M MANIFESTATION JEAN-MICHEL RICARD,
INFOS CTIFL CTIFL
LE 18 MAI 2017, CTIFL
(BALANDRAN)
Cette manifestation, coorganisée par
le Ctifl et l’IFPC (Institut français des
productions cidricoles), a réuni près
de 160 personnes dont des conseillers
techniques, des expérimentateurs, des
chercheurs, des producteurs et des dis-
tributeurs des filières fruits et légumes.
La thématique générale portait sur la
biodiversité et les services qu’elle rend
dans les agrosystèmes, notamment la
régulation naturelle des bioagresseurs
en vue de la réduction des intrants
phytosanitaires et sur les aménage-
ments pour la favoriser. Riche en infor-
mations diverses, elle a été le lieu de
contacts et d’échanges montrant ainsi
des perspectives encourageantes pour
les filières des fruits et légumes mais
également en tissant les liens pour de
nouvelles collaborations entre les diffé-
rents acteurs.
TROIS OBJECTIFS BIEN
IDENTIFIÉS
Avec le soutien du Plan Ecophyto et du
Casdar, cet événement a permis de dif-
fuser largement les résultats des travaux
de recherche et d’expérimentation sur
la biodiversité en lien avec la réduction
des intrants conduits par le Ctifl. Cette
journée « Biodiversité » a été organisée
avec l’appui financier de l’appel à projets
de communication sur le plan Ecophyto
en Occitanie. Ce plan est piloté par le
ministère en charge de l’Agriculture
et celui de l’Écologie, avec l’appui de
l’Agence française pour la biodiversité
(AFB), et bénéficie de crédits issus de la
redevance pour pollutions diffuses.
Trois principales thématiques ont été
mises en exergue pour :
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JOURNÉE NATIONALE BIODIVERSITÉ ET
AMÉNAGEMENTS AGROÉCOLOGIQUES
EN ARBORICULTURE
FAVO R I S E R L’ I N T É G R AT I O N
D E L A B I O D I V E R S I T É DA N S
L E S E X P LO I TAT I O N S
> SALLE DE CONFÉRENCE AVEC 160 PARTICIPANTS
– présenter les résultats des travaux de
thèses et d’autres projets sur la biodi-
versité (conférences techniques) ;
– présenter les connaissances et les
savoir-faire pour favoriser l’intégration
de la biodiversité et des services qu’elle
rend dans la gestion des agrosystèmes ;
– favoriser les échanges et les expé-
riences à l’aide d’ateliers de terrain sur
les aménagements agroécologiques en
verger et les méthodes de suivis de la
biodiversité et, sous la forme d’une
table ronde, sur la prise en compte de
la biodiversité dans les démarches de
progrès et les cahiers des charges.
SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES ET
RÉGULATION NATURELLE DES
BIOAGRESSEURS
La notion de services écosystémiques a
été abordée grâce aux deux premières
interventions (C. Gibert Solagro et
D. Plenet, INRA Avignon). Celles-ci
ont permis de voir comment on peut
analyser certains de ces services au
sein d’un verger (exemple du pom-
mier) et montrer quels sont les liens
INFOS CTIFL
OCTOBRE 2017 N°335
de conflits et de synergies entre eux.
Cela concerne la production de fruits,
la disponibilité de l’azote dans le sol,
la régulation du climat (reposant sur
la prévention de la dénitrification de
l’azote et sur la séquestration du car-
bone), la maintenance et régulation du
cycle de l’eau y compris de sa qualité,
et la régulation des bioagresseurs. Une
interaction positive entre la pollinisa-
tion et la régulation biologique [culture
de colza - projet européen (QUESSA)]
souligne l’intérêt d’une approche
globale multiservices des effets de la
biodiversité. La démarche présentée
(thèse de C. Demestihas, Ctifl) centrée
sur la cascade «  pratiques culturales -
fonctions écosystémiques - services
écosystémiques  », combinant observa-
tion, simulation à partir de modèles et
analyse statistique, devrait contribuer à
l’optimisation et à la reconception des
systèmes de culture en vergers sous
l’angle des services écosystémiques.
Concernant la régulation naturelle des
ravageurs, le contrôle biologique de
deux ravageurs majeurs des pommiers
(le puceron cendré et le carpocapse) par
les araignées et les insectes a été pré-
JOURNÉE NATIONALE BIODIVERSITÉ ET AMÉNAGEMENTS AGROÉCOLOGIQUES EN ARBORICULTURE
FAVORISER L’INTÉGRATION DE LA BIODIVERSITÉ DANS LES EXPLOITATIONS
senté (L. Albert, IFPC et J.-M. Ricard,
Ctifl) à travers les travaux menés dans
le cadre de deux thèses (L. Albert,
CIFRE «  verger cidricole de demain  »
et M. Lefebvre, FRB - RéPaRe). Il a été
montré que deux espèces d’araignée
actives en hiver sont présentes dans
tous les vergers étudiés et consom-
ment le puceron cendré dès le stade
«  fondatrice  », participant ainsi à une
régulation précoce. Au cours de la sai-
son, des auxiliaires plus spécialisés
des pucerons (larves de syrphes, larves
et adultes de coccinelles, forficules,
punaises prédatrices) consomment une
grande quantité de pucerons cendrés,
permettant de limiter le développement
des colonies installées. Ces différents
auxiliaires sont donc complémentaires.
En revanche lors de la dernière phase
du cycle, du pic de présence des puce-
rons jusqu’à la décroissance des colo-
nies, il n’est plus observé de relations
entre les abondances des auxiliaires
et le taux d’accroissement du puceron
cendré. Cela est peut-être dû au fait que
cette phase est aussi dominée par la mi-
gration des pucerons vers le plantain. Il
devient difficile d’expliquer si c’est cette
migration ou la régulation par les auxi-
liaires qui joue sur la diminution du
taux d’accroissement du puceron.
Certaines pratiques culturales per-
mettent de favoriser la présence de
ces auxiliaires dans les vergers. Par
exemple, les araignées de la frondai-
son effectuent des déplacements rou-
tiniers entre les haies et les pommiers
adjacents (P. Franck, INRA). Les haies
peuvent donc constituer des refuges
lors de perturbations des vergers. Il
a également été montré que la proxi-
mité d’un mélange fleuri augmentait la
quantité d’auxiliaires observés dans les
foyers de pucerons cendrés. Plus on est
proche des bandes fleuries, plus l’abon-
dance des pucerons dans les arbres
est faible, et celle des auxiliaires forte.
Néanmoins la complexité des systèmes
et la variabilité de l’environnement qui
entoure les vergers rendent difficile la
généralisation des résultats d’étude.
Pour remédier à ça, il est prévu d’essayer
de créer un outil, basé sur des indica-
teurs, qui permettrait aux agriculteurs
de savoir si une régulation du puceron
est possible en fonction du nombre d’au-
xiliaires comptés dans le verger.
Une intervention a porté sur les diffé-
rents aménagements agroécologiques
en verger et l’analyse de leur fréquen-
tation à partir des travaux menés sur le
centre Ctifl de Balandran (M. Jay, Ctifl).
L’efficacité de poteaux perchoirs, gîtes
à chauves-souris, nichoirs à oiseaux et
d’une mare, a été détaillée et des grands
principes d’actions mis en avant. L’im-
portance du paysage (composition et
structure) dans toutes ces approches
a pu être illustrée avec l’exemple des
chauves-souris, auxiliaires vertébrés
dont la diversité et l’activité y sont parti-
culièrement sensibles.
La dernière intervention a porté sur la
ferme expérimentale d'Étoile-sur-Rhône
dans la Drôme où une plate-forme des
> ATELIER DE TERRAIN SUR L’ENTOMOFAUNE ET LES INSECTES ET ARAIGNÉES AUXILIAIRES
J.-F. MANDRIN (CTIFL)
INFOS CTIFL
OCTOBRE 2017 N°335
Techniques alternatives et biologiques
(TAB) de 20 hectares est dédiée depuis
2012 à la production de références pour
des systèmes de culture multifilières
conduits en agriculture biologique et
faibles intrants (L. Castel, chambre
d’agriculture de la Drôme). La diversi-
fication des productions, et plus parti-
culièrement l'agroforesterie fruitière
est un des leviers qui a été retenu pour
atteindre la triple performance écono-
mique, sociale et environnementale des
vergers. La diversification des strates
permettrait à la fois de diversifier les
milieux et donc favoriserait les com-
munautés d'auxiliaires et la régulation
des ravageurs des cultures, assurerait
un effet «  barrière  » aux maladies, ou
encore augmenterait la productivité du
système. Les résultats sont prometteurs.
On observe une nette progression de la
richesse spécifique des oiseaux nicheurs
et des papillons diurnes entre  2011
et  2016, tandis que la richesse des ca-
rabes sur le site de la plate-forme TAB, et
spécifiquement dans le système multi-
espèces, est particulièrement élevée
dans un milieu de « plaine ». Diversité
des strates et de l'assolement, conduite
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 M MANIFESTATION
INFOS CTIFL
> ATELIER DE TERRAIN SUR LA VIE DU SOL : M. MILLAN, A. GARCIN (CTIFL) ET A. GUÉRIN (IFPC)
en agriculture biologique et gestion des
bandes enherbées sont aujourd'hui les
principaux facteurs positifs identifiés.
Les expérimentations de «  mesure  »
des services rendus au champ révèlent
une activité des auxiliaires de culture,
invisible sans cela. Les perspectives du
projet vont vers une meilleure compré-
hension de ces services rendus et vers
l'exploration de nouveaux taxons comme
les pollinisateurs qui ont une part indé-
niable dans la qualité des productions
fruitières.
ATELIERS TECHNIQUES ET DES
DÉMONSTRATIONS
Quatre ateliers techniques étaient organi-
sés pour les visiteurs ; l’occasion pour les
participants de trouver de la documenta-
tion en lien avec les thèmes présentés et
des réponses à leurs questions auprès des
animateurs des différents ateliers.
L’atelier «  Insectes et araignées de la
frondaison  : les ennemis naturels à
la loupe  », animé par J.-F.  Mandrin,
B.  Polturat (Ctifl) et L. Albert (IFPC),
offrait la possibilité d’observer des auxi-
JEAN-MICHEL RICARD,
CTIFL
liaires des cultures fruitières et les mé-
thodes de collecte associées (frappages,
aspiration, bol colorés, etc.). Les indivi-
dus étaient présentés vivants, sous une
loupe binoculaire ou visibles dans des
foyers de pucerons.
L’atelier « Vie du sol : sur et sous terre
ça grouille  !  », animé par A. Garcin,
M.  Millan, H.  Deguette (Ctifl) et A.
Guérin (IFPC) portait sur la diversité
des groupes biologiques du sol, leurs
rôles et services. Les participants ont
pu observer carabes et araignées du
sol, méthodes d’étude des vers de terre
et nématodes, ainsi que des résultats
d’expérimentations sur les effets de la
gestion de l’enherbement sur les popu-
lations bactériennes.
L’atelier «  Les auxiliaires vertébrés  :
balade de mare en gîtes, nichoirs et
perchoirs…  » animé par M. Jay (Ctifl)
proposait quatre points d’arrêt sur un
parcours dans les vergers : gîtes à rep-
tiles, poteau, marre, nichoir effraie,
gîte chiroptère. Il a permis de montrer
de façon concrète les aménagements
réalisables pour favoriser les oiseaux,
chiroptères et mammifères sur une
exploitation et leur rôle, notamment la
INFOS CTIFL
OCTOBRE 2017 N°335
prédation des campagnols.
L’atelier «  La biodiversité dans les
cahiers des charges », animé par C. El
Boukili, A. Dessemond et J.-M. Ricard
(Ctifl), a permis un échange sur les exi-
gences de différents cahiers des charges
en matière de biodiversité et d’analyser
les freins et besoins pour améliorer la
prise en compte de la biodiversité. Il
en ressort un besoin d’une meilleure
justification des éléments et choix tech-
niques existants et de communication
entre les différentes parties prenantes.
DES POSTERS SUR DES
TRAVAUX SCIENTIFIQUES
Une quinzaine de posters ont été pré-
sentés et répartis sur les trois ateliers
et l’espace dédié au buffet et stands. Ils
concernaient des travaux récents réali-
sés sur la biodiversité, l’agroécologie et
les services écosystémiques (régulation
naturelle, recherche de parasitisme indi-
gène, plantes de service, chauve-souris
et infrastructures agroécologiques…). À
noter dans ce cadre, des posters présen-
tant le dispositif de l’Observatoire agri-
cole de la biodiversité (OAB).
DES STANDS COMMERCIAUX
Outre les ateliers et les posters, des
stands d’associations naturalistes [LPO
PACA, Centre ornithologique du Gard
(Cogard), Groupe Chiroptères Languedoc-
Roussillon] et de deux entreprises
innovantes en technologie (Advansee,
Pièges photographiques) étaient pré-
sentes à la journée et ont présenté leurs
actions et du matériel adaptés à la prise
de vue et au vidéo-monitoring dont des
applications étaient présentées sur les
ateliers de l’après-midi. ▪