Vous êtes sur la page 1sur 23

« LUCIA EN EL LIMBO »

Un film de Valentina Maurel

DEMANDE D’AIDE AVANT REALISATION A LA


PRODUCTION DE COURT METRAGE

Session de Mars 2018 - Dépôt le 22 decembre 2017


Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

SOMMAIRE

1. Formulaire de demande d’aide avant réalisation

2. Dossier artistique
Scénario
Note d’intention et note de réalisation de l’auteur

3. Fiche d’information sur l’entreprise de production

4. Curriculum vitae
CV de Valentina Maurel
CV de Geko Films

5. Attestation du réalisateur certifiant que le projet ne fera pas l’objet d’un


début de réalisation avant que n’ait été émis l’avis de la Commission

6. Contrat d’option ou contrat de cessions des droits d’auteur


Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

DEMANDE D’AIDE AVANT REALISATION

Titre du projet : « Lucia en el limbo »

Genre : fiction
Durée du film envisagée (en mn) : 18 mn
Examen par le comité « premiers films » OUI X NON
(NB : comité réservé aux réalisateurs débutants et sans expérience
professionnelle significative)

Support de tournage (ex : HD, 16, 35, 2k, 4k, DVCAM, Super 8…) : 2K
Langue(s) de tournage : Espagnol
Dates de tournage envisagées : juillet 2018
Lieux de tournage prévus : Costa Rica
Comédiens souhaités (information facultative) : /

Auteur du projet
Réalisation
Nom : Maurel Prénom : Valentina
Adresse :
Téléphone : 0486769741 E-mail : valentina.maurel@gmail.com

Nationalité :
Date et lieu de naissance :

Co-auteur(s) du projet (le cas échéant) : Néant

Compositeur de la musique originale (le cas échéant) : non pourvu pour


l’instant

Bref résumé du film (3 lignes maximum - destiné à être diffusé sur le site
internet du CNC pour les projets bénéficiaires) :
Du haut de ses 16 ans Lucia a encore des poux, n’a jamais eu ses règles et
reste la dernière vierge de sa classe. Sa meilleure amie veut l’aider à
rencontrer un garçon, pour qu’elle soit enfin un peu plus « normale ». Mais
Lucia est têtue. Elle veut régler son problème toute seule. En se frayant, si
nécessaire, un chemin abrupt vers l’âge adulte.

Caractéristiques formelles (genre, ton, style, univers…) en 3 lignes maximum :


Univers faussement sobre, cadrage très fragmenté. La caméra entrera et
sortira successivement de la subjectivité des personnages.

Le scénario est-il tiré d’une œuvre préexistante ? NON


Demande d'aide avant réalisation à la production de court•métrage • « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

Joindre l'autorisation de l'auteur ou de l'ayant droit (contrat, lettre ou option)


en fin de dossier
Si oui, indiquer le titre de l'œuvre initiale et son auteur: /

Ce projet a-t-il déjà été présenté devant la Commission? NON


Si oui, à quelle session (mois/ année) a-t-il été déposé : /
Le cas échéant, quel était son précédent titre? /

Ce projet a-t-il déjà bénéficié d'autres aides ou soutiens (si oui : préciser
lesquels) : NON
- du CNC?
- Fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle
- Dispositif pour la CRéation Artistique Multimédia et numérique (DICRéAM)
- Aide aux projets Nouveaux Médias
• Aide pour les œuvres cinématographiques d'Outre-Mer
- d'un établissement ou organisme public (CROUS, CNAP ...)?
- du Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques?
- d'un atelier ou d'une résidence d'écriture?
- d'une collectivité locale?
• d'une chaîne de télévision? - en cours
• d'un financement privé (fondation, plateforme de financement participatif ... )?
• d'un partenaire étranger?
• Autre :

Qualité du (des) demandeur(s) : D Réalisateur X Producteur

Société de production : GEKO FILMS


Nom :
Prénom :
Adresse :
Téléphone :
E-mail :

A Paris le 21/12/17

X Déclare(nt) avoir pris connaissance des dispositions du règlement général


des aides du CNC, conformément aux articles L. 111-2 (2°), L. 112-2 et D.
311-1 du code du cinéma et de l'image animée, notamment les articles 411-25
à 411-35. (RGA)
X Déclare(nt) avoir pris connaissance de la notice explicative précédant le
formulaire et disponible sur le site du CNC .

Signature du réalisateur Signature dç�cteur


Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

LIEN

« PAUL EST LA » (1er court métrage de l’auteur, produit par l’INSAS)


Cannes, Cinéfondation, Premier prix
LUCIA EN EL LIMBO
Version 2
9/11/2017

INT-BUS/ JOUR
LUCIA (16 ans) est assise côté couloir dans un bus bondé. C'est
une adolescente frêle, qui a l'air plus jeune que son âge. Elle
dénote avec le reste des passagers dans son polo blanc d'uniforme
de lycée privé. Ses cheveux son ébouriffés, elle se gratte le cuir
chevelu avec insistance. Les mouvements du bus sont saccadés. On
entend un vendeur de « cajetas » crier au loin, on ne voit que son
sac, essayant de se frayer un chemin entre les têtes.
L'épaule de Lucia se heurte à un HOMME (35 ans) qui se tient
debout près d’elle. Elle se décale le plus qu’elle peut mais à
chaque mouvement du bus, le bassin de l'homme se heurte de plus en
plus à son épaule. Lucia, gênée, jette un coup d’oeil furtif vers
lui. Il porte une casquette verte et est en train de la fixer.
Elle détourne rapidement la tête.
Au bout d’un instant quelques passagers descendent. Lucia sent
l’homme disparaître. Elle lève les yeux et l’aperçoit assis à
quelques sièges de distance. Sans la regarder, il semble chercher
quelque chose dans la poche de son jeans. Ou plutôt sa main frotte
avec insistance quelque chose. Lucia intriguée ne comprend pas
tout de suite. L’homme la regarde tout à coup d’un air fébrile,
continuant de frotter nerveusement son entre jambe, il ouvre sa
braguette. Lucia comprend d’un coup et détourne le regard. Elle
reste tétanisée un instant, puis se lève. Elle tire sur la corde
reliée à la sonnette d'arrêt.

EXT- COURS COLLEGE/ JOUR


C’est la récrée. Lucia et MIRIAM (16 ans) sont assises sur les
gradins en béton qui donnent sur le terrain de foot. Elles sont en
uniforme, mais ne respectent pas complètement la tenue avec leurs
sweater à capuche, leur baskets de marque dernier cri sales et
leurs chaussettes dépareillées. Miriam a l'air bien plus âgée que
Lucia. Les filles observent les autres adolescents qui circulent
dans la cour. Miriam repère le nouveau, TEDDY (16 ans), qui marche
d’un air mal assuré à côté d’un groupe de garçons. Il jette un
regard inquiet vers les deux filles. Miriam le pointe discrètement
du doigt.

MIRIAM
C'est lui le nouveau. Celui qui a dit
qu'il te kiffait.
LUCIA
Genre.

MIRIAM
Quoi genre ? Il a dit à Lucho qu'il
voulait te baiser.

LUCIA
Et alors ?

MIRIAM
Comment ça et alors ? C'est parfait.

Lucia regarde Miriam sceptique.

MIRIAM
A la fête samedi vous pourrez le faire.
Et problème réglé.

Lucia hésite, pas l'air convaincue.

MIRIAM
Quoi ?
Tu veux rester la dernière vierge de la
classe toute ta vie ?

Lucia apathique fait non de la tête. Puis replonge les yeux sur
son cahier, elle a découvert un minuscule insecte se tortiller sur
une des pages. Elle le coince entre ses ongles et l’écrase. Une
petite tâche de sang apparaît sur le papier blanc.

INT- INFIRMERIE COLLEGE/ JOUR


Lucia observe les images de Winnie de Pooh qui occupent une bonne
partie du mur, pendant que Monica (30 ans) lui examine le cuir
chevelu. D’un ton très maternel elle la rassure.

MONICA
Ça n'a rien d'anormal, il ne faut pas
s'inquiéter. Moi je les ai eu tard
aussi. Ce qu'il faut c'est ne pas être
obsédée par ça, pas y penser tout le
temps. Ça pourrait bloquer leur
arrivée.
LUCIA
agacée
Oui, mais là je suis pas venue pour ça.

MONICA
Oui je sais, je dit ça parce que je
sais que les règles c'est tout un sujet
à ton âge, et que ta maman était
inquiète, donc je lui ai dit que...

LUCIA
La coupant, prise d'envie de se gratter
le crâne
J'en ai ou pas ?

MONICA
Un peu vexée d'avoir été encore coupée
Oui, tu en as. Encore.

Monica ouvre un tiroir derrière son bureau et tend à Lucia un


petit sachet plastique avec un peigne aux dents très fines.

MONICA
C'est mieux de prendre le minibus de
l'école, pas le bus publique. Les gens
ont une mauvaise hygiène, tu les
attrape là tes saletés.

Lucia agacée hausse les épaules.

MONICA
Avec un regard compatissant.
Bon, et bien que Dieu t'accompagne.

Lucia s'empare du paquet, la remercie froidement et s'en va.

INT-BUS/ SOIR
Le bus est bondé. Lucia est cette fois ci debout. Elle regarde
autour d'elle méfiante, mais ne voit pas l'homme à la casquette.
Une femme très fatiguée somnole agrippée à la barre métallique
accrochée au plafond. Elle prend beaucoup de place avec ses
nombreux sacs de courses. Sa tête frôle celle de Lucia. Celle ci
s'en rends compte et essaye de s'éloigner d'elle, mais finit par
laisser la femme s'endormir laissant sa tête frôler la sienne. Le
bus fait un mouvement brusque et la femme se réveille. Elle jette
un regard désagréable à Lucia. Lucia esquisse un sourire poli,
presque fière de son petit acte de méchanceté.

INT-MAISON LUCIA/ NUIT


Lucia est assise par terre dans le salon pendant que sa mère
LORENA (45) lui inspecte les cheveux et que ESTEBAN son frère (22
ans) fait des pompes. La télé, grand écran plat surplombant le
salon classe moyenne aisée de la maison familiale, est allumée. On
y voit un reportage où des gens dans une rivière se font submerger
la tête dans l'eau par un prêtre.
Lorena, femme aux airs de mère divorcée désabusée, tire sur la
cigarette qu’elle tient coincée entre les lèvres, laissant les
cendres s'accumuler dangereusement au bout de celle ci.

LORENA
En colère
Comment on peut encore avoir des poux à
cet âge là ?
Tiens toi droite, merde.

Lucia en colère bouge la tête brusquement. Des cendres tombent sur


ses cheveux.

LORENA
C'est pas comme ça que tu vas te
trouver un petit copain, si t'as la
tête infestée de poux comme un gosse de
six ans.

ESTEBAN
C'est bon maman ferme là.

Lorena ne dit plus rien mais tire victorieuse sur une mèche de
cheveux, elle a arraché une lendre! Lucia émet un petit cri
étouffé.

INT-SALLE DE BAIN MAISON LUCIA/ JOUR


Lucia grimace de douleur. Miriam est en train de lui épiler les
jambes.

LUCIA
Ça va se voir que c'est ma première
fois.

MIRIAM
Tant mieux, il pensera pas que t'es une
pute.

LUCIA
M'en fous de ça.

MIRIAM
Alors tu te défonces le hymen toute
seule, si tu veux pas saigner.

LUCIA
Incrédule
Comment on fait ça ?

MIRIAM
C'est facile, le mien s'est cassé à mon
cours d'équitation quand j'avais 11
ans. Je pensais que c'était mes règles
mais en fait non. Ma cousine aussi l'a
déchiré elle même avec une brosse, ni
vu ni connu.

LUCIA
Horrifiée
Avec une brosse ?

MIRIAM
Oui enfin, avec le manche quoi.

LUCIA
avec un sourire inquiet
Haha, tu déconnes.

MIRIAM
Très sérieuse
Non je déconne pas. Comme ça tu le fais
toi même, c'est réglé.

Brusquement Esteban ouvre la porte de la salle de bain. Les filles


se mettent à hurler. Esteban est torse nu. Il se plante devant le
miroir.
LUCIA
Casse toi, tu peux pas entrer comme ça!

Esteban les regarde à travers le reflet. Il se coiffe calme. Puis


d'un coup il se retourne, attrape Miriam, la soulève et la plaque
dans la baignoire menaçant d'ouvrir la douche pour la mouiller.
Les filles hurlent encore plus fort. Lucia se jette aussi dans la
baignoire, mais Esteban la repousse.

ESTEBAN
Shut ! T'as des poux toi.

Esteban fait des chatouilles à Miriam. Lucia les observe vexée,


jalouse. Les mains d'Esteban se baladent un peu sous le tee shirt,
sur les cuisses de Miriam, qui se laisse faire. Lucia attend
qu’ils se calment. Son regard se pose alors sur une brosse au
manche épais traînant par terre. Elle la balaye d’un grand coup de
pied.

INT-SALON FETE/ NUIT


Le salon d’une grande maison, donnant sur une terrasse avec
piscine éclairée. Pleins d’adolescents au look très bcbg qui
dansent, boivent, fument.
Lucia est assise sur un canapé seule, elle boit une bouteille de
vin au goulot, alors que Miriam parle avec un autre garçon. Lucia
s’ennuie. Teddy la regarde depuis l’autre extrême de la pièce,
puis s’approche d’elle timidement. Il se penche pour lui dire
quelque chose à l’oreille.

INT- PISTE DE DANSE/ NUIT


Teddy et Lucia essayent de danser. Ils ne se regardent pas dans
les yeux, ils sont maladroits. Lucia, qui n’a pas lâché sa
bouteille, propose du vin à Teddy mais celui ci refuse. Lucia
l'air déjà ivre, boit à nouveau. Teddy tente de s’approcher
d’elle, mais ils se font bousculer par d’autres danseurs. Lucia
fâchée les bouscule un peu à son tour. La tension monte le temps
d'un instant.

TEDDY
Et si on allait dehors ?
EXT- JARDIN FÊTE/ NUIT
Teddy et Lucia s’embrassent machinalement quelque part dans le
vaste jardin de la propriété. Lucia s’arrête. Elle dévisage Teddy.

LUCIA
C'est Lucho qui a monté le coup?

TEDDY
Oui, on peut dire ça.

LUCIA
Mais on va le faire ici alors ?

TEDDY
Oui, fin je sais pas. Pourquoi tu en
parles ?

LUCIA
Pourquoi pas ?

TEDDY
C'est bizarre d'en parler, là
maintenant.

Lucia acquiesce mollement. Ils s’embrassent à nouveau, mais Lucia


le fait avec un entrain brusque, maladroit. Elle commence à
déboutonner Teddy, qui la freine.

TEDDY
Attends, attends un peu.

Lucia essaye d’enlever son propre haut, mais des gens passent près
d’eux.

TEDDY
Anxieux
Attends qu'ils partent.

Lucia, un bras dans son tee shirt et l’autre dehors, ne comprend


pas. Elle s’allonge sur l’herbe et souffle.

LUCIA
agacée
Quoi ? C'est pas comme ça qu'on fait ?
TEDDY
J'en sais rien moi. Pourquoi tu
demandes ça ?

LUCIA
Parce que t'es ultra stressé.
De toutes façons, avant qu'on fasse
quoi que ce soit il faut que je te dise
quelque chose.

Teddy attend un peu inquiet.


TEDDY
C'est ta première fois ?

LUCIA
Pourquoi ?
Toi c'est ta première fois ?

TEDDY
A la défensive
Non non !

LUCIA
Hésitante
Ecoute, il faut que je te dise un truc.
Elle respire un bon coup. Relève sa
tête, dévisage Teddy.
J'ai des poux.

EXT- BUISSONS JARDIN FÊTE/ NUIT


Lucia est en train de vomir dans les buissons.

INT- PISTE DE DANSE/ NUIT


Lucia rejoint la piste. Teddy se tient près de ses amis. Il parle
avec eux, essayant d'éviter de croiser le regard de Lucia. Celle
ci en colère boit dans sa bouteille et danse seule. Elle danse
n’importe comment, bouscule les gens autour. Miriam accourt vers
elle, elle lui reproche quelque chose, on distingue un « t'as
déconné » lointain, mais la musique est trop forte, puis Lucia
s’en fout, ne comprend rien. Les lumières du salon sont floues,
les visages tournent autour d’elle. Lucia sent qu’on la prend par
les épaules, une main se pose sur son front et fait pression sur
sa tête jusqu’à la submerger dans l’eau. Puis le calme.
INT- SALLE DE BAIN FÊTE/ JOUR
Lucia ouvre les yeux. Elle est couchée dans une baignoire toute
habillée. Un filet d'eau coule sur son front. Une femme de ménage
en uniforme est assise sur les WC à côté d'elle, on dirait qu'elle
prie tout bas, le visage enfoui entre ses mains. On entend la voix
d’une autre femme hurlant depuis le salon.

INT- SALON FETE/ JOUR


Lucia traverse le salon. L'énorme salon est saccagé, il y a plein
de débris de verre, de canettes par terre. Un adolescent est assis
sur le long canapé en cuir clair, taché de vin, et fixe le sol le
regard vide pendant qu’une grande femme teinte en blond fait les
cents pas hurlant au téléphone.
Lucia cherche rapidement son sac, et s’en va le plus vite
possible.

INT- BUS/ JOUR


Lucia est dans le bus, les cheveux humides, son maquillage a un
peu coulé. Il est tôt, le bus est à moitié vide. On entend à la
radio un charabia religieux. Lucia est en colère. Tout d’un coup
elle aperçoit l’homme a la casquette verte assis plus loin devant
elle. Elle le regarde attentivement. Il doit avoir la trentaine,
mais a des grosses mains abîmées de maçon, ses baskets a la marque
douteuse sont usées, tachées de peinture. Le bus s’arrête. L’homme
descend. Lucia hésite, puis déterminée se lève d’un bond et
descend derrière lui.

EXT- RUES SAN JOSE CENTRE/ JOUR


Lucia suit l’homme à travers quelques rues du centre populaire de
San José. Elle risque de le perdre dans la foule de passants,
vendeurs de lotos, mendiants, chiens errants.
L'homme entre dans un magasin. Lucia attend. Elle regarde les
vendeuses aux jeans moulants distribuer des flyers aux passants,
sous le volume assourdissant du reggaeton. Derrière les vitrines
des magasins les mannequins arborent des énormes seins aux
rondeurs siliconées. Une des vendeuses adresse un petit sourire a
Lucia. Celle ci se retourne, intimidée.
L'homme ressort, Lucia se remet discrètement à le suivre.
L’homme s’arrête à nouveau près d’une VENDEUSE (60 ans)
« d’empanadas » avec qui il discute. Lucia s’approche d’eux
lentement, s'arrête près de l’homme. Elle a l’air un peu folle
avec son maquillage qui a coulé, ses vêtements humides, ses
cheveux hirsutes. La vendeuse et l’homme la remarquent.

VENDEUSE
Je peux vous aider ?

Lucia ne lui répond pas. Elle regarde l’homme à la casquette dans


les yeux. Son regard est déterminé. L’homme étonné, semble la
reconnaître vaguement, puis son regard change, comme s'il se
souvenait d'un coup d'où il connaissait ce visage.
L'homme prend congé de la vendeuse d'un geste de la main, et fait
demi tour pour s'en aller. Lucia le laisse s'éloigner un peu, et
se remet à le suivre. L'homme marche quelques mètres, puis il
jette un regard furtif derrière lui et voit Lucia. Il accélère un
peu le pas. Lucia accélère aussi, le suivant encore à travers
plusieurs rues. L'homme se retourne à nouveau, l'air inquiet. Il
accélère encore. Lucia se mets à courir. L’homme s’engage dans une
ruelle. Il s’engouffre dans le premier bar qu'il voit. Lucia entre
dans la ruelle, et cherche l'homme du regard, mais ne le voit pas.
Elle est essoufflée. Elle aperçoit le bar.

INT- BAR/ JOUR


Le bar est vide. Seule une FEMME (50 ans) se tient derrière le
comptoir. Un vieux boit à une des tables, en regardant la télé.
Lucia ne voit l'homme nulle part. Elle décide d'aller chercher
dans les toilettes. La tenancière du bar lui jette un regard
méfiant.

INT- TOILETTES BAR/ JOUR


L’homme collé contre le mur, voit Lucia entrer à travers le reflet
du miroir. Il l'a saisit par le bras.

HOMME
Nerveux
Ne me suit pas.

Lucia est tétanisée.

HOMME
Qu'est ce que tu veux?

Lucia essaye de parler mais rien ne sort de sa bouche. L'homme la


lâche.

HOMME
Tu veux de l'argent? C'est ça ?

Lucia ne répond pas. Elle reste plantée devant lui.

HOMME
Sortant quelques billets froissés,
nerveux
J'ai que ça, tiens...

Lucia ne prend pas l'argent. La respiration lourde, comme si elle


se préparait pour un grand saut, elle ouvre sa veste et l'enlève.

HOMME
La repoussant
Vas-t’en

Lucia essaye d'enlever son haut très maladroitement. Elle


ressemble plus à une petite fille qu'à une femme. L'homme la
regarde circonspect puis, comme acceptant un contrat implicite, il
pose son argent sur le rebords du lavabo et inspecte l'entrée des
WC.

HOMME
Presque chuchotant
Ok. Mais arrête ça.
Rhabilles toi

Lucia ne comprend pas. Elle se rhabille hésitante.

HOMME
En pointant une des cabines de WC
Assieds toi là.

Lucia remet sa veste puis s’assoit. L'homme inspecte à nouveau


l'entrée des toilettes, puis regarde Lucia un instant. Elle est
assise, tétanisée. Il se plante devant elle, gardant une certaine
distance. Il re-inspecte l'entrée des WC. Un instant passe. Il
ouvre sa braguette. Lucia retient sa respiration et détourne les
yeux. Elle les relève petit à petit. L'homme est en train de se
masturber. Lucia le regarde maintenant, incrédule. Le visage de
l'homme est contracté dans un rictus douloureux. Lucia se demande
ce qu'elle doit faire, si réagir. Lentement elle essaye de se
relever.
HOMME
Rassieds toi.

Lucia se rassoit. Elle va enlever son haut.

HOMME
Arrête, arrête

LUCIA
Frustrée
Je comprends pas.

HOMME
Tais toi

LUCIA
énervée
Mais je suis censée faire quoi ? Je
comprends pas.

HOMME
Surpris
Mais rien.
Tu ne fais rien. Tu restes comme ça.
Qu'est ce qu'il faut comprendre ?

Lucia se relève en colère. Elle fait un pas vers l'homme. Celui ci


s'arrête, a un léger mouvement de recul, décontenancé par ce
changement d'attitude. Lucia ouvre sa veste et accommode
furtivement ses cheveux. Elle fixe l'homme nerveusement, mais
déterminée. Sur son front brillant un petit point noir se mets à
bouger. L'homme plisse les yeux. Un minuscule insecte se balade
sur le front brillant de Lucia. On entend des gens entrer dans le
bar, l'homme regarde inquiet vers l'entrée des toilettes.
Lucia s'approche, elle est très près de l'homme, elle tend sa main
pour le toucher. L'homme la repousse effrayé. Il referme sa
braguette, et s'en va.
Lucia le voit partir, surprise, déçue par cette réaction pour elle
complètement étrange.
Elle va vers le miroir et découvre son visage avec tristesse. Elle
enlève le surplus de maquillage sous ses yeux. Puis aplatit ses
cheveux ébouriffés avec de l'eau. En fermant le robinet elle
découvre l'argent posé sur le lavabo. Elle le prend dans ses mains
et l'examine. Elle regarde autour d'elle, comme si elle craignait
que les murs l'observent. Mais les murs sales, les robinets
rouillés, les néons à la lumière intermittente semblent
indifférents. Lucia met l'argent dans sa poche.

EXT- RUES SAN JOSE CENTRE/ JOUR


Lucia marche dans la rue. Elle traine des pieds, pensive, sans
destination apparente. Elle scrute les vitrines avec les
mannequins aux gros seins et grosses cuisses, puis tombe sur une
vitrine de salon de coiffure à l'aspect vétuste. Une femme aux
formes généreuses est en train de couper les cheveux d'une autre
femme. Lucia l'observe faire.

INT-SALLE DE BAIN/ JOUR


Lucia est sous l'eau, les yeux ouverts. Ses cheveux sont coupés
court. Elle retient sa respiration. Sa mère entre dans la salle de
bain.

LORENA
Qu'est ce que tu fais ?!
Tu baignes dans du poison, c'est
ignoble, sors de là !

Lucia sort la tête de l'eau.

LORENA
Tu vas mourir intoxiquée, tu sais ça.

Lucia regarde sa mère froidement.

LUCIA
calmement
T'as pas le droit d'entrer quand je
prends mon bain, tu sais ça.

LORENA
Ironique
C'est nouveau.

LUCIA
C'est comme ça.

LORENA
Piquée dans son orgueil
Hé bien profite de ton Tchernobyl
privé, mais ne me demande pas de te
sauver plus tard.

Lucia ne dit rien, elle fixe sa mère calmement, comme l'invitant à


sortir. Lorena levant les yeux au ciel sort de la salle de bain.
Lucia se met à examiner l'eau tout de même légèrement inquiète.
Sur les restes de mousse à la surface de l'eau flottent quelques
poux morts. Lucia les étudie attentivement. L'un d'eux est encore
vivant, bouge ses pâtes frénétiquement. Lucia le prend entre ses
doigts, le pose sur le rebords du lavabo, et l'observe un instant.
Elle replonge la tête dans l'eau.
Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

NOTE D’INTENTION DE L’AUTEUR

Je suis franco-costaricienne. J'ai grandi au Costa Rica et suis venue faire des
études de cinéma d'abord en France, puis ensuite en Belgique. J'ai réalisé, dans
le cadre d'un master à l'Insas, un film intitulé Paul est là qui raconte l'histoire
d'une relation père-fille dans laquelle les rôles s'inversent et les limites
disparaissent, et où furtivement le désir se manifeste là où il ne devrait pas,
témoignant de la fragilité des lois et normes que sous entend le concept de
famille.

Avec Lucia en el limbo j'aimerais aborder le sujet de l'éveil sensuel adolescent


féminin en essayant de rester fidèle à l'ambigüité qui caractérise cette période
de la vie. Comme dans Paul est là, je suis intéressée par la façon dont des
normes abstraites viennent s'imposer jusque dans l'intimité des gens. Ici dans
l'intimité d'une adolescente à qui on dicte ce qu'il faut faire, à qui on impose une
idée toute faite de ce qu'est le désir sexuel et le fait de devenir une femme.
Comme dans Paul est là, le désir va ici aussi se dérober à la norme, et emmener
Lucia à refuser de faire ce qu'on attend d'elle. Car, tout en croyant essayer de se
soumettre au normes pour rentrer dans le moule, elle va au contraire agir selon
son instinct, partagée entre un désir de découvrir le monde mystérieux du sexe,
mais sans vouloir renoncer complètement à l'enfance et à sa liberté.

La raison pour laquelle j'imagine ce film au Costa Rica est que, même si la
découverte sexuelle adolescente est universelle, j'aimerais évoquer
spécifiquement ce que c'était que d'être un adolescent de classe moyenne aisée
en Amérique Centrale. Car je trouve intéressante et complexe la façon dont la
découverte du sexe participait aussi pour moi d'une envie plus large de sortir
d'une réalité bourgeoise étriquée, où l'on était surprotégés et déconnectés de la
réalité locale. Les personnages de ce film sont pour cette raison fortement
inspirés des personnages qui ont peuplé ma propre adolescence. Et le cas de
Lucia, comme était le mien, est à la frontière entre deux mondes. D'une part
l'univers fermé et bourgeois du lycée privé, et d'autre part le monde instable
d'une fille de parents divorcés qui doit prendre le bus publique, et qui est
décalée au sein d'une société aux classes sociales très polarisées.

Ce que j'aimerais évoquer est la façon dont très insidieusement et subtilement


la peur des classes populaires, et la religion encore présente, imposent une
forme de protection constate, qui font d'une adolescente comme Lucia
quelqu'un d'aussi effrayé par le monde extérieur, qu'à l'affut de la moindre
possibilité de s'y aventurer. Toutes aussi anodines que ces aventures puissent
paraître : prendre le bus publique, marcher dans les rues de San José, parler à
un inconnu, perdre sa virginité.
Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

J'aimerais que le ton du film porte la même ambigüité que son sujet, où le grave
et le léger s'entremêlent, et où s'alternent mélancolie et humour. Je pense que la
scène de rencontre entre Lucia et l'homme à la casquette est celle qui concentre
le mieux cette envie, et l'enjeu narratif du film. C'est une scène où l'on est en
train de frôler une situation grave, mais où la force naïve du personnage
principal devient paradoxalement salutaire. Le côté un peu décalé de Lucia, le
fait qu'elle ne comprenne pas, ou ne veuille pas se plier aux logiques évidentes
de pouvoir qui se jouent entre un homme plus âgé et une jeune fille de son âge,
font qu'elle a quelque part une réaction « saine ». Elle réclame son droit de
participer activement à sa découverte du sexe, plus que de la subir. Car la
contradiction de cet homme, si mystérieuse aux yeux de Lucia, peut être
comprise par le spectateur adulte : Cet homme ne ressent de désir que s'il est
face à une proie effrayée. Et pourtant mon objectif est que le regard de Lucia
nous permette d'aller au delà du jugement moral. De juste re-considérer l'aspect
aberrant, mais aussi vulnérable et mélancolique, qui se dégagent de cette forme
de désir.

Et je souhaiterais ainsi parler d'une découverte du sexe plus large que celle de
l'acte consommé. Découvrir le sexe c'est aussi découvrir que le désir peut être
quelque chose d'injuste, d'aléatoire, de triste, de chaotique, de libérateur. Car
irréductible à une norme ou une loi. Et cette découverte permet à Lucia de
refuser une conception univoque du désir, et de chercher la sienne.

NOTE DE REALISATION

J'imagine pour ce film une mise en scène faussement sobre, comme pour mon
film précédent, c'est à dire où le cadre joue un rôle important dans la création
d'un univers esthétique marqué, mais où la lumière est plus naturaliste. Où l'on
est dans une fausse impression de sobriété, qui est désarticulée par moments
avec un cadrage très fragmenté, où l'on décadre tout à coup, où l'on est tout à
coup en gros plan, se concentrant sur des bouts de corps, des détails (les
cendres, le poux qui se balade sur le front de Lucia). Et où on va entrer et sortir
de la subjectivité des différents personnages en « assoiffant l'oeil » avec une
représentation plus partielle, moins distante et globale de l'espace. Le hors
champ va intervenir à ces instants là de façon plus sonore, plus suggestive
(notamment la première scène dans le bus, où l'on est très proche de Lucia, et
ne comprenons pas tout ce qui se passe autour ; ou lorsque l'on est dans le
regard de l'homme, qui voit le poux sur le front de Lucia et entend des gens
entrer dans le bar). Je souhaite aussi rompre avec une certaine rigidité de mon
film précédent en explorant plus avec une caméra en mouvement, notamment
pour marquer cette incursion de Lucia dans le monde extérieur.

Je n'ai pas encore d'idées précises pour le casting du film, mais je vais opter,
comme pour mon film précédent, pour un casting amateur et professionnel.
Pour les décors je souhaite tourner sur les lieux mêmes dans lesquels j'ai
grandi.
Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

INFORMATIONS SUR L’ENTREPRISE DE PRODUCTION

Nom de la société : GEKO FILMS

Raison sociale : GEKO FILMS

Forme sociale :

Année de création de la société :

Gérant(e) de la société :

Adresse : Téléphone :

Mél :

Nom(s) et prénom(s) du ou des producteur(s) du projet :


Grégoire Debailly – GEKO FILMS – producteur
Demande d’aide avant réalisation à la production de court-métrage - « Lucia en el limbo » de Valentina Maurel

FILMOGRAPHIE DE GEKO FILMS

2018 « LUCIA EN EL LIMBO » réalisé par Valentina Maurel


en financement

2018 « LA DERNIÈRE VIE DE SIMON » réalisé par Léo Karmann


en financement

2018 « SHÉHÉRAZADE» (ex-Le petit proxénète) réalisé par Jean-Bernard


Marlin
en post-production

2017 « UNE ANNÉE POLAIRE » réalisé par Samuel Collardey


en post-production
Festival de Sundance, section World Cinema Documentary Competition

2015 « TEMPÊTE » réalisé par Samuel COLLARDEY


En coproduction avec France 3 Cinéma, distribué par Ad Vitam sortie en salle le
24 février 2016
72é Mostra de Venise. Sélection Orizzonti, Prix d’Interprétation pour Dominique
Leborne Festival de Namur 2016, Grand Prix et Prix d’Interprétation pour
Dominique Leborne
Festival de la Roche sur Yon, Prix du Public

2014 « GENTE DE BIEN » réalisé par Franco LOLLI


Distribué par Ad Vitam, Ventes : Versatile.
Cannes 2014 (Semaine de la Critique) et plus de 50 festivals dans le monde entier

2012 « COMME UN LION » réalisé par Samuel COLLARDEY


En coproduction avec Arte France. Distribution et Ventes : Pyramide
Présenté au festival de Rome, Marrakech, prix du public My French Film Festival.

2011 « SPORT DE FILLES » réalisé par Patricia MAZUY


En coproduction avec Arte France.
Distribution et Ventes : Le Pacte
Présenté au Festival de Locarno 2012 et film d'ouverture Angers 2012.

Filmographie de Grégoire Debailly au sein de Lazennec

2009 2008
« INDIGENE D’EURASIE » réalisé par Sharunas BARTAS
Distribution et Ventes : Le Pacte
Présenté à la Berlinale 2010 (Panorama)

« L’APPRENTI » réalisé par Samuel COLLARDEY


En coproduction avec Arte France Cinéma. Distribution : TFM
Prix Louis Delluc premier film 2008 Prix de la semaine internationale de la critique
à la 65ème Mostra de Venise

Vous aimerez peut-être aussi