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•• Le modèle de Denver
Pédopsychiatre,
praticien hospitalier,
Service
à début précoce
Hospitalo-Universitaire
de l’enfant
et de l’adolescent,
Centre Hospitalier
pour jeunes enfants
le Vinatier, 69500
Bron, France ;
Université Claude
Bernard Lyon 1, CNRS
avec autisme :
UMR 5229, 69500
Bron, France.
marie-maude.geoffray@
description, origines,
efficience
ch-le-vinatier.fr
Marie-Maude GEOFFRAY
Résumé
Le trouble du spectre autistique est un trouble neurobiologique dont le principal traitement
est actuellement une intervention précoce non médicamenteuse psycho-éducative. Certains
modèles d’intervention ont montré dans des essais randomisés une efficacité modérée le
plus souvent à court terme selon les revues systématiques internationales. Parmi ceux-ci,
le modèle d’intervention précoce de Denver (ESDM) a été recommandé chez l’enfant de
moins de 4 ans avec un TSA. Nous avons choisi de présenter ce modèle parce qu’il est
de notre point de vue un précieux guide pour les équipes d’intervention et les parents
d’enfant avec un TSA. La mise en place de routines d’activités conjointes et ludiques est
au cœur de ce modèle. L’ESDM favorise les expériences partagées, la communication
dyadique, les initiatives et la diversification du jeu et des centres d’intérêts de l’enfant.
Il utilise un ensemble de techniques partagées avec d’autres modèles actuels d’interven-
tions comportementales et développementales implémentées en milieu naturel. Il prévoit
un ajustement des techniques selon les progrès et les besoins de chaque enfant. Il a par
ailleurs fait l’objet d’au moins un essai randomisé contrôlé (évaluant ce modèle délivrée
20 h par semaine par des professionnels en thérapie individuelle à domicile pendant 2 ans)
et d’une étude de suivi à moyen-long terme. Les pouvoirs publics doivent toutefois résister
à un engouement trop rapide devant des résultats prometteurs et soutenir la poursuite de
l’évaluation rigoureuse de ce type de modèle sur un plus grand nombre d’enfant avec
TSA à différents stades du développement.
Mots clés : intervention précoce, intervention comportementale, autisme, trouble du spec-
tre autistique, modèle de Denver.
Early Start Denver Model for toddlers with autism: description, origins, efficiency
Abstract
Although autism spectrum disorder is a neurobiological disorder, the primary treatment
is currently early non-medical psycho-educative interventions. Some models of interven-
tion have showed in randomized trials a moderate efficiency according to the international
systematic reviews. Among these models, there is the Early Start Denver Model (ESDM).
It aims to improve socio-communicative abilities of children of less than 4 years with
ASD. We chose to present this model because it appears to us as an invaluable guide for
early intervention teams and parents with a child with ASD. The implementation of playful
joint activity routine is the platform of the therapy in this model. ESDM enhances shared
L
e trouble du spectre autistique ESDM) a été recommandé par l’HAS chez les
(TSA) se caractérise par une mo- enfants avec un TSA avant 4 ans.
dification qualitative et quantita-
tive des interactions socio-com-
municatives réciproques, des
Description du modèle
comportements et intérêts sté- d’intervention précoce de Denver,
réotypés, restreints et répétitifs et des particula- mise en place et rôle pivot
rités sensorielles (American Psychiatric Asso- des parents
ciation, 2013). Il touche de façon précoce le
fonctionnement global de l’enfant. C’est un L’ESDM est décrit dans un manuel, rédigé par
trouble fréquent (prévalence de 1 %) selon les Sally Rogers et Géraldine Dawson (2010) et
dernières études épidémiologiques appliquant traduit en français par Bernadette Rogé. Il est
les critères du DSM-V (Yeargin-Allsopp et al., également décrit dans un livre qui s’adresse
2008 ; Brugha et al., 2016). C’est un trouble aux parents, rédigé par Sally Rogers, Géral-
souvent associé à une atteinte du fonctionne- dine Dawson et Laurie Vismara (2012).
ment cognitif (Charman et al., 2011). Le han- L’ESDM vise à accélérer le développement
dicap adaptatif est souvent majeur pour la per- de l’enfant avec un TSA de 12 à 48 mois dans
sonne toute sa vie durant (Howlin et al., 2004). sa globalité (tous les domaines de développe-
Il affecte également la qualité de vie de l’entou- ment). Il a plus particulièrement pour objectif
rage (Howlin et al., 1988 ; Hayes et Watson, le développement socio-communicatif de
2012). Il n’existe actuellement aucun traite- l’enfant en favorisant le développement de
ment curatif. Le principal traitement est actuel- l’imitation, des expériences partagées, de la
lement une intervention précoce non médica- communication non verbale et du langage, des
menteuse psycho-éducative. Les données ac- jeux sociaux et symboliques. Le modèle favo-
tuelles permettent de faire l’hypothèse rise les initiatives de l’enfant, multiplie et di-
développementale que le TSA résulterait d’une versifie ses centres d’intérêts.
intrication complexe entre des facteurs géné- Des objectifs d’apprentissage sont précisé-
tiques et environnementaux qui atteignent les ment établis selon les capacités et le rythme
structures et les fonctions cérébrales et com- de progression de l’enfant. Les capacités de
promettent à terme les capacités de l’enfant à l’enfant sont évaluées à l’aide du « curriculum
apprendre de son environnement (Johnson, développemental » de l’ESDM. Ce dernier
2012). Suivant cette hypothèse, une interven- permet de guider l’observation des comporte-
tion la plus précoce possible est recommandée ments attendus en fonction de l’âge dans cha-
avant que les troubles ne soient fixés. Certains que domaine de développement de l’enfant
modèles d’interventions ont montré dans des soit : la communication dans ses versants ex-
essais randomisés une efficacité modérée, le pressifs et réceptifs, les capacités sociales,
plus souvent à court terme, selon les revues l’imitation, la cognition, le jeu, la motricité
systématiques internationales (HAS, 2012 ; fine et globale, le comportement général et
Warren, 2011 ; Charman 2014 ; Maglione l’autonomie dans la vie quotidienne. À partir
et al., 2012). Aucun de ces modèles n’a été de cette évaluation des capacités de l’enfant,
démontré supérieur aux autres. Parmi ceux-ci, 20-25 objectifs d’apprentissage sont définis
le modèle d’intervention précoce de Denver pour 3 mois dans l’ensemble des domaines du
(de l’anglais Early Start Denver Model – développement. Ils permettent de mesurer les
progrès de l’enfant et d’ajuster les techniques nouvelles capacités dans tous les domaines du
s’il est observé que l’apprentissage d’un com- développement. L’imitation est souvent défi-
portement donné ne progresse pas comme citaire chez les enfants avec un TSA mais peut
prévu initialement. se développer lorsqu’elle est stimulée
La base de la thérapie est des routines d’acti- (Rogers, Hepburn, Stackhouse, Wehner,
vités conjointes ludiques que le thérapeute met 2003 ; Rogers et Pennigton, 1991 ; Gernsba-
en place avec l’enfant. Une routine d’activité cher et al., 2008 ; Vivanti et al., 2014). Le thé-
conjointe peut s’établir à partir d’une activité rapeute guide l’enfant depuis les imitations les
autour de n’importe quel objet, d’un petit jeu plus simples (ex : taper sur le tambour)
social sensoriel, de chansons, ou encore au- jusqu’aux plus complexes (ex : reproduire un
tour des activités du quotidien (ex : « le bon- scénario). Au début, pour favoriser l’interac-
jour », le goûter). Chaque routine d’activité tion avec l’enfant et attirer son attention, le
conjointe réalisée avec l’enfant permet de ci- thérapeute imite une action réalisée par l’en-
bler plusieurs objectifs d’apprentissage. Cha- fant et progressivement guide l’enfant pour
que routine d’activité conjointe se déroule en que celui-ci puisse imiter le thérapeute en re-
quatre temps. Le premier temps permet de dé- tour sur cette même action. Ceci permet de
buter l’activité en partant des choix et des ini- créer des tours de rôle, au cœur de l’interac-
tiatives de l’enfant. Si c’est la boîte qui inté- tion sociale réciproque. Lorsque l’enfant imite
resse l’enfant plutôt que les cubes qu’elle régulièrement le thérapeute faire des actions
contient, on débutera donc une activité avec que l’enfant connaît, il est progressivement
la boîte. Pendant le deuxième temps, l’adulte possible de guider l’enfant vers de nouvelles
et l’enfant co-construisent un thème de jeu en- actions qu’il ne connaît pas ou qu’il n’a pas
semble. Le thérapeute et l’enfant sont des par- encore explorées.
tenaires de jeu actifs et leader à tour de rôle L’ESDM utilise également les techniques
du jeu (ex : monter une tour de cube à tour de d’apprentissage issues des modèles comporte-
rôle). Au cours du troisième temps le théra- mentaux ABA (Applied Behavioral Analysis)
peute, en s’appuyant sur la relation dyadique développées notamment par Lovaas (1981),
positive mise en place, élabore l’activité de Smith (2000), Eikeseth (2002), Green et Mau-
façon ajustée aux capacités et aux émotions rice (1996). Ces modèles s’appuient notam-
de l’enfant. Il cherche ainsi à guider l’enfant ment sur le modèle de Skinner selon lequel un
à découvrir d’autres facettes du jeu que celles comportement donné apparaît suite à un sti-
que ce dernier utilise spontanément et à faire mulus (ou antécédent) et se maintient s’il est
faire d’autres apprentissages à l’enfant. Il peut renforcé par l’environnement. Dans les mo-
par exemple passer de l’activité « taper dou- dèles comportementaux, l’apprentissage se
cement » sur le tambour à « taper vite ». Le fait par « essais discrets » décrits par Lovaas
quatrième temps consiste à terminer l’activité (1981). Les « essais discrets » sont la répéti-
et à passer à une autre activité. En début d’in- tion de triade stimulus-comportement-renfor-
tervention, avec un très jeune enfant chaque cement pour chaque composant de l’appren-
activité peut ne durer que quelques minutes. tissage visé. Ainsi, en thérapie, suite à un sti-
Au fur et à mesure que l’enfant prend plus de mulus externe (ex1 : ordre à l’enfant de
plaisir dans les activités et la relation, le temps « donner » un objet telle qu’une petite voi-
d’activité pourra être augmenté. La commu- ture) ou interne (ex2 : désir de l’enfant d’at-
nication verbale et non verbale adaptée per- teindre un jouet), un comportement est at-
met également de marquer les actions et les tendu (ex1 : l’enfant donne l’objet / ex2 : l’en-
thèmes du jeu et de garder l’enfant motivé et fant tend le bras et vocalise) et est renforcé si
vigilant. le comportement est observé (ex1 : On fait
rouler la voiture sur le bras de l’enfant de
Chaque routine d’activité conjointe ludique façon ludique car on sait que cet enfant aime
est le support pour enseigner à l’enfant de ce jeu et on lui redonne la petite voiture / ex2 :
nouvelles capacités mais aussi maintenir les l’enfant obtient l’objet désiré). Lorsque l’en-
capacités déjà acquises. L’apprentissage va se fant ne réalise pas le comportement attendu,
faire par différents moyens. il est amené à réaliser le comportement at-
tendu par des techniques notamment de gui-
L’imitation est centrale dans l’ESDM. Elle dance verbale, gestuelle ou encore physique.
permet à la fois de favoriser l’interaction avec Les techniques de guidance doivent, de façon
l’enfant mais aussi d’enseigner à l’enfant de rapide, être ajustées (augmentées ou es-
tompées) à la réponse (comportement) de l’en- pairs dès que cela est possible au cours du
fant de façon à favoriser l’association « sti- développement de l’enfant. L’ESDM est par
mulus-comportement-renforcement » tout en ailleurs utilisable dans les activités au quoti-
n’habituant pas l’enfant à la guidance pour fa- dien (ex : goûter, change, habillage/déshabil-
voriser l’autonomie. En ESDM, les « essais lage) par les parents ou autres aidants ce qui
discrets » se répètent de façon aléatoire selon favoriserait la généralisation des acquis.
le cours des routines d’activités conjointes. Il Les parents ont dans ce modèle un rôle pivot.
pourra ainsi être demandé à l’enfant de « don- Les parents se retrouvent souvent en difficulté
ner » un objet (ex1), par différents adultes, pour communiquer avec un enfant qui inter-
dans différentes activités ludiques, et aussi agit peu et ne manifeste pas de réciprocité
dans différents lieux. dans la relation. Ce sont par ailleurs eux qui
Chaque routine d’activité conjointe est élabo- sont le plus souvent en interaction avec leur
rée pour mettre l’enfant en situation de com- jeune enfant. Il est donc indispensable, de leur
muniquer et développer les différentes fonc- transmettre, à travers une étroite collabora-
tions pragmatiques du langage (ex : deman- tion, les techniques ESDM, mais aussi de
der, accepter/refuser, commenter, etc.). Par s’appuyer sur les capacités et les besoins
exemple, l’adulte stimulera les demandes de qu’ils ont repérés chez leur enfant.
l’enfant, en le faisant choisir entre 2 activités, Il est important de noter que l’efficacité de
ou en enlevant un jeu pour qu’il le redemande, l’ESDM n’a été montrée supérieure à d’autres
ou encore en arrêtant un jeu social pour qu’il interventions que lorsqu’il est mis en place
demande à ce qu’il se poursuive. De la même 20 h par semaine en individuel par des pro-
façon, le thérapeute proposera à dessein, des fessionnels bien formés, supervisés en ESDM
activités que l’enfant ne souhaite pas, pour et travaillant en réseau avec une équipe plu-
qu’il puisse communiquer le refus. Pour faci- ridisciplinaire (Dawson, 2010). L’ESDM est
liter le développement du langage, la règle actuellement mis en place et en cours d’éva-
dans ce modèle est de ne pas faire des énoncés luation sur plusieurs unités en France
plus longs d’un mot que celui de l’enfant, 12 heures par semaine (4 fois 2 h 30 sur
c’est-à-dire employer des mots isolés pour l’unité et 2 h à domicile ou sur le lieu de vie
communiquer avec l’enfant si l’enfant ne pro- de l’enfant) par des équipes pluridisciplinaires
nonce pas de mot, ou employer deux mots as- formées et supervisées. Le ratio de profession-
sociés s’il dit quelques mots isolés. Les mots nel est de un adulte pour un enfant sur tous
utilisés sont toujours directement en lien avec les temps de thérapie. Les parents sont égale-
l’objet ou l’action qui intéresse l’enfant. Le ment formés au modèle et il leur est suggéré
langage se développera progressivement à d’utiliser le modèle dans les activités du quo-
partir des vocalisations intentionnelles et de tidien à domicile et d’avoir des temps d’acti-
l’imitation de la parole du thérapeute. vité plus spécifiques d’1/2 heure par jour avec
Pour permettre à l’enfant de réaliser un maxi- leur enfant en plus de la thérapie mise en place
mum d’apprentissages, d’expériences sociales par les professionnels. Ce modèle est égale-
positives et de diversifier ses intérêts, le mo- ment mis en place sur des structures équiva-
dèle préconise une certaine intensité et fré- lentes à des écoles maternelles ou garderies
quence. Le programme est intensif du fait du en Australie. L’enfant vient alors à la journée.
nombre d’heures passées avec l’enfant mais L’ensemble des équipes sont formées au mo-
aussi par la fréquence des opportunités d’ap- dèle et l’insère dans les activités proposées. Il
prentissage, de communication, de décou- y a dans ce cas un ratio de 3-4 adultes environ
vertes de nouveaux matériaux, au cours de pour un enfant (Eapen, Črnčec, Walter, 2013 ;
chaque activité. Vivanti et al., 2016). Dans de nombreux cas,
L’EDSM peut s’adapter à différentes moda- faute de moyen et de disponibilité des théra-
lités de mise en place. Il est bien adapté à une peutes, l’ESDM est mis en place par les pa-
thérapie en individuel (un thérapeute pour un rents uniquement.
enfant) qui est aussi souvent la seule possible,
au moins au début, avec un enfant avec des Origines et relations avec les autres
faibles capacités d’interaction et un faible in- modèles comportementaux
térêt pour l’interaction. La mise en place au et développementaux
sein de structures qui reçoivent d’autres en-
fants, permet de cibler des objectifs dévelop- Le premier modèle de Denver a été développé
pementaux sur les premières interactions entre dans les années 1980 par Sally Rogers et ses
pourquoi certains dénoncent l’effet « pac- cœur de ce modèle. L’ESDM favorise les expé-
kage » de ce type de modèle où il n’est pas riences partagées, la communication dyadique,
simple de savoir ce qui est efficace dans l’en- les initiatives et la diversification du jeu et des
semble des techniques mises en place (Green, centres d’intérêts de l’enfant. Il utilise un en-
2010). En pratique clinique, un modèle so- semble de techniques partagées avec d’autres
phistiqué permet de guider les intervenants modèles actuels d’intervention comportemen-
face à des enfants aux troubles complexes et tale et développementale implémentée en mi-
hétérogènes. A contrario, la complexité et la lieu naturel (Schreibman et al., 2015). Il prévoit
multiplication des techniques utilisées par un un ajustement des techniques selon les progrès
modèle, rendent plus difficile la recherche des et les besoins de chaque enfant. Son efficacité a
composants actifs et spécifiques et des struc- été plus évaluée que la plupart des interventions
tures et fonctions sur lesquelles ils seraient ou techniques utilisées dans l’intervention dans
actifs. le TSA. Il peut être mis en place selon des
La place accordée aux parents, d’intervenant, modalités différentes. Il est toutefois important
est essentielle dans ce modèle. Une formation de retenir qu’il n’a montré une efficacité que
collaborative et positive a été bien codifiée délivré 20 h par semaine, à domicile, en indivi-
par l’université de Californie Davis. Les pa- duel, par des professionnels formés et super-
rents ont un rôle pivot dans l’éducation et le visés à l’ESDM. La possibilité que l’interven-
développement de leur jeune enfant, et il est tion soit, au moins en partie, délivrée par les
donc indispensable de les guider, selon des parents eux-mêmes, pourrait représenter une
techniques et modèles recommandés. Il serait économie considérable de coûts, dont une par-
toutefois important de réévaluer les effets de tie pourrait être utilisée le reste de la vie durant
l’intervention parentale à la fois sur le déve- de la personne avec un TSA. L’efficacité de
loppement de l’enfant et sur le stress et la qua- l’intervention délivrée par les parents reste tou-
lité de vie des parents (Oono, Honey, McCo- tefois à évaluer. Il est de plus important de veil-
nachie, 2013). ler à ce que les parents soient accompagnés et
Malgré les difficultés d’évaluation inhérentes qu’ils ne s’épuisent pas à intervenir auprès de
à tous les modèles thérapeutiques, l’ESDM a leur enfant (Oono et McConachie, 2013 ; Char-
été relativement bien évalué pour un modèle man, 2014).
d’intervention dans le TSA. Ce modèle ne Les pouvoirs publics doivent donc résister à
permet pas les mêmes progrès chez tous les un engouement trop rapide devant des ré-
enfants. Il est peu probable qu’une même thé- sultats prometteurs et soutenir la poursuite de
rapeutique soit efficace sur tous les enfants l’évaluation rigoureuse de ce type de modèle
avec un TSA du fait de la multitude des étio- sur un plus grand nombre d’enfant avec TSA
logies et de la variabilité de la sévérité (Char- à différents stades du développement. Les
man, 2014). La question à laquelle répon- pouvoirs publics doivent en premier lieu veil-
dront peut-être de prochaines études est celle ler à ce que tous les enfants avec TSA puissent
des facteurs prédictifs de l’efficacité de bénéficier au minimum d’un diagnostic pré-
l’ESDM. Par ailleurs, l’intensité de la prise coce, d’un accompagnement personnalisé se-
en charge (20 h par semaine) et le coût lon leurs profils de fonctionnement et que
qu’elle entraine la rendent difficile à appli- leurs proches aidants soient soutenus et ac-
quer à tous les enfants avec un TSA, comme compagnés dans leurs démarches (NICE,
d’ailleurs la plupart des interventions glo- 2016). ■
bales intensives actuelles. Il est donc primor-
dial d’évaluer l’efficacité de la mise en place
Remerciements
de ce modèle dans des modalités différentes À Sally Rogers, Elizabeth Fulton, Cynthia Zermut,
mais aussi la qualité de vie des enfants et de Marie Rochat pour leurs enseignements ; au Pr Ni-
leurs parents. colas Georgieff pour ses conseils dans l’écriture et
son soutien dans l’implémentation et l’évaluation du
modèle de Denver à début précoce ; à Paul Belhou-
Conclusion chat du CRA Lyon pour la bibliographie ; à Émilie
Nous avons choisi de présenter ce modèle parce Boyer pour la mise en page ; à Stéphane Grisi, Mario
Speranza, Marie-Joëlle Oreve, Carmen Schröder, Sa-
qu’il est de notre point de vue un précieux guide bine Manificat, Stéphanie Marignier, Razvana Stan-
pour les équipes d’intervention et les parents ciu, Hillary Wood, Marie Schaer, Natacha Gallifet et
d’un enfant avec un TSA. La mise en place de aux équipes du Réseau Franco-Belge et Suisse d’in-
routines d’activités conjointes et ludiques est au tervention précoce et intensif (CHU de Strasbourg,
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