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Héléna GUERIN

Critique de film, Projet Culturel : De cendres et de braises, Manon Ott

« Bien tenté »
Dans son documentaire « De cendres et de braises », Manon Ott témoigne d’une manière
très poétique de la vie des habitants des cités des Mureaux, près de l’usine Renault Flins.
Cependant douceur devient parfois synonyme de lenteur. J’écrirai ainsi une critique mitigée.
J’ai beaucoup apprécié tout d’abord la démarche de la réalisatrice. S’intéresser à des lieux
stigmatisés tels que des banlieues parisiennes, afin de creuser son histoire et interviewer des
habitants était pour moi un projet très prometteur. Les images d’archives projetées au début
du documentaire concernant les manifestations des ouvriers de Renault-Flins témoignaient
d’un beau travail de recherche, et apportaient un parallèle très intéressant avec les
générations d’aujourd’hui. Les témoignages des personnes apparaissant dans le
documentaire étaient touchants et donnaient une vision positive de la banlieue, une image
que Manon Ott met ainsi à l’écran contrastant avec les idées reçues sur les banlieues. J’ai
pris plaisir notamment à écouter des personnes telles qu’Antoinette ou Yanick nous parler
de leur vie aux Mureaux. On sentait la sincérité, l’authenticité dans leurs propos, ils se
livraient à nous sans artifices, comme ils étaient et c’était beau. Je garde notamment un bon
souvenir du jeune rappeur nous faisant partager sa création, ou la jeune fille nous livrant les
difficultés de sa relation avec un homme incarcéré en prison.
Le choix de la musique de fond m’a plus aussi, ce genre un peu tribal était original et donnait
un côté vivant, chaleureux au film. Toutefois l’énergie musicale de ce son un peu jazzy n’a
pas suffi à me tenir « en haleine ». Il est évident qu’il ne s’agit pas d’un film d’action mais
d’un documentaire, toutefois ce genre filmographique devrait pouvoir, selon moi, apporter
suffisamment d’intérêt et transmettre d’autres sensations que « la beauté » ou l’émotion au
sens « touchant » : c’est-à-dire être structuré par exemple par un rythme éveillant, filmer de
l’action, nous faire rire ou mettre en colère etc. Il me manquait tout simplement un petit
soupçon de « peps », de dynamisme. Cette ambiance que je trouvais poétique grâce aux
décors nocturnes, au choix du noir et blanc, à la douceur dans le tournage, aux beaux
messages des banlieusards, n’a pas su me capter suffisamment. Et finalement "De cendres et
de braises" n’a beau duré qu’une heure seulement, on s'y ennuie vite.

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