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S C I E N C E P O L I T I Q U E 3

P o l i t i q u e s É t r a n g è r e s

Introduction générale

La politique étrangère est vraisemblablement la première ou la plus ancienne des politiques


publiques. Historiquement, l'activité des États, des souverains s'est d'abord concentrée sur la gestion
des rapports avec les autres, États ou souverains, élément que l'on retrouve si on lit les ouvrages
des fondateurs de la réflexion sur la politique, de l'antiquité à Machiavel: l'activité du souverain, du
Prince se limitait essentiellement à la politique étrangère. La politique étrangère pose des
problèmes de substance et de limite.
On peut dire que la politique étrangère recouvre l'ensemble des activités gouvernementales
qui ont pour objet l'organisation des relations avec les autres États. Ce qui englobe les
relations pacifiques d'échanges mais aussi la gestion des relations conflictuelles et de la guerre.
Cependant la politique étrangère peut être considérée comme une politique publique, c'est-à-dire
des organes (institutions administratives...) et des moyens budgétaires en vue de la réalisation
d'objectifs clairement identifiés. Il s'agit d'une politique publique à part car ses résultats ne peuvent
s'apprécier selon les mêmes critères que les politiques publiques classiques, le problème se trouvant
dans la difficulté d'en tracer les contours. En effet, il y a un grand enchevêtrement des dossiers,
une très grande dépendance entre l'économique et le politique, le local et le global.
Quantitativement, l'activité économique des ambassades à considérablement augmenté au cours des
trente dernières années. Les ambassades jusqu'alors considérées comme représentations politiques
des États, deviennent des plus en plus des postes économiques avancés (=comptoirs pendant la
colonisation). Historiquement la politique étrangère était cantonnée à l'activité des relations avec
les autres États notamment par la recherche d'alliance, de prévention des guerres, de les mener, de
les gagner. Elle était liée à l'activité militaire.
En remontant plus loin en se posant la question de l'origine de la politique étrangère, on
constate que c'est dans la volonté des groupes de se rassembler pour se protéger que se trouve la
source de la politique étrangère. Au fond, la politique en général, ne se déduit pas obligatoirement
de la recherche de relations pacifiques à l'intérieur du groupe, et la politique étrangère trouve son
origine dans la gestion des relations avec les autres groupes. Si on valide cette hypothèse, la
politique étrangère aurait certainement précédé la mise en œuvre de politiques internes
(rapport inversé aujourd'hui). Ainsi, l'autorité du souverain ne procèderait pas d'abord de sa
capacité à assurer la paix intérieure, mais à celle d'assurer la paix extérieure, avec les autres
groupes.
Si on revient vers l'idée selon laquelle le politique se construit autour d'un pacte au sens de
Hobbes (agir contre les ennemis de l'extérieur est ce qui guide l'action du souverain: « Le motif et le
but de celui qui renonce à son droit ou le transfert ne sont que la sécurité de sa propre personne dans
sa vie et dans les moyens de la préserver. »), ce pacte doit protéger la société organisée contre les
survivances de l'état de nature: conflits internes, guerres... Les chroniques et récits historiques
démontrent que les luttes contre les Princes et souverains environnant forment l'essentiel de la
chronique des faits politiques. Les réalisations internes sont moins cités et moins décrites que les
faits d'armes. Si on regarde le processus de formation des États modernes, on s'aperçoit que
parallèlement au renforcement de l'assise interne du contrat social, on note un renforcement du
monopole d'exercice de la politique extérieure. Si on s'en tient à la réflexion sur l'État moderne et
ses fonctions, tous pensent que la diplomatie constitue la pierre angulaire de la souveraineté: une
fonction indivisible ne pouvant être cédée. Même si des États, dans une étape plus actuelle ont
renoncé à des activités économiques, ils ne partagent que très rarement l'exercice de la politique
étrangère (exemple de l'Union Européenne, chaque État membres a conservé son ambassade dans
les différents pays membres, il n'y a pas un siège de l'Union Européenne à l'ONU). Tout État même
le plus petit est doté d'institutions qui lui permettent d'exercer sa politique étrangère. Tous les États
représentés à l'ONU disposent de structures de représentation de leurs intérêts vis à vis des autres
États, par le biais de missions diplomatiques. La politique étrangère est spécifique dans la mesure
où son rapport à la politique interne est lui aussi spécifique. Ainsi, si l'exercice du pouvoir du
politique en interne requiert le consentement des individus par le biais du suffrage ou du plébiscite,
la souveraineté est la condition première pour l'exercice de la politique vis à vis des autres. La
souveraineté s'obtient par la reconnaissance des autres, ce qui passe par l'acceptation et l'échange de
missions diplomatiques, ces dernières ne sont qu'un prolongement administratif de la politique
étrangère de chaque État. De fait, la politique étrangère apparaît comme une constante du pouvoir
politique. Cependant, depuis la seconde guerre mondiale, il est possible de nuancer cette
affirmation. Ainsi, les nouvelles fonctions des États modernes n'entrent pas dans le stricte cadre des
fonctions régaliennes (diplomatie, justice, prélèvement de l'impôt, pouvoir de guerre). Peu à peu, la
politique étrangère va apparaître comme une politique particulière permettant le prolongement de
ces politiques publiques dans le champ international. Au cours du XXe siècle, les États se sont
adjoint de nouvelles fonctions en matière industrielle, technologique... qui amènent de nouveaux
rapports avec les États, et donc de nouvelles institutions ce qui étoffe cette nouvelle administration
et transforme la politique étrangère. Celle ci tend à épouser les contours d'un réseau d'inter
dépendance entre les États. La question reste celle de la conservation et de la progression des
intérêts de l'État à laquelle s'ajoutent les missions de coopération économique, scientifique...
S'ajoute à cette évolution celle de la démultiplication des acteurs politiques ou non qui peuvent agir
dans le champ des relations entre les États, l'action des entreprises, les actions de ONG, des
collectivités locales voire de certains individus. Il est donc très difficile de tracer avec précision les
contours de ce qui relève ou non de la politique étrangère. Sur un autre plan, la diversité des
systèmes politiques a un impact certain dans la définition et la conduite de la politique étrangère.
Malgré la forte interdépendance entre les États, les modèles nationaux de conduite de la politique
étrangère connaissent une forte pérennité puisqu'ils sont le reflet des intérêts politiques des États.
On peut donc, à partir d'une lecture institutionnelle, retracer l'évolution de la politique étrangère
moderne, c'est-à-dire à partir de la fin du XIXe siècle. On commencera donc par étudier le statut
constitutionnel des politiques étrangères. Par ailleurs, il n'est pas possible de remonter l'ensemble de
la chronologie de la politique étrangère afin de saisir la transformation des modèles. Enfin sur un
plan géographique, on se contentera essentiellement des modèles de politique étrangère et de
diplomatie de trois ou quatre pays.

Chapitre 1: La science politique est l'étude de la politique étrangère

La politique étrangère est une activité d'acteurs politiques dument habilité. Cette activité à pour
objet de régler les rapports entre des acteurs étatiques souverains. On exclu tout un ensemble
d'acteur qui ne sont pas habilité à agir au nom des États (définition minimale cantonnant la politique
étrangère dans la régulation des rapports entre États et exclu toutes autres formes de rapports entre
les acteurs non étatiques). Très tôt, certains acteurs ont en exergue mis les caractères particuliers de
la politique étrangère qui la singularise et la spécialise au sein de l'action de l'État. Deux
conceptions se succèdent dans le temps et montrent une évolution dans l'étude de la politique
étrangère. Selon une première conception, le politique étrangère serait l'activité étatique tournée
vers l'extérieur. La seconde plus récente entérine et prend en compte les évolutions constatées dans
la nature même des relations internationales pour construire un cadre d'analyse qui tienne compte de
la complexité récente des relations internationales.

Section 1: Les premiers fondateurs

Quelles ont été les origines de l'analyse et de l'étude de la politique étrangère?


Trois perspectives apparaissent au cours des années 50 et dont ont voit aujourd'hui une grande
partie des représentants.
L'approche décisionnelle
SNYDER – Decision making as an approch to the study of international politics
On insiste sur le processus comme explication, il pense que les budgets et les résultats dans la
politique étrangère ne sont pas plus importants que la conduite de la politique étrangère.
Quel processus pour mettre en œuvre une politique étrangère? Une politique étrangère ne peut être
étudiée que selon un déroulement particulier. Elle doit en quelque sorte s'adapter à l'évolution du
contexte. On va travailler sur des séquences historiques
La théorie de l'acteur
ROSENAU – Pre-theory of foreign policy
On s'intéresse à la théorie de l'acteur, en mettant l'accent sur des styles de comportement.
« L'objectif est d'identifier les facteurs, de comprendre les processus qui affectent, qui influencent le
comportement extérieur, de comprendre ce qui rend certains facteurs opérationnels dans certaines
circonstances. Il faut reconnaître que la politique étrangère est façonnée tout autant par des facteurs
internes que par des facteurs externes. » (Pourquoi un pays comme l'Argentine a-t-il voulu
reprendre les Maldives? Elle avait une force militaire mais pas la force de défier le Royaume-Uni
qui a eu le soutien des États-Unis. Mais quel a été l'objectif? Problème de politique intérieure:
recherche d'une légitimation de la part des militaires qui se devaient de rendre le pouvoir aux
civils.). Contrairement à l'ensemble de ses contemporains, Rosenau pensait qu'il était possible
d'établir une théorie générale de la politique étrangère. Chaque Etat aurait un style, une sorte de
génotype qui permet d'expliquer le comportement des Etats. Il pense que la politique étrangère se
déduit d'un processus qui part des individus agissant dans le cadre d'une politique étrangère et qui
aboutit au système international. L'explication se doit d'être multi-niveau et multi-causale, c'est-à-
dire intégrant un ensemble d'informations qui partent de l'analyse du système social, vers l'analyse
du système international.
La relation au milieu et au contexte
SPROUTS (modèle de l'approche contextuelle) – Man-milieu relationship in the context of
international politics
Ils ont contribué à la construction du domaine et de l'étude de la politique étrangère en se
concentrant sur les résultats. Ils pensaient que les résultats d'une politique étrangère dépendaient des
capacités de chaque État dans le cadre d'un système international des moyens et capacités de l'Etat.
Cette politique étrangère dépendait aussi d'un contexte psychologique dans lequel agissent des
acteurs politiques. Ce qu'ils appellent psycho-milieu. Il s'agit à la fois de l'environnement
international et opérationnel tels qu'il se présente à l'acteur, au décideur. Ils pensaient aussi que la
politique étrangère serait la résultante d'une distorsion entre ce qui est perçu par chaque acteur et la
structure réelle du contexte opérationnel et international. Ces distorsions entre le perçu et le réel ont
différentes sources. Pour les cerner, il faut lancer des recherches multi-causales. L'intérêt des
travaux des Sprouts vient du fait qu'ils ont réussi à mettre en évidence la différence entre l'analyse
de la politique étrangère et la théorie générale de l'acteur. Dans l'édition de 1967 de leur ouvrage ils
affirmaient: « Au lieu de construire des conclusions, quand à la motivation et les objectifs possibles
des acteurs, leur contexte de connaissance et les liens entre processus intellectuel et leur objectif,
sur la base de supposition quand au comment de comportement des individus, il faut plutôt cerner
comment les individus perçoivent et agissent dans des contingences particulières. »
Ces trois perspectives ont permis de mettre en évidence trois objectifs fondamentaux de recherche
sur les politiques étrangères :
• L’étude de l’action, du comportement, du charisme, de la culture de ceux qui décident de
ceux qui agissent dans le champ de la politique étrangère
• L’étude de l’interface entre national et international, en axant plutôt sur les organisations et
les cadres de décisions et moins sur les individus, la politique étrangère est plutôt la
résultante de jeux organisationnel
• Le troisième niveau se veut à moyen ter !e entre les deux précédentes : on ne peut analyser
la politique étrangère en axant uniquement sur le niveau micro sociologique (l’individu) ou
uniquement sur le milieu macro sociologique (organisation). La politique étrangère peut être
étudiée en montrant qu’il y a un rapport entre le niveau micro et le niveau macro. Cela
expliquerait qu’une même structure, un même système décisionnel autoriserait ou non des
actions
A partir de ces trois grandes perspective, on va mettre en évidence quatre axes que l’on va trouver
dans l’ensemble des analyses d’étude de la politique étrangère :
• Le processus cognitif : comment les décideurs comprennent le contexte, l’envisage et
comment ils traduisent cette compréhension en décision
• La personnalité et l’orientation du leadeur : ce sont les explications psychologiques. Au
États-Unis, au cours des années 50-60, on a essayé de mettre l’accent sur les possibilités
d’anticipation des décisions des actions des leaders politiques à partir des leur portrait
psychologique
• La dynamique des groupes restreints : toutes les grandes décisions se font dans des groupes
restreints. L’étude des groupes restreints va intéresser deux auteurs : Gallhoffer et Saris, qui
démontrent qu’une négociation à l’intérieur d’un groupe restreint dépend d’un certain
nombre de paramètres. Le premier est la règle de discussion à l’intérieur du groupe (un
leader impose une règle pour construire la décision finale)
• L’interface entre la personnalité du leader et l’étude de la composition des groupes
restreints : l’objectif est de montrer qu’en réalité les décision en politique étrangère constitue
une somme d’un certain nombre de variable psychologique, organisationnelle…
Ces quatre outils déterminent en quelque sorte l’ensemble des grandes théories de l’étude de la
politique étrangère.

Section 2 Les analyses classiques de la politique étrangère (1950-

1995)

La première génération est très dense, et s’est employé à construire une conceptualisation, un cadre
méthodologie pour les politiques étrangère. Dans les analyses classiques, identifie deux sous
périodes. L’une va jusqu’aux années 70, période de forte querelle atour de la construction d’une
cadre méthodologique. A partir des années 70, suit une capitalisation et le test de l’ensemble de ces
méthodes par des moyens techniques qui n’existaient pas auparavant. On s’aperçoit durant cette
période qu’environ cinq méthodologies majeures vont être testées

Paragraphe 1 Group decison making

Snyder et l’ensemble de ses héritiers… des groupes participants. Durant les années 50 jusqu’en 75,
on s’aperçoit que la perspective la plus intéressante aura été l’étude de la dynamique de décision
dans les microgroupes. Irving Janis démontre que le volonté de maintenir un consensus à l’intérieur
d’un groupe ou de maintenir la cohésion du groupe peut avoir une incidence sur la qualité de la
décision du processus décisionnel. Si par exemple la qualité de la décision, la nature de la décision
pouvait induire l’éclatement du groupe, la décision prise sera certainement de nature à éviter
justement l’éclatement de ce groupe. Cela aura forcément une incidence sur la qualité de la
décision. Diverses recherches empiriques montrent cette dynamique particulière propre à la
politique étrangère. Ainsi en 1978, Herman, politologue américain, va construire une typologie des
groupes en tenant compte d’un certain nombre de paramètre (taille, rôle du leader, règle de décision,
autonomie du groupe). A partir d’un analyse fine de l’ensemble de ses paramètres, Herman pense
qu’il est possible de ‘prévoir’ l’issu des délibérations de l’ensemble des groupes. C’est ainsi que
Herman et bien d’autres ont essayé de comprendre comment les acteurs construisent un consensus
autour des actions de la politique étrangère. Herman pense que la politique étrangère n’est pas
tributaire des opinions les plus largement diffusées, connues. Il pense qu’elle est le produit des
groupes restreints. Elle est tributaire du degré d’autonomie des participants : les ‘groupthink’. Au
début des années 80, d’autres vont reprendre la notion de ‘groupthink’. Hart Peter come d’autres
pose une nouvelle question : comment un groupe restreint comprend, se représente et dresse le
cadre d’une politique étrangère dans le cadre d’une conjoncture particulière ? Pour répondre à cette
question, un certain nombre d’auteurs, à partir des études des enregistrements des auditions d’une
commission du Sénat, vont essayer de montrer comment les membres de cette commission se
construisent un sens et une vision des événements. Ainsi les questions et les réponses dans le cadre
de ses auditions peuvent être considérées comme l’ensemble d’un processus narratif par lequel se
cristallise progressivement l’interprétation partagée entre les membres de la commission et ceux qui
apportent leur témoignage. Quelques années plus tard, Khong, politologue d’origine vietnamienne,
reprend à son compte ce type d’analyses dans Analogies at war. Il démontre que la construction
d’une cadre de décision ou d’action se fait par consensus mais aussi par analogie, c’est-à-dire que
les acteurs vont se faire exposer des cas de crises ou des situations similaires et agir par analogie à
partir des crises précédentes. Ainsi, la guerre de Corée à largement servi par analogie à construire le
cadre d’action américain pendant la guerre du Vietnam. Il démontre que la mauvaise interprétation
des faits et des variables de la guerre du Vietnam vient de la mauvaise analogie.

Paragraphe 2 L’intérêt pour les processus organisationnels et le cadre

bureaucratique

(Presque en même temps que les groupes restreints)


L’objectif ici était d’envisager la politique étrangère sous l’angle de la théorie wébérienne. Si on
considère que la politique étrangère est un produit de la bureaucratie traditionnelle, on peut penser
que la politique étrangère ne serait que le produit de bureaucraties dont l’objectif est de se
perpétuer. Autrement dit, si on veut maintenir et augmenter son influence en temps que
bureaucratie, il faut augmenter l’ensemble des crises, l’ensemble des contextes pour maintenir son
influence. Ainsi Graeme ALISON dans son analyse de la crise des missiles de Cuba démontre que
l’analyse fondée sur la prise de décision rationnelle n’est pas satisfaisante. Il pense que chaque
organisation, chaque sous système à sa logique propre, à sa rationalité propre qui découle de sa
bureaucratie et qui va avoir une incidence certain sur la conduite de la politique étrangère. HALPERIN
dans Bureaucratic politics and foreign policy (1974) va renforcer la thèse d’Alison : il montre qu’en
réalité la guerre du Vietnam a été construite, mené dans le cadre d’objectifs latents d’ordre
bureaucratique et pas obligatoirement dans la cadre d’une lecture des rapports de force sur la scène
internationale.
Paragraphe 3 Les analyses fondées sur la comparaison des politiques

étrangères

C’est une perspective très ancienne et très connue en Europe. L’analyse démarre au cours des
années 60 avec James ROSENAU qui voulait construire une théorie générale des politiques étrangères.
Il va chercher à savoir quel est le déterminant d’une politique étrangère. Par analogie avec une…
interne, il constate que le vote constitue l’unité élémentaire permettant d’éclairer la suite de
question suivante : qui fait quoi ? En faveur de qui ? Et comment ? Peut-on trouver un
questionnement analogue pour la politique étrangère ? ROSENAU va envisager les évènements, les
péripéties de la scène internationale sous l’angle de l’action et de l’usage des instruments de l’Etat.
Ainsi les outils de la diplomatie, la négociation ou les moyens de la puissance ou ceux de
l’économie sont mobilisés par l’Etat pour faire face aux évènements. C’est en fonction de cette
analogie entre les Etats sur la scène internationale et les individus sur la scène nationale que
ROSENAU va essayer de conceptualiser la politique étrangère. Or cette analogie est très limitée. Les
insuffisances de l’analyse de ROSENAU, notamment sa confrontation à la multitude d’évènements et
la multitude de paramètre amène une rectification de la perspective sur la base de l’étude et de
l’analyse de l’évènement ce qui amène la trame de la quatrième vague

Paragraphe 4 L’analyse des données issues de l’étude et de la description

des évènements élémentaires

Au centre de cette perspective, la possibilité de collecter de classer et d’analyser tous les


évènements prenant place sur la scène internationale et pouvant avoir une incidence sur la politique
étrangère d’un pays. Ainsi entre 1967 et 1981, cette organisation a dépensé 5 millions de dollars
pour développer une méthode d’exploitation des données génériques par les politiques étrangères ou
par les évènements internationaux d’un certain nombre de pays. Il s’agissait de mobiliser des
chercheurs et des étudiants pour sélectionner, collecter tous les évènements intéressants de la
politique étrangère et à partir de support ouverts comme les quotidiens, les revues ou les rapports
officiels. Après une phase de codage de la source, des protagonistes, de la nature de l’action, ces
données vont donner les bases de données des centres de recherches. L’objectif final est d’essayer
de trouver des trames qui permettent de composer un modèle de politique étrangère. Cette
perspective part de l’hypothèse qu’il existe des styles d’intervention et qu’à partir d’évènements, de
nombres de personnes, de types d’acteurs, il est possible de reconstituer des trames d’actions.
Paragraphe 5 L’analyse psychosociologique des milieux décisionnels en

politique étrangère

L’hypothèse de départ est de considérer que l’acteur de politique étrangère est porteur de
convictions, de croyances et de valeurs, que son action prend place dans un contexte dans un
champs particulier à travers un style propre et en fonction de son expérience. Chacune de ses
décisions est influencée par le contexte culturel, l’histoire, la géographie, l’économie et le contexte
politique. C’est ainsi que l’on peut lire les conclusions de B RECHER : il y a un rapport entre le style
de politique étrangère et la variable socio psychologique qui peuvent influencer le décideur. Ainsi
dans son ouvrage Foreign policy system of Israel, BRECHER explore le rapport en l’univers socio
psychologique de la population israélienne et la conduite de la politique étrangère. A partir de ses
conclusions, on peut démontrer que le style de politique étrangère d’un pays est plus tributaire
d’une psychologie générale que de variables… C’est une remise en question de l’ensemble de ce
qui a été écrit avant. Ces analyses fondées sur la socio psychologie se scindent en deux voies :
- Ceux qui pensent que les capacités individuelles du décideur priment. Dans cette perspective
on va avoir recourt à la psychologie politique branche émergente de la science politique. On
considère que dans certaines conditions (stress, forte incertitude, contexte institutionnel) que
les capacités personnelles de l’acteur deviennent déterminantes dans l’explication de l’action
et la conduite de la politique étrangère. Lasswell avait dès les années 30-40 exploré le biais
psychologique dans la prise de décision politique. Au cours des années 60, J. De Rivera va
essayer de ré exploiter un concept appelé le ‘code opérationnel’ mis en évidence au début
des années 50 qui serait en quelque sorte la synthèse des convictions fondamentales
politiques ou autres qui ont un impact sur la vision et sur le cadre général sur lequel il
envisage son action. M. HERMAN dans un ensemble d’articles démarrant en 69 et terminant en
78 a tenté de construire une typologie des styles de leaders en fonction des variables
psychologiques. Pour se faire, elle va croiser d’une part ce qu’elle estime être le ‘code
opérationnel’ de chacun des leaders et d’autre part l’ensemble des évènements qu’elle va
tirer des banques d’évènements. Les recherches d’Herman vont se faire parallèlement à une
autre voie de recherches fondées sur la perception et son impact sur la politique étrangère.
En 1976, JERVIS publie Reception and ruisperception in international politics. JERVIS et
Cottam souligne l’impact de la mauvaise perception sur la politique étrangère. Ainsi les
stratégies de dissuasion peuvent échouer si les intentions des protagonistes étaient mal
perçues de part et d’autre. Autour des années 80-90, R. H ERMAN montre qu’en réalité la
politique étrangère est tributaire de stéréotypes et d’images. Il se propose alors de construire
une typologie de ses images et stéréotypes et de mesurer leur impact sur la politique
étrangère. Avec les HERMAN, on entre dans l’ère des contraintes cognitives dans la mise en
œuvre de la politique étrangère. On sait déjà que la notion de contraintes cognitives a été
testée et étudiée en économie, en science de gestion et en psychologie de la décision. Ces
contraintes cognitives conditionnent la façon d’agir et de réfléchir des décideurs. Ainsi on
peut dégager des styles de décisions dans des contextes de rationalité forte ou limitée.
L’importance du style national : HOLSTI va croiser la psychologie du décideur et la
psychologie du milieu dans lequel il doit agir. A travers ce concept, il a essayé de cerner
comment une nation ou un pays pouvait se situer et envisager con rôle sa situation dans une
arène internationale. HOLSTI pense que cette vision se construit à travers une élite c’est-à-dire
un nombre d’acteurs restreints qui va façonner une perception d’un pays et forger son style
national. Ce style dépend aussi de l’ensemble des mécanismes de socialisation en cours dans
un pays.
- A la suite de HOLSTI, certains vont aller plus loin en insistant non pas sur la socialisation,
mais en insistant sur un rapport plus général à la culture politique. Cette notion de culture
politique a été mise en exergue au cours des années 60 pour contre balancer la trop forte
importance donnée à la variable idéologique. On estime que le culture a un impact sur l
construction des perceptions (perception de l’ennemi, de ses forces et de ses faiblesses).
Cette même perspective va revenir en force à la fin des années 80 parce que la fin des
confrontations idéologiques amène un retour vers des variables non seulement constitutives
de la politique étrangère mais aussi des variables de la politique interne. Ce qui est
constitutif de la politique interne serait explicatif de la politique étrangère. Contrairement à
le politique bipolaire, on envisage la politique étrangère selon un axe interne-externe et non
pas externe-interne, comme dans le cadre des grandes théories post deuxième guerre
mondiale. Ainsi, on serait près à penser que les groupes sociaux peuvent avoir une influence
sur la conduite de la politique étrangère. Il s’agit donc ici de transposer dans l’étude de la
politique étrangère une perspective qui a été forgée pour la politique nationale. La question
est de savoir si la politique étrangère comme toute politique domestique ou publique, celle-
ci fait l’objet d’une sorte de marchandage, de jeu d’influence de la part de groupes sociaux.
Dès 1973 aux Etats-Unis, R. Dahl va essayer de jeter une passerelle entre le jeu politique
interne et la mise en œuvre de la politique étrangère notamment avec le jeu des groupes de
pressions ou des groupes sociaux. Dans Régimes and opposition, Dahl va essayer d’étudier
le poids des groupes dans le cadre de la politique étrangère. D’un point de vue pratique on
s’aperçoit qu’aux Etats-Unis vers les années 80 il y a eu des cas dans lesquels la politique
étrangère a été fortement influencée par l’activité de groupes sociaux ou de groupes de
pression (cas de l’embargo sur le blé pour l’Urss). Au cours des années 80, cette perspective
va être corrigée. Certains vont démontrer que l’Etat avait une autonomie relative, faible
autonomie de l’Etat par rapport à différents groupes. C’est ainsi qu’il faut envisager les
travaux de R. Putnam (Diplomacy and domestic politics). Il va développer le jeu à deux
niveaux où il montre que le niveau international et le niveau national sont dans une
dialectique perpétuelle. Ainsi Putnam montre qui l’hypothèse selon laquelle la politique
étrangère est spécifique et particulière qui intéresse peu les électeurs, c'est-à-dire que
l’opinion politique nationale est peu concernée par la politique étrangère, l’hypothèse
Almond & Lippman est fausse. Traditionnellement, aux Etats-Unis (y compris en Europe),
la politique étrangère était peu présente dans les débats publics. Putnam démontre que ceci
était vrai mais ponctuellement car Almond et Lippman on envisager une période avant la
guerre du Vietnam, mais après la deuxième guerre période relativement stable. Putnam
remarque qu’après la guerre du Vietnam, l’opinion public s’intéressé a la politique étrangère
et qu’elle pèse plus lourd dans le processus décisionnel. Ainsi le cadre géopolitique, les
capacités économiques, les capacités militaires, la taille, la richesse, la nature du régime
constituent très certainement es déterminants fondamentaux d’une politique étrangère.
Certains aux cours du XIXème siècle ont pensé que la taille d’un pays pouvait avoir une
incidence sur sa propension à faire la guerre. D’autres ont essayé de démontrer que les
régimes autoritaires étaient plus belligérants que les pays non autoritaires. Seule l’économie
politique a été en mesure d’explorer l’effet des structures et des déterminants économiques
sur la structure de la politique étrangère. L’économie politique internationale a essayé de
montrer que les Etats peuvent avoir à travers leur richesse, un rapport ou une situation
particulière par rapport aux autres Etats. Ceux qui étudient la politique étrangère vont
essayer de croiser les deux perspectives : l’économie politique internationale et la politique
étrangère. A partir de là, on essaie de mettre en exergue des situations où la conduite de la
politique étrangère lorsqu’elle se fait dans le cadre d’un système d’échange pacifiée,
amenait une paix démocratique. L’échange marchand minimisait voir se substituerait à la
conflictualité. Il existerait des situations d’échange, des situations de politique internationale
qui ne permettent pas l’apparition de guerre et qui impose la coopération des Etats, la guerre
devenant ainsi impossible non pas pour des raisons étiques ou morales, mais parce que les
régimes des échanges et l’interdépendance entre les Etats ne le permettraient plus. L’extrême
spécialisation pourrait conduire à un conflit armé. On s’aperçoit par ailleurs que la disparité
entre la nature de régimes politiques expliquerait jusqu’à un certain point certains types de
guerre et donc expliquerait les différentes types de politiques étrangères. Ainsi on remarque
qu’il n’y a pas de guerre entre démocraties. On remarque également que les démocraties ne
font la guerre qu’au Etats non démocratiques. Enfin des régimes non démocratiques se font
la guerre plus souvent. Les différents régimes politiques conduisent à des différences de
comportement et de politiques étrangères. Cette hypothèse permet de créer un lien entre
l’analyse des relations internationales et l’étude de la politique étrangère. Pourquoi les
démocraties ne se font-elles pas la guerre ? La réponse à cette question impose un dialogue
entre les théories de la guerre et l’analyse de la politique étrangère. M. Herman e tenté d’y
répondre en revenant vers les théories qui ont axé l’analyse sur la nature du système
international comme un espace dans lequel se construit une communauté d’acteurs dotté de
différentes politique étrangères. Elle pense que le système international du moment a un
effet mesurable sur la politique étrangère. En cela, elle revient vers les notions mises en
évidence par Caplan dans Systems and process in internatonal politics (1957/1972). Elle
pense comme Caplan que les effets d’un système de RI sur le type de politique étrangère
dépendait du nombre de pôles qui composent le système ainsi que la règle du jeu dans ce
système. Cette structure va déterminer jusqu’à un certain point la palette des choix possibles
dans l’organisation de la politique étrangère. On retrouve une partie des analyses de K.
Waltz qui pense qu’un système anarchique avait une incidence particulière sur le
comportement des Etats. Initialement d’ailleurs, au cours des années 70-80, l’étude de la
politique étrangère ne tenait pas compte des caractéristiques intrinsèques de système
international. Ce n’est qu’à partir des années 90 que l’on va tenir compte des paramètres que
forment la politique étrangère… Cela va amener une réécriture des fondements

Paragraphe 6 L’ébranlement de fondements et la reconstruction

méthodologique

La remis en question des fondements de le politiques étrangères démarre vers le fin des années 70,
début des années 80. Il s’agit d’une remise en question… Dans le cadre des analyses décisionnelles,
il y a eu peu de renouvellement des perspectives. Cette perspective a été peu transposée à l’étude de
la politique étrangère. La barrière va être d’ordre empirique et notamment l’absence
informationnelle et l’absence documentaire. La base du travail en analyse de la politique étrangère
est le dépouillement archivistique de sources premières. La matière première, ce sont les
informations collectées à partir de sources gouvernementales. Or pour des raisons de sécurité, de
confidentialité, les informations sont indisponibles pour une longue période. En ce qui concerne
l’analyse de la politique étrangère sous l’angle de l’analyse psychologique on remarque qu’il y a un
véritable essor au cours des années 60, 70 et 80. L’analyse comparative va aussi franchir des étapes.
Jusque là on s’était intéressé aux pays les plus forts. Mais à partir du début des années 90, on va
s’intéressé à un autre type de pays car en effet, si on veut démontrer l’impact des variables sociales,
culturelles, politiques, géopolitiques sur la conduite de la politique étrangère on a besoin de tester
des modèles d’analyse sur un nombre important de pays. Ainsi, l’étude de l’impact de la variable
locale ou nationale et son impact sur la conduite de la politique étrangère va être croisée avec la
taille du pays, la nature du régime. D’où le nécessité d’élargir le panel. Au cours des années 80, les
chercheurs vont emprunter à la sociologie politique fondamentale certains de ses outils pour
analyser l’impact de l’opinion public sur la formulation de la politique étrangère. Voilà les
perspectives qui vont nécessiter au cours des années 90 une réécriture.
La question qui se pose au lendemain de la fin de la bipolarité aux spécialistes de l’analyse de la
politique étrangère était la suivante : doit-on privilégier l’analyse de certains cas spécifiques qui
permet d’expliciter le jeu des variables ? Ou alors doit-on construire des modèles d’analyse
généraux pouvant s’appliquer aux cas nationaux ?
Se pose également le problème de la quantification ou de la non quantifications de variables. Il y a
par ailleurs de variables qui entre dans la construction de la politique étrangère qui ne sont pas
quantifiable (mémoire collective,…). Ce dilemme pose un problème particulier car si on veut
considérer la politique étrangère comme une politique publique la quantification est nécessaire. Or
comment faire face à des variables par nature non quantifiables ? Durant cette période, se pose aussi
la question du financement des recherches puisqu’entre 1945 et 1990, les financements étaient
essentiellement motivés par le souci de la lisibilité des modèles et par la possibilité de l’anticipation
de l’action de l’ennemi, de l’adversaire ou du rival. Au cours des années 1990, la perspective se
transforme puisqu’on essaie de construire des systèmes de pré-alertes, c’est-à-dire des systèmes qui
permettent aux acteurs politiques de visualiser l’action des précurseurs de crise. Mais là aussi
s’opposent deux dimensions fondamentales de l’analyse de la politique étrangère :
- L’étude des styles des modèles de nature rétrospective historique
- L’illusion prédictive

Section 3 Les axes contemporains de l’étude de la politique étrangère

Il s’agit de rompre avec les techniques de quantification et d’essayer de réécrire l’analyse de la


politique étrangère à partir d’une relecture d’une grande théorie des relations internationales. La
vision du monde au cours des années 45 à 90 à eu un impact certain sur la formulation des
politiques étrangères. La fin de cette vision amène une révision substantielle de celle-ci qui coïncide
avec une relecture des RI. La fin du monde bipolaire remet en question les analyses fondées sur
l’étude des macro-contraintes imposées par le système. Dans le champ des grandes théories des RI,
l’analyse centrée sur l’acteur a relégué dans une position secondaire l’analyse de la boite noire (le
système de décision). Mais la fin du système bipolaire amène un retour en grâce des théories et des
perspectives explicatives fondées sur l’étude des variables internes qui ont amené la fin d’un
système des relations internationales. C’est ainsi que la fin de ce système a été expliquer comme la
résultante de la fin de l’action de certains groupes ou institution ou de l’action d’un leader. De là
certains pensent que dans l’ère post guerre froide, l’analyse de la politique étrangère se devait de
prendre en compte un certain nombre de points, d’éléments, qui n’ont pas été envisagé ou qui n’nt
pas été assez pris en compte lors de la précédente phase de construction des paradigmes de la
politique étrangère. Il s’agit de cinq points :
- Prendre en compte le niveau sub-national (régions…)
- Essayer de construire des théories intermédiaires qui font l’interface entre la théorie de
l’acteur et la théorie d’un système international complexe
- Rechercher des explications multi-causales
- Utiliser les techniques et concepts mis en œuvre par les sciences sociales
- Le processus de politique étrangère devrait être considéré aussi important que le résultat,
l’impact
Néanmoins, l’analyse de la politique étrangère va au cours des années 15 dernières années
d’aborder de nouvelles questions. Il en va ainsi de l’influence d’un leader sur la formulation d’une
politique étrangère et de l’étude de sa personnalité qui constitue aujourd’hui l’un des biais de
l’étude la politique étrangère. Au niveau des groupes, ces dernières années, on s’est posé la question
de savoir comment ses groupes parvenaient-ils à identifier un problème comme nécessitant une
action, comment se construire au sein d’un groupe de décideur une vision commune, et comment
cette vision se traduit-elle de façon pratique sur le même modèle qu’une politique étrangère. Si on
prend en compte la société dans son ensemble, comment la perception du grand public, des citoyens
influencent-elles les attitudes des leaders et leurs décisions, comment ses attitudes en fonction d’un
changement de contexte influencent-elles la mise en œuvre d’une politique étrangère. De là suivent
un certain nombre d’autres questions : quels sont les effets des débats politiques internes ? Quels
sont les effets des débats politiques internes sur la politique étrangère ? Comment mesurer l’impact
de la culture sur la formulation de la politique étrangère ? Y a-t-il une relation ou une corrélation
entre politique étrangère et type de système politique ? Sur un pan méthodologique, les
préoccupations sont de trois ordres :
- Les matériaux de base : quel usage doit-on faire des bases de données ?
- Est-il envisageable de construire des systèmes experts capable de simuler le système
décisionnel humain ?
- Est-il possible d’envisager les relations entre les variables multiples sous un mode non
arithmétique ?
Ces questions se superposent à une préoccupation centrale, celle de la révision encore plus
fondamentale des paradigmes de l’étude des relations internationales

Paragraphe 1 La révision des paradigmes des RI et le révisions du cadre

théorique de l’étude de la politique étrangère

C’est autour et parfois contre le réalisme qu’une grande partie des écoles de pensée et de politiques
étrangères se sont développé. Pour les réalistes, il y a un certain nombre d’hypothèses de départ. En
ce qui concerne l’étude de la politique étrangère, l’école réaliste pense qu’il y a une influence des
données internes sur la construction de la politique étrangère. Etant donnée que l’Etat est l’acteur
central, de cette centralité découle la nature, la structure de mise en œuvre de la politique étrangère.
Autrement dit, les groupes extérieurs et toutes les structures infranationales n’influencent pas la
politique étrangère. Ce qui influence, construit la politique étrangère, ce sont les visions propres au
sommet de la pyramide qui incarne la vision global et qui a la capacité à agir au nom de l’Etat dans
l’espace internationale et de se garantir de se fait la meilleur place possible dans le cadre d’une
politique fondée sur la garantie des intérêts de l’Etat. Par ailleurs, le réalisme est marqué par la
volonté d’axé l’analyse sur la pratique réelle. On s’intéressera réellement aux actions réalisées et à
leur impact. Tout ce qui relève de la perception, des schémas mentaux ne constituent pas des
déterminants de la politique étrangère. Ce qui constitué le socle de l’analyse est ce qui est réalisé
directement par les acteurs. Par ailleurs, l’objectif de l’école réaliste dans l’étude de la po etrangère
est de construire un modèle a-historique, c'est-à-dire une théorie générale permanente donc de
systématiser dans un savoir, une théorie générale l’ensemble des expérience en politique étrangère.
Le réalisme s’est constitué autour de trois piliers :
- L’importance du groupe dirigeant
Pour les réalistes, chaque groupe pour survivre a besoin d’une cohésion, d’une solidarité,
d’une structure qui justement va lui garantir cette cohésion et cette solidarité. En même
temps, cette cohésion et cette solidarité est à la source de ce qui est indépassable selon les
groupes : la conflictualité. La glorification de la solidarité mais aussi le test de la solidité du
groupe constitue la source principale des conflits. En revanche, les réalistes ne tranchent pas
obligatoirement quant à la qualité, quant à la nature du cadre dans lequel prend place
l’action politique
- La recherche de l’intérêt
Le seul intérêt des groupes ne se dirige pas vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. La
politique étrangère est menée au bénéfice du groupe et non pas au bénéfice du monde
extérieur. Cette égoïsme s’enracine dans la nature humaine et ne constitue pas une
exception. Au niveau de l’Etat, ct égoïsme s’exprime par le recherche des intérêts et la
sauvegarde des intérêts.

- L’importance de la notion de puissance


La puissance est le déterminant central de la politique au regard des réalistes. Pour eux,
depuis longtemps, les groupes et les individus ont eu à gérer une inégalité dans la puissance
et dans les ressources. La politique n’est alors rien d’autre que l’interaction, la dialectique
entre le a au sens social et la puissance au sens matériel du terme.
Si on valide ses trois présupposés, on considérera alors que les intérêts du groupe seraient centraux
dans la politique ou les actions de ce groupe. Ceci a pour conséquence d’orienter la politique
étrangère vers la sauvegarde et la réalisation des objectifs de l’Etat cela même qui vont garantir sur
la scène internationale les intérêts du groupe. Si on veut étudier la politique étrangère, il suffit de
chercher et localiser les lieux de la puissance, de cerner les intérêts du groupe et de cerner aussi et
surtout le jeu de la puissance dans le cadre d’un conflit des intérêts.

En quittant le paradigme réaliste, on a de la politique étrangère une vision particulière a la fois


pessimiste et cynique. La politique ne sert que des objectifs de ce groupe et rien que cela. A cette
critique les réalistes opposent « l’objectif n’est pas de dépeindre le monde tel qu’il doit être mais de
montrer le monde te qu’il est ». La politique ne sert pas un idéalisme mais a montrer un intérêt
immédiat. A partir de là, il est possible de construire une théorie des RI à partir d’une vision réaliste
d’une monde mais aussi une théorie réaliste de la politique étrangère. Par ailleurs, on remarque au-
delà du cadre théorique, il existe une pratique réaliste de la politique étrangère. Le problème est
alors de toute autre nature, il est structuré autour de la question suivante : comment passer de la
vision réaliste des acteurs, comment passer de l’action réelle à une théorie au sens académique du
terme ?

A/ La théorie réaliste des relations internationales

Une des hypothèses du réalisme est l’égoïsme, la concentration sur le groupe et la centralité de la
notion de puissance. Ces trois présupposés concomitants expliquent le caractère conflictuel de la
scène internationale à moins que les Etats ne prennent en charge… pour éviter l’anarchie, propre de
la société internationale. On sait par ailleurs, qu’aucun des Etats n’est capable, outillé ou intéressé
par une gestion de l’anarchie mondiale. Les Etats ne s’intéressent qu’à leur propre intérêt. Face à
l’anarchie du monde, les Etats ne peuvent opposer que la puissance, la guerre. Dès lors,
théoriquement, ce qui est intéressant pour l’étude des RI sont les questions de sécurité internationale
et de défense, parallèlement par glissement, ce sont ces questions qui deviennent centrales. Cela dit,
si on regarde de très près on s’aperçoit que le réalisme n’est pas un cadre unifié. A partir des
présupposés centraux, le réalisme sera progressivement amandé transformé récrit notamment à
partir des années 50 et tout au long des années 60. C’est à K. Waltz qu’est revenu la tache de
rassembler dans le cadre d’un projet de théorie générale les préceptes du réalisme dans Man, the
State and the war (1959). Il pensait que l’une des limites des thèses réalistes provient de leur
capacité de distinguer le niveau d’analyse et d’argument entre ce qui relève de l’individuel, du
niveau du groupe et ce qui relève de l’Etat. Autrement dit, est-il intéressant et possible de transposer
vers les Etats une notion forgée pas l’être humain : l’égoïsme ? Ainsi dans son ouvrage Theory of
international politics (1979), il entreprend de clarifier l’héritage réaliste et notamment, il essaie de
prendre en compte l’impact de la structure, de la nature du système international sur la politique
étrangère d’un Etat. Il va clarifier l’une des hypothèses du réalisme que attestait que le fait que les
individus, les Etats vivent dans un système anarchique peut pousser à une course à la puissance et à
la guerre. Et cette nature anarchique réduit en fait toute possibilité d’une politique étrangère qui sert
à diminuer le niveau d’anarchie et le niveau de tension. Comme toutes les théories réalistes, la
théorie de Waltz est abstraite et ne tient pas compte de la technoligie ni de la géographie. Elle ivre
une théorie de la politique étrangère en deux variantes possibles :
- L’une fondée sur l’hypothèse d’un réalisme défensif
On retrouve la vision centrale, celle de l’anarchie spécifique au système international. Mais
dans ce courant, on démontre que l’anarchie du monde est telle que la course à la puissance
amène les Etats à ne pas vouloir attaquer les autres et surtout à privilégier leur autodéfense.
- L’autre fondée sur l’hypothèse d’un réalisme offensif
Il est le plus actuel. On part ici du constat de l’absence d’autorité mondiale capable de
maintenir un état de paix. Le monde est incertain mais rien ne peut garantir qu’un Etat ne
s’affranchisse pas des règles et qu’il menace les autres Etats. Etant donnée cette limite, les
Etats doivent conjurer toutes les menaces pour se défendre, donc se préparer à la guerre
devient donc l’axe principal de l’action des Etats.
A partir de ces fondements, comment étudier la politique étrangère ? Le réalisme a prospéré sur
l’observation et l’analyse sur lequel agissent les Etats, sans donner de théorie générale. De même
que ce qui est produit est essentiellement centré sur la théorie de l’acteur. Les différents exemples
présentés ont pour objectif de valider l’hypothèse selon laquelle les acteurs font du réalisme offensif
ou défensif sans en être réellement conscient. Le premier exemple est le rapport rédigé en 1900 par
le prince Kuropatkin pour le tsar Alexandre II. A l’époque, ce rapport était cité pour ses options
défensives car il proposait d’une part que la Russie ne tente plus des guerres d’annexion parce qu’il
s’agit d’une puissance satisfaite. Dès lors, il pense que toute nouvelle expansion pouvait avoir pour
résultante d’effrayer d’autres puissances et de les amener donc à réagir contre la Russie. Le
rédacteur de ce rapport pense que la Russie au regard de se puissance a intérêt à se lancer ni dans
une politique d’alliance, ni dans des projets d’annexion. Ce rapport est illustratif de ce qu’on
appelle le réalisme défensif en partant de la balance de la puissance qu’il estimait défavorable à la
Russie. L’autre exemple est le rapport rédigé par le diplomate britannique, Eyre Crowe, en 1907 à
l’adresse du gouvernement britannique et qui incite… pour tenir compte de la montée en puissance
de l’Allemagne. Le diplomate britannique a utilisé la théorie de balance et d’équilibre des
puissances pour montrer la nécessité pour la Grande-Bretagne de contenir la puissance allemande.
Ce rapport insiste surtout sur d’une part l’impact du système international du moment et sur
l’impact de la politique interne de l’Allemagne sur le système des RI. En 1946, l’ambassadeur
américain en Urss, G Kennan, a rendu un rapport (« le long télégramme ») dans lequel il aborde
l’affermissement de la politique soviétique : « L’Urss, à moins de rencontrer une puissance et une
opposition continuera son expansion […]. Les Etats-Unis d’Amérique se doivent de hâter
l’avènement d’un équilibre des forces. ». Au début des années 70, Nixon et Kissinger ont
reconstruit et réorienté la politique étrangère américaine en partant du constat d’une perte
d’influence des Etats-Unis en Asie. Ils proposent alors une politique étrangère fondée sur trois
axes :
- Attirer la Chine en hors du girond de l’Urss
- Convaincre les alliés de partager le fardeau du containement de l’Urss
- Amorcer une détente avec l’Urss
Vers la fin des années 80, on s’est rendu compte que la guerre froide et la bipolarité ont formaté le
cadre théorique (pour plus d’une génération). Le changement politique en Urss change
complètement la donne. Gorbatchev avait mis en place un nouveau faisceau de principe « nouvelle
façon de réfléchir et d’envisager les rapports politiques ». Son objectif était une réduction de la
tension internationale, et d’établir une stratégie de façon ouverte et verbale. Cependant, nombres
d’analystes de l’époque on conclu que le fait de l’action de Gorbatchev était très dangereuse car elle
entrainait le monde occidental dans une suite de concessions. Une minorité a essayé de démontrer
qu’il s’agit d’un sérieux changement. C’est notamment un chercheur russe, Sestanovich, dans un
article parut en 1987-88 Gorbatchev’s, foreign policy. Diplomacy of decline ? qui va s’y atteler en
partant de la structure des groupes au pouvoir, de l’analyse des groupes au pouvoir autour de
Gorbatchev et de la puissance que ces groupes dispose au sein de l’espace politique soviétique. A
partir de ses paramètres il a essayé de comprendre l’évolution du système soviétique et de sa
politique étrangère. Contrairement aux idées dominantes de l’époque, Sestanovich démontre qu’il
s’agit là d’une évolution fondamentale du système soviétique, évolution qu’il va rendre visible à
partir de l’étude de sa diplomatie.
Courant Théoriciens Points centraux en Points centraux de en
théories des RI analyse de la politique
étrangère
Le réalisme offensif Mersheimer Intérêt national, Fragilité de la sécurité,
expensionnisme, d’un point de vue
guerre théorique difficulté de
distinguer l’offensif du
défensif
Le réalisme défensif Waltz, Jervis et Glaser La coopération Hypothèse selon
laquelle la technologie
et la géographie
favorise la défense
La balance des Waltz Alliance, construction Faire de telle sorte
puissances de capacité militaire qu’un système ne soit
pas dominé par une
seule puissance
Le soft balancing Pape La contrainte subtile Une seule et très
prédominante
puissance ne peut être
contrebalancée
La stabilité par Gilpin La coopération et Faire de telle sorte
l’hégémonie l’ordre qu’il n’y ai qu’une
seule puissance
prédominante
La transition par la Gilpin, Organski La guerre La capacité d’un rival
puissance capable d’obtenir une
parité avec l’hégémon
du moment

B/ Le libéralisme et la politique étrangère

Le libéralisme en tant que courant philosophique a contribué à la politique étrangère. Il a mis


l’accent sur la manière dont les individus, les idées et les idéaux, la manière dont les forces sociales
ainsi que les institutions politiques ont pu mettre en œuvre dans la conduite de la politique étrangère
et dans les RI. Ce courant contraste totalement avec les hypothèses du réalisme. En effet, le courant
libéral en s’intéressant à la boite noire de la décision en politique étrangère, au jeu des idées, vision
et perception, ce courant à rendu plus complexe l’étude des RI. D’un point de vue philosophique, le
libéralisme a été identifié par un certain nombre de principe, notamment celui de la liberté
individuelle. Si l’on regarde sa variante philosophique tout au long du XIXème siècle, son objectif a
été de traduire dans le droit positif ce qu’il estimait les droits naturels de tous les individus. Ce sont
ces principes fondamentaux que le libéralisme essaie de transposer à la conduite de la politique
étrangère et des affaires du monde. L’hypothèse centrale de se courant transposé à la politique est
que entre des Etats partageant ces mêmes principes, la guerre serai impossible. Ainsi au début di
XVIIIème siècle, lorsqu’émerge les régimes libéraux, une zone de paix va émerger entre ses pays.
C’est ainsi qu’on pouvait lire les accords signés entre les américains et les britanniques après les
affrontements de 1812. En effet, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont choisi de régler leur
différent par négociations et moyens pacifiques. Un siècle plus tard, malgré les désaccords franco-
anglais, les français et les britanniques ont formé une alliance contre l’Allemagne, une alliance de
régimes libéraux, alliance que les italiens choisissent de rejoindre en 1815. C’est au nom de ses
principes libéraux fondamentaux que Wilson va énoncer les principes d’une organisation des RI. Ce
sont des principes très anciens que l’on peut remonter au projet de Kant, au début du XVIIIème
avec la construction d’une association pacifique entre les nations. D’un point de vue empirique, il
est facile de démontrer que les confrontations entre régimes libéraux sont rares voir inexistants. Ce
qui confirme le principe selon lequel les démocraties ne font pas les guerres entre elles. Même si la
guerre est interdite entre régimes libéraux, elle reste possible contre les régimes non libéraux, c’est
ce que démontre D. Hume dans ses Essais lorsqu’il pose comme principe fondamental que la
retenue pacifique ne fonctionne qu’entre les régimes libéraux. Il met en garde contre ce qu’il
appelle l’imprudence libérale, c’es à dire les guerres coloniales ou les guerres de prédation. On
s’aperçoit que pendant la période de 1816 à 1980, ces pays (Usa, RY, France, Argentine, Italie) ont
été responsable ou engagé dans environ 24 conflits interétatiques. Sur 56 guerres prises au niveau
mondial, les Etats libéraux n’ont été responsable du déclanchement que d’une dizaine. Les Etats
non libéraux sur un siècle et demi ont la responsabilité du déclenchement de 91 guerres sur 187. Les
Etats dits libéraux ont plus participé à des guerres extra-systémiques. On remarque par ailleurs que
dans le cas des Etats Unis d’Amérique, ce pays est intervenu dans le tiers monde ou dans les pays
du Sud deux fois plus que l’Union soviétique entre 1946 et 1976. Entre 1946 et 1979, les USA ont
consacré un quart de leur dépense militaire aux interventions dans le tiers monde, alors que pour le
même période l’Urss n’y a consacré qu’un dixième de son budget militaire. Les régimes autoritaires
ont par ailleurs le monopole et le record des guerres dites d’agression et dont les conséquences
politiques internes ont amené à chaque fois l’implantation d’un régime autoritaire. L’intervention
des régimes libéraux n’a jamais amené la démocratie. Un autre principe de Hume conditionne la
question de la guerre et de la paix entre régimes libéraux et régimes autoritaires, c’est celui de la
complaisance ou de l’isolationnisme. Pour Hume, cela peut prendre deux formes :
- L’absence d’un soutien à un allié
- L’incapacité à s’imposer à un ennemi
La paix entre un régime libéral et un régime autoritaire peut ne pas conduire à une situation de paix
perpétuelle dans la mesure où subsistera toujours le risque que ce régime autoritaire agresse un
régime libéral. Le fait de ne pas combattre un régime autoritaire au non de la paix peut pousser à
l’isolationnisme car toute intervention peut enclencher en chaine des réactions d’alliance amenant
une guerre majeure. Pour Hume, la règle absolue devient alors : ne jamais faire la guerre à un
régime libéral et essayer de contrer par tous les moyens un régime autoritaire. Le libéralisme prône
la centralité des droits de l’homme et de la propriété privée ainsi que l’application du principe de
représentation. Cependant, le libéralisme n’est pas facilement transposable dans le champ de RI.
Les libéraux s’accordent avec les réalistes sur un point : ils considèrent que la scène internationale
est anarchique par nature, cependant ils sont en désaccord avec les réalistes quand à la nature de
cette anarchie. Pour les réalistes, la confrontation avec l’Etat est un jeu à somme nulle. Pour les
libéraux, dans certaine configuration des relations entre Etats, on peut avoir un jeu à somme
positive ou à somme négative. Ainsi pour avoir un jeu à somme positive, il faut insister sur les
relations de coopération et d’échange. C’est un ainsi que le commerce peut devenir un substitut à la
guerre au bénéfice des participant. Dans d’autres cas, la guerre, ou l’absence de coopération peut
amener une perte collective. Comme les réalistes, les libéraux partent de l’hypothèse quand à la
nature humaine, quand à la nature du groupe de référence, que la nature humaine est marquée par
l’égoïsme. Le système international est lui aussi peuplé d’entités égoïstes cherchant leur profit
propre. Les libéraux superpose trois champs, trois systèmes de réflexion qui correspondent à trois
images, significatives dans le champ des RI :
- Dans le champ interne, les libéraux ont une vision hobbesienne et lockéenne du rapport à
l’Etat et à l’autorité.
- Dans la société libérale, les individus sont censés être rationnels, indépendants et
individualistes.
- Dans le champ des RI, les participants agissent non seulement comme des entités
rationnelles, indépendantes et individualiste mais ils agissent aussi au sens hobbesien du
terme, c'est-à-dire pour le recherche de la sécurité. La politique étrangère est alors déléguée
à l’Etat par les individus qui est le seul capable de l’exercer.
Le raisonnement issu de l’école libérale aboutit à une remarque qui révèle les contradictions. D’une
part, le libéralisme exige que les individus soient dans un Etat, mais d’un autre coté l’école libérale
pose comme hypothèse que le politique étrangère, que l’ensemble du gouvernement est assujetti au
demande des citoyens. Le politique étrangère prise spécifiquement doit obéir aux concepts du
libéralisme.
C/ Constructivisme et politique étrangère

Le constructivisme a essayé de ramener l’étude de la politique étrangère dans le champ de l’étude


des RI sous trois angles particuliers :
- L’étude de la politique étrangère à partir de l’étude de l’analyse de l’impact des
bureaucraties
- L’analyse de la politique étrangère à partir de l’analyse décisionnelle
- L’analyse de la politique étrangère à partir de l’analyse du poids de la société internationale
dans la construction de la politique étrangère.

1°) L’étude des bureaucraties

Dans le projet de la construction d’une théorie générale de la politique étrangère, la bureaucratie a


été centrale. Les ministères des affaires étrangères, les ministères en charge du commerce extérieur,
ceux de la défense ont été étudiés de très prêt dans le cas de grands comme de petits Etats. Ces
ministères sont généralement imposants et assez complexes. Théoriquement et en principe, les
missions diplomatiques, les ministères des affaires et étrangères et ceux qui travaillent dans le
champ des RI. Il est cependant reconnu et démontré que les bureaucraties ont pour objectif de
sauvegarder les intérêts propres, de sauvegarder les intérêts de leurs membres. Une grande partie de
la littérature a mis en exergue l’intérêt qu’a représenté l’étude de la bureaucratie afin de saisir la
spécificité de l’étude de la politique étrangère. Rhodes va se référer largement au modèle d’Addison
pour démontrer qu’en réalité le système démocratique n’exclu pas la rationalité de l’acteur.

2°) L’analyse décisionnelle

C’est la perspective inverse par rapport à la précédente. L’analyse décisionnelle cherche à localisé
dans l’enchevêtrement des décisions qui décide, pour quel objectif et pour quel résultat. Dans le cas
du constructivisme, ces questions nous ramènent vers un concept central : la notion d’intérêt
national. On le retrouve à travers les analyses de Wendt qui pense que tout Etat poursuit quatre
objectifs majeurs, indépendant de la perception des décideurs :
- La perpétuation et la survie de l’Etat
- L’autonomie ou l’indépendance
- La richesse ou le bien être économique
- Le vivre en semble, la valorisation du collectif
Selon Wendt, ces quatre objectifs sont réalisés à temps en fonction de particularismes, en fonction
d’identités propres car selon lui « les identités sont les fondements des intérêts », car selon lui « un
acteur ne peut pas savoir ce qu’il veut avant de savoir ce qu’il est ». Il établit donc une relation entre
identité national et intérêt national. L’intérêt national et l’identité nationale sont des données stables
et la politique étrangère serait en quelque sorte un des moyens de satisfaire le second et de préserver
le premier. D’autre comme D. Campbell pense que la politique étrangère est « une reproduction au
niveau de l’Etat, de cette identité et l’endiguement ou la limitation des défis lancé à elle ». Cette
identité orienté les objectifs de la politique étrangère et aide à hiérarchiser les priorités. Cette
identité est perçue comme une valeur à défendre ou à promouvoir. Mais il ne s’agit pas pour autant
du but ultime de la politique étrangère. D’autres intérêts, plus immédiats, fondent ce qu’on pourrait
appeler le cadre général d’une politique étrangère. Avec le constructivisme on s’éloigne de la notion
d’intérêt général au sens des réalistes. On parle de façon plus générale des intérêts nationaux. Par
ailleurs, on estime que ces intérêts nationaux ne sont pas délimités une fois pour tous, ils sont
mouvants et dépendant du processus politiques internes, de la logique décisionnelle interne et
dépendant bien sûr de la vision qu’on les acteurs politiques, du contexte mondial et du contexte
interne. Un autre auteur, Jutta Weldes a essayé de construire un modèle en trois étapes pour saisir au
sens des constructivistes la notion d’intérêt national. Ainsi en premier lieu, les décideurs fournissent
une série d’identité et de représentation de divers objets, y compris de l’Etat. Dans une deuxième
étape, ils établissent des relations entre ces visions, ces représentations, la politique générale du
pays et les objectifs de la politique étrangère. En troisième étape il s’agit de placer ces
représentations et ses relations avec le contexte international du moment. La politique étrangère
serait donc fondée sur l’interprétation par les décideurs de ce qu’est l’intérêt national. L’objectif
final étant de résoudre un certain nombre de problème, de hiatus ou d’opposition entre les visions,
les moyens du contexte international. Pour les constructivistes, la notion de … ne peut être étudiée
qu’en fonction de certains paramètres … ces intérêts, sa vision du monde et ses perceptions.
L’ensemble de ses perspectives remettent en question le caractère linéaire, programmé de la
politique étrangère. Ces mêmes perspectives essaient de démontrer que les perceptions, les visions
du monde comme le socle culturelle conditionne jusqu’à un certain point le design de la politique
étrangère. Elles s’opposent donc à la vision de la politique étrangère telle qu’elle a été formulé par
l’école réaliste. Ainsi on peut dire, même si l’école réaliste reconnait qu’en partir la notion d’intérêt
national est construite, anticipée par les participant, les observateurs, même si la notion d’intérêt
national est envisagée sous l’angle des besoins matériels, elle ne peut nier le coté idéaliste dans la
formation de la politique étrangère. C’est ce que les constructivistes soulignent en essayant de
démontrer que dans la formulation des objectifs y compris ceux liés à l’intérêt national, il y a
l’enoncé de l’idéalisme. Certes dans certaines situations, l’idéalisme a été absent, mais cela ne
constituait pas une donnée définitive des politiques étrangères. Dans le cas des USA, certaines
périodes ont été caractérisées par des périodes idéalistes sous Wilson, Carter ou même sous Reagan.
Dans d’autres périodes, on pensait l’idéalisme à la base de la politique étrangère alors que c’est
l’intérêt national qui primait. C’est ainsi qu’on peut comprendre la politique étrangère à partir de
2001. Dans l’étude de la politique étrangère, la constructivisme apporte un élément décisif : il peut
envisager les évolutions et les transformations de la politique étrangère. Ainsi dans l’école réaliste
et néoréaliste l’intérêt national est permanent, rarement discuté. Ces deux écoles intègrent peut le
changement… Ce à quoi postule le constructivisme.

3°) L’analyse de la politique étrangère et la prise en compte de l’évolution du système

international

En postulant à l’existence d’un lien entre identité national, intéreêt national et formulation de la
politique étrangère, l’approche constructiviste essaie de prononcer des hypothèses pour cerner
l’impact de l’évolution des conjonctures sur la transformation de l’impact de l’intérêt national. Le
constructivisme postule donc à l’idée que la formulation de l’identité évolue certes en fonction du
contexte national mais l’évolution d’un contexte international peut avoir pour effet une modification
du rapport entre identité nationale, intérêt national et politique étrangère. Dans le cas de la France,
la décolonisation et la guerre d’Algérie a été envisagé d’abord sous l’angle de l’identité national
amenant la recherche d’une solution en dehors des organisations internationales. La conjoncture
internationale et notamment l’inscription dans l’agenda de l’Onu d’une recherche de solution des
pays colonisés amène la France à réviser en partie sa politique étrangère. De même, concernant
l’intégration de la France à l’alliance Atlantique, l’arrivée du général De Gaulle en 1958 coïncide
avec la construction d’un système d’arme nouveau censé assurer l’indépendance décisionnelle du
pays. Or cette décision entre en conflit avec le maintien de la France dans le commandement
intégré. L’identité de la nation et l’intégrité nationale conduit à une double-conclusion : soit se
maintenir à l’intérieur de l’alliance et aliéner l’indépendance de l’usage de l’arme, soit quitter le
commandement intégré pour ne pas être dans une situation de l’usage de l’arme dans le cadre d’une
confrontation entre les deux Grands, ce que De Gaulle va choisir. Le premier exemple démontre
l’adaptation de la politique étrangère à l’évolution d’un contexte international. Dans le second
exemple, il s’agit d’une adaptation de la politique étrangère en essayant de préserver l’intégrité
nationale à partir d’une lecture particulière de ce contexte.

Chapitre 2 La politique étrangère comme politique publique


Section 1 Qu’est ce qu’une politique publique ?

Une politique publique est un programme que mettent en œuvre des autorités politiques en vue
d’atteindre des objectifs prédéterminés (augmentation de la dépense dans le cadre de l’aide
publique au développement). En face de l’objectif, il y a des moyens à déployer pouvant être de
deux ordres :
- La dépense
- Les structures
En ce qui concerne les objectifs, on considère qu’il y a deux types de finalités :
- Ce qui est annoncé délibérément (permettre aux populations de rester sur place)
- Ce qui est latent (non annoncé), c'est-à-dire des finalités que l’analyste va découvrir et qui
ne peuvent être révélé, mis en évidence que longtemps après la mise en œuvre d’une
politique ou d’un travail public (éviter l’immigration)
L’analyse des politiques publiques s’attachent à l’étude des rapports particuliers entre les fins, les
moyens et les processus. Dès lors, théoriquement, le cadre d’analyse essaie également de répondre
aux questions suivantes :
- Comment s’élaborent et se mettent en œuvre les programmes et les politiques publiques ?
- Qui s’élaborent et se mettent en œuvre les programmes et les politiques publiques ?
- Quels sont les résultats, et comment les apprécier ?
Ces trois questions ramènent à une perspective classique de la sociologie : qui décide ? Autour de
cette question, il y a un fort débat :
- ceux qui pensent que la décision suit un schéma rationnel, linéaire et libre
- ceux qui pense que la décision n’est ni rationnelle, ni linéaire, ni libre
Rationalité : moyens et informations dont il dispose pour agir limités.
Linéarité : renvoi à un schéma classique où on pense que mentalement les individus agissent selon
des séquences qui se succèdent dans le temps et qui sont du type : constat d’un problème, qui amène
la formulation d’une solution, puis une mise en œuvre. Le schéma est beaucoup plus complexe et
amène des reformulations.
Liberté : le décideur agit uniquement en fonction de paramètres extérieurs. Celui qui décide est
inséré dans un contexte qui ne lui permet pas d’agir sans contrainte.
L’analyse des politiques publiques est sceptique quand à la rationalité, la linéarité et la liberté de la
décision. En politique étrangère comme dans les politiques publiques domestiques, le décideur
politique serait en quelque sorte un prisonnier d’un cadre général que lui impose différents facteurs,
comme la composition de la société sur laquelle il souhaite intervenir, la structure d’un électorat, le
contexte économique du moment. Par ailleurs, l’analyse des politiques publiques est confrontée à
un problème particulier : celui de considérer les programmes publics sous l’angle plus général, plus
exhaustif des rapports entre un système.
Nombre d’Etats sont entrés depuis peu dans le cadre de coopération internationale ou dans des
organisations d’intégration économique. Ce qui a une incidence directe non seulement sur la
politique étrangère mais aussi sur l’ensemble des politiques publiques. A un niveau infranational,
nombre de collectivités locale ont des rapports avec des structures similaires étrangères ce qui leur
donnent la possibilité de négocier une partie de la coopération internationale.
Enfin, l’analyse des politiques publiques se veut un rapport au savoir. Autrement dit, à la question
comment intervenir ? Les acteurs publics mobilisent ce que l’on appelle des experts, c'est-à-dire des
individus ou des institutions internes ou externes au système décisionnel dont l’objectif est de
conseiller, d’aider à la décision, de guider l’action publique. Le rapport à la science est fondamental
dans la mise en œuvre de la politique publique, mais également pour la politique étrangère.
Interfère aussi des questions de technicité, ce qui rend plus complexe l’analyse des politiques. On
s’aperçoit que tous les Etats n’ont pas le même type de rapport avec leur société respective.

Paragraphe 1 La construction d’une discipline : l’analyse des politiques

publiques

L’association entre politique et publique pose problème en langue française, car il n’y a de politique
que ce qui concerne la chose publique. Cette expression vient du fait qu’on ait traduit l’expression
public policy. La naissance de l’analyse des politiques publiques se fait aux Etats-Unis dans les
années 1900 et prend son essor dans les 30 premières années. L’objectif était de réfléchir sur
l’efficacité des programmes publics, on ne s’est pas posé la question de la légitimité des
programmes publics. S’est aussi posé la question de savoir comment apprécier les effets d’une
politique ou d’un programme public. Autrement dit, dans une situation donnée, va se poser la
question de savoir quel public, quel groupe doit recevoir quels subsides, quelles aides, comment
apprécier et évaluer les résultats du programme, quels sont les impacts. Ces questions seront
adressées non seulement à des praticiens mais à des chercheurs dans le cadre d’une coopération
entre des laboratoires et des acteurs publics. Cette première vague va jeter les bases d’une analyse
de l’efficacité et de l’efficience des programmes publics. Plus tard au cours des années 60, la
question principale sera ce qu’on appelle le ciblage des groupes par des programmes particuliers
(pourquoi tel ou tel programme n’atteint les vrais destinataires, ou bien ne produit pas les résultats
escomptés). Dans une troisième vague, la plus récente, le problème qu’on se pose est celui de la
comparaison et de la substituabilité entre programme (est ce que le programme A est plus efficace et
moins couteux). L’analyse des politiques publiques va naitre aux Etats-Unis dans un période
particulière car le système institutionnel est ainsi construit sur la base des agences et sous l’angle de
l’évolution croisé de l’impact et de la politique.
En temps que discipline, l’analyse des politiques publiques arrive tard en France (dans la seconde
moitié des années 80), au début des années 70 au Royaume-Uni. Dans sa version européenne et
française, l’analyse des politiques publiques va connaitre deux phases :
- La première concerne essentiellement l’étude des programmes et politiques publiques dans
le cadre de la redéfinition des rapports entre les Etats centraux et les collectivités, sans qu’il
y est une concurrence entre les champs centraux et les collectivités. Mais ce qui est
intéressante est que la libre administration des collectivités va révéler des différences, des
spécificités de mise en œuvre selon les territoires, les lieux.
- La seconde phase concerne le rapport entre l’Etat ou les Etats, l’Union Européenne et les
collectivités locales. C’est une relation particulière car l’UE peut aider les collectivités
locales et il y a une concurrence entre les Etats et l’UE.
Dans le cadre de l’analyse des politiques publiques, il y a toujours ce rapport à la rationalisation de
l’action publique. La mise en évidence de l’analyse des politiques publiques suit la tentative de la
rationalisation des dépenses publiques (dépenser moins et mieux), c’est ce que l’on a appelé la
Rationalisation des Choix Budgétaire, pour trouver la meilleure méthode qui va permettre une
bonne allocation des dépenses en fonction des objectifs. Suit ensuite une deuxième phase : le new
public management. Et enfin la Révision Générale des Politiques Publiques.

Paragraphe 2 Champs et outils

L’analyse des politiques publiques s’intéresse à un acteur central : l’Etat, qu’elle n’envisage pas
comme une structure unifiée. Elle l’envisage comme une structure complexe traversée par des
clivages reflets d’une société donnée. Comme le montre M. C. Kessler, l’unité de l’Etat n’est
qu’une apparence. L’analyse des politiques publiques envisage l’Etat comme une organisation c'est-
à-dire une structure ou un certain nombre de personne agissent en fonction de leur objectif propre,
de « routines » d’intervention, en fonction de culture. Cette perspective remet en question deux
fondements de l’étude de l’Etat :
- Le présupposé de l’unité
- Le présupposé de l’intérêt public
En effet, la recherche de l’intérêt public n’est en réalité qu’un principe que l’analyse des politiques
publiques mais ne retient pas comme critère principal, décisif. Ce qu’elle retient, c’est d’envisager
l’action de l’Etat sous l’angle d’une défense d’intérêt corporatiste, ou bien sous l’angle d’une
analyse institutionnaliste.
A/ L’explication corporatiste

Cette explication est celle qu’on avance lorsqu’on étudie un débat ou on pense qu’il y a une forte
prééminence de l’élite ou des élites dans le jeu politique. On estime que le milieu décisionnel n’est
pas formé uniquement par les personnes légalement habilitées à décider. L’élite contribue à
l’expression des options politiques. Au sein de ce groupe il y a non seulement une lutte pour le
pouvoir mais il y a une lutte en vue d’un accès privilégié et permanant à la fabrique des politiques
publiques. Dans un sens plus large, l’explication corporatiste s’intéresse aux liens qui peuvent se
tisser entre un segment particuliers de la haute administration et un groupe organisé. Tous deux
collaborent pour organiser la gestion d’un secteur d’une politique publique. Se pose la question de
savoir si l’analyse corporatiste telle qu’elle est posée ainsi peut être extrapolée, étendue à l’étude le
politique étrangère. Jusqu'à un certain point, oui. Dans le cadre de l’Union Européenne, c’est de
moins en moins vrai, car en effet, nombre de dossiers techniques ont été transféré à l’Union
Européenne.

B/ L’explication institutionnaliste

On remarque que les politiques publiques, ou les programmes publics s’accompagnent


généralement de la création d’institutions, d’agences gouvernementales. Si dans l’explication
corporatiste on s’intéresse au jeu des groupes estimant que ces relations illustrent une politique
publique, dans l’analyse institutionnaliste c’est la création ou transformation d’institutions qui
illustre l’intérêt d’un Etat pour un problème et fournit la preuve de la mise en œuvre d’une politique
publique.

Une politique publique peut être étudiée par ceux à qui elle se destine. C’est ce que l’on appelle les
ressortissants d’une politique publique. En principe, toute politique publique est définie par rapport
à une cible, c'est-à-dire un groupe à qui on destine le programme public. Ce groupe peut être définit
positivement ou négativement. Positivement, c'est-à-dire la définition d’une cible (les jeunes de 18
à 25 ans). Négativement, tous ceux qui sont exclus du champ d’une politique ou qui la financent
directement ou indirectement. L’analyse des politiques publiques se voit dans l’obligation de cerner
avec précision le périmètre du groupe à qui s’adresse la politique publique et ceux qui supporte les
éléments négatifs. En second lieu, l’analyste se doit de réfuter l’idée d’une passivité des
ressortissants. De même que, la relation que D. Easton, a mis en évidence et qui consiste à relier
programme public et soutien, n’est pas automatique. Elle est vrai mais jusqu’à un certain point. La
politique étrangère pose des problèmes de définition des ressortissants. Est-il possible de cerner
avec précision les ressortissants d’une politique étrangère ? Une politique publique est aussi une
vision du monde, c'est-à-dire non seulement un bilan de ce qui est observé, un analyse du secteur
sur lequel on souhaite intervenir, mais aussi un programme d’action. C’est ce que l’on appelle un
référentiel des politiques. Il s’agit donc d’un assemblage très hétérogène formé par des écrits, des
archives, des programmes qui permet de cerner la vision qu’on les décideurs et des groupes sur
lesquels ils souhaitent intervenir, autrement dit l’aboutissement du programme qu’ils souhaitent
mettre en œuvre. C’est enfin une articulation, un rapport entre la politique générale d’un Etat et le
secteur en question. La notion de référentiel pose moine de problème. L’analyse des politiques
publiques a besoin du référentiel des ressortissants pour étudier et analyser une politique publique.
Mais analyser une politique publique signifie se confronter à une double difficulté :
- La première difficulté est celle de la reconstruction de la trame générale d’une politique, et
c’est en matière de politique étrangère un problème crucial.
- La seconde difficulté est la reconstitution de la trame décisionnelle, c'est-à-dire cerner les
objectifs spécifiques de chacun des acteurs dans les grandes phases de la décision.
Par souci de simplification, on part généralement d’une vision linéaire des politiques publiques :
constat du problème, définition d’une solution, mise en œuvre. Mais dans la réalité les choses sont
beaucoup plus complexes car toutes ces phases sont en elles même des processus complexes.

Section 2 L’analyse des politiques publiques et la politique étrangère

Envisager la politique étrangère sous l’angle des politiques publiques a été envisagé assez
tardivement dans le cadre des politiques européennes. Le premier article date du mois d’aout 2006.
Les auteurs suivent deux pistes :
- Considération de la politique étrangère comme politique publique de par sa création, la mise
en œuvre et le résultat.
D’abord un ensemble de pratiques : la politique a un contenu, un programme, elle est mise
en œuvre à travers des structures (ministères, ambassades) permanentes en référence à des
orientations particulières. Etudier la politique étrangère sous cet angle revient à recenser
l’ensemble des pratiques, à en faire l’historique et en montrer l’évolution, les cycles. On dira
qu’il s’agit de pratiques liées à un acteur particulier. Si on compare à d’autres politiques
publiques, l’étude des pratiques dans le cadre de la politique étrangère ne permet pas de
relier l’acteur et le ressortissant.
- La politique étrangère est une politique publique car il s’agit d’un ensemble de pratiques, un
ensemble de normes qui émane d’un acteur public.
Sous l’angle des normes : une politique publique est un ensemble de textes, d’injonction, de
programmes, de lois, c'est-à-dire des textes qui révèlent des programmes des objectifs. La
politique étrangère n’est pas définie par des lois de programmation, les textes qui
l’encadrent sont des textes généraux qui relèvent essentiellement des pouvoirs régaliens des
Etats. Du point de vue normatif, on n’est pas renseigné sur le politique étrangère. Si l’on
parle de la définition la plus simple de la politique étrangère (activité par laquelle un Etat
établit, définit et règle ses rapports avec les gouvernements étrangers), on se rend compte
que celle-ci relève des symboles régaliens et des normes supérieurs.
En regardant la substance, une politique étrangère est un ensemble de déclarations, de programmes
d’action qui relève à la fois de l’intervention de l’Etat mais qui relève aussi de la réception de
moyen et de déclaration qui relèvent de l’extérieur. Ces textes, ces contenus, ces actions expriment
un ensemble de valeurs. Ils sont soutenus par un cadre idéologique et stratégique censé soutenir
l’action diplomatique d’un pays. En face, les Etats définissent des moyens exprimés par un budget,
votés par le parlement et consacrés à leur intervention à l’étranger. C’est entre ces déclarations et
ces moyens que l’on peut identifier la politique étrangère comme politique publique. Ainsi, une
étude de ses crédits, leur évolution, montre, illustre leur cycle de politique étrangère, les
préoccupations, les transformations de la politique étrangère. Ainsi et à titre d’exemple, en 1981 le
changement de majorité s’est accompagné d’un redéploiement des crédits de coopération qui
montrait une ouverture, une plus grande part pour la coopération avec l’Amérique latine. Cette
réorientation à été confirmée dans les discourt et dans les lois budgétaires successives.
On s’aperçoit que sur la période 1875-1985, le politique étrangère a vue ses moyens multipliés par
10 et ses effectifs multipliés par 20. Autrement dit, la part des dépenses allouées à la politique
étrangère devient une préoccupation centrale dans la politique des Etats. Cette évolution des crédits
bénéficie essentiellement à une rubrique : celle de la coopération économique et de la coopération
culturelle. Sur la période 1960-1985, l’aide publique au développement augmente de façon continue
et montre une spécialisation : elle s’adresse essentiellement aux Etats issus de l’Empire colonial.
Les transferts concernent des actions de renforcement des Etats, d’aide à la construction d’une
infrastructure. Ces aides ont été rarement versées en nature, il s’agit essentiellement d’ouverture de
lignes de crédit auprès d’entreprises françaises. Même si la politique étrangère ne bénéficie pas
directement à des ressortissants identifiables in fine, elle peut bénéficier à certains groupes
appartenant à des politiques sectorielles dans leur rapport à l’international. Plus récemment, la
politique étrangère à pris le relais des actions de promotion des productions nationales, des
entreprises. Elle devient alors un des moyens de déploiement économique vers l’étranger. Le
nombre de bureau d’expansion économique ainsi que le nombre de poste des chargés d’affaires
économiques dans la politique étrangère de la France s’est considérablement développé. Les deux
tiers d’une mission diplomatique agissent directement ou indirectement dans le domaine
économique. Cette politique étrangère s’adresse indirectement aux citoyens, aux représentants de
groupe. Elle est censée soutenir leur action ou leurs activités.
C’est en cela que l’on peut relier la politique étrangère à le politique publique. Certains, comme
Kessler, pense que la politique étrangère à des ressortissants à travers les citoyens et les groupes
appartenant aux autres Etats. Il est vrai que l’aide prodiguée par des Etats à des ONG ou à des
individus contribuent à attacher, à relier, un Etat un politique étrangère à un groupe particulier. Si on
regarde ces exemples, la politique étrangère peut apparaitre comme une somme de programmes
sectoriel contribuant directement à l’expression et à la mise en œuvre de la politique étrangère.
Relève alors de la politique étrangère, un ensemble d’actions sectorielles comme l’aide publique au
développement, l’aide aux sociétés civiles, les aides économiques diverses ou alors l’aide au titre de
la balance des pays. En plus de cela, on peut ajouter les dépenses spécifiquement allouées à la
politique étrangère à savoir le fonctionnement des missions diplomatiques. Vue sous cet angle, la
politique étrangère apparait comme un ensemble de rubriques, de dossiers dont il faut saisir étudier
et analyser l’articulation. On peut se poser un certain nombre de question :
- A partir de quand s’élargissent progressivement les prérogatives, les fonctions de la
diplomatie ?
- Comment juger de l’efficacité des programmes mis en œuvre dans le cadre de
l’élargissement des prérogatives des affaires étrangères ?
Ainsi si on étudie de près l’aide, les programmes en direction… quel serait le critère des aides au
développement ?
- S’il s’agit d’un ensemble d’action, quel est le critère de cohérence générale d’une politique
étrangère ?
- Quelle évolution
Sous cet angle, la politique étrangère ne peut plus être étudiée comme un processus particulier lié à
un… identifiable. Elle serait alors un contenant, un moyen, une interface entre les politiques
sectorielles nationales et l’extérieur, l’étranger. Dès lors, sa forme, sa structure change se
transforme. Jusqu’alors (fin des années 60, début 70), la politique étrangère était envisagée comme
une politique réactive. A partir du moment on va l’envisager comme une politique sectorielle liée à
une politique domestique nationale ou locale, elle devient proactive : c'est-à-dire qu’elle cherche à
anticiper, à conquérir, à mettre en œuvre alors qu’elle était censé contenir, limitée, et garantir des
intérêts. Cette modification amène une modification du personnel, des structures de mise en œuvre.
Ainsi, le personnel des missions diplomatiques s’est progressivement transformé. L’origine, le
déroulement de la carrière se sont métamorphosés au cours des vingt dernières années. Les grandes
missions diplomatiques ont vu leur personnel augmenter. Une grande partie est issue
d’administration, de structures qui appartiennent au monde économique. Les recrutements se font
de plus en plus en fonction des objectifs sectoriels et moins en fonction des exigences de la
diplomatie même si les fonctions essentielles restent à l’ordre du jour. Ainsi, si on revisite la
politique étrangère sous l’angle des politiques publiques, on peut trouver une ressemblance, une
proximité avec les politiques publiques classiques domestiques. La politique étrangère est une
interface entre l’Etat et la société internationale. A ce titre, une grande partie des négociations
internationales se font à travers la politique étrangère. Cette fonction d’interface amène un contact
particulier entre les acteurs de la politique étrangère et les représentants des intérêts nationaux. Ces
derniers essaient d’avoir un accès aux différents acteurs négociateurs soit dans le cadre de
négociations générales, globales, multilatérales, soit dans le cadre de négociations sectorielles. A ce
titre, les négociations internationales deviennent un cadre particulier d’élaboration des décisions où
se mêlent acteurs et intérêts nationaux, acteurs et intérêts internationaux.
Les critères d’efficacité de la politique étrangère : si on la compare à une politique publique
classique, la question de l’efficacité revient à déterminer des acteurs et des critères. Par exemple
dans les politiques sociales, le critère d’efficacité est le nombre de personnes, l’étendue d’un
programme. Est-il possible dès lors d’appliquer à la politique étrangère des critères d’efficacité, ou
d’efficience ? Corrélativement, on se posera la question de l’efficacité de la politique étrangère.
Mme Kessler pense qu’il est tout à fait possible d’appliquer à la politique étrangère des critères
d’efficacité. Cependant, étant donné que l’action se passe en dehors du territoire national,
l’évaluation est difficile, complexe car elle requiert la collaboration des autorités étrangères, impose
des contraintes qui vont à l’encontre des usages diplomatiques. Non seulement, il fait s’entendre dur
l’efficacité mais aussi sur le programme de la politique étrangère. Ainsi, la disponibilité des
documents, des informations constituent un problème crucial pour ceux qui ont étudié l’impact de la
politique étrangère. Pour les fonctions qui relèvent de la diplomatie, il n’est pas aisé d’exprimer, de
construire des critères d’efficacité. Une grande partie de la politique étrangère échappe donc à
l’évaluation.
Si une politique publique se ramène à un critère d’efficacité, force est de constater que la politique
étrangère ne s’intègre pas totalement dans une logique d’efficacité. Sur le plan de la doctrine,
l’étude de la politique étrangère comme politique publique a donné lieu à un certain nombre de
développement récent et en nombre limité ils sont tous centrés sur l’analyse des processus
décisionnel. La politique étrangère est tributaire d’un certain nombre de facteurs qui influencent le
processus de décisions. Ces variables sont en lien avec le contexte économique, social, culturel et
institutionnel d’un pays donné. Ils sont également tributaires du contexte international du moment.
A partie de là, il était possible de construire une typologie des politiques étrangères. Kessler estimait
que la politique étrangère de la France est un type particulier si on regarde le cadre institutionnel.
Dans son ouvrage en date de 1999, Kessler pense qu’on peut identifier des critères distinctifs de
politique étrangère d’un pays à l’autre. Selon elle, la structure administrative, la culture politique, la
cadre institutionnel singularisent les pays. Néanmoins, interviennent d’autres critères qu’elles ne
relèvent pas (critères de taille, de capacité militaire, de moyens d’intervention). On peut définir dès
lors des politique étrangère plus ou moins interventionnistes. Celles des grands pays et d’autres plus
trait à des objectifs nationaux. La tradition d’intervention constitué un autre critère, il en est de
même en ce qui concerne la présence et le poids dans les organisations internationales.
A cette analyse, il faudrait ajouter d’autres critères qui permettraient de comparer les poids
respectifs des autres pays à un niveau plus élémentaire au niveau des éléments publics. Les analyses
se sont intéressées essentiellement à la boite noire décisionnelle. On s’est posé essentiellement la
question de savoir comment sont prises les décisions en politiques étrangères. C’est ainsi qu’on a
mis en relief les mécanismes de négociations, d’interaction entre les intérêts diversifiés, particuliers
Qui sont à la base de la construction des décisions en politique étrangère. L’analyse des politiques
publiques fournit à ce titre un éclairage puisqu’elle considère la politique étrangère comme un
produit d’organisation. On peut l’étudier sous l’angle de la sociologie des décisions. En ce qui
concerne les négociations, les notions issues des politiques publiques permettent d’étudier certains
cas. Dans le cadre de l’Union européenne, il a été possible de mettre en évidence des spécificités
extérieures à l’UE. On peut comprendre l’ensemble de l’action communautaire en matière
commercial. Le poids de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne a été déterminant dans les
négociations commerciales avec les pays tiers. De même, le poids des groupes de pressions
agricoles explique jusqu’à un certain point la conduite des négociations et leurs issues. C’est ainsi
qu’on a transposé l’analyse du cadre national vers le cadre communautaire. Cette comparaison
reflète les comparaisons entre politiques publiques nationales, et politiques publiques dans le cadre
d’organisation international.

Chapitre 3 Constitution et pratiques de la politique étrangère

La politique étrangère illustre le plus régalien des pouvoirs puisque la politique étrangère est du
ressort des souverains, des princes, et elle a été envisagée généralement dans ce que l’on pourrait
appeler les articles fondamentaux des constitutions. Envoyer et recevoir des ambassadeurs constitue
la prérogative centrale d’un Etat souverain. Certaines des constitutions énumèrent les pouvoirs en
matière de politique étrangère de manière explicité, d’autres les dispersent tout au long des articles
notamment ceux qui ont trait à l’organisation de l’exécutif et de ses compétences. Dans certaines
autres, ces prérogatives peuvent être regroupées dans des formules génériques peu détaillées ce qui
rend facile l’exercice du pouvoir et difficile l’étude du statue constitutionnel de la politique
étrangère. En termes de recherche, l’étude de la politique étrangère sous l’angle des constitutions est
très rare et très récente. Ce sont des formules génériques qui sont peu détaillées et autorisent
différentes interprétations. Ce fut le cas en France lors de la 1ère cohabitation (1986-1988) qui a
donné lieu à différentes controverses quand au domaine réservé ou domaine partagé entre le chef de
l’Etat et le Premier ministre. S’est alors posé le statut constitutionnel de la politique étrangère. Cette
question n’intéresse pas que la France. Bien qu’elle soit tranchée ailleurs constitutionnellement de
façon claire et explicite, il n’en demeure pas moins que certaines institutions qui ont a agir dans le
champs des relations internationales et en politique étrangère posent problèmes, notamment toutes
les structures dont l’existence procède du droit de regard du président et de son domaine d’action.
Ces deux cas, la France et les Etats-Unis, amèneront à introduire un troisième cas typique, celui de
l’UE qui bien qu’elle soit une structure à par, spécifique, sui generis, s’est dotée d’un cadre
d’exercice d’une politique étrangère commune qui coordonne et parfois dédouble d’une politique
étrangère nationale. Cette politique découle du traité international, néanmoins le fait que ça
intervienne dans un cadre interétatique pose problème. En dernier, lieu, le Japon est un pays qui a
un réseau diplomatique, une politique étrangère bien particulière liés à des objectifs

Section 1 La France

Le français a été la langue de la diplomatie pendant de long siècle.


Au sortir de la 2ème guerre mondiale, la France se donne pour objectif de reconstruire, de
reconstituer sn réseau diplomatique dans le cadre de ce que l’on a appelé l’union française.
Cependant, cet empire colonial va mettre à mal la politique étrangère dans la mesure où les
revendications légitimes d’indépendance font inscrire progressivement des questions que l’on
voyait depuis Paris comme de politique interne, sur l’agenda des institutions internationales et
notamment l’ONU. Bien qu’elle ne soit pas liée à ses notions, la chute de régime est explicable
jusqu’à un certain point par l’incapacité de gérer internationalement un problème que relève de la
décolonisation. La Vème République s’installe dans un contexte particulier de la France. Une des
raisons qui amène les rédacteurs de la Constitution à mettre en place un cadre général, très large
était de doter le président de la République de pouvoir et de leviers d’action les plus larges, les plus
complets possibles. Dans ce cadre, l’article 5 de la Constitution de 1958 fait du président de la
République le garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire. L’article 15 de cette
même Constitution fait de lui le chef des armées (notamment arme nucléaire). L’article 52 lui
permet comme dans le cas de n’importe quelle constitution d’utiliser le pouvoir de négociation et de
ratification des traités. Ce sont les seuls articles de la Constitution qui dispose concernant la
politique étrangère.
L’Assemblée nationale et le Sénat peuvent se doter d’une commission des affaires étrangères, mais
son rôle est limité à l’audition des acteurs de la politique étrangère (ministres, secrétaires d’Etat…).
Dès lors, le périmètre constitutionnel étant très large, c’est la pratique des différents chefs d’Etat qui
se succèdent qui va préciser, augmenter le périmètre de ce que l’on pourrait appeler le statut
constitutionnel de la politique étrangère. Se suivent et se succèdent un certain nombre de phases
liées à des pratiques institutionnelles, c'est-à-dire pas une lecture des pratiques par les acteurs eux-
mêmes.

Paragraphe 1 De Gaulle et la construction des principes généraux de la

politique étrangère sous la Vème République

La pratique du général De Gaulle vient très certainement de sa lecture de l’histoire, dont il a été l’un
des protagonistes : une période bien déterminée, deux années 1939 et 1940. Il pensait notamment
que dans le cadre de la politique étrangère, le chef d’Etat doit disposer de l’ensemble des pouvoir
car ils sont indivisibles. Sans désigner spécifiquement la politique étrangère, dans son discourt de
Bayeux il explique l’intérêt de constituer un sommet de l’exécutif fort. Au lendemain de la
libération, De Gaule tire une conclusion : la création de deux blocs devait, ou aurait du amener un
alignement sur l’un ou sur l’autre des deux blocs, ce qui fait perdre à un Etat toute possibilité
d’avoir une voix à part. Il inscrira alors l’exercice de la politique étrangère sous l’angle de
l’indépendance nationale. Autrement dit, pour lui, le chef de l’Etat se doit d’être le garant de
l’indépendance nationale et ce à travers la politique étrangère d’où son refus de rester dans le
commandement intégré de l’OTAN.
Avec De Gaulle se pose donc les deux piliers de la politique étrangère française dont il donne lieu
dans un discours du 15 lais 1968 : l’indépendance nationale et l’existence d’un domaine réservé au
chef de l’Etat de l’autre. De Gaulle avait une méfiance particulière vis-à-vis d’un lien possible entre
politique extérieure et politique intérieure. Dans ce dernier domaine, De Gaulle comme l’ensemble
de ses successeurs a mis en exergue le primat du chef de l’Etat sur le Premier ministre. Dans sa
pratique, entre 1968 et 1969, De Gaulle va poser cinq jalons à la politique étrangère de la France :
- L’indépendance nationale
- Les rapports avec l’Europe
- Les relations avec les Etats-Unis et l’alliance atlantique
- Une politique particulière vis-à-vis de la Russie
- Une place particulière dans l’échiquier mondial dans les rapports avec les pays du Sud
A/ La question de l’indépendance nationale

C’est une conception de la situation internationale quia mène De Gaulle à établir cette notion. Elle
n’est possible qu’à travers un politique de défense particulière. L’épisode de Suez a eu un impact
très particulier sue l’esprit de De Gaulle et notamment sur le fait que la France devait disposer de
l’arme nucléaire. De Gaulle appuie immédiatement dès son arrivée au pouvoir la recherche pour la
constitution d’une bombe nucléaire et refuse l’idée de se mettre exclusivement sous le parapluie
atomique américain. Pour lui, il s’agit de l’arme ultime qui ne se partage pas et ne se délègue pas et
qui octroie un rang particulier à ceux qui la possède. Dans un discours du 23 juillet 1964, De Gaulle
précise que certes les moyens à la disposition de la France sont peu importants par rapport à ceux
des soviétiques de l’époque et ceux des américains. Néanmoins, le fait de posséder l’arme nucléaire
permet à la France de constituer une politique particulière qui donne à sa politique étrangère un
nouvel outil, une sorte d’indépendance par rapport au deux blocs. En 1969, Georges Pompidou
maintien l’essentiel de l’héritage gaulliste. Tant dans la politique étrangère que dans le politique de
défense, la notion tant que le principe est maintenu. En ce qui concerne la politique étrangère
renforcement de la politique nucléaire avec le bombe H et le lancement des 1ers sous-marins
nucléaires. Ces mêmes principes se retrouvent dans le style présidentiel de Giscard d’ Estain. La
véritable alternance a été celle de 1981, en effet le nouveau président, François Mitterrand avait
combattu les options institutionnelles et constitutionnelles de la Constitution. Mais à partir de 1981,
il précise sa pensée. « Ce qui relève de la politique intérieure changera, en revanche, ce qui relève
de la politique étrangère, la continuité est confirmée, affirmée » discours du 14 juillet 1983.
L’importance accordée à la diplomatie et à la défense revêt même pour F. Mitterrand une
importance capitale dans la mesure où il considérait que son action pourrait être jugée à l’aube de sa
capacité à maintenir le rang de la France. Dès lors, il va poursuivre et renforcer la stratégie d’une
dissuasion nucléaire importante, même s’il avait soutenu le déploiement des euromissiles européens
en Europe occidentale. La France a toujours refusé l’implantation de bases américaines de l’OTAN
sur son sol, mais elle a toujours soutenu la possibilité d’implantation de bases américaines en
Europe. 1986 est une date marquant dans la mesure où il s’agit pour la 1ère fois sous la Vème
République que la chef de l’Etat et le Premier ministre n’appartiennent pas à la même famille
politique. On avait craint que cette cohabitation puisse avoir des incidences sur la conduite de la
politique étrangère. On s’aperçoit en réalité que les deux pôles de l’exécutif vont coordonner leur
action. Ils vont avoir une attitude identique quand à la prédominance du chef de l’Etat sur la
politique étrangère. Il va donc y avoir peu de modification et un consensus hormis sur deux
dossiers : les otages du Liban d’une part, et d’autre part l’affaire de l’ambassade iranienne. En 1993,
lors de la 2ème cohabitation, on va tirer profit de la 1ère. Le président de la République reste l’acteur
central de la politique étrangère. En 1995, avec l’arrivée de Jacques Chirac qui se veut l’héritier de
De Gaulle, il reprend les essais nucléaires interrompus par F. Mitterrand en 1992. Durant la 3ème
cohabitation entre 1997 et 2002 ne change pas non plus la donne quand à l’indépendance nationale.
Les prérogatives présidentielles ne seront pas remises en question en ce qui concerne l’usage
nucléaire. Il en est de même pour 2007.

B/ La construction européenne

Principe fondamental qui va être acquis durant les années de guerres et au cours des années 50.
Idée centrale: si les deux guerres mondiales sont le produit d'un contexte politico-européen alors le
rapprochement entre les Etats européens permettrait de diminuer le choc des nationalismes.
Cependant, dans l'esprit du général De Gaulle, il faut un rapprochement entre Etats libres et
indépendants européens organisés de telle sorte que la prétention, la volonté de prétendre à
l'hégémonie sur le continent ne soit plus possible.
Par ailleurs, De Gaulle bien qu'acceptant des relations très fortes entre les Etats européens rejette la
supra nationalité. Pour lui, seul une Europe d'Etat indépendant reste possible. C'est pour cette raison
que la France impose le principe dit de l'unanimité lors de la construction, de la mise en œuvre de la
CEE.
Bien que poursuivant la construction européenne, la France poursuit en parallèle une politique
étrangère classique faite de relation bilatérale, intra-européenne. De même le traité franco-allemand
du 22 janvier 1963 avait pour objectif de constituer une Europe autour de la France pour
contrebalancer les deux grands pôles, URSS et EU.
Auparavant, le 25 mars 1957 le traité de Rome qui donne naissance à la CEE pèse très lourd sur la
politique étrangère de la France, De Gaulle accepte cet engagement de la quatrième République
dans la mesure où cet engagement n'avait pas d'incidence direct quand au principe d'indépendance
nationale.
Cette politique étrangère de De Gaulle pose des problèmes internes puisque les partis politiques
favorables à l'Europe n'ont pas compris l'opposition du général à l'entrée de la Grande-Bretagne
dans l'UE.
De Gaulle laisse une politique européenne structurée autour d'un axe franco-allemand mais lié à la
construction d'un cadre de construction économique et non une intégration politique.
En 1969, Pompidou renforce l'axe économique, il précise que la politique étrangère dans le cadre
européen s'inscrit essentiellement dans le cadre de l'achèvement de la PAC. Il le dit en 1971 dans un
discours, il précise que l'Europe ne peut-être une confédération d'Etat. Il s'agit de construire un
cadre à partir d'une harmonisation des politiques des Etats membres. Cependant, pour la première
fois un président français envisage la question de la supra nationalité. Il dit que la supra nationalité
est une fausse querelle, si un jour une confédération européenne voit le jour, il faudrait bien qu'elle
soit dotée d'un gouvernement dont les décisions s'imposeraient à tous les Etats qui en seraient
membres. Pompidou lève le véto de la France devant l'entrée de la GB dans le marché commun.
L'objectif était de rééquilibrer la politique allemande en direction de l'Est par un axe Paris-Londres.
Cependant, Pompidou ne change pas la règle de l'unanimité de l'accord quand il y a des décisions à
prendre. Pour la première fois, un président français pose la possibilité d'une union monétaire
européenne, ce qui change par rapport à l'étape précédente. Car en effet, supra nationalité et
monnaie commune change substantiellement le pouvoir à l'Europe.
Le successeur de Pompidou essaie de renforcer les deux tendances générales à savoir la création
d'une unité monétaire et la mise en place de la supra nationalité. C'est sous son septennat que sera
décidé l'élection des membres du parlement européen au SU et mise en place du SME (système
monétaire européen) et de l'ECU, unité des comptes monétaires. A la même période, la CEE
continue son élargissement, c'est dans ces conditions que François Mitterrand arrive au pouvoir en
1981. Il fait de la construction européenne l'axe principal de sa politique étrangère. Il considère la
politique européenne comme partie intégrante de la politique intérieure. C'est ainsi que Mitterrand
va essayer de relancer l'UE autour d'un Acte Unique qui préfigure une constitution d'un marché
unique, unifié européen. En 1990, la convention de Schengen établit la libre circulation des
personnes à l'intérieur de l'espace européen. Et en 1991, c'est le traité de Maastricht qui instaure une
union économique, politique et monétaire approuvé par référendum en 1992. Mitterrand renforce
l'axe franco-allemand dans différents domaines (brigade franco-allemande...) Durant toute cette
période, les dossiers européens ne souffrent pas de la cohabitation.
Quand Chirac arrive au pouvoir en 1995, il reprend à son compte les critères de convergence
nécessaire à l'harmonisation des politiques économiques et l'idée d'une monnaie unique, il continue
l'élargissement de la Communauté Européenne aux pays de l'Est ce qui est en soi une césure
fondamentale. Lors de la troisième cohabitation, on note un consensus entre le Président et le
Premier Ministre, bien que le Premier Ministre de l'époque souhaitait une relecture des critères de
convergence. Cependant, les deux sont d'accord sur le fait que l'Europe était devenue une réalité
indépassable de la politique nationale. Et en 1997, le traité d'Amsterdam impose des ajustements du
texte constitutionnel car ce traité contenait des dispositions jugées contraires à certains articles de la
Constitution.
Le second mandat de Jacques Chirac est marqué lui aussi par une continuité dans la construction
européenne. L'entrée en vigueur de la monnaie unique n'a pas empêché un «non» sur le traité
constitutionnel. Ce qui est intéressant c'est le consensus général politique autour de ce traité.
C/Le jeu des alliances (OTAN et EU)

Les EU constituent le seul allié principal pour la France au sortir de la seconde guerre mondiale.
Durant la guerre, De Gaulle a voulu être associé à l'ensemble des décisions prise par les alliés. Au
sortir de la guerre cette coopération va continuer. A partir de 1957/58, le fait que la France
ambitionne de ce doter de l'arme nucléaire et le fait qu'elle l'obtienne en 1960 posait une question
cruciale aux EU. Soit les américains acceptaient une transformation substantielle de l'OTAN c'est-à-
dire la règle fondamentale tacite entre les Etats membres est revu (les EU sont les seuls fournisseurs
d'armes). Soit la France accepte de mettre volontairement son arme nucléaire à la disposition de
l'OTAN, c'est ce que les américains proposent. En 1963, De Gaulle refuse ces deux propositions car
il souhaite mettre en place une politique étrangère indépendante, ce qui pousse la France à quitter
l'OTAN et les accords de mars 1966 définissent de façon permanente les relations entre la France et
L'OTAN. La France tout en restant contributeur n'agit pas au sein de l'OTAN de façon automatique.
De même les forces Françaises engagées seront toujours sous commandement national.
Cet aspect de l'alliance avec les EU n'excluait pas la possibilité d'énoncer des critiques a l'égard des
politiques des EU (Vietnam, Moyen-Orient...). A cela il s'ajoute un autre dossier particulier, celui, à
la fin des années 60, de la gestion de la crise économique mondiale et notamment l'absence d'une
réaction américaine quant au décalage de parité entre le dollar et les monnaies européennes.
Sur ces deux dossiers, on note une certaine continuité. Ainsi au niveau de la participation à l'alliance
de 1969 à 1996, toute action, relation de la France à l'OTAN était liée au principe d'indépendance
mais après la guerre dans l'ex-Yougoslavie, les présidents français changent progressivement leur
rapport avec les EU et l'OTAN même si la politique française a continué à s'opposer aux
interventions américaines. C'est Chirac qui a proposé le retour de la France dans l'OTAN a la
condition que le commandement en Europe soit confié aux européens.

D/ La relation particulière de la France avec l'ancien bloc communiste

Contrairement à l'Allemagne, la France a veillé à avoir des relations particulières avec les Etats
formant l'ancien bloc communiste. De Gaulle avait initié une politique de détente avec l'URSS et à
partir de 1968 la France initie des échanges commerciaux assez importants avec l'URSS. En même
temps, la France reconnaît la Chine populaire et entretient des liens directs avec les satellites de
l'URSS. Cette même ligne se retrouve chez les 3 successeurs de De Gaulle. Il n'empêche que c'est
Mitterrand qui va d'une certaine façon limiter en partie les relations avec l'Union Soviétique car à
cette période, l'URSS s'est engagé dans une guerre en Afghanistan et que Mitterrand pensait que les
soviétiques avait une lourde responsabilité dans la situation politique de pays de l'Est européens
notamment la Pologne.
Jusqu'à la chute de l'URSS, la France a voulu jouer un rôle plus modéré que ne l'avait joué les EU.
Cet axe ayant disparu.

E/Les rapports avec le Sud ou espace non occidental

Cet axe de la politique française est issu de son empire colonial. Dans ce domaine, il y a un certains
nombres de principes annoncés et il y a la réalité de ce qui est mis en œuvre.
Par principe, la politique étrangère de la France à partir de 1962 est favorable et liée au fait que tous
les Etats doivent disposer de leur pleine et entière souveraineté.
Cependant, on remarque des différences substantielles que De Gaulle et ses successeurs vont tour à
tour modifier selon les zones. Ainsi, un des axes les plus forts, c'est la politique étrangère en
direction des anciennes colonies de la France. Ici, la France continue de jouer un rôle important tant
au niveau de la politique économique qu'au niveau des accords militaires privilégiés.
Un second cercle est formé par les anciennes colonies pas forcément liées par des accords militaires
de premier ordre mais des accords où la France est concurrencée par les EU.
Le troisième cercle est en partie l'espace asiatique et latino-américain auquel la France va accorder
une importance au lendemain de l'arrivée de Mitterrand.
Dans ce premier cercle, il y a deux logiques, deux particularités : la politique suivie par les pays
Arabo-musulmans et dans les pays d’Afrique subsaharienne.
Jusqu’en 1962, la politique française dans les pays d’Afrique arabo-musulman n’étaient pas
concerné par une… A partir de 1962, transformation autour d’un triptyque :
- Relations économiques avec le monde arabe et notamment le monde arabe pétrolier (le mon
de arabe utile)
- Question israélo-palestinienne
-
Intensification des relations à partir du XIXème siècle, notamment en 1830
Fin de XIXème, début du XXème avec la mise en place des politiques de protectorat
Il y a eu une modification substantielle par un intérêt pour le monde arabe et notamment un intérêt
économique pour le pétrole. La France a voulue être présente dans les projets pétroliers du monde
arabe. La dépendance du pétrole arabe est très forte en France. C’est une coopération fondée sur
deux logiques :
- Participation par investissements dans les projets pétroliers
- Participation à la construction des Etats en émergence (aide par assistance militaire directe
ou indirecte)
Les rapports avec le Liban et la Syrie se distinguent des rapports avec le Moyen-Orient de part leur
ancienneté et notamment par le fait que le France se veut la protectrice du Liban depuis 1946. En ce
qui concerne le conflit israélo-palestinien, même si pendant la guerre de 1967 la France s’est opposé
à l’usage de la force, il n’en demeure pas moins que l’armée israélienne a bénéficié du matériel
militaire et de l’assistance française. En allant vers l’ouest, l’Egypte constitue un cas particulier. La
France à la fin des années 50 et tout au long des années 60 avait une hostilité plus ou moins ouverte
envers Nasser. Il faut attendre 1976-77 pour que le France renoue ses rapports avec l’Egypte eu
égard aux accords de Camp David. L’arrivée … change la donne en raison de son poids
démographique et économique au sein du monde arabe. Les trois pays centraux du Maghreb nous
avons une politique particulière qui est une coopération par association d’Etats qui concerne
essentiellement la Tunisie et le Maroc, et qui constitue une continuité par rapport à la période
coloniale. Avec l’Algérie la situation reste tendu jusqu’en 1981. L’arrivé de Mitterrand au pouvoir
transforme progressivement les relations avec l’Algérie.
En ce qui concerne les pays de l’Afrique subsaharienne, à quelques exceptions près (Guinée de
Sekou Touré qui en 1956 choisit de quitter l’union française) tous les Etats issues de la colonisation
française tous les Etats choisissent de rester sur une coopération monétaire (jusqu’à la mise en place
des banques africaines et du passage à l’euro), économique (au lendemain des indépendances la
France propose un cadre de coopération et de développement économique autour de la mise en
valeur des ressources des pays, cela fonctionne avec la plupart des pays ce qui garantie à la France
un avantage à la France, puis coopération autour du pétrole) et militaire.
Plus loin, en Asie et Amérique Latine, la politique étrangère de la France est assez ancienne. A
l’arrivée de Mitterrand de pouvoir, l’objectif a été de diminuer la dépendance de la France vis-à-vis
des anciennes colonies en recherchant d’autres pays pour les ressources dont elle a besoin (volonté
de diversification).
Chaque mandat de chacun des présidents a pris en considération certains aspects de ses contextes.
Avec le général De Gaulle, il se met en place une diplomatie française particulière qui tranche avec
celle des grands pays en direction des pays du Tiers-Monde. De Gaulle bâtit la diplomatie
essentiellement économique de la France, ainsi qu’une diplomatie essentiellement bilatérale
(d’Etats à Etat). Dès le début des années 60, il y a la coopération d’une structure communautaire
francophone qui ne concerne pas essentiellement les pays de l’Afrique : elle était ouverte à tous les
pays. En 1964, De Gaulle visite les pays d’Amérique Latine et constitue une ouverture vers les pays
du sud au-delà de ce qui était l’espace colonial français. Mais la politique étrangère de De Gaulle
reste liée à son dessein, celui de construire un grand prestige. Avec Pompidou, les objectifs sont
plus modestes, plus immédiats. Son arrivée au pouvoir coïncide avec la reprise ou l’entré dans une
deuxième phase des conflits du Moyen-Orient, ainsi qu’avec la guerre au Viêtnam. La politique
étrangère de la France va pour la première fois emprunter des voies dans le cadre de recherche de
nouvelles ressources, parce que le pays est tributaire des débouchés et ressources extérieurs. Sous
Giscard d’Estain, l’objectif était de construire une nouvelle politique nord-sud. Le président
souhaitait un rééquilibrage du partenariat nord-sur permettant une régulation des marchés
internationaux. C’est le premier à inscrire dans le cadre des grandes réunions internationales les
questions de coopération nord-sud. Le rapport au monde arabe ne se transforme pas
substantiellement, Giscard d’Estain ouvre une nouvelle politique vis-à-vis de l’Algérie. La
coopération avec les pays d’Afrique se maintien et la France inaugure une politique d’intervention
militaire. La France reste protectrice des pays comme la Cote d’Ivoire ou la Gabon. Mitterrand
continue la coopération en Afrique saharienne, il rééquilibre sa politique en faveur d’Israël même
s’il proclame le droit des palestinien a à l’autodétermination. La France se distingue par deux types
d’interventions :
- Pour la première fois, la France impose un lien entre aide au développement et respects des
droits de l’homme
- A la conférence nord-sud de la Baule, la France impose des objectifs en matière de droit de
l’homme. Lors du G7, du somment de Cancun au Mexique, la France met en exergue les
préoccupations centrales des pays du sud notamment en matière économique et humaine.
Avec Chirac, c’est un retour vers les fondamentaux de la politique gaullienne. La France cherche
une antériorité à une politique qui prend place dans un monde, dans un contexte totalement
nouveau, dans un monde post bipolarité. La France cherche à construire un nouvel espace
d’influence. La politique étrangère de la France en direction des pays du Sud prend trois directions :
- Au Moyen-Orient, l’objectif est de trouver une solution politique et définitive au problème
palestinien.
- Chirac est vu dans les monarchies pétrolières comme les successeurs de De Gaulle, la
France entre donc dans une diplomatie pétrolière et économique dans les pays du Moyen-
Orient, favorisé en cela par la non-acceptation de la France d’accompagner la guerre en Irak
en 2003.
- Vis-à-vis du Maghreb la France conserve une coopération avec l’Algérie et avec les deux
autres pays.
L’actuel président cherche a changé substantiellement la politique étrangère. Le projet est de faire
dans le monde arabe ce que font les Etats-Unis.

Section 2 Les Etats-Unis

Comme dans le cadre de la France, la politique étrangère américaine est peut constitutionnalisée.
C’est la lecture du texte de la constitution et l’exégèse, l’interprétation de certains de ses
amendements qui permet de saisir de rapport à la politique étrangère, à la question de la défense.
Avec les Etats-Unis, on aborde un type de politique étrangère qui est très particulier, qui concerne
les Etats fédéraux. Certes la politique étrangère est du ressort des Etats fédéraux mais une partie de
la politique de défense peut concerner les Etats fédéraux.
C’est la plus constitution écrite la plus ancienne puisqu’elle date de 1787. La contenu de la
constitution à peu évolué mais 27 amendements sont venu changer et parfois de façon profonde les
dispositions constitutionnelles en précisant l’organisation des pouvoirs et les droits de la personne.
Par ailleurs, la jurisprudence de la Cour suprême a eu aussi une influence majeure sur la
compréhension du texte. Malgré la non-constitutionnalisation des informations relatives à la
politique étrangère, le corps de la constitution, les différents amendements et la jurisprudence
constitue le corps de la politique étrangère américaine. Il faut cependant distinguer trois niveaux :
- L’esprit des institutions et l’esprit du régime politique tel qu’il se déduit de l’héritage des
pères fondateurs.
- Les institutions qui révèlent une politique étrangère dense.
- La pratique

Paragraphe 1 L’esprit des institutions tel qu’il se dégage de l’héritage des

pères fondateurs

Le droit constitutionnel et notamment le droit comparé a tendance à convoquer les intentions


premières des pères fondateurs pour préciser le sens des dispositions de la constitution. Si sur le
plan du droit, la lecture des intentions des pères fondateurs est d’un secours minime. Du point de
vue des doctrines politiques, ces intentions constituent une ressource car celles-ci expliquent le
compromis historiques autour des droits réservés à l’Etat fédéral et es prérogatives des Etats
fédérés. La question de la politique étrangère s’imposera beaucoup plus tard, lorsqu’il faudra la
mettre en place. Ces intentions premières peuvent être reconstituées relues à partir des fondements
de l’union et à partir du compromis originel quand à la création d’une fédération. Les Etats-Unis en
temps qu’Etats, en temps que système de gouvernement émerge par étapes :
- Déclaration d’indépendance de 1776
- Rédaction en 1777 des articles de la confédération
- Constitution des Etats-Unis en 1787

A/ La déclaration d’indépendance

Rédigée par T Jefferson et adopté le 4 juillet 1776 par les représentants des 13 colonies
britanniques. Elle comporte une énumération des raisons qui amènent les colonies à se séparer de
l’empire britanniques. Ces colonies forment ce que l’on pourrait appeler une réunion de
circonstances. Leur déclaration définit ce que l’on pourrait appeler le début d’une politique
étrangère. Ces colonies s’adressent à l’ « opinion des hommes » pour défendre leur cause. Ceci se
voit dans le préambule de la déclaration. Dans la première partie de la déclaration, on trouve
proclamés les droits fondamentaux des hommes à l’égalité, à la liberté et à la recherche du bonheur.
Cette déclaration souligne aussi la nécessité de créer, de mettre sur pied un pouvoir qui n’émane que
du consentement des gouvernés. Elle proclame le droit du peuple à l’insurrection contre un
gouvernement qui ne respecte pas les principes fondamentaux de la Charte des libertés. Cette
déclaration n’est pas novatrice en soit puisqu’elle peut être lue comme une réécriture par la
déclaration des droits britanniques de 1689, Bill of Rights. En fait, les américains ne construisent
pas un gouvernement au sens où ils voulaient construire une structure. Leur objectif premier était de
s’insurger contre un pouvoir monarchique. Par ailleurs, la déclaration américaine ne s’inscrit pas
dans une rupture définitive avec a Grande-Bretagne. C'est-à-dire que l’objectif de constituer un Etat
indépendant est certes importante, mais l’opposition au britannique était circonstancielle. Ainsi on
peut lire dans la déclaration « nous devons comme nous le faisons avec le reste de l’humanité les
considérer dans la guerre comme des ennemis et dans la paix comme des amis ». Cela constitue un
point central de la politique étrangère américaine. Dans ce contexte de fin du XVIIIème siècle,
l’objectif est le rejet de la tyrannie et une volonté de privilégier le consentement des gouvernés.
Tout en déclarant l’indépendance et la guerre vis-à-vis de la Grande-Bretagne, elle cherche à
construire une alliance avec la France et avec l’Espagne. En même temps, cette déclaration consacre
une union des colonies.

B/ Les articles de la confédération

A la suite de leur déclaration d’indépendance respective, les 13 Etats vont se doter chacun d’une
constitution propre et d’institutions spécifiques. Le 15 novembre 1777, le congrès adopte les articles
de la confédération qui établissent une union confédérale. Mais ces articles et ce texte ne sera ratifié
par l’ensemble des Etats que quatre ans après. Cette confédération se veut une association d’Etats
souverains, libres et indépendants. Ils conservent la plénitude de leur pouvoir. Le congrès
confédéral est la seule institution, il prend en charge de facto le pouvoir de mener la politique
étrangère de la confédération. C’est ce congrès confédéral qui va charger des représentants pour
négocier des traités. C’est lui qui va donner mandat au chef de guerre pour mener les opérations
militaires. Cependant, ce congrès contrairement à l’ensemble des institutions similaires n’obtient
pas la possibilité d’instituer des impôts nécessaire à l’entretien de la force armée et de la diplomatie.
Dès lors, pour soutenir l’effort de guerre et l’envoi d’émissaire à l’étranger, les Etats vont recourir à
l’emprunt puis à l’émission de monnaie. Durant une courte période, ils vont mener des politiques
étrangères particulières et parfois contradictoires. Durant cette phase, la situation économique et le
peu de lien politique entre les différentes colonies fait craindre la dissolution de la confédération,
d’où la réunion à Philadelphie en mai 1787 d’une assemblée constituante. Cependant, cette
assemblée avait du mal à trouver un accord quand à la distribution du pouvoir. Un compromis a été
trouvé. Il y avait d’abord deux tendances :
- Certains penchaient pour un gouvernement central fort
- D’autres plus favorables à l’autonomie vont plutôt défendre l’option inverse
Mais la méfiance vis-à-vis d’un pouvoir fort amène deux compromis :
- La nécessité d’un pouvoir central mais on laisse des prérogatives importantes laissées aux
Etats fédéraux
Il faut un équilibre entre un gouvernement central fort et une juste économie des entités
politiques. Cela a un impact sur le politique étrangère : même si elle est des prérogatives de
l’Etat central elle ne peut méconnaitre le poids, l’importance des Etats fédérés. Leur
antériorité leur donne une légitimité particulière. Ainsi, la convention va prendre en compte
leur aspiration à la décentralisation.
- La séparation des pouvoirs
Ce compromis traduit une stricte application du principe. Les pouvoirs conférés à l’exécutif
sont contrebalancés, équilibrés par des pouvoirs conférés au législatif.
Ce sont ces compromis que vont permettre la mise en place du fédéralisme américain, et donc la
définition d’une politique étrangère dans la cadre de ce fédéralisme.

C/ La constitution des Etats-Unis et la politique étrangère

C'est la pratique qui va fonder les compétences particulières en matière de compétences étrangères.
Comme tous les grands Etats doté d'une Constitution écrite, les USA ne se sont pas dotés d'un cadre
constitutionnel par et pour la Politique Étrangère.

Les USA assument les responsabilités à partir de la Seconde Guerre Mondiale, ce qui va avoir une
incidence sur le design de la politique américaine. On note l'implication de plus en plus grande de
nombreux acteurs dans la construction et la mise en œuvre de la Politique Étrangère américaine.
Outre cet élargissement (paroxysme sous les deux administrations Bush). Chaque présidence à un
style particulier. La PE relevant au plus haut point du Président, chaque locataire de la Maison
Blanche va lui donner une spécificité. De Nixon à Obama, autant de Président que de style. Chaque
période est lié à un fil conducteur.

La PE des Etats-Unis ne peut pas être lu comme un tout, un ensemble d'actions globales. Elle
dépend des lieux, des étapes, des conjonctures. Elle est très ciblée. C'est une PE qui se déploie à
différents niveaux: du global (présence dans l'ensemble des pays du monde, 191 ambassades,
présence dans l'ensemble des grandes organisations mondiales. Fondateur de l'ONU à laquelle il
donne sa forme actuelle et même son « style administratif ») au local (la diplomatie américaine agit
par un certain nombre de structure dans le domaine culturel, de la défense...qui ont pour vocation de
s'ouvrir sur les sociétés civiles des pays où ils sont accrédités, « diplomatie du citoyen » de
C.Powell ou encore « Public Diplomacy »).

Par ailleurs, la diplomatie américaine amène la coopération de différents département. Ainsi le


Defense Departement agit au niveau international ce qui a comme incidence d'interférer avec
l'action diplomatique classique. En principe les Etats fédérés n'ont pas de représentations
extérieures, mais certains en ont qui agissent uniquement dans le cadre économique. Certains
acteurs locaux ont aussi une action complémentaire ou au travers des actions du State Departement,
à l'exemple de l'aide humanitaire. C'est une véritable nébuleuse.

Le Dépatement d'Etat est légalement l'acteur de la Politique Etrangère américaine mais à travers lui,
nombres d'autres structures et acteurs agissent dans le champ de la politique internationale.

Maison Blanche: Président des Etats-Unis

National Security Concil: crée par le National Security Act en 1947, son objectif est de conseiller le
Président en intégrant l'ensemble des facteurs militaires, civils, intérieur et internationaux de la
politique internationale. Il formule des recommandations au Président concernant les objectifs et
implication de la politique de sécurité nationale. Il est situé au sein du bureau « exécutif » est
constitue l'instance la plus proche du Président, il est placé sous son autorité directe.

Depuis la Crise de Cuba, il devient le principal acteur de la PE américaine. Il est coordinateur des
actions des autres services touchant la sécurité nationale et la politique internationale. Initialement il
devait répondre à un impératif du Congrès qui souhaitait mieux contrôler l'action des structures
militaires et de renseignement au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Truman lorsqu'il le
crée, crée en même temps un ensemble de structures qui vont contrôler mais aider à l'organisation
de l'action de la présidence en matière de politique étrangère et de défense.

À la même période les américains crée la Central Intelligence Agency.

Ce n'est que progressivement qu'il va prendre en charge la construction en partie de la politique de


sécurité nationale et donc de la politique étrangère, imbriquée, liée. Le NSC ne correspond pas à
une administration classique puisqu'il s'agit du regroupement d'une administration classique et de
deux structures parallèles, d'aide à la décision et de coordination (comité inter-départements).

Ces trois composantes s'articulent autour d'un Conseiller à la Sécurité Nationale qui a pu cumuler
les fonctions du Département d'Etat (Kissinger). Cette structure gère le NSC mais coordonne aussi
avec l'ensemble des structures ministérielles et des départements. Enfin un forum décisionnel sert
de « boite à idées » mais aussi aide à l'émergence de solutions. Il peut s'agir de rencontres
informelles, tout dépends alors du Président.

Ce devait être une structure où se réunissait le Vice-Président, le Secrétaire d'Etat, le Secrétaire à la


Defense, le Représentant du CEMA et les directeurs des agences de renseignement. La structure est
aussi ouverte à un certain nombre de conseillers à la Maison Blanche. L'objectif était de fournir au
Président le ressort de l'action par débat contradictoire. Elle a évoluée dans le temps puisqu'à coté
des grandes réunions, certains Président vont organiser des réunions informelles (executive comity).

La structure de coordination réunit de façon très ponctuelle les représentants des différents
secrétariats. Elles se font sous la présidence du Conseiller à la Sécurité Nationale et ont pour
objectif de résoudre des questions particulière. Elle aide à la formulation de la PE mais aussi de la
politique de sécurité intérieure. Ils peuvent être amener à proposer des schémas de coordination. Ils
reçoivent des directives du Président.

Elle est placé sous la responsabilité du Conseiller à la Sécurité Nationale. Elle comprend deux types
de personnel: les fonctionnaires comme dans toute administration mais surtout elle emploie un
certain nombre de personnalité qui appartiennent au monde de la défense. Elle comprends aussi des
universitaires. Elle peut comprendre des hauts-fonctionnaires détachés, comme des membres des
services de renseignement. Elle construit les notes et les études destinées à faciliter et à orienter la
décision. Cette administration centralise, reçoit les rapports et toute information qu'elle juge utile,
émanant de toute structure gouvernementale. Cela lui permet d'orienter de façon substantielle la
politique étrangère des Etats-Unis. Le NSC l'oriente à trois étapes:

.le plus élevé: Président ou Conseiller à la Sécurité Nationale peut demander une
information, une étude. Cette demande est envoyé au département concerné. Elle revient au NSC
sous forme de synthèse. Elle est remise à la structure de coordination qui élabore un rapport
d'informations inter-départemental. Il peut le transmettre en L'état au demandeur soit il le renvoie à
l'administration du NCS pour demande d'informations complémentaires. C'est le Conseiller à la SN
qui est chargé de réaliser la synthèse, la coordination avec l'ensemble des départements pour
exécuter la décision présidentielle. Dans de plus en plus de cas, cela dédouble voir contourne la
procédure du State Departement.

Ces trente dernières années le NSC est devenue le lieu où s'élabore la politique étrangère
américaine. Constitutionnellement, elle appartient à l'exécutif et donc au Président. La création du
NSC à approfondie la présidentialisation de la prise de décision en matière de politique étrangère.
Cependant, depuis sa création le NSC n'a pas réellement jouer son rôle. Il était amener à donner une
coordination aux actions présidentielle de défense. La rédaction de ses statuts laissait la porte
ouverte à des interprétations qui ont pu, à travers le style des présidents donner un rôle
complémentaires.

Sous Nixon, le NSC devient l'instance centrale de planification. C'est l'institution à travers laquelle
on peut saisir les styles respectifs de chacun des Présidents. Sur les trente dernières années, les
Conseillers à la Sécurité Nationale ont joué un rôle de plus en plus important jusqu'à se substituer
au Secrétaire d'Etat. L'administration qui entoure le Président comme le NSC n'ont pas été encadré
par un système normatif. Les Conseilleurs vont apparaître depuis Kissinger comme les vrais
artisans. Généralement il s'agit de personne aux compétences multiples, connu mondialement alors
que leur prédécesseurs étaient essentiellement chargé d'une coordination, les plus récents sont
connus pour des compétences pointues, particulières. Le NSC outre ces compétences constitue une
boite à idée autour du Président, ce fût le cas autour de Bill Clinton ( A.Lake). La visibilité
médiatique de certains Conseillers à pu poser problème, au point de supplanter le State
Departement. Là où il pose problème c'est dans sa capacité à agir en dehors de tout contrôle.
Certaines crises comme sous Reagan (« les contras », « l'affaire de l'Ile de la Grenade »).

A l'arrivé de Bush Sn., l'action du NSC sera « recadrée ». Bush père va limiter le recours à des
opérations clandestines et leur financement par le NSC. Sous Clinton, la remise en ordre continue.
Profitant de la Détente, il réduit le personnel du NSC même si deux fonctions nouvelles ont été
adjoints: le premier concerne la lutte anti-terroriste et l'autre concerne l'interception globale des
communication (« Echelon »). Un autre concerne la sécurité du territoire (il n'aurait pas été capable
de détecter les attaques du 9-11). Certains pensent que le NSC aurait été responsable de la non-
détection du 9-11. A son arrivé à la Maison Blanche, Bush fils aurait nommé des personnalités qui
connaissaient très peu les nouvelles problématiques de sécurité mondiale et notamment des
situations spécifiques aux zones d'émergence des groupes radicaux.

Au lendemain du 9-11, la création du Homeland Security Departement (HSD) vide quelque peu le
NSC de ses attributions. L'affaire irakienne replonge le NSC dans une période qui ressemble fort à
celle connue dans le second mandat de Reagan. Rice a surement été le « fossoyeur » du NSC. Elle
semble avoir modéliser le monde selon le découpage en deux blocs.
Pour l'actuel Président, il a une méfiance vis-à-vis des structures qui de prés ou de loin ont été à
l'orgine du déclenchement de la guerre en Irak. Son objectif est de recentrer le NSC sur un certain
nombre de problématiques centrales: ce qu'il estime comme relevant des « défis prochains » lutte
contre les groupes radicaux et terroristes, surveiller la Chine, résurgence de la puissance russe.
L'actuelle équipe veut redonner à chacun des départements ses prérogatives d'ailleurs l'actuel
Conseiller est un ancien militaire et non pas un théoricien de premier ordre (James Jones).

Ce NSC rassemble Hillary Clinton, Robert Gates à la défense, Susan Rice et Jo Biden. L'objectif
était de lui redonner la place qu'il avait sous Clinton en rappelant une partie de la même équipe. Si
on compare l'actuelle administration à la précédente on se rends compte que l'on passe d'une
approche idéologique à une approche de Group Think. L'obectif est de donner un avis qui serait la
résultante d'une approche collégiale de la PE et des solutions. Il pourrait reprendre sa place dans le
cadre de l'administration américaine.

Defense Departement:

State Departement:

Section 3 L’Union Européenne

Section 4 Le Japon

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