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Quelques principes généraux de la gestion d’une classe multi

niveaux CE-CM
La classe multi niveaux est plus difficile à organiser que toute autre
classe, mais cette difficulté ne veut pas dire impossibilité si on adopte
quelques principes.

Premier principe : on travaille sur la durée du cycle. Les programmations sont


construites sur les 3 années du cycle (année 1, année 2, année 3) plutôt qu’en termes de
CE2-CM1-CM2. Même si l’enseignant est de passage dans la classe (pour 1 an), il
construit son travail à long terme et laisse trace de ce qui a été vu pour son successeur.
Rien de plus désagréable pour un nouvel arrivant que de se retrouver sans documentation
et d’être obligé de questionner les élèves ou d’emprunter les cahiers pour essayer de
connaître les acquis antérieurs. Cette programmation sur la durée oblige à se fixer des
objectifs précis par périodes (ex : Toussaint, Noël…) et à faire des choix prioritaires.

Deuxième principe : Dans une classe CE-CM qui associe deux cycles, on adapte les
programmes en fonction des disciplines.
On peut décider d’associer les CE1-CE2 pour certaines matières (ex : découverte du
monde-sciences), de travailler avec le CE1 seul pour d’autres (ex : lecture-production
d’écrits). Il s’agit d’être clair : certaines matières seront plus développées que d’autres,
l’emploi du temps n’est pas extensible. D’où l’intérêt évident de connaître les points déjà
étudiés les années précédentes : on a moins de temps pour enseigner le programme à
tous les niveaux de la classe, il s’agit donc d’éviter à tout prix les redondances d’une
année sur l’autre.

Troisième principe : apprendre aux élèves à travailler en autonomie : peut-être le point


le plus important. L’enseignant n’a pas de temps à « perdre », il passe déjà d’un niveau à
l’autre sans beaucoup de répit, il ne s’agit pas en plus de repréciser chaque jour les règles
d’organisation de la classe, les travaux à faire quand on a terminé l’exercice du jour ou les
consignes de présentation. Il n’est pas non plus acceptable que les élèves en travail
autonome interrompent sans arrêt l’enseignant occupé avec un autre groupe. Quelques
règles de vie rédigées collectivement en début d’année ne suffisent pas, il faut :
∙ associer les élèves aux problèmes de la vie en collectivité, ce qui signifie en clair :
- leur attribuer des responsabilités programmées (des tâches, des métiers, des
services) pour lesquels ils sont volontaires.
- leur donner la parole régulièrement (débats, conseils de classe) où tous les
problèmes seront discutés en commun (discipline, manquement aux règles, droits
et devoirs, …) et établir une trace écrite de ces échanges qui restera affichée.
∙ apprendre aux élèves à utiliser les outils de la classe (cahiers, fichiers, manuels,
documentaires). Une période d’apprentissage est nécessaire en début d’année (utilisation,
progression, autoévaluation, rangement). Le travail consiste aussi à apprendre à lire seul
une consigne, à connaître les règles de présentation pour un exercice donné (ex :
situation problème). Le temps perdu en début d’année à cet apprentissage est du temps
gagné ensuite. L’élève doit avoir à sa disposition un ouvrage référent (aide-mémoire,
règles, modèles de présentation, exemples)
∙ donner aux élèves la possibilité d’organiser leur travail (travail individuel, contrat) sur la
semaine pendant des horaires prévus à l’emploi du temps (et non pas une fois le travail
terminé, ce qui profite uniquement aux bons élèves)
∙ essayer de mutualiser les potentiels des élèves (aide des plus grands vers les plus petits
pour certaines tâches bien précises, évaluation en binômes, essai de tutorat …)

Quatrième principe : mettre en œuvre des projets de classe avec des objectifs à long
terme (ex : un journal scolaire, un roman, un projet d’écriture, une recherche documentaire
pour un exposé, une pièce de théâtre, un compte rendu, …) où on pratique le mélange de
niveaux pour assurer un minimum de cohérence au groupe classe qui est déjà morcelé.
Ces projets ont vocation à être mis en forme et communiqués (aux autres classes, aux
parents, à la communauté éducative) sous formes diverses (affichage, recueil,
enregistrements, montage multimédia, site Internet…). Pas de projet sans une finalité bien
connue de tous (motivation) et un schéma précis des étapes de mise en œuvre.

Pas de secrets : il faut utiliser des outils adaptés, construits par


l’enseignant, par l’élève mais aussi présents dans le commerce.

Il doit être détaillé et lisible par les élèves en tenant compte :


- de tous les niveaux de classe
- de la disponibilité de l’enseignant pour un niveau (utiliser
Outils de l’enseignant

Emploi du un code couleur)


temps - de moments de travail individualisés (contrats, ateliers,
projets)
- des disciplines communes à plusieurs niveaux
- des échanges de services et intervenants extérieurs
Programmations Par cycles (et non à l’année) et ceci dans toutes les disciplines
avec des objectifs par périodes.
En classe à cours multiples, ce travail préalable est
indispensable. Il nécessite une adaptation des programmes
officiels.
C’est un référent essentiel de l’élève qui l’accompagne sur la
durée du cycle et qui regroupe :
Aide mémoire - Des règles dans les disciplines fondamentales (maîtrise de
la langue, maths). Ces règles sont élaborées en commun
au moment de la synthèse de la séance d’apprentissage.
- Des aides méthodologiques (comment présenter ?
comment lire un énoncé ? procédures de construction, …)
Outils de l’élève

- Des exemples (figures géométriques, phrases clés en


ORL, …)
- Des aides à l’écriture (verbes d’incise, registre de
vocabulaire par thèmes, mots de liaison, …)
Cahier de texte Préférable à l’agenda, c’est un outil de planification du travail. Il
doit être renseigné avec rigueur et n’a de réelle utilité que si le
travail de l’élève est programmé (ex : leçon de géographie à
revoir pour la semaine suivante) et si on lui apprend à s’en servir
par de nombreux rappels (que mettre dans son cartable ?)
Un mot d’ordre : la rigueur dès le début d’année (dans l’écriture,
la présentation, le collage de documents …) à partir de situations
étudiées collectivement (trace dans l’aide-mémoire)
Les cahiers Pour le maître qui ne peut pas suivre le travail de l’élève au
moment où il le réalise (pris par un autre groupe) et qui évalue
souvent le travail après l’école, les cahiers de classe deviennent
des documents de liaison. Un mot d’appréciation du maître est
indispensable (et pas le « vu » que l’on trouve fréquemment et
qui ne donne aucune indication à l’élève). Cette appréciation
positive ou négative est d’autant plus juste que les consignes de
travail sont précisées et les critères de réussite connus des
élèves. On ne peut évaluer que par rapport à des attentes
explicites.
Le choix des manuels est essentiel.
Il peut s’avérer préférable de posséder un nombre limité (4 à 5
exemplaires) de manuels différents dans certaines disciplines
(ex : découverte du monde, sciences, histoire, géographie) pour
Les manuels organiser des ateliers de recherche documentaire sur un point du
programme.
Dans les disciplines fondamentales, des séances d’apprentissage
du manuel sont fortement conseillées. L’enfant autonome sera
souvent seul devant son livre ou son extrait avec un ou deux
exercices à effectuer. Apprenons à l’élève à se servir de son
support (comment lire la consigne? que lire ? comment
sélectionner les informations essentielles ? que faut-il écrire
exactement ? doit-on recopier la question ? comment présenter
son travail ? faut-il passer à la ligne ? autocorrection ou pas ?
évaluation en binômes ? …)
La classe à cours multiple nécessite un fort pourcentage de
travail personnel de l’élève. Les supports fichiers de tout type
Supports pédagogiques

s’avèrent indispensables à cette mise en œuvre. Le principe du


contrat à la semaine est intéressant avec des acticités imposées
par le maître et des activités complémentaires en fonction de la
Les fichiers capacité de l’élève. Au moment de la découverte d’un nouvel
outil, il faut encore prendre le temps (2 à 3 séances collectives)
de bien étudier son fonctionnement avec les élèves.
• Préférer des fichiers autocorrectifs, avec des consignes simples
et permettant une progression dans la difficulté. Plusieurs outils
du commerce sont disponibles.
En lecture et production d’écrits (travail sur le sens, courts
romans, vocabulaire)
En mathématiques (raisonnement, dessin géométrique)
En activités pluridisciplinaires (méthodologie, mémoire)
• Au fur et à mesure, le maître trouve, classe et construit ses
propres outils (sélection de textes résistants demandant une
compréhension fine, grilles de mots croisés, extraits d’œuvres,
progression autour d’une notion, situation problème …) mais il ne
peut pas tout inventer.
En complément des fichiers, des ateliers de travail utilisant du
matériel adapté permettent des entrées plus ludiques (activités
Le matériel complémentaires) à partir du moment où l’élève suit une
progression adaptée: tangram, formes géométriques, jeux de
construction, jeux de réflexion, activités logiques …
Ces « jeux » scolaires peuvent faire partie intégrante d’un projet
de classe (ex : comment adapter un jeu de « trivial poursuite »
aux programmes scolaires ? construire des dominos
mathématiques, des jeux de familles sur une notion …)

Le minimum pour démarrer

 Planifier son travail à l’avance (emploi du temps, programmations, objectifs par


périodes)
 Privilégier le moment d’accueil (programme de la journée, rappel des règles,
échanges oraux)
 Posséder 2 ou 3 fichiers adaptés bien étudiés par le maître
 Programmer 2 ateliers de travail individuel dans la semaine pour chaque niveau
 Mettre en œuvre 2 projets de classe sur l’année

Et surtout, mettre en œuvre un climat propice au travail (coopération, vraies


responsabilités aux élèves, conseil de classe)

Jean Luc Despretz CPC Landivisiau Juin 2005


Conclusion

L’enseignement en classe à cours multiples demande une grande rigueur dans son
organisation. Il serait utopique de vouloir donner une solution idéale pour gérer ces classes,
dont le fonctionnement est si différent des classes « traditionnelles ». Mais il existe certains
éléments susceptibles de nous aider à enseigner dans une classe à plusieurs niveaux.
Au cours de ma réflexion, j’ai cherché à établir les points sur lesquels porter une attention
particulière pour enseigner dans de bonnes conditions lorsque l’on a plusieurs cours dans une
même classe, afin de résoudre des problèmes que j’avais déjà rencontrés. J’ai pu découvrir
quelles avaient été les sources de mes difficultés, ce qui je l’espère m’aidera à y remédier.

L’aménagement de l’espace, du temps, l’établissement de règles de vie sont des éléments


essentiels à mettre en place, et à réadapter par la suite si nécessaire. La construction des
apprentissages tout au long de l’année demande aux enseignants un effort particulier de
conception, et c’est sans doute ce qui effraie la plupart d’entre eux. Mais on peut rapidement
percevoir des aspects positifs qui relèvent de cette organisation : chaque fois que le maître
intervient dans un niveau, le nombre d’élèves étant en général assez réduit, il a une efficacité
maximale. Il est en effet plus facile d’expliquer et de faire assimiler une notion à six élèves
qu’à vingt !
Au-delà de l’acquisition des connaissances, cette structure est particulièrement favorable au
développement de compétences de socialisation, et constitue aussi un cadre idéal pour
développer l’autonomie de l’élève, son indépendance, son esprit d’initiative et d’organisation.
Ces compétences étant demandées à l’arrivée au collège, on comprend que les recherches
étudiant les résultats de ces élèves lors de la poursuite de leur scolarisation, soient favorables à
ce fonctionnement. Aux vues des conclusions de ces études, on devrait même favoriser la
création de classes à cours multiples, ou au moins ne pas chercher à les faire disparaître.

Cependant, il me paraît possible d’utiliser les expériences de classes à plusieurs niveaux pour
améliorer la pratique dans celles à un seul, car la plupart des éléments positifs évoqués y sont
transposables. En effet, les classes à cours simple étant également constituées d’élèves de
niveaux hétérogènes, la différenciation de la pédagogie peut viser à développer les mêmes
compétences.
L’élaboration d’un emploi du temps d’une classe combinée tient compte des principes
fondamentaux suivants :
1- Respect de l’emploi du temps initial des deux cours.
2- Maintien de la progression didactique pour les deux cours,
3- Agencement des matières communes aux deux cours (grammaire, conjugaison…)
4- Souci d’association des matières à dominante orale, afin d’alléger la préparation et
d’unifier l’activité des groupes classes.
5- Renforcement de la disponibilité de l’enseignant(e) par l’alternance de l’écrit et de l’oral
(lecture, orthographe, lecture documentaire, grammaire, etc.).
6- Respect des anneaux horaires de l’emploi du temps officiel.
7- Restriction au niveau de certaines disciplines qui pourraient être continuées hors classe
(exemples : la lecture suivie, les jeux d’expression).
8- Le choix du tronc commun comme point de départ pour certaines disciplines est dicté par
le souci de faire participer l’ensemble des apprenants à la même activité, condition
majeure pour la réussite de la démarche préconisée ci-dessus. Le va et vient d’un niveau
à l’autre est souhaité pour donner le maximum de rentabilité aux leçons, consolidation et
renforcement pour les uns et enrichissement pour les autres.

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