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MINISTERE DE LA SANTE

REGION LORRAINE
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE
DE NANCY

RENFORCEMENT MUSCULAIRE DU
MEMBRE INFERIEUR EN EXCENTRIQUE
SUR MOFLEX® DE LA CHAINE CINETIQUE
OUVERTE A LA CHAINE CINETIQUE
FERMEE

Rapport de travail écrit personnel


présenté par Swany NOUAILLE
étudiante en 3ème année de kinésithérapie
en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat
de Masseur-kinésithérapeute
2001-2002.
1

SOMMAIRE

RESUME
1. INTRODUCTION. ........................................................................................................ 2
2. PRESENTATION DE L’APPAREIL MOFLEX®. ..................................................... 2
2.1. Historique. ................................................................................................................... 2
2.2. Description de l’appareil MOFLEX®........................................................................... 4
2.3. Deux modes de travail.................................................................................................. 4
3. L’ISOCINETISME........................................................................................................ 5
3.1. Définition..................................................................................................................... 5
3.2. Historique. ................................................................................................................... 5
3.3. Utilisation. ................................................................................................................... 6
4. LE TRAVAIL MUSCULAIRE EXCENTRIQUE. ...................................................... 6
4.1. Définition..................................................................................................................... 6
4.2. Historique. ................................................................................................................... 7
4.3. Physiologie. ................................................................................................................. 7
4.3.1.Histologie. .............................................................................................................. 7
4.3.2. Métabolisme. ......................................................................................................... 7
4.4. Les dangers. ................................................................................................................. 8
5. ISOCINETISME ET TRAVAIL MUSCULAIRE EXCENTRIQUE.......................... 8
5.1. Le renforcement musculaire. ........................................................................................ 9
5.1.2. Généralités. ............................................................................................................ 9
5.1.2. Spécificités. ......................................................................................................... 10
5.2. Le traitement des tendinites. ....................................................................................... 10
5.3. La diminution du tonus musculaire............................................................................. 11
5.4. Le gain des amplitudes articulaires. ............................................................................ 11
6. CHAINE CINETIQUE................................................................................................ 12
6.1. La chaîne cinétique ouverte. ....................................................................................... 12
6.2. La chaîne cinétique fermée......................................................................................... 12
7. LA MARCHE HUMAINE. ......................................................................................... 13
7.1. Généralités. ................................................................................................................ 13
7.2. Triple rôle des muscles des membres inférieurs. ......................................................... 13
7.3. Phase portante. ........................................................................................................... 14
2

7.3.1. Attaque du talon au sol......................................................................................... 14


7.3.2. Équilibre sur un seul pied..................................................................................... 14
7.4. Phase oscillante. ......................................................................................................... 14
7.4.1. Décollement du pied. ........................................................................................... 15
7.4.2. Passage du pas. .................................................................................................... 15
7.5. En résumé. ................................................................................................................. 15
8. DISCUSSION............................................................................................................... 16
9. CONCLUSION. ........................................................................................................... 16
BIBLIOGRAPHIE
LIVRET

INTRODUCTION.

Le MOFLEX® est un appareil d’isocinétisme à filin, permettant d’évaluer et d’entraîner des


groupes ou chaînes musculaires.
Le contrôle neuromusculaire excentrique reste encore mal compris (1) et le risque de lésions
lors de ce travail n'est pas négligeable.
Dans les activités de la vie quotidienne, les chaînes musculaires des membres inférieurs
travaillent essentiellement en chaîne cinétique fermée (exemple: la marche). L'association en
rééducation de cette chaîne cinétique et de l'Isocinétisme est encore peu répandue.
L’objet de ce mémoire est de présenter le travail musculaire excentrique de plusieurs
exercices, réalisés sur l’appareil d’isocinétisme MOFLEX®, avec une progression de la
chaîne cinétique ouverte à la chaîne cinétique fermée.

PRESENTATION DE L’APPAREIL MOFLEX®.

2.1. Historique.

Il y a environ cent ans, Karl Friedrich Gegauf inventa la première machine à coudre du
monde effectuant les ourlets à jour. Son fils, Fritz Gegauf créa la première machine à coudre
familiale, celle-ci contribua rapidement à étendre la renommée de l’entreprise dans le monde
entier.
3

L’arrière-petit-fils, Hanspeter Ueltschi, dirige la BERNINA depuis quelques années et


représente ainsi la quatrième génération. Aujourd’hui, BERNINA occupe 1200 collaborateurs
à STECKBORN, en Suisse, et dans les 15 filiales réparties dans le monde entier.
Le produit principal de BERNINA est la production, le développement et la vente de
machines à coudre. Ces dernières années, son champ d’activités a été élargi à:
- BERNINA ELECTRONIC;
- BERNINA TELECOM;
- MOFLEX ®.

MINISTERE DE LA SANTE
REGION LORRAINE
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE
DE NANCY

RENFORCEMENT MUSCULAIRE DU
MEMBRE INFERIEUR EN EXCENTRIQUE
SUR MOFLEX® DE LA CHAINE CINETIQUE
OUVERTE A LA CHAINE CINETIQUE
FERMEE
4

Rapport de travail écrit personnel


présenté par Swany NOUAILLE
étudiante en 3ème année de kinésithérapie
en vue de l’obtention du Diplôme d’Etat
de Masseur-kinésithérapeute
2001-2002.

2.2. Description de l’appareil

MOFLEX®.

Le MOFLEX® est un appareil de renforcement musculaire prévu pour des applications


thérapeutiques dans les centres de rééducation, les hôpitaux, les centres sportifs.
Cet appareil est raccordé au réseau:
- 230 Volts – 50 Hertz ;
- environ 0,5 ampère en permanence (jusqu'à environ 4,5 Ampères temporairement).
Sa force maximale pour la thérapie, exercée sur le câble, est de 250 N (500 N en système
moufflé).
La vitesse maximale du câble est de 3 m.s¯_ lors de l’enroulement et d’environ 4 m.s¯_
lors du déroulement.
La course utile maximale du filin est de 2,5 mètres.
Lors d’un travail isocinétique, la vitesse de traction peut être choisie entre 0,1 et 2 m.s¯_.
La programmation est libre et la lecture de la distance de traction est enregistrée facilement.
Le travail fourni lors d’un cycle d’exercice est chaque fois mesuré en concentrique et en
excentrique.

2.3. Deux modes de travail.


5

La force de traction et la vitesse du câble sont commandées par un microrégulateur qui


permet d’obtenir ainsi, deux modes d’exploitation différents :
- l’isocinétique pour améliorer la force ;
- l’isotonique pour améliorer l’endurance.

Cette machine polyarticulaire à filin pour membres inférieurs, supérieurs et rachis permet
de faire travailler les chaînes musculaires en mode isocinétique (programmé) que ce soit en
concentrique ou en excentrique pour des mouvements simples ou coordonnés, analytiques ou
globaux.

L’ISOCINETISME.

3.1. Définition.

L’Isocinétisme est une méthode d’évaluation et de travail musculaire qui permet, grâce à
une résistance auto-asservie, une contraction maximale à vitesse constante sur l’amplitude
choisie d’un mouvement articulaire (8).

3.2. Historique.

L’Isocinétisme est né de la conquête spatiale. En effet, la NASA cherchait un mode


d’évaluation et de réentraînement musculaire adapté pour ses astronautes avant et après leur
séjour en apesanteur (2).

En 1967, PERRINE et HISLOP répondent au cahier des charges et se basent sur 2


principes:
- le premier, plutôt que d’imposer une résistance fixe que la force musculaire doit équilibrer
ou vaincre, l’opérateur attribue une vitesse constante au mouvement: il s’agit d’une vitesse
angulaire, exprimée en º.s¯_ (ou d'une vitesse linéaire, exprimée en m.s¯_).
- le deuxième, la résistance varie, elle est auto-adaptée en tout point du mouvement, pour être
égale à la force musculaire développée.
6

Ces appareils d’isocinétisme sont utilisés, en France, depuis les années 1980. En 2000,
leur champ d’application est l’évaluation musculaire en pré ou post-opératoire, la préparation
sportive, la rééducation de l’appareil locomoteur et le contrôle du tonus musculaire.

3.3. Utilisation.

Le contrôle strict du paramètre vitesse garantit un protocole rigoureux en ce qui concerne


la progression des vitesses lentes vers les vitesses rapides, ou inversement.

Par ailleurs, le mouvement reste harmonieux et donc confortable à vitesse élevée, ce qui
n’est pas le cas lors de l’exercice imposé manuellement. La résistance s’adapte en
permanence à la force développée. Le mouvement imposé par le dynamomètre s’interrompt
si, pour une raison quelconque, le patient cesse de participer. Des conditions d’efficacité et de
sécurité importantes sont ici réunies dans un réentraînement, tout en permettant la sollicitation
spécifique des différents aspects et composantes de la contraction musculaire (2). La précision
et la reproductibilité du positionnement contribuent également à l’efficacité du traitement.

L’Isocinétisme permet donc, grâce aux protocoles et aux paramètres mesurés, d’identifier
précisément les qualités contractiles des groupes musculaires agonistes et antagonistes
sollicités à vitesse constante selon un mode d’action et une amplitude de mouvement
déterminés (8).

LE TRAVAIL MUSCULAIRE EXCENTRIQUE.

4.1. Définition.

Le travail excentrique est réalisé lors d’un mouvement où la résistance opposée à la


contraction est supérieure à la force développée par le muscle qui s’étire.
7

4.2. Historique.

Ce n’est véritablement que depuis 1970 que le travail musculaire excentrique intéresse (6).
Les premières publications le concernant rapportent la survenue de douleurs musculaires dans
les suites d’exercices prolongés. Sa mauvaise réputation faisant, STANISH ne proposa
qu’en1986, ce travail musculaire dans le traitement des tendinites. En 1971, KLAUSEN avait
montré le potentiel du travail excentrique sur l’amélioration de la résistance à l’étirement du
complexe musculo-tendineux. Aujourd’hui, ce mode de travail est utilisé couramment lors des
séances de rééducation, tout en connaissant les lésions possibles.

4.3. Physiologie.

4.3.1.Histologie.

Le muscle est composé de tissu contractile et de tissu non-contractile. Son unité contractile est
le sarcomère. Les myofibrilles sont formées par ces sarcomères et elles constituent la partie
fonctionnelle de la cellule musculaire.
L’élément non-contractile est constitué du tendon et de ses expansions (cloisons inter et
intramusculaires formant le tissu conjonctif de soutien).

4.3.2. Métabolisme.

Au cours de l’activité excentrique, le mouvement des ponts actine-myosine et des


accouplements serait capable de fonctionner plus rapidement, ce qui entraînerait moins de
recrutement d’énergie à partir du système d’oxygène. Les adaptations des actions musculaires
excentriques produisent une imbrication optimale des éléments d’actine et de myosine, qui à
son tour augmente le potentiel de force.

La haute tension des exercices excentriques est liée à la manière dont les connexions
entre les ponts sont établies et maintenues. L’économie résultant de l’excentrique est due en
partie à la capacité de monter en tension sans qu’il y ait nécessité de séparer l’adénosine
triphosphate ou la créatine phosphate (1).
8

Ce travail musculaire excentrique solliciterait préférentiellement les fibres IIb.


Contrairement à un travail concentrique, il utiliserait peu d’adénosine triphosphate et il n’y
aurait peu ou pas d’augmentation de la vascularisation locale. Pour une même force
développée, ce travail musculaire excentrique nécessite une activation de deux fois moins
d'unités motrices que lors du travail concentrique (9).

Ces différences expliquent l’absence de corrélation entre la force concentrique d’un


muscle et sa force excentrique ainsi que la notion de spécificité de travail musculaire (8).

4.4. Les dangers.

Ce travail excentrique peut être responsable de nombreuses lésions. Les D.O.M.S ou douleurs
musculaires d’apparition retardée, ont bien été explorées par les physiologistes. In vitro, la
reproduction d’une lésion musculaire nécessite la réalisation d’un étirement. In vivo, les
lésions touchent de manière préférentielle les muscles bi-articulaires, penniformes présentant
des fibres charnues et courtes. Ces caractéristiques anatomiques les rendent alors plus
vulnérables à l’étirement.

La réalisation d’un travail musculaire excentrique prolongé est la cause de lésions d’origines
mécanique et métabolique au niveau de la fibre musculaire et du tissu conjonctif de soutien.
Les lésions musculaires graves s’expliquent par une contraction brutale associée à un
étirement du complexe musculo-tendineux.
D'une part, l'origine mécanique est une lésion du tissu conjonctif de soutien et une
désorganisation des myofilaments. D'autre part, l'origine métabolique est due à des
modifications internes de la cellule musculaire (9).
Les D.O.M.S. se traduisent par la survenue de douleurs dans les heures qui suivent l'arrêt de
l'exercice et s'accompagnent d'une diminution de la force musculaire (3).

Ces conséquences néfastes se traduisent parfois, dans le domaine de la rééducation par une
méfiance vis-à-vis de l’exercice excentrique. De plus, ce travail musculaire a des
répercussions sur la pression artérielle, la température interne du corps et l'endurance
musculaire. Des effets psychologiques importants ne sont pas non plus à exclure (1).

ISOCINETISME ET TRAVAIL MUSCULAIRE EXCENTRIQUE.


9

La possibilité d’offrir une activité excentrique isocinétique contribue à la rééducation totale


parce que les contractions musculaires excentriques jouent un rôle majeur dans les activités
fonctionnelles et sportives.

5.1. Le renforcement musculaire.

5.1.2. Généralités.

Le travail musculaire excentrique semble améliorer non seulement la force excentrique


des muscles mais également les forces statique et concentrique, ce qui n'est pas le cas des
deux autres types de travail musculaire. De plus, ce travail musculaire augmente la résistance
à l'étirement du tissu conjonctif de soutien (9).

Lors d'un renforcement musculaire, la vitesse est augmentée ou diminuée


progressivement. Pour un travail en force, il est effectué un petit nombre de répétitions à forte
intensité, ou au contraire, pour un travail en endurance, un nombre important de répétitions à
faible intensité (3). Lors d'un travail musculaire excentrique, la vitesse appliquée est
proportionnelle à la force développée (fig.1), le travail musculaire concentrique est donc, lui,
inversement proportionnel à la vitesse réglée. En pratique, un travail excentrique sera débuté à
vitesse lente puis sera progressivement effectué à des vitesses plus rapides (le début d'un
travail concentrique sera alors préconisé à vitesse rapide puis à vitesse lente).

Force

0 Vitesse
Excentrique Isométrique Concentrique
10

Figure 1 : Courbe schématique Tension-Longueur.

5.1.2. Spécificités.

Les muscles striés squelettiques du corps humain contiennent des fibres de nature et de

propriété différentes:

- les fibres lentes, ou fibres de type I à fonction tonique, sont à contraction lente et
développent une tension peu élevée. Elles sont peu fatigables et leur métabolisme est
de type aérobie oxydatif.
- les fibres rapides, ou fibres de type II à fonction phasique, sont à contraction rapide et
développent des tensions plus importantes, mais qui ne peuvent être tenues que durant
des périodes brèves, car elles sont plus fatigables. Leur métabolisme est de type
anaérobie.
La majorité des muscles contiennent des quantités à peu près équivalentes de fibres lentes

et de fibres rapides. Certains muscles ont parfois une proportion très forte de l’une ou l’autre

de ces catégories de fibres, ce qui leur confère des caractères fonctionnels particuliers. Ainsi

le droit fémoral et le soléaire sont riches en fibres lentes allant de pair avec la spécialisation

posturale de ces muscles, alors que le triceps brachial et les gastrocnémiens comportent une

forte proportion de fibres rapides et ont un rôle plus important dans les mouvements

intentionnels. Le vaste externe est mixte comportant autant de fibres de type I que de fibres de

type II.

En fonction des vitesses choisies en isocinétisme, seules certaines fibres seront recrutées
et la force développée va décroître en fonction de la vitesse (2).

5.2. Le traitement des tendinites.

Depuis 1986, STANISH préconise le travail musculaire excentrique dans le traitement des
tendinites achilléenne et rotulienne. L’objectif de ce travail est d’améliorer la résistance à
l’étirement du complexe musculo-tendineux et de lui permettre de supporter les contraintes
11

imposées par la pratique sportive. Il indique un travail à vitesse et résistance progressives. Le


protocole débute quand l’étirement passif est indolore (8).

La récupération puis l'amélioration des possibilités musculaires excentriques permettent


l'augmentation des performances en aidant le complexe musculo-tendineux à supporter des
contraintes de plus en plus importantes. Mais, comme tout médicament actif, il a des effets
secondaires, les D.O.M.S., vues précédemment.

5.3. La diminution du tonus

musculaire.

MIDDLETON et coll. ont décrit une action hypotonique du travail musculaire


excentrique. Une étude, sur 25 patients présentant un syndrome pyramidal, leur a permis de
noter une diminution importante du réflexe tricipital lors de ce travail excentrique sous
maximal à vitesse lente, et inversement, une augmentation du réflexe ostéo-tendineux à
l'étirement passif lent. Une autre étude sur 8 sujets sains leur permet de proposer ce travail
musculaire comme traitement de la contracture musculaire réflexe.
Ces deux expériences les poussent à envisager le travail musculaire excentrique comme
traitement de l'hypertonie du syndrome pyramidal et des contractures musculaires réflexes.

5.4. Le gain des amplitudes

articulaires.

Le travail musculaire excentrique est également utilisé comme technique de récupération


d'amplitude. Il est effectué à vitesse lente, en travail musculaire sous maximal, et surtout se
sont les muscles antagonistes au sens du mouvement désiré qui sont concernés.
12

MIDDLETON et coll. décrivent cette action à trois niveaux différents:


- au niveau musculaire avec une amélioration de l'élasticité;
- au niveau médullaire par l'utilisation du gate control;
- au niveau cérébral en détournant son attention, avec la visualisation instantanée de ses
performances (7).

CHAINE CINETIQUE.
Une chaîne cinétique musculaire est constituée d’un ensemble de muscles mono ou
polyarticulaires, moteurs de plusieurs segments osseux ou articulations.

6.1. La chaîne cinétique ouverte.

En chaîne cinétique ouverte, l’extrémité proximale du membre est fixe et celle distale
est libre. Les articulations du membre supérieur sont beaucoup recrutées de cette façon dans
les activités de la vie quotidienne (manger, boire, jeu de fléchettes…).

6.2. La chaîne cinétique fermée.

En chaîne cinétique fermée, l’extrémité distale du membre est fixe et celle proximale est libre.
Le travail musculaire du membre inférieur en chaîne cinétique fermée se définit comme la
contraction de groupes musculaires synergiques mobilisant les différentes articulations, le
pied constituant un point fixe. Ce mode de contraction se rapproche le plus de la plupart des
gestes effectués dans la vie quotidienne: marche, course, impulsion lors du saut…

Différentes études ont montré que le travail isocinétique en chaîne fermée ne génère pas plus
de contraintes en compression et de tiroirs que le travail en chaîne ouverte ou que les activités
de la vie courante. En fonction de ces éléments, il sera possible d’utiliser le travail musculaire
en chaîne cinétique fermée sur une articulation ayant eu une intervention chirurgicale
récemment (11).
13

LA MARCHE HUMAINE.

7.1. Généralités.

Les muscles sont trop souvent envisagés avec pour rôle unique d'accélérateur de segments
dans l'espace (par raccourcissement ou traction dans l'espace) (12).
Les déterminants complexes de l'activité musculaire et la biomécanique de la marche
fournissent un énorme territoire de recherche sur le travail musculaire excentrique et les
applications cliniques associées.
Phillips et coll. ont décrit le rôle majeur de l'activité musculaire excentrique au membre
inférieur pour contrôler l'inertie du segment jambier pendant la marche (1).
La marche est alors étudiée en plusieurs étapes: - attaque du talon au sol;
- déroulement du pas;
- décollement du gros orteil;
- phase oscillante.

7.2. Triple rôle des muscles des

membres inférieurs.

Ces muscles des membres inférieurs jouent trois rôles pendant la marche:
- freinage des segments emportés par l'énergie cinétique;
- amortissement des chocs et vibrations;
- accélération des segments, dans une faible mesure.
Ils utilisent leur capacité viscoélastique qui leur permet d'autoriser le mouvement tout en le
retardant, par modulation du préréglage de tension active (1).
14

7.3. Phase portante.

7.3.1. Attaque du talon au sol.

Au moment de l'attaque du talon au sol, le talon reçoit le poids du sujet (en fait environ 120%
de ce poids). Les rôles musculaires de l'ensemble du membre inférieur sont essentiellement de
stabiliser les articulations brutalement mises en charge. Ces rôles sont tenus par le muscle
tibial antérieur, le quadriceps et le moyen fessier. Ces muscles anticipent et se contractent dès
la fin de la phase oscillante, juste avant le contact du pied au sol (3).

Les muscles de la loge antérieure de la jambe maintiennent le pied afin d'éviter sa chute. Le
moyen fessier mais également le deltoïde fessier de Faraboeuf, composé du Tenseur du Fascia
Lata (TFL) et de la bandelette ilio-tibiale soumise à la traction des fibres superficielles et
latérales du grand fessier, stabilisent le bassin et certains restent actifs toute la durée de l'appui
unipodal. Les adducteurs contribuent aussi à cette stabilité latérale du bassin (12).

7.3.2. Équilibre sur un seul pied.

Les activités musculaires sont les plus fortes lors de cette phase.
Lors du déroulement du pied au sol, le centre de pression est initialement sous le talon, se
déplace le long du bord externe du pied, puis sous l'ensemble des têtes des métatarsiens, enfin
sous les orteils internes et principalement l'hallux (3).
Le tibial postérieur joue un rôle important de sanglage et de protection du pied pendant la
marche. Une synergie avec les fibulaires assure cette stabilité du pied. L'appui sur le bord
externe du pied est du à l'impulsion latérale imprimée au bassin, du fait de l'arrêt de
contraction des adducteurs qui fournissait un contre appui à l'action du moyen fessier.
La stabilité du genou est assurée par le triceps sural en utilisant le pied comme insertion
d'ancrage et en agissant par viscoélasticité sur le pilon tibial. Cette stabilité correspond à
l'arrêt d'activité du quadriceps (12).
Le bassin est stabilisé par l'intermédiaire du moyen fessier, du TFL et du petit fessier.

7.4. Phase oscillante.


15

7.4.1. Décollement du pied.

Lors du décollement du talon, dans un premier temps, les muscles tibial postérieur et long
fléchisseur des orteils se contractent. Puis, dans un deuxième temps, intervient le long
fléchisseur de l'hallux, son action permettant au pied de quitter le sol par le gros orteil, le
dernier contact au sol étant sa pulpe (3).
Le droit fémoral a une double action de fléchisseur de hanche et de freinateur de la flexion de
genou. La flexion de hanche est brièvement induite par les fléchisseurs de hanche mais est
surtout aidée par les adducteurs qui contrôlent, en plus, la rotation du membre.

7.4.2. Passage du pas.

Il se réalise par une flexion de genou effectuée par le biceps fémoral et le gracile. Ces deux
muscles assurent aussi un contrôle de la rotation du genou. Puis l'extension du genou semble
être le résultat de l'énergie cinétique et de la pesanteur; ce mouvement est alors freiné par les
ischio-jambiers (3). Ils poursuivent leur action en stabilisant le genou par une co-contraction
avec le quadriceps (12). La flexion de hanche progressive est induite par les adducteurs au
début, puis par les muscles iliaque et sartorius (3).

7.5. En résumé.

L'utilisation intéressante de muscles polyarticulaires constitue une solution mécanique des


besoins simultanément inverses. Le droit fémoral participe à l'accélération de la cuisse et au
freinage du segment jambier, les ischio-jambiers ralentissent l'extension du genou et
stabilisent le bassin.
Trois niveaux de réglage fin sont à observer:
- contrôle du pied au moment du contact avec le sol;
- contrôle de l'abaissement du bassin au moment du contact avec le sol;
- contrôle de la chute relative du pied pendant la phase oscillante;
16

- contrôle de la rapidité d'atténuation de la résistance viscoélastique opposée à l'avancée du


segment jambier, afin de stabiliser le genou (12).

DISCUSSION.
Depuis plusieurs années, l' Isocinétisme a affirmé sa place en rééducation et en évaluation.
Beaucoup de machines (CYBEX NORM®, par exemple), actuellement sur le marché,
permettent de tester ou de renforcer les muscles agonistes ou antagonistes d'un mouvement au
niveau d'une seule articulation. Son utilisation dans la préparation sportive et dans le
renforcement musculaire est essentielle, avec des gains de force obtenus par un entraînement
à vitesse élevée se traduisant par des améliorations des performances motrices des sportifs (5).
Ces affirmations sont intéressantes mais ne permettent pas d'envisager le renforcement ou
l'évaluation d'une chaîne musculaire, intervenant lors d'un mouvement.

Le MOFLEX® permet un suivi et un renforcement musculaire en chaîne cinétique ouverte


mais surtout en chaîne cinétique fermée. Outre le type de mouvement isocinétique étudié, la
conception de cet appareil et de ses possibilités en chaîne cinétique fermée paraît intéressante,
dans la mesure où ces exercices sont bien tolérés dans un certain nombre de pathologies, en
éliminant des contraintes au niveau des articulations. Sur le plan sportif, ce type d'évaluation
et de renforcement des chaînes musculaires mises en jeu peut avoir un intérêt tout particulier
(4).

Par ailleurs, le travail musculaire excentrique s'est accru en rééducation au cours de ces
dernières années. Ses dangers et ses limites sont de plus en plus connus des praticiens, ce qui
induit une meilleure utilisation de ce type de travail en rééducation.

Dans les gestes de la vie quotidienne, la musculature des membres inférieurs est en
permanence sollicitée en chaîne cinétique fermée et dans son mode de travail excentrique.
Aujourd’hui, des appareils d'isocinétisme offrant de telles possibilités apparaissent sur le
marché et donc se développent petit-à-petit en rééducation.

Peut-être verrons-nous l’utilisation grandissante et plus importante de cet Isocinétisme en


chaîne cinétique fermée et en excentrique ?

CONCLUSION.

Ce mémoire et son livret permettent d'envisager une rééducation d'un point de vue plus global
sur un appareil d'isocinétisme à filin, le MOFLEX®. La réflexion sur le travail musculaire
17

excentrique des membres inférieurs, en chaîne cinétique fermée, est intéressante du fait de son
utilisation quotidienne (la marche, par exemple). Cette étude peut laisser entrevoir une
utilisation plus complète du MOFLEX®, qui jusqu'à présent été plutôt restreinte.

BIBLIOGRAPHIE

1. ALBERT. M - Entraînement musculaire et isocinétisme excentriques en pratique sportive


et en rééducation - PARIS: MASSON, 1997, 220 p.

2. CHOMIKI.R, BOISSEAU.P, PAYSANT.J, - Dynamométrie isocinétique : principes,


caractéristiques et indications en médecine physique et de réadaptation – Annales
Médicales de Nancy et de Lorraine – 1998, 37, p.99-102.

3. DUJARDIN.F, WEBER.J - Anatomie et physiologie de la marche, des positions assise


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16 p.

4. IDO.G, HEULEU. J.N, DANIEL.F, FICHEUX.G, BELLOT.C - Premier essai


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physique. 1995, Vol.38, n°6, p.380.

5. KERKOUR.K, MEIER.J.L, GOBELET.C, AUGROS.C - Isocinétisme et


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1988, p.257-262.

6. MIDDLETON.P - Le travail musculaire excentrique - Laboratoires CIBA-GEIGY.

7. MIDDLETON.P, PUIG.P, TROUVE.P, ROULLAND.R - Le travail excentrique sur


machine isocinétique - Journal de traumatologie du sport. 1993, 10/2, p.132-136.

8. MIDDLETON.P, TROUVE.P, PUIG.P - Le renforcement musculaire excentrique dans


le cadre de la pathologie tendino-musculaire du sportif : résultat d'un protocole - Progrès
en médecine physique et de réadaptation. 3e série. PARIS : MASSON, 1999, p.184-189.

9. MIDDLETON.P, TROUVE.P, PUIG.P, CHERON.F - Les effets du travail musculaire


excentrique - Actualités en rééducation fonctionnelle et réadaptation. 19e série. PARIS:
MASSON, 1994, p.22-27.
18

10. MIDDLETON.P, TROUVE.P, PUIG.P, CHERON.F - Travail musculaire excentrique


et tonus musculaire - Médecine de rééducation et hémiplégie vasculaire. PARIS :
FRISON ROCHE, 1994, p.31-36.

11. POCHOLLE.M - L'isocinétisme aujourd'hui : les tests - Annales de kinésithérapie,


septembre 2001, tome 28, n°5, p.208-221.

12. VIEL.E - La marche humaine - PARIS : MASSON,2000, p.25-46.

LECTURES :

Mode d'emploi de l'appareil Moflex®.

www.médimex/Moflex.htlm.

www.Isocinétisme.htlm.

RENFORCEMENT MUSCULAIRE

DU MEMBRE INFERIEUR EN

EXCENTRIQUE SUR MOFLEX®

DE LA CHAINE CINETIQUE
19

OUVERTE A LA CHAINE

CINETIQUE FERMEE.
20

PRESENTATION DE L’APPAREIL A FILIN

MOFLEX®.
21

CET APPAREIL D’ISOCINETISME EST MUNI


DE DIVERS ACCESSOIRES QUI VOUS SONT
PRESENTES CI-APRES.

→UN BRAS :
22

→UN LEG-PRESS :

-avec un système d’accrochage simple (250 N) :

-ou, avec un système d’accrochage moufflé (500 N) :


23

→DEUX POIGNEES, UNE BARRE, UN RACCORD


EN « V » ET UNE SANGLE :
24

UNE INSTALLATION INFORMATIQUE


PERMET DE REGLER LES PARAMETRES
DE L’APPAREIL.
25

- réglage des paramètres (force, vitesse....) :

- longueur de filin à régler :

- visualisation du travail réalisé, pendant l’exercice :


26

TRAVAIL

MUSCULAIRE

ANALYTIQUE
27

CHAINE

CINETIQUE

OUVERTE
28

QUADRICEPS
29
30

ASSIS SUR CETTE CHAISE, LE PATIENT DOIT FREINER

LA FLEXION DE SA JAMBE.

EXEMPLE : LORS DE L'ARMEMENT DU SHOOT.

ISCHIOS-JAMBIERS
31

TOUJOURS SUR CETTE CHAISE, LE PATIENT DOIT

FREINER L'EXTENSION DE LA JAMBE.

EXEMPLE : LORS DU PASSAGE DU PAS ET DU SHOOT.


32

CHAINE

CINETIQUE

SEMI-FERMEE

QUADRICEPS ET

FESSIERS
33

SUR LEG-PRESS (AVEC UN SYSTEME SIMPLE OU

MOUFFLE), LE PATIENT FREINE LA FLEXION DE GENOU

ET DE HANCHE.

QUADRICEPS ET

TRICEPS SURAL
34

ASSIS SUR UN SKATE-BOARD, UNE POIGNEE DANS LES

MAINS ET FACE A L’APPAREIL, LE PATIENT FREINE SON

AVANCEE VERS CELUI-CI.

SOLLICITATION, EN PLUS, DES STABILISATEURS DU

BASSIN DANS LE PLAN SAGITTAL.

MEME EXERCICE QUE PRECEDEMMENT MAIS LE

PATIENT EST DE COTE PAR RAPPORT A L’APPAREIL.


35

SOLLICITATION, EN PLUS ICI, DES STABILISATEURS DU

BASSIN DANS LE PLAN FRONTAL.


36

CHAINE

CINETIQUE

FERMEE
37

QUADRICEPS ET

TRICEPS SURAL

LA SANGLE EST SITUEE DERRIERE LE GENOU.

LE PATIENT DOIT FREINER L'AVANCEE DE SON GENOU.


38

TRAVAIL

MUSCULAIRE

GLOBAL
39

CHAINE

CINETIQUE

FERMEE
40

EXERCICES BASES SUR LES MARCHES AVANT ET

ARRIERE.

UNE SANGLE FIXEE AU NIVEAU DU BASSIN, LE PATIENT

DOIT FREINER SON AVANCEE VERS LA MACHINE.


41

AVEC CETTE MEME SANGLE, LE PATIENT DOIT

FREINER SON RECUL VERS L'APPAREIL.


42

CES 2 EXERCICES PEUVENT ETRE EFFECTUES AVEC UNE

POIGNEE DANS LES MAINS.

ICI, IL FREINE SON AVANCEE VERS LA MACHINE.


43

ET LA, IL FREINE SON RECUL VERS L’APPAREIL.


44

EXERCICES REPRENANT LES DEPLACEMENTS

LATERAUX

LA SANGLE EST PLACEE AU NIVEAU DU BASSIN ET LE

PATIENT FAIT DES PAS-CHASSES POUR FREINER SON

RAPPROCHEMENT DE LA MACHINE.
45

MEME EXERCICE MAIS, CETTE FOIS-CI, SES PIEDS SE

CROISENT L'UN DEVANT L'AUTRE.


46

CES 2 EXERCICES PEUVENT AUSSI ETRE EFFECTUES

AVEC UNE POIGNEE DANS LES MAINS.

LE PATIENT FAIT DES PAS-CHASSES POUR FREINER SON

RAPPROCHEMENT DE L’APPAREIL.
47

MEME EXERCICE MAIS IL CROISE SES PIEDS L’UN

DEVANT L’AUTRE.
48

EXERCICES BASES SUR LA PHASE OSCILLANTE DE LA

MARCHE.

LE PATIENT, DOS A L’APPAREIL, EST MUNI D'UNE

CHEVILLERE. IL DOIT FREINER LE RETOUR DE SON

MEMBRE INFERIEUR.
49

MEME EXERCICE MAIS LE PATIENT, FACE A LA

MACHINE, DOIT FREINER L’AVANCEE DE SON MEMBRE

INFERIEUR.
50

EXERCICES BASES SUR LE SHOOT DU FOOTBALLEUR.

LE PATIENT, DOS A LA MACHINE, FREINE LE RETOUR DU

MOUVEMENT DE SHOOT DE SON MEMBRE INFERIEUR.


51

MEME EXERCICE MAIS LE PATIENT, FACE A

L’APPAREIL, DOIT FREINER LE MOUVEMENT DU SHOOT

DE SON MEMBRE INFERIEUR VERS L'AVANT.


52

EXERCICES REPRENANT LES ACTIVITES DE PORT DE

CHARGE.

LE PATIENT SOULEVE UNE BARRE DANS SES MAINS.

IL DOIT RETENIR SA DESCENTE, EN RESTANT LES PIEDS

FIXES AU SOL.

CET EXERCICE PEUT ETRE FAIT DANS L'AXE OU EN DIAGONALE.


53

CETTE FOIS-CI, LE PATIENT FREINE LA REMONTEE DE

LA BARRE.

CET EXERCICE PEUT AUSSI ETRE EFFECTUE DANS L'AXE OU EN

DIAGONALE.
54

EXERCICES BASES SUR LE MODELE DES « SQUATS ».

LA SANGLE EST PLACEE JUSTE SOUS LES E.I.A.S* ET LE

PATIENT DOIT FREINER SA DESCENTE VERS LA

MACHINE (FLEXION DE HANCHE ET DE GENOU).

*E.I.A.S : Epine Iliaque Antéro-Supérieure.


55

ICI, LE PATIENT FREINE SA MISE EN POSITION DEBOUT

(EXTENSION DE HANCHE ET DE GENOU).

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