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Dossier d’économie Sociale.

Séance 7.

Coopératives, associations et mutuelles : la question de l’entreprise.

Document 1 : L’entreprise, boite noire de la théorie économique. Alternatives Economiques, Hors


série n°79)

Firme : une des institutions majeures du capitalisme moderne, depuis 1960’.


En microéconomie, assimilée à un agent individuel sans prise en considération de son organisation
interne et des questions propres quelle soulève.
Vision qui s’explique par l’objet central de la microéconomie : l’étude des marchés et des mécanismes
de prix. Mais changement avec COASE.

I- La firme comme nœud de contrats

COASE s’interroge sur la nature des firmes. → Pour lui, la firme constitue un mode de coordination
économique alternatif au marché et se caractérise par une coordination administrative, par la hiérarchie
(≠ au marché, où coordination est faite par les prix).
Deux thèses chez COASE :
→ Firmes et marchés constituent deux modes de coordination profondément différents.
→ Firme est caractérisée par l’existence d’un pouvoir d’autorité, par la hiérarchie.
= vison contractuelle de la firme, où celle-ci est analysée comme un système de relations
contractuelles spécifiques entre agents, un « nœud de contrats ». But : trouver le système contractuel le
plus efficient, en fonction des contraintes techniques et la nature des informations détenues par les
parties.

Deux approches principales :


- 1ère approche : Rendre compte de l’existence et des traits de la firme sans remettre en
question les fondements du paradigme néoclassique, sur l’hypothèse de la rationalité des
actions (« homo oeconomicus »). Approche développée avec la théorie des droits de
propriété et la théorie de l’agence.
- 2ème approche : L’hypothèse sur le comportement des agents. Par WILLIAMSON.

1) Droits de propriété et théorie de l’agence :

La firme : caractérisée par une structure particulière de droits de propriété, définie par un ensemble
de contrats, qui permettent de profiter des avantages de la spécialisation et qui assure un système
efficace d’incitation.
Pour ALCHIAN & DEMSEZ, la firme est la forme d’organisation la plus efficiente quand la
technologie impose le travail en équipe.
Théorie de l’agence complète celle des droits de propriété, et se propose de déterminer les contrats
incitatifs optimaux adaptés aux situations les plus diverses. Courant qui veut démontrer l’efficience
des formes organisationnelles caractéristiques du capitalisme contemporain et particulièrement
celle de la société par actions.
Vision inspirant positions libérales s’oppose à COASE sur 2 points :
→ Il n’y aurait aucune relation d’autorité dans la firme, mais simplement des rapports libres.
→ Pas besoin d’opposer firme et marché, car la firme serait un marché privé. Implique de nier
toute spécificité à la relation d’emploi.

2) WILLIAMSON, les coûts de transaction et les contrats incomplets.

Reprend la théorie de la rationalité limitée par Herbert SIMON : agents ont des capacités cognitives
limitées et ne peuvent pas envisager tous les évènements possibles.
→ Conséquence : les contrats sont le plus souvent des contrats incomplets qui n’envisagent pas
toutes les éventualités. L’incomplétude permet une marge de manœuvre aux parties et des
comportements opportunistes.
Pour WILLIAMSON, les choix organisationnels visent à se protéger contre l’opportunisme. Ainsi
quand pour une transaction les agents doivent faire investissements qui les rendent dépendants les uns
des autres : chaque partie craint un comportement opportuniste de l’autre, qu’il s’approprie le bénéfice
de la transaction → ici on préfère la coordination au sein de la firme, à la coordination par le marché.

Autre théorie des contrats incomplets par HART : reformuler la théorie des couts de transaction dans le
cadre analytique d’une nouvelle micro économie néoclassique qui prend en compte des droits de
propriété. Pour HART, l’incomplétude des contrats donne une grande importance à la définition des
rapports de pouvoir dans les relations contractuelles.

II- La firme comme système de compétences.

Théories contractuelles oublient que la firme a pour fonction de produire des marchandises, elle
repose donc sur la constitution d’une capacité collective à produire, gérer et innover = vision de la
firme centrée sur les compétences qui vise cet aspect. (on peut aussi y rattacher la théorie
évolutionniste de la firme).
Vise à expliquer pourquoi certaines firmes sont durablement des performances supérieures. On utilise
l’analyse des dynamiques d’accumulation de connaissance et de compétences spécifiques par les
firmes (compétences propres que les autres n’ont pas facilement.) Donc la compétitivité de chaque
firme repose sur un ensemble de compétences foncières.
Théorie des organisations souvent utilisée pour s’interroger sur les conditions sur lesquelles elles se
forment et évoluent (surtout par les évolutionnistes), et repose sur une théorisation des comportements
individuels (Herbert SIMON et James MARCH) qui donne une place centrale à l’analyse des processus
d’apprentissage (individuels et collectifs).

III-Frimes pouvoir et connaissances

RAJAN & ZINGALES : tentative de renouveler la théorie de la firme, du point de vue des rapports
entre propriété et pouvoir, en relation avec les transformations de la firme et du capitalisme.
Et se placent dans la lignée des contrats par HART. La complémentarité entre les ressources vue
comme un instrument du contrôle du capital humain.
Leur objet : comprendre en quoi l’importance croissante des connaissances transforme la firme.
R & Z critiquent aussi vision de la firme comme un nœud de contrats explicites → pour eux : la firme
comme un tout construit autour d’un capital organisationnel qui ne peut être produit simplement par
des arrangements légaux. Donc caractérisation de la firme proche de celle que l’on trouve dans les
théories fondées sur les compétences. Mais ils prennent aussi en compte des questions de pouvoir et de
contrôle des connaissances et de compétences. Les conduits à mettre en question le rôle de la
propriété. La propriété des actifs par un agent peut avoir des effets négatifs.

Dernière voie de recherche = replacer l’analyse de la firme et de ses formes dans le cadre des systèmes
institutionnels où elle s’insère et de leurs dynamiques historiques. → objet de la théorie des
conventions (en analysant la diversité des dormes de rationalité et des modes de coordination). C’est
ce qu’a réalisé d’une autre manière, la théorie de la régulation ( en analysant la firme fordiste comme
composante d’un certain système de formes structurelles soutenant un régime d’accumulation).

2 questions majeures actuelles : la question des rapports entre firme et éco et de la connaissance et
celle des rapports entre firme et finance.

Document 2 : l’entreprise collective : unité et diversité de l’ESS

Ici, lecture socio économique, puis critères d’appartenance à l’économie sociale envisagés sous
plusieurs angles, pour clarifier enjeux et débats (internes et externes) sur l’identité des organisations
dites de « l’économie sociale et solidaire ».

Mutations sociales, politiques et économiques, et culturelles ont eu plusieurs effets :


→ Affectent les organisations anciennes qui se reconnaissaient dans l’ESS par la conjonction
de leur statut coopératif / mutualiste / associatif et de leur fonction gestionnaire s’incarnant
principalement dans la production de biens ou de services ou la prise en charge d’équipements
collectifs. Leurs contradictions les éloignent des formes de démocratie et de solidarité (70’ – 80’) mais
en pousse d’autres à redéfinir leurs projets.
→ Suscitent l’émergence de nouvelles organisations, qui se revendiquent parfois de
l’économie « solidaire » sans toujours préciser leur fonction économique et leur nature solidaire.

Volonté d'avoir une plus grande lisibilité.

Les débats sont anciens (sur les objectifs de l'ES et la nature des structures qui la compose) :
− XIXème siècle : l'éco sociale visait le progrès social, avec des thèses plus ou moins libérales
axées particulièrement sur la responsabilité individuelle ou réformistes (pour la création
de règles de répartition des place et des revenus) ou encore radicales (changement des
règles de la société). Émancipation de l'éco sociale de l'éco domestique (caractérisée par
moralisation et hygiénisme).
− Différenciation de l'éco patronale (sous la forme de patronages) pour se concentrer sur les
associations dans leur diversité. Exposition Universelle de 1900 + le palais de l'Economie
Sociale en sont le point d'arrivée.
− XX : - Se distingue de l'association socio-politique pour se polariser sur la coopération.
- Se distingue de l'intervention publique (affirmation de son autonomie) : 90'
= Evolution des contours de l'économie sociale en fonction des besoins relatifs au travail / au bien
être / à la protection des risques, nés des mouvements de déstructuration-restructuration du système
socio-éco + aspiration politiques.
Transformation sont aussi internes : changements de statuts ( ex : société de secours mutuel → mutuel)
= Continuité dans les objectifs mais mutations dans les formes adoptées.

Aujourd'hui débat surtout sur la place, la nature et le rôle de ces organisations, on a plusieurs
acceptions :
− En termes d'économie sociale statutaire : retenue dans les années 70'-80' (incluse les
coopératives, mutuelles, associations gestionnaires d'équipement.)
− En termes d'économie solidaire : autour de services de proximité et de solidarité (contre le
relégation et l'exclusion) sous forme d'organisations de commerce équitable, assoc de
quartiers...
− En termes de secteur sans but lucratif : toutes les associations de la loi de 1901 (thème de
l'indépendance et de la non lucrativité). Exclu les coopératives.
− En termes de pôles d'économie solidaire: notion du développement local, et de la
solidarisation d'acteurs divers pour dynamiser un territoire. (comprennent les collectivités
publiques mais aussi les entreprises lucratives territorialisées).

Jean-François DRAPERIE (1998) ; distingue une éco sociale de rencontre, instituante et instituée.
3 entrées pour percevoir place, nature et rôle de ces organisations dits de l'ESS :
− Une entrée par les acteurs : (les associations d'habitants) pour saisir « l'entrée en
économie » et la place de l'activité économique dans un projet principalement social ou
politique.
− Une entrée par une activité (la culture) : comprendre la structuration d'un secteur qui
s'émancipe de la tutelle publique et qui chercher à échapper à la marchandisation.
− Une entrée par un statut (coopération de production) : saisir enjeux de la concurrence sur
les formes plus anciennes d'ES + leurs transformations.

= Réponse à 3 questions : contours de l'ESS, les critères d'appartenance (permettant de discuter l'unité
de ces organisations), et les profits de ces organisations qui montrent leur diversité.

I- Des contours définis par une approche socio-économique :

En France, ES : plutôt dans la lignée de l'éco politique (comme science d'amélioration du bien être),
que dans science économique; mais on peut s'interroger sur le place de l'ES dans l'éco elle même.

Définition de l'ES : à partir de quand une organisation peut-être être considérée comme ayant une
activité économique ou de production économique ?
− « la production du bien-être », « la gestion des ressources rares » … : expliquant l'extension
des concepts économiques aux autres sciences sociales. Mais définition peu satisfaisante.
Définition de l'ES comme « production sociale des conditions d'existence » pose le problème de ses
contours avec l'essor des services et surtout les services relationnels (différents de la relation sociale) :
une relation devient-elle un service, donc une production économique, dès qu'elle est monnayable ou
faut-il d'autres critères (ex : degré d'organisation..) = pour comprendre ça, étude des associations
d'habitants et assoc culturelles.
Encadré :
Lien entre type de comptabilité et façon dont l'activité éco est vécue par l'assoc, et particulièrement
pour celles ayant une comptabilité de « trésorerie » et celles tenant compte de résultats :
− celles ayant une comptabilité minimale : ont le moins conscience de leur dimension
économique
− la plupart des assoc tiennent un compte de résultats : révèle processus de clarification
par rapport à une comptabilité de trésorerie et de début d'autonomisation d'une
activité.
− Assoc tenant une comptabilité analytique : activité éco importante

L'entrée en éco productive pousse à distinguer la production et des activités éco de consommation et
de redistribution. Ne pas confondre éco sociale et éco domestique; et éco sociale et mouvement social
(mobilisation pour une cause).
Dans les assoc d'habitants il faut distinguer l'action et l'activité.
Dans cette approche de la production, on observe une forte imbrication entre l’économique, le social et
le politique, qui montre que toute production monétarisée n'induit ps une logique marchande, comme
toute production marchande n'induit pas une logique lucrative.

Dans ces organisations, le groupement volontaire de personnes les différencie facilement de


l'organisation individuelle ou de l'artisanat (même il peut aussi y avoir processus de
responsabilisation / d'appropriation individuelle et conduit à situation de dépendance des autres
membres).
→ Donc nécessité de faire distinction entre autorité et pouvoir. L'analyse classique du
fonctionnement interne des organisations en termes d'autorité confond cette dernière avec le rapport
hiérarchique et la subordination salariale. Rapports contradictoires de pouvoir consubstantiels à
l'entrepreneuriat collectif d'éco sociale : subordination, mais engagement des salariés ; autonomie,
mais dépendance éco des associés.
Des valorisations externes, expriment une possible appropriation individuelle des résultats de l'activité
collective pouvant mettre en péril cette dernière.
Souvent dans les rapports avec les pouvoirs publics que risque d'indépendance est élevé, avec la
notion d'instrumentalisation (voire d'organisation para-publique)
Risque de dérive vers une logique financière (« paracommerciale ») : on doit alors s'interroger sur la
nature des organisations dont la production est la plus marchande. Si l'ESS ne se donne pas comme
objectif la rentabilisation du K investi, les organisations ne peuvent se soustraire à l'utilisation de
l'argent. = A partir de quand l'argent devient capital ? Ce pb touche bcp les SCOP où les objectifs sont
l'emploi, la qualification et la démocratie éco mais nécessitent un investissement en parts sociales +
une répartition de revenus.
4 frontières = posent les rapports contradictoires des organisations à l'activité de services, au W, au
pouvoir, à la puissance publique et à l'argent.
L'éco sociale, vue comme combinaison d'une économie de service et d'une écono de W.

I- Les crises d'appartenance, bases de l'unité du champ.


Distinguer ESS des mouvements sociaux revendicatifs mais impossible d'abstraire le projet socio-
politique du cœur même de ces organisations.

1) Un projet socio-politique qui lie besoins et aspirations, nécessité et volonté.

Projets socio-politiques peut avoir plusieurs dimensions :


− sociales : dans le sens d'une socialisation des membres pour faciliter leur intégration mais
aussi dans le sens d’une formulation de besoins sociaux non exprimés / non satisfaits.
Mais n'exclut pas la segmentation sociale. (ex scop de professionnels)
− Educatives : par l’apprentissage de la citoyenneté et de la démocratie ; par la connaissance
des droits et des procédures…
− Culturelles : par la créativité, la maîtrise de la création.
− Politiques : par l’émancipation, l’autonomie, et la promotion individuelle des personnes ;
par l’expression et la représentation des intérêts collectifs ; par la défense de et l’accès aux
droits (logement, W, santé) ; par l’affirmation de valeurs sociétales et la transformation
sociale.

Nombreuses organisations doivent « revisiter leur projet associatif » pour préciser le sens de leur
action, sous peine d’autonomiser leurs activités éco qui deviennent purement « techniques » par une
banalisation des « produits », ce qui les met alors en position de faiblesse face à la « concurrence ».

2) Des activités socio-économiques qui combinent dimensions techniques et


relationnelles.

Exemple des associations d’habitants : montrent le processus qui transforme l’expression des intérêets
et des besoins → en structuration d’une Demande. Et puis ce qui conduit, par l’innovation, la
construction d’une offre de services et éventuellement de création d’emplois. = fonction de
« révélation » de besoins et d’expérimentation de réponses.
Ces initiatives peuvent être à l’origine d’une co-construction des politiques publiques comme
dans la santé, l’éducation, la culture…
Associations d’habitants gèrent directement des services (sport, culture…), mais dans la relation
d’usage, ces activités se laissent mal référencer dans une approche purement sectorielle, du fait de leur
forte imbrication.
→ Montre l’enjeu de la professionnalisation, qui doit améliorer la productivité et la
qualité du service, mais sans faire perdre les dimensions relationnelles, éducatives, et participatives par
une technicisation excessive.

3) Un entrepreneuriat collectif qui allie adhésion individuelle volontaire et


fonctionnement collectif.

Ces organisations sont des acteurs privés, constitués de groupements de personnes. Modes de
recrutement sont définis par l’objet et le projet, ce qui va définir l’ouverture ou la segmentation sociale
des membres.

Relations entre les membres :


→ Dans les groupes informels : difficulté de distinguer le « temps pour soi » du « temps pour
autrui » (bénévolat) : les animateurs appartiennent alors aux associations-support.
→ Dans les groupes plus formatés : un gp leader émerge pour administrer & animer
l’organisation (les temps de bénévolat sont + ou – consacrés aux activités).

Instances formelles parfois réduites (des fois : AG, bureau CA = se confondent), dans les structures
plus organisées, tout un système de délégation formalise la répartition et le cheminement du pouvoir.
Mais les relations interpersonnelles et la participation moins institutionnelle restent partout
indispensables.
L’entrepreneuriat collectif s’exprime aussi par la propriété collective : les réserves impartageables
alimentées par les excédents de gestion. Cette alimentation est un enjeu de la pérennité de la structure
collective et un enjeu de la démocratie dans les Scop (où répartition des parts sociales / du revenu / de
l’affection des excédents = mettent en jeu l’entrepreneuriat collectif).

Groupes informels d’habitants montrent les limites de la non-formalisation des statuts, marque et de
facteur d’instabilité de l’engagement et de tensions interpersonnelles.
Problème du pouvoir de contrôle et de l’affectation des revenus de l’activité introduit par l’intégration
d’associés extérieurs à la Scop et à la constitution de filiales strictement commerciales.
Construction de partenariats montre la nécessité et le degré d’élargissement de l’entrepreneuriat
collectif. Le degré d’autonomie, dans le cadre de ces partenariat se mesure dans la relation entre
modalités de financement, pouvoir de contrôle et force du projet des membres de base.
Question des relations entre usagers / salariés posée soit :
→ Par les SCOP (associent souvent leurs partenaires les plus proches), s
→ Par les organismes culturels (hésitent entre gestion par les usagers / gestions par les
salariés),
→ Par les assoc dont les salariés veulent siéger au CA (pourraient donc se transformer entre
SCIC).

4) Une mutualisation, entre solidarité et réciprocité.

Ces organisations combinent 2 processus parfois en tensions : des échanges réciprocitaires qui
supposent une certaine égalité et une certaine diversité des apports ; et une solidarité qui opère une
redistribution du « plus fort » envers le « plus faible » pour établir des situations plus égalitaires.
Mutation qui concerne :
→ Les risques qui pèsent de + en + sur les individus : l’organisation collective permet de
mutualiser les risques du chômage, du montage d’activités, et plus généralement les risques financiers
de l’entrepreneuriat individuel.
→ Les compétences qui deviennent rapidement obsolètes. Apprentissage collectif permet de
les actualiser par la professionnalisation et de les valoriser par la promotion / diffusion.
→ Les ressources : mise en commun pour redistribution entre les membres.
→ Les productivités : mobilisation des bénévoles et des salariés, partage des revenus
permettent d’opérer une redistribution entre les salariés par un écrasement de la hiérarchie des salaires
et de lutter contre la précarité.
Degrés de mutualisation sont divers et les organisations mobilisent de manière spécifique chacune de
ces formes de mutualisation en fonction du degré de l’interdépendance et de la construction de la
relation entre intérêts individuels et intérêt collectif.

5) L’utilité sociale, critère d’appartenance et d’évaluation publique ?

« Utilité sociale » : ni utilité éco, ni utilité publique et participation des organisations d’ESS au n’est
plus considérée comme découlant mécaniquement des statuts.
3 niveaux :
→ Niveau de l’action directe envers des groupes sociaux généralement ciblés par les politiques
publiques comme non solvables ou des activités nécessaires mais non rentables.
→ Niveau de l’utilité liée au fonctionnement collectif : (ex: apprentissage de la vie en st é, de
la citoyenneté...)
→ Celui de l'utilité « sociétale » définie par l'impact indirect sur l'environnement, donc
difficilement mesurable.

II- Les profils d'entreprises d'économie sociale et solidaire.

Diversité du champ de l'ESS (des modalités d'articulation entre les logiques d'activité,
d'entrepreneuriat et de mutualisation).
Assoc d'habitants : 3 grandes dynamiques lues dans une lien entre projet socio-politique et activité
éco :
→ Des organisations dont l’objet principal est la rencontre, puis l'expression des besoins sur
l'espace public. (ici projet social / politique est central)
→ des organisations dans lesquelles la maîtrise politique de l'activité passe par la structuration
économique : « l'éco sociale instituant ».
→ Des organisations dans lesquelles l'activité et la structure éco portent le projet politique de
défense de l'emploi et de maitrise du travail. : « éco sociale instituée ».

Au sein de chaque dynamique, il y a un certain nb de profils d'organisations, combinant action socio-


politique et activité éco, création-animation et diffusion-commercialisation, activité professionnelle et
activité financière :
→ Profils des associations d'habitants expriment bien la relation entre le projet socio-politique
et l'activité socio-éco.
→ Profils des organisations culturelles montrent différentes logiques : valorisation d'amateurs
qui restent dans un cadre de loisirs, maitrise professionnelle de la création par la construction d'un
collectif d'artistes, enrichissement de l'activité artistique par des activités d'accompagnement & de
transmission et des processus axés principalement sur la diffusion et la commercialisation qui se
distingue de la diffusion par une tendance à la segmentation et à la spécialisation des activités
=>enrichissement socio-technique de l'activité de création / animation... : évolution qui peut conduire
individualisation par logique artisanale, pouvant elle même conduire à une logique financière. On a
dans ce cas un retournement : l'objet artistique comme moyen et non comme fin.)

→ Différents profils de Scop (selon objectifs & modalités de fonctionnement):


− logique « coopérative »: tente de concilier défense de l'emploi, qualification,
démocratie interne;
− logique professionnelle qui se polarise principalement sur l'autonomie et la
qualification professionnelle;
− la logique industrielle dans laquelle la défense de l'emploi salarié prédomine sur les
autres objectifs
− logique de financiarisation quand le poids et l'influence des financeurs risquent
d'orienter l'entreprise vers l'instrumentalisation de l'emploi ou que les filiales sont
utilisées pour valoriser le travail et le revenue des associés.

CONCLUSION :
Nombreux profils montrent qu'il n'y a pas « un » modèle « pur » d'ESS : grande diversité de formes
d'entrepreneuriat collectif. Modalités d'arbitrages diverses.
Grille proposée par Claude VIENNEY : nature des acteurs qui s'emparent des formes de mutualisation
éco pour répondre à leurs besoins et leurs aspirations, celle des activités qui peuvent être recomposées
par l'entrepreneuriat collectif, celle des règles structurant les rleations entre les acteurs, les activités et
leur environnement.

− Document 3 : l’entreprise associative entre calcul économique et désintéressement.

Multiplication d’associations qui prennent la forme d’entreprises, phénomène présent depuis 80’.
Difficiles à situer car n’ont pas les caractéristiques « pures ». Ne sont pas considérées d’avantage
comme des entreprises à part entière (car n’ont pas pour objectif 1er la recherche du profit).

Propos de « l’aile militante » à l’encontre des associations gestionnaires : dès lors qu’une assoc prend
en charge la gestion de services, elle est inféodée à l’Etat et au marché auprès desquels elle va se
financer. Dans les deux cas, qu’elle soit « quasi-administrative » ou « quasi commerciale »,
l’association pro s’institutionnalise et se coupe de sa base. Elle trahit « l’idéal associatif » qui repose
sur le bénévolat, la participation et la décentralisation (Chevallier 1987).
→ la gestion de services seraient incompatible avec « l’associationnisme » ?
Autre discours sur ces entreprises : les associations sont définies comme des « hybrides » qui puisent
leur richesse dans leur ambiguïté (Boch-Lainé 1977), elles ont pour mission de couvrir les besoins qui
ne prennent en charge ni l’Etat, ni le marché. Cette mission ne peut être remplie correctement qu’en
accordant toute leur importance aux résultats de gestion, en recouvrant aux services de professionnels
et en recherchant d’abord l’efficacité, étant entendu que l’ « obtention d’un excédent de gestion (…)
n’est pas un manquement au désintéressement ».

Donc double lecture de l’association :


→ 1ère fidèle aux analyses sociologique définissant l’assoc comme forme de sociabilité ancrée
dans la sté civile, lieu de participation & apprentissage du pouvoir (Meister, Palard, Mehl, Balme).
→ 2nd s’apparentant aux théories sur le tiers-secteur, mettant l’accent sur le rôle de l’éco
souterraine et autonome & valorisant les capacités régulatrices des assoc aux cotés d’autres formes
d’organisation.
Aujourd’hui, acquis que la gestion de services fasse partie des missions d’une assoc et il n’est plus
question d’isoler les entreprises associatives du champ de la loi de 1901.
Pour la Fonda : ne « croit pas que les assoc perdront leur âme à se rapprocher ainsi des entreprises, en
étant mieux gérées… ».
• Juxtaposition des dispositifs.

Les membres d’une assoc sont tous égaux et désintéressés. Chaque assoc se dote de statuts dans
lesquels elle prévoit le rôle dévolu aux organes de délibération et de décision, elle se donne souvent un
objet généreux. Selon le mode de fonctionnement adopté les assoc se présentent davantage comme des
groupements civiques proches des syndicats et partis politiques ou comme des groupements
domestiques.
Une entreprise fonctionne différemment : réunit du personnel rémunéré qui lui est lié par un contrat de
travail pour produire B/S à écouler sur le marché. Elle gère une activité éco qui suppose d’investir
dans des équipements et de prospecter, satisfaire la demande etc…
Difficulté de l’EA : satisfaction simultanée des exigences propres à chaque dispositif, sans sacrifier les
intérêts de l’association à ceux de l’entreprise et réciproquement. Or le dévouement d’un bénévole
peut s’accommoder difficilement de la revendication de la compétence pro d’un salarié ; ou le
désintéressement des membres ≠ intérêt du personnel de l’entreprise.
→ Donne lieu à des situations confuses : salariés-militants liés par un contrat de W + contrat
d’association à l’EA.
Mais ces situations montrent qu’il est possible de cumuler les ressources de l’assoc + celles de l’E.
Ex : quand les salariés font un W bénévole car sont suffisamment motivés.

• Méthode de travail.

L’EA est à une frontière, donc ne se prête à pas une enquête statistique standard. Impossibilité d’avoir
critères précis pour dire si une assoc a les qualités d’une entreprise. Les assoc qui mettent en œuvre
des activités éco n’ont ni l’obligation ni le droit de s’inscrire au registre du commerce et des sociétés
ou à celui des métiers, comme le dont les E.industrielles, commerciales ou artisanales.

Question de l’agencement des dispositifs au sein de chaque entreprise associative est fondamentale
pour comprendre comment vont s’équilibrer leurs intérêts respectifs. Plusieurs formes d’EA.

I- Agencement des dispositifs et formes d’entreprises associatives.

Superposition des 2 dispositifs au sein de chaque EA donne des configurations variées. L’assoc peut
être 1ère à l’entreprise ou concomitantes.
Situations du dirigeant peuvent donner indice sur les dispositifs d’agencement : quel rôle il a joué dans
la création de l’assoc (fondateur ou non) et quel est son statut de travail dans l’entreprise (bénévole ou
salarié).
Les dirigeants en droit d’une entreprise associative sont les administrateurs bénévoles de l’association,
la responsabilité du directeur salarié peut être engagé en cas de difficultés financières et le lien de
subordination qui le relie aux administrateurs peut être totalement absent dans les faits.
3 formes de directions possibles :
→ La direction bénévole,
→ La direction par salarié fondateur
→ La direction par un salarié recruté à l’extérieur.
+ les statuts hybrides.
A chaque type de direction correspond une forme différente d’entreprise associative et chacune offre
une cohérence propre, du point de vue de la gestion des emplois et des services qu’elle met en œuvre.

a) La mobilisation conjoint des dispositifs par les bénévoles fondateurs.

Dans ce cas, l’entreprise ne peut fonctionne sans l’appui des ressources de l’assoc et les deux
dispositifs sont perméables l’un à l’autre. → en tant que bénévole : dirigeant n’a aucun revenu des
activités de l’entreprise et manque de dispo s’il a une activité importante à l’extérieur.
Les EA disposent souvent du soutien de bénévoles et leurs CA sont très actifs : les deux dispositifs ne
sauraient fonctionner l’un sans l’autre.
→ Quand dirigeant ne peut mobiliser ressources de l’assoc → le dispositif de l’E s’affaiblit lui
aussi. = reconversion de l’EA / activité intermittentes.
→ Dispositif intermédiaire Assoc/Entreprise assuré par W intermédiaire entre
bénévolat/salariat.
→ EA souvent assimilée comme E familiale.

b) L’activation du dispositif de l’entreprise par les salariés fondateurs.

Dans EA dirigées par salariés fondateurs : dispositif de l’assoc faiblement activé, ils ont créé leur
propre emploi, pour le maintenir il faut de bons résultats éco de l’entreprise non de l’assoc (donc
ressources de cette dernière peu mobilisées). Ces EA ne disposent pas galt du soutien de bénévoles,
n’ont pas de vrai CA.
Sauf 2 exceptions :
→ Assoc ayant un objectif militant avec soutien pour la création d’organismes extérieurs :
l’une est centre de formation à caractère politique, l’autre est une E d’insertion. (ont toutes les 2 des
AG).

Recours important au travail intermittent (CDD), effectifs ajustés à la demande.

Croissance irrégulière des budgets + flexibilité des conditions d’emploi = montrent prise de risques et
sensibilité de ces EA aux fluctuations du marché.
Très marquées par la logique marchande, fortement enracinées dans l’environnement local, cherchent
à fidéliser leur clientèle…

c) La stricte séparation des dispositifs au sein des EA dirigées par des salariés recrutés sur le
marché du W.

Dans ce cas, dispositif de l’assoc complètement dissocié de celui de l’E. Directeur étranger à la
création de l’assoc. Son recrutement présuppose l’existence d’un budget et d’un personnel
suffisamment conséquent pour dégager et justifier un salaire de directeur.
Le centre de décision se situe ici à l’interface du dispositif de l’assoc et de celui de l’E. CA fortement
institutionnalisés, actifs, pouvoir de contrôle sur le directeur recruté.
Aucune de ces EA n’a de bénévole.
Directeurs tjrs recrutés mais pas choisis pour leur intégration dans l’environnement local mais grâce à
leurs compétences. Niveaux de salaires assez élevés, CDI à plein temps.

→ Ces EA gérées sur le même modèle que les entreprises publiques, activités à l’abri des fluctuations
du marché.

Aussi le cas des EA dont le dirigeant est salarié par un organisme extérieur fortement impliqué dans
leur création et gestion. = mises à disposition officielle et permanente → les dirigeants Went alors
« bénévolement » pour le compte de l’EA mais dans le cadre de fonctions rémunérées à un autre titre.
Ces EA ne sont pas autonomes, l’agencement des dispositifs n’est pas stabilisé.

Les ressources sur lesquelles dirigeant s’appuie change en fonction de la situation de ce dernier, et
sont investies de qualités différentes selon formes d’EA dans lesquelles elles sont mobilités.

II- Qualités et modes d’évaluation propres à chaque dispositif.

Plusieurs aspects pour définir EA, plusieurs principes d’évaluation.


L’objet de l’assoc et de l’activité éco de l’E = 2 modes de qualification concurrents des EA.

a) Objet de l’assoc et activité éco de l’E.

Assoc : caractérisée par objet qu’elle s’est donnée dès sa fondation + par le public qu’elle vise.
L’E : propose des prestations de S pour une clientèle.
Dès que l’objet de l’assoc ne recouvre pas l’activité éco de l’E, que le public privilégié pour l’une
diffère de l’autre = l’EA peut être présentée sous 2 angles différents.

Classement assoc selon activités et produits varient en fonction du pt de vue adopté. 2 EA peuvent être
classées dans des rubriques distinctes même si leurs activités sont comparables.

b) Critères de recrutement

Evaluation et recrutement ne reposent pas sur les mêmes critères selon les dispositifs.
Incompatibilité de critères de recrutement utilisés dans le cadre de chaque dispositifs dans certaines
EA.
La recomposition des dispositifs au sein d’une EA doit s’accompagner d’une redéfinition des qualités
des personnes qui y travaillent.

c) Rémunération du travail

Des les EA, rémunération du W et des S varie selon l’omportance accordée à chaque dispositif.
Ex : rétribution du dirigeant : ses fonctions sont gratuites dans le cadre de l’assoc et
normalement rémunérées dans le cadre d’une E. EA dirigées par bénévoles : fixation de salaires
généralement bas.
Les mesures d’intéressement aux résultats de l’E permettent de revaloriser les ressources de cette
dernière : moyen de retenir des salariés ± au contact du marché, + de lisser les différences liées à la
hiérarchie des qualifications.

d) Prix et qualité des prestations.

Intérêt assoc : offrir des prestations bon marché


Intérêt E : vendre au mieux offrant.

Dans les EA strictement séparée Ex : EA dirigées par salariés recrutés sur le marché du W → tensions
naissant de la nécessité de satisfaire exigences propres à chaque dispositif.

III- Lorsque l’association gêne l’entreprise

EA n’ont pas de capital social et sont pauvres en fonds propres. Désintéressement peut être un frein au
dvpmt du dispositif de l’E dont la croissance ne profite pas aux mb de l’assoc.
Dispositifs dans lesquels l’assoc gêne l’E. :

a) Désaccords entre administrateurs et dirigeants salariés

Si assoc séparée E, dirigeant doit avoir aval du CA pour décisions importantes. Mais dirigeants en
droit (bénévoles) ; et dirigeants salariés s’opposent car les dirigeants salariés ont des ambitions
entrepreneuriales.

b) Doutes liés au désintéressement de l’assoc

Idée de désintéressement liée à celle de la gratuité. Pour les nouvelles E associatives qui font leurs
premiers pas, l’idée de désintéressement est souvent liée à celle d’incompétence.
Statut associatif recouvre parfois un objet inavouable dans la logique marchande : raison pour laquelle
certaines EA ne font pas allusion à leur statut juridique.
Ex la SAT.
Nbses situations dans lesquelles dispositif de l’assoc doit être caché pour ne pas faire écran à celui de
l’E ou la gêner.

c) Dénonciation pour concurrence déloyale.

Concurrence entre 2 sociétés privée est vue comme normale. Pas le cas pour concurrence entre assoc
et société car l’assoc bénéficie d’avantages en nature / subventions / exonérations fiscales.
Concurrence vue aussi comme déloyale entre assoc, par une assoc du milieu associatif local.
= dispositif de l’assoc peut freiner l’évolution de l’E et entraver la liberté des dirigeants pour
des raisons opposées.
IV- Lorsque l’association vient appuyer l’entreprise

Situation pas rare.

a) Des ressources démultipliées.

Aspect convivial et désintéressé assoc peut conduire à créer contexte favorable et à favoriser
l’émergence de qualités souvent difficile à mobiliser dans le cadre d’E ordinaires. Qualités humaines
qui permettent de réduire couts de contrôle et d’encadrement.
La prospection commerciale relève en principe du dispositif de l’E dont le permet d’améliorer
directement les résultats, est souvent confiée à des adhérents / administrateurs qui utilisent leurs
réseaux.

b) Des activités commerciales désintéressées

Dispositif de l’assoc permet de légitimer les interventions des EA sur le marché concurrentiel. Ici le
désintéressement offre la garantie que l’assoc n’a pas pour raison d’être la satisfaction d’intérêts privés
mais qu’elle agit pour l’intérêt général. (Mesures politiques vont dans ce sens : exonérations etc)

Certaines EA interviennent directement sur le marché de l’emploi intérimaire où leur statut associatif
est un gage de désintéressement.
Dispositif de l’assoc peut donc appuyer celui de l’entreprise, en le dédouanant et en l’exonérant de
soupçons et de charges diverses. Il lui ouvre de nbses opportunités, ex celle de s’appuyer sur des
ressources, réseau et qualités non marchands.

V- De la participation au désintéressement

L’entreprise sociétaire pourrait être envisagée de la même façon comme composée de 2 dispositifs
distincts, d’une sté et d’une entreprise ayant chacune des intérêts propres. Dissociation opérée dans le
domaine du droit pas M DESPAX quand il chche à accréditer la reconnaissance de la personnalité
morale de l’entreprise parallèlement à celle de la société.
Participation bénévoles / adhérents ne semble effective que dans les EA dirigées par des bénévoles ou
celle qui présentent un caractère fortement militant.
Désintéressement = spécialité de l’ EA.
EA ne peut être comprise qu’en distinguant clairement encore dispositifs : le désintéressement étant
du ressort des membres de l’association et non de ceux de l’Entreprise.

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