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MVNO : la mutation attendue


Le marché Français des MVNO va connaître une nouvelle ère de
développement. Mais pour d'autres raisons qui ont porté les autres pays
Européens tels que l’Allemagne, les pays nordiques ou au Royaume Uni.
(09/04/2010)

Le marché français des MVNO, opérateurs mobiles virtuels (car ne possédant


pas leur propre réseau), est un marché jeune et présentant tous les
symptômes d'une croissance difficile depuis le lancement de son premier
acteur, Debitel en juin 2005.
Ce nouveau business model a dû faire face à d'innombrables difficultés qui
l'ont clairement étouffé dans sa quête de développement rentable :
- Clauses d'exclusivité, durée des contrats et des droits de priorité
empêchant toute renégociation des contrats
- Clauses limitant les possibilités de valorisation de l'activité d'opérateur
virtuel et donc les incitations à l'investissement dans cette activité
- Conditions tarifaires qui empêchent toute concurrence frontale entre les
MVNOs et leur opérateur hôte
- Faible autonomie technique des MVNOs qui ne peuvent compenser leur
absence d'agressivité tarifaire par des innovations sur les services offerts

Le résultat n'est pas surprenant : la part de marché captée par les MVNO en
France ne dépasse pas 5%, alors que la moyenne Européenne se situe à
10%, bien loin de l'Allemagne, qui est parvenu à conquérir près de 25% du
marché.

En termes de chiffre d'affaires, la part attribuable aux MVNO est encore à


diviser par deux, soit 2.5% à peine d'un gâteau certes énorme de plus de 20
Milliards d'euros. La chaîne de valeur imposée par les opérateurs historiques
profite difficilement aux MVNO, qui de leur côté, accumulent des déficits
quasiment proportionnels aux efforts qu'ils doivent engager pour se
développer.

Ces cinq années de vaches maigres pour les MVNO ont été marquées par
une première phase de restructuration du marché : rachat de Debitel par
SFR, Ten par Orange ou encore NRJ Mobile par la banque CIC qui tente un
positionnement stratégique.

Le premier MVNO en France, Virgin Mobile, détient plus de 50% du marché


des MVNO mais n'a toujours pas atteint son équilibre financier. Son
agressivité récente en terme d'offres telles que des abonnements à 10
centimes d'euros par minute ou encore le forfait « paradyse » de l'été dernier
interpelle quant au retour sur investissement : même un opérateur historique
ne prend pas encore aujourd'hui le risque indirect du "tout illimité", qui pourrait
aboutir à une perte sèche pour un MVNO.
Comment et surtout pourquoi un MVNO se positionne sur ce créneau ? L'une
des raisons est sans doute à chercher du coté de l'obtention de la 4ème
licence de téléphonie mobile.

Free Mobile promet un positionnement tarifaire d'une agressivité qui inquiète


les opérateurs historiques, Orange, Sfr et Bouygues, détenant respectivement
45%, 36% et 19% de part de marché. Free Mobile s'engage également à
accueillir des "Full MVNO". Des opérateurs virtuels ne disposant ni de
réseaux ni de licence pourront accéder aux offres de gros de type
"Voix" (GSM) mais aussi "Data" pour commercialiser des abonnements
complets avec de la 3G par exemple.

Free Mobile s'engage à ouvrir commercialement son réseau mobile au plus


tard deux ans après la délivrance de l'autorisation. Pour se prémunir contre
cette offensive, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées dont l'une

http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/cgi/expert/impression_article.php?f_id... 27/03/2011
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serait de délier les MVNO des contraintes citées plus haut, en s'appuyant sur
un contexte de marché favorable :
- Un taux de pénétration en France de 90% qui laisse encore entrevoir une
croissance naturelle
- Une récente structuration optimale des acteurs de marché avec la montée
en puissance des MVNA (Mobile Virtual Network Agregator).

Les MVNA (Transatel, Sisteer, Effortel...) mutualisent aujourd'hui le


développement des petits et moyens MVNO. Agregator car leur rôle est de
servir de plateforme unique d'accueil pour tous les MVNO désirant se lancer.
Ceci permet aux opérateurs historiques d'une part de n'avoir qu'une seule
interface et une seule équipe unifiée quel que soit le nombre de MVNOs qui
se lancent par la suite ; et d'autre part de faire bénéficier les MVNO de tarifs
négociés et d'une structure de back office associée (gestion des cartes SIM,
émission des factures, encaissement, call center... ).

Il existe déjà quelques structures de ce type aujourd'hui en Europe, et on


assiste à un mouvement ou chaque opérateur est en train de mettre en place
son MVNA (en France le dernier en date est SFR avec un service lancé en
juillet 2009), le développement des MVNO repose donc aujourd'hui en partie
sur ces nouveaux acteurs. .

Le marché Français des MVNO va incontestablement connaître une nouvelle


ère de développement, pour des raisons qui ne sont pas celles qui ont porté
les autres pays Européens tels que l'Allemagne, les Pays Nordiques ou au
Royaume Uni. Néanmoins, l'objectif final qu'est la baisse du prix de la minute
pour le consommateur final devrait finalement être atteint, et la combinaison
d'une nouvelle licence, associée à la volonté ferme des opérateurs historiques
de s'en prémunir, devrait tout de même aller dans ce sens.

La collusion entre les trois opérateurs historiques, qui a été sanctionnée par le
conseil de la concurrence en 2009, est restée dans tous les esprits : les trois
opérateurs qui à l'époque, dans un marché naissant des MVNO, avaient
intérêt à s'entendre pour éviter que ces derniers n'hébergent et ne
cannibalisent leur parc de clients, se posent ils aujourd'hui la question de la
préservation de leur intérêts privés en d'autres termes ?

La redéfinition des lignes avec de nouveaux acteurs, MNO, MVNO et MVNA


et le nouvel entrant Freedevra s'effectuer avec une vigilance accrue de l'ART
et du conseil de la concurrence, afin de préserver l'intérêt du consommateur,
même si en façade les offres développées en ce moment (à l'image de celle
de Virgin) semblent parfaitement aller dans ce sens.
Jean-Frédéric Chardon
Copyright 2010 Benchmark Group - 69/71 Avenue Pierre Grenier, 92517 Boulogne Billancourt
CEDEX, France

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