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Sic

www.experts-comptables.fr
293
FÉVRIER 2011

Le Magazine
de l’Ordre
des Experts-
Comptables

Le financement :
levier de croissance
des entreprises

Février 2011

“ Les experts-comptables conscients de l’appui
qu’ils peuvent apporter aux TPE-PME dans leur souci
de financement, ont fait du besoin de leurs clients
DOSSIER 

une véritable mission d’accompagnement.


Le financement : une mission


pour l’expert-comptable à inscrire
dans la durée
Le financement constitue un enjeu fondamental pour la compétitivité de l’économie, d’autant
que la crise a exacerbé les points de fragilité de la structure financière des entreprises
dominées par le poids du crédit bancaire et que les conclusions des Etats généraux
de l’Industrie de mars 2010 ont consacré le financement comme un levier de croissance.

Agnès Bricard, Jean-Marc Eyssautier, Christian Fleuret, Nora Louchène,


Pierre Préjean et Nicolas Yakoubovitch

D ans ce contexte, il importe de développer


des financements alternatifs, nécessaires
pour aider les entreprises à créer et étendre
leur activité, tout au long de leur cycle de vie.
De nombreuses entreprises naissent souvent d’une
de bénéficier de toute une série d’outils concrets des-
tinés à éclairer leurs clients sur la solvabilité de leur
entreprise, sa robustesse, sa pérennité, à apprécier
la pertinence de la stratégie choisie par ces clients, à
préparer ensemble un dossier de financement à pré-
idée formulée par deux ou trois personnes qui inves- senter au banquier et si besoin à trouver des sources
65eCongrès
tissent leur propre argent ou font appel à leur famille de financement. de l’Ordre des Experts-Comptables

ou à leurs amis pour les aider financièrement en


échange d’une part dans l’entreprise. Mais une fois Dans le prolongement de la conférence organisée
la réussite au rendez-vous, toutes les TPE ou PME pour le 65e Congrès de Strasbourg en 2010 et du guide Guide des missions
de l’Expert-Comptable
en croissance ont à un moment besoin d’investir des missions de l’expert-comptable en financement en financement
pour se développer ou innover davantage. C’est à ce de l’entreprise, nous vous proposons, ce mois-ci, un de l’entreprise
moment-là que se pose le problème de l’obtention dossier détaillé sur la mission de financement qui L’accompagnement de l’entreprise
par l’expert-comptable

de financements auprès des banques, des marchés peut être assurée par l'expert-comptable. p La cartographie du financement
Les moteurs de recherche
La cotation / notation

financiers ou d’autres bailleurs de crédits.

Les experts-comptables, conscients de l’appui qu’ils


peuvent apporter aux TPE-PME dans leur souci de
financement, ont fait du besoin de leurs clients une Disponible en version papier et en téléchargement
véritable mission d’accompagnement. Les partena- sur le site de l’Ordre : www.experts-comptables.fr/
monfinancementenligne
riats noués par l’Ordre avec les différents acteurs du
monde institutionnel, financier, bancaire, des assu-
rances, permettent aujourd’hui aux professionnels

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DOSSIER 
“ La communication de la note des établissements
bancaires aux entreprises étant obligatoire (loi Brunel),
les experts-comptables devront aider leurs clients
à la demander par écrit.

La cotation-notation des entreprises :


un pré-requis à l’accès au financement
Dès lors qu’une entreprise est cotée par la Banque de France, ou notée par un établissement
bancaire ou un assureur-crédit, et qu’un droit à l’accès au crédit en découle, l’entreprise
doit analyser et appréhender sa note (loi Brunel) pour mieux la maîtriser.
Trois acteurs de l’âge, de la taille, du secteur d’activité et pour sécuriser les transactions commerciales
La Banque de France et sa cotation des ratios financiers de l’entreprise. de leurs clients en France et à l’international.
Seules 250 000 entreprises sur trois mil- Pour mesurer le niveau de risque de crédit A ce titre, ils délivrent une note mais aussi
lions existantes sont cotées par la Banque des entreprises, les banques attribuent une une position de garantie (plafond d’encours)
de France (chiffre d’affaires supérieur à note à leurs clients. Chaque réseau ban- sur des entreprises pour le compte de cer-
750 000 euros). Une lettre de la Banque de caire a son propre système de notation et tains fournisseurs assurés-crédit, ces der-
France est transmise chaque année à l’entre- il n'existe pas de référentiel qui s’impose. niers restant toujours libres de définir leur
prise avec sa cotation, permettant à cette Depuis la Loi Brunel, la communication politique commerciale au-delà des garanties
dernière, lors d’un rendez-vous, d’argu- de la note attribuée par les banques aux délivrées. L’analyse des assureurs-crédit
menter avec des faits nouveaux pour voir sa entreprises est obligatoire ; les experts-­ repose sur les bilans reçus des dirigeants
note rehaussée (Observatoire de l’Ordre des comptables devront systématiquement aider d’entreprise, les informations portées à leur
Experts-Comptables). leurs clients à en faire la demande par écrit. connaissance et surtout sur les échanges réa-
lisés avec les dirigeants d’entreprise.
Les établissements bancaires Les assureurs-crédit et la cotation Lors de la crise financière de 2009, le
Plus de 1 200 établissements en France, des entreprises médiateur du crédit, René Ricol, avait
répartis en cinq grands réseaux, sont L’assurance-crédit permet aux entreprises obtenu que dorénavant toute entreprise
concernés par cette catégorie. Les établisse- de prévenir les risques de non-paiement puisse connaître sa note en se présentant
ments de crédit évaluent le risque à partir de de leurs créances commerciales et le risque sur les sites internet des assureurs-crédit.
méthodes statistiques, dites de «scoring», politique en cas de vente à l’étranger. Sachez prendre en compte cette note pour
qui permettent d’attribuer des points à dif- Les assureurs-crédit évaluent la situation vous prémunir !
férents éléments d’information, en fonction financière et économique des entreprises uuu

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“ Les cotations de la Banque
de France se sont légèrement
dégradées mais pas de manière
significative.
DOSSIER 


Question a
Yves Nachbaur, directeur des Entreprises à la Direction générale des activités fiduciaires et de place de la Banque de France

Sic : La structure financière des entreprises a bien résisté. La crise a-t-elle impacté les entreprises au point
d’entraîner un effondrement de leur cotation Banque de France ?
Y.N. : Non, il n’y a pas eu de dégradation sensible des cotations Banque de France. Bien sûr les entreprises ont subi
une forte baisse d’activité et vu leurs marges opérationnelles se réduire dans d’importantes proportions, ce qui les a
plongées dans un pessimisme et a entraîné une baisse des investissements. Ceci, bien sûr, n’est jamais bon.
Mais, à la différence de ce que beaucoup craignaient, leur structure financière ne s’est finalement pas ou peu dégradée.
Nous n’avons pas encore les chiffres de 2010, mais les chiffres 2009 et les tendances 2010 qui sont en notre possession
montrent que les ratios d’endettement, le niveau des fonds propres et la plupart des indicateurs de robustesse de la
structure financière des entreprises ont plutôt bien tenu. Une étude sur ce sujet publiée dans le dernier bulletin trimestriel de la Banque de
France paru en décembre est très claire sur ce point.
Ceci témoigne d’une part de la résilience et d’autre part de la capacité d’adaptation de nos entreprises. Il ne s’agit pas cependant de dire que
tout va bien mais d’affirmer que, d’une manière générale, les entreprises ont mieux résisté que ce que l’on pouvait redouter.
En un mot, les cotations de la Banque de France se sont légèrement dégradées mais pas de manière significative.
Le Conseil Supérieur a créé l'observatoire
de la cotation-notation
uuu Suite article Cotation-notation des entreprises www.experts-comptables.fr/Observatoire-cotation-notation-des-entreprises
Observatoire de la cotation-notation
des entreprises créé par le Conseil Observatoire cotation-notation des entreprises
Supérieur Une démarche proactive pour une cotation maîtrisée
Créé par le Conseil Supérieur en juin 2010 et pré-
senté au 65e Congrès de l’Ordre, cet observatoire a
été conçu pour sensibiliser les chefs d’entreprise
aux différents mécanismes de cotation-notation
des entreprises, à leurs usages et permettre ainsi Etats Pourquoi Les acteurs Comprendre &
généraux
Un observatoire de la cotation- de la cotation maîtriser la cotation
aux experts-comptables de l’interpréter et si néces- de l'industrie
notation ?

saire d’y remédier. L'objectif de cet observatoire est


double : fournir des informations et proposer des Espace privé
outils pratiques.
Une partie privée et confidentielle réservée aux
experts-comptables doit permettre l'accès à des outils
Rendez-vous sur le site l’Observatoire de la cotation-notation : www.expert-comptables.fr/
dont celui d’auto-notation en ligne des PME baptisé Observatoire-cotation-notation-des-entreprises
Nota-PME, développé par Patrick Sénicourt. p

Point de vue de
Philippe Bosserdet, membre du bureau au Conseil Supérieur de l’Ordre, ancien président
du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, a testé pour vous ce nouvel outil.

Sic : Pouvez-vous nous indiquer en quoi cet outil Nota-PME est novateur ?
P. B. : Nota-PME que j’ai testé, est à mes yeux un outil pertinent permettant à l’expert-
comptable d’apprécier la rentabilité d’une entreprise, sa solvabilité, et sa robustesse dans un
souci de maîtrise des risques et de pérennité de l’entreprise. C’est un outil qui doit permettre
à l’expert-comptable d’éclairer ses clients sur la pertinence de leur stratégie pour l’adapter
à son environnement socio-économique. Ces caractéristiques font de Nota-PME un atout
majeur dans les négociations avec les banques. »

Téléchargez l’interview filmée, sur le site de l’Ordre des Experts-Comptables www.experts-comptables.fr

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DOSSIER 
“ la loi Brunel a formulé des solutions pour
favoriser l’accès au crédit des PME. On a parlé lors
de la parution de la loi d’un véritable tournant
dans la relation entre les PME et les établissements
de crédit.

Loi Brunel : les nouveaux droits
des entreprises en matière de financement
Loi 2009-1255 du 19 octobre 2009 tendant à favoriser l’accès au crédit des petites et moyennes
entreprises, dite loi Brunel. Trois mesures phare pour favoriser l'accès au crédit des TPE.

I l y a un an les trois quarts des PME s’esti-


maient fragilisées par la crise et toutes
constataient des difficultés dans leurs
tournant dans la relation entre les PME et
les établissements de crédit.
ments de crédit, une obligation de motiver
leurs décisions de rupture de crédit, si et
seulement si les entreprises concernées en
relations avec les banques. Les PME éprou- Trois mesures phare parmi font la demande. Devraient donc désormais
vaient un sentiment d’insécurité, conforté les principales dispositions de la loi leur être fournies les “raisons” de la réduc-
par la frilosité constatée auprès de la grande Un délai de préavis légalement fixé tion ou de l’interruption de crédit dont elles
majorité des établissements bancaires. Alors qu’à l’origine, dans la loi du 24 jan- ont fait l’objet.
Par ailleurs, les PME très attentives à la des- vier 1984, seul le respect d’“un préavis
tination effective du plan d’aide décidé par suffisant” permettait à l’établissement de La motivation des établissements de
les pouvoirs publics voulaient être assurées crédit de réduire ou d’interrompre l’octroi crédit ne pourra être formulée que sous
que les sommes mobilisées leur seraient des concours bancaires, la loi Brunel du la réserve expresse du respect de l’obli-
bien redistribuées. La question de la trans- 19 octobre 2009 a inscrit le délai de 60 jours gation de confidentialité qui s’impose à
parence était donc essentielle. comme incompressible. La réduction ou ces établissements en cas de déclaration
Enfin, les PME sont toujours à la recherche l’interruption des crédits aux entreprises de soupçon de blanchiment de capitaux,
de financement externe leur permettant de ne peut désormais intervenir que sous la financement du terrorisme ou fraude fis-
développer les projets prévus ou d’assurer double condition que les établissements de cale à la cellule de renseignement finan-
une meilleure gestion de leur quotidien. crédit respectent : cier Tracfin.
u une procédure de notification écrite ;
Compte tenu de l’ensemble des besoins u un préavis fixé lors de l’octroi du crédit. Une obligation
recensés par les PME – sécurité, transpa- de communication de leur note
rence et meilleur accès au crédit – la loi Bru- Une obligation de motiver les ruptures Enfin une obligation des établissements
nel a formulé des solutions pour répondre et les refus de financement de crédit de communiquer, sur simple
à ces demandes et préoccupations et favo- Ce deuxième point a fait l’objet d’un nouvel demande écrite, aux entreprises leur note
riser l’accès au crédit des PME. On a parlé article du CMF – Code Monétaire et Finan- interne déterminant leur capacité de finan-
lors de la parution de la loi d’un véritable cier – instaurant à la charge des établisse- cement (art. 2). p

Deux questions à
Chantal Brunel, députée, auteur de la loi du 19 octobre 2009
« Il y a une amélioration légère de l’accès au crédit pour les PME »
Sic : Vous êtes à l’origine d’une loi novatrice en faveur du financement des PME. Pouvez-vous aujourd’hui
évaluer sa portée ?
C.B. : D’après la Banque de France, et son enquête trimestrielle, il y a une amélioration légère de l’accès au crédit
pour les PME. Par rapport à 2008, où les banques disaient « non » au moindre problème, la situation s’est débloquée. Est-
ce dû à la loi ? J’ai cherché, en tout cas à travers elle, à restaurer un dialogue entre les banques et les entreprises.

Sic : S’agit-il d’une mesure spécifique à la France, initiée par vous, ou existe-t-elle déjà au niveau européen ?
C.B. : Oui, c’est une mesure française. Bien sûr, l’impulsion est partie de l’Europe. Très vite, consciente de son
pourcentage élevé de PME, c’est elle qui a donné l’alerte. En revanche les points développés dans cette mesure, comme l’introduction d’un
préavis de 60 jours auquel la banque est soumise avant de rompre une ligne de crédit est bien propre à notre pays.

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“ L’expert-comptable est
l’interlocuteur privilégié
pour crédibiliser un dossier
de demande de financement. 
DOSSIER 

La mission de financement
de l’expert-comptable en dix étapes
e Identification des besoins financiers - Le suivi budgé- p Accompagnement du chef d'entreprise lors de la pré-
taire et le tableau de bord de gestion peuvent faire l’objet sentation du projet devant le financier - L’expert-comptable
d’une mission permanente pour l’expert-comptable. L’examen peut devenir l’interlocuteur des établissements consultés pour
périodique de la structure financière de l’entreprise, permet de obtenir un financement.
déceler en amont ses besoins de financement et d'intervenir
pourt mettre en place de nouveaux financements. a Suivi de l’étude du dossier par l’organisme financier
et accompagnement par l’expert-comptable - Au cours de
r Les différentes solutions financières - Qu’il s’agisse du l’étude du dossier, les organismes financiers sollicités peuvent
renforcement des fonds propres (interne ou externe), d’une demander un schéma d’intervention différent ; l’expert-comp-
consolidation par un crédit moyen terme, ou de l’accès à des table peut alors réaliser de nouvelles simulations financières
fonds publics ou privés, l’expert-comptable est un interlocuteur qui modifieront le business plan, le tableau «  emplois-res-
privilégié. sources », le montage juridique et les garanties.

t Analyse critique de la notation et élaboration d’un s Participation aux éventuelles “due diligences” -
Business Plan - La cotation-notation doit être analysée en L’expert-comptable peut assister l’entreprise lorsque l’orga-
amont pour l’appréciation des capacités de financement de nisme financier (fonds d'investissement) demande à réaliser
l’entreprise. L'élaboration du Business Plan doit permettre de un audit comptable et juridique pour répondre à toutes les
crédibiliser la demande de financement. questions et lever toute ambiguïté. Des questions d’évaluation
d’entreprise sont également fréquemment soulevées.
u Détermination du financement et de son montage
juridique, fiscal et financier - L’expert-comptable apprécie d Assistance au “closing” - La finalisation de la mise en
le montant de concours nécessaires et détermine le mode de place d’un financement avec des fonds est souvent complexe
financement, la durée, les garanties, le montage juridique et et nécessite des ajustements, contre-propositions, précautions
financier… les plus adaptés. pour la mise en œuvre des garanties... L’expert-comptable
peut apporter des conseils utiles dans cette phase jusqu’au
i Formalisation du dossier de financement - Un dossier décaissement des fonds.
structuré et bien documenté aura en effet plus de chances
d’aboutir.

o Sélection des organismes de financement adaptés -


Les relations de confiance qu’entretient l’expert-comptable
avec les partenaires financiers potentiels faciliteront l’interven-
tion de l’organisme en accélérant la procédure d’examen du
dossier.

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DOSSIER 

Les propositions du Conseil Supérieur


Deux propositions du Conseil Supérieur pour renforcer la fluidité dans l'accès au financement.

1re proposition
Mise en place d'une formule standardisée et adaptée
à des crédits d'un montant inférieur à 25 000 euros
Point du vue de
pour les TPE de moins de 20 salariés. L’expert- Jean-Louis Mullenbach, membre du comité directeur
comptable doit pouvoir remplir en ligne le dossier de de l’Association Professionnelle des Experts Indépendants (APEI)
financement de son client incluant les prévisionnels
en s'appuyant sur des documents formalisés pour L’expert doit challenger les prévisions établies
éviter des aller-retour de dossiers jugés incomplets par l’entreprise
par les banques, réduire ainsi les délais d’obtention S’agissant de l’appréciation du caractère pertinent du
de crédit et diminuer enfin les coûts de traitement des plan d’affaires établi par la direction de la société visée par
dossiers. l’offre, l’expert peut demander à la direction, s’il l’estime
Sic a demandé à Gérard Rameix, médiateur du crédit, nécessaire, de modifier ses prévisions. Si ces demandes
ce qu’il pensait de la première proposition du Conseil sont acceptées par la direction, le régulateur précise que
Supérieur : « C’est une idée intéressante qui mérite qu’on les modifications correspondantes sont mentionnées
y porte attention. Cette proposition pourrait être envisagée dans le rapport. A défaut, l’expert peut choisir de retenir un plan d’affaires
en effet pour des crédits de petits montants pour lesquels une modifié par ses soins à l’appui de ses travaux d’évaluation. Dans ce cas, il
formule standardisée pourrait être mise en place. Il est vrai que confronte les résultats ainsi obtenus à ceux auxquels conduirait une évalua-
pour les toutes petites entreprises, la relation avec une banque tion basée sur le plan d’affaires de la direction.
n’est pas facile. »
L’expertise financière indépendante se professionnalise
2e proposition La question qui doit surtout être posée est en effet celle des compétences et
Justification des refus des dossiers de financement de l’indépendance de l’expert. La bonne gouvernance opère un premier tri en
par le banquier pour permettre à l'entreprise de mon- obligeant à formaliser les règles et à être en mesure d’en justifier le respect
ter, si besoin, un nouveau dossier de financement. vis-à-vis du régulateur. Attention cependant au formalisme qui tend parfois
Cette justification doit permettre à l'expert-comp- à l’emporter sur le fond : aucun corps de règles ou de recommandations ne
table d'expliquer au dirigeant de PME la position du saurait remplacer la vertu nécessaire des acteurs.
banquier. Cette proposition rejoint les dispositions
de la loi Brunel.

En savoir plus : www.experts-comptables.fr/monfinancementenligne

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DOSSIER 

Les outils en ligne de recherche de financement


"Des outils à votre disposition" pour trouver des financements publics pour vos clients.

Deux moteurs de recherche

u Sémaphore (CCI Amiens-Picardie - ACFCI)


A partir de trois facteurs : secteur d’activité, localisa-
tion et nature du projet de financement, Sémaphore
permet d’accéder à l’ensemble des aides publiques
ouvertes aux entreprises.

www.semaphore.cci.fr

u Observatoire des aides aux entreprises (Institut


Supérieur des Métiers)
Ce moteur de recherche propose aux porteurs de
projets et aux acteurs de l’accompagnement notam-
ment aux experts-comptables de trouver les aides
adaptées en croisant deux critères : la commune
d’implantation et le projet à financer. Ce répertoire
des aides propose en outre une partie artisanat, pour
des aides plus spécifiquement réservées aux petites
entreprises.

www.aides-entreprises.fr

Interview de
Luc Fialletout, directeur général adjoint Interfimo

Une demande de financement en ligne pour les professions libérales :


une expérience avec Interfimo sur son site et celui de l'Ordre
Sic : Pourquoi Interfimo a-t-il souhaité développer cet outil en ligne et pour quel type de besoins ?
L.F. : Il était légitime qu’Interfimo prenne l’initiative de développer cet outil, car nous finançons les profes-
sions libérales depuis plus de 40 ans notamment dans trois domaines difficiles à appréhender pour les banques
traditionnelles : la première installation, les incorporels et l’immobilier professionnel.

Sic : Quels sont les “plus” de l’outil en ligne ?


L.F. : Pour l’expert-comptable, la demande en ligne équivaut à “challenger” la banque habituelle de son
client. 
Pour Interfimo, cela permet d’enrichir le dossier de financement d’aspects périphériques, mais valorisants
aux yeux du client, en dialoguant avec son conseil. L’interrogation en ligne se fait de manière sécurisée et permet
un gain de temps et un gain de crédibilité. Sur le plan pratique, l’expert-comptable dépose une demande en ligne ; soit elle peut être traitée
par scoring et la réponse lui est donnée en quelques minutes, soit la demande relève d’une analyse spécifique ; l’expert-comptable est alors
immédiatement mis en contact avec un collaborateur expérimenté qui complétera les premiers éléments en vue d’organiser un rendez-vous
100 % opérationnel avec le responsable régional d’Interfimo. L’outil développé par Interfimo simplifie et valorise l’intervention de l’expert-
comptable. 
Cet outil marche depuis un an et des centaines de demandes ont déjà été traitées.

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DOSSIER 

Nous pouvons aider une entreprise
à partir du moment où son management
est de bon niveau et sa stratégie correcte, et que
son seul problème est d’ordre financier. 

Les solutions au refus de financement


Gérard Rameix, conseiller maître à la Cour des comptes, a été nommé médiateur national
du crédit aux entreprises en septembre 2009 ; il a succédé dans cette fonction à René Ricol.
Il expose pour Sic les différentes solutions existantes face à un refus.

Sic : Etes-vous satisfait du succès Sic : Pour les entreprises, que reste-t-il
de la médiation du crédit, votre mission vous comme solution, lorsqu’elles essuient un refus
paraît-elle plus facile aujourd’hui qu’en 2008 ? des banques et que la médiation ne peut rien
G.R. : Dans 60 % des cas, on trouve une solution faire ?
aux difficultés, alors oui, je suis satisfait. D’ailleurs, G.R. : Un tiers de celles que nous n’avons pu
dans quelques jours, ma mission va être reconduite aider ont déposé le bilan quelques mois plus tard.
jusqu’à la fin de 2012 par Christine Lagarde. Elles ont fait appel à la médiation dans une situation
En 2008, René Ricol a du faire face à des banques déjà trop critique, il n’y a pas de miracle !
elles-mêmes en crise, donc très frileuses. Il y a eu Nous pouvons aider une entreprise à partir du
une dramatisation de la situation. Aujourd’hui nous moment où son management est de bon niveau et
faisons face à d’autres problèmes. Nos dossiers sont sa stratégie correcte, et que son seul problème est
moins nombreux mais plus délicats à traiter. d’ordre financier. Là, on peut la conseiller, avec
tous les acteurs de l’entreprise que sont les experts-­
Sic : Peut-on dire aujourd’hui que comptables, les avocats… 
les entreprises commencent à rebondir ?
G.R. : Nous devions traiter 12 000 dossiers par Note de la rédaction : N’oublions pas qu'en cas d'échec de la médiation du crédit,
mois. Aujourd’hui, nous n’en avons que 600. C’est les entreprises pensent recourir, accompagnées de leur expert-comptable, aux
un signe d’amélioration. Les entreprises vont mieux, procédures amiables : mandat ad hoc, conciliation, qui sont des procédures tota-
mais elles ont un problème de visibilité. Peuvent-elles lement confidentielles qui connaissent un vrai succès (75 % de réussite).
investir ? C’est une autre affaire, qui n’est pas de mon
ressort.

Sic : Quelles conditions sont requises Point sur les dispositifs publics CAP et CAP+
pour bénéficier de la médiation du crédit ?
G.R. : Il faut deux conditions : être une entre-
prise et pouvoir présenter une demande de crédit En 2009, ces deux fonds ont été créés à la demande du Médiateur du Crédit,
refusée par une banque. Grâce à l’aide de la Banque René Ricol. Au dernier trimestre 2010, Christine Lagarde a annoncé l’arrêt
de France, sous deux jours, une réponse est envoyée du dispositif CAP + (lorsque l’accès à la garantie de l’assureur-crédit est refusé ou
à chaque dossier. résilié) pour fin décembre 2010. Le dispositif CAP (besoin de couverture supérieur
à la garantie délivrée) sera quant à lui prolongé jusqu’en juin 2011
Sic : Comment, selon vous, la médiation dans des conditions adaptées permettant à l’offre privée de prendre le relais
est perçue par les banques, aujourd’hui ? des dispositifs publics.
G.R. : Beaucoup mieux qu’au début  ! Les Pour autant, l’assureur-crédit Euler Hermes SFAC commercialise depuis
banques, dans un premier temps, ont cru que notre le 1er janvier 2011 les offres CAP EH et CAP EH+ pour assurer la pérennité
démarche était politique. Elles ont pensé que nous de service et la continuité des garanties pour ses clients. Cette solution concerne
construisions un front pour faire pression. Avec le les entreprises acheteurs ou fournisseurs facilitant l’accès au crédit fournisseur
temps, elles ont vu que notre travail était d’ordre et agissant sur la protection du crédit client.
technique et que nous les aidions à trier et à améliorer
leurs dossiers. Mais, nous restons quand même un En savoir plus, www.eulerhermes.fr
“poil à gratter” !

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“ …permettre un accès facilité
et accéléré à des micro-crédits
professionnels pour les TPE.
DOSSIER 


Interview de d’intelligence économique mise en œuvre
en ce qui concerne Bercy par le Service de
Frédéric Lacave, coordonnateur ministériel à l’Intelligence Economique coordination à l’intelligence économique.
Les propositions du Conseil termédiaire de leurs Conseils régionaux, Mais,à Bercy, ce ne sont pas toujours les
Supérieur en matière de financement les entreprises, vers ces structures, en sai- entreprises qui viennent demander de
s'inscrivent-elles dans l'action de sissant les Chargés de missions Régionaux l’argent ; c’est aussi l’Etat qui anticipe
l'intelligence économique de Bercy ? à l’Intelligence Economique (CRIE), au sein et cherche à détecter les PME qui en se
F.L. : Bercy et le Conseil Supérieur des Directions Régionales des Entreprises, développant seront capables demain de
réfléchissent à un toilettage du partenariat de la Concurrence, de la Consommation, contribuer aux deux objectifs de la politique
noué il y a quelque temps sous l’autorité du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE). Ces économique de la France : la ré-industria-
d’Hervé Novelli afin de permettre un accès dispositifs d’intermédiation auraient pour lisation et le développement de nos expor-
facilité et accéléré à des micro-crédits pro- objet de faciliter l’octroi d’aides financières tations.
fessionnels pour les TPE. L’Etat pourrait modestes, allant jusqu’à 25 000 euros pour Notre objectif, c’est d’abord la veille straté-
mettre en place, dans chaque région une les TPE de moins de 20 salariés (plafond gique pour un “Etat-vigie” afin de recueillir
dispositif d’intermédiation regroupant européen pour les micro-crédits profes- l’information la plus pertinente et fiable
les administrations déconcentrées com- sionnels). L’expert-comptable remplirait, destinée à éclairer les décisions au plus haut
pétentes ainsi que les banques. Si le projet en ligne, le dossier de financement de son niveau de nos administrations et bien sûr de
aboutit, et en cas de difficulté majeure client en s’appuyant sur des documents nos ministres, mais c’est aussi l’influence
d’accès au crédit, les experts-comptables formalisés. Cette initiative s’inscrirait dans et le soutien à la compétitivité des entre-
auraient la possibilité d’orienter, par l’in- le cadre de la nouvelle politique publique prises et des centres de recherche. p

Retrouvez tous les sites sur le financement cités dans le dossier

Le site de l'Ordre des Experts-Comptables dédié Le site de la Compagnie des Conseils


au financement et Experts Financiers
www.experts-comptables.fr/monfinancementenligne www.ccef.net
Le site de l'Observatoire de la cotation-notation Le site de l'Association professionnelle des experts
des entreprises créé par le Conseil Supérieur indépendants
www.experts-comptables.fr/Observatoire-cotation- www.apei-experts.org
notation-des-entreprises Deux moteurs de recherche sur les aides
Le site de la médiation du crédit www.semaphore.cci.fr
www.mediateurducredit.fr www.aides-entreprises.fr
Le site de l'intelligence économique Le site d'Interfimo
www.intelligence-economique.gouv.fr www.interfimo.fr
Le site de la Banque de France Le site de la Caisse des dépots et consignations
www.banque-france.fr www.caissedesdepots.fr
Le site de la Fédération bancaire française Le site d'Oseo
www.fbf.fr www.oseo.fr/
Les sites des principaux assureurs-crédit Le site de la Siagi
www.eulerhermes.fr www.siagi.com
www.coface.fr
www.atradius.fr

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