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Boule de suif (correction)

Ci-dessous une correction très approfondie de Boule de Suif afin de compléter vos
révisions. De toute évidence, je ne vous en demandais pas tant lors de votre évaluation !!!

Cadre spatio-temporel de Boule de Suif


 
Boule de suif prend place dans un décor hivernal normand sur fond de guerre franco prussienne.
La nouvelle se situe au moment de la déroute de l’armée française. Après un règne où sa
politique autoritaire a forcé les opposants à s’exiler (Victor Hugo par exemple), l’empire de
Napoléon III est renversé. Les Prussiens assiègent la France et plus particulièrement Paris et la
Normandie. Sous l’occupation allemande, les Français éprouvent un sentiment de honte et de
vengeance. Au printemps 1871 un traité de paix est signé, la Prusse devient alors l’empire
d’Allemagne et annexe l’Alsace et la Lorraine. C’est précisément entre la chute du second
Empire et la signature du traité de paix que s’ouvre le récit.
 
L’héroïne, son nom ses caractéristiques physiques et morales
 
Elisabeth Rousset dite « Boule de suif » est une prostituée. Elle est citée tout au long de la
nouvelle par son surnom dû à ses formes arrondies et à son physique gras, (le suif étant la graisse
animale ou végétale servant à la fabrication de certains produits tels que le savon). Il est
important de noter ici que seule Boule de suif n’a pas de véritable identité et qu’elle est citée par
une expression renvoyant à son physique, alors que les autres personnages sont présentés par leur
nom, ce qui leur permet de jouir d’une certaine respectabilité en tant que citoyens à part entière.
C’est un personnage qui révèle plusieurs facettes. Elle est tout d’abord cette « femme galante »,
celle dont la profession est contre morale, puis le personnage à l’esprit patriote qui sait se
sacrifier au bénéfice de ses concitoyens, un personnage antithétique qui finit par inspirer le
respect.
Son portrait physique repose sur un lexique consacré à la nourriture, ainsi ses doigts sont
comparés à des « chapelets de courtes saucisses », son visage à une « pomme rouge » et elle est
toute entière qualifiée d’« appétissante ». Ce champ lexical de la nourriture va permettre de
percevoir un personnage, un corps de femme prêt à être consommé. Boule de suif est le seul
personnage à bénéficier d’une description aussi détaillée. Son physique est mis en avant au profit
d’un portrait intellectuel presque inexistant.
Boule de suif apparaît comme une héroïne sacrifiée. Maupassant souligne ses qualités et présente
son personnage comme un être naïf, inconscient et généreux toujours prêt à aider les autres et à
offrir une des choses les plus chères à ses yeux : la nourriture. De plus, lorsque Boule de suif
cède aux avances de l’officier allemand, c’est pour les autres qu’elle le fait. Maupassant ne se
limite pas à nous la présenter comme une personne au grand cœur, il insiste aussi sur d’autres
qualités plus profondes qui semblent être en décalage avec son activité. Boule de suif est aussi un
exemple de patriotisme, elle a des convictions religieuses et des idées politiques bien définies.
 
Pourquoi les personnages se trouvent-ils regroupés ? Dans quel type de transport ?
Où se rendent-ils ? Quel événement survient en route ?
 
Les personnages qui sont regroupés dans la diligence sont trois couples qui appartiennent à des
classes sociales différentes. Les commerçants sont représentés par les Loiseau, la « caste
supérieure » par les Carré-Lamadon, et les aristocrates par les Bréville, respectivement comte et
comtesse. Boule de suif et Cornudet sont les deux personnes non accompagnées. Boule de suif,
bonapartiste, déteste les Prussiens. Quant à Cornudet, c’est un éternel révolutionnaire. Ils se sont
regroupés pour différentes raisons :  Loiseau est parti de Rouen pour faire des affaires. Les
bourgeois fuient Rouen pour continuer à gagner de l’argent en se rendant au Havre.
Cornudet se rend au Havre pour poursuivre la résistance contre les Prussiens.  Boule de suif est
mue par un patriotisme instinctif, et non guidée par des motivations politiques, comme son
amour pour Bonaparte le confirme. En ce sens, elle se distingue du révolutionnaire Cornudet,
avec lequel elle manque d’en venir aux mains quelques lignes plus tard.  
 
Ils sont retardés par des conditions météorologiques épouvantables puis ils sont retenus en otage
par des prussiens dont l’un d’entre eux veut coucher avec Boule de Suif qui tout d’abord refuse.
 
Dans un paragraphe rédigé, vous comparerez l’attitude des compagnons de voyage de
l’héroïne avant et après cet événement. /3 pts
 
Boule de suif s’adresse aux voyageurs de manière très polie et aimable, consciente de l’écart
social qui existe entre elle et eux. De plus, elle balbutie par timidité. Le comte s’adresse à elle
avec déférence et gratitude : « Nous acceptons avec reconnaissance, madame » (p. 38), alors que
Loiseau est plus familier : « À la guerre comme à la guerre » (p. 35). De plus, son allusion
déplacée de manger « le plus gras des voyageurs » (p. 34) est insultante. Ces façons de parler
reflètent les différences sociales des deux hommes. Puis les voyageurs ne comprennent pas
pourquoi elle refuse les avances de l’officier alors que c’est son métier. Ils pensent que pour elle
tous les hommes sont les mêmes, ce qui rend son refus illégitime. Enfin Les voyageurs peuvent
repartir car le Prussien a obtenu ce qu’il désirait, à savoir les faveurs de la prostituée, pendant la
nuit précédente. Mais ils éprouvent du mépris et du dégoût à l’égard de la prostituée. Ce
sentiment est injuste car ils devraient plutôt lui être reconnaissants de s’être sacrifiée pour eux.
Le comte réagit avec hostilité à la vue de Boule de suif et « éloign[e] [sa femme] à la vue de ce
contact impur » alors qu’il lui avait promis lors de leur précédente conversation que les
voyageurs lui seraient reconnaissants de son sacrifice.
 
A votre avis, pourquoi Boule de Suif pleure-t-elle dans la dernière partie de la nouvelle ?
 
Dans la diligence tous les personnages déballent leurs provisions alors que Boule de Suif n’a pas
eu le temps d’en prendre mais personne ne lui propose de partager. La prostituée est d’abord «
troublée », « honteuse », s’avance « timidement », puis lorsqu’elle remarque l’attitude de dédain
du groupe, reste « stupéfaite ». Ces sentiments se muent ensuite en «exaspération », en « colère
tumultueuse », sentiments justifiés à la hauteur de l’humiliation et de l’ingratitude dont elle est la
victime.  Elle cache ses larmes par dignité, ne voulant pas dévoiler ses sentiments aux autres.
C’est une manière pour elle d’assumer son geste.  Selon Madame Loiseau, Boule de suif pleure
parce qu’elle a honte d’elle-même. Elle affirme que cette dernière « pleure sa honte ». En réalité,
elle pleure de rage et de l’humiliation que lui inflige le groupe.
 
Pourquoi peut-on dire que cette nouvelle appartient au mouvement réaliste ? (3 points)
 
Le courant réaliste apparaît à la seconde moitié du XIXe siècle et il s’oppose ouvertement au
romantisme et à l’idéalisme. Le réalisme emprunte ses thèmes au réel, c’est-à-dire à des histoires
vécues, à des faits divers voire à des documents. Les personnages sont ordinaires, parfois
misérables, en rapport avec le milieu et le cadre auxquels ils appartiennent. Ils ne correspondent
plus aux héros romantiques mais sont devenus des ouvriers, des marginaux, des prostituées…
Leur existence est souvent sordide. Le réel est rendu de manière à montrer une vision exacte de
la réalité des éléments qui la composent. Maupassant, comme tous les auteurs réalistes (par
exemple Flaubert, Stendhal, Balzac, Vallès…), imite le réel, observe et rend compte de ses
observations.
• L’action prend place au cœur de l’Histoire, dans des lieux connus. Tous les détails sont
scrupuleusement décrits de sorte à donner « l’illusion complète du vrai », et les personnages sont
présentés dans leur milieu social.
• L’anecdote qui est évoquée ici est empruntée au réel, c’est l’oncle de Maupassant, Charles
Cord’Homme, qui la lui aurait relatée.
• Les lieux ont tous leur place dans la réalité, la Normandie, Tôtes, l’auberge… Des lieux bien
connus de Maupassant.
• Les personnages ont presque tous un modèle dans la réalité. Elisabeth Rousset, surnommée «
Boule de suif », serait inspirée d’une certaine Adrienne Legay, rouennaise, qui exerçait la même
profession. Certains biographes de Maupassant prétendent qu’elle portait, à cause de son
physique, le même surnom qu’Elisabeth Rousset. Même si les autres personnages sont
imaginaires, il n’en reste pas moins que leurs comportements correspondent à la réalité et qu’ils
sont caractéristiques de leurs classes sociales.
• De plus, les faits mis en scène, la réaction des Français face à l’occupation prussienne sont le
reflet de ce qui pouvait se lire dans la presse de l’époque.
 
 Rédigez cinq lignes pour mettre en relation le roman Germinie Lacerteux et la nouvelle Boule de
Suif.
 
Les deux histoires sont écrites à partir d’événements réels, Germinie est Rose Malingre la
gouvernante des Goncourt, Boule de suif est  inspirée d’une prostituée rouennaise.
Les deux personnages sont des femmes issues des « basses classes », Boule de Suif est une
prostituée avérée, Germinie après son échec sentimental avec Jupillon, se livrera à de nombreux
hommes même si elle n’exige pas d’argent en échange.
Dans les deux cas, les événements sont réels et vraisemblables et font l’objet d’une description
minutieuse.
Boule de Suif comme Germinie se sacrifient soit pour le groupe de la diligence soit pour les
Jupillon sans recevoir aucune reconnaissance en retour, bien au contraire ; elles sont méprisées et
rejetées.
Elles disposent toutes deux de qualités morales positives comme la générosité, le dévouement
mais qui se retournent contre elles.
La différence marquante entre elles est que Germinie ne se remettra jamais de son chagrin
d’amour et elle connaîtra une véritable descente aux enfers jusqu’à la mort alors que Boule de
Suif montre un caractère plus fort et des convictions politiques et religieuses déterminées qui
peuvent lui éviter de sombrer.
Par Mv Alves - Publié dans : FRANCAIS PREMIERE - Communauté : Notre Dame Providence
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Mercredi 3 février 2010

Rappel sur les points de vue

Points de vue (ou focalisation)

 La focalisation zéro ou point de vue omniscient


o C'est lorsque le narrateur connaît tout de l'histoire racontée. On parle aussi de
« narrateur omniscient ».

o Exemple :

 « Vers le milieu du mois d'octobre 1829, monsieur Simon Babylas


Latournelle, un notaire, montait du Havre à Ingouville, bras dessus bras
dessous avec son fils, et accompagné de sa femme, près de laquelle allait,
comme un page, le premier clerc de l'Étude, un petit bossu nommé Jean
Butscha. Quand ces quatre personnages, dont deux au moins faisaient ce
chemin tous les soirs, arrivèrent au coude de la route qui tourne sur elle-
même comme celles que les Italiens appellent des corniches, le notaire
examina si personne ne pouvait l'écouter du haut d'une terrasse, en arrière
ou en avant d'eux, et il prit le médium de sa voix par excès de
précaution. » [...] (Balzac, incipit de Modeste Mignon, 1844).

 La focalisation externe

o C'est lorsque le narrateur ne rapporte que les apparences extérieures de l'histoire.


Le narrateur tient ainsi le lecteur en attente.

o Exemple :

 « Comme il faisait une chaleur de tente-trois degrés, le boulevard Bourdon


se trouvait absolument désert.
Plus bas le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses étalait en ligne
droite son eau couleur d'encre. Il y avait au milieu, un bateau plein de bois,
et sur la berge deux rangs de barriques.
Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers le grand
ciel pur se découpait en plaques d'outremer, et sous la réverbération du
soleil, les façades blanches, les toits d'ardoises, les quais de granit
éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans l'atmosphère
tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la
tristesse des jours d'été.
Deux hommes parurent.
L'un venait de la Bastille, l'autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu
de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à
la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait dans une redingote
marron, baissait la tête sous une casquette à visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s'assirent à la même
minute, sur le même banc.
Pour s'essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près
de soi ; et le petit homme aperçut écrit dans le chapeau de son voisin :
Bouvard ; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du
particulier en redingote le mot : Pécuchet. » [...] (Flaubert, Bouvard et
Pécuchet, 1881)
 La focalisation interne

o C'est lorsque le narrateur raconte tout ce qu'il voit, tout ce qu'il sait et tout ce que
pense un personnage.

o Exemple :

 « Frédéric, en face, distinguait l'ombre de ses cils. Elle trempait ses lèvres
dans son verre, cassait un peu de croûte entre ses doigts ; le médaillon de
lapis-lazuli, attaché par une chaînette d'or à son poignet, de temps à autre
sonnait contre son assiette. Ceux qui étaient là, pourtant, n'avaient pas l'air
de la remarquer. » [...] (Flaubert, L'Éducation sentimentale, 1869).

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