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ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL

VIEILLESSE : UN PREMIER PAS VERS LA RÉFORME DES RÉGIMES


SPÉCIAUX ?

Mélanie Glénat et Michèle Tourne

La Documentation française | « Retraite et société »

2006/3 no 49 | pages 143 à 179


ISSN 1167-4687
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■ ADOSSEMENT DE RÉGIMES
DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL
VIEILLESSE : UN PREMIER PAS VERS
LA RÉFORME DES RÉGIMES SPÉCIAUX ?
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

Mélanie GLÉNAT, Régime social des indépendants ;


Michèle TOURNE, Cnav

L’organisation du système de retraite français est relativement complexe : il


se présente comme une juxtaposition de régimes fondés sur une base
professionnelle, chacun ayant son propre mode de fonctionnement. Le
régime général, branche retraite de la Sécurité sociale, ne couvre que les
salariés du secteur privé qui sont également affiliés aux régimes
complémentaires Agirc-Arrco. Outre les régimes de retraite des non-
salariés, des fonctionnaires et le régime agricole, il existe des régimes
spéciaux de salariés qui couvrent des populations plus ou moins restreintes.
Ces régimes gérés en répartition cherchent à assurer leur équilibre
financier au fur et à mesure de leur vieillissement et à asseoir leur
pérennité sur des bases élargies. Plusieurs solutions ont été mises en
place : intervention de la compensation démographique généralisée
(1974) entre régimes de base qui consiste à faire payer les régimes à
démographie favorable pour les régimes à démographie défavorable,
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mise en extinction d’un régime (exemple : la CAMR en 1954), intégration
financière (exemple : le régime des salariés agricoles en 1963), opération
d’intégration d’un régime au régime général (exemple : le Crédit Foncier
de France en 1989). Une nouvelle solution a émergé dernièrement :
l’adossement au régime général (exemple : régime des industries
électriques et gazières (IEG) en 2005).

L’adossement du régime des IEG aux régimes de base, nouveau


mécanisme de financement, a été mis en place afin de diminuer les
risques financiers du régime spécial sans modifier les avantages servis
à ses assurés. L’adossement ne peut se faire sans un strict respect de la
neutralité financière pour le régime d’accueil et ses assurés. Un droit
d’entrée doit compenser le déséquilibre éventuel induit par
l’adossement. Devant les enjeux financiers importants, la Cnav a
développé une méthode prospective de calcul du droit d’entrée, proche
de celle des régimes complémentaires.

■ Les régimes spéciaux dans un


contexte de réforme
En 1945, l’un des objectifs affichés en matière de sécurité sociale
144 consistait à permettre à toute une population de bénéficier d’une
protection contre l’ensemble des risques au sein d’une structure unique.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Mais, si le principe de généralisation rencontra un certain consensus,


certaines catégories socioprofessionnelles s’opposèrent fermement à
l’idée d’unicité tant sur le plan de la structure que sur celui du régime
des prestations. Ainsi, l’article L 711-1 du code de la sécurité sociale
maintient « provisoirement » les régimes spéciaux existant avant la
création de la Sécurité sociale.

Les principaux régimes spéciaux de salariés d’entreprises publiques se


sont pour leur part mis en place parallèlement à la naissance du régime
des fonctionnaires de l’État, dont ils s’en sont fortement inspirés. Les plus
importants concernent les employés des IEG, de la RATP et ceux de
la SNCF (le tableau B1 en annexe, p. 170, liste l’ensemble des régimes
de retraite en France et leurs assurés). Peu de progrès ont été effectués
en matière d’harmonisation des règles de fonctionnement, leur
particularisme étant finalement une de leurs principales raisons d’être.
Leurs conditions d’ouverture de droit et le mode de calcul de la pension
sont beaucoup plus favorables que ceux du régime général : l’âge de
départ en retraite est ouvert dès 55 ans (voire 50 ans pour certaines
catégories socioprofessionnelles), le calcul de la pension est basé sur le
dernier salaire et non sur l’ensemble de la carrière.

Malgré ces droits généreux, les régimes spéciaux n’ont pas été réformés
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par la loi du 21 août 2003, contrairement aux régimes de la fonction
publique. Toutefois, ils se voient contraints de réformer leur financement
avec l’application des normes comptables internationales.

■ Loi du 21 août 2003

Face à des déséquilibres démographiques inéluctables qui conduisent à


des déficits structurels des régimes de retraite, la loi du 21 août 2003
portant réforme des retraites avait notamment pour objectifs d’assurer la
solvabilité des régimes et de renforcer l’équité entre assurés. Cette notion
d’équité a été réaffirmée dans l’article 3 : « Les assurés doivent pouvoir
bénéficier d’un traitement équitable au regard de la retraite, quelles que
soient leurs activités professionnelles passées et le ou les régimes dont ils
relèvent. »

La loi organise une convergence progressive des droits pour les régimes
concernés par la réforme c’est-à-dire les régimes alignés (régime général,
régime des salariés agricoles, Organic, Cancava) et les régimes de la
fonction publique. Ainsi, elle institue un alignement des principales
règles de la fonction publique sur celles du régime général (allongement
progressif de la durée d’assurance, instauration d’une décote, création
d’une caisse complémentaire au titre de laquelle les primes ouvriront
droit à pension). En revanche, les régimes spéciaux conservent leur 145
particularisme.
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Normes IFRS

Un règlement européen de 20021 impose l’adoption des normes


comptables internationales (dites normes « IFRS »2) à compter du
1er janvier 2005 pour les entreprises cotées et à compter du
1er janvier 2008 pour celles qui font publiquement appel à l’épargne.
L’objectif est d’unifier les référentiels financiers du marché commun et
d’améliorer la qualité de l’information des actionnaires.

La norme IFRS n° 193, « Avantages du personnel », conduit les entreprises


à recenser, évaluer et s’il y a lieu comptabiliser tous les engagements
relatifs aux avantages accordés au personnel. Au nombre de ces
avantages, figurent les avantages postérieurs à l’emploi dont font partie
les retraites des régimes spéciaux. Ces engagements doivent être
entièrement provisionnés dès lors que l’entreprise, et non le salarié,
supporte les risques financiers. Cette présentation comptable a retenu
l’option suivant laquelle le coût des avantages versés au personnel doit
être comptabilisé au cours de l’exercice pendant lequel l’employé
acquiert l’avantage et non au moment où il est payé, par exemple lors de
la retraite du salarié.
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D’après le rapport Carrez (2005), les engagements à provisionner
pour les régimes spéciaux s’élèveraient à 90 milliards d’euros pour les
IEG dont 70 milliards d’euros à la charge d’EDF et 15 milliards d’euros à
celle de GDF, 70 milliards d’euros pour La Poste, 21 milliards d’euros
pour la RATP et 100 milliards d’euros pour la SNCF. Ces engagements
ont été calculés à partir d’un taux d’actualisation nominal de 4,5 % (dont
2 % d’inflation), excepté pour La Poste qui a retenu 4,6 % (avec 2 %
d’inflation).

■ Mécanismes de l’adossement

Principes de l’adossement
Afin de libérer l’entreprise d’une partie du poids de ses engagements
retraite, l’adossement permet le financement par le régime général et les
régimes complémentaires obligatoires Arrco et Agirc de la partie des
droits des salariés des régimes spéciaux équivalente aux prestations

1 Règlement 1606/2002 du Parlement européen et du Conseil du 19 juillet 2002.


2 International Financial Reporting Standards, anciennement norme « IAS ».
146 3 Pour les entreprises non concernées par le règlement européen, le CNC
recommande l’application de la norme « IAS 19 » mais cela reste facultatif
(Recommandation n° 2003 R01 du CNC).
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

qu’ils servent à leurs affiliés (droits dits de base). En contrepartie,


l’entreprise et ses salariés cotisent selon le droit commun. Cependant,
une part des droits spécifiques au régime spécial reste à la charge de
l’entreprise qui doit donc être provisionnée.

Mutualisation limitée des risques et responsabilisation


de l’entreprise

L’adossement permet à l’entreprise de se libérer d’une partie de la charge


des « droits de base ». Ceux-ci sont désormais intégrés au régime général
au même titre que ceux de l’ensemble des salariés. Ainsi, la charge liée
à une dégradation de la démographie équivalente à celle de l’ensemble
du secteur privé est financée par les régimes de base et non plus par les
entreprises du régime spécial. En contrepartie, les cotisations salariales
et patronales s’alignent sur celles du droit commun, en terme de taux
(au 1er janvier 2006, les taux de cotisation s’élèvent pour le régime
général à 14,95 % sur le salaire en dessous du plafond de la Sécurité
sociale et à 1,7 % sur l’ensemble du salaire) et en terme d’assiette
(les primes sont réintégrées à l’assiette de cotisation). Il s’agit là de
mutualiser une partie des risques sans dégrader la situation financière du
régime général (cf. paragraphe suivant).
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Le second principe de la réforme est celui de la responsabilité des
entreprises : il consiste à garder à la charge des entreprises le
financement des droits spécifiques qu’elles accordent à leurs salariés. Il
s’agit d’une mise en conformité avec les règles européennes relatives à la
concurrence et aux aides d’État.

Neutralité financière pour le régime d’accueil

L’adossement d’un régime à un autre pose le problème de l’équité entre


les adhérents des deux régimes. L’article 79 de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2006 assoit « le principe de stricte neutralité
financière de l’opération pour les assurés sociaux du régime général ».

Il convient donc, lors de l’adossement, de préserver cette neutralité


financière :
– d’une part, d’un point de vue individuel, les droits acquis des salariés
du régime entrant au moment de l’adossement (actifs et retraités)
doivent être comparables à ce qu’ils auraient été si les salariés du
groupe avaient toujours été affiliés au régime général (cf. « Reprise des
droits passés », p. 150) ;
– d’autre part, d’un point de vue collectif, un droit d’entrée doit être
calculé qui permette de tenir compte de la dégradation éventuelle de
la situation du régime général résultant à court, moyen et long termes 147
de l’opération d’adossement. L’adossement ne saurait faire peser sur le
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

régime général et les régimes complémentaires obligatoires une charge


indue liée à une situation financière à réglementation identique plus
dégradée que celle des régimes de base (c’est le principe de neutralité)
(cf. « Principe de calcul de la soulte pour une intégration ou un
adossement », p. 154).

■ Distinction entre adossement et intégration

Du point de vue du régime général, le principe d’une intégration ou d’un


adossement est relativement proche : il s’agit pour le régime général de
reprendre à sa charge les droits passés et futurs des assurés d’un régime
spécial.

Cependant, le contexte juridique diffère : dans le cas d’une intégration,


le régime spécial disparaît et l’assuré (retraité ou encore en activité)
n’aura comme interlocuteur que le régime général.

Dans l’adossement, le régime spécial subsiste et reste le seul intervenant


auprès des assurés ; il prélève leurs cotisations et verse leur pension. Cela
signifie que le régime général, mais aussi les régimes complémentaires
(Agirc-Arrco), effectuent au régime spécial un versement global au titre
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des prestations qui seraient dues aux retraités du régime spécial s’ils
relevaient de ces régimes. De même, la caisse de retraite du régime
spécial sert d’intermédiaire pour le recouvrement des cotisations au titre
de l’Acoss et des régimes complémentaires (cf. schéma 1).

Schéma 1
Flux financiers entre les différents acteurs de l’adossement (hors soulte)

Agirc-Arrco
Pensions du Retraités IEG
« Équivalents prestations »
au titre des retraités IEG régime spécial

Cnieg

Cnav
« Rentes » ou
« équivalent pensions » Salariés et
au titre des retraités IEG Cotisations employeurs
des IEG

Acoss

Cotisations au titre
des salariés des IEG
148
Source : Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale (septembre 2005).
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Comme le régime spécial continue d’exister, il participe aux mécanismes


de compensation. À ce titre, il participe aux transferts financiers de la
compensation généralisée vieillesse et de la compensation spécifique
vieillesse (qui concerne uniquement les régimes spéciaux salariés). Il
reçoit ou verse selon sa situation démographique relative aux autres
régimes.

Dans le cadre d’un adossement, les assurés du régime spécial continuent


de liquider leur pension selon les règles de leur propre régime. En
revanche, le régime général leur ouvre des droits dès l’obtention du taux
plein, pour une durée d’assurance tous régimes suffisante, ou un âge
dépassant 65 ans. Tant qu’ils ne remplissent pas ces conditions, le régime
spécial leur sert leur pension dans sa globalité (c’est-à-dire à la fois la
part relevant du régime général, celle des régimes complémentaires et la
part de droits spécifiques) et il cotise pour eux au régime général et aux
régimes complémentaires sur la base de leur dernier salaire d’activité
revalorisé suivant les prix. Les assurés, retraités au régime spécial et
considérés comme actifs par le régime général, forment la catégorie des
préretraités (cf. schéma 2).

Schéma 2
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Décomposition d’une carrière d’un asuré d’un régime général adossé,
actif au moment de l’adossement

À partir de la date d’intégration, les assurés du régime intégré font partie


du régime général, leur départ en retraite est libre contrairement à un
adossement.

Les différences entre adossement et intégration ont quelques conséquences


sur le calcul des prestations. Un assuré ayant cotisé pour le régime général
et pour le régime spécial recevra du régime général deux pensions
calculées indépendamment dans un adossement et une unique pension
avec un Sam (salaire annuel moyen) calculé sur l’ensemble de la carrière
dans une intégration.

Dans une intégration, l’application des règles du régime général est


stricte : l’ensemble des majorations de pension sont prises en compte,
et la compensation démographique entre régimes de base est
obligatoirement à la charge du régime général. Dans l’adossement,
149
les règles à appliquer peuvent donner lieu à négociation : les majorations
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

de 10 % pour enfants peuvent être prises en compte ou non, la


compensation démographique peut être payée par le régime général ou
rester à la charge du régime spécial.

Tableau 1
Historique des intégrations de petits régimes spéciaux*

Cotisants Retraités Droit d’entrée Date

Crédit Foncier de France 3 694 1 414 0 01/01/1989

Agents de change 76 144 0 01/01/1989

C générale des eaux


ie
2 004 2 799 40 MF 01/01/1991

CLRT 5 116 28,6 MF 01/01/1998


(Chambre de commerce et + 119 radiés
d’industrie de Lille, Roubaix,
Tourcoing)

CCIP 3 698 2 576 10,5 M€ 01/01/2006


(Chambre de commerce + 1 289 radiés
et d’industrie de Paris)
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*À l’heure actuelle, le seul régime adossé au régime général est celui des IEG dont la description
de l’adossement est détaillée dans la dernière partie de l’étude.
Source : Cnav-Das.

Excepté ces différences dans l’organisation du régime, le principe d’une


intégration et d’un adossement reste identique du point de vue financier.
Par conséquent, le calcul du droit d’entrée reste le même (cf. « Principe
de calcul de la soulte pour une intégration ou un adossement », p. 154).

■ Reprise des droits passés

Au moment de l’adossement, le régime général doit reconstituer les


droits acquis au régime spécial selon des modalités propres. Cela
concerne, d’une part, l’ensemble de la carrière des retraités et, de l’autre,
les droits acquis jusqu’à la date d’adossement pour les autres assurés
(actifs ou radiés4).

Une solution aurait consisté à retracer la carrière de l’assuré comme s’il


avait toujours été assuré au régime général. Cependant l’historique des
salaires des assurés d’un régime spécial est rarement disponible, encore
moins pour les retraités, et l’opération serait très lourde à gérer. Aussi, il

150
4 Assuré qui n’est plus en activité pour le régime spécial mais qui n’a pas encore
liquidé ses droits.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

a été nécessaire de reconstruire des droits à partir d’informations


individuelles restreintes. Au régime général, il existe deux mécanismes
de reprise des droits passés : la rente garantie et le rétablissement dans
les droits.

Rente garantie

Dans la méthode en rente garantie, chaque adhérent du régime adossé


se voit reprendre ses droits sous la forme d’une rente garantie,
proportionnelle à son ancienneté dans le régime quitté, et à un salaire de
référence qui est le même pour tous les adhérents du régime. Pour les
actifs, les droits acquis ultérieurement dans le nouveau régime donneront
droit à une pension calculée indépendamment selon les règles du régime
général (cf. annexe A, p. 168).

Le salaire de référence représente en général le dernier salaire moyen des


actifs du régime spécial connu lors de l’adossement ou de l’intégration.
Il est cependant possible d’ajuster ce paramètre pour réduire ou
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augmenter les droits repris par le régime général (et modifier en
conséquence le droit d’entrée).

Cette méthode était appliquée à tous les assurés (retraités et actifs) dans
les intégrations des petits régimes spéciaux5. Elle a pour avantage d’être
facile à mettre en œuvre.

Toutefois, la rente calculée ne rend pas compte des efforts contributifs


individuels des adhérents. En effet, la rente est calculée à partir d’un
salaire de référence commun aux actifs et aux retraités. Le niveau de
salaire des assurés n’est jamais pris en compte, seule leur durée
d’assurance au régime spécial intervient. De plus, quelle que soit leur
durée d’assurance tous régimes, aucune décote n’est appliquée sur le
taux de liquidation. Cette méthode a ainsi tendance à favoriser les
assurés du régime spécial par rapport aux assurés du régime général.

Il est encore plus délicat d’appliquer la rente garantie à des actifs. En


effet, il s’agit d’une rente figée : lors de la liquidation de leur pension, les
assurés du régime intégré recevront cette rente revalorisée selon les prix
et une pension du régime général calculée sur les droits postérieurs à la

5 Crédit foncier de France, agents de change, Compagnie générale des eaux et


Chambre de commerce Lille-Roubaix-Tourcoing. L’intégration de la CCIP (Chambre
de commerce et d’industrie de Paris) a été négociée en juillet 2006 sur des bases 151
différentes (rente garantie pour les retraités, rétablissement dans les droits pour les
actifs).
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

date d’adossement. Le traitement des assurés du régime intégré et du


régime d’accueil est très inéquitable, au détriment des assurés initiaux du
régime général. Les réformes futures, notamment celle de 2003, n’auront
aucun effet sur le montant de la rente garantie (cf. schéma 3).

Schéma 3
Décomposition de la pension d’un assuré du régime spécial
en rente garantie

Rétablissement dans les droits

Afin de se rapprocher du mode de calcul de la pension au régime


général, la Cnav a proposé dans le cadre de l’adossement des IEG de
reconstituer les droits des assurés n’ayant pas encore liquidé leur pension
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au régime spécial suivant la méthode du rétablissement dans les droits,
méthode déjà existante au régime général.

La technique de rétablissement dans les droits nécessite de reconstituer


le compte initial de chaque assuré en reportant, pour chaque année
d’activité dans le régime spécial antérieure à la date d’adossement, le
dernier salaire annuel de référence6 (écrêté, le cas échéant, au niveau du
plafond de la Sécurité sociale en vigueur ladite année). Les périodes
postérieures à la date d’adossement sont renseignées annuellement selon
les règles du régime général.

À la date d’obtention du taux plein, la Cnav calcule un « équivalent-


pension » à partir des éléments suivants :

– le salaire annuel moyen (Sam) comprend les salaires rétablis (avant


l’adossement) et des salaires réels de l’assuré (après adossement) ;
– la durée totale d’assurance comprend la durée acquise au régime
spécial avant la date d’adossement et la durée future comprise entre la
date d’adossement et la date d’obtention du taux plein au régime
général (quelle que soit la date de liquidation au régime spécial).
152
6 Les primes sont comprises à la fois dans l’assiette de cotisation et dans le salaire
porté au compte.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Une fois la carrière reconstituée selon la méthode de rétablissement dans


les droits, les actifs du régime intégré et du régime d’accueil sont traités
équitablement : le calcul de la pension des assurés du régime intégré
s’effectuant au moment de la liquidation avec des règles identiques à
celles appliquées aux assurés du régime général. Ainsi les assurés du
régime intégré seront concernés par les réformes futures pour l’ensemble
de leur carrière (contrairement à la rente garantie) (cf. schéma 4).

Schéma 4
Décomposition de la pension d’un assuré du régime spécial
en rétablissement dans les droits

Cette méthode se rapproche plus d’une pension d’un assuré du régime


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général. Toutefois, il ne s’agit pas d’une vraie carrière. En effet, elle ne
représente pas véritablement une carrière réelle puisque le dernier
salaire en euros constants est comparé au plafond en euros courants.
Quel que soit le dernier salaire de l’assuré, sa carrière reconstruite
atteindra plus ou moins rapidement le plafond (cf. graphique 1).

Graphique 1
Exemple d’une carrière rétablie dans les droits (en euros courants)

153
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Principe de calcul de la soulte


pour une intégration ou un adossement
Le calcul d’un droit d’entrée compense une dégradation éventuelle de la
situation du régime d’accueil à la suite d’adossement ou d’une
intégration. Conformément au principe d’équité, ce calcul s’appuie sur
une comparaison des situations du régime d’accueil hors et avec
adossement. Par conséquent, ce droit d’entrée ne correspond pas
forcément au montant brut du déficit technique prévisible du groupe
adossé, dans la mesure où la situation du régime d’accueil prise comme
référence peut déjà induire un déséquilibre avec les règles de
fonctionnement envisagées. En d’autres termes, tout adossement induit
structurellement des déficits supplémentaires si le régime d’accueil est
déjà déficitaire.

Deux méthodes sont envisageables qui ont été expertisées et mises en


œuvre par la Cnav :
– la méthode de l’indicateur de charge, jusque-là utilisée pour les
intégrations de petits régimes mais qui comporte des limites compte
tenu de la taille du régime des IEG et de ses caractéristiques
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démographiques. En outre, il mutualise les deux régimes dès la date de
basculement sans tenir compte des évolutions futures ;
– la méthode en projection jusque-là non utilisée par le régime
général compte tenu de la taille des régimes intégrés dans le passé,
mais proche de la méthode utilisée par les régimes complémentaires.
Elle a le mérite de prendre en compte l’évolution future de la situation
financière des régimes. En revanche, elle implique de choisir différentes
hypothèses de projection. Au terme de celle-ci (vingt-cinq ans), on
accepte la mutualisation complète des deux régimes.

■ Méthode historique de l’indicateur de charge

La méthode de l’indicateur de charge est fondée sur la comparaison des


indicateurs de charge du régime spécial et du régime général. Il s’agit des
rapports entre la charge des droits acquis et les cotisations de l’année
d’adossement. La charge des droits acquis représente les engagements de
chaque régime, c’est-à-dire la somme des pensions7 qui devront être
versées dans le futur sur la base des droits acquis. Pour les retraités, ces
droits acquis sont égaux au montant de la pension qu’ils perçoivent
jusqu’à leur décès puisqu’ils ont achevé leur carrière professionnelle.

154
7 Non actualisée.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Pour les salariés, les droits acquis sont déterminés en fonction de la


carrière professionnelle qu’ils ont accomplie jusqu’à la date du calcul :
ces droits acquis sont égaux au montant de la pension que percevraient
les salariés s’ils partaient en retraite immédiatement mais leur retraite
sera servie à l’âge d’ouverture des droits. Il est à noter que la charge des
droits acquis correspond aux calculs des engagements retraite selon la
méthode autorisée par la norme IAS 19, méthode également utilisée pour
le calcul des engagements financiers au titre des retraites des
fonctionnaires de l’État (cf. annexe D, p. 174).

Le droit d’entrée est alors calculé pour que l’indicateur de charge du


régime d’accueil ne soit pas modifié par l’adossement du régime. Dans
le calcul, le droit d’entrée est soustrait à la charge de droits acquis
apportés par le régime intégré (cf. annexe C, p. 173).

Cette méthode présente de nombreuses limites. Ainsi, elle calcule un


droit d’entrée à partir des rapports de charge instantanés. On ne
considère que les droits acquis au moment de l’adossement et la
capacité contributive de cette même année. Malgré un correctif d’âge,
l’évolution future du régime intégré n’est pas prise en compte. Or, si la
situation financière du régime intégré se dégrade, le coût de
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l’adossement pour le régime général sera supérieur au coût calculé par
l’indicateur de charge.

La méthode de l’indicateur de charge ne reflète qu’imparfaitement le


coût réel de l’adossement. Des correctifs interviennent pour pallier ces
carences : le correctif d’âge qui prend en compte l’âge moyen des
cotisants de chaque régime, le coefficient de conversion afin de
comparer des charges prospectives avec des cotisations instantanées et le
modulateur de compensation qui vise à représenter l’impact financier de
la compensation généralisée vieillesse8. Cependant ces correctifs sont
très théoriques. Ainsi le correctif d’âge est estimé en supposant que le
régime intégré est un régime stabilisé permanent. Il s’agit d’une
hypothèse très forte, en particulier pour un régime d’entreprise. L’emploi
de ces correctifs entraîne un manque de clarté de la méthode.

L’introduction du rétablissement dans les droits, droits repris qui


nécessitent une projection de salaire, a conduit la Cnav à adopter une
nouvelle méthode de calcul de la soulte.

155
8 La méthode de l’indicateur de charge et le rôle respectif des correctifs sont décrits
plus précisément dans Tourne et Delarue (1994).
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Méthode prospective

Depuis l’adossement des IEG, le calcul du droit d’entrée se fait par la


méthode prospective, méthode proche de celle retenue par les régimes
complémentaires. Elle permet de prendre en compte l’évolution future
de la situation financière des régimes.

L’indicateur retenu pour évaluer la santé d’un régime est le rapport de


charge, c’est-à-dire le rapport entre les prestations9 et les cotisations
d’une année. Un rapport de charge égal à 1 signifie que le régime
équilibre parfaitement ses cotisations et ses prestations. S’il est supérieur
à un, les prestations ne sont plus couvertes par les cotisations, et le
régime est en difficulté.

Pour l’adossement au régime général, la soulte est calculée de telle


sorte que le rapport de charge (prestations/cotisations) du régime général
ne soit pas dégradé par l’entrée du régime accueilli. Pour ce faire, le
rapport de charge de chaque régime est comparé sur une période de
vingt-cinq ans. Si le rapport de charge du régime adossé est plus élevé
que celui du régime général, la soulte compensera cet écart de niveau.
Dans cette comparaison, le rapport de charge du régime adossé est
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calculé comme si le régime adossé fonctionnait avec les mêmes règles
que le régime général : mêmes prestations, mêmes conditions de départ
à la retraite pour partir au taux plein, mêmes cotisations. Le rapport de
charge du régime adossé intègre également le ratio démographique de ce
régime comme s’il fonctionnait comme le régime général.

Pour éviter qu’un adossement ne mette à contribution les assurés du


régime général, il convient de choisir un terme de projection suffisant, de
s’entourer d’une expertise sur l’évolution du secteur d’activité du régime
adossé, de mesurer le cas échéant différents scénarios et de veiller à ce
que les modalités de versement de la soulte soient satisfaisantes
(garantie, intérêts de retards en cas de non versement dans les délais…).

La convention entre la Cnav et la Cnieg définit ainsi le calcul de la soulte.


Le montant de la soulte est calculé selon la méthode « prospective »
établie comme suit :
– les prestations et les cotisations du régime général d’une part, et celles
du régime spécial IEG fonctionnant suivant les règles du régime
général telles que définies dans la présente convention d’autre part,
sont projetées sur un horizon de vingt-cinq ans ;

156
9 Prestations : droits passés acquis au moment de l’adossement et droits futurs
acquis après l’adossement.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

– un taux de validation ne donnant pas lieu au versement d’une soulte


des prestations versées aux assurés IEG est calculé de telle sorte que le
rapport de charge entre les prestations et les cotisations calculées sur
toute la période de projection du régime général ne soit pas dégradé
par l’adossement. Ce taux de validation, appliqué aux projections de
prestations du régime IEG, définit une prestation de référence. Le
supplément de prestations versé par la Cnav correspond à un droit
d’entrée annuel, avant prise en compte de la compensation et avant
actualisation.

On cherche ainsi à neutraliser l’effet de l’adossement sur le rapport de


charge du régime d’accueil, effet que l’on mesure sur un horizon de
vingt-cinq ans (identique à celui des régimes complémentaires). Le droit
d’entrée se voit alors comme la somme actualisée des compensations
nécessaires chaque année pour maintenir ce rapport de charge.

Le rapport de charge est égal aux prestations totales (relevant des droits
passés et futurs) de l’année divisées par les cotisations (actifs et
préretraités pour le régime adossé) de l’année.

On calcule alors un coefficient de référence global10 :


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∑t prestation RG (t) ∑t prestation RS (t)
Coefficient de référence =
∑t cotisation RG (t) ∑t cotisation RS (t)
Prestation de référence (t) = coefficient de référence x prestation RS (t)

La prestation de référence équivaut à la prestation maximale qui peut


être servie sans dégrader le rapport de charge du régime général. Pour un
adossement au 1er janvier 2005, le droit d’entrée avant actualisation et
avant compensation s’exprime :

2029
Sans actualisation = ∑ prestations RS (t) - prestation de référence (t)
t = 2005

2029
1
Actualisé = ∑ prestations RS (t) - prestation de référence (t) x
t = 2005 (1 + i ) t − 2005

157
10 Et non un rapport calculé chaque année de projection : c’est une façon de lisser
l’opération qui peut ne pas être neutre suivant la chronique des rapports annuels.
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Paramètres techniques pour la méthode prospective

Période de référence
L’horizon de projection est de vingt-cinq ans, période de référence
également prise en compte pour la comparaison des rapports de
charge lors des intégrations dans les régimes complémentaires
(cf. « Comparaison avec la méthode des régimes complémentaires »,
p. 160). Cette période permet à la fois d’estimer les comportements
relatifs des régimes pendant la montée en charge des évolutions
démographiques importantes (2015-2030), tout en restant dans des
limites acceptables pour les projections des ressources qui dépendent
d’hypothèses sur l’emploi et les salaires. Retenir un horizon plus éloigné
aurait accru les marges d’incertitudes entourant les résultats.

Taux d’actualisation
Le choix du taux d’actualisation n’a pas été normé et reste un paramètre
de négociation avec les ministères de tutelle et le régime adossé.
L’hypothèse actuarielle relative au taux d’actualisation a un effet
important : plus le taux d’actualisation est fort, moins le droit d’entrée sera
élevé. Un taux d’actualisation faible permet de prémunir contre le risque
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de long terme. Ce taux d’actualisation traduit la valeur temps de l’argent
mais il ne traduit ni le risque actuariel ni le risque de placement. Le taux
d’actualisation reflète le calendrier estimé de versement des prestations.

Dans les normes IAS, « le taux à appliquer pour actualiser les obligations
au titre des avantages postérieurs à l’emploi (que ceux-ci soient financés
ou non) doit être déterminé par référence à un taux de marché à la date
de clôture fondé sur les obligations d’entreprises de première catégorie.
Dans les pays où ce type de marché n’est pas actif, il faut prendre le taux
(à la clôture) des obligations d’État. La monnaie et la durée des
obligations d’entreprises ou des obligations d’État doivent être
cohérentes avec la monnaie et la durée estimée des obligations au titre
des avantages postérieurs à l’emploi. » Concernant une caisse de retraite
gérant un régime obligatoire, la référence peut être le taux des OAT
(obligation assimilable du Trésor) indexées. Au 30 décembre 2005, celui-
ci s’élevait à 1,4 % pour les OATi (obligation assimilable du Trésor
indexée sur l’inflation) à trente ans (taux réel) alors qu’au 31 décembre
2004, il s’élevait à 1,9 %.

Lors de l’adossement de la Cnieg, la Cnav a retenu un taux


d’actualisation de 2,5 % (hors inflation), en cohérence avec le taux
retenu par les régimes complémentaires11 pour le même adossement et

158
11 Les régimes complémentaires ont retenu 2,25 % pour l’adossement du régime
des IEG.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

par les entreprises pour l’évaluation de leurs engagements en 2005. La


Cnav est en train de se doter d’une méthode sur la détermination du taux
d’actualisation.

Prise en compte de la compensation


Des mécanismes de compensation ont été introduits dès 1974 pour
« remédier aux inégalités provenant des déséquilibres démographiques
et des disparités de capacités contributives entre les différents régimes ».
Le régime général vieillesse participe uniquement à la compensation
généralisée vieillesse. L’intégration d’un régime spécial au régime
général modifie l’équilibre démographique du régime et donc ses
transferts de compensation. Dans un adossement, il a été décidé que
le régime spécial continuait de participer aux mécanismes de
compensation. La Cnav a conservé le même principe pour un
adossement et une intégration et a tenu compte des conséquences sur les
transferts de compensation dans le calcul du droit d’entrée.

Pour le calcul du droit d’entrée, un taux de validation gratuite est calculé


de telle sorte que le rapport de charge entre les prestations et les
cotisations calculé sur toute la période de projection du régime général
ne soit pas dégradé par l’adossement.
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Le même principe est utilisé pour la compensation. Seul le rapport de
charge est modifié, il s’agit ici du montant des compensations du régime
général divisé par la masse de ses cotisations. Ainsi, le régime général
reprend gratuitement les montants de compensations du régime spécial
à hauteur du rapport entre son montant de compensation et ses
cotisations. Si le régime général paie x % de ses cotisations en
compensation, alors il reprend gratuitement la compensation du régime
spécial à hauteur de x % x cotisations régime spécial (ce montant
correspond à la compensation de référence) (cf. schéma 5).

Schéma 5
Transfert de compensation annuel en % des cotisations

159
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

Si le régime général payait la compensation, le régime spécial


devrait payer en droit d’entrée la différence entre ses montants de
compensations dus et la compensation de référence. Ce droit s’ajoute
au droit d’entrée hors compensation déterminé dans l’étape précédente
(cf. « Méthode prospective », p. 156).

Or la compensation généralisée vieillesse reste à la charge du régime


spécial. Par conséquent, comme le régime général reçoit toutes les
cotisations du régime spécial, le régime général prend gratuitement la
compensation de référence qui est ôtée du droit d’entrée hors
compensation.

Hypothèses de simulation du régime spécial

Données exogènes
• Évolution du salaire moyen par tête (calage avec les hypothèses du Cor).
• Table de mortalité : les tables de mortalité utilisées pour les projections sont les tables
prospectives Insee 2001 qui comprennent une distinction homme-femme (tables de
référence pour les projections du Cor). Elles sont utilisées pour le régime adossé et le
régime général.
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Données du régime spécial (transmises par celui-ci)
• Évolution des effectifs de cotisants.
• Structure démographique des nouveaux entrants.
• Profil de carrière des salariés.
• Loi de départ en retraite au régime spécial.
• Taux de turn-over.
• Nombre d’enfants.

■ Comparaison avec la méthode des régimes


complémentaires
Les régimes complémentaires sont les premiers à avoir développé une
technique prospective pour l’intégration de régimes spéciaux. Si la Cnav
s’en est inspirée, les deux méthodes restent toutefois distinctes. La
comparaison sur vingt-cinq ans du rapport de charge du régime intégré
et du régime d’accueil (les calculs sont faits indépendamment pour
l’Arrco et l’Agirc) conditionne la validité des droits. Si le rapport de
charge du régime intégré est globalement inférieur ou égal à celui du
régime d’accueil, les services passés acquis dans le régime intégré sont
entièrement validés. Dans l’hypothèse inverse, les droits acquis des
actifs, des retraités et des radiés font l’objet d’un abattement calculé de
160 telle façon que la neutralité de l’opération d’intégration soit assurée sur
l’horizon de projection (vingt-cinq ans actuellement).
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Le régime intégré a le choix entre un abattement de ses droits repris ou


la validation totale des droits moyennant le versement d’une contribution
de maintien des droits. Son montant correspond au surcoût viager sur les
pensions actuelles et futurs découlant des droits repris (c’est-à-dire hors
droits acquis après la date d’intégration).

L’application d’une telle méthode est plus difficile au régime général.


En effet les droits acquis aux régimes complémentaires sont exprimés
sous forme de points. Il est donc aisé d’appliquer des taux de validation.
Le régime général est un régime à prestations définies, dont le montant
des droits est connu uniquement au moment de la liquidation, d’où une
difficulté accrue d’une part à déterminer des droits passés, d’autre part à
réduire proportionnellement ces droits. C’est pourquoi il a été préféré
une méthode où droits futurs et droits passés ne sont pas distingués.

Dans la méthode prospective du régime général, on peut cependant


noter que le choix du salaire de référence pour le calcul de la rente
garantie des retraités au moment du basculement est un paramètre qui
permet de limiter la soulte (pour la RATP, un salaire de référence à 70 %
du plafond de la Sécurité sociale sous certaines hypothèses peut
conduire à une soulte nulle).
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■ Adossement du régime spécial
des IEG
Le régime de retraite des industries électriques et gazières (IEG)12 est
le premier régime spécial à être adossé au régime général, depuis le
1er janvier 2005. Cet adossement s’inscrit dans un contexte particulier
avec l’ouverture du capital d’EDF (novembre 2005) et de GDF (juillet
2005) qui oblige les entreprises à appliquer les normes IFRS, soit une
provision qui se serait élevée à 90 milliards d’euros (cf. « Normes IFRS »,
p. 146).

12 Outre EDF et Gaz de France, la branche des industries électriques et gazières


regroupe plus de 140 autres organismes de nature diverse (établissements publics, 161
sociétés anonymes, sociétés d’économie mixte, régies, sociétés d’intérêt collectif
agricole d’électricité, etc.).
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Conditions techniques de l’adossement


du régime spécial des IEG
La loi du 9 août 2004 relative au service public de l’électricité et du gaz
et aux entreprises électriques et gazières a notamment créé une Caisse
nationale des industries électriques et gazières (Cnieg) chargée de la
gestion du régime spécial et des risques vieillesse, arrêts de travail,
maladies professionnelles, invalidité et décès.

Tableau 2
Bilan démographique et financier de la Cnieg (effectifs au 1er juillet de
chaque année et montants en millions d’euros)

2003 2004 % 2005 % 2006 %

Cotisants vieillesse 145 648 144 453 - 0,8 143 008 - 1,0 141 578 - 1,0
Bénéficiaires vieillesse 149 415 149 157 - 0,2 148 993 - 0,1 149 670 0,5
Vieillesse droit direct 107 548 107 517 0,0 107 514 0,0 108 216 0,7
Vieillesse droit dérivé 41 867 41 640 - 0,5 41 479 - 0,4 41 454 - 0,1
Bénéficiaires invalidité 1 056 1 085 2,7 1 116 2,9 1 133 1,5
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Invalidité droit direct 1 056 1 085 2,7 1 116 2,9 1 133 1,5
Invalidité droit dérivé 0 0 - 0 - 0 -

Produits 3 353,7 3 469,3 3,4 5 550,1 60,0 5 661,4 2,0


dont cotisations 3 070,6 3 238,0 5,5 3 339,3 - 27,8 2 446,0 4,6

Poids des cotisations dans


l’ensemble des produits 91,6 % 93,3 % 42,1 % 43,2 %

Charges 3 353,5 3 469,3 3,5 5 550,0 60,0 5 661,4 2,0


dont prestations 3 185,6 3 292,5 3,4 3 454,2 4,9 3 503,4 1,4

Poids des prestations dans


l’ensemble des charges 95,0 % 94,9 % 62,2 % 61,9 %

Résultat net 0,3 0,0 0,0 0,0

Source : Direction de la Sécurité sociale (SDEPF/6A).

Une convention financière a été conclue entre la Cnieg, la Cnav et


l’Acoss conduisant à un adossement financier de cette caisse au régime
général pour la partie des droits des salariés des IEG qui lui incombe.
Cette convention précise les conditions techniques de cet adossement :
– pour les retraités de droit direct du régime spécial remplissant les
conditions du taux plein au sens du régime général : la reprise des droits
au titre du passé se fait selon la méthode rente garantie avec un salaire
162 de référence équivalent au plafond de la Sécurité sociale en 2004 ;
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

– pour les autres assurés, la reprise des droits au titre du passé se fait
selon la méthode du rétablissement dans les droits, qui contribue au
calcul d’un « équivalent pension » ;
– concernant les pensions de réversion, seuls les titulaires d’une pension
avant le 1er janvier 2005 se verront attribuer une rente garantie (même
salaire de référence que les retraités de droit direct) ; les droits futurs
ne sont pas couverts par le régime général ;
– l’ensemble des assurés IEG peut bénéficier des majorations pour enfant
(10 % du montant de la pension). Ces majorations sont intégralement
financées par le FSV.

Le montant de la soulte a été fixé conformément à la méthode


prospective (cf. p. 156) à 7 649 milliards d’euros13, exprimé en euros
2005 et actualisé au taux réel de 2,5 %.

Tableau 3
Adossement de la Cnieg aux régimes de droit commun

Cnav Agirc-Arcco
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Alignées sur le droit commun Alignées sur le droit commun
• 14,75 % sur le salaire plafonné • 7,5 % pour l’Arrco
• 1,7 % sur le salaire total • 20 % pour l’Agirc sur la
Cotisations libératoires
tranche B et C du salaire
• 2 % ou 2,2 % selon le niveau
de salaire pour l’AGFF

Pour les retraités, rente garantie Reprise de :


sur la base de 100 % du plafond • 54,8 % des droits à l’Arrco
Validation des droits de la Sécurité sociale 2004. • 94,7 % des droits à l’Agirc
Rétablissement dans les droits
pour les autres assurés.

7,7 milliards d’euros. Pas de soulte.


Mais une clause de « revoyure »
en 2010 qui peut aboutir à un
Soulte versement de soulte.
Participation aux réserves
techniques et au fonds de
gestion.

163
13 Ce montant aurait été de 9 Md€ si la majoration enfants de 10 % n’avait pas été
prise en charge par le FSV.
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

Graphique 2
Projection des prestations servies par le régime général aux assurés des
IEG (en millions d’euros 2005)

Source : Cnav-Das.
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Le graphique 2 représente la projection des prestations servies par la
Cnav aux assurés des IEG, estimée lors du calcul de la soulte. La
prestation de référence équivaut à la prestation maximale qui peut être
servie sans dégrader le rapport de charge du régime général. La
différence entre ces deux courbes génère le droit d’entrée. On constate
que la masse de prestations de référence est supérieure à la masse des
cotisations : le droit d’entrée est inférieur à la somme des déficits
cumulés sur vingt-cinq ans. En effet, selon les hypothèses retenues, le
régime général est déficitaire quasiment tout au long de la projection,
son rapport de charge (prestations/cotisations) sur la période s’élève à
1,1. Le régime des IEG est relativement encore plus déficitaire, son
rapport de charge étant de 1,6. Ainsi, le rapport des rapports de charge
est égal à 70 %, le régime général reprend « gratuitement » une partie du
déficit des IEG. Si la courbe des prestations de référence suivait celle des
cotisations, le droit d’entrée pourrait être égal à la somme des déficits
cumulés sur vingt-cinq ans.

Le montant de la soulte est très sensible aux évolutions démographiques


du régime spécial, en particulier sur les effectifs de cotisants. Une
baisse des cotisants en début de période modifie le rapport de charge
de l’ensemble de la période. Ainsi une réduction des effectifs de 2 % en
2005 et 2006 au lieu de 1 % dans le scénario central entraîne une
164 augmentation de la soulte de l’ordre de 4 % (cf. tableau 4).
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Tableau 4
Sensibilité de la soulte des IEG aux scénarios d’effectif de cotisants

Évolution des effectis des IEG Effet sur le montant de la soulte

- 2 % jusqu’en 2004, - 1 % 2005-2010, puis 0 % Référence

- 2 % jusqu’en 2004, puis 0 % - 11 %

- 2 % jusqu’en 2006, - 1 % 2007-2010, puis 0 % +4%

■ Versement de la soulte

Il a été convenu que le versement de la soulte IEG (la soulte est


de 7,649 milliards d’euros) comprenait un versement en capital de
3,06 milliards (40 % de la soulte) géré par le FRR et un versement
échelonné sur vingt ans (pour les 60 % restant de la soulte) versé
directement à la Cnav.

Le tableau E4 (cf. annexe E, p. 178) présente la projection du déficit du


régime des IEG, la projection du droit d’entrée ainsi que le versement
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échelonné de la Cnieg.

Le versement de la Cnieg comprend un versement initial de 40 %


de la soulte en colonne 9 du tableau E4 (p. 178), via le FRR puis
un versement échelonné direct à la Cnav sur 20 ans en colonne 11.
Ces versements échelonnés ont été estimés afin d’obtenir un montant
annuel constant exprimé en euros constants (2005). La somme actualisée
de ces versements est égale au montant du droit d’entrée restant dû
(4,589 milliards d’euros). Le versement annuel est de 287 milliards
d’euros en 2005. Il sera revalorisé chaque année suivant l’inflation. Les
montants annuels sous l’hypothèse d’une inflation de 2 % par an sont
exprimés dans la colonne 12.

Le droit d’entrée (non actualisé colonne 7) ne correspond pas au montant


du déficit (non actualisé colonne 4) du régime des IEG pris en charge par
le régime général, dans la mesure où le calcul d’un droit d’entrée
compense une dégradation éventuelle de la situation du régime général
suite à l’adossement du régime des IEG. Or, la situation du régime
général prise comme référence induit déjà un déséquilibre.

On constate que le versement échelonné sur vingt ans de la Cnieg ne


couvre pas annuellement le coût de l’adossement, c’est-à-dire le
montant de la soulte (la différence est inscrite en colonne 14). Ainsi
pendant quinze ans, le régime général accumule chaque année un
déficit, qui passe de 47 à 145 millions d’euros entre 2005 et 2019
165
(montants exprimés en euros 2005).
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Financement du régime spécial des IEG

Les principales ressources de la Cnieg sont constituées par :


– les cotisations salariales et patronales destinées à couvrir les
prestations de retraite de base et le financement des prestations autres
que la vieillesse, assurées par la Caisse. Un complément de cotisation
retraite employeurs, par rapport au taux de droit commun, est prévu
pour compenser la différence avec les cotisations dues au régime
général et aux régimes de retraite complémentaire ;
– la contribution tarifaire essentiellement destinée au financement des
droits spécifiques passés afférents aux activités régulées ;
– les versements des entreprises destinés au financement des droits
spécifiques passés afférents aux activités concurrentielles ;
– les reversements des entreprises destinés à couvrir pour l’essentiel
les droits spécifiques constitués après la réforme (après le 31 décembre
2004) ;
– les versements du régime général (Cnav) et des régimes
complémentaires pour les droits de base « adossés » à ces régimes.
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Tableau 5
Architecture du financement du régime spécial des IEG

Droits passés Droits futurs

Activités concurrentielles
Droits constitués
Droits spécifiques ➯ entreprises
après le 31 décembre 2004
régime spécial Activités régulées
➯ entreprises
➯ contribution tarifaire

Différence entre cotisations perçues et cotisations dues


au régime général et aux régimes complémentaires
sur l’assiette de droit commun

➯ contribution complémentaire des employeurs


Droits de base

Prestations de retraite de base (régime général/Cnav)


et complémentaires (Arrco/Agirc)

➯ cotisations salariales et patronales

166
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

En application de la réforme, l’engagement de 89 milliards d’euros au


titre des « droits passés » (c’est-à-dire des droits correspondant aux
périodes validées au 31 décembre 2004) se décompose, selon les
estimations des IEG, comme suit :
– 51 milliards pour les droits de base, c’est-à-dire la partie des
engagements couverte par les régimes de retraite du droit commun
(régime général et régimes complémentaires) ;
– 23 milliards pour les droits spécifiques correspondant aux activités
régulées (le transport et la distribution du gaz et de l’électricité) des
entreprises de la branche ;
– 15 milliards pour les droits spécifiques correspondant aux activités non
régulées, c’est-à-dire concurrentielles, des IEG.

■ Conclusion

L’adossement d’un régime spécial au régime général et aux régimes


complémentaires permet l’harmonisation des retraites de base au régime
de droit commun. Les entreprises souhaitant conserver des avantages
plus généreux que les régimes de base doivent assumer les charges en
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résultant.

On peut se demander comment ces régimes spéciaux pourront continuer


à assumer ces charges de droits spécifiques sans envisager une réforme.

Nous sommes encore loin du principe d’unification de l’esprit de 1945 :


les droits spécifiques ouverts aux salariés des entreprises publiques ne
sont pas mis en cause et l’adossement financier implique la création de
nouvelles caisses de sécurité sociale.

Cependant, cette étape, en séparant la part régimes de droit commun


(base et complémentaire) des droits spécifiques, rend possible le suivi de
ces droits spécifiques et de leur coût, donc la mise en perspective et leur
éventuelle révision.

167
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Annexes

■ Annexe A – Les pensions du régime général

L’âge légal minimal de liquidation est de 60 ans, sauf dérogation pour les
assurés éligibles à la retraite anticipée. Les pensions calculées comme
suit sont éventuellement portées au niveau du minimum contributif.

La pension de vieillesse P du régime de base, hors invalides et inaptes,


sera calculée en fonction du nombre d’annuités validées par la personne,
selon la formule :
P = 50 % x (1- δn) x d/D) x Sam
si la durée d’assurance tous régimes est inférieure ou égale à 160 trimestres
P = 50 % x (1-αn) x Minimum (1 , d/D) x Sam
si la durée d’assurance tous régimes est supérieure ou égale à 160 trimestres

• Le salaire de référence : le Sam est le salaire annuel moyen, dans la


limite du plafond de la Sécurité sociale (2432 € mensuels en 2003).
Moyenne des 10 meilleures années jusqu’en 1993, il est
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progressivement porté aux 25 meilleures années à l’horizon 2008.
Depuis la fin des années quatre-vingt, les salaires sont reportés suivant
un indice proche de l’inflation.

• Le « taux plein » de 50 % est le taux de liquidation maximal de la


pension. Il est atteint lorsque la durée d’assurance tous régimes est au
moins égale à la durée légale (160 trimestres en 2004), ou lorsque le
liquidant a au moins 65 ans.

• La décote (1re formule) : α est le taux de décote de la pension, ramenée


de 2,5 % en 2003 à 1,25 % par trimestre manquant (noté n) en 2013.
n est le nombre de trimestres manquants pour atteindre la durée
d’assurance tous régimes ouvrant droit au taux plein, ou s’il est
inférieur, le nombre de trimestres manquants pour atteindre 65 ans
(soit 20 au maximum).

• d, exprimée en trimestres, est la durée d’assurance validée au seul


régime général (d n’est donc égal à la durée tous régimes que pour une
personne ayant été affiliée au régime général tout au long de sa
carrière ; sinon il est inférieur). Le ratio d/D exprime la proratisation de
la pension servie au retraité par le régime général en fonction du
nombre de trimestres validés dans ce régime. La durée D, égale à
150 trimestres en 2003, sera progressivement portée à 160 trimestres à
168 l’horizon 2008.
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

• Surcote écrêtée (2e formule) : δ est le taux de surcote de la pension,


applicable le cas échéant à partir de 60 ans pour les personnes ayant
validé au moins le nombre de trimestres légal et continuant de
travailler. Il s’agit d’une majoration de la pension de 0,75 % par
trimestre (noté n) effectivement cotisé à partir du 1er janvier 2004,
accompli au-delà de l’âge de 60 ans et de la durée d’assurance
nécessaire pour obtenir le taux plein.

• Retraite avant 60 ans pour les carrières particulièrement longues : il


s’agit là d’une dérogation à l’âge minimal de liquidation des pensions
(60 ans). Cette mesure concerne les assurés ayant débuté leur carrière
avant 17 ans et dont la durée de cotisation, en plus d’un éventuel
service militaire, est particulièrement longue. Ceux-ci se voient
accorder le droit de liquider dès 2004 leur retraite entre 56 et 59 ans,
selon des barèmes de calcul de la pension propres à leur génération.
Par ailleurs, les assurés handicapés réunissant au moins 30 ans de
cotisation effective sous des conditions de handicap lourd auront le
droit de liquider leur retraite à partir de 55 ans.

• Hausse des minima : la réforme modifie le calcul du minimum


contributif, dont le montant est établi en fonction des durées
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d’assurance cotisées et non cotisées. Les revalorisations du minimum
contributif doivent garantir, en 2008 et pour une carrière entièrement
cotisée au Smic, une pension tous régimes au moins égale à 85 % du
Smic net.

• Revalorisation des pensions : la revalorisation des pensions, des


minima (y compris le minimum vieillesse) et des salaires reportés au
compte suivra strictement l’inflation, à moins que le Parlement
n’accepte les éventuelles dérogations à ce principe proposées par la
conférence, réunissant sur ce sujet, tous les trois ans, les partenaires
sociaux et le gouvernement.

Source : Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale


(septembre 2005).

169
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170
Montant des
Nombre de bénéficiaires (hors invalidité) Nombre Rapport Montant Montant
prestations %
de cotisants des charges des produits
Régimes sociales en 2004 prestations/
cotisants actifs/ en 2004 en 2004
Total Total en % Droit direct Droit dérivé (M€) charges
actifs bénéficiaires (M€) (M€)
y.c. invalidité
Cnav 10 747 400 52,4 1 792 906 826 863 16 530 600 1,5 75 730 75 985 67 781 89,5
Salariés agricoles 2 323 319 11,3 1 842 486 530 413 684 088 0,3 5 101 5 106 4 815 94,4
Exploitants agricoles 1 909 278 9,3 1 386 734 66 792 627 212 0,3 8 802 8 816 8 408 95,5
Tableau B1

Fonctionnaires 1 741 362 8,5 1 741 362 354 628 2 465 473 1,4 35 831 35 831 33 867 94,5
Organic 954 650 4,7 745 000 209 650 663 550 0,7 3 379 3 367 3 027 89,6
RETRAITE

Cancava 753 540 3,7 525 530 228 010 524 863 0,7 2 647 2 686 2 314 87,4
CNRACL 595 183 2,9 536 216 58 967 1 815 983 3,1 12 032 12 255 8 927 74,2
ET

CANSSM 376 558 1,8 217 836 158 720 15 837 0,0 2 118 2 069 1 891 89,3
SNCF 305 108 1,5 191 760 113 348 172 675 0,6 4 566 4 566 4 516 98,9
CNAVPL 180 110 0,9 142 622 37 488 502 569 2,8 1 048 1 117 643 61,4
IEG 149 157 0,7 107 517 41 640 144 453 1,0 3 283 3 283 3 102 94,5
ENIM 118 101 0,6 72 761 45 340 40 533 0,3 1 074 1 022 1 029 95,8
FSPOEIE 88 371 0,4 62 965 25 406 57 617 0,7 1 589 1 604 1 577 99,2
Cavimac 65 159 0,3 64 731 428 17 769 0,3 256 255 227 88,7
CRPCEN 50 800 0,2 43 614 7 186 43 266 0,9 526 542 512 97,2
RATP 43 834 0,2 30 631 13 203 43 645 1,0 736 736 698 94,9
SOCIÉTÉ / N° 49

FSAVCF (ex. CAMR) 14 097 0,1 7 110 6 987 0 0,0 113 162 104 92,2
Banque de France 14 347 0,1 11 283 3 064 15 182 1,1 265 265 260 98,1
Seita 8 235 0,0 6 360 1 875 1 958 0,2 150 151 150 99,8
CNBF 8 220 0,0 4 980 3 240 41 680 5,1 142 156 62 43,3
CCIP 2 638 0,0 2 181 457 3 808 1,4 47 41 47 98,5
OCTOBRE

Opéra de Paris 1 477 0,0 1 151 326 1 700 1,2 19 20 19 97,2


Comédie-Française 360 0,0 270 90 342 1,0 4 4 4 98,0
SASV 68 570 0,3 68 570 0 0 0,0 477 478 463 97,1
2006

Sous-total : 23 régimes 9 772 474 47,6 7 865 216 1 907 258 7 885 203 0,8 84 206 84 533 76 659 91,0
TOTAL : 24 régimes de base 20 519 874 100,0 17 785 757 2 734 121 24 415 803 1,2 159 936 160 518 144 439 90,3
Agirc 2 017 867 - 1 524 246 493 621 3 593 478 1,8 17 300 18 630 16 248 93,9
Poids démographique et financier des régimes vieillesse en 2004

Arrco 10 669 848 - 7 693 031 2 976 817 17 740 000 1,7 35 573 41 028 31 098 87,4
Ircantec 1 565 494 - 1 272 560 292 934 2 450 000 1,6 1 739 2 077 1 360 78,2
CRPNPAC 13 559 - 10 646 2 913 27 183 2,0 504 613 383 76,1

Source : Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale (septembre 2005).


4 régimes complémentaires 14 266 768 - 10 500 483 3 766 285 23 810 661 1,7 55 116 62 349 49 089 89,1
■ Annexe B – Les régimes vieillesse obligatoires en France

TOTAL 34 786 642 - 28 286 240 6 500 406 48 226 465 1,4 215 052 222 867 193 528 90,0

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ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Graphique B1
Ratio cotisants/retraités dans les régimes vieillesse en 2004
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Source : Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale (septembre 2005).

171
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

Tableau B2
Équilibrage financier des régimes vieillesse par branche

Régimes agricoles
Salariés agricoles Intégration financière
Exploitants agricoles (1) Subvention d’équilibre

Régimes spéciaux
Fonctionnaires Cotisations fictives d’employeur
Ouvriers de l’État Subvention d’équilibre
Collectivités locales
Mines Subvention d’équilibre (2)
EDF-GDF (base) Contribution employeur ajustable
SNCF Subvention d’équilibre
RATP Cotisations fictives d’employeur
Marins Subvention d’équilibre
CRPCEN
Banque de France Cotisations fictives d’employeur
FSAVCF (ex. CAMR) Transfert Cnav
Ex- Seita Subvention d’équilibre
CCIP
Autres régimes spéciaux Subvention d’équilibre
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Régimes de non-salariés non-agricoles
Organic CSSS
Cancava CSSS
Régime des cultes Intégration financière
CNAVPL
CNBF
Autres régimes de base
SASV Transfert FSV

Source : Rapport de la Commission des comptes de la sécurité sociale (septembre 2005).


1 Jusqu’en 2004, le régime des exploitants agricoles a bénéficié d’un mécanisme d’équilibrage
en raison de l’obligation pour l’État d’équilibrer les comptes du Bapsa. À partir de 2005 et
du remplacement effectif du Bapsa par le Ffipsa, ce mécanisme d’équilibre disparaît.
2 Ces transferts ne sont pas des dispositifs d’équilibrage au sens strict. Leurs montants
reposent en effet sur des méthodes de calcul qui ne garantissent pas que l’équilibre des
comptes sera rigoureusement atteint, même si le solde est proche de zéro.

172
ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

■ Annexe C – Calcul du droit d’entrée – Méthode


de l’indicateur de charge

L’indicateur de charge rapporte la valeur actuelle des droits acquis


par les participants (actifs + retraités) de chaque régime à la capacité
contributive des cotisants.

La charge des droits acquis est évaluée en tenant compte de l’espérance


de vie de tous les participants une fois arrivés à l’âge de la retraite.

L’entrée d’un nouveau groupe dans un régime ne doit pas détériorer les
perspectives financières de ce régime d’accueil. Donc l’indicateur de
charge du régime d’accueil élargi ne doit pas être détérioré, compte tenu
d’un droit d’entrée éventuel qui viendra neutraliser la variation de
l’indicateur de charge, du fait de l’intégration d’un régime.

Si on appelle V la valeur actuelle des droits acquis à la date du transfert


et C l’évaluation de la capacité contributive, l’indicateur du régime
d’accueil, indicé 1, avant l’intégration est V1/C1, l’indicateur du régime
de départ, indicé 2, est V2/C2.
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Après l’intégration et compte tenu du droit d’entrée D, l’indicateur de
charge du régime d’accueil élargi, qui est :

V1 + V2 – D V1
doit rester égal à :
C1 + C2 C1

Le calcul du droit d’entrée en résulte. Il est égal à :

V2 _ V1
D = C2
C2 C1

173
RETRAITE ET SOCIÉTÉ / N° 49 OCTOBRE 2006

■ Annexe D – Évaluation des engagments retraite

L’évaluation actuarielle propose trois méthodes de calcul des


engagements d’un régime de retraite par répartition (Van den Noord,
Herd, 1994 ; Vernière, 1997 ; Franco et al., 2004 ; Pébereau 2005) :
– la méthode des droits acquis (ou « rétrospective » ou Accrued-to-Date
Liabilities) revient à supposer l’extinction du régime à la date du
calcul. Les engagements sont égaux à la somme actualisée à cette date
des pensions restant à verser aux retraités et des pensions futures des
cotisants, ces dernières étant calculées sur la base des droits acquis à
la date du calcul et qui seront versées à l’âge légal d’ouverture des
droits à la retraite. C’est la méthode retenue pour la norme IAS ;
– la méthode du système fermé suppose que le régime ne s’éteint qu’au
décès du dernier cotisant présent au moment du calcul. Les
engagements sont égaux à la somme actualisée des pensions des
retraités et des pensions versées aux cotisants au terme de leur carrière,
déduction faite de la valeur actualisée des cotisations retraite restant à
percevoir. L’évaluation requiert d’anticiper l’évolution des carrières ;
– la méthode du système ouvert suppose le fonctionnement du régime
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sur une durée illimitée. Aux engagements calculés pour un « système
fermé » s’ajoute alors la valeur actualisée des pensions de nouveaux
adhérents, nette des cotisations versées. Des hypothèses sur les
affiliations futures au régime doivent alors également être formulées ;
– la Commission présidée par M. Pébereau propose une méthode
spécifique pour le calcul des engagements au titre du régime de
retraite de la fonction publique pour tenir compte des spécificités de
l’État. Elle s’apparente à la méthode du système ouvert avec un horizon
limité à 2050. Il s’agit d’évaluer sur un horizon donné la part non
financée de cet engagement.

174
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Prestation Droit d’entrée


Projection du régime des IEG avant réforme Régime général
de référence sans compensation
Prestations
Recettes FSV Rapport Rapport Coefficient Prestation
avec Non Actualisat.
(cotisations (majoration Cotisations Déficit de Prestations Cotisations Déficit de de réf. de
majoration actualisé 2,5 %
+ FSV) pour enfant) charge charge global référence
pour enfant
ADOSSEMENT

Tableau E1
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14)
■ Annexe E

2005 1 336 879 51 828 - 457 1,52 67 864 69 964 2 100 0,97 0,699 934 403 403
2006 1 332 885 51 833 - 447 1,51 70 151 71 466 1 315 0,98 0,699 930 401 391
2007 1 347 886 52 834 - 461 1,52 72 646 72 905 259 1,00 0,699 941 406 386
2008 1 365 890 53 837 - 475 1,53 75 197 74 384 - 813 1,01 0,699 954 411 382
2009 1 379 889 53 846 - 480 1,53 77 797 75 854 - 1 943 1,03 0,699 963 416 376
2010 1 395 909 54 855 - 487 1,54 80 448 77 307 - 3 141 1,04 0,699 975 420 372
2011 1 410 928 54 874 - 482 1,52 82 988 78 760 - 4 228 1,05 0,699 985 425 366
2012 1 430 947 55 892 - 482 1,51 85 576 80 200 - 5 376 1,07 0,699 999 431 362
2013 1 455 966 56 910 - 489 1,51 88 095 81 628 - 6 467 1,08 0,699 1 017 438 360
2014 1 491 983 57 925 - 508 1,52 90 642 83 065 - 7 577 1,09 0,699 1 042 449 360
2015 1 530 999 59 940 - 531 1,53 93 174 84 510 - 8 664 1,10 0,699 1 069 461 360
2016 1 573 1 013 61 953 - 560 1,55 95 676 85 952 - 9 724 1,11 0,699 1 099 474 361
2017 1 616 1 026 62 964 - 590 1,58 98 269 87 382 - 10 887 1,12 0,699 1 129 487 362
2018 1 664 1 035 64 971 - 629 1,61 100 883 88 830 - 12 053 1,14 0,699 1 163 501 364
2019 1 714 1 041 66 975 - 673 1,65 103 575 90 286 - 13 289 1,15 0,699 1 197 516 366

Nouveau scénario macroéconomique : « Cor actualisé ».


2020 1 768 1 044 68 976 - 724 1,69 106 332 91 800 - 14 532 1,16 0,699 1 235 533 368
2021 1 818 1 047 70 977 - 771 1,74 109 132 93 013 - 16 119 1,17 0,699 1 270 548 369
2022 1 861 1 051 72 979 - 810 1,77 111 965 94 229 - 17 736 1,19 0,699 1 300 561 369
2023 1 890 1 058 73 985 - 833 1,79 114 743 95 413 - 19 329 1,20 0,699 1 321 570 365
2024 1 909 1 068 73 994 - 841 1,79 117 652 96 632 - 21 019 1,22 0,699 1 334 575 360
2025 1 920 1 080 74 1 006 - 840 1,78 120 571 97 872 - 22 699 1,23 0,699 1 341 579 353
2026 1 925 1 093 74 1 019 - 832 1,76 123 419 99 129 - 24 290 1,25 0,699 1 345 580 345

Rétablissement pour actifs et préretraités et rente garantie pour les retraités.


Avec réforme 2003 (départs anticipés, allongement de la durée d’assurance).
2027 1 917 1 112 74 1 038 - 806 1,72 126 256 100 433 - 25 824 1,26 0,699 1 340 578 336
2028 1 914 1 129 74 1 055 - 786 1,70 129 051 101 697 - 27 355 1,27 0,699 1 338 577 327
2029 1 913 1 146 74 1 072 - 767 1,67 131 953 102 948 - 29 006 1,28 0,699 1 336 576 319

25 ans, taux d’actualisation 2,5 %, 100 % PSS 2004, BE 4 % financé par FSV, invalides.
Total 25 ans 1 635 1 004 1,63 98 962 87 026 1,14 0,699 9 082
DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Calcul du droit d’entrée IEG avant réforme et avant compensation (en M€ 2005)

175
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176
IEG réforme Prestation Droit d’entrée
Rapports de charges
2003 de référence sans compensation
Prestations
Coefficient Prestation
avec RG avec Non Actualisation
IEG de réf. de
majoration anticipés actualisé 2,5 %
global référence
pour enfant
(en M€ 2005)
Tableau E2

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)


2005 1 335 1,52 0,99 0,703 938 397 397
2006 1 330 1,51 1,00 0,703 934 396 386
RETRAITE

2007 1 344 1,52 1,01 0,703 944 400 381


ET

2008 1 361 1,53 1,03 0,703 956 405 376


2009 1 366 1,53 1,04 0,703 960 406 368
2010 1 375 1,54 1,06 0,703 966 409 362
2011 1 383 1,52 1,07 0,703 972 411 355
2012 1 395 1,51 1,08 0,703 980 415 349
2013 1 415 1,51 1,09 0,703 994 421 345
2014 1 449 1,52 1,10 0,703 1 018 431 345
2015 1 487 1,53 1,11 0,703 1 045 442 345
2016 1 521 1,55 1,12 0,703 1 069 452 345
SOCIÉTÉ / N° 49

2017 1 553 1,58 1,13 0,703 1 091 462 343


2018 1 590 1,61 1,14 0,703 1 117 473 343
2019 1 629 1,65 1,15 0,703 1 144 484 343

Nouveau scénario macroéconomique : « Cor actualisé ».


2020 1 677 1,69 1,16 0,703 1 178 499 344
2021 1 722 1,74 1,17 0,703 1 210 512 345
OCTOBRE

2022 1 760 1,77 1,19 0,703 1 236 523 344


2023 1 787 1,79 1,20 0,703 1 256 532 341
2024 1 802 1,79 1,22 0,703 1 266 536 335
2006

2025 1 810 1,78 1,23 0,703 1 272 538 329


2026 1 816 1,76 1,25 0,703 1 276 540 322

Rétablissement pour actifs et préretraités et rente garantie pour les retraités.


Avec réforme 2003 (départs anticipés, allongement de la durée d’assurance).
2027 1 809 1,72 1,26 0,703 1 271 538 313
Calcul du droit d’entrée IEG avec réforme et avant compensation

2028 1 808 1,70 1,27 0,703 1 271 538 305


2029 1 807 1,67 1,28 0,703 1 270 538 297

25 ans, taux d’actualisation 2,5 %, 100 % PSS 2004, BE 4 % financé par FSV, invalides.
Total 25 ans 1 573 1,63 1,14 0,703 8 657

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Compensation Cor avec préretraités et chômeurs dans RG Droit d’entrée réforme Droit d’entrée actualisé
anticipés et allongement réforme anticipés et
Droit d’entrée Droit d’entrée
non actualisé allongement 2,5 %
Compensation compensation (IEG paie) compensation (IEG paie)
RG avec Compensation Compensation Compensation
préretraités IEG Compensation Compensation Compensation Compensation Compensation Compensation
référence payée par RG
ADOSSEMENT

référence payée par payée par payée par payée par payée par

(en M€ 2005)
et chômeurs actualisée actualisée
Tableau E3
(initiale) RG RG IEG RG IEG
2,5 % 2,5 %
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)
2005 5 026 75 - 63 - 63 12 12 409 334 409 334
2006 4 965 73 - 61 - 60 12 11 407 334 397 326
2007 4 884 71 - 59 - 57 11 11 411 340 391 324
2008 4 821 68 - 58 - 54 11 10 415 347 386 322
2009 4 757 66 - 56 - 51 10 9 416 350 377 317
2010 4 696 64 - 55 - 49 9 8 418 354 369 313
2011 4 613 63 - 54 - 47 8 7 420 357 362 308
2012 4 579 62 - 54 - 45 8 7 423 361 356 304
2013 4 566 63 - 54 - 44 9 7 430 367 353 301
2014 4 560 63 - 54 - 43 9 7 440 377 353 302
2015 4 551 64 - 54 - 42 10 8 452 388 353 303
2016 4 549 64 - 54 - 41 10 8 463 399 353 304
2017 4 536 64 - 53 - 40 10 8 472 409 351 304

Nouveau scénario macroéconomique : « Cor actualisé ».


2018 4 525 62 - 53 - 38 9 7 482 420 350 305
2019 4 506 61 - 52 - 37 9 6 493 432 349 306
2020 4 496 59 - 51 - 35 8 5 506 448 350 309
2021 4 455 58 - 50 - 34 8 5 520 462 350 311
2022 4 415 57 - 49 - 32 7 5 531 474 349 312
2023 4 382 56 - 49 - 31 7 5 539 483 345 310
2024 4 346 55 - 48 - 30 7 4 542 488 339 305

Rétablissement pour actifs et préretraités et rente garantie pour les retraités.


2025 4 313 54 - 48 - 29 6 4 545 491 333 300

Avec réforme 2003 (départs anticipés, allongement de la durée d’assurance).


Calcul du droit d’entrée IEG avec réforme et avec compensation

2026 4 261 54 - 47 - 28 7 4 547 493 326 294


2027 4 203 56 - 47 - 27 9 5 547 492 318 286
2028 4 126 59 - 46 - 26 13 8 551 492 312 279

25 ans, taux d’actualisation 2,5 %, 100 % PSS 2004, BE 4 % financé par FSV, invalides.
2029 4 038 63 - 45 - 25 18 10 556 493 307 272
DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

Total 25 ans 8 839 7 649

177
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Versement à la Cnav Versement échelonné
Projection du régime des IEG avec réforme Différence Différence
d’après calcul de la soulte de la Cnieg
entre entre
Versement versement
Prestations Droit d’entrée Droit d’entrée Versement versement
Déficit Déficit Droit d’entrée Versement soulte non et soulte
+ BE Cotisations BE avec actualisé à en euros Versement soulte en et déficit
non en euros non actualisé soulte actualisé IEG (euros (euros
+ invalides avec BE réforme 2,5 % courants initial euros
actualisé courant (calcul soulte) actualisé (annuité constants)
avec réfome (calcul soulte) (calcul soulte) courants constants)
constante)
Tableau E4

(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14)
2005 1 335 879 51 - 456 - 456 334 334 334 3 060 287 287 287 - 169 - 47
RETRAITE

2006 1 330 885 51 - 445 - 454 326 334 341 280 287 293 - 158 - 47
ET

2007 1 344 886 52 - 458 - 476 324 340 354 273 287 299 - 170 - 53
2008 1 361 890 52 - 471 - 500 322 347 368 267 287 305 - 184 - 60
2009 1 366 899 53 - 468 - 506 317 350 379 260 287 311 - 180 - 63
2010 1 375 909 53 - 467 - 515 313 354 391 254 287 317 - 179 - 67
2011 1 383 928 53 - 455 - 512 308 357 402 248 287 323 - 168 - 70
2012 1 395 947 54 - 447 - 514 304 361 414 242 287 330 - 160 - 74
2013 1 415 966 54 - 449 - 526 301 367 430 236 287 337 - 162 - 80
2014 1 449 983 56 - 466 - 557 302 377 450 230 287 343 - 179 - 90
2015 1 487 999 57 - 488 - 595 303 388 474 224 287 350 - 201 - 101
SOCIÉTÉ / N° 49

2016 1 521 1 013 59 - 508 - 631 304 399 496 219 287 357 - 221 - 112
2017 1 553 1 026 60 - 527 - 668 304 409 518 214 287 364 - 240 - 121
2018 1 590 1 035 61 - 555 - 717 305 420 543 208 287 372 - 267 - 133

Nouveau scénario macroéconomique : « Cor actualisé ».


2019 1 629 1 041 63 - 588 - 775 306 432 571 203 287 379 - 300 - 145
Versement de la soulte par la Cnieg (en M€ 2005)

2020 1 677 1 044 64 - 633 - 852 309 448 602 198 287 387 - 346 - 160
OCTOBRE

2021 1 722 1 047 66 - 675 - 926 311 462 634 193 287 394 - 387 - 175
2022 1 760 1 051 68 - 709 - 993 312 474 664 189 287 402 - 422 - 187
2023 1 787 1 058 69 - 730 - 1 042 310 483 690 184 287 410 - 443 - 196
2024 1 802 1 068 69 - 734 - 1 070 305 488 711 180 287 418 - 447 - 201
2006

2025 1 810 1 080 70 - 731 - 1 086 300 491 729 0 - 731 - 491

Rétablissement pour actifs et préretraités et rente garantie pour les retraités.


Avec réforme 2003 (départs anticipés, allongement de la durée d’assurance).
2026 1 816 1 093 70 - 723 - 1 096 294 493 748 0 - 723 - 493
2027 1 809 1 112 70 - 697 - 1 078 286 492 760 0 - 697 - 492
2028 1 808 1 129 70 - 680 - 1 072 279 492 776 0 - 680 - 492
2029 1 807 1 146 70 - 661 - 1 063 272 493 792 0 - 661 - 493

25 ans, taux d’actualisation 2,5 %, 100 % PSS 2004, BE 4 % financé par FSV, invalides.
Total 7 649 3 060 4 589

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ADOSSEMENT DE RÉGIMES DE RETRAITE AU RÉGIME GÉNÉRAL VIEILLESSE...

■ Bibliographie

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CONSEIL D’ORIENTATION DES RETRAITES, 2006, « Retraites : perspectives
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WILLARD J.-C., 2006, « Les transferts de groupes professionnels entre
régime de retraite par répartition : une minimisation empirique du
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