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Les banques suisses

lancent un nouvel assaut contre la politique


monétaire de la Banque nationale. Nombre
d'experts soutiennent pourtant l'Institut
d'émission. Plus...

Nouvelle attaque
confirmée des banques helvétiques contre la
Banque nationale suisse. Plus...

Intense courroux sur la place financière helvétique.


La Banque centrale
L’Association suisse des banquiers (ASB) dénonce une helvétique applique des taux d’intérêt
nouvelle fois les fameux taux d’intérêt négatifs de la négatifs depuis cinq ans. L’Association suisse
Banque nationale suisse (BNS), introduits en automne des banquiers livre jeudi une étude sur leurs
2014. Le lobby bancaire demande maintenant l’abandon de conséquences. Plus...
ce système, en se référant à sa propre étude sur les dégâts
causés par la politique monétaire de l’institut d’émission.

Bref rappel sur l’objet du litige. Après de modestes débuts à


–0,25%, fin 2014, des taux d’intérêt négatifs à –0,75% sont
perçus depuis janvier 2015 sur les avoirs à vue, placés sur La deuxième banque
helvétique dénonce, comme l'Asloca, une
des comptes de virement à la BNS. La vocation de tels
nouvelle hausse des logements à louer
comptes est de rendre possibles des versements en liquide restant vacants. Et ce serait la faute des
massifs et immédiats. intérêts négatifs. Plus...

Ces opérations permettent aux banques et aux caisses de


pension de remplir au mieux leurs engagements. À
commencer, pour les secondes, par le versement des
retraites. Cette sorte de taxe, à –0,75%, frappe donc en Christophe Reymond commente
première ligne les banques et les caisses de pension. les récentes décisions de la Banque nationale
suisse. Plus...

Depuis près de cinq ans, l’objectif de cette mesure reste le


même: lutter contre le franc fort et prévenir les risques de
déflation. Mais l’ASB, organisation défendant les intérêts
d’une majorité des banques du pays, ne s’en accommode
plus. Sans indiquer de délai, l’association recommande
l’abandon de cette politique monétaire, en raison «des
effets nocifs des taux d’intérêt négatifs».

Dans leur étude intitulée «Taux d’intérêt négatifs: de la


mesure d’urgence à la nouvelle normalité – et retour?» les
experts de l’ASB ne contestent pas que cette mesure a
permis de limiter la demande de francs. À leurs yeux, la
monnaie helvétique n’est cependant plus surévaluée et les
prix sont stables. Ils observent en outre une progression
des exportations de 5% par an, au cours des deux derniers
exercices écoulés.

Cette heureuse annonce concerne évidemment, avant tout,


la pharma et la chimie, deux branches contribuant à plus
de la moitié des exportations helvétiques, sans être en plus,
ou justement, parmi les plus exposées aux risques de
change. Même le tourisme, tellement sensible à l’évolution
du rapport entre euro et franc, reprendrait lui aussi des
couleurs.

Ces bonnes nouvelles ne permettent pas d’oublier les


soucis de rendement des caisses de pension, aggravés par
les taux d’intérêt négatifs. Ceux-ci pèsent en outre
lourdement sur la profitabilité des banques: le régime
actuel leur coûterait en moyenne 5% de leurs revenus
d’intérêt chaque année.

Dans ce contexte, «nous nous faisons de gros soucis pour


les épargnants d’aujourd’hui et les retraités de demain», a
prévenu le chef économiste de l’ASB, Martin Hess. Celui-ci
redoute en outre un taux d’intérêt négatif permettant à des
entreprises non rentables de survivre artificiellement.

Du coup, l’étude de l’ASB se termine par une


recommandation: trouver les moyens de quitter le scénario
de crise actuel. Une remise en cause immédiate des taux
d’intérêt négatifs semble pourtant loin de faire l’unanimité.

«En l’état, je pense que l’abandon pur et simple des taux


d’intérêt négatifs n’est pas vraiment crédible», prévient
François Savary, directeur des investissements chez le
gérant de fortune genevois Prime Partners. Tout en
précisant: «En économie, il est rare, pour ne pas dire
impossible, de trouver des mesures qui n’aient que des
effets positifs.»

Vice-président de la BNS de 2012 à 2015, Jean-Pierre


Danthine ne craint pas non plus de décevoir les dirigeants
de l’ASB: «Il me paraît impensable, dans la situation
économique actuelle, fragile et avec des nuages à l’horizon,
que les taux d’intérêt suisses soient plus élevés que ceux de
la Banque centrale européenne. Ceux-ci sont aussi négatifs.
Une montée des taux suisses au-dessus des taux européens
provoquerait à coup sûr une hausse du franc.»

Jean-Pierre Danthine se permet même une sorte de rappel


à l’ordre à l’intention de l’ASB: «Je pense que même cette
organisation doit admettre qu’une appréciation
significative du franc ne serait pas la bienvenue,
aujourd’hui, du point de vue de l’économie suisse dans son
entier.»

Créé: 24.10.2019, 20h51

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