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PRÉFET DE PARIS
Les Rencontres
du Grand Roissy
SOMMAIRE
Introduction au débat par M. Hervé DUPONT, directeur-général EPA Plaine de France ..... 6
L’exemple de Singapour par M. Ong Heng YAP, directeur général de l’aviation civile de
Singapour …………………………………………………………………………………………....13
L’exemple de Memphis par M. A.C. WHARTON, maire de Memphis ................................. 17
Deuxième table ronde : Organisation spatiale, Grand Roissy, Grand Paris ................... 70
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
1ÈRE PARTIE :
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Mot d’accueil
André TOULOUSE, maire de Roissy-en-France (Val d’Oise)
Introduction
Daniel CANEPA, Préfet de la région d’Ile-de-France, Préfet de Paris
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
n'est possible qu'à la condition de respecter la qualité de vie des riverains et de faire profiter
du développement le territoire qui accueille cette infrastructure.
L'objectif de ces premières Rencontres du Grand Roissy – qui réunissent les principaux
responsables du territoire qu’ils soient élus, chefs d'entreprise, associations ou dirigeants
d'administrations – est donc de bâtir ensemble un projet partagé et durable, et de définir les
voies et les moyens d'une organisation qui reflète la pluralité des enjeux, qui soit plus
efficace et au service des habitants, de l'environnement et d'un développement équilibré.
La journée de demain sera entièrement consacrée aux enjeux relatifs à Paris-Charles-de-
Gaulle, aux territoires qui l'entourent et à la métropole qui en bénéficie. Cette journée sera, je
l’espère, dense et utile.
Toutefois, nous avons souhaité ne pas rester uniquement entre nous et avons désiré que ces
Rencontres soient précédées d'un échange à partir d'exemples d'autres territoires
aéroportuaires à travers le monde. Nous avons choisi Atlanta, Memphis, Singapour et
Amsterdam. Trois continents sont représentés ici par des intervenants qui sont en charge
directe des plus hautes responsabilités. Notre objectif est de prendre du recul – et de
l'altitude – pour apprendre et s'inspirer.
Il ne s'agit pas pour nous de chercher un modèle que l'on copierait aveuglément. Chacun
des territoires dont un représentant s'exprimera ce soir a une vision sensiblement différente,
une stratégie et une méthode particulières. Néanmoins, tous ont en commun d'avoir organisé
tout ou partie de leur développement à partir de leur aéroport. Les choix de développement
qui ont été faits ne sont pas identiques. Chacun cultive sa spécificité. Les environnements ne
sont pas comparables. Les moyens et méthodes pour prendre en compte les intérêts et la
qualité de vie des riverains sont différents ; les contextes politiques et institutionnels varient
de l'un de ces territoires à l'autre et sont différents du contexte français, mais chacune des
régions aéroportuaires concernées a su s'organiser pour poursuivre les objectifs qu'elle s'est
fixés.
Je vois pour ma part trois questions essentielles auxquelles des éléments de réponse seront
apportés ce soir et confortés demain : quelle stratégie de développement ? Quelle gestion de
l'environnement ? Quelle gouvernance ? Parce qu'il ne faut occulter aucun problème, je
pense qu'il est important de considérer aussi la répartition des retombées économiques et
fiscales pour le territoire qui jouxte l'aéroport. Voilà autant de questions sur lesquelles nous
sommes impatients d'entendre ce qu'ont à nous dire nos invités.
Permettez-moi de cesser là mon propos, que je reprendrai demain matin à l'ouverture de la
journée des Rencontres pour céder la parole à Hervé DUPONT, directeur général de
l'Établissement public d'aménagement (EPA) Plaine de France, société d'aménagement de
premier plan du Nord francilien que la plupart d'entre vous connaissent parfaitement, qui
aura ce soir la responsabilité d'introduire puis d'animer le débat.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Introduction au débat
Hervé DUPONT, directeur général de l’EPA Plaine de France
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L’exemple d’Atlanta
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
bien ; le maire leur a donné un bail à long terme pour un dollar – ce qui lui a coûté les
élections.
Durant les années soixante, l'aéroport est devenu le sixième aéroport américain, puis le
troisième après New York et Chicago. Un autre maire d'Atlanta, M. JACKSON, a alors pris la
décision de bâtir un aéroport digne de ce trafic considérable.
Nous sommes actuellement en train de construire le terminal international Maynard
H. Jackson pour 1,4 milliard de dollars, qui sera inauguré au printemps 2012. Il desservira
151 destinations internationales et sera le siège de Delta Airlines.
Il est à noter que nous sommes la deuxième métropole en termes de développement,
derrière Dallas Fort Worth, ce qui s'explique notamment par la présence de l'aéroport.
Atlanta était autrefois une ville endormie ; elle est désormais l'une des villes comptant le plus
grand nombre de grandes entreprises cotées au classement des 500 plus grandes
entreprises américaines. Chacun s'accorde à penser que c'est l'aéroport qui a joué un rôle
clé dans le développement de la ville et qu'il demeure un élément essentiel pour notre avenir.
Nous avons 56 000 salariés sur l’aéroport, mais en réalité, 430 000 personnes bénéficient
indirectement de l'aéroport en termes d'emploi. L'impact économique sur l'ensemble de la
Géorgie est considérable. Ce sont 4,6 milliards de dollars de salaires qui sont versés par
l'aéroport. Il s'agit donc d'un actif énorme, non seulement pour la ville, mais aussi pour toute
la région Sud-Est des États-Unis. C'est la raison pour laquelle nous sommes très soucieux
de protéger et de conserver cette avance.
L'aéroport d'Atlanta est donc l’actif numéro un en termes d'attractivité pour les entreprises et
de création d'emplois – la création d’emplois aura toute son importance dans la décennie à
venir. Les collectivités nationales et locales, et les chefs d'entreprise doivent en effet créer
des emplois et cet aéroport est à mon sens l'un des meilleurs outils pour ce faire. Chaque
mois, sous forme de coûts de construction dans le BTP, nous contribuons pour 15 millions de
dollars dans l'économie locale.
Une question m'a été posée sur notre stratégie de croissance. Nous possédons plus de
2 000 ha de terrain et achetons du foncier dès que l'occasion se présente. Le maire d'Atlanta
a la maîtrise de l'aéroport Hartsfield-Jackson. Certes, un commissionnaire est responsable
devant le président de la société opératrice, mais cette société est elle-même responsable
des résultats devant le maire d’Atlanta et la collectivité locale.
Les résultats sont là pour le prouver ; nous avons connu une amélioration de notre notation
par les agences de notation pour les emprunts. Nous possédons des réserves d'un demi-
million de dollars et avons donc une saine gestion financière.
L'aéroport dispose de cinq pistes d'atterrissage et d'envol – la cinquième piste a coûté
2 milliards de dollars. Notre aéroport est à même d'accueillir tout type d'avion en vol aux
États-Unis et, à l'avenir, nous serons capables de gérer d'autres avions encore plus grands.
Notre aéroport est donc un véritable outil de travail.
Quelle est la situation pour les riverains ? Nous investissons dans toutes les collectivités
situées autour de l'aéroport. Les villes situées à proximité de l'aéroport profitent directement
de son rayonnement. Nous contribuons positivement à montrer notre solidarité avec les
riverains. Nous avons créé une ligne de chemin de fer reliant l'aéroport au campus, avec un
arrêt dans la collectivité locale, ligne que peuvent utiliser les riverains pour se déplacer sur le
site et ses alentours.
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Nous souhaitons devenir le centre de la logistique pour tout l'hémisphère occidental. Nous
sommes déjà numéro un pour le trafic de voyageurs ; nous avons les capacités de maintenir
cette situation. Nous construirons une sixième piste lorsque cela sera nécessaire.
A la différence de beaucoup d'aéroports, nous avons en effet préféré nous focaliser sur un
seul aéroport plutôt que d'en construire un deuxième. Lorsque la capacité doit être
augmentée, nous pouvons agrandir un aéroport qui fonctionne déjà. Des arguments
environnementaux entrent aussi en jeu dans la décision de ne pas construire un deuxième
aéroport. Nous sommes soucieux de protéger l'environnement et préférons développer le
site tel qu'il existe actuellement.
Nous avons un partenariat formidable avec Delta Airlines ; une compagnie régionale, South
West Airlines, va payer une somme importante pour avoir accès à notre hub ; notre modèle
commercial et d'entreprise fonctionne très bien ainsi. D'ailleurs, sans Delta Airlines, nous ne
serions pas devenus cet aéroport – il faut savoir que Delta Airlines a été à une époque la
compagnie la plus importante du monde. Notre relation avec elle est extrêmement solide.
Nous discutons notamment avec sa direction le financement du nouveau terminal. Ce
partenariat est à mon sens l'un des ingrédients du succès.
Depuis plus d'un an, nous nous focalisons de plus en plus sur le fret aérien, qui a augmenté
de 30 %. Neuf sur dix des principales sociétés de fret aérien sont présentes sur notre site.
En 2012, nous accueillerons d'ailleurs la conférence des sociétés de fret aérien.
Pour l'heure, notre aéroport est calme durant la nuit. À l’avenir, nous allons fonctionner
24 heures sur 24 : jusqu'à 23 heures, nous allons privilégier les trafics voyageurs ; entre
minuit et six heures du matin, nous allons devenir un aéroport pour le fret. Il ne faut pas
perdre de vue que nous pouvons atteindre facilement 80 % des centres industriels et
commerciaux des États-Unis en moins de deux heures de vol. Nous allons relier le port
fluvial de Savannah à l'aéroport. Lorsque le canal de Panama pourra accueillir des cargos
encore plus importants, nous pourrons les faire s'acheminer jusqu'à l'État de Géorgie et
Atlanta.
L'État possède rarement un outil pour favoriser le changement et la création d'emplois
n'ayant pas d'interaction avec beaucoup d'autres parties prenantes. Les progrès que nous
allons faire dans le fret aérien vont multiplier les emplois. Un Boeing 747 a 100 000 t de fret
dans ses flancs. Il me semble que c'est un lien essentiel pour notre avenir.
Nous allons rester numéro un pour le trafic voyageurs et allons investir de plus en plus pour
développer le fret aérien.
Le port fluvial de Savannah est le quatrième port fluvial des États-Unis. Nous allons veiller à
ce qu'il devienne le numéro un pour créer des emplois et améliorer la qualité de vie de nos
riverains et concitoyens. Nous allons le faire de manière durable, en respectant
l'environnement et le développement durable.
Projection d’une vidéo présentant le nouveau terminal international de l’aéroport Hartsfield-
Jackson.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Intervenant
Vous parlez d’aide aux riverains ; jusqu'à quelle distance considère-t-on les habitants comme
des riverains de l'aéroport ? Y a-t-il un plan de protection d'urbanisme autour de l'aéroport
comme cela existe dans le droit français et dans beaucoup de pays ? Vous avez également
mentionné la propriété de l'aéroport par une filiale ; y a-t-il d'autres partenaires ? L'État de
Géorgie est-il actionnaire de l'aéroport ? Comment le capital se compose-t-il ?
Kasim REED
L'État de Géorgie n'est pas partie prenante dans la propriété de l'aéroport. C'est le maire qui
a la responsabilité de l'aéroport et qui délègue la gestion à une entreprise. C'est ainsi depuis
le début et tous les investissements réalisés ont été faits par la Ville.
En réalité, c'est probablement Delta Airlines qui est la partie prenante la plus importante. La
relation entre le directeur de la compagnie et les maires des différentes communes a une
cinquantaine d'années. Delta Airlines est le plus gros employeur privé de l'État de Géorgie et
a tout intérêt à travailler avec le maire d'Atlanta, plutôt que de traiter avec de multiples
entités. C'est une relation gagnant/gagnant.
Il est vrai que nous n'avons peut-être pas autant de restrictions au pouvoir que vous, mais
nous devons tout de même tout faire approuver par différents organismes. Nous faisons ce
qu'il faut. Parmi les élus locaux, le maire d'Atlanta est le personnage le plus influent, mais
nous n'en abusons pas. Nous essayons de traiter avec toutes les parties prenantes.
Toutefois, nous devons faire ce qui est nécessaire pour protéger l'aéroport et, en dernière
analyse, nous allons convaincre tout le monde de nous soutenir, car la qualité des emplois
que nous créons est indéniable. Il n'y a pas d'autres outils à notre disposition dans le monde
tel qu'il est pour créer des emplois aussi rapidement que nous le faisons aujourd'hui par le
biais de cet actif qu’est l’aéroport Hartsfield-Jackson.
Intervenant
Vous avez mentionné dans votre exposé la richesse créée en termes de valeur ajoutée par
cette plateforme aéroportuaire. Cette richesse a-t-elle été répartie de façon concentrique, de
telle sorte que personne n'a été perdant sur le territoire ? A-t-elle au contraire été plutôt
répartie de manière linéaire, comme cela a été le cas pour l'aéroport Roissy-Charles-de-
Gaulle ? En l'occurrence, en effet, la richesse a été répartie de façon linéaire de Roissy
jusqu'à Paris et certains départements ont été les grands oubliés : le Val-d'Oise et la Seine-
et-Marne. Il est vrai que ces Rencontres du Grand Roissy sont l'occasion de gommer ces
disparités. J'aimerais connaître votre impression sur ce point particulier.
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Kasim REED
Effectivement, nous avons eu quelques problèmes de ce type, mais en général, deux
personnes négocient : moi-même et le responsable de la gestion de l'aéroport. Lors de la
construction de la cinquième piste d'atterrissage et de décollage, il nous a fallu consulter de
multiples entités politiques et juridiques. Une importante partie du territoire de l'aéroport est
située dans un district voisin, mais nous avons négocié jusqu'à ce que nous parvenions à un
accord. Néanmoins, nous fixons des limites temporelles. Je veux respecter le programme de
dépenses que nous avons établi. Nous avons des objectifs à réaliser avec des échéances.
C'est à nous de veiller à ce que la richesse générée soit bien partagée. L'année dernière, un
milliard de dollars de contrats a été gagné pour les minorités parmi les riverains. Nous avons
un programme spécial pour les PME, qui dépasse le milliard de dollars. Nous sommes donc
constamment en train d’œuvrer pour répartir équitablement les richesses générées et les
emplois créés par l'aéroport.
Je connais les codes postaux des communes où travaillent les personnes impactées par
l'aéroport ; je peux dire aux maires des communes combien de leurs habitants sont
employés par l'aéroport. Tout cela a un effet certain sur la conversation.
Il faut un peu de carotte et de bâton. Nous travaillons beaucoup à identifier les avantages
que nous apportons aux communes riveraines. Nous avons beaucoup construit ; nous
donnons du travail à de nombreuses personnes et remplissons des fonctions importantes
pour toutes les communautés locales. Engager un dialogue avec les riverains et les
collectivités avoisinantes est une forme d'investissement.
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L’exemple de Singapour
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Disposer d'un aéroport de classe mondiale est également un facteur de succès majeur. Nous
avons trois terminaux conventionnels et un terminal low cost, ainsi que deux pistes
principales d'atterrissage et de décollage. En plus des équipements pour l'accueil des
passagers, nous disposons d'équipements pour le fret et la logistique. Nous possédons un
parc de logistique aéroportuaire qui est une zone franche. Nous disposons également de
lieux réfrigérés pour l’accueil de produits pharmaceutiques devant être maintenus à une
certaine température et de zones de stockage d'œuvres d'art devant également respecter
une certaine hygrométrie.
Jusqu'en juillet 2009, l'aéroport de Changi était géré par l'Autorité de l'aviation civile de
Singapour, c'est-à-dire par l'État. Depuis, l'aéroport a été privatisé et est désormais géré par
une entreprise privée. Pour veiller au respect des intérêts de tous les acteurs, nous avons
mis en place un cadre réglementaire en quatre volets que doit respecter l'entreprise de
gestion – l'un de ces volets est la maîtrise d'ouvrage, c'est-à-dire l'élaboration des schémas
directeurs et la régie des dépenses d'investissement de l'aéroport à long terme.
Nous nous tournons de plus en plus vers l'électronique, notamment par l'introduction de
systèmes de gestion du fret. 90 % des demandes de permis d'importation ou d'exportation
sont désormais traitées en dix minutes par l'électronique. Le système Tradenet permet des
transbordements très rapides du cargo. Nous sommes en train d'introduire e-Freight, un
système de fret électronique. Nous nous orientons donc vers la dématérialisation, éliminant
les documents papier pour travailler uniquement avec des messages électroniques. Bien
entendu, nous n'oublions pas la sécurité. Les expéditeurs connus sont soumis à un filtrage
aléatoire et les expéditeurs inconnus doivent subir des enquêtes extrêmement approfondies.
Nous avons également pris des mesures pour protéger l'environnement, car Singapour
importe toute son énergie. Lorsque nous avons créé le terminal 3, par exemple, nous avons
construit un plafond spécial permettant à la lumière naturelle d'inonder le bâtiment, d'où des
économies en matière de chauffage et de lumière, et une optimisation de la consommation
d'énergie.
Pour la construction de notre terminal low cost, ce sont 320 millions de watts par heure
d'énergie qui ont été générés par des panneaux solaires, avec un minimum d'émission de
CO2. Nous appartenons à ASPIRE, regroupement d'États d'Asie et du Pacifique s’étant fixé
pour objectif la mise en place d'indicateurs chiffrés de la réduction des émissions. Nous
travaillons également main dans la main avec Singapour Airlines pour lancer le premier vol
vert Los Angeles/Tokyo/Singapour. Nous avons réduit les émissions de CO2 de 33 t.
À Singapour, le développement durable a une autre dimension, puisque nous avons des
contraintes physiques importantes comme un manque de foncier et un espace aérien limité.
Cela a eu un impact sur la croissance de l'aéroport de Changi et du hub aérien de
Singapour. Néanmoins, nous avons des aspirations réalisables, avec une planification
stratégique à long terme. Nous avons une vision du foncier à cinquante ans. Les plans
d'aménagement foncier sont revus tous les dix ans afin de nous assurer que nous sommes
sur la bonne voie pour atteindre les objectifs économiques fixés dans le respect des
principes du développement durable.
Nous souhaitons développer les capacités de l'aéroport, même si le taux d'utilisation des
terminaux n’est actuellement que de 60 %. Nous comptons sur la technologie et les
meilleures pratiques pour augmenter la capacité d'accueil de notre espace aérien. Singapour
n'agit pas seulement au plan national ; nous travaillons main dans la main avec les pays
voisins pour la gestion de l'espace aérien. Nous souhaitons devenir le premier hub aérien
d'Asie.
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L’exemple de Memphis
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ailleurs, nous indemnisons les riverains selon le degré de nuisances sonores. Nous avons
obtenu il y a déjà quelque temps une servitude aéronautique de dégagement permanent
nous permettant des vols de nuit et sans restriction, en échange du versement de ces
indemnités. L'adoption du concept aérotropolis nous a conduits à prêter davantage attention
à l'aménagement du territoire, à des projets d'embellissement et à l'amélioration des
transports publics.
Intervenant
Je représente des associations de riverains. Ma question porte sur le long terme : intégrez-
vous d’éventuelles taxations sur le kérosène ou liées à l'environnement dans vos
planifications à long terme ? Quelles conséquences cela aurait-il pour votre activité
économique ?
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L’exemple d’Amsterdam-Schiphol
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Dans les années cinquante, l'aéroport était fort petit. Toutefois, il s'est agrandi très
rapidement et est devenu dans les années quatre-vingt le principal aéroport de la région.
La diapositive suivante fait valoir que l'aéroport est considéré comme faisant partie de la
région métropolitaine d'Amsterdam, alors qu'il se trouve tout à fait dans la limite de la
commune d’Harlemmermeer. C'est la raison pour laquelle Schiphol et Harlemmermeer sont
devenus des deux entités intimement liées. La population est passée de 70 000 habitants à
140 000 habitants. On compte 26 villages et Harlemmermeer est aujourd'hui l'une des
20 communes les plus importantes des Pays-Bas.
Comme cela a déjà été dit, bénéficier d'un aéroport sur son territoire offre des occasions à
saisir pour développer l'emploi. La ville aéroportuaire joue un rôle important dans le
commerce et le développement économique.
Je vais maintenant vous donner quelques chiffres. On compte près de 400 000 mouvements
d'avions et plus de 45 millions de passagers. Nous sommes le troisième aéroport européen
pour les correspondances, le cinquième pour les passagers et le troisième pour le fret. Nous
avons créé 65 000 emplois directs et accueillons 550 entreprises sur le site même de
l'aéroport, ce qui a des incidences importantes sur la commune.
Il est nécessaire de concilier les intérêts des différents acteurs et cela demande beaucoup
d'efforts de la part des collectivités territoriales et de l'autorité chargée de l’aéroport. Le
triangle que je vous projette met en lumière l'interaction entre le développement
aéroportuaire, le développement économique et spatial, et la protection des riverains. La
qualité de vie dépend d'une forte collaboration entre ces trois dimensions et il faut trouver un
équilibre. Notre loi protège les riverains des nuisances, notamment sonores. Ils sont même
en mesure d’immobiliser tout aménagement qui ne respecterait pas la réglementation ou la
loi.
Il faut aussi trouver un équilibre entre les avantages qu'offre un aéroport international et les
aspects négatifs qu'il suscite. Il faut agir à différents niveaux ; il faut intervenir au niveau
local, régional et métropolitain, national et même européen, d'où la nécessité d'avoir des
objectifs politiques clairs et de créer des alliances avec les différentes parties prenantes –
plusieurs types de partenariats ont déjà été évoqués. L'échange de savoir et la collaboration
entre métropoles européennes sont essentiels.
En 2006, nous avons pris la décision d'améliorer la qualité de vie dans les régions
aéroportuaires et d'établir un équilibre par le biais d'initiatives et de politiques régionales, en
permettant néanmoins à toutes les régions aéroportuaires européennes d'avoir leur chance.
Il existe des règlements spécifiques à l'Europe et il est très important que les conditions de la
concurrence soient égales, de la même manière qu'il ne faut pas perdre de vue les principes
du développement durable. Le projet réunit les collectivités et politiques territoriales et
locales, ainsi que les experts à l'interface du transport aérien.
Il y a quelques années, le gouvernement néerlandais a demandé à un ancien ministre
d'élaborer un plan pour la maîtrise de la croissance future de l'aéroport, en tenant compte
des intérêts de toutes les parties prenantes. Un accord a été trouvé en 2008 entre les
communes, l'aéroport, les compagnies aériennes, les représentants des riverains, la
province du Nord, la Ville d'Amsterdam et le ministère des Infrastructures et de
l'Environnement. Il s’est agi d'essayer de mettre en place un processus permanent
d'interaction en vue de maîtriser la croissance et le développement de l'aéroport de Schiphol.
Un objectif ambitieux d'augmentation des mouvements a même été fixé : nous souhaitons
connaître 10 000 mouvements d'avions par jour, mais simultanément, nous voulons réduire
les nuisances sonores et améliorer la qualité de vie. Nous avons donc dédié un fonds de
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Pour développer une région concurrentielle, il faut avoir un accès direct aux autres villes et
régions du monde – nous desservons déjà 260 destinations. Quels sont les éléments clés de
la compétitivité des régions ? Il s'agit de la spécialisation économique, de la diversité
culturelle, d'un cadre de vie attractif, d'une économie du savoir, de l'innovation et de l'esprit
d'entreprise. Il faut aussi privilégier la connectivité mondiale et mettre l'accent sur les
secteurs économiques forts. Schiphol n'était à l'origine qu'un aéroport ; il est maintenant
intégré dans la métropole régionale. Il ne faut pas oublier le rôle des entreprises locales et
régionales, qui sont nécessaires pour faciliter le développement d'un aéroport international.
Amsterdam Connecting Trade (ACT) vise à assurer un transport multimodal efficace, car les
solutions conformes aux principes de développement durable sont absolument essentielles
pour le développement de la zone. Nos parcs d'affaires peuvent accueillir toute forme de
logistique et sont donc bien davantage que de simples parcs d'affaires. Il me semble qu'il
s'agit là d'un hub logistique très innovant, avec une vision à horizon de dix, vingt ou trente
ans. Tous les acteurs publics et privés participent à ACT, qui est en partie géré et
subventionné par l'État. Une liaison TGV entre Amsterdam et Paris est l'un des éléments du
projet. ACT s'est donc focalisé sur l'intermodalité et le développement d'un secteur
économique fort et durable.
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Nous travaillons également sur la question du marketing avec les autres communes. Nous
avons créé un organisme, Amsterdam in Business, par lequel nous traitons l’ensemble du
marketing de toute la métropole d'Amsterdam.
Les grands aéroports sont beaucoup plus que des aéroports. Ce sont des hubs au sein des
zones métropolitaines, qui jouent un rôle important pour le développement régional.
L'aéroport est devenu la porte qui donne accès au monde, et non plus seulement à la ville.
Désormais, Schiphol fait partie de la région d'Amsterdam.
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Questions – réponses
Afin de gagner du temps et de ne frustrer personne, je vous propose de poser les questions
que vous auriez de poser à nos quatre invités.
Intervenant
L’aéroport de Singapour a été déplacé en 1975. Pouvez-vous nous dire quel usage est
désormais fait du foncier de l'ancien aéroport ?
L’ancien aéroport existe toujours. Il est devenu une base de l'armée de l'air de Singapour et
cette base est également utilisée comme centre de maintenance et de réparation des avions.
Je suis très intéressée par l'équilibre entre les impacts positifs et négatifs – et c'est l’objectif
de notre organisation. J'aimerais connaître la manière dont vous identifiez les besoins en
matière de formation et de développement aéroportuaire.
Nous avons des partenariats avec les élus et les représentants des riverains, et en formons
également avec des organismes qui ont un bon historique de performance et de bons
résultats. Notre méthode, encore une fois, est l'action directe auprès des personnes ayant
bonne réputation. Nous veillons à recruter dans les communes impactées par l'aéroport.
Nous créons des forums d'emploi et faisons de la publicité chaque fois qu'il y a des
opportunités de recrutement. Nous sommes donc constamment en train de favoriser l'emploi.
J'appelle cela le jardinage humain : si vous laissez un jardin dépérir, vous n'irez pas loin.
Nous avons à Memphis un conseil de gouvernance autonome au sein duquel des comités
ont comme unique responsabilité de veiller à la participation de tous les secteurs de notre
ville et de tous les quartiers impactés. Nous avons des relations très suivies avec les
institutions éducatives et accueillons volontiers les groupes scolaires. La clé est d'établir de
bons rapports avec tous les acteurs avant que les problèmes ne surviennent. Ainsi, quand un
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problème surgit, le dialogue est grandement facilité. Heureusement, comme nous avons
acheté les zones proches de l'aéroport, nous avons très peu de conflits avec les riverains.
Intervenant
Vous rachetez des propriétés et gelez en quelque sorte des terrains dans les axes
d'approche pour éviter les nuisances. Comment financez-vous ces investissements ? Allez-
vous les chercher dans des redevances ou s'agit-il de finances propres ?
Notre autorité aéroportuaire peut émettre des obligations et nous avons également des
accords de concession qui génèrent des commissions. Il y avait à l'origine des subventions
fédérales, qui ont ensuite diminué. Les choses ont parfois été difficiles – il y a même eu des
procédures judiciaires au niveau fédéral. Le tribunal a jugé que notre système d'expropriation
était juste et toutes les contestations juridiques ont été surmontées. Nous avons négocié des
prix justes que nous avons versés aux propriétaires.
Je suis présidente de l’ACNUSA – qui a tout de même d'autres fonctions que de délivrer des
amendes. Ma question s'adresse au maire d'Atlanta, qui nous a fait savoir que l'aéroport était
pour l’heure calme la nuit, mais qu'il serait ouvert 24 heures sur 24 à l'avenir et qu'il y aurait
du fret entre minuit et six heures. Comment comptez-vous gérer les nuisances sonores que
vont subir les riverains ?
C'est actuellement calme la nuit, dans la mesure où le trafic voyageurs se déploie plutôt
dans la journée. Nous souhaitons que l'aéroport tourne 24 heures sur 24 pour créer des
emplois, développer l'économie et disposer d'un aéroport de nuit pour le fret et de jour pour
les voyageurs. Notre stratégie est la même que celle de Memphis. Nous avons acheté les
logements situés sous les zones d’approche des pistes. Nous l'avons fait de manière
humaine, mais déterminée. Nous payons de solides indemnités et le faisons ouvertement,
car l'aéroport a une bonne réputation et de bonnes performances. Notre aéroport est une
entreprise ; tous nos revenus doivent être utilisés pour l’améliorer.
Nous finançons également le développement local. Je vous ai montré notre ligne de chemin
de fer ; la construction d'un arrêt spécial pour que la ville puisse profiter de l'aéroport nous a
coûté 15 millions de dollars. C'est là un exemple concret de l'aide que nous apportons aux
communes riveraines, pour leur montrer notre volonté de les aider et réduire ainsi
l'opposition à nos projets de développement.
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Il ne faut pas penser qu'il n'y a jamais de riverains mécontents. Ce qui nous aide beaucoup
est que FedEx, notre principal locataire, est totalement intégré au plan communal et civique.
Delta et FedEx sont deux entreprises très bien intégrées localement et considèrent qu'il est
important d'agir dans l'intérêt du public. Nos entreprises ont un grand sens de leurs
responsabilités sociales et sont en dialogue constant avec les communautés locales.
J'habite moi-même sous une zone d'approche de piste. Je suis prêt à tolérer un certain
niveau de bruit, car, tout compte fait, je profite beaucoup de la présence de l'aéroport. Je suis
donc à même de mettre en balance cet inconvénient avec tous les possibles avantages.
Intervenant
Quel est votre périmètre d'intervention autour de l'aéroport pour l'acquisition des logements ?
Dans ce périmètre, par ailleurs, est-il toujours possible de construire des logements ?
Nous achetons du foncier lorsqu'il est nécessaire de le faire et nous restons un bon voisin
une fois le terrain acquis. Il est à noter que notre aéroport est à un ¼ d’heure du centre-ville.
L'une des particularités françaises est la présence de nombreux maires autour d'un aéroport.
En l'occurrence, j'ai l'impression que nos interlocuteurs sont les seuls maires concernés par
l'aéroport. Y a-t-il d'autres municipalités concernées que celles qui sont ici représentées ? Le
risque existe-t-il qu'il y ait parfois les richesses dans une commune et les nuisances dans
une autre, avec une difficulté à créer un système de vases communicants ?
Bien entendu, la situation est la même à Schiphol, où un certain nombre de maires sont
concernés. Nous collaborons à l'intérieur d'un groupe spécial. Nous nous rencontrons
régulièrement et discutons des problèmes de réduction du bruit et de développement de
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
l'aéroport. J'ai évoqué la table ronde à laquelle sont réunis tous les acteurs ; deux ou trois
maires représentent tous les autres. La question de savoir qui va profiter de quoi ne se pose
donc pas. Il est très important d'avoir les mêmes objectifs.
Le plan de développement économique est le point de départ pour l'aéroport, mais le plus
important est de calquer nos objectifs sur ceux des municipalités avoisinantes.
Intervenant
Une des questions qui se pose à nous est celle de la liaison ferroviaire entre le centre de la
capitale et l'aéroport. Comment ce lien est-il assuré ?
Nous n’avons pas cela à Memphis : nous dépendons beaucoup des véhicules automobiles.
À Atlanta, le système est en place depuis vingt-cinq ans et a été financé par la ville capitale
de l'État et les deux départements concernés.
Nous n’envisageons pas de lien ferroviaire, mais nous avons déjà une ligne de métro qui
relie l'aéroport au réseau de métro de Singapour. Nous envisageons d'étendre cette ligne de
l'aéroport jusqu'à la ville, mais actuellement, notre transport est essentiellement assuré par la
route – de manière assez efficace.
Une gare est située juste sous l'aéroport de Schiphol, qui le relie à Amsterdam et à d'autres
capitales d'Europe. Nous envisageons d'autres modes de transport, car nos autoroutes sont
saturées. Nous avons absolument besoin de nouveaux moyens de transport. Nous
développons des trains gratuits pour le fret entre les centres d'activité et l'aéroport, car nous
souhaitons devenir l'aéroport le plus rapide d'Europe.
Cette soirée s’achève. Je remercie vivement nos intervenants pour leurs présentations très
utiles pour la poursuite de nos discussions qui reprendront demain.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
2EME PARTIE :
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Mot d’accueil
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Aujourd'hui, l'État est attendu. Il n'est pas dans son rôle de se substituer aux responsables
politiques locaux ou aux acteurs économiques et sociaux, mais il peut donner du sens,
inciter à la cohérence, contribuer aux réflexions constructives et faciliter les regroupements
pour une meilleure gouvernance. Il exerce également des prérogatives régaliennes qui
s'expriment tout particulièrement dans le domaine aérien. Il est porteur de propositions qui
seront débattues lors des trois tables rondes. Les représentants de l'État dans ces tables
rondes pourront les détailler, mais permettez-moi de vous en fixer quelques grandes lignes.
Je n'ai pas souhaité, en introduction de cette journée, vous remettre un document précisant
les orientations qu'il serait souhaitable à mes yeux de retenir pour le Grand Roissy. Cela
aurait sans aucun doute modifié la nature des échanges et ça ne correspondait pas au sens
de notre rencontre. Certains pourront le regretter, mais, fidèle à la démarche conduite
jusqu'alors, je serai attentif aux débats et aux propositions qui seront apportées. Je vous
communiquerai rapidement un document de synthèse, qui constituera une sorte de feuille de
route pour le développement durable du Grand Roissy.
La première table ronde aborde le cœur du sujet, la question sensible et centrale du
développement des activités aéroportuaires et de ses impacts sur l'environnement. Le choix
a été fait de consolider les activités de la plateforme caractérisée par l'existence de deux
hubs étroitement complémentaires pour les voyageurs et pour le fret. Ce modèle est un atout
pour l'économie francilienne et pour l'économie nationale. C'est un atout pour la compétitivité
du Grand Paris dans un contexte de concurrence accrue entre les grandes métropoles
mondiales. Ce choix de la compétitivité, de la croissance et de l'emploi est une nécessité
absolue si nous voulons continuer de jouer en première division, comme nous y incite le
président de la République.
Comme les ports et les routes pendant des siècles, comme les voies ferrées depuis cent
cinquante ans, les aéroports sont des fenêtres ouvertes sur l'économie mondiale. Ce sont
des facteurs indispensables de développement et de rayonnement international, mais ce
choix de la compétitivité implique que des mesures soient prises pour diminuer les nuisances
sonores subies par les populations les plus exposées.
Ces mesures relèvent d'abord de l'exploitation aérienne. Elles ont été longuement étudiées
par la DGAC et largement débattues. Beaucoup de souhaits se sont exprimés ; tous ont fait
l'objet d'examens attentifs dans la plus grande transparence. Tout n'est évidemment pas
possible dans un ciel francilien rendu compliqué par la présence de trois aéroports et par la
multitude des destinations desservies, mais les avancées qui vous seront présentées seront
significatives dès lors que c'est bien leur complémentarité qui en fera l'efficacité.
Après la période d'évaluation engagée, une généralisation dans les meilleurs délais possible
des descentes sans paliers en période nocturne sera notamment engagée. Cette mesure
très attendue est d'un impact significatif pour des dizaines de milliers de foyers de la Seine-
et-Marne, des Yvelines et du Val-d'Oise.
Une autre amélioration très demandée par les associations de riverains est une meilleure
utilisation, plus équilibrée et soucieuse de la réduction des nuisances sonores, des doublets
de pistes
Ces mesures figuraient dans les propositions du président DERMAGNE, mais le groupe de
travail a voulu aller plus loin en recherchant des trajectoires nocturnes évitant les secteurs
les plus densément peuplés. C'est un point délicat, car il faut éviter de simples transferts de
nuisances. À cet égard, la DGAC a mené sur cette question des études très précises.
Les compagnies résidentes prennent aussi leur part. Air France, FedEx et Europ Airpost ont
déjà consenti des efforts importants pour renouveler leur flotte, plus particulièrement durant
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
la période nocturne. En dépit des multiples difficultés rencontrées par le transport aérien ces
dernières années, elles sont prêtes à poursuivre et amplifier l'adaptation de leur flotte.
L'environnement des riverains, c'est aussi l'isolation phonique des bâtiments. De
nombreuses améliorations techniques et financières ont pu être mises en œuvre. Autour de
la même table ronde, les élus et les acteurs économiques pourront nous donner leur vision
du développement et évoquer les conditions de la réussite. Ce développement s'appuie sur
une économie des échanges sans doute plus sélective, qui monte en gamme en donnant
plus de place aux activités à haute valeur ajoutée, qu'elles soient tertiaires, de
commandement, de recherche/développement ou de tourisme d'affaires.
Ce développement doit profiter à tous. Nous ne pouvons continuer d'accepter des taux de
chômage de jeunes qui dépassent 30 % dans les quartiers proches d'un pôle d'emploi aussi
puissant. À cet égard, nous aurons l'occasion de revenir sur la question prioritaire et centrale
de la formation au cours de la dernière table ronde. Ce sera un enjeu fondamental pour les
contrats de développement territorial qui sont en cours de négociation.
Le Grand Roissy a de multiples atouts. Des projets de grande qualité sont en cours de
réalisation ou de montage – je pense au World Trade Center, à Aéroville, à la ZAC Charles-
de-Gaulle ou à Europa City. Ce dernier projet en particulier sera un atout considérable pour
le Grand Roissy, pour sa notoriété, son attractivité et pour créer aussi des emplois très
diversifiés.
Toutefois, le cumul de projets, aussi intéressants soient-ils pris individuellement, ne peut
satisfaire à une nécessité de cohérence et à un souci de développement durable. Si l'on n'y
prend pas garde, une concurrence débridée et une saturation des réseaux conduiront à une
véritable embolie. Il faut maîtriser ce développement et valoriser son apport au territoire et à
ses habitants.
Le Grand Roissy est un territoire ambivalent. Des secteurs à très fort potentiel de croissance,
très attractifs, côtoient des zones en difficulté, handicapées par l'enclavement ou par des
déséquilibres sociaux. Cela n'est plus soutenable à terme. Cela n'est plus admissible. Le
Grand Roissy doit donc conforter son image, inventer son futur et trouver ses outils de
régulation interne.
Cette référence à Roissy et à la nécessaire valorisation d'un pôle de forte croissance ne
signifie pas que tout doit se définir dans un rapport univoque avec la plateforme. Les
différentes parties du Grand Roissy doivent trouver aussi leurs propres leviers de
développement et affirmer leur place dans le contexte francilien, tout en s'appuyant sur le
moteur économique du hub aérien et en cherchant leur complémentarité. Les nécessaires
solidarités entre les territoires doivent s'affirmer.
C'est l'enjeu de la démarche qui est engagée. Une étude-cadre sur le grand territoire se
donne pour objectif de donner du sens et de la cohérence à l'action collective et, dans le
même temps, ensemble, nous préparerons des contrats de développement territorial aux
objectifs plus ciblés et plus opérationnels.
L'État et les collectivités locales ont commencé à avancer sur deux contrats. Il y a d'abord
celui du cluster des échanges autour de la plateforme aéroportuaire avec une question
centrale : comment mieux organiser le développement, les déplacements, les espaces
publics et les centralités sur le pôle moteur de la croissance régionale ? Le second contrat,
celui du Val de France-Gonesse, porteur de potentialités de développement importantes,
connaît aussi de grandes difficultés urbaines et sociales. Il faut désenclaver ce territoire, le
rendre plus attractif et lui permettre de développer des projets au profit de l'insertion de ses
habitants, et tout particulièrement des jeunes.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
dont tous les maires du territoire, les représentants du monde économique et les
associations, serait mise en place. Une conférence présidée par une haute personnalité
serait un lieu de débat, d'expertise et d'interpellation. Elle organiserait notamment les
rencontres annuelles du Grand Roissy.
En second lieu, un conseil de pôle restreint à une quinzaine de responsables définirait,
animerait et préparerait la mise en œuvre d'une stratégie de développement sur le territoire,
comprenant l'aménagement, les déplacements et la formation. Véritable conseil de stratégie
du territoire, il aurait quatre collèges – élus, État, entreprises et associations. Nous devons
définir ensemble les compétences et le statut de ce conseil, et préciser ses ressources et
son mode de fonctionnement, en sachant qu'il n'a pas vocation à se doter de services, mais
qu’il devra s'appuyer sur les structures existantes, probablement par voie conventionnelle.
D'où un troisième niveau de gouvernance : le Comité opérationnel permanent des
opérateurs, qui associerait l'Établissement public d'aménagement, le GIP Emploi revisité,
une délégation générale au développement en charge de la promotion nationale et
internationale, et ADP dans sa composante aménagement. Ce comité mettrait en œuvre les
orientations décidées par le conseil de pôle, dans le respect des règles de fonctionnement
de chacun de ses membres.
Pour aller plus loin, nous vous proposerons avec les Préfets des trois départements
concernés une préfiguration du pivot du dispositif, le conseil de pôle, et un programme de
travail. C'est dans le cadre de cette préfiguration que des modalités précises d'organisation
seront proposées au cours de l'année. Dans le même temps, nous allons travailler avec
monsieur le président du conseil régional à une refonte du périmètre d'intervention et à une
précision du rôle de l'Établissement public d'aménagement Plaine de France, ainsi qu'à une
évolution des missions du GIP Emploi Roissy pour répondre au souci plusieurs fois exprimé
d'une plus grande efficacité opérationnelle.
Permettez-moi de céder maintenant la place au président du conseil régional. Après son
intervention s'engageront les travaux des tables rondes sous la houlette des animateurs en
charge de la redoutable responsabilité de gardiens des horloges.
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NDLR : Les échanges sont animés par deux animateurs : Philippe COME et Olivier PIA.
Philippe COME
Comment faire en sorte aujourd’hui de conjuguer le développement du hub passagers, le
développement du hub fret, le développement de l'ensemble de la zone aéroportuaire et la
plus grande tranquillité possible des riverains ?
Olivier PIA
Nous allons tout de suite poser cette question à Jean-Paul PLANCHOU, vice-président du
conseil régional d'Île-de-France. Comment concilier le développement économique de la
plateforme aéroportuaire et la limitation des nuisances pour les riverains ?
Philippe COME
Quel est le point de vue de l'élu régional ?
Philippe COME
Vous êtes vice-président du conseil régional chargé, entre autres, de l'emploi. Parmi les
préoccupations les plus importantes, l'emploi est bien au cœur du problème.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Alain LEIKINE, vous êtes président du conseil général du Val-d'Oise et président du Comité
d'expansion économique du Val-d'Oise. Hier, un certain nombre de représentants de
plateformes aéroportuaires se sont exprimés. Le maître mot a été de dire qu'il ne le fallait
pas oublier que ces plateformes créaient de très nombreux emplois. Quel est votre point de
vue sur cette question ?
Olivier PIA
En tant que président du Comité d'expansion économique du Val-d'Oise, quel rôle souhaitez-
vous voir attribué à cette plateforme pour les années à venir ?
Alain LEIKINE
En synthèse, il s’agit d’un rôle de dynamiseur du territoire. Par définition, les potentialités
d'emplois créées par l'aéroport sont extrêmement importantes, à condition de pouvoir
accéder à la plateforme le plus simplement possible, mais également de pouvoir accéder
aux pôles d'emploi ou de développement économique de nos départements à partir de
l’aéroport. Les liaisons les plus simplifiées seront garantes d'un meilleur développement
économique, au service des habitants du département.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Monsieur LISSORGUES, vous êtes le nouveau président de la délégation de Seine-Saint-
Denis de la CCI de Paris. Quels sont d’après vous les besoins fondamentaux, compte tenu
de l'ensemble des retombées économiques que l'on attend du grand Roissy ?
Philippe COME
Cela veut-il dire que la valeur créée en ce moment sur l'ensemble du territoire doit elle aussi
prendre de l'essor ?
Olivier PIA
Comment allez-vous attirer de nouveaux logisticiens ?
Philippe COME
Dans tous les cas, les intérêts des uns et des autres sur ce plateau constituent bien cette
complémentarité que les organisateurs ont voulu montrer aujourd'hui. Un certain nombre
d'intérêts divergent, mais vous êtes d'accord sur le fait qu'il y a un réel besoin de
développement de la plateforme.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Nous allons nous tourner vers l’ADVOCNAR, Association de défense contre les nuisances
aériennes, dont vous êtes, Alain PÉRI, vice-président. Vous venez d'entendre un certain
nombre de discours sur la propension de cet aéroport à créer des emplois. Pour tous les
intervenants que nous venons d'entendre, il faut continuer à développer la plateforme. Quel
regard portez-vous sur cette situation ?
Philippe COME
Nous allons parler des nuisances et du bruit. Fondamentalement, pensez-vous qu'un outil
comme la plateforme est indispensable au développement économique de la région ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Nous souhaitons simplement qu'il y ait un peu de considération pour les riverains, leur santé
et leur qualité de vie dans le modèle tout économique du transport aérien.
Philippe COME
Philippe HOUBART, vous êtes président du CIRENA, Collectif interassociatif du refus des
nuisances aériennes. Vous avez organisé un comité d'accueil sympathique à notre arrivée ;
avez-vous besoin de montrer fondamentalement la différence ?
Olivier PIA
C’est peut-être quand même une bonne chose qu'il y ait automatisation et que l'on ne soit
pas obligé de porter les bagages.
Philippe COME
Pour aller dans votre sens, le maire de Memphis nous expliquait hier que le développement
de sa plateforme avait apporté des milliers d'emplois. Comment expliquez-vous que l'on
puisse avoir cette image d'emplois minimisés chez nous alors que l'on arrive ailleurs à créer
des emplois ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Je crois donc qu’il faut faire un véritable bilan avec le positif et le négatif.
Philippe COME
D'après vous, par qui et avec qui ce bilan doit-il être fait ?
Philippe COME
Que l'ensemble des acteurs soit réuni aujourd'hui pour la première fois, n'est-ce pas déjà un
point particulièrement positif ?
Olivier PIA
Je vais maintenant donner la parole à Sébastien MEURANT, vice-président de l’ALPELNA et
maire de Saint-Leu-la-Forêt. Comment conciliez-vous ces deux fonctions a priori
potentiellement contradictoires ?
Olivier PIA
Que vous apporte cette plateforme aéroportuaire pour votre commune en particulier ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
différence entre notre plateforme et nos concurrents allemands, chinois ou indiens ? C’est
notre capacité à transformer ces contraintes en atouts.
Une prise de conscience a eu lieu, notamment grâce au Grenelle de l'environnement. Nous
sommes conscients de ce que nous ne pouvons pas continuer à multiplier le nombre de
mouvements sans prendre en considération les attentes légitimes des habitants.
Évidemment, nous sommes gênés, mais je pense que nous touchons enfin des bénéfices.
Un certain nombre d'éléments qui vont voir le jour cette année, comme la descente continue
ou l'augmentation des mille pieds, vont permettre aux habitants de prendre conscience de ce
que le combat mené par les associations amène concrètement quelque chose. Nous
commençons à voir les choses changer dans le bon sens. Le développement de Roissy a
été très affecté par la crise économique, ce qui est indépendant des associations.
Pour finir, je me tourne vers les exploitants, car certaines choses sont simples et relèvent du
bon sens, comme les approches courbes ou les atterrissages par vent arrière. À Saint-Leu-
la-Forêt, par exemple, les avions passent juste au-dessus de la vallée. S'ils passaient 500 m
plus loin, nous serions beaucoup moins gênés.
Philippe COME
Les exploitants vont avoir une place importante dans nos débats aujourd'hui et vont répondre
à ces questions.
Monsieur TOURNAY, je rappelle que vous êtes président de l’AREC, l'Association pour le
respect de l'environnement et du cadre de vie. Vous serez le dernier des nombreux
représentants des associations à vous exprimer sur ce sujet.
Philippe COME
Avez-vous l'impression que la problématique n’a pas changé depuis ?
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Olivier PIA
Peut-être avez-vous des petits-enfants ; que leur diriez-vous si l'un d'entre vous disait qu'il
avait envie de travailler à Roissy, car il y a là du travail ?
Philippe COME
Nous allons maintenant passer la parole à Patricia LEMOYNE DE FORGES, qui préside
l’ACNUSA. J'aimerais connaître votre réaction, madame, sur tout ce qui vient d'être dit.
Comprenez-vous les attentes de ces associations ?
Philippe COME
Je voudrais rebondir sur ce que disait M. TOURNAY il y a quelques instants. D'une certaine
façon, on a l'impression que l'on n'a pas beaucoup avancé depuis trente-trois ans.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Pensez-vous qu'à partir de maintenant l’on va pouvoir réussir à avancer s'il y a une volonté
commune de travailler ensemble ?
Philippe COME
Plus d'argent ou plus de volonté politique affichée ?
Olivier PIA
Vous publiez tous les ans un rapport dans lequel vous faites un certain nombre de
recommandations. Quelles sont les recommandations les plus importantes que vous
aimeriez formuler aujourd'hui ?
Olivier PIA
J'ai lu aussi que, grâce à votre travail, les propriétaires étaient désormais mieux remboursés
quand ils engagent des travaux d'insonorisation dans leur logement. Que faites-vous dans ce
domaine ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Cela est-il effectif aujourd'hui ?
Olivier PIA
Sont-ils nombreux à bénéficier de cette mesure aujourd'hui ?
Philippe COME
Nous allons passer la parole à M. LEBEL, directeur général adjoint du groupe Air France,
chargé de l'organisation et du développement durable. De manière générale, en introduction,
j'aimerais savoir qui sont les clients d'un aéroport.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Des outils de communication existent maintenant, dont on parlera aujourd'hui pour présenter
les atouts de l'aéroport. Vous avez entendu les critiques formulées par les associations ici
présentes, qui ne sont pas sans savoir elles-mêmes qu'il y a de contraintes très fortes liées
aux hubs.
Olivier PIA
Développement est-il synonyme d’amplitudes horaires par rapport aux vols ?
Philippe COME
Comment se fait-il que des avions décollent à 23 h 30 et que d'autres atterrissent à 5 h 20 ?
C’est la question que posent les riverains.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Les avions font du bruit, c'est indéniable. Chez Air France, nous abordons ce sujet avec les
pouvoirs publics et les associations depuis très longtemps. Nous le prenons très au sérieux.
Vous savez qu'Air France a supprimé ses vols dans la plage minuit-cinq heures. Il est vrai
que les associations disent que c'est insuffisant et que la plage de hub se situe vers
23 heures, avec un certain nombre de vols à destination de l’Asie et de l'Amérique latine.
Olivier PIA
Pourquoi faut-il faire décoller ces vols vers 23 heures ?
Olivier PIA
Avez-vous des propositions à nous faire ?
Olivier PIA
À quelle hauteur estime-t-on la réduction sonore sur ces avions plus modernes ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
crois que l'on pourrait donner la possibilité à chacun d'avoir la trace bruit à laquelle il est
soumis et de savoir comment cette trace se situe par rapport à d'autres lieux et aux normes
internationales en matière de santé.
Olivier PIA
Si j'ai bien compris, vous êtes en attente de ce genre d'outils.
Philippe COME
Les élus dont vous venez de parler connaissent un double problème. Je ne vais pas vous
présenter votre voisin, M. le maire de Gonesse.
Jean-Pierre BLAZY, votre tâche est particulièrement dure. D'un côté, l'aéroport apporte du
travail à vous administrer et de l'autre, en tant que maire, vous êtes tout de même obligé
d'entendre leurs plaintes. Comment faites-vous l'équilibre ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Trouvez-vous que vos administrés sont exclus de cette zone aéroportuaire ?
Olivier PIA
Pour quelles raisons ? S'agit-il d'une inadéquation entre la formation des jeunes et les
emplois proposés ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
emplois extrêmement qualifiés qui seront créés par le biais de ces investissements
industriels de plusieurs dizaines de millions d’euros.
Olivier PIA
François PUPPONI, député-maire de Sarcelles, chez vous, vit-on l'aéroport comme une
triple peine : peu d'emplois, du bruit et des inconvénients urbanistiques ?
Olivier PIA
Votre discours est-il définitif ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Nous avons à Sarcelles en projet de dôme de 20 000 places, qui serait le plus grand stade
couvert de France. Les investisseurs sont d'accord, mais la loi pourrait nous empêcher de
construire ce dôme à cause de Roissy. Non seulement ce n'est pas juste, mais nous ne
sommes même pas indemnisés. Le territoire devient inconstructible du jour au lendemain et
c'est tant pis pour nous.
Je pense que notre demande est juste et nous avons en face de nous des gens qui ne nous
répondent pas. Nous n'avons pas les emplois, nous ne pouvons pas construire et nous
devrions nous taire. Non, nous n'avons plus envie de nous taire. Les élus de la majorité
comme de l'opposition déposent des amendements à l'Assemblée nationale pour faire
évoluer les choses, mais nous avons en face de nous des ministres qui nous répondent par
la négative et je trouve cela d'une injustice terrible.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
plus de cinquante ans. Il existe ensuite une discrimination sur le lieu de résidence, par
rapport au temps que l'on met pour aller travailler.
Olivier PIA
Patrick GANDIL, directeur général de l'Aviation civile, vous avez entendu les associations
s'exprimer. Elles ont un certain nombre de récriminations à formuler, que vous connaissez.
Nous allons vous écouter.
Philippe COME
Cette mesure nécessite du temps et de l'investissement.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
C’est une première proposition ; en avez-vous d'autres à nous faire ?
Olivier PIA
Voulez-vous dire par là que les nuisances vont être reportées sur d'autres territoires ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Y a-t-il d'autres propositions ?
Philippe COME
Nous allons maintenant donner la parole aux associations, aux élus et à la salle.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Je voudrais réagir sur la proposition qui vient d'être confirmée quant à la trajectoire aérienne
spécifique qui, pour être spécifique, se superpose à la trajectoire actuelle. Par conséquent,
ceux qui vont bénéficier de ce nouveau transfert nocturne auront déjà tout le trafic de jour.
L'augmentation actuelle du nombre de vols, sans transfert, se fait à dose homéopathique. Le
riverain réveillé vingt fois, par exemple, ne se rend même pas compte de cette progression
insidieuse et continue. Pour ce riverain, le trafic sera donc multiplié par deux. L’OMS stipule
que tout le monde doit dormir huit heures par jour, mais elle n'a jamais dit que cette
préconisation s'adressait à toutes les communes, sauf à celles de moins de 1 000 habitants.
L’AREC continuera à être présente et à participer à des dialogues constructifs. Comme le
disait le philosophe, celui qui se bat n'est pas sûr de gagner, mais celui qui ne se bat pas a
déjà perdu.
Olivier PIA
Alain PÉRI, vous avez entendu les propositions de la DGAC. Qu'en pensez-vous ?
Olivier PIA
Néanmoins, les propositions qui sont faites vous conviennent-elles ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
comme on le voyait tout à l'heure avec Air France, il y a trop de trafic au moment de la
dernière plage et de la première plage de hub.
Philippe COME
Gérard EUDE, vous êtes vice-président du conseil général de Seine-et-Marne, en charge du
développement économique, de la recherche et de l'emploi. Qu'avez-vous envie de retenir
du débat maintenant ?
Olivier PIA
Vous sentez-vous oublié pour la Seine-et-Marne ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Pour vous, c'est donc un changement positif.
Philippe COME
Je voudrais remercier Gilbert ROGER, vice-président du conseil général de Seine-Saint-
Denis, chargé du développement économique, de l'emploi, et des relations européennes et
internationales d'avoir eu la gentillesse d'accepter que je ne lui donne le micro que
maintenant.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Nous pouvons avoir un chemin utile ensemble sur la plateforme de Roissy. Dans ma ville, il y
avait une usine qui fabriquait des blocs moteurs pour les voitures et camions diesel – le
dernier propriétaire étant Peugeot –, qui polluait beaucoup. Beaucoup d'associations de
riverains se plaignaient, et j'en étais aussi. L'usine est partie du jour au lendemain et ce sont
1 100 emplois industriels qui ont disparu de la commune, d'où une désespérance sociale
énorme, sans accompagnement de l'État, qui ne s'occupe pas de ces coins-là. La société
Peugeot a reconstruit une usine ultramoderne loin en province, un peu après Tours.
Je crois qu'il ne faut pas que l'on soit dans ce système pour Roissy, qui est une plateforme
de développement économique. Soyons exigeants.
Prenons l'exemple des sociétés low cost ; tant que l'on sera laxiste avec cette société où l'on
peut gagner de l'argent en faisant le minimum d'investissements et le minimum d'efforts,
Roissy sera vécu comme extrêmement pénalisant pour les concitoyens qui habitent autour.
En revanche, si l'on s'oriente vers le positif, on doit pouvoir marier environnemental et
économique, ce que je souhaite, puisque je suis pour le développement économique de la
plateforme aéroportuaire de Roissy.
Je suis modeste client d'Air France. La dernière fois que je suis rentré de Shanghai, il m'a
fallu attendre 1 h 40 pour les bagages et parce qu'un seul douanier faisait le contrôle de cinq
avions. L'État dira qu’il n'a pas assez d'argent pour payer ses douaniers ; Air France dira que
c'est la faute d'ADP ; ADP dira que la faute incombe à l'avion d'Air France. Nous n'avons pas
besoin d'arriver à six heures le matin si c'est pour attendre 1 h 40 après onze heures de vol.
Ensuite, il faut peut-être embaucher un peu plus. 50 % de mes jeunes sortent parfois des
universités ou de centres de formation et n’ont pas de travail, parce que l'on ne veut pas faire
confiance au premier emploi des jeunes. Il faut essayer d'accepter l'idée que les jeunes
peuvent faire des erreurs au cours de leur premier emploi et il faut les accompagner pour
qu'ils soient notre richesse de demain.
Les techniciens évoquent de nombreuses améliorations ; si cela est possible, pourquoi faut-il
attendre cinq, six ou dix ans pour les mettre en place, en suscitant la non-confiance des
concitoyens et la réserve des élus ? Je souhaite moi aussi que nous nous situions dans la
gouvernance, pour refuser l'idée que les techniciens et technocrates travaillent ensemble
d'un côté, et que l'on trouve de l'autre les associations et les élus locaux.
Air France, FedEx ou d'autres grandes entreprises disent qu'elles ont envie désormais de
s'inscrire dans une notion d'entreprise citoyenne et responsable ; prenons-les au mot et nous
pourrons avancer très vite.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Nous ouvrons la parole à la salle.
Olivier PIA
Que proposez-vous ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
aucunement : la pollution de la rivière la Beuvronne par le glycol, ainsi que les inondations
sur la commune de Claye-Souilly. Nous avons envoyé une lettre à Mme KOSCIUSCO-
MORIZET à ce sujet.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
plus confortable du paquet, n'y a-t-il pas un choix à faire ? Je m’étonne que M. le
représentant d'Air France n'ait pas saisi la question pour dire qu'Air France n'a plus de vol de
nuit, sauf peut-être pour l'Asie.
Par conséquent, faisons attention. Les hommes se respectent plus que les paquets. Je
demande donc que l'on supprime le vol des paquets la nuit.
Olivier PIA
Gérard LISSORGUES, vous qui présidez une CCIP, j'aimerais que vous réagissiez à un
argument comme celui-ci.
Philippe COME
Monsieur GANDIL, pouvez-vous nous rappeler précisément le nombre de mouvements
nocturnes ?
Intervenante
Je suis urbaniste et socioéconomiste spécialisée dans les questions d'emploi en Île-de-
France. Je voudrais évoquer le contenu de ces emplois. D'abord, contrairement à ce que l'on
croit, Roissy n'est pas un pôle d'emploi, mais un pôle d'activité. Il existe en effet 224 familles
professionnelles et Roissy est positionné sur 10 d’entre elles. Pour trouver la main-d’œuvre
correspondant à ses activités, la plateforme a donc besoin de drainer sa main-d’œuvre et
son attraction sur deux régions. Cela ne s'arrangera pas par les transports ni par la
formation. C'est une raison structurelle.
Par ailleurs, il faut considérer le coût extrêmement élevé de ces emplois en matière
d'investissement. Le projet World Trade Center représente 650 millions d'euros et
2 300 emplois, soit un coût sept fois plus élevé qu'un coût en emploi dans le tissu urbain.
Nous avons donc des masses d'emplois avec un certain nombre de zéros qui empêchent
d'avoir un esprit critique sur leur coût très élevé, alors que l'on pourrait faire sept fois moins
cher dans le tissu urbain en intensifiant la ville et en développant les fonctions urbaines à
l'intérieur des communes existantes.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
d'accueil de fret ou de passagers. Cela signifie que notre outil industriel va perdre de sa
compétitivité. Comme Gérard EUDE le disait tout à l'heure, nous avons en France un
problème de compétitivité.
Le mérite de ce colloque est de répondre enfin à ces questions. Avant de donner des
dividendes aux actionnaires, il faut d'abord participer à la méthode de fonctionnement de
l'outil. En clair, les acteurs aéroportuaires doivent indemniser sur leurs résultats ceux qui
permettent le fonctionnement de cette activité. Ils doivent investir encore davantage sur la
formation et les transports de proximité qui doivent permettre l'accès à l'emploi. On pourra
ensuite parler d'une communauté aéroportuaire. Je crois qu'il y a là une action à porter, non
pas dans le discours, mais d'une façon réelle.
Olivier PIA
Patricia LEMOYNE DE FORGES, qu'avez-vous envie de retenir de ces échanges ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Je retiens enfin le mot « dialogue ». Il a été difficile, mais il s'est instauré tout au long de
l'année, avec des groupes et des réunions sous la houlette de M. REBUFFEL. Il faut
absolument que ce dialogue, qui a été interrompu pendant trop longtemps sur Roissy,
continue. Nous sommes repartis sur de bonnes bases et il serait dommage que cette table
ronde n'ait pas de suite. J'ai cru comprendre que ce n'est pas le cas et que ce n'est qu'un
début.
Philippe COME
Vous nous avez parlé tout à l'heure de votre rapport annuel, dans lequel se trouvent un
certain nombre de recommandations. Le prochain rapport sortira en avril de cette année ;
allez-vous être en mesure aujourd'hui d'apporter des informations concrètes ? Existe-t-il
encore des tabous ? Sommes-nous aujourd'hui suffisamment transparents sur le sujet qui
nous réunit ?
Olivier PIA
Merci, mesdames et messieurs.
69
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Nous cherchons aujourd'hui, d'une façon ou d'une autre, à avoir avec vous une démarche
constructive et positive. Cette journée est constitutive du grand groupe de travail que vous
êtes en train de mettre en place.
Olivier PIA
Nous avons décidé de consacrer ce début d'après-midi à ce que l'on appelle la stratégie
spatiale autour du Grand Roissy. Pour cela, nous passons la parole à Yannick
PATERNOTTE, député-maire de Sannois et président de l'association Eurocarex. Il est
d'autant plus intéressant que vous preniez la parole en premier que le projet Eurocarex,
projet de fret à grande vitesse, a été récompensé.
Philippe COME
Pourquoi la stratégie est-elle plus difficilement lisible ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Quel est le principal avantage de ce projet ?
Olivier PIA
C'est donc un transfert vers le rail.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Merci beaucoup. Nous allons passer la parole à Jean-Claude RUYSSCHAERT. Vous êtes
directeur régional et interdépartemental de l'équipement et de l'aménagement ; comment
envisagez-vous le développement du Grand Roissy ?
Philippe COME
Quelle est la place de l'État dans ce développement ?
Olivier PIA
Pourriez-vous nous dire deux mots de cette étude ? À partir de quel constat êtes-vous
partis ?
Olivier PIA
Cette étude a été confiée au groupement Acadie, Portzamparc, Güller & Güller ; est-ce bien
cela ?
72
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Il faut dire que cette étude était tout à fait différente de ce qui avait été fait au préalable.
Olivier PIA
Daniel BEHAR, vous représentez le groupement Acadie, Portzamparc, Güller & Güller. Vous
avez travaillé sur cette étude ; que signifie travailler au niveau spatial et à quelle question
répond-on alors ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Une fois ce débat posé, qu'avez-vous proposé ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
interagir avec ce territoire. Il s'agit par exemple de la dilatation de la centralité parisienne sur
la Seine-Saint-Denis, qui fait que Roissy est coupé d'une partie de ses bases, ainsi que de
l'émergence d'une grande couronne verte entre l'Oise, le Val-d'Oise et la Seine-et-Marne.
Plus largement, il s'agit de toutes les grandes fonctions logistiques. Ce scénario serait donc
celui des grands territoires et réduirait Roissy.
Philippe COME
On pourrait imaginer mélanger ces scénarios.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Nous avons choisi le terme de « sérénité » pour le nord, car il s'agit du territoire de tous les
développements d’où de plus en plus de conflits d'usage et de concurrence. C'est à la fois le
territoire de la grande logistique européenne, de l'installation résidentielle et des séminaires
d'affaires.
Le cinquième pétale correspond à la Seine-et-Marne et le terme de « visibilité » lui a été
attribué dans la mesure où, jusqu'à maintenant, la Seine-et-Marne correspondait au territoire
un peu oublié dans le système, mais qui se développe aujourd'hui le plus vite en parts
relatives.
Sur cette base, les équipes de conceptions de Mathis GÜLLER et de Christian DE
PORTZAMPARC travailleront à fabriquer des illustrations concrètes.
Philippe COME
André SANTINI, je ne rappelle pas qui vous êtes ; je rappellerai seulement que vous êtes ici
au titre de président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris. Merci d'être là.
Pour ouvrir les débats de cette table ronde, vous allez situer le Grand Roissy dans le
contexte global du Grand Paris.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
de Seine-et-Marne, à vingt minutes de Roissy, alors qu'elle était jusque-là largement privée
de l'accès à ce grand pôle d'emploi.
L'amélioration de l'accessibilité de Roissy est un enjeu à la fois économique et social. Il est
économique par l'attractivité de la plateforme multimodale. Cette amélioration non seulement
impacte directement la qualité de service offerte aux passagers aériens, mais elle permet
aussi aux salariés et à tous les Franciliens de profiter pleinement de la compétitivité des
plateformes parisiennes, portes d’entrée internationales de la France. L'enjeu est aussi
social, car le métro du Grand Paris doit ouvrir les emplois et la croissance économique de la
plate-forme aux habitants des territoires qui en sont souvent exclus.
À ma demande, une étude non publiée a été réalisée, qui était la copie du Cross railway de
Londres – il est en effet intéressant de savoir quel a été son impact. Ce projet a coûté à peu
près 20 milliards d'euros ; le prix est tout à fait comparable. À Londres, l'impact est de 1 pour
3 : pour une livre investie, il y a eu trois livres de rendement – création d'emplois,
développement, et amélioration du confort et de la qualité de vie.
Pour le Grand Paris, l'impact serait de 1 pour 5 d'après les premières études. Il y a d'abord le
premier effet, appelé effet keynésien, puis ce que l'on a du mal à imaginer.
Philippe COME
Comment peut-on imaginer ces chiffres à ce jour ?
Olivier PIA
Voyez-vous une réelle complémentarité entre le Grand Paris et le Grand Roissy ?
Philippe COME
Merci beaucoup, monsieur, pour cette présentation.
Philippe COME
Patrick RENAUD, président de la communauté de communes Roissy Porte de France,
quelle est votre réaction sur la marguerite présentée par Daniel BEHAR ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Vous êtes du cru depuis un bon nombre d'années ; comment avez-vous vu progresser tout
cela ?
Philippe COME
Vous êtes obligé de vous ouvrir vers l'extérieur d'une manière ou d'une autre.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
d'Oise, soit 25 communes réunies. L'État nous a par ailleurs demandé de travailler avec
Tremblay et Villepinte à la création d'un contrat de territoire, que nous avons lancé avec le
Préfet de région. Nous serions évidemment d'accord pour travailler sur un territoire plus
vaste avec d'autres communes qui pourraient se joindre à nous.
Tous ces élus réunis peuvent et doivent travailler ensemble. Je pense qu'il ne faut pas
oublier le poids que nous aurons face aux futures communautés. Nous ne nous laisserons
pas effacer par d'autres élus qui pourraient prendre la majorité à notre place. Nous serons
tous unis pour maintenir notre travail collectif.
Olivier PIA
Yves ALBARELLO, vous êtes député-maire de Claye-Souilly. Quel regard portez-vous sur
l'étude portait par le groupement Acadie, Portzamparc, Güller & Güller ?
Olivier PIA
Ces cinq pétales vont donc dans le bon sens.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Tout à fait. Il faut que nous puissions nous aussi récupérer de la richesse à travers les
emplois, la valeur ajoutée créée et les entreprises.
Philippe COME
Vincent CAPO-CANELLAS, vous êtes maire du Bourget. Nous aimerions connaître votre
réaction en tant que voisin de la plateforme. Comment vivez-vous ce débat au quotidien ?
Philippe COME
Vous avez réalisé votre propre étude.
Olivier PIA
Quand commenceraient ces travaux pratiques ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Quel a été à vos yeux le plus important dans les études que vous avez réalisées ?
Olivier PIA
Nous allons passer la parole à Christian DE PORTZAMPARC.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
cause du grand nombre et cela est favorisé par les échanges virtuels. Cela est même en
train de changer le destin de nos villes, car je crois que le modèle métropolitain est un
modèle de fonctionnement urbain. Chaque ville a son centre de congrès ou sa zone
d'activité.
Olivier PIA
Est-ce que la grande majorité des métropoles se construisent aujourd'hui ainsi ?
Philippe COME
Le maillage est l'un des problèmes les plus importants.
Olivier PIA
Nous allons passer la parole à Mathis GÜLLER. Que pouvez-vous nous dire ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
L’enjeu majeur aujourd'hui est ce changement de donne. Nous ne sommes plus dans le
schéma d’une plateforme d'infrastructure en dehors de la ville. L'enjeu majeur est de savoir
comment intégrer cette plateforme dans la métropole, d'où la nécessité de considérer plus
spécifiquement les potentialités de tous les territoires autour de la plateforme, mais aussi des
territoires à proximité, ainsi que l'intérêt de sortir un peu de l'amélioration de l'existant.
Après trente-cinq ans d'existence de la plateforme, en effet, j’ose dire qu'il faut aujourd'hui
introduire un nouveau modèle d'aménagement pour la plateforme et ses alentours. Nous
ouvrons aujourd'hui la porte à la deuxième génération d'aéroports, que nous sommes en
train d'envisager ensemble et pour laquelle il faut cette approche stratégique.
Olivier PIA
C’est donc une vraie rupture. Nous allons demander à Bernard CORNEILLE, conseiller
général de Seine-et-Marne, chargé des relations avec la plateforme aéroportuaire de Roissy-
Charles-de-Gaulle, de nous donner son point de vue.
Olivier PIA
Quelles sont vos attentes les plus pressantes ?
Philippe COME
Et combien de Seine-et-Marnais travaillent sur la plate-forme de Roissy ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Le métro automatique peut-il être une bonne opportunité pour vous ?
Philippe COME
Cela signifie-t-il que la plateforme doit être en quelque sorte beaucoup plus poreuse pour les
habitants de Seine-et-Marne ?
Olivier PIA
Nous avons vu en travers de la présentation du projet, Jean-Claude RUYSSCHAERT, qu'il y
avait beaucoup à faire dans le domaine des transports en commun.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Vers quoi doit-on maintenant se diriger ?
Philippe COME
Hervé DUPONT, vous êtes directeur général de l'Établissement public d'aménagement (EPA)
Plaine de France. Où en est aujourd'hui l’EPA en tant qu'opérateur principal et organisme
d'aménagement en matière de construction de logements ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Avec l'appui de l'État et de la Région, nous avons réuni l'ensemble des communes de la
Plaine de France pour définir un plan qui va nous permettre de passer de 4 000 à
6 000 logements par an dans les deux années à venir. Ce plan sera bien sûr accompagné
d’équipements publics.
Toute une partie du secteur de Roissy est située dans la zone d'exposition au bruit de
l'aéroport. Il n'est donc pas possible de construire de logements neufs, sauf à détruire
l'équivalent. Au nord, en revanche, on se situe en dehors des zones de bruit. La
communauté de communes de Roissy Porte de France a adopté un plan local de l'habitat
très ambitieux, qui prévoit la construction d'un certain nombre de logements d'ici dix ans
quinze ans, dont l'écoquartier de Louvres-Puiseux, qui sera une greffe sur un village existant
à proximité d'un lycée international.
Deux points me paraissent importants dans le débat sur le Grand Roissy, qui ont été en
partie soulignés tout à l'heure, mais peut-être pas suffisamment. D'abord, si l'on veut
développer le logement, la question de l'accès à la plateforme est évidemment
fondamentale, puisque si l'on développe des logements si près de cette plateforme, c'est
notamment pour y loger ses salariés.
Pour cela, le transport collectif doit suivre. Nous avons beaucoup parlé des transports ferrés
lourds, essentiels au sud de la plateforme. C'est un peu différent au nord et, manifestement,
le réseau de bus doit être réorganisé. En outre, la liaison avec le barreau de Gonesse va
permettre cet accès.
Par ailleurs, on trouve au nord des terres agricoles très riches, que ce soit en Seine-et-
Marne ou dans le Val-d'Oise, qu'il faut aussi préserver. Or, elles sont menacées par la
pression du développement économique et du développement de logements. Il n'est pas
question d'arrêter l'un ou l'autre ; la seule solution est de faire des réalisations compactes –
c'est ce sur quoi nous travaillons avec cet écoquartier. C'est dans ces voies qu'il faut
s'orienter si l'on veut préserver l'avenir du secteur autour de Roissy.
Philippe COME
Je suppose que la soirée d'hier vous a intéressé. Y avez-vous appris des choses ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Nous avons eu le sentiment hier soir que, finalement, la gouvernance était beaucoup plus
simple aux États-Unis que chez nous. Pourrons-nous arriver à cette même simplicité ?
Philippe COME
Daniel BEHAR, comment vous sentez-vous interpellé sur le projet du groupement,
humainement parlant ? Que représente dans votre carrière le fait de travailler sur un projet
aussi extraordinaire ?
Olivier PIA
Si j'ai bien compris, il va falloir avancer vite et faire un vrai saut.
Philippe COME
Le travail que vous faites correspond-il aux attentes que les élus ont exprimées sur ce
plateau cet après-midi ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Merci beaucoup, messieurs. Je salue M. REBUFFEL, qui est à mes côtés et dont nous
avons beaucoup parlé depuis ce matin. Je vous propose de l'applaudir pour le travail qu'il a
fait. Merci, monsieur SANTINI, d'être venu passer quelques instants avec nous.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Monsieur MARTIN, je sais que vous intervenez ici en tant que président de Paris Métropole.
Toutefois, nous sommes allés visiter le site Internet de la mairie de Nogent-sur-Marne et les
premiers mots que l'on y lit sont les suivants : « Les gens heureux sont ceux qui privilégient
l'essentiel par rapport à l'accessoire, l’être à l’avoir, l'utile à l'agréable, le durable à
l'éphémère, le suffisant au trop, le nécessaire au superflu ; en fait, les besoins aux désirs ».
Est-ce sur cette base que vous animez cette année Paris Métropole ?
Olivier PIA
La gouvernance que vous évoquez montre-t-elle encore des limites des carences
aujourd'hui ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Je vais rebondir sur ce terme de « besoins » que vous venez d'utiliser pour passer la parole
à Pierre GRAFF. Quel est le point de vue de l'autorité aéroportuaire ? Quels sont vos besoins
par rapport au territoire qui vous entoure directement ? Pouvez-vous nous expliquer en
quelques mots la manière dont vous souhaitez vous ouvrir sur le territoire ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Cela m’est aussi nécessaire pour dire quels sont les dangers. J'ai entendu ce matin un long
débat sur la création d'emplois, qui est à mon sens la clé de nos débats d'aujourd'hui. Il est
vrai que nous avons des ratios – je me réfère seulement aux chiffres de l'Observatoire de
l'emploi, qui sont des chiffres officiels. Nous avons aussi des corrélations. Nous savons qu'un
million de passagers supplémentaires représente 1 500 emplois directs et cette corrélation
fonctionne malheureusement à la hausse comme à la baisse, comme nous en avons fait les
frais en 2009.
J'en ai besoin pour parler du devenir de cette industrie et affirmer que rien n'est gagné,
même si nous avons là un réservoir considérable de création de richesses pour la région et
le pays tout entier. Les compagnies aériennes sont en concurrence les unes avec les autres,
tout comme les plateformes internationales. Il ne faut en effet pas oublier que les transits
représentent la moitié de notre trafic. Les concurrents sont extrêmement agiles, ambitieux et
agressifs, et n'hésitent pas à dépenser des moyens considérables. En quelques années,
Francfort aura investi 4 milliards d'euros ; à Heathrow, la construction du seul terminal 5 a
coûté 6 milliards de livres, quand nos propres terminaux coûtent environ 500 millions
d'euros. Voilà les efforts que ces gens consentent dans un consensus général. La
compétition n'est donc pas gagnée ; tous veulent être la première porte d'entrée en Europe
dans les cinquante ou cent ans à venir. J'aimerais que Paris soit parmi ces trois ou quatre
grandes portes qui subsistent en Europe.
Voilà ce que j'ai envie de dire. Au-delà de ces propos, je souhaite entrer dans le détail avec
tous les partenaires pour que l'on puisse ensemble se défendre et bâtir quelque chose qui
soit utile à l'Île-de-France et à notre pays, mais qui nous permette aussi de rester dans la
course.
Philippe COME
Vous, Aéroports de Paris, avez intérêt à vivre en symbiose avec l'ensemble du territoire.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Cette journée correspond-elle pour vous à un lieu de dialogue important ? La réunion de
l'ensemble des acteurs est en effet une première.
Olivier PIA
Didier VAILLANT, vous êtes président de la communauté d'agglomération Val de France et
maire de Villiers-le-Bel. Quel est votre regard ? Peut-être avez-vous envie de réagir aux
propos de M. GRAFF ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Nous allons poser la même question à Didier ARNAL, président du conseil général du Val-
d'Oise.
Philippe COME
Vous êtes en train d'évoquer là une gouvernance collective.
Olivier PIA
Robert LION, vous êtes président de l'Agence régionale de développement Paris-Île-de-
France. Je présume que vous avez également envie que tous les acteurs parlent d'une seule
voix sur ce grand Roissy.
Olivier PIA
Regrettez-vous cette période ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Quelles sont les armes dont dispose votre Agence régionale de développement Paris Île-de-
France ?
Olivier PIA
Alain CHAILLÉ, vice-président opérations Europe du Sud pour FedEx, faites-vous partie
d’Hubstart ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
deux hubs : un hub passagers qui est le plus important d'Europe et un hub de fret qui est
également certainement le premier d'Europe. Pour FedEx, d'ailleurs, Roissy est le premier
hub en dehors des États-Unis. Tout cela est formidable pour Roissy et les territoires autour
de la plateforme.
Beaucoup d'initiatives ont été prises. Nous n'avons pas attendu d'avoir une gouvernance en
place pour lancer un certain nombre d'actions pour développer l'activité autour de la
plateforme. Il faut compter tous les postes créés sur la plateforme ; FedEx y contribue et
nous avons d'ailleurs créé 338 emplois nouveaux à Roissy en 2010 et nous en recrutons une
centaine en ce moment.
Olivier PIA
Vous avez évoqué Aérotropolis ; de quoi s'agit-il ?
Olivier PIA
Que vous manque-t-il, s'il vous manque quelque chose ?
Olivier PIA
Êtes-vous conscient de ce que cela n'est pas toujours le cas ? Que pouvez-vous faire sur le
terrain, vous, acteurs économiques ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Souhaitez-vous vous-même une gouvernance plutôt simple ?
Philippe COME
De l’EPA que l'on pourrait imaginer étendu à la Seine-et-Marne, à EupStart, en passant par
Aérotropolis et autres, on ne part finalement pas du tout d’une page blanche.
Philippe COME
François ASENSI, vous êtes député-maire de Tremblay-en-France et président de la
communauté d'agglomération Terres de France. Une autre forme de gouvernance locale est
la coopération intercommunale. En deux ans, monsieur, de maire d'une commune isolée,
vous êtes devenu président d'une intercommunalité en coopération avec la communauté de
communes Roissy Porte de France. Comment avez-vous réussi à faire cela ? Avez-vous
déjà des retombées et, si oui, quelles sont-elles ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
J’ai le sentiment que vous souffrez de tous ces antagonismes qui existent dans le système.
La population, elle, est bien loin de tous ces problèmes.
Olivier PIA
Vincent EBLÉ, vous êtes président du conseil général de Seine-et-Marne. Quel est votre
regard ? Quelle est la gouvernance que l'on retrouve du côté de votre département ?
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Regardez-vous le Grand Roissy comme une opportunité pour votre territoire ?
Philippe COME
Nous allons parler un peu du GIP dont nous n'avons pas encore parlé. Nous demanderons
ensuite à Laurent FISCUS quelles sont les propositions autour desquelles l'État réfléchit
aujourd'hui.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Visiblement, la salle estime plutôt qu'il existe depuis une douzaine d'années.
Philippe COME
Qu'est-ce que l'État propose concrètement aujourd'hui ? Jusqu'où veut-il ou peut-il aller ?
Olivier PIA
Concrètement, quelle organisation voulez-vous mettre en place ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Philippe COME
Nous avons entendu parler de votre proposition d'organisation à trois étages ; peut-on en
savoir un peu plus ?
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Olivier PIA
Merci beaucoup. Nous allons donner la parole à la salle.
Philippe COME
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
Non loin de chez vous se trouve l'aéroport d'Orly, organisé autour d'un pôle de compétence.
Que pensez-vous de ce modèle, monsieur MARTIN ?
Philippe COME
Nous avons évoqué un mot important lors de la préparation de cette table ronde, celui
d'expérimentation. Vous êtes pour l'expérimentation. Vous êtes pour vous donner du temps
pour définir les choses.
Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
d’eux qu'il faut construire ce qu'ils attendent de ce territoire. Le droit à l'expérimentation a été
reconnu au niveau national ; il faut l'utiliser, mais pas trop longtemps.
Philippe COME
Pensez-vous que tous ces acteurs qui créent des réseaux dont le seul objectif est d'être
positifs peuvent ou doivent se considérer comme des pionniers ?
Philippe COME
Pouvez-vous nous faire partager très rapidement votre regard sur ce que vous avez vécu
avec nous cet après-midi ?
Philippe COME
Merci beaucoup, messieurs.
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
l'environnement ? Vous pouvez attendre de moi une exigence sans faille sur le respect de
l'environnement et du cadre de vie. J'ai une petite expérience locale en matière de nuisances
aériennes, puisque j'ai tenu à rencontrer personnellement une grande association de
protections des riverains avant cette réunion. Je suis assez sensible à leurs attentes ; ma
circonscription et ma ville, Longjumeau, sont situées au bout des pistes d'Orly. Avant même
d'être ministre en charge, j'ai eu l'occasion, en tant qu'élue locale, de rentrer dans les
questions techniques. Il n'est pas question de mettre un terme à l'activité aérienne, mais on
peut bien s'assurer qu’à chaque étape, tout a été fait pour limiter les nuisances sonores.
Lorsque l'on veut bien entrer avec bonne foi dans les détails techniques, on trouve des
solutions.
Je sais également l'importance décisive de la période nocturne. Le sommeil n'a pas de prix
et ceux qui en sont privés le savent bien. En 2003, le gouvernement avait mené des
réflexions pour réduire les nuisances sonores nocturnes. Depuis cette date, un indicateur de
bruit a été mis en place et leur nombre de créneaux de circulation a été réduit. Il y a eu des
abandons volontaires par plusieurs compagnies, dont Air France. Aujourd'hui, il est question
d'aller plus loin et, dans le cadre de la charte DERMAGNE, la demande prioritaire est
d'obtenir une véritable nuit de huit heures.
Je redis clairement que nous n'avons pas l'intention de fermer Roissy la nuit, mais j'indique
aussi clairement aux opérateurs que la contrepartie de cette non-fermeture est des mesures
très significatives, et non symboliques, dont les effets seront considérables et clairement
perçus.
Si l'on veut que les riverains entendent moins de bruit, la première condition est de réduire le
bruit émis. On court parfois trop facilement à l'insonorisation. L'insonorisation est une bonne
chose, mais il s'agit du dernier recours. En matière de bruit, comme en matière d'efficacité
énergétique, il vaut mieux réduire à la source. Ces démarches de progrès peuvent profiter à
tout le monde. À cet égard, il me paraît essentiel de ne plus accueillir la nuit les avions les
plus bruyants et de le faire tout de suite. Pour commencer, les avions dont la marge est
inférieure à 8 dB seront interdits entre vingt-deux heures et six heures dès la fin 2011, soit
pour la saison aéronautique d'hiver 2011-2012. Après le délai incompressible de la
communication de cette mesure aux compagnies, les avions de la catégorie suivante, ceux
dont la marge acoustique est comprise entre 8 dB et 10 dB, seront interdits à leur tour pour
la saison aéronautique d’hiver 2013-2014.
Une fois le bruit émis réduit, il faut s'intéresser aux trajectoires empruntées et s'éloigner des
zones les plus denses. Je suis fortement engagée sur le relèvement de 300 m de toutes
trajectoires en Île-de-France. Pour plus de 80 000 personnes, ce projet permet de limiter les
nuisances sur l'ensemble de la journée et de la nuit. Toutefois, pour apporter du bénéfice au
plus grand nombre, il faut accepter de faire reculer le point de virage et quelques
modifications. Le point de virage se fera donc plus haut, mais au-dessus de riverains
différents. J'ai demandé à la Direction générale de l'aviation civile de revoir son projet pour
que ce mouvement soit gagnant au maximum.
L'engagement du Grenelle de l'environnement est d’optimiser les trajectoires en fonction de
la consommation de kérosène aux altitudes de transition. En dessous de l'altitude de
transition, on optimise les trajectoires sur le bruit. Cela signifie que l'on accepte de faire un
virage un peu plus large, même si la consommation en kérosène est un peu supérieure.
C'est de bonne politique.
Une autre mesure porte sur la nouvelle trajectoire de décollage la nuit pour éviter les zones
très urbanisées de l'est de Roissy et doit sa naissance aux travaux de la mission du
Préfet CANEPA et à la force de proposition de plusieurs parlementaires, dont Jérôme
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Les Rencontres du Grand Roissy – 24 et 25 janvier 2011
CHARTIER et Yannick PATERNOTTE. Cette trajectoire sera mise en œuvre par la Direction
générale de l'aviation civile dans les meilleurs délais. Je crois que nous pouvons envisager
un passage en commission consultative de l'environnement en mai 2011, ce qui permettra
une mise en œuvre en 2012 au plus tard.
Les procédures de descente continue vont elles aussi pouvoir être multipliées. Cette mesure,
qui intéresse directement les populations pour le bruit, permet aussi de réduire les émissions
gazeuses. L'effort engagé devra se poursuivre sur des descentes continues commençant
plus haut, à plus de 3 000 mètres. Je sais que vous avez beaucoup travaillé sur les
doublets ; sans entrer dans le détail, je demande au service de l'Aviation civile de mettre en
œuvre avec la plus grande diligence l'ensemble des mesures d'amélioration des procédures
qui paraissent de bon sens, comme l'utilisation du doublet Nord lorsque l'on part sur une
trajectoire Nord ou que l'on atterrit à partir d'une trajectoire Nord – et le Sud de manière
symétrique –, le tout afin de minorer les survols.
De la même manière, semble de bon sens l'établissement d'une configuration préférentielle
à l'ouest, en deçà d'un seuil de vent arrière, pour éviter le survol des zones les plus
urbanisées à l'atterrissage. Ceci doit pouvoir être mis en œuvre rapidement dans la
tranche minuit/cinq heures, qui est la plus facile pour mettre en place une mesure de ce
genre.
Cette première expérimentation n'exclue pas une extension ultérieure et c'est ce que l'on
peut d'ores et déjà faire pour les décollages en début de piste, qui permettent de faire moins
de bruit. Ces décollages existent déjà sur la tranche minuit/cinq heures et je crois que nous
allons pouvoir les étendre dans certaines configurations lorsque les conditions de trafic le
permettent sur les tranches vingt-deux heures/minuit et cinq heures/six heures.
Il existe donc de belles pistes de progrès. Il nous reste à les mettre en œuvre le plus
rapidement possible, sans évacuer les périodes obligatoires de consultation et d'enquête
publique pour le relèvement des trajectoires. Il nous reste aussi à les expliquer et j'insiste sur
cela. Le relèvement des trajectoires, notamment, est un projet d'intérêt général et une
pédagogie est forcément indispensable.
Pour finir, permettez-moi de saluer la qualité de ces travaux et de vous remercier encore
pour le temps que vous y avez consacré, et la technicité que vous y avez développée. Je
suis entrée un peu plus que prévu dans le détail de ces questions, mais je crois que c'est en
procédant ainsi que l'on trouve des solutions. Merci à tous.
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