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Chapitre 3

Espaces métriques complets


et espaces vectoriels normés

3.1 Suites de Cauchy


Définition 3.1.1. Soit (X, d) un espace métrique. Une suite (xn )nœ N d’élé-
ments X est de Cauchy si pour tout ‘ > 0, il existe N œ Nú tel que, pour
tout n, p Ø N , d(xn , xp ) Æ ‘.
Proposition 3.1.1. Toute suite convergente est de Cauchy.
Démonstration. Soit (xn ) une suite d’éléments d’un espace métrique (X, d).
Alors, pour tout ‘ > 0, il existe N œ Nú tel que

{xk | k œ N, k Ø N } µ B(¸, ).
2
Si n, p Ø N , on a d(xn , xp ) Æ d(xn , ¸) + d(xp , ¸) < ‘
2 + ‘
2 = ‘.

Le fait d’être de Cauchy est une propriété qui est valable pour toute suite
convergente mais qui ne fait pas référence à la limite. Attention elle ne ca-
ractérise pas, en général, les suites convergentes comme le montre l’exemple
suivant
Exemple 3.1.1. La suite xn = 2≠n est une suite de Cauchy car elle converge
dans R. Mais si on regarde cette suite comme une suite d’éléments dans
]0, 1[, elle reste de Cauchy mais n’est plus convergente dans ]0, 1[.
On a cependant la proposition suivante
Proposition 3.1.2. Une suite de Cauchy est convergente si et seulement si
elle a une valeur d’adhérence.
Démonstration. Si (xn ) est de convergente alors sa limite est une valeur
d’adhérence. Réciproquement, supposons que la suite (xn ) de Cauchy ait
une valeur d’adhérence que l’on note a. Soit ‘ > 0 ; comme (xn ) est de

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58 CHAPITRE 3. ESPACES MÉTRIQUES

Cauchy, il existe m œ N tel que pour tout n, p Ø m, d(xn , xp ) < 2‘ . Comme a


est une valeur d’adhérence, il existe p > m tel que d(xp , a) < 2‘ . Alors, pour
n > m,
‘ ‘
d(xn , a) Æ d(xn , xp ) + d(xp , a) < + ;
2 2
on a donc que (xn ) converge vers a.

Proposition 3.1.3. Soit f : X æ Y une application uniformément continue


entre deux espaces métriques. Alors, si (xn )n est une suite de Cauchy dans
X, (f (xn ))n est une suite de Cauchy dans Y .

Démonstration. Sot ‘ > 0. Comme f est uniformément continue, il existe


” > 0 tel que

’x, xÕ œ X, d(x, xÕ ) < ” ∆ d(f (x), f (xÕ )) < ‘,

et il existe m œ N tel que, si n, p Ø m, d(xn , xp ) < ”, ce qui implique alors


que d(f (xn ), f (xp )) < ‘.

3.2 Espaces complets


Définition 3.2.1. Un espace métrique X est dit complet si toute suite de
Cauchy de X est convergente.

Proposition 3.2.1. R est un espace complet.

Démonstration. Si (xn )n est une suite de Cauchy dans R, alors il existe


N œ N tel que pour tout n, p Ø N , |xn ≠ xp | < 1 ; dans ce cas la suite
(xN +n ≠ xN )nœN est dans [≠1, 1] qui est compact donc elle admet une valeur
d’adhérence ; comme elle est en plus de Cauchy, elle converge vers un point
¸ œ [≠1, 1]. Alors, lim xn = xN + ¸.
næ+Œ

Proposition 3.2.2. Tout espace métrique compact est complet.

Démonstration. Un espace métrique X est compact si et seulement si, toute


suite d’éléments de X admet une valeur d’adhérence, ce qui implique que
toute suite de Cauchy converge.

Proposition 3.2.3. Soit N une norme sur Rn , n Ø 1. L’espace métrique


(Rn , N ) est complet.

Démonstration. On remarque que si (xk )kœN est une suite de Cauchy, elle
est toujours bornée, c’est-à-dire qu’il existe R > 0 tel que xk œ Bf (0, R) qui
est compacte ; elle est donc convergente.
3.2. ESPACES COMPLETS 59

Remarque 3.1. On a utilisé le fait que toute suite de Cauchy (xk ) est bornée ;
ceci est vraie car si, pour tout ‘ > 0, il existe N œ N tel que pour tout
n, p Ø N , d(xn , xp ) Æ ‘, alors pour tout n Ø N , d(xn , xN ) < ‘, donc
xn œ B(xn , ‘). Si on pose M = max |xj | + ‘, alors |xn | Æ M pour tout n.
jÆN +1

Proposition 3.2.4. Soient X un espace métrique et Y µ X muni de la


distance induite.

1. Si Y est complet alors Y est fermé dans X.

2. Si X est complet, alors toute partie fermée Y de X est complète.

Démonstration. 1. Soit (yn ) une suite d’éléments de Y convergeant dans


X vers une limite a œ X. Comme elle est convergente elle est de Cauchy
et comme Y est complet, elle converge vers un élément b œ Y . Comme
la limite est unique dans un espace métrique, on a que a = b œ Y et
donc Y est fermé.

2. Soit (yn ) une suite d’éléments de Y de Cauchy. Cette suite est aussi de
Cauchy dans X (bien sûr) donc il existe a œ X telle que lim yn = a.
næ+Œ
comme Y est fermé, a œ Y et donc Y est complet.

On en déduit le résultat suivant

Proposition 3.2.5. Soient (E, N ) un espace vectoriel normé et F un sous-


espace vectoriel de dimension finie de E. Alors F est fermé dans E.

Démonstration. La norme N fait de l’espace de dimension finie F un espace


complet car F ƒ Rn qui est complet, donc fermé.

Proposition 3.2.6. Le produit de deux espaces métriques complets est


complet.

Avant de démontrer cette proposition, précisons un peu la distance que


nous utilisons pour définir la topologie produit dans le cadre d’espaces mé-
triques. Si {(Xi , di )}i=1,...,n est une famille d’espaces métriques, on a trois
n
Q
distances importantes sur Xi :
i=1

n
X n
X 1
D1 (x, y) = di (xi , yi ), D2 (x, y) = ( di (xi , yi )2 ) 2
i=1 i=1

et DΠ(x, y) = sup {di (xi , yi )}.


i=1,...,n

Exercice 3.2.1. Montrer que D1 , D2 et DŒ sont Lipschitz-équivalentes.


60 CHAPITRE 3. ESPACES MÉTRIQUES

Ces trois distances définissent alors la même topologie sur le produit. En


particulier, une suite est de Cauchy pour l’une si et seulement si elle est de
Cauchy pour l’autre.

Démonstration de la Proposition 3.2.6. Soient (X, d) et (X Õ , dÕ ) deux espaces


métriques complets et munissons le produit X ◊ X Õ de la distance D1 .
Soit (xn , xÕn )nœN une suite de Cauchy dans (X ◊ X Õ , D1 ) ; comme les pro-
jections p : X ◊ X Õ æ X et pÕ : X ◊ X Õ æ X Õ sont lipschitziennes,
elles sont uniformément continues et donc les suites (xn )n et (xÕn )n sont
de Cauchy dans X et X Õ , respectivement. Elles sont convergentes car X
et X Õ sont complets ; notons ¸ œ X et ¸Õ œ X Õ leurs limites respectives.
Comme D1 ((¸, ¸Õ ), (xn , xÕn )) = d(¸, xn )+dÕ (¸Õ , xÕn ), la suite D1 ((¸, ¸Õ ), (xn , xÕn ))
converge vers 0, c’est-à-dire que la suite (xn , xÕn ) converge vers (¸, ¸Õ ).

On en déduit facilement qu’un produit d’un nombre fini d’espaces mé-


triques complets est complet. En particulier, l’espace (Rn , DŒ ) est complet.

3.3 Espaces des fonctions continues ; Théorème de


Stone-Weierstrass
3.3.1 Espace des fonctions continues sur un compact
Soit X un espace topologique compact et (Y, d) un espace métrique.
On considère l’ensemble C(X, Y ) des applications continues de X dans Y .
Comme X est compact, tout application f œ C(X, Y ) est bornée (c’est-à-
dire que f (X) est un sous-espace borné de Y ).
Proposition 3.3.1. Soit C(X, Y ) l’ensemble des fonctions continues sur
un espace topologique compact X à valeurs dans un espace métrique (Y, d).
L’application DŒ : C(X, Y ) ◊ C(X, Y ) æ R définie par :

DΠ(f, g) = sup d(f (x), g(x)),


xœX

définie une distance sur C(X, Y ) appelée distance de la convergence uni-


forme. Cette borne sup est atteinte en au moins un point de X.
La topologie induite par DŒ sur C(X, Y ) s’appelle topologie de la conver-
gence uniforme.

Démonstration. Si f et g sont continues de X dans Y , l’application

„ = f ◊ g : X æ Y ◊ Y,

x ‘æ (f (x), g(x))
dont les applications coordonnées sont f et g, est continue de X dans Y ◊ Y .
Comme la distance d est une application continue de Y ◊ Y dans R, on a
3.3. ESPACES DE FONCTIONS CONTINUES 61

que l’application x ‘æ d(f (x), g(x)) est continue de X dans R ; elle est donc
bornée et atteint ses bornes.
On a clairement que d(f, f ) = 0 et d(f, g) = d(g, f ). Si f, g, h œ C(X, Y ),
alors pour tout x œ X,

d(f (x), h(x)) Æ d(f (x), g(x)) + d(g(x), h(x)),

donc en passant à la borne supérieure, on a pour tout x œ X,

d(f (x), g(x)) Æ DŒ (f, g) + DŒ (g, h)

d’où DŒ (f, h) Æ DŒ (f, g) + DŒ (g, h).

Théorème 3.3.1. Soit X un espace topologique compact et (Y, d) un es-


pace métrique complet. Alors, l’espace C(X, Y ) muni de la topologie de la
convergence uniforme est complet.

Démonstration. Soit (fn )n une suite de Cauchy dans l’espace C(X, Y ). Pour
tout x œ X et pour tout n, p œ N on a que d(fn (x), fp (x)) Æ DŒ (fn , fp ) ;
donc l’application f œ C(X, Y ) ‘æ f (x) œ Y est 1-lipschitizienne, donc
uniformément continue et donc la suite (fn (x))n est une suite de Cauchy
dans Y . Comme Y est complet, cette suite converge vers un point de Y que
l’on note f (x). Montrons que l’application de X dans Y ainsi définie est
continue. Soit ‘ > 0. Il existe alors N œ N tel que pour tout n, p Ø N , on
ait DŒ (fn , fp ) Æ ‘. On a donc, si N < n Æ p,

d(fn (x), fp (x)) Æ DŒ (fn , fp ) Æ ‘,

et comme f (x) = lim fp (x), on obtient, pour tout n > N et tout x œ X,


pæ+Œ

d(fn (x), f (x)) Æ ‘,

ce qui montre que la suite (fn )n converge uniformément vers f . Donc,

f : x œ X ‘æ f (x) œ Y

est une application continue. De plus, DŒ (fn , f ) = sup d(fn (x), f (x)) Æ ‘ si
xœX
n > N ; donc la suite (fn )n converge vers f dans C(X, Y ) pour la distance
de la convergence uniforme.

3.3.2 Sous-algèbres de C(X, R), Théorème de Stone-Weierstrass


Posons K = R ou C et supposons que X est un espace compact. On
cherche un critère pour montrer qu’une partie de C(X, K) est dense. Re-
marquons d’abord que quand X est compact l’espace C(X, K), muni de la
distance de la convergence uniforme, DΠ, est aussi un espace vectoriel. La
62 CHAPITRE 3. ESPACES MÉTRIQUES

distance DŒ est la distance associée à la norme f ‘æ Îf ÎŒ = sup |f (x)|,


xœX
appelée norme de la convergence uniforme. L’espace C(X, K) est aussi muni
du produit (f, g) ‘æ f g pour f, g œ C(X, K) où le produit f g est donné par
le produit ponctuel f g(x) = f (x)g(x) pour tout x œ X. Ce produit vérifie
les propriétés suivantes :

1. Ce produit est commutatif et associatif. Il est aussi distributif par


rapport à l’addition : f (g + h) = f g + f h, pour tout f, g, h œ C(X, K).
Muni du produit et de la somme des fonctions, C(X, K) est alors un
anneau commutatif.

2. La structure d’anneau est compatible avec la structure d’espace vec-


toriel : pour tout f œ C(X, K), l’applciation g ‘æ f g est K-linéaire,
c’est-à-dire que pour tout g, h œ C(X, K) et tout ⁄ œ K, on a f (g+h) =
f g + f h et f (⁄g) = ⁄(f g). On dit que C(X, K) est une K-algèbre.

3. Pour f, g œ C(X, K), on a Îf gÎŒ Æ Îf ÎŒ ÎgÎŒ ; le produit est donc


continu. En effet, si f1 , f2 , g1 , g2 œ C(X, K) alors on a

Îf1 g1 ≠ f2 g2 ÎŒ Æ Îf1 (g1 ≠ g2 )ÎŒ + Î(f1 ≠ f2 )g2 ÎŒ


Æ Îf1 ÎŒ Îg1 ≠ g2 ÎŒ + Îf1 ≠ f2 ÎŒ Îg2 ÎŒ

Soient (fn ) et (gn ) deux suites dans C(X, K) tendant vers f et g res-
pectivement. On a alors que les suite (Îf ≠ fn ÎŒ )n et (Îg ≠ gn ÎŒ )n
tendent vers 0 ; par ailleurs la suite (Îgn ÎŒ )n = (DŒ (gn , 0))n tend
vers ÎgÎŒ car DŒ est continue. Comme on a

0 Ø Îf g ≠ fn gn ÎŒ Æ Îf ÎŒ Îg ≠ gn ÎŒ + Îf ≠ fn ÎŒ Îgn ÎŒ ,

la suite (Îf g ≠ fn gn ÎŒ ) tend vers 0.

Définition 3.3.1. On appelle sous-algèbre de C(X, K) un sous-espace vec-


toriel A de C(X, K) stable par produit, c’est-à-dire que pour tout f, g œ A,
f g œ A.

Proposition 3.3.2. L’adhérence d’une sous-algèbre de C(X, K) est une


sous-algèbre de C(X, K).

Démonstration. Soit A une sous-algèbre de C(X, K). Si f, g œ A et ⁄, µ œ K,


il existe des suites (fn ) et (gn ) dans A convergeant respectivement vers f et
g, alors (⁄fn + µgn ) converge vers ⁄f + µg et (fn gn ) converge vers f g. On
en déduit que ⁄f + µg œ A et f g œ A.

Définition 3.3.2. Soient X un espace topologique et A un sous-ensemble


non vide de C(X, K). On dit que A sépare les points de X si pour tout
x, y œ X, avec x ”= y, il existe f œ A telle que f (x) ”= f (y).
3.3. ESPACES DE FONCTIONS CONTINUES 63

Lemme 3.3.1. Il existe une suite (Pn )nœN de fonctions polynomiales à Ô co-
efficients réels qui converge uniformément sur [0, 1] vers la fonction t ‘æ t.
De plus, on a pour tout n Ø 0, Pn (0) = 0.
Démonstration. On considère la suite de fonctions polynomiales à coeffi-
cients réels (Pn )nØ1 définies par récurrence par :
(
P0 = 0,
Pn+1 (x) = Pn (x) + 12 (x ≠ (Pn (x)2 ).

Montrons par récurrence que pour tout n œ N et pour tout x œ [0, 1] les
deux inégalités suivantes :
Ô
0 Æ Pn (x) Æ x (3.1)
Ô
Ô 2 x
0 Æ x ≠ Pn (x) Æ Ô . (3.2)
2+n x
Pour n = 0, on a clairement 3.1. Supposons 3.1 vraie à l’ordre n et montrons
qu’elle est vraie à l’ordre n + 1. L’équation 3.1 à l’ordre n implique que
x ≠ (P (x))2 Ø 0 donc Pn+1 (x) Ø Pn (x) Ø 0. D’autre part,
Ô Ô 1
x ≠ Pn (x) ≠ (x ≠ P (x)2 )
x ≠ Pn+1 (x) =
2
Ô 1 Ô
= [ x ≠ Pn (x)][1 ≠ ( x + Pn (x)];
2
Ô Ô
or, Pn (x) Æ x Æ 1 d’où [1 ≠ 12 ( x + Pn (x))] Ø 0, ce qui implique que
Ô
Pn+1 (x) Æ x.
Par ailleurs, on a
Ô Ô
Ô 2 x Ô 2 x
x ≠ Pn (x) Æ Ô … xÆ Ô + Pn (x) (3.3)
2+n x 2+n x
Ô Ô Ô Ô
… x(2 + n x) Æ 2 x + (2 + n x)Pn (x) (3.4)
Ô
… nx Æ (2 + n x)Pn (x). (3.5)
Pour n = 0, l’équation 3.5 est vraie. Supposons que 3.5 est vraie à l’ordre n
et démontrons la à l’ordre n + 1. On a
Ô Ô Ô 1
[2 + (n + 1) x]Pn+1 (x) = [2 + n x + x][(Pn (x) + (x ≠ (Pn (x))2 ]
Ô Ô 2
= (2 + n x)Pn (x) + xPn (x) + x ≠ (Pn (x))2 + –n (x)
Ô Ô Ô
où –n (x) = (n x + x) 12 (x ≠ (Pn (x))2 ) Ø 0. Comme (2 + n x)Pn (x) Ø nx
Ô
et x Ø Pn (x) Ø 0, on a
Ô
[2 + (n + 1) x]Pn+1 (x) Ø nx + (Pn (x))2 + x ≠ (Pn (x))2 + –n (x)
Ø nx + (Pn (x))2 + x ≠ (Pn (x))2
Ø (n + 1)x.
64 CHAPITRE 3. ESPACES MÉTRIQUES

On a donc montré 3.1 et 3.2 pour tout n.


Ô Ô
Comme 0 Æ n x Æ 2 + n x on a que l’équation 3.2 implique que, pour tout
Ô
n Ø 1 et tout x œ [0, 1], | x ≠ Pn (x)| Æ n2 . On a donc montré que
Ô la suite
(Pn )nØ0 convergeait uniformément sur [0, 1] vers la fonction t ‘æ t.

Lemme 3.3.2. Soient X un espace compact et A une sous-algèbre de


(C(X, R), DΠ). Alors,

1. Si f œ A, alors |f | œ A où |f | est la fonction x ‘æ |f (x)|.

2. pour tout f, g œ A, on a sup(f, g) œ A et inf(f, g) œ A.


»
Démonstration. 1. Pour tout x œ X, on a |f (x)| = (f (x))2 . Soit f œ A.
Comme X est compact et f est continue, alors sup |f (x)| est fini donc il
xœX Ô
existe a > 0 tel que a sup |f (x)| Æ 1. Pour tout t œ [0, 1], soit g(t) = t
xœX
et pour pour tout x œ X, soit h(x) = a2 (f (x))2 , alors h œ A et h est
une fonction continue de X dans [0, 1]. D’après le lemme précédent la
suite (Pn ¶ h)n ) converge vers g ¶ h dans C(X, R). Comme h œ A et A
est stable par le produit, on a que hn œ A. Comme de plus A est un
sous-espace vectoriel de C(X, R), alors pour tout fonction polynomiale
P : R æ R telle que P (0) = 0, on a P ¶ h œ A, donc, pour tout n Ø 0,
on a Pn ¶ h œ A. Comme A est fermée, alors on a que g ¶ hA. Or
g ¶ h = a|f |, d’où |f | œ A.
f +g+|f ≠g| f +g≠|f ≠g|
2. Il suffit de remarquer que sup(f, g) = 2 et inf(f, g) = 2 .

Lemme 3.3.3. Soient X un espace compact et A une partie de C(X, R)


telle que :

1. Pour tout f, g œ A, on ait sup(f, g), inf(f, g) œ A,

2. Pour tout x œ X et pour tout ⁄ œ R, il existe f œ A telle que f (x) = ⁄.

3. Pour tout x, y œ X tels que x ”= y et pour tout ⁄, µ œ R il existe f œ A


telle que f (x) = ⁄ et f (y) = µ.

Alors, A est dense dans (C(X, R), DΠ).

Démonstration. Soient f œ C(X, R) et ‘ > 0. On doit montrer qu’il existe


g œ A telle que DŒ (f, g) < ‘. Par hypothèse, pour tout y œ X, il existe
gx,y œ A tel que gx,y (x) = f (x) et gx,y (y) = f (y). Comme f et gx,y sont
continues, on a que

Ux,y = {z œ X | gx,y (z) < f (z) + ‘}


3.3. ESPACES DE FONCTIONS CONTINUES 65

S
est un ouvert de X et x, y œ Ux,y . On a aussi que X = Ux,y ; comme X
yœY
n
S
est compact, il existe une partie finie {y1 , . . . , yp } de X tel que X = Ux,yi .
i=1
Soit gx = inf{gx,y1 , . . . , gx,yp }, alors on a que

gx œ A, gx (x) = f (x) et gx (z) < f (z) + ‘

pour tout z œ X. Considérons maintenant l’ensemble

Wx = {z œ X | gx (z) > f (z) ≠ ‘};


S
c’est un ouvert de X qui contient x et X = Wx . Comme X est compact,
xœX
il existe donc {x1 , . . . , xn } µ X telle que la famille (Wxi )i=1,...,n est un
recouvrement ouvert de X. On pose alors g = sup(gx1 , . . . , gxn ) et dans ce
cas g œ A et vérifie que, pour tout z œ X,

f (z) ≠ ‘ < g(z) < f (z) + ‘;

ceci implique que DŒ (f, g) < ‘. On a donc montré que A était dense dans
C(X, R).

Théorème 3.3.2 (Théorème de Stone-Weierstrass). Soient X un espace


compact et A une sous-algèbre de C(X, R) telle que :

1. A contient les constantes,

2. A sépare les points de X.

Alors, A est dense dans (C(X, R), DΠ).

Démonstration. On doit montrer que A vérifie les conditions du Lemme


3.3.3. Grâce au Lemme 3.3.2, on a 1. Comme A contient les constantes, il
est évident que A vérifie 2. Soient ⁄, µ œ R. Si x et y sont deux réels tels
que x ”= y, comme A sépare les points, il existe g œ A telle que g(x) ”= g(y) ;
alors la fonction définie par

g(z) ≠ g(x)
f (z) = ⁄ + (µ ≠ ⁄) ,
g(y) ≠ g(x)

appartient à A (car A contient les constantes) et vérifie que f (x) = ⁄ et


f (y) = µ. En appliquant le Lemme 3.3.3 on conclut que A est dense dans
C(X, R).

Corollaire 3.3.1 (Théorème de Stone-Weierstrass - cas complexe). Soient


X un espace compact et A une sous-algèbre de C(X, C) telle que :

1. A contient les constantes.


66 CHAPITRE 3. ESPACES MÉTRIQUES

2. A sépare les points de X.

3. Pour tout f œ A, le conjugué f de f appartient à A.

Alors, A est dense dans (C(X, C), DΠ).


f +f
Démonstration. Soit AR = AflC(X, C). Pour tout f œ A, on a Re(f ) = 2
et Im(f ) = f ≠f2 , donc Im(f ), Re(f ) œ AR . On montre facilement que AR
vérifie les hypothèses du Théorème 3.3.2 et donc, AR est dense dans C(X, R).
Soit f œ C(X, C), alors il existe deux suites (hn ) et (gn ) dans AR convergeant
respectivement vers Re(f ) et Im(f ) dans C(X, R). Pour tout n Ø 0, si
fn = hn + ign , alors fn œ A et la suite (fn ) converge vers f dans C(X, C).

Corollaire 3.3.2 (Théorème de Weierstrass). Soit X une partie compacte


de R. L’ensemble des fonctions polynomiales est dense dans C(X, K).

Démonstration. En effet, l’ensemble des fonctions polynomiales sur X à va-


leurs réelles (respectivement complexes) vérifie les hypothèses du Théorème
3.3.2 (respectivement 3.3.1).

Corollaire 3.3.3. Soit a œ Rú+ . Notons Cper (R, K) l’espace vectoriel des
fonctions continues périodiques de prédiode a de R dans K muni de la norme
de la convergence uniforme sur R.

1. Le sous-espace vectoriel AC de Cper (R, C) engendré par les fonctions


2fint
t ‘æ e a , pour n œ Z est dense dans Cper (R, C).

2. Le sous-espace vecrtoriel AR de Cper (R, R) engendré par les fonctions


t ‘æ sin( 2fint 2fint
a ) et t ‘æ cos( a ), n œ N est dense dans Cper (R, R).

Démonstration. Notons X = R/aZ l’espace quotient de R par la relation


d’équivalence Ra définie par xRa y … x ≠ y œ aZ et notons Ï : R æ X
l’application quotient. On peut montrer que X est compact et et donc l’ap-
plication u : f ‘æ f ¶ Ï est une bijection de C(X, K) sur Cper (R, K). Il est
clair que cette application est linéaire et isométrique.
Par ailleurs, u≠1 (AK ) est une sous-algèbre de C(X, K) vérifiant les condi-
tions du Théorème de Stone Weierstrass 3.3.2 si K = R et du corollaire 3.3.1
si K = C ; donc u≠1 (AK ) est une sous-algèbre dense de C, X, K). Comme u
est un homéomorphisme, AK est dense dans Cper (R, K).

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