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Breton Stanislas. Âme spinoziste, Âme néo-platonicienne. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 71,
n°10, 1973. pp. 210-224;
doi : https://doi.org/10.3406/phlou.1973.5734
https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1973_num_71_10_5734
Abstract
This study takes up afresh, in regard to J. Trouillard's work L'âme et L'Un selon Proclos, certain
predominant ideas developed in recent works (Foi et raison logique and Du Principe). Amazed at the
silence in which Kant and Heidegger, both contemptful of metaphysics, envelop Plotinus and Spinoza,
the author attempts on the contrary to question them, by the very contrast which they present, on the
fundamental possibilities of thought revealed by their work. According to the Plotinist Proclus, the soul
becomes a reality by passing through the regime of negations ; but negation is used in a constitutive
manner, in a self-generation of the soul by itself, postulating its own conditions of possibility. However,
the soul affirms itself in the production of its being thanks only to a preexisting mystic way of thought.
For Spinoza, on the other hand, negation cannot promote, but is inadequate idea. His philosophy
excludes all possibility of henology and of negative theology. At the risk incurred by a daring
transposition, it would be possible to attribute to neoplatonism the fullness of the negations, and to
Spinozism the fullness of the affirmations. It would then be necessary to restore to history the fullness
of the oppositions. (Transl. by J. Dudley).
Âme spinoziste, Âme néo-platonicienne
qui ouvre
J'emprunte
l'une des
à études
Jean Trouillard
les plus suggestives
ce titre, dequelque
son dernier
peu ouvrage
étrange,:
U Un et l'Âme selon Proclos (1). Quel rapport pourrait-on déceler entre
Spinoza et Proclos, d'une manière plus générale, entre spinozisme
et néo-platonisme ? Les affinités ont été depuis longtemps signalées.
Il ne semble pas qu'on les ait approfondies. Or la méditation de ce
qui les rapproche, et de ce qui les oppose, jetterait peut-être une
lumière décisive sur le destin de la pensée philosophique. N'est-il pas
surprenant que, aux deux limites extrêmes de notre modernité, Kant
et Heidegger, la mise en question de la métaphysique passe sous
silence ou Plotin ou Spinoza ou les deux à la fois ? Omission d'autant
plus regrettable que les systèmes en présence, en s'éclairant de leur
contraste même, aideraient non seulement à la connaissance des
philosophies mais aussi et surtout à l'intelligence de leurs possibilités
fondamentales. Le mérite de ce livre, si dense sous son mince volume,
et qui nous donne tant à penser (ne fût-ce qu'en nous reposant la
question : Qu'est-ce que penser ?), est d'avoir contribué pour une large
part à l'élucidation d'un passé qui, sans jeu de mots germanique,
concerne notre essence.
Les métamorphoses du néo-platonisme sont bien connues. On
sait mieux aujourd'hui ce que lui doivent, du Pseudo-Denys à Hegel,
en passant par le Moyen Âge, les courants les plus divers (2). Cette
fécondité risque d'inquiéter ceux qui, par exigence de métier ou de
rigueur spéculative, conçoivent mal une pensée sans frontières ou
ployable en tout sens. Il importe dès lors de ressaisir, au plus près de
sa source et de sa logique interne, l'originalité d'une doctrine. Le
(x) Paris, Belles Lettres, 1972. Toutes nos citations, références ou allusions, sauf
indication contraire, renvoient à cet ouvrage (Op. cit.).
(2) On pourra consulter sur cette longue histoire l'ouvrage récent de Werner Beiee-
waltbs, Plaionismus und Idealismus, Klostermann, Frankfurt-Am-Main, 1972. Le
premier chapitre, consacré à S. Augustin et à Maître Eckhart, s'intitule Densest Esse-
Esse est Deus.
Âme spinoziste, Âme néo-platonicienne 211
(20) De Divisone naturae, III, P.L. 122; col. 687, cité p. 164.
(21) Op. cit. p. 142.
(22) id. p. 142.
(23) id. p. 146.
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