont portés
,

desquels ils jugeaient de la volonté du dieu par les vents impétueux à une très-grande
,

et répondaient à ceux qui les consultaient. distance on a vu les cendres du Vésuve


:

tomber jusque sur les côtes d'Afrique. La


Plogojowits ( Pierre ),
— vampire qui ré- quantité de ces matières la manière dont
,

pandit la terreur au dernier siècle dans le


elles se répandent dans les campagnes sou- ,

village de Kisolova en Hongrie, où il était en-


vent si loin de leur origine et les désastres,

terré depuis dix semaines. Il apparut la nuit


qu'elles occasionnent quelquefois, les ont fait
à quelques-uns des habitants du village pen-
mettre au rang des pluies les plus formidables.
dant leur sommeil, et leur serra tellement le
gosier qu'en vingt-quatre heures ils en mou-
— Mais, de toutes les pluies prodigieuses, la
pluie de sang a toujours été la plus effrayante
rurent. Il lit périr ainsi neuf personnes, tant
aux yeux du peuple et cependant elle est
;

vieillesque jeunes, dans l'espace de huit jours.


chimérique. Il n'y a jamais eu de vraie pluie
— La veuve de Plogojowits déclara que son de sang. Toutes celles qui ont paru rouges ou
mari lui était venu demander ses souliers; ce
approchant de celte couleur ont été teintes
qui l'effraya tellement qu'elle quitta le village
par des terres, des poussières de minéraux ou
de Kisolova. — Ces circonstances déterminè- d'autres matières emportées par les venls
rent les habitants du village à tirer de terre
dans l'atmosphère, où elles se sont mêlées
lo corps de Plogojowits et à le brûler pour se
délivrer de ses inîestâtions. Ils trouvèrent que 1
Traité dos visions et apparitions, t. Il, p. 216.
VOL — h 05 — POL
avec Tenu qui tombait des nuages. Plus sou- il se maria avec une Locres. Mais femme de
vent encore, ce phénomène, en apparence si il mourut quatrième nuit de ses noces, et
la
extraordinaire a été occasionné par une
, la laissa enceinte d'un hermaphrodite dont ,

grande quantité de petits papillons qui ré- elle accoucha neuf mois après. Les prêtres et
pandent des gouttes d'un suc rouge sur les les augures ayant été consultés sur ce prodige,
endroits où ils passent 2 . conjecturèrent que les Étoliens et les Locriens

Pluton, — roi des enfers, selon les païens,


auraient guerre ensemble, parce que ce mons-
tre avait les deux sexes. On conclut enfin qu'il
et, selon les démonomanes, archidiable, prince
du feu gouverneur-général des pays en- fallait mener la mère et l'enfant hors des li-
,

flammés, et sui intendant des travaux forcés mites d'Étolie et les brûler tous deux. Comme
du ténébreux empire. on était près de faire cette exécution, le spectre
de Polycrite apparut et se mit auprès de son
Plutus, —
dieu des richesses. Il était mis
enfant il était vêtu d'un habit noir. Les as-
;

au nombre des dieux infernaux, parce que


sistants effrayés voulaient s'enfuir il les rap- ;

les richesses se tirent du soin de la terre.


pela, leur dit de ne rien craindre, et fit en-
Dans les sacrifices en son honneur, les signes
suite, d'une voix grêle et basse, un beau
ordinairement funestes qu'offraient les en-
discours par' lequel il leur montra que, s'ils
trailles des victimes devaient toujours s'inter-
brûlaient sa femme et son fils, ils tomberaient
préter en bonne part.
dans des calamités extrêmes. Mais, voyant
Pocel , — roi de l'enfer chez les Prussiens, que malgré ses remontrances les Étoliens
ils nomment aussi Pocul le chef des hordes étaient décidés à faire ce qu'ils avaient ré-
d'esprits aériens, et Porquet celui qui garde solu, il prit son enfant, le mit en pièces et lo
les forêts. Ce dernier est le Pan des anciens 2 .
dévora. Le peuple fit des huées contre lui, et
Voy. Picolltjs et Pucel. lui jeta des pierres pour le chasser ; il fit peu
Poirier (Marguerite), — petite tille de d'attention à ces insultes et continua de man-
treize ans, qui déposa comme témoin contre ger son fils , dont il ne laissa que la tète après
— Ce prodige
,

Jean Grenier, jeune Ioup-garou. Elle déclara quoi il disparut. sembla si ef-
qu'un jour qu'elle gardait ses moutons dans froyable qu'on prit le dessein d'aller consulter
la prairie, Grenier se jeta sur elle en forme l'oracle de Delphes. Mais la tête de l'enfant,
de loup , et l'eût mangée si elle ne se fût dé- s'étant mise à parler, leur prédit, en vers, tous
fendue avec un bâton dont elle lui donna un ,
les malheurs qui devaient leur arriver dans
coup sur l'échiné. Elle avoua qu'il lui avait la suite, et, disent les anciens conteurs, la

dit qu'il se changeait en loup à volonté qu'il prédiction s'accomplit. La tête de l'enfant de
,

aimait à boire le sang et à manger la chair Polycrite ,


se trouvant exposée sur un marché
des petits garçons et des petites filles ce- ;
public ,
prédit encore aux Étoliens, alors en
pendant qu'il ne mangeait pas les bras ni guerre contre les Acarnaniens, qu'ils per-
les épaules 3. draient la bataille. — Ce Polycrite était un

Polkan ,

Centaure de Slavons auquel ,
vampire ou un ogre.
— On
on attribuait une force et une vitesse extraor- Polyphage. a publié à Wittemberg,
dinaire. Dans les anciens contes russes, on
ily a vingt ou trente ans une dissertation ,

le dépeint homme depuis la tète jusqu'à la


sous ce titre De Pohjphogo et alio triophago
:

IVitiembcrgensi dissertât io in-4°. C'est l'his-


ceinture, et cheval ou chien depuis la cein- ,

ture.
toire d'un des plus grands mangeurs qui aient
jamais existé. Cet homme, si distingué dans
Polyglossos, — nom que les anciens don-
son espèce, dévorait quand il voulait (ce qu'il
naient à un chêne prophétique de la forêt de
ne faisait toutefois que pour de l'argent) un
Dodone, qui rendait des oracles dans la lan-
mouton entier, ou un cochon ou deux bois- ,

gue de ceux qui venaient le consulter.


seaux de cerises avec leurs noyaux; il brisait
Polycrite. — Il y avait en Étolie un citoyen avec les dents, mâchait et avalait des vases
vénérable ,
nommé Polycrite que le peuple
,
de terre et de verre et même des pierres ,

avait élu gouverneur du pays , à cause de son très-dures il engloutissait comme un ogre
;

rare mérite et de sa probité. Sa dignité lui fut des animaux vivants oiseaux souris che- , , ,

prorogée jusqu'à trois ans, au bout desquels nilles , etc. Enfin , ce qui surpasse toute
croyance, on présenta un jour à cet avaîe-
1
Voyez l'Histoire naturelle de l'air et des météores, lout une écritoire couverte de plaques de
par l'abbé Richard.
fer; il la mangea avec les plumes, le canif,
2 Leloyer, Histoire des spectres, etc., liv. m, p. 212.
3 Delancre, Tabl. de l'inconstance des démons, etc., l'encre et le sable. Ce fait si singulier a été
liv. iv, p. 2ô7. attesté par sept témoins occulaires, devant le
PON pou
sénat de Wittemberg. — Quoi qu'il en soit, encore que où elle est placée. Le pont
le site
ce terrible mangeur jouissait d'une santé vi- est jeté entre deux montagnes droites et éle-
goureuse et termina ses prouesses à l'âge de
, vées, sur un torrent furieux, dont les eaux
soixante ans. Alors il commença à mener une tombent par cascades sur des rocs brisés
vie sobre et réglée, et vécut jusqu'à l'âge de et remplissent l'air de leur fracas et de leur
soixante-dix-neuf ans. Son cadavre fut ou- écume *. —
Le pont de Pont-à-Mousson était
vert, et on le trouva rempli de choses ex- aussi l'ouvrage du diable aussi bien que le ,

traordinaires, dont l'auteur donne la descrip- pont de Saint-Cloud , el le pont qu'on appelait
tion '. Le seconde partie de la dissertation à Bruxelles le Pont-du-Diable , et plusieurs
renferme l'histoire do quelques hommes de autres. L'architecte du pont de Saint-Cloud,
cette trempe, et l'explication de ces singula- n'ayant pas de quoi payer les maçons, se ven-
rités. —Mais le tout nous semble farci de ce dit au diable, qui fit la besogne à condition ,

que l'on appelle, en termes de journalisme qu'on lui donnerait la première personne qui
des canards; et il y en a beaucoup dans les traverserait le pont. L'architecte, qui était
récits de merveilles. rusé, y fit passer un chat que le diable emporta

Polyphîdée, — devin d'Hypérésie, pays d'assez mauvaise humeur. Voy. Tehtjptehuh .

d'Argos. Popoguno — enfer


des Yirginiens, dont
,

Polythéisme. —
Un brame de Calcutla a le supplice consiste à être suspendu entre le
ciel et la terre.
publié, ces dernières années, une défense
théologique du sysîème des Indous, qui ad- Poppiel, — voy. Hàttox.
mettent trois cent cinquante millions de dieux Porom-Houngse , sorte de fakirs chez les
et de déesses. Indiens ; ils se vantent d'être descendus du
Pomme- d'Adam. La légère protubérance — ciel de vivre des milliers d'années sans
et

qu'on appelle Pomme-d'Adam à la gorge des jamais prendre la moindre nourriture. Ce


hommes vient dans les opinions populaires, qu'il y a de vrai, c'est qu'on ne voit jamais
,

d'un pépin qui s"est arrêté là quand notre un porom-houngse manger ou boire en public.
premier père mangea le fruit défendu. Porphyre , — visionnaire grec, et philosophe
Pont. — Les anciens Scandinaves disaient creux du troisième siècle, que quelques-uns
que les dieux avaient fait un pont qui com- de ses ouvrages ont fait mettre au rang des
muniquait du ciel à la terre, et qu'ils le mon- sorciers.

taient à cheval. Quand Satan se révolta contre Porriciœ — entrailles


de la victime que
,

Dieu il fit bâtir un fameux pont qui allait de


, dans le feu après les avoir
les prêtres jetaient ,

l'abîme au paradis. Il est rompu. On ap- — considérées pour en tirer de bons ou de mau-
pelle Pont-d'Adam une suite de bancs de sable vais présages.
qui s'étendent presque en ligne directe entre Porta (Jean-Baptiste) ,
— physicien célè-
l'ile de Manaar et celle de Ceylan. C'est selon ,
bre qui a fait faire des pas à la science né à ,

les Chingulais, le chemin par lequel Adam, Naples vers 1550. On dit qu'il composa à
chassé du paradis, se rendit sur le continent. quinze ans les premiers livres de sa Magie
Les Indiens disent que le golfe se referma pour naturelle, qui sont gâtés par les préjugés du
empêcher son retour. siècle où il vécut. Il croyait à l'astrologie ju-
Pont-du-©iable. — Dans la vallée de diciaire, à la puissance indépendante des es-
Schellenen , en Suisse ,
l'imagination croit voir prits, etc. — On cite comme le meilleur de

partout les traces d'un agent surnaturel. Le ses ouvrages la Pliysiognomonie céleste , 1 661
diable n'est point, aux yeux de ces monta- in- 4° ; il chimères de
s'y déclare contre les
gnards, un ennemi malfaisant il s'est même ;
l'astrologie mais il continue néanmoins à
:

montré assez bonne personne, en perçant des attribuer une grande influence aux corps cé-
rochers, en jetant des ponts sur les préci- lestes. On lui doit encore un traité de Phy-

pices, etc. ,
que lui seul, selon les habitants, siognomonie où il compare les figures hu-
,

pouvait exécuter. — On ne peut rien imaginer maines aux ligures des animaux, pour en
de plus hardi que la route qui parcourt la tirer des inductions systématiques. Voy. Phy-
vallée de Schellenen. Après avoir suivi quel- SIOGNOMOiSflE,
que temps les détours capricieux de celte Porte. —
Les Tarlares manlchoux révèrent
roule terrible , on arrive à celle œuvre de un espiit gardien de la porte sorte de divi- ,

Satan qu'on appelle le Pont-du-Diable. Celte nité domestique qui écarte le malheur de leurs
construction imposante est moins merveilleuse maisons.

1
Extrait de l'Alnianach historique de l'an XI Voyage en Suisse d'Helène-Marie Williams.

PUS — k 7 — POS
Portes des Songes. Dans Virgile Tune — , desquels nous vivons? Dans tous les cas —
est de corne, l'autre est d'ivoire. Par la porte beaucoup de possessions, et la plupart, ont
de corne passent les songes véritables, et par été soupçonnées de charlatanisme. Nous
la porte d'ivoire les vaines illusions et les croyons que souvent le soupçon a été fondé.
songes trompeurs. — On a beaucoup écrit sur les démoniaques,
Possédés. — Le bourgdeTeilly, à (roislieues qui sont, disent les experts, plus ou moins

d'Amiens, donna en 1 81 6 le spectacle d'une fille tourmentés, suivant le cours de la lune.

qui voulait se faire passer pour possédée. Elle


L'historien Josèphe dit que ce ne sont pas les
était, disait-elle, au pouvoir de trois démons,
démons, mais les âmes des méchants, qui en-
trent dans les corps des possédés et les tour-
Mimi,Zozo et Cra poulet. Un honnête ecclésias-
tique prévint l'autorité, qui reconnut que cette mentent. —
On a vu des démoniaques à qui
fille était malade. On la fit entrer dans un hô- les diables arrachaient les ongles des pieds

pital, et il ne fut plus parlé de la |


ossession. — sans leur faire du mal. On en a vu marcher à
On trouve de la sorte dans le passé beaucoup quatre pattes, se traîner sur le dos, ramper
de supercheries, que la bonne foi de nos pères sur le ventre, marcher sur la tête. Il y en eut
n'a pas su réprimer assez tôt. Cependant il qui se sentaient chatouiller les pieds sans sa-
voir par qui d'autres parlaient des langues
y eut bien moins de scandales qu'on ne le ;

conte et les possessions n étaient pas de si


,
qu'ils n'avaient jamais apprises, etc. — En
libre allure qu'on le croit. — Une démoniaque l'an 1556, il se trouva à Amsterdam trente
commençait à faire du bruit sous Henri III;
enfants démoniaques que les exorcismes or- ,

envoya son chirurgien Pigray,


le roi aussitôt
dinaires ne purent délivrer on publia qu'ils ;

avec deux autres médecins, pour examiner n'étaient en cet état que par maléfices et sor-

l'affaire. Quand la possédée fut amenée devant tilèges ; ils vomissaient des ferrements , des
ces docteurs, on l'interrogea, et elle débita des lopins de verre, des cheveux, des aiguilles

sornettes. Le prieur des Capucins lui fit des de- et autres choses semblables. On conte qu'à
mandes en latin auxquelles elle répondit fort Rome, dans un hôpital, soixante-dix filles

mal; et enfin on trouva dans certains papiers devinrent folles ou démoniaques en une seule

qu'elle avait été déjà, quelques années précé-


nuit ;
deux ans se passèrent sans qu'on les

demment, fouettéeen place pub'.iquepouravoir pût guérir. Cela peut être arrivé, dit Cardan,

voulu se faire passer pour démoniaque on ou par le mauvais air du lieu, ou par la mau-

;

la condamna à une réclusion perpétuelle.


vaise eau ou par la fourberie, ou par suite
,

Du temps de Henri une Picarde se disait


III,
de mauvais déportemenls. On croyait re- —
possédée du diable, apparemment pour se connaître autrefois qu'une personne était dé-

rendre formidable. L'évèque d'Amiens qui moniaque à plusieurs signes : l° les contor-
,

sions; 2° l'enflure du visage 3° l'insensibilité


soupçonnait quelque imposture, la fit exor- ;

et la ladrerie 4° l'immobilité 5° les cla-


ciser par un laïque déguisé en prêtre, et lisant ; ;

les épilres de Cicéron. La démoniaque, qui


meurs du ventre ;
6° le regard fixe ;
7° des
réponses en français à des mots latins 8° les
savait son rôle par cœur, se tourmenta fit ,
;

des grimaces effroyables des cabrioles et des piqûres de lancette sans effusion de sang, etc.

cris, absolument comme si le diable, qu'elle


,

— Mais les saltimbanques et les grimaciers


disait chez elle, eut été en face d'un prêtre
font des contorsions, sanspour cela être pos-
lisant le livre sacré '. Elle fut ainsi démas- sédés du diable. L'enflure du visage, de la

quée. — Les vrais possédés ou démoniaques gorge, de la langue, est souvent causée par
sont ceux dont le diable s'est emparé. Plu- des vapeurs ou par la respiration retenue.
sieurs aujourd'hui prétendent que toutes les L'insensibilité peut bien être la suite
de quel-
possessions sont des monomanies des folies ,
que, maladie ou n'être que factice si la
, ,

plus ou moins furieuses, plus ou moins bi- personne insensible a beaucoup de force. Un
zarres. Mais comment expliquer ce fait qu'à jeune Lacédémonien se laissa ronger le foie
Gheel en Belgique où l'on traite les fous co-
,
par un ronard qu'il venait de voler, sans don-
lonisés, on guérit les fous furieux en les exor- ner le moindre signe de douleur un enfant se ;

cisant? Le savant docteur Moreau, dans la laissa brûler la main dans un sacrifice que
visite qu'il a faite à Gheel en 1842, et qu'il faisait Alexandre, sans faire aucun mouve-

a publiée a reconnu ce fait qui ne peut être


,
ment: du moins les historiens le disent. Ceux
,

contesté. Le diable serait-il donc pour quel- qui se faisaient fouetter devant l'autel de
que chose dans certaines folies? et connais- Diane ne fronçaient pas le sourcil. L'im- —
sons-nous bien tous les mystères au milieu mobilité est volontaire, aussi bien dans les
gestes que dans les regards. On est libre de
* Pigray, Traité de chirurgie. se iiiouvoir ou de ne se mouvoir pas, pour

POS — L ;
- pus
peu qu'on ait de fermeté dans les nerfs. Les dyme n'était pas en réputation de sainteté,
clameurs et jappements que les possédés fai- mais suspecte au contraire à cause de ses
saient entendre dans leur ventre sont expli- mœurs fâcheuses. » On la reconnut possédée
qués par nos ventriloques. On attribuait — et sorcière; on découvrit le 29 mars 1617
aussi à la présence du diable les piqûres d'ai- qu'elle avait sur le dos une marque faite par
guille ou de lancette sans effusion de sang; le diable. Elle confessa avoir été à la syna-
niais dans les mélancoliques, le sang, qui est gogue (c'est ainsi qu'elle nommait le sabbat),
épais et grossier, ne peut souvent sortir par y avoir eu commerce avec le diable et y avoir
une petite ouverture, et les médecins disent reçu ses marques. Elle s'accusa d'avoir fait
que certaines personnes piquées de la lan- des maléfices d'avoir reçu du diable des
,

cette ne saignent point. —


On regardait encore poudres pour nuire, et de les avoir employées
comme possédés les gens d'un estomac faible, avec certaine formule de paroles terribles.
qui, ne digérant point, rendaient les choses Elle avait, disait-elle, un démon familier de
telles qu'ils les avaient avalées. Les fous et l'ordre de Belzébuth. Elle dit encore qu'elle
les maniaques avaient la même réputation. com-
avait entrepris d'ôter la dévotion à sa
Les symptômes de la manie sont si affreux % munauté pour la perdre; que, pour elle, elle
que nos ancêtres sont très-excusables de l'a- avait mieux aimé le diable que son Dieu.
voir mise sur le compte des esprits malins. Elle avait renoncé à Dieu, livrant corps et
On a publié un traité sur les démoniaques in- âme au démon ce qu'elle avait confirmé en
;

titulé : Recherches sur ce qu'il faut entendre donnant au diable quatre épingles; convention
par les démoniaques dont il est parlé dans le qu'elle avait signée de son sang, tiré de sa
Nouveau Testament, par T. P. A. P. 0. A. veine avec une petite lancette que le diable
B. J. T. G 0. S., in-12, 1 738, lui avait fournie. Elle se confessa encore de

Possédées de Flandre. L'affaire des — plusieurs abominations et dit qu'elle avait


,

possédées de Flandre au dix-septième siècle,


,
entendu parler au sabbat d'un certain grand
a fait trop de bruit pour que nous puissions miracle par lequel Dieu exterminera la syna-
nous dispenser d'en parler. Leur histoire a gogue et alors ce sera fait de Belzébuth qui
;

été écrite en deux volumes in-8° par les sera plus puni que les autres. Elle parla de
;

pères Domptius et Michaelis. Ces possédées — grands combats que lui livraient le diable et
étaient trois femmes qu'on exorcisa à Douay. la princesse des enfers pour empêcher sa con-

L'une était Didyme, qui répondait en vers et fession. Puis elle désavoua tout ce qu'elle

en prose disait des mots latins et des mois


,
avait confessé s'écriant que le diable la per-
,

hébreux, et faisait des impromptus. C'était dait. Etait-ce folie? dans tous les cas celte

une religieuse infectée d'hérésie et convain- folie était affreuse. —


Marie de Sains disait
cue de mauvaises mœurs. La seconde était de son côté qu'elle s'était aussi donnée au
une fille, appelée Simone Dourlet, qui ne ré- diable, qu'elle avait assisté au sabbat, qu'elle

pugnait pas à passer pour sorcière. La troi- y avait adoré le diable une chandelle noire ,

sième était Marie de Sains qui allait au à la main. Elle prétendit que l'Antéchrist était

sabbat et prophétisait
,

par l'esprit de Satan. venu, et elle expliquait l'Apocalypse. Si- —


La presse du temps a publié un factum cu- mone Dourlet avait aussi fréquenté le sabbat.

rieux intitulé les Confessions de Dédyme,


:
Mais comme elle témoignait du repentir, on

sorcière pénitente, avec les choses quelle a la mit en liberté ,


car elle était arrêtée comme
déposées touchant la synagogue de Satan. sorcière. Un jeune homme de Valenciennes,
de ces jeunes gens dont la race n'est pas
Plus les instances que cette complice (qui de-
,

puis est rechutée) a faites pour rendre nulles perdue, pour qui le scandale est un attrait,
s'éprit alors de Simone Dourlet et voulut l'é-
ses premières confessions : véritable récit de
tout ce qui s est passé en cette affaire. Paris, pouser. L'ex- sorcière y consentit. Mais le

1623. —
On voit, d;ms cette pièce, que « Di- comte d'Estaires la fit remettre en prison, où
elle fut retenue long-temps avec Marie de
1
La manie universelle est le spectacle le plus hideux
et le plus terrible qu'on puisse voir. Le maniaque a les
Sains. Didyme fut brûlée. Voy. Sabbat.
yeux fixes, sanglants, tantôt hors de l'orbite tantôt en-
,
Postel (Gi'illaume visionnaire du sei-
,
)
foncés, le visage rouge, les vaisseaux engorgés, les traits
altérés, tout le corps en contraction; il ne reconnaît zième siècle, né au diocèse d'Avranches. Il
plus ni amis, ni parents, ni enfants, ni épouse. Sombre, fut si précoce qu'à l'âge de quatorze ans on
furieux, rêveur, cherchant la terre nue et l'obscurité, il
s'irrite du contact de ses vêtements, qu'il déchire avec le fit maître d école. Il ne devint absurde que
les ongles et avec les dents, même de celui de l'air et de
dans l'âge mùr. On dit qu'une lecture trop
\ji lumière, contre lesquels il s'ép:;i«e en sputations et

en vociférations. La faim, la soif, le chaud, ic froid, de- approfondie des ouvrages des rabbins et la
viennent souvent, pour le maniaque, des sensations in- précipitèrent
vivacité de son imagination le
connues, d'autres fois exaltées. (Le docteur Fodéré, Mé-
decine légale.) dans des écarts qui semèrent sa vie de trou-
POU — l )9 — PUÉ
bles ,
et lui causèrent de cuisants chagrins. Il Pou sha, - dieu de la porcelaine cjiez les
crut qu'il était appelé par Dieu à réunir tous Des ouvriers, dit -on, ne pouvant
Chinois.
les hommes sous une même loi ,
par la parole exécuter un dessin donné par un empereur,
ou par le glaive, voulant toutefois les sou- l'un deux, nommé Pou-sha, dans un moment
mettre à l'autorité du pape et du roi de de désespoir s'élança dans le fourneau tout
,

France, à qui la monarchie universelle ap- ardent. Il fut à l'instant consumé, et la por-
partenait de droit, comme descendant en li- celaine prit la forme que souhaitait le prince.
gne directe du fils aîné de Noé. S' étant — Ce malheureux acquit à ce prix l'honneur de
donc fait nommer aumônier à l'hôpital de présider, en qualité de dieu, aux ouvrages
Venise, il se lia avec une femme timbrée, de porcelaine.
connue sous le nom de mère Jeanne, dont les Poule noire. —
C'est en sacrifiant une poule
visions achevèrent de lui tourner la tête. Pos- noire à minuit dans un carrefour, qu'on en-
,

tel se prétendit capable d'instruire et de con- gage le diable à venir faire pacte. Il faut pro-
vertir le monde entier. A la nouvelle des rê- noncer une conjuration, ne se point retourner,
veries qu'il débitait il fut dénoncé comme faire un trou en terre y répandre le sang de
,

hérétique mais on le mit hors de cause


;
la poule et l'y enterrer. Le même jour, ou

comme fou. Après avoir parcouru l'Orient et neuf jours après, le diable vient et donne de
fait paraître plusieurs ouvrages dans lesquels l'argent ou bien il fait présent à celui qui a
,

il parle des visions de la mère Jeanne il ,


sacrifié d'une autre poule noire qui est une
rentra dans de meilleurs sentiments, se re- poule aux œufs d'or. Les doctes croient que
tira au prieuré de Saint-Martin-des-Champs ces sortes de poules, données par le diable,
à Paris, et y mourut en chrétien à quatre- sont de vrais démons. Le juif Samuel Bernard,
vingt-seize ans, le 6 septembre 1581 On lui banquier de la cour de France, mort à qimtre-
attribue à tort le livre des Trois imposteurs. vingt-dix ans en '1739, et dont on voyait la
Voy. Jeanne. maison à la place des Victoires, à Paris, avait,
Pot à beurre. — Un habile exorciste disait on, une poule noire qu'il soignait extrê-
avait enfermé plusieurs démons dans un pot mement il mourut peu de jours après sa
;

à beurre ;
après sa mort, comme les démons poule, laissant trente-trois millions. La su- —
faisaientdu bruit dans le pot, les héritiers le perstition de la poule noire est encore très-

cassèrent, persuadés qu'ils allaient y sur- répandue. On dit en Bretagne quVn vend la
prendre quelque trésor; mais ils n'y trouvè- poule noire au diable, qui l'achète à minuit,
rent que le diable assez mal logé. Il s'en- et paie le prix qu'on lui en demande l
. — 11

vola avec ses compagnons, et laissa le pot y a un mauvais dont voici le


et sot petit livre

vide ». titre la Poule noire ou la poule aux œufs


:

Pou d'argent.
décoration que — C'est la
d'or, avec la science des talismans et des an-

le diable donne aux sorciers. Voy. Sabbat. neaux magiques, l'art de la nécromancie et

Poudot ,
— savetier de Toulouse , dans la
de la cabale, pour conjurer les esprits infer-
naux, les sylphes, les ondins les gnômes, ,
mai-son duquel le diable se cacha en '1557. Le
acquérir la connaissance des sciences secrètes,
malin jetait des pierres qu'il tenait enfermées
découvrir les trésors et obtenir le pouvoir de
dans un coffre que l'on trouva fermé à clef,
et que l'on enfonça
commander à tous les êtres et déjouer tous les
mais, malgré qu'on le ;
maléfices et sortilèges, etc. En Égypte, 740
vidât, se remplissait toujours. Cette circon- ,

stance
il

fit beaucoup de bruit dans la ville, et


'I
— Ce
vol. in-18. n'est qu'un fatras niais et
incompréhensible.
président de cour de justice, M. Latomy,
Poupart — voy
le la
,Apparitions.
Le diable fit sauter
vint voir cette merveille.
son bonnet d'un coup de pierre au moment
Pra-Ariaseria ,

personnage fameux qui
vivait dans le royaume de Siam, du temps de
où il entrait dans la chambre où était ce
coffre; s'enfuit effrayé, et on
Sommona-Codom Les Siamois en font un co-
il ne délogea
losse de quarante brasses et demie de circon-
qu'avec peine cet esprit, qui faisait des tours
férence, et de trois brasses et demie de dia-
de physique amusante 2 .

Poulets, — voy. Augures. mètre, ce qui paraît peu compréhensible. Il


est vrai que nous ne savons pas quelle était
Pourang ,
— nom du premier homme , selon
sa forme.
les Japonais ,

échauffée par l'haleine d'un bœuf, après qu'il


lequel sortit d'une citrouille
Préadamites. —
En 1 655 Isaac de la Per- ,

reyre fit imprimer, en Hollande, un livre dans


eut cassé l'œuf d'où le monde était issu.
lequel il voulait établir qu'il y a eu des hommes
1
Legenda aurea Jac. de Voragine, leg. 88. avant Adam. Quoiqu'il n'eût pour appui que
* M. Garinet,Hi&t. de la magie en France, p. 124.
1
Canibry, Voyage dans le Finistère, t. 111, p. 16.
PUE —vio- PRE
les fables des Egyptiens et des Chaldéens, Prélati, — charlatan de magie. Voy. Raiz-
ce paradoxe eut un moment des sectateurs,
comme en ont toutes les absurdités. Desma-
Présage*. — Celte faiblesse, qui consiste
à regarder comme des indices de l'avenir les
rais, qui professait à Groningue, le combattit
événements les plus simples et les plus na-
et plus tard l'auteur même se rétracta.
branches
Précy — voy. Rambouillet.
,
turels, est l'une des
dérables de la superstition. 11 est
les plus consi-
à remarquer
Prédictions. — Pompée César , et Crassus qu'on distinguait autrefois les présages des
avaient été assurés par d'habiles astrologues augures en ce que ceux-ci s'entendaient des
,

qu'ilsmourraient chez eux comblés de gloire, augures recherchés ou interprétés selon les
de biens et d'années, et tous trois périrent règles de l'art augurai , et que les présages
misérablement. Charles-Quint, François I er et qui s'offraient fortuitement étaient interprétés
Henri VIII, tous trois contemporains, furent par chaque particulier d'une manière plus
menacés de mort violente, et leur mort ne fut vague et plus arbitraire. De nos jours on —
que naturelle. —
Le grand seigneur Osman regarde comme d'un très-mauvais augure de
voulant déclarer la guerre à la Pologne en déchirer trois fois ses manchettes de trouver ;

4 malgré les remontrances de ses mi-


62-1, sur une table des couteaux en croix d'y voir ,

nistres, un santon aborda le sultan et lui dit: des salières renversées etc. Quand nous ren- ,

« Dieu m'a révélé la nuit dernière dans une controns en chemin quelqu'un qui nous de-
vision que, si Ta Hautesse va plus loin, elle mande où nous allons il faut retourner sur ,

est en danger de perdre son empire; tonépée nos pas, de peur que mal ne nous arrive. —
ne peut celle année faire de mal à qui que ce Si une personne à jeun raconte un mauvais
soit — Voyons, dit Osman, si la prédiction songe à une personne qui ait déjeuné le ,

est certaine ; » et donnant son cimeterre à un songe sera funeste à la première. Il sera fu-
janissaire, il lui commanda de couper la tète neste à la seconde si elle est à jeun, et que ,

à ce prétendu prophète , ce qui fut exécuté la première ait déjeuné. Il sera funeste à
sur-le-champ. —
Cependant Osman réussit toutes les deux si toutes les deux sont à jeun.
,

mal dans son entreprise contre la Pologne et , Il serait sans conséquence, si toutes les deux

perdit, peu de temps après, la vie avec l'em- ont l'estomac garni. Malheureux générale- —
pire. —
On cite encore le fait suivant, comme ment qui rencontre le matin, ou un lièvre, ou
exemple de prédiction accomplie Un an- : — un serpent on un lézard ou un cerf , ou un
, ,

cien coureur, nommé Languille , s'était retiré chevreuil, ou un sanglier Heureux qui ren- !

sur ses vieux jours à Aubagne près de Mar- contre un loup, une cigale, une chèvre, un
seille.Il se prit de querelle avec le bedeau crapaud! Voy. Araignée, Chasse, Pie, Hi-
de la paroisse qui était en même temps fos-
,
bou, etc., etc., etc. Cécilia, femme de —
soyeur; cette dispute avait produit une haine Métellus, consultait les dieux sur l'établisse-
si que Languille avail signifié au bedeau
vive, ment de qui était nubile. Cette jeune
sa nièce ,

qu'il ne mourrait jamais que par lui de sorte ;


fille, de se tenir debout devant l'autel
lasse
que le pauvre bedeau effrayé l'évitait comme sans recevoir de réponse, pria sa tante de lui
un ennemi formidable. —
Peu de temps après, prêter la moitié de son siège. « De bon cœur,
Languille mourut, âgé de soixante-quinze ans. lui dit Cécilia je vous cède même ma place
,

Il logeait dans une espèce de chambre haute tout entière. » Sa bonté lui inspira ces mots,
où l'on montait par un escalier étroit et très- qui furent pourtant, dit Valère-Maxime, un
roide. Quand il fut question de l'enterrer, le présage de ce qui devait arriver; car Cécilia
bedeau bien joyeux alla le chercher, et char- mourut quelque temps après et Métellus ,

gea sur ses épaules la bière dans laquelle épousa sa nièce. Lorsque Paul-Émile fai-—
était le corps de Languille, qui était devenu sait la guerre au roi Persée il lui arriva ,

assez gros. Mais en le descendant d'un air quelque chose de remarquable. Un jour, ren-
triomphal, il fit un faux pas, glissa en avant; trant à sa maison il embrassa selon sa cou- ,
,

la bière tombant sur lui l'écrasa. Ainsi s'ac- tume, la plus jeune de ses filles, nommée Ter-
complit la menace de Languille, autrement tia, et la voyant plus triste qu'à l'ordinaire,
sans doute qu'il ne l'avait entendu. — Ma- il lui demanda de son chagrin. Cette
le sujet
nière de prédire l'avenir. Qu'on brûle de — petite fille lui répondit que Persée était mort
la graine de
des racines de persil et de
lin , (un petit chien que l'enfant nommait ainsi
violette qu'on se mette dans cette fumée
;
venait de mourir). Paul saisit le présage; et
on prédira les choses futures Voy. As- en effet, peu de temps après, il vainquit le
et entra triomphant dans Rome
1
trologie, etc. roi Persée ,

1
Weckcr, des Secrets merveilleux. 1
Valère Maxime.
PRE 411 — PRE
— Un peu avant l'invasion des Espagnols au regardé comme très-sinistre dans le village

Mexique on prit au lac de Mexico un oiseau


, d'Arebo, quoiqu'il soit situé dans le même
de la forme d'une grue, qu'on porta à l'em- royaume de Bénin.
pereur Montézuma, comme une chose prodi- Prescience —
connaissance certaine et in-
,

gieuse. Cet oiseau dit le conte avait au haut


, ,
de l'avenir. Elle n'appartient qu'à
faillible
de une espèce de miroir où Montézuma
la tète Dieu. Rappelons-nous ici la maxime d'Her-
vit les de quoi il
cieux parsemés d'étoiles ,
vey : « Mortel, qui que tu sois, examine et
s'étonna grandement. Puis levant les yeux au pèse tant que tu voudras ; nul sur la terre
ciel, et n'y voyant plus d'étoiles, il regarda ne sait quelle fin l'attend. »

une seconde fois dans le miroir, et aperçut


un peuple qui venait de l'Orient, armé, com-
— AMULETTES, CORNES,
Préservatifs, VOIJ.
Phylactères, Troupeaux, etc.
battant et tuant. Ses devins étant venus pour
Pressentiment — Suétone assure que Cal-
lui expliquer ce présage , l'oiseau disparut , les
purnie fut tourmentée de noirs pressenti-
laissant en grand trouble. « C'était , à mon avis,
ments peu d'heures avant la mort de César.
dit Delancre, son mauvais démon qui venait lui
annoncer sa fin, laquelle lui arriva bientôt.» — Mais que sont les pressentiments? est-ce une
voix secrète et intérieure ? est-ce une inspi-
Dans le royaume de Loango en Afrique, on re-
ration céleste ? est-ce la présence d'un génie
garde comme le présage le plus funeste pour
invisible qui veille sur nos destinées ? Les an-
le roi que quelqu'un le voie boire et manger;
ciens avaient fait du pressentiment une sorte
ainsi il est absolument seul et sans domesti-
de religion et de nos jours on y ajoute foi.
,
ques quand il prend ses repas. Les voyageurs,
M. C. de H..., après s'être beaucoup amusé
en parlant de cette superstition rapportent ,

au bal de l'Opéra, mourut d'un coup de sang


un trait barbare d'un roi de Loango Un de :

en rentrant chez lui. Madame de V., sa soeur,


ses fils, âgé de huit ou neuf ans, étant entré
qui l'avait quitté assez tard, fut tourmentée
imprudemment dans la salle où il mangeait,
toute la nuit de songes affreux qui lui repré-
et clans le moment qu'il buvait, il se leva do
sentaient son frère dans un grand danger,
table, appela le grand- prêtre, qui saisit cet
l'appelant à son secours. Souvent réveillée
enfant, le fit égorger, et frotta de son sang
en sursaut, et dans des agitations continuel-
les bras du père, pour détourner les mal-
les, quoiqu'elle sût que son frère était au bal
heurs dojit ce menacer.
présage semblait le
de l Opéra , elle n'eut rien de plus pressé,
Un aulre roi de Loango fit assommer un chien
qu'il aimait beaucoup, et qui, l'ayant un jour
dès que le jour parut, que de demander sa
suivi, avait assisté à son dîner ». Les hur- — voiture et de courir chez l'objet de sa ten-
moment que
dresse fraternelle. Elle arriva au
lements des bètes sauvages les cris des cerfs ,

le suisse avait reçu ordre de ne laisser en-


et des singes sont des présages sinistres pour
trer personne, et de dire que M. C. de R....
les Siamois. S'ils rencontrent un serpent qui
avait besoin de repos. Elle s'en retourna con-
leur barre le chemin c'est pour eux une ,

solée et riant de sa frayeur. Ce ne fut que


raison suffisante de s'en retourner sur leurs
dans l'après-midi qu'elle apprit que ses noirs
pas, persuadés que l'affaire pour laquelle ils
pressentiments ne l'avaient point trompée .
sont sortis ne peut pas réussir. La chute de
Voy. Songes.
quelque meuble que le hasard renverse est
aussi d'un très-mauvais augure. Que le ton- Pressine — VOy. MÉLUSINE
,

nerre vienne à tomber, par un effet naturel Prestantius, — EXTASES. VOIJ.

Prestiges. —
et commun voilà de quoi gâter la meilleure
y a eu de nos jours
,
« Il , dit
affaire. Plusieurs poussent encore plus loin la
Gaspard Peucer, en ses commentaires de Di-
superstition et l'extravagance. Dans une cir-
vinatione, une vierge bateleuse à Bologne,
constance critique et embarrassaate, ils pren-
laquelle, pour l'excellence de son art, était
dront pour règle de leur conduite les pre-
fort renommée par toute l'Italie; néanmoins
mières paroles qui échapperont au hasard à
elle ne
avec toute sa science, si bien pro-
sut,
un passant, et qu'ils interpréteront à leur ma-
longer sa vie qu'enfin, surprise de maladie,
nière. —
Dans le royaume de Bénin, en Afri-
elle ne mourût. Quelque autre magicien, qui
que, on regarde comme un augure très-favo-
l'avait toujours accompagnée, sachant le pro-
rable qu'une femme accouche de deux enfants
fit qu'elle retirait de son art pendant sa vie,
jumeaux le roi ne manque pas d'èlre aussitôt
:

lui mit, par le secours des esprits, quelque


informé de cette importante nouvelle, et l'on
charme ou poison sous les aisselles de sorte ,

célèbre par des concerts et des festins un


qu'il semblait qu'elle eût vie, et commença à
événement si heureux. Le môme présage est
1
Saint-Foix, Essais historiques. 1
Spectriana, p. 64,
. ,

piu — k 12 — PRO
se retrouver aux assemblées jouant de la har- Prodige ,
— événement surprenant dont
pe, chantant, sautant et dansant, comme elle on ignore la cause, et que l'on est tenté de
avait accoutumé de sorte qu'elle ne différait
; regarder comme surnaturel. C'est la définition
d'une personne vivante que par sa couleur qui de Bergier. Sous le consulat de Volumnius
était excessivement pâle. Peu de jours après, on entendit parler un bœuf il tomba du ciel, ;

il se trouva à Bologne un autre magicien, le- en forme de pluie, des morceaux de chair,
quel, averti de l'excellence de l'art de cette que les oiseaux dévorèrent en grande partie ;

fille, la voulut voir jouer comme les autres. le reste fut quelques jours sur la terre sans

Mais à peine l'eut-il vue, qu'il s'écria «Que : rendre de mauvaise odeur. Dans d'autres
faites- vous ici, messieurs? celle que vous temps on rapporta des événements aussi
,

voyez devant vos yeux qui fait de si jolis ,


extraordinaires qui ont néanmoins trouvé
,

soubresauts n'est autre qu'une charogne


, créance parmi les hommes un enfant de six :

morte; » et à l'instant elle tomba morte à ter- mois cria victoire dans un marché de bœufs.
re. Au moyen de quoi le prestige et l'enchan- Il plut des pierres à Picenne. Dans les Gaules,
teur furent découverts. » un loup s'approcha d'une sentinelle, lui lira
Prétextât, Extases. — voy.
Une jeune — l'épée du fourreau et l'emporta. Il parut en

femme de de Laon vit le diable sous


la ville Sicile une sueur de sang sur deux boucliers ;

la forme de son grand-père, puis sous celles et pendant la seconde guerre punique un
,
,

d'une bêle velue, d'un chat, d'un escarbot, taureau dit en présence de Cneus Domitius :

d'une guêpe et d'une jeune fille 1 Voy. Ap- .


Rome, prends garde à toi 1 ! Dans la ville de
paritions, Enchantements, Sicidites, Méta- Galène sous le consulat de Lépide on en-
, ,

morphoses, Charmes, etc. tendit parler un coq d'Inde, qui ne s'appelait

Prêtres noirs. C'est le nom que don-— pas alors un coq d'Inde car c'était une pin-
tade. Voilà des prodiges.
;

— Delancre parle
nent aux prêtres du sabbat.
les sorciers

Prières superstitieuses. NOUS emprun- — d'un sorcier qui, de son temps, sauta du haut
d'une montagne sur un rocher éloigné de deux
tons à l'abbé Thiers et à quelques autres ces
petits chefs-d'œuvre de niaiserie ou de naï-
lieues. — Un homme ayant bu
Quel saut!...
vomit deux
veté. — Pour le mal de dents: Sainte Apol-
du lait, Schenkius dit
chiens blancs aveugles. — Vers du mois
qu'il
la fin
petits

line qui est assise sur la pierre; sainte Apol-


d'août 1682, on montrait à Charenton une
line, que faites-vous là ? Je suis venue ici — qui vomissait des chenilles, des limaçons,
fille
pour le mal de dents. Si c'est un ver, ça s o-
tera si c'est une goutte, ça s'en ira.
; Con- — des araignées et beaucoup d'autres insectes.
Les docteurs de Paris étaient émerveillés. Le
tre le tonnerre. Sainte Barbe, sainte Fleur,
fait semblait constant. Ce n'était pas en se-
la vraie croix de notre Seigneur partout où
cret, c'était devant des assemblées nombreu-
;

cette oraison se dira jamais le tonnerre ne ,

tombera. —
Pour toutes les blessures. Dieu
ses que ces singuliers vomissements avaient
lieu déjà on préparait de toutes parts des
me bénisse et me guérisse, moi pauvre créa- ;

dissertations pour expliquer ce phénomène ,


ture, de toute espèce de blessure, quelle
lorsque le lieutenant criminel entreprit de
qu'elle soit , en l'honneur de Dieu et de la
s'immiscer dans l'affaire. Il interrogea la ma-
Vierge Marie, et de messieurs saint Cosme et
léficiée, lui fit peur du fouet et du carcan, et
saint Damien. Amen. Pour les maladies — elle avoua que depuis sept ou huit mois elle
des yeux. Monsieur saint Jean passant par ici
s'était accoutumée à avaler des chenilles, des
trouva trois vierges en son chemin. Il leur
araignées et des insectes; qu'elle désirait de-
dit: Vierges, que faites-vous ici? — Nous
puis long-temps avaler des crapauds mais
guérissons de la maille. — Oh! guérissez, ,

vierges, guérissez cet œil. — Pour arrêter le


qu'elle n'avait pu s'en procurer d'assez petits*.
On a pu lirejl y a vingt ans un fait pareil rap-
sang du nez. Jésus-Christ est né en Bethléem,
porté dans les journaux. Une femme vomis-
et a souffert en Jérusalem. Son sang s'est
sait des grenouilles et des crapauds un mé- ;

troublé; je le dis et te commande, sang, que


decin peu crédule, appelé pour vérifier le
tu t'arrêtes par la puissance de Dieu, par l'ai-
fait, pressa de questions la malade, et parvint
de de saint Fiacre et de tous les saints, tout
à lui faire avouer qu'elle avait eu recours à
ainsi que le Jourdain, dans lequel saint Jean-
celte jonglerie pour gagner un peu d'ar-
Baptiste baptisa notre Seigneur, s'est arrêté.
gent \
Au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit,
et
lu//. Oraison du Loup, Garoks, Barrk-a- 1
Valère Maxime
3 nature, article Estomac.
Dii:i ,
etc. Dict. des merveilles île la
3 M. Saignes, Des erreurs et des préjugés, t. II,
1
Cornelii Gemma? Cosmocritinr , lib. il, <;»)>. 2. p. 94.
,

PUO — h\ 3 — vu:
Prométhée. —
Atlas et Prométhée, tous Prophètes —
Les Turcs en reconnaissent
.

deux grands astrologues vivaient du temps , plus de cent quarante mille les seuls que ;

de Joseph. Quand Jupiter délivra Prométhée nous devions révérer comme vrais prophètes
de l'aigle ou du vautour qui devait lui dévo- sont ceux des saintes Écritures. Toutes les —
rer les entraillespendant trente mille ans, le fausses religions en ont eu de faux comme
dieu qui avait juré de ne le point détacher
,
elles.

du Caucase, ne voulut pas fausser son ser- Prophéties, — VOIJ. PRÉDICTIONS, SIBYL-
inent, et lui ordonna de porter à son doigt un LES Devins etc.
, ,

anneau où serait enchâssé un fragment de


ce rocher. C'est là, selon Pline, l'origine des
Proserpine —
épouse de Pluton selon les
,

païens, et reine de l'empire infernal. Selon


bagues enchantées.
les démonomanes, Proserpine est archidu-
Pronostics populaires. — Quand les chênes chesse et souveraine princesse des esprits
portent beaucoup de glands, ils pronostiquent malins. Son nom vient de proserpere, ramper,
un hiver long et rigoureux. Tel vendredi — serpenter ; les interprètes voient en elle le ser-
tel dimanche. Le peuple croit qu'un vendredi pent funeste.
pluvieux ne peut être suivi d'un dimanche
serein. Racine a dit au contraire :
Prostrophies esprits malfaisants qu'il
, —
supplier avec ferveur, chez les anciens,
fallait
Ma foi sur l'avenir bien fou qui se fiera, pour éviter leur colère.
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
Pruflas ou Busas, et grand- — grand prince
Si lahuppe chante avant que les vignes ne régna dans Baby-
duc de l'empire infernal. Il
germent c'est un signe d'abondance de vin
, :

lone, quoiqu'il eût la tète d'un hibou. Il ex-


De saint Paul la claire journée cite les discordes, allume les guerres, les
Nous dénote une bonne année.
querelles , et réduit à la mendicité ; il répond
Si l'on voit épais les brouillards,
Mortalité de toutes parts. avec profusion à tout ce qu'on lui demande ,

S'il fait vent, nous aurons la guerre ; il a vingt-six légions sous ses ordres
neige ou pleut, cherté sur terre;'
S'il

Sibeaucoup d'eau tombe en ce mois, Pséphos, —


sorte de divination où l'on fai-
;

Lors peu de vin croître tu vois. sait usage de petits cailloux, qu'on cachait
dans du sable.
Des étoiles en plein jour pronostiquent des in-
cendies et des guerres. Sous le règne de Con- Psychomancie ,
— divination par les es-

stance, il y eut un jour de ténèbres pendant ou art d'évoquer


prits, les morts. Voy. Nécro-
lequel on vit les étoiles; le soleil à son lever mancie.
était aussi pâle que la lune : ce qui présageait Psylles, —
peuples de Libye, dont la pré-
la famine et la peste. sence seule charmait le poison le plus subtil
Du jour de saint Médard, en juin, des serpents les plus redoutables. Ils préten-
Le laboureur se donne soin ; daient aussi guérir la morsure des serpents
Car les anciens disent, s'il pleut,
avec leur salive ou par leur simple attouche-
Que trente jours durer il peut.
Et s'il fait beau, sois tout certain
ment. Hérodote prétend que les anciens Psyl-
D'avoir abondamment du grain. les périrent dans
guerre insensée qu'ils en-
la

treprirent contre le vent du midi indignés ,


Les tonnerres du soir amènent un orage lés ;
qu'ils étaient de voir leurs sources désséchées.
tonnerres du matin promettent des vents
ceux qu'on entend vers midi annoncent la
;

Psylotoxotes, — peuple imaginaire de Lu-


pluie. Les pluies de pierres pronostiquent des cien. Ils étaient montés sur des puces grosses
charges et des surcroîts d impôts. comme des éléphants.

Quiconque en août dormira Publius, -- VOIJ. TÊTE.


Sur midi, s'en repentira. Pucel, — grand et puissant duc de l'enfer;
Bref en tous temps je te prédi
il paraît sous la forme d'un ange obscur ;
il
Qu'il ne faut dormir à midi.
répond sur les sciences occultes il apprend ;

Trois soleils pronostiquent un triumvirat. On la géométrie et les arts libéraux il cause de ;

vit trois soleils, dit Cardan, après mort de la grands bruits et fait entendre le mugissement
Jules César; la même chose eut lieu un peu des eaux dans les lieux où il n'y en a pas. Il
avant le règne de François I er Charles-Quint , commande quarante-huit légions 2 . 11 pourrait
et Henri VIII. —
Si le soleil luit avant la bien être le même que Pocel.
messe le jour de la Chandeleur, c'est un si-
gne que l'hiver sera encore bien long. — Pucelle d'Orléans, — Vû\J. JEANNE d'Arc.
Qui
se couche avec les chiens se lève avec les 1 Wierus, in Pseudomonarchiâ dœm.
puces. 2 Wierus, in Pscudomon. d.'em.
PUR — /i l/i — PYR
Puces. — L'abbé Thiers, parmi les super- Putéorites, — secte juive dont la super-
stitions qu'il a recueillies ,
rapporte celle-ci : stition consistait à rendre des honneurs par-
qu'on peut se prémunir contre la piqûre des ticuliers aux puits et aux fontaines.
puces, en disant Och och. : , Pygmées ,
— peuple fabuleux qu'on disait
Punaises. —
avec du bon vi-
Si on les boit avoir existé en Thrace. C'étaient des hommes
naigre, elles font sortir du corps les sangsues qui n'avaient qu'une coudée de haut; leurs
que l'on a avalées, sans y prendre garde en ,
femmes accouchaient à trois ans et étaient
buvant de l'eau de marais Leurs villes et leurs maisons
vieilles à huit.

Purgatoire. — Les juifs reconnaissent une n'étaient bâties que de coquilles d'oeufs à la :

sorte de purgatoire qui dure pendant toute la campagne ils se retiraient dans des trous
première année qui suit la mort de la per- qu'ils faisaient sous terre. Ils coupaient leurs

sonne décédée. L'âme pendant ces douze ,


blés avec des cognées comme s'il eût été ,

mois a la liberté de venir visiter son corps


,
question d'abattre une forêt. Une armée de ces

et revoir les lieux et les personnes pour les- petitshommes attaqua Hercule, qui s'était en-
quels elle a eu pendant la vie quelque af- dormi après la défaite du géant Antée, et prit
fection particulière. Le jour du sabbat est pour pour le vaincre les mêmes précautions qu'on
elle un jour de relâche. Les Kalmoucks — prendrait pour former un siège. Les deux ailes

croient que les Berrids, qui sont les habitants de cette petite armée fondent sur la main du
de leur purgatoire, ressemblent à des lisons héros ;
et, pendant que le corps de bataille
s'attache à la gauche, et que les archers tien-
ardents et souffrent surtout de la faim et de la
soif. Veulent-ils boire, à l'instant ils se voient nent ses pieds assiégés la reine avec ses , ,

environnés de sabres, de lances, de couteaux plus braves sujets, livre un assaut à la tête.
;

à l'aspect des aliments, leur bouche se rétré- Hercule se réveille, et riant du projet de cette
cit comme un trou d'aiguille leur gosier ne fourmillière les enveloppe tous dans sa peau
,


,

conserve que le diamètre d'un fil , et leur de Eurysthée.


lion et les porte à Les Pyg-
ventre s'élargit et se déploie sur leurs cuisses mées avaient guerre permanente contre les
comme un paquet d'allumettes. Leur nourri- grues, qui tous les ans venaient de la Scythie
ture ordinaire compose d'étincelles.
se — les attaquer. Montés sur des perdrix, ou, se-
Ceux qui ont dit que le purgatoire n'est sé- lon d'aut/es , sur des chèvres et des béliers
paré de l'enfer que par une grande toile d'a- d'une taille proportionnée à la leur, ils s'ar-

raignée, ou par des murs de papier, qui en for- maient de toutes pièces pour aller combattre
ment l'enceinte et la voûte, ont dit des choses leurs ennemis. —
Près du château de Morlaix,
que les vivants ne savent pas. Le purgatoire, en Bretagne, il existe, dit-on, de petits hom-
que rejettent les protestants, est pourtant in- mes d'un pied de haut, vivant sous terre,
diqué suffisamment dans l'Evangile même. marchant et frappant sur des bassins. Ils éta-
Jésus-Christ parle (saint Matthieu ch. XII) ,
lent leur or et le font sécher au soleil. L'hom-

de péchés qui ne sont remis ni dans le siècle me qui tend la main modestement reçoit deux
présent, dans le siècle futur. Quel est ce
ni
poignées de ce métal celui qui vient avec ;

siècle futur où les péchés ne peuvent être remis ? un sac, dans l'intention de le remplir, est
Voy. dans le Dictionnaire de théologie de' Ber- éconduit et mahraité leçon de modération :

gier l'article Purgatoire. Voy. Enfer dans ce qui tient à des temps reculés Voy. Nains, 1
.

Dictionnaire. Gnomes, etc.

Purrikeh, —
épreuve par le moyen de Pyramides. —
Les Arabes prétendent que
l'eau etdu feu en usage chez les Indiens
,
les pyramides ont été bâties long-temps avant
pour découvrir les choses cachées. le déluge par une nation de géants. Chacun

Pursan ou Curson, grand roi de l'enfer. — d'eux apportait sous son bras une pierre de
Il apparaît sous forme humaine avec une
la
vingt-cinq francs.
tête de lion il porte une couleuvre
; toujours Pyromancîe , —
divination par le feu. On
furieuse; il est monté sur un ours et précédé jetait dans le feu quelques poignées de poix
continuellement du son de la trompette il ; broyée; et, si elle s'allumait promplement,
connaît à fond le présent , le passé ,
l'avenir, on en tirait un bon augure. Ou bien on brû-
découvre les choses enfouies comme les tré- lait une victime et on prédisait l'avenir sur
,

sors. S'il prend la forme d'un homme, il est la couleur et la figure de la flamme. Les dé-

aérien ; il est le père des bons esprits fami- monomanes regardent le devin Amphiaraûs
liers. Vingt-deux légions reçoivent ses ordres
2
. comme l'inventeur de cette divination. — Il

y avait à Athènes un temple de Minerve Po-


T
Albert-lc-Grand, p. 187.
* Wierus, Pseudom. drem. ' Cambry, Voyage dans !< Finistère, en 1794.
pvr — k 15 — PYT
liadc où se trouvaient des vierges occupées à un bœuf qui broutait un champ de fèves; il
examiner les mouvements de la flamme d'une lui dit à l'oreille quelques paroles mystérieu-

lampe continuellement allumée. Dclrio rap- ses, qui le firent cesser pour toujours de man-
porte que de son temps les Lithuaniens pra- ger des fèves 1
. On n'appelait plus ce bœuf
tiquaient une espèce de pyromancie, qui con- que le bœuf sacré, et dans sa vieillesse il ne
sistait à metlre un malade devant un grand se nourrissaitque de ce que les passants lui
feu; et, si l'ombre formée par le corps était donnaient. Enfin, Pythagore prédisait l'avenir
droite et directement opposée au feu, c'était et les tremblements de terre avec une adresse

signe de guérison; si l'ombre était de côté, merveilleuse; il apaisait les tempêtes, dissi-
c'était signe de mort. pait la peste ,
guérissait les maladies d'un
seul mot ou par l'attouchement. Il fit un voya-
Pyrrhus. —
Il avait forcé les habitants de
ge aux enfers, où il vit l'âme d'Hésiode atta-
Locres à remettre entre ses mains les trésors
chée avec des chaînes à une colonne d'airain,
de Proserpine. 11 chargea ses vaisseaux de ce
et celle d'Homère pendue à un arbre au mi-
butin sacrilège et mit à la voile mais il fut :

lieu d'une légion de serpents


pour toutes les ,

surpris d'une tempête si furieuse qu'il échoua


fictions injurieuses dont leurs
à la divinité
sur la côte voisine du temple. On retrouva
sur le rivage tout l'argent qui avait été en-
poèmes sont remplis. Pythagore intéressa —
les femmes au succès de ses visions, en assu-
levé , et on le remit dans le dépôt sacré
rant qu'il avait vu dans les enfers beaucoup
Pythagore, — fils d'un sculpteur de Samos. de maris très -rigoureusement punis pour
îl voyagea pour s'instruire : les prêtres d'É- avoir maltraité leurs femmes , et que c'était
gypte l'initièrent à leurs mystères, les mages le genre de coupables le moins ménagé dans
de Chaldée lui communiquèrent leurs scien- l'autre vie. Les femmes furent contentes les ,

ces les sages de Crète


;
leurs lumières. Il ,
maris eurent peur; et tout fut reçu. Il y eut
rapporta dans Samos tout ce que les peuples encore une circonstance qui réussit merveil-
les plus instruits possédaient de sagesse et de leusement; c'est que Pythagore, au moment
connaissances utiles; mais, trouvant sa patrie de son retour des enfers et portant encore ,

sous le joug du tyran Pulycrate, il passa à sur le visage la pâleur et l'effroi qu'avait dû
Crotone, où il éleva une école de philosophie lui causer la vue de tant de supplices, savait

dans maison du fameux athlète Milon. C'é-


la parfaitement tout ce qui était arrivé sur la
tait le règne de Tarquin-le-Superbe. Il
vers terre pendant son absence.
enseignait la morale, l'arithmétique la géo- , Pythons. —
Les Grecs nommaient ainsi,
métrie et la musique. On le fait inventeur de du nom d'Apollon Pythien, les esprits qui ai-
la métempsycose. Il parait que —
pour éten- ,
daient à prédire les choses futures, et les per-
dre l'empire qu'il exerçait sur les esprits, il sonnes qui en étaient possédées. La Vulgale
ne dédaigna pas d'ajouter le secours des pres- se sert souvent de ce terme pour exprimer les
tiges aux avantages que lui donnaient ses devins, les magiciens, les nécromanciens. La
connaissances et ses lumières. Porphyre et sorcière, qui fit apparaître devant Saiil l'om-
Jamblique lui attribuent des prodiges; il se bre de Samuel la pythonisse
, est appelée
entendre et obéir des bêtes mêmes.
faisait d'Endor. On de Python pour
dit aussi esprit
Une ourse faisait de grands ravages dans le esprit de devin. Les prêtresses de Delphes
pays des Dauniens; ordonna de se reti-il lui s'appelaient Pylhonisses ou Pythées. Py- —
rer : montra avec une cuis-
elle disparut. Il se thon, dans la mythologie grecque, est un ser-
se d'or aux jeux olympiques il se fit saluer ; pent qui naquit du limon de la terre après le
par le fleuve Nessus; j1 arrêta le vol d'un déluge. Il fut tué par Apollon, pour cela sur-
aigle; il fit mourir un serpent; il se fit voir, nommé Pythien.
le même jour et à la même heure, à Crotone
Les Pythagoriciens respectaient tellement les fèves,
1

et à Métaponte. — Il vit un jour, à Tarenle, que non seulement ils n'en mangeaient point, mais
même il ne leur était pas permis de passer dans un
champ de fèves, de peur d'écraser quelque parent dont
1
Yalère Maxime. elles pouvaient loger l'âme.

"sait SBSSS g @S3& csbsse»


UAB MO — RAB

€1

Queiran (ïsaac), -- sorcier de Nérac, ar- fusa. Le diable, l'ayant chargé sur son cou,
rêté à Bordeaux où il était domestique à
, , voulut le noyer; mais le pauvre garçon cria si

l'âge de ving-cinq ans. Interrogé comment il fort que les gens d'un moulin qui était près
avait appris le métier de sorcier, il avoua de là étant accourus, le vilain noir fut obligé
qu'à l'âge de dix ou douze ans étant au ser- , de fuir. —
Enfin le diable l'enleva un soir
vice d'un habitant de la bastide d'Armagnac, dans une vigne qui appartenait à son maître,
un jour qu'il allait chercher du feu chez une et le conduisit au sabbat, où il dansa et man-
vieille voisine elle lui dit de se bien garder
, gea comme les autres. Un petit démon frap-
de renverser deux pots qui étaient devant pait sur un tambour. Le diable, ayant enten-
la cheminée ils étaient pleins de poison que
; du les coqs chanter, renvoya tout son monde.
Satan lui avait ordonné de faire. Cette cir- — Interrogé s'il n'avait pas fait quelques ma-
constance ayant piqué sa curiosité après ,
léfices, il répondit qu'il avait maléficié un en-

plusieurs questions, la vieille lui demanda s'il fant dans la maison où il avait servi qu'il ;

voulait voir grand-maître des sabbats et


le lui avait mis dans la bouche une boulette que

son assemblée. Elle le suborna de sorte qu'a- le diable lui avait donnée, laquelle rendit cet
près Tavoir oint d'une graisse dont il n'a pas enfant muet pendant trois mois. Après avoir
vu la couleur ni senti l'odeur, il fut enlevé et été entendu en la chambre de la Tournelle
porté dans les airs jusqu'au lieu où se te- où il reconnu pour un bandit qui faisait
fut
nait le sabbat; des hommes et des femmes y l'ingénu Queiran fut condamné au supplice
,

criaient et dansaient ; ce qui l'ayant épou- le 8 mai 1609 ».


vauté, il Le lendemain, passant
s'en retourna.
Question, — INSENSIBILITÉ.
VOIJ.
par la métairie de son maître, un grand hom-
me noir se présenta à lui , et lui demanda Queys, — mauvais génies chez Chinois. les

pourquoi il avait quitté l'assemblée où il avait QuintilHanistes. — Une femme de secte la


promis à la vieille de rester. S 'étant excusé des caïnistes, nommée Quintille, vint en Afri-
sur ce qu'il n'y avait rien à faire voulut que du temps de Tertullien y pervertit plu-
il
,
et
continuer son chemin ; mais l'homme noir lui sieurs personnes. On
appela quintillianistes
déchargea un coup de gaule sur l'épaule en ,
les abominables sectateurs qu'elle forma. Il
luidisant: «Demeure, je te baillerai bien chose paraît qu'elle ajoutait encore d'horribles pra-
qui t'y fera venir.» Ce coup lui fit mal pendant tiques aux infamies des caïnites. Voy. Cain.
deux jours, et il s'aperçut que ce grand hom-
me noir l'avait marqué sur le bras auprès de
Quirim, —
pierre merveilleuse qui, sui-
vant les démonographes, placée sur la tète
la main; la peau paraissait noire et tannée.
homme durant son sommeil, dire
— Un autre jour passant sur le pont de la ri-
d'un
tout ce qu'il a dans l'esprit. On
lui fait

l'appelle aussi
vière qui est près de la bastide , le même
pierre des traîtres.
homme noir lui apparut de nouveau, lui de-
manda s'il se ressouvenait des coups qu'il lui 1 Delancre, Tableau de l'inconstance des dém.,etc,
avait donnés, et s'il voulait le suivre; il re- p. 145 et suivantes.

R
Rabbats, — lutins qui font du vacarme Rabbins, —
docteurs juifs, qui furent long-
dans les maisons gens de
et empêchent les temps soupçonnés d'être magiciens et d'avoir
dormir. On les nomme rabbats parce qu'ils commerce avec les démons
portent une bavette à leur cravate comme les , Rabdomancie , —
divination par les bà-
gens qu'on appelle en Hollande consolateurs Leloycr, Hist. des spectres ou apparit. des esprits,
1

des malades. p. 291.


R Ali - h 1? — RAI
Ions. C'est une des plus anciennes supersti- Eaiz (Gilles de Laval de), maréchal de
tions. Ézéchiel et Osée reprochent aux juifs France, qui fut exécuté comme convaincu de
de s'y laisser tromper. On dépouillait d'un sorcellerie et d'abominations au quinzième
côté et dans toute sa longueur une baguette siècle.Après avoir vainement cherché à faire
choisie, on la jetait en l'air; si en retombant de par les secrets de l'alchimie, il voulut
l'or

elle présentait la partie dépouillée et qu'en ,


commercer avec le diable. Deux charlatans
la jetant une seconde fois elle présentât le abusèrent de sa crédulité l'un se disait mé- ;

côté revêtu de l'écorce , on en tirait un heu- decin du Poitou, l'autre était Italien. Le pré-
reux présage; si au contraire, elle tombait tendu médecin lui vola son argent et disparut.
une seconde fois du côté pelé c'était un au- , Prélati était de Florence il fut présenté au ;

gure fâcheux. Cette divination était connue maréchal comme magicien et habile chimiste.
chez les Perses, chez les Tartares et chez les Prélati n'était ni l'un c'était un ni l'autre ;

Romains. —
La baguette divinatoire qui a adroit fripon qui avec Sillé,s'entendait
*


,

fait grand bruit sur la fin du dix-septième l'homme d'affaires du maréchal. Prélati
siècle , rabdomancie. Voy. Ba-
tient à la fit une évocation; Sillé habillé en diable se , ,

guette. qu'une sorte de rabdo-


Bodin dit présenta avec d'horribles grimaces. Le maré-
mancie était de son temps en vigueur à Tou- chal voulait avoir une conversation
mais ,

louse qu'on marmottait quelques paroles


;
;
pour trouver du
Sillé n'osait parler; Prélati,

qu'on faisait baiser les deux parties d'un temps, imagina de faire signer un pacte au
bâton fendu et qu'on en prenait deux par-
, seigneur de Raiz, par lequel il promettait au
celles qu'on pendait au cou pour guérir la diable de lui donner tout ce qu'il lui deman-
fièvre quarte. derait, excepté son âme et sa vie. Il s'enga-
Rachaders , — génies malfaisants des In- geait dans cet écrit, signé de son sang, à faire

diens. des encensements et des offrandes en l'hon-


neur du diable, et à lui offrir en sacrifice le
Radcliffe (Anne) Anglaise qui publia, il ,
cœur, une main , les yeux et le sang d'un
y a quarante ans, des romans pleins de vi-
sions de spectres et de terreurs, comme les
,
enfant. — Le jour choisi pour l'évocation le ,

Mystères d'Udolpke , etc.


maréchal se rendit au lieu désigné , marmot-
tant des formules, craignant et espérant de
Ragalomancîe , — divination qui se faisait
voir le diable. Prélati se fatigua vainement:
avec des bassinets, des osselets, de petites
le maréchal, malgré sa bonne volonté ne vit ,

balles, des tablettes peintes, et que nul au- rien du tout. Il paraîtrait assez par ce que ,

teur n'a pu expliquer ».


dit Lobineau que le maréchal était devenu
Rage. — Pour être guéri de la rage, des
,

fou. Gilles de Raiz s'abandonnait aux plus


écrivains superstitieux donnent ce conseil :
infâmes débauches et, par un dérèglement
;

On mangera une pomme ou un morceau de inconcevable, les victimes de ses atfreuses


pain dans on enfermera ces mots
lequel :
passions n'avaient de charmes pour lui que
Zioni, Kirioni Ezzeza, etc.; ou bien on
,
dans le moment qu'elles expiraient. Cet homme
brûlera les poils d'un chien enragé, on en effroyable se divertissait aux mouvements
boira la cendre dans du vin, et on guérira 2 .
convulsifs que donnaient à ces malheureux
Voy. Imagination.
les approches de la mort, qu'il leur faisait
Raginis, —
espèce de fées chez les Kal- lui-même souffrir de sa propre main. Par les
mouks. Elles habitent le séjour de la joie procès-verbaux qui furent dressés et par sa
d'où elles s'échappent quelquefois pour venir propre confession le nombre des enfants qu'il
,

au secours des malheureux. Mais elles ne fil mourir dans les châteaux de Machecou et

sont pas toutes bonnes c'est comme chez ; de Chantocé se montait à plus de cent sans ,

nous. compter ceux qu'il avait immolés à Nantes


Rahouart, — démon que nous ne connais- à Vannes et ailleurs. —
Sa hideuse folie est
sons pas. Dans Moralité du mauvais riche et
la d'autant plus constatée qu'il sortit un jour
du ladre, imprimée à Rouen, sans date, chez de son château pour aller voler des enfants à
Durzel, et jouée à la fin du quinzième siècle, Nantes, au lieu de prendre le chemin de Jé-
Satan a pour compagnon le démon Rahouart. rusalem, comme il l'avait annoncé. Sur le —
C'est dans la hotte deRahouart qu'ils em- cri public le duc Jean V le fit prisonnier
, les ;

portent l'âme du mauvais riche quand il est juges de l'Église se disposèrent à le juger
mort. comme hérétique et sorcier. Le parlement de
1 Delancre,
Bretagne le décréta de prise de corps comme
Incrédulité et mécréance du sortilège
pleinement convaincues, p. 278. homicide. Il parut devant un tribunal com-
a Lemnius. posé de laïques et d'ecclésiastiques; il injuria
27
ÎUL — 4 8 — RaM
ces derniers, voulut décliner leur juridiction : dans l'Amérique du sud, des sauvages trois
« J'aimerais mieux être pendu par le cou, leur fois aussi grands que les hommes ordinaires,
disait-il, que de vous répondre. » — Mais la des cyclopes qui avaient les yeux aux épaules,
crainte d'être appliqué à la torture le fit tout la bouche sur la poitrine et la chevelure au
confesser devant l'évêque de Saint-Brieuc et milieu du dos.
le président Pierre de l'Hôpital. Le président Rambouillet. Le marquis de Ram-—
le pressa de dire par quel motif il avait fait bouillet et le
marquis de Précy, tous deux
périr tant d'innocents, et brûlé ensuite leurs âgés de vingt-cinq à trente ans étaient in- ,

corps maréchal impatienté lui dit « Hélas


; le . !
times amis. Un jour qu'ils s'entretenaient des
monseigneur, vous vous tourmentez, et moi affaires de l'autre monde, après plusieurs dis-
avec; je vous en ai dit assez pour faire mourir cours qui témoignaient assez qu'ils n'étaient
dix mille hommes » Le lendemain le ma- — pas trop persuadés de tout ce qui s'en dit, ils
réchal en audience publique réitéra ses aveux. se promirent l'un à l'autre que le premier
Il fut condamné à être brûlé vif, le 25 oc- qui mourrait en viendrait apporter des nou-
tobre 1440. L'arrêt fut exécuté dans le pré velles à son compagnon. Au bout de trois —
de la Madeleine ,
près Nantes *.
mois, marquis de Rambouillet partit pour
le

Ralde (Marie de là), — sorcière qu'on la Flandre, où Louis XIV faisait alors la

arrêta à l'âge de dix-huit ans, au commen- guerre le marquis de Précy, arrêté par une
;

cement du dix- septième siècle. Elle avait grosse fièvre, demeura à Paris. Six semaines
commencé le métier à dix ans, conduite au après Précy entendit, sur les six heures du
,

sabbat pour la première fois par la sorcière matin, tirer les rideaux de son lit; et, se
Marissane. Après la mort de celte femme le ,
tournant pour voir qui c'était, il aperçut le
diable la mena lui-même à son assemblée, marquis de Rambouillet, en buffle et en bottes.
avoua tenait en forme de Il sortit de son lit, voulant sauter à son cou
où elle qu'il se
tronc d'arbre. Il semblait être dans une et lui témoigner la joie qu'il avait de son re-

chaire, et avait quelque ombre humaine fort tour; mais Rambouillet, reculant de quel-
ténébreuse. Cependant elle l'a vu sous la ques pas, lui dit que ses caresses n'étaient
figure d'Un homme ordinaire, tantôt rouge, plus de saison, qu'il ne venait que pour s'ac-
tantôt noir ; il s'approchait souvent des en- quitter de la parole qu'il lui avait donnée;
fants, tenant un fer chaud à la main; mais qu'il avait été tué la veille; que tout ce que

elle ignore s'il les marquait. Elle n'avait ja- l'on disait de l'autre monde était très-certain ;

mais baisé le diable ; mais elle avait vu com- qu'il devait songer à vivre d'une autre ma-

ment on s'y prenait : le diable présentait sa nière, et qu'il n'avait pas de temps à perdre,
figure ou son derrière , le tout à sa discrétion parce qu'il serait tué lui-même dans la pre-
et comme il lui plaisait. Elle ajouta qu'elle mière affaire où il se trouverait. On ne —
aimait tellement le sabbat qu'il lui semblait peut exprimer la surprise où fut le marquis
,

aller à la noce , « non pas tant par la liberté et de Précy à ce discours. Ne pouvant croire ce
licence qu'on mais parce que diable qu'il entendait, il fit de nouveaux efforts pour
y a , le

tenait tellement liés leur cœur et leurs vo- embrasser son ami, qu'il croyait le vouloir
lontés, qu'à peine y laissait-il entrer nul abuser mais il n'embrassa que du vent et
; ;

autre désir. En outre, les sorcières y enten-


» Rambouillet, voyant qu'il était incrédule, lui
daient une musique harmonieuse, et le diable montra l'endroit où il avait reçu le coup, qui
leur persuadait que l'enfer n'est qu'une niai- était dans les reins d'où le sang paraissait
,

serie, que le feu qui brûle continuellement encore couler. Après cela, le fantôme dis-
n'était qu'artificiel. Elle dit encore qu'elle ne parut, laissant Précy dans une frayeur plus
croyait pas faire mal d'aller au sabbat , et que aisée à comprendre qu'à décrire. Il appefa
même elle avait bien du plaisir à la célébra- son valet de chambre, et réveilla toute la
tion de la messe qui s'y disait, où le diable maison par ses cris. Plusieurs personnes ac-
se faisait passer pour le vrai Dieu. Cepen- coururent, à qui il conta ce qu'il venait de
dant elle voyait à l'élévation l'hostie noire 2 .
voir : tout le monde attribua celte vision à
l'ardeur de la fièvre qui pouvait altérer son
Ilne paraît pas qu'elle ait été brûlée, mais
on ignore ce que les tribunaux en firent. imagination ; on le pria de se recoucher, lui
rêvé ce qu'il
Raleîgh (Walter), — courtisan célèbre
remontrant
disait.Le marquis
qu'il fallait qu'il eût
au désespoir de voir ,

de la reine Élisabeth. Il se vante d'avoir vu


qu'on le prit pour un visionnaire, répéta
toutes les circonstances qu'on vient de lire ;
1
M. Gi'.riiKt, Ilist. de la magie en France, p. 103.
2 mais il eut beau protester qu'il avait vu et
Delançre, Tableau de l'inconstance des déni., etc.,
lit. h, p. 127. entendu son ami on demeura toujours dans
,
IIAU — l\ ) — I\ÈP
la môme
pensée jusqu'à ce que la poste de
,
Regard, — VOy. YEUX.
Flandres, par laquelle on apprit la mort du Regensberg, — VOy. DÉMONS FAMILIERS.
marquis de Rambouillet, fût arrivée. Cette Regiomontanus — MULLER.
, VOXJ.
première circonstance s'étant trouvée véri-
table, et de la manière que Pavait dit Précy,
Remmon — , RlMMON.
VOIJ.

ceux à qui il avait conté l'aventure com- Rémore, — poisson sur lequel on a fait

mencèrent à s'étonner Rambouillet ayant été ;


bien des contes. —
Les rémores, dit Cyra-
«

tué précisément la veille du jour qu'il avait no de Bergerac, qui était un plaisant, habitent
dit, il était impossible qu'il l'eût appris na- vers l'extrémité du pôle, au plus profond de
turellement. — Dans la suite, Précy, ayant la mer Glaciale; et c'est la froideur évaporée

voulu aller, pendant les guerres civiles, au de ces poissons, à travers leurs écailles, qui
combat de Saint-Antoine, y fut tué fait geler en ces quartiers-là l'eau de la mer,

Raollet (Jacques), loup-garou de — la quoique salée La rémore contient si éminem-


paroisse de Maumusson près de Nantes, qui ment tous les principes de la froidure, que
,

fut arrêté et condamné à mort par le parle-


passant par-dessous un vaisseau le vaisseau ,

ment d'Angers. Durant son interrogatoire, il se trouve saisi de froid en sorte qu'il en de-
,

demanda à un gentilhomme qui était présent meure tout engourdi jusqu'à ne pouvoir dé-
s'ilne se souvenait pas d'avoir tiré de son marrer de sa place. La rémore répand autour
arquebuse sur trois loups; celui-ci ayant ré- d'elle tous les frissons de l'hiver. Sa sueur

pondu affirmativement, il avoua qu'il était forme un verglas glissant. C'est un préservatif
l'un des loups et que sans l'obstacle qu'il
, ,
contre la brûlure » —
Rien n'est plus sin-
avait eu en cette occasion il aurait dévoré ,
gulier, dit le P. Lebrun que ce qu'on raconte ,

une femme qui était près du lieu. Rickius dit de la rémore. Aristote, iElian, Pline, assurent
que lorsque Raollet fut pris, il avait les che- qu'elle arrête tout court un vaisseau voguant

veux flottants sur les épaules les yeux en- ,


à pleines voiles. Mais ce fait est absurde, et
foncés dans la tête, les sourcils refrognés, les n'a jamais eu lieu; cependant plusieurs au-

ongles extrêmement longs qu'il puait telle- teurs l'ont soutenu, et ont donné, pour cause
;

ment qu'on ne pouvait s'en approcher. Quand de cette merveille, une qualité occulte. Ce
il se vit condamné par la cour d'Angers, il poisson, qu'on nomme à présent succet, est
ajouta à ses aveux qu'il avait mangé des grand de deux ou trois pieds. Sa peau est
charrettes ferrées, des moulins à vent, des gluante et visqueuse. Il s'attache et se colle
avocats, procureurs et sergents, disant que aux requins, aux chiens de mer; il s'attache
cette viande était tellement dure et si mal as- aussi aux corps inanimés; de sorte que, s'il

saisonnée qu'il n'avait pu la digérer 1 s'en trouve un grand nombre collés à un na-

Rat. — Pline dit que de son temps la ren-


vire,ils peuvent bien l'empêcher de couler lé-

gèrement sur les eaux, mais non l'arrêter.


contre d'un rat blanc était de bon augure.
Les boucliers de Lavinium rongés par les ,
Remures, — Voy . LÉMURES et MANES.
rats, présagèrent un événement funeste et ,
Renards. — Les sinloïstes, secte du Japon,
la guerre des Marses qui survint bientôt après
ne reconnaissent d'autres diables que lésâmes
donna un nouveau crédit à cette superstition.
des méchants, qu'ils logent dans le corps des
— Le voile de Proserpine était parsemé de
renards, animaux qui font beaucoup de ra-
rats brodés. —
Les peuples de Bassora et de
vages en ce pays.
Cambaie se feraient un cas de conscience de
nuire à ces animaux. Les matelots donnent — Réparé. — Un homme qui s'appelait Ré-
aux rats une prescience remarquable « Nous :
paré, et un soldat qui se nommait Etie.ine,

sommes condamnés, disent-ils, par un calme firentavant de mourir, et par une faveur spé-
plat ou par quelque autre accident; il n'y a
ciale, levoyage de l'autre monde; du moins
pas un seul rat à bord !... » Ils croient que on en a écrit la légende, qui est un petit conte
les rats abandonnent un bâtiment qui est moral. Ils virent, dans une caverne, quelques

destiné à périr. Voy. Hatton. démons qui élevaient un bûcher pour y brûler
Raum , — grand comte du sombre empire,
un défunt dont la vie était impure. Ils aper çu-
rent un peu plus loin une maison enflammée,
qui se présente sous la forme d'un corbeau
où l'on jetait un grand nombre de coupables
lorsqu'il est conjuré : il détruit des villes,
qui brûlaient comme du bois sec. Il y avait
donne des dignités. Il est de l'ordre des trônes
auprès de cette maison une place fermée de
et commande trente légions 2.
hautes murailles où l'on était continuelle-
,

1
Rickius, Discours de la Lycanthropie, p. 18. ment exposé au froid, au vent, à la pluie, à
a Wierus, in Pseudom. dsem. la neige, où les patients souffraient une faim

27.
RÉS — A 20 — R ET
et une soif perpétuelles sans pouvoir ;ieu prennent une vie nouvelle. Celte opinion est
avaler. On dit à l'homme qui se nommait Ré- une invention de la politique pour animer le
paré, et au soldat qui s'appelait Éiienne, que courage des soldats. Les amantas docteurs ,

ce triste gîte était le quelques


purgatoire. A et philosophes du pays, croyaient la résur-
pas de là, ils furent arrêtés par un feu qui rection universelle, sans pourtant que leur
s'élevait à perte de vue; ils virent arriver un esprit s'élevât plus haut que cette vie animale
diable qui portait un cercueil sur ses épaules. pour laquelle ils disaient que nous devions
Réparé demanda pour qui on allumait le grand ressusciter, et sans attendre ni gloire ni sup-
feu. Mais le démon qui portail le cercueil dé- plice. Ils avaient un soin extraordinaire de
posa sa charge, et la jeta dans les flammes sans mettre en lieu de sûreté les rognures de leurs
dire un mot. —
Les deux voyageurs passèrent; ongles et de leurs cheveux, et de les cacher
après avoir parcouru divers autres lieux, où dans les fentes ou dans les trous de muraille.
ils remarquèrent plusieurs scènes infernales ,
Si par hasard
,
les cheveux et les ongles
,

ils arrivèrent devant un pont qu'il fallut tra- venaient à tomber à terre avec le temps et
verser. Ce pont était bâti sur un fleuve noir et qu'un Indien s'en aperçût, il ne manquait pas
bourbeux, dans lequel on voyait barbotter des de les relever de suite, et de les serrer de
défunts d'un aspect effroyable. On l'appelait nouveau. —
Savez-vous bien, disaient-ils à
le Pont des épreuves, celui qui le passait sans ceux qui les questionnaient sur cette singula-
broncher était juste et entrait dans le ciel, au rité que nous devons revivre dans ce monde
,

lieu que le pécheur tombait dans le fleuve. et que les âmes sortiront des tombeaux avec
Quoique ce pont n'eût pas six pouces de lar- tout ce qu'elles auront de leurs corps? Pour
geur, Réparé le traversa heureusement; mais empêcher donc que les nôtres ne soient en
le pied d'Etienne glissa au milieu du chemin ;
peine de chercher leurs ongles et leurs cheveux
ce pied fut empoigné aussitôt par des hommes (car il y aura ce jour-là bien dè la presse et
noirs qui l'attirèrent à eux. Le pauvre soldat bien du tumulte), nous les mettons ici en-
se croyait perdu des anges arrivèrent, saisi-
;
semble, afin qu'on les trouve plus facilement.
rent Etienne par les bras, et le disputèrent aux — Gaguin, dans sa description de la Moscovie,
hommes noirs. Après de longs débats, les anges dit que, dans le nord de la Russie, les peuples
emportèrent le soldat de l'autre côté du pont. meurent le 27 novembre, à cause du grand
«Vous avez bronché, lui dirent-ils, parce que froid ,
et ressuscitent le 24 avril ce qui est, :

vous êtes trop mondain; et nous sommes venus à l'instar des marmottes, une manière fort
à votre secours, parce que vous faites des au- commode de passer l'hiver. Voy. Gabimus,
mônes. » Les deux voyageurs virent alors le Pamilius de Phères Thespésius Vampi- , ,

paradis, dont les maisons étaient d'or, et les res, etc.


campagnes couvertes de fleurs odorantes; Retz. — Le cardinal de Relz, n'étant encore
et les anges les renvoyèrent sur la terre, en qu'abbé, avaitfaitla partie de passer une soirée
leur recommandant de profiter de ce qu'ils à Saint-Cloud dans la maison de l'archevê-
,

avaient vu. que de Paris, son oncle avec madame et ma- ,

Repas du mort, — cérémonie funéraire en demoiselle de Vendôme, madame de Choisi,


le vicomte de Turenne, leyêque de Lisieux,
usage chez les anciens Hébreux et chez d'au-
tres peuples. Dans simplement
l'origine, c'était
et MM. de Brion et Voiture. On s amusa tant
que compagnie ne put s'en retourner que
la
la coutume de faire le tombeau
un repas sur
très-tard à Paris. La petite pointe du jour
de celui qu'on venait d'inhumer. Plus tard on
commençait à paraître ( on était alors dans
y laissa des vivres, dans l'opinion que les morts
les p'us grands jours d'été quand on fut au
venaient les manger. )

bas de la descente des Bons-Hommes. Juste-


Résurrection —
Les Parsis ou Guèbres ment au pied le carrosse s'arrêta tout court,
,

pensent que les gens de bien, après avoir joui v Comme l'une des portières avec
j'étais à
des délices de l'autre monde pendant un cer -
mademoiselle de Vendôme ( dit le cardinal
tain nombre de siècles, rentreront dans leurs dans ses Mémoires ), je demandai au cocher
corps, et reviendront habiter la même terre pourquoi il s'arrêtait? il me répondit, avec
où ils avaient fait leur séjour pendant leur une voix tremblante « Voulez-vous que je :

première vie; mais celte terre, purifiée et passe par-dessus lous les diables qui sont là
embellie, sera pour eux un nouveau paradis. devant moi ? » .le mis la tète hors de la por-
— Les habitants du royaume d'Ardra, sur La tière; et , comme j'ai toujours eu la vue fort
côte occidentale d'Afrique, s'imaginent que basse, je ne vis rien. Madame de Choisi, qui
ceux qui sont tués à la guerre sortent de leurs était à l'autre portière avec M. de Turenne,
tombeaux au bout fie quelques jours, ot re? fut la première qui aperçut, du carrosse, la
,

RÊV — k 21 — REV
cause de frayeur du cocher; je dis du car-
la dormait main gauche dans
le petit doigt de la
rosse, car cinq ou six laquais, qui étaient la main droite, on était assuré de voir en rêve
derrière , criaient : Jésus ,
Maria ! et trem- une multitude d'ambes, de ternes et de qua-
blaient déjà de peur. M. de Turenne se jela ternes '. —
Un homme rêvait qu'il mangeait
en bas, aux cris de madame de Choisi. Je la lune. Ce rêve le frappe, il se lève encore

crus que c'étaient des voleurs je sautai aussi- ;


à moitié endormi il court à sa fenêtre re-
, ;

tôt hors du carrosse, je pris l'épée d'un laquais, gardant au ciel, il ne voit plus que la moitié
et j'allai joindre M. de Turenne, que je trouvai de cet astre.... il s'écrie « Mon Dieu vous : !

regardant fixement quelque chose que je ne avez bien fait de me réveiller; car avec l'ap-
voyais point. Je lui demandai ce qu'il regar- pétit que j'avais, la pauvre lune, je l'aurais
dait, et il me répondit, en me poussant du mangée tout entière. » f'oy. Songes.
bras, et assez bas : a Je vous le dirai ;
mais il
Réveille matin. — Les Flamands appel-
ne faut pas épouvanter ces dames, » qui, à la lent cette plante le lait du diable (Duivels-
vérité, hurlaient plutôt qu'elles ne criaient. melk).
— Voiture commença un orcmus, madame de Révélations. —
Un citoyen d'Alexandrie
Choisi poussait des cris aigus mademoiselle ;
vit sur le minuit des statues d'airain se re-
de Vendôme disait son chapelet, madame de
muer et crier à haute voix que l'on massa-
Vendôme voulait se confesser à M. de Lisieux, crait à Constantinople l'empereur Maurice et
qui lui disait: — «Ma fille, n'ayez point de
ses enfants ce qui se trouva vrai; mais la
:

peur, vous êtes en la main de Dieu. » Le comte


révélation ne fut publiée qu'après que l'évé-
de Biiun avait entonné bien tristement les
nement fut connu. — L'archevêque Angello-
litanies de la Sainte Vierge. Toutcela se passa,
Catto (Philippe de Comines l'atteste) connut
comme on peut se l'imaginer, en même temps la mort de Charles-le-Téméraire qu'il an- ,
et en moins de rien. M. de Turenne, qui avait
nonça au roi Louis XI à la même heure qu'elle
une petite épée à son côté, l'avait aussi tirée,
et, après avoir un peu regardé, comme je l'ai
était arrivée. —
Les prodiges faux sont tou-
jours des singeries de vrais miracles. Pareil-
déjà dit, il se tourna vers moi de l'air dont il
lement, une foule de révélations supposées
eut donné une bataille et me dit ces paroles , :

ont trouvé le moyen de se faire admettre


« Allons voir ces gens-là ! Quelles gens? » — parce qu'il y a eu des révélations vraies. —
lui repartis-je; et dans la vérité je croyais ,
Nous ne parlons pas de la révélation qui est
que tout le monde avait perdu le sens. Il me
un des fondements de notre foi.
répondit « Effectivement je crois que ce
:

pourraient bien êlre des diables.


,

« — Comme Revenants. — On débite, comme une chose


nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté assurée, qu'un revenant se trouve toujours

de la Savonnerie et que nous étions par


,
froidquand on le touche. Cardan et Alessan-
dro-Alessandri sont des témoins qui l'affir-
conséquent plus proches du spectacle je ,

ment; et Cajetan en donne la raison, qu'il a


commençai à entrevoir quelque chose et ce ,

qui m'en parut fut une longue procession de


apprise de la bouche d'un esprit, lequel, in-
terrogé à ce sujet par une sorcière lui ré-
fantômes noirs, qui me donna d'abord plus
,

pondit qu'il fallait que la chose fût ainsi.


d'émotion qu'elle n'en avait donné à M. de
La réponse est satisfaisante. Elle nous ap-
Turenne mais qui par la réflexion que je fis
,

que j'avais long-temps cherché des esprits, prend au moins que le diable se sauve quel-
et qu'apparemment j'en trouverais en ce lieu,
quefois par le pont aux ânes. Dom Caimet —
me fit faire deux ou trois sauts vers la pro- raconte qu'une jeune fille, nommée Catherine,

cession. Les pauvres augustins déchaussés, du pays des Itans, au Pérou, mourut à seize
que ans, coupable de plu^eurs sacrilèges. Son
l'on appelle capucins noirs, et qui étaient
nos prétendus diables voyant venir à eux corps, immédiatement après sa mort, se
,

deux hommes qui avaient l'épée à la main trouva si infect, qu il fallut le mettre hors du
logis. On entendit en même temps tous les
,

eurent encore plus peur. L'un d'eux, se dé-


tachant de la troupe, nous cria « Messieurs, chiens hurler; un cheval, jusque-ià fort doux,
:

nous sommes de pauvres religieux qui ne commença à ruer, à s'agiter, à frapper des
,

faisons de mal à personne, et qui venons nous


pieds à rompre ses liens. Un jeune homme
,

rafraîchir un peu dans la rivière, pour notre


couché fut tiré par le bras et jeté hors de son
santé. « Nous retournâmes au carrosse, M. de
lit une servante reçut un coup de pied à l'é-
;

paule , sans voir qui le lui donnait; elle en


Turenne et moi, avec des éclats de rire que
porta les marques plusieurs semaines. Tout
l'on peut s'imaginer. »
ceci arriva avant que le corps de Catherine
Rêve. —
Au bon temps de la loterie royale,
les bonnes femmes croyaient que quand on 1
Musnicr des Closeaux, les Mères d'actrices,
— 422 11 EV
fut inhumé. — Après son enterrement ,
plu- dans la chambre, on tira les rideaux du lit, et
sieurs habitants du lieu virent quantité de on aperçut la figure d'une vieille femme, noire
briques et de tuiles renversées avec grand et ridée, coiffée d'un bonnet de nuit et qui
fracas, dans la maison où elle était décédée. faisait des grimaces ridicules. On demanda
La servante fut traînée par le pied sans qu'il au maître de la maison si c'était bien là sa
parût personne qui la touchât, et cela en pré- mère? « Oui, s'écria t-il, oui, c'est elle; ah !

sence de sa maîtresse et de dix ou douze au- ma pauvre mère » Les valets la reconnurent
!

tres femmes. La même servante entrant le , de même. Alors le prêtre lui jeta de l'eau bé-
lendemain dans une chambre, aperçut la dé- nite sur le visage. L'esprit, se sentant mouillé,
funte Catherine qui s'élevait sur la pointe du sauta à la figure de l'abbé. Tout le monde prit
pied, pour saisir un vase de terre posé sur la fuite en poussant des cris. Mais la coiffure
une corniche elle était toute en feu, et jetait
; tomba , et on reconnut que la vieille femme
des flammes par la bouche et par toutes les n'étaitqu'un singe. Cet animal avait vu sa
jointures du corps. Elle lui confessa qu elle maîtresse secoiffer, il l'avait imitée. L'au- —
était damnée et pria la servante de jeter par teur de Paris Versailles et les provinces au
,

terre et d'éteindre un cierge bénit, qu'elle te- dix-huitième siècle raconte une histoire de,

nait à la main , disant qu'il augmentait son revenant assez originale. M. Bodry, fils d'un
mal. La fille se sauva aussitôt; mais le spectre riche négociant de Lyon fut envoyé, à l'âge ,

prit le vase , la poursuivit et le lui jeta avec de vingt- deux ans, à Paris, avec des lettres
force. La maîtresse, ayant entendu le coup ,
de recommandation de ses parents, pour leur
accourut, vit la- servante toute tremblante, le correspondant, dont il n'était pas per. onnellc-
vase en mille pièces, et reçut pour sa part un ment connu. Muni d'une somme assez forte
coup de brique qui ne lui fit heureusement pour pouvoir vivre agréablement quelque
aucun mal. Le lendemain, une image du cru- temps dans la capitale il s'associa pour ce ,

cifix, collée contre le mur, fut tout d'un coup voyage un de ses amis extrêmement gai. Mais,
arrachée en présence de tout le monde et , en arrivant, M. Bodry fut attaqué d'une fièvre
brisée en trois pièces. On reconnut là que l'es- violente; son ami, qui resta auprèè de lui la
prit était réellement damné on le chassa par
: première journée, ne voulait pas le quitter, et

des exorcismes.... Mais tous les revenants se refusait d'autant plus aux instances qu'il
n'ont pas de tels symptômes. — On Italien lui faisaitpour l'engager à se dissiper, que,
retournant à Rome après avoir fait enterrer n'ayant fait ce voyage que par complaisance
son ami de voyage, s'arrêta le soir dans une pour lui il n'avait aucune connaissance a
,

hôtellerie où il couha. Étant seul et bien Paris. M. Bodry l'engagea à se présenter sous
éveillé, il lui sembla que son ami mort, fout son nom chez le correspondant de sa famille,
pâle et décharné, lui apparaissait et s'appro- et à lui remettre ses lettres de recommanda-
chait de lui. Il leva la tète pour le regarder tion ,
sauf à éclaircir comme ils le pourraient
et lui demanda en tremblant Le qui il était. l'imbroglio qui résulterait de cette supposition
mort ne répond rien, se dépouille, se met au lorsqu'il se porterait mieux. — Une propo-
lit et se serre contre le vivant, comme pour se sition aussi singulièrene pouvait que plaire
réchauffer. L'autre, ne sachant de quel côté au jeune homme; elle fut acceptée sous le :

se tourner, s'agite et repousse le défunt. Ce- nom de M. Bodry, il se rend chez le corres-
lui-ci, se voyant ainsi rebuté, regarde de tra- pondant, lui présente les lettres apportées de
vers son ancien compagnon, se lève du lit, se Lyon, joue très-bien son rôle, et se_voit par-
rhabille chausse ses souliers et sort de la
,
faitement accueilli. —
Cependant de retour ,

chambre, sans plus apparaître. Le vivant — au logis, il trouve son ami dans l'état le plus
a rapporté qu'ayant touché clans le lit un des alarmant; et, nonobstant tous les secours qu'il
pieds du mort, il l'avait trouvé plus froid que lui prodigue, il a le malheur de le perdre dans

la glace. — Cette anecdote peut n'être qu'un la nuit. Malgré le trouble que lui occasionnait

conte. En voici une autre qui est plus claire. ce cruel événement, il sentit qu'il n'était pas
Un aubergiste d'Italie, qui venait de perdre possible de le taire au correspondant de la

sa mère, étant monté le soir dans la chambre maison Bodry mais comment avouer une
:

de la défunte , en sortit hors d'haleine ,


en mauvaise plaisanterie dans une si triste cir-
criant à tous ceux qui logeaient chez lui que constance? N'ayant plus aucun moyen de la
sa mère revenue et couchée dans son
était justifier, ne serait-ce pas s'exposer volontai-

lit; qu'il l'avait vue, mais qu'il n'avait pas rement aux soupçons les plus injurieux, sans
eu le courage de lui parler. Un ecclésias- — avoir, pour les écarter, que sa bonne foi à ,

tique qui se trouvait là voulut y monter; laquelle on ne voudrait pas croire?... Ce-
toute la maison se mit de la partie. On entra pendant il ne pouvait se dispenser de rester
RKV — h >a - ïu:V
pour rendre les dernier? devoirs à son ami ;
dont l'esprit était d'une grande faiblesse ne ,

et il de ne pas invite r le cor-


était impossible doute pas qu'il eu affaire à un revenant.
n'ait
respondant à cette lugubre cérémonie. Ces — — Sur ces entrefaites, un de ses amis, vou-
différentes réflexions se mêlant avec le sen-
,
lant lui jouer un tour, vient le prévenir qu'un
timent de la douleur, le tinrent dans la plus de ses oncles qui habite Sens est mort il y
, ,

grande perplexité mais une idée originale


;
a peu de jours, et il l'engage à se rendre sur
vint tout à coup fixer son incertitude. Pâle les lieux pour recueillir l'héritage. Jacquemin
défait par les fatigues, accablé de tristesse, il fait faire des vêtements de deuil pour lui et

se présente à dix heures du soir chez le cor- pour sa femme et se met en route pour le
,

respondant, qu'il trouve au milieu de sa fa- chef-lieu du département de l'Yonne, distant


mille, et qui, frappé de cette visite à une heure de son domicile de huit lieues. Il se présente
indue, ainsi que du changement de sa figure, à la maison du défunt la première personne;

luidemande ce qu'il a, s'il lui est arrivé quel- qu'il aperçoit en entrant c'est son oncle, tran-
que malheur... « Hélas —
monsieur, le plus ! quillement assis dans un fauteuil, et qui té-
grand de tous, répond le jeune homme, d'un moigne à son neveu la surprise qu'il éprouve
ton solennel je suis mort ce matin, et je viens
;
de le voir. Jacquemin saisit le bras de sa
vous prier d'assister à mon enterrement, qui femme et se sauve en proie à une terreur
, ,

se fera demain. » Profitant de la stupeur de qu'il ne peut dissimuler et sans donner à son
la société, il s'échappe sans que personne fasse oncle étonné aucune explication. Cepen- —
un mouvement pour l'arrêter on veut lui ré- ;
dant la grenouille n'avait pas abandonné la
pondre, il a disparu: on décide que le jeune demeure du paysan elle avait trouvé une
:

homme est devenu fou, et le correspondant se retraite dans une fente de plancher, et là elle
charge d'aller le lendemain, avec son fils, lui poussait fréquemment des coassements qui
porter les secours qu'exige sa situation. Ar- jetaient Jacquemin dans des angoisses épou-
rivés en effet à son logement, ils sont troublés vantables, surtout depuis qu'il avait vu son
d'abord par les préparatifs funéraires; ils de- oncle. Il était convaincu que c'était l'ombre de
mandent M. Bodry on leur répond qu'il est
; ce parent qu'il avait aperçue, et que les cris
mort la veille et qu'il va être enterré ce ma- qu'il entendait étaient poussés par lui, qui re-
tin.... A ces mots, frappés de la plus grande venait chaque nuit pour l'effrayer. Pour —
terreur, ne doutèrent plus que ce ne fût
ils conjurer le maléfice Jacquemin fit faire des
,

Fàme du défunt qui leur avait apparu, et re- conjurations, qui restaient inefficaces ; car les
vinrent communiquer leur effroi à toute la fa- coassements n'en continuaient pas moins. Cha-
mille, qui n'a jamais voulu revenir de celte que nuit le malheureux se relevait, prenait sa
idée. —
On a pu lire ce qui suit dans plusieurs couverture, qu'il mettait sur sa tète en guise
journaux Une superstition incroyable a causé
: de capuce, et chantait devant un bahut qu'il
récemment un double suicide dans la com- avait transformé en autel. Les coassements
mune de Bussy-en-Oth département de ,
continuaient toujours Enfin, n'y pou-
!

l'Aube. Voici les circonstances de ce singulier vant plus tenir, pauvre Jacquemin fit part
le

et déplorable événement (1841) Un jeune : — à quelques personnes de l'intention où il était


homme des environs était allé à la pêche aux de se donner la mort, et les pria naïvement
grenouilles et en avait mis plusieurs toutes
, de l'y aider il acheta un collier en fer, se le
;

vivantes dans un sac. En s'en revenant il aper- mit au cou, et un des amis voulut bien serrer
çoit un paysan qui cheminait à petits pas. Ce la vis pour l'étrangler, mais il s'arrêta quand
bonhomme portait une veste dont la poche il crut que la douleur aurait fait renoncer Jac-

était entrebâillée. Le pêcheur trouva plaisant quemin à son projet. Le paysan choisit un
rie prendre une de ses grenouilles et de la autre moyen et pria une autre personne de
glisser dans la poche de la veste du paysan. l'étouffer entre deux matelas; cette personne
Ce dernier, i.ommé Joachim Jacquemin, rentre feignit d'y consentir, et s'arrêta quand elle
chez lui et se couche, après avoir mis sa veste pensa que Jacquemin avait assez souffert et
sur son lit. Au milieu de la nuit, il est réveillé que ce serait pour lui une leçon. Mais l'esprit
par un corps étranger qu'il sent sur sa figure, de Jacquemin était trop vivement impres-
et qui s'agitait en poussant de petits cris inar- sionné et un malheur était imminent. En effet,
ticulés. C'était la grenouille qui avait quitté un jour, on fut étonne de ne pas l'apercevoir ;

sa retraite et qui, cherchant sans doute une on fit des recherches dans la maison, et on le
issue pour se sauver, était arrivée jusque sur trouva pendu dans son grenier. Le lendemain,
le visage du dormeur et s'était mise à coasser. sa femme , au désespoir de la perte de son
Le paysan n'ose remuer, et bientôt sa visiteuse mari, se jeta dans une mare, où elle trouva
nocturne disparaît. Mais le pauvre homme , aussi la mort... — On conte qu'il y avait dans
RLV — 4n — REV
un du Poitou, un fermier nommé Her-
village courage autant qu'il put, et descendit avec
vias. Le valet de cet homme pensa qu'il lui son gendre futur. On trouva que le prétendu
serait avantageux d'épouser la fille de la démon était le valet de la maison... On n'eut
maison qui s'appelait Catherine et qui était
, pas besoin de lui donner des soins; sa chute
riche. Comme il ne possédait rien et que, pour l'avait assommé, et il mourut au bout de quel-
surcroît, la main de la jeune fille était pro- ques heures sort fâcheux dans tous les cas.

;

mise à un cousin qu'elle aimait, le valet ima- Dans le château d'Ardivilliers, près de Bre-
gina un stratagème. Un mois avant la noce, teuil, en Picardie, du temps de la jeunesse de
comme le fermier se trouvait une certaine Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable ;

nuit plongé dans son meilleur sommeil il en , c'étaient toute la nuit des flammes qui fai-
fut tiré en sursaut par un bruit étrange qui saient paraître le château en feu c'étaient ,

se fit dans sa chambre. Une main agita les des hurlements épouvantables mais cela n'ar- ;

rideaux de son lit, et il vit au fond de sa rivait qu'en certain temps de Tannée, vers la

chambre un fantôme couvert d'un drap noir Toussaint. Personne n'osait y demeurer que
sur une longue robe blanche. Le fantôme te- le fermier, avec qui l'esprit était apprivoisé.

nait une torche à demi éteinte à la main droite Si quelque malheureux passant y couchait,
et une fourche à la gauche. Il traînait des une nuit, il était si bien étrillé qu'il en por-
chaînes ; il avait une tète de cheval lumi- tait long-temps les marques. Les paysans d'a-

neuse. Hervias poussa un gémissement , son lentour voyaient mille fantômes qui ajoutaient
sang se glaça , et il eut à peine la force de à l'effroi. Tantôt quelqu'un avait aperçu en
demander au fantôme ce qu'il voulait. « Tu l'air une douzaine d'esprits au-dessus du châ-

mourras dans trois jours, répondit l'esprit, si teau ils étaient tous de feu et dansaient un
;

tu songes encore au mariage projeté entre ta branle à la paysanne; un autre avait trouvé,

fille et son jeune cousin ; tu dois la marier, dans une prairie, je ne sais combien de pré-
dans ta maison , avec le premier homme que sidents et de conseillers en robe rouge, assis
tu verras demain à ton lever.... Garde le si- et jugeant à mort un gentilhomme du pays
lence je viendrai la nuit prochaine savoir ta qui avait eu la tète tranchée il y avait bien
réponse.
;

» —
En achevant ces mots le fan- cent ans. Plusieurs autres avaient vu, ou tout
tôme disparut. Hervias passa la nuit sans au moins ouï dire, des merveilles du château
dormir. Au point du jour, quelqu'un entra d'Ardivilliers. —
Cette farce dura quatre ou
pour lui demander des ordres c'était le valet. ; cinq ans, et fit grand toi t au maître du châ-
Le fermier fut consterné de la pensée qu'il teau ,
qui était obligé d'affermer sa terre à
fallait lui donner sa fille; mais il ne témoigna très-vil prix. Il résolut enfin de faire cesser

rien, se leva , alla trouver Catherine et finit la lutinerie persuadé par beaucoup de cir-
,

par lui raconter le tout. Catherine, désolée, ne constances qu'il y avait de l'artifice en tout
sut que répondre. Son jeune cousin vint ce cela. Il se rend à sa terre vers la Toussaint
jour-là elle lui apprit la chose
; mais il ne ; couche dans son château, et fait demeurer
se troubla point. Il proposa à son futur beau- dans sa chambre deux gentilshommes de ses
père de passer la nuit dans sa chambre Her- : amis, bien résolus" au premier bruit ou à la
vias y consentit. Le jeune cousin feignit donc première apparition de tirer sur les esprits
de partir le soir pour la ville, et rentra après avec de bons pistolets. Les esprits, qui savent
la chute du jour dans la ferme. Il resta sur tout, surent apparemment ces préparatifs :

une chaise auprès du lit d'Hervias, et tous pas un ne parut. Ils se contentèrent de traîner
deux attendirent patiemment le spectre. — des chaînes dans une chambre du haut, au
La fenêtre s'ouvrit vers minuit;comme la bruit desquelles la femme et les enfants du
veille on vit paraître le fantôme dans le même
, fermier vinrent au secours de leur seigneur,
accoutrement, il répéta le même ordre. Her- en se jetant à ses genoux pour l'empêcher de
vias tremblait; le jeune cousin ,
qui ne crai- monter dans cette chambre. « Ah ! monsei-
gnait pas les apparitions , se leva et dit : gneur, lui criaient-ils, qu'est-ce que la force

« Voyons qui nous fait des menaces si pré- humaine contre des gens de l'autre monde ?
cises. » En même temps, il sauta sur le spectre Tous ceux qui ont tenté avant vous la même
qui voulait fuir, il le saisit, et sentant entre entreprise en sont revenus disloqués. » Ils

sos bras un corps solide, il s'écria : « Ce n'est firent tant d'histoires au maître du château
pas un esprit. fantôme par la fe-
» Il jeta le que ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposât;
nêtre, qui était élevée de douze pieds. On en- mais ils montèrent tous deux à cette grande
tendit un cri plaintif. « Le revenant n'osera et vaste chambre où se faisait le bruit le ,

plus revenir, dit le jeune cousin; allons voir pistolet dans une main, la chandelle dans l'au-
s'il se porte bien, » — Le fermier ranima son tre. — Ils ne virent d'abord qu'une épaisse
, ,

IlEV — h 5 — REV
fumée ,
que quelques flammes redoublaient mença par du bruit dans une chambre
faire
par intervalles. Un
instant après, elle s'é- peu éloignée des autres où M. Vidi mettait ,

parut confusément au mi-


claircit et l'esprit ses serviteurs malades la servante entendit ;

lieu. C'était un grand diable tout noir, qui auprès d'elle pousser des soupirs semblables
faisait des gambades, et qu'un autre mélange à ceux d'une personne qui souffre; cepen-
de flammes de fumée déroba une seconde
et dant elle ne vit rien. Elle tomba malade; on
fois à la avait des cornes, une longue
vue. 11 l'envoya chez son père pour prendre l'air
queue. Son aspect épouvantable diminua un natal elle y resta un mois. Étant revenue, on
:

peu l'audace de l'un des deux champions : la mit coucher à part dans une autre chambre.

« Il y a là quelque chose de surnaturel dit- , Elle se plaignit encore d'avoir entendu un bruit
il à son compagnon ;
retirons-nous. — Non ,
extraordinaire, et deux ou trois jours après,
non, répondit l'autre ; ce n'est que de la fumée étant dans le bûcher, elle se sentit tirer par
de poudre à canon... et l'esprit ne sait son la jupe. L'après-dînée du même jour, on

métier qu'à demi de n'avoir pas encore soufflé l'envoya au salut; lorsqu'elle sortit de l'é-
nos chandelles.» —
Il avance à ces mots, pour- glise ,
l'esprit la tira si fort par derrière qu'elle
suit le spectre, lui lâche un coup de pistolet ,
dut s'arrêler. En rentrant au logis, elle fut si

ne le manque pas; mais au lieu de tomber, le fort tirée qu'on entendit craquement de
le

spectre se retourne et le fixe. Il commence l'étoffe, et qu'on remarqua que les basques de
alors à s'effrayer à son tour. 11 se rassure son corps par derrière étaient hors de sa jupe;
toutefois, persuadé que ce ne peut être un une agrafe avait même été rompue. Ma-
esprit; et, voyant que le spectre évite de l'ap- dame Vidi frémit de peur. C'était un vendredi
procher, il se résout de le saisir, pour voir au soir. La nuit du dimanche au lundi, sitôt
s'il sera palpable ou s'il fondra entre ses mains. qu'elle fut couchée, la servante entendit mar-
L'esprit ,
trop pressé , sort de la chambre et cher dans sa chambre, et quelque temps après
s'enfuit par un petit escalier. Le gentilhomme l'esprit lui passa sur le visage une main froide

descend après lui , ne le perd point de vue comme pour lui faire des caresses. Elle prit
traverse cours et jardins, et fait autant de son chapelet. On lui avait dit que si elle con-
tours qu'en fait le spectre, tant qu'enfin le tinuait à entendre quelque chose, elle conjurât
fantôme, étant parvenu à une grange qu'il l'esprit, de la part de Dieu, de s'expliquer ce :

trouve ouverte, se jette dedans et fond contre qu'elle fît mentalement, la peur lui ôtant
un mur au moment où le gentilhomme pen- l'usage de la parole. Elle entendit marmotter
sait l'arrêter. —
Celui-ci appelle du monde; à son oreille; mais rien n'était articulé. —
et dans l'endroit où le spectre s'était évanoui, Vers trois heures du matin, l'esprit fit si grand
il découvre une trappe qui se fermait d'un bruit qu'il semblait que la maison tombât.
verrou après qu'on y était passé; il descend, On alla voir ce que c'était on trouva la ser- :

trouve le fantôme sur de bons matelas, qui vante toute en eau on la fit habiller ses, ;

l'empêchaient de se blesser quand il s'y jetait maîtres virent une fumée qui la suivait et qui
la tête la première. Il l'en fait sortir, et l'on disparut un moment après. On lui dit qu'il
reconnaît sous le masque du diable le malin fallait aller à confesse et communier. Elle fut

fermier, qui avoua toutes ses souplesses et en chercher ses chausses qui étaient dans la
,

fut quitte pour payer à son maître les rede- ruelle du lit. Elle trouva ses souliers sur la
vances de cinq années sur le pied de ce que fenêtre les deux bouts se regardant
, et re- ,

la terre était affermée avant les apparitions. marqua qu'une des croisées était ouverte. —
Le caractère qui le rendait à l'épreuve du A son retour de l'église on lui demanda ce ,

pistolet était une peau de buffle ajustée à tout qu'elle avait fait. Elle dit que, sitôt qu'elle
son corps... — Dans la Guinée, on croit que s'était mise à la sainte table, elle avait vu sa
les âmes des trépassés reviennent sur la terre, mère à son côté quoiqu'il y eût onze ans
,

et qu'elles prennent maisons les dans les qu'elle était morte; qu'après la communion
choses dont elles ont besoin de sorte que ;
,
sa mère s'était mise à genoux devant elle et
quand on a fait quelque perte on en accuse , lui avait pris les mains en lui disant « Ma :

les revenants; opinion très-favorable aux vo- fille, n'ayez point peur, je suis votre mère.

leurs. Voij. Apparitions, Fantômes, Spec- Votre frère fut brûlé par accident près d'É-
tres, Athénagobe, Rambouillet, Sanche tampes. J'allai trouver M. le curé de Garan-
Steinlin, etc. —
L Esprit de Dourdans, his-
,

cières pour lui demander une pénitence


,

toire tirée d'un manuscritde M. Barré. M. Vidi, croyant qu'il y avait de ma faute. 11 ne voulut
receveur des tailles de Dourdans, rapporte pas m'en donner, disant que je n'étais pas
ainsi une histoire d'esprit arrivée au temps coupable il me renvoya à Chartres, au pé-
;

de Pâques de l'année 1700. L'esprit coin- nitencier, qui, voyant que je m'obstinais à von-

IIHO — k 26 — MB
loir une pénitence, m'imposa celle de porter voulait corriger l'effet qu'elle avait produit et
pendant deux ans une ceinture de crin ce que ; lui en donner un contraire, le magicien la re-
je n'ai pu exécuter à cause de mes grossesses prenait et lui faisait décrire un cercle opposé
et maladies. Ne voulez-vous pas bien, ma à celui qu'elle avait déjà parcouru. Les amants
tille, accomplir pour moi cette pénitence? » La malheureux la faisaient tourner en adressant
fille le lui promit. La mère lachargea ensuite à Némésis des imprécations contre l'objet de
de déjeuner au pain et à l'eau pendant quatre leur amour, dont ils étaient dédaignés.
vendredis et samedis qui restaient jusqu'à
l'Ascension prochaine, de faire dire une messe
Rhotomago, — magicien fameux au théâ-
tre des ombres chinoises. M. Berbiguier en
à Gomervilje de payer au nommé Lanier,
,
fait sérieusement une espèce de démon qui
,
mercier, vingt-six sous qu'elle lui devait pour
serait le grand-maître des sorciers *.
du fil qu'il lui avait vendu; d'aller dans la
cave de la maison où elle était morte, qu'elle Ribadin (Jeannette), — jeune personne de
dix-huit ans, dont l'histoire a du bruit au fait
y trouverait la somme de vingt-sept livres
seizième siècle. Elle était de paroisse de la
sous la troisième marche. Elle lui fit beau-
.Touin de Cernes, aux environs de Bordeaux.
coup de remontrances, lui disant surtout de
prier toujours la Sainte-Vierge. Le lende- — Cueillant un dimanche des herbes dans la cam-

main, la servante fit dire une messe, et pen- pagne, elle fut réprimandée par Jean d'Etoup-
dant deux jours elle vit sa mère à côté d'elle. pe, prêtre, qui voulut qu'elle publiât sa faute
en pleine assemblée, et la conduisit à la pa-
Ses maîtres acquittèrent au plus tôt ce dont
roisse après lui avoir donné ses instructions.
elle s'étaitchargée; ensuite elle alla à Char-
tres, où elle fit dire trois messes, se confessa
Un grand concours arriva la jeune fille an- ;

et communia dans la chapelle basse. En sor-


nonça au peuple assemblé qu'elle avait eu
grand mal pour avoir travaillé le dimanche;
tant, sa mère
apparut encore, en lui di-
lui
ce qu'il fallait éviter pour ne pas s'attirer les
sant: « Ma fille, vous voulez donc faire tout

ce que je vous ai dit"? Oui, ma mère. — mêmes maux de la part de Dieu ensuite elle
eut des extases, se roula par terre se releva
;

Eh bien je m'en décharge sur vous. Adieu,


!
,

et prononça d'un ton prophétique que Dieu


je vais à la gloire éternelle. » Depuis ce
ne voulait pas que les femmes portassent des
temps, la fille ne vit, n'entendit plus rien. Elle
manches froncées, ni les hommes des bonnets
porta la ceinture de crin nuit et jour pendant
les deux ans que sa mère lui avait recom-
rouges. — L'affaire parvint aux oreilles de

mandé de le faire ;
— et voilà comment s'est
l'archevêque de Bordeaux qui la fit arrêter ,

avec ses complices, reconnut la fraude, et fit


terminée l'histoire de l'esprit de Dourdans.
avouer à la fille que l'argent que les fidèles
Rhapsodomancie, —
divination qui se fai- lui donnaient pour ses prétendues révélations
sait en ouvrant au hasard les ouvrages d'un était partagé entre trois suborneurs qui l'a-
poète, et prenant l'endroit sur lequel on tom- vaient engagée à contrefaire la sainte. Le juge
bait pour une prédiction de ce qu'on voulait ecclésiastique la condamna à faire amende
savoir. C'était ordinairement Homère et Virgile honorable en l'église métropolitaine de Saint-
que l'on choisissait. D'autres fois on écrivait André, la torche au poing, et là demander pa r-
des sentences ou des vers détachés du poète ;
don à Dieu. Cette sentence fut exécutée; mais
on les remuait dans une urne; la sentence ou elle fut encore renvoyée en la cour, où, par
le vers qu'on en tirait était le sort. On jetait arrêt donné à la Tourneile, elle fut condam-
encore des dés sur une planche où des vers née comme criminelle d'imposture, de séduc-
étaient écrits et ceux sur lesquels s'arrêtaient
, tion ,
d'impiété, d'abus et de scandale public
les dés passaient pour contenir la prédiction. (1587). Ses complices furent condamnés à la
Chez les modernes, on ouvrait le livre avec réclusion perpétuelle , comme convaincus de
2
une épingle et on interprétait le vers que l'é-
, séductions envers cette malheureuse fille Ce .

pingle marquait. qui fait voir que les fraudes pieuses n'étaient
comme
Rhombus , — instrument magique des
pas encouragées autrefois,
menteurs qui attaquent la religion.
le disent les

Grecs, espèce de toupie dont on se servait


dans les sortilèges. On l'entourait de lanières Ribenzal, — spectre dont le peuple en Si-
tressées, à l'aide desquelles on la faisait pi- lésie place la demeure au sommet du Risem-
rouetter. Les magiciens prétendaient que le berg C'est lui, dans leur idée, qui couvre su-
mouvement de cette toupie avait la vertu de bitement cette montagne de nuages et qui ex-
donner aux hommes les passions et les mou- 1
Les farfadets, t. l"\ p. 275.
vements qu'ils voulaient leur inspirer; quand 2 Delancre, Tableau de l'inconstance des déni., etc..
on l'avait fait tourner dans un sens, si l'on Jjv. m, p. 410.
ROB — Z| 27 — ROD
cite les tempêtes. C'est le même que Rubezahl. de eue mystérieusement enve-
petite figure
Voy. ce mot. loppée dans un écrin. Celte figure représen-
Richelieu. —
Le maréchal de Richelieu ,
tait Jean duc de Normandie, fils du roi *.
,

étant ambassadeur à Vienne se fit initier ,


Robert, — roi de France. Ce monarque
dans de quelques nécromanciens,
la société avait épousé Berthe, sa cousine issue de ger-
qui lui promirent de lui montrer Belzébuth, le main. Le pape Grégoire V examina l'affaire
prince des démons; il donna dans cette chi- dans un concile suivant la discipline du
;

mère. Il y eut une assemblée nocturne, des temps, le mariage fut déclaré incestueux et
évocations; en sorte que l'affaire éclata. — le concile décréta que les époux seraient tenus
,

Un jour que le maréchal disait a Louis XV de se séparer et de faire pénitence. Le roi


que les Bourbons avaient peur du diable le ,
Robert, refusant de se soumettre, fut excom-
roi lui répondit : —
«C'est qu'ils ne l'ont pas munié et son royaume mis en interdit. Un —
vu comme vous. »
jour qu'il était allé faire sa prière à la porte
Rickius (Jacques), — auteur d'une défense d'une église, onlui présenta un petit monstre
1

des épreuves par l'eau froide, publié en latin qui avait cou et le dessus de la tête d'un
le

à Cologne 4597. , canard. «Voyez-vous, lui dit-on, les effets de


Rïmmon, — démon d'un ordre inférieur, votre désobéissance; la reine Berthe vient

peu considéré là-bas, quoique premier méde- d'accoucher de cet enfaut.» Le roi, à ce spec-
cin de l'empereur infernal. Il était adoré à tacle, répudia Berthe, et l'excommunication

Damas sous le nom de Remmon ou Remnon cause de cet incident que la


fut levée. C'est à

qui, selon les uns, est Saturne, et selon les reine Berthe, femme de Robert,
fut repré-

autres, le Soleil. —
On lui attribuait le pou- sentée dans ses statues avec un pied d'oie.
voir de guérir la lèpre. Roderik ou Rodrigue. — Roderik, dernier
Rivière ( ROCH LE BAILLIF SIEUR DE LA ) , roi des Golhs en Espagne, se rendit fameux

,

médecin empirique et astrologue, né à Fa- par ses crimes et ses débauches au commen-
laise dans le seizième siècle. Il devint premier cement du huitième siècle mais il y eut ;

médecin de Henri IV, fut comblé des faveurs une fin. Il était devenu épris de la fille du
de la cour, et mourut le 5 novembre 1605. comte Julien l'un des grands seigneurs de
,

On dit que Henri eut la faiblesse de lui faire ''Espagne; il la déshonora et la renvoya en-
tirer l'horoscope de son fils, depuis Louis XIII; suite de la cour. Le comte Julien qui était ,

il s'en défendit long-temps, mais enfin, forcé alors en ambassade chez les Maures d'Afri-
par le roi , dont sa résistance avait excité la que, n'eut pas plutôt appris sa honte et le
curiosité, il lui prédit que ce jeune prince s'at- malheur de sa fille, qu'il forma la résolution
tacherait à ses opinions, et que cependant il de se venger. 11 fit venir sa famille en Afrique,
s'abandonnerait à celles des autres qu'il ;
demanda aux Maures leur appui et promit de
aurait beaucoup à souffrir des huguenots; leur livrer toute l'Espagne. Cette proposition
qu'il ferait de grandes choses et vivrait âge fut avidement reçue ; une armée partit sous la
d'homme. Henri IV fut affligé de cette prédic- conduite du prince Mousa et de Julien lui-
tion, dont il aurait pu deviner aussi une par- même. débarquèrent en Espagne et s'em-
Ils

tie. —
La Rivière a passé de son temps pour un parèrent de quelques villes avant que Roderik
grand amateur de philosophie naturelle et cu- fût instruit de leur approche. Il y avait au- —
rieux des secrets de celte science. On a de lui : près de Tolède une vieille tour déserte, que
Discours sur la signification de la comète ap- l'on appelait la Tour enchantée. Personne n'a-
parue en Occident au signe du Sagittaire, le vait osé y pénétrer, parce qu'elle était fermée
10 novembre. Rennes, 1577, in-4°, rare. de plusieurs portes de fer. Maison disait qu'elle
Robert, —
c'est le nom que la petite dé- renfermait d'immenses trésors. Roderik, ayant
moniaque Marie Clauzctle donnait au maître besoin d'argent pour lever une armée contre
des sabbats. les Maures, se décida à visiter cette tour, mal-

Robert, — sorcier de l'Artois, qui fut con-


gré les avis de tous ses conseillers. Après en
avoir parcouru plusieurs pièces, il fit enfoncer
damné, en 1 331 , au bannissement et à la con-
une grande porte de fer battu, que mille ver-
fiscation de ses biens. Il avait formé le des-
rous, dit-on, fermaient intérieurement. Il entra
sein d'envoûter le roi , la duc de
reine et le
dans une galerie où il ne trouva qu'un éten-
Normandie. Il avait montré à un prêtre une
dard de plusieurs couleurs, sur lequel on lisait
Defensio compendiosacertisque modis astricta probe
1

ut loquuntur aquœ frigidae quâ in examinatione inale-


fïcorum judices hodie utuntur, omnibus scitu per quam
1
M. Garinct, Hist. de la magie en France, p. 87.
necessaria, quatuor distineta capitibus; authore Jacobo 2M. Salgues, des Erreurs et des préjugés, etc., t„ III,
Rickio, in-12, Colonise Agrippinae, 1597. p. 1U.
ces mots :
RÔD
Lorsqu'on ouvrira cette tour, les
— m
de sa figure, il
ROI
leur fut aisé de le reconnaître
barbares s empareront de l'Espagne.... Aboul- à ses cris et aux reproches que lui faisaient
kacim-Tarista-Ben-Tarik historien arabe, , les démons. Les trois ermites gardèrent le si-
ajoute que, malgré son effroi, Rocierik, ayant lence de l'effroi à ce spectacle tout à coup ils ;

fait faire certains flambeaux que l'air de la cave virent descendre du ciel la mère de Roderik
ne pouvait éteindre, poursuivit sa recherche accompagnée d'un vénérable vieillard qui ,

suivi de beaucoup de personnes. A peine eut- cria aux démons de s'arrêter. «Que deman-
il fait quelques pas, qu'il se trouva dans une dez-vous, répondit le plus grand diable de la
belle salle enrichie de sculptures, au milieu troupe? —
Nous demandons grâce pour ce
de laquelle on voyait une statue de bronze qui malheureux, répliqua la mère. 11 a commis —
représentait le Temps sur un piédestal de , trop de crimes pour qu'on l'ote de nos mains,
trois coudées de haut elle tenait de la main
: s'écrièrent les démons; et les saints ne peu-
droite une masse d'armes, avec laquelle elle vent l'avoir en leur compagnie. La mère de
frappait de temps en temps la terre, dont les Roderik et le vieillard qui l'accompagnait re-
coups, retentissant dans la cave, faisaient un prenaient la parole quand la fille du comte ,

bruit épouvantable. Roderik loin de s'ef- , Julien parut, et dit d'une voix haute « 11 ne :

frayer, s'approcha du fantôme l'assura qu'il , mérite point de pitié il m'a perdue il a porté ; ;

ne venait faire aucun désordre dans le lieu de le désespoir dans ma famiile et la désolation

sa demeure, et lui promit d'en sortir dès qu'il dans le royaume. Je viens de mourir précipi-
aurait vu les merveilles qui l'entouraient; tée du haut d'une tour; et ma mère expire
alors la statue cessa de battre Le la terre. écrasée sous un monceau de pierres. Que ce
roi encourageant les siens par son exemple , monstre soit jeté dans l'abîme, et qu'il se sou-

,

fit une visite exacte de cette salle à entrée , 1 vienne des maux Qu'on le qu'il a faits.
de laquelle on vit une cave ronde, d'où sor- laisse vivre quelque temps encore reprit la ,

tait un jet d'eau qui faisait un sourd murmure. mère de Roderik, il fera pénitence. » Alors
Sur l'estomac de la statue du Temps était on entendit dans les airs une voix éclatante
écrit en arabe Je fais mon devoir; et sur le
: qui prononça ces paroles uLes jours de Rode- :

dos: A mon secours! A gauche on lisait ces rik sont à leur terme: la mesure est comblée;
mots sur la Malheureux prince, ton
muraille : que la justice éternelle s'accomplisse » Et aus- !

mauvais Va amené ici; et ceux-ci à


destin sitôt ceux qui étaient descendus d'en haut y

droite Tu seras détrôné par des nations étran-


: remontèrent ; la terre s'entrouvrit, les démons
gères , et tes sujets ,
aussi bien que loi, seront s'engloutirent avec Roderik au milieu d'une
châtiés. — Roderik, ayant contenté sa curio- épaisse fumée et les trois anachorètes ne trou-
;

sité, s'en retourna; et dés qu'il eut tourné vèrent plus dans l'endroit où tout cela venait
le dos, la statue recommença ses coups. Le de se passer, qu'un sol aride et une végéta-
prince sortit, fit refermer les portes et marcha tion éteinte. —
Toute cette vision n'est rap-
à la rencontre des ennemis. La bataille se livra portée que par un historien aujourd'hui peu
un dimanche^ au pied de la Sierra-Moréna *. connu 1 et bien des gens ne la regarderont
,

Elle dura huit jours; l'armée espagnole fut que comme une vision. L'histoire ne parle de
taillée en pièces, et Roderik disparut du mi- Roderik qu'avec blâme et son nom est resté ,

lieu des siens sans qu'on sût jamais ce qu'il impur pour la postérité 2 .

étaitdevenu. —
On pensa qu'il avait été em- Rodriguez (iGNAZIo), — V0}J. INQUISITION.
porté par le diable, puisqu'il fut impossible de
découvrir son corps après le combat et qu'on ,
Rois de l'enfer. Les rois de — l'enfer sont

au nombre de sept. On peut les lier depuis


ne retrouva que son cheval, ses vêtements
trois heures jusqu'à midi, et depuis neuf heu-
et sa couronne au bord d'une petite rivière. 3
res jusqu'au soir . Voy. Monarchie infernale.
Ce qui confirme encore cette opinion dans
l'esprit du peuple espagnol, c'est que, le len- Rois de France. Il est rapporté dans —
demain de la bataille, trois anachorètes, qui quelques chroimjues que les premiers rois de
vivaient dans la pénitence à quelques lieues de France portaient une qtnue comme les sin-
Tolède, eurent ensemble la vision suivante; ges qu'ils avaient du poil de sanglier tout le
;

Une heure avant le retour de l'aurore, ils long de l'épine du dos etc. On sait aussi que ,

aperçurent devant eux une grande lumière et les rois de France guérissaient les éerouelles.

plusieurs démons qui emmenaient Roderik en 1


Sanctii a Corduba histoiiarum Hispanlse antiqua-
le traînant par les pieds ;
malgré l'altération rum, lib 3, sect. 12.
a Nnmcn
ejns in aïternuin putrescet (Lambertinus
1
On voyait encore, il n'y a pas deux siècles, plusieurs de Cruz-IIowen, Theatrum région) Ilispanise, ab an-
milliers de croix plantées en terre, à l'endroit où s'est no 711, ad annum 717.)
livrée cette fameuse bataille. Lambcrtinus, ubj infrà. 3 Wicrus. I il l'scudomon. dœmon.
Rl-B — k 59 — UVM
Rolande du Vernols — BogUCl CÎie CCllC ce qui concerne ce lutin, qui probablement
femme comme sorcière. Elle fut convaincue est un personnage de l'ancienne mythologie
au seizième siècle tout à la fois d'être possé- slave.Il parait encore, dit-on, dans quelque

dée voleuse et ventriloque


, ;
et fut pendue et coin éloigné; mais chaque année il perd de
brûlée. sa renommée et de sa considération. C'est le

Romulus , — celui qui éleva la ville de même que Ribenzal.

Rome. Romulus enfant du diable selon


était Rubis. — Les anciens la pro- lui attribuent
quelques-uns, grand magicien selon tous
et priété de résister au venin de préserver de ,

les démonomanes. Mars, au fait, qui fut son la peste, de bannir la tristesse et de détourner

père, n'était qu'un démon. Après qu'il eut les mauvaises pensées. S'il venait à changer

bien établi son empire, un jour qu'il faisait de couleur, il annonçait les malheurs qui de-
la revue de son armée, il fut enlevé dans un vaient arriver ; il reprenait sa teinte aussitôt
tourbillon à la vue de la multitude *, et Bodin qu'ils étaient passés.
observe que le diable, à qui il devait
2
le jour,
Rue d'Enfer, — voy. VâUVERT.
l'emporta dans un autre royaume .

Ruggieri Cosme ) — sorcier florentin et


Ronwe — marquis comte de l'enfer,
et
(

courtisan de Catherine de Médicis, qui fut ap-


,

qui apparaît sous la forme d'un monstre il ;


pliqué à la question en 1574, comme prévenu
donne à ses adeptes la connaissance des lan- d'avoir al tenté par ses chormes aux jours de
gues et la bienveillance de tout le monde. Charles IX qu'il voulait envoûter".
,

Dix-neuf cohortes infernales sont sous ses or-


dres 3 .
Rugner, — géant Scandinave, dont la lance
énorme était de pierre à aiguiser. Dans
faite
Rose-Croix. — Les Rose-Croix sont main- un duel, Thor la lui brisa d'un coup de sa
tenant de hauts-officiers dans les grades ridi-
massue grosse comme un dôme, et en fit sau-
cules de la maçonnerie. Autrefois, c'étaient
ter les éclats si loin que c'est de là que vien-
les conservateurs des secrets de la cabale. nent toutes les pierres à aiguiser qu'on trouve
Naudé a écrit sur les Rose-Croix un petit livre
dans le monde, et qui paraissent évidemment
curieux. Voy. Naudé. rompues par quelque effort.
Rose de Jérichp, — voy. BROWN. Runes, —
lettres ou caractères magiques,
Roux. — Il y a chez les modernes une an- que les peuples du Nord croyaient d'une
tipathie assez générale contre les roux. On grande vertu dans les enchantements. Il y en
expliquait autrefois ainsi l'origine des barbes avait de nuisibles que l'on nommait runes ,

rousses. Lorsque Moïse surprit les Israélites amères ; on les employait lorsqu'on vou-
adorant le veau d'or,*il le fil méttre en pou- lait faire du mal. Les runes secourables dé-
dre, mêla cette poudre dans de l'eau et la fit tournaient les accidents; les runes victorieuses
boire au peuple. L'or s'arrêta sur les barbes procuraient la victoire à ceux qui en faisaient
de ceux qui avaient adoré l'idole et les fit re- usage; les rimes médicinales guérissaient des
connaître; car, toujours depuis ils eurent la maladies , on les gravait sur des feuilles d'ar-
barbe dorée . bres ;
enfin, il y avaii des runes pour éviter
Rubezahl , — prince des gnomes , fameux les naufrages ,
pour soulager les femmes en
chez les habitants des monts Sudètes. Il est ex-
travail, pour préserver des empoisonnements.
trêmement malin, comme tous les êtres de son Ces runes différaient par les cérémonies qu'on
espèce, et joue mille tours aux montagnards. observait en les écrivant, par la matière sur
On a écrit des volumes sur son compte; il
laquelle on les traçait, par l'endroit où on les

est même le héros de quelques romans; Mu- exposait par la façon dont on arrangeait les
,

sœus en a fait un de ses héros. Et toute- lignes, soit en cercle, soit en serpentant, soit

fois on n'a pas encore suffisamment éclairci en triangle, etc. On trouve encore plusieurs
de ces caractères tracés sur les rochers des
mers du Nord.
1
Denys d'Halicarnasse Tite-Live, Plutarque, in
Romulo, e'.c.
?
,

Rymer, — géant, ennemi des dieux chez


Bodin, Démonomanie, liv. m, ch. I <r , et dans la
les Scandinaves, lequel doit a la fin du monde
préface.
3
Wierus, in Pseudomnn. drem. être le pilote du vaisseau Naglefare.
4 Jérémie de Pours, la Divine mélodie du raint Psal-
miste, p. 829. 1
M. Garinct, Hist. de la magie en France, p. 431.
SAB — m - SAB

Sabaoth. —
Les archontiques secte du , d'ânes ou d'autres animaux. Ce voyage se fait

deuxième de Sabaoth un ange


siècle, faisaient toujours en Quand les sorcières s'oignent
l'air.

douteux qui était pour quelque chose dans les pour monter sur le manche à balai qui doit
affaires de ce monde. Les mêmes disaient que les porter au sabbat, elles répètent plusieurs
la femme était l'ouvrage de Satan. fois ces mots Emen-hétan! emen-hétan! qui
:

Sabasius — chef du sabbat selon certains signifient, dit Delancre : Ici et là! ici et là!
,

démonographes. C'était autrefois l'un des sur-


,

— Ily avait cependant, en France, des sor-


noms de Bacchus grand-maître des sorciers cières qui allaient au sabbat sans bâton ni ,
,

dans l'antiquité païenne. C'est un gnome chez graisse ni monture, seulement en prononçant
,

les cabalistes. quelques paroles. Mais celles d'Italie ont tou-


jours un bouc, qui les attend pour les em-
Sabba, — devineresse mise au nombre des porter. Elles ont coutume comme les nôtres ,

sibylles. On croit que c'était celle de Cumes.


de sortir généralement par la cheminée. Ceux
Sabbat. —
C'est l'assemble des démons, ou celles qui manquent au rendez-vous paient
des sorciers et des sorcières, dans leurs orgies une amende le diable aime la discipline.
;

Nous devons donner ici l'opinion
nocturnes. Les sorcières mènent souvent au sabbat, pour
des démonomanes sur ce sujet. On s'occupe différents usages, des enfants qu "elles dérobent.
au sabbat, disent-ils, à faire ou à méditer le Si une sorcière promet de présenter au diable,
mal, à donner des craintes et des frayeurs à ,
dans le sabbat prochain, le fils ou la fille de
préparer les maléfices, à des mystères abo- quelque gueux du voisinage et qu'elle ne

,

minables. Le sabbat se fait dans un carre- puisse venir à bout de l'attraper elle est ,

four, ou dans quelque lieu désert et sauvage, obligée de présenter son propre fils ou quel- ,

auprès d'un lac, d'un étang, d'un marais, que autre enfant d'aussi haut prix. Les enfants
parce qu'on y fait la grêle et qu'on y fabrique qui plaisent au diable sont admis parmi ses
des orages. Le lieu qui sert à ce rassemble- sujets de cette manière Maître Léonard le : ,

ment reçoit une telle malédiction, qu'il n'y grand nègre, président des sabbats, et le petit
peut croître ni herbe ni autre chose. Strozzi
,
diable maître Jean Mullin, son lieutenant,
,

dit avoir vu dans un champ auprès de Vi-


,
donnent d'abord un parrain et une marraine
cence, un cercle autour d'un châtaignier, à l'enfant; puis on le fait renoncer Dieu, la
dont la terre était aussi aride que les sables Vierge et les saints; et, après qu'il a renié
de Libye, parce que les sorciers y dansaient
la sur le grand livre, Léonard le marque d'une
et y faisaient le sabbat, Les nuits ordinaires de ses cornes dans l'œil gauche. Il porte celte
de la convocation du sabbat sont celles du marque pendant tout son temps d'épreuves, à
mercredi au jeudi, et du vendredi au samedi. la suite duquel s'il s'en est bien tiré
, le diable ,

Quelquefois le sabbat se fait en plein midi lui administre un autre signe qui a la figure
mais c'est rare. Les sorciers et les sorcières d'un petit lièvre, ou d'une patte de crapaud ,

portent une marque qui leur est imprimée par ou d'un chat noir. —
Durant leur noviciat, on
le diable; cette marque par un certain mou- , charge les enfants admis de garder les cra-
vement intérieur qu'elle leur cause, les avertit pauds avec une gaule blanche sur le bord
, ,

de l'heure du ralliement. En cas d'urgence du lac, tous les jours de sabbat; quand ils
le diable fait paraître un mouton dans une ont reçu la seconde marque, qui est pour eux
nuée (lequel mouton n'est vu que des sorciers), un brevet de sorcier ils sont admis à la danse
,

pour rassembler son monde en un instant. et au festin. Les sorciers, initiés aux mystè-
Dans les circonstances ordinaires, lorsque res du sabbat, ont coutume de dire J'ai bu :

l'heure du départ est arrivée, après que les du labourin j'ai mange du cymbale et je suis
,
,

sorciers ont dormi ou du moins fermé un


, fait profès. Ce que Leloyer explique de la
œil , ce qui est d'obligation , ils se rendent au sorte « Par le tabourin
: on entend la peau de
,

sabbat montés sur des bâtons ou sur des


, bouc enflée de laquelle ils tirent le jus et con-
manches à balai oints de graisse d'enfant
,
; sommé pour boire; et, par le cymbale, le
,

ou bien des diables subalternes les transpor- chaudron ou bassin dont ils usent pour cuire
tent, sous des formes de boucs, de chevaux, leurs ragoûts. » Les petits enfants qui no pro-
,

SAB — 43 t
— SAB
niellent rien de bon sont condamnés à être portant une sonnette au cou et une autre aux ,

fiïcassés. Il y a là des sorcières qui les dé- pieds. On


donne aux sorcières qui ont bien
les

pècent, et les font cuire pour le banquet. — mérité des légions infernales. Là une magi- ,

Lorsqu'on est arrivé au sabbat la première , cienne dit la messe du diable pour ceux qui
chose est d'aller rendre hommage à maître veulent l'entendre. Ailleurs se commettent les ,

Léonard. Il est assis sur un trône infernal, plus révoltantes et les plus honteuses horreurs.
ordinairement sous la figure d'un grand bouc, Ceux et celles qui vont baiser le visage inférieur
ayant trois cornes, dont celle du milieu jette du maître tiennent une chandelle sombre à la
une lumière qui éclaire l'assemblée; quelque- main. Il en est qui forment des quadrilles avec
fois sous la forme d'un lévrier ou d'un bœuf, ,
des crapauds vêtus de velours et chargés de
ou d'un tronc d'arbre sans pied avec une ,
sonnettes. Ces divertissements durent jusqu'au
face humaine fort ténébreuse , ou d'un oiseau chant du coq. Aussitôt qu'il se fait entendre *
noir, ou d'un homme tantôt noir, tantôt rouge. tout est forcé de disparaître. Alors le grand

Mais sa figure favorite est celle du bouc. Alors nègre leur donne congé, et chacun s'en re-
il a ordinairement sur la tête la corne lumi- tourne chez soi !. —
On conte qu'un charbon-
neuse; les deux autres sont au cou; il porte nier ayant été averti que sa femme allait au
,

une couronne noire, les cheveux hérissés, le sabbat résolut de l'épier. Une nuit qu'elle
,

visage pâle et troublé les yeux ronds, grands,


,
faisait semblant de dormir, elle se leva, se
fort ouverts enflammés et hideux une barbe
, ,
frottad'unedrogue et disparut. Le charbonnier,
de chèvre les mains comme celles d'un
,
qui l'avait bien examinée, en fit autant, et
homme, excepté que les doigts sont tous égaux, fut aussitôt transporté, par la cheminée dans ,

courbés comme les griffes d'un oiseau de la cave d'un comte, homme de considération

proie et terminés en pointes


,
les pieds en , dans le pays, où il trouva sa femme et tout
pattes d'oie, la queue longue comme celle d'un le sabbat rassemblé pour une séance secrète.

àne; il a la voix effroyable et sans ton tient , Celle-ci, l'ayant aperçu, fit un signe: au
une gravité superbe, avec la contenance d'une même instant tout s'envola et il ne resta dans ,

personne mélancolique et porte toujours sous ,


la cave que le charbonnier, qui, se voyant pris

la queue un Visage d'homme noir visage ,


pour un voleur, avoua ce qui s'était passé à
que tous les sorciers baisent en arrivant au son égard et ce qu'il avait vu dans cette
,

sabbat. —
Léonard donne ensuite un pou d'ar- cave 2 . —
Un paysan se rencontrant de nuit
gent à tous ses adeptes; puis il se lève pour dans un lieu où l'on faisait le sabbat, on lui
le festin où le maître des cérémonies place
, offrit à boire. Il jeta la liqueur à terre et
tout le monde chacun selon son rang mais
, , s'enfuit, emportant le vase ,
qui était d'une
toujours un diable à côté d'un sorcier. Quel- matière et d'une couleur inconnues. Il fut
ques sorcières ont dit que la nappe y est dorée, donné à Henri Vieux, roi d'Angleterre, si
le
3
et qu'on y sert toutes sortes de bons mets, l'on en croit le conte Mais, malgré son prix .

avec du pain et du vin délicieux. Mais le plus et sa rareté, le vase est sans doute retourné
grand nombre de ces femmes ont déclaré au à son premier maître. Pareillement, un —
contraire qu'on n'y sert que des crapauds, de boucher allemand entendit en passant de ,

la chair de pendus de petits enfants non


, nuit par une forêt, le bruit des danses du
baptisés, et mille autres horreurs, et que le sabbat il eut la hardiesse de s'en approcher,
;

pain du diable est de millet noir. On chante,


fait et tout disparut. Il prit des coupes d'argent
pendant le repas, des choses abominables; et, qu'il porta au magistrat, lequel fit arrêter et
après qu'on a mangé on se lève de table on , , pendre toutes les personnes dont les coupes
adore le grand-maître puis chacun se divertit.
;
portaient le nom Un sorcier mena son
1
. —
— Les uns dansent en rond, ayant chacun un voisin au sabbat en lui promettant qu'il serait
,

chat pendu au derrière. D'autres rendent l'homme le plus heureux du monde. Il le


compte des maux qu'ils ont faits, et ceux qui transporta fort loin dans un lieu où se trou-
,

n'en ont pas fait assez sont punis. Des sor- vait rassemblée une nombreuse compagnie,
cières répondent aux accusations des crapauds au milieu de laquelle était un grand bouc. Le
qui les servent; quand ils se plaignent de nouvel apprenti-sorcier appela Dieu à son
n'être pas bien nourris par leurs maîtresses secours. Alors vint un tourbillon impétueux :

les maîtresses subissent un châtiment. Les tout disparut; il demeura seul et fut trois ans ,

correcteurs du sabbat sont de petits démons


1 Delancre, Bodin, Delrio, Maîol, Leloyer, Danseus,
sans bras, qui allument un grand feu, y jet-
Boguet, Monstrelet, Torquemada, etc.
tent les coupables, et les en retirent quand 2
il le faut. — honneur à des cra-
Ici , on fait 3
Delrio, Disquisitions magiques, et Bodin, p. 30.
Trinnm Magicum.
pauds, habillés de velours rouge ou noir, 4 Joachim de Cambray.
SAB — /,3 2 — SAB
à retourner dans son pays >. — « Le sabbat de bandits qui faisaient le sabbat. Leurs ini-
quand les sages
se fait, disent les cabaiistçs, tiations avaient heu dans un carrefoursolitaire,
rassemblent les gnomes pour les engager à où végétait une masure qu'on appelait la
épouser les filles des hommes. Le grand Or- Chapelle des boucs. Celui qu'on recevait sor-
phée fut îe premier qui convoqua ces peuples cier était enivré, puis mis à califourchon sur
souterrains. A sa première semonce, Sabasius, un bouc de bois qu'on agitait au moyen d'un
le plus ancien des gnomes, contracta alliance pivot; on lui disait qu'il voyageait par les
avec une femme. C'est de ce Sabasius qu'a pris airs. Il le croyait d'autant plus qu'on le des-
son nom cette assemblée, sur laquelle on a fait cendait de sa monture pour le jeter dans une
mille contes impertinents. Les démonomanes orgie qui était pourlui le sabbat. Voy. Spée
prétendent aussi qu'Orphée fut le fondateur Blokula, etc. —
On sait, dit Malebranche,
,

du sabbat, et que premiers sorciers qui se les que cette erreur du sabbat n'a aucun fonde-
rassemblèrent de nommaient or- la sorte se ment; que le prétendu sabbat des sorciers est
phêotélestes. La véritable source de ces orgies l'effet d'un délire et d'un dérèglement de l'i-
sinistres a pu prendre naissance dans les bac- magination, causé par certaines drogues des-
chanales où l'on invoquait Bacchus en criant
, : quelles se servent les malheureux qui veulent
Saboé ! » — Dans l'affaire de la possession de se procurer ce délire. — Ce qui entretient la
Louviers, Madeleine Bavan, tourière du cou- crédulité populaire, ajoute Bergier. ce sont
vent de cette ville, confessa des choses sin- les récitsde quelques peureux qui, se trouvant
gulières sur le sabbat. Elle avoua qu'étant à égarés nuit dans les forêts ont pris pour
la ,

Rouen, chez unecoulurière, un magicien l'avait le sabbat des feux allumés par les bûcherons

engagée et conduite au sabbat; qu'elle fut ma- et les charbonniers ou qui ,s'étant endormis ,

riée là àDagon, diable d'enfer; que Mathurin dans la peur, ont cru entendre et voir le sabbat,
Picard l'éleva à la dignité de princesse du sabbat dont ils avaient l'imagination frappée. Il —
quand elle eut promis d'ensorceler toute sa n'y a aucune notion du sabbat chez les an-
communauté qu'elle composa des maléfices
;
ciens pères de l'Église. probable que
Il est
en se servant d'hosties consacrées; que clans c'est une imagination qui a pris naissance chez
une maladie qu'elle éprouva, Picard lui fît les barbares du nord; que ce sont eux qui
signer un pacte de grimoire; qu'elle vit ac- l'ont apportée dans nos climats, et qu'elle s'y
coucher quatre magiciennes au sabbat qu'elle ;
est accréditée au milieu de l'ignorance dont
aida à égorger et à manger leurs enfants que ;
leur irruption fut suivie. Les décrets des con-
le jeudi saint on y fit la Cène en y mangeant , ciles n'ont jamais mention du sabbat;
fait
un petit enfant; que dans la nuit du jeudi au preuve évidente a toujours méprisé
qu'on
vendredi Picard et Boulé avaient percé une
, cette imagination populaire. Charles II, duc —
hostie par le milieu, et que l'hostie jeta du de Lorraine, voyageant incognito dans ses
sang. De plus, elle confessa avoir assisté à états, arriva un soir daus une ferme où il se
l'évocation de l'àme
de Picard, faite par décida à passer la nuit. Il fut surpris de voir
Thomas Boulé dans une grange, pour con-
, qu'après son souper on préparait un second
firmer les maléfices du diocèse d'Évreux. — repas plus délicat que le sien, et servi avec
Elle ajouta à ces dépositions devant le par- un soin et une propreté admirables. Il de-
lement de Rouen, que David, premier direc- manda au fermier s'il attendait de la compa-
teur du monastère était magicien; qu'il avait , gnie. « Non, monsieur, répondit le paysan,
donné à Picard une cassette pleine de sorcel- mais c'est aujourd'hui jeudi et toutes les se- ;

leries, et qu'il lui avait délégué tous ses maines, à pareille heure, les démons se ras-
pouvoirs diaboliques qu'un jour dans le ; , semblent dans la forêt voisine avec les sorciers
jardin s'étant assise sous un mûrier un hor-
, , des environs, pour y faire leur sabbat. Après
rible chat noir et puant lui mit ses pattes qu'on a dansé le branle du diable, ils se di-
sur les épaules et approcha sa gueule de sa visent en quatre bandes. La première vient
bouche c'était un démon. Elle dit en outre — souper ici; les autres se rendent dans des

;

qu'on faisait la procession que le diable, ;


fermes peu éloignées. Et paient-ils ce qu'ils
moitié homme et moitié bouc, assistait à ces prennent? demanda Charles. Loin de payer, —
cérémonies exécrables, et que sur l'autel il répondit le fermier, ils emportent encore ce
y avait des chandelles allumées qui étaient qui leur convient, et s'ils ne se trouvent pas
toutes noires. —
On trouve généralement le bien reçus, nous en passons de dures; mais
secret de ces horreurs dans des mœurs abo- que voulez-vous qu'on fasse contre des sor-
minables. Dans Limbourg au dernier siècle,
le , ciers et des démons? » Le prince étonné vou-
il y avait encore beaucoup de bohémiens et lut approfondir ce mystère; il dit quelques
• Torqtiemada, dans l'IIoxameron. mots à l'oreille d'un de ses écuyers, et celui-
SAP, — h 5 — SAC
ci partit au grand galop pour la ville de Toul, Sabéisme, —
culte que l'on rend aux élé-

qui n'était qu'à trois lieues. Vers deux heures ments et aux astres et qui , selon quelques- ,

du matin une trentaine de sorciers et de


,
uns, est l'origine de l'astrologie judiciaire.
démons entra; les uns ressemblaient à des Sabellicus (Georges), — farceur allemand
ours, les autres avaient des cornes et des qui parcourait l'Allemagne au commencement
griffes. peine étaient-ils à table, que l'é-
A du dix-septième siècle en se disant chef des ,

cuyer de Charles II reparut, suivi d'une troupe nécromanciens, astrologues, magiciens, chi-
de gens d'armes et le prince escorté, entrant romanciens, pyromanciens, etc. Il gagna ainsi
— Des
;

dans la salie du souper : diables ne beaucoup d'argent, et fut très-révéré des


mangent pas, dit-il; ainsi vous voudrez bien vieilles femmes et des petits enfants *.

permettre que mes gens d'armes se mettent à Sabîenus. — Dansen- la guerre de Sicile ,

table à votre place... Les sorciers voulurent tre César et Pompée, Sabiénus, commandant
répliquer, et les démons proférèrent des me- la flotte de César, ayant été pris, fut décapité
naces.— Vous n'êtes point des démons, leur par ordre de Pompée. Il demeura tout le jour
cria Charles les habitants de l'enfer agissent
:
sur le bord de la mer; sa tête ne tenant plus
plus qu'ils ne parlent, etsi vous en sortiez,
au corps que par un filet. Sur le soir, il pria
nous serions déjà tous fascinés par vos pres- qu'on fît venir Pompée ou quelqu'un des siens,
tiges. — Voyant ensuite que la bande infernale parce qu'il venait des enfers et qu'il avait ,

ne s'évanouissait pas, il ordonna à ses gens des choses importantes à communiquer. Pom-
de faire main basse sur les sorciers et leurs pée y envoya plusieurs de ses arnis auxquels
patrons; on arrêta pareillement les autres
Sabiénus déclara que la cause et le parti de
membres du sabbat; et le matin, Charles II
Pompée étaient agréables aux dieux des en-
se vit maître de plus de cent vingt personnes.
fers , et qu'il réussirait selon ses désirs ;
qu'il
On les dépouilla,on trouva des paysans,et
avait ordre de lui annoncer cela, et que, pour
qui, sous ces accoutrements, se rassemblaient preuve de ce qu'il disait , il allait mourir aus-
de nuit dans la forêt pour y faire des orgies sitôt : ce qui arriva. Mais on ne voit pas que
abominables, et piller ensuite les riches fer- le parti de Pompée ait réussi.
miers. Le duc de Lorraine (qui avait géné-
reusement payé son souper avant de quitter
Sabins, — nom des astrologues turcs.

la ferme ) fit punir ces prétendus sorciers et


,
Sable. — Les Madécasses n'entreprennent
démons comme des coquins et des misérables. jamais la guerre sans consulter leurs augu-
Le voisinage fut délivré pour le moment de res : ceux-ci ont une petite calebasse remplie
ces craintes; mais la foi au sabbat ne s'affai- d'un sable qui ne se trouve qu'en certains
blitpas pour cela dans la Lorraine. Duluc, — lieux ;
ils le répandent sur une planche et y
dans ses Leltres sur l'histoire de la terre et de marquent plusieurs figures. Ils prétendent con-

l'homme, tome 4, lettre 91 rapporte encore connaître par là s'ils vaincront leurs ennemis 2 .


,

ce qui suit : «Il y a environ dix ans vers , Sabnac ou Salmac grand marquis in- ,

1769 ,
qu'il s'était formé dans la Lorraine al- fernal démon des fortifications. Il a la forme
,

lemande et dans l'électoral de Trêves , une d'un soldat armé, avec une tête de lion. Il
association de gens de la campagne qui avaient est monté sur un cheval hideux. Il métamor-
secoué tout principe de religion et de morale. phose les hommes en pierres, et bâtit des
Ils s'étaient persuadés qu'en se mettant à tours avec une adresse surprenante. Il a sous
l'abri des lois, ils pouvaient satisfaire sans ses ordres cinquante légions 3 .

scrupules toutes leurs passions. Pour se sous- Sacaras, — anges du sixième ordre chez
traire aux poursuites de la justice, ils se com- les Madécasses. Ils sont tous malfaisants.
portaient dans leurs
grande circonspection l'on n'y voyait aucun :
villages avec la plus
Saccîlaires, — anciens charlatans qui se
servaient de la magie pour s'approprier l'ar-
désordre mais ils s'assemblaient la nuit en
;
gent d'autrui.
grandes bandes, allaient à force ouverte dé-
pouiller les habitations écartées, commettaient
Sacrifices. — L'homme, partout où il a perdu
les lumières delà révélation, s'est des dieux fait
d'abominables excès et employaient les me-
cruels, altérés desang, avidesde carnage. Héro-
naces les plus terribles pour forcer au silence
dote dit que les Scythes immolaient la cinquième
les victimes de leur brutalité. Un de leurs
partie de leurs prisonniers à Mars Extermi-
complices ayant été saisi par hasard pour
nateur. Autrefois les Sibériens se disputaient
quelque délit isolé, on découvrit la trame de
cette confédéralion détestable et l'on compte ,
1
Salgues, des Erreurs et des préjugt's.
par centaines les scélérats qu'il a fallu faire 2 Voyage de Madagascar, en 1722,
périr sur l'échafaud. » ;j
Wierus, in P^cudom. dsem.
SAI — / k — SA!
l'honneur de périr sous couteau de leurs le Saint-André arrive, et, pour ne rien négli-
prêtres. —
Il y avait un temple, chez les Thra- ger, il délivre lui-même la malade. Elle ac-
ces où l'on n'immolait que des victimes hu-
, couche en effet d'un petit lapin encore vivant.
maines; les prêtres de ce temple portaient un Les voisines et le docteur de crier miracle.
poignard pendu au cou pour marquer qu'ils ,
On donne de l'argent à la mère des lapins;
étaient toujours prêts à tuer. Dans le temple elle prend goût au métier, et se met indiscrè-

de Bacchus en Areadie et dans celui de Mi-


, , tement à accoucher tous les huit jours. La
nerve, à Lacédémone, on croyait honorer ces police, étonnée d'une si féconde maternité,
divinités en déchirant impitoyablement, à croit devoir se mêler de cette affaire. On en-
coups de verges déjeunes filles sur leurs au-
,
ferme la dame aux lapins, on la surveille
tels. Les Germains et les Cimbres ne sacri- exactement, et l'on s'assure bientôt qu'elle
fiaient les hommes qu'après leur avoir fait s'est moquée du public, et qu'elle a cru trou-
endurer les plus cruels supplices. Il y avait, ver une dupe dans le docteur Saint-André
dans le Pégu, un temple où l'on renfermait Samt-Aubîn , — auteur calviniste de Y His-
les filles les plus belles et de la plus haute toire des diables de Loudun, dans l'affaire
naissance; elles étaient, servies avec respect; d'Urbain Grandier. Un vol. in-12, Amster-
elles jouissaient des honneurs les plus distin- dam 1716. Ce livre est écrit avec une grande
,

gués; mais tous les ans une d'elles était so- mauvaise foi.
lennellement sacrifiée à l'idole de la nation.
C'était ordinairement la plus belle qui avait
Saint-Germain (LE COMTE DE) charla- ,

tan célèbre du dernier siècle qui se vantait de
l'honneur d'être choisie et le jour de ce sa- ;

faire de l'or, de gonfler les diamants et d'o-


crifice était un jour de fête pour tout le peu-
pérer beaucoup de choses merveilleuses Com-
ple. Le prêtre dépouillait la victime, l'étran-
me on ignorait son origine, il se disait im-
glait, fouillait dans son sein, en arrachait le
mortel par la vertu de pierre philosophale
cœur, et le jetait au nez de l'idole. Les — âgé de deux mille
et le bruit courait qu'il était
la :

Mexicains immolaient des milliers de victimes


ans. î! avait l'art d'envelopper ses dupes dans
humaines au dieu du mal. Presque tous les
le tissu de ses étranges confidences. Contant
peuples, hors le peuple de Dieu dans l'ère
un jour qu'il avait beaucoup connu Ponce-
ancienne et les chrétiens dans la nouvelle,
Pilate à Jérusalem, il décrivait minutieuse-
ont exercé sans scrupule de pareilles bar-
, ,

baries. — On accusait de les sorciers sacrifier


ment
disait les plats
la maison de ce gouverneur romain
qu'on avait servis sur sa table
, et

au diable, dans leurs orgies, des crapauds,


un soir qu'il avait soupé chez lui. Le cardinal
des poules noires et de petits enfants non bap-
de Rohan, croyant n'entendre là que des rê-
tisés.
veries, s'adressa au valet de chambre du
Sadial ou Sadiel ,
— ange qui , selon les comte de Saint-Germain vieillard aux che- ,

musulmans, gouverne le troisième ciel et qui


veux blancs, à la figure honnête Mon :

estchargé d'affermir la terre laquelle serait , arni lui dit-il, j'ai de la peine à croire ce
,

dans un mouvement perpétuel s'il n'avait le ,


que dit votre maître. Qu'il soit ventriloque
pied dessus. passe; qu'il fasse de l'or, j'y consens; mais
Saignement de nez. — Quand on perd par qu'il ait deux mille ans et qu'il ait vu Ponce-
le nez trois gouttes de sang seulement , c'est Pilate, c'est trop fort. Étiez-vous là? — Oh!
un présage de mort pour quelqu'un de la fa- non, monseigneur, répondit ingénument le
mille. valet de chambre c'est plus ancien que moi.
,

Sains (Marie de), — sorcière et possédée. Il n'y a guère que quatre cents ans que je suis

Voy. Possédées de Flandre. au service de M. le comte.

Saînokavara, — endroit du lac Fakone où £aint-Gille, — marchand épicier à Saint-

les Japonais croient que les âmes des enfants Germain en Laye, qui fut présenté comme
sont retenues comme dans une espèce de ventriloque à l'Académie des sciences, le 22
limbes. décembre 1770. Il avait le talent d'articuler

Saint-André. — Ce docteur, qui a écrit des paroles très-distinctes, bouche bien


la

fermée et les lèvres bien closes, ou la bouche


contre les superstitions, fut appelé, en '1726,
femme confidence qu'elle grandement ouverte en sorte que les spec-
par une qui lui fit
;

tateurs et auditeurs pouvaient y plonger. Il


accouchée d'un lapereau. Le docteur té-
était
variait admirablement le timbre, la direction
moigna d'abord sa surprise, mais, quelques
jours après, cette femme prétendit ressentir
et le ton de sa voix qui semblait venir, tan-
des tranchées : elle ne douta pas qu'elle n'eût 1
M. Saignes, des Erreurs et des préjugés, etc., t. 3,
encore quelque lapin à mettre au monde. p. 111.
5 — S AL
tôtdu milieu des airs tantôt du toit d'une , peut pénétrer, s'il n'est conduit par quelque
maison opposée, de la voûte d'un temple, du intelligence. C'est là Dives ou mauvais que les
haut d'un arbre tantôt du sein de la ter-
,
génies ont été confinés, après avoir été sub-
re, etc. '. jugués par les premiers héros de la race des
Sakhar, —
génie infernal qui, suivant le hommes, et que les Péris ou fées font leur

Talmud, s'empara du trône de Salomon. Après demeure ordinaire.


avoir pris Sidon et tué le roi de cette ville, Sakîmouni génie ou dieu dont les lé-
, — ,

Salomon emmena sa fille ïéréda comme eile ;


gendes des Kalmouks racontent qu'il habitait
ne cessait de déplorer la mort de son père, le corps d'un lièvre; il rencontra un homme
il ordonna au diable de lui en faire l'image qui mourait de faim, il se laissa prendre
pour
pour la consoler. Mais cette statue, placée satisfaire l'appétit de ce malheureux. L'esprit
dans la chambre de la princesse devint l'ob- ,
de la terre, satisfait de cette belle action,
jet de son culte de celui de ses femmes
et plaça aussitôt l'âme de ce lièvre dans la lune,

Salomon , informé de cette idolâtrie par son où les Kalmouks prétendent la découvrir en-
vizir Asaf, brisa la statue, châtia sa femme core 1
.

et se retira dans le désert où il s'humilia devant Salamandres. — Selon les cabalistes, ce


Dieu ; ses larmes et son repentir ne le sauvè- sont des esprits élémentaires, composés des
rent pas de la peine que méritait sa faute. Ce plus subtiles parties du feu, qu'ils habitent.
prince était dans l'usage de remettre, avant « Les salamandres, habitants enflammés de
d'entrer dans le bain, son anneau ,
dont dé- la région du feu servent les sages, dit l'abbé,

pendait sa couronne, à une de ses femmes de Villars, mais ils ne cherche t pas leur
nommée Amina. Un jour, Sakhar vint à elle compagnie; leurs fille

Vous aimerez peut-être aussi