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Guillaume Carbou
Université de Bordeaux
Laboratoire SPH (EA 4574)
15/11/19
Qu’est-ce que l’écologie politique ?
Mon objectif dans cette présentation est de proposer un panorama synthétique des
grandes idées qui traversent l’écologie politique.
Sur le plan historique, les années 70 en France ont été un moment d’effervescence
théorique, mais les années 30 tout autant, et c’est en vérité à la naissance de la science
moderne et aux débuts de l’industrialisation que l’on peut faire remonter les réflexions
écologistes.
La présentation qui suit sera donc forcément réductrice mais entend faire le tour des
réflexions classiques qui se retrouvent de manière récurrente chez les auteur-es qui
participent à ce courant.
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L’écologie politique : une définition synthétique
Autrement dit, l’écologie politique fait le constat que notre organisation sociale,
sur les plans économique, technique, institutionnel et philosophique, produit un
monde qui n’est ni durable, ni souhaitable. Cet alliage de la question
environnementale et de la question humaniste est une caractéristique cruciale de
la pensée écologiste.
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L’écologie politique : la critique économique
La critique portée par l’écologie politique à notre organisation économique
(capitaliste) est multiple et radicale :
- la concurrence et la nécessaire croissance conduisent les acteurs économiques
à rechercher le moins-disant social et environnemental
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L’écologie politique : les alternatives économiques
Les propositions alternatives dans la littérature écologique impliquent une remise en
cause plus ou moins radicale des structures économiques :
- l’économie écologique cherche à repenser les cadres d’analyse
économique en intégrant la prise en compte des coût sociaux et
environnementaux (la sphère économique n’est pas détachable
des sphères biophysiques et socio-culturelles)
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L’écologie politique : les critiques techniques
Avec la mise au premier plan de la crise environnementale, la critique technique
se déploie contre le « solutionnisme technologique » :
- les réflexions autour des « outils conviviaux » à la suite des propositions d’Ivan Illich
plaident pour des techniques « à taille humaine », décentralisées, simples, dont
l’utilisateur a le contrôle (et non le contraire !)
- les outils doivent être pensés en fonction de finalités sociales et écologiques globales
et non d’une productivité ou d’une performance restreinte à un secteur particulier
- une technique écologique est localement adaptée : il n’existe pas d’outil approprié
dans l’absolu, mais seulement dans une situation donnée
- l’écologie politique dans son ensemble s’accorde sur le fait que la démocratie
représentative sous la forme que nous connaissons est structurellement inapte à gérer le
bien commun environnemental : la professionnalisation de la politique, les enjeux de
pouvoir, la concurrence, la place des groupes d’influence, la complexité bureaucratique,
etc. et l’emprise idéologique de la maîtrise rationnelle du monde et l’emprise matérielle
de l’économie limitent drastiquement empêchent toute gestion orientée vers les attentes
réelles des populations.
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L’écologie politique : les alternatives institutionnelle
Trois grands courants se partagent le champ intellectuel de l’écologie politique sur la
question institutionnelle :
- le courant institutionnaliste qui entend intégrer le souci de la nature, du temps long et
des générations futures dans des formes institutionnelles relativement classiques
- le courant écosocialiste qui entend mettre en place une planification multiscalaire et
démocratique bien que son mode d’accès au pouvoir soit assez flou
- le courant libertaire qui prône une décentralisation drastique des institutions de
gouvernement et une critique institutionnelle en acte par l’expérimentation sociale
autogérée
- on peut éventuellement rattacher à ce courant les mouvements individualistes-
colibristes, au risque de faire, légitimement, hurler quelques anarchistes !
- elle remet en cause la séparation classique entre humain et nature qu’elle voit comme
la matrice des autres séparations homme/femme ; adulte/enfant ; civilisé/primitif ;
raison/émotion ; science/irrationnel ; modernité/archaïsme, etc.
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L’écologie politique : les alternatives philosophiques
A ces différents processus, l’écologie politique oppose les vertus de :
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L’écologie politique : pour conclure
L’écologie politique recouvre ainsi une diversité de courants de pensée dont la
caractéristique essentielle est de considérer l’hypertrophie de quelques
caractéristiques de notre modernité comme insoutenables pour le système Terre et
pour ses habitant-es.
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L’écologie politique : pour conclure
L’écologie politique est certes traversée de courants différents, mais qui ne me
semblent pas incompatibles : la décroissance, l’écosocialisme, l’écologie
sociale, l’écologie profonde, les mouvements « grassroot » et les mouvements
institutionnalistes partagent largement leurs présupposés fondamentaux dès lors
qu’ils s’inscrivent dans une démarche radicale et politique.
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Séminaire d’écologie politique
de l’Atelier d’écologie politique de Toulouse
Guillaume Carbou
Université de Bordeaux
Laboratoire SPH (EA 4574)
15/11/19