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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 22-320-A-10

22-320-A-10

Chirurgie préprothétique
G Princ R é s u m é. – Depuis le développement de l’implantologie, les indications de la chirurgie
R Toledo préprothétique sont plus restreintes. Il faut néanmoins connaître ses indications ainsi que
J Dichamp ses possibilités thérapeutiques.
Les différentes informations du bilan préopératoire indispensables à l’orientation
thérapeutique seront exposées en première partie. Puis nous détaillerons successivement
les techniques utilisées sur les plans muqueux et osseux, par soustraction ou addition, et la
chirurgie du plancher buccal.
© 1999, Elsevier, Paris.

Rappel – le suivi du patient par l’odontologiste et/ou le stomatologiste ; en rappelant


les différentes pathologies buccales, fréquentes chez les sujets âgés :
glossodynies, hyposialie (voire hypersialie).
Les critères anatomiques qui permettent de supporter confortablement une
prothèse dentaire amovible, complète ou partielle, sont muqueux et osseux. Examen clinique
L’appui muqueux doit être de bonne qualité et suffisamment étendu pour Il faut apprécier non pas tant les stigmates du vieillissement cutané que les
répartir au maximum la pression par unité de surface pendant les efforts de rapports antéropostérieurs des bases osseuses (fréquemment défavorables),
mastication. les fonctions musculaires (labiales, etc) et articulaires temporomandibulaires.
Le support osseux doit être régulier et son relief suffisamment marqué pour L’examen de la muqueuse buccale est méthodique et complet, recherchant
assurer une rétention et une stabilité convenables. des kératoses buccales et évaluant les facteurs positifs et négatifs de rétention
et de stabilisation prothétiques : insuffisance vestibulaire, frein
Il peut être nécessaire de recourir à la chirurgie pour rétablir des conditions hypertrophique, hyperplasie muqueuse, hypertrophie osseuse, etc.
anatomiques satisfaisantes [1, 2, 4, 8, 12, 21, 23, 27, 33, 34, 37, 38, 52].
En fonction des anomalies rencontrées, l’acte chirurgical se situe sur : Bilan radiographique
– les muqueuses modifiées par des plasties ; Le panoramique dentaire est systématique. Il peut être, en fonction de chaque
cas, complété par des clichés rétroalvéolaires, voire un examen
– l’os basilaire et alvéolaire, par des interventions destinées à en régulariser tomodensitométrique (TDM).
les contours, ou à en augmenter le relief, et enfin à modifier les rapports
interarcades. Étude des moulages pour édenté total
Qu’ils soient muqueux, osseux ou combinés, les actes chirurgicaux localisés Classiquement, nous réalisons deux types de moulages. Pour la première
à un secteur de l’arcade sont réalisables sous anesthésie locale. Il n’en est pas empreinte, nous utilisons un hydrocolloïde afin de visualiser sur le modèle
de même pour les anomalies intéressant la totalité d’une ou des deux arcades l’espace prothétique et de déterminer le meilleur type d’intervention.
relevant de techniques pouvant nécessiter une anesthésie générale. Du modèle en plâtre, nous réalisons un porte-empreinte individuel. La
La qualité du résultat dépend de l’exactitude du diagnostic, du choix deuxième empreinte en compression, donne une appréciation sur la forme
thérapeutique. globale de la mandibule et sur le degré de dépressibilité des brides et freins.
La pâte de Kerr est préférée à un silicone lourd qui a tendance à gonfler le
La chirurgie préprothétique (dite de « confort »), s’adressant le plus souvent
cul-de-sac vestibulaire permettant ainsi une meilleure dépression. La pâte de
à des sujets âgés, impose une évaluation médicale complète du patient. En
Kerr est appliquée sur le porte-empreinte suivant la technique classique de
fonction des résultats, les indications opératoires pourront être discutées. prothèse adjointe ; cependant, avant la mise en bouche, cette extension est
façonnée suivant dans le prolongement du porte-empreinte. La prise de
l’empreinte ne se fait que lorsque la pâte de Kerr est peu déformable et refoule
Bilan correctement le cul-de-sac vestibulaire. Cette manœuvre peut être répétée
plusieurs fois sur une même zone afin d’optimiser au maximum la
Données de l’interrogatoire compression. L’état de surface final est obtenu grâce à un rebasage avec une
pâte à l’oxyde de zinc chargée de talc afin d’en diminuer le pouvoir hydrophile
L’interrogatoire du patient doit recueillir : ou avec un alginate, un silicone souple si le patient est partiellement denté.
– le degré de compréhension et de motivation ; Au terme de cette étape, nous disposons du modèle de référence et d’un
« modèle chirurgical » pour la réalisation d’un « gabarit » de contention dont
– les antécédents médicochirurgicaux, les prises médicamenteuses ; la technique de réalisation suit les mêmes étapes qu’une prothèse adjointe
classique.
De l’évaluation générale et locale découlent un ou plusieurs plans de
traitement nécessitant parfois une concertation pluridisciplinaire.
Guy Princ : Coordinateur du diplôme universitaire de chirurgie et prothèse implantologique
(Paris V), responsable de la consultation de stomatologie et chirurgie maxillofaciale.
Rafaël Toledo : Attaché associé, consultation de stomatologie et chirurgie maxillofaciale. Techniques chirurgicales
Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.
Jacques Dichamp : Attaché consultant, service de stomatologie et prothèse maxillofaciale, On distingue les interventions au niveau des plans muqueux, musculaires,
groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47, 83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France.
© Elsevier, Paris

osseux ; on différencie des procédés par « soustraction » ou par « addition ».


Toute référence à cet article doit porter la mention : Princ G, Toledo R, Dichamp J.
Chirurgie préprothétique. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Stomatologie/Odontologie, Plans muqueux par soustraction
22-320-A-10, 1999, 9 p.
Ce sont les interventions les plus fréquentes.

150 444 EMC [257]


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A B C D
1 Résection gingivale.
A. Incision crestale. C. Désépaississement des lambeaux.
B. Résection gingivale cunéiforme. D. Sutures.

3 Plastie en Z, transposition des lambeaux E et B.

La résection est « économe », pour ne pas diminuer la profondeur du


vestibule. En outre, de l’intervention chirurgicale peut résulter une bride
cicatricielle qui viendrait gêner la stabilité prothétique ; c’est pourquoi on a
recours, dans certains cas, à l’association d’une plastie de glissement.
Brides et freins
Les brides muqueuses vestibulaires existent chez tous les édentés. Elles sont
la traduction visible de la modification du siège des insertions des muscles
peauciers de la face, due à la résorption osseuse.
Ils ne doivent être corrigés que s’ils sont trop proéminents et causes
d’instabilité prothétique.
À la section transversale avec simple suture, il faut préférer la plastie en Z ou
en VY, pour éviter une bride cicatricielle minorant la qualité du résultat (fig 2).
Plastie en Z (fig 3)
2 Plastie du frein labial supérieur.
Son principe est la réalisation de deux triangles équilatéraux. La ligne
Hypertrophies gingivales médiane suit le frein (ou la bride) ; deux contre-incisions sont réalisées aux
Elles sont habituellement constituées sous l’influence d’une irritation locale, deux extrémités faisant un angle à 60°. Les deux lambeaux triangulaires sont
d’une infection chronique ou d’une action chimique (Di-Hydant par alors échangés, permettant d’horizontaliser le grand axe (bride ou frein).Le
exemple). seul impératif technique est l’obtention de deux lambeaux muqueux bien
Elles peuvent être localisées au niveau des tubérosités maxillaires, entraînant vascularisés.
une réduction de l’espace libre entre crêtes antagonistes et empêchant ainsi la Ces lambeaux muqueux vont permettre, grâce à leur translation, une
réhabilitation prothétique. répartition topographique différente de la muqueuse. Les lambeaux
La résection gingivale cunéiforme est réalisée (à la demande), puis les deux d’échange type plastie en Z donnent la possibilité, en outre, de combler une
berges de la perte de substance crestale sont suturées sans tension après plastie perte de substance muqueuse.
de glissement de la fibromuqueuse (nécessitant un décollement sous- Freinectomie linguale
périosté) [53, 54] (fig 1).
L’incision est parfois perpendiculaire à l’axe du frein de la langue, après avoir
Crêtes flottantes repéré les deux ostiums des canaux de Wharton ; la dissection peut être
Elles coexistent souvent avec des crêtes en « lame de couteau », liées à la poursuivie, permettant, après mise en évidence des faisceaux antérieurs du
résorption alvéolaire. Un bilan radiographique, scanographique ou muscle génioglosse, de pratiquer la section de leur insertion linguale.
tomographique doit mettre en évidence cette association. En fait, il s’agit plus fréquemment d’une plastie en Z.
La résection est conduite prudemment. En effet, cette « crête flottante »
confère à la prothèse un minimum d’adhésion qu’il ne faut pas Macroglossies
compromettre [45]. De nombreuses techniques de glossoplasties ont été décrites ; les indications
La section doit atteindre d’emblée le plan osseux. Le rapprochement des sont rares.
berges est en général aisé.
Glossoplastie losangique médiane [15]
Hyperplasies traumatiques Un fil médian tracteur transfixe la pointe de la langue mobile ; latéralement,
Elles sont fréquentes chez l’édenté, au niveau des vestibules, au contact de la les zones de trait de la résection latérale sont repérées par deux fils. La
fausse gencive prothétique. résection est débutée sur la face dorsale de la langue puis poursuivie sur la

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face pelvienne. Après une hémostase soigneuse, les deux fils latéraux sont lambeau disséqué est réamarré en bas. Le bord libre muqueux est fixé au fond
ramenés vers la ligne médiane, pour obtenir un remodelage parfait de la du vestibule par des fils transfixiants mentonniers, noués sur un bourdonnet.
langue mobile. Dans certains cas, il peut exister une petite saillie médiane Les procédés sus-périostés ont notre préférence, facilitant une
dans la région postérieure dorsale pouvant nécessiter une résection épithélialisation secondaire correcte.
complémentaire médiane. La suture se fait en deux plans. Un fil de protraction
linguale est laissé en place pendant 48 heures permettant en cas d’œdème ou Trou mentonnier, contrainte anatomique
d’hématome de libérer l’oropharynx. Dans certains cas, il faut modifier le positionnement de celui-ci vers l’arrière
et vers le bas, permettant ainsi de faciliter l’approfondissement vestibulaire et
Plans muqueux par addition supprimant un traumatisme prothétique sensitif.
Après une petite incision muqueuse antérieure, la rugination sous-périostée
Insuffisances vestibulaires permet de mettre en évidence l’émergence. L’incision est poursuivie alors
latéralement au-dessus de celle-ci. Puis on met en place une spatule coudée à
Les indications sont de plus en plus exceptionnelles, les résultats étant
bords émoussés au niveau du trou mentonnier, dirigée vers le canal et
aléatoires. Les techniques implantaires permettent souvent de pallier ces
protégeant le paquet vasculonerveux. L’ostectomie est conduite
insuffisances vestibulaires.
progressivement à la fraise boule, permettant de supprimer la table externe du
Le manque de profondeur du vestibule ne permet pas d’utiliser toute la canal. Le nerf est alors déplacé de quelques millimètres (souvent gêné par les
hauteur osseuse disponible, pour bénéficier d’une surface d’appui prothétique branches incisives) (fig 5).
suffisante.
L’orthopantomogramme montre : Préparation de la « prothèse guide »
– au maxillaire : l’atrophie des procès alvéolaires, la proximité des cavités Cette prothèse est faite à partir des moulages issus de la deuxième empreinte,
nasales et sinusiennes, la forme et la situation de la tubérosité et ses rapports réalisée avec un matériau de consistance ferme.
avec l’apophyse ptérygoïde ; On creuse, à l’aide d’une spatule ou d’un couteau à plâtre, le vestibule de
– à la mandibule : l’atrophie alvéolaire, le trajet du canal dentaire et la façon à augmenter sa profondeur, et à reproduire aussi exactement que
situation du trou mentonnier. possible la morphologie du futur vestibule. Cette préparation doit être faire
La téléradiographie de profil est intéressante, montrant la forme de la en présence du patient pour permettre au praticien de se guider par la palpation
symphyse mentonnière et les rapports antéropostérieurs des maxillaires. des reliefs osseux.
Les possibilités d’améliorer le vestibule peuvent être mises en évidence par Les moulages sont montés en articulateur et une prothèse complète est
des moulages réalisés selon la méthode de la « double empreinte ». Grâce à réalisée. La base prothétique de l’arcade intéressée par l’acte chirurgical est
ces indications, on peut déterminer si une vestibuloplastie est réalisable. réalisée soit en résine acrylique souple, soit en silicone par addition après
Celle-ci le sera à condition que : adjonction de « primer d’adhésion ». Elle comportera du côté vestibulaire, un
– la muqueuse soit souple et de bonne qualité ; boudin périphérique destiné à modeler le vestibule ; elle protège la zone où
s’effectuera l’épithélialisation secondaire.
– la hauteur osseuse soit de 12 à 15 mm à la mandibule ; au maxillaire, on
peut se contenter de 6 à 8 mm, en sachant qu’il est possible de l’augmenter en Pour être efficace, cette prothèse de contention doit être rigoureusement
avant par une résection de l’épine nasale (le pied du malaire efface souvent le immobile. Dans ce but, elle est fixée :
relief alvéolaire). – à la mandibule par deux ligatures circonférentielles d’Ivy, avec un fil
Dans certains cas, le dernier obstacle anatomique rencontré est la position métallique n° 3 ;
haute du trou mentonnier pouvant nécessiter le « détournement » du nerf – au maxillaire par une suspension effectuée par un fil passant sur la ligne
alvéolaire inférieur. médiane, dans l’épine nasale, et latéralement, dans une petite perforation
forcée au niveau de la partie inférieure des malaires.
Techniques proposées Cette prothèse est laissée en place 4 à 5 semaines, délai indispensable pour
permettre une bonne épithélialisation secondaire et pour s’opposer au
Vestibuloplasties simples comblement du néovestibule par le tissu de cicatrisation. Un traitement
L’approfondissement vestibulaire a été décrit pour la première fois par antibiotique de principe est prescrit.
Kazanjian en 1935 [21]. Il s’agit d’un procédé sous-périosté qui va entraîner Une hygiène buccodentaire rigoureuse et une alimentation mixée sont
une dénudation osseuse, en réclinant périoste et insertions musculaires. indispensables.
L’incision muqueuse, légèrement décalée par rapport au sommet de la crête, La dépose de la prothèse s’effectue après section des ligatures. Puis, elle est
est poursuivie en profondeur jusqu’à l’os. Elle est horizontale, arciforme, portée en permanence jusqu’à la mise en place de la prothèse définitive,
suivant la crête. réalisée après un délai de 3 semaines.
La rugination est poursuivie en sous-périosté vers le bord basilaire, respectant Cette intervention peut être effectuée sous anesthésie locale avec
l’émergence des nerfs mentonniers. Le lambeau ainsi créé va être amarré vers prémédication en chirurgie ambulatoire.
le bas, permettant l’approfondissement du vestibule. La prothèse réalisée en
position de correction, dont les bords sont adaptés en peropératoire avec une Vestibuloplastie sous-muqueuse
résine molle (Fitt de Kerrt) ou avec une silicone par addition (Drop-Orthot, Cette technique décrite par Obwegeser [ 3 9 ] est destinée à corriger
Rebasilt), maintient le cul-de-sac vestibulaire néoformé et est ligaturée à l’attachement du tissu mou au maxillaire. L’incision est faite au niveau de la
l’arcade mandibulaire, le temps de l’obtention de la cicatrisation. ligne médiane et la muqueuse est séparée du tissu sous-muqueux par
dissection au ciseau (fig 6). Ainsi est créé un tunnel sus-périostal des deux
Procédé de Clark (fig 4) côtés et le tissu sous-muqueux est incisé et repositionné plus haut. Après
Il s’agit d’une technique sus-périostée [6]. Après incision horizontale de la suture de la voie d’abord, une prothèse préfabriquée ou une gouttière est mise
muqueuse sur le versant externe de la crête, la dissection des insertions des en place pour maintenir les tissus dans cette nouvelle position pendant la
muscles mentonniers est pratiquée au ras du périoste symphysaire. Le cicatrisation.

A B C D
4 Procédé de Clark.
A. Insuffisance vestibulaire. C. Mise en place de la prothèse immédiate.
B. Approfondissement du vestibule. D. Dépose de la plaque et « néovestibule ».

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A B C
5 Détournement du nerf dentaire inférieur. B. Ostectomie de la table externe du canal dentaire.
A. Émergence du nerf mentonnier. C. Déplacement de l’émergence du nerf.

A B C D
6 Vestibuloplastie sous-muqueuse.
A. Dissection au ciseau. C. Incision du tissu sous-muqueux.
B. Tunnel sus-périostal. D. Mise en place de la gouttière.

Vestibuloplasties avec greffes cutanées [49] La prothèse peut alors être fixée par des ligatures circonférentielles comme
dans la vestibuloplastie. La greffe cutanée remplace l’épithélialisation
Les vestibuloplasties simples donnent des résultats relativement décevants. secondaire et permet d’avoir un tissu plus souple, de meilleure qualité et
En effet, la cicatrisation spontanée va entraîner une rétraction et une perte de n’ayant pas tendance à se rétracter.
profondeur au niveau du vestibule de l’ordre de 30 à 50 %. Certains auteurs La prothèse peut être enlevée au dixième jour ; en général la prise est obtenue
ont donc préconisé l’association de greffes cutanées et/ou muqueuses afin de à 90 %, remplacée par la prothèse provisoire doublée d’une couche de résine
conserver le bénéfice apporté par la technique d’approfondissement. molle.
Rappelons les différents types de greffes cutanées :
– greffes dermoépidermiques minces : elles emportent l’épiderme, la basale
et une mince couche de derme abondant au sommet des papilles dermiques ; Plancher buccal
leur épaisseur moyenne est de 1,5 à 2,5 dixièmes de millimètre ; le site de
prélèvement est le plus souvent situé sur la face interne des cuisses ; Intervention de Trauner
– greffes dermoépidermiques moyennes : elles vont prendre l’épiderme, une
couche plus épaisse de derme, ainsi que les annexes épidermiques ; L’intervention de Trauner [28, 29, 43] a pour but de supprimer l’action répulsive
des muscles du plancher buccal et, éventuellement, des glandes sublinguales,
– greffe de peau totale : elle est constituée par l’épiderme, le derme avec ses
par section du muscle mylohyoïdien. Cette intervention va, en outre,
annexes épithéliales dans leur totalité ; son épaisseur est de 8 à 15 dixièmes
permettre d’obtenir un approfondissement du sillon pelvilingual.
de millimètre suivant la région donneuse (sus-claviculaire) ; cette technique
impose une plastie de glissement pour fermer la perte de substance cutanée Rappel anatomique
au niveau du site donneur.
Les greffes peuvent être utilisées en continu ou en discontinu (en îlots, en Le muscle mylohyoïdien est un muscle aplati, large, tendu transversalement
filet). de la face interne de la branche horizontale de la mandibule, s’insérant sur
toute la longueur de la ligne oblique interne (ou ligne mylohyoïdienne). Il se
Dans certains cas rares de cicatrices chéloïdes, les prélèvements cutanés sont porte ensuite en bas et en dedans vers l’os hyoïde et le raphé médian. Les
contre-indiqués. Il faut prélever de la muqueuse, mais la superficie est trop fibres antérieures sont courtes et horizontales ; les autres devenant de plus en
limitée pour permettre un recouvrement suffisant [16, 17]. plus longues, obliques en bas et en dedans vers l’arrière. Les deux muscles
Toute la première partie de l’intervention se déroule comme pour une mylohyoïdiens sont réunis sur le raphé médian de la symphyse jusqu’à l’os
vestibuloplastie simple. Une prothèse de contention a été préparée et hyoïde. Ces muscles forment une sangle sur laquelle repose l’étage sus-
stérilisée ; mais, contrairement à l’intervention précédente, elle est doublée mylohyoïdien du plancher buccal.
d’une couche de pâte thermoplastique. Celle-ci sera modelée par une mise en Enfin, sur les apophyses geni s’insèrent les muscles géniohyoïdien et
bouche de la prothèse après ramollissement à la chaleur. On obtient ainsi une génioglosse qui sont des muscles courts et juxtamédians.
prothèse dont la base est parfaitement adaptée à la surface périostée qui doit
être recouverte. Lorsque l’ajustage est terminé, la prothèse est retirée, Technique (fig 7)
refroidie et séchée. Elle est alors enduite sur tout l’intrados d’une couche de Cette intervention est pratiquée sous anesthésie générale (intubation
colle chirurgicale. nasotrachéale).
Un greffon cutané, après avoir été découpé, y est collé par sa face dorsale de L’incision de la muqueuse du plancher buccal suit la crête, légèrement en
façon à recouvrir complètement toute la partie de la prothèse en pâte dedans. Le muscle mylohyoïdien est alors mis en évidence latéralement, une
thermoplastique. sonde cannelée est glissée sous le muscle de chaque côté ; après section de
Après avoir été habillée par le greffon, celle-ci est mise en place avec ses insertions mandibulaires. Celui-ci va être abaissé vers le bord basilaire
précaution, de façon à s’adapter exactement aux contours du nouveau symphysaire par deux fils de traction, transfixiant la zone mentonnière et fixés
vestibule. Pendant toute cette phase de l’intervention, il est nécessaire de tenir dans cette région sur des bourdonnets (certains proposent de passer les fils de
compte de l’occlusion et de vérifier qu’elle sera respectée lors de la fermeture traction sous le bord basilaire, de les nouer sur des bourdonnets dans le
buccale. vestibule).

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Stomatologie/Odontologie CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE 22-320-A-10

A B 8 Crêtes en « lame de couteau ».


7 Intervention de Trauner.
A. Action répulsive du muscle mylohyoïdien. Crêtes en « lame de couteau »
B. Opération de Trauner.
Elles s’observent essentiellement sur la partie antérieure de l’arc
mandibulaire. La technique d’approche est la même que pour l’alvéoloplastie
Dans certains cas, l’intervention est complétée par une abrasion de la corticale simple, mais plutôt que de pratiquer une ostéctomie, il est préférable de
interne après rugination sous-périostée. conserver ce relief sur lequel peut s’adosser un greffon osseux en onlay (fig 8).
Une prothèse, munie d’une expansion du côté lingual, est alors mise en place, Alvéoloplastie simple (fig 9)
doublée d’un matériau souple ; elle maintient le lambeau muqueux sur le
périoste mandibulaire. Elle peut être associée à des extractions multiples, ou faite après une période
Il est préférable de fixer cette prothèse pendant une dizaine de jours par deux de cicatrisation. L’incision vestibulaire suit le collet des dents sectionnant les
ligatures périmandibulaires. languettes interdentaires, le lambeau vestibulaire mucopériosté décollé et les
avulsions dentaires pratiquées. L’ostectomie est faite à la demande afin de
En avant, l’abaissement du plancher doit être très modéré. Il faut absolument régulariser la crête à la fraise ou à la pince gouge (on s’assure de la régularité
éviter de léser les insertions des muscles génioglosse et géniohyoïdien. Tout de la crête par palpation). La suture simple de la voie d’abord, est faite sans
au plus, peut-on sélectionner quelques fibres musculaires pour obtenir un tension (si l’incision est trop large, on préfère la suture continue pour faciliter
léger récessus. l’hygiène postopératoire).
D’autres procédés de clivage musculaire ont été décrits. Au niveau du Quand les contours ne sont pas trop irréguliers et la hauteur bonne, mais qu’il
maxillaire supérieur, peut être proposée la technique d’Obwegeser [44, 45]. Une existe une saillie vestibulaire en regard d’une ou plusieurs dents, on peut faire
incision vestibulaire est pratiquée sur la ligne médiane, perpendiculairement appel à la technique de l’alvéoloplastie intraseptale. Réalisée au moment de
au cul-de-sac vestibulaire ; à partir de cette incision, une tunnellisation l’extraction, cette technique donne des résultats plus satisfaisants à long
vestibulaire va permettre de réaliser un clivage des muscles. terme [36]. De réalisation simple, elle consiste à retirer la portion intraseptale
Il faut, enfin, souligner que toutes les techniques décrites peuvent être de l’os alvéolaire et à rapprocher la corticale vestibulaire de la corticale
associées entre elles. linguale par pression digitale (fig 10).

Laser à gaz carbonique Hypertrophies tubérositaires


L’utilisation du laser à gaz carbonique est très éclectique et ses indications En cas de proéminence dans le vestibule ou de hauteur trop importante, les
sont encore mal définies ; c’est néanmoins le laser chirurgical par excellence hypertrophies tubérositaires sont réséquées à la demande, après réalisation
au niveau de la cavité buccale [42]. La puissance délivrée par le laser CO2 peut d’un lambeau d’accès. La position du sinus maxillaire doit être repérée à
varier, selon les besoins, de quelques watts à 60 watts. Le choix de la l’orthopantomographie pour éviter une possible perforation. Après la
puissance dépend de nombreux facteurs : nature du tissu (épaisseur, richesse résection osseuse, l’excès du tissu du lambeau sera excisé pour permettre une
en eau, etc), vitesse de balayage, effet recherché (section ou vaporisation). suture sans tension.
L’utilisation du faisceau se fait sur un mode focalisé permettant de pratiquer Torus
des coupes sectionnelles extrêmement fines (lambeaux locaux). Lors d’un tir
défocalisé, on obtient une vaporisation tissulaire exsangue, sans risque Au maxillaire : il s’agit d’hypertrophie du raphé médian de la voûte palatine
lésionnel pour les structures voisines (on ne peut alors recouvrir le site par (torus palatin). L’indication est posée sur les cas de réhabilitation prothétique
une greffe cutanée ou muqueuse). mobile. Ont été proposées différentes incisions (et lambeaux d’accès) :
En général, en cas de freinectomie, on a recours à l’utilisation sur un mode linéaire, bifide à l’extrémité antérieure, ou bifide aux deux extrémités (fig 11),
focalisé. La section va mettre en évidence une perte de substance muqueuse puis décollement de la fibromuqueuse palatine ; l’exérèse est conduite
impliquant une cicatrisation dirigée. L’existence de brides cicatricielles progressivement de manière à ne pas créer une communication bucconasale.
semble excessivement rare. L’approfondissement vestibulaire est pratiqué en La suture est simple. Une plaque palatine peut être positionnée en
utilisant ce même principe de section. postopératoire pour appliquer les deux lambeaux palatins sans compression,
en évitant un espace mort (source d’hématome).
Enfin, pour réduire la fibromuqueuse gingivale tubérositaire, on préfère le
procédé par vaporisation tissulaire. Du fait de l’étendue du champ opératoire, À la mandibule : ils sont localisés au niveau de la table interne
la cicatrisation est relativement longue (4 semaines) ; la durée des mandibulaire en regard des prémolaires. Après incision crestale, le
phénomènes sensitifs douloureux ne dépasse pas 10 jours. lambeau mucopériosté est décollé du côte lingual. Le torus mandibulaire
peut être modelé à l’ostéotome ou à la fraise, prudemment. Puis, le
contour est palpé et la suture continue ou simple réalisée. Les œdèmes et
hématomes sont fréquents.
Chirurgie osseuse - Plastie de soustraction
Plastie tubérositaire de Celesnik (fig 12)
Régularisation des crêtes Cette intervention a pour but de remodeler la tubérosité, afin de lui conférer
une valeur prothétique [5, 30]. Elle peut être pratiquée unilatéralement ou
Exostoses vestibulaires bilatéralement et associée à d’autres procédés.
Elles sont plus fréquentes au maxillaire qu’au niveau de la mandibule [51]. L’incision crestale contourne le bord postérieur de la tubérosité, descend vers
Classiquement fréquente [20], la régularisation a pour but d’obtenir un rebord la limite du voile jusqu’à 1 cm de la ligne médiane. Le versant postérieur de
alvéolaire adéquat à la réhabilitation prothétique immédiate et doit être la tubérosité est dégagé, le crochet de l’apophyse ptérygoïde interne est
pratiquée de manière économe. Après l’incision crestale, le lambeau réséqué au ciseau frappé.
mucopériosté sera décollé et la régularisation sera faite à la pince gouge ou à Pour maintenir le sillon néoformé, un conformateur peut être modelé
la fraise et contrôlée par palpation. La suture peut être continue ou simple. extemporanément sur le vestibule ainsi créé et adapté à la plaque-base.

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22-320-A-10 CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE Stomatologie/Odontologie

A B

9 Alvéoloplastie simple.
A. Régularisation de la crête après extraction des incisives supérieures.
B. Régularisation à la pince gouge.
C. Régularisation à la fraise.
D. Régularisation à la lime à os.
E. Suture sans tension du lambeau d’accès.

D E

A B C D
10 Alvéoloplastie intraseptale.
A. Incision. C. Ostectomie économe.
B. Décollement du lambeau et extraction dentaire. D. Comblement de l’alvéole et suture du lambeau.

11 Torus palatin.
A. Torus palatin ; vue antérieure.
A B B. Incisions palatines.

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Stomatologie/Odontologie CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE 22-320-A-10

Ostéotomies et crêtes mandibulaires


Des procédés d’ostéotomie ont été décrits afin de remodeler la crête ; le
greffon osseux étant utilisé en interposition [12, 13, 14, 41, 43, 46-48].

Ostéotomie dite en « sandwich » (décrite par Schettler en 1971)


L’ostéotomie mandibulaire est horizontale. Le fragment supérieur est déplacé
vers le haut afin d’obtenir un espace libre intermédiaire qui va être comblé
par un greffon osseux d’interposition. Secondairement, une vestibuloplastie
peut être associée. Les risques fracturaires et des lésions du nerf alvéolaire
inférieur sont majeurs.

Ostéotomie en « visière » (décrite par Härle en 1975 [18])


Son principe est celui du clivage des tables osseuses par une ostéotomie
A B sagittale. La corticale interne reste pédiculée au niveau du plancher buccal
12 Intervention de Celesnik.
par les insertions musculaires ; ce fragment va être ascensionné puis
A. Ostectomie. ostéosynthésé dans sa nouvelle position ; la vestibuloplastie est réalisée
B. Mise en place du conformateur. secondairement.
Peterson [40] en 1977 introduisit quelques modifications (fig 15) :
Ostéotomies maxillaires – le fragment interne est élevé de manière égale dans les secteurs antérieur et
postérieur ; en effet, dans la technique initiale, la corticale interne restait en
La chirurgie segmentaire dentoalvéolaire peut être pratiquée afin de permettre place dans le secteur postérieur qui jouait alors un rôle charnière ;
une réhabilitation prothétique. Par exemple, en cas d’égression du secteur – la vestibuloplastie est réalisée d’emblée.
prémolomolaire supérieur, après édentation ancienne du secteur antagoniste Cette ostéotomie pose également des problèmes techniques majeurs. En effet,
inférieur, non compensée, il existe une diminution de l’espace prothétique. le clivage n’est possible que si l’épaisseur transversale est suffisante (valeur
L’ostéotomie de Schuchart permet la mobilisation du bloc prémolomolaire, de l’examen TDM) [ 1 4 ] ; d’autre part, il faut préserver le paquet
qui est impacté, vers le haut (fig 13). La contention est assurée par vasculonerveux alvéolaire inférieur. Enfin, il semble que la résultante sur la
ostéosynthèses et par une gouttière réalisée sur les modèles plâtrés de hauteur de la crête soit insuffisante dans la majorité des cas [18, 35].
simulation.
En cas de dysmorphies dentomaxillaires, il faut corriger le décalage des bases Ostéotomies et crêtes maxillaires
osseuses. Par exemple, chez un édenté total, des rapports d’occlusion
antéropostérieurs défavorables peuvent imposer une ostéotomie de type Le De même, l’ostéotomie de Le Fort I peut être associée à l’utilisation d’un
Fort I avec mouvement d’avancée (fig 14). greffon osseux en interposition (fig 16). Le but est de modifier la dimension
verticale, voire antéropostérieure et de remodeler dans le même temps la
crête.
Chirurgie osseuse - plastie par addition
De nombreux auteurs ont préconisé l’utilisation de greffons osseux (iliaque,
crânien, costal, tibial, etc) en apposition afin de rehausser la crête
mandibulaire. Ces interventions, outre le fait qu’elles exposent à de
nombreuses complications, n’ont pas donné les résultats anatomiques
escomptés dans le cadre de la chirurgie préprothétique [11, 14, 15]. Les autogreffes
restent d’actualité à visée préimplantaire, l’utilisation des biomatériaux
restant soumise à de nombreuses controverses.

15 Ostéotomie en « visière ».

13 Ostéotomie de Schuchart.

14 Ostéotomie de type Le Fort I. 16 Ostéotomie Le Fort I et greffe osseuse.

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22-320-A-10 CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE Stomatologie/Odontologie

A B C
17 Augmentation de la crête mandibulaire par biomatériau.
A. Augmentation de la hauteur de la crête mandibulaire par biomatériau. À partir des B. Injection du biomatériau.
incisives latérales, réalisation du tunnel. C. Sutures.

A B C
18 Augmentation de la crête maxillaire par biomatériau. B. Injection du biomatériau.
A.Augmentation de la hauteur de la crête maxillaire par biomatériau. Incision médiane. C. Sutures.

Procédés par apposition simple (onlays) régler ce porte-empreinte et de prendre une empreinte de qualité, car toute
surpression au niveau du moyen de contention entraînerait une plaie de la
Biomatériaux muqueuse et donc une possibilité de communication entre le milieu buccal et
le matériau de comblement sous-périosté.
Un procédé usuel consiste à réaliser un tunnel sous-périosté, crestal, en cas
d’utilisation d’un biomatériau [3, 25, 26, 50]. Le biomatériau le plus utilisé est Il est nécessaire, au niveau du modèle en plâtre, d’aménager sur la crête
l’hydroxyapatite, qui peut être utilisée en particules ou blocs et retrouvée sous l’espace destiné au matériau de comblement ; son volume est dicté par le
forme poudreuse ou non poudreuse. Ce biomatériau est en « théorie » non diamètre de la seringue qui sert à insérer le matériau. Ce volume est
résorbable, raison pour laquelle l’hydroxyapatite empêche une fidèlement reproduit avec du plâtre sur le modèle au niveau de la crête
« néoformation » osseuse. osseuse. Puis on estampe une plaque en biocryl (résine dure thermoformable)
Histologiquement, l’hydroxyapatite est entourée d’un tissu fibreux sans grâce à une presse de type Biostart. Cette plaque est découpée aux limites de
inflammation [24], cependant son utilisation reste discutée. la prothèse adjointe classique et peut être essayée en bouche, cette manœuvre
À la mandibule, la technique opératoire est la suivante : permettant de visualiser les zones de surpression qui pourront être meulées ;
cela étant d’autant plus facile que le matériau est transparent. Cette plaque est
– la voie d’abord est faite par deux incisions situées de part et d’autre de la alors confiée au bloc opératoire qui pourra la stériliser à froid.
ligne médiane, immédiatement en avant des orifices d’émergence des nerfs
mentonniers ; les incisions verticales, partant de la face linguale de ce qui Cette gouttière est posée en peropératoire et ligaturée soit au fil d’acier, soit
reste de la crête alvéolaire, vont descendre jusqu’au fond du vestibule au fil de soie. Elle est laissée environ quinze jours. En théorie, le patient
(fig 17) ; pourrait être aussitôt appareillé, mais il nous parait plus simple de transformer
– l’incision s’étend jusqu’au plan osseux en sectionnant le périoste après cette contention en plaque-base, puis en bourrelet d’occlusion, et enfin en
s’être assuré, par une dissection légère, que les branches terminales des nerfs appareil provisoire. En effet, un rehaussement de crête ne peut être efficace
mentonniers ne risquent pas d’être lésées ; que s’il est associé à un approfondissement vestibulaire et cela ne doit pas être
– le périoste est ensuite décollé d’avant en arrière, depuis l’incision jusqu’au réalisé avant six à neuf mois.
trigone rétromolaire. L’utilisation de biomatériaux non résorbables n’a pas d’intérêt dans le cadre
Après avoir réalisé deux tunnels latéraux, on les réunit en avant pour former de l’ostéo-intégration. C’est pour cela qu’ils ont été de plus en plus
un tunnel médian. abandonnés. À l’heure actuelle, l’orientation de la recherche se fait vers un
Des fils d’attente sont passés dans les berges des incisions : ils permettent de biomatériau ostéoconducteur, mais à la fois ostéo-inducteur.
les écarter lors du comblement et de les suturer immédiatement après.
Au maxillaire (fig 18), la réalisation technique est plus difficile. Greffes osseuses d’apposition crestale
L’« expandeur » a été préconisé sans succès [31, 32, 55]. L’utilisation d’un tube
résorbable (Vicrylt) rempli des particules d’hydroxyapatite et positionné sur Plusieurs techniques d’augmentation de la hauteur par des autogreffes ont été
la crête a été aussi proposée [19]. Le tube va être résorbé et l’hydroxyapatite va utilisées, combinées avec des ostéotomies.
rester en place.
Si les résultats sont aléatoires en chirurgie préprothétique, les indications
Plaque de contention restent larges en chirurgie préimplantaire (cf fascicule 23-395-A-10 de
l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale). Les complications immédiates sont
Après avoir pris une empreinte aux hydrocolloïdes, le modèle est coulé en fréquentes à type d’infection, de désunion de sutures ; plus tardivement, la
plâtre dur afin de réaliser un porte-empreinte individuel. Il est capital de bien muqueuse sous-jacente peut devenir fragile, prenant un aspect atrophique [3].

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Stomatologie/Odontologie CHIRURGIE PRÉPROTHÉTIQUE 22-320-A-10

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