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Les successions et les libéralités

Leçon 14 : Les libéralités spéciales


Bernard Beignier

Table des matières


Section 1. Les libéralités graduelles et résiduelles................................................................................................. p. 2
§ 1. Les libéralités graduelles.............................................................................................................................................................. p. 2
A. Les gratifiés.................................................................................................................................................................................................................. p. 2
B. Objet de la libéralité ....................................................................................................................................................................................................p. 3
C. Forme .......................................................................................................................................................................................................................... p. 3
D. Régime......................................................................................................................................................................................................................... p. 3
E. Distinctions....................................................................................................................................................................................................................p. 4
§ 2. Les libéralités résiduelles............................................................................................................................................................. p. 4
Section 2. Les libéralités-partages............................................................................................................................ p. 6
§ 1. Notion............................................................................................................................................................................................p. 6
§ 2. Formes de la libéralité-partage.....................................................................................................................................................p. 7
A. La donation-partage..................................................................................................................................................................................................... p. 7
1. Conditions de validité de la donation-partage.................................................................................................................................................................................................... p. 7

2. Les effets de la donation-partage....................................................................................................................................................................................................................... p. 8

B. Le testament-partage....................................................................................................................................................................................................p. 9

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Sous le vocable libéralité spéciales, peuvent être regroupées les libéralités de nature particulière, soit dans
leur modalité, soit dans leur régime tout entier.

La volonté du disposant peut être satisfaite par le mécanisme avantageux des libéralités graduelles et
résiduelles si son désir est d'exercer une certaine maîtrise sur la transmission d'un bien à travers le temps,
ou bien par le système des libéralités-partages s'il souhaite dès à présent imposer sa volonté sur le partage
à son décès de ses biens entre ses héritiers.

• Les libéralités entre époux constituent également des libéralités spéciales quant à leur régime, mais
feront l'objet d'un développement particulier (leçon suivante).

Section 1. Les libéralités graduelles et


résiduelles
§ 1. Les libéralités graduelles
Le disposant souhaitant consentir une libéralité graduelle peut avoir diverses motivations : conserver les biens
dans la famille, protéger certains héritiers face aux difficultés de gestion du patrimoine, avantager un enfant
handicapé qui transmettra à son décès, le bien à ses frères et sœurs.

La libéralité graduelle, anciennement dénommées « substitutions fidéicommissaires », est une libéralité qui
comporte une double charge pour le gratifié qui reçoit un ou plusieurs biens du défunt :
• le premier gratifié (« grevé de substitution») doit conserver les biens reçus (par donation ou legs) sa vie
durant et les transmettre, à son décès, à une seconde personne (« l'appelé »), désignée par le de cujus.

Il s'agit d'une double libéralité successive. Une telle libéralité s'étale dans le temps, elle produit des effets
échelonnés. On distingue deux transferts de propriété mais il s'agit en fait d'une seule transmission puisque
l'appelé tient ses droits du disposant.

Le code civil de 1804 en son article 896, frappait les substitutions fidéicommissaires de nullité absolue. Il
admettait toutefois, certaines substitutions, dans la mesure où elles ne s'écartaient pas du cadre familial et
qu'elles respectaient certaines conditions de forme. Rigoureusement encadrées par la loi (anciens articles
1048 à 1070), elles furent peu utilisées.

La loi de 2006 a contribué à rénover cette libéralité spéciale, à lui redonner un peu de vigueur, une nouvelle
jeunesse, en l'adaptant à l'évolution de la société. Le principe de prohibition de ces substitutions bien que
maintenu est réduit à une peau de chagrin. La validité de la libéralité graduelle fait figure de principe, le champ
d'application des substitutions permises étant considérablement élargi.

A. Les gratifiés

La libéralité graduelle peut être consentie au profit de toute personne physique ou morale, qu'elle appartienne
ou non à la famille du disposant.

La libéralité est limitée à un seul degré, c'est-à-dire que le second gratifié ne peut être lui-même soumis à la
charge de conserver et transmettre le bien.

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B. Objet de la libéralité

La libéralité graduelle ne peut porter que sur « des biens ou des droits identifiables à la date de la transmission
et subsistant en nature, au décès du grevé ».

• La conservation se fait en nature. La subrogation est admise concernant les valeurs mobilières. Il peut
s'agir de droits en pleine propriété ou en nue-propriété (article 1049).
• Lorsqu'il s'agit d'un immeuble, les formalités de publicité foncière sont requises aux fins d'opposabilité
aux tiers.

C. Forme

la libéralité graduelle peut prendre la forme d'une donation ou d'un testament.

Le second gratifié doit être désigné dans l'acte (article 1048).

• S'agissant des donations, si en principe, la donation graduelle doit être acceptée par le premier et le
second gratifié, du vivant du donateur, l'acceptation par l'appelé après le décès du donateur est admise
permettant ainsi de disposer au profit d'enfants à naître (art. 1055 al.2).

D. Régime

• La situation du grevé

le grevé est propriétaire viager des biens donnés ou légués.

Rien ne l'empêche d'accomplir des actes d'administration et de disposition mais le danger est qu'à son
décès, ces actes seront rétroactivement anéantis. Toutefois, si le second gratifié décède avant le premier,
ces actes seront définitivement validés et la libéralité graduelle alors frappée de caducité (sous réserve que le
disposant n'ait pas prévu d'autres dispositions dans cette situation, article 1056). Le disposant peut prescrire
des garanties et des sûretés pour la bonne exécution de la charge (article 1052).

Lorsque le grevé est héritier réservataire, l'article 1054 énonce que la charge de conserver et de transmettre
ne peut être imposée que sur la quotité disponible. Si elle porte sur tout ou partie la réserve du gratifié, ce
dernier peut en demander la réduction ou bien l'accepter à la condition qu'elle bénéficie de manière égalitaire
à l'ensemble de ses enfants nés et à naître (art. 1054 alinéa 2 et 4)

Enfin, le grevé peut, de son vivant, abandonner la jouissance des biens à l'appelé (article 1050 alinéa 2 et 3).

• La situation de l'appelé

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Les droits de l'appelé ne s'ouvrent qu'au décès du grevé.

L'appelé tient ses droits du disposant et non du grevé: il y a substitution du second bénéficiaire au premier
(article 1051). Les biens ainsi recueillis par le second bénéficiaire échappent à la réduction et au rapport à la
succession du premier gratifié.

A l' égard du premier gratifié, la libéralité graduelle sous forme de donation est soumise aux mêmes cas de
révocation que ceux existant pour toute donation. A l'égard du second gratifié, l'article 1055 ajoute que le
donateur peut révoquer la donation graduelle « tant que celui-ci n'a pas notifié, dans les formes requises
en matière de donation, son acceptation au donateur. »En cas de caducité (perte du bien ; prédécès du
second gratifié ; incapacité ou renonciation), les droits du grevé sont consolidés sur le bien objet de la libéralité
graduelle et ledit bien se retrouvera dans la succession du grevé sauf si le disposant a prévu que dans ce cas,
il reviendra à ses héritiers ou à un autre second gratifié qu'il aura désigné.

E. Distinctions

• La substitution vulgaire : prévue à l'article 898 du Code civil, elle permet au de cujus de désigner une
seconde personne, mais cette fois, à titre subsidiaire, c'est-à-dire, uniquement dans le cas où le premier
gratifié qu'il a désigné se trouverait dans l'impossibilité ou refuserait de recueillir la libéralité qui lui est
faite.
• Libéralité par personne interposée : le donataire qui a la charge de transmettre, n'est qu'un gratifié
apparent puisqu'il n'est en réalité qu'un intermédiaire du disposant à l'égard du véritable donataire.
• Legs précatif : l'objet est le même : conserver et transmettre un bien, mais il s'agit ici simplement d'un
souhait, d'un vœu émis par le disposant à l'égard du premier bénéficiaire dénué de caractère impératif.
Le legs précatif est admis par la jurisprudence.
• Usufruit/ nue-propriété : la libéralité de l'usufruit à un premier bénéficiaire et de la nue-propriété à un
second admise par l'article 899 du Code civil, se différencie de la libéralité graduelle par l'absence d'ordre
successif : les deux libéralités produisent leurs effets en même temps.

§ 2. Les libéralités résiduelles


La libéralité résiduelle impose également la charge de transmettre un bien, mais à la différence de la libéralité
graduelle, elle n'impose pas de le conserver.

Elle est prévue par l'article 1057 du code civil. « Il peut être prévu dans une libéralité qu'une personne sera
appelée à recueillir ce qui subsistera du don ou du legs fait à un premier gratifié à la mort de celui-ci »

Il s'agit également d'une double libéralité successive. Toutefois, l'objet n'est plus le bien reçu par le premier
gratifié et soigneusement conservé sa vie durant avant d'être transmis au second, mais uniquement ce qui
subsistera de ce bien. Il y a seulement une obligation de transmettre ce qui reste. L'article 1058 dispose
ainsi que : « La libéralité résiduelle n'oblige pas le premier gratifié à conserver les biens reçus. Elle l'oblige à
transmettre les biens subsistants »

S'agissant des biens sur lesquels peut porter une telle libéralité, des formalités (notamment publicité foncière
pour les immeubles), des bénéficiaires et de leur acceptation, l'article 1061 renvoie aux règles régissant les
libéralités graduelles (cf. infra).

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• Pouvoirs du premier gratifié : En l'absence d'obligation de conservation, le premier gratifié peut
librement disposer des biens reçus sachant qu'il réduit par là-même les droits du second gratifié. Il peut
même les anéantir par un acte de disposition à titre onéreux puisque la subrogation réelle est exclue. [à
l'exclusion du cas particulier du portefeuille de valeurs mobilières]

L'article 1058 alinéa 2 le prévoit expressément : « Lorsque les biens, objets de la libéralité résiduelle, ont
été aliénés par le premier gratifié, les droits du second bénéficiaire ne se reportent ni sur le produit de ces
aliénations ni sur les nouveaux biens acquis. »

Le premier gratifié n'est pas tenu de rendre compte de sa gestion (article 1060).

La liberté est plus relative concernant les actes de disposition à titre gratuit. Sont ainsi exclus les testaments
et la donation ne peut être consentie qu'en l'absence de stipulation contraire.

Article 1059 alinéa 1 et 2 : « Le premier gratifié ne peut disposer par testament des biens donnés ou légués
à titre résiduel. La libéralité résiduelle peut interdire au premier gratifié de disposer des biens par donation
entre vifs. »

• Transmission au second gratifié : A l'image de la libéralité graduelle, le second gratifié tient ses droits
directement du disposant et non du premier gratifié. Les biens ne dépendent pas de la succession du
premier gratifié.

La libéralité s'exécute au décès du premier gratifié. Si le second décède avant, la libéralité résiduelle est
caduque à son égard et le premier gratifié conserve la propriété des biens (sauf stipulation contraire du
disposant).

• Une condition supplémentaire s'impose pour la libéralité résiduelle : pour que le second gratifié puisse
recevoir les biens reçus par le premier, encore faut-il qu'il reste des biens subsistants dans le patrimoine
du premier à son décès.

Outre ces particularités, pour le reste du régime des libéralités résiduelles l'article 1061 renvoie aux règles
gouvernant les libéralités graduelles (articles 1049, 1051, 1052, 1055 et 1056)

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Section 2. Les libéralités-partages
§ 1. Notion
La libéralité-partage, anciennement dénommée « partage d'ascendant » fait l'objet d'un chapitre VII dans le
Code civil divisé en trois sections : dispositions générales, donation-partage, testament-partage. Chacune doit
faire l'objet de développements particuliers.

« Toute personne peut faire entre ses héritiers présomptifs, la distribution et le partage de ses biens et de ses
droits » (article 1075 alinéa 1er)

Bien qu'incluse dans cette catégorie de libéralités dites spéciales, la libéralité-partage va au-delà de la simple
notion de libéralité. Plus qu'une libéralité entre vifs, c'est aussi un partage anticipé de succession ainsi qu'une
transmission. Il s'agit d'une institution très prisée par laquelle le disposant peut imposer son autorité sur le
partage de ses biens entre ses héritiers.

Depuis la loi du 23 juin 2006, les libéralités-partages ne sont plus limitées au cadre familial, seulement admises
des ascendants vers les descendants. Le Code civil opère une distinction entre la donation-partage au sein
d'une même famille et la donation-partage hors du cadre familial :
• L'article 1075 énonce que « toute personne » peut faire une libéralité-partage. Le disposant n'est plus
uniquement un ascendant
• Quant aux gratifiés, ils doivent être au moins deux. Il peut s'agir des héritiers présomptifs ou des
descendants du disposant ou encore, une personne étrangère à la famille :
• Les héritiers présomptifs sont les personnes qui ont vocation à venir à la succession du disposant,
dans l'hypothèse où ce dernier décéderait le jour de l'acte. Il s'agira des héritiers qui sont en rang
utile pour succéder selon les règles de la dévolution légale [ce ne sera donc pas forcément les
descendants, mais en leur absence, les frères et sœurs ou encore neveux ou nièces]. S'agissant
d'un partage anticipé d'une succession, il est normal qu'il soit effectué au profit de ces héritiers
présomptifs.
• Les descendants, même s'ils ne sont pas héritiers présomptifs, puisque de degré plus éloigné,
peuvent être bénéficiaires : C'est l'hypothèse d'une donation-partage transgénérationnelle (c'est-
à-dire au profit d'enfants et de petits-enfants) régie par les articles 1078-4 et suivants du Code civil.
« Toute personne peut également faire la distribution et le partage de ses biens et de ses droits
entre des descendants de degrés différents, qu'ils soient ou non ses héritiers présomptifs.» (article
1075-1)
• Lorsque la masse à partager comprend « une entreprise à caractère industriel, commercial,
artisanal, agricole ou libéral ou des droits sociaux d'une société [...] dans laquelle il exerce une
fonction dirigeante » (art. 1075-2), la donation-partage peut inclure au nombre de ses bénéficiaires,
une ou plusieurs personnes, même s'il ne sont pas descendants ou successibles du donateur, à
l'effet de recueillir cette entreprise. L'admission d'une personne étrangère à la famille est motivée
par la transmission de l'entreprise. Ainsi, les conditions propres à la forme de la société et aux
statuts doivent être respectées.

• Les biens sont répartis entre les gratifiés ou copartagés. Les biens reçus peuvent ainsi être de nature
et de valeur différente, l'égalité pouvant être rétablie par le versement de soultes. Le disposant peut
également décider de rompre l'égalité du partage en précisant les quotité de valeur attribuées à chaque
donataire copartagé, dans la limite de la réserve héréditaire.

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• Si les copartagés ne sont pas d'accord avec le partage et se sentent lésés, outre les actions de droit
commun (nullité sanctionnant les conditions de forme ou fond, révocation, etc...), ils ne peuvent attaquer
l'acte pour cause de lésion.

« L'action en complément de part pour cause de lésion ne peut être exercée contre les donations-partages
et les testaments-partages. » (art. 1075-3)

Toutefois, l'héritier réservataire bénéficie d'une action en réduction spéciale s'il n'a pas reçu un lot égal à sa
part de réserve.

Concernant les donations-partages,

le régime de cette action est prévu aux articles 1077-1 et 1077-2 avec des règles particulières d'évaluation des
donations à l'article 1078 dérogeant au droit commun des donations entre vifs en la matière.

« L'héritier réservataire qui n'a pas concouru à la donation-partage ou qui a reçu un lot inférieur à sa part
de réserve, peut exercer l'action en réduction, s'il n'existe pas à l'ouverture de la succession des biens non
compris dans le partage et suffisants pour composer ou compléter sa réserve compte tenu des libéralités dont
il a pu bénéficier. » (art.1077-1)

Concernant les testaments-partage, l'article 1080 renvoie, pour ce qui concerne l'action en réduction, à l'article
1077-2.

§ 2. Formes de la libéralité-partage
La libéralité-partage peut être réalisée sous forme de donation ou de testament, chacune impliquant l'existence
de règles particulières.

A. La donation-partage
Il s'agit d'une donation de biens présents par laquelle le disposant partage par anticipation entre ses héritiers
présomptifs.

C'est un partage dans le sens où le disposant distribue et répartit ses biens entre ses héritiers. Toutefois,
elle s'effectue du vivant du disposant, la transmission des biens ne peut dès lors s'effectuer par dévolution
successorale, il utilisera pour ce faire la donation.

C'est une donation entre vifs et un partage par anticipation. En conséquence, son régime et ses conditions de
validité obéiront à la fois aux règles des donations entre vifs et aux règles du partage.

1. Conditions de validité de la donation-partage


• Forme : La donation-partage est soumise aux mêmes conditions de forme que la donation entre vifs (art.
1075 al. 2) sous réserve de quelques particularités. Les donations non notariées admises néanmoins par
la jurisprudence (don manuel, donation indirecte, déguisée), ne peuvent être admises pour une donation-
partage, bien que la doctrine ne soit pas unanime sur cette question [en ce sens, Cass. civ. 1ère, 1er

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déc. 1999, Bull.civ., I, n° 327, Cass. Civ. 1ère 3 janv. 2006, Bull.civ., I, n° 11 « attendu que la donation-
partage doit être passée devant notaire, à peine de nullité »]

La donation et le partage peuvent être faits par deux actes distincts : « La donation et le partage peuvent être
faits par actes séparés pourvu que le disposant intervienne aux deux actes » (art. 1076 al.2)

Elle ne peut être réalisée par plusieurs actes de donation distincts, tous les biens donnés doivent figurer dans
l'acte authentique portant donation-partage [Cass. Civ. 1ère 6 fév. 2007, Bull. civ., I, n°163].

• Contenu ou objet : « La donation-partage ne peut avoir pour objet que des biens présents » (art. 1076
al.1). En cela elle ne constitue pas un pacte sur succession future (cf. supra)

• Il s'agit d'un partage : les biens sont répartis entre les donataires. La donation-partage peut concerner
tous les biens du donateur mais elle peut également n'être que partielle. Les biens n'ayant pas fait l'objet
de la donation-partage seront soumis à la dévolution de droit commun. Il s'agit d'un partage amiable
par lequel le disposant peut composer les lots librement. Il est indifférent que les biens soient de nature
différente ou de valeur inégale.

Les biens donnés seront ainsi réunis dans la masse à partager mais la donation-partage peut permettre
également d'y inclure d'autres biens :
• Donation-partage conjonctive : Un époux seul ne peut disposer de sa part de communauté tant qu'elle
n'est pas liquidée. La donation-partage ne peut porter que sur ses biens propres. Toutefois, la donation
peut être conjonctive, c'est-à-dire consentie par les deux époux et porter ainsi sur leurs biens propres
et leurs biens communs.
• Donation-partage cumulative : La donation-partage dite cumulative, se rencontre dans l'hypothèse
du prédécès d'un époux. Le conjoint survivant et les enfants réunissent en une seule masse les biens
dépendant de la succession de l'époux prédécédé et les biens donnés par le survivant. Cette opération
permet un partage en une seule fois, facilitant l'allotissement [admises par la jurisprudence Cass. civ.
1ère, 20 juin 1955, Bull.civ., I, n° 255].
• Incorporation de donations antérieures : La donation-partage peut en outre porter sur des biens qui
ont été antérieurement donnés par le donateur (art. 1078-1). Ces donations, désormais incorporées dans
la donation-partage, seront soumises au partage anticipé (l'intérêt réside dans l'évaluation de la donation
qui se fait en matière de donation-partage, au jour de l'acte et non plus au jour du décès du donateur
pour le calcul de la réserve). L'évaluation de la donation à incorporer à la date de la donation-partage
s'effectue selon les règles gouvernant le rapport. Lors du partage, la donation sera placée dans le lot
de celui qui l'a reçue. [Mais elle fait perdre son rang d'imputation. Si la donation antérieure avait été
consentie en avancement de part successorale, elle bénéficiera de la règle selon laquelle une donation-
partage n'est pas sujette à rapport à la succession du donateur).
• Donations-partages transgénérationnelles : elle est faite au profit de descendants de degré différent :
l'enfant peut de la sorte concourir avec ses propres enfants, ou bien renoncer à ses droits au profit de ses
propres enfants. Ces derniers pourront éventuellement concourir avec les autres enfants du donateur
ou bien seront seuls donataires (si le donateur n'avait qu'un seul enfant). Le régime particulier de cette
donation-partage est prévu aux articles 1078-4 à 1078-10 du Code civil.

2. Les effets de la donation-partage


• Du vivant du donateur :
• Rapports entre le donateur et les donataires - les effets sont ceux de la donation : dépouillement
irrévocable du disposant, révocation judiciaire pour inexécution des charges, ingratitude ou
survenance d'enfant etc....

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• Rapports des donataires entre eux - les effets sont ceux d'un partage : les codonataires sont des
copartagés (car ils n'ont pas pris l'initiative du partage). Si l'un d'eux est évincé de biens mis dans
son lot, il a un recours en garantie contre les autres, ils bénéficient du privilège de copartageant
(notamment pour la garantie du paiement des soultes).

• A l'ouverture de la succession du donateur : Les biens issus de la donation-partage sont exclus de


la succession. « Si tous les biens ou droits que le disposant laisse au jour de son décès n'ont pas été
compris dans le partage, ceux de ses biens ou droits qui n'y ont pas été compris sont attribués ou partagés
conformément à la loi » (art. 1075-5) Le partage ayant déjà eu lieu, les copartagés ne sont pas soumis
au rapport. En cas d'acceptation de la succession à concurrence de l'actif net, la doctrine considère que
les biens reçus par donation-partage ne font pas partie du droit de gage des créanciers successoraux.
En cas de renonciation à la succession, le donataire conserve le bien reçu par donation-partage.

B. Le testament-partage
Il s'agit également d'un partage, prenant la forme d'un testament.

Suivant l'article 1075 alinéa 2, il est soumis aux conditions de forme de droit commun du testament.

S'agissant d'un acte unilatéral,


• le consentement des gratifiés n'est pas exigé.
• le testament-partage conjonctif est prohibé.
• Il est révocable par le testateur jusqu'à son décès. Il bénéficie également de l'extension des bénéficiaires
des libéralités-partage aux héritiers présomptifs.

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L'avantage du testament-partage se révèle quant à son contenu : il peut concerner les biens présents, mais
également les biens à venir.

S'agissant des effets,


• le testament n'opérant transmission des biens qu'au décès du testateur, le seul effet méritant d'être relevé
est celui de la révocabilité du testament-partage par ce dernier. Le partage anticipé par testament est
donc fragile.

Au décès du testateur, en vertu du testament-partage, les successeurs recueillent les biens préalablement
partagés par le de cujus. Les lots étant déjà composés, les héritiers ne subissent pas l'indivision successorale.
Sans oublier toutefois que si le testament-partage ne comprend pas tous les biens du défunt, un partage
complémentaire sera nécessaire selon les règles de droit commun. (art.1075-5)

Les héritiers désormais copartagés ne peuvent refuser le partage institué par le testament afin de réclamer
un nouveau partage et s'en tenir à la succession ab intestat. « Le testament-partage produit les effets d'un
partage. Ses bénéficiaires ne peuvent renoncer à se prévaloir du testament pour réclamer un nouveau partage
de la succession. » (art.1079)

Les copartagés se doivent mutuellement garantie et bénéficient du privilège de copartageant.

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