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Aspects tomodensitométriques des complications cérébrales des méningites


bactériennes à Yaoundé

Article · January 2014

CITATION READS

1 350

9 authors, including:

Boniface Moifo Nguefack Séraphin


University of Yaounde I University of Yaounde I
91 PUBLICATIONS   263 CITATIONS    73 PUBLICATIONS   308 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Joseph-Francis Nwatsock Hubert Désiré Mbassi Awa


Hopital Général de Yaoundé University of Yaounde I
13 PUBLICATIONS   34 CITATIONS    27 PUBLICATIONS   65 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

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Pediatric radiology View project

Evolution of thyroid hormons after a single ablative dose of 131-radioiodine for hyperthyroidism View project

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ARTICLE ORIGINAL

ASPECTS TOMODENSITOMETRIQUES DES COMPLICATIONS CEREBRALES


DES MENINGITES BACTERIENNES DE L’ENFANT A YAOUNDE

Zeh OF (1), Guegang GE (2), Moifo B (1),Nguefack S(4), Nchagnouot MF (3), NwatsockJF (1),
Mbassi AH (3), MonabangZC (5), GonsuFJ (1)- (Yaoundé- Cameroun)

(1) Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- HGOPY, Yaoundé


(2) Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- HGY, Yaoundé
(3) Département de Pédiatrie, FMSB-CME-FCB, Yaoundé
(4) Département de Pédiatrie, FMSB-HGOPY, Yaoundé
(5) Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- CHU, Yaoundé

RÉSUMÉ:

Buts :Décrire les aspects scanographiques des complications intracrâniennes des méningites
bactériennes de l’enfant et identifier des facteurs de risque de ces complications dans notre milieu.
Patients et Méthodes :Il s’agissait d’une étude transversale et descriptive sur une période 6 ans et 2
mois (du 1er janvier 2005 au 28 février 2011), dans les services de pédiatrie, de neurochirurgie et de
radiologie et d’imagerie médicale de cinq hôpitaux de référence de Yaoundé. Les données de 70
patients âgés entre 2 mois et 14 ans, présentant ou ayant présenté une méningite bactérienne
documentée et dont le scanner crânio-encéphalique montrait des lésions évolutives ou séquellaires
liées à cette pathologie ont été colligées puis analysées grâce au logiciel Epi Info version 3.5.
Résultats :70 patients des deux sexes dont l’âge variait de 2 mois à 14 ans étaient inclus dans
l’étude. Le sexe masculin était le plus représenté avec 57,1% des sujets. La tranche d’âge la plus
représentée était celle de 1 à 24 mois (51,4%).Les facteurs de risque de complications que nous
retrouvions dans l’échantillon étaient : l’immunodépression au VIH (5,9%), le mauvais état nutritionnel
(5,9%), la drépanocytose (2,9%) et l’insuffisance rénale (2,9%). Les germes retrouvés étaient le
pneumocoque (50%), H. influenzæ (17,6%), le méningocoque (17,6%), et les entérobactéries
(11,7%).Concernant l’écologie bactérienne par tranche d’âge, le pneumocoque était retrouvé en tête
dans les tranches d’âge de 2 – 24 mois et de 6 – 14 ans, il représentait respectivement 37,5% et
75,7% des germes. Alors que dans la tranche d’âge de 2 – 5 ans le méningocoque était retrouvé
dans 60% des cas. Les signes cliniques posant l’indication du scanner crânio-encéphalique étaient :
les convulsions (partielles, état de mal convulsif, d’apparition tardive) (27,1%),un déficit neurologique
(18,6%), l’augmentation du périmètre crânien (10%), les troubles de laconscience persistants (10%),
une suspicion d’abcès cérébral (7,1%),une régression des acquisitions psychomotrices (5,7%), des
céphalées sévères (4,3%), les troubles des fonctions supérieures (4,3%) et les signes cliniques
d’HTIC (2,9%).Trente-six patients (51,4%) avaient au scanner des complications tardives et trente-
quatre (48,6%) des complications précoces.Entre autres trouvailles nous avions : l’hydrocéphalie
(37,1%), l’atrophie cérébrale (27,1%), l’abcès encéphalique (22,9%), l’empyème sous–dural (11,4%),
l’infarctus cérébral aigu (5,7%), la ventriculite(4,3%) et la thrombophlébite cérébrale (1,4%).

Adresse pour tirés à part et correspondances :

Dr Odile Fernande ZEH,


Département d’Imagerie Médicale et radiothérapie, FMSB- HGOPY,
E-mail:of_zeh@yahoo.fr ; Yaoundé - Cameroun

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OF Zeh et al

Conclusion :Les complications cérébrales des méningites bactériennes de l’enfant étaient dominées
par l’hydrocéphalie, les suppurations intracrâniennes et l’atrophie cérébrale. L’examen TDM permet la
mise en évidence et le suivi de ces complications. Les facteurs de risque identifiés sont le mauvais
état nutritionnel, l’immunodépression au VIH, la présence des signes neurologiques dès l’admission.
Mots clés : scanner cérébral, complications cérébrales, méningites bactériennes, enfant, Yaoundé

SUMMARY:

Objective: To describe the cerebral complications of bacterial meningitis in children assessed by CT-
scan and to identify risk factorsin our setting.
Material and method:It was adescriptive cross-sectional study which covered a period of 6 years 2
months (from 1st January 2005 to 28th February 2011). The study was conducted in five reference
hospitals of Yaoundé and concerned the pediatric, neurosurgical and radiology/medical imaging units.
It concerned children aged between 2 months and 14years,who had well documented bacterial
meningitis at the time of study or before, and who’s CT-scans revealed complications of meningitis
during the study period.
Results: 70 patients of both sexes, whose ages ranged from 2 months to 14 years, were included.
The population consisted of 57.1% male subjects. The age interval with children between 1 – 24
months was the most represented(51.4%). The risk factors of complications evidenced by this study
were HIV immune-suppression (5.9%), poor nutritional status (5.9%), sickle cell disease (2.9%)and
renal failure (2.9%). The germs found were: S. pneumoniæ (50%), followed by H. influenzæ (17.6%),
N. meningitidis (17.6%), and finally enterobacteria (11.7%). Concerning the germ
distributionaccording to age group, in the 1 – 24 monthsand 6 – 14 yearsgroups,S. pneumoniæ was
found respectively in 37.5% and 75.7% of cases. In the 2 – 5 years groupN. Meningitides was found
in 60% of cases. The clinical signs motivating the request of a CT-scan were:convulsions (partial,
status epilepticus, late onset) (27.1%), neurologic deficit (18.6%), increase in head circumference
(10%), persistent impairment of consciousness (10%), clinical signs of intracranial abscess (7.1%),
regression of acquired psychomotor functions (5.7%), severe headache(4.3%), higher mental
functiondeterioration (4.3%) and clinical signs of increased intracranial pressure (2.9%). Thirty–six
patients (51.4%) had early complications and thirty-two (48.6%) late complications. Hydrocephalus
was found in 37.1% of cases, cerebral atrophy in 27.1%, brain abscess in 22.9%, subdural empyema
in 11.4%, cerebral infarctin 5.7%, ventriculitis in 4.3% and cerebral thrombophlebitis in 1.4%.
Conclusion: Cerebral complications of bacterial meningitis in childrenwere mainly hydrocephalus,
intracranial suppurations and cerebral atrophy.CT–scan enables identification and adequate follow-up
of these complications. The risk factors of complications evidenced by this study were, poor nutritional
status, HIV immune-suppression and presence of neurological signs at admission.
Key words: cerebral CT scan, cerebral complications, bacterial meningitis, children, Yaounde.

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INTRODUCTION : ultrasonographiques des complications


Les méningites bactériennes restent un cérébrales des méningites bactériennes du
important problème de santé dans la population nourrisson (12), mais les aspects
pédiatrique car plus des deux tiers des tomodensitométriques de ces complications
méningites surviennent avant l’âge de 5 ans (1). restent inconnus et pourraient différer de ceux-
En Afrique, la méningite bactérienne évolue décrits à l’ETF.Il nous a donc paru intéressant
sous un mode endémo épidémique et son de mener cette étude dont le but était de décrire
incidence varie considérablement d'un pays à les complications intracrâniennes des
l'autre, selon le développement, les conditions méningites bactériennes de l’enfant au scanner
socio-économiques, l'âge et de nombreux autres crânio encéphalique et d’identifier les facteurs
facteurs (2). Au Cameroun, les diverses études de risque de ces complications.
hospitalières font état d’une fréquence variant
entre 3,5 et 9,3% (3-5), pour une mortalité PATIENTS ET MÉTHODES :
allant jusqu’à 30,6% (4,6,7). Les complications
Il s’agissait d’une étude transversale et
neurologiques, infectieuses et vasculaires
descriptive menée dans la ville de Yaoundé au
rendent compte de la mortalité des méningites
sein des services de pédiatrie, de neurochirurgie
bactériennes. Les complications cérébrales sont
et d’imagerie médicale de cinq hôpitaux
responsables de plus de 50% de mortalité dans
universitaires de référence pendant une durée
la méningite, et de séquelles
de6 ans et 2 mois, de janvier 2005 enfévrier
neuropsychologiques sévères et invalidantes.
2011. Étaient inclus dans l’étude les patients
Leur incidence varie de 2% en Occident (8) à
des deux sexes âgés de 01 mois à 15 ans ayant
18% en Asie (9) . Le diagnostic clinique des
été suivis pour une méningite bactérienne
méningites compliquées reste imprécis, leurs
documentée et dont le bilan
signes cliniques étant non spécifiques. La
tomodensitométrique montrait des lésions
détection des complications par l’imagerie est
évolutives ou séquellaires liées à cette
donc fondamentale pour adapter les mesures
pathologie.L’âge, le sexe, l’état vaccinal, les
thérapeutiques (10). Avant la fermeture de la
antécédents traumatiques et infectieux, de
fontanelle, l’échographie transfontanellaire
même que les données cliniques à l’admission
(ETF) est le premier examen à réaliser à la
du patient et les résultats scanographiques ont
recherche des complications intracrâniennes.
été colligées. Les examens scanographiques
Passé cette période, la méthode de référence est
étaient réalisés en mode spiralé sans puis après
l’imagerie par résonnance magnétique (IRM).
injection de produit de contraste à la dose de
Dans notre contexte, le scanner reste un moyen
2ml par kilogramme.Toutes les images ont été
utile et efficace de diagnostic des complications
relues par 2 radiologues séniors.L’analyse des
intracrâniennes de la méningite bactérienne du
données était faite à l’aide du logicielEpi-Info®
fait de la paucité de l’IRM. Les trouvailles
3.5.
tomodensitométriques les plus fréquentes des
méningites bactériennes compliquées RÉSULTATS :
rapportées par KC Eze et al. dans une étude 1. Age et sexe de la population d’étude
faite au Nigéria en 2008 sont : l’hydrocéphalie
communicante (36,36%), l’abcès cérébral Sur les 70 patients inclus dans l’étude Plus de
(12,12%), l’infarctus cérébral multiple la moitié de l’échantillon était constitué de
(12,12%) et l’empyème sous dural (9,09%) nourrissons âgés entre01 et 24 mois (51,4%).
(11).Dans notre milieu, des études ont été faites La moyenne d’âge était de 44 mois (2 mois - 14
sur les aspects médicaux de la méningite ans) et le mode était de 3
bactérienne chez l’enfant (6) et les aspects

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OF Zeh et al

mois.57%des
des sujets étaient de sexe retrouvées
ées dans 13 cas et des états
masculin soit un sex-ratio
ratio de 1,33 en comateux dans 7 autres cas.
faveur des garçons.
5. Germes identifiés à l’examen du
2. Statut vaccinal(Fig. 1) liquide céphalo
céphalo-rachidien
Malgré une bonne couverture selon le (LCR)(tableau
(tableau III)
programme national de vaccinations, l’on Six germes étaient isolés dans
dan l’échantillon
ne retrouvait dans deux tiers aucune avec une prédominance du pneumocoque
immunisation contre les germes dans 50% des cas.
habituellement incriminés dans les
6. Indications de la
méningites bactériennes.
tomodensitométrie
densitométrie (TDM)
3. Antécédents traumatiques et
L’examen TDM était demandé soit au
infectieux
cours de l’évolution de la méningite
Des antécédents traumatiquesues et infectieux bactérienne aigue, soit à distance de
contributifs étaient retrouvés dans 23,6% l’épisode infectieux et était indiqué pour
des cas avec une prédominance des des convulsions et pour un déficit
traumatismes crânienset de neurologique dans 45,7% (Tableau IV).
IV)
l’immunodépression au virus de
7. Lésionsscanographiques
anographiques
l’immunodéficience humaine (Tableau I).
retrouvées (tableau V)
4. Données cliniques et signes de
Le délai de réalisation du scanner variait de
gravité à l’admission du patient
5 à 21 jours, pour une moyenne de 11,14
(tableau II)
jours.L’hydrocéphalie quadri-ventriculaire
quadri
Tous les cas de méningite étaient d’origine était la complication la plus fréquente
communautaire..Parmi les 34 patients vus (37,1%), suivie de l’atrophie cérébrale
en phase évolutive, 70,5 % (24 patients) (27,1%) et de l’abcès encéphalique
présentaient des signes de gravité dès (22,9%). Un de nos patients présentait un
l’admission avec notamment des hématome sousduralchronique résultant
convulsions partielles ou généralisées d’un traumatisme crânien antérieur

67,6 67,6
70 61,8
60

50
38,2
Pourcentage

40 32,4 32,4
Oui
30
Non
20

10

0
Anti H.ib Méningo Pneumo
Vaccin administré

Fig 1: Statut vaccinal des patients

11
6
OF Zeh et al

Tableau I: Autres antécédentsJ retrouvés


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Antécédents Nombres %
Traumatisme crânien 3 8,8
Immunodépression au VIH 2 5,9
Drépanocytose 1 2,9
Insuffisance rénale 1 2,9
Trisomie 21 1 2,9
Pas d’antécédent 26 76,4
TOTAL 34 100

Tableau II : Critères de gravité à l’admission

Signes de gravité Nombre (n=34) %


Convulsions 13 38,2
Coma 7 20,5
Signes de focalisation 3 8,8
État de choc infectieux 2 5,8
Signes d’Hypertension intracrânienne 1 2,9

Tableau III : Bactériologie du LCR


Germes isolés Nombre de cas %
Pneumocoque 17 50
Haemophilusinfluenzae type b 6 17,6
Méningocoque 6 17,6
Escherischia coli 2 5,9
Streptocoque D 1 2,9
Streptocoque B 1 2,9
Aucun germe 1 2,9
TOTAL 34 100

711
OF Zeh et al

Tableau IV: Indications du scanner


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Signe N : 70 %
Convulsions 19 27,1
Déficit neurologique 13 18,6
Fièvre 10 14,3
Trouble de la conscience 7 10
Augmentation du Périmètre Crânien 7 10
Suspicion clinique d’abcès cérébral 5 7,1
Retard/régression des acquisitions psychomotrices 4 5,7
Céphalées 3 4,3
Trouble des fonctions supérieures 3 4,3
Signes d’Hypertension intracrânienne 2 2,9
Microcéphalie 1 1,4
Cécité 1 1,4
Signes d’épendymite oumicroabcès à l’ETF 1 1,4

Tableau V: Lésions retrouvées


Lésions Nombre (n=70) %
Hydrocéphalie 26 37,1
Atrophie cérébrale 19 27,1
Abcès encéphalique 16 22,9
Aspect typique de lepto-méningite 11 15,7
Encéphalite 9 12,9
Empyème sous – dural 8 11,4
Hygrome 5 7,1
Porencéphalie 4 5,7
Infarctus cérébral 4 5,7
Ventriculite 3 4,3
Encéphalomalacie 3 4,3
Calcifications 2 2,8
Thrombophlébite cérébrale 1 1,4
Séquelle d’infarctus 1 1,4
Hématome sous – dural chronique 1 1,4

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OF Zeh et al

Fig 2 :Image TDM d’empyèmes. Fig 3: Image TDM d’une


Collections liquidiennes en lentille biconvexe frontales hydrocéphalieDilatation des ventricules
gauches et interhémisphérique, à parois rehaussées latéraux et du troisième ventricule avec effet de
après injection de PDC : empyèmes extra–duraux et masse sur le parenchyme cérébral:
interhémisphérique. hydrocéphalie.

Fig4 : Image TDM d’abcès cérébraux Fig 5 : Image TDM de ramollissement cérébral
Hypodensités cortico sous-corticales fronto- Hypodensités cortico sous-corticale fronto–
pariétale et des noyaux gris centraux avec un pariéto–occipitale droite et fronto-pariétale
rehaussement annulaire après injection de PDC ; gauche non rehaussées après injection de PDC,
effet de masse sur les structures adjacentes il s’y associe des cavités de densité liquidienne
(troisième ventricule nonvisualisé) ; dilatation des pariéto-occipitales gauches : ramollissement
ventricules latéraux : abcès cérébraux multiples cérébral et porencéphalie.
compressifs.

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OF Zeh et al

DISCUSSION : d’immunodépression au VIH deux fois


Notre étude avait pour objectif de décrire les supérieure, 5,9% contre 2,7% dans leur
différentes complications intracrâniennes série. Ceci est en accord avec les données de
des méningites bactériennes de l’enfant au la littérature actuelle puisque les patients
scanner crânio-encéphalique et d’identifier immunodéprimés présenteraient plus de
quelques facteurs de risque de ces méningites bactériennes compliquées (15).
complications dans notre milieu. Notre
population d’étude était constituée à 51,4% Les enfants de notre étude étaient emmenés
de nourrissons (1 - 24 mois). Cette dans les formationshospitalières le plus
proportion est également celle de la souvent 2 à 3 jours après le début des
répartition des méningites bactériennes chez symptômes (47%) et plus de 3 jours dans
l’enfant par tranche d’âge retrouvée par 38,2% des cas. Ce délai est le même que
Tiodoung à Yaoundé (7), et Orega et al celui retrouvé par Carli P (16) à propos de
enCôte d’Ivoire (13) qui trouvent que la 100 cas de méningites bactériennes en Côte
méningite bactérienne concerne d’Ivoire. Les complications surviendraient
préférentiellement la tranche de 2 à 24 mois. donc même en l’absence d’un retard
Cette grande représentativité des thérapeutique. Par contre Chang et al
complications chez les nourrissons reflète le trouvaient un délai de 8 jours chez des
fait qu’ils soient les plus atteints par les patients ayant nécessité une intervention
méningites bactériennes.Les sujets de sexe neurochirurgicale en cours de traitement,
masculin ont présenté le plus des comparé à 2,5 jours en cas de méningite non
complications avec un sex ratio de 1,33. De compliquée et cette différence était
même ceci est semblable aux résultats de statistiquement significative. Le tableau
Tiodoung(7) et à ceux de Sile(3) et alquiont clinique à l’entrée comportait les signes
trouvé respectivement à Yaoundé et au Nord cliniques de gravité dans 70,5% des cas.
Cameroun une prédominance masculine Ceux – ci étaient avec notamment un coma,
dans les méningites bactériennes de l’enfant. des signes de focalisation, un état de choc et
Les deux tiers de notre population d’étude des signes d’HTIC. Ces résultats sont
n’étaient pas vaccinés contre au moins l’un également semblables à ceux de Carli P.
des vaccins contre les germes les plus (16) et à ceux de Stahl et al (14), mais leurs
retrouvés dans cette pathologie. Ce qui est études englobaient tout cas de méningite
logique. Les antécédents particuliers étaient bactérienne à l’admission compliquée ou
présents dans 23,5% des cas, répartis comme non. Par contre nous trouvions à l’admission
suit : traumatisme crânien, 8,8% ; des convulsions dans 38,2% des cas,
drépanocytose, 2,9% ; insuffisance rénale, largement supérieur au taux de 18,7% trouvé
2,9% et Trisomie, 21 2,9% des cas. Stahl et par ces auteurs, ceci suggèrel’existence de
aldans leur série retrouvaient 23% corrélationsentre les convulsions et les
d’antécédents de traumatisme crânien et complications intracrâniennes au cours
5,3% de drépanocytose (14). Cette d’une méningite bactérienne. Cette
différence s’explique par le fait que leur hypothèse était déjà évoquée par Bernard-
série n’étudiait que les méningites à Bonnin et al (4), de même que ces auteurs
pneumocoque dont on connaît le tropisme admettaient que l’état nutritionnel de
pour les patients aspléniques. Notre étude l’enfant serait un facteur de risque des
révèle par contre une fréquence complications intracrâniennes des

10
11
OF Zeh et al

méningites bactériennes comme c’est le cas un dysfonctionnement neurologique


dans notre étude puisque notre proportion de persistant et que l’imagerie est de faible
sujets atteints de malnutrition aiguë (5,9%) importance chez des enfants présentant une
était supérieure au taux de 1,75% trouvé par fièvre prolongée isolée. Le scanner était
Sileet al (3) pour les cas de méningite non réalisé en cours d’épisode infectieux en
compliquée.Les trois germes les plus moyenne 11,14 jours après l’admission.
fréquemment retrouvés étaient le Pour Daoud et al (20), le scanner n’a pas
pneumocoque (50%), suivi de H. influenzae d’indication dans le suivi d’une méningite
(17,6%) et du méningocoque (17,6%). Une bactérienne bien traitée et d’évolution
étude similaire en Côte d’Ivoire (17) favorable.Ceci pourrait donc expliquer ce
rapporte des résultats analogues. Les délai en sus d’évidents problèmes
complications apparaissent être le plus financiersqui rallongent encore le délai entre
causées par le pneumocoque.Tous les le moment où l’examen est demandé et la
germes étaient rencontrés chez le nourrisson réalisation de celui - ci.
(1 – 24 mois), avec une prédominance du
pneumocoque (37,5% des germes à cet âge). 70 patients présentaient des complications
E. coli, le Streptocoque D, le Streptocoque B intracrâniennes parmi lesquels 48,6%de
et E. coli n’étaient rencontrés qu’à cette lésions évolutives et 51,4% de lésions
tranche d’âge.Dzogang(18) en étudiant les séquellaires.L’hydrocéphalie venait en tête
complications des méningites bactériennes de toutes les complications dans notre
du nourrisson à Yaoundé trouvait aussi en échantillon, retrouvée chez 37,1% des
première place le pneumocoque (23%), suivi patients. En phase aiguë l’abcès
du streptocoque B puis du méningocoque. encéphalique venait en première place (47%
Chez le petit enfant (2 – 5 ans) le des lésions aiguës). La prédominance de
méningocoque représentait 60% des germes, l’hydrocéphalie et de l’abcès cérébral est
ceci est différent des résultats de Tabatabaie rapportée dans d’autre pays africains.
et al en Iran (19) qui trouvent dans cette Eholieet alen Côte d’Ivoire (17)
tranche une prédominance de trouvaient54%d’hydrocéphalies et 28,5%
Haemophilusinfluenzae(29%) et du d’abcès cérébraux. Dans une série
pneumocoque (25%).Quant au grand enfant, nigériane(11), les complications étaient
les deux germes retrouvés étaient le retrouvées incluaient l’hydrocéphalie
pneumocoque et H. influenzae, différent du (36,36%), l’abcès cérébral (12,12%),
méningocoque isolé par Tabatabaieet al l’infarctus multiple (12,12%) et l’empyème
comme deuxième cause (19).Les principales sous - dural (9,09%). Notre étude diffère de
indications du scanner crânio-encéphalique ces deux dernières qui trouvent une
retrouvées notamment les convulsions,les proportion élevée d’hydrocéphalie, alors que
déficits neurologiques, la fièvre, nous trouvions au premier plan des
l’augmentation du périmètre crânien, les complications aiguës les suppurations
troubles de l’état de conscience, la intracrâniennes. Les lésions séquellaires
régression des acquisitions psychomotrices, retrouvées dans notre étude sont surtout les
les céphalées et les troubles des fonctions atrophies cérébrales (50% des cas),
supérieures sont qualitativement les mêmes l’hydrocéphalie (36,1%), la porencéphalie
que celles décrites dans des études (11,1%), l’encéphalomalacie (8,3%),
analogues, mais avec des fréquences l’hygrome (5,5%) et les séquelles d’infarctus
variables (11, 13). Daoud et al (20) dans leur (2,8%).
étude suggèrent que le scanner devrait être
indiqué surtout chez des enfants présentant

11
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OF Zeh et al

CONCLUSION : OF Zeh
complications rencontrées à la phase et al
aiguë.
Ces complications paraissent liées à l’état
Les complications intracrâniennes des nutritionnel, à l’immunodépression au VIH,
méningites bactériennes de l’enfant sont au mauvais état vaccinal et à la présence de
présentes dans notre milieu, elles ne sont pas convulsions au début de la maladie. La
toujours explorées à cause du coût de phase séquellaire quant à elle est surtout
l’imagerie médicale ou à cause des décès marquée par l’atrophie cérébrale et
précoces. Les suppurations intracrâniennes l’hydrocéphalie
11
et l’hydrocéphalie sont les principales
.
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