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www.experts-comptables.fr
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FÉVRIER 2011
Le Magazine
de l’Ordre
des Experts-
Comptables
Le financement :
levier de croissance
des entreprises
Février 2011
“ Les experts-comptables conscients de l’appui
qu’ils peuvent apporter aux TPE-PME dans leur souci
de financement, ont fait du besoin de leurs clients
DOSSIER
de financements auprès des banques, des marchés peut être assurée par l'expert-comptable. p La cartographie du financement
Les moteurs de recherche
La cotation / notation
”
Question a
Yves Nachbaur, directeur des Entreprises à la Direction générale des activités fiduciaires et de place de la Banque de France
Sic : La structure financière des entreprises a bien résisté. La crise a-t-elle impacté les entreprises au point
d’entraîner un effondrement de leur cotation Banque de France ?
Y.N. : Non, il n’y a pas eu de dégradation sensible des cotations Banque de France. Bien sûr les entreprises ont subi
une forte baisse d’activité et vu leurs marges opérationnelles se réduire dans d’importantes proportions, ce qui les a
plongées dans un pessimisme et a entraîné une baisse des investissements. Ceci, bien sûr, n’est jamais bon.
Mais, à la différence de ce que beaucoup craignaient, leur structure financière ne s’est finalement pas ou peu dégradée.
Nous n’avons pas encore les chiffres de 2010, mais les chiffres 2009 et les tendances 2010 qui sont en notre possession
montrent que les ratios d’endettement, le niveau des fonds propres et la plupart des indicateurs de robustesse de la
structure financière des entreprises ont plutôt bien tenu. Une étude sur ce sujet publiée dans le dernier bulletin trimestriel de la Banque de
France paru en décembre est très claire sur ce point.
Ceci témoigne d’une part de la résilience et d’autre part de la capacité d’adaptation de nos entreprises. Il ne s’agit pas cependant de dire que
tout va bien mais d’affirmer que, d’une manière générale, les entreprises ont mieux résisté que ce que l’on pouvait redouter.
En un mot, les cotations de la Banque de France se sont légèrement dégradées mais pas de manière significative.
Le Conseil Supérieur a créé l'observatoire
de la cotation-notation
uuu Suite article Cotation-notation des entreprises www.experts-comptables.fr/Observatoire-cotation-notation-des-entreprises
Observatoire de la cotation-notation
des entreprises créé par le Conseil Observatoire cotation-notation des entreprises
Supérieur Une démarche proactive pour une cotation maîtrisée
Créé par le Conseil Supérieur en juin 2010 et pré-
senté au 65e Congrès de l’Ordre, cet observatoire a
été conçu pour sensibiliser les chefs d’entreprise
aux différents mécanismes de cotation-notation
des entreprises, à leurs usages et permettre ainsi Etats Pourquoi Les acteurs Comprendre &
généraux
Un observatoire de la cotation- de la cotation maîtriser la cotation
aux experts-comptables de l’interpréter et si néces- de l'industrie
notation ?
Point de vue de
Philippe Bosserdet, membre du bureau au Conseil Supérieur de l’Ordre, ancien président
du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, a testé pour vous ce nouvel outil.
Sic : Pouvez-vous nous indiquer en quoi cet outil Nota-PME est novateur ?
P. B. : Nota-PME que j’ai testé, est à mes yeux un outil pertinent permettant à l’expert-
comptable d’apprécier la rentabilité d’une entreprise, sa solvabilité, et sa robustesse dans un
souci de maîtrise des risques et de pérennité de l’entreprise. C’est un outil qui doit permettre
à l’expert-comptable d’éclairer ses clients sur la pertinence de leur stratégie pour l’adapter
à son environnement socio-économique. Ces caractéristiques font de Nota-PME un atout
majeur dans les négociations avec les banques. »
Deux questions à
Chantal Brunel, députée, auteur de la loi du 19 octobre 2009
« Il y a une amélioration légère de l’accès au crédit pour les PME »
Sic : Vous êtes à l’origine d’une loi novatrice en faveur du financement des PME. Pouvez-vous aujourd’hui
évaluer sa portée ?
C.B. : D’après la Banque de France, et son enquête trimestrielle, il y a une amélioration légère de l’accès au crédit
pour les PME. Par rapport à 2008, où les banques disaient « non » au moindre problème, la situation s’est débloquée. Est-
ce dû à la loi ? J’ai cherché, en tout cas à travers elle, à restaurer un dialogue entre les banques et les entreprises.
Sic : S’agit-il d’une mesure spécifique à la France, initiée par vous, ou existe-t-elle déjà au niveau européen ?
C.B. : Oui, c’est une mesure française. Bien sûr, l’impulsion est partie de l’Europe. Très vite, consciente de son
pourcentage élevé de PME, c’est elle qui a donné l’alerte. En revanche les points développés dans cette mesure, comme l’introduction d’un
préavis de 60 jours auquel la banque est soumise avant de rompre une ligne de crédit est bien propre à notre pays.
La mission de financement
de l’expert-comptable en dix étapes
e Identification des besoins financiers - Le suivi budgé- p Accompagnement du chef d'entreprise lors de la pré-
taire et le tableau de bord de gestion peuvent faire l’objet sentation du projet devant le financier - L’expert-comptable
d’une mission permanente pour l’expert-comptable. L’examen peut devenir l’interlocuteur des établissements consultés pour
périodique de la structure financière de l’entreprise, permet de obtenir un financement.
déceler en amont ses besoins de financement et d'intervenir
pourt mettre en place de nouveaux financements. a Suivi de l’étude du dossier par l’organisme financier
et accompagnement par l’expert-comptable - Au cours de
r Les différentes solutions financières - Qu’il s’agisse du l’étude du dossier, les organismes financiers sollicités peuvent
renforcement des fonds propres (interne ou externe), d’une demander un schéma d’intervention différent ; l’expert-comp-
consolidation par un crédit moyen terme, ou de l’accès à des table peut alors réaliser de nouvelles simulations financières
fonds publics ou privés, l’expert-comptable est un interlocuteur qui modifieront le business plan, le tableau « emplois-res-
privilégié. sources », le montage juridique et les garanties.
t Analyse critique de la notation et élaboration d’un s Participation aux éventuelles “due diligences” -
Business Plan - La cotation-notation doit être analysée en L’expert-comptable peut assister l’entreprise lorsque l’orga-
amont pour l’appréciation des capacités de financement de nisme financier (fonds d'investissement) demande à réaliser
l’entreprise. L'élaboration du Business Plan doit permettre de un audit comptable et juridique pour répondre à toutes les
crédibiliser la demande de financement. questions et lever toute ambiguïté. Des questions d’évaluation
d’entreprise sont également fréquemment soulevées.
u Détermination du financement et de son montage
juridique, fiscal et financier - L’expert-comptable apprécie d Assistance au “closing” - La finalisation de la mise en
le montant de concours nécessaires et détermine le mode de place d’un financement avec des fonds est souvent complexe
financement, la durée, les garanties, le montage juridique et et nécessite des ajustements, contre-propositions, précautions
financier… les plus adaptés. pour la mise en œuvre des garanties... L’expert-comptable
peut apporter des conseils utiles dans cette phase jusqu’au
i Formalisation du dossier de financement - Un dossier décaissement des fonds.
structuré et bien documenté aura en effet plus de chances
d’aboutir.
1re proposition
Mise en place d'une formule standardisée et adaptée
à des crédits d'un montant inférieur à 25 000 euros
Point du vue de
pour les TPE de moins de 20 salariés. L’expert- Jean-Louis Mullenbach, membre du comité directeur
comptable doit pouvoir remplir en ligne le dossier de de l’Association Professionnelle des Experts Indépendants (APEI)
financement de son client incluant les prévisionnels
en s'appuyant sur des documents formalisés pour L’expert doit challenger les prévisions établies
éviter des aller-retour de dossiers jugés incomplets par l’entreprise
par les banques, réduire ainsi les délais d’obtention S’agissant de l’appréciation du caractère pertinent du
de crédit et diminuer enfin les coûts de traitement des plan d’affaires établi par la direction de la société visée par
dossiers. l’offre, l’expert peut demander à la direction, s’il l’estime
Sic a demandé à Gérard Rameix, médiateur du crédit, nécessaire, de modifier ses prévisions. Si ces demandes
ce qu’il pensait de la première proposition du Conseil sont acceptées par la direction, le régulateur précise que
Supérieur : « C’est une idée intéressante qui mérite qu’on les modifications correspondantes sont mentionnées
y porte attention. Cette proposition pourrait être envisagée dans le rapport. A défaut, l’expert peut choisir de retenir un plan d’affaires
en effet pour des crédits de petits montants pour lesquels une modifié par ses soins à l’appui de ses travaux d’évaluation. Dans ce cas, il
formule standardisée pourrait être mise en place. Il est vrai que confronte les résultats ainsi obtenus à ceux auxquels conduirait une évalua-
pour les toutes petites entreprises, la relation avec une banque tion basée sur le plan d’affaires de la direction.
n’est pas facile. »
L’expertise financière indépendante se professionnalise
2e proposition La question qui doit surtout être posée est en effet celle des compétences et
Justification des refus des dossiers de financement de l’indépendance de l’expert. La bonne gouvernance opère un premier tri en
par le banquier pour permettre à l'entreprise de mon- obligeant à formaliser les règles et à être en mesure d’en justifier le respect
ter, si besoin, un nouveau dossier de financement. vis-à-vis du régulateur. Attention cependant au formalisme qui tend parfois
Cette justification doit permettre à l'expert-comp- à l’emporter sur le fond : aucun corps de règles ou de recommandations ne
table d'expliquer au dirigeant de PME la position du saurait remplacer la vertu nécessaire des acteurs.
banquier. Cette proposition rejoint les dispositions
de la loi Brunel.
www.semaphore.cci.fr
www.aides-entreprises.fr
Interview de
Luc Fialletout, directeur général adjoint Interfimo
Sic : Etes-vous satisfait du succès Sic : Pour les entreprises, que reste-t-il
de la médiation du crédit, votre mission vous comme solution, lorsqu’elles essuient un refus
paraît-elle plus facile aujourd’hui qu’en 2008 ? des banques et que la médiation ne peut rien
G.R. : Dans 60 % des cas, on trouve une solution faire ?
aux difficultés, alors oui, je suis satisfait. D’ailleurs, G.R. : Un tiers de celles que nous n’avons pu
dans quelques jours, ma mission va être reconduite aider ont déposé le bilan quelques mois plus tard.
jusqu’à la fin de 2012 par Christine Lagarde. Elles ont fait appel à la médiation dans une situation
En 2008, René Ricol a du faire face à des banques déjà trop critique, il n’y a pas de miracle !
elles-mêmes en crise, donc très frileuses. Il y a eu Nous pouvons aider une entreprise à partir du
une dramatisation de la situation. Aujourd’hui nous moment où son management est de bon niveau et
faisons face à d’autres problèmes. Nos dossiers sont sa stratégie correcte, et que son seul problème est
moins nombreux mais plus délicats à traiter. d’ordre financier. Là, on peut la conseiller, avec
tous les acteurs de l’entreprise que sont les experts-
Sic : Peut-on dire aujourd’hui que comptables, les avocats…
les entreprises commencent à rebondir ?
G.R. : Nous devions traiter 12 000 dossiers par Note de la rédaction : N’oublions pas qu'en cas d'échec de la médiation du crédit,
mois. Aujourd’hui, nous n’en avons que 600. C’est les entreprises pensent recourir, accompagnées de leur expert-comptable, aux
un signe d’amélioration. Les entreprises vont mieux, procédures amiables : mandat ad hoc, conciliation, qui sont des procédures tota-
mais elles ont un problème de visibilité. Peuvent-elles lement confidentielles qui connaissent un vrai succès (75 % de réussite).
investir ? C’est une autre affaire, qui n’est pas de mon
ressort.
Sic : Quelles conditions sont requises Point sur les dispositifs publics CAP et CAP+
pour bénéficier de la médiation du crédit ?
G.R. : Il faut deux conditions : être une entre-
prise et pouvoir présenter une demande de crédit En 2009, ces deux fonds ont été créés à la demande du Médiateur du Crédit,
refusée par une banque. Grâce à l’aide de la Banque René Ricol. Au dernier trimestre 2010, Christine Lagarde a annoncé l’arrêt
de France, sous deux jours, une réponse est envoyée du dispositif CAP + (lorsque l’accès à la garantie de l’assureur-crédit est refusé ou
à chaque dossier. résilié) pour fin décembre 2010. Le dispositif CAP (besoin de couverture supérieur
à la garantie délivrée) sera quant à lui prolongé jusqu’en juin 2011
Sic : Comment, selon vous, la médiation dans des conditions adaptées permettant à l’offre privée de prendre le relais
est perçue par les banques, aujourd’hui ? des dispositifs publics.
G.R. : Beaucoup mieux qu’au début ! Les Pour autant, l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC commercialise depuis
banques, dans un premier temps, ont cru que notre le 1er janvier 2011 les offres CAP EH et CAP EH+ pour assurer la pérennité
démarche était politique. Elles ont pensé que nous de service et la continuité des garanties pour ses clients. Cette solution concerne
construisions un front pour faire pression. Avec le les entreprises acheteurs ou fournisseurs facilitant l’accès au crédit fournisseur
temps, elles ont vu que notre travail était d’ordre et agissant sur la protection du crédit client.
technique et que nous les aidions à trier et à améliorer
leurs dossiers. Mais, nous restons quand même un En savoir plus, www.eulerhermes.fr
“poil à gratter” !
”
Interview de d’intelligence économique mise en œuvre
en ce qui concerne Bercy par le Service de
Frédéric Lacave, coordonnateur ministériel à l’Intelligence Economique coordination à l’intelligence économique.
Les propositions du Conseil termédiaire de leurs Conseils régionaux, Mais,à Bercy, ce ne sont pas toujours les
Supérieur en matière de financement les entreprises, vers ces structures, en sai- entreprises qui viennent demander de
s'inscrivent-elles dans l'action de sissant les Chargés de missions Régionaux l’argent ; c’est aussi l’Etat qui anticipe
l'intelligence économique de Bercy ? à l’Intelligence Economique (CRIE), au sein et cherche à détecter les PME qui en se
F.L. : Bercy et le Conseil Supérieur des Directions Régionales des Entreprises, développant seront capables demain de
réfléchissent à un toilettage du partenariat de la Concurrence, de la Consommation, contribuer aux deux objectifs de la politique
noué il y a quelque temps sous l’autorité du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE). Ces économique de la France : la ré-industria-
d’Hervé Novelli afin de permettre un accès dispositifs d’intermédiation auraient pour lisation et le développement de nos expor-
facilité et accéléré à des micro-crédits pro- objet de faciliter l’octroi d’aides financières tations.
fessionnels pour les TPE. L’Etat pourrait modestes, allant jusqu’à 25 000 euros pour Notre objectif, c’est d’abord la veille straté-
mettre en place, dans chaque région une les TPE de moins de 20 salariés (plafond gique pour un “Etat-vigie” afin de recueillir
dispositif d’intermédiation regroupant européen pour les micro-crédits profes- l’information la plus pertinente et fiable
les administrations déconcentrées com- sionnels). L’expert-comptable remplirait, destinée à éclairer les décisions au plus haut
pétentes ainsi que les banques. Si le projet en ligne, le dossier de financement de son niveau de nos administrations et bien sûr de
aboutit, et en cas de difficulté majeure client en s’appuyant sur des documents nos ministres, mais c’est aussi l’influence
d’accès au crédit, les experts-comptables formalisés. Cette initiative s’inscrirait dans et le soutien à la compétitivité des entre-
auraient la possibilité d’orienter, par l’in- le cadre de la nouvelle politique publique prises et des centres de recherche. p