Notre association «Cultures et Territoire rural» créée en 2013 se
consacre au patrimoine rural cévenol*. Elle a pour objectif d'en faire l'inventaire (le géolocaliser, le photographier, le décrire et l'interpréter) et de lui redonner une place dans les représentations locales. Ce patrimoine est visuel en tant que bâti résidentiel et agricole**, en deshérance comme partout à la campagne, faute de bras, et déconsidéré par le progrès technique. Il est aussi une culture rurale ancrée dans les pratiques et la vie locale, affirmée par des valeurs d’austérité, d’abnégation, mais aussi d’opiniâtreté face à une nature austère et exigeante.
Les terrasses transforment les paysages mais au-delà du
remaniement de profil des côteaux, elles représentent la conquête collective des générations sur le milieu naturel : la création d’un sol agricole (en l’absence de vallées alluviales conséquentes), l’appropriation et la mise en culture, l’érection de murs et de digues, la maîtrise de l’érosion et la gestion de l’eau domestique et agricole. Périodiquement sous les eaux, soumises à l’exubérance de la végétation, les Cévennes n’ont pu être habitées qu’avec un contrôle permanent des risques (érosion, embroussaillement et reforestation des pâtures et des champs) et l’entretien assidu des ouvrages bâtis.
Avec le concours des habitants et occasionnellement celui de
stagiaires en Master, l'association alimente son inventaire, organise des manifestations grand public (sorties terrain, expositions, conférences, information-partage avec des associations de la vallée), publie des textes et des documents cartographiques. Les “objets” de la base de données permettent déjà de prévoir une cartographie thématique sur la haute-vallée de l’Hérault. Ils sont proposés actuellement à la Communauté de communes pour être intégrés dans le projet d’itinéraires “multi-activités”*** sur le versant sud-est de l’Aigoual. Les itinéraires existants dans la région donnent en effet trop peu de place aux “petits objets” symboliques de la vie rurale récente (absents des dépliants et cartoguides) pour qu’un randonneur de passage puisse les reconnaître et qu'ils donnent du sens à la découverte de la culture du pays.
Parmi les projets à venir, l'association envisage des études pour,
- retrouver les bases du peuplement du territoire dans les archives anciennes (rôle local des prieurés, influences voisines et étrangères), l’attraction de la main d’œuvre, les savoir-faire de l’architecture et du bâti agricole. - reconstituer le parcellaire des premiers compoix, le comparer à celui des cadastres (napoléonien et actuel) afin d’analyser la dynamique spatiale et foncière de l’occupation du sol face aux contraintes naturelles, sociales et économiques. - mettre en relation le développement des activités rurales et l’usage des ressources (jusqu’aux années 1940) avec les spécificités locales du paysage (topographie, exposition, substrat) en s’appuyant sur les courbes de niveau, l’hydrographie, le tracé des chemins, les techniques etc... Ces thématiques seront développés en fonction des compétences que l'on aura pu associer à ce travail, notamment avec l'Université et les centres de recherche. Une collaboration est envisagée avec la future Boutique des Sciences de Montpellier.
* La zone concerne exclusivement trois communes du Gard dans
les Cévennes méridionales de la haute-vallée de l’Hérault, Notre-Dame de la Rouvière, Valleraugue, Saint-André de Majencoules. ** Calades, traversiers, pansières et canaux, moulins, aires de battage, clèdes à châtaigne, bergeries d’altitude, habitats etc... *** Réseau RLESI du Pôle nature 4 saisons du massif de l'Aigoual (programme interrégional FEDER Massif central)
Michel Langlois C&TR «Cultures et Territoire rural» 09.6407.3324 ou 06.5214.0854 (en déplacement) http://ndrpat.free.fr