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Règles de traduction III: Néologismes. Domestication vs.

Emprunt

M. del Mar | Mercredi 23 mars 2011

Les progrès et le développement constants qui caractérisent notre société s'accompagnent de la création de
nouveaux termes: chacune des innovations ou des inventions qui apparaissent doit être représentée, dénommée
et traduite.

Cette apparition permanente de nouveaux termes représente une grande difficulté pour la traduction de textes,
techniques et scientifiques en particulier, mais aussi journalistiques, et oblige à prendre une décision quant à la
manière dont va être effectuée la traduction de ces néologismes.

On peut ainsi choisir la domestication, qui mise sur la recherche de ressources dans la langue cible et essaye
d'éviter à tout prix l'emprunt ou le calque linguistique; d'autre part, on peut préférer l'emprunt à une langue,
soit la simple adoption du terme étranger.

Les différentes académies linguistiques essayent de plus en plus d'intégrer des néologismes normalisés pour les
nouveaux objets ou éléments auxquels il faut donner un nom; cependant, l'innovation est plus rapide que la
normalisation linguistique.

Alors que les deux tendances sont acceptables et que le choix peut dépendre de différents facteurs, comme par
exemple le public cible de l'information, l'utilisation des ressources de la langue cible pour la création de
nouveaux termes évitera l'usage de mots étrangers lorsqu'il est possible de recourir à son propre lexique.
Le traducteur scientifique et technique et les néologismes

Le traducteur qui se spécialise dans le domaine technico-scientifique rencontre presque quotidiennement des
mots difficiles à traduire. Ce n’est pas seulement à cause de la spécificité du texte, mais aussi parce que la
plupart des découvertes et des recherches dans ce domaine proviennent généralement de pays étrangers.
Souvent, leurs découvertes trop récentes ne donnent pas assez de temps à la langue cible pour trouver un terme
approprié pour la décrire. La présence de néologismes dans le domaine technico-scientifique est assez fréquente
et je pense qu’il est intéressant d’étudier brièvement la façon dont les traducteurs les abordent.

Nouveaux termes

La présence de termes anglais est plus qu’évidente dans le domaine technico-scientifique puisque la plupart des
découvertes sont généralement publiés dans cette langue. Ainsi, les traductions en français de ces termes
conduisent souvent à des traductions littérales, ou l’utilisation de mots empruntés à l’anglais. La terminologie
technique est étroitement liée au développement de la science. La création de nouveaux termes devrait aller de
pair avec un tel développement, bien que ce soit compliqué pour les terminologues, traducteurs et linguistes, car
les technologies et la science progressent à un rythme tellement rapide que le temps qu’ils rassemblent les
informations pour essayer de créer des glossaires ou bases de données terminologiques, leur contenu est déjà
obsolète.

C’est précisément à cause de ce manque de traductions appropriées d’une nouvelle terminologie que, souvent,
ces mêmes professionnels créent leur propre vocabulaire pour développer leur domaine d’expertise.

Alternatives possibles

Tout ce que je viens de commenter qui nous amène au fait que les traducteurs ont recours à l’utilisation des
mots étrangers, ou plus souvent, laissent un terme donné dans la langue originale, principalement l’anglais,
n’étant pas en mesure de trouver une meilleure option. Ils pensent probablement que les professionnels qui vont
lire la traduction sont familiers avec les mots anglais.

Bien que les professionnels de traduction aient la possibilité d’essayer d’expliquer le terme par une explication
ou une définition, ce ne serait pas approprié puisque dans la plupart des cas, la traduction serait trop lourde, en
particulier dans les documents où certains termes techniques sont répétés plusieurs fois (comme c’est le cas
pour les brevets).

Malheureusement, il n’existe aucune organisation qui réglemente et de normalise ce type de technique et de la


terminologie scientifique, et quand le traducteur essaye de consulter un technicien ou scientifique professionnel
à la recherche d’un équivalent en français, cette personne lui dira souvent qu’il est préférable de garder le terme
en anglais, et peut même être surprise qu’il insiste à trouver une version en français pour celui-ci. Le traducteur
n’a donc pas de source réelle et fiable pour résoudre ces problèmes.

Même si je crois cette situation ne fait qu’appauvrir notre langue, il semble que la tendance soit de laisser les
termes en langue source (principalement l’anglais) ou utiliser une sorte de traduction littérale, jusqu’à ce qu’un
consensus soit trouvé sur cette question.

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