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Arlette JOIRIS
Août 2009
Informations pratiques
Prix : 15 euros, frais de port en sus
Format : 21 x 21cm
248 pages
En couleur
Commandes : Socrate Editions Promarex
sylvie.vanrintel@hotmail.com
Présentation de l’auteur
Depuis presque vingt ans, les infirmières sont au cœur de mutations récentes de la société, avec,
notamment, la hausse des activités féminines dans le secteur des services, principalement dans les
domaines des soins, et de l’assistance aux seniors.
La même période les a vu, pour la première fois de leur histoire, oser revendiquer de meilleurs
salaires, des conditions de travail compatibles avec une vie familiale, et une reconnaissance de la
profession au travers de la spécificité du soin infirmier.
Remonter aux sources du « prendre soin » et analyser l’histoire de ce savoir, ainsi que les conditions
de son évolution en Belgique, ces deux derniers siècles, pourraient fournir des matériaux de
réflexion à la profession soignante pour consolider son processus de recherche identitaire ainsi que
la reconnaissance de la spécificité du soin infirmier.
La fonction soignante fait l’objet, à chaque époque, de réflexions théoriques, religieuses et
philosophiques ; elle s’inscrit, en effet, dans une société donnée et évolue avec elle1 : l’art de
soigner est ainsi socialement déterminé.
L’activité infirmière est fondée historiquement sur les notions d’engagement moral, impliquant un
quasi-bénévolat, non sur la reconnaissance du lien salarial qui unissait les infirmières à l’hôpital2.
Cela a déterminé la morphologie du groupe : féminité, scolarisation, statut matrimonial, conditions
de travail, rémunérations3. L’infirmière est, quant à elle, issue d’une triple filiation : femme, femme
consacrée, femme auxiliaire4.
La pratique des soins se concrétise, depuis les temps les plus reculés, autour de la fécondité, de
l’accueil des nouveau-nés et du maternage des enfants, autour de la prise en charge des malades,
enfin, de l’ensevelissement des morts.
La femme, par « vocation naturelle », accompagne ainsi les autres de leur naissance à leur mort.
Elle a en elle les qualités dites « innées » qui en font la parfaite soignante : dévouement, sollicitude,
bonté, douceur, délicatesse, minutie, goût inné de l’ordre et de la propreté. Elle accomplit ces soins
d’abord dans le cadre de la sphère privée, associés aux tâches domestiques. Il ne s’agit pas d’un
travail, mais bien plutôt d’un acte d’amour envers ses proches, qui « n’a pas de prix, car il trouve en
lui-même sa récompense »5.
Les infirmières hospitalières forment le noyau dur du secteur soignant, par leur nombre, mais
également par le rôle marquant qu’elles ont joué dans l’évolution de la profession. Elles sont tributaires
de ce lourd héritage qui fait aussi bien appel au sacerdoce, à la vocation, qu’à la soumission de
la femme dans notre société, soumission multiforme, au médical, au politique, au « masculin » en
général6 : l’art de soigner est donc sexuellement défini.
Dès le haut Moyen-Âge, les soins sont confisqués par l’Église au profit des congrégations
religieuses, soumises spirituellement et moralement à son autorité. Ces communautés vont devenir
principalement féminines à partir du XIVe siècle et intégrer la clôture à la Contre-Réforme. La femme
consacrée va secourir les pauvres, racheter le corps malade du pécheur et ainsi se sauver elle-
même.