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Introduction
La téléphonie mobile par GSM (Global System for Mobile communication) est
incontestablement devenue un outil intéressant, voire indispensable à certaines professions.
La prolifération des antennes GSM dans le paysage wallon et au milieu de l'habitat soulève
dans la population des inquiétudes quant à leur effet potentiel sur la santé, que l’on soit
utilisateur de GSM ou non. De nombreuses personnes s’interrogent également sur le choix des
sites des antennes et sur les règles légales qui président à l'installation des antennes. C’est à
cette double interrogation que veut répondre ce document.
Principes de fonctionnement
La téléphonie mobile fonctionne grâce à des ondes électromagnétiques de haute fréquence
qui assurent la communication entre les stations relais et les utilisateurs. Le territoire à couvrir
est divisé en « cellules » contiguës. Au centre de chaque cellule, se trouve une station relais,
qui comporte une ou plusieurs antennes. Ces antennes sont conçues à la manière d’un phare
qui éclairerait essentiellement dans le plan horizontal. De la sorte, l’intensité du rayonnement
reçu au sol à proximité de l’antenne n’est pas plus important que le rayonnement reçu à
plusieurs centaines de mètres de l’antenne. Cependant, dans l'axe du faisceau, l'intensité du
rayonnement est d'autant plus importante qu'on est proche de l'antenne.
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Le téléphone portable comporte également un émetteur et un récepteur. L’émetteur est de plus
faible puissance que celui des stations relais mais, étant utilisé à proximité de la tête de
l’utilisateur, il est susceptible de produire des effets plus importants. Les utilisateurs d'un
téléphone portable sont les premiers concernés par les effets potentiels de celui-ci et surtout
en cas d'utilisation intensive et fréquente. Il faut également constater que les riverains proches
d'antennes GSM peuvent être exposés à leur rayonnement.
Une onde électromagnétique est constituée d'un champ électrique et d'un champ magnétique
en interaction et proportionnels l'un à l'autre. Elle est caractérisée par sa densité de puissance,
exprimée en watt par mètre carré (W/m2 ), proportionnelle au carré de l'intensité du champ
électrique, exprimé en volt par mètre (V/m).
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Chacun des trois opérateurs de téléphonie mobile, actifs en Belgique, couvre la quasi-totalité
du territoire belge par un réseau de cellules. La tendance actuelle est de regrouper les antennes
des différents opérateurs sur un même support, tel que mât, château d’eau, clocher d’église,
etc… Depuis le début de l’année 2001, le partage des sites1 est même devenu une obligation
en Wallonie qui s’impose aux trois grands opérateurs.
Chacun de ces opérateurs est titulaire d'une licence d’exploitation qui lui a été délivrée
par l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (I.B.PT. www.ibpt.be
). Elles concernent l’établissement et l’exploitation de réseaux GSM et UMTS.
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A noter encore que pour concrétiser l’obligation de partage des sites, l’article 92 quinquies
§6 de la loi du 21 mars 1991 précitée exige des opérateurs qu’ils mettent en œuvre un système
de base de données communes reprenant les caractéristiques essentielles de leurs sites
d’antennes. L’objectif de cette base de données est d’assurer l’échange d’informations
concernant les sites disponibles et en projet entre tous les opérateurs concernés (voy. Les
communications de l’IBPT des 23/04/02 et 9/07/01 www.ibpt.be ). La base de données est
gérée par une A.S.B.L. « Radio Infrastructure Site Sharing » ou RISS dont Filip Geerts
d’AGORIA est le point de contact ( filip.geerts@agoria.be et tél : 02 706 87 05). Le principe
de fonctionnement de l’A.S.B.L. est que tout opérateur, assujetti à l’obligation de partage des
sites d’antennes, ainsi que toute autre partie qui souhaiterait éventuellement obtenir des
informations en matière de sites d’antennes est tenue de devenir membre de cette A.S.B.L.
pour avoir le droit de consulter cette base de données, chaque consultation donnant lieu au
paiement d’une redevance modique. Si les opérateurs ne sont pas obligés de consulter la base
de données et, donc, ne sont pas tenus de devenir membre de l’A.S.B.L., tout opérateur
assujetti à l’obligation de partage, en vertu de loi du 21 mars 1991 précitée, et qui dispose
d’un site d’antennes est dans l’obligation de faire enregistrer les caractéristiques de ses sites
dans la base de données.
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2) Quelles sont les règles qui président à l’installation des stations-relais ?
Chaque antenne est soumise à l’arrêté royal du 29 avril 2001 fixant la norme d’exposition,
modifié par l’arrêté royal du 21 décembre 20012.
L’arrêté royal du 29 avril 2001 définit une limite d’exposition, fixée à un débit d’absorption
spécifique (Specific Absorption Rate, SAR) de 0.02 W/kg en moyenne sur tout le corps
durant une période quelconque de 6 minutes, au-delà de laquelle on ne peut être exposé en-
dehors de la zone de sécurité (= zone autour de l’antenne d’émission qui n’est pas accessible
au public).
Etant donné que le SAR n'est pas mesurable, cette restriction est convertie en une limite
équivalente concernant la densité de puissance ou l’intensité du champ électrique aisément
mesurables. Un SAR de 0.02W/kg correspond à un champ électrique incident de 20.6 V/m. Si
à certains endroits, plusieurs champs électromagnétiques exercent une influence, on calcule la
combinaison de ces champs avant de les comparer à la limite autorisée.
Toute commune, tout comité de riverain ou tout particulier3, peut demander au Service
national de contrôle du Spectre (ci-après NCS) qu’il effectue des contrôles sur place et
mesure les champs électromagnétiques. Pour ce faire, il suffit d’écrire un courrier à :
l’ I.B.P.T
Service national de contrôle du Spectre (NCS)
Av. de l’Astronomie, 14 boîte 21
1210 Bruxelles
Fax : 02 226.88.02
e-mail : ncs-fr @ibpt.be
Il est également possible de poser ses questions à l’I.B.PT. en téléphonant au 02 226.88.00.
Toutefois, les mesurages, réalisés à titre gratuit, ne se font que sur demande écrite (mail,
courrier ou fax) décrivant les circonstances locales, soit l’adresse précise du site d’antennes,
ainsi que toutes autres circonstances permettant à l’I.B.PT. de se représenter la situation. Une
fois le contrôle effectué, l’I.B.P.T. adresse à celui qui l’a sollicité ainsi qu’au Ministre qui a
dans ses attributions la santé publique, le rapport attestant ou non du respect de la norme
fédérale.
2
M.B. des 22-05-2001 et 29-12-2001. La version coordonnée non-officielle est aisément
consultable sur le site de l’I.B.P.T. (www.ibpt.be )
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Il est déjà loisible à l’internaute de faire une recherche sur les sites d’antennes en tapant le
code postal de la commune concernée (www.ibpt.be). Il pourra voir si l’IBPT dispose déjà
d’un dossier concernant le site d’antennes en question.
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Le champ d’application de la norme fédérale en matière de santé publique s’applique à toute
une série d’opérateurs et pas seulement aux opérateurs GSM : les radio-amateurs et les radars
sont aussi concernés puisqu'ils émettent entre 10 MHZ et 10 GHZ.
Lorsqu’il est requis, le permis d’urbanisme est délivré par le Fonctionnaire délégué ou le
Gouvernement wallon. Une notice d’évaluation des incidences sur l’environnement y est
jointe ainsi qu’une liste des caractéristiques à fournir pour chaque site et une évaluation des
champs électromagnétiques. Ces documents sont analysés par l’ISSeP (Institut scientifique de
Santé publique) qui intervient en tant qu’expert de la Région wallonne. L’enquête publique
n’est pas obligatoire lorsque le site d’antennes est situé en zone d’habitat, en zone d’habitat à
caractère rural ou en zone de services publics et d’équipements communautaires. Dans ces
cas, la Région wallonne recommande aux communes d’informer le public. En tout état de
cause, le collège des Bourgmestre et Echevins doit remettre un avis sur le projet d’installation
sans obligation de consulter les habitants riverains.
4
Version actualisée au 22 juillet 2003 et disponible sur le site Internet de la DGATLP (
http://www.mrw.wallonie.be/dgatlp/ ).
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b) les antennes ne sont pas soumises à permis d'environnement (anciennement permis
d'exploiter)
Les antennes GSM relèvent du régime applicable des classes 3, à savoir la déclaration. La
déclaration n’est pas un permis d’environnement. L’autorité compétente ne peut donc refuser
l’exploitation de l’établissement dès lors que l’exploitant, ici l’opérateur GSM, respecte
l’ensemble des conditions générales et intégrales (auxquelles il ne peut déroger) applicables à
son établissement de même que les conditions complémentaires que fixerait l’autorité
compétente. Dans ce régime, il n'y a pas de possibilité de recours pour les riverains7. Les
déclarations ne font pas l'objet d'un affichage mais doivent être listées dans le registre des
déclarations tenu par l'Administration communale et par le Fonctionnaire technique.
Pour plus d'informations sur le régime de la déclaration voir le site
http://mrw.wallonie.be/dgrne/aerw/pe/frame.htm
Les conditions intégrales relatives aux antennes émettant des ondes électromagnétiques entre
10 MHz et 300 GHz sont en cours d’élaboration de sorte que les antennes GSM ne sont pas
encore soumises au régime de la déclaration. Le texte, adopté en 2ième lecture par le
Gouvernement wallon, prévoit qu’ :
• Entre 10 MHz et 10 GHz, on applique les normes fédérales de l’AR du 19 avril 2001
précité et le formulaire de la déclaration correspond au formulaire technique et à
l’attestation de conformité de l’IBPT ;
• Au-delà de 10 GHz, on applique le seuil de référence de 6.9 V/m et le formulaire de
déclaration correspond ici encore au dossier technique que l’opérateur a dû fournir à
l’IBPT.
Quant aux communes, elles perdent leur pouvoir de police générale en la matière puisque
celle-ci est, on l’a vu, régie par des législations et réglementations, tour à tour fédérales et
régionales, prises en matière de santé publique, d’environnement et d’aménagement du
territoire. Toutefois, cela n’enlève rien aux communes, en matière d’information et de
concertation et de propositions notamment en termes de sites alternatifs. La commune, de part
sa proximité avec les citoyens, pourrait permettre l’information et le dialogue avec les
opérateurs et les autres instances, en particulier régionales, concernées.
5
arrêtant la liste des projets soumis à étude d’incidences et des installations et activités
classées, en exécution du décret du 11 mars 1999 relatif au permis d’environnement
6
Décret permis d'environnement du 11 mars 1999, article 3 §2.
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Une procédure allégée de recours existe uniquement pour les déclarants contre la décision
du Collège d'imposer des conditions complémentaires à un établissement de classe 3.
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Les effets sur la santé
Les effets que peuvent avoir les rayonnements électromagnétiques en très haute fréquence sur
le corps humain et la santé varient en fonction de la fréquence, de l’intensité et de la durée
d’exposition. On distingue des effets thermiques et des effets non thermiques.
Les effets thermiques sont les effets d’augmentation de température des tissus humains sous
l’influence des ondes. Ils se manifestent principalement lors de l’utilisation de l’appareil
mobile. L’énergie des ondes est absorbée par le corps, et principalement par la tête de
l’utilisateur, et est transformée en chaleur. Ces effets sont les mieux connus, car ils sont plus
faciles à étudier. La norme fédérale de 20.6V/m actuellement en vigueur est uniquement
basée sur les effets thermiques. On peut évaluer approximativement l’élévation de
température que produirait une intensité donnée sur un tissu humain. A partir de ce résultat,
un coefficient de sécurité important est appliqué, assurant que les élévations de température
susceptibles de se produire sont négligeables tant pour les utilisateurs d’un appareil portable,
que pour la population soumise au rayonnement des émetteurs. Ce n’est qu’en cas d’une
utilisation très intensive qu’un tel effet pourrait se produire pour l’utilisateur.
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2) Les effets non thermiques
Recommandations
Comme indiqué plus haut, les normes actuellement admises sont basées sur l’effet thermique,
après application d’un facteur de sécurité. Toutefois le principe de précaution demande que
l’on tienne compte des effets non thermiques, bien que l’on n’ait pas à l’heure actuelle de
certitudes à ce sujet, en adoptant des normes sensiblement plus sévères. Les systèmes GSM
actuellement en fonctionnement travaillent effectivement à des niveaux sensiblement plus bas
que ceux imposés par les normes.
Il faut néanmoins ajouter que les systèmes de nouvelle génération, tels que l’UMTS,
pourraient exiger des niveaux de puissance plus élevés ou des cellules de taille réduite, et
donc plus nombreuses... et donc plus d'antennes.
Le risque le plus important se situe cependant au niveau de l’utilisateur et on ne peut que
recommander de limiter l’usage du GSM à des communications courtes et pour des motifs
non futiles ou encore de recourir à des appareils « mains libres », où l’émetteur ne se trouve
pas à proximité de la tête.
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En guise de conclusion
Le développement des communications sans fil est un bel exemple des contradictions de notre
société de consommation. Les avancées technologiques nous fournissent des moyens de plus
en plus sophistiqués, qui nous apportent des facilités, mais dans le même temps leur lot
d’inconvénients et d’incidences sur l’environnement et la qualité de vie. Le développement
durable, dont le principe est de laisser aux générations futures une terre au moins aussi
habitable, implique des choix et interpelle notre responsabilité individuelle et collective. Cela
est vrai dans tous les domaines, et notamment dans celui qui nous concerne ici. Le
développement et la mise en oeuvre de moyens techniques évolués pour les facilités de
communications doivent permettre de garantir la protection de la santé et de la qualité de vie
de tout un chacun.
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Références utiles
Pour en savoir plus : télécharger le document pdf : A. Guissard Emetteurs GSM et santé
février 2004.
On trouvera ci-dessous les adresses de quelques sites Internet donnant des renseignements sur
la problématique des GSM:
Octobre 2004
Coordination :Véronique Bouttin
En collaboration avec Dominique Defrise, Albert Guissard, Janine Kievits, Coralie Vial.
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