Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
(2011) 41:230-234
DOI 10.1007/s10190-011-0171-y
●● maladie de Rendu-Osler.
Matériels
Il est donc souhaitable que la SFED, après une actua-
lisation des données concernant les indications recon- En France, il existe, en 2011, trois systèmes de vidéo-
nues et donnant droit à cotation par la HAS, propose à capsule commercialisés par les firmes Given Imaging,
défaut de recommandations un avis basé sur les données Intromedic et Olympus. Des études comparatives ont été
les plus récentes de la littérature ou sur des avis d’ex- réalisées évaluant le système qui a été commercialisé par
perts de la commission vidéocapsule de la SFED dans ces Given Imaging, avec chacun des deux autres systèmes.
situations. Les études, de faible effectif, montrent une qualité et un
Acta Endosc. (2011) 41:230-234 231
taux de diagnostic proche, dans le cadre des saignements l’examen est probablement très faible dans une situation
digestifs inexpliqués, entre ces systèmes. En particulier, la d’anémie ferriprive chez des femmes en période d’activité
SFED a mené une étude multicentrique randomisée compa- génitale.
rant les systèmes Given Imaging (PillCam®) et Intromedic La carence martiale (baisse de la ferritinémie) sans ané-
(MiroCam®) concluant à une équivalence en termes de mie n’est pas une indication validée d’examen par vidéo-
taux de diagnostic en intention de traiter et en termes capsule de l’intestin grêle.
de qualité d’image.
Risques
Le risque de rétention de la capsule (blocage, symptomati-
Indications validées par la HAS en 2008
que ou non, au niveau d’une sténose digestive) est évalué à
2 % (sténose inflammatoire, anastomotique, tumorale). Le
Saignement digestif inexpliqué
risque de rétention symptomatique, si l’interrogatoire est
L’exploration d’un saignement inexpliqué suspecté comme ciblé dans ce sens, en l’absence de contexte connu (MC) est
digestif correspond à l’indication majeure et la mieux vali- extrêmement faible.
dée d’un examen par vidéocapsule de l’intestin grêle, avec
la définition suivante du saignement digestif inexpliqué : MC suspectée
saignement extériorisé ou non (carence martiale), restant
La seconde indication reconnue par la HAS pour l’examen
inexpliqué, après endoscopie digestive haute avec biopsies de l’intestin grêle par capsule endoscopique est une suspi-
duodénale et gastrique et après une iléocoloscopie non cion de MC, localisée exclusivement à l’intestin grêle. En
informative. effet, la vidéocapsule est l’examen le plus sensible (par
comparaison au transit baryté du grêle par entéroclyse, à
Sensibilité et spécificité
l’entéroscanner et à l’IRM) pour le diagnostic des lésions
Dans cette situation, l’impact diagnostique est fort avec une inflammatoires muqueuses de la MC. La définition d’une
rentabilité en moyenne de 63 %, supérieure à celle de l’enté- « suspicion » de MC localisée exclusivement à l’intestin
roscopie double ballon ou poussée. Les lésions identifiées grêle inclut le bilan systématique à réaliser avant la vidéo-
sont principalement des malformations artérioveineuses capsule, soit une coloscopie avec iléoscopie systématique
(40 %), des ulcérations secondaires aux AINS ou dans le négative et biopsies étagées.
cadre d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin
(20 %), des tumeurs du grêle (5 %). Apport diagnostique
La sensibilité de l’examen par vidéocapsule pour les En respectant la présence d’au moins deux des trois critères
lésions de l’intestin grêle est évaluée à 90 %. Il existe un suivants, le taux de diagnostic positif attendu avec la vidéo-
risque de faux-négatif, probablement expliqué par un pas- capsule est de 20 % environ :
sage trop rapide de la capsule ou à la qualité de prépara- ●● manifestations extra-intestinales : fièvre, arthralgies, pyo-
tion. Cependant, les études de suivi montrent que 90 % des derma, cholangite ;
lésions non identifiées par un premier bilan complet (colos- ●● anomalies biologiques évocatrices : élévation de la pro-
copie, gastroscopie, vidéocapsule) sont localisées dans un téine C réactive, hyperleucocytose, anémie ferriprive,
segment accessible à l’endoscopie classique. hypoalbuminémie ;
Il existe, à l’opposé, un risque de faux-positif. Des images ●● douleurs abdominales et/ou diarrhée, et/ou amaigrissement.
considérées à tort comme pathologiques peuvent conduire Chez des patients présentant des douleurs abdomina-
à la réalisation d’examens invasifs (entéroscopie double les avec ou sans diarrhée, sans autres signes clinique ou
ballon, voire peropératoire) inutiles. Il est recommandé de biologique, l’apport d’un examen par capsule est quasi-
considérer en priorité les images de forte pertinence clini- ment nul.
que selon la classification de la SFED (P2).
Sensibilité, spécificité
Cas particuliers
Il existe un risque de faux-positifs dans cette indication.
Dans le cas d’un saignement extériorisé, la rentabilité dia- L’observation de plusieurs ulcérations aphtoïdes, en l’absence
gnostique est meilleure si l’examen par vidéocapsule de de prise d’anti-inflammatoires, rend possible le diagnostic
l’intestin grêle est effectué précocement. Un taux de dia- de MC. Cependant, la spécificité des érosions ou ulcérations
gnostic de 90 % a été rapporté. aphtoïdes, mal évaluée dans cette indication, est incom-
En revanche, malgré des données objectives très limi- plète : 14 % des volontaires sains, jeunes, ne prenant pas
tées (en termes de publications), l’impact diagnostique de d’AINS, ont des érosions de l’intestin grêle en vidéocapsule.
232 Acta Endosc. (2011) 41:230-234
Indications potentielles hors celles validées patients ont une colite inflammatoire dont les aspects
par la HAS en 2008 endoscopiques et histopathologiques ne permettent pas
de conclure à une MC ou à une rectocolite hémorragique,
Maladie cœliaque après un bilan complet incluant iléoscopie et biopsies,
recherche des anticorps ASCA et pANCA. L’examen par
Plusieurs travaux ont mis en évidence une bonne corréla- vidéocapsule montre des arguments forts en faveur d’une
tion entre les aspects vus en vidéocapsule endoscopique MC chez 16 % de ces patients. Cependant, l’absence
(VCE) par rapport aux aspects diagnostiqués en endos- d’anomalie du grêle en vidéocapsule ne certifie pas,
copie ou en histologie chez les patients porteurs de maladie cependant, qu’il s’agit d’une rectocolite hémorragique,
cœliaque. Dans le cadre de maladie cœliaque de présenta- puisque 20 % environ des patients sans anomalie déve-
tion classique, la vidéocapsule du grêle n’a cependant pas lopperont ultérieurement des signes spécifiques de MC.
d’utilité majeure. Dans ces situations, le bénéfice potentiel doit être contreba-
En revanche, plusieurs études et publications ont confirmé lancé par le risque de rétention de la capsule et la négativité
son utilité dans la surveillance des patients porteurs de des moyens classiques du diagnostic :
maladie cœliaque, et notamment les patients résistant à un ●● il est nécessaire dans ce type d’indication d’effectuer au
régime sans gluten bien suivi. Dans cette situation, près de préalable une étude morphologique de l’intestin grêle
40 % des patients présentent un aspect en capsule compati- (entéroscanner, entéro-IRM) en sachant que la valeur pré-
ble avec une jéjunite ulcéreuse, pouvant correspondre à une dictive négative de sténose de ces examens, mal connue,
sprue réfractaire de type II, et 2 à 5 % présentent une tumeur n’est pas de 100 %. Une autre possibilité est de faire
du grêle (lymphome ou adénocarcinome). ingérer au patient une capsule test (capsule Agile®, Given
Acta Endosc. (2011) 41:230-234 233
Imaging) : en l’absence de douleurs lors de l’ingestion Au cours du syndrome de Peutz-Jeghers, le risque cumulé
de cette capsule test, la capsule classique doit passer sans d’adénocarcinome du grêle est de 13 %. Le bénéfice poten-
symptôme. La capsule Agile® présente un dôme de dis- tiel pour le patient peut s’envisager en tant que :
solution à chaque extrémité de la capsule, ce qui évite les ●● prévention d’une complication aiguë chez l’enfant et
risques de rétention qu’avait connue la première capsule l’adulte jeune : il est en effet vraisemblable que l’ablation
disposant d’un seul dôme de dissolution ; des hamartomes de grande taille puisse permettre cette
●● il persiste néanmoins l’absence de critères endoscopiques réduction. La surveillance du grêle devrait donc com-
formels et définitifs pour les lésions élémentaires diagnos- mencer très tôt (avant cinq ans) ;
●● prévention de l’adénocarcinome du grêle bien que ce
tiquées par la capsule. Un seuil de trois ulcérations est clas-
siquement retenu, mais la spécificité n’est pas de 100 %. bénéfice ne soit démontré par aucune étude prospective.
Les risques pourraient être la rétention de la capsule, on
Tumeurs carcinoïdes du grêle peut toutefois noter qu’il n’y a pas de publication dans la lit-
térature de rétention symptomatique. La simplicité de la
Les tumeurs carcinoïdes du grêle représentent une autre vidéocapsule du grêle fait qu’elle représente un outil incon-
possibilité d’utilisation de la vidéocapsule. Elles représen- tournable de surveillance chez l’enfant. Chez l’adulte, la
tent 25 % des tumeurs du grêle dans les séries basées sur des surveillance est nécessaire pour décider de la démarche thé-
autopsies, elles sont volontiers multiples. rapeutique complémentaire : notamment entéroscopie sim-
L’intérêt potentiel pour le patient peut être envisagé dans ple, double ballon ou spiralée. Un rythme de surveillance ne
différents cadres : peut être actuellement préconisé, mais un suivi tous les deux
●● détection d’une tumeur carcinoïde du grêle non identi-
ans environ est en général proposé.
fiée par l’entéroscanner ou la scintigraphie à l’octréotide Au cours du syndrome HNPCC ou maladie de Lynch, le
marqué ; risque d’adénocarcinome du grêle cumulé est évalué à envi-
●● recherche de la tumeur primitive en cas de métastases
ron 5 %. Le risque cumulé d’adénome du grêle est inconnu.
hépatiques ou de syndrome sécrétoire carcinoïde ; La détection d’une tumeur du grêle est difficile en vidéo-
●● identification et repérage préopératoire de lésions carci-
capsule, justifiant une lecture particulièrement attentive. Le
noïdes multiples (30 % des cas). bénéfice potentiel pour le patient est que l’adénocarcinome
Le principal risque est celui de la rétention en amont de du grêle est souvent symptomatique et décelé à un stade tar-
la tumeur du fait d’une mésentérite rétractile associée, d’où dif. Sachant que le pronostic est corrélé au stade TNM, le
l’intérêt d’une exploration préalable (TDM, IRM). En cas dépistage précoce représente un bénéfice probable. Le ris-
de mésentérite rétractile, le diagnostic étant posé, l’apport que de rétention dans ce genre de situation est probablement
de la capsule est limité (détecter des lésions multiples asso- nul ou très faible. La question est celle du bénéfice/risque,
ciées). La capsule peut donc surtout aider à l’évaluation du ce qui justifie de sélectionner les images à forte probabi-
nombre, du siège et de la localisation des lésions. Sa sen- lité d’être pathologiques si l’on envisage une exploration
sibilité dans cette situation n’est cependant pas évaluée, et par entéroscopie ou chirurgicale. La capsule est par ailleurs
le risque d’incarcération rend l’examen par capsule moins intéressante en cas de situation d’anémie, de symptômes
satisfaisant. inexpliqués et persistants, mais dans ce contexte, on rejoint
les recommandations de la HAS.
Polyposes
Conflit d’intérêt : Le Dr Filoche est consultant pour
●● On distinguera la polypose adénomateuse familiale (PAF), Given Imaging. Le Dr Saurin est consultant occasionnel
le syndrome de Peutz-Jeghers, la maladie de Lynch. pour Given Imaging. Il est aussi le responsable et l’inves-
La PAF représente le cadre le plus simple, car, à ce jour, il tigateur principal de plusieurs études sur la capsule endo-
n’y a pas de démonstration évidente du bénéfice de l’examen scopique.
par vidéocapsule dans la PAF. Et cela d’autant plus que si
les adénomes duodénaux sont très fréquents sinon constants
dans la PAF, la fréquence des adénomes situés au-delà du Bibliographie
jéjunum proximal est très faible. On s’expose par ailleurs au Bourreille A, Jarry M, D’Halluin PN, Ben-Soussan E, Maunoury V,
risque de rétention de la capsule en cas de tumeur desmoïde Bulois P, et al. Wireless capsule endoscopy vs ileocolonoscopy for the
sténosante associée. Le seul intérêt pourrait être une situa- diagnosis of postoperative recurrence of Crohn’s disease: a prospec-
tion d’anémie inexpliquée, mais dans ce contexte, on rejoint tive study. Gut 2006;55:978–83.
de Leusse A, Vahedi K, Edery J, Tiah D, Fery-Lemonnier E, Cel-
les recommandations de la HAS. Il faut donc privilégier le
lier C, et al. Capsule endoscopy or push enteroscopy for firstline
suivi endoscopique duodénojéjunal classique (cf. recom- exploration of obscure gastrointestinal bleeding? Gastroenterology
mandations SFED). 2007;132:855–62.
234 Acta Endosc. (2011) 41:230-234
Graepler F, Wolter M, Vonthein R, Gregor M. Accuracy of the size video-capsule endoscopy: a multicenter European study. Endoscopy
estimation in wireless capsule endoscopy: calibrating the M2A Pill- 2008;40:488–95.
Cam® (with video). Gastrointest Endosc 2008;67:924–31. Saurin JC, Delvaux M, Gaudin JL, Fassler I, Villarejo J, Vahedi K, et
Hartmann D, Schmidt H, Bolz G, Schilling D, Kinzel F, Eickhoff A, et al. Diagnostic value of endoscopic capsule in patients with obscure
al. A prospective two-center study comparing wireless capsule endos- digestive bleeding: blinded comparison with video push-enteroscopy.
copy with intraoperative enteroscopy in patients with obscure GI blee- Endoscopy 2003;35:576–84.
ding. Gastrointest Endosc 2005;61:826–32. Saurin JC, Delvaux M, Vahedi K, Gaudin JL, Villarejo J, Florent C, et
Johanssen S, Boivin M, Lochs H, Voderholzer W. The yield of wireless al. Clinical impact of capsule endoscopy compared to push enteros-
capsule endoscopy in the detection of neuroendocrine tumors in com- copy: 1-year follow-up study. Endoscopy 2005;37:318–23.
parison with CT enteroclysis. Gastrointest Endosc 2006;63:660–5. Solem CA, Loftus EV Jr, Fletcher JG, Baron TH, Gostout CJ,
Joyce AM, Burns DL, Mercello PW, Tronic B, Sholz FJ. Capsule Petersen BT, et al. Small-bowel imaging in Crohn’s disease: a
endoscopy finding in coeliac disease associated enteropathy type prospective, blinded, 4-way comparison trial. Gastrointest Endosc
intestinal T-cell lymphoma. Endoscopy 2005;37;594–6. 2008;68:255–66.
Kornbluth A, Colombel JF, Leighton JA, Loftus E. ICCE consensus Triester SL, Leighton JA, Leontiadis GI, Fleischer DE, Hara
for inflammatory bowel disease. Endoscopy 2005;37:1051–4. AK, Heigh RI, et al. A meta-analysis of the yield of capsule
Maunoury V, Savoye G, Bourreille A, Bouhnik Y, Jarry M, endoscopy compared to other diagnostic modalities in patients
Sacher-Huvelin S, et al. Value of wireless capsule endoscopy in with obscure gastrointestinal bleeding. Am J Gastroenterol
patients with indeterminate colitis (inflammatory bowel disease type 2005;100:2407–18.
unclassified). Inflamm Bowel Dis 2007;13:152–5. Triester SL, Leighton JA, Leontiadis GI, Gurudu SR, Fleischer DE, Hara
Pennazio M, Santucci R, Rondonotti E, Abbiati C, Beccari G, Rossini AK, et al. A meta-analysis of the yield of capsule endoscopy compared to
FP, et al. Outcome of patients with obscure gastrointestinal bleeding other diagnostic modalities in patients with non-stricturing small-bowel
after capsule endoscopy: report of 100 consecutive cases. Gastroente- Crohn’s disease. Am J Gastroenterol 2006;101:954–64.
rology 2004;126:643–53. Van Tuyl SA, van Norrden JT, Timmer R, Stolk MF, Kuipers EJ, Taal
Pioche M, Gaudin JL, Filoche B, Jacob P, Lamouliatte H, Lapalus MG, BG. Detection of small-bowel endocrine tumors by video-capsule
et al. Prospective comparison of the diagnostic yield of the MiroCam® endoscopy. Gastrointest Endosc 2006;64:66–72.
and PillCam® SB2 video-capsules in patients with obscure digestive Voderholzer WA, Beinhoelzl J, Rogalla P, Murrer S, Schachschal G,
bleeding. Gastrointestinal Endoscopy 2010;71:AB123. Lochs H, et al. Small-bowel involvement in Crohn’s disease: a pros-
Pons Beltran V, Nos P, Bastida G, Beltran B, Arguello L, Aguas M, et al. pective comparison of wireless capsule endoscopy and computed
Evaluation of postsurgical recurrence in Crohn's disease: a new indica- tomography enteroclysis. Gut 2005;54:369–73.
tion for capsule endoscopy? Gastrointest Endosc 2007;66:533–40. Watson P, Vasen HF, Mecklin JP, Bernstein I, Aarnio M, Jarvinen HJ,
Rondonotti E, Pennazio M, Toth E, Menchen P, Riccioni ME, et al. The risk of extra-colonic, extra-endometrial cancer in the Lynch
De Palma GD, et al. Small bowel neoplasms in patients undergoing syndrome. Int J Cancer 2008;123:444–9.