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2013 La Gestion de L Eau Au Liban Une Reforme Confisquee 2013
2013 La Gestion de L Eau Au Liban Une Reforme Confisquee 2013
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AU LIBAN :
UNE RÉFORME
CONFISQUÉE ?
entre accès aux ressources (eau et foncier),
distribution des pouvoirs, développement éco-
nomique et aménagement du territoire.
Au sein de ce vaste questionnement, deux
hypothèses seront privilégiées. La première
considère que les catégories foncières liba-
naises sont des constructions sociales et his-
toriques étroitement liées aux communautés
politiques qui en tirent leur pouvoir. La
V
INGT ANS APRÈS LA FIN DE LA GUERRE,
qui, entre 1975 et 1990, a déchiré le tentatives d’institutionnalisation de l’État.
Liban, de nouveaux projets hydrau- La longue construction des relations entre
liques voient le jour dans ce pays. Cette nou- « territoire », « foncier » et « eau » sera ana-
velle étape dans la politique libanaise s’inscrit lysée à travers le prisme de trois périodes
dans une histoire séculaire d’efforts destinés à contemporaines illustrant ces dynamiques
maîtriser et exploiter la ressource en eau. intégratrices et supracommunautaires.
La réalisation de ces aménagements est,
d’abord, présentée comme une solution à la L’eau et le foncier : les amis du puissant 1
sous-valorisation des ressources, puis comme La fin de la Première Guerre mondiale préci-
une réponse au déficit d’eau, laquelle garan- pite le démembrement de l’Empire ottoman,
tirait de meilleures conditions d’accès et de la plupart de ses provinces passant sous le
partage. Pourtant, en 2013, le Liban ne contrôle des pays vainqueurs. Le 28 avril
comptait toujours que deux grands barrages 1920, la France est ainsi investie par la
(Qaraoun et Chabrouh), véritable anomalie au Société des Nations d’un « mandat pour la
regard des autres pays de la Méditerranée. Syrie et le Liban », ce qui conduira à la créa-
Construction nationale, gestion foncière, tion du « Grand Liban » le 1er septembre de
pluralisme juridique et histoire hydraulique la même année.
semblent ici particulièrement imbriqués. Ces La nouvelle autorité mandataire s’établit
paramètres sont également riches d’enseigne- sur un territoire où l’eau et le foncier ont
ment lorsqu’on les met en perspective avec fait l’objet d’attentions répétées depuis les
les projets développementalistes et la trans-
formation de l’environnement.
Dans cet article, nous nous demanderons 1. Nous reprenons là une expression que Geneviève
comment, au Liban, les pouvoirs successifs Béboucha a choisie comme titre d’un de ses ouvrages
ont tenté de résoudre la difficile équation [1987].
... conquêtes arabes et durant toute la domina- efficace que de la recherche d’une délimita-
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tion ottomane (1516-1919). tion foncière à proprement parler. Le régime
La sécurisation des espaces conquis et waqf correspond à la donation, à perpétuité,
l’ancrage du pouvoir impérial dans les villes d’un bien foncier ou immobilier qu’un parti-
et provinces de l’Empire ont profondément culier fait à une institution religieuse, une
influencé l’organisation foncière. œuvre d’utilité publique, pieuse ou charitable.
Le bien donné en usufruit est alors placé sous
RÉGIMES DE DROIT ET CATÉGORIES SOCIALES séquestre et devient inaliénable. Placé sous la
protection de la juridiction religieuse, ce sys-
... La prise d’eau dans ce fleuve sera problé- En s’inspirant du Code civil français et en
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matique dans la mesure où elle modifiera la le juxtaposant à la coutume et à la charia, le
destination de l’eau (d’une vallée agricole Medjellé codifie les droits sur l’eau et sur les
jusqu’à Beyrouth) pour en réallouer les terres. Il accole les différents systèmes juri-
volumes les plus importants à la cité. Ce diques plus qu’il ne les synthétise. C’est là un
changement posera en outre la question de la nouveau tournant, le Medjellé entérinant les
reconnaissance des droits d’eau qu’avaient inégalités sociales, politiques et économiques
déjà acquis des notables et des monastères de entre les tenants des structures foncières et
la région possédant des canaux d’irrigation et
Syrie ? » 5 annonce les intentions du gouver- droits acquis sur les eaux faute de pouvoir
...
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nement français, qui dépassent d’ailleurs la réellement les purger. L’arrêté 320 stipule
seule dimension économique [Khoury ed. les modalités de purge des droits acquis et
2004]. La période du Mandat met notamment les conditions d’indemnisation des expropriés.
en avant le fort potentiel agricole et hydrau- Concernant l’utilisation des eaux souterraines,
lique du territoire libanais afin d’en légiti- l’arrêté exempte de permis l’utilisateur d’un
mer l’exploitation et l’aménagement, surtout à puits sur terrain privé tant que le débit ne
partir de 1929. Il s’agissait de créer une image dépasse pas 100 m3 par jour.
magnifiée des États du Levant, qui n’auraient Cependant, l’action juridique des autorités
vention du Mandat français sur les ressources Toutefois, l’entreprise coloniale ne se réduit
hydrauliques du Liban 6. pas à l’édiction de textes. Le second domaine
d’intervention a trait à l’aménagement et à
RÉGLEMENTATION ET INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES l’équipement du territoire, avec des visées
La première intervention relève de l’action sécuritaires et militaires. Pour ce faire, le Haut
réglementaire. À l’instar des Ottomans, les Commissariat français (HCF) va s’appuyer
autorités mandataires françaises promulguent sur deux institutions semi-privées, la Régie
des textes visant à organiser un secteur de du cadastre (créée en 1926) et la Régie des
l’eau jugé peu clair et peu compatible avec études hydrauliques (créée en 1929).
leur vision de la modernité. Si ces autorités La Régie du cadastre s’emploie à mettre
reprennent la méthode ottomane, c’est pour en place le cadastre afin de fixer l’allocation
mieux la dépasser, considérant comme inopé- des terres 7. Elle a pour objectif de stabiliser
rantes les réformes entreprises jusque-là. Elles
militent donc pour des structures de propriété
stables et transparentes. Deux textes majeurs 5. Paul Huvelin, « Que vaut la Syrie ? ». Compte rendu
sont édictés, qui reconnaissent le principe de la mission française en Syrie, fascicule 1, mai-
septembre 1919.
du domaine public, à savoir l’arrêté 144 du
10 juin 1925 relatif au domaine public et 6. Par ce choix nous ne cherchons pas à occulter
l’arrêté 320 du 26 mai 1926 relatif à la pro- ou minimiser l’enjeu sécuritaire de l’ordre colonial ou
encore la question des concessions mais cherchons
tection et à l’utilisation des eaux publiques. plutôt à mettre en lumière d’autres dimensions de
L’État devient ainsi le propriétaire intégral l’action coloniale.
des ressources hydrauliques et fixe les règles
7. Arrêtés 186/LR sur le recensement et la délimitation,
de leur utilisation. 188/LR portant création du registre foncier (cadastre) et
Avec l’article 3 de l’arrêté 144, les auto- 189/LR portant sur les détails d’application de l’arrêté
rités mandataires françaises reconnaissent les 188, tous du 15 mars 1926.
Stéphane Ghiotti et Roland Riachi
... les droits de propriété en établissant des titres électricité. L’irrigation permet d’influer notam-
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de propriété. Elle participe également aux ment sur les trois piliers que sont l’occupation
opérations de remembrement et de démem- du sol, la gestion des droits d’eau et la
brement. Le HCF a voulu remplacer le Defter construction d’infrastructures destinées au
Khané 8, qui, du temps des Ottomans, consti- stockage, à l’amenée, et à la distribution et à
tuait une première forme d’administration du l’évacuation des eaux. Ces moyens imposent
cadastre. Reprenant le discours des autorités aux populations de nouvelles conditions d’accès
françaises sur la question, Jacques Weuleursse et de partage tout en assurant aux autorités
Ainsi, l’Office national du Litani (ONL) bénéficiaires à payer pour ne recevoir qu’une
...
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est créé à la demande de la mission d’assis- quantité d’eau déterminée. C’est pourquoi on
tance américaine (Point IV). Il est chargé préfère creuser un puits sur son terrain privé,
d’entreprendre les travaux du barrage de sans déclaration, et les débits pompés dé-
Qaraoun et des tunnels hydro-électriques passent souvent les autorisations. Le manque
inter-bassins, le projet étant financé par la de moyens et de personnel rend les contrôles
Banque mondiale. L’objectif est de créer une difficiles, sans parler de la bienveillance, voire
TVA arabe sur le modèle de la Tennessee. de la corruption, dont fait preuve l’adminis-
Cet aménagement est suivi de près par le tration.
... encore 33 % du revenu national alors que la La gestion et l’utilisation des terres sont
144 au cœur du problème. Le manque de
moitié de la population se partageait 18 %
coopération avec la politique écono-
de ce revenu. Partiellement critiquée [Corm mique (notamment agricole) et sociale
1964 ; Verdeil 2010], cette tentative d’affir- de Fouad Chéhab s’explique par la
mation du pouvoir national prétend se situer crainte de l’Église maronite de voir
au-dessus des lignes de clivage traditionnelles. diminuer son influence. À la tête d’une
D’après le recensement agricole de 1961, centaine de monastères [...] la hiérarchie
e maronite accepte mal l’idée de voir bri-
1/5 des terres étaient alors irriguées, ce qui ser son influence locale par les opé-
représentait une augmentation considérable
reconstruction (CDR) avait été pensé comme à de nouvelles élites de prendre par les armes
...
145
un « super-ministère » à même de court- le contrôle de leurs communautés. L’indivi-
circuiter les ministères et leurs logiques par- dualisation des pratiques, un système politico-
tisanes et/ou clientélistes [Ingels 2002]. Son territorial extrêmement fragmenté et l’impuis-
pouvoir est resté néanmoins très limité. Face sance de l’État ont participé au renforcement
à la disparition progressive de la structure des corps intermédiaires (communautés confes-
institutionnelle et à la destruction des infra- sionnelles ; notables, anciens et « nouveaux »)
structures de distribution d’eau potable, ce s’agissant de l’accès aux ressources (pas uni-
(Qasmieh-Ras el Aïn), qui faisait bénéficier Aux lendemains des accords de Taëf de 1989
des eaux du Qaraoun les agrumes et bananiers qui mettent fin à la guerre, le Liban entre
de la côte sud du pays, a été mis en place dans en reconstruction. La politique de l’eau est
la région envahie par Israël entre 1978 et confrontée à une administration complète-
2000. ment désorganisée et à un territoire soumis
La situation du secteur de l’eau suivra à d’innombrables luttes pour son contrôle.
celle du pays tout entier. La lenteur des pro- Comme l’indique Elizabeth Picard [1996],
cessus politiques, la fragmentation des réali- l’ordre milicien s’est transposé au sein de
sations effectives et le caractère limité des l’appareil d’État, considéré comme une rente.
retombées en termes d’accès à l’eau contri- Dès lors se pose la question du choix du
bueront à exacerber les tensions jamais atté- modèle de développement et d’aménagement
nuées depuis la première crise sociale et et des modalités de son application. Le sec-
politique de 1958 et à déclencher la guerre teur de l’eau ne restera pas à l’écart de ces
civile de 1975-1990. réflexions et de ces enjeux [Kunigk 1999].
Il existe peu d’études empiriques ayant
trait à la gestion du foncier et de l’eau durant
le conflit [Awada 1988]. Toutefois, plusieurs
points, de portée plus générale, peuvent être 15. Dans les années 1970, on dénombrait 3 000 puits
relevés. Les grands mouvements de popula- d’une profondeur de 50 à 100 mètres. À la sortie de la
tions fuyant les combats en direction de guerre, ce chiffre aurait été multiplié par quinze et le
Beyrouth ont suscité quantité de litiges pompage s’effectuerait désormais dans les aquifères à
une profondeur de 150 à 500 mètres. Voir Consultation
portant sur l’occupation d’habitations et de
and Research Institute (CRI), « Development program
terrains et sur l’usage des ressources du fait horizon for Lebanon 2006-2009 ». Rapport en collabo-
de la construction de nombreux puits 15. La ration avec Dar al Handasah pour le Conseil du déve-
guerre et son organisation milicienne a permis loppement et de la reconstruction, 2005.
Stéphane Ghiotti et Roland Riachi
... L’EAU DANS UNE ÉCONOMIE RENTIÈRE l’égard des réseaux officiels d’approvisionne-
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AUX INSTITUTIONS FRAGMENTÉES ment incite à rechercher des solutions indivi-
duelles : puits privés ; eau en bouteille ; vente
La décennie 1990 voit émerger un discours
sur la raréfaction de l’eau à l’échelle plané- parallèle. Ces pratiques sont extrêmement
taire, en général, et en Méditerranée, parti- pénalisantes pour les populations les plus
culièrement. Le Liban doit faire face à une démunies mais assurent une véritable rente à
profonde évolution de sa géographie de l’eau. certains groupes sociaux. Elles sont autant de
La concentration de la population dans les freins à l’amélioration du système d’adduction.
Au-delà de l’aspect mercantile, la fourni-
successives limitent les possibilités d’em- par les décideurs libanais après les échecs des
...
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bauche. Enfin, la transposition, au sein de politiques d’ajustement structurel, gage de leur
l’État, de l’ordre milicien donne la préva- nouvelle légitimité auprès des bailleurs de
lence aux intérêts privés et/ou communau- fonds. Dans ce sens, une nouvelle réforme 221,
taires sur l’intérêt général. votée en 2000, est adoptée en 2005 pour
Ainsi, la réforme de la politique de l’eau revoir l’autorité publique à l’échelle régionale
apparaît vite comme incontournable mais et préparer des contrats de participation public-
aussi comme très difficile à mener compte privé.
tenu des enjeux qu’elle sous-tend, avant tout
définis [Kienle 2003 ; Leenders 2004]. Au- sociale et territoriale (décentralisation) des
delà des effets d’annonce, le secteur de l’eau richesses produites, excepté pour ses parti-
n’a pas été si prioritaire que cela dans les sans. En 2001, Beyrouth et le Mont-Liban
investissements de l’État. Entre 1991 et 2001, concentraient encore 90 % des crédits ban-
sur les 6,2 milliards de dollars US adjugés caires [Safi 2003]. Ainsi, comme l’indique
aux différents projets, l’eau et l’assainisse- Eberhard Kienle dans un de ses ouvrages
ment ne représentent que 11,5 %, comparés [2003], en favorisant la privatisation et le
aux 24,3 % pour l’électricité, 14,1 % pour les capitalisme de copains plutôt que des marchés,
transports et 13 % pour les télécommunica- la libéralisation économique s’est opérée en
tions [Labaki 2003] 16. Cette relative faiblesse toute opacité. Du point de vue territorial, les
au regard des enjeux et des besoins, surtout retombées ont été également concentrées, ce
en termes d’infrastructures, renvoie aussi à la qui a perpétué et aggravé les inégalités au
difficulté pour l’État de s’imposer sur un sec- niveau national. D’après la dernière enquête
teur encore largement contrôlé par les élites sur le niveau de vie des ménages au Liban 17,
politiques urbaines, rurales et/ou commu- un tiers de la population vit en dessous du
nautaires. seuil de pauvreté ainsi que deux tiers des
Au niveau central émerge alors un dis-
cours émanant des organismes internationaux
et promouvant la GIRE (gestion intégrée des 16. Voir aussi Conseil du développement et de la
ressources en eau) et ses principes (participa- reconstruction (CDR), Dar al Handasah (Shaïr & Part-
ners), Institut d’aménagement et d’urbanisme de la
tion ; recouvrement des coûts liés au fonction- Région Île-de-France (IAURIF), « Schéma directeur
nement du service d’eau, du pompage à la d’aménagement du territoire libanais (SDATL) ». Rap-
distribution ; gestion territoriale par bassin port final, 2004.
versant) [Allan 2003 ; Swatuk 2005 ; Molle 17. Ministère des affaires sociales et Administration
2008]. D’inspiration libérale – Banque mon- centrale des statistiques, « National survey of house-
diale, FMI –, ce modèle de gestion est repris holds living conditions », 2004.
Stéphane Ghiotti et Roland Riachi
... familles d’agriculteurs, dont les moyens de par Christèle Allès et Joëlle Brochier-Puig,
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subsistance dépendent très largement des illustre parfaitement ces conflits dus à la
conditions d’accès à l’eau et à la terre 18. juxtaposition des responsabilités et des prises
En 2000, une nouvelle étape est franchie de décision.
pour remédier à la situation 19. Le Plan straté- L’octroi, par la Banque mondiale, de prêts
gique national pour le secteur de l’eau (2000- soumis à conditions redéfinit l’accès aux res-
2010) prévoit la réalisation de 18 barrages. sources « sol » et « eau » en favorisant la ré-
En 2004, le Schéma directeur d’aménagement allocation de l’eau à des espaces et des
du territoire libanais (SDATL) vise un déve- cultures plus rentables économiquement (ville
issue du prêt. Au Liban, une stratégie du sur une seule catégorie : les terres amirié. À
...
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gagnant-gagnant se met ainsi en place entre la l’occasion des changements d’occupation du
Banque mondiale et le Ministère de l’énergie sol ou de la réalisation de projets, ces terres
et de l’eau [Kunigk 1999]. Fragilisées, les sont la cible d’individus ou de groupes qui
autorités publiques nationales comme muni- veulent se constituer des emprises foncières
cipales et les associations civiles sont, à leur importantes. Ce « déclassement » vers la pro-
tour, captées par des intérêts fortement poli- priété privée (individuelle ou religieuse) est
tisés [Karam 2006]. d’autant plus facilité que, faute de pouvoir
Emmanuelle Kunigk [1999] décrit très identifier clairement les droits de propriété,
... Le résultat de ce double processus, captation- l’eau proprement dite que sur l’aide inter-
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prédation, entérine et aggrave les inégalités nationale à laquelle l’eau donne accès.
sociales et territoriales. En l’absence de données Le Liban est un exemple des conséquences
fiables et de mesures continues à l’échelle du de la mise en relation-tension des questions
pays depuis le début des années 1970, le de changement environnemental global, de
« château d’eau » semble s’être progressive- développement et de circulation de capital
ment vidé, et l’argument du changement cli- mondialisé sur les catégories spécifiques du
matique apparaît comme opportun. Donner la foncier et de l’eau. Il invite à repenser ces
priorité aux infrastructures et non à la lutte catégories à l’aune des enjeux et des luttes de
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envisage, sur le temps long, le contenu de différentes land tenure. Today, the appropriation of land and water
réformes ayant trait au domaine de l’eau. Quatre resources is a major focus of political and economic
séquences sont privilégiées : le Medjellé ; la période debate. This paper has two objectives. First, it provides
mandataire ; les grands travaux d’après l’Indépendance ; a historical overview of legal and institutional reforms
la réforme entamée après la guerre civile. On observe adopted in the water sector. A distinction is made
d’intenses et continues luttes de pouvoir, entre de mul- between four main periods: the Ottoman period (Mecelle),
tiples acteurs, pour le maintien des multiples systèmes the French Mandate period, the post-independence
d’appropriation des ressources. period (1943-1990) and the post-war period (i.e. the
reconstruction period). The paper shows that there have
Mots clés been constant and intense power struggles between
Liban, gestion de l’eau, confessionnalisme, barrages, multiple actors seeking to maintain multiple systems of
mission hydraulique resource appropriation.
Keywords
Lebanon, water resource management, confessionalism,
dams, hydraulic mission