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All content following this page was uploaded by Florence Jeannot on 05 November 2019.
Maud Dampérat
Maître de conférences, Institut National Polytechnique de Grenoble, CERAG CNRS
maud.damperat@grenoble-inp.fr
Florence Jeannot
Professeur Assistant, INSEEC Business School, CERAG CNRS
fjeannot@inseec.com
Eline Jongmans
Maître de conférences, Univ. Grenoble Alpes, CERAG CNRS
eline.jongmans@univ-grenoble-alpes.fr
Alain Jolibert
Professeur, INSEEC Business School, CERAG CNRS
alain.jolibert@univ-grenoble-alpes.fr
Abstract: This paper offers a conceptualization and the empirical test of the three stages of a
team creative process based on design thinking. The proposed model is based on the key
constructs associated with the three stages of a design thinking method: (1) definition of
needs, (2) production of ideas, and (3) prototyping of the solution. Moreover, we test the
determinant role of empathy, as well as the predictive validity of the team creative process via
the evaluation of the creative solution by an expert. Our methodology is based on both
exploratory and confirmatory factor analysis, as well as causal model testing using structural
equations modelling. Our sample consists of 177 engineering students who underwent a team
creative process over a 2-month period. Most of the hypotheses in the model are validated,
allowing us to confirm the role of empathy and to better understand the underlying
mechanisms associated with a team creative process based on design thinking.
Keywords: Creativity; design; design thinking; empathy; team creative process.
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MODELISATION D’UN PROCESSUS DE CO-CREATIVITE BASE SUR LE DESIGN THINKING
Introduction
S’inscrivant dans la lignée des travaux sur le design, le design thinking propose une
approche spécifique du processus de « co-créativité », c’est-à-dire de créativité en équipe. Le
design thinking (ou pensée design) se définit comme « une approche d'innovation centrée sur
l'humain qui puise dans la boîte à outils du designer afin d'intégrer au sein de la démarche les
besoins des utilisateurs, les possibilités offertes par la technologie et les exigences de viabilité
économique des entreprises » (Brown, 2016). Initiée dans les années 80 par Faste, un designer
de l’université de Stanford, sur la base des travaux de McKim, cette approche connaît un
succès grandissant dans de nombreuses entreprises françaises et à l’étranger (Barbaux, 2014).
Le design thinking s’est fait connaître du grand public en 1999 grâce à l’agence de design et
d’innovation IDEO et à Kelley son fondateur. Brown, le dirigeant actuel d’IDEO, continue de
le faire rayonner, notamment grâce à ses interventions dans les médias et à ses publications
d’ouvrages et d’articles dans des revues managériales (e.g., Brown, 2008, 2009) et
académiques (e.g., Brown et Katz, 2011).
La créativité a fait l’objet de nombreuses recherches en management (e.g., Woodman et
al., 1993, Amabile, 1983, 1988). Ces travaux étudient principalement le processus de
créativité ainsi que le rôle des individus, des équipes, de l’organisation et de l’environnement
de travail dans la production créative. Concernant le design thinking, la littérature managériale
est relativement abondante ; en revanche, les travaux académiques à ce sujet sont peu
nombreux et adoptent principalement une perspective théorique (Johansson-Sköldberg,
Woodilla et Çetinkaya, 2013). Par exemple, Liedtka (2014) élabore un ensemble de
propositions sur les apports du design thinking au développement de nouveaux produits, ainsi
que sur les biais cognitifs induits par cette approche. Les rares travaux empiriques, tels ceux
de Seidel et Fixson (2013), étudient les avantages et les limites de techniques associées à
chacune des étapes du design thinking, en comparant les techniques utilisées par des équipes
très performantes versus peu performantes. Il reste nécessaire d’aller au-delà de ces
techniques, et de mieux définir les concepts associés à chaque étape du design thinking, ainsi
que les relations qu’ils entretiennent entre eux. De plus l’empathie, en tant que caractéristique
individuelle, occupe une place privilégiée dans le design thinking (Brown et Kast, 2011). En
effet, les membres d’une équipe créative doivent, avant tout, être capables de faire preuve
d’empathie à l’égard de la cible de marché considérée pour mieux comprendre ses besoins,
qu’ils soient exprimés ou latents (Carlozzi et Bull, 1995). Toutefois, les preuves empiriques
de son influence restent à mettre en évidence.
1
Cette recherche conceptualise et teste les relations entre les construits associés aux trois
étapes d’un processus de co-créativité basé le design thinking, à savoir (1) la définition des
besoins, (2) la production des idées et (3) le prototypage de la solution. Le modèle proposé
inclut les construits suivants : la clarté des besoins, pour la première étape ; la fluidité, des
idées produites, la diversité des idées produites et la facilité à converger vers une solution,
pour la deuxième étape ; et enfin, la qualité de la matérialisation de la solution pour la
troisième étape. De plus, dans la mesure où l’empathie apparaît être une variable clef pour le
succès d’un processus de co-créativité basé sur le design thinking, nous l’avons intégrée en
tant que déterminant individuel de ce processus. Enfin, la validité prédictive du processus de
co-créativité est testée via l’évaluation de la solution créative par un expert. L’originalité de
ce travail tient principalement en trois points : (1) la conceptualisation et le test empirique du
processus de co-créativité basé sur le design thinking ; (2) le développement d’échelles de
mesure associées aux construits et aux techniques relatifs au processus de co-créativité ; et (3)
l’étude de rôle déterminant de l’empathie sur le processus de co-créativité. La
conceptualisation proposée vise à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents au
processus de co-créativité basé sur le design thinking et à fournir aux organisations des outils
et recommandations pour stimuler la créativité de leurs équipes, notamment pour le
développement de nouveaux produits.
Figure 1 – Modèle de co-créativité basé sur le design thinking
Facilité à Evaluation de la
H5
Fluidité des converger vers solution par un
Empathie idées produites une solution expert
H1 H2 H4 H6 H8 H9
Méthodologie
Résultats
Test de la mesure. Pour évaluer la qualité des échelles de mesure, nous avons suivi une
procédure en deux étapes suivant les recommandations de Steenkamp et van Trijp (1991). La
première étape a consisté en l’étude des corrélations afin d’épurer les échelles. Les items
disposant de corrélations inférieures à 0,30 ont été supprimés. La seconde étape a résidé en
une analyse factorielle confirmatoire (AFC) évaluée sur la base des indices recommandés par
Hu et Bentler (1998). Les résultats de l’AFC confirment l’adéquation du modèle de mesure
aux données collectées : Chi²/107 = 1,287 ; RMSEA = 0,040 ; TLI = 0,971 ; CFI = 0,979 ;
SRMR = 0,041. L’analyse de la fiabilité, de la validité convergente et de la validité
discriminante met en évidence les résultats satisfaisants de chacun des construits. La fiabilité
est satisfaisante avec des valeurs supérieures à 0,70 pour chaque construit, ce qui est
conforme aux recommandations de Nunnally (1978). La validité convergente de chacun des
construit est confirmée avec des valeurs de variance extraite supérieures à 0,50,
conformément aux préconisations de Fornell et Larcker (1981). De même, la validité
discriminante est établie puisque la variance extraite de chaque construit est supérieure aux
carrés de corrélation qui sont largement inférieurs au seuil de 0,50.
Test des hypothèses. Le modèle de structure (H1 à H9) a été testé en une fois via les
équations structurelles suivant la méthode du maximum de vraisemblance (AMOS 18). Pour
l’analyse des résultats, nous nous sommes basés sur les indices et standards de qualité
recommandés par Hu et Bentler (1998). Le modèle proposé présente des résultats
3
satisfaisants : Chi²/288 = 1,239 ; RMSEA = 0,037 ; TLI = 0,945 ; CFI = 0,960 ; SRMR =
0,071. Concernant les relations entre l’empathie et la définition des besoins, les résultats
montrent que l’empathie influence de façon significative et positive la clarté des besoins des
utilisateurs (H1 : ɣ = 0,26 ; p = 0,006). H1 est donc validée. Pour les relations entre définition
des besoins et production des idées, si la clarté des besoins des utilisateurs influence bien de
façon statistiquement significative et positivement la fluidité des idées produites (H2 : β =
0,36 ; p = 0,000), elle n’a qu’une influence marginalement significative sur la diversité des
idées produites (H3 : β = 0,18 ; p = 0,067). Ainsi, H2 est validée alors que H3 ne l’est que
partiellement. Pour la production des idées, la fluidité des idées produites influence de façon
positive et statistiquement significative la diversité des idées produites (H4 : β = 0,29 ; p =
0,003), ainsi que la facilité à converger vers une solution (H5 : β = 0,44 ; p = 0,000). En
revanche, la diversité des idées produites n’a pas d’influence sur la facilité à converger vers
une solution (H6 : β = -0,15 ; p = 0,104). H4 et H5 sont donc validées alors que H6 ne l’est
pas. Concernant les relations entre production des idées et prototypage, les résultats montrent
que la diversité des idées produites a une influence statistiquement significative et positive sur
la qualité de la matérialisation de la solution (H7 : β = 0,18 ; p = 0,016). De même, la facilité
à converger vers une solution a une influence positivement et significative sur la qualité de la
matérialisation de la solution (H8 : β = 0,66 ; p = 0,000). H7 et H8 sont donc validées.
Concernant les relations entre prototypage et test de la solution, les résultats indiquent que la
qualité de la matérialisation de la solution influence de façon positive et significative
l’évaluation de la solution créative telle que jugée par un expert (H9 : β = 0,18 ; p = 0,031).
H9 est donc validée.
Discussion
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Limites et voies de recherche. Parmi les limites, rappelons que les résultats se fondent
sur un nombre limité de répondants, 177 au total. Ceci restreint évidemment à la
généralisation des résultats obtenus. Néanmoins, il s’agit d’un échantillon de taille acceptable
si l’on se réfère à la taille des échantillons portant sur l’ensemble d’un processus de créativité
et la difficulté que représente la collecte de ce type de données. Naturellement, il est possible
que les résultats soient affectés par la formation ou la fonction des membres d’une équipe de
créativité, de même que par leur contexte organisationnel ou culturel. Il faudrait donc étudier
la sensibilité du modèle proposé à d’autres contextes (Wong, 2010) avant de pouvoir en
généraliser les résultats. On peut, en effet, envisager un poids encore plus marqué de la
diversité des idées produites dans le cadre d’équipes multidisciplinaires.
Références
5
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