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Etablissement privé d’enseignement supérieur

Université Panthéon-Assas (Paris II)


1ère session – Mai 2017
L1 – Equipe 3
Droit constitutionnel
Cours du Professeur Dominique CHAGNOLLAUD

Eléments de correction

Sujet 1 : La loi et le règlement sous la Ve République

1 - Explication du sujet

Le sujet donné par M. Chagnollaud reste très classique pour un second semestre de licence en
droit. Il s’agissait ici de déterminer quel est la place de la loi et du règlement au sein de la Ve
République et plus spécifiquement concernant l’avènement d’un domaine à la loi avec l’article 34 C.

Toutefois, le sujet était assez restreint pour une épreuve en 3 heures. Les étudiants se devaient ainsi
d’élargir à une grande partie de leur cours et aborder plusieurs points des travaux dirigés. En effet, la
limitation du domaine de la loi renvoie à plusieurs points du cours magistral, à savoir :

 La rationalisation visible dès 1958 : alors qu’en régime parlementaire, régime de séparation
souple des pouvoirs sont établis des moyens d’action réciproques entre pouvoirs législatif et
exécutif, la Ve République dévoile une conception qui aboutit à une domestication du
Parlement en 1958. En effet, la Ve République est certes un régime parlementaire, mais un
régime parlementaire « rénové » comme l’énonçait M. Debré dans son célèbre discours devant
le Conseil d’Etat le 27 août 1958. Aussi, il se présente comme rationalisé et ce point était à
aborder dès l’introduction.

 Ici, les étudiants devaient absolument définir ce terme et traiter dès l’introduction la
rationalisation du parlementarisme sous la Ve République. Ainsi, ils devaient faire le lien avec
le déséquilibre institutionnel constaté sous les IIIe et IV Républiques en donnant les dates.
L’objectif est ainsi de marquer la rupture et de mettre en avant les idées constitutionnelles du
Général de Gaulle prononcées à Bayeux le 16 juin 1946.

 La première idée à énoncer était le vote de la loi. Cela est désormais marqué au sein de
l’article 24 C. depuis la révision du 23/07/2008 : « le Parlement vote la loi ».

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 Or, sur ce point, le Parlement se montre clairement en retrait par rapport aux Républiques
antérieures : initiative de la loi partagée, domaine de la loi (article 34C.) et avènement du
règlement autonome (article 37 C.).

 Il fallait absolument traiter d’une manière étoffée les articles 34 et 37 de la Constitution : la loi
est définie d’une manière organique et matérielle et c’est l’un des articles les plus commentés
et critiqués en 1958. Le Parlement a désormais une compétence d’attribution et le pouvoir
réglementaire une compétence de principe. Une impasse sur ce point était sans nul doute
sanctionnée. La Constitution de 1958 marque un changement majeur : l’article 37 institue un
pouvoir réglementaire autonome. Surtout, la loi, jusqu’alors norme essentielle, au cœur de la
hiérarchie des normes, conformément à une tradition bien ancrée de légicentrisme, se voit
cantonnée dans un domaine d’attribution. L’article 34 du texte constitutionnel énumère les
domaines dans lesquels la loi, soit fixe les règles (dans le détail), soit détermine les principes
fondamentaux (le détail étant renvoyé à des décrets d’application). Tous les domaines non
évoqués dans cet article 34 relèvent du pouvoir réglementaire. Ainsi, en rupture avec la
tradition juridique française, les normes réglementaires deviennent les normes de droit
commun.

 Par ailleurs, la Constitution de 1958 prévoit des extensions du pouvoir réglementaire. L’article
38 organise ainsi la procédure des ordonnances : le Gouvernement peut, pour l’exécution de
son programme, recevoir, par délégation du Parlement, le pouvoir d’intervenir dans le
domaine législatif. Il agit alors au moyen de normes réglementaires, les ordonnances, qui ne
reçoivent une valeur législative que si elles sont ratifiées par le Parlement. Les ordonnances
existaient déjà sous les IIIe et IVe Républiques sous le nom de « décrets-lois ». L’article 16
étend également les frontières du pouvoir réglementaire en permettant au président de la
République de prendre les mesures exigées par une situation de crise.

 En outre, la Constitution de 1958 prévoit plusieurs mécanismes de protection du domaine


d’intervention réglementaire. En effet, l’inquiétude des constituants était que les
parlementaires essaient de reconquérir par la loi les prérogatives qu’ils avaient perdues dans le
texte constitutionnel. Ainsi, le Conseil constitutionnel devenu aujourd’hui un véritable juge
constitutionnel, a-t-il été originellement conçu comme un organe capable de s’oppose aux
tentatives du législateur d’empiéter sur le pouvoir réglementaire. Selon l’article 41 de la
Constitution, le Gouvernement peut, pendant la discussion parlementaire, opposer
l’irrecevabilité à tout amendement ou à toute proposition de loi qui concernerait le domaine
réglementaire. Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, cette possibilité est
également ouverte au président de l’assemblée saisie. Enfin, en vertu de l’article 37 de la
Constitution, le Gouvernement peut saisir le Conseil constitutionnel pour que celui-ci
l’autorise à modifier par décret une loi qui serait intervenue dans une matière de nature
réglementaire.

 En effet, quand une loi a été adoptée dans un domaine relevant du règlement, une
procédure de délégalisation peut être mise en œuvre pour permettre au Gouvernement
d’en modifier les dispositions. Cette procédure permet d’éviter un recours
systématique à la voie parlementaire pour modifier des textes de forme législative,
mais de nature réglementaire. La procédure de délégalisation est ouverte par une
saisine du Conseil constitutionnel qui, s’il reconnaît le caractère réglementaire du
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texte, autorisera sa modification par décret. Les textes de forme législative antérieurs à
1958 peuvent être modifiés directement par décret pris après avis du Conseil d’État.
 Dans la grande majorité des décisions rendues par le Conseil constitutionnel, celui-ci a
fait droit à la demande du Premier ministre et a procédé à la délégalisation des
dispositions qui lui avaient été soumises.

 Toutefois, cet apparent bouleversement du droit public français, tel qu’il a été perçu en 1958, a
été fortement atténué par la suite. Comme l’affirmait Jean Rivero lors d’un colloque qui s’est
tenu à Aix-en-Provence en 1978 sur le thème des rapports entre loi et règlement : « La
révolution n’a pas eu lieu ». En effet, même s’il dispose aujourd’hui d’un domaine autonome,
le pouvoir réglementaire demeure subordonné. Ainsi, les normes réglementaires doivent
toujours respecter les lois. Toute personne intéressée peut d’ailleurs faire sanctionner un décret
non conforme à la loi en saisissant le juge administratif.

 Surtout, la pratique juridique a conduit à limiter considérablement le poids du pouvoir


réglementaire. Ainsi, le Conseil constitutionnel, contrairement à ce qu’indique la lettre du
texte constitutionnel, n’a pas fait respecter la distinction entre les matières pour lesquelles la
loi fixe les règles (dans le détail) et les matières pour lesquelles la loi ne doit fixer que les
principes fondamentaux. Il a accepté que le législateur intervienne dans le détail dans toutes
les matières énumérées à l’article 34 de la Constitution.

 Le Conseil constitutionnel n’a pas systématiquement sanctionné les empiètements législatifs


sur le domaine réglementaire. Il a en effet considéré qu’une loi empiétant sur ce domaine
n’était pas de ce seul fait inconstitutionnelle dès lors que, pendant la discussion parlementaire,
le Gouvernement avait eu la faculté d’opposer l’irrecevabilité (30 juillet 1982, décision
Blocage des prix et salaires).

 Ainsi, si la Constitution de la Ve République a introduit une grande nouveauté dans l’ordre


juridique français dans les rapports entre pouvoir législatif et pouvoir réglementaire, celle-ci
n’a pas eu la portée que l’on pouvait escompter en 1958.

 Il est également possible de constater que le sujet faisait appel aux relations entre l’exécutif et
le législatif, mais aussi à l’histoire et à la présidentalisation du régime car, à travers le Premier
ministre, il est possible de voir le souhait du Président (l’initiative des lois de l’article 39 C.).
Il fallait également aborder l’élection du Président au suffrage universel direct (SUD) et toutes
les conséquences qui y sont attachées, en particulier la légitimité populaire. Ainsi, le
Parlement, à travers le vote de la loi, doit enregistrer la volonté du Président ratifiée par le
peuple souverain. C’est la raison pour laquelle le Parlement est qualifié de « Chambre
d’enregistrement ».

 De même, cela ne devait pas constituer une sous partie mais le Conseil constitutionnel était à
aborder car la naissance de cette institution marque la fin de la souveraineté de la loi.
Désormais, cette dernière n’exprime la volonté que dans le respect de la Constitution (CC, 23
août 1985, Loi sur l'évolution de la Nouvelle-Calédonie). Le Conseil a été créé en 1958 afin de
maintenir le législateur dans son domaine. Il était même considéré comme « le chien de garde
de l’exécutif ».

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2- Quelques écueils à éviter
Le sujet ne présentait pas de difficultés majeures mais il nécessitait une bonne maîtrise de son cours
pour le traiter correctement.

1. Le risque était tout d’abord de faire un plan uniquement basé sur les compétences du
Parlement. Cela n’était pas le sujet.

2. De même, il fallait éviter le plan I- la fin de la souveraineté parlementaire II- Les compétences
du Parlement concernant le vote de la loi. Cela ne constitue pas une démonstration. De même,
le plan I- Domaine de la loi II- Domaine du règlement était à proscrire absolument. Il
faut rapprocher les termes du sujet, non les dissocier.

3. L’impasse sur la décision de 1982 aurait été très préjudiciable.

4. Enfin, le risque était de ne pas aborder les relations du Parlement avec l’exécutif, en particulier
depuis 1962 et le fait majoritaire, cause majeur de l’affaiblissement du Parlement sous la Ve
République.

3 - Problématique possible
Votre problématique doit mettre en perspective le sujet. Elle était ici implicitement donnée par le sujet
mais l’objectif était de reformuler et non de reprendre les termes exacts. Plusieurs étaient possibles
mais vous pouviez faire : « Quelle est l’effectivité de la dichotomie entre la loi et le règlement au
sein du régime parlementaire rénové qu’est la Ve République ».

4- Les grands axes d’un plan

Encore une fois, il ne fallait pas perdre de vue que plusieurs plans étaient possibles.
L’introduction devait être consacrée à la présentation du sujet et aux définitions. Il fallait présenter le
contexte : notion de souveraineté parlementaire (définition, origines) et dysfonctionnements des
Troisième et Quatrième Républiques (un Parlement qui légifère mal et qui entrave l’action
gouvernementale). Ensuite, la volonté du constituant de 1958 de rationaliser le régime parlementaire,
notamment par l’affaiblissement du Parlement était à présenter : remise en cause de la compétence
universelle du législateur.
Depuis 1958, la loi que ce soit un projet ou une proposition ne peut être voté que dans certains
domaines énumérés à l’article 34 de la Constitution. Pour la 1ère fois dans l’histoire constitutionnelle
française, le Parlement est cantonné à certains domaines. La loi ne peut intervenir que dans le l’article
34C.
L’article 34 dresse une liste de matières exhaustives qui reviennent au Parlement. Tout ce qui n’est pas
inscrit dans le domaine de l’article 34C relève du domaine du règlement de l’article 37C. La
Constitution de 1958 institue donc le règlement autonome, c’est-à-dire qu’il n’est pas dérivé d’une loi.
Le Parlement français est le seul à être autant cantonné à un domaine, le but est de limiter son activité.
Si la loi est votée alors même que le domaine n’y est pas inscrit elle est inconstitutionnelle et d’ailleurs

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en 1958 le Conseil est créé pour vérifier que la loi ne sorte pas de son domaine.
Le Parlement a une compétence d’attribution alors que le règlement a une compétence de principe.
La loi a désormais une double définition c-à-dire une définition organique et matérielle.
La définition organique C’est une norme adoptée par le Parlement et matérielle dans les matières
énuméré à l’article 34 C.

I- Une limitation du domaine de la loi par les articles 34 et 37 C.

A- La mise en place d'un domaine assigné au Parlement

B- Une Révolution juridique au sein des institutions

II- Une extension du domaine de la loi par l'interprétation des article 34 et 37 C.

A- Une extension autorisée

Décision du Conseil de 1982 Blocage des prix et des salaires

B- Une extension maîtrisée

Décision du Conseil de 2005 Avenir de l’école + article 37 alinéa 2.

Sujet 2 : Commentez l’article 89 de la Constitution

Explication du sujet
Le sujet donné par M. Chagnollaud reste très classique pour un second semestre de licence en droit. Il
s’agissait ici de déterminer comment la Constitution est susceptible d’être révisée et les modalités
d’intervention du Pouvoir constituant dérivé (PCD) sous la Ve République

Les étudiants se devaient ainsi d’élargir et une grande partie de leur cours et aborder plusieurs points
des travaux dirigés. En effet, la notion de PCD peut renvoyer :

- La notion de Constitution. Il fallait parler des différents types de Constitutions : coutumières


au départ, elles sont, en particulier depuis le XVIIIe siècle, écrites et se présentent donc
formellement comme un ensemble de dispositions organisant les pouvoirs publics. Il fallait
aborder l’avènement de la première Constitution écrite moderne au monde, à savoir la
Constitution des Etats-Unis du 17 septembre 1787 suivie quatre ans plus tard par le premier
texte constitutionnel français. La Constitution est en ce sens l’une des sources du droit

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constitutionnel et elle permet l’encadrement juridique du pouvoir qui est une condition
nécessaire de l’Etat de droit. Selon l’étymologie latine, cela vient de constitutio (qui signifie
« institution ») et c’est un dérivé de constituere (qui signifie « fonder »). L’origine du terme
renseigne sur la notion même de Constitution. Selon la définition matérielle, la Constitution
est un ensemble de dispositions organisant les pouvoirs publics, le fonctionnement des
institutions et les libertés du citoyen, en particulier depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale comme en témoignent en particulier les articles 1 à 20 de la Loi Fondamentale
allemande du 23 mai 1949. Ce texte peut d’ailleurs être écrit ou non comme le montre le
Royaume-Uni ou encore la Constitution d’Israël. Mais la Constitution
peut également se définir d’un point de vue formel. Elle se distingue alors des autres actes
juridiques car elle est adoptée par une autorité spéciale (le PCO) et ses modifications par le
pouvoir constituant dérivé exigent le respect de procédures particulières distinctes des autres

actes juridiques et notamment des lois ordinaires. Elles revêtent une forme spéciale et en ce
sens, deux types de Constitution peuvent être dégagés à savoir les Constitutions souples et
rigides.

- La Constitution est un texte vivant. Elle naît, vit et peut parfois disparaître à l’image de la
Constitution de 1946 en France ou des nombreuses Constitutions qui ont été abandonnées à la
suite du printemps arabe. L’article 28 de la déclaration précédant la Constitution du 24 juin
1793 déclarait qu’un peuple a toujours le droit de revoir et changer sa Constitution car une
génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures. L’existence de la Constitution
est donc rythmée par l’intervention du PCD, c’est-à-dire le pouvoir en charge de modifier les
règles constitutionnelles. Ce point devait absolument être traité dès l’introduction.

- Cette intervention est différente selon les Etats puisque si la Constitution doit s’adapter, elle
doit se caractériser par une forme de pérennité et de stabilité qui sont les symboles mêmes de
la continuité de l’Etat. Mais les modalités d’intervention du PCD montrent la summa divisio
entre Constitution souple et Constitution rigide qui renvoie à la définition formelle du texte
constitutionnel. En partant de la Constitution formelle, deux types de Constitutions sont
trouvés, à savoir souple et rigide.

- Véritable symbole de l’Etat, la Constitution doit s’adapter aux aspirations de la vie politique.
Mais l’intervention du PCD est souvent encadrée voir limitée par le Pouvoir constituant
originaire (PCO). Ce dernier a souhaité encadrer les révisions afin d’éviter un trop grand
bouleversement de l’ordre juridique ainsi qu’une banalisation des révisions. Mais le PCD qui
appartient dans les sociétés démo au peuple permet la manif de la souveraineté de ce dernier.

- Sous la Ve République, l’intervention du PCD est prévue à l’article 89 C. qui est d’ailleurs le
dernier article de la Constitution. Il est en partie repris de l’article 90 de la Constitution de
1946. La Constitution française apparaît en ce sens comme rigide. Toutefois, une accélération
des révisions est constatée depuis 1992 due à la ratification des Traités européens. Cela
soulève des critiques.
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- En 1962 et 1969, l’article 11 de la Constitution est utilisé pour introduire le suffrage universel
direct pour l’élection du Président. Ce point devait être abordé sans constituer une sous-partie.

- Le rôle du Président en matière de révision était à traiter inévitablement.

Quelques écueils à éviter


Dans la mesure où le sujet restait assez restreint, ce dernier présentait plusieurs difficultés, en
particulier au regard du plan dont disposait les étudiants.

5. Le risque était tout d’abord de faire un plan basé sur le PCO en I puis le PCD en II. Cela ne
répondrait pas au sujet.

6. Très souvent, les étudiants consacrent une partie entière à l’article 11 C. Si ce point est à
aborder, il ne doit en aucun cas constituer une sous partie car ce n’est pas le sujet.

7. Le risque était ensuite de ne parler que de la révision française, sans analyser. Il faut toujours
donner l’argument puis l’exemple et jamais l’inverse. L’erreur classique aurait été de faire I-
La révision en France et II- les limites de la révision en France. Cela reste malheureusement le
cas de beaucoup d’étudiants en première année.

8. De même, il fallait éviter le plan I- Modalités de la révision II- Les limites. Cela ne constitue
pas suffisamment une démonstration.

9. Enfin, le risque était de ne pas parler de la supraconstitutionnalité, du rôle du peuple et


de l’Etat de droit. Une impasse aurait été très dommageable.

Problématique possible

Votre problématique doit mettre en perspective le sujet. Elle était ici donnée par le sujet mais
l’objectif était de reformuler et non de reprendre les termes exacts. Plusieurs étaient possibles mais
vous pouviez faire : « quelles sont les spécificités attachées à l’intervention du PCD sous la Vème
République ? »

Les grands axes d’un plan

Encore une fois, il ne fallait pas perdre de vue que plusieurs plans sont possibles et il fallait
éviter le plan classique « I- Modalités II- Limites ».

L’introduction devait être consacrée à la présentation du sujet et aux définitions.

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Selon Royer-Collard, « les Constitutions ne sont pas des tentes dressées pour le sommeil ». En
effet, la Constitution est un texte vivant : elle naît, vit et peut parfois disparaître à l’image de la
Constitution de 1946 en France ou des nombreuses Constitutions qui ont été abandonnées à la suite du
printemps arabe. L’article 28 de la déclaration précédant la Constitution du 24 juin 1793 déclarait
qu’un peuple a toujours le droit de revoir et changer sa Constitution car une génération ne peut
assujettir à ses lois les générations futures. L’existence de la Constitution est donc rythmée par
l’intervention du pouvoir constituant dérivé (PCD) c’est-à-dire le pouvoir en charge de modifier les
règles constitutionnelles. Mais cette intervention est différente selon les Etats puisque si la
Constitution doit s’adapter, elle doit se caractériser par une forme de pérennité et de stabilité qui sont
les symboles mêmes de la continuité de l’Etat. Véritable

symbole de l’Etat, la Constitution doit s’adapter aux aspirations de la vie politique Mais l’intervention
du PCD est souvent encadrée, voire limitée par le PCO. Ce dernier a souhaité encadrer les révisions
afin d’éviter un trop grand bouleversement de l’ordre juridique ainsi qu’une banalisation des révisions.
Mais le PCD qui appartient dans les sociétés démocratiques au peuple permet la manifestation de la
souveraineté de ce dernier.

De 1789 à 1958, la France a été un véritable laboratoire constitutionnel puisqu’elle a connu 15


Constitutions et a fait autant l’usage du PCO que du PCD. Une procédure particulière est prévue
pour réviser le texte à l’art 89 C. Cela prouve la rigidité de la Constitution. L’article 89 est d’ailleurs le
dernier du texte constitutionnel. Le PCO a ainsi prévu les modalités de la révision. La Constitution de
1958 a été révisée 24 fois, dont 19 fois depuis 1992, depuis l’entrée en vigueur de l’UE par le Traité de
Maastricht. La dernière remonte au 23 juillet 2008, laquelle a modifié un tiers de la Constitution. Une
25ème a été envisagée en 2016 suite au projet de loi constitutionnelle adopté en conseil des Ministres le
25 novembre 2015 mais ensuite abandonné par le Président Hollande en mars 2016. Une
désacralisation du texte constitutionnel est ainsi dénoncée en raison de la multitude des révisions sous
la Vème Républiques, lesquelles porteraient atteinte au mythe constitutionnel. A cet égard, il est
intéressant de se demander quelles sont les spécificités attachées à l’intervention du PCD sous la
Vème République.

I) La rigidité de la Constitution de 58, gage de sécurité juridique

A) Une lourdeur de la procédure de révision prévue à l’art 89 C.

En France, il y a une procédure spécifique prévue à l’article 89 C. 3 phases. Il y a donc une lourdeur
de la procédure qui fait que c’est une Constitution rigide et la procédure est distincte des lois
ordinaires car la révision de la Constitution doit se situer au-delà des contingences politiques. Tout
d’abord, le Président et le Premier ministre doivent être d’accord lors de l’initiative. A la 2 ème phase,
les 2 chambres doivent être d’accord. Il est question d’un bicamérisme parfait.
Ces limites protègent contre les excès du législateur ordinaire et est une garantie du constitutionalisme.
L’objectif est de raréfier l’intervention du PCD mais cette prérogative manifeste l’autorité du PCD.
A l’exception des projets de loi constitutionnelle, le Président, en cas de projet, a le choix entre
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Congrès et référendum mais la voie parlementaire est toujours préférée, sauf en 2000, en raison du
risque de plébiscite.

B) Un possible blocage de la révision

Tout d’abord, Président et Premier ministre doivent être d’accord. De plus, à la 2ème phase, les deux
chambres doivent être d’accord. Il faut que l’Assemblée nationale et le Sénat soient d’accord. Il est
question d’un bicamérisme parfait.

En 1990, les Sénateurs se sont opposés à l’introduction d’un contrôle de constitutionnalité par voie
d’exception. En 1962, les 2 chambres se sont opposées au projet de loi constitutionnelle pour
introduire le suffrage universel direct pour l’élection du président. Mais le président peut également

bloquer la révision. En cas de projet, le président peut abandonner la procédure car il signe le décret de
référendum ou convoque le Congrès. En octobre 1973, Pompidou arrête le projet de loi
constitutionnelle concernant le quinquennat car il n’était pas sûr de réunir les 3/5 au Congrès ou que
cela soit positif par référendum. En octobre 1974, Valéry Giscard d’Estaing abandonne le projet
établissant l’incompatibilité entre fonction parlementaire et gouvernementale, alors même que le
Parlement l’avait adopté. Il en est de même en 1995 par le Président Chirac.

+ Limites pendant : la vacance de la présidence –art 7 C- ; l’intérim présidentiel et utilisation de


l’article 16 de la Constitution. L’art 89 montre le souci d’assurer la stabilité de la norme fondamentale
mais des blocages restent possibles ainsi qu’un contournement de la procédure.

II) La pratique des révisions, indice de l’adaptabilité de la Constitution

A) Un usage croissant de la révision, facteur d’adaptation du texte constitutionnel

Il y a eu 24 révisions, ce qui montre l’effectivité et l’adaptabilité du texte constitutionnel. Mais


toutes les révisions ne sont pas passées par l’article 89 C. puisqu’un contournement de cette
disposition constitutionnelle a été observé en 1962. C’est la plus importante révision sous la Vème
République qualitativement, celle qui a eu le plus d’enjeux constitutionnels. L’article 11C. précise que
« le Président sur proposition du Gouvernement peut soumettre un projet de loi par référendum portant
sur les pouvoirs publics ». Or, en 1962, les Parlementaires s’opposent au projet. De Gaulle soumet
alors directement le projet au peuple par référendum par le biais de l’art 11 C., et ce malgré l’avis
négatif du Conseil d’Etat. De Gaulle considère qu’en raison du laconisme du texte, il peut faire passer
le projet par référendum et s’appuie sur le parallélisme des formes. Finalement, le projet est adopté par
le peuple à une très large majorité (62%). C’est la fin de l’ambivalence entre volonté parlementaire et
volonté référendaire. Deux procédures sont aujourd’hui possibles pour la révision de la Constitution et
Mitterrand, lors de son 1er septennat, déclarait même que les deux articles sont possibles pour réviser
la Constitution. Toutefois, il est possible que 30 ans après, l’utilisation de l’article 11 C. par le
Président serait très mal vue par les classe politique et juridique.
L’article 11 pour réviser la Constitution n’a pas été utilisé depuis 1969. Depuis, de nombreuses
révisions ont eu lieu et elles permettent d’adapter le texte aux aspirations politiques et à l’évolution de
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la société. En 1974, la Constitution est modifiée pour que 60 Députés ou 60 Sénateurs puissent saisir
le Conseil. C’était un nécessaire renforcement de l’Etat de droit. En 2003, la Constitution est modifiée
pour introduire le caractère décentralisé de la République dans le texte. En 2005, introduction de la
Charte de l’environnement dans la Constitution. 2008 : Nouveaux droits aux citoyens, ex : QPC. Cette
nécessaire adaptation de la Constitution peut aboutir à une désacralisation de la norme fondamentale.

B) L’usage croissant de la révision, facteur de désacralisation de la norme fondamentale

La Constitution de 1958 est marquée par la fréquence des révisions et celles-ci ne sont pas
illimitées. Le pouvoir constituant est souverain car il appartient au peuple. En France, dans sa décision
Maastricht I en 1992, le Conseil constitutionnel a rappelé que le PC est le seul souverain. En ce sens,

le dernier mot doit appartenir au peuple souverain. Mais cette autorité peut être limitée car il est limité
matériellement et temporairement.
Son autorité peut être limitée car il est limité matériellement et temporairement. En Allemagne, les
Article 1 à 20 ne peuvent pas être modifiés. En France, la forme républicaine du Gouvernement ne
peut pas faire l’objet d’une modification. Donc le pouvoir de révision ne serait pas sans limite. Il y
aurait ainsi des dispositions supraconstitutionnelles qui ne peuvent faire l’objet d’une révision,
immuables. Cette supraconstitutionnalité peut être nuancée avec la double révision (modification de
l’article de la procédure puis les autres). La supraconstitutionnalité n’existe pas dans tous les Etats,
notamment en France, puisque le 26 mars 2003 dans sa décision Organisation décentralisée de la
République, le Conseil constitutionnel s’est déclaré incompétent pour examiner une loi
constitutionnelle à la Constitution. Le Conseil a une compétence d’attribution, il n’examine que les
lois ordinaires, organiques et les traités par rapport à la Constitution. Le pouvoir constituant est
souverain, il lui est loisible d’abroger l’ensemble des articles de la Constitution. Donc la
supraconstitutionnalité, juridiquement n’existe pas en France. Mais comme le dit le Professeur
Dominique Chagnollaud, il faut différencier le politique du juridique, « ce sont plus des principes
intangibles que de véritables règles juridiques ». Le pouvoir de révision est sans limite, mais le peuple
y participe trop rarement alors même que le pouvoir constituant a un pouvoir d’interprétation très
étendu. Le Doyen Vedel déclarait ainsi en 1993 que : « Le titulaire du PCD peut procéder à un
véritable lit de justice ».

De surcroît, en 1962, dans sa décision du 6 novembre 1962, Election du président au suffrage


universel direct, le Conseil se déclare incompétent concernant les lois référendaires. Elles sont
l’expression directe de la souveraineté nationale et le Conseil ne peut s’opposer directement au
souverain. Comme le déclarait le Général de Gaulle, « la seule Cour Suprême c’est le peuple ».

Toutefois, une certaine instrumentalisation de la Constitution est dénoncée par la doctrine. Placée au
sommet de la hiérarchie des normes, la Constitution ne doit être modifiée que lorsque cela est
nécessaire. Or, il y en a en moyenne une tous les 2 ans et demi en France. La Constitution perd de sa
sacralité. Comme le déclarait François Luchaire en 2005 « Comment croire au caractère sacré d’une
Constitution si on la modifie tous les 6 mois petit bout par petit bout ? ».
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