donnez^du chic

o vos réveillons
Vivre CROC
c'est vendre.
RÉDACTION
ÉDITEURS: Roch Côté et Jacques Hurtubise
DIRECTEUR ARTISTIQUE: Jacques Hurtubise
RÉDACTEUR EN CHEF: Roch Côté
DIRECTEUR ARTISTIQUE ADJOINT: Michel
Durand
ADJOINTE À LA RÉDACTION: Hélène Fleury
ÉQUIPE DE RÉDACTION: Patrick Beaudin,
Roch Côté, Normand Daigneault, Yves Dupré,
Jacques Grisé, Jacques Guay, Pierre Huet,
Jacques Hurtubise, Serge Langevin, Claude
Meunier, Michel Rivard
COLLABORATEURS DESSINS: Bado, Berthio,
Cousineau, Lucie Faniel, Gaboury, Garnotte,
Gité, Réal Godbout, Pierre Huet, Jacques
Hurtubise, Alain Massicotte, Moerell, Terry
Mosher, Tibo
PHOTO: Claire Beaugrand-Champagne, Alain
Laforest
COLORISTES: Françoise Barrette, Murielle
Blouin, Gigi Perron

CiSi^^ la section actualité a été

conçue par Roch Côté et l'équipe
CROC-NIQUES : Pierre Huet Jacques Hurtubise,
Serge Langevin, Claude Meunier, Michel Rivard
DÉCORS: Hélène Fleury
CORRESPONDANTS: Vatican: St-Pierre Dero-
me, Washington: Billy Carter, Paris: Félix
Pottin, Varsovie: Polski Ogorki, Moscou: John
Spy, Pékin: Chicken Chow-Mein, Tombouc-
tou: Rodrigue Biron, Port-au-Prince: TiPapa
Tifèchié, Toronto: Byby Sunlife, Drummond-
ville: Mme Alfred Moffette, rue Principale.
CORRESPONDANTS ITINÉRANTS: Shah d'I-
ran, Idi Aminé Dada, Anastasio Somoza, Jean
Bedel Bokassa
ADMINISTRATION
ADMINISTRATEUR: Jacques Hurtubise
Adjointe: Hélène Fleury
CONSEILLER EN ADMINISTRATION: Martin
Girard
ÉMINENCE GRISE: la main de Dieu
PUBLICITÉ: 844-3911

C R O C est p u b l i é p a r L u d c o m I n c . , 464 r u e St-Jean,

Montréal H2Y 2S1. C R O C se vend $1.75 l'exemplaire. L e s
a b o n n e m e n t s au Q u é b e c et a u Canada: $12 p a r an. A
l'étranger, S19 p a r an. S e r v i c e des a b o n n e m e n t s , tel:
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c o p y r i g h t 1979 p a r L u d c o m I n c .
T o u t e r e s s e m b l a n c e avec u n e p e r s o n n e vivante o u
décédée exception faite d e s satires de p e r s o n n a g e s
p u b l i c s est p u r e m e n t fortuite.
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ment, en n o u s envoyant à la fois votre nouvelle adresse
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zine.
Dépôt légal: B i b l i o t h è q u e nationale d u Québec, 4e tri-
m e s t r e 1979.
P e r m i s de 2" classe e n c o u r s d'obtention. Port de retour
garanti

TYPOGRAPHIE: C o n c e p t Médiatexte I n c .
SÉPARATION DES COULEURS: Prestolitho Ltée
IMPRIMEUR: L ' I m p r i m e r i e C a n a d i e n n e Gazette Ltée
IMPRIMI PO 11 S I: A. K h o m e i n y
IMPRIMATUR: C. R y a n

DISTRIBUTION
LES DISTRIBUTEURS ASSOCIÉS, 3600, bouL
du Tricentenaire, Pointe-aux-Trembles (514)
645-2278.
COUVEBTURE: Alain Massicotte

CROC
CKXodHoriol
Autant il était aisé de faire le Crocoditorial pour les
deux premiers numéros, autant il est difficile de rédiger
la présentation de ce numéro 3 : la diffusion de CROC en
12 langues dans 21 pays rend en effet périlleuse la
rédaction d'un éditorial susceptible de satisfaire tous ces
publics.
Je vous fais grâce des 17 brouillons d'éditorial qui ont
pris le bord de la corbeille à papier avec le dernier
numéro de Nous, cinq kleenex et la Pravda d'avant-hier
(qu'y a-t-il de plus périmé que le journal de la veille, je
e
vous le demande ). Je croyais, à mon 15 brouillon, avoir
enfin trouvé la ligne juste, celle qui passe, à ses risques et
périls, quelque part entre Moscou, Pékin et Tirana, mais
un coup de téléphone de ma soeur qui a attrapé une
jaunisse m'a soudain ramené aux dures réalités de la vie
quotidienne.
Je me suis alors lancé dans un édito écologico-végéto-
macrobio-polyinsaturé, mais on m'a fait remarquer que
décembre 1979
c'était anti-climax en cette période de NoëL Mais alors,
comment écrire sur Noël sans risquer de faire baisser les
ventes de CROC à Tel Aviv ou à Damas. C'est ainsi que ma
e
17 version a pris elle aussi le chemin du panier avec celle
e
qui dénonçait les procès de Prague (7 version ) puis celle
e
qui les approuvait (8 ), celle qui souhaitait la mort de
e
Brejnev (11 version ) puis celle qui le qualifiait de
e
démocrate éclairé (12 version, écrite le soir, toutes
lumières éteintes, pour plus de sécurité ).
La direction de CROC a finalement décidé de produire
une édition internationale sur papier fin avec éditorial en
latin (ce mois-ci, un extrait de Sénèque ) pour s'assurer
que personne ne va comprendre mais que tout le monde
va être assez snob pour trouver ça intéressant. Nous
autres, au Québec, on va rester avec notre édition sur
papier à cul avec un éditorial qui ne vaut guère plus.
Côté

Il me fait plaisir d'annoncer en primeur
à CROC qu'il y aura d'autres annulations
pour mon spectacle à la Place des Arts
du 15 au 24 janvier.
J é r ô m e Lemay
Nous estimons que la grève des cama-
rades-travailleurs de la CTCUM n'est
pas aussi scandaleuse qu'on l'a dit. C'est
un combat qu'il faudra reprendre et
continuer car cette cause est juste.
M. Muffler
J'ai adopté CROC et je ne l'échangerais
pour rien au monde. Devant les caméras
de la télévision, j'ai m ê m e refusé hier 32
barres de savon en échange de votre
magazine.
Juliette Huot
J e suis déçu de CROC. Y'a m ê m e pas de
photos cochonnes.
Un l e c t e u r t o u t n u qui a t t e n d
J'invite le chroniqueur littéraire de
CROC au lancement de mon livre:
«Comment avoir l'air d'une vraie folle en
s'habillant au Roi de la Draperie».
F r a n c i n e Grimaldi
Votre revue n'est bonne qu'à jeter au
feu.
Gilbert Rondeau,
ex-député créditiste
En vous lisant, je constate que votre
stock est pas ben bon à Montréal.
Un p u s h e r d e C h i c o u t i m i
(suit une adresse)
C'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il
ne faut pas écrire. Mais là, j'ai beau lire
et me relire, je n'ai plus rien à dire.
Victor Lévy-Beaulieu
Qu'est-ce que vous avez contre nous
autres ?
Un r é s i d e n t d e C h o m e d e y
Regaillardi par le prix David, je me suis
remis à ma machine à écrire et je me
permets de vous faire parvenir un extrait
de mon prochain roman: «Agadou, fils
d'Aquabec».
Yves T h é r i a u l t
Puis-je me servir de la revue CROC pour
faire savoir que je serais prêt à prendre
toute job de débossage, de peinture et
de posage de pneus.
R. B i r o n
Lotbinière
Votre Spécial Révolution Chasse et Pêche
(no 2, seulement $1.75) était parfait, sauf
qu'il y manquait quelques informations
importantes pour les groupuscules
révolutionnaires. Notre compagnie à
but anti-lucratif, dont vous n'avez pas
parlé dans ce numéro, met à la disposi-
tion des révolutionnaires des équipe-
ments qu'ils ne peuvent se procurer
nulle part ailleurs. Par exemple, nous
pouvons fournir aux groupuscules gênés
des enregistrements de gros tapage,
nous pouvons louer des leviers pour
soulèvements populaires, nous avons
aussi de la littérature pour clientèle
choisie (Outremont ou Ste-Foy), c o m m e
le petit manuel intitulé «Comment cons-
truire des barricades avec des lazy boys»,
etc, etc. Il faut demander notre catalo-
gue.
Révolutionnex Inc.
Outremont
On dit que je n'aime pas les gens et ap'ès
on dit que je suis cannibale. Quelle
cont'adiction ! On dit v'aiment n'impo'te
quoi ! En fait, ce que je pense, c'est que
les gens sont d'ôlement bons. J'y ai assez
goûté pou' le savoi'. Mais ce qu'on n'a
jamais dit c'est que j'ai toujou' été civili-
sé pou' conse'ver les 'estes au f igo. J e
fais donc confiance à l'esp'it anti-'aciste
de vof 'evue pou' publier cette lett'e.
B o k a s s a , e m p e ' e u ' e n exil
P.S. J e vous invite au lancement de mon
liv'e de recettes cent'af icaines intitulé
«Le 'agoût à visage humain».
Vous a u r i e z d û me voir l'autre fois.
Un v r a i fou
Cette rumeur est dénuée de tout fonde-
ment.
Réal Giguère, D o m i n i q u e M i c h e l ,
u n c h i e n , R e n é S i m a r d , u n blé
d'Inde.
J'ai lu votre numéro 1 plusieurs fois et je
trouve que c'est répétitif.
X
Drummond ville
À partir d'aujourd'hui, demain nous
appartient.
P r i n c e Ibn F a d h ,
Arabie
Put, put, put, put, put, put, kaboum !
Lord Mountbatten
unhFR%(m,
l I I I I J I I I ' I I J , I1.
1 1 Oiqk
. W M (IWMA..: «&.» (&HR
l l f H IV
CSJ jau.. KIE (Z,s s8.
Un s i n g e
Les lecteurs de CROC ne sont pas fiers.
Aussi je pense qu'ils peuvent me dépan-
ner. Etant donné mon nouveau style, je
cherche des vieux bérets, des vestons
élimés, des godasses trouées pour mes
photos de presse et mes apparitions à la
télévision. Envoyez ça à l'archevêché.
Paul-Emile Léger
Montréal
Le cheval fait le tour de la montagne.
VVillie L a m o t h e
Qu'est-ce qui est comme une mère pis
belle en même temps ?... C'est une belle-
mère ! Ha, ha, ha.
André Rufiange
J'essaie de lire votre revue, mais je suis
toujours dérangé, car... DING, DING !
Oups, excusez, j'dois aller manger.
Pavlov
J'aimerais que l'équipe de CROC cesse
de transmettre des affaires obcènes à
mon émission.
Huguette P r o u l x
J e sais que vous ne regardez jamais mon
émission, car vous êtes une gang de
drogués qui se couchent jamais avant
2h du matin pis qui se lèvent à dix-onze
heures, qui se lavent une fois par mois,
pis qui mangent des légumes dans des
bols en macramé, pis j'veux vous dire
que j'm'en sacre, que je vas la faire
pareil mon émission pis c'est toute.
Réal G i g u è r e
Doit-on dire Cro ou Croque ?
Sylvie Ouimet... o u O u i m e t t e ?
La liberté n'aura qu'un temps.
Un g o u v e r n e m e n t
Y paraît que chu mort ! Comment ça,
mort? J'savais même pas que j'étais
malade.
Olivier G u i m o n t
J ' a i été abonné au JOUR, au Montréal-
Matin et au Montréal Star. Puis-je
m'abonner à CROC ?
Un m a l a d e , S o r e l
Laissez-faire !
J'ai lu votre revue et je la trouve au
boutte.
Un l e c t e u r d e S c h e f f e r v i l l e
CROC pourrait-il passer ce message
personnel: «reviens, Jean, tout est par-
donné.»
J é r ô m e Lemay
CROC
Photo-Théâtre: Invitée ; Fabienne T h i b a u l t • Scénario: J a c q u e s Hurtubise

ME FAITES PAS LA DEGOUTEE, J E MAI PAS

TOUJOURS ETË COMME ÇA. UN MAUVAJS .
GÉNIE M'A JETE. UN SORT; AVANT J'ETAIS
LE PRESIDENT AGRESSIF ET DYNAMIQUE
DE LA J E U N E m
CHAMBRE DE /
COMMERCE

VOUS SAVEZ, MOi AUSSI JE SAIS

ME METAMORPHOSER.

$ ET VOILA QUE LES BOIS ONT

RE FLEURI. FOUR MARIA
CHAPDE LAINE

Photos: Claire Beaugrand- Champagne.

décembre 1979
LA SERVEUSE AUTOMATE û ùù.ùù A

S'EN ALLAIT CULTIVER A

CfAWOU! r
MARLENE jâ
SES TOMATES 4*

UOM J'EMBRASSERAIS UN .CRAPAUD

A LA RIGUEUR ... MAIS
UN PRÉSIDENT DE n
CHAMBRE DE COMMERCÉ
BEUARK!!!!
ION.???
VOLfêN AIMEZ RSS,
LES CRAPAUDS?!

Y'A DES JOURNÉES

COMME CA...

CROC
décembre
CROC
décembre 1979
 VOUS 5AV0»R.,CAMARADE.,GOMM.EMT U\ 5iTUATiOtO
EST TEMDOG A MOR£. fRQtfTiCR£ 50D. LD RtV&OMiSTO CHiVlOiS
W£ COSOJT D'AMASSER. DDlROOPCS QUtrteAJAOUTtdfc> 1£fc-
RitOiRfS. Rûlfc ptfXftjœ CAPAiX Î)AJJ5 CC MÔNOE, WûOi UûU-S
DO10I» DC HltUlENfc DC3 MiUUtfS ÙC SûUflp A CCT OB>RôiT
OU, i l f X T T t t S FRû'vb DAV15 CL TROU PERfiO
NOS VALEUROK SOLDATS OVJT BtSffiN DC P&L.S5CS.
HAiHCjuifcusejw otte ÛKASTRÛPVJC wpi&we uous A
, TXAPPÉS. UtOC CPittMiC A RAUASt NOS CHEPTELS
POUR. WOS. PEUSeS. ïï. S£ TOME QUt (£ CAMPA A DES
RfcEfcveS IMPOSANTES D'ASTRAKAU, CTOOG (£ abikieTCAWAE®
EST 50*. E£ POAtt £>€ (DDOlE DUC CWTCKÏÏC AVEC
UOTRt OALEUR&OX WS POUR. I0OÛS O)
CÉKR. OC GRANDES QûWRTtS . MAO iC VA
OU PKOfcLErtE: DAMC G A I A J « ,
DE VOS •

couleurs:fllrfelle5IOUÎN
CROC
 LE PLUS GRAND
QUOTIDIEN
MENSUEL
D'AMÉRIQUE

Dictateur: Roch Côté Conseiller: Louis O'Neill

Union nationale:

le Shah n'a pas encore dit non

L'ex-Shah d'Iran n'a pas
encore donné de réponse dé-
finitive à l'offre secrète qui lui
a été faite de venir prendre la
tête de l'Union nationale.
C'est en effet un secret de
polichinelle que le «congrès
de sabordement» que vient de
tenir l'Union nationale n'est
rien d'autre qu'un moyen de
pression pour pousser cer-
taines personnalités à venir à
la rescousse de ce parti.
Le chah n'a pas encore dit
non à l'offre de l'U.N. «Dès que
fini avec mon cancer, m'oc-
cupperai du vôtre», a fait sa-
voir le leader en exil dans un
télégramme envoyé à M. Bi-
ron.
Ce dernier a avoué au re-
présentant de CROC qu'il
n'avait pas mis tous ses oeufs
dans le même panieret qu'un
contact avait également été
pris avec Léonid Brejnev. «On
attend de savoir s'il est encore
en vie ou s'il est mort», a
indiqué M. Biron.
Si aucune personnalité de
marque ne vient à la rescousse
de l'U.N., deux solutions res-
tent possibles. La première
consisterait, de l'avis de M.
Biron, à réclamer un droit
bien légitime de propriété
sur la statue de Maurice Du-
plessis et de la fondre pouren
récupérer le métal. «Je connais
une bonne fonderie qui pour-
rait nous faire c'job-là», a com-
menté M. Biron. La revente
du métal renflouerait la caisse
du parti.
Enfin, si tout échoue, il
restera toujours la possibilité
de convertir en dépanneur
un des bureaux qu'occupe
actuellement l'Union natio-
nale au Parlement. «Il y a
toutes sortes de besoins au
Parlement, dit M. Biron, on
court souvent après les chips
pis les Pepsis...»
Cette tentative d'ouvrir un
dépanneur vient toutefois
après un premier refus es-
suyé par les députés de l'U.N.:
ils avaient en effet proposé au
Café du Parlement de servir
de waiters et de renflouer
ainsi la caisse du parti avec
les pourboires.

L'Union nationale n'a rien perdu de sa force, comme le dit si

bien M. Maurice Bellemare. Ce dernier nous a d'ailleurs fait
parvenir cette photo prouvant que le recrutement de nou-
veaux membres bat son plein.

Adolf Hitler se livre à la police

(par Bison revu)
Coup de théâtre hier après-
midi dans la municipalité de
Bromont: Adolf Hitler, le ré-
puté nazi, s'est finalement li-
vré à la police locale. Appa-
remment saoul lors de son
auto-capture, l'ex-moustachu
aurait laissé entendre qu'il ne
pouvait supporter plus long-
temps le souvenir des Juifs
entassés dans les bains sau-
nas.
Fait tout aussi étonnant, il
semble que monsieur Hitler,
alias Gaspard Augé, aurait ré-
ussi au cours des vingt der-
nières années à se faire pas-
ser pour l'idiot du village.
En effet, plusieurs témoins
interrogés se rappellent entre
autres d'un certain dimanche
où monsieur Hitler, engagé à
titre de «spare-bedo», aurait
passé la quête trente-deux fois
au cours de la même messe.
Suite page 12

décembre 1979
Des fonctionnaires
menacent de travailler
«Nous en avons assez de
faire la grève au tarif du tra-
vail», «exploités au travail, ex-
ploités en grève», tels sont les
principaux slogans qui mar-
quent la lutte des grévistes
fonctionnaires face à leurs
patrons syndicaux.
Avec des fonds de plus de trois millions de dollars, le syndicat
des fonctionnaires du Québec envisage les journées de grève
sans angoisse. On voit ici le pesident du syndicat, M. Harguin-
deguy, au cours d'une journée de grève.
ADOLF HITLER SE LIVRE
A LA POLICE
Le dimanche suivant, ne re-
culant devant rien, il aurait
applaudi le prêtre au mo-
ment de l'offertoire et il lui
aurait même proposé d'ins-
taller un enfer dans le sous-
sol de l'église.
Malgré tout, la majorité des
gens interviewés refusent de
croire que Gaspard Augé et
Adolf Hitler puissent chaus-
ser les mêmes souliers en
même temps. Même les pré-
sumés parents de Adolf Hitler,
monsieur et madame Augé,
sont d'avis que leur fils a agi
de la sorte simplement pour
le plaisir de la chose, mû par
un instinct immuable.
Par ailleurs, aux dires des
policiers qui l'ont accueilli
chaleureusement hier après-
midi, le despote des Cantons
de l'Est les aurait déjà visités
Bien qu'ils reçoivent de
leur syndicat l'équivalent de
leur salaire pour chaque jour-
née de grève, les grévistes
fonctionnaires estiment que
faire la grève est plus éprou-
vant que travailler et que c'est
du «cheap labor» que d'accep-
à plusieurs reprises dans le
passé. Encore la semaine der-
nière, il se serait présenté à
deux reprises au poste de
police; la première fois en
prétendant qu'il était le fils
illégitime de René Simard et
la deuxième fois pour avouer
qu'il venait de kidnapper une
photographie de Charles Ma-
non. Par la suite, il serait
revenu de nouveau au poste,
pieds et poings liés, en hur-
lant qu'il était Shah Guevara,
qu'il venait d'être assassiné
par le Parti Québécois et que
si on ne l'embaumait pas im-
médiatement il allait se dé-
composer sur place-
Bien sûr de tels agissements
pourraient nous porter à croi-
re que leur auteur est un être
léger pour ne pas dire allégé
sur le plan mental mais qui
sait et qui saura jamais où
commence la folie et où se
ter de faire la grève au même
tarif que le travail.
Les grévistes font valoir
tout d'abord que le gréviste
est en fonction pas seulement
de 9h à 5h mais toute la jour-
née. «Quand t'es gréviste»,
nous a confié une secrétaire
fonctionnaire, «tu l'es le jour
et la nuit, sans arrêt, sans
pause-café, tout le temps.» Les
grévistes réclament donc du
temps supplémentaire pour
les heures qui sont en dehors
des heures de travail norma-
les.
«En plus de ça», renchérit
un commis gréviste, «t'as au-
cune sécurité. Tu sais jamais
quand est-ce que la grève va
finir, quand est-ce que tu vas
tomber su'l'travail.»
Syndical isation
Un mouvement serait en
train de se dessiner chez les
grévistes pour une syndicali-
sation de leurs membres. «Si
le syndicat veut rien com-
prendre à nos revendications,
on va former un syndicat»,
termine la rue Ostiguy ? ...
D'après moi, le seul indice
qui nous permettra peut-être
un jour de résoudre complè-
tement l'énigme de Gaspard
Augé réside dans les différen-
ces physiques qui existent en-
tre le Gaspard d'aujourd'hui
et le Hitler des belles années.
Même s'il prétend paraître
jeune parce qu'il s'est rasé la
moustache, il n'en demeure
pas moins que le Hitler bro-
montois paraît avoir tout au
plus 26 ou 27 ans. Autre détail
concret: la taille de Gaspard
Hitler. Ce dernier mesure au-
dessus de six pieds et quel-
ques pouces et doit peser au-
tour de 275 livres. Même si le
nazi Augé prétend être la
preuve vivante du contraire,
je persiste à croire que Hitler
avait terminé ou achevait tout
au plus sa période de crois-
sance lorsqu'il a pris sur lui
clame un gréviste.
Il semble toutefois que les
dirigeants syndicaux aient
déjà prévu la manoeuvre et
que des équipes de grévistes
non-syndiqués seraient prêtes
à prendre la relève. «Qu'y
l'forment, leur syndicat, c'est
pas ça qui va nous empêcher
de faire la grève», a déclaré le
président du syndicat des
fonctionnaires, M. Jean-Louis
Harguindeguy.
La lutte est donc bien
amorcée. Peut-être verra-t-on
avant longtemps des grévistes
scabs prendre la place des
grévistes syndiqués ! «Si c'est
comme ça», lance un fonc-
tionnaire gréviste, «moi, j'vas
finir par travailler, pis ça sera
pas rien que des menaces !»
Le président Harguinde-
guy prend ces menaces avec
un grain de sel: «C'est pas la
première fois que des fonc-
tionnaires menacent de tra-
vailler. Mais / a jamais per-
sonne qui a vu ça», a-t-il conclu
avec assurance.
de déclarer la guerre.
En fin de compte, toutes
ces contradictions mises en-
semble soulèvent un certain
doute dans mon esprit et el-
les ont sans doute permis aux
adversaires de Hitler d'obtenir
sa libération dans les minutes
qui ont suivi sa tentative d'in-
carcération. Heureusement,
Adolf Augé a quand même
obtenu la permission de pas-
ser une nuit en prison et ce
matin, en quittant l'enceinte
de sa cellule, il a hurlé aux
policiers qu'il reviendrait plus
tard en compagnie du profes-
seur Lebrun et que cette fois,
personne ne le reconnaîtrait...
En apercevant son sourire par-
faitement dissimulé, je me
suis demandé, à voix haute, si
cet Adolf de Bromont ne pour-
rait par être, au moins, le fils
de René Simard... La réponse
ne s'est pas fait attendre...
CROC
 LA QUESTION SELON. Voulez-vous:
• 13% deFulton,21%
de Favreau, 11% de
Laurendeau, 6% de
Dunton, 30% de Pépin
-RENÉ mèQfr-. et 19% de Robarts ?
ou alors:
• 9% de Fulton, 6%
de Favreau, 7% de
Laurendeau, 10% de
To be or not to be.
Dunton, 30% de Pé-
That is the question !
pin et 22% de Ro-
barts ?
ou bien donc:
• 12% deFyJlpn,17%
de Favc
Laure
Dunton?
pin et
barts ?

a/m flU8§>i:

Voulez-vous:
• beaucoup plus de
statu quo ?
• plus de statu quo ?
• moins de statu q u o ?
Eille bonhomme !
T s é j'veux dire ?
• C'tu assez c o o l ?
• Y'a rien là !

Votez l'homme.

décembre 1979

chronique detnétéo troflfr
Ryan est humble. Il l'a dit encore
l'autre soir à la télévision. Humble, très
humble. J e venais d'ouvrir la télévi-
sion, l'image n'était pas encore appa-
rue, mais le son, lui, y était déjà.
«Humilité», tel fut le premier mot que
j'entendis. Et pas par n'importe qui.
Par Monsieur Humilité, lui-même. Un
jour, il faudra l'arrêter, car son humili-
té risque de le conduire trop loin. La
télévision ne pourra plus le suivre,
tellement il sera rendu humble. Il
voudra peut-être, par exemple, donner
ses interviews sur un tas de fumier. On
est humble ou bedon on l'est pas.
Monsieur Humilité n'apparaîtra plus
en public que sur son tas de merde.
Plutôt que de lui prévoir un fauteuil,
ces messieurs de la télévision devront
faire les provisions nécessaires pour
permettre à Monsieur Humilité de
s'asseoir. Comme les autres invités ne
voudront pas passer pour des monstres
d'orgueil, ils voudront peut-être aussi
avoir leur petit tas pour s'asseoir de-
vant les caméras.
Mais le jour où les fauteuils seront
de cette façon passés de mode, Mon-
sieur Humilité aura un problème. Tout
le monde sera aussi humble que lui et
son titre sera alors en jeu. Il risque d'y
avoir de la contestation sur le plan de
l'humilité. Il faudra alors que Monsieur
Humilité descende d'un cran. Ce ne
sera pas bien difficile. Il va nous décla-
rer que s'asseoir dessus, c'est encore
manifester une certaine forme de
supériorité. «Je ne m'asseois plus des-
sus», nous dira-t-il, «car j'ai découvert
que j'en suis une». Ça va nous faire de
bonnes interviews. Plutôt que d'ouvrir
ma tévé sur le mot humilité, j'enten-
drai «... oui, j'en suis une, à 100%, j'ai
vérifié encore hier et il n'y a pas de
doute...» Rendu à ce tréfonds de l'humi-
lité, le b o n h o m m e sera dur à battre.
Une merde, imaginez ! On ne lui en
demandait pas tant. Ça nous donnera
au moins l'occasion de nous rendre
compte, une fois dans notre vie, de ce
qu'est véritablement l'odeur de sain-
teté.
Que nous restera-t-il à nous, les
pétris d'orgueil ? Il ne nous restera
qu'à continuer à nous prendre pour
nous-mêmes et, l'orgueil n'allant pas
sans la suffisance, à nous abstenir
d'aller afficher notre humilité à la
télévision.
Toujours dans le domaine du spec-
tacle, j'ai suivi pour vous le mois
dernier les procès de Prague et le
procès qu'a failli avoir le sénateur
Giguère, celui dont le nom est toujours
suivi, dans les nouvelles, des mots
«contrats de dragage».
Quand on n'a pas le temps, comme
moi, d'aller au Théâtre des variétés
voir La Poune ou Ti-Mousse, on peut
toujours s'intéresser à la Justice, c'est
presque aussi drôle et parfois, comme
au théâtre, il s'y mêle une petite larme.
On appelle ça rire aux larmes.
A Prague, par exemple, les procès,
ça manque jamais d'être rigolo. C'est
ainsi que la Direction générale des
divertissements socialistes de la Ré-
publique populaire tchécoslovaque
vient de remettre à l'affiche le genre
toujours apprécié des masses et qui
s'appelle un «procès public à huis
clos». C'est tellement populaire que les
organisateurs sont, chaque fois, aux
prises avec un problème de salle: pas
assez de places, trop de monde. C'est
toujours le m ê m e problème pour ce
genre de show. C'est à faire rêver nos
directeurs de théâtre avec leurs salles
à moitié vides. Le dernier procès de
Prague mettait à l'affiche, côté jardin, 5
ou 6 fêtards coupables d'avoir «ca-
lomnié la Tchécoslovaquie» et, côté
cour, des juges, voix du prolétariat et
sans doute habillés en salopettes. Par-
lant au nom du peuple et de l'honneur
national bafoué, les juges ont envoyé
aux travaux forcés et autres pique-
niques les 5 ou 6 braillards qui s'amu-
sent à parlerdes Droits de l'Homme au
lieu de travailler c o m m e tout le mon-
de. Il est remarquable de voir, d'ail-
leurs, que ces «dissidents» étaient plutôt
des chômeurs; on peut donc penser
que ces traînards ont pris un coup de
trop un de ces soirs, qu'ils se sont mis à
par le professeurJlimbus
chanter des chansons obscènes dans
la rue, réveillant les honnêtes prolétaires
qui récupéraient en vue d'une autre
journée exaltante de travail socialiste
(dans le travail capitaliste, l'ouvrier ne
songe qu'à s'enrichir, tandis que dans
le travail socialiste...) Mais tout ce que
je vous dis là, c'est des suppositions. Le
«procès public à huis clos» est un genre
populaire traditionnel propre à la cul-
ture de l'Est et l'intrigue en est souvent
mystérieuse aux observateurs étran-
gers.
Chez nous, c'est le genre «procès qui
a failli avoir lieu» qui jouit de la faveur
populaire de ce temps-ci. Pour monter
un show de cette envergure, il faut
d'abord un accusé de choix, un figurant
qui ne soit pas n'importe qui, par
exemple un sénateur, et pourquoi pas
un sénateur Giguère. Il faut aussi un
juge, ça ajoute de la couleur, c'est une
espèce de personnage paradoxal qui
se prend terriblement au sérieux mais
qui ne dédaigne pas l'humour en revê-
tant un costume de bonhomme sept-
heures et en entrant en scène le mar-
teau à la main. Ça amuse beaucoup les
enfants. Ensuite, il faut des avocats.
Beaucoup d'avocats. Encore plus !
Plus il y en a, plus on a de chances de
faire foirer le procès. C'est la partie la
plus facile à monter pour ce genre de
show. Il y a actuellement un surplus
d'avocats sur le marché du show biz,
alors il ne faut pas lésiner de ce côté.
Les avocats, on les regroupe en gangs
appelées «batteries». On met donc tout
ce monde-là en scène, accusé de mar-
que, juge rigolo, avocats, et on leur
demande de nous monter un procès
qui n'aura pas lieu. Et ça marche. De
délai en délai, de confusion en confu-
sion, ils mettent chacun la main à la
pâte et ils finissent par vous sortir du
chapeau, comme par magie, sans
qu'on n'y ait rien compris, un beau
procès blanc.
J'appelle cela de l'Art. D'Est en Ouest,
la Justice n'a pas fini de nous étonner
et de nous émouvoir. The show must
go on !
CROC
A. E n s e m b l e " C T C U M "
d ' H a n n i g a n pour simuler dans
votre propre salon la grève des
transports en commun. Un
disque d'accompagnement
vous permet d'entendre le
rugissement de 100,000
moteurs. En prime, le grand
succès de Frida Boccara:
100,000 klaxons. Respirez
l'odeur de 100,000 tuyaux
d'échappement. Piles non in-
cluses. $33.95.

B. E n s e m b l e H o l o c a u s t e
comprend un Nazi, un Juif, un
f o u r a g a z , tout ce qu'il faut pour
recréer les meilleurs moments
de cette célèbre série télévisée.
Holocauste est accompagné
d'un mode d'emploi de 200
pages d'Alain Stanké. $27.95.

C. «Le petit i m p r i m e u r ) . Avec

cette panoplie, finie la fouille
systématique des porte-mon-
naie et des sacs à main. Les
enfants peuvent imprimer eux-
mêmes leur argent de poche.
$8.98.

D. Non illustré: des plaques

prégravées de $10, $20, $50,
$100 pour le petit imprimeur.
$4.95.
E. L'avion à c o n s t r u i r e : OH
WOW ! Des heures et des
heures de plaisir, l'avion vole
réellement. Vos enfants flottent
réellement. $25.95.
F. Non illustré: le bateau à
construire OH WOW et le
chapeau a construire OH WOW.
$2.39.
G. Chantez avec Serge Fiori:
une guitare en plastique de
qualité supérieure et le vibrateur
nasal (marque déposée) vous
permettent de recréer dans vo-
tre sous-sol les plus beaux
passages de l'Heptade. Idéal
pour ceux qui ont reçu l'avion
OH WOW l'année précédente.
$12.98.
H. La g u e r r e b a c t é r i o l o g i q u e .
Le cadeau rêvé pour ceux qui
s'ennuient à jouer à la guerre
avec des mitrailleuses en
plastique. Cette panoplie
comprend des bacilles virulents
de lèpre, peste, tuberculose,
cancer et de doctor-pepper.
Essayez-les sur vos amis (es),
sur les voisins, maman, papa,
etc. Note: le jeu de Guerre
bactériologique n'est absolu-
ment pas retournable. $48.95.
I. Le j e u Trapapipy (pour
garçon seulement). On appuie
sur le bouton et les joueurs
retirent leur appareil génital
extérieur avant que la trappe ne
se referme. Ceux qui sont pris,
ont perdu bien entendu. $6.95.
J. Roman-savon. Cette
panoplie vous permet de trans-
former votre foyer en un
téléroman vivant. Chaque boîte
renferme: un cap de mauvaise
acide maquillée en Valium 10
pour votre mère, une fausse
boîte de pilules anticonception-
nelles pour votre soeur, une
fausse facture de motel au nom
de votre père, et une photo
truquée de votre frère sortant
d'un club gay. De l'action en
perspective. $17.95.

16 CROC
Catalogue: Pierre Huet et Jacques H u r t u b i s e photos: A l a i n Laforest illustrations: Patrick M o e r e l l

A. S c u l p t u r e o r g a n i q u e .
S i m p l e , i n n o v a t e u r , n a t u r e l , le
jeu S c u l p t u r e o r g a n i q u e p e r m e t
à vos enfants de développer
leur p o t e n t i e l c r é a t e u r , t o u t e n
recevant une bonne dose de
culture gréco-latine. $ 2 1 . 9 5 .
B. N o n illustrée: la r e p r o d u c t i o n
de la t a p i s s e r i e d e B a y e u x e n
macramé. $13.65.

C. N o n i l l u s t r é :
B é b é p e t i t f r è r e , il m a n g e ,
il boit, il d o r t , il c r i e , il p l e u r e ,
il p i s s e , il g r a n d i t e t p e u t m ê m e
mourir. D i s p o n i b l e e n t o n d e
blanc, noir, b r u n , j a u n e e t r o u g e .
$1.99.
D. N o n i l l u s t r é : m o d è l e t e l q u e
décrit e n C, bien q u e l é g è r e m e n t
abimé. $ 0 . 2 5 .
E. L e m o n s t r e d e s t e m p s
n o u v e a u x . Après Alien, voici
Ryan e t s a m a i n c h e r c h e u s e ; il
vous s e c o u e l a m a i n j u s q u ' à c e
que mort s'ensuive e n vous
récitant d e s passages choisis
du N o u v e a u - T e s t a m e n t . $ 1 7 . 9 9 .
Angels, I e s 3 3 paires d é c h a î n e s
et les d e u x t o r c h e s à s o u d e r
exigés par les instructions q u e
vous commencerez vraiment à
c o m p r e n d r e p o u r q u o i le j e u a
été n o m m é ainsi. $ 1 8 . 9 5 .
H. N o n o p o l y i n s p i r é d ' u n
c o n c e p t p o p u l a i r e v o u s livre
t o u s les s e c r e t s d e la s p é c u l a t i o n
foncière. Simple, facile et pas
c o m p l i q u é . C o m p r e n d 4 terrains,
un d é , u n e c a r t e c h a n c e , u n p i o n
e n f o r m e d e p i n t e d e lait e t u n e
photo autographiée du Colonel
Moutarde. $12.99.

F. X - T e n z i o n : u n e i n v e n t i o n
nouvelle et éprouvée. Vous
p e r m e t s a n s f r a i s d'avoir u n e
télé d a n s v o t r e c h a m b r e e t
d ' é c o u t e r d e la m u s i q u e d a n s le
garage. $2.95.
G. A v e c le j e u K a t a s t r o f e ,
vous ne vous e n n u y e z pas.
Commandez-le quand vous
v o u d r e z , il v o u s s e r a livré e n
r e t a r d , la b o î t e s e r a i n v a r i a b l e -
m e n t m o u i l l é e e t a b i m é e , il v o u s
manquera d e s pièces et les
instructions en polonais seront
incomplètes. Qu'importe, ce
n'est q u e l o r s q u e v o u s a u r e z
f i n a l e m e n t r é u n i les 5 6 H e l l s
I. J e g a g n e : c e j e u h a b i l e m e n t
p r é s e n t e v o u s livrera r a p i d e -
ment tous ses secrets. Le plus
haut chiffre l'emporte ! $ 1 0 . 9 5 .
J. N o n i l l u s t r é :
S h y l o c k : des heures et d e s
h e u r e s d e plaisir f o u , s a n s
c o m p t e r les profits. C e t t e
panoplie c o m p r e n d un habit à
rayures voyantes, une chemise
noire, u n e c r a v a t e j a u n e , u n
p a n a m a blanc, u n e paire d e
guêtres, un poing américain e n
acier, u n c o u t e a u à c r a n d'arrêt,
une chaîne de moto, 3 mégots
de cigares, un bat d e baseball,
e t p o u r les c a s r é c a l c i t r a n t s , u n
sac d e c i m e n t frais. V o u s investis-
s e z v o s p r o p r e s d o l l a r s . Prix $ 1
c e t t e s e m a i n e , $ 2 la s e m a i n e
p r o c h a i n e , $ 4 la s e m a i n e
d'après puis $ 1 6 , $ 3 2 . Vous
n'avez p a s fini d e p a y e r m e s
ciboires ! $33.33.
K. M o n s t r e s d e l ' e s p a c e : u n
bon assortiment de monstres
venus d e l'espace tous plus
l u a n t s les u n s q u e l e s a u t r e s .
§4.95.
L. N o n i l l u s t r é : p é c h e z a v e c
papa, un b o n a s s o r t i m e n t d e
vers et d e leurres t o u s plus
attirants les uns q u e les autres.
$4.95.
M. N o n i l l u s t r é : c u i s i n e z d e s
mets exotiques. Un bon
assortiment de nouilles, vermi-
celles, tous plus appétissants
les u n s q u e l e s a u t r e s . $ 4 . 9 5 .

CROC 17
 par J a c q u e s Grisé

25 cadeaux désagréables
E h o u i ! E n c o r e u n e fois cette a n n é e Noël, a c c o m p a g n é p a r le manchettes en macramé.
t e m p s des Fêtes, n o u s arrive à la vitesse d u c a l e n d r i e r et fait déjà • Un magnifique pinceau 4 pouces
r é s o n n e r n o s c o r d e s s e n s i b l e s d a n s s o n g r a n d t a m b o u r de de large, d'un ami qui organise un
«party» de peinture.
c a d e a u x p r o m i s . C e r t a i n s seront déçus, d'autres seront désap-
• U n abonnement d'un an gratuit
pointés, m a i s p e r s o n n e ne sera content.
à la revue «L'Echo des CB».
• Une descente de lit «SOS» en
V o i c i u n e liste de c a d e a u x q u e «Croc» j u g e tout à fait inutiles laine d'acier inoxydable.
o u désagréables, s e l o n les g o û t s et q u ' o n v o u s s o u h a i t e sincè- • U n e planche truffée de clous
r e m e n t de ne p a s recevoir. pour pratiquer vos talents de fakir.
• Cent morceaux d'un puzzle de
• U n e invitation à souper de Proulx celui qui affuble lui-même 2,500 pièces.
«l'honowabe» président Bokassa notre Gilles Villeneuve national du • U n cours de diction en
avec nul autre que vous-mêmes surnom très possessif de «mon fils». français offert par le Colonel
c o m m e plat principal au menu. • U n long-jeu «live» du groupe Sanders.
• U n recueil de blagues à la punk «Danger» au Cambodge. • T-Shirt «osé» avec la photo
«bonne franquette» cogité et écrit • U n poster phosphorescent d'Huguette Proulx au centre.
par le duo humoristique de l'heure géant de Dick Rivers. • Deux sacs «Glad» pleins.
au Q u é b e c : Henri Bergeron • Un voyage pour deux, aller- • U n dictionnaire chinois-
s u r n o m m é «maudit fou» par sa retour, toutes dépenses payées à japonais, japonais-chinois.
tante, qu'il a déjà fait rire une fois à Ville LaSalle. • U n partiel «Patsy Gallant».
Pâques et l'impayable Pierre • Une paire de boutons de • Une paire de skis pas de fond.

25 cadeaux originaux et utiles

à donner a vos proches par Pierre Huet

L e s «pas d'idées» p o u r r o n t t r o u v e r d a n s l ' e n u m e r a t i o n qui suit consommation excessive de dry-

t o u s les c a d e a u x r ê v é s p o u r les «sans allures». P o u r éviter des martinis; la dépression et le
représailles i m m é d i a t e s et violentes de v o s victimes, veuillez divorce suivent de près...)
p r é s e n t e r v o s c a d e a u x e n utilisant en g u i s e d'explication les P o u r votre b l o n d e
phrases entre parenthèses. • Un abonnement de saison (un
seul) au théâtre du Nouveau-
Pour papa chocolats de fantaisie Vachon (une Monde (heureuse coïncidence, ça
• U n e cravate de chez Greenberg. fois qu'elle aura jeté les chocolats, tombe justement le m ê m e jour
(Très utile pour garder sa page c'est là-dedans qu'elle cachera les que les parties Canadien-Boston;
dans son livre.) lettres passionnées que lui laisse bénéfice marginal : non
• U n flacon d'eau de Cologne G u y le laitier). seulement vous saurez où elle est,
Lafleur N°10 (excellent c o m m e • U n tube de rouge à lèvres de en plus vous saurez qu'elle
antigel ou c o m m e substitut dans marque Shirley Théroux. (Elle s'en s'emmerde).
un café-cognac). servira pour camoufler l'éraflure • U n e paire de petites culottes
• U n e boîte de cigares El C h e a p o qu'elle a faite sur l'aile de l'auto.) erotiques. Sur le devant c'est écrit
(radical dans les expéditions de • U n roman d'Henri Troyat (pour Propriété exclusive de... (au sex-
p ê c h e pour éliminer les coincer sous la patte du lit qui est shop ils écrivent votre nom pour
moustiques dans la tente. Ne de plus en plus croche depuis que un modeste supplément).
fumer sous a u c u n prétexte.). votre père l'a équilibrée avec une • Une bague, mais beaucoup trop
• U n e paire de pantoufles (à pantoufle). grande pour elle. (Elle ne pourra
coincer sous la patte bancale qui • U n e fiole en cristal de roche jamais dire que vous ne vous êtes
fait bouger le lit conjugal). turquoise pour la table du salon pas impliqué, mais au moins elle
• U n e gourde espagnole en suède. (c'est là qu'elle dissimulera les dry- ne pourra pas la montrer aux filles
(Pour accrocher derrière le bar et martinis qu'elle boit en cachette du bureau.)
remplir de scotch qu'il boit en de votre père). • U n lot de valiums. ( C o m m e ça,
cachette de maman.) • U n disque d'Enrico Macias. elle ne pourra plus refuser de vous
Pour maman (Attention : un tel disque écouté garder à coucher sous prétexte
• U n e boîte format de luxe d e jour après jour entraîne une qu'elle dort mal avec quelqu'un

CROC

dans son lit...)
• Un dépliant des Weight
Watchers (on sait jamais !).
Pour votre r h u m
• Un excellent billet pour le
prochain match Canadiens-
Canucks. («Tiens, ça tombe
justement le soir où je sors avec
mon ancien chum, tu sais celui
dont je t'ai tant parlé.»)
• Un exemple de NIAGARA FALLS
ON $5 A DAY. (Comme dit la
préface, «c'est le rendez-vous des
nouveaux mariés !»)
• Un bon d'achat de $10.00 sur une
Corvette.
• Un exemplaire de Penthouse
dont vous aurez au préalable
décembre 1979
arraché toutes les photos
cochonnes. (Le cadeau idéal pour
monsieur je-les-lis-pour-les-
articles.)
• Un pamphlet des alcooliques
anonymes. (On sait jamais !)
Divers
Pour votre patron:
Une belle photo encadrée.
a. Vous êtes une employée :
offrez-lui une photo du motel
Pierre, et écrivez dessus «Je me
souviens de TOUT !»
b. Vous êtes un employé : offrez-
lui une photo de lui et d'une de ses
employées sortant du motel
Pierre, et écrivez dessus : «J'ai les
négatifs !»
19
Pour vos employés:
Un exemplaire de TORONTO ON
$5 A DAY (Ah, ah, on sait jamais
avec le contexte politique et vos
demandes salariales, ça peut être
utile !)
Pour quelqu'un que vous
haïssez:
un chiot Saint-Bernard.
Pour quelqu'un que vous
aimez beaucoup:
Rien. («C'est fantastique, toi et moi
on s'aime tellement, on n'est plus
obligé de se donner des cadeaux !»)
Pour vous-mêmes:
un abonnement à CROC.
 ûflû Noël ûtlû
québécois H par Pierre Huet
Il se trouve encore des esprits
naïfs pour croire que la fête de
Noël a quelque chose à voir avec la
naissance du Christ. Il faut bien le
dire: c'est un malentendu. Oh, c'est
bien compréhensible qu'il y ait eu
méprise pendant quelques siècles:
après tout, le brave Homme (ou
Dieu) est né un 25 décembre et
cette malheureuse coïncidence a
suffi pour que certaines personnes
voient un rapport entre les deux
faits ! Je ne veux pas faire de peine
à personne ni provoquer de schis-
me mais il faut bien mettre les
choses au clair: Noël est une fête
païenne québécoise.
La civilisation québécoise,
comme toute société primitive,
repose sur une mythologie très
simple. Ici, la divinité suprême,
c'est la température. Il y a 4 saisons
au Québec:
1 - Le premier hiver (la neige est
blanche);
2 - Les 2 semaines en Floride;
3 - Le deuxième hiver (la neige est
noire);
4 - L'été (il dure deux semaines et
commence le lundi qui suit la fin
de vos vacances).
Pour garder le moral devant ce
handicap terrible, les Québécois
se sont donné Z fêtes nationales.
C'est leur façon à eux de célébrer
les solstices, un mot qu'ils n'ont
jamais pu épeler et donc vraiment
apprécier.
La première de ces fêtes tombe
(c'est le mot juste) le 24 juin et
coïncide avec la journée la plus
pluvieuse de l'année. A cette occa-
sion, la population locale se réunit
en très grand nombre dans les
parcs de la province et tente de
faire des feux de joie avec des
caisses de bière humides. La
deuxième de ces fêtes, celle qui
nous intéresse particulièrement
aujourd'hui, tombe le 25 décembre
et est surnommée Noël (se pro-
nonce No-Well, parfois Nâ-Well,
surtout au last-call).
Les gens d'ici adorent Noël. Ils
adorent aussi la neige. Cette ado-
ration maniaque repose de justesse
sur un concept philosophique
qu'un ancien Grec (l'histoire a eu
Ja bonté d'oublier son nom...) a
résumé ainsi: «C'est là, ça va rester
là, alors aussi bien se faire à l'idée
et essayer d'avoir du fun avec.»
Les Québécois fêtent donc Noël
avec une ferveur qui atteint le
fanatisme. Les compagnies d'as-
surances ont depuis longtemps
classé parmi les catastrophes
naturelles un groupe de Québécois
«sur la go» vers les minuit un 24
décembre. Ce monde-là prend son
plaisir au sérieux. Aux yeux d'un
étranger, la ferveur déployée à
cette occasion n'est pas sans rap-
peler les événements tragiques de
Jonestown. D'ailleurs, il paraîtrait
que le «kool-aid» distribué à cette
occasion aux suicidés de Guyane
n'aurait été qu'une mauvaise imi-
tation de notre «caribou» local;
pour ceux qui l'ignorent, le caribou
est un breuvage légendaire qui a
modifié à jamais les chromosomes
de la population locale et a même
contribué au projet du siècle de la
Baie James, tant comme remontant
que comme explosif.
Mais revenons au 25 décembre.
Noël est une journée exceptionnelle
dans la belle province. Les prépa-
ratifs qui y mènent durent 15 jours,
la brosse qui s'ensuit, 30. Voyons
un peu comment se déroule cette
Fête sacrée.
Certains grincheux vous diront
que «Noël, ce n'est plus ce que
c'était...» Ceux-là appartiennent
habituellement à 2 catégories. Ou
bien ce sont des gens qui ont rejoint
récemment les rangs du mouve-
ment A.A., et dans ce cas, l'explica-
tion est simple: ce sont eux qui ne
sont plus ce qu'ils étaient; ou alors
il s'agit de nouveaux riches qui
dépriment parce qu'on leur offre à
Noël des chronomètres digitaux et
des vidéos pornographiques et qui
s'ennuient de l'orange poquée et
des nanannes qu'ils trouvaient
dans leurs bas de laine pendant la
Crise.
Non, en vérité, Noël est toujours
Noël. Les attitudes millénaires ont
seulement revêtu de nouveaux dé-
guisements sauf exception (et les
exceptions, c'est pas ça qui fait
vendre des revues, si vous voyez ce
que je veux dire...), il y a trois
attitudes face à Noël, et les voici.
Première attitude: l'attitude
aristocrate. Il va sans dire qu'il n'y
CROC
 a pas de véritables aristocrates au
Québec, puisqu'à l'époque de
Louis XIV, nous en étions encore
ici à l'âge du Néanderthal. Qu'est-ce
donc qu'un aristocrate québécois ?
C'est un francophone qui a séduit
la fille de son patron anglophone
et provoqué un mariage forcé;
c'est une francophone qui a épou-
sé un riche Canadien-anglais (ex-
cusez le pléonasme) et réussi à le
faire interner pour cruauté menta-
le; c'est un libéral devenu péquiste
le 14 novembre 1976. Enfin, vous
voyez le genre.
Ces gens ont de la classe: i ' 0 mouton noir de la famille (c'est-à-
sont capables de se livrer à des
orgies innommables dans leur
sous-sol sans renverser une goutte
de leur tasse de thé. Ces gens-là
fêtent Noël. Fêter Noël, pour eux,
ça veut dire d'abord égayer la fa-
çade de leur luxueuse résidence
en reproduisant à l'aide d'ampou-
les bleues 2 watts la Guernica de
Picasso. Ensuite, ça veut dire rece-
voir. Voici un exemple type de
leurs réceptions.
Les invités arrivent vers les 11
hres. Les f e m m e s sont vêtues d'un
sapin en aluminium, une création
Dior. Les h o m m e s sont en toxédo
et ont tellement de prestance
qu'on les soupçonne d'avoir en-
foncé un petit sapin dans les cavi-
tés les plus intimes de leur anato-
mie. Le party se met en branle.
Très vite l'excitation atteint son
comble: certains convives vont
jusqu'à accepter un 2ème canapé
décembre 1979
aux anchois. U n peu avant minuit,
la bonne, qui est d'extraction
étrangère et donc insensible aux
joies de Noël, met en marche l'ap-
pareil T.V. Bien sûr, on regarde
Radio-Québec. Tous les invités
rapprochent leur siège et se pas-
sionnent pour UNE VEILLÉE C H E Z
LA FAMILLE DEFAVORISEE FEC-
T E A U MAIS H E U R E U S E Q U A N D
M E M E . Tout en admirant un solo
de gigue de 20 minutes d'Orner
Fecteau (8 ans), c h a c u n tape dis-
crètement du pied et regrette de
ne pas avoir accepté l'invitation du
dire celui qui a eu plus de 2 enfants)
et dont les réveillons sont tellement
célèbres que le curé de la paroisse
excommunie automatiquement
ceux qui y sont.
Vers les l h du matin, les couples
rentrent chez eux et discutent des
modalités de leur futur divorce en
attendant que les enfants se lèvent
pour déballer leurs cadeaux.
D e u x i è m e attitude: l'attitude
smatte. Les smattes, ce sont les
gens qui, le soir de Noël, se font
bien du plaisir en imitant pour rire
les gestes que les gens ordinaires
font pour avoir du plaisir, mais
c o m m e ils ont b e a u c o u p de sym-
pathie pour les gens ordinaires, il
faut bien comprendre que s'ils
imitent ainsi les gens ordinaires,
c'est pas pour en rire, mais par
plaisir. Autrement dit, les smattes
font ce que les gens ordinaires
font, mais ils le font exprès.
Vous avez sans doute déjà
compris que les smattes sont des
intellectuels ou des étudiants ou
les deux à la fois. Voyons comment
se déroule un party chez les smat-
tes.
Tout le m o n d e arrive en retard,
y compris ceux qui reçoivent. C'est
le principe de l'auberge espagnole:
on boit ce qu'on apporte. C h a c u n
arrive donc avec sa bouteille de vin
cheap ou ses 6 canettes de bière;
mais selon le principe de l'auberge
québécoise, tout le m o n d e boit le
scotch que l'hôte avait acheté au
cas...
Ensuite le party passe au
deuxième degré. Le d e u x i è m e de-
gré, c'est ce qui permet aux smattes
d'avoir du fun sans qu'on les soup-
çonne de s'amuser. Ç a veut dire
qu'on fait les m ê m e s folies que
dans les partys «normaux» mais
que c'est pris c o m m e un signe
d'intelligence ou de lucidité. D u
moins, pour les smattes.
Un exemple ? A u party smatte,
la télé est syntonisée à Télé-
Métropole. A un moment donné,
Réal Giguère fait son célèbre nu-
méro du robineux qui trouve une
dinde de Noël dans une poubelle.
Tous les smattes se tapent sur les
cuisses en pensant aux gens nor-
m a u x qui se tapent sur les cuisses.
Un peu plus tard, on nage dans
le 2ème degré. Q u e l q u ' u n a trouvé
un disque de gigue et tout le mon-
de danse le réel d u 2ème degré.
Puis, il s'avère qu'un marxiste en
 turtle-neck noir est un excellent
calleux de sets carrés. Eventuelle-
ment, tous ces athées profession-
nels entonnent un Minuit Chrétien
solennel, la larme à l'oeil et au
2ème degré. Puis, tout cela finira
par une procession de fêtards qui
vont vomir au 2ème degré dans la
neige.
Troisième attitude: l'attitude
traditionnelle. Il va sans dire que
celle-ci regroupe la majorité des
Québécois. On a calculé que ça
prend 20 personnes ordinaires
pour produire l'éclosion d'un aris-
tocrate, et 40 pour celle d'un smat-
te. C'est donc dire que les partys de
gens ordinaires sont plus popu-
leux.
Comment fête-t-on Noël chez le
Québécois ordinaire ? Allons-y
voir. Première loi, le party a lieu
chez le membre le plus pauvre de
la parenté. D'abord parce que les
riches ne veulent pas salir leurs
meubles; ensuite parce que si le
pauvre est pauvre, c'est parce qu'il
a beaucoup d'enfants; et s'il a
beaucoup d'enfants, il doit avoir
un grand logement. C'est logique.
Dans le salon trône un sapin où
sont accrochées les boules que
l'oncle Ronald cassera quand il
tombera saoul-mort à la fin de la
soirée. Au pied de l'arbre, il y a une
crèche où quelques statuettes repré-
sentant des moutons bleus et des
arabes en robes de chambre à pail-
lettes entourent un enfant-Jésus en
plâtre, dont c'est quand même la
fête. Au-dessus de la télévision, on
a suspendu les cartes de Noël re-
çues pour que ceux qui n'en ont
pas envoyées aient bien honte.
Les invités sont répartis dans
les salons selon leurs compéten-
ces et leurs fonctions. Les hommes
sont au salon. Leur fonction, parler
bruyamment de sport et de politi-
que en faisant semblant que ça les
intéresse. Leur compétence, c'est
de boire. Les femmes sont à la
cuisine; leur fonction, c'est de
préparer le repas de minuit, véri-
fier si les tourtières sont bien cuites
et les betteraves bien rouges. Leur
compétence, c'est d'endiguer la
consommation d'alcool des maris.
Les enfants sont partout et par
leurs cris et leur agitation forment
un éloquant témoignage en faveur
du contrôle des naissances. Ils
n'ont aucune fonction ou compé-
tence, et s'appliquent méthodi-
quement à être fous comme de la
marde, à dormir quand vient le
temps de recevoir leurs cadeaux et
à disparaître quand vient le temps
de partir. Il ne faut pas oublier
enfin de mentionner un dernier
groupe, oublié de tous d'ailleurs,
les vieux. Chaque party en compte
deux ou trois. Habituellement, on
les extirpe du sommeil perpétuel
où ils gisent normalement dans la
chambre minuscule qui leur a été
abandonnée pour les installer
dans des berceuses où ils se ren-
dorment immédiatement et ce,
jusqu'à ce qu'on les réveille bruta-
lement en leur fourrant dans les
CROC
 bras des petits-enfants qu'ils ne
connaissent absolument pas. Ils
arrivent à s'assoupir de nouveau,
mais on les réveille une dernière
fois pour leur donner des cadeaux:
des pantoufles, des savons, des
photos agrandies et encadrées des
mêmes maudits petits-enfants
inconnus.
A la fin de la soirée, ils restent
debout, une fois toute la visite
partie, et ramassent les dégâts
puisqu'ils sont les seuls qui soient
assez sobres pour le faire, tout en

( Pastorale du X E X e s.)
^\"S Voi
V2« Voii

( A p r l i W I t r ** 1* U coupld*
( A p r t i I* 3- coup4*1 Ca ber-gers-ers A s - s e m - b l - o n s b i p s .'nous Al Ions voir oupsïS*cu-se-
t rttt
P .Dur,

moi Mar-the vot' beau t a - p i s hipsî Oh.' la b i è :r ça tach pas -pin-pin-pin

Fal - l a i s que l e mau - vais sor -te hipsï Roi des four - ru - res hipsïNon

'1 II 1 r.,
3 K J H , , j , ,
se disant qu'avec un peu de chance 11 v

et si le bon Dieu est bon pour eux, y \ V P " * P ' *' '
ils n'auront pas à se taper un autre
Noël.
Le party lui-même suivra irré-
médiablement le même pattern, le
rite hipsî Mer - c i ben... A mon - t e dans sa cham - b r e hips! et pis les
même cérémonial établi depuis
des centaines d'années. On boit.
Deux beaux-frères se chamaillent.
On boit pour se réconcilier. Une
tante célibataire fait une crise de bes et pis les hips! han-ches et pis j ' y s o r s mon ou - r a - gan hips!pi j*y y
larmes hystériques parce qu'on lui
demande quand est-ce qu'elle va
se marier. On la fait boire pour la
calmer et on boit à sa santé. D'ail-
leurs, c'est un constant paradoxe: hips! r e n - t r e ds l ' b a - t a - c l a n Ha! Ha! Ha! S ' c u s - s e z l a Bo 0 - 0 - 0 - 0 - 0 - 0 -te

on boit à la santé de tous, et tous DuoK K K " a a r ,

k k : %
seront malades le lendemain. La
société québécoise ne recule p p p P Ïh-^M—
devant aucune contradiction. Burp! E u . . - E u . . . E u . . E u . . . A h ! 0 Ca - n a - d a ter- r- r-ron -ron -ron - fie.

Ceci était une description d'un

party de Noël québécois. Une autre
fois, nous parlerons d'un party
drôle: une soirée au salon funé-
raire.

décembre 1979
 Noël à travers le monde
[PouAME
ANGLETERRE - En Angleter-
re, Noël est l'occasion de re-
mettre à l'honneur une des
plus vieilles et des plus res-
pectables traditions britanni-
ques: l'indigestion. Tôt le ma-
tin, la maîtresse de maison
fait bouillir tout ce qui lui
tombe sous la main. Pendant
ce temps, le maître de la mai-
son court faire une bonne
provision d'Alka Seltzer. Dans
la soirée, tout le monde est
malade.
ALGÉRIE — En Algérie, c'est
plein d'Arabes: les Arabes ne
fêtent pas Noël. Y connaissent
même pas le petit Jésus. Y
s'en sacrent !
RÉPUBLIQUE D'ANDORRE —
Personne ne sait au juste où
LE P E T I T KANfroufrou
c'est la République d'Andorre.
Même les Aodorriens sont
pas sûrs. Alors, pour ce qui est
de savoir c'est quand Noël...
AUSTRALIE — En Australie,
tout est à l'envers. Ça fait
qu'ils plantent un arbre de
Noël pareil, mais ils le plan-
tent la tête en bas. C'est plus
compliqué pour accrocher
les boules, mais ça leur fait
rien aux Australiens, parce
que comme ils sont à l'envers
eux autres aussi, ils s'en aper-
çoivent pas. Pis y a personne
pour leur dire.
BURUNDI — Au Burundi, c'est
plein de nègres. Une fois, ils
sont allés à la messe de minuit
parce que le missionnaire leur
avait dit qu'il y aurait de quoi
AU N E Z fputâ.
manger. Une fois arrivés, ils
se sont aperçus qu'en fait de
manger, le missionnaire avait
seulement des drôles de petits
ronds pis minces. Cette fois-
là, ils ont mangé le mission-
naire, mais c'était il y a long-
temps. Aujourd'hui, tu peux
plus faire des choses comme
ça, parce qu'il y a l'O.N.U. Ça
fait qu'y sont jamais revenus
pour la messe de minuit.
CHINE — Noël, ça a jamais
vraiment marché en Chine.
La raison, c'est que les Chinois
ont jamais compris pourquoi
les missionnaires faisaient un
chiar comme ça pour un bébé
de plus. Dans l'temps, un bé-
bé chinois ça valait à peu près
$0.25 sur le marché interna-
tional. Aujourd'hui, ça vaut
plus rien, pis les Chinois
voient pas pourquoi ils s'é-
p a r S e r g e Langevin
nerveraient.
COLOMBIE — En Colombie,
ils ont de la coke tant qu'ils en
veulent pis du maudit bon
pot aussi. Y fêtent à l'année. A
Noël aussi.
COSTA-RICA — Au Costa-Rica,
y font un arbre de Noël. Juste
un, parce qu'il y a juste de la
place pour un. (C'est pas grand
le Costa-Rica). Après, y vont se
coucher.
CUBA — A Cuba, ils écoutent
les touristes québécois saouls
chanter «Minuit chrétien», en
se disant que Noël ça s'rait
pas si pire si les touristes
chantaient pas c'te toune-là à
chaque fois qu'y sont saouls.
Mais ils disent rien aux tou-
ristes parce qu'ils ont peur
qu'ils leur apportent plus de
briquets Bic.
CROC
DANEMARK — Les Danois
sont un peuple aguerri. A
Noël, ils prennent un sauna
puis ils s'enterrent dans la
neige jusqu'au printemps.
C'est toujours mieux que de
regarder la télévision danoise.
GRÈCE — Il n'y a pas de
touristes en Grèce l'hiver, fa
que y a pas de quoi fêter. Fa
qu'y crèvent de faim jusqu'au
printemps.
FRANCE — Les petits Français
ne connaissent pas le Père
Noël. C'est Saint-Nicolas qui
leur apporte leurs présents
favoris: des bérets basques,
des pains croûtes, des dic-
tionnaires et les oeuvres
complètes de Victor Hugo.
HAÏTI - En Haïti, ils font
comme en Grèce mais à l'an-
née.
IRAN — En Iran, à Noël, tout le
monde se tire dessus. Le len-
demain aussi.
ISRAËL — Les Israéliens ne
fêtent pas Noël. Ils croient
que c'est avec ça que leurs
problèmes ont commencé.
C'est pas vrai, leurs problèmes
ont commencé bien avant
que Noël ait été inventé. Mais
ils le pensent quand même, fa
qu'à Noël, les avions israéliens
bombardent une couple de
villages palestiniens pour le
principe, mais le coeur y est
pas, parce qu'au fond, les Is-
raéliens savent bien que les
Arabes ont rien à voir avec
Noël. Mais ça fait rien, c'est
ben l'fun pareil...
ITALIE — Les Italiens sont
chanceux: ils ont le pape chez
eux. Le matin de Noël, ils vont
à Saint-Pierre de Rome, pour
voir s'il est toujours là. Le
pape se montre au balcon, y
leur fait des bye bye pour leur
montrer qu'y est là. Les Ita-
liens s'en retournent chez eux
ben contents.
JAPON — Les Japonais sont
trop occupés à faire des jouets
pour fêter Noël. Vont rempla-
cé ça par la fête du produit
national brut. C'est pas aussi
drôle, mais c'est plus payant
comme ça.
LIBAN — Au Liban, tout le
monde est mort ou à peu
près. C'qu'y reste de musul-
mans tirent sur c'qu'y reste
de chrétiens toute la journée.
Comme ça, les traditions reli-
gieuses se perdent pas.
SUISSE — En Suisse, y sont
riches. Le soir de Noël, papa
compte les revenus de l'an-
née. Après ça, tout le monde
va se coucher.
URSS — Les Russes profitent
de Noël pour remercier Dieu,
en se disant que ça pourrait
être pire. Mais ils le disent pas
trop fort, au cas où le gouver-
nement les entendrait et que
ça lui donnerait des idées. Il
n'y a pas de père Noël en
Russie. Il y a juste le bonhom-
me Hiver qui est comme le
père Noël, excepté qu'il est
russe.

On a retrouvé cette gravure naïve

d'époque décrivant un Noël is-
raélo-arabe. Des experts se sont
penchés dessus et l'ont inter-
prêtée comme suit : • A : une
femme arabe • B : un homme
juif • C : un berceau vide • D :
un Palestinien déguisé en boeuf
sur le point de faire sauter toute
l'affaire • E : un âne symboli-
sant les forces de l'O.N.U. • F:
les suppôts de l'impérialisme
• G : un troupeau de Palesti-
niens.

décembre 1979
 par Patrick Beaudin
Comment survivre
dons les magasins durant
le temps des fêtes
Annuellement, des milliers de
personnes achètent leurs cadeaux
de Noël dès le mois d'octobre.
Qu'est-ce qui pousse les gens à agir
ainsi ? La réponse est simple, c'est
la peur ! Non pas la peur d'oublier
d'acheter un cadeau pour une tante
ou un ami, mais la crainte de ne
pas revenir indemne de sa séance
de magasinage. Faire des achats
durant le temps des Fêtes, c'est
risquer sa vie dans l'arène du com-
merce. Aux Fêtes, les magasins se
transforment en jungles sauvages.
Une jungle dans laquelle on peut
être broyé à mort par un troupeau
de madames en mal d'aubaines.
Comment éviter un tel sort ? Eh
bien, en vous procurant mon livre
«Consommer, ça c'est du sport !»,
dont voici quelques extraits:
«En plus de préparer sa liste
d'achats, le consommateur averti
dresse aussi son plan d'attaque.
Saviez-vous que les vendeurs dans
les magasins touchent des primes
de danger pour travailler durant
les Fêtes? Que les gérants répar-
tissent les rayons en trois catégo-
ries: dangereux, horrible et in-
croyable ? Que l'escouade anti-
émeute intervient de dix à douze
fois par jour dans les grands maga-
sins ? Un consommateur qui
magasine sans un plan d'attaque
risque de rencontrer le petit Jésus
ailleurs que dans la crèche sous
l'arbre de Noël.»
«Un plan d'attaque doit avoir de
l'envergure. On ne gagne pas une
bataille en respectant les conven-
tions. Pour vaincre les masses hur-
lantes, une personne doit innover.
Quelques exemples de stratégies
innovatrices: si vous êtes coincé
sur le long d'un comptoir et que
vous ne réussissez pas à avancer
vers votre objectif, n'hésitez pas à
sauter dans l'espace réservé au
vendeur et à foncer vers le rayon
de votre choix. Si le vendeur vous
engueule, dites-lui que le client a
toujours raison. Si vous êtes trop
timide pour ce genre de prouesse,
cessez de vous laver au moins trois
semaines avant votre séance de
magasinage et vous ne rencontre-
rez aucune difficulté pour circuler
à votre aise.»
«Si vous êtes un novice qui doit
s'aventurer dans les zones les plus
dangereuses, soumettez-vous à un
entraînement exhaustif tant sur le
plan physique que moral. N'oubliez
jamais que l'Association des ven-
deurs du Québec perd vingt pour
cent de ses membres durant le
mois de décembre ! Une visite au
Royaume des Jouets peut être fa-
tale, soyez vigilants. L'an dernier,
j'ai réussi à obtenir le jeu de MECA-
NO pour ma fille en incitant les
autres clients à s'attaquer au gé-
rant. En effet, incapable d'atteindre
l'allée où étaient rangés les jeux de
CROC

M E C A N O , j'ai sauté sur une table et
j'ai crié à la foule déchaînée que le
gérant avait caché des poupées de
l'Homme de six millions de dollars
dans son bureau. En moins de
deux secondes, la horde s'est pré-
cipitée au bureau en question et
j'ai pu atteindre les jeux de MECA-
NO. Q u a n d une personne doit
choisir entre le bonheur de sa
famille et la vie d'un gérant, il n'y a
pas d'hésitation possible. D'ail-
leurs, c'est bien connu que les
gérants n'ont pas d'amis ou de
famille. C e sont tous des orphelins
qui ont été élevés pour travailler
dans les magasins.»
En conclusion, avec une prépa-
ration adéquate, un consommateur
peut survivre au mouvement de
furie collective qui afflige notre
société au mois de décembre. Pour
ceux d'entre vous qui ont appré-
cié cet article, je vous rappelle que
j'ai publié deux bouquins (dispo-
nibles dans les bonnes librairies):
«Consommer, ça c'est du sport !» et
«Comment passer l'été à Plattsburgh
sans rencontrer de Québécois».
décembre 1979
Comment
passer un Noël
socialement
signifiant
Quel est le sens véritable de la fête de Noël ? Est-ce uniquement un
événement commercial ? Doit-on être chrétien pour célébrer cette fête ?
A l'approche du T e m p s des Fêtes, tous les véritables militants se posent
ces questions fondamentales. U n e question est particulièrement
importante : est-il possible de vivre un Noël socialement signifiant ?
Pour vivre un Noël socialement signifiant, il faut d'abord être
socialement conscient. Si vous ne l'êtes pas, il vaut m i e u x pour vous de
vous contenter d'une dinde Butterball et d'un sapin artificiel. Pour les
autres, définissons d'abord le sens de socialement signifiant. Inviter des
vieux de l'hospice à passer le réveillon chez vous n'est pas un geste
socialement signifiant, mais uniquement une action charitable. U n
militant désireux d'être socialement signifiant engagera plutôt une
réflexion sur la problématique des vieillards dans notre société. A long
terme, m ê m e s'ils devront vivre quelques Noëls lugubres, les vieillards
en profiteront. D'ailleurs, il faut se méfier des actes de charité. S'il y a
trop de charité, il n'y aura plus de misère. Sans misère, il n'y aura plus de
problèmes sociaux. Sans problèmes sociaux, que ferons-nous, nous les
militants ? Personnellement, je crains le c h ô m a g e c o m m e la peste !
Afin d'aider ceux d'entre vous qui souhaitent vivre un Noël
socialement signifiant, voici une série d'indices qui vous aideront dans
votre démarche : le sapin est un symbole traditionnel, le militant doit
choisir entre le naturel et l'artificiel. Karl Marx a dit : «Derrière c h a q u e
sapin, on trouve une société et quelquefois un Indien.» Pourquoi l'enfant
dans la crèche doit-il être blanc, pourquoi pas noir ou jaune ? En
donnant des cadeaux à tout le monde, un militant aide-t-il à perpétuer le
mythe de la société de consommation bienfaitrice des masses ?
Le fun est-il acceptable pour un militant ? Les choses suivantes sont à
éviter : la messe de minuit, la b û c h e de Noël, le réveillon au canal 10, et
les Vins Andrès. Les choses à faire : remplacer les cantiques
traditionnels par les disques de Léo Ferré et Paul Piché (cf. L e Minuit des
masses, le Petit Renne Engagé et M a belle Centrale), mettre vos enfants
en pension dans une famille pauvre pour le T e m p s des Fêtes, manger
des binnes froides, boire de la bière tablette, passer Noël à Cuba,
convertir votre beau-père au marxisme-léninisme, envoyer un panier de
Noël aux permanents d'En Lutte, inviter Simone Chartrand à souper,
syndiquer les assistants du Père Noël, kidnapper Patsy Gallant, envoyer
des cartes de Noël aux réfugiés de la mer et acheter un jeu «Front
Commun» pour vos enfants.
Espérant que ces quelques conseils vous seront utiles, je pars pour
Acapulco y étudier des p h é n o m è n e s tiers-mondistes. D u 18ème étage du
Holiday Inn de Caco Beach, on a une vue splendide des bidonvilles
entourant Acapulco. C e n'est pas facile de vivre un Noël socialement
vous savez quoi, mais il faut bien faire sa part pour l'Humanité !
M. Chartrand

(N.B. L'auteur de cet article tient à
souligner immédiatement que ses
propos, même s'ils sont écrits au
masculin, sont également appli-
cables aux deux sexes. Les lectrices
sauront sûrement faire les ajuste-
ments nécessaires.)
C'est bien connu, notre société
3
est dure pour les solitaires. Je parle
des vrais solitaires. Qu'on ne vienne
pas m'achaler avec les maris in-
compris par leur femme; avec les
5 épouses qui découvrent à leur
deuxième apéritif qu'elles vivent
depuis dix ans avec un étranger et
des enfants qui lui préfèrent Ronald
McDonald; avec les neurasthéni-
ques qui craignent les foules et qui
finissent sur le toit d'un building
avec 2 sandwichs, une carabine et
3 boîtes de cartouches; avec les
millionnaires que personne n'aime
et qui doivent se contenter de l'af-
fection intéressée de 2 nymphettes
blondes en dessous de l'âge légal.
Non, je veux parler des céliba-
taires (à la rigueur, je veux bien
accepter les divorcés.) Qu'est-ce
qu'un célibataire ? C'est quelqu'un
qui connaît 9 façons d'apprêter les
raviolis en boîte; qui non seule-
ment laisse entrer mais aussi garde
à souper deux Témoins de Jéhovah
venus lui vendre la Bonne Parole;
qui parle à son chat évidemment,
mais en plus le consulte quand
vient le temps de choisir une ta-
pisserie pour le vestibule. En fait,
vous voyez ce que je veux dire. Si
vous êtes célibataire, vous vous
êtes reconnu, si vous avez des
doutes, demandez-vous ce que
vous faites là un samedi soir à
llh30, en train de lire une revue
dans votre salon. Si vous n'en êtes
décembre 1979
Le Noël
du célibataire
par Pierre Huet
pas un, pensez aux gens de votre
entourage que vous appelez le soir
où votre conjointe vous annonce
qu'elle sort sans vous «juste pour
faire changement» et profitez-en
pour vous inquiéter parce que vos
troubles commencent.
Pour tout dire, le célibataire
n'aurait pas une vie trop désa-
gréable si la société ne s'entendait
pas à inventer les jours fériés.
Exemple: pour lui, le pire jour de
l'année, c'est celui de son anniver-
saire. Ce jour-là, ses amis bien
intentionnés lui organisent une
petite fête. Il y a bien sûr 13 convives
au total et devinez qui est le 13ème.
Tout au long de la soirée, ses amis
masculins lui confieront comme
ils envient son indépendance,
tandis que ses amies flirteront
toutes avec lui. Vers les 2h du
matin, tout le monde partira 2 par
2 avec le regard plein de remords
des visiteurs quittant la chambre
d'un cancéreux terminal.
Mais le soir de Noël a lui aussi
ses charmes bien à lui. Evidem-
ment, Noël n'est qu'un premier
gouffre dans la vallée de larmes
qu'est le temps des Fêtes. Il y ,a
encore le Jour de l'An à venir. Mais
normalement dès le 26 décembre,
le célibataire s'est suffisamment
anesthésié à l'alcool pour parler
sur le neutre jusqu'à Pâques au
moins. Et passons brièvement sur
les semaines de magasinage qui
précèdent le tout. Qu'il me suffise
de dire que le cadeau le plus dis-
pendieux acheté par le célibataire
est destiné à son chat.
Un jour, donc, on n'y échappe
pas, Noël arrive. Pour ce grand
soir, le célibataire reçoit deux invi-
tations.
La première, c'est chez ses pa-
rents. Si ceux-ci sont décédés, le
célibataire est invité chez la soeur
de sa regrettée mère, vous savez,
celle dont le mari est tellement
rendu au-delà du délirium tremens
qu'il passera la soirée à prédire la
victoire de Camilien Houde aux
prochaines élections; celle qui
vous sert au choix un Seven-Up
tiède ou un verre de sherry glacé.
Mais soyons optimistes: sup-
posons que les parents du céliba-
taire sont vivants. Dès le vestibule,
notre homme est accueilli par cette
phrase célèbre: «Ça te tentait pas
d'amener une petite amie?» Une
fois cette première épreuve subie,
on passe au salon. Toute la famille
est là. Le père de famille se de-
mande en silence (tout père est
silencieux, soit par dignité, soit à
cause du caribou...) si son fils soli-
taire est débauché ou homosexuel.
La mère du célibataire passera la
soirée à expliquer aux murs qu'«il
attend d'en trouver une qui le mé-
rite», c'est-à-dire une meilleure
qu'elle. Ses frères et soeurs ac-
compagnés de leur nombreuse
progéniture lui parlent à peine, de
peur qu'il leur apprenne en 5 mi-
nutes un terrible secret qui fasse
éclater leur mariage.
La deuxième invitation vient
bien sûr de ses amis (vous souvenez-
vous d'eux?). C'est d'ailleurs à ce
party-là que le célibataire va finir
par aller, ne serait-ce que pour se
paqueter sans faire pleurer sa mè-
re. Il arrive donc à ce party de
bonne humeur. Son arrivée provo-
que une sorte de panique chez ses
amis (tous des couples, toujours).
Voyez-vous, on le considère comme
une sorte d'amputé émotif. Comme
ce sont tous des gens libéraux, ils
veulent le mettre à l'aise. Ce que ça
veut dire, c'est qu'à partir de ce
moment précis, tout le monde par-
lera à tout le monde sauf à son
conjoint. Certains iront m ê m e jus-
qu'à enlever discrètement leur
jonc. Et tout le monde parlera au
célibataire, un peu plus fort que
normalement.
Evidemment, le célibataire qui
ne comprend pas trop ce qui arrive
mais ne s'en plaint pas, cale 3
grands scotchs en 5 minutes, ques-
tion «d'être party». Et de fait, ça
marche. Il devient le clou du party.
Il possède subitement un sens de
l'humour insoupçonné (qui dispa-
raîtra d'ailleurs à minuit pour 364
jours), il connaît des blagues et des
tours de cartes ahurissants, il pos-
sède une maîtrise mystérieuse du
tango, il dégage une sensualité
troublante. Pour quelques instants
magiques, tous les mâles présents
deviennent insignifiants et toutes
les filles se demandent pourquoi
elles n'ont pas vu ça avant...
Mais minuit sonne, le Christ
renaît et tout revient à la normale.
Vers minuit cinq, les signes avant-
coureurs d'une indigestion majeure
qui durera jusqu'au 6 janvier font
leur apparition dans l'estomac du
célibataire-cendrillon.
A partir de cet instant, et ce
jusqu'à 4 heures du matin (il faut
bien qu'il aille nourrir son chat), il
monopolisera les toilettes du sous-
sol, pendant que ses amis de nou-
veau accouplés parleront de lui à
voix basse... («Si on lui présentait
Réjeanne, tu sais, la fille très socia-
le qui...»).
Pour le célibataire, assis sur les
tuiles froides d'une toilette de
sous-sol de Ville Laval (ou Ste-Foy,
ou tout endroit équivalent), la tête
appuyée sur l'émail lisse et rassu-
rant de la baignoire, c'est la routi-
ne. Il se demande comme à chaque
année, à la même heure et au
même endroit, s'il ne devrait pas
songer à changer de statut marital.
Est-ce que ça ne serait pas plus
agréable d'avoir à côté de lui une
présence féminine qui s'occupe de
lui, qui lui répète qu'il ne devrait
pas boire, qu'elle est tannée qu'il
lui fasse honte, qu'il est mieux de
bien se conduire demain chez sa
mère à elle, e t c . ?
Le célibataire mouille une autre
débarbouillette, se réinstalle entre
la baignoire et la laveuse et même
dans son délire, sourit vaguement
en pensant affectueusement à son
chat...

32
Laisser traîner quatre paires de
patins à roulettes dans l'escalier.
Enfermez le chat dans le congéla-
teur pour surprendre papa quand
il descendra se chercher des cubes
de glace pour son mal de tête.
p a r J a c q u e s Hurtubiae et P i e r r e Huet
Ce jour de Noël ! Quelle plaie !
Papa et maman rêvaient de cette
beuverie depuis la fête du travail...
Vous, les enfants, vous attendiez
ces fabuleux jouets chromés depuis
la publication du catalogue Simp-
son's. Mais en ce jour de Noël, Petit
Pierre ne pourra pas appuyer sur
la gâchette de sa super-mitrailleuse
qui reproduit fidèlement le vacar-
me de la bataille de Midway; Petit
Criez à six heures du matin que les
piles de votre jeu de scrabble ne
fonctionnent plus.
Faites jouer Adeste fidèles disco à
tue-tête vers 6 heures 30 du matin
(«Tu l'aimais pourtant tellement,
hier soir maman, tu l'as réécouté
10 fois !»).
Jean ne pourra même pas caresser
les tambours qui lui permettront
de débuter dans le punk-rock; Peti-
te Marie ne pourra pas bercer
sa mignonne petite-poupée-qui-
hurle...
Le jour de Noël, c'est le lende-
main de la cuite de vos parents, les
enfants, va falloir que vous trouviez
le moyen de vous amuser autre-
ment...
Remplacez au chevet du lit de
papa, le cendrier par le détecteur
de fumée.
Profitant du sommeil de votre père,
déposez-lui un abat-jour sur la tête
et entourez-lui la poitrine avec un
soutien-gorge. Badigeonnez les
joues de maman avec du rouge et
écrivez-lui sur la poitrine ou les
fesses: souvenir de l'oncle Georges.
CROC

Criez: «Bang ! AHHHHHHH», puis
faites le mort dans le salon, votre
revolver en plastique grandeur
nature à la main !
Réveillez vos parents à 6 heures du
matin pour savoir comment se
font les enfants et demandez à
votre père si c'est ça qu'il faisait
avec tante Paulette hier soir.
d é c e m b r e 1979
Comment
donner de lo closse
o vos porties
p a r P i e r r e H u e t et J a c q u e s H u r t u b i s e
Voilà ce qui arrive quand on est le petit dernier d'une famille de
quatorze. C'est à votre tour de recevoir pour le réveillon cette
année, et vous ne pouvez pas vous défiler. Vous rêvez à ce que
coûtait le Champagne il y a quatorze ans, à peine plus c h e r que le
Kik-Kola. Mais voilà ! Notre société nord-américaine dite «d'abon-
dance» se retrouve dans le trou.
Les Suisses rigolent, cachés derrière leurs francs suisses, les
Allemands bourrés de Deutsch Marks se torchent avec nos dollars
canadiens. Même les Américains, pour profiter du sale pétrin dans
lequel la banque nationale nous a fourrés songent à déménager de
Taïwan leurs filatures de T-Shïrt et leurs fabriques de jouets
cheaps, pour venir les établir i c i
Savez-vous pourquoi il y a tant de poursuites automobiles, tant
d'accidents, tant de catastrophes dans les films récents? Au prix
où est rendue la nourriture, il est probablement moins coûteux de
faire exploser un 747 que de lancer une tarte à la crème.
Mais toutes ces considérations philosophiques n'arrangent
rien à votre problème. Comment faire pour recevoir toute cette
famille de braillards affamés sans être obligé de vendre votre
Corvette ou de prendre une deuxième hypothèque sur votre
bungalow de banlieue...
Votre réputation est en jeu. Vous ne pouvez plus, c o m m e
l'année dernière, simuler un réveillon à l'intention des voisins et
laisser traîner (bien en vue) dans vos poubelles des étiquettes de
chez Dior ou des écrins vides de chez Birks. Détendez-vous. CROC
a trouvé une solution à vos problèmes. Vous trouverez à la page
suivante tout ce qu'il faut pour ne pas perdre la face. Si vous avez
l'intention de recevoir un nombre imposant de pique-assiettes,
procurez-vous le nombre correspondant d'exemplaires de CROC.
Après tout, connaissez-vous d'autres façons d'obtenir une bouteil-
le de Champagne, une boite de caviar, une bûche de Noël pour $1.75
(canadiens) ?
JOYEUX NOËL !
 Maison fondée en 17*+ i

<t>Xl|HuJlHbblb3K)fl15
e e
NOËL & CHANTONS
3. Collez ceci sur u n e boîte de PA
C H A M P A G N E C O R D O N B L E U . C'est du meilleur effi
plus riches que vous, ils ne verront
ÉPERNAY- FRANCE
PRODUCE OF FRANCE 750 ml I2.fi % aie/vol

4. C
1. U n e étiquette d'un des meilleurs c h a m p a g n e s . À coller sur votre CAN
bouteille de K I K C O L A , q u e v o u s a u r e z brassée a u préalable p o u r d o n n e r votr
l'impression pendant 1/4 de s e c o n d e qu'il s'agit vraiment de Champagne. bille
Boire c h a u d (pas le KIK, vous). vou

2. C e rectangle de papier doit être enroulé a u t o u r d'une barre de chocolat

O H H E N R Y , afin de d o n n e r l'impression q u e v o u s t e r m i n e z votre repas de
N o ë l avec u n e b û c h e de N o ë l Forêt N o i r e i m b i b é e de r h u m Placez-la à
q u e l q u e s pieds des convives p o u r les t r o m p e r à l'aide de la perspective.
C o u v r e z la fenêtre d u salon avec
u n abat-jour. La projection des c
q u e l'on s'amuse f e r m e c h e z vi

CROC
 Cator ht
A6BrflE>K3MKJlMH0riPCTy

j PATE ou de POULET-PRESSE
t comme vos invités ne sont pas
îais la différence.

:z ce magnifique portrait de votre monarque sur un billet de

IIAN TIRE. Allez à votre banque habituelle (celle où vous changez
hèque de Bien-Etre Social ) et demandez de la monnaie pour ce
le 100 dollars. Envoyez-nous votre numéro de cellule, on ira
orter des oranges.

i drap. Collez cette bande découpée sur j

>res sur le drap fera croire à vos voisins ^

décembre 1979
CROC
AISLIH Les dessinateurs
et ses chahuteurs à gages

CROC ne recule devant rien pour rendre son extra-

ordinaire magazine, le meilleur au Canada et au
monde. Quoi de plus naturel dans de telles conditions,
de retrouver à CROC les meilleurs caricaturistes au
nord du 54ème parallèle ?
Nous avons donc demandé à Aislin, le prince de la
caricature canadienne, de vous présenter chaque
mois un de ses confrères anglophones méconnu au
Québec. Le choix de CROC est des plus judicieux;
Aislin, Terry Mosher pour les initiés, vient de terminer
après 7 ans d'un labeur acharné, une oeuvre maîtresse,
l'histoire de la caricature canadienne et québécoise.
Son livre, «The Hecklers» (Les chahuteurs), abondam-
ment illustré, a été lancé en novembre 1979.
À tout seigneur tout honneur. Le premier chapitre
de notre tour d'horizon de la caricature canadienne
sera consacré (sur l'insistance pressante de CROC) à
Aislin lui-même, l'incisif caricaturiste de la Gazette de
MontréaL CROC est heureux de souligner que la
collaboration d'Aislin s'étendra prochainement à nos
pages d'actualité par des dessins inédits et sûrement
impubliables à la Gazette pour des raisons de bon goût.
Heureux lecteurs de CROC, nos politiques rédac-
tionnelles vous garantissent un contenu de mauvais
goût mais de bon ton. Cela nous promet dans un avenir
rapproché des choses inusitées.
Jacques Hurtubise

MM
décembre 1979
CROC
 ECOUTE,PETB, J'dOMPRENW QUON^OITFACHÉ CONT'LÊ QUÉBEC
MAItfD'LA A DÉMÉNAGER TON SIEGE SOCIAL...

décembre 1979
ou ETAIT-CE POUR Q U E J E rt'Ailtf PASTfeoP LO/M
u?uoîûo'iL £M SoïT, Û*J DiRAiT
PfcoTEfrEfc, Jt M E S u i s QUE: L£S PIEU* OMT RETIÔÊ
g>ÂTl uMB- CLôTuRC... ET u*fc>ssi-

ou ÉTWT-CE MES P A R E N T S ?
o u eTAiT-CE R»oR £u£ J£
M'AïLLC ftS TfZ.oP Lo/M ?
o u •••
uw JoulZ, o*J£ JEUNE r»LL£,
APPROCHE... g»(2-OMZ.£E..-
ME. LAiSSAWr tfUANP M £ M £ JE, M'Ai PA& 0EuK.—
<gu£L<?u£S F E N T E S PouE g£6AgP£g J E S o i s EfeM P g o T £ 6 - f -

- S E OTUESTÏONNE: J E £'AÎAI£ fr'£N, J'Ai"M£

£X(Ê Ml flfiLl éaMf
Sufc M O i ,
£SftC£., Du Sote-i—•
&A£Ei£APk JAiMERAiS L ' E M & R A S S Ê P . ,
\ -

J£ Loi PUE-NOS LA

C ' E S T *SoL]VL... CE.

SffRA LoMér, »L FAuDPA A&RANDiR
L'I'NTERST.CE POUR M £ SORTTR...
...A\l£C -S^N CAN»F.-

C'E^X Tfl£S PUR...

JE AA£ FAiS MAL Au^MAiNS
AUX R E D S E T A LA T E T E ; . . .

CROC
 C'CST LoHOr, ô ^ o P l £Z.Z.£ /Vie: MAi& £LLE, £ U - E fc/T
JE- M'Ai PAS LE.
MAJS £WFiM. <-A SEMBLE M'A JAMAIS VU Au fXLE- S£M&£ HEUK£US£
SoLEiL JE SOKS D£ ME Vtoifc S ^ T i K . . . .
ASSEZ.

...QoE VA T ' E t L E
p£tiS£g PE Mo'» ? £ToogPiSSAMT!

\JOiLk, QUELLE. b£LLE . . . £LL£ ... .-•££££ fc£PooôS£

f^iSToi^E . •. . J e . Co\hiC£.... PouE D£Co''N)C£\fc .,
...<:A PArr
MAL.'.'/.
AMA.

MAÏS J E N'£TAiS PAS

TouT 5oRTi

j £ LU L u i REPROCHE... ...ELLC PART.

JE ^.ois
O-

...eLLE
(2Ê.VÏEMPIZA
PEUT-ÊTRE....

A/M

h -

décembre 1979
42

CROC
 43

décembre 1979
 €fes vous laid, laide,
impuissante rigide ?

44

Votre odeur est-elle mortelle à quinze pieds?

Votre seule vue fait-elle craquer le béton armé ?
CROC a découvert une solution à tous vos tourments !
Les chandails CROC et Sombre Vilain viendront à votre rescousse.
Portez-en un ! Vous ne serez pas moins laid(e), ni moins puant(e), mais
qu'importe, on aura tôt fait de passer par-dessus vos petits défauts
grâce à votre éclatant chandail CROC (ou Sombre Vilain).
Mangez-en u n ! C'est un puissant placebo aphrodisiaque!

• V o t r e réclame m'a convaincu(e). Je change ma vie.

k Expédiez-moi • mon chandail CROC (une couleur) au prix de $6.00

i • mon chandail S o m b r e Vilain (4 couleurs) au prix de $8.00

* Taille adulte: • grand • moyen • petit

k Taille enfant: • grand • moyen • petit

i Nom

* J'ai inclus • m o n chèque • mon mandat-poste de et j'attends mon chandail

i dans les trois semaines qui suivent.
 Ecoute Momo.on a trauaille'
dur.Vuo'\5 \>\us clair,tnoi...Vkiml O.K. iTas rien qu'à
Ça me Çerait du bien un suture l'azimut ^5
fetit tour d'avion tout seu\
aoec elle.

décembre 1979
 Vas-tu être capable
de t e détarouxWer?

Quelques heures plus tard. Soudain...

DIABLE l
La boussole ne
fonctionne pïuSl

46

CROC
décembre 1979
(à suivre)
CROC
CRÛCniquç
par Pierre Huet, Jacques Hurtubise,
Serge Langevin, Claude Meunier
et Michel Rivard.

fait t r e n t e a n s q u e je c o n s a c r e m o n Calypso lors d'une e x p é d i t i o n d a n s le

t e m p s et m a f o r t u n e à l ' é t u d e a p p r o f o n - P a c i f i q u e sud...
d i e d e la m e r , d e la f a u n e o c é a n i q u e , d e F.L. — (le coupant) Excusez ! (à la
l ' é c o l o g i e s o u s - m a r i n e ! J'ai i n v e n t é l e waitrice) Miss ! Miss ! My coke !
batiscaphe, j'ai d é c o u v e r t d e n o u v e l l e s (à Cousteau) Si j'ai pas mon coke en
r a c e s d e t o r t u e s ! J'ai p l o n g é à d e s même temps, ça passe pas.
p r o f o n d e u r s q u i j u s q u e - l à n'avaient... C.C. — ( v o y a n t la w a i t r i c e r e v e n i r )
F.L. — Trente ans ! Fiou, ça doit être Chouette !
long ! W. — O n e c o k e ! (à C o u s t e a u ) Hey, a r e
F. LaFève r e n c o n t r e enfin C.C. — (un p e u é n e r v é ) En effet, m o n - you Cousteau?
le Commandant C o u s t e a u sieur, c ' e s t t r è s l o n g ! (à part) Q u ' e s t - c e C.C. — (ravi) Y e s , y e s ! Y o u r e c o g n i z e d
... p e u t - ê t r e s i m p l e m e n t p a r c e q u e q u e je fais ici ? me !
n o u s s o m m e s d a n s le c r e u x d e la s a i s o n . F.L. — (rêveur) Trente ans, tabern ! W. — S u r e . I l i k e t h e p r o g r a m . I l i k e t h e
Je n e s a i s p a s . P e u t - ê t r e p a r c e q u e je s u i s C.C. - ... p i c t u r e o f fish.
le s e u l d e l ' é q u i p e d e C r o c à s ' h a b i l l e r F.L. — Fiou... F.L. — (essayant d'enlever le yogourt de
c o m m e d u monde... s û r e m e n t ! T o u j o u r s
est-il q u e la d i r e c t i o n d e la r e v u e s e
décide enfin à m e confier u n e mission
qui p o s s è d e u n m i n i m u m d é c e n t d e
prestige, i n t e r v i e w e r le c é l è b r e
c o m m a n d a n t C o u s t e a u (je c r o i s q u e
c'est J a c q u e s - Y v e s . . . o u J e a n - J a c q u e s . . .
ou u n p r é n o m d a n s c e genre-là). Pas d e
danger qu'ils m'envoient rencontrer
une d e s actrices internationales qui
s i l l o n n e n t la m é t r o p o l e d a n s le c a d r e d e
ces f a m e u s e s c o p r o d u c t i o n s à intérêt
artistique réduit et à b o u c l i e r fiscal
a m é l i o r é ! Enfin, l e m é p r i s n ' a u r a q u ' u n
temps. Voici le texte intégral d e cette
rencontre historique, tel q u e capté p a r
la c a s s e t t e . L e tout s'est d é r o u l é d a n s u n
restaurant g r e c très c o n n u d e l'avenue
d u Parc,... e n tout c a s , u n n o m e n «os».

F. L a F è v e — FFFF FFFF Un deux... un

deux.... je crois que ça fonctionne-
Commandant Cousteau — Formida-
ble !
F. — Ainsi, vous ê t e s le f a m e u x c o m -
commandant Cous...
W a i t r i c e — Y o u w a n t to o r d e r n o w ?
F.L. — Euh... oui, yes. Avez-vous faim
mon commandant ?
C.C. — Non, je v o u s r e m e r c i e , j ' a i t r è s
b i e n m a n g é d a n s l'avion.
F.L. — Tant pis. là la waitrice) Deux
Souvlakis et un coke. W. — T w o s o u v l a k i s ! son souvlaki) Beuark '.
W. — AH d r e s s e d ? F.L. — Forme (Aie, j'avais demandé pas C.C. — Nice, n i c e , y o u r e c o g n i z e d m e .
F.L. — (clin d'oeil au commandant) Non, d'affaire blanc ! P e r h a p s y o u w a n t t o sit d o w n a n d talk ?
pas de glace, pas de paille. W. — I f o r g o t (elle r e g a r d e a i l l e u r s ) W. — Not n o w , b u t I f i n i s h in t e n
W. — V e r r y funny. I m e a n t h e S o u v l a k i s . F.L. — (vexé) J'vais les prendre pareil. minutes.
F.L. — Oh e x c u s e me ! (il rit) Oui, ail W. — OK. (exit) C.C. — F o r m i d a b l e ! P e r h a p s w e c o u l d . . .
dressed, mais pas d'affaire blanc. F.L. — (à Cousteau) J'avais demandé pas un petit rendez-vous... y o u s e e w h a t I
W. - OK. (exit) d'affaire b l a n c , y e n o n t m i s p a r e i l ! mean ?
C.C. — C h a r m a n t e . C.C. — ( r e g a r d e la w a i t r i c e s ' é l o i g n e r , W. — S u r e ! W e g o s e e m y b r o t h e r Costa.
F.L. — Vous trouvez ? l'oeil l u b r i q u e . ) P a s v i l a i n e . . . He w o r k s a t V V a l d m a n ' s , for t h e fish, y o u
C.C. — J ' a d o r e l e t y p e m é d i t e r r a n é e n . . . F.L. — On parlait de poisson, il me know !
F.L. — C'est vrai, ça rappelle les voyages. semble. Vous... vous avez déjà fait de la C.C. — B u t o f c o u r s e , m y d e a r . (il l a
C.C. - hum... plongée sous-marine ? r e g a r d e s ' é l o i g n e r e n s e frottant l e s
F.L. — (il tousse)... C.C. — ( e n c o r e s o u s l'effet d e la w a i t r i c e ) mains) Hé Hé Hé ! C'est d a n s le sac.
F.L. — //parait que vous vous intéressez Q u e l q u e f o i s , c o m m e ça...
au*... aux fruits de mer, c'est-à-dire aux F.L. — Dans le creux ? Voilà ! L e t e m p s q u e j'ai p r i s à n e t t o v e r
bateaux - aux choses de ce genre-là, là? C.C. — Si c'est d e p r o f o n d e u r q u e v o u s le m i c r o , a p r è s q u ' u n e m o t t e d e v o g o u r t
C.C. — (surpris) Je c r o i s b i e n , o u i ! Ç a p a r l e z , o u i , e n effet, l ' é q u i p e d e la soit t o m b é e d i r e c t e m e n t d e s s u s , l e

décembre 1979
CROCniqiKS
commandant Cousteau en avait profité
pour partir avec la waitrice. Aux derniè-
res nouvelles, elle ferait maintenant
partie de l'équipe de la Calypso, c o m m e
mascotte. Le commandant et son groupe
de joyeux plongeurs seraient présente-
ment dans la Rivière des Prairies, en
train d'essayer de voir quelque chose.
Le mois prochain les amis, une
chronique spéciale pour le temps des
fêtes. Une interview de Maman Lapointe.
Trois poèmes inédits d'Yvan Ducharme
réunis sous le titre: «Expo 67, déjà treize
ans...» et enfin, un conte de Noël de
Michel Tremblay, «La grosse Vierge d'à
côté est enceinte».
Télé-médiocre
Ben Vlà une bonne chose de faite.
C'est pas drôle, mais ça faisait un bout
de temps que je l'avais sur le coeur. Pis
c'est pas pour me plaindre à part ça:
j'suis content que la télévision soit cave.
Ça m e permet de me sentir supérieur au
moins deux ou trois fois par semaine. Le
problème, c'est que des fois, il se glisse
des affaires intelligentes dans mon
appareil. J e l'sais bien qu'ils le font pas
exprès, pis que c'est pas facile d'être
toujours médiocre, surtout quand on
travaille à Radio-Canada pis qu'on a fait
son cours classique pis toute. (A Télé-
Métropole, pas de problème, on est cave
pis on aime ça.) En tout cas... c'que j'veux
dire, c'est que j'ai décidé d'aider nos
réseaux de télévision à rester médiocres.
Voici donc un aperçu de ce que pourrait
être leur programmation si la tendance
de cette année continue.
Rodrigue Biron et Solange Chaput-
Rolland. Thème: comment être cave et
faire de l'argent pareil ?
On p a r l e p o u r p a r l e r . Cinq invités
parlent de n'importe quoi, n'importe
comment et avec n'importe qui. Le
premier qui dit quelque chose d'intelli-
gent est éliminé de l'émission. Le
deuxième aussi, pis le troisième, pis le
quatrième, pis c o m m e ça jusqu'à ce qu'y
reste juste un invité. Celui-là est nommé
animateur de la prochaine émission ou
bedon assistant au directeur des
programmes de Télé-Métropole. (A
Québec, ça s'appelle Télé-Capitale, mais
c'est aussi con, rassurez-vous gens de la
capitale !)
Q u ' o s s é qu'on fait à c ' t ' h e u r e ?
Variétés — Dix invités choisis parmi les
chums du réalisateur improvisent un
numéro à partir de n'importe quoi.
Après dix minutes, ils s'arrêtent, pis les
autres commencent. Le premier qui
finit s'en va chez lui avant les autres. Les
autres restent là, pis c o m m e punition,
on les oblige à regarder des émissions
de la soirée.
C't'à m o n t o u r là ! Quelques artistes
invités font des choses qu'ils n'ont
jamais faites. Cette semaine, Ginette
Reno maigrit, Gaston l'Heureux dit une
phrase intelligente, Pauline Julien
chante et Rocky Brisebois ferme sa
gueule.
De t o u t et de r i e n . Des invités insigni-
fiants discutent de sujets sans aucune
importance. Cette semaine: la vaisselle,
faut-il la faire et quand ? Animateur:
Pierre Nadeau. Invités: Michèle Richard,
Claude Valade, Ginette Ravel et
Jeannette Bertrand. La semaine
prochaine: Y a des miettes sur le tapis
du salon, qui c'est qui a fait ç a ?
N'importe quoi. Variétés fourre-tout
où des artistes de second ordre entourent
un animateur de qualité médiocre tout
en se félicitant de vivre dans un pays où
la concurrence n'est pas plus forte que
ça. Cette semaine, Jacques Boulanger
accueille Ginette Ravel, René Simard et
plusieurs autres dont tout le monde a
oublié le nom.
V a r i e n la. Entretien avec une person-
nalité inférieure qui a connu un succès
négligeable ou temporaire dans un
domaine d'activités sans importance.
Cette semaine, Wilfrid Lemoine reçoit
les directeurs des programmes de
Radio-Canada, Radio-Québec et Télé-
Métropole. La semaine prochaine:
Rodrigue Tremblay.
Q u ' o s s é qu'y a dit ? Emission d'affaires
publiques au cours de laquelle divers
incompétents relativement peu connus
racontent leurs déboires. Cette semaine:
Joe Clark raconte sa vie à Jean Lajeu-
nesse.
Quelle h e u r e est-il ? Emission
d'affaires publiques durant laquelle un
animateur d'une ignorance crasse pose
des questions complètement débiles à
des invités qui en profitent pour essayer
de ploguer leurs dernières niaiseries.
Cette semaine, Michel Jasmin reçoit
Claude Mailhot, Michel Girouard et
Jean-Paul II.
V pleut-y ? Talk show d'un nouveau
genre durant lequel des gens qui n'ont
rien à dire parlent de la pluie et du beau
temps sur un ton de parfaite monotonie.
Cette semaine: Fernand Gignac dit qu'il
va pleuvoir, Rod Tremblay pense qu'y
pleuvra pas, Claude Jasmin est pas sûr.
Animateur Réal Giguère. (Y est pas sûr
lui non plus...)
Q u ' o s s é qu'on va f a i r e ? Variétés
dans la plus pure tradition de Télé-
Métropole. Des invités de talents
modestes improvisent une conversation
à partir d'un thème dont ils n'ont jamais
entendu parler. Celui qui a l'air le plus
fou devient la vedette d'une série l'an
prochain. Cette semaine, Jean Courno-
yer reçoit Serge Laprade.
musiK
par Tomniv D a o u s t
Salut Kébek ! Suite à mes deux
premières chroniques, j'ai eu une
avalanche dé courrier (mais pas de
disques). Plusieurs d'entre vous me
o^emandent de leur transmettre l'adresse
de mes amis musiciens célèbres, ce que
je ne peux évidemment pas faire,
d'autant plus que la plupart de ceux-ci
ne savent pas lire. D'autres me font des
menaces de mort parce que je n'ai pas
encore parlé de Genesis et de Super-
tramp. D'autres enfin, me demandent
où l'on peut se procurer de l'acide: j'ai
CROC
banc d'essai
E n c o r e une fois, n'écoutant q u e
son courage, un m e m b r e é m i n e n t
de C R O C a essayé p o u r vous, au
péril de sa vie, un des innombra-
bles produits de la jungle publici-
taire. Ce mois-ci, le pentacle magi-
que...
0 heure
Il est minuit et tout va bien. Nous
avons reçu le pentacle. Malheureu-
sement, le huissier nous a téléphoné
pour nous informer qu'il avait eu un
accident et qu'il ne pouvait pas venir
constater les effets du dit pentacle,
vu qu'il n'était pas mieux que mort.
1er j o u r
Rien à signaler. Le feu a pris dans la
friteuse et a détruit une partie de la
cuisine. Le petit train-train quotidien
suit son cours.
2ème j o u r
Toujours rien d'anormal. C o m m e
d'habitude, j'ai glissé dans l'escalier
décembre 1979
Sur une idée originale d'Hélène Fleury.
et je m e suis foulé un pied. Vous
allez rire, je m e suis pris les mains
dans ma porte de voiture et j'avais
oublié m e s clefs à l'intérieur. La
routine, quoi !
3ème jour
Un court-circuit a mis le feu à la
maison. La pile du détecteur d e
fumée que j'avais changée hier était
défectueuse. Je n'ai pas eu le temps
de sauver quoi que ce soit mis à part
mon haut de pyjama et m o i - m ê m e .
Bizarre, la c o m p a g n i e d'assurances
n'a jamais reçu m o n chèque... Que
d'émotions !
4ème j o u r
Les hôtels sont pleins à craquer.
Mes amis sont tous venus en vacan-
ces dans le sud... Je dors dans ma
voiture. Ce n'est pas si mal si on
oublie qu'on connaît des records de
froid pour cette p é r i o d e de l'année
et si on ne pense pas trop à cette
curieuse odeur d'essence...
Sème jour
J'ai vu m o n m é d e c i n ce matin, juste
après l'explosion d e m a voiture.
Rien de grave, à p e i n e quelques
ecchymoses. Mais grâce au ciel, cette
heureuse coïncidence lui a p e r m i s
de m e diagnostiquer un début d e
p n e u m o n i e facilement guérissable.
Son e x a m e n lui a p e r m i s de détecter
un cancer du foie particulièrement
malin. C'est une chance qu'on l'ait
pris si vite puisqu'on ne l'avait pas
vu lors d e l'examen de la semaine
dernière. Je passe en chirurgie de-
main.
Quelle chance ! Pensez à ce qui
aurait pu m'arriver si je n'avais pas
eu le Pentacle !
À la suite de ce t é m o i g n a g e poi-
gnant, C R O C ne peut q u e r e c o m -
m a n d e r v i v e m e n t l'achat du Pen-
tacle à tous ses lecteurs (mais a p r è s
qu'ils aient signé leur c h è q u e
d'abonnement).
photos: Claire Beaugrand-Champagne
CROCniqucs
fait acheminer leurs lettres au groupe
précédent.
Mais la plupart de mes correspon-
dants et correspondantes veulent
obtenir toutes sortes d'informations sur
la carrière musicale au Kébek. Pour
ceux-là, et pour tous les autres qui
n'avaient pas osé le demander, j'entre-
prends dès ce mois-ci une passionnante
série d'articles qui s'intitule: comment
faire carrière dans l'industrie de la
musique au Kébek.
Dans cette série, je vous parlerai du
métier, dans toutes ses facettes de A
jusqu'à Z: comment former un groupe,
ce qu'il faut faire pour enregistrer un
démo, les contacts avec les compagnies
de disques, votre premier disque, votre
première overdose, la mise en marché,
le succès, les groupies, les tournées, le
deuxième disque, les flops, les dissen-
sions, les carrières solo, les procès, etc..
Ne manquez pas un seul épisode, c'est
peut-être votre carrière qui en pâtirait...
Sans plus tarder, allons-y !
L e g r o u p e . On ne partira pas quand
même de trop loin: on va faire comme si
vous saviez déjà chanter ou jouer d'un
instrument. C'est plus pratique. Remar-
quez, il ne faut pas trop s'en faire avec
des détails comme ça. Avec les merveilles
de la technologie moderne, c'est fou ce
qu'on peut arriver à dissimuler c o m m e
imperfections. Ainsi par exemple,
quand le groupe Aut'Chose est entré en
studio, son chanteur Lucien Francoeur
ne savait pas du tout chanter (il
commençait à y parvenir récemment
mais sa compagnie de disques a annulé
le contrat). René Simard, lui, ne savait
pas encore parler quand il a enregistré
son premier microsillon; et les musiciens
de Lougarolou n'avaient même pas tous
des barbes au début de leur carrière.
Mais tout de même, prenons pour
acquis que vous savez jouer ou chanter.
Vous décidez de former un groupe.
C'est facile: vous cherchez parmi vos
amis et amies d'autres individus qui ont
le m ê m e idéal, ce même désir qui leur
colle aux tripes: faire beaucoup d'argent
vite. Vous éliminez les pushers (mais
conservez leurs numéros de téléphone,
nous y reviendrons plus tard) et voilà,
vous avez un groupe.
Maintenant il vous faut choisir un
nom. Ça, ce n'est pas difficile. Il y a
normalement au Kébek 3 sortes de
groupes. D'abord, il y a les traditionna-
listes qui sont facilement reconnaissa-
bles: ils ont tous plus de 30 ans, ont
acheté le stock complet d'accordéons et
de violons de chez Marazza Musique, et
portent tous des barbes, m ê m e les filles.
Si votre groupe entre dans cette catégorie,
vous lui donnez le nom de quelque
chose de vieux: vieilles légendes (ex: La
veillée chez Ti-Père), vieilles chansons
(ex: Marie-Madeleine et ses jupons de
laine) ou vieux objets (ex: le clou rouillé,
le château Frontenac). Un coup mal pris,
vous n'avez qu'à inventer un mot qui a
l'air vieux: La G a b r o c h e , L'Arpen-
d e r i e , Les E c o u r a i l l e s , etc..
Supposons par ailleurs que votre
groupe fasse du jazz. Oh, n'ayez pas
peur de ce mot: au Kébek, on entend par
«jazz» toute musique instrumentale et
platte (excusez le pléonasme). Dans ce
cas donc, il vous suffira de dénicher un
nom suffisamment vague pour corres-
pondre à vos intentions musicales.
Quelque chose genre air, lueur,
c o n t r e s e n s ou g a m m e ferait très bien
l'affaire.
Enfin, si vous avez l'impression que
ce que votre groupe veut faire n'entre
pas dans ces deux catégories (c'est déjà
une qualité), ne vous fendez pas le crâne
et à la façon des Fiori-Séguin ou Jim et
Bertrand, nommez-vous c o m m e si vous
vous présentiez; ça devrait donner des
Normand, Yvan et Fern', des Guy,
Suite page 55
CROC
FRANCHEMENT, CET ARBRE N OUBLIE PAS QUE NOUS
ARTIFICIEL EST AFFREUX / AURONS D E S INVITÉS T R È S
OÙ A S - T U DÉNICHÉ SOPHISTIQUES, AU R É -
CA ? VEILLON D E
C E SOIR /

ALORS, IL NOUS FAUT MAIS N O N / C E T T E BOULE NE

U N E DECORATION VA P A S LA .'/
ORIGINALE ,
COMPRIS 9

OTE-TOI D E L A /
T U N E CONNAIS
RIEN A
L'ORIGINALITÉ /

T R È S ORIGI-
NALE , C E T T E
DÉCORATION..
décembre 1979
CROCniques
Guillaume et Jean-Guy ou des Paul, Léo
et une fille... En passant, ce genre de
solution n'est pas recommandée pour
les groupes de plus de 4 personnes;
dites-vous que la plupart des gens sont
incapables de nommer les 12 apôtres ou
les 10 provinces du Canada, ils ne vont
pas se forcer à retenir les noms des
musiciens d'un groupe comme le vôtre.
C'est tout pour ce mois-ci. Le mois
prochain nous parlerons du r é p e r t o i r e :
C o m m e n t é c r i r e des c h a n s o n s , ou
c o p i e r , e t c . . Salut Kébek !
Bonjour amis de l'étrange. Étant
donné que je soigne en ce moment ma
grippe annuelle (tous les cancers
ascendants cancers nés les pieds en
avant y sont sujets), nous allons parler
aujourd'hui des guérisseurs.
Le mot «guérisseur» désigne en fait
plusieurs types de professionnels de la
santé. Mais avant toute chose, un
guérisseur n'est pas un médecin. Un
médecin guérit votre corps mais ne se
soucie absolument pas de votre psyché.
Oh bien sûr, on me dira qu'avec les
progrès de la médecine traditionnelle,
les humains vivent aujourd'hui beaucoup
plus longtemps qu'auparavant. Mais je
leur demande à quoi sert de vivre
jusqu'à 80 ans si on a l'aura m a l a d e ?
Bien sûr, bien sûr, je connais l'argument:
les patients soignés par les guérisseurs
décembre 1979
ont une longévité moyenne de 32 ans;
mais ce qu'on néglige de dire, c'est que
dans l'Autre vie, ces gens sont maudite-
ment plus en santé !
Comme je disais avant de m'énerver,
il y a plusieurs types de guérisseurs.
Voici un aperçu des sous-genres les plus
connus, avec leurs spécialités.
1. L e s g u é r i s s e u r s t r a d i t i o n n e l s
Les guérisseurs de type traditionnels
sont malheureusement en voie de
disparition au m ê m e titre que les
violonneux et les véritables catalognes.
De nos jours, on les retrouve habituelle-
ment dans certains rangs éloignés de
nos campagnes, quinze milles plus loin
que le dernier téléphone. Obéissant à
des rites millénaires, ils guérissent en
imposant les mains sur la partie
souffrante, à moins bien sûr que vous ne
soyez affligés d'une quelconque maladie
génitale, auquel cas ils affirment que
vous êtes possédés du démon.
Parmi leurs spécialités, je vous
recommande la guérison des membres
cassés, surnommée «raboutage». Ainsi
par exemple, M. Eusèbe Barré de St-Lin
est un des meilleurs rabouteux de la
province. Il est spécialisé dans les
jambes et a pour son dire qu'une «jambe
qu'il ne pourrait pas guérir est mieux de
se faire à l'idée d'aller à Lourdes ou de
se faire couper». II y a aussi à Verchères
une certaine madame veuve Guay
(surnommée «la sorcière»; n'importe
quel enfant du village vous désignera sa
cabane en lançant une roche dessus...)
qui guérit l'urticaire, les feux sauvages
et les verrues par imposition. Malheu-
reusement, elle est tellement sale que
personne ne veut se faire toucher par
elle; le dernier qui l'a fait est l'idiot du
village. Il avait un bouton sur la langue,
il ne l'a plus; il a cependant depuis, un
cas d'acné terminal et il est toujours
idiot.
2. Les g u é r i s s e u r s japonais
Ce groupe est une variante orientale
de nos guérisseurs locaux. Ils ont la
particularité d'être ceinture noire en
karaté. Laissez-moi vous dire que quand
ils imposent les mains, ils imposent les
mains !
3. L e s guérisseurs des Philippines
La popularité de ce genre de guéris-
seurs ne fait que croître. Vous devez
connaître le phénomène. Ce sont des
gens qui arrivent Dieu sait comment à
vous arracher du corps toute viscère
malade, et ce à mains nues et sans vous
ouvrir. Leur taux de réussite est
remarquable. Deux réserves cependant:
à chacune de leurs spectaculaires
opérations, on compte deux ou trois
crises cardiaques chez les spectateurs;
et par ailleurs, il leur est arrivé d'extraire
par erreur les stérilets de leurs patientes.
J e vous les recommande pour les appen-
dicites, les pierres au foie et les ulcères
d'estomac. J e vous les déconseille pour
les rages de dents et les ongles incarnés.
4. Les a c u p u n c t e u r s
Certains me diront que l'acupuncture
n'est plus du domaine de l'étrange, que
c'est une pratique courante en Chine, et
que les statistiques chinoises sont très
rassurantes. A ceci, je répondrai qu'en
Chine, tout est étrange et qu'avec le tas
de gens qu'il y a là-bas let qui en plus se
ressemblent tous), je ne me fie pas du
tout à leurs chiffres de recensement.
Tout le monde sait ce qu'est
l'acupuncture. Ça consiste à planter des
aiguilles dans le corps d'un patient pour
le guérir. Et il paraît que ça marche.
Cette méthode est surtout recommandée
pour les maux de tête, les maladies du
foie et les erreurs idéologiques. Elle est
à proscrire pour le traitement de
l'hémophilie (au besoins consultez
votre dictionnaire).
Un dernier fait à noter, c'est que
 IA PGBAVÇSÇ. CHOSE A S&VOÎQ.,.

M AJUSTEZ, VCSrtJe REVENEZ.-NOOS LE

TXX5. t w x i o p e ^ M M t , MOiS FRDCHAÔO ALORS
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'pAi- CAÇOttfc, OU
^6 vous
rvus eu -ta* as
R1ENJ

CROC
CROCniques
l'acupuncture a déjà été acceptée
d'emblée par la jeunesse occidentale, ce
qui montre bien que celle-ci a un esprit
ouvert que ses aînés devraient lui
envier. De plus en plus de jeunes,
désireux de se débarrasser de symptô-
mes d'ennui et d'angoisse, «se piquent»
(c'est le terme qu'ils emploient).
Eh bien voilà, c'est tout pour ce mois-
ci. Le mois prochain: comment gagner à
la Loto-Perfecta à l'aide du tarot.
par Pierre Huet
Les années soixante passeront sans
doute à l'Histoire comme étant les
années d'émancipation. Emancipation
d'abord des «pays en voie de développe-
ment», expression pudique qui désigne
un pays possédant la bombe atomique
mais ne sachant pas s'en servir.
Emancipation aussi des groupes de
seconde zone: femmes, enfants,
homosexuels, bébés phoques.
Les années soixante-dix, que nous
quitterons bientôt du pas pesant de
celui qui vient de marcher dans les
petits besoins d'un Saint-Bernard,
auront la douteuse distinction de
s'inscrire dans les manuels comme
étant l'époque où l'on a fait de la
Médiocrité un Art de vivre. Grâce au
disco, par exemple, nous pourrons nous
vanter d'avoir créé la première civilisa-
tion depuis l'époque du Néanderthal où
le mérite des individus est estimé à la
façon dont ils bougent les pieds. Mais
les historiens futurs qui voudront bien
sacrifier un quart d'heure à l'étude de
notre merveilleuse époque devront
sûrement parler de notre passion pour
les plantes !
Je ne veux pas parler ici de nos
liaisons dangereuses avec les végétaux
genre cannabis, coca ou champignons
magiques. Non, je parle de ces plantes
toutes bêtes qui ont envahi en une
marée verte toutes les pièces habitables
des logements de tendance centre-
gauche d'Amérique.
Aujourd'hui, un visiteur qui entre
chez vous et qui n'aperçoit pas au moins
quelques kilos de plantes vertes sur tous
les meubles ou suspendus à des trapèzes
de macramé vous regarde comme si
vous étiez un bourreau d'enfants ou un
des méchants d'Holocauste. Si pour
votre plus grand malheur, vous avez eu
décembre 1979
l'idée de protéger l'intimité de votre
foyer en tendant dans vos fenêtres des
rideaux ou pire, des stores vénitiens,
alors que 25 pots d'herbages auraient
très bien fait l'affaire, on vous soupçonne
d'appuyer secrètement le régime
Pinochet. Et ça ne s'arrête pas là. Non
seulement faut-il transformer vos pièces
en jungles équatoriales, mais en plus il
faudrait PARLER à toute cette belle
verdure.
Je ne vous apprendrai rien en vous
disant qu'une plante répond très
rarement quand on lui parle: pour tout
dire, c'est très silencieux une plante.
J'en suis venu personnellement à la
conclusion que ceux qui prennent
plaisir à parler régulièrement à leurs
plantes sont d'anciens catholiques qui
ont pu faire facilement la transition,
habitués qu'ils étaient à s'adresser à un
Interlocuteur peu loquace. Plus j'y
pense, et plus je vois les affinités. Je
repense à Moïse en grande discussion
avec un buisson ardent; et n'ayons pas
peur des noms, qu'est-ce que Jésus-
Christ allait faire au Jardin des Oliviers
un soir de première, sinon jaser avec de
vieux copains ?
Tout ça pour vous dire que doréna-
vant je refuse systématiquement les
invitations à manger chez des amis de la
chlorophylle. Vous arrivez là et on vous
fait asseoir sur une poche de vinyle
bourrée de pépins de pêche, entre deux
plantes qui, elles, prennent leur aise et
qu'il ne faut surtout pas froisser. A
mesure que la soirée avance et que vous
sirotez votre tisane au goût d'after-
shave, on écoute les disques que les
plantes aiment. Ensuite on passe à table.
Là, l'angoisse. Voyez-vous, le problème,
c'est que les plantes ont des tempéra-
ments très sensibles. Or, les gens qui
sont susceptibles d'organiser des tables
rondes avec leurs bégonias sont
habituellement aussi végétariens.
Commencez-vous à imaginer les
problèmes ? A table, on ne mange que
des légumes. Pas question de manger
nos frères veaux, poulets, cochons ! On
mange des légumes, mais seulement
une fois qu'on a pris la peine de sortir
délicatement de la pièce les plantes
domestiques (on dit «plante domestique»,
comme on disait auparavant «animal
domestique»), un peu à la façon dont on
sort la mémé octogénaire avant de
parler à voix basse d'une parente du
même âge qui vient de mourir.
Vers la fin de la soirée, pendant que
s'achève la huitième face du concerto
de Bach, pour violon à queue et Valium,
on vous offre religieusement une
dernière tasse de tisane. A ce que j'en ai
compris, ceci correspond un peu aux
rites de certaines tribus cannibales, qui
mangent le coeur d'un adversaire
qu'elles admirent-
Mais tout de même, je dois avouer
qu'il y a une certaine logique dans tout
ça. Comme la plupart des enfants de la
Fleur (Flower people) des années
soixante se sont transformés en légumes
depuis, il est compréhensible que de
solides amitiés se soient créées entre
certaines branches inférieures de
l'Homo sapiens et les formes les plus
évoluées de végétaux.
7 par Bison Revu
«J'ai vécu parmi des ananas»
Un certain mois de juin 1976, Georges
Dexter, montréalais à l'époque, s'envole
vers Panama. Son but: étudier le
comportement des ananas à l'état
sauvage. Dix-huit mois plus tard, suivant
les conseils d'une équipe de sauveteurs,
il décide de rentrer au pays. Son livre,
«J'ai vécu parmi des ananas», vient tout
juste de paraître et devrait connaître,
d'après les critiques, un certain lecteur.
En voici, en gros, un bref résumé.
«...J'ai toujours été fasciné. J'ai
toujours admiré les animaux et ce qui a
l'air naturel. A peine adolescent, il
m'arrivait de passer des journées
entières en compagnie d'un chien ou
d'un sac de pommes. Plus tard, alors
que mes amis gaspillaient leurs samedis
soirs à danser et à s'embrasser, je
m'extasiais pendant des heures en
observant le contenu du frigidaire.
La biologie observée me passionnait.
Les dauphins ont-ils toujours vécu
nus ? ...Qu'étaient les oignons ? ... Autant
de questions qui me donnèrent envie de
répondre non quand mon père me
proposa sa place de livreur dans un
restaurant dont je préfère taire le nom
chinois.
Ce n'est que 25 ans plus tard, au
retour d'une livraison pénible (on
m'avait remis un sachet de sauce soya
en guise de pourboire), que ma vie allait
reprendre son cours biologique.
Ce soir-là, je rentrai à la maison
comme d'habitude, en me livrant des
mets chinois. Je jetai mon coup d'oeil
habituel dans le frigidaire, après quoi je
m'allumai la télévision.
Un dénommé Bergeron était là, mine
de rien, pour présenter un documentaire
filmé à l'aide de singes. L'émission
commença et me bouleversa sur mon
sofa... Une jeune femme, seule, inconnue
des singes, avait réussi, malgré son
linge, à se faire accepter dans une tribu
de singes nus.
Une idée me jaillit: si une jeune
femme avait réussi à vivre habillée
pendant dix-huit mois avec des singes,
CROCniquGS
je pouvais sûrement vivre pendant
quelques semaines parmi quelque
chose... mais quoi ?... J e pensai tout
d'abord aux poissons, mais je refusai
cette idée. Les poissons m'intéressaient
mais j'avais peur de ne pas les intéresser.
Les insectes me feraient trop rire, les
boas étaient déjà passés à la télévision.
Il me restait les perruches, mais je
jugeai que vivre en cage avec une
perruche risquait de la gêner dans ses
mouvements naturels.
J'étais sur le point de me décourager
et d'aller me saouler lorsque je me
demandai, sans raison apparente,
pourquoi je ne pensais pas aux ananas.
Les ananas !... Bien sûr... Comment
avais-je failli ne pas y penser?...
Le lendemain, prétextant une livrai-
son spéciale, je m'envolais pour Panama.
Le voyage me parut bien haut. Au
sortir de l'avion, une chaleur torride
abima mon complet safari à la hauteur
des aisselles.
J e me dénichai aussitôt un habitant
de la place à qui je fis comprendre, à
l'aide de signes, que j'étais muni d'un
dictionnaire français-espagnol. Il
l'accepta. J e lui demandai ensuite où je
pourrais trouver des ananas à l'état
sauvage et il me répondit qu'il pesait
à peu près 132 livres. J e lui donnai mille
dollars pour le remercier du renseigne-
ment et je m'engageai vers la jungle.
Mon premier contact avec la jungle
me rassura. J'étais convaincu de pani-
quer dès que j'apercevrais la brousse et
c'est exactement ce qui arriva. J e fonçai
donc en avant, guidé par la prudence,
une de mes qualités favorites. J e
m'emballai dans du Saran Wrap (pour
enrober toute odeur dangereuse) et afin
d'éviter les heures de trafic animal, je
décidai de voyager la nuit.
J'avançais lentement mais certaine-
ment.
Au bout de trois jours, 125 pieds plus
loin, j'aperçus mon premier indice: une
trentaine d'ananas... Ils étaient là !...
Peut-être à cent pieds de moi, guidés par
un gros ananas mûr que j'identifiai
c o m m e le chef probable du groupe.
Les premières semaines, je me
contentai de les observer à distance,
revenant m ê m e sur mes pas d'une
centaine de pieds. J e limitais mon
temps d'observation à cinq minutes par
jour et je passais le reste de la journée à
faire semblant de regarder ailleurs.
La troisième semaine, je m'étais
rapproché de 112 pieds, et entrepris de
me promener flambant nu devant eux.
J'avais estimé qu'il me faudrait trois ou
quatre semaines avant de pouvoir
m'approcher d'eux complètement vêtu,
mais je réussis à le faire en moins de
douze jours.
Cette phase terminée, les mois se
succédèrent dans l'ordre. J e fus intro-
duis dans le groupe et je commençai
discrètement à évaluer le rôle de chacun
au sein de la communauté. J e découvris
alors que les ananas vivent entre eux,
avec eux et à côté d'eux.
J e dressai une fiche sur chaque
ananas, prenant soin de les photogra-
phier individuellement et de les identifier
chacun par un nom particulier. Le plus
sympathique de tous était sans doute
Armand, un jeune ananas gras. Lors de
mes expériences sur le langage, je crus
m ê m e discerner un sourire chez lui
lorsque je racontai au groupe ma célèbre
farce sur les ananas italiens du marché
Jean-Talon.
Vers le treizième mois, l'indifférence
commença à s'installer, autant chez les
ananas que chez moi. J e passais des
journées entières à creuser des petits
trous dans le sol et à les recouvrir de
terre. Il m'arriva m ê m e une journée de
manger un des membres du groupe
sans m'en apercevoir.
J e décidai de secouer ma torpeur et
de tenter l'expérience ultime: vivre en
ananas. J e me plantai parmi eux, de la
m ê m e façon qu'on plante un arbre,
enfoncé dans le sol humide jusqu'à la
mi-cuisse.
On ne peut s'imaginer ce qu'est la vie
quotidienne des ananas à moins de
vivre comme eux. Ils ne mangent pas,
bougent à peine, et parlent très peu. Ma
première nuit en ananas fut particuliè-
rement pénible. Les ananas dorment
debout et se réveillent dans la même
position, imitant ainsi un peu le principe
du cheval. J e n'arrivais pas à les suivre,
m'écrasant toujours face contre terre
dès que je commençais à dormir. Le
lendemain, je décidai de m'enfoncer
davantage dans le sol, ne laissant
dépasser que ma tête et mes épaules.
Restait le plus difficile... devenir
ananas sur le plan mental. J e m'efforçai
d'oublier le moindre de mes souvenirs.
Au bout de trois jours, j'étais en train
d'oublier le nez de mon père lorsqu'une
équipe de sauveteurs, partie à ma
recherche, arriva à destination.
Les sauveteurs me demandèrent
d'abord si tout allait bien mais je leur fis
comprendre que je ne pouvais pas leur
répondre, qu'ils devaient s'adresser à
l'ananas-en-chef. Ils insistèrent ensuite
pour que je sorte de terre. J e les avertis
qu'ils ne réussiraient pas à me sortir de
là autrement qu'en me déterrant
c o m m e on déterre un arbuste, c'est-à-
dire en creusant autour de mes racines.
Pendant qu'ils s'exécutaient, l'un
d'eux m'assura que mon expérience
était un succès total, qu'ils n'allaient pas
me déraciner à mort mais uniquement
me transplanter ailleurs.
J e leur proposai de me transplanter
au jardin botanique de Montréal, où
mes parents seraient fiers de venir me
visiter. Deux jours plus tard, j'étais de
retour à Montréal où, depuis bientôt
deux ans, on tente de me garder en vie
en attendant qu'une place se libère au
jardin botanique.
C'est la première fois, à mon avis,
qu'on accepte de garder un ananas à
l'hôpital, surtout un ananas qui n'est pas
malade.» Fin de mon livre.
CROC
 SPECTACLES
Caughnawaga :
un show
encore mal rodé !
par Gudule
Disons-le tout de go, nous
louons l'initiative de la Sûreté
du Québec d'offrir un specta-
cle — et quel spectacle ! — à
Caughnawaga dans le cadre
de la semaine du patrimoine,
le samedi 20 octobre.
L'idée d'associer ainsi les
Amérindiens à nos réjouis-
sances nationales montre bien
jusqu'à quel point on a chan-
gé chez nos policiers. Quelle
ouverture d'esprit !
Depuis longtemps les
Québécois sont hantés par le
Western. Déjà vous pouvions
nous enorgueillir du festival
annuel de St-Tite de Laviolette
et de la ville de l'ouest la plus
à l'est de St-Tite-des-Caps.
Mais tout ça, avouons-le, n'est
que folklore moribond.
Il fallait vraiment l'animer
d'un souffle nouveau. Vivre
enfin un passé que nous au-
rions voulu nôtre.
Lassés de faire le tour de
la montagne avec Willie La-
mothe, conscients d'être de
Pour se refaire b o n n e cons-
cience, CROC a décidé de
publier des documents ap-
puyant la lutte des femmes.
Ainsi, dénonçons-nous c e
mois-ci l'emploi abusif de la
femme c o m m e support à
linge.
décembre 1979
vrais nord-américains — l'ins-
truction ça déniaise — deux
braves patrouilleurs de la S.Q.
sont enfin passés aux actes.
Une vraie poursuite com-
me dans les films de John
Wayne. Un galop effréné
dans un nuage de poussière
— la voirie laisse vraiment à
désirer dans certains coins —
l'irruption de la cavalerie
dans la réserve.
«Hugh ! Visages pâles sur
terres des peaux-rouges.
Hugh ! Ici club de chasse pri-
vé, pas ZEC. Hugh ! De-
houors !».
Silence lourd sous les
feuilles timides et rougissan-
tes. Gros plan des sauvages
menaçants et des héros
blancs, de peur.
Le revolver, c'est aussi un que les organisateurs n'aient
Le silence tombe. Il était si anachronisme. (J'en ai assez pas jugé bon de consulter
lourd, le pauvre. de tout expliquer. Qu'on auparavant le ministère des
Trois coups de foudre. Ils achète des dictionnaires à Affaires culturelles et celui
ont tiré les premiers et s'en- Nicolet.) Ce qu'il fallait, c'est du Tourisme.
un long riffle.
fuient. Plus rapidement que Non seulement aurait-on
leurs ombres. Chez les sauvages, mêmes fait disparaître quelques ba-
erreurs. Mais peut-on leur en vures facilement évitables —
Le samedi 20 octobre 1979.
vouloir? On les a tellement chars de police, minoune,
Une date historique.
dépossédés. revolver, queue de billard —
Le Québec vient de vivre mais encore se serait-on as-
Quand on est des sauva- suré de la présence d'équipes
son premier vrai Western. La
ges, on ne se promène pas en de télévision et même, pour-
légende du «Far-east» com-
minoune. En canoë, en ra- quoi pas, de cinéma.
mence.
quettes, mais ce n'est pas pra-
Ce n'est qu'un début. Con- tique l'automne, ou à la ri- Et surtout, averties d'avan-
tinuons le combat. Que de gueur, à dos d'orignal. ce, les agences touristiques
films nous attendent à l'hori- auraient pu organiser des
Et que dire de l'attaque à
zon d'un avenir chargé de tours. Le tourisme, c'est une
coup de queue de billard.
poudre. industrie.
C'est le comble de l'assimila-
Quelques bavures tion. Un arc, des flèches, un Avec cinq ou six autobus
Mais il faut bien le dire — tomahawk, une hache, voire d'Américains sur les lieux,
la critique, quel métier ! — le même un couteau. Mais pas qu'on songe à tout ce que nos
spectacle n'était pas à point. une queue de billard. O.K. ? frères indiens auraient pu
vendre de souvenirs.
On n'enseigne pas tout à Faudra aussi pratiquer les
Nicolet. Ainsi a-t-on idée d'i- cris et les danses. Et pourquoi Mais répétons-le, l'initia-
maginer une cavalcade en pas un bûcher ? Avec le poteau tive est louable. Et c o m m e on
automobile. Cavalcade, de de tortures, les fers rougis sur dit, la balle est maintenant
cavalcare: chevaucher. On la peau si pâle, et les tisons dans l'autre camp.
devrait faire un peu de latin à ardents dans les yeux ? Les sauvages, faudrait pas
l'école de police. Ou s'inspirer manquer le remake du mas-
des traditions de la police Manque de coordination sacre de Lachine Bonne
montée. Il est, enfin, regrettable chance !

Les prestations
d'assurance - chômage
cotées en bourse ?
(par W.L.) — En annonçant la
fermeture prochaine de leur
raffinerie de sucre de l'est de
Montréal, les descendants de
George Redpath ont affirmé
qu'ils s'emploieront à faire
coter en bourse les prestations
d'assurance-chômage. «Ainsi,
ont-ils déclaré, les Québécois
pourront détenir un bloc
d'actions majoritaire dans
une entreprise d'envergure
nationale.» On peut donc
croire que les 350 employés
mis à pied, tous issus de la
famille Carrier, pourront con-
tinuer de manger des klène-
dakes. On se rappellera que
ce bonbon, dont les origines
remontent à la ruée vers l'or,
connut une vogue sans précé-
dent jusqu'à la disparition
(vers 1970) des vieilles filles
dont il était l'emblème.
A la même occasion, le
porte-parole de l'entreprise,
M. Jérôme Sentier-Rouge
(Redpath jusqu'à la loi 101) a
indiqué l'intention de ses
partenaires de céder deux
montagnes de sucre aux ci-
toyens du quartier. Il a indi-
qué que cela permettrait la
création d'un centre de ski
estival, le «Sugar Loaf», à la
mémoire de ses ancêtres. On
sait toutefois que plusieurs
diabétiques s'opposent fa-
rouchement à ce projet, allé-
guant que cela constituerait
une provocation à leur égard.
Le ministre de l'Industrie et
du Commerce, lui-même
diabétique, a d'ailleurs été
pris à lécher les cadres de
portes où de petits monticules
ont l'habitude de se former. Il
aura fallu l'intervention de
ses gardes du corps pour qu'il
réponde aux questions des
journalistes. Il en a profité
pour confirmer la nouvelle
voulant que le gouvernement
se charge de la construction
d'un toit pour protéger ces
FINANCE
montagnes uniques de la pluie
mais surtout, a-t-il déclaré,
«pour que les souffleuses à
neige ne puissent y avoir ac-
cès».
Le président du syndicat M.
Pitou Plouffe-Carrier s'est de-
La compagnie PréFab présente le tout dernier cri dans le
mandé à voix haute qui paie-
domaine de la maison préfabriquée : la maison en carton.
rait désormais les prothèses
dentaires des travailleurs. La
réponse tardant à venir, il
lança ses propres dentiers
sur le mur de béton et quitta
la salle en marmonnant. Le
représentant de CROC a lui-
même été atteint par des dé-
bris de la prothèse dentaire et
a dû être traité pour morsures
à l'épaule gauche.
Il semblerait que le prési-
dent de la Redpath assistait à
la conférence de presse, mais
déguisé en poche de sucre et
empilé dans un coin de la
salle avec des agents de la
GRC en dessous et des inter-
prètes au dessus. Toutefois,
cette nouvelle n'a pu être
confirmée. Au moment de
mettre sous presse, nous ap-
prenions qu'une pâtisserie de
la rue Querbes aurait décou-
vert un président dans sa
dernière livraison de sucre Ce fut une bien belle cérémonie que les funérailles de Lord
granulé. Y a-t-il une relation ? Mountbatten, mais elle fut malheureusement gâchée par la
CROC fait enquête. mort de ce dernier.
Soucieuse de refaire son image, la Sûreté du Québec a adopté une nouvelle approche auprès
des automobilistes. On voit ici (devant l'auto) le caporal Loiselle dans son nouveau costume
et son auto repeinte.
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L'Ayatollah Inn offre ses chambres au sous-sol pour moins de

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CROC s'élève contre le sort que l'on réserve aux enfants du

Cambodge. Les voici à l'école du nouveau régime, apprenant à
compter sur des bouliers cambodgiens.

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AVEC VOTRkO^xyoM

Nouveau passe-temps à la mode dans les campagnes françai-

ses en ce temps-ci de l'année: la chasse aux bébés-citroën.

Incapable de s'en débarrasser, elle numérote ses boutons et Exclusif! On retrouve le diplomate canadien disparu chez
invente un jeu. Bokassa.

décembre 1979
 Pour briser l'ennui et l'oisiveté de son exil, l'ex-empereur
Bokassa a accepté un travail de fin de semaine au sanctuaire
du Cap-de-la-Madeleine, où il est maître de cérémonie.

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hippie
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Commencez bien la
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