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BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)

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REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

Production de semences
pour les reboisements
malgaches

À Madagascar, les plantations


en eucalyptus et en pins satisfont aux
enjeux de production et de protection de Gilles Chaix
l’environnement. Le Silo national des CIRAD-Forêt, FOFIFA, DRFP
graines forestières (SNGF) approvisionne BP 745, Antananarivo 101
le marché national en espèces exotiques Madagascar
et il diffuse directement les obtentions
issues des recherches. Parallèlement, le Lolona Ramamonjisoa
gouvernement malgache favorise la Silo national des graines forestières
normalisation de la récolte et la (SNGF)
commercialisation des graines. BP 5091, Antananarivo 101
Madagascar

Déforestation ultime : paysage typique du


moyen-ouest.
Ultimate deforestation: typical landscape in
the middle-west.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 268 (2)
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FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN


PRODUCCIÓN DE SEMILLAS
PRODUCTION DE SEMENCES POUR SEED PRODUCTION FOR PARA LAS REFORESTACIONES
LES REBOISEMENTS MALGACHES MADAGASCAN AFFORESTATION MALGACHES

Étant donné la faiblesse et la régres- In view of the paucity of the forest


sion de la couverture forestière, l’ac- cover, its continuing regression, the Las plantaciones forestales son nece-
croissement de la demande en bois et increase in the demand for timber sarias para el desarrollo de la isla de
la fragilité des sols à Madagascar, les and the fragility of Madagascan soils, Madagascar debido a la debilidad y a
plantations forestières sont néces- forest plantations are of capital im- la regresión de la cubierta forestal, el
saires au développement de l’île. Les portance in the development of the incremento de la demanda de madera
plantations en eucalyptus et en pins, island. Plantations of eucalyptus and y la fragilidad de sus suelos. Las plan-
dont l’adaptation aux différentes pine, which adapt remarkably well to taciones de pinos y eucaliptos, con
conditions bioclimatiques est remar- different bioclimatic conditions, una sobresaliente capacidad de
quable, satisfont aux enjeux de pro- should be able to meet production re- adaptación a las diferentes condicio-
duction et de protection de l’environ- quirements while protecting the envi- nes bioclimáticas, satisfacen las exi-
nement. Aujourd’hui, la tendance ronment. Today, the trend is to adopt gencias de producción y protección
s’oriente vers le reboisement en mi- an approach based on afforestation medioambiental. Actualmente, la ten-
lieu paysan. Le FOFIFA, avec l’appui implemented by local farmers. FOFI- dencia se orienta hacia la repoblación
du CIRAD-Forêt, s’est donné de nou- FA, supported by CIRAD-Forêt, has en medio campesino. El FOFIFA, con
veaux objectifs de recherche. Les ser- adopted new research objectives in el apoyo del CIRAD-Forêt, ha estable-
vices forestiers ont favorisé le déve- this context. Forest services have pro- cido nuevos objetivos de investiga-
loppement de ce secteur en mettant moted development in this sector by ción. Los servicios forestales han fa-
en place le Silo national des graines setting up the national Silo for forest vorecido el desarrollo de este sector
forestières (SNGF), dont le mandat seeds (SNGF) whose primary role is creando el Silo Nacional de Semillas
principal est de diffuser des se- to distribute good quality seed. Forestales (SNGF) cuya principal mi-
mences de qualité. Les travaux de re- Forest research over the last twenty sión es la difusión de semillas de cali-
cherche forestière de ces vingt der- years has increased to 180 ha the sur- dad. Los trabajos de investigación fo-
nières années ont permis de porter à face area devoted to national seed restal de los últimos veinte años han
180 ha la surface du réseau national production. This network supplies the permitido que la superficie de la red
de production en graines. Celui-ci ap- national market with non-native nacional de producción de semillas
provisionne le marché national en es- species through SNGF which then di- llegue a 180 ha. Ésta abastece el mer-
pèces exotiques à travers le SNGF qui rectly distributes the seed produced cado nacional en especies exóticas a
diffuse directement les obtentions is- by the research efforts. In parallel, través del SNGF que difunde directa-
sues des recherches. Parallèlement, the Madagascan government has en- mente los frutos de sus investigacio-
le gouvernement malgache a renforcé hanced the impact of this seed pro- nes. Paralelamente, el gobierno mal-
l’impact de cette filière semencière en duction by standardizing harvesting gache ha reforzado el impacto de
normalisant la récolte et la commer- and seed marketing. Forestry, agricul- este sector semillero normalizando la
cialisation des graines. Les politiques tural and environmental policies have cosecha y comercialización de las se-
forestière, agricole et environnemen- been redefined. These new policies millas. Se han reorientado las políti-
tale ont été redéfinies. Elles sont des- are intended to improve soil protec- cas forestal, agrícola y medioambien-
tinées, entre autres, à améliorer la tion and increase the surface area for tal, destinándolas, entre otras cosas,
protection des sols et à favoriser l’ex- afforestation. However, the seed pro- a mejorar la protección de suelos y a
tension des superficies reboisées. duction system still requires firm es- favorecer la extensión de áreas refo-
Néanmoins, il reste encore à amélio- tablishment and improvement along restadas. Sin embargo, aún se debe
rer et à pérenniser le dispositif de with more widespread use of the sys- mejorar y consolidar el dispositivo de
production semencière et à étendre la tem through combined efforts by re- producción semillera y divulgar los lo-
diffusion des acquis en associant les search, SNGF and users. gros asociando los esfuerzos de la in-
efforts de la recherche, du SNGF et vestigación, del SNGF y de los utiliza-
des utilisateurs. Keywords: forest seed, farmer dores.
afforestation, eucalyptus, pine,
Mots-clés : semence forestière, Madagascar. Palabras clave: semilla forestal, refo-
reboisement paysan, eucalyptus, restación campesina, eucalipto, pino,
pin, Madagascar. Madagascar.
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REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

Madagascar et Présenta tion physique


sa problématique Dans cette région, l’influence de
Madagascar offre une grande di- ces facteurs a favorisé une érosion
forestière versité de climats (carte 1) du fait de importante. Celle-ci met en péril la
son relief, des influences maritimes et productivité des terrains agricoles,
L’île est confrontée à une ré- de sa taille (587 040 km2, du 12e au essentiellement constitués de rizières
gression de sa couverture forestière 25 e parallèle). On peut distinguer irriguées. La pluviométrie varie de
qui met en péril la production agri- quatre grandes zones. 1 200 à 1 800 mm/an avec quatre à six
cole et donc l’alimentation de la po- ▪ Les Hautes-Terres de la zone mois secs, la température moyenne
pulation à 80 % rurale. Les reboise- centrale sont densément peuplées et est de 19 °C.
ments et les études menées pour leur très peu boisées. Les caractéristiques
extension sont nombreuses et datent de cette région d’altitude sont forte- Carte 1
de plus de 60 ans. Les connaissances ment influencées par la topographie Les régions climatiques de Madagascar. (CIRAD, d’après
sur la filière (choix d’espèces, tech- accidentée et l’acidité des sols. Humbert et Cours-Darne modifié).
niques de plantation, sylviculture, Climatic regions of Madagascar. (CIRAD, according to
amélioration génétique) sont particu- Humbert and Cours-Darne, modified).
lièrement précises, notamment en
matière de semences forestières. Les
reboisements sont considérés par l’É-
tat malgache comme une priorité.
Après une introduction sur le secteur
des reboisements, les auteurs pré-
sentent le dispositif de production de
semences forestières mis en place à
Madagascar.

Un environnement fragilisé : région


d’Antsirabe (▲) et paysage du sud
(Ihosy) (▼).
A weakened environment: Antsirabe
region (▲) and southern landscape
(Ihosy) (▼).
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FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

▪ La région occidentale qui ac- Dans la région des Hautes-


Situa tion des
cueille la grande majorité des trou- Terres, où la couverture forestière est reboisements
peaux de bovins (plus de huit millions la plus faible, l’approvisionnement en
de têtes pour Madagascar) est carac- bois des populations est assuré par
térisée par des feux de brousse. La les plantations d’eucalyptus et de La dégradation de l’environne-
pluviométrie varie de 600 à 1 400 pins. À titre d’exemple, les habitants ment et des ressources naturelles
mm/an avec cinq à sept mois secs, la d’Antananarivo (un million et demi avait déjà été perçue par les autorités
température moyenne est de 26 °C. d’habitants) consomment l’équiva- de la monarchie dès le XVIIIe siècle et
▪ La région orientale possède la lent de deux millions de tonnes de des mesures conservatoires avaient
majorité des forêts naturelles de bois ronds. Ces produits proviennent été prises pour l’environnement. L’un
Madagascar. Mais leur exploitation essentiellement de taillis d’Eucalyptus des soucis du roi Andriannampoini-
incontrôlée, la recherche de terrains robusta plantés autour de la capitale merina (1710-1790) était la conserva-
pour l’agriculture de subsistance et la et dans la région de Moramanga, tion de la forêt naturelle. Les reboise-
pression démographique aboutissent principalement sur les axes routiers ments quelque peu importants ont
à la déforestation rapide de ces mi- de l’est, Antananarivo-Toamasina, et débuté avec la colonisation, dès la fin
lieux. Étant donné les fortes pentes et du nord, Antananarivo-Anjozorobe. du XIXe siècle, lors de l’aménagement
l’importance de la pluviométrie, cette Dans les régions où les formations des axes routiers. Ils se sont poursui-
région subit les processus d’érosion naturelles sont encore présentes (ré- vis, à partir de 1910, avec la construc-
les plus actifs de l’île. Cette situation gions est et ouest), les populations tion du chemin de fer (Louvel, 1952).
est d’autant plus alarmante que cette utilisent principalement du bois issu Eucalyptus robusta et E. camaldu-
région représente la majeure partie des formations naturelles. lensis ont été plantés le long des
du potentiel agricole du pays (vanille, À Madagascar, la conservation voies de communication, au départ
café, girofle, litchi, cannelle, banane). des sols et les reboisements sont des de Tananarive, en arbres d’aligne-
La pluviométrie varie de 1 600 à 3 500 préoccupations déjà anciennes ment ou en plantations destinées à
mm/an avec un à trois mois secs, la (début du XXe siècle). Pourtant, les approvisionner en combustible la
température moyenne est de 24 °C. plantations forestières ne couvrent compagnie du chemin de fer.
▪ La région méridionale connaît que 316 000 ha (DGEF, 1997), ce qui Vers 1935-1940, le service fores-
un climat semi-aride ; elle subit des est peu en regard de la situation gé- tier a encouragé les reboisements
sécheresses cycliques mettant en nérale du pays (besoin en bois éner- collectifs effectués sous son contrôle
péril les récoltes et la survie des po- gie, niveau de développement). par les villageois. Cela a mené à
pulations agricoles. Cette région, Dans les années à venir, la crois- constituer des périmètres unitaires
avec celle du nord, souffre des effets sance démographique et la diminu- de reboisement de 5 à 20 ha. Au
de l’érosion éolienne sur des sols sa- tion de la surface forestière vont ac- temps de la I re République (1960-
bleux. La pluviométrie varie de 350 à croître l’intérêt pour les plantations 1972), le reboisement a été décrété
600 mm/an avec sept à dix mois secs, forestières. Les mesures de protec- devoir national de tout citoyen.
la température moyenne est de 25 °C. tion des forêts naturelles devraient Cependant, malgré la contribution
limiter l’accès aux ressources importante des populations, les pro-
Probléma tique forestière ligneuses et, donc, augmenter l’inten- duits revenaient exclusivement à
sité d’exploitation des plantations. l’État. À cette période, les services
À Madagascar, la forêt naturelle Celles-ci répondent à des besoins en forestiers ont effectué les premiers
peu modifiée couvre 10,3 millions bois énergie, mais aussi en bois de reboisements industriels décrits
d’hectares et la formation naturelle service et en bois d’œuvre. plus loin (Haut-Mangoro et
dégradée 2,6 millions d’hectares. Une L’extension des surfaces plan- Haut-Matsiatra). Au début de la
part importante de l’approvisionne- tées nécessite que l’État malgache IIe République (1975), une nouvelle
ment en bois des populations pro- précise de nombreux paramètres : forme de reboisement fondée sur les
vient des formations naturelles qui réglementation foncière, mesures travaux communautaires s’est déve-
sont surexploitées. Malgré les enga- incitatives, référentiels techniques, loppée. Chaque canton ou commune
gements de l’État et des bailleurs de production de semences, etc. se devait d’entreprendre des activités
fonds en faveur de la protection de de reboisement. Plus tard, pendant la
l’environnement, on constate un dé- période 1980-1995, le gouvernement
frichement continu des massifs fores- a pris plusieurs mesures destinées à
tiers naturels dans les forêts de favoriser les plantations forestières.
l’ouest et de l’est. Celui-ci est estimé Les plus importantes ont été de céder
à 140 000 ha/an. gratuitement des plants, de créer des
zones en faveur des arbres et d’offrir
aux particuliers et aux groupements
L’arbre en milieu agricole dans les
environs d’Antsirabe.
The tree in an agricultural environment
near Antsirabe.
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REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

villageois la possibilité de s’appro- L’inter vention de l’Éta t protéger des bassins versants contre
prier les terrains domaniaux ainsi mis l’érosion. Le premier périmètre écono-
en valeur. Cependant, les taux de Les zones délimitées pour le mique s’est ouvert, en 1960, dans la
réussite et les productivités faibles reboisement couvrent plus d’un région de la Haute-Matsiatra (Fiana-
des plantations généralement obser- million d’hectares. Néanmoins, la rantsoa). Les plantations ont pris fin
vés découlaient du manque de suivi surface réelle reboisée n’est que de en 1975, après l’établissement de
et d’entretien des plantations. 316 000 ha (DGEF, 1997). Le faible 35 000 ha en P. patula. Mais, de toutes
Dans le cas plus précis de la ré- taux de reprise des plants et le passa- les opérations d’enrésinement enga-
gion d’Antananarivo, les paysans ge du feu dans les jeunes plantations gées à Madagascar, celle de la vallée
malgaches ont très rapidement utilisé expliquent ces différences. Depuis du Haut-Mangoro (Moramanga) a créé
l’eucalyptus comme essence de re- 1996, l’État malgache n’intervient plus le plus vaste massif artificiel, soit envi-
boisement. Pour la plupart d’entre directement dans les actions de reboi- ron 75 000 ha plantés, dont près de
eux, l’intérêt résidait dans une straté- sement. Cependant, les reboiseurs 50 000 ha en P. kesiya, le reste étant
gie de défense pour bloquer l’instal- disposent d’une quantité considé- couvert par P. elliotii et P. caribeae.
lation des colons français (Bertrand, rable d’informations techniques sur Environ 5 000 ha de terrains peu pro-
1999). les plantations forestières, grâce aux pices aux pins ont été plantés en euca-
Deux faits marquants caractéri- résultats des travaux menés durant lyptus (Schmitt, Rafaly, 1997). Les
sent la problématique des planta- plusieurs décennies par les services travaux ont été menés par la société
tions forestières. Il s’agit de l’insécu- forestiers et la recherche forestière : Fanalamanga avec des fonds de l’État
rité foncière et de l’utilisation ▪ tris d’espèces en arboretum malgache et de la Banque mondiale,
courante du feu dans les zones d’éle- (90 arboretums, 700 espèces) ; dans le cadre d’un projet papetier.
vage bovin et dans les zones actives ▪ essais sylvicoles divers (écar- L’usine de pâte à papier n’ayant pas
de culture sur brûlis. tement, densité de plantation, éclair- été construite, l’objectif de la planta-
Madagascar présente une gran- cie, provenances-descendances) ; tion a été changé pour une production
de variété de situations foncières lo- ▪ actions de sensibilisation au- de bois d’œuvre pour le sciage et le
cales, qui ont en commun un niveau près des populations rurales ; déroulage (Bouillet, Lefèvre, 1996).
élevé d’insécurité foncière et un dé- ▪ reboisements à grande échelle La région du Mangoro connaît actuel-
veloppement récent et rapide des (Matsiatra : 35 000 ha ; Mangoro : lement un développement écono-
conflits fonciers, parfois violents 75 000 ha). mique rapide, qui repose sur l’exploi-
(Bertrand, Razafindraibe, 1997). Parmi les essences testées, les tation des plantations et la trans-
Les feux de brousse sont étroite- pins tropicaux se sont distingués, no- formation du bois pour l’exportation
ment liés à l’activité des populations tamment Pinus patula et P. kesiya. Dès et le marché national (exportation de
locales ou migrantes et ils ont des ori- 1960, ces deux espèces ont été les bois ronds, ameublement, matériaux
gines diverses (défrichement, éle- pièces maîtresses des reboisements. de construction du bâtiment, pa-
vage bovin, conflits sociaux). La sur- Elles sont destinées à convertir des lettes). Cette région est devenue un
face parcourue annuellement par les zones abandonnées en terrains pro- bassin d’emploi en pleine expansion.
feux de brousse est officiellement de ductifs de bois à usages multiples et à
l’ordre d’un million d’hectares, mais
elle peut varier de façon importante
selon la précocité de la saison des
pluies. Cette situation nécessite d’in-
tégrer la résistance au passage des
feux dans les critères du choix des es-
pèces de reboisement.
Dans ce contexte, il est fréquent
de rencontrer chez les paysans une
perte de motivation après un ou plu-
sieurs échecs dus aux dégâts du feu
et, donc, un manque d’intérêt à s’in-
vestir encore dans les plantations fo-
restières.

Culture du maïs sous des pins.


Maize crops beneath pine.
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FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

Carte 2
Implantation à Madagascar du dispositif de
production de semences forestières du FOFIFA-
DRFP/CIRAD-Forêt.
Location in Madagascar of the FOFIFA-DRFP/CIRAD-
Forêt forest seed production system.
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REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

Les reboisements pr ivés développées par l’Association natio- Une dizaine d’espèces (E. robusta,
nale d’actions environnementales E. grandis, E. cloeziana, E. resinifera,
À titre individuel, les eucalyptus (ANAE), qui apporte les financements E. camaldulensis, E. microcoris,
ont été utilisés pour délimiter les nécessaires aux opérateurs. Elles ont E. maculata, E. pilularis, P. kesyia,
terres nouvellement immatriculées concerné 17 000 ha lors du Programme P. caribaea, P. eliottii, P. patula et
ou en cours d’immatriculation. Et, environnemental 1 (1993-1997), et 32 P. oocarpa) ont présenté des caracté-
dans le même temps, les populations 000 ha sont prévus (ANAE, 1998) ristiques intéressantes (croissance en
rurales autour de Tananarive ont com- dans le cadre du Programme environ- hauteur, production en volume) dans
pris tout le parti économique qu’elles nemental 2 (1998-2002). les conditions climatiques et pédolo-
pouvaient tirer du bois destiné au giques de Madagascar.
chemin de fer. Elles ont progressive- Le rôle de la recherche Pour ces espèces sélectionnées,
ment planté des eucalyptus sur les forestière les essais provenances-descen-
tanety1, en association avec le riz irri- dances (installés dans les années 80)
gué dans les bas-fonds. Au début du À Madagascar, la recherche fo- ont permis d’étudier la variabilité
siècle dernier, le combustible domes- restière en matière de plantation est intraspécifique et de comparer les
tique habituel à Tananarive était le menée principalement par le DRFP provenances locales avec celles intro-
bozaka 2 . Le bois et le charbon de (Département des recherches fores- duites (Bouvet, Andrianirina, 1990).
bois, initialement utilisés par la popu- tières et piscicoles) du FOFIFA (Centre Ces dernières ont été plus perfor-
lation aisée, ont progressivement pris national de recherche appliquée au mantes en termes d’adaptation et de
le relais dans l’ensemble de la popu- développement rural), appuyé par le productivité. Les provenances locales
lation. Dans les zones nord et est CIRAD-Forêt. Les actions actuelles bé- présentent, souvent, les effets dé-
d’Antananarivo, les plantations d’eu- néficient des résultats obtenus dans pressifs de la consanguinité (perte de
calyptus représentent, à l’heure ac- les nombreux arboretums installés croissance en hauteur). Les activités
tuelle, la majeure partie du revenu dans les années 1940-1960. À l’issue de la recherche forestière durant ces
des ménages ruraux. d’un premier tri sévère effectué dans vingt dernières années se sont essen-
La surface totale couverte par ces arboreta, la recherche forestière tiellement réalisées dans la région du
les eucalyptus atteint actuellement s’est appliquée à déterminer les es- Haut-Mangoro.
147 000 ha (Randrianjafy, comm. pèces les mieux adaptées et les plus
pers.), dont plus des deux tiers sont productives dans le contexte des re-
privés. L’extension des plantations boisements malgaches (Gachet, 1 Tanety : colline.
2 Bozaka : combustible constitué de graminées.
privées se poursuit du fait d’une né- 1968 ; Sutter, Rakotonoely, 1989).
cessité économique dans les zones Dans les années 70, plusieurs essais
de production (Manjakandriana et spécifiques ont ainsi été mis en place
Anjozorobe). De préférence aux zones dans les zones potentiellement
Production de bois de feu pour la ville
occidentales d’Antananarivo, l’exten- destinées au reboisement (Haute- d’Antananarivo dans la région de
sion des plantations intervient autour Matsiatra, Haut-Mangoro, région des Manjakandriana.
de ces deux agglomérations. Elle est Tampoketsa, Brickaville ; carte 2). Fuelwood production for the town of
motivée par la présence d’axes rou- Antananarivo in the Manjakandriana
tiers et par un climat relativement region.
plus humide, dû à l’influence des ali-
zés. Eucalyptus robusta est la princi-
pale espèce rencontrée dans ces
peuplements ; cette espèce rejette vi-
goureusement, même après le passa-
ge du feu, et elle se contente de sols
peu fertiles. Mis à part cette région,
l’extension des reboisements est in-
fluencée par les activités menées par
divers projets et ONG. Grâce à la mé-
thode participative, les populations
sont totalement impliquées dans les
actions de reboisement, depuis la
production des plants jusqu’à l’entre-
tien des plantations. Les opérations
de « reboisement paysan » les plus
importantes reviennent aux actions
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FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

Contexte actuel al., 1993). Cette liste est proposée raisons sont évidentes : l’existence
de production aux acteurs du reboisement depuis d’un marché pour ce bois (charbon,
plus de vingt ans. L’étude des ventes perche, poteau, planche), la croissan-
et de diffusion de graines forestières réalisées par le ce rapide, les produits multiples, la
Silo national des graines forestières capacité à rejeter, les qualités techno-
des semences (SNGF) a permis d’identifier les es- logiques, la résistance au passage du
pèces les plus demandées, qui cor- feu, etc.
Analyse des besoins respondent aux espèces conseillées. Cependant, étant donné les pro-
et choix des espèces Une trentaine d’espèces représente blèmes de conservation des sols, les
plus de 90 % des besoins en matière acacias, légumineuses qui fixent
La croissance des espèces au- de reboisement. l’azote atmosphérique, intéressent
tochtones de Madagascar étant très Étant donné la situation actuelle de plus en plus les acteurs du déve-
lente, le choix des forestiers s’est (économique, environnementale), la loppement. Les premiers essais ne
porté sur des espèces exotiques à place de l’eucalyptus à Madagascar, datent que de 1984.
croissance rapide. Les genres les acquis techniques accumulés, il Les principales caractéristiques
Eucalyptus et Pinus se sont distin- n’est pas question d’ouvrir, ici, le retenues pour le choix des espèces et
gués en raison de leur rusticité et de débat sur le choix des espèces exo- pour les sélections effectuées dans
leur croissance rapide. La synthèse tiques, en particulier sur les euca- les vergers à graines dépendent du
des résultats des divers essais, com- lyptus. On constate simplement que, comportement de ces espèces, sa-
binée à une analyse des résultats ob- dans toute l’île, l’intérêt des popula- chant qu’une espèce ne peut répon-
tenus en arboretum, a permis de dres- tions, qui est à respecter avant tout dre, à la fois, à toutes les attentes.
ser une liste d’espèces adaptées aux autre, porte sur les espèces à crois- Selon les objectifs du reboisement
plantations (DRFP, 1990 ; Jürgen et sance rapide comme l’eucalyptus. Les (protection des sols, production de

Ta bleau I Type de source de graines pour les espèces pr incipales


inscr ites au ca talogue na tional (les espèces sont citées
au plus haut niveau d’améliora tion)

Type de source de graines 1 2 3 4


Connaissance de la variabilité non oui oui oui
Sélection effectuée non non oui oui
Production testée non non non oui
Espèces Adansonia digitata Acacia dealbata Acacia albida Eucalyptus grandis
Albizia chinensis, A. procera Acacia galpinii Acacia aulacocarpa Eucalyptus robusta
Araucaria angustifolia Acacia leptocarpa Acacia auriculiformis Pinus elliottii
Bismarckia nobilis Albizia lebbeck, gummifera, falcataria Acacia crassicarpa Pinus kesiya
Calophyllum inophyllum Anacardium occidentale Acacia mangium Pinus patula
Cassia leiandra, nodosa, siamea, spectabilis Azadirachta indica Acacia mearnsii
Cotoneaster franchetii Callitris calcarata, rhomboïdes Acacia nilotica
Cordyla madagascariensis Canarium madagascariense Casuarina equisetifolia
Colvillea racemosa Casuarina cunninghamiana Casuarina cunninghamiana
Dalbergia purpurascens Toona sinensis (Cedrela sinensis) Eucalyptus camaldulensis
Delonix adansonoïdes, regia Cupressus arizona, lusitanica, pyramiladis, torulosa Eucalyptus citriodora
Dodonea madagascariensis, repens Eucalyptus saligna Eucalyptus cloeziana
Syzygium cumini (Eugenia jambolona) Eucalyptus torreliana Eucalyptus grandis
Grevillea banksii Gliricidia sepium Eucalyptus robusta
Harungana madagascariensis Khaya madagascariensis Eucalyptus microcorys
Hernandia voyroni (Hazomalania voyronii) Khaya senegalensis Eucalyptus resinifera
Intsia bijuga Liquidambar styraciflua Eucalyptus maculata
Leucaena leucocephala Tectona grandis Eucalyptus tereticornis
Melaleuca leucadendra Terminalia superba Gmelina arborea
Neobeguea mahafaliensis Grevillea robusta
Phyllarthron madagascariense Prosopis juliflora
Podocarpus gaussenii Pinus caribaea
P. madagascariensis
Terminalia mantaly
Tamarindus indica
Thuya orientalis
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REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

bois de feu, de perches ou bois de 350 kg pour les eucalyptus, à plus de


service…), on privilégiera un carac- 350 utilisateurs. Il couvre près de
tère plutôt qu’un autre : 100 % des besoins nationaux. Les ef-
▪ la croissance juvénile forte, forts de communication (publicité
afin de s’affranchir du recrû ou des dans la presse locale et sur le site
feux courants pour les espèces résis- Internet) favorisent l’exportation de
tantes au feu ; semences dans une vingtaine de
▪ la capacité à rejeter, qui per- pays, allégeant ainsi les coûts de pro-
met d’obtenir des taillis et de faire duction (SNGF, 1999 a).
plusieurs rotations ;
▪ la rusticité, qui rend possible
une production correcte sur des sols Production de graines
peu fertiles ;
▪ l’homogénéité dans la crois- Le réseau de production de
sance et la forme des arbres ; graines est hétéroclite. Il a longtemps Production de planches d’eucalyptus à Madagascar.
▪ la production d’une litière peu été constitué par les essais sylvicoles Production of eucalyptus planks in Madagascar.
abondante, qui limite l’impact des ou de plantation, installés par le
feux courants. Service des eaux et forêts, qui ont été
transformés en parcelles semen- Parcelles de production
Une str ucture via ble cières. Ensuite, les essais de re- des programmes de
de production et cherche ont permis d’étoffer ce ré- recherche
de distr ibution seau. Actuellement, le FOFI FA,
associé au CIRAD-Forêt et au SNGF, a Problématique
C’est en 1969 qu’a été créé le mis en place des vergers à graines L’origine du matériel végétal in-
service des graines au sein de la destinés à produire des semences de troduit à Madagascar est souvent in-
Direction des eaux et forêts. Depuis meilleure qualité. Le dispositif de pro- connue et la base génétique est pro-
1988, ce service reçoit le concours du duction couvre tout le territoire natio- bablement étroite. La fécondation
Projet d’appui au silo national de la nal. Les parcelles semencières sont croisée permet aux espèces fores-
Coopération suisse. En 1992, il a été répertoriées dans un catalogue natio- tières (le plus souvent allogames)
transformé en établissement public à nal. Elles se répartissent dans les d’éviter les effets héréditaires néga-
caractère industriel : le Silo national quatre catégories de matériel fores- tifs (gènes létaux). Le croisement pré-
des graines forestières (SNGF). Cet tier de reproduction, suivant les férentiel entre des individus apparen-
établissement a rapidement évolué normes du système de l’OCDE tés augmente la consanguinité et
vers une structure financièrement au- (Organisation de coopération et de l’apparition de caractères non sou-
tonome : 38 % d’autofinancement en développement économique) pour le haités ainsi que la mortalité. Les va-
1992, 90 % en 1997 (SNGF, 1999 a). contrôle des matériels forestiers de riétés issues des peuplements exis-
L’objectif actuel de cet organisme est reproduction. Le tableau I présente la tants sont, donc, moins productives
d’assurer la production de graines fo- répartition selon ces catégories des et présentent les effets de la consan-
restières de qualité, en intégrant la soixante-douze espèces : guinité : croissance plus faible, mau-
demande des opérateurs du reboise- 1. matériels identifiés issus de vaise adaptation (Lebot, Ranaivo-
ment. Un soin particulier est apporté peuplements identifiés et délimités : son, 1994). L’utilisation de telles
dans le choix des parcelles semen- 26 espèces ; variétés peut compromettre le succès
cières quand il n’existe pas de verger 2. matériels sélectionnés issus des plantations. Le risque est grand
à graines (hauteur dominante, forme de peuplements ayant subi une sélec- de voir les reboiseurs se décourager
des arbres, éclaircies sélectives, etc.). tion phénotypique individuelle : 19 et la dégradation de l’environnement
Le SNGF contribue à gérer les res- espèces ; s’accentuer, freinant ainsi le dévelop-
sources génétiques forestières, aussi 3. matériels qualifiés provenant pement de la filière bois et le déve-
bien des espèces exotiques que des de plantations issues de graines (ver- loppement rural.
espèces autochtones. Sa zone d’ac- gers à graines de semis ou de fa- L’objectif du programme sur les
tion est nationale. milles) ou de boutures (verger mono- espèces exotiques de feuillus et de
Avant 1989, la plupart des pro- ou polyclonal) : 22 espèces ; pins était d’étudier, dans un premier
jets de reboisement à Madagascar 4. matériels testés issus de peu- temps, la variabilité intraspécifique
importaient les graines forestières. plements, de plantations de graines, des espèces prioritaires. Cette étude
Actuellement, le SNGF vend plus de de vergers à graines, de vergers de fa- est menée dans plusieurs zones bio-
quatre tonnes de semences d’une milles, de clones ou de mélange clo- climatiques de Madagascar. Des es-
cinquantaine d’espèces, dont 250 à nal : 5 espèces. sais comparatifs de provenances sont
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
58
FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

mis en place et évalués pour chaque lioration à long terme. Cette étape Il a été décidé de produire des
espèce. Une synthèse des résultats concerne principalement la foresterie variétés synthétiques par pollinisa-
obtenus par le programme a permis villageoise et, dans une moindre me- tion libre dans la région d’utilisation.
d’élaborer une stratégie d’améliora- sure, la foresterie industrielle. Il s’agit Les dispositifs de reproduction de ces
tion adaptée au cas de Madagascar d’améliorer simultanément une ving- vergers doivent permettre de se rap-
(diversité climatique, objectifs, taine d’espèces de feuillus dans les procher d’une panmixie. Théorique-
moyens…). Le FOFIFA a reçu, entre quatre zones bioclimatiques du pays ment, ils visent à réduire les risques
1993 et 1998, un appui financier du ainsi que cinq espèces de pins tropi- d’autofécondation et à favoriser les
Fonds européen de développement. caux. L’objectif est de produire des croisements interprovenances ou in-
variétés plastiques, rustiques, à terfamilles. L’introduction d’une im-
Objectif croissance juvénile forte et destinées portante variabilité génétique est
L’installation de vergers à à des usages multiples. Les variétés fondamentale. Les provenances intro-
graines est une étape essentielle doivent être distribuées sous la forme duites sont généralement originaires
dans le cadre de la stratégie d’amé- de graines. de l’aire naturelle de l’espèce consi-

Ta bleau II Nombre de provenances et de descendances par site


introduites depuis ces dix der nières années dans le
cadre des travaux de la recherche forestière

Fianarantsoa Anarafaly Ivoloina Kianjasoa Mahela Miadana Moramanga Sahafary Tuléar

Acacia albida 6 92
Acacia aulacocarpa 9 63
Acacia auriculiformis 18 158 5 65
Acacia crassicarpa 9 294 9 294 20 379
Acacia mangium 12 100 12 100 11 201
Acacia nilotica 8 164
Azadirachta indica 5 140 3 84 2 28
Calliandra calothyrsus 12 Inc
Casuarina equisetifolia 8 105
Casuarina cunninghamiana 5 45
Eucalyptus camaldulensis 21 150 6 55 6 55 5 66 5 45
Eucalyptus maculata 10 84 9 73
Eucalyptus grandis 4 13 9 80
Eucalyptus robusta 22 229 16 153
Eucalyptus tereticornis 21 329 3 32 20 388
Eucalyptus citriodora 4 90
Eucalyptus cloeziana 15 167 6 39
Eucalyptus microcorys 16 131 12 129
Eucalyptus muelleriana 8 69
Eucalyptus resinifera 14 96 12 124
Grevillea robusta 7 33
Gmelina arborea 1 50
Cedrela odorata 17 200
Pinus caribaea 8 Inc 8 Inc 19 Inc
Pinus elliottii 10 Inc
Pinus oocarpa 15 Inc 17 Inc
Pinus patula 17 inc 9 Inc
Prosopis juliflora 5 76 5 71 6 91

Inc : données inconnues ; en gras, nombre de provenances ; en romain, nombre de descendances.


BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
59
REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

dérée. Elles sont retenues en fonction en plus, le marché des semences fo-
Analyse de la
des conditions climatiques du site restières à travers la commercialisa- filière et
d’implantation et de la disponibilité tion du Silo national des graines fo-
en semences. Le nombre de semen- restières (SNGF, 1999 b) : acacias per spectives
ciers dans les lots de graines impor- australiens à 90 %, pins à 50 % et eu-
tés est un critère de choix (tableau II). calyptus à 15 %. Notons que la plu-
pour le
Le dispositif expérimental est élaboré part des vergers à graines ont moins reboisement
de manière à évaluer, dans un pre- de cinq ans et que les travaux de sé-
mier temps, la variabilité intraspéci- lection se poursuivent.
fique de l’espèce. La transformation Pour les résineux, le programme À Madagascar, la plantation
de la parcelle en verger à graines s’ef- d’amélioration génétique du FOFIFA a d’espèces à croissance rapide est une
fectue par éclaircies successives. reçu l’appui de la Coopération suisse préoccupation ancienne, mais tou-
Selon les sites et les espèces, la à travers le SNGF. À partir d’essais de jours d’actualité. La quantité de
densité initiale est comprise entre provenances, la stratégie repose sur graines vendues (250 kg annuelle-
150 (7 x 7 m) et 4 444 (1,5 x 1,5 m) la sélection d’arbres d’élite et leur ment pour les eucalyptus, par
tiges par hectare. Les éclaircies sélec- multiplication végétative pour mettre exemple) est sans commune mesure
tives sont menées de telle sorte que en place des vergers à graines de avec les plantations effectivement
les meilleurs individus de chaque clones (Nanson, 1972). Dans le cadre mises en place (tableau III). La pro-
provenance soient conservés. Par de ce programme, plus de 130 ha de duction de plants de qualité montre
ordre croissant, les critères de sélec- parcelles expérimentales (essais de encore des lacunes, souvent et à tort
tion utilisés reposent sur l’état sani- provenances, essais de descen- la qualité des graines est mise en
taire, la conformation et la croissance. dances) et de vergers à graines ont cause. Auparavant, celle-ci pouvait
La densité finale d’un verger à graines été installés (Rakotovao et al., 1996 ; être discutée, mais des efforts impor-
est comprise entre 150 et 250 tiges Rakotomanampison, Verhaegen, tants ont été réalisés aussi bien pour
par hectare. Pour les feuillus, l’étape 1980). Le verger à graines de clones la qualité des semences forestières
suivante consiste à créer une nouvel- de Pinus kesyia (20 ha), installé en que pour la diffusion de celles-ci.
le population d’amélioration à partir 1984, produit des semences depuis
des descendances (familles de demi- cinq ans. Les vergers de Pinus patula,
frères) d’arbres « plus » sélectionnés P. elliotii et P. caribaea établis récem-
dans les essais. Pour les pins, le pro- ment ne sont pas encore productifs.
gramme diffère puisque le schéma
d’amélioration comprend la mise en
place de vergers à graines de clones.

Résultats
Les activités du programme de Ta blea u III Vente annuelle nationale du Silo national
recherche ont introduit de cette façon des graines forestières (SNGF)
60 provenances qui concernent cinq par groupe d’espèces (kg) et surface
espèces de pins et 300 provenances potentielle de reboisement pour l’année 1999
pour vingt-cinq espèces de feuillus (SNGF, 1999 b, 2000)
(carte 2). Le dispositif mis en place
ces dernières années regroupe la pro- Vente annuelle nationale du SNGF (kg) Surface (ha)
duction de graines sur quelques sites, 1997 1998 1999
en l’occurrence les stations de re- Espèces
cherche du FOFIFA. Acacia - 60 40 600
Le dispositif de vergers à graines dont A. mangium 32
forestières permet au pays d’être Eucalyptus 170 221 269 26 000
quasiment autonome en matière dont E. robusta 111 125 12 000
de semences forestières. À titre E. camaldulensis 62 81 8 000
d’exemple, les graines d’acacias aus- E. citriodora 20 35 500
traliens, auparavant importées à des Teck - 168 60 20
coûts prohibitifs, sont maintenant
Autres feuillus 64 335 131 30
disponibles en quantité suffisante
(Chaix et al., 1999). Depuis 1997, les Pins et résineux 125 180 134 120
vergers installés par le FOFIFA et le Espèces agroforestières 1 110 1 578 2 423 2 500
CIRAD-Forêt approvisionnent, de plus Totaux 1 469 2 542 3 057 29 270

La surface en hectares est estimée comme suit : S = (densité [graines/kg] x vente 1999 [kg] x 0,75
[pouvoir germinatif moyen] x 0,5 [on suppose que les pertes en plants sont de 50 %] )/2 500 plants à
l’hectare à la plantation.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
60
FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

Les mesures Objectifs de la nouvelle Politique de développement rural


d’accompagnement politique forestière Concernant le secteur forestier
Dans un contexte caractérisé de la politique nationale de dévelop-
La politique en matière d’envi- par une forte dégradation des res- pement rural adoptée en 1994 et sui-
ronnement est en pleine évolution à sources forestières, un recul de l’au- vie par le Plan d’action de développe-
Madagascar. Il est intéressant de re- torité de l’administration publique, ment rural (PADR), les objectifs
tracer les différentes politiques adop- une baisse de responsabilité des ac- spécifiques liés au reboisement sont
tées pour les reboisements. Le SNGF teurs et un potentiel économique in- les suivants :
est d’ailleurs, à la demande du minis- suffisamment mis en valeur, la poli- ▪ accroître les superficies boi-
tère des eaux et forêts, l’un des ac- tique forestière malgache a été sées ;
teurs majeurs de l’élaboration et de redéfinie en 1997. ▪ définir un plan d’aménagement
la définition des politiques forestière Cette nouvelle politique fores- des bassins versants pour prévenir
et environnementale. tière comprend quatre grandes l’ensablement des rizières ;
orientations, dont l’un des objectifs ▪ renforcer la mise en applica-
Adhésion au système de l’OCDE est d’augmenter la superficie et le po- tion de la réglementation sur les
L’OCDE propose aux gouverne- tentiel forestiers pour que la forêt zones naturelles protégées ;
ments de ses pays membres un cadre puisse mieux remplir, à long terme, ▪ satisfaire la demande en com-
pour examiner, élaborer et perfection- ses fonctions économiques, écolo- bustibles domestiques.
ner les politiques économiques et giques et sociales. Elle consiste à ins- La stratégie et le plan d’actions
sociales. A l’initiative du SNGF, taurer un environnement favorable consistent à :
Madagascar a adhéré, en 1998, au aux initiatives en matière de reboise- ▪ intensifier les opérations de re-
système de l’OCDE, qui réglemente ment, assurer la sécurité foncière aux boisement par les pépinières fores-
par des lois, des décrets et des ac- reboiseurs, orienter les reboisements tières privées et la promotion des
cords internationaux le commerce du en fonction des besoins régionaux ou reboisements villageois et com-
matériel de reproduction forestier locaux et intensifier les actions liées à munautaires ;
dans les pays membres. En adoptant l’aménagement des bassins versants. ▪ inciter et appuyer les reboise-
ces critères, Madagascar peut faire Pour atteindre ces objectifs, la nou- ments communautaires à caractère
état d’un label de qualité qui lui ouvre velle politique est accompagnée économique (pour la fourniture de
des marchés extérieurs. Les normes d’une loi forestière, dont un décret combustible domestique) et de pro-
qui s’appliquent aux activités de ré- d’application sur le reboisement vient tection ;
colte et de commercialisation des de sortir. ▪ poursuivre les actions de plan-
graines forestières à l’échelle natio- tation dans les périmètres commu-
nale doivent également être en vi- Politique environnementale nautaires, avec la jouissance du droit
gueur sur le marché local. Elles La charte de l’environnement, de propriété individuelle.
contraignent donc l’ensemble des adoptée en 1990, vise à établir un
intervenants de ce secteur et contri- équilibre harmonieux entre les be- Per spectives
buent à améliorer la qualité des se- soins de développement de l’homme
mences commercialisées. et les risques écologiques. L’un des Trois grandes orientations ont
objectifs de cette politique est de été proposées pour dynamiser le sec-
promouvoir un développement du- teur du reboisement. Elles sont à la
rable, équitable et bien réparti sur le base de l’élaboration d’un décret
territoire national en gérant au mieux d’application de la loi forestière pour
Verger à graines de Prosopis juliflora âgé les ressources naturelles. Il s’agit en le reboisement :
de 2 ans et demi. Station de Tuléar.
l’occurrence de mieux valoriser à ▪ proposition de mesures incita-
Tree seed orchard for Prosopis juliflora
aged 2,5 years. Tuléar station.
l’échelle locale les ressources natu- tives, afin de créer un environnement
relles (reboisement, agroforesterie, favorable, notamment la sécurisation
conservation des sols, réduction de la foncière ;
pollution des eaux) et de s’assurer ▪ mise en place de plans d’ac-
que les investissements du secteur tions régionaux en matière de reboi-
assurent la pérennité du développe- sement, conçus à l’échelle régionale,
ment sans porter préjudice aux res- qui intégreront les spécificités de
sources naturelles. chacune des régions de Madagascar ;
▪ proposition de mesures d’ac-
compagnement aux opérateurs pri-
vés du secteur forestier, en favorisant
notamment la professionnalisation
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
61
REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

de ce secteur (au moins pour la pro-


Conclusion À cela, il faut ajouter les cinq millions
duction de plants). de mètres cubes de bois de feu utili-
En matière de recherche fores- Madagascar se doit d’étendre sés annuellement. Si l’on estime
tière, il y a lieu de poursuivre les tra- les surfaces reboisées par le biais des à 10 m 3 /ha/an la productivité des
vaux engagés durant les sept der- plantations forestières, afin de stop- 316 000 ha de peuplements artifi-
nières années jusqu’à l’entrée en per la dégradation de son environne- ciels, les formations naturelles four-
production de tous les vergers à ment, et d’assurer l’approvisionne- nissent au moins les quatre cin-
graines. Les activités de recherche et ment en bois aussi bien des quièmes des besoins nationaux en
de développement devront porter sur populations rurales que des popula- bois énergie.
l’évaluation en milieu réel des varié- tions urbaines. Le reboisement actuel, entre
tés produites, l’amélioration du dis- Notons également que le main- 2 000 et 3 000 ha/an, est trop faible
positif de production et de sa couver- tien de la production des rizières en regard des estimations fondées
ture géographique. Le travail de (1,5 million d’hectares) passe par la sur les ventes de semences (environ
sélection sur les quelques espèces protection des bassins versants 30 000 ha annuellement). De gros ef-
prioritaires est à poursuivre ainsi que visant à limiter l’ensablement des forts restent à faire pour optimiser
l’aide au développement des reboise- bas-fonds. l’utilisation des semences : tech-
ments de qualité. En matière de bois énergie, la niques sylvicoles, production de
production annuelle en charbon de plants, entretien et protection des
bois, de l’ordre de 0,6 million de plantations. Ces reboisements sont
Verger à graines d’Eucalyptus maculata. tonnes, représente l’équivalent de dix encore insuffisants pour alléger la
Station de Mahela. millions de mètres cubes de bois. pression d’exploitation sur les forma-
Eucalyptus maculata seed orchard. tions naturelles. Il est urgent de
Mahela station. mettre en œuvre et d’appliquer les
nouveaux textes des différentes poli-
tiques élaborées afin d’accroître les
surfaces plantées.
Dans cet esprit, le gouverne-
ment malgache, avec les bailleurs de
fonds, a redéfini sa politique de déve-
loppement visant à favoriser la pro-
tection de l’environnement et à pro-
mouvoir les reboisements. Le service
forestier et la recherche forestière ont
établi des priorités et élaboré une
stratégie destinée à accroître les
surfaces reboisées. Le dispositif de
production de semences forestières
mis en place par la recherche couvre
quasiment les besoins nationaux.
L’augmentation du nombre de clients
nationaux et internationaux du Silo
national des graines forestières tra-
duit une demande croissante, qu’il
importe de satisfaire. Les travaux de
la recherche forestière fournissent les
connaissances nécessaires au reboi-
sement, ainsi qu’une garantie de qua-
lité du matériel végétal fourni.
Néanmoins, il convient d’amé-
liorer la diffusion des résultats et
l’appui technique aux reboiseurs.
L’objectif est de valoriser au mieux
les nombreux résultats pour concou-
rir au développement des zones ru-
rales et à l’amélioration du niveau de
vie des populations concernées.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
62
FOCUS / MADAGASCAN AFFORESTATION

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63
REBOISEMENTS MALGACHES / LE POINT SUR…

Synopsis Madagascar development policies


Efforts made to improve Madagascan forestry policy was rede-
SEED PR ODUCTION forest seed production fined and adopted in 1997. It is based
FOR MADAGASCAN The seed section of the Forestry and on the four main initiatives listed
AFFORESTATION Waterways Department was founded below:
in 1969. In 1986, it was transforma- ▪ establishment of an environment fa-
Gilles CHAIX, tion into a public establishment with vorable to afforestation initiatives ;
Lolona RAMAMONJISOA an industrial character, i.e. the forest ▪ establishment of land safety for
seed Silo (SNGF) whose objective is those afforestation;
to ensure the production of high- ▪ planning of afforestation efforts to
Forest in Madagascar cov- quality forest seed. meet local and regional needs;
ers an area of 8.8 million hectares, FOFIFA genetic improvement pro- ▪ intensification of efforts made to de-
i.e. approximately 15% of the land grams began with a study of the in- velop the catchment basin.
and is primarily composed of natural traspecific variability of the priority The environmental charter adopted in
forest with 316 000 ha of plantations. species. This study was conducted in 1990 aimed to re-establish a sus-
More than 4/5ths of the timber sup- several different bioclimatic zones of tained and harmonious equilibrium
plied to the population is derived Madagascar. The programs concern between man’s developmental needs
from natural forest. Forests both in approximately 20 deciduous species and ecological risk. Here, this con-
the west and the east are subject to and five tropical pines. The strategy cerns more particularly the local use
continual clearing of natural wood implemented aims to produce plastic, of natural resources (afforestation,
formations (140 000 ha annually). hardy species with rapid early growth agroforestry, soil conservation).
Some small-scale afforestation ef- intended for a multitude of purposes. As regards the forest sector of the na-
forts were started with colonization The varieties must be distributed in tional policy for rural development,
at the beginning of the 20th century the form of seed, i.e. produced by adopted in 1994, the specific objec-
when major roads and rail networks sexed means. The installation of tree tives in terms of afforestation consist
were constructed. Since species na- seed orchards constitutes an essen- of:
tive to Madagascar grow very slowly, tial step in this long-term improve- ▪ increasing forest-bearing land areas;
forest engineers have chosen non-na- ment strategy. ▪ definition of a plan for the develop-
tive species for afforestation. Prior to 1989, most afforestation proj- ment of the catchment basin;
Eucalyptus and pine are particularly ects in Madagascar relied on import- ▪ meeting the demand for household
suitable because of their hardiness ed forest seed, or generated the combustibles.
and rapid growth. Madagascan farm- seeds themselves. Currently, SNGF
ers, particularly those in the high-alti- markets more than 4 tonnes of seed Madagascar must extend its forest
tude regions, generally acquire euca- for approximately 50 species, includ- plantations. If it does not, environ-
lyptus. The land area covered by this ing 250-350 kg of eucalyptus seed, to mental degradation may well contin-
tree has now reached 147,000 ha. more than 350 users. The production ue and rural and urban populations
This cover continues to increase network has been built up through will no longer be guaranteed ade-
through economic necessity in cer- forestry research efforts or through quate supplies of timber. Annual fuel-
tain production areas (north-east of plantations initially created by the wood production is approximately
Antananarivo, south of Manjakan- Forestry and Waterways Department 15 million tonnes. Natural forest for-
driana). To these eucalyptus planta- then subsequently transformed into mations provide at least 4/5ths of na-
tions should be added the afforesta- production plots. This network was tional needs. Considerable efforts are
tion undertaken with coniferous then further supplemented by re- still required to optimize seed use:
species. The first land area opened in search efforts. forestry techniques, plant production,
the Upper Matsiatra area covered an and protection and maintenance of
initial surface area of 35 000 ha, hith- plantations.
erto almost entirely unused. The Although the forest seed production
other mountainous area, i.e. Upper system in place today is able to meet
Mangoro, covers 75 000 ha and has national needs, the results should be
been in production for five years. more widely disseminated and those
Future extensions of areas planted for involved in afforestation should be
afforestation require the establish- provided with technical support. The
ment of priorities, particularly as con- objective here is to promote the de-
cerns the supply of good quality seed. velopment of rural areas and the liv-
ing standards of the populations con-
cerned.
BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2001, N° 269 (3)
64

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V.A., 2000. CO-MANAGEMENT OF AGRICULTURAL INTENSIFICATION, SYMBOLISME CULTUREL À...
NATURAL RESOURCES: ECONOMIC DEVELOPMENT AND THE L’AGONIE PROGRAMMÉE ?
ORGANISING, NEGOCIATING AND ENVIRONMENT. CABI PUBLISHING, EDITIONS CHARLES LÉOPOLD
LEARNING BY DOING. GTZ, IUCN, 538 P. MAYER, 143 P.
KASPAREK VERLAG, 95 P.

ISBN 3-925064-303
GTZ-ABS/LISTRA Protected
Area Management and
Transition Zone
Development Project
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IUCN Regional Office CABI Publishing Prix : 50 F (7,62 €)
for Central Africa 10 E 40th Street Charles Léopold Mayer
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E-mail: cogestion.iucn@camnet.cm Fax: (+1) 212 686 7993
E-mail: cabi-nao@cabi.org Les traditions, les cultures et les
religions qui se sont développées
Kasparek Verlag dans les zones forestières
Mönchhofstr. 16 CAB International
Wallingford témoignent du respect des hommes
69120 HEIDELBERG pour la forêt. Dans les zones arides,
OXON OX10 8DE
Germany les arbres qui parviennent à pousser
United Kingdom
Fax: (+49) 6221 471 858 Tel: +44 (0)1 491 832111 et fournissent aux habitants
E-mail: Kasparek@t-online.de Fax: +44 (0)1 491 833508 nourriture, fourrage, pharmacopée et
E-mail: cabi@cabi.org matériaux divers sont également
This volume is designed to assist chargés d’une symbolique très riche.
http: //www.cabi.org Pourtant, depuis les origines, il
facilitators and partners of co-
management processes. It provides existe aussi une compétition entre
The need for increased food l’homme et la forêt, celle-ci faisant
guidelines for multi-stakeholder production, enhanced economic l’objet de défrichements en faveur de
management of natural resources growth and poverty reduction, whilst l’agriculture, de l’élevage ou,
and describes in detail relevant at the same time achieving aujourd’hui, de diverses industries.
concepts, methods and tools. environmental sustainability, is a Cette vieille compétition a désormais
The emphasis is on practical global issue of growing importance. pris une ampleur dramatique, et la
approaches and advice, in line with This book addresses the linkages destruction de la forêt, en particulier
the experience gained in field and tradeoffs involved in solving des forêts tropicales, compromet à la
initiatives promoted by GTZ and these challenges. Some of the fois les ressources des populations
IUCN in Central Africa and elsewhere. approaches taken are conceptual autochtones et la qualité
The text is accompanied by definition and theoretical, others report on environnementale de l’ensemble
specific empirical cases in which de la planète.
boxes, example boxes, checklists, Réunis en symposium à Klingenthal,
annexes illustrating participatory linked economic, biophysical and
policy models have been used to des représentants de religions et de
methods and tools of particular cultures du monde entier ont partagé
generate analytical estimates of
relevance for co-management tradeoffs, whilst others highlight la richesse symbolique revêtue par
processes, lessons learned, tips for institutional and policy issues l’arbre et la forêt dans leurs
action and a list of references and involved in trying to achieve multiple traditions respectives, et débattu des
suggested readings. social goals simultaneously. This différentes menaces qui pèsent sur
book is essential reading for those la forêt et des moyens d’y répondre.
Au-delà des solutions économiques
working and studying in the areas of ou politiques, l’homme ne doit-il pas
economic and agricultural replonger dans ses racines
development, environmental and culturelles pour retrouver le secret
forest management and policy, and d’un développement durable et
international policy analysis. harmonieux au sein de la nature ?

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