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WALKER, LENORE E. A. 2003.

« TECHNIQUES D'EVALUATION ET
D'INTERVENTION EN MATIERE DE VIOLENCE CONJUGALE». IN VOIR ET AGIR:
RESPONSABILITES DES PROFESSIONNEL-LE-S DE LA SANTE EN MATIERE DE
VIOLENCE A L'EGARD DES FEMMES, SOUS LA DIR. DE LUCIENNE GILLIOZ, P. 231-
239. GENÈVE: ÉDITIONS MÉDECINE ET HYGIÈNE, 319 P.

Dans ce texte, Lenore E.A. Walker développe la thèse selon laquelle l’évaluation et l’intervention
en matière de violence conjugale devrait s’inscrire dans une approche globale intégrant les
différentes théories permettant d’appréhender le phénomène de la violence : Théorie féministe,
théorie du traumatisme, théories biologiques, théories interpersonnelles.
Pour soutenir cette thèse, l’auteure commence par souligner l’importance pour le psychologue
généraliste qui veut évaluer une situation de violence conjugale de se préparer compte tenu du fait
qu’il s’agit d’un type de violence qui requiert des approches spécifiques et notamment la prise en
compte du contexte global dans lequel s’inscrit cette violence. En effet, par rapport à ce type de
violence, le psychologue, au lieu de se concentrer sur le caractère pathologique de la femme battue,
cherchera à identifier les « stratégies mis au point par la femme elle-même pour faire face à une
situation difficile, voire dangereuse.» D’où l’importance de placer cette violence dans son contexte
pour mieux évaluer la situation d’une femme battue. Par exemple, certaines femmes battues ont
pu développer des aptitudes qui les aident à faire face à des situations dangereuses. Il faudrait
pouvoir en tenir compte lors de l’évaluation de la situation. Le contexte culturel est également très
important pour évaluer la situation d’une femme battue. Car un comportement condamné dans une
culture n’est pas forcément condamné dans une autre culture.
Par la suite l’auteure a montré comment les quatre théories suivantes peuvent contribuer à une
meilleure compréhension de la violence conjugale :
• La théorie féministe qui met l’emphase sur « l’abus de pouvoir et le contrôle exercé par le
partenaire violent sur la femme ».
• Les théories du traumatisme qui permettent d’évaluer des situations traumatisantes et de
mettre en place des stratégies d’intervention ;
• Les théories biologiques qui cherchent à expliquer l’impact des agents biochimiques et des
hormones sur le comportement d’une personne.
• Les théories interpersonnelles qui mettent l’accent sur « les effets du sentiment de trahison
et d’isolement de la femme ».
Tenant compte de ces éléments en guise de préalable à l’évaluation, l’auteure explique en quoi
consiste une évaluation optimale d’une femme victime de violence. Pour commencer, selon
l’auteure, le psychologue doit faire une évaluation de la dynamique de la violence et le risque de
danger futur pour la femme et les enfants. Il est possible d’utiliser également des tests
psychologues standardisés comme l’échelle de l’intelligence adulte de Wechsler qui évalue les
dommages de la violence sur la faculté de jugement de la femme battue et le test de Rorschach
qui évalue la vision du monde d’une personne. Par ailleurs, l’évaluation selon l’auteure ne s’arrête
pas à la femme battue mais chercher également à évaluer le comportement de surveillance du
partenaire violent en vue de travailler avec la femme sur la mise en place d’un plan de crise pour
qu’elle puisse savoir à quel moment elle doit partir si la situation se dégrade.
Pour finir l’auteure présente les avantages de la thérapie de survie qui arrive à combiner plusieurs
approches tout en mettant l’accent sur les théories féministes et celles du traumatisme. Cette
thérapie, selon l’auteure, se concentre d’abord sur les ressources dont dispose la femme. Dans ce
type de thérapie, le thérapeute évite de se comporter en experte de la vie de sa cliente mais laisse
plutôt cette dernière partager son expérience. Il s’agit plutôt d’une thérapie qui s’inscrit dans une
dynamique d’apprentie partagé. Cependant, l’auteure reconnait que d’autres techniques peuvent
servir de compléments à ce type de thérapie par exemple, les programmes spéciaux destinées aux
hommes violents, la thérapie des mouvements oculaires de désensibilisation et de
reprogrammation.
Ce texte, sur bien des points est intéressant pour une intervenante féministe. D’abord, l’auteure
en plaçant la violence conjugale dans un contexte global, reconnait la multidimensionnalité de ce
type de violence. Cette façon d’aborder les choses permet de prendre en compte la réalité de chaque
femme battue. Par exemple, une femme qui dépend financièrement de son mari et qui décide de
rester en dépit de la violence qu’elle subit n’est pas dans la même situation qu’une femme qui ne
peut pas quitter son partenaire violence parce qu’elle l’aime encore. Dans le premier cas l’enjeu
est économique alors que dans le second cas l’enjeu est plus sentimental. Par rapport à la prise en
compte du contexte culturel par exemple, en Haïti une femme peut décider de rester avec un mari
violent parce qu’elle ne veut pas que ces enfants portent des noms de famille différents. Parce
qu’en Haïti, c’est souvent mal vu qu’une femme ait des enfants ayant des noms de famille
différents. Tenant compte de ces considérations nous pouvons poser les questions suivantes :
-Quelles sont les caractéristiques d’une intervenante en matière de violence conjugale ?
- Tenant compte de l’importance accordée par l’auteure aux théories féministes, doit-on être
féministe pour intervenir auprès des femmes victimes de violence conjugale?
- Quelles sont les causes de la violence conjugale de la part des hommes ?

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