Vous êtes sur la page 1sur 734

LISTE DES COI.

,LABORATEURS

François AMmT, P.S.S. - Jean-Lou.4,,.d'ARAGoN, S.J. (Montréal). - Jean AuoussEAU, s.m.m. (Mar-
seille). - Charles AUGRAIN, P.S.S. (Angefs). - t Pàûl AUVRAY, P.O. - t André BARUCQ, S.D.B. (Lyon).
- Evode BEAUCAMP, O.F.M. (Montréal).'- Paul BEAUCHAMP, S.J. (Paris). - Gilles BECQUET, f.m.c.
(Loris, Loiret). - t Pierre BENOIT, O.P. (Jérnsalem); - Marie-Emile B0ISMARD, O.P. (Jétusalem).
- t Pierre-Émile BoNNARP ....... Jean 'BR.JÈRE; P.S.S. (Angers), ~ 'Mgir Jean-Baptiste BRUNON, P.S.S.
(Tulle). - Jules M. CAMBIER, S.D.8. (Louvain-la-Neuve). - Jean CANTINAT, C.M. (Paris). - Henri
CAZELLES, P.S.S. (Paris). -Jean CORBQN (Beyrouth).-· André DARRIEUTORT (DiIX). - Jean DELORME
(Lyon). - t Mgr Albert DESCAMPS. - "R'aym'ortd DÉVILLE, P.S.S. (Paris). - Marcel DIDIER (Namur). -
François DREYFUS, O.P. (Jérusalem). - t Jean DuPLACY. - Jacques DUPONT, O.S.B. (Ottignies, Belgique).
- Jean-Marie FENASSE, O.M.1. (Bruxelles). - André FEUILLET, P.S.S. (Paris). - t René FEUILLET,
P.S.S. (Paris). - t Jean de FRAINE, S.J. - Pierre-Marie GALOPIN, 0.S.B. (Tournay, Htes-Pyr.). -
t Augustin GEORGE, S.M. - Jean GIBLET (Louvain). - Félix GILS, C.S.Sp. (Chevilly, Val-de-Marne). -
Raymond GIRARD, P.S.S. (Marseille). - Pierre GRELOT (Paris). - Jacques GUILLET, S.J, (Paris) .. -
Edgar HAULOTTE, S.J. (Paris). - Charles HAURET (Strasbourg). - Edmond JACQUEMIN, 0.C.R. (Scour-
mont). - Michel JOIN-LAMBERT, P.0. (Strasbourg), - Marc-François LACAN, 0.S.B. (Hautecombe). -
Paul LAMARCHE, S.J. (Paris). - Xavier LÉON-DUFOUR, S.J. (Paris). - Colomban LESQUIVIT, 0.B.S.
(Bismark, N. Dak., U.S.A.). - Stanislas LYONNET, S.J. (Rome). - t Donatien MOLLAT, S.J. - René
MOTTE, 0.M.l.·(Solignac, Vienne). - t Armand NÉGRIER, P.S.S. - Joseph PIERRON, M.E.P. (Paris).
- Ignace de la POTTERIE, S.J. (Rome) . ....:. Maurice PRAT, S.M.A. (Paris). - Jean RADERMAKERS, S.J.
(Bruxelles). - Marie-Léon RAMLOT, 0.P. (Toulouse). - Henri RENARD (Lille). - Bernard RENAUD
(Strasbourg). - André RIDOUARD (Poitiers). - t Béda RIGAUX, 0.F.M. - Léon ROY, 0.S.B. (Font-
gombault). - Pierre SANDEVOIR (Paris). - Daniel SEsBOÜÉ (Le Mans). - t Ceslas SPICQ, 0.P. (Fribourg,
Suisse). - Paul de SuRGY (Brest). - Ladislas SZAeô, S.J. (Beyrouth). - Paul TERNANT, P.B. (Jérusa-
lem). - Charles THOMAS, P;S.S. (Nantes). - Albert VANHOYE, S.J. (Rome), - Jules de VAULX
(Nancy). - André-Alphonse VIARD, O.P. (Rome). - Claude WIÉNER (Bobigny, Seine-St-Denis).
VOCABULAIRE
DE

THÉOLOGIE
BIBLIQUE_,.
publié sous la direction de
XAVIER L.ÉON-DUFOUR

t JEAN DUPLACY, t AUGUSTIN GEORGE,


PIERRE GRELOT, JACQUES GUILLET,
t MARC-FRANÇOIS LACAN

j·.,: ..,,)
• '
...
,,·
'le
..,,

' ;.,. '

LES EDmONS.. DU CERF


' ,
NIHIL OBSTAT
JI Jm·1Je1 r969
Maurice JOURJON
Doym de la Façu/té de Thlologie de Lyon
CettJ. déjmt.

IMPRIMATUR
8 aolit r969
t Cardinal A. RENARD
Anhevl(Jl'e de Lyon

Imprimé en France

© Les Éditions du Ce,f, 1970


www.editionsducerf.fr
24, rue des Tanneries
75013 Paris

ISBN 978-2-204-10120-2
AVANT-PROPOS

L'édition da Missel biblique était accompagpée d'ulJ court Vocabulaire-biblique, rédigé_dès I945
par le Père Xavier Léoil-Dtifo11r. 'La préparation. de ce lexique fit voir à ion auteur la •nécessité d'u11
ouvrage plus approfondi, q11i pourrait guider le clergé et les fidèles tians /~ ,lecture Je la Bible, les amener
à 1mfJ meilleure intelligence Je la Parole Je Dieu, .Jeiir permettre de mieux I' a'mioncer à leùrsfrèrcs, Sùr
.1111e base· tèchnique~ _les thè111es_ théologiq1,es principaux_y seraient présentés' de façon· assimilable'. En ·ta_isoti
de sa double ambition, ·scientifique et pastorale, l'entreprise était difficile. C'est Sert!m,ent en janvier I958
qu'elle put être envisagée de fafOll sérieuse, ·à l'occasioti d'mze 'rencontre des exégètes M la régioll lyonnaise.
·Dans l'intervalle, des ouurages analogiles avaient panl,' aussi bien protestants que catholiques. 11 Se,nb/a
1dailn1oins ·qn'aucun d'entre eu'x ne· répondait exactement au progra'mn1e en11isagé : · 1me Série de .ryilthèses
a11 service de la pastorale. ·L'auvre fut donc -mi.te en chantiet·. ·
Le cOmité- qtJi en avait pris la responsabilité ftt"appel â l'e11sel11ble ·des p'rOfesseurs d'Écriture sainte
de langue· franfaise. Les articles se trotsvèrent finaleme'nt répartii entre· .soixdfZte-dix collaborateitfs.
Ce11X-ci tltfeptèrent 'de· travailler à. 11n ouvral,e 'qili ne ~etait pas une simj,le co/!ection de monographies
i11xtàposées, inat"s vraifltent une auvre co11ii11tme. ·Toul au long _de·la rédaction~ les échanges fttrent /nce!Sants
entré ellx et les ,nembres·Jn comité: Avant d'être livrées à l'in1pr6Ssion; les notices ftr'ent l'oijei de rét.ii-
sio~ qui ont àboilti à· dù mOdifoàtions' diverset, parfoii à de profonds_'remanieine11ts. Les doubles signa-
titres apposées au bas d,1 tiers d'entre 'elles sont-la trace visible de tetilf étroite cOllaboratiofl, èof1i111andéc
par l'option _initiale qui ._en avait fixé le·· btlt, !,..a cOOrdination de' tout le travaiJ a été asturée,par
le' P. Xavier Léon-Dtifo11r, seçrétaire du conûté. Assisté surtout par M.· l'abbé Pierre Grelot, il a effectué
/a _révision dernière et veillt à la cohérence finale de l'orwrage. _En vue im bien ·co11l,itiun, les divers cO/-
/aborate11rs sont eiltrés. dans cette voie difficile, ils ont àccepté dr 111ettre_ en disct1ssion tel résultat de le1,1rs
·'recherches, tli 111odijier tellè de• letlr.r perspectives, de reno,içer mêine' à une V11e j,ersoimelle'. No11s les en
remercions vivement." L'ouvi-age est donc èn totJte vériié le frt1it d',m traVail d'éq,iipe, avec toiJt ce q,,e
ce/à suppose d'entente ef ·d'dbnégation, pour proJujre une' ailvre d'·Église. , · ,·
~ _la liste des·co//aboratew;s, il faudrait ajoilter· les notiJs de ceux qtii ·nous Ont ai~és' dè .le1,rs co'nsèiis_,
dmis l'ordre liturgique ou pastoral, dans la réfection littéraire des nritices O# la vérification des références,
di.zns la correction des. éprenves. Nous évoqtteroni se11lement •le'ÏoUVenir. Je deuX mor.lt, le Père Victor
Fonf'!J'no11t, S.J., qHi fut le premier inspirateur Je /'01111rage, et Jr,,J. le cl1tmoine Albert Gelin, P.S.S.,
qni f11t l'un dû premiers 111embres de notre comité,., t ,
·"'- --,~,

.•**
Cet otwrage a été co11,11 tians une perspectiJeide théologie biblique, Son titre justifie le choix des
mots retenn.r potlf les notices fit la manière dont cel/es;;ci sont traitées. Nous avons écarté tout ce qui lui aurait
donné_ /'allure d'11ne en_c.;•clopédie. Le lecteur nJ' frouvera pas d'articles de type archéologiqm (noHts de
lieux, Je personnes, etc.), 011 p11re1nent historiq11e (dates des livres, détail des institutirms, etc.-), ni
d'exposés ,généraux s11r l'exégèse {questions de méthode, théories critiques} etc.). Toutefois, dans la me.mre

VII
AVANT-PROPOS

où des renseignements de te genre peuvent ttmtribuer dirette111ent à 11inte/Jigente théologique de la Bible)


ils sont signalés ,n passant, 011 font mime parfois l'ol!},t d'11n paragraphe. Ccrtaines données indispen-
.rables sont également ·rassemblées dans la setonde P4!tie de /'Introduction : chacun des Livre1 saints
y est sit11é dans le temps et dans le mo11vem,nt des idées.
Sur un terrain ainsi digagé, on pouvait donnel'un peu d'ampleur aux thèmes majeurs de la révé-
lation. Antant q11e possible, ils ont, été reliés aux 'données de l'histoire des religions; dans un certain
nombre de cas, leur prolongement _liturgique o~. ,dnctrz"nal a été indiqué. L'essentiel, néan,noin.r, se trouve
dans l'esquisse des thèmes, ,conduite génefrflemênt,"sqifant l'ordre historiq«e. En effet le. Vocabulaire
4è théologie biblique se ·,omie moins... 4'f1na!Jser. Je· contenu sémantiqne· Je IJ!Ols i~p~rtan,, par111_i
,eux dont !'Écriture use habituellem~nt, q«e d:explorer le contenu doctrinal de. thèmes. q11i s'expriment
souvent dans .un v_otabufaire _vari4~ La,-baSe. sém,an#que est toqjours suppode, parfois. même_ iobt'ement
indiqué, ;, mais on .s'efforce .surto11t de, guider le .l,cteur dans I' enph,vêtr,ment des /dies qui émergent des
t,xt,s, en trafant t/es. a"8nues. Cesf- pour,rlpondre à c,tte nécessité que les vocables des .titres ont été
choisis : onmparlera pat da conseil de I)ieu, mais de ,on dess~in, pour se conformer, à /'mage actuel;
les articles con111çrl1. tzJ/ rire. 011 à /a fierté ,uppose~t 11n, confrontation entre les ,wnnées bibliqties ,et la
mentalité d'a1/}011rd'hui (plusieur, termes hébreux ou grecs çon~ergent dans notre terme .actuel d, fierté),
,te. Prendre ainsi le point de vue du lecteur, c'était courir un ri,que : celui de. quitter le ,wmaine de,
,/Qnnées concrètes .de /'Ecriture pour vmer dans la.,;onférence ou I'homl/ie. N~u, espérons l'avoir surmonté
gr4te à- un squci ·consta.nt d1objectivilé et, de rigueù,. , · .-
. Malgré l'effort de synthèse-_qu'il reprls~nte, le ./ivre g~rde, ._çomme toHt Vocabulair~, un taractère
ana!Jtique. Pour. remédier q«elque peu .à ,.cet. inconvénient, l'It1troduc;tiort s'.efforce de préciser ce qui
en fera. l'âme.: une initiation au langage. de la Bibl,, e~ vue 4'ouvrir1es voie, à 11n, théologie ~ibliq«e.
En outre, ~ la.fin 4t.th~ql!e article, le lecte~ _est.renvoyé à. d'autres.~ticles,. qui. lui permettent d~en com-
PN(et le. th~me. majeur,,: de nombreuses a,.rtérisques (*) jalonnent le texte,_ rappelant sans cesse qu'il _ne
faut paf se jier.,au fBt.f! _bon_ sens-pour déterf!1i»ce, la :signification et la portée de.t terl!!e.r. 011. a .r~n(!ncé
à offrfr,, à propos de .chaque mot, 11n, bibliographie ; dàllite aux ouvrages de langue jraJtfaisè, ,If,
aurait
été SQIIVeJlf tt;op pallo/e, et s_ans_doute vite dépas_sfe. ,. ,. . _ .
Les auteur,. ,n'ont pas .cherché à fournir les référence, bibliques de fafon exhaustive. Il, ,xitte à
cet .effet. des _Concordances qui {Ont Ju .instrum~nts de .travail indispen.rable1. ~tt:is, ~e f!bjectivité
de:fe _f:Jpe, _toute NJa,IJrielle, e.it été /llu.roire .dans le projet_ adopté. Le livre, no~_ l'avons noté,. se,_ueut_.syn-
thétique. Certes l'exégète redoute àjuste titre /,s rynthèses, car, il connait la complexité comme. la par,
cÎfl!onie: d_es liéments _do~t il dispose~- au _ter.HJe, de son étude) _il préférer(!# souvent-.réserver..son jugement)
s~.conte1Jtant de.présenter le/les quelles ses..analyses. Milis son letteur, lui, _ne peut se passer_ complètement
d,,rynthè,,s.: en.dépit det,préçautio,µ pritet, il rn fabriquera pour ,on propre compte, .,en regroupant
à ·sa: /4f()l1.: des ."!aférfat1x qüi se vonlai~t .pure111ent objettift• ,~ de telles .rynthèse.r, for-t rispt!es) ,ne
doit-,on pas préférer celles que, modestem,ent, propose.Je spédaliste? Nons avt;ns_.don,c tent~ l 1aventur-e.,
voulant éviter à teux ljtlÎ -utilÏ!eront cet ouvrage l'impression de se perdre au milieu d'une poussière de
données éparses ou la tentation de les t·assemblcr en tonstruttions artiftcieJles.
L'ave~ir dira si Je Vocabula_ire _de théologie biblique répond à la fois aux exigentes) souvent
divergentes, du savant et du ftdèle.Ses anteurs·voudraient, grâce:·au dialogue·qu'il peut ouvrir entre l'exégète
d'une part, k théologien et/, pasteur d'âme, d'autr, part, qu'il devienn, peu à peu moins imparfait.

Janvier 1958 - Octobre 1961. LE COMITÉ

VIII
AVANT-PROPOS DE LA NOUVELLE ÉDITION

Sept années se sont écoulées depuis le lancement de cet ouvrage, désormais connu sous le sigle
VTB. L'accueil ·a dépassé l'attente. Soixante-dix mille exemplaires en langue française 1se sont répan:
dus dans tous les milieux chrétiens. Sans exagération, son audience sera bientôt mondiale, puisqu'il a
déjà paru en allemand, anglais et américain, chinois, croate, espagnol, grec, hongrois, italien, japo-
nais, néerlandais, polonais, portugais, russe et en viet-namien; enfin la· traduction est sur le point
d'être achevée en arabe, en coréen, en tamil et en tchèque.'

Une noJUJelle édition s'imposait, qui, dans la mesure dn possible, tiendrait compte des suggest,~ns
NfU" depuis la parution du VTB. La plupart de, articles ont étl revus et corrigés par leurs auteurs res-
pectifs. Quarante nouv,/1,s notices viennent compléter la première édition s11r des points parfois impor-
tants : Aaron1 Abelj adieux, admtère, anathème, angoisse, apparitions du ChriJt, cendre, cité, colombe,
conscience, çourir, ,upidité, dJ,eption, droit, hérésie, jésus-Christ, Josué, magi,, Melchisédech, Noé, par-
fum, pèlerinage, prédestiner, Providence, responsabilité, schisme, sel, 'séjmlture, serment, sexualité, signe,
songes, tendresse, tête, verhts & vices, veuves, vieillesse, violence, Yahweh.~

Des renvois plus nombreux et plus détaillés ont été pla,és à la fin des articles pour aider le lecteur
soucieux d'approfondi11ement à trouver .rans peine 11n complément d'information sur le thème qui l'inté-
reue. Pour ·llfle utilisation plus commode, les mots qui, sans être l'objet pr.opre d une notice, peNVent être
1

rattachés.à l'tlfle ou à l'aufre·ont été insérés dans le courant du livre, à leur place alphabétique,; ainsi pou-
vait itr, supprimé, la Table analytique qui figurait à la fin de la I' 8 édition. Par ,x,mpl,, l'on trouve
successivement: Aaroii (notice) avec ses renvois propres)) abandon et Abba (renvois à plusieurs notices)J
Abel (notice) avec tes renvois propres)J etc. Ce travail a été méthodiquement effectué pendant ds longs
moù par Mlle ]acqucli'ne Thevenet, sons la responsabilité du Père Xavier Léon-Dufour.
Dan1 ces mots diversJ le lecteur ne trouvera certes pas tous,CëùX qui ont J!IIB portée ou une saveur théo-
logique, ni même tous les ·synonymes dos notices traitées. Par contre, il y recdnnaltra certains ter111es tra-
ditionnels qui ont un appui dans 1, langage biblique, _teü décalogue, dépôt ... , quelques mots apparentés
aux notices) tels diable, route ... , quelques vocable._1 c.,"r/if.ra,,zts 'qHe l'on pourrait s'étonner Je ne pa.r voir
traités, tels eschatologie, parousie ... , ou enfin les 1J1ots qui, pour raison tk sobriété, ont été groapéJ sous
une seule entrée, ainsi guérison, tentation, mal. L~ plus souvent, des préciJions .rur le paragraphe con-
cerné orie'ntent le Jectenr dans J'ememble d'une notic~, 111ais Jans restreindre pour autant .ra curiosi;-é.

Un Index est proposé en fin de volume par lg Père Marc-Fran;ois Lacan afin d'aider à regrouper les
thèmes dispersés dans le VTB selon l'ordre alphabétique. Un, note de cet Index en justifie la composition
et précise le mode d'utilisation.

IX
AVANT~PROPOS DE LA NOUVELLE ÉUITION

No11s avio11s espéré offrir a11x lecte11rs de la 1re édition un livret séparé qui crit épargné l'achat de ce
11ouvea11 volume. Nous avons J.ûy renoncer, dans le11r intérêt même. En effet les transformatÜJns des noti&es
anciennes sont si non1breuses et si dispersées q11' elles f a11raient pû être reproduites dans le /iuret pr<ijeté ;
d'atifre part, les wbdivisi011s ont été sOuvent modiftée!i ~1 point que les renvois al/raient été dij/i&iles à utiliser
avec la zre édition. Il nous a donc semblé pl11s honnitÇ,. de ne pas a111ener le lecteur à faire une opération
pr(Jt)isoire e~ peu, tiµle.

No11; so11imes pers;tadés que ·cette nôtlt!ellè ..MÎtio~_-n'est ni définitive ni parfaiÙ; nous espérons tG11te-
fois qrt'elle représente un progrès appréciable sur la précédente} et nONS .souhaitons que sa carrière·soit aussi
étendue et aussi flconde. ·
Septembre I968. LE Co:Mn'É
SIGLES & ABRÉVIATIONS

LIVRES. OE LA BIBLE

Ab Abdias Le Évangile selon saint Luc


Ac Actes des Apôtres Lm Lamentati.9ns
Ag Aggée Lv Lévitique
Am Amos
Ap Apocalypse I M 1er livre des l\laccabées
2M zme livre des l\faccabées
Ba Baruch Mc Évangile selon saint Marc
Ben Sira. = Siracide Mi Michée
I Ch zer livret des Chroniques Ml Malacbi'e
2 Ch zme livre des Chroniques Mt Évangile selon saint i\Iatthieu
, Co zre épître aux Corinthiens
2 Co 2me épître aux Corinthiens Na· Nahum
Col Épître aux Colossiens Nb Nombres
Ct Cantique des cantiques Ne Néhémie
Dn Daniel Os Osée
Dt Deutéronome
Ecclésiaste = Qohélet I p .tfe épîtfe de saint Pierre
Ecclésiastique = Siracide 2 p :zme épitre de· saint Pierre
Ep Épitre aux Éphésiens Ph . Épître· aux Philippiens ·
Esd Esdras Phm Épître à Philémon
Est Esther Pr Proverbes
Ex Exode Ps Psaumes
Ez Ézéchiel
Qo Ecclésiaste (Qohélet)
Ga Épître aux Galates
Gn Genèse I R 1er livre des· ·Rois
2 R :zme· livre des Rois
Ha Habaquq
He Épître aux Hébreux Rm Épître a'uX Romains
Rt Roth
Is Isaïe
I S . L~ livre· de· Samuel
Jb Job · 2 S zme livre de. Samuel
Je Êpltre de Jacques Sg Sagesse
Jdt Judith , Si . ~.clésiastique (Siracide)
Jg Livre des Juges ·. ;·s?., ·' ··Sophonie
Jl Joël,
Jn. Évangile selon saint Jean Tb Tobie
t Jn 1re épître de saint Jean I Th 1re épttr.e aux Thessaloniciens
2 Jn zme épître de saint Jean 2 Th zm.e épître à'ux Thessaloniciens
3 Jn 3me épître de saint Jean I Tm 1re épître à · Timothée
Jon Jonas 2 Tm zme épître à 'Timothée
Jos Livre de Josué Tt Épître à Tite
Jr Jérémiè
Jude Épitre de Jude Za Zacharie

XI
SIGLES ET ABRÉVIATIONS

TRANSCRIPTIONS ABRÉVIATIONS COURANTES


DE L'HtBREU ,, AT Ancien T,estament
aleph · }, NT ' Nouveau ''Testament
Ji. Ji.eth " LXX Version grecque de l'AT par les Septante
ain "Vulg. Version latine vulgate de la Bible
çadé
's
s sin et sam~k
shin · rt
hb.
gr.
hébreu
grec
; téth lat. latin
th taw
y yod ,. s et le verse:t suivant
SS et les deux versets suivants
DU GREC p et les textes parallèles
h esprit rude .cf voir
è ~ vg par exemple
y u

RENVOIS

• pour. préciser :1e sens d'un mot, se reporter


à .ta: notice indiquée,
pour approfondir le sujet, se reporter aux
notices· indiquées, les lettres et les chiffres
marqu,aµt leurs subdivisions. A l'intérieur
des re~Vois, 1~ zéro désigne une introduction,
~dit à, _l'énsemblè, soit à une partie de la not'ice:

EXEMPLES DE RÉFÉRENCES

I Co 2,7 1re aux Cor., chapitre 2, verset 7


x·Co 2,'7s · chap. 2, vv. 7 et 8
.I Q;> 2,755 chap. 2, vv. 7, 8 et 9
-I .Ço 2,7~10 . , . chap. 2, vv. 7 à 10 inclus
I-.Co 2,7 ... ,, chap. 2, vv. 7 et-suivants
I Co2,7-3,4 chap. 2, v. 7 au chap. ·3,
I Cq 2,7.15 .
' v. 4 inclus
chap. 2, v. 7 et 15
. ,.a, 2,7; 4,6 chap. 2, v. 7 et chap. 4,
v. 6
Ps 55;ZJ = 1 P 5,7.: le texte du psaume est cité
par Pierre

N.B. - Le lecteur: trouvera. dans l'Introdtation,


PP.~ xxv;u1-:x:Jc'1x, }'.~xplication ou la désignation "de
certains _ter;n1es ou de certains ouvrages .extra-
bibli9.ùeS ·: .ains{ Hénoch, Jub1-lls, Psaumes de
'Salomon, Miàratkim;. Targums ...

Xll
SIGLES DES SIGNATURES DES COLLABORATEURS

AAV ANDRÉ-ALPHONSE VJARD ]Co JEAN COR~,ON


AB ANDRÉ BARUCQ ]Del JEAN DEJ':ORME
ADa ANDRÉ DARRIEUTORT ]Dt JACQUES DUPONT
ADss ALBERT DESCAMPS ]Du JEAN DUPLACY
AF ANDRÉ FEUILLET JdF JEAN DE FRAINE
AG AUGUSTIN GEORGE JG JACQUES GUILLET
AN ARMAND NÉGRIER JGi JEAN GIBLET
AR ANDRÉ RIDOUARD ]LA }EAN-LoUIS o' ARAGON
AV ALBERT VANHOYE ]MF JEAN-MARIE FENASSE
]P JosEPH PIERRON
BRe BERNARD RENAUD JR JEAN RADERMAKERS
BRi BfoA RIGAUX JdV ~ULES. DE VAULX
CA CHARLES AUGRAIN LR LÉON ROY
CH CHARLES HAURET LS LADISLAS SZABÔ
CL COLOMBAN LESQUIVIT
es CESLAS SPICQ MD MARCEL DIDIER
CT CHARLES THOMAS 'MEB MARIE-ÉMILE BOISMARD
cw CLAUDE WIÉNER MFL MARC-FRANÇOIS LACAN
M]L MICHEL JOIN-LAMBERT
DM DoNATIEN MOLLAT MLR MARIE-LÉON RA..'1\1:LOT
DS DANIEL SESBOÛÉ MP MAURICE PRAT

EB ÉVODE BEAUCAMP PA PAUL AUVRAY


EH EDGAR HAULOTTE --PBe Pi:ERRE BENOIT
EJ EDMOND JACQUEMIN PBp PAUL BEAUCHAMP
PEB PIERRE-ÉMILE BONNARD
FA FRANÇOIS AMIOT PG PIERRE GRELOT
FD FRANÇOIS DREYFUS PL PAUL LAMARCHE
FG FÉLIX GILS PMG 'P-IERRE-MARIE GALOPIN
PS ' PIERRE SAN.DEVOIR
GB GILLES BECQUET PdS PAUL DE Sl1RGY
'
PT ]?AUL TERNANT
:,.,
HC HENRI CAZELLES ,'-ci'
HR HENR[ RENARD RD RAYM.O:ND DEVILLE;
RF Rrrn:t FEUILLET
ldlP IGNACE DE LA POTTERIE ,, RG
RM
GIRARD
RA YM6ND
RENÉ MOTTE
]A JEAN AUDUSSEAU
JB JEAN BRIÈRE SL STANISLAS LYONNET
]BB JEAN-BAPTISTE BRUNON
]Ca JULES CAMBIER XLD XAVIER LÉON-DUFOUR
]Can JEAN CANI'INAT

XIU
INTRODUCTION

I .
THEOLOGIE BIBLIQUE .& VOCABULAIRE

Les premiers proje~s de cet· ouvrage ne' prévoy:aicnt pas daris SOn t~tr~ le mot thé,0logie ;
ils n'_envisageaient_ C}u'ùn vocabula,ire biblique dont leS articles mettrai_enf l'accent sur. la
portéé doctrin~e et spirituelle_ des mots bibliques. Mais la mise en œuvre de ces articles
a vite imposé une. évidence : il existe une profonde unité dans le langage déla 13ible ; à
travers la diversité 'des épo<lllesi des milieux, des ·_événements, se révè_le une vraie com--
munauté d'esprit et d'expression entre tous les .iute1;1rs ~acrés . L,'unité de la Bible,: donnée
H
essentielle de la foi, se vérifie _donc au niveau concret du langage; en mên:ie temps, aJ)pa-
raît clairement que cette unité est d'essence théologique. Ainsi est né le titre définitif :
Vocabulàire de théologie biblùµ,e. ·

L THÉOLOGIE BIBLIQUE

La· Sainte Écriture est Parole de Dieu .à l'homme, la .théologie veut être parole de
l'homme sur Dieu. Quand la théqlogie limite son étude au contenu immédiat .des livres
a
inspirés; cherchant à écouter leuryoix propre, se pén.étrer de leur langage, bref, à. se faire
l'écho .direct ·de la Pamle de Dieu, elle est biblique au sens strict du terme. . . • ..
Elle peut se mettre à l'écoute en des points différents .de la Bible, recueillir les syn•
thèses, plus ou moins élaborées,._ })lus Ou _rnoinS conscientes,_ qui_ marqu_ent les principaux
moments dans le développement de la Révélation. L',histoire yahviste et l'histoire deuté-
ronollµste, la _tradition _saCerdotale et la _tradition 'sapientielle, les éVa~le~ synoptiques,
la doctrine paulinienne et celle. de l'épître a'!>; .Hébreu1<, la fresque apocalyptique de Jean.
et le quatrième évangile, sont autànt de « théologies »·'qui peuvent être exposées en elles'
mêmes. Mais on peut aussi, d'un point de vue plÙs vaste, considérer la Bible comme un
tout ; on peut tenter de ressaisir là continuité,'l.t la cohérence ·orgàniques qui assurentl'unité
profonde de ces . diverses
.
théologies : tèlle es1;
' ' ~
la théologie biblique. .

I .. Principes d'unité. -· Seule1a foi pose avec'certitude l'unité de la ~ible, et en reconnait


les frontières. Pourquoi certain's dictons de sagesse populaire· sont~ils entrés dans: la çol...
lection canonique des Proverbes, quand demeuraient hors du' ca:non des livres de .grande

XV
lNTRODUCTION

valeur religieuse, apparentés aux plus beaux des écrits canoniques, comme les Paraboles
d'Hénoch ou les Psaumes de Salomon ? La foi seule fournit ici le critère; c'est elle qui
transforme en un tout organique les divers ·.livres de l'Ancien et du Nouveau Testament;
elle est présupposée, même par celui qui ne la partagerait pas, au point de départ de la
théologie biblique. .<
L'unité de la Bible n'est pas cho.se livresque. Elle lui vient de Celui qui est en son centre.
Les livres du canon juif ne sont, _pour 'le 'chrétien, que l'Ancien Testament ; ils annoncent
et préparent celui qui est venu et 'qui les a tous accomplis : J ésus-Cbrist. Ceux du Nou-
veau Testament, entièrement suspendus à l'apparition de Jésus-Christ dans l'histoire, sont
orientés vers sa venue à la fin des temps. L'AT, c'est Jésus-Christ préparé et préfiguré;
le NT, c'est Jésus-Christ qui est"venu et qui vient. Vérité fondamentale, dont Jésus lui-
même a donné la formule définitive : , Je suis venu, non pour abolir la Loi et les prophètes,
mais pour les accomplir ». Les Pères de l'Église ne se lassent pas de réfléchir sur ce prin-
cipe fondamental et d'en chercher, dans la Bible elle-même, le~ images les plus e1<pres-
sives, comparant par exemplè le NT au vin en lequel est.transformée l'.ea)l de !'AT. Les
.notices du Vocabulaire s'efforcent d'épouser ce mouvement profond de!a pensée chrétienne,
qui passe des *figures à leur ·•accomplissement lorsque paraît la •nouveàuté de l'Évangile.
Les conséquences d'un tel principe. sont multiples. Une théologie biblique ne peut, par
exemple, .isoler l'enseignement de la Genèse sur le •mariai;-e, :de celui de Jésus et de Paul.
sur la •virginité; I• prototype de l'humanité, ce r'est p~ ]'ancien. *Adam, et ,ce n'est pas
en lui que les hommes sont *frères, mais dans le nouvel Ada.,n, Jésus-Christ, .· .
Enfin l'unité de la Bible n'est pas seulem.int celle d'un ce!'tre ,qui 'polarise toutès les
expériences des hommes et oriente leur histoire; c'est celle d'une· vie partout présente,
d'un esprit constamment actif. La théologie biblique n'est qu'un écho de la Parole de Dieu,
telle qu'elle fut reçue par un peuple aux différents stades de son existence~ devenant la
Substance même de sa pensée. Or cètte *Parole, avant d'être un enseignement, est un évé-
nemen~ et un appel : elle_ est Dieu même qui es~ venu p8.I'.ler à sc:m peuple, Dieu qui vient
sans éesse, Dieu qui viendra en so_n *Jour restaurer_ tOute chose· et, courotip.er son *.de~n
se
de salut dans le Christ Jésus. Cet événement, dans'Jequel une relation intime noue entre
Dieu et les hommes, les auteurs bibliques le caractérisent à l'aide de désignations diverses. :
*Alliance, *Élection, *Présence _de Dieu,' etc .. Il n'importe"_; sa rèconnaissance leur. ·assure
à. tous une sorte de parenté mentale, Ùne même structure ile penséé et de foi. Celle-d devient
perceptible, par.exemple, quand les écrivains sacrés réagissent.en face des matériaux qu~
leur fournissent les culturés et les religions voisities: s'ils les assumellt en.les purifiant, ç'est.
toujours pour les 'mettre au service del'unique révélation, suivant des procédés divers, mais
dans le même esprit. Qu'il s'agisse des images issues du mythe babyloni~n de la *création,
de la tradition mésopotamienne du *déluge, de la symboliquede'l'*orage, fournie par la
mythologie cananéenne, des. conceptions perses de l'*ang~lologie, du folkloœ qui met en
scène satyres et *bêtes maléfiques : tout cela est filtré et récréé, en quelque sorte, en fonce
tion de la foi au Dieu créateur dont le dessein de salut se déroule dans notre histoire. Cette
unité d'esprit qui, tout au long de la Bible,. anime les traditions et les conceptions.religieuses,
rend possible une théologie biblique, c'est-à-dire une intelligence synthétique de l'unique
Parole de Dieu sous toutes ses formes. ·

XVI
THÉOLOGIE BIBLIQUE ET _VOCABULAIRE

2_. Lumière sur l'univers et sur Dieu. _,. L'unité de la Bible est simple comme Dieu .. vaste
comme sa création :. Dieu seul peut .la saisir d'un simple regard. En s'intitulant théologique,
notre ouvrage présuppose l'unité de l'œuvre divine et la synthèse du regard divin. En pré-
sentant. cette synthèse sous.la forme analytique.·d'un vocabulaire, il ne veut pas décourager
le lecteur de chercher à comprendre l'unité dela Bible, mais éviter seulement de lui imposer
une systématisation abstraite, nécessairement arbitraire par quelque endroit. Cela posé, le
I~teur· est .jnvité à.-circuler d'une·notice à l'autre, à les comparer et à les grouper, pour
dégager de ces rapprochements une intelligence authentique de la foi.
Cette manière de faire appartient du reste aux procédés fondamentaux de la Bible.
A prendre successivement les perspectives des Livres de Sam,;,el et des Chroniques, on
acquiert une connaissance plus nuancée de Da:vid en son temps et dans la mémoire d'ls-:-
raël;. de même, le mystère de Jésus s'approfondit quand, on. l'aborde à travers les pers-
pectives variées des quatre évangélistes. Ainsi le Vocabulaire permet-il de mieux. entendre
le mystère.de l'Alliance, puisqu'il l'aborde à travers ses diverses expressions dans le temps :
*peuple _de Dieu, *royaùme, *Église; à ,travers ses figures de proue : -*Abraham,: *Moïse,
*David, *Élie, *J~an-Baptiste,- *Pierre ou *Marie; à travers ses institutions : !'*arche,
l'*~utel, le, *temple, la *loi; à -travers ses mainteneurs : -les *prophètes, les, *prêttes, les
*apôtres; à travers sa, réalisation malgré les ennemis : le •monde, J'•Antichrist, *Satan,
la *Bête. Également, l'homme en *prière y apparaît dans ses comportements divers.; !'~ado-
ration, la *louange, le ~silence, ,Je prosternement à •genoux, !'*action de grâces, 1a *béné-
diction : autant de réactions de l'homme en face du Dieu qui vient.
Il. faut aller plus loin et discerner - n'est-ce pas la tâche de la théologie ? - la pré-
sence de Dieu en tout lieu et en tout temps. Car la personnalité de Yahweh, le Seigneur
de l'histoire, retentit sur toute son œuvre. Sans doute importe-t-il de situer à leur place
certaines notions anthropologiques, reprises par la Bible, qui relèvent d'un milieu culturel
déterminé et n'ont qu'une valeur relative, justiciable de la critique rationnelle : ainsi la con-
ception synthétique d,e l'honime,.·non point composé humain. divisible en « ·parties »,.l'âme
et le 'corps, mais être pers6nn~ s'exprimant tout entier en ses divers aspects, ..,esprit, ~âm_e,
~corps, *chair. Ces points de vue, qlle nous.ne devons pas ignorer, demeurent secondaires,·-
pour autant qu'ils ,relèvent de la simple étude de l'homme. La Bible n'anàlyse ,pas pour
luicmême ce, microcosme quifaisait l'admiration des philosophes grecs : « La Bible, théolo-
gique, ne•regarde l'homme que face à Dieu dont il est l'image» (art. «homme»), à travers
le Christ, restaurateur de cette *image.
De même, à partir des événements, des institntions.èt des personnages dont 1a Bible
parle, on voit s.e dessiner une_ théologie de. Phistoire, une intelligence des *chemins ])ar les-.
quels _Dieu accomplit son œuvre. Poùr compi::enru"e cet;,_a,spect de ·la doctrine; il est impor-
tant. de savoir qu'aux yeux des sémites, le tem,p$ .:n'est point un ··cadre vide que . viennent
remplir .les gestes des hommes; les siècles y sont constitués par des *générations, ,palpi 0

tantes de la. vie du Créateur. Mais, une fois reconnue· cette représentation commune fournie
par la culture du milieu ,biblique, il faut voir les ·différences, et comprendre ce.qu'a de spé-
cifique la conception biblique du •temps. Contrairement à ce qui se passe dans les mytho-
logies avoisinantes, le temps n'est pas conçu comme la répétition dans notre monde du
temps primordial des dieux. Si, dans le *culte, la révélation reprend le cycle des temps
festifs consacrés par l'usage, elle leur donne un sens· nouveau en les situant entre deux

XVII
INTRODUCTION

tem1cs : le commencement et la fin de l'histoire des hommes,- la '*création et le • Jour du


Seigneur. Cette histoire sera donc, elle aussi, rythmée par des années; des *semaines, des
jours, des *heures; mais to'us ces éléments.:de notre calendrier sont arrachés à la stérilité
de la répétition par la *présence du Seign$ur, par 1a *mémoire de sa ·venue parmi nbus,
par l'*espéranc~ de son retour. En fonction d{une telle-fin, le combat des deux *cités, *Jéru-
salem et *Babylone, affrontement du bien et du mal, lutte contre l'*Ennemi, n'est plus
up,e *guerre catastrophique, mais le p_rél_ûde d'une *paix sans iin, àctuellement garantie
par l'existence de l'Eglise en qui vit !'Esprit.

A travers ses acteS, Dieu dévoi.le enfin son propre cœur, et révèle }_'homme à lui-même.
Si l'homme doit parler de •colèré et de *haine à propos de Dieu qui condamne le péché, il
apprend à reconnaître, même dans les *châtiments qu'il subit, l'*amour qui *éduque et
veut donner la vie. Aussi l'homme cherche-t-il à Jllodeler son comportement sur·celui qu'il
reconnaît en· Dieu. Douceur, humilité, obéissance, patience, simplicité, miséricorde, niais
aussi force et fierté, toutes ces << vertus » prennent leur signification authentique et leur
consistance efficace par la présence vivante de Dieu et de son Fils Jésus-Christ dans la puis-
sance de !'Esprit-Saint. De même, les situations humaines acquerront en théologie biblique
la plénitude de leur sens : joie et ·sottf:france, consolation et tristesse, triomphe pacifi.qUè et
persécution, vie et mort, tout doit être situé dans le dessein de salut que la Parole de Dieu
nous révèle; tout acquiert alors-une signification et Une valeur, dans la mort et la résurrec-
tion de Jésus-Christ notre Seigneur.

li. VOCABULAIRE

La structure mentale et religieuse qui commande tout le contenu intelligible de la


Bible va jusqu'à lui modeler une commune expression verbale; on peut parler d'un lan-
gage biblique, Certes· les mots varient avec le cours du temps, dans les livres de la Bible
comme dans ceux des hommes"; mais la frappe de l'inspiration est telle qu'elle ··atteint,
par-delà les idées, les mots mêmes qui les expriment. On a pu reconnaître une koinè évan-
gélique, ç''est-à-dire .une « langue commune» pù s'exprime la révélation noU:velle; or cette
koinè est en dépendance étroite de la langue des Septante, version grecque de la Bible ;
celle-ci, à son tour, « traduit )) et adapte le texte hébraïque de l'AT. Une telle co~tinuité
ne signifie-t-elle pas qu'il y a, du moins pour les conceptions proprement théologiques, un
véritable «-langage n technique ? Le fait justifierait à lui seul la forme de· vocabulaire donnée
à nos esquisses· de théologie biblique. 11 ne s'agit pas ici de pure sémantique, mais de lan-
gage expressif, tissé d'images et ·de symboles. Certes, pour beaucoup de nos contemporains,
la· question se· pose de savoir quelle valeu_r ce langage conserve pour nous, qui vivons dans
un autre univers mental. Le mystère du ciel doit-il être annoncé de nos jours sous les images
mêmes qu'utilisa le NT, celle~ du *paradis et des sphères célestes superposées, celles :<i':1
banquet et des noces ? Peut-on encore parler de la *colère de Dieu ? Que signifie la « montée )l
de. Jésus au ciel et sa session « à la droite de Dieu )> ? L'accord, assez facile à obtenir sur le
con-tenu· de la « théologie biblique )), ne va-t-il pas se rompre quand on voudra préciser le
mode d'expression de cette théologie ? Ne faut-il pas« démythiser » le langage pour atteindre

XVIIl
THÉOLOGiE BIBLIQUE ET VOCABULAIRE

l'essence de la révélation ? N'est-ce pas prolonger nne illusion néfaste que d'allier vocabu-
laire et théologie ? Sans prétendre résoudre ici le p,oblème général de la « démythisation »
du langage, nous vouQri0n.s seulement indiquer, à deux degrés de profondeur, én quel sens
le langage est médiateur de la vérité.

r. Images et langage. - Aux prises avec la révélation divine, l'esprit humain réagit par
deux mouvements inverses. D'une part,. il tend à décrire le plus simplement possible l'évé-
nement révélateur; d'autre part.il tend à exprimer en formules de plus en plus précises le
contenu dogmatique de la révélation. Ces deux relations, la description existentieile de l'évé-
nement et la formule essentieile de son .contenu inteiligible, so!)ti'une et l'autre condi-
tionnées par le milieu culturel où eiles naissent et exposées à des déformations. Mais le
risque encouru est différent dans les deux cas .: la description de l'événement pourrait être
réduite à un pur compte rendu littéral, vidé de toute signification divine, et vidant-la foi
de toute adhésion spiritueile; la formule doctrinale, en se détachant de l'événement qui lui
a donné naissance, dégraderait le mystère en spéculation abstraite. Le langage de la révé-
lation suppose ce donble mode d'expression, la formulation abstraite et la description ima-
gée. Cependant, bien qu'il use. parfois de « formules », vg des credo cultuels (Dt) ou des
définitions de la-.foi (He), il se présente plus généralement comme une description existen-
tieile qui évoque sous forme imagée le mystère de l'Ailiance, tel qu'il est vécu par le peuple
de Dieu. Le problème premier n'est pas de« démythiser » le langage pour en ajuster le con-
tenu à la mesure -des esprits modernes ; il est de trouver les voies d'accès qui en permettent
une saine intelligence.
Au niveau inférieur de l'expression, se trouve la simple métaphore ; ainsi, Isaïe décrit
l'arbre palpitant sous le vent ... De soi, la métaphore,· si elle peut enrichir le vocabulaire de
la révélation, ne peut immédiatement traduire ceile-ci. Détachée de l'expérience originelle
qui la fit naitre, transposable à volonté, avec plus ou moins de bonheur suivant le goftt
et l'imagination de celui qui l'utilise, la métaphore n'est, dans l'expression de la révéla-
tion, qu'un vêtement interchangeable. Toutefois ce vêtement tient, dans le langage biblique,
une place que nous soupçonnons difficilement. C'est· ·qu'à travers la métaphore, l'image
originelle conserve, ,pour un sémite, une force de suggestion toujours· vive. Quel Français,
parlant du « bureau » où il travaille, songe encore au tapis, à la « bure », qui recouvrait jadis
les tables ? Poµr un sémite au contraire, le kaMd, la *gloire, tout en acquérant peu à peu
un sens de splendeur rayonnante, conserve toujours un ·arrière-plan de pesanteur et de
richesse, qui fait parier à Paul du « poids de gloire » résèrvé. aux élus du ciel.
A côté de èette permanence de l'image, liée à un phénomène tulturel, il y a une vie
de cette image, vie animée par l'esprit qui en m'\Ïntien;t)e vrai sens à travers la diversité
des expressions. Ce phénomène est visible en. pj!r,ticulier dans la traduction des Septante.
Tantôt celle-ci retient un mot. grec de sens nettement différent, pour y couler la plénitude
de signification du vocable hébreu. Ainsi rendeeile le kabôd hébraïque par le grec doxa qui,
à l'inverse d'une réalité de .poids, signifie une', opinion », la renommée légère. Tantôt, eile
évite un mot ,de tésonance ·cultuelle qtii entl!aînerait la confusion ; ·ainsi; pour .tr~duire
beraka, la *bénédiction, eile choisit, de préférence à eupkèmia, le mot eulogia qûi, s'il
n'exprime pas plus que le premier la nuance d'action de la beraka, a l'avantage d'être.neutre,
disponible. Tantôt enfin, eile précise a l'aide dn mot grec le sens ambigu de l'hébreu. La

XIX
INTRODUCTION

diathèkè désignait en grec « l'acte par lequel quelqu'un dispose de ses biens (testalllent), ou
déclare'les dispositions qu'il entend· imposer·». En traduisant ainsi" le ternie. hébreu' ber.ftli,
qui signifie proprement pacte; contrat, la·$eptarite met-en-relief« la;transcendance".dc Dieu
et la condescendance qui est à l'origine du(peuple d'Israël et dè sà loi» .(art.« Alliance»). Une
telle maîtrise de la langue montre ainsi qq,Ç le mot importe moins que l'esprit qui rutilise,
et .par lui se· fraye sa propre voie. Mais- cette maîtrise est aussi un a Yeu d'impuissance :
audin langage humain ·ne saurait re11drt;rcompte ·de.l'expérience de·.Dieu:; celui-d· se trouve
nécessàirement au-delà. des im;tgès et ._-dès :métaphores., En. conservant· les-.images tout: ·en
connaissant leurs limites, lelangage de la Bible tient la gageure de rester un mode d'expres-
sion concret, enracine dà.ns l'expéµênce humaine, ~t de sigilifier.à traver:s les images·maté-
rielles elles-mêmes dès réalités'd'ordre spirituel. Ainsiles premières images de la *béatitude
ou de'Ja *rétribution évoquent toutes un bonheur terrestre auquel l'homme participe, corps
et âme. Quand !'*espérance d'Israël devient plùs spirituelle, ces images, au lieu de dispa-
raître, subsistent ; elles sont alors '·moins des expressions· directes· ,deTexpérietlce du .. bèm-
heur qui attend l'homme que-les symboles d'une espérai;ice plus·haute,:d'une,attente de Dieu,
impossible à traduire en mots.propres. -A ce-,stade, l'image et.Ja ,métaphore deviennent'les
supports -normaux de .la révélation.; sans avoir- par erix..mêmes valeur. (( .révélante >>, mais
en vertu de leur histoire· dans la langue. des .associations mentales qu'ils- évoquent, des
réactions qu'ils suscitent, ·ils devie,,nnent médiateurs de la Parole divine.·. On ne saurait les
négliger sans plus. ,

2. Le symbole et l'expérience. - A la différence de la métaphore, indifféremment transpo-


sable dans tous les domaines de l'expression, le symbole biJ,:>lique. demeure en- relation· cons-
tante avec la révélation qui- lui à. donné naissance. Les'.nbtices du· Vocab?ûaire .s'efforcent
de montrer, comment les éléments du monde~ les événements vécus par. le peuple,: .les COU"'
trimes elles-mêmes sent assuniés1 dans le dialogue que Dieu a engagé ·avec l'homme·;
Dieu en. effet parle déjà à .l'homme à travers sa création et à travers l'histoire qu'il
conduit. · ·. · · . , · '· .-·,
Ainsi,« ia Bible ne connaît pas deux types·de deux, l'.un qui-serait matériel, .et l'autre,
spiritueL Mais, dans le ciel visible,• elle,_.découvre le mys_tère.de Dieu .et de so~ œuvre »·(art.
1cciel »). Certes, le premier .ciel et la.première terre devront:disparaître; mais,-tant .qU'ils suh-
sistent, le ciel et l'impression qu'il produit sur l'homme ·demeurent indispensablès pour
exprimer à la fois la transcendance et la proximité du Dieu des cieux, ou pour dire qu'en
« montant aux cieux N:Jésus a été glorifié. Dans Ja.mythologie'babylonienne; la •mer sau0
vage et terrible personnifiait les puissances, chaotiques de désordre, réduites à l'impuissance
par le dieu Mardouk; elle n'est plus dans la Bible qu'une créature soumise, mais elle con-
serve Ies•traîts,de's puissances adverses· que Dieu doit vaincrè,.pou'r faire aboutir·son. des-
sein ; elle évoque à ce titre la puissance de la Mort qui menace l'homme. U en va de même
po11r la.plupart des·réalités éosmiques. la terre-, les astres, la lumiète/le jour; la' nuit, l'ea:u;
Je,feu, le vent, l'orage, l'ombre, la pierre, le rocher; la montagne, le désert ... Toujours immé-
dià.tement accordéi:r:à la souveraineté du Dieu créateur;-ils ont··letlr pleine:valeur de sytn"-
boles daris la révélation. · ' · ,
Cependant la vraie valeur du symbole biblique tient à sa relation avec les événements
du salut. Ainsi la *nuit est un symbole commun à la plupart des religions, « réalité alllbi-

XX
THÉOLOGIE l:UBLIQUE ET VOCABULAIRE

valente, redoutable comme la: mort et indispensable comme le temps de la naissance, des
mondes.». La'Bible connaît ce symbolisme, mais. -elle ne s'en contente pas; elle l'assume
dans une perspective historique, qu_i •seule. lui donne .sa signification propre. C'est la. nuit
pascale qui est pour elle l'expérience centrale où Israël a compris le sens mystérieux- de la
nuit. Parmi beaucoup d'autres-symboles (comme ceux de la *nuée ou du *jour ... ), retenons
ici celui du *désert. Le peuple a dû passer par les régions désolées du Sinaï ; mais cette
expérience ·n'a pas conféré au désert une valeur en lui-même, ni consacré une sorte de mys-
tique de la fuite au désert. Certes l'attitude du Christ et l'enseignement du NT montrent
que le chrétien vit encore à sa manière dans le· désert ; mais cette représentation est liée
désormais non à Son comportement extérieur, mais à sa vie sacr-!mentelle. Le symbole du
désert n'en est pas réduit pour autant, il demeure indispensable pour exprimer l'allure authen-
tique de la vie chrétienne.
Repris dans le langage de la révélation, les événements vécus par le peuple de Dieu
ne sont donc pas de simples métaphores qu'on pourrait rejeter maintenant comme un trem-
plin : ils conservent une valeur médiatrice. C'est par référence à la •captivité en Égypte
ou à !'*exil à Babylone que le chrétien réalise sa situation de pécheur racheté de l'*escla0
vage ; les baptisés SOnt des rescapés du *déluge ; *circoncis spirituellement, ils sont des
*Juifs selon l'esprit; enfin ils sont *crucifiés au monde et à ses convoitises; ils se nour-
rissent de la vraie •manne, ils sont les vrais enfants d'Abraham. L'histoire est en quelque
sorte passée, sous forme de symboles, dans le langage de la révélation; et c'est pourquoi,
à son tour, ce langage symbolique renvoie à l'histoire dont il émane.
Enfin les comportements humains prennent place eux-mêmes dans ce langage, depuis
que le Fils de Dieu les a faits siens. Les gestes de l'agriculteur, des semailles aux récoltes,
décrivent l'histoire du royaume de Dieu. Les gestes de l'homme, sa nourriture, son- travail,
son repos, son sommeil, évoquent les réalités du monde de Dieu. Les épousailles, la mater-
nité, la naissance, la maladie, la mort, sont autant d'analogies qui engagent l'esprit humain
sur la voie qui conduit aux mystères invisibles. Le symbole est la voie privilégiée pour
exprimer la rencontre. de l'homme avec Dieu qui vient à lui; et, quand il a mené l'homme
1
au mystère, il s absorbe avec lui dans le silence.

III. LE VERBE FAIT CHAIR

Or le Fils de Dieu est venu demeurer parm~ nou~_ponférant au langage symboliqffé


de la révélation sa justification ultime et intégraJê. I:;e Verbe fait chair est à lui seul la révé-
lation en acte. De la parole et de l'action, il réalise la fusion-,parfaite : chacun de ses mots
est acte, chacun de ses gestes nous parle et nous appelle. Selon le mot de saint Augustin,
1< parce que le Christ est en 'personne le Verb~_ de Dieu, les actions elles-mêmes du Verbe
sont pour nous Parole (etiam factum Verbi, vérbum nobis est)··.,». En lui prennent un sens
les réalités terrestres les plus humbles comme les glorieux événements de l'histoire des
pères. En le$ accomplissant, il révèle leur vraie• signification. Par une route inverse de celle
que suit l'imagination deThomme lorsqu'elle transforme les réalités en métaphores, Jésus-

XX!
INTRODUCTION

Christ fait apparaître la valeur figurative de toutes les réalités qui le précèdent .et l'an-
nonceut. Les réalités de.cette terre apparaissent dès lors comme les symboles de cette unique
Réalité qu'est le Verbe· fait chair. Ni le Jjain ni l'eau, ni le chemin ni la porte, ni la_ vie
humaine ni"-Ia lumière, ,ne. sont des'« réali~~s n ·permanentes, aya:.nt .valeur définitive.; leur
raison d'être essentielle, c'est de nous P"fl!,r symboliquement de Jésus-Christ.

XLD.
II
HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA BIB!-,E
.
Un vocabulaire de théologie biblique n'a pas à présenter à. ses lecteurs les problèmes
critiques que posent les livres saints, mais il ne peut les ignorer. Cherchant à saisir les
thèmes doctrinaux de !'Écriture dans leur. développement historique pour suivre ainsi à
la trace la pédagogie même de Dieu, il ne peut se contenter de rassembler textes. et réfé-
rences dans un ordre. pur~ent logique. Chaque texte i_nspiré a un Contexte vivant dont
on ne saurait le séparer sans dommage, car la croissance de la révélation s'est faite au rythme
de l'histoire.. Tout ce qui nous met èn mesure de mieux comprendre le développement lit-
téraire de .la Bible nous permet du même.coup _Q.e mieux apercevoir les voies de Dieu. Car
Dieu a parlé _à nos, Pères « à. bien des _reprises ~t de. bien des manières i> avant _de ùous parler
finalement par son Fils .(He _1,. I ~)- Il est im_portant de. connaître ces « reprises » et_ ces
« manières n si ron veut apprécier corree:~ement le contenu de.sa ParOle. C'est pourquoi,
avant d'aborder les notices analytiques consacrées aux différents thèmes, il sera bon de
rappeler dans une esquisse synthétique c_omment s'est formé le recueil des livreS sain~.

L'ANCIEN TESTAMENT

L'.histoire l_i ttéraire de l' AT n_' est pas facile à retracer. Dans ·n_os Bibles açtuelles, ~es
livres sont groupés logiquement en grandes catégories, s~ns sou.ci de leur date de composi-
tion. Dans _un grand nombre de cas, cette date même_ fait problème aux yeux des•critiques
et l'on ne peut proposer à son sujet que des.hypothèses probables. Laisser de côté ces hypo•
thèses serait une solution pa_resseuse, et d'ailleurs irnpos~ible à teniL Mais au milieu des
hypothèses, il. faut savoir faire un choix. Toutes celles qui ont été proposées par les cri-
tiques depuis cent a.ns ne sont pas égalem~t compatibles avec.l'étude théologique de la
Bible. Certaines d'entre dies supposent unè cbncepti6n de l'évolution religieuse d'Israël
qui découle de postulats ràtionalistes et quel'étudë objecti".!' des textes n'impose nullement.
En d'autres cas, il fa11t faire k départ entr,; .des observations critiques parfaitement objec-
tives et l'exploitation tendancieuse .que cert<fins ont tenté d'en faire. l':n abordant de telles
questions, _le croyant n'est pas en situatioÎl '.d,'in~ériorité. Lisant la Eiblç « de l'intérieur n,
accordé fondamentalement sur l'esprit de sop. témoignage, il sait que le développement des
idées religieuses dans le peuple de Dieu, s'il a pu subir lfl pression .des divers facteurs his-
toriques, a.été commandé
.
avant tout par la Parole
~ . ' '
a
de Dieu qui lui toujours ~rvi de norme. _.
INTRODUCTION

Cela n)empêche pas que. les livres saints. aient eu une histoire, souvent complexe. Dans la
représentation schématique léguée à l'Église par le Judaïsme ancien, le Pentateuque tout
entier était regardé comme une compositiotj ·littéraire de Moïse ; les Psaumes venaient tous
de David, les livres sapientiaux, de Salomon, les 66 chapitres d'Isaïe, du seul prophète du
vnre siècle. Nous savons maintenant qu'il(Y avait là une simplification des choses dont
nous ne pouvons plus nous contenter. NoÙS· devons faire droit, certes, à ce que ces vues
traditionnelles comportaient de juste,;.. m:ais pour le reste, nous devons les dépasser. De
cette façon, nous enrichissons cc;n.sidérablemént notre connaissance concrète des textes,
car non seulement nous r_estituons ch_~un_ d'eux à s~m cadre hi_storique réel, mais •faisons
apparaître entre eux d~s 1liaisons q~i seraient autre·ment indiscernables.

··r. Atix oRiciNEs- DE LA uri*RATURE 'SAc~ÉE

La littérature biblique plonge ses racines dans la tradition orale. Le fhlt' est important
~1.nOter car, sous sa ·forme écrite, cette littérature· n'a pù ·pr~ndre· corps _qll'à partir _d'une
1

époque relativement ,tardive, après l'instauration de_ la monarchie davidiq_ue. Toutes·· lès
époques antérieures -'-' celles des patriarches, de Moïse, de l'implantation d'Israël en Canaan,
des Juges et·de la royauté de Saül - àppartienrient à l'âge de la tradition orale. Cela ne
veut pas dir_e qu'il ·n'y·ait 'pas eu· afors de ·dOCutilentS écrits oU d'O!ùvres littéraite~·:,àt)X
formes'bien fixées. On s'accorde, par exemple, à reconnaitre l'antiquité de docum~nts légis-
latifs comme le Code del'alliance (Ex 20,22-23,33) eileDécalcgu. (:Ex 20 et Dt 5), de poemes
comme le chant de Déborah (Jg 5) et l'apologue de Jotham (Jg 9,7-I5). Mais aùtour dé ces
pièces ancienn~s que. les -scribes· israélites Ont conservées,. la tradition _Orale dèmeurait le
moyen essentiel de transmettre' à·travérs les âges· les sôuVeDirS, les' coutume$, les rites, ,la
foi des anciens temps. Durant plusieurs siècles, le peuple de Dieu a donc vécu de ce trésor
légué par ses ancêtres, qui d_'ailleurs s'enrichissait_ à_ c~aque génération, sans que celui-ci
ait encore revêtu sa forme littéraire· définitive. Le témoigmige religieux des patriarches, de
M,oïs~, des anciens __envoyés de Dieu,_ se trouvait ainsi conservé fidèlement d'_une manière
vivantè_; mais ·il riàus· est ·jmpossible de. le Saisit aussi· directement que nous le ,faisolls·pour
le témoignage d'Isaïe ou dê Jérémie. . . .· . . . .
Qùand David. et surfoùt. Salomon _eurent .doimé à l'institution des scribes une place
officielle daris l'administration.du :royaume, rhetire virit où tous ces matériaux tradition-
n~ls ·pui-ent ·se cristalliiler dans ·de vru;tes· ellSfmlbleS, eri mêffie temps que riaissait·,l'histo~
riographie. ~eurs ·colle~~eurs, :n~.t~n:~_.:le bien,·_:ne se :préoccupaient ·pa,s·_·seu]emeiit .?-~·mettre
par'écrit l'héritage culturel des siècles passés et de retracer les origines de la nation· israélite.
La littér~tui:e d'Israël est né~ à l'ombre _du sanctuaire; dès lé' début, elle a èu pour but
essentiel de nourrir la.foi du peuplÊi de Dieu ; eri tant qu'historiographie, elle s'est attachée
à évpquer l'histoire sainte. Bien que l'analyse du Pentateuque demeure partiellement hypo-
théH9ue, ém discerne la main d'un rédacteur, ou d'utr groupe derédacteurs, qu'on nomme
convention.nellement le yahvis{e, d_ans une première collection: de traditions qui devait
r~t_rac·er _cette· histoire s~nfe ·d~puis•·les origines jusq~'à l'inStà.llation d'Israël en Canâan.
Sori esprit et ses préoccupations se retrouvent en .divers rédts de Josué et des. Juges, .dans
unè des versions du règne ·de Saül qu'a _èonservée le i•r livre de'Samùel (par exemple

XXIV
HISTOHŒ LITIÉRAUŒ DE LA BIHLE

r S 9, r-ro,r6), dans l'histoire de David et de sa succession (2 S 2-r R 2). Ce corpus a pu


prendre forme à Jérusalem dès le xe siècle, encore qu'il faille compter avec des accroi~,e-
ments possibles durant le siècle suivant. Quand on utilise les éléments_ de cet ensemble
composite, on ne doit pas oublier qu'il renferme un double témoignage : celui de~ 'âges
anciens, dont les scribes ont recueilli l'héritage avec le souci essentiel de le transmettre
fidèlement; celui de ces scribes ~ux-mêmes, qui n'ont pu· élaborer leur synthèse qu'en y
faisant passer. leur propre réflexion.théologique. A leurs yeux,·l'histoire du dessein de Dieu
se développait par étapes, des promesses. patriarcales et de l'alliance sinaïtique au choix
décisif de la lignée davidique (2 S 7) et du temple de Jérus.alem (r R 8); Je peuple de Dieu
iss:u de l_a _confédération des douze tribus av.µt pris la forti:le d'pne nation centralisée que
gouvernait l'Oi.nt pe Yahweh.
Il est notable qu'à une époque sensiblement postérieure Je même héritage ait été exploité
dans un esprit un peu. différent par d'autres collecteurs de traditions, ceux du recueil dit
élohiste, chez qui l'on pressent l'influence des premiers prophètes, Élie et Élisée. Ici, c'est
vraisemblablement dans les sanctuaires du nord (peut-être Sichem ?) que les écrivains sacrés
ont dû rerneiUir. et fixer par écrit .les matériaux légués par l'antiquité israélite, Des préoc-
cupations doctrinales assez semblables se rencontrent dans les biographies d'Élie et d'Élisée,
et dans_une version de l'histoire de Saül qui manifeste pe.u de bienveillance à l'égard de l'ins-
titution royale (r S 8; ro,r7-25; r2). Par la suite, probablement sous le règne d'Ézéchias
(fin du vm• siècle), traditions yahvistes et traditions élohistes furent rassemblées dans une
compilation dont .les matériaux sont actuellement ré_partis entre plusieurs livres, de la
Genèse._au. 1er livre des R0is. Cette vue-schématique du processus qui donna naissance· au
premier .ensemble de littérature sacrée comporte, dans Je détail, bon nombre d'éléments
flous ou incertains. Elle. permet du moins d'entrevoir par quelles voies nous·sont parvenus
les souvenirs du temps où le peuple de Dien s'est formé puis installé dans sa terre.
En marge des collections de traditions et des matériaux législatifs ou poétiques qu'elles
véhiculaient, il faut d'ailleurs. faire place à la tradition vivante qui continuait de se perpé-
tuer. Même sans être codifié dans des textes. écrits, le droit coutumier et les- ritu~ls. issus
d'une tradition .mosaïque qui s~était développée avec le temps, .régissaient l'existence d'Is-
raël. De même, le lyrisme cultuel inauguré à haute époque (cf Nb ro,34-36) avait accru
ses productions depuis le temps de David, poète lui-même (cf 2 S r, r7-27), et il trouvait
dans .le ·tel!lple· de J4rusalem un :µiilieu favorable à son épanouissement littéraire. Enfin
sur Ja sagesse. populaire des premiers temps s'était greffée à l'époque de Salomon une sagesse
de lettrés (cf I R 5,9-q) qui acclimatait en Israël; en· l'harmonisant avec la religion yah-
viste, la culture int~rnationale'. .Beaucoup d'éléments remontent •à cet âge, Soit dans le
Psauti'er, soit dans les collections de Proverb.es_.,.qu'on~,._:peut tenir pour les plus anciennes
(Pr ro,r-22,r6; 25-29). Avant l'époque de~ pI'Qpbètes-écrivains, les divers courants entre
leSquels se partage. 1~ littérature inspirée sont _ainsi magistralement représentés.. Derx:ière
eux l'on découvre. l'activité des principaux mili:eux qui transmettaient la tradition biblique,:
les prêtres, dépositaires de la Loi et de l'histo_riographie qui en constitue le cadre; les pro-
phètes, porte-parole de Dieu ; les scribes, maitres de sagesse. La révélation n'en est pour-
tant qu'à son premier stade ; mais elle a ·pos_é des principes doctrinaux très fermes ·que les
.lges suivants ue feront qu'approfondir.

XXV
INTRODUCTION

IL L'ÂGE DES PROPHÈTES


' ·!. (
Le mouve:rnent ·prophétique' est très 3.pcien eff l_sraël. Pourtant, avant- lé yuie siècle,
on ne possède qu'un petit nombre d'orac)~ authentiques ·(2 S 7,r-17; r R n,r7) ou .de
pièces apparentées (Gn 49; Nb 23~24; Dt 33). Les disciples d'Élie et d'Élisée ont conservé
le souvenir de leur action, non la lettre·:P.-e leurs discours, si bien que nous ne ·COima:.iSSons
ceux-ci qu'à.travers ·des recensidh's sec~':nda~res, Mais à partir dti. VIIIe siècle, les·disciple's
deS prophètes, et parfois les ·pfophètes eux-mêmes/ réunissent en collèctions,1eurs disc6i..1rs,
leurs oracles et certail1s récits biographiques (notamment celui dè leur Voèation).-·LeS allu-
sions historiques que renfermerit ces textes permettent souvent de .les dater avec· une p:Cé-
cision suffisante. Il est·ainsi possible•d'établir l'histoire de cette littérature fortement erigagée
dans l'action. Les prophètes-écrivains connus par leur nom· s'étagent du vine siècle· aù ve.
Au VIIIe, en.Israël, Amos et Osée; en Juda; Isaïe et-·Mièhéè. Da:ns le dei-nier quart du vne,
Sophonie, Nahum (612), Habacuc, et surtout Jérémie dontlè ministère s'étend de 625 jus-
qu'après 587. Au v1•, ·Ézéchiel (de 593,à 571), Aggée et .Zacharie (entre 52oet 515). Au v•,
Malachie (vers 450), Abdias et probablement Joël.
Cettè sèche. énumération ne ·donne• cependant -pas une idéé Suffisante· de 1a complexité
des livres prophétiques; .En effet, les recueils authentiques dont on vient de parler se sont
accrus au cours des temps grâce à l'apport de disciples, de continU:atetirs, de glossateurs·
inspirés. Mêthe celui de Jérémie, à la composition duquel-Baruch eut ·certainement Une ·gr~nde
part (cf Jr 36), renferme des pièces plus tardives (Jr 50-5r); pareillement ceux d'Amos
(9,n-15); de Michée (7,8-20), voire d'Ézéchiel (Ez 38-39 ?). La seconde partie"de Zacharie
(Za 9-r4) semble être une addition anonyme du temps d'Alexandre le Grand (vers 330).
Quant au Livre d'.Jsaïe, on y discerne-tant .de mains et de· contextes historiques différents
qu'il est, dans son état actuel, une véritable somme de doctrine prophétique .. Outre les gloses
de détail, plusieurs ensembles nettement caractérisés s'y détachent : le Message de conso-
lation aux exilés (Is 40-55), .écrit entre 545 et 538; les oracles contre Babylone (r3-r4),
à peu près contemporains ;la petite apocalypse (34-35), qui peut dater des premiers retours
en Palestine; les chapitres 5 ~ . qui .ont pour_ cadre le dernier qüait ·du vie siècle; la
grande apocalypse (24-27),, dont la date est diversement appréciée (entre 485 et le
m• siècle): Il est entendu que l'attention apportée ici à l'origine exacte des pièces recueillies
sous· des noms connus n'a pas seulement pour but: de trancher des problèmes· d'3.U:thenti-
cité littéraire. Respectant pleinemènt l'inspiration des textes, -elle' 'vise à ·mieux appréCieI'
leur valeur doctrinale en fonction ·des problèmes concrets auxquels leS prophètes ·anOnyines
devaient faire face.
Si les prophètes sont personnellemènt dépositaires de la Parole de Dieu, qu'ils ont'
charge de transmettre à leurs contemporains, il ne faut cependant pas se les représenter
comme:des isolés. D'une .part, le peuple- de Dieu vit son drame; d'autre part 'les' courants·
littéraires inaugurés- à la période précédente se développent en bénéficiant de l'apport pro-
phétique. On évoquait plus haut les rédactions anciennes de la Loi mosaïque, centre du
droit coutumier, et les premiers recueils de traditions. Aux vnre et ·viJ: 8 siècles; la révision
de cette législation qui aboutit au Code deutéronomique (Dt 12-28) a probablemerit pour
point de départ la tradition juridique des sanctuaires du nord, qu'elle reprend en l'adaptant

xxvi
HISTOIRE LITTÉRAIRE- DE LA BIBLE

aux besoins du temps; or elle présente d'incontestables affinités d'esprit avec un Osée et
un Jérémie. Elle devient d'ailleurs le centre de toute une littérature religieuse qui en
orchestre les thèmes : sermons sacerdotaux de Dt 1-r1 ; ouvrages d'histoirè sainte qui
recouvrent la période de la conquête à l'exil Uosué, juges, r-2 Samuel, r-2 Rois), englo-
bant les matériaux puisés dans les anciennes, sources. AveC. ces œuvres, · on atteint la fin
de la monarchie et la période ·de l'exil. Or à cette même époque, le sacerdoce de Jérusalem
se préoccupe, lui aussi, de donner une forme littéraire à ses coutumes, ses rites, son droit.
Le Code de sainteté (Lv 17-26), qui fait pendant au code deutéronomique et présente une
grande parenté avec Ézéchiel, pourrait avoir été rédigé vers la fin du vu• siècle. Autour
de lui s'agglomère ensuite le gros de la législation religieuse recueillie dans Ex, Lv et Nb,
dans le cadre d'une histoire sainte sacerdotale fondée sur les traditions déjà exploitées par les
scribes yahvistes et élohistes. Parallèlement à èe travail, la tradition sapientielle cultivée
par les scribes de la cour s'enrichit de maximes nouvelles où l'on reconnaît sans peine la
doctrine morale des prophètes ; le lyrisme cultuel porte aussi les traces de leur influence.
Lorsqu'à l'époque de l'exil les Juifs déportés recueillent tout ce legs littéraire des siècles
passés, pour que survivent non.seulement la nation mais la religion qui lui est liée>c'est
déjà toute une Bible qu'ils ont en main. Aussi. bien le développement ultérieur de la litté-
rature inspirée se fera-t-il au contact de cette Bible, dont il subira profondément J'ems
preinte.

III. L'ÂGE DES SCRIBES

Le courant prophétique, représenté jusqu'à l'exil par des hommes· d'action, s'efface
peu à peu durant les deux ·premiers siècles du Judaïsme reconstitué. On est ·alors à l'àg~
des scribes. Prêtres ou laïcs, c'est au service de la Parole de Dieu qu'ils mettent leurs talents.
La tradition ancienne, sous forme orale ou écrite, constitue toujours le·- milieu vivant où
leurs œuvrès s'enracinent. Mais leurs préoccupations, leurs hâ.bitudes d'esprit, leurs méthodes
de composition, SOnt·marquées par une dépendance notable· vis--à-vis de leurs prédécesseurs.·
La période perse (520--330) puis le début de la période grecque (330-175) demeurent obscures
pour l'historien-qui cherche- à les reconstituer en détail; mais elles n'en sont pas moins
fécondes au point de vue. littéraire.
Le travail des scribes sacerdotaux doit ·être• menti~nné en, premier lieu. Réunissant
dans un seul e-0rpus tous les matériaux législatifs et les traditions qui les accompagnent,
ils donnent à la Torah sa forme définitive, qu'a conservée notre Pentateuque. On soupçonne
que cette fixation de la Loi doit être en rapport,avec ll<1ctivité d'Esdras (447, 427 ou 397).
De même, le recueil des Prophetae P,iores, de,Josué aux, Rois, ne variera plus: Ceux des
Prophetae posteriores (Is, Jr, Ez et les recueils moindres) ne. recevront que des additions
mineures, parfois de simples gloses d'éditeurs'l':Mais de nouvelles formes littéraires prennent
maintenant leur-essor. ·Le récit didactique'- ·c:oi:istruit essentiellement·en vue des leçons reli-
gieuses qui s'en dégagent, s'acclimate en Israël, 'témoins les livres de Jonas et de Ruth
(v• siècle), développés à partir de traditions invérifiables. Œuvrant dans· un esprit semblable,
mais .utilisant des sources historiques plus solides, le Chroniste (sans doute au m• siècle)
refait le récit complet des antiquités israélites jusqu'à Néhémie et Esdras (r'-2 Chr, Ne,

XXVII
lNTRODUCl'lON

Esd) : .·sous la narration, la théologie est toujours présente, imposant une certaine présen-
tation des faits.• '
Toutefois, c'est surtout la littérature de sagesse qui connaît après l"exil un succès
grandissant. Orientée vers la réflexion, P"!tique sur la vie, elle élargit peu à peu le champ
de ses investigations jusqu'à· aborder des:',_problèmes doctrinaux difficiles : celui de ·l1exis-
tence. et celui de_ la rétributio~. Les livres anciens lui fournissent sur ce::; points des bases
de solution qui sont traditionnelles ;,:m~ elle ose parfois les critiquer et les dépasser. Le
recueil des Proverbes, préfacé pàt son éditeur dans un style assez nouveau (Pr 1-g), est
au point de départ du courant (v• siècle). Il est suivi par le livre de Job (v• ou xv• siècle),
!'Ecclésiaste (1v• ou iu• siècle), le récit didactique de Tobie (m• siècle), le Si,acide (édité
vers 18o). On n'est pas étonné"de constater l'influence du même courant dans le Psautier,
011 plusieurs pièces tardives traitent de problèmes de sagesse (Ps 37; 73; u2, par exemple)
ou font l'éloge de la Loi divine qui est pour l'homme la source de la vraie sagesse (Ps 1;
19; n9). C'.est que les ghildes de chantres qui ont donné au recueil sa forme finale vivent
dans une ambiance dont les principales_ composantes sont l_e culte dll temple et la médita-
t,ion des Écritures. Anciens ou nouveaux, les psaumes canoniques -font écho à tous les ·cou-
rants de la littérature:sacrée, à toutes les expériences historiques d'Israël, à tous les aspects
de l'âme juive dont ils sont le parfait miroir. Tous les éléments essentiels de la révélation
divine s'y retrouvent ainsi, au point de départ de la prière inspirée.

IV. Au ·fER.ME DE L''ANCIEN TESTAMENT

Avec. la _crise de l'époque maccabéenne, l'AT .atteint son dernier tournant. La pro-
phétie. ·s'y fait entendre un.e dernière fois, mais sous une forme no.Uvelle : l'apocalypse. C'est
en effet ce genre littéraire qu'emploie ,l'auteur du livre de Daniel (vers 165) pour livrer son
qiessage de consolation aux Juifs persécutés, non sans joindre aux visions eschatologiques
gui. traduisent ses promesses (Dn 2; 7--12) plusieurs récits didactiques qui en appuient les
leçons (1; 3-5; 13~14). Le Judaïsme du temps a d'ailleurs le goût des récits dé cette sorte:
celui d' Esther présente une -délivrance typique du peuple de Dieu ; celui de Jud#h magnifie
une résistance religiemie et guerrière qui pourrait faire.écho à la révolte des.Maccabées. La
persécution d'Antiochus Épiphane, puis la .guerre sainte qui la.suit 1 sont d1 ailleurs connues
par des sources_. postérieures de peu aux événements : les deux· Livres des Maccabées,
influencés à des titres, diyers. par l'historiographie grecque. Si l'on- :ajoute à, ces livres celui
de Baruch, qui rassemble-' des ·pièces diverses., et· la Stige'sse de ~Salomon, éctite en grec à
Alexandrie au 1er·siècle âvant notre ère, on arrive·au terme des Ecritures reconnues comme
inspirées par le Judaïsm.e alexandrin et, à sa suite, ·par l'Église apostolique. • .
Désormais, .c'est en marge dela Bible que la littératu,:e religieuse des Juifs va: se déve-
lopper~ témoin 'du progrè_s doctrinal qui S'effectue -encore dans là. tradition vivante; mais
souyent gauç:hie par l'esprit particulier des sec.tes aûxquelles ses auteurs··ou:·:compilateurs
se rattachent. Le groupe artificiel des Apocryphes présente des affinités diverses, soit avec
le courant essénien (Hénoch, les Jubilés, les Testaments des XIl Patriarches, /'.Assomption
de Moïse), soit avec le pharisaïsme (PsauméS de Salomon, TV• Livre d'Esdras, Apocalypse
de _Baruch) .. Les productions proprement· esséniennes nous sont maintenant accessibles

XXVJJI
HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA BIBLÈ

grâce aux manuscrits de Qumrân '(Règles de la secte, Doc11ment de Damas, commentaires


d'Écriture). Le Judaïsme alexandrin, outre sa traduction grecque de la Bible ·(septante),
possède toute une littérature que domine l'œuvre du philosophe Philon. Enfin les compi-
lations rabbiniques, effectuées à partir du ne siècle sous l'égide des .docteurs ·pharisiens,
ont recueilli -une, tradition d'·origine beaucoup .plus ancienne (Mishna, recueil de jurispru-
dence dont les commentaires-forment·les Talmu,ds; lv.lidrashùn, ou explications des textes
scripturaires.; Targums, o.u interprétàtions araméennes des ·mêmes textes). Si ces œuvres
ne nous intéressent plus comme textes sacrés, ils représentent à tout le moins le ·milieu
viyant rlans lequel est ~clm; le·NT;
.
LE NOUVEAU TESTAMENT
' . ' '

Jésus n'a ,rien.écrit. C'est àJa mémoire vivante de ses disciples qu'il a confié à.la fois
ses enseignements et le squvenir des éVénements ,qui réalisèrent. notre salut. A la source de
1a littérature canonique .du NT; il ne faut jamais oublier l'existence de cette tradition orale,
non point livrée aux initiatives anarchiques -d'une communauté. anonyme, mais structurée
dès le début par le témoignage de ceux que Jésus avait chargés de transmettre son mes-
sage. Tous les écrits de l'époque apostolique en dérivent de quelque manière. Le dévelop-
pement littéraire du NT s'est effectué dans un laps de temps beaucoup plus court que ce
ne fut le cas ponr l' AT : deux tiers de siècle peut-être. On y remarque néanmoins une variété
notable, qui ne -correspond. pas eX:actement aux classifiCations·logiques de nos Bibles.

J. LES ÉVANGILES SYNOPTIQUES ET LES ACTES DES APÔTRES

Les plus anciens documents chrétiens .que nrius possédions sont des épîtres ,apostoliques.
Mais ces épîtres supposent l'existence d'une tradition évangélique préalable, celle-là même
qui a finalement pris forme. dans les trois premiers évangiles d'une part, daris· l'évangile
johannique d'autre p·art. Une traditiori attestée dès le ne siècle assure que le premier recueil
évangélique fut composé par Matthieu « .en langue hébraïque , (pratiquement, en araméen).
Mais nous n'avons plus cette. œuvre en mains. Nous· p0Ul{_Ons s~ulement. en soupçonner la
présence à l'arrière-plan des trois Synoptiques. La èomniunauté cl)'l:étienne de .Jérusalem
ayant d'ailleurs été bilingue très tôt (Ac 6), c'est sous une double forme, araméenne et
grecque, que les matériaux de, l'Évangile ont dÛt,·s.'y transmettre. Les discours des Actes
(2,22-39; 3,12,26; 4,9,12; 5,29-32; ro,34°43; r3ir'6-4I) nous fournissent une présentation
archaïque. de la prédication apostolique qui nous -documente· sur un point important : le
cadre général dans lequel les matériaux étaiertt groupés pour présenter la personne de
Jésus, auteur de notre salut, ,· ·i ·· · , ,, .
Ce cadre schématique commande le dérouiement de l'évangile de Ma,c. Fais~nt écho
à la prédication de Pierre, celui-ci peut avoir été rédigé entre 65 et 70 sur la base d'une
documentation bien plus ancien:tle, L'œuvre de ,Luc a dû voir ..le jour dans la décade sui-
vante. ,Elle déborde largement les limites de celle de Marc, car elle comporte deux livres :

XXIX
lNTRODUCTION

d'un côté, l'évangile présente le Seigneur d'après les.souvenirs de ses témoins; de l'autre,
les Actes des Apdtres montrent comment Je message de salut s'est répandu depuis Jéru-
salem jusque dans le monde païen et dans Rome, sa capitale. Ces deux tomes forment on
tout, où l'intention d'enseignement théologique est plus perceptible encore que dans l'évan-
gile de Marc. L'évangile canonique de M aù}iieu a sans doute un rapport étroit avec le docu'
ment primitif attribué· au même auteur par la tradition ari.cienne. Mais c'en est 'pour· le
moins la refonte amplifiée, parallèle-::alli'travail de Luc quant à la date et à l'intention
didactique, :1 · ·
La façon dont les évangiles ont pris forme invite donc à les étudier à deux niveaux
différents : celui de leur rédaction finale, où la présentation des faits, la sélection et la for-
mulation des paroles de Jésus: sont commandées par la .perspective doctrinale propre à
chaque auteur ; celui de la tradition apostolique où ce dernier a puisé ses matériaux, sou-
vent fixés littérairement bien avant qu'il ne les ·recueille. Dès ce premier niveau, la réflexion
théologique est présente, car le témoignage apostolique n'est pas une description désinté-
ressée du passé. Adaptant. sa formulation aux besoins spirituels de la communauté chré-
tienne et remplissant une fonction essentielle dans la vie de l'Église, il vise avant tout à
nourrir la foi, en mettant en lumière le mystère du salut révélé dans les paroles et les actes
de Jésus, réalisé dans sa vie, sa mort et sa résu~ction.

Il. LES ÉPÎTRES APOSTOLIQUES

La tradition évangélique, orale ou partiellement écrite, préexiste donc aux autres


écrits que nous a légués l'époque apostolique : les épîtres. Celles-ci ne sont pas des exposés
de théologie abstraite et systématique. Ce sont des écrits de circonstance, profondément
engagés dans l'action pastorale des Apôtres .et de leurs disciples .immédiats.
Un premier bloc est constitué par les épîtres pauliniennes, pour lesquelles les Actes des
Apôtres fournissent un cadre historique très précieux. Elles jalonnent l'apostolat de saint
Paul en terre païenne. Au coùrs du second voyage missionnaire : les épîtres aux Thessalo-
niciens (SI). Au cours du voyage suivant : l'épître aux Philippiens (vers 56; selon d'autres
vers 6r-63), J'épltre aux Galates et les épitres aux Corinthiens (57), l'épitre aux Romains
(57-58). Durant la captivité romaine (fü,63) : les épîtres aux Colossiens, à Philémon et aux
Éphésiens. Restent les épîtres « pastorales », dont les Actes ne font pas connaître le cadre.
La dernière activité ,missionnaire-de ·Paul se .reflète eri I Tm :et Tt;· mais 2· Tm suppose
une nouvelle captivité, préparatoire au martyre. Ces trois documents- posent: d'ailleurs un
problème littéraire délicat : ils supposent au moins l'emploi d'un secrétaire, qui y a imprimé
la marque de son style tout en dépendant de la pensée paulinienne. Le cas de l'épître aux
Hébreux est diflérerit. Si la tradition ancienne l'a toujours rattachée au corpus paulinien,
son. rédacteur a une personnalité littéraire et une originalité de pensée qui tranchent nette-
ment sur celles de Paul et manifestent ses origines alexandrines. Le document doit ce·pen-
dant être antérieur à 70, car il paraît ignorer la ruine de Jérusalem et la fin du culte du
temple.
Le bloc des épitres catholiques est beaucoup plus hétéroclite. Pour la 1re épître de Pierre,'
le rédacteur s'est, désigné lui-même : c'est Silvain, ou Silas, ancien compagnon de Paul

XXX
HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA BIBLE

(1 P 5,12). Son cadre est celui de la persécntion de Néron, où Pierre trouva la mort. L'épître
de Jacques se rattache au c< frère du Seigneur )> qui présida après 44 aux destinées de là com-
munauté de Jérusalem ; son allure est celle d'un recueil de morceaux homilétiques. L'épître
de Jude lutte déjà contre l'influence de faux docteurs qui corrompent la foi chrétienne ;
elle peut avoir pour cadre les anrl:ées 70-90. La / Je épître de Pierre util.i.se celle de Jude, et
son rédacteur regarde d~assez loin l'époque apostolique; le témoignage de Pierre n'y résonne
donc que de façon médiate, à travers la composition d'un disciple. ·

III. LES ÉCRITS JOHANNIQUES

Il faut enfin grouper ensemble les écrits qui se rattachent à la tradition de l'apôtre
J~n. L'Apocalypse paraît être la plus ancienne œuvre de ce groupe; mais elle a pu avoir
plusieurs éditions progressivement enrichies, l'une après 70, l'autrè vers 95, durant la per-
sécution de Domitien. Elle relève d'un genre inauguré par le livre de Daniel et représenté
occasionnellement dans les autres écrits du NT : évangiles (Mc 13 p) et épitres pauliniennes
(1 Th 5; 2 Th r; Co 15). Si la TI• et la III• épître dejean ne sont que de courts billets, la
1•• épître a l'allure d'une collection homilétique où la pensée théologique, très ori-
ginale, revêt une forme de frappe net.tement sémitique. Le même style reparait dans
le IV" évangile, qui a dft être prêché avant d'être recueilli dans un livre. Les témoignages
anciens (11• et m• siècle) lui assignent pour date l'extrême fin du 1•• siècle. On ne s'étonne
donc pas que les p~roleS de Jésus et les souvenirs de sa vie n'y soient pas livrés sous forme
brute, mais dans une élaboration très poussée où la théologie de l'auteur s'incorpore aux
matériaux présentés par lui. Sa longue méditation du message et du mystère du Christ !\Ji
a permis de mettre en lumière la signification profonde des faits qu'il rapporte et les réso-
nances secrètes des paroles qu'il reproduit. Les différences de langue et de style relevées
entre tous les écrits qui dérivent de la tradition johannique font penser que le'ur édition
finale doit provenir des disciples de Jean.

Ainsi le NT recueille-t-il le témoignage apostolique pour que l'Église puisse en béné-


ficier dans tous les siècles. Porteurs de)a révélation qu'ils ont reçue du Christ et comprise
grâce à !'Esprit-Saint, les Apôtres l'ont confiée d'abord à la mémoire vivante des commu-
nautés chrétiennes, Ce legs s'est transmis fidèlement dans les églises par le canal de la litur-
gie, de la prédication, de la catéchèse, dont les formes ët le contenu se sont rapidement
stéréotypés. L'Église des siècles suivants a conse,vé ce cadre général en développant ses
données essentielles. Mais déjà, _à partir de ,lui; des, écrits inspirés étaient venus, dès
l'âge apostolique, fixer pour jamais les lignes rnâitJessê~ du témoignage, donnant à la tra-
dition vivante une norme dont elle ne s'écarte~ait jamais.
PG

XXXI
AARON ABEL

A

chez les Esséniens du ten:ips de Jésus, on n'at-
tend pas seulement un •Messie-roi fils çle David,
mais surtout le Messie d 'Aaron, Messie-prêtre sou-
AAR()N verain. · ·

2. _De 'tout le NT~ semle l'Épître aux Hébreu:1


r. C'est lentement, au cours des siècles, que s'est parle d'Aaron. Elle retient' deux aspects de cette
stylisée la ftgut'e de l' anc6tre de la classe sacerdo- figure e,,;;traordinaire. Le Christ ne s'est pas arrcigé_
tale (Lv 1,5), de la« maison d'Aaron » (Ps n8,3). la fonction de Grand Prêtre miséricordieux,
Selon les anciennes traditions, Aaron, « le lévite » mais a été « cOmme Aaron appejé par Dieu »' (He
(Ex 4,14), frère de Myriam (r5,-20), est 1e'porte- 5,2:-5;_,cf Ex 2.8,1; Nb 18,1). D'àutre part, le sacer-
parole de *Moïse (4, 14-r7) auprès des Israélites doce· d'Aaroh, transmis par héritage, n'annonce
(1-.27-31) ou même _du pharaon (5,r-5). Il soutient pas celui du Christ, à la différence du sacerdoce
son frère dans ·la bataille contre les Amalécites de Melchisédech dont on ne peut tracer la généa-
(17,ro-r3) et l'acètJmpagne sur le _Sinai (19,24) Où logie (He 7,3:.15-21). ·Enfin le ·saèerdoce d'Aaron
il est admis à a *voir Dieu» (24,10-Ii:). Sa mémoire ne peut prétendre à la *perfection qui caractérise
n'est pas exeinpte de fautes : il a eu une' grande celui du Christ' (7,11.23-27). XLD
responsabilité. dans ',l'affaire du veau· d'or .(Ex 32;
cf Ac 7,40) et ,s'est révolté coritre Moïse (N;b 12, _. Messie AT II ~ ~- onction III 3 - sacerdoce AT
1-15). . ' I 3.4; NT I 3 - vocation I.
Plus ·tard, selon la tradition sacerdotale, pro-
bablement eri écho des conflits qui opposèrent ABANDON_. confiance·- déception III - foi -
les castes •sacerdotales dans la périOde du second Providence - · sommeil I 1 - tristesse NT 1.
temple, _Aaron devient le spécialiste des' questions
religiellses, l'éponyme de la caste des.« fils d'Aa- ABBA _. adoration II 3 - cœur II 2 b - Dieu NT
ron » (Ex 28,1; cf LC; 1,5). On le représente *oint IV - Esprit de Dieu NT V s - fils de Dieu NT I
1 - grâce V - mission NT HI 2 - pères.& Père V r,
comme_ le Grand Prêtre (Ex 29,1-30) dont il porte VI - prièr~, IV :t, V :t d.
les vêtem_ents et dont il inaugure les gestes
(39,1-3_1). Dieu confirme 'ce privilège par un
jugement (Nb 16) et p8-r le miracle de la baguette
qui :fleurit (Nb 17,16~26) et qui dès lors, est con- ABEL
servée _dans l'arche (He 9,4). Désormais il est
associé à sOn frère Moïse-quand DieU donne ses
ordr~ (Ex 9,8-10; 12,1 ... ) ou quand le peuple '
1. Abel, le Juste. - L'histoire de Caïn et Abel
crie son mécontentement (Ex 16,2; Nb 16,3). Il . , inaugure le thème du •Juste •souffrant. Placée par
l'est aussi dans une commune •ïncrédUlité à Mériba : le narrateur dès la première. génération_, elle po.-
(Nb 20,1-21) et dans le sort qui le fait mourir . sède une valeur exemplaire et présente' concrète-
avant· d'entrer daD.S la Terre promise (20,22-29). ment l'un des traits générau.."'i.. de la condition
Aaron demeure à jamais le Grand Prêtre par excel- h_umaine, dans tous les 5-iècles de l'histoire : l'op-
lence (Si 45,6-22), l'intercesseur ad:îllirable q~i position. lateij.te. entre frères hulllains, 'pourtant
détourna· la colère _divine (Sg 18,20-25). Enfin, nés d'un principe unique (Ac 17.26); conduit à

1 2
ABEL ABRAHAM

des querelles fratricides. A l'inverse du *sacrifice tian ne constitue pas seulement la phase initiale
de Caïn, celui d'Abel est agréé de Dieu (Gn 4,4s). du *dessein de Dieu, elle en fixe déjà les orienta-
Cela tient moins à la nature de l'offrande qu'aux tions :fondamentales.
dispositions intérieures de l'offrant. En face dù
méchant, qui est rejeté, Abel représente le Justè;_
en qui Dieu se complaît. Mais le méchant guett!e, I. VOCATION D'ABRAHAM
le Juste, afin de le faire mourir (Ps 10,9-rr). C'e5t"
une loi universelle, et le *sang des justes répandu Au lieu d'une simple chronique, la Genèse pré-
depuis le début des siècles crie de la tei:re "yérs sente, sur l'existence d'Abraham, un récit reli-
Dieu et réclame justice (Gn 4,IO). ,' •; gieux où l'on trouve les marques de trois courants
de tradition : le yahviste insiste sur les bénédic-
2. Figut-e de Jésus. - Cette loi d'un monde dur tions et les promesses divines, l'élohiste sur la foi
trouvera son application suprême d~ns le cas de à toute épreuve du patriarche, la tradition sacer-
Jésus. Lui, le Saint et le Juste (Ac 3,14), se verra dotale sur l'alliance et la circoncision. Ainsi
mettre à mort par ses C()religionnaires. Crime éclairée, la figure d'Abraham apparait comme
s~1prême l Aussi bien,. 1( tout le sang des justes celle d'un homme que Dieu a attiré à lui, puis
répandu depuis·_ le sang d'Abel· le Juste jusqu'à éprouvé, en vue de faire de lui le p'ère, incroyable-
celui de Zacharie, assassiné entre le sanctuaire n:ient comblé, d'un peuple innombrable.
et l'autel», r_etombera--t-ilsur cette génération homi-
cide » (Mt 23,35s).· Cette sombre perspective ne vise r. Abraham, élu de I)ieu. - La vie _d'Abrah,am se
pas seulement le cas pa_rticulier des chefs jui:fs, déroule tout entièt:e soµs, le signe de la libre _ini-
re8pons_ables de la mort de Jésus; ellè s'."étend· au tiative de Dieu. Dieu 'intervient' le ·premier_;_ il
niond~ ·entier; puisqu'on retrouve partout. des choisit Abraham dans une' :famille qui (( servait
innOc~nts mis à mor~ : l~ur sang versé appelle la d'autres dieux » (Jas 24,2), le 11 :fait sortir )) d'Ur
*vengeance du sang (Ap 16,6; 18,24). Toutefois, .(Gn u,31) et le inène par_ ses •chemins en u_n
en :face de cette voix qui crie vengeance, _il y a pays inconnu (Hè II,~). Cette initiative est irii-
un autre sang, plus éloquent que celui d'Abel : tiative d'amour : dès le début, .Dieu manifeste
le sang purificateur··de Jésus (He 12,24}. Celui-là enyei-s Abraham une généro:;;ité_ ~ans mesure. Ses
in-dte Dieu au *pardon : 11 Père, pardonne-leur, •promesses dessinent un avenir merveilleux.
ils ne savent ce qu'ils font » (Le. 23,34). La situa- L'eXpression qui revient sans cesse est : « Je don-
tion créée par le meurtre du j\lste Abel s'est donc nerai » ; Dieu donnera à Abraham une terre
retournée en Jésus, le Juste souffrant par excel- {Gn 12,7; x3,15ss; 15,18; 17,8) ; il le comblera, le
lence. I\IaiS Abel, à l'inverse de Caïn qui repré- rendra extrêmement féCon:d (12,2; 16,10; 22,17).
sente pour nous la dramatique absence de la cha- A vrai dire, les circonstances paiaissent contr~ires
rité dans le cœur humain .{r Jn 3,12), demeure le à ces perspèctives : Abraham est un nomade,
type de la rectitude intérieure, de la foi qui con- $ar9: ri'est plus en â.ge d'av_oir des enfants. La
duit à la justice ; et c'est pour cela que, mort, il gratuité des promesses divines., n'en ressort que
parle encore (He u,4). PG IIlieux : l'avenir d'Abraham (iépend complètement
de la puissance et de la bonté de Dieu. Abrah.am
-+ frère AT l -·haine I 1.2 - sang AT 1 - ven- résume ainsi en lui Je peuple de Dieu, *élu sans
geance J - violence Il. aucun mérite-préalable. Çe qui lui est _avant tout
ABIME-+ bêtes & Bête 3·'a--:- crêation AT II 2 -
dèmandé, .c'est une :foi attentive et intrépide,_ un
eau I, II 2, - enfers & enfer - mer. accueil sans réticence accordé au dessein de Dieu.
ABNËCATION-+ Croix Il - mort NT III. 2. ·Abt'aham é.j;rouvé. -Cette.foi doit être p~rifiée
ABONDANCE-+ bénédiction - plénitude - richesse. et forti~ée par !'*épreuve. Dieu tente Abraham
en lui demandant d'offrir en sacrifice Isaac, sur
qui précisément repose la promesse ·(Gn 22,1s).
Abra,ham « ne refuse Pàs son fils,. son unique H
ABRAHAM (22,12.16) - on sait que des sacrifices d'enfants
étaient pratiqués dans les cultes ca.D.ané_ens. - ;
inais c'est Dieù qui préserve Isç.ac, en assumant
Ancêtre du_ peuple choisi, Abrahà.m occùpe unie lui-même le soin de « pourvoir à l'agneau pour
pl~e privilégiée dans l'histoire du salut. Sa *voca,- l'holo'caus~e » (22,8.13s). Ainsi :fut manifestée la

3 4
ABRAHAM ABRAHAM

profondeur de 1a .« •crainte de Dieu n f:Il Abraham forte les exilés en·les appelànt I iace d'Abraham
(22,12}. D'autre part, Dieu révélait par la même mon ami » {Is 41,8).
occasion que son dessein n'est ·pas ordonné à la Dans les temps de détresse, l~que l'existence
mort, mais à la vie. « II rie" se réjOuit pàs de la d'Israël est menacée, c'est en rappelant la voca-
perte des viVants » (~ 1,r3; cf Dt 12,3r;Jr 7,' 31). tion, d'Abraham que les ptophètès· restaùrent sa
La mort, un jour, sera vaincue; le « sacrifice confiance : (< Regardez· le roc dont vous fütes
d.'Isaac » apparaîtra alors comme une scène pro- taillés, la tranchée· dont vous êtes issus; Regardez
phétique {He rr,19; 2,14-17; cf Rm 8,32). Abraham votre père ... _.» (Is 51,IS; cf Is 29,22;
Ne 9,7s). Et pour obtenir les faveurs de Dieu, fa·
3. Abraham, pire comblé. - L'obéissance d'Abra- meilleure prière consiste à se réclamer d'Abraham :
ham aboutit à la confirmation de la promesse « Souviens-toi d'Abraham... » (Ex 32,13; Dt 9,27;
(Gn 22,16ss). dont il voit s'ébaucher la réalisa- I R 18,36) ; « Accç>de... à Abraham ta grâce ,
tion : « Yahweh -bénit Abraham - en tout D (Gn (Mi 7,20).
24,1). «.Nul ne lui-fut égal en gloire» (Si 44,19).
Il ne s'agit pas d'un bonheur individuel : la voca- 2. Filiation charnelle. - Mais il y a une mauvaise
tion d'Abraham est d'être •père. Sa •gloire est façon de se réclamer du -patriarche,,Il ne .suffit
dans sa descendance. Selon la tradition sacerdo- pas, en efiet, d'être physiquement -issus de. lui
tale, le changement de *nom (A lwam devenant pour être ses vrais héritiers;· il faut encore·se rat-
Abraham) atteste cette orientation, car le nouveau tacher à lui spirituellement. Fausse •confiance,
nom est interprété (< père de multitudes » (Gn que celle qui. ne s'acco_mpagne pas. d'une docilité
17,5). Le destin d'Abraham·doit avoir des réper- profonde à Dieu. Ézéchiel, déjà; le dit à ses con~
cussions très larges. Déjà, Dieu ne lui cachant temporains (Ez 33,24-29). Annonçant le jugement
pas ce qu'il va faire, le patriarche a pris à tâche de- Dieu, Jean-Baptiste s'attaque avec plus de
d'intercéder poui les villes condamnées (18,16- vigueur à la même illusion : « Ne vous avisez· pas
33) ; sa paternité étendra encore son· influence ; , de dire en vous-mêmes : Nous avons pour père
le rayonnement en sera universel : « Par ·ta pos- Abraham. Car je vous le dis, Dieu peut, des
térité se béniront toutes les *nations » (22,rS). pierres que voici, faire surgir des i;lnfants à Abra-
Méditant cet oracle, la tradition· juîve lui recon- ham » (Mt 3,9). Le riche égoïste de la parabole a
naitra un sens· profond : « Dieu lui promit par beau crier « Père Abraham· D, il n'obtient rien de
serment de bénir toutes les nations en sa descen- son ancêtre : par sa fauté, un abîme s'est creusé
dance , (Si 44,21; cf Gn 22,18 LXX). entre eux• (Le r6,24ss). Le xve évangile offre· la.
Ainsi donc, si les destinées de l'humariité péche- niême constatation: démasquant les projets homi-
resse furent esquissées en *Adam le pécheur, celles cides des Juifs, Jésus leur jette au visage que leur
de l'humanité sauvée le sont en Abraham le qualité d'enfants d'Abraham ne les a pas-empêchés
croyant. de deveJ?,jr en fait des fils du diable (Jn 8,37-44).
La filiation charnelle n'est rien sans la *fidélité.
IL POSTÉRITÉ o'A2RAHAM 3. Les. œutwes et la foi. - Pour que cette fidélité
soit authentique, une autre déviation doit être
I. Fidtlité de Dieu. - Avec Abraham; les pro- évitée. Au cours des âges, la tradition a célébré
messes visent· donc aussi sa postérité (Gn 13,15; les mérite& d'Abraham, son *obéissance (Ne 9,8;
Ij,7s), telle que la- définit· la prédilection divine : Si 44,20), son héroïsme (r M -2,52; _Sg 10,5-6} ;
ce n'est pas avec Ismaël que Dieu établira son continuant dans cette direction, certains courants
alliance, ni ensuite avec Ésaü, mais avec Isaac et . du judaïsme finirent par majorer cet aspect ils
Jacob (r7,15-22; 21,8-14; 27; cf Rm· 9). Dieu leur ' · .l)'l.ettaiehi toute leur confiance dans· les •œuvres
renouvelle· ses promesses (Gn 26.,3ss; · 28,13s) .et ils ,_ hu'ri:J.aines, la parfaite observance de la ·Loi, et en
les transmettent comme·un héritage (28;4;,48,r5s; venaiellt à oublier que l'essentiel est· de faire fond
50,24). Lorsque les descendants d'Abraham sont'.<; sur Dieu.
opprimés en Égypte, Dieu prête l'oreille à• leur . Combattue déjà dans· 1a. parabole du· Pharisieµ.
gémissement, car il «· se .souyient de ·son alliance et' du Publicain (Le. 18,9-14), . cette prétention
avec Abraham, Isaac et Jacob » (Ex 2;23Ss; cf orgueilleuse se voit complètement.démanteler par
Dt 1,8),. « Se rappelant sa parole sacrée ·envers Paul. Celui-ci s'appuie sur Gn 15,6 : « Abraham
Abraham son serviteur, il fit sortir son peuple crut en Dieu qui le lui compta comme justice » ,
dans l'allégresse » (Ps rn5,42s). Plus tard, il récon- pour démontrer que c'~st la *foi et non les œuvres

5 6
ABRAHAM ACCOMPLIR

qui . constitue le fondement du salut (Ga 3,6; ABSENCE ~ adieux - enfers· & enfer ,NT III -
Rm 4,3). L'homme n'a pas à se glorifier, car tou~ présence de Dieu - silence- 1,
lui vient de Dieu « à titre gracieux. i (Rm 3,27;
A~STINENCE-+ jeûne - vin I 2.
4,1-4). Aucune œuvre ne précède la faveur de;,
Dieu, toutes .en sont le fruit. Reste que ce fruit-._ ACCLAMATION~ amen I - bénédiction II 3 -
ne doit pas manquer (Ga 5,6; cf r Co 15;ro), confession NT 1 - louange.
comme·il n'a pas manqué dans la vie d'Abraham;',
c'est ce que fait remarquer Jacques, à propos du
même texte (Je 2,20-24; cf He n,8-19).
ACCOMPLIR
4. L'unique postirité. - Quelle est donc, en dé:fi.-
nitive,.la vraie postérité d'Abraham? C'est *Jésus-
Christ, le fils d'.Abraham (Mt 1,1), qµi est pour- Projets avortés et décisions mal tenues jalonnent
tant plus grand qu'Abraham (Jn 8,53). Parmi les nos vies, marques de la faiblesse et de l'incons•
descendants du patriarche, il est même le seul à tance humaines. Le Dieu .tout-puissant et fidèle,
qui revienne en plénitude !'*héritage de la pro- lui, ne se satisfait pas d'œuvres inachevées : la
messe : il est la descendance pai- excellence (Ga_ Bible.tout entière témoigne de l'accomplissement
3,r6). C'est bien vers l'avènement de Jésus que, de ses desseins.
de par sa vocation, Abraham était tendu, et sa Accomplir dit plus que faire ; les termes que le
*joie fut de percevoir ce *jour à travers les béné- mot traduit évoquent l'idée de *plénitude (hb.
dictions de sa propre existence (Jn 8,56; cf-Le mali; gr. plèroun), ou celle d'achèvement (hb,
1,54s.73). kalah; gr. teleïn) et de .*perfection (hb. tamm;
Loin. d'être une restriction, cette concentration gr. tekïoun). On accomplit une œuvre commencée
de la promesse sur un descendant unique est la (r R 7,22; Ac 14,26), c'est-à·dire qu'on la mène
condition du véritable universalisme, défini lui à bonne fin. On accomplit une parole, comman-
aussi selon le dessein de Dieu {Ga 4,21-31; Rm dement, *promesse ou •serment : la parole est
9-n). Tous ceux qui croient au Christ, circoncis comme un moule en creux, où la réalité doit venir
ou incirconcis, Israélites ou Gentils, peuvent avoir se couler; elle est la première étape d'une acti•
part aux *bénédictions d'Abraham {Ga 3,14). Leur vité, qui doit se poursuivre .et atteindre son- but.
*foi fait d'eux la descendance spirituelle de celui
qui a.cru :et est désormais «-le père de tous les
croyants.» (Rm 4,ns). «. Tous vous ne ,faites qu'un AT
dans le Christ Jésus. Mais si vous appartenez au
Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham, PERSPECTIVES D'ACCOMPLISSEMENT
héritiers selon la promesse » (Ga 3,28sj.-
Tel est le couronnement de la révélation biblique, r. Parole de Dieu et Loi. - Plus que toute autre
conduite à son terme par !'Esprit de Dieu. C'est parole, la *parole de Dieu tend à s'accomplir :
aussi le dernier mot sur cette « grande récompense )1 • La parole qui sort de ma bouche ne me revient
(Gn 15,1), annoncée au Patriarche : sa paternité pas sans résultat )1 (Is 55,n). Dieu • ne parle pas
!l'étend à tous les élus du ciel. La patrie définitive en vain D (Ez 6,zo). Sa *Loi, ses ordres exigent
des croyants est« le sein d'Abraham i (Le 16,22), l'obéissance {Ex. 20 ... ) et finalement l'obtien-
où la liturgie des défunts .,souhaite aux â.mes de dront (Dt 4,30s; 30,6ss; Ez 36,27).
parvenir. RF & A V
2. Prophéties. - Les •prophéties divines tôt ou
- amour I AT 1 - bénédiction III 2, IV o - cir- tard. se réalisent : « J'avais révélé depuis· long-
concision AT 2; NT 1 - élection AT I 2. 3 ab; N'f temps ... soudain j'ai agi, .et c'est arrivé» (Is 48,3;
III - épreuve/tentation AT I I - espérance AT I -,- cf Za z,6; Ez,12,21-28). L'accomplissement est la
foi O - génération - Hébreu - héritage AT I 2 - marque de Dieu, qui garantit la vocation d'un
justice B I AT -. justification I - médiateur I t - prophète et l'authenticité de son message (Dt
Melchisédech 1 - Pères & Père I 2, II 1.2 - peuple
A II 1 ; B II I ; C II - Pierre (saint) 3 a - promesses 18,22). L'AT constate plus d'une fois que, de fait,
II ·1 - vocation I. tel ·événement s'est. produit I pour accomplir la
parole de Yahweh » transmise par un prophète.
ABRI - confiance ~ maison· - montagne - ombre Ainsi sont présentés le maintien de la lignée de
II - rocher 1. David et la construction du temple (z R 8,24),

8
ACCOMPLIR ACCOMPLIR

le départ en exil et le retour pour la reconstruc- qui était prévu. En vérité, la loi même des accom-
tion du temple (2 Ch 36,2Iss; Esd 1,1s). Ces réa- plissements divins est qu'ils dépassent tout ce
lisatiOns passées sont le gage des accomplisse- qu'on pouvait concevoir par avance. Il en résulte
ments à venir. que ·l'accomplissement de l'AT dans le NT ne
peut se. traduire en simples termes de correspon-
3. Les temps s'aecomplissent. - Si soudain qu'il ,dance èt de continuité, mais inclut en même
soit parfois, l'accomplissement ne se produit pas temps des différences et des ruptures, èxigées pour
au hasard; mais « en son temps » (Le 1,20), à la fin le passage à un· niveau supérieur. Ce triple t'ap-
d'une. sorte de gestation. Pour qu'une parole se poYt (ressemblance, différence,· supériorité) est par-
réalise, il faut que « le temps en soit accompli » ticulièr!fillent -mis en lumière .par l'auteur de He,
(vg Jr 25,I2), _et pour que le >lrèdessein de Dieu tout lorsqu'il compare Moïse et le Christ (He 3,1-6), le
entier s'achève, il faudra que soit arrivée la plé- sacerdoce ancien et- le sàCerdoce du Christ (5,1-
nitude des temps (Ep 1,10: Ga 4,4; cf Mc 1,15). 10; 7,II-28),, le cÜlte ancien et le sacrifice du
Christ (9,I-14), etc., mais la -même conception
sous-tend néce5sairement .tout le NT : la réalisa-
NT tion dernière est 'elle-même révélation; en inté-
« C'EST ACHEVÉ » grant les paroles anciennes dans Une synthè!e
jusque-là imprévisible, elle leur confère une nou-
En effet, le temps par excellence de l'accomplis- velle plénitude de sens. C'est ainsi que *Jésus-
sement est. celui du NT. Les évangélistes, Mat- . Christ est bien le succes~ur promis à David (2 -S
thieu surtout, s'attachent à nous en ccinvaincre. 7,I2s; Le I,32s), mais son règne n'est pas de ce
monde (Jn I8,36s), car en sa. personne se vérifie
I. Prophéties, ..L La formule· « pour que soit à la fois la prophétie du *Serviteur qui meurt
accompli ce qui" avait été dit ,par... » revient dix humilié (Is 53; 1 P 2,24s) et celle . du *Fils de
fois chez Mt; pour la conception virginale et la l'Ho~me céleste (Dn 7,:t3s; Mc I4,62), Seigneur
fuite en Égypte, pour la guérison des malades, triomphant (Ps no; Mt 26,64). Par lui un-temple
l'enseignement .en paraboles, l'entrée triomphale nouveau est bâti où affluent les · richesses des
à Jérusalem, les deniers de Judas ... Des formules païens {Ag 2,6~9; Is 60,7.I3), mais c'est un temple
analogues se rencontrent dans les autres évan- « non fait de main d'homme » (Mc I4·,58), son
giles. Ces notations de détail visent à nous faire corps ressuscité (Jn 2,2I), dont- nous devenons
comprendre que tout l' AT était orienté vers la les membres (I Co 12,:27). La façon parfois.décon-
révélation de Jésus; les accomplissements qui y certante dont les écrits de l' AT sont utilisés par
étaient soulignés n'étaient qu'une lente prépara- le NT trouve souvent là son explication : les auteurs
tion à la pleine réalisation du dessein de Dieu se préoccupent moins du contexte pri_mitif de cha-
dans l'existence terrestrè de Jésus. cune des paroles que de ce nouveau contexte fixé
Dans cette existence même, tous les accomplis-- par Dieu lui~même au moyen des faits.
sements ne se situent pas au m'!:me niveau. L'un
d'entre eux, et un seul, est désigné comme un 2. La Loi, - La parole de Dieu n'est pas seule-
, achèvement » : c'est .Ja mort de Jésus en croix. ment. promesse, elle est aussi exigence. Dans le
Dans la formule de Jn Ig,28 « pour que soit Discours sur la montagne, parlant de la *Loi,
accomplie l'Écriture », le verbe teleïoun remplace Jésus pI'()Olame qu'.il n'est « pas venu· abolir, mais
l'habituel plèroun, et le contexte insiste par la accomplir 1) (Mt 5,I7). .
répétition du « ·C'est achevé » (19,30). Le n'emploie , Le contexte nous donne à entendre que loin de
ce dernier verbe qu'en référence avec la Passion · supprime,: la loi mosaïque, Jésus en approfondit
(Le 12,50; 18,3I; 22,37), et, selon l'épître aux .-les.\:préëeytes : il pousse l'exigence jusqu'à l'inten-
Hébreux, c'est par sa .Passion que Jésus a été ·.• 'lion et au désir secret. Mais surtout il renouvelle
accompli, mené au tetme (He :2,rn; 5,8s). . la Loi, la rend « parfaite » (Je I,25), en révélant
Tous les· accomplissements de l'histoire sainte :· pleinement l'exigence centrale, qui· donne la clef
sont donc orientés vers la venue du Christ, et, de toutes les autres, le commandement d,'*amour.
dans la. vie du Christ, tous les accomplissements Là-se retrouvent la Loi et les Prophètes, résumés
de !'Écriture culminent en son *sacrifice; c'est et élevés à leut *perfectiori (Mt 7,I2; 22,40).
ainsi II qu'en lui toutes les *promesses de Dieu Pour « accomplir la Loi 1>, Jésus ne se contente
ont eu leur oui » (2 Co I,20). d'ailleurs pas de promulguer son commandement;
Cet accomplissement fait plus que réaliser ce lui à qui« il convient d'accomplir toute-*justice »

9 10
ACCOMPLIR ACTION DE GRÂCES

(Mt 3,15), il réalise lui~même, en sa personne et


en celle des- croyants, tout ce qu'il exige_: son
sacrifice est le sommet de .l'amour (Jn 15,13)- et
il en· est aussi la-source; 11 anivé à l'accompliss~ ACTION DE GRÂCES
ment » ·(He 5,9), le Christ a 9,u même coup « menf
à l'accomplissement. ceux qu'il sanctifie » (He.,
10,14; cf Jn 17,4.23}. · ' La réalité première de l'histoire biblique est· le
Un pareil accomplissement de·•-1a Loi anci~e *don de Dieu, gratuit, surabondant, sans retour.
peut sans paradoxe être présenté co·mme sori::afuy-, La· rencontre de Dieu ·ne met" pas seulement
gation. Quand arrive ·ce qui est parfait,~ ce qui-est l'homme en présen~ de !'Absolu; .elle le comble
partiel prend fin (cf i: Co 13,10). C'est le point et transforme sa viè. L'action de grâces apparaît
de vue· dè Paul: D'une part. la chàrité qui résume comme la réponse à. cette •grll.ce progressive .et
la Loi la ·doriline et l'informe, supprimant de ce continueJle qui.s'épanouira un jour dans le Christ.
fait. l'asservissement aux prescriptions. • Celui qui A la fois prise de conscience des dons de Dieu,
aime autrui· a accompli la Loi » . (Rm 13,8; cf élan très pur de l'âme saisie d'émerveillement par
Rm 13,10; Ga 5,14). D'autre part, l'esprit léga- cette générosité, reconnaissance joyeuse devant la
liste est sapé à la base ; l'homme ne peut plus grandeur divine, l'action de grâces est essentielle
prétendre se forger Sa perfection en accomplissant dans la Bible, parce qu'elle _est une réaction reli-
la loi. « Pour· que la justice de la- Loi s'accomplit gieuse fondamentale de la créature découvrant,
en nous ,., .il a- fallu que Dieu nous· envoie son dans un tremblement de *joie et de vénération,
Fils (Rm 8,3s) et que par son· Fils nous recevions quelque chose de- *Dieu, de sa· grandeur et de sa
l'Esprit, De ce fait, « nous ne sommes plus sous •gloire. Le péché capital des païens, selon Paul,
la Loi, mais sous la *grâce » {6,15). est de (< n'avoir rehdu à Dieu ni gloire· ni action
La réalisation d'œuvres reste exigée par le de grâces» (Rm 1,21). Et de fait; dans-la·masse
dynamisme même de. la grâce {Col 1,10s) ..Dans des hymnes ·créés par la piété mésopo~ienne,
les •œuvres, la-•foi' s'accomplit (Je 2,22; cf Ga 5,6), l'action de grâces est exceptionnelle, alors qu'.elle
et de même l'amour de Dieu (1 Jn 2,s; 4,12). · est fréquente ·dans la Bible et qu'elle y suscite cles
·Mais.ces réalisations se situent aux antipodes du élatlS puissants:
légalisme combattu par Paul : il ne s'agit plus
d'un échafaudage humain, il -s'agit d'une •fécon- AT
dité divine (Ga 5,22s; Jn 15,5).
1. De l'une à l'autre alliance. - L'action de grâces
3 •. Fin des temps. -L'œuvre accomplie à Ja croix de l'AT annonce celle du NT dans la mesure où
du Christ se déploie de la sorte dans le temps, elle est toujours, en même temps que reèonnaisw
jusqu'à ce que vienne ,., la fin du monde » annon- sauce, tensîon vers l'avenir et vers une gd.ce plus
cée par l'AT et· le NT {Mt· 24,3 p), •Jour du haute. D'autre part, à. l'heure , de. la Nouvelle
Seigneur qui sera la manifestation plénière de Alliance, l'action de grâces éclate véritablement,
·l'accomplissement -du *dessein de Dieu dans le devenant omniprésente_ dans la *prière et la vie
Christ (cf I Co 15,23s). AV des chrétiens comme elle ne l'avait jamais été chez
les justes d'autrefois. L'action de grâces biblique
-~ c·roissance NT x - dessein de Dieu- é~itw:e IV -
figure NT- Jésus-Christl.7":"Loi C-mémoire4 à.-
est bien essentiellement chrétienne.
nouveau - œuvres NT l ·z - perfection NT z - Elle ne l'est- pas pourtant d'une façon exclu-
p(énitude ' - prêcher l 3 a - promesses· - _prophète sive, au point. que, c~mme on l'a écrit, dans
NT I - Révélation NT l 3, II 3, Ill 3 - royaume l'AT, l' ,., Israélite loue sans rendre grâ.ces ~- En
NT III 3 ~ sceau z - serment - temps NT- volonté réalité, si l'AT Ile connait pas encore la plénitùde
de Dieu NT. . de l'action de grâces, c'est qu'il n'3. pas encore
ACCUEILLIR-+ cœur Il z a - confession O _;_ dis- goftté la plénitude de la grâce. Si la *louange, plus
ciple ...:... don_ - écouter - endurcisseme'nt ~I I · - spontanée; plus extériorisée, y tient·peut-être plus
enfant II - enseigner AT II z ;-NT 1 3 - foi AT I; de place que l'action de grâces proprement. dite,
NT l x.z · ·II z - hospitalité - Parole de Dieu AT plus réfléchie, plus· attentive aux gestes de Dieu,
JII z · NT I z, · Il z, III z - porte - réconciliation à. ses intentions, à sa •révélation,· c'est que le
I 4 ~ salut NT I 1 a - simple z -- veiller I - visite Dieu très saint .ne s'est révélé que progressive-
NT x - vocation - v:olonté ,de Dieu. ment, dévoilant peu à peu l'ampleur de·son action
ACCUSER -+ procès - Satan. et la profondeur de ses dons.

I2
ACTION DE GRÂCES ACTION DE GRACES

2. Le vocabulaire. - Découvrir l'action de grâ.ces déjà toute la foi d'Israël : le Cantique de Moise
dans la Bible, c'est du même coup retrouver la (Ex 15,1-21) ou celui de Déborah (Jg 5), mais il
joie (Ps 33,1-3.21), la louange et l'exultation (Esd est fort possible qu'à la base des premières tra,..
3,n; Ps 69,31), la glorificatiQn de Dieu (Ps 50,23; <litions et même de toute l'histoire d'Israël il y
86,r2). PluS précisément, !''action de grâces est ait eu une confession de *foi cultuelle proclamant
"'confession ptiblique de gestes divins déterminés. dans l'action de grâces les hauts faits de Yahweh
Louer Dieu, c'est publier ses grandeurs ; lui rendre sur son peuple. Ainsi, dès les origines, la vraie
grâces, c'est proclamer les merveilles qu'il opère foi est-elle confession dans l'action de grâces. Cette
et rendre témoignage à ses œuvres. L'action de tradition s'épanouit constamment, à mesure qu'Is-
grâces va de pair avec la "'révélation ; eJle en est raël ·prend davantage conscience de la_ générosité
comme l'écho dans les cœurs. AUSsi comporte- de Dieu,. et s'exprime dans tous, les domaines :
t-elle souvent la mention de l'assemblée des justes dans la· Jittérature prophétique (Is 12; 25; 42,ro ... ;
ou des peuples convoqués à l'entendre (PS 35,18; 63,7, .. ; Jr 20,r3) et.Sacerdotale (1-Ch 16,8 ... ; 29,10-
57,10; 109;30), une invitation à _s'y joindre (Ps 19; Nè 9,5-37), dans les compositions monumen-
92,2ss; 105,1s). tales des ·derniers écrits de l'AT (Tb 13,1-8; Jdt
En hb. c'.est surtout tddah qui exprime cette 16,1-17; Si. 51,1-12;_ Dn 3,26-45,51-90).
nuance de la confession émerveillée et reconnais-
sante, que le français traduit, souvent, d'un mot NT
beaucoup moins expressif et assez peu exact, par
c< remercier n. Le mot qui semble cristalliser l'ac- Parce qu'il est la révélation et le don de la gràce
tion de grâces dans l' AT et. traduire le plus exac- parfaite (cf Jn 1,17), le NT, dans la personne de
tement l'attitude religieuse visée est celui de *Jésus-Christ/ est aussi la révélation de la parfaitfl:
*bénédiction (hb. barak),. qui exprime t< l'échange .action de grâces rendue au Père dans l'Esprit-
essentiel n entre ùieu et l'homme. A la bénédic- Saint.
tion de Dieu, qui donne à sa créature 1a vie et le
salut (Dt 30,19; Ps 28,9), répond la bénédiction 1. Le vocabulaire chrétien. - Il hérite, à travers
par laquelle l'homme, soulevé par cette puissance les LXX, de la tradition de l'AT. L'action de
et cette générosité, rend grâ.ces au Créateur (Dn grâ.ces est inséparable de la •confession {gr. homo-
3,90; cf Ps 68,20.27; Ne 9,5 ... ; 1 Ch 29,10 ... ). logeô: Mt u,25; Le 2,38; He 13,15), de la louange
(gr. .aineô : Le 2,13.20; Rm 15,u), de la glorifi-
3. Histoire de l'action de g1dces. - Il existe un cation (gr. doxazô: Mt·5,16; 9,8) et toujoU:rs, d'une
schéma littér_aire classique· de l'action de grâces, façon privilégiée, .de la bénédiction (gr. e-ulogeô :
visible en- particulier .dans. les Psaumes, et ·qui Le 1,64.68; 2,28; 1 Co-14,16; Je 3,9). Mais un terme
manüeste bien ·le caractère- de l'action de grâces, nouveau, pratiquementînconnu del' AT (gr. eucha-
réaction à· un geste .de Dieu. La confession de la risteô, eucharistia) envahit Ie·NT (plus de 60 fois),
reconnaissance pour le *sa.;lut obtenu se développe manifestant ·,}'originalité et l'importance de l'ac-
normalement dans ho « récit n en trois parties : tion de grâces chrétienne, réponse à la •grâce
description ·du danger couru (Ps n6,3), prière (charis) donnée par-. Dieu en Jéstls-Christ. L'ac-
angoissée (Ps ·n6,4), rappel de la magnifique inter- tion de grâces chrétienne est une •eucharistie, et
vention de Dieu (Ps n6,6; c1 Ps 30; 40; r24), Ce son expression -achevée est !'Eucharistie sacra-
genre littéraire se retrouve identique à travers mentelle, raction de grâces du Seigneur, donnée
toute la Bible et obéit à une même tradition de par celui-ci à son Ég~ise.
vocabulaire, permanente à travers les psaumes, les
cantiques et les hymnes prophétiques. , 2i_·:L'actip71 de grdces du Seigneur. ,- Le geste
Si l'action de grâces est une, c'est qu'eHe répond ·suprême' du Seigneur est une action de grâces ; le
à l'unique •œuVI'e de Dieu. Plus ou moins confu- '*saêrifice que Jésus fait de sa vie en la-consacrant
sément, chaque bienfait particulier de Yahweh au Père pour··sanctifi.er les siens (Jn 17,.19) est
est toujours senti comme un inoment d'une grande notre Eucharistie. A la Cène et à la Croix, J ésuS
histoire en cours de réalisation. L'action de grâces révèle le ressort de toute sa vie et celui de sa
porte l'histoire biblique et·la prolonge dansT*es- mort : l'action de grâces de son cœur de •Fils.
pérance eschatologique (cf Ex 15,18; Dt 32,43; Il faut sa Passion et sa. mort pour que Jésus
Ps 66,8; 96). puisse pleinemènt glorifier le Père (Jn 17,1)", mais
Non seulement l'action de grâces inspire quelques toute .sa vie ·est une action de grâ.ces incessante,
morceaux littéraires très anciens, qui ramassent qui se fait parfois explicite et solennelle, .pour

I3 14
ACTION DE GRÂCES ADAM

entraîner les hommes à croire et à rendre grâces


à Dieu avec lui (cf Jn u,42). L'objet essentiel
de cette action de grâces est l'œu,vre de Dieu, la
réalisation messianique, manifestée notamment par
les miracles .(cf Jn 6,u; II,41ss),- le don de sa
Parole que Dieu a fait aux hommes (Mt n,25ss).·,, ADAM
3. L'action de grdces des disGipl~~. - Le dol). .1;1.e
l'Eucharistie à l'Église exprime une v~rité· ·-'essen-
tielle: seul Jésus-Christ est notre actiOh de grÀ.èès- 1. ADAM ET LES FILS D'ADAM
comme il est seul notre louange. C'est lui d'abord
qui rend grâces au Père, 'et les chrétiens après lui r. Le sens des mats. -Contrairement à ce que sug-
et en lui : « par lui, avec lui et en lui n. Dans gèrent les traductions de la Bible, le terme Adam
l'action de grâces chrétienne, comme. dans toute est extrêmement répandu et offre une large gamme
prière chrétienne, le Christ est seul modèle et seul de significations. Quand un Juif prononçait ce
*médiateur (cf Rm r,8; 7,25; I Th 5,18; Ep .5,20; mot, il était loin de songer avant tout au premier
Col 3,17). homme : en dehors du récit de la création où
Conscients du don reçu et entraînés par l'exem- l'expression est ambiguë, Adam ne désigne sûre-
ple du Maître, les premiers chrétiens font de l'ac- ment le premier homme qu'en cinq passages (Gn 4,
tion de grâces la trame même de leur vie renou- 2s; 5,r.3ss; 1 Ch r,1; Tb 8,6), Habituellement, et
velée. L'abondance de ces manifestations a de avec raison, le terme est rendu par homme ~n
quoi s'Urprendre. Ce sont les cantique$· de Luc 1 gé_néral (Jb 14,1), les gens (Is 6,12}, quelqu'un
et 2, provoqués, comme certains· cantiques de (Qo 2,'.E2; cf. Za 13,5), personne (1 R 8,46;
l'AT, par la méditation lente et religieuse des évé- Ps 105,14), l'être humain (Os 11,4; Ps 94,n). Le
nements. Ce sont les II réflexes li d'action de grâ.ces sens collectif domine nettement.
des Apôtres et des première's communautés (Ac Il en va de même pour l'expression fils d'Adam,
28,15; cf 5,4i; 2r,20; Rm 7,25; 2 Co r,n; EP • qui ne vise jamais un descendant de l'individu
5,20; Col 3,r7; I Th 5,18). Ce sont ·surtout les Adam, mais se trouve en parallèle avec homme
g1ands textes de Paul, si évocateurs de son action (Jb 25,6; Ps 8,5), désigne·une personne· (Jr 49,
de grâces 1t continuelle» (r Co 1,4; Ph 1,3; Col ·1,3; 18.33; cf Ez 2,1.3 ... ) ou une collectivité (Pr 8,31;
I Th 1,2; 2,13; 2 Th r,3), prenant parfois la forme Ps 45,3; I R 8,39.42), Utilisée en contraste avec
solennelle de la bénédiction (2 Co r,3; .Ep 1,3). Dieu, l'expression souligne, comme le terme
Toute la vie chrétienne, toute la vie de l'Êglise, • •chair », la condition périssable et faible de l'hu-
eat pour Paul portée et enveloppée.par .une com- manité : « Du· haut des cieux, Yahweh regarde, il
binaison constante de supplication et d'action de voit tous les fils d'Adam», (Ps 33,r3; cf Gn n,5;
gràces (1 Th 3,9s; 5,17s; Rm 1,Sss). L'objet· de Ps 36,8; Jr 32,19). Les « fils d'Adam ~. ce sont
cette action de grâces, à travers toutes sortes donc les humains selon 'leur condition terrestre,
d'événements et de signes, demeure le même, celui C'est ce qu'insinue l'étymologie ,populaire du mot,
qui remplit la grande action de grâces de l'épître qui le fait dériver de adamah = sol : Adam est
aux Éphésiens : le *Règne de-Dieu, l'avènement le terreux, celui qui fut fait de-la poussière du sol.
de l'*Êvangile, le *Mystère,.. du Christ, fruit de la Ce fait sémantique a une portée théologique :
Rédemption, déployé dans l'"Église (Ep r,3-14). on ne peut se contenter de voir dans le premier
L'Apocalypse élargit cette action de grâces aux Adam un individu parmi les autres. C'est ce
dimensions de la vie éternelle. Dans la *Jérusalem qu'implique le passage étonnant- du singulier au
céleste, l'œuvre messianique une fois achevée, "l'ac- pluriel dans la parole du Dieu créateur : ({ Faisons
tion. de grâces devient pure louange- de gloire, Adam à notre image... et qu'ils dominent... D
contemplation éblouie de Dieu et de ses merveilles (Gn 1,26)·. Quelle était donc l'intention du ,narra-
éternelles (cf Ap 4,9ss;_ II,r6s; 15,3s; r9,r-8). teur des premiers chapitres de la Genèse·?
AR & JG
2. Vers le récit de la création et du péché d'Adam. -
-+ bénédiction - confession - eucharistie I - grâce Les trois premiers chapitres de la Genèse consti-
I - joie NT Il 1 - louange - prière Il -3, V 2 c. tuent comme une préface à l'ensemble du Pen-
ACTIONS -+ bras & main - cœur I 1 - fruit - tateuque. Mais ils ne sont pas d'une seule venue ;
grâce V -œuvres - travail. ils ont été écrits en deux temps par deux rédac-

16
ADAM ADAM

teurs successifsi _le yahviste (Gn · 2-3) .et _le ·sacer-


dotal (Gn 1). D'autre part, il est assez surprenalltde JI. LE NOU:VEL .A.DAM
constater que. la ~itté.rat,p-e antérieure a1:1 u"e siècle
av. J .-C. ne se réfère j~maisexplicitementàcespas- 1. Vers . la théologie du ~iwel A dam'. - Le NT
sages;. c'est alors seul~ment que, à rorigine de la redit que l_es hommes descendent tous d'.un seul
mort de l'hàmme, !'Ecclésiastique déiioJ:lce la femme (Ac 17,26),. ou :qµe __ les premiers parents sont le
(Si 25, 24) èt la Sagesse; le dia_ble (Sg 2,24) .. Cepen- prototype_du coûpl(!l conjugàl (M:t,19,4s p; 1 ,Tm
dant ces mêmes récits cond~sent une e.""périence 2,13s) qui_ doit être restauré dans !'.humanité nou-
séculaire, lentement élaborée dès avant le ue siècle, Velle. L'originalité· de· son . message réside dans
dont on peut ietrouver quelques éléments dàns la présentation. de Jésus-Christ comme Je. Ilôuyel
la tradition prophétique et sapientielle. Adam. L'attention avait_.été attirée Par les apo-
a) La croyance à l'univ,ersalité du_ *péché s'y cryphes sur la récapitulation de tous les ha;inmes
affirme de plus en: plus ; c'est en quelque _50r_te pécheurs en Adam ;'t Surtout, Jésus. s'é~ait._ lui-
la condition adanµque_ qu'évoque _le_ ps.almiste ; même présenté comrµe le "'.Fils de l'homme, vciu-
« Pécheur, ma mère_m'a conçu » (Ps 51,7), Ailleurs. l~nt .inontrer •à la fois ()u'il_était bien de ·1a race
le péché de r'homµie est dé_crit comme celui. d'un humaine et qu'il devait aC:complir la prophétie
être merveilleux placé, tel un ange, au ja_rdin de glorieuse de Daniel. LCs Synoptiques ~CJ.ujssent
Dieu, et déchu par une faute d'*orgut:il (Ez 28, de faço,:1 plus ou moins explicite.un rapprochement
13-19; cf Gn _2,10-15; .3,22s). de Jésus a_vec Ada,m. Marc dé;critJe séjour·, de
b) La foi au Dieu cr_éateur et rédempteur _n)est pas Jésus avec les bêtes.,CMc 1,13).; Matthieu_ éVOque
moins vive. ~•e_St un Dieu .. potier qui façC?n11,e G-n 5,1 dans le «· Livre de la· Genèse de .Jésus-
l'homme (Jr 1,5; Is 45,9; cf Gn 2,7), c'est lui qui .Christ » (Mt I,I) ; pour. Luc, _celui qui vient de
le fait_retoumer à la _pOussière _(Ps· 90,3.; Gn, 3,19). triompher de la tentation est « fils d'Adatri.; fils
11 Qu'est donc l'homme que tu en gardes mémoire, de Dieu» (Le 3,38), le véritable Adam qui a résisté
le fils d' Ad~m que tu en prennes souci ? A peine au Tentateur. S_ans doute _.peut-on aussi _recon-
le fis-tu moindre q~'.un dieu, le C?:Uronnaht . de naître dei;rière une-hymne piLulinienne (Ph,2,6-n)
gloire et de_ splendeur; tu .];_étal)lis sur l'œuvre· de un contr.i.ste voulu entre. Adam qui ·chercha..-.à
tes mains, tout fut mis. par toi _SO\lS ses pieds » s'emparer de la condition divine et Jésus qui-ne
(Ps 8,5ss; .cf Gn 1,26ss; _2;19$}, Après .le péc'1.é, la retint pas jalousement. A ces évocations, on
Dieu n'apparaît pas seulement comme le ~eigneur peut joindre ·des rapprochements· explièites.
magnifique. (Ez 28,13s; Gn 2,rn-14) q~i. détrône
l'orgueille1,1x et le renv,::iie à ses_ modestes_ o:rigllles 2. Le dlirnieY eJ véritable Adam. - En I Co 15,45-
(Ez 28,16-19;-q-~ 3,23s), .il est ausSi le Dieu patient, 49, Paul oppose· vivement les deux; types d'après
qui *éduque lentement sort_enfant (Os n,3_s;_ Ez 16; lesquels nous, sommes.. conStitués; le premier
cf Gn_ 2,~3,21}. De même, les ._prophètes ont homme, Adam, a été fait âme vivante, - ter-
annoncé une fin 4~ _temps semblable à l'ancien restre, psychique; « le dernier Adam est -µn esprit
•paradis {Os ~.20; _Is II!6-9); la m,ort sera sup~ ~ui doni;,.e la vie 1, _car_il_:est_ céleste,_.spiritpel. Au
primée {Is 25,8; Dn 1i,2; cf Gn 3,_15), _et _m.êihe tableau des origines correspond .celui (le ,a fi,n des
un mystérie.ux •F~~s d'.homme,_ de_. nature céleste, temps, mais un ab~e s~are_ ~a création, seêon~e
apparaîtra vainqueur sur les nuées (P:n_ 7,13s). de la première, le _spirituel' du charnel, 1e céle#e
du terrestre. '
. 3. Adam, nofre ancOt'Ye. - Eii. ·fonction d~ tra.di-
0

Dans R.m: 5,12-21, Paul dit explicitement


tions qui viennent d'être esquissées, voici, à grailds qu'Adam était (l" la "'figure de celui qui dèvait
traits, les enseignements des récits de la "'création. venµ- ». s•~ppuyant sur la_ convic~ion que l'11cte
Dans un premier_ effort. pour.penser. la condition ''d~/P.t,ell!-ielf Âd\im. eut _un (!l~~t' ;univ:~"sel_ -:- _la
humaine, le_ yahviste, c_onvaincu_ .que l'ancêtre '\mo_rt {cf_ 1 .Co 15,21ti,) ---:-, µ af:â.rnie de même l'ac-
inclut en lui tous ses descendants, ·annonce à tout tion ié9"ëmptrice d"u_ Christ; secc,nd Adam. Ma_is,.il
homme comment, cré~. bon ·par Dieu, l'"'Homme '.\,-µ,.àrque Jiettement' ;1es _différences' :"d'Adan;i., la
qui a pécb,é_doit ê.tre _un jour racheté_'. De son_ c~té, : {désobéis~anc~. la cond~ation_· et la ,mort ; . de
le récit saCerdotal (Gn :i:) révèle que l'_Homme est ?Jésus-Christ, l'*obéi_ssanc.e, · la jllstificatioll et' la
créé à l'*_image de Dieu ; phis, à_ l'aide_ d~s géné_a- :vie. Da~tage,. ·par Ad_am 'le *Péché. est. en_tré
logies (Gn 5; 10}, il montre:. que t,ou:;i les hommes 'dans le. mol).de, ;- par 1~ ~ll,rist, _q_ui en est ia soui-tC,
forment, par-delà Israël,__ Une *Unité : le genre la •grâce a suraboridé.
humain. ·· · , Eilfüi_._.l'unioll. fécônde ci'Adànï ef· d'ÈVe· à:~1I10n-

r7 r8
ADAM ADIEUX

çait l'union du Christ et de l'Église ; celle-ci, à (1 M 2,51-61; Test. des Patr.), il insiste sur l'exemple
son tour, devient le mystère qui fonde le •mariage des *pères,
chrétien (Ep 5;25-33; cf I Co 6,16), Ainsi les pères et les chefs d'Israël apparaissent
comme les •témoins de l'Alliance. Ils transmettent
3. Le chrétien et les deux Adam. - Fils d'Adàm la tradition reçue, la tâche et les pouvoirs qui leur
par sa naissance et ren~ dans le Christ par sa f~i., avaient été confiés; ils invitent les survivants à
le chrétien conserve avec le pr~,mier et: le dernier prolonger leur œuvre.
Adam une relation durable, quoique de nat~r~ et
de portée diverses. Fidèle au vrai _s~ns du _'récit NT
des origines, il n'allègue pas le péche du premier
homme pour se disculper, mais il comprend 1. Adieux de Jésus. - Lè discours eschatologique
qu'Adam, c'est lui-mênie, avec sa fragilité, son (Mc 13) est le dernier enseignement que Jésus
péché et son devoir de dépouiller·- en lui le vieil donne ·au peuple. Il exhorte les fidèles à se pré-
homme, selon le mot de Paul (Ep 4,22s; Col 3,9s}. parer à l'accomplissement des promesses qu'il
Et c'est pour (! revêtir Jésus-Christ, l'Homme vient d'annoncer. Mais par la nouveauté radicale
noùveau »; ainsi sa destinée entière s'inscrit dans de sa personne, il y introduit un thème original :
le drame des deux Adam. Ou plutôt, il trouve l'atlnonce de sa parousie qui transforme les adieµx
dans le Christ t'•Homme par excellence : selon en au-revoir.
le commentaire que fait He 2,5-9 du psaume 8,5ss, La dernière Cène est le Heu classique des adieux
celui qui fut provisoirement· abaissé au-dessous de Jésus. Chez Marc et Matthieu, l'institution 'de
des anges, Pour mériter le salut de.tous les hommes, l'•Eucha.ristie s'achève sur un rendez-vous dans le
a reçu la • gloire promise au véritable Adam. Royaume (Mc 14,25 p). Chez Luc, elle se prolonge
MJL & XLD par un discours qui exhorte les Douze à suivre
l'exemple du service de Jésus (Le 22,24-27) et leur
___,,. Abraham I 3 - conscience 2 c - création AT II promet, en forme de testa.ment, une part à son
1.2; NT II 2 - femme AT'1 - Fils de l'Homme pouvoir royal (Le 22,28-30). Chez Jean, le large
AT I; NT Il - frère AT 1; NT 0.2 - génération- récit (Jn 13-17) s'ouvre par le lavement des
homme - image Il, IV, V - Jésus-Christ Il l d - pieds où Jésus donne l'exemple de son service ;
nouveau Ill 3 a - paradis 2 a - péché I - · pères &
Père I 2, III 1 - responsabilité 1. - terre AT I 2.
deux discours parallèles (14 et 16,16-33) consti-
tuent les adieux proprement dits: Jésus y annonce
la douloureuse séparation qui est proche, et la
joie de son retour (dans les « apparitions pas-
cales » en 16 ; dans sa présence ecclésiale en 14) ;
ADIEUX il invite ses disciples à la foi, à l'amour, à la paix.
Son absence est provisoire ; elle n'est qu'apparente.
Les *apparitions du Ressuscité aux Douze com-
Dans l'AT comme dans le NT, plusieurs per~ portent, comme les adieux de Moïse, de Samuel,
sonnages, sur le point de mourir, adressent à leurs de David, une transmission de pouvoirs. Jésus con-
héritiers des adieux qui constituent de véritables fie alors aux siens la poursuite de sa *mission : il
testaments. les charge de prêcher, de baptiSer, de· pardonner
(Mt 28, 19p). II leur promet sa *présence à jamais
AT (Mt 28,20).

Les personnages dont on rapporte les adieux 2. - Les adieux des apôtres, serviteurs du des-
sont le plus souvent des responsables du. peuple sein de Dieu, sont plus proches de ceux des per-
de_ Dieu : Jacob, Moïse, Josué, Samuel, David ... sonnages de l'AT.
(et, dans le judaïsme ultérieur, les douze patri- La deuxième épître à Timothée est un véritable
arches). A côté des tr_aits particuliers qu'imposent testament. Paul, se voyant près de la mort (2 Tm
les diverses situations, leurs discours présentent 4,6-8), rappelle à son fidèle disciple le salut ·accompli
de nombreux points communs. Le mourant évoque en Jésus (1,9-IO), lui annonce le_ danger de l'hé-
les. dons dC Dieu à son peuple ; il entrevoit le salut résie (2,16-18) et se tend de tout son espoir vers
promis (Gn 49,8-12; Dt 32,36-43; Test. des Patr.) ; l'avènement du Jour du Seigneur (r,12.18; 2,n-
il exhorte ses successeurs à la fidélité (Dt 31-32; 12). Les mêmes thèmes apparaissent dans la
Jos 24; 1 Sm 12); dans les textes les pluS récents deuxième épître de Pierre : la mort prochaine de

20
ADIEUX ADORATION

l'apôtre (2 P 1,12-15), le salut accordé (1,3-4), la réaction de foi se traduit dans des gestes exté-
menace de l'*hérésie (2,1-3.10-22), l'attente du Jour rieurs, et il n'est guère d'adoration vraie sans que
du Seigneur (1,16.19; 3,8-w.u-13.18). le •corps ne traduise de <juelque façon la souve-
Mais le testament le plus caractéristique est raineté du •Seigneur sur sa •création et l'hom-
celui de Paul aux presbytres d'Éphèse (Ac 20,17- mage de la créature saisie et consentante. Mais 1a
38). On y trouve l'exemple de Paul (vv. 18-21, créature pécheresse tend toujours à échapper à
31-35), la perspective de son arrestation prochaine l'emprise divine et à réduire son adhésion aux
(vv. 22:24), l'attestation solennelle qu'il a accom- formes extérieures ; aussi la seule adoration qui
pli sa tâche (vv. 25-27), l'invitation à prendre sa plaise à Dieu est-elle celle qui vient du •cœur.
relève au service de l'Église (v. 28) et à défendre
le troupeau contre les hérétiques (vv. 29-30).
A la différence de ceux de Jésus, les discours l. LES GES'.l'ES D'ADORATION
des apôtres ne comportent pas d'au-revoir. Non
qu'ils n'espèrent pas retrouver leurs fidèles au Ils se ramènent à deux, la prostration et le
• Jour du Seigneur; mais lorsqu'ils pensent à ce baiser. L'un et l'autre prennent dans le *culte
jour, c'est à la rencontre de leur Maitre qu'ils leur forme consacrée, mais ils rejoignent toujouI'S
pensent avant tout. Lui seul est le vainqueur de le mouvement spontané de la créature devant
la •mort et de toute absenc·e. .AG Dieu, partagée entre la •crainte panique et la fas-
cination émerveillée.
---+ apparitions du Christ 4 - mort AT I 1 - présence
de Dieu NT I - repas III. 1. La prostration, avant d'être un geste spontané,
est une attitude imposée de force par un adver-
ADMIRATION---+ action de grâces - adoration -
bénédiction I; II 3, III 5 - eucharistie IV z - louange saire plus puissant, celle de Sisera tombant frappé
II 2 - miracle - œuvres AT I 1.2. à mort par Yaël (Jg 5,27), celle à laquelle Baby-
lone réduit les Israélites captifs (Is 5r,23). Pour
ADONAI-+ nom AT 4-Seigneur AT- Yahweh 3. éviter d'y êtrè contraint par la violence, le faible
ADOPTION -. enfant III - fécondité II 3 - fils préfère souvent aller de lui-même se prosterner
de Dieu I ; NT II - stérilité - pères & Père Ill devant le plus fort et' implorer sa •grâce (2 R
3.4, V 2, VI. 1,r3). Les bas-reliefs assyriens aiment montrer les
vassaux du roi agenouillés, la tête inclinée jusqu'à
terre. Au Seigneur Yahweh, « qui est élevé au-
dessus de tout » (r Ch 29,n), revient l'adoration
de tous les peuples (Ps 99,1-5) et de toute la
ADORATION terre (96,9).

Ézéchiel devant la •gloire de Yahweh (Ez 1,28), 2. Le baiser joint au respect le besoin· de contact
Saul devant l'apparition du Christ ressuscité (Ac et d'adhésion, la nuance d'*amour (Ex r8,7; 1 S
9,4) se trouvent projetés à terre, comme anéantis. 10,1 ... }. Pour baiser leurs *idoles (I R 19,rS), les
La *sainteté et la grandeur de *Dieu ont quelque païens portaient leur main à leur bouche (ad os =
chose d'écrasant pour la créature, qu'elles replon- ado1'are, cf Jb 3r,26ss} ; ils signifiaient ainsi à la.
gent dans son néant. fois leur désir de toucher Dieu et la distance qui
S'il est exceptionnel que l'homme se trouve ainsi les en séparait. Le geste classique de l' « orante »
rencontrer Dieu dans une expérience directe, il des catacombes, perpétué dans la liturgie chré-
est normal que, dans l'univers et au long de son tienne, les bras tendus, les mains exprimant, selon
existence, il l"econnaisse la *présence et l'action de leur positi6n, l'offrande, la supplication ou la salu-
Dieu, de sa gloire et de sa sainteté. L'adoration est 'tation, ne comporte plus de baiser, mais rejoint
l'expression, à la fois spontanée et consciente, encore son sens profond.
imposée et voulue, de la réaction complexe de
l'homme saisi par la proximité de Dieu : cons- 3. Tous les gestes du culte, non seulement la pros-
cience aiguë de son insignifiance et de son •péché, tration rituelle devant Yahweh (Dt 26,ro; Ps u,
confusion silencieuse {Jb 42,1-6), vénérntion trem- 28ss) et devant l'*arche (Ps 99,5), mais l'ensemble
blante (Ps 5,8) et reconnaissante {Gn 24,48), hom- des actes accomplis devant l'*autel (2 R 18,zz)
mage jubilant (Ps 95,r-6) de tout son être. ou dans la « •maison de Yahweh » (2 S 12,20),
Parce qu'elle envahit en effet tout l'être, cette entre autres les •sacrifices (Gn 22,5; 2 R 17,36),

2I 22
ADORATION ADULTkRE
è'est-à~dire· tous les gestes du •service de Dieu, 3. A dorer en esprit• et en· vlrité. - La nouveauté
peuvent être englobés sous la formule II adorer de l'adoration chrétienne n'est pas seulement dans
Yahweh»· (1 S 1,3;-2 S 15,32). C'est.que l'adora-. la figure nouvelle.qu'elle ·contemple : le Dieu en
tion. est devenue · l'expression la plus adaptée, trois· ·persOnnes ; - ce Dieu·, « qui est •Esprit »,
mais ·aussi la plus variée,. de l'hommage· au Di® transforme l'adoration et la porte à sa perfection·:
devant lequel les anges se prosternent (Ne 9,6} M désormais· ceux·qui sont:1 riés de l'Esprit ii (Jn 3,8)
les faux dieux ne sont plus:rien (So 2,11). ··· . peuvent adorer II en esprit et en -vérité 1 {4,24),
Cette attitude ·ne consiste pas en une démarche
purement intérieure, sans· .gestes ni fornies, mais
Il. 11 Tu ~DORERAS LE SEIGNEUR fJN DIEÙ »' . elle provient d'une consécration de l'être tout
entier, •esprit, *âme et *corps {1 Th 5,23). Ainsi
radicalement sanctifiés, les· vrais adorateurs n'ont
r. *Yahweh seul a droit à l'adoration. - Si l'AT plus besoin de *Jérusalem ou du Garizim (J n 4,20-
connaît la prostration devant les hàÜJ.mes, dénuée 23), d'une religion nationale. Tout est à eux, parce
d'équivoques {Gn· -23,7.I2; 2. S · 24,20; 2 R 2,15; qu'ils sont au Christ, et que le Christ est à Dieu
4;37) et souvent provoquée par la sensation plus (I Co 3,22S).
ou mOins claire de la majesté divine (1 S 28,14.20; L'adoration en esprit a lieu· en effet dans le
Gn 18,2; -19,1;· Nb 22~31; Jos 5,14), il interdit seul •temple agréable au Père, le- *Corps du Christ
rigoureusement tout geste·d'adoration susceptible ressuscité (Jn 2,19-22). Les (( spirituels » (Jn J,8)
de prêter une valeur quelconque à un rival pos- y -joignent leur adoration à la. seule en laque11e
sible de-Yahweh :·*idoles, *astres (Dt 4,19), dieux le *Père .trouve sa complaisance (Mt 3,17) : ils
étrangers (Ex 34,14;.Nb 25,2). Nutdoute que la répètent le cri du *Fils. bien-,-aimé : ·« Abba, Père »
prOscription systématique de tous les relents ido~ (Ga 4,6). Enfin, aµ ciel, il n'y aura plus de
Iâ.tres ait enraciné en Israël le sens profond de temple, mais Dieu et l'Agneau (Ap 21,22).; ni jour
l'adoration authentique, et donné -sa pure valeur ni nuit (4,8) ne .cessera l'adoration par laquelle
religieuse au fier refus de Mardochée (Est 3,2.5), sont rendus honneur et gloire à Celui qui vit pour
et à celui des trois enfants juifs devant la· statue les siècles (4,rn; 15,3s). ](IV- & JG
de Nabtlchodonosor (Dn 3,1-8). Tout cela est con-
tenu- dans. la réponse que Jésus fait au Tenta- ~ blasphème - crainte de Dieu I ---:- ·création AT
teur : « Le Seigneur ton Dieu tu. aa.-oreras, . et IV-: culte - genou - idoles I - parfum :z - prière -
c'est à Lui seul que .tu rendras un culte n (Mt servir II l - silence :i.
4,rnp).

2. • JAsus-Christ est Seigneur. - L'adoration réser-


vée au Dieu unique est, « scandale pour_ les Juifs »
(1 Co 1,23), proclamée du1:1 à *Jésus crucifié, con- ADULTÈRE
fessé •Seigneur et Christ (Ac 2,36). « A son •nom,
tout •genou fléchit, au ciel, sur la terre et dans
les. enfers JJ_-(Ph 2,9ss;· Ap 15,4).· Ce. •culte a pour Si le Décalogue et, après lui, les prophètes con-
objet le Christ ressuscité et e:x;alté. (Mt 28,9. 17; damnent de façon- absolue l'adultère, la *fi.délité
Le 24,52), mais, dans l'homme encore .destiné à exigée des deux époux par le *mariage ne sera
la mort (Mt 14,33; Jn 9,38), et même· dans le pleinement révélée que par le Christ. Mais la fi.dé-
nouveau-né (Mt 2,2.n; cf Is ·49,7), la •toi recon- lité totale exigée de la •temme dès l'ancienne
natt déjà le Fils de Dieu et l'adore. , Alliance peut symboliSer celle que Dieu attend
L'adoration du Seigneur Jésus n'ôte rien à l'in- de son peuple ; aussi les prophètes condamnent-
transigeance des chrétiens; attentifs à refuser aux ils l'infidélité à l'Alliance comme un adultère
•anges (Ap 19,10; 22,9) et aux Apôtres (Ac 10, spirituel.
25s; 14,11-18) les gestes même extérieurs de l'ado-
ration. Mais1 , à •confesser leur adoration envers 1. Mariage et adultère. - Interdit (Ex 20,14;
un •Me'ssie, un Dieu fait homme et Sauveur, ils Dt. 5,·18; Jr 7,9; MI 3,5), l'adultère reçoit dans la
sont conduits à défier· .ouvertement le culte des Loi une définition restreinte : c'est l'acte- qui
Césars, figurés,par la *Bête de l'Apocalypse (Ap viole l'appartenance d'une 1emme à son mari ou
13,4-15; 14,9ss), et à affronter la puissance impé- à son :fiancé {Lv 20,ro; Dt 22,22ss). La femme
riale. apparaît ·comme la chose de l'homme (Ex 20,17)

24
ADULTliRE .AGNEAU DE DIEU

plutôt que comme une personne aVec laquelle _il ne AFFLICTION-. consolation-'-- joie NT I 2; II 2 -
fait qu'un dans la fi.dé.lité d'un •amour mutuel pauvres - persécution - souffrance -'--- tristesse -
(Gn 2,-23s). Cet abaissement de la femme est lié veuves. o,
à. l'apparition de la polygamie, que l'on rattache AFFRANCHIR-_. esclave - Hbératiori/liberté II, III.
à. un descendant de .Cain, caractérisé par sa .•vio-
lence (Gn 4,19). La polygamie sera longtemps AGAPE • eucharistie II 3 - repas III.
tolérée (Dt 21,15;.cf 17,17; _Lv 18,18); toutefois AGAPÈ _. amour o'.
les sages, qui montrent la gravité de l'adultère
(Pr 6,24-29; Si 23,22-26), invitent l'homme â réser-
ver son amour à la femme de sa jeunesse (Pr 5,15-
19; Ml 2,14s). Bien plus,. ils condamnent la fré- AGNEAU DE DIEU
quentation des prostituées, bien_ qu'elle ne rende
pas l'homme adultère (Pr -23,27; Si 9,3.6).
Jésus, dont la miséricorde sauve la· femme adul- Dans plusieurs Ûvtes -du NT (Jn, Ac, 1 P, et
tère, tout en condamnant son péché (Jn 8,r-n), surtout Ap), le Christ est identifié à un. agneau ;
dévoile toutes les dimensions de la :fidélité conju- ce thème provient de l'AT selon deux perspec-
gale (Mt 5,27s.31s; 19,9.. p) .; elle lie, !'.homme tives distinctes.
comme la femme (Mc .10,11); elle les lie indisso-
lublement (Mt 19,6) et intérieurement (Mt 5,28) ; I. Le Serviteur de Yahweh. - Persécuté par. ses
c'est être adultère que de se remarier après un ennemis, le prophète Jérémie se comparait à un
divorce; c'est l'être clans son cœur ,que de désirer (1. agneau que l'on mène à.- l'abattoir » (Jr u,19).

s'unir à un aùtre que son conjoint. Pour éviter Cette image fut, ensuite appliquée au •Serviteur
ce péché qui exclut du Royaume (1 Co 6;9), -Paul de Yahweh- qui, mourant pour expier les péchés
rappelle qu'il faut.chercher dans l'amour-la source de son peuple, apparait (1. comme un agneau con-
de la :fidélité {Rm ·13,9s), On évftèra ainsi de souiller duit à la boucherie,. comme devant -les tondeurs
la sainteté du inariage {He ·13,4). · une brebis muette et n'ouvrant pas la bouçhe »
(Is 53,7), Ce texte, soulignant l'humilité .et la
:2. Alliance et aduUMe. - L'*Alliance qui doit résignation du Serviteur, annonçait au mieux le
unir l'homme à Dieu par un lien d'amour :fidèle destin du Christ, c,omme l'explique Philippe ,à
est présentée par les .prophètes sous le Symbole l'eunuque de la.reine d'Éthiopie (Ac 8,31-35). Les
d'un mariage indissolublè (Os 2,21s; ls 54,5s) (cf évangélistes ,y renvoient lorsqu'ils soulignent q-ue
•Époux) ; -aussi, l'infidélité d_u peuple est-elle stig- le' Christ a se taisait n devant les sanhédrites
matisée comme un adultère et une prostitution (Mt 26,63) et ne répondait rien à Pilate (Jn z9,9).
(Os 2,4) car le peuple se livre au culte des idoles
1
Il est possible que Jean-Baptiste s'y réfère aussi
comme une prostituée se livre à ·ses amants, par lorsque, d'après le zve évangile, ·H désigne Jésus
intérêt (Os 2,7; 4,10; Jr .5,7; 13,27; Ez 23,43ss; comme (1. l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du
Is 57,3). monde » (1,29; cf Is 53,7 ..12; He 9,28).
Jésus reprend l'image p0ur condamner le manque
de foi ; il appelle « génération adultère )1 les incré- 2. L'Agneau pascal. - Lorsque Dieu eut décid~
dules qui exigent des *signes et les infidèles qui de délivrer son peuple •captif des Égyptiens, ii
rougissent dè ·lui et de son Évangile (:C\-It 12,39; ordonna aux Hébr_eux d'immoler par .famille un
16,4; Mc 8,38), Saint Jacques, à ~n tour, traite agneau « sans tare, mâle, âgé d'un an» (Ex 12,5),
d'adultère tout compromis entre l'amour de Dieu de_ le manger le soir, et .de marquer de son sang
et celui du monde (Je 4,4). A travers ces condam- les lint~ux de leur porte. Grâce à ce « *signe »,
nations est mise en lumière la fidélité absolue qui iJ~ .seraii:rlt épargnés par l'Ange exterminateur
est le fruit en même temps que l'exigence de ;.venant . frapper tous les premiers-nés des Égyp-
l'amour. MFL tiens. Enrichissant le thème primitif, la tradition
juive t{onna pa.I.". la. suite une valeur *rédemptrice
au sang de l'agneau : « A .cause 4u sang de l' Al-
-. Alliance AT II 2 - désir II - Époux/épouse AT -
femme AT 3 - mariage AT II J; NT I • - pardon liance de la. circoncision, et à cause du sang de la
I - sexualité III. Pâque, je vous ai délivrés d'Égypte D (Pirqè R.
Éliezer, 29; cf Mekhilta sur Ex 12). C'est grâce
ADVERSAIRE-. Antichrist - ennemi - guerre - au •sang de l'agneau pascal que les Hébreux .ont
haine - Satan. été rachetés de !'*esclavage d'Égypte et qu'ils

25 26
AGNEAU. DE DIBU ALLIANCE

ori.t pu dès lors devenir « nation consacrée », 5,9s), !'Apocalypse établit un contraste saisissant
11 royaume de prêtres» (Ex 19,6), liés à Dieu·par entre la faiblesse de l'Agneau immolé et la •puis-
une *alliance et régis par la Loi de Moïse; sance que lui confère son exaltation au ciel.
La tradition chrétienne a vu dans le Christ « ·le Agneau dans sa mort rédemptrice, le Christ -est
véritable agneau ·• pascal (Préface de la messe de en même temps un lion dont. la •victoire a libéré
Pâques), et sa mission rédemptrice est ampleme_~t le peuple de Dieu, · captif .des puissances du mal
décrite dans la catéchèse bapti~ale qui est sotlà:::. (5,5s; 12,u). Partageant maintenant le trône de
jaeente à la 1re épître de Pierre, à laquelle font Dièu (22,1.3), recevant avec -lui l'adoration des
écho les écrits johanniques et l'épître aux Héb:Fèux. êtres célestes (5,8,13;· 7,10), le voici investi d'un
Jésus est l'agneau (1 P 1,19; Jn :i).~9; Ap·· 5;6) pouvoir divin. C'est· lui qui eXécute les décrets
sans tare {Ex 12,5), ·c'est-à-dire sans péché (1 P de Dieu contre les impies (6,1 ..-.) et sa •colère
1,19; Jn 8,46; 1 Jn 3,5;'He 9,14), qui rachète les les plonge dans l'effroi (6,16)'; c'est lui qui mène
hommes au prix de son sang' (1"P ·.1,18s; Ap 5,9s; la. •guerre 'eschatologique contre les puissances
-He 9,12-15). Il.les a ainsi délivrés de la « terre » du mal coalisées, et sa Victoire va le consacrer
(Ap 14,3), du •monde mauvais adonné à la ·per- « Roi des rois ·et Seigneur· des seigneurs » (17,14;
version qui découle du culte des *idoles (1 P 1,14. 19;16 ... ). Il 'ne retrouvera ·sa douceur première
18; 4,2s), de -façon qu'ils puissent désormais éviter qu~ lorsque seront célébrées se$ noces avec la
le •péché (1 P 1,15s; Jn 1,29; 1 Jn 3,5-:9) et former Jérusalem céleste, qui symbolise l'Église (19,7.9;
le nouveau «·royaume de prêtres », la véritable 21,9). L'Agnèau se ·fera alors •pasteur pour con-
11 nation consacrée » (1 P 2,9; Ap 5,9s; cf Ex 19,6), duirè les 'fidèles· vers les sources· d'•eau vive de
offrant à. Dieu le •culte spirituel d'une vie irré- la·béatitude céleste ·(7,17; cf 1,:1-,4). MEB
prochable (1 P 2,5; He 9,14). Ils ont qùitté les
ténèbres dù paganisme pour la lumière du •royaume -+ animaux O ; II 3 - Époux/épouse NT - Exode
NT - Jésus-Christ II 1 b; concl. - Pâque I 6 b,
de Dieu (1 P 2,9) : ·c'est là leur ,.exode spirituel. II, III 2.3 - pasteur & troupeau NT I - Rédemption
Ayant; grâce au -·sang de l'Agneau (Ap 12,11), NT x.4 - sacrifice NT I, II 1 - sang AT 3°b; NT
vaincu Satan, dont Pharaon était le type, ils 4 - Serviteur de Dieu III 2 - victoire NT.
peuvent entonner « le cantique de Moïse et de
l'Agneau » (Ap 15,3; 7,g·s.14-17; cf Ex 15) · qui AGONIE-+ angoisse - mort NT II I - souffrance
exalte leur délivrance. NT II - tristesse NT 1 - veiller II 1,
Cet:te tradition,- qui· voit dans le Christ le véri- : AGRICULTURE -. fruit - moisson - semer I -
table Agneau· pascal, remonte aux origines mêmes terre AT I, II 3 - travail _,.vendange-:- vigne.
du christianisme. Paul exhorte les ·fidèles· de Co~
rinthe à vivre comme des azymes, « dans la pureté AIDE -+ femme AT I - force II ~ grâce V - Pro-
Vidence I - salut.
et la vérité », puisque " notre •Pâque, le Christ,
a été immolé» (r Co 5,7). Il ne propose pas ici un AILES _, ombre II 2.
enseignement nouveau sur le Christ-Agneau, il se
réfère aux traditions liturgiques de la Pâque chré- ALIMENT-+ animaux II 2 - arbre 1 - eucharistie
II 3, III - huile 1 - lait - manne - nourriture -
tienne, bien antérieures donc à 55~57, date à p'ain - pur AT I 3; NT II 1 - repas - sel 2.3 -
laquelle l'Apôtre écrivait sa lettre. Si l'on fait vin.
confiance ·. à la chronologiè johannique, l'événe-
ment même de la mort du Chris~ aurait fourni le ALLÉGOR~ --+ figure NT III - parabole I 3.
fondement de cette tradition. Jésus fut mis- ·à ALLE~ UIA ;-* louange II 2.
mort la· veille de la fête des Az}'mes (Jn 18,28;
19,14.31), donc le jour de la Pâque, dans l'après-
midi (19,14), à l'heure même où, selon les pres-
criptions de la Loi, on immolait au Temple les
agneaux. Après sa mort, on ne lui rompit pas les
jambes, comme·aux autres condamnés (19,33), et ALLIANCE
l'évangéliste voit dans ce fait la réalisation d'une
prescription rituelle concernant· l'agii.eau pascal
(19,36; cf Ex 12,46). Dieu veut amener les hommes à une vie de com-
munion avec lui. C'est cette idée, fondamentale
3. L'Agneau céleste. -Tout en gardant fondalllen- pour la doctrine du *salut, qu'ex]?rime le· thème
talement le thème du Christ~Agneau pascal (Ap de l'Alliance. Dans l'AT, il commande toute la

27 28
ALLIANCE ALLIANCE

pensée religieuse, mais on le voit s'approfondir en cause, est d'un ordre à part : elle révèle d'erii-
avec le temps. Dans le NT, il acquiert une pléni- blée un aspect essentiel du *dessein. de salut.
tude sans égale car il a désormais pour contenu
tout le mystère de •Jésus-Christ. 1. L'alliance dans le dessein de Dieu. - Dès la
vision du buisson ardent, *Yahweh a révélé tout
AT ensemble à Moïse son Nom et son dessein à
l'égard d'Israël : il veut déliv_rer Israël de l'Égypte
Avant de ·concerner les rapports des hommes pour l'installer en terre de Canaan (Ex 3, 7-10.
avec Dieu, l'allia_nce (bet-ith)- appartient_ à l'expé- 16s), car Israël est « son peuple li (3,10) et il veut
rience sociale 'et juridique des hommes. Ceux-ci se lui donner la terre promise à ses pères (cf Gn
lient entre· eux _par des pactes et des contrats qui ·12,7; 13,15). Cela Suppose déjà que, de la part de
impliquent des droits et des devc,irs le plus souvent Dieu, Israël est obj~t d'*élection- et dépositaire
réciproques. AcCo.ids entre groupes ou individus d'une •promesse. L·*exode_ vient ensuite confirmer
égaux qui veulent s'entraider : ce sont-·les alii!3,llces la révélation de l'Horeb : en libérant effectivement
de paix {Gn 14,13.2rss; 2r,22ss; 26,28; 3r,44ss; son peuplé, Dieu montre qu'il est le Maître et
1 R 5,26; 15,19), les alliances de frères (Am 1,9), qu'il est capable d'imposer sa volonté ; aussi le
les pactes d'amitié {x S 23,18), et le_ mariage lui- · peuple délivré répond-il à l'événement par sa
même (Ml 2,q). · Trai~és inégaux où le puissant *foi (Ex 14;31). Ce point étant acquis, Dieu peut
promet sa p.iotection au faible, tandis que celui-ci révéler maintenant son dessein d'alliance : K Si
s'engage à le servir : l'ancien Orient pratiquait vous écoutez ma voix 'et observez mon alliance,
couramment ces pactes de vassalité, et l'histoire vo'us serez mon peuple privilégi~- parmi tous. les
biblique en offre plusieurs exemples (Jos 9,u-15; peuples. - Car toute la terre est à moi, mais vous,
1 S n,1; 2 S 3,12ss}. DallS ces cas, l'inférieur
vouS serez pour moi Un royaume. de prêtres: et
peut solliciter l'alliance ; mais le puissant. l'ac- une nation conSacrée li -(Ex 19;5s). Ces mots sou-
corde selon son bon plaisir et il dicte ses conditions lignent la gratuité de l'élection divine : Dieu a
(cf Ez 17,13s). La conclusion du pacte se fait choisi Israël sans mérites de sa part· {Dt 9,4ss),
suivant un rituel consacré par l'usage. Les parties parce qu'il l'aime et qu'il veut tenir le serment
s'engagent par •serment. On coupe en deux des fait à ses pères (Dt 7,6ss). -L'ayant Séparé des
animaux et l'on· passe entre les morceaux en pro- •nations païennes, il se le réserve exclùsivement :
nonçànt des imprécations contre les transgres- Israël sera- son *peuple, il le servira par son •culte,
seurs éventuels (cf Jr 34,18}. Enfin on établit il deviendra son •royaume. En retour, Yahweh
un *mémorial : on plante un arbre ou on dresse lui-aSSure aide et protection : ne l'a-t-il pas .déjà,
une pierre qui seront désormais lès témoins du lors de l'exode, « emporté sur des ailes.de vautour
pacte (Gn 21,33; 31,48ss). Telle est l'expérience et amené vers lui H (Ex 19,4) ? Et maintenant,
fondamentale à partir de laquelle Israël s'est face à .l'avenir, il lui renouvelle ses promesses ·:
représenté ses rapports avec Dieu., l'*Ange de Yahweh 'marchera de"Vant lui pOur lui
faciliter la conquête de la •terre promise; là Dieù
le comblera de ses *bénédictions et lui assurera la
1. L'ALLIANCE DU SINAÎ *vie et la *paix (Ex 23,20-33). Moment capital
dans le dessein de Dieu, l'alliance en commande
Le thème de l'alliance ne s'est pas. introduit ainsi tout . le déroulement futur, dont le détail
tardivement dans l'AT : il est au point de départ Il'est cependant pas révélé en totalité dès le départ.
de toute la pensée religieuse et la différen_cie de
toutes les religions environnantes, orientées vers · 2. · Les fllfuses de l'alliance. - En accordant son
les divinités de la nature. Au Sinaï, le peuple ·.alliance'''à Israël ·et en lui· faisant-des promesses,
délivré est entré en alliance avec Yahweh, et Diên lui impose aussi des conditions à obser-
c'est ainsi que le· culte de Yahweh est devenu sa ver fidèlement. Les récits qui s'enchevêtrent dans
religion nationale. L'alliance en question n'est;.-· le Pentatèuque fournissent plusieurs formulations
évidemment pas un pacte entre égaux ; ellè est ·de ces clauses qui assortissent le. pacte et consti-
analogue aux traités de Vassalité : Yahweh-décide tuent la *Loi. La première concerne le culte du
avec une souveraine liberté d'accorder son alliance seul Yahweh et la proscription de l'*idolâ.trie
à Israël et il dicte ses conditions. Cependant la (Ex 20,3ss; Dt 5,7ss). Le refus de tout compromis
comparaison ne doit pas être poussée trop Iç,in, ou de toute alliance avec les •nations païennes
car l'alliance sinaitique, du fait qu'elle -met Dieu en découle immédiatement {cf Ex 23,24; 34,12-16).

30
ALLIANCE ALLIANCE

Mais il s'ensuit aussi qu'Israël devra accepter s'attacher les hommes en faisant d'eux une. com-
toutes les •volontés divines, qui entoureront son munauté cultuelle vouée à son service, régie par
existence entière, politique aussi bieri. que reli- sa Loi, dépositaire-de ses promesses, Le NT réali-
gieuse,· d'un réseau serré de prescriptions: a. Moise sera en plénitude ce projet divin. Au. Sinaï,. la
exposa tout ce que Yahweh. lui avait prescri~. réalisation commence, mais elle reste à plusieurs
Alors tout le peuple répondit: Tout ce que Yah_~ égards ambiguë et imparfaite. Bien que l'alliance
weh a dit, nous l'observerons ' ». (Ex- 19, 78). EDgà;. soit un libre *don de Dieu à Israël .{autrement
gement solennel, dont le respect conditionnera dit : une_ •grâce), sa forme c_Ontractuelle semble
pour toujours le destin Wstorique d'lsiaëk'.'Le lier le dessein de· salut au destin historique d'Is-
peuple de Yahweh est à la croiséê •;des, rdU:t~. raël, et elle risque de faire apparaitre le salut
S'il •obéit, il est assuré des *bénédictions divines; coniIIle le salaire d'une *fidélité humaine. En outr'e,
s'il renie sa parole, il se voue lui-même aux *malé- sa lilllitation à Une seule natio:tl ·s'accorde mal avec
dictions {cf Ex 23,20-33; Dt 28; Lv 26). · l'uniVersalisme du deSsein de Dieti, si nettement
affirmé par ailleurs. Enfin l'enjeu temporel des
3. La conclusion de l'alliance. - Le récit complexe promesses divines {le bonheur terrestre d'Israël)
de l'Exode transmet deux rituels différents de la risque ai.lssi de m,asqi.ler l'objectif religieux .de
conClusion de l'alliance .. Dans le premier, Moïse, l'alliance : · l'établiss,ement du règne de Dieu en
Aaron· et les anciens d'Israël prennent un *repas Israël, et par Israël sur la tèrre entière. Malgré
sacré en présence de Yahweh qu'ils contemplent ces_ limites, l'alliance sinaïtique va cominander ·1a
{Ex 24,rs.9ss).- Le second paraît reproduire une suite de la vie d'Israël et le développement ulté-
tradition liturgique conservée dans les sanctuaires rieur de la révélation.
tlu Nord. Moïse élève douze stèles pour les douze
tribus et un •autel pour le sacrifice, Il offre des
sacrifices, "Verse une partie du sang sur l'autel et
en asperge le peuple, .pour marquer l'union qui se Il. ,L'ALLIANCE DANS LA VIE
noue entre Yahweh et Israël. Alors le peuple ET LA PENSÉ.E D'ISRA.itL
s'engage solennellement à observer les clauses de
l'alliance {Ex 24,3-8)._ Le *sang de. l'alliance joue l. Les' renouvellements de l'alliance, - Il serait
dans ce rituel un rôle essentiel. imprudent d'affirmer que l'allianèe était reD.Ou-
Une fois le pacte conclu, divers objets en per- velée annuellement dans le culte israélite: Cepen-
pétueront le souvenir,- attestant pour les siècles dant le Deutéronome conserve les fragments d'une
l'engagement iJJ,itial d'Israël. L'*arche d'alliance liturgie qui suppose un renouvellement de ce genre,
est.un coffret dans.lequel sont déposées les« tables avec énoncé des malédictions rituelles (Dt 27,2-26)
du Témoignage » (c'est-à-dire de la Loi) ; elle est et lecture solennelle de· la Loi {Dt 31,9-13.24-27;
le mémorial de l'alliance et le signe de la présence 32,45ss) ; mais ce dernier point est prévu seule-
de Dieu en Israel· (Ex 25,xo-22; Nb 10,33-36). La ment tous les sept ans {31,10), et sa pratique à
tente où elle est placée, esquisse du •Temple l'époque à.ncienne est invérifiable. 11 est plus aisé
futur, est le lieu de rencontre entre Yahweh et de constater un· renouvellement effectif de l'al-
son peuple (Ex 33,7-n). Arche d'alliance et tente liance à certains détours cruciaux de l'histoire.
du rendez-vous marquent le lieu de •culte central *Josué la renouvelle à. Sichem et le peuple reprend
où, sans préjudice des au,!res lieux de c-ulte, la con- son· engagement envers Yahweh (Jos 8,30-35; 24,
fédération des tribus apporte à Yahweh l'hommage 1-28). Le pacte de *David avec les anciens d'Is-
officiel du peuple qu'il s'est choisi. Par là se raël (2 S 5,3)· est suivi .d'une promesse divine :
marque le lien perpétuel du culte israélite avec Yahweh accorde son alliance à David et à. sa
l'acte initial ciui a fondé la nation : l'alliance du dyna.'>tie (Ps· 8g,4s.20-38; cf '2: S 7,8-16; 23,5), à
Sinaï. C'est ce lien qui donne aux rituels israélites condition Seulement que l'alliance du Sinaï soit
Jeur sells particulier, en dépit de tous les emprunts fidèlemen,t observée (Ps 89,3ISs; 132,12; cf 2 S
qu'on y remarque, de même que la Loi entière 7,14). La prière. et la bénédiction de Salomon lors
n'a de sens qu'en fonction de l'alliance dont elle de l'inauguration du •Temple .se relient- à la fois
énonce les clauses. à cette alliance davidique et à celle du Sinaï,
dont le temple conserve le mémorial {1 R 8,14-
4. Sens et limites de l'alliance sinaïtique . ...,... L'al- 29.52-61). Mêmes rénovations sous Joas (2 R II,
liance sinaïtique a révélé de façon définitive un 17), et surtout sous Josias, qui suit le rituel deu-
aspect essentiel du dessein de salut : Dieu veut téronomique {2 R- 23,1ss; cf Ex 24,3w8). La lec~

3I 3,
ALLIANCE ALLIANCE

ture solennelle de la Loi par Esdras présente un Jas à 2 R), n'ont d'autre but que de faire saillir
contexte tout semblable (Ne 8). Ainsi la pensée dans les faits l'application du pacte sinaïtique :
de l'alliance reste-t-elle l'idée directrice qui sert Yahweh a accompli ses promesses,; mais }!infidé-
ùe base à toutes les réformes reli!tieuses, lité de son peuple l'a obligé à lui infliger aussi
les *châtiments prévus. C'est le sens de la double
2. La réflexion prophétique. -· Le message des ruine de Samarie (2 R :,;7,7-23) et de Jérusalem
* prophètes s'y réfère constamment-. S'ils dénoncent (z R 23,26s). Lorsque, durant la captivité, l'his-
unanimement l'infidélité d'Israël à son Dieu, s'ils torien sacerdotal retrace le dessein de Dieu depuis
annoncent les catastrophes qui menacent le peuple la création jusqu'à l'époque ,mosaïque, l'alliance
pécheur, c'est en fonction du pacte du Sinaï, de divine lui ·sert de fil conducteur : après le premier
ses exigences et des malédictions dont. il ·était échec du dessein créateur et la catastrophe du
assorti. Mais pour garder vivante la doctrine de déluge, l'alliance de. •Noé prend une amplitude
l'alliance dans l'esprit de leurs contemporains, les universelle (Gn 9,1:17) ; après le second échec et
prophètes y font apparaitre. des aspects nouveaux, la dispersion de Babel, l'alliance d'Abraham res-
que la tradition ancienne: contenait seulement à treint le dessein de Dieu à la seule descendance du
l'état virtuel. Originairement, l'alliance se ·présen- patriarche (Gn 17,1-14); après l'épreuve de
tait surtout sous un aspect juridique un pacte l'Égypte, l'alliance sinaïtique prépare· l'avenir en
entre Yahweh et son peuple. Les prophètes la fondant le peuple de Dieu, Israël comprend ainsi
chargent_ de notes affectives, en cherchant dans le sens de son histoire en se référant au pacte du
l'expérience humaine d'autres analogies pour Sinaï.
expliquer les rapports mutuels de Dieu et de son
peuple. Israël est le troupeau, et Yahweh, le *Pas-
teur. Israël est.la *vigne, et Yahweh, le vigneron, ru. VERS LA NOUVELLE ALLIANCE
lsraël est le *fils, et -Yahweh, le *Père. Israël est
l'épouse, et Yahweh, l'*Époux. Ces images, sur- 1. La rupture de l'alliance ancienne. - Les pro-
tout la dernière, font apparaître l'alliance sinaï- phètes n'ont pas seulement approfondi la doctrine
tique comme une. affaire d'*amour (cf Ez 16,6- de l'alliance en soulignant les implications du pacte
14) : amour prévenant et gratuit de Dieu, appe- sinaïtique. Tournant leurs yeux vers l'avenir, ils
lant en retour un amour qui se traduira en *obéis- ont présenté dans son ensemble le drame du peuple
sance. La spiritualité' deutéronomique recueille le de Dieu qui se noue autour de lui. Par suite de
fruit de_ cet approfondissement : si elle rappelle l'infidélité d'Israël (Jr 22,9), le pacte ancien se
sans cesse les exigences, les promesses et les trouVe rompu (Jr- 31,32), tel un *mariage qui se
menaces de l'alliance, c'est pour mieux souligner défait à cause des *adultères de l'épouse (Os 2,4;
l'amour de Dieu (Dt 4,37; 7,8; 10,15) qui attend Ez 16,15-43).· Dieu n'a pas pris l'initiative de cette
l'amour d'Israël (Dt 6,5; ro;t2s; .u,1). Tel est rupture, mais il en tire les conséquences : Israël
l'arrière-plan sur lequel se détache désormais la subira dans son histoire le juste châtiment de
formule fondamentale de l'alliance : 1c Vous -êtes son infidélité ; ce sera le sens de ses •épreuves
mon peuple et je suis votre Dieu». Naturellement, nationales : ruine de •Jérusalem, *exil, *disper-
ici encore, l'amour d'Israël envers _Dieu doit se sion.
traduire en *obéissance. Sous ce rapport, le peuple
est acculé à une décision, qui ·sera pour lui un choix 2. Promesse -de la nouvelle alliance. - Malgré tout
entre la •vie et la *mort (Dt 30,15 ... ). C'est là cela, le dessein d'alliance révélé par Dieu subsiste
aussi une con~équence de l'alliance dans laquelle inchangé (Jr 31,35ss; 33,20-26). Il y aura donc, au
il est entré. terme ;des temps, une alliance nouvelle. Osée
i'é:v:oquê' sous les traits de nouvelles fiançailles,
3. Les synthèses d'.histoire sainte. , - Parallèle- ,,. CJ.ui comporteront chez l'épouse •amour, *justice,
ment à la prédication des prophètes, la réflexion *fidélité, •coiinaissance de Dieu, et qui rétabli-
des historiens sacrés sur le passé d'Israël a pour "J,· ront la *paix entre l'homme et la création entière
point de départ la doctrine de l'alliance, Déjà le (Os 2,20-24). Jérémie précise qu'alors les *cœurs
yahviste reliait l'allîance du Sinaï à l'alliance plus humains seront changés, car la Loi de Dieu y
ancienne conclue par • Abraham, cadre .des pre- sera inscrite (Jr 31,33s; 32,37-41). Ézéchiel annonce
mières promesses (Gn 15). Les scribes deuté:rono- la conclusion d'une alliance éternelle, d'une alliance
mistes, en retraçant l'histoire advenue depuis le de l)aix (Ez 36,26), qui renouvellera celle du Sinaï
temps de Moïse jusqu'à la ruine de Jérusalem (de (Ez 16,60) et celle de David· (34,23s), et qui corn-

33 34
ALLIANCE ALLIANCE

portera le changement des cœurs et ·le don de conservée par Marc : « Ceci est mon sang, le sang
l'•Esprit divin (36,26s). Ainsi se réalisera le pro- de l'alliance, quï va être répandu pour une mul-
gramme esquissé jadis : « Vous serez mon peuple titude » (Mc 14,24) ; Matthieu ajoute : « .pour la
et je serai votre Dieu» (Jr 31,33; 32,38; Ez-36,28; rémission des péchés » {Mt 26,28). Luc et Paul
37,27). . portent : « Cette coupe est la nouvelle alliance en
Dans le Message de consolation, cette allian_Ce mon sang » (Le 22,20; l Co u,25), et Luc seul :
eschatologique reprend les tr84ts des noces dè « qui va être répandu pour vous ». La distribution
Yahweh et de la nouvelle *Jérusalem (Is 54} : de la coupe est un geste rituel., Les paroles pro-
alliance inébranlable comme celle qui fub}tfoé_e à noncées le relient à,l'acte que Jésus est sur le point
Noé {54,9s), alliance faite des gtâces•; promises· à d'accoffiplû- : sa •mort acceptée librement pour la
David (55,3). Elle a pour artisan le mystérieux *rédemption de la- multitude.
• Serviteur que Yahweh établit « alliance du On voit à ce dernier tr3-it que Jésus se regarde
•peuple et lumière des •nations »·.."(42,6;· 49,6ss). comme le •Serviteur souffrant (Is 53, us) et com-
Ainsi la vision s'élargit magnifiquement. Le des- prend sa mort comme un •sacrifice •expiatoire
sein d'alliance·qui domine·toute l'histoire humaine (cf 53,10). C'est par là qu'il devient le *média-
trouvera son point culminant au terme du temps. teur d'alliance que laissait entrevoir le :rvlessage
Révélé de façon imparfaite dans l'alliance patriar- de consolation (Is 42,6). Mais le II sang de l'alliance»
cale, mosaïque, davidique, il se réalisera finale- rappelle aussi que l'alliance du Sinaï avait été con-
ment sous une forme parfaite, .à la fois intérieure clue damne •sang (Ex 24,8} ·: aux sacrifices d'ani-
et universelle, par la •médiation du Serviteur de maux se substitue un sacrifice nouveau, dont· le
Yahweh. Certes, l'histoire d'Israël va poursuivre sang réalise efficacement une union définitive entre
son cours. En considération du pacte du Sinaï, Djeu et les hommes. Ainsi s'accomplit la-promesse
les institutions juives porteront le nom· d'alliance de la a nouvelle alliance » énoncée par Jérémie et
sainte (Dn n,28ss). Mais cette histoire sera en Ézéchiel : grâce au sang de Jésus, les cœurs
fait tournée vers l'avenir, vers l'alliance nouvelle, humains seront donc changés et· !'Esprit de Dieu
vers le Nouveau Testament, sera donné. La -mort du Christ, à la fois sacrifice
de *Pâque, sacrifice d'alliance et sacrifice expia-
toire, co:0:duira à leur accomplissement les *figures
NT de l'AT qui l'esquissaient de diverses manières.
En utilisant le mot diathèkè pour traduire l'hé- Et puisque cet acte sera désormais rendu présent
breu berith, la Septante faisait un choix signifi- dans un geste rituel que Jésus-ordonne de« refaire
C(\tif qui devait avoir. une influence considérable en •mémoire de lui » (1 Co 11,25}, c'est· par la
sur le vocabulaire chrétien. Dans la langue. du participation •eµcbaristique réalisée avec foi que
droit hellénistique, ce mot désignait l'acte par les fidèles seront unis de la façon la plus étroite
lequel quelqu'un dispose de ses biens (testament) au mystère deï'alliance nouvelle et qu'ils bénéfi-
ou déclare les dispositions qu'il entend imposer. cieront de ses grâ.ces.
L'accent porte moins sur la nature de la conven-
tion juridique que .sur l'autorité de celui qui fixe
par elle le co'urs des choses. En utilisant ce vocable,
II. RÉFLEXION CHRÉTIENNE
les traducteurs grecs soulignent à la fois la trans-
SUR LA NOUVELLE ALLIANCE
ctndance divine et la condescendance qui est à.
l'origine du peuple d'Israël et de sa Loi.
1; Saint Paul. - Placé par Jésus lui-même au
cœur du culte chrétien, le thème de l'alliance est
à l'arrière~plan du NT entier, là même où il n'est
!. CONCLUSION DE LA NOUVELLE ALLIANCE pas explicitement· noté. Dans son argumentation
PAR JÉSUS contre les judaïsants, qui tiennent pour tlécessaire
l'observation de la Loi donnée dans l'alliance
Le mot diathèkè figure dans les quatre récits sitlaïtique, Paul dit qu'avant même que vînt la
de la dernière Cène,· en un contexte d'une impor- Loi, une autre dispbsition (diatkèkè) divine avait
tance unique. Après avoir pris le pain et l'avoir été· énoncée en bonne et due forme : la *promesse
distribué en disant : « Prenez et mangez, c'est faite à -Abraham. La Loi n'a pu annulC'r cette
mon corps», Jésus prend la coupe de vin, la bénit disposition. Or le Christ est l'accomplissement de
et la fait circuler. La formule la plus brève est la Promesse (Ga 3,15-18). C'est donc par la *foi

35
ALLIANCE ALPHA & OMEGA

en lui que le Salut s'obtient, non par l'observation union des hommes à Dieu : tel est le résultat
de la Loi; Cette, vuè des choses souligne un fait .: obtenu par Jésus-Christ, qui « par le sang d'une
l'alliance anciénne :'_s'insérait· elle-même dans une alliance éternelle est· devenu le Grand •Pasteur
économie grattlite, une économie de promesse .que des brebis » (He 13,20).
Dieu avait librement instituée.- Le NT est ~ point
d'aboutissem~t de· cétte · économie-là. .Paul ne 3. Au.treS textes. ~ Sans · avoir bèsoin de citer
conteste ·pas que la « .disposition » fondée au Sitlaï expliciteinènt · l' AT, les autres 'livres du NT évo-
vînt de Dieu :-les«. alliances , renouvelées étaient querit les "fruits _de fa croix_ du Çbrist en âes terril.es
un des privilèges ·d'*_Israël- (Rm 9,4), auquel les qui rappellent le thème de l'alli3nce .. Mie1i'x·9-u•~~-
*nations étaient jusque-là., étrangères _(Ep 2,r2). râël au Sinaï nous· sommes devenus « un ·•sacer-
Mais quand Où met cette disposition en parallèle
avec celle que Dieu.-vient de révéler dans le Christ,
doce ·royal. _et' tine natiOn sainte »_ (1 P_·2,9; cf _E:x
I9,5s). Ce privilège s'é.tend maintenant _à une:com-
00 voit la supériorité de _la. nouvelle alliance·_sur munauté ddnt 'font:"partie des hoinme~ « de toute
l'ancienne· (Ga 4,245s; 2 Co 3,6ss). Dans la nou- racé, langue, peuple et nation·»· ·(Ap 5,95). Encore
velle alliançe, les péchés sont enlevés (Rm r.r,n)_; est~il qu'ici-ba·s la réalisatioll. de l'alliance nouvelle
Dieu ·habite, parmi les hommes (2 Co· 6,16)-.; 11 comporte des limitations. Il faut donc la contem-
change le Cœur des 'hommes et il met. en eux -~n pler dans la perspective eschatologique de la * Jérn-
Esprit (Rm 5,5; cf 8,4•16),· Ce n'est donc. plus salem céleste : dans cette u demeure de Dieu avec
l'alliance de la lettre, mais celle de l'Esprit (2· Co ·1es honûnes »;' « ils"seront son peuple, et lui, Di~u-
3,6}, qui apporte avec elle la ·•liberté· des enfants avec-eux, sera leur ])ieu_ » (Ap 2I,3),_ L'alliance
de Dieu (Ga 4,24). Elle atteint ·les nations comme nouvelle.se consomme-dans les noces de l'•Agneau
le peuple d'Israël, car.le-~sang du Christ a refait et de l'~Église, son •épou·se {Ap 21,2'.9).
l'*'unité du genre hµniain (Ep 2,rzss), Reprenant Au terme du 'déVelôppemeut doctrinal, le thème
les perspectives des promesses prophétiques, .qu'il de l'alliance recoupe ainsi tous··ceux qui, de·l'AT.
voit accomplies dans le Christ, Paul élabore ainsi au NT, ont servi à définir les rapports de Dieu
un tableau ,général- de-l'histoire humaine ·dont le et des hommés. Pour' en _faire apparaître _le. con-
thème de ,l'alliance -constitùe le fil conducteur. tenu, il fa.ut parler de. *fili~tion; d'•anio11I', . de
' . . . ·•communion. Il faut ·surtout se référer à. l'acte
2. L'lpître a-uX iUbreux, dans ulle optique un peu l)aj ·Ie(j_uel Jésus a fondé l'alliance nouvelle : par
différente; opère ·une Synthèse parallèle des mêmes le .*s8.Crifice de son corps.livré et _de son Sang versé,
éléments. Par la *croix, ·le Christ-prêtre est entré
dans le sanctuaire du ciel. ,n est là pour jamais_
il a fait de5 hommeS son •Corps, VAT ·ne. con-
naissait p~ encore ,_ce don de J?i~u ; pourtàn,t. son
deVant Dieu, :intercédant' pour nous et iriaugurant hi~toire et· Ses institution~ en esquissaiCJ?-t obscu-
notre COmmunion avec lui. Ainsi sei réalise la nO_u- rément les· traits, puisque tout y, concernait• déjà
velle alliance annoilcée par Jérémie -(He. 8;8-u; l'alliance eritre Diell. et les 1:io~.nies.
Jr 3r,3I-34) ;·_ une alliance u.··rileilleure.», étant ]Gi & PG
donné la qualité éminente de son médiateur (He
8,6; r:2,24) ; uhe alliance scellée dans le sang
comme'la première. (He ·m~o;· Ex 24,8),' non plus
-+ _:A.brldtam 11
1 - aduitère · 2 · _ ami t - amour
l __:. ·arche d'AÜfanéè ~ bénédiction ,III 3, _IV .2 -
le sang des. animaux ma:iS celui du· -Christ: lui- : circOncision AT 2, - ·communion AT 2 "'- co_nnaltre
même, versé pou'r notre *rédemption (9,us). Cette AT·3·_-· cùlte- David 0;3 ~ déluge ·1.3 - dessein
nouvelle disposi_tion avait_été_préparée par la pré- de Dieu AT l - élection-;,. Époux/épouse·--- eucha-
cédente,• mais elle··a rendu célle-ci caduque, et il ristie IV, y:_ fidélité..:.... foi A'fl _:.. héritàge AT -
serait vain de s'attacher .à .. ce :qui..va disparaître IST.à.ël AT 1; NT 2--joie AT-II.-libération/Iiberté Il
(8,13). De même qu'une disposition testamentaire , :z1_~,Loi:'À 1 i B-: mariage ATU-3 - médie.tew::-
eittre en vigueur par 'la mort-'du testateur; ainsi la i,:In.él'noire. - Moise .. 0.2.3 - Noé -1. - nouveaµ ll .3,
mort de,.Jésus nous a mis-en possession _de !'*hé- III ,i __:. ,paix I . .:r.2,, II 3 a_ - _péché II ·:x - Pentedlite I
. 2 --:-- péuple A I 1·., Il 1; B I ;_ C 1 - piété AT :t -
ritage promis-(He 9;x5ss). L_'alliance ancienne··était présence de Die'u · AT ·I, _Ill 2 _:. Réde.mptiàn J\T, ,-::-
donc imparfaite, ·,pu_isqu'elle, se tènait .au plan des . rePàs II, IIJ~·sacrificeAT III Ï; NT 1-·sang_-·set
Ombres· ,et des *figures, n'assurant qù'imparfaite- 2.3·- Serviteur dê·Dieu I, II 2 -.wû,té II -vérité
ment 1a·rencontre des hommes·avec.Dieu. Au con- AT 1 .:a - vocation II.
traire,: la nouvèlle est parfaite puisque Jésus,-_nOtre
Grand Prêtre, nous assure à-jamais l'accès auprès ALPHA & OMÉGA-~ écriture y•::_ nouveau IV-
de Dieu- (He 10,I-22). Effacement dês·. péèhés, temps ·NT III 1 •.

37
ÂME ÂME

ploi parallèle des deux termes : • Ne livre pas à


la bête l'âme de ta tourterelle, la vie de tes mal-
ÂME heureux ne l'oublie pas i1 (Ps 74,19) ; ailleurs,
dans la loi du talion, « âme pour âme » peut se
traduire « vie pour vie ~ (Ex 21,23). Ainsi « vie 1)
Loin d'être une l( partie , composant avec le et <! âme » sont souvent assimilées, bie:O. qu'il ne
*corps l'être humain, l'âme désigne l'homme tout s'agisse pas de la seule vie « spirituelle », par
eutiei-, en tant qu'animé par un *esprit de vie. opposition à la vie (< corporelle ». Mais, d'autre
A proprement parler, elle n'habite pas un corps, part, cette vie, longtemps limitée à un horizon
mais s'exprime par le corps qui, lui aussi, comme terrestre, se révèle finalement ouverte à une vie
la •chair, désigne l'homme tout entier. Si, en céleste, éternelle. Il faut donc chaque fois inter-
vertu de sa relation avec l'Esprit, l'âme indique roger le contexte pour connaître le sens exact du
en l'homme son origine spirituelle,_ cette i.: spiri- mot.
tualité ll s'enracine profondément dans le monde Dans certains cas, l'âme est considérée comme
concret, comme le montre l'extension du terme le principe de la vie temporelle. On redoute de la
utilisé. perdre (Jos 9,24; Ac 27, 22), on voudrait la pré-
server de la mort (1 S 19,11; Ps 6,5), la mettre
en sécurité {Le 21,19) quand on la sent menacée
1. L'ÂME ET LA PERSONNE VIVANTE (Rm 11,3 = r R 19,10; Mt 2,20 = Ex 4,19; Ps
35,4; 38,13). Inversement, il ne faut pas s'en sou-
Dans les langues bibliques, les termes qui cier à l'excès (Mt 6,25 p), mais la risquer (Ph 2,30),
d.ésignent l'âme, nèphès (hb.), psychè (gr.), anima la livrer pour ses ouailles (1 Th 2,8). C'est elle
(lat.), se rattachent plus ou moins directement à que Jésus donne (Mt 20,28 p; Jn 10,rr.15.17) et
l'image du souffle. qu'à. son *exemple nous devons sacrifier (Jn 13,
37s; r5,13; 1 Jn -3,16).
r. L'homme vivant. - Le souffle, la respiration est Si un tel sacrifice de la vie peut être fait, ce
en effet, par excellence, le signe du vivant. :Être n'est pas simplement parce qu'on Sait que Yahweh
vivant, c'est avoir encore en soi le souffle {2 S r,9; peut la racheter {Ps 34,23; 72,q), c'est parce que
Ac 20,ro) ; quand l'homme meurt, l'âme sort Jésus a révélé, à travers le même mot, le don de
{Gn 35,18), est exhalée (Jr 15,9) ou versée comme la uie iternelle. Ainsi joue-t-il sur les divers sens
un liquide {ls 53,12) ; s'il ressuscite, l'âme revient du mot : Œ Qui veut sauver son âme la perdra,
en lui (1 R 17,2I). mais qui perd son âme à cause de moi la trou-
Grecs ou Sémites pourraient s'exprimer ainsi; vera (Mt 16,25s p; cf Mt 10,39; Le 14,26; 17,33;
)J

mais, sous cette identité d'expression, se cache Jn 12,25). Dans ces conditions, le II salut de l'âme~,
une diversité de perspectives. Selon une vue assez c'est finalement la victoire de la vie éternelle
fréquente (nettement affirmée par certaine phi- déposée dans l'âme {Je 1,21; 5,20; 1 P 1,9; He
losophie grecque), l'âme tend à devenir un prin- I0,39).
cipe subsistant qui existe indépendamment du
corps où elle se trouve et d'où elle sort : concep- 3. La personne humaine. - Si la vie est le bien
tion « spiritualiste » qui s'appuie sans doute sur le plus précieux de l'homme (1 S 26,24), sauver
le caractère quasi immatériel du souffle, par oppo- son âme c'est se sauver soi-même l'âme finit
sition au corps matériel. Pour les Sémites au con- par désigner la personne.
traire, le souffle demeure inséparable du corps Objectivement d'abord, on appelle « âme , tout
qu'il anime ; il indique simplement la manière être vivant, même l'animal (Gn 1,2os.24; 2,19) ;
dont la vie concrète se manifeste en l'homme, mais, le plus souvent il s'agit des hommes ; ainsi
avant tout par ce qui remue, même quand, appa- on parle d' « un pays de soixante-dix âmes B (Gn
remment immobile, il dort. Ne serait~ce pas là 46,27 = Ac 7,14; cf Dt 10,22; Ac 2,41; 27,37). Une
une des raisons profondes qui ont amené à iden- âme, c'est un homme, c'est quelqu'un {Lv 5,1 ... ;
tifier âme et *sang (Ps 72,14} ? L'âme est dans 24,17; Mc 3,4; Ac 2,43; I P 3,20; Ap 8,9), vg par
le sang (Lv r7,ros), c'est le sang m€ime (Lv 17,14; opposition à une cargaison (Ac 27,ro). Au dernier
Dt 12,23), c'est l'homme vivant. degré d'objectivation, un cadavre peut même être
désigné, en souvenir de ce qu'il fut, comme une
2. La vie. - Du sens de <1 vivant», le terme passe ~ âme morte » (Nb 6,6).
aisément à celui de •vie, comme le montre l'em- Subjectivement, l'âme correspond à notre moi-

39
ÂME ÂME

mOme, tout. comme le •c~ur ou la *çhair, majs de ·sa vie mortelle : c Tu lent retires le souffle, îls
avec une. nuance d'in~orit~. et .de. pµissance expirent et à leur, poussièie ils retournent ; tu
vitale: r.1 Aussïyrai q1:1:e mon àme,yit 1 » (Am.6,"8; envoies ton Souffle,- ils sont créés »··(Ps 104,29s).
Jr 51,14; 2 C_o 1,23) signifi'e_ l'engagement profond L'âme (psychè), principe de vie, et:l'.esprit (pneuma}
de celui qui prête •.*serment. Jonathan aimait Davi_d 'qui en est·so~. se distinguent ainsi l'un de l'autre
« cm~e · scm -âme » (1 S 18,r.3) .. En~, ce au Cœur de l'être humain, là où seule la Parole de
moi s_'exprime_ en des activités qui ne sont pas Dîeu ·peut avoir acCèS (He 4, 12:),, Transposée dàns·
toutes « spirituelles. ». Ai:µsi le ;-iche : . 11 Je ,djra;i l'Ordre chrétien, la distinction permet de ·parler
à_mon âme_:_ Mon ,âllle, r.eJ?05e-t9i,.:mange, _bois, de« psychiq.ues sans esprit» (Jude 19) ou·de voir
fais la fête I Et Dieu lui dit. : I11sertsé, cette nuit dans les-« psychiques »"des croyants qui ont régressé
même on va te ~edeman~er_ tç~ âme {= t~ vie) ~ ·de l'état «-pneumatique», auquel les avait riienés
(Le 12,19s). L~ mention de l'âme souligne le goO:t le baptême, au stad~ ra terrestre » (1 Co 2,14; -15,
et l~ volonté d,e vivre, rapp~9:nt un peu 1~: car:8.C- ·44; Je 3,15).
tère impérieux que prend la _soif dans -un. gosier
brûlant (Ps 63;2). L'âme avide, affaniée, peut êtrè 2. L'dme et. la sur.vie. - ConSéquence immédiate :
rassasiée {Ps 107,9; J! 3_x,14)._ S_es _sentimeJJ.ts.vont à, la différence de l'.esprit .dont jamais il n'est ·dit
de la jouissance (PS 8.6,4)' au ~rouble (Jn. 12,27) qu'il -meurt, mais dont on affirme qu'il retourne
et à Ia tristesse (Mt 26,38 = Ps ·42,6), dU sou·l~- à Yahweh (Jb ·34,14s; Ps 31,6; Qo 12,7), l'âme
gement (Ph 2,~9)' à la _Jassihtde (He ._Ü,3). Elle petit mourir (Nb 23,10; Jg .16,30; Ez· 13,19), être
veut se fortifier pour pouvoir transmettt.e la béné- livrée à. la mort (Ps 78,50), tout comme les osse-
diction _paternelle (GJl 27;~.) ou· suppQrter _la per- ments (Ez 37,1"'14} ou ·1a tjlair (Ps-63,2; 16,9_s).
sécution (Ac 14,22). Ell_e est 'f~i~è pour. aimer Elle descend au shéol_ mener l'èxistencè' app~uvrie
(Gn 34,3)· oU _haïr '(Ps ,rr,5}, p·our s~_C()µJ.plaire eri. des •ombres et des *morts, loin de la « terre des
quelqu'un (Mt__.12,18 ·= ·Is 42,1; _He 10,3~ ,=;,, Hll. vivants 1) dont elle ne sait plus rien (Jb 14,21s;
2,4), pour cherche! Dieu .sans_rései:ve·(Mt-z2,37 p Qo, 9,5.ro), loin aussi de Dieu qu'elle ne peut
= Dt 6_,5; Ep .6,6'; Col 3 1 23) _et bénir à jamais ,le louer (Ps 88,nss), car les morts habitent le
Seigneur (Ps _103,1). · · •Silence (Ps.94,17; n5,17)', Bref, elle 0: n'est pluS »
(Jb '7;8.21; Ps 39,14). •
C'est avec·une telle_ plénitude de sené(que'Cer- Cependant cette âme, descendue dans les pro-
taines formules petivent :.retroi,iyer leur. vigueiJI' fondeurs de l'abîme (Ps--30,4; 49,-16; Pt 23,14), la
originale : les· âmes d~~ven:"t:. êtr~ Sanctifiées (ï: P tollte~ptiissànce -de Dieu lui donnera d'en resur.;
r,22). Pour ell~ P~,u.l, se_ dép~sè {2 Co 12,r_5), gir (2 ·M .7,9·;14,23) et de· réariim:èr. les- os· dis..
sur elles veillent les chefs spirituels'. (He 13,r_7), persés• : la foi en es't süre;
Jésus leur pr6met. le rtjpos '{Mt 1:i,29) .. Ces' â.mes
sont des êtres de chàir, 'mais en ®x-8 été déposée 3; L'dme et le· corps. - Si les âmes vont au shéol,
une semence_ de vie (l P 1,9), ' · cela ne·veut pas dire qu'elles y. «_vivènt.ri·sans
corps : leur « existence » n'en eSt pas· une, préci-
sément parcè,qu'elles ne peuvent s'exprimer sans
II. L'Â~E ET L'ESPIÜ:T nE· 'yu~. leur corps. La doctrine de l'imrilortalité de l'hcimme
ne s'identifie' donc pas avec la conception de la
l, L'dme et le"pyincipe da···vie. _;_ Si r1me est '1e spiritualité·::<fe l'âme .. Il ne semble pas davantage
signe de la vie_, elle n'ei:i, est. pas la SC)urçe; E(c'est_ que le Llvre:de la Sagesse l'ait introduite.dans le
là une seconde différence qui sépare _profo~dément pat,nmoine de la révélation biblique. Frotté certes
les deux mental!tés, d'.Origines _sémitique ou plato- c:J:4èllénism,e, l'auteur du Livre de ·la Sagesse uti.,.
nicienne. Pour cene.:ci 1 l'âme· s~idelltrn.e ·à l'e~prit JJS~. â.' l'occasion. des termes relevant de l'anthro-
dont elle est -~n· qùelqUe sorte· uJle éma.IJ.ation_, con- Pologie grecqu~, mais ·sa , mentalité, est toujours
férant à l'homme une véritable autonomie: Pour ,, ,,di:fférente ... Sans doute; c 1e corps corruptible appe-
les Sémites; ce.n'est pils l'âme,·c•ëst Dieu(1ui 'par ,; ;-santit•l'àme; 'et sa demeure terrestre alourdit l'es-
son ·•Esprit est la SOurcë de la-vie:·« Dîeu ins\lffla /.;pr-it aux mille pensées » (Sg 9,-15), mais il s'agit
en ses narines.. ·ullè· haléinè·. (n'el(11na'k). dè -~ie, et ,'.alors.,de l'intelligence d~_:l'homme, non·,de l'esprit
l'homme_ deVint-âme '(nèphU) vivântf:} » (G'n .2:7). de vie ; surtout, il n'est point q~estion de mépri-
En tout être vivant, il ·y a « une haleine de l'es- ser la-matière (cf'13,3), ni le corps: «:•Étant 'bon,
prit [ = du sollffle] _de vie» (Gn 7,22),. sans laquelle j'étais venu · dans un corps 'salis souillure· "• dit-
il mourrait. Ce souffle' lui est prêt~_ tout le. t~inps l'auteur (8,1~s}. S'il y a donc une distinction-entre

4I 42
AME AMEN

l'âme et le corps, ce n'est pas pour envisager une s'en remet à sa puissance et à sa bonté ; cette
véritable existence d'âme séparée; comme dans adhésion totale est en même temps •bénédiction
les apocalypses juives de ce temps, les âmes vont de celui auquel on se soumet (Ne 8,6) ; elle est
dans l'Hadès (Sg r6,q). Dieu, qui les a en Sa *prière sttre d'être e:xaucée (Tb 8,8; Jdt r5,rn).
main (3,r; 4.14), peut les ressusciter puisqu'il ;a L'Amen est alors une acclamation liturgique et
créé l'homme incorruptible (2,23). il trouve à ce titre une place après les do:xologies
La Bible, qui attribue à l'homme entier ce que (r Ch 16,36) ; il a fréquemment ce sens dans le
plus tard on réservera à l'âme par suite d'une NT (Rm r,25; Ga 1,5; 2 P 3,18; He r3,21). Accla-
distinction entre l'âme et le corps, ,.n'offre ,-pas mation par laquelle l'assemblée s'unit à celui qui
pour autant une croyance amoindrie de l'immor~ prie en son nom, l' Amen suppose que, pour adhérer
talité, Les âmes, qui a~endent sous l'autel (Ap aux paroles entendues, on en comprend le sens
6,9; 20,4) leur récompense (Sg 2,22), n'existent (1 Co 14,16). Adhésion, acclamation, l'Amen con-
là que comme un appel à la *résurrection, œuvre clut enfin les cantiques des élus, dans la liturgie
de !'Esprit de vie, non d'une force immanente. du ciel (Ap 5,14; 19,4), où il s'unit à l'Alleluia.
Dans l'âme Dieu a déposé une semence d'éternité
qui germera en son temps (Je 1,21; 5,20). L'*homme 2. L'A men de Dieu et l'Amen du chrétien. - Dieu
tout entier redeviendra " âme vivante » et, comme qui s'est engagé librement. demeure fidèle à ses
le dit Paul, « corps spirituel » : il *ressuscitera dans *promesses ; il est le *Dieu de *vérité, c'est ce
son intégrité (1 Co 15,45; cf Gn 2,7). XLD que signifie le titre de Dieu-Amen (Is 65,16).
L'Amen de Dieu, c'est le Christ Jésus. Par lui
-+ chair - corps - esprit - homme - mort - en effet, Dieu réalise en plénitude ses "'promesses
Résurrection - sang AT - vie II 3.
et manifeste qu'il n'y a pas en lui Oui et Non,
mais seulement Oui (2 Co 1,19s). Dans ce texte,
Paul transpose l'Amen hébreu par un mot grec,
Nai, qui signifie Oui. Quand Jésus introduit ses
AMEN déclarations par un Amen (Mt 5,18; 18,3 ... ), redou-
blé dans l'évangile de Jean (Jn 1,51; 5,19 ... }, il pro-
cède de façon inouïe dans le peuple juif; il utilise
sans doute la formule liturgique, mais, en la repre-
Loin d'être toujours et exactement rendu par nant à son propre compte, il transpose probable-
la traduction habituelle « Ainsi soit-il ! », qui ment l'annonce prophétique : o Ainsi parle Yah-
exprime un simple souhait et non une c~itude, weh». Il ne souligne pas seulement qu'il est l'en-
le terme Amen signifie avant tout : Certainement, voyé du Dieu de vérité, mais que ses paroles sont
vraiment, si'.irement, ou simplement oui. En effet vraies. La parole ainsi introduite a une pré-
cet adverbe dérive d'une racine hébraïque, qui histoire, qui demeure inexprimée et dont l' Amen
implique fermeté, solidité, si'.ireté (cf *foi). Dire est la conclusion ; que pourrait-elle être, sinon le
Amen, c'est proclamer qu'on tient pour vrai ce dialogue entre le Père et le Fils ? Car Jésus n'est
qui vient d'être dit, en vue de ratifier une pro- pas seulement celui qui dit vrai en disant les
position ou de s'unir à une prière. paroles de Dieu, il est la *Parole même du vrai
Dieu, l'Amen par excellence, le *témoin fidèle
I. Engagement et acclamation. - Confirmant une et vrai (Ap 3,14).
parole, l' Amen peut avoir un sens faible qui équi- Aussi est-ce en s'unissant au Christ que le chré-
vaut à notre« Soit 1 1) (Jr 28,6). Mais·Ie plus sou- tien doit répondre à Dieu s'il veut être *fidèle,
vent, c'est une *parole qui engage : par là, on le seul Amen efficace est celui qui est prononcé
témoigne son accord avec quelqu'un (r R 1,36), par le Christ à la gloire de Dieu (2 Co 1,20).
on accepte une mission (Jr u,5), on assume la L'Église prononce cet Amen en union avec les
responsabilité d'un *serment et le jugement de élus dans le ciel (Ap 7,12) et nul ne peut le pro-
Dieu qui va le suivre (Nb 5,22). Plus solennel noncer s'il n'a la grâce du Seigneur Jésus avec
encore est l'engagement collectif pris lors du lui ; aussi le souhait qui termine la Bible, et que
renouvellement liturgique de l'Alliance (Dt 27, scelle un dernier Amen, est-il que cette grâce
15-26; Ne 5,13). . soit avec tous (22,21). CT
Dans la liturgie, le mot peut prendre aussi une
autre valeur; si l'on s'engage vis-à-vis de Dieu, -+ fidélité - foi O - incrédulité O - louange III -
c'est qu'on a confiance en sa parole et qu'on promesses - vérité AT.

43 44
AMI :..·AMOUR

(Le 22,28s) ; aussi Jésus leur partage-t-H les secrets


de son :Père .. (Jn 15,15), comme entre amis. Le
type de l'ami· de Jésus,· fidèle jusqu'à la croix,
AMl c'est ci: le·disciple que Jésus aimait » (Jn· 13,23 ;
cf 2-1,7.20) et à·quiil confie sa prqpre mère (19,26).
Ceux .que le Seigneur a choisis pour· amis ne'
1. «L'ami.fidèle n'a pas de prix·» (Si 6,15s;_ 7,18), peuvent manquer de. se sentir liés entre eux par
car il aime.en tout temps.» (Pr 17,17)·,,rendant
1( l'amitié. Non. sans orages certes : ainsi Paul.· ·uni
la vie délicieuse. -~Ps 133; Pr ·15,17). Comment à ses frères par tant de liens solides (cf Rm 16,1-16)
oublier la. merveilleuse amitié qui unit· David et et si soucieux en permanence de tout ce .q.ui les
Jonathan darl.s un jaillissei;nent spontané ·(1 S. 18, concerne (cf.r Th 2;7-12; 2 Co 11,28s), connait de
1-4), qui dura dans l'épreuve .. (1. S 19--20) ·jus- sérieuses diffi.cultés,,avec Barnabé (Ac 15,36-39),
qu'à la mort (2· S r,25s), et survécut dans la voire avec· Pierre "'lui-même· (Ga 2,u-14); au soir
*mémoire du cœur (9,1;.21,7}? de·sa vie, il se Sentira presque seul, privé de toute
Or s'il existe de telles amitiés, ·il en est aussi amitié (2· Tm 4,9"-14); Mais au~delà de ces crises
d'illusoires. Pourquoi les riches ont-ils tant d'amis, demeure la certitude que-la volonté du Seigneur,
et si·peu les pauvres,.les malades, les persécutés c'est .l'*amour fr.aternel entre les siens ·(Jn. ï5,
(Pr 14,20;· cf Ps 38;12; 55,13s; 88,19; 1og,4s; Jb 12ss) ; l'image .de l'amitié qui régnait dans la
19,19) ? Pourquoi « celui qui partage mon pain communauté primitive (Ac 2,44ss; ·4,32) reste pour
lkve-t-il le talon contre moi » (Ps 41, 10).? ·· Ces tous les chrétiens un idéal et une. force.
douloureuses expériences apprennent à être lucide
dans le choix de ses amis, au point.qu'.il convient 3. L'.ami de l'époux. - Les coutumes du •mariage
de se méfier ·parfois (Si 6,5-13; u,8-13,23; 37, en ·Israël comportent la présence '.d'un " ami de
1-5). Même sincère-(Jb 2,I2s), l'amitié ne peut-elle l'époux », chargé de préparer ,la rencontre nup-
être décevante (Jb6,x5-30), voire entraîner au .mal tiale et de servir d'intermédiaire entre ;les fiancés
(Dt 13,7; Si 'i:2,14; cf 2 S 13,3-15) ? jusqu'à l'heÙre des noces,. où il ·présente la jeune
Aussi l'amitié gagne-t-elle .en vieillissant : Œ Vin femme à son époux. On. retrouve .des allusions à
nouveau, arnI, nouveau ; s'il a•wieilli; tu le boiras cet usage dans les textes où le Seigneur est décrit
avec joie·" (Si 9,10); elle apprécie la réprimande coinine r•Époux-d'Israël. l.ttre ·son ami, c'est le
ouverte (Pr 27,5s) ;· surtout elle s'alimente à la · rôle;du prophète, chantant: dans la douleur l'in-
*crainte de· Dieu.; « Qui èraint le Seigneur. se fait . :fidélité de !!épouse (Is ·5, 1-7). C'est encore. le rôle
de vrais ·amis; car tel ,on est, ·tel est l'ami .qu'.on de Jean-Baptiste qui prépare, les· hommes à la
a» (Si 6,16s). De fait (cf •amour), .le modèle· et la rencontre. du Seigneur,.puiS s'efface,·.comblé par
source de l'amitié véritable est l'amitié que. Dieu leur j0ie mutuelle (Jn 3,28ss) .. C'est- enfin le ·r6le
scelle avec l'homme, avec un Abraham (1s 41,8; de Paul qui 11 :fiance ii la communauté de.Corinthe
Gn ·:rS,17ss), un Moïse (Ex 33,II), les prophètes au Christ·(2 Co .n,2); mais.plus tard, .reprenant
(Am 3,7). l'image, !'Apôtre saura qu'en fait ,'c'est l'Époux
·qui' a toute l'initiative : il « ·se présente à lui-
2. En envoyant son Fils parmi nous, ·Dieu s'eSt même. li l'épouse; qui ne .peut .-lui plaire .que s'il
montré« ami des hommes·»-(Tt 3,4); et Jésus l'a la comble d~abord de tous ses dons· (Ep ·s,27) :
dépein~ comme celui qui se laisse déranger: par· !'Époux joue ainsi lui:--même le ·rôle-qui jadis reve-
l'ami importun (Le n,5-8). Surtout, • Jésus a donné nait à l' «. .ami-». ' CW
à cette· amitié un visage dE;- chair : il a aimé 'le
jeune homme rich,~'.(Mc rn,,iu),· il a-aimé tendre-· ~ am.q~r --:-- ~nnemi ~ frère ~ Jean..:Bapt_iste 2. . -
. ."pi'.~_chaih~ repas I, III - servir III 2 - Serviteur de
ment Lazare, et à traverS lu;' tous ceux qui devaient ... ~Di~_III 3. , ·
par la foi surgir du tombeau (Jn. n,3,n.35s). Il
eut des o:i: compagnons » qui partagèrent son exis-
tence (Mc 3,14)~ mais tous ne devinrent- pas· ses".'.·
«amis~ (gr. philos) ; ainsi Judas est.encore appelé AMOUR
« compagnon ».·(gr. hetairos) (Mt·26,50; cf 20,13;
22,12), alors-qù'aux autres disciples Jésus décla-
re : 1: Je ne vous. appelle plus "serviteurs, mais o: Dieu est amour » - o: Aimez-vous les uns les
amis li (Jn r5,:r5) ;.ils. ont ·partagé ses épreuves, autres "· A vaut de parvenir à ce sommet de la
ils sont prêts· à affronter la nuit· de la Passion révélation du NT, l'homme doit purifier les con-

45
AMOUR AMOUR
ceptions tout humaines qu'il se. :fait. de l'amour,
pour accueillir le mystère de l'amour· divin - et
celui-ci passe par la croix. Le mot u amour • I. LE DIALOGUE D'AMOUR
désigne en effet bien des réalités différentes,• ENTRE DIEU ET L'HOMME
charnelles ou spirituelles, passionnelles ou ré:flé-·, AT
chies, graves ou légères, épanouissantes ou des- .
tructrices. On aime une chose agréable, un ani- Bien que le mot u amour» n'y figure pas, ,les récit~
mal, un compagnon de travail, un ami, des parents, de la création (Gn 1; 2"-3) évoquent l'amour de
ses enfants, une femme enfin. L'homme bibli<J..Ùe Dieu à travers la bonté dont Adam et Ève sont
connait tout,cela. La Genèse (cf Gn:2'i23s; 3,'16; l'objet. Dieu veut leur donner la •vie en pléni-
12,10-19; 22; 24; 34}, l'histoire de David (cf I S tude, mais ce don suppose ùne libre adhésion à sa
18,:iss.20; 2 S 3;16; 12,15-25; 19·,1-5), le Cantique •volonté : c'est par le biais du commandement
sont, entre bien d'autres, les témoins de senti- que Dieu engage le dialogue d'amour. Adam a
ments cre toute sorte .. Le péché s'y mêle souvent, voulu s'emparer par forèe de ce .qui lui était des-
mais on y trouve aussi droiture, profondeur et tiné comme tin don : il a péché. Alors le mystère
sincérité sous des mots habituellement sobres et de la bonté s'approfondit en *miséricorde à l'égard
discrets. · du pécheur par des •promesses de •salut ; pro-
Peu porté à l'abstraction intellectuelle, Israël gressivement se rétabliront les liens d'amour qui
donne souvent aux mots une coloration affec- unissent Dieu et l'homme. L'histoire du paradis
tive : •connaître, potir·lui, c'est déjà aimer·; sa annonce déjà toute l'histoire sainte.
•fid.élité aux liens sociaux et familiaux (béséd) est .~
tout iniprégnée d'élan et de spontanéité généreuse r. Amis et confidents de Dieu.·- En appelant
(cf-Gn 24,49; Jos 2,12ss; Rt 3,10; Za 7,9). Dans le *Abraham, choisi au milieu des païens (Jos 24,
langage del' AT, (< aimer l'J (hb, akab ;. gr. agapdn; zs), à devenir son ami (Is 41,8), Dieu exprime son
les LXX, parmi les mots grecs qui désignent l'amour, amour sous la forme d'une *amitié : Abraham
ont choisi ce .verbe moins courant, qui deviendra devient le confident de ses secrets (Gn 18,17). S'il
dans le NT un.mot exclusivement religieux) a autant en est ainsi, c'est qu'Abraham a répondu aux exi-
d'harmoniques qù 'en français. gences de l'amour divin : il a quitté sa patrie sur
Bref, l'homme biblique sait la valeur de l'affec- l'appel de Dieu (r2,1) ; il doit entrer plus avant
tivité (cf Pr 15,17), bien.qu'il n'en ignore pas· les dans le mystère de la *crainte; de Dieu .qui est
risques {Pr 5; Si 9,1~9) .. Quand la notion d'amour amour, .car il est appelé à sacrifier son. fils unique,
pénètre sa psychologie religieuse, elle est toute et avec lui son amour humain : u Prends ton fils,
chargée d'une expérience humaine dense et con- celui que tu aimes n (22,2).
crète. En même temps elle soulève de nombreuses •Moïse n'a pas à sacrifier son fils ; mais son
questions. Dieu, si grand, si pur, peut-il s'abaisser peuple entier est rois en question par le conflit
à aimer l'homme petit et pécheur ? Et si Dieu entre la sainteté divine et le péché ; il est écartelé
condescend à aimer l'homme, comment l'homme entre Dieu dOnt il est l'envoyé et le peuple qu'il
pourrait-il répondre à cet amour par un amour ? représente (Ex 32,9-13). S'il tient :fidèlement, c'est
Quel rapport ex.iste-t-il entre l'amour de Dieu et que, depuis sa vocation (3,4) jusqu'à sa mort, il
l'amour des hommes? Les religions s'efforcent Ii'a cessé de progresser dans l'intimité de Dieu,
toutes.·à leur manière de réyondre à ces questions, s'entretenant avec lui comme avec un •prochain
versant ordinairement dans l'un des deux excès (33,1 r) ; il a eu la révélation de l'immense *tendresse
opposés : pour maintenir la distance entre Dieu de Dieu; d'un amour qui, sans rien sacrifier de la
et l'homme, reléguer l'amour divin en une ·sphère •sainteté, est ~miséricorde (34,6s).
inaccessible - ou, pour rendre Pieu présent à
l'homme, profaner l'amour de Dieu en un amour z. La révélation prophétique. - Confidents de Dieu
tout humain. A cette inquiétude religieuse de eux aussi (Am 3,7), aimés personnellement d'un
l'homme, la Bible, elle, répond avec clarté :'1 Dieu Dieu dont le choix-les empoigne (7,15), les écar-
a pris l'initiative d'.un dialogue d'amour avec les tèle parfois (Jr 20,jss),- mais les remplit aussi de
hommes ; au nom de cet ainour il les engage et joie (20,nss), les *prophètes sont les témoins du
leur apprend à s'aimer les uns les autres. drame de l'amour et de la· *colère de Yahweh
(Am 3,2). Osée, puis Jérémie et Ézéchiel, révèlent
que Dieu est l'*Èpoux d'Israël pourtant· toujours
infidèle; cet amour passionné et jaloux (cf *zèle)

47
AMOUR AMOUR
n'est payé .que d'ingratitude et de tr~ison. Mais avec toute ma fortune; "je n'avais pas encore eu
l'amour est plus fort que; le, péc~é, dût-il souffrir l'occasion de. l'aimer avec tout moUnême (cf
(Os .11,8) ;. il •pardonne et ,recrée. en Israël un •-âme). Le·. moment est arrivé'..,.» Quand cette
•cœur •nouveau capable d'.aimer (Os.2,21s;· Jr 3:J, parole sublime était prononcée,· la révélation plé-
3.20.22; Ez ·16,60-63;- 36,26s). D'autres.. images, nière avait ·déjà" été donnée aux- hommes -par
comme celle du •Pasteur {Ez_ 34) ou de la *Vigne *-Jésus-Chris~.-
(Ts s; Ez 17,6-10) . exptj.ment la Il'l.ême · ardeur
divine et le même drame. NT
Promulgué_ sanS doute (2· R 22) au moment. où
le peuple semble préférer définitivement à l'amour L'amour entre Dieu et les hommes• s'était révélé
de Dieu le cùlte des *idoles, le Deuté_ronome rap- dansTAT à.travers une suite.de faits: initiatives
pelle inlassablement que l'amour de Dieu pour divines et refus de l',homme, souffrance de l'amour
Israël est gratuit (Dt 7,_7s} et qu'Israël doit 11 aimer rejeté, ·dépiassemeiits douloureux pour ·être·-.au
Dieu de tout son cœur n (6,5}. ,Cet.~mour s'expl)me iliv.eau de l'amour et en· accepter la grâ.ce. Dans
en actes d'*adoration et d'*obéissance (u,13; ,l_9, le NT, l'amour divin s'exprime· 'en un fait unique
9) qui supposen_t un choix radiç;al, un arracheme~t dont· la ·nature même• transfigure les données de
coftteux· (4,15-31; 30,15-20). Mais il n'est po~sible la situation_: Jé.sus vient vivre en Homme-Dieu le
que si Dieu en personne vient .•circoncix:e le cœur drame du dialo'gue d'a·mour entre Dieu et l'homme.
d'Israël et le rendre capable d'aimer (30,6).
I. Le don du Père . ...:...La venue de Jésus estd'aborù
3, Vers un dialogue personnel. - Après l'•exil, un geste du .Père. Après )es.prophètes.et les pro~
Israël, purifié par !'*épreuve, découvre de plus messes de l'AT, «·se souvenant de sa miséricorde 1)

en plus que· la vie, avec Dieu est un dialogue (Le 1,54s; 'He 1,19), Dieu"se fait 'connaitre (Jn r,18) ;
d'amour. C'est sans doute ainsi qu'il relit le Can- il manifeste son·amour (Rm-8,39; l Jn·s-,r;,.4,9)
tique des Caiitiques ..: avec.des alternances de·pos- en celui qui est non seulement le •Messie sauve.or
.session et de recherche, -l'"Époux et l'épous_e attendu (Le 2,n); mais enèore son propre *Fils
s'aiment d'un amour. 11 f0rt comme l,a mort )1 (Mc I-,n; 9,7;. 12,6), celui. qu'il aime {Jn 3',J.5;
(Ct 8,6). . ..... • 10,r7; 15,9; Col 1,13).
Après l'exil -encore_, on se rend mieux c_o;mpte L'amour du- Père s'exprime·alors d'une- manière
que Dieu s'adresse• au_ cœui:- de chacun : il n'aime que rien ne peut dépasser. Voici réalisée la nou..,
pas seulement la collectivité (Dt 4,7) ou,ses chefs velle *alliance, et conclues les noces éternelles de
(2 S 12,245), .mais chaque Juif, surtout le. *juste l'*Époux :avec l'humanité. La générosité divine,
(Ps 37,25-29; r.46,8), le *pauvre et .le petit (1?s manifestée depuis les origines d'Israël .(Dt,·7,7s),
u3,5-9). Et même _peu à pe:u s'ébauche .l'idée atteint son, comble·; accueillant le Fils, l'homme
qu'au-delà du Juif ra_mour de Yahweh con.cerne ne peut que renoncer _à. tout •orgueil, à _toute
aussi les païens (Jon 4,10s)., voire toute créature "fierté fondée-sur son propre mérite: le don d'_amour
(Sg II,23-26). , . , -, fait _par Dieu est totalement _gratuit (Rm · 5,6s;
Ainsi, à }'·approche de la, venue du Christ, le Tt 3,5; r Jn 4,10~19}. Ce don· est définitif, au-delà
Juif *pieux (hb. {iasfà : Ps zi.,4; 132,9,16) qui de l'existence -terrestr~ de Jésus (Mt' 28,20; Jn 14,
médite. la Bible prend conscience _d'ê.tre aimé par r8s)-; il est p0uSSé-à l'extrême, puisqu'il consent
un Dieu dont.il chante.la miséricordieuse *:fi.délité à la.mort'1du Fils pour'que·.Je •m0nde ait-la·vie
à _}'*alliance (Ps _136; JI 2,13), .la bonté (Ps 34,9; (Rm· 5;8;·. 8,32) et qu.e· nous. soyons •:fils· de Dieu
100,5}, la •grâce (Gn_ 6,8; Is 30,18}, la •~ehdresse (r Jn 3,1; Ga 4;4-7). Si« Dieu a tant aimé,}e.mondc
{Ps 86,15; _Sg.15,r): En retour, il_redit sans,cess.e , qll'il a dpnné son Fils unique D. (Jn 3,16), c'est pour
son amour. po.ur Dieu (Ps 31,24; 73,25;, n(>,I). et eq·u~.i les 'hommes à.ient la •vie .éternelle; mais ils
tout ce qui se rattache à lu~ : son ~Nom, sa •Loi, ···se condamnent eux-,mêmes, ·ceux qui" refusent de.
sa *Sagesse (I:'s 34,n;· n9,r27; 1s 56,6;_ Si 1,19;. croire en ·celu{ qui a été ·envoyé et 11 aiment mieux »
4,14). Cet amour doit souven:t se prouver face _à 1 les ténèbres que· la lumière .(3,19). ,•L'option est
l'exemple. et à la _pression des •impies (:I>s 10; inévitable : Ou l'.amour par. la :foi au Fils, ou la
40,14-17; 73;_ Si 2,II717) ;. et c~la peut alle~. i1:1s-:- *colère par le refus de la ·foi (3,36). ·
qu'au •martyre, cotµ.me ce-fut le _cas a,u temp,s des
Maccabées (2 M 6--7) ; de même plµs tar4, Rabbi 2. L'amour parfait 1'évélé en Jésus.-:-- Ce n'est pas
Aqiba, mourant. pcmr sa foi _en 135 après, J.-C: : seùlement à-:l'occasion du contact avec Jésus, Dlais
« Je l'ai ai,mé avec iout ·mon cœur, dira-t-il, et dans' sa· personne même que désormais se joue

49 50
AMOUR AMOUR

le drame de l'amour. Par son existence, Jésus aimé de Dieu sans réserve (Jn ·10,r7; Ph 2,9ss).
est révélation concrète de l'amour, Jésus est Dieu et-l'homme communient dans l'*unité, selon
l'*homme -qui réa.lise le dialogue filial avec Dieu la prière dernière· de Jésus (J n · 17). Encore faut-il
et en porte le témoignage devant les hommes. que· l'homme accepte librement un si total et exi-
Jésus- est Dieu qui vient vivre en pleine humanité geant am.our:qui doit l'amener à se sacrifier à la
son amour et en fait entendre l'ardent appeL suite du Christ (17,19). Il trouve sur 'sa route le
Dans la personne de Jésus, l'hon;i.me aime Dieu et" •scandale de la croix qui n'est autre que le scan-
est aimé de lui. , . .-, dale de l'_amour. C'est là que se manifeste en_ plé-
a) La vie entibe de Jésus témoigne,q~ ce·do_uble nitude le don de l'Époux à l'épouse (Ep 5,25ss;
dialogue.· Donné au Père depuis le début (Le 2,49; Ga 2,20), mais allssi pour les hommes la tenta~
cf He xo,5ss), vivant dans-la prière et l'action de tian suprême de l'infidélité.
grâces (cf Mc 1,35; Mt II,25) et surtout dans la
parfaite conformité à la. •volonté di-vine. (Jn 4·,34; 3. L'amour universel dans l'Esprit. - Si le Cal-
6,38), il est sans cesse à l'*écoute de Dieu (5,30; vaire · est le lieu de l'amour parfait, la manière
8,26.40), ce qui l'assure d'être écouté de lui (u, dont il le manifeste est· une •épreuve décisive : ·
4rs; cf 9,3r). A l'égard des hommes, sa vie est de fait, les amis du Crucifié l'abandonnent (Mc
toute donnée, ·non seulement à quelques amis (cf 14,50; Le 23,13•24) ; c'est que l'adhésion à l'amour
Mc 10,2r; Le 8,1ss; Jn II,3.5.36), mais à tous divin n'est pas affaire de rencontre physique ni
(Mc ro,45) ; il passe en faisant le bien (Ac 10,38; de raiSonnement humain, bref de « connaissance
Mt n,28ss), dans le désintéressement total (Le selon la •chair » (2 Co 5,16) ; il y faut le don de
Q,58) et l'attention à tous, y compris et surtout !'*Esprit, qui crée en l'homme un «· •cœur •nou-
les plus méprisés et les plus indignes (Le 7,36-50; veau » (cf Jr 3r,33s; Ez 36,25ss). Répandu à la
19,1-10; Mt 21,3rs); il choisit gratuitement•ceux •Pentecôte (Ac 2,1-40) comme le Christ l'avait
qu'il veut (Mc 3,13) pour en faire ses amis (Jn promis (Jn 14,16ss; cf LJ?. 24,49}, l'Esprit est d~uis
15,15s). lors présent dans le m:onde (Jn 14,16) par l'Église
Cet amour appelle la réciprocité ; le commande- (Ep 2,21s), et·· il •enseigne aux hommes ce que
ment du Deutéronome demeure en vigueur (Mt Jésus leur a dit (Jri 14,26), le leur faisant com-
22,37; cf Rm 8,28; 1 Co 8,3; r Jn 5,2), mais c'est prendre du dedans, d'une vraie "connaissance reli-
à travers Jésus qu'on y obéit : en- l'aimant, on gieuSe ; •témoins ou non de la vie terrestre de
aime le Père (Mt 10,40; Jn 8,42; 14,21-24). Aimer Jésus, les hommes sont ici à égalité, sans distinc-
Jésus enfin, c'est garder intégralement sa *parole tion de temps ni de race. Tout homme a besoin
(Jn 14,15.21.23) et le •suivre en renonçant à tout de !'Esprit pour J)'ouvoir dire « Père 11- (Rm 8,15)
(Mc 10,17.21; Le. 14,25ss). Dès lors, un partage et. glorifier le Christ (Jn 16,14). Ainsi est répandu
s'opère au long de l'Évangile (Le 2,34) entre ceux en· nous un amour (Rm 5,5} qui nous presse
qui acceptent et ceux qui refusent cet amour en (2 Co 5,14), un amour dont rien ne peut plus
face duquel on ne peut rester neutre (Jn 6,60-71; nous séparer (Rm 8,35-39) et qui nous prépare à
cf 3,18s; 8,13-59; 12,48). la rencontre d'aID.our définitive où « nous cannai•
b) A la •Oroix, l'amour révèle de façon décisive trons comtrle nous sommes connus » (1 Co 13,12).
$On intensité et son drame. Il fallait que Jésus
•souffrît (Lc9,22; 17" 25; 24,7.26; cf He 2,17s), pour
1
4. l)ieu est amour. - Conduit ainsi par !'Esprit
que fussent révélés pleinerqent son •obéissance au à vivre avec Son Seigneur dails mi dialogue d'amour,
Père (Ph 2,8)·,et son amour des siens (Jn 13,1). le chrétien s'approche du mystère même de *Dieu.
Totalement libre (cf .Mt 26,51-54; Jn 10;18), à-tra- Car celui-ci ne révèle pas de prime abord ce qu'il
vers la tentation et l'apparent •silence de Dieu est : il parte, il appelle, il agit, et l'homme accède
(Mt 26, 39-44; 27,46; cf He 4,15), dans la •solitude par ce chemin à. une cari.naissance plus profonde.
humaine radicale (Mc 14,50; 15,29-32), pardon- Donnànt son Fils, Dieu révèle qu'il est celui qui
nant cependant et accueillant -encore (Le 23,28. Se donne par amour (cf Rni 8,32). Vivant avec
34·.43; Jn 19,26s), Jésus arrive à l'instant unique son Père dans uti dialogue d'amour àbsolu, révé-
du II plus grand ·amour " {Jn r5,13). Il y donne lant ainsi que le Père et lui sont « un » d·e ·toute
tout, sans réserve, à Dieu (Le 23,46) et à tous les éternité {Jn 10,30; cf-17,1r.21s), et qu'il est Dieu
hommes sans exception (Mc 10,45; 14,24; 2 Co 5, lui-même (Jn 1,1; cf 10,33-38; Mt rr,27), « le
14s; 1 Tm 2,5s), Par la Croix, Dieu est pleine- Fils unique CJ.ui est dans le sein du Père » nous
ment •glorifié (Jn 17,4) ; « l'homme Jésus lJ {1 Tm fait coniia,tre le Dieu qtie ·(( personne n'a jamais vu»
2,5), et avec lui l'humanité entière, mérite d'être (Jn 1,18). Ce Dieu, c'est lui et son Père dans l'unité

'SI
AMOUR AM0l7R

de !'Esprit. Et le « disciple bien-aimé », celui qûi fendit la nature de l'amour •fraternel. Dans l'amour
a fait l'expérience de la .charité et de la foi, peut du prochain; oil inclut l'adversaire juü, voire r•en-
formuler ce qui est sans doute le dernier mot de ·nemi païen ; l'amour devient plus universel, bien
toutes choses : « Dieu est amour » {I Jn 4,8.16). qu'Israël. garde son rôle central. « Aime la paix,
De tous les mots- humains.- avec leurs richesses· et dit · Hillel. Aspire à la paix. Aime les créatures,
leurs limites, c'est· celui d' u amour·» qui peut le conduis-les à la Loi. ll On découvre qu'aimer c'est
mieux nous laisser entrevoir le mystère du •Dieu prolonger-l'actiàn.divine : « De même que le Saint
Trinité, -le don réciproque et étemel du Père; du - béni soit-il 1 - habille ceux qui sont nus, colf-
Fils et de l'Esprit sole les affligés, ensevelit les morts, de même, toi
aussi habille ceux tj_ui sont nus, visite les malades,
etc. ». Il était dès lors facile de faire le lien des deux
commandements· d'amour pour Dieu et pour le
II. LA CHARITÉ FRATERNELLE prochain ; voilà ce ...qu'un jour fit un scribe abùr-
AT dant Jésus, (Le 10,26s).

Dès l'AT, le commandement de l'amour de Dieu NT


est complété par le « second commandement » :
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même li Si la.conception juive pouvait laisser croire que
(Lv 19,18}. A vrai dire, ce commandement est -l'amour - fraternel se juxtapose à égalité avec
présenté de façon moins Solennelle que l'autre d'iutres commandements, la vision chrétienne,
(comp. Lv 19,1-37 et Dt 6,4-13), et le _mot "pro- elle, lui donne la place centrale, voire unique.
chain y -a sans doute un sens assez étroit. ,Mais
déjà l'Israélite est invité à porter attention à x. Les deux amout's. - D'un bout à l'autre du
« autrui ll. Dès les plus anciens -textes, c'est une NT,, l'amour du *prochain apparaît indissociable
offense à Dieu -que d'être indifférent ou ·hostile de· l'amour de Dieu : les deux commandements
à ses proches (Gn 3,12; ·4,9)_, et _la Loi joint "aux sont le· sommet et la clef de la Loi (Mc-r2,28~33 p).
exigences .qui concernent les J'.elations ave.c J?i~u La charité fraternelle est l'accomplissement de
celles qui touchent les relations entre hommes ·: toute exigence morale (Ga 5,14; 6,2; .Rm 13,Bs;
ainsi le Décalogue (Ex· 20,12-17), ou le « Code Col 3,14) ; elle est en fin de compte l'unique com-
de l'Alliance» qui abonde.en prescriptions d'atten- mandement (Jn 15,12; 2 Jn 5), l'*œuyre unique
tion envers les *pauvres et les petits (Ex 22,20- et multiforme de toute •foi vivante (Ga 5,6.22).
26; 23,4-12). Toute la tradition prophétique (Am « Qui n'aime pas son frère qu'il· voit ne saurait
1-2; Is 1,14-17; Jr 9,2-s; Ez rS,5-9; Ml 3,5} et aimer Dieu qu'il ne -voit ·pas ... nous aimons · les
toute la tradition sapientielle (Pr 14,21; · 1,8-19; enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu » (1 Jn
Si 25,1; Sg 2,ross) vont dans le même sens : on 4,20s; 5,2)0 On ne saurait mieux affirmer qu'il n'y
ne peut plaire à Dieu sans respecter les autres a_·au fond qu'un seul amour.
hommes, surtout lès plus abandonnés, 1~ moins L'amour du prochain est donc essentiellement
,1 intéressants ». Jamais on n'a cru pouvoir aimer religieux ; il n'est pas· une ·simple philanthropie.
Dieu sans s'intéresser aux hommes : « Il pratiquait Religieux, il l'est encore par son modèle·: l'amour
la justice et le droit... il jugeait la cause du pauvre même de Dieu (Mt 5,44s; Ep 5,1s.2s; 1 Jn 4,11s).
et du malheureux. Me •connaitre, n'est-ce pas Il l'est en.fin et surtout par sa· source, car il est
cela ? )1 (Jr 22,15s). L'oracle conèerne Jo_sias, mais l'œuvre de Dieu en nous : pourrions-nous être
atteint tout Israël (cf Jr 9,4). *miséricordieux comme le Père céleste (Le 6,36),
Que ce devoir soit explicitement appelé« amour», si'le Seigneur ne nous l'enseignait (1 Th 4,9), si
cela n'est pas dit sOuvent (Lv 19,18; 19, 34; Dt 10, l!E~prit llé répandait l'amour en nos cœùrs (Rm 5,5;
19). Déjà cependant, à.. l'occasi~n de l'amour pour ··15,jo) ? Cet amour vient de Dieu et existe en
!'*étranger, le .-commandement est fondé sur ,le nous du fait ·même que Dieu nous prend pour
devoir· d'agir comme Yahweh au temps de *fils (I Jn 4,7). Et, venu de Dieu, il retourne
l'*Exode : « Yah~eh aime l'étranger auquel il vers lui : en aimant nos frères,· nous aimons le
donne pain et vêtement. Aimez ..l'étranger, car Seigneur même (Mt 25,40), puisque tous ensemble
au pays d'Égypte vous fûtes -étrangers » (Dt. 10, nous formons le. *Corps· du· Christ (Rm ·12,~-10;
18s). Le motif n'est .pas une simple _solidarité 1 Co 12,12-27). Telle est la· façon d0nt nous pou-
naturelle, !9,aiS l'histoire du salut. vons répondre à l'amour dont Dieu nous a aimés
Avant la venue du Christ, le judaïsme appro- le premier (1 Jn· 3,16; 4,19s).

53 ·54
AMOUR ANATHÈME

En attendant 1a: parousie, du Seigneur, 1a· cha- En face du •monde où il ne- peut aimer le règne
rité est l'exigence esseritielle .d'après laquelle du «Mauvais.»·(1 Jn 2,14s; cf Jn.17,9), le,,chrétie~
les hommes seront jugés (Mt 25,31-46) .. Tel aimera ses. *frères d'un amour: exigeant et.con-
est le testament laissé par Jésus : ~ .Aimez-vous cret (r Jn 3:,n-18), où joue la loi du renoncement
les uns les autres, comme je vous ai aimés» (Jn 13:, et de la mort, sans· laquelle il n'est pas de vraie
345). L'acte d'amour du Christ continue à s'expri-. •fécondité (Jn 12,245). Par cette charité, le croyant
mer à travers les actes des• disciples. Ce comman..:·, ~demeure en communion avec Dieu (r Jn 4,7-
dement, quoique ancien parce qûe lié aux sources 5,4);· Telle .était la dernière prîère dè: Jésus : « Que
mêmes.de la révélation (1 Jn 2,7s), est •noü:vëa.'u: l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi
en effet-Jésus a inauguré une ère nouVêlle p~· son en eux » (Jn 17,26). Vécu par les disciples au
sacrifice, .fondant la communauté nouvelle qu'an- milieu du monde auquel ils n'appartiennent pas
nonçaient les prophètes, donnant à. chacun l'Es- (17,n.r5s), cet amour fraternel est le *témoi-
prit,qui crée des èœurs nouveaux: SL.donc les deux_ gnage à travers lequel le monde Peut reconnaitre
commandements sont unis, c'est parce que l'amour Jésus comme l'envoyé du, Père (17,21) : a A ceci
du Christ continue à s'exprimer à travers la cha- tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à
rité que les disciples manifestent entre eux. cet amour que -vous aurez les uns pour les autres 1)
(r3,35), CW
2. L'amour est don. - La charité chrétienne est
vue, surtout par les Synoptiques e't par Paul, à - adultère I - Alliance - ami - aumône - ·cher-
cher III-cœui-oolère-· 001om.be 3 - confiance 3 -
l'image de Dieu donnant gratuitement son Fils connaître ....:.. communion - ciainte de Dieu 0, III -
pour. le salut de tous les hommes pécheurs, sans désir -··-Dieu' NT II 4, III - don - douceur 3 -
aucun mérite de leur part (Mc 10,45; Rm 5,6ss). d1"0it NT - élection AT Il 1 ~ ennemi Il 3, III -
Elle est donc universelle, ne laissant subsister Époux/épouse ·- .. espérance · - exemple NT - feu
aucune barrière sociale· .ou raciale- (Ga 3;28), ne AT II 3,-Jidélité - frère -.grllce - haine - hos-
méprisant personne '(Le 14,13;· 7,39) ; bien plu:s, pitalité -,- humili:té III -·Loi B II 3 ; C - mariage -
elle demande-l'amour des $ennemis .(Mt-5,43-47; mjracle I :2. c - miséricorde - œu~ NT II z - par-
Le 10,29-37). L'amour ne peut se décourager : il don - parfum. I-:- pasî:eur_& tro_Upeau - patience -
pères & Père - perfection NT 2,.4 ~ piété• AT 2;
a pour expressions le *pardon sans limite, (Mt 18, NT_ :2. · - prédestiner _,prochain·.:...:. Providence -
:us; 6,12.14s), le geste spontané vers l'adversaire Rédemption NT s - rétribution Ill z - sacrifice NT
(Mt 5,23s), la *patience, le bien rendu ,ppur le Il 1 - schisme NT- sexualité - tendresse,- unité.-
mal (Rm r2,14-:n; Ep 4,25-5,2), Dans le •mariage, vertus et vices_:_ violence IV :2..3 - virginité - volonté
il s'exprime sous forme ·de don total, à. l'image de Dieu -zèle. '
du sacrifice. du Christ {Ep 5,25-32). Pour tOus,
c'est fi.nà.lement un •esclavage mutuel {Ga 5,13),
où l'homme renonce à lui-même avec le Christ
crucifié (Ph 2,1-u). Dans son « hymne à la cha-
rité » (1 Co 13),, Paul ·manifeste la nature et la
grandeur de l'amour. Sans négliger aucunement
ses exigences quotidiennes (13,4ss), il a:ffirme que
sans la charité, rien n'a de valeur (13,rss)-, qu'elle La racine séniitiqu~ d'où vient !i,enm, ·ana-
thème,· signifie « mettrè à part », a interdire à
seule survivra à tout : en aimant comme le Christ,
nous· vivons déjà une réalité divine et éternelle l'usag~ profane ». Ses emplois bibliques désignent
{13,8-13). Par .elle; l'Église est *édi:fi.ée (1: Co 8,r; essentiellement une· consécration à Dieu.
Ep 4,16) ; par elle, l'homme devient parfait pour
Je·•Jour du Seigneur .(Ph r;gss). AT
Dans les textes les plus anciens, la coutt.~m.e
3. L'amour est comnmnion.· - Jean, certes, ..parle de l'anathème qu'Istaël pàrtàge avec ses voisins,
aussi de runiversalité et de la gratuité de la cha- tel MOab; n'est pas le simple massacré de l'ennemi
rité (Jn 3,16; 15,16; 1, Jn 4,10), mais, plus sen- vaincu, mais une des règles religieuses de la
sible à la •communion du Père et du Fils dans •guerre "'sainte. Afin d'obtenir la victoire, lSraël,
!'Esprit, il en souligne les coilséquences pour qui mène les guerres de Yahweh, voue le butin
l'amour des chrétiells entre eux. Leur· fraternité à l'à.nathème; c'est-à-dire qu'il renonce à s'en
doit être une communion totale, où chacun s'en- approprier le pr'ofit et, s'engage pàr vœu à. le
gage avec toute sa capacité d'amour et de foi. c:onsacrer à. Yahweh (,Nb 21,2s; Jos 6). Cette con-

55
ANATHÈME
ANGES
sécration entraîne· la destruction totale du butiJ:J.. ANCIEN • ·nouveS:u ·.- •vieilleSSe.
êtres vivants et objets matériels ; sa·. non.,.exécu-
tion est- châtiée (r S, 15), .ainsi- que sa violation ANCIENS 7 ~iliistère II· r.J,4 ~ _i>1113teur & trou-
Sacrilège qui. provoque -Ia: défaite.-(Jbs 7);1 peâu NT_ '.2. ..:__ . saceidoce· NT.HI 2 - ~cJitiorf AT II
2 ;·'NT i t· .:._,·'iie:~lle_sse :z. ·'
Dans ,les- faits; l'application s~mble av:oir été
assez. rare_;·. la ,plupart des villes cananéennes·. -ont
été occupées par Israël (Jos 24,13;. Jg r,27~35),
comme Gezer (Jos 16,10; 1 R 9,16) oq Jérusal_em
(Jg 1,21; 2 S 5,6s). Quelques-unes ont même con;.
clu de~ a_lliances,: comme,,Çabaon (J.9s_.9} (:j,t Sichem
(Gn 34). .. , , . . ... . 1

Les histotjens, deutéronon;iiques sa~aient que -~'n~ni ·(l~-'~nges··(~b.- niàJ'ak.--$1'.'.ciffge_los} 'n_'~t


l'anathème: n'av_ait,- 'pàs ·. été . ~ppliqu~., 10:rs: de )a paS uri. nom 'de nature 'mais u:h nomc;d~,'fonction ;_.n
conqu~te {Jg _3,r-6; r ::;R 9,21). I~s,_en· ont p_ourtant si~fie « z:nessager ~-- Les anges sont_«. des espfl;ts
fonnu~é·la loi.gép.éfale poµr-réagi,r c,ontre J_a ~~~c­ dè_stinés ·â;" Servit,' ~VoYés ~ mi~ion p~ur_.I~ b_i~
tion exerC:ée par la religion .can~néenne, s-q.r I_:;1raël de:c_eu·x qui doiVEint _lÏéri~ __du salut_)) (He ._1,I4).
et réaffirmer hl. sainteté du pe_uple-él1,1, (Dt,7,1~6) .. ~app_ant à ·noti-e_'.Per:cepti~ ord~a~~e,)1s co~
D'où -u:rie ,présent~:tion fort systém;,i.tiq-q.e de, rhis- tituent un :monde mystérieux.. Jamais leur _exis-
toire de·la conquête :.-o;n.a transposé,:dan~,Ie.passé ttm_CE:. _ile ·fait· J)toblèÎne _cl_allS-, '1a _:Biblé :. _.mais•. eII.
une -réa~t_ion· rel,igieuse:•dont T.enjeu ftaJt Ja __ sou- dehor~ 1_,4è ce'_' p'oint;',Ia doctrine_ qui' 1l~ir conc~e
veraineté exclusi:v~·de Yahweh,sur Ja •~e sà,inte présente u~ ëJévelOppemen~ _,cei;tain~, et·}?,_ fa·çon
et ses habitants; ' ' · . _ .. don~-on èn· Parle èt _don't: on . 1es __repi-.ésentè• su:J>-
L'ivol-Ùtion du_mot.bef'etn seinble 'avoir disjoint P~9 un recours, ·const~t aux iës~urCêS du _·sym:~
bol_isme·religieux;·, •'.:-,. ' 1 •• " • • •
ses :deux éléments : d'une· .part· la- de~truction _et ,;", .. -,,, ',' .
., ,, . ' '

le châtim~llt-qui-frappent s~rtoqt_l'.infidélité eP,vers


Yahweh (bt-I3,i3..:18; .Ji. ~5,Q)·,;•_ d'a~tre pa.rl,:(lans ÂT
la littérature SacerdptalE', · la cpnsécratio:µ. à Dieu r.":-L'es', anges·-_de·,,yahweh··et-i~Atig'e.-·de Yahwèh'. ..:.l...
d'uÙ êtie-_.hu~ain _o~ .d'un objet, sans possibilité R'èpteri.an:i-'.un trait-· courant ·dans:les tn.Ythologies
de· rachat (~v 27,28s; Nb '18,1_-~·~· · :orien'._tales, -nia:is •~'adapta,nt:'à1 -Ia._:tévél_ation ·d_u--Diëu
NT
UJli(lllf;li' ·l'AT 'rèpiésen.te -~.ouvent ·<Dieu. cotntn~. ·u~
souVerain···oriental •_·_(1: ·,R 22;:19::: ..:Is_,. ·6,-1ss)> Lés
b~·1e ~tr.n n/Elsf plÙs·question d'.entrePreïî~i'e menibreS··. dei-sa cotlr •Sont· àl.l"ssi·_·Ses"' 1~serviteurs
(Jb: '4',I8)'; On·_les nommé_ encore-,Jes_ "'Saints· ·(Jb
de, ~ette, Sainte/. ilï dè .~0111lr ·. d~s. •~~~is .!il
l'anathèmé. Mais ·le _n;J.ot. subsîste_ . pour dire ._la 5;t;- '._r5;15;- Ps"·89_;6; _Do 4;10) Ou les· •:fils _d6\D1~
"'ma.lédictiOn (et, _én_• ·LC 2:r!S' p91ll' le_s 'offrandes (Ps "!z9,1r 89,7; Dt -32·,s). Parmi. ell:X/les ché~bi~s
vo:tïves d_ans. le· Té!Ùpl~, '.dë' J_~~~Iem.). . . ..· ._ . (don:t··1e ··n,om est d'origirie .:mé~potamienne) '!Oll-
Sur les_)èv:r:es 9,es J,:uifs,_ ,dans:-des·•·forml]_les de tiennerit-SOn-1:rône (Ps 80,2;--99;-t);'"tire_J:1t,son char
$se~ent_ (M;c• I_4',7:i:_.'p;'_,_Ac· _2'~.~~>_'•. il __ dési~e,._la. · (-Ez ·r()· 1s)i· lui- ·servent de ·monture '(Ps_' ';r8;H) ou
maléc:].iction- qu'0:n_·wrte, contj'e, s_Oi-µiêm~ .a:'!rca:s g'a'.rden-i::i1•entrée : de son -dom.ainê' pour .-l'intetdffi!i
où 1'on_'seiai_t:parjure<· .'· . ·, ,'·' \'. : ' : .aux!iprofalles·.(Gn 3;24); ,les sér_aphitis,.(les «·-br.ü-
Che:Z:Paui,. è'est U11e tOrinu'1e _ dé._malé_dictioil, qlli lànts-·») chântent sa:,gtoire·(Is 6'.~s),:·et-c•est.1_•-un
eXprifflé .le .J1Jgeirie~t: de •Dieu_ sur lElÉt: ii~~p._èle's d1eux ·qui purifie les'.lèvres,d'lsale•dutâ.nt sa vi_si~
(Ga_ 1,8s; ·1_'.'Co 1?,2~): :II.êst impOsSible qu'un'C~- i~ai.iguiale··(Is &,j). -Oti retrouve les·chérubin'S ~~
ti~ ·1_~, pr(;mo~fé ,·c_O~tre 'Jésus: '(1 ·,eo ','1_2',3):.,:Q1;1~~ füconOgra},lîi:e du.-Tèmple-où ils .abritent l'arche;,de
l'Apôtre•_ -~it_· .4u'.il ·soUh~itèi:"ait'· être ru;iathème·::s1, lei3rs~:::ài1es (x R ·6,23_-2_9; Ex 25,iSs).--To~te·.·une
par ce_ ilj,oy~n. ~S. :frèI'e5.de l'~e·po,uyaièti.t ob~eµir le armée céleste (1·,R ·22;,19; _Ps ·14~12_;_ Ne·9,6),-i-ehausse
salut; n . prëêise ëJ.ùC: é_e -serait P~11t _hli_ être. ,séP,,aré 1.,.àin~i 'la •gloire 'de ·_Dieu::_ eJle ·e'st }'i s_a 'dispo~tion
;. 1Pour _._gouverner, le ·monde' et exéc'.utèr. ·ses ordres
du Cb!ist ...(Rm.- .· 9,;3) ... -,c~,te·· _fo~~le_··-~.~-clp~e
définit•_ ~s.i.·.slf}~làl~~~ti~~":P~ -~çeµ~n~e. ! . •·ps )XF's _:1:03,20)_; 'elle établ,it un ·lien entre le··ciel ,et' la
lerre (Gn-,28;12):·. .. <·, _1 . •• • . r ,_ .
~· Apôtre$ .II I · ~ gùe:rte·.AT ,II·- malédiction ·7 .Cependant,, ,à· côté -de ,ces ~nigmatique~ mCSSa.:.
pui;- A,T I ,_.1· - : saint. -A,'Y ·III .2.
geis,··les anciens· rédts ··bibliqties -~nnàis~t _a~ssi
ANCllTRES-+ Adam l 3 '--' féconruté III , - géné- Un Ange:_de.-Yaliweh {Gn·r6;7;·22,n; E:fc 3:.2; Jg
ration r - homme I r - pères ·& Père, I 2, II. , · · 2;1)- -qui n:'est pas -différent de •Yahweh lui-même

57 58
ANGES ANGES
manifesté ici-bas sous, une forme :visible (Gn ·16, plus oti moins cohérents. Ainsi la doctrine · de
13; Ex 3,2) : habitant une lumière inaccessible l' AT sur .l'existence du monde angélique et sa
(1 Tm 6,_16), •Dieu Ile peut laisser voir· sa •face présence au monde des hommes s'affirme avec
(Ex 33,20) ; les hoDlmes n,.en aperçoiv:ent jamais constance. Mais les représentations et les classi-
qu'un mystérieux reflet. L'Ange de Yahweh dès fications qu'elle utilise ont nécessairement un
vieux textes sert donc à traduire une théologie caractère symbolique qui en rend l'appréciation
encore archaïque, qui, par l'appellation " Ange dri' très délicate.
Seigneur », laisse des traces jU:Sque dans le NT
{Mt 1,20,24; 2,13.19; Le 1,n; 2,9), et même dàns NT
la patristique. Cependant, à mesure' tj_'ue la révé- Le NT recourt au même 'langage convientionnel,
lation progresse, son. r6le . est d~ plus en _plus qu'il puise à la fois dans les livres saints et dans
dévolu aux anges, messàgers ori:Iinaires de .Dieu. là tradition juive contemporaine. C'est ainsi qu'il
énumère les archanges (r Th 4,16; Jude 9), les
2. DAvelQj>Pement de la doctrine des anges .. ~ Ori- chérubins (He 9,5), les Trônes, Seigneuries, Prin-
ginairement, on attribuait indistinctement aux cipautés, Puissances (Col 1,16), à quoi s'ajoutent
anges _des tâches bOrines ou màuvaises (cf .Jb r, 12). ailleurs les Vertus (Ep 1,21). Cette hiérarchie,
Dieu envoie son bon ange pour, veiller sur .Israël dont les degtés varient dans l'expression, n'a pas
(Ex _23,20) ;_ m8.is pour un:e •niission îuneste,. il le ·caractère d'une dottrine fixée, mais d'un élément
envoie des anges de malheur (Ps 78,49), tel !'Exter- secondaire aux conto'urs assez flottants. Toutefois,
minateur {Ex 12;23; cf 2 S 24,16s; 2 R 19,35). comme dans l'AT, l'essentiel de ·1a pensée ~t aii-
Même le:•Satan du L.ivre de Job fait encore partie leu·rs, et il Se réordonne ~ci autour de la révélation
de la cour divine (Jb 1,6-12; 2,1-ro). Pourtant, de Jésus-Christ.
àpi-ès l'exil, les tâ.ches angéliques se spéç:.ialisent
davantage et les anges acquièrent une qualifica- I, Les anges et le Clwist. - Le monde angéliqu·e
tion morale en rapport avec leur rôle : bons anges occupe une plà.ce dans la pensée de J ésùs. Les
d'un côté, Satan et les •dém.oris de l'autre; entre évàngélistes parlent quelquefois de son commerce
les deux, Une opposition constant~ (Za 3,1s). Cette intime avec les anges (Mt 4,rr; Le 22,43) ; Jésus
concept:iqn d'un monde spirituel 'divisé trahit l'in- mentionne les anges comme des êtres réels et
fluence indirecte de la Mésopotami~ et de la Perse ; actifs. Tout en veillant sur les hommes, ils voient
pour mieux faire. faè:e au syi::i.crétisme irano-baby- la face du Père (Mt 18,10). Leur vie échappe aux
lonien, la pensée juive développe sa doctrine anté- sujétions de la condition terrestre (cf Mt 22,30 p).
rieure ; sans tram!iger avec son monothéisme rigou- Bien qu'ils ignprent la date du jugement. final,
reux, -elle use parfois d'une symbolique d'emprunt qui est un secret·du Père·seùl (Mt 24,36 p), ils en
et' systématise sa représentation du monde angé- seront les exécuteurs (Mt 1j,39.49; 24,31). Dès main-
lique. C'est ainsi que le Livre .de Tobie cite les tenant, ils participent à la joie de Dieu quand les
sept Anges de la face (Tb 12,1s; cf Ap 8,2) qui ont pécheurs 'se convertissent (Le 15,10). Tous ces
leur réplique dans l'angélologie de la. Perse .. ~ s traits sont Conformes 'à la doctrine traditionnelle.
le rôle attribué aux• anges n'a pas changé. Ils Jésus précise en outre leur situatfoii pàr rapport
veillent sur les hommes (Tb 3,17; Ps 91,n; Dn au •Fils de l'~Om~e, c_ette figure mystérieuse qui
3,49s) et présentent à Dieu leurs prières (Tb 12, le' définit lui-mêcie, notamment dans sa •gloire
12)' ;· ils président .aux deptinées· des nations (Dn future : les anges l'accoÏnpagneront au jour de sa
10,13-21): . Depuîs Ézéchiel,· ils expliquaient aux parousie (Mt .25,31) ; ils monteront et descendront
prophètes le sens de leurs visions (Ez. 40,3s; Za. 1, sur lrii_{Jn 1,51), ~mme jadis_sur l'échelle de Jaco:i:,
8s) ; cela devient finalement un trait littéraire (Gn 28,10 ... ); il les enverra pour rassembler les
caractéristique des apocalypses (Dn 8,15-19; 9, élus_(_Mt 24,31 p) et éc~_les damnés du Royaume
21ss). Ils reçoivent des •noms ·en rapport avec (l\ft 13,41s) .. Dès le temps de la Passion, Jésµ~
leurs fonctions : Raphaël; 1( Dieu guérit » (Tb 3, aurait pu requérir rïntervention des anges qui
17;,·12,15), Gabriel, a Héros de·Dieu,·» (Dn 8,16; étaient à son service (Mt 26,53).
9,21), Michel,.« Qui est comme Dieu ? » (Dn ro, La pen~~_chrétienne pri~tive ne ferà. donc que
13.21; 12,1). C'est à celui-ci, leur prince à tous, prolonger les paroles de Jésus kiisqu'elle assurera
que la coinmunauté juive est.confiée (Dn 10,13, que les ânges lui sont inférieurs. Abaissé.,au-des-
21; -12,1). Ces données-sont encore amplifiées dans sous d'eux par son incarnation (He 2,7), il méri-
la littérature apocryphe (Livre. d'Hénoch) et rab- tait néannioins leur adoration en sa qualité de
binique, qui tente de les organiser en systèmes •Fils de Dieu (He I,6s; cf Ps 97,7}. Depuis sa

59 60
ANGES ANGOJSSE

résurrection, il est clair que Dieu les lui a soumis démons AT I.J - fils de Dieu AT O - médiateur I
(Ep 1,20s}, eux qui ont été créés en lui, par lui Satan I 1,
3, Il 3 -
et pour lui (Col 1,16). Ils reconnaissent actuelle-
ment sa *seigneurie (Ap 5,us; 7,ns), et ils for-
meront son escorte au dernier *jour (2 Th 1,7;
·'?'P
14,14-16; cf r Th 4,16). Ainsi le monde angé- ANGOISSE
lique se subordonne au Christ, dont il a contem-
plé le mystère (r Tm 3,16; cf r P 1,12).
A la différence de la peur, provoquée par des
2. Les anges et les hommes. - Dans cette perspec- êtres de ce monde, à la différence du • souci qui
tive, les anges continuent d'accomplir auprès des dénote un soin particulier ou -une préoccupation
hommes les tâches que l'AT leur attribuait déjà. excessive au sujet d'un travail précis ou d'une
Quand une communication surnaturelle parvient mission actuelle, l'ahgoisse trahit une inquiétude
du ciel à la terre, ils en demeurent les mystérieux qui jaillit des profondeurs du moi, une incertitude
messagers · Gabriel transmet la don ble Annoncia- face à la mort ou à l'avenir en général. Dans la
tion (Le 1,19.26); une armée céleste intervient ~ible, du moins en sa traduction grecque, ce sen-
dans la nuit de la Nativité (Le 2,9-14) ; des anges timent apparaît au cours de récits qui comportent
encore annoncent la Résurrection (Mt 28,5ss p) l'un ou l'autre des mots suivants. Les assiégés
et font connaître aux Apôtres le sens de l' Ascen- sont dans l'agônia sur l'issue du combat (:z M 3,
sion (Ac 1,xos). Auxiliaires du Christ dans l'œuvre 14ss; cf 15,19; Le 22,44). Le cœur vient à manquer
du salut {He r,14), ils assurent la garde des hommes dans une. impasse, devant l'absence d'issue (apo-
(Mt 18,10; Ac 12,15), présentent à Dieu les prières re6, aporia : Os 13,8; 2 I\-1 8,20; Sg II,5; Le 2r,25).
des saints (Ap 5,8; 8,3), conduisent l'âme des Le terme synechomai comporte l'idée de blocage,
justes en paradis {Le 16,22). Pour protéger l'Église, de séquestration (1 S 23,8; 2 S 20,3) : on est saisi,
ils poursuivent autour de Michel, leur chef, le com- enserré, étouffé, dominé par la crainte (Le 8,37)
bat contre Satan qui dure depuis les origines (Ap ou par la maladie (l\:lt 4,24; Le 4,38) ; on est encore
12,1-9). opprimé, plongé dans la détresse (stenochôria :
Un lien intime rattache ainsi le monde terrestre Dt 28,53; 2 Co 4,8; 6,4.12 ... ).
au monde céleste ; là-haut les anges célèbrent une
I. L'*Alliance de Yahweh avec son peuple assure
perpétuelle liturgie (Ap 4,8-1 r) à laquelle s'unit
ici-bas la liturgie de l'Église (cf Gloria, Préface, la présence du Seigneur des promesses · mais
Sanctus). Des présences surnaturelles nous entou- celle-ci dépend de la :fidélité de l'homme à' obser-
rent, que le voyant de l'Apocalypse concrétise ver la *Loi, si bien qu'une telle assurance est sans
dans le langage de convention consacré par l'usage. cesse menacée de s'effriter devant le réel.
Cela exige de notre part une révérence (cf Jas 5, Jacob, arrivant au gué de Yabboq, se voit
13ss; Dn 10,9; Tb 12,16) qui n'est pas à confondre dans une impasse (èporeito : Gn 32,8). Il a pour-
avec l'adoration (Ap 22,8s). Il est donc nécessaire tant derrière lui les alliances répétées de Yahweh
de proscrire un culte exagéré des anges qui nui- avec son, père (22,16ss) et avec lui-même (28,14).
rait à. celui de Jésus-Christ (Col 2,18). Au-delà de Or, face a son frère Esaü, il va affronter une situa-
ces affirmations explicites de la Bible, le critique tion qui l'angoisse. Il lutte avec l' Ange du Sei-
p_eut se ~emander quel sens ont des représenta- gneur et, terrassé, en obtient la certitude que Dieu
hons qm sont largement empruntées au monde est, avec lui (32,23-33).
paie~ ambiant et qui traduisent des éléments péri- Elie, couché sous un ricin, désespère : il pré-
phériques du message biblique. Le problème n'est fè~ mourir (I R 19,3s). Constatant (à tort) l'apos-
pas facile à résoudre. Un point est sôr. Quelles tasie générale du peuple, n'a-t-il pas raison de
que soient la nature et la structure de l'univers juger que sa vie est un échec 1 Mais, comme plus
spirituel qui entoure Dieu et exécute ses des- t ard Jésus à. Gethsémani, il est réconforté par
0

seins, c'est par soumission au Christ, maître du l Ange du Seigneur et peut continuer sa route
monde et Sauveur, qu'il est incorporé dans le jusqu'à la rencontre de Yahweh qui le rem~
plan divin de la création et de la rédemption. sur le droit chemin (r9,5~18).
C'est par là qu'il entre dans le domaine de la foi Le peuple entier est plongé dans les ténèbres :
chrétienne. PMG & PG n'est~il pas dans l'angoisse (stenochôria : Is 8,22s;
aporia : 5,30; 24, 19) ? Jérémie, lui aussi, reste
_,,_ apparitions du Christ 1 - astres 2.4 - ciel IV - accablé, le cœur lui manque devant la famine du

6r
ANGOISSE ANIMAUX

peuple (aporia : Jr s;18.21) : il s'agit alors du l'espérance désormais est certitude, et la mort
mainteneur de l'Alliance. Mais quand il s'agit de féconde.
lui seul, la réaction est différente : si, devant la
persécution, il en vient à maudire le jour où H 3. Au cœur du oroyant, l'angoisse peut être expé-
est né (15,10; 20,14), il trouve une issue dans ~e rimentée à deux degrés de profondeur et d'exten-
recours à celui qui peut le venger et le protéger sion. Voici Paul face à sa· propre mo'rt : « Déses-
(n,20; 20,12). · '· pérant de èonsel'Ver la vie, [il] apprend ainsi à ne
Avec Job {selon le texte grec Seul : synechom~i), pas mettre sa confiance en (lui-même], mais en
perce la hantise du salut individuel. (( Saisi de Dieu qui ressuscite les morts » (2 Co 1,9; 5,4). Il
crainte », il pleure (Jb ·3,24) ; « si j'â.fpeur .d'un~ sait en effet que a rien ne peut [le] séparer de l'amour
chose, elle m'arrive, et ce que je crains me sur- du Christ, pas même la tribulation ni l'angoisse »
vient » {3,25) ; il parle,· saisi par l'amertume de (Rm 8,35.39}. Celle-ci est assumée par la certitude
son fi.me (10,1; cf 7,n). « La crainte du Seigneur radicale que, dans le Christ,· la mort est vaincue
[l'J a saisi o (3r,23). Enfin, sans les termes mêmes, (1 Co 15,54s). La •.mort prend même un sens, une
le Juste crie son angoisse à Dieu qui peut le sau- valeur rédemptrice quand- elle est unie à l'agonie
ver de l'impasse (thlipsis) (Ps 22; 31; 35; 38; 57; de Jésus : « La mort fait son œuvre en nous, la vie
69; 88; 102 ... ). en vous , (2 Co 4,12).
Dans tous ces cas, l'individu tient une place Mais l'angoisse peut renaître à un niveau plus
celltrale, car il est guetté par la mort; une ambi- profond, Alors elle ne concerne pas simplement
guité plane sur son angoisse, parce que l.i cause la mort d'un homme ni son salut personnel, qu'il
de Dieu est mêlée à la sienne. •Moïse lui aussi sait acquis par l'espérance •.(Rm 5,1-5; 8,24).· Elle
en appelle d'abord à la mort (Nb n,n-15 [E]); surgit face à la liberté d'autrui, face au salut des
mais, par la suite, s'il est angoissé, c'est très autres. C'est elle que Paul crie, quahd il souhaite,
purement au sujet du peuple qui apostasie. Deman- comme Moïse, être •anathème pour ses frères de
dant à Dieu de le rayer du •Livre de vie en même race (Rm 9,3) ;- il veut souffrir, compatir (syn-
temps que le peuple, il se solidarise avec ses frères paschBin) avec le Christ (8,17) : le monde en· effet
pécheurs tout en demeurant certain de· l'amour est en gémissement jusqu'à la fin (8,18-23); alors
vainqueur de Dieu (Ex 32,31s}. !'*espérance manifeste une autre de ses dimen-
sions : elle n'est pas seulement certitude, mais
2. Si une telle angoisse peut être ressentie au aussi attente, constance, grâce à l'Esprit (8;24ss).
cœur de tout homme, son motif varie àvec la Voici donc !'Apôtre que presse (synech6} l'amour
venue de Jésus. Celui-ci a pris sur lui non seule- du Christ (2 Co 5,14), tout comme Jésus avait été
ment les tremblements devant la mort, mais la dominé (sy'nBchomai) par la perspectiVe de son
terrible conscience de l'ambiguïté, de l'incerti- sacrifice (Le 12,50) ; le voilà livré aux détresses
tude. Au Jardin des Oliviers, il a été saisi de cha- et aux angoisses (stenoehôria : 2 Co 6,4), sans être
grin, de peur, de détresse et d'effroi (Mc 14,33s), toutefois écrasé ni à bout (aporia : 4,8). L'agonie
récapitulant en sa personne l'angoisse des justes du Christ dure jusqu'à la fin du monde.
de tous les temps (Ps 42,6.12; 43,5 ... ), poussant Si donc le chrétien peut dans la foi surmonter
des cris et versant des larmes, priant cdui qui l'angoisse qui l'étreint au su:jet de sa mort et de
pouvait le sauver de la mort (He 5,7), ajustant son salut, il peut en même temps vivre une angoisse
enfin lentement sa volonté à celle du Père (Mc indescriptible en communiant à la totalité des
14,36). L'Ange est venu; ~cette fois encore, forti~ membres du Corps du Christ. Certitude et non-cer-
fiant celui qui combat à en suer du sang et qui titude au cœur du croyant ne se situent pas sur le
« se dresse » ensuite, victorieux, capable d'affronter même plan et ne concernent pas le même objet,
son destin (Le 22,41-45). XLD
Eti descendant au fond de l'angoisse humaine,
Jésus devient, « pour tous ceux qui lulobéissent, - crainte de Dieu I ; III - Jésus-Christ I 3 - mort
principe du salut éternel » (He 5,9) ; il crée un NT III 4 - soucis :2 - souffrance,
temps nouveau, irréversible. L'acte auquel le
croyant se réfère pour assurer la qualité du pré-
sent qu.'il yit a certes eu lieu dans le passé _(7, ANIMAUX
27), mais il émerge au-dessus du temps et dormne
les fluctuations de l'histoire (Ap 1,5). En Jésus, Le monde animal constitue la partie de la créa-
l'angoisse n'est pas supprimée, mais située, car tion visible la plus proche de l'homme. Cette

63
ANIMAUX ANIMAUX

patenté,' qui poU:rrait •parfois: Ilous. échapper, était 13). Plus souvent et plus discrètement -ces deux
particulièrement sentie .. par· les Hébreux, ·qui créatures; -·rassemblées soùs la commùne dénomi~
vivaient· plus que nous ·en :contact permanent nation de « vivants 11, sont unies. par un· lien fra-
avec -les· ··animaux. C'est pourquoi souv'ent·.1a ternel. Tantôt c'est l'homme qui aide l'animal :
Bible. utilise,· pour. illustrer ·ses descriptions, *Noé· sauve des eaux un couple de chaque espèce
l'aptitude des animaux à.' exprimer certaines atti- vivante ; tantôt c'est l'animal qui aide l'homme :
tudes hum.aines : · !! enriemi _est appelé· un· chien l'ânesse clairvoyante sauve Balaam (Nb 22,22-
(vg Ps-22,r7); ,-une·.troupe .. d'.invasion devient un 35) ; dès corbeaux nourrissent Élie (1 R 17,6) ;
nuage de, sauterelles (vg ls 33,4).; tantôt Dieu, un grand .poisson sauve Jonas le récalcitrant et
tantôt l'ennemi est décrit comme un lion. {derrière le ramène -dans-la bonne voie ,(Jan 2), Par,leur
l'ambivalence de certains symbbles il. faut .voir perfection .les animaux conduisent Job à, recon-
l'ambiguïté de ·ce monde·anim,al dont nous. fai- naître la toute-puissanëe du Créateur (Jb 38,39--:-
sons partie, capable du :meilleur comme du·pîre)_; 39,30; 40,15-41,26). Enfin- ils rappellent aux
souvent le _peuple· est comparé à un troupeau ·(.vg hommes qu'e Dieu ne ,cesse de répandre ses bien-
la parabole dë Nathan- ·:· 2. S 12,1~4; Jr 23,1-8; faits -sut tous les êtres vivants (vg -Ps 104,2-7; 147,
Ez 34; Jn 10,1-r6)-_;, r•agneau sert .m~me à repré- g; Mt 6,26).
senter le Christ (Jn .1,29; Ap 5,6 .. ,), et la *colombe, Ils sont tellement proches de. l'-homme qu~ils
l'Esprit.-Saint (Mt ,3,16 p). font .partie: de-, l' •alliance .conclue· -,entre Die:u et
Mais .au-delà de- ces-.notations sporadiqu_es· il Noé. (Gn· 9,9ss) et ,qu'.ils- deyiennent e~x aussi
faut suivre dans .les récits· bibliques l'effort de ces sujet$ .de la· .loi -mosaïque 1:Le +:sabbat vaut-pour
hommes. affrontés . à la puissance. du monde animal le: bœg.f .comme·pour le serviteur (Ex ..23,12; Dt 5,
et prenant peu à peu conscience de leur .·supé- 14) .. Et· une attitude: ..d'humanité _est...prescrite
riorité...... ' , . . _ . -.·.·., envers eux (Ex ·23,5; Dt 22,6s; 25·,4; ,cf -I Co 9,9;
Bien ·'Plus, en parlant' dé· ce m"onde _ animal I Tm 5,18).· Quant, aux.·,animaux criminels, ils
auquel· ils participent et sur lequel ils projettent seront châ.tiés. (Gn 9,5; Lv 20,15s) ;· dans certains
plus ou m,oins· conscie!llment. leur propre. situa- cas ils seront même lapidés, (Ex. 21,28-32). Enfin
tion, les auteurs sacrés révèlent en fin de compte ils sont associés soit- à, la .pénitence des hommes
le _drame d_e_s hommes _et d'e la création. entière, (Jon 3;7), soit à leur châtiment (EX n,5).
aspirant à la Rédemption. · ', ' •,
3. Suplrioriti de l'homme sur l'animal . .- Cepen-
dant, dès le récit des origines, certaines notations
très claires indiquent la nette perception · d'une
J. LES AN-IMAUX ET ·L'HOMME DANS LA CRÉATION sùpériorité de l'homme sur l'animal. Affirmant sa
domination, Adam :•nomme· les ànimaux. {Gn ·_2,
I, Les animau% supérieurs à l'homme J - Le culte 20)·..-Aucun .d'eux d'ailleurs· ne peut. constituer
des animaux, quoi qfil en. soit, de la signification pour l'homnie « une aide.-.qui lui soit assortie i,
et des .différents ·aspe'cts _.de· la· zoolâtrie, montre (Gn 2,18-23), et·la bestialité est sévèrement punie
avec quel respect sacré certaines· religions primi- (Ex 22,18; .Dt 27,21; Lv 18,23). De plus.l'animal
tives, comine celle des· Égyptiens, considéraient -peut être tué par l'homme .et lui servir, de nour-
ces êtres extra-humains. A .cette tentatio_n .de_ divi- riture (Gn _9,2s). ·Finalement-. li, supériorité de
niser les animaux oµ-. d'adorer leur image,. Jsraël l'homme ,est "'affirmée avec_ u:Q. lyrisme q11i retentit
sutcombe-parfqis ·(Ex 32; I R ,12,2~".'32). Cependant comme le chant de victoir~ d'une prise . de cons-
la loi, de. Moïse, les .,avertissements des prophètes, cie~ce triomphante (Gn 1,26-30; Ps 8,6,._g). Inver-
les conseils de ·la Sagesse détournent les Hébreux -sement,·.J_jollr punir la déraison de Nabu_chodono-
de cette. voie. dégradall.te.(vg Sg 15,18s; cf-.Rm 1, sé},- ~'il lui sera donné un .cœur ..de •bête» (Dn 4,
23). Quant. aux ~nnemis idolâtr.es, loin d!être ·pr~- 13), la bestialité .humaine symbolisant. la .révolte
servés par l~s animaux adorés;. ils· seront_ châtiés ~-:,'Cantre l'esprit,, finalement· contre Die1.1.
par eux (Sg 15-r6; Ez 39,4.17-20;,_Ap 1.9,17s,21). ~- ( Cependant, de la croyance en fa supériorité des
'. '.fanimaux; il reste peut-être -quelque .chose dans
2. Lien entre l'animal. et l'homme. - La ressem- :;!'imagination. ·des auteurs SJLCrés,,_ qui n'.hésitent
blance de l'homme ayec l'animal, spécialement 'pas à parler d'animaux fabuleux ... Ceux-ci, quelle
leur- co~mune, o_tjgine. à ,partir _de Ja. poussière et ·que. soit- l'origine -de ces représenta,tijons, carac-
leur .commune:manière, de, finir. dans -le· trou,, est térisent un au-d!;tlà. de la .nature; soit dans le
parfois bruti'l,lem~nt ·exprimée,.(Qq 3,19ss; Ps 49, domaine d'.une pùissance. _surhutQ.ain~. (Dn 7; Ap

66
ANIMAUX ANTICHRIST

9,3-11) qui touche au démoniaque (Ap 12; 13; 16, jugés dignes de constituer ordinairement la' .matière
13s; 20,1ss), soit dans le domaine du divin (Ez r, des *sacrifices et de préfigurer ainsi la divine vic-
4-24; .Ap 4,6ss). time de la Nouvelle Alliance (Gn 22,13; Ex 13,
. 12s) .. Encore aurait-il fallu qu'à travers le .signe
constitué par ces victimes animales, les Israélites
II. LES. ANIMAUX ET L'HOMME s'engagent eux-mêmes de tout leur être et aspirent
DANS L.11,.. RÉDEM~ON à -fa perfection de· la réalité à venir (Ps 40, 7ss;
5:,:,18s; He 10,1-18). Seul le sacrifice du Serviteur
1. La1'évolte·et la soumission des animaux. -L'Cils- Jésus, semblable à l'agneau qu'on mène à la tuerie
tence des :animaux féroces· réalise et Tè{)résente: la (Is 53,7), pouvait acquérir•ta rédemption éternelle
révolte de la nature contre l'homme, et le désordre (He 9,12).
qui s'eSt introduit dans le monde. Cette situation Ainsi, à l'occà.sion des animaux de la ,Bible et
est le résultat du péché' de l'homme. Avant la à travers' eux, tout· le· drame -du. salut se -trouve
désobéissance d'Adam, en effet, tous les animaux, représenté et parfois même vécu., : révolte ; ido-
domestiques ou sauvages, semblent soumis à celui lâtrie; distinction pur-impur ; obéissance à_ la loi
qui leur avait donné leur nom. Mais, .à cause du mosaïque ; pénitence ; ofirai:tdes et sacrifices ; par-
péché, toute là création, donc le monde animal, est ticipation à.u salut dans l'arche de·Noé; soumis-
maintenant esclave de la corruption (cf Rm 8,19- sion eschatologique. Défigurée par le serpent démo-
22)·. Cependant par anticipation ou par grâce mes- niaque, menacée par le dragon satanique, la créa-
sianique, dans Certains cas privilégiés, les ani- tion est sauvée et sera finalement transformée
maux vaincus retrouvent une docilité qui évoque grâce au sacrifice de ·celui qui est r•Agneau de
k *paradis (Dn 6,17-25; 14,31-42; Ps 91,1·3; Mc l, Dieu. PL
1~; 16,18; Ac 28,3-6). A la fin. des temps, quand
-+ bêtes & Bête-,- créil.tion AT Il 1 - homme I I b-
le monde sera entièrement purifié de ses péchés, ·purATI 1_. .
les animaux féroces- disparaîtront {Lv 26,6; Ez 34,
25) Ou deviendront pacifiques (Os 2,20; Is u,5ss; ANNÉE • fêtes AT I; NT Il - semaine 1 -temps
65,25). Dans l'univers réullifié la nature ne con- AT I.
naîtra plus de .révolte. Et ce qu'il y a d'animal ANNONCE-+ Évangile - figui-e -Parole de Diell-
dans l'homme (cf J c 3,2-8) sera aussi entièrement prêcher.
soumis et transformé (1 Co 15,44ss).
ANTHROPOMORPHISMES-+. Dieu AT III 5 -
2. Par-delà la-division en pur et impur. - Tout idoles I - image I - paraboles I 1.

ancienne et mystérieuse qu'elle soit, la division


des animaux en *purs et impurs (cf Lv n; Dt 14)
a rejoint et favorisé dans le judaïsme la division
de l'humanité en deux parts : les Israélites purs
et les païens impurs. Entre ces deux mondes l'im- ANTICHRIST
possibilité de manger à une même table et d'avoir
ainsi des contacts familiers fut, sinon créée, du
moins renforcée par les prescriptions alimentaires Le terme d' Antichrist (littéralement : • contre-
concernant les animaux impurs. Dans ces'perspec- Christ-)))' figure èxclusivement dans 1 · Jn .2,18.22;
tives on comprend mieux· la vision de Pierre à 4,3; 2-'Jn 7.' Mais la même réalité, ou une réalité
Joppé (Ac w), dans laquelle l'abolition de la analogue, est visée dans divers passages apoca-
division -pur-impur chez les animaux signifie que lyptiques du NT: Mc 13,14 p; 2 Th 2,3-ri; Ap 13,
cette même division n'existe plus chez les hommes. 4-18 .. Et comme elle s;inscrit dans un cadre dua-
DeHière ce symbole animal, l'unité des hommes et liste attesté par l'AT, ··c'est là qu'il faut -d'abord
la catholicité de l'Église étaient en jeu. en · observer. la première révélation,,. imparfaite,
mais déjà ·suggestive.
3". Les animaux et le culte 'divin. - Non seulement
tous les animaux associés à l'univers (Ps 148,7.10) AT
ou à Israël (Is 43,20} chantent les louanges du
Créateur et-du Sauveur, non· ·seulement ils étaient Dès l'AT, on voit l'action de"·Dieu ici-bas se
devenus sujets de la loi mosaïque et participaient heurter à des forces adverses qui revêtent, sui-
à ]a pénitence des hommes, mais encore ils furent vant les contextes, des visages assez divers.

68
ANI:ICHRIST ANTICHRIST

1.· .4 synipoljque religieuse de l'ancien. Orient .a suppôts, avant de-se manifester ouvertement dans
fou,rni à la ,réyélation une représentati_on poétique le combat.eschatologi"que··où ·il sera définitivement
de la •création, sous la forme. d'un; combat entre vaincu.
le Dieu créateur .et le_s, ·1orces du chaos,. *Bêtes
monstrueuses personnifiant la puissance indomptée 1. Dès-· l'apocalypse ' synoptique, la· « ' grande
de la •Mer (Is 51,95; Ps 74·,13s;.89,rnss), Le même ,détresse • annoncée. par Jésus comme prélude à
langage_ mythique, ·purifié de s_es .relents_ po:ly- la venue en gloire du Fils de l'Homme ·comporte
théistes, sert,. à :évoquer: les « derniers temps » .sous rapparitioq de « faux christs.~. dont la· séduction.
les traits d'un coll:).bat de Yahweh. contre le Ser- entrain·e. les hommes à l'apostasie-·(Mc 13,-5s;21S;
pent •(Is 27.' 1). On Je retro.uve aussi probablement
1
Mt 24,u p), et elle· a pour signe· a: l'Abomination
à l'arrière-pl~ du dra_me originel; en effet,· .dans de la désolation » installée dans le lieu saint (Mc
la Genèsë, l'adversaire du .dessein de Dieu. prend 13,14 p). • .
la forme _mythique. du , Serpent (G:n 3) .. , Ainsi, .à
travers, les symboles, 1~. :figure de *.Satan se pro- 2. Dans, 2 Th. 2,3-12, r Adversaire des -derniers
file aux deux extrémités du. d~ein de .salut ; il temps, l'l!:tre, perdu, !'.Impie; prend l'allure d'un
est l'Advers8.ire de Dieu· par excellence. véritable-· anti--DieU' (2,4),· .analogue -à ceux de
l' AT_;. mais c'est aussi un anti-Christ qui imite
2. ~endan.t;- dan·~ le cadre de i~histoir.e, Satan les .. traits du , Seigneur-, avec ·sa parousie, son
agit . ici-bas: . par.. l'intermédiaire de • pùissance,s moment propre, fixé par Dieu,· sa- puissance sur-
humaines. Les •ennemis du peuple _de Dieu· sont naturelle. qui opère.,des -prodiges -mensongers pour
des · adversaires de Dieu même,. qu_and ils font là perdition des·hommes (2,8~10). C'est ainsi l'œuvre
obstacie à son dessein providentiel. . Ainsi !'•Égypte de Satan qu'il accomplira ici-bas .(2;9). Or, le myS•
au llloment de l'Exode ; .tels, encore 'les _potentats tère de.-l'*impiété dont-il sera ·l'artisari. p~r :excel-
d'Assur. et de •Babylone,. oppresseurs d'l$I'aël _et lence· est déjà en action (2,7) ; .c'est pourqtloi fail.t
adorateurs.de faux dieux dont ils tâchent d'étendre d'hommes s'égarent .et s'attachent au •mensonge
ici-bas_ .la dominatioll. ·spirituelle·;, ainsi _finalement au- lieu de _croire à la *vérité (2,us). Si l'Impie ne
tous les· rois. ,.païens.· que ieur .. démesure sacrilège se manifest_e pas . encore en .. personne, c•e~t _que
incline- à -s~égal~r à. Dieu (Ez 28,2ss; Is 14,13)'. q1:1elque chose, ou que_lqu'uii,. le «.l'etient·I) (2,7).-:-
L'histoire comporte donc ·un affrontement continu allll$fol,l énigniati(J_Ue, ~ur laquelle Paul _ne s'èst pâs
entre Yahweh et ·ces forces historiques, en. atten- expliqué.· En tciu_t q1s,. ,la .révélation de, l'Iiµpie
dant l'affrontei;nent- final :où â Gog,. roi: de· Magog », préludera à la parousie de Jésus, qui ,l'anéa~tira
sera défait à jamais (Ez 38-39), ·; après quoi vien- par _la_m;anifestation de· sa·Venue·
i
(2,8;
. '
ci •·r,7~.Io).
' •
dra le ·salut eschatologî.q_:ue. ·
3. L'Apocalypse évoque uD.~- perspe~tive·ëschatà~
3. L'action d'An~~·us. J~ip~~è; ennemi d'I;_ logique semblable à l'aide .du Symbole .. des déux
raël en , même temps que · persécuteur· des vrais *Bêtes monstrueuses.- .La. premièrè·:est._ une puis-
adorateurs de · Die1i1; permet· ,au· livre ·de Daniel sance politique : elle blasphème Dieu, se fait
d'effectuer la synthèS~ ·entre les deux· .représenta-- adorer et persécute les vrais croyants {Ap 13,1-
tians précédentes. Il ·est -!!•impie- .qui ,prétend 10). La seconde est une réalité religieuse : elle
prendre la· place de -Dieu., (Dn. :ü,36)' .et qui• fas,. contrefait l'*Agneau·(c'est•à-dire le Christ), opère
talle dans: le lieu .sairi.t l'Abomination de :la:''déso- -des prodiges.,.mensongers. ·et.:'.séduit les hommes
lation (9.27). ·Il •.est ·aussi·:la on'zième corn~ qui pour leur faire adorer la première Bête (13,u-18).
pousse sur la quatrième Bête au visage satanique Ainsi s'opère ici-bas l'œùvre de Satan, le Dragon
(7,8). Son jugement et sa destruction préludent -a:nt~que, .qtJi ·,a transmis .ses ·potivoirs à'· la première
donc à 'l'établisSement ·du règne de Dieu (7,u-27; Bêtè'_·(:ili3,2)". '~vocation symbolique grandiose qui,
II,40--12,2). ' tott' ·'e:11 concernànt les II derniers -temps. » 1 n'en
.'vise· :pas moins. â: mots couverts la .situation pré-,
NT·. 1Sènte où· se débat l'Église-de Jésus, ·persécutée
~ar·l'e~pire païen de"·Rome;,. · "' . '
-';relie • est la··, perspective eschatologique que ,,
reprend la doctrine du·NT,:mais _avec cette· diffé• .j:., Dans -les épîtres de saint. Jean, e'ëst une·réa:-
rence que le règne de Dieu est inauguré. dans laper- lité avant tout actuelle qui est désignée sous .le
sonne.de -~Jésus-Christ. L'anti•Dieu-de l' AT deyient nom d'anti-Christ·· :· quiconque. nie .que. Jésµs soit
donc l'anti-Christ, ·déjà· à l'œuvre à travers, ses le.Christ, niant ainsi.le,Père et le Fils (I Jn 2,22),

6g
ANTICHRIST APÔTRES

quiconque ne confesse pas Jésus~Christ venu dans apôtres·» que dénonce ·Paul (2 Co Ù,5.13; 12,n).
la chair (1 Jn 4,3; 2 -Jn 7), celui-là est le Séduc- Un usage aussi étendu de ce titre soulève un, pro-
teur, l'anti-Christ. Jean fait clairement allusion blème · : quel· rà.pport y· ·a-t-il entre ces divers
aux hérétiques et aux apostats, chez qui déjà se « apôtres » ? Pour le résoudre, à défaut" d'une
réalise l'apostasie annoncée par Jésus et envisagée définition néotestamentaire de l'apostolat qui con-
par Paul. L'eschatologie est donc actualisée; mai$. vienne -à tous, il faut situer à leur place les diffé-
le_ drame présent de 1~ foi doit être compris ell> rents personnages qui portent ce titre, a.près avoir
fonction d'une per$pective plus ·vaste; celle dont recueilli. les indications· concernant le terme et la
l' Apocalypse fournit un:e évocation compl~te; ..,_:.' fonction non spécifiquement chrétiènne.
La doctrine de l' Antichrist demeute; très mys- Le substantif apostolos n'a pas dalls le gtec 'lit-
térieuse, Elle ne s'entend qu'en fonction de la· téraire le sens que . nous hii dollllons (sauf chez
*guerre séculaire où DieU' et son Christ affrontent Hérodote et Josèphe qui semblent· refléter' la
Satan et ses suppôts terrestres. Par 1~ double voie langue populaire), mais ·le verbe dont il dérive
de la persécution temporelle et de la séduction (apostelUJ), « envoyer ·a, exprime· bien .son contenu ;
religieuse, ceux-ci tentent de faire échouer le des- celui-ci est précisé par les· analogies ·de l' AT et
sein de salut. Il serait erroné de vouloir mettre les coutumes •juives; L'AT connaît l'usage des
des noms propres sur chacun des symboles qui ambassadeurs qui doivent être respectés comme
servent à évoquer leur présence; mais quiconque le roi qui · les envoie (2 S 10) ; les •prophètes
agit comme eux participe en quelque mesure au exercent des *missions du même ordre (cf ls 6,8;
même mystère de l'Antichrist. Or cette entreprise Jr 1,7; Is 6I,1ss), bien qu'ils ne reçoivent jamais
se poursuivra sans répit durant tout le cours de le titre d'apôtre. Mais le judaïsme rabbinique,
l'histoire, plaçant les hommes au cœur d'une lutte après l'an 70, connaît l'institution d'envoyMi offi•
dans laquelle nul moyen humain ne saurait triomM ciels (Selîhtn), dont. l'usage Semble bien antérieur,
pher. Mais où les hommes auront échoué, l' Agneaù d'après lês textes mêmes du NT. Paul «·- dema:hde
vaincra (Ap 17,14), et ses témoins participeront à des lettres pour les syruigogues de Damas » en
sa victoire (3,21). BRi & PG vue de persécuter' les fidèles de Jésus (Ac 9,2 p) :
c'est un délégué officiel muni' de lettres officielles
-. Babel/Babylone 6 ~ bêtes & Bêtè 3 b. 4 --= cala- (cf Ac 28,21s). L'Église hérite de cette ·coutume
mitë_ 2 - errèur NT -:- guerre NT III - impie NT
2 - Jour du Seigneur NT I 2 - mensonge II 2 b- quand,. d'Antioche et de. Jérusalem, elle· envoie
monde. NT I 2, III 2 - Satan III. Barnabé et Silas avec leurs lettres (Ac 15,22), ou
fait de Barnabé et· Paul ses· délégués (Ac 11,30;
APOCALYPSE --4 apparitions du Christ 3 - Jour 13,3; 14,26; ~5,2) ; Paul lui-même envoie· deux
du Seigneur NT 0, I I - mystère - parabole II - frères qui si:;tnt les apostoloi des Églises (2 Co. 8,
Révélation .AT I 4; NT 0, IV. 23). Selon la parole de Jésus, qui a des antécé•
APOSTASIE~ Antichrist NT - Croix II 3 - héré- dents dans la littérature juive, l'apôtre.représénte
sie 1 - hypocrite 3 - idoles - veiller III. celui qui l'env0ie : a Le serviteur n'est pas plus
grand que son maître, ni l'apostolos plus grand
que celui qui l'a envoyé » (Jn 13,16).. · ·
Ainsi, à en juger·par l'usage de l'époque, l'apôtre
n'est· pas d'abord un missionnà.ire, ou un hotnm.e
APOTRES de l'Esprit, ni même un •témoin .: c'est un émis-
saire, un délégué, un plénipotentiaire, un ambas-
sadeur.
Dans le NT, de nombreux personnages reçoivent
le titre d'apôtre : les douze disciples choisis par
Jésus pour fonder son Église (Mt 10,2; Ap 21,14) I. LES DOUZE ET L'APOSTOLAT
ainsi qtie Paul, Apôtre des •nations par excellence
(Rm II, 13), sont bien connus. Mais, selon l'usage Avant de donner droit à un titre, l'apostolat
ancien de Paul, Sylvain, Timothée (t Th 2,7) et fut une fonction. C'est en effet au terme d'une
Barnabé (x Co 9,6) portent le même titre que lente évolution que le titre d' Apôtres fut de façon
Paul; à côté de Pierre et des Douze, voici« Jacques privilégiée attribué au cercle restreint des Douze
et !es apôtres » (I Co 15,5ss; cf Ga 1,19), pour ne (Mt 10,2) et tardivement mis snr.•les lèvres mêmes
point parler du *charisme d'apostolat (1 Co 12,28; de Jésus (Le 6,13). Mais si ce titre d'honneur
Ep 4,II), ni des·11 faux apôtres» et des" archi- n'appartient qu'aux Douze, on voit aussi que

,71 72
APôTRES APôTRES

d'au,tres.avec eux exercent·une .fonction qui.peut tout en.conservant un·li_en. Spécial avec eux, sa
êtr~ ._qu~ifi.ée d' ·,,;: apostolique ~ .. présence de Ressuscité débordera infiniment leur
cercle étroit.
I. Les 4<,uze APôt-r.es.- - Dès 1è- début de' sa :vie Dès sa vie publique du reste, Jésus a-:_lui-même
publique,. Jésus voulut .mult.iplier ·sa présénce et ouvert la voie à cette exten,sion· de la mission apos-
~épandre son. m_essage par .des hommes qui seraient tol_ique. A côté .de la tradition, prédominante qui
d'autres lui-même . .Il •appelle lef;.,quatre premiers racontait la mission des Douze, Luc a· retenu une
disciples pour qu~ils soiep.t_ pêcheurs d'.hommes autre tradition, selon laquelle Jésus « désigna
(Mt 4,18-_22 p); _il _en choisit.·douze,,pour .qu'ils encô:i;e soixante~douze , autres [disciples] et les
soient,«,ay~c··lui ». -~t p~mr: que, comme lui, ils envoya en· avant de 'lui D (Le 10,1). Même objet
annonce!lt fÊvangi_le et ch~sent les démons (Mc·3, de mission que pour-les Douze, même caractère
r4 p),; il le!:, envoi~ en. *mi$ion parll;}I",en.son.nom o~ciel : q: Qui vous. éc.oute m'écoute, qui vous
(Mc 6,6-13 p),. munis de._son !a,utorité : «.Qui vous rejette- me rejette et -qui me rejette rejette celui
accuei]Je· m'àccrieille1 -et 'qµi- m'accueille, accueille qui. m'a envoyé li (Le 10,16; cf M_t 10,40 p)., Dans
celui.qui m'a envoyé,,»'(Mt.-~0,40,p); ils apprennént la pen_sée de Jésus, la mission apostolique n'est
à, distribu~r .. les· pains mul_tipliés dans le -~ésert donc pas limitée .à celle.,des Douze.
(Mt 14,,19, p),· -ils reçoivent .,une autorité spéciale Les Douze- eux-mêmes_ agissent. dans cet ,esprit.
sur la_ communauté qu'ils doivent diriger (Mt .16 1 Lors :du choix- de-,Ma:tthias, ils savent- qu'un bon
18; 18_,18). E:i;i. µn mot, ils.C:Qnstitu~nt -les.fonde_~ no_mbr~. de .. disciples peuvent .remplir les. condi~
ments_ d'e ... l'*Israël __.nou_ve.au .dont. ils seront, les .tians nécessaires. (Ac 1,21ss) : ·,ce n'.est-pas pro-
juges-au dernier jour,. (~t. 19,28, ·,p), c'est ce·que premen.~ un apôtre, ma.is un douzième témoin que.
symbolise le: ~no_mbr~ .12: j'.iu collège. apostolique. I)ieu .désigne., Voici en, outre Barnabé, -un apôtre
C'est à:,eux que, li;: R,essu!:,cité, _toujours .présent de iµ.ême_ :çetlom. _que •Paul (14,4.14) ;. et·· si les
aveç euxjusqu'à·_la .fin d.e~-siècles,.donne la charge Sept· auxiliaires choisis :par. les Douze ne sont pas
de lui faire des disciples et de baptiser to.utes les nommés apôtres (6,r-6), ils peuvent toutefois fonder
nations (Mt. 28,18ss). · Dès lors, l'élection d'un une ~glise nouvelle : tel Philippe· à Samarie, :b~en
douzième Apôtre. en--remp_Iacemeµt de.Judas appa- que ses pouv.oirs sqient limités.par ceux des Douze
raît indispens~i;>le pour ,.que la -figure ,de l'Israël_ (8,14-25). L'apOstolât, représ~ntation officielle du
nouve_au se .. retrpuye: d_ans J'.Église naissant~ (A_c Ressuscité .dans l'Églis_e, demeure à jamais fondé
1,15-26). ,Il_s devront être les:·•témoins. du Christ, sur- le collège .<1 apostolique•» des ,Douze, mais; il
c'est-à-dire attester que _le Christ- reS$uscité est ce s_' exerce par tous - les hommes · auxquels ceùx~ti
même .Jésu_s.: .. a:v:ec .,leqµel ils ·ont vécu- (1,8:21}; confèrent autorité.
témoignage,. up.ique _qui· -.co.i:,.fère- à- .-leur apostolat
(entendu ici .. au- ~èns_ le plus .:fort.-.du-,tei'me) .. un ' . ' . .'
caract~re. u_nique. Li;:s, Douze sont à - jamais le II. _PAUL, APÔTRE· DES GENTILS
fondemen~ ~e .l'.Église : « Le .rempart de la ville
repose,-s.ur. dO.uze assises•. portant chacune. le. nom 'L'eX~tence .de Paul ·~onfirme, à sa -manière, ce
de l'u11_des..cloq~ Apôtt:es._de l' Agneau 11 {Ap·2r,14-). que sur ter.re Jésus avait laissé entendre en envoyant
les" _Soixante,.douze· en .plus.des .Pouze. Du ciel, le
2. L·'apostolat de r·Égliss_:~~i;;a~ie. _:.,,'·si les Dou_ze Re~~scité env.oie Paul en-pLus_.des Dou~e·; .à tra-
SO?_t 'les Apôtres par',' Epi_c:ellence,: :en,. ,c~ sens .que vers,.cett~ n;tission apos"t9lique;-la-nature de l'apos-
l'Eglise est ~ apos~<;>liqu'e ~~ _l'ap9stolôflt deJ'Église, tolat ,va pçmvoir. ê_tre -p:i;écisée.
entendu. en_ u,n :sens .:plus _lHg~. _l'.!-e ·se 1µ:n.i~e _poµri
1
tant pa,s à !'.action d:.es Douze. De même·que Jésus, · 1:' 1_f·1a~b~~5-~tie_u,, .du èh~isi. -Quand P.~u.I répète
u apostolo~ .de.Djeu ,_» (He 3,1), .a voulu instituer aV:e~ {~istàAce qu'il a été «·~ppelé.» comm~ _apôtre
un .~Ilège- priv'ilégié .qui niûltiplie. sa présence 'et (!{Ill. 1,1;, Ç-a I,.!5) en, une., vi~ion apocalyptique
sa parole, 'de même les· Douze ·comrn:uniqUent à q.u Ressu_scité (.~ 1,16; 1 Ça 9,1; -15,8;_-cf .Ac 9,
d'autres - non pas le privilège intransmi.Ssible ~-5'.27), il-~if~~te. qu'une, ,•vùpil,tion l)articulièi;-e
qui les constitue à. jamais ~orps des témoins du '{ut à l'origine.. de sa.. *mission.. :Apôtre,- il._.est un
Ressuscité, mais l'exercice ·de leur .mission apos- \t. envoyé D, ·non des hommes· (fussent-ilfl apôtres
tolique. Déjà,•, ~ns. ·-1' AT~: 'Moïse :avait ·transmis à e,ux-mêm~ !) _mais ,de Jésus~,,personnellemep.t. Il
Josué_la plénitude de ses pouvoirs (Nb 27,18); de rappelle surtout ce_ fait. quand .il revendique son
·même Jésus._a v~ulu·.,q~e ~a .,cl;1arge pastorale con- auto,::ité. apost9lique : ,, Nous,~tnmes en-ambas-
fiée au:ic· Dqu~ cqntinue, au .. cours-. de$ si~cles : sa4e ,pour .le Ch,rist ; c'est comme. si Pieµ e~Qr-

73 74
APOTRES APPARITIONS DU CHRIST

tait par nous » {2 Co 5,20) ; « la Parole que nous rée (Ac ro). Mais Dieu a voulu qu'à la naissaLce
vous avons fait entendre n'est pas parole d'homme, de son :Église un Apôtre soit plus spécialement
mais Parole de Dieu » (r Th 2,13). Heureux ceux chargé de l'évangélisation des Gentils, à côté de
qui l'ont« accueilli comme un ange de Dieu, conime celle des Juifs. Voilà ce que Paul fait reconnaître
le Christ Jésus » (Ga 4,14). Car les apôtres sont par *Pierre. Non pas qu'il voulût en cela être un
les o: coopérateurs de Dieu )1 (r Co 3,9; 1 Th 3/~)- envoyé de Pierre: il demeurait l'envoyé du Christ,
Davantage, à ·travers eux s'accomplit le ministère directement ; mais il tenait à en référer au chef
de la *gloire eschatologique (2 Co 3,7-n). _Et pour des Douze, afin de ne pas « courir en vain » et de
que l'ambassadeur ne détourne pa_s,,à. sôn-'pro:fit ne pas-amener de division dans l'Église (Ga r-2).
cette puissance divine et cette gloire; l'apôtre est b) Le mystère du Christ, pour Paul, c'est « le
un homme méprisé par 1e monde ; le voilà persé- Christ parmi les nations » ·(Col 1,27) ; déjà Pierre
cuté, livré à la mort pour que la vie soit donnée avait compris dans une vision que nul interdit
aux hommes (2 Co 4,7--6,IO; cf··r·Co 4,9-13). alimentaire ne séparait plus les Juifs des Gentils
Concrètement, !'*autorité apostolique s'exerce (Ac 10, 10:-u,rS). Mais Paul a, par la grâce de
à propos de la doctrine, du ministère èt de la juri- Dieu, une •connaissance particulière de ce *mys-
diction. Souvent Paul fait appel à son autorité tère (Ep 3,4) et a été chargé de le transmettre
doctrinale, qu'il estime capable de jeter l' •anathème aux hommes ; il souffre la persécution, il endure
sur quiconque annoncerait un *Évangile différent les souffrances, il est prisonnier en vue de l'accom-
du sien (Ga r,Ss). Paul se sait autorisé à déléguer plissement de ce mystère (Col r,24-29; Ep 3,r-21).
à d'autres ses propres pouvoirs, ainsi quand il Telle est la grâce particulière de Paul, incom-
ordonne Timothée en lui *imposant les mains municable;· mais l'aspect d'ambassade du Christ,
(I Tm 4;14; 2 Tm 1,6), geste que celui-ci pourra et même, en une certaine mesure, l'intelligence spi-
faire à son tour .(1 Tm 5,22). Enfin cette autorité rituelle qu'il a de son apostolat peuvent être don-
s'exerce par une réelle juridiction sur les Églises nés à tous les apôtres par le Seigneur de !'Esprit
que Paul a fondées ou qui lui sont confiées : il (1 Co 2,6-16).
juge et prend des sanctions (1 Co 5,3ss; 1 Tm x,
20), il règle tout lors de ses passages {I Co II,34; L'apostolat des fidèles n'est pas l'objet d'un-ensei-
2 Co I0,13-16; 2 Th 3,4), il sait exiger l'obéissance gnement explicite dans le NT, mais il troU:Ve en
de la communauté {Rm 15,18; 1 Co 14,37; 2 Co quelques faits un solide point d'appui. Tout en
13,3), afin de maintenir la *communion (1 Co 5, étant, par excellente, la fonction des Douze et de
4). Cette autorité n'est pas tyrannique (2 Co 1, Paul, l'apostolat .s'exerça dès ses débuts par
24), c'est un service (x Co 9,19), celui d'un •pas- l'Église entière : par exemple, les Églises d' An-
teur (Ac 20,28; 1 P 5,2-5) qui sait au besoin renon- tioche et de Rome existaient quand les chefs de
cer à ses droits (1 Co 9, 12) ; loin de peser sur les l'Église y parvinrent. En un sens large, l'aposto-
fidèles, il les chérit comme un père, comme une lat est le fait de tout *disciple du Chrïst, ~ lumière
mère (:r Th 2,7-12) et leur donne l'*exemple de du monde et sel de la terre » (Mt 5,13s). A son
la foi (1 Th r,6; 2 Th 3,9; 1 Co 4,16). rang, chacun doit participer à l'apostolat de l'Église,
imitant Paul, les Douze ·et les premiers apôtres
2. Le cas unique de Paul. - Dans cette descrip- dans leur •zèle apostolique. XLD
tion idéale de l'apostolat, Paul reconnaîtrait volon- -+ adieux: NT 2 - autorit,é NT II - charismes II
tiers ce qu'il attendait de ses collaborateurs, de 2.4 - disciple NT - édifier III 2 - Église Ill 2 -
Timothée (cf 1 Th 3,2) ·et de Silvain, qu'il qualifie, élection NT II l - enseigner NT II - Évangile -
semble-t-il, d'apôtres (2,5ss), ou encore de Sos- fécondité III 3 - médiateur II 2 - ministère - mis-
thène et d'Apollos (r Co 4,9). Cependant Paul s'at- sion NT Il, III - nations NT II - Pierre (saint) -
tribuait une place à part dans l'apostolat de prêcher - puissance V 3 - Révélation NT I 2 II 2,1

l'Église : il est l'Apôtre des nations païennes, il a III 2 - sacerdoce NT III - signe NT II 2 - témoi-
gnage NT III 1 - tradition NT I 2.3 ; II 2 - voca-
une intelligence spéciale du mystère du Christ ; tion III.
ce. rôle unique dans l'économie chrétienne, lié à
sa personne, est d'ordre *charismatique et ne peut
être transmis.
a) L'Ap~tre des *nations. - Paul n'a pas été le APPARITIONS DU CHRIST
premier à porter l'Évangile aux païens : déjà
Philippe a évangélisé les Samaritains (Ac 8) et I. Les apparitions dans la Bible constituent un
l'Esprit-Saint est descendu sur les païens de Césa- des modes de la *révélation de Dieu. Par elles,

75
APPARITIONS· DU· CHRIST APPARITIONS DU CHRlST

se rendent présents de façon visible les êtres qui. apparu à Céphas, aux Douze, à plus de cinq cents
de nature,.sont invisibles au;x hommes. Dans l'AT, frères, à· Jà.cques, à tous les· apôtres, à Paul enfin.
•Dieu apparaît en personne.(« théophanie,»); iµani-: De cette liste, le~ .évangiles· ne connaissent que les
ieste sa ,*gloire, ou se rend présent par son • Ange'. deux· premières .apparitions · :. à Simon· (Le 24,34)
A ces apparitions se · rattachent sur un· mode ainsi qu'aux Onze (Mt 28,16-20; Mc 1.6,14-r8; .Jn
mineur les apparitions d'angès ou les *songes. Le 20,I9·29) auxquels se joignent quèlques autres
NT rapporte des apparitions de l' Ange d~ Sei- disciples (Lc.24,33.50); en.·revanche, ils rapportent
gneur ou deS 'anges; ·l~rs ·de la· naissa:ncè de JéSus des . apparitions. à des particuliers : Marie et ·les
(Mt 1-2; Le' 1,_n.26;' 2,9) ou. de sa tésuùectiori Femmes (Jn ·20,n-18; Mt 28,9.10; Mc-- 16,9•n),
(Mt --2s,2ss;'·Mc 16,5; Le 24,4; )ri 20,12)', _pour les disciples d'Emmaüs (Le 24,13.35; Mc r6;r2s)·,
nlanifester·q"tie, en ces-moments majeurs de l'exis.: les Sept au bord du lac (Jn,21,1-23). Ces diverses
tence du ChriSt,_1e ciel est ·présent sur la terre; EJi apparitions peuV'ent être 'ramen~~ à· dellx types,
cela, 1e _NT' J>rolonge l' AT. seloiJ. qu'_elles ·sont _des_tinées· au.. èollège apostO-
Mais il lè dépasse de façon déciSive _quà:nd · il l~que ou aux di_scipl_es en ·'gén,~i'al :.'les apparit~olls
s'abstient de': -rapporter des· ·théop~anies, car on officielles dont. _les ·'récits_· pointent sur la *m:is,sioll
ne peut· quàJifièr de ce nom ·la. *Transfiguraticin qui foµde · l'.*Église, les appar,i.tionS pr_ivées ·do_nt
(Mt·r7,I•g·p) ô.i lllême1a marche sur la_ ri1er (14, la narl"âtion S'intérès·se· surtout à la reconnaiss3.n:èe
22·27 p), encore que transparaisse alors l'être mys- de_ celui. ~ui '~]?parai~. ·
térieux _de Jésus. En_ •effet un changement radical
est intervenu, que Jn expri:qie ainsi ·: 11 .Dieu, per- 3. Ni' àPooaiypse; ni" chrO~ique. _;_ .~es récits -~n~
sonne ne l'a., jamais vu ;_ le -Fils unique, qui_ est gé:lique~ ne se lais.sent pas rànget dans le, ge_n~
dans le sein. du Père; lui.1'8: fait connaitre )) (Jn, ·I, apo_calyp_~~que : a_ucune ,in.siStanc~ sur .la *gloire_,
rS). Comment ? Par ·.sa seule existence : «- Qui me pas ·de r~yéla"tion 9e.secre~s.- ni de:nüse en_sc_è_~ç
voit a vu.le Pèr.e »·(14,9_;:cf _I·2i45)';. Dieu: est apparu extrao~~_inair_ei ~ s l_a. proxi_J_nité familière· et ·1a
dans le Christ. Le grand mystère s'est ainsi.mani- mission.· Une telle nouveauté dans la description
festé (epkaner6thè) (1 Tm 3,r.6), « le jour où appa-:- suppose une expérience originale unique, capable
rurent (epepkanè)· la, bonté d"e- Dieu.-notre Sauveur de. transformer cè que le· lan~e apocalyptique,
et_ son amour pour les honimeS. •» (Tt ·3,4)- NouS pourtant soucieux de dire les· chosès célestes,
attendons seulement « .l',épiphanie de sa gloire i, s'efforçait d'exprimer,:,
(2,13), lors de la parousie.· Çette ·ultime. appari.. Les nairateurs n'.ont·.pas voulu·non·plus rédiget
tian sera telle l'écl.ajr.·(Lc· 17,24). Alors .elle n·'.aufà une chronique biographique ·des apparitions du
plus pour objet. le:*témoirt qu'Etienne vit II debout Ressuscité.· Il est -impossible de coordonner ·les
à Ia droite·.de Dieu··» (Ac 7,55), maiS le juge« assis iécits dans le temps··_ou dans ,l'espace .. Le concor-
à la droit~ de .la Puissance» (Mt 26,64.p) .. Enfin disme. qui fait se succéder les apparitions' à-,Jérù#
manifesté, .le ·ChriSt nous manifestera ·u. avec lui, salem· 1e jOur·.de Pâques· (Lc·,.Jn) et le hriitièm:e
pleins 'de .gloire o·.' (Col 3,4) car., «. il. apparait:i;-a
1
jour {Jn); p:uis en Galilée (Mt, Jn),: et de nouveau
une seconde fois;.; .à ceux qui. l'attendent. en,mie à Jéi-usalem pour '!'Ascension (Le),· tente·une·•har-
du salut -11 .(He 9,28) et-•il .lellr··donnera a la COU· monisation irrecevable, .car elle·sacrifte,des don.:.
ronne de gloire-qui ne se-flétrit pas· »... (x·.P·5,4). nées·,Iittéraires certaines. Selon, Le 24,49; les dis-
« Lors de: cette manifestation. nous lùi .serons ciple$·.doivent démeurer à JérusalCrrî:jusqu'.aU'jour
semblables·, -.parce que, nous. le· verrons tel qu'il de. la Pentecôte : ce·, qui- ·exclut tdute apparition
est » (x Jn 3,2). possible en Galilée. A l'.inVerse, Mt et· Mc disent
Entre .les théophanies de- l'AT. ,et la· parousie ·à que- le. rendez•vous- est fixé en Galilée.. On: ne peut
venir, se. situent l~s ·apparitions. de Jésu_s ressus- "fair_~~con~r~er .ces topographies divergentes; pas
cité qui,. à la ·fois, récapi:t;ulent rexistenc.e·. anté+- d~v~tage la chronologie : les « nombreux jours -.
rieure de•· Jésus de Nazareth'' et anticipe:µt son dont parle Ac _1,3 entrent en _conflit avec Lc··24_,
retour. ~,qui manifesteme.nt. place, l'As~ion au. jour ·de
·:_fâ.ques, en conflit· aussi avec_ Jn 20 qùi . présente
2. •Les div.erses apparitions .du Chri~t, .- Là. liste '~ dçn de !'·Esprit.au jOur·.même.de·.Pàques, quitte
la plus ancie'nne est foumie· par·.Paul en_ l'an 55, ~ .raconter une apparition" u11:érieure:-au lac ,de
à partir: d'une traditio_n. qu'il avait• reçue.· long• Tib:ériade (Jn 21). Une construction littéraire arti-
temps auparavant et qu'.il: avait·ensuite ·(vers ,50) ficielle ,caractérise Luc ·(concentration à Jérusalem
transmise :arix ,C.orinthielis (r Co ·15,3ss). S!;llon en un jour) -et .Jean ·(distribution du·récit seloti
cette ancienne .confes8ion- .de .. foi, le Christ .-est lé schéma d'une semaine).

17
APPARITIONS DU CHRIST APPARITIONS DU CHRIST

Les évangélistes· n'ont pas voulu non plus nous doivent être considérés simultanément sous peine
léguer des « photos-souvenirs » : les détails (vg d'erreur. Le •corps du -Ressuscité est vrai corps,
portes fermées, palpation du corps... ) ne doivent mais, pour le dire avec saint Paul en une formule
pas être considérés indépendamment de la tota- paradoxale en apparence, c'est un « corps spiri-
lité du mystère dont ils veulent rendre un aspect. tuel » (1 Co 15,44-49), ·car c'est un corps trans-
formé par !'Esprit ·(cf Rm 1,4).
4. Initiative, reconnaissance, mission, tels sont·Iès
trois aspects communs à tous ·1es récits qui per- c) Un troisième aspect, d'ordre auditif, carac-
mettent d'entrer positivement dans l'interi.tiori. des térise les récits. En reconnaissant le Seigneur, les
auteurs. · · •; disciples anticipent la vision qui sera l'apanage
du ciel·; par l'audition de la "'Parole, ils sont
a) En montrant que c'est Jésus qui int-ervient ramenés à la condition terrestre. Ils entendent
auprès, ou au milieu, de gens qui IJ,e s'y attendent ainsi la promesse d'une •présence à jamais {Mt 28,
pas, les évangélistes (sauf Le 24,'j4) manifestent 20) et l'invitation à continuer l'œuvre de Jésus
qu'il ne s'agit pas d'une invention subjective des en une *mission proprement dite (Mt 28,19; Mc
intéressés, provenant d'une foi exacerbée ou d'une 16,15-18; Le 24,48s; Jn 20,22s; cf Mt 28,10; Jn
imagination débridée. Ce thème de l'initiative du 20,17). La présence de Jésus n'est pas statique,
Ressuscité (qu'exprime à sa manière le verbe mais missionnaire.
/Jphthè, u il s'est fait voir», dans la liste de I Co 15)
signifie que les récits d'apparitions décrivent des
expériences réellement vécues par les disciples. Ces trois aspects doivent demeurer en relation
Cet aspect des récits correspond aux vues de la dyna.rilique. Le présent est sans cesse renouvelé
prédication primitive : Dieu est intervenu pour par l'initiative du Ressuscité ; le disciple est invité
ressusciter Jésus, il lui a donné de se' montrer à assumer le passé en la personne de Jésus de
vivant après sa mOrt. La *foi est une conséquence Nazareth, qui l'invite alors à construire l'avenir qui
de cette rencontre. est l'Église.

b} Deuxième caractéristique, la reconnaissance. 5. L'apparition à Paul prend une place à part


Les disciples découvrent l'identité de l'être qui (Ga 1,12-17: Ac 9,3-19 p). Paul la situe au même
s'impose à eux; c'est ce Jésus de Nazareth dont niveau que les autres apparitions : comme les dis-
ils ont connu la vie et la mort, Lui qui était mort ciples, il a vu le Seigneur vivant. Il distingue ainsi
est vivant. En lui, la prophétie s'accomplit. D'une l'événement de Damas des simples visions (horama)
certaine manière, ils n'ont plus rien à « *voir » qu'il aura par la suite (Ac 16,9; 18,9; 23,n; 27,
dans l'avenir, car tout leur est donné dans le 23}. Cette apparition est interprétée comme une
Ressuscité. Le mode de cette re-•connaissance est mission confiée à Paul_(Ga i,16), non par la média-
progressif : dans l'homme qui vient à eux, les tion d'un homme quelconque (1,1; cf Ac 9,6; 22,
disciples voient d'abord un personnage ordinaire, 15), mais de façon directe (Ac 26,16ss). Elle l'a
un voyageur (Le 24,15s; Jn 2r,4s), un jardinier constitué •apôtre (r Co g,r), mais ne l'a pas pour
(Jn 20,15) ; puis ils reconnaissent le Seigneur. autant assimilé aux Douze. Ceux-ci, sous les traits
Cette reconnaissance est libre, car selon le ·thème du Ressuscité, ont reconnu Jésus de Nazareth
de !'•incrédulité qui appartient à l'ensemble de avec lequel ils avaient vécu {cf Ac 2,21s) et, sur
la tradition (Mt 28,17; Mc 16,n.13s; Le 24,37.41; la parole du Christ, ils ont constitué l'Éijlise. Paul,
Jn 20,25-29), ils auraietit pu refuser de croire. lui, ne connaissait Jésus qu'à travers l'Eglise qu'il
Enfin, comme le Seigneur apparaît d'ordinaire à persécutait ; et cela signifie deux choses. L'appari-
un groupe de personnes, le contrôle mutuel est tion dont il bénéficie n'est pas à l'origine de
facilité. l'Église; elle est orientée non vers le Jésus pré-
Pour élaborer littérairement cette donnée fon- pascal, mais vers l'Église déjà existante. Pour ces
damentale, les narrateurs ont voulu mettre en motifs, et aussi parce que Luc la situe après !'As-
relief à la fois deux aspects. Le Ressuscité est sous- cension, elle est, conformément au langage de
trait aux conditions normales de la vie terrestrç ; Paul (apokalypsai : Ga 1,16), présentée en un style
comme Dieu dans les théophanies de l' AT (Gn 18, apocalyptique : lumière, voix, gloire, confèrent à
2; Nb 12;5; Jos 5,13; 1 Ch 21,15s; Za 2,7; 3,5; la scène une autre allure que n'ont celle des appa-
Dn 8,15; 12,5 ... ). il apparaît et disparaît à volonté. ritions familières destinées aux Onze. Cependant,
D'autre part, il n'est pas un fantôme; de là, l'in- malgré ces différences, Paul a rangé cette appari-
sistance sur les contacts sensibles. Ces deux aspects tion parmi celles qui marquèrent les quarante jours.

79 80
APPARITIONS DU CHRIST APPUI

6. L'événement et le langag~. _, Pour interpréter ne peut être assimilée de tous points à celle des
correctement le langage dans lequel les évangélistes premiers témoins. Certes les évangiles suggèrent
rapportent l'expérience pascale, deux conditions que les disciples, eux aussi, n'auraient pas dû
doivent être respectées. Au point de départ, se avoir besoin de ces apparitions : l'annonce aurait
troU:ve un événement qu'on doit qualifier d'es- dû suffire (Mc 16,13), l'intelligence des Écritures
chatologique; puisque la résurrection de Jésus aussi aurait dû acheminer les disciples à la foi
n'est pas un retour à. la vie terrestre, mais l'accès en la Résurrection (Jn 20,9). En un sens, les
à la vie qui ne connait plus la mort (Rm 6,9); apparitions répondent aux besoins d'une foi encore
l'événement des apparitions déborde le cadre dans imparfaite.
lequel nous vivons et les catégories par lesquelles Cependant, en un autre sens, elles furent néces-
nous nous exprimons : il est de soi indicible. saires et ont une portée unique, celle que les évan-
D'autre part, il s'agit en même temps d'une expé- gélistes ont marquée ,en décrivant les apparitions
rience réelle des disciples qui eut lieu dans notre des quarante jours.- Ceux qui avaient vécu avec
temps et relève de la connaissance historique. Jésus de Nazareth devaient être les témoins
Il convient donc de se garder de 'deux excès. uniques et,privilégiés de *Jésus le Christ. Il fal-
La résurrection n'étant pas un mythe, on ne peut lait enraciner historiquement le point de départ
, démythologîser » le langage des apparitions : ce de la foi chrétienne et de }!Église. Aussi peut-on
serait inévitablement ramener la présence du Christ dire que les disciples ont vu le Seigneur vivant,
à celle de quelque héros survivant dans la mémoire en une expérience historique : c'était sans doute
de ses admirateurs. Pour éviter un tel excès, pour au cours d'un repas communautaire, d'une pro-
ne pas réduire les apparitions à être une expé- menade, d'une pêche ... Tout à coup, ils ont été
rience purement subjective, il ne faut pas tomber au contact du Christ vivant. En leur donnant de
dans un autre excès _et estimer nécessaire de décla- reçonnaître Jésus, Dieu leur a donné la foi : cette
rer que l'objectivité relève exclusivement de l'ordre foi est donc, en un certain sens, la conséquence
sensible, spatio-temporel. Imaginer le contact éta- de la vue,
bli par le Ressuscité avec ses disciples sur le modèle Il n'en va pas de même pour les· croyants qui
de ce qu'aurait pu être· celui de Lazare ressuscité ne sont pas témoins privilégiés. Pour eux, ils
retrouvant les siens, ce serait méconnaitre le carac- n'ont pas vu ce que les disciples pnt vu, mais ils
tère unique de la résurrection de J éslls ; il ne suffit savent que ceux-ci l'ont vu. Le croyant ne con-
pas d'ajouter quelque correctif à la conception naît le sens des apparitions qu'à travers la prédi~
qu'on se fait d'un *corps réanimé : une telle assi- cation actuelle faite par l'Église, Corps du Christ.
milation conduirait à conférer une valeur indue La triple dimension de la présence du Ressus-
aux détails matériels des récits. cité se retrouve, mais transposée, L'initiative vient
En fait, l'expérience de5 disciples, non purement toujours de Dieu, et plus précisément du Res-
subjective, répétée, partagée entre eux, a été com- suscité, mais aujourd'hui celai-ci parle à travers
muniquée par la médiation du langage ambiant la •prédication actuelle. Jésus de Nazareth se
et de la tradition religieuse, en ·particulier à l'aide fait reconnaitre, mais c'est à travers l'expérience
de leur foi en la *résurrection collective à la fin historique des premiers témoins. Le Seigneur
des temps. Si l'on veut éviter d'assimiler le con- envoie en mission, cette fois en continuité directe
tact avec le Ressuscité à celui qu'on peut avoir avec la mission apostolitjue. Le Ressuscité est
avec un homme d'ici-bas, il suffit de se reporter donc aujourd'hui encore présent (Mt -28,20), mais
à la triple dimension que manifestent les récits. par la médiation de l'Église vivante, son Corps ;
Par l'initiative du Ressuscité, les disciples sont et il se fait toujours u reconnaitre à la fraction
préservés de l'illusion qui les ferait douter de du··pain,,,(Lc·24,35). XLD
l'authenticité de leur rencontre avec le Vivant ; ......,.,. '"
par le (! voir », ils relient cette expérience au passé ~ adieux NT I - Ascension Il 3 - Corps du Christ
qu'ils ont vécu; par l'entendre, ils font ,face à I 3 - foi NT Il 1 - gloire IV 2 - incrédulité Il
l'avenir. C'est. dans le rapport entre ces trois · . •2 - mission NT II I --:- Pâque III 1 - présence de
dimensions que gît le secret de la présence du , Dieu NT I - repas III - Résurrection NT I 2 -
Christ vivant aujourd'hui. ' Révélation NT I' 2 a - Transfiguration 3 - Yoir
·NTI2,II.
7. « Heureux ceux qui croient .sans voir! .o Un 20,
APP~L _. Église I - élection· - nom - vocation.
29). - A travers l'incrédulité de Thomas, Jean
vise les croyants à Venir. Leur situation en effet APPUI _. confiance - fierté - rocher 1.

81 82
ARBRE ARCHE D'ALLIANCE

assimile volontiers les empires humains, qui


tiennent sous leur *ombre tant de peuples, à un
arbre extraordinaire : il monte jusqu'au ciel et
ARBRE descend jusqu'aux enfers, il abrite tous les oiseaux
et toutes les bêtes (Ez 3r,1-9; Dn 4,7ss). Gran-
deur factice, car elle est fondée sur !'*orgueil. Le
L'arbre est, aux yeux de l'homme, le signe tan- jugement de Dieu abattra cet arbre (Ez 3r,ro-
gible de cette foi-ce vitale que le Créateur a répan- 18; Dn 4,ro-r4). Mais le *Royaume de Dieu, né
due dans la nature (cf Gn I,IIs), A chaque;. J>rin- d'une humble semence, deviendra lui-même un
tempS, il en annonce la renaissancê (::V!t 24,32). grand arbre où tous les oiseaux viendront nicher
Coupé, il repousse (Jb 14,7ss). Dans le désert (Ez r7,22s; Mt r3,3rs p).
aride, il marque les lieux où l'*eau permet la vie
(Ex r5,27; Is 4r,r9), Il nourrit .l'homme de ses 3. L'arbre de la Croix. - L'arbre peut devenir
fruits (cf Dn 4,9). C'en est assez pour qu'on puisse signe de *malédiction lorsqu'on s'en sert comme
assimiler à un arbre verdoyant, soit l'homme juste d'un gibet pour les condamnés à mort (Gn 40,r9;
que Dieu bénit (Ps r,3; Jr 17,7s), soit le peuple Jos 8,29; I0,26; Est 2,23; 5,r4) : le pendu qu'il
qu'il comble de faveurs (Os q,6s). Il est vrai supporte souille la terre sainte, car il est une malé-
qu'il y a de bons et de· mauvais arbres, que l'on diction de Dieu (Dt 21,22s). Or Jésus a voulu
reconnaît à leurs *fruits : les mauvais ne méritent prendre sur lui cette malédiction-là (Ga 3,r3). Il
que d'être coupés et jetés au feu; de même les a porté nos fautes dans son corps sur le -bois de
hommes, lors du *jugement de Dieu (Mt 7,16-20 p; la *Croix (r P 2,24), il y a cloué la senten:ce de
cf 3,ro p; Le 23,3r). A partir de cette signification mort qui était portée contre nous (Col 2,q). Du
générale, le symbolisme de l'arbre se développe même coup, l'arbre de la Croix est devenu le« bois
dans la Bible en trois directions. qui sauve» (cf Sg 14,7) : le chemin est ouvert qui
conduit au paradis retrouvé où fructifie pour nous
I. L'Arbre de vie. - Reprenant un symbole cou- l'Arbre de vie (Ap 2,7; 22,14). L'ancien signe de
rant de la mythologie mésopotamienne, la Genèse malédiction est devenu lui-même cet Arbre de
place dans le *paradis primitif un Arbre de •vie vie : (( Croix fidèle 1 Parmi les arbres, seul arbre
dont le fruit communique l'immortalité (Gn 2,9; noble entre tous l Nulle forêt n'a ton pareil en
3,22). En connexion avec ce premier symbole, la feuillage, fleur et graine ... » (liturgie du Vendredi-
fausse sagesse que l'homme usurpe en s'attribuant Saint). PEB & PG
la K connaissance du bien et du mal o est aussi
représentée comme un arbre au fruit défendu --;,. Croix I 3.4 - fruit - ombre II - paradis -
(Gn 2,16s). Séduit par l'apparence trompeuse de royaume NT II 1 - sagesse AT III 3 - vie III I.
cet arbre, l'homme a mangé de son fruit (Gn 3,2-
6). En conséquence, le chemin de l'Arbre de vie
lui est maintenant coupé (Gn 3,22ss). :Mais tout le
déroulement de l'histoire sainte va montrer com-
ment Dieu lui en restitue l'accès. Dans l'eschato- ARCHE D'ALLIANCE
logie prophétique, la *terre sainte est décrite, aux
derniers temps, comme un paradis retrouvé dont
les arbres merveilleux- ~fourniront aux hommes
nourriture et remède (Ez 47,r2; cf Ap 22,2). Dès La "présence de Dieu en Israël se manifeste de
maintenant la •Sagesse, pour l'homme qui la sai- diverses manières. L'arche en est un des signes
sit, est un Arbre de vie qui donne le bonheur visibles à un double titre : - dans un coffret, de
(Pr 3,18; II,30; cf Si 24,r2-22). Et finalement, 125 x 75 x 75 cm, sont renfermées les dix Paroles
dans le NT, le Christ promet à ceux qui lui demeu- écrites du doigt de Dieu sur la pierre (Dt 10, 1-5) ;
reront fidèles de manger de l' Arbre de vie qui est - ce coffret, recouvert d'une plaque d'or, le (1 pro-
dans le Paradis de Dieu (Ap 2,7). pitiatoire », et surmonté des chérubins, est le
trône ou le marchepied de Yahweh (Ps r32,7; I Ch
2. L'arbre du Royaume de Dieu. - Les mythologies 28,2), Ainsi Yahweh« siégeant sur les chérubins,
orientales connaissaient aussi le symbole de l'arbre (1 S 4,4; Ps 80,2) garde sous ses pieds sa Parole.
cosmique, représentation figurée de l'univers. Ce L'arche, abritée sous la Tente, est comme le
symbole n'est pas repris dans la Bible. Mais celle-ci sanctuaire mobile qui accompagne Israël depuis
ARCHE D'ALLIANCE ARCHE -i>'ALi.IANCE

les origines, au départ du -Sinai, jusqu'à-la cons-


tructi9n d:u •,Temple où·. elle sera -fixée. -DèS ·1ors
celui-ci .passe au premier plan· et l'arche perd de II. Drnu PRtSENT ·PÀR sA PAROLE
son importance, on n'en parle·plus dans les textes;
elle disparaît sans doute en même temps que lui
au moment de Jexil. Il semble que dans le second L'arche.est en même-temps-Je lieu de la ~P~le
Temple, le propitiatoire ait ·,été dans Je culte .le de' Dieu. D'abor<f. ~ce qu'elle co_ntietlt ~es. de11x
substitut_ de· l'arche. , , , · tables de la *Loi, elle perpétue en Israël le o: •témoi-
Par l'arche~ le Dieu de I' Allià.nce manifeste qu'il . gnage » que Dieu doD.ne de-lui-mêmè, la ·révélation
est présent au milieu -de son peuple - pour le 4°:'il fait de sa volon_té (Ex 31,18)"~ la· ,répotj._se
guider et·Ie protéger, -- pour.faire .connaître sa qu'Israël a donnéè à cette-parole· (Dt 3i,26:.27).
parole et écouter: la prière. Arche d'alliance, arche,du.télll6ignage, ces expres-
sions désignent l'archê en relatio;n :avec 1~: clauses
de l'*Alliançe gravées sur les tà.bies pour les de~x
parties. ·
L'arche prolonge en quelque sorte la rencontre
Î; Drntf. PRÉS.ENT PAR SON ACTION
du Sinaï. Pendant les marches. au. dé_sert., qw;md
il veut consulter Yahweh, obtenir de lui une-parole
pQµr .le peuple. (Ex.::25,:2:2) .ou)nversement. prier
L'arche concrétise la présence' agissante de Dfeu
en- faveur du peuple (Nb 14), Moïse entre dans
pendarit l'Exode et• la conquête de _la· Teri'e pro-
la Tente; là_, au-dessus de_l'arche, Yahwe_h lui,P~de
mise. La-plus ancienne notation '(Nb 10,33) montre et IC converse avec' lui comme avec son prochain »
Yahweh lui-même guidant· ainsi les marches -de
(Ex 33,7-II; 34,34; Nb 12,4-8), Plus fard, Amos
son peuple au 'désêrt·;_ le déplacenient de !'.arche présentera sa prédication venant de l'arche comme
s'accompagne d'un chant guerrier (10;3s; 1 _S 4,5)·: d'un nouveau Sinaï (Am 1,2), et c'est pendant
elle est'Temblème de la *guerre sainte;·àttestarit
qu'il prie devant l'arche qu'Isaïe reçoit sa .voca-
la part ··que -Yahweh « vaillant guer:rièr 11 ·(Ex
tion prophétique (Is 6).
15,3; Ps :2·4,8) prend lui,;.même•·à la;réâlisation de
Pareillement, è'est ic. devant n l'arche que le
la promesse: passag_e du'Jourda:in, .Prise·de·Jéri- fidèle vient rencontrer Dieu, soit pour écouter sa
cho, lutte contre 'les PhiliStins. 'Au_ sanctuaire de
Parole __ comme Samuel {1_ S 3),_ soit pour le .con-
Silo, l'expression *Yahweh-Sabaoth a{)pàrait en
·sult_er par l'_iùtermédiaire des prêtres, _gardiens et
relation avec l'arche {1 S 1,3; 4,4; :2 S 6,2). De
interprètes' de _la "*Loi (Dt_ 31,gss), _sëit pour le
cette hi~toi~ guerrière, l'arche _ garde _un caractère prier comme Anne (z' S ·z,9) Oti David. (2 S 7,18).
sacré, f!. la fois· ·redoutable et bienfaisant. On
Cet_te ·sorte 'de • dévotion _Il à l'arch~ passera elle
l'identifie à DieU:, lui donnant son •Nom (Nb 10,
aussi au Temple (prières de Salomon : · 1 R -8,30,
35; I_ S 4,7). Elle est la « ·g1dire· d'Isl'aël » {I S 4,
d'Ézéchias: :2 R 19,14).
22; cf Lm :2:-,1), la _forèe du· 'Puissant .de Jacob
(Ps ·13:2,8; 78,61),· Ja présence·_ du Dieu s3.int _au
milieu de ·son peuple ; exigence· de' •sainteté chez
qrii veut ·s'en aJ?pï-ocher (1 S 6,19S; :2 -S 6,1-n),
UI. L'ÂRCHE DANS L'ESPÉRANCE ·n'IsRA:ih.
elle manifeste· la liberté' de'·'Dieu, qui ne se laisSe
· ·""'"· ET -DANS . LE NT
pas _arine::ri::er par le peuple, sans po'ur aU.tant êesser
d'agir en ~a_ faveur {1 S_ 4~) .. ,
L'histoire de'l'arche connaît_ à la· fois spn coü:. . J~mie, après 587, invite à ne pâ.s regretter
ronnement 'et son terme lorsque Dayid la fait l'iµ-the disp~rue,-car la nouvelle •Jérusalem, deVe-
entrer· solennellement aù mipeu de __ _la jo~e _popu- npflJë\'centre des *nations, "'sera elle:même ·1e trône
laire à Jérùsalem (2 S6 ,1·2-19;'cf Ps :24,7-10), où elle de Yahweh (-Jr ,.,3,16.:.17), et sous le régime· de la
trouve son lieu de repos (Ps 13:2; ii'Ch 6,416) ; enfin "J-~ouvelle _alliance la loi, sera inscritê da.ris-les •cœurs
Salomon l'installe au, Temple {1 R 8). Jusque-là H3r,-31.;.34). _Ézéchiel utilise -l'iIIla:gerie de l'arche,
l'arche mobil~ était eli", quelque sorte à la dispoSi- ;. ~iège · mobile ·ae·· Yahweh·,· pour- ·montrer- qùe la
tion des tribus_; après la· prophétie de _Nath.~ ~ *gloire II quitte le· Temple soti~lé pour rejoindre
(:2 S 7),-_1'*8.lliance passe p_ar la famille de ·David les exilés : -Dieu, désorinais· sera présent dans' le
qui a fait _l'unité _4u· peuple :_ Jérusalem et_ le •Reste,, la communauté sainte· (EZ '9-U). Le
Temple vont hériter 'des caractères propres à judaïsme a· espéré, s'ei:nbl"ewt-il, unè réapparition
J'arche. · · · de l'arche à:' la' fin des .tempS (2 M :2,4-8), ce ql~i

85 86
ARCHE D'ALLIANCE ASCENSION

est représenté dans !'Apocalypse {Ap II,r9). Le véhicule (Nb II,25; Ps 18,rn;. Is 19,1). L'•Esprit
NT montre en effet que l'arche a trouvé son qu'il envoie doit aussi descendre (1s 32,r5; Mt 3,
•accomplissement dans le Christ, .Parole de Dieu 16; r P 1,12) ; de même la *Parole, qui lui revient
habitant parmi les hoffimes {Jn r,14; Col 2,9), une fois son œuvre accomplie (Is 55,ros; Sg 18,15).
agissant" pour leur salut (I Th 2,r3), se faisant Les •anges· eux-mêmes, qui habitent le ciel avec
leur guide (Jn: 8,12) et devenant le véritable pro- Dieu (r R 22,r9; Jb 1,6; Tb 12,15; Mt 18,ro), des-
pitiatoire (Rm 3,25; cf I Jn :,2; 4,ro). j'B cendent pour accomplir leurs missions- (Dn 4,10;
Mt 28,2; Le 22,43) et remontent ensuite {Jg 13,
-+ Alliance AT I 3 -
culte AT I ; NT III 2· - gloire 20; Tb 12,20) : montée et descente qui établissent
Ill 2 - manne 1 - pèlerinage._AT I,T préseJlce_de la liaison entre ciel et terre (Gn 28,12; Jn r,5r).
Dieu AT li, III I - puissance I I - témoignage Pour les hommes, le trajet est de soi impossible.
AT II 2 - Temple AT.
Parler de monter au ciel équivaut à expririler la
ARCHE DE NOÉ -+ déluge - NOé. recherche de l'inaccessible (Dt 30,r2; Ps r39,8;
Pr 30,4; Ba 3,29), quand ce n'est pas la prétention
ARGENT _. cupidité - orgueil 3 - pauvres NT d'un orgueil insensé (Gn II,4; Is 14,14; Jr 51,53;
III - richesse - servil' III o, Jb 20,6; Mt II,23), C'est déjà. beaucoup que les
ARMES-+ guerre. prières montent au ciel {Tb r2,12; Si 35,16s; Ac
10,4) et que Dieu donne aux hommes rendez-vous
ARMÉES CÉLESTES--+ anges - astres - puis- sur des •montagnes où il descend tandis qu'ils y
sance III 2 - Yahweh 3. montent, tels le Sinaï (Ex 19,20) ou le mont Sion
(Is 2,3 et 4,5). Seuls,--des élus comme Hénoch (Gn
ARRHES --+ Esprit de Dieu NT V 3 . - prémices 5,24; Si 44,r6; 49,14) ou Élie {2 R 2,II; Si 48,9-
I 2 b - promesses IV.
1~; 1 M. 2,58) ont eu le privilège d'être enlevés
au ciel par la puissance divine. Eµ Dn 7,13, c'est
vers l'Ancien des jours que se fait la venue du
*Fils de l'homme, et cela suggère aussi une mon-
tée, encor·e que son point de départ soit· mysté-
ASCENSION rieux et qµe les nuées du ciel soient peut-être
ici, non un véhicule, mais seulement le décor de
la demeure divine.
Il est de foi que le Christ ressuscité est entré
dans. la gloire, mais c'est là. un mystère qui trans-
cende l'expérience sensible et ne peut être enfermé, II. LA MONTÉE DU CHRIST AU CIEL
par exemple, dans la seule scène du mont des Oli-
viers où les Apôtres ont vu leur Maître les quitter Selon cette cosmologie biblique, Jésus exalté
pour retourner chez Dieu. De fait, les textes sacrés par la *Résurrection à la •droite de Dieu (Ac.2,
s'expriment sur le sens, le moment, le mode de 34; Rm 8,34; Ep r,2os; I P 3,22; cf Mc r2,35ss p;
l'exaltation céleste du Christ avec une variété q,62 i>), où il trône comme *Roi (Ap 1,s: 3,21;
dont la richesse est instructive. Nous allons tenter, 5,6; 7,r7), a dft « monter » au ciel. De fait, son
à leur lumière, de percevoir la réalité profonde Ascension apparaît dans les premières affirmations
du mystère à travers la genèse de son expression de la foi, moins comme un phénomène considéré
littéraire. pour lui-même que comme l'expression indispen-
sable de l'exaltation céleste du Christ (cf Ac z,
34; Mc r6,l9; I P 3,22). Mais, avec le progrès de
1. LE TRAJET ENTRE CIEL ET TERRE la révélation et l'explication de la foi, elle a pris
une individualité théologique et historique de plus
Selon une conception. spontanée et universelle en_ plus mc;l.rquée.
reprise par la .Bible, le *ciel est l'habitat ~e la
Divinité, au point que ce terme sert de métaphore I. Descente et remontée. - Implicite à l'aurore de
pour signifier *Dieu. La •terre, son marchepied la foi, la préexistence du Christ est allée en s'expli-
(Is 66,1), est l'habitat des hommes (Ps II5,r6; citant, sa préexistence énoncée dans les Écritures
Qo 5,1). _Pour visiter ceux-ci, Dieu ({ descend » aidant à percevoir sa préexistence ontologique.
dc,nc du ciel (Gn II,s; Ex 19, IIss; Mi x,3; Ps !44,5) Avant de vivre s:ur terre, Jésus était auprès de
et y ({ remonte » (Gn r7,22). La •nuée est son Dieu comme Fils, Verbe, Sagesse. Dès lors son

88
ASCENSION ·ASCENSION

exaltation céleste n'a .pas été que. -, le triQmphe transcende, et aussi pour tenir compte de la période
d'un homme élevé'.aU rang divin, :comme pouvait des •apparitions. Certes rien n'empêche, et· même
le suggérer une christologie .primitive· (Ac 2,22-36; tout postule, ,que, Jésus se m:anifesta,nt à ses. dis-
10,36-42), mais le -retour, au _monde céleste d'où ciples soit revenu pour cela du· mànde.:de la- •gloire
il était: venu. C'est, Jean qui a exprimé le plus où il était entré dès l'instant de sa résurrection ;
clairement cettè descente·du ciel (Jn··6,33.38.4ts. on voit mal.en effet.où il aurait pu se trouver dans
.5os.58} et mis en relation avec .elle· la. remontée . l'intervalle de.ces manifestations;, et c'est J:>ien son
de l'Ascension (Jn -3,13; 6,62). Rm 10,6s .ne-peut éta:t .déjà· .glorifié .qu'il leur µiontre.-_ De .fait, -Mt
être invoqué ici, car le mouvement qui y suit _la semble concev!Jir.ainsUes choses :·il-ne parle pas
descente de l'Incarnation est la remontée du de l'Ascension, mais,taisse. entendre, par-la ·décla-
royaume des morts plutôt que la montée-au ciel. ration de.Jésus sur le -pauvoir dont il:,dispose au
En revanche, Ep 4,9s expose un trajet plus ample ciel et sur la.terre (M_t 1i8,18); que la.prise de.pos-
où la descente dans les régions inférieures de la session du trône céleste.est déjà faite-lors,de J!ap-
terre (ou à la terre ?)· est suivie d'.une remontée parit~on-,sur la montagne de Galilée_. Jean enseigne
qui mène le Christ .au-dessus de tous. les cieux. la même chose d,'une.autre manière_: _si Jésus fait
C'est encore le même trajet que suppose-l'hymne prévenir --les distjples par .Marie-;Madeleine qu'il
de Ph 2,6-n.-· monte .vers--.le. Père· (Jn -20,17).- c'est, cl.one ·qu'il
sera déjà' monté;. et redescendu,· lo;rsqu'il leur appa-
2. Triomphe d!ordre cosmique. -:-:- Un autre motif raîtra· le soir. même· (20,19). Ce délai de quelques
devait concourir , à .spécifier l' Ascênsion comme heures entre Résurrection et Ascension est- -tout
étape glorifiante distincte· de .la •Résurrection et pédigogique et ·permet à· Jésus d'inculquer .à
de la session céleste : le souci. de mie.ux -exprimer Marie-Madeleine· ·qµ'il entre dans un état nou-
la suprématie-cosmique du Christ; L'héré.sie-·colos- veau.,où les contacts de jadis (comp. 20,17 et-.•n,
sienne ayant menacé de ·ravaler .le Christ à---un 2; 12,3) seront spiritualisés (6,58 et 6,62).
rang subalterne. parmi les l:riérarchies angéliques, .En d!autres textes, ·le moment· de -l_'Ascension
Paul reprend de façon- plus_ catégorique ce qu'il se distingue davantage:.encore de celui de la Résur~
avait déjà dit ..de ·son.triomphe .sur les puissances rectiori :.Le 24,5os,-.venant après les vv., 13.33.36.
célestes (1 Co 15,24), en.affirmant que.ce triomphe 44, 'donne liimpression:que .!'.Ascension se place
est déjà acquis par. la *Croix -(Col 2,15), que dès au soir.•·du .. dimanche de. Pàques, -.après div.ers
maintenant le Christ trône dans les -cieux au-des- entretiens dè Jésus avec ses disciples. Dans la
sus de ces.-Puissanèes quelles qu'elles, soient (Ep finale de. Mc 16,19, qui dépen_d en bonne partie
1,20s); et c'est alors qu'il exploite le ·Ps 68,i9 de Le, l' Ascension est racontée après des mani-
pour montrer que la montée du Christ au-edessus festations. successives, dont on ne voit pas si elles
de tous les cieux a _é~é sa prise· de poss.ession de orit.occ'upé un 'séûl jour otl plusieurs·. ED fin, d'après
l'univers, qu'il « remplit J) (Ep _4,10) co_mme il le Ac 1,3-n, c'est au terme de quarante jours d'ap-
« récapitule)) (Ep 1,10)', à titre· de Chef.-'.C'.est le paritions · et d'entretiens que Jésus,~ quitté les
même horizon cosmi<lue ()ui apparaît dans' l'hymne siens .pour •m.onteir au ciel. .L'Ascension .racontée
de i: Tm: 3,16 : -l'élévation· dians la gloi_l'e ·Y vierit ·par· ·ces trois tex~es Vise manifestement· à .-.clore
après la manifestation aux anges et aU monde. la période des apparitions·;·elle·ne veut-pas décrire,
L'épitre. aux Hébreux- repense, à son tour la-.mon- après· un délai variable et inexplicable, la :prei;nière
tée du Christ ·en,,fonction de ,sa· perspective d'un entrée du Christ dans la gloire mais . .bien pin.tôt
monde. céleste: où· .$e· trouvent les réalités du· salut le d.emier-départ qui met .fin à s;;l.,manifestation
et vers leque;I. pé~grinent ,,les ,.h~.mains'. Pour y sur la terre. L'incertitud'e même.du délai s'explique
siéger à la droite de Dieu (He-'r,3; 8,1;_.10,12s; 12;2) :p:1.i~ux, en. r,aison de cette échéance contingente ;
au-dessus des anges'"(:i,4-13; 2,7ss), le Grand Prêtre daiis-!les A:Î;tes, le ~nombre.40 . est Sans doute choisi
est monté -le premier, traversant les cieux (4,14) eh-fon'.ction des 50,jours de la •Pentecôte :,si'Jésus
et pénétrant derrière le, voile (6,19s) dans le sanc- remonte définiti'v'ement au. ciel, c 1est pour envoyer
tuaire où itintercède en -~résence·de Dieu (9,24). t·SO"n,Esprit qui désorrp.ais le remplacera auprès de
~~ disciples. · . : ; ·.. , · ,
3. Moment de l'Ascension. -Distinguée de la sortie · J. L'enseignement varié des textes sacrés invite en
du tombeau à titre de manifestation cosmi(}ue, la .SOmme à reconnaître dans ce mystère deux aspects
montée du Christ au ciel devait encore· en .être connexes mais distincts,-:· d'une__ part. la glori:fi.<:a-
détachée. par la _nécessité, pédagogique ,de raconter ~ion cél~te-du.Christ qui a coïncidé,avec sa Résur~
dans le temps. des hommes un événem~t-. ·qui, le -rection, d'autre. part son-dernier-départ après. une

89 go
ASCENSION ASTRES

période d'apparitions, départ et


retour vers Dieu mologique, inhérente à notre imagination humaine
dont les Apôtres ont été. témoins sur le mont des et d'ailleurs réduite au minimum.
Oliviers, et que· célèbre plus particulièrement la L'affirmation profonde qui se dégage de tous
fête liturgique de l' Ascension. ces thèmes, c'est que. le Christ triomphant· de la
mort a inauguré-un mode·nouveau de vie·auprès
4. Mode de l'Ascension. - Ac r,g est le seul tex~ de Dieu. Il y est .entré le premier pour préparer
canonique qui décrive tant soit peu la montée 'dC une place :à ses élus, puis il reviendra et les y
Jésus àu ciel, et son extrême discrétion confipne introduira pour qu'ils: soient toujours avec lui
qu'il ne prétend pas dépeindre la première entrée (Jn 14,2s).
du Christ dans la gloire. Ce tableaU'-'si sobi-e ·ne
doit rien, -ni aux- apothéoses de héros païens comme
Romulus ou- Mithra, ·ni même au précédent IV. SPIRITUALITÉ CHRÉTIENNE DE L'ASCENSION
biblique d'*Élie. Faisant intervenir.. ·la *nuée sté-
ré0typée des théophanies et une parole angélique En attendant cette échéance, les chrétiens
qui explique la scène, il renonce à fournir du mys- doivent demeurer unis par la foi et les sacrements
tèr_e une description réaliste de:goüt douteux, telle à leur Seigneur glorifié. Dès maintenant •*ressus-
qu'en inventeront certains apocryphes, et se limite cités et même assis dans les cieux- avec lui (Ep
aux données essentielles qui en évoquent le sens. 2,6), ils recherchent u les choses d'en-haut », car
Ce n'est pas que cette scène localisée de façon leur vraie *vie est (< cachée avec le Christ en Dieu li
précise sur le mont des Oliviers ne soit un souve- (Col 3,rss). Leur *cité se trouve dans les cieux
nir historique, ni que Jésus n'ait pu concéder à (Ph 3,20). La *maison céleste qui les attend et
ses disciples- une certaine expérience sensible de qu'ils aspirent à revêtir (2 Co 5;1ss) n'est autre que
son retour auprès de Dieu, mais l'intention du le Christ glorieux lui-même (Ph 3,2r), l' (( Homme
récit n'eSt certainement pas de décrire un triomphe céleste )) (r Co r5,45-49).
qui s'est produit en fait dès l'instant de la Résur- De là. jaillit toute une spiritualité d' Ascension
rection; elle est seulement d,'enseigner qu'après qui est à base d'*espérance, car elle fait vivre
une certaine période· d'entretiens familiers avec ses dès mainteriant le chrétien dans la réalité du
disciples, le Ressriscité a retiré du monde sa *pré- · monde nouveau où règne· le Christ. Il n'est pas
sence manifeste pour ne la rendre qu'à la fin des pour autant arraché aU monde ancien qui le
temps. retient encore, mais au contraire il a mission et
po'uvoir d'y vivre d'une façon nouvelle, qui sou-
lève ce monde -vers la transformation de gloire à
laquelle Dieu l'appelle. PBe
III. L'ASCENSION, PRtLUDE riE LA PAROUSIE
- Élie AT 4 ; NT 2 - gloire IV 2 - montagne III
I - nuée 4 - Résurrection NT ·I 2.
« Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus,
viendra comme cela, de la même manière dont ASCÈSE - abnégation - jeilne - monde NT III
1 - mort NT Ill 3 - pénitence/conversion AT 1
vous l'avez vu partir vers le ciel» (Ac r,n). Outre
2 -veiller l 2, II 2, - vin I 2.
qu'elle explique l'économie du récit de· l'Ascen-
sion, cette parole angélique établit un lien pro- ASSEMBLS.E - culte - Église -. foi AT IV -
fond entre la montée du Christ au ciel et son retour hérésie 2 ...:.... pèlerinage AT 1 - peuple A II 6 ; B II
à la fin des temps. Celui-êi se faisant attendre, le 6 ; C O - prière II - sabbat AT 3 - schisme O.
séjour du Christ au ciel, de soi définitif• en ce qui ASSURANCE • angoisse 1 - confiance 3 - fierté-
le· concerne, .reste comme une étape transitoire foi O - libération/li?Crté III 3 a - ·miracle III 3 a.
dans l'économie générale du- salut : il y demeure
caché aux homme$ en attendant sa manifesta-
tion ultime {Col 3,r-4), lors de la restauration
universelle (Ac 3,2r; r Th r,ro). Alors il reviendra
comme il est parti (Ac r,II), descendant du ciel ASTRES
(I Th 4,16; 2 Th r,7) sur les nuées (Ap ·r,7; cf
q; r4ss), · tandis que ses élus monteront à sa ren-
contre, également sur des nuées (r Th 4,r7), ainsi r. Les astres dans le paganisme ancien. - Plus que
que déjà les deux témoins de l'Apocalypse (Ap nous, l'hàmme de l'ancien· Orient était sensible à
n,12). C'est toujours la même présentation cos- la· présence des astres. Soleil; lune, planètes et

91 92
ASTRES ASTRES

étoiles évoquaient pour lui un monde mystérieux hàm- (Gn r5,5), la· venue .du Roi davidique (Nb
tout différent du nôtre : _celui du •ciel, qu'il, se 24,17), la lumière ·ctu salut futur (Is 60,1ss; Mal
représentait· so_us la· forme de .demi-sphères super:- 3,-20) ou la: gloire éternelle des justes. ressuscités
posées où les astres inscrivait;mt leurs orbites. Leurs (Dn 12,3),
cycles réguliers-;lui·- permettaient de -mesurer .le
•temps et Q.'établir son calendrier; mais ils ._lui 3. Séduction du. paganisme.. -- -Malgré cette fer-
suggéraieµt aussi que le monde est gouverné par meté· de la :révélation biblique, Israël :q.'.échappe
la loi du retour éteqiel et que, de l~-:-ha:ut, les astres pas· à la tentation des cultes astraux. Aux périodes
imposent aux choses de -la terre certains. ryt-.imes de régression religieuse, le Soleil,· la Lune et. toute
sacrés, sans commune mesure avec les hasards l'Armée des cieux conservent· ou ·retrouvent ·des
mouvaù.ts de, Thistoire. Ces ··corps lumineux lui adorateurs .(2 R 17,16;_ 21,3:5; Ez-.8,16)': par une
semblaient donc une manifestation des puissances •crainte instinctive de ,ces puissances ·cosmiques,·
surnaturelles qui dominent· l'humanité et -déter- oncheicbe à se les concilier. On fait-des offrandes
minent ses destins. A ces puissallces, il rendait à. la 1 -Reine,,dµ_ ciel », Ishtar, la planète Vénus
spontanément-un culte pour. s'assurer leur faveur. (Jr 7,18; 44,17ss); on observe les «·signes du ciel»
Le soleil, la lune,,-Ia planète Vénus, etc.,. étaient (Jr ro,2) .-pour. y lire les destins (Is 47,r3). Mais
pour lui autant de dieux ou de déesses, et les cons- la voix ·des ,prophètes .s'élève contre ce retour
tellations elles-mêmes dessinai~t , dans le ciel offensif du paganisme ; le Deutéronome le stigma-
d'énigmatiques· figures- auxquelleS il· donnait des tise (Dt 4,r9; r7,3) ; le roi. Josias intervient bru-
noms mythi_ques. Cet intérêt qu'il portait i;i..:ux talement pour en extirper les pratiques (2 R 23,
astres l'amenait à-les· o~server méthodiquement: 4s.n); :aux ad_orat~urs des _ast_res, Jérémie promet
Égyptiens· ~t Mésopotamiens étaient réputés ,.pour Je· pire des châtiments (Jl" 8,rs). Mais il. faudra
leurs _connaissances -astronomiques.;_ mais cette l'épreuve de la dispersion et de l'exil pour qu'Is-
scienee embryonnaire était;- étroitement. liée aux raël converti se détache enfin· de cette farine
Pratiques. divinatoires, *magiques et: idolâtriques. d'idolâtrie (cf J-b 31,26ss), dont la Sagesse alexan-
Ainsi, l'homme .de l'antiqui.té éta~t comme sup;.ugué drine ·proclamera· haut~ment la vanité (Sg rj,1-5)·
par des puissances- redoutables, qui pesaient. sur
sa destinée et lui masquaient ~e yrai Dieu_.; 4. Do/> _astres ~ux mauvais .anges. - Cette lutte
séculaire contre les cultes astraux a eu des réper-
2. Les astres,.serv~te.urs de Dieu;.- Qu'.on ouvre la cussions dans le domaine des croyances. Si les
Bible, et le -climat change .d'.emblée. -Certes; les astres constituent ainsi un piège pour les hommes
astres se distinguent encore· mal des •_anges qui en les détournant du .vrai Dieu, n'est-ce pas le
constituent la, cour de Dieu (Jb 38,7; 1Ps 148,2s) : signe qu'ils sont liés eux-mêines à des puissances
ces a- armées_-célestes » ,(Gn 2,1) ,sont regardées mauvaises, hostiles à Dieu ? Parmi les *anges qui
comme des êtres animés. l\fais elles sont des_ créa- forment !'Armée des cieux,. n'y en a-t-il pas de
tures comme tout le reste de l'univers (Am _5,8; déchus. qui· ·tâchent. d!attirer les ·hommes à- leur
Gn 1,14ss; Ps 33,6; r36,7ss). C'est à l'appel cle suite en se.faisant adorer,d'eux? Le-vieux.thème
Yahweh qu'elles brillent à leur poste· (Ba 3,33ss), mythique de· la •g.uerre- des dieux fournit ici -tout
sur son ordre_ qu'elles. interviep.nen,t pour appuyer un matériel,'qui permet de représenter poétique:-
les combat:;i de son-peuple· (Jos .ro,rzs; _ Jg- 5-,20). ment la. chute des puissances célestes rév9_ltées
Les astres.-ne sont 4onc pas_des dieux, m_ais. le::s contre.Di{;~ '.(Lucifer: Is 14,12-15). La figure.de
serviteurs de *Yahweh Sabaoth. S'ils règlent le .*Satan;, dans_.le -NT, s'enrichira de- ces.--(llé:ments
temps, s'ils présiderit au. joµr et à la· nuit, c'~t symboliques ·(Ap, 8,10; 9,1; 12,3s.7ss). __ Dès,Jors,
que Dieu leur. -a assigné ces__fonc~fons Précisi;ls On: ~fes,t ~~ étdnné .de .voir annoncer, 'PO:Ul'. ,Je
(Gn 1,r5s). On. _peut i;i.dmirer-- l'éc_lat. q.u -soleil (Ps •Jl~-~_i:;:pe Yahweh, ·un *jugement de rArmée des
r9,5ss), la beauté de la lune (Ct 6,_ro).,.l'ordre·par-:- ciCu:x;' p:un.ie av~ ses adorateurs terrestres (Is 24,
fait. des révolutions .c~lestes_. (Sg _7,_r-Sss).; mais ~~.,ISs) : les astres paraissent là. en lie_u, et place -des
tout cela .chante la *glQire·-du Pieu ullique (Ps ·,*démons.
19,2), qui.~,.détenlliné_.le_s; ~ lois des __ cieux. » (Jb ~l . : -, ,._. _ . , .-
38,3rss),· Ainsi -les astres .ne masq~ent.plus- leur S~ Dans l'univers ra.cheté_.pa,r le. C!iri#, ,1~ -astres
Créateur, ils. 1~. révèlent (Sg · r3,5).; Purifiés de leu_r retrouvent _cependant. leur rôle providentiel.:. La
signification *idolâ~rique, ils symboli_sent main- Croix a libéré les hommes de }'.angoisse cosmiqu_e,
tenant les réalités terr~stres .qui manifestent- le ~elle- qui terrorisait les-.Colossiens.: ils ne sont .plus
desseig de Dieu : la multitude ·des enfants d'Abra~ asservis aux II éléments du monde », maintenant

93 94
ASTRES AUMÔNE
que le Christ· a .a: dépouillé les Principautés et les :2. Le devoir de l' aumtJne. - Si le mot est tardif,
Puissances » pour « les entraîner dans son cor- l'idée de l'aumône est aussi ancienne que la reli-
tège triomphal » (Col 2,8.15-18; Ga: 4,3). Plus de gion biblique, qui réclame dès l'origine l'•amour
déterminisme astral, plus de destins inscrits dail)i des *frères et des *pauvres. La *Loi connaît ainsi
le ciel : le Christ a mis fin aux superstitio:ns des fonnes codifiées d'aumône, certainement
païennes. Un astre est censé révéler sa naissanc:F anciennes : obligation de laisser une part des
(Mt.-2,2), le désignant lui-même comme l'Étoile récoltes pour le glanage et le grappillage (Lv .•19,
du matin par excellence (Ap 2,28; 22,16), e:n élt~n- 9; 23,22; Dt 24,20s; Rt 2), dîme·triennale aµ pro-
dant "q_ue ce même astre se lève dans nos- cœurs fit de ceux qui n'ont pas de terre à eux : lévites,
(2 P 1,19; cf I'Exultet pascal). Il est le vrai soleil •étrangers, orphelins, veuves (Dt q,28s; cf Tb
qui illumine le monde renouvelé (Le 1,78s). Et 1,8). Le pauvre existe, et il faut répondre à son
s'il est certain que l'obscurcissement des astres appel avec générosité (Dt 15.u; Pr -3,27s; 14,21)
préludera comme un •signe à sa parousie glorieuse et délicatesse (Si 18,15ss).
(Mt 24,29 p; Is 13,9s; 34,4; JI 4,15), de même qu'il a
marqué le moment de sa mort (Mt 27,45 p), c'est 3. Aumline et vie religieuse. - Cette aumône ne
que, dans le monde. à venir, ces lumières créées doit pas être simple ·philanthropie, mais geste
deviendront inutiles : la gloire de Dieu illuminera religieux. Souvent liée aux célébrations liturgiques
elle-même la Jérusalem nouvelle et !'Agneau sera exceptionnelles (2 S 6,19; 2 Ch 30,2x-26; 35,7ss;
son flambeau (Ap 21,23). ADa & PG Ne 8,ross); la géilérosité envers les pauvres fait
partie du cours normal des "fêtes (Dt 16,11. 14;
-+ ciel I - démons AT 3 - idoles II 2 - lumière Tb 2,Is). Bien plus, ce geste prend sa valeur de
& ténèbres AT I - magie· I - signe AT II 2 - temps
AT I 1.
ce "qu'il atteint Dieu même· (Pr 19,17) et ouvre
un droit à sa *rétribution (Ez 18,7; cf 16,49; Pr
ATTENTE - calamité 2 - ciel VI - désir - espé- 21,13; 28,27) et au •pardon 'des péchés (Dn 4,24;
rance - Jour du Seigneur AT II ; NT II - mémoire Si 3,30). Il équivaut· à un *sacrifice offert à. Dieu
3 - Messie AT ; NT I - patience - royaume AT (Si 35,2). En se privant de son bien, l'homme se
III - salut NT II 3 - veiller I. constitue un trésor (Si 29,12). « Heureux qui pense
AUDACE -+ confiance - fierté - libération/liberté au pauvre et au faible » (Ps 41,2.4; cf Pr 14·,21).
III 3 a. Le vieux Tobie exhorte ainsi son fils avec chaleur :
« Ne détourne jamais ton visage d'un pauvre, et
Dieu ne détournera. pas, le sien de toi... Si tu as
beaucoup, donne davantage ; si tu as peu, donne
AUMONE moins, mais n'hésite pas à faire l'aumône. .. Quand
AT tu fais · l'aumône, n'aie pas de regrets dans les
yeux ... » (Tb 4,7-rr.16s).
1. Les sens du mot. - L'hébreu n'a pas de terme
spécial pour désigner l'aumône. Notre mot français NT
dérive du grec elemiosyn6 qui, dans la LXX,
désigne soit la *miséricorde de Dieu (Ps 24,s; Avec la venue du Christ, l'aumône conserve
Is 59,16), soit (rarement) la a justice», la réponse sa valeur, mais-elle est située dans une économie
loyale de l'homme à Dieq (Dt 6,25), soit enfin la nouvelle qui lui confère un sens nouve3:u.
miséricorde de l'homme· pour ses semblables (Gn
47,29). Cette dernière n'est authentique que si 1. La pratique de l' aum~ne. - Elle· est admirée
elle se traduit en actes, parmi lesquels figure en par lës croyants, surtout quand elle est pratiquée
bonne-place le soutien matériel à ceux qui sont par des •étrangers, des a craignant Dieu », qui
dans le besoin. Le mot grec :finira par se limiter ainsi manifestent leur sympathie pour la foi (Le
à ce sens précis d' 11 aumône "• dans le NT et dès 7,5; Ac 9,36;, 10,"2). Du reste, Jésus l'avait comptée,
les livres tardifs de l'AT : Dn, Tb, Si. Ces trois avec le •je6ne et la ·•prière, comme l'un des trois
livres pourtant connaissent encore l'elûmosynB de piliers de la vie religieuse (Mt 6,1-18).
Dieu pour l'homme (Dn 9,16; Tb 3,2; Si 16,14; Mais, en la recommandant, Jésus exige qu'elle
17,29) : pour toute la Bible, l'aumône, geste de soit faite dans un parfait désintéressement, sans
bonté de l'homme pour son frère, est d'abord aucune ostentation (Mt 6,1-4), « sans rien attendre
une imitation des gestes de Dieu qui, lè premier, en retour » (Le 6,35;, 14,14), sans mesure même
a fait preuve de bonté envers l'homme. (Le 6,30). En effet, on ne saurait se contenter

95 96
AUMÔNE AUTEL
d'atteindre un K tarif -» codifié, si élevé soit-il : 9,15)" il faut secourir Ilotrè •prochain·:« Comment
Jean-Baptiste· semble substituer à- la dîme ·tradi- l'am_our de _Dieu de·meurerait-il en celui qui _ ferme
tionnelle un partage à i:noitié (Le 3,-II), que-Zachée ses entrailles devant son.*frère nécessiteux? 11 (r Jn
réalise en fait (Le 19,8) ; mais· ..ce que -_le Christ 3,17; cf Je' 2;:i:5). Comment" célébrer le sac.rement
attend des siens; .c'est qu'ils .ne restent sourds· à de ··1a •communion eucharistique sans partager
aucun appel (Mt 5,42 p), car.les •pauvres sont tou- frateniellement ses biens (r· Co II,2oss) ?
jours parmi.nous (Mt.26,n p); et s'ils.n'ont plus Or.l'aumône;peut· avoir-une portée__ :pl1,1s .vaste
rien à eux {cf Ac 2,44s), il leur reste le devoir, de encore, .. et signifier l'•union des. églises. -C'est· ce
communiquer- les ·.*dons du Christ (Ac 3,6) et de que Paul veut dire· quand·il donne un nom.sacté
•travailler· pour. pouvoir aider -ceux qui _sont dans à la. quête, à, la· collecte qü'il fait en faveur· de
le besoin (Ep 4,28). l'Église-mère ·de ..Jérusalem : c'·est un .·•ministère
(2 Co ·8,4; 9,1.12s), .,.une « liturgie •: (9,12). Pour
2·. L'aumdnè et le CMist. - Si l'aumône est un combler en- effet le fossé qui_-:commençait à. se
devoir aussi ·radical,-.c'est·qu'elle trouve son• sens creuser entre l'Église d'origine paieime ·et-l'Église
dans la .foi au Christ, et cela -dans ·_une mesure d'origine juive, Paul se soucie de· -traduire par des
plus. ou moins profonde. aumônes substantielles l'uni01;1, de- ces·: deux caté-
a) Si Jésus maintient ·avec la tradition juive gories de membres ·du, même- -•Corps, ·du Christ
que l'aumône est source de •rétril,mtion célèst_e (cf- Ac n;29; Ga, 2,10; Rm · 15,26s; I Co I6,x-4}·;
(Mt 6,2ss}, qu'elle constitue un trésor dans le ciel avec ·quelle ·ardeur il prononce uil véritable,-·« ser-
(Le 12,2r.33s), grâce aux •amis .qu'on s'y -fait mon ·de charité» 'à l'ad'resse··des Corinthiens (2 Co
(Le 16,_9).,.ce _n'est pas en raison :d,'un c_à.léul inté- 8--'-9) 1-11 faut. viser :à établir !!égalité entre frères
ressé ; ç_'est parce tju'à tiav~rs .-nos ·•_frères .mal- (8,i3h en· imitant la lîbéi'à.lité du Christ ._(8,~} ;
heureux, nous atteignons .Jésus en p~sonne :. a ·ce pour que Dieu soit glorifié ·-(g,n-I4)i il .faut
que vous ave.z fa_i~ -~ l'un de.cès__ pl~s.petits ... » « •semer largement D, car " Dieu aime qui donne
(Mt 25,31-46). . . . . . avec joie- " (9,6s). CW
b) Si le .disciple doit_, tou~ donne!". en.,_aumône ' ' . '' ' " .·
(Le .n,41; 12,33; __"18,22),·· c'est d'abord afin de ,--•, amour II - don ·AT 3 ---:--. faim,& soif AT. z; NT
pouVoir' •s~ivre. Jé~US sans rechigner sur· s~ bi~ 3 -:-jeûne 0.2 -justice·A,-.1. A'],' .4-- miséricorde
(Mt 19,21s p) ; c'ést, e,;isu~te.; a~. d'être _lib~ral NT II_ - pauvres_ AT-II - ri~esse I ,3, ~II 2,.
comme. Jésus lui-même qui, a de riche _qu'il était
s'est fa4t _pauvre pour, vo_us,, afin· de yous ~#-
chir par sa pativ:reté_ » .(2: -Co. 8,9).
t:=} Enfin, _.pour_ montrer qllt? l'aumône chré-
tienne ~ soµmise à _d'3:utres lois 9.u'à _.celles_ de
la simple. philanthropie, J~us n'a pas craint· de AUTEL
défendre contt:e Jud~s le geste ,gratu;it. de 1a· feJD.Dle
qui venait de.«._ perdr~ _li la valeU:r ~e· trois .cents
journées. de travail en versant so11 précieux 'par-
fum : « Les _pi;i.uvres_. yous les allrez toUjours avec , Dans·toùtes les religions, l'.autel'èst le centre du
vous,. _mai~. moi_ vous ne_ m'~ur(:lz·, pas toujoùrs, D
(Mt 26,iI_ p)~ _Les ,pa\lvres appartiennent à l'éco-
•culte sacrificiel· (hb. zaba[i; = sacrifier, r~cine de
mizbea~· .="·:autel}'. L'àutel est -le signe· de la ••,pré-
nomie. oi-d~aû;~ · (J?t' 15:1:i:L-. Uaturell~ dElns une sence divine ; Moïse suppose unè tell~ cr6yance
humanité flécheresse ;. _Jésus, lui, .signi~e l'écç,~~- quand il projette la moitié du sang dC9 victimes
mie messiani9.ue. surnaturelle;_ ~t la _prer:nïère ne · ,s_ur':_t'autej flt l'autre moitié sur le peuple-qui entre
trouve:. son ~- ~- _que pat. Ja seconde : les a_i~~i':'.etl· communion· avec· Dieù.· (Ex· 24·,6Ss) ·; Paul
pauyref; ne sont"; c;hrétiennement secourüs _que p_ar '- ~ussi · : ·«. Ceux q,rii mangent les victimes Ile sont-ils
référence à l'amour de Dieu 'ma.nifest:é dans la ~,._._pas en communion avec. l'autel?·» (x-·Co .ro,r8).
passiôn'\~t, 1~ mort de ]és~~ChriS~. ·· '! 'DanS· Ie •sa:crifice parfait,. le. ·signe fait -place· à la
., {réalité ; ·te· Christ est à la fois prêtre,: victime et
3._L'tiUmdne dàns l'Église.· ---·Même.si certains f;autel. ·
gestes gratuits demeurent· nécCSsairès pour èmpê-
cher _de _confondre l'Évangi,le du •royaume et I. Du ·mémOfial au.lieu du ··culte. - Aux origines,
l'extinctj.on du paupérisme, il _reste · que pour si'l'homme bâtissait un autel, c~était pour rép6ndre
atteindre l' « Époux qui-n.Qus_a été enlevé_» (cf Mt à·Dieu qui 'v'enait de le visiter; c'est cè tj_uè veut

w 98
AUTEL AUTEL

dire la formule fréquente dans le geste des patri- l'autel, mentionnées déjà depuis longtemps Comuie
arches : u Il édifia un autel à Yahweh et il invoqua lieu d'asile (1 R 1,50s; 2,28), prennent une grande
son *Nom » (Gn 12,7s; 13,18; 26,25). Avan,t .d'ê~e importance : elles seront fréquemment aspergées
un lieu où l'on offre des sacrifices, l'autel était un de •sang pour le rite de l'*expiation (Lv 16,-18;
• mémorial de la faveur divine ; les noms sym~O.- Ex 30,rn). · Ces rites indiquent clairement que
liques que reçoivent ces autels en sont Un •témQ~.- l'autel .symbolise la présence de Yahweh.
gnage (Gn 33,20; 35,1-7; Jg 6 124). Cependant il En même 'temps; les fonctions •sacerdotales se
était aussi le lieu des libations, des sacrifie~ et précisent : les prêtres deviennent exclusivement
des offrandes de *parfum. Si l'on P?~vait,-à·_-1.'0ri- les ministres de l'autel, tandis que les lévites sont
gine se contenter de •rochers plus 61i· moins bien chargés des soins matériels (Nb 3,6-10). Le Chro-
aaaptés (Jg 6,20; 13,19s), on se soucia vite de niqueur, qui souligne cet usage (I Ch 9,26-30), met
construire -un autel en tèrre battue ou en *pierres l'histoire de la royauté en accord avec ces pres-
brutes, grossier sans doute mais mieux adapté à criptions-(2 Ch 26,16-20; 29,18-36; 35,7-18). Enfin,
sa fin (Ex 20,24ss). signe de vénération pour l'autel, 1a première cara-
Pour les descendants des patriarches, le lieu vane des rapatriés de l'exil tient à reconstruire
du culte tendait à avoir plus de valeur que le aussitôt l'autel des holocaustes. (Esd 3,3ss) et
souvenir de la théophanie qui lui avait donné Judas Maccabée manifestera plus tard la même
naissance; ·il devenait ainsi fréquemment un lieu piété (I M 4,44'59).
de *pèlerinage. Ce primat du lieu sur le mémorial
se mani,:festait déjà dans le fait qu'on choisissait 3. Du signe à la ~éalité. _;_ ·Pour Jésus, l'autel
souvent d'anciens lieux. de culte cananéens : ainsi reste •sàint, mais il l'est en raison de ce qu'il
Béthel ·(Gn 35,7) ou Sichem (33,19s), et.plus tard signifie. Jésus rappellè donc cette signification,
Gilgal (Jos 4,20) ou .Jérusalem {Jg 19,rn). De fait, oblitérée par la casuistique des pharisiens {Mt 23,
quand il entre en Canaan, le peuple élu est en r8ss) et négligée dans la pratique ·: s'approcher
présence des autels païens que la.Loi lui demande de l'autel pour sacrifier, c'est s'approcher de Dieu ;
de démolir sans pitié (Ex 34,13; Dt 7,s; Nb 33, on ne peut le faire aVec un cœur en colère (5,23s).
52) ; et Gédéon (Jg 6,25-32) ou Jéhu (2 R 10,27) Le Christ ne donne pas seulement le vrai sens
détruisent ainsi les autels de Baal. Mais ordinai- du culte .ancien, il y met fin. Dans le Il.ou veau
rement on se contente de « baptiser » les hauts •Temple qui est son corps (Jn 2,21), il n'y a plus
lieux avec leur matériel cultuel {r R 3,4). d'autre autel que lui (He 13,10}. Car c'est l'autel
A ce stade, l'autel peut contribuer à la dégra- qui sanctifie la victime (Nlt 23,19); lorsque donc
dation de la religion à un double titre : oubli il s'offre, victime parfaite, c'est lui-même qui se
qu'il est seulement un *signe pour atteindre le sanctifie (Jn 17,19); il est à la fois le prêtre et
Dieu vivant, assimilation de Yahweh aux *idoles. l'autel. Aussi, communier au corps et au sang du
De fait, Salomon in~ugure un régime de tolérance Seigrieur, c'est •communier à l'autel qui est le
pour les idoles amenées par ses femmes étrangères Seigneur, c'est partager sa table (r Co 1_0,16-21).
(1 R n,7s). Achab agira de même (1 R 16,32). L'autel céleste dont parle !'Apocalypse et sous
Achaz et Manassé introduiront dans le Temple lequel se tiennent les µ1artyrs (Ap ·6,9), autel d'or
même des autels à la. mode païenne (2 .R .16,10- dont la flamme fait monter vers Dieu une fumée
16; 21,5). De leur côté, les prophètes vitupèrent abondante et odorante à laquelle sont unies · les
la multiplication des aujels (Am 2,8; Os 8,u; prières des saints (8',3), est un symbole qui d ~ e
Jr 3,6). le Christ et complète le symbolisme de l'_* Agneau.
C'est l;Ünique autel du seul sacrifice dont le par-
2. L'autel du Temple unique de Jérusalem. - Un fum soit agréable à Dieu ; · c'est l'autel 'céleste
remède fut apporté à la situation par la centra- dont __parle la liturgie et sur lequel les offrandes
lisation du culte à Jérusalem (2 R 23,8s; cf I R 8, de l'f:gli5e sont présentées_ à Dieu, uilies à l'unique
63s). L'autel des holocaustes cristallise désormais et parfaite· Offrande du Christ (He _10, 14). De cet
la vie religieuse d'Israël, et de nombreux psaumes autel, nos autels de pierre ne sont qùe des images,
témoignent de la place qu'il tient dans le cœur ce qu'exprime le rituel pontifical en disant :
des fidèles (Ps 26,6; 43,4; 84,4; nB,27). Quand , L'autel, c'est le Christ 1. DS
Ézéchiel décrit le temple futur, l'autel est l'objet
de descriptions minutieuses (Ez 43,13-17) et la ~ culte AT I - montagne II 2 - parfum 2 - pèle-
législation sacerdotale qui le concerne est ratta- rinage AT r - pierre I - sacrifice AT I I ; NT li
chée à Moïse (Ex 27,1-8; Lv 1-7). Les cornes de 1 - sang AT 3 - Temple.

99 xoo
AUTORITÉ AUTORITÉ

au jour fixé (Dn 7,us.26) : ayant lié sa cause à


celle des puissances mauvaises, elle tombera fina-
lement avec elles.

AUTORITÉ II, L'AUTORITÉ DANS LE PEUPLE DE DIEU

AT
I. TOUTE AUTORITÉ VIENT DE Drnu L'homme n'a donc pas su respecter l'ordre et
les conditions d'exercice qui convenaient à l'au-
Ce principe, que formulera Paul {Rm 13,1), est torité terrestre. C'est pour les restaurer que Dieu
constamment supposé dans l'AT; mais là, tout inaugure dans l'histoire de son peuple un dessein
l'exercice de l'autorité y apparaît soumis aux de •salut, où l'autorîté terrestre va prendre un
exigences impérieuses de la volonté divine. sens nouveau, dans la perspective de la rédemp-
tion.
1. Aspects de l'autOYité terrestre. - Dans la créa-
tion que Dieu a faite, c'est de lui que procède r. Les deux pouvoirs. - A la tête de son peuple,
tout pouvoir : celui de l'homme sur la nature Dieu place des fondés de pouvoir. Ce ne sont pas
{Gn 1,28), du mari sur la femme (Gn 3,16), des d'abord des personnages politiques, mais des
parents sur les enfants (Lv 19,3). Quand on con- envoyés religieux, des *médiateurs, qui ont pour
sidère les structures plus complexes de la société •mission de faire d'Israël « un royaume sacerdo-
humaine, c'est encore de Dieu que tous ceux qui tal et une nation sainte » (Ex 19,6). •Moïse, les
commandent tiennent la responsabilité du bien •prophètes, les •prêtres, sont ainsi les déposi-
commun, pour le groupe qui leur est soumis : taires d'un pouvoir d'essence spirituelle, qu'ils
Yahweh ordonne à Hagar l'obéissance à sa maî- exercent de façon . visible par délégation divine.
tresse (Gn 16,9) ; c'est lui qui confère à Hazaël Cependant Israël est aussi une communauté
le gouvernement de Damas (1 R 19,15; 2 R 8,9- nationale, un état doté d'une organisation poli-
13) et à Nabuchodonosor celui de tout l'Orient tique. Celle-ci est théocratique, car le pouvoir s'y
(Jr 27,6). S'il en est ainsi chez -les païens eux- exerce encore au nom de Dieu, quelle qu'en soit
mêmes (cf Si 10,4), à plus forte raison dans le la forme : pouvoir des anciens qui assistent Moïse
peuple de Dieu. Mais là, le problème posé par (Ex 1S,21ss; Nb u,24s), des chefs •charismatiques
l'autorité terrestre revêt un caractère spécial qui comme Josué et les Juges, des •rois enfin.
mérite d'être étudié à part, La doctrine del' Alliance suppose ainsi une asso-
ciation étroite des deux pouvoirs, et la subordina-
z. Conditions à'exet'cice de l'autorité. - L'autorité tion du politique au spirituel, conformément à la
confiée par Dieu n'est p'as absolue ; elle est limitée vocation nationale. De là, dans la pratique, des
par des obligations morales. La •Loi vient en conflits inévitables : de Saül avec Samuel (1 S r3,
tempérer l'exercice, précisant même les *droits 7-15; 15), d'Achab avec Élie {1 R 21,r7-24), et de
des *esclaves (Ex 2I,1-6.26s; Dt 15,12-r8; Si 33, tant de rois avec les *prophètes contempor.ains.
30 ... ). Quant aux enfants, l'autorité du père sur Ainsi, dans le peuple de Dieu, l'autorité humaine
eux doit avoir pour but leur bonne *éducation est guettée .par les mêmes abus que partout ail-
(Pr 23,13s; Si 7,23s; 30,r ... ). C'est en matière leurs. Raison de plus pour qu'elle soit soumise
d'autorité politique que l'homme est le plus porté au jugement divin : le pouvoir politique de la
à outrepasser les bornes de son pouvoir. Enivré royauté jsraélite finira par .sombrer dans la catas-
de sa •puissance, il s'en attribue le mérite, telle -q"ophe de•' l'ex.il.
l'Assyrie victorieuse (Is 10,7-1r.13s); il se divinise
lui-même {Ez 28,2-5) et s'élève contre le Maître 2. En face des empires païens. - Quand le judaïsme
souverain (Is 14,13s), jusqu'à l'affronter de façon se reconstruit après l'exil, ses structures retrouvent
blasphématoire (Dn n,36). Quand il en vient là, les formes de la théocratie originelle. La distinc-
il s'assimile aux *Bêtes sataniques que Daniel tion du pouvoir spirituel ·et du pouvoir politique
voyait monter de la mer et à qui Dieu donnait s'y affirme d'autant mieux que ce dernier est aux
pouvoir pour un temps {Dn 7,3-8.19-25). Mais mains des empires étrangers, dont les Juifs sont
une autorité ainsi pervertie se voue elle-même au maintenant les sujets. Dans cette situation nou-
•jugement divin qui ne manquera pas de l'abattre velle, le peuple de Dieu adopte, suivant les cas,

IOI 102
AUTORITÉ AUTORITÊ

deux attitudes. La première est une franche accep- testent les Écritures (Dn 7,14). Devant l'autorité
tation : c'est de Dieu que Cyrus et ses successeurs politiqYe, sa position est plus nuancée. Il recon-
ont reçu l'empire (Is 45,rss) ; puisqu'ils favorisent naît la compétence propre de César (Mt 22,21 p) ;
la restauration du culte saint, il faut les servir mais cela ne lui ferme pas les yeux sur l'injustice
loyalement et prier pour eux (Jr 29,7; Ba 1,10s). des représentants de l'autorité (Mt 20,25; Le 13,
La seconde, quand l'empire païen devient persé-. 32). Quand il comparaît devant Pilate, il ne dis-
cuteur, est un ap_Pel à la •vengeance divine et cute pas son pouvoir, dont il sait l'origine divine;
finalement à la revolte contre· lui Gdt; 1 M _2., mais il souligne l'iniquité dont il est victime (Jn
15-28), Mais la restauration monarchiqu_e,. ·de 19,rr), et il revendique pour lui-même la royauté
l'époque maccabéenne ramène une ccfucentrition qui n'est pas de ce monde (Jn 18,36). Si donc le
équivoque des pciuvoirs, qui sombre rapidement spirituel et le temporel, chacun à. sa manière,
dans la pire décadence: Avec l'intervention· de relèvent en principe de lui, il -consacre cependant
Rome, en l'an 63, le peuple de Dieu se retrouve leur nette distinction, et il laisse entendre que,
sous la coupe des païens détestës. pour l'instant, le temporel garde dans son ordre
une véritable consistance ; tel est l'état de choses
qui durera jusqu'à son retour en gloire. Les deux
NT pouvoirs se confondaient dans la théocratie. israé-
I. Jilsus lite; il n'en sera plus de même dans l'Église.

x. Jésus d6posilafre de l'aut<Witl. - Jésus appa-


raît, durant sa vie publique, comme le déposi- li. LES APÔTRES
taire d'une autorité (exousia) singulière : il prêche
avec autorité (Mt 7,29 p), il a pouvoir de remettre I. 'Les dépositaires de· l'autorité de Jésus. - En
les péchés (Mt 9,6ss), il est maître du sabbat envoyant ses •disciples en •mission, Jésus leur a
(Mc 2,28 p). Pouvoir tout religieux d'un envoyé délégué sa propre autorité (« Qui vous écoute
divin, devant lequel les Juifs se posent la ques- m'écoute » : Le 10,16s) et confié ses pouvoirs (cf
tion essentielle : par quelle autorité fait-il ces Mc 3,14s p; Le 10,19). Mais il leur a appris aussi
chosès (Mt 21,23 p) _? A cette question, Jésus ne que l'exercice de ces pouvoirs était en réalité ·un
répond pas directement (Mt, 21,27 p). Mais les •service (Le 22,26 p; Jn 13,14s). Effectivement,
•signes qu'il accomplit aiguillent les esprits vers on voit ensuite les • Apôtres user de leurs préro--
une réponse : il a pouvoir (exousia) sur la maladie gatives, par exemple pour exclure de la corn.mu~
(Mt 8,8s p). sur les éléments {Mc 4,41 p). sur les nauté les membres indignes (1 Co 5,4s). Cepen-
démons. (Mt· 12,28 p}. Son autorité s'étend donc dant, loin de faire sentir le poids de leur autorité,
jusqu'aux choses politiques; en ce domaine, le ils se préoccupent avant tout de serv~ le Christ
pouvoir qu'il a refusé de tenir de •Satan (Le 4, et les hommes (t Th 2,6-10). C'est que, ·pour
5ss), il_ l'a reçu en réalité de Dieu. Cependant, ce s'exercer de façon visible, cette autorité n'en est
pouvoir, il ne s'en prévaut point parmi les hommes. pas moins d'ordre spirituel : elle conceqie exclu-
Alors que les chefs de ce monde montrent le sivement le gouvernement de l'Église. Il y a là
leur en exerçant la domination, lui se tient parmi une innovation importante : contrairement aux
les siens comme celui qui sert (Le 22,25ss). Il est cités antiques, la distinction entre le spirituel et
Maitre et Seigneur (Jn 13,13) : mais il est venu le politique est maintenant effective.
pour •servir et donner sa~ vie (Mc 10,42ss p). Et
c'est parce qu'il prend ainsi la condition d'•es- 2. L'exereice de l'autorité humaine. - En ce qui
clave que tout •genou fléchira finalement devant concerne la valeur de l'autorité hu~aine et ses
lui '(Ph 2,5-u). C'est pourquoi, une fois ressus- conditions d'exercice, les écrits apostoliques con-
cité, il pourra dire aux siens que « tout pouvoir firment la doctrine de l'AT, mais ils lui donnent
(exousia) lui a été. donné au ciel et sur la terre » une base nouvelle. La •femme doit être soumise
(Mt 28,18). à. son mari comme -l'Église au Christ ; màis en
retour, le .mari doit aimer sa femme comme le
2. Jésus devant les autorités terrestres. - L'atti- Christ a aimé l'Église (Ep 5,22-33). Les enfants
tude de Jésus vis-à-vis des autorités terrestres dOivent obéir -à leurs parents (Col 3,20; Ep 6,
est d'autant plus signifi.ca~ive. Devant les auto- 1ss) parce que toute •paternité tire son nom de
rités juives, il revendique Sa qualité de •Fils de Dieu (Ep 3,15) ; mais les parents doivent prendre
1'homme (Mt 26, 63s p),· base d'un pouvoir qu'at- garde, en les •éduquant, de tes· e1qtspérer (Ep 6,
AUTORITJ! AZYMES

4; Col 3,21). Les •esclaves doivent obéir à leurs justice divine (Rm 13,1-7), et l'on doit prier. pour
maitres, même durs et incommodes (1 P 2,18), les ·rois et les dépositaires, de l'autorité .(1 Tm 2,
comme au Christ lui-même (Col 3,22; Ep 6,5) ; 2). Même doctrine dans la 1l"e épitre de Pierre
mais les maitres doivent se souvenir qu'ils ont (1 p' 2,13-1.7). Cela suppose que les a.utorités
aussi un Maître dans le ciel (Ep 6,9) et apprendre civiles se sOumettent elles-mêmes à la loi de Dieu.
à traiter leurs esclaves en •frères (Phm 16). Ce Mais nulle part on ne voit revendiquer pour les
n'est pas assez de dire que cette morale sociale autorités spirituelles de l'Église un pouvoir direct
sauvegarde urie juste conception de l'aU.torité sur les choses politiques.
dans la société ; elle lui donne pour base et pour Si, par contre, l'autorité politique, comme jadis
idéal le service des autres accompli dans la cha- l'empire sy'rien persécuteur des juifs, s'élève à son
rité. tour contre Dieu et
contre son Christ, alors la
prophétie chrétienne ~- annonce solennellement le
3. Les. rapports de ,l'Église. avec,. ·¼s· autoritis jugement et la chute: ainsi fait l'Apocalypse devant
/iumaines. - Les Apôtres, d~positaires_ de l'auto- la Rome de Néron et de Domitien (Ap 17,1-19,
rité de Jé_sus, trbuVent en filCe d'eux des autorités 10). Dans l'empire totalitaire qui prétend incarner
humaines avec lesquell~ il.,·leur, faut entrer en l'autorité diviµe,. le pouvoir politique n'est plus
rapport., Panni,-celles-ci, les. aritorités juives ne qu'une carièafure satanique; en face de laciuelle
sont pas des- autorités comme 1€8 autres : elles aucun croyant .. ~e saurait courber la tête.
ont un· pouvoir -d'ordre religieux et ;tirent leur , FA &·PG
origine (;}'une institution divine; a'ussi _les Apôtre·s
--+ Apôtres _;_:.'chai"ism.es II 4 .,.....· conscience 2 b -
les traite.nt-ils avec respect (Ac 4,9; 23,1-5),-tant
crainte de Dieu III - désert NT Il - droit AT 1 -
que leur oppositiOil. .au Christ n'est pas manifeste. écouter i a - Église III 2 b c ~ enseÎgller - Loi C
l\Iais ces autorités ont _encouru une grave respon- I.:..... ministère Il .1.3 -. mission - obéiSSance•.:..... par-
sabilité en méconnaissant le Christ et en le fai- don II 3 -Parole de Dieu NT.I. r -'--pasteur&. trou-
sant ·:condamner (Ac 3,13ss; 13,27s). Elles l'ag- peau - pères & Père" I J, III 2.3,. V 3 -,- Pierre. (saint)
gray_ent encore en s'opposant à la prédication de 2.J: b - puissanpe ._:.:_ roi ~ sceau 1 -:-;- Seigneur-. ser•
l'Éyaµgile; 8sussi_ les _,Apôtres pasSent-ils. outre à ment NT z - tradition AT II 2; ,NT ,Il. z ..-:-- vieil-
leurs défenses, ,estimant ;qu'il faut- obéir à. ·Dieu lesse 2. /
plutôt qù'aux· hOmmes (Ac' 5,29): .En refusant AVARICE-+ cupidité- orgueil 3 - péché IV 3·a -
l'autorité du Christ,. ]es chefs jtlifs ont perdu-leur. richesse II,. III. / , · · .
i. JUVoir spirituel. ·
Les rà.ppo~.s av:ec ·!'.autorité: politique posen~
AVtNEMENT. -4- aCcomplir ·NT l .'...::. Jour du S~i-
gneur_ - veiller I ·.:..... Visite.
uil problème;4,ifférent. En face de !'.empire romain,
Paul profeSSe)un ~tier loyalisme: ·il revendique AVENIR-+ cu1~_A'r II; NT.III 0.3 . - espérance~
sa qualité dé citoyen romain (Ac 16,37; , 22,25 ... ) fêtes AT II :z. - temps.
et fait' .appel à, César pour· obtenir ·.justice· (Ac 25, AVEUGLEMENT -+ endurcissement - hYl)octite -
12). Il proclame que toute·autorité vient de· Dieu, lumière & :ténèbres - péché IV 2 a - .voir AT II ;
et ·qu'elle est donnée en vue du· ·bien commun; NT I 1.2.
la soumission aux pou:voirs civils est donc un devoir AZYMES -+ fêtèS AT I - pain II ·3 - Pilqüe I 3.,
de: *conscience parce-qu'ils sont les ministres de la Ill:z...;...purNTI13. '
B
(Jr 27,1-28,17). Elle est la •coupe d'or avec
laquelle Yahweh enivre les peuples (Jr 25,15-29;
51,7). Elle est le marteau dont il se sert pour
BAAL ---+ Époux/épouse AT o - honte I 4 - huile pilonner la terre entière (Jr 50,23; 51,2oss). Elle
I -:- idoles Il I - mariage AT II 1 - pères & Père I va exécuter surtout le jugement de Yahweh contre
1, 111 2 - Seigneur AT. Juda (Jr 21,3-7) : sa ·terre sera le lieu d'*exil où
Dieu recueillera le reste de son peuple (Jr 29,1-
20). Dure réalité, qu'évoquent les livres des Rois
(2 R 24-25) ; mais Il près des rives de Babylone »,
BABEL/BABYLONE où les chants font place aux pleurs (Ps 137), les
juifs déportés connaissent la souffrance purifiante
. A la différence de l'•Égypte, qui a dans la sym- qui prépare les restaurations futures.
bolique bibliqlle une signification ambiguë, Baby-
lone y :figure toujours comme une pUissance mau- 3. La ciM du mal. - Ce rôle providentiel de Baby-
vaise, bien que Dieu puisse à l'occasion l'utiliser lone ne l'empêche pas d'être la •cité du mal par
pour réaliser ses desseins. excellence. Certes, comme les autres nations,
comme Ninive même (Is r9,24;. cf Jon), elle est
I. Lè signe de Babel. - Avant même qu'Israël appelée à se joindre un jour au peuple de Dieu
soit entré en rapport direct avec la grande cité (Ps 87,4). Mais à l'égal de Ninive elle s'est complue
mésopotamienne, celle-ci est présente à l'horizon en sa propre force {Is 47,7s.10; cf :ro,7-14). Elle
de l'histoire sainte, Car Babel est le nom hé_breu s'est dressée devant Yahweh avec orgueil et inso-
de Babylone, et la fameuse tour dont parle Gn II, lence (Jr 50,29-32; cf ls 14,13s). Elle a multiplié
1-9 n'est autre que la tour à étages (ou ziggourat) les crimes : sorcellerie (Is 47,12), idolâtrie {Is 46
1

de son grand temple. Signe par excellence de 1; Jr 51,44-52), cruautés de toutes _sortes ... Elle
l'*idolâ.trie babylonienne, cette tour est aussi pré- est vraiment devenue le temple de la malice (Za
sentée comme le symbole de !'*orgueil humain. 5,5-u), la , cité du néant » (Is 24,10 ?).
Aussi la tradition biblique rattache-t-elle la conw
fusion des *langues au signe de Babel : c'est ainsi 4. Sortir de Babylone. - Si l'exil était un juste
que Dieu a châtié les hommes pour leur orgueil- châtiment pour Israël coupable, c'est maintenant,
leuse idolâtrie. pour le petit Reste converti par l'épreuve, une
*captivité intolérable et même un séjour dange-
2. Le fléau de Dieu. Cependant, à partir du reux. Une fois passées les 70 années prédites
vue siècle, Babylone joue un rôle plus direct dans (•nombre conventionnel : Jr 25,u; 29,10; 2 Cbr
l'histoire sainte. C'est l'heure où les Chaldéens, 36,21), l'année de rémission va donc venir (Is
qui l'ont conquise, songent à ravir à. Ninive l'em- 61,2; cf Lv 25,10). Cette libération tant attendue
pire du Moyen-Orient. Puissance redoutable, qui est pour le peuple de Dieu une a bonne nouvelle n
« fait de sa *force son Dieu » (Ha I,Ir) ; mais (Is 40,9; 52,7ss). Les exilés sont invités à quitter
Dieu va faire entrer cette puissance dans son jeu. la cité mauvaise : « Sortez de Babylone l )) (Is 48,
Babylone contribue ainsi à exécuter son •jugement 20; Jr 50,8) ; « Dehors l Ne touchez rien d'impur ! »
contre Ninive (Na 2,2-3,19). Elle est le fléau de (Is 52,u). Ils vont ainsi repartir vers Jérusalem,
Dieu pour Israël et pour les royaumes d'alentour : comme en un nouvel *exode. Minute dont le seul
Yahweh les a tous remis aux mains de Nabucho- souvenir, dans les siècles suivants, comblera les
donosor, son roi, dont ils doivent porter le joug cœurs de joie (Ps 126,1s). Date importante, dont

I07 ro8
BABEL/BABYLONE BAPT1tME

Matthieu fait, une étape veys _l'ère m~ssianique trouvent q.aI1S celte· perspective. leur accomplis-
(Mt .I,_Üs). sement eschatologique : ils ·testent suspendus
5. Le jugement de Ffabylonè. - En. m~me ~ps comme 0une :menace ·au-d~us· des. *nations péèhe--
que l'histoire sainte' prend ainsi un_.nouveau toµr- resses qui h1carnent de siècle en siècle· le. mystère
nant, Bab}'"loi;ie, fléau _de Dieu1 : faff à' son _tour de Babylone. ]A &.PG
l'expérience des jugements divins. Le réCJ.nisitoire
a été dressé contre la cité du mal. La sentence est -)- ·.Antichrist AT :~- ;__ captivÎté. I ---: _cité _:_ ~il -:--
annOncée ayéC j'oiè_ p3.r, les prophè~ (IS, 2_1,1-
guei-t(, · AT- III :2 · _:_ langue_ 2 - ' . nati<ms ---:-__ orgueil
2 - Pente<:ôte II 2, d -'- persécution I 3 - peuple
10; Jr _5r,i:rs). Ils _entonp.ent ,sur. Babylone des C III ..--- puissance· III o. ' . .
lamentations ironiquès (Is 47). Ils décrivent par
av~ce· Sa ruine_ épouvantable (1s. ":i:3; Jr 50,21- BANQUET-)- joie :.,\'l', (~T III -~ re~as 7 vin z b.
2s; · 5I,27-43). Ce serà. le •Jour de Yahweh _contre
elle (1s 13,6 ... ), la· *ve:O.geance de Yahweh, c;ontre
ses dieux (Jr SI-,44-57). De ... cet é_vénement, la ···sAPttME
marche trioD1phale dè Cyrus, est comme le pro-
drome (1s · 41,1-5; 45,1-6) ;. les armé~s de Xerxès ·Le nom de «-.bapt~me_1-dérive du Verbe baptein /
l'exécuteront en -.485, si bien que de Babylone_ il baptizein, qui signifie « _plonger, laver ». Le bap~
ne restera. pas_ pierre sur pierre (d peut-êtr~ Is tême·est·donc.une immersion Ou Une ablution: Le
24,_7:-18; 25,1-5). Néanm_pins. ~Ile continuera de symbolism'e de l'*eau comme ·signe de purifi~tiàn
vivre 9"ans le souvenir des. Juifs., co11;1me le type et de Vie_ ·est" trop fréquent dans l'histo~e. des reli-
de la cité païenne vou~e à 13:. perditio:n, ~t son roi gions ·pour que- son existence puisse--surprendre
N.abuchodonosor, comme le type du tyran orgueil- dans les mystères païens. Mais les ressemblances
leux et sacrilège (Dn 2-4; Jdt· .1,1-12). avec le .sacrement· clirétien ,sont· pt.irement :exté-
rieures et ne portent pas .sur les réà.J.ités profondes.
6. Permanence du mystère de Babel . ....,.. La cité Les analogies sont à-chercher d'abord dans l'AT,
historique de Babylone est tombée bien a ~ t les croyances juives ,et lé baptême de Jeà.n.
qu'advienne le NT. Mais à travers elle, le peuple
de Dieu a pris conscience d'un mystère d'iniquité
qui .est constamment à l'çeuvre ici-bas .: Babylon,e I. AT ,-ET· JUDAÏSME
et • Jérusalem dressées_. l'une et;i.. face de l'a'4tre,
ce sont les deux cités e~tre lesquelles les.hommes 1. Le .,,~le pu,,ificateu.Y de l'eau est très·ma1'qul datis
se partagent; en la~.;fa, _chrétien, c'est la cité d.e l'AT. -'Il- apparaît dans ·plusiêurs événements
Dieu en face de la ciiïé de •Satan. Or .l'Église de l'his:toire sainte qui seront regardés dans•- la
ptji,nitivt,_ s'est rapidement rendu cOmpte qu'elle SUite comme des préfigurations du baptême : le
était .entraînée, . elle aussi, dans - ce même 9-rame •déluge· par exemple,lcf- 1 1 P_3,2os); ou le-passage
des deux cités. En face de la Jérusalem nouvelle de 1a:mer' Rouge (cf l ·Co ·10,1s). La Loi •impose
(Ga 4,26; Ap, 21), Babylone c_ontinue à. tout. ins- dans· de nombreux cas. d'.impureté des _ ablutions
t~nt _de se dre~~r. A partir de la p~sécution de rituelles ~ui *pu1ifi.ent · et -rendent apte au culte
Néron, elle prend le. visage concret _de la_.Rome (Nb 19,z.;.:rn;__ Dt.23,.10s). Les prophètes annoncent
inlpériale {1 P 5,13). L'Apocalyps~-la décrit à.,ce une effusion '-d'eau purificatrice du péché (Za ·13,
titre comme la Prostituée fam·euse, ~sise sur, une .:r). Ézé~ ·associe cette lustration. eschatologiqtie
•Bête .é~arJate. iv,re du sang_ des .saints (Ap~ 17). au •don de. l'Esprit de Dieu (Ez 36~24-28; cf., Ps
Elle a partie liée avec le Dragon, qui est *Sat~. 51,9.12s). -
et la.Bête, qui est l'*Anti,christ. Aussi le. peuple .
d1':' Dieu __est.:u invité à la fuir (AP 18,-1), car. son - :.#,"-· .fe ,i1'daïsme ·postexilien.:multiplie .les _ablutioÎls
jugement est proche; _.élle_.·va tomber, Babylone "·ritù'elles. Elles deviennent d'une minutie extrême
la _grande ,(Ap. 18,_1_-8), et les nations ennemies de .et -nléchappent pas. au• formalisme · che.Z les ph.a--
Dieu se lamenteront sur. elle -tandis que. le . ciel ~- ri.siens contemporains de· rÉvangile {Mc 7,1:-5 p).
résonnera d'acclamations (Ap 1_8,9-19,10). Tel ; Ces pratiques: symbolisaient la . purification du
est le sort réservé finalement à la Cité du mal ; •.cœur-.et-poUvaient contrib~er à l'obte_nir . quàild
toutè catastrophe.historique qui atteint l_~s empires s'y joignaient_ des· sentiments. ·de repentir. Vers
terrestres_dr,essés contre Dieu et.contre.son Église l'époque du- NT, ·les rabbins baptisent les. prosé-
est une actualisation de ce jugeID.ent divin.. _Les lytes,- païens d'origine qui. ·s'agrègellt au peuple
oracles contre Babylone_ çoriservés. dan_s l' AT juif·-.(c:E Mt 23.15). Il semble .. même,que ~ains

I09 IIO
BAPT~ME BAPTt.ME

considèrent ce baptême comme aussi nécessaire baptêmes. C'est aussi Ce que veut dire Jean l'évan-
··que· la *circoncision. géliste, quand il rapporte que l'eau et le •sang
Les bains-rituels sont fréquents·chez les Essé- s'écoulèrerit du côté de Jésus transpercé (Jn rg,
niens, selon Josèphe, ainsi que dans les commu-:-: 348) et quànd il affirme··que l'Esprit, l'eau et le
.naut-és de Damas et de Qumrân. Cependant 1e· saxig sont intimement unis (1 Jn. 5,6-8).
bain n'est pas ici un rite d'initiation; on n'y es~_-,,
admis qu'après une lo0;gue épre,uvé, destinée à z. Le baptême de Jésus par Jean est couronné
·manifester la sincérité de_ la conversion. ,Il . el?,t par la desc~te de !'•Esprit-Saint sous forme de
quotidien, exprimant l'effort vers· un~ viè• püre *colombe et la proclamation par le Père céleste de
et l'aspiration à. la _gr11.ce puri:ficatriée. On se • sà filiation divine. La venue de !'Esprit sur Jésus
plonge soi-même dans l'e~u. tandis que les péni- est une inveititure qui répond aux prophéties
tents qui se présenteront à Jean recevront le (Is n,2; 42,x; 61,1) ; elle est en même temps
baptême de ses mains et une fois pour toutes. l'annonce de la *Pentecôte, qui inaugurera le
baptêm~ dans l'ESprit, pour l'Eglise (Ac 1,5; II,
r6) et pour tous ceux qui y entreront (Ep 5,25-32;
IL LE BAPTÊME DE JEAN Tt 3,5ss). La :reconnaissance de Jésus comme *Fils
annonce la :6.liation adoptive des croyants, par-
Le baptême de Jean peut être comparé au bap- ticipS.tion à celle de Jésus et conséquence du don
tême des prosélytes. Ce dernier introduisait dans de l'Esprit (Ga 4~6). En effet, le 1t baptême dans
le peuple d'Israël ; le baptême de Jean réalise une la mort » doit conduire Jésus à sa *résurrection ;
sorte d'agrégation à la véritable postérité d'* Abra- alors, en recevant la *plénitude de !'Esprit. son
ham (Mt 3,9. p), au *Reste d'Israël, désormais humanité glorifiée sera constituée « Esprit vivi-
soustrait-à la *colère de Dieu (Mt 3,7.10 p) et fiant » (I Co 15,45), communiquant l'Esprit à
attendant le *Messie qui vient. Il est proposé au ceux qui croient en lui.
peuple juif tout entier et non pas seulement aux
pécheurs et· aux prosélytes. C'est un .baptême
unique, donné dans le désert, en vue du repentir IV. LË BAPTtME CHRÉTIEN
et du pardon (Mc 1,4 p). Il comporte l'aveu des
péchés et un e,ffort de conversion définitive que 1. Le baptem.e d'eau et d'E'spYit. - Jean-Baptist(!
le rite doit exprimer (Mt 3,6ss). Jean insiste sur annonçait le baptême dans l'Esprit et· dans le feu
la. pureté morale; il ne demande ni aux publi- (Mt 3,n p}. !/Esprit est le don messianique pro-
cains ni aux soldats d'abandonner leurs fonctions mis. Le *feu est le *jugement qui commence à
(Le 3,10-14). s'accomplir à la venue de Jésus· (Jn 3,18-21; 5,
Le baptême de Jean n'établit qu'une économie 22-25; 9,39). L'un et l'autre sont inaugurés dans
provisoire : c'est un baptême d'eau, préparatoire le baptême de JésU:s qui prélu4e à celui de ses
au baptême,messianique dans l'Esprit-Saint et le fidèles. Paul ·voit le ba:()tême chrétien annoncé
*feu (Mt 3,n p; Ac r,5; II,r6; 19,3s), purifica- dans le passage de la •mer Rouge qui délivre Israël
tion suprême (cf Ps 51) qui inaugurera le monde de la servitude (1 Co ro,1s). Sa réalisation effective
nouveau et dont la perspective parait ici se con- commence à la Pentecôte qui" est comme le bap-
fondre avec celle du *jugement. En fait, le don tême de l'Église dans l'Esprit et le feu. Pierre
de !'Esprit, envoyé par le... Messie glorifié va se prêche aussitôt à ses auditeurs, attirés par le
distinguer du jugement (Le 3,16s p). prodige, la nécessité de recevoir le .baptême dans
des sentiments.. de repentir, afin d'obtenir la rémis-
sion des péchés et le don du Saint-Esprit ; ce qui
Ill. LE BAPTÊME DE JÉSUS a lieu aussitôt (Ac 2,38-41). Cette manière d'agir
suppose un ordre donné par le Christ, tel qu'il est
1. En se présentant pour recevoir le baptême annoncé par Jn 3,3ss et expressément formulé
de Jean, Jésus se soumet -à la volonté de son Père après la Résurrection {Mt 28,19; Mc 16,16). Le
(Mt 3,14s) et se range humblement parmi les baptême comporte normalement-· une immersion
pécheurs. Il est 1•• Agneau de Dieu qui prend ainsi totale (cf Ac 8,38) ou du moins, si elle n'est pas
sur lui le péché du .monde. (Jn 1,29.36). Le bap- possi_ble, une aspersion d'eau sur la tête, ainsi qu'en
tême de Jésus dans le. Jourdaîn annonce et pré- témoigne la Didadè 7, 3. Le baptême est suivi de
pare son baptême 1t dans la ·mort o (Le 12,50; Mc !'*imposition:. des mains qui obtient le ·don plénier
10,38), encadrant ainsi sa vie publique entre deux du Saint-Esprit (Ac 8,15ss;· 19,6).

III
' II2
BAPTÊME BAPTÊME

Saint Paul approfondit et complète la doctrine (1 Co 6,n) ; il devient le *temple de l'Esprit


baptismale qui résultait des enseignements du Sau- (6,19), l'enfant adoptif du Père (Ga 4,5s), le *frère
veur (Mc 10,38) et de la pratique de l'Église (Rm et cohéritier du Christ, vivant intimement de sa
6,3). Le baptême conféré au nom du Christ (1 Co vie ef destiné à partager sa gloire (Rm 8,2.9. r7.
1,13) unit à la mort, à l'ensevelissement et à la 30; Ep 2,6).
résurrection du Sauveur (Rm 6,3ss; Col 2,12).
L'immersion représente la mort et la sépulture du 3. Conversion et foi baptismale. - Le baptême sup-
Christ; la sortie de l'eau symbolise la •résurrec- pose qu'on a entendu la prédication évangélique
tion en union avec lui. Le baptême fait mourir le et *confessé la *foi en Jésus-Christ (Ac 16,30s},
corps en tant qu'instrument du péché (Rm 6,6), dont l'article essentiel qui résume et contient
et fait participer à la vie pour Dieu dans le Christ les autres est la *résurrection du Christ (Rm
(6,II). La mo_rt au péché et le don de la vie sont 10,9). L'objet de la. foi peut cependant être
inséparables; l'ablution d'eau pure est en même implicitement connü quand .l'Esprit est donné
temps aspersion du •sang du Christ, plus éloquent avant le baptême (Ac 1,0,44-48), et il semble que
que celui d'*Abel (He 12,24; r P r,2), participation la foi du *père de famille peut valoir pour tous
effective aux mérites acquis en droit pour tous les siens : ainsi pour Corneille et le geôlier de
par le Christ au Calvaire, union à sa résurrection Philippes (Ac 10,47; 16,33). Mais la foi au Christ
et, en principe, ·à sa glorification (Ep 2,5s). Le n'est pas seulement adhésion de l'esprit au mes-
baptême est donc un sacrement pascal, une com- sage évangélique ; elle comporte une *conversion
munion à la •Pâque du Christ ; le baptisé meurt totale, une donation entière au Christ qui trans-
au péché et vit pour Dieu dans le Christ (Rm 6, forme toute la vie. Elle aboutit normalement -à
n), il vit de la •vie même du Christ (Ga 2,20; la demande du baptême qui en est ·le sacrement
Ph 1, 21). La transformation ainsi réalisée est radi- et dans la réception duquel elle reçoit' sa perfec-
cale ; elle est dépouillement et mort du vieil tion. Paul ne l'en sépare jamais ; et quand il
homme et revêtement de !'*homme nouveau (Rm parle de la •justification par la foi, c'est pour
6,6; Col 3,9; Ep 4,24), •création nouvelle à l'*image l'opposer à la prétendue justification par les
de Dieu (Ga 6,15). •œuvres de la Loi dont se réclamaient les judaï-
Un enseignement analogue, mais plus sommaire, sants. Il suppose toujours que la profession de
se trouve dans l P 3,18-21, qui voit dans le·.pas- foi est couronnée par la réception du baptême
sage de •Noé à travers les eaux du déluge, l'an- (cf Ga 3,26s). Par la foi, l'homme répond à l'ap-
nonce du passage du chrétien par les eaux du pel divin que lui a manifesté la prédication apos-
baptême, passage libérateur grâce à la résurrec- tolique (Rm 10,14s), réponse qui d'ailleurs est
tion du Christ. l'œuvre de la *grâce (Ep 2,8), Au baptême l'E.s-
prit s'empare du croyant, l'agrège au corps de
2. Le baptisé et les Personnes divines. - Le bap- l'Église et lui donne la certitude qu'il est entré
tême au •nom de-* Jésus-Christ ou du Seigneur Jésus dans le •Royaume de Dieu.
(Ac 2,38; 8,16; 10,48; 19,5; I Co 6,u) signifie Il est bien clair que le sacrement n'agit pas
que le baptisé appartient au Christ, qu'il est inté- d'une manière *magique, La conversion totale
rieurement associé à lui. Cet effet capital est détaillé qu'il exige doit être le point de départ d'une vie
sous diverses formes : le baptisé revêt le Christ, il nouvelle dans une fidélité inébranlable.
est un avec lui (Ga 3,27; Rm 13,14); tous ceux
qui reçoivent le baptême sont en outre unis entre 4. Fidélité requise du baptisé. - D'autres aspects
eux dans l'unité même du Christ (Ga 3,28) et de soulignent la profondeur de la transformation
son Corps glorifié (1 Co 12,13; Ep 4,4s); ils ne font spirituell~ ;réalisée au baptême. Celui-ci a été
plus désormais qu'un esprit avec le Christ (r Co pour le èatéchumène une nouvelle *naissance de
6,17). l'e8.u et de !'Esprit (Jn 3,5}, un bain de régéné-
Le baptême au nom de Jésus suppose sans ration et de rènouvellement dans l'Esprit Saint
doute l'emploi d'une formule où le Christ était (Tt 3,5), un *sceau imprimé dans son âme (2 Co I,
seul mentionné. La formule trinitaire qui a ensuite 22; Ep 1,13; 4,30), une illumination qui l'a fait
prévalu (cf Diàachè 7,r.3) dérive de Mt 28,19. , passer des ténèbres du péché à la *lumière du
Elle exprime excellemment que le baptisé, uni Christ (Ep 5,8-14; He 6,4), une *circoncision nou-
au Fils, l'est en même temps aux deux autres velle, qui l'a agrégé au nouveau peuple de Dieu
personnes : le croyant reçoit en effet le baptême (Col 2,n; cf Ep 2,n-22). Tout se résume dans la
au nom du Seigneur Jésus et par l'Esprit de Dieu qualité de *fils de Dieu (1 Jn 3,1) qui lui confère

II3 II4
BAPTfiME BlfATITUDE

une dignité incomparable. Il ne s'agit pas d'un si la béatitude suppose toujours Dieu à sa source,
état nouveau .statique, mais d'une entrée dans elle a connu une lente évolution qui va du terrestre
un ·état' dynamique, vie supérieure dont le chré- au céleste.
tien ne doit jamais déchoir, d'où .l'existence d'un'
effort constant pour rendre toujours plus eflec- '
tive la mort au péché et la vie pour Dieu (fun 6,
r2ss). L'accent est mis tantôt S!U" l'union à la l. DIEU ET LA B:ÉATITUDE
Passion, , tantôt sur la Résurrection ; ces deux
aspects se réfèrent à l'unique réalité _ p_ascàle ':ei: I. Bonheur 6t gloire en Dieu. - A la différence
demeurent indissolublement liés. Uni à ~la Pâque des dieux grecs, ordinairement salués du titre· de
du Christ par des efforts et une fidélité généreuse, «. bienheureux » parce qu'ils incarnent le rêve de
le baptisé se prépare à entrer dans son Royaume l'homme, la Bible ne s'attarde pas au bonheur de
glorieux (Col 1,12s) et dans la possession du Dieu (cf I Tm 1,n; 6;15}, sans commune mesure
céleste héritage dont il possède les prémices par avec celui 8.uquel l'homme aspire. Elle voit sur~
le don de l'Esprit (2 Co 1,22: Ep 1,14). FA tout en Yahweh un Dieu de *gloire, qui désire
communiquer cette gloire aux hommes ; d'où une
- blanc 2 - circoncision NT - colombe 3 - con- seconde différence : tandis que les dieux grecs
fession NT 1 - Corps du Christ Ill 1 -:- Culte NT
Il 2, III 2 - déluge 3 - eau IV 2 - Église Ill 2 b, jouissent de leur bonheur sans se préoccuper spé-
IV, V 1 - élection NT I - épreuve/tentation NT cialement du sort des humains, Yahweh se penche
II - Esprit de Dieu NT l 1 - feu NT Il - foi NT avec sollicitude sur tous les hommes, spéciale-
11 2.3 - goûter 2 - Jean-Baptiste - joie NT II o - ment sur son peuple ; la béatitude de l'homme
lumière & _ténèbres NT Il 2 - mort NT Il I, Ill I ~ dérive de la •grâce divine, elle est participation
naissance (nouvelle) - nom NT 3 a - nouveau -III à sa gloire.
3 b - onction Ill 5.6 - P!lque.111 2 - pardon li 3 -
péché IV 2 e. 3 c - pénitence/conversion NT I, Ill, 2. La bAatitude, c;'ese DUu mime. - A travers
rv 1 - Pentecôte li 2 a e - pur NT li 2 - Résur- 168 proclamations qui abondent dans la littérature
rection NT li 2 - saint ·NT II, III - salut NT II
2 - sceau 2 b - vêtement II 4 - vie IV ·4. sapientielle, le lecteur de la Bible découvre en
quoi consiste le vrai bonheur et pourquoi _il doit
BÂTIR......;>- édifier - m.aison I - pierre 1:-4-6. le chercher. Heureux qui craint Yahweh, il sera
puissant, béni (Ps u2,1s), il aura des enfants
nombreux (Ps 128,Iss). S'il veut s'assurer vie,
salut, bénédiction, richesse (Pr 3,r-10), il doit suivre
les voies divines (Ps :r,I), marcher dans la Loi
(Ps n9,r), écouter la Sagesse (Pr 8,34s), la trou-
BÉATITUDE ver (Pr 3,13s), s'y exercer (Si 14,20), prendre
soin du pauvre (Ps 41,2} : en un mot, être •juste.
En développant ces motüs pour entraîner ses
L'homme vetlt le bonheur, qu'il l'appelle •vie, disciples sur les *chemins ,du vrai bonheur, le
•paix, •joie, •repos, *bénédiction, *salut. Tous sage ne dépasse habituellement pas la perspec-
ces biens sont diversement inclus dans la formule tive de la *rétribution immédiate. C'est aux pieux
par laquelle on déclare quelqu'un heureux ou et aux •pauvres de Yahweh qu'il reviendra d'an-
malheureux. Quand le II sâge » proclame : « Heu- noncer ce dépar:.sement; ils càmprendront qu'avec
reux les pauvres ! Malheureux les _riches ! », il ne Dieu ils possèdent tout, et que l'abandon total, la
veut prononcer ni une *bénédiction qui donne le •confiance sans bornes est la voie de la béati-
bonheur, ni une •malédiction qui produise le mal- tude : aucun motif exprimé, mais une simple
heur, mais exhorter, au nom de son expérience affirmation. u Heureux ceux qui espèrent en lui •
du bonheur, à suivre les voies qui y conduisent. {1s 30,18). « Heureux l'hommê qui se confie en
toi » {Ps 84,13; cf Ps 2,I2; 65,5; :r46,5). Ainsi,
pour !'Israélite, craindre Dieu, observer la Loi,
AT.
écouter la Sagesse, c'est attendre le bonheur
Pour comprendre la portée et la signification comme une récompense ; c'est mênie, pour les
de nombreuses maximes de. sagesse qui nous plus spirituels, l'avoir déjà, -c'est être avec Dieu
semblent terre à terre, il faut les situer dans le à jam.ais, •goûter, , à sa droite, des délices éter-
climat religieux où elles furent énoncées. En effet, nelles • {Ps 16,u; cf 73,23ss}.

n5 II6
BÉATITUDE BÉATITUDE

NT
II. DU BONHEUR TERRESTRE
Avec la venue de *Jésus-Christ, tous les biens
À LA BÉATITUDE CÉLESTE
sont virtuellement do.nués, et la béatitude trouve
en lui à la fois son idéal et son accomplissement.
Le sommet divin de la béatitude est ainsi pré- Car il est lui-même le *Royaume déjà présent et
cisé. Mais pour découvrir que Dieu seul est le il donne à. ses fidèles le bien suprême : l'*Esprit-
bonheur, tout homme passe par un itinéraire qui, Saint, comme arrhes de l'héritage céleste.
de *déception en déception (Ps 41,10; n8,8s;
146,3s), épure lentemept ses désirs.
1. LA BÉATITUDE ET LE CHRIST
I. La blatitude terYestre. - Le bonheur, c'est la
*vie, une vie qui s'identifia longtemps av?= la vie Jésus n'est pas simplement un sage de grande
terrestre. Voici la béatitude du peuple qui a pour expérience, il est celui qui vit pleinement la béa-
Dieu Yahweh : avoir de grands fils, de belles filles, titude qu'il propose.
des greniers pleins, des troupeaux nombreux, la
*paix enfin (Ps 144,12-15). Et les textes sacrés 1. Les « Béatitudes », placées en frontispice au dis-
de détailler ces biens de l'homme, dans le domaine cours inaugural de Jésus offrent selon Mt 5,3-12
national, familial ou personnel. A voir un roi digne le programme du bonheur chrétien. Dap.s la recen-
de ce nom (Qo 10,16s), une épouse de bon sens sion de Luc, elles sont couplées avec des constats
(Si 25,8), excellente (26,1), une grosse fortune, de malheur, prônant ainsi la valeur supérieure de
acquise sans faute et possédée sans en être esclave certaines conditions de vie (Le 6,20-26). Ces deux
(31,8) ; être prudent (25,9), ne pas pécher par la interprétations ne peuvent toutefois être ramenées
langue (14,1), avoir pitié des malheureux (Pr 14, à la béatification de *vertus ou d'états de vie.
21), n'avoir point de reproches à se faire (Si 14, Elles se compensent l'une l'autre ; surtout, elles
2). Bref, avoir une vie digne de ce nom, et pour ne disent leur vérité qu'à condition d'être rap-
cela être éduqué par Dieu même (Ps 94,12). Certes portées au sens que Jésus lui-même leur a donné.
il convient de se lamenter sur celui qui vient de Jésus en effet est venu de la part de Dieu dire
mourir ; mais les pleurs ne doivent pas du~er un Oui solennel aux promesses de l' AT ; le Royaume
trop, car un chagrin funeste empêcherait de bien des cieux est là, les besoins et les afflictions
jouir du bonheur ici~bas (Si 38.16-23). sont supprimés, la miséricorde et la vie, accordées
en Dieu. En effet, si certaines béatitudes sont pro-
noncées au futur, la première (« Heureux les
2. Vers la béatitude céleste. - Donnés, bénis par pauvres ... D), qui contient virtuellement les autres,
Yahweh, les biens terrestres de l'Alliance étaient veut dès à présent s'actualiser.
les signes d'une communauté de vie avec Dieu. Il y a davantage. Les béatitudes sont un Oui
Quand s'affirma la croyance en la vie étemeJle, dit par Dieu en Jésus. Tandis que l'AT parvenait
leurs limitations, leurs risques furent perçus plus à identifier la béatitude et Dieu même, Jésus se
nettement ; aux prix de cette purification, ils présente à son tour comme celui qui *accomplit
signifièrent alors la vie éternelle elle-même ; en l'aspiration- au bonheur : le *royaume des cieux
même temps, l'espérance nouvelle faisait affleurer
est présent en lui. Plus encore, Jésus a voulu
de nouvelles valeurs, telle la *fécondité spirituelle « incarner D les béatitudes en les vivant parfaite~
de l'homme et de la femme stériles. Cette espérance ment, en _se montrant tt doux et humble de cœur »
opère un renversement · de l'ordre ancien des (Mt II,29).
valeurs. Déjà l'expérience montrait qu'il ne fal-
lait pas apprécier le bonheur d'un homme avant 2. Les autres proclamations évangéliques tendent
l'heure de la fin (Si u,28). Avec une audace
toutes, également, à montrer que Jésus est au
inou'ie qui annonce l'Évangile, le Livre de la centre de la béatitude. *Marie est « béatifiée >)
Sagesse proclame heureux les *stériles s'ils sont
. d'avoir donné le jour au Sauveur (Le 1,48; II,
justes et vertueux {Sg 3,13ss). Les sages ont alors
27), car elle a cru {1.45) ; par là, elle annonce la
rejoint ce que les psaumes des *pauvres procla-
béatitude de tous ceux qui, *écoutant la parole
maient déjà quand ils voyaient le bien absolu de Dieu (u,28), croiront sans avoir *vu (Jn .w,
dans la confiance en Yahweh (vg Ps 73,23-28). 29). Malheur aux pharisiens (Mt 23,13-32), à

II7 u8
BÉATITUDE Bl!NÉDICTION

Judas (26,24), aux villes incrédules (n,21) 1 Heu-


reux Simon auquel le Père a révélé en Jésus le
Fils du Dieu vivant (Mt t6,17) l Heureux le:s yeux
qui ont vu Jésus: {13,16) ! Heureux surtout les'
disciples qui, attendant le retour du Seigneur; '. BÉNÉDICTION
seront fidèles; vigilants (Mt 24.46), tout au ser-
vice les uns des autres (Jn 13,17t
1. RiCHESSES DE .LA BÉNÉDICTION

La bénédiction n'évoque souvent que les formes


Il. LES VALEURS DU CHRIST
les plus superficielles de la religion, formules mar-
monnées, pratiques vides de sens auxquelles on
Alors que l' AT s'efforçait timidement d'ajouter, tient d'autant plus qu'on a moins de :foi. D'autre
aux. valeurs terrestres de la richesse et du succès, part, même la tradition chrétienne vivante n'a
la valeur de la justice dans la pauvreté et-l'échec, guère retenu des emplois bibliques que les moins
Jésus, lui, dénonce l'ambiguïté d'une représenta- riches de sens, classant les plus importants dans
tion terrestre de la béatitude. Désormais, les heu- les catégorie5 de la grâce et de l'action. de grâces.
reux de ce monde, ce ne sont plus les riches, les D'.où une .vraie indifférence aux mots de bénédic-
repus, ceux qu'on flatte, mais ceux qui ont faim tion et même à la réalité qu'ils peuvent désigner.
et qui -pleurent, les pauvres et les persécutés (cf Pourtant, le dernier geste visible du Christ sur
r p 3,14; 4,14). Ce renversement des valeurs était la terre, celui qu'il laisse à son Église et qu'a fixé
rendu possible par celui qui est.toute valeur. l'art chrétien de Byzance et des cathédrales, est
Deux béatitudes .majeures comprennent toutes sa bénédiction (Le 24,5os). Détailler les richesses
les autres : la •pauvreté, avec son. cortège des de la bénédiction biblique, c'est en réalité mettre
•œuvres de •justice, *humilité, •douceur, •.pureté, en lumière les merveilles de la générosité divine,
•miséricorde, souci de la •paix;. la •persécution et ta· qualité religieuse de• l'émerveillement que
ensuite, pour l'amour du Christ. Mais ces valeurs suscite chez la créature cette générosité.
elles-mêmes ne sont rien sans Jésus qui leur donne La bénédiction est un •don qui touche à la vie
tout leur sens. Aussi seul celui qui a mis le Christ et à son mystère, et c'est .un don exprimé par la
au cœur de sa foi peut-il entendre les béatitudes parole . et par son mystère. La bénédiction est
de !'Apocalypse. Heureux s'il les écoute (Ap r, •parole autant que don, diction autant que b~6n
3; 22,7), s'.il reste vigilant (16,Y5), car il est appelé (cf gr. eu-logia, lat. bene-dietio) parce que le bien
aux noces de l'Agneau (19,9), pour la résurrection qu'elle apporte i;i'est pas un objet précis, u1!' do~
(20.,6). Même -s'il doit donner sa vie en •témoi- défini, par_ce qu'il n'est pas de la zone de l avoit'
gnage; qu'il ne perde pas cœur : « _Heureux les mais de c_elle de l'Dtt"e, parce qu'il ne relève pas
morts qui meurent dans le Seigneur 1 :o (14,13). de l'action dè l'homme mais de la création de
JLA & XLD Dieu. Bénir, c'est dire le don créateur et vivifiant,
soit avant qu'il se produise, sous la :forme d'une
_. bénédiction II 3 - ciel VI - consolation - gloire prière, soit après coup, sous la forme de l'acti?n
IV 1 - goûter 2 - héritage AT II 2- ; NT Il - joie - de grâces. Mais, tandis que la prière de bénédic-
mort NT Ill 4 - paix - paradis - pauvres NT I, tion affirme à l'avance la générosité divine, l'ac-
II - promesses III x - repae'IV - repos :--- rire 2 -
tion de grâces l'a vu se révéler.
souffrance NT • 2 - tri~esse NT 2.

BEAUffi _. bien & mal I r -femme AT 3 - gloire


I - grâce I - parfum I. · Il. LE VOcABULAIRE .DE LA BÉNÉDlCTION

BŒLZtBOUL --+- démons NT 1.


En hébreu, comme encore en français, malgré
BÉLIAL -+ Satan Ill. l'affaiblissement subi chez· nous par le mot, une
seule racine (brk, apparentée peut-être au •genou
et à *l'adoration, peut-être aussi à la force vitale
des organes sexuels} sert à désigner toutes les
formes de la bénédiction, à tous ses niveaux. La
bénédiction étant à la fois chose donnée, don de

I20
BÉNJ!DICTiôN Bl!NJ!DICTION

quelque chose et· formulation de ce. don; trois ,Après ·Dieu, la source de la vie est le -*père, et
mots· l'expriment : le substantif bsraka, le verbe il lui revient de .bénir. Plus que toute 8.utre:, · sa
barék,·.l'adjeètif .baiak. .bénédictioi:i est effi.èace, comme-est redoutable sa
*malédiction-(Si 3,8); et il faut que Jérémie soit
1. Bénldiction (beraka). ~- Même en son sens le à bout. de forces pour oser maudire- l'homme qui
plus profane, le plus matériel, celui de« cadeau·», le vint annoncer. à .son père. qu'un ·garçon lui- était
mot comporte une nuance. très serisible de ren-:- né (Jr 20,15, cf Jb 3,3). ·
contre humaine. Les présents Offerts par Abigan Par ·un paradoxe singulier, il arrive souvent
à David (1 S 25,14-27), •par •David aux., gens de que le fail)le• bénisse le puissant (Jb .29,13; Ps 72,
Juda (I S 30,26-31), par Naaman guéri à Élisée r3-16; Si 4;5), que l'homme . ose·bénir Dieu.-C'est
(2 R 5,r5),·par Jacob·à Ésaü .(Gn-33-,u} sont.tous que,-si le •pauvre n:'a rien à donner au-riche, et
destinés à sceller une union ou une · •réconcilia~ l'homme rien à .donner à Dieu, la bénédiction
tion. Mais les emplois·· de loin les: plus fréquents établit •entre· .les ê&es un· courant vital et réci.,.
du mot sont en" contexte. religieux : même pour proque,. qui permet aq, __p~'us. petit de voir déborder
désigner. les richesses les _plus matérielles, si le sur lui la générositt du .. puissant.· Il n'est· pas
mot de bénédiction est choisi; c'est. pour les faire absurde de bénir le 1)ieu qui est -• au-dessus de
remonter à Dieu et à sa générosité (Pr ro,'6.22; toutes bénédictions » (Ne 9,5); c'est simplement
Si 33,17), ou encore à l'estime des genS de bien confesser sa générosité et lui rendre grâces, c'est
(Pr 11,n; 28,20; Si 2,8). La bénédiction évoque le premier devoir de la créa~re, (Rm r,21).
l'image .d'.une saine. prospérité, mais aussi de la
générosité .envers .les. malheureux- (Si 7,32; Pr u, 3. Bfni. - Le participe baY'4k est, de tous les
26)· et -.toujours _de la bietiveillance .de Dieu. mots de bénédiction, le plus fort. Il conStitue le
Cette abondance et cette aisance, c'est ce.que Centre· dé la formùle typique de bénédiction isi'aé~
les Hébreux notnment la •paix, et .les deux .môts lfte: _K_·Béni soit N ... _I » _Ni simple constatation,
sont souvent associés, mais, s'ils' évoquent tous ni pur' sOuh_a~t. plu·s · e_n~housiàste encore. qu~ _l~
deux la mêm_e plénitude de •richesse; la richesse *béat_itudé, . cette formule jaillit comme un cri
essentielle de· la .bénédiction est ,celle de la •vie devant un persoilllage en: CJ.ui ·Dieu vient. de révéler
et de· la .*féc:ondité ;. la ,bénédiction •fleurit (Si n, sa ,puissance et sa générosité, et <J.u'il a· choisi
22 hb.) comme ùn Éden (Si ·40,17). Son sy·mbole 11 entre tous » : Yaël, « entre les femmes de la tente »
privilégié est l'•eau (Gn 49,25; Si 39,22); l'eau·est (Jg·:;,24); ·Israël, « entre les ·naticins » (Dt 33,24),
elle-même une bénédiction essentielle, indispen- Marie,« -entre les femmes·» (Le ;t;:42; cf-Jdt 13,18):
sable (Ez 34,26; Ml .3,10) ;·.en· même temps qu'e la Élllerveillenient devant ce que-Dieu peut fairè en
vie qu'elle alimente·sur·terre;·elle évoque,· par son son •élu. L'être béni èst dans le monde comme Une
origine céleste, la géné:r.osité et la gratuité ·de *réyélation · de Dieu, il lui appartient •à• u~ titre
Dieu, sa puissance vivifiante. L'oracle de Jacob spécial, il est « béni de Yahweh », coniri:J.e certains
sur Joseph ,rassemble toutes- ces images, -Ia.:v'îe êtres sont·« saints -à 'Yahweh·». ·Mais, taildis que
féconde,- l'eau, . le·•ciel: 11 Bénédictions des.cieu-x la *!Sainteté qui consacre à Dieù sépare du mondè
d'en haut; bénédictions de .. I'abtme dans les pro- profane, la bénédiction fait de rêtre '·que · Dieu
fondeurs, .bénédictions des, mamelles et du sein désigne lin point· de·_ ralliement· et une source de
maternel li_ (Gn 49,-25)._ Cette sensibilité à la géné- rayonnement. : Le saint·· et. lé- béni · appartiennent
rosité de Dieu dans. les dons de la- nature préparl/' tous deux . à· Dieu; mais·Ie saint révèle plut6t son
·ISraël à-accueillir· les générosités de sa •grâ.ce. inaccessible grandeur,. le· béni, son inépuisable
générosité .
2. Bénir. - Le verbe-comporte une gamme d'em- . ,- :.,Aussi :ftl!quente et aussi spontanée que Je cri :
plois très étendue, depuis le salut banal adressé ·.«J3én:i N'::: 1 »; la formule .parallèle : « Béni Dieu 1 •
à l'inconnu sur la.route (2 R 4,_29) .ou les: formules 'ja~llit ,également du -saisissement éprouvé devant
habituelles .de ·courtoisie· (Gn- 47,7.10; 1 ·S 13,10) un·. geste .o_ù Dieu vient. de révéler sa •puissance.
jusqu'aux dons les-plus hauts de la faveur divine. \' Elle souligne moins l'ampleur du . geste que soµ
Celui -qui· bénit ·est le plus souvent *:Oieu, et _sa merveilleux à--propos, son - caractère de signe.
bénédiction fait- toujours·. jaillir.- la. vie (Ps 65;u; A -nouveau, la bénédiction -· est une -réaction de
Gn 24,35; Jb 1,10). Aussi seuls. les êtres vivants l'homme à la ·révélation de Dieu· (cf. Gn ·14,20,
sont susceptibles de la recevoir ; les objets inani- Melchiséd~ch; Gn 24,27, Éliézer; Ex -18,10, Jéthro;
més sont consacrés au service·.de ·Dieu -et sancti- Rt 4,,4; Booz à Ruth),.
fiés par sa présence, mais ,non pas bénis; Enfin, plus d'une fois, les. deux cris-: « Béni

I2I
BÉ~DICTION BÉNÉDICTION

N ... 1» et II Béni Dieu ! 1) sont unis et se répondent : leurs fils, en général au moment de disparaître,
K Béni Abraham du Dieu Très-Haut, créateur du les puissances de la •fécondité et de la •vie, « la
ciel et de la .terre 1 .- et béni le Dieu Très-Haut, rosée du ciel et les gras terroirs » (Gn 27,28), les
qui a livré tes ennemis entre tes mains 1 » (Gn 14,· flots de lait et 1t le sang des raisins » (49,rrs), la
19s; cf I S -25,32s; Jdt 13,r7s). Dans ce rythme·. force pour écraser leurs adversaires (27,29; 49,
Complet apparatt la vraie ·nature de la bénédic..: Ss), une terre où se fixer (27,28; cf 27,39; 49,9) et
tion. Elle est une explosion ravie devant un élu ·· perpétuer leur •nom (48,16; 49,8 ... ) et leur vigueur.
de Dieu, mais elle ne s'anête pas à l'élu et rem.on~ On -perçoit dans ces morceaux rythmés et dans
jusqu'au Dieu qui s'est révélé dans ce signe.,Il ~t ces récits le rêve ·des tribus nomades en . quête
le barak par excellence, le Béni; ·il poSSMe en _Plé- . d'un territoire, avides de défendre leur indépen-
nitude toute bénédiction. Le bénir, ce n'est point dance, conscientes déjà cependant qu'elles forment
croire- ajouter quoi que ce soit à sa richesse, c'est une communauté autour de quelques chefs et de
se laisser emporter par l'élan de cette révélation clans privilégiés (cf Gn 49). C'est en somme le
et convier ·1e monde à la •touer. La bénédiction rêve de la bénédiction, telle que spontanément
est toujours *confession publique de la puissance la. désirent les hommes, et qu'ils sont prêts à con-
divine et •action de grâces pour sa généro~té. quérir par toutes sortes de moyens, y compris. la.
•violence et la ruse (27,18s).
b) A ces refrains et à. ces récits populaires, la
III. HISTOIRE DE LA BÉNÉDICT[ON Genèse superpose, non pas pour les désavouer,
mais pour les situer à leur place da.ns l'action de
Dieu, les promesses et ks bénldictions prononcées
Toute l'histoire d'Israël est l'histoire de la béné-
,f,a1' Dieu lui-même. Il· y· est là aussi quest_ion
diction promise à Abraham (Gn 12,3) et donnée d'un •nom puissant (Gn 12,2), d'une descendance
au monde en Jésus, « •fruit béni » du • sein béni »
innombrable (15,5), d'une terre où s'installer (13,
de Marié (Le 1,42). Toutefois, dall.S les écrits de
14-17), mais ici Dieu prend en main l'avenir des
l'AT, l'attention portée.à la bénédiction comporte
siens; il change leur nom (17,5.15), il les fait
bien des nuances, et la bénédiction prend des
passer par la *tentation (22,t) et la foi (15,6), déjà
accents très divers. il leur fixe un commandement (12,1; 17,10). Il
entend bien combler -le *désir de l'homme,• mais
1. Jusqu'à Abraham. - Bénis à l'origine par le à condition que ce soit dans la foi.
Créateur (Gn 1,28), l'homme et la femme déclen-
chent par leur péché la •malédiction de Dieu. Tou- 3. B4nldiction et alliance. - Cette liaison entre la
tefois, si le serpent (3,14) et le.sol (3,17) sont mau~ bénédiction et lei commandement est le principe
dits, ni l'homme ni la femme ne le sont. De leur même de l'* Alliance : la •Loi est le moyen de
travail, de leur souffrance, au prix souvent d'une faire vivre un peuple « saint à Dieu n et par con-
agonie, la vie continuera à lever (3,16-19). A'près séquent « béni de Dieu ». C'est ce qu'expriment
le déluge, une nouvelle bénédiction donne à l'hu- les rites d'alliance. Le •culte est, dans la menta-
manité puissance et fécondité (9,1). Toutefois le lité· rèligieuse du temps, le moyen privilégié de
péché ne cesse pas de diviser et de détruire l'hu- s'assurer la bénédiction divine, de renouveler, .au
manité ; la bénédiction de Dieu sur Sem a pour contact des lieux, d~s temps, des rites· Sacrés, la
contrepartie· la. malédiction de Canaan (9,26). puissance vitale de l'homme et de son monde, si
courte et si frêle. Dans la religion de Yahweh, le
2. La bénédiction des patriarches. - La bénédiction culte n'est authenti<J.ue que dans l'Alliance et la
d'Abraham est- au contraire d'un type nouveau. fidélité à· la Loi. Les bénédictions·· du Code de
Sans doute, dans un monde qui demeure divisé, l'Alliance (Ex 23,25); les menaces de l'Assemblée
Abraham aura-t-il des. •ennemis et ·Dieu lui mon- de Sichem sous Josué (Jos 24,19}, les grandes
trera sa fidélité en maudissant quiconque (au sin- bénédictions du Deutéronome (Dt 28,1-14), sup-
gulier) le maudira, mais le cas doit demeurer une posent toutes une charte d'alliance, proclamant
exception, et le *dessein de Dieu est de bénir les volontés divines, puis l'adhésion du peuple,
« toutes les *nations de la terre » (Gn 12,3). Tous enfin le geste cultuel scellant l'accord et lui don:.
les récits de la Genèse sont l'histoire de cette nant valeur sacrée.
bénédiction.
a) Les bénédictions prononcées par les pères, d'al~ 4. Les prophètes et la bénédiction. - Les *pro-
lure plus archaïque, les montrent appelant sur phètes ne connaissent guère le langage de la béné-

123
BÉN:tDICTION BJtNÉDICTION

diction. Bien qu'ils soient les hommes de la •ParC?le dons grâces. au Père de ses dons ·(Rm 1,8; Ep 5,
et de son ~fficacité (Is 55,IOs); bien qu'ils se sachent 20; Col ·3,17}. Les deux mouvements_ .de la béné-
appelés et élus· de Dieu, signes de. son œuvre (Is diction, la grâce qui descend et-l'*action de-grâces
8,18), son action en eux est trop intérieure, trop qui remonte, sont récapitulés :en -*Jésus-Christ.· Il
pesante, trop peu visible et rayonnante pour pro• . n'.y a rien· au-delà de cette bénédiction~ et la foule
vaquer en eux et autour d'eux le cri de.bénédic- des élus rassemblés devant le .Trôhe et devant
tion. Et leur message, qui consiste à rappeler les l' Agneau pour chanter leur -triomphe -final pro-
conditions de l'Alliance et à dénoncer leurs vio- clame à Dieu : « Bénédiction, gloire, sagesse, action
lations, ne les porteg'nèreà bénir. Parmi les sèhènies de grâces... pOur les siècles des siècles 1 » (Ap 7,12).
littéraires qu'ils utilisent, celui de la malédiction Si tout le NT n'est ainsi que la bénédiction par•
leur est familier, celui de la bénédiction, prati- faite reçue de Dieu.et renvoyée à lui, il s'en faut
quement inconnu. pourtant qu'il soit ccmstamment rempli des mots
Il est d'autant plus remarquable de voir parfois de bénédiction. Ceux~ci sont relativement rares •et
surgir, au cœur même d'une malédiction de type employés dans des contextes précis, ce qui achève
classique, une image oU une affirmation procla- de déterminer exactement le sens de la bénédic--
mant que la promesse de bén~diction demeure tion biblique.
intacte, que de la désolation surgira la vie, comme
(( une semence sainte » (Is 6,13). C'est ainsi que la 1. Béni-celui qui vient! - Les évangiles n'offrent
promesse de la pierre angulaire en Sion éclate au qu'un seul exemple d'une bénédiction adressée à
centre de la malédiction contre les gouvernants Jésus, c'est le cri de la foule lors de son entrée à
insensés qui croient la Ville invulnérable (Is 28, Jérusalem, à la veille de sa Passion : « Béni celui
14-19), et qu'en É_zéchiel la grande ,prophétie de qui vient! ll (Mt 21,9 p). Jamais pourtant _per-
l'effusion de. l'Esprit, toute pleine des images de sonne né répondit comme Jésus au -portrait de
la bénédiction, l'eau,• la terre, les moissons, con- l'être béni, en qui Dieu révèle, par des •signes
clut, par une logique divine, la condamnation éclatants. sa puissance et sa bonté (cf Ac ·10,,38).
d'Israël (Ez 36,r6-38). Son arrivée dans· le monde éveille· chez Élisabeth
{Le 1,42), chez Zacharie· (1,68), chez Siméon' (2,
5. Les _chants de blnldiction, ---:- La bénédiction est 28), chez Marie elle-même (sans le mot, I;46s) une
un des thèmes. majeurs de la *prière d'Israël; elle vague de bénédictions.• Il ·en est évidemment le
est la réponse à toute l'œuvre de Dieu, qui est centre : •Élisabeth proclame a Béni le fruit de ton
révélation. Elle est· très voisine de l'*action de sein l )) {1,42). Lui-même,-. a part l'exerµple unique
grâces, de la louange ou de la *confession et bâtie des Rameaux, n'est f~mitis béni ·directement. Cette
sur le même schéma, mais elle est plus proche absence_ ne· doit pas tenir à un hasard. Peut-être
qu'elles .de l'événement· où Dieu, -vient de se révé- reflète--t-elle ·la distance qui ·s'établissait ·sponta-
ler, et garde en général un accent plùs ·simple : nément entre Jésus et les hommes : bénir quel-
(( Béni Yahweh, qui fit pour moi des merveilles 1 » qu'un, c'est d'une Certaine façon s'unir à lui. Petit-
(Ps: 3:r,22), ((quine nous livra point-à leurs dents» être ,aussi marqù.e-t.:.ene le caractère inachevé •de
(Ps 124,6), a qui pardonne tous tes péchés • (103, la-révélation du Christ tant que son œuvre· n'est
2). Même l'hymne-des trois .enfants dans la. four- pas consommée, l'obscurité qui subsiSte sur sa
nai~e, qu,i convoque l'univers pour chant_er la personne-jusqu'à. sa ·mort et sa résurrection-: Dans
gloire du. Seigneur, ne perd pas de vuè le geste !'Apocalypse_ au contraire, quand l'Agneau qui
que Dieu vient d'accomplir : .« Car il nous a sauvé_s avait été mis à. mort vient prendre·possession de
des ~fer$ 11 (Dn 3,88). son pouvoir sur le inonde en recevant le •livre· où
sorit scellés les destins de l'univers, le ciel entier
l'.à~lanie"'':' 1 .Digne est l'Agneau égorgé de ·rece-
IV. BÉNIS DANS LE CHRIST \l"Oll' la puissance ... la gloire et la bénédiction J)
(Ap 5,ns) .. La bériédiction a ici la même.,amJ>leur
Comment le Père, ayant livré pour nous son ," et le même poids que la *gloire dè Dieu.
propre Fils, pourrait-il nous refuser quoi que ce
soit. (Rm 8,32)-? En lui, il nous a tout donné, .:· 2,, La coupe àe blnldiction. - Avant de multiplier
nous ne manquons d'aucun •don de la , *grâce les pains (Mt 14,19 p),_avant de distribuer le.pain
(1 Co 1-,7) et sommes, 11. avec *Abraham le croyant.• deveriu son corps (Mt 26,26· _p), · avant dé rompre
(Ga 3,9; cf 3,14}, a bénis .de toutes sortes_ de béné- le pain à Emmaüs (Le 24,30), Jésus prononce
dict,ions ·spiritµelles » (Ep :r,3). En lui nous _i:en- une bénédiction, et nous àussi, c 001,15 bénissons

125 126
BÉNÉDICTION BltTES & BÏ'..TE

la coupe de bénédiction» (r Co 10,16). La bénédic- imposition des rnaina AT; NT I - joie· AT.I( 1 -
tion désigne-t-elle dans ces textes un geste spé- lait z. - louànge - malédiction - moisson I - paix
cial,, ou une formule particulière, distincte des - ri~hesse I· I - vendange 1 - vie II I - volonté
paroles *eucharistiques proprement dites, ou n'es.t- de Dieu AT O.
elle que le titre donné aux paroles qui suivent, péu BERCAIL --+ pasteur & tràu]?eau.
importe ici: le fait est que les récits eucharistiqués
associent étroitement la bénédiction et l'action dê BERGER --+ pasteur & troupe·au.
grâces, et que, dans cette assocfation, la bénédic-
tion·représente l'aspect rituel et visibl_e, le ges'te" et BESOIN -+ désir - faim & soif.
la formule, tandis que l'action de grâêes exprime
le contenu des gestes et des mots. Ce rite est, de
tous ceux qu'a pu accomplir le Seigneur dans sa
vie, le seul qui nous soit conservé,. car c'est le
rite de la Nouvelle Alliance (Le 22,20). La béné-
diction y trouve son total accomplissement; c'est
un don exprimé dans une parole immédiatement ,Bf'.TES & BtTE
efficace; c'est le don parfait du Père à. ses enfants,
toute sa grâce, et le don parfait du Fils offrant
sa vie au Père, toute notre action de grâ.ces unie
à la sienne ; c'est un don de fécondité,. un mystère
de vie et de communion. r. Naissance d'une symbolique. - Il n'est pas
question dans la Bible d'une symbolique analogue
3. La blnldiction de l'Esprit-Saint. - Si le don à •,celle des Bestiaires du Moyen Age ; tout au plus
de l'Eucharistie contient toute la bénédiction de s'esquisse-t-elle à propos de ·quelques *animaux.
Dièu dans le Christ, si son dernier geste est la Cependant les bêtes ennemies de l'homme occupent
bénédiction qu'il laisse à son Église (Le 24,51) et une place _dans la pensée religieuse, et elles four-
la bénédiction qu'il suscite en elle (24,53), le NT nissent des représentations imagées qu'on retrouve
pourtant ne dit nulle part que Jésus-Christ soit de la Genèse à l' Apocalypse. ·Nulle réflexion sur le
la bénédiction du Père. La bénédiction en effet mystère animal ; en revanche, tous les animaux
est toujours le •don, la vie reçue et assimilée. repoussants ou dangereux sont là, y compris ·ceux
Or le don par excellence, c'est l'•Esprit-$aint. de la légende ·: les. bêtes sauvages,. lions. loups et
Non pas que Jésus-Christ nous soit moins donné panthères (Os 5,14; Ha 1,8),. hyènes et chacals
que l'Esprit-Saint, mais l'Esprit nous est donné (Is 13,-22); les rapaces et les oiseaux des ruines
pour être en nous le don reçu de Dieu. Le voca- (Is 13,21; 34,nss; So 2,14) ; les reptiles, du basilic
bulaire du NT est expressif. Il est vrai que le au crocodile (Ps 91,13; Ez 29); les insectes néfastes,
Christ est à nous, mais il est surtout vrai que nous comme les sauterelles et les criquets (Na 3,15ss) .. 1
sommes au Christ (cf I Co 3,23; 2 Co 10,7). De Toute une faune méchante, connexe à la présence
l'Esprit au contraire on dit maintes fois qu'il des *démons (cf les -satyres d'Is '13,21; 34,u.14;
nous est donné (Mc 13,u; Jn 3,34; Ac 5,32; Rm Ly 17,7), se dresse ainsi en face de l'homme. Sans
5,5}, que nous le recevons (Jn 7,39; Ac 1,8; Rm COmpter lès grands monstres marins (Gn 1,21),
8,15) et.le possédons (Rtn 8,9; Ap 3,1), au point prototypes de/la Bête par excellence, le Dragon,
qu'on parle spontanément ...du « don de ]:'Esprit » le Serpent fuyard, Rahab ou Léviathan (Is 2 7, 1;
{Ac 2,38; 10,45; u,17), La bénédiction de Dieu, Jb 7,12; ls 51,9). Celui•là, qui personnifie la •Mer
au sens plein du mot, c'est son· Saint-Esprit. Or dans la Symbolique des mythes orientaux, se-dresse
ce don divin, qui est Dieu lui-même, porte tous en face de Yahweh lui-même comme l'adversaire
les traits de la bénédiction. Les grands thèmes de de SOn dessein de salut.
la-•bénédiction, l'eau qui régénère, la naissance et
le renouveau, la vie et la fécondité, la plénitude 2. Aux origines .. - En effet, reprenant une ima-
et la paix, la joie et la communion des cœurs, gerie maintenant dé_mythisée, quèlques textes
sont également les •fruits de l'Esprit. JG représentent l'acte *créateur de Dieu comme un
-+ Abraham I 3 1 II 4 - action de grllces - béatitude combat victorieux contre le monstre primordial,
- bien & mal II 2 - confession AT 1 - droite 2 - incarnation du désordre : Rahab ou Léviathan
eau II 1 - élection AT I 3 b - eucharistie I - fécon- (Ps 74,13s; 89,10s; Jb 9,r3; 25;12; Is 51,9). Cette
dité I 1 -· fruit - goûter 2 - grâce II 3 - huile - *guerre, située en dehors du domaine de l'histoire,

r28
BtTES & ·B:tTE BIBLE

va donner un .sens à tous les . afirontements du Dragon, prince de ée *monde; que la Bête en
historiques· entre· Yah:weh et.- ses *ennemis. ·:r.e question tient son pouvoir (Ap 13,4). En face 'du
premier,.de ces .affrontements est le. drame du' Christ-Roi, elle se dresse comme. l'• Antichrist,
•paradis (Gn 3). Dans la Genèse, l'adversaire blasphémant, persécutant les Saints et se faisant
sournois de Dieu et des hommes- n'est pas encore adorer (Ap 13,1-9) et nul -n'a le droit de vivre
appelé ~e son vrai nom-; mais derrière. le serpent ici-bas s'il n'est maiqué à son chiffre (Ap 13,16ss;
terrestre se cache le Se;rpent-prototype; le Dragon *nombre). Cette prétention de !'empiré totali-
qui est le Diable et •satan-(Sg 2,24; Ap 12,9; ·20,2). taire n'est pas seulement-le fait d'Antiochus Épi-
La bête maudite eh{re toutes rep~ésente ainsi le phane ou d~ la Rome païenne : on la verra renaître
Maudi_t par excellence ;-et -l'histoire sera un champ tout 8.u long de l'histoire de l'Église.. . ', ..
clos où celui-ci se mesurera avec la postérité de c) La défa,ite _d/ la JçÙ-te • .- Mais ce triomphè de
la *.femme, sur .laquelle il' a acquis un certain la _Bête 1;1'es_t qu'à_pparent et· momentané. Dès
pouvoir {Gn· 3,14-Ss). l' AT s'affirme la *victoire des croyants. Pour Israël
3.11 déseit, Mbîse ·dresse le sigrie_ du Serpent d:'ai-
3. · Les :c~mbats de la •!J6te contre l' homm·e rain {Nb 21,9), et qµitonq'ue le l"egarde reste en
vie___(Sg 16,6). :f'.âce à là zoolâtrie 4es· païens,1 Israël
a) Les b,ltes, jltaux._de bi~u . ....,... C.ette: guerre se sàit défendre sa foi au seul Pi_eu vivant (Dri 14.
situe d'abord,alJ, .niveau temporel : les bêtes mal- 23-42). Il affronte sans faiblir le péril des lions,
faisantes s'en prennent ,à l'humanité pécheresse. et Dieu l'en déliVre (Dn 6) ; . car quiconque se fie
Mais elles n'agissent pas en pleine -indépendance; à Dieu est gardé ·par ses *anges, et il peut fouler
Dieu_ sait._tourn~r,-leur action à ses fins; elles-sont aux pieds le~ bêtes-malfaisantes (Ps_ 91,n-13). Ces
les artisans de ~;n *jugement contre .l'tgypte victoires anticipées annoncent celle de Jésus :
(Ex _7,26--;-8,28; 10,1-20; Sg 16,1-12); elles exé- quarid- ·celui-ci a ·repoussé Satan {Mt 4,1-u p), il
cutent. ses *malédictions contre son peuple infidèle demeure aù désert « avéc leS bêtes· sauvages ,,
(Dt 28,215,.42; Lv 26,22; cf Jr .15,3). Aussi le cli- servi pà.t les anges· (Mc 1,13). AuSsi peut-il :com-
ché des ,villes abandonnées, -.livrées aux bêtes sau- muniquer à ses· disciples· «·le pouvoir de fouler
vages, sert-il_• à évoquer le chà_timent · des, collecti- aux pieds serpents, scorpions·, et ·toute puissànce
vités humaines (Is 34,ns; Jr 9,IO; 10,22; 49,33; de l'ènnemi » (16,1-'7s}, 'car:sa:tan est ·maj.ntenant
50,39;_ 51,37; .Sq 2,14s ... ). Au désert, ·des serpents tombé du-ciel, et-les *démons·mêines' son_t soumis
brûlants--mprdent ceux qui murmurent (Nb• 21, aux envqrés de· Jésus (cf Le 10,17ss); Si ·1a 'c].éfàite
5-7) ; en Terre- promis€l, les ,sauterelles dévorent de la Bête n'est pas· encore publique, elle est pour-
les récoltes, terrible· armée dont l'invasion annonce tant chose acqui~_e. · ·
le. •Jour de Yahweh,(Jl r.,-2). Aussi retrouve-t-on
des sauterelles symbqliques parmi les fléaux.escha- 4. La mort· de la Bite. - Le-*jugement qui mettra
tologiques, étrangès .cavaliers qui dévastent .l'hu- fin à l'histoire ·entraînera-'-Ja. coiisom:mation .de
manité pécheresse (Ap 9,3-IO; cf Na 3,15ss;. Jr-51, cette-défaite : la Bête· sera tuée, et son corps livré
27). A leµr tête-marche l'Ange-de !'Abîme (Ap 9, au feu (Dn 7,u-27). Ainsi se -consommêra la
II), èt nul .ne leur échappera.- s'il n'est marqué défaite du Serpent primordial qui est le Diable
pour .le salut (Ap 9,4; ·cf 7,3}. et Satan· (Ap 12,9); Ce sera 1e dernier conibat du
b) Les tt'iomj)hes de la Bête. - Mais la Bête a Christ (Ap 19,u-16.), défendant -sa •cité -sainte
d'autres triomphes. Sous Son- couvert,. *Satan Se contre -les-.,tnatio~s déchaînées (Ap _20,Ss). Alors
fait adorer, des hommes. Dans leur aveuglement, • Satan, et la *Mort et !'Hadès;- et la: Bête et son
ceux-ci se prosternent devant « · toutes so,rtes faux prophète,· et touS les .adorateurs -de la Bête,
d'images de i:eptiles et. d'animaux répugnants » . se,ctateur,s ,de l'Antichrï.st,· seront- jetés ensemble
{Ez 8,-10)-. Proscrite_,d'Israël_par la Loi (Dt 4,16ss), i;lans-Jl'éfahg ,_de feu ,et de· soufre, ce qui· est la
cette f9rme d-'•idolâtrie fait des-ravages chez les ;seCàllde mort- (Ap 19,19ss; :20,10.14). Ainsi pren-
peuples païens (Sg II,15; 12,24; ·13,10 ..14; -Rm I, dra fin- le drart'le qui s'est ouvert aux origines:,
23), attirant, su_r eqx les rigue:urs de la *.colère ~ . PG
divine {Sg, .16,.1-9; Rm l,24ss). Plus encore·.: la
Bête s'incarne en .quelq:ue sorte dans, les grands ,Ï_-io:-.~~a~.--:- _Antichrist. AT I; NT 3. - :Babei/
· · &;bylone 6 _--:- blasphèqte - démons AT --:- guel'.re
empires ... païens ,qui entreprennent de-dominer· le AT I.V _;_ mer 1.2 - riombres .li 2--:-- roi NT·II'-
monde, font· la guerre. au peuple de Dieu et mani- . roys_unie A'r lit'-:- Satan ,111-..:.. victoire AT I; NT :z.
festeµt une arrogance -sacrilège· (Dn 7 ,2-8). Ainsi
reprend ici-bas le combat primordial, puisque c-'est B1B·LE ·~ écriture III - li vie.

,30
BIEN & MAL BIEN & MAL

que cette bonté ne se mesure pas en -fonction


d'un Bien abstrait, mais par rapport au Dieu
créateur qui, seul, donne aux choses leur bonté.

3. La bomé de l'homme constitue un cas parti~


BIEN & MAL culier. En effet, elle dépend en partie de lui-même.
Dès la •création, Dieu l'a placé devant « l'*arbre
de la •connaissance du bien et du mal ,., lui lais-
sant la possibilité d'obéir et de jouir de l'arbre de
• Dieu vit tout ce qu'il avait f~it : cela•· était
vie, ou de désobéir et d'être entraîné dans la mort
très bon o (Gn 1,31). Cependant, pour hâ.ter la
(Gn 2,9.17), *épreuve décisive de la *liberté qui
venue du règne eschatologique, le Christ nous fait se répète pour tout homme. S'il rejette le mal et
demander dans le Pater : u Délivrez-nous du mal ))
fait le bien (Is 7,1s; Am 5,14; cf 1s r,r6s), obser-
(Mt 6,13). L'opposition de ces deU::ic formules pose vant la *loi de Dieu et se conformant à sa *volonté
au croyant de nos jours un problème dont la Bible
(cf Dt 6,18; 12,28; Mi 6,8), il sera-bon et lui plaira
elle-même offre des éléments de solution : d'où {Gn 6,8) ; sinon il sera mauvais et lui déplaira
vient le mal dans ce monde créé bon ? quand et (38,7). •Responsable, il fera en conscience son
comment sera-t-il vaincu ?
choix, qui déterminera sa qualification morale et,
par suite, sa destinée.

1. LE BlEN ET LE MAL DANS LE MONDE 4. Or, séduit par le Mauvais (cf •satan),
l'*homine a dès l'origine choisi le mal. Il a cherché
1. Pour celui qui les voit ou les expérimente, son bien dans des créatures « bonnes à manger et
certaines choses sont subjectivement bonnes ou mau-- séduisantes à voir » (Gn 3,6), mais en dehors de
vafses. Le mot hébreu /ôb (traduit indifféremment la *volonté de Dieu, ce qui est l'essence même du
par les mots grecs ka/os et agathos, beau et bon •péché. Il n'a trouvé là que les fruits amers de la
[cf Le 6,27.35]} désigne primitivement les per- souffrance et de la mort (Gn 3,16-19). A la suite
sonnes ou les objets provoquant des sensations de son péché, le mal s'est donc introduit dans le
agréables ou l'euphorie de tout l'être : un bon monde, puis il y a proliféré. Les :fils d'*Adam sont
repas (Jg 19,6-9; 1 R 21,7; Rt 3,7), une belle devenus si mauvais que Dieu se repent de les
jeune fille (Est 1,II), des gens bienfaisants (Gn avoir faits (Gn 6,5ss) : nul qui fasse le bien ici-
40,14), bref tout ce qui procure le bonheur ou bas (Ps 14,1ss; Rm 3,1oss). Telle est l'expérience
facilite la •vie dans l'ordre physique ou psycho- de l'homme : il se sent frustré dans ses désirs
logique (cf Dt 30,15) ; au contraire, tout ce qui insatiables {Qo 5,955; 6,7), empêché de jouir plei-
conduit à la •maladie, à Ja •souffrance sous toutes nement des biens de la terre (Qo 5,14; n,2-6),
ses formes, et surtout à la •mort, est mauvais incapable même de « faire le bien sans jamais
(hb. -ra' ; gr. pont:Yos et kakos). pécher )) (Qo 7,20), car le mal sort de son propre
•cœur (Gn 6,5; Ps 2~,3; Jr 7,24; Mt r5,19s). Il
2: Peut-on aussi parler d'une bonté objective des est atteint dans sa liberté (Rm 7,19), esclave du
créatures au sens où l'entendaient les Grecs ? péché (6,17) ; sa raison même est atteinte : viciant
Ceux•ci imaginaient pour chaque chose un arché- l'ordre des choses, il appelle le bien mal et le mal
type à imiter ou à réaliser ; ils proposaient à bien (1s 5,20; Rm 1,21-25). Finalement, blasé et
l'homme un idéal, le kalos-kagathos qui, possédant déçu, il s'aperçoit que u tout est vanité » (Qo l,
en lui-même toutes les qualités morales, esthé- 2) ; il expérimente durement que « le monde entier
tiques et sociales, est épanoui, agréable et utile gît au pouvoir du Mauvais)) (r Jn 5,19; cf Jn 7,7).
à la •cité. Dans cette optique particulière, com- Le mal, en effet, n'est pas une simple absence de
ment concevoir le mal ? Comme une imperfec- bien, c'est une force positive qui asservit l'homme
tion, une pure négativité, une absence de bien ? et corrompt l'univers (Gn 3,17s). Dieu ne l'a pru.
ou au contraire comme une réalité ayant son exis- créé, mais maintenant qu'il est apparu, il s'op-
tence propre et dérivant de ce principe mauvais pose à lui. Une •guerre incessante commence, qui
qui jouait un grand rôle dans la pensée iranienne ? durera aussi longtemps que l'histoire : pour sau-
Quand la Bible attribue une réelle bonté aux ver l'homme, le Dieu tout-puissant devra triom-
choses, elle ne l'entend pas ainsi. En disant : pher du Mal et du Mauvais (Ez 3S.-39; Ap 12,
• Dieu vit que c'était bon)) (Gn 1,4 ... ), elle montre 7-17),

I3I
BIEN & MAL BIEN & MAL

Il. DIEU SEUL EST BON 111. DIEU TRIOMPHE DU MAL

I. La bonté de •Dieu est une révélation capitale En se révélant comme Sauveur, Dieu annon-
de l'AT. Ayant connu le mal à son paroxysme çait déjà sa future *victoire sur le mal. Encore
durant la servitude d'Égypte, Israël découvre le fallait-il que celle-ci s'affirmâ.t sous une forme
bien en Yahweh son •libérateur. Dieu l'arrache à définitive, en rendant l'homme bon et en le .sous-
la mort (Ex 3,7s; 18,9), puis le conduit à la •Terre trayant au pouvoir du Mauvais (1 Jn 5,r8s),
promise, ce (( bon pays >1 (Dt 8,7-ro) « où coulent (I'. prince de ce *monde » (Le 4,6; Jn 12,31; 14,30).

le *lait et le miel», et (( sur lequel Yahweh a cons-


tamment les yeux ». Israël y trouvera le bonheur I. Certes Dieu avait déj'à donnA la *Loi, qui était
(cf Dt 4,40), s'il reste fidèle à l'•Alliance (Dt 8, bonne et destinée à la vie {Rm 7,12ss) : s'il prati-
n-r9; n,8-12.IS-28). quait les commandements, l'homme ferait le bien
et obtiendrait la vie éternelle (Mt 19,I6s). Mais
2. Dieu pose une condition à ses dons. - Israël, cette Loi restait par elle-même inefficace, tant
comme Adam au paradis, se voit placé en face que le *cœur de l'homme, prisonnier du péché,
d'un choix qui déterminera son destin. Dieu met n'était pas changé. Vouloir le bien est à la portée
devant lui la •bénédiction et la •malédiction (Dt de l'*homme, mais non pas l'accomplir : il ne fait
r1,26ss), car le bien physique et le bien moral pas le bien qu'il veut, il fait le mal qu'il ne veut
sont également liés à Dieu : si Israël <1 oubliait pas (Rm 7,18ss). La convoitise l'entraîne comme
Yahweh n, cessait de l'aimer, n'observait plus les malgré lui, et la Loi, faite pour son bien, tourne
commandements et rompait l'Alliance, il serait finalement à son mal (Rm 7,7,ns; Ga 3,19). Cette
immédiatement privé de ces biens terrestres (Dt lutte intérieure le laisse infiniment malheureux :
rr,r7) et renvoyé en servitude, tandis que sa terre qui le délivrera donc ? {Rm 7,14-24).
'deviendrait un •désert (Dt 30,15-20; 2 R 17,7-23;
Os 2,4-14). De cette doctrine fondamentale de 2. Seul« • ]Asus-Christ not're Seigneur » (Rm 7,25)
!'*alliance, Israël expérimente la vérité au cours peut atteindre le mal à sa racine, en triomphant
de son histoire : comme dans le drame du para- de lui dans le cœur même de l'holl}me (cf Ez 36,
dis, l'expérience du malheur suit celle du péché. 26s). II est le nouvel •Adam (Rm' 5,12-21), sans
péché (Jn 8,46), sur qui Satan n'a aucun pouvoir.
3. Le bonheut· des impies et le malheur des justes. - Il s'est fait obéissant jusqu'à la mort de la *Croix
Or, voici que, sur un point capital, la doctrine (Ph 2,8), il a donné sa vie afin que ses brebis
semble prise en défaut : Dieu ne paraît-il pas favo- trouvent pâture (Jn 10,9•18). Il s'est fait Œ •malé•
riser les *impies et laisser les bons dans le mal- diction pour nous afin que par la foi nous rece-
heur ? Les *justes souffrent, le •Serviteur de Yah- vions l'Esprit promis o (Ga 3,13s).
weh est persécuté, les •prophètes sont mis à mort
(cf Jr 12,IS; 15,15-18; Is 53; Ps 22; Jb 23~24). 3. Les fruits de l'Esprit. -C'est ainsi qu'en renon-
Douloureuse et mystérieuse expérience de la çant à la vie et aux biens terrestres (He 12,2) et
•souffrance, dont le sens n'apparaît pas d'emblée. en nous envoyant !'Esprit-Saint, le Christ nous a
Par elle pourtant, les •pauvres de Yahweh procuré les « bonnes choses » que nous devons
apprennent peu à peu à. se détacher des « biens demander au Père (Mt 7,n; cf Le II,13). Il ne
de ce •mcnde », éphémères et instables (So 3, s'agit plus des biens matériels, comme ceux qui
nss; cf Mt 6,19ss; Le 12,33s), pour trouver leur étaient pi-Omis jadis aux Hébreux ; ce sont les
*force, leur •vie et leur bien en Dieu qui seul o:·•fruits de l'Esprit » en nous (Ga 5,22-25). Désor-
leur reste, quand tout est perdu, et auquel ils mais, transformé par la *grâce, l'homme peut
adhèrent par une •foi et une *espérance héroïques (1faire le bien» (Ga 6,9s) ; « faire de bonnes •œuvres •
(Ps 22,20; 42,6; 73,25; Jr 20,rr). Certes ils sont (Mt 5,16; I Tm 6,18s; Tt 3,8.14), « vaincre le mal
encore soumis au mal, mais ils ont avec eux leur par le bien » (Rm 12,21). Pour devenir capable
Sauveur, qui triomphera au jour du *salut ; alors de ces biens nouveaux, il doit passer par le dépouil•
ils recevront ces biens que Dieu a promis à ses lement, « vendre ses biens n et •suivre le Christ
-fidèles (Ps 22,27; Jr 31,10-14). En toute vérité, (Mt 19,21), « se renoncer à. soi-même et porter sa
Dieu t: seul est bon » (Mc 10,18 p). croix avec lui » (Mt 10,38s; 16,24ss).

133 134
BIEN & MAL BLASPHÈME

4, La victoire du bien sur le mal. - En choisis- Bible, AT et NT, met en relief l'éclat, la blancheur
sant de vivre ainsi avec le ChÎ:ist pour obéir aux des êtres venus du ciel : qu'il s'agisse de l'homme
impulsions de l'Esprit-Saint, le chrétien se déso- vêtu de blanc d'Ez 9,2 ou des anges, messagers
lidarise de l'option d'Adam. Aussi le mal moral de Dieu, au « vêtement éblouissant » (Le 24,4 p;
est-il vraiment vaincu en lui. Certes, ses consé- Ac 10,30), des 24 vieillards de la cour céleste
quences physiques et psychologiques demeurent (Ap 4,4) ou du « Fils d'homme » (Ap 1,13s), du
aussi longtemps que durera le monde présent, Christ lui-même, qu'annonçait l'Ancien des jours
mais il se glorifie de ses tribùlations, acquérant c au vêtement blanc comme la neige, aux cheveux
par elles la *patience (Rm 5,4), estimant. 'que purs comme de la laine» (Dn 7,9).
• les souffrances du temps présent •'n'è sont ·pas à
comparer à la *gloire qui doit se révéler n (8,r8). 2. Les Atres tt-ansfigurés. - Couleur céleste du
Ainsi il est déjà, par ·la foi et l'espérance, en Christ, le blanc n'apparaît pas durant sa vie ter-
possession des •richesses incorruptibles (Le 12, restre sauf au moment privilégié de la *Transfi-
33s) q.ui sont accordées par la •médiation du guration, où ses •vêtements même a deviennent
Christ, « Grand Prêtre des biens à venir » (He resplendissants d'une telle blancheur qu'aucun
9,n; ro,1). Ce n'est qu'un commencement, car foulon ne peut blanchir de la sorte » (Mc 9,3 p).
croire n'est pas •voir; mais la foi garantit les Le blanc est, de la m'ême manière, la couleur des
biens espérés (He rr,r), ceux de la *patrie meil- êtres transfigurés, des· saints qui, purifiés de leur
leure (He u,r6), ceux du monde nouveau que péché (Is r,x·s; Ps 51,9), blanchis dans le sang de
Dieu créera pour ses élus (Ap 21,rss). JdV l'Agneau (Ap 7,14), participent à l'être glorieux
de Dieu (7,9-r3). Ils forment la K blanche escorte•
-> Babel/Babylone 3 - chemin II - cité AT 3 ; NT du vainqueur (3,4s), foule immense et triomphante
2 - conscience - croissance 2 a - épreuve/tentation - qui clame Sa joie dans une éternelle fête de lumière:
fruit III - goûter 1 - guerre - haine lll 3 - langue r l'Agneau s'unit à l'Épouse· revêtue de « lin d'une
- lumière & ténèbres NT II - malédiction - men-
songe III - monde - œuvres NT I 3 - péché - blancheur éclatante » (19,1-14).
pen.fcution - responsabilité - rétribution - sagesse La liturgie baptismale a de tout temps adopté le
AT l 2, II 1 ; NT Ill 2 - Satan - souffrance - ven- lin blanc comme vêtement (cf Lv 6,3) et elle impose
geance - vertus & vices. un chrémeau blanc au nouveau baptisé qui, par fa
grâce, participe à la gloire de l'état céleste avec
BIENS - béatitude - bénédiction - bien & mal II l'innocence et la joie qu'il entraîne. GB
lll 3 .4 - héritage - richesse.
~ gloire - joie - lumière - pur - vêtement II 4.

BLANC
BLASPHÈME
Dans le monde de la Bible, le blanc accompagne
les fêtes et manifestations joyeuses des humains.
Il évoque l'innocence, la *joie, la pureté ; il sus- Toute injure adressée à un homme mérite d'être
cite l'émerveillement. Coûleur de "lumière et de punie (Mt 5,22). Combien plus le blasphème,
*vie, le blanc s'oppose au noir, couleur de ténèbres, insulte faite à Dieu lui-même I Il est l'inverse de
de deuil. La Bible utilise ces divers sens (Qo 9, !'*adoration et de la •louange que l'homme doit
8; Si 43,18) mais leur donne une dimension nou- à Dieu, le signe par excellence de !'•impiété
velle, eschatologique ; le blanc est la marque des humaine.
êtres associés à la *gloire de Dieu : êtres célestes
ou êtres transfigurés. AT
:i:. Les Ures célestes. -C'est l'Apoca.lypse qui, dans La présence d'un seul blasphémateur dans le
la description du monde céleste, revient avec le peuple de Dieu suffit à souiller la communauté
plus d'insistance sur le blanc et souligne ainsi son entière. C'est pourquoi la Loi dit : 1: Quiconque
sens eschatologique : caillou (Ap 2,17), nuée (14, blasphème le *Nom de 'Yahweh mourra, toute la
14), cheval (19,n), trône (20,u). Mais toute la communauté le lapidera (Lv 24,16; cf Ex 20,7;
)J

I35
BLASPHÈME BRAS &. MAIN

22,27; l R 21,13). Plus souvent, le blasphème se phème jusque parmi les :fidèles (2 Tm 3,2; 2 P 2,
trouve sur les lèvres des païens, qui insultent le 2.10.12), au point qu'il devie:ç.t parfois nécessaire
Dieu vivant lorsqu'ils s'attaquent à son peuple : de les livrer à Satan (r-Tm 1,20). Les blasphèmes
un Sennachérib (2 -R 19,4ss.16.22; Tb 1,18), un des hommes contre Dieu cheminent ainsi vers un
Antiochos Épiphane (2 M 8,4; 9,28; 10,34; Dn 7, paroxysme qui coïncidera avec la crise :finale, en
8.25; II,36), dont s'inspire sans doute le portrait dépit des signes annonciateurs du •Jugement divin
de Nabuchodonosor dans le livre de Judith (Jdt (Ap 16,9.u.21). En face de cette situation, les
9,7ss). De même les Édomites qui applaudissent chrétiens se détourneront de l'exemple des *Juifs
à Ja ruine de Jérusalem (Ez _35,12s) et les païens infidèles (t à cause de qui le Nom de Dieu est blas-
qui insultent !'Oint de Yahweh (Ps 89,51s). A ceux- phémé » (Rm 2,24). Ils éviteront tout ce qui pro-
là, Dieu se réserve d'appliquer lui-même le châ- voquerait les insultes des païens contre Dieu ou
timent mérité : Sennachérib tombera par l'épée contre sa Parole (r Tm 6,1; Tt 2,5). Leur bonne
(2 R 19,7.28.37) comme Antiochos, la •Bête sata- conduite doit am~nel" les hommes à " glorifier le
nique (Dn 7,26; u,45; cf 2 M 9), et le pays d'Édom Père qui est dans les cieux » (Mt 5,16). RD
sera réduit en désert (Ez 3,5,14s). Le ·peuple·de
Dieu doit d'ailleurs se garder de provoquer lui- -+ impie - malédiction - nom AT 3 - parole hu-
maine 1.
même les blasphèmes des païens (Ez 36,20; Is 52,
5) car Dieu tirerait •vengeance de cette· profana- BOIS_.. arbre 3 - Croix 1, II 3.
tion de son Nom.
BOISSON-+ coupe - eau - faim & soif - lait -
nourriture - sang AT 2 - vin.
NT
BONHEUR-+ béatitude- bien&mal II 1.3-ciel VI
1. Le même drame se renoue dans le NT autour - paix - paradis.
de la personne de Jésus. Lui qui honore le *Père,
BONTÉ --,i,. amour - bénédiction - bien & mal -
il est accusé par les •Juifs de blasphème parce
don - douceur 3 - justice A l AT 4 - miséricorde
qu'il se dît *Fils de Dieu (Jn 8,49.59; 10,31-36), - tendresse.
et c'est pour cela qu'il sera condamné à mort
(.Mc 14,64 p; Jn 19,7). En réalité, cet aveugle- BOUCHE -+ langue - lèvres - Parole de Dieu -
ment même consomme le péché des Juifs, car ils parole humaine.
déshonorent le Fils {Jn 8,49) et, à la croix, ils
l'accablent de blasphèmes (Mc 15,29 p). Si ce
n'était là qu'une erreur sur l'identité du •Fils de
l'Homme, ce serait un péché rémissible {Mt 12,
32) au titre de l'ignorance (Le 23,34; Ac 3,r7; 13, BRAS & MAIN
27). Mais c'est une méconnaissance phis grave,
car les ennemis de Jésus attribuent à *Satan les
signes qu'il accomplit par l'Esprit de Dieu (Mt 12, Le bras et la main sont normalement l'organe
24.28 p) : il y a donc blasphème contre !'*Esprit, et le signe de l'action, de l'expression, de la rela-
qui ne peut être remis ni en ce monde'ni en l'autre tion. Le symbolisme du bras comporte aussi sou-
(Mt x2,3rs p) puisque c'est un refus volontaire de vent une nuance de *puissance ; celui de la main,
la *révélation divine. l'habileté, la___possession.

2. Le drame se poursuit maintenant autour de I. Le bras et la main de Dieu. - La main de Dieu


t·• Église de J ésus-Clwist.
Paul était un blasphé- • a fait le·c~el et la terre (Is 66,2). Corn.me la main
mateur quand il la persécutait (r Tm 1,13); quand du.,potier, ·elle façonne (Jb 10,8; Jr 18,6; cf Gn 2,
il prêche ensuite le •Nom de Jésus, les Juifs s'op- 7)~ Ainsi, Dieu révèle la puissance de son bras,
posent à lui avec des blasphèmes (Ac r3,4s; 18, voire o: son bras·- l) absolument (Is 53,r), dans la
6). Leur opposition garde donc le même caractère -'création (Jr 32,17), et dans l'histoire (Dt 4,34;
qu'au Calvaire. Il s'y joint bientôt l'hostilité de Le 1,51), Souvent il agit (I_ à bras étendu et à main
l'empire romain persécuteur, nouvelle manifes- ~orte ». Son (t bras de sainteté» (Is 52,10), sa« bonne
tation de la *Bête à 1a bouche pleine de blas- main » {Esd 7,9), « !'*ombre de sa main l) (Is 49,2),
phèmes (Ap 13,1-6), nouvelle •Babylone parée de sa main levée pour le serment {Dt 32,40), évoquent
titres blasphématoires (Ap 17,3). Enfin les faux sa protection puissante {cf Jn ro,29). Dans la main
docteurs, maîtres d'*erreur, introduisent le blas- de Dieu, on trouve la sécurité (Sg 3,1; cf Ps 31,

r37
BRAS & MAIN BREBIS

6 = Le 23,46), et quand la main de Dieu « est main exprime le mouvement de l'âme : la joie
sur » Un •prophète, c'est pour en prendre pos~ (2 R u,12), la détresse {Jr ~.:,37), la •bénédiction
session et comme pour lui communiquer l'Esprit (Go 48,14), le serment (Gn 14,22), surtout la
de vision (Ez 1,3 ... ). La. main de Dieu n'est 'Pas •prière et !'"'adoration (Ps 28,2; 1 Tm 2,8; Jb 31,
c trop courte » pour sauver (1s 50,2). Elle peut 27) ; enfin les mains du suppliant doivent être
cependant se faire lourde (Ps 32,4), et frapper ~Is pures (Ps 24,4; Je 4,8; cf 1s 1,15). Si la main de
5,2s; cf He 10,31), quand a ~té méprisé l'aniour Dieu« est avec» quelqu'un {cf Le 1,66), c'est pour
insistant qu'elle témoignait (cf 1s 65,2 = ~ ro, le protéger ou pour doter d'une puissance divine
21). Comme la main de Dieu, celle ,,du Christ est le geste de cet homme (Ac n,21; 5,12}. Ainsi, en
toute-puissante (Mc 6,2; cf Jrl ' 10,28) ; elle *imposant les mains, les Apôtres peuvent com-
possède tout (Jn 3,35); elle est secourable muniquer l'Esprit de Dieu même (Ac 19,6; cf
(Mt 8,3). 1 Tm 4,14). AR
2. Le bras et la main de l'homme, - Comparé à
celui de Dieu, le « bras de •chair » est impuissant -+ droite - Esprit de Dieu AT II 2 - force I 1 -

(2 Ch 32,8; cf Is 40,12; Pr 30,4). Cependant, chez imposition des mains - puissance.


l'homme aussi, le bras est instrument et symbole BREBIS - Agneau de Dieu - animaux - pasteur
d'action vigoureuse (Ps 18,35). Le geste de la & troupeau.
C
calamité de'Vjent net :. elle est une pièce de ce
grand *jugement qu'êst ·la *Pâ.que. La ·libération
eschatologique que nous vivons est figurée par _la
CACHER~ mystère -·.RévéiS.tion --:-. voir: libération de la première ·-Pâ.que et .du premier
*Exode.
CAIN-+ Abel - frèi-e· AT l -· haine I .a. Envisagée à cette lumière pascale, la cala.mité
se démasq1,1e _:_ le moment où triomphe en. elle la
puissance de· lllbrt du péché sonne Je début de sa
défaite et de la *victoire du Christ. De par l'amour
CALAMJ1Ë de Dieu qui œuvre dans la >l!croix; la calamité
change de sens (Rm 8,31-39: Ap 7,3; 10,7};
La famille humaine se heurte. sans cesse à_ des
malheurs collectifs, elle est toujours. -surprise ·par 2. L'homine devant ·za ealam_ittf. - _'Si ·telle_· est la
leur soudaineté, leur ampleur;. leur déterminisme calami~é, l'attitude, de_l'homme q.oit être un _regard
aveugle. Vécho de cette. souffrance résorine dans ·cie vérité. Il ne doit. pas_ blasphémer (Ap· _1_6,9) ni
toute la Bible : •guerre, famines, *déluge, •orages, se tourner vers quelque iclole qui. l'en dé.livrerait
•feui" •mal.adie, ·•mort, A l'homme qui ne peut:se (2·.R 1'.2_-17; 1s 44 117; 47,13)._ Il doit y ·reconnaître
contenter de donner à. ces phénomènes une expli- un signe du _*_temps ,(Le ri,54ss),_ re:,q>ress}a:n de
cation naturelle,. les apocalypses .en révèlent la SQn: *_esclavage du ·p_éché•.et ,Vani;to~ce d~. ,1a· _•Vi:ite
dimension mystérieuse,· et révèlent ainsi· l'homme t0;ute .p_ioch.e d~ .Sauve1J.~ (Mt 24,33). La_ calar~uté,
à· lui-même. .ariticipatibn du * JOu1:_ de Yahweh, çist u~ .ultima-
tum en vue _d_~ _la *conversion (Ap 9,20s), µn ~pp_el
r. La calatnitl dans le. dessein de Dieu; .....::.. En pro- à_ veiller,- (Mt 24,44)._. M_ais surt_out, elle est le com-
fondeur comme en surface, la calamité est un ·désé- [J].encement de notre libération totale : ~ Lorsque
quilibre. Apparentée au *châtiment, en- ce· sens ce)_:à."coDlriieJl.cera d'airiver, redres~ez-volls etreleyez
qu'elle provient e_n dernier ressort du *péché. de la.tête, car votr~. délivrance est proche l) (Le 2_r,. 28).
l'homme;. elle s'en- distingue :parce qu'elle· atteint Dans 'cette même ligne eschatologique, il _est
la création tout entière et parce qu'.elle manifeste normal que la calamité _accompagn_e. le dévelop~
plus ·claireIIle:i:J.t le· visage .. de *Satan auquel ,le p_çiment'de'!f*Pàrole dans le·mo:O:de (Ap II,1-13),
monde est soumis pour le temps ·.de, l'*.épreuve puisqu'elle traduit à sa manière le dé_veloppeme!lt
(Jb i,12; Mt 24-,22). La calamité est un Œ coup » ~araJlèlè du m.ystèr~- de l'* 1\ntich;rist.. ~~is sur-
(naga', frapper).· -collectif qui .manifeste à .quel tou( el_le doit être vécue par_ le _chrétien. d_ans la
pain~ Je péché ·est à l'œuvre dans }'.histoire h:,umaine · c'ertitude tl~être_aimé {Le 21,8~19) et dans la puis-
(Ap 6; 8,6"'-II,rg). , " '" sà'iic~'.:1ctu ._Çhrist. (2. Co, 12,9). 1/état _d'â.me propre:-
, G.uerie, famine, peste, .-mort,,· l' Apocalypse, ne inènt ·e;Schato~ogique que doit. maintenir ~n _nous
présente pas ces fléaux ·comme une simpl~ compo.- la, Calamité eSt alors l'attente ; elle témoigne en
sante du temps. Car si on remonte, par ses attachE;S ~ffet de,1'.èn~anteID.èllt" çl'un *molldè nouveà1.i' _et du
littéraires, ·vers les.· apocalypses . antérieures, on ~I'.ayail dè r*Esprit 'qµ~ aChemine_ la créati°:n entière
trouv'e un courant qui, ·,des ··derniers livres du '.:Vers. _la .*r~de:mprion tp_tale (Mt 24,6ss; ~ 8 1
judaïsme. (Sg 10-19; Dn 9,·24-27; 12,1), en,.-pas-- 19-23)". . · .JCo
sant par les psaumes·-(Ps 78; rn5) et les-prophètes
(Ez 14; 21; 38; Is 24; Sa r,2s), rejoint.jusqu'aux .:..+ châtiments - · colère B - déluge' - jÙgement AT
fléaux .d'*Égypte ·(Ex 7~-10). Alors le sens. de la 1 -i; Il I - souffrimce - · visite. ,
CALENDRIER CAPTIVITÉ
CALENDRIER -+ Jour du Seigneur NT III 3 - le désigner, à la lettre, comme « le prisonnier du
semaine - temps intr.; AT I; NT II 3.
sabbat -
Christ» (Ep 3,r; 4,r; cf 2 Co rr,23). Pourtant « la
Parole de Dieu ne sera pas enchaînée (2 Tm 2,
J)
CALOMNIE-+ mensonge I - parole humaine 1 -
Satan O. 9; cf Ph r,12ss), et des délivrances merveilleuses
(Ac 5,1:9; 12,7-II; 16,26) illustreront l'impuissance
CANAAN -- cité AT 1 - héritage AT - Josué 1 -
de la prison à retenir captif l'Évangile.
terre AT II. C'est que Dieu se préoccupe des captifs. S'il
demande à ses fidèles de « rompre les chaînes
CANTIQUE ---+ action de grâces - béri.édiction III injustes » (Is 58,6) et si la visite des prisonniers
5 - gloire V - louange. fait partie des *œuvres de miséricorde (Mt 25,
36.40; cf He ro,34; 13,3), lui-même est plein de
sollicitude pour « ses prisonniers li (Ps 6g,34),
même pour ceux qui, avec mépris, avaient bravé
ses ordres (Ps 107,10-16). A son peuple captif
CAPTIVITÉ surtout, il fait une promesse de *liberté (Is 52,2)
qui est comme un avant-goût de l'Évangile (Is
61,1).
J. L'ÉPREUVE DE LA CAPTIVITÉ

Dès le début de son histoire, Israël a fait en If. LA CAPTIVlTÉ SPIRITUELLE DU PÉCHRUR
Égypte l'expérience d'une « captivité originelle »,
quand la terre qui avait accueilli les Patriarches C'est qu'en effet, à travers l'expérience de la
devint pour leurs descendants une (( maison de captivité temporelle, le peuple de Dieu en dis-
servitude » (Ex r3,14; Dt 7,8). En rigueur de cerne une autre, dont la première devient alors
termes, toutefois, les Hébreux étaient les *.esclaves un symbole expressif : la captivité des pécheurs.
de Pharaon, plutôt que des captifs ou des prison- Sur ce plan encore, il y a interférence entre cap-
niers. Par la suite, le peuple de Dieu connut plus tivité et *esclavage. L'affirmation décisive de
d'une fois la déportation, pratique qu'Amos dénonce Jésus : « Tout homme qui commet Je péché est
comme un crime (Am 1,6.9) bien qu'elle fût cou- un esclave n (Jn 8,34) a des préludes dans l'AT :
rante dans l'Ancien Orient. Ce fut le sort des tri- Dieu abandonnait le peuple infidèle à ses ennemis
bus du Nord après la ruine de Samarie (z R 17, (Jg 2,q), iller, livrait au pouvoir de ses crimes))
6.23), puis celui de Juda an début du vie siècle (Is 64,6 LXX); d'après l'enseignement des Sages,
(2 R 24~25). Il s'agissait dans les deux cas de le *péché constitue une sorte d'aliénation : (l Le
*chfitiments qui punissaient les infidélités du méchant est pris à ses propres méfaits, dans les
peuple de Dieu. Dans le langage traditionnel, la liens de son péché il est capturé)) (Pr 5,22; cf 11,6).
captivité de *Babylone, bien que plutôt dépor- Pourtant, la profondeur de la détresse humaine
tation ou *exil, demeura la Captivité par excel- dont Jésus devait annoncer la délivrance (cf Le 4,
lence. 18; cf Is 6r,r), est surtout révélée par les écrits
A côté de ces épreuves collectives, la Bible apostoliques. i< Je suis un être de chair, vendu au
évoque, dans des contextes~ variés, le sort d'indi- pouvoir du péché >), je suis comme un (t captif
vidus captifs ou prisonniers. Pour certains, la sous la loi du péché qui est dans mes membres ~
détention est un juste châtiment (cf Mt 5,25; r8, (Rm 7,14.23) : voilà, selon Paul, la condition de
30), pour d'autres elle est une *épreuve providen- tout homme avant sa *justification. Le péché
tielle (cf Ap 2,ro). Ainsi en est-il pour Joseph (Gn n'est d'ailleurs pas une abstraction : les pécheurs,
39,20ss), que la Sagesse de Dieu « ne délaissa pas en définitive, sont enfermés dans « les filets du
dans ses fers » (Sg 10,14) ; c'est aussi le lot de diable, qui les rend captifs, asservis à sa volonté »
plus d'un prophète (cf r R 22,26ss), celui de Jéré- (2 Tm 2,26).
mie (Jr 20,2; 32,2s; 37,u-2r; 38,6), de Jean-Bap- De cette captivité spirituelle, « les fi.lets du
tiste (Mt 14,3); celui enfin de Jésus qui fut ligoté shéol n et (( les pièges de la mort » (cf Ps 18,6), si
(Jn r8,r2; Mt 27,2) et sans doute jeté en prison. redoutables aux hommes (cf He 2,14s), constituent
Dans l'Église le même sort attend les Apôtres une autre traduction concrète. Aussi l'action libé-
(Ac 5,r8; r2,3ss; 16,23s) ; et Paul, capable d'aller ratrice de Jésus s'est étendue jusque-là : après
volontairement en captivité (Ac 20,22), pourra avoir •goù.té la *mort, ·il est« descendu aux enfers )1,

143 1 44
CAPTIVITÉ CHAIR

afin de proclamer la bonne.nouvelle dU: salut même comme cendre ·par les justes (Ml -3,21). D'ailleurs
« aux esprits· détenus en prison » (1 P 3,,19). le pécheur qui, ~u --li.eu .:de s'endurcir dans son
Enfin, Pa:ul n'hésite pas à.considérer parfois.la orgueil (Si-10,9), prend conscience des~faute,con-
*Loi elle-même comme une sorte. de « geôle », où fesse précisément qu'il n:est que « poussière Eit
• avant l'avènerrient de la .... Foi nous étions·'en:fer- cendre·.» (Gn. 18,27; Si 17,32): et pour signifier
més _D (Ga 3-,23;. c:f .Rm 7,6) : formules. excessives aux autres. et à lui-inême qu'il en est convaincu,
peut-être. mais-qui· aident à,.mieux comprendre la il s'assciit sur la cendre. (Jb 42,6; Jon.J,6; Mt IX,
véritable. *libération que nous procuI'.e-Jésus--Chris1;. -21 ·p) et s'en Couvre la tête (Jdt 4,rr-15; 9;r;
;,' .. ·' Ez 27.'.jo).
Que devieru;ient ceS .pécheurs libérés •par ·le
Christ ? Nouveau paradoxe, ils sont les « captifs » 2 .. Mais ce même symbole de pénitence sert aussi
du Seigneur. -Paul proclame que les· esclaves . du à exprimer la *tristesse pe: l'homme anéanti par le
péché deviennent esclaves de·-la. *justice- (Rm- .6, malheur, sans doute p1u'ce· qu'on- suppose un lien
12-23; l Co 7_,22) ; 1ui-,même se_ considère comme entre le malheur et le péché. Thamar méprisée
enchaîné par· l'Esprit·-(Ac 20,22) ;. il veut .rendre (2 Sm 13,19) se couvre de cendre_; de même les
aussi K toute pensée captive .pour ramener -à Juifs menacés de mort (Est 4,1-4; cf 1 M 3,47;
*obéir au Christ» (2 Co 10,5; cf Rm 1,5) .. En effet, 4,39). L'homme veut ainsi montrer l'état auquel
à la. manière des généraux antjques, Jésus,: dans il a été réduit (Jb 30,19} et va même jusqu'à se
son cortège victorieux ,, .a emi;nené des captifs » nourrir-de cendre (Ps·102iro; Lm 3,16). Mais c'est
(Ep 4,8 = Ps 68,19), mais c'.est pour leur distr~- avant tout quand le frappe un deuil qu'il expé-
buer ses dqns et les associer à sa propre *victoire rimente son. néant, et il l'exprime alors en se cou-
~•~•.•~ M vrant .de poussière ·et de cendre : a Fille de Sion,
revêts le· sac, roule-toi dans la cendre, fais un
->- Babel/Babylone 4 - épreuve/tentatfon AT I J. - deuil D (Jr 6,26).
eséI~ve - exil - Exode AT - libération/liberté·_
péché - Rédemi:,tiori. , •. • ·
Se couvrir de cendre, C'est donè réaliser une sorte
CARMEL· (mont)--+' Élie -AT 2 - moritegne 1I 1. de •confession publique mimée (cf la liturgie du
Mercredi des cendres) : par le langage de cette
CATtèHtSE-+ dü1cipie -,, enseigfleÎ- ÀT I; NT matière sans vie qui retourne en.poussière, l'homme
II - prêcher I ·4 - · tr_aditioµ, se reconnait pécheur et . fragile,. prévenant par là
CÉLIBAT~ charisme; 2 - femine ·NT z"·--'- mariage le jugement de Dieu. ·et attirant sa miséricorde.
NT II - stérilité - sexualité I 2 - virginité. A celui qui avoue ainsi son néant,. Sél fait entendre
là -promesse du Messie 'qui vient, triompher du
péché et de .la- mort, o: consoler. les affligés et leur
donner, au.lieu' de.cendre,_un diadèllle » (Is ~~.2s).
GB
CENDRE
, ..:+. .P~~é··üi 3 - p~tence/conversion·'AT I 2.

CÈNE ~ Alliance NT 'I .;__ eucharistie - PâqUe Il -


Lê!. cend_re,. :dont la sigi;:1,ification _origineUe est repas III.
fort discutée, bien que son usage soit répatj.du dans
la plupart de~ religions antiques,-est souvent asso- è:t.SAR ~- Antichrist NT 3 ·..;;_ autorité NT:1 2, II
ciée à 1~ pciussière. (le8 Septan~e traduisent plus 3 - Bah~I/Babylone 6 - nombres Il' 2 - roi NT l.
d'une fqis « poussi_ère » par (( ·cendre !)) et symbo-
lise. à la fois le p~hé_ et: la fragilité de fhomme.

I. Le ~~œur. du ~pé~heu1', d'abord, est.se~blable à CHAIR


la cendre_: Is~ïe app~lle -l'idolâtre un « amateur
de .cendres » (Is ,44,20), et le Sage. dit de. lui,: '<'

« ·Cendres,._ que sOn' cœur I Pl:us misérable. que la


poussière, sa vie i' >• (Sg 15;10).,· c•est pourquoi le
'.t4 ~ondit~~- ch~i;i.eÎle de 1'·4C1Illme semble- anx
~ux de certains une infériorité,· et même un mal.
salaire· du péché ne_ peut êtr~ tj_.ue" cendre :. les Cette pensée ne relève que très indirectement de
orgueilleux_ ~e verront « réduits en. cen(lre sur la If!. Bible. Celle-ci en effet ne considère j a ~ la
terre~ (Ez 28,18).,-et les méchants seront.,p~étinés chair comme iritrlnsèquement mauvaise; son ju~e-

r45 q6
CHAIR CHAIR

ment s'éclaire non à quelque spéculation philoso- Jn 17,2). Il peut encore indiquer· par elle le fond
phique ·sur la nature humaine, mais à la lumière de la personne ; ainsi Adam voit dans la *femme
de la révélation : la chair a été. ·créée par Dieu, que Dieu lui amène ·un autre lui-même ; mais il
la chair a été assumée par le Fils de Dieu, la chair ne dit pas qu'elle a comme lui une -âme, il s'écrie :
est transfigurée par l'Esprit dè Di8u, et c'est c Celle-ci est l'os de mes os et la chair de ma chair•
pourquoi le chrétien peut dire : 11 Je· crois à 1a.:, (Gn 2,23: cf Si 36,24).'Ces derniers mots expriment
•résurrection de la chair "· Des premières allX'' la conscience d'une .communion profonde, qui
dernières pages· inspirées, la chair (basa1') désigne pourra s'étendre à toute parenté (Gn 29,14; 37,
la condition de créature ; mais avec Paul ee $èÏl.s 27; Rm 9,3), et phis spécialement à l'être nouveau,
n'est plus unique : la chair peut atlsài désigiier la « chair unique » que deviennent les époux. (Gn
non une nature mauvaise certes, mais la candi-· 2,24 = Mt 19,5 p; 1 Co 6,16; Ep 5,31). On com-
tian pécheresse de l'homme ; il s'ensuit qu'au prend dès lors que le même terme puisse signi-
bout de cette évolution, ce terme -(gi::. sat'x) cache fier la personne elle-même, le « moi n (Qo 4,5;
une ambiguïté qu'il importe ·de déceler. 5,s; 2 Co 7,5) et jusqu'à ses activités d'ordre psy-
chologique, avec· une nuance corporelle cèrtes,
mais· nullement .. péjorative : la chair souffre {Jb
I. LA CRÉATURE EN FACE DE Drnu 14,22), a peur {Ps u9,120), languit de désir ·(Ps
63,2) ou crie de joie (Ps 84,3) : elle vit de l'ensei-
Pour le NT comme pour l'AT, l'*homme n'est gnement des sages, (Pr 4,22) ; elle est même douée
pas compriS comme étant composé de deux -élé- de volonté qn 1,r3).
ments distincts : une « matière » (la chaii" ou· le
corps) et Une « forme » (le corps ou· l'âme), qui 3. La condiÛo_n terrestre. - Désigner l'homme con-
l'anime ; l'homme est saisi dans l'unité de son cret par sa chair, c'est enfin manifester 0011 ori-
être personnel. Dire qu'il est chair, c'est. le carac- gine terrestre. La nuance s'impose quand 1~ terme
tériser par son aspect extérieur, corporel, terrestre, est employé en contraste à.vec le mon4e céleste
par ce qui lui-permet de s'exprimer à tr_avers cette de Dieu et de l'esprit.
chair qui est son corps, caractérisant la personne a) La créature. - }iormis •Dieu, tout est chair,
humaine en sa condition terrestre. même l'ange (Ez 10,12) ; pas plus que de nom-
breux Pères de l'Église,· Jude (7) ne trouve de
r. Dignité de· la chair. - Façonnée par Dieu difficulté dans cette affirmation : il se contente
comnie par un tisserand (Jb 10,u; Ps ·139,13ss} de préciser que la chair angélique est différente
ou un potier (Gn 2,7; Jr r,5; · Jb 10,8s), la chair de la nôtre. Dès lors, rien d'offensant non plus à
est digne, à ce titre, de notre admiration (Qo II, qualifier (t selon la chair » les patriarches (Rm 9,
5; 2 M 7,22s}; CJ.u'elle soit un élément de notre 5), notre père Abraham (Rm 4,1) ou les maîtres
être corporel - chair et sang (Si .14, 18; Mt 16, temporels (Col 3,22 = Ep 6,5). De même, vivre
(t dans l,a chair >) (2 Co 10,3; •Ga 2,20; Ph 1,22ss;
17), os et chair (Gn 2,23; Le 24,39), cœur et chair
(Ps 84,3; 73,26) - ou qu'elle désigne l'ensemble 1 P 4,1s), c'est simplement vivre ici-bas, c'est être
du •corps, par exemple quand il est ·malade (Ps visible (Col 2,1), concrètement présent (Col 2,5).
38,4; Ga 4,14), souffrant (2 Co 12,7), livré aux Pour désigner 1~ jours de la vie terrestre de Jésus
tribulations (I Co 7,28), on ne discerne jamais (1 Jn 4,2; He 5,7), on dit qu'il prit chair et sang
quelque trace de mépris à. son égard; au contraire, (He 2,t4). '
on .ne peut la haïr (Ep 3,:i8s) .. Ainsi Ézéchiel en b) -Finitude et· impuissance. - Ordinairement,
fait-il l'éloge définitif quand il annonce que Dieu qui dit chair dit fragilité de créature. « Toute
donnera à Israël, en place de son *cœur durci, chair est comme l'herbe; .. r. tais la parole de Dieu
pétrifié, « un cœur de chair ~ (Ez 36,26), docile demeure à jamais » (Is 40,6s). La ·chair- ·est à
et accueillant. l'"esprit ce que le terrestre est au céleste ; ainsi
Jésus-Christ, « issu de la: lignée de David selon
2. La personne corpOt'elle. - Dignité encore plus la chair, a été établi Fils de Dieu avec puisS:ance
radicale, la chair peut aussi désigner l'homme en selèn l'Esprît de sainteté ii (Rm 1,3s; cf 1 Tm· 3,
sa totalité concrète. Le sémite, comme il le fait 16). Créature, l'homme · est impuissant par lui-
avec le terme •âme, parle objectivement de « toute même à entrer dans le _Royaume de Dieu:.: « Ce
chair " pour désigner la création animée tout CJ.ui est né de la chair est chair, ce qui est né· de
entière -(Gn 6,17; Ps 136,25; Si 40,8), l'humanité l'esprit est esprit » (Jn 3,6;-· cf r Co r"5,50). o: Chair
(Is 40,5s = Le 3,6; Jl 3,1 = Ac 2,17; Mc 13,20; et Sang », · l'homtlle ne peut pas davantage con-
CHAIR CHAIR

naître par lui-même les réalités divines (Mt 16, tard, à la suite de la controverse épicurienne, Ia
17; cf Ga I,16; Ep 6,12), et s'il prétend les juger chaîr devient le lieu même de la sensualité, s'iden-
par sa raison il se montre un « sage selon la chair » tifiant aveç la *sexualité, considérée comme mau-
(1 Co 1,26). En toute vérité, (1 c'est l'esprit qui vaise et dégradante pour l'esprit. La gnose licen-
vivifie, la chair ne sert de rien » (Jn 6,63), par cieuse que combat Jude présente probablement
exemple pour reconnaître derrière le rite eucharis- quelque ressemblance avec ces théories épicu-
tique la personne du Sauveur. riennes (Jude 4.7 ... ) : la chair, mauvaise par
Telle est la condition terrestre que le *Fils de nature, doit être vaincue.- Si de leur côté les écri-
Dieu a voulu prendre ; selon le mot de Jean, vains du judaisme tardif et du NT prônent sem-
11: le Verbe devint chaîr o (Jn r,14). homme véri- blable lutte, c'est dans une tout autre perspective:
table de ce monde-ci, avec ses limites ; mais aussi la chair - cette condition de créature, en laquelle
homme en qui_ le croyant reconnaît le Sauveur et l'homme a mis sa confiance - finit par caracté-
le Fils de Dieu (1 Jn 4,2; 2 Jn 7), et dont il accepte riser un monde où iègne l'esprit du mal.
de manger la chair et le sang en vue de la vie éter-
nelle (Jn 6,53-58). 1. La confiance pécheresse en la chair. - Isaïe pro-
clame que Dieu doit être notre seul appui : " Les
4. Le monde de la chair. - Ainsi, par sa chair qui chevaux de !'Égyptien sont chair et non esprit n
n'est que« poussière» (Gn 3,19; Qo 12,7), l'homme (Is 31,3) ; Jérémie oppose les deux types de *con-
appartient au monde terrestre ; par le souffle que fiance : « Malheur à l'homme qui se confie en
Dieu lui prête, il est en relation avec le ntonde l'homme, qui fait de la chair son appui et dont
céleste. Cette double appartenance a conduit les le cœur s'écarte de Yahweh n (Jr r7,5ss). Et Paul,
écrivains juifs à distinguer le monde des esprits à leur suite : « Qu'aucune chair ne se glorifie
et celui de la chair ; ainsi sous la plume du traduc- devant Dieu·» (1 Co 1,29) ; face aux Juifs qui
teur grec de la Bible : « Le Dieu des esprits qui tirent leur *fierté du privilège de la circoncision
animent toute chair » devient ~ le Dieu des esprits (Rm 2,25-29; Ga 6,12ss), Paul ne veut tirer sa.
et de toute chair» (Nb 16,22; 27,16), comme He *gloire que du Christ (Ph 3,3s). Aussi, bien qu'il
12,9 opposera « le Père des esprits w aux « pères vive dans la chair, il ne se conduit plus selon la
selon la chair 1,. Ce dualisme cosmique cependant chair (2 Co 10,2s), afin de ne pas se glorifier en
ne doit pas être confondu avec un dualisme anthro- elle (2 Co u,r8); à cette condition, on ne mérite
pologique selon lequel l'homme unit.en lui les deux pas l'épithète de charnel {1 Co 3,1.3; 2 Co 1,12),
mondes de l'esprit et de la chair comme deux ni dans sa volonté (2 Co 1,17), ni dans sa con-
substances composantes. Il convient d'interpréter naissance du Christ (2 Co 5,16). Car on peut juger
correctement deux textes qui semblent fairè excep- le Christ selon la chair, comme Jésus l'a reproché
tion. En Rm 7,25, la raison qu'évoque Paul n'est aux Juifs (Jn 8,15) : n'ayant que des yeux <le
pas comme chez les Grecs une faculté maîtresse chair (Jb 10,4), ils jugent selon l'apparence (Jn
d'elle-même, mais une spectatrice impuissante face 7,24), transformant leur condition fragile de créa-
au désordre du péché incrusté dans la chair. En ture en condition pécheresse. Aussi Jean finira-t-il
Mt 26,41 p, l'esprit « magnanime i, n'est pas une par qualifier le *monde de pécheur et par dénoncer
partie de l'homme mais un don fait à Dieu (cf la convoitise (cf *cupidité) de la chair (r Jn 2,16).
Ps 51,14). Nulle part la chair n'est un des élé- Ce n'est pas là accuser la chair comme telle, mais
ments du II composé 1, que serait l'homme. Le dua- la volonté ·de l'homme qui l'a rendue pécheresse.
lisme anthropologique ne sera adopté dans le · On peut distinguer deux cc esprits », du mal et du
monde juif que vers le ne/me siècle, avec le rab- *bien, chacun ayant un monde sous sa domination
binisme naissant. et ·se disp1;1tant le cœur de l'homme (ainsi à Qum-
rân)-:; on n'affirme pas pour autant un dualisme
·D.aturel, comme si cette lutte devait durer à jamais,
II. LE PÉCHEUR DEVANT Drnu l'esprit du bieri ne pouvant pas triompher du mal.

Il existe cependant un dualisme d'un autre 2. La chair pécheYesse et l'Esprit de saintetl. -


ordre, le dualisme moral, qui toutefois doit être Cette lutte et cette victoire ont été systématisées
soigneusement distingué selon le milieu d'où i1 par Paul à l'aide du couple chair/esprit. Une telle
dérive. Chez certains Grecs, le ·corps est une pri- opposition entre chair et esprit correspond seule-
son pour l'âme, d'où il faut chercher à s'évader ment en apparence à celle que mettent les Grecs
comme d'une mauvaise situation naturelle. Plus entre A.me et corps, entre pureté et impureté. En

r49
CHAIR CHARISMES

fait, elle s'inspire direètement de l'opposition sémi- venu dans une chair de condition pécheresse, il a
tique entre terrestre et céleste, mais elle est trans- condamné le péché dans la chair même (Rm 8,3).
formée par une double expérience : celle de l'*Es- Désormais le chrétien a, dans le Christ, crucifié
prit-Saint qui est donné aux chrétiens et celle du la chair (Ga 5,24) ; la lutte qu'il mène (6,8} n'a
péché auquel la chair nous a entraînés. · pas une issue fatale, mais est une •victoire assu-
a) La lutte enfre chait- et esprit. - La découve~ rée, dans la mesure où, retrouvant sa condition
de l'antithèse littéraire qui car.~ctérise ce combat authentique de créature, le croyant se confie non
se fait en deux étapes que marquent leey épîtres dans la chair, dans sa faiblesse, mais dans la
aux Galates et aux Romains. ., •force de la mort du Sauveur, source de l'Esprit
Les croyants sont fils d'Abraham })âr·Sara selon de vie. XLD
l'esprit et non par Agar selon la chair, déclare
Paul (Ga 4,21-31). L'AT et le NT se distinguent -+- ilme - corps I - Corps du Christ I 1 - cupidité
comme deux périodes contrastées de l'histoire du NT 1 - désir II, III- esprit AT 3 - homme - mort-
salut, que caractérisent la *Loi et la *Foi. De là. Parole de Dieu NT III - péché - pierre 2 - Résur•
rection - sang O - sexualité III 2.
vient la distinction de deux mondes auxquels par-
ticipe le croyant : la chair apparaît comme le CHANT~ action de grâces - bénédiction III s-
résidu du péché que la Loi a fait multiplier, l'es- joie - louange II, III - prière V I.
prit comme la personnification de tout ce qui
était bon dans le projet de la Loi et qui.fut accom- CHAOS -+- création AT II 2.3 - désert O - mer
pli par le don de !'Esprit. Entre ces deux puis- 1 -- vêtement I.
sances, l'antagonisme est irréductible au cœur du
chrétien (Ga 5,17) : il peut vivre selon la chair,
il doit vivre selon l'esprit, d'où le risque continuel
de pervertir une situation pourtant établie par CHARISMES
!'Esprit-Saint.
Dans les chapitres 7 et 8 de l'ép. aux Romains,
Paul montre comment les deux sources de la mort Le mot charisme · est le décalque français du
et de la vie sont à l'œuvre. Ces deux puissances grec charisma qui signifie II don gratuit » et se
qui habitent l'homme successivement (Rm 7,17- rattache à la même racine que charis, « gràce ».
20; 8,gss), déterminent chez le croyant, qui pour- Dans le NT, le mot n'a pas toujours un sens
tant a éliminé le Péché par le Christ, une double technique. Il peut désigner tous les dons de Dieu,
manière de vivre (8,4-17). La. possibilité de vivre qui sont irrévocables (Rm. u,29), notamment
selon la chair est la trace en nous du Péché, et ce « don de grâce » qui nous vient par le Christ
cela par l'intermédiaire de la chair, jadis habitée (Rm 5,15s) et qui s'épanouit en vie éternelle
par le Péché. (Rm 6,23). Dans le Christ, en effet, Dieu nous a
h) La domination de la chaif'. - Prise pour « comblés de grâce » (Ep r,6 : charitoiJ) et il nous
norme de l'existence, la chair dicte à l'homme sa oc accordera toute espèce de don » (Rm 8:32 :
conduite. Elle acquiert une réelle autonomie, héri- charizd). Mais le premier de ses dons, c'est l'Es-
tant de la puissance du •Péché; avec ses préroga~ prit-Saint lui-même, qui est répandu dans nos
tives, ses désirs; elle réduit en son esclavage ceux cœurs et y met la charité (Rm. 5,s; cf 8, 15).
qui obéissent à la « loi flu péché ll (Rm 7,25). L'usage'technique du mot charisma s'entend essen-
Avec insolence (Col 2,23"), elle manifeste alors ses tiellement dans la perspective de cette présence
•désirs (Rm 8,5ss), ses convoitises (Rm 13,14; Ga de !'Esprit, qui se manifeste par toutes sortes de
3,3; 5,13.16s), elle produit des •œuvres mauvaises « dons gratuits » (1 Co 12,1-4). L'usage de ces
(Ga 5,19). Telle est l'existence selon la chair (Rm dons pose des problèmes qui sont examinés sur-
7,5), au point que l'entendement lui-même devient tout dans les épîtres pauliniennes.
charnel (Col 2,18; cf I Co 3,3) ; de même le corps,
de soi neutre : commandé par la chair, il s'appelle
11 le corps de la chair » (Col 2,xr), il s'identifte au
11 corps de péché » (Rm 6,6), il est véritablement
f. L'EXPÉRIENCE DES DONS DE L'ESPRIT
façonné par la oc chair de péché , (Rm 8,3).
c) Le triomphe du Christ. - Mais le Péché a Dès l' AT, la présence de !'•Esprit de Dieu se
été vaincu par le Christ qui, prenant ce « corps manifestait, chez les hommes qu'il inspirait, par
de chair» (Col 1,22}, a été fait péché (2 Co 5,21); des *dons extraordinaires allant de la clairvoyance

151 152
CHARISMES CHARISMES

prophétique (1 R: 22,28) aux .. ravissemen.ts (Ez 3,


12). et aux enlèveme;nts :mystérieux, (1. R. 18,12).
Dans u~ ordre plus général, Isa;e rattachait aussi :-. JI. LES CH~IS~ES DANS· L'ÉGJ-i~E
à l'Esprit les c}ons promis au Messie (Is n,2), et
Ézéclµel, le. ~angement des cœurs humains (Ez Le problème· est posé dan,s la .commuµauté de
36;26s), tandis ,que Joël. annon.çai.t. l'universalité Corinthe par }'.importance excessive attachée au
de son. effusion· sur. les .hom:ffi.es (JI 3,xs) .. Il faut « parler.~ *langues » (I .Co 1.2-14)., Cet enthou-
avoir à la pensée ce5: *promesses eschatologiques siasme religieux, qui se traduit par des discours
pour. i;x>mprendre !'.expérience des dons .de !'Es- 'li en diverses langues , (cf _.Ac 2,4), n'est. pas
prit dans l'Église_ primitive :. car elle en est l'ac- dépourvu _d'.ambiguïté. L'*ivresse causée par l'Es-
complissement. prit .risque d'être confondue- par les .spectateurs
ave.c)'ivresse du vin (Ac 2,13),,-voire ayec l'extra-
vagance de la folie (Î Co 14,23). Se:mblable. en
1. Dans les Actes des. Ap6tres, !'Esprit se mani•
apparence .aux transports enthousiastes que pra-
feste dès le jour de la *Pentecôte, quand les Apôtres
publient · dans toutes les *langues les merveilles tiqu_ent les.. païens dans i:ertains cultes. orgias-
tiques, elle risque même d'entraîner, à. des i~con:-
de Dieu (Ac 2,4.8-II), ·conformément aux Écri-
tures (2,15-2t). C'est le signe-què·Je Christ, exalté séquences les fidèles qui n':), dis~gueraiel,lt .pas
l'emprise de !!Esprit divin de ses contrefaçons
par la droite ~e Dieu, .a reçu du Père l'Esprit
et qui les -eX!i,lte_raient au point de favoriser le
promis et l'a-répandu sur lEis hommes (Ac 2,33).
Par la suite, la présence de l'Esprit se .montre de •schisme .(1 Co 12). Mais en réglant cette questiQn
pratique, I;>aul _élève le débat et . propose_ une
différentes façons : par la répétition des signes de
la Pentecôte {Ac 4,-31; r-o,44ss), notamment après doctrine très générale.
le baptêniei et·. l'impOsition des ·mains (Ac 8,17S;
19,6) ; ·par l'action· des *prophètes. (n,27s; 15,32; 1 .. Uni~é fi dive-rsité des charis_mes. -. Les. d,ons de
21,10s), des docteurs (.13,1s), des annonciateurs de !'Esprit sont .des plus divers, comme. sont divers
les "ministères dans l'Église et les opérations des
l'Évângile (6,Sss) ;. pa.r· les *miracles (6,8; 8;i;'ss)
~~m,mes .. C.e qui fait leur *unité profonde, c'est
et les visions (7,55). Ces charismes particuliers
q~'.ils viennent de l'unique Esprit, _ç:om~e les
sont.ar,oordés en'premier lieu -aux·AJ)ôtres, mais
on les rencontre aussi chez les gens de leur entou- ministères viennent de l'unique·"Seigneur, .et les
rage; parfois en·.liàison-avec l'exercice de certaines opérations, de !'.unique "'_Dieu ( I . Co 12,4ss). Les
hc,mmes sont, chacun suivan,t son chariS:\Ile, les
fonct_ioilS offiçielles ·. (Étiënne, Phi_lipl)e, Barnabé), administrateurs d'une _*grâce. divine . u_niquç et
toujours destinés au bien de -la, communauté qui
crott SOus l'irifiuence- de l'Esprit-Saint: _multiforme. (I P-_.4,rok.La . co:i;npa:r:~ison du .corps
humain pennet _d'e,ntendre,plus aisément 1a .~é-
rence de tous les dons divins à la -mêm~ fin : ils
2. Dans. les égliùs pa:.Uliniennes! ies ·mêm·es d_?ns sont donnés en vue du bien commun (1 Co 12,7) ;
de· !'Esprit ·apl)artie:O.nent à l'expérience courant'e. ils, concouren1: ensemble à l'ut.ilit.é. de l.'*Église,
Là_ prédication de l'Apôtre s'acconijlagne d'Es- :*Corps du: Christ, de même que to:us les _membres
prit et.·d'œuvies de •puissance, c'est-à-dire de concourent a.u bien du corps humain, chacun sui-
miracles' (I Th 1,5; I Co 2,4) ; il parle lui.:inêine en vant son .rôle (12,12-27). La· disfribution des .dons
langues (r Co 14,18) et il a des visions (2 Co 12, est à la 1o~s_ 1-'aff!W'e de l'Espritc.(12,11) et. l'affaire,
1-4)., Les- communautés reconnaiSsent que l'Es- du Christ ·qui donne C01;Jlme .il l'~tend .la_ gràqe
prit leur est donné aux merveilles qu'il-accomplit divine (Ep 4;7~10) .. _Mais dans l'.usage_de ~ _d()ns,
dans leur sein (Ga' 3,2~5), aux -dons _les plus'. divers ·cf:1~1,-ùn do~t,,,.songer avant toùt.a-q, bien.·commuD..
qu'il leur accorde (i Co 1,7). Dès le ·début. de son ..\!. ·:·,,~:. .
apostOià.t, Paul tient ces doris de l'Esprit ên haute 2tciJ;sijiGaÛ~ :fùs c~a,~mes. -·Paul ne's1est pa,s
estime; il se soucie seulement de discerner céux s.oucié.de _nous dOnner une classificati_oi).,i'aisonnée
qui sont authentiques : n ~•éteignez pas l'Esprit, ~'es charisfiles, ?ie!!- qu'il le,s énumè~ .à, plusi_eurs
ne dépréciez pas les prophéties, •mais vérifiez tout·: t~p_rise5:· _(1 Co, r~ 8ss.28ss; Rm, 12,fu.s;_ Ep 4,n;
re"tenez ce qui ·est bon et ·_·garde'l:-vous de -toute
1

·_qf I ]?.. 4,n)._.Mais il est poSsible.'de.:reçonnattre .les


espèCEl de mal'i• (x Th 5:,19.:.2:2). C~s _conseils>vont divers domaines,.cfapplication où les don~.d~ l'.Es-
prendre plus de d~veloppement quand Paul se p!it. trouvent _place .. Eµ. premi~r lieu,. certains ch_~
sera heurté au problème pastoral posé par les cha- rismes sont relatifs .au-x fonctionr:i .du. ministère
rismes. (cf ;E]?. ·4,Î:2) : ceux des .. •_apôtrès, des.*prÔph,è~es,

153 154
CHARISMES CHASTETÉ

des docteurs, des évangélistes, des pasteurs (x Co quelles peuvent aspirer tous les fidèles doivent
12,28; Ep 4,II). D'autres concernent les diverses elles-mêmes être appréciées, non d'après leur carac-
activités utiles à la communauté : service, ensei- tère spectaculaire, mais d'après leur utilité effec-
gnement, exhortation, œuvres de miséricorde (R'm tive. Tous doivent rechercher d'abord la charité,
12,7s}, parole de sagesse ou de science, foi émi- puis les autres *dons spirituels. Parmi ceux-ci, la
nente, don de guérir ou d'opérer des miracles, •prophétie vient en premier lieu {1 Co 14,1). Paul
parler en langues, discernement des esprits {r Co s'attarde longuement à montrer sa supériorité sur
12,Sssl. .. le parler en langues; car, tant que l'enthousiasme
Ces opérations charismatiques, qui,manifestent religieux se manifeste de façon inintelligible, la
la présence agissante de l'Esprit, ne constituent communauté n'en est pas *édifiée, et cette édifi-
évidemment pas des fonctions ecclésiastiques par- cation de tous reste l'essentiel {1 Co 14,2-25;
ticulières, et l'on peut les rencontrer chez les titu- cf 1 P 4,ros). Même les charismes authentiques
laires d'autres fonctions ainsi Paul, l'Apôtre, doivent rester soumis à des règles pratiques, pour
parle en langues et opère des miracles. La *pro- que règne le bon ordre dans les assemblées reli-
phétie est tantôt mentionnée comme une activité gieuses (1 Co 14,33). Aussi Paul donnc-t-il à la
ouverte à tous (1 Co q,29ss.39), tantôt présentée communauté de Corinthe des consignes à observer
comme une fonction (r Co 12,28; Ep 4,II). Les strictement (1 Co 14,26-38).
•vocations particulières des chrétiens sont égale-
ment fondées sur des charismes l'un est appelé 4. Les charismes et l'autorité ecclésiastique. - Cette
au célibat, l'autre reçoit un autre don (1 Co 7,7). intervention de l' Apôtre dans un domaine ol1 se
Enfin, la pratique de la charité, cette première manifeste l'activité de !'Esprit montre qu'en tout
vertu chrétienne, est elle-même un don de l'Es-- état de cause les charismes restent soumis à l'au-
prit-Saint (12,31-14,1). On le voit, les cha- torité ecclésiastique (cf I Jn 4,6). Tant que les
rismes ne sont point chose exceptionnelle, même si *Apôtres sont vivants, leur pouvoir en cette
certains d'entre eux sont des dons hors série, matière vient de cc que l'apostolat est le pre-
comme le pouvoir de faire des miracles. Toute la mier des charismes. Mais après eux, leurs délégués
vie des chrétiens et tout le fonctionnement des participent aussi à la même •autorité, comme le
institutions <l'Église en dépendent entièrement. montrent les consignes recueillies dans les épîtres
C'est par là que l'Esprit de Dieu gouverne le peuple pastorales (notamment I Tm 1,18-4,16). C'e~t
nouveau sur lequel il a été répandu en abondance, que ces délégués ont eux-mêmes reçu un don
donnant aux uns pouvoir et grâce pour accomplir particulier de l'Esprit par l'•imposition des mains
leurs fonctions, aux autres pouvoir et grâce pour (1 Tm 4,14; z Tm 1,6). S'ils ne peuvent posséder
répondre à leur vocation propre et pour être le charisme des Apôtres, ils n'en ont pas moins
utiles à la communauté, afin que s'édifie le Corps un charisme de gouvernement, qui leur donne le
du Christ (Ep 4,1:2). droit de prescrire et d'enseigner (-r Tm 4,II) et
que nul ne doit mépriser (1 Tm 4,12). Dans
3. Règles d'usage. - S'il est nécessaire de ne pas l'Église, tout reste ainsi soumis à une hiérarchie
« éteindre l'Esprit li, il faut néanmoins vérifier de gouvernement qui est elle-même d'ordre cha-
l'authenticité des charismes (r Th 5,r9s) et rismatique. AG & PG
« éprouver les *esprits » (1 Jn 4,1). Ce discerne-
ment, qui est luiMmême un fruit de la grâce (1 Co
---+ Apôtres -Église IV 1.2, VI - enseigner NT li
12,IO), est essentiel. Paul et Jean posent sur ce
3 - Esprit de Dieu NT V 2 - exhorter O - grâce
point une première règle qui donne un critère IV - langue 2 - maladie/guérison NT Il 1 - minis-
absolu : les vrais dons de l'Esprit se reconnaissent tère - miracle III J b - Pentecôte II 1 - prophète
à ce que l'on confesse que Jésus est le Seigneur AT I; NT II 3 - schisme NT 1 - signe NT II 2 -
(1 Co rz,3), que • Jésus-Christ, venu dans la chair, virginité NT 3,
est de Dieu {x Jn 4,rss). Cette règle permet d'éli-
miner tout faux prophète, qu'animerait l'esprit de CHAR[TJ!---+ amour - aumône - charismes II 2.3 -
l'•Antichrlst {r Jn 4,3; cf 1 Co 12,3). En outre, communion - conscience 2 - don - faim &' soif
l'usage des charismes doit se subordonner au bien AT 2 ; NT 3 - humilité III - œuvres NT Il 2 -
commun ; aussi doit-il en respecter la hiérarchie. prière IV 4 - unité - veuves 3.
Les fonctions ecc,lésiastiques se classent suivant un
ordre d'importance, en tête duquel viennent les CHASTETÉ ---+ femme NT 2 - mariage NT II
apôtres (I Co 12,28; Ep 4,n). Les activités auxM sexualité - stérilité III - virginité - veuves 3.

155
CHÂTIMENTS CHÂTIMENTS

L'issue du châtiment est double,· selon l'ouver-


ture· du •cœur : cer-1:a.ms Châtiments sont , clos »
et condamnent ~ *Satan· (Ap· 20,10), .•Babel (Ap
CHÂTIMENTS :18), Ananie et Saphire. (Ac 5,7-11) - , 1e.s autres
sont ·• ouverts » ,et appellent à la .•conversion
(I Co 5,5; 2. Co 2;6). A,.insi le châtiment est un bar-
:ç.e. royaume de Di~~- est ,sous le signe de la •rage opposé au pkhé : pour les uns, c'est l'impasse
béatitude, et voici que la. Bible. ·parle .de• châti- . de.•la condamnation; pour les-_ autres, c'est. l'invi-
ments divins ; le dessein de Dieu_ vise à •récon- tation à «revenir» à Dieu {Os ·2,Bs; Le 15,14-20).
cilier .toUte créature ·:avec Dieu, ::et voici l'enfer Mais même alors .il demeure·· condamnation. du
qui en sép~e définitivement.. Se:andale intolérable, passé et anticipation de ·la condamnation dé.ftni-
dès que se perd le sens théologal des trois réalités tive, si le· cœur ne rev:ient .pas. à son Dieu.-
sous-jacentes au châtiment : le •péché, la *colère, Ce n 1est donc pas ~le châtiment qui sépare de
le ~jugement.' Mais -grâce ·à lui,. le croyant adore Dieu, mais le péché dont il est -la ·•rétribution.
le m·ystère· de l'amour di:vin. qui, par sa patience Il marque avec· force que le péché·est incompa-
et s11, .miséricorde,- obtient d1]. 1 pécheur la *conver- tible avec la -•sainteté_ divine (He 10,29s)· .. Si donc
sion. le· Christ a connu le -châtiment; . ce n'est ·pas. en
. •Calamités, •déluge, "dispersion, *e:nnemis, raison de péchés qu'il aurait commis, ·mais à ·cause
•enfèr, *guerre, •mort,,, •souffrance, tous ces :des péchés des 'hommes qu'il porte· et _emporte
châtiments révèlent à l'homme trois choses .: une (r• P 2,24; 3,18; Is. 53,4).
situation, .cellè de_.péc~ur; une logique, cèlle qui
conduit- du. péché. a,.1,1 châtiment; un visage per- 3. Le chrf.timent, "révélation de Dieu. ....:.... . De par Sa
son.p.el, celui ~u Dieu- qui juge;. et qui. ·sauve. logique ïnteme, le Châtiment révèle· Dieu·: il est
comme la théophanie appropriée·. au pécheur. Qui
1. i/-~hdti~~t.· ~ig~.'-du Péckl.. - A travers le n'accueille· pas la *grâce de la *visite divine, se
châtiment qu'elle subit douloureti:.;ement, la volonté heurte à la.-·sainte'.té ·et rencontre.Dieu mênie. (Le
de,la créature pécheresse saisit qu'elle. est séparée :19;41~44). C'est. ce ·_que _r,e.dit sans, cesse· le pro-
de Dieu. L'ensemble .de la création en fait ,l'expé- phète : (< Alors vous saurez que jé 'st1is, Yahweh »
rience. Le serpent, séducteur et homicide (Gn _3, (Ez 11,10;_:15,7}; Parce 9.ue le ~âtiment·est révéw
14s; ]Jl 8,44; Ap. 12,9s) ; l'homme, découvrant que, lation, c'ést le. Vèrbe qui l'exéCute. (Sg :18,14ss;
• par un seul homme, le .*Péché est·,entré_ dans le Ap I9,n-r6),_ et c'.est-·face au crùcifié-qU'il.'prend
monde et, par le péché, la mol1: »,· la souffratice, ses vraies· dimensions (Jn .S,28). · _
le· •travail. pénible {Rm 5,rz;, Gn -3,:16-i:9) ;. les Ainsi ordonné ·à fa reconnaissance de Yahweh
villes châtiées , pou;r leur *incrédulité : , Babel, et de Jésus,· le., châtiment est. d'autant plus ·ter-
Sod,ome, Capharnaüm,· •Jérusalem, ... Ninive;, les rible' que -celui q'u''il atteint est plùs proche· de
ennemis du· peuple_. de .Dieu : Pharaon, l'-Égypte, Dieu (Lv '10,1ss;_ · Ap 3,:i:9). La même *présence,
les_ •nations; ni.~me si_ -Dieu· s'.en sert poùr châtier douce all cœur pur, devient. douloureuse: ·à !'en-
son peuple (Iir 10,5).; ·1e peuple de .Dieu .lui-même, durci, bien que toute ·•souffr8.nce ne soit pas châ-
en .qui doit ap_i>araître le mieux la finalité positive timent.
du 'châtiment, {Ba 2,6-:10.27:-35) .; la· *Bête .et les Plus encore, le-châ.timent-révèle les'profondeurs
adorateurs de son image (Ap 14,9ss;· 19,20)';. la du cœur de Hieu : sa jalousie, dès qu'on est entré
*création matérielle enfin, assujettie à la_ vanité dans son •alliance (Ex 2p,5; 34,7), sa •colère (Is 9,
à la suite d:u.·pécl;té d'Ad.am '(Rm 8,20). uss), sa •vengeance vis-à-vis de ses *ennemis
· (Is _to,12),;sa *justice (Ez 18), sa volonté de •par-
2 .. _L~ ch,dtiment ,fruit du péché.:- On peut-distin- doll' ('Ez i's:31), sa *miséri1fürde (Os n,9), enfin
guer "Q'OiS temps dan& la. genèse du· châtiment .. Au séii:i '•âmour pressant : (( Et vou~ n'êtes pas revenus
point de départ,. n· y- a à. ·la fois le ,*dÔn· de Dieu à moi l » (Am t6-u; Is 9,12; Jr 5,3).
(C:I'.éation, élection) .. ·et. le. •péché, -];lui.$ l'appel de {_'·;c Mais il es:t un. châtiment au cœur de ·notre ,his-
Dieu à la . •_conversion. e~t refu.sé par le pécheur ~{Pfre, Ôù le te:ntatèùr et le péc~é c;>iit ét~ frappés à
(He 12,25), qui . pourtant perçoit. souvent_ à tra- :tnort,. c'est la,_"'Croix. où éclate la •sagesse de Dieu
(r Co r,17-2,9). D~s 1~. Croix co:incident,.la con-
;:~;~;fsr,elA1~:,n~:~~:~c!:it~~~!r1!~!~:: damnation « close » de ~atan, du péché• et de la
le juge décide de cqâtier : « _·_Eh bien... » (Os 13,7; mort, et la ·souffrance'« ouverte », source de _vie
Is ·5,5; Le .I3,34_s). (I P 4,:1; Ph 3,:10).

157
CHÂTIMENTS CHE~UN

Cette sagesse avait cheminé à travers toute


l'ancienne Alliance {Dt 8,5s; Sg ro-12; He r2,5-
13) ; l'*éducation de la liberté n'a pu se faire sans 1. LES CHEMINS DE DIEU
• correction » (Jdt 8,27; I Co u,32; Ga 3,23~)-
Le châtiment est ainsi lié à la *Loi ; historique- C'est à l'appel de Dieu qu'Abraham s'est mis
ment, cet âge est dépassé, mais psychologique.- en route (Gn r2,1-5) ; depllis lors, une immense
ment bien des chrétiens s'y attardent encore : le aventure est coinmencée, dans laquelle la grande
chàtiment est alors un des liens qui continuent à question est de reconnaître les voies de Dieu et
unir le pécheur à Dieu. Mais le chrétien qui'-vit de les *suivre. Voies déconcertantes : « Mes voies
de !'Esprit est *libéré du châtiment (Rm 8;1; ne sont pas vos voies », dit le Seigneur (Is 55,8),
I Jn 4,18). S'il le, reconnait encore permis par mais qui aboutissent à des' réalisations merveil-
l'amour du *Père, c'est en vue de la *conversion leuses.
(r Tm r,20; 2 Tm 2,25). Et, darts notre temps
eschatologique, le vrai et unique châtiment, c'est 1. L'*Exode en est l'exemple privilégié. Le peuple
!'*endurcissement final (2 Th 2,10s; He 10,26-29). expérimenta alors ce que c'est que de « marcher
Cette proximité du jugement décisif, déjà à avec son Dieu » (Mi 6,8) et d'entrer dans son
l'œuvre, confère au châtiment de l'homme K char- "'alliance. Dieu lui~même se met en tête pour frayer
nel II valeur de signe : il anticipe la condamnation la route, sa présence étant concrétisée par la
de tout ce qui ne peut hériter du *Royaume. Mais colonne de *nuée ou par la colonne de *feu (Ex
pour le K spirituel 11, le jugement est *justification : 13,::ns). La mer ne l'arrête pas : « Sur la mer fut
le cbâ.timent devient alors *expiation dans le Christ ton chemin, ton sentier sur les eaux innombrables ))
(Rm 3,25s; Ga 2,19; 2 Co 5,14) ; volontairement (Ps 77,20), si bien qu'Israël échappe aux Égyp-
accepté, il fait mourir la *chair pour vivre selon tiens, libéré. Ensuite c'est la marche au désert
l'*Esprit (Rm 8,:r3; Col 3,5). ]Co (Ps 68,8) ; Dieu y combat pour son peuple et le
soutient K comme un homme soutient son fils » ;
~ Babel/Babylone 2 - calamité - captivité I - il lui procure nourriture et boisson ; u il cherche
colère B - crainte de Dieu III - déluge - eau II un lieu de campement )) et veille à ce que rien ne
I .2 - éducation - Égypte 2 - endurcissement II manque (Dt r,30-33). Mais il intervient aussi pour
1 - enfers & enfer AT II ; NT I o - exil I - expia- punir Israël de ses. manques de foi. La marche
tion 1 - feu - guette AT III 2 ; NT III 2 - impie
AT 3; NT 3 - jugement AT I 2, Il 1 - justice A avec Dieu, en effet, est difficile. Le temps du
Il AT - lèpre 1 - maladie/guérison AT I 2 - malé- *désert peut être considéré comme un temps
diction - miséricorde AT I 2 b - mort AT Il I .2 ; d'*épreuve, qui permet à Yahweh de sonder son
NT I, II 1.2 - orgueil 4 - péché I 2 - pénitence/ peuple jusqu'au fond du cœur et de le corriger
conversion AT I I, Il 3 - persécution I 4 b - pro- en conséquence (Dt 8,2-6), C'est pourquoi le che-
phète AT IV I - responsabilité 4 - rétribution - min de Dieu s'est fait long et sinueux (Dt 2,1s).
sel 1 - silence 1 - stérilité II - terre AT II 3 c - Mais il ne manque pas d'aboutir : Dieu conduit
tristesse AT 2 - vendange 2 - visite AT I ; NT son peuple au *repos, dans un heureux pays, où
2 - volonté de Dieu AT 0, II.
Israël comblé bénira Yahweh (Dt 8,7-10). Il
CHEF-+ autorité - Corps du Christ III 2 - Église devient ainsi manifeste que « les sentiers de
V 1 - pasteur & troupeau - roi - tete. Yahweh sont amour et vérité » (Ps 25,10; cf Ps
136}, et aussi que ci: toutes ses voies sont le *Droit 11
(Dt 32,4).
Le souvenir de l'Exode, ravivé chaque année lors
de la Pâque et de la fête des Tentes, marque pro-
CHEMIN fondémentl'âille d'Israël. Les *pèlerinages (Sichem,
Silo, puis Jérusalem) contribuent à·ancrer la notion
de chemin sacré conduisant au repos de Dieu.
Lorsque l'idolâtrie nienace de supplanter le yah-
L'ancien sémite est un nomade. Dans son exis-
visme, *Élie reprend le chemin de !'Horeb. Plus
tence, chemin, voie et sentier jouent un rôle essen-
tard, les prophètes idéalisent le temps où Yahweh
tiel. Tout normalement, il utilise ce même yoca-
bulaire pour parler de la vie religieuse et morale marchait avec son enfant (Os r:r,rss).
et l'usage s'en est maintenu dans la langue
z. La *Loi. - Arrivé en Terre promise, Israël
hébraïque. n'en doit pas moins continuer à « marcher dans

I59 I6o
CHEMIN. CHERCHER

les voies ·du Seigneur » (Ps 128,1). Les •connaître Jean-Baptiste dans l'es termes mêmes que le Second
est son grand privilège· (cf Ps 147,19s). Dieu, en Isaïe employait pour le nouvel Exode : o: Préparez
effet, a. réyélé .à son peuple 1< la· voie· entière de la le chemin du Seigneur-• {Le 3,4 = Is_40,3). Nouvel
connaissance D; 1< c'est le livre des préceptes· de Exode, en effet, que l'ère messianique, et qui, cette
Dieu, la Loi qui subsiste éternellement », (Ba 3, fois, mène effectivement. jusqu'au repos de Dieu
37; 4,1). Il_faut -donc " marcher dans la-.Loi .du (He 4,Bs). Jésus, nouveau •Moise,, en est le guide,
Seigneur.» {Ps ng,1), afiµ. de·--~ m,aintenir dans l'accompagnateur, l'eritraîlleur (Le 24,15; He
son Alµance et d'avancer vers la lumièf'e;, vers la 3,5s; 12,:2ss). Il appelle les hommes à le •suivre
paix, Vers la vie .(Ba .3,-13s). La Loi est le vrai (~t A,19; Le 9,57-62; Jn 12;35s). Donnant un
chemin . de ,rhomme, parce qu'.elle est le chemin avant-goût .du •Royaume glorieux, la . *Transfi-
de _Dieu., 1 guration. illumine.- un .moment ,cette·. route, mais
La :désobéissance à la• _Loi est - un égarement l',annonce-de.la Passioq rappelle qu'.il faut d'abord
(Dt 31,!7) qui conduit:-à . la catastrophe. La der- pa&,ser par le CaJvait'e ; l'entrée dans· la -gloire ne
nière sanction en sera 1-'*exil (Lv- "26,4.1). chemin peut -se. faire· que par le chemin de la •croix (1\lt
qui va à reJ)ours de l'Exode ,(Os n,5). Mais."Dieu 16,23; L,c "24;"26; 9,23; Jn--. r6,28). Jésus .se met
ne peut se résigner à la déchéance de Son peuple donc résol"Q._ment ~ route vers-• J~rusalem, ·montée
(Lv 26,449} ; de nouveau, il faut « préparer dans dont.le terme est son sacrifice (Le_ 9,51; 22~22.33).
le désert une route pour Yahweh » (Is 40,3) ; lui- Mais, à la différence des rites anciens, ce sacri-
même · o: tracera .des , sentier:,- dans . la. •solitude ·» fice aboutit• au .~ciel même (He-9,2,4) et ·nous. fraye
(I~ 43,19) ~t « de toutes les· montagnes fera des du même coup le chemin.: par le·.•sang de Jésus,
routes • (Is ·49,u) pour un retour :'t!i~mphal. nous avons accès, désormais,· au -vrai.sanctuaire:;
à trayers sa chair, j ésUS .a_ .inauguré pour nous un
chemin nouveau et ..vivant (He 10,19ss}~: , .
Il, LES DEUX VOIES D~s les Actes, le chriS:tianisine , naissant est
app~lé « Ja: v:oi.e,,., (Ac 9,2; 18;:;5; .24,22); De fait,.
A •l'époque du Jµ9aisme, la. doctrine des·« deux les chrétiens. ont conscience .d'avoir trouvé le vrai
voies it résume la conduite, morale des hommes. chemin,.qui jusqu'.alors·n'était pas,.manifesté (He
Il· existe, deuX. faç9ns .de se conduire, den~ che- 9,8),:mais ce cheIµin-·n'e:jit.-plus une lo'i, c'est une
mins : 1~ bon ~ le mauvais (Ps 1,6;-Pr 4,18s; 12, p~rsonne, *Jésus~Christ (Jn 14,6);En lui se fait leur
28), Le chemin de la *vertu, chemin droit et parfait Pâque ·et leur Exode; .c'est en lui qu'ils doivent
(1 S 12,23; r R 8,36; Ps 101,2.6; I Co,12,31) Con- marcher- ,(Col..2,6), voire· *courir·- (Ph 3;12ss) en
siste· à pratiquer· la. •justice. (Pr 8,20;· 12,28),: à su~vant la voie .de l'amour (Ep 5,2; .'1 Co"-12,31),
être fidèle.à la •vérité (Ps·u~,30; T,b .1,3), à.recher- car en lui Juifs et Gentils Ont· accès; en un seul
cher: la •paix-(Is· 59,8; Le·, I',79); Les ..écrits· sapien- Esprit, auprès du Père {Ep ·2,18). ·:A.va
tiaux proclament que c'est là- le chemin de-.Ja
*vie (Pr 2,19; 5,6; 6,23; 15,24) ; il assure longueur -+- cou_rir-,- désert AT II - dessein de.Dieu.A'.r.JV:....:.
et prospérité de l'existence. exemple.- exil II 4 : Exode :-, mort-AT Il- 2 -
Le mauvais chemin, tortueux {Pr ~1,8), est pèler_ifiagtl ~ r,epos Il - S_ui~re ,- vertus~ vices': 1.3._
celui que suivênt les insensés (Pr· 12,15), les
pécheurs (Ps 1,1;- Si 21,10), les méchants (Ps 1,6;
Pr 4,14.19; Jr 12,1). Il mène à-la. perdition (Ps 1,
6) et à la mort (Pr. 12,28). Entre ces deux clJ_emins,
l'homme est *libre. de choi,sir et il porte-la •ref>pon~ CHERCHER
sabilité de son . choix (Dt, 30,15-2();· Si 15,12.).,
L'Évangile· signale l'étroitesse-- d1,1.-, chemin qui :\!,\ ''4•
.,; ..'
conduit à la vie, •.et- le ,petit ._.non;ibre. de .ceux-. qui
l'empruntent; tandis. qu!3 le -grand nombre _:suit- ";. cr'·L;hoJîJ.me· p~ine à chercher $1~ jamais. att~fo-
le large _èhemin q,ui condui:t à la mort (Mt--7,13s). ·,. ~re »' (Qo .8,I7), :mais Jé~US, .pi:oçliine : Il Qui
:. ;cher_c_h~; _trotlve )>_(Mt 7,8). Au Îond de_ tQ,;tte· son
f,inCJ.~iêtude_,·- c'êst tôujo'urs·. _Dieu que _ch~rche
Ill. ,LE CHRIST, CHE~IN ½vANT, :l'homnie, mais SOuveJtt ·~a i~he~c~e s'.égare et il
' ' '
doit·_ la redreSSet. Il C,éèouvre alors qlle, s'il .est
Le I'.etorir de l'exn" n'.était ~llc_ore qu'unè image ain_si ·en qùête de.Dieu, C'est__g_ue, le. premier, Dieu
1~ chei-che. · ,,. · , · ' '
de la réalité. définitive. Çelle~ci est annoncée, par

I6I 162
CHERCHER CHERCHER

II. VRAIE ET FAUSSE RECHERCHE

I. CHERCHER Drnu : Même en Israël, la recherche de Dieu a connu


DU SENS CULTUEL AU SENS INTÉRIEUR des déviations. Certains membres du peuple élu
sont allés vers des faux dieux (Baal : 2 R 1,2) ;
d'autres ont utilisé d~ médiateurs prohibés
A l'origine, « chercher Yahweh » ou « chercher (devins : Lv 19,31; morts : Dt 18,u; nécroman~
sa •parole », c'est consulter Dieu. ·i Avant de ciens : l S 28,7; revenants Is 8,19); beaucoup
prendre une décision grave (I R 22,5-8), pour ont manqué des dispositions intérieures élémen-
résoudre un litige (Ex 18,15s) ou pour s'orienter taires : ils étaient « comme une nation qui prati-
dans une situation critique (2 S 21.,1; 2 R 3,n; querait la justice, mais oublie le *droit » (Is 58,
8,8; 22,18), on se rend à la Tente de Réunion 2). Aucun de ceux-là ne pouvait trouver Dieu;
(Ex 33,7) ou au •Temple (Dt 12,5} et on inter- ils étaient tous séparés de lui par leurs iniquités
roge Yahweh, généralement par l'intermédiaire (Is 59,2).
d'un *prêtre (cf Nb 5,n) ou d'un •prophète La vraie recherche de Dieu se fait dans la
(Ex 18,15; I R 22,7; cf Nb 23,3). •simplicité du •cœur (Sg 1,1), !'*humilité et la
Cette démarche pourrait n'être qu'une pré- •pauvreté (So 2,3; Ps 22,27), l'âme brisée et l'es-
caution superstitieuse, une façon de mettre Dieu prit humilié (Dn 3,39ss). Dieu alors, qui est Œ bon
dans son jeu. Qu'elle ait pu également être désin- pour l'âme qui le cherche » (Lm 3,25), se laisse
téressée, et exprimer un véritable "'amour de Dieu, trouver (Jr 29,r4), et « les humbles, les cher-
le langage de la Bible le prouve. Ce que cherche cheurs de Dieu, jubilent » (Ps 69,33).
celui qui rêve « d'habiter la •maison de Yahweh Jésus~Christ, qui révèle les pensées intimes des
tous les jours de (sa) vie », c'est « •goûter la dou- cœurs (Le 2,35), opère le partage entre la vraie
ceur de Yahweh », c'est « chercher sa •face » et la fausse recherche de Dieu. L'attitude prise à
(Ps 27,4.8). Sans doute s'agit-il de participer à son égard (Jn 8,21) opère le partage entre la vraie
la liturgie du sanctuaire (Ps 24,3-6; Za 8,21), mais, et fausse recherche. Désormais, il y a équivalence
dans les fastes et l'émotion du *culte, !'Israélite entre chercher Dieu et chercher Jésus. Pour
fidèle cherche à « *voir la bonté de Yahweh 1, « gagner le Christ » et « le saisir » (Ph 3,8.12), il
(Ps 27,13). C'est ce *désir de la •présence divine faut renoncer à chercher sa propre *justice (Rm
qui pousse les exilés à revenir de Babylone (Jr 10,3) et se laisser saisir par lui dans la •foi (Ph 3,
50,4) et à reconstruire le Temple (1 Ch 22,19; 12). La recherche de Jésus doit alors se poursuivre
28,Ss). Finalement, chercher Dieu, c'est lui rendre même après son départ (Jn 13,33) par la recherche
le culte authentique et abolir celui des faux dieux des choses d'en-haut (Col 3,1).
(Dt 4,29). C'est selon ce critère que le Chroni-
queur jugera les rois d'Israël (2 Ch 14,3; 31,21).
Mais le rejet des faux dieux suppose la conver-
sion ; c'est le thème constant des prophètes. Pas !Il. DIEU À LA RECHERCHÊ DE L'HOMME
de recherche de Dieu sans recherche du *droit et
de la *justice. Amos identifie : « Cherchez-moi et Chercher Dieu, c'est :finalement découvrir que
vous vivrez ; ne cherchez- Pas Béthel » (Am 5,4s) lui, nous ayant aimés le premier (l Jn 4,i9), s'est
et : « Cherchez le bien et non le mal afin que vous mis à notre recherche, qu'il nous attire pour nous
viviez ... Haïssez le mal, aimez le bien et faites conduire ·à son Fils (Jn 6,44). Dans cette initia-
régner le droit à la Porte » (5,14s}. De même tive de la •grâce de Dieu, il ne faut pas voir
Osée : « Faites-vous des semailles de justice ... il seulement un souci jaloux de faire respecter un
est temps de chercher Yahweh » (Os 10,12; cf droit souverain. Toute la Bible montre que cette
So 2,3). Pour « chercher Yahweh, tant qu'il se priorité est celle de !'•amour, que la recherche de
laisse trouver», H faut « que le méchant abandonne l'homme est le mouvement profond du cœur de
sa voie et le criminel ses pensées » (Is 55,6s), il Dieu. Alors qu'Israël l'oublie pour courir après
faut cc le chercher de tout son cœur » (Dt 4,29; ses amants, Dieu médite toujours de (( séduire »
Jr 29,13). Jésus ne parle pas autrement : « Ch~- l'infidèle et de 1c parler à son cœur » (Os 2,15s).
chez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice i Alors que, de tous les •pasteurs d'Israël, nul ne
(Mt 6,33). se met à la recherche du troupeau dispersé (Ez
CHERCHER CIEL

34,5s), Dieu lui-même annonce son dessein : il


ira rassembler son troupeau et « chercher la bre-
bis perdue » (34,12.16). Au temps même des infi- 1. LE CIEL· ET LA TERRE
délités de son peuple, le Cantique chante ee jeu
d'un Dieu passionné par .l'Épouse qui le recherche Pour les Hébreux, comme pour notl.!i, le ciel,
(Ct •3,1-4; 5,6; 6,3). c'est une partie de l'univers, différente de'Ia terre,
Jusqu'où va cette passion, le Fils de Dieu l'a mais en contact avec elle, une demi-sphère qui
révélé : .11. Le Fils de l'homme vient dans le monde l'englobe et constitue avec elle -l'univers·; celui-ci,
pour chercher et *sauv~ ce qui était perdu D (Le fa.:iite de mot propre pour le désigner, est appelé
19,10,), pour se mettre à la recherche de l'unique (t le ciel et la terre » (Gn x,1; Mt 24,35).

brebis égarée (Mt 18,12. Cf Le -15,4-ro) ; Jésus, S'il est sensible à l'éclat de ce ciel et avide de
au moment de qQitter_ les siens, songe à l'instant sa *lumière, s'il sait admirer sa transpàrence (Ex
où il reviendra les chercher, pour les prendre 24,10), !'Israélite eSt surtout impressionné par
avec lui, 11; afin que, là où je suis,. vous soyez, vous l'inébranlable solidité du firmament (Gn 1,18). Le
aussi, (Jn 14,3). PMG & JG ciel est pour lui une construction aussi solidement
bâtie et organisée que la terre, soutenue par des
_,. désir - face 3 - faim & soif - pèlerinage AT 1 - colonnes (Jb 26,n) et des assises (2 s· 22,8), pour-
pénitence/conversion .0 ; AT II I ; NT II 2 - pré- vue de réservoirs pour la pluie, la neige, la grêle,
sence de Dieu AT III 1· .....:.... prière - repos --:' soucis
1 - vertus & vice.o;i 1. le vent· (Jb 38,22ss; 37,9ss; Ps 33,7), •garnie de
(t fenêtres >) et d' « écluses » par où, le moment
CHÉRUBINS_,. anges AT 1 - arche d'AUiance O. venu, sortent les éléments ainsi emmagasinés (Gn
7,n; 2 R 7,2; Ml 3,1;0). Les *astres fixés à ce fir-
CHOIX -+ bien & mal - chemin 1I - élection - mament, l'année innombrable des étoiles (Gn · 15,
hérésie 1 - libération/liberté- I. ,;), témoigne, par là magnifique régularité de son
ordonnance, de 1a Puissance de dette architecture
CHRÉTIEN-+ disciple NT - Église - image V - (cf Is 40,26; Jb 38,3rs).
nouveau III 3 b - saint NT II, IV - vocation III.

CHRIST-)- Jésus-Christ II - Messie·- mystère


NT II - onction III 5. Il. LE CJEL QUI N'EST PAS LA TERRE

Tel qu'il s'offre au, regard, avec son ampleur,


sa lumière, son harmonie· merveilleuse et· inexpli-
quée, le ciel impose à l'homme, d'une faÇOil visible
et permanente, ·1e sentiment immédiat de tout ce
CIEL que l'univers comporte d'imJ?énétrable *mystère.
Sans doute tes·profondeurs de la terre et de l'abime
sont-elles également inaccessibles à l'homme (Jb
38;4ss.r6ss), mais ·1'inaccessibilité du ciel est en
Si le ciel peut désigner à la fois le domaine des permanence' exposée ·et comme révélée visible-
astronomes et des .astronautes, et la .demeure où ment; l'homme-appartient à la *terre, et le ciel
Dieu rassemble ses élus, ce n'est point par __ une lui échappe : «· Nul n'~st monté au_ -ciel »_ (Jn 3,
confusion. grossière dont serait responsable le lan- 13; cf Pr 30,4; Rm.· ro,6). -Il faut la folie du roi de
gage enfantin de la Bible, c'est le reflet d'une expé- Ba,bel potJr_,rêver de·monter au ciel (cf Gn 11,4) :
rience humaine unlverselle et nécessaire : Dieu se c'.8St-•~,s'égaler -au Très-Haut (Is ·14,1Js). Ainsi
révèle à ! 'homme à travers sa *création tout entière, s'établit, tout naturellement une relation entre le
y compris ses structures visibles. La Bible livre ciel et *Dieu : Dieu est chez lui dans le ciel : « Les
cette •révélation·sous une forme parfois complexe, Cieux sont les cieux de Yahweh, mais •il a donné
mais pure de bien des confusions. Elle distingue Ja terre aux fils d'Adam-o (Ps u5,r6),,
parfaitement le ciel physique, de même nature que Cette· impression religieuse-'· spontanément ··évo-
la *terre, 11 le ciel et la terre », - et le ciel de Dieu, quée• par· le ciel explique -que la LXX emploie
et le ciel qui n'est pas la terre ». Mais le premier assez souvent le pluriel a cieux:»·; le Judaïsme et_ le
permet normalement à l'homme de penser le NT Ont accentué la valeur religieuse de·-ce ·plu:-
second. rieI, au point ·que *Royaume des cieux devient

166
CIEL CIEL

identique à Royaume de Dieu. Néanmoins on ne touchant aux cieux » (Gn 28,12), jusqu'aux oracles
peut ni dans la LXX ni dans le NT poser en règle prophétiques : a Le ciel est mon trône... quelle
que le ciel désigne le ciel physique, et les cieux, maison pourriez-vous me bâ.tir ?•.• Celui sur qui
le séjour de Dieu. Et s'il arrive que ce pluriel je jette les yeux, c'est le pauvre et le cœur con..
puisse exprimer la conception répandue en Oriént trit 11 (Is 66,1s; cf 57,15).
de plusieurs cieux superposés (cf 2 Co n,2; Ep
4,10), il n'est souvent qu'une expression de l'eti-
thousiasme lyrique et poétique (cf Dt 10,14; r R 8, IV. a CIEUX, RÉPANDEZ VOTRE ROSÉE ... »
27). La Bible ne connait pas deux types de è~ëux,
l'un qui serait matériel et l'autre spfrituel. Mais, Puisque le Dieu d'Israël est un Dieu sauveur et
dr.ns le ciel visible, elle découvre le mystère de qu'il est chez lui dans le ciel, il y est donc avec
Dieu et de son œuvre. sa •vérité (Ps ng,895), sa •grâce et sa *fidélité
(Ps 89,3), îl y est pour répandre le •salut sur la
terre. Symbole de la présence souveraine et enve-
III. LE CIEL, DEMEURE DE Dmu loppante de Dieu, le ciel est aussi le symbole du
salut préparé à la tene. Du ciel descendent d'ail-
Le ciel est la •demeure de Dieu; après l'avoir leurs en •bénédiction la pluie fertilisante et la
déployé comme une tente, il a, au-dessus de ses rosée, expressions de la générosité divine et de sa
eaux, bâ.ti les étages de son palais (Ps ro4,2s) ; de gratuité. Symboles naturels et souvenirs histo-
là il s'élance pour chevaucher les nues (Ps 68,5. riques convergent pour faire de !'•espérance d'Is-
34; Dt 33,26) et faire retentir sa voix au-dessus raël: l'attente d'un événement ,venu du ciel : " Ah 1
des grandes •eaux, dans le fracas de !'•orage si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! •
(Ps 29,3). Il y a son trône et y convoque sa cour, (Is 63,19 ; cl 45,8).
« l'armée des cieux », qui expédie et accomplit Déjà. l'enlèvement d'Hénoch (Gn 5,24) et celui
ses ordres jusqu'aux extrémités du monde (1 R d'Élie (2 R 2,u) invitaient à chercher dans cette
22,19; cf Is 6,1s.8; Jb 1,6-12). Il est en vérité le direction la communion sans fin avec Dieu, à
Dieu du ciel (Ne I,4; Dn 2,37). laquelle ils avaient été admis. A leur tour les
Ces formules ne sont pas des images enfantines voyants des apocalypses, Ézéchiel, Zacharie,
ou des hyperboles poétiques, elles sont des visions, Daniel surtout, reçoivent du Dieu qui est dans le
poétiques certes, mais profondes et vraies, de la ciel la révélation des •mystères concernant la des-
réalité de notre monde, d'un univers tout entier tinée des peuples (Dn 2,28) ; le salut d'Israël se
soumis à la souveraineté de Dieu et pénétré par trouve dès lors inscrit dans le ciel et va en des-
son regard. Si le •Seigneur« trône dans les cieux D, cendre. Du ciel, Gabriel fond sur Daniel (9,21)
c'est parce qu'il se rit des rois de la terre et de pour lui promettre la fin de la désolation (9,25) ;
leurs complots (Ps 2,2ss; cf Gn II,7) ; « ses pau- sur les nuées du ciel doit paraître le *Fils de
pières scrutent les fils d'Adam D (Ps n,4) ; il lui l'homme, pour que l'empire soit donné aux saints
fa.ut cette hauteur suprême pour rendre justice (7,13,27). Du ciel enfin, où a il se tient devant Dieu»
à tous, ({ une gloire au-dessus des cieux » pour (Le 1,19), Gabriel est envoyé à Zacharie et à Marie,
« relever le pauvre de la poussière » (Ps u3,4ss), et c'est au ciel que retournent les •anges venus
pour que lui parvienne a la supplication de tout célébrer « la gloire de Dieu au plus haut des cieux
homme et de tout son peuple Israël » (r :R 8, et la paix sur la terre 11 (2,n-15). La présence de
30 ... ). S'il est un Dieu de près, il n'est pas moins ses anges parmi nous est le signe que Dieu a vrai-
Dieu de loin (Jr 23,23s), non seulement parce •ment déchiré les cieux et qu'il est Emmanuel, Dieu
que a sa gloire remplit toute la terre » (Is 6,3), avec nous.
mais aussi parce que rien au ·monde, fussent a les
cienx et les cieux des cieux», n'est capable·de le
contenir (1 R 8,27).
La demeure céleste de Dieu évoque as.•mrément V. EN JÉSUS-CHRIST
LE CIEL EST PRÉSENT SUR LA 'rERRR
d'abord sa transcendance invulnérable, mais elle
signifie tout autant, comme l'omniprésence du
ciel autour de l'homme, sa *présence toute proche. 1. Jésus parle du ciel. - Le ciel est un mot très
Plus d'un texte associe de façon explicite cette fréquent dans le langage de Jésus, mais il ne désigne
infinie distance et cette proximité, depuis l'échelle jamais une réalité qui existerait par elle-même,
que vit Jacob à Béthel, « dressée par terre, sa tête indépendamment de Dieu. Jésus parle du •Royan-

168
CIEL CIMETI~RB

me des cieux, ·de la récompense en réserve dans sant dans le ciel les gestes qu'elle fait ·sur la
les cieux (Mt 5,12),. du trésor .à se constituer aux terre (Mt 16,19; 18,19).
cieux (6,20; :i:g,21), mais .parce qu'il songe. tou-
jours au ~Père qui- est dan~ les-cieux .(5,16,·45; 6'. 4 • Les cieux o~ve,:t_s. - De .cette •iéconci~ation
r.9), qui. sait, qµi « est là., dans le secret, et qui opérée par Jésus n:ous sont donnés d_es s1~e_s.
voit » (6,6.rS). Le _ciel, c_'est. cette ~présence. pater- Sur lui les cieux se sont ouverts (Mt 3,16), !'Es-
nelle invisible et attentive, qui. ·-envelopp_e· le prit _de D,~eu .est ~escendu (J~, 1,32) ; à Jeur to~r
mon.de, les oiseaux du cièl (6,2~). les just~s _et .les les siens ont connu cette. expérience: da~_un g,::and
injustes: (5,45} de· son iJlépuisable", bonté {.7,r r). brtlit · (Ac 2,2), daiis ,Uiie. _lumjère (A~_ 9,3)'. dans
Mais, à l'état normal,. les hommes -sont aveugles Une vision (xo;n), le_ ciel _$'est o_uvert_ ._sur eux et
à cette présence; pour qu'elle devienne une réa- !'Esprit .e~t des_cet'J.du. Le Christ a ac~~?l_i sa
lité vivante et triomphante, pour que vienne le pronies_se : . a:· Vous ·ve!!ez le ciel ouvert ... sur le
Royaume _des ci~ux, Jésus est venu parler de .ce Fils~ de l'hoinme_ » (Jn- r,51)'.
qu'il sait, -attester ce qu'il a vu (Jn 3,n).
VI. L'ESPÉR'ANCE DU CIEL
2. Jésus vient du ciel. - Quand il parle du ciel
en effet, Jésus n'en parle pas comme d'une réalité
a NOtre cité se trouve ·daiis les cieux, d'où nous
merveilleuse et lointaine, mais comme du monde
qui est le sien et qui est pour lµi·-la r~alité la plus attendons ardemment;. comine:- ·sauyeur, le_ Se!-::.
profonde et la plus sérieuse de notre. monde à gnetJr Jésus:éhrist, qui tra.~1Migui'eI'a' notre ·co~
nous. Du Royaume des cieux, il possède ~es secrets de misère pour le conformer à ,son corps de glo:ire,
{Mt 13,'ri) ;_le Père que _rious ~vons .dans les _cieu~, avec cette forée qu'il a de pouvoir se soumet_tre
i1 le ·connaît comm·e son- propre P~re (12,50; 16, toU:t l'uniVérs » :(Ph' 3,--ios). Tous les traits du ciel
17; 18,19). Pour . farler_ain&i q.u _ciel, il ~aut,e~ de !'*espérance chrétienne sont ici r~sse~blés.
venir, car (( nul n est mont~ au ciel honm,s celu~ C'est une *'cité, une communauté faite· pour nous,
qui èst descendu .dw ciel, le Fils _de l'homme qui une *Jérusalem· •nouvelle (Ap 3,12; 2~,3.1oss);
est dans le ciel u (Jn.3,13). , : · ,elle est dès maint~nant notre .-*cité; en elle se cons-
Parce qu'il.est le *Fils de,r~omme, un homme trui1.-Ia *dellleùrè à•Jaquelle llous •aspirOns. (2 Co
dont la destinée appartient au ciel, un. homme 5,1). C'est un nouvel _utiiyers '(Ap_ ù;5), -~mp~sé,
veiiu du ciel pour y retourner .(Jn 6,62),_ ses çomme -le nôtre, de.« nouyeaux (!leux- _et _nouvelle
•œuvres sont du ciel, et son œuvre essentielle, têrre » (2 -p 3,1_3;_ Ap 21,r), tnais d'où 8:u:ront ~~s:-
le sacrifice qu'.il. fait de sa chair et. de son sang, paru·« mort, plèur, cri, peine li (A:P'_2~,4), ,«·souil-
est le *pain que Dieu nous donne, ,le pain •« venu lure ».,(21,27) et " nuit li (22,5). pour faire pl~ce au
du ciel li_ (Jn _6,33-58) et qui donne la *vie é~er- bonheur ·et à la joie Sa:us :fin. Qua.n.d: il paraî~a,
nelle, la vie. du, }?ère, la vie du ciel. · l_'uriiVers · ancien,· ·«· le premier. ciel et_ la,. pre_m1ère
terre• auront d.isparu.(Ù,I) ·da.ris la_ fuite (20,n),
3. ·su~ la terre c_omme au· ciel.-: Si J~sus ~ent,du comme un livre qu'op roule_ (6,14) .. Ce sera.:·_pour-
ciel _et y retourne, _s'il est vrai àuss1 de dire que tant D.otre· univers'; car ·i;i.otre univers _est ·p_our
les chrétien$ sont déjà au._cie,1 avec lui . et que le toujours ·cefüi du Verbe .fait' *chair -et de son
Père les a « ressuscités et faifc asseoir aux çieux· li corps · et 1€1 ciel ne sera,it ·:rieii P?ur nous s'il
(Ep_ 2,6; cf Col 2,.12; 3,1-4), l'œ,uvre d,e )és:iis .se · n'étaii la *cbmmunion avec le: '•Seigneu'r (I Th 4,
poursuit néanmoins; (;!_Ile con_~~ste_ à .umr llldlS- 17; _·2 Co 5,8:':~Ph_'.1,23)_ se ·~ulllettant to'ùtes ·~h~es
solublement la •terre au.ciel,.à:_faire.que « vienne pour les re:mettre toutes à Dieu le Père. (I_ Co 15,
le Ro}'"aume ~-des·cieux,_.ql.l:e la *volonté.de Dieu 24,2~)- · _ · __ . JM'F ,& JG
se fasse ~ sur la terre cOmme au ciel .1) (Mt 6,10), .::,,,_: Jn~s_ ,~ 1Ascens_ion - . as_tres ~ béat~tude ·AT -~I
k cille· tous ·les êtres_· soient récôni:::iliés par lui _sur 2 1~-lilanc 1 - cité NT :2 - __ demeurer I :-._esp~ranc_e
la terre comme aux ci_~uX » _(Col 1,20) .. Ayant reçu NT IV - fêtes NT ...:..... héritage NT Il ...:.... JéJ;Us""1em
à sa ,*résurrection. a tout _pouvoir _8:-U _ ~el et ,sur ~a tAT III 3; NT'II "--joie-NT III -lumi~e & ténèbres
_, }NT II 4 - maison II 2.3 - manne 2.3 - monde O -
ten;e n· (Mt ,28'.1_8), .~y.int,- ,_par. le s1:1ng· _de 5?ll ·-'huée - Pique III 3 - paradis 3.4 - patrie NT :2 -
"'Sacrifice, péné:tré le sanctuaire, de . Diep., le .c;iel :'Porte AT, II_; NT - repos.III 3---: rétribution III •.I
(He 4,14; 9,2,1-); ~.8.nt,.exal~ '!. plus _hau~ que le~ .,;;_royaume.NT I 1 -Temple ~-terre NT.I.z, II : 2 -
cieux». (7.26) et assis à 1a dro~te _de D1e_u, 11 a scelle voir NTII. ,
entre. ia terre et le .ciel l'alliance nouvelle •(9,25), CIMETIÈRE~ enfers & enfer;·AT l -,mort AT I
et il charge son Église de sOn pouvoir, accomplis- 2.3 -
sépulture - -sommeil l 1.

I70
CIRCONCISION CIRCONCISION

n'a en elle-même aucune valeur (Jr 9,24); ce qui


importe, c'est d'ôter le prépuce des •cœurs (Jr 4,
4), selon une métaphore utilisée en bien d'autres
CIRCONCISION cas (6,10; Lv 19,23). Le Deutéronome proclame le
même appel à la circoncision du cœur, c'est-à-
AT
dire à l'amour exclusif de Yahweh et à la charité
1. La ciYconciswn, •sigiie d'appartenance à u;.,e fraternelle (Dt ro,12-22) ; la tradition sacerdotale
communautl. - La circoncision--est pratiquée par elle-même lui fait écho (Lv 26,41: Ez 44,7ss). Cette
de nombreux peuples, généralement en:· liajSOn circoncision du cœur qu'Israël est incapable de
àvec l'entrée dans la communauté des: adultes· ou se procurer ·sera, au •jour du salut, donnée par
le mariage. Israël doit l'avoir reçue comroë unè Dieu : (1 Yahweh circoncira ton cœur ... pour que
coutume anHque : elle apparaît dans des textes tu aimes Yahweh ... afin que tu vives » (Dt 30,6).
d'allure très archaique, qui évoqu~nt. l'usage de Dans ce même discours (30,12Ss), Paul discernera
couteaux de pierre (Ex 4,24ss; Jas 5,2--9), et pour- à juste titre l'annonce du salùt par la •grâce et la
tant elle n'est prescrite nulle part dans les textes •toi (Rm 10,6ss}.
vraiment anciens. La circoncision est alors un fait
qu'on ne discute ni ne justifie. Et c'est une NT
« *honte » de ne pas être circoncis (Jos 5,9; Gn
34,14). En face d'incirconcis, Israël éprouve tou- 1. La pratique de la cit'concision. - Jésus, comme
jours de la répugnance (Jg 14,3; r S 17,26.36; le Baptiste, a été circoncis (Le 1,59; 2,21) : il
1 Ch 10,4; Ha 2,16; Ez 44,7ss) : l'incirconcis n'est étàit d'abord (Mt 15,24 p), comme ses disciples, s au
pas vraiment un hoID.me. La circoncision est donc service des· circoncis » (Rtn 15,8). Mais son Évan-
d'abord un rite qui signifie l'appartenance à une gile devait être annoncé aussi aux •nations (Rm
communauté. 15,9-12), extension qui allait mettre en question
la pratique de la circoncision : fallait-il exiger de
:J. La cif'concision, signe de l'Alliame. - Ce rite, tous le rite d'appartenance à la postérité d'Abra-
néanmoins, a forcément une signification religieuse : ham ? Comme il en va souvent, la réponse pra-
on circoncit par ordre de Yahweh .. (Jos 5,2), ou tique devança la théOl'ie. Aux paiens qui se con-
pour échapper à sa colère (Ex 4,24). Un pas déci- vertissent un peu partout, on administra ordinai-
sif est franchi quand ce rite devient, dans la litté- rement le baptême sans imposer la circoncision
rature sacerdotale surtout, le signe physique de (Ac 10-n).· Malgré la pression de certains chré-
l'* Alliance, que tout israélite mâle doit porter tiens d'origine juive, le concile de Jérusalem sanc-
dans sa chair dès le huitième jour de sa vie. Et tionna par un décret la •liberté déjà pratiquée à
le •sang alors versé (cf Ex 4,26) portera souvent l'égard de la circoncision (Ac 15), et déjà autorisée
(au moins dans le judaisme postérieur) le nom de dans une révélation à Pierre (Ac ro,45ss).
" sang de l'alliance ». Cette. décision, qui aurait pu être prise pour une
Rattachée à Abraham, père du peuple (Gn 17, mesure, d'opportunité (faciliter l'accès des païens
9-14; 2r,4), promulguée dans la Loi (Lv 12,3), : qui auraient répugné à un acte qu'ils considéraient
elle est la condition indispensable pour pouvoir comme une mutilation), avait en fait une portée
célébrer la *Pâ.que, où Israël se déclare peuple doctrinale, Paul devait le montrer à l'occasion
élu et sauvé par Yahweh (Ex 12,44,48). Interdite d'une crise semblable en Galatie. Certes le païen
par l'autorité païenne au temps de la persécution incirconcis "':t loin de Dieu (cf Col 2,13) ; mais
(1 M 1,48), elle deviendra le signe même de l'op- s'il se fait circoncire, il doit supporter le poids de
tion juive : les uns chercheront à la dissimuler toutes les pratiques légales, qu'en fait il tie peut
(I M 1,15), tandis que les autres la pratiqueront acco~plir (Ga 3,2; 5,10; 6,13) : il court donc à sa
sur leurs enfants au péril de leur vie (r M 1,60; perte. Plus encore, lier le salut à la circoncision,
2 M 6,ro) et l'imposerollt de force aux hésitants c'est tenir pour rien la promesse qu'Abraham reçut
(I M 2,46). gratuitement de Dieu avant d'être circoncis : la
circoncision est venue ensuite, non comme source
3. La circoncis.ion du cœur. - Israël pouvait donc mais comme sceau de la *justice déjà acquise
être· tenté· de croire qu'il suffi.sait d'être circoncis par la promesse et par la foi (Ga 3,6-29; Rm 4,
pour bénéficièr des •promesses de l'Alliance. Jéré- 9-12) ; c'est surtout anéantir la •croix du Christ
mie, le premier sans doute, lui rappela que la cir- qui sauve en réalisant cette ,promesse gratuite
concision physique, pratiquée par bien des peuples, (Ga 5,ns).

171 172
CJRCONCISION CITÉ

2. La circoncision spirituelle. - Désormais, l'ap- la·vie pastorale d'Abel à là vie-agricole•de Cain


pel prophétique à la iz circoncision du cœur II par (Gn ·4,2)",- la· Genèse attribue à celui-ci ·la· fonda-
la ratification intérieure du rite ·extérieur s'ac~ tion de.la première·vme·, qu'il appelle du nom de
complit autrement, par le dépassement des dis- son ·fils Hénoch Geu de mots sur- le terme· qui •véut
tinctions raciales que le rite supposait. u Ni la dire« dédicace n : 4;17). Mais c'est seulement après
circoncision ni l'incirconcision n'ont de valeur, la COupurè du déluge_qu'on:voit fonder les grandes
mais seulement la tof ·Ôpérant par la charité » cités ·autoui ·-desquelles :s•organisenf -les- empires
(Ga 5,6) ; ce qui compte,. c'est d' « être une créa- mésopotamiens (10,10s). Les ancêtres· d'*Abra-
ture nouvelle » (Ga 6,15) et « d'observer les com- harii vivaient sur leur"territoire (n,3·1). Mais ,au
mandem~ts de Dieu ,» -(1 ·Co 7,r.9)-; qu'importe temps des patriarches, .la vie pastorale· est• essen-
donc. l'éta_t où l'o:µ_ se_·.trouvait lors de_ ,son -appel.? tiellement nomade ou semi-nomade, en marge des
La foi justifie les circc,>ncis- comme l~s incire;0nci1;1, cités de Canaan. Durant le séjour en Égypte, les
car Die_u est le _Dieu-_de tè>us (fun 3,29s). Le Christ cités construites pai- les Hébreux asservis sont
est .tout en tous (Col 3,n). _ , , des forteresses égyptiennes (EX 1.,n);· Aussi fa,
Mais si-le . rite_ a .é:té·supptjmé, le mot continue génération de'l'exode reprend-eile la Vie nomade
à avoir UIJ-1:: .sigriifi.catiOn.. Les_-croyants peuvent traditionnelle·dàns,la·steppe. C'e~t seulement avec
s'écrier : « Ç'est.._nous. qui_ somm~s les,, circoncis, la Conquête de .Canaan qu'Israël s'accoutume défi-
nous qui o:ffron~ -le culte selon !'Esprit de Dieu.» nitivement à la :vie agricole· -et urbaine : · il ·reçoit
(Ph 3,3). ,En .ce. sens, les_ oracl~ _prophétiqu!;?S comme-un don dé ·Dieu villes,·maisons et-plan-
s'*aCCOIUplisse~t : la vrai~ circoncision, cach~, tations... (Dt · 6,10s; Jos 24,13f: L'attae:hement -aux
spirituelle, ._intérieure .(Rm._.2,-28~). n'est plus faite anciennes .-coutumes nomades n'y- subsisterà que
par.-Ia main de l'hom:rµe_ (Col 2;II); elle s'identifie da.i,.s queltj_ues groupes. marginaux, qui ·entendr~t
au *baptêm~ qU:i_ asi.imile le cr9yant à _la.:« circon~ protester· ainsi contre la corruption· de la· civilisa-
ci.sion du Christ », .opérant dans -le ,baptisé K l'ep.- tion (ainsi les Rékabites ·: Jr 35,6-10; cf •2- R 10,
tier. dépçmi.lle~ent. du •corps: _charnel .» .(Col 2, 15ss), ·
ns) pour le faire viy_re. avec .1e Christ, à jamais.
CW 2; :Ambiguïté de ia civilisation urbaine. - Malgré_
tout, ce nouveau mode de _vie- a, sur le plan ·reli-
-+ Abtah~ Il 4. - baptl!me I 2., IV 4 ~ c~r .I 3, gieux, une valeur ·ambiguë. Pour les paysans, la
~I 1 - Juif I i ..:.._ Loi' C Il, III 1 - prémices Il -
v~lle est 1,lI;1 refuge,contre·les.rezzous ou le$ aimées
se~t.1:alité 1~ 1 - si~e ;AT ·II :2; NT..'11 1.
étrangères; .beaucoup comportent un lieu-de culte
CITADELLE _,.·•cité,-,- force I 1 - rocher. 1.• désormais consacré à Yahweh. C'est notamment
le c_as de Jérusalem;: cité de •David .{P.s:, 122;_5)-ét
capitale 9,e·_Ia puissance politique (Is. 7,8), mais
aussi· cité .du Grand. •Roi (Ps 48,4; cf. 46-,5), lieu
de rassemblement cultuel des tribus et signe d'unité
de tOut -le •peuple ·(Ps .u2,3s).._ Cependant les
CITÉ péchés de Canaan .corrompent aisément -.cette civiw
lisation·urbai11e (Am 3,9s; 5,7-x2; Is _1,21-23), ,de
1~ même façon que le .paganisme a~ait. COiîompu
' ' ' ' ' . . des, cités importantes comine Ninive et Babylone.
La--vie. urbaine, comme ·forme· d'ex]?érience·-de Aussi l_es _prophètes promettent-ils. aux,. _capitiles
vie sociale dans un certain type de civilisation, et_.aux villes d'Israël le.- ,même S()rt qu'à.· tant de
est une réalité humaine avec laquelle la révélation ,çi\és du_._,.:o;,-onde p_aïen (Am 16,2.;,. Mi 3,-12) .: une
biblique ne pouvait ~anquer d'êtr~ en contact, ~:11~,paie+Ue -à· celle de, Sodome et Gomon:he. {cf
soit pour po~ sur elle un jugement de valeur, Gn._ 19). Cette._annonçe _du __*Jugement d,e-. Dieu
soit pour. y trouver un point de départ de son ,n'épargne d'ailteurs pas les cités-païennes__ .:• -Tyr,
exprf;ssion m·ême. 'Sidon, Babylone, font l'objet_ de menaces sem-
ibiables.
AT
3. Les deux· Cités; - Cependç1i:J.t l'eschatologie pro:-
I. De la· vie nomade 4 la v~- urbaine-. - .Israël. a phétique continue de faire ·uite.·place de cl::ioix à
conscience que. 1~. v:i~ urbaine -:remonte· bien au-:-. la nouvelle *Jérusalem (Is 54; 60; 62), centre_ reli-
delà des patriarches hébreux : ·après: avoir ,opposé gieux de-la terre sainte {cf Ez 45), tandis qu 1ell~

r73 r74
CITll CŒUR

envisage la chute définitive des cités impies dont


•Babylone est le type (Is 47). Finalement, l'apo-
calyptique brossera le tableau contrasté des deux
Cités : la Cité du néant (Is 24,7-13), citadelle des
orgueilleux (25,2; 26,5), et la ville forte, refuge du',
peuple de I)ieu constitué par les humbles (26,1..: . CŒUR
6). Ces images opposées de •Jugement et de •Salut'·
répondent à l'ambiguïté fondamèntale de la ci~-
lisa.tion urbaine, reçue comme un don de: DieU,
mais aussi. capable d'engendrer le pireP · Les résonances qu'év'eille le mot « cœur » ne
sont pas identiques en hébreu et en franÇais.
NT Certes, le sens physiologique est le même (:2 S 18,
r4; Os 13,8), mais les autres usages du mot diffèrent
1. Salut et jugement àe Dieu, - L'arrière-plan de sensiblement. Dans notre façon 3.ctuelle de parler,
la civilisation urbaine est partout présent dans le " cœur » n'évcique guère que la vie affective. L'hé-
NT, en Palestine comme dans l'empire romain. breu conçoit le cœur comme le a dedans » de
L'annonce de !'•Évangile s'adapte à cette situa- l'homme en un sens beaucoup plus large. En plus
tion sociale, au temps de Jésus comme à celui des sentiments (2 S 15,13;- Ps 21,3; l? 65,14), le
des apôtres. Mais l'accueil de la •Parole de Dieu cœur contient aussi les souvenirs et les idées, les
diffère beaucoup suivant les cas : rejet de Jésus projets et les _décisions .. Dieu a donné aux hommes
par les cités galiléennes ; refus de l'Évangile à « un cœur pour,.penser )1 (Si 17,6); le psalmiste
Athènes (Ac 17,I6ss) contrastant avec l'accueil de évoque .a les pensées du cœur )) de Dieu lui-même,
Corinthe (18,1-u) ; ouvertures et oppositions à. c'est-à-dire son plan de salut qui subsiste d'âge
Éphèse (r Co, 16,8s). C'est pourquoi Jésus reprend en âge (Ps 33,n). « Largeur de cœur » (I R 5,9)
les anathèmes des prophètes contre les villes du évoque l'étendue du savoir, « donne-moi toil cœur o
lac (Mt rr,20-24 p) et contre Jérusalem (Le 19, peut signifier a prête-moi attention 1i (Pr 23,26)
41ss; 21,20-24 p; 23,28-31), qui personnifient leurs et. « cœur endurci » comporte le sens d'esprit
habitants incrédules. bouché. Suivant le contexte, le sens peut se res-
treiridre à l'aspect· intellectuel (Mc 8,i7) ou au
2: Les deux Cités. - Finalement, si la capitale contraire s'étendre (Ac 7,51). Il faut souvent
juive expérimente le •Jugement de Dieu aux temps remonter par-delà les distinctions psychologiques
apostoliques mêmes (Ap II,2.8), l'eschatologie jusqu'au centre de l'être, là où l'homme dialogtie
chrétienne se construit pourtant encore- autour avec lui-même (Gn 17,17; Dt 7,17), assume ses
du thème des deux Cités, lorsque l'*Église de Jésus responsabilités, s'ouvre ou se ferme à Dieu. Dans
doit affronter l'empire romain persécuteur. L'Apo- l'anthropologie concrète et globale de la Bible, le
calypse annonce la chute de la nouvelle Babylone cœur de l'hom.rile est la source même de sa per-
(17,1-7; 18; 19,2), tandis qu'au terme du temps la sonnalité consciente, intelligente et libre, le lieu
nouvelle Jérusalem descend du ciel sur la terre 1
de ses èhoix décisifs, ·celui de la Loi non écrite
pour que s'y rassemblent tous les élus (21). Aussi (Rm 2,15) et de l'action mystérieuse de Dieu.
bien, dès ici-bas les baptisés s'en étaient-ils déjà Dans l'AT comme dans le NT, le cœur est le lieu
approchés (He 12,22), puisqu'ils avaient là droit où l'homme rencontre Dieu, rencontre qui devient
de cité (Ph 3,20). La Cité ·d'en-haut est déjà leur pleinement effective dans le cœur humain du Fils
mère (Ga 4,25s) ; c'est pourquoi ils n'ont pas ici- de Dieu.
bas de cité permanente, car ils recherchent celle
de.l'avenir (He 13,14). Ainsi l'CX.périence humaine
de la vie urbaine permet-elle d'évoquer un aspect J. LE CŒUR DE L'HOMME
essentiel du monde à venir vers lequel nous che-
minons (cf He II,r6). PG r. Cœur 'et apparence. - Dans les rapports entre
personnes, il est clair que ce qui compte, c'est
-+ Babel/Babylone - ciel VI - David t - demeurer - l'attitude intérieure. Mais le cœur est soustrait
édifier III 4 --- Église V :i - étranger - Jérusalem - aux regards. Normalement, l'extérieur d'un homme
maison - porte AT I - saint NT V - terre. doit manifester ce qu'il a dans le cœur. On con-
naît ainsi le cœur, indirectement, par ce qu'en
CLEF -+- porte. exprime la "face (Si 13,25), par ce qu'en disent
CŒUR CŒUH

les *lèvres. (Pr 16,23), p_a.r ce qu'en attestent les


actes (Lc·6,44s). Cepend~t,.au lieu de manifester
le cœur, par.oies et-comportements peuvent aussi II. LE CŒUR"'NOUVEAU
bien le dissimuler (Pr, 26,23~26; -~i 1~.16) :. l'homme
a la_ redoutable -pÇ>Ssibilité de- se faire _double. Du 1. Promis.: - Et c'eSt bien là. le dessein de Dieu,
même cou_{), sari cœur aussi est double,_ car c'est dont l'annonce réconforte Israël. Le -•feu de Dieu,
le cœur qui commande telle expression de surface, en effet; est ·un feu-d'aniour; Dieu· ne peut envi-
tout en se fixant intérieurement _en des disposi- sager la destruction de son peuple ;,.à-cette seule
tions bien différentes. Cette duplicité est un mal pensée, son cœur en lui se retourne (Os 11,8),- S-'il
profond, que._la Bible dénonce avec vigueur (Si 2,7, a conduit au désert son épouse infidèle, c'est pour
24;_ Ps· 28,3s). de nouveau lui parler au, ·cœur (Os . 2,16). Un
terme sera donc ll!ÎS' aux épreuves; et une· autre
2. Die,, et ie cœur. :__ Aux-priSes'avec_ l'appel ·tle époqu~ commencera, marquée par uii· reriouvellc-
Dieu, 11homme chetèhe, là aussi, ·à se-tirer d'affaire ment intérieur que Dieu opérera _lui-même. « ll
par la duplicité.--_.« Dieu est un· feu "dévorant .» •circoncira ton cœur et··le ·cœur de ta postérité
(Dt 4,24) : comment faire face '_à- ses trop radi- en·sorte <l'aime,; Yahweh ton Dieu de.tout-ton
cales exigences ·? Le peuple ·choisi ne. cesse lui- cœur et "de toute· ·ton â.me, afin que tu vives »
même de biaiser. P0ur se.disp'ensèr de conversion (Dt-.30;6), Les ~sraélites ne Sf:!ront plus rebellf,s,
authentique, il_ iâche de contenter _Dieu P3f un car; établissant àvec eux une alliance nouvelle,
*cu1te··extérieur (Am 5,2r. .. ) _et de belles·paro~es . Dieu• mettra sa Loi au·fond de leur être et l'éPrira
(Ps 78,36s), . · · . sur leur cœur o- (Jr·· 31;33). Mieux .encore, Dieu
Solution illus0ire ,: ·on· -ne· peut tromper. Dièu leur donnera ·un autre cœur (Jr 3~;39), ·un cœur
comme Oll-trompe un honinie; _« l'hoJD.llle regarde pour le •connaître (J r 24·, 7; comp·. Dt 29,3), ·Après
à l'apparencei_mais Yahweh· regà.rde ~u cœur » avoir enjoint- : •· Faites-vous un cœur nouveau i>
(r S 16,7)'. _Dieu (t' scrute le cœur :et_ sonde le_s '(Ez 18,31), Dieu ·promet ·de réaliser lui-même. ce
•reins 1, (Jr 17!10; Si 42,18)_ et il démasque le qu'il dema:ndè : ·«. Je vous· purifierai. Et --je vous
"mensonge. ep. constatant·: 11 Ce peuple m'honore donnerai un cœur nouveau; je mettrài en. vous -Un
des lèvres, mais son ·cœur· est· l9in• de m_oi_ » · (Is •esprit nouveau ; j'ôterai de votre chair le cœllr
29,13). Devant·· Dieu, l'homme sé sent ainsi mis de *pierre et je vous· donnerai un 'ècèur de *chair' »
en question au plus profond de lui-même (He 4, (Ez 36,25s).-Ainsi· sera assurée; entre Dieu ·et"son
12s). Entrer en relation "avec Dieu, c_'est 11 •risquer peuJ)Jei ·ùne union définitive. ·
son cœur· »- (Jr 30,21).
~.' ~onnt.,.-·c•est par •J_é_sus-Christ que cette_pro-
messe s'est accomplie.'.
3. Besoin d'un ·i:œur n_ouve:au-. - De. plus en plus, a) _D~s les ._-~vangiles. synoptiques,, JéSus. de
Israël a !,'.:OmpriS; qu'un.e -religion ·extérieure ne Nazareth, reprenant l'enseignement des · pro-
peut suffire. :Pour tro1,1ver.Die~. ·il fa,ut. « le. *cher- ,phètes, met en garde contre le formalisme ,des
cher de tou:t son cœur » ,(Dt,4,29)-. ISfaë.l a compris *pharisiens-; -il attire l'attention--sur Ie·mal véri-
qu'une fois pour tou:tes . il doit« fix~ ~~m cŒur-en table, celui qui vient.. du cœur- -: u.· Du cœur pro-
Yahweh_ :o- .(I-. S 7,3) et «. *aimer Die~ .i:Ie to_ut. son cèdent mauvais desseins, meurtres, adultères... :
cœur_ ~ (Dt 6,5), vivant_ dap.s une.docilité ,pro:fonde voilà. Ies-·ehoses qui rendent l'homme impur »
à sa. *Loi_. Mais ,toute .son histoire a.tte_ste son (Mt 15,19s). Jésus rappelJe l'exigence· divine 'de
impuissance .. :foncière à réaliser ,pareil _id,_éal. C'est générosité intérieure' .: il· fâut recevoir la parole
que le mal l'atteint au cœur:. « C_e peuple possède djms u~,_çœur bien disposé •(Le 8,15), aimer·Dicu
un cœur dévQyé et rebell_e »· (Jr 5~23), -«, un cœur ·.de·:tout son cœur· (Mt 22,37 p), pardonner à son
•incirconcis. ». · (Lv 26,41),. «. un .cœ~~ double-» i.:fl'èi:Ê:',.du fond· du cœur .(Mt r8,35). Et, c'est .. ·aux
(Os 10,2). Au lieu ,de. mettre leùr ·:foi·:e_n, Dieu, ccèurs pursquèJésuspromet--la vision de Dieu.(Mt
« ils on_t suivi _le penchallt 4e leur cœtl;i; -PJ.auvais o ''.' 5, ·8). -Mais; <l,épassant en cela tous les prophètes,
(Jr 7.~4;_ .18,_12), -si_ bien. que des cala:mités sans ~n ; cette·,•pureté, c'est lui-même,·-« .doux et humble
se sont abattues sur _e,ux.. Il- ne .leur ~te plus qu à de cœur » (Mt n,29), qui'la c0nfèz:e'à-ses disciples
« déchirer leut cœqr :o (H,.2,13): ·:~t:-~ se pré~ter (Mt 9,2; 26,28). Ressuscité, il -les' illuinine : tandis
dev_~t Dieu avec un ,cè CCJ!}ur brisé, brpyé_ » (Ps 51, ' · qu'il leur parlait, _leur Cèeur-: était tout brûlant
19),. priaqt _le . .Seigneur de: leur 11 _ e:réer. un cœur au-deda:ns d'eux. (Le 24,32).
pur, (Ps_51,12)-. b) Désormais, là *foi· au Christ, adhésion du

r77
CŒUR COLÈRE

cœur, procure le renouvellement intérieur-, inac- gique de l'amour de Dieu. Il y a incompatibilité


cessible autrement. C'est ce qu'affirme Paul : ~ Si radicale entre la sainteté et le péché. Certes, c'est
ton cœur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, la colère de l'homme qui a permis d'exprimer cette
tu seras sauvé. Car la foi du cœur obtient la ju~ réalité mystérieuse, mais l'expérience du mystère
tice h (Rm 10,9s). Par la foi, les yeux du cœui- est première par rapport au langage, et de tout
sont illuminés (Ep r,r8) ; par la foi, le Christ·. autre origine.
habite dans les cœurs (Ep 3,r7). Dans les cœurs
des croyants est versé un esprit *nouveau, a: l'Es- A. LA COLÈRE DE L'HOMME
prit du Fils qui crie : Abb!:I, ,Père 1> {Ga 4;6),' et,
avec lui, a: l'amour de Dieu » (Rm 5,5).'· Ainsi « la 1. Condamnation de la colère. - Dieu condamne
paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence prend la réaction violente de l'homme qui s'emporte
nos cœurs sous sa garde 11 (Ph 4,7). Telle est la contre un autre, qu'il soit jaloux comme Caïn
nouvelle alliance, fondée sur le sacrifice de celui (Gn 4,5), furieux comme Ésaü {Gn 27,44s), ou
qui a eu le cœur brisé par l'insulte {Ps 69,21). comme Siméon et Lévi vengeant avec excès l'ou-
c) Jean ne parle guère du cœur, sinon pour en trage fait à leur sœur (Gn 49,5ss; cf 34,7-26; Jdt
bannir le trouble et la crainte (Jn 14,27), mais 9,2) : cette colère mène ordinairement à l'homi-
il proclame sous d'autres termes l'accomplisse- cide. A leur tour, les sapientiaux blâment la
ment des mêmes promesses : il parle de •connais- sottise de !'emporté (Pr 29,n} qui ne maitrise
sance (1 Jn 5,20; cf Jr 24,7), de *communion pas « le souffle des narines », selon l'image origi-
(1 Jn 1,3), d'amour et de vie éternelle. Tout cela nelle, mais ils admirent le sage qui a « le souffle
nous vient par Jésus, crucifié et glorifié : de l'in- long li, par opposition à l'impatient a au souffle
térieur de Jésus {Jn 7,38; cf 19,34) jaillit une source court )) (Pr 14,29; r5,r8). La colère engendre l'in-
qui renouvelle intimement le fidèle (4,14). Jésus justice (Pr 14,r7; 29,22; cf Je 1,r9s). Jésus s'est
en personne vient au-dedans des siens, pour les montré plus radical encore, assimilant la colère à
faire vivre {6,56s). On pourrait même dire que, son effet habituel, l'homicide (Mt 5,22). Aussi
selon Jean, Jésus est le cœur de l'Israël nouveau, Paul lajuge-t-ilincompatible avec la charité (t Co
cœur qui met en relation intime avec le Père et 13,5} : c'est un mal ·pur et simple (Col 3,8) dont
qui établit entre tous l'unité : « Moi en eux et on doit se préserver, surtout en raison de la proxi-
toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un » mité de Dieu (r Tm 2,8; Tt t,7).
(17,23; cf u,52; Ac 4,32) ; a que l'amour dont tu
m'as aimé soit en eux et moi en eux» (Jn 17,26). 2. Les saintes colères. - Cependant, alors que les
JdF & AV stoïciens réprouvaient tout emportement au nom
de leur idéal d'apatkeia, la Bible connait de
--+ :llme I 3 - amour I AT 2, NT 3; II NT x - cir- « saintes colères » qui expriment concrètement
concision AT 3 ; NT z - connaitre AT J - cons-
cience 1. 2 a - désir II, III - endurcissement - la réaction de Dieu contre la rébellion de l'homme.
esprjt - Esprit de Dieu AT IV ; NT V 4 - face x - Ainsi Moïse contre les Hébreux, lorsqu'ils manquent
jugement NT I 2 - langue - lèvres I - Loi A ; B de foi (Ex r6,20), apostasient à !'Horeb (Ex 32,
IV; C III 3, IV 1 - pénitence/conversion - pur AT 19.22), négligent les rites (Lv to,16) ou n'observent
II 3 ; NT I 3 - reins 2 - simple 2 - vertus et vices. pas l'anathème sur le butin (Nb 31,q); ainsi
Pinhas dont Dieu loue le *zèle (Nb 25,u) ; ainsi
Élie, massacrant les faux prophètes {r R 18,40) ou
faisant tomber le feu sur les émissaires du roi
COLÈRE (2 R 1,10.12) ; ainsi Paul à Athènes (Ac r7,r6).
Face aux .idoles, face au péché, ces hommes de
Dieu sont, comme Jérémie, « remplis de la colère
Nul ne peut sans scandale entendre parler de de Yahweh » (Jr 6,u; 15,17}, annonçant impar-
Dieu en colère s'il n'a été un jour visité par sa faitement la colère de Jésus (Mc 3,5).
•sainteté ou son *amour. D'autre part, de même Sans paradoxe, Dieu seul peut se mettre en
que pour entrer dans la grâce l'homme doit être colère. Ainsi, dans l'AT, les termes de colère sont
arraché à son péché, ainsi pour accéder vraiment employés pour Dieu environ cinq fois plus que
à l'amour de· Dieu le croyant doit approcher le pour l'homme. Palll, qui pourtant dut s'échauffer
mystère de sa colère. Vouloir réduire ce mystère plus d'une fois (Ac 15,39), conseille avec sagesse :
à l'expression mythique d'une expérience humaine, 1 Ne vous faites pas justice à vous-même; laissez
c'est méconnaître le sérieux du péché et le tra- agir la colère, car il est écrit : C'est moi qui ferai

179 180
COLÏ!RE COLÈRE

justice, moi qui rétribuerai, -dit le Seigneur. » verS ceux qui- reviennellt à lui (2 Ch 30,6;· cf Rx
(Rm 12,•19). La colère n'est pas.l'affaire de l'homme~ · 34,6; .Is .63;-17);' En Dieu·'·luttent deùx '«. senti-
mais celle ,de Dieu .. . mënts- .», ·la colère •et 1a •miséricorde (cf Is 54,
Sss; Ps ·30,6), qui toutes deux signi_fient l'attache-
ment passionné' de PieU: pour l'homme. Mais elles
B. LA COLÈRE DE DIE_U l'expriment diversement : tandis que -la' colère,
réservée enfin au dernier *Jour; finit par ·s'idèn-
AT tifier à-l'•enf_er, l'amour miséricord~eux_ triomphe
à jamais au •ciel, et dès ici-bas à travers les *châ-
timents qui invitent le pécheur à la •·conversion,
1. C'est . un fait. c" ·Dieil se met en ,colère. Toutes Tel est le mystère-qu'Israël ·par des chemiris Variés
sortes d iimages afil.uent sous l'inspiration biblique, ~ peu' ~ peu approc~éi·_ ·
que rassemble Isaïe:·::,« .Ardente est sa colère, ses
lèvres.·_débordent de fureur, .sa langue est comme
un feu dévorant; son souffle comme un torre_nt II. COLÈRE E'! SAINTETÉ
débordant qui mont~ jusqu'au cou... son bras
s'abat dans l'ardeur de sa colère 1 au sein d'un feu 1. V 61'S l'adoration du Dieu saint. - Un premier
dévo~ru;it, d'un ouragan de -pluie._et .de grêle.·.. Le groupe de, textes, les·: plus anciens, ·laisse appa-
souffle, _de :Yahwe}_l;- comme un torrent de soufre, raître le caractère irrationnel du fait. La menace
va emÇraser-la paille et le ,bois, entassés .à Tophèt,, de· mort pèse sut· quicori.que appro'che inconsidéré-
(Is 30,2.7-33). · ·*Feu, souffle,. -tempête; torrent,. la ment. de la •sainteté de Yahweh'(Ex 19,9-25; 20,
Colère embrase, elle se déverse· (E.z,20,33), elle doit 18-21; ~3.20; Jg 13,22) ; U.zU-ëst foudroyé ·alors
être.bue, dans une. •coupe ,(Is 51,17), comme·un qu'il veut- soutenir l'arche (2 S 6;7). C'est ainsi
*vin•:enivrant ·(Jr 25,15.,-38).· , ·. ·, . . que· les psalmistes· interpréteront les -•calamités, la
Le résultat de cette colère, c'est la *mort· avec •maladie, la •mort prématurée, le triomphe des
ses auxiliaires. Famine, défaite- où peste, David •ennemis ·(Ps 88,16; 90,:i•rn: rn2,9-12; Jb).":·Der-
doit ·choisir- entre. elles (2 S. 24,i3ss) ; ailleurs ,ce rière cette attitude,,-lucide parce 4ù'èlle pI'end le
sont les plaies· (Nb -17,11);-la •lèpre'(Nb 12,gs), mal"pour ce qu'il est; -naïVe'parce _qu'elle_ attribue
la mort (1 S·6-,19);· Cette colère s'.abat sur tolis les tout inàl inexplicable à_ la colère -de Dieu cori.çue
coupables •*endurcis; d'.abord-sur Isi'aël,"'car il est comme la vertgea.iice·-·a•un tabou, se -cache uD.e foi
plus·proche .. du Dieu Saint· (Ex· ,19_;· 32;· Dt 1;34; profonde· •à la •.!llpiésènce_ de' Dieti; en ·tout 'éyêne-
Nb -25,7-13}, sur la. communauté· (2 R 23,26; Jr ment et Un authentiqué .sèntiment de •craiitte
21,5) comme sur les· individus; enSuite aussi sur devant 18. s~~eté de Dieu· (Is 6;5). · ·
les •nations (1 .S_.6,9), car -Yahweh est' 'le -Dieu
de toute la ·terre ·{Jr 10,10), Il ;n'_est· à peu-.près 2. Colère et pêché. --'- Selon d'autres textes;"1e
pas un document ni un livre q'ui ne rappelle cette cOOyaµt Ile se contente pas d'•adorer éperdiiirierit
conviction. l'intervention 'divi:i:le qui met -~n quèstîon ·son- Cxis-
. .
tenëe; il en- cherche·le motif ·et le seils. Loin···de
2. Oevant...le .fait d'~n Dieu a~mé d•une p~ion l'attribuer à ·quelque •haine··irialicieuse· (la mèn'is
viobmte, la 1'iii-son_ s'insu1'ge et veut· 'purifier _la grecque)· ou à un capri.ce· de jalousie (le dieû. baby-
divinité de .s·entiments qu'.elle . estime indignes lonien En,lil"'f,• ce •_qui sel'ait encore· se dic;c~Ipet s~I"
d'elle. Ainsi, selon: ·une ,tendance marginale -dans un, autre, Israël recorin~ît ·sa- faùte;• Parfciis, Dien
la_ Bible, mais ,fréquente daris les âu~.-religions désign.e-·le ·coupafüê.en ·punissant le -~ellple impa~
(vg les. Éryii.nies grecques),.-•Satan devietit,l'à.gent · ~i~l: •(Nb~,1)1,I) ou Myria~ à _la mauvai~e langue
de la-colère de-Dieu (comp. I Ch 21:et 2.-s 24). (Nb_ ·'!2,1-1-0) ; parfois -c'est 1a communauté qui
Toutefois ct .n'est pas-- par ce .biais de .démythi-:- e~ercë èlle-:même la -colère- divine (Ex· 32) ou. jette
sation .Ou de -transfert que la conscience religieuse . Jes sorts-pour .découvrir• le 'Pécheur, ainsi-'AcJ::l.ari
biblique a .accueillUe mystère. Sans doute la :tévé- '. .(Jos• 7). Si donc•il ·Y a colère de.·Dieu, c'est qu'il
laticm est transmise à traver~ _des images poétiques, ·W- eut !llpéché,'dè l'hànime:.Cette conviction guide
mais. ce ne -sont pas là simplès· mé_taphores. Dieu :' le rédacteur du Livre des Juges, qui' ry!;hme
semble affecté par- une "'.éritable · «,pa.ssibn :o·. qu(il l'histoire <):'Israël en trois temps _:; apost_asie du
déchaîne, qu'il· ne calme ·pas -(Is_ 9,11), qui ne peuple, colère de Dieu, conversion. ·d ~Israël.·
s'écarte .pas, (Jr 4,8), -:- ou ..au C(?ntraire qui--se Dieu··sort ainsi justifié du "pro'cès que lui inten:-
détourne (Os 14,5;. Jr 18,20), car·Dieu «·revient n tait le pécheu'r· (Ps 51,6) ; le péchéur alors découvre

181 182
COLÈRE
COLtRE

un premier sens à la colère divine : la jalousie des châtiments causés par sa colère (Am 4,6-u).
d'un amour saint. Les prophètes expliquent les Annoncée au pécheur dans un dessein de -miséri-
•châtiments passés par l'infidélité du peuple à corde, cette colère ne le paralyse pas comme un
r•Alliance (Os 5,ro; Is 9,rr; Ez 5,r3 ... }; l~s spectre fatal, mais l'appelle à se •convertir à
images terribles d'Osée {teigne, carie, lion, chas- l'amour (Jr 4,4).
seur, ourse ... : Os 5,12.14; 7,12; 13,8) veulen~ Si Dieu a un propos d'amour au •fond du cœur,
montrer le sérieux de l'amour de Dieu : le Saint Israël peut donc supplier d'être •libéré de la
d'Israël ne peut tolérer le péché .dans le . peuple colère. Animés par la foi en la justice divine, les
qu'il a élu. Sur les •nations aussi se_ déversera la •sacrifices n'ont rien des pratiques magiques qui
colère, à la mesure de leur •orgueil; ·qui les fait voudraient conjurer la divinité ; tout comme les
outrepasser la •mission confiée (Is 10,5-15; Ez •prières d'intercession, ils expriment la convic-
25,15ss). Si la colère de Dieu plane sur le monde, tion que Dieu peut revenir de sa colère. Moïse
c'est que le •monde est pécheur. L'homme, épou- intercède pour le peuple infidèle (Ex 32,u.31s;
vanté par cette colère menaçante, •confesse son Nb n,rs; 14,ns... ) ou pour tel coupable (Nb 12,
péché et attend la •grâce (Mi 7,9; Ps 90,7s). 13; Dt 9,20). De même Amos pour Israël (Am 7,
2.5), Jérémie pour Juda (Jr I4,7ss; 18,20), Job
pour ses amis (Jb 42,7s). Par là, les effets de la
III. LE TEMPS DE LA COLÈRE colère sont diminués (Nb 14; Dt 9) ou même
supprimés (Nb n; 2 S 24). Les motif& invoqués
L'itinéraire de la conscience religieuse n'est pas révèlent précisément que le lien entre Israël et
encore achevé : après être passé de l'adoration Dieu n'est pas coupé {Ex 32,12; Nb T4,15s; Ps 74,
aveugle à la confession de son péché, après avoir 2) : dans ce dialogue, l'homme arguë de sa fai~
reconnu la sainteté qui tue le péché, l'homme blesse {Am 7,2.5; Ps 79,8)-et rappelle à Dieu qu'il
doit adorer l'•amour qui vivifie le pécheur. est essentiellement •miséricordieux et •fidèle (Nb
14,18).
1. Colère et amour. - Dans les manifestations de
sa colère, Dieu ne se comporte pas comme un 3. Colèf'e èt chtUiment. - En ramenant la colère
humain : il maîtrise sa passion. Certes elle se qui extermine le pécheur endurci à un châtiment
déchaîne parfois immédiatement sur les Hébreux subi en vue de la correction et de la conversion
R qui avaient encore de la viande sous la dent » du pécheur, Israël n'a pas pour autant évacué la
(Nb u,33) ou sur Myriam (Nb 12,9), mais ce n'est colère au sens propre; il l'a située à sa place
point pour autant impatience, Au contraire, Dieu exacte, au dernier "Jour. Le Jour de ténèbres
est "lent à la colère iJ (Ex 34,6; Is 48,9; Ps 103,8), dont parlait Amos {Am 5, r8ss) devient le I jour
et sa miséricorde est toujours prête à, se mani- de la colère » (Dies irae, So 1,15-2,3) auquel nul
fester (Jr 3,r2). u Je ne donnerai pas cours à l'ar- ne pourra échapper, ni les païens (Ps 9,17s; 56,
deur de ma colère, je ne détruirai plus Éphraün, 8; 79,6ss), ni les impies de la communauté (Ps
car je suis Dieu, moi, et non pas homme », lit-on 7,7; II,5s; 28,4; 94,2), mais seul l'homme pieux
chez le prophète aux images violentes (Os 11,9). dont le péché a été pardonné (Ps 30,6; 65,3s;
De mieux en mieux, l'homme réalise que Dieu 103,3).
n'est pas un dieu de colère, mais le Dieu de la Une distinction a été ainsi opérée entre colère
•miséricorde. Après le châ.timent exemplaire de et colère. Dans le cours de l'histoire, les *châti-
l'*exil, Dieu dit à son épouse : u Un court instant, mellts ne sont pas proprement la colère de Dieu
je t'avais délais~ée, mais ému d'une immense pitié, qui extermine à jamais, mais seulerilent des •figures
je te rassemblerai. Dans un débordement de fureur, qui l'anticipent. A travers eux, la colère de la fin
un instant, je t'avais caché ma face. Mais dans un des temps continue à exercer sa valeur salutaire,
amour éternel j'ai pitié de toi » (Is 54,7s). Et la en révélant sous un de ses aspects l'amour du Dieu
victoire de cette pitié suppose que le *Serviteur saint. C'est en référence à cette colère que les
fidèle a été frappé à mort pour les péchés du •visites de Dieu à son peuple pécheur peuvent
peuple, convertissant en •justice l'injustice même et doivent être- comprises comme des gestes de
(Is 53,4.8). longanimité qui diffèrent l'exercice de la colère
dernière (cf 2 M 6,12-17). Les auteurs d'apoca-
2. Pour être libéré de la colère. - Punissant en lypses ont bien vu qu'un temps de la colère doit
son temps et non sous le coup d'une impatience, précéder le temps de la grâce définitive : r:r Va,
Dieu manifeste à l'homme la Portée *éducative mon peuple, entre dans tes chambres et ferme sur
C.:OLî~RE COÙ!RE

toi tes portes. Cache--toi un instant, le temps que tin (Le 14,21), comme le mattre du serviteur
passe la colère u (Is 26,20; .cf Dn 8,19; n,36). impitoyable (Mt 18,34), il voue au malheur les
villes sans _repentance. {Mt u,2os),· il chasse les
NT vendeurs du temple (Mt 2'x,12s), il maudit le
figuier stérile_ (Mc rr,21). Pas plus que la colère
Depuis le message dll Précurseur (Mt 3,7 p) jus- ·de Dieu, la colère de !'Agneau n'est un vàin mot
qu'aux dernières pages du NT (Ap 14,10), l'Évan- {Ap 6,16; He 10,3"1)',
gile de la "'grâ.ce maintient. 1~ colère_ .d~ Die_u
comme Une donnée ·'fondàmèntale' .· de Sori_ mes-
sage.· Ce serait _,l'enouveler l'hérésie de Marcfon II, .LE TEMPS DE LA' COLÈRE
que d'Cn.- élimin_er ·1~ .:colèt'e pour ne Vou~~ir crui-
server: qu'u~ .:fallacieux càll~ept; dé _«_ bon .Dièu ». r. La justice et la &f?Jère. - Par sa venue •ici-bas,
Cependant.la :ventie de Jés1:1,s-Chr{st transforme les lè Seigneur,a déterminé deux·ères·dans l'histoire
données de l' A,T en les .accoinplissant. du salut. Paul est" le théologien de cette IiouVeâuté :
en révélant ·la- •justice de· Dieu en faveur des
croyants, .le, Christ révèle auSSi là. colère·· sur tôut
I. LA RÉALITÉ ET LES IMAGES incrédule. ·cette colère, anaIOgue au· châtiment con-
cret dont· parlait l'AT, anticipe·Ia colère· défim..
r. De la passion divine· aux ·efféts ·de là'' cOlère. tive. Tandis que Jean-Baptiste bloquait dans sa
L'accent. $e ·déplace.. ·Certes ·les· images _de' l'AT perspective la ·venue en terre du Messie et sa
survivent enCorè :· "'fëti (Mt 5,'22; I Co 3,13.15), venue ·à la fin des temp·s, si -bien que le ministère
souffle_extel'mina•teur·(2 Th r_,8; 2,8), * vin, ·•coupe", de Jésus aurait dû être·,Je *jugement dernier,' Paul
cuve, tron:i.pettes de la COière (Ap 14;10:8; -16,1ss). enseigne· que le Christ a ·inauguré un temps inter-
Mais elles ne· .veùlent plus tant décrire· psycholo- médiaire· durant, lequel les deux ·dimensions de
giquement, la passion de Dieu 'qu'en révélér lès !'.activité divine .sont pleinement révélées, la-jusw
effets. ·Nous· sommes -·,entrés-. ·dari.S les derniers -tice et la colère. -Paul'ma:intient certaines-vues de
*temps. ·-Jean:..Bàptiste annoncé -~e 'feu· du· "'jugew l'-AT, par exemple quand il voit dans le pOuVoir
ment_ (11,'Ct 3',12), et Jésus_:IuUait _écho dans1a j>~aw civil un instrument de Dieu « ,poUr: exercer la
bole des in_vités-.indigD.es (Mt 22,7) ; pour lui aussi, répression vengeresse de la colère .divine sur les
l'ennemi et l'infidèlè seront anéantis· _(Le 19,27; malfa~teurs » (R,m 13,4), m~is il s'attache .surtout
12,46); · jetéS dailS· Je· feU :inèxtinguible (Mt tJ,42; à, révéler la ._condition nouvelle de l'homme devant
25,.p}'. ' ' ' ' Dieu. ·

2. Jésùs èn· ·côlère. · -.. liais; plus __ tèrrible· que cè ·1~


2 .. ··pe colère à -l~ mis!ri~ordè. - Depuis l~~ ori-
langage inspiré, plus ·tragique que r·expérience dCS gines, l',ho~e. est .péch,mr et mérite la. mort (Rm
prophètes écraSés entre le Dieu saint et le peuple 1,t8w32; 3,20) ;,ile~ en droit l'obj"et de la, colère
pécheur, il y a la réaction d'tin homme 'qui est divine, il ~s~ « .vas.e·de·colère.» .tout prêt pour la
Dieu même. En Jésus, la colère de Dieu se.révèle. perdition .. (9;22; Ep. 2,3), ce que_ transpose Jean,
Jésus.- .ne se comporte ·.pas crimme un·. stoïcien. qui qisa.,nt ,: a La ..colère_ de.Dieu demeure sur. l'.in~
ne se trouble jamais (Jn -n,33) ; il_ commande ~:~le » (Jn 3,36): Si l'homme. est ainsi congéni~a..
avec _violen~e à: Satan.(Mt 4-,ro;· 16,23), il.menace lem~t pécheur, l~s insti,t~tions divines les plus
durement les. démons (Mc.. 1,25), il est-hors. de lui saintes ont été perverties à -son· contact ; ainsi la
devant l'astuçe diabolique des -hommes. {Jn 8A4), •Loi-sainte u produit la colère.11 (Rm.4_,.15). Mais
et spécialement -des 'Pharisiens (1\lt 12,34), de ,I~/des~.J'de_Dieu e_st un dessein de •miséricorde,
ceux.qui. tue~t les prophètes, (Mt 23,33), des !l"h~ ~t;_I~ -vases de colère peuvent, s'ils se •con:yer-.
crites (Mt 15;7). Comme Yahweh, Jésus se dresse tissent, devenir,. des «· vases· de miséricorde II qll'il
en colère contre,quiconque_se dresse-contre Dieu. t•'· a d'avance .préparés pour· lai gloire {Rm 9;z3) ·; -et
Jésus .gourmande au_ssi,les désobéissants (Mc 1, :: /cela, quelle' que soit leur origine~ païenne ou juive,
43; Mt . 9,30), ·les disciples àu peu de foi (Mt 17, ~ {; • car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désow
17). Sur_to_ut, il se met- en -colère ;contre.·cèux._qui, tbéiSSance a-fi.Il de faire à.· tous niiséricorde » (n,
tel Je·. frèr~ aiµé jaloux du prodigue acc.ue_illi p_àr 32). Comme dans l'AT, Dieu ne donne pas libre
le Père des miséricordes (Le 15,28);:ne .se ·~_onti:ent cours à sa colère, manifestant ainsi sa puissance
pas miséricordieux {Mc 3,5).· Enfin Jésus mani- (il tolère le pécheur), mais aussi révélant sa bonté
feste la colère du _juge : .comme le maître du fes,- (il invite •à la conversion).

186
COL'kRE
COLOMBE

III. SAUVÉS DE-, LA COLÈRE

COLOMBE
I. J hus et la colère de Dieu. -. Quelque chose_
cependant a radicalement chaQgé avec la venue
du Christ, De cette « colère qui vient D (:r,.t:t .3,:7),
ce n'est plus la Loi, mais Jésus qui,4ous ·délivre 1 .. Tourterelle, _palombe, pigeon ou colombe sont
(1 Th 1,10), Dieu, qui « ne nous a' ~as réservés les principales variétés de volatiles, ~uvages ou
pour la colère, mais pour le •salut » (1 Th 5,9), non, que la Bible groupe sous le nom générique
n,ous assure que, « justifiés, nous serons sauvés de de colombe (hb : yonah). C'est le seul oiseau offert
la colère » (Rm 5,9), et, davantage}•que notre foi en sacrifice au Teffiple. Offrande des_ pauvres, elle
a fait-de nous des« sauvés ,1 (1 Co 1,18). est utilisée surtout dans les t'ites de •j,twijication
J ésuS en effet a « enlevé le péché du monde » (Lv 1,14; 5,7.n; Nb 6,ro; Le 2,24, citant Lv 12,
(Jn 1,29), il a été fait « *péché »-pour que .nous 8). De là, la présence dans le Temple des mar-
devenions justice de -Dieu en lui (2 Co 5,21) ; il chands de colombes (Mt 2_1,12 p; Jn 2,14.16).
a été mourant sur la *croix, il a été fait « *malé-
diction 11 pour nous donner la *bénédiction (Ga 2. Familiers des mœurs de la_.colombe, les Juifs·
3, 13). En Jésus se sont rencontrées les puissances s'en inspirent volontiers dans des comparaisons.
de l'amour .et de la sainteté, si bien qu'au moment Si Israël attend le salut qui ne vient pas, il fait
où la_ colère s'abat sur celui qui était « devenu entendre les: gémissem~ts de la colombe (Is 38,
péché », c'est l'amour qui demeure ·vainqueur; le 14; 59,rr; .Na 2,8). Découragé, il voudrait s'en-
laborieux- itinéraire de l'homme qui cherche à voler au désert (Ps 55,7s). Les migrations- saison-
découvrir l'*amour derrière la colère s'achève et nières manifestent chez la colombe une connais-
se concentre en l'instant où Jésus meurt, antici- sance instinctive dont Israël est dépourvu à l'égard
pant la colère de. la fin des temps pour en libérer de Dieu (Jr 8,7) ; elles évoquent tour à tour la
à jamais quicoQque croit en lui. fuite,.en- exil (E:z 7,16) ou le rassemblement au
gîte (Os :u,:u; 1s 60,8). D'autre part, u· Éphra'im
2, En attendant le Jour de la colère. - Pleinenient est une coloiµbe na.Ive et sans cervelle » (Os 7.
libérée de la colère, l'Église continue cependant , :u), effarouchée_ par le danger. De toutes ces com-
paraisons, Jésus n'en· a retenu aucune immédia-
à être le lieu du combat avec *Satan. Car « le
diable, frémissant de colère, est descendu chez tement ; il procède par opposition en demandant
nous D- (Ap 12,12), poursûivant la •Femme et sa à ses disciples de se montrer « malins comme les
descendance ; par lui, les •nations Ont été eni- serpents et candides comme les colombes » (Mt
10,16).
vrées de la colère divine (14,8ss): Mais l'Église
ne craint pas cette parodie de la colère, car la
nouvelle •Babylone sera vaincue, quand 1e Roi 3. Enfin dans la Bible comme chez de nombreux
des rois viendra M fouler dans la cuve le •vin de poètes, _la colombe peut désigner symboliquement
l'ardente colère de Dièu » (19,15), assurant ainsi l'amour. La bien-aimée est aux yeux de l'amant
au dernier Jour la •vict~ir-e de Dieu. XLD « ma colombe » (Ct 2,14;- 5,2 ... ). Israël se donne
lui-même ce nom:« Ne-livre pas à la bête la vie
._ châtiments - coupe :2. - crainte de Dieu III - de ta. tourterelle» (Ps 74,19). Au_baptême de Jésus,
endurcissement I 2 - feu AT II 2, HI - impie NT l'Esprit de Dieu descend comme une colombe et
3 - Jour du Seigneur AT II; NT O - jugement - vient sur Jésus (Mt 3,16 p). Aucune interpréta-
malédiction V - mi,éricorde AT I :2. b - orage 3 - tion certaine •n'a·pu être donnée de ce symbole.
pardon - patience - silence I - vendange 2 - ven- Très probablement, il ne s'.agit pas d'une allusion
geance I - vin II 2 a ....:... violence - zèle. à la colombe·:qui retourne à l'arche de Noé (Gn 8,
8-12). Certains, s'appuyant sur des traditions
COLLECTE-,Îlwnône NT 3 b - Église IV 3. V 1.
juives, identifient la -colombe à Israël. Ne sug-
gère-t-elle pas plutôt l'amour de Dieu qui dès-
cend symboliquement sur la terre ? Enfin, en
accord avec _d'autres traditions juives qui voyai_ent
une colombe dans l'Esprit' dé'Dieu voletant-sur

r88
COLOMBE .COMMUNION

les ea11J1= (Çn 1,_2), certains critiques .. estim,ent ment-ils 11 sacrifice de éommunion 11 (cf Lv 3).
qu'elle_ évoque la c_réati1:m nouvelle qui a lieu au En· fait, - jamais l'AT -ne ·parle explicitement de
baptême .d" Jésus. XLD communion avec Dieu, mais seulement de• repas
pris « devant Dieu • (Ex 18,12; cf 24,u).
--+ animaux - :t:- Esprit dè Dieu NT I
baptême; ·111
I - simple 2 - Temple NT f x. ·
2. L'Alliance. - ee·. besoin demeurerait un rêve
COMBAT->- courir....:... ennemi - épreuveJlentation - stérile, si Dieu ne proposait à son peuple une forme
fidélité NT 2 -:-- guerre - prière -V .2- a. réelle d'échanges et de vie commune :.par l'-*Al-
liance, Yahweh prend en charge l'existence d'Is-
COMMANDEMENTS---+- amour 1·· AT 0, NT Za; raël,. il épouse· ses intérêts_ (Ex 23,22), il vèut une
II - autorité - '"Loi ___: volonté Pe Dieu O ; NT I rencontre (Am 3,2)_-et cherche à gagner son ·cœur
:i, Il.. ,
(Os· 2,16). Ce dess"eii;J "de communion, ressort de
COMMUNAUÛ---+-circoncisionAT 1 -conimunion l'Alliance, se révèle dans l'appareil dont Dieu
peuple ~ prophète AT 'I 3 -
- Église - frère· - entoure son ·initiative : ses longs entretiens avec
repas - unité. Moïse (Ex 19,20-25; 24,!2-18), le nom de la.« Tente
de réunion. 11 où if le.- rencontre- (33,7..'u);

3. La Loi. - Charte de l'Alliance, la *Loi a pour


but· d'apprendre à Israël· les réacti0ns de Dieu
COMMUNION (Dt ·24,18; Lv 19,2). Obéir à- la -Loi;· se -laisser
façonner par . ses préceptes.-· c'est donc trouver
DieU et s'unir à· lui: (Ps n9) ; inversement, -•aimer
La communio~ euch~s:tique est- l'un des gestes Dieu et le chercher, c'est·observer ses·commande-
où Je ·chrétien manifeste l'originalité de sa fqi; la ments (Dt 10, 12s).
certitude d'avoir_avec le Seigneur un contact..d'un_e
proximité- et -d'un réalisme qui dépassent- toute 4• La-prièfe. ·-'-·L'israélite qui vit dans·la·_fidélité
express_iqn. Cett~ e,rpérien,ce. ·_a sà. traduction ~:lans à l'Alliance.rencontre Di.eu d'.une façon plus _iiltime
le vocabulaire: si l'AT n'a.pas_ de terme.propre encore, dans les deux· formes fondamentales de la
pour ·la désigner, le mot grec koin6nia exprime •prière : dans l'élà.n spontané d'admiration- et de
dans le NT les relations du chrétien avec le vrai joie "deVant -les mervèilles. divines', ··qui· suscite -la
Dieu révélé par Jésus, et celle des chréti~s entre •bériédictfon, là *louange et 1'*8.Ction de grâces ;
eux. . _.. . ,, - et dans la supplication passionnée à la recherche
La recherche d'une communion ave_c la divinité de la ·présence de Dieu (Ps 42,2-5; _63'.2~6); · d'une
n'est pS.S étrangère à l'homme; la religion qui se rencontre que la •mort même ne puisse rompre
présente chez -lui comme un désir de se relier à (Ps 16,9; 49,16; 73,24), .
Dieu_, .Se. traduit fréquemment par des. •sacrifices
ou_ des •:.:-epas sacrés; dans lesqueJs le._dieu est.censé 5. La communion des cœu,s dans Je peuple est le
partag81'. la ~nolllTiture de ses--fidèles. D'.autre part, fruit de l'Alliance : la solidarité naturelle- au sein
les repas ·d'alliance veulen,t sceller:entre les horilmes de la famille,. du clan, de. la-. tribu, devient la com~
des liens .de fraterni_té ou ,d'.amitié. munauté de pensée· et de vie• au :service dù' Dieu
Si JésÜs-.Chnst seul, riotre· -qnique •médiateur•. qui .rassenible Israël. Pour être fidèle à ce Dieu
est c;:apa:t>le de _.com.bler ce.,désir,_ l'AT, tout en sauv_eur, l'Israélite doit considérer_ son campa--:
mai~ten~t jaloµsement _-les· .distançe_s infranchis- triote comme .son «'*frère·» ,(Dt 22,1-4; ·23;20) et
sable:s .avant-.. l_'l~carnation, . prépare déjà-_ son . pro4ïg•uer ~il- ·sollicitude aùx "plus déshérités ··(24,
ac.comJ?lissemei;a.t. · 1~)r'.;L'assemblée liturgique :des traditions sacer-
d.Ôtâles est en m ~ temps -une communauté natio-
AT 'J-~le en marche vers sa destinée-divine (cf Nb ·1,
(16ss; 20,6-n;· 1 Ch ·1,3,2).- la ••· .communauté de
I. Le •culte iSl'aéli.te reflète le besoin d'entrer en :·tahweh II et u tout Israël » (1 Ch 15,3). ·
communion . avec Dieu. Cela: s'exp_rime , su:rtout ·{,
dans_Ies·sacrifi~... dits a: d,e:paix •• c'est~dire de NT
bonheur, où une partie de la victime revient ·à
l'offrant : en .,la· mangeant, il e,st admis à la table Dans le Christ, la communion 8.vec.Uieu deviént
de Dieu. Aussi -beau~qup de__ traductions le nom- une réalité ; partageant, dans sa faiblesse mêine,,

189 199
COMMUNION CONFESSION
la condition commune. à tous les hommes (He 2, dans l'amour du Père ·et du Fils, comme le Père
14), *Jésus-Christ leur donne de participer à la et le Fils demeurent l'un dans l'autre et ne font
nature divine (2 P r,4). qu'un (Jn 14,20; 15,4.7; 17,20R23; I Jn 4,12).
L'observation des con:~.mandements de Jésus est
1. La tommunion au Seigneur vétue dan; l' Églis~. le signe authentique du désir_.de cette conimunion
- Dès le début de sa vie publique, Jésus s'associ~. permanente (Jn 14,21; 15,10); la puissance de
douze compagnons, qu'il veut_étroitement soli- l'Esprit-Saint la réalise (14,17; 1 Jn 2,27; 3,24;
daires de sa mission d'ense_ignement et de_.mis~ri- 4,13) et le *pain eu-charistique en est l'aliment
corde (Mc 3,r4; 6,7-r3). Il affirme g:µe les Siens indispensable (Jn 6,-~6).
doivent partager ses souffrances· pou'r '·être digités Ain~i. le chrétien *goftte-t-il pàr avance _la joie
de lui (Mc 8,34-37 p; Mt_20,22; Jn r2,24ss; 15,18). étenielle, rêve de tout cœur d'homme", espérance
Il est vraiment le •Messie, le *Roi qui fait corps d'Israël : « ~tre avec le Seigneur, toujours D (r Th
avec son peuple. En même temps il souligne l'unité 4,17; cf Jn r7,24), en communiant à sa gloire
fondamentale des deux commandements de l'amour (1 P 5,I). DS & JG
(Mt 22,37ss).
L'union fraternelle des premiers chrétiens résulte ~ ,Alliance - amour Il NT 3 - autel 3 - connaitre
de leur foi commune au Seigneur Jésus, de leur NT 2 - Corps du Christ Il 2, III 1 - coupe 1 -
désir de l'imiter ensemble, de leur *amour pour culte AT I ; NT III 2 - demeurer II 3 - désir IV -
Église - eucharistie - imposition des mains AT -
lui, qui entraîne nécessairement leur amour mutuel : pain - présence de Dieu NT II - repas - sacri-
ils n'avaient qu' « un cœur et qu'une âme » (Ac 4, fice --; solitude II - unité.
32). -Cette communion entre eux se réalise en pre-
mier lieu dans la fraction du pain (2,42) ; elle se COMPARAISON-+ figure - image - parabole.
traduit, à l'intérieur de l'Église de Jérusalem, par COMPASSION-+ consolation - miséricorde - ten-
la mise en commun des biens (4,32-5.II), puis, dreese.
entre communautés venues du paganisme et Jéru-
salem, par la collecte que recommande saint Paul CONCUPISCEijCE -+ cupidité - désir- II.
(2 Co 8-g; cf Rm 12,13). L'aide matérielle apportée ~ONDAMNATION _,. ·châtiments 2 - jugement -
aux prédicateurs de l'Évangile manifeste de façon malédiction V - procès. '
spéciale cette communion en lui donnant le carac-
tère de la gratitude spirituelle (Ga 6,6; Ph 2,25).
Les persécutions endurées ensemble font !'*unité
des cœurs (2 Co 1,7; He I0,33; 1 P 4,r3), comme CONFESSION
la part prise à la diffusion de l'Évangile (Ph 1,5};

2. Signification de cette communion Dans le langage courant, la confession n'évoque


a) Pour saint Paul, le fidèle qui adhère au le plus souvent que le sacrement de *pénitence et
Christ par la •foi et le •baptême participe à ses le confessionnal. Mais ce sens habituel n'est lui-
*mystères (cf les verbes composés du préfixe syn-). même qu'un sens dérivé et très particulier. La
Mort au péché avec le Christ, le chrétien ressus- confession, dans l' AT comme dans le 'NT et dans
cite avec lui à une vie nouvelle (Rm 6,3s; Ep 2, la tradition chrétienne des saints ·qui confessent
5s) ; ses souffrances, sa prppre mort l'assimilent leur foi,·c'est d'abord la- proclamation de la gran-
à la passion, à la mort et "à la résurrection du Sei- deur de Dieu et de ses gestes sauveurs, une pro-
gneur (2-Co 4,14; Rm 8,r7; Ph 3,ros; 1 Th 4,14). fe5Sion·, publique et officielle de *foi en lui et en
La participation au Corps *eucharistique du Christ son action ; et la confession du pécheur n'est vraiè
(r Co 10,16) réalise à la fois la. a communion au que si elle est proclamation de la *sainteté de Dieu.
Fils » (r,9) et l'union des membres du Corps (10, La confession de foi est une attitude essentielle
17). Le don de-l'Esprit-Saint à tous les chrétiens de l'hômme religieux, Elle n'est pas nécessaire-
scelle entre eux une communioti intime (2 Co 13, ment liée à une connaissance distincte et à. une
r3; Ph 2,r). énumératiOn complète des gestes de Dieu, mais
b) Pour saint Jean, les disciples qui accueillent elle implique d'abord une attitude pratique d'ou-
l'annonce dU a Verbe de vie » entrent en commu- verture et d'accueil à ses- initiatives, tel le prêtre
nion avec ses témoins (les Apôtres) et, par eux, Éli reconnaissant à la fois· le péché de ses fils• et
avec Jésus et. le ·*Père (1 Jn 1,3; 2,24). Finale- la grandeur de Dieu : ({ Il est .Yahweh » (I ·s 3,
ment les chrétiens, unis entre eux, *demeurent 18), Aussi conduit-elle normalement de la con-

~gr 192
CONFESSION CONFESSION

naissance de Dieu à la réaction que doit susciter dont Dieu a pris l'initiative; le •pardon est accordé
cette prise de conscience, l'action de grâces : elle (2 S 12,13; Ps 32,5) _et'fa rupture qui-plonge tout
est la justification et l'expression publique de le peuple· dans le malheur·prend fin-(Jos 7~19ss).
r•action de grâces et de la •louange (Ps 22,23).
Aussi coll_lme celles-ci, la confession s'adresse- NT
t-elle directement .à Dieu, à la différence. du
•témoignage, qui a pour objet lui aussi les gestes 1. Confesser Jésus-Christ. - Si l'acte du :fidèle
de Dieu, mais qui est d'abord tourné vers les demeure essentiellement le même, l'objet ·de sa
hommes. profession de foi subit une véritable transforma~
tian. La grandeur de Dieu se révèle dans toute
AT sa splendeur. Les plus anciennes confessions de
foi d1s:raël (Dt 2.6,5; -Jas 2.4-a.2.-13) :rappelaient les
1. Confesser- le Nom ds ·Dieu.,~ La confession, événements de la sôrtie d'Egypte. Mais la libé-
l'action de ·grâces, la louange ~ la *bénédiction ratîon qu'opère le Christ atteint toute l'humanité;
sont constamment .unies. Elles ont pour poirit de elle détruit le pire ennemi de l'homme; celui qui
départ les· ·•œuvreS. de Dieu:; la description des le minait de l'intérieur, le péché; elle n'est plus
faits est l'élément central de la confession. Les temporaire comme les sauvetages nationaux du
formules. les plus anciennes sc,nt brèves ; elles passé, c'est le •salut ·définitif.
ont été. ·utilisées comme- titres·- donnés à Dieu Les confessiotis de foi de Pierre (Mt :.r6,16 p;
dans le c'ulte. •Yahweh est d'abord, c_elui « qui a Jn 6,68s) et de l'aVeugle-né (9,15ss.30-33) montrent
fait sortir. Israël du·: pays d'Égypte ll ·(Dt 6,12; que cette foi naît du contaèt vivant avec Jésqs de
8,14 .. ,),- formule la 'plus répandue; il est aussi Nazareth.. ]):ans l'Église, c'est ·comme acteur essen-
le a Dieu· des Pères •· (Ex, Dt, Ch); plus tatd ·n tiel du drarite du salut que Jésus est, dans·sa·m.ort
est désigné comme -.Celui qui a a, juré de donner et sa résurrection, l'objet de la profession -de foi.
[la terre]·à.tes:.pères » (Dt-.r,8.-35). Enfin on.en Celle-ci se manifeste dans les formules primitives
vient à' détailler l'his:toire du salut (26,5~9) ; .à Il Marana tha. »- (1 Co 16,22) et Il Jésus'est *Sei-
l'exode comme ·centre se.rattachent leS •promesses, gneur »- (x Co u,3: Ph 2,-11) qui la.résument et
}'•élection .·.et l'*alliance·.. Ce. développement con~ servent. d·'acclamations liturgiques. L'.·objet 9-e la
tinue de ·s'exprimer en termes ·concrets : « mon foi proclamé_ dans la. prédication selon un schéma
•Rocher, ma.-•Force, mon- *Salut 11 ;. même quand · stél)mtypé. (kérygme) s'.exprime aussi dans· une
on confesse .que.Dieu est incomparable (Ex 15,11; ébatiche de credo (.r Co 15,3~7) et dans des-hymnes
Ps· 18,32). ·il s'~git de son action historique, et non liturgiques (r·Tm-3',16) .. Jésus-est reconnu unique
d'une réflexion: philosophique. sur sa nature. Le Sauveur (Ac 4,12),. Dieu '(Jn zo;zS), Juge du monde
devoir dOnt- on s'acquitte ainsi à l'égard de· _son à venir (Ac rn,42), envoyé de Dieu et ntitre'Grand
grand •nom· (Jr- 10,6;-Ps.76,2). assure la .pérennité Prêtre (He 3,1). Dans cette adh~sion de foi ·à celui
du souvenir et· la ··transmission ·de la foi d'Israël que Dieu dorine .au monde comme. *Messie et
(Dt 6,6"9), Sauveur, c'est à Dieu lui-même ·que va· la ·confes-
Le judaïsme préchrétien est.-fidèle_ à.,cette tra- sion, du chrétien.
dition. Chaque. jo_ur il·ponfesse .sa .foi en. réunis-- Il ne ·suffit ·pas que la parole soit .reçue et
sant trois-fragments du_,Pentateuque dont le-pre- *demeure en nous (1 Jn 2,14)_. Elle doit·être con-
mier affirme la·_ croyance· fqndamentale au !'l'Dieu fessée. C'est, parfois la simple adhésion qui est
unique qui a fait alliance· avec Israël (Dt 6,4s). ainsi désignée, par opposition aux dénégations de
celui .qui -ne croit pas-.a la-mission de Jésus (1 Jn
2. La· conjession-des_pé_chés signifie·en profondeur ,2.,~2s), ~~ le plus souvent, comme.il est normal,
que toute faute. est commise .contre. Y~weh. (Lv it.èst,.;Ja f,fucl,amation publique. Nécessaire· pour
26,40).; mê:me ·celles cont~e'le prochain (Lv 5,21; patvênir au salut (Rm 10,9s);-. souhaitable. en tous
2 S 12,13s), Le *péChé fait·.obstacle aux ,relations temps (He 13,:i':'5), elle a pour modèle celle-;que
que. Dieù veut établir avec ,l'.homme. Le désaveu \---~Jésus a faite en rendant témoignage à la vérité
par le. coupable lui-même qui s.e reconnaît- •res- \J(JD. i8,37;· 1 Tm 6;12s). Elle accompagne le ~bap-
ponsable, indivi4u (Pr . 28,B} -o-q_ collectivité (Ne :'!tême _(Ac 8,37)', et.certaines circonstances l'exigent
9,2s; .Ps _1o6);. de l'acte qui 1•~ dressé contre.Dieu ::plus particulièremeµt, c;o'm.m.e ·celleB ·-•ù l'abstei;i•
réaffinnti= .les droits imprescrip_tibles que son péché tion serait J'.équivalent d'ull. l'eni~ent (Jn 9'.22).
remettait en question. .Une_ fois restaurés ces Malgré la. •persécutiori. · il faudra professer s~f foi
droits qui, reposent en , partiCulier sur l'"' Alliance _ çl.eyant. 1~ tribunaux, comme Pie~e (Ac . 4,2.0),

193 194
CONFESSION CONFIANCE

jusqu'au *martyre, comme Étienne (Ac 7,56), sous


peine d'être renié par Jésus devant son Père (Mt
10,32s; Mc 8,38), si l'on a préféré la gloire humaine
à celle qui vient de Dieu (Jn 12,42s). Les élus
continueront de confesser Dieu (Ap r5,3s) et Jés_lls
(5,9) dans le ciel. ·
Parce qu'elle est le retentissement en l'homrrïie CONFIANCE
de l'action de Dieu, et qu'ellê remonte jusqu'à
lui, toute confession authentique est produitè· en
nous par l'*Esprit de Dieu (r Co 12;3~ 1 Jn 4,:1s),
notamment celle qu'il suscite devant les tribunaux Affronté aux tâ.ches de la vie et à ses dangers,
persécuteurs (Mt ro,20): l'homme a be!:.oin d'appuis sur lesquels il puisse
compter (hb. bQJali), de refuges où s'abriter (hb.
2. La confession des pécMs. - L'aveu-des péchés [iasak) ; pour ne pas être paralysé par }'•angoisse,
à un homme ayant reçu le pouvoir de les par- mais pour persévérer malgré les •épreuves et espérer
donner ne semble pas attesté dans le NT : la cor- .parvenir' au but, il faut avoir confiance. Mais à
rection fraternelle et la monition de la commu- qui se :fier?
nauté visent d'abord à faire reconnaître par le
coupable ses torts extérieurs ·(Mt 18,15ss) : la 1. Confiance et foi en·Dieu. - Dès l'origine,,Ie pro-
confession mutuelle à laquelle convie Je 5,15s blème se pose et Dieu en révèle la réponse ; en
siinspire peut-être de la pratique juive, et_ 1 Jn 1,9 interdisant à l'homme le fruit de l'arbre de la
ne précise pas la forme que doit prendre l'aveu science, il l'invite à se fier à Lui seul.pour discerner
nécessaire, le bien du mal (Gn 2,r7). Croire en la parole divine,
Toutefois la confession de ses péchés est tou- c'est choisir entre deux sagesses, faire confiance à
jours le signe du repentir et la condition normale celle de Dieu, renoncer à se :fier à son propre sens
du pardon. Les Juifs q~i viennent trouver Jean- (Pr ·3,5) ; c'est aussi faire confiance à la toui»-
B.:iptiste confessent leurs fautes (Mt 3,6 p), Pierre pnissance et à ·la *providence du· Créateur ; car
s'avoue pécheur, indigne d'approcher de Jésus tout est son œuvre au ciel et sur la terre {Gn 1,1:
(Le 5,8), et celui-ci, décrivant le repentir de l'en- '·-Ps u5,3.r5); l'homme n'a donc rien à •craindre
fant prodigue, y fait entrer l'aveu de son péché des créatures qu'il a au contraire mission de
{Le 15,2r}. Cet aveu, exprimé en paroles par Zachée dominer (Gn 1,28),
(19,8), en gestes par la pécheresse (7,36-5Q), ou Mais l'homme et la femme, qui ont preféré se
encore par le silence de la femme adultère qui ne fier à une créature, apprennent par expérience que
se défend pas (Jn 8,9-n), est la condition du *par- c'est là se fier au mensonge (Gn 3,4SS; Jn 8,44; Ap
don qu'accorde Jésus. Là est le point de départ 12,9) ; tous deux gofttent les fruits de leur vaine
de la confession sacramentelle. Tout homme est confiance ; ils ont peur de Dieu et *honte l'un en
pécheur et doit se reconnaître tel pour être purifié face de l'autre; la fécondité de la femme et celle
(I Jn r,gs), Cependant_ la reconnaissance de son du .sol deviennent douloureuses ; enfin ils feront
indignité et la confession des *lèvres tirent leur - l'~périence de la mort (Gn 3,7.10.16-19).
valeur du repentir du *cœur, et la confossion de .Malgré· l'exemple d'Abraham, confiant jusqu'au
Judas est vaine (Mt 27,4). sacrifice (Gn 22,8-I4; He u,17) parce qu'il est
Ainsi, sous les deux -Alliances, celui qui con- 1sftr que « Dieu pourvOira », le peuple d'Israël ne
fesse sa foi au Dieu qui sauve, comme celui qui se fie pas au Tout-Puissant qui l'a libéré et à son
confesse Son péché se trouvent l'un et l'autre -amour qui l'a choisi gratuitement pour fils (Dt
libérés du péché par la "foi (Ga 3,22). Pour eux 32,6.ross); privé de tout appui créé au milieu du
s'accomplit 1a parole ; « Ta foi t'a sauvée » {Le désert (Ex r6,3), il regrette sa servitude et mur-
7,50). PS mure. Au· long de-son histoire, il ne veut pas se
confier en son Dieu (Is 30,:15; 50,10) et lui préfère
-,,. action de grâces - adoration. - baptême IV 3 - des idoles dont les prophètes dénoncent II l'impos-
hénédiction Il 2.3, III 5, IV-:-- cendre.- culte -. des- ture » (Ji r3,25) et u le Néant» (Is 59,4; cf Ps 115,
sein de Dieu AT I, III - élection AT I z - fêtes -
foi - Jésus (nom de) III ..:- Jésus-Christ II I a - 8). Les sages affirment aussi qu'il est vain de s'ap-
langui:: - lèvres 2 - louange - martyr - pardon puyer sur la richesse (Pr n,28; ,Ps 49,7s), sur la
I, II 3 - pénitence/ conversion - responsabilité 4 - violence (Ps 62,n), su_r les ·princes (Ps u8,8s;
Seigneur-silencez- témoignage AT III; NT II, III. 146,3) ; insensé est l'homme qui se fie à sou
CONFIANCE CONFUSION

propre sens (Pr 28,26). Bref : << Malheureux l'homme 3. Confiance et joyeuse assurance. - Par cet acte
qui se confie en l'homme ... Heureux celui qui se d'amour confiant, Jésus remportait la victoire sur
confie en Yahweh (Jr r7,5.7). De cette maxime,
)t toutes les puissances du mal et attirait tous les
Jésus achève de révéler l'exigence : il rappelle la hommes à lui {Jn 12,3rs; r6,33). Il ne suscitait
néces&ité du choix initial qui rejette tout autre pas seulement leur confiance, il fondait leur assu-
maître que celui dont la puissance, la sagesse et rance. Le disciple confiant devient en effet témoin
l'amour paternel méritent une confiance absolue fidèle; appuyant sa *fidélité sur celle de Dieu, il a
{Mt 6,24-34} ; loin de se confier en sa propre jus- confiance que la grâce divine achèvera son œuvre
tice (Le I8,9-I4), il faut chercher celle du Royaume {Ac 20,32; 2 Th 3,3s; Ph 1,6; r Co 1,7ss). Cette
(Mt 5,20; 6,33). qui vient de Dieu seul et n'est confiance que !'Apôtre affirme, même aux heures
accessible qu'à la foi (Ph 3,4-9). de crise (Ga 5,ro), lui donne une assurance indé-
fectible pour annoncer en toute liberté (parrèsia)
2. Confiance et humble prière. - La confiance en la parole de Dieu (r"Th 2,2; Ac 28,3r). Déjà, si
Dieu qui s'enracine dans cette foi est d'autant les premiers disciples avaient porté témoignage
plus inébranlable qu'elle est plus humble, Il ne avec tant d'assurance, c'est que leur confiance
s'agit pas en effet, pour avoir confiance, de mécon- en avait obtenu la grâce par la prière (Ac 4,
naître l'action dans le monde des puissances mau- 24-31).
vaises qui prétendent le dominer (Mt 4,8s; I Jn €ette confiance inébranlable, condition de la
5,r9) et, encore moins, d'oublier qu'on est pécheur. fidélité (He 3, 14), donne aux témoins du Christ
Il s'agit de Teconnaitre la toute-puissance et la une assurance joyeuse et *fière (3,6) ; ils savent
miséricorde du Créateur qui veut sauver tous les qu'ils ont accès au trône de la grâce (4,16), donc
hommes (1 Tm 2,4) et en faire ses fils adoptifs en la voie leur est ouverte par le sang de Jésus (10,
Jésus-Christ (Ep r,3ss). rg) ; leur hardiesse n'a rien à craindre (13,6) ; ils
Déjà Judith prêchait une confiance incondition- savent en qui ils se sont confiés (2 Tm r, r2) ;
née dont elle donnait un exemple inoubliable (]dt rien ne les séparera de l'amour de Dieu (Rm 8,
8,n-I7; 13,19) ; c'est qu'elle invoquait son Dieu, 38s) qui, après les avoir justifiés, leur a été com-
à. la fois comme le sauveur de ceux dont la situa- muniqué et qui les rend fiers et constants dans
tion est désespérée et comme le Dieu des humbles l'épreuve (Rm 5,1-5), de sorte que tout, ils le
(9,n) ; confiance et *humilité sont en effet insépa- savent, coopère à. leur bien (Rm 8,28),
rables. Elles s'expriment dans la prière des pauvres La confiance, qui est la condition de la fidélité,
qui, telle Suzanne, sans défense et en péril mor- est en retour confirmée par elle. Car)'*amour, dont
tel, ont le cœur assuré en Dieu (Dn 13,35). C'est la fidélité persévérante est la prellve {Jn r5,10),
donc u du fond de l'abîme » (Ps 130,r) que jail- donne à la confiance sa plénitude. Ceux qui
lissent les appels confiants des psaumes : « Moi, demeurent dans l'amour auront seuls pleine assu~
pauvre et malheureux, le Seigneur pense à moi » rance au Jour du jugement et de l'avènement du
(Ps 40,18); a En ton amour, je me confie" (13, Christ, car l'amour parfait bannit la crainte (I Jn
6); 1: Qui se fie en Yahweh, la grâce l'entoure » 2,28; 4,16ss). Ils savent dès maintenant que Dien
(32,10) ; o: Heureux qui s'abrite en lui » (2,12). Le écoute et exauce leur prière, et que leur tristesse
psaume 13r est la pure expression de cette humble présente se changera en joie, une joie que nul ne
confiance, à laquelle Jésus va donner sa perfec- pourra leur ôter, car c'est la joie du Fils de Dieu
tion. (Jn 16,2oss; r7,r3). MFL
Il invite en effet ses disciples à s'ouvrir comme
des enfants au don de Dieu (Mc 10,15) ; la prière --+ angoisse 3 - béatitude AT I 2, Il 2 - chair II
au Père céleste est alors sûre de tout obtenir I - crainte de Dieu li - création IV 2 - déception -
(Le u,9-13 p) ; par elle, le pécheur obtient d'être enfant I, Il - espérance - fierté O ; NT 2 - foi -
justifié et sauvé (Le 7,50; 18,13s); par elle, honte 1 1, Il 1 - humilité Il, Ill - incrédulité 1 2 -
l'homme retrouve son pouvoir sur la création libération /liberté ·111 3 a - persécution Il - prière
(Mc n,22ss; cf Sg 16,24). Toutefois les enfants de II 3 - Providence - rocher r - salut AT li ; NT li
Dieu doivent s'attendre à voir les impies les J - silence 2 - sommeil I 1 - soucis 2.
tourner en dérision et les persécuter en raison
même de Jeur confiance filiale; Jésus lui-même CONFIRMER --+ amen - force - onction III 6.
en a fait l'expérience (Mt 27,43; cf Sg 2,18), au
moment où, consommant son sacrifice, il expirait CONFUSION--+ déception I 2 - fierté - honte -
dans un cri de confiance (Le 23,46). orgueil 4.

197 198
CONNAÎTRE
CONNAÎTRE

s'en nîontre incapable (Ex 32,8). • Peuple égaré


de cœur, ces gens-là n'ont pas connu mes voies D
(Ps 95,10). Méconnaissant Dieu, sans cesse il le
met à !'•épreuve {Nb 14,22; ·Ps 78). Moins .raison-
nable qu'une bête ·de somme, « Israël ne connaît
CONNAITRE rien 11 (Is 1,3; Jr 8,7); il se révolte, transgresse
l'alliance (Os 8,1), se prostitue a: à des dieux qu'il
ne connaissait pas » (Dt 32,17).
Connaître Dieu ·: cet appel premier ,là,Deé'. au Même quand il s'imagine a: connaitre Yahweh »
cœur de l'homme, la Bible ne le dépÎOie pas dans '(Os 8,2),,.-ili se fait illusion, car il -en reste à une-
un contexte de science, mais dans un contexte relation tout extérieure, formaliste (1s 29,13s; Jr
de vie. Pour un sémite, ·en effet, connaître (hébreu 7) ; or l'authentique connaissance de Dieu doit
yd') déborde le savoir abstrait et exprime une rela- pénétrer jusqu'au cœur et se traduire dans la vie
tion existentielle. Connaitre quelque chose, c'est réelle {Os 6,6; Is 1,17; Jr 22,16; cf Mt 7,22s). Les
en avoir l'expérience· concrète; on connaît ainsi prophètes le répètent à satiété, mais a: fa. nation
la souffrance (1s 53,3) et le péché (Sg 3,13), la n'•écoute paà la voix de son Dieu et ne se laisse
guerre (Jg 3,1) et la paix (1s 59,8), le bien et le pas instruire » (Jr 7,28). Elle sera·. donc chàtiée
mal (Gn 2,9.17), engagement réel dont les réper- « faute de science » (Is 5,13; Os 4,6).
cussions sont profondes. Connaître quelqu'un, c'est Dieu se :fera connaître d'une façon terrible :
entrer en relations personnelles avec lui ; ces rela- par les affres de la ruine -et de l'•exn. L'annonce
tions pouvant prendre bieù des formes et compor- de :ces "châtiments est scandée par Ézéchiel d'on
tant bien des degrés, connaître est susceptible de refrain menaçant : a: Et vous saurez que je suis
toute une gamme de sens ; le mot· sert à exprimer Yahweh » (Ez 6,7; 7, 4.9 ...). Affronté à. lui-même
la solidarité familiale (Dt. 33,9), et aussi les rela- et à son Dieu dans la crudité de l'événement, le
tions conjugales (Gn 4,1; Le 1,34) ; on connait peuple ne peut plus se maintenir dans l'illusion :
Dieu lorsqu'on est sous le coup de son jugement ,' il doit reconnaître la •sainteté de Dieu et son
(Ez 12,15), on le connait tout autrement lors- propre •péché (Ba 2).
qu'on entre dans son Alliance (Jr 31,34) et qu'on
est peu à, peu introduit dans son intimité. ,3·:, Cmsnaissanoe et cœu,, nouveau. - L'espérance
demeure d'un renouveau merveilleux, où • le pays
AT sera rempli de la connaissance de Yahweh comme
les eaux comblent la mer • (1s 11,9). Mais com-
r. Initiative divi,u,, - Dans la connaissance reli- ment cela peut-il se faire.?, Israël ne prétend· plus
gieuse, tout commence par l'initiative de Dieu. y arriver par lui-même, .car il a conscience d'avoir
Avant de connaitre Dieu, on est connu de lui. « un cœur mauvais D {Jr 7,24}, un• cœur incircon~
. Mystère d'•élection et de sollicitude : Dieu con- cis » (Lv 26,41), et pour connaître vraiment Dieu,
naît Abraham (Gn 18,19), il connaît son peuple : il faut un •cœur parfait. Le Deutéronome insiste
• Je n'ai connu que vous de toutes les familles ·sur Cette nécessité d'une transformation intérieure,
de· la terre » (Am 3,2). Avant même leur nais- quf_ne-peut venir que de Dieu. a: Jusqu'aujourd'hui,
sance, il connaît ses prophètes (Jr 1,5) et tous Yahweh ne vous avait pas donné un cœur pour
ceux qu'il •prédestine pour être ses fils adoptifs connaître » (Dt 29,3), mais après l'exil « il •cir-
(Rm 8,29; 1 Co r3,12).-. ceux qu'il a ainsi dis- concira ton cœur et le cœur de ta postérité »
tingués et qu'il connait par leur nom (Ex 33,17; (Dt 30,6).
cf Jn .10,3), · Dieu se fait lui-même connaître : il La même promesse est adressée. aux exilés par
leur révèle son •Nom (Ex 3,14), les pénètre de sa Jérémie (Jr 24,7). C'est elle qui constitue l'essen-
•crainte, (Ex 20.18ss), mais surtout leur témoigne tiel de l'annonce d'une nouvelle •allianu (31,31-
sa •tendresse en les délivrant de leurs ennemis, en 34) : une purification radicale, « je vais pardonner
leur donnant une terre (Dt 4,32 ... ; 11,2 ... ), en leur crime.», rendra possible la docilité profonde,
leur faisant connaître ses commandements, che- • je mettrai ma Loi au fond de leur être et je
min du bonheur (Dt 30,16; Ps 147,19s). l'écrirai sur leur. cœur »; ainsi assurée, l'apparte-
nance récipràque • je serai leur Dieu et ils seront
2. Mlconnaissance humaine. - En réponse, le . mon peuple » sera so_urce d'une connaissance
peuple devrait connaitre son Dieu, être à lui dans directe et authentique : c Ils n'auront plus à s'ins-
l'amour vrai (Os -t-,1; 6,6). Mais dès le début, il truire mutuellement, se disant l'un à l'autre :

199 200
CONNA!TRE CONNAITRE

Ayez la.connaissance de. Yahweh. Mais ils me con-


naîtront tous des• plus petits jusqu'aux plus NT
grands ,.· .
Ézéchiel complète la perspective en marquant C'est en • Jésus-Christ qu'est,.donnée la parfaite
le rôle_ de r•~prit de Dieu dans_ cette.rénovation C<'Dnaissance de Dieu, promise _pour le temps de
intérieure : « Je vous donnerai un cœur nouve,~,u. la .nouvelle alliance.
je mettrai en vous un esprit nouveau ... je mettrai
mon esprit en. vous » (Ez 36,26s).;. ce _sera l~ résur- 1. .Syn<Jj)liques. - Jésus était. le seul capable de
rection du •peuple de -Dieu (Ez 37,14). Par· là, révéler I.e •Père (Le 10,22)• et d'expliquer le. mys-
Dieu se fera connaître, rion se;ulement à Israël tère du •Royaume de Dieu (Mt 13,n). Il ensei-
(Ez 3j,13), mais aussi aux •nations païennes gnait avec autorité (Mt 7,29). Refusant de satis-
(Ez 39,23). faire les vaines curiosités (Ac 1,7), son enseigne-
Décrivant à l'avance le salut accordé,-le second ment. n'était pas théorique, mais se_ présentait
Isaïe en souligne lui aussi 'les 'répercussions uni- comme une u: bonne nouvelle .» et u~ appel. à la
verselles. L'•idolâ.trie ·subira· un choc sans précé- •conversion (Mc 1,14s). Dieu ·se fait proche, il
dent (Is 45-46). Lors d'un. nouvel _•exode, Dieu faut discerner les signes_ des temps (Le 12,56; 19,
manüestera sa maitrise SUI.' l'histoire et II toute 42); et .être disp_osé· à. l.'.accueillir (Mt ~5.1~).
chair saura que·moi, Yahweh, je suis ton sauveur» Aux paroles, Jésus joignait les miracle:s,. •signes de
(Is 4_9,26). Aux Israélites Dieu dit :. « Vou& êtes sa. mission (vg Mt 9,6).
mes. témoins ... pour ·qu'on .me connaisse » (Is ·43, Mais tout cela n'était qu'tme préparation. Non
10), et à. son Serviteur: œ Je ferai de toi_la lumière seulement ses ennemis (Mc 3,5), ,mais ses disciples
des nations. , (Is 49,6). · eux-mêmes avaient, l'esprit bouché (Mc 6,52; Mt
16,23; Le I8,34). C'est seulement lorsque le -sang
4·. LtJ''Sàges_se d'6n-_haut. - Une autre ligne de de la· nouv~le alliance aura été répandu (Le 22,
pensée débouchait sur des perspectives analogues. 20 p), que la pleine lumière pourra se faire :_ « Alors
Les sages d'I~raël recherchaient et rassemblaient il leur ouvrit l'intelligence » (Le 24,_45), alors il
les règles qui assurent la bonne conduite de la. vie répandit !'Esprit-Saint (Ac 2,33). Ainsi furent _ins-
(Pr}, et une conviction s_'enracinait en eux : Dieu taurés les derniers temps, temps de la vraie con-
seul en connaît le secret (Jb. 28), o: Il a scruté fa naissance de Dieu.
voie entière de_la connai~nce.» .(Ba 3,37). Ainsi
donc, « .toute •sagesse vient du Seigneur » (Si x, 2. Saint Jean. -,-. Plus nettement encore que. les
I). Certes, dans sa. bonté, Dieu en a donné déjà Synoptiques, Jean marque les étapes de cette
la so~e à Israël : « c'est la ~~i promulguée par •révélation, Il. faut d'abord se laisser instruire
Moïse ».(Si 24,23s). Cep~dant, Ce don reste.exté- par. le }'ère ; ceu~ qui lui sont do~iles sont attirés
rieur (cf Sg 9.,5): et c'est pourquoi il faut encore vers Jésu,s (Jn 6,445}. Jésus les_reco~aît et ils le
supplier Dieu de:le,parfa~e en met:tant .au-d~dap.s f'.CC()nnaissent (ro,1:4), et il les conduit vers le
de l'homme,.son , esprit de sagesse_», (Sg 7,_7; 9). Père (14,6). Cependant, tout ce qu'il dit et ,.fait
1 Quel hpm~e. en effet_, _peµt conna_ître le dessein res,te pour eux énigmatique (16,25) aussi longtemps
de Dieu? »,.(Sg'9,1_3). _ · .· . _, qu'il n'a._pas:été élevé sur la croix. -.Seule; cette
Les hommes. de Qumrân se nion.trent assoiffés élévation.glorifiante l_e met vraiment· en évidell.ce
de la , connaissance des. mystères ~ivins », Ils (8,z8; 12,23 ..3~); seule, elle obtient au:,c .disciples
rendent grâce_s à.. Dieu_ pour l~ lumières déjà le d_on de l'Esprit (7,39; r?,7)- Celui-ci leur (iécou,:vre
accordées _(1 'QH 7,26s) et' ils attcmdent avec toute I,a portëe des parp.les e;t. des œuvres de Jésus
ardeur le temPs de ,la maniféstation denûère, qui ·(14,,26; cf ,.2 122; 12,16) et les mène à. la v~rité
donnera .aux -justes de « compr~ndre la cônnais- enijère,,(16,"IJ). Ainsi les disciples connaissent Jésus,
sance du·Très-Haut » (r _QS ._4,18-22),- , et''p'ar~Jésus le Père .(14,7.:20). '.
En cOntact avec _le monde grec, les _Juifs de la Comme Jérémm l'avait pr~dit, un_nouv,eau rap~
Dispersion sont ainenés à _dévelqpper une argu- )~Ort est- établi avec Dieu ; 11 Le Fils d,e _Dieu est
mentation d'.allure Plus philo99phiq1,1.e p,;mr·com- !~enu et il nous a donné l'intelligence .afin que
battre l'idolâtrie- e~ i-épandi:e la 'ccin11aissance, du :4'ous co~nai_ssit;>ns le Véritable »· (t Jti 5,20; 2,14).
seul vrai Dieu. L'autetlr de Sg affirme que le spec-, La •Vie éte~elle_ ne se définit pas autrement. :
tacle de la.nature devrait conduire les hommes à elle CQnsiste à. 1. te connaître, toi le seul Véritable
recollllattre- l'exiStence et ù('puissance dti Créa- Dieu et ton envoyé Jésus-Christ» (Jn 17,3),. COn-
teur "(Sg, i3,1-9). · ' naissance ~ t e , qui fait qu'en un sens les, chré-

20I 202
CONNAÎTRE CONSCIENCE

tiens « n'ont plus besoin qu'on les enseigne » a en vue n'est pas une gnose orgueilleuse, ma.i;:,
(I Jn 2,27; cf Jr 31,34; Mt 23,8). Cette connais la: connaissance de « !'*amour du Christ qui sur-
sance inclut une capacité de discernement, dont passe toute connaissance » (Ep 3,19). Il aspire au
Jean explicite les principaux aspects (1 Jn .·2. moment où, ce qui est partiel laissant la place à
3ss; 3,19.24; 4,2.6.13), mettant en garde contre ce qui est parfait, ïl connaîtra comme il est connu
les fausses doctrines (2,26; 4,1; 2 Jn 7). Cepè11- (1 Co 13,t2).
dant, prise dans toute son extension, cette COÙ:- Ainsi, pour· Paul comme pour toute la Bible,
naissance de Dieu mérite le nom de .c co:n4D-u- connaitre c'est entrer dans un grand courant de
nion » (1 Jn 1,3), car elle est partiçipatiOn à: ;1;1ne vie et de lumière qui a jailli dti cœur de Dieu et
même vie {Jn 14,19s), union parfaite dans la Vérité qui ramène à lui ] Co & A V
de l'amour (Jn 17,26; c_f--1 Jn 2,3s; 3,16 ... ).
-;.. amour O ; I NT 3 ; II AT - apparitions du Christ
3. Saint Paul. - Au monde grec,··avide de spé- 4 b. 7 - cœur 0, Il J. 2 a - enseigner - Époux/
culations philosophiques et religieuses (gnôsis), épouse AT· 1 - Esprit de Dieu AT I 3·; NT V s -
foi - folie - goûter - Mi;arie II 4 - mystère -
Paul prêché hardiment la •croix du Christ (1 Co prédestiner - prophète AT IV 4 - Révélation -
1,23). Le salut ne se trouve pas dans un savoir sagesse - songes NT - vérité AT 3 ; NT ·2.3 -
humain, quel qu'il soit, mais dans la *foi au Christ voir - volonté de Dieu NT II 1.
crucifié, (( force de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co
1,24). Les hommes avaient la possibilité de con- CONQU.tTE-;.. desseiri de Dieu AT·I - guerre AT
naître Dieu à partir de la création, mais o: leur II 2 - Josué I - terre AT II 2 - victoire.
cœur inintelligent s'est enténébré l'l et ils se sont
livrés à l'idolâtrie, méritant la colère de Dieu CONSACRER -;.. anathème - bénédiction Il 2 -
Esprit de Dieu AT Ill ; NT I 1 ,2, V 5 - impo!tition
(Rm 1,18-22). Ils· doivent désormais renoncer à des mains AT ; NT 2 - onction HI - prémices -
leurs prétentions (1 Co 1,29), se reconnaitre inca- saceidoce AT II 1 - sacrifice - saint - sang AT
pab!es de pénétrer par eux-mêmes les secrets de 3 d - sceau ·2 b.
Dieu (I Co 2,I4) et se SOume~ à l'Évangile
(Rm 16,25s) que transmet « la *folie de. la prédi-
cation·» (r Co r,21; Rm ro,:r4).
La. foi-au Christ et Je baptême leur donnent alors
accès à un tout autre savoir, (( le gain suréminent CONSCIENCE
qu'est la connaissance du Christ Jésus D, savoir
non théorique, mais vital: « Le connaître, lui, avec
la •puissance de sa résurrection et la communion Le mot français tecouyre plusieurs significa-
à ses souffrances » {Ph 3,8ss). L'intelligence est tions. Il ne s'agit pas ici de la coilnaissance intime
par là « renouvelée l'l et devient capable de « dis- qu'on a de ·soi-même (vg la conscience du Christ),
cerner quelle est la •volonté de Dieu, ce qui est ni du sentiment qu'on éprouve de certaines valeurs
bon, ce qui lui plaît, ce qui ~t parfait » (Rm 12, (, avoir conscience de... »), mais de la faculté iritui-
2). Résistant aux tendances· gnostiques qui se tive par laquelle on jùge un acte posé ou à. poser.
manifestent ici et là parmi les chrétiens (r Co 1, Plus qu'une science théorique du *bien et du mal,
r7; 8,IS; Col 2,4.rS), Paul les oriente vers une c'est le jugement pratique par lequel on déclare
connaissànce plus authentiquement religieuse, celle que ceci est (a été) pour moi bien ou mal.
qui vient de l'*Esprit de Dieu et grâce à laquelle La Bible ne connaît de mot propre pour désigner
nous pouvons vraiment « connaître les dons que la conscience qu'à partir du contact avec le milieu
Dieu nous a faits » et les exprimer en un langage grec. Syneidèsis n'apparaît en effet qu'en 'Qo 10,
« enseigné par l'Esprit » (1 Co 2,6-:i:6). 20 (for intérieur) et Sg 17,10 (témoignage intérieur
Devant « l'insondable richesse du Christ » (Ep de l'impiété). Absent des évangiles, il est surtout
3,8), l'émerveillement de Paul ne fait que croître employé par Paul. Mais la réalité que vise le mot
avec les années, et il souhaite aux chrétiens « le existe dans toute la Bible ; c'est elle qui permet de
plein épanouissement de l'intelligence qui leur mesurer la différence qui sépare la pensée pauli-
fera pénétrer le •mystère de Dieu dans leqtiel se nienne de la mentalité hellénistique.
trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse
et de la connaissance » (Col 2,2s). Il n'oublie pas r. ,i Mon cœur_ne me rep1'oche rien» . .....:.. Quand elle
pour autant que « la science enfle D et que « c'est est précisée, la fonction de la conscience est attri-
la charité qui édifie D (r Co 8·,1; r3,2) : ce qu'il buée au •cœur ou aux •reins. « Le cœur de David

203 204
CONSCIENCE CONSCIENCE

lui battit fort d'avoir:recensé le ·peuple et-il'dit•: droite, si la foi-donne·une• èonviction solide;· alors
Œ Cest ·un grand péché que j'ai conn:nîs ·» (2· S 24, la conscience sera -satisfaite. Ainsi le 1 chrétien
rn} -; de même quand il eut coupé-le pan: du ·man- *Obéit- à r•autorité civile u non: seuleIIlent par
teau dè· l'Oint -du Seigneur (1 S 24,6) ; ou lors- crainte de la punition, màis encore par -motif de
qu'on lui.dit qu'il ··pourrait regretter d'avoir versé cônsèience »:, car sa· foi lui· dit comment ·cette
le sang (25,31). -D'emblée,- le remords de-· la coris- àutorité c est au service de Dieu .il· (Rm>-13,4s).
cieuce ·est lié à l'*Alliance· contxiàctée avec le Ainsi Paul déclare-t-il souvent · qu'il estime sa
Seigneur.- C'est en· effet ·à l'œil de Yahweh -que consciellce -c irréprochable·» (2 Co 1,-12; cf Ac 23,
s'apprécient les'ac:tes des rois ·(1 _-R -16,7), de ·ce 1; 24,16).
Yahweh qui sonde les reins et les' cœurs (Jr· II, Il ne s'ensuit' pas que cette conscience soit _auto-
20; 17,rn; Ps 7,10)· et pour qui ,sont. présentes nome à fa manière· des stoiciens : pour ceux-:-ci, la
toutes -les actions des ·hommes (PS 139,2). conscience est libre en vertu de la ·science ·qu'on
:Mais Je· jugement ·de, la 1t. consCience· 11 dérive- a des lois de la natùre. Pour Paul, le· jugement
t-il seulement de cette proximité de Dien,?. Le de là 'conscience est toujours soumis à celui de
dràme de.Job senible le' Contes1:er. Job_pèut crier, Dieu : ·« Ma conscience, il est vrai, :ne me reproche
fa:ce à ses _détracteurs, fac_e ~ Dieu _même, ]a pureté rien,. mais je n'en suis pas,, justifié pour à.U:tant;
de son cœur : 11. Je tiens ma *justiçe _et ne lâche mon• juge, c'est le Seigneur» (I Co 4,4)." Ses affir-
pas : en conscience, je n'ai pas à rougir de mes mations de bonne conscience sont ordib.airement
jours il (Jb 27,6), ce qui se traduitlargemerit :-« Moti accompagnées de•la mention de Dieu (2 Co'-4,2)
cœur ne me reproche den J) ; il doit cependant se ou du· témoignage de ,!'Esprit-Saint (Rrri- 9,1). La.
repentir sur la poussière et sur la cendre (42,6). consciènce est« théonome ».'-Qualifiée dè « boiinè •
Si intériOrisée que soit la conscienc_e, elle tend en et de« pure», elle est·radicalement 'éclairée par· la
effet à mesurer le. mystère_ de Dieu à la connais- foi authentique·"(1 Tm _-1,5.19; 3,9; 4,;is; 2 Tm 1;3;
sance qu'elle· a de·-sa *volonté exprimée dans la cf He 13,iB; I"~ 3,f6).
*Loi. ' 'b) Ainsi l_e èroyant parvient' à la parfaite
A la différence de la justice de Job, les •phari- *liberlé. T81:Jdis que pour les juifs, la- Loi· impo-
siens que condamné Jésus ont· projeté· la· ·cons- .sait le ·choix entre telle __ et telle· Viande, entre -telle
ci~ce- de letll' justice _dans une pratique matérielle et telle fête, · pour le chrétien, 11( tout e~ pur _»
de la Loi. Jésus n'_àbolit pas la Loi•,:mais il montre (Rm 14,2<); Tt ,'1,15), u: tout est-Permis » (1 ·co 6,
que Ia ,pureté 'd'intention ·doit régir·sa pratiquè;
0
u;_ 10,23). Là foi·a doriné' la« science J) (8,1) qui
il dégage l'êntrée de la· cQnscielice en· apprenant fait reconnaitre la. bonté de· toùte créatui-è·'(3,21-
à juger _d'après le cœur (Mt 15·~1.;.·20 ·p); grâce â un 23; 8,6; 10;2ss). Le'chrétien·qui a·uile conscience
œil sain (4 11,j4ss), en préseÎlce du Père 'qui éclairée se troùve ·donc libéré· à l'égard- ·des pres-
voit ~ s le secret (Mt 6,4.6. 18); Ce faisan_t,. Jésus criptions rlttielles de la:. Loi dé Moïse ·_:. «. _Là · où
prépare l'avènement d'une conscience libre, poW" est l'Esprit ·du SeigD.eur,_·là est la liQ~ _ii'·(2 Co
le jour ·oà·, avec ···Paul, là Loi ne ·sèra plus seule:,- 3,17), ·une« libert;é. qui_ne·'.relève pas:d_u jugement
ment extérieure à l'homme, mais.- trotlvera son d'une consc~ence_étrahgère ·» (1 Co r_o,29). Sa cons-
sens et sa force grâ<ie ·à l'Esprit répandu· d~ les cience _le. rEind_ aussi libre qu·e le·_ stoïcien, _ma~s
cœurs. d'une autr_e mani~ et dans des Jimitès·è,tu'il faut
préciser i:n_a_intenaùt. · . ·
2. La eons0ienc6 selon· .Paul A l'adagé·t« TOut 'estJ)ermis'l), Paul'ajoute à.ussi-
a) Le mot .syneidèSis a été emprunté par Paul, 'tôt: 11 mais··tout n'*édifie' pas »·(-r·Co· ro,2j). Un
non à quelque source littéraire ni à la philosophie conflit peut' eri è:ffet,_ sûrgir· entre des co'x1SCîènces
Stoïcienne (le terme ·est absent ·d'Épictète;· de Ph~- · ·q~i)i'ont ;:pjlS évolué de la· _ même· façon·, âu même
tarque ·et ·de• :Marc Aurèle). mais au langàge reli- d~~; Aux yeux de certains èroyants; les ·viat1des
gieu_x de l'époque. Il devait ·exprimer· à 1ses. yeux consacrées aux i.tloles demeurent-impures·; en r!!i-
le -jµgem.ent · réflexe' Ct autonome ·que requéraît ., -son de lellr _COnvictio_ii, ilsidoivent 'donc· ne ·p_a_S en
la notion biblitj_ùe de cœur. Le passage de l'u'ne ·tfuat1ger : tel est le Verdict de leur conscience. E.e
à l'autre notion est bien-· indiqué' dâns ·1e--conseil '.·,~.royant 'qui est _11 fort» (Rm' 15,1) devra tout faire
qui est donné à Timothée : K_ PromoUVOir la cha- 'plutôt que de heurter son frère, qui est encore
rité qui_--_procède d'un cœul'.' pur,_ ·d'une ·bonne_ faible_ : 1t Ne va_ pas avec ton aliment faire ~érir
conscience et d'une foi ·sans détours ». (1 Tm 1,5j. celui pour lequel le Christ est mort !· » (Rm 14,
Cœur, conscience et *foi son.t · diversemerit à la 15)·. tt Tout est pur:certes, mais_ il·_est mal de man-
source de l'action· charitable. Si Tintention est ger quelque chose lol"Squ'on est ainsi cause de

205 2o6
CONSCIENCE CONSOLER

chute·J:1 (14,20; 1 Co 8,9-13). La science doit donc n'avaient « pas le pouvoir de rendre parfait l'ado-
céder à la charité fraternelle. rateur en sa conscience " (He 9,9) ; autrement, si
La conscience doit aussi limiter la liberté, les officiants de ·ce culte. n'avaient plus eu cons-
en raison de la présence divine qui lui donne son cience d'aucun péché, le culte aurait cessé (ro,2).
sens. K Tout est en mon pouvoir "• repreriait Pa'9l A l'opposé, « le •sang du Christ purifie notre cons•
à la suite des Corinthieiis, mais il ajoutait : « mais, cience des œuvres mortes pour que nous rendions
je ne me livrerai au pouvoir de p~rsonne " {I Co 6, un culte au Dieu vivant » (9,14). Cette •purifica-
12). Aussi ne puis-je m'unir à une prostitué~ : ,IQ..Pn tion s'accomplit maintenant au baptême (10,22),
corps ne m'appartient pas. La scienCf:? r:t la·•·lil;Jerté car, selon Pierre, c'est le baptême qui procure
sont, là encore, limitées par quelqu'un'q'ui, d'abord, c l'engagement à Dieu d'une bonne conscience par
m'apparaît comme un a.utre que moi, mais qui, la résurrection de Jésus-Christ )} (r P 3,2x). En
peu à peu, se révèle dans la foi comme accomplis- définitive, seuls le sang du Christ et la Résurrection
sant le moi en vérité. rendent possible une conscience pure. XLD
Ainsi Paul ne s'en tient pas à des normes écrites,
inchangeables ; ce qui lie sa conscience, c'est sa. -+ bien & mal - cœur - esprit AT 3.4 - homme II
1 d ;_ libération/liberté 1, III '3 c - Loi A 2 ; B IV ;
relation avec le Seigneur et avec ses frères. Ce
C III 2.3 - péché I .a - pur AT II; NT II 3 - reins
qu'il reconnaît, ce n'est pas un cadre rigide imposé 2 - responsabilité. '
par une loi écrite, mais la relation souple, et bien
plus contraignante avec la Parole du Seigneur et CONSDL-+ dessein de Dieu - sagesse.
avec autrui. Et celle-ci, du reste, ne rend pas
inutiles les lois écrites, mais leur enlève le carac-
tère absolu qu'elles prennent parfois aux yeux des
esprits timorés.
c) Paul avait sans doute longtemps réfléchi à CONSOLER
la liberté nouvelle acquise dans le Christ, lorsque,
au contact du monde païen, il fait la constatation
suivante : « Quand des païens, sans avoir de •Loi Dans la •tristesse, la •maladie, le deuil, la
[révélée], font naturel_lement ce qu'ordonne la Loi, •persécution,· l'homme a besoin de réconfort ; il
ils se tiennent lieu de loi à. eux-mêmes, eux qui cherche un consolateur. Nombreux certes sont
n'ont pas de Loi. Ils montrent que l'œuvre vou- alors c~ux qui s'écartent de lui comme d'un pesti-
lue par la Loi est inscrite dans leur cœur; leur féré. Ses parents du moins et ses amis, émus de
conscience apporte aussi son témoignage, ainsi que compassion, viennent lui rendre visite pour .par-
leurs jugements intérieurs qui tour à tour les tager sa 'douleur et la lui adoucir (Gn 37 ,35; 2 S
accusent et les défendent » (Rm 2,14s). 10,2s; Jn u,19.31); par leurs paroles, par leurs
Replacée dans son contexte, cette affirmation gestes rituels, ils s'efforcent de consoler (Jb 2,nss;
signifie d'abord que le jugement de Dieu porte Jr 16,5ss). Mais. trop souvent ces bonnes paroles
non pas sur la science du bien et du mal, mais pèsent plus qu'elles ne réconfortent (Jb 16,2; 21,
sur sa pratique. Et celle-ci est déterminée, en 34; Is 22,4) et elles ne peuvent faire revenir celui
dernier ressort, non pas par la Loi révélée, mais qui est parti et qu'on pleure (Gn 37,35; Mt 2,18).
par la conscience du bien et du mal : en elle se L'homme reste seul dans sa douleur (Jb 6,15.21;
manifeste la volonté de :Qieu. Ainsi Adam, qui a 19,13-19; 1s 53,3) ; Dieu lui•même semble s'éloi-
désobéi à Dieu, a conscience de sa nudité et fuit gner de lui (Jb; Ps 22,2s; Mt 27,46).
devant la face de Dieu (Gn 3,8ss). Cela suppose
encore, dit Paul, que le projet de Dieu est inscrit 1. L'attente du Dieu consolateur. - Jérusalem a
au cœur de tout homme, avant même que la révé- fait dans son histoire l'expérience de ce total
lation ne le précise définitivement. Même si Dieu abandon. Privée, dans sa ruine et son •exil, de
n'a pas été reconnu comme créateur (Rm 1,19ss), .toute consolation . de la part de ses alliés de la
même s'il n'y a pas de loi révélée, l'homme naît veille (Lm 1,19), elle pense même être oubliée de
en dialogue avec Dieu et, face à l'action, réagit son Dieu (Is 49,14; 54,6ss), elle sombre dans le
selon le projet de Dieu. découragement.
Mais en réalité Dieu ne l'a abandonnée Il un
3. Cottscience purifiée pm- le culte. - L'Épttre bref instant » (1s ,54,7) que pour lui faire com-
aux Hébreux utilise ordinairement le terme dans prendre qu'il est le seul vrai consolateur. Voici en
un contexte sacrificiel. Les •sacrifices de l' AT effet qu'il revient vers Jérusalem : « Consolez, con-

207 2o8
CONSOLER CORPS

eolez mon peuple, dit votre Dieu • (Is 40,:r; 49, les :fidèles (1,3-7), car elle s'alimente à la source
13 ... ). Yahweh répond ainsi à la plainte de Jéru- unique, à la •joie du Reesuacit6. Le Christ est en
salem abandonnée. Après le châ.timent de l'exil, effet source de toute consolation (Ph 2,1), en par-
il interviendra en sa faveur, pour accomplir les ticulier pour ceux qui se trouvent séparés par la
•promesses faites par ses prophètes (Jr 31,13-16; mort de leurs êtres chers (1 Th 4,18}. Dans l'Église,
cf Si 48,24). Cette intervention salvifique est une la fonction de Consolateur demeure essentielle,
démarche d'•amour, qui s'exprime en diverses pour témoigner que Dieu console à jamais les
images. Dieu console son peuple avec la bonté pauvres et les affligés (1 Co 14,3; Rm 15,s; 2 Co 7,
d'un •pasteur (Is 40,11; Ps 23,4), l'affection d'un ~dfü~~- Ll
•père, l'ardeur d'un fiancé, d'un •époux (Is 54),
avec la •tendresse d'une •mère (Is 49,14s; 66,uss). -+ béatitude - espérance AT JI 2 - exhorter - joie -
Aussi Israël exprimera-t-il son espérance du Paraclet o - rire .:z - souffrance - tristesse AT 4 ;
•salut eschatologique comme l'attente de la con- NT .:z.3.
solation définitive (Za 1,13). Un envoyé mysté- CONSTANCE-+ épreuve/tentation - espérance -
rieux, le *Serviteur, viendra réaliser cette œuvre patience - persécution II.
(Is 61,2), et la tradition juive, attestée par l'Évan-
gile lui-même, appellera le •Messie Mena[ien, a Con- CONTEMPLER-+ face - gloire III .:z, IV o - pré-
solation d'Israël 1, (Le 2,25s). En attendant ces sence de Dieu NT III - voir,
jours du Messie, les fidèles savent que Dieu ne
les a pas laissés dans la •solitude : il leur a donné,
CONTINENCE - sexualité I - virginité.
pour les consoler dans leur pèlerinage terrestre, sa CONTRITION -+ confession NT II - hwnilité
*promesse (Ps n9,50}, son amour (n9,76), la Loi Il, IV - pénitence/conversion - tristesse AT 3.
et les prophètes (2 M 15,9), les Écritures {r M 12,
9; Rm 15,4} ; ainsi réconfortés, dans leurs *épreuves CONVERSION -+ pénitence/conversion.
ils vivent dans l'espérance. CONVOITISE-+ bien & mal 1 4, III 1.4 - chair
li
2 b - cupidité - désir II, III - péché II .t, IV 3 a.
2. Le Cnt'ist, consolateu1' des affligés. - Voici qu'en
Jésus, le Dieu-qui-console vient vers les hommes.
Jésus se présente comme le Serviteur attendu :
• L'Esprit du Seigneur est sur moi ... D (Le 4,18-
21). Il apporte aux affligés, aux •pauvres, le mes- CORPS
sage de consolation, l'*Évangile du bonheur dans
le *Royaume de leur Père (Mt 5,5). Il vient
rendre courage à ceux qui sont accablés par leurs A la différence d'une conception :fort répandue.
*péchés ou par la "'maladie qui en est le signe le corps n'est pas simplement un ensemble de chair
(Mt 9,2.22). Il offre le •repos à ceux qui peinent et d'os que l'homme possède pour le temps de son
et ploient sous le fardeau (Mt rr,28ss). existence terrestre, dont il est dépouillé par la
Cette consolation ne cesse pas avec son départ mort, qu'il reprend enfin au jour de la résurrec-
vers le Père : Jésus ne délaisse pas les siens. L'Es- tion. Il a une dignité bien supérieure, que Paul a
prit de la Pentecôte, qu'il leur a donné, ne cesse mise en relief dans sa théologie. Le corps ne
de combler la communauté chrétienne des encou- ramène pas .seulement à l'unité les membres qui
ragements intérieurs qui lui permettent d'affronter le constituent (tel est le sens grec que, vraisem-
obstacles et *persécutions (Ac 9,31). Les pasteurs blablement, Paul retient, à la suite de l'apologue
auxquels il a confié son Église lui apportent aussi des membres et du corps, en r Co 12,14-27), il
leur parole réconfortante (15,31). Les miracles du exprime lit. personne en ses situations majeures :
Seigneur en faveur des siens sont enfin des •signes état naturel et pécheur, consécration au Christ,
du Dieu qui console et font naître la •joie dans vie glorieuse.
le cœur des fidèles (20,12).
L'Apôtre Paul a jeté les bases d'une théologie
de la consolation : au travers d'une épreuve aussi I. LE CORPS ET LA CHAIR
terrible que la mort, il a découvert que la conso-
lation jaillit de la désolation elle-même, quand Tandis que, dans l'AT, chair et corps sont dési-
celle-ci est unie à la •souffrance du Christ (2 Co gnés par un terme unique (basa,'), ils peuvent, dans
r,Sss). Cette consolation rejaillit à son tour sur le grec du NT, être distingués par deux mots :

209 210
CORPS CORPS

sarx et sôma ; différenciation qui ne prend sa ventre et le ventre pour les aliments ; Dieu
pleine valeur qu'avec l'interprétation de la foi. détruira ceux-ci comme celui-là. Mais le corps
n'est pas fait pour la fornication, il est pour le
1. Dignité du corps. - Comme dans la plupart Seigneur, et le Seigneur pour le corps li (r Co 6,
des langues, le corps désigne souvent la même 13). A la différence du ventre, c'est-à-dire de la
réalité que la chair : ainsi la vie de Jésus doit chair périssable (cf Ph 3,19), qui ne peut hériter
être manifestée dans notre corps aussi bien que du •royaume de Dieu (1 Co 15,50), le corps doit
dans notre chair (2 Co 4,rns). Pour un sémite, il ressusciter comme le Seigneur {6,14), il est
mérite la même estime que la *chair ; car l'homme membre du Christ (6,15), •temple du Saint-Esprit
s'exprime tout entier par lui comme par elle. (6,19) ; l'homme doit donc glorifier Dieu dans son
Chez Paul, cette dignité du corps s'affirme. Il corps (6,20). Tandis que la chair retourne à la
se garde ainsi, à la différence des autres écrivains poussière, le corps est voué au Seigneur : de là,
du NT {vg Mt 27,52.58s; Le 17,37; Ac 9,40), d'uti- son incomparable dignité.
liser le terme pour parler du cadavre; il réserve
au corps ce qui constitue l'une des dignités de 2. Le corps du Christ. - Plus précisément, cette
l'homme, la faculté d'engendrer (Rm 1 24; 4 19;
1 1 dignité vient de ce que le corps a été racheté par
1 Co 7,4; 6,13-20) ; enfin, le caractère périssable le Christ. Jésus en effet a pris le « corps de la chair li
et caduc de l'homme, tout ce qui est purement (Col 1,22), qui l'a rendu sujet de la Loi (Ga 4,4).
humain, la vie pécheresse surtout, il les attribue De ce fait, entrant dans la « ressemblance de la
non au corps mais à la chair. Ainsi il ne dresse chair du péché » (Rm 8,3), il est devenu « •malé-
pas de liste des péchés du corps (en 1 Co 6,18, le diction pour nous li (Ga 3,13), il a« été fait •péché
u péché contre le corps ~ signifie probablement un pour nous » (2 Co 5,21) ; enfin, il a été soumis à
péché contre la personne humaine dans son la puissance de la *mort, mais sa mort fut une
ensemble). De soi, le corps ne mérite que respect mort au péché, une fois pour toutes {Rm 6,ro).
de la part de celui qu'il exprime. Aussi a-t-il vaincu, avec la mort, la chair et le
pêché; les puissances qui ont crucifié Jésus ont
2. Le corps dominé par la chair. - Or voici que la été dépouillées de leur pouvoir (1 Co 2,6.8; Col 2,
chair, habitée par le Péché (Rm 7,20), s'est asservi 15). Il a donc condamné le péché (Rm 8,3), trans-
le corps. Désormais existe un « corps de péché • formant la malédiction de la loi en bénédiction
(6,6), tout comme il y a une « chair de péché » (Ga 3,13s; Ep 2,15). Et non seulement il nous a
(8,3) ; le péché peut dominer le corps (6,16), si ainsi délivrés d'une servitude, mais, à proprement
bien que le corps lui aussi mène à la mort (7 24) ;
1 parler, il nous a incorporés en lui : la portée uni~
il est réduit à l'humiliation (Ph 3,21) et au déshon- verselle de sa vie et de sa Passion rédemptrice
neur (1 Co 15,43); plein de convoitises (Rm 6,12), fait que, désormais, il n'y a plus qu'un ic seul l)
il commet lui aussi des actions charnelles (8,13). corps, le *Corps du Christ.
Selon la théologie paulinienne, le corps est soumis
aux trois puissances qui ont réduit la chair en 3. Le corps du chrétien. - C'est pourquoi tout
esclavage : la •toi, le •péché, la •mort (cf 7,5). croyant uni au Christ peut désormais triompher
Vu sous cet angle, le corps n'exprime plus seule- des puissances auxquelles il fut soumis jadis - loi,
ment la personne humaine sortie des mains du péché, mort - à travers le Corps du Christ. Il est
Créateur, il manifeste une personne esclave de la « mort à l'égard de la Loi )1 {Rm 7,4), son o; corps
chair et du péché. de péché est détruit » {6,6), le voilà « dépouillé
de ce corps charnel » qui va à la mort (Col 2, 11).
L'itinéraire entier du Christ qu'il a ainsi par-
II. LE CORPS ET LE SEIGNEUR couru en recevant le baptême, le chrétien doit le
suivre dans sa vie au jour le jour ; il doit « offrir
I. Le corps est pour le Seigneur. - Les Corin- son corps » en sacrifice vivant (Rm 12,1).
thiens auxquels Paul écrivait étaient tentés de La dignité du corps n'atteint pas ici-bas son
penser que la fornication est un acte indifférent, faîte : le corps de cette misère terrestre et péche-
sans gravité. Pour leur répondre, Paul ne fait resse sera transformé en corps de *gloire (Ph 3,
appel ni à la spiritualité de l'*âme, ni à quelque 21), en un u corps spirituel » (I Co 15,44), incor-
distinction entre une vie végétative et une vie ruptible, qui nous fera« revêtir l'image de l'*Adam
spirituelle que mettrait en péril un tel compor- céleste » (15,49). Le passage du corps mortel au
tement. 11 Les aliments, dit-il, sont faits pour le corps du Christ céleste, nous rêverions de le voir

2II 212
CORPS. ·CORPS DU CHRIST

s'accomplir par une tr~i;formation, immédiate~ a .porté nos •péchés dans son corps (1 P. 2,24)-;
1 en ,un clin d'.œil », comme. au-jçiur'de _la parousie. Dieu .nous. a- •réconciliés.dans son corps de.chair
MaiS; il fa~.t nous tenir prêts· à un .autre destin. : en- le livrant à la •mort_ (Col_ 1,22). ,Le corps du
le passage douloureux par la •mort. Nous devons Christ, véritabl~ •agneau·.pascal (x Co .5,7), a donc
!:;~_P;~~::J::-e: (i-ëo~.~::n ~:!e:ian~f:
résm:rection ·. par laquelle nous formerons enfin et
été l'instrument de, -_notre ·*rédemption ; de son
côté percé., ont ·jailli le •sang et -r•eau. Un, 19,
33$8), De m_ême,. pour présenter le •sacrifice du
à jamai~ le Corps unique du Christ. . XLD Christ, .l'épître aux- Hébreux accorde une atten-
tion particulière à son corps. Dès son entrée dans
-;.. adoration_ 0,_ I, II 3 ~ Ame:--::- apparitions. du -.Christ le monde, Jésus se disposait déjà à-s'offrir, puisque
6 -_cha_ir - Corps.du .Christ.-:.hçmme :-:- mort AT Dieu lui avait « façonné_ un COips » (He 10»5). et
I 2; NT I 2, .Ill,4 - ,Résurrection - sexualité Il :a, finalement c'est pàr, 11- l'oblation de son corps 1t
III 2 - vêtement. qu'il nous a_ sanctifiés; une fois pour toutes
(10,10). _.,

3, La glo,ijication du co,ps de J lsus, - Cependant


le _mystère n'a pas pris fin à. la mort-corporelle. de
CORPS D:U CHRIST Jésus .. : il .. s'est .consommé•· par sa •résurrection.
Les ·évangélistes soulignent dans les ·récits d'•ap-
paritions que.le corps du-Christ ressuscité est bien
Selon le _NT, le. Corps du Christ ·joue un rôle réel (Le 24~39:42; Jn.20,27), mais,aussi qu'il n'est
capital dans le mystère de la rédemption. Mais plUS· soumis aux mêmes conditions d'existence
l'expression recouvre plusieurs sens; ·elle désigne qu'avant la-Passion·- (Jri ·20,19;26). Ce n'est, plus
tantôt le Corps iridividuel de Jésus, .tantôt son un•« corps psychique ». (1 Co, 15,44) •.c'est un «corps
C_orps eucharistique, tantôt ce Corps dont nous de gloire »-(Ph 3,21:), ..un c coxps spirituel li! (1 -Co
sommes membres··et q~ est'- l'É~li~. · 15,44). Par· là: se révèle· d'line- manière éclatante
le sens sacré du corps de• Jésus dans l'économie
'' .- nouvelle inaugurée•par. l'.incamation: détruit.puis
1. LJ!: CORPS INDIVIDUEL DE JÉSUS rebàti en ttois-jours, il ·s'est·substitué au· •temple
ancien· comme signe. de· .la •présence de ,Dieu
1. Jlsus·en sa vie corporelle. - Jésus a partagé parmi les homnies ·-(Jn 2,18-22).
notre vie corporelle : ce fait de base apparaît à
toutes les pages du NT. Selon la chair, dit Paul,
il est issu des patriarches et de la postérité de
David (Rm 1,3; 9,5} ; il est né d'une femme (Ga JI. . LE SACREMENT DU · CoRPS DU C:aRIST
4,4). Dans les évangiles, la réalité de sa nature
humaine ·s~impose .partout sans qu'il soit, néces- i. Coci- est mon c;cwps. - Après la résurrection, le
saire de. mentionner· explicitement son corps : il corps du ..Christ n'a pas seulement une existence
est ·sujet à. la. •faim (Mt 4,2. p), à ·ta ·fatigue (Jn céleste,· invisible, 1 à-la- •droite de Dieu »·. (He IO;
4,6), à· la· soif (4,7), au· •sommeil (Mc ·4,38),.à -la 12); car, avant de-' mourir, Jésus a institué ·un
•souffrance... Pour insister sur ces mêmes réalités, rite pour petpét.uer sous des signes la •présence
Jean parle plutôt .de la • ~ de JésUS· (d Jn 1, terrestre de son corps ~fié. Les récits· de rins-
14), jetant 1'.anathème_contre ceux qui.nient r.1 J~s titùtion ·•eucharistique monb'ent que ç:e rite a été
venu en chair-, (1 Jn 4,2: 2 Jn 7). ina_pguré .Y,~• la perspective de la croix_. toute
p~~• •manifestant· ainsi. le sens-. de: .la mort cor-
2. La morl corporelle.- de J lsus. --: Cette attention porelle .d~_Jésns.; 1 Ceci est mon corps pour vous.,
au wrps_ de Jésus ,redouble. dans les récits ·de la __ (1 Co· -1i,24 p) ;· « Ceci -est mon sang, le sang de
1
Passion. Dès le repas de Béthanie, -son corps• est ; f'1lliari.ce, répandu pour une multitude.- »··(Mc,·:r4,
oint en vue de sa sépulture (Mt 26,12 p}. Finale~ ---~4 p). Ce qùe .les signes du. • ~ et du •vin reu-
ment· il ·meurt sur la croix (27,50 .p) et il est . P,ront désormais présent ici-bas, ·c'est.: donc· le
mis a.u. tombeau (Mt 27,58ss p; Jn 19,38ss). Mais corps de Jésus livré, -son· sang répandu.· ·
cette fin .banale,· identique· ,à celle de tousc:les
hommes, a pourtant une signification particulière 2.--L'.explrience eucharj~t~ ·de· l'Égli~e.·. ~: En
dans le mystère,du •salut_: .sur 1a·.•.cro:ix, Jésus effet, répété :dans. l'Église;· Je ·même rite demeure

213 214
CORPS DU CHRIST COUPE
le •mémorial de la mort du Christ (r Co u,24ss). sa •plénitude (1,23; Col r,24), et lui~même est
Cependant, il est placé maintenant dans la lumière la •tête (1,18; Ep 1,22) qui assure l'unité de
de la résurrection, par laquelle le corps du Christ ce corps (Col 2,19). En ce corps dont nous sommes
est devenu « esprit vivifiant • (15,45) ; il a en outre tous membres (Ep 5,30), nous ne faisons plus
une orientation eschatologique, puisqu'il annonèe qu'•un (Col 3,15); car, quelle que soit notre ori-
la venue du Seigneur et invite à l'attendre (11~ gine, nous sommes tous réconciliés pour devenir
26). Par ce rite, l'Église fait donc une expérience un seul •peuple, un seul •homme nouveau (Ep 2,
d'une nature particulière : la e: communion au 14-16). Tel est, en sa totalité, le déploiement du
corps du Christ • lui fait revivre tous)es aspects corps du Christ. L'expérience chrétienne, fondée
essentiels du mystère du salut. ' sur la réalité historique du Christ corporel et sur
la pratique eucharistique, permet ici de formuler
dans toute sa profondeur le mystère de l'Église.
III. L'ÉGLISE, CoRPS DU èiiRIST 3. Le corps du Christ et nos corps. - Greffés sur
le Christ, devenus ses membres et les temples de
I. Membres d'un corps unique. - Par l'expérience !'Esprit-Saint (t Co 6,19), nos •corps sont appelés,
eucharistique, nous prenons aus!3i conscience que eux aussi, à entrer dans ce monde nouveau : ils
nous sommes membres du corps du Christ. 11. Le ressusciteront avec le o: Christ, qui transfigurera
pain que nous mangeons n'est-il pas une com- nos corps de misère pour les conformer à son corps
munion au corps du Christ ? Puisqu'il n'y a qu'un de gloire • (Ph 3,20s). Ainsi s'achèvera le rôle du
seul pain, nous ne formons qu'un seul corps • corps du Christ dans notre rédemption. FA
(1 Co rn,16s). Notre union au Christ doit donc
être entendue de façon très réaliste; nous sommes -+ apparitions du Christ 4 b - communion NT -
véritablement ses membres, et le chrétien qui se corps Il 2.3 - édifier III - Église - eucharistie -
livre à la fornication c: prend un membre du homme I z c - Jésus-Christ II Id - pain - plé~
Christ pour l'unir à une prostituée 1 (6,15). nitude 3 - schisme NT - Temple NT I .z, Il .z -
tête 3 - unité Ill - vigne 3.
Quand Paul dit que nous formons, à nous tous,
un seul corps (12,12), que nous sommes mem- CORRECTIONS._ ch!l.timcnts - éducation 0, I .z b,
bres les uns des autres (Rm 12,5), il ne s'agit Ill 2.
donc pas d'une simple métaphore, comme dans la
fable grecque a: les membres et l'estomac • qu'il
exploite à cette occasion (I Co :r2,q-26). C'est
son propre corps qui unifie les membres multiples
du corps que forment les croyants par le •bap~ COUPE
tême (:r Co 12,13.27) et par la •communion eucha-
ristique (r Co I0,17). En lui, chaque chrétien a
une fonction particulière, en vue du bien de l'en- I. Coupe de communion. - L'usage oriental de
semble (1 Co r2,27-30; Rm 12,4). Bref, àutour du faire circuler pendant les •repas une coupe à
corps individuel de Jésus se réalise l'unité des laquelle tous boivent fait de celle-ci un symbole
hommes, appelés à s'agréger à ce corps. de •communion. Or dans les banquets sacrificiels,
c'est à la table de Dieu que l'homme est invité ;
2. Le Carps du Christ, qui. est l'Église. - Dans la coupe qui lui est offerte, débordante (Ps 23,5),
les épitres de la captivité, Paul reprend la même est le symbole de sa communion avec le Dieu de
doctrine dans une perspective plus complète, qui l'Alliance, qui est la part de ses fidèles (Ps 16,5).
met davantage en relief le Christ comme tête du Mais les •impies préfèrent au culte de Dieu et à
corps, et donc de l'Église (Col 1,18), et insiste en la coupe qu'il leur offre la coupe des démons (cf
même temps sur son rôle cosmique en tant que Dt 32,r7; 1 Co I0,20s) avec qui ils communient
créateur (Col 1,r6s; Ep I,22) et sur sa supériorité dans un culte idol.àtrique.
à l'égard des anges (Col r,r6; 2,ro; Ep r,21). De
même qu'un mari aime sa femme e: comme son 2. Coupe de col"e. - Cette impiété attire la
propre corps • (Ep 5,28), lui qui en est le chef. •colère de Dieu ; pour en exprimer les effets, les
la tête {5,23), de même le Christ a aimé l'Église prophètes reprennent le symbole de la coupe ;
et s'est livré pour elle (;,25), lui Je sauveur celle-ci verse un •vin qui réjouit le cœur de
du corps (5,23). Ainsi l'Eglise est son corps, l'homme, mais dont l'abus conduit à. !'•ivresse

2I5 2I6
COUPE COURIR

honteuse. Une telle ivresse est le ~châtiment 1. La Parole de D~u cauri; - La. Parole ,d~ Dieu
réservé par Dieu aux impies (Jr 25,;a:5; Ps: 75,9; est rapide~ efficace. dynamique : .• Du haut: des
cf Za 1:2,2). I,.eur.part de coupe, breuvage de.~rt cieux, ta Parole toute-puissante s!élança ·du trône
qu'ils doivent .boire ~lgré eux, c'est le-vin de la royal.• (Sg 18,15; cf 1 S 22,17). Elle fo~ce comme
colère de Dieu (Is $I,I7; Ps; u,6; Ap ·I4,i:o; 15, un guerrier con:tre Job (Jb 16,14), selon l'iinage
7-16,19). du bondissement qui· a remplacé celle de la- rapi-
dité, du coureur . : . « Dieu envoie sa Parole si:lr
3. C~lice du salut.-:-;- La. pûlère de Dieu ~t réservée terre,. rapide . court sa-.:Parole » (Ps q7,15; ·cf I_s
aux endurcis. La •convers.ion pe~et d'y.échapper. 55,11) •. , :Paul évoque .peut-êtl'.e ce passage quand
Déjà dans l' AT, 1~ sacri:6.ces d'.•expiation expri- il demande de prier pour-que-« la Pal'Ole ·du Sei-
ment le repentir du, converti ; le. •sang .des vic- gneur accomplisse sa course » (2 Th 3,1). Les
times, .recueilli dans les c01~pes d'aspersion. (Nb •pr~phètes, eux.. aussi, -tels les coureurs du roi
4,14), était ve,;-sé SU1". l'autel et sur le peuple,.; ainsi (1 S,-8,11)-, courent proclamer-la Parole. o: La main
était renouvelée l'alli~ce ·entre le peuple-purifié de Yahweh fut sur *Élie, il ceignit ses reins et
et Dieu (cf Ex.24,6ss). -De tels rites .•figuraient le courut. ,devant Achab· jusqu'aux abords de.- Yiz..
•sacrifice o.ù l'o:fh:ande du s.ang. du. Christ deyait réel •. (I R 18,46). Même les prophètes que Dieu
réaliser l'expiation parfaite. e~, rAlli.ance éternelle n'a .pas envoyés en font autant : · o: Ils courent ;
avec ,Dieu. Ce ,sacri~ce ,est la coupe :que le Père je ne leur ai rien dit, et ils prophétisent. li (Jr
donne à boire à son Fils -Jésus (Jn 18,11) ,; avec z3,21).
une •obéi~ance filiale, celui-ci l'accepte pour s~u:- 0

ver les ,hommes, et il la boit en rendant grâ.ces à 2. La ~ie est une ~ourse. - L•existence hu·m~ne,
son Père aù nom d.e tous ceu~ qtfil sauve (Mc _Io, souv~t -comparée à une marche .(Jn 8,12; 1 Jn
39; Mt 26,27s.39-42 p;_ Le 22,17-20; 1 ,Co ·u,25). 1,6-7), 'devient une·course qllaµd on veut évoquer
DésorÎnais cette coupe ,eSt le calice. du -•Séµut une .obéissa,i;,.ce empressée ou ·une mission, urgen,te.
(Ps ,II6,13), offert à tou~. •es hommes pour. qu'ils Parfois il s'agit encore de l'annonce de la Parole,
COIIlJl1unient au sang du Chri.s:t-- jusqu'à ce qu'.jl comme pour Jean-Baptiste qui a accompli sa
revienne, et bénissent à jamais le Père qui leur course (Ac 13,24s), ou pour Paul dont la course
donnera de boire à la table de son Fils ·dans le est l'annonce _d~ la _Bonne ~cuvelle (20,24). Mais
Royaume (r Co 10,16; Le 22!30). PEB le verbe peut aussi -désigner simplement la forme
allègre que donne une vie juste, ajoutant à la
• Alliance NT I - bénédiction IV 2 - colère B AT métaphore de la marche dans les •chemins de
I l ; NT .1 1, III z -:- eucharistie.- faim & _soif NT Dieu une note de joie,. d'empressement, de viva~
1 - ivresse ·1 - sang NT 2' - vendange z ...:... vin II
z a. ' cité : c Je cours sur le chemin de -tes commande-
ments, car tu as mis mon cœur au large » (Ps n9,
COURAGE • fierté - force - persécution II. 32}; « Ceux ·qui espèrent .en Yahweh... , il Jeur
vient des· ailes comme aux à.igles : ils courent et
ne sont pas.las li (Is.·40,31). Transposé dans le
langage du Cantique des cantiques, ce •.zèle de
to.ute une vie au service de Yahweh devient l'em 8

COURIR presseinellt de l'épouse ravie de joie à la -.voix de


l'Époux : .« .,.Entraîne-moi sur- tes pas,. courons-!-•
(Ct _1,4). N_',est--ce pas un~ idée semblE}-ple que nous
En, })lus du_ sens littéral-:-_ quand, F exemple, _sugg~rç, la course de J>;ierre.et.Jean:'au tombeau
les co_ureurs _à pied ,de la .garde roy~ (1 S 2~,1_7} d1J: $<,igneqr;(Jn 20,4) 1. , . . •
se dépêchen_t d'annoncer les nouvelles·de la batai_lle . ~u$.;'la plume de_ Paul, cette course devient .un
(2 S -18,19-27) - , la Bible connaît un usage_ méta- combat sportif q_ui. exige des· sacrifices poui:. que
phori(Jue du_ verbe __ « Co:qrir u (en grec :,-,,,ech8; ~it remportée la victoire (1 Co 9,24w27). La même
pru:foi~ d'-'_#6 : .~ se. pr~er vers _•• « poursuivre !Jïtlage, mais avec un verbe différent, sert à carac-
[sa course] li, et, de)à •. _p~écuter i) pour ~c- ;~!=ll' l'aventure tou~ entière de Paul. Sur la
tériser le dyuamis~e de la •Parole de Dieu ou de :reute de Damas, taDdis qu'il poursuivait (di6k8 :
ceux qui l'annonçent,. Plus .tard, sous_ l'influence aU sens de,_•pei;sécuter) les_ chrétiens, il est-rejoint
des .combats sportifs p_ratiqsqés . dans I.e. mOnde par,_.le Christ; il n.'estime pas alors: a:voir; déjà
grec, ._le terme .désignera aussi le a cours • de. la atteint le b'1t• :·.!', Je poursuis ma course .(dii1R6)
vie,. la vie ~due vers un but. pour .tâch~ de· -le ~ir, ayant été moi-même

217 ,..s
COURIR CRAINTE DE DIEU

satSJ. par le Christ Jésus ... Oubliant le chemin ambigu, où le sacré apparaît sous l'aspect du· tt'e-
parcouru, tendu de tout mon être en avant, je mendum sans révéler encore sa nature profonde.
cours droit vers le but pour remporter le prix du Dans l'AT, ce sentiment est équilibré par la con-
céleste appel de Dieu dans le Christ Jésns » (PJi 3, naissance authentique du *Dieu vivant, qui mani-
12ss). , feste sa grandeni' redoutable à travers les *signes
Loin de nous laisser arrêter par les obstac~es dont sa création est pleine. La crainte d'Israël
(Ga 5,7), « environnés que nous sommes d'une si devant la théophanie du Sinaï (Ex 20,rBs) a
grande nuée de témoins (c'est-à-dire d~ specta- d'abord pour cause la· majesté du Dieu unique,
teurs du stade, les anciens champipµs] .. :; eôurons tout comme la crainte de Moïse devant le Buisson
(tnch6men} avec constance l'épreuve' qui nous' est ardent (Ex 3;6} et celle de Jacob après sa vision
proposée, :fixant nos yeux sur le chef de notre nocturne (Gn 28,17). Cependant, quand elle naît
foi 1 (Hb .12,IS), notre précurseur (P,,od1'omos, de à l'occasion de signes cosmiques qui évoquent la
ed,-amon, aoriste de t,-ech6) (6,20). Alors on ne •colère divine (*orage, tremblement de terre), il
courra pas en vain (r Co 9,26; Ga 2,2; Ph 2,16), s'y mêle une frayeur d'origine moins pure. Elle
et l'on pourra dire avec Paul : « j'ai combattu appartient au scénario habituel du *Jour de Yah-
jusqu'au. bout le bon combat, j'ai achevé ma weh (Is 2,ro.19; cf Sg 5,2). C'est encore la terreur
course, j'ai gardé la foi-» (2 Tm 4.7). Mais en tout des gardes du sépulcre au matin de Pâques {Mt
cela il ne faut pas oublier que tout provient de 28,4). Par contre, la crainte rêvérentielle qui se
Dieu seul : « Cela ne dépend ni de celui qui veut traduit par !'*adoration est le réflexe normal des
ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait misé- croyants devant les manifestations divines : celui
ricorde 11 (Rm 9,16). XLD de Gédéon (Jg 6,22s), d'Isaïe (Is 6,5), ou des spec-
tateurs deà: miracles accomplis par Jésus (Mc 6,
-;.. chemin - Parole de Dieu AT II 2 - 2èle II 2.
51 p; Le 5,9-rr; 7,16) et par les Apôtres (Ac 2,43).
COURONNE ~ rétrfüution III 2 - victoire NT 2. La crainte de Dieu comporte donc des modalités
diverses, qui concourent, chacune à son rang, à
acheminer l'homme vers· une *foi plu's profonde.

CRAINTE DE DIEU
Il. CRAINTE DE DIEU ET CONFIANCE EN DIEU

On caractérise souvent l'AT comme loi de Dans l'authentique vie de foi, la crainte s'équi-
crainte et le NT comme loi d'amour. Formule libre d'ailleurs gràce à un sentiment contraire : 1a
approximative qui laisse tomtier beaucoup de •confiance en Dieu. Même quand il • apparaît aux
nuances. Si la crainte représente dans l'AT une hommes, Dieu ne veut pas les terroriser. Il les
valeur importante. la loi d'amour y a déjà ses rassure : « Ne crains pas 1 » (Jg 6,23; Dn 10,12;
racines. D'autre part, la crainte n'est pas abrogée cf Le 1:,13'.30), phrase reprise par le Christ mar-
par la loi nouvelle, en tant qu'elle constitue le chant sur les eaux (Mc 6,50). Dieu n'est pas un
fond de toute attitude religieuse authentique. Dans potentat jalriux de son pouvoir; il entoure les
les deux Testaments, crainte et •amour se recou- hommes d'une •providence paternelle qui veille
pent donc réellement. quQique diversement. Il est sur leurs besoins. « Ne crains pas l » dit-il aux
important de distinguer la crainte religieuse de 1a patriarches en leur notifiant ses •promesses {Gn
peur que tout homme peut éprouver en face des 15,r; 26,24) ; la même expression accompagne les
fléaux de la nature ou des attaques de l'ennemi prorilesses eschatologiques apportées au peuple
(Jr·6,2s; 20,ro). Seule la première a place dans souffrant (Is 4r,ro.:r3s; 43,1.s; 44,2) et les pro-
la révélation biblique. messes de _Jésus au « petit troupeau » qui reçoit
du Père le Royaume (Le 12,32; Mt 6,25-34). C'est
en ternies semblables que Dieu réconforte les pro-
J. DE LA PEUR HUMAJ:NE À LA CRAINTE DE DIEU phètes en leur confiant leur dure mission : ils se
heurteront aux hommes, mais ils nè doivent pas
Devant les phénomènes grandioses, inhabituels, les craindre (Jr r,8; Ez 2,6; 3,9; cf 2 R 1,15).
terrifiants, l'homme éprouve spontanément le sen- Ainsi la fÔi en lui est la source d'une assurance
timent d'une présence qui le dépasse et devant qui bannit jusqu'à la simple peur humaine. Lorsque
laquelle il s'abîme en sa petitesse. Sentiment Israël en guerre doit affronter l'ennemi, le mes~

219 220
CRAINTE DE DIEU CIŒATION

sage d-ivin est encore : 1 Ne crains pas h (Nb 2_1:, tifier à la religion tout- court.·· Le Deutéronome
34;. Dt 3,2; 7,r8; 20,I_; Jos 8,1) . .'Au plus fort du J'associe· déjà·-de faç·ou caractéristique. à. l'amour
danger, Isaïe répète la ,·même chose à Achaz (Is de Dieu, :-à l'observation. de -'ses. comm:andements,
7,4) et à Ézéchias (ls 37,6).·,AuxAp6tresquiattend à son service (Dt 6,2.5.r3)·, -tandis qu'Is 11:.2 y
la persécution, Jésus redit de ne pas. craindre voit._un· des fruits de_ !'•Esprit de··Dieu. Elle est,
ceux-Jà· même qui tuent le corps (Mt :ro,26-31 p): di~nt. le.•Hiages, au_principe de Ja:•sage,sse (Pr 1,
Une leçon si souvent répétée finit par pâ.sser dans 7;· Ps, n1,10), et le- Siracide en_ ·énonce une· litanie
la vie. Appuyés sur leur confiance en Dieu, les quî montre en· èlle l'équivalent _pratique de· la
vrais croyants bannissent toute crainte de leur •piété {Si ,1,u-20);•-A·ce·-titre; _elle mérite-la béa-
cœur. (PS 23,4; 27,r; gr,5-r3). titude dorit la parent plusieurs psaumes _(Ps u2,
1; 128,1); car ·• la •miséricorde de Dieu s'étend
d'âge en' àge sur ceux-.<jui le craignent 11 (Le 1,50;
cf.Ps_103,17); le temps·du ·•Jugement, qûi fera
lJT. CRAI~~ DES CHÂTIMENTS J?lVINS
trembler de peur les pécheurs; sera ,aussi le femJ>S
où Dieu • récompensera _ceux qui· craignent son
Il est Cependant un aspect. de. Dieu qui peut nom » ·(Ap- ·ù,18). Le NT,. tout en. conservant
inspirer aux J10mmes ·_une .crainte -salutaire. Dans parfois au mot' ·une -nuance·-de crainte révéren-
l'AT, -il s'est révélé comme· •juge, et la p~lama- tieIIe où ·la pel'Spective du ·Dîeu-Jugè n'est· pas
tion de la •toi sinaîtique s'accompagne d'une totàlem'.ent _8.bsentc (2 Co 7,I; Ep 5,21; Col'3,2_2),
menace de -sanctions (Ex 20,5ss; 23,21) .. Tout au surt0ut.s1il s'agit' de gens qui-« ne craignent pas
long ·de l'histoire, .les· déboires ·d'Israël sont pré- •Dieu ,,,. (Le. -18,2.4; 23~·40), l'entend ·•plutôt en ·ce
sentés par les prophètes comme.autant.de signes sens profond· qui -en fait ·uD.ë ·•vertu essentielle :
providentiels qui -traduisent le courroux. de Dieu : • Dien ne fait•p·as ,aèception des -personnes, inais
motif.sérieU:x de,trembler devant lui.! _En·èe sens, en toute nation celui qui le. craint et pratique ~
la loi divine apparaît· bien -comme une loi· ·de justice lui est agréable )) (Ac ro,3,is). La crainte
crainte. De même; ·c'est eri. rappelant la menace ainsi comprise est. le chemi~ du salut par la· foi.
des *châtiments divins que -le·. Ps 2· invite les PA & PG
nations:. étrangères à se ., soumettre à l'.Oint de
Yahweh'. (Ps- 2,ns) .. ~ Àbrah~ I 2 ~ adorati~n - angoi~e - béatitude
Ce côté de.la doctrine-.ne saurait être-évacué, AT I :i - confiance - piété AT 2; NT 2 - présence
car le NT. lui-même donne ·une place -importante de Dieu AT II·-. sagesse AT I 3 - saint AT li -
-~uciS. 2,
à la •cOière et-au' •jugement de Dieu: Mais devant
cette perspective terrible, seuls ont à trembler les
pécheurs •endurcis ,dans le :ènal (Je S.1; Ap 6,
15s) .. Pour· les- autrèsJ qui cèrtes·,se savent··profon-
démènt péch~urs (cf •·:CC .5,8), mais-_·qui ont con- CRÎATION
fiance dans·-Ià •grâce justifiante de Dieu (Rm 3, AT
23s),. ,Ie NT a iùatiguré· une attitude• nouvelle .:
non pluS une craînte d'esclave, mais. un· espri_t de
fils adoptifs .de Dieu (Rm 8,15), une.disposition J. LE ..CRÉATEUR _DU CIEL. ET DE, LA TERRE
d'•amour .intérieur 'qui ban~t la crainte, car-:la:
crainte suppose uri châtiment· (1 -Jn 4·,18) ·; et celui A ·lire les. preinièrs témClÎI15 de la: littérature
qui aime n'a plus peur ·du châ;tjment,,. même_ si son .bibliqlle~ 'oi:a ·a- l'impression t}lJe Je:9,anciens 1_5!3.élites
cœur venait •à. le condamner (i: Jn· 3,2os)'. C'est 'cO~d#ai~-t pJus _volontiers Di~· comme le __Sau-
en ce sens que 'le NT est. Une loi d'amour. Mais veUI'··dqsrael·et 1'3:-uteur·de r•AJhance_que comme
au temps·de l'AT, il-y avait déjà des hon:µnes qui le Créateur du •monde et de· !'*homme. Il ·est s6r
vivaient sous la ,loLd'amour,. et il·y en,~.encore -ppurtari.t que l'idée de 01a créatiori· renion_te·_ ·en
maint.enant· qui n'ont. pas dépassé. la loi de crainte. ~$raël à la' plus . hàute antiquittt . Elle existait- -'en
~kèt, dans le milieu· oriental où- s'est· afiir.niée la
~~vélation l~ibliqùè, _·hi~ avant'. l'époque· ·d'Abra-
IV. CRAINTE DE Drnu ·_ET· RELIGION hafil. En :Égypte/ le récit de' l_a création par Atum
é.t:ait gravé· sù·r-1es par'ois des ·Pyrami~es. En Méso-
Au.total, la_crafute de Dieu peut être-comprise potamie; des ,-textes akkadiens;' ~épendal\t 'E:llX-
en un·sens assez large et assez profond pour s'iden- ruênies de tradifiàns sumériennes, rapportaien'.t

221
222
CRl1ATION CRSATION

plusieurs récîts de la création. A Ugarit, le dieu :2. Dans le récit sacerdotal (Gn r), le tableau est
suprême El était appelé le « créateur des créa- plus grandiose. Au commencement, Dieu tire l'uni-
tures ». Sans doute dans ces trois cas, l'origine du vers (ciel et terre) du chaos primitif (1,1) ; il y
monde était-elle liée à des conceptions poly- fait apparaître ensuite tout ce qui en fait la richesse
théistes. En Mésopotamie, elle se rattachait orga- et la beauté. L'auteur a été frappé par l'ordre de la
niquement à la guerre des dieux que la mytholo,. création : régularité du mouvement des astres, dis-
gie situait au temps primordial. Malgré tout, les tinction des règnes, lois de la reproduction. Tout
mythes eux-mêmes attestaient des préoccupations cela est l'œuvre du Créateur qui, par sa simple
et des notions qui ne pouvaient être ~trangères à •parole, a tout mis en place (Ps 148,5). Et cette
Israël. œuvre culnùne dans la création de l'homme qui
On a supposé que le nom divin, •Yahweh, sera à l'•image, à la ressemblance de Dieu, et qui
avait primitivement un sens factitif : Celui qui
(t doit être •fécond et dominer l'univers. Enfin,
fait être )1, donc « le créateur ». C'est une hypo- ayant achevé son œuvre, Dieu se reposa et bénit
thèse vraisemblable. Mais la Genèse nous fournit le septième jour, désormais destiné au •repos. Ce
un point de repère plus significatif encore. Melchi- dernier trait livre le sens du cadre temporel où
sédech bénit Abraham (t par le Dieu Très-Haut la création est placée, celui de la •semaine,
qui créa ciel et terre » (Gn 14,19) : l'expression donnant à la vie de l'homme un rythme sacré :
se retrouve justement dans des textes phéniciens. l'activité créatrice de Dieu est le modèle de tout
Or Abraham prend lui aussi à témoin « le Dieu "'travail humain.
Très-Haut qui créa ciel et terre ll (Gn 14,2:2). Les traits que ce second récit présente en com-
Ainsi dans le dieu créateur du roi de Salem, les mun avec les traditions babyloniennes (victoire sur
patriarches retrouvaient-ils leur propre Dieu, l'abîme, séparation des eaux supérieures et des
même si le polythéisme en avait défiguré les traits. eaux inférieures, création des astres) n'ont aucune
trace de mythologie. Dieu agit seul, il ne délibère
qu'avec lui-même. Sa victoire sur le chaos n'est
pas l'issue d'un vrai combat. L'abîme (teMm)
n'est pas une divinité mauvaise comme la Tiamat
Il. LA REPRÉSENTATION BIBLIQUE DE LA CRÉATION babylonienne; il n'est plus question de monstres
ni de démons vaincus ou enchaînés par Dieu, La
création est l'action spontanée d'un Dieu tout-
Deux récits complémentaires de la création •puissant, agissant selon un plan arrêté en faveur
ouvrent le livre de la Genèse. Ils sont là comme de l'homme qu'il a créé à son image.
une préface à l'Alliance avec Noé, Abraham,
Moïse, ou plutôt comme le premier acte du drame 3. La tradition biblique. - La conception de la
qui, à travers les manifestations variées de la création qu'atteste cette représentation a dominé
bonté de Dieu et de l'infidélité des hommes, cons- la pensée israélite _avant même de prendre forme
titue l'histoire du •salut. dans les récits bibliques actuels. Les prophètes
y font appel dans leurs polémiques contre les
I. Le récit le plus ancien (Gn z,4-25) s'étend sur- •idoles, lorsqu'ils reprochent à celles-ci d'être
tout sur la création du premier couple humain et des objets sans vie, faits de main d'homme, inca-
du cadre où il doit vivre.. Dieu fait sortir du sol pables de sauver (Jr 10,1-5; Is 40,r9s; 44,9-20),
l'humidité qui le fécondera, et il y plante le jar- tandis que Yahweh est le Créateur du monde
din d'Éden, le •paradis ; avec la poussière du sol, (Am 4,13; 5,8s; 9,5s; Jr 10,6-16; Is 40,21-26).
il modèle le corps de l'homme, puis celui des Après l'exil, les sages vont plus loin dans la
•animaux ; du corps de l'homme, il tire la •femme. réflexion théologique. Non content d'affirmer que
Tout ce qui existe résulte ainsi de son activité Dieu a créé le monde avec sagesse, intelligence et
personnelle, et le récit souligne à sa manière le science (Pr 3,19s; cf Ps rn4,24), l'éditeur des Pro-
caractère concret de cette activité : tel un arti- verbes montre dans la *Sagesse personnifiée la
san, Dieu travaille à la manière humaine. Mais première œuvre de Dieu enfantée dès le commen-
son •œuvre est d'emblée parfaite : l'homme est cement (Pr 8,:2:2ss). Elle était là quand toutes
créé pour vivre heureux, avec les animaux pour choses furent créées, dans le rôle de maître d'œuvre
serviteurs, et avec. une compagne, autre lui-même. (Pr 8,:24-30) ; elle s'ébattait dans l'univers avant
Seul, le péché introduira le désordre et la •malé- de se complaire à fréquenter les hommes (Pr 8,
diction en un monde qui à l'origine est bon. 31). Nourri de cette doctrine, le Sîracide insiste

223 224
CRltATION CRÉATION

à son tour sur la création de la Sagesse avant Rahab ou Léviathan. Ces monstres ont été fen-
toutes choses (Si 1,9; 24,9). Pareillement le Livre dus (Ps 89,xr), transpercés (Is 51,9; Jb 26,13),
de la Sagesse voit en elle l'ouvrière de l'univers fracassés (Ps 74,13). Ils ne sont pas_défiuitivemi;mt
(Sg 8,6; cf 9,9). Dans une ligne de pensée toute détruits, mais ils sont assoupis (Jb 3,8), enchaînés
voisine, les psalmistes attribuent .la création à la (Jb 7,i:2; 9,i:3), relégués dans la mer (Ps i:04,26) ;
•Parole et à !'•Esprit de Dieu personnifiés (Ps 33, la création fut pour Dieu sa première •victoire.
6; 104,30; cf Jdt 16,14). Ces perspectives nouvelles Dans l'histoire se poursuit la série des combats
ont leur itnpo_rtance, car elles préludent à la révé- que les mêmes images peuvent servir à représenter :
lation du Verbe et de !'Esprit-Saint. !'Exode ne comporta-t-il pas une nouvelle victoire
Finalement à l'époque grecque, on aboutit à sur le monstre du grand abîme (Is 51,10) ? Ainsi,
l'idée explicite d'un monde- tiré du néant : par le truchement des symboles, on retrouve tou-
K Regarde le ciel et la terre, et vois ce qui est en jours la même assill'µlation des hauts faits histo-
eux, et sache que Dieu les a faits de rien, et que riques de Dieu à son haut fait originel.
la race des hommes est faite de la même manière »
(z M 7,28), Mais à cette époque la théologie de la z. Salut et nouvelle création. - L'histoire sainte
création se relie à l'apologétique juive : en face ne s'arrête pas au présent. Elle chemine vers un
d'un monde païen pour lequel tout était Dieu, terme qu'évoque l'eschatologie prophétique. Ici
excepté Die.u lui-même, Israël affirme la gran- encore s'impose une référence à l'acte créateur de
deur du Dieu unique, qui se laisse apercevoir à Dieu, si l'on veut comprendre exactement ce que
travers ses •œuvres (Sg 13,1-5). · sera le •salut final. La conversion d'Israël sera
une véritable re-création : « Yahweh crée du
*nouveau sur la terre : la Femme recherche son
Mari D (Jr 3r,22). De même la future délivrance
III. LA CRÉATJON DANS LE DESSEIN DE Drnu
(Is 45,8), qu'accompagneront les prodiges d'un
nouvel Exode (Is 41,20); la nouvelle •Jérusalem
x. Création et histoit-e. - L'AT ne s'intéresse pas où le peuple nouveau trouvera un bonheur para-
à la création pour satisfaire la curiosité humaine disiaque (Is 65, 18) ; et la stabilité des lois éta-
en résolvant le problème des origines. Il y voit blies par Dieu dans l'univers sont un gage si'ir
avant tout le _point de départ du *dessein de Dieu que cet ordre nouveau durera à jamais (Jr 31,
et de l'histoire du salut, le premier des hauts faits 35ss). Finalement l'univers entier participera au
divins dont la série se poursuit dans l'histoire renouvellement de la face des choses : Yahweh
d'Israël. "'Puissance créatrice et maitrise de l'his- créera des cieux nouveaux et une terre nouvelle
toire sont corrélatives : c'est comme créateur et (Is 65,17; 66,22s). Perspective grandiose où le
maître du monde que Yahweh peut faire choix terme des desseins de Dieu rejoint la perfection
de Nabuchodonosor (Jr 27,4-7) ou de Cyrus (Is des origines après la longue parenthèse qu'avait
45,12s) pour exécuter ses desseins ici-bas. Les évé- ouverte le péché humain. Sans employer explici-
nements n'adviennent jamais qu'en dépendance de tement le verbe « créer », Ézéchiel s'y conformait
lui; littéralement, il les crée (Is 48,6s). Cela vaut déjà lorsqu'il montrait Yahweh changeant aux
spécialement pour les événements majeurs qui ont derniers temps le •cœur de l'homme pour le réin-
déterminé le cours du destin d'Israël : *élection troduire dans la joie de !'Éden (E_z 36,26-35; cf
du peuple de Dieu, créé et formé par lui (ls 43, n,19). C'est pourquoi, s'appuyant sur une telle
r-7), délivrance de l'*Exode (cf Is 43,16-19). C'est promesse, le psalmiste peut supplier Dieu de
pourquoi, dans leürs méditations sur l'histoire « créer en lui _un _cœur pur » .(Ps 51,12) : en ce
sainte, les psalmistes les joignent aux merveilles renouvellement de son être, il pressent à juste
de la création pour brosser un tableau complet titre:,, une•' ·'anticipation concrète de la nouvelle
des •miracles de Dieu (Ps 135,5-i:2; 136,4-26). c·réa.tion qui se _fera en Jésus-Christ.
Inséré dans un tel cadre, l'acte créateur échappe
totalem_ent aux conceptions mythiques qui le défi-
guraient dans l'ancien Orient. Dès lors pour en IV. L'HOMME DEVANT LE CRÉATEUR
donner une représentation poétique, les auteurs
sacrés peuvent reprendre .impunément les images 1. Situation de l'homme. - La doctrine biblique
des vieux mythes : celles-ci, ont perdu leur venin. de la création n'est pas une spéculation de théo-
Le Créateur devient le héros d'un combat gigan- logie abstraite. C'est une notion religieuse qui
tesque contre les *Bêtes qui personnifient le chaos, commande une attitude d'.âme. A travers l'œuvre,

225
CR11:ATION CRÉATION

l'homme découvre l'-::-uvrier {cf Sg 13,5), et il en Cette doctrine occupe naturellement une place
résulte chez lui un sentiment profond d'admira~ importante dans la prédication chrétienne adressée
tion et de reconnaissance. En certains psaumes, aux païens : sur ce point, l'Église primitive ne fait
la contemplation de la beauté des choses condtiit que relayer le judaïsme (Ac 14,15; 17,-24-28). Car
à une louange enthousiaste (Ps 19,1-7; 89,6-~5; « par1a foi nous comprenons que les mondes ont été
104). Ailleurs l'homme est comme écrasé par. lfl formés par une parole de Dieu·» (He II,3), de
grandeur divine, qu'il découv:re à travers ces même que les perfections invisibles de Dieu trans-
merveilles étonnàri.tes. C'est le sens des disco.urs paraissent à tous les regards, si l'on sait découvrir
de Dieu dans le livre de Job (38---:41.) ; ctim:ment le sens des créatures (Rm 1,19s). Chez le croyant,
Job ainsi rappelé à la réalité ne s'afiîtnerait-il pas la nième doctrine s'épanouit en *louange (Ap 4,
dans une *humilité profonde (42,x-6) ? Au terme, 8-n) et elle fonde la confiance (Ac 4,24).
l'*homme se met à sa vraie place de créature.
Dieu l'a façonné, pétri, modelé comme l'argile 2. Jésus-Christ et la création. - Sur un point
(Jb rn,Sss; Is 64,7; Jr 18,6). Qu'est-il en face de capital, le NT accomplit les virtualités de l'AT.
Dieu dont la miséricorde lui est si nécessaire (Si Le Dieu Créateur que connaissait Israël s'est
18,8-14) ? En vain chercherait-il à fuir la *pré- révélé maintenant comme le *Père de • Jésus-
sence divine ; il est à tout instant entre les mains Christ. Étroitement associé au Père dans son
de son créateur, et rien de ce qu'il fait- ne _lui activité créatrice, Jésus est ci le seul •Seigneur
échappe (Ps 139). Tel est le sentiment fondamen- par qui tout existe et par qui nous sommes Il
t.al sur lequel peut s'édifier une •piété authentique ; (1 Co 8,6), le Principe des œuvres de Dieu (Ap
il commande en fait toute la piété de l' AT. 3,14). Étant la Sagesse de Dieu (1 Co 1,24), « res-
plendissement de sa Gloire et effigie de sa sub-
2. Prenant ainsi conscience de sa vraie situation stance D (He 1,3), « image d_u Dieu invisible et
devant Dieu, l'homme peut trouver le chemin de premier-né de toute créature >1 (Col 1,15), il est
la •confiance. Car, comme le répète Isaïe, le même celui qui « soutient l'univers par sa Parole puis-
Dieu qui a créé le ciel et la terre veut aussi anéan':.. sante Il (He 1,3), car c'e~t en lui qu'ont été créées
tir les •ennemis de son peuple, lui donner le salut, toutes choses et en lui qu'elles subsistent {Col I,
restaurer la Jérusalem nouvelle (Is 44,24-28; cf 16s). Étant la *Parole de Dieu, le Verbe qui exis-
1s 51,gss). Le fidèle doit bannir toute peur : le tait. dès le commencement avec Dieu avant de se
secours lui vient du Seigneur qui :fit ciel et terre faire chair au terme des temps' (Jn 1,1s.14), il a
(Ps 121,2). toilt fait et il est depuis le début •vie et *lumière
dans l'univers (Jn 1,3s). Ainsi la doctrine de la
NT création trouve son achèvement dans une con-
l. LE DIEU CRÉATEUR templation du "'Fils de Dieu, par laquelle on
voit en lui l'artisan, le modèle et la fin de tontes
Élaborée dans l'AT, la doctrine du Dieu Créa- choses.
teur conserve dans le NT sa place essentielle, s'y
accomplit même.
JI. LA CRÉATION NOUVELLE
1. Héritage de l'AT. - En créant le monde par
sa Parole {cf 2 Co 4,6), J)ieu appela le néant à 1. Dans le Christ. - Plus encore que l'AT, le
l'existence (Rm ·4,17). Jl·continue cette opération NT a conscience du drame introduit dans la créa-
-première en vivifiant ses créatures : en lui, nous tion si belle, par' suite du péché humain. Il sait
avons la vie, le· mouvement, l'être (Ao 17,28; que le monde actuel est appelé à se dissoudre et
1 Tm 6,13). Il a créé le monde u et tout ce qu'il à disparaître (1 Co 7,3r; He 1,ns; Ap 6,I2ss; 20,
renferme » (Ap I0,6; Ac 14,15; 17,24) ; tout existe n). Mais dans le Christ, une création •nouvelle
par lui et pour lui (r Co 8,6; Rm n, 36; Col 1,16; a déjà été· inaugurée, celle-là même qu'annon-
He 2,rn). C'est pourquoi toute créature est çaient les oracles .prophétiques. Cela. va.ut d'abord
bonne : tout ce qui est à. Dieu est •pur (1 Co 10, pour !'*homme- renouvelé intérieurement par le
25s; cf Col 2,2oss). C'est pourquoi aussi les lois *baptême à l'image de son Créateur (Col 3,10),
de l'ordre naturel doivent être respectées par devenu dans le Christ « nouvelle créature » (Ga 6,
l'homme : par exemple, le divorce contredit le 15) : en lui, l'être ancien a disparu, un être nou-
dessein de Celui qui créa l'homme et la femme veau est là (2 Co 5,17).-Cela vaut aussi pour l'uni-
au commencement (Mt 19,4-8). vers; car le *dessein de Dieu est de ramener

'227 228
CRÉATION CROISSANCE

toutes choses sous un seul Chei, le Christ (~p I, AT 4·; NT 3 - croissance 1 .-,Dieu AT ·I - Église
10), les réconci_liant en celui-ci_ avec lui-même .Il, 1. - fomme AT I -·figur~ AT .II 3 - gloire III
(2 Co 5,1~s; Col 1,2(l). Ainsi en parlant ,du __ rôle x_ - homme l 1, III__4,.-.lum.i~re & _ténèbres AT I
du Christ .à l'égard du moJ;lde,. passe-t-on j~sensi- 1_;-'NT_I.3 :---:-,.me~_.1.2, ~ monde_AT_I; NT I 1 -

blement de son _action 4ans la cré_ation originelle nouveau- œuvres AT I_2 - Pâquè I 6 a - paradis -
Pal'9le de Dieu AT Il'z.b - puiss•ance_II.- réconci-
à son action dans la re-créati_~n. esch~tologique liition U I - Révél.1tion AT I_ ·3, H:i.-'sagesse AT
des_ chOses. Création. et •réctemptio:n- se rejoignent : III ,3 ----'semaine 2 - ' temps intr.; AT I 1 . - terre AT I
nous sommes « l'ou:Vrage de Dieu, -créés dans le 1· - travail I 1, IV 2.4 - vie U, 1.
Christ J~Sus en vue -~es h9:r;mes œuvres » (Ep ·2_.10).
CRI--. joie· 0 -'- prière - souffrance AT I 1.
z. De. la .prem~re création à _la,_/ernière. -:- Il est
possible c;le serrer_ de. plus près. le mode suivant
lequel _est effectuée cette création d'une humanité
nouvelle (cf, Ep-. 2,~5; _4,24)-_en. Jésus-Christ. Car
il existe .un _parallélisme :frappant entre la pre- CROISSANCE
mière création .et la dernière. Aux; origines, Dieu
avait-fait d'Adam le.chef de sa race, et il lui avait
remis le monde pour le.· dominer.. Au terme- -des I • . La croissance dans·-ta· ·,*création .. - La Crois-
te~ps, .le.·Fils.de Dieu fait-hOmme est entré dans sance est la loi de la *vie. Aux animaux Comme
l'histoire comme le nouvel •Adam (1 Co 15,21._45; aux hommes, Dieu ordonne de :se multiplier. :Mais
Rm 5,12.18) .. Dieu a fait de lui le chef de- l'huma- les hommes· n'.ont- pas se'ùlement à croitre en
nité rachetée qui est son. *,Corps (Col x,z8; Ep I, nombre, ils on,t à faire grandir'-leur emprise sur
22s) ;·il lui-a çlonné tout pouvoir s.ur terre (Mt 28, le monde -(Gn 1,22.28; 9,7) ; ils doivent d'ailleurs
18;· J_n 17,2),. il lui a tout -relilis entre)es mains se souvenir. que leur croissance, dépend· de Dieu,
et .J'a établi héritier-,de toutes--,choses _(He .r,2; 2, comme-celle-du jonc dépend de l'eau (Jb 8,nss).
~-9), en. sorte que tout doit êt_re instauré -dans le I;.a *béné_diction du Créateur reste le .principe de
Christ, les ê:tres céles.tes- c:omme les terrestres (Ep le!,. vie et- de son progrès. Le •péché de "l'homme,
1,ro). Car le Christ, ayant en lui .la *plénitude de en. attirant' la malédiction divine, -·-taritait · la v:ie
1'Esprit. (Mc r,ro p; Le ·4,1), le communique .aux sur -la: terre (Gn j,17; 6,5ss), •si dans sa -miséri-
autres hommes pour les renouveler. intérieurement corde Dieu _ne renouvelait sa bénédictiOn · (Gn g,
et faire d'eux :une- nouvelle- ci'~ature, (Rm ·8,I4- 1-7),. Celle-ci; à;·travers Abraham, atteindra toutes
I7; Ga 3,26ss; cf Jn_,I,I2), ' les nations (G~-12,3; Ga 3;~). ·
. . ' ,. .
3. bans ·l'attente_de t'a ·victoiYe.---,- Ce~ nou-velle 2. La croissance dans l'histoire du salut
création, inaugurée ~ la Pentecôte, n'13- Cependant
a)' Croissance du- mat âàns le monde: ;_ Non
pas-- enco_re ~ttei_nt son a_ch~vel:llent. L'ho~e
seulément- le: mal est·. présent dans- la création_.
recréé intérieure.ment gémit dans l'attente _de,_ la
mais ·il y grandit ; la gùérre oppose le.9 fières et
réderi:iption de son •corps, au jour. de l~-.résurr:~-
l'innocent ·périt (Gn 4,8) ;- l'esprit de vengeance
tion (Rro 8,23). Autour de lui, la création entière,
croit· sans mèsure· et multiplie' les meurtres (Gn
actu_ellemeJJ.t assujettie à la vani~é, aspir~ à être
4,24); :-la· méchanceté grandit• dans le cœur de
libéré~ de _la servH:ude _ de_ la· c_oITupti~n pour
l'homme· et·la violence1 envahit la terre;. si __.des_
ac9éder à. fa Hqerté çle la gloire des _enfants de Dieu
_châtiinents· divers dénol)t:ent'Ia.malice des impies
(Rm 8,18-22). C'est vers èe terme que l'histoire
(Gn- 6,r3; n,g; 19,24s), ceuX-ci-:voiènt .bien_ sou-
chemine, vers ces cièux nouveaux et cette terre
. Y-CJ¼t gran9"_ir leur prospérité (Ps· 73,3-,12;--Jr• I:i;I)
nouvelle qu'annonçaient jadis les Écritures (2 P 3,
ehleµ,r posÎérité (Jb- 21,7s)':· Non seulement Dieu
13), et dont l'Apocalypse. donne par avance une
tOlère· ce ·scandaj.e, mais ,n empêche' ses serviteurs
évocatioù. saisissante : u Le premier ciel et la. pre-
.~e- s'opposer- à 1a· croissance du mal en préteJidant
mière terre ont,_~_sparu-:·- Alors_ cel~_i qui_,siège sur
e,;:tirper les méchants ·(Mt 13,30) ; sa inéthode,
le trône. d~clarâ : ·voici que je. fais toutes choses
~ 1est de triompher·'du·mal par le bien-(Rm 1-2,21);
à neuf » '(A-P '.21,"r-5)._ Telle_ ·senf~ _·créition· fi.ilitle
!à· où le· péché abonde; il fait st:irabondèt sa grâce
d'u~f uniVers_ tra.µ5figuré,. _aprè:S ~ yictqire _défini- '(Rm 5,2o)s · · · · ·
tive de l' Agneau'.. · · · , . 'PA
b) -Croissance, du peuple élu.· - Au milieù · du
--+ Adam-I-,-:.-adoration,O,- anim.aux,I- àstres 2 - monde pécheur, Dieu· se choisit ·un peuplé, -né de
bras & main 1 - chair I -:colombe 3·---:- .connaitre Jacob. Comme il a donné à Celui-ci de -se mlllti-

229 230
CROISSANCE CROIX

plier (Gn 35,n), il se plaira à faire grandir son à la construction du Corps du Christ, qui ,.opère
peuple, si celui•ci est fidèle à l'Alliance; autre- sa propre croissance en s'édifi.ant" dans la charité
ment il le ruinerait (Lv 26,9; Dt 28,63; 30,r6). Il (Ep 4,rr-16). Car la croissance de ·chacun dépend
est vrai que, dans sa bonté, Dièu n'agit pas av~ du progrès de son union au Christ ; chacun doit
Israël comme aveo les autres peuples : il le cOt'- diminuer;· comme le disait· Jean.Baptiste, pour
rige avant que les péchés n'ai.ent atteint leur pleille que le Christ grandisse et prenne· en lui toute sa
mesure (2 M 6,12•16); et le but de ce châ.timellf taille (Jn 3,30; _Ep 4,13) et pour que, dans le
est une conversion qui ouvre tes cœurs au sal9t ; Seigneur et dans !'Esprit, l'Église s'édifi.e et monte
alors Dieu donnera à son peuple de progrèssër' en comme un teinple saint où Dieu habite (Ep 2,2rs),
nombre et en gloire (Jr 30,19; Ez 36,ros.378; Is
54,1ss), ·3. Vers Je *Royaume de Dieu. - Si le croyant est
c) Croissance du Sauveur et de sa • Pa1'ole. - sans cesse tendu vers le but (Ph 3,12ss) et dési-
C'est pour accomplir ce dessein de salut que Dieu reux de passer de· l'enfance spiritue~le à la *per-
envoie dans le monde son Fils Jésus, plein de_ fection· (1 Co 3,rs; He 5,12ss), si l'Evangile doit
grâce et de vérité. Celui•ci est cependant soumis sans cesse fructifier et gra:ù.dir dans l'univers
aux lois de la condition humaine : il est d'abord (Col 1,6), le Royaume de Dieu a-t-il à croître ?
un enfant qui grandit en force et en sagesse (Le Sans doute les •paraboles préseritent•elles ce
2,40.52) ; si sa parole révèle aux hommes le mys- Royaume comme le terme d'un progrès : progrès
tère de sa mission et de sa personne, elle le fait de l'action d'un ferment dans la pâte (Mt 13;33),
progressivement et se heurte à une opposition qui croissance d'une semence devenant un· lourd épi,
va croissant, jusqu'à l'heure où les •ténèbres voire· un arbre (Mt 13,23.32), et cela par la force
semblent triompher (Le 6,11; 11,53s; 19,47s; 22, qui est en elle (Mc 4,28). Mais ne s'agit-il pas,
2.53) ; à cette heure, Jésus achève cependant son plutôt que ·d'un progrès du Royaume lui-même,
œuvre en mettant le comble à son amour et en du 1 progrès de l'Eglise vers le Royaume qu'elle
révélant pleinement aux hommes combien le Père annonce, dont elle est le germe et qu'elle attend
les aime (Jn 3,r6; 13,r; 15,13; 17,4; 19,30). Comme comme un don de Dieu ? Ce •don, ·chacun doit
le grain jeté en terre y meurt pour se multiplier le recevoir comme un petit enfant, en croyant à
(Jn 12,24), ainsi le bon pasteur meurt pour don- l'Évangile qui en est l'annonce (Mc 10,15; 'cf 1,
ner à ses brebis la surabondance de la vie (Jn 10, 15),, afin de pouvoir entrer dans la communion
10s). Sa Parole, semée dans les cœurs, va y porter avec Dieu en laquelle consiste le Royaume, lors
du fruit (Le 8,11.15); c'est pourquoi Luc·.expri- de la venue du Fils de l'Homme dans sa gloire
mera les progrès de l'Église naissante, tantôt en pour juger l'univers (Mt 25,31•34). Alors Dieu
disant que le nombre des croyants augmente (Ac régnera, car la communipn avec lui sera parfaite :
2,41; 5,r4; 6,7; 11,24), tantôt en parlant de la il sera tout en tous (1 Co 15,24-28). Son Royaume
croissance. de la Parole (Ac 6,7; 12,24; 19,20). ne croît pas ; il ëst le but vers lequel tend toute
d) Croissance de z•• Église et du chrétien.en elle. - croissance spirituelle et dont l'attrait la suscite;
La croissance est la loi de la vie chrétienne son avènement, comme la •résurrection de Jésus,
comme de toute vie, Le chrétien doit grandir, non est le don du Père.
pas en isolé, mais dans l'Église, où .il est inséré JR & MFL
comme une •pierre vivante; en même temps qu'il ~ accomplir - édifier - Église" III 2 - fécondité -
croit pour le salut, la maison spirituelle qu'est fruit Il - moisson - naissance (nouvelle) 3 - perfec-
l'Église •s'édifie (1 P 2,2.,5j. Paul invite le chré- tion NT s - plénitude - -~yaume NT II 2. - semer.
tien à grandir dans la foi (2 Co i:o,15) et la con-
naissance de Dieu, en fructifiant en toute bonne
œuvre et crQissant dans la charité (Col 1,ro; Ph
1,9; I Th 3,12). Ce progrès dans la connaissance
CROIX
de Dieu est d'abord croissance dans sa grâce
(2 P 3,18), car c'est le Seigneur qui en est l'au- Jésus est mort crucifié. La croix qui fut l'ins-
teur; les Apôtres, vrais collaborateurs de Dieu, ne trument de la rédemption_ est devenue, avec la
font toutefois que planter et arroser; c'est Dieu •mort, I~ *souffrance, le •sang, un ·.des termes
qui donne la croissance (r Co 3,6.9). essentiels qui permettent d'évoquer notre ·•salut.
C'est lui aussi qui donne à chacun des· saints Elle n'est plus une igno~inie, mais ulle exigence
de progresser vers le -Christ, leur •Tête, par la et un titre de gloire, pour le Christ d'abord,
pratique d'une vraie charité, et de .coopérer ainsi ensuite pour les chrétiens.

232
CROIX CROIX

donné traditionnel fournit un point de départ à


sa réflexion théologique : reconnaissant dans la
J. LA CROIX DE JÉSUS-CHRIST Croix la vraie *sagesse, il ne veut connaître que
Jésus crucifié (2,2). Par là en effet éclate la sagesse
T. Le scandale de la croix. - o:1 Nous prêchons un du dessein de Dieu, déjà. annoncée dans l'AT
Christ crucifié, •scandale pour les Juifs et •folie (1,19s); à travers la faiblesse de l'homme se mani-
pour les païens » (1 Co 1,23). Par ces mots, Paul feste la "force de Dieu (1,25). Développant cette
exprime la réaction spontanée de tout homme mis intuition fondamentale, Paul découvre un sens
en présence de la croix rédemptrice. Le salut aux modalités mêmes de la crucifixion. Si Jésus
viendrait-il au monde gréco-romain par la cruci- fut« pendu à l'*arbre » comme un maudit, c'était
fixion, ce supplice réservé aux esclaves (cf Ph 2, pour nous racheter de la malédiction de la Loi
8), qui n'était pas seulement une mort cruelle, (Ga 3,13). Son cadavr~ exposé sur la croix, ~ •chair
mais une honte (cf He 12,2; x3,13} ? La rédemp- semblable à celle du "péché », a permis à Dieu
tion serait-elle procurée aux Juifs par un cadavre, de « condamner le péché dans la chair » (Rm 8,
cette impureté dont il fallait se débarrasser au 3) ; la sentence de la •Loi a été exécutée, mais en
plus tôt (Jos 10,26s; 2 S 21,9ss; Jn 19,31), par un même temps Dieu 1( l'a supprimée en la clouant à
condamné pendu au gibet et portant sur lui la la croix, et il a dépouillé les Puissances » (Col 2,
marque de la •malédiction divine (Dt 21;22s; Ga 14s). Ainsi, «parle sang de sa croix », Dieu s'est
3,13) ? Au Calvaire, les assistants avaient beau •réconcilié tous les êtres (1,20) ; supprimant les
jeu de se gausser de lui, l'invitant à descendre anciennes divisions causées par le péché, il a réta-
de sa croix (Mt 27,39-44 p). Quant aux disciples, bli la •paix et !'•unité entre J nifs et païens pour
on peut prévoir leur réaction horrifiée. Pierre, qui qu'ils ne forment plus qu'un seul *Corps {Ep 2,
pourtant venait de reconnaître en Jésus le Messie, 14-18). La croix se dresse donc à la frontière entre
ne pouvait tolérer l'annonce de sa souffrance et les deux économies de l'AT et du NT.
de sa mort (Mt 16,21ss p; 17,22s p) : comment
eût-il admis sa crucifixion ? Aussi, la veille de sa 4. La croix, élévation vers la gloire. - Dans la
passion, Jésus annonce-t-il que tous seront scan- pensée de Jean, la croix n'est plus simplement
dalisés à son sujet (Mt 26,31 p). une •souffrance, une humiliation, qui trouve tout
de même un sens par le dessein de Dieu et par ses
2. Le mystère de la croix. - Si Jésus, et les dis- effets salutaires ; elle est déjà la •gloire de Dieu
ciples après lui, n'ont pas édulcoré le scandale anticipée. La tradition antérieure ne la mention-
de la croix, c'est qu'un mystère caché lui confé- nait du reste jamais sans évoquer ensuite la glo~
rait un sens. Avant Pâques, Jésus était seul à en rification de Jésus. Mais pour Jean, c'est en elle
affirmer la nécessité, pour •obéir à la •volonté du que déjà Jésus triomphe. Reprenant pour la dési-
Père (Mt 16,21 p). Après la Pentecôte, illuminés gner le terme qui jusque-là notait l'exaltation de
par la gloire du Ressuscité, ses disciples proclament Jésus au ciel (Ac 2,33; 5,31), il y montre le moment
cette nécessité à leur tour, situant le scandale de où le •Fils de l'homme est (( élevé » (Jn 8,28; 12,
la Croix à sa vraie place dans le •dessein de Dieu. 32s), tel un nouveau serpent d'airain, *signe de
Si le •Messie a été crucifié (Ac 2,23; 4,10), « pendu salut (3,q; cf Nb 21,4-9). Dans son récit de la
au bois )) (5,30; 10,39) d'une manière scandaleuse Passion, on dirait que Jésus s'avance vers elle
(cf Dt 21,23). ce fut sans doute à cause de la avec majesté. Il y monte triomphalement, car
•haine de ses frères. Mais, une fois éclairé par la c'est là qu'il fonde son Église en « donnant l'•Es-
prophétie, ce fait acquiert une nouvelle dimension: prit » (19,30) et en laissant couler de son côté le
il •accomplit « ce qui avait été écrit du Christ )) •sang et l'*eau (19,34). Désormais il faut « regar-
{Ac 13,29). C'est pourquoi les récits évangéliques der vers celui qu'on a transpercé i, (19,37), car la
de la mort de Jésus renferment tant d'allusions *foi s'adresse au crucifié, dont la croix est le signe
aux Psaumes (Mt 27,33-60 p; Jn 19,24.28.36s) : vivant du salut. Dans le même esprit, il semble
~ Il fallait que le Messie souffrît )l, conformément
que l' Apocalypse ait vu à travers ce o bois » sau-
aux "Écritures, comme le Ressuscité l'expliquera veur le ~ bois de la vie », à travers « l'arbre de la
aux pèlerins d'Emmaüs (Le 24,25s). croix i, o: l'arbre de vie » (Ap 22,2.14.19}.
3. La théologie de la croix. - Paul tenait de la
tradition primitive que « le Christ est mort pour
nos péchés selon les Écritures >) (r Co 15,3). Ce

233 234
CROIX CULTE

-+ amour I NT :2 b - arbre 3 - châtiments 3 - che-


II. LA CROIX, MARQUE DU CHRÉTIEN min III - dessein de Dieu NT I 1, II, III 1 - épreuve/
tentation NT I - folie - incrédulité II 2 - Jésus-
Cht'ist II I b - joie NT I :2, II 2 - mort NT II, III -
1. La croix du Christ. - En révélant que les de;ux persécution - prêcher II 3 - Rédemption NT -
témoins avaient été martyrisés a: là où le Chr:î_st sacrifice NT I, II 1 - sagesse NT II_ 1 - sang NT
fut crucifié » (Ap n,8), !'Apocalypse identifie• 'le 2 - scandale I - Serviteur de Dieu III - signe NT
sort des •disciples et celui du Maître. C'est ce I :2 - souffrance - suivre :2 b - victoire NT 1.
qu'exigeait déjà Jésus : « Si quelqu'un ve~t·yenir
à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il sè cl:iarge
de sa croix et qu'il me •suive )) (Mt 16,24 p). Le
disciple ne doit pas seulement •mourir à lui-
même : la croix qu'il porte est le signe qu'il meurt CULTE
au *monde, qu'il a rompu tous ses liens naturels
(Mt 10,33-39 p), qu'il accepte la condition de
*persécuté à qui peut-être on ôtera la vie (Mt 23,
34). Mais du même coup, elle est aussi le signe de Dans toutes les religions, le culte établit des
sa gloire anticipée (cf Jn 12,26). relations entre l'homme et Dieu. Selon la Bible,
l'initiative de ces relations revient au Dieu vivant
2. La· vie crucifiée. - La croix du Christ qui, qui se révèle ; en réponse, l'homme *adore Dieu
selon Paul, séparait les deux économies de la dans un culte qui prend une forme communau-
*Loi et de la •foi, devient au cè:eur du chrétien taire. Ce culte n'exprime pas seulement le besoin
la frontière entre les deux mondes de la •chair qu'a l'homme du créateur dont il dépend totale-
et de !'*esprit. Elle est sa seule *justification et ment, il accomplit aussi un devoir : Dieu a en
sa seule •sagesse. S'il s'est converti, c'est parce effet .choisi un peuple qui doit le 11 •servir ll, et,
qu'à ses yeux ont été dépeints les traits de Jésus- par là, devenir son témoin ; le peuple élu doit
Christ en croix (Ga 3,1). S'il est justifié, ce n'est donc remplir sa mission en rendant un culte à
point par les •œuvres de la Loi, mais par sa foi Dieu. (En hébreu, le mot culte dérive de la racine
au Crucifié ; car il a été lui-même crucifié avec le :abad qui signifie « servir ll),
Christ au *baptême, si bien qu'il est mort à la
Loi pour vivre à. Dieu (Ga 2,19) et qu'il n'a plus
rien à voir avec le *monde (6,14). Aussi met-il sa AT
•confiance dans la seule *force du Christ, sinon
il se montrerait « ennemi de la Croix » (Ph 3,18). I. LE CULTE DU VRAI Dmu DANS L'HISTOIRE

3. La Croi.%, titre de gloire du chrétien. - Dans la Le culte bibÜque évolue et, au cours de son
vie quotidienne du chrétien, « le vieil *homme histoire, on voit apparaître les éléments com-
est crucifié )) (Rm 6,6), si bien qu'il est pleine- muns à tous les cultes : lieux, objets et personnes
ment libéré du péché. Son jugement est trans- sacrés {sanctuaires, •arche, •autels, •prêtres),
formé par la sagesse de.la croix (1 Co 2). Par cette temps sacrés (*fêtes, *sabbat), actes cultuels
sagesse, il deviendra, à !'*exemple de Jésus, (purifications, consécrations, *circoncision, *sacri-
humble et« •obéissant jusqu'à la mort, et la mort fices, offrande de *parfums, *prière sous toutes ses
de la Croix)) (Ph 2,1-8). Plus généralement, il doit formes}, prescriptions cultuelles (•jetlne, inter-
contempler le « modèle n du Christ qui « sur le dits ... ).
bois, a porté nos fautes dans son corps pour que, Avant le péché, les relations de l'homme avec
morts à nos fautes, nous vivions pour la justice n Dieu sont simples ; à condition de ne pas enfreindre
(1 P ,2,21-24). Enfin, s'il est vrai qu'il faut tou- la défense concernant l'*arbre de la science du
jours redouter l'apostasie, qui l'amènerait à « cru- bien et du mal, et de montrer ainsi sa dépendance,
cifier de nouveau pour son compte le Fils de Dieu » l'homme pe:i,tt manger de l'arbre de vie (Gn 2,9;
(He 6,6), il peut cependant s'écrier fièrement avec 3,22) ; il pourrait ainsi, par un acte de type cul~
Paul : <i: Pour m,oi, que jamais je ne me glorifie tuel, communier avec Dieu. Le même arbre de
sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ vie se retrouve dans la Jérusalem céleste, où le
qui a fait du monde un crucifié pour moi et de culte ne comporte plus d'intermédiaire entre Dieu
moî un crucifié pour le monde » (Ga 6,14). et ses serviteurs {Ap 22,2s).
]A & XLD Après le péché, le sacrifice apparaît dans le

235 236
CULTE CULTE

culte; les patriarches invoquent Yahweh et lui peuple en un Dieu qui est présènt et puissant
dressent des *autels (Gn 4,26; 8,20; 12,8). Mais comme par le passé {Ps 81; 106; discours de Ot
Dieu n'agrée pas n'importe quel cu_lte; non seu- 1-1r;.rénovation de l'Alliance: Jo~ 24); en-fin il
lement il regarde les dispositions intérieures de stimule l'espérance du- peuple et. son attente, dn
celui ·qui offre: (Gn 4,3ss), ID.ais il exclU:t certaines Jour où Dieu:ïnaugurera- son,:Règnecet où- les
formes extérieures comme les sacrifices humains •nations seront unies à Israël libéré, dans: le culte
(G~ 22; '2 -R 16,3;- -Lv ·20,2s) ou -la .prostitution .du vta.i,Dieu.
sacrée (1-R .22i47 :·Dt 23,-18}-et .même la fabricac.. Cette· perspective d'avenir ne, p~d Joute_. son
tion d'*im.ages qui symboliseraient le. Dieu invi- ampleur que peu à -peu, grâce aux prophètes·. qui
sib_le:' (Dt 4,15-18; cf Ex 32,4s). Lorsque l'Alliance annoncent la ·.nouve;lle Alliance (Jr 31,31ss) .. C'est
a fait- d'Israël le peuple de: Dieu, son culte est surtout dans le Livre de la Consolatioll .(ls 45) ·et
soumis à une législation de plus en plus· ·précise les prophéties _post-exiliques (1s 66,18-23; Za 14,
et .exigeante. 16-21) que.Je.Dieu ùnique révèle son -*dessein·:
Le centre de ce culte:est l'arche, symbole de la il veut se· manifester , à tous .les. peuples pour
*présence de Dieu parmi son. peuple ; mobile -tout obtenir,d'eux·le culte qui.lui est dO..comme.Créa-
d'abord, l'arche se fixe en ·divers· sanctuaires (vg teur et Sauveur universel. Les *prophètes, témoins
Silo: Jas 18,.1); en:fin·DaVid l'établit à Jérusalem de ce des.sein, proclament en même temps les exi-
(2 S 6) où Salomon bâtit le·· *Temple (1 R .6); gences du Dieu. de l'Alliance qui n'agrée pas un
celui-ci deviendra,. lors de la réforme deutérono- culte sans âme. Ils combattent ainsi à la fois le
mique, le lieu unique du culte sacrificiel. particularisme nationai et lê formalisme rituel pour
Après l'exil, le culte du seCOnd,Temple est réglé que le culte d'Israël, en devenant de plus en plus
par des prescriptions rituelles ·qu'on fait remonter spirituel, soit le témoignage efficace que Dieu
à Moïse,' comme on·fait remonter.à Aaron la généa- attend de son peuple. ·
logie- des prêtres,·pour marquer-le lien du culte
avec-l'Alliance qui-le•fonde. Ce lien,:le sage Ben
Sira le soulignera peu avant la lutte menée par les III. L'ÂME DU CULTE 'VÉRITABLE,:
Maccabées pour_·que le i>euple puisse rester fidèle LA FIDiLITÉ ·À, L' ALUANCE
à la Loi et au culte 'du: seul vrai Dieu (1-M 1,4"1-
64). La.liturgie synagogale, faite de chants et de Le culte d-'Israël· deviendra spirituel .dans la
prières; ·:et destiné.~ depuis l'èxil à entretenir 1a mesure Où il prendra · conscience, grâce aux pro-
vie ·de prière. Communautaire chez les ·Juifs ·de la phètes, -du caractère intérieur des ·exigences de
Dispersioil.,.- .cOinplète _la liturgie 'du Temple. Elle _l'Alliance. C'est cette fidélité du cœur qui est la
n'ôte pas· cependant au Temple· unique son pri- condition d'un cultèf authentique·· et là , preuve
vilège ; et si .une secte, comme celle de Qumrân, qÙ'Israël n'a pas d'autre *Dieu que Yahw·eh (EX
se sépare du sacerdoce dè Jérusalem,"c'est qu'elle 20,·:2s p). Le Dieu Sauveur de l'Exode·et du Déca-
aspire ~ un· culte purifié dans Un Temple rénové. logue· est •saint et exige que le· peuple dont il
veut faire un peuple-· •sacerdotal ·-soit saint (Lv
19,2). En le ·rappelant,-·Ies prophètes ne rejettent
II. LES RITES CULT'uÈLS pas les rites, ils demandent qu'on leur donne leur
·E-r L~ÉDUCATION Du
PEUPLE DE Drnu vrai sens. L.es dons de nos sacrifices doivent
exprimer notre •action de. grâ<..es à Dieu, source
Le peuple dê Dieu, a fait des emprunts à des de tou:t *don (Ps 50). _
rituels voi~ins qui reflètent la vie de pasteurs Déjà Samuel affirmait que Dieu rejette le".culte
nomades ou d'agriculteurs sédentaires ; mais il -,~f\''éeux !).!li désobéissent (1 S 15,22). Am.os et
confère aux rites qu'il adopte un sens nouveau en f~E+îEf)e red_isent fortement .. (Am 5,21'-26; Is 1,II-
les·rattacl;Lant à la geste de _l'_*A-llian_ce _(vg Dt 16, 20;· 29,13), et Jérémie .proclame en _plein Temple
1•8 pour la Pâque; LV 23_,43 poùr les· Tentes) et . )a vanité du cu1te qu'on y célèbre, en dénonçant
au sacrifice qui l'a scellée (Ex 5,1ss;, 24,8;·-Ps ·'.. .11.a.corruption des· cœurs· Ur 7, -4-15.21ss). Ézéc,hiel,
50,5). Le culte devient ainsi une pédagogie per- '- ile prophète-prêtre, tout en annonÇant la. ruine
manente qui donne à là yie· religieuse d'Israël· ses . :~du Temple Souillé par l'idolâ:trie, _dét..Tit le nouveau
trois-dimensions historiques et son mouvement. •Temple ·de la nou~lle Alliance (Ez: 37,26ss) qui
Le culte rappelle d'abord· les éVénements du sera le·ceiltre cultuèl d~ peuple fidèle (Ez.40-48).
passé· dont il renoùvelle la célébration;. en même Lt:, prophète du retour inciique à quelle condition
temps il les actualise· et ranime ainsi -la foi ·du Dieu agréera le culte de son peuple : il lui faut être

237
CULTE CULTE

une communauté vraiment fraternelle· (Is 58,6s,


9s.13: 66,xs).
Cette communauté s'ouvre aux païens qui crai- li. LES ORIGINES DU CULTE NOUVEAU
gnent Dieu et observent sa Loi (Is 56,1-8). Bien
plus, le culte universel devra être décentralisé 1. Jlsus définit le culte nouveau qu'il annonce;
(Ml x,u). Si Ben Sira est-dépassé par de telles le culte véritable est spirituel : non pas nécessai-
perspectives, il se montre cependant l'héritier de· rement sans rites, mais impossible sans l'•Esprit-
la tradition prophétique en uniSsant intimement Saint, qui en rend capables ceux qui sont renés
la :fidélité à la Loi et le culte rituel (Si 34-,18SS; par lui (Jn 4,23s; cf 7,37ss; 4,10.14). Le sacrifice
35,x-16). Et, dans un Israël particulàrlste et for- de Jésus qui scelle la nouvelle Alliance {Mc 10,
maliste qui se fermera à son message, le Christ 45; 14,22ss) donne leur plein sens aux formules
trouvera des cœurs •pauvres en qui les psaumes du culte ancien périmé (He 10,1-18; ci Ps 40,
auront entretenu et le sens de la. yraie justice, 7ss) ; il fonde aussi le culte nouveau, car il a
condition du vrai culte (Le x,745), et l'attente du •expié vraiment les péchés du monde et commu-
Messie qui inaugurera ce culte parfait (Ml 3,1-4). nique la vie éternelle à ceux qui communient à la
•chair et au •sang du Christ (Jn 1,29; 6,5x).
Celui-ci, à la Cène, a inauguré lui-même ce ban-
NT quet ,sacri:fi.ciel et ordonné de le renouveler (Le 22,
19s). ·
l. LA FIN DU CULTE ANCIEN
2. L'Église a obéi. Dans leurs réunions cultu~lles,
1. Jésus met fin au culte ancien en l'accomplis-- les premiers disciples couronnent leurs prières et
saut. Tout d'abord il le renouvelle en se confor- leur repas par la a fraction du pain • (Ac 2,42;
mant à ses rites et en les pénétrant de son esprit 20,7.u), rite eucharistique dont le sens tradition-
de prière :filiale. Présenté au Temple à sa nais- nel et les exigences sont rappelées par Paul à ceux
sance (Le 2,22ss), il y monte pour les fêtes toute qui les oublient (x Co 10,16; x1,24).
sa vie (Le 2,41; Jn 2,13; 10,22); et il prêche sou- Pour particiQer à l'•Eucharistie, il faut avoir
vent dans tes lieux de réunion cultuelle (Mc x4, ~té agrégé à l'Eglise par le rite •baptismal, pres-
49; Jn 18,20). Comme les Prophètes, il exige qu'on crit par Jésus (Mt 28,19) comme condition de la
soit fidèle à. l'esprit du culte (Mt 23,16-23) : sans vie nouvelle (Mc 16,16; Jn 3,5), et accompli par
la pureté du cœur les purifications rituelles sont les Apôtres dès le jour de la Pentecôte {Ac 2,38-
vaines (Mt 23,25s; 5,8.23s). 41). Enfin par le geste de r•imposition des mains,
Mais il dépasse le culte ancien par son •sacri- les Apôtres donnent l'Esprit aux baptisés (Ac 8,
fice. Et s'il atteste son respect du Temple ancien 15ss).
en le purifiant (Jn 2,14ss), il annonce en même A ces trois rites fondamentaux du culte chré-
temps, qu'à ce Temple, ruiné par la faute des tien, s'ajoutent des usages traditionnels d'impor-
Juifs, succédera un nouveau, son corps ressuscité tance inégale : c,élébration du dimanche, a premier
(2,19ss). Alors prendra fin le culte de Jérusalem jour de la •semaine» (Ac 20,7; 1 Co 16,2), « •jour
{Jn 4,2,). du Seigneur » (Ap 1,Io) ; règles de discipline,
comme le port du voile pour les •femmes, ou leur
2. L'Église naissante ne rompt avec le culte •figu- silence dans les assemblées cultuelles, règles ins-
ra.tif du Temple qu'en le dépassant. Comme Jésus, tituées en vue du bon ordre et de la paix (1 Co
les Apôtres prient au Temple et y enseignent u,5-16; 14,34.40}.
(Ac 2,46; 5,2x). Mais, comme Etienne le proclame,
le vrai Temple est celui où Dieu habite et où
règne Jésus (Ac 6,x3s; 7,48ss.55s). Aussi, Paul qui, Ill. STRUCTURE ET TRIPLE ASPECT
par égard pour les juifs convertis, accepte de par-
DU CULTE CHRÉTIEN
ticiper à des pratiques cultuelles auxquelles ils
sont fidèles (Ac 21,24.26; cf x Co 10,32s), prêche
sans défaillance que la •circoncision est sans valeur Le culte de l'Église, comme celui d'Israël, a un
et que le chrétien n'est plus soumis aux obser- triple aspect ; il commémore une œuvre divine du
vances anciennes. Le culte chrétien est nouveau passé; il l'actualise ; il donne ainsi au chrétien de
(Ga 5,r.6). vivre dans l'espérance du Jour où, dans le Christ,
sera manifestée en plénitude· la gloire de Dieu.

239
CULTE CUPIDIT~

Mais, malgré les emprunts de certains rites au s'unir à l'*amour qui a inspiré son sacrifice par
culte ancien, le culte chrétien n'est pas une simple une fidélité constante, c'est être une victime
•:figure du culte à venir, il en est l'image; la vivante que Dieu agrée (Ep 5,rs; Rm 12,rs; 1 P
nouveauté du culte chrétien vient de son fonde- 2,5; He 12,28) ; alors notre culte liturgique, avec
ment qui est le *sacrifice parfait et définitif du ses chants de •louange, exprime le culte spirituel
Christ, Fils de Dieu {He 1,2s). Par lui, le Père est de notre •action de grâ.ces permanente au Père
parfaitement glorifié ; par lui, tous les hommes par son Fils, le Seigneur Jésus (Col 3,12-17).
qui espèrent en lui sont purifiés de leurs péchés,
et ils peuvent s'unir au culte filial que le Christ 3. A« dernieY jouy prendront fin les rites qui l'an-
rend à son Père dans le ciel et dont la réalité est noncent et que nous célébrons Œ jusqu'à ce que
la vie éternelle (He 7,26; 8,1s; 9,14.26). vienne :11 !'Agneau. répondant à l'appel de son
Épouse (Marana iqa = Viens, Seigneur 1) pour
1. L'action passée que commémore le culte chré- consommer ses noces avec elle (r Co u,26; 16,22;
tien est l'offrande du Christ pour notre salut, Ap 19,7; 22,17). Alors il n'y aura plus de Temple
offrande dont les fruits sont la Résurrection et le pour symboliser la présence de Dieu ; dans la
don de !'Esprit. Cette action met fin au culte Jérusalem céleste, la •gloire du Seigneur ne se
ancien destiné à expfimer et à entretenir l'attente manifestera plus par des •signes (Ap 21,22). Car
humble et confiante du •salut, qui est désormais dans la cité sainte de l'éternité, les serviteurs de
consommé {He 7,18-28). Le Christ nous donne le Dieu qui lui rendront un culte ne seront plus des
moyen de recevoir le fruit du sacrifice qu'il a offert pécheurs, mais des •fils qui, dans l'univers renou-
sur l'autel de la •croix, en participant à l'eucha- velé et illuminé par la gloire de Dieu et del' Agneau,
ristie (He 13,10). verront leur Père face à face et boiront à sa source
l'*eau vive de !'•Esprit (Ap 21,1-7.23: 22,1-5).
2. Pf'ésent~ent, en effet, se réalise une •commu- MFL
nion qui nous prépare à la communion éternelle
du ciel; le rite •eucharistique, centre du culte - action de grâces - adoration - Alliance AT I 3,
nouveau et canal de la vie nouvelle, en est le signe II l - animaux II 3 - astres 1.3 - autel - bénédic-
tion lII 3 - chercher I - communion AT x - cons-
et le moyen. Par ce rite, le Christ glorieux se rend cience 3 - eucharistie - exil II 2 - fêtes - feu AT
présent mystérieusement pour que nous-nous unis- II 1; NT II 2 - figure AT Il 4 - huile I -
sions au corps et au sang qu'il a offerts et qu'3.insi idoles I - jefine 2 - joie AT II 1 - Jour du Seigneur
nous soyons tous un seul •corps, glorifiant le Père 0; ATI; NT III 3 -'---Loi A 1 ;B 2; CIV 1 - louange
par le Christ et avec lui, sous la motion de !'Es- III, IV - magie 2 c - mémoire I b. 4 b - montagne
prit-Saint (1 Co :ro,16s; n,24ss; Ph 3,3), Il 2 - mort AT I 3 - pain Il - Pâque I 5, III 1 -
De ce fait nous avons accès au sanctuaire céleste parfum 2 - pénitence/conversion AT I 2, III 1 -
{He 10,19ss) où demeure le Christ, Prêtre éternel peuple A II 6 ; B II 6 - piété AT 2 ; NT - présence
(He 7,24s; 9,us.24) ; là est célébrée l'*adoration de Dieu AT III x; NT Il - prière - prophète AT
III 3 - pur AT I - sabbat - sacerdoce - sacri-
du Père en esprit et en vérité, seul culte digne du fice - saint AT II; NT IV - sang AT 3 - sépul-
Dieu vivant (Jn 4,23s; He 9,14). Elle est célébrée ture I - servir II I - signe AT II 1 - Terq.ple - '\.':in
par l'* Agneau ir:à.molé, devant le trône de Dieu, I 2 - voir AT I 2.
dans le ciel, vrai Temple de Dieu, où est la véri-
table •arche <l'Alliance (Ap 5,6; u,19). Les élus
qui glorifient Dieu par le Sanctus dont Isaïe enten-
dit l'écho (Ap 4,2-u; Is 6,1ss) glorifient aussi
l'Agneau qui est son Fils (Ap 14,1) et qui a fait CUPIDITÉ
d'eux un Royaume de prêtres pour les unir à son
culte parfait (Ap 5,9-13).
Or les rites qui nous unissent au Christ et à Notre mot ~ cupidité » est le meilleur corres-
son culte céleste impliquent des exigences morales. pondant du grec pleonexia {de pleon echein, avoir
Par le •baptême, nous sommes morts au •péché davantage), qui dans la LXX et le NT désigne
pour vivre de la vie sainte du Christ ressuscité la soif de posséder toujours plus sans s'occuper
(Rm 6,r-u; Col 3,1-ro; t P 1,14s). Pécher, c'est des autres, et même à leurs dépens. La cupidité
donc se rendre indigne de communier au corps et coïncide largement avec la convoitise, perversion
au sang du Seigneur, c'est se condamner si on le du *désir (epithymia}, mais semble en accentuer
fait (r Co II,27ss). Au contraire, •suivre le Christ, certains caractères : c'est une convoitise violente
CUPIDITÉ CUPIDITÉ

et presque frénétique (Ep 4,19), spécialement con- créé, et :finalement se met lui-même, à la place de
traire à l'amour du prochain, surtout des pauvres, Dieu. C'est pourquoi le Targum, commentant le
et portant en premier lieu stii· les biens rnatériels, précepte de ne ,pas convoiter (Ex 20,17; Dt 5,
les richesses, l'argent. ,_' 21), -identifie les païens, pécheurs par excellence
Comme les philosophes grecs, la Bible décrit leS (Ga 2,15), à a_ ceux qui convoitent ». QUant à
maux que la cupidité engendre, mais elle_ va jus-,,
1 Paul, songeant probablement au récit de Gn, il
qu'à son essence religieuse en se,situant, 'pour la ramène au même précepte toute la Loi (Rm 7,7)
juger, à une hauteur inaccessible au paganisme : et résume tous les péchés de la génération du désert
outre que la cupidité inflige une blessq.re au pro- (1 Co 10,6) dans la convoitise (cf Nb II,4.34),
chain, elle constitue, en offensant le DietI de -l'Al- expression du refus de l'expérience spirituelle impo-
liance, une véritable idolâtrie. sée par Dieu (Dt 8,3; cf Mt 4,4). Courant après
des biens précaires (Qo6,2; Pr 23,4s; 28,22), toujours
AT insatisfait (Pr 27,20; Qo 4,8), le cupide sera puni
pour son mépris de Dieu et pour les torts infligés
1." Manifestations et conséquences. - Narrateurs, au prochain : « La cupidité mène à leur perte ceux
prophètes et sages dénoncent les atteintes aux qu'elle habite » (Pr 1,19), tandis que « celui qui
droits du prochain insph't:es par la cupidité. C'est hait la cupidité prolongera ses jours » (28,16).
elle qui conduit le marchand, ·souvent malhonnête
(Si 26,29-27;~), à fausser les balances, à spéculer NT
et à faire argent de tout (Am 8,5s), le riche à
extorquer des rançons (5,12), à accaparer les pro- rLe NT approfondit le message de l'AT sur trois
priétés (Is 5,8; Mi 2,2.9; cf I R 21), à exploiter poiâts principaux. En révélant les dimensions de
les pauvres (Ne 5,1-5; cf 2 R 4,1; Am 2,6), même l'agapè dont la cupidité est l'antithèse et en démas-
par le refus du salaire mérité (Jr 22,r3), le chef quant l'idolâtrie qui s'y cache, il pénètre au cœur
et le juge à exiger des pots-de-vin (Is 33,15; Mi 3, de sa malice. En révélant la vie future qui dévalue
u; Pr 28,16) pour violer le •droit (Is 1,23; 5,23; les biens terrestres, il découvre toute la folie du
~Ji 7,3; I S 8,3), cupide.
Elle apparaît ainsi directement opposée à l'amour
du prochain, et surtout des *pauvres, que la Loi r. Manifestations et conséijuence.s. - Les Évan-
doit protéger contre elle (Ex 20,17; 22,~4ss; Dt giles n'emploient le mot pleonexia qu'en Mc 7,22,
24,rn-21). Tandis que Yahweh prescrit : « Tu au milieu d'une liste de *péchés dont Jésus dévoile
n'endurciras pas ton cœur » (Dt r5,7}, le cupide la source intérieure, et en Le 12,15 : « Gardez-
est un méchant à l'âme desséchée (Si 14,8s), qui vous avec soin de toute cupidité n. Ce demi-ver-
se montre impitoyable (27,1). Captivés par leur set, résumé d'un enseignement cher à· Luc, fait
seul intérêt, les chefs cupides, a tels 9"es loups transition entre le refus du Maître d'arbitrer une
qui déchirent leur proie >i, recourent même à la querelle d'héritage (vv, 13s) et la parabole décri-
*violence pour accroître leurs (<gains» (hb. bisa', vant l'insouciance du riche qui se complaît en ses
gr. ple.onexia : Ha 2,9; Jr 22,17) et affirmer leur réserves comme si demain lui appartenait (vv. 15b-
volonté de domination (Ez 22,27). 21). Ainsi, d'après Le, la cupidité consiste en même
temps à vouloir augmenter toujours plus son avoir,
2. Essence religieuse.. - Mais les brebis que les fi~t-ce aux dépens d'autrui, et à s'attacher par
loups déchirent appartienûent à Yahweh, le Dieu a l'avarice » (cf 2 Co 9,5) aux biens déjà possédés.
de l'Alliance (Ez 34,6-16). C'est donc lui que la Paul la mentionne plus souvent et l'associe aux
cupidité blesse en fin de compte : elle est un mépri- dés.ordres sexuels (1 Co 5,10s; 6,gs; Rm 1,29;· Col
sant blasphème (Ps 10,3). Bien plus, l'AT pres- 3,5-; Ep 5,3.5.; cf r Th 4,6 : pleone.ktein, «exploiter»,
sent son caractère idolâtrique, et la tradition yah~ à propos de l'impureté). Rapprochement significa-
V'iste donne le visage de la convoitise (Gn 3,6) à tü : qu'il s'agisse de profit matériel ou de plaisir
l'acte par lequel Adam et Ève, voulant être des sens, on se sert du prochain au· lieu de le ser-
a comme des dieux i, (3,5), refusèrent leur con- vir. De part et d'autre, il s'agit d'une « convoi-
fiance et leur dépendance de créatures. La Genèse tise » coupable, qui étouffe la Parole de Dieu (Mc
suggère ainsi que la cupidité est à la source de 4,19) et range le pécheur du côté du paganisme
tout *péché (cf Je 1,14s) : en voulant jouir pour (Rrn 1,24.29), du *monde (Tt 2,12; r Jn 2,16s;
lui et ne tenir que de lui ce qui vient de l'amour 2 ];> 1,4), du mal (Col 3,5), de la *chair (Ga 5,16;
de Dieu pour son service, le pécheur met un bien Rm r3,14; Ep 2,3; 1 P 2,n), du vieil homme
CUPIDITÉ CUPIDITÉ

(Ep 4,22), du corps périssable (Rm 6,12). Le 2. Essence 'religieuse. - Si Paul attribue une gra-
cupide sacrifie les autres à lui-même, au besoin vité spéciale à la cupidité, c'est qu'il a compris
par la violence u Vous convoitez et ne possédez clairement ce que l'AT ne faisait que pressentir :
pas? Alors vous tuez » (Je 4,2). A l'inverse du ~ la cupidité est une "'idolâtrie 1) (Col 3,5). Il prend
Christ qui, dans son amour pour nous, « ne regarda ainsi la suite de Jésus, pour qui être (( ami de
pas l'état d'égalité avec Dieu comme une proie l'argent» (Le 16,14), c'est fixer en des biens créês
à ravir » (Ph 2,6), il« ravit et garde jalousement
J) un cœur qui n'appartient qu'à Dieu (Mt 6,21 p),
ce qui excite son désir. A l'inverse de Jésus qui, prendre ces biens pour maitres en méprisant le
« de riche s'est fait pauvre afin de nous enrichir seul vrai Maître qui est Dieu (6,24 p).
par sa pauvreté >1 (2 Co 8,9), il dépouille les pauvres Le proverbe <( La racine de tous les maux
à son profit {Je 5,1-6; Le 20,47 p). c'est l'amour de l'argent» {1 Tm 6,10) prend alors
Indigne de tout chrétien, la cupidité serait par- une profondeur tragique : en se choisissant un
ticulièrement scandaleuse chez l'apôtre, tenu par :faux dieu, on se coùpe du seul vrai et l'on se des-
vocation de se faire (1 l'esclave de tous >' (Mc ro, tine à la perdition (6,9), comme Judas, le traitre
44; 1 Co 9,19). Paul, pour sa part, affirme qu'il cupide {Jn 12,6; Mt 26,15 p), ff le fils de penli-
n'a pas eu la moindre arrière-pensée de cupidité tion » (Jn 17,12). D'autre part, les biens péris-
(1 Th 2,5) ; loin de convoiter les biens des fidèles sables sont maintenant dévalués au regard dt- la
(Ac 20,33), il a *travaillé de ses mains pour ne vie future (Le 6,20.24), jadis ignorée des sages.
pas vivre à leur charge comme il en aurait eu le Aussi le NT peut-il montrer bien mieux que ceux-ci
droit (20,34; r Th 2,9; 1 Co 9,6-14; 2 Co 11,gs; 12, à quel point est insensé le comportement du cupide
16ss) et pour mettre ainsi son désintéressement (12,20; Ep 5,17; cf T\{c 8,36 p) le Mammon est
au-dessus de tout soupçon (r Co 9,12; cf Ph 4, 1( inique l• (Le 16,9.11), c'est-à-dire - d'après le
r7). Cette conduite doit être un exemple pour les substrat araméen probable - faux et trompeur;
"'ministres inférieurs (Ac 20,34s). Que ni l'épis- c'est *folie de s'appuyer sur des biens périssables
cope (I Tm 3,3; Tt 1,7) ni les diacres (1 Tm 3,8) (cf Mt 6,r9s), car la mort, passage vers la ·vie
ne soient amis de l'argent et des gains honteux l éternelle que la *richesse fait oublier, amènera un
L'avidité caractérise au contraire les faux doc- retournement des situations (Le 16_ tg-26; 6,20-26).
teurs (Tt r,II; 2 Tm 3,2) qui, sous couleur de PT
piété, recherchent les profits sans se contenter de
ce qu'ils ont (1 Tm 6,5s). En 2P 2,3.14, on -+ chair II I. 2 b - désir II - folie - idoles Il 3 -
appelle ~ cupidité >1 leur trafic de paroles men- justice A I AT I - pauvres AT II, III - péche -
songères, non exempt de visées immorales (2,2. richesse Il, III - sexualité III - vertus & vices -
10.18; 3,3; cf Jude 16). violence II.
L'idéal des vrais serviteurs de l'Évangile sera
toujours d'être tenus pour gens qui n'ont rien,
eux qui possèdent tout (2 Co 6,10).
D
conquête définitive est couronnée par la prise de
*Jérusalem (5,6-10), qu'on nommera <t Ville de
David ». Elle devient la capitale de tout. Israël,
DANGER -+ cminte II - saluf. autour de .laquelle se fait l'*unité des tribus. C'est
que· l'*arche introduite par David en a fait une
nouvelle *cité sainte (6,1-19) et David Y' accom-
plit les fonctions sacerdotales {6,17s). Ainsi a: David
DAVID et._toute la maison d'Israël» ne forment qu'un seul
, •peuple autour de· leur Dieu.

La figure de David, comme homme et comme 2. Le héros d'Israèl. - A sa vOcation, David


roi, a un relief tel qu'il demeure toujours pour répo]J.d par un attachement profond à Dîeu. Sa
Israël le type du Messie qui doit naître de sa race. rcligfon est caractérisée par l'attente de l'heure
A partir de David, !'•alliance avec le peuple passe de Dieu ; aussi se garde-t-il d'à.ttenter à· la vie de
désormais par le *Roi, comme le rappelle Ben $ira Saül, même quand il a l'occasion de se débarrasser
au terme du portrait qu'il en· trace (Si 47,2·-u). de son persécuteur (1 S 24; 26), Parfaitement
Aussi le trône d'Israël est-il le trône de David abandonné à la volonté de Dieu, il est prêt à tout
(Is 9,6; Le 1,32) ; ses •victoires annoncent c~:üle accepter de sa part (2 S 15,25s) et il espère que
que le *Messie, plein de !'.Esprit qui reposa sur le Seigneur transformera en bénédictions tous les
le fils de Jessé (r S 16,13; Is II,1-9), remportera malheurs qu'il doit subir (16,1oss). Il reste l'hum-
sur l'injustice. Par la victoire de sa résurrection, ble serviteur, confus des privilèges què Dieu lui
Jésus ·accomplira les promesses faites à David ·accorde (2 S 7,18-29), et par là il est le modèle
(Ac 13,32-37) et donnera à l'histoire son senS (Ap des pauvres >i qui, imitant son abandon à Dieu
(!

5,5). Comment le personnage de David a-t-il pris et son espérance pleine de certitude, prolongent
cette place de choix dans l'histoire du salut ? sa prière dans les louanges et les supplications du
Psautier. Toutefois les intuitions profondes de sa
I. L'élu de Dieu. - Appelé par Dieu et consacré pi~té n'enlèvent rien au caractère archaïque de sa
par !'•onction (r S 16,1-13), David est constam- religion, qu'il s'agisse de l'éphod utilisé comme
ment le « •béni » de Dieu, celui que Dieu assiste instrument divinatoire (l S 23,9; 30,7) ou de la
de sa •présence ; parce que Dieu est avec lui, il présence d'un téraphim dans sa maison {19,13).
réussit dans toutes ses enb-eprîses (16,18), dans Au « chantre des cantiques d'Israël» (2 S 23,1),
sa lutte avec Goliath {r7,45ss), dans ses guerres les lévites attribuent, outre de nombreux psaumes,
au service de Saül (x8,14ss) et dans celles qu'il le plan du Temple (1 Ch 22; 28), ainsi que l'orga-
mènera comme roi et libérateur d'Israël : a: Par- nisation du culte {23-25) et de ses chants {Ne
tout où il allait, Yahweh lui donnait la victoire • 12,24.36), et même, déjà au temps d'Amos, l'in-
(2 s 8,14). vention d'instruments de musique (Am 6,5).
Comme *Moïse, David, chargé d'être le •pas- La gloire religieuse de David ne doit pas faire
teur d'Israël (2 S 5,2), hérite des •promesses oublier l'homme ; il eut ses faiblesses et ses gran-
faites aux Patriarches, et d'abord de celle de pos- deurs : rude guerrier, rusé aussi (1 S 27,IOss), il
séder la •terre de Canaan. Il est l'artisan de cette commit des fautes graves et se montra faible
prise de possession par la lutte contre les Philis- avec ses fils, dès avant sa vieillesse. Sa morale est
tins, inaugurée au temps de Saül et poursuivie encore fruste : durant son séjour chez les Philis-
sous son propre règne (5,17-25; cf 10--12). La tins, il se conduit en chef de brigands (1 S 27,8-12)

i47
DAVID DÉCEPTION

et il est assez malin pour qu'après plus d'une année promesses faites à David, Jésus proclame qu'il est
Akish ne s'aperçoive de rien (29,6s). On ne peut plus grand que lui : il est son •Seigneur (Mt 22,
passer sous silence ses réactions impitoyables 42-45). Il n'est pas seulement« le serviteur David»,
après l'incendie de Çiqlag {30,17) et dans sa lutte pasteur du peuple de Dieu (Ez 34,23s), il est Dieu
contre Moab (2 S 8,2). Enfin, lié par sa parole et même venant paître et sauver son peuple (34,
ne pouvant sévir contre tous ceux qui lui ont fait 15s), ce Jésus, « rrjeton de la race de David ~.
du mal, il confie ses •vengeances posthumes à dont l'Esprit et l'f:pouse attendent et appellent
Salomon (1 R 2,5-9). l\faîs quelle ·magnanimité le retour (Ap 22,16s). RM
dans son •amitié fidèle pour Jonathan, dans le
respect qu'il montre toujours envers Saül; cer- Alliance AT II 1 - élection AT I 3 c - force O -
----+
tains détails révèlent sa noblesse d'âme : respect Israël AT 2 a - Jérusalem - Jésus-Christ II I c -
de l'arche (2 S 15,24-29), respect de la vie de ses maison II I - Melchisédech 2 - Messie - nombre II
soldats (23,13-17), générosité {1 S 30,21-25) et 2 - onction III 2 - pasteur & troupeau AT 2 -
prière II J - promesses II J - roi - royaume AT
pardon {2 S 19,16-24). Il se montre d'ailleurs un II - Serviteur de Dieu I - Temple AT I 2 - unité II.
politique avisé qui se conquiert des sympathies
à la cour de Saül et près des anciens de Juda DEBOUT--+ fierté - genou 2 - Rbiurrection.
(1 S 30,26-31), en désapprouvant l'assassinat
d'Abner {2 S 3,28-37) et en vengeant le meurtre DtCALOG UE --+ Loi - Parole de Dieu II r a.
d'Ishbaal {4,9-12).

3. Le Messie, fils de David. - La réussite de David


aurait pu faire croire que les promesses de Dieu
étaient réalisées. Une nouvelle et solennelle pro- DÉCEPTION
phétie donne alors.à l'espérance d'Israël un nou-
vel élan (2 S 7,12-16). A David projetant de cons-
truire un *Temple, Dieu répond qu'il veut lui Non seulement la Bible connaît la déception,
construire une descendance éternelle 1( Je te volontiers elle la crie. Les Grecs, eux aussi, sont
bâtirai une maison » (7.27) ; en hébreu, banah profondément sensibles aux échecs de l'existence.
peut s'appliquer aussi bien à un édifice de pierre Mais s'ils reviennent souvent sur ce destin, c'est
qu'à une maison de fi.ls, ben. Dieu tourne ainsi comme à la dérobée et en songeant surtout à. le
vers l'avenir le regard d'Israël. Promesse incondi- porter dignement. La Bible ne connaît guère cette
tionnée, qui ne détruit pas !'"'alliance du Sinaï, discrétion ; elle semble se plaire à faire retentir
mais la confirme en la concentrant sur le roi (7, les cris de Job ou les sarcasmes de l'Ecclésiaste,
24). Désormais, c'est par la dynastie de David Différence de tempérament et de culture entre la
que Dieu, présent en Israël, le guide et le main- mesure du Grec et la passion de l'Hébreu. Diffé-
tient dans l'unité. Le psaume 132 chante le lien rence surtout d'attitude religieuse : de sa foi, en
établi entre l'arche, symbole de la présence divine, effet, Israël tient un sens aigu de la valeur de Ia
et le descendant de David. création, mais aussi de sa précarité, une percep-
On comprend alors l'importance du problème tion de l'échec, douloureuse mais jamais résignée,
de la succession au trône davidique et les intrigues et la certitude absolue d'une victoire définitive.
qu'elle soulève (cf 2 S 9-20; 1 R 1). On com-
prend mieux encore la place de David dans les
oracles prophétiques (Os 3,5; Jr 30,9; Ez 34,23s). I. HONTE, MENSONGE ET VANITÉ
Évoquer David, c'est, pour eux, affirmer l'amour
jaloux de Dieu pour son peuple (Is 9,6) et sa Dans lé vocabulaire hébreu de la déception,
fidélité à son alliance (Jr 33,20ss), (l alliance éter- deux nuances sont particulièrement accusées : la
nelle, faite des grâces promises à David >• (Is 55, vanité de l'objet qui déçoit, la confusion du sujet
3). De cette *fidélité, on ne peut pas douter, qui est déçu.
même au cœur de !'•épreuve (Ps 89,4s.20-46).
Quand les temps sont accomplis, le Christ est I. Le mensonge àes choses vaines. - L'Hébreu a
donc appelé a Fils de David )J (Mt 1,1}; ce titre un besoin profond de solidité, l'horreur de l'in-·
messianique n'avait jamais été refusé par Jésus consistance et des apparences illusoires. Dans le
mais il n'exprimait pas pleinement le mystère de •mensonge il réprouve, plus encore peut~être que
sa personne. C'est pourquoi, venant accomplir les sa déloyauté, son néant fondamental. Mensonge,

2 49
DÉCEPTION DÉLIVRANCE

vanité, néant, sont les mots habituels pour dési-


gner les êtres décevants, ceux qui ne produiseilt
rien, les « gens de Belial » (la LXX a transcrit JII. DIEU NE DÉÇOIT PA$
sans traduire, cf Dt 13,14). Les images les plus
fréquentes sont celles du souffle (hèbèl, la« vanitér?1
L'homme est source, de déception pour l'homme
de l'Ecclésiaste), de la poussière ('apkar), du vi,4:~
(Jr 17,5; Ps u8,8), mais il l'est aussi pour Dieu.
(riq).
La •vigne qui avait été soignée avec amour n'a
donné que du verjus (ls 5,4)._ Jésus qui a savait
2. La honte d'avoir éti confondu. _ Da.IlS- un ce qu'il y à'_dans l'homme» (Jn 2,2.5) a fait l'expé-
inonde où toute l'existence èst vécue'si>us le regard rience de la _déception : méconnu de ses proches
d'autrui, la déception cOuvre fatalement sa vic- (Mc 6,3s), il voit les cœurs se fermer à mesure
time de *honte : qui a mis sa *confiance dans qu'il essaie de les atteindre (Mt 23,37s; Jn 12,
ce qui ne la méritait pas, se trouvè'publiquement 37-40) et voit fuir ses disciples au moment où il
confondu. Terrible épreuve pour la *fierté d'un se livre pour eux (Mc !4,50).
homme, pour son besoin d'être reconnu par ses Dieu lui-même, à certaines heures, semble déce-
pairs. Aussi les équivalents les plus courants pour vant. S,es Plus fidèles serviteurs c-onnaissent la
désigner la déception sont-ils les mots de la honte tentation de penser que leurs efforts ont échoué
et de la confusion, en particulier les dérivés de la et que Dieu les a laissés à eux-mêmes. Elie sou-
racine buS. Nous laissons trop facileUJent échapper haite mourir, découvrant qu'il n'est pas meilleur
cette nuance essentielle ; ainsi nous traduisons que SJ!lS pères (1_R 19,4). Jérémie en vient à mettre
d'habitude le mot de Paul par : (1 l'espérance ne en, question la solidité de Dieu : « Serais-tu pour
déçoit pas )) (Rm 5,.5), alors qu'il conviendrait de moi comme un ruisseau trompeur aux eaux déce-
dire:« l'espérance n'apporte pas de confusion (en vantes? » (Jr 15,18, à opposer à Jr 2,13; Is 58,
grec: ou kataisky1tei), ce qui explique la fierté de u). Jésus lu.i~même a éprouvé jusqu'où peut aller
l'apôtre à annoncer l'Évangile et la croix. l',aQan,<;lon de .Dieu (Mc 15,34).
Affirmer que Dieu seul ne déçoit pas est une
dém8:rche qui doit dépasser toutes les apparences ;
c'est une expérience de la "'foi, vécue souvent dans
Il. TOUT EST DÉCEPTION
la nuit, acquise au prix de déceptions âprement
ressenties. Cette certitude fondamentale ne peut
Deux types d'êtres surtout sont décevants, être établie dans l'homme que par .l'adhésion au
parce qu'ils prétendent mériter la confiance des •salut. apporté par Jésus-Christ qui, remettant
hommes et assurer leur destin : les grandes puis- son esprit entre les mains du Père (Le 23,4()),
sances et les faux dieux. en d'autres termes révèle la *:fidélité d'un Dieu qui paraît absent et
l'Égypte 'et les idoles. Sous des dehors brillants, indifférent. Appuyés sur cette foi, plus rien ne
!'*Égypte, « Rahab la ~hômeuse », n'est que« vide peut nous décevoir (cf Rm 8,31-39), parce que Dieu
et néant )) (Is 30,7), sa forte cavalerie n'est que est fidèle ;· et le gage de_ cette :fidélité,. l'assurance
*chair, et l'Égyptien n'est qu'un homme {Is 31, contre toute déception, c'est le don de son Fils,
1ss; cf Jr 2,37). Encore ces chevaux et ces soldats en qui nous sommes appelés et gardés jusqu'à-son
sont~ils des êtres réels, mais les faux dieux ne Avènement (1 Co 1,9; r Th 5,23s). JG
sont rien, et leurs *idoles, mensonge et impuis-
sance. C'est pourquoi leur8 serviteurs et leurs arti- - confiance - espérance - honte I I - mensonge
sans sont voués à la honte (Jr 2,28; Is 44,9ss). II i - tristesse.
Mais Qohélet va plus loin et généralise l'expé-
rience de ia, déception .: « Sous le soleil ... tout est Dt.DICACE-+ fêtes AT I ; NT I - saint AT III 1 -
vanité... vanité des vanités », répète-t-il (1,2.14, Temple AT.
etc), si déçu par la ~ïe qu'il fait ·professer cette
conviction à Salomon, le roi comblé de tous les Dt.FAITE- ennemi II 2 - guerre AT Ill 2 -honte
*dons. Qohélet pourtant ne méprise pas tes choses I 1 - victoire AT 2-.
de ce monde ; a.u cqntraire il en. attendait beau- D:t.i.IVRAN°CE-+ captivité·- Exode - gùerre AT
coup, de là ·son amertume radicale, qui comporte III 1 - justice A II AT ; B II AT, NT 2- - libération/
néanmoins une issue : savoir tout à.ccepter de Dieu, liberté· II, III - mort AT III - nuit AT 1 ; NT 1 --
le mal comme le *bien (7,13s). Rédemption AT 1, NT 1.

·-25I
DÉLUGE DEMEURER

nelles furent établies avec lui )1 (Si 44,r7s; cf Sg


ro,4s; r4,6). Les images messianiques du surgeon
et du reste font déjà de Noé la *figure de Jésus-
Christ qui sera un jour le principe d'une *créa-
DÉLUGE tion nouvelle.

3. Le déluge des temps nouveaux. - Pour annon-


1. L'antique déluge. - Le souvenir d'une inonda- cer le jugement eschatologique, Jésus évoque le
tion catastrophique, qui remonte à. un très loin- déluge (Mt 24,37ss), Ce jugement est d'ailleurs
tain passé, fut conservé et grossi par des légendes anticipé ici-bas. En eflet, le Christ, tel un nou-
suméro-babyloniennes de dates diverses. A la veau Noé, descendit dans les grandes *eaux de la
lumière de la foi monothéiste, la tradition biblique *mort et en sortit v9-înqueur avec une multitude
tria les matériaux de cet héritage populaire et les de rescapés. Ceux qui se plongent dans l'eau du
chargea d'un enseignement moral et religieux. Ce •baptême en sortent sauvés et configurés au Christ
qui était attribué au caprice des dieux jaloux, ressuscité (r P 3,18-21). Si donc le déluge préfi-
apparait désormais comme l'œuvre juste du Dieu gure le baptême, l'arche libératrice peut appa-
unique; l'idée de désastre cède à celle d'épura- raître aux yeux des Pères comme la figure de
tion en vue d'un *salut, représenté par l'arche !'*Église qui surnage sur les eaux d'un monde
libératrice; au-delà des forces irresponsables, res- pécheur et qui recueille tous ceux « qui veulent
sort un *jugement divin qui frappe le pécheur se sauver de cette génération perverse 1) (Ac 2,40).
et .fait du juste la semence d'une humanité nou- Cependant le jugement final qui menace les
velle. L'aventure de *Noé cesse ainsi d'être un impies, n'est pas encore venu. Comme aux jours
épisode accidentel: elle résume et symbolise toute du déluge, cc délai manifeste la patiente miséri-
l'histoire d'Israël et l'histoire même de l'humanité. corde de Dieu ; le jugement eschatologique est
Xoé seul est dit juste (Gn 7,1), mais, comme suspendu en attendant que la communauté mes-
* Adam, il représente tous les siens et les sauve sianique réalise sa plénitude (cf 2 P 2,5.9; 3,8s).
m,•c lui (Gn 7,z.7.13). Par cette *élection gratuite, A travers les images apocalyptiques de son temps,
JJieu se réserve un petit *reste, les rescapés qui l'auteur de la 2e épître de Pierre distingue trois
seront la souche d'un peuple nouveau. Si le cœur étapes dans l'histoire du salut le monde ancien
de l'homme sauvé est encore enclin au péché, qui fut jugé par l'eau, le monde présent qui périra
Dieu se déclare désormais patient sa *miséri- par le feu, le monde futur avec ses *cieux nou-
corde s'oppose au *châtiment purement vindica- veaux et sa *terre nouvelle (2 P 3,5ss.rrss). L'an-
tif et ouvre la voie à la *conversion (Gn 8,15-22). tique alliance avec Noé se réalisera ainsi pleine-
Le jugement par les *eaux aboutit ainsi à une ment dans un ordre nouveau où l'œuvre créatrice
*alliance qui assure la fi.délité de Dieu à l'huma- de Dieu aura abouti à faire vivre en harmonie
nité entière en même temps qu'à la famille de l'homme et l'univers purifiés. LS
Noé (Gn 9,1-17).
-+ baptême I r - calamité o - châtiments eau li
2. Figure de l'avenir. - La théologie prophétique 3 - Noé.
a reconnu dans le déluge, comme dans la libération DEMANDER-+ pain III prière.
par les eaux de la mer Rouge lors de l' •Exode,
le type même des jugements salvifiques de Dieu.
Le retour d'exil du *Reste, qui sera la semence
d"un peuple nouveau, apparaît non seulement
comme un nouvel exode, mais comme la reprise DEMEURER
de l'œuvre de Noé au sortir <le l'arche : ~ Dans
un amour éternel, j'ai pitié de toi, dit Dieu; il
en est de moi comme au temps de Noé, lorsque Toujours en mouvement, Israël, nomade puis
j'ai juré que les eaux de Noé ne submergeraient •exilé, n'a jamais véritablement expérimenté cc
plus la terre » (1s 54,7ss). L'idée d'un jugement qu'est « demeurer ». Il ne dispose même pas de
salutaire est évoquée par les sages:« Noé fut trouvé mot exprimant exactement cette idée. Il est obligé
parfait et juste, au temps de la colère il fut le sur- de décrire simplement ce qu'il voit un homme
geon ; grâce à lui un reste demeura sur la terre assis (Gu 25,27), le vainqueur debout, seul survi-
lorsque se produisit le déluge ; des alliances éter- vant de la bataille {1 S 17,51; cf Jos 7,12), ou encore

2 53
254
DEMEURER DEMEURER
les tentes dressées habituellement dans les mêmes mais « la foi, l'espérance et la charité demeurent
pâtures (Gn 16,12; 25,18). Ce ne sont que les toutes les trois » (1 Co 13,8-13). Ainsi ce m0nde
traducteurs grecs qui exprimeront nos idées fami- n'est pas une ~ •cité permanente ll, il faut en sor-
lières de maison, de stabilité, de permanence. tir (He 13,13s) ; le chrétien lui-même sait que
Et pourtant ce peuple, toujours en marche, n sa demeure terrestre » n'est qu'une « tente JI
rêve de se •reposer des fatigues du *désert ,: il d'où il devra déloger, pour aller prendre domicile
voudrait s'installer. et vivre en paix dans la auprès du Seigneur (2 Co 5,1-8).
*terre que Dieu lui a promise (cf Gn 49,9.15; Dt
33,12.20). Au soir de chaque grande _étape de son 2. Dieu seul demeure, en effet, lui qui est, qui
histoire, Israël pense dresser ses terites pour une était et qui vient (Ap 4,8; cf u,17), « il est le Dieu
~ sûre demeure 1) (Dt 12,Sss). Et au matin des vivant, il perdure à jamais n (Dn 6,27, Ps rn2,
nouveaux départs, il reprend courage en écoutant 27s). Siégeant dans les cieux inaccessibles, demeure
les prophètes lui annoncer un lieu où il sera enra- sainte et éternelle, il se rit des menaces (Ps 2,4;
ciné (Am 9,15), une tente qui ne sera pas arrachée 9,8; Is 57,15). Il est le *rocher stable sur lequel
(Is 33,20), ou même une .. maison stable et une il faut s'appuyer. Sa *parole (Is 40,8; r P 1,23ss),
cité bien fondée (2 S 7,9ss; cf Is 54,2). Mais tou- son *dessein (Is 14,24), sa •promesse (Rm 4,16),
jours Yahweh, son *pasteur, (( détruit ses demeures~ sa •royauté (Dn 4,31), sa *justice (Ps 111,3), son
(cf Am 5,15; Jr 12,14), pour le châtier et le rame- •amour (Ps r36) demeurent à jamais. C'est lui
ner au désert, ou au contraire pour l'entraîner qui donne solidité à tout ce qui sur terre possède
vers de meilleurs pâturages (Ps 23; Jr 50,19; Ez quelque stabilité dans l'ordre physique comme dans
34,23-31). Ainsi, demeurer est un idéal toujours l'ordre moral (Ps u9,89ss; 112,3.6).
espéré, mais jamais atteint, qui ne trouvera son Aussi le •juste est-il comme un arbre planté,
accomplissement qu'en Dieu. qui demeure debout au jour du jugement (Ps l,
3ss) ou comme cet homme qui a fondé sa maison
sur la pierre (1ft 7,24s p), c'est-à-dire sur le Christ,
seule •pierre angulaire inébranlable (Is 28,r6; r Co
f. CE QUI PASSE ET CE QUI DEMEURE
3,10-14; Ep 2,zoss). Pour subsister, l'homme doit
en effet s'appuyer sur la solidité de Dieu, c'est-à-
1. ~ Elle passe la figure de ce monde l) ( I Co 7,JI; dire croire (Is 7.9) et persévérer dans la .. foi {Jn
cf 2 Co 4,r8). -Éternel voyageur, l'homme ne peut 8,31; r5,5ss; z Tm 3,14; 2 Jn 9) en celui qui est
pas demeurer ici-bas, il ne dure pas : comme toute 1: le même hier, aujourd'hui et à jamais ~ (He
•chair, semblable à l'herbe, il a la vie courte, il se 13,8).
fane et meurt (Is 4O,6ss; Jb 14,IS). Le monde.dans
lequel il vit paraît du moins plus stable (2 P 3,
4}, la terre est solidement posée sur ses bases (Ps
104,5) et Dieu a garanti à *Noé la régularité des II. Drnu HABITE EN NOUS ET NOUS EN LUI
lois de la nature {Gn 8;22). Mais cette promesse
vaut seulement « tant que la terre durera », car 1. PaY sa .,pyésence, Dieu permet aux hommes de
« les cieux seront ébranlés » (He 12,26s) ; et le demèurer. - Il s'est bâti à Sion un *temple où réside
Christ a prévenu les siens (1 Le .,ciel et la terre son *Nom et que remplit sa .,gloire (Dt 12,5-14;
passeront, mais mes paroles ne passeront pas » r R 8,u; Mt 23,21). Cette demeure est d'ailleurs
(Mt 24,35 p). . provisoire ; elle sera en effet profanée par le péché :
L'alliance du Sinaï, fondée pourtant sur la Loi alors la gloire de Yahweh la quittera, et le peuple
et sur les paroles de Dieu, s'est elle-même avérée sera emmené en .,exil (Ez 8,r-11,12).
caduque ; les Hébreux, infidèles à Yahweh, déso-
béissants à la Loi, ne purent demeurer dans la z. Or « le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi
Terre promise (Dt 8,19s; 28,30.36). En un mot, ils nous» (ln r,r4). -Lui, l' « Emmanuel (Mt 1,23;
)1

ne « restèrent pas dans l'Alliance l) (He 8,9.13). Is 7,14), dont le règne n'aura pas de fin (Le r,
Celle-ci d'ailleurs n'était qu'une *figure passa- 33), il doit « demeurer toujours » (Jn 12,34),
gère de la nouvelle alliance (Jr 3r,3r; Mt 26,28 p; parce que le Père demeure en Lui, et qu'Il est
Ga 4,21-31}. dans le Père (14,rn). Et pourtant sa présence
Même panni les réalités de cette nouvelle éco- sensible doit cesser; il doit quitter les siens (13,
nomie, certaines passeront, tels les •charismes de 33), car il doit préparer pour eux les nombreuses
•prophétie et de science ou le don des *langues ; demeures de la maison de son Père (14,2s).

255
DEMEURER DÉMONS

3. Pour que l'.• Esprit-Saine nous· so_it donné e.t l'action d'êtres de ce: genre. Il utilise Je folklore
demeu,-è en .nous (Jn 14,17), le retour du Christ qui peuple les ruines et· les. lieux *.déserts- de. pré-
vers son Père était •nécessaire ·(16;7). Ayant ainsi sences troubles, -mêlées aux- bêt~ sauvages :
reçu !'•onction ·du· Christ (r Jn ·2·,27s), le chrétien satyres velus(Is 13,21; 34,13LXX),Lilit,ladémone
demeure en Lui ,S'il « mange sa •chair ». (Jn 6,:27- des nuits (Is 34,14) ... Il leur.voue des lieux maudits
56),. s'il vit comme il a vécu (1 Jn :2,6), .dans son c;omme Babylone .(Is 13) ou ·Ie pays d'Édom ·cr~
amour. (Jn 15,9), sans péçher (I Jn 3,6) et en •34). Le rituel de !'Expiation ordonne. de. liv:rer
gardant .sa -_parole (Jn 14,15-23; I Jn 3,:24)._ Du au démon Azazel le bouc chargé des péchés d'Is-
fait m~me, ,le. Père comme le Christ et l'ijsprit raël (Lv. 16,10) .. Autour de l'homme _ma,lade, on
demeurent en luf -(Jn _14;23-). Une union aussi pressent de même des forces mauvaises.: qui le
intimt.:: et aussi. féconde que celle du cep __ et des Jourmentent. _Primitivement des maux tel~ que
sarments dans la_ •vigne se forge .e11tre Dieu et le l.a peste -(Ps 91,6; Ha 3,5) ou ·1a .fièvre (Dt 32,24;
chrétien (Jn 15,4:-7) ; elle permet ~ .cel:ui-ci. de Ha 3,5) sont regardéS comme des .fléaux de Dieu- :
demeurer, c'_est-à-dire de..porter du •fruit (15,16) il les envoie-sur .les hommes coupables, ·comme il
et de vivre éternellement (6;56ss}. envoie- son ..esprit -mauvais. sur Saül (1 S 16,145.
C'est ~insi <tue ~~ Christ « en qu.i habite to~te"la 23;- 18,ro; 19,9) et l'*Angè exterminateur sur
*plénitude de la divinité » {Col 1,.19; 2,9) inaugure l'Égypte, sur Jérusalem ou sur l'année assyrienne
le royaume qui subsiste à.jamais {He I2,27s) et (Ex 12,23; :2 S-:24,16;.-2 R 19,35).
construit la.cité solide (He n,1:0) dont H est lui- Mais après l'exil, le:clivage se fait mieux entre
même le seul fondement (ls :28, 16; 1_ Co 3,u; 1 P le monde. angélique et. le monde diabolique. Le
~~ µv Livre-de _Tobie sait-que:ce sont les démons qui
tourmentent l'homme (Tb ji,8) et que les anges
-+- ciel III, IV - communion NT ·2 b - hos°Pitalité :2 - ont mission de les combattre. (Tb 8,3). Cependant,
maisOri _: Paraclet I .....:. pierre 2 - présence de Dieu - pour présent~ le pire• d'entre eux, celui qui tue,
Temple AT. .
l'auteur_ ne èraint pas de faire encore :appel au
folklore per!ie ~ lui,donn.a:nt le nom·,d'Asmodée
(Tb-3',8; 6,;i:4). On v9it.que l'AT,.a~_ssi.fenne sur
l'existence:et l'action des esprits mauvais que sur
DÉMONS celle des •anges, n'eut longtemps qu'une_ idée assez
floue de leur nature et de leurs rapp6rts ~vec
Dieu : pour en parler, il fit usage de représenta-
Le visage des démons;- êtres spirituels malfai- tions cqtlfantes, passablement conventionnelles.
sants,- .ne s'est éclairé q:ue lentement dans la révé-
lation·. Au départ, les ·textes bibliques ,on_t :utilisé 2 .. Les .démons divinisés.- - Or c'était pour les
certains éléments emprun~ aux. croyances_ popu- païens une tentation constan1;e de chercher: à se
laires, sans les mettre, ,enco':"e en rapport avec le concilier ces esprits mauvais en leUI' rendant
mystère d~ •satan. Au terme, tout a pris UJ;l sens un culte sa.cri:fi.clel, en un mot, d'en faire. des
dans la lumière d:u Christ, venu ici-bas pour li_bérer dieux. Israël n'était pas à l'~bri de la tentation.
l'hom,me d,rsatan.~t de ses subalteroes. Abandonnant son créateur, il· se -tournait aussi
vers les-« autres.dieux» (Dt.13,3.7.14), ;1,u1:rement
AT dit .vers des_ dénions- ,(32,17), allant.jusqu'à leur
o:ffrir des sacrifices hi;unains .(Ps 106,37). ii. -se
~. Aux ot'_igine/d~, ,~ ~f'.oyance: ·--:-.. L'an:cien Qri_ent prostituait aux satyre~ (Ly ·1.7,7) qui hantaient
don.t;Lait un visage personnel a,u·x, ,mille ~o:i;-ces · ,.,ses·-hauts~!j.eu_x .illégapx (2 _Ch. u,15). Les traduc-
obscures .dont la .présence est. soupçonnée derrière té-U_r~;•greès de la ·Bible ont systématisé cette inter-
les maµ;x: qui assaillent l'homn;ie. La religion baby- pretàtion démoniaque de !'*idolâtrie,·. identifiant
Jonienµe avait une démon0iogie ç:o~pliquée,. et , .,.formellement aùx démons lesi die:ux ·païens. (Ps 96,
l'on y. pratiquait des exorcisµies no~breux pour Y,:.-:-5; Ba 4,7), les .introduisant même dans. des con-
délivrer les personnes, les choses, )es lieux ei;iso_r- \'ltextes·. où l'original hébreu ne parlait pas. _d'eux
celés.; ces rites essentiellement magiques consti- :, f1(Ps 91,6; Is 13,21;.65,3). Ainsi .le monde des d~mons
tuaien1; une ,pa.x:t import~te de. la médecine,. toute --devenait un .univers rival de Dieu.
•mal~ie ·étant attribuée à l'action d'un esprit
mau:vais,, · 3. L'a-rmlB satanique. __ DanS la pensée du
L'AT, à. ses .débuts, ne nie pas l'existence et j~9ai.qme tardif, ce mond~.· s'organise dt? façon

257
DÉMONS D~MONS

plus systématique. Les démons sont regardés (Mc 9,2oss). Il :faut surtOut se souvenir que toute
comme des anges déchus, complices de· •satan •maladie est un signe de la pùissance de _Satan
et devenus ses auxiliaires. Pour évoquer leur sur les hommes (cf Le 13,n).
chute, tantôt on utilise l'imagerie mythique ide En affrontant la maladie, c'est •Satan que Jésus
la •guerre des •astres (cf Is 14,r2) ou du com~t affronte ; en donnant la guérison, c'est de Satan
primordial entre Yahweh et les *Bêtes qui per- qu'il triomphe. Les démons se croyaient installés
sonnifient la •mer, tantôt on reprend la vieille ici-bas en maîtres; Jésus est venu pour les perdre
tradition des fils de Dieu devenus amoureux des (Mc 1,24). Devant l'autorité qu'il manîfeste à leur
mortelles (Gn 6,ISs; cf 2 P 2,4), tan Mt 01;{ les endroit, les foules sont stupéfaites '(Mt 12,23; Le
représente en rébellion sacrilège con'tre Dieu , (cf 4,35ss). Ses ennemis l'accusent : 1t C'est par Béel-
Is 14,13s; Ez 28,2). De toute façon les démons zéboul, prince des démons, qu'il expulse les
sont regardés comme des esprits impurs que carac- démons J) (Mc 3,22 p) ; « ne serait-il pas lui-même
térisent l'orgueil et la luxure. Ils tourmentent les possédé du démon ? J) (Mc 3,30; Jn 7,20; 8,48s.
hommes et s'efforcent de les entraîner au mal. 52; ro,2os). Mais Jésus donne l'explication véri-
Pour les combattre, on recourt à des exorcismes table : c'est par }'Esprit de Dieu qu'il expulse les
(Tb 6,8; 8,2s; cf Mt r2,27). Ceux-ci ne sont plus, démons, et cela prouve que le •royaume de Dieu
comme jadis en Babylonie, d'ordre magique, mais est arrivé jusqu'aux hommes (Mt 12,25~28 p).
d'ordre déprécatoire : on espère en effet que Dieu Satan se croyait fort, mais il est délogé par un
réprimera Satan et ses alliés, si l'on fait appel à plus fort (Mt 12,29 p).
la puissance de son *Nom (cf Za 3,2; Jude 9). On Désormais les exorcismes se feront donc au
sait d'ailleurs que Michel et ses armées célestes •Nom de Jésus (Mt 7,22; Mc 9,38s). En envoyant
sont en lutte perpétuelle contre eux et qu'ils en •mission ses disciples, c_elui-ci leur communique
viennent au secours des hommes. (cf Dn ro,13). son pouvoU: sur les démons (Mc 6,7:13 p). De.fait,
Ainsi, dans la littérature apocalyptique com;m'.e les disciples constatent que les démons leur sont
dans les croyances populaires, le langage utilisé soumis : preuve évidente de la chute de Satan (Le
pour représenter symboliquement l'action du Mal 10,17-20). Tel sera dans tous les siècles l'un des
ici-bas connaît un développement considérable, signes qui accompagneront la prédication de l'Évan-
sans jamais parvenir à une parfaite cohérence. gile, conjointement avec les miracles (Mc 16,17).

NT 2. Le combat de l'Église. - Effectivement les déli-


vrances de possédés réapparaissent dans les Actes
1. Jésus, vainqueur th Satan et des démons. - La des Apôtres (Ac 8,7; 19,n-17). Cependant le duel
vie et l'action de Jésus se situe dans la perspec- des envoyés de Jésus avec les démons y prend
tive de ce duel entre deux mondes, dont le salut aussi d'autres formes : lutte contre la •magie, les
de l'homme est :finalement l'enjeu. Jésus affronte superstitions de toute sorte (Ac 13,Sss; 19,18s) et
personnellement Satan et remporte sur lui la vic- la croyance aux esprits divinateurs (Ac 16,16);
toire (Mt 4,n p; Jn r2,3r). Il affronte aussi les lutte contre l'idolâtrie, où les démons se font
esprits mauvais qui ont pouvoir sur l'humanité adorer (Ap 9,20) et invitent les hommes à leur
pécheresse, et il les vainc dans leur domaine. table (r Co 10,20s} ; lutte contre la fausse sagesse
C'est le sens des nombreux épisodes où des pos- (Je 3,15), contre les doctrines démoniaques qui
sédés sont en scène : le démoniaque de la syna- s'efforceront en tout temps de tromper les hommes
gogue de Capharnaüm (M'è 1,23-27 p) et celui de (1 Tm 4,1), contre les :faiseurs de prodiges men-
Gadara (Mc 5,1-20 p), la fille de la Syrophéni- songers~engagés au service de la •Bête (Ap 16,
cienne (Mc 7,25-30 p) et l'enfant épileptique (Mc 13s). Satan et ses auxiliaires sont à l'œuvre der-
9,14-29.P}, le démoniaque muet (Mt 12,22ss _p) et rière tous ces faits humains qui s'opposent au
Marie de Magdala (Le 8,2). La plupart du temps, progrès de l'Évangile. Même les épreuves de
possession diabolique et maladie s'entremêlent (cf }'Apôtre sont attribuables à un ange de Satan
Mt 17,15.18) ; aussi dit-on tantôt que Jésus gué- (2 Co 12,7). Mais grâce à l'Esprit-Saint, l'on sait
rit les possédés (Le 6,18; 7,21) et tantôt qu'il maintenant discerner les esprits (1 Co 12.10) et
expulse les démons (Mc r,34-39). Sans mettre en l'on ne se laisse plus abùser par les faux prestiges
doute des cas de possession très nets (Mc 1,23s; du monde diabolique (cf I Co 12,1ss). Engagée,
5,6), il faut tenir compte de l'opinion du temps à la suite de Jésus, dans une •guerre à mort,
qui. attribuait directement aux démons des phé- l'Église conserve une invincible espérance : Satan,
nomènes relevant aujourd'hui de la psychiâtrie déjà vaincu, n'a plus qu'un pouvoir limité ; le

259 260
DÉMONS DJ!SBRT

terme dè:s temps· verra sa défaite définitive· ~ peut cl.one se .confondre, avec ·quelque m~tique,
celle de-tous·.ses auxiliaires (Ap 20,1ss.7.;.:i;:o). de la *solitude eu de. la fuite. d,e la civilisation ; il
JBB &, PG ne vise pas un retour au désert idéal, mais un pas-
s~e par le _temps du. désert dont i'.eXode .d'Israël
-+- anges AT i- - astreS 4 - bêtes & Bête I -:- désert est la ~figure définitive.
0 -- esprit AT 4 ·: NT. i: - ·idoles· II z ..;...... nialadie/
guérisori AT I ·2; NT I I · - met 2.3 - puissance III
z-SatanO. · '
AT
DÉPART.-+- adieux - Ascensi:on Ir" 4_.,. :
ch~in -
Exode - mission AT .I ; NT II·:- vocàtion _I.
J, EN MARCHE VERS tA TERRE ·pR.0MISE ·

DltPORTATION -+ captivité I - · exit A la différence des: souvenirs liés à ·la sortie


DÉPÔT ---+. ·tradition. d'$gypte proprenien_t- ditè, ·ceux qui,_ concerneJ;l.t
la.traversée du_ d~ert n'ont été.idéalisés que_ tar-
DERNIER _,;.: acCOmplir - Adam 11 2 - Dieu A'r divemen:t. Dans leur. forme actµelle, les :traditions
I 1; NT IV - Joùr du Seigii.eur· AT II; NT - nou- montn,m1: à la fois que- ce fut uµ temps. d'épre9-ve
veau · - temps·_ AT III ; NT III.
p,our · le peuple _et même ·d'apostasie;. :~ais tou-
DESCENDANCE--+-. féc0~dité ·-::- généiatiOn -:-- mai- jours un ,temps de .gloire po~ le,-_Seigneu_r. __ Tr9is
son I - pères" & Pèrè I z, III 2, éléments. commandent ces souvenirs.: le dessein
de DieÙ, l'infidélité du peuple, te triptn]?h~ de
DESCENDRE-+ Ascension I, II 1 - ciel IV - enfers
& enfer; Dieu.

r.· Le dessein de .Dieu. - Une -double:int;ention


commande la traversée dti désert:. C'est un *che-
mj.n expressément choisi _par Dieu~.- J;)ien _qu'il 1 ne
DÉSERT ftit pas- le plu!'! cqutj:. (Ex 13,17), .car Die.il voulait
être le guide de_ son peuple (13,:u). Ensui.té c'est
dans le désert du Sinai que ',tes Hébreux doivent
La 'signification ·religieuse du désert s'oriente _adorer _Dieu· -(Ex 3,17s = 5,1ss); d~ fait,)~ y
différemment,. Selon que l'on songe· à ·un lieu géo- reçoivent la "'Loi, et ils concluen-t; l'* Allianç:e. qui
graphique·•ou à .utie époCJ.ue -privilégiée de l'his- fait de ces hommes errants un vrai •peuple dè
toire du: sàlut. "Du premier point de· vue, le désert· .Dieu : _.on _peut -même _ie recenser . (Nb 1,1ss). Dieu
est une terre que Dieu n'a pas bénie : J:eau y est a donc Voulu·. que son .peu'ple naquît au dé9:ert ;
rare, comme au ·jardin· du paradis,. avant qu'il ne cepen_dan1; il lui i;i. promis une 'l'.eri'e, faisant_ dçm?
pleuve (Gn· 2,5)·,, la végétation· menue, l'habita- du séjour.· au_ désert une époque privi,légiée" mais
tion impossîble· ·(Is. 6;n); faire d'un· pays un pr~lVÎSO~rf:, '.
désert, 1c'est le rendre semblable ·au chaos origi-
nel -(Jr 2,6; 4,20-2_6), · ce que· méritent les .péchés
d'ISI'aël (Ez 6,-14; Lm 5,18; .-Mt :23,38). En Cette 2. "L'infidélité- -du-peuple. ;_ Le chemin ·de Dieu
terre infertile habitent .*démons_. (Lv 16,10;, Le 8,
0 Ii'avait · rieii · de cOmparable à la bOnne ·terre
29; 11,24), satyres (Lv i7,7) et autres. *bêtes mal- d'*Égyp1:e eù nourriture et· sécurité ·ne· :fais'aient
faisantes-· (Is 13,21·; .·14,'23; 30,6; 34,1~-16; So. 2, palf'défaUt; c'é'tait·- Ie· chemin :de là- foi· pure ·eµ
13s). Bref, dans cette perSpective, le désert, terre celui'qui guidait-Israël. -Or dès lès premières étapes,
•salée, s'oppose à la terre habitée comme la *malé- · Je8, 'Hébre\5' murmurent. contre la disposition du
diction à la *bénédiction. S~glleur •':' ·pas de' sécurité, pas d'éau, pas de
Or, et c'est là le point de vue biblique domi- viaù.d'e J. Ce. IIiurmur'e court. tout au long des .récits
nant, Dieu a ',voulu -faire -passer son peuple par (EX i·4,11; i6,2's; 17,2s; Nb r4,2ss; r6,135; ... 20,4_s;
cette « terre affreuse » (Dt 1,19), pour le faire \,f,izr ,5)', soulevé par la première ·comme par.la seconde
entrer dans la, terre où coulent le _lait .et le, miel. ''lgénération du désert. Le motif' en- est clair.:,, on
Cet événement·va transfornier le symbolisme pré- :· !;regrette la vie ordinaire ; si pénible fat-elle en
cédent. Si le·désert··conserve toµjours son carac- ~·Égypte, on:la:, préférerait à cette vi,e extraordinaire
tère de lieu ·désolé,.: il évoque. avant.. tout .·une livrée au .seutsoin de :Dieu ; mieux vaut une -vie
époque:de-l'histoire sainte·:· la naissance du peup]e ·-d'esclave.que 1a·,Dlort men,açante, le,.pain·et Ja
de Dieu. Le·· syril.bolisme biblique du désert_. ne viande ·_que la. •manne -insipide._- Le désert révèle

261 262
DÉSERT DÉSERT

ainsi le cœur de l'homme, incapable de triompher quèrent le temps des :fiançailles de Dieu avec
de !'•épreuve à laquelle il est soumis. son peuple, car c'est le temps idyllique du passé
P.ar opposition au temps présent de Canaan. Ainsi
3. Le triomphe de la miséricorde divine. - Mais Èlie, en allant à !'Horeb, ne va pas seulement
si Dieu laisse périr dans le désert tous ceux qui chercher un refuge au désert, mais le lieu du res-
se sont •endurcis dans leur infidélité et leur sourcement (1 R 19). Puisque les châ.timents ne
manque de confiance, il n'abandonne pas pour suffisent pas pour ramener !'•épouse infidèle, Dieu
autant son dessein, et tire le bien du mal. Au va la conduire au désert et lui parler au cœur
peuple qui murmure il donne une nourritùre et (Os 2,16), et ce sera de nouveau le temps des
une eau merveilleuses ; s'il doit *châtier les :fiançailles (2,21s). Les merveilles du passé s'enjo-
pécheurs, il leur offre des moyens inattendus de livent dans les mémoires : la •manne devient une
salut, tel le serpent d'airain (Nb 21,9). C'est que •nourriture céleste (Ps 78,24), un *pain aux goûts
Dieu fait toujours éclater sa sainteté et sa gloire multiples (Sg 16,2r). Or ces dons sont aussi le
(20,13). Celle-ci se montrera surtout lorsque, avec gage d'une présence actuelle, car Dieu est fidèle.
Josué, un vrai peuple entrera dans la *Terre pro- C'est un père aimant (Os n), un *pasteur (Is 40,
mise. Ce triomphe final permet de voir dans le n; 63,u-14; Ps 78,52). En raison de cette époque
désert non pas tant l'époque de l'infidélité du où le peuple vécut si proche de Dieu, comment
peuple que le temps de la miséricordieuse fidélité ne pas avoir pleine confiance en Celui qui guide
de Dieu, qui prévient· toujours les rebelles et fait et nourrit (Ps Br,II) ?
aboutir son dessein.
3. Le désMt idéal. - Si le temps du désert est un
temps idéal, pourquoi ne pas le prolonger sans
JI. RÉTROSPECUVE SUR LE TEMPS DU DÉSERT cesse ? C'est ainsi que les Rékabites vivaient sous
la tente, afin de manifester leur réprobation de la
Installé dans la Terre promise, le peuple a tôt civilisation cananéenne (Jr 35), et que les moines
fait de la transformer en un lieu de prospérité de Qumrân ont rompu avec le sacerdoce officiel
idolâtrique et impie, tendant à préférer les dons de Jérusalem. Cette mystique de la fuite au désert
de l'alliance à l'alliance du donateur. Alors le a sa grandeur, - elle peut même donner un sens
temps du désert va être idéalisé, s'auréolant de à une situation de persécuté (1 M 2,28ss; He 11,
la gloire divine. 38) - , mais, dans la mesure où elle s'isolerait de
l'événement concret qui lui a donné naissance, elle
tendrait à dégénérer en une évasion stérile : Dieu
I. Invitation à la conversion. - Par le thème de n'a pas appelé Israël à vivre au désert, mais à
la •mémoire, le Deutéronome actualise les évé- traverser le désert pour vivre dans la Terre pro-
nements du désert (Dt 8,2ss.r5-x8) : temps mer- mise. Par ailleurs, le désert conserve sa valeur
veilleux de la sollicitude paternelle de Dieu ; le •figurative. Le salut espéré par les exilés de Baby-
peuple n'y a point péri, mais y a été mis à l'épreuve, lone est conçu comme un nouvel *exode : le désert
afin de reconnaître que l'homme ne vit pas seule- fleurira sous leurs pas (Is 32,15s; 35,rs; 4r,18; 43,
ment de pain, mais de tout ce qui sort de la bouche 19s). Le salut de la fin des temps est présenté
de Dieu. De même, la sobriété du culte au temps dans certaines apocalypses comme la transforma-
du désert invite Israël à ne pas se contenter d'une tion du désert en *paradis : le Messie apparaitra
piété formaliste (Am 5,zs = Ac 7,42). A l'inverse, alors dans le désert (cf Mt 24,26; Ac 21,38; Ap 12,
le souvenir des désobéissances est un appel à la 6.'4).
conversion et à la confiance en Dieu seul : qu'au-
jourd'hui du moins on cesse d'avoir la nuque
raide et de tenter Dieu (Ps 78,17s.40; 95,7ss; Ac 7, NT
51), que l'on sache patienter au rythme de Dieu 1. LE CHRIST ET LE DÉSERT
(Ps 106,13s) et contempler le triomphe de sa
miséricorde (Ne 9; Ps 78; 106; Ez 20). Tandis que les communautés esséniennes. comme
celle de Qumrân, prônaient une séparation de la
2. « Les merveilles de Dieu ». - Même en rappe- *cité et se réfugiaient au désert, *JeanMBaptiste
lant ces infidélités, on ne songeait pas à présenter ne veut pas consacrer quelque mystique du désert.
le séjour au désert comme un •châtiment ; encore S'il y proclame son message, c'est pour revivre le
moins en se souvenant des merveilles qui mar- temps privilégié; et quand l'eau a rénové les

263
D~SERT DÉSIR

~ leur travail (Le 3.


cœurs, il reµvoie_ les _baptisés enseigne que les événements de jadis_ eurent lieu
10-14). Le désert n'est qu'un moyen pour se con~ -pour notre instruction, à nous •qui sommes par-
vertir en vu~ _du Messie qui vient. venus_ -à. la fin des. "'.temps (1 Co 10,n}. J~dis les
Hébreux avaient été •.baptisés dans·_la •nuée et
1. Le Ch:Yis,t au 'dkerl . .- · Jésus a voulu revi~e dans 13: •mer.; aujourd'hui, baptisés au·Cbrist, no'Q.S
les diverse!;! é~pes du peuple de, pieu. Aussi, sommes nourris du -pain viVJ:l,llt et abreuvés_ de
comml;) fadis 1~ H_ébreux,, est-il poussé _par !'Es- l'eau de l'Esprit qui jaillit du •rocher; et ce
prit de Dieu, dans' 1~ d ~ - afin d'y être mis à roche_r, c'est. le Christ. Auctme illusion : nous
l'épreuve (Mt 4;1-n p). Mais, à la différence .de vivons encore au dé:sert, mais sacramentellement_.
ses pères, il surmonte l'épreuvé et demeure fidèle La figllre du désert rèste donc indispensable. pour
à son Père, préférant la Parole de Dieu au pain·, comprendre la natur~ de la vie chrétienne.
la confiance au miracle merveilleux, le service de Cette. vie demeure sous le signe d4;1 l'q>reuve,
Dieu à .to:ut espoir . de doinin_a_tion terrestre. tant q~e nous ne sOinmes pas _entrés dans. le
L'épreuve qui avait échoué au temps de l'exode •rep_os de· ,Dieu_ (He 4,1). Aussi, nous souven~t
trouve maintenant_ son ~s : Jésus est le Fils des événements de jad.~s, _n'•endurcissons _pas nos
premier-né en qui s'accQmplit le destin d'Israël. cœurs ; notre « aujourd'hui » est sftr du trio,mphe,
Il n'est pas ii:n.poSsible que le. thème du paradis parce que nou& sommes« participants du Christ 11
retrouvé se lise_ dans le récit de Marc (Mc 1,12s). (3,14), qui demeura fid~e dans l'épreuve.
CT & XLD
2. Le Christ,. notre dJsert. -. Au· Cours de sa vie
publique, Jés:us_ a sans do11te utilisé le désert ~ chemin I - Cité AT 1 ~ démons_ AT 1 - eau III
comme un refuge contre la foule (Mt 14,r3; Mc t - Élie AT 1 - épreuve/teniatiotl AT I I ; ~T I ..:...
1,45; 6,3r; Le 4,42), . P:roj,ice_ ·à ._là prière solitaire Exode AT x - faim & soif AT I a b - incrédulité
I 1 - manne 1 - montagne III 1 - rocher z.;..... sel 1 -
(Mc 1,35 p) ; mais ces gestes ne s'inscrivent pas solitude Il 2.
directement dans le s:vmbolistILe du Oésert. Par
contre, Jésus se .présente comme celui qui accom- DESINTJ!RESSEMENT ->- amour - aum&,e NT
plit en sa personne les dons merveilleux de jadis. 1 - don NT 3 - gri.ce IV - rétribution.
Il est l'~u vive, le pain du ci~, le chemin et le
guide, la-lumière dans la nuit, le· serpent qui donne
la vie à tous ceux qui le, regardent pour 'être sau-
vés; il est enfin. celui en qui se _réalise- la connaiS-
sance intime de Dieu, par la communion à sa chair DÉSIR
et à son_ saiig._ En un certain· sens, on peut dire
que le.Christ,est notre désert_: eil lui nous avons
surmonté l'épreuve, en lui nous avons la co_mmu- La perfection· suprême est,'_ pour le bouddhi_~e.
nion parfaite ayec Dieu. Désormais, ~e désert de 11_. tuer le désir .». Que les. },lommes de la ~ible,
corn.me lieu et comcie _temps ~t accompli en Jésus ; même les plus proches_ de, .Dieu, ~aissent éloiM
ici, ,la figure. cède à _la réalité. gnés de ce. rêve l .La Bible est au contraire pleine
du_. tumulte et du conflit de_ toutes les. formes du
désir. C~es, elle est loin.cle les approuver_._toutes,
lJ. L'ÉGLISE AU DÉSE.Rt et_ les désirs -1~ plus purs doivent connaître. une
pUrification radicale, mai& c'est aiµ.sî 9.u'ils pre'imellt
Les· sy'mbOlismes du déser): ~ontinuent . à jouer toute leurÏorce et donnent à. l'existence de l'homme
un rôle dans l'intèlligence de la· çondition . de tou~· sa V§Wur.
: -si·' :",i . '
l'Église. Celle-ci vit _cachée aU 'désert 'jusqù'au ~- ,. ,.,
retour du Christ qui mettra fin à la._puissance de
Satan (Ap 12,6.14). Cependant. le symbole est en I. LE DÉSIR DE .VIVRE
rapport plus étroit 'avec Son ~ère-plan biblique Î'''
~1 ' ' ,· . ' ' ', ' . •
quand Jésus multiplie les Paiu.s.4ans le déseri afin :iA là racine de tous leB clésirs_de l'.homme,ïl_y a
de montrer __ à seg -disciples,' n()n qti'il faut vivre ~n in_digen_ce. e_ssenti~Ue et. son besoin fonda_me,nM
au d~sert, mais qll'un _temps nouveau est inauguré taJ. de possé4~ la •vie d.ans. la:~plénitud~ .et l'épa-
où l'ail vit meryeilleusemell.t de_ la parole ~ noùissement de son être. Cette donnée de nature
du Christ (Mt 14,13-21 p). est dans"i'ordre,-_~t_Dieu· la conSact"e.·tâ. maxi_J:D.e
~aul se pla~e dans. !-a même perspective. Il du Siracide, _·«·.Ne 'te refuse_ p_as le boi:lhèùr _présên~,

266
DÉSIR DÉSIR

ne laisse rien échapper d'un légitime désir » {Si 14, dépouillé N aboth de sa vigne, Achab condamne
14), n'exprime pas la •sagesse biblique la plus à mort sa dynastie (1 R 2r). Les deux vieillards
haute; elle est cependant, sinon canonisée comme désirent Suzanne « jusqu'à en perdre le sens »
un idéal, du moins présupposée comme une téac- (Dn 13,8.20) et paient de leur vie ce péché.
tion normale par Jésus-Christ, car, s'il sacrifie sa Plus catégoriquement encore, la Loi, visant le
vie, c'est encore pour que ses brebis H aient ~.vie •cœur, source du péché, interdit le désir coupable :
et l'aient en abondance » (Jn 10,10). •. '' « Tu ne convoiteras pas la maison... la femme ...
Le langage de !'Écriture cori.firme cette pré_sence de ton prochain a (Ex 20,17). Jésus révélera la
naturelle et. cette valeur positive du désir. Bien portée de cette exigence, il ne la créera pas (Mt
des comparaisons évoquent les 'd~sirs lés plus 5,28).
ardents : « Comme languit une biche après l'eau
vive» (Ps 42,2), « comme les yeux d'une servante
sur la main de sa maîtresse » (123,2), « plus qu'un Ill. LA CONVERSION DU DÉSIR
veilleur n'attend l'aurore >1 (r30,6), « rends-moi
le son de la joie et de la fête>) (5r,ro). Plus d'une La nouveauté de l'Évangile est d'abord de déga-
fois, les prophètes et le Deutéronome appuient ger avec une absolue netteté ce qui était encore
leurs menaces ou leurs promesses sur les aspira- enveloppé dans l' AT : « Ce qui procède du cœur,
tions permanentes de l'homme : planter, bâtir, voilà ce qui rend l'homme impur » (Mt r5,18);
épouser (Dt 28,30; 20,5ss; Am 5,II; 9,14; Is 65, elle est surtout de proclamer comme une certitude
21). Même le •vieillard, à qui Dieu a « fait tant la •libération des convoitises qui tenaient l'homme
voir de maux et de détresses », ne doit pas renoncer enchaîné. Ces convoitises, ce « désir de la chair,
à attendre qu'il vienne encore « nourrir son grand. c'est la •mort » (Rm 8,6), mais le chrétien qui
.tge et le consoler » (Ps 71,20s). possède !'*Esprit de Dieu est capable de suivre
le « désir de l'esprit », de « crucifier la chair avec
ses passions et ses convoitises » (Ga 5,24; cf Rm
Il. LES PERVERSIONS DU DÉSIR 6,12; 13,14; Ep 4,22) et de se laisser « mener par
!'Esprit , (Ga 5,16).
Parce qu'il est quelque chose d'essentiel et d'in- Ce « désir de l'esprit J), libéré par le Christ, était
déracinable, le désir peut être pour l'homme une déjà présent dans la •Loi, qui est u spirituelle »
•tentation permanente et périlleuse. Si Ève a (Rm 7,14). Tout ·l'AT est soulevé d'un profond
*péché, c'est pour s'être laissé séduire par l'•arbre désir de Dieu. Sous le désir d'acquérir la •sagesse
interdit, qui était « bon à. manger, agréable aux (Pr 5,rg; Si 1,20), sous la nostalgie de •Jérusalem
yeux, plaisant à contempler» (Gn 3,6). Pour avoir (Ps 137,5), sous le désir de monter à la ville sainte
ainsi cédé à son désir, la •femme désormais sera (128,5) et au *Temple (122,r), sous le désir de
victime du désir qui la porte vers son mari et connaître la, Parole de Dieu à travers toutes ses
subira la loi de l'homme (3,16). Dans l'humanité, formes (n9,20.r3I.I74), court en profondeur un
le péché est comme un désir sauvage prêt à bon- désir qui polarise toutes les énergies, qui rend
dir et qu'il faut de force tenir en respect (4,7). Ce capable de démasquer les illusions et les contre-
désir déchaîné, c'est la •cupidité ou concupiscence, façons (cf Am 5,18; 1s 58,2), de surmonter toutes
o: convoitise de la •chair, convoitise des yeux, les *déceptions, l'unique désir de Dieu : , Qui
orgueil ·de la •richesse »Jr Jn 2,16; cf Je 1,14s) ai-je au ciel que toi ? A part toi, je ne désire rien
et son règne sur l'humanité, c'est le •monde, sur la terre. Ma chair' et mon (!œur se consument,
royaume de •satan. roc de mon cœur, Dieu, ma part à jamais» (Ps 73,
Histoire de l'homme, la Bible est pleine de ces 25s; cf 42,2; 63,2).
désirs qui emportent le pécheur ; parole de Dieu,
elle en décrit les suites funestes. Au désert, Israël,
souffrant de la *faim, au lieu de se nourrir de la IV. DÉSIR DE COMMUNION
*foi en la parole de Dieu (Dt 8,r-5), ne songe qu'à
pleurer les viandes de l'Égypte et à se jeter sur S'il nous est possible de désirer Dieu plus que
les caiJles - et les coupables périssent, victimes tout au monde, c'est en union au désir de Jésus-
de leur convoitise (Nb n,4.34). Cédant à son désir, Christ. Jésus est possédé d'un désir brûlant,
David s'empare de Bethsabée (2 S II,2ss), déclen- angoissé, que seul apaisera son •baptême, sa Pas-
chant une série de ruines et de péchés. Pour avoir, sion {Le 12,49s), le désir de rendre •gloire à son
sur le conseil de Jézabel, cédé à son désir et Père {Jn r7,4) et de montrer au monde jusqu'où

268
DÉSIR DESSEIN DB· DJBU

iJ. peut l'aimer (14,30s); Mais ce· ·désir du •Fils seraient accom!)lis n' ·(EP ·x,9s; cf 3,.n): Caché
tendu vers son •Père est inséparable du désir qui durant de longs siècles, ·esquissé dans la •révéla-
le porte' _vers les· siens: et, tandis qu'il avanÇait tiori de l' AT,· il n'est manifesté en ·pléJiitudè qu'au
vers sa'·Passion, lui faisait (1 ·aroemment désirei' moment où le Christ vient s'insérer ··ici-bas·' dàns
de manger la •Pâque Il ·avec eux (Le 22,x5). l'histoire_ (Ep 3,r:.12). ·C'est lui néarimoins qui'con-
Ce désir' divin d'une· *conûnuitlon· · avec lès fère -unité et intelligibilité à l'erisemble dé l.'bis-
hommes, «· moi près de lÛ.i et lui près de moi » toire sainte et des Écritures. Si sa désigllation
(Ap 3,20), éveille ·dans le NT un écho profond. technique·en tei'tnes spécialisés demeure"rare daris
Les lettres pauliniennes èn-particulier· sont pleines l'AT, il y èst cependant inSCrit d'un bout à. 1'3.utrè
du désir de l'Apôtre pour ses « frères tant airri.és en filigr~ne; · ·
et tant·désirés » (Ph 4,r)·, qu'il «-désii'e tous dans
les entiâilles du Christ·» (1,8), "'de·sa-joie à sentir; AT
à travers le •témoignàge de Tite, « l'ardent désir »
pour -lui des Corinthiens (2· Co-7,7), :fruit _certain L' AT fournit les premières approximations,
de !!action de Dieu (7,n). S:eul ce désir est capable incomplètes et provisoires, du dessein de: Dieu.
de balancer le désir foridamental de Paul, celui Elles se rencOntrent dans les divers courants lit-
du Christ et,· plus précisément,. de la co~munio_n téraires, qui correspondent aux divèises attitudes
avec lui, t(' le désir de m'en aller et d'être avec le de là. •foi d'Israël ·en· faèe dEi-1'-hisfoiie sainte.
Christ J) (Ph r,23), " de demeurer 'auprès du Sei:.
gneur n ·(2 Co 5,8). Le cri de «. l'homme de désir »·,
le cri de« !'Esprit et de !'Épouse i), c'est: «Viéns ! » · I. LEs cONF~sSrni-."s n·E FOI CULTUELLES
{Ap 22,17). Car le désir de l'homme nouveau, bap-
tisé dans la mort et la résurrection du Christ, I..a littérature deutéronomique_ -a conservé dCS
trouve son épanouissement dàns l'espérance de textes cultuels .._-:- confessions de foi (Dt 26,SR
communion· à Dieu qui traverse toute la· Bible. 10), formulaires catéchétiques (Ex 12,26s; Dt 6,
PMG & JG 20.... ),, canevas de sermons sacerdotaux .,(Jas 24,
-+ béatltudë AT II - chercher - cupidité - dori - 2R_15), tous. ca_lqués ·sur un même modèlé :--- qui
espérance.:.__ faim & soif _;_ prière - sexualité I 1, mqntrent la place centrale qu'avait fid~e du. des-
III 2 - voir AT· I. · sein de Dieu dans la foi d'~sr~ël : celleRci y puisait
une_intellige~ce _religieuse du passé national,· con-
DÉSOBtlSSANCE --+- écouter . 1 -· incrédulité -
sidéi:é dans. S!:lS grandes lignes; Il y a eu; de la. part
Obéissance Il.~ péché I 1.
de Dieu, •élection des ancêtres, .•promesse d.'une
DÉSOLATION-+- calamité - consoler - solii:ude - postérité et d'u:r:1e· terre, •accomplissement. de la
tristesse. promesse au- moyen d'événements •providentiels
que dominent l'•Exode, l'• Alliance au Sinaï, le don
de la •Loi, la conquête de Canaan. L'avenir reste
ouvert ; mais comment douter. que la réalisation
du destin, ainsi amorcée dans les faits, doive être
DESSEIN DE DIEU conduite par Dieu- jusqu'à son terme,? ·L'israélite
sait donc q.u~ son existence. est tout enti~e enga-
gée dans_.un drame qui se joue,.~ais dont-.la fin
Dieu, « auteur de tout ce q\li. s_'est passé, se fait ne -lui est encore dévoilé_e que partiellement.
actuellement et se fera plus tard » (Jdt. 9,5s), agit
« avec nombre, poid~ et iµesure » .(Sg n,20). C'est
dire_ que l'histoire humaine ne.se déroul_e pas sui.::
vant lès impulsions·d'un Destin aveugle. _Résultat
.-:.,;'•
'
e..,
II. L'I~TELLIGENCE PROPHfTIQUE
·oEs ·ÉVÉNEMENTS
de la •volonté de Dieu, elle est polarisée d'un bout '1•''
à l'autre par le terme vers lequel elle chemine.
Fixé de toute éternité dans la •prédes'tination
~T:- / . -.
Sur cett~ base,_ lès I?rophè_tes à.pportent des élé-
divine,, ce terme a deux aspects essentiels : c'est , :.:~ents nouveaux. C'est que «_ Dieu ne îait rien
le "'salut dans le Christ, et le salut de tous les 'ici-_b_as sans. révéler son s·ecret (s6d) à ses serviteurs
homrlles;_ Tel_ est « le •mystère' de la volonté de les. prophètes » (Am 3,7). Av~t que _'les éVéne_-
Dieu, ce dessein bienveillant qu'il' a"Y'ait formé _en ments _adviennent, ils _sont _en ~et Précédés par
lui par avance pour le réaliser quand les •temps un conseil divin (Is 5,r9; r4,26; 19,17; 28,29; 46~

269
DESSEIN DE DIEU DESSEIN DE DIEU

10; Jr 23,1~-22), un plan {Mi 4,r2), une •volonté tive universaliste y demeure présente (cf· Gn 9,
de bon plaisir (1s 44,28; 46,ro; 48,14; 53,ro). Telle 12; 10; 12,3; 49,_IO), quoique le destin d'Israël
est. la donnée mystérieuse que les prophètes font soit seul envisagé directement. A mesure que le
connaître au peuple de Dieu. Ils en soulignent:1?< temps s'écoule, de nouveaux faits en manifestent
présence dans le passé national :.lors de l'•Exo4e, d'ailleurs plus clairement les éléments fondamen-
Dieu voulait élever Israël au rang de fils (Jr :3, taux. C'est ainsi qu'aux anciennes collections de
19s); la conduite actuelle du peuple ingrat,dèiît traditions - que l'historien sacerdotal réorgani-
s'apprécier en fonction de cette donnée, qui s~ra sous une forme abrégée , - les chroniqueurs
exige de lui une conversion sincère. Car l<r,dQ~ein deutéronomistes ajoutent; une histoire de la con-
de Dieu continue de dominer l'histoit_e présente .: quête (Jos), des Juges (Jg) et de Ja monarchie
si Nabuchodonosor impose son joug à Israël et (S _et R), jusqu'à la ruine des institutions natio-
aux nations voisines, c'est comme serviteur de nales. Reprenant le même canevas, le Chroniste
Dieu (Jr 27,4-8), ·comme instrume~t ·de sa *colère le complétera finalemeQ.t par l'histoire de la res-
contre des peuples coupables (Jr 2.5:15 ... ) ; si telle tauration juive (Ch, Esd,- Ne). Qu'il y ait là une
ou telle nation païenne connait la ruine, c'est en exécution pratique du plan éternel de Dieu,
vertu d'un plan arrêté et pour manifester le juge- capable de déjouer les plans des hommes (Ps 33,
ment divin {Jr 49,20; 50,45) ; si Cyrus devient le ms), c'est l'évidence. Aussi bien, ces mêmes syn-
maître de l'Orient, c'est pour réaliser une volonté thèses d'histoire passent-elles tout droit dans la
divine et assurer la délivrance d'Israël (Is 44,28; prière d'Israël ,-(Ps 77; 78; 105; 106) : la foi se
46,ro; 48,14). Enfin, dans leurs oracles eschatolo- nourrit de la (':onnaissance du dessein de Dieu
giques, les prophètes dévoilent le but vers lequel révélé par l'entremise des faits.
Dieu fait cheminer l'histoire : le •salut; un 'salut
auquel toutes les •nations auront part en même
temps qu'Israël (cf Is 2,r-4, etc); un salut dont IV. LA RÉFLEXION SAPIENTIELLE
Jes événements passés fournissent une certaine
représentation, car ils le· •préfiguraient; un safot-'
C'est pour la même raison que la réflexion
qui dépassera le plan temporel,· puisqu'il compor-
sapientielle, ailleurs si intemporelle d'allure, s'at-
tera une *rédemptiQn des pécheurs confo):me au
dessein de Dieù (Is 53,~o). Le tablèau brossé par tache ici à l'histoire pour en tirer les leçons. Elle
les prophètes · embrasse donc l'ensemble de ce médite les voies de Dieu, si différentes des voies
de l'homme (Is 55,8), si. incompréhensibles aux
dessein. Il arrive même que toils les aspects en
soient réunis en synthèse, comme dans la para- pécheurs {Ps 94,10). Dans ce c·oncert, Qohèlèt
jette une note discordante lorsqu'il dénonce l'éter-
bole où Ézéchiel évoque successivement le passé,
le présent et l'avenir d'Israël {Ez 16). nel retour des choses terrestres (Qo 1,4-u) ou l'in-
compréhensibilité de l'ensembJe du temps (Qo 3,
r-11) profondément imbu du sens du mystère,
il ne se satisfait pas facilement des solutions trop
III. LES SYNTHÈSES D'HISTOIRE rapides ! Mais ailleurs l'orientation de la pensée
est toute différente. Le Siracide médite l'exemple
des ancêtres (Si 44-50} ; l'auteur de la Sàgesse
Confessions de foi et intelligence prophétique
des événements fournissent le cadre de pensée découvre dans l'histoire des Patriarches et de
!'Exode les lois fondamentales de la conduite de
qui donne au genre historique son a:llure parti-
culière. Bien qu'au regard de la science moderne Dieu, constamment appliquées dans la réalisa-
les matériaux y soient de provenances et de tion terrestre de son dessein (Sg 10-19) : leçon
précieuse pour des honimes qui se savent ·engagés
valeurs diverses, leur mise en œuvre. sous forme
dans ce dessein et en attendent l'accomplissement
synthétique confère à ces essais une valeur per-
suprême.
manente qui dépasse le plan de la simple docu-
mentation. La *foi unifie l'histoire pour en faire
percevoir la continuité (c'est déjà le cas dans la
collection des traditions yahviste.s.) ; elle y met en V. L'APOCALYPTIQUE
évidence dC:s lois providentielles. qui en expliquent
le déràu~ent (comme dans la synthèse de Jg 2, Au point de jonction de la Sagesse et de la Pro-
u-13). Tous les événements apparaissent ainsi phétie, le courant apocalyptique synthétise enfin
pris dans un même dessein de salut. La perspec- ce que le judaïsme tardif savait du dessein de

272
DESSEIN DE._ DIEU DESSEIN DE DIEU

salut, à. la lumière des *Écritures anciennes com- agit constamment. S'il prêche la Bonne Nouvelle
plétées par une rév~lation d'4rn haut. Déjà. 1s 25,r du Royaume (Mt 4,r7.23 p), s'il guérit les malades
célèbre dans la chute de la Cité du mal l'exécution et c~asse les démons_, c'est pou_r signiµer qu;n est
du conseil de :Pieu. Mais c'est surtout Daniel qui Celui qui deVait_. venir' (Mt II,3ss) 'et que le
englob_e dàll.S un'e vue d'ensetb.ble' l'histO~re passée *Royaume de Dieu est arrivé (Mt r2,28). Avec
de la D.3:ticm, sa situatiOn :pré~te , et , l'àvenir lui, le dessein de Dieu :est donc parvenu à· son
eschatologique. vers lequel .·e,ne est tendue. LèS tournant.,décjsif. En lui s'accomplissent les *Écri-
empires passen~ ; m1ais à traver:5 leur !3Uccessiç,n tures qui en esquiss.aienil par avance- le terme :
se prépare· la venue_ du *Règne de"Dieu'. obj~t elles écla,irent la- signification-de son destin- ter-
des antique_s _promesses ff>_n 2; 7). Les puissailc_es restre, -qui passe ·par la ,croix pour accéder à la
persécutrices trament .leU:rs machinations c9ntre gloire ; inversement, son destin· terrestre éclaire
le peuple_ de Dieu ; mais èlles von~ à_ leur··perte, les Écritures, en montrant de quelle manière les
tandis. qu'Israël va. verS so-n salut .(Dn 8,19-26; Oracles prophétiques .tloivent, ·preildre corps dans
10,20-r2,4). Tel_'est· le •mystère. ·(Dn 2,22_.27s) les faits.
dont la substance étàit déjà enclose S01J.s· le ch,i:ffre
des Écritures_ (Dn 9). Un même état d'esprit _se 2.. A .cette révélation en acte, Jésus joint-des _indi-
retrouve dans les apocalypses apocryphes (Hé_noch}; cations orales ·plus- .e('plieües. A travers les •para-
il caractérise·_·le judaïs_me eo7i"temporain du·,~. boles où se trouvent révélés les *mystères -du
Ainsi 'le thème du dessèin de.Dieu est fondamen- *Royaume de Dieu (Mt 13,11 p), il montre de quelle
tal dans tout l'AT : l'histoire Saiii-i:e èn 'eSt là réa- façon,. paradoxale le. dessein de salut atteindra son
lisation ; là •-P8.I01e de ·:oieu ·en app9rte la· •révé- terme. En effet sa-propre mort _en _es~ le.point cen-
lation. _Non qùe l'ho~e acquière par là. une tral (Mt-, 21,38s)·, afin .que- « -la *pierre·, rejetée
mainmise quelconque __sur les ·*Illystèrés divins; devi@ne la pierre de faite » (~1.42 p). I>ar v:~ie
mais; dans _son _am_our, Dieu lui _en donne peu· à df!'.Conséquen,ce,-la *vigne,du Royaume sera retirée
peu connaissance, _éclairant du .même coup le à Israël pour, êt.re confiée à d'autres vignerons
sens de son existence. (Mt 21,43)-; le festin des. •noces eschatologiques,
refusé: -par. les invités d'Isr,aël, sei:a ouvert aux
miséreux et a_ux:pécheûrs_du, dehqrs (Mt 22,r-u p).
NT L'ét_ablissement -du ~Royaume sur. te.rre ne se fera
d'ailleurs point par une transformation subite du
Le NT tout entier -s'inscrit dans 'le même ·cane, monde : la *Parole. semée. par Jésus germera dans
vas; il ·en précise .seulement la donnée finale, la les. cœurs lentement comme le .grain dans les sil-
pluS importante, puisque dans .l'événement··de lons, et elle cOnnà.îtra des échecs à côtij des réus-
Jésus le.dessein de. Dieu se manifeste en plénitude; sites éclatantes (Mt r3,1-9.;t:8-23 p). Malgré tout,
en même temps que sa fin.,s'actualise .sous une le. Roya.urne couvrira :finalement le monde, comme
forme historique. l'arbre né d'une humble graine· (Mt 13,31s, p) ; il
le transformera comme fait le levain dans -la pâte
(Mt. r3,33 p) ... Il y faudra beauco.up de .temps.
Aussi Jésus discerne-t-il dans· .l'av~ni~ .plusieurs
I. JÉSUS DANS LE. DESSEIN DE DIEU
pl~ ~uccessifs : .c_elui de sa passion proche, sui-
vie_ .de sa _résµrre(?tion . _au. troisième _jou_r; ~elui de
I. J Jsus se Voit lui-m6me au centre du dessein de son retour en gloire ..sous les traits du _c Fils de
Dieu, au terme de sa période préparatoire, à la 11lomme (Mt 24,30s}. ne même, lorsqu'il.songe .à
plénitude _dtis •temps. Cette conscience se. mani- · r~~b~etp~t du Roy&ume, il -distingue le temps
feste à· travers des formules variées· : renvoi de d.e,,.'sa.i.- forld'atiOJJ: -et._ celui de _sa c;:onsomma.tion
Jésus par le Père (Mt r5,24; Jn 6,57; 10,36) et sa ~t·· i3,24--30.47SS p). Il introduit. ainsi danS l'es-
venue ,en ce monde (Mt 5,r7; Mc_,ro,45; Jn 9,39), çh,aÎOlogie prophétique .urie perspective . te~po-
raccomplissement de la volonté du Père_ (Jn. 4, lreµe qµe rien, .P!lS. mêm_e la' prédi~ation de_ Jean-
34; 5,30;: 6,'38) e~ celui 'des ~critures_ (~c .2~,37; :·B.àaptiste, •_ne ,.perm.ettait jusque-là d'y .r.•.marquer.
24,7.26.44; )n, r3,r8; 17,12), ou simplement 1a : l,e dessein -q.e Dieu connaîtra une nouvelle étape
nécessité de. sa passiolJ,_ («. Il faut ... » : h{c. s;3r p; èntre la. plénitude des •temps et la fin des siècles
Le 17,25; Jn 3,14; 12,34), et _.la .. v_em,1e de son (Mt 28,2:0). ~n prévision de-. cette étape, Jésus
•heure. (Jn 12,23). Ces _éxpressiOns définissent _une cont:ère, au Royau~e la fornie provisoire d'une irµ;ti-
situatiori. critique, _en .:fonction. _de laquelle JésuS tution visït,le. en fondant son: Église ·(çf M:t 16,rS;).

273 274
DESSEIN DE DIEU DESSEIN DE DIEU

Christ a mis en -pleine lumière et dont Paul a été


constitué ministre (3,r-12).
Il, PROCLAMATION DU DESSEIN DE SALUT
,, 2. LC deStin d'Israël. - A l'intérieur de cette vue
d'ensemble, Paul distingue un point particulier où
La communauté primitive· a recueilli fidèlement_
le-dessein de Dieu s'affirme de façon spéèialement
tout cet ensemble de leçons. L'*Évangile qu'ellè•,
paradoxale : le destin d'*Israël dans l'économie
proclame à la face du monde ~n'est plus seu;e-
de la· rédemption. C'était déjà une mé~ode bien
ment celui du Royaume : ·c'est celui du:.··•satut
étrange, pour assurer le salut de tous les hommes,
advenu en· Jésus, Messie et Fils de· Dieu, Salut
qlle de mettrè à part un peuple, de le nantir de
accessible désormais à tous les hommes qui crOient
privilèges exclusifs (Rm 9,4s), de le placer appa-
en son *Nom (Ac z,36-39; 4,toss; I0,36; 13,23). remment seul dans la voie de la *rédemption.
En dévoilant ainsi le dernier secret._du dessein de
,Mais. que dire lorsque ce peuple, non cont~nt. de
Dieu, l'Église apostolique, dans sa prédication aux
rejeter Jésus, s'endurcit en face de la prédication
Juifs, se voit néanmoins obligée de surmonter le
de· l'Évangile? N'y a-t-il pas là une manière de
•scandale causé par la croix de Jésus : comment
scandale ? Dieu. aurait-il rejeté Israël (Rm u,1),
comprendre que Dieu ait pu permettre la mise à
lui dont l'appel et les dons sont sans repentance
mort de son *Messie ? . Or cette •mort était jus-
(Rm n,29) ? Non, m!11s cet •endurcissement
tement l'objet d'un dessein bien arrêté et d'une
même, prévu dans les Ecritures (Rm 9,23 ... ; ro,
prescience divine (Ac· 2,23; 4,28 ... ); comme le
rg--rr,10), fait partie lu~ aussi du dessein de salut:
montrent abondamment les Écritures. Il ne s'agit
Dieu voulait enfermer tous les hommes dans la
pas seulement d'apologétique : la réflexion chré-
désobéissance, afin de faire ellsuite *miséricorde _à
tienne Sur le paradoxe de la •Croix va droit au
tous (Rm n,3oss) ; il voulait retrancher provi-
cœur du dessein de Dieu. ~ Le Christ, est 11\_0rt soirement les rameaux stériles de l'olivier, pour
pour nos péchés, conformément aux Ecritures » 1
greffer des païens à leur place (Rm n,16-~4).
(r Co 15,3). Ce n'est point par hasard que celles-ci Ainsi le privilège d'Israël dans le dessein de salut
esquissaient de plusieurs façons·,Ie visage· du Juste
apparaît dans son véritable jour. C'est par Israël
souffrant : elles signifiaient par là de quelle manière
que Dieu a renoué ses rapports avec l'humanité,
le- *Fils de l'homme opérerait la *rédemption. c'est par le péché d'Israël qu'il a finalement réa•
lisé le salut.. Maintenant, le temps de la mise à.
part est terminé. Dieu veut refaire !'•unité des
III. PAUL, THÉOLOGIEN DU DESSEIN DE Drnu hommes- dans le Christ, en réconciliant Juifs et
païens dans l'unique *Église (Ep 2,14-22). A cette
disposition définitive n'a répondu qu'un •Reste
r. Vue d'ensemble. - Toute la théologie de saint
d'Israël (Rm II,X·6); mais la masse du peuple y
Paul niest en fait qu'une annonce du dessein de
répondra à son tour quand la totalité d~s P8;Ï~s
Dieu en son entier (Ac 20,27). Le thème en est sera entrée dans l'Église (Rm n,25ss). A1ns1 l hts•
partout sous-jacent dans les épîtres, car Paul
toire de l'Église n'échappe pas plus au dessein de
reprend .en les systématisant les idées de la com- Dieu que ne le faisait jadis l'histoire d'Israël :
munauté primitive, notamment quant au para-
elle en révèle la disposition dernière.
doxè de la *Croix (1 Co 1,17-25; 2,1-5). En deux
cas ce thème vient au preÎnier plan de sa pensée
et ~•exprime formellement. Le premier est celui
des synthèses où Paul présente en raccourci l'en- IV. L'ACHÈVEMENT FUTUR .DU DESSEIN DE DIEU
semble du plan de Dieu, culminant en •Jésus-
Christ et en son •Église. Pour ceux que Dieu
aime, ce plan se déroule suivant des étapes rigou- La présentation du dessein de Dieu dans .l'AT
reusement enchaînées : •prédestination, vocation, s'achevait en eschatologie : les textes sacres en
justification, glorification (Rm 8,28ss). Ce schème esquissaient par avance le ~erme. Le' N~ a ?ons-
est développé avec ampleur dans . l'hymne qui cience que ce terme est maintenant attein~, m-,au-
ouvre l'épître aux Éphésiens (Ep 1,3-14) ; là, le guré, rendu présent au cœur du temps ; 11 n est
a dessein bienveillant », formé d'avance et réalisé pas ~ur autant consommé totalement. Le tem~s
à ]a plénitude des_ temps, s'identifie au mystère de l'Êglise constitue la dernière étape du dessein
de la •volonté divine (1,9s), ce mystère que le de Dieu ; mais lui aussi chemine vers une fin. Il

275
DESSEIN DE DIEU DIEU

y a donc place encore pour une eschatologie -chré-


tienne, évoquant à son tç,u_r la consommation.des
choses et comprenant, dans cette perspective,
l'histoire ,qui là. pr~are. _C'est;:à quoi. s'attache DIEU
une série de textes, de l'.apocalYI)Se. synoptique
(Mc 13 p) aux bl°èves. indications pauliniennes
(r Th,4,13-17; 2 . Th 2,1-12;-.1 Co- i:5,20-28) et à La Bible_ ne.. contient pas de traité sur Dieu, elle
l' Apocalypse johannique tout entière. Celle-ci, ne prend pas de recul ·et de distance , ·comme pour
interprétant- le. tér;noj,gnage d,es anciennes Écri- décrire un objet, elle ·ne nous invite pas à parler
tures à- la. lumière .du Christ et_. de l'!}Xpérience de Dieu, mais. à l'écouter parler et à lui répondre
ecclésia).e, envi.sage. résolument ravenir et regarde en confessant: sa. gloire et' en le servant. A con-
en face les événements qui conduiront le dessein dition de demeurer dans l'obéissance-et l'actiOn dè
de Dieu à son terme. Séductions -de. r• A-p.tichrist, grâces, il est possiblè de formuler èe què -Dieu-dit
•persécutio"QS, prodrome9 du •jugement final ins:- dans là Bible de lui-même. Dieu ne parle pas de
crits dans les -malheurs de- .l'histoire, ne sont ,pas lui de la _même façon dans l' AT et le NT;: quand
les effets du -hasard~ Dieu les connaît d'avance, il s'adresse à- nous par ses prophètes et ·par son
et c'est à traverS eux qu'il .f~t. cheminer le salut Fils (He 1,rs}.- Plus que Sur .tout autre sujet la
ici-bas, jusqu'au *Jour où.le nombre.de ses.élus distinction• entre AT et NT s'impose ici de façon
sera complet (Ap --7,1-8). Alors· .Je, Fils pourra rigoureuse, car « nul n'a jamais vu Dieu ; seul l'a
enfin ,remettre-toutes_ choses à son Père_ (1 Co 15, fait connaître .le Fils unique qui est dans le. ,sein
24), afin que Dieu soit tout en tous (15,28). du Père »__ (Jn 1·,18). -Autant il.faut rejeter l'oppo-
AAV & PG sition hérétique ·entre· le Dieu vindicatif de l' AT
et le Dieu ,bon. du NT, autant il faut maintenir
-+ Abi:alÎain I ~ acco~plir "':'7. Aliiance - che~chèr qu·e *Jésus-Christ. ·seul· noùs livre le secret de
III - Création.AT III; NT 11.x· .:._ Croix I -2.3_- l'unique Dieu .des deux Testaments.
Dieu AT I -·Église II_o.1----:- élection - figure AT
II - heure _:_· Jour du· Seigneur - mission AT. I 2,
Il 1 - · mystère ----''nations ·o-; AT li 2, III ;·NT l 2, AT
II - obéissance:- œtiV'res AT I -; NT I - Parole de
Dieu AT II 1 b·c, 2.a,_.;...;·péchélll 2 b, IV 3 d-J)euple
r. i:>Œu EST PREMIER
A 111; .B ;.·C Il.- préde'stiner - prophète AT I ,2.....,
Providence - Reste NT - Révélation' AT JI x; NT Dès « le commencement :o .(Gn 1,1; Jn. r,r),
I 1 ab, II 1.a,--:- sages~_AT III 3 -Serviteur de Dieu Dièu existe et son existence s'impose comme un
0, II 2 :7 tefflps - vérité AT 3 .- vol~nté de Dieu. fait initial, ·qui ri'a- besoin' d'aucune explicaticm.
DESTIN.~ dessein de Dieu '--- prêdestiner i _b' - Dieu n 1a rii Origine, ni: devenir;- l'AT jgD.ore leS
rétribution II 2 - responsabilité. théogonies qui, dans' JeS religions de l'Orient
ancien, expliquent la construction du monde par
DÉTRUIRE~ anathème AT - édifier I 2--:-Temple la genèse des dieux .. Parce qu'il est seul tt le pre-
AT_I 2.3; NT I. mier et le dernier» (Is ,:p,4;·44,6; 48,.r2), le monde
est tout entier son œuvre, sa "'création.
DETTE ~ pardon - P~hé IV ~ ·à - :t~bu1:ioi:t.
Parce -qu'il ·est le prem,ier, Dieu- n'a pas a se
DEUIL ~:cendre 2 - Consoler - jeûne - mort_.:_ présenter,.·''i'l S'impose. à l'esprit de· l'homrhe du
sépulture - tristesse - ·veuves. seul fait· qu'il. est Dieu.. Nulle .part oti ne suppose
un~ découverte de · Dieu, une · démarche ,progres.
DEVOIR :~.. 'hi~_:& mal ..- co~cienc_e. -~ .~i. ~ ·1i~è ~e l'P.omme aboutissant à. _poser son existence.
obéissance li 3 - seivir Il, III - volonté de Dieu Pt ffinnaître,• c'est être· connu (cf. Am· 3,-z) et· le
NT II. ·.. . .
découvrir à.,la .i.ource de Sa propre existence; le
DIABLE -,. Satan, 'J,,,,fuir; dest encore·se sentir poursuivi·par son· regàrd
f/
(Gn 3,10; Ps 139,7),
DIACRE-:,-- ~s_tèr~ - .servir ÙI ;. ,.+· ·Parce·que·Dieu· est premier,. dè·s·qu~il ·se ·falt
DIALOGUE • am0ur ..:..._ communion - Parole de :> connaître, •sa personnalité: ses réactioDS, · -ses des•
Dieu -,-'-'-, silence-~ ·solitude .JI x. ' seins srint nettement accusés. -Si peu q~e l'on
sache encore sur lui, on sait, dès l'instant où on
DIASPORA ~: cti8Persi_On. le' déc·ouvre, ·que Dieu· veut quelque choSe de pré,,:
DIDASCALE ~-·enseigner NT li 3. cis et qu'il Sait exactement où ·il va et ce-qu'il fait.

277
DlEU DIEU

Cette antériorité absolue de D1eu est exprimée presque tout le monde sémitique ; comme nom
dans les traditions du Pentateuque de deux façons propre, il est celui d'un grand dieu qui paraît
complémentaires. La tradition dite yahviste met avoir été dieu suprême dans le secteur ouest de
en scène Yahweh dès le commencement du monde ce monde, en particulier en Phénicie et en Canaan.
et, bien avant l'épisode du Buisson ardent,·_, le El fut-il, dès les origines sémitiques, un dieu
montre en train de poursuivre son unique •d~s- commun, suprême et unique, dont la religion,
sein. Les traditions élohistes soulignent au COtl- pure mais fragile, aurait été plus tard éclipsée par
traire la nouveauté qu'apporte la révélatio:µ à un polythéisme plus séduisant et corrompu ?
Moïse du *nom divin, mais elles marquent èn même Fut~il plutôt le dieu chef et guide des différents
temps que, sous des vocables divêi'S, qui sont clans sémites, dieu unique pour chaque clan, mais
presque toujours des épithètes du nom divin ·El, hors d'état de faire prévaloir son unicité quand il
Dieu s'était déjà fait connaître. Moïse en effet ne se heurtait à. d'autres groupes, puis dégradé en
peut reconnaître Yahweh comme Ie,vrai Dieu que l'une des figures du panthéon paien ? Cette his-
si déjà, obscurément mais nettement, il connaît toire est obscure, mais le fait certain est que les
Dieu. Cette identité du Dieu de la raison et du patriarches, sous différentes épithètes, El 'Elyôn
Dieu de la *révélation, cette prîorité de Dieu, (Gn q,22), El Rôî (16,13), El Shaddaï (17,1;
présent à l'esprit de l'homme sitôt qu'il s'éveille, 35,n; 48,3), El Béthel (35,7). El 'Olam (21,33),
est marquée tout au long de la Bible par l'identi- nomment leur Dieu El, et que, dans le cas de El
fication immédiate et constante entre Yahweh et 'Elyôn en particulier, le dieu de Melchisédech,
Elohim, entre le Dieu qui se révèle à. Israël et le roi de Salem, ce El est présenté identique au Dieu
Dieu que peuvent nommer les •nations. d'Abraham (q,2oss). Ces faits montrent non seu-
C'est pourquoi, toutes les fois que Yahweh se lement que le Dieu d'Israël est le cr juge de toute
révèle en se présentant, il se nomme et se ·définit la terre » (18,25), mais aussi qu'il est susceptible
en prononçant le nom d'El/Élohim, avec tout ce d'être reconnu et effectivement adoré comme le
qu'il évoque : « le Dieu de ton père » (Ex 3,6). vrai Dieu, en dehors même du peuple élu.
« le Dieu de vos pères » (Ex 3,15), cr votre Dieu » ' Toutefois cette reconnaissance est exception-
(Ex 6,7), « Dieu de tendresse.-et ·de :f>itié » (Ex 34, nelle ; dans la plupart des cas, les dieux des
6), « ton Dieu » (Is 41,ro; 43,3), où simplement nations ne sont pas des dieux (Jr 2,u; 2 R 19,
11 Dieu » (r R 18,2r.36s). Entre le nom de Dieu 18). El/Élohim n'est pratiquement reconnu comme
et celui de Yahweh s'établit une relation vivante, le vrai Dieu qu'en se révélant à. son peuple sous
une dialectique : pour pouvoir se révéler comme le nom de Yahweh. La personnalité unique de
Yahweh, le Dieu d'Israël se pose comme Dieu, Yahweh donne au visage divin toujours plus ou
mais, en se révélant comme Yahweh, il dit d'une moins pâle et constamment défiguré par les divers
façon absolument nouvelle qui est Dieu et ce paganismes, une consistance et une vie qui s'im-
qu'il est. posent.

2. *Yahweh. - En Yahweh, Dieu révèle ce qu'il


II. EL, ELOHIM, YAHV.-"EH est et ce qu'il fait, son nom et son action. Son
action est merveilleuse, inouie, et son nom, mys-
El est, dans la pratique, l'équivalent archaïque térieux. Alors que les manifestations de El aux
et poétique de Élohim ; comme Élohim, comme patriarches surviennent dans un pays familier,
notre -mot Dieu, El est à ·1a fois nom commun sous des formes simples et proches, Yahweh se
désignant la divinité en général et nom propre révèle à Moïse dans le cadre sauvage du •désert
désignant la personne unique et défi.nie qu'est et dans la détresse de l'exil, sous la figure redou-
Dieu. Élohim est un pluriel; non pas pluriel de table du *feu (Ex 3,1-15). La révélation complé-
majesté, - l'hébreu l'ignore, - pas davantage mentaire de Ex 33,18-23; 34,r-7 n'est pas moins
survivance polythéiste, invraisemblable dans la terrifiante. Cependant, ce Dieu à la sainteté dévo-
mentalité israélite sur un point ·aussi sensible ; rante est un Dieu de fidélité et de salut. Il se sou-
mais probablement trace d'une conception sémi- vient d'Abraham et de ses deocendants (3,6), il
tique commune, qui perçoit le divin comme une est attentif à la misère des Hébreux en Égypte
pluralité de forces. (3,7), résolu à les délivrer (3,8) et à faire leur
bonheur. Le nom de Yahweh sous lequel il se
r. El. - El est connu et adoré en dehors d'Israël. manifeste répond à l'œuvre qu'il poursuit. Assu-
Comme nom commun. il désigne la divinité dans rément, ce nom comporte un *mystère ; il dit par

279 280
DIEU
DIEU

lui-même quelque chose d'inaccessible : «: Je suis 3. " Je suis un Dieu jaloux )) (Ex 20,5). - Le
itui je suis n (3,r4); nul ne peut le contraindre, *zèle jaloux de Dieu est un autre aspect de son
ni même le pénétrer. Mais il dit aussi quelque intensité intérieure. C'est la passion qu'il apporte
chose de positif, une *présence extraordinaire- à tout ce qu'il fait et à tout ce qu'il touche. Il
ment active et attentive, une *puissance invul- ne peut supporter qu'une main étrangère vienne
nérable et libératrice, une promesse inviolable profaner tout ce à quoi il tient, tout ce que son
11 Je suis)).
attention (1 sanctifie n et rend sacré. Il ne peut
souffrir qu'aucune de ses entreprises défaille (cf
Ex 32,12; Ez 36,22 ... ), il ne peut" céder sa gloire
à personne " (Is 48,n).
rn. DIEU PARLE DE LUI Quand les prophètes découvrent que cette pas-
sion de Dieu pour son œuvre est celle d'un *époux,
Yahweh est l'écho, répété par les hommes à la le thème prend une· intem,ité et une intériorité
troisième personne, de la *révélation faite par nouvelles. La jalousie divine est à la fois *colère
Dieu à. la première personne èhyèh, <t Je suis n. redoutable et tendresse vulnérable.
Ce nom qui dit tout, Dieu lui-même le commente
constamment par les diverses formules qu'il donne 4. « Tu n'auras pas d'autres dieux que moi o (Ex 20,
de lui-même. 3). - La jalousie de Dieu a pour objet essentiel
« les autres dieux». Le monothéisme israélite n'est
1. Dieu vivant. - La formule « Je suis vivant l) le fruit ni d'une réflexion métaphysique, ni d'une
dans la bouche de Dieu est peut-être une créa- intégration politique, ni d'une évolution religieuse,
tion tardive d'Ézéchiel ; elle est en tout cas l'écho 'il est affirmation de la foi et il est en Israël aussi
cl 'une formule très ancienne et très populaire de ancien que la foi, c'est-à-dire que la certitude de
la foi d'Israël : « Yahweh est vivant n (Jg 8,19; son •élection, d'avoir été, parmi tous les peuples,
1 R 17,r. .. ). c( le Dieu vivant » (r S 17,26.36; 2 R choisi par un Dieu à qui sont tous les peuples.
19,16 ... ). Elle exprime bien l'impression qu'a Ce monothéisme de la foi a pu longtemps se con-
l'homme en face de Yahweh, celle d'une présence cilier avec des représentations comportant l'exis-
extraordinairement active, d'une spontanéité immé- tence d' « autres dieux u, de Kamosh par exemple
diate et totale « qui ne se fatigue ni ne se lasse » en Moab (Jg 11,23s), ou l'impossibilité d'adorer
(Is 40,28), 11 qui ne dort ni ne sommeille» (Ps 121, Yahweh en dehors des frontières de « son héri-
4), qui réagit à l'instant dès qu'on touche aux tage» (1 S 26,19; 2 R 5,17). ]\fais dès les origines
siens {r S 17,26.36; Os 2,1; Dn 6,21). Son langage Yahweh ne peut souffrir de présence concur-
à l'Horeb, à l'instant où il révèle son nom, tra- rente et toute l'histoire d'Israël déroule ses *vic-
duit bien cette intensité de *vie, cette attention toires sur ses rivaux, les dieux de l'Égypte, les
à son œuvre : (( J'ai vu ... j'ai prêté l'oreille... je Baals de Canaan, les divinités impériales d'Assur
connais ... je suis résolu ... je t'envoie n (Ex 3,7- et de Babylone, jusqu'au triomphe définitif. qui
10) ; le « Je suis 1) que préparent ces explosions fait éclater le néant des faux dieux. Triomphe qui
ne peut être moins dynamique qu'elles. est parfois acquis par des miracles, mais qui est
en permanence celui de la foi. Jérémie, qui annonce
2. Dieu saint. - « Je le jure par ma sainteté » la ruine totale de Juda et de Jérusalem, note sur
(Am 4,2), c< Je suis le Saint n (Os rr,q). Cette vita- le ton d'une simple remarque que les dieux des
lité irrésistible et cependant tout intérieure, cette nations« ne spnt même pas des dieux» (Jr 2,11),
ardeur qui dévore et fait vivre à la fois, c'est la mais « des inexistants » (5,7), En plein exil, face
*sainteté. Dieu est saint (Is 6,3), son Nom est aux presti_ges de l'idolâtrie, du sein d'un peuple
saint (Am 2,7; Lv 20,3; Is 57,15 ... ) et le rayonne- vaincu et déshonoré, éclatent les affirmations défi-
ment de sa sainteté sanctifie son peuple (Ex 19, nitives : « Avant moi, aucun dieu ne fut formé et
6). Sa sainteté ouvre devant Dieu un abîme il n'y en aura· pas après moi; moi, moi, je suis
infranchissable à toute créature ; nulle ne peut Yahweh, il n'y a pas d'autre sauveur que moi )i
soutenir son approche, le firmament vacille, les (Is 43,ros ... ). Le souvenir de l'Horeb paraît évi-
*montagnes se. liquéfient (Jg 5,4s; Ex 19,16 ... ) et dent, et la continuité spirituelle entre des textes
toute *chair tremble, non seulement l'homme si profondément différents est significative : Yah-
pécheur qui se voit perdu, mais jusqu'aux séra- weh est le seul Dieu parce qu'il est le seul capable
phins de flamme, indignes de paraître devant Dieu de sauver, ci le premier et le dernier ~, toujours
(Is 6,2). là, toujours attentif. Si l'idolâtrie l'atteint c( mor-

281
DIEU DIEU

tellement», c'est qu'elle met en question sa capa- jours Dieu nous dépasse, et toujours dans la direc-
cité et sa volonté de *salut, c'est qu'elle nie qu'il tion où nous l'attendions le moins.
soit toujours présent et actif, qu'il soit Yahweh.

5- o: Je suis Dieu et non Pas homme ll (Os rr,9). -


Dieu est absolument différent de l'homme ; il est IV. LES NOMS DONNÉS PAR L'HOMME À DIEU
*esprit, et l'homme est *chair {cf 1s 3r,3), fragile
et périssable comme l'herbe {Is 40,7s), Cette diffé- Le Dieu de l'AT se révèle enfin dans le com-
rence est si radicale que l'homme l'int_erprète·tou- portement de ceux qui le connaissent et les noms
jours à faux. Dans la *puissance de :bien, il voit qu'ils lui donnent. A première vue, on croit pou-
la *force efficace mais non la *fidéiité du cœur voir distinguer les titres officiels, employés dans
(cf Nb 23,19); dans sa *sainteté, il ne voit que dis- le culte communautaire, et les épithètes créées par
tance infranchissable, sans soupçonner qu'elle est la piété personnelle. En fait, les mêmes épithètes
en même temps proximité et tendresse : « Au milieu se re.trouvent, avec les mêmes résonances, dans
de toi je suis le Saint et je n'aime pas à détruire n la prière collective et dans la prière individuelle,
(Os 11,9). La transcendance incompréhensible de Dieu est aussi bien « le *rocher d'Israël l) (Gn 49.
Dieu fait qu'il est en même temps « le Très-Haut ll 24; 2 S 23,3 ... ) que « mon rocher >l (Ps r8,3s; 144,
dans sa« •demeure élevée et sainte n, et celui« qui r) ou simplement a rocher ll (Ps 18,32), u mon
habite avec l'homme contrit et humilié » (Is 57, bouclier n (Ps 18,3; 144,2) et « notre bouclier »
15). Il est le Tout-puissant et le Dieu des pauvres, (Ps 84,10; Sg,19), « le ""pasteur de son peuple )•
il fait retenir sa voix dans le fracas de l'orage (Mi 7,14 ... ) et « mon pasteur n (Ps 23,r). Signe
(Ex 19,18ss) et dans le murmure de la brise (1 R que la rencontre · avec Dieu est personnelle et
19,12), il est invisible et Moïse même n'a pas vu vivante.
sa •face (Ex 33,23), mais, en faisant appel, pour Ces épithètes sont étonnamment simples,
se révéler, aux réflexes du cœur humain, il livre empnmtées aux réalités familières, à la vie quo-
son propre cœur; il interdit toute représentation tidienne. La Bible ignore les interminables litanies
de lui, toute *image dont l'homme ferait une d'Égypte ou de Babylone, les titres qu'on multi-
*idole en adorant l' œuvre de ses mains, mais il plie autour des divinités païennes. Le Dieu d'Is-
s'offre à notre imagination sous les traits les plus raël est infiniment grand, mais il est toujours à
concrets ; il est « le Tout Autre qui défie toutes
!) portée de la main et de la voix ; il est le Très-
les comparaisons (Is f!.0,25), mais il est partout Haut ('Ely6n), l'Éternel ('Olam), le Saint (Qadôs),
chez lui et il n'est point pour nous un étranger ; mais aussi « le Dieu qui me voit 1) (El Rôï,
ses réactions et son comportement se traduisent Gn 16,r3). Presque tous ses noms le définissent
par nos gestes les plus familiers : il « modèle n par sa relation avec les siens : « la Terreur d'Isaac )J

de ses mains l'argile qui sera l'homme (Gn 2,7), (Gn 3r,42,53), « le Fort de Jacob n (49,24), le Dieu
il verrouille sur Noé la porte de l'arche (Gn 7, d'Abraham, d'Isaac et de Jacob (Ex 3,6), le Dieu
16) pour être sûr que nul de ses habitants ne se d'Israël, notre Dieu, mon Dieu, Monseigneur.
perde; il a l'élan triomphant du chef de "guerre Même l'épithète « le Saint )), qui le met rigoureu-
(Ex 15,3 ... ) et la sollicitude du "pasteur pour ses sement à part de toute chair, devient sur ses
bêtes (Ez 34,16) ; il tient l'univers dans sa main, lèvres a le Saint d'Israël» {Is 1,4 ... ) et fait de cette
et il a pour le minuscule Iêraël l'attachement du sainteté quelque chose qui appartient au peuple
vigneron pour sa *vigne (Is 5,1-7), la tendresse de Dieu. Dans cette possession réciproque appa-
du père (Os n,r) et de la mère (Is 49,15), la pas- raît le mystère de l'alliance, et l'annonce de la
sion de l'homme qui aime (Os 2,16s). Les anthro- relation qui unit à son Fils unique le Dieu de
pomorphismes peuvent être naïfs, ils expriment notre Seigneur *Jésus-Christ.
toujours de façon profonde un trait essentiel du
vrai Dieu : s'il a créé l'homme à son •image, il NT
est capable de se révéler à travers des réactions
d'homme. Sans généalogie, sans épouse, sans sexe, I. EN JÉSUS-CHRIST, ACcàS À DIEU
s'il est différent de nous, ce n'est pas qu'il soit
moins homme que nous, il est au contraire en En Jésus, Dieù s'est révélé d'une façon défi-
perfection l'idéal que nous rêvons de l'homme : nitive et totale : nous ayant fait don de son propre
H Dieu n'est pas un homme, pour mentir, ni un Fils, il n'a plus rien à se réserver et ne peut plus
fils d'homme, pour se rétracter !l (Nb 23,r9). Tou- que donner {cf Rm 8,32). La certitude fondamen-
nmu DIEU

trile de l'Église, la découverte qui illumine tout gloire, (1,21), et son aboutissement fatal, la dégra~
lo NT, c'est qu'avec la vie, la mort et la résurrec- dation de l'homme et 1a mort (1,32). En " renon-
tion de Jésus, Dieu a accompli son geste suprême çant aux *idoles ... pour -attendre » Jésus-Christ, le
ot que tout homme· peut désormais avoir accès à. païen découvre (( le Dieu vivant et vérital?le. 11
lui. Ce geste unique et définitif peut prendre des (r Th 1,9) ; il rètrouve sur la *face du Christ la
noms divers, selon les perspectives. Les formules •gloire de Dieu (2 Co 4,6) dont il était exilé
les plus archaïques proclament simplement : ·« Ce (Rm 3,23).
Jésus crucifié ... Dieu l'a fait Seigneur et Christ ...
ln promesse est pour vous, pour vos enfants· et 2. Pour le païen qui •cherche Dieu· en tâtonnant
pour ceux qui sont au loin >> (Ac 2,36-39), « Pàr (Ac 17,27), et demeure capable par la sagesse
lui, repentance et rémission des péchés »: {Ac 5, d'atteindre Dieu (r Co 1,21; Rm 1,20), la décou-
31). Ces expressions paraissent modestes, mais, verte qu'il fait daJ!s le Chdst n'est pas moins
quoique moins explicites, elles porteqt déjà. aussi neuve, le changement pas moins profond. Dans le
loin que les formules les· plus pleines de Paul sur Dieu de Jésus-Christ, il retrouve, certes, la
le« ~ystère de Dieu, qui est-le Christ» (Col 1, « nature II divine, l'être éternel, inaltérable, tout
27; 2,2), c,: en qui nous avons ... accès au Père » puissant, omniscient, infiniment bon et désirable ;
{Ep 2,18; 3,12), ou que celles de Jean: «.Dieu, mais ces attributs n'ont plus la lumière égale et
nul ne l'a jamais vu ; re *Fils unique qui est dans lointaine de l'évidence métaphysique, ils ont l'éclat
le sein de Dieu, lui, l'a fait connaître>) (Jn 1,18). fulgurant et mystédeux des initiatives par les-
Dès le premier jour, la foi chrétienne sait que, quelles Dieu a manifesté sa *grâ.ce et toumé vers
sur le *Fils de l'homme, les deux, demeure de nous sa *face (cf Nb 6,25). Son omniscience devient
Dieu, se sont ouverts (Ac 7,56; Jn 1,51; cf Mc 1 1 le regard personnel qui nous suit dans le secret
rn). Sous des formes variées et des noms divers, (Mt 6,4ss) et scrute le fond des cœurs (Le 16,15);
,1 révélation de la •justice de Dieu » (Rm 3,21), sa toute-puissance, c'est sa capacité de (( susciter
« *réconciliation D (Rm 5,u; Ep 2,16), i rayon- de ces pierres des enfants à Abraham » (Mt 3,9),
nement sur nos visages de la *gloire de Dieu » " d'appeler le néant à l'existence » (Rm 4,17),
(2 Co 3,18), « connaissance de Dieu )1 (Jn 17,3), qu'il s'agisse de faire surgir la création, de faire
le fond de l'expérience chrétienne est identique : naître un :fils à Abraham ou de ressusciter d'entre
Dieu est à notre portée ; par une démonstration les morts le Seigneur Jésus (Rm 4,24}; son éter-
inouïe de puissance et d'amour, en la personne nité, c'est- la :fidélité de sa •parole et la solidité
du Christ, il s'offre à. qui veut l'accueillir. de sa *promesse, c'est « le Royaume que Dieu
Aussi est-ce tout un, d'adhérer à. Jésus-Christ prépare aux siens dès la fondation du monde 11
dans la *foi et de •connaître le vrai Dieu : « La (Mt 25,34) ; sa bonté, c'est la merveille inouïe
vie éternelle est de... connaître le seul vrai Dieu que « Dieu nous ait "'aimés le premier » (1 Jn 4,
et [son] envoyé, Jésus-Christ l) (Jn :r;,3). Devant 10.rg) quand nous étions ses ennemis (Rm 5,10).
l'événement de Jésus-Christ, l'homme qui accède A la •connaissance naturelle de Dieu, qui n'est
à la foi, qu'il·vienile du judaïsme ou du paganisme, finalement, toute réelle qu'elle soit, qu'ùne· con-
qu'il ait été formé par la raison ou par: la tradition naissance plus profonde de ce monde, la révéla-
d'Israël, découvre le vrai visage et la présencè tion de Jésus-Christ substitue la présence immé-
vivante de Dieu. diate, l'étreinte personnelle du Dieu vivant. Car
connaître· Oieu, c'est ·être connu de lui {Ga 4,9).

3._Le Juif qui attendait Dieu le c,onnaissait déjà.


II. EN JÉsus-C.HRIST, RÉVÉLATION DU VRAI DIEU
D,.ins l'élection, Dieu lui avait fait entendre sa
/
1
Vciêation; dans !'•Alliance, il avait pris en charge
1. L 'idoldtre. - Mis par Paul en face de l'Évan- son existence ;. par ses •prophètCS, il lui avait
gile (Rm r,x6s), l'idolâtre y découvre dans· le réellement adressé la parole {He 1,1) ; Dieu était
Christ·1e vrai visage de Dieu et celui de son propre devant lui un être vivant qui l'appelait au dia-
péché. L'Évangile du Christ démasque à la fois ~- logue. Mais jusqu'où devait aller ce dialogue, jus-
la perversion de la sagesse païenne qui « échange qu'à quel engagement de la part de Dieu, quelle
la gloire du Dieu incorruptible pour une image réponse chez l'homme, l'AT ne peut le dire. Il
d'un être périssable» (Rm 1,23), la source de cette subsiste une· •distance entre le Seigneur et ses -ser-
perversion, « la préférence donnée à la créature viteurs les plus fidèles. Dieu est un « Dieu de ten-
sur· le Créateur » {1,25), (( le refus- de lui rendre dresse et de pitié » (Ex 34,6), il a la passion de

286
DIEU DIEU

l'époux et la tendresse d'un père, mais, derrière absolue que constitue pour nous, hommes vivants
ces.images qui ont de quoi nourrir indéfiniment dans la chair, la présence -du Verbe vivant dans
nos rêves mais nous dissimulent encore la réalité, la chair. Dans le Christ est réellement li apparu
quel secret Dieu nous réserve-t-il ? ;: ~ l'amour de ·Dieu pour l'homme » (Tt 3,4). Celui
Le secret est ré:vélé en Jésus-Christ. Devant lu,i que!( nul n'a jamais vu» (Jn 1,18), Jésus ne·nous
s'opère un *jugement, le partage des cœurs. Cel)X ·l'a pas ·seulement décrit et dépeint, il ne nous en
qui refusent de croire en Jésus ont beau dire .dê a pas seulement donné une idée juste. li Resplen-
son Père : 1< Il est notre Die1î », ils ne le con- dissement de la gloire de Dieu, effigie de sa
naissent pas- et ne profèrent qu'un _•mensOD.ge.·_(Jn substance» (He 1,3), il nous l'a fait •voir et comme
8,54s; cf 8,19). Ceux qui croie:Ô.t hê sont plus rendu sensible: (( Qui m'a vu a vu le Père » (Jn 14,
arrêtés par quelque secret que ce. soit, ou plutôt 9). Il ne s'agit pas seulement d'une reproduction,
ils - sont entrés dans le· secret, dans le mystère même parfaite, d'un double identique à l'original.
impénétrable de Dieu, ils sont chez eux, dans -ce Étant le Fils unique, étant dans le *Père et pOssé-
mystère, ils entendent le Fils leur en faire confi- dant en lui le Pèi-e (14,40}, Jésus ne peut dire un
dence : « Tout ce que j'ai entendu de mon. Père, mot, faire un geste sans se tourner. vers le Père,
je vous l'ai fait connaître » (Jn 15,15). Plus de sans recevoir de lui son: impulsion et orienter sur
figures, plus de paraboles, Jésus parle du Père lui toute son action (5,19s.30). Comme il ne petit
en toute clarté (16,25). Plus de questions à lui rien faire sans regarder le Père, il ne. peut dire
poser (16,23), plus d'inquiétudes (14,1), les dis- ce qu'il est sans se rapporter au Père (Mt u,27).
ciples « ont vu le Père » (14,7). A la_ source de tout ce qu'il fait, de tout ce qu'il
est, il y a la présence et l'amour de son Père;
4, Dieu est amour. - Tel est le secret (I Jn 4,8. ·là est le secret de sa personnalité, de la *gloire
16), auquel on n'accède que par Jésus•Christ, li en qui rayonne de·sa face (2 Co 4,6) et marque tous
reconnaissant » en lui « l'amour que Dieu a pour ses gestes.
nous » (4,16). L;AT .ay_~9 pu pressentir ,que
l'•amour, · étant le grand' 'comm~dement (Dt 6,
5; Mt 22,37) et la valeur suprême (Ct 8,6s), devait ' IV.
être la définition la plus exacte de Dieu (cf Ex 34, LE DIEU DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
6). Mais il s'agissait encore d'un langage créé par
l'homme, d'images à transposer. Eµ Jésus-Christ, Le Dieu de Jésus-Christ, c'est son Père; et
Dieu lui-même nous donne la preuve décisive, Jésus, quand il s'adresse à lui, le fait avec la fami-
pure de toute équivoque, que l'événement auquel liarité et 1'.élan de l'enfant : ((. Abba )), :Mais c'est
est suspendu le. destin du monde est un geste de aussi son Dieu, parce que le Père, possédant la
son am()ur. En livrant à la mort pour nous " son divinité sans la recevoir d'aucun autre, la donne
Fils bien-al.mé » (M:c 1,u~ '12,6), Dieu nous a tout entière au *Fils qu'il engendre de toute éter-
prouvé (Rm 5,8) que son attitude définitive nité, et à !'Esprit-Saint en qui tous deux s'unissent.
envers nous est d' « aimer le monde » (Jn 3,16) Ainsi Jésus nous révèle l'identité du •Père et de
et que, par ce geste suprême et irrévocable, il Dieu, du mystère divin et du mystère trinitaire.
nous •aime de l'amour même dont .il aime son Fils Par trois fois Paul répète la formule qui exprime
unique, et nous rend capables de l'aimer de l'amour cette révélation : (( le Dieu et Père de notre Sei-
que lui porte son Fils, il nous fait don de l'amour gneur Jésus-Christ » (Rm 15,6; 2 Co u,31; EP r,
qui unit le Père et le Fils êt qui est leur Esprit- 3). Le Christ nous révèle la Trinité divine par la
Saint. seule voie qui nous soit, si l'on ose dire, acces-
sible, par celle à laquelle Dieu nous a •prédestinés
en nous créant à son •image, celle de la dépen-
III. LA GLOIRE DE Drnu dancie filiale.
SUR LA FACE DE JÉSUS-CHRIST Parce que· le Fils devant son Père est l'exem-
plaire parfait de la créature devant Dieu, il nous
La certitude chrétienne ,d'être admis au secret révèle dans le Père la figure parfaite du Dieu qui
même de Dieu ne repose pas sur une déduction ; se fait connaître à la droite sagesse, et qui s'est
le raisonnement peut l'expliciter : « Lui qui a révélé à: Israël. Le Dieu de Jésus-Christ possède
livré son Fils .D:nique, comment ne nous donnera- en plénitude et avec une originalité que l'homme
t-il pas tout ? » (Rm 8,32), mais sa force ne vient ne saurait rêver, les traits qu'il révélait de lui-
pas de notre logique, elle vient de la Révélation même dans l'AT. Il est pour Jésus ·comme il ne

288
l)IBU DISCIPLE

J1ost pour nul ._d'entre_nou!:!-.a: le premier et,le der- de Dieu -- Époux/épouse -:- Esprit de Dieu ~ face
nier D, celui cle' qui vient. le Chtjst- ~t- auquel_ il 3.4 -:-,fi~élité O; AT i : - : fils de Dieu- gloire,III -
retourne, ~ui qui explique ·tout ~t de qui ,tout homme. - .idoles - i_mage . - _Jésus-Çhrist II I .d ~
louarige I -:-'lumière & ténèbres I 2.3 - mère II 1 _ -
descend, celui .dont la volonté doit s'accomplir _à rqisé_ricorde AT I ; NT I 2....:.. nom -Pare)Je de Dieu -:-
tout prix et ._qui toujours sµfp.t. Il .est le Saint, le pères & Père III,_ IV; V, VI - préàenc"e' de Dieu....:..
ecul Bon, le seul Seigneur. 1,1 e;st J'Unique auprès Providence'· - puissance· ~ Révélation AT II 2 ; NT
duquel rien .ne. compte;_ ~t Jésus, pour.· montrer I I c,·-u I b, III x b - rocher 1 -,-·royaume - sagesse
ce qu'il vaut, « afin que_.Ie moµde sache [qu'il] AT III; NT, l ·2- -:-- saint .....,. .Seigneur - vérité AT
p.ime [son] Père » (Jn 14.-31), sacrifie toutes_ l~s I - ·vie 1, 111 1.2- - Y~weh. '
splendeurs. 4-,e 1a création, et .affronte la. _puissance DIMANCHE_,,_ fêtes NT Il - Jour dù Seigneur NT
de Satan, l'horreur de la. _croix. 1i ,st le Dieu III 3. - PAque III
1 - sabbat 'NT-- 2 - semaine 2- -
vivant, toujours actif;' attentif à toutes ses créa- temps NT·II 3. .
tures,. passionné pour st,S, ~fants, et c'est son
a.rde_ur qui dévore Jésus, tant q~'il Il'a.pas _remis DIME_,,_ aumône AT 2; NT I - don AT 2 - pré-
Je Royaume à so_n P:ère (Le ~:2,50). mices I 3. ,.
DISCERNEMENT ~ COnacien:ce ~ démon NT 2 -
· épreuve/tentation- NT Ill. - etlprit NT, 1: - goûter
1 - prophète AT 111-I - signe -,-·simple I-:- vo1o:nté
V.: DIEU ES"l.' ESPRIT de Dieu NT Il. 1.

Cette rencontre du Père et du Fils. se fait d3.Ùs


l'*Esprit-Saint. I;>ans 1:Esp~it, Jésus-ehri.~t _enterid
Je Père lui dire a Tu _es mo_n Fils )1 et. reç_oit•sa joie
(Mc 1,IO). DanS l'~prit, il _fait renioi;iter au Pèr_e DISCJl'LE.
sa joie d'être le Fils .(Le ro,2rs). Coillme Hi:ie p~ot
s'unir a11 Père. tj_ue da.ils l'._Esprit, Jésus-Chrisf;: ne
peut pas non. pluS ·révéler le, Père sans révéler en Celui qui se met volontairemex:it à l'école d'un
même temps · l'~_sprit-Sairit. , . maître et en partage les vues est un disciple. Ce
Révélant _que T~Prit e8f une personne divi.ne, mot, à peu près absent de l'AT, est employé cou-
Jésus~C~rist réyèle_à11;ssi·du_ même coup que" Dieu ramment dans le .judaïsme tardif- (hb; talmld),
est esprit » (Jn 4,,24),. et ·ce que cela signifie. _Si menant à. son terme• une tradition bibliql.).e; . on
le Père et le Fils s'1,lpiS~~t dans !'Esprit, -~•est le -trouve également. dans le ~ - (gr. mat~ètls),
qu'ils ne s'unissent ~as,._poU'C j(?uir fu1;1, .de l'autre mais ·avec le sens original que Jésus lui donne,
dans la possession, mais dans le *don; c'est que
leur union .ëst, un don,, et pi:odtiit un don. Mais AT
si l'Esprit qui est don •scelle_ ainsi l'union du
Père et du -·Fils, c~~st donc qu'en leur essence ils I, _Disciples .des P,-oJ,hl.tes et de.s sages 1 .;_.:. .Pe. ~Pl,ps
sont don' d'eux-mêmes~ -que leur Commune ·essence à autre, on signale qu'un ,Éli~e-.'s'est attaché, à
est de se donner, d'exister dans ·l'autre. Or cètte Élie,-·,(1_,R 19,19ss) 011 _qu'un groupe .de fervents
puissance dEl viè; ·de·communièation·et de liberté, disciples ._entoure Isaïe, rf:_Cevant en·- dépôt. son
c'est l'•esprit. Dieu_ est -esprit, cela 'veut dire qu'il témoignage_d~t. sa révélation (I~ 8,~Pk:flus habi-
est à là'fois· toute-puissance· et toute-disponibilité, tuelle-rµent, les sages .ont.. des dis_ciples; , qu'ils
souveraine affirmation: de -lui-même et total déta:- appellent leu;s a fils_ D ~ r,8.10; 2,1; 3,1)_ et_ aux7
cheinent;· cela veut: dire_· _qu'ei:i· _prenant possessio~ guels i~_.inculqufnt .,les enseignements- tradition-
de ses •créatures, il les fait exister dans· toute. leur ~s,.1~. .Matt."ni prophètes.n~ sages n'.o5era,ieni: par
originalité. 'C'est_ bien-·autre chose qùe de'·n'êtré leur·•enseigneinent.supplant6I; Ia:.•Parol~ de Pi_eu.
pas fait de· triatière, ·c•est ·échapper à toutes les C'est sur elle seule en effet et non sur les traditions
barrières, à tous les repliements, c'est être éter- \')de.maître à disciple_ qtlè l'Alliance est fond~.
nellement et à chaque instant force neuve et
intacte· de ,vie et de· communiOll. J_G ~{ 2. 'n~sciples de Dieu. -:- ~~sqÙ~ la. ~Paroie divine
:;_ est la source de toute sagesse, l'idéal Jl•est donc
pas·de s'at,tacher à un mattr~_hurµaj.n, mais d'être
_,,_ adoration - amour I NT 4 - .àngee.' AT I -
béatitude AT· I, - bras & main I - châtiments 3· - d'is~iple d:e Dieu mêIIle. La_. •Sagessf?., _diyine per-
ciel Il, III - création AT I; NT I - culte - dessein sonajfi~e appelle __ainsi les hommes à l'*écouter et

289 290
DISClPLE DISCIPLE

à suivre ses leçons (Pr I ,2C1ss; 8,4ss.32s), Les a) Vocation: Ce qui Compte pour devehir son
oracles eschatologiqtles enfin annoncent qu'au_x disciple, ce ne sont pas les aptitudes intellectuelles
derniers temps Dieu. se fera lui-même le m~e ni même morales; c'est un appel dont Jésus a
des cœurs : personne n'aura plus besoin de mai~ l'initiative (Mc. 1,1'.7-20; Jn 1,38-50), et, derrière
terrestres (Jr 31,3I-34), mais tous seront n- d}:3- lui, le Père (lul « donne » à Jésus ses disciples
ciples de Yahweh » (Is 54,13), C'êst pourquoi_:'le (Jn 6,39; 10,29; 17,6.12).
*Serviteur de Yahweh lui-même, chargé d'ensel- b) Attachement personnel a~ _Christ. Pour deve-
gner les prescriptions divines (IS 42,1,4), a chaque nir disciple de Jésus,_ il n'est pas requis d'être un
matin l'oreille ouverte par Dieu et reç.9it... 1lne homme supérieùr ; en effet le rapport qui unit le
langue de disçiple (Is 50,4). -R_idèle' à. cetiz· pro- disciple et le maître n'est pas exclusivemerit ni
phétie, le psahniste suppliera donc sans se lasser : même d'abord d'ordre intellectuel. Jésus dit :
« Seigneur, enseigne-moi-! » (Ps n9,12.26s.33s; -25, « Suis-moi 1 » Dans les évangiles, le verbe *suivre
4-9 ... ). exprime toujours l'attachemei:J.t à la personne de
Jésus (vg Mt 8,19 ... ). Suivre Jésus, ·c'est rompre
3. MaUres et disciples dans le judaïsme. - Au avec le passé, d'une rupture totale s'il s'agit de
retour de l'exil, la *Loi devenant ,l'objet premier disciples privilégiés. Suivre Jésus, c'est calquer
de l'enseignement, les maitres chargés de cette sa conduite sur la sienne, écouter ses leçons et
institution fondamentale sont appelés « docteurs conformer sa vie d'après celle du Sauveur (Mc 8,
de la loi ». Or, à l'autorité de la Parole de Dieu 34s; ro,21.42-45; Jn 12,26). A la différence des
qu'ils commentent, s'ajoute peu à peu leur auto- disciples des docteurs, juifs qui, une fois instruits
rité personnelle (Mt 23,2.16-22), surtout lorsqu'ils <;le la Loi, pOuvaient se détacher de leur maître
transmettent la *tradition qu'ils ont eux-mêmes et enseigner à leur,tour, le disciple de Jésus s'est
reçue de leurs maîtres. A l'époque du NT, Paul lié non à une doctrine, mais à une personne : il
rappelle qu'il fut lui-même disciple de G~maliel ne peut quitter celui qui désormais est pour lui
(Ac 22,3). Le judaïsme post-biblique s'organisera plus que père et mère (Mt ro,37; Le 14,25s).
sur la base d~ ce talmud (« enseignement »). c) Destin 'e't_ dignité. Le disciple de Jésus est donc
appelé à partager le destin même du Maître :
NT porter sa. croix (Mc 8,34 p), boite sa coupe (Mc IO,
38s), recevoir enfin de lui le ~Oyaume (Mt 19,
r. Disciples de,Jlsus. - A part qu~ques mentions 28s;_Lc 22',28ss; Jn 14,3). Aussi, dès maintenant,
des disciples de\~oise (Jn 9;28), dù Baptiste (vg quiconque lui_ dohne un simple verre d'eau en
Mc 2,18; Jn 1,35; Ac 19,rss) ou (les Pharisiens qualité de disciple né Perdra pas sà. récompense
(vg Mt-22,16), le NT réserve le, nom' de disciple (:Mt 10,42 p) ; en. revanche, quelle fallte de " scan-
à ceux qui ont reconnu Jésus pour leur Mattre. daliser un seul de ces petits » (Mc 9,42 p) l
Ainsi, dans les évangiles, sont désignés d'abord
les Douze (Mt 10,1; 12,1 ... ) puis, par-delà ce cercle 3. Disciples de Jésus et disciples de Dieu. - Si les
intime, ceux qui suivent Jésus (Mt 8,21) et notam- disciples de Jésus .sont. ainsi distingués de ceux
ment les soixante-douze qu'il envoie en ·•mis- des docteu:çs juifs, c'est qu'à tra.vers son Fils
sion (Le Io,t), Ces di_sciples furent saris doute Dieu lui-même parle aux hommes. Les docteurs
nombreux {Le 6,17; 19,37; Jn 6,6o),· mais beau- ne transmettaient que des traditions humain,es,
coup abandonnèrent (Jn 6,66). Aucun ·ne peut qui parfois «- annulaient 1a Parqle de Dieu J) (Mc
prétendre devenir maître -: s'il doit !( faire des 7,xss) ; Jésus est la Sagesse divine incarnée, qui
disciples» (Mt 28,19; Ac 14,21s), ce n'est pas pour promet à ses .disciples le *repos de leurs âmes
son compte mais pour le Christ seul. Ainsi, peu (Mt u,29). Quand Jésus parle, la propllétie de
à peu, à partir du chap. 6 dù 1;,ivre des Actes, 1'4T s'accomplit: c'est Dieu même qu'on entend,
l'appellation simple de« disciple» vtse tout cr?yant, et ainsi tous peuvent devenir « disciples de Dieu •
qu'il ait ou non connu Jésus pendant sa _v1e·ter- (Jn 6,45). AF
restre (AC 6,ts; 9,10-26... ): les :fidèles sont donc,
de ce point de vue, assimilés aux Douze eux- - ami 2 - Ai,6tres - éco.uter:: I - éducation -
mêmes (Jn 2,u; 8,31; 20,29). Église III a. - enfant II ·- enseigner - exemple -
fidélité NT 2 - Jean-Baptiste - Parole de Dieu AT
2. Caractéristiques. - Quoique identique appa~ III ; NT I 2, II 2, III 2. . - pasteur & troupeau NT
remmeb.t aux docteurs juifs de son temps, Jésus 1 - persécution - suivre - trildition AT Il 2 -
avait pour ses disciples des exigences uniques. vocation III.

292
DISPERSION DON
tion ·qui les disperse loin de Jérusalem (Ac 8,'r;
xx,19) et vont-ils faire rit.yonner lèùr foi,· .. selon
l'ordre du·. Ressuscité de rassembler ·toutes les
natio~ en une seule foi; - par •un "seul -,baptêffie
DISPERSION (Mt 28,,9s).
A la diaspora juive se substitue donc une autre
diaspora, voulue de Dieu· pour la coµversion du
La dispersi.o~·des .ho_mni.~ s~r la.terre apparaît, monde. C'est à elle que Jacques adresse son épître
dès les premiers cha:pitres' de la. Genèse, c_~mme (Je 1;1} ; c'est _ elle que Pierre retrouve chez les
un· fait _ambigu._ Co_nséqu~ce de }a •bénédiction païens· convertis qui forment .avec les juifs fidèles
divine. par_ laqùelle l'.homme doit se multiplier .et le,nouveà.u peuple de Dieu (r-P 1,1).en-.vue de
remplir la terre (Gn 9_,1; cf r,28),.ellé s'a~omplit ramener à l'unité- l'humanité dispersée (Ac 2,r-
dans l'~unité ; .châtiment ~u péché, el,le detjent Je n) .. Car pour les t:hrétiens, }'.unité ··de la •foi
signe de la d~vision, premier, ~schisme entre les triomphe sans cesse de la dispersion. Les enfants
hommes (Gn rr,7s). Cette double perspective se de -Dieu sont ,rassemblés par le sacrifice. du Christ
retrouve ensuite dans l'histoire du .salut. (Jn rr,52} : en quelque li.eu qu'ils se trouvent
désormais, le Christ oc élevé ·de terre •) les attire
r. DispersiotJ, du peuple-nation. - Dieu s'est choisi tous_ â ·lui (Jn · 12,32); _leur donnant !'*Esprit de
un *peuple, au,quel il a d,onné, une •:te:rre .. Mais, charité ·qui les unit en son propre •Corps (t Co u).
infidèl_e_. à Düm, Israël_ est dispersé (2 R 17,7-23), RM
il retourne en -•e?Cil cor,nme ,,jadis en •Egypte
(Dt 28,64-68). Les malheurs qui accompagnent -+ .châtiments - étranger_ I - exil - Pentecôte II
l'Exil sont rendu~ dans la S_eptante par le' mot
2 c ~ schis~e" AT l .- S()!itùi:fe - Uf!Ïté.-, '
diaspora_ (Dt 2-8,25; . 30,4;. ls 49,6 ... ) et ce terme, DISSEN~JON --+- hérésie -
1
schisme - unité.
qui çie fait signifie « .dispersion »,. .désignera, ensu~te
l'ensemble des Juifs répa.I;Ldus dans le monde païen DIVINATION-+ magie 1.

après la ~ptivité de :Babylone. Cette dispersion .a DIVISION ~ dispersion· - hérésie - homme II


pour but ~ purificatioi:,. _(EZ 2"2,15) _; _une·._fois 1 a - schisme - "unité. '
celle-ci ré~lisé"',· le r~emblem~t aura , lieu (Ez
36,24) .. D'ici .là,. -elle. d~meure .un .fait douloureux DIVORCE-+_aduitère l -:- matj"'ge AT II ·3 ; NT I t.
qui tourmente les -âmes pieuses (Ps 44) : vienne DoèJLITI?.--+ disciple-.::_ écoU:te'r - en:durcis~e·nt -
le temps où Dieu rassemblera tous les membres enfant - siinple :z. · ·
de son. peuple (Si 36,10) ,! ·
Cependant; de ce mal, Dieu tire un plus. grand oOé'TEua DE.:LA LOl-+-dis~ipl~ AT 3. -.ensei-
bien.-: Israël dispersé fait- connaître-la_ vraie foi gner .NT I - Loi.B; C-1,z- pherieie~.
aux *é_trangers {Tb .13,3-6) .. ; dès: l'exil, le prosé,- DOCTRINE • enseignér - ·'.Évangilë - Parole d~
lytisme ·commence (Is, 5_6,3) ; à l'époque grecque-, Dieu - prl!cher - sagesse - tradition - vérité
l'auteur de la_ Sagesse désire être entendu des NT z..
païens~ _car telle ei,;t, ~on lui, la yocation c;l'.Is-
raëi (Sg_ 18,4). Dans Ce.tte __ p1::,rspective nouv:ellé,
1:)0tcT bE I>tElJ ~ br&!' & -~in 1 -- écriture iii
Israël ·tend à.se dégag~ de son statut de nation
pour. prend.ré. forine d'égli_se -; ce n'est plus la race,
mais la foi qui lui. as!!ure -la vivante unité c;lont
les -*pèlerinages _à Jérusalem son,t le signe (Ac· 2, DON
5-n). .

2. DîsPersfon. du peii.ple-église. - Avec le Christ, A -l'origine de toùt don, ta· Bible enseigne à
le peuple de Di~u déborde le cadre national juif l -' reconnaître· une initiative divine. « Tout don
et devient ,proprement *Église. A Ja •Pentecôte, '·l
valable._.. descend ·du 'Père des lumières it (Je 1,
l'Esprit· as:;;ure p'ar le _don des *langues et.de la ?1'7; cf Tb 4,19). C'est Dieu qui·a l'initiative-de la
charité. la communion des :*nations; désônnais ce " création et qui donne à tous nourriture et vie
n'est plus ici ou là, mais-« en Esprit-et en vérité:» (Ps 104) : c'est Dieu ·encore ·qui a l'initiative du
(Jn 4,24) qu'on adore le Dieu qui-ui;i.it'les hommes. salut (Dt 9,6; x Jn·4;xo). En conséquence; la géné:.
An$Si les fidèles n,e-Clëµgne_nt-ils ·plus 1~ :persécu- rosité ·se fourvoie lorsqu'elle pré~en~ précéder 'la

293 294
DON DON
•grâce (cf- Jn IJ,37S) ; la première attitude qui dons qui viseraient à corrompre sont sévèrement
s'impose à l'homme est de s'ouvrir au don de Dieu exclus (Ex :23,8; 1s 5,23). La perspective n'est
(:Mc rn,15 p). En le recevant, il devient capable donc pas sans noblesse, d'autant que la récipro-
d'une générosité authentique et il est appelé; ·à cité des prestations témoigne normalement de la
pratiquer à son tour le don (1 Jn 3,16). · réciprocité des sentiments.
Le don aux pauvres, recommandé en termes
AT magnifiques (•aumône}, tend lui-même à s'assi-
miler aux dons réciproques. On espère que le
r. Les dons de Dieu. - Plutôt que le temps1 du pauvre aura un jour de quoi rendre (Si 22,23) ou
don, l'AT est celui de la ~rome~s,~, Les/'dons que Yahweh le suppléera (P_r 19,17). Il est nette-
-aux-mêmes n'y font que préfigurer ·et préparer ment déconseillé de donner à l'homme mauvais
le Don définitif. {Tb 4,17) ': pareil don serait consenti en pure
« A ta postérité, je donne ce pays 1) dit Yahweh perte (Si 12,1-7). A une générosité très réelle,
à Abraham (Gn 15,18):- L'écho de cette parole l'AT se soucie d'allier une raisonnable prudence.
retentit tout au long du Pentateuque. Le Deuté-
ronome s'attache à faire apprécier un tel don NT
{Dt 8,7; n,ro), mais il annonce aussi que les infi-
délités entraîneront l'exil ; un autre don est néces- « Si tu savais le don de Dieu ... » (Jn 4;ro). En
saire : la *circoncision .. du cœur, condition du mettant en pleine lumière ta folle générosité de
retour et de la vie (Dt 29,21-30,6). Dieu (Rm 5,7s), le NT bouleverse les perspectives
Par Moïse, Dieu donne à son peuple la •Loi humaines. C'est vraiment le temps du don.
(Dt 5,22), don excellent entre tous (Ps 147,19s),
car c'est une participation à sa propre Sagesse 1. Le don de Dieu en Jésus-Christ. ~ Le Père
(Si :24,:23; cf Dt 4,5-8). Mais la Loi est impuissante, nous révèle son •amour- en nous donnant son Fils
si le cœur qui la reçoit est mauvais (cf Ne 9,13, (Jn 3,r6), et dans son Fils le Père se donne lui-
:26). A Israël il faut un •cœur nouveau; tel est même, car Jésus est tout rempli de la richesse du
le don futur vers lequel les proph~tes orientent Père (Jn r,q) : paroles et œuvres, pouvoir de
les aspirations (Jr 24,7; Ez 36,26ss). juger et de vivifier, nom, glairé, amour, tout ce
Ainsi en est-il de tous les dons de l'AT : les qui appartient au Père est donné à Jésus (Jn 17).
uns se~blent tourner court (dynastie davidique, Dans sa •fidélité à l'amour qui l'unit au Père
présericC de la .•Gloire dans le Temple), et des (Jn 15;ro), Jésus réalise le don complet de lui-
déceptions successives contraignent les espoirs à même : il 1t donrie sa vie » (Mt 20,28 p). 1t Vrai
se portër plus avant ; les ·a_utres n~ sont plus que pain du ciel donné par le Pèrè », il donne « sa
des s0uvenirs qui attisent les désirs, •pain du ciel chair pour la vie du monde » (Jn 6,32.51; cf Le
(Sg 16,20s), •eau du rocher (Ps ·105,41). Israël a 22, 19 : 11 Ceci est mon corps donné pour vous »).
beaucoup reçu, mais il attend plus encore. Par soli sacrifice, il obtient de nous communiquer
!'*Esprit promis (Ac 2,33), 11 don de Dieu " par
2. Les dons à Dieu. - Pour reconnaître son souve- excellence (Ac 8,20; n,17). Dès cette terre, noqs
rain domaine et ses bienfaits, Israël offre à Yahweh possédons ainsi les arrhes de notre •héritage :
•prémices, dîmes· '(Dt :26) et *sacrifices (Lv 1 ... ). nous sommes enrichis de• tout don spirituel (1 Co
Il apporte aussi des dons pour compenser les 1,5ss), de charismes divers (1 Co 12), des dons du
infidélités à l'Alliance (L..: 4; 5) et se rétablir Christ ressuscité (Ep 4,7-1:2), et jamais ne sera
dans la faveur de YahWeh (2 S 24,:21-25). Les assez célébrée la surabondance du don de la
offrandes à Dieu se situent donc dans une pers- •grâce (Rm 5,15-21). D'une manière secrète, mais
pective de réciprocité (Si 35,9s). réelle (Col 3,3s), nous vivons déjà de la *Vie
éternelle, « don gratuit de Dieu » (Rm 6,23).
3. Les dons réciproques._,- C'est dans cette même
perspective que le don est compris le plus sou- :2. Le don à Dieu en Jésus-Christ. - Depuis le
vent entre individus, familles ou peuples. En don- sacrifice du Christ; tout à la fois don de Dieu à
nant, on manifeste la '[tèsèd, cette bienveillance et l'humanité (Jn 3,16) et don de l'humanité à Dieu
bienfaisance mutuelles qui sont la règle entre (He 8,3; 9,r4), les homm_es n'ont plus à présenter
alliés ou aniis. Celui qui accepte le don accepte d'autres dons. La victinie parfaite suffit à jamais
l'*alliance et s'interdit toute attitude hostile (Gn (He 7,27). Mais il leur faut s'unir à cette. victime
32,1:4; Jos 9,nss; 2 S 17,27... ; 19,32 ... ). Mais les et, se présentant eux-mêmes à Dieu (Rm u,1),

295 296
DON DOXOLPGIE

se m~ttre à- sa- disposition pour le service des r. La douceur de Dieu.. - L'AT.chante llimmense
autres (Ga 5,13-16; He 13,16). C~r la .grâce ne S!! et clémente· bonté de Dieu (Ps-31,20; 86,5), mani~
reçoit pas çomme, un cadeau sur lequel on pour- festée dans son gouvernement de l'univers (Sg 8,
rait se refermer-; ,elle se- r_eçoit._·pour "fructifier 1: 15,1), et nous invite à la •goüter (Ps 34,9).
(Jn 15; cf,Mt 25,15-30). Plus douces que le miel sont la parole de Dieu,
sa loi (Ps ng,103; 19,n; Ez 3,3), la connaissance
3. Le don sans retour.: ~ ~e mouveme~t du_ don de sa sagesse (Pr 24,î3: Si 24,20) et la fidélité à
aux autres prend donc une ampleur _et une inten- sa .loi (Si 23,27). Dieu nourrit son peuple d'un
sité jamais connues. La « convoitise- li, qui s'y •pain qui satisfait tous les goO:ts; il révèle ainsi
oppose, doit être combattue-sans rémiSSion. Désor- sa douceur :(Sg 16,2os);· douceur qu'i1 fait goO:ter
mais, au lieu de rechercher _la réciprodté des pr~ au péuple dont il est l'époux·bien.:.aim:é:·(Ct ·2,3),
tations, il_ faut bien plutôt la. f)lir (Le 14,12ss}. douceur que le Seigneur . .Jésus achève· de •nous
Lorsqu'on a tant reçu de Dieu, tout calcul, toute révéler (Tt 3,4) et dè nous faire goüter-(1. P.2,3),
étroitesse de. Cœ'1r deviennent_ scandaleu,x {Mt 18,
32s). 11 Donne?, qui~ demande » . (Mt 5,42). « Vous 2. Douèeur 'et • hu'militt. -- Moise est le ni.odèle dè
avez reçu gratuitement, donnez gratuitem~t ._·» fa vraie doucel)I', •vertu qui n'est _pii.s- faibl~8e.
(Mt 10,8):· Biens _matériels QU dOJlS spirituels,. le mais humble soumission à Dieu, fondée sur la foi
chrétien_ est appelé à tout considérer_ comme des en· son amour (Nb 12,3; Si 45,4;· 1;27; cf Ga 5,
•richesses· dont·. il n'est _qu'intendant et qui lui 22s). Cette hulllble_ douceur caractérise le •· •reste·•
sont reip.ises pour le, service des autres .(1 P 4, que Di8U sauvera;· et lé Roi qui dOnnera· la· paix
10s). Conseil inouï, .Jésu~ engage même celui_qui à toutes les nations (So 3,12; Za 9,9s =· ~t 21,5).
désire la perfeçtion à- donner toute .. sa fortune Ces doux, soumis à sa Parole (Je 1,2oss}, Diéu
(Le 18,22). Le _don de-.Dieu en Jésus-Christ nous les dirige (Ps 25,9), les· soutient (Ps 147·,6), les
entraîne plus loin encore : Jésus « _a offert sa_ vie sauve (Ps 76,10), leur donne le tr6ne des puis-
pour nous », s~ gràce :i;i.ous porte. à « offrir nous sants (S~ 10,14) et les.fait jouir de la paiJ,C_ en sa
aussi notre ·vie· pour nos frères_..»_._(1 Jn 3,16}; a: il terre (Ps 37,u = ·Mt 5,4). ·
n'est pas- de plus -grand amour... ». (Jn 15,1.3).
Le don réalise l'union dàns l'amour et suscite
chez tous .l'•action de grâces (2 C,o 9,r2:-1s), Le 3._ Douceur. et charift. -~ Celu,i _<.Lui es~ docile à
Dieu .est doux erivers les hommes, _s~_~ialement
donateur rem~rcie Dieu autaµ~ et plus, que le
bénéficiaire, car il sait que sa générosité même est envers les 1:>au~es (Sf4!8) .. La dou~e11r est_ le fruit
une grâce (2 Co 8,1), un fruit de l'amour qui de !'Esprit (Ga 5,~3) et le signe .de là présence
vient de Dieu (cf I Jn 3,14-18). Et c'est pour- de la :Sagesse d'en-ha~t (Je· 3,13~17)': Sous _son
quoi, en définitive, « il y_ a plus de bonheur à d~uble .8:SP~ de· èalme mansué~,de .(gr.· praüUs)
et _d_'indulgeµ.te tnodératiori (gr. '4pieiketa), la don"'
donner qu'à recevoir » (Aç 20,35).. AV ceur caractérise le _Christ (~. Co_ 1_0,1),.- ses: _distjpl_ea
~ actiori de griceS - àm.our 1 NT 1 ; II NT 2 - '(Ga 6,Ii Col 3,1q:; Ep, 4,2) .èt leurs pasteurs (1'Tm
aumône - bénédiction - charismes ·..;... Dieu NT 6,n; 2 .·,Tm 2,25). Elle. es~ la pàrur~ d~s femmes
V - Esprit·de Dieu AT·I 3; NT III -··grAce;- chrétiennes {I _P .J,4). et fait_'.le bonheur de leurs
hérita"gè - ' justification II• 3 ---' pain. ....,.. prédestiner foyers (!)i 36,23): Le Vr3:i chrétien, ~ème dans ·la
4 - prém.i.èès - présence de Dieu-AT III 2; NT I - persécutio~.- (1 P 3,16),_ montre' à toUS, une dou~
promesses -;richesse-~ royaume NT II 3 -,sacri~
fice -· sagesse AT III 4 - terre ~T II :1,.
ce;Ul' sei'eine' (Tt 3,2:- Ph. 4,5)"_; il atteste· ainsi que
le • joug d_u- Seigneur est doux xi (Mt 11,30), étant
. celui de l'amour.
'·: ·f ', ··~_; .
'
',
'
,,.
es & 'MFL
'
::-4-:
lr9ô.ter - · .humilité - patience - pauvres· AT
DOUCEUR III ; NT I - v~rtus & vices 3 - violence II.
';-< DOÙLEUR ~ COilSOlation - ·souffriliu:è ::.:_ tristesse.
« Mettez-vous à mon école, càr je suis _doux ~-LnouTE ~ °Confiance.:- incrédulité·:- péché. I 1,
et humble ~e.cœur » (Mt._ n,29). Jésus, qui_ parle
ainsi, est la révélation supiême de la .dou~eur de' - ::· D'OUZE ~- Apôtres I - Égiiae· ni :i - électiOll ~
Dieu (Mt u,1.~ss) ; il _est -~- so~rc~- de la nôtre,· II 1' - 'Israël .AT .t b - nombres~ 1, Il 1. , '

quand .il proclame : _« Bienheureux: les doux » DOXOLOGIE ~ bénédiction .Il 5, -IV o 1 - con-
(Mt 5,4). fession AT t ;- _NT 1_. ,1:-- g~ire . .V ---:- louange,

297
DRAGON DROIT

DRAGON -? anim.aùx - bêtes & Bête - mer z - droit et justice marque une exigence permanente
persécution I 4 a - ·Satan. de la conscience. C'est'la prédication des prophètes
(Am 5,7.24~ 6;12._.:; Is -5,7.16 ... ; Jr 4,2;· 9,23 ... );
c'est la· leçon des sages (Pr 2,9); c'est un trait
majeur de l'espérance messianique (Is 1,27; u,
5; 28,17 ... ). Or le premier à réaliser cet idéal est
DROIT Dieu·lui-même (Ps 19,rn; 89,15; n9,7 ... ). u Celui
qui fixe le droit de toute la terre ne saurait violer
" .-i
le droit » (Gn 18,25).
Le droit comporte deux pôles, i •lfun i·êolJ~ctif,
l'autre individuel. Il est à la fois l'ordre qtii régit 3. Le dYoit du pauvre. - La liaison droit-justice
l'ensemble des relations huIIlaines à l'intérieur nous paraît naturelle. Que serait un droit qui
d'une communauté, et la reconnaissance assurée ferait fi de la justice? Une justice qui n'assure-
à chaque individu de possibilité'$ déterminées, rait pàs le droit ? Mais la force et l'originalité de
Toute communauté•possède son d{oit propre, carac- cette liaiSOi:i dans la Bible tiennent au caractère
~risé. par la façon dont elle définit. et _garantit conèret et' personn'el qu'y revêtent le droit et la
les droits personnels de ses membres. Non seule- justice. La justice ne consiste pas à respecter ·une
ment la communauté d'Israël possède le sien, norme, si parfaite soit-'elle, ni" même seulement à
mais elle en est fière et le considère comme l'une assurer l'égalité des chances et à' traiter chacun
des faveurs les plus précieuses qu'elle ait reçues selon ses mérites:· Ellé ·doit découvrir le· besoin
de Dieu (Dt 4,6ss). vrai de chacun, "l'attention exacte qu'il lui faut
pour trouver· sa place parmi les hommes. Ce besoin
AT essentiel, plus nécessaire que le pain, est ce qui
foi:ide le· droit, et la justice manque à elle-même
Sans ~cou,;rir exactement tous les sens., de noç:'e fa.nt qu'elle n'a pas répondu à cet appel. Ce droit
mot droit, l'hébre·u ini!pa/ répond assez bien à :::onceme donc d'abord ceux qui sont hors d'état
ses traits fondamentaux. de se tirer d'affaire, les *pauvres, les affligés
(Ex . 23,6; Is xo,2; Jr 5,28; Jb 36,6.17) .. Même
1. Le droit imposl par l'*autoritl. - Le mi!pa/ Israël coupable retrouve, dans son malheur, ce
est la décision promulguée par,,cet:ui q11,i a pouvoir droit de la misère (Is 40,27; 49,4).
de ·prononcer ~e *jugement, c'est-à-dii'e le déten-
teur reconnu de l'autorité; Au pluriel, ,le mati ~st
fréquemment associé à tous ceux qui désignent NT
les ordres, ·tes command1::ments, les prescriptions, L'horiz0n du NT est assez différent. Si la jus-
les décrets ... , dans un langage juridique soucieux tice y tient encore une large place, la notion
de_ préciser les diverses _formes du pouvoir. Tout même de droit semble s'effacer : peut-être parce
naturellement, ce vocabulaire devient_ celui de la que le peuple de Dieu n'est plus un people poli-
*loi de Dieu, du moment qu'en vertu d.e !'*al- tique, socialement structuré en nation. Même
liance toute l'existence d'Israël .se trouve saisie l''.Épître de Jacques, proche pourtant des pro-
par la •volotité divine. Pratiquement, les mi!pa- phètes et attentive aux pauvres, n'évoque pas
#m donnés par Dieu à sdn peuple constituent le leur droit. Le seul texte du NT qui s'appuie sur
droit d'Israël. On peut le~ dire sacré, parce qu'il Je mi!pa/ est une formule où le Christ défi.nit e~
exprime la v0lonté du Dieu saint, mais il déborde trois mots « les points les plus graves de la L01,
de toutes parts le sacral, la zone proprement cul- le droit (krisis = miSpaj), la bonté (eleos) et la
tuelle, pour englober l'existence entière. fidélité (pistis) )) (Mt 23,23; cf Mi 6,8). Preuve
que Jésus donne toute sa valeur à l'insistance de
2. Droit et *justice. - Cette omniprésence de la l' AT sur le droit, mais aussi que le mot appar-
volonté divine dans le droit d'Israël ne paraissait tient plus à l'AT qu'au NT.
pas exceptionnelle dans l'ancien 'Orient. Mais ce Cet effacement vient de ce que les problèmes
qui faisait la fierté du peuple et portait la marque de justice sociale étaient moins aigus dans. l'Éç-lise
du vrai Dieu, c'est qu'auc-une des grandes nations naissante qu'au temps des prophètes ; 11 vie~t
qui régnaient sur le monde n'avait reçu de ses aussi de l'importance accrue donnée aux atti-
dieux un droit aussi juste que celui de Yahweh tudes intérie:ures, d'où naissent les comporte-
(Dt 4,6ss). A travers toute la Bible, l'association ments pratiques ; il vient surtout de ce que le

299 300
DROIT DUPLICITÉ

droit lui-même, fût-il aussi profondément person- délivre son peuple (Ex 15,6; Ps 20,7; 21,9). Ainsi,
nel que celui de l'AT, se trouve transformé par après sa mort, Jésus a été « exalté par la droite
l'Évangile. Sa règle d'or prescrit en effet : K Tout de Dieu » (Ac 2,33), selon -l'annonce du psalmiste
ce que vous désirez que le9 autres fassent pour (Ps IIS,16),
vous, faites-le vous-mêmes pour eux » (Mt 7,12). ~
Le commandement propre de Jésus est: « Aimez.. 2. La place de droite. - La main droite protège
vous les uns les autres comme je vous aï' aimés D ceux qui sont à cette place ; la droite de Dieu,
(Jn r3,34). Rien là qui abolisse ou diminue l'at- c'est le lieu où ses amis goftteront des délices
tention au droit de ·chacun réclamé par l'AT. éternelles (Ps r6,II), le lieu où .le Messie trônera
:ti.'Iais une inspiration nouvelle, l'appel à s'identifier près de lui (Ps uo,r). Ainsi, selon.une autre tra-
à l'autre, un souci de partage et de conimunion duc-t;ion de Ac 2,33, Jésus a été« exalté à Ia droite
jusqu'au sacrifice total. Seul l'amour fonde en · de Dieu ». Il devient l'instrument .de la main
définitive le droit. JG · puissante de Dieu, le « fils de la droite » (Ps So,
16.18)0 comme-le roi d'Israël que Dieu confirmait
--;,- autorité - jugement - justice - justification - de sa •torce (cf Gn 35,rS : Benjamin = fils de la
libération/liberté li I .2 - Loi - mariage AT II 4 -
pauvres AT II - procès.. droite). Jésus confirme et réalise ces promesses
de l'ancienne Alliance. Lorsqu'il viendra juger en
Roi tout l'utùvers, le Fils de l'Homme mettra à
sa droite les •bénis de son.Père (Mt 25,31-34), Lui-
même affirme qu-'on le verra siéger à. la droite
DROITE de la Puissance, selon l'annonce du Ps uo {Mt 26,
64); _et, -avant-.l'heure. où.ses ennemis le verront
apparaître en Juge à cette place, 'Étienne l'y voit
La droitè, c'est la niain droite; symbole dë puiS- debout comme -un •t~oin (Ac 7",55). · JBB
sance, ou la place de· droite,_ symbole d.e fàvëùr. .+. bra.s. ~ main -:-- _Jés~-~hriSt ·1t x· a _ .. pui~ce.
r. La ·main d:Yoite. - Elle: n'est ·p'as. seùieID.ent la DROITURE--;.- justièe - einiple·2-'- vérité AT·1.:z.;
plus habile des dèux, mais la Plus forte·,· ta màin NT Io '' ., · '

qui 'tient l'épé~-. Elle est dalle s}'mbOie de la DUP:LitITÎ1 -~ c~r 1. ..:_ ·hypÔcri~ :-- lèvres 1.-
•puissançe .de' .D_i~U ·qui s'illustre par les 'hauts mC~nge -· si1nPle_ 2.,. · ·
faits de sa droite, frappe avec elle l'ënnepii et
E
Dieu, qui a institué cet ordre, est le maître des
eaux. Il les retient ou les relâche à son gré, celles
EAU d'en haut comme celles d'en bas, provoquant
ainsi la sécheresse ou l'inondation (Jb 12,15). <:J Il
répand la, pluie sur la terre » (Jb 5,rn; Ps rn4, I0-
L'eau est d'abord source et puissance de vie : 16), cette pluie qui vient de Dieu et non des
sans elle la terre n'est qu'un *désert aride, pays hommes (Mi 5,6; cf Jb 38,22-28). Il lui a « imposé
de la faim et de la soif, où hommes et bêtes sont des lois » (Jb 28,26). Il veille à ce qu'elle tombe
voués à la mort. Il y a pourtant aussi des eaux de régulièrement, « en son temps » (Lv 26,4; Dt 28,
*mort : l'inondation dévastatrice qui bouleverse 12) : si elle venait trop tard (en janvier), les
la terre et engloutit les vivants. L'eau enfin, dans semailles seraient compromises, comme les récoltes
les ablutions cultuelles qui transpose un usage de si elle cessait trop tôt, « à trois mois de la mois-
la vie domestique, *purifie les personnes et les son » (Am 4,7). En revanche, lorsque Dieu daigne
choses des souillures contractées au cours des les accorder aux hommes, pluies d'automne et
rencontres quotidiennes. Ainsi l'eau, tout' à tour de printemps (Dt rr,14; Jr 5,24) assurent la pros-
vivifiante ou redoutable, toujours purifiante, est périté du pays (Is 30,23ss).
intimement mêlée à la vie humaine et à l'histoire Dieu dispose également de l'abîme selon sa
du peuple de l'Alliance. volonté (Ps 135,6; Pr 3,19s). S'il l'assèche, il
tarit les sources et les fleuves (Am 7,4; Is 44,27;
Ez 31,I5), provoquant la désolation. S'il ouvre
r. LA CRÉATURE DE Drnu les « vannes » de l'abîme, les fleuves coulent et
font prospérer la végétation sur leurs rives (Nb
Dieu, maître de l'univers, dispense l'eau à sa 24,6; Ps 1,3; Ez 19,ro), surtout lorsque les pluies
volonté, et tient donc en sa puissance les des- ont été rares (Ez 17,8). Dans les régions déser-
tinées de l'homme. Les Israélites, gardant la repré- tiques, les sources et les puits sont les seuls points
sentation de l'ancienne cosmogonie babylonienne, d'eau qui permettent d'abreuver bêtes et gens
répartissent les eaux en deux masses distinctes. (Gn 16,14; Ex 15,23.27) ; ils représentent un capi-
Les « eaux d'en haut sont retenues par le firma-
)J tal de vie que l'on se dispute âprement (Gn 2 r,
ment, conçu comme une surface solide (Gn I,7; 25; 26,2os; Jos 15,19).
Ps 148,4; Dn 3,60; cf Ap 4,6). Des vannes, en Le psaume 104 résume à merveille la maîtrise
s'ouvrant, leur permettent de tomber sur la terre de Dieu sur les eaux : c'est lui qui a créé les eaux
sous forme de pluie (Gn 7,u; 8,2; Is 24,18; Ml 3, d'en haut {Ps 104,3) comme celles de l'abîme
10), ou de rosée qui se dépose la nuit sur la ver- (v. 6) ; c'est lui qui règle le débit de leur cours
dure (Jb 29,19; Ct 5,2; Ex 16,13). Quant aux (v. 7s), qui les retient afin qu'elles ne submergent
sources et aux rivières, elles proviennent non de pas le pays (v. 9), qui fait jaillir les sources (v. ro)
la pluie, mais d'une immense réserve d'eau sur et descendre la pluie {v. 13), grâce auxquelles la
laquelle repose la terre : les « eaux d'en bas », prospérité se répand sur la terre et apporte la
l'abîme (Gn 7,II; Dt 8,7; 33,13; Ez 31,4). joie au cœur de l'homme (vv. u-18).

303
EAU EAU

impie (2 P 2,5), le- *déluge laisse sU.bsister •Noé.


Je.:juste (Sg,10,4).· De.:même, les flots-de la mer
li. LES EAUX DANS L'HISTOIRE DU PEUPLÉ DE DIEU Rouge -font un tri entre le Peuple de Dieu et celui
des idoles (Sg I0,18s). Les eaux terrifiantes anti~
cipent donc le •jugement définitif -par'· le feu
1. Eaui et"°' •rétribution. tem:Por6lle. - ··si Dieu (2 -P .3,5ss; cf_ Ps .·zg,IO; Le 3,16s), elles laissent
accorde ou refuse les eaux selon sa volonté, ·il après .leur passage une terre nouvelle ·(Gn 8,n).
n'agit pas ·cependant de façon arbi~raire, mais
d'après le comportement de S:Ctn peuple. Selon 'que 3. L·es ea-u%', pu-rifiantes, .:..:.._. Le thème des· eàux · de
le peuple reste fidèle ou non à' l'Alliance, Dieu la colère· rejoint lin au'tre- aspect··de l'eau bien~
accorde ou refuse les eaux. Si les Israélites vivent faisarite ::. celle-ci ·n'.est, pas seulement,.pu"issance
seIOn la_ Lo~ .divine,. *obéiSsarit à la volx _de Dieu, de vie,: mais.aussi,~ qui lave, fait d_isparaitre les
Dieu· ouv:re les cieux poùr_ ~onrier la pluie en Son souillures· (cf. Ez 16,4--:9; 23,46)., Un· des rites élé-
temps (Lv _26,3s~'.10; Dt. 28,1.12): L'eau est· c:ionc mentaires de !'"hospitalité ·était de -laver les, pieds
l'e~et_ et le sigp.e de la "'béllédictio~.de_ Pieu envers d'un· hôte pot.ir en enlever ,Ja ·poussière de la·route
ceùx qui le sen•ent_ fidèlement ,(Gn 27,2_8; P,s r33, (Gn 18;4; .. 19,2; cf Le 7,44; 1 Tm 5,IO); .·et, à la
3). _En· reyan_che, si Israël_ est infidèl~.· Dieu. le veille 'de sa- mort,·. Jésus .voulut ·accomplir lui-
•châtie en lui faisant K un- ciel de fer et une terre même cette tâche de serviteur en signe exemplaire
d'airain. D ':(Lv_ 26,rg; D:t__ 28,23),. afin· qu'il com- d'.humilité et de charité chrétienne 'Un· 13,2-15).
preD:11e et se •convertisse_ (Ar1:1 4,7), La sécheresse Moyen de propreté· physique; 'l'eau. est souvent
est donc un effet.de la,. •malédiçti<;>i:t di,vine· envers symbole. de:· pureté mOrale. On ·se lave -'les maiD.s
les ·•impies (Is, 5,13; 19'.5~s; Ez "_4.,16s; 31,_15), ppur signifier qu'elles sont innocentes et ·n'Ont
comme celle ..qui _dévasta le pays sous Achab, p8.:;; perpétré le mal (Ps. 26,6; .cf -Mt 27,24); Le
Israël. ayant.« abàndonné Dîeu· p_our _suiv're lès pécheur·qui.a:bandonne seS péchés et se convertit
Baal$ » (i R .18,1_8). est comme un homme souillé-qui se-lave (Is r,16};
de IIiêmé, Dieu «· lave » le pécheur, à· qui •il: *par-
2. Les eau¾ terrifiantes, - L'eau n'est pas seule.- donne ses fautes -(Ps -51,4). Par le délUge, Dieu··a
ment une puissance de v:i~. Les eaux. de 1.a: •mer (< • purifié » Ja terre en exterminant lCS: ·-impies (cf
évoquent, par leur agitation perpétuelle,. l'inquié- 1 _p 3,20S).
tude démoniaque, et, parleur amertume, la déso- Le rituel juif·-pré:..;oyait' de·.nombreuses· *puri-
lation du .shéol. La crue. subite· des ou~ds, empor- fications par l'eau : Je· Grand '.Prêtre devait se
tant au moment de l'*orage la terre et les vivarits laver pour se :préparer· à· son investiture (Ex 29,
(Jb 12,15;. 40,23), symbolise le malheur qui s'.ap- 4; 40,12) ou au grand jour de !'•;Expiation ·(Lv 16,
prête à fondre-sur l:homme·à l'i.ropro.viste.(Ps I:?4), 4.24) ; des ablutions par l'eau· étaient prescrites si
les intrigues que tissent contre le ju-ste ses. •en_ne- l'on avait. touché un cadavre-(Lv u,40; 17,i5s),
mis (Ps: 18,5s.17;: 42,8; 71,20; 144,7); par leurs pour se purifier, de la •lèpre (L'V" 14,Ss).' ou- de
machinations, ils s'efforcent de l'entraîner jus- toute impurèté sexuelle·(Lv 1·5) .. Ces·diverses puri-
qu'au fond· même_ de l'abîme {Ps• 35,25; '.6g,2s).. fications: dll coq:.s devaien_t signifier la. pllri.fica-
Or, si I)ieu sait protéger _le jus:te. de· ces f\ots tion intérieure du "cœur, -nécessaire à; qui .voulait
dévastateurs (Ps -32,6; cî_Ct ·8,6s}, il peut égale- s'approcher du· Die:u trois fois *Saint. Mais elles
ment lês laisser déferler sµr les. impies, digne étaient impuissantes·: à·;- procurer. efficacement .la
•cha.timent d-'une • conduite contraire à, l'amour pureté -de l'âme. Dans la nouvelle., Alliance, le
du prochain .Ob. 22,II).· ·cqez les ·pr9phètes,.· le Çhrist· instituera un n.ouvei3:u ·mode de purifica-
débordement dévastat~ur.des grand_s ,fleuves.sym- tion ; aux noces. de· Cana;· il l'annonce de. façon
bolise la "puissance- de_s empires qui v9nt sub- symbolique• en changeant l'eau .destinée aux· pi:Jri.,.
merger et détrui~ ,les -petit,s peuples.; puissance fi.catiori.s rituelles (Jn, 2,6) en "vin, lequel symbo-·
de l'Assyrie ~omparée à ,l'Euphrate (Is 8,7) ou lise, soit !'Esprit, soit -la· Parole purificatrice (Jn
de 'l'Égypte c9mparée à son. Nil (Jr 46,7s). Ge r5,,3; cf 13,IO).
sont ces fleuves que Dieu va _envoyer pàur _c~â.-:-
tier. aussi- bien son.-peuple coupable de manquer
de c,onfiaµce en lui (ls 8,6ss). que-)es enneµ1is III. LES EAUX RSCHATOL!JGIQUES
traditionnels.d'I,sraël (J:r .47,,1_s). . ., ,
Entre lesi mains.du Créateur cependan~, ce fléau 1. I.e thèm"e• de l'eau, enfin,, tient, une grande
brutal n'.est pas aveugle ; engloutissant un monde plaée dans les pe-rspec#ves de -restau-ralion ·du Peuple

306
EAU EAU
de Dieu. Après le rassemblement de tous les *dis- terre aride et sans eau, vouée à la mort (Ps 143,
persés, Dieu répandra en abondance les eaux puri- 6) ; il soupire donc après Dieu comme la biche
fiantes, qui laveront le cœur de l'homme pour lui languit après l'eau vive (Ps 42,2s). Mais si Dieu
permettre d'accomplir fidèlement t9ute la Loi de est avec lui, il devient comme un jardin possé-
Yahweh (Ez 36,24-27). Il n'y. aura donc plus de dant en lui la source même qui le fait vivre (Is
malédiction, plus _de sécheresse : Dieu « donnera 58,n).
la pluie en son temps » (Ez 34,26), gage de pros-
périté (Ez 36,29s). Les semences germeront, assu-
rant le pain en abondance; les pâturages seront IV. LE NOUVEAU TESTAMENT
plantureux {Is 30,23s). Le peuple de Dieu sera
conduit vers les .sources bouillonnantes, *faim et r. Les eaux vivifiantes. - Le Christ est venu
soif disparaîtront à jamais (Jr 31,9; Is 49,10). apporter aux hommes les eaux vivifiantes pro-
A la fin de l'exil à Babylone, le souvenir de mises par les Prophètes. Il est le *Rocher qui,
!'Exode se mêle souvent à ces perspectives de frappé (cf Jn r9,34), laisse couler de son flanc
restauration. Le retour sera en effet un. nouvel les eaux capables de désaltérer le peuple en route
*Exode, aux prodiges encore. plus éclatants. Jadis vers la véritable Terre promise (1 Co 10,4; Jn 7,
Dieu; par la main de Moïse, avait .fait jaillir l'eau 38; cf Ex 17,r-7). Il est également le •Temple
du. rocher pour étancher la soif de son- peuple (cf Jn 2;19ss) d'où s'échappe le fleuve qui va
(Ex 17,1-7; Nb 20,1-13; Ps 78,16.20; u4,8; Is· 48, arroser et vivifier la nouv~lle •Jérusalem {Jn 7,
21). Désormais Dieu va: renouveler ce prodige 37s; Ap_ 22,1.r7; Ez 47,r-12), nouveau "'paradis.
(Is 43,20), et avec une telle magnificence que le Ces eaux ne sont autres· que !'•Esprit-Saint, puis-
•désert sera changé en verger. plantureux (Is 4r, sance vivifiante du Dieu créateur {Jn 7,39). En
r7-20), le pays de la soif en sources (Is 35,6s). Jn 4,10-r4 cependant, l'eau semble plutôt sym-
•Jérusalem, terme de ce pèlerinage, possédera boliser la doctrine vivifiante apportée par le Christ-
une source intarissable. Un fleuve sortira du Sagesse (cf 4,25). De toute façon, lors de la con-
*Temple pour s'écouler vers la mer Morte ; il sommation de toutes choses, l'eau vive sera le
répandra vie et santé tout au long de son cours, symbole du bonheur sans fin des élus, conduits
et les *arbres pousseront sur ses berges, doués vers les plantureux pâ.turages par l'• Agneau (Ap
d'une fécondité merveilleuse : ce sera le retour 7,17; 21,6; cf Is 25,8; 49,ro).
du bonheur *paradisiaque (Ez 47,r-12; cf Gn 2,
10-14). Le peuple de Dieu trouvera dans ces eaux 2. Les eaux baptismales. - Le symbolisme de
la pureté (Za r3,1), la vie (JI 4,18; Za 14,8), la l'eau trouve sa pleine signification dans le "'bap-
sainteté (Ps 46,5). tême chrétien. A l'origine, l'eau fut employée
dans le baptême pour sa valeur purificatrice. Jean
2. Dans ces perspectives eschatologiques, l'eau baptise dans l'eau« pour la. rémission des péchés»
revêt d'ordinaire une valeur symbolique. Israël en (Mt 3,u p), utilisant à cette fin l'eau du Jour-
effet n'arrête pas son regard aux réalités maté- dain qui, jadis·, avait purifié Na.aman de sa *lèpre
rielles, et le bonheur qu'il entrevoit n'est pas que (2 R 5,10-14). Le baptême cependant effectue la
prospérité charnelle. L'eau qu'Ézéchiel voit sor- purification, non du corps, mais de l'~e,-_de la
tir du Temple symbolise la puissance vivifiante « •conscience D (t P 3,2r). Il est un bain qui nous
de Dieu, qui va se répandr.e aux temps messia~ lave de nos péchés (r Co 6,n; Ep 5,26; He 10,22;
niques et permettre aux hommes de porter du Ac 22,16), en nous appliquant la. vertu rédemp-
fruit en plénitude (Ez 47,12; J:,;- 17,8; Ps 1,3; trice du •sang du Christ (He 9,13s; Ap 7,14; 22,14).
Ez 19,10s). En Is 44,3ss, l'eau est le symbole de A ce symbolisme :fondamental de l'eau baptis-
!'•Esprit de Dieu, capable de transformer un désert male, Paul en ajoute un autre : immersion et émer-
èn verger florissant, et le peuple infidèle en véri- sion du néophyte symbolisant son ensevelisse-
table « Israël ». Ailleurs, la •Parole de Dieu est ment avec le· Christ et sa résurrection spirituelle
comparée à la pluie qui vient féconder la terre (Rm 6,3-n). Peut-être Paul voit-il ici, dans l'ea_u
(1s 55,1os; cf Am 8,us), et la. doctrine que dis-- bàptismàle, une représentation de la •mer, habi-
pense la •Sagesse est une eau vivifiante (Is 55, tacle des puissances maléfiques et symbole de
1; Si 15,3; 24,25-31). En bref, c'est Dieu qui est mort, vaincue par le Christ comme jadis la mer
source de vie pour l'homme et lui donne la. force Rouge par Yahweh (:r Co 10,rss; cfls 51,10). Enfin,
de s'épanouir dans l'amour et la fidélité (Jr 2, en nous communiquant !'Esprit: de Dieu, le bap-
13; 17,8). Loin de Dieu, l'homme n'est qu'une tême est aussi principe de •vie nouvelle. Il est

307 308
BAU ÉCRUURE

possible., que le -Christ y ait voulu faire allusion obéira-(Is29,r8; 35,5; 42,r8ss; .43,8;_Mt rr,5). C'.est
en ·.effectuant -plusieurs guérisons-.par le moyen ce que.la voix du-cielproc1ame aux disciples.: HCelui-
de r_eau {Jn 9,6s; _cf 5.,r,..8). Le b_aptême est alqrs ci_est mon. Fils bien-aimé, .écoutez-le» (Mt _17,5 p).
conçu comme .un " bain de _régénération· et de *Marie, habituée à _garder fidèlement ·1es paroles
renouvellement •en l'Esprit-Saint _»· (Tt 3,5; ,_ cf de Dieu en son cœur (Le 2-,-19,51), a-été b~at_ifiée
Jn 3,5). MEB par.son FîJs.Jésus; quand il a révélé le sens pro-
fond O.e sa maternité : « Heureux ceux qui écoutent
- baptême - bénédiction II 1, Ill 4, IV 3 - déluge _;.. la paro~e de Di~u et la gardent J?· (Le rr,28).
Esprit dè Dieu O - faim·&· soif - fruit II - mer -
mort AT I ·s - pierre· 3 .:......· pur· - rocher 2 - sang
NT 4 - sel-I_- vie IV-2. · 2. Dieu écoute l'homme. - Dans sa *prière, l'homme
demande à Dieu de l'écouter, c'est-à-dire de
l'exaucer. Dieu n'écoute ni les injustes ni les
pécheurs (Is-1,15; Mi 3,4; Jn 9,31). Mais il entend
le pauvre; la veuve et l'orphelin, les· humbles, les
ÉCOUTER càptus··(Ex 22,22-26";· Ps-10,17; ro2,21; Je 5,4). Il
écoute les justes, ·-ceux ·qui Sont pieux et font-sa
vo1onté (Ps 34,16.18; Jn 9,31; I P "3,-12), _ceux qui
La ·•révélation . bibliqu~. ~ est essentiellemen,: demandent selon. sa •volonté (r, Jn .5,14s). Et,. s'il
•parole_ de Dieu à. l'homme; ,Voilà pourquoi, tan- .le fait, c'est qu'il éco.ute « toujours >1 son, Fils
dis que dans 1~ mystères grecs et la gnose ori~- Jésus (Jn n,41s), par-. lequel- à jamais passe la
tale la relation de l'hoffime à . Dieu ·est fondée prière du chrétien. CA
avant tout sur la .*visio11,- selon· la Bible I la foi
~-cOm;iattre .AT.2 ~ discij,le - foi'AT [; NT i z-;-
naît de l_'aud_ition » (Rm _10,17)_.
obéissance - Parole de Dieu - suivre --' Transfigu-
ration :i" - vocation. · ·
r. L'homme doit /couter Dieu
a) Écoutez, crie le prophète avec. l'autorité de
Dieu (Am 3,1; Jr 7,2). Ecoutez, répète le sage,
au nrim de soi::t expérience et de sa· connaissance
de 1a •Loi (Pr r,8). Écoute, Israël, redit- chaque ÉCRITURE.
jour le pieux Israélite pour se ,:pénétrer de la
•volonté de·son-Dieu (Dt 6,4; Mc 12,29). Éco:utez,
reprend à· spn tour.Jésus lui-même; Parole de Dieu !. LE PRIX DE L'ÉCRITURE , ..
(Mc 4,3.9 p).
Or, selon le sens· .hébraïque du, mot ~vérité, A Babylone ou en Égypte, où-le'matériel pour
écouter,' accueillir la parole de Dieu,·ce n'est.pas écrire est cher et encombrant, ·où le système
seulement ·lui prêter ·une. oreille ·attentive, c'est d'écriture est· extrêmeinent compliqué, la science
lui ouv:tjr son •Cœur (Ac_.16,14), c'est la. mettre de l'écriture est le privilège d'une caste, cèlle de·s
en pratique (Mt 7,24ss), ·c'est *obéir._ 1:elle. est scribes, .et pàsse pour .une inventiori · des dièux
l'obéissance de_ .la *foi .que requiert ,la. prédica- Nébo èt Thot. Etre initié à· son secret, c'est- être
tion entendue (Rm r,s; ro,qss). admis à. 1~ .zone .mystérieuse:.où se ·fixent les· des-
b) Mai_s l'homme ne veut pas, écouter (Dt 18, tins du.- ni.onde. Quelques· rois· d'Assyrie se feront
16.r9),· et, _c'est là· son drame~ Il est-.sourd aux gloire d'y. avoir eu acèès. De- nos jours encore,
appels de Dieu; son-oreille.et son cœur.·sont.incir- en·.apprenaht à. écrire, l'enfant, et surtout l'adult~.
concis.(Jr 6,ro; 9,25: Ac 7;51) .. Voilà le péohé,des frarichissent un seuil.- _ _ 1
Juifs que.rencontre Jés1;1s-.: «.Vous ne f>Ouvez pas En Palestine, entre le Sinaï et· la; Phénicie,, là
écouter, nia parole..·..Qui: _est. de DieQ. entend 1es précisément Où le génie, de l'homme inventa l'al:-
paroles _de Dieu; si vous.n'entendez pas, c'est que phabet, · Israël trouve, dès sa. naissance,. une écri-
vous-n'êtes pas d_e Dieu D· (Jn-.8,43.47)._ ,,,· ture à la portée de tous; qui fit•prendre une·avance
Seul -Dieu -peut. en effet ouvrir l'oreille ,de_ ..son décisive par rapport aux antiques cultures d'Égypte
*disciple.,(Is_ 50,s; cf I S. 9,15;, Jb. 36;1Q), la 1ui et de Mésopotamie, prisonnières de leurs écritures
• creuser.» .pour..qu'il· obéisse _(Ps 40;7s).. Aµs~i. archaiques; Au temps de. Gédéon; longtemps avant
dans les temps _messianiques, les sourds .enten- David, tin jeune homme de .Sukkot est capable
dront,· et· ]es miracles de.Jésus signifient qu'enfin le de. fournir par: écrit·· une liste, des anciens· de sa
peuple sourd comprendra la_ parole de Dieu .et lui petite ville--.(Jg 8,14). Dès les· premiers temps.

3m
:ÉCRITURE ÉCRITURE

l'écriture est sinon répandue, du moins connue en transèription de la Parole divine est sacrée comme
Israël et devient l'un des instruments essentiels elle : les Écritures ·d'Israël sont « les Saintes Écri-
de sa religion, Bien avant que Samuel consigne tures». Le· mot ne se trouve pas encore dans l'AT,
par écrit « le droit de la royauté » {1 S 10,25}, il mais déjà les tables de pierre contenant l'essentiel
n'est pas anachronique que Josué ait pu écrire de la Loi (Ex 24,12) sont considérées comme
les clauses de l'alliance de Sichem (Jos 24,26), ou « écrites du doigt de Dieu » (31,18), chargées de
Moïse les lois du Sinaï (Ex 24,4) et le souvenir sa •sainteté.
de la Victoire sur Amalec (17,14). Le NT emploie à l'occasion l'expression rabbi-
nique, « les Saintes Écritures » (Rm. 1,2; cf II les
Saintes Lettres », 2 Tm 3,r5), mais parle généra-
II. LE POIDS DE L'ÉCRIT lement des Écritures ou encore de !'Écriture au
singulier, soit pour alléguer ou viser un texte
11 Ce que j'ai écrit est écrit )1 (Jn 19,22), répond précis (Mc 12,ro; Le 4,21), soit même pour dési-
Pilate aux grands~prêtres venus se plaindre. de gner l'ensemble de l'AT (Jn 2,22; 10,35; Ac 8,32;
l'inscription fixée à la croix de Jésus. Le Romain, Ga 3,22). Ainsi s'exprime la conscience vive de
les Juifs et l'évangéliste sont d'accord pour voir l'unité profonde des divers écrits de l'AT, que
dans cet écriteau un signe : il y a dans la chose traduira, de façon plus suggestive encore, le nom
écrite quelque chose d'irrévocable; elle est une chrétien traditionnel de « Bible » pour désigner le
expression solennelle et définitive de la •parole, recueil des "'livres saints. Mais la formule la plus
aussi se prête-t~elle naturellement à exprimer le fréquente est le simple c< Il est écrit », Où le passif
caractère infaillible et intangible de la Parole désigne Dieu sans le nominer et qui affirme ainsi
divine, celle qui demeure à jamais (Ps rrg,89). à 1a fois la sainteté inaccessible de Dieu, l'infail-
Malheur à qui l'altère! (Ap 22,18s). Fou, _qui lible certitude de son regard et l'inébralllable fi.dé•
s'imagine la reµdre vaine en la détruisant ! (èf lité de ses •promesses.
Jr 36,23).
Si le rite des « eaux amères » (Nb 5,23), malgré
le progrès qu'il constitue par rapport aux ordalies
primitives, suppose ·encore une pensée archaïque, IV. L'ACCOMPLISSEMENT DES ÉCRliURES
l'inscription des paroles divines prescrite sur le
linteau des portes de chaque maison (Dt 6,9; II, « Il faut que s'*accomplisse tout ce qui est
20), sur le rouleau confié au roi à son avènement écrit de moi » (Le 24,44) ; il faut que s'accom~
(17,18), sur le diadème du Grand Prêtre (Ex 39, plissent les Écritures (cf Mt :26,54). Dieu ne parle
30) exprime d'une façon très pure la souveraineté pas en vain (Ez 6,10) et son Écriture « ne peut
sur Israël de la parole de Yahweh, l'exigence irré- être abolie i, (Jn 10,35). Jésus, que l'on voit une
vocable de sa *volonté. seule fois en train d'écrire, - sur le sable (Jn 8,
Il est tout naturel que les *prophètes confient 6), - n'a point laissé d'écrit, mais il a solennelle-
à l'écriture le texte de leurs oracles. Forme soleri- ment. consacré la valeur de !'Écriture jusqu'au
nelle et irrévocable de la parole, l'écrit est cons- signe graphique le plus menu ·: « un seul accent »
tamment utilisé en Orient par ceux qui prétendent (Mt 5,18), et· défini sa signification : elle ne peut
fixer. le destin. De même qu'ils ont conscience de s'effacer, elle demeure.
recevoir la Parole de Yahweh, -les prophètes d'Is- Mais elle ne peut demeurer· qu'en s'accomplis-
raël attestent que, s'ils la confient à l'écriture, sant ; il y a dans !'Écriture la permanence vivante
~ c'est encore snr l'ordre de Dieu (Is 8,1; Jr 36,r-4; de la Parole éternelle de Dieu, mais il peut y
Ha 2,2; Ap 14,13; 19,9) afin que ce •témoignage avoir aussi la survivance de conditions anciennes
scellé publiquement (Is 8,16) atteste, quand se destinées à passer; il y a un *Esprit qui vivifie,
produiront les événements, que seul Yahweh les et une lettre qui tue (2 Co 3,6). C'est le Christ
avait jadis révélés (Is 4r,26). Ainsi l'écriture rend".' qui fait passer de la lettre •à l'Esprit (3,14) ; c'est
elle témoignage à la "'fidélité de Dieu. en reconnaissant le Christ à travers les Écritures
d'Israël qu'on y puise la vie éternelle {Jn 5,39),
et ceux quî refusent de croire aux paroles de Jésus
Ill. LES SAINTES ÉCRITURES démontrent par là que, s'ils mettent leur espoir
en Moïse et leur fierté dans ses écrits, ils ne le
Expression permanente et ·officielle de l'action croient pàs et ne le prennent pas au sérieux (5,
de Dieu, de ses exigences et de ses promesses, la 45ss).

3II 312
:ÉCRITURE ÉDIFIER

V. LA. LOI ÉCRITE DANS LES CŒURS I. L'ÉDIFICATION DE L'ANCIEN ISRAÊL

La Nouvelle Alliance n'est plus celle de la lettre,


mais celle de !'Esprit (2 Co 3,6) ; la *loi nouvelle r. Édifier une famille et bdtir un édifice. - Le
est « inscrite dans les cœurs n du peuple nouveau verbe hébreu banah désigne d'abord la construc-
(Jr 31,33) qui n'a plus besoin d'être •enseigné par tion d'édifices matériels, un autel (Gn 8,20), une
un texte imposé de l'extérieur (Ez 36,27; Is 54, maison (33,17), une ville (4.17), et_ Dieu ne con-
13; Jn 6,45), Néanmoins le NT comporte encore damn~ pas ces entreprises, à condition qu'elles ne
des écrits auxquels très tôt l'Église reconnut la soient pas, comme à *Babel, destinées à dresser
même autorité et donna le même nom qu'aux l'homme contre lui. (Gn 11,1-9). La présence
Écritures (cf 2 P 3,r6), y retrouvant la même divine est indispensable pour que l'œuvre ne soit
Parole de Dieu (cf Le 1,2) et le même Esprit. pas vouée à l'échec (Ps 127,1). Les constructions
Non seub::ment en effet ces écrits sont dans la «païennes)1n'ontpasdepoidsdevantDieu, et il les
ligne deS Écritures d'Israël. mais ils en éclairent détruira quand il le voudra, aussi belles et solides
le sens et la portée. Sans elles, les écrits du NT qu'elles puissent paraître (Am 3, 13ss; So 2,4ss;
seraient inintelligibles, ils parleraient un langage Za 9,3ss).
dont nul n'aurait la clef; mais sans eux les livres Édifier se dit d'une famille comme d'une bâtisse :
juifs ne contiendraient que des mythes : une loi Dieu édifie la femme avec la côte d'Adam (Gn 2,
divine r'estée lettre morte, une promesse inca- 22) ; une mère est" édifiée II par les enfants qu'elle
pable de répondre à l'espoir qu'elle soulève, une met au monde (16,2; 30,3). Mais celui qui opère
aventure sans issue. cette édification, c'est Dieu (1 R u,38). De la
Il y a encore des Écritures dans la Nouvelle personne à la famille, à la tribu et au peuple,
Alliance : en effet, le temps n'est pas encore aboli, surtout par le concept de *maison, le passage est
il faut fixer dans la *mémoire des *générations le facile et naturel. Là encore, c'est Dieu qui agit,
souvenir de ce qu'est Jésus-Christ et de ce qu'il pour édifier la dynastie de *David (2 S 7,II), la
fait. Mais les Écritures ne sont plus pour le chré- maison ou le peuple d'*Israël (Jr 12,16; 24,6;
tien un livre qu'il déchiffre page par page, elles 31,4).
sont le •livre totalement déployé, toutes les pages
2. Construire et détrui1'e. - En •bénissant a l'œuvre
embrassées d'un seul regard et livrant leur mys--
tère, le Christ, Alpha et Oméga, commencement des mains de l'homme » (Dt 14,29; 15,10), Dieu
et fin de toute écriture. MLR & J G lui donne son achèvement et sa solidité, il l' • édi-
fie ~- Mais si l'homme oublie Dieu, celui-ci détruira
--), accomplir -
Évangile IV 2 b - livre I - mémoire l'ouvrage édifié sans lui (Jr 24,6; 42,10). L'anéan-
x b - prophète NT l - Révélation AT 1 3 - tra- tissement des personnes, des habitations, des villes
dition. et des peuples sera le témoignage de son •cb.àti-
ÉDEN -+ création AT II x - paradis. ment. Jérémie, le prophète de cette destruction,
est envoyé oc pour détruire et arracher, pour bâtir
et planter » {Jr r,to).
Mais Dieu qui est fidèle et qui bâtit (cf le nom
propre Yibneya, (t Yahweh bâtit », 1 Ch 9,8), ne
détruit pas_ totalement et sans appel. Lors même
qu'il déverse sur toute grandeur humaine (Is 2,
ÉDIFIER n) le flot destructeur de sa •colère (Is 28,18; 30,
28), il continue toujours à faire œuvre construc-
trice (Is 44,26; 58,12). La butte de David abattue
sera rebâtie (Am 9,II), le peûple reviendra d'exil
Les thèmes de la construction, du bâtiment et rebâtira ses villes (Jr 30,4.18), *Jérusalem et le
qu'on édifie tiennent une grande Place dans la •Temple seront restaurés. (Ag 1,8; Za 6,13; Jr 31,
Bible, livre d'un *peuple qui se construit et bâtit 38). Les mêmes images dépeignent les reconstruc-
ses *maisons, ses •cités, son •Temple. Bâtir est tions matérielles et la restauration du peuple, les
un désir naturel de l'homme, Dieu en fera l'un maisons qui montent et la population qui afflue
des axes de son *dessein de salut. (Is 49,19-21; Jr 30,18s).

313
iDIFIER ÉDIFIER

a Co?Jlérateurs de Dieu n (I Co 3,9), les Apôtres


ont a planter (3,6), à H poser le fondement ~ qui
Il. LE FONDEMENT NOUVEAU est Jésus-Christ {3,10s).
Le nouvel édifice, le *peuple *nouveau, est bien
3. Le Cm•ps qui se construit. - Sous l'action de
la suite de l'ancien, d'Israël et de ses institutions
la Tête, le Christ, le Corps tout entier « se cons-
mais il ne repose pas sur lui. Il est fondé sur l'élé~
truit lui-même» (Ep 4,15s) en toutes ses parties.
ment essentiel, la *pierre que Dieu destinait à être
Non seulement le ministère d'édifier l'Église
le faîte. et le couronnement de toute l'œuvre bâtie
par Dieu en Israël (Is 28,16; Za 4,7). Mais les s'étend aux (1 prophètes, évangélistes, pasteurs et
docteurs » (Ep 4,rr), chargés de •responsabilités
ouvriers chargés de l'ouvrage ont rejeté cette
déterminées; mais tous les c( •saints », qui sont
pierre qui. les gênait (cf Ps n8,22; Mt 21,41s p).
• le champ et l'édification de Dieu » (1 Co 3,9},
La merveille est que cette pierre de rebut était
ont à prendre une part active à cette édification.
à elle seule riche de toute la première construction,
C'est une *œuvre commune et mutuelle, chacun
en sorte que, en la posant à la base du nouvel
édifiant l'autre, lui donnant sa pleine valeur dans
édifice (Ps n8,22), Dieu reprend et achève toute
l'édifice ,et recevant de l'autre aide et force (Rm
l'œuvre antérieure. A cause de la mauvaise volonté
des ouvriers, Dieu en personne bâtit « à nos yeux I4,r9; r5,2; I Th 5,n; Jude 20) ; c'est un devoir
capital, et un critère essentiel dans le discerne-
une œuvre admirable ~, un chef-d'œuvre inima-
ment des *charismes : les plus précieux sont ceux
ginable. La pierre angulaire rejetée et devenue c( la
qui édifient l'assemblée (r Co 14,12). Édifier ses
tête de l'angle 1) (r P 2,7), « le seul fondement))
frères, c'est édifier l'Église, à condition, bien
possible {1 Co 3,n), c'est *Jésus-Christ (Ac 4,n).
entendu, de demeurer ~ enracinés et édifiés »
J~us-Chris.t est également le nouveau "Temple.
dans le Christ et sa tradition authentique (Col 2,
Apres Jérémie (cf Jr 7,12-15), Jésus prophétise
6s) : le "feu éprouvera au dernier "Jour la qualité
la destruction de l'édifice magnifique, orgueil d'Is-
des matériaux employés (1 Co 3,10-15).
raël, devenu « une caverne de voleurs » (Jr 7,rr;
Mt 21,u) et la restauration, - en trois jours,
c'est-à-dire en un rien de temps, - d'un autre 4. L'édifice nouveau, c'est la Cité Sainte, "Jéru-
temple, son propre corps ; et l'artisan de cette salem nouvelle (Ap 21,2). Il descend du •ci.el, de
construction, ce sera lui (Jn 2,19-22). chez Dieu, car plus rien ne s'y retrouve de ce
que produit le péché : ni mort, ni pleur, ni cri,
ni peine, et il est tout entier l'œuvre de Dieu
(Ap 21,4). Néanmoins u il repose sur douze assises
III. L'ÉDIFICATION DU CORPS DU CHRIST portant chacune le nom de l'un des douze Apôtres
de !'Agneau» (21,14), et 11 sur ses portes sont ins-
I. Je bdtit'ai mon Église, - Pierre d'angle et crits les noms des douze tribus d'Israël » (21,r2).
temple saint, Jésus n'est pas seulement l'édifice C'est donc bien l'édifice fondé par Jésus-Christ
nouveau, il en est aussi le bâtisseur. L'édifice est et confié par lui à ses Apôtres, c'est l'Église édi-
son œuvre, c'est « son Église » (Mt r6,18), il en fiée par le labeur de tous ses saints. C'est en effet
choisit les matériaux et les met en place ; ainsi l'Épouse ; et sa ~arure - « le lin d'une blancheur
met-il "Pierre à la base. Et, d~s sa gloire, « c'est éclatante », mais aussi toutes les .pierreries qui
lui encore qui donne » à chacun sa place et son partout reflètent et se renvoient la lumière de la
ministère, qui donne à tous les éléments de l'édi- gloire divine {21,19-23) - , ce sont « les bonnes
fice « concorde e'b cohésion » et construit ainsi son actions des fidèles » (r9,8). Tout dans cet édifice
propre •Corps dans la charité (Ep 4,rr-16). est l'œuvre de Dieu, et il est tout entier cons-
truit par les saints. Tel est le mystère de la •grâce.
2. Ceux qui bdtissent. - Ce sont d'abord ceux ]MF & JG
que le Christ a posés comme « fondations ~ : les
"Apôtres (Ep 2,20). Ils sont à la fois« fondations» -. croissance z d - exhorter - maison I z - œuvres
et II fondateurs » des *Églises auxquelles ils donnent NT II 3 - pierre 4 - Temple AT I 2.3 ; NT I.
naissance. De même que, pour Jérémie, édifier
appartenait au ministère prophétique {Jr I,10; 24,
6), de même édifier est pour Paul le propre du
"charisme apostolique (2 Co ro,8; 12,19; 13,10).

316
ÉDUCATION ÉDUCATION

une expression de l'éducation divine (Pr r,7; Si


I,I). Dieu est le modèle des éducateurs, et son
œuvre d'éducation se réalise en trois étapes qui
marquent comment l'éducateur s'intériorise de
ÉDUCATION plus en plus profondément à. celui qui est éduqué.

Le dessein de Dieu s'accomplit dans le *temps;


c'est par une lente maturation que le peuple élu 1. DIEU ÉDUQUE SON PEUPLE
atteindra sa stature définitive, la *perfection.
S. Paul a comparé cette « économie » du salut à 1. Comme un pJre éduque son enfant : la réflexion
une éducation : l'enfant devient adulte. Israël a deutéronomique a ainsi caractérisé le comporte-
vécu sous la tutelle de la *Loi, comme un enfant ment de Dieu libérant et constituant son peuple.
dressé par un pédagogue, jusqu'à. ce que vienne • Comprends donc que Yahweh ton Dieu te corri-
la *plénitude des temps ; alors Dieu envoya son geait comme un père corrige son enfant ~ (Dt 8,
propre Fils nous conférer l'adoption filiale : ainsi 5). Le _prédicateur se montre l'héritier des pro-
en témoigne le don de l'Esprit (Ga 4,1-7; 3,24s). phètes. Osée annonçait déjà : « Quand Israël
L'éducation d'Israël n'est du reste pas terminée était enfant, je l'aimai ... A Éphraïm j'avais appris à
avec la venue du Christ : nous devons « consti- marcher, en les prenant par les bras ... je les menais
tuer cet *Homme parfait, dans la force de l'âge, avec de douces attaches, des liens d'amour... •je
qui réalise la plénitude du Christ » (Ep 4,13). me penchais sur lui et lui donnais à manger n
Depuis les origines jusqu'à la fin des temps, (Os II,1-4). Un tel amour se voit dans l'éducation
l'œuvre divine est d'éduquer le peuple élu. de l'enfant trouvée au bord du chemin selon l'allé-
Dominant par sa fol le déroulement de la péda- gorie d'Ézéchiel (Ez 16). Ce n'est que déduction
gogie divine, le chrétien peut en marquer les logique et imagée de la révélation fondamentale :
étapes et en caractériser la nature. On pourrait 11 Ainsi parle Yahweh Mon :fils premier-né, c'est
rattacher à ce thème les indications éparses dans Israël » (Ex 4,22)
les notices connexes. L'*amour, dialogue entre Pour comprendre ce qui est mis sous ces mots,
deux personnes, est le fondement de toute éduca- il importe de connaitre le contexte culturel de
tion ; l'éducateur *enseigne, *révèle, *exhorte, l'éducation des enfants en Israël. Deux aspects
•promet, •châtie, •rétribue, donne l'•exemple; la caractérisent.: le but est la •sagesse, le moyen
pour cela, il doit se montrer *fidèle à son dessein privilégié est la correction. Le maître doit ensei-
et *patient en. vue du résultat cherché. Cependant gner à son *disciple sagesse, intelligence et « dis-
il semble préférable de se lier et de se limiter au cipline » (Pr 23,23), ce dernier terme désignant
vocabulaire, fort restreint, de l'éducation. Le mot proprement le fruit de l'éducation: c'est un savoir,-
mû.sa,.. signifie à la fois instruction (don de la faire (1,2), une manière de bien se comporter dans
sagesse) et correction (réprimande, châtiment) ; il la vie, qu'il faut saisir et tenir (4,13; cf 5,23; 10,
se renconb'e dans les sapientiaux au sujet de l'~du- 17); pour parvenir à Ia vie, il faut appliquer son
cation familiale, et chez les prophètes (et le Deu- cœur à la m discipline» (23,12s; cf Si 21,2r). Parents
téronome) pour caractériser un comportement de et maîtres ont vis-à-vis des enfants une •autorité
Dieu. En traduisant ce mot par paideia (cf lat. que sanctionne la Loi (Ex 20,12) : il faut •écouter
disciplina), les Septante n'ont pas voulu assimiler père et mère {Pr 23,22), sous peine de graves
l'éducation biblique à l'éducation de type hellé- sanctions (30,17; Dt 21,18~21). L'éducation est un
nique. Pour celle-ci, un homme cherche à éveiller art difficile, car « la folie est ancrée au cœur de
la personnalité d'un individu selon un horizon l'enfant » ·(Pr 22,15), la· socié~é est dépravée et
terrestre bien limité. entraine au mal (1,ross; 5,7-14; 6,20-35), si bien
Dans la Bible, c'est Dieu, l'éducateur par excel- que les parents sont affligés de •soucis (Si 22,3-6;
lence, qui cherche à obtenir de son peuple (et 42,gss). Les remontrances sont donc nécessaires,
secondairement des individus) une *obéissance le fouet davantage, car il ne requiert pas comme
souple à la Loi ou dans la •foi, non seulement par les premières des circonstances favorables : « Coups
des enseignements mais par des *épreuves ; si de fouet et correction, voilà en tout temps la
l'éducation que donnent les sages ou la famille sagesse » (Si 22,6; 30,1-13; Pr 23,13s). Telle est
semble profane, en réalité le contexte des livres l'expérience de base qui permet de comprendre
sapientiaux montre qu'elle veut être seulement la manière éducatrice de Yahweh.

3r7
ÉDUCATION tDUCATION

2. L'ldUcation d'Israël par Yahweh- reflète en effet selon une juste mesure et non sous le coup de la
les deux aspects de la.pédagogie familiale, instruc- *colère qui tue (Jr 10,24; 30,II; 46,28; cf Ps 6,
tion de la sagesse et correction, en les transposant 2; 38,2), et la *conversion peut s'ensuivre. Israël
en fonction du péché. doit reconnaître : « Tu m'as corrigé, j'ai subi la
a) Les « leçons de, Yahweh » à son peuple, ce correction comme un jeune taureau non dressé »,
sont les •signes accomplis au cœur de l'Égypte, et sa contrition s'achève en prière : e1 Fais-moi
les merveilles du désert, toute la grande œuvre revenir, que je revienne, car tu es mon Dieu B
de la *libération (Dt 11,2-7); Israël doit donc (Jr· 31,18}. A son tour, le psalmiste reconnaît la
réfléchir sur l'*épreuve subie durant la marche valeur de la correction divine : K Mes •reiris m'ins-
à travers le •désert. Il a senti la *faim pour com- truisent la nuit » (Ps 16,7), 'et le sage déclare :
prendre que « l'homme ne vit pas seulement de « Heureux l'homme que Dieu corrige· J Sois docile
pain mais de tout ce qui sort de la bouche de à la leçon de Shaddai 1 » (Jb 5,17), car c•~st la
Yahweh » ; par cette expérience de dépendance manière de Dieu dans le gouvernement des peuples
quotidienne, Israël devait apprendre à. reconnaître (Ps 94,10;- cf Is 28,23-26}.
la §ollicitude de Yahweh son père : son •vête- c) L'éducation cependant ne sera achevée qu'au
ment ne s'est pas usé, son pied n'a pas enflé au jour où la Loi sera mise au fond du •cœur : « On
cours de ces quarante ans (Dt 8,2-6}; cette épreuve n'aura plus à s'instruire mutuellement... ils me
était destinée à révéler le fond du cœur d'Israël, connaîtront tous, des plus petits aux: plus grands »
à instaurer un dialogue avec Yahweh. A. côté de (Jr 31,33s). Pour obtenir ce résultat,îl faudra que
cela, la *Loi est elle aussi présentée comme une la correction s'abatte sur le *Serviteur : « Le châ-
volonté d'éducation : « Du ciel, Il t'a fait entendre timent qui nous rend la paix est sur lui, ét c'est
sa voix pour t'instruire » (Dt 4,36) ; non seule- grâce à ses plaies qùe nous sommes guéris ·» (Is
ment pour exprimer sous forme de commande- 53,5). Alors on comprendra à quel point les
ments objectifs la •volonté divine, mais pour " entrailles de Yahweh étaient émues » quand il
r-econnaître que Dieu t'a aimé (4,37s) et qu'il devait proférer des menaces sur « son enfant
veut te donner « bonheur et longue vie sur une chéri » (Jr 31,20; cf Os n,8s).
*terre donnée à jamais » (4,40). En bon éduca-
teur, Yahweh promet de *rétribuer l'observation
de la Loi. Enfin, comme l'épreuve, la Loi doit
signifier la présence de la parole même de l'édu- II. ]Ésus-CHRIST, ÉDUCATEUR o'ISRA:i:l:L
cateur : la •Parole n'est pas dans les cieux loin-
tains, rii au-delà des mers, mais « tout près de Le Serviteur se présente à son peuple sous les
toi, dans ta bouche et dans ton cœur » (30,n-14). traits d'un rabbi qui éduque des *disCiples comme
b) La correction, qui peut aller de la menace des :fils, et à travers lui c'est Dieu en personne qui
au *châtiment en passant par la réprimande, doit révèle l'accomplissement de son dessein. En outre,
assurer l'efficacité des leçons de Yahweh », car
(1 le Serviteur prend sur lui les corrections que nous
le péché a fait d'Israël un peuple à la nuque méritions, il est le rédempteur d'Israël. Pour affir-
raide, tout comme la folie est ancrée au cœur mer ce double aspêct, il n'y a sans doute pas de
de l'enfant. Yahweh saisit donc par la main un vocabulaire spécifique, mais on peut êfre guidé par
prophète, qui se détournera de la route suivie par les annonces *figuratives de l'AT.
le peuple. (Is 8,u) et quL deviendra sa propre
bouche, ne cessant de rappeler matin et soir avec r. Le r6vAlateur. - Pour dresser un bilan de la
une •patience inlassable la volonté et.l'amour de « pédagogie » de Jésus, il suffit de regarder la
Dieu. Osée montre le caractère éducatif des châ- rétrospective qu'offrent les évangélistes, en parti-
timents envoyés par Yahweh (Os 7,t2; 10;10), culier Matthieu. Jésus éducateur'de la foi des dis-
faisant allusion aux tentatives infructueuses de ciples amène progressivement à se faire recon-
!'Époux -qui cherche ainsi à ramener l'infidèle naitre pour le Messie : son enseignement se dis-
(2,4:..15; cf Am 4,6-n). Jérémie y revient sans tribue en deux grandes parties, selon M_atthieu.
cesse : " Laisse-toi avertir, Jérusalem » (Jr 6,8). « A dater du jour » où il a été *confessé par Pierre
Hélas ! c'est en vain : les fils rebelles n'accueillent comme Christ, il modifiera son comportement (Mt
pas la lèçon, refusent de se laisser instruire {2, 16,21). D'abord, il veut amener ses contemporains
30; 7,28; So 3,2.7), « ils se soiit fait un front plus à identifier avec sa personne le Royaume annoncé
dur que le roc» (Jr 5,3). Alors la correction devient {cf 4,17)". Il suscite donc une question à son sujet,
punition, qui tombe dru (Lv 26,18.23s.28), mais par l'enseignement qu'il donne avec •autorité

320
ÉDUCATION ÉDUCATION

(l\It 7,28s; Mc 1,27) et par ses •miracles (1\1t 8,27;


Le 4,36), même si par là il soulève un doute chez
J!I. L'ÉGLISE ÉDUQUÉE ET ÉDUCATRICE
J eau-Baptiste (Mt 11,3) ; il dispense son ensei-
gnement selon l'accueil des auditeurs, par exemple
I. L'Esprit-Saint éducateur. - C'est en effet le
dans ses *paraboles, destinées non seulement à
*Paraclet qui mène l'œuvre éducatrice de Dieu à
instruire mais à susciter une demande d'explica-
son accomplissement dernier. La Loi n'est plus
tion (Mt 13,10-13.36}, jusqu'à ce qu'on ait cr com-
notre pédagogue (Ga 3,19; 4,2), mais c'est 1'Es-
pris » (13,51) ; il fait « réaliser » aux disciples leur
prit qui, parfaitement intérieur à nous-mêmes,
impuissance et sa puissance à donner des pains
nous fait dire « Abba ! Père ! (Ga 4,6) nous
)J
dans le désert (14,15-21), et tire des pains la leçon
ne sommes plus des serviteurs, mais des •amis
qu'ils auraient dû « comprendre » (16,8-u); il les
(Jn I5,15), des "'fils {Ga 4,7). Voilà l'œuvre q_ue
associe à. sa *mission après leur avoir donné des
le Paraclet réalise en rappelant à la *mémoire
consignes précises (ro,5-16), et leur fait rendre
des croyants les enseignements de Jésus (Jn 14,
compte du travail effectué (Mc 6,30; Le 10,17).
26; 16,13ss), en défendant la cause de Jésus contre
Ensuite, quand il a été reconnu pour le Christ,
le •monde persécuteur {16,8-n). Tous sont alors
il peut révéler un mystère plus difficile à accueil-
~ dociles » à l'appel du Père (6,45), telle est l'effi-
lir : la *croix ; son éducation se fait alors de plus
cacité de !'*onction sur le cœur du chrétien (1 Jn
en plus exigeante, corrigeant Pierre qui ose le
2,20.27). Le véritable éducateur, en définitive, est
morigéner (Mt 16,22s), se lamentant sur le manque
Dieu parfaitement invisible et intérieur à l'homme.
de foi de ses disciples (17,17), mais en donnant
le motif de leur échec (17,19s) ; il tire la leçon de 2. Instruction et correction. - Cependant jusqu'à
la jalousie qui se montre dans le petit groupe (20, la fin des temps, l'éducation conserve son aspect
24-28). Tout son comportement est une éducation de correction que manifestait l'AT. L'épitre aux
tendant à graver les leçons à jamais ; ainsi la Hébreux rappelle aux chrétiens : « C'est en fils
triple question posée à Pierre : « M'aimes-tu ? ii que Dieu vous traite. Et quel est le fils que ne
veut guérir en son cœur la blessure du triple corrige son père ? Si vous êtes exempts de cette
reniement (Jn 21,15ss). correction, c'est que vous êtes des bâtards ,) (He
12,7s); il faut donc s'attendre, si nous sommes
2. Le rédempteur. - Jésus ne s'est pas contenté tièdes, à être *visités par la correction (Ap 3,
de dire ce qu'il fallait faire; en éducateur par- I9) ; ces *jugements divins, qui ne tuent pas
fait, il a donné l'*exemple. Ainsi, sur la *pau- (2 Co 6,9), épargnent la condamnation (r Co II,
vreté. car il n'a pas où reposer la tête (Mt 8,20) ; 32) et, après avoir fait souffrir, donnent la *joie
sur la *fidélité à la mission, qui l'amène à se (He 12,n). L'*Écriture aussi est source d'ins-
dresser contre les Juifs et leurs chefs, par exemple truction et de correction {r Co ro,n; Tt 2,12;
en chassant les vendeurs du temple, *zèle qui le 2 Tm 3,16). Paul lui-même éduque ses correspon-
mènera à la mort (Jn 2,17) ; sur la *charité fra- dants en les invitant à l'imiter (I Th 1,16; 2 Th 3,
ternelle, en lavaut lui-même les pieds de ses dis- 7ss; 1 Co 4,16; II,I). Enfin les croyants doivent
ciples, lui le Maître (Jn 13,14s). pratiquer la correction fraternelle, selon le pré-
Or cet exemple est poussé encore plus loin. cepte de Jésus {Mt 18,15; cf I Th 5,14; 2 Th 3,
Jésus s'identifie à ceux qu'il doit éduquer, en 15; Col 3,16; 2 Tm 2,25) ; c'est ce que fait Paul
prenant sur lui la 1< correction », le châtiment qui avec vigueur, ne craignant pas de manier la verge
pèse sur eux (Is 53,5) ; en portant leurs infirmités (I Co 4,21) et de peiner s'il y a lieu (2 Co 7,8,-I I),
(Mt 8, r7), il enlève le péché du monde (Jn 1,29). rer:-euant et admonestant sans cesse ses enfants
Ainsi il voulut connaître nos faiblesses, « lui qui (1 Co 4,14; Ac 20,31). Les parents, dans l'éduca~
fut éprouvé en tout, d'une manière semblable, tion de leurs enfants, ne sont que les mandataires
à l'exception du péché» (He 4,15), lui qui, 1c tout du seul Dieu éducateur : ils ne doivent pas exas-
Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéis- pérer les enfants, mais pratiquer semonces et cor-
sance .. et fut rendu parfait {5,8s). C'est par son
)J
rections à la manière de Dieu même (Ep 6,4).
sacrifice que Jésus a mené au terme l'éducation XLD
d'Israël; apparemment il a échoué : il a bien - autorité AT I 2; NT II 2 - châtiments 3 - culte
annoncé ce qui devait arriver (Jn I6,1-4), mais AT II - enfant - enseigner - épreuve/tentation ~
il n'a pu par lui-même se faire comprendre plei- exemple - exhorter - fem me AT 2 - Marie III
nement de ses disciples (Jn 16,12s) ; il est bon qu'il 2 - mère - patience I - pères & Père - sagesse
s'en aille et qu'il cède la place à l'Esprit (17,7s). AT II l ,

321 322
ÉGARER l!GLISE

mot sacerdotal •éàah. Église et synagogue sont


ÉGARER~ Antichrist NT- chercher III - erreur - deux termes à peu près synonymes (cf Je 2,2) :
hérésie - hypocrite - mensonge Il 3 - pasteur & ils ne s'opposeront que lorsque les chrétiens se
troupeau - Satan. seront approprié le premier en réservant le second
aux Juifs récalcitrants. Le choix d'ekklèsia par la
LXX a sans doute été guidé par l'assonance qahal/
ekklèsia, mais aussi par les suggestions de l'éty-
mologie : ce 'terme, venant de ehkaléô (j'appelle
ÉGUSE de, je convoque), indiquait par lui-même qu'Is-
raël, le peuple de Dieu, était le rassemble.ment
des hommes convoqués par-l'initiative 'divine, et
Si beaucoup de contemporains ne dépassent il rejoignait une expression sacerdotale où• l'idée
guère l'aspect humain de l'Eglise - société mon- d'appel s'exprimait : kWè hagia, traduction litté-
diale et bien encadrée ·d'hommes unis par les rale de miqra qodès, « convocation sainte » (Ex 12,
croyànces et ·par le culte - , !'Écriture, parlant 16; Lv 23,3; Nb 29,1).
à notre foi, la désigne comme un •mystère, autre- Il est tout naturel que Jésus, fondant un nou-
fois caché en Dieu mais aujourd'hui dévoilé et en veau peuple de Dieu en continuité avec l'ancien,
partie réalisé (Ep 1,9s; Rm 16,25s). Mystère d'un l'ait désigné par un nom biblique de l'assemblée
peuple encore pécheur, mais p'ossédant les arrhes religieuse (il a dit dire en araméen soit 'édta, soit
du salut, parce qu'il est l'extension du Corps du keni!ta, rendu le plus souvent par synag8gè, soit
Christ, le foyer de l'amour ; mystère d'une in~ti- plus probablement qehala), nom rendu par ekklè-
tution hum.ana-divine en laquelle l'homme peut sia en Mt 16,18. De même la première génération
trouvei- la lumière, le pardo:tl et .la grâce, 1( pour chrétienne, se sachant le ·nouveau *peuple de Dieu
la louange de la gloire de Dieu n (Ep 1,14). A cette {I P 2,xo) préfiguré par « l'église du désert it (Ac
fondation inédite, les premiers chrétiens de langue 7,38), a adopté un terme qui, ·venant des Écri-
grecque ont donné le nom biblique d'ekklèsia, qui tures, était très apte à la désigner elle-même comme
tout en marquant une continuité entre Israël et « *Israël de Dieu )1 (Ga 6,16; cf Ap 7,4; Je 1,1;
le peuple chrétien, était très apte à se charger Ph 3,3). Ce terme présentait en outre l'avantage
d'un contenu nouveau. d'inclure le thème de l'appel que Dieu adresse
gratuitement en Jésus-Christ aux Juifs puis aux
païens, pour former « la convocation sainte » des
derniers temps (cf 1 Co 1,2; Rm r.,7 : • convoqués
1. LES SUGGESTIONS DU MOT
saints ))).
Dans le monde grec, le mot ekklèsia, dont
« église )) n'est qu'.un décalque, désigne l'assemblée Il. PRÉPARATION ET ACCOMPLISSEMENT
du dèmos, du peuple comme force politique. Ce DE' L'ÉGLISE
sens profane (cf Ac 19,32.395) colore le sens reli-
gieux lorsque Paul traite de la tenue actuel~e d'une Dieu a longuement préparé le rassemblement
assemblée chrétienne réunie « en église » (vg 1 .Co de ses ènfants dispersés (Jn u,52). L'Église est
II,18). la commùnauté des hommes bénéficiaires du •salut
Dans la LXX au contraire, le mot désigne une en Jéslls-Christ {Ac 2,47) : « nous, les sauvés it,
assemblée convoquée pour un geste religieux, sou~ écrit Paul {I Co 1,18). Or le •dessein divin du
vènt cultuel (vg Dt 23; 1 R 8; Ps 22,26) : il cor- salut, s'il culmine en cette communauté, n'en a
respond $, l'hb. qakal, employé surtout par l'école pas· inoins été conçu « dès· avant ·Ia création du
deutéronomique pour désigner l'assemblée de l'Ho- monde )) (Ep r,4) et ébauché parmi les. hommes
reb (vg Dt 4,10), des steppes de Moab (Dt 31,30) dès Abraham., voire dès l'apparition d'Adam.
ou de la Terre Promise (vg Jas 8,35; Jg 20,2), et
par le Chroniste (vg 1 Ch 28,8; Ne 8,2) pour dési- r. Oréation première et création nouvelle. - Dès les
gner l'assemblée liturgique d'Israël. au temps des origines, l'homme est àppelé a faire société (Gn
rois ou après l'exil. Mais si ekklèsia traduit tou~ 1,27; 2,18)' et à se multiplier (1,28), en vivant
jours qahal, ce dernier mot est parfois rendµ par dans la familiarité de Dieu {3,8). Mais le •péché
d'autres vocables, en particulier par synag8gè (vg se met en travers d"u plari. divin. ; au lieu de rester
Nb 16,3; 20,4; Dt 5,22), qui rend plus souvent le chef d'un peuple rassemblé pour vivre avec Dieu,
ÉGLISE llGLISE

Adam est pè:re d'une humanité divisée par la puis de no.uveau dispersé. -(Za 13,.7ss}, .mai~. trou'."'
•haine (4,8;-6,11);- dispersée par ,l'•orgueil {i1,8s), peau définitif· du •pasteur immolé .et ressuscité
fuyant son Créateur ·(3,8; 4,14). -Il faudra donc pour lui (Jn.-10)·-;-elle ·est la •Jérusalem·d~en.haut,
qu'un nouvel ,Adam (1 Co ,.15,45; Col 3,1os} inau- non plus esclave .mais libre (Ga ,4,24s). ·Elle est
0

gure une nouvelle *création--(2 Co 5;-ï7s;- Ga 6,15), le peuple de !'•Alliance ,nouvelle prédite: p_ar: .les
en laquelle la vie d'amitié avec Dieu soit res- prophètes {Jr- 31-,31ss:- Ez ·37,26ss), mais: scell~
taurée (Rm .5;12 ... )i l'humanité ramenée à l'unité• par 1e sang d,u Christ (Mt ~6,28 p; He_ 9,1-2ss;_ 10,
(ln u,52)- et ses membres réconciliés (Ep· 2,15- 16), qui en est le •médiateur pour toutes les nations
18). Telle- sera l'Église, préparée par Israël. En (Is 42,6) .. Sa charte d'alliance n'est plus ia *loi de
situant l'histoire d'Abraham et de sa descendance Moïse,· incapable de communiquer la .vie (Ga 3,
dans l'histoire universelle d'un monde où· le péché 21), mais celle de.l'*Esprit (Rm 8,2)., inscrite dans
étale ses conséquences,· la. Bible montre du même les cœurs (Jr 31,33s; Ez 3~.27; cf 1 Jn 2~27). Elle
coup que l'Église, vrai Peuple d'-Abraham (Rm 4-. est le , *royaume <les • saints,. annoncé par. Daniel
ns), doit s'insérer_ ,dans le monde et y être· la et-préfiguré par l'assemblée davidique du ·Chro-
réponse au péché, ainsi qu'aux divisions et- à la niste : non plus org'"1isation. de la vie tempol'.elle
•mort qui en.découlent. Déjà.les traditions sur le d'une nation- (Jn 18,36), mais get"mè visible par-
*déluge fournissaient à Israël l'exemple d'un juste tout et .ébauche spirituelle_ d'un royaume inyî-
mis par Dieu au . principe d'une·nouvelle création sible et intemporel oùJa: mort sera détruite (1 Co
après un pullulement du péché : ce salut ·univer- 15,25s; Ap _20,14). Enfin, puisque le •Temple de
sel accordé par le ·moyen ~e .l'*eau à la descen- la nouvelle économie, non fait de main -d'homme
dance de, *Noé-était une *figure. de celui, .autre- (Mc :t4,58) et indestructiblt: .(Mt 1.6,1~), est. le
ment riche, qu'apporterait-le Christ au moyen.du •Corps· ressuscité. -du Christ' (Jn 2,21s), l'!Îglise,
*baptême (1. P 3,2os). · Corps du Christ~ est également le Temple nouveau
(2 Co 6-,16; Ep ·2,21; 1· P 2,5),. lieu d'une •présence
2. Ancien et nouvel Isralil. - C'est.avec }'•élec- .et d'un •culte meilleurs .que;_jadis et accessibles, à
tion d'Abraham, déjà scellée par une *alliance ·tous, (Mc n,17).
(Gn 15,18), que débute le processus décisif de for-
mation d'un. •peuple de Dieu. De cette race bénie
dont il est, l~- souche, sortira lé Christ, en qui abou- III. Fo~DATION DE L'ÊGLISE
tiront pleinement les *promesses (Ga 3;16),.. et-qui
à son: tour fondera le peuple· définitif, postérité L'AT prépare dO:àc l'Êglise et la. -préfigure_;
spirituelle d'•Abraham le croyant .(Mt 3,9 p; Jn 8, Jésus la• révèle et la :fonde.
40; Ga .4,2:1-3r; Rm 2,'.28s;. 4,r6; 9,6Ss)·. Ç'est. en
entrant ·dans l'Église de --J ésus•Christ •moyennant t. L'es ·Jtapes-de. l;Église;· - La. pensée d~: Jéstis
la foi, qrie toutes -les *nations seront bénies en s'inscrit dans, le cadre de sa .proclamation du
Abraham {Ga 3,8s = Gn 12,3 LXX; cf Ps· 47,10). • Royaume des cieu~ ; il y révèle, en- un .langage
Entre Israël, postérité-chamelle des.-patriarches, prophétique où les plans ne ·se distinguent -pas tou-
et l'Église, il- y a tout ensemble rupture et conti- jours, que!'la·-phase céleste du Royaume.(Mt·I3",43;
nuité.- ·Aussi le NT applique:,t-il ati. nouyeau. peuple 25,31--46) _sera précédée par ·.une ·phase de lente
de Dieu les noms de !'.ancien; .mais·, moyennant cro;ssance terrestre (13,31s). En attendant la
transpositions et .contrastes. Tous ,deux , sont •moisson, l'ivraie du péché seméf3 par_.le Mauvais
l'ekklèsia, mais le mot signifie maintei;iant le mys- doit crottre ayec le bon _grain (13,24-30.36-43).
tère inconnu_ ·(le l'AT, le,*Corps du Christ·(Ep 1, Cette phase terrestre, à .. son tour,. con:i.prendra
22s) ; et le •culte. qui s'y, re:nd à Dieu est tout _spi- deux ét~pes. L~ - ~ière est -1~ vie mortelle de
rituel (Rm 12,1), L'Église est *Israël, mais Israël Jésus qui, par sa. prédicatiop., son act.ion · sur
de Dieu (Ga e;,16), spiritu_el. e~ nori. plus charnel Satan .et la formation de .la communauté messia-
(1 Co ro,18); ·eue est un peuple acqujs, .,mais nique, rend le Roy""ume, déjà pl"'ésent (Mt r2,.28;
acquis.-par le *sang d'u Christ (A,c 20,28; 1,,P,2,9s; Le 17-,21). La seconde .sera le temps de_ l'Égli_se
Ep 1,14) et tiré aussi d'entre les Gentils (Ac 15, proprement ·.dit_.(Mt.. 16,18),. qui commence~.'.par
14)'. Elle est· l'*épouse, non, plus.. adultère' (Os; trois. ,événeiµents maj~urs : - le •sac_rifice de
Jr 2·----3;- Ez 16) mais immaculée (Ep -5,27); la Jésus fondap.t ·.(Mt 26 128) cette a commu~auté de
•vigne, non -plus.bâtarde (Jr-2,21) mais féconde la nouvelle Alliançe », zélatrice d'un culte pur (cf
(Jn 15,1•8); le *reste saint .(Is 4,2s).-Elle est le Ml 3,1-5), que Jérémi~ avait _espérée a,u temps de
troupeau, non ·,plus rassemblé une .fois -(Jr 23,3) Josias (2 ~ 23) .puis reportée dans l'avenir escha-

325
rtGLISE 11:GLISE

tologique (Jr 31,31s), et que les groupements de 23,39; Rm n,rr-32}, les païens entreront (Mt 8,
Qumrân et de Damas croyaient représenter; - sa ns; Le 14,21-24; Jn 10,16), sur pied d'égalité
résurrection, après laquelle il rassemblera en Galilée (Mt. 20,r-r6) avec le noyau juif des pécheurs
le troupeau dispersé (Mc 14,27s); - la ruine de repentis qui ont cru en Jésus (Mt 21,31ss).
Jérusalem (Mt 23,37ss; cf Le 2r,24), à la fois signe Ainsi l'Église, première réalisation d'un royaume
de la subtitution de l'Église à la majeure partie qui n'est pas de ce monde (Jn 18,36), accomplîra
du peuple jllif et prodrome du dernier jugement, et dépassera les plus audacieuses prophéties uni-
versalistes de l'AT (vg ,Jon; Is 19,16-25; 49,1-6).
2. Rassemblement et formation des disciples. - Jésus ne la lie en rien au triomphe temporel d'Is-
Durant sa vie mcirtelle, Jésus groupe et •éduque des raël, dont lui-même se désintéresse. Leçon dure
*disciples, auxquels· il révèle les •mystères du pour la foule (Jn 6,15-66), et aussi. pour les Douze
Royaume (Mt 13,10-17 p) : c'est déjà le a petit (Ac 1,6), qui ne la comprendront bien qu'après
troupeau » (Le 12,32)_ du bon berger (Jn 10) la Pentecôte. Mais alors, ils ne tenteront pas d'ar-
annoncé par les prophètes, le Royaume des saints ticuler leur mission universelle sur une revanche
{Dn 7,18-22). Jésus a envisagé la survie et la de leur nation, et prêcheront le loyalisme envers
croissance de èe groupe· après sa mort, et esquissé les •autorités impériales (Rm r3,r. .. ; 1 P 2,13s).
les grands traits de son futur statut. Ses prédic- La norme des relations entre l'Église et l'État,
tions sur la persécution des siens (Mt 10,17-25 p; ils la trouveront dans la parole du Christ : a Ren-
Jn 15,18 ... ), probablement aussi ses paraboles sur dez ·à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est
le mélange de justes et de pécheurs (Mt 22,rrss; à Dieu )) (Mt 22,21 p). A-l'empereur, l'impôt, et
13,24-30.36-43.47-50), dépassent, dans sa pensée, tout ce qu'il faut pour satisfaire les justes exi-
le temps de sa vie terrestre. Surtout, ses instruc- gences de l'État pour le bien temporel des peuples
tions aux Douze supposent une certaine durée. (Rm 13,6s) ; à Dieu, dont le droit souverain pro-
a) Les Douze. - Jésus se choisit en effet, parmi clamé par l'Église crée, dépasse et juge celui de
ses disciples, douze intimes qui seront les cellules César (Rm 13,1), le reste, c'est-à-dire tout notre
fondamentales et les chefs de l'Israël nouveau être.
(:iolc 3,13-19 p; Mt 19,28 p). Il leur fait faire l'ap- c) Autorité des Douze. - A des chefs il faut des
prentissage du rite baptismal (Jn 4,2), de la pré- pouvoirs. Jésus les promet aux Douze : à •Pierre,
dication, du combat contre les •démons et les *rocher garant de la stabilité de l'Église, la res-
•maladies (Mc 6,7-13 p). Il leur apprend à préférer ponsabilité du majordome ouvrant ou fermant les
le service aux préséances (Mc 9,35}, à donner la •portes de la cité céleste, et- l'exercice des pou-
priorité aux a brebis perdues » (Mt ro,6), à ne voirs disciplinaires et doctrinaux (Mt 16,18s; ci.
pas craindre les persécutions inévitables (10,17 ... ), Le 22,32; Jn 21) ; aux Apôtres - outre le renou-
à se réunir en son •Nom ·pour prier en commun vellement de la Cène (Le 22,19) - la même charge
(18,19s), à se pardonner mutuellement (18,21-35) de u lier et délier », qui portera spécialement sur
et à ne pas excommunier les pécheurs publics sans le jugement des consciences (Mt 18,18; Jn 20,22s).
avoir essayé la persuasion (18,15-18). L'Église, en Ces textes révèlent déjà la nature de l'Église, dont
faisant remonter à Jésus certaines de ses pratiques • Jésus-Christ est créateur et Seigneur: elle sera une
les plus anciennes (vg comparer Mt 18,15-20 avec société organisée et visible, inaugurant ici-bas le
1 Co 5, 1-13; 2 Co 13,1; 1 Tm 5,19), a montré qu'elle Royaume de Dieu ; construite , sur le roc, perpé-
devait toujours se reporter à l'expérience prépas- tuant la présence du Christ par l'exercice des pou-
cale des Douze pour y trouver ses règles de vie. voirs apostoliques et par l'eucharistie, elle vain-
b) ]1,Jission universelle des Douze. - L'appren- cra !'•enter et lui arrachera sa proie. Ainsi appa-
tissage missionnaire des *Apôtres ne sort pas du rait-elle comme source de vie et de pardon.
cadre d'Israël (Mt 10,5s). C'est seulement après la Dans la pensée de Jésus, une telle *mission
résurrection de Jésus qu'ils recevront l'ordre d'en- durera aussi longtemps· que le monde ; il en ira
seigner et de baptiser toutes les •nations (Mt 28, donc de même pour les structures visibles et les
19). Cependant, dès avant sa mort, Jésus annonce pouVoirs ordonnés à · cette mission. Certes, toute
l'accès des païens au Royaume. Les c< fils du une part de la fonction apostolique est intransmis-
Royaume » (Mt 8,12), c'est-à-dire les *Juifs, qui sible: la situation des *Apôtres, *témoins de Jésus
avaient priorité pour y entrer, se le verront retirer durant sa vie et après sa résurrection, est unique
(:\1t 21,43), parce qu'ils ont refusé de se laisser dans l'histoire. Mais quand Jésus ressuscité, selon
11 rassembler» (Mt 23,37) par le Christ; à la place la théologie matthéenne, charge les Onze d'ensei-
de la masse juive, exclue provisoirement (cf Mt gner, de baptiser, de diriger, et leur promet de rester

327
.BGLISE ÉGLISE

avec eux ,pour toujours, jusqu'à la fin du monde l'Église s'accroit rapidelll~nt. On y entre en ac.cueil-
(Mt 28., 20), il -laisse .eritrevoir la pêrmallence des lant _la *parole des .Apôtres _(Ac 2,41), qui engendre
pouvo_irs aiiµ.i conférés d1:1rant tous les s~ècles -de . la _*foi (2,44; -4,32) en Jésus: ressuscité, Seigneur
l'avenir, par•delà même la mort des Apôtres, Ainsi et. Christ {2,36}, Chef et .Sauveur {5,31)-, _puiS ~
l'entendra l'Église primitive, où les pouvoirs ap_os- recevant le 4:baI)tême d'eau (2,41), suivi d'i,me
toliqu~_ cont_in1:1eron:t d'être exercés par des chefs imposition des mains qui confère 1-'Esprit et _s~s
que les Apôtres choisiront et consacreront à cette •charispies {8,16s; 19,6). On y demeure un membre
tâche en leur •impoSant les mains {~ Tm 1,6). vivant; _selon Luc- (Ac:·2_,42), par· .,une qu~druple
Aujourd'hùi encore; les_-po~voirs des évêqu_es n_'ont ·fic;lélité .: à !'~enseignement des Apôtres -approfon-
pas d'a:u1;re. so1,irce que,_cos _paroles de Jésu~. dissant. la foi première engendrée-par la proclama-
tion du message de salut, à la *communion frater-
nelle (koin!Jnia), à la: fraction· -du *pain et _aux
prière·s en commun. C'est surtout au cours de la
fraction du pain, c'est-à-dire du repas *eucharis-
IV. NAISSANCE .ET VIE_DE L'ÉGLISE tique (cf r Co n,20.24), que l'unanimité (Ac 2,
46) se forge, que_ s'expérimente la _.présence du
1. l~âques. et ·Pentec!Jte. - L'Église vient au jour Christ ressuscité, naguère· commensal 'des Douze
dans la !-Pâque. du Christ, .quand il.« passe » de {Ac 10,41), que son sacrifice est « annoncé )) et
ce .mondé à son Pèrè, ·(Jn 13,1). Avec le Christ l'attente de son. retour, entrete'nµe (1 .. Co q,26}.
délivré _de, la µ\c:irt et devenu .« esprit qui donne A Jérusalem, la *commll.nion_qes .esprits va j_us-
Ja vie»_ {1 Co 15,45), surgit une humanité •no_u• qu'à _inspirer une libre mise en commun des biens
vclle (Ep 2,15;_Ga 6,15), 1,1ne *création neuve.-Les matériels {Ac 4,32-35; He 13,16), .rappel.aµt celle
Pères ont souve:llt_ dit ·q1m l'Église, nouvelle Ève, qui était de. règle à Qumrân ; ~ais Luc lui•même
était née du côté-du Christ pendant le sot11.meil de permet d'apercevoir qu~lques ombres au tablecl.U
la mort coµime l'ancienne. Ève. du côté d'Adam (Ac 5,2; 6,i:}. Les fidèles 1;1ont groupés sous l'au•
endormi~: Jean, ell. témoignant-des effets du Coup torité des *Apôtres. Pierre est en tête '(Ac r,13s),
de lance (Jn ·19,34s), ,suggère cette vue, s'il est exerçant, de ~oncert avec eux, la prin:tauté qu'il
vrai que pour lui le sang et !'.eau syrµbolisent , a· reçue du Christ. UJ;J. .collège .d'Anciens partage
d'ahqrd le sacrifice du Christ et)'Espritqui anime en sous-ordre l'autorité des Apôtres . (Ac 15,2),
l'ltglise, ens1,1ite:les sacrements de baptê~e et d'eu· puis,. après· le départ de ceux•ci, celle de Jacques
churistie qu_i lui. transmettent la vie. (21,18), dev:enu chef de l'Église ,ocale. Sept hommes
:\lais le corps ecçlésial n'est. Vivant que. s'il· est remplis de l'Esprit,-dont :f:.tienne et Pl:µlippe, sont
le "'corpS du Christ, "'ressusçité •(« réveillé_», -ef Ep préposés, au service des chrétiens ~ hellénistes » (6,
5,14), répandant l'*Esprit .(Ac 2,33). Cette. effu. I-6). . . . .• · . •
sion d';Esprit commence- dès -le .jom: .de. Pâques La hardiesse de ·,ces derniers, surtout d'Étienne,
Un:2p,22), lorsque Jésus 11: souffle•» !'Esprit recréa• prov.oqu~ leur_ dispersioJ!: .(Ac 8,1.4J;. Ma~s celle-ci
teur (Jn- 2(?,22; cf Gn 1,2) s-qr-les. disciples enfin perm~t l'.extension de l'Eglise,· depuis _la Judée (8,
rassembl~ par l_ui-(cf Mc i;4,27), chefs du nouv~.u 1;_ 9,31-43) jµsqu'à ~tioche (1~,19~25)_, et de là
peuple de Dieu {cf Ez 37,9). Luc,, pç.ur sa part, situe rcjusqu'aux confins de la terre» {Ac 1,8;__ cf Rm 10,
au jour de_ la Pentecôte, qµe le _judaïsme considé• r8; Col 1,23), au n1oins jusqu·~ Rç,me.(Ac 28,16•
rait comme commémorant l'accomplîssement de la 31). Le refus qu'essuie Paul de la .part .des Juifs
Pâque .et le ~on de l' Allian,ce, la grande effusion facilite la- greffe. du sauvageon païen ·sur le tronc
charismatique_ (Ac 2,4),_ en.-.vue du *tériloignage ébranché du peuple élu (Rm u;,n•r8). Mais ni
des.Douze_ (Act: 1,8) et.de 1a· manifestatio,n publique Paul, ni Pierre qui, en baptisant Co~~ille, 3. fait
de l'Églis~; aussi ce jo_ur est-i_l pour el1,e co_mme-u_ne un geste décisif non démenti par certaines cm;1ce.s-
date de nais~ance offic_ielle. La P_entecô_te est un peu sîons_ excessives aux Judaïsant~ (Ga _2,II-14), .n'ac-
pour .elle c_e _qu'avait été poll:r Jésus, conçu du ceptent .de soumettr.e les païens . ent_rax,,t dans
Saint-Esprit (Lp 1,35), . !'*onction à lui ,cpnférée l'Égli~ aux_, pratiques .. juives que les chrét(ens
par Cf!t-Espri~ à l'aube d_e sa. mission messia-,::iique , hébre,ux » observent encore (Ac 10,14; 15,29).
(Ac 10,38; _Mt 3,1~ p), et _ce q~'est p0;ur chaque
chrftjen le don _de !'Esprit par !'*_imposition des 3. Ainsi l'origitiaÛté de l' Églis.e fac~ ~u.Judaïsine
mnins, mettant le *sce_au_,à sqn· œuvre datls le s'affirme,. sa catholicité s'actualise, l'ordre de mis•
hffptême (Ac, 8_.17; _cf ·2,38), s~on qu'elle a reçu du _C~riSt èst _rempli. S0n
2. _.t:,·_:,:te_nsion de .l'Église. - Après ,la ·Pentecôte, ~unité appar~ît _comme don:i,inant les_ lieux et les

329 330
ÉGLISE 11GLISE

peuples, toutes les communautés se sachant cel- 12,28; 15,9; Ga 1,13) ; c'est, dans toute son ampleur
lules d'une ekklèsia unique: l'extension aux assem- et son universalité, le Corps du Christ, lieu de la
blées pagano-chrétiennes de ce mot biblique appli- réconciliation des Juifs et des Gentils constituant
qué d'abord aux chrétiens de Jérusalem, la quête un seul •Homme parfait (Col 1,18-24; Ep 1,23;
faite pour ces derniers parmi les convertis de Paul 5,23ss; cf 4,13). A ce thème essentiel, Paul super-
(2 Co 8,t-24), l'appel aux usages des Églises pour pose l'image du Christ, *Tête de l'Église ; le Christ
régler un point de discipline (I Co u,16; 14,33), est distinct de son Église, mais elle lui est unie
l'intérêt qu'elles se portent mutuellement (Ac I5, comme à son Chef {Ep 1,22s; Col 1,18) - en quoi
u; 2x;20; 1 Th I,7ss; 2,14; 2 Th 1,4), les saluta- elle partage la condition des Puissances angé-
tions qu'elles s'envoient (t Co 16,19s; Rm 16,16; liques (Col 2,to) - et surtout comme à son prin-
Ph 3,21s), sont autant d)ndices caractéristiques cipe de vie, de cohésion et de *croissance (Col 2,
d'une vraie conscience d'Eglise. 19; Ep 4,15s) : le Corps inachevé croît (1 vers Celui
qui est la Tête », le Christ glorieux (4,t5). Plu-
sieurs fois l'image du *temple, se construisant sur
le Christ comme pierre d'angle et sur les Apôtres
V, LA RÉFLEXION CHRÉTIENNE SUR L'ÉGLISE et prophètes comme fondations (Ep 2,20s), se
mêle au thème du Corps, au point de produire
un chassé-croisé de verbes : l'édifice grandit (Ep
1. Tous les aspects collectifs du salut en Jésus- 2,21), et le Corps se construit (4,12.16). Dans Ep
Christ intéressent l'Église. Paul est cependant le 5,22-32, c'est. avec l'image biblique de l'*Épouse
seul auteur inspiré qui en ait scruté le mystère que les idées de Corps et de Tête se combinent
pour lui-même et sous son nom propre. Dans sa Jésus, Chef (= Tête) de l'Église, est aussi le
vision de Damas, il a eu d'emblée la révélation Sauveur qui a aimé l'Église comme une fiancée
d'une mystérieuse identité entre le Christ et l'Église {comp. 2 Co n,2), en s'immolant pour lui commu-
(Ac 9,4s) ; à cette intuition première s'ajoute une niquer par le baptême sanctification et purifica-
réflexion stimulée par l'expérience. En effet, à tion, se la présenter à lui-même resplendissante,
mesure qu'il *édifie l'Église, Paul en découvre et se l'associer comme ·Épouse. Enfin une der-
toutes les dimensions. Tout d'abord, il réfléchit à nière notion entre en composition avec les P:récé-
l'union Vitale que ses convertis contractent avec dentes pour définir l'Église selon Paul : l'Église
le Christ et entre eux par le rite baptismal, et que est la part de choix de cette "'plénitude (Plérôme)
!'Esprit rend presque tangible par ses *charismes. qui réside dans le Christ en tant qu'il est Dieu
Aussi, aux Corinthiens qui détoumeht ces *dons (Col 2,9), Sauveur des hommes agrégés à son
de leur r6le a édifiant » et unifiant, il rappelle ce Corps (Ep) et Tête de tout l'univers régi par les
point fondamental : « Nous avons tous été baptisés Puissances cosmiques (Col 1,19s) ; aussi peut-elle
dans un seul Esprit à un seul Carys » {I Co 12, être dite elle-même le Plérôme (Ep 1,23) ; et elle
r3), Les baptisés qui constituent l'Église sont donc l'est en effet, parce que le Christ la «. remplit »
membres de cet unique *Corps du Christ dont le et qu'à son tour elle le « remplit n en complétant
pain eucharistique entretient la vivante cohésion son Corps par sa croissance progressive (Ep 4,r3),
(I Co ro,17). Cette unité, qui est celle de la foi le principe et le terme de tout cela étant la Plé-
et du baptême, interdit qu'on puisse se réclamer nitude de Dieu même (3, 19).
de Céphas, d' Apollos, ou de Paul, comme si le
Christ pouvait être divisé (1 Co t,12s; 3,4). C'est 2. Sans employer le mot, Jean sUggère une théo-
pour la manifester et la consolider que Paul orga- logie profoD.de dè l'Église. Ses allusions à un nou-
nise une collecte au profit des « saînts n de Jéru- vel *Exode (Jn 3,14; 6,32s; 7,37ss; 8,12} évoquent
salem (r Co 16,r-4; 2 Co 8-g; Rm 15,26s). un nouveau peuple de Dieu_, que les images
Un peu plus tard, la captivité, en l'abstrayant bibliques de !'*épouse (3,29), du *troupeau (10,
des problèmes trop immédiats, et les spécula- 1-16) et de la *vigne (15,r-17) désignent directe-
tions cosmiques qu'il doit combattre à Colosses, ment, et dont le ·petit groupe des disciples· tirés
concourent à un élargissement de ses horizons. du monde (15,19; cf 1.39.42s) constitue l'embryon.
Tout le plan divin, qu'il voit avec ses yeux De ce groupe à l'Église le passage :s'opère par la
d'*Apôtre des païens· (Ga 2,8s; Rm 15,20), lui mort et la résurrection de Jésus ; celui-ci meurt
apparaît dans sa splendeur (Ep 1). Alors l' Ekklèsia u pour rassembler les_ dispersés ,, (rr,52) en un
n'est généralement plus telle communauté locale seul troupeau, sans distinction de Juifs, de Sama-
{comme naguère, sauf exceptions possibles en l Co ritains et de Grecs (10,16; 12,20.32; 4,21ss.30-42),

33r 33 2
ÉGLISE

et il monte vers son · Père pour donner l'Espri-i: de1lleure de ·Dieu à.vec les· hommes » (21,3)·, ·« l'urii-
aux siens (16,7; 7,39), spécialement à ses envoyés ,,ers 'nouVeàu » (21, 5).
chargés de remettre les péchés (20,2rs). L'Église
engrangera les •moissons que le Christ a Pré:-
parées (4,38) et par· là prolongera la· •mission du VI. Esg~issE DE ·-SYNTHÈSE THÉOLOGIQUE
Christ (20,21). Jean peut en témoigner, qui a
touché le Verbe fait chair (r Jn 1,r) et donné Création· dè Dièu, constnict;ion du Christ, aµ.µllée
l'Esprit aux. -convertis de Philippe (Ac 8,14-17,
contrastant·. a:vec ·Le. 9,54).- Néanmoins, confor-
èt .. h:abitée. :Par _l'ESprit. (~ Co . 3,r6i · E}) .·•2,22),
l'Ëglise es_t'. confi~f à des :tiqmme"s, les A:[)ôtres
méu~ent à son,génie, c'est. à la vie intérieure de , _- choisis par Jésus sous l'action_ <;le' l'EspI"it-q_aint._ »
l'Église que Jean s'attache de·.préférence. Ceux (Ac 1,2), puis ce1:1x _qui, pai;.l'inipôsition des r:n,a.i.ns,
qui la composent,• réunis sous la houlette .de recevront le charisme. de gouverner ,(1 _TlI:l 4,14;
Pierre (J n 21), tirent leur vie profond_e de leur union 2 Trii r;6). . _ . · . _ ,
au Christ-Cep (15), réalisée .par le baptême (3,5) Coriçluite par· l_''.gsprit_ (Jn · i"6,_r3), l';Ég~e· ~
et l'eucharistie (6); ils méditent· ensemble sous u_ c·olonne et sllpport d~ la vérité_.» (I Ttµ 3,15),
la direction- de l'Esprit-lès paroles du Christ (14, capabler sans ,défaillir, de « ga.rd~ le dép~t dès
26), et portent, en s'aimant les· uns, les -autres Saines paroles reçues )1 des Apôtr~ (2 Tm 1,x3s),
(r3,33-35), le ••fruit :que· Dieu attend ·d'eux. (15, c'es~-~-dite de;_ l'énoncer et de. l'ex.pliq\ler san's
n.16s). Par tout cela, }'·Église. manifeste soh erreur. Ca;nstituée en_ Corps du Christ par le moyen
•unité, qui a pour -source et .pour m_odèle celle de· l'Évaligile (EP 3,6), née _d'un' _seul b~ptên;te
même des personnes divines présentes en tous et (Ep_4,.5), ~oµrrie d'un seul"pain _(I Co io,.17), ell~
en chacun (17) ; et, familière de la *persécution rassemble eri un_ seul peuple (Ga-•3;28) l~s i;mfants
(15,18_:.16,4), elle lui fait face par .une -confiance du, même Dièu et Pèr~ (Ep 4,6)_ ; ~lie efface .les
triomphante, , la *victoire. sur le · *nionde et son divisions hl.lmaines, réconciliant en un_ seul peuple
prince étant déjà remportée- (16,33). Juifs_ e:t pa·iens (Ep 2,14ss)! ciyiJi_sés et barbares,
maîtres_ et esclaves, hommes et iemmes (1. Co 12,
Cette dernière idée est centrale dans'.l'APo- 13; _C_ol 3,u; ,Ga 3,28),'· Cette unité .est c~th~liq!le,
ca.typ_se. Là, l'Égljse ·est· figurée alterna~ive_ment C()mme· on dit depuis' le ne siècle; elle est-- faite
par_ la_ •cité sainte, ou plut6t par le 'J.'.emple po'ur réunir toutes lès diversités humaines (cf Ac
et . ses parvis où un. èarr_é de vrai_s _ fidèl1::s 10,13 : « _Tue, et. IQ.ange .»), pour. s'adapt~r. à, toutes
est·. préservé, tancl,is · que, sur· 1a place, la Bête les ,cultures- (r Co 9,20ss) et eµ;i."~rasser l'univers
(l'empire païen) tue deux témoins-prophèt'es (Ap elltier ·(Mt 28,19).
n,1-13), puis· par la •Femme aux prises avec le L'Église -est •_sain.te (Ep 5,26s), non- -seulemént
Dragon (•S_atan) (Ap 12), qui se sert ,de la •Bête dans sa Tête,. ses jointures èt ses ligaments, mais
pollr. pers~Cùter les s·aints, filais dont tes jours soµt aus~i dan~ ses·mèmbres que le'•baptê~e a·sancti-
comptés_. Le niillénaîré du ch. 20, qui ,n'est pas Un fiés_: · Il · y a cert~ des ·•J_)écheurs dan_s l'Église
temps .~e triomphe terrestre de l'Église; dé~igne-t-il (r Co 5,12) ; n;ia:is ils y sorit _déchirés èntrè leur
un renouveau spirituel en son sein (comp: 20,6 ~t 5, !)éché et l~ eiigences de l'aP,pel qui les a fai:t
ro; ·et cf Ez 37,10 = Ap .II,II), ou le bonheur entrer_ dans l'asselllblée des II saints·» (Ac _9,rJ).
des martyrs· avant l'nême 'le jùgeriiènt gén_éral ? A l'exenil:}le du Maître, e~gliSC ne 1~,- repousse
En tout_ cas, t'e~t- avant_ tout à la •Jérusalem .pas et leur offre. le. ·-"'pardon et la_ purification
nouvelle, le •ciel, que l'Église âspire {3,12;. 2r;1- (Jn 20,23; .Je 5,r5s;:1, Jn r,9), sachant que l'ivraie
8; 21,9-:-22,5). · _« L'Esprit · et l'Épouse disent ; peut. toujours devenir froment tarit que 1a mort
Viens l » (22,17); ' n'a_ pas anticipé pOUr_ chacun. la _•m~isson (Mt 13,
])ans la_ vie_ céleste, réalisant en.fin pleinement 30); L'.É~lise n'a pas sa· fin. en elle-Illême : elle
les annonces _des ·prûphètes, le péché sera totale- conduit' au •Royau~e' ·définitif que la parousie
ment élim~né (1s j5;8; ·Ap 21,27), ·ainsi que -Ia ciou- du Christ lui substituera et où rien' de ·souillé
leùr•et'la mort: _(Ap 21,.4; cf Is 25,8; _65;19} ;· alors n'entrera (Ap 21,27;_ 22,r5). Les *persécutions
la "'dispersion· de •Babel; dont la *Penteèt:)_te· est avivent son. aspiration à se muer en • Jérus.alem
déjà'· l'antithèse, trouvera sa réplique définitive céleste.
(ls '66,.18; Ap 7'.gs). Alors aussi disparaîtront_ les Le modèle parfàit de la foi, de l'espérance et de
car!catures_ : em:E)ires orgueilleux, « syiiago~ues la charité de l'Église est *Marie, qui la vit naître
de Satàn » (Ai> 2,_9_; ·3,9). Seule subsistera_ u la. au C_alvaire (Jn 19,25) et au Cénacle (Ac 1,14).

333 334
ÉGLISE ll:GYPTE

Paul, de son côté, est rempli d'un amour ardent


(r Co 4,r5; Ga 4,19) et concret de l'Ég_lise : il
est dévoré par « le *souci de toutes les f:glises a
(2 Co n,28), et, en monnayant pour les hommes
au prix de grandes •souffrances (r Co 4,9-13; 2 Co ËGYPTE
1,5-9) les fruits infinis de la *croix, il « com-
plète en sa chair ce qui manque aux *épreuves
du Christ pour son Corps qui est l'É_glise >) (Col I, 1, Rôle de l'Égypte dans l'hisloit'e sainte. - Parmi
24). Sa vie comme « ministre de l'l!glise ~ (1,25) les •nations étrangères avec lesquelles Israël a
est un *exemple, surtout pour les continuateurs été en rapport, nulle peut-être mieux que l'Égypte
p.e l'œuvi-e apos~olique. ne manifeste l'ambiguïté des puissances tempo-
Tous les membres du peuple chrétien (laos), et relles. Cette terre d'abondance est le refuge pro-
pas seulement les chefs, sollt appelés à •servir videntiel des patriarches affamés (Gn 12,ro; 42s5),
l'Église par l'exercice de leurs *charismes, à vivre des proscrits (I R II,40; Jr 26,21), des Israélites
sur le Cep comme d,es sarments chargés du *fruit vaincus (Jr 42s), de Jésus fugitif (Mt 2,13) ; mais
de la charité, à honorer leur *sacerdoce (r P 2,5} par là même, elle constitue une tentation facile
pal" le *sacrifice de la foi (Ph 2,17) et une vie pour des gens sans idéal (Ex 14,12; NJ? II,5 ... ).
pure selon !'Esprit {Rm 12,1; 1 Co 6,19; Ph 3,3), Empire féru de sa •force, elle a jadis opprimé les
à prendre une part active au •culte de l' Assem- Hébreux (Ex 1-13) ; malgré cela, elle conserve
blée, enfin, s'ils ont reçu le chai;isme de la •virgi- son prestige aux yeux d'Israël, durant les siècles
nité, à adhérer sans partage au Seigneur, ou bien, où celui-ci aspire à la grandeur temporelle. David
s'ils ont contracté *mariage, à modeler leùr vie (2 S 20,23-26) et surtout Salomon (1 R 4,1-6}
conjugale sur l'union sponsale qui existe entre le b'inspirent du modèle égyptien pour organiser la
Christ et l'Église (Ep 5,21~33). La cité sainte que cour royale et l'administration du "royaume. C'est
Jésus a aimée comme une Épouse féconde (5,25) son appui qu'on recherche dans les périodes de
et à qui « chacun dit : *Mère.! u (Ps_ 87,5 = Ga crise, tant à Sam_arie (Os 7,n), qu'à Jérusalem
4,26), mérite notre amour filial; mais c'est en (2 R 17,4; 18,24; Is 30,1-5; Jr 2,18 ... ; Ez 29,6s ... ).
!'*édifiant à notre tour que nous l'aimerons. Foyer de culture, elle a contribué à l'éducation
PT de Moïse (Ac 7,22), et les sages inspirés utilisent
à l'occasion sa littérature (notamment Pr 22,17-
- Apôtres· - apparitions du Christ 5.7 - autorité 23,II); mais en revanche, c'est une terre d'ido-
NT Il - charismes II - communion NT I - Corps lâ.trie et de •magie (Sg 15,14-19) dont la séduction
du Christ III - croissance 2 d. 3 - culte NT II :i - néfaste éloigne les Israélites de leur Dieu (Jr 44,8 ... ).
déluge 3 - dessein de Dieu N~ - dispersion 2 -
édifier III - élection NT Il - Epoux/épouse NT - 2. L •Égypte devant Dieu. - Il n'est donc pas
épreuve/tentation NT II - Esprit de Dieu NT IV,
V 4 - fécondité III 3 - femme NT 3 - frère NT - étonnant qu'il y ait un •jugement de Dieu contre
guerre NT II -:-- hérésie - Israël NT 2 - Jérusalem l'Égypte : au moment de l'Exode, pour la forcer
NT Il 3 - JésUS-Christ I 3 ; II I d. 2 b c - maison à libérer. Israël (Ex 5-15; cf Sg 16-I9) ; à l'époque
III - Marie V - médiateur II 2 - mère II J - royale, pour punir cette orgueilleuse puissance qui
ministère - mission NT II - mystère NT II 2 - promet à Israël une aide vaine (1s 30,x-7; 31,1-3;
nations NT II - ·œuvres NT II J - paix III 4 - Jr 46; Ez 29-32), pour humilier cette nation
pasteur & troupeau NT 2 - · Pentecôte II 3 - peuple païenne abusée par ses sages (Is 19,1-15J. A tous
C - Pierre (saint) 3 a - plénitude 3 - prophète NT ces titres, elle continuera de figurer symbolique-
II 3 - Reste NT - Révélation NT I 2 a - Royawne
NT III 2 - schisme NT 2 - signe NT II 3 - Temple ment les collectivités humaines promises •à la
NT II 2, III 2 - temps: NT II - tête 3 .4 - t111.dition colère de Dieu (Ap rr,8).
NT II 2 - unité III - vigne 3 - virginité NT 1.3 - Pourtant, parce tju'elle a été terre d'accueil,
vocation III. l'Égypte n'est pas toujours exclue de l'assemblée
de Yahweh (Dt 23,8s). Lors même qu'il la punit
ltGè>ISME ~ amour I AT 2, NT 2 - cupidité - ainsi, Dieu use de modération envers elle : les
orgueil ~ péché I 1, III 1 - rétribution III 2 - Égyptiens restent ses créatures, et il _voudrait
richesse III 2 - terre AT II J b. avant tout les détourner du mal (Sg 11,15-12,2).
C'est qu'il a dessein de convertîr finalement
l'Égypte et de l'unir à son peuple, pour qu'elle
apprenne à son tour à le servir (Is 19,16-25; Ps

335
ÉGYPTE ÉLECTWN

S7,4-7). Jugée pour ses péchés, elle participera substance est l'initiative divine qui fit sortir le>,
néanmoins au salut comme toutes les autres Hébreux d'Égypte pour les amener sur une terre
•nations. RM & PG de "'bénédiction. La relation de l'alliance conclue
à Sichem sous Josué fait remonter l'histoire d'Is-
-.. captivité I - cité AT 1 - déception II - désert raël à une élection : (( Je pris votre père Abra-
AT I 2 - esclave I - Exode - libération/liberté Il
1 - nations AT Il ta - s11gesse O; AT 1 1 - tra- ham ... » (J os 24,3) et souligne que la réponse à
vail II. cette initiative ne peut être qu'un choix : « Choi-
sissez qui vous servirez » (24,15). Sans doute les
formules d'alliance au Sinaï, « Tu feras de nous
ton héritage li (Ex 34,9), <( Je vous tiendrai pour
miens parmi tous les peuples » {19,5), sont-elles
ÉLECTION plus. récentes, mais la foi qu'elles expriment se
trouve déjà dans l'un,_ des oracles de Balaam :
(1 Comment maudirais-je celui que Dieu n'a pas

Sans l'élection, il est impossible de rien com- maudit. .. Voici un peuple qui habite à part et
prendre au *dessein et à la •volonté de Dieu sur qui n'est pas compté parmi les nations » (Nb 23,
l'homme. Mais l'homme pécheur, incurablement 8s) et, plus tôt encore, dans le chant ùe Débora
défiant de Dieu et envieux de ses frères, répugne qui fait alterner les merveilles de (1 Yahweh, Dieu
toujours à accepter la •grâce et la générosité de d'Israël » (Jg 5,3.5.n) et la générosité des com-
Dieu : il s'en prend à elles quand un autre en battants qui se sont offerts c( pour Yahweh n
bénéficie (Mt 20,15), et quand c'est lui, il s'en (Jg 5,2.9.13.23).
prévaut comme d'une valeur qu'il ne tient que de
lui. Entre la fureur de Caïn contre son frère (Gn 3. L'élection, fait continu. - Toutes ces confessions
4,4s), et le cri de Paul, torturé pour ses frères de rapportent une histoire et chantent la continuité
race (Rm 9,2s) et jetant son angoisse dans l'ac- d'un unique *dessein. L'élection du peuple appa-
tion de grâces pour « les décrets insondables et les rait préparée par une série d'élections antérieures,
voies incompréhensibles de Dieu » (n,13), il y a et elle se développe constamment par le choix de
tout le chemin qui mène du péché à Ia foi, toute nouveaux élus.
la Rédemption, toute !'Écriture. a) Avant Abraham, le schéma de l'histoire de
l'humanité, s'il comporte des préférences divines
AT (Abel, Gn 4,4}, des traitements privilégiés (Hénoch,
5,24), le cas unique de *Noé (1 seul juste devant
J. L'EXPÉRIENCE DE L'ÉLECTION moi en cette génération » (7,r), la bénédiction
accordée à Sem (9,26), ne connaît pas encore
I. Le fait initial. - L'expérience de l'élection est l'élection proprement dite. ::\fais il la suppose cons-
celle d'un destin différent de celui des autres tamment : toute cette histoire est bâtie pour que,
peuples, d'une condition singulière due non à un du milieu de cette multitude humaine en proie
concours aveugle de circonstances ou à une série au péché et qui rêve de « pénétrer les cieux »
de réussites humaines, mais à une initiative déli- {II,4), Dieu, dont le regard suit toutes les géné-
bérée et souveraine de Yahweh. Si le vocabulaire rations, choisisse un jour Abraham pour bénir en
classique de l'élection (hb. bafiar et ses dérivés) lui « toutes les nations de la terre 1) (12,3).
est relativement tardif, du moins en ce sens pré- b) Sur les patriarches, Dieu manifeste la conti-
cis et particulier, la conscience de cette conduite nuité de son dessein d'élection. Il s'est choisi une
divine est aussi ancienne que l'existence d'Israël race et maintient ce choix, mais, dans cette race,
comme •peuple de Yahweh ; elle est inséparable ce n'est pas l'héritier naturel qui porte sa béné~
de !'•alliance, et elle en dit à la fois le caractère diction, :Éliézer, Ismaël, Êsaü ou Ruben : chaque
unique (seul parmi tant d'autres) et le secret inté- fois, une initiative particulière de Dieu désigne
rieur (choisi par Dieu). Ainsi lui donne-t-elle sa son élu : Isaac (Gn 18,19), Jacob et Juda. Toute la
profondeur religieuse, la valeur d'un *mystère. Genèse a pour thème la rencontre paradoxale
entre les suites normales de l'élection initiale
2. Les premières •confessions du choix divin remon- d'Abraham, et les gestes par lesquels Dieu
tent aux expressions les plus anciennes de la foi bouscule les projets de l'homme et maintient ainsi
d'Israël. Le rituel des •prémices recueilli par Dt à la fois sa fidélité à ses "'promesses et la priorité
26, t- t I comporte un credo très ancien dont la souveraine de ses choix.

337 338
ÉLECTION ÉLECTION
Dans ces récits s'affirme un trait permanent de ratification joyeuse. Choisis par Yahweh pour être
l'élection. Alors que, vu par les hommes, le pri- sa part et son *héritage, les lévites doivent s'en-
vilège de l'élu entraîne automatiquement la gager à le prendre pour leur part et leur héritage
d"échéance de ceux. qui sont écartés, témoin le (Nb 18,20; Ps 16,5s). Et s'il y a continuité entre
refrain qui scande les oracles prononcés par les l'élection des prêtres et des lévites et celle d'Is-
pères : « Tes frères soient tes esclaves 1 » (9,25; raël, c'est que Yahweh a choisi son peuple pour
27,29; 27,40), dans les promesses divines, la parole être tout entier « un royaume de prêtres et une
de Dieu sur son élu fait de lui une bénédiction nation consacrée » (Ex 19,6).
pour toute la terre (u,3; 22,18; 26,4; 28,14). Comme il a choisi son peuple, Yahweh a choisi
c) A l'intérieur du peuple élu, Dieu se choisit la •terre et les lieux saints qu'il lui destine, car il
constamment des hommes auxquels il confie une n'est pas, comme les Baals cananéens, prisonnier
*mission, temporaire ou permanente, et ce choix., des sources ou des montagnes où il agit. Comme
qui les met à part et les consacre, reproduit les « il a élu la tribu de Juda», il a, parce qu'il l'aime,
traits de l'élection d'Israël. Chez les *propMtes, « élu la "'montagne de Sion !) (Ps 78,68) et l'a
l'élection se manifeste souvent à travers la *voca- « choisie pour séjour 1) (Ps 68,r7; 132,13). Surtout,
tion, l'appel direct de Dieu proposant un mode il a choisi « pour y faire habiter son Nom l), le
nouveau d'existence, et demandant une réponse. *Temple de Jérusalem (Dt 12,5 ... ; 16,7-16).
Le cas type est Moïse {Ex 3; cf Ps 106,23 : 1< son
élu n), mais Amos {Am 7,15), Isaïe (Is 8,11),
Jêrémie (Jr r5,z6s; 20,7) connaissent tous la même
e.xpérience ; ils ont été saisis, arrachés à leur vie JI. LA SIGNIFICATION DE L'ÉLECTION
ordinaire, à la société des hommes, contraints de
proclamer le point de vue de Dieu et de s'opposer Le Deutéronome, qui a consacré autour de la
à leur peuple. racine bhr le vocabulaire de l'élection, en a éga-
Les *-rois sont choisis, ainsi Saül (1 S 10,24), lement dégagé la signification.
et surtout David, choisi par Yahweh en même
temps qu'est rejeté Saül (I S 16,1} et choisi sans 1. L'origine de l'élection est une initiative gra-
retour avec sa descendance, qui pourra être sévè- tuite de Dieu; c'est Yahweh qui « s'est attaché
rement châtiée, mais jamais rejetée (2 S 7,z4ss). à vous et vous a choisis » (Dt 7,7), et non pas
Il n'y a plus ici d'appel entendu : le choix divin vous qui l'avez choisi. L'explication de cette
est signifié au roi par le prophète (1 S 10,1) qui •grâce, c'est l'*amour : aucun mérite, aucune
le tient de la *parole de Dieu (r S 16,6-12; Ag 2, valeur ne la justifie, Israël est le dernier des
23) et c'est souvent par le jeu des événements peuples, « mais ... Yahweh vous a aimés w (7,7s).
que Dieu porte au trône le roi qu'il a choisi, par L'élection pose entre Dieu et son peuple une rela-
exemple Salomon de préférence à Adonias (1 R tion intime : u Vous êtes des fils » {Dt 14,r);
2, 15). l\lais il s'agit bien d'une élection (Dt r7, toutefois cette parenté n'a rien de naturel, comme
r5), non seulement à cause de la dignité royale il est si fréquent dans le paganisme entre la divi-
et du caractère sacré de l'*onction, mais encore nité et ses fidèles, elle est l'effet du choix de Yah-
porce que le choix de l'Oint de Yahweh est tou- weh (14,2) et elle exprime la tranScendance de
jours lié à l'alliance de Dieu avec son peuple celui qui toujours« aime le premier» (1 Jn 4,19).
(Ps 89,4) et que la fonction essentielle du roi est
de maintenir Israël fidèle· à son élection. 2. Le but de l'élection est de constituer un peuple
Prêtres et lévites sont également l'objet d'une *saiut, consacré à Yahweh, (! élevé au-dessus de
élection. Le ministère qui leur est confié de « se toutes les nations en honneur, en renom et en
tenir en présence de Yahweh», suppose une u mise gloire !l (Dt 26,r9), faisant rayonner parmi les
à part » (Dt 10,8; 18,5), une forme d'existence peuples la grandeur et la générosité du Seigneur.
différente de celle du reste du peuple. Or c'est La "'loi, en particulier par les barrières qu'elle
une initiative divine qui est à l'origine de cette dresse entre Israël et les *nations, est le moyen
consécration Dieu a pris pour lui les lévites, à d'assurer cette sainteté (7,1-6).
la place des premiers-nés qui lui revenaient de
droit (Nb 8,16ss), montrant ainsi que sa souve- 3. Le résultat d'une élection qui met Israël à part
ralneté n'est point une domination aveugle et des autres peuples est de l'engager dans une des-
indifférente, mais qu'elle s'intéresse à la qualité tinée sans commune mesure avec la leur : ou bien
<le ses partenaires et qu'elle attend d'eux une bonheur extraordinaire, ou bien malheur sans

339 340
tLECTION gLECTION

exemple (Dt 28). La·· parole- d'Amos demeure la Veme toute la terre,, choisissant·un Cyrus (45,1) et
charte de l'élection: «- Je n'ai connu que vous-de faisant de lui un conquérant « ·à Cause d'Israël,
toutes les familles de la. tex:re, aussi vous visite- mon élu ll (45,4).
rai-je pour toutes vos· iniquités ·» (Am 3,2). Au cœur de cette œuvre, Dieu fait apparaître
le personnage mystérieux auquel il ne donne pas
d'autre nom que I Mon Serviteur » (42,1; 49,3;
5,2,13) ·et« Mon-Élu• (42,1),·Ce n'est ni il.n •roi,
III. V~cTION_ NOU:VELLE, EscHATOLOGlQU~ ni un ••prêtre; ni un •prophète, car tous ces élùs
sont d'abord des hommes, avant ·d'avoir pris cons-
1. ÉlecÛon èt rejel: --,- La rigueur de, cette menace cience de leur mission ; ils entendent l'appel d'une
conserve un aspect rassurant : pour que Dieu •vocation, ils 'reçoivent une •onction. Mais lui a
châtie .ainsi; son: peuple, il faut qu'il n'ait pas perçu l'appel de Dieu "dès Je :ventre de sa mère'»
renoncé à lui. Le plus· redoutable serait l'.éventua~ (cf Jr 1,5) et· son •noni ne lui est pas donné par
lité que Dieu annule l'élection et laisse Israël se les hoinmes, mais prononcé par Dieu seul ·(49,1).
perdre_ parmi les peuples. De même que,. pour Toute son existence est de Dieu, elle n'est qu!élec-
choisir J?avid, il avait dédaigné les· se.E_t aînés _tion, et c'est pourquoi elle n'est aussi que ser~
(r S 16,7), -de même qu,'il avait rejeté Ephraïm vice et .consécration : J'ÉJu est· nécèssairement le
pour ·choisir Juda- (Ps 78,67s}, ne risque-t-il pas *Serviteur.
de« rejeter la ville qu'il av~t choisie, Jérusalem a
(2 R ·23,27) ·? Les ptophètes, Jérémie en parti- NT
culier, sont contraints d'envisager cette · issue ;
Israël est comme· de l'argent qu'on ne peut •épurer, J.. JÉSus~CHRIST,' L'ÉLU DE D1Eu
condamné _au rebut (Jr 6,30; cf 7,29) : 'K AS-tu
donc rejeté :Juda? » {14,19). · Bien que le titre soit rarement· donné à Jésus
La• réponse· est finalement négative : « Si les dans le NT (Le .9,js;. 23,35; probablement Jn 1,
cieux peuvent se meSurer· là:-haut et_ si l'on peut 34), il l'est t6ujours à un moment solennel, -•bap-
scruter les fondements de la terre ici-bas,· alo:rs je tênie, •transfigùration ou crucifixion, et toujouts
pourrai rejeter toùte la race d'Israël » (Jr 31,37; il évoque. la figure .du Serviteur. Dieu· lui-même
cf Os u,8;- Ez 20,32). Il est vrai que· l'•éporise en _le prononçant attèste qu'en••JésuS de Nazareth
infidèle a été « répudiée ,pour ses pêchés », mais il parvient enfin au terme de l'œuvre qu'il:av.iit
Dieu pourtant ·peut interroger : 11 OU d0I,lc est la entreprise en choisissant Abraham ·et\ Israël ; il
lettre de ·répudiation de votre .rilère ?. » (ls 50,1). a trouvé le seul élu .qui mérite pleinement ce nom,
L'élection ·demeure, mais dans un geste. nouveau : 1e seul à. qui il puisse confier son œllvre et· qui soit
a Yahweh .élira encore- Jérusàlem .» (Za 1,17;. 2, capable de Combler. son désir .. Le 1t Voici mon élu ! »
16), ïl rc choisira de nouveau· Isràël ~- (Is 14,1) d'Isaie annonçait· 1e · triomphè. de Dieu,. ·slll' de
par-delà son' péché,et sa ruine, sous la forme d'un posséder déjà celui' (lui ne le décevrait jamais ; le
•reste qui ne sera pas l'effet du hasard-mais de· la « Voici mon 'élu !' » du Père ·sur Jésus révèle le secret
puissance de Dieu, « semence s_ainte o (Is. 6,13), de cette certitude :-cet-homme de-chair, il-l"a,
1 Germe,, (Za .3,8), U_-les sept mille hommes qui dès le ·ventre maternel, ·sanctifié . et appelé son
n'ont·pas ployé· le genou· devant Baal.» (I R 19, •Fils (Le. 1,35), et, « dès ·avant Ia· création du
18) et que, selon l'interprétation de saint Paul, Dieu monde », destiné à If· récàpituler en lui toutes
lui-même s'est réservés (Rm n,_4, ajoutant« pour chos~s 11 (Ep 1;4.10; I P 1,20). Le Christ seul est
moi »); · · · l'élu de, Dieu et il n'y· a d'élus qu'en· lui. Il- est· la
•pierre élue, la seule capable de supporter !'•édi-
2. V ~foi mon· nu. _::. A. cet 1 ~ :nouveau~. ~e ti"tre fice que Dieu construit (1 P 2,4ss).
d'élu est donné très fréquen:µnettt dans le _se_c.ond Bien _qu'il ne prononce jamais ce nom,, Jésus a
Isaïe, toujours par Dieu lui-même {soit o: mon la conscience la ·plus ·nette. -de ·son élection : la
élu », Is 41,8; 43,20; 44,2; 45,4; soit II mes élus », certitude de venir d'ailleurs (Mc 1,38; Jn 8,14),
43,10; cf 65,9.15.22), et il convient parfaitement d'appartenir ·à un autre. monde (Jn 8,23), d'aVoir
pour désigner l'initiative créatrice de Dieu·, capable à vivre un de&tin unique, celui du •Fils·ae l'homme,
de faire surgir, en pleine idolâtrie, un peuple et à accomplir l'œuvre même de Dieu (Jn 5,19;
voué au •service du vrai Dieu. Au centre du monde 9,4; 17,4) .. Toutès les Écritures relatent l'élection
et ·de .son histoire, .Dieu_ s'est choisi ce peuple, et .d'.Israël, et Jésus sait que toutes le visent (Le· 24,
c'est à lui qu!il songe, ·c'est pour lui- qu'il gou- 27;, Jn · 5,46). Mais cette conscience ne détermine

341 342
ÉLECTION ÉLIE

en lui que la volonté de •servir et d'*accomplir devenue comme une réalité visible et révélée {Mt
jusqu'au bout ce qui doit être accompli (Jn 4,34). 22, q; 24,22.24) ; il en va de même de la per-
dition.
L'AT connaissait un rejet antérieur à l'élec-
IL L'ÉGLISE, PEUPLE ÉLU tion, le rejet de celui qui n'est pas choisi, mais ce
rejet a quelque chose de provisoire, puisque le
1. Le choix des Douze manifeste de bonne heure choix d'Abraham doit être une bénédiction pour
que Jésus veut accomplir son œuvre en ayant toutes les *nations. A l'intérieur de l'élection, le
(1 avec lui ceux qu'il voulait~ (Mc 3,13s). Ils repré- rejet successif des coupables et des indignes n'en-
sentent autour de lui les douze tribus du nouveau tame pas la promesse, et le choix divin est irré-
*peuple, et ce peuple a pour origine le choix du vocable. En Jésus-Christ s'accomplit l'élection
Christ (Le 6,13; Jn 6,70) qui remonte au choix d'Abraham et prend fin le rejet des nations. En
du Père (Jn 6,37; 17,2) et se fait sous l'action de lui *Juifs et Grecs réconciliés (Ep 2,r4ss) ont été
l'Esprit (Ac 1,2). Au point de départ de l'Église, élus, « désignés » pour ne faire qu'un seul peuple,
comme à celui d'Israël, il y a l'élection de Dieu : c< le peuple que Dieu s'est acquis» (Ep 1,11.q);
~ Ce n'est pas vous qui m'avez choisi » (Jn r5, l'élection a tout absorbé.
16; cf Dt 7,6). L'élection de Matthias (Ac 1,24) Il est possible cependant, (! après avoir reçu la
et celle de Paul (Ac 9,15) montrent que Dieu connaissance de la vérité », de H fouler aux pieds
n'entend bâtir son *Église que sur les *témoins le Fils de Dieu ... , de profaner le sang de l'alliance ... ,
qu'il a établis (Ac 10,41; 26,I6). de tomber, chose effroyable, aux mains du Dieu
vivant )) (He I0,26-31). Il y a un rejet possible,
2. L'élection divine demeure dans l'Église une réa- qui n'est pas répudiation de l'élection, mais qui,
lité vécue. Les communautés chrétiennes et leurs dans l'élection même, exprime le •jugement de
chefs font des choix et confient des missions (Ac l'Élu ne reconnaissant pas les siens. Son « Je ne
6,5), mais ces choix ne font que sanctionner les vous connais pas i, (Mt 25,r2) n'annule pas le« Je
choix de Dieu et reconnaître son Esprit (6,3} ; si vous ai. connus » (Am 3,2) de l'élection, il en
les Douze imposent les mains aux Sept {6,6), si exprime le sérieux divin : c< Aussi vous visiterai-je
l'Église d'Antioche met à part Paul et Barnabé, pour toutes vos iniquités. »
c'est que l'Esprit leur a désigné ceux qu'il appelle Ce rejet n'appartient plus au temps, mais à
à. son œuvre (13,1ss). La présence des *charismes l'eschatologie; c'est pourquoi il n'est pas tombé
dans l'Église révèle que l'élection ne s'éteint pas. sur le peuple juif. Certes il y a un péché dans son
Rassemblant et fondant en un corps ces •voca- histoire ; les enfants d'Israël ont buté contre la
tions particulières, l'Église est élue. Le don de la •pierre choisie et posée par Dieu (Rm 9,32s), ils
•toi, l'accueil de la *Parole ne s'expliquent ni par ont refusé son Élu. Ils restent pourtant, (! selon
la *sagesse humaine, ni par la puissance, ni par l'élection, chéris à cause de leurs pères (u,28} 1)

la naissance, mais par le seul choix de Dieu (I Co et leur écart, comme sous l'ancienne alliance celui
r,26ss; cf Ac 15,7; I Th r,4s). IJ est naturel que des nations, est provisoire et providentiel (rr,3os).
les chrétiens, conscients d'avoir été K appelés des Tant que le Seigneur n'est pas venu, ils sont tou-
ténèbres )) pour constituer « une race élue ... un jours appelés à se convertir en attendant que,
peuple saint » (1 P 2,9), se soient simplement tous les païens étant entrés dans l'élection, tout
nommés« les élus» (Rm 16,13; 2 Tm 2,10; r P I,r), •Israël retrouve son élection (n,23-27). JG
et qu'on associe, non pas -Seulement pour le plaisir
~ Abraham I 1 - Alliance AT I I - amour I - con-
d'une assonance, Ekklès1:a et Eklektè, Église et naître AT 1 - dessein de Dieu AT I - Église li 2 -
Élue (cf 2 Jn 13; Ap 17,14). fierté AT 1 - grâce lI 2.3, IV - Israël AT 1 c -
peuple AI 1 - prédestiner - Reste - saint NT IV -
\·ocation I, III - volonté de Dieu O.
lif. ÉLUS OU REJETÉS

.'\ utant que des élus, le NT parle des a. élus de


Dieu », affirmant ainsi le caractère personnel et ÉLIE
la souveraineté de ce choix (Mc 13,20.27 p; Rm
8,33). Toutefois, il parle aussi simplement des élus
dans des contextes eschatologiques, et vise ainsi, 1c Yahweh est vivant devant qui je me tiens! i,
au-delà des épreuves, ceux dont l'élection est (I R I],I; 18,15), s'écrie volontiers Èliyyahu, réa~

343 344
tLIE ÉLIE

lisant· dans son existence ce que son *nom- signi- rage, enlevé par « le tourbillon D, «·le char d'Is-
fie: H Yahweh est-mon Dieu n, Prophète semblable raël et SOri attelage D, laissant à Élisée son esprit
au *feu,: il. _re_staura· l'Alliance· du- Dieu vivant; prophétique afin que continue l'œuvre de· Dieu
• pour avOir été embrasé du zèle de· la Loi, il fut (z R Z,I-18).
ravi jusqu'au ciel » (I M 2,58) u dans. un tour-
billon de' feu, par un char aux chevaux de feu o 5. L.e prAcut'seur., - A l'enlèvement mystérieux
(Si 48,9). corrCSpondra un retour esçhatologique : « Voici
que je yous envoie le prophète Élie, avant que
AT vienne le *Jour de Yahweh, grand et-redoutable»·;
I. Retour au désert. - . Le •~éSert. où Élie,. doit son œuvre, « ramener le cœur des pères vers les
fuir.lui révèle _la_soll.icitude de _son_ Di_eu (t R 171 :fils et le cœur des fils vers leurs pères » (Ml 3,
2ss; r9,4-8), qui. lui donD:e d'aller jusqu'à l'HOreb. 23s), sera le délai ultime fixé par Dieu ({ pour
Là, Dieu se inaniieste à lui, en Cet endroit même apai,ser la *colère avant qu'elle n'éclate» {Si 48,10).
où Moïse vit Yahweh« de dos »_(19,9-14 ;· cf Ex 33,
21.:?3). E;t, comme- •Moïse, le· Tishbite deviei;it, NT
par sa.rencontre avec Yahweh, source-de 1:1ainteté
I. Jean-Baptiste et Élie. - Cette attente escha-
pour _le peuple (1. R 19,15-·18).
tologique {cf Mc 15,35s p) est accomplie en *Jean-
2. Le champion de Diiù·et des opprimés. - « Je Baptiste· (Mt- 17,io-13), mais d'une 'façon ·mysté-
suis rempli d'un Zèle jalou_x pàur ~ahw:eh'Sabàoth n rieuse, ·car. Jean n'est pas Élie (Jn ·1,21.25), et.
(19,10). ·n ne'fallait pas moins.que _ce *zèle d_évo- si sa prédication · ramène les cœurs des :fils, ·vers
rant pour affrOnter lès· potentats du_ jour. _Grisés leurs pères, ce n'est· pas._lui -qui apaise la ·.•colère
par Jes victoirCS Dlilitaires, l'éclat d~ la nouvelle divine.
capitale et la prospérité des:villes, ils sont plongés
dans U~ climat. d'.orgÙeilleuse suffisance et d'exal- 2. JÀsuS _et.Élie. ~Je·an-BaJ)tiSte ré~lise la:*-figure
tation :riationale (16,23-34) .. A,u palais royal,. c, 1a d'Élie en ce qui ·c6nceme la •pénitence pratiquée
ma:ison 'd'iVOire ·• (2i;39),· Jézabèl,_ l'épouse, ~enne au désert (Mt 3,4; cf 2 R 1,8), mais c'est Jésus qui
d' Acha];., 11e· médite_ que. projets blàsphématçiire8. en accomplit les traits majeurs. Dès l'épisode de
N'entretient-elle pas aU teinple de B.aal .des cen- Nazareth, i~ définit sa _*mission universelle par
taines_. _ de faux·· proplJ,ètes chargés 0.e propager ,le référènce à celle d'ÉÜe (Le 4 ,25s). Le miracle de
culte des •idoles I Elie relève le défi et confond Sarepta se lit en filigrane dans celui de NaiI:.
ses 8.dvers_aires . pal' i_'intet:vention écl_atante d·e (Le- 7;n-16; cf 1 _R-17,17-24). Élie ,avait fait-des-
Yahweh_·au mont Carmel (1 ~ 18) .. Ainsi, chag,u:e cendre-du ciel u_n .feu qui v~nge l'honneul". de Dieu
fois ,que· ·_les droits 1e son Dieu son~ contestés, ~lie (2 R 1,9~14; cf Le 9,54), Jésus apporte un)eu
entte en lice p_ar ses invectives fulgurantes· (2 .R nouveau, celui dÉ: '.l'"'Esprit-Saint (Le 12,49). Au
1). Le .vi-ai culte .n'est pas seùl èn caU:se,_ mais aussi mont des Olivi~, Jé51:1s est •conso~é et réC'1n-
la •justice et le sort des faibles : Élie f11:lµ1ine contre :forté par un, ange, comme le fut Élie a!l 4~ert
Ach:ab, meurtrier d1r, paisible Nabo~, _de telle _sorte (Le 22,4-3: cf 1 R 19,5. 7) ; ~ais, à. }a .différen~
que le roi, efiraY,é, finït par se repentir (1 R 21)." d'Élie, il-n'av~t pas demandé la mort.. Élie, enlevé
Une telle. figure. IJJ.éritait Pien d'être ·pour toujours au .ciel ta,n.dis que son ~sprit se rep_ose s"ur Élisé~-11
(!

caractér.i~ par c'e: traj_t 'fulgurant de l'Écriture : (-2 R 2,1-r5},-préfig.1:1,re l'>!'Ascen~ion du Christ-.q~_i
« Alors_ se leva Élie comme un feu, ~a. parole brû- enverra à .ses .disciples ij ce que son Père a. promis D
lait ~~mirie un_e torche » (Si 48,1), · (Le 24,51; cf 9,51).
3. Témoin de' Dieu ehez· ltS 'païèns. ·-:- Pour maint
Israélite du 1xe_siècle, le5 bi~aits de I)ieu doivent 3. · Le èroyant··et Élie. - Jacqués fait de l'interces-
se circonscrire· au peuple· élu. Mais !)Our Dieu qui sion d'Élie, « un homme semblable· à. nous •• le
enVoie Élie, l'cèùvèe de *sà.lut dépaSse les limites modèle de la prière. du *juste (Je· 5,16ss). -L'en-
de l' A~~c~ : une païenne est sauvée de la famine tretien ·du Prophète aVec Jésus •transfiguré (Mt
(1 ·R 17,rn:..16), 'son fi.IS arraché de -la mort ·(17, 17,1~8 p), comme jadis·avec Yahw_eh -« daµs '.le
17-24). . . ' . bruit d'une briSe légère.» (1 R -19,12), demeure
, pour la tradition chrétienne· un •exemple de l'in-
4. Enlèvement d'Élie au ciel. - L'homme de Dieu timité à.: laquelle ·le. Seigneur appelle tous. les
disparaît mystérieusement aux yeux de son entou- croyants; FG

345
ÉLIE ENDURCISSEMEKT

-+ Ascension I, II 4 - feu AT I :r, JI :i.3 - Jean- (Is 6,9s). Loin d'être écarté comme malsonnant,
Baptiste 1 - prophète AT - Transfiguration 2 - ce texte a été repris en substance par Jésus (Mt
voir AT I :i - zèle Il 1. 13,13) et par ses disciples (Mt 13,14s p; Ac 28,
ÉLOHIM (EL)--+ créationATI- Dieu AT Il, IV - 25ss), pour expliquer le refus qu'Israël a opposé
nom AT 4 - pères & Père III 2 - Yahweh o. au Christ.
EMMANUEL --+ demeurer II 2 - Jésus (nom de) 2. Signification
li - présence de Dieu AT I - solitude II I. a) Suffit-il dès lors de dire que l'endurcissement
ENCENS - parfum 2. du peuple n'est pas directement voulu, mais seu-
lement prévu par Dieu ? Certes le langage sémi-
tique attribue à Dieu une volonté positive de
faire ce qu'il se contente de permettre ; mais cette
réponse, valable jusqu'à un certain point, semble
une échappatoire. Au lieu de chercher à excuser
ENDURCISSEMENT Dieu, il convient de considérer le contexte dans
lequel sont formulées ces menaces ou ces consta-
tations d'endurcissement. Endurcir, ce n'est pas
réprouver; c'est porter un jugement sur un état
La sclérose progressive de l'homme séparé de de *péché; c'est vouloir que ce péché porte visi-
Dieu, s'appelle endurcissement, aveuglement. En- blement ses fruits. L'endurcissement n'est donc
durcir, c'est engraisser le •cœur, boucher les pas dû à une initiative de la *colère divine, *pré-
oreilles, enduire les yeux, endormir, jeter un esprit destinant à la perte ; il sanctionne le péché dont
de vertige, de torpeur ou de mensonge, si bien l'homme ne se repent pas. Quand l'homme s'en-
qu'on a la nuque raide et le cœur de pierre. Cet durcit, il commet un péché ; quand Dieu endurcit,
état peut affecter tous les hommes, les païens, les il n'est pas source mais juge du péché. L'endur-
Israélites, et même les disciples de Jésus. cissement caractérise l'état du pécheur qui refuse
de se convertir et demeure séparé de Dieu. C'est
la sanction immanente du péché, qui fait appa-
raître la mauvaise nature du pécheur : ({ Un Éthio-
1. A LA SOURCE DE L'ENDURCISSEMENT
pien peut-il changer de peau ? une panthère de
pelage ? Et vous, pouvez-vous bien agir, vous les
habitués du mal ? » (Jr 13,23).
1. Le fait. - Deux textes majeurs - dans !'Exode b) Paul s'est efforcé de trouver un sens à un
et en Isaïe - ont exercé la réflexion religieuse tel état de fait. - Tout d'abord il entre dans le
d'Israël. Si Pharaon ne veut pas laisser partir •dessein providentiel de Dieu. Rien n'échappe à.
Israël, c'est que Dieu lui endurcit le cœur (Ex Dieu. Le Pharaon, dont Paul ne considère pas le
4,21; 7,3; 9,12; ro,1.20.27; u,10; 14,4) ou qu'il sort personnel, sert finalement à faire éclater la
s'endurcit lui-même (Ex 7,13s.22; 8,15; 9,7.34s). gloire divine (Ex 9,16; r4,17s); par son endurcis-
Or ces deux interprétations se présentent j uxta- sement, Israël yermet l'entrée des •nations
posées dans les textes, sans qu'on puisse attri- païennes dans l'Eglise (Rm 9) ; en outre, le des-
buer à la seconde l'intention de corriger la pre- sein de Dieu est tout entier ordonné au *Reste
mière. D'où un problème théologique : s'il n'est qui doit survivre. - Ensuite, l'endurcissement
pas étonnant que l'homme soit cause de son endur- d'Israël manifeste la sévérité de Dieu, son tran-
cissement, comment admettre que Dieu favorise chant. Ce n'est pas pour rire que Dieu fait alliance
cette attitude, en soit même la cause ? Or Paul avec un peuple. Comment tolérerait-il l'insou-
affirme avec netteté : « Dieu fait miséricorde à qui ciance (Le 17,26-29 p), la suffisance (Dt 32,15),
il veut, il endurcit qui il veut » (Rm 9,18). l'orgueil (Dt 8, 12ss; Ne 9,16) ? - Enfin, cet
Dès l'AT, Dieu donnait pour mission à Isaïe : endu:rcissement :révèle la •patience de Dieu :
« Va, et dis à ce peuple : 'Écoutez, mais sans celui-ci ne consume pas le pécheur, il tend sans
comprendre; regardez, mais sans y voir 1' Appe- cesse les mains vers un peuple rebelle {Rm 10, 2 r
santis le cœur de ce peuple, rends-le dur d'oreille, citant Is 65,2; cf Os II,IS; Jr 7,25; Ne 9,30). Ainsi,
bouche-lui les yeux, de peur que ses yeux ne voient, qu'il sollicite le pécheur ou l'abandonne à lui-
que ses oreilles n'entendent, que son cœur ne com- même, Dieu exprime encore et toujours sa •misé-
prenne, qu'il ne se convertisse et ne soit guéri i, ricorde.

347
ENDURCISSEME~ ENFANT

. 'JI.. VERS LA VlCTOlRE; J?E l;)IEU


ENFANT
r. S#uati.on ...a1fib1~à.lênie. ~. Jean _suggère de, ce
fait une intelligence, peut-être plns profonde' encOre,
à .Pàrtii- de . .l'frn8ge de 18. *lumière. La. l~mière Comme tous les peuples sains, Israël voit dans
aveugle cèux qui ne s~t_ p~ -diS:gosés à.J'accueillir la •_fécondité u_n ~igne de_ la .•bénédiction., divÙle :
(Jn 3,19ss). De_ ID:ême _Dieu! par la Fés~ce con- les enfants sont « la couronne-,des. *vieillards•»
tinuelle de _son ariloui,_ pr()Voque _chez 1e· pécheur .'(Pr 17,6), les fi:ls sont« des Plants d'.o_livier.~~tour
une réaction de ·refu.s, C'est pour cela que les de 1a··table .». {Ps 128,-3). -Pourta,n.t, à la diff~ce
•miracles, gestes prévenants de Dieu, _eùd'tircissent de certains niod~eà. les auteurs ·bibliques. n'.Qll-
le Pharaon, restent,_Sans VaJeut au~ yeux.des Isr_aé.:. ,bliefl:t pas. que, l ' ~ t est _un êtrë_,inachévé, ·et
lites ,qUi murmùre1:1t, con!re 7'1:0ïse-danS le déserl ils soulignent_ l'imp~ce. d'.u~e, ~ e . *éducà.-
(Nb 14,11; Ps. 10Q,7}, .contre Jésus après la ~ul- tion : la *folie est ancrée en so:µ. cœur, (Pr 2_2,i5),
tiplicàtion des_pairis·_ (J;n 6,42s}. îls p~uvent __même le caprice est Sa. loi (cf-~_t. 11,1.6-19), et.pour ne
n'être pas compiis par les disciples . de Jésus, pas le laisser ballotter à tous-les .vents {Ep 4,14)
parce __ que .ceux:..ci ont l'esprit bouCh~._.(Mc _6,_52; -il faut le maintenir-~ _tµtelle .(Ga. 4,JS/i). En face
8,17-21). De même les *châ.timents,,divins,. dont de ces ,con.statations, .les a:ffi~tions- bibliques ·sur
l'intention est médicinale (Am 4,,6-n), ou lès appels fa 4ignité _religieuse de l'enfant ne sont que plus
prophétiques _à la. conversion, restent sans effica- remarquables.
cité,. et parfois même produisent·· l'effet contraire
(2 R 17,13s; Jr 7;-25ss), sf bien ·que les hom~~s en
anivent à contrister -I'Esprit-Saint (Is. 63~i:o; 'Ac f. DIEU ET LES .ENFANTS
7,51).
Dès l'ÀT, en.·:;ai~n m~e.de sa iaib1esse et, de
0

2. A Dieu le deynier mot. - Cet endurcissement, ,son imperfection na1:;ives', l'enfant appara(t.cœ;nme
ce déterminisme· dti . péché·. qui sè nourrit de sa .un_privil,Agié de Dieu, Le SeigQeur_lni-m~e est le
propre su~tance, ne peut cesser que par la *péni- protecteur, de,-I'olphelin e(le ,ve~eqr,de-~ dr()Ïts
tence : 11 Si vous entendez la voix de Dieu, n'endur- (Ex 22,21ss; Ps. 68,6) ; il a manifesté sa *tendresse
cissez pas VOs··cœurs D· (Ps 9"5;7s = He 3;7s.12). paternelle et son spttci .4'.édu:catio~ à l'égard- d~ls-
Mais ·comment le-pécheur endurci·pourrait-il se raël; u quand il était enfant», au· temps de-la sortie
convertir? 11%urquoi, ·Seigneur, ·nous· laisses-tu d'Égypte et_.du séjour au déser.t. (Os_ n,1-4);
errer- loin de .te's voies, ·et n:os cœurs· s'endurcir Les enfants ne- sont pas exclus du. •&ulte. de -Yah-
contre; ta crainte ? Reviens, à .cause de •tes servi- weh, ils. participent même aux suppliçations péni-
teurs .et ,.des. tribus de ton .. héritage·»· (Is·6~;17). tentielles (J_l 2,16; Jdt 4,1oi3),_ et .Dieu se prépare
Le croyant sait que· Dieu· peut. briser- la ·:fatalité une louange !'.le. la bouch_e d~ enfants et des tout-
du mal et trouver.le·chemin du cœur-de so~ épouse p~fts (Ps 8, ~s_ = M:t 21,16)~ -11 en qa. de .même
(Os 2) .. Le -deruj.er mot appartient ·à· Dieu •seul. d~s la Jéru~em cétes~. où ~es.éluS :ferci:nt l_'filtpé-
Aussi le prophète ~-t-il annoncé :.que. le •cœur de rieµce.de l'amour u maternel »·d!I'. Dieu (Is-_66,1<r
pierre des hommes ·serait remplacé un jour ,par 13). Déjà un psalmiste, pour exprip:i.er 59n _ab~-
un cœur de chàir et.que l'.*Esprit de. Dieu-rendrait don confiant au Seigneur, n'àvait pas. trouvé
possible ce qui est -impossible -aux hommes, (Ez mieux que l'image du petit enfant qui s'endort
36,26s). Eflectivement,·,le,Christ,_est-_venu-;. il a sur le sein ,d_e sa. mère (Ps 13.~,2),
donné l'Esprit--qui ·rend docile:aux enseignements Bien plus, Dieu n'hésite pas à choisir certains
de Dieu .. Aussi l'Église, héritière d'Israël, prie- enf?Jlt:s comme· premit;n'S bénéfici~res et-.messa-
t-elle Dieu de .contraindre dans, .sa. ·miséricorde, gers de -sa *révéJati(;)ll• .et _de .~n- .•sq.hd,_ .r,,e petit
jusqu'.à nos volontés rebelles {Or~son-liturgique). Samuel accueill~ l~_ Parole de Yahweh. et. la transe
. XLD met ,fidèl~ment -(1. S .-1:,-3) ; David est cJ_iscerné de
préfére~ce. à s_es grands frères (1 S 16-,1-13) ;·,,le
-+ châtiments·_:2.3 - colère B AT.I 1-:-'- erreur AT- jéune Daniel •Se .mo:ra,tre plus !3age,.que les Anciens
feu AT III'..-:-: hyp_ocri.te _:2 .,..... incrédulité. - malédic- d'Israël_ en .sauvant, Suzanne (Dn 13,44-50) ..
tion III .:2 -:-. pé~é - pénitence/conversion. , Enfin, •un so~et de. la. prophétie messianique

349 350
ENFANT ENFERS & ENFER
est la naissance d'Emmanuel, signe de délivrance une interprétation abusive des paroles de Jésus
(Is 7,qss) ; et lsaîe salue l'enfant royal qui réta- {I Co I4,20; cf Mt r8,3s). Paul cependant ne mécon-
blira, avec le règne de David, le droit et la justice naît pas le privilège_ des petits : .« Ce qu'il y a de
(g,r-6). faible dans le monde, voilà. ce que Dieu a choisi •
(1 Co 1,27s). Dans sa charité apostolique_, iI se
comporte lui-même spontanément à l'égard de ses
{l. JÉSUS ET LES ENFANTS néophytes, ses .1e petits enfants ll, avec la tendresse
d'une mère (I Th 2,7s; Ga 4,19s; d' I Co 4,15).
Ne convenait-il pas dès lors que, pour inaugurer He 5,n-14 présente un enseignement analogue
la nouvelle Alliance, · le Fils de Dieu se fasse petit sur la loi de croissance inhérente à la vie chré-
0

enfant.? Luc a marqué avec soin les étapes de tienne il ne s'agit pas d 'en restèr au stade du
l'enfance ainsi parcourues :· n:ouveau-né de la petit enfant qui ile se nourrit que de •tait ; et si
crèche (Le 2,12), petit enfant présenté au Temple 1 P 2,2 exhorte les •nouveaux baptisés à. désirer,
(2,27). enfant soumis à. ses parents, et pourtant comme des nouveau-nés, le fait de la Parole de
mystérieusement indépendant d'eux en sa dépen- Dieu, c'est afin de grandir pour le salut. Quant
dance à l'égard de son Père (2,43-51). à J eau, il parle moins de l'enfance spirituelle que
Devenu adulte, Jésus adopte vis-à-vis des de la nouvelle *naissance des *fils adoptif~ de
enfants le même comp~rtement que Dieu. Comme Dieu {1 Jn 3,1); mais il a, autant que Paul, des
il avait *béatifié les *pauvres, il *bénit les enfants accents paternels quand il s'adresse à. ses ({ enfan'ts o
(Mc 10,16), révélant ainsi qu'ils sont les uns et les (r Jn 2,r.r8; cf Jn r3,33). LR
autres de plain-pied poilr entrer dans le Royaume ;
les enfants symbolisent les authentiques *disciples, - autorité AT l 1.2; NT II 2 - confiance - éduca-
, c'est à leurs pareils qu'appartient le Royaume tion - humilité III - lait 3 - mère - naissance
(nouvelle) - pauvres NT II - simple - vie II r -
des Cieux» (Mt 19,14 p). Il s'agit en effet d' tt accueil- vieillesse.
lir le Royaume en petit enfant» (Mc 10,15), de le
recevoir en toute simplicité comme un don du
Père au lieu de l'exiger comme un di\ ; il faut
tt revenir à l'état deo enfants » (Mt 18,3) et con-
sentir à « renaître ,, (Jn' 3,5) pour accéder à ce ENFERS & ENFER
Royaume. Le secret de la vraie grandeur est de
1e se faire petit » comme un enfant (Mt 18,4) :
telle est la véritable *humilité, sans laquelle on ne Jésus-Christ est descendu aux enfers, le damné
peut devenir • fils du Père céleste. descend en enfer : ·ces deux expressions désignent
Les vrais disciples sont précisément « les tout- deux gestes différents et supposent deux condi-
petits » à qui le Père a bien voulu révéler, comme tions différentes. Les *portes des enfers où est
jadis à Daniel, ses secrets cachés aux sages (Mil desciendu le Christ se sont ouvertes pour laisser
n,25s). Dans la langue de l'Évangile, a petit » et échapper leurs captifs, tandis que l'enfer où des-
, disciple » semblent d'ailleurs parfois des termes cend le damné se reforme sur lui à, jamais. Néan-
équivalents {cf Mt 10,42 et Mc 9,4t). Heureux moins, le mot est le même, non par hasard ni par
quiconqué accueille un de ces petits (Mt 18,5; cf un rapprochement arbitraire, mais en vertu d'une
25,40), mais malheur à celui qui les •scandalise logique profonde et comme expression d'une vérité
ou les méprise (18,6.10). ' capitale. Les enfers comme l'enfer sont le royaume
de la *mort, et, sans le Christ, il n'y aurait au
monde qu'un seul eIJfer et qu'une seule. mort,
JI!. LA TRADITION APOSTOLIQUE la mort éternelle, la mort en possession de toute
sa puissance, S'il existe une « seconde mort »
Paul est surtout sensible à l'état d'imperfec- (Ap 21,8), sép_arable de la première, c'est que
tion que représente l'enfance (r Co 13,11; Ga 4, Jésus-Christ par sa mort a brisé le règne de Ja
1; Ep 4,14). Il invite les chrétiens à poursuivre mort. Parce qu'il est descendu aux enfers, les
leur *croissance pour parvenir ensemble à a: la plé- enfers ne sont plus l'enfer, mais ils continuent
nitude du Christ » (Ep 4,12-16). Il reproche aux d'en porter les traits,_ c'est pourquoi, au dernier
Corinthiens leur attitude infantile (1 Co 3,1ss) et *jugement, les ènfers, l'Hadès, rejoignent l'enfer
il les met en garde contre une fausse notion de et leur place normale dans l'étang de feu (Ap 20,
l'enfance spirituelle, réagissant, semble-t-il, contre 14). Voilà pourquoi, bien que les images de l'en-

35I 352
ENFERS & ENFER ENFERS & ENFER

fer dans l'AT demeurent ambiguës et n'aient pas engloutir I<oré, Dathan et Abiron (Nb 16,32s), il
encore leur caractère absolu, Jésus-Christ cepen- met en branle toute sa puissance pour dévorer K la
dant les reprend pour désigner la da,111I1ation éter- gloire de Sion et sa foule- bruyante, ses cris, sa
nelle ; bien plus que des images, elles sont la réa- joie » (Is 5,14), il fait disparaître les *impies dans
lité de ce que serait le monde sans lui. l'épouvante {Ps 73,19).
De cette fin terrifiante, ~sraël a connu deux
images spécialement expressives : l'em:brasement
AT de Sodome et de Gomorrhe (Gn r9,23; Am 4,II;
I. LES REPRÉSENTATIONS DE BASE Ps n,6) et la dévastation du site de Tophèt,
dans la vallée de la Géhenne, lieu de plaisance
1. Les enfers, séjour des morts. - Dans l'ancien destiné à devenir un lieu d'horreur, où « l'on
Israël, les enfers, le ([ shéol », sont (< le rendez-vous verra les cadavres de ceux qui se sont révoltés
de tous les vivants o (Jb 30,23). Comme beaucoup contre moi, dont le· ver ne mourra pas, dont le
d'autres peuple~, Israël imagine la survie des feu ne s'éteindra pas » {Is 66,24}.
morts comme une *ombre d'existence, sans valeur La mort dans le •feu, et se perpétuant indéfi-
et sans joie, Le shéol est le cadre qui rassemble niment dans la corruption, ce sont déjà les images
ces ombres ; on l'imagine comme une tombe, « un évangéliques de l'enfer. C'est un enfer qui n'est
trou )), (( un puits « une fosse» (Ps 30,10; Ez 28,
1), plus l'enfer pour ainsi dire ,1 normal » qu'était le
8), au plus profond de la terre (Dt 32,22), au-delà shéol, mais un enfer qu'on peut dire tombé du
de l'abîme souterrain (Jb 26,5; 38,16s), où règne •ciel, ,< venu de Yahweh )) (Gn 19,24). S'il ras-
une obscurité profonde (Ps 88,7.13), où « la clarté semble « l'abîme sans fond » et la pluie de feu )l
(!

même ressemble à la •nuit sombre » (Jb 10,21s), (Ps 140,II), l'image du shéol et le souvenir de
C'est là que c< descendent» tous les vivants (ls 38. Sodome, c'est que cet enfer est allumé par « le
18; Kz 31,14) ; ils n'en remonteront plus jamais souffle de Yahweh » (ls 30,33) et H l'ardeur de sa
(Ps 88,IO; Jb 7,9). Ils ne peuvent plus louer Dieu •colère ,. {30,27).
(Ps 6,6), espérer en sa justice '($8,uss) ou en sa Cet enfer promis aux pécheurs ne pouvait être
fidélité (30,10; Is 38,18). C'est le délaissement le sort des justes, surtout quand ceux-ci, pour
total (Ps 88,6). demeurer fidèles à Dieu, avaient à subir la •per-
sécution des pécheurs et parfois la mort. Il est
2. Les puissances infernales déchaînées sur la logique que, du « pays de la poussière », le shéol
terre. - Descendre dans ces enfers, comblé de traditionnel, où dorment confondus les saints et
jours, au terme d'une vieillesse heureuse pour y les impies, ceux-ci se réveillent pour « l'horreur
1, retrouver ses· *pères » (Gn 25,8), c'est le sort éternelle », tandis que leurs victimes se réveillent
commun de l'humanité (Is 14,9-1.5; Jb 3,u-21) K pour la •vie éternelle » (Dn 2, 12}. Et tandis que
et nul ne peut s'en plaindre. Mais bien souvent le Seigneur remet aux justes leur récompense, « il
le shéol n'attend pas cette heure ; comme· un arme la création pour châtier ses ennemi& » (Sg 5,
monstre insatiable (Pr 27,20; 30,16), il guette sa 15-ss). L'enfer n'est plus localisé au plus profond
proie et l'emporte en pleine vigueur (Ps 55,16). de la terre, il est « l'univers déchaîné contre les
R Au midi de ses jours )J, Ézéchias voit s'ouvrir insensés » (5,20}. Les évangiles reprennent ces
K les "'portes du shéol » {Is 38,10). Cette irruption images (/ Dans le séjour des morts » où il est
des forces infernales " sur la terre des vivants » « torturé par les flammes », le riche aperçoit Lazare
(38,II), c'est le drame et le scandale {Ps 18,6; « dans le sein d'"' Abraham H, mais entre eux,
88,4s). infranchissable, se creuse « un grand abîme »
(Le r6,23-26). Feu et abime, la *colère du ciel et
la •terre qui s'ouvre, la •malédiction de Dieu et
Il, L'ENFER DES PÉCHEURS l'hostilité de la •création, c'est l'enfer.

Ce scandale est l'un des ressorts de la Révéla- NT


tion. L'aspect tragique de la •mort manifeste le
désordre du monde, et l'un des axes de la pensée J. LE CHRIST PARLE DE L'ENFER
religieuse israélite est de découvrir que ce désordre
est le fruit du •péché. A mesure que s'affirme cette Jésus attache plus d'importance à la perdi-
conscience, les traits de l'enfer prennent une .figure tion de la vie, à la séparation d'avec lui, qu'à la
de plus en plus sinistre. Il ouvre sa gueule pour description de l'enfer reçue dans son milieu. S'il

353 354
ENFERS & ENFER ENNEMI
est peut-être hasardeux de tirer. de la parabole portes infernales. La Mort et l'Hadès avaient tou-
du mauvais riche une affirmation décisive sur l'en- jours été à nu sous le regard de Dieu (Am 9,2~
fer, il faut en tout cas prendre ·âu sérieux Jésus Jb 26,6), ils sont maintenant contraints de rendre
quand il utilise à ce propos les images scriptu- les morts qu'ils gardent {Ap 20,.13; cf Mt 27,52s).
raires les plus violentes, les plus impitoyables : L'enfer était, jusqu'à· la mort du Seigneur, a le
« les pleurs et les grincements de dents dans la rendez-vous de toute chair », le point d'aboutis-
fournaise ardente » (Mt 13,42), « la géhenne, où sement fatal d'une humanité exilée de Dieu, et
1eur ver ne meurt point et où le *feu ne s'éteint nul n'en pouvait sortir avant le Christ, a prémices
point » {Mc 9,43-48; cf Mt 5,22), où Dieu peut de ceux qui se so:nt endormis•" (1 Co 15,20-23},
« perdre l'*àme et le •corps » (Mt 10,28). · (c premier•né d'entre les morts » (Ap 1,5). La
Ce qui fait la gravité de ces affirmations, c'est •Rédemption est pour l'humanité, condamnée en
qu'elles sont formulées par celui-là même qui a •Adam à la mort et à la séparation de Dieu,
pouvoir de jeter en enfer. Jésus ne parle pas seu~ l'ouverture des *portes infernales, le don de la
1ement de l'enfer comme d'une réalité menaçante; vie éternelle. L'*f:glise est le fruit et l'instrument
il annonce que lui-même « enverra ses anges jeter de cette victoire (Mt 16,18).
dans la fournaise ardente les fauteurs d'iniquité » Mais le Christ, avant même sa venue, se trouve
(Mt 13,41s) et prononcera la *malédiction : a Loin déjà promis et' espéré. Dans la mesure où il accueille
de moi, maudits, au feu éternel 1 » (Mt 25,41). cette promesse, l'homme de l'AT voit ses enfers
C'est le Seigneur qui déclare : c,; Je ne vous •con- s'éclairer d'une lueur qui devient certitude. Inver-
nais pas » (25,r:2), « Jetez-le dehors, dans les sement, dans la mesure où il la refuse, lès enfers
ténèbres » (25,30). deviennent -l'enfer, il s'enfonce dans un abîme où
la puissance de *Satan gagne en horreur. Enfin,
quand paraît· Jésus-Christ, c,; ceux quî n'obéissent
Il, JÉSUS-CHRIST EST DESCENDU AUX ENFERS
pas· à son Évangile ... sont châ.tiés. d'une perte
éternelle; éloignés de la face du Seigneur » (2 Th
x,Ss), ils rejoignent« dans l'étang de feu ~ la Mort
La descente du Christ aux enfers est un article et l'Hadès (Ap 20,14s). ]MF & JG
de foi, et c'est en effet une donnée certaine du
NT. S'il est très difficile de détèrminer la valeur -+ captivité II -ch:itim.ents - colère BATI 2 -
de certains textes, ce que fut « sa prédication aux feu AT III ; NT I 1 - jugement - malédiction -
esprits en prison, à ceux qui jadis avàient refusé mor_t - péché - porte AT I; NT - rétribution -
Satan.
de croire ... aux jours où Noé construisait l'arche »
(1 P 3,r9s), le fait certain est que cette descente ENGAGEMENT -+ amen 1 - fidélité - foi O -
de Jésus aux enfers signifie à la fois la réalité·de promesses - sennent.
sa •mort d'homme et son triomphe, sur elle. Si
ENGENDRER -;.- fécondité - mère - naissance
11 Dieu l'a délivré des affres de l'Hadès J) (c'est-à.-
(nouvelle) _:. pères & Père - stérilité,
dire du shéol, Ac 2,24). c'est d'abord en l'y plon-
geant, mais sans jamais le leur abandonner {2,
31). Si-le Christ, dans le mystère de !'Ascension,
est « monté au-dessus de tous les cieux li, c'est
qu'il est aussi «·descendu dans les régions infé- ENNEMI
rieures de la terre li, et il fallait cette sinistre
descente pour qu'il pût II remplir toutes choses »
Ct régnèr en Seigneur sur-l'univers (Ep 4,9s). La 1. 1
LE FAIT DE L INIMITIÊ
foi chrétienne. confesse que *Jésus•Christ est le
Seigneur dans le ciel après être remonté d'entre r. Constancs et limites. - L'homme biblique est
les morts {Rm ro,6-ro). toujours en face de son ennemi : c'est un fait sur
lequel il ne s'interroge même pas. Dès le cercle
familial, une inimitié agissante oppose Cain et
Abel (Gn 4,1-16), Sara et Agar (Gn 16,1-7), Jacob
III. LES PORTES INFERNALES ENFONCÉES
et Ésaü .(Gn 27-29), Joseph et ses frères (Gn
37,4), Anne et Peninna (r S 1,6s). Dans la cité,
Par sa mort, le Christ a triomphé du dernier les prophètes comme les psalmistes se plaignent
erinemi, la *Mort {r Co r5,26), il a enfoncé les de leurs enneinis (Ps 31; 35: 42,ro; Jr 18,18-23).

355 356
ENNEMI ENNEhU

Ceux-ci peuvent être des proches (Mi 7,6; Jr 12, 2. L'expérience de la défaite. - Israël, comme
6) ou d'anciens •amis (Ps 55,13ss). C'est devenu nation, a fait une expérience assez semblable.
comme un cadre de pensée : derrière toute adver- Pour une •guerre infligée aux autres (com:qi.e celle
sité, on retrouve un adversaire, et le *malade des de la conquête), que de guerres subies! Avec le
Psaumes est presque toujours un •persécuté (Ps temps, l'image de l'ennemi s'est confondue pro-
13; 38,1-16). Cependant la Loi montre dans l'en- gressivement avec celle de l'oppresseur; il n'y a
nemi, s'il appartient à la communauté d'Israël, un pas là de quoi nourrir les rêves de puissance !
sujet de droit (Ex 23,4; Nb 35,15). La nation elle- Israël a appris par là que Yahweh, plutôt que de
même se construit dans ce monde de l'inimitié. rendre le juste plus *fort, préfère le libérer lui-
Mais l'hostilité" connait des nuances : sans merci même (Ex 14,13s.30). L'ennemi n'est pas vaincu
dans le cas des Cananéens ou des Amalécites par le juste qu'il opprimait; il périt victime de lui-
(Ex 17,16; 1 S 15), elle finit par n'être plus qu'une même (Ps 7,13-17; cf Saül, Aman ... ). En attendant
guerre froide envers Moab et Ammon (Dt 23,4-7), qu'arrive sa défaite, l'ennemi ne triomphe pas sans
et le Deutéronome laisse entendre, à propos raison ; il •châtie au nom de Dieu et, sans le vou-
d'Édom et de l'Égypte (Dt 23,8}, qu'*étranger loir, enseigne. Sa complète élimination est liée à
ne veut pas nécessairement dire ennemi. la plénitude de la *bénédiction (Gn 22,17; 49,8;
Dt 28,7}. Or, à travers l'histoire, Yahweh le laisse
2. Origine. - Comment expliquer, dans l'histoire subsister (Jg 2,3; 2,20-23; Dt 7,22). Cette persis-
sainte, la permanence d'une telle donnée ? C'est tance signale deux choSes : le niveau d'accomplis-
une donnée de l'histoire tout court. Le péché a sement de la •promesSe, et celui de la *fidélité
tourné en *haine toute opposition, et Israël du peuple. De part et d'autre, le temps de la *plé-
prend conscience de lui-même dans un monde nitude n'est pas encore venu.
sans pitié. Rêver de le voir immunisé sous ce rap-
port, ce serait le vouloir d'une autre essence que 3. L'œuvre du temps. - Ceux qui reprenaient les
l'humanité de son temps. Dieu prend l'homme à *malédictions du psalmiste longtemps après lui ne
son niveau. Les Cananéens sont attaqués parce pouyaient le faire au nom des mêmes intérêts
qu'ils sont idolâtres (Gn 15,16; Dt 20,16ss), mais particuliers ni concernant les mêmes personnes :
aussi parce qu'ils occupent la place - la Terre il y a déjà là une purification. On sent un déga-
promise (Dt 2,n). On constate à ce stade une gement de cette nature dans le Livre de la Sagesse
certaine identification entre ennemis de Dieu et (Sg ro-19) qui, dans l'histoire, voit plus les con-
ennemis de la nation « Je serai l'ennemi de tes flits idéologiques que les conflits d'intérêts. Quand
ennemis » (Ex 23,22). les Maccabées, reprenant la tradition de la *guerre
sainte, se battent " pour leur vie et pour leurs
lois (1 M 2,40; 3,21), ils le font dans une claire
)J

conscience du double but qu'exprime cette for-


IL LUMIÈRES SUR LE MONDE DE L'INIMITIÉ:
mule, qui joint sans confondre. En somme, d'une
part on ne renie jamais le principe juridique du
I. Un cas typique. -La lutte de Saül contre David talion, qui d'ailleurs mettait un frein à la •ven-
est le récit le plus détaillé qui nous reste d'une geance (cf Gn 4,15.24), et l'on se représente la
inimitié personnelle. Saül seul est ici l'ennemi. victoire d'Israël comme la destruction de ses
Il en veut à la vie de David (I S 18,IOs; 19,9~17) ennemis (Est); d'autre part l'expérience, à la
et s'oppose à un dessein à la fois divin et ter- lumière divine, oriente les cœurs vers l'*amour.
restre : la royauté de son rival. Le mobile profond Au milieu des conseils de prudence, Ben Siru
de sa haine est celui que la Bible présente le plus demande que l'homme *pardonne, pour être par-
fréquemment : l'envie. Quant à David, il évite de donné de Dieu (Si 28,1-7; cf Pr 24,29). C'est l'exi-
se laisser contaminer par la haine de Saül, et son gence de Jésus lui-même.
attitude est telle que, si un chrétien doit la
dépasser, il a d'abord beaucoup à faire pour l'éga-
ler. Bien des amis de Dieu ont dû vivre, à leur
échelle, un drame semblable à celui de David, où III. }Ésus TRIOMPHE DE L'INIMTTIÉ
abondent les signes d'un affinement moral. S'in-
sérant en plein dans leur vouloir-vivre, l'appel de r. Le commandement et l'exempte. - <, Aimez vos
Dieu les a conduits à se dégager de leur égoïsme ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent ~
sans perdre leurs attaches dans l'existence. (Mt 5,44 p). Ce commandement éclate parmi les

357
ENNEMI ENSEIGNER

exigences les plus l)ouvelles (cf 5,43) de Jésus.


Lui-même a eu des ennemis, qui n'ont pas« voulu
<le lui pour roi », comme dit une parabole (Le rg,
27) .. Ils l'ont mis à mort; et lui, sur sa croix, leur ENSEIGNER
a pardonné (Le 23,34). Ainsi doit faire le *dis-
ciple, à l'imitation de son Maître (cf r P 2,23},
à l'imitation du •Père des cieux (Mt 5,45ss) dont Dans les deux Testaments, la foi est fondée sur
il pourra ainsi obtenir le •pardon (cf Mt 6,r2). Le une "'révélation divine, dont les prophètes (au
chrétien qui pardonne ne s'illusionne pas sur le sens général du ·mot) sont les porteurs. Mais cette
monde où il vit, pas plus que Jésus n'avait d'il- révélation doit parvenir à la *connaissance des
lusions sur les *pharisiens ni sur Hérode. Mais il hommes jusque dans ses détails et dans ses con-
pratique à la lettre le conseil de !'Écriture: entasser séquences pratiques. De là dans le peuple de Dieu
des charbons ardents sur la tête de son ennemi l'importanc.e de la fonction d'enseignement, qui
(Rm 12,20 = Pr 25,21s). Ce n'est pas *vengeance: transmet sous forme d'instruction la science des
ce *feu se changera en amour si l'ennemi y consent; choses divines. Cet enseignement est d'abord une
l'homme qui aime son ennemi vise à le changer •prédication qui proclame le •salut de Dieu, tel
en •ami et il en prend les moyens avec sagesse. qu'il advient dans l'histoire (c'est le ktrygme) ;
Dans cette prévenance, Dieu lui-même l'a précédé : puis il en fournit une compréhension plus appro-
quand nous étions ses ennemis, il nous a *récQn- fondie et montre comment la situation d'*alliance
ciliés à lui par la mort de son Fils (Rm 5,rn). créée par Dieu s'applique concrètement dans les
conditions de vie de son peuple.
2. La victoire sur l'inimitié. - ] ésus ne vient donc
pas nier l'inimitié mais la manifest~r dans sa AT
dimension complète au moment de la vaincre.
Elle n'est pas un fait comme les autres; elle est Dans l'AT, cette fonction s'accomplit de diverses
un mystère, le signe du règne de *Satan, l'ennemi manières, suivant la qualité de ceux qui la rem-
par 'excellence : depuis le jardin d'Éden, une ini: plissent. ::'vlais à travers eux tous, c'est toujours
mitié l'oppose aux fils d'Eve (Gn 3,15). Ennemi Dieu qui enseigne son peuple.
des hommes et ennemi de Dieu, il sème ici-bas
l'ivraie {];lt 13,39) ; c'est pourquoi nous sommes
en butte à ses attaques. Mais Jésus a donné aux J. FOR.MES DIVERSES- DE L'ENSEIGNEMENT
siens pouvoir sur toute •puissance qui- vient de
l'ennemi (Le 10,r9). Ils la tiennent du combat
où Jésus triompha par sa défaite même, s'étant r. Le père de famille, responsable de !'*éducation
offert aux coups_ de Satan à travers ceux de ses de ses enfants, doit leur transmettre à ce titre le
ennemis et ayant vaincu la •mort par la mort. legs religieux du passé national. Il ne s'agit pas
Il renversa ainsi le « mur d'inimitié » qui traver- d'un enseignement approfondi, mais d'une caté-
sait l'humanité (Ep 2,14-16). En attendant le chèse élémentaire qui renferme les éléments essen-
•jour où le Christ, pour mettre « tous ses ennemis tiels de la foi.· Catéchèse· morale, ayant trait aux
sous ses pieds », détruira à jamais la Mort, qui est commandements de la •Loi divine :· « Ces com-
le « dernier ennemi )) (1 Co 15,25s), le chrétien mandements que je te donne, tu les répéteras à
combat avec Jésus contre lê vieil ennemi du genre tes enfants ... » (Dt 6,7; rr,rg). Catéchèse litur-
humain_ (Ep 6,II-17). Autour de lui, d'aucuns se gique et historique, qui prend occasion des solen-
conduisent en ennemis de la croix du Christ (Ph nités d'Israël pour en expliquer le sens et rappeler
3,18), mais lui sait que la croix le mène au triomphe. les grands souvenirs qu'elles commémorent : sacri-
Cette •croix est le lieu hors duquel il n'y a pas de fice de la *Pâque (Ex 12,26) et rites des azymes
•réconciliation ni avec Dieu ni entre les hommes. (Ex 13,8), etc. Les questions posées par les
PEP enfants au sujet ·des coutumes et des rites con-
duisent naturellement le père à leur enseigner le
• ami - amour II AT; NT 2 - animaux O - Anti- Credo israélite (Dt 6,20-25). C'est aussi lui qui
christ - étranger O - frère AT 3 - guerre - haine - leur apprènd les vieux poèmes qui font partie de
malédiction II - pardon III - persécution - Satan - la •tradition (Dt 31,19.22; 2 S 1,18s). Ainsi l'en-
vengeance - v:ictoire - violence IV 2. seignement religieux commence dans le cadre fami-
lial.

359 360
E;-.;SEIGNER ENSEIGNER

2. Les prhres ont dans ce domaine une responsa- leur propre théologie l'interprétation prophétique
bilité plus large. Chargés par devoir professionnel de l'histoire.
du "'culte et de la *Loi, ils remplissent de ce fait
une fonction doctorale. Au Sinaï, Moïse avait 4. Les sages sont essentiellement des enseignants
reçu la Loi avec mission de la faire connaître au {Qo 12,9). A l'égard de leurs *disciples, ils rem-
peuple; il était ainsi devenu le premier maitre plissent la même fonction éducatrice que tout père
en Israël (Ex 24,3.12). Cette Loi, les lévites ont à l'égard de ses fils (Si 30,3; cf Pr 3,21; 4,1-17.20 ... ) ;
maintenant à l'enseigner et à l'interpréter pour malheureux les disciples qui ne les auront pas
qu'elle puisse passer dans la vie (Dt I7,Ios; 33, écoutés (Pr 5,12s) ! Si, en elle-même, la doctrine
ro; cf 2 Ch r5,3). Un homme comme Samuel a sapientielle paraît fondée sur l'expérience des géné-
rempli avec conscience ce devoir (r S r2,23). rations plus que sur la Parole divine, elle n'en
D'autres prêtres le négligent, et ils encourei:tt pour assimile pas moins peu à peu le contenu de la Loi et
cette raison les reproches des prophètes (Os 4,6; des livres prophétiqÙes, et elle le monnaye à
5,1; Jr 5,31; Ml 2,7). Il n'est pas difficile d'imaginer l'usage de tous. Ainsi nourri de l'enseignement
le cadre concret de cet enseignement. Ce sont les traditionnel, le maître veut transmettre à ses
fêtes qui se célèbrent dans les sanctuaires, comme « fils 1) la vraie *sagesse (Jb 33,33), la connais-
ce renouvellement de l'alliance à Sichem (Dt 27, sance et la •crainte de Yahweh (Pr 2,5; Ps 34,
gs; Jos 24,1-24) dont la promulgation de la Loi 12), bref le savoir religieux qui est la condition
par Esdras ne sera qu'une variante (Ne 8). L'en- de la vie heureuse. N'est-ce pas en enseignant
seignement donné porte sur la Loi, qui doit être aux impies les voies de Dieu qu'il les amènera à
relue et expliquée (Dt 3I,9-13}, et sur l'histoire se convertir (Ps 51,15) ? L'effort didactique entre-
du *dessein de Dieu (cf Jas 24). A l'instruction pris dans les milieux de scribes rejoint donc à la
se mêle naturellement l'exhortation, pour amener fois celui des prêtres et celui des prophètes. A la
le peuple à vivre dans la foi et à mettre la Loi « maison d'école J)(Si 51,23), les docteurs donnent
en pratique. On trouve un écho de cette prédi- à tous une instruction solide (Si 5I,25s) qui leur
cation sacerdotale dans les ch. 4~rr du Deuté- permet de trouver Dieu.
ronome, où se remarque tout un vocabulaire de
l'enseignement « Écoute, Israël... » (Dt 4,r; 5,
r}; c(Sache que ... )1 {4,39}; «Interroge ... » (4,32);
« Garde-toi d'oublier ... » (4,9; 8,ns). Il importe
ll. YAHWEH, MAÎTRE SOUVERAIN

en effet de faire connaître la Parole di vine pour


qu'Israël l'ait constamment à l'esprit (Dt r 1,I8-2I). r. Derrière tous ces maîtres humains, il importe
d'ailleurs de savoir découvrir le seul vrai Maitre
3. Les prophètes ont une mission différente. La dont ils tirent toute leur autorité : *Yahweh. Ins-
*Parole de Dieu qu'ils transmettent n'est pas pirateur de Moïse et des prophètes, sa Parole est
puisée dans la *tradition, mais ils la reçoivent à la source de la tradition que transmettent éga-
directement de Dieu ; en la proclamant, ils mena- lement les parents, les prêtres et les sages. A tra-
cent, ils *exhortent, ils promettent, ils *consolent. .. vers eux, c'est donc lui qui enseigne aux hommes
Tout cela ne relève pas directement de l'enseigne- le savoir et la sagesse en leur faisant connaître
ment. Cependant, ils s'appuient constamment sur ses voies et sa Loi (Ps 25,9; 94,rnss). Sa •sagesse
une catéchèse qu'ils supposent connue (camp. personnifiée s'adresse à eux pour les instruire
Os 4, rs et le Décalogue) et dont ils reprennent (Pr 8,1-n.32-36), comme ferait un prophète ou
les thèmes essentiels. Ils ont eux-mêmes des dis- un docteur; par elle, tout bien leur vient (Sg 7,
ciples {Is 8,r6; Jr 36,4) qui colportent leurs oracles, uss). Aussi tout Juif pieux a-t-il conscience
et leur message vient s'ajouter à l'enseignement d'avoir été instruit par Dieu depuis sa jeunesse
traditionnel pour en enrichir les données. Ainsi (Ps 71,17); en retour, il le prie sans cesse de lui
l'enseignement prophétique lui-même prend une apprendre ses voies, ses commandements, ses
forme traditionnelle. D'un prophète à l'autre, il y volontés (Ps 25,4; r43,ro; u9,7.12 et passim).
a une continuité, que Jérémie souligne expressé- Cette ouverture du cœur à l'enseignement divin
ment (Jr 28,8). On en a la preuve tangible quand déborde largement la connaissance théorique de
un prophète reprend, pour exprimer son message, la Loi et des •~critures ; elle suppose une adhé-
des expressions empruntées à ses prédécesseurs sion intime qui permet de comprendre en profon-
(ainsi fait Ézéchiel pour le livre de Jérémie), ou deur le message de Dieu et de le faire passer dans
quand les scribes deutéronomiques assument dans la vie.

362
ENSEIGNER ENSEIGNER

2. On sait pourtant que l'attitude d'Israël à auditeurs (Mc :r,27; 11,18), qu'il s'agisse de son
l'égard de Dieu n'a pas toujours comporté cette annonce du Royaume ou des règles de vie qu'il
docilité de cœur. Les membres du peuple de Dieu donne · rompant avec les questions d'école, objet
hi ont souvent tourné le dos, n'accueillant pas ses d'une •tradition qu'il rejette (cf Mt 15,1-9 p), il
leçons quand il les instruisait avec constance (Jr veut faire connaître le message authentique de
32,33). De là les châ.timents exemplaires infligés Dieu et conduire les hommes à l'accueillir.
par Dieu à ses disciples infidèles. Pour obvier à
cette dureté de cœur, Dieu promet par les pro- 3. Le secret de cette attitude si neuve, c'est qu'à
phètes qu'aux derniers temps, il se révélera aux la différence des docteurs officiellement habilités,
hommes comme le Docteur par excellence (Is 30, sa doctrine n'est pas de lui, mais de Celui qui l'a
20s) ; il agira au plus intime de leur être, de sorte envoyé (Jn 7,16s) ; il ne dit que ce que le Père
qu'ils •connaîtront sa Loi sans avoir besoin de lui enseigne (Jn 8,28). Accueillir son enseignement,
s'en instruire les uns les autres (Jr 31,33s). Ins- c'est donc être docile à Dieu même. Mais pour en
truits par lui directement, ils trouveront ainsi le venir là, il faut une certaine disposition du cœur
bonheur {Is 54,13). Grâce suprême, qui rendra qui incline à accomplir la volonté divine {Jn 7,
efficace tout l'effort d'instruction accompli par les 17). Plus profondément encore, il faut avoir reçu
envoyés divins. La prière des psalmistes sera par cette *grâce intérieure qui, selon la promesse des
là exaucée. prophètes, rend l'homme docile à l'enseignement
de Dieu (Jn 6,44s). On touche ici au mystère de
NT la liberté humaine aux prises avec la grâce la
parole du Christ-Docteur se heurte à l'a:eugl~-
Le Christ est le Docteur par excellence. Mais ment volontaire de ceux qui prétendent voir clair
en confiant sa parole à ses Apôtres, il leur donne (cf Jn 9,39ss).
une mission d'enseignement qui prolonge la sienne.

l. LE CHRIST DOCTEUR IL L'ENSEIGNEMENT APOSTOLIQUE

1. Durant la vie publique de Jésus, l'enseignement 1. Durant sa vie publique, Jésus confie à ses
est un aspect essentiel de son activité : il enseigne *disciples des missions iransitofres qui concernent
dans les synagogues (Mt 4,23 p; Jn 6,59), dans le moins l'enseignement sous _ses formes détaillées
temple (Mt 21,23 p; Jn 7,14}, à l'occasion des que la proclamation de !'•Evangile (Mt ro,7 p).
fêtes (Jn 8,20) et même quotidiennement (Mt C'est seulement après sa résurrection qu'ils
26,55). Les formes de son enseignement ne rompent revoivent de lui un ordre précis les instituant à
pas avec celles qu'emploient les docteurs d'Israël, la fois « prédicateurs, apôtres et docteurs n (cf
auxquels il s'est mêlé durant sa jeunesse {Le 2, 2 Tm r,11) : « Allez, de toutes les nations faites
46), qu'il reçoit à l'occasion (Jn 3, IS. rn) et qui plus des disciples, ... leur enseignant à observer tout
d'une fois l'interrogent (Mt 22,16s.36 p). Aussi lui ce que je vous ai prescrit )) (Mt 28,19s). Pour
donne-t-on comme à eux le titre de Rabbi, c'est- l'accomplissement de cette tâche aux perspec-
à-dire Maître, et il l'accepte (Jn 13,13), bien qu'il tives immenses, il leur a promis entre temps que
reproche aux scribes de son temps de le recher- !'Esprit-Saint leur serait envoyé et qu'il leur ensei-
cher, comme s'il n'y avait pas pour les hommes gnerait toutes choses (Jn 14,26). Disciples . de
un seul Maître, qui est Dieu (Mt 23,7s). l'*Esprit pour devenir parfaits disciples du C~nst,
ils transmettront donc aux hommes un enseigne-
2. Cependant, s'il apparaît aux foules comme un ment qui ne viendra pas d'eux:, mais de Dieu.
Docteur parmi les autres, il s'en distingue de C'est pour cela qu'ils pourront parler avec auto-
diverses façons. Parfois, il parle et agit en *pro- rité : le Seigneur sera lui-même avec eux jusqu'à
phète. Ou encore, il se donne comme l'interprète la :fin des siècles (Mt 28,20; Jn 14,r8s).
autorisé de la Loi, qu'il conduit à sa perfection
(Mt 5,17). A cet égard, il enseigne avec une *auto- 2. Après la Pentecôte, les *Ap6tres remplissent
rité ~ingulière (Mt 13,54 p), à la différence des cette mission d'enseignement, non en leur nom
scribes, si prompts à s'effacer derrière l'autorité propre, mais « au nom de Jésus )) (Ac 4,18; 5,28)
des anciens (Mt 7,29 p). En outre, sa doctrine pr'é- dont ils rapportent les actes et les paroles. se
sente un caractère de •nouveauté qui frappe ses couvrant toujours de son autorité. Comme Jésus,
E¾SEIGNER J1POUX/J1POUSE

ils enseignent au temple (Ac 5,21), à la syna- ENTEND RE-. apparitions du Christ 4 c - écouter -
gogue (Ac 13,14 ... ), dans les maisons particulières foi NT I 2 - Parole de Dieu NT I 2 - prêcher.
(Ac 5,42). L'objet de cet enseignement, c'est avant ENTRAILLES ---+ mère I 1, II 1 - miséricorde -
tout la proclamation du message de salut. Jésus, tendresse.
!\Jessie et Fils de Dieu, comble l'attente d'Israël;
sa mort et sa résurrection accomplissent les Écri- ENVIE_,. haine - mort AT Il 1 - Satan I - zèle O.
tures ; il faut se convertir et croire en lui pour ENVOYER---+ Apôtres - médiateur - mission.
recevoir !'Esprit promis et échapper au jugement
(cf Discours des Actes). Catéchèse élémentaire, ÉPIPHANIE ---+ apparitions du Christ 1 - gloire III
r1ui veut conduire les hommes à. la foi (cf Ac 2, 2 - Jour du Seigneur NT O ~ Révélation NT 0, III.
22-40), elle est complétée après le baptême par ÉPISCOPE-. hospitalité 2 - ministère II 3 - pas-
un enseignement plus approfondi, auquel les pre- teur & troupeau NT 2.
miers chrétiens se montrent assidus (Ac 2,42).
Parmi les auditeurs du dehors, certains s'étonnent
de sa nouveauté (cf Ac 17,19s); les autorités
juives s'émeuvent surtout de son succès, et elles
tentent de l'interdire à des hommes qui n'ont pas ÉPOUXfÉPOUSE
reçu une formation normale de scribes (Ac 4,13;
cf 5,28). Peine perdue : après s'être répandu en
Judée, l'enseignement est porté à des foules con- i..e nom d'époux est un de ceux que Dieu se
sidérables dans le monde grec tout entier. Il donne {Is 54,5) et qui expriment son •amour pour
s'identifie à la •Parole (Ac 18,n), au *témoi- sa créature. C'est à ce titre qu'il en est parlé ici,
gnage, à !'•Évangile. S'il trouve le chemin des la notice •mariage devant exposer ce qui concerne
cœurs, c'est parce que la force de !'Esprit l'ac- le foyer humain.
compagne (cf Ac 2,17ss), cet Esprit _dont 1·•onc-
tion demeure dans les chrétiens et les instruit de
tout (1 Jn 2,27). AT
Dieu ne se révèle pas seulement dans son •Nom
3. Le même Esprit, par ses *charismes (cf r Co mystérieux (Ex 3,14s) ; d'autres noms, tirés de
r2,8.29), fait d'ailleurs surgir dans l'Église à côté l'expérience quotidienne de la vie, le font con-
des Apôtres d'autres enseignants qui les aident naître dans ses rapports avec son peuple : il en
dans leur *ministère d'évangélisation les didas- est le *Pasteur et le •Père, :.l en est aussi l'Époux.
cales, catéchistes chargés de fixer et de dévelop- Il ne s'agit pas ici d'un mythe, comme en con-
per pour les jeunes communautés le contenu de naît la religion cananéenne, où le dieu-époux
l'Évangile {Ac 13,1; Ep 4,n). En même temps se féconde la terre dont il est le Baal ( = maître et
constitue un corps de doctrine qui est la règle de mari : Os 2,18; cf Jg 2,rrs) ; des rites *sexuels
la foi (cf Rm 6,17). A l'époque des épitres pas- répondent à ce mythe, notamment la prostitu-
torales, il a déjà pris une forme traditionnelle tion sacrée. Ces rites apparaissent liés à !'•ido-
(I Tm 4,13.r6; 5,17; 6,ISs). Tandis que la foi se lâtrie ; aussi, pour mieux stigmatiser celle-ci, le
trouve menacée par les enseignements erronés ou Dieu jaloux qui la condamne l'appelle-t~il une
futiles (Rm 16,17; Ep 4,14; I Tm r,3; 6,3; Ap 2, prostitution (cf Ex 34,15s; Is 1,2r). Le Dieu d'Is-
14s.24) colportés par de faux docteurs {2 Tm 4, raël est l'époux non de sa terre, mais de son peuple ;
3; 2 P 2,1) et sources d'•hérésies, la conservation l'amour qui les unit a une histoire ; les prévenances
et la transmission de ce dépôt authentique est gratuites de Dieu et le triomphe de sa •miséri-
un des soucis essentiels des pasteurs. corde sur l'infidélité de son peuple sont des thèmes
AB & PG prophétiques. Ils apparaissent d'abord chez Osée
qui a pris conscience de leur valeur symbolique à
- charismes II 2 - connaitre - disciple - éduca- travers sa propre expérience conjugale.
tion - exhorter - lait 3 - Loi - mystère NT II
I - nouveau III I - parabole - Paraclet 2 - Parole 1. L'expérience d'Osée : l'épouse aimée et infi-
de Dieu - prêcher - Révélation - sagesse - tra•
dition.
dèle. - Osée épouse une femme qu'il aime et qui
lui donne des enfants, mais qui le quitte pour se
ENSEVELIR-. baptême IV 1 - mort AT I 3; NT livrer dans un temple à la prostitution. Le pro-
III 1 - sépulture. phète cependant la rachète et la ramène à la mai-

366
ÉPOUX/ÉPOUSE ÉPOUX/ÉPOUSE
son. Un temps d'austérité et d'épreuve la prépa- éternel, l'amour de l'époux triomphera et trans-
rera à reprendre sa place au foyer (Os r-3). Tel formera l'infidèle en une épouse virginale {6r,ro;
est le sens probable de ce récit dramatique. Dans 62,4s) à laquelle il s'unira pour une alliance éter-
cette expérience conjugale, le prophète découvre nelle.
le mystère des rapports entre l'amour de Dieu Est-ce dans cette perspective prophétique que
qui s'allie à un peuple et la trahison de l'Alliance les chants du Cantique doivent être lus ? Sont-ils
par Israël. L'*Alliance prend un caractère nup- au contraire inspirés par l'amour d'un époux et
tial. L'idolâtrie n'est pas seulement une prosti- d'une épouse de cette terre ? Soit qu'ils retracent
tution ; elle est un *adultère, celui d'une épouse allégoriquement l'histoire d'Israël, soit qu'ils
comblée qui oublie tout ce qu'elle a reçu. La chantent cet amour conjugal dont les prophètes
*colère divine est celle d'un époux qui, en châ- ont fait le type du lien del' Alliance, ils ne donnent
tiant son épouse infidèle, veut ramener !'égarée pas la clef des symboles qu'ils utilisent : jamais
et la rendre à nouveau digne de son amour. Cet Yahweh n'est identifié avec l'époux. Si légitime
amour aura le dernier mot; Israël repassera par que puisse être une interprétation allégorique du
le temps du *désert (2,16s) ; de nouvelles fian- texte, elle exige tant d'ingéniosité qu'il semble
çailles prépareront des noces qui s'accompliront préférable de traiter le Cantique comme une
dans la justice et la tendresse ; le peuple purifié *parabole : il chante un amour fort ~omme la
•connaîtra son époux et son amour fidèle (2,2oss). mort dont la flamme inextinguible est l'image de
Auparavant l'Alliance était vécue comme un l'amour jaloux de Dieu pour son peuple (Ct 8,
pacte social dont la rupture attirait la colère de 6s; cf Dt 4,24). Quant au Psaume 45 dont les
Dieu ; cette colère apparait maintenant comme noces d'un rai d'Israël furent l'occasion, il fut
l'effet de la jalousie d'un époux, et l'Alliance appliqué ensuite au Roi-:Messie; l'épîtt'd aux
comme une union conjugale, avec le don qu'elle Hébreux en exploitera les éléments qui donnaient
implique, aussi intime qu'excl.usif. Ce don mutuel, au roi des titres divins et préludaient à la révé-
comme celui de deux époux, connaîtra des vicis- lation de la filiation divine du Christ (Ps 45,7s;
situdes ; elles symbolisent l'alternance qui carac- He r,8).
térise l'histoire d'Israël dès le temps des Juges
(vg Jg 2,n-19): péché, châtiment, repentir, pardon. 3. Sagesse et union à Dieu. - Le réalisme des
prophètes a mis en relief l'ardeur de l'amour
2. Le message prophétique : l'époux aimant et divin, La méditation des sages va souligner le
fidèle. - Héritier spirituel d'Osée, Jérémie reprend caractère personnel et intérieur de l'union réalisée
le symbolisme nuptial en des images expressives par cet amour. Dieu communique à son fidèle
pour opposer la trahison et la corruption d'Israël une sagesse qui est sa fille (Pr 8,22) et qui se com-
à l'amour éternel de Dieu pour son peuple : u. Ainsi porte envers l'homme comme une mère et comme
parle Yahweh : Je me rappelle l'affection de ta une épouse (Si r5,2). Le Livre de la Sagesse
jeunesse, l'amour. de tes fiançailles : tu me suivais reprend l'image; acquérir la Sagesse est le moyen
au désert » (Jr 2,2) ; mais « sur toute colline et d'être l'ami de Dieu (Sg 7,14); il faut la recher-
sous tout arbre vert, tu t'es couchée comme une cher, la désirer et vivre avec elle {7,28; 8,2.9).
prostituée » (2,20) ; cependant, u. d'un amour éter- Épouse que Dieu seul peut donner (8,2r), elle
nel je t'ai aimée; aussi t'ai-je conservé ma faveur )1
rend immortel celui auquel elle est unie. Envoyée
(31,3). Plus crues encore, les images d'Ézéchiel de Dieu, comme l'Esprit-Saint (9,17), la Sagesse
représentent Jérusalem com·me une enfant trou- est un don spirituel; elle est une ouvrière qui
vée que son sauveur épouse après l'avoir élevée, achève en nous l'œuvre de Dieu et qui engendre
et qui se prostitue ; mais si elle a rompu l'alliance en nous les vertus (8,6s). Le symbolisme wnjugal
qui l'unissait à son époux, lui rétablira cette est ici complètement spiritualisé. Ai:Asi est pré-
alliance (Ez 16,1-43.59-63; cf 23). parée la révélation du mystère grâce auquel
C'est enfin le Livre de la Consolation qui trouve se consommera l'utiion de l'homme avec Dieu
les accents les plus bouleversants pour révéler à l'incarnation de celui qui est la Sagesse de Dieu,
Jérusalem de quel amour elle est aimée : (< N'aie et ses noces avec l'Église, son épouse.
pas *honte I Tu n'auras plus à rougir.,. Car ton
époux, c'est ton Créateur....Répudie-t-on la femme
de sa jeunesse ? Un court instant je t'avais délais- NT
sée, ... mais dans un amour éternel j'ai pitié de I. L'Agneau, époux de la nouvelle Alliance. - La
toi » (Is 54,4-8). Gratuit et fidèle, insondable et Sagesse qui est née de Dieu et se complaît parmi

368
ÉPOUX/ÉPOUSE ÉPREUVE/TENTATIO~

les hommes (Pr 8,22ss.31) n'est pas seulement un b) A ces noces, le Christ invite les hommes, et
don spirituel; elle apparaît dans la chair c'est tout d'abord son peuple (::\lt 22,1R10) ; pour y
le Christ, Sagesse de Dieu (1 Co .1,24) ; et c'est participer, il faut non seulement répondre à l'in-
dans le mystère de la Croix, folie de Dieu, qu'il vitation, ce que beaucoup refusent, mais prendre
achève de rév/,ler l'amour de Dieu pour son épouse le •vêtement de noces (22,nss). Cette invitation
infidèle, qu'il sauve et sanctifie l'épouse dont il retentit au long du temps de l'Église ; mais comme
est la •tête (Ep 5,23-27). l'heure de la célébration reste incertaine pour cha-
Ainsi se dévoile le mystère de l'union symbolisée cun, elle exige la •vigilance, afin que l'Époux,
dans l'AT par les noms d'époux et d'épouse. Il quand il viendra, trouve prêtes les vierges qui sont
s'agit pour l'homme de communier à la vie tri- invitées à communier au festin nuptial (25,1~13).
nitaire, de s'unir au Fils de Dieu pour devenir c) Enfin, au terme de l'histoire, sera achevée la
enfant du Père céleste : l'époux, c'est le Christ, robe nuptiale de l'~pouse, robe de lin d'une
et le Christ crucifié. C'est dans son sang que l'Al- *blancheur éclatante, tissée par les •œuvres des
liance nouvelle est scellée (1 Co II,25), et c'est fidèles. Ceux-ci attendent dans la joie et la louange
pourquoi !'Apocalypse ne nomme plus Jérusalem ces noces del' Agneau auxquelles ils ont le bonheur
épouse de Dieu, mais épouse de !'*Agneau (Ap 21,9). d'être invités (Ap r9,7ss). A cette heure, où sera
jugée la Prostituée (19,2), l'Époux répondra enfin
2. L'Église, épouse de la nouvelle Alliance. - Quelle à l'appel que son Esprit inspire à son épouse ;
est cettè •Jérusalem, appelée à l'Alliance avec le il comblera la soif de tous ceux qui, comme elle
Fils de Dieu ? Ce n'est plus la servante, qui repré- et en elle, •désirent cette union à son amour et
sente le peuple de l'ancienne Alliance, mais la à sa vie, union féconde dont celle des époux est
femme libre, la Jérusalem d'en haut (Ga 4,22-27). un des meilleurs symboles (22,17). MFL
Depuis la venue de l'époux, auquel le Précurseur,
son ami, a rendu témoignage (Jn 3,29), l'humanité -;,. adultère 2 - Agneau de Dieu 3 - Alliance AT
est représentée par deux •femmes, symboles de II 2; NT II 3 - ami 3 - amour - Dieu AT 111 3;
NT II 3 - Église - femme - Jean-Baptiste 2 -
deux cités spirituelles : d'une part la« prostituée», Jérusalem AT Ill 1 ; NT Il 3 - mariage NT I 2 -
type de la •Babylone idolâtre (Ap 17,1.7; cf Is Marie I 2, V I - pères & Père 0, III 2 - Serviteur
47), d'autre part l'épouse de }'Agneau, type de la de Dieu II - sexualité II - tête 3.4 - unité I, III -
*cité bien-aimée (Ap 20,9), de la sainte Jérusalem vêtement II 2.4 - vigne 2 - virginité.
qui vient du ciel, car c'est de son époux qu'elle
tient sa sainteté (21,2.9s).
Cette femme est la mère des enfants de Dieu,
de ceux que l' Agneau délivre du dragon par la
vertu de son sang (12,rs.II.17). Il apparaît donc ÉPREUVE f TENTATION
que l'épouse du Christ n'est pas seulement l'en-
semble des élus, mais qu'elle est leur •mère, celle
par qui et en qui chacun d'eux est né; ils sont Le mot épreuve évoque deux séries de réalittls.
sanctifiés par la grâce du Christ (Tt 3,5ss} et L'une, tournée vers l'action : un examen, un con-
deviennent des êtres •vierges, dignes du Christ cours ; l'autre, liée à la souffrance : une maladie,
leur époux (2 Co u,2), unis à jamais à l'Agneau un deuil, un échec. Et si le mot est passé du pre-
(Ap 14,4). mier sens au second, c'est sans doute parce que,
selon une sagesse déjà religieuse, la souffrance
3. Les noces éternelles. - Aussi les noces de est sentie comme un test révélateur de l'homme.
}'Agneau et de l'épouse comportent-elles diverses Le sens actif est premier dans la Bible : hb. nslt,
étapes, -Ou fait que l'Église est à la fois la mère blm, /1,qr, gr. peirazein, diakrinein, pour s'en tenir
des élus et la cité qui les rassemble. aux racines principales, signifient « mettre à
a) La première étape des noces, le temps de la l'épreuve n, chercher à connaître la réalité pro-
venue du Christ (Mt 9,15 p), s'achève à l'heure fonde au-delà des apparences incertaines. Comme
où sur la Croix le Christ, nouvel • Adam, sanctifie un alliage, comme un adolescent, l'homme doit
la nouvelle Ève ; celle-ci sort de son côté, sym- • faire ses preuves J>. De soi, il n'y a là rien d'afflictif.
bolisée par l'*eau et le •sang qui •signifient les Trois acteurs peuvent prendre l'initiative de
sacrements de l'Église (Jn 19,34; cf I Jn 5,6). l'épreuve. Dieu éprouve l'homme pour connaître
L'amour que l'époux y montre à son épouse est le fond de son cœur (Dt 8,2) et pour donner la
le modèle des noces chrétiennes (Ep 5,25-32). vie (Je 1,12). L'homme essaie aussi de se prouver

3ïü
ltPREUVB/TENTATION JlPREUVE/tENTATION
qu'il est I comme Di~u 11, mais sa tentative est de l'en tirer: ou encore, il s'obstine, malgré des
provoquée par une séduction et aboutit ;',. la mort Signes évidents, à demander d'autres " p'reuves »
(Gn 3; Rm 7,n). Ici l'épreuve devient tentation, de la puissance divine (Ps 95,9; Mc 8,uss).
et un troisième personnage intervient : le Tenta.-
te-ut'. Ainsi !'_épreuve est ordonnée à J;;\ vie {Gn 2, 2. A.vec le ramassis dont il a tiré un peuple, Dieu
17; Je r,r-12), tandis que la tentation:' a enfante la conclut une •alliance. En cette deuxième étape,
mort 1) (Gn 3; Je r,r3s); l'épreuve est,' un don de l'épreuve porte sur la. *fidélité à l'AllianC:e. On
grâce, ·1a. tentation est une invitation au péché. peut l'appeler l'épreuve de l'"'amour. Le peuple a
L'expérience de l'épreuve-tentation n'est pas bien choisi de seirvir son Dieu (Jos 24,18), mais
simplement d'ordre moral ; elle s'insère dans un son cœur est doublé; l'épreuve oblige l'amour à
drame religieux et historique ; elle fait jouer notre se déclarer et à se prouver; elle purifie le •cœur.
•liberté dans le temps, face à Dieu et à .•Satan, C'est une œuvre de longue haleine à laquelle Dieu
Dans les diverses étapes du "'dessein de Dieu, met la main (image du •feu et du fondeur : Is r,
l'homme est interrogé. Cette expérience est d'abord z5s). Lentetri.ent s'élaborent les codes (Alliance,
vécue par le peuple de Dieu ; pujs la réflexion des Sainteté, Sacerdotal) dans lesquels on entend l'ap-
sages en découvrira la signification pour toute la pel à la. *sainteté que Dieu adresse à son peuple
condition humaine, et-. finalement le Christ résou- (Lv passim). Un nouveau jugement correspond à
dra Je drame. Parallèlement, l'épreuve-tentation cette nouvelle épreuve; l'"'exil, le retour au désert
apparaît d'abord comme l'œuvre de Dieu; -puis, sanctionne !'"'idolâtrie qui est un "'adultère (Os 2).
vers la fin-de l'AT, Satan est perçu comme l'au-
teur personnel de la tentation première.- mais le 3. Seul un petit •Reste va sortir éprouvé de la
sens de ce drame n'est pleinement révélé-que dans •captivité ; le comportement divin est le rnême
le: combat singulier entre le Christ et le Tentateur. dans l'épreuve d'Israël' fac'e à Yahweh (r R r9,
r8) et face à Jésus (Rm II, 1~5) ; dans tous ces
cas. si l'épreuve·aboutit à un reste_,. c'est par pure
•grâce. La captivité et l.a longue· période qui la
I. L'ÉPREUVE DU PEUPLE DE DIEU suit montrent en effet combien la promesse est
humainement irié.ilisable. Délais intenriinables,
Dans la conscience d'Israël, le drame a com- Contradictions, persécuti~ns, faiblesses mêmes du
mencé avec son élection, dans la p'9)messe de peuple, reposent moins la question de la foi en la
devenir par alliance le peuple de Dieu. Mais l'es- Parole de Yahweh ou de la fidélité à son alliance
poir ainsi suscité va devoir être purifié. que celle de l'accomplissement même de sa pro-
messe. Ainsi, depuis l'exil jusqu'au Messie, l'épreuve
I. Dans un premier stade, l'homme est appelé à du -petit Reste est ·principalement une épreuve
s'engager face à la "'promesse. C'est l'épreuve de. d'"'e.spérance. Le Roya.urne semble reculer ïndéfini-
sa -.foi. C'est celle d'Abraham, de Joseph, de Moise, ment dans le_ temps. La tentation est celle du
de Josué (He u,x-40; Si 44,20; x M 2,52}. Le fait moment présent, de a ce siècle-ci ))' la tentation
typique est.sans doute le sacrifice d'Isaac (Gn 22) : du •monde. Le peuple de Dieu, en danger de se
pour que Dieu mène à. tertne la promesse, la foi sécularîsf.:lr, prend davantage conscience de l'ac-
de l'homme doit accepter librement de se traduire tion ·de *Satan, « prince de ce monde )) (Jb 1-2).
dans l'obéissanèe qui ajuste deux volontés. Cette épreuve de l'espérance est la plus intime, la
Après-sa ·sortie d'Égypte, ·Israël connaît la ten- plus purifiante, Plus Dieu est proche, plus il
tation de l'*incrédulité. Il conteste (Meriba). la éprouve (Jdt 8,25ss). L'épreuve s'achèvera en un
présenèe du Dieu sauveur aù µiilieu de l'épreuve dentier jugement : l'avènement du *Royaume,
(Massa) du *désert (Ex- 17,7). Ce refus de croire l'entrée du siècle ·à venir dans ce monde-ci.
entraîne un •jugement ; et la Pâque ne s'achève
que pour ·la *génération -fidèle : seule, celle-ci
hérite de la terre promise.
L'expérience du désert permet en outre de II. L'ÉPREUVE DE LA CONDITION HUMAINE
donner sa valeur théologique à rexpression « ten-
ter DieU ». Ou bien l'homme veut sortir de l'épreuve
en sommant Dieu d'y .mettre fin (cf l'antithèse r. L'ép,-euve personnelle. - La réflexion des_ Sages,
Ex 15,25 et .x7,r-7) ; ou bien il se met dans une en transposant au plan pers0nnel les épreuves· du
situation sans issue « pour voir si » Dieu est capable peuple, insiste sur un autre aspect de l'épreuve :

371 372
ÉPREUVE/TENTA'(ION ÉPREUVE/TENTATION

la .*sou:ffrance,. ,-.c.elle du. juste en:·,particulier. ,:Ic_i. tud~ que parc;_e qu'il croit y t.rouver la .vie·;·.s'il
l'épreuve parvient à son·maximum .d'acuité-:- et u·•y trouve,que la nudité. et. la. mort, c'est qu'.il a
la" -présence de.·Dieu·, à._ son_ piaximum ·de proxi- été trompé. :Son_. épreuve' comportè·,donc'·fonda-
mité:..._, car l'horome.est:affronté n_on plu5: à l'irp.- mentaJement un combat contre le, •mensonge,_·une
possible. mais à l'absurde. A ce .degr~ d-'acuité,, ,l_a lutte pour .choisir selon la *vérité où se vit seule-
tentation n'est plus de clouter de .l~ .pu,issance de ment l'expérience de la *liberté {Jn 8,32-44). Voilà
Dieu, de luiêtre-infi,dèle ou de lui préfé.rer le monde, l'ultime réponse· .à. la réflexion des• sages.
c'est celle-de l'insulte, -:de· ce *blasphème (lui.': est L'humanité est engagée dans une épreuve qui
la façoil dont_SataI;t, rend témoignage.~ I).ieu. la ,dépasse et qu~elle :ne surmontera. que. par l'effet
Le livre ,dè Job çiuvre le débat 'et l'.enfqµit da~ d_'une promesse qui ést grâce. (Gn 3;15), par la.venue
le mystère dEl· la Sagesse de, Dieu, noit par. alib;i, de (< la » descen4ane.e qui.portera -l'épreuve à- son
mais dans une r~connaissance co_nfuSe q~e l'épreuve terme victorieux.
ajuste progressivement · !'.homme ,au _my~tère .. de
Dieu (cf Gn 22); ·Des lignes plus- ne:ttes de répons~ NT
sont pr~entes dans le. poè1µe du •Serviteur (~s 52,
13-55,r2). et surtout dans les· livres -iss,_us d~_·.fa
J_.·_ L'É~REUVEnu. CHRiiT .
grande .trib:ulation· (Dn 9,24-27; 12~1-4;-,Sg pas-
sim) .. Vépreuye y, apparait insolubl~- au,plail:indi- Lè ·chri~t .e;,_t. -~:is :~ sa1:~n .-d~s: _-les situations
viduel ; sa,· source -•est en. dehors .. de l'hon;nn,e (Sg où Adam- et-le peµple àvaient ,succombé e~ où les
1,13; •2,24), elle ,es_t un• fait. de nature. COJlcernant ~pauvi;es semblaient éc~sés .. Eu. • JésÙs-Christ.
le genre humain., Mais seule une· personne po-qrr~ épreuve._ et ,tentation •. coïncident_.,et _sont. ·surmoD.-
la fair~·,.dêboucher sur::la. vie, quelqu'un sur qui ,tées> car, -.en_ .le$ accomplis5:;l,llt, _il fait ab_outir
Satan n'_aura-,pas.barre, et qui -~a so,lid.aire de _I_a l'amoui; d'élection. qui.,1€s. a· suscitée5:•.. ,
-« multitude »; tout .en se substituant- à, •.elle.. Le Le_ Christ'. est 11 ..la ». !,descendance selon .Ia ,pro-
jugement sera dans la, venue du -Seryiteur-.- m~; le pre_m.ier-né du peuple_ . nouveau. Au
•désert (Lc.4,'rs), Jésus trioniphe-du ten_t~teur Sur
2. L'épreuve. de. l'h.uman.iÜ -- .Çes con,ciuSiOJtS, son_ ,propr:e, terrain (cf II,18s). •:-Il· est à_: la •fois
où 1'0;n, sent l'.~preinte _·de la. réflexion .. ;,acel"'.do- }'.~homme- qui. se nourrit: en-fin, 'et substantielle-
tale, · rejoignent celles qui,-, dan&· -les. récits . .de -la ment, de Ia-•.Parole de Dieu,',et «,Ya,h~eh,sauveur:-1t
Genèse décriVant les· origines;, nous,îont at,teindre que son ·peitple côntinue·à:-t~ter.:(~t 16·,1;- !.9,3:
le fond:de-:1a condition··humaine. L'*.élection est 22,18.) .., ,• , _. ,, . ', , ',• · _ ,.- ,:
fulalelllent_ la: réyélatiQn la :i?lµs-::expressive: de Jésus ·est le .Roi.fi~èle,. bon·.ftasteur, qui aime
l'amour gratuit de. Dieu,,•.de·.sa liberté.: .Pà.r là, .elle ld siens jusqu,'au bout.-:La *Croix· est la ·grande
appelle Chez l'homme. ,le iµaximum -de liberté dans épreuve (Jn_.12,.27s) e>ù·Dieu «-fait pI"euve »_de·soil
sa réponse;·· amoùr (3;qss).. , .', ,. _,., · . ;
Vépreuve est-justement le .champ lai~ à cette Jésùs• est .Ie.·petit· Reste; celui :en qui .-le . -Père
réponse/. Gn 2 manüeste de, façon·, ifflagée. cette conèen,tre_ soi;i . amc;:,ur -d'élec:tion_i:.- è'Eist_."dans ..cette
sollicitu,de gratuite pçmr le __souverain de .la créa- assurance filiale, qu'il· est :à la ·fois, haï. ·du •monde.,
tion qu'est l'homme. Un tel amour d'élection ne et :vainqueur _du ·mondè, (Jn -15,18; 16,33)., '
s'impose·pas,: ~l se ,choisit : de là l'.épreuve, _à tra- . Jésus. est Serviteur,··:A,gneau -de :Die,-µ.- ·,E,n. por-
vers l'_~arbre de la connai~ce _ (Gµ. 2,,17). J.,_a con- tant s~r .la croix le. pé_çhé, des_ hom_mes, --i\ trans-
dition· humaine fondamenta~e est ôµnsi- 1réyélée_·: f ~ -la: .tentation- . d~: blasph.ème- en plainte.. f;Ji~1e
l'homme. Il/est _tel, .. _pleinement.:•respons,ab_le. qu~ et_ . Ja, Mort. abstlrde. en .-•R,ésurre.ûion_, :(Mt,. ·27,46;
par sa. possibilité coristante-.de: choisir Dieu, ,« -.à .Lc.-,:23,46; ·.Ph 2,8s).
!'•image. »·.duquel.il est, par vQCatio:q.. , , _ No~:vel A9am et -Im.1-ge: .du- P:ère,_ sa tentation
-Or -Adam se, cb,oisit .lui-même comme. -dieu-JGn est cel~e ,.du..,Cke.f ·: .elle s'in~ale .enti:e la,,théo-
3,5). C'est_ que~ entre l'éprèt;ive .et le. c:ll.Qix, la crise phanie-_~- l'exercice. -de _sa mission- .(Mp 1,:i:.1-_14).
est intervenue, la tentatioµ,- dont _voici. enfin,l'iiu- Tout à.u long de Celle-ci, il la_ renc.ontJ;era, · cén:nme
teur personnel.: ·-•~atan. ·(Gn. 3;: cf. Jb .-1~;2)_'._·éJl contrepoint de la volonté du Père : ses parenti!
le· -voit,.Ja tentation _est plus que-.1'.épreuve : c.'.~st (Mc 3,33ss}, Pierre (Mc 8,33), les signes specta.:.
le.,péché qt;i:i .« .saiS:i.t·..l'oçcasion ?> et con,duit._1~ la cufaires (Mc 8_,r2), Je messiànism_e ·tem.porel (Jn
mo:tt:, (Rm. 7,gss)1 Des· éléments nouVeaux-.ont .-fai;t 6,r5). Enfin, l'ultime étape de sa mission devra
lem:.entrée: le. Mauvais,-,qui est; aussi le.Menteur, ~'.ouvrir: par·· rultime tentati~Il, celle de. l'agonie
appara.tt Séducteur. L'homme_-:ne- choi_sit_ sa_ ,.•soli- :-(Lc ..22,40.46)_. "1n:=ii -:v~queur ,du tentateur .depuis

373 374
ÉPREUVE/TENTATION J!PRElJVEjTENTATION

le début jusqu'à la fin de son épreuve (Le 4·,r3}, donc• particulièrement _nécessaire à ceux qui
le-·Ghrist engage enfin l'humanité nouvelle dans reçoivent le ministère de la Parole, (1- Th ·2,4;
sa vraie ,condition : -la· vocation filiale (Hb 2, 2 Tm 2;15), sinon ce sont des trafiquants (2: Co
'10.:.18). ' 2,17). L'épreuve· est "le signe de la mission (1 Tm
3,10; Ph 2,22) .. De là, lé ·discernement des faux
envoyés (Ap -2,2; -1 Jn· 4,1).
IL. L'ÉPREUVE DE L'ÉGLISE Au ·plan· psychologique, Dieu. ·sonde les cœurs
. '
De l'épreuve du Christ, l'Église- sort, comme la
et· les met à• !'.épreuve (1 · Th 2,4}. Il permet seule-
ment ·fa. tentation (1 Co 10,13).· Celle~ci vient du
multitu'de· justifiée par le Serviteur' (Is 53,u). Et tentateur {Ac 5,3; :r Co 7,5; 1 Th 3,5) à ·travers
sa mission suit le .'même .cheminement que celui le ·•monde (I Jn 5,19) et surtout l'argent (1 Tm
du Christ (2 Tm 2,gss; Le 22,28ss) ; le- baptêmè, '6,9). ·c•est pourquoi ·H faut demander de ne pas
où la Pâ.que du Christ devient c~lle de l'Êglise, u entrer »·dans la tentation (Mt 6,13; 26,41), car
est une épreuve (Mc ro,38s) et· annonce des elle _Dlène à l.i mort (J c_ 1·, 14s), Cette à.ttitude de
épreuves. après lui (He 10,32~39). prière filiale est aux· antipodes· de celle qui tente
Ici, le vocabulaire de l'épteuV'e se mêle à celui Dieu (Le n,r-n).
de . la *souffrance (thlipsis-tribulation, di6gmQs- L'épreuve, "elle - et la tentation où l'On n'entre
*persécütion) ·et de la *patience. (surtout hyj,o- pas en est une - ; est ordonnée à la vie.· Elle oon-
monè~constance)., Sa ,.résonance, ·dans le NT, est ditidnn<:da vie en Jésus-Christ·: (( oui, -tous ·ceux
d'abord eschatologique, avant d'être _psycholo- qui veulent ·vivre dans Iè Christ avec Piété seront
giq ue. La proximité· du retour du Seigneur porte persécutés n (2 Tm 3,12). Elle est une condition
à' son paroxy-5me l'oppo~ition de la lumière et des indispènsable de croissance (cf Lé- 8,x3ss); de
ténèbres. L'-Êglise est le_lieu de ·l'épreuve, le _lieu robustess'e (1 P 1,6s: en vue 'du jugement), de vérité
où -la persécution doit· àfferm.ir · la fidélité {Le 8, manifestée (x Co ·n,x9 : raison· d'être des -divi-
13ss;. ·21,12-19; Mt ·24,9-13) et où fhomme sort sions chrétiennes),' d'humilité (1 Co xo,12) ; en un
de la: tribulation. 11 éprouvé )), mot, c'est le chemin même de la Pâque intérieure,
_Cette épreuve dè l'Église est apocalyptique ; Celui de l'amour qui espère (Rm 5,3ss).
elle révèle des réalités cachées à l'homme charnel, Dès' lors, être· un chrétien J éprouvé o ou expé-
et le degré· de responsabilité confiée à chacun dans rimenter l'Esprit, c'est'. tout un, L'épreuVe ouvre
la_.-grande niission qui vient du Père.: le Christ à où-plus grand don de l'-E$prit;car itopère déjà
(He 2,14'."18), Pierre (Le 22,3rs), les disciples· (Le en ·eue ·-son travail de libération. A.fusi. libéré et
2r,t2s), toute église fidèle '(Ap 2,10). En ce sens. éclairé par l'Esprit (x Jn 2,20,27), le chrétien
épreuve et mission culminent dans le *martyre. éprouvé sait discerner, vérifier, «.éprouver» to.ute
Mais le grand combat eschatologique; qui est chose (Rm. -1:2,2; Ep 5,10). Telle· est la source
l'épreuve propre de l'Église, révèle aussi le véri- théologale de l'examen de conscience, qui n'est
table auteur. de Ja tentation·: Dieu éprouve les pàs arithmétique spirituelle,· mais., discernement
siens; -seul -sa.tan. les tente (Le 22,31; Ap 2,rn; ·dynamique où ·chacun s'éprouve à la lumière de
12,9s); l'Église éprouvée -démasque le séducteur, !'Esprit (2 Co I3,5' Ga 6,I).
l'accusateur, tout en. "témoignant par son *Para-
clet, l'Esprit victorieux· qui la mène .au terme de 2: La Bible -invite à donner à l'épreuve un sens
la Pâque (Ap 2-3; Le 12,-rrs; Jn· 16,1-15). C'est théologal. L'épt"euve est passage o: vers Dieu »,
ponrquOi elle apparait, danS les apocalypses, à la à ·travers son· dessein. Les divers• aspects .de
fois .. pers~cuté~fet sauvée (Dn 12,1; Ap 3,10;-2 P l'épreuve· {foi, fi.délité, espérance, liberté) con-
2,9). L'épreuv~ est donc la condition de l'Église, fluent dans la -grande épreuve -du Christ,· conti-
encore à éprouver et déjà pure·, .encore à réformer nuée dans l'Église et en chaque. chrétien, s'ache-
et déjà glorieuse.' Lès ·tentations proprement ecclé- vant ·dans" un enfantement cosmiqùe -(Rm 8,18-
siales vieruient le plus souvent de la-négligence de 25). L'affliction de l'épreuve prend -son. sens dans
l'une· de· ces- deux composantes. ' la lutte eschato_logique'.
·D3.ns le dessein de · Dieu qui vise à diviniser
l'homme dans le -Christ, l'épreuve, et son exploi-
III. L'ÉPREUVE DU CHRÉTIBN tation satanique, la tentation, sont inéluctables :
elles •font'· passer 'de la liberté offerte à. la liberté
1. L'annonce de l'Évangile est-inscrite dans la tri- vécue, de l'élection à' l'alliance. L'épreuve ajuste
buJation eschatologique· (Mt 24,14). L'épreuve est l'homme au •mystère de Dieu; et, à l'homme

375
EPREUVE/TENTATION ESCHATOLOGJE

blessé, la proximité de Dieu est d'autant plus sance dont les chefs du peuple (Is 9,15), les lévites
douloureuse qu'elle est plus intime. L'Esprit fait (Ez 44,10-13), les faux *prophètes (Os 4,5; Is 30,
discerner dans le mystère de la Croix le passage 10s; Jr 23,9-40; Lm 4,13ss; Mi 3,5; Ez 13,8.10.18)
de la première à la seconde création, le passage sont les grands responsables, et qui annonce l'er-
ù.e l'égoïsme à l'amour. L'épreuve est pascale. reur diabolique des derniers temps (cf Dn II,
]Co 33ss).
,\braham I 2 - Antichrist - bien & mal I 3 -
calamité l - captivité I - connaître AT 2 - con- NT
solation - désert AT I 2, Il 1 ; NT - éducation I
2 a - Égypte 1 - exil Il - faim & soif AT 1 - feu L'erreur eschatologique annoncée par le pro-
AT Il 2.3 - foi AT Il, III 2; NT I 2.3- humilité II- phète atteint son paroxysme au contact de Jésus-
joie NT II 2 - manne 1 - nuit AT 1.3 - obéissance Christ> la Vérité en personne (Jn 14,6}.
II 2 - ombre I 2 - patience II I - persécution - Jésus dénonce les erreurs de ses contemporain!'>
prière I 1, II 2, IV x.2 - procès I 1.3 - prophète (Mt 22,29), et les Apôtres mettent les fidèles en
AT Il 3 - responsabilité 1 - Satan - scandale -
souffrance AT Il, III; NT III - temps intr. 2 b - garde contre elles (r Co 6,9; 15,33), mais le Maître
tene AT I 3, li 3 b - veiller II - volonté de Dieu (Mt 27,63s; Jn 7,12.47) et ses disciples (2 Co 6,8)
AT O. seront à leur tour dénoncés comme imposteurs.
tant se fourvoient les Pharisiens qui se laissent
ERRER---+ chemin - chercher - erreur. aveugler (Jn 9,41) et (( les princes de ce monde qui,
s'ils avaient connu la *sagesse de Dieu, n'auraient
pas crucifié le Seigneur de la gloire » (1 Co 2,8).
Cependant, malgré son échec devant la Vérité,
l'erreur demeure active parmi les pécheurs, les
ERREUR faisant a à la fois trompeurs et trompés » (2 Tm
3,13). Aussi faut-il *veiller (Je 1,16; r Jn 2,26s),
se défier des fables colportées par les faux doc-
L'erreur n'équivaut pas à l'ignorance. Elle n'est teurs (1 Tm 1,4; 2 P 2, 1s), de l'imposture des
pas dans les tâtonnements, voire les égarements hommes (Ep 4,14.25; Tt 1,14) que le judaïsme
de l'intelligence où la situent les Grecs. Elle ne se tardif mettait sous l'emprise des *puissances d'er-
réduit pas à la méprise de celui que trompent les reur, les *anges déchus. De plus, le devoir de tous
apparences (Gn 20,2~7; Sg 13,6-9), ni à l'inad- est de ramener le pécheur égaré loin de la vérité
vertance qui cause le mal et l'injustice (Lv 4,2. (Je 5,20).
13.22.27). Elle est avant tout "'infidélité, refus de En prévision de la fin des temps, Jésus a pré-
la *vérité. L'errance en sera l'effet et le "'châti- muni ses fidèles contre la séduction des faux pro~
ment : Caïn vagabond (Gn 4,12), Israël errant phètes (Mt 24,5.11.24 p}. De fait, cet esprit d'er-
(Os 9,17), les brebis sans pasteur (Is 13,14; 53, reur (1 Jn 4,6), ce ~ mystère de l'impiété » (2 Th
6; Ez 34,16) à ramener au bercail (Mt ·18,r2s; 2,7) *croît jusqu'à la fin des temps (2 P 2,r5M18;
1 P 2,25). Ap 20,8}, où il révélera son vrai visage, celui de
l'*Anticb.rist (2 Jn 7), celui de "'Satan qui l'ins-
AT pire (2 Th 2,gss}, celui du diable, séducteur du
1(

monde entier ,, (Ap 12,9). Mais finalement, la


L'erreur est située sur le plan religieux une *Bête, le faux prophète et le Diable seront tous
désobéissance qui aveugle. Errer, c'est Œ s'égarer jetés dans l'étang de feu (19,20; 20,3.10). JR
loin du *chemin prescrit par Yahweh (Dt 13,
)J

6. r r). Liée à l'apostasie d'Israël, l'erreur conduit ---+ Antichrist NT - enseigner NT II 3 - hérésie 3 -
à !'*idolâtrie (Am 2,4; Is 44,20; Sg 12,24), et découle mensonge II, III - vérité NT 2 c. 3.
généralement de l'abandon de Yahweh (Sg 5,6).
En effet, le *juste seul marche avec assurance ESCHATOLOGIE --- cité NT 2 - création AT III
{Ps 26,1.3; 37,23.31) ; les "'impies sont livrés à un 2 ;NT II 3 - dessein de Dieu AT II ; NT IV - élec-
tion NT III - espérance NT IV - figure AT II
égarement {Is_ 63,17; Pr 12,26) que Dieu sanc- 3 - gloire IV 1 - guerre NT - héritage AT Il 1 -
tionne en les y abandonnant (Ez 14,6-u; Jb 12, heure I - Jérusalem AT III 3; NT Il 3 - Jésus-
24), à moins qu'ils ne se *convertissent (Ba 4, Christ I 1, II 1 a - Jour du Seigneur - louange II
28; Ez 33,12). Sinon, avec l'"endurcissement qui 3 - lumière & ténèbres AT II 3 ; NT II 4 - nou-
augmente, l'erreur prolifère (Sg 14,22-31), •crois- veau IV - paix II 3 b - Pâque III 3 - paradis z b.3 -

377
ESCLAVE ESCLAVE

peuple B ; C III - repas IV - royaume AT III raël, rachetés par Dieu de l'esclavage d'*Égypte,
NT III 3 - salut AT I :2. - temps AT III; NT II ne peuvent plus être esclaves d'un homme.
1, lll - terre AT Il 4 - vin Il :2. - virginité NT 3 Le problème de l'esclavage s'est posé de nou-
- visite AT 3 ; NT.
veau dans les communautés chrétiennes du monde
gréco-romain. Paul l'a rencontré notamment à
Corinthe. Sa réponse est très ferme : ce qui importe
désormais1 ce n'est pas telle ou _telle condition
sociale, c'est l'appel de Dieu {t Co 7,17 ... ). L'es-
ESCLAVE claV'e fera donc son devoir de chrétien en servant
son maître « comme le Christ n {Ep 6,5-8). Le
~•esclavage était pratiqué en Israël. Bon nombre maître chrétien comprendra, lui, que l'esclave est
d'_esclaves étaierit_d'origine étrangère: prisonniers son *frère dans le Christ ; il le traitera fraternelle-
de guerre réduits en esclavage, selon la coutume ment (Ep 6,9) et peut-être même, dans une cir-
générale de l'ari.tiquité (Dt 21,10), ou esclaves constance exceptionnelle, saura l'affranchir (Phm
achetés auprès des marchands qui en faisaient le q-21). Dans l'*homme nouveau, en effet, la vieille
trafic {Gn r7,r2). Des Hébreux aussi étaient vendus antinomie esclave/homme libre n'existe plus; ce
ou se vendaient comme esclaves (Ex 21,1-n; 22, qui importe seul, (< c'est d'être une créature nou-
velle n (Ga 3;z8; 6,15).
2; 2 R 4,1).
L'esclavage n'a cependant jamais atteint, en
Israël, l'ampleur ni ia forme qu'il a connues dans
lî. LE THÈME RELIGIEUX
l'antiquité classique. Israël, en effet, restait mar-
qué par sa çlouble expérience initiale : sa détresse
Libéré par Dieu de l'esclavage, Israël y retom-
au pays de la servitu_de et la merveilleuse histoire
bait, s'il était înfidèle (Jg 3,7s; Ne 9,35s). Ainsi
de sa. *libération par Dieu (Dt 26,6ss; Ex 22,20).
De là, d'une part, sa façon particulière d'envisager a-t-il appris que *péché et esclavage vont de pair
et ressenti le besoin d'être libéré de ses fautes
le problème social de l'esclavage et, d'autre part,
(Ps z30; Ps q1,3s). Le NT révèle mieux encore
la réflexion religieuse suscitée par cette réalité.
cette plus profonde détresse : depuis que par Adam.
le péché est entré dans le monde, tous les hommes
lui sont intérieurement asservis et se courbent
J, LE PROBLÈME SOCIAL du même coup sous la crainte de la mort, son
inévitable salaire (Rm 5, 12 ... ; 7,13-24; He 2,14s).
Il est utile d'observer d'abord que dans la Bible La Loi elle-même ne faisait que renforcer cet escla-
le même mot désigne à la fois le I serviteur et vage.
l'esclave. Certes, la *Loi accepte l'esclavage Seul, le Christ était en mesure de le rompre,
comme un usage établi (Ex.21,21); mais elle a parce qu'il était le seul sur qui le prince de ce
toujours tendu à en atténuer la rigueur et,. même monde n'eût aucune prise (Jn 14,30). Il est venu
si elle exprime un idéal plus qu'une réalité, elle libérer les pécheurs (Jn 8,36). Pour. briser leur
témoigne ainsi d'un authentique sens de l'homme. esclav~ge, il a accepté de prendre lui-même une
Bien qu'il soit propriétaire de son esclave, le maître condition d'esclave (Ph 2,7), une chair semblable
n'a pas, pour autant, le droit de le maltraiter à sa à celle du péché (Rm 8,3), et d'être obéissant
guise (E:x 2r,20.26s). S'il s'agit d'un esclave jusqu'à la mort de la croix (Ph 2,8). Il s'est fait
hébreu, la Loi se montre plus restrictive encore. le serviteur, non seulement de Dieu, mais des
Sauf consentement de l'intéressé, elle interdit l'es- hommes, qu'il a ainsi rachetés. (Mt 20,28 p; cf
clavage à vie : le Code de l'Alliance. ordonne Jn 13,1-17}.
l'affranchissement septennal (Ex 21,2); plus tard, Mieux que les Hébreux rachetés de l'Égypte,
le Deutéronome assortit cet affranchissement d'at- les baptisés sont donc devenus les affranchis du
tentions _:fraternelles (Dt 1.5,13s) : la législation Seigneur, ou, si l'on veut, les esclaves de Dieu
lévitique, de son côté, instituera un affranchlsse- et de la •justice (I Co 7,22s; Rtn 6,16-22; cf Lv
ment général lors de l'année jubilaire, peut-être 25,55). Ils sont désormais libérés du péché, de la
pour suppléer à la non-application des mesures mort, de la/I;..oi (Rm 6-8; Ga 5,r). D'esclaves,
précédentes (Lv 2.5,10; cf Jr 34,8). Finalement, ils sont deveri.üs fils dans le Fils (Jn 8,32-36; Ga
la Loi veut faire passer l'esclave hébreu au sta- 4,4-7.21-31). Mais, libres à l'égard de tous, ils se
tut de salarié (Lv 2.5,39-55), car les enfants d'Is- font cependant serviteurs et esclaves de tous, à

379
ESCLAVE ESJJJ!RANCE

l'exemple de leur Seigneur (r Co 9,19; Mt 20,26-


27 p; Jn 13,14ss). Car si le service de l'homme est
accidentel et si l'esclavage du péché et de la chair AT
est anormal, le service .de · Dieu et de ses frères l. L'ESPÉRANCE DES BÉNÉDICTIONS, DE YAHWEH
constitue la vocation même du chrétien. CA

--?"autorité !'fT II 2 -. captivité - libération/liberté - .~i la mySt~rieu_se proinCSSe :faite dès les origines
servir ·I - ùjv~il. par ,Dieu à ·l'humanité péch~se (Gn ·3,15; 9,1-
1'7) attesté qtie Dieu· ne la faiSSa· jamais sans espé-
•iànce,. c'est àvèc *Abraham ·qu_e comnienèe vrai-
ment l'histoire de· l'espérance'· ·bibliqu'e.· L'avenir
assuré p·ar la •promesse ·est simple : une •terre
et 1.1,nè nÇ)mbret1sè postérité (Gn 12,i:s;· *fécondité)".
ESPÉRANCE Pendant des siècles, les obje'ts de l'espérance d'IS-
·raël _:resteront du-mêm_e_o.-dre terrestre : · « la ·teiTe
Où• COulent- le. l_ait et le mie_l »: (Ex '3,8,17), toutes
·fad~ de l'espé~ari-ce, c'est dire la pla.ce. qu~ ti~t les formes ·de 18. prospérité· (Gn · 49; E,c 23,27:.33;
l'avellir da~. la v:ie _religieus_e du. p.e;uple de Dieu, Lv 26,3-13; Dt 28). -- _ - ,_:. .·
un avenir de bonheur auquel sollt app"elés tOus le_s Ce ~goureùx élan vers les 'bièns de ·èe mondé ne
1

homm('S ·(1 r~ .. 2A). L.e~ .*promesses de Dféu oil.t fai_t pourt~rit pas de la· religion· d'Israël :une simple
morale du bien-êtrè. Ces biehs terrestres_ sorit•pour
révé~~ _pe_u à peu à so~ peu!)l~ la_ splendeur .de. cet
aven_jr,.qui.,ne sera .. pas un~ R:aµté de .~e.monde, Israël de!3 *bénédictions (Gn: 39,5; -49,25) et· des
mais_« une *patrie m,eil)_eur~. c'est-à;-_<;lire ~éles_te » "'dons (Gn 13,15; 24,7; 28,13) de Dieu qui se
(He n,,16) : -" .,la vie éternCUe ».. pù_ l'homme. sera montre_ ainsi ·fidèle à la- Promesse et à, l'Alliance
« sembla,P.le_ à ~Ï!3:U->) (cJn 2_,25; . 3,2). · (Ex 23,25;-.Dt.28,2). Quànd la .fidélité à .Yâ.hweh
Ce.sont 4k, ~c.onfü;mçe en Pieu et en sa ~fidélité, l'exige, ces biens terrestres. doivent donc être sacri:.
la ,foi en ses.promesses:, qui.-garantissent la réalité fiés sans hésitati_6n (Jos-."6,17-21; 1 .S 15) ::· le sacri,-.
de_ cet. avenir._ (cf -~e ·1.i,1.) et qui permettep.i a-~ fi.ce d'Abraham ·démeurait Un exemple: d'espéranee
moins, d'en deviner· les .merveilles.,.- IL est dès lors parlaite.en:la prop-1esse du Tout:-Puissant '(Gn 22).
possible; au croy~nt.-de: .désirer :~et ·.avenir_ ou; pius Cette .situat_ion laissait ·présager·. qu'un jour, Israël
pféclsément1 df _'l'èspé~er: .En. effet,. 1a· partiéipatiOn conn~itrait :µne «. 'meilleure espérà.nce )) (He -7,
à cet avenir indubitable_ téste. proplématique, car 19). vers laqtielle 'Dieu:va lentement conduire son
eJie,dépend, d'un •a,mo_ur fi,dèle .et patient qui est peuple. ·
une exigenc~ difficile pour '!ln.e *liberté_ pécheresse.
Le c_royant,.ne peut, donc ab!,O_lument .. p~ se fl,er
à lui-;..11].ême_ pour atteindre à cet aveD;ir. Il n~ pe.ut
que l'espérer, dans la .~~-µ,fi3:nce, du Dieu en qui Il. Y~HWEH, ESPÉRAN?E•p'l_SRAft.L
il croit et qui :peut !3eul_.rendre: ~a lib~é .capable ET DES NATIONS
d'aimer.. C'e.st. ~racinée . aiI1,si d_ans la foi et:,4ans
la confiance qÙe l' espérap.ce, peuf se. ~éplç:iyei- vers :çe ·progrès 'fut _d'abord l'(:eu_Vl"e ~es proJ>hètes
l'avenir et soulever de son dynamisme toute la CJ.ui, _tout en puri:fi.ant et en mainte~ant l'espérarièè
Yie du croyant. d'Israël,_ lùi'_Oilt c,UVert des·perspectives déjà nOu:.
Foi et confiance, espérance, amour sont doric velles.
divèrs aspects d~une attitude spirituelle complexe;
mais une. En hébreu, les mêmes racines expriment 1.-. La· fausse.: ~spérance. _i_ Israël· oublia souvent
souv~t l:une._ou:l'autre_, de ces no:tions; 1.~-voca- qu'un avenir ·heureux était un· don du DieU · de
b1l_l_a}re de .l'esp~nce. ,se _ra_ttache néanm~in_s. plus l'*Alliatice- (O_s 2;10;· Ei I6;1jssr ,Il était dès lors
sp~ ciale1:1~t , ~ux raciile_s q_awah, y_~hal _,et btqafi
1
tenté de s 1aSsurer cet aVenir coinme les •nations :
que lf)s traducteurs ont._rendt:J _d'e leur miêux-~ p·ar ii,n •culte· -formaliste~. T*idolâtrie, la•: ·•puis".'
gre,c (elpi'zo,, elpis, __.pepoüha~ hypoinent) ... ) ..ou, .en sance-ou les •alliances. Les··p'.rophètes dénoncent
la~i~ J~pero, .#_fJS, conftdc, :SJ'Stirieo, exspect?_ .. ,). cette espéranèe· illusoire (Jr·- 8,r5;- r3;r6). SanS
C.'est le NT, Saint Paul probablei:nent (1_ .. n_ 1,. :fidélité, il n'y a pas .à espérer le "'salut (Os· 12,i;
3; 1 ~o 13,.1.3; Ga, 5,5s), q~i,étabÎira, da~s tôui,e: sa Is 26,Sss; 59,9ss). -~ •jour de. Yahweh, « sombre,
netteté, 1~ triade. :" ~oi,. espérap.~e, aJllOUr. sans lueur aucune » (Am 5,20), sera u le jour de la
ESPgRANCE ESPËRANCE

•colère » (So 1,15ss). Jérémie (1-29) illustre


typiquement cet aspect du ministère prophétique.

!IJ, L'ESPÉRANCE DU SALUT PERSONNEL


2. La-véritable espérance. --L'avenir semble par-
ET L'AU-DELÀ
fois se fermer devant Israël, qui est alors tenté
de dire : t< Notre espérance est détruite•» (Ez 37,
n; cf Lm 3,18). Pour les prophètes l'espérance C'est surtout" chez iès *Pièux et les •si:Î.ges que
est alors C'OlT/-me enfouie (cf Is. 8,16s), mais ne c;J.oit l'espérance de l'AT va désormais progresser, dans
pas disp~ître : uil -•restè sera sauvé (Am 9,8s; le cadre de la . foi à la •rétribution personnelle.
Is ro,rgss). La réalisation du dessein de Dieu Cette foi se heurtait au problème posé par la
pourra ainsi se poursuivre. A l'heure du *châti- •souffrance du *juste. Probablement vers la :fin de
ment, l'annonce de cet (( avenir plein d'espér~nce » l'exil à Babylone, ou un peu plus tard, un pro-
(Jr 29,rr; 31,17) éclate aux ()reilles d'Israël (Jr phète avait bien enseigné_ que cette souffrance
30-33; Ez 34-48; Js 4_0-55), pour qu'il soit devait engendrer l'eSpérancei et non rempêcher,
•consolé et que son, ei,pérance demeure (Ps 9,19). parce qu'elle était •rédemptrice (Is 53}. Mais cette
L'infidélité même d'Israël ne doit pas l'empêcher anticipation fut sans lendemain dans l'AT .. L'es-
d'espérer : Dieu lui *pardonnera (Os u; Lm 3, pérance de Job par exemple~ malgré des pressen-
22-33; Is 54,4-10; Ez 36,29). Si le salut peut timents (Jb 13,15; 19,25ss), débouche sur· la nuit
tarder (Ha 2,3; So 3,8), il- e~t certain,- car c'est (Jb 42,1-6).
Yahweh, *fidèle et •miséricordieux, qui est t< l'es- Comblée par la •_présence de· Dieu_, l'espérance
pérance d'Israël » (Jr 14,8; 17,13s). des mystiques' se sent anï.vée à son terme : la
souffrance et la mort n'ont plus vrainient d'impor-
tance pour élle (Ps 73; 49,16,.cf 139,8; 16).·La foi
3. Une• nouvelle espérance. - La collception pro~
des martyrs engendre· l' e_spéiancé de la •résui-rec-
phétique de l'avenir :est très complexe. Les pro-
tion (Dn r2,1ss; 2. M 7) - tandis que l'espérance
phètes annoncent la •paix, le •salut, la •Iuniière,
collective · se tourne vers le *Fils de l'hcimme
la •guérison, la •rédemption. Ils entrevoient le
(Dn 7). 'L'espérânèe des sages• se tourne vers ·uuè
renouvellement merveilleux et définitif du •para-
•paix'_(Sg 3,3),_ un •repos (4,7), un •salut (5;2)
dis, de l'*Exode, de l'*Alliance, ou du •règne de
qui ne sont plus sur terre, mais dans l'immor-
•David. Israël II sera, rassasié des *bénédictions ,.
talité (3,4), près du ~eigneilr (5,158). C'est"' ainsi
(Jr 31,14) de Yahweh (Os 2,23s; Is 32,r5; Jr 31) que'l'espérance devient personnelle (5,5) et s'oriente
et verra affluer vers lui la *richesse des nations
vers le mOnde à venir.
(Is 61). Proches de l'ancien Israël, les prophètes
L'espérance juive du temps de Jésus Se diffé-
situent, au centre de l'avenir, Israël et son bon-
renciait selon les Courants relig'ieux d'alors. Reflé-
heur (*béatitude) temporel. tant ·les formes diverses et ·les éta pès successives
Mais ils aspirent aussi au jour où Israël sera
de l'espérance d'Israël, elle -attendait un avenir à
rempli de la *connaissance· de Dieu (Is u,g; Ha fa fois matériel et spirituel, ·centré sur Dieu et sur
2,14) parce que Dieu aura renouvelé les •cœurs
Isr~ël. temporel et éternel, collectü et individuel.
(Jr 3r,33ss; Ez 36,25ss), tandis que les •nations
La réalisation de cet avenir en Jésus allait appelet
se convertiront (Is 2,3~ Jr 3,17; Is 45,14s). Cet l'espérance à se purifier encore. ·
avenir sera l'époque d'un •culte enfin parlait
(Ez 40-4-8; Za _14) auquel prendront part les
nations (Is 56,8; Za 14,16s"; cf Ps 86,8s; 102,22s). NT
Or le sommet·du culte, c'est de contempler Yah- I. L'ESP1èRANCE n'JSRAËL ACCOMPLIE PAR JÉSUS
weh ~t d'habiter avec lui (Ps 63; 84). Pour les
prophètes, l'èspérance d'Israël et des nations, c'est Jésus proclame la venue· en ce ,monde _du
Dieu lui-même (Is 60,_19s; 63,19; 51,5) et son règne *Royaume de Dieu (n,It 4,17}. Mais ce royaume
(Ps 96----g9). Cependant le bon,heur d'Israël est une réalité spirituelle qtii n'est accessible Qu'à
attendu pour l'avenir demeure encore situé sur la foi. Pour être· comblée, l'espérarice 'd'Isrà.ël doit
terre, et, sauf exception- (Ez. r8), il reste collec- donc renoncer à' tout l'àspect matériel de s·on
tif, alors que la fidélité dont dépend sa venue est attente : Jésus dCmande à ses disciples d'accepter
individuelle. la *souffrance et la •mort à sa suite (Mt 16,245s).
D'autre part, le royauine déjà présent est néan-
moins encore futur. L'espérance continue donc,
ESPÉRANCE ESPJ!RANCE

mais orientée uniquement. ·vers la ·•vie ·étem~Jle à celle-ci, c'est, pour Paul, être.« sans espérance. i;
(18,8s),-Veis la:venue,glori_eüsè du '!'Fils_de rhomme (t Th 4,13; I Co 15,19; cf·Ep 2,12). .
, qui ·rétribuera ·èhacun selon ·sa condi.tite » '(r6, · La gloire ne couronnera que··« la Constance ·dans
27;· 25,31-46). la pratique,du bien n (Ryp: ·2,7S; cf' He . 6,12); ·or
En attendant ce *jour, l'Église, forte des. pro- la !"liberté humaine est fragile (Rm-7,12-25), Le
messes (16 18) et de la présence de Jésus (28,20),
1
chrétien peut-il dès lors espérer vraiment prendre
doit achever de réaliser l'espérance des prophètes part à l'*héritage promis (Col 3,24) ? Ile peut et
en ouvrant aux •nations 'Jê 'Royaume et son espé- doit, comme *Abraham, rc espérer contre toute
rance (8,ns; 28,19). espérance ~. en raison de sa *foi aux •promesses
(Rm 4,18-25) et. __ de sa l?Onfiance en Ii;i,. *fi.délité de
Dieu qui assurera la :fi.délité de l'homme (1 Th 5,
24; :1 Co 1,9; cf He ro,_:3)-depuis son_ap~el (*voca-
lL, Jt_Sti~~CHRl'S·f. ii~PÊ~Nç:E D~ 'L'ÉGLIS~ tion) jusqu'à.•_la •_gloire (Rm. 8,~8-3_(?}. ·. ·
L'accomplissemént des_prornesses ~n Jés_us-C~rist
L'èspérand~- de·-.:·1,,:igiise .est; -dans·_.
la_, :foi,- une (2 Co ·1,20) joue un__ rôl~., fondamental, dans l_a
espérance .comblée. , Car_ .Je don de l'*Esprit a réflexion __de Paul."La 'gloire_ attendue _est un~ l"éa-
achevé ·d'*aècomplir les •promesses (Ac,·2,33.39). lité actuelle . (2 Co ·3,18-:-4,6) biCn qu'invisib,le
Toute la-force· de. son .espét:ance .se concentre donc (2'·Co_ 4,18; Rm· 8,24s). Un_ *baptisé est déjà res-
sur -l'attente•. du .retour de,· 1 Jésus (1,n; 3,20). ·suscité (Rin· 6,'r-7; ·col 3,1); _da_ns_ l'Esprit qu'il a
Appelé parousie (Je 5,8; 1-Th 2,19),--•jo.ur du Sei- reç.u co~me'· arr~es (2' Co. r;'22; 5,5; Ep I, 14)' _et
gneur, "Visite, •révélation, cet avenir parait tout •prémices (Rtn 8,u.23) du monde à· _Venit, il
proche (Je ,5,8; x Th 4,x3ss; He xo,25.37; 1 P 1• possède déjà .·ce monde, et son espétanfe _pèut
7) et l'on s'étonne volontiers qu'il tarde (2 P 3, ainsi cc surabonder n ~15;-13)."Dieu a fait la •grâ.ce
Sss). En :réalité il viendr_a cc comme un voleur dans de la •jus_tification ·à des hO:mines _qu' Adàin ·entraî-
la •nuit (1 Th 5,xss; 2 P- 3;10; -Ap J,3; ci Mt··24,
1) miit' vers l'a ·•mort.;·_ (1 combien plùs o·_leur Solidà.-
36). ,,Cette: incertitude.- invite .à -,~vei)ler. (1. Th rité ~Vec ·,s·on. Fils ·1es inènèra:-t-elle à la :•vie (Rin
5,6;- 1· P 5,8) ·avec un:e *patience iriébranlàble dans 5) .. Cét â.ccOmpliSi:lemenf dahS le Christ _de. respé-
les-.•épreuv.ès•·•et l~- "sou-ffran~e (Je 5,7ss; 1 Th:.1, rànce ,d_'Israël ~t'· 1a_·'i-évélàtfon plénÎère. du· motif
45; r.P .1,5ss;,.cf Le :;u,19}'. • .,1 ·, de l'eipéran\~e- 'chrétienne:_"_':_· u_n_ •amouJ:"·_ ·tel_ ·que
~•espêranèe ·de l'·-Église est joyeuse (Rm 12,12), rien ni· peJ'.Sonne' ne peut. lui atrach~ le chrétien
mêine dans·fa souffranëe {D ·P 4,i.3; cf Mt 5,ns), (Rrn.8:3,C39). .. _.· .. . .. . . • .•
car la,gloire· attendue,'est si grande·.(2 Co 4,i'7) ._ L'~péran~e. ·.p~oii~ell~ .. de- ,Paul est _enfi.Il 'un
qu'elle rejaillit sur' le présent (r P 1,8s). Elle · admirable e_xemple. Elle se déploie _dans· son A.me
engendre:la sobriété . (t Th 5,8; 1 P 4,7} et le déta- avec_ un_e extrême_ intehsité ... Elle gémit de n_'êÎ:re
chement ·(1,--Co :7,29ss:. t .p 1,.r3s; Tt 2,12). ·Que pa{eJlcore com.bl~e (2 Co_5,4s; _Rpi _8,23) e_t_exulte
sont- en.-efiet·Ies biens terrestres au,regard dè l'es- à la pensée, de l'avenir ·-qu'elle attend (t_ Co 15,
pérance de· a participer,\ fa nature •divine n (2 ·P 54s·s), A s3.· lümièr'e, Ii::s t:isp'o'ï'rs hum,ains les··p1{t,;
1,4),;L'espérance suscité enfin]a •prière et r•amour lé_gitimes __ perdent_ t1?_ute _yajeur._ (Ph.3·;8). 'N_e pre-
fraternel (r -P. .4,"7s; -Je ,5,8s), Ancrée dans le monde n'ant. appui que ·sur la grâce. de Dieu e.t non sur
à .venir (He 6,.18), .elle animie-.toute·là vie ·chré- les _•œU.vres· (rCo 4;4; 15,1'0_; ·Rm. 3,'27),'·elle anime
tienne. cependant de spn ·.Q'.fnamiStlle la •Côû.rse_ (Ph ·3,
13ss) .et _le·c9mbâ~ _(2'._Tin.4_,7) que J?aul_ mène pour
accOmplir' sa'.·mission,_ tou_t _en':évitan~·-d'être « lui-
ffiême diScj_ualifië )) (1 Co·9,:26s) Elle_ su'scite alors,
,

II.l.,, J.,.A D_OCTRINE PAU_LIN~EN:N~ DE L'.ESPÉRANCE 1

mais « dans_ le_ .Seigneur )), de noùveauX espoirs


(Pb. 2,19;:2 Co r,gs; '4,7~18). Quand sa mort semble
Saint. ·Paul partage respérancei··de fÉglise; .mais p!oche, Paul attend le' prix (Ph 3,i4) ·.qüi OOu-
la richesse: de ·sa .pensée e~ ·de .sa -vie'.. spirituelle ronnera_ sa _c_ourse (2 T).n 4,6_~s; cf 1 Co 3,8). Mais
ap1;>0rte des.- éléments de grand·e. ·..valeur· au . trésor n sait: que sa- récompense est le Christ, ht~~tnêtne
commun.''; :- ·:, .· . , .· Œ~. 3,8),. S.on espérance, ·c•èst av~nt. tout <i'.~tre
Ainsi,)a,. placé.·qu'.il:acoorde à.·la .K· *rédemption avec,-.lui _(Ph 1,23; 2 Co 5,8).· L'apôtre n'attend
_de,.. notre... corps » {Rm 8,2.J),_:.qu'.elle·so!t transfor- plus· sqn.b,oriheur_personnel, ,mais. tout :Simpleme_nt
mation des vivants,. (i' Go 15,51; cf-1 Th _4;13-18} quelqu'un qu'il -aime; Ce désintéressement_ fon-
ou .surtout, .•résurrection d~ morts; -Ne .pas, croire cier de- son espérance se manifeste en·core par son
ESP:8RANCE ESPRIT

ouverture au ·salut des « -autres.n (2 Tm 4,8; 2,7), II - salut AT Il 2; NT II 3 - semer I 2 b - temps


chrétiens (r Th 2,19) ou païens, à qui il veut révéler AT _III; NT UI - terre AT. II 4; NT III - veiller
le Christ « espérance de la gloire » (Col 1,24-29). I - vie III 3, IV. s - voir NT II.
L'espérance de P~ul épouse ainsi. dans toute son
ampleur (d R,m 8,195s), le dessein de Dieu et
répond (( avec amour f) (2. Tm 4,8) .à l'amour du
Seigneur.
ESPRIT
IV. LES. NOCES DE r/ AGNEAU
Dans toutes les langues classiques et bibliques,
w esprit i, est un mot susceptible de sens très
L'espérance johannique ne cesse pas d'être divers. Entre l'esprit-de-vin et l'homme d'esprit,
attente du retour du Seigneur (Jn 14,J; 1 Jn 2, entre « rendre l'esprit I et II vivre selon !'Esprit ,,
18)~ de la 'résurrection et du jugement (Jn 5,28s; il y a bien des différences, il y a aussi des analogies
6,39s). Mais elle préfère-se reposer dans la pos- réelles. Esprit tend toujours à désigner dans un
~ssiOn d'une •vie étern.elle déjà donnée au croyant être l'élément essentiel et insaisissable, ce qui le
(3,15; 6,54; 1 Jn 5,nss) qui est_ déjà ressuscité fait vivre et ce qui émane de lui sans.qu'il le veuille,
(Jn 11,25s; r Jn 3,'4) et jugé (Jn 3,,9; 5,24). Le ce qui est le plus lui-même et ce dont il ne peut
passage du chrétien à l'éternité ne sera que. la se· reildre maitre.
manifestation paisible (1 Jn 4,17s) d'une réalité qui
existe déjà (3,2),
Dans l' Apocalypse, les perspectives sont_ pro:- AT
fondément différentes. V Agneau ressuscité, entouré 1. 'Le 11ent. - L'esprit {en hébreu ruatz), c'est le
dè chrétiens (Ap 5,_n:-14; 14,1-5~ 15,2ss), triomphe souffle, et d'abord celui du vent. Il y a dans le
déjà dans le ciel d'où viendra l'Eglise son ~Épouse 'vent un ·mystère : tantôt d'une violence· irrésis-
{21,2). Mais cette épouse est en même temps sur tible, il .abat les maisons, les cèdres. les navires
la terre (22,17) où se .joue le drame de l'espérance de haute mer (Ez 13,13; 27,26), tantôt il s'insinue
chrétienne aux.pri_ses avec l'histoire. Les-triomphes dans un murmure (1 R 19,12) ; tantôt il dessèche
apparents des puissances sataniques risquent de dè son souffle _torride la terre stérile (Ex 14,21;
lasser cette espérance. En réalité, le Verbe invin- cf Is 30,27-33}, tantôt il répand sur elle r•eau
cible combat et règne aux .côtés des siens (19,n- féconde qui -fait germer la.yi.e (r R 18,45).
16;. 20,1-6), et la *victoire décisive est proche
{cf 1,1; 2,5; 3,1:i:'; 22,6.12). L'espérance des chré- 2. La· respir~lion. - De-même que Je vent sur la
tiens doit donc _triompher jus<.J.u'à la venue de terre massive et inerte. ainsi le souffle-respiratoire,
« l'univers nouveau » qui réalisera enfin pleine- fragile et vacillant, est la force qui soulève et
ment et défiilitiveni.ent les .prophéties de l' AT anime le corps et sa masse. De ce souffle, l'homme
(Ap 2r-22). , n'est pas maître, bien ·qu'il ne puisse s'en passer,
A la fin du livre, l'Époux promet : « Mon retour et il meurt lorsque ce souffle s'éteint. Comme le
est 'prOche. n Et !'Épouse lui répond : 1< _Viens, vent, mais d'une façon bieh plus immédiate, le
Seigneur Jésus! » _(Ap 22,20). Cet appe~ ~rend souffle respiratoire, celui de l'homme en parti:
une prière. araméenne de' l'Église des premiers culier, vient de Dieu (Gn 2,7; 6,3; Jb 33,4) et lm
jours : « Marana tha ! , », (cf r Co 16,22). L'espé- fait retour à la mort (Jb 34,14s; Qo 12,7; Sg 15,11).
rance chrétienne ne trouvera jamais de meilleure
eX"pression, car elle n'es_t àu fond que le désir 3. L'esprit de l'homme. - Tant qu'il demeure en
ardent d'µn amour g11i a faim de la présence de l'homme, c-e souffle divin lui appartient réellement,
son Seigneur. ]Du il fait de sa *chair inerte un être agissant, une
•âme vivante (Gn 2,7). D'autre part, tout ce qui
-• angoisse 3 - Ascension IV - ciel VI -:-:-- confiance - atteint. cette âme, toutes les impressions et· les
consolation x - déception - désir - foi - héritage -
émotions de l'homme s'expriment par sa respi~
jeûne-'- joie 'AT II 3; NT II 1 - Jour du ~eigneur
AT 11 · NT II - libération/liberté li 3 - mort AT ration : la peur {Gn 41,8), la colère (Jg 8,-3), la
III 1.3 '; NT III 4 - nuit AT o.z - Parole de Dieu joie (Gn 45,27), la fierté, tout modifie son souffle.
AT III z - patience II 1 - persécution II - pro- Le mot iuafi est donc l'expression même de la
messes - Providence -- Reste - Résurrection NT conscience humaine, de l'esprit. Remettre entre

388
ESPRl'.f ESPRIT· DE DIEU

les mains de. ,l)ieu -cet. espijt (Ps. 3i,6 =:: Le 23, .2,r3; · .7,13), ·souvent èn lutte èontre la• •*chair
46), c··est à,,111 fois exhaler· son· .dernier E!ouffle et (Mt'-26,41; Ga ·5,17). Mais l'expériC:nce essentielle
remettre à· Die11 _son- unique richesse, son être est que l'esprit du croyant est habité ·par· !'Esprit
mêine. · de Dieu qui le renouvelle (Ep 4;23), _qui « se joint
à. lui» (Rm, 8,16). pour susciter en lui la prière
4. Le/ espri~s 4ans J, homme . .-,-:- La conscience de "et -le cri :filial (8;26), pour «-l'unir au Seigneur et
l'homme serob~e-parfois.,envahie. par une force ne-faire avec lui qu'un seul. _esprit» (1 Co 6,17).
étrangère, ~t ne. plus s'app~enir. Un -autre l'ha- De là .vient qu'en :'-bien des cas, chez· Paul ell.
bite, q:ui ne peut ·._être, lui aussi, qu'un esprit. Ce particulier, il est impossible de décider si le mot
peut être uµe .force néfaste, la· jalousie· .(Nb. 5, désigne !'.esprit de· l'hoinme ou r.Esprit de -Dieu,
14-30), là. haine (Jg 9,23), .la -prostitution {Os_ 4, par exemple quand il·parle de u la ferveur de l'es-
1.2),. l'impu'r~é:. (Za 13,2) ; ce peut être aussi un prit··au service du •Seigneur » (Rm U,H) ou qu'.il
esprit bienfais?,n:t, d_e justice (ls· 28,6), de suppli- , associe « un esprit. saint, ·une charité sans feinte ~
cation (Za 12,10}. Ne pouvant, tant que la Rédemp- (2 Co 6,6 ... ) Cette·ambigu.îté, embarrassante pour
tion :n' e_st pas -~mplie,. sonder les profondeurs. de un traducteur, ·est une luniière · pour la -foi : elle
*Satan, l'-h,T h_ési~ à attribuer les· espri"t;s pervers -est.la·preuye que l'Esprit de Dieu, lors même qu'il
à un _autre C}u'à· Di,eu (çf Jg 9,23; ,I ? 19,9;-.. r· R envahit. resprit de ·l'homme et le transforme, -lui
22,23 ... :), ru.ais il, affirme qu'en tout cas les ·esprits Iàisse toU.te sa- personnalité ; elle signifie CJ.ue, pour
bons vie:p.nent directem,ent de Dieu, ,et il pr~sent prendre ainsi ·.possession de sa ctéature en· la fai-
rex,is.tence d'un Esprit !l'saint·et SaJ:J.Ctifiant, source sant exister.·devant lui,·« Dieu est esprit» (Jn
unique de toutes les transformation,s întérieures 4;24). . · .
(cf Is n,2; Ez 36,26s). · Parce qùe •Dieu·,est esprit; ce qui ·•naît de
Dieu, «- étant né de l'Esprit, est esprit ·» (Jn 3,6)
NT et -capable d'adorer Dieu «· en esprit et en vérité·»
{4,24), de. renoncer à la· *chair .et à ·ses· u œuvres
On ·tr~~ve ·encore :fh~s le NTla même diversité mortes » (He 6,1) pour produire le *fruit de !'Es-
de sens _que dans rAT. 1\-fajs en outre ~e don· de prit (Ga 5,22) qui vivifie (Jn 6,63). JG
l'Espri_t~Saint en- Jésus-Christ ·fait apparaître -les
vraies .. dimensio~s .• de. l'esprit de l'homme et. -des -+ adoration II 3 --:· fune - ·anges O -,- chair - cœur -
esprits -qui ·peuvent l'animer. démons .,_ Dieu NT Y __ écriture. IV, V - Esprit
de Dic;u O -- fruit IV - homme.
1. Le '(ÙSc~~m~t·des-esprits;·~,En dé~~~ant
*Satan et-les esprits mauvais, en mettant-à nu·leurs
ruses.et leurs.faiblesses; Jésus-Christ révèle son.pou-
voir sur eux. Da,ns la puissancl;) de_l'Esprit, il.expu1se
les démons, qui -~e peuvent résister à sa sainteté ESPRIT DE DIEU
(Mt 12,28; Mc r,23~27; ·9.29; Le 4,41). A ses
disciples il donne même pouvoir (Mc 6,7; 16,-17).
Parmi les *cha.risni~ de l'Esprit-Saint, celui du L'Esprit de Dieli ne peut-·se ,séparèr du Père et
discernement des esprits -(x Co 12,10) vient. en du ··Fils·; il, se révèle avec eux., en· Jésus-Christ,
bo:i,me place ;. :il sen;1.'!:tle en effet apparenté au don mais il a sa façon propre de se révéler comme' il :a,
précieùx de •p1:àphétie· ;.. le propx:e des spirituels, sa propre personnalité. Le •Fils, dans une ·hum:a:-
«. en~eigttés, par l'E13prit. »,,.est .. de «- disc:;emer le$ nité·identiqile à-la ri.ôtre~ nous •révèle à' la fois qui
dons,.d.e_-Dieu. p (I .Co= 2;I,l.$) _et. de--a rechercher:les il est et qui est celui qu'il ,ne cesse·:de fixer : le
meilleurs:·.»· (1-2,31; cf 14,12).. • Père. Du ,Fils et du Père nous pouvons dessiner
les traits, .mais !'Esprit n'a point de visage· ni
2; · L'.Espr_it .se joint. à .notre·. espri~.; -:-. Reconnaî.tre même de nom susceptible d'évoquer une figure
l'Esprit d_e _Djeu, ce_ n'est pa~ renoncer-~ sa propre humaine. Dans,. toutes les langues; son nom (hb.
personnalité,__ ~nais au contraire la; ,conquérir., Dans r~,-.gr. pneuma, ·lat. spit-itus) est un··nom com-
la1igne de l'AT, le NT voit dans l'homme un être mun, emprunté aux phénomènes naturels 'du· Vènt
complexe. à la fois corps, âme et esprit (cf I Th et de la respiration, en- sorte qüe le mêmè texte,:
5,23), (et' dans l',esprit _une force .insép~rable du u tu en-Voies ton.souffle, ils [les·.animaux] sorit crééS,
soume:. et de l«!, ,vie, (Le 8,55;_ 23,46),· sensible ·à et tu renouvelles la face de îa terre » (Ps 104·,'3ot
tçmtes'les émotions-(Lc_1:,47;-Jn u,33; 13,~1; 2 Co peut évoquer avec autant de justesse l'image- cos-·

389 390
ESPRIT DE DIEU ESPRIT DE DIEU

mique du souffle divin dont le rythme règle le exceptionnels d'audace ou de force, mais doués
mouvement des saisons, et l'effusion de l'Esprit- d'une personnalité nouvelle, capables de tenir un
Saint vivifiant les cœurs. rôle et d'accomplir une mission, celle de libérer
Il est impossible de mettre la main sur !'Es- leur peuple. Par leurs mains et par leur esprit,
prit; on a entend sa voix », on reconnaît son pas- l'Esprit de Dieu prolonge l'épopée de l'Exode et
sage à des signes souvent éclatants, mais on ne du désert:, il assure l'*unité et le •salut d'Israël,
peut savoir « ni d'où il vient ni où il va » (Jn 3, et se trouve ainsi être à la source du •peuple
8). Jamais il n'agit qu'à travers une autte per- saint. Son action est déjà intérieure, quoique
sonne, en prenant possession d'elle et en la trans- encore désignée par des images qui soulignent
formant. Sans doute produit-il des manifestations l'emprise soudaine et étrangère : l'Esprit « fut )1
extraordinaires qui ~ renouvellent la face de la sur Othoniel ou Jephté (Jg 3,10; n,29), il« fond "
terre » (Ps ro4,30), mais son action part toujours comme un rapace sur sa proie (Jg 14,6; 1 S n,6),
de l'intérieur et c'est de l'intérieur qu'on le con- il « revêt comme d'une armure (Jg 6,34).
)J

naît : « Vous le connaissez parce qu'il demeure


en vous» (Jn I4,r7). Les grands symboles de !'Es- 2. Le.s rois. -Les Juges ne sont que des libérateurs
prit, l'•eau, le •feu, l'air et le vent, appartiennent temporaires, et l'Esprit les quitte, leur mission
au monde de la nature et ne comportent pas de remplie. Ils ont pour héritiers les •rois, chargés
figures distinctes; ils évoquent surtout l'envahis- d'une fonction permanente. Le rite de l'•onction
sement d'une *présence, une expansion irrésis- qui les consacre manifeste l'empreinte indélébile
tible et toujours en profondeur. L'Esprit n'est de l'Esprit et les investit d'une majesté sacrée
pourtant ni plus ni moins mystérieux que le Père (I S 10,1; I6,13).
et le Fils, mais il nous rappelle plus impérieuse-
ment que Dieu est le *Mystère, il nous empêche 3. Le Messie. - L'onction rituelle ne suffit pas
d'oublier que « Dieu est Esprit » {Jn 4,24) et que à faire des rois les serviteurs fidèles de Dieu,
« le Seigneur, c'est l'Esprit » {2 Co 3,17). capables d'assurer à Israël le salut, la justice et
la paix. Pour remplir ce rôle, il faut une action de
AT !'Esprit plus pénétrante, l'onction directe de Dieu
qui marquera le •Messie. Sur lui l'Esprit non seu-
L'Esprit de Dieu ·n'y est pas encore révélé lement descendra, mais *reposera (ls u,2) ; en
comme une personne, mais comme une •force lui, il fera éclater toutes ses ressources, « la •sagesse
divine transformant des personnalités humaines et l'intelligence 1) comme en Beçaléel (Ex 35,31) ou
pour les rendre capables de gestes exceptionnels. en Salomon, « le conseil et la *force n comme en
Ces gestes sont toujours destinés à confirmer le David, (! la *connaissance et la •crainte de Dieu ».
peuple dans sa vocation, à en faire le serviteur idéal des grandes âmes religieuses en Israël. Ces
et le partenaire du Dieu •saint. Venu de Dieu et •ctons ouvriront pour le pays ainsi gouverné une
orientant vers Dieu, l'Esprit est un Esprit saint. ère de bonheur et de sainteté (Is u,9).
Venu du Dieu d'Israël et consacrant Israël au
Dieu del' Alliance, l'Esprit est sanctificateur. Cette
action et cette révélation s'affirment en particu- lJ. ESPRIT ET TÉMOIGNAGE
lier selon trois lignes ligne messianique du salut,
ligne prophétique de la parole et du témoignage, 1. Les nabis. - Ces devanciers des prophètes,
ligne sacrificielle du servièe et de la consécration. professionnels de l'exaltation religieuso, ne font
Selon ces trois lignes, le peuple d'Israël est appelé pas toujours le départ entre les pratiques humaines
tout entier à recevoir !'Esprit. qui les mettent en transe et l'action divine. Ils
sont pourtant l'une des forces vives d'Israël, car
ils rendent *témoignage à la •puissance de Y ah-
I, ESPRIT F.T SALUT web; et l'on reconnaissait, dans la force qui les
faisait parler au nom du vrai Dieu, la présence
1. Les Juges. - Les Juges d'Israël sont suscités de son Esprit (Ex 15,20; Nb n,25ss; 1 S 10,6;
par l'Esprit de Dieu. Sans s'y attendre et sans r R 18,22).
que rien les y prédispose; sans pouvoir opposer de
résistance, de simples fils de paysans, Samson, z. Les prophètes. - Si les grands •prophètes, les
Gédéon, Saül sont brusquement et totalement plus anciens du moins, ne se réclament pas de
changés, non seulement rendus capables de gestes l'Esprit, s'ils préfèrent souvent nom.mer main de

39I 392
ESPRIT · DE D~U ESPlUT DE DIEU

Dieu .la force .qui ",les saisit, (Is __S,u; Jr 1,9; z5,17;
Ez 3,14),- ce. n'est pas qu'ils ne •pensent pas: pos-
séder l'Esprit,_ mais ils .ont;:.c;onscience .de le pos- lV. L'ESPRIT SUR- LE PEUPLE
séd~· d'llne autre façon que les nabis leurs d ~ -
ciers .. En'poss~ion d'.un_.métier et d'une Î3_ituà- L'_action de l'Esprit dans les pl'Ophètes et les
tion, en pleine consciençe et souvent dans_J_a révolte serviteurs_de,Dieu est elle-même prophétique; elle
de to1.1t.. l~ur être, une pr~sion :;;ouyeraine les eon- annonce son effusion sùr le peuple entier, sem-
traint de .pari~ (Am ·3,8; 7,_14s; Jr 20,7ss). -Là blable à la plu.ie.qui rend la vie à.-la terre altérée
parole qu'ils annoncen_t· vient d'eux, et· ils sav'ent (1s 32,ts; 44,3; Ez. 36,25; Jl 3,rs), comme le-souffle
à qu~\~prix, n_,.a_is elle. -~'est pas .née en_ eu:x;, elle q.e vie viep.t animer les ossements·: desséchés {Ez
est la_ parole m~me. du ·Dieu qui. lx5. envoie. Ainsi 37). _Cette _effusion de l'Esprit est comme une
se dessine .la pai~on; qui para,ît ,déjà_ chez .Éli~ •e;réation •nouvelle, ravènement, dans un pays
(1.R.19,12s) ..et_n_e.cess_~ plus, entre la ~Pal'.ole renouvelé, du *droit el: de la justice (Is .32;16},
de Dieu et_ son Esprit ; a4Jlsi J'Esprit ne se borne l'avènement, dans les •cœurs transformés, d'une
pas à su&eiter u-i;ie .p~rson_nalité- ,ncmvelle au ser- sensibilité réceptive à la voix de Dieu, d'une fi.dé-
vice de _so;o. action, mais il lui qonne accès-au .sens lité spontanée· à ·sa Parol_e (Is 59,21; Ps 143,10}
et au :secret,.,-4~. cette action. L'Esprit n'est plus et à son Alliance (Ez 36,27'), du sens de la suppli-
seulep.ent « jntelligence ~t force_», mais " connais~ cation (Za 12,10)- et de la *louange (Ps 51,17).
0

sance., de. -Dieq » et. de;.ses voies (cf Is. 1;_"1,3) .. Régénéré par !'Esprit, Israël-reconnaitra.son Dieu
En ll).ême._temps_qu,'iJ ouvre :les. prophètes à.la et; Dieu retrouvera son peuple: a Je·ne leur caché-
Parole _de Dieu,_ ju~u '.à ·.leur révélf'l'-la. gloire divine rai plus ma _.face parce que j'aurai__ répandu mon
(Ez .3,_12; _8,3)., l'ESprit les fai~ a.~ tenll'._d_ebout-i, Esprit- sur. la maiSQn d'Israël » .{Ez, 39,29).
(2,1;. _3,24). po.ur par,er au peuple- (r_1,5) et lui CE?tte vision n'est enco~ qµ'une ,espérance .. Dans
annoncer,: ,le •juge:ment qui, yient. ,Ainsi fait-il l'AT,. l'-E&prit ne_ peut *demeurer;·« il :n'est pas
d'eux dés témoins, aiÎlsi _rend-il lui-même témoi- encore ,donné·» (Jn 7,39). Sans ,doute sait-on que,
gnage à Dièll (Nè 9,30; éf zâ 1:Ï2), · dès les otjgines, _au temps de Ia_..mer_ Rouge et de
la •nuée,. l'Esprit':'Saint agissait. en· Moise et par•
tait Israël au lieu de son *:i;-epos (Is 63;9-14).
Mais on voit aussi que le peuple ·:est toujours
, It+ .. E:ieR1:r.
E'.1' CONs~cRATION. capable .de « contrister l'Esprit-Saint ·» (63,10) et
LE 'SEJ:lVITEUR D~, Y AHWEII de paralyser.son action.- Po.ur que.le·don-s_e fasse
total .et._ définitif,. il ·faut que Dieu- fasse un geste
La ~onv~gence :entre · le_ rôle messianique et inouï, qu'il intervieµne en·,personne.: .a C'est toi
libérateur de !':Esprit et,son--rôle prophétique d'an~ Yahweh .qui' es.-notre Père. .. -Pourquoi, Yahweh,
nonciàteur de la P~ole .et du Jugement,, déjà nous .laisses-tu. errer loin de tes voies ?... ..Ah· 1 si
manife5te ch~z -le Messie d'Isa_ïe,. s'affirme pleine- tu déchirais les_ cieux et si tu descend~s ... » (63,
ment ch_ez le _,•~erviteur .de .Yahweh. Parce que 15-19) .. Les .cieux ouverts; un Dieu, Père, un Dieu
Dieu «··a. mis srir lui son. ~sprit H, le Servi:teur descendant sur la :terre, des cœurs convertis, telle
« annoncera la justice aux natio_ns. » (Is,. 4-.!,r; cf sera en effet' l'œuvre de l'Esprit-Saint, sa ,mani~
61,1ss). c•~_le prpph~te . qui annonc.e la •j~stice, festation définitive en Jésus-Christ.
mais c'.,e,s;t le roi qui _l'établit.. Pr le.Servit_eur, « par
ses sou_ffran,ce_s,_ juStifiera des .multitudes 1). {53,
II), c'est_-à-dire .qu'il _1e5· établira .dans la :jus.,. V. CONCLUSION : ~PRIT ET ,PAROLE
tice,; sa mission a donc ,quelque .chose: de royal.
Tâql~s propb.étiqµes., ~t tâches messiall-iques se P'un b~ut à l'autre de l',AT, .l'Esprit et ·la
rejoignent,. accOmplies _par. le même Esprit, Comme •.Parole de .Dieu -ne cesseIJ,t d'agir ensemble.. Si le
d'autre par;t_.~e..S~iteur _est _celui en qui <1 D_ieu Messi~- peut observer la P_arole, de la •Loi .donnée
prend plai~ir. ·» .(42,1), _le plaisir _qu,'il ~ttend -des par.Dieu à Moïse et réaliser·la justice, c'est qu'il
*sacrifices qui lui sont _dus, c'.est toute la_ ,vie et a l.'Esprit;. 1si le prophète rend témoignage à_· la
la mo~ ,~e sqn .._5erviteu_i qui ·sont saintes à Dieu, Parole, c'est. que !'Esprit l'a saisi ; si le Serviteur
*expiation pour les pécheurs, salut des ~ulti- petit porter aux nations 4' Parole du salu1;, c'est
tudes. L'Espri~:-Saint est s~nctificateur. que l'Esprit repose sur lui ; si Israël est un jour
capa_ble d'adhérer dans. son cœur à. cette Parole,
c.e ne sera que dans !'Esprit. Inséparables, les

393 394
ESPRIT DE DIEU ESPRIT DE DIEU

deux puissances ont pourtant des traits bien dis- tême, remonte aux ongines mêmes de son être.
tincts. La Parole pé~tre du dehors, comme l'épée Le baptême de Jésus n'est pas une scène de Voca-
met à nu les chairs ; l'Esprit est fluide et s'infiltre tion, mais l'investiture du Messie et la présenta-
insensiblement. La Parole se fait entendre et con- tion par Dieu de son Fils, le Serviteur qu'il tenait
naître ; !'Esprit demeure invisible. La Parole est en réserve, comme l'annonçaient les o: voici »
révélation; !'Esprit, transformation intérieure. La prophétiques (Is 42,1; 52,13). Les Juges, les pro-
Parole se dresse, debout, subsistante; l'Esprit phètes, les rois, se trouvent un jour envahis par
tombe, se répand, submerge. Ce partage des rôles l'Esprit, J eau-Baptiste est saisi par lui trois mois
et leur nécessaire association se retrouvent dans avant de naître ; en Jésus, !'Esprit ne détèrmine
le NT: la Parole de Dieu devenue chair par l'opéra- pas de personnalité nouvelle ; dès sein premier
tion de l'Esprit ne fait rien sans !'Esprit, et la instant; il l'habite et le fait exister; dès ·le sein
consommation de son œuvre est le don de !'Es- materriel, il fait de Jésus le Fils de Die"u. Les évan~
prit. giles de l'enfance soulignent tous deux cette action
initiale ·(Mt r,20; Le 1,35). Celui de Le, par sa
NT façon de comparer l'à.nnonciation à Marie aux
f. L'ESPRIT ÈN JÉSUS annonciations antérieures, marque nettement que
cette action est plus qu'une consécration. Samson
, 1. Le baptlme de Jésus. - Jean-Baptiste, atten- (Jg 13,5), Samuel (1 S r,n) et Jean-Baptiste
dant le· Messie, attendait en même temps !'Es- (Le 1,15) avaient tous trois été consacrés à Dieu
prit dans toute sa puissance ; aux gestes de dès leur ·conception, d'une façon plus ou moins
l'homme, il substituerait l'irrésistible action de totale et directe. Jésus, lui, sans l'intermédiaire
Dieu : 8 Moi, je vous baptise dans l'eau en vue du d'aucun rite, sans l'intervention d'aucun homme,
repentir ... , lui vous baptisera dans !'Esprit-Saint m~s par la seule action de !'Esprit en *Marie,
et le *feu )J (Mt 3,II). Des symboles traditionnels, est non plus seulement consacré à Dieu mais
Jean retient le plus inaccessible, la flamme. Jésus rc saint J) par son être même (Le 1,35).
ne répudie pas cette annonce, mais il l'accomplit
d'une façon qui confond Jean. Il reçoit son "'bap- 3. Jésus agit dans l'Esprit. - Par toute sa con-.
tême, et !'Esprit se manifeste sur lui sous une duite, Jésus manifeste l'action en lui de !'Esprit
forme à la fois très simple et divine, associé ·à (Le 4,14). Dans !'Esprit, il affronte le diable
l'eau et au vent, dans la vision du "'ciel qui s'ouvre (Mt 4,1) et délivre ses victimes (12,28), il apporte
et d'où descend une *colombe. Le baptême d'eau, aux pauvres la bonne nouvelle et la Parole de
que Jean croyait aboli, devient, par le geste de Dieu (Le 4,18). Dans !'Esprit, il a accès au Père
Jésus, le baptême dans !'Esprit. DanS l'homme (Le 10,21). Ses "'miracles qui mettent. en échec
qui se confond parmi les pécheurs, l'Esprit révèle le mal et la mort, la force et la vérité de sa parole,
le *Messie promis (Le 3,22 = Ps 2,7), !'*Agneau sa familiarité immédiate avec Dieu sont la preuve
offert en sacrifice pour le péché du· monde (Jn r, que sur lui" iepose !'Esprit)> (Is 61,1) et qu'il est
29), et le Fils bien-aimé (Mc 1,II). Mais il le révèle à la fois le Messie qui sauve, le prophète attendu
à sa manière mystérieuse, sans paraitre agir; le et le Serviteur bien-aimé.
Fils agit et se fait baptiser, le Père parle au_ Fils, Chez les inspirés d'Israël, les manifestations do
mais l'Esprit ne parle ni n'agit. Sa présence est !'Esprit avaient toujours quelque chose d'occa-
cependant nécessaire au dialogue entre le Père et sionnel et de transitoire, en Jésus elles sont per-
le Fils. Indispensable, l'Esprit cependant demeure manentes. Il ne reçoit pas la Parole de Dieu ;
muet et apparemment inactif : il ne joint· pas sa quoi qu'il dise, il l'exprime; il n'attend pas le
voix à celle du Père, il ne joint aucun geste à Dloment de ·taire un miracle : le mitacle naît do
celui de Jésus. Que fait-il donc ? - Il fait que lui, comme de nous le geste le plus simple ; il
la rencontre s'accomplit, il communique à Jésus n'accueille pas les confidences divines : il vit
la parole de complaisance, de fierté et d'amour toujours-devant Dieu dans une transparence totale,
qui lui vient du Père, et il le met dans son atti- Nul n'a jamais possédé l'Esprit comme lui, ~ au-
tude de Fils. Vers le Père; }'Esprit-Saint fait delà de toute mesure» (Jn 3,34).
monter la consécration du Christ, les *prémices Nul non plus ne l'a jamais possédé à sa façon,
du sacrifice du Fils bien-aimé. Les inspirés de l'AT, lors même qu'ils gardent
toute leur tête, se savent saisis par un plus fort
2. Jésus conçu du Saint-Esprit. - La présence de qu'eux. Aucune trace en Jésus d'une contrainte,
l'Esprit en Jésus, manifestée seuiement au bap- de ce qui signale à nos yeux l'inspiration. Pour

395
ESPRIT _. DE . DIEU ESPRIT DE DIEU

accomplir les œuvres de Dieu, on dirait qu'il n'a la défaite de Satan, le triomphe de la •justice de
pas besoin ·de !'Esprit. Non point qu'il .puisse Dieu (16,8-n).
jamais s'en passer, .pas plus qu'il ne peut·se passer
du Père; mais, comme le Père (( est toujours avec »
lui (Jn 8,29), ainsi !'Esprit ne ·peut jamais lui III. JÉSUS DISPOSE DE L'ESPRIT-
faire défaut. L'absence en Jésus des répercus-
sions habituelles de !'Esprit est un signe de sa Mort et ressuscité,. Jésus fait à. l'Église le don
divinité·, -Il ne ressent pas l'Esprit comme une force de son Esprit. Un homme qui meurt.- si grand
qui l'envahirait du dehorS, il est chez lui dans !'Es-- qu'ait été son esptjt, si profonde que reste son
prit ; !'Esprit -est à lui, est son propre Esprit (cf influence, est néanmoins condamné à ,entrer dans
Jn r6,r,is). le passé. -Son action peut lui survivre, elle n_e lui
appartient plus, il ne peut plus rien sur. elle- et
doit l'abandonner à 1~ merci des caprices. des
II. Jtsus PROMET L'ESPRIT hommes. Au contraire, lorsque Jésus meurt et
« remet son Esprit » à Dieu, il le « transmet n du
Rempli de l'Esprit et n'agissant que par lui, même coup à son Églisr· (Jn 19,30). Jusqu'à sa
Jésus pourtant n'en parle guère. Il le manifeste mort, l'Esprit paraissait circonscrit aux limites
par tous ses gestes, mais il ne peut, tant qu'il normales de son individualité humaine et de son
vît parmi nous, le montrer distinct de lui. Pour rayon d'action. Maintenant que le *Fils de l'homme
que l'Esprit soit répandu et reconnu, il faut que est exalté à la droite. du Père dans la gloire (12,
Jésus· s'en aille (Jn· 7,39; r6,7): alors on. recon- 23}, il rassemble l'h~manité sauvée (12,32) et
naîtra ce qu'est l'Esprit et qu'il vient de lui. répand sur elle l'Esprit (7,-39; 20,22s; Ac 2,33).
Aussi Jésus ne· parle-t-il aux siens de !'Esprit
qu'en se séparant sensiblement d'eux, d'une façon
temporaire (Mt ro,20) ou définitive (Jn q,16s. IV. L'ÉGLISE REÇOIT L'ESPRJT
26; r6,r3ss).
Chez les Synoptiques, l'Esprit·ne semble devoir L'Église, création nouvelle, ne peut naître que
se manifester que dans les situations graves, au de !'Esprit, de qui prend naissance tout ce qui
milieu d'adversaires triomphants, devant les tri- naît de Dieu (Jn 3,5s). Les Actes sont comme un
bunaùx (MC r3;rr-). Mais les ·confidences du dis- « évangile de l'Esprit ».
cours après la Cène sont plus précises : l'hostilité L'action de l'Esprit y a les deux traits observés
du *monde pour Jésus n'est pas un fait accidentel, dès l'AT. D'une part, prodiges et gestes exception-
et, s'il ne la. traduit pas chaque jour par des *per- nels : inspirés saisis de transports (Ac 2,4.6.n),
sécutions violentes, chaque jour cependant les dis- malades et possédés délivrés (3.-7; 5,12.r5 ... ), assu~
ciples- sentiront peser sur eux sa menace (Jn 15, rance héroïque des disciples· (4,r3.3r; 5,20; 1_0,20).
18-21), c'est pourquoi chaque jour aussi l'Esprit D'autre part, ces merveilles, •signes du salut défi-
sera avec eux (q,r6s). nitif, attestent que la conversion est possible, que
Comme Jésus ·a •confessé son Père par toute sa les. péchés sont pardonnés, que l'heure est venue
vie (Jn 5,41; 8,50; 12,49), ainsi les disciples auront où, dans l'Église, Dieu répand son Esprit (2;38;
à rendre *témoignage au Seigneur (Mc 13,9; Jn 3,26; 4,12; 5,32; 10,43).
15,27). Tant que Jésus vivait auprès d'eux, ils Cet Esprit est l'Esprit de Jésus : H fait répéter
ne craignaient rien ; il était' leur ·•Paraclet, tou- les gestes de Jésus, annoncer la parole de J ésù.s
jours là pour prendre leur défense et les tirer (4,30; 5,42; 6,7; 9,20; r8,5; 19,10.20),, redire la
d'affaire (Jn r7,r:z). Lui parti, !'Esprit prendra sa prière de Jésus (Ac 7,59s = Le 23,34,46; Ac 21,
place pour être leur Paraclet (14,16; 16,7). Distinct I4 = Le :22,42}, perpétuer .dans la fraction du pain
de Jésus, il ne parlera pas en son nom, ·mais tou- l'action de grâces de Jésus; il maintient entre les
jours de Jésus, dont il est inséparable et qu'il frères l'union (Ac 2,42; 4,32) qui groupait les dis-
«glorifiera~ (16,i3s). Il ramènera les disciples aux ciples -autour de Jésus. Impossible de songer à la
g-estes et aux paroles du Seigneur et leur en don- persistance _d'habitudes prises à son contact, à
nera l'intelligence (14,26) ; il leur donnera la force une volonté· délibérée de reproduire son existence.
d'affronter le monde au *Nom de Jésus, de décou- Vivant avec eux, il lui avait fallu toute la .force
vrir le sens de sa •mort et de rehdre témoignage de sa personnalité pour les garder autour .de lui.
au mystère divin qui s'est accbmpli ·dans cet évé- Maintenant qu'ils ne le voient plus, et bien qu'ils
nement scandaleux la condamnation du péché, sachent par son exemple à quoi ils s'exposent, ses

397
ESPRIT DE DIEU ESPRIT DE DIEU
disciples suivent ses traces spontanément : ils ont 3. L'Esprit, source de la vie nouvelle. - Sous des
reçu !'Esprit de Jésus. formes très variées, l'expérience de !'Esprit est au
L'Esprit-Saint est la *force qui lance l'Église :fond toujours la même : à une existence condamnée
naissante « jusqu'aux extrémités de la terre " et déjà marquée par. la "'mort a succédé la *vie.
(r,8) ; tantôt il s'empare directement des païens A la "'Loi qui nous tenait prisonniers dans la vétusté
(ro,44), prouvant ainsi qu'il est 11 répandu sur toute de la lettre fait place « la nouveauté de l'Esprit »
chair » (2,17), tantôt il envoie en •mission ceux (Rm 7,6), à la *malédiction de la Loi, fait place
qu'il choisit, Philippe (8,26.29s}, Pierre (ro,20), la "'bénédiction d'Abraham dans l'Esprit de la
Paul et Barnabé (r3,2.4). Mais il n'est pas seule- promesse (Ga 3,13s); à !'*Alliance de la lettre qui
ment au point de départ : il accompagne et guide tue succède l'Alliance de !'Esprit qui vivifie (2 Co
l'action des Apôtres (16,6s), il donne à. leurs déci- 3,6). Au péché qui imposait la loi de la •chair,
sions son *autorité (15,28). Si la Parole (( •croît succède la loi de !'Esprit et de la justice (Rm 7,
et se multiplie » (6,7; 12,24), la source intérieure 18.25; 8,2.4). Aux œuvres de la chair succèdent
de cet élan dans la joie est l'Esprit (r3,52). les *fruits de !'Esprit (Ga 5,19-23). A la condam-
nation qui faisait peser sur le pécheur la t< tribu-
lation et l'angoisse» (Rm 2,9) de la *colère divine,
font place la "'paix et la *joie de l'Esprit (r Th
V. L'EXPÉRIENCE DE L'ESPRIT CHEZ SAINT PAUL r,6; Ga 5,22 ... ).
Cette vie nous est donnée, et dans !'Esprit nous
I. L'Esprit, gloire du Christ en nous. - « Celui ne manquons d'aucun don (I Co 1,7), mais elle
qui a ressuscité Jésus » (Rm 8,n) par la puis- nous est donnée dans la lutte, car, en ce monde,
sance de son Esprit de sainteté {Rm 1,4) et a fait nous n'avons encore de !'Esprit que e< les arrhes ~
de lui un « esprit vivifiant » (r Co 15,45), a du (2 Co I,22; 5,5; Ep r,14) et les 1< prémices» (Rm
même coup fait de l'Esprit « la gloire du Seigneur » 8,23). L'Esprit nous appelle au combat contre la
ressuscité (2 Co 3, 18). Le don de !'Esprit-Saint est chair ; aux indicatifs qui affirment sa présence se
la •présence en nous de la •gloire du Seigneur qui mêlent constamment les impératifs qui proclament
nous transforme à son *image. Aussi Paul ne ses exigences : « Puisque !'Esprit est notre vie, que
sépare pas le Christ et l'Esprit, vie « dans le !'Esprit nous fasse aussi agir )1 {Ga 5,25; cf 6,9;
Christ >• et vie lt dans !'Esprit 1). « Vivre, c'est le Rm 8,9.r3; Ep 4,30) et transforme les « êtres de
Christ {Ga 2,20), et c'est aussi l'Esprit (Rm 8,
)J chair, petits *enfants dans le Christ» en« hommes
2.10). l!.tre n dans le Christ Jésus» (Rm 8,r), c'est spirituels » (I Co 3,1}.
viVTe i par !'Esprit » (8,5 ... ).
4. L'Esprit et l'Église. - La création nouvelle née
2. Les signes de l'Esprit. - La vie dans !'Esprit de !'Esprit est l':Êglise. Église et Esprit sont insé-
n'est pas encore saisie intuitive de !'Esprit, elle parables : l'expérience de l'Esprit se fait dans
est une vie dans la foi ; mais elle est une expé- l'Église et donne accès au mystère de l'Église.
rience réelle, et une certitude concrète, car elle Les *charismes sont d'autant plus précieux 9.u'ils
est, à travers des signes, l'expérience d'une •pré- contribuent plus efficacement à édifier l'Église
sence. Ces signes sont extrêmement variés. Tous (1 Co 12,7; I4,4 ... ) et à. consacrer le *Temple de
cependant, depuis les *charismes relativement Dieu (1 Co 3,16; Ep 2,22). Renouvelant sans cesse
extérieurs, le don des l~gues ou de guérison son action et ses dons, l'Esprit travaille constam-
(r Co 12,28s; 14,12) jusqu'aux« dons supérieurs» ment à l'*unité du Corps du Christ {1 Co 12,r3).
(12,3r) de foi, d'espérance et de charité, sont au Esprit de •communion (Ep 4,3; Ph 2,1), répan-
service de l'Évangile à qui ils rendent témoignage dant le don suprême de la charité dans les cœurs
(1 Th 1,5s; 1 Co 1,5s) et du •Corps du Christ qu'ils (1 Co 13; 2 Co 6,6; Ga 5,22; Rm 5,5), il les t.1.5·
"'édifient (1 Co 12,4-30). semble tous dans son *unité (Ep 4,4).
Tous aussi font percevoir, à travers les gestes
et les états de l'homme, à travers « les dons que 5. L'Esprit de Dieu. - « Un seul Corps et un seul
Dieu nous a faits» (1 Co 2,12), une présence per- Esprit ... un seul Seigneur ... un seul Dieu » {Ep
sonnelle, quelqu'un qui (< habite » (Rm 8,rr) en 4,4ss). L'Esprit unit parce qu'il est l'Esprit de
nous, qui 1< atteste » (8,16), qui « intercède i) (8, Dieu ; !'Esprit consacre (2 Co r,22) parce qu'il
26), qui « se joint à notre *esprit» (8,16) et « crie est l'Esprit du Dieu saint. Toute l'action de l'Es-
dans nos cœurs n (Ga 4,6). prit est de nous faire accéder à Dieu, de nous
mettre en communication vivante avec Dieu, de

399 400
ESPRIT DE DIEU ÉTRANGER
nous introduire dans ses profondeurs sacrées et
de nous livrer « les secrets de Dieu (1 Co 2,10s).
1)

C'est dans l'Esprît que nous connaissons le Christ 1. ] SRAËL ET LES ÉTRANGERS RÉSIDANTS
et confessons que (( Jésus est Seigneur ii (12,3),
que nous prions Dieu (Rm 8,26) et l'appelons par L'assimilation progressive des gerim par Israël
son •nom : « Abba » Père (Rm 8,15; Ga 4,6). Du a beaucoup contribué à briser le cercle racial où
moment que nous possédons l'Esprit, rien au il tendait spontanément à s'enfermer ; elle prépa-
monde ne peut nous perdre, car Dieu s'est donné rait ainsi l'universalisme chrétien.
à nous, et nous vivons en lui. JG Se souvenant qu'il fut jadis étranger en Égypte
(Ex 22,20; 23,9), Israël ne doit pas se contenter
->- âme II I - amour I NT J - baptême III, IV - envers les « résidents » <l'exercer l'"hospitalité
bénédiction IV 3 - blasphème NT 1 - chair II 2 - qu'il accorde aux nokri-m (Gn rS,2-9; Jg 19,zos;
charismes - colombe J - connaître NT J - consoler 2 R 4,Sss}, mais les aimer comme lui-même (Lv
2 - culte NT Il, Ill - demeurer Il 3 - désir III -
Dieu NT Il 4, V - don NT 1 - eau III 2, IV - édu• 19,34), car Dieu veille sur l'étranger (Dt 10,18)
cation Ill I -Église IV 1 .2- enseigner NT II - esprit de même qu'il étend sa protection sur les indigents
AT 4; NT- feu NT II 2 - fruit IV- grâce V - et les pauvres (Lv 19,10; 23,22). Il leur fixe un
huile 2 - imposition des mains - ivresse 3 - joie NT I statut juridique analogue au sien (Dt 1,16; Lv 20,
2, II 1 - mission AT III 2 ; NT III - naissance z) il autorise plus spécialement les circoncis à
(nouvelle) 3 a - nuée 5 - onction III 5.6 - Paraclet - participer à la Pâque (Ex 12,48s), à observer le
Parole de Dieu AT I 1 - Pentecôte II - présence de sabbat (Ex 20,10), à jellner le jour de !'*Expia-
Dieu AT III 2; NT Il, III - prière V 2 d - promesses tion (Lv 16,29) ; ceux-ci ne doivent donc pas
lll 3 - prophète AT I 2; NT II 3 - puis~ance IV
2, V - Révélation NT I 2 b - sagesse AT III 3 ; *blasphémer le nom ùe Yahweh (Lv 24,16). Leur
NT II 2 - saint NT Il, III - sceau 2 b - songes - assimilation est telle que, dans l'Israël de la fin
Temple NT II 2 - tradition NT li 2 ab - vérité des temps, Ézéchiel leur donne le pays en partage
NT 3 b - vertus & vices 2 - vocation I Il. avec les citoyens de naissance (Ez 47,22).
Au retour de l'exil, un mouvement de séparation
ÉTAT POLITIQUE--+ autorité- nations - peuple. se fait sentir. Le ger est tenu d'embrasser le
judaïsme sous peine d'être exclu de la communauté
ÉTERNEL - Dieu AT V ; NT Il 2. (Ne 10,31; Esd 9-10). En effet l'assimilation doit
être de plus_ en plus étroite. Qu'un fils d'étranger
tTERNITÉ --+ ciel VI - demeurer I 2 - dessein de s'attache à Yahweh et observe fidèlement sa Loi,
Dieu AT III - espérance NT IV - montagne I 1 - Dieu l'agrée dans son temple, au même titre que
temps intr. 2 b - vieillesse 2.
les Israélites (Is 56,6s). De fait. dans la "'disper-
tTOJLES --+ astres. sion, les Juifs cherchent alors à répandre leur foi,
comme en témoigne la traduction grecque de la
Bible. Elle rend souvent ger par (<prosélyte ,i,
terme désignant tout étranger qui adhère pleine-
ment au judaïsme; elle donne à tel ou tel texte
ÉTRANGER une portée universelle (Am 9,12; Is 54,15). Le
mouvement *missionnaire que suppose une telle
adaptation des textes est évoqué par Jésus : les
Parmi les étrangers, la Bible distingue soigneu- Pharisiens sillonnent les mers pour faire un pro-
sement ceux qui appartiennent aux autres "nations sélyte (Mt 23,r5).
et qui, jusqu'à la venue du Christ, sont ordinaire- Au jour de la Pentecôte, des prosélytes sont
ment des "ennemis; l'étranger de passage (nakri), là (Ac 2,II) ; nombreux sont ceux qui embrassent
considéré comme inassimilable (telle aussi la la foi au Christ (Ac 13,43; 6,5). Mais le terrain de
« femme étrangère " et plus particulièrement la choix pour l'activité missionnaire de Paul, ce
prostituée, qui entraîne souvent à. l'idolâtrie : seront les ,i craignant Dieu » (Ac 18,7), païens
Pr 5); l'étranger résidant (ger) qui n'est pas un sympathisant à la religion juive, sans aller toute•
autochtone, mais dont l'existence est plus ou moins fois jusqu'à la circoncision, tel Corneille (Ac 10,
associée à celle des gens du pays, comme les 2). Rapidement, toutes ces distinctions dispa-
métèques dans les cités grecques. Cette notice raissent avec la suppression de la barrière enJ:re
s'occupe exclusivement des étrangers résidants. Juifs et païens par la foi chrétienne : tous sont
*frères dans le Christ (Ep 2,14; cf Ac 21,28s).

4or 402
.ÉTRANGER EUCHARISTIE

II. ISRAËL, ÉTRANGER SUR LA TERRE

Une transposition de la condition du ger sur- EUCHARISTIE


vit par contre, même dans la foi chrétienne.
La *terre de Canaan a été promise à Abraham
et à ses descendants (Gn 12,1.7), mais Dieu en 1. SENS DU TERME

reste le vrai propriétaire. Israël, ger de Dieu,


I. Action de grâces et bénédiction. - De soi « eucha-
n'est que locataire (Lv 25,23). Cette idée contient
en germe une attitude spirituelle qui se retrouve ristie » signifie : reconnaissance, gratitude, d'où
dans les psaumes. L'Israélite sait qu'il n'a aucun action de grâces. Ce sens, le plus ordinaire dans
droit en face de Dieu, il désire seulement être son le grec profane, se rencontre également dans la
hôt:e {cf Ps 15) ; il rœonnait qu'il est un. étranger Bible grecque, notamment dans les relations
chez lui, un passant comme tous ses ancêtres humaines (Sg 18,2; 2 M 2,27; 12,31; Ac 24,3; Rm
(Ps 39,13; 1 Ch 29,15). Passant aussi, en cet autre 16,4). A l'égard de Dieu, !'*action de grâces (2 M
sens que sa vie ici-bas est brève ; il demande donc l'.,II; 1 Th 3,9; I Co 1,14; Col 1,12) prend d'ordi-
à Dieu de le secourir promptement (Ps u9,19). naire la forme d'une prière (Sg 16,28; 1 Th 5,
Dans le NT, cette intelligence de la condition 17s; 2 Co I,II; Col 3,17; etc.), ainsi au début des
humaine s'approfondit encore. Le chrétien ici-bas lettrts pauliniennes (vg r Th 1,2). Elle rejoint
n'a pas de *demeure permanente (2 Co 5, 1s) ; il alors naturellement la *bénédiction qui célèbre
est étranger sur la terre non seulement parce les c< merveilles » de Dieu, car ces merveilles
qu'elle appartient à Dieu seul, mais parce qu'il est, s'expriment pour l'homme en des bienfaits qui
lui, citoyen de la *patrie céleste : là il n'est plus colorent la *louange de reconnaissance ; dans ces
un hôte ni un étranger, mais un concitoyen des conditions, l'action de grâces s'accompagne d'une
saints (Ep 2,19; Col 1,21). Tant qu'il n'a pas atteint « anamnèse » par laquelle la *mémoire évoque le
ce terme, sa *vie est une vie voyagère (1 P 2,n), passé (Jdt 8,25s; Ap 11,17s), et l'eucharistein
à l'imitation de celle des patriarches (He u,13} équivaut à l'eulogein (1 Co 14,16ss). Cette eulogie-
qui autrefois s'arrachèrent à leur milieu pour se eucharistie se rencontre particulièrement dans les
mettre en *chemin vers une patrie meilleure (He repas juifs, dont les bénédictions louent et remer-
n,16). Jean accentue encore ce contraste entre cient Dieu des aliments qu'il a donnés aux hommes.
le •monde où il faut vivre et la vraie vie où déjà Paul parle en ce sens de manger avec ~ eucha-
nous sommes introduits. Né d'en haut (Jn 3,7), ristie 1) (Rm 14,6; 1 Co 10,30; 1 Tm 4,3s).
le chrétien ne peut être qu'étranger ou •pèlerin
2. L'usage de Jésus et l'usage chrétien. - Dans la
sur cette terre, parce qu'entre lui et le monde
l'accord est impossible le monde en effet gît au première multiplication des pains, Jésus prononce
pouvoir du Mauvais (1 Jn 5,19). Mais s'il n'est une « bénédiction » selon les Synoptiques (Mt 14,
plus de ce monde, le chrétien sait comme le Christ 19 p), une « action de grâces » selon Jn 6,n.23;
d'où il vient et où il va, il suit le Christ qui a dans la deuxième multiplication, c'est une« action
planté sa tente au milieu de nous (Jn 1,14) et de grâces que mentionne Mt 15,36, tandis que
)1

qui, retourné au Père (•r6,28), prépare une place Mc 8,6s parle d' « action de grâces » sur le pain
pour les siens (14,zs), afin que là où il est, soit et de c< bénédiction )1 sur les poissons. Cette équi-
aussi son serviteur (12,26), à demeure chez le valence pratique dissuade de distinguer, à la der-
Père. A Da nière Cène, la « bénédiction » sur le pain (Mt 26,
26 p; cf Le 24,30} et l' « action de grâces * sur la
-:.. dispersion 1 - ennemi I r - frère O - hospita- •coupe (Mt 26,27 p). Paul parle d'ailleurs à l'in-
lité - nations - patrie AT r ; NT 2 - peuple A verse, de l' « action de grâces )> sur le pain (1 Co
Il r - prochain AT. n,24) et de la u bénédiction» sur la coupe (1 Co
I0,16).
tTRE-> création - Dieu AT Il 2, Ill 1 - nom AT En fait, c'est le mot ~ eucharistie » qui a pré-
2 - présence de Dieu - vie - Yahweh 2. valu dans l'usage chrétien pour désigner l'action
instituée par Jésus à la veille de sa mort. :\.:fais
on retiendra que ce terme exprime une •louange
des merveilles de Dieu, autant et plus qu'un remer*
EUCHARISTIE EUCHARISTIE

ciement pour le bien qu'en retirent les hommes. certainement un _repas. pascal .(Mc 14,12-16 p) ;
Par cet acte décisif où il a confié à des aliments mais selon Jn rS,28; 19,14.31, la Pâque ne fut
la valeur éternelle de sa mort rédemptrice, Jésus célébrée que le lendemain, au soir du vendredi.
a consommé, et :fixé pour les siècles, cet hommage Xout a été tenté pour e......:pliquer ce désaccord, soit
de lui-même·et de toutes choses à ·Dieu qui est le en ,donnant tort à Jean qui aurait retardé d'un
propre de la « religion » et qui est l'essentiel de jour pour obtenir le symbolisme de Jésus mourant
son œuvre de salut : en sa personne offerte sur la à l'heure de l'immolation de l'agneau pascal (Jn
croix, et dans l'eticharistie, c~est toute l'huma- 19,14.36), soit en prétendant que la Pâque cette
nité, et i'univers son cadre, qui font retour au année-là :fut célébrée le jeudi et le vendredi par
Père. Cette richesse de l'euèharistiè, qui la place des groupes différents de Juifs, soit enfin en suppo-
au centre du *culte chrétien, nous la trouvons sant que Jésus- aura célébré la Pâque le mardi
dans des textes denses qu'il faut analyser de près. soir selon le calendrier des Esséniens. Le mieux
est sans doute d'adrÙettre que Jésus, sachant
qu'iLmourrait au moment même de la Pâque, a
anticipé d'un jour, évoquant dans son dentier
II. INSTITUTION ET CÉLÉBRATION PRIMl'IIVE repas le rite pascal de façon suffisante pour pou-
voir greffer sur lui son rite nouveau, qui sera le
1. Les récits. - Quatre textes du NT rapportent rite pascal du NT : cette solution respecte la
l'institution eucharistique : Mt 26,26-29; Mc 14, chronologie de Jn et ren<l suffisamment compte de
22-25;. Le 22,15-20; r Co u,23ss. Ce que Paul la présentation ?es Synoptiques.
« transmet » ainsi, après l'avoir « reçu », semble
bien être· une tradition liturgique ; et on doit en 3. Repas ,religieux et . ·repas du Seigneu,r. - Une
dire autant des textes· synoptiques, dont la con- perspective pascale parait en effet sous-jacente
cision lapidaire tranche sur le contexte : ·. reflets aux textes de l'institution, bien plus que la pers-
précieux- de la façon dont les premières Églises pective de quel9.ué repas juif ·solennel, Voire d'.un
célébraient la Cène du Seigneur. Leurs ressem- repas essénien, par laquelle on a voulu les expli-
blances et leurs divergences. s'expliquent par cette quer. La séquence immédiàte pain/vin, danS 1a
origine. La rédaction très · aramaïsante de Mc dernière Cène comme dans les repas de Qumrân,
peut .reproduire la tradition palestinienne, tandis es·t un contact sÙperficiel ·et SanS portée, .car elle
que celle de .Paul, un peu plus grécisée, refléte- peut résulter dans les textes évangéliques ·d'un
rait celle des Églises d'Antioche ou d' Asîc mineure. raccourci liturgique où n'aurètnt été conservés que
Mt représente sans doute la même tradition que les deux éléments importants du dernier repas de
Mc, ·avec quelques variantes ou additions qui Jésus, le pain au début et la troisième coupe à la
peuvent encore- être d'origine liturgique. Quant à fin, tout l'intervalle étant supprimé ; on a d'ail-
Le, il pose des problèmes délicats -et diversement leurs un vestige révélateur de cet intervalle dans
résolus :- ses vv. 15-rB peuvent représenter une les termes « après le repas » qui, en 1 Co u,2:5,
tradition archaïque, fort différente des autres, ou précèdent la coupe. En outre, il manque aux repas
bien, plus probablement, une amplification tirée esséniens de Qumrân la théologie pascale qu'évo-
par Luc lui-même de Mc 14,25; quant aux vv. 19-20, q'uent les paroles de Jésus et qu'il est gratuit de
qu'il faut· tenir pour authentiques · contre les considérer comme un élément postérieur, dû à
témoins omettant r9b-20, on y voit tantôt une l'influence ·de Paul ou des_ Églises hellénistiques.
combinaison de Mc et de 1 Co faite par Le lui- Le cérémonial bien r~lé du repas essénien,, ana-
même, tantôt une autre forme de la tradition des 1ogue à celui de maints rep_as de confréries juives
Ég_lises hellénistiques, qui constituerait donc un à cette époque, peut toùt au ·plus évo_quel'. ce que
troisième témoin liturgique, à côté de Mc/Mt et furent les repas ordinaires de Jésus et de ses dis-
de I Co. Les variantes entre ces divers textes sont cq>les, et ce que.furent ensuite les repas de ceux-ci
d'ailleurs d'importance mitieure, à part l'ordre de après la Résurrection, lorsqu'ils se réunirent de
réitération,. omis par Mc/Mt, mais que l'attesta- nouveau, comme jadis autour du Maître, assurés
tion de 1 Co/Le et la vraisemblance interne poussent d'ailleurs de l'avoir toujours parmi eux à titre de
à recevoir comme primitif. Kyries ressuscité à jamais vivant.
Il ne faudrait pas, en effet, retrouver toujours
2. Le cadre historique. - Un autre problème dont l'eucharistie dans -ces repas quotidiens que les
dép~d l'interprétation de ces textes est leur premiers frères de Jérusalem prenaient avec allé,.
cadre historique. Pour les Synoptiques, ce fut gresse en rompant le .pain dans leurs maisons
EUCHARISTIE EUCHARISTIE

(Ac 2,42.46). Cette « fraction du pain » peut n'être (Is 25,6; écrits rabbiniques) et au NT (Mt 8,n;
qu'un repas ordinaire, religieux certes comme tout 22,2-14; Le 14,15; Ap 3,20; 19,9).
tepas sémitique, centré ici sur le souvenir et l'at-
tente du Maître ressuscité, et auquel s'ajoutait 3. Le -repas du Seigneur, mémorial et promesse. -
l'eucharistie proprement dite quand on renouve- La dernière Cène est comme l'ultime préparation
lait les paroles et les gestes du Seigneur pour com- de ce banquet messianique où Jésus retrouvera
munier à sa présence mystérieuse par le pain et les siens après l'épreuve prochaine. La « Pâque
le vin, transformant ainsi un repas ordinaire en accomplie ll (Le 22,15s) et le « vin nouveau »
11 repas du Seigneur » (1 Co 11,20-34). Affranchie (Mc 14,25 p) qu'il goûtera avec eux dans le
du rite juif, cette eucharistie devint certainement Royaume de Dieu, il les prépare dans ce dernier
plus qu'annuelle, peut-être hebdomadaire (Ac 20, repas en faisant signifier au pain et au vin la.
7.u) ; mais nous le savons mal, de même que réalité nouvelle de son Corps et de son Sang.
nous ne pouvons décider en plusieurs textes s'il Le rite du repas pascal lui en offre l'occasion
s'agit d'une « fraction du pain » ordinaire ou de appropriée, et recherchée. Les paroles que le père
l'eucharistie proprement dite (Ac 27,35; et déjà de famille y prononçait sur les divers aliments,
Le 24,30.35). tout spécialement sur le pain et la troisième
coupe, leur conféraient une puissance d'évocation
du passé et d'espérance de l'avenir, telle qu'en les
recevant les convives revivaient réellement les
III. L'EUCHARISTIE,
épreuves de !'Exode et vivaient par avance les
SACREMENT D'UNE NOURRITURE
promesses messianiques. Jésus use à son tour de
ce pouvoir créateur que l'esprit sémitique recon~
I. Le -repas, signe -religieux. - Instituée au cours naît à la parole, et il l'augmente encore de sa
d'un repas, l'eucharistie est un rite de nourriture. sQuveraine autorité. En donnant au pain et au
De toute antiquité, particulièrement dans le monde vin leur sens nouveau, ff ne les explique pas, il
sémitique, l'homme a reconnu à la nourriture une les transforme. Il n'interprète pas, il décide, il
valeur sacrée, due à la munificence de la divinité décrète : ceci est mon Corps, c'est-à•dire le sera
et procurant la vie. Pain, eau, vin, fruits, etc., désormais. La copule « être » - qui manquait
sont des biens dont on bénit Dieu. Le repas lui- sans doute dans l'original araméen - ne suffirait
même a valeur religieuse, car manger en commun pas à elle seule à justifier ce réalisme ; car elle
établit entre les convives, et d'eux à Dieu, des peut n'exprimer qu'une signification imagée : « La
liens sacrés. moisson est la fin du monde ; les moissonneurs
sont les anges » (Mt 13,39). C'est la situation qui
2. Des figures à la réalité. - Dans la révélation exige ici un sens fort, Jésus ne propose pas une
biblique, •nourriture et •repas servent dès lors à *parabole où des objets concrets aideraient à faire
exprimer la communication de vie que Dieu fait comprendre une réalité abstraite; il préside un
à son peuple. La •manne et les cailles de !'•Exode, repas où les bénédictions rituelles confèrent aux
tout comme l'•eau jaillie <lu rocher d'Horeb (Ps aliments une valeur d'un autre ordre. Et, dans le
78,20-29), sont autant de réalités symboliques (1 Co cas de Jésus, cette valeur est d'une ampleur et
10,3s) préfigurant le *don véritable qui sort de la d'un réalisme inouïs, qui lui viennent de la réalité
bouche de Dieu (Dt 8,3-; Mt 4,4), la *Parole, vrai engagée : une mort rédemptrice débouchant par
*pain descendu du ciel (Ex 16,4). une résurrection sur la vie eschatologique.
Or ces figures s'accomplissent en Jésus. Il est
le« Pain de vie Il, d'abord par sa parole qui ouvre
la vie éternelle à ceux qui croient (Jn 6,26-51a), IV. 1
L'EUCHARISTIE, SACREMENT D UN SACRIFICE
ensuite par sa *chair et son •sang donnés à man-
ger et à boire (Jn 6,51b•58). Ces paroles qui
annoncent l'eucharistie, Jésus les dit après a.voir 1. L'annonce de la mort rédemptrice. - Mort
nourri miraculeusement la foule dans le désert rédemptrice, car le Corps sera « donné pour vous »
(Jn 6,1•15). Le don qu'il promet, et qu'il oppose (Le; I Co a seulement c< pour vous », avec des
à la manne (Jn 6,31s.495), se rattache ainsi aux variantes peu garanties) ; le sang sera « répandu
merveilles de l'Exode, en même temps qu'il se pour vous (Le) ou « pour une multitude a (Mc/
l)

situe dans l'horizon du banquet messianique, Mt). Le fait même que pain et vin sont séparés
image de la félicité céleste familière au judaïsme sur la table évoque la séparation violente du corps

407
EUCHARISTIE EUCHARISTIE

et. du sang; Jésus annonce ~Iairement sa mort nèse • qui comporte le rappel admiratif et recon-
prochaine et ·il la présente comme un *sacrifice, naissànt des merveilles de Dieu, dont la plus
comparable à cèlui des victimes dont le sang scella grande est le sacrifice de· son Fils offert pour
au Sinaï la première *alliance (Ex 24,5-8), voire rendre aux hommes le salut. Merveille d'amour à
de !'*agneau pascal dans la mesure où le judaïsme laquelle ceux-ci participent en s'unissant par .-la
d'alors le considérait aussi comme un. sacrifice *communion au Corps du Seigneur, et en lui à
(cf 1 Co 5,7). tous ses membres (r Co ro,14-22). Sacrement du
:\1ais en parlant de sang (! répandu pour beau- sacrifice du Christ, l'eucharistie est le sacrement
coup )) en vue d'une (1 nouvelle alliance li, Jésus de la charité, de l'union ·dans le *Corps du Christ,
doit songer aussi au *Serviteur de Yahweh, dont
la vie a été « répandue », qui a porté les péchés
de (! beaucoup » (Is 53,r2), et que Dieu a désigné
comme« alliance du peuple et lumière des nations » V. L'EUCHARISTIE, SACREMENT ESCHATOLOGIQUE
(Is 42,6; cf 49,8). Déjà auparavant, il s'était attri-
bué le rôle du Serviteur (Le 4,17-2r) et avait 1. Permanence du saorifice du Christ dans le monde
revendiqué la mission de donner comme lui sa nouveau. - Ce qui donne tout son réalisme au
vie « en rançon pour beaucoup » (Mc 10,45 p; ci symbolisme de ces gestes et de ces paroles, c'est
1s 53). Ici il lai55e entendre que sa mort immi- Ja réalité du monde nouveau auquel ils intro-
nente va remplacer les sacrifices de l'ancienne duisent. La mort du Christ débouche sur la vraie
alliance et délivrer- les hommes, non plus d'une *vie, qui ne finit pas (Rm 6,gs) ; c'est l'ère escha-
*captivité temporelle, mais de celle · du "'péché, tologique des « biens futurs 1), auprès de laquelle
ainsi que Dieu l'avait requis du Serviteur. Il va l'ère présente n'est qu'une « *ombre » (He 10,1;
instaurer cette « nouvelle alliance » qu'avait cf 8,5; Col 2,17). Son sacrifice s'est fait « une fois
annoncée Jérémie (Jr -31,31-34). pour toutes » (He 7,27; 9,r:z.26ss; ro,10; 1 P 3,
18) : son sang a .remplacé définitivement le sang
2. La communion au sacrifice. - Or ce qui est le inefficace des victimes de l'ancienne alliance (He
plus neuf, c'est que Jésus enferme la richesse de ce 9,12ss.r8-26; 10, 1-10) ; l'alliance nouvelle dont il
sacrifice dans des aliments. On avait coutume, en est le *médiateur (He 12,24; cf 13,20) a supprimé
Israël comme dans tous les peuples anciens, de l'ancienne (He 8, 13) et procure !'*héritage éter-
percevoir les fruits d'un sacrifice en consommant nel .(He· g,15) ; désormais notre Grand Prêtre
la victime ; c'était s'unir à l'offrande, et à Dieu siège à la tlroite de Dieu (He 8,1; ro,:.2), « nous
qui l'acceptait (1 Co ro,18:-21). En mangeant le ayant acquis une *rédemption éternelle » (He 9,
corps immolé de Jésus et en bu"'.ant. son sang, 12; cf 5,9)-, « toujours vivant pour intercéder en
ses :fidèles communieront à son sacrifice, faisant notre faveur » (He 7,25; cf 9,24) par son (\ sacer-
leur son offrande d'amour .et bénéficiant du retour doce immuable » {He 7,24). Passé quant à sa réa-
en grâce qu'elle opère. C'est afin qu'ils pui55ent lisation contingente dans le telllps de notre monde
le faire partout et toujours que Jésus choisit des caduc, son sacrifice est toujours présent dans le
aliments très ordinaires pour faire d'eux sa chair mondé nouveau o.ù il est entré, par l'offrande de
et son sang en état de victime, et qu'il ordonne lui-même qu'il ne cesse de faire à son Père.
à ses disciples de redire après lui les paroles qui,
par son autorité, opéreront ce. changement. Il leur 2. Par l'eucharistie, le chrétien communie réelle-
donne ainsi une participation déléguée à son ment à ce monde nouveau. - Or c'est avec ce
*sacerdoce. Grand Prêtre toujours vivant dans son état de
Désormais, C:haque fois qu'ils refont ce geste, victime, que l'eucharistie met en contact le
ou s'y associent, les chrétiens« ànnoncent la mort croyant. Le passage qui s'y opère du pain au Corps
du ·Seigne'Qr, jusqu'à ce qu'il vienne )) (r Co II, et du vin au Sang reproduit à sa manière sacra-
26), car la présence sacramentelle qu'ils réalisent mentelle le passage de l'ancien monde au *monde
est celle du Christ dans son état de sacrifice. Ils nouveau, qu'a franchi le Christ en allant par la
le font K en sa *méllloire » (r Co rr,25; Le 22, rg), mort vers la vie. Le rite pascal, comme l'Exode
c'est-à-dire qu'ils se _remémorent par la :foi son qu'il commémorait, était déjà lui-m_ême un rite
acte rédempteur, ou mieux, peut-être, ·qu'ils le de passage : de la captivité d'Égypte à la liberté
rappellent au souvenir de Dieu (cf Lv 24,7; Nb de la Terre promise, et puis, de plus en plus, de
10,gs; Si 50,16; Ac 10,4.31) comme une offrande la captivité-de-la souffrance, du ·péché, de la mort,
sans cesse renouvelée qui appelle sa grâce. « Anam- à la liberté du bonheur, de la justice, de la vie.

410
EUCHARISTIE ÉVANGILE

Mais les biens messianiques y restaient objet paux événements· de la vie de l'empereur, dieu et
d'*espérance, et les aliments que l'on bénissait sauveur, étaient célébrés comme autant d'évan-
ne pouvaient les.faire *goiîter que de façon sym- giles. Cependant, c'est sans·_doUte à l'AT que le
bolique. Dans la· Pâque du Christ cela est changé, verbe. a évangéliser » a été emprunté par le lan-
car l'ère messianique est effectivement arrivée par gage_ chrétien, avec le sens particulier qu'il y
sa résurrection, et en lui les· biens promis sont possédait déjà : annoncer le salut.
acquis. Les paroles et les gestes, qui ne pouvaient
jadis que symboliser des biens futurs, peuvent
désormais réaliser des biens actuels.
] . ANCIEN TESTAMENT
Le corps et le sang eucharistiques ne sont donc
pas que le *mémorial symbolique d'un événe-
ment révolu ; ils sont toute la réalité du monde L'hébreu disposait d'un mot pour signifier
eschatologique où vit le Christ. Comme tout l'annonce des bonnes nouvelles, de la vie privée
l'ordre sacramentel dont elle est le centre, l'eu- ou nationale : la mort d'un ennemi (2 S 18, 19s.
charistie procure au croyant encore plongé dans 26), la victoire (Ps 68,12); le salut de Juda (Na
l'ancien monde le contact physique avec le Christ 2,1). Ce mot prend valeur proprement religieuse
dans toute la réalité de son être nouveau, ressus- dans 1s. 4o-66. Le « messager de bonne nouvelle »
cité, « spirituel )) (cf Jn 6,63). Les aliments qu'elle annonce alors, avec là fin de- l'exil, la venue du
assume changent d'existence et deviennent le règne de Dieu (Is 52,7) : son message est •conw
vrai (( pain des anges » (Ps 78,25; cf Sg 16,20), la solation, pardon du péché, retour de Dieu à Sion
nourriture de l'ère nouvelle. Par leur présence (40,1s.9). ·eet « évangile » est une force divine en
sur l'autel, le Christ. mort et ressuscité est réelle- action (52,1s). Crié· sur la montagne (40,9), il
ment présent dans sa disposition éternelle .de sacri- intéresse toutes les *nations (52,10; cf Ps 96,2).
fice. C'est pourquoi la messe est un sacrifice, Il dépasse même ] '_horizon du siècle. Par-delà le
identique au sacrifice historique de· la croix par retour d'exil, il annonce la *victoire et Je •règne
toute l'offrande aimante du Christ qui le cons- définitifs de Dieu.
titue, distinct seulement par les circonstances
accidentelles de temps et de lieu où il se repro-
duit. Par elle l'*Église unit en tout lieu et jusqu'à Il. JÉSUS
la fin du monde les louanges et les offrandes des
hommes au sacrifice ·parfait de louange et d-'.of- I. Le messager de bonne_ nouvelle. -Dans sa réponse
frande, en un mot d' a eucharistie 11, qui seul vaut aux envoyés du Baptiste (Mt n,4s p) comme dans
devant Dieu· et seul les valorise (cf He 13,10.15). la .scène de la synagogue de f.raza.reth (Le 4,r6-
PBe 21), Jésus s'applique à lui-même le texte d'Is 6r,
1s : 11 Oint par Dieu de !'Esprit-Saint et de puis-
-;,. action de. grâces NT - allience NT I - bénédic- sance» (Ac 10,38; Mt 3,16s), il vient « évarigéliser
tion IV 2 - chair I 3 b - communion O ; NT- Corps
du Christ II, III z - culte NT II, III 1.2 _.:. fêtes NT les •pauvres ».
II - figure NT I - Jour du Seigneur 'NT III 3 -
manne 3 - nourriture III - pain - Pâque II, III - 2. La botine nouvelle. - « Les temps_ sont accom-
repas Ill - sacerdoce NT III J - sacrifice - sang plis. Le Règne de Dieu est tout proche » (Mc 1,
NT- vin II zb, r5), tel est l'essentiel du message, Mais, cette fois,
la personne même du messager devient le centre
EUNUQUE -),- sexualité I_ z - stérilité - virginité.
de la bonne nouvelle. L'évangile, c'est Jésus (cf
Nic 1,1). Les an·ges ont annoncé sa naissance
comme un évangile (Le 2, ms). Avec lui est pré-
sent le Règne de Dieu (Mt 12,28). Celui qui aban-
tVANGILE donne tout à caùse de Jésus et (1 à cause de l'évan-
gile » reçoit « dès maintenant le centuple u (:Mc
10,30}. Aussi voit-on les foules se presser autour
Pour nous, l'évangile désigne soit l'écrit q:ui du messager de bonne nouvelle, et s'efforcer de le
raconte la vie de Jésus, soit le passage qui en est retenir. Mais ·1•évangile doit se répandre : R Aux
lu à chaque messe. En grec profane, évangile autres villes aussi je dois annoncer la bonne nou-
signifiait « bonne nouvelle », particulièrement velle du Règne de' Dieu, car j'ai été envoyé pour
annonce de victoire. La paix romaine, les princi~ cela ~ {Le 4,43).

4r2
ÉVANGILE ÉVANGILE

3. La réponse à l'évangile sera *pénitence et •toi de savoir ce qu'il faut faire pour être sauvé (16,
(Mc 1,15). Dieu offre une grâce de pardon (Mc 2, 29s). Ils ont ce trait commun d' « •écouter ri {2,
10 p; 2,17 p), de renouveau (Mc 2,21s). Il attend 22.37; 3,22s; etc.), d' « accueillir ri (8,14; n,1; 17,
de l'homme que, confessant et reniant ·son péché, II), d' « obéir » (6,7). Au C<?ntraire, la suffisance
il joue sa vie sur l'évangile : r{ Qui veut sauver sa méprisante (13,4r) et jalouse (r3,45s), la légèreté
vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause (r7,32) ferment le cœur des hommes à l'évangile.
de moi et de l'évangile la sauvera ·» (Mc 8,35).
Les clients-nés dè .l'év;mgile sont les II pauvres
en esprit» (Mt 5,3 p; Mc 10,17-23 p), les II petits.»
IV. SAINT PAUL
(l\It 11,28; Le 9,48; 10,21), les pécheurs même
(Le 15,IS; 18,9-14; Mt 21,31), voire les païens
(Mt 8,10s; 15;zr-28 p). Le sentiment de leur indi- 1. Le message?'. - Paul est par excellence l'homme
gence les prédispose à l'entendre et à percevoir de l'évangile. Dieu l'a« mis à part pour l'évangile»
la compassion divine dont il procède (Mt 9,36; (Rm 1,1). lI lui a· révélé son Fils pour qu'il « l'an-
14,14 p; Le 7,47-50; 19,1-10). nonce parmi les païens )1 (Ga 1,15s}. Il lui a « con-
fié l'évangile » (1 Th 2,4). 11 Ministre » de l'évan-
gile (Col 1,23), Paul se doit de l'annoncer (1 Co
9,16), rendant ainsi à Dieu « un •culte spirituel ~
IlI. LES APÔTRES (Rm 1,9), exerçant une « fonction sacrée » (Rm
15,16).
1. Les messagers. - Jésus ressuscité prescrit à ses
Apôtres d' ,c aller par le monde entier proclamer 2. Le nie.ssage. - Cet évangile, .Paul l'appelle soit
l'évangile à toute la création » (Mc 16,15), « à l'évangile, sans plus, soit l'évangile « de Dieu ri,
toutes les nations » (Mc 13,10). Le livre des Actes " de son Fils ... Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm
décrit les étapes de cette proclamation (ou kérygme). 1,3ss.9), « du Christ» (Rm 15,19s; 2 Co 2,12; etc.),
En dépit des obstacles, la bonne nouvelle se répand 1( de la gloire du Christ » (2 Co 4,4), de son «_ inson~

« jusqu'aux confins de la terre » (Ac i,8). Par la dable richesse » (Ep 3,8).
grâce de l'Esprit, l'Église l'annonce « avec assu- a) Force de salut. - Comme celui de toute
rance » (2,29; 4,13.3r; 28,31). Cette fonction est l'Église, mais avec une vigueur singulière; l'évan-
si importante qu'elle suffit à qualifier ceux qui la gile de Paul est centré sur la mort et la résurrec-
remplissent ; ainsi, Philippe l'un des Sept, est tion du Christ (1 Co 15,1-5), et orienté vers son
appelé « évangéliste » (Ac 2r,8; cf Ep 4,u; 2 Tm avènement glorieux (1 Co 1.5,22-28), Il est la nou-
4,5). velle économie, en tant qu'elle se propage et se
développe par la *prédication apostolique et par
z. Le message, - La bonne nouvelle est toujours l'énergie divine qui lui est intérieùre, « il est une
celle du Règne de Dieu (Ac 8,12; 14,21s; 19,8; *force de Dieu pour le salut» (Rm 1,16). « Dans
20,25; 28,23)·; elle annonce que « la promesse le monde entier, l'évangile fructifie et se développe»
faite à nos-pères est accomplie» (13,32). Elle est (Col 1,6). Une floraison d'Églises, une surabon-
grâ.ce de pardon, don de l'Esprit (2,38; 3,26; ro, dance de *charismes, un renouveau spirituel sans
43; 13,38; 17,30). Mais elle est désormais identi- précédent, tout cela, joint à u l'assurance ri surna-
quement « la bonne nouvelle de Jésus ri (8,35; 17, turelle de !'Apôtre lui-même, témoigne de sa puis-
18), « du •Nom de Jésus-Christ Il (8,12), « du *Sei- sance, qui est en train de conquérir le monde (Ga
gneur Jésus » (u,20), ri de la •paix par Jésus- 3,5; 4,26s; 2 Co 2,12; 3,4; 1 Th r,5). Pau] travaille
Christ .>, (ro,36). La résurrection du Christ passe de ses mains et « supporte tout... pour ne. créer
au centre de l'évangile. nul obstacle à l'évangile dU Christ » (1 Co 9,12).
b) Accomplissement des Écritures. - Paul sou-
3. L'a,ccueil de l'évangile. -- La bonne nouvelle Iigl1e la continuité de l'évangile avec l'AT : il est
s'accompagne des (t *signes » promis par Jésus « la révélation d'un *mystère enveloppé de •silence
(i\.'Ic 16,17; Ac 4,30; 5,12.16; 8,6ss; 19,ns). Elle aux siècles éternels, mais aujourd'hui manifesté
se propage.dans une atmosphère de pauvreté, de et, par des *Écritures. porté à la connaissance de
simplicité, de charité communautaire et de joie toutes les nations » (Rm 16,25s). La *promesse
(Ac 2,46; 5,41; 8,8.39). L'évangile rencontre par- :fa~te à Abraham. (Gn 12,3) était un « pré~évan-
tout des •cœurs qui lui sqnt accordés, « désireux gile )), qui se réalise aujourd'hui dans la conver-
d'entendre la •parole de Dieu ri (13,7.12), arides sion des païens (Ga 3,8; Ep 3,6).
ÉVANGILE EXEMPLE

3. La t'éponse k-umaùie à l'évangile. - L'évangile :tVE -')- Adam I 2 o, II z - désir II - Église IV


n'exerce sa vertu salvatrice que si l'homme y I - fécondité I I - femme AT 1 - Marie V - mère.
répond par la •foi : 1t Il est force de Dieu pour le
salut de tout croyant... En lui se révèle la justice
ÉVÉNEMENT-+ miracle - signe AT II 4 - temps
AT II.
de Dieu de la foi à la foi )) (Rm :r,x6s; 1 Co 1,18.
21). Il est le üeu d'une option. Déployant dans la ÉV8QUE -+ Église III z c - ministère Il 3.4.
faiblesse sa force salutaire et actualisant le mys-
EXALTATION DU CHRIST-+Ascension-fierté-
tère de la •croix (1 Co 1,17-2,5), pour les uns il force II - gloire - humilité IV ·_ Jésus-Christ II
est •scandale, « folie » (1 Co 1,18.21.23; Rm 9, ,a.
32s; Ga 5,n) et il u demeure voilé ll : aveuglés
par tt le dieu de ce monde )1, ceux-là !( ne voient pas EXAMEN-+ conscience - épreuve/tentation - juge-
resplendir l'évangile de la gloire du Christ , (2 Co ment.
4,4). Ils ne lui *obéissent pas (:z Th 1,8). Par les EXCOMMUNIER-+ anathème NT.
autres, au ~ontraire, l'évangile est reçu dans
« l'obéissance de la foi l) (Rm 1,5; z Co 10,5).
Dans la grâce de l'évangile, ils s'ouvrent à II l'évan-
gile de la grâ.ce D (Ac 20,24).
EXEMPLE
V. SAINT JEAN
Si la •parole éclaire, l'exemple entraîne. En
Ni l'évangile ni les· épitres johanniques n'uti- bOn •éducateur, Dieu donne donc à l'homme des
lisent le mot évangile. La *parole et le *témoi- exemples à •suivre, des modè.les à imiter.
gnage en occupent la place ; l'objet en est la
•vérité, la *vie et la *lumière. Mais dans !'Apo- AT
calypse, Jean a la vision d'un « ange volant au
zénith, ayant un évangile éternel à annoncer à Les chemins de Dieu et les exemples humains. -
ceux qui demeurent sur la terre Il (14,6s), évangile Dieu s'adapte à, la faiblesse d'hommes· qui sont à
de l'avènement définitif du Règne de Dieu. la fois des enfants à former et des pécheurs à
réformer. Il n'est pas possible encore de leur pro-
poser d'imiter celui qùi, cependant, les a créés
à son image (Gn 1,26s} car le modèle paraîtrait
CONCLUSION
inaccessible en raison de sa transcendance. Pré-
tendre être comme Dieu est le fait du pécheur (Gn
Quand, au cours du ue siècle, le mot « évangile 11 3,5) ; le juste s'applique seulement à répondre à
se mit à désigner la relation écrite de la vie et des l'appel de son Créateur en marcha.nt avec lui,
enseignements de Jésus, il ne perdit pas pour c'est-à-dire en vivant dans la rectitude parfaite
autant sa signification· primitive. Il continua à que requiert sa •présence (Gn 17,1; cf 5,22; 6,9).
sigriifter la bonne nouvelle du salut et du Règne De même, da.ns la prescription divine : « Soyez
de Dieu dans Je Christ. « Cet évangile, écrit saint saints, parce que je suis •saint », il est question
Irénée, les Apôtres l'ont d'abord prêché. Puis, de deux saintetés distinctes : celle de Dieu qui
par la volonté de DieÙ, ils nous l'ont transmis est la transcendance de son myst~e, celle de
dans des Écritures, pour_ qu'il devienne la base l'homme qui est la pureté exigée par le culte divin
et la colonne de notre. foi. » L'Évangile proclamé et par la présence du trois fois saint au milieu de
au cours de la liturgie annonce au monde son peuple {Lv 19,2; cf Ex 29,45). Il n'y a donc
la Bonne Nouvelle et sa libération par •Jésus- pas là d'appel à imiter Dieu. Toutefois, l'ensei-
Christ. En répondant, l'assemblée manifeste l'élan gnement des prophètes permet d'entrevoir que
et_ l'allégresse de la première rencontre du monde Dieu prescrit à l'hom~e de suivrè des *chemins
avec la nouveauté de l'évangile. DM où il se complaît lui-même à. marcher {Jr 9,23;
-+ Apôtres li I - exhorter - Israël NT I - Jésus cf Mi 6,8).
(nom de) III -- Jésus-Christ Il z - mystère li - Le peuple trouvera les exemples dont il a besoin,
Parole de Dieu NT I, Il - prêcher - Révélation en regardant ses •pères; jugeant l'arbre à ses
NT - royaume NT I - salut NT - témoignage fruits, il discernera dans leurs attitudes ce qu'il
NT Ill 1 - tradition NT I 2. faut imiter ou éviter; voici, d'un côté, la foi et
EXEMPLE EXHORTER

la fidélité d'*Abraham (Gn 15,6; 22,12-16), de là caché). Nous pouvons et devons devenir saints
l'autre, le doute et la désobéissance d'* Adam et comme l'est notre Père céleste (1 P 1,15s, citant
d'Ève (Gn 3,4ss). L'histoire est pleine de ces per- Lv 19,2 et lui donnant un sens nouveau) ; ce
sonnages dont l'exemple éclaire et que les sages faisant, nous répondons à l'ordre même de Jésus:
font défiler sous les yeux de leurs *disciples (Si il veut que nous imitions le Père, sa bonté par-
44,16-49,16; cf I M 2,50-60). Les anciens doivent faite (Mt 5,48) et son amour miséricordieux (Le
donc se sentir, comme Éléazar, respon:;ables du 6,36; cf Ep 4,32} ; si nous le faisons, un jour vienM
peuple et spécialement des jeunes ; ils ont à dra où nous serons semblables à celui que nous
laisser un noble exemple, <lussent-ils pour cela aurons imité, parce que nous le verrons tel qu'il
mourir m~rtyrs (2 'M 6,24-31). est (1 Jn 3,2). ]R & MFL
- chemin - disciple - éducation Il z - figure -
NT image - suivre z c.
Des exemples huma-ins au modèle div-in. - Le NT
évoque encore le passé : il ne faut pas imiter
Caïn, le meurtrier (1 Jn 3,12), ni la génération
désobéissante du désert (He 4,II), mais prendre EXHORTER
pour modèle la patience dC's prophètes (Je 5,10),
la foi et la persévérance d'une nuée de témoins de
Dieu (He 12,1). Les croyants ont d'ailleurs de tels L'exhortation (gr, paraklèsis) figure une seule
•témoins sous les yeux (He 6,12); qu'ils imitent fois (Rm 12,8) dans les listes de •charismes.
la foi de leurs chefs {He 13,7) et la conduite de C'était pourtant l'une des fonctions essentielles
ceux qui, comme Paul, sont des modèles {Ph 3, des Apôtres, des _prophètes et des presbytres ;
17). L'Apôtre invite souvent .les *fidèles à deve- elle s'enracine dans la vie religieuse de l'AT et
nir ses imitateurs {1 Co 4,16; Ga 4,12}, spécialew du judaïsme, et se prolonge dans l'Église actuelle.
ment en travaillant comme il l'a fait pour leur
servir d'exemple (2 Th 3,7ss). Que les anciens
soient, comme lui, des modèles (1 Tm 4,12; Tt
AT
2,7; 1 P 5,3), afin que leurs communautés soient Les témoins de Dieu ne se sont jamais conw
à leur tour des exemples (1 Th 1,7; 2,14). tentés d'exposer ·froidement le *dessein divin de
Mais il n'est, pour le croyant, qu'un modèle •salut. Les discours sacerdotaux (comme ceux de
parfait dont les autres ne sont que le reflet : Dt 4-rr), les discours prophétiques (comme Is 1,
*Jésus-Christ. On ne doit imiter Paul lui-même I6 ... ), les discours Sapientiaux (comme ceux de
que parce qu'il imite le Christ (r C.o 4,16; II, Pr 1--9) s'adressent au *cœur autant qu'à l'e5•
1). Telle est la nouveauté fondamentale: grâce à prit des auditeurs ; ils les invitent, les encou-
Jésus, *Fils de Dieu fait homme, l'homme peut ragent, les stimulent de la part de Dieu à •écou-
imiter son Seigneur (1 Th 1,6) et, par là, imiter ter, à. se •convertir et à •chercher Dieu. Des
Dieu même (Ep 5,1). Jésus, en effet, est la source anciens temps à l'époque des Maccabées, c'est le
et le modèle de cette foi parf?ite qui est conw même mouvement, le même appel : on ne •prêche
fiance et fidélité (He 12,2); à qui croit en lui, il pas sans exhorter à une *fi.délité courageuse
donne de devenir *enfant de Dieu et de vivre de envers Yahweh et e1ivers sa •Loi (Dt 5,3'Z; 6,
sa vie (Jn r,12; Ga 2,20). Dès lors, l'homme peut 4ss; 32,45ss), notamment dans les •persécutions
imiter l'exemple du Seigneur, suivre ses traces (2 M 7,5) ou au moment de la *guerre sainte
dans la voie de l'humble *amour qui lui a fait (2 M 8,16; 13,12.14).
livrer sa propre vie (Jn 1j,15; Ep 5,2; 1 P 2,21;
r Jn 2_.16; 3,16) ;. il peut aimer ses frères _comme NT
Jésus les a aimés (Jn 13,34; 15,12).
Or J ésns les a aimés comme son Père l'a aimé Au seuil du NT, Jean-Baptiste continue cette
(Jn 15,9); imiter Jésus, c'est imiter le Père; tradition : H Par beaucoup d'exhortations, il
répondre à n6tre vocation de devenir conformes annonçait au peuple la bonne nouvelle » (Le 3,
au Christ (Rm 8,29), parlaite image de son .Père 18). A son tour, Jésus ne se contente pas de
(Col 1,15), c'est nous renouveler à. l'image de proclamer le message du *Royaume arrivé en sa
notre Créateur (Col 3,10; cf Gn 1,26s, dont ce personne, et d'en révéler les *mystères. Il appelle
rapprochement révèle le sens profond et jusque )es hommes à.·y entrer, les invitant d'une manière

4r8
EXHORTER
EXlL
pressante à se repentir, à •croire à l'Évangile, à
inimaginable : c'était le renversement de. tout .le
le •suivre et à garder sa *parole. De même, les
*dessein de Dieu, réalisé durant l'Exode au pnx
Apôtres. « adjurent et exhortent l) les foules à
de tant de prodiges ; c'était un démenti à toutes
accueillir leur message et à se :faire baptiser (Ac
les *promesses : abandon de la Terre P~omise,
2, 4 0). Dans les communautés chrétiennes, le
destitution du roi davidique, désaffectation du
•prophète a édifie, exhorte, en~u~age » (I Co ':4• Temple démOli. Même accompli, la réaction natu-
3), comme doivent le îaire aussi Timothée et Tite
relle était de ne pas y croire et de penser que la
(2 Tm 4,2; Tt. 1,9). Cela ne îait que prolonger
situation se rétablirait sans tarder. Mais Jérémie
l'un des actes essentiels du ministère. apostolique dénonça cette illusion : l'exil allait dUrer (Jr 29).
(Ac 11,23; 14,22; 15,32; 16,40; I Th 3,2),_. sur
lequel Paul s'explique clairement : « C'est, dit-il,
2. L'exil, révélation du péché. - Il fallait cette
comme si Dieu exhortait par nous » (2 Co 5,20;
pei-sistance de la catastrophe pour que le peuple
cf 1 Th 2,13). Les écrits du NT renferment ainsi
et ses chefs prennent conscience de leur perver-
de nombreuses exhortations ; tel est le but essen-
sion incurable (Jr 13,23; 16,12s). Les menaces
tiel de l'épître aux Hébreux (He 13,~2) et de la
des prophètes, jusqu'alors prises à la légère, se
1re épître de Pierre (I P 5,12). Les simples chré- réalisaient au pied de la lettre. -L'exil apparaissait
tiens doivent d'ailleurs s'exhorter les uns les autres
ainsi comme le *châtiment des fautes tant de fois
(2 Co 13,rr; He 3,13; 10,25) en vue de !'•édifica-
dénoncées : - fautes des dirigeants, qui, a:u lieu
tion de l'Église. RD de s'appuyer sur !'"'alliance divine, avaient eu
_. charismes - consolation - éducation - ensei- recours à des calculs politiques trop _humains (Is
gner - prêcher. 8',6; 3o",rs; Ez 17,19ss) ; - fautes d_es grands qui,
dans lèur cupidité, avaient brisé l'unité frater-
nelle du peti.ple par la •violence et la .fraude p~
1,23; -5,8 ... ; 10,1); - fautes de tous, 1mmorahh'.
EXIL et •idolâ.trie scandaleuses (Jr 5,19; Ez 22)_ qut
avaient fait de Jérusalem un mauvais lieu.· La
•colère du Dieu très saint, continuellement pro-
Dans l'Ancien Orient, la déportation était une voquée, avait fi.ni par éclater : « Il n'y avait plus
pratique couramment employée cont~e les peuples de remède » (2 Ch 36,16).
vaincus (cf Am 1}. Dès 734, c~rtaines cité~ du La "'vigne de Yahweh, devenue un plant abâ-
royaullle d'Israël en :firent Ja dure expérience tardi avait donc été saccagée et arrachée (Js 5) ;
(-z R 15,29), puis en 721, l'ense~ble.d~ ce royaume r•ép~use adultère avait été dépouillée de' ses
(2 R 17,6)., Mais les déportations. q,m ~nt le plus parures et durement.· châtiée (Os 2; Ez 16,38) ;
marqué l'histoire du peuple de 1 Alhance sont le peuple indocile et rebell~ avait été_ chas_sé de sa
celles que fit Nabuchodonosor, à l'issue de ses •terre et *dispersé parmi les •nations (Dt 28,
campagnes contre Juda et Jérusalem en 597, 587, 63-68). La rigueur de la sanction manifestait_ la
582: (2 R 24,14; 25,rr; Jr 5z,28ss). C'est à ces gravité de la faute ; il n'était plus possible de mam-
déportations en Babylonie qu'est réservé le nom tenir l'illusion, ni de faire bonne figure devant les
d'Exil. Le sort matériel des exilés ne :fut pas tou- paiens «. Pour nous, aujourd'hui, la honte au
jours des plus pénibles ; il s'adoucit avec le temps visage » (Ba r,15).
(2 R 25,27-30) ; mais le ,chemin d~ r~tour n•e~
restait pas moins fermé. Pour. qu Il s ouvrit, Il 3. Exil et confession. - A partir de ce temp~,
fallut attendre la chute de Babylone et l'édit de l'humble *confession des. péchés deviendra habi-
Cyrus èri 538 (2 Ch 36,22s). Cette longue période tuelle en Israël (Jr 31,19;· Esd 9,6 ... ; Ne r,6; 9,
d'épreuve eut dans la vie. reli~ieuse _d'Israël un 16.26; Dn 9,5) ; l'exil avait été comme une (( théo-
retentissement immense. Dieu s y révela (I) dans phanie négative », une révélation sans précédent
sa .!<ainteté intransigeante et (II) dans sa boule- de la sainteté de Dieu et de son horreur pour le mal.
versante :fidélité.

Il. L'EXIL, ÉPREUVE FÉCONDE


J. L'EXIL, CHÂTIMENT DU PÉCHÉ
Rejetés de la Terre sainte, privés de Temple et
1 L'exil ckâtime-nt extrlme. - Dans la logique de culte, les exilés pouvaient se croire complète-
d~ l'hisfuite sainte, l'éventualité d'un exil semblait ment abandonnés de Dieu et s'enfoncer dans un

420
EXIL EXIL
découragement mortf'l (Ez u,15; 37,n; ls 49, en terre païenne. S'ouvrant à sa vocation de
14). En réalité, au cœur même de l'*épreuve, 11 lumière des •nations » (Is 42,6; 49,6), il s'orien-
Dieu restait présent et sa *fidélité merveilleuse tait vers l'espérance eschatologique du règne uni-
travaillait déjà au relèvement de son peuple (Jr versel de Yahweh (Is 45,14).
24,5s; 29,n-14).
3. Un nouvel Exode. - Mais cette espérance res-
1. Le réconfort des prophètes. - La. réalisation de.c; tait centrée sur *Jérusalem : pour qu'elle se réa-
oracles de menace avait amené les exilés à prendre lisât, il fallait d'abord que l'exil prît fin. C'est bien
nu sérieux le ministère des prophètes ; mais pré- ce que Dieu promit alors à son peuple, dans le
cisément, en se répétant leurs paroles, ils y trou- Livre de la Consolation (1s 40--55) qui décrit à
vaient maintenant des raisons d'*espérer. L'art- l'avance les merveilles d'un second *Exode. Une
nonce du châtiment, en effet, s'y double cons- fois encore, Yahweh se fera le *Pasteur d'Israël.
tamment d'un appel à la •conversion et d'une II ira lui-même cherchèr les exilés, et comme un
promesse de renouveau (Os 2, IS; ls n,u; Jr 31). berger (Ez 34,rxss) les mènera à leur bercail (Is
C'est comme expression d'un amour jaloux que 40,u; 52,12). Il les purifiera de toutes leurs souil-
s'y manifeste la sévérité divine : même en punis- lures et leur donnera un *cœur nouveau (Ez 36,
sant, Dieu ne désire rien tant que de voir refleu- 24-28) ; concluant avec eux une alliance éternelle
rir la première •tendresse (Os 2,16s) ; les plaintes (Ez 37,26; Is 55,3), il les comblera de tous biens
de l'enfant châtié bouleversent son cœur de Père (Is 54,ns). Ce sera une grande victoire de Dieu
(Os n,8ss; Jr 3r,20). Peu é<-outés en Palestine, (Is 42,10-17) ; tous les prodiges de la sortie d'Égypte
ces messages trouvèrent un accueil fervent dans seront éclipsés (Is 35; 41,r7-20: 43,16-21; 49,7~10).
les cercles des exilés de Babylone. Jérémie, jadis De fait, en 538, l'édit de Cyrus était promul-
persécuté, devint le plus apprécié des prophètes. gué. Un élan d'enthousiasme souleva les Juifs
Parmi les exilés eux-mêmes, Dieu lui suscita des fervents ; d'importants groupes de volontaires, les
~ucc~sseurs, qui guidèrent et soutinrent le peuple 1c réchappés de la captivité » (Esd 1,4) retournèrent
au milieu des difficultés. La victoire des armées à Jérusalem; ils eurent une influence décisive sur
païennes semblait être celle de leurs dieux ; la l'organisation de la communauté juive et son
tentation était grande de se laisser fasciner par orientation spirituelle. Au milieu de bien des diffi-
le culte babylonien. Mais la tradition prophétique cultés, c'était la *résurrection du peuple (cf Ez
apprenait aux exilés à mépriser les *idoles (Jr 10; 37,1-14), témoignage étonnant de la fidélité de
!s44,9 ... ; cfBa6). Mieux encore: un prêtre déporté, Dieu chantée avec joie face aux nations émer-
Ézéchiel, recevait en des visions grandioses révé- veillées (Ps 126).
lation de la, mobilité n de Yahweh, dont la •gloire
n'est pas enfermée dans le Temple (Ez 1) et dont 4. Exil et NT. - Expérience de mort et de résur-
la *présence est un invisible sanctuaire pour les rection, le départ en exil et le retour triomphant
exilés (Ez u,16). ont plus d'un rapport avec le mystère central du
dessein de Dieu (cf Is 53). Ces événements restent
2. PrlpaYation de l' I srae"l nouveau. - Parole de riches d'enseignements pour les chrétiens. Certes,
Dieu, présence de Dieu : sur cette base, un •culte un *chemin vivant leur assure désormais libre
pouvait s'organiser et se développer, non pas un accès au vrai sanctuaire (He 10,19; Jn r4,6) ;
culte sacrificiel, mais une liturgie synagogale, con- mais avoir libre accès n'équivaut pas à être au
sista.nt à se réunir pour *écouter Dieu (grâce à la terme; en un sens, « demeurer dans ce corps,
lecture et au commentaire des textes sacrés) et c'est vivre en exil loin du Seigneur » (2 Co 5,6).
pour lui parler dans la •prière. Ainsi se formait Étant dans ce •monde sans être de ce monde
une communauté spirituelle de •pauvres tout (Jn r7,r6), les chrétiens doivent sans cesse se
orientés vers Dieu et attendant de lni seul le rappeler la *sainteté de Dieu, qui ne peut pac-
salut. A cette communauté, la classe sacerdotale tiser avec le mal (r P 1,15; 2,us), et s'appuyer
prit soin de raconter l'histoire sainte et d' ensei- sur la *fi.délité de Dieu, qui, dans le Christ, l_es
gner la Loi; ce travail aboutit au document sacer- mènera jusqu'à la •patrie céleste (cf He u,r6).
dotal, compilation et rénovation des souvenirs et CL & AV
des préceptes anciens qui faisaient d'Israël 'ta -+ Babel/Babylone 2.4 - captivité I - châtiments -
nation sainte et le royaume sacerdotal de Yahweh. chemin I 2 - épreuve/tentation AT I 2.3 - Exode
Loin de se laisser contaminer par l'idolâtrie, AT z - libération/liberté II 2 - patrie AT 2 - péni-
cet Israël rénové devenait le héraut du vrai Dieu tence/conversion AT III - Temple AT II 2.3 - terre
AT II J c.

421
422
EXODE EXODE

Exode (Is n,15s; 43,16s; 51,10) que Dieu portera


su,r ses ailes (Is 46,3s; 63,9; cf Ex 19,4; Dt 32,n)
et dont il sera le guide (Is 52, r2; cf Ex 14, 19).

EXODE NT
En faisant de •JeanMBaptiste « la voix de Celui
Le mot exodos signifie , chemin de sortie », qui crie : Dans le désert préparez le chemin du
d'où_« action de sortir, départ». Dans la Bible, il Seigneur» (Mt 3,3 p; Is 40,3), la tradition aposto-
désigne spécialement la sortie des Hébreux hors lique voulut affirmer que l'œuvre de •rédemption
<l'Égypte, ou, selon une acception plus large, cette effectuée par le Christ était l'accomplissement du
longue pérégrination de quarante années qui les mystère de *salut préfiguré par l'Exode. C'est
mena d'Égypte en Terre promise à travers le dans la même intention qu'elle a considéré Jésus
,.désert (Ex 3,7-10), et dont les diverses étapes comme le nouveau •Moïse annoncé par Dt 18,18
sont racontées dans le Pentateuque (Ex, Nb, Dt). (Ac 3,15.22; 5,31; 7,35ss).
Cet événement devint, pour la pensée juive et
chrétienne, le type et le gage de toutes les déli- I. Saint Paul ne fait qu'effleurer le thème : Jésus
vrances effectuées par Dieu en faveur de son est le véritable • Agneau pascal immolé pour nous
peuple. (1 Co 5,7) et les prodiges de !'Exode (passage de
la •mer Rouge, •manne, *rocher) furent les •figures
AT des réalités spirituelles apportées par le Christ
(1 Co rn,r-6).
r. Le premier Exode, - L'Exode marqua la véri-
table *naissance du peuple de Dieu, effectuée 2. Saint Pierre développe le thème dans une pers-
dans le •sang (Ez 16,4-7). C'est alors que Dieu pective plus ecclésiale. Rachetés par le sang de
engendra Israël (Dt 32,5-10) et, mieux encore l'Agneau sans tache (1 P 1,18s; cf Ex 12,5; Is
qu'Abraham, devint pour lui un •père plein 52,3), les chrétiens ont été « appelés » (1,14s; cf
d'amour et de sollicitude (Os n,1; Jr 31,9; Is OS II,1) des ténèbres à la •lumière (2,9; cf Sg
63,16; 64,7), Signe de l'amour divin, !'Exode est 17-18). Ils ont été délivrés de la vie dissolue
par là même gage de •salut : ayant une fois déli- qu'ils menaient jadis dans le paganisme (1,14.
vré son peuple de la •captivité d'Égypte, Dieu 18; 4,3), de façon à. constituer le nouveau •peuple
le sauvera encore à l'heure du danger assyrien de Dieu (2,9s; cf Ex r9,6; _Is 43,2os) régi par la
(Is 10,25ss; Mi 7,14s) ou babylonien (Jr 16,145; Loi de •sainteté (1,15s; cf Lv 19,2). Purifiés par
Is 63-64; cf Ps 107,31-35; Sg r9). A cette solli- l'aspersion du •sang du Christ, ils sont désormais
citude divine, manifestée par les prodiges de _ voués à !'•obéissance envers Dieu (1,2.14.22; cf
!'Exode, Israël n'a répondu que par l'ingratitude Ex 24,6ss), lui offrant un •culte spirituel (2 5; cf
1

(Am 2,10; Mi 6,3ss; Jr 2,1-8; Dt 32; Ps 106), au Ex 4,23). Les •reins ceints (I,13; cf Ex 12,n),
lieu de rester fidèle à la vie idéale qu'il menait ils sont prêts à marcher sur le •chemin qui doit
au désert (Os 2,16; Jr 2,2s). les mener vers leur •patrie du •ciel (1,17).

2. Le nouvel Exode. - Au peuple 'de nouveau 3. Saint Jean offre une théologie plus élaborée.
captif et exilé à Babylone' en raison de ses infi- Délivrés de la servitude du Diable par le sang de
délités, la délivrance est annoncée comme un renou- !'Agneau pascal (Jn 1,29; 8,34,SS; 19,36; 1 Jn 3,
vellement de !'Exode. De nouveau, Dieu va 8), les chrétiens font route vers le royaume des
•racheter son peuple (Is 63,I6). Que tous les estro- cieux. Ils sont nourris par le Christ, •pain vivant
piés et les faibles reprennent 'des forces pour se descendu du ciel (Jn 6,30-58; cf Ex 16), et désal-
préparer au départ (Is 35,3-6; 40,1s; 41,10; 42,7- térés par l'•eau qui jaillit de son côté (7,37s; 19,
16; So 3,r8ss), Un •chemin sera tracé dans le 34; cf Ex 17,r-7). Blessés, ils sont guéris en, regar-
'désert (Is 35,Sss; 40,3; 43,19; 49,n; II,16) ; Dieu dant " le Christ élevé sur la croix (3,14; :r9,37; cf
y fera jaillir l'eau comme jadis à Meriba (Is 35, Nb 21,4-9). En le •suivant, lui, la •lumière du
6s; 41,18; 43,20; 44,3; 48,21; cf Ex 17,1-7) et le monde (8 12; cf Ex 13,21s), ils. parviendront un
1

désert se changera en verger (Is 35,7; 41,19). jour auprès du Père (12 26; 13,8; 14,3; 17,24). Lors
1

Comme jadis la mer Rouge, l'Euphrate va se de sa résurrection, en effet, Jésus, le premier, a


diviser pour laisser passer la caravane du nouvel effectué sa •Pâ.que, son c passage de ce monde
EXODE EXPIATION

vers le Père » (13,1), d'où, 11 élevé de terre·». il quemment, non seulement dans toute l'épître aux
attire à lui tous les hommes (12,32) ; et ceux-ci Hébreux qui assimile le rôle *rédempteur du Christ
accompliront à leur tour leur Exode définitif lors- à la fonction du Grand Prêtre au « jour des expia-
qu'ils II passeront » de ce monde d'en bas vers le tions », mais, plus ou moins certainen:ient, chaque
monde d'en haut (5,24). fois que le Christ est déclaré II mourir pour nos
péchés » (vg I Co 15,3) ou (1 répandre son sang
4. _L'Apocalypse a une perspective assez semblable pour la rémission des péchés »· (vg 'Mt 20,28).
à celle de la 1re, épitre de Pierre. Par le •sang
de r• Agneau, les chrétiens ont été rachetés de I. Expiation -et péché. - En français comme dans
la « terre )r, du •monde mauvais soumis à Satan nombre de langues modem.es, la notion d'expia-
(Ap 14,3), pour former le royaume de prêtres tion tend à se confondre avec celle de •châtiment,
annoncé par Dieu en Ex 19,6 {Ap 5,9s). C'est le celui-ci fût-il non médicinal. Au contraire, pour
renouvellement de· F•Alliance ancienne (n,19; cf tous les anciens - tel est le sens du verbe expiare
Ex 19,16). Écrite dans un temps de persécution, dans la Vulgate comme dans la liturgie-. qui dit
!'Apocalypse sonne comme un chant de victoire. « expier» dit essentiellement (! purifier», plus exac•
Le ·souvenir de la mer Rouge (15,3ss; cf Ex 14- te ment rendre un objet, un lieu, une -personne
15) évoque le prochain désastre des ennemis du désormais agréables aux dieux, alors _qu'aupara-
peuple de Dieu, anéantis par la •Parole de Dieu vant i]s ne leur agréaient pas. Totite expiation
comme jâ.dis les premiers-nés d'Égypte (19,II- suppose donc l'existence d'un péché et a pour
2:1;_ cf Sg 18,14-_18). Dieu, venant résider au· milieu effet de le détruire.
de son peuple (21,1-3), lui donne la •victoire parce Comme ·ce •péché n'est pas conçu à la façon
qu'il s'appelle a: Il est » et que toute créature n'est d'une souillure matérielle qu'il serait au pouvoir
que néant. {n,17; 1_6,s; cf Ex_ 3,14). - Durant la de l'homme de faire disparaître, mais qu'il s'iden-
nuit pascale, les chr~~iens évoquent aujourd'hµi tifie à la rébellion même de l'homme contre Dieu,
cette épopée de l'Exode par le chant de l'Exultet. l'expiation··efface le péché en· réunissant ·de nou-
MEB veau l'homme à DieU, en le lui « consacrant )1
selon le sens de l'aspersion du *sang. Comme
-+ Agneau de Dieu 2 - chemin I, III - déluge 2 - d'autre pàrl le péché provoque la *colère de Dieu,
désert - exil II 3 - libération/liberté II 1 - mer 2 -
Moise - nouveau Il 1 - nuée 1 - Pâque I 2.4 - toute expiation met un terme à cette colère, elle
pèlerinage - Rédemption AT 1 - salut AT I 1. « rend Dieu propice » ; mais la Bible attribue
d'ordinaire ce rôle à la prière, le sacrifice d'expia-
EXORCISME _,.. démons NT - maladie/guérfaon tion ayant plutôt pour fin de a: rendre l'homme
0 - miracle II :2 b - onction II 2 - Satan II, III. agréable à Dieu ».
EXP:t.RIENCE --+- connaitre - goûter 2 - présence
de Dieu AT II, III - sagësse - vieillesse 2. 2. Expiation et inhrcession. - Dans les rares pas-
sages où les deux termes d'expiation et de colère se
trouvent associés, il s'agit en fait d'une *prière :
ainsi l'expiation de Moïse (Ex 32,30; cf 32,nss),
ou celle d'Aaron (Nb I7,nss) selon l'interpréta-
EXPIATION tion de Sg 18,21-25; ainsi d'après le Targum,
celle de Pinhas (Ps 106,30) et plus clairement
encore celle du « Serviteur de Yahweh » dont le
Les traductions françaises de 1a Bible utilisent rôle d'intercesseur est quatre fois mentionné (Tar-
souvent le terme a: expiation » ou parfois « propi 4
gwn Is 53,4.7.u.12). Et c'est en vertu de la même
tiation 11 (hb. kipper, gr. hilaskesthai) dans l'AT notion d'expiation que saint Jérôme, suivant en
soit à propos des •sacrifices II poul;' le péché » où cela l'usage des vieilles· versions latines, dans la
le prêtre est dit • accomplir le rite de l'expiation > formule stéréotypée qui conclut chacun des sacri•
(vg Lv 4). soit plus spécialement encore à propos fi.ces pour le péché, a pu traduire le verbe hébreu
de la fê~e annuelle du ro tishri, généralement signifiant « accomplir le rite d'expiation » par un
nommée a: le jour des expiations » ou « le grand verbe signifiant ~ prier it ou a: intercéder » (Lv 4,
jour de l'expiation » et dont Lv 16 décrit en détail 20.26.31; etc.).
le rituel. On ne s'étonnera donc pas que l'épître aux
Dans le NT, si le terme est rare (Rm 3,25; Hébreux, en décrivant le Christ entrant au ciel
He 2,17; 1 Jn 2:,2; 4,rn), l'idée se retrouve fré 4
pour y accomplir la fonction essentielle de son
EXPIATION EXTR8:ME•ONCTION
.•sacerdoce défi.nie comme une « intercession u gieuse des Juifs le "jour des pardons ll. Et quan<l
(He 7,25; 9,24), puisse l'assimiler au Grand Prêtre à deux reprises saint Jean, évoquant soit l'interces-
pénétrant au-delà du voile pour y accomplir le sion céleste du Christ auprès du Père (1 Jn 2,2)
rite sacrificiel par excellence, l'aspersion du sang soit l'œuvre accomplie ici-bas par sa mort et sa
sur le propitiatoire. Aussi la mort elle-même du résurrection (1 Jn 4,10), déclare qu'il est, ou que
Christ est-elle présentée comme une suprême le Père l'a fait, « hilasmos pour nos péchés )!, le
« intercession » (He 5,7). terme offre sans doute le même sens qu'il a tou-
Une telle interprétation soulignait en tout cas jours dans l'AT grec (vg Ps 130,4} et que le mot
à quel point une expiation authentique ne saurait latin propitiatio offre aussi toujours <lans la litur-
avoir de valeur indépendamment des dispositions gie : par le Christ et dans le Christ Je Père réalise
intérieures de celui qui l'offre; elle est d'abord le dessein de son amour éternel (1 J n 4,8) en i< se
un acte spirituel, que le geste extérieur exprime montrant propice u, c'est-à~dire en u pardonnant ,i
mais qu'il ne peut suppléer. Elle exclut également aux hommes, d'un *pardon efficace, qui détruise
toute prétention de l'homme à forcer Dieu à lui vraiment le péché, qui (! purifie u l'homme, lui
devenir favorable. Décrivant l'intercession d'Aa- communique sa propre vie (1 Jn 4,9). SL
ron, la Sagesse a soin de préciser que sa prière
consista à « rappeler à Dieu ses promesses et ses ~ Agneau de Dieu l - châtiments 3 - coupe 3 -
serments 1, (Sg 18,22), si bien qu'une telle prière fêtes AT II 3 ; NT I - imposition des mains AT -
se ramène à un acte de foi en la "'fidélité de Dieu. jeûne 2 - martyr 1 - pardon II 2 - péché 111 3 -
Ainsi conçue, l'expiation ne tend point, sinon aux pénitence/conversion AT I 2, III :i - pur AT I 2 -
yeux de l'homme, à changer les dispositions de Rédemption - sacerdoce AT II I - sacrifice - sang -
Dieu, mais à disposer l'homme à accueillir le don Serviteur de Dieu - souffrance AT III.
de Dieu.
EXTRtME.. ONCTION ~> huile 2 - maladie/guéri-
son NT II
I - onction II 1.
3. Expiation et pardon. - Aussi le« jour des expia-
tions • était-il plus encore dans la conscience reli-
F
3. Chercher la face ,de~Dieu;-·- Bien que Dieu ne
-soit pas un homme (Nb 23,19) et qu'aucune créa-
ture ne puisse donner, une- idée de sa gloire (Is 40·,
r8; · 46,5); il .a néanmoins, comme un· homme, des
FABLES .- enseigner NT II 3 - erèet.lr _·NT. - desseins et des intentions, il veut entrer en com-
hé~ésie 3 -- v:éri~ NT 2 c. municatioD, avec l'homme; il a don~. ·lui aussi,
un visage. Il peut, toùr •à .tour, le· montrer dans
sa· bieilveillallce (Ps· 4,7; 80;'4.8.20) et le· cacher
dans sa *-c'olère (Is 54;8; ·Ps 30,8; ro4,29).
FACE ' Au milieu· :d'Israël habite ce- visage divin. Invi-
sible, il est· plein: cependant de l'extraordinaire
1: Le visage et le cceùr. :.. .::.. . ~ Comme le reflet dll vitalité du *Dieu vivant; ·et ·cette *présence de la
visage ·dans l'eau, ainsi le cœur dè l'homme pour .face divine-est la force de son:_peuple ,(Ex 33;x4;
l'homme" (Pr··27;19) : le niiroir"de l'eau révèle 2 S 17,n;· Dt 4,37; Is .63;7). · C'est elle-qui-donne
Ie·paradoxe du visage humain; ,'il est, de "la-per- sa valeur à.i'a&piration *cultuelle de *voir la face
sonne, à la fois -ce qui voW . et ce qui _-est·vu; le de Dieù (Ps 42,3), de « *chercher la face de Dieu "
face à •face des rencontres humaines .symbolise et (Am. 5,4; Ps 27,8; i>s, 105,4). ~ais p,arc_e. que .le
suscite 'la reconnaissance intérieure des· cœ'urs.' visage·de Yahweh est.celùi du-Dieu saint"et juste,
Car le visage est le miroir du··•cœur. On n•Y seuls « les cœurs droits contempleront- sa face »
lit pas seulement la aouleur (Jr 30,6; Is· 13,8), la (Ps n,7).
fatigue -(Dn ·I,10), _ou· l'affliction ·(Ne· 2~2) mais
aussi la joie (Pr 15,13) ctu cœur en fête (Si 13, 4. Le Jaca à iace avec_Dieu.-~-Lâ. face de Dieu est
26; Ps 104:,15)., la sévérité qu'un père doit roon'trèr mortellement redoutable à l'homine (Jg 13,22;
à ses filles- (Si. 7,24), mais aussi la dureté impi- Ex 33;20) à cause de son péché (Is 6,5; Ps 5r,
toyable (Dt 28,50) butée ·daris _son Orgueil (Ez ·2, Il); 'elle est pourtant la vie et le salut de l'homme
«
4; Dn 8,23) : en effet le cœUr de l'hommè modèle . (Ps 5r,r3s). Exceptionn,èllemeQ.t, • Yahweh con-
versait avec *Moïse face à face, comme un homme
son visàge, soit en bien soit· en -mal »_ (Si 13·~25}.
Mais le miroir du visage peut être trompeur: Alois ccinverse avec son *ami )l (Ex 3j,u). Mais-quand
que l'homme est enclin à juger d'après les appa- MoiSè d_em:a:ilde· à: voir la. gloirè -de' Dieu, il ·ne· voit
rences· (Je 2,9), Dieu regarde au cœui' seul (x S Dieu tjtie de d6~ (Ex 33,xS-23). ·« Suivre quelqù'un;
x6,7) ·et- jilge les actions· humaines selon les· cœurS c'est ·le voir de- dos:- Ainsi }dOise qui- brlilait·· de
(Jr n,20; Si 35;22; -Mt 22,16): voir- la face de Dieu apprend-il- comment- 'on voit
Dieu : suivre Dieu partout où 11 mèn:è, celà -même
2.·
1

Le.·visalfe du Prinèe, '- Les-.rel~tions ,de suj~t à C'est ·voir· ~ieu » (Grégoire de''NySS~):
prince_ s'expriment ,dans, -_un- jeu de visages : on
demand~ à voir la face-du.roi (2 S 14,32), mais 5. Sur ·la·-face du Christ, Dieu a fait Pour ilouS
en sa présence on se . prosterne contre terre en rayonner·so1i' visagè et nOus a·fait grâce (cf':Nb
« tombant sur sa face» (2 S r,.2;_ 14,33): C'est une 6,24). Sur cette face en effet resplendit la···*gloire
faveur -insigne de pouvoir regarder. le visage. du de Dieu (2 Co 4,6) ; la gloire de la Transfiguration
roi (Est r,14), une *grâce anxie1Jsemell.t épiée, de (Mt 17,2 p) est le signe qu'en JéSus Dieu lui-
le -voir s'éclairer d'un sourire (Jb 2;9,24s), .car même_s'est donné un·viSage (ef;Ap.r,r6) et·qu'en
« dans la lu,mière du visage royal est la , vie -» lui s'est monttée là face ·<iue « :ilùln'a"jamais vue·•
(Pr r6,I5). (Jn 1,-xS)··: «·Qui m 1a -vu a vu· le Père» (Jn 14,g).

430
FACE FAIM & SOIF

C'est une face humaine, bafouée, voilée (l\.:Ic 14, son cœur (Dt 8,1ss). Israël devait apprendre que,
65 p), défigurée (cf Is 52,14), mais c'est " l'effi- dans son existence, il dépendait totalement de
gie de la substance divine » (He r,3). Yahweh, qui seul lui donne sa •nourriture et sa
D'avoir vu la gloire de ce visage, le chrétien, boisson. Mais plus loin et plus profondément que
par l'*Esprit-Saint qui habite en lui, demeure en ces 'besoins physiques, Israël doit découvrir un
permanence illuminé et transformé, non pas, besoin plus vital encore, celui de Dieu. La •manne
comme le visage de Moïse, d'une manifestation qui vient du ciel évoque justement ce qui sort
passagère (2 Co 3,7s), mais d'un rayonneni.ent de de la bouche de Dieu c'est-à-dire sa Parole, la
vie et de salut : « Nous tous qui, le visage décou- Loi, en qui le peuple doit trouver la vie -(Dt 30,
vert, réfléchissons comme en un miroir la gloire 15ss; 32,46s), Mais le peuple ne comprend pas et
du Seigneur, nous sommes transformés en cette ne songe qu'aux viandes de l'Égypte : <l Ah !
même image, toujours plus glorieuse, comme il quel souvenir! J> {Nb n,4s) et Dieu, au lieu de
convient à l'action du Seigneur qui est Esprit H l'épreuve salutaire de la faim, est réduit à gorger
(2 Co 3,r8). C'est cette ·(c gloire .de Dieu sur le Israël de viande cc jusqu'à ce qu'elle lui sorte par
visage du Christ » que fait rayonner « sur ~oute les narines " (u,20; cf Ps 78,26-31).
conscience humaine )1 le service de l'"'Évangile b) Installé sur sa terre et rassasié de ses biens,
(2 Co 4,2-6). Israël, oubliant la leçon du "'désert, les attribue
Ainsi transfigurés dans !'Esprit par la gloire du à son mérite et s'en fait gloire devant Yahweh
Seigneur, les chréti_ens ont .la certitude de décou- (Dt 32,10-15: Os 13,4-8). Il faut que Dieu ramène
vrir un jour « face à face » celui qu'ils ne con- son peuple au désert (Os 2,5) pour que, mourant
naissent encore que « dans un miroir », de con- de soif, pleurant son blé perdu et ses vignes
naître comme ils sont connus (r Co 13,12), de dévastées (2,u.14), le •cœur d'Israël se réveille
1: voir Dieu -. ,(Mt 5,8). Ainsi sera comblé le *désir (2,16) et ressente la faim et la soif essentielles,
qui attirait Israël au Temple : « Le trône de Dieu celles« d'entendre la parole de Yahweh); {Am 8,11).
et·de !'Agneau sera dressé, et les serviteurs l'ado- c) Les prophètes et les sages recueillent ces leçons.
reront, ils verront sa face ~ (Ap 22,3s). Le besoin et le désir des biens que Dieu réserve à
FG & JG ceux qui l'aiment s'expriment constamment dans les
• chercher I - cœur I r - Dieu NT III - fierté - images du repas, du pain, de l'eau, du vin. On a
gloire IV - grlce li 3 - lumière & ténèbres AT II faim du festin que Yahweh sur sa montagne pré-
2 - présence de Dieu - voir. pare pour tous les peuples (Is 25,6), on a soif
de la •sagesse qui désaltère (Pr 5,15; 9,5), du *vin
FAIBLESSE - chair I 3 b - enfant - femme AT
3 - force - maladie/guérison - pauvres - puis- enivrant qu'est l'amour (Ct 1,4; 4,10), on court
sance IV, V 3 - responsabilité r ~ veuves I. recevoir de Dieu, « sans payer n, la boisson des
altérés et la nourriture qui rassasie (Is 55,1ss).
1\iais c'est de l'•eau la plus pure qu'on a soif, du
seul vin dont !'*ivresse soit la vie, de Dieu (Ps
FAIM & SOIF 42,2) ; et Dieu lui-même se tient prêt à combler
ce désir : « Ouvre large ta bouche, je l'emplirai ~
(Ps 81,11),
La faim et la soif, parce qu'elles expriment un
besoin vital, révèlent le sens de l'existence humaine 2. Faim et soif, appel à la charité. - L'épreuve de
devant Dieu : elles revête:tit par là-même une cer- la faim et de la soif doit rester exceptionnelle.
taine ambivalence {Pr 30,9). Avoir faim et soif Les •pauvres, qui ne disparaîtront pas du pays
est une expérience posi_tive qui doit ouvrir à (Dt 15,n), sont de vivants appels à ceux qui les
Dieu; mais l'état d'affamé est un mal dont Dieu ne approchent. Un des devoirs primordiaux de !'Is-
veut pas et qu'il faut chercher à supprimer; s'il raélite est donc de· donner du pain et de l'eau à
prend les proportions d'un événement collectif (la son •frère, à son compatriote {Ex 23,II), à_ qui-
famine, par exemple), la Bible y voit une •cala- conque en a besoin (Tb 4,16s), _et même _à. s~m
mité, signe d'un *jugement divin. •ennemi (Pr 25,21) ; c'est là pratiquer la -"'Justice
{Ez 18,7.16) et rendre son *jeûne agréable à Dieu
AT (Is 5 8,7.ro). A la fin, Yahweh interviendra lui-
1. Faim et soif, épreuve de la foi même en faveur des affamés pour les convier au
a) Au désert, Dieu a fait passer sou peuple par festin qui comblera leur faim et leur soif (Is 25,
la faim pour !'*éprouver et connaître le fond de 6; cf 65,13).

43r 432
FAIM & SOIF FÉCONDITlt

NT
1. Jésus-Cht>ist, Messie des pauvres (Le 1,53), pro-
clame le rassasiement pour ceux.·qui ont •faim et FÉCONDltt
soif {6;u). Il inaugure sa Illission en prenànt· sur
lui ·la condition de l'affamé et de l'assoiffé; Mis à
l'épreuve,. comme Israël au. désert, il affirme et. il Dieu, dont· la plénitude surabondante est fécnn-
démontre que Ie·besoin essentiel.de l'hommè•est . dité. au-delà de toute mesure, a: ·créé Adam à son
la Parole de-Dieu, la vOlonté• du· Père (Mt 4,4), •image, à l'image de .ce Fils u·nique qui--pourtant
qu'il- en ,fait sa nourriture et qu'il en vit (Jn '4, épuise à.Jui ·seul la· fécOildité · dÏ"V'ine et ·éternelle.
32ss). Sur- la cl'Oix, ayant:absorbé « la coupe que Pour réaliser ce· Illystè!'e, l'homme, en trailsmet-
lui avait donnée le Père » (Jn 18,n), sa soif de tant fa. *vie, commup..ique aù ·cours du 'temps sa
crucifié est insépar'able du désir qu'il ad'. 11 accom- propre image, Survivant··.ainSi dahs les ·•généra-
plir touteTÉcriture o (Jn 19,28), d'achever l'œuvre tions·. · ·
de son Père, mais aussi de «· paraître devant. sa
face )f (Ps 42,3).
Î. L'APPEL' À LA )rÉCONDlTÉ
2.Jésus apaise et suscite· faim et soif. _.;. Comme
Dieu jadis au désert, Jésus soulage: la faim ·du Sans cesse, du folld des ,âges, ·-retentit· l'appel du
peuple qui le suit (Mc· 8,1ss) .et· il se préoccupe Créateur,: , .Croissez; tnultipliez-1/ous ! >), , et· la
aussi· de susciter le désir; de- la•.•Parole de Dieu, créature de remplir la terr'e.
du vrai . •Pain q'u 1il estJui-même :(Jn. 6), le ~ésir
de l'*eau vive qui est son·.•Esprit (Jn 7,37ss)·.' 11 1. L'ordre et ~a blnédiction. - En appelant, Dieu
en.suscite la·soif chez 'la.Samaritaine (Jh 4,1~14), donne de répondre. Tel est ·Je sens de la *béné-
comme il invite Marthe à d_ésirer sa parole, unique diction _qui,. après avçiir pénétré ,les plantes et les
nécessaire (Le -10,39-42). ' animaux, rerid l'homme et ta· femme capables de
''
« créer_» des êtres à leur propre image. Aussi la joie de
3. Le chrétien et les affam!s. - Pour le·s disciples la· fécondité . fait-elle exulter· ·Ève; la ·. ~mère des
de Jésus, le devoir de nourrir les affamés _est plus vivants,· 'tors de ._son premier -e~fantemeilt : 11 fai
exigeant que. jamais. ·La: soif , torturante' dans la procréé un fils de par Yahwéh n (Gn 4,_r). Le Livré
géhenne attend celui qu~ n'a pas vu l'affamé à sa de la Genèse est !'.histoire des •générations de
porte (~c 16,-19-24} ; la récompense est pour celui l'homme : ·généalo~es, anecdotes, naissa~ces dési-
qui a donné un verre d'eau à.,l'un des disciples de rées, , difficiles, .impossibles, projets dë · m'ariage,
Jésus. (Mt 10,4;z;)·.· C'est là-dessus que -le jugement v:taie course,:à_,.·l'enfantement - :telle· une Sjrnl.-
se fera, car nourrir l'affamé, désaltérer l'assoiffé, phpri_ie développant l'accord de ·base plaqué par
c'est apaiser à' tré.Vers ses •frères la faim, et la Dieu· à l'aurore ·du · temps. Le §~gnêu_r.· scaridè
soif de Jésus (Mt 2.5,35.42). De cettè charité a.vèc cette histoire parcl~·bénédictions qui, ~n 'plus·de
laquelle nous apaisons les souffrances des autres~ lél. terre.promise,-annoncent une ·«·postérité aussi
nous devons toujours avoir. soif·; .fa. source ·en est nombreuse que les ·étoiles du- ciel et que 1è· Sable
ouverte, gratuite, aux âmes de désir; assoiffées de au bord'de Ia·mer » (Gn 22,'17). Ilen- ira dtf même
Dieu et·. de la . vision de sa· face·, assoiffées de la de la Jérusalem. d'après- l'exil, qui voit·&es .enfallts
vraie vie .(Is 5.5,1ss; Ap 21,6; 22,17). · JB venir de loin vers elle .(Is- 49,21; 54,xss; 60',4.·15;
62,4).
~ béal"itudi NT Il - désè:_rt: -. dési~ il - eau -
no~rriture ,-· pain - ·repas.
2. La protection des sources de la vie. - ·Deu:i.:
FAMILLE_. autor~té AT -I 1.2·; NT Il 2 - édifier récits montrent, ·parrili d',autres enseignements 1 le
I 1 -:- . éducation· - enfant - enseigner ·.AT I ~ - respect dont -.il faut ento·ure,r. les origines de la
femme AT 2; NT. 3. -;frère - génération---:-- homme vie. I~ ne .faut ~ _regarder la nùdité de son· père,
I 1' c,' II 1 11"_- maison ~ mariage ..:.:.:. mèl'e. - pères fût-il ivre~· sous peine d'encourir la •rµalédiction
& Père - peuple A Il .1. - Sacer~~ce AT· I 1. '
(Gn 9,20'"27) ;. Dieu en .personne intervient quand
FAMINE•-i>- calamité 1 - faim & soif. est' .:inenacé, le sein- des feilimes. des· patriarches·.
FAT ALITS. ·.-.+ libératiori:/Hberté I ..:... 'j'.frédestiner. Car Sara, Rébecca doivent être les mères du peuple'
élu, d'Israël : ci:>mment _Pharaon· (Gn 12,12-:20) ·ou
FAT"lGUE __. repos;- treyail.. Abimélek (Gn_20; 26,7-12) oseraient~its mêler leurs

433 434
FÉCONDITÉ FÉCONDITÉ

œuvres humaines à l'action de Dieu ? Et si, dans 3. Pour lutter contre la *stérilité, l'on recourt à
son égoïsme, Onan détourne sa •semence et l'em- l'adoption par le stratagème, alors légal, qui con•
pêche de susciter la vie, c'est lui ·qui perd la vie siste à faire enfanter la servante sur ses propres
(Gn 38,8ss). genoux, c'est•à•dire à considérer comme sien le
fils .de son époux (Gn 16·,2; 30,3 ... ) ou de sa fille
3. Lois et cantiques. -La Loi vient à son tour pro- (Rt 4,16s). Les gtJnéalogies se soucient peu de
téger la fécondité humaine en énonçant des inter- suivre de père en fils la chaîne des *générations.
dits : règles -concernant les temps de la femme Si le don physique de la vie est au fondement de
(Lv 20,18), protection des jeunes filles et des la paternité, il n'en épuise pas le sens, car la béné.
fiancés (Dt 22,23-29), sanctions sur.certains gestes diction divine ne se transmet pas seulement par
(vg Dt 25,rrs) ... Même si ces règles, sans doute les lîens du sang. Lorsque la Genèse raconte com-
d'origine prémosaïque, dérivent de tabous ins- ment fut peuplée la terre, les généalogies peuvent
tinctifs, elles sont reprises et orientées en fonction faire d'un homme le père d'une ville ou d'une
de la fécondité du peuple élu. Et 1a Loi conclut : nation: l'auteur veut dire qu'à l'origine des peuples
1, Si tu es fidèle à Yahweh, béni sera le fruit de il n'y avait pas seulement l'extension d'une souche,
tes entrailles » (Dt 28,4). mais des immigrations, des mariages, des alliances,
A leur tour, les psaumes de redire en chœur : des conquêtes. La lignée raciale pourra donc s'élar•
1( Largesse de Yahweh que des fils, récompense gir et prendre valeur spirituelle ; dans la descen-
que le fruit des entrailles ~ (Ps 127,3; cf Ps 128,3; dance d'Abraham, des prosélytes viendront se
Pr 17,6). Et voici le souhait classique adressé à la joindre au clan privilégié.
jeune épousée : « Notre sœur, 6 toi, deviens des Ainsi l'histoire biblique est tout d'abord une
milliers de myriades! ~ (Gn 24,60; cf Rt 4,us). généalogie. Selon cette conception de l'existence,
l'homme est tout entier tourné vers l'avenir,
vers Celui qui doit venir. Tel est le sens de
l'impulsion mise en lui par le Créateur : non
Il. A LA RECHERCHE DE LA POSTÉRITÉ
seulement survivre, mais contempler un jour dans
un Fils d'homme la parfaite image de Dieu.
Animé par la bénédiction divine et le souhait
des hommes, le rêve de chacun est de perpétuer
son "'nom par•delà la mort. JII. LA FÉCONDITÉ: DANS LE CHRIST

I. Le profond désir de la. nature s'exprime en un Cette image s'est manifestée en Jésus-Christ, qui
récit d'allure scandaleuse, mais admiré par la tra- ne supprime pas mais accomplit le désir de la
dition rabbinique postérieure (Gn 19,30•38). Plu- fécondité en lui donnant son sens plein,
tôt que de se laisser flétrir sans porter de fruit,
les filles de Lot, esseulées, s'arrangent pour que I. ]Jsus•Ckrist et les génbations humaines.
leur père, à son insu, leur suscite une descendance. Selon l'AT, l'histoire d'un homme s'accomplit dans
Ce récit d'un inceste condamné sans doute par la sa postérité (cf Gn 5,x; n,10; 25,19... ), et l'his-
Loi (cf Lv 18,6-18) veut être une satire contre les toire entière se tourne anxieusement vers l'avenir
Moabite::i, mais il laisse percer une certaine admi- où s'accomplira la promesse. Jésus, lui, n'a pas
ration pouI" l'astuce ·des fl!les d'Ève qui accom- de descendants selon la chair, mais il a des ancêtres
plirent ainsi le vœu du Créateur. et une postérité spirituelle.
a) Le Christ vient à la fin de l'histoire sainte, à
2. La loi du lévirat (Dt 25,5•ro) prend la défense la plénitude des •temps (Ga 4,4). Selon un com-
de celui qui est mort sans postérité (Rt 4,5.ro) : put apocalyptique du Livre d'Hénoch, il inaugure
le beau-frère d'une veuve sans enfant doit, sous la septième semaine, celle du Messie, depuis l' ap-
certaines conditions, lui susciter une progéniture. pel d'Abraham; telle est peut-être l'intention de
Le_ poème de Ruth est écrit à la gloire de la fécon- Matthieu relatant les 3 x 14 "'générations qui cons-
dité qui est assurée malgré la mort ou l'exil. Il tituent la généaloiie du Christ (Mt x,r-r7). Jésus
prolonge l'histoire de Tamar qui n'hésite pas à se présente comme l'héritier définitif, celui que
passer pour une prostituée et obtient ainsi d'être les générations attendaient depuis ·ctes siècles.
féconde, malgré l'égoïsme de son beau-frère Onan b) Le Çhrist accomplit l'universalisme esquissé
et l'injustice de son beau-père Juda (Gn 38,6-26; dans l'AT. Quatre noms de femmes scandent la
cf Rt 4,r2; Mt 1,3). généalogie, qui ne sont pas ceux des femmes de

435 436
FÉCONDITÉ FEMME

patriarches, mais ceux d'étrangères ou de mères privilégiée. Comme une mère, il enfante à nouveau
qui enfantèrent dans des conditions irrégulières, dans là douleur (Ga 4,t9), il nourrit ses petits et
Talll.ar (Gn 38) et Rahab (Jos 2,n), Ruth (Rt 1, prend soin d'eux (r Th 2,7; I Co 3,2) ; pèr~ unique.
16; 2,12) et Bethsabée (2 S rr,3). La fleur d'Is- il les à. engendrés dans le Christ (1 Co 4 ,15) et les
raël a dans son ascendance des ancêtres qui la exhorte fermement (r Th 2,rr). Ces images ne
rattachent à un terroir non juif et non juste, et le sont pas de simples métaphores, elle's expriment
font hériter à· la fois de la· gloire et du péché des une authentique··expérience de l'apostolat dans
hommes. Contraste éntre la fécondité selcin la chair l'Église.
et la maternité toute pure, divine, de la Vierge Tout croyant doit aussi, dans l'Église, porter
qui enfante par l'œuvre du.Saint-Esprit. du •fruit, ·en. vrai sarment du vrai cep (Jn r5,
c) Le c1wi·st est la fin de l'histoire; car il est le 2.8). C'est par ces •œuvres qu'il glorifie la source
nouvel • Adam dont Matthieu rapporte la « genèse » de toute fécondité, le 't'Père qui est dans les cieux
(Mt 1,1; et Gn 5,1). L'avenir est désormais venu (Mt 5,16). XLD
en Celui qui devait venir: Le passé trouve en lui
~ bénédiction - croissance - enfant - femn:ie AT 2 ;
son sens, Jésus accomplit en une génération spi-
NT 1 - fruit - génération - grâce V - fllaison I 2 -
rituelle la transmission terrestre des bénédictions mariage - mère -·mort AT III 4; NT li 2, III 3 :--
de Dieu. Israël s'accroissait par la naissance de ·naissance (nouvelle) - œuvres AT II 2 - Orage 1. 1 -
nouveaux fils d'homme;: le *Corps du Christ s'ac- pères & Père I, II - semer II I - sexualité I 1 -
croît par la •naissance spirituelle des fils de Dieu. solitude I 2, li 2 - stérilité - vie - vigne 2 - vir-
ginité.- visite AT I.
2, Jlie 'de foi et fécondité virginale. - Jésus n'a pas
jugé opportun de réitérer· le commandement de la
Genèse sur le· devOir de la fécondité ; rompant
avec la tradition juive qui, un jour, s'écriera : FEMME
" Ne pas procréer, c'est verser du- sang humain »,
il a même encouragé la *stérilité volontaire (Mt
19,12} ; bien plus, il a révélé le sens de la fécondité Dans les codes d'Isiaël comme dans ceux du
elle-même. Moyen-Orient ancien, la condition de la femme
C'est à propos de *Marie que Jésus l'a fait reste celle d'une mineure : son influence reste
d'abord. Il ne nie pas la· beauté de sa vocatior liée à sa ionction··m.atemeHe. Mais· Israël se dis-
maternelle. Mais, à la iemme qui s'extasie sur UL tingue par sa foi au Dieu créateur qui àffirme
tel bonheur, il en révèle le· sens profond : « Heu- l'égalité foncière dès deux'. sexes. Cependant la.
reux plutôt ceux qlli écoutent la parole de Dieu vraie situation de la femme n'est révélée qu'avec
et la gardent 1 » (Le 1r,27). Marie est bienheureuse la venU.e du Christ; car si, selon l'ordre de la
parce CJ.u'elle a cru ; par sa maternité virginale création; la femme s'acCOmplit en devenant épouse
elle est le modèle de tous ·ceux qui par leur foi et mère, elle peut aussi s'accomplir, dans l'ordre
adhèrent sans réserve à ·meu seul de la création nouvelle, par la virginité.
Jésus précise même en quel sens la *foi est
fécondité• spirituelle; :n veut ignorer ses parents AT
selon la chair, et proclame : « -Qui est ma mère ?
qui sont mes frères ? Quiconque fait la· •volonté ÉPOUSE ET MÈRE
de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma
mère u (Mt r2,48ss p). En engendrant son Fils, I. Au paradis terrestre. - Le's sexes sont une
Dieu a tout dit, tout fait. Le croyant. qui s'unit donnée fondamentale de la nature humaine :
à Dieu participe donc· à la génération du Fils. l'•homme fut créé « mâle 'et femelle » (Gn 1,27).
La fécoildité spirituelle suppose la virginité de Ce- raccourci du rédacteur sacerdotal suppose le
la foi. récit yahviste, où est ex·posé le double rôle de 'la
femm:e ·par rapport à l'homme.
3. · La fécàndité de l'Église. - En assurant leur A la différence des animaux, la femme, prise
fécondité spirituelle, les croyants ne iont que par- du plus intime d' Ada:m, a la même nature que lui J
ticiper à la fécondité de l'Église ·entière. · Leur telle est là. constatation de l'homme devant la
œuvre est celle dè la •fetrime qui enfante, la créature qi.te Dieu lui amène. Davantage, répon-
•mère de l'Eniant mâle /(Ap 12). Tel est d'abord dant -au dessein divin de lui donner a une -aide,
le rôle de l'apôtre, vécu et· dit par· Patil de façon une sorte de vis-à-vis» (2,18), Adam se reconnaît

437 438
FEMME FEMME

eu elle ; ~ reconnaissant son *nom, il se donne femmes des patriarches qui montrent leur louable
à lui-même-un nom : devant elle, il n'est plus sim- élan vers; la *fécondité. Voici les héroïnes : alors
plement Adam, il _devient iS, elle est isSah. Sur le que l'accès au culte leur est interdit, l'Esprit de
plan Q-e la *création, la femme accomplit l'homme Yahweh fond sur certaines femmes, les transfor-
en le faisant devenir son époux. Cette relation mant tOut comm~ les. hommes en prophétesses,
aurait dû demeurer parfaitement égale dans la montrant que leur sexe n'est pas un obstac_le à
différence, mais le péché l'a viciée en assujettis- l'irruption de l'Esprit : ainsi Myriam (Ex 15,
sant l'épouse à son mari (3,16). 20s), Déborah et Yaël (Jg 4,4--:5,31}, Hulda
La_ femme n'initie pas seulement à la vie de (2 R 22,14-20).
société; elle est la *mère de tous les vivants.
Tandis que de nombreuses religions assimilent 3. Dans la réflexion des Sages. - Rares, mais pas
volontiers la femme à la *terre, la Bible l'iden- tendres pour autant, sont les maximes attribuées
tifie plutôt à la •vie : elle est, selon le sens de son à des femmes sur les femmes (Pr 31;1·9) ; le por-
nom de nature, Ève, « la Vivante » (3,20). Si, à trait biblique .de la fèmme est signé par des
cause du péché, 'elle-ne transmet la vie qu'à tra- hommes; s'il n'est pas toujours flatteur, il ne
vers la •souffrance (3,_16), e,Ue triomph~ _cependarit prouve nullement ,que leurs auteurs soient miso-
de la mort en assurant la perpétuité de la race ; gynes. La sévérité de l'homme à l'égard de la
et polir se maintenir dails cette espér'ance, elle femme est. la rançon du besoin qu'il en a. Il décrit
sait qu'un jour sa_ postérité écrasera la tête -du ainsi son rêve : II Trouver une femme, c'est trouver
serpent, l'ennemi héréditaire (3,15). le bonheur » (Pr 18,22; cf 5,15-18), c'est avoir
a une aide semblable à soi », un appui solide, une

2. Dans l'histofre sainte. - En attendant ce jour clôture pour son domaine, u.n nid contre l'appel
béni, le rôle de la femme demeure limité. Certes, à l'errance (Si 36,24-27) ; c'est trouver, en plus
à Ja maison, ses Jroits semblent égaler ceux du de la force masculine. qui le rend fier, la gràce
mari, du moins à l'égard des enfants qu'elle personnifiée (Pr 11,16) ; que dire, si cette femme
"'éduque ; mais la •Loi la maintient au second est vaillante .(Pr 12,4; 31,xo-31) 1 Il suffit d'éyo-
rang. La femme n'a pas· de participation officielle quer la. description de l'épouse dans le Cantique
au •culte ; si elle peut se réjouir publiquement, (Ct 4,1-5; 7,2-xo).
elle aussi, durant les fêtes (Ex 15,20s; -Dt 12,12; Mais l'homme qui a de l'expérience redoute la
Jg 2:r,21; .2 S 6}, elle ,n'exerce pas de fonction fragilité essentielle de sa compagne. La beauté ne
sacerdotale ; seuls les hommes sont tenus aux suffit pas (Pr u_,22) ; elle est même dangereuse
*pèlerinages d'obligation (Ex 23,:17). L'épouse quand elle s'unit chez Dalila à la ruse (Jg :14,
i;t'est pas nommée pa_rmi ceux qui _doivent stric- r5ss;· 16,4-21)., quand elle séduit l'homme simple
tement observer le sabbat (20,rn). En dehors du (Si 9,1-9; cf Gn 3,6). Les filles causent bien du
culte, la Loi est très soucieuse . d.e protéger- la souci à leurs parents (Si 42,9ss) ; et l'homme qui
femme, surtout dans sOn domaine propre, la vie : se permet bieq. des libertés en dehors de, la femme
n'est-elle pas la préseµ.ce même ici-bas. de la vie de sa jeunesse (cf Pr 5,15-20), craint la versati-
*féconde (vg Dt 25,5-10) ? L'homme doit la res- lité de la femme, son penchant à ,l'*adultère (Si
pecter dans son rythme d'existence (Lv 20,18); 25,13-26,:18) ; il déplore qu'elle. se montre .vani-
il la respecte tellement qu'il exige d'elle un idéal teuse (Is 3,16-24), ,, •folle )) (Pr 9,13-18; 19,14;
de :fidélité dans· le •mariage auquel il ne s'as- n,22), querelleuse, acariàtre et chagrine (Pr, 19,
treint pas lui-même. 13; 21,9.19; 27,15s).
Au .cours .. de l'histoire de l'Alliance, certaines Il ne faudrait pas limiter à ces tapleaux de
femmes ont joué un·rôle important, pour-le bien mœurs l'intelligence que les Sages avaient de la
.comme pour le mal. Les femmes étrangères ont femme. Celle-ci est en effet une *figure _de la
détourné le cœur de Salomon vers ,leurs dieux *Sagesse divine (Pr 8,22-31) ; elle manifeste ensuite
.(1 R n,1-8; cf Qo·7,26; Si 47,19); Jézabel révèle la •force de Dieu qui se sert des faibles instruments
la puissance d'une femme sur la religion e:t la pour procurer sa gloire. Déjà Anne magnifiait le
morale de son .époux (1 R 18,13; 19,IS; 21,25s) ; Seigneur des humbles (1 S 2) ; Judith montre,
on voit des enfants connaître la langue de leur telle une prophétesse en acte, que tous peuvent
mère ·et e: ne plus savoir parler juif » (Ne 13,23s). Cbmpter sur la protection de Dieu ; sa beauté, sa
La femme semble disposer à son gré de la vie prudence, son habileté, son courage et sa, chasteté
religieuse qu'elle n'exerce pas officiellement au dans le veuvage en font un type accompli de la
culte. A c6té de ces exemples à rebours, voici les femme selon le dessein de Dieu dans AT. r
439 44°
FE!\IME FEMME

NT (Gn 2,18; 1 Co 7,26); tous, garço~ et ~es:


peuVent, s'ils sont appelés, demeurer. vierges._ Ainsi
VIERGE, ÉPOUSE ET MÈRE une"· nouvelle distinction,· entre manés et VJerges,
s'ajoute à la première entre homme et-fe~~- ~a
Si beau soit-il, ce portrait ne. confère pas encore foi ~ la vie céleste trouvent dai:ts la VU"gimté
à la femme sa dignité souveraine. La prière quo- vécue un type concret d'existence où l'à.me s'at-
tidienne du juif le proclame encore aujourd'hui tache sans tiraillement à son Seigneur (7,35). Pour
avec ingénuité : « Béni sois-tu, .notre Dieu, de ce acco:µiplir sa •voca:tion, la femme ne doit pas
que tu ne m'as fait ni gentil,. ni femme, ni i~no- nécessairement devenir:,..épouse et mère, elle.-peut
rant l », tandis _que la femme se_ contente de dire : rester vierge de cœur et de corps.
r: Loué sois-tu, Seigneur, qui m'as créée selon ta Cet idéal de la virginité que la femme peut
Yolànté ». Seul, le Christ consacre en effet.la dignité désormais fixer et réaliser ne supprime pas la
de la femme. colldition normale du· *mariage (1 Tm 2,15), .il
apporte une valeur compensatrice, co~me le •ciel
I. Aurore de la ,rJdemption. - Cette consécration équilibre et situe la terre. Enfin, ultime appro-
eut lieu au jour de !'Annonciation. Le Seigneur fondissement, le rapport naturel homme/femme
voulut naître d'une femme (Ga 4,4). *Marie, est fondé sur le rapport Christ/Église. C'est du
vierge et mère, accomplit en elle le vœu féminin Christ et non simplement d'Adam que la femme
de la *fécondité ; en même teµips elle révèle et est le vis-à-vis, et alors ,el~e représente !'•Église
consacre le désir jusqu'alors· refoulé de la_ *vir- (Ep 5,22ss).
ginité, assiIDilée à une honteuse •stérilité. En
l\farie, s'incarne l'idéal de la femme, car elle a 3 . La femme et l'Église. - Bien 51-ue la ~ivisioAn
donné naissance au Prince de la vie. Mais, tandis des sexes soit transcendée par la foi, celle-et renait
que la femme d'ici-bas ·nsqu_e de bornèr son adm_i- dans le cours de l'existence et s'impose dans la
ration à la vie corpor~lle qu'elle a donnée au plus vie concrète de l'Église. De l'ordre qui existe
beau des eilfants des hommes, Jésus a révélé dans la création, Paul déduit deux des compor-
qu'il. y à une maternité spirituelle, fruit porté p_à.r tements de la femme. La femme doit porter :an
la.virginité de la foi (Le u,28s}. A travers Marie, voile à l'assemblée du culte, exprimant ·par ·ce
la femme, peu_t devènir symbole'· de l'âme croyante. symbole que Sa dignité Chrétienne ne l'a: pas affran~
On comprend dès lors _que Jésus accepte de se chie de sa dépendance à l'égard de . son mari
laisser •suivre par de saintes femmes (Le 8,1ss), (1 Co· n,2-16}, ni du second rang qu'elle occu~e
de piendre pour exemple des vierges _fidèles (Mt encore da~s l'ensei_gnement officiel : elle ne doit
25,1-13) ou de confier à des femmes une •mis- pas « parler » à l'Église, c'est-à-dire elle ne peut
sion (Jn 20,17). Ainsi l'Église naissante signale la •enseigner (1 Co 14,34; cf 1 Tm 2,12) ; tel est le
place et le rôle joué. par de nombreuses femmes u commandement du Seigneur » reçu par Paul
(Ac (14; 9,36.41; 12,12; r6,14s), désormais appe- (1 Co 14,jj). Mais Paul ne dénie pas à la femme
lées à .collaborer à l' œuvre de l'Église. la possibilité de •prophétiser (n,5), ca~, ~om~e
dans l'AT, !'Esprit ne connaît ·pas la distinction
2. Dans le Cht-ist Jésus. - Cette participation des sexes. Voilée· et silencieuse aù culte, afin que
suppose que soit découverte une dimension non: l' « ordre ~ soit mainteriu,. la femme est d'autre
velle de la femme .: la *virginité. Paul a ainsi part encouragée à .,témoigner à la maison par une
élaboré une théologie de la femme, montrant en 11 vie chaste et pleine de respect » (1 P 3,1s; 1 Tm
quel seils la_ division des •sexes est dépassée et 2,9s) ; et quand, •veuve, elle a atteint_ un âge
consacré"'. «· Il n'y a plus ni homme ni femme. : avancé qui la préserve de retours en amère, elle
vous êtes tous uri. dans ,le Çhrist J ésu's Il (Ga 3, joue un rôle important dans la communauté chré-
2 8); en un certaµl_ sens, là distinction des sexes tienne (1 Tm 5,9). ··-
est surmontée, comme les divisions d'ordre racial L'Apocalypse-ne perd pas de vue le rôle typique
otl social. L'existenèe _céleste p_eut être anticipée, joué par Jézabel (Ap 2,20) ni les crimes de 1;a
cette vie angélique dont parlait Jésus (Mt 22,30); fameuse prostituée (17,1.15s; 18,3.9; 19,2), .mais
maï's la foi seul~ peut la_ justifier. Si Paul main- elle magnifie surtout « ·ta Femme • couronnée
tient sagement qu'il vaut « mieux se marier que d'étoiles, celle· CJ.ui met au jour l'enfant mâle ~t
brCi.ler » (1 Co 7,9), il exalte le •charisme de la qui est poursuivie au désert par le dragon, mais
virginité; il ose même contredire la Genèse qui qui doit en triompher par sa progéniture (Ap 12).
disait : « Il n'est pas. bon que l'homme soit seul » Cette Femme, c'est d'abord l'Èglise, nouvelle Ève

442
FEMME F~TES
qui donne naissance au *Corps du Christ ; c'~t de la terre donna naissance à trois grandes fêtes
ensuite, selon l'interprétation traditionnelle, *Mane annuelles : Azymes au printemps, *Moissons ou
elle-même ; on peut .enfin y voir le prototype de la Semaines en été, Récolte ou •vendange en automne
Femme, de celle que chaque femme souhaite en (Ex 23,14-_r7; 34,rS.22}. Le Deutéronome unit la
son cœur de devenfr:. XLD Pâque aux Azymes et donne à la fête de la Récolte
-..;,,- adultère - chair I :z --:-· ÉPoux/épouse - fécon- le nom de fête des Tentes (Dt r6,1-r7). Certains
dité - homme - joie AT I · - mariage - Marie - rites des "fêtes actuelles ne peuvent être compris
mère - sexualitë I - ·signe• NT II 3 - stérilité - qu'en raison de leurs attaches pastorales ou
vêtement - veuves - virginité. agraires.
Après l'exil, quel(lues fêtes secondaires appa-
FERMER -+ porte - sceau.
rurent: Purim (Est 9,26; cf 2 M 15,365), Dédicace
FERMETÉ-+ confiance - fidélité - foi O - vérité et Jour dEi Nicanor (i: M 4,52-59; 7,49; 2 M 10,
AT 1.:i. 5s; r5,36s).
FESTIN-+ joie AT; NT III - repas - vin II :i h,
11. SENS DES FÊTES JUIVES

Les diverses fêtes prennent un sens nouveau


en fonction du passé qu'elles rappellent, de l'ave-
FE.TES nir qu'elles annoncent, du présent dont elles
révèlent l'exigence.
Dans toutes les religions, la fête est un élément r. Célébration reconnaissante des hauts faits de
essentiel du •culte : par certains rites assignés à Yahweh. - Israël célèbre son Dieu à divers titres.
certains •temps, l'assemblée fait hommage, ordi- Le Créateur est commémoré chaque sabbat {Ex
nairement dans la *joie, de tel ou tel aspect de la 20, rr) ; le Libérateur de l'Égypte est présent non
vie humaine; elle rend grâces et implore la faveur seulement au jour du s·abbat, mais aussi quand
de la divinité. Ce qui caractérise la fête dans la on c.élèbre là Pâque (Dt 5,12-r5; 16,r) ; la fête
Bible, c'est son lien avec l'histoire sainte, car elle des Tentes rappelle les marches dans le *désert
met au conta.et de Dieu qui agit sans cesse pour et le temps des fiançailles avec Yahweh (Lv 23,
ses élus; cependant ces fêtes s'enracinent dans le 42s; cf Jr 2,2) ; enfin le judaïsme tardif rattacha
commun terroir de· l'humanité, à 1a fête des Semaines (en grec, *Pentecôte) le
don de la Loi au Sinai. Ainsi les fêtes agraires
AT devenaient des fêtes commémoratives : dans la
J. ORIGINE DÈS F:f!.TES JUIVES prière de l'Israélite qt,ii offre ses prémices, l'ac-
tion de grâ.ces .monte pour les dons de la terre
comme pour les hauts faits du passé (Dt :26,
Le reto~r du cycle luna:ire, quî délimitait le 5-ro).
mois israélite, donna tout naturellement lieu _à
des fêtes : parfois la pleine lune (Ps 81,4), ordi- 2. Anticipation: ioyeuse de l'aveniY. - La fête
nairement la nouvelle lup.e (néoménie : 1 S 20, actualise dans une *espérance authentique le
5; 2 R 4,23; Am 8,5), enfin le *sabbat rythmant terme du salut·; le _passé de Dieu assure l'avenir
la •semaine (Ex 20,8-rr). Le cycle solaire rame- du peuple. L'Exode commémoré_• annone~ ~t
nait la fête du Nouvel-An, connue de toutes les garantit un *nouvel *Exode : Israe1 sera defini-
civilisations ; elle fut jointe d'.abord à la fête de tivement libéré un jour (Is 43,r5-::n; 52,r-12; 55,
la Récolte en automne (Ex 23,r6), puis à la •Pâque rzs), le règne de Yahweh s'étendra à toutes le'l
du printemps (Ex 12,2) ; de cette liturgie dérivent •nations qui monteront en *pèlerinage à Jérusa-
certains rites du jour de !'*Expiation (cf Lv 16). le,n pour la fête des _Tentes (Za 14,r6-r9). Que_ le
En plus du cadre formé par le rythme ,des
•astres, la vie· quotidien~e de l'JSraélite! pasteur
Ws
peuple donc soit a tout entier dans la *joie il Ir8;
r22; r26) : n'est-il pas en présence de Dieu (Dt
puis agriculteur, détermma des fêtes 401 tendent r6,rr-r5; Lv 23,40) ?
à se confondre avec les précédentes. Lors de la
Pâque, fête pastor_ale du printemps, avait lie?- 3. Exigences poiw le présent. - Mais cette joie
l'offrande des *prémices du troupeau ; le travail n'est authentique que si elle émane d'un cœur

443 444
FÎ.TES FEU

contrit .et _purifié; les psaumes éle joie-eux-mêmes majeurs de l'existence _du Christ.·· S'.U lui faut
rappellen_t ces, exigences·: 1 0 _mcm ..P~uple, si. tu veiller à._ne pas ,donner une valeur ·excessive à ses
pouvais écouter.!_ », .. est-il dit lors de la ~~te 4es fêtes (cf Ga 4,rp), qui- demeurent· elles aussi
Tentes _,{Ps Sr,gss). Plu~ précisément, la fête de l'qmbre_ de la •.fête véritable (cf Col. 2, 16), l'Église
l'Expiation dit le ,"'d~sir·d'une conversion profollde n'a. pp.5 à redouter la .multiplicité des, fêtes.
à_ .travers des *confessions collectives (Ps 106; :Elle concentre d'abord 1a , cé_lébration su_r· le
Ne. 9,·5-37; Dri 9,4-1'9). De leur cô:té les. prophètes mystère pascal co"mm~mo!é. dalls. !'*Eucharistie
ne cessent de prOtester contré la sécurité illusoire qui asSembl_e la commu_nauté ~e dimanche, • JOur
què. peut·- donn~ une ,litu~gie _joyeuse ·.accoriip'.Iie de la Résurrection du Seigneur (Ac 20,7; I Co
par. d~ cœurs infidèles. ;. «. Je_ hais,. je dédaigne 16,_2:, Ap _r,ro). ·Point _de dépai:t ~e la- •_semaine
vos fête5 ... )1 (Am 5,21; cf Os 2,13; Is 1;'13s). Pa_r dont le sabbat était l~ terme, le dimailche· D;larque
ces oracles apparemmènt destruct_eurs, il est fait la _]1.ouveauté radicale de la _fête clµ-étienne, ,fête
appel non à la suppression réelle des fêtes, mais à µnique dont" - le rayOnneirient. illumine l'année
la plénitude ·de leur sens : la rencontre du Dieu entière, et dont la richesse, se d~veloppe,-.en un
vivant_ (Ex _19,r7). cycle fes:tif centré sur Pâqu~. .·.. , '. ,
Elle -pourra ensuite retrouver les cycles .natu-
rels (vg. les Quatre-Temps) en évoquant les richesse.s
NT cl,e son patrimoµlejuif ;. ce sera toujours· en rac;.-
0

tualisant pà.r. l'év:énement du Christ et en l'ori,en-


l. DEs,-;~ï:ES:'JuryE~ ,À_ LA FiTE ÉTERNELLE_
tant d'après .le mystère de_ la fête céleste éter-
nelle. DS & :MFL
J ésuS _a sans· do'ute pra.ticj_ué les fête'S juives de • blanc - culte_...,.;. 'joie AT Il' 1 · - joué "dü Seigneur
son te~pS, mais déjà il montr_ai,t que _sa personne · NT III J° _: moisson I - Pâqùe - pèle.rinage· ~ Pen-
et son œuvre seule,s leui- _donnait unêl sigriifica~.on tecôte - iepas Il, III - repos-! 3 - sabbât';._ semaine
plei11:~ : _ainsi_ pour la fête des Ten:t~ (Jn 7,_3jss; 1 ~ tempS AT 1 2 ; NT Il" 3 . - vendange -1.
-S'.12; ·ci Mt.·21_,I-:-10 p)_ o~ pour _la.J>éd4cace qn
10,22-38): Surtbut_il a ~élibé~émèrit scell~ la Nou-
''f'llle Alliance de son sacrifice. dans ull_. cadre p_as-:-
cal: (Mt_ 26,i.r7~s:28 _ p; ·Jll rj,I_; l:9,36;. r .Ci:> 5,
7s). _Par cette, Pâque"·noûvelle" et 'dé:fini:tive'. .Jésus .FEU
a aussi 3:cç<;>inJ?li- le_ vœll de._la-~ête de, rExpi~tiOn 1
car son ~~g.,_d6n_ne accès au vrai sa;nétuaire ,{i:,:e
ro,19).~ à la_gra,.nde: assemblée festjve de_la Jéru~ Dès .l'~ection d'Abraham;. le simie .. dti. .. feu res-
salen:r céleste (12,22s). Déso_rmciiS la fête yéritable plendit ,dans !'.histoire des· relations, de. Dieu ayec
sè. __ célèl:)r~ au .ciel. Palmes·,~ mii_n çomm:e .à. la soll_.peufile._. (G-n _I_5.,17)i. CettEl ·révélation bibliqu~
fête des T~n:te8.(Ap 7,9),_'Ia fOule des.élus rachetéS n'a. pas de .c~:n1;1-mune mesure. avec 1es _philoSophies_
par le sà.n'g du yéri_ta,ble_ *Agneau pa.scal :_(5.~-14; de_ la natu·re .ou av_ec l~s 1:el,igions qui divi?iSent
7,10-14r chante· ,un' calltiq\l~. touj~Ul"S •no_ùveau le feu_. _Israël __ Par:tage. _sa"QS ,Jioµte av~c tous lès
(14,3) à la_ gloire de ,l'Agneau et de son Père; La p!;l-uples _ancien_s _1~ thé,brie des · q'ua.tie _élém_e~ts,.;
fête .de,.•Pâques est devenue la f~e éternelle du ma,_is _dati.s -.~a_ reµgiqn,' le. feu .. a s,et1,le_~e~t valetµ'
ciet, ' d~ signe, qu'il' fa~t dépas_s~ pouf: trouver. Die_u.
En effet, ·c•~t ·:toujours au co11rs. d'tl_n _dialogue
personnel que Yahweh se manifeste «' en forme
II. LEs FiTE.S c~Rl!;rnNNEs de fe~. » _; __ d'aut_re part ce_ fe_u _.Il,'.est_ pas -~'u-q.iqu8
symbole q~( sert à. traduire_ l'es~ce· Qe_ la 'divi-
. Si,k Pàq~e ·céleste. -a ·~ine!Îé .à "$On mtl1:é e$~ha- nité.=. ou_ bi~ ,il' se #ouve a;ssoClé à des symboles
contr~. comme_ le s0'1ffie, l'eaµ ou le yellt, Oµ
toiogiqvf! la .Inu1ti.Plicité Ï:les .iêfes.jui~es, .elle con-
fère 9,ésorraais ' un sens: . ~QUve_aU _aux m_Ultiples b!e1,1 il se _lllétami:>rpliose ·en ~lumière. ·
fêtes: .de l'Église. sur terre.. 4- la.. çlifférence. des
fête~ ju_~yes,: elles ~oin.méiµoretit un i événeme_nt AT
accompli une fois pour toutes,_.<jui._ a_v.aleur d'éter-, I, .. THÉOPHANJE_S
nité; mais comme' l~_fêtes juive~, les: fêtes chré:
tiennes 4emeurei11t sOumJses a_u rythmë. du temps r.· Dans l'expirienCe·fonàamfmtale du peuple· au
et de la terre, tout en se rattachant aux- .faits •désert, le feu exprime non pas d'abord fa •gloire,

445
FEU FEU

mais la *sainteté divine, à la fois attirante et (4,33). Parvenu à ce stade, Israël peut, sans ris-
redoutable. Au mont Horeb, Moïse est attiré par quer de confondre Dieu avec un élément naturel,
le spectacle du buisson embrasé que le feu ne regarder son Dieu comme (1 un feu dévorant ,1
(! dévore !)pas ; mais la voix divine lui notifie (4,24; 6,I5) ; l'expression ne fait que transposer
qu'il ne saurait s'approcher si Dieu ne l'appelle le thème de la jalousie divine (Ex 20,5; 34,14;
et s'il ne se purifie (Ex 3;2s). Au Sinaï, la mon- Dt 5,9; 6,15). Le feu symbolise l'intransigeance
tagne fume sous le feu qui l'environne (19,18), de Dieu face au •péché ; il dévore ce qu'il ren-
sans être pour autant détruite ; tandis que le contre, de même Dieu à l'égard ·du pécheur
peuple tremble de frayeur et ne doit pas appro- endurci. Il en va autrement de ses élus, mais de
cher, Moïse est encore appelé à monter auprès toute manière, il doit transformer celui qu'il
de Dieu qui se révèle. Ainsi, quand Dieu se marii- approche.
feste comme un feu dévorant, ce n'est pas pour
consumer tout sur son passage, puisqu'il appelle
ceux qu'il rend purs. Il. Au COURS DE L'HISTOIRE
Une expérience ultérieure faite au même lieu
I. Le sacrifice par le feu. - Une représentation
aide à mieux percevoir la valeur symbolique <lu
analogue de Dieu, feu dévorant, se retrouve dans
feu. *Élie, le prophète rempli de *zèle semblable
l'usage liturgique des holocaustes. C'est peut-
au :feu (Si 48,1), cherche au Sinaï la présence de
être son désir de purification totale, plus sûrement
Yahweh. Après l'ouragan et le tremblement de sa volonté de faire ainsi un don irrévocable, qu'Is-
terre, il voit du feu; mais ti Yahweh n'était pas
raël exprimait dans la consomption de la victime
dans le feu,,: c'est un symbole inverse qui annonce
dont la fumée montait ensuite vers le ciel. Là
ici le passage de Dieu : une brise légère (r R rg,
encore le feu n'a qu'une valeur symbolique et son
12). Aussi, quand Élie sera emporté au ciel en un
usage ne sanctifie pas n'importe quel rite il est
char de feu (2 R 2,rr), ce feu ne sera qu'un sym- interdit de consumer par le feu le fils premier-né
bole parmi d'autres pour exprimer la visite du
(Lv 18,2I; cf Gn 22,7.12). Mais cette valeur symbo-
Dieu vivant.
lique a une grande importance dans le culte : un
feu perpétuel doit être entretenu sur l'autel (Lv
2. La tradüion propliitique tend de même à situer 6,2-6), sans être produit par la main de l'homme :
à sa place le signe du feu dans la symbolique reli-
malheur à qui oserait substituer un feu <'I profane "
gieuse. !saie ne voit que de la fumée lors de sa au feu de Dieu (Lv 9,24-10,2). Dieu n'était-il
•vocation, et il pense mourir pour avoir appro- pas intervenu merveilleusement lors de sacrifices
ché de la •sainteté divine ; mais au sortir de sa
célèbres: Abraham (Gn I5,17), Gédéon (Jg 6,21),
vision, ses *lèvres ont été purifiées par un char- David (1 Ch 21,26), Salomon (2 Ch 7,ISs), Élie
bon de ieu (Is 6). Dans la vision inaugurale (I R 18,38), en attendant le merveilleux embra-
d'Ézéchiel, l'*orage et le feu sont associés à l'arc- sement d'une eau stagnante en un nouveau feu
en-ciel qui brille dans les nuages, mais il en sur- perpétuel (2 M t,I8ss) ? C'est par le feu que Dieu
git une apparence d'homme : cette évocation rap- agrée le sacrifice de l'homme, pour sceller avec
pelle la •nuée lumineuse de !'Exode plus que la lui une allianct! cultuelle.
théophanie du Sinaï (Ez I), Dans l'apocalypse de
Daniel, le feu fait partie du cadre où se manifeste 2. Les prophètes et le feu. - Si le peuple prati-
la *présence divine (Dn 7,rn), mais il joue surtout quait volontiers les sacrifices, il n'avait pas voulu
un rôle dans la description du •jugement {7,n). regarder le feu du Sinaï. Or le feu divin descend
cependant parmi les hommes en la personne des
3. En interprétant la théophanie du désert, les *prophètes, mais c'est ordinairement pour *ven•
traditions deutéronomique et sacerdotale ont précisé ger la sainteté divine en purifiant ou en châtiant.
la double portée du signe du feu : •révélation du Moïse tamise par un voile l'éclat du feu divin qui
Dieu vivant et exigence de pureté du Dieu saint. resplendit sur son visage (Ex 34,29) ; mais il
C'est du milieu du feu que Dieu a parlé (Dt 4, brûle par le feu ce « péché )) qu'est le veau <l'or
12; 5,4.22.24) et donné les tables de la Loi (9,ro), (Dt 9,2I), et c'est par le feu qu'il est vengé des
afin de faire comprendre qu'il n'y a pas lieu de révoltés (Nb I6,35), comme jadis des Égyptien::;
le représenter avec des •images. Mais il s'agissait (Ex 9,23). A la suite de Moïse, Élie semble dis-
aussi d'un feu destructeur (5,25; 18,16), terrifiant poser à son gré de la foudre pour anéantir les
pour l'homme (5,5) ; seul l'élu de Dieu constate orgueilleux (2 R I,ro-14) c'est une « torche
qu'il a pu en affronter la présence sans mourir vivante » (Si 48, r).

447
FEU· FEU

Les prôphètes· écrivains annoncent et 'décrivent par -Iuî. H y a ici plus, que dans la: tradition "qui
volontiers: la *colère'. de Dieu comme un- fèu·-: rapporte l'ahéantissem"ent de Sodome et Gomorrhe
châtiment :-des iinpies (Am ·1,4~ 5)", _embrase-
1
(Gll 19,24.). Prenant peut-être appui sùr les litur-
merit ·des nation·s J>écheresses dans ·un_ ·gigantesque gies sS.crilèges de la géhenne- (Lv :18~21; ·2 R 16,
holocauste . qui •rappelle -les liturgies cananéennes 3; 21,6; Jr 7,31; 19,5·s), appiofondissant les images
de'. Tophèt (Is "j,0,27-33), 'incendie-. dans la forêt prOJ?hétiqûes de l'inceridie {Is 29;6; 30,27-33;· .3I,
d'Israël, au point que le péché· lui-mêm~ "devient 9)" et de·Ia fc)llte des ·métaux; on en vient à·repré-
fett" (Is g;t7s; cf. Jr 'I"5,14; 1.'7,4.27').. cependant le ·senter le ••j\J,gement eschatologique-·comme·un feu
feù n'est ··pas· seulement destiné à détruire : il {Is 66;i.5s): Il éprou:ve·l'or (Za r3,9): Le •Jour de
purifie·:; l'exis~ce-imêroe des prophètes qui ont Yahweh est comme le feu du fondeur (Ml 3",2),
approché de- Dieu ·sans être .consumés en est le brftlant comme une fournaise (Ml 3,19) et dévorant
témoignage·. Le -•reste'· d'Israël serà comme un la terre entière (So 1.;18; 3,8)', à ·commencer par
tison ·.arraché ·du feu (Am 4,11). Si-Isaïe, dont' les Jérusalem (Ez· 10,2; Is 29,6). Or cé feu- ·semble
lèvres ont 'ét~ purifiées-par 'le feu (Is 6-,6), Se met bro.Ier de l'intérieur, commé celui qui· it. sort du
à proclamer _la Parole sans en paraître tourmenté, milieu 'de Tyr »· (Ez 28,18}. Des cadavres de ceux
J ér:émic a dans le cœur comme un feu dévorant qùi fureilt rebelles, « le ·-ver·ne moutra pas et leur
qu'il ne pe~t'coi;ite:n'ir (Jr. 20,9), il devient le creu- feu ne s'éteindra pas » (Is 66;24; cf Mc 9,48},
set, chargé d'éprOuvel". Iè peuple, (6,27-30)'; il. _e5:t « féu·et ver·seront dans-leur chair» (Jdt 16,17)':'-
le porj:e-parole..-du Dieu qui a dit :. « Ma parole Mais on retrouve ici encore l'ambivalence du sym-
n'est-elfe pas un :feu ? » ~23,,29) ? Ainsi- au der- bole : tandis que les impies sont livrés à leur feu
nier jour, les meneurs du peuple doivent-_devenir intérieur et aux vers (Si 7,17), les reSC<!,pés du feu
brandons de. feu _daris ,le_ cha~me_ {Za 12,6),. exer- s~ trouvent entourés par la muraille de. feu qu'est
çant eux-mêmes le ju'gement di~n. Yahweh pour eux (Is 4,4-5; Za 2,9). Purifiés, Jacob
et ISraël deviennent· à leur tour un feu (Ab 18),
3. Sagesse et piété. - Les individus eux-mêmes Comme ·s'ils pârticipaie1_1t à• la vie- de Dieu.'
bénéficient de cette expérience religieuse. Déjà le
second Isaïe parlait. du ,;:reuset de la souffrance NT
que cqnstitu~ l'exil, (Is :48,.IO). Ainsi les Sages
assimilent les *châtiinents qui atteignent l'homme Avec- la: venue du Christ, les derniers •temps
aux effets_ du, feu ..c-Job est-parei.l au .. malheureux sOJit·comni~ncéS:; ·qUoique la füi' des_ t'emps ne_soit
révolté du .désert• ou aux: victimes du feu d'É.lie pas encore arrivée. ·Aussi dans·le NT'le feu con-
(Jb 1,16;. 15;34; 22,20), -subissa.nt.ie fe* aussi bieD. sèrv~t-il_ sa· valeur -e'schatologique traditiOnnélle,
que Jes, -grarides ,eaux,, dévastàtrices (29,26.28). maiS la _réalité religieùse ·qu'il. Signifie ·s'actualise
Mais, à .côté: de cet aspect .terribJe .du·_ feµ, · voici déjà dans le t~ps, de l'Église.· ·
sort action-p'urifi.ç;atrice et.trans.formant,e. La four- '· .
naise, de l'humiliation ou de. la-per~ution éprouve
les élus- (Si 2,5;,,cf ·Dn·· 3),. .Le feu-,devient m.ê~e L PERSPECTIVES EScHA::t0LOGJQUES
le .symQole d~ !_'.ardeur qui trioniphe de tout -.:
a L'*amour est une flamt;ne de:Yahweh, les grandes 1. JésuS. - Annoncé comme le vanneur qui jette
eaux ne peuVentJ'ét.eit;i.dre » (Ct 8,6s) ; ici les,4eux la paille 'aU: feu (Mt· 3,to) et ba:ptis_e dàns ·le feu
symboles.,Inajeurs,. feµ .et ea~,' sont oppOfJés 1:un (3,11s),' Jésus, ·tout en··~usant 1e,_rôle de justi-
à l'aut:;re; le.feu ,remporte. cier; a rilairi.tenu ses auditeurs dans ,l'attente ·du
-feu du-jugement en reprenant'le langage classique
de l'AT. Il parle de:la «:géhenrie'du ''feu il {5,22),
nt. A ~A ·nN nEs. TEMPs du feu -dans lequel''sera jetée 'l'ivraie· improduc-
tive· (1·3,4·0; cf 7;19) ainsi que lès· sarments (Jn
Le feu· d_~: 'j~g_Cll\ent _ ci~~<::nt_ ch~ti~ni: sans 15,6) : _èe ,sera un feu qui ne -s'éteint·-pas· (Mc 9,
remède, vrai feu dè la •colère, quand il _tombe 43s); ùne vraie fournaise ardente (Mt 13,42.50).
sur le pécheur •endurci. Mais alors - telle est la Rien ·d'autre qu'uil solennel écho de l'AT ,(cf Le
force du ·sylllbole - ce :feu. qui ne peut plus con- 17,29).
sumer l'impureté brasse encore les scories (cf Ez
22,18-22);--La ré~lation exprime ainsi èe que peut 2:-Les pyemiers· chrétiens ont- cénservé ·ce langàge,
être·l~existence d'une créature'·qui refuse d'être en 1'8.p.aptant à diverses' situations. 'Paul s'én sert
purifiée :Par•· le-' 'feu divin, mais deineure brftlée pour'dépeindre la :fin·des·temps·(2 Th 1,8)·;-Jacques

449 450
FEU FIDÉLITÉ

décrit la richesse pourrie, rouillée, livrée au feu cultuel, non plus de celui du Sinaï (He 12,18),
destructeur {Je 5,3) : l'épître aux Hébreux montre mais de celui qui consume l'holocauste de nos vies
la perspective redoutable du feu qui doit dévorer en un *culte agréable à Dieu (12,29). Transposant
les rebelles (He 10,27). On évoque ailleurs la con- la jalousie divine en une consécration cultuelle de
flagration ultime en vue de laquelle 1t cieux et chaque instant, ce feu demeure un feu consumant.
terre sont tenus en réserve » (2 P 3,7.12). C'est Mais pour ceux qui ont accueilli le feu de l'Es-
en fonction de ce feu eschatologique que la foi prit, la distance entre l'homme et Dieu est sur-
doit être purifiée {t P 1,7), de même l'œuvre montée par Dieu même, présent au plus intime
apostolique (1 Co 3,15) et l'existence_ chrétienne de l'homme ; peut-être est-ce le sens de la parole
persécutée (r P 4,12-17). énigmatique : on devient fidèle quand on a été
!( •salé par le feu J), celui du jugement et celui de

3. L'Apocalypse connait les deux aspects du feu l'Esprit (Mc 9,48s). Selon une parole prêtée à
celui des théophanies et celui du .jugement. Domi- Jésus par Origène : K Qui est près de moi est près
nant la scène, le Fils de l'homme apparaît avec du feu ; qui est loin de moi est loin du Royaume. ))
les yeux flamboyants (Ap I,I4; 19,12), D'un côté, BRe & XLD
voici la théophanie : c'est la mer de cristal mêlée
de feu (15,2). De l'autre, voici le châtiment : c'est - baptême II, IV r - calamité - colère B AT I 1 ;
NT II - Élie AT z; NT 2 - enfers & enfer -
l'étang de feu et de soufre pour le diable (20,10), Esprit de Dieu O ; NT I 1 - gloire Ill 2 -.juge-
ce qui est la seconde mort (20,14s). ment AT Il 2 ; NT Il l - lumière & ténèbres AT
I 2 - nuée r .2 - orage - P('lntecôte I r - présence
de Dieu AT II - sel 2 - zèle.
JI. DANS LE TEMPS DE L'ÉGLISE
FIANÇAILLES - Époux/épouse - mariage.
I. JJsus a inauguré une époque nouvelle. Il n'a FIDÈLES-;,. Apôtres Il 2 - disciple NT - fidélité
pas agi immédiatement comme le prévoyait Jean- NT 2.
Baptiste, au point que la foi de celui-ci a pu se
trouver mise en question (Mt u,2-6). Il s'est
opposé aux fils du Tonnerre qui voulaient faire FIDllITÉ
descendre le feu du ciel sur les Samaritains inhos-
pitaliers (Le 9,54s). Mais, s'il n'a pas été durant La fidélité (hb. èmèt), qui caractérise Dieu (Ex
sa vie terrestre l'instrument du feu vengeur, il a 34,6), est souvent associée à sa bonté paternelle
pourtant accompli à sa manière l'annonce de Jean. (hb. !a,èsU) envers le peuple de l'Alliance. Ces
C'est ce qu'il proclamait dans une parole difficile deux attributs complémentaires indiquent que
à interpréter : K Je suis venu apporter le feu sur l'• Alliance est à la fois un don gratuit et un lien
terre, et comme je voudrais qu'il fût déjà allumé 1 dont la solidité est à l'épreuve des siècles (Ps II9,
Je dois recevoir un baptême... )1 (Le 12,49s). La 90). A ces deux attitudes, en lesquelles se résument
mort de Jésus n'est-elle pas son *baptême dans les voies de Dieu (Ps 25,xo), l'homme doit répondre
l'esprit et le feu ? en s'y conformant ; la *piété filiale qu'il doit à
Dieu aura pour preuve de sa *vérité la fidélité à
2. L'Église désormais vit de ce feu qui embrase observer les préceptes de l'Alliance.
le monde grâce au sacrifice du Christ. Il brûlait Au long de l'histoire du salut,· la fidélité divine
au cœur des pèlerins d'Emmaüs, tandis qu'ils se révèle immuable, face à la constante infidélité
entendaient parler le-Ressuscité (Le 24,32). Il est de l'homme, jusqu'à ce que le Christ, *témoin
descendu sur les disciples assemblés au jour de fidèle de la vérité {Jn 18,37; Ap 3,14), communique
la *Pentecôte (Ac 2,3). Ce feu du ciel n'est pas aux hommes la grâce dont il est plein (Jn 1,14.
celui du Jugement, c'est celui des théophanies 16) et les rende capables de mériter la couronne
qui accomplit le baptême de feu et d'esprit (Ac de la vie en imitant sa fidélité jusqu'à la mort
1,5) ': le feu symbolise maintenant !'Esprit, et (Ap 2,Io).
s'il n'est pas dit que cet Esprit est la charité
même, le récit de la *Pentecôte montre qu'il .a AT
pour mission de transformer ceux qui doivent
répandre à travers toutes les *nations le même 1. Fidélité àe Dieu. - Dieu est le u rocher » d'Is-
langage, celui de l'Esprit. raël (Dt 32,4) ; ce nom symbolise son immuable
La vie chrétienne est aussi sous le signe du feu fidélité, la vérité de ses •paroles, la solidité de ses

451 452
FlDËLlTJl FIDÉLITÉ

•promesses. Ses paroles ne passent pas (Is 40,8), croyant$ seront afiennis et rendus fidèles à leur
ses· promesses seront -tenues (Tb 14,4) ; Dieu ne •vocation jusqu'au bout (I Co 1,Ss). C'es:t don,c
ment pas, ni ne se rétracte (Nb 23,19) ; son des- dans le Christ que se manifeste en "plénitude la
sein s'exécute (Is 25,1) par ]a. puissance de sa fidélité de Dieu (1 Th 5,23s} et que le fidèle est
parole éJ.ui, sortie de sa bouche; ne revient qu'après affermi (2 Th 3,3ss) : les •dons de Dieu sont.irré-
avoir accompli sa mission (Is 55,u) ;. Dieu ne vocables (Rm u,29). ·
varie pas (Ml 3,6). AU'ssi veut-il s'unir l'épouse Nous devons imiter la fidélité du Christ en tenant
qu'il s'est choisîe par le lien d'une :fidélité par- ferIIl.e jusqu'à la mort et compter sur sa fidélité
faite (Os 2,22) sans laquelle. on ne peut connaître pour _vivre et régner avec lui (2 Tm 2;ns). Bien
Dieu (4,2). plus,· même si· nous sommes infidèles,. il reste
Il ne suffit donc pas de louer la fidélité divine fidèle ; car s'il peut nous renier, il ne peut se
qui surpasse les cieux (Ps 36,6), ni de la proclamer renier (2 Tm. 2;r3) ; aujourd'hui, comme hier et
pour l'invoquer· ·(Ps 143,1) ou pour rappeler à à jamais, il demeure ce· qu'il est (He 13,8), le pon-
Dieu ses promesses (Ps 89,1-9.25-40)._ Il faut prier tife miséricordieux et fidèle (He 2,17) qui donne
le Dieu fidèle pour obtenir de lui la fidélité (1 R d'accéder avec assurance au trône de la grâce
S,56ss), et cesser de répondre à sa :fidélité par (He 4!14ss} à ceux qui, appuyés sur la fidélité
l'impiété (Ne 9,33). Dieu seul en effet peut *con- _de la promesse divine, gardent une *foi et une
vertir- son peuple infidèle et lui_ donner le _bonheur *espérance indéfectibles (He 10,23).
en· faisant. germer de la· terre la fidélîté. qui. doit
en être le fruit (Ps 85,5,nss). 2. Lss ftdèks du Christ. - Le titre de « fidèles »
suffit à désigner les *disciples du Christ, ceux qui
2. Fidélité ds l'homme. - Dieu exîge de son peuple ont *foi en lui (Ac 10,4s; 2. Co 6,15; Ep I,I). Il
la fidélité- à l'Alliance qu'il_ renouvelle librement inclut assurément .les vertus naturelles de loyauté
(J os 24, q) ; les prêtres doivent être spécialement et de bonne foi que les chrétiens doiv:ent avoir
fidèles (r S 2,35). Si Abraham-et Moïse.(Ne 9,8; soin de pratiquer {Ph 4,8) ; il désigne en outre
Si 45,4) sont des, modèles de fi.délité, Israël da_ns cette fi.délité religieuse qui est une des ·prescrip-
son ensemble imite l'infidélité de la génération du tions majeures-dont le Christ exige. l'observation
désert (Ps 78,8ss.36s; 106;6). Et là .où l'on' n~est (Mt 23,23), et qui caractérise ceux. que meut_l'Es-
pas :fidèle à Dieu, la fidélité envers les hommes prit-Saint {Ga 5,22), .ej; plus spécialement _les
disparait; on ne peut compter sur personne (Jr apôtres, intendants des mystères de. Dieu _(1 Co
9,2-8):• Cette corruption n'est ·pas propre à Israël, 4,1s; Le 12,42); elle ·apparait dans le détail de
car ce proverbe vaut pour tous les lieux : ({ Un l'existence (Le 16,ross) et domine ainsi toute la
hoIIl.me sftr, qui le trouvera ? ·» (Pr 20,6). vie sociale.
Israël, -·choisi par Dieu pour être son -témoin, Dans la nouvelle Alliance, cette fidélité a une
n'a donc pas été un serviteur fidèle; il est res:t_é âme, et c'est r•amour ; inversement, elle est la
aveugle et sourd (1s 42, 18ss), Mais Dieu a élu un preuve de l'amour authentique. J~sus insiste sur
autre *Serviteur sur qui il a mis son Esprit (Is ce point : « Demeurez dans mon amour. Si _vous
42,rss), à qui il a donné d'entendre et de parler ; gardez mes commandements, vous *demeurerez
cet élu proclame fidèlement la *justice, sans que dans mon- amour, comme moi, j'ai gard~ les com-
les *_épreuves puissent le rendre infidèle à sa mandements de mon Père et je deroèure en son
*mission (IS 50,4-7), car son Dieu est sa force amour » (Jn 15,9s; cf 14,r5.2x.23s). · Jean, fid~le
(1s 49,5). à la leçon du Christ, l'inculque à ses II enfants »
en les invitant à t< marcher dans la .•vérité », c'est-
NT à-dire dans la fidélité au commandement del 'am.our
mutuel .(2 Jn 4s); mais il ajoute aussitôt : « Or
1. Fidélité de Jésus. - Le serviteur. fidèle ams1 l'amour consiste à vivre selon les _commandements
annoncé, c'est •Jésus-Christ, Fils et Verbe de de Dieu » (2 Jn 6). ,
Dieu, le vrai et;. le· fidèle, qui vient accomplir C'est à cette fidélité qu'est réservé_e _la récom-
l'Écriture et l'œuvre de son Père (Mc 10,45; Le pense de communier à la. jqie du Seigneur (Mt
24,44; Jn rg,28.30; Ap 19,uss). Par lui sont tenues 25,21.23; Jn 15,11). Mais cette fidélité exige une
toutes les promesses de Dieu (2 Co_ r,20) ; en- lui lutte contre le Tentateur, le Mauvais, qui requiert
sont. le salut et la gloire des élus (2 Tm 2,10) ; vigilance et prière (Mt 6,13; 26;41; 1 P 5,8s). Aux
avec lui, les hommes sont appelés par le Père à derniers temps, l'épreuve. de _cette fidélité sera
entrer en •communion ; et_ c'est par lui que les redoutable : les saints auront à y exercer une cons-

453 454
FIDÉLIT:g FIERTÉ

tance (Ap 13,10; 14,12) dont la grâce leur vient joug ayant été brisées, il put « marcher la tête
du •sang de l'Agneau (Ap 7,14; tz,n}. haute » (Lv 26,13), avec parrèsia (LXX). Fierté
CS & MFL dérivant d'une consécration définitive, cette
noblesse oblige le peuple à vivre dans la *sain-
-+ Abraham II 1 - adultère - Alliance - amen -
amour 1 - confiance 3 - déception Ill - désert AT teté même de Dieu (Lv 19,2). Bien qu'il puisse
I 2.3 ; NT 1 I - Époux/épouse AT z - épreuve/ten- facilement dégénérer en mépris (vg Si 50,25s), ce
tation AT 1 2 - erreur - espérance - exemple - sentiment justifie en Israël le souci de se séparer
foi - grâce Il I .2 - incrédulité I 2 - joie AT Il 2 - des autres peuples idolâtres {Dt 7-,1-6). La fierté
justice - mariage .AT II 3; NT I - Marie IV 2 - survit dans l'humiliation .même, mais alors elle
obéissance II 3 - patience - piété AT- promesses - devient *honte, ainsi quand Israël a « le ventre
Providence 2 - Reste AT 3.4 ; NT - rocher I - Ser- collé au- sol Il parce que Yahweh cache sa *face
viteur de Dieu II - suivre x - témoignage - vérité - (Ps 44,26) ; mais, qu'il s'humilie, et il pourra de
vertus & vices 1 •
nouveau « lever vers Dieu sa face » (Jb 23,26).
De toute manière, écrasé au sol ou le regard fixé
au ciel, le peuple conserve en son cœur la fierté
de son *élection (Ba -4,2ss; cf-2,1s; Ps ng,~6).
FIERTÉ 2. Fùwté et vanité, - De la fierté à !'•orgueil, il
n'y a qu'un pas (Dt 8,17) ; la fierté alors devient
vanité, car son appui est illusoire. Ce processus de
Pour se libérer du sentiment d'infériorité, les dégradation s'observe aussi chez les •nations, qui
Grecs faisaient souvent appel à une sagesse tout doivent, comme créatures, rendre *gloire à Dieu
humaine ; la Bible fonde la fierté de l'homme sur seul et ne pas s'enorgueillir de leur beauté, de leur
sa condition de créature et de fils de Dieu : à puissance ou de leur richesse (Is 23; 47; Ez 26-
moins qu'il ne soit •esclave du •péché, l'homme 32). Au contraire, Ja fierté authentique est le
ne 'peut avoir *honte devant Dieu ni devant les rayonnement de la •confiance en Dieu seul, l'épa-
hommes, La fierté authentique n'a rien à voir nouissement de la fidélité à son Alliance. Vaine
avec !'*orgueil, qui en est la caricature; elle est par- est la gloire de posséder un *Temple où Dieu
faitement compatible avec !'*humilité. Ainsi la habite, si le peuple se croit dispensé par là du
Viei"ge *Marie chantant le Magnificat a pleine- *culte spirituel (Jr 7,4-n}. u Que .le sage ne se
ment conscience de sa valeur, d'une valeur créée glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se
par Dieu seul, et elle la proclame face à toutes glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glo--
les générations (Le 1,46-50). rifie pas de sa richesse! Mais qui veut se glorifier,
La Bible n'a pas de terme propre pour désigner qu'il trouve sa gloire en ceci : avoir de l'intelli-
la fierté ; mais elle la caraGtérise à partir de deux gence et me •connaître » (9,22s). Les sages enfin
attitudes. L'une, toujours noble, que les traduc- redisent volontiers que la *crainte de Dieu est le
teurs grecs nomment pan-èsia, est apparentée à seul motif de fierté (Si 1,n; 9,16), et non pas la
la *liberté ; les Hébreux la dépeignent à l'aide richesse ou ]a pauvreté (10,22) ; la vraie gloire,
d'une périphrase : le fait de se tenir droit, d'avoir c'est d'être fils du Seigneur (Sg 2,13), d'avoir
la •face haute, de s'exprimer ouvertement ; la Dieu pour père (2,16). Or la fierté du juste n'est
fierté se manifeste par uni::' pleine liberté de lan- pas seulement intérieure, et son rayonnement
gage et de comportement. L'autre attitude s'ap- condamne l'*impie ; celui-ci, en retour, •persé-
parente à la •confiance dont elle est le rayonne- cute le juste. Et la fierté du juste opprimé
ment ; les traducteurs grecs la nomment kauchèsis : s'exprime dans la prière qu'il adresse au nom de
c'est le fait de se glorifier en quelque chose ou de son droit à Celui qui le fait exister : " Je ne serai
prendre appui sur elle, pour se donner une conte- pa,; confondu 11 (Ps 25,3; 40,15ss).
. nance, pour exister face à soi-même, à autrui, à
Dieu même-; cette •gloire peut être noble ou 3. La fierJé du Serviteur de Dieu. - Les suppliants
vaine, selon qu'elle repose sur Dieu ou sur l'homme, du psautier attendent d'une intervention immé-
diate de Yahweh la fin de leur honte ; ils rendent
AT grâces de ce que la confusion est retombée sur
leurs ennemis: a Tu m'exaltes par-dessus tous mes
1. Fierté du peuple élu, - Quand Israël fut arra• agresseurs n (Ps 19,49) ; ~ dans ta faveur, tu exaltes
ché à l'esclavage ·et rendu libre, les barres de son notre corne l) (89,18). Mais durant l'exil, Israël

455
FIERTÉ FIERTt

pressent que le juste peut être rétabli dans sa *grâce {4,16) ; il ne peut perdre cette assurance,
fierté selon les voies de l'humiliation acceptée füt-ce dans la •persécution (10,34s), sous peine
pour tous. Sans doute Dieu continue-t-il à sou- de voir Jésus rougir de lui (Le 9,26 p) au jour
tenir son *Serviteur, il le tient par la main (Is du *jugement; mais il peut rassurer son cœur
42,1.6); persécuté, celui-ci sait qu'il ne sera· pas s'il a été :fidèle, car Dieu est plus grand que notre
confondu .(50,7S)·. Cependant le prophète annonce cœur (1 Jn 2,28; 3,21ss; 4,17).
que les multitudes ont été horrifiées à son sujet : La· fierté du chrétien se manifeste ici-bas dans
il n'avait plus l'aspect d'un *homme, défiguré la liberté avec laquelle il témoigne du Christ res-
qu'il était (52,14) ; devant lui on détournait le suscité. Ainsi dès les premiers jours de l'Église
visage, parce que lui-même était devenu mépri- les Apôt;res - des illettrés (Ac 4,13) - annon-
sable et méprisé (53,2s). Mais si le Serviteur a çaient la Parole sans faiblir (4,29._31; 9,27s; i:8,
aux yeux des hommes perdu la •face, Dieu prend 25s), devant un public ennemi ou méprisant. Paul
en m~n sa. cau_se. et justifie sa fierté intérieure caractérise cette attitude par l'absence de voile
jnébranlée en le« glorifiant» à la face des peuples : sur la face du croyant : il reflète Ja *gloire même
(( Il sera haut, exalté, il sera très éleyé : mon Ser- du Seigneur ressuscité (2 Co 3, 11s) ; tel est le fon-
viteur réussira» (52,13) et« partagera les trophées dement de la fi.ei:té apostolique : « Nous croyons,
avec· les puissants &_ (53,12). A la suite du Servi- _c'est pourquoi nous parlons » (4,t3).
teur, tout *juste peut faire appel au •jugement
de Dieu : alors qu'on l'a tenu pour fou et misé- 3. FiertJ et gloire. - Comme Jérémie qui jadis
rable, voici qu'ati dernier jour, 11 le juste se tien- enlevait à tout homme le droit de a se glorifier "
dra debout, plein d'assurance » (Sg 5,1-5). sinon dans la connaissance de Yahweh, ainsi Paul
{t Co r,31 : kauchèsis). Mais lui sait le moyen
NT radical choisi par Dieu pour ôter à. l'homme toute
tentation de gloriole·: la *foi. Désormais, il n'est
1. La fierté du Christ. - Jésus, qui sait d'où il plus de privilège sur lequel on ptiisse s'appuyer,
vie:rit et où il va, manifeste sa fierté CJ.uand il se ni le nom de Juif, ni. la Loi, ni la circollcision (Rm
proclame *Fils de 'Dieu. Le 1v 8 év~ngile présente 2,17-29). Abraham lui-même n'a pu se glorifier
ce comportement comme une parrèsia. Ne reven- dans quelque *œU:vre (4,2), combien moins les
diquant'pas quelque honneur personnel i:nais cher- pécheurs que nous sommes tous (3,r9s.27). Mais,
chant'seulement la gloire_du Père (Jn 8,49s), Jésus grâce à Jésus qui lui a procuré la réconciliation,
a parlé a ouvertement» au monde (18,20s), si bien le fidèle peut se glorifier en Dieu ,(5,u), et en
que le peuple se demandait si les autorités ne !'*espérance de la gloire (5,2), fruit de la. *justi-
l'avaient pas reconnu pour le Christ (7,26a); mais fication par la foi. Tout le reste est méprisable
comme ce franc-parler n'a ·rien à voir avec la publi- (Ph 3,3-9) ; seule la •croix de Jésus est source
cité tapageuse du •monde· (7,3-10), on ne le com- de gloire (Ga 6,14), mais non _les prédicateurs de
prend pas, et il doit. cesser (rr,54) ; Jésus cède cette croix (1 Co 3,21).
donc la place au •Pai-a:clet qui, en ce •Jour-là! Le chrétien peut enfin être fier de ses tribula~
d_ira tout en clair (16,13.25). Bien que le terme tians (Rm 5,3), combien plus, !'Apôtre à travers
ne s'y' trouve qu'à propos de l'annonce de la Pas- ses faiblesses (I Co 4,13; 2 Co n,30; 12,9s) ; sa
sion (i\Ic 8,32), les· Synoptiques dépeignent des couronne de gloire, ce 13ont les Églises qu'il a
comportements de Jésus qui expriment sa parrè- fondées (1 Th 2,19; 2 Th 1,4) ; il peut être fier de
sia. Ainsi quand· il revendique face à toute •auto- ses ouailles, même à travers les difficultés qu'elles
rité les droits du Fils de Dieu ou de son Père : suscitent (2 Co 7,4.14; 8,24). Le mystère de la
face à ses parents (Le 2,49), face aux abus impies fierté chrétienne et apostolique, c'est le mystère
(Mt .21,12ss p), face aux autorités établies (Mt pascal, celui de la gloire qui perce à travers les
23), comme lorsqu'il est souffleté chez Anne (Jn ténèbres. Est fier celui qui par sa foi regarde la
18,23"), mort en face et y découvre la Vie.
MJL & XLD
2. Fierté et liberté du croyant. - Par sa foi, le
fidèle du Christ a reçu une fierté initiale (He 3, ~ chair Il • -confiance 3 - déception I z :__ force -
14) qu'il doit conserver jusqu'au bout comme gloire IV 5 - honte - libération/liberté III 3 a -
une joyeuse fierté de l'espérance· (3,6). En effet, orgueil - prêcher II z b,
par le •sang de Jésus il est· plein d'assurance
(10,19s) et peut s'avancer vers le trône de· la

457 458
FIGURE FIGURE

demeure. De même, d'après Sg 9,8, le temple bâti


par Salomon est « l'imitation (mimèma) de la
tente sacrée que Dieu s'est préparée dès l'origine».
FlGURE Ce symbolisme exemplariste n'est guère éloigné de
la théorie platonicienne des« Idées)). Aussi bien, sur
ce point, Platon ne fait~il qu'élaborer philosophi-
Le grec typos et le latin figura sont utilisés par quement une donnée courante dans les traditions
les théologiens pour désigner les symbolismes les religieuses de l'ancien Orient.
plus originaux qui se rencontrent dans le langage
de la Bible : les préfigurations. Les livres saints
emploient à la même fin plusieurs autres termes
exprimant des idées connexes : antitypos (réplique ]l, 5YMBOUSME ESCHATOLOGIQUE ;
du typos), hypodeigma (exemple et, de là, image L'HISTOIRE DU SALUT ET SA CONSOMMATION FINALE
annonciatrice, reproduction anticipée), paradeigma
(exemple), parabolè (symbole), skia (ombre), I. La conception biblique de l'histoire sainte. -
mimè.ma (imitation). Pour le sens général, tous Les mythologies antiques appliquaient le même
ces termes s'apparentent à image (eik6n), modèle
principe exemplariste aux cycles cosmiques (retour
(typos : 1 Th 1,7) ; mais ils comporterit le plus des jours, des saisons, etc.) et aux expériences
souvent une nuance particulière qui les rapproche fondamentales de l'histoire humaine (avènement
de type/figure. royal, guerre, etc.). Ici comme là., elles voyaient
les reflets terrestres d'une histoire divine advenue
AT avant tous les temps, archétype primordial de
Comme tout langage religieux, le langage de tout devenir cosmique et de tout agir humain.
l'AT recourt fréquemment au symbolisme sans Cet archétype, indéfiniment imité dans le temps,
s'attarder à en définir la nature et les sources, conférait aux choses d'ici-bas leur signification
Mais on identifie aisément les conceptions fonda- sacrée. C'est pourquoi le mythe était actualisé
mentales dont dérive son usage des symboles ; dans le culte par un drame rituel, afin de mettre
c'est tout ce qui importe ici. les hommes en rapport avec l'agir des dieux. Or
la révélation biblique, en éliminant le polythéisme,
vide de son contenu la se~le histoire sacrée que
1. SYMBOLISME EXEMPLARISTE : connaissent les paganismes voisins : pour elle,
LE MODÈLE CÉLESTE Dieu n'a plus d'activité qu'à l'égard de sa créa-
ET SES IMITATIONS TERRESTRES
tion. Mais dans cette perspective nouvelle, elle
découvre une autre espèce d'histoire sainte, que
A la suite de toutes les religions antiques, l'AT les paganismes ignoraient totalement : l'histoire
se représente le monde divin, le monde céleste, du *dessein de Dieu, qui depuis l'origine se déroule
comme le prototype sacré à l'image duquel est dans le •temps de façon linéaire et non cyclique,
organisé le monde d'ici-bas. Tel un roi, Dieu réside jusqu'à sa réalisation plénière qui adviendra au
dans un palais céleste (Mi 1,3) ; il est entouré terme du temps, dans l'eschatologie.
d'une cour de serviteurs (Is 6,tss), etc. Et puisque
le but du culte est de mettre l'homme en rapport 2. Le sens des événements de l'histoire sainte. -
avec Dieu, on s'efforce d'y reproduire ce modèle Le terme du dessein de Dieu ne sera révélé en
idéal, de sorte que le monde céleste soit en quelque clair que lorsqu'il prendra corps dans !'Événe-
façon mis à la portée de l'homme. C'est ainsi que ment eschatologique. Pourtant, Dieu a déjà com-
Jérusalem et son temple sont l'imitation du palais mencé d'en donner obscurément connaissance à
divin, avec lequel ils s'identifient d'une certaine son peuple à partir des événements de son his-
manière (cf Ps 48,1-4). C'est pourquoi le code toire, Des expériences comme l'•exode, !'*alliance
sacerdotal montre Dieu, sur le Sinaï, communi- sinaïtique, l'entrée en •terre promise, etc., n'étaient
quant à Moïse un modèle auquel il devra con- pas des accidents dénués de sens. Actes de Dieu
former Je tabernacle (hb. tabnit; gr. typos: Ex 25, dans le temps humain, iJs portaient en eux-mêmes
40, ou paradeigma : Ex 25,9) ; ce modèle est une la marque de la fin que Dieu poursuit en diri-
sorte de plan d'architecte (cf I Cbr 28,n : tabnit, geant le cours de l'histoire, ils en esquissaient pro-
paradeigma} établi par Dieu d'après sa propre gressivement les traits. C'est pourquoi ils peuvent

459
FIGURE FIGURE

déjà nourrir la. foi du peuple de Dieu. C'est pour- porteuse d'espérance : Israël ne se souvient des
quoi aussi les prophètes, ·évoquant dans leurs bienfaits historiques de Dieu que pour attendre
oracles eschatologiques la fin du dessein de Dieu, avec plus de foi le bienfait eschatologique dont
y montrent la reprise plus parfaite des expériences ils sont les annonces voilées, inscrites dans la
passées : *nouvel *exode (Is 43,16-21), nouvelle trame de l'histoire.
*alliance (Jr 31,31-34), nouvelle entrée en *terre
promise vers une *Jérusalem nouvelle (Is 49,9-
23), etc. Ainsi donc l'histoire sainte, avec tous ses JII, EXEMPLARlSME MORAL
éléments composants (événements, personnages,
institutions), possède ce qu'on peut appeler un Enfin l'AT connaît un exemplarisme moral où
symbolisme eschatologique : manifestation par- les hommes-types ·du passé sont des modèles dis-
tielle des desseins de Dieu à un niveau encore posés par Dieu en vue c_le l'instruction de son peuple.
imparfait, elle montre de façon voilée vers quel C'est ainsi qu'Hénoch fut un exemple (hypo-
terme chemine ce dessein. deigma) en vue de 1a· pénitence (Si 44,16). Un
exemplarisme de ce genre est fréquemment exploité
3. L'eschatologie et les origines. - Le même prin- dans les livres sapientiaux. Il prend une force par-
cipe s'applique éminemment au point de départ ticulière quand il s'appuie sur le symbolisme escha-
de l'histoire sainte, la *création. Car,. s'il n'y a tologique de l'histoire sainte, tel qu'on vient de le
plus dans la révélation biblique d'histoire divine définir (cf Sg 10-19).
primordiale, il subsiste cet acte primordial par On voit que la doctrine des préfigurations est
lequel Dieu a inauguré son dessein, dévoilant dès déjà bien vivante dans l'AT. Découlant d'une con-
le début les fins qu'il voulait poursuivre ici-bas. ception de l'histoire sainte qui appartient en
L'eschatologie, acte final de Dieu, doit en retrou- propre à la révélation biblique, elle diffère profon-
ver les traits. Suivant les oracles prophétiques, dément du simple symbolisme exemplariste, que
elle ne sera pas seulement un nouvel exode, etc. ; l'AT connaît pourtant et qu'il exploite à l'occa-
elle sera une.nouvelle création (Is 65,r7). analogue sion. Elle fournit aux oracles prophétiques le lan-
à la première puisqu'elle reprendra le même des- gage grâce .auquel ils peuvent évoquer par avance
sein, plus parfaîte puisqu'elle écartera les obstacles le mystère du salut. Elle est ainsi Jiée à la dialec-
qui firent d'abord échouer les plans de Dieu, le tique même de la révélation. Le NT achèvera de
*péché et la *mort. Ce sont donc· les mêmes le montrer.
images de perfection -et de bonheur qui servent
à évoquer, aux deux bouts du temps, le *paradis NT
primitif et le paradis retrouvé (vg Os 2,20-24; Is
I. LES ATTITUDES DE JÉSUS
II,5-9; 5r,3; 65,19-25; Ez 36,35). Entre les deux
se déroule l'histoire sainto, consciemment vécue
par Je peuple de l'ancienne alliance qui en attend Jésus a conscience d'amener à leur terme les
1a consommation dans la nouvelle alliance. temps préparatoires (Mc t,15) et d'inaugure'r ici-
bas l'état de choses annoncé par les oracles pro-
4. Le culte et l'histoire sainte. - Le •culte de l' AT phétiques (cf Mt n,4ss; Le 4,r7ss). Dès lors, toùte
n'a plus d'histoire mythique des dieux à actualiser l'histoire sainte écoulée sous le régime de la pre-
dans un drame rituel pour· y faire participer les, mière alliance acquiert sa signification définitive
hommes. Mais, ·puisque l'histoire sainte demeure dans les actes qu'il accomplit, les inst~tutions _qu'il
une geste divine· accomplie dans le temps humain, établit, le drame qu'il vit. Aussi, pour définir son
les *fêtes liturgiques acquièrent peu à peu pour œuvre et la rendre intelligible, la rapproche-t-il
fonction de commémorer (et en ce sens d'actua- intentionnellement des éléments figuratifs conte-
liser pour la foi- d'Israël) les hauts faits qui la nus dans cette histoire. ½a communauté qu'il crée
composent. Le *sabbat devient un mémorial• de s'appellera une *Église (Mt 16,rS), c'est-à-dire une
la création (Gn 2,2s; Ex 3r,r2ss); la *Pâque, un assemblée cultuelle analogue à celle d'Israël au
mémorial de l'exode (Ex r2,26s) ; la *Pentecôte, désert (d Ac 7,38) ; elle reposera ·sur douze
un mémorial de l'alliance au Sinaï (dans le judaisme • Apôtres, dont le *nombre rappelle celui des
post-biblique) ; les Tabernacles, un mémorial du tribus, structure fondamentale du peuple d'*Is·
séjour au désert (Lv 23,42s). Et puisque, d'autre raël (cf Mt 19,28). De même la Cène, qui explique
part, ces événements passés étaient des présages le sens de sa croix et en rend la réalité présente
du salut final, leur commémoraison cultuelle est sous des •signes sacramentels, se comprend en
FIGURE FIGURE

fonction de la •Pâque (Le 22,16 p) et de !'*al- l'*Exode sont advenus figurativément (I Co 10,
liance sinaitique (Le 22,20) ; le pain de vie promis, 6) ; ce sont « des figures qui nous concernent,
qui est son corps, surpasse par ses effets la •manne nous qui touchons à la fin des temps » (1 Co 10,
qui en était l'image imparfaite (Jn 6,58). Ces II) ; la réalité préfigurée par ces types est notre
exemples montrent comment Jésus, recueillant les participation effective au mystère du Christ assu-
symbolismes eschatologiques de l'histoire sainte, rée par les sacrements chrétiens. Aussi, dans 1 P
les exploite pour évoquer concrètement le mystère 3,21, le baptême est-il appelé un u antitype » du
du salut advenu à la fin des temps, inauguré dans *déluge. L'exemplarisme moral découle aisément
sa personne et dans sa vie, appelé à s'actualiser de cette interprétation :fi.g_urative de l'histoire
dans l'histoire de son Église et à se consommer sainte·: les *châtiments de nos Pères au désert
dans l'éternité quand le temps humain aura pris sont une leçon pour nous (cf 1 Co ro, 7ss) et annon-
fin. Il fait comprendre par là comment, en lui, cent la condamnation définitive des chrétiens infi-
les événements et les institutions de l'AT prennent dèles ; la destruction de Sodome et la préservation
leur plein sens, voilé jusque-là en partie, mais <le Lot sont un exemple (ltypodeigma) pour les
maintenant révélé en plénitude par !'Événement impies à venir (2 P 2,6) ; à l'inverse, la foi d'• Abra-
vers lequel ils tendaient. ham« nous visait également» (Rm 4,24), de sorte
que « ceux qui se réclament de la foi sont les fils
d'Abraham » (Ga 3,7).
IJ. L'EXPLOITATION DES FIGURES BIBLIQUES En prolongeant les lignes d'une telle typologie,
Paul se permet d'allégoriser certaines pages de
!'Écriture où il trouve les symboles des réalités
A la suite de Jésus, l'ensemble des auteurs chrétiennes. Il le dit explicitement en Ga 4,24,
sacrés du NT fait-' sans cesse appel au principe quand il transfère aux chrétiens ce que la Genèse
:figuratif, tantôt pour montrer que le mystère du disait d'Isaac, enfant de la promesse. Cette allé-
salut se déroule (( conformément aux Écritures », gorisation ne se confond yas purement et simple-
tantôt pour le définir dans un langage chargé de ment avec la typologie qui la fonde ; elle demeure
portée religieuse. C'est ainsi que Matthieu trans- une méthode pratique, utilisée pour adapter les
fère à Jésus ce qu'Osée disait d'Israël, « fils de textes bibliques à un autre objet que celui qu'ils
Dieu » (Mt 2,15; cf Os II,I), tandis que Jean visaient primitivement, quitte à superposer une
applique au Christ en croix la description de signification secondaire à tous les détails qu'ils
!'*agneau pascal (Jn 19,36). Dans les deux cas, contiennent. Paul, du reste, a conscience que les
!'*accomplissement des Écritures a pour fonde- figures bibliques n'étaient que des images défi-
ment l'accomplissement des préfigurations bi- cientes par rapport aux réalités maintenant
bliques. En nombre d'endroits, le langage doctri- dévoilées. Ainsi le culte juif ne contenait que
nal du NT prend ainsi un point de départ dans « l'ombre des choses à venir » (skia), la réalité
l'expérience historique du peuple d'Israël, soit {s6ma) étant le Christ (Col 2,17).
que déjà. les oracles prophétiques en aient trans-
posé les données en les reportant dans ~•eschato-
logie (ainsi Ap 21 reprenant Is 62), soit que ce IV. L'ÉPÎTRE AUX HÉBREUX
transfert des textes appartienne en propre aux
auteurs du NT (ainsi 1 P 2,9 reprenant Ex 19, Chez saint Paul, c'était le symbolisme eschato-
5s). Cependant, il faut attendre saint Paul et logique, déjà. exploité par les oracles prophétiques,
l'épître aux Hébreux pour voir définir avec netteté qui venait se couler dans les couples de mots
le principe théologique des préfigurations. typos/antitypos et skia/s6ma. Dans l'épître aux
Hébreux, ce symbolisme eschatologique s'entre-
croise avec un symbolisme exemplariste commun
III- SATNT PAUL aux religions orientales, au platonisme et à l'AT
lui-même. C'est que le "'mystère du Christ, le sacri~
Pour Paul, les personnages et les faits de l'his- fice qui l'accomplit, le salut qu'il apporte, sont
toire sainte renferment les figures annonciatrices à la fois les choses célestes (He 8,5; 9,23; 12,22),
(c'est Je sens qu'il donne au mot typos) du mys- éternelles par nature (5,9; 9,12; 13,20), et les
tère du Christ et des réalités chrétiennes. Dès les H choses à venir » (6,5; 10,r), advenues à la fin

origines, • Adam était une figure de l'Adam à des âges (9,26). Telles sont les réalités véritables
venir (Rm 5,14). Plus tard, les événements de (8,2; 9,24), auxquelles nos Pères dans la foi, les
FIGURE FILS DE DIEU

hommes de I' AT ne pouvaient qu'aspirer (u,16. traire, les saints-de l'AT sont pour nous un exemple
20), tàndis . que nous, chrétiens, y avons déjà de foi (n,I-40).
goiité par l'initiation baptismale (6,4) .. En effet,
la première •alliance n'en contenait que des repro-- Le principe des préfigurations, esquissé· dès
ductions anticipées (hypodeigma : 8,s; _9,23), des l' AT~ exploité constamment dans le NT, défini
ombI'es (skia, 8,5), répliques (antitypos : 9,24) d'un explicitement (avec des nuances appréciables) par
modèle .qui existait dès lors dans le ciel quoiqu'il saint Paul et l'épître aux Hébreux, est donc essen•
ne dlit' être révélé ici-bas que ·par le Christ. Ce tiel à la révélation biblique, dont· il permet de
modèle (typos), qui fut montré à- Moïse sur là comprendre le développement. De l'un à l'autre
montagne lorsqu'il construisit le tabernacle (8, Testament, il met en lumière la continuité d'une
5 = Ex 25,40; cf Ac 7,44), c'est le •sacrifice du vie de foi menée par le pe'uple de Dieu 'à des niveaux
Christ, qui est entré dans le -céleste sanctuaire différents, dont le premier annonçait, " par mode
comme Grand . Prêtre· des biens à .venir pour de figures », celui -qui devait le suivre. PG
accomplir la nouvelle alliance (9,118). Or les réa-
lités ecclésiales ne, renferment plus seulement une 4-accomplir - Adam Il 2 - image - Révélation
AT II ta - signe.
ombre (skia) des biens à venir, mais une •.image
(eiklln) qui ·en contient toute la substance et per- FILIATION-+ fils de Dieu - pè~ & Père;
met d'y participer mystérieusement.: Ainsi se
FILS DE DAVID-+ David 3 - Messie AT I r.
trouve définie l'économie sacramentellê de la nou-
velle. alliance, ·par opposition à_ l'économie ancienne
et à son culte figuratif.
Dans ce langage technique, le mot typos reVêt
un sens .inverse· de celui qu'il avait chez saint rn.5 DE DIEU
Paul; puisqu'il ne désigne plus les préfigurations
du NT dans l'AT, .mais l'acte du Christ qui, au
terme des temps, réalise l'Événelllent du salut. Il En hébreu, le mot.« fils » n'exprime pas seule-
y a là une trace riette de symbolisme exemplariste, ment les relations de parenté ell ligne directe. Il
le rapport de l'AT au mystère du Christ étant le signifie aussi soit l'appartenance à un. groupe :
même que·celui·des choses cultuelles.de la terre 11· :fils d'Israël », «- fils de Babylone » {Ez 23,17),
à leur archétype céleste'. Cependant, puisque cet .. fils de Sion » (Ps 149,2), 11 fils _des Prophètes »
archétype est en même· temps le terme de l'his- (2 R 2,5), « fils d'homme·» (Ez 2,1 ... ; Dn 8,17) ;
toire sacrée, c'est· bien en vertu d'un symbolisme soit Ja, possession d'1:1n~ quaUté : · • :fils de pabc »
eschatologique que les choses de l'AT en sont (Le 10,6), « fils de lumière » (Le' 16,8; Jn u,36).
les répliques (antitypos) : dans le Christ, qui Seule . importe· ici l'utilisation du mot pour· tra-
appartient à la fois au temps et à l'éternité, le duire les rapports entre les hommes et Dieu.
rapport· de la' terre au ciel et celui de l'his-
toire figurative à son terme se recoupent, ou plu- AT
tôt s'identifient.
De fait, on constate en d'àutres endroits que Dans·l'AT, l'expression« fils de Dieu» désigne
l'auteur de l'épître est aussi attentif que Paul à sporadiquement les ·•anges. qui forment la cour
la dimension horizontale de _la typologie, mêine si divine (Dt 32,8; Ps 29,1; Sg,7; Jb r,6). Il est pro-
son langage en suggère surtout la dimension ver- bable que cet emploi reflète Iointainement lit
ticale. Il découvre en effet dans les événements mythologie de Canaan, où l'expression s'enten-
de l'AT les préfigurations de !'.événement du salut: dait au sens fort, Dails la Bible, comme Yahweh
Isaac au blicher est un symbole (parabolè) du n'a pas d'épouse, elle n'a plus qu'une significa-
Christ mort· et ressuscité (11,19) ; le •repos q.e la tion .atténuée : .elle souligne seulement la partici-
terre l?rornise où entrèrent nos Pères symbolise le pation des anges .à la ,vie céleste de Dieu.
repos divin où l'économie chrétienne nous intro-
duit (4,9s; cf 12,23). De ce symbolisme eschatolo-
gique découle. naturellement un exemplarism.e T. lsRA:itL, FILS DE DIEU
moral : les Hébreux au *désert sont pour nous
un exemple (hypodeigma· : 4,II) de désobéissanc~. Appliquée à *Israël, l'expression .traduit en termes
et leur .châtiment présage celui qui nous attend de parenté humaine les rapports entre Yahweh et
si, à leur suite, nous sommes infidèles ; au con:. son- peuple. C'est à travers les événements de
FILS DE DIEU FILS DE DIEU

]'•Exode qu'Israël a expérimenté la réalité de cette ne trouver d'aliment et de soutien que dans la
filiation adoptive (Ex 4,22; Os u,1; Jr 3,19; Sg •volonté de Dieu (Mt 4,4.7). En rejetant toute
18,13); Jérémie la rappelle quand il annonce suggestion de messianisme terrestre, Jésus fait
comme un nouvel exode la délivrance eschatolo- déjà paraître le lien indissoluble qui l'.unit au
gique (Jr 31,9.20). A partir de cette expérience, *Père. Il agit de même devant les déclarations
le titre de « fils 11 peut être attribué (au pluriel) des possédés (Mc 3,II p; 5,7 p) : celles-ci montrent
à tous les membres du peuple de Dieu, soit pour chez les démons une reconnaissance involontaire
insister sur leur consécration religieuse à celui qui de sa personne (Mc 1,34) ; mais elles sont ambi-
est leur •Père (Dt 14,1s; cf Ps 73,15), soit pour guës, et c'est pourquoi Jésus impose le silence. La
leur reprocher avec plus de vigueur leur infidélité confession de foi de Pierre : « Tu es le Christ, le
(Os 2,1; Is 1,2; 30,1.9; Jr 3,14). Finalement, la Fils du Dieu vivant )), provient d'une adhésion de
conscience de la filiation adoptive devient un des foi authentique (Mt 16,16s), et l'évangéliste qui la
éléments essentiels de la •piété juive. Elle fonde rapporte peut lui donner sans difficulté tout son
l'espérance des restaurations futures (Is 63,8; cf sens chrétien. Néanmoins, Jésus prévient aussi-
63,16; 64,7), comme celle de la rétribution d'autre- tôt une équivoque : son titre ne lui assure pas un
tombe (Sg 2,13.18) : les justes, fils de Dieu, seront destin de gloire terrestre ; le Fils de l'Homme
associés pour toujours aux anges, fils de Dieu mourra pour accéder à sa gloire {16,21).
(Sg 5,5). Lorsque enfin Caïphe pose solennellement la
question essentielle : « Es-tu le Christ, le Fils du
Bénî? » (Mt 26,63; Mc 14,61), Jésus sent que
Il. LE ROJ, FILS DE DIEU l'expression pourrait encore être entendue au sens
d'un messianisme temporel. Aussi répond-il indi-
Quand l'ancien Orient célébrait la filiation divine rectement en ouvrant une autre perspective : il
des :rois, c'était toujours dans une perspective annonce sa venue comme souverain juge sous les
mythique où la personne du monarque était pro- traits du Fils de l'Homme. Aux titres de *Messie
prement divinisée. L'AT exclut cette possibilité. et de *Fils de l'Homme, il donne ainsi une portée
Le •roi n'y est plus qu'un homme parmi les autres, proprement divine, bien soulignée dans l'évangî~e
soumis à la même loi divine et justiciable du même de Luc : Œ Tu es donc le Fils de Dîeu ? - Tu dis
jugement. Cependant, *David et sa race ont fait bien, je le suis H (Le 22:,70). Révélation para-
l'objet d'une *élection particulière qui les associe doxale : dépouillé de tout et apparemment aban-
définitivement au destin du peuple de Dieu. C'est donné de Dieu (cf Mt 27,46 p), Jésus garde intactes
pour traduire la relation ainsi créée entre Yahweh ses revendications ; jusqu'à la mort il restera sûr
et le lignage royal que Dieu dit par le prophète de son Père {Le 23,46). Cette mort achève d'ail-
Nathan : rc Je serai pour lui un père, et lui sera leurs de dissiper toute équivoque ; en rapportant
pour moi un fils» {2 S 7,14; cf Ps 89,27s). Désor- la confession du centurion (Mc 15,39 p), les évan-
mais, le titre de <i: fils de Yahweh » est un titre gélistes soulignent que la croix est à l'origine de
royal, qui deviendra tout naturellement un titre la foi chrétienne.
messianique (Ps 2,7) quand l'eschatologie prophé- Alors s'éclaire rétrospectivement plus d'une mys-
tique visera la future naissance du •roi par excel- térieuse parole où Jésus avait révélé la nature de
lence (cf Is 7,14; 9,1 ... ). ses rapports avec Dieu. Vis-à-vis de Dieu, il est
« le Fils )1 (Mt 11,27 p; 21,37 p; cf 24,36p); formule
NT familière, qui lui permet de s'adresser à Dieu en le
nommant « Abba I Père t l) (Mc 14,36; cf Le 23,
l. JÉSUS, FILS UNIQUE DE DIEU 46). Entre Dieu et lui règne cette profonde inti-
mité qui suppose une parfaite connaissance
1. Dans les Synaptiques, le titre de Fils de Dieu, mutuelle et une communication de tout (Mt II,
facilement associé à celui de Christ (Mt 16,16; 25ss p). Ainsi Jésus donne-t-il tout leur sens aux
Mc 14,61 p), apparait d'abord comme un titre proclamations divines : « Tu es mon Fils » (Mc
messianique. Par là, il est exposé à des équivoques I,II p; 9,7 p).
que Jésus devra dissiper. Dès l'ouverture, la scène
de la tentation accuse l'opposition entre deux 2. C'est par la •résurrection de Jésus que les
interprétations. Pour Satan, être fils de Dieu, c'est Apt#res ont compris :finalement le mystère de sa
s'assurer une *puissance prodigieuse et une pro- filiation divine : la résurrection accomplissait le
tection invulnérable (Mt 4,3.6) ; pour Jésus, c'est Ps 2,7 (cf Ac 13,33); elle apportait la confirmation
FILS · DE DŒU . FILS DE L'HOMME

de Dieu aux revendications de Jésus dev3.nt Càiphe 2. Le fondement de ce titre est précisé dans la
et sur la Croix. Dès le lendemain de la :Pentecôte, tMologie. paulinienne: L'adoption :filiale était déjà
le •témoignage apostolique. et la confes8iori de foi l'un des privilèges _d'Israël (Rm_ 9,4), mais c'est
chrétienne ont donc:pour objet ·u: JésuS;,c.Fils de en un sens beaucoup plus fort (lue_ tous _les chré-
Dieu n {Ac·.8 137.; 9,2·0), En présentant l'enfance de tiens sont _maintenant fils de Dieu par la foi au
Jésus, Matthieu ·et Luc soulignent discrètement· ce Christ (Ga 3,26; Ep 1,5-). Ils ont en ·eux !'_*Esprit
thème (Mt- 2,r5; .Le 1;35). Chez Paù.l,. il devient qui les fait filsadoptifs.(Ga4,5ss; Rm 8,14.,.17); ils
le poi:1;1t de départ d'une ··réflexion théologique sont •prédestinés à reproduire en eux !''!'image du
beaucoup plus· poussée. Dieu a ·envoyé ici-bas son Fils nriique -(~ 8,29); ils, sont institués ~cohé-
Fils (Ga 4,4; ·Rm 8;3) afin que-nous soyons récon.,. ritiers avec lui' (Rm -S,17). Cela suppose chez e1,1x
ciliés· par .·sa.. mort {Rm-'.5,10). Actuellement, il une. véritable régénération' (Tt· 3,5; cf 1 .P 1,3;
l'a· établi dans sa •puissance (Rm r,4) et il nous 2,2). qui les fait partipiper 8.' -la .vie du Fils;· tel
appelle à la,•communion· avec·lui (r .Co 1,9), ·car est .en effet le sens. du *baptême, qui fait--. vivre
il .:nous· a transférés dans son royaume (Col I;I-3). l'homine .d'·une -vie nouvelle (Rm 6;4). ,A.insi nous
La vie chrétierine est une vie « dans la foi au Fils sommes fUs d'adoption ·,•dans _le .. Fils, et Dieü
de Dieu. qui nous a aimés et s'est livré -pour ·nous D nous··traite con;i.m.e tels. même lorsqu'il lui ,anive
(Ga 2,20),· et" une.attente du •jour où, il ·reviendra de n,ous envoyèr ses· corrections (He 12,. 5-12).
des cieux pour « nous délivrer de la •Colère »
(1 Th 1,10). · Les mêmes certitudes .tcaversent 3. ·La.· doctri~e des -éct'it~ J~h:'mi,;qi,es,
rend .exacte-
l'épitre aux ,Hébreux ·,(He .1,2.5.8; passim). ment le même son. Il faut. •renaître,- dit Jésus 'à
Nicodème (Jn· 3,3.5);-de l'eati· et· de !'Esprit. C'est
3. Chez. sdint Jean·, la théologie de la filiation qu'en effet,· à ceux qui croient au ·Christ, Dieu
divitie ..devient,un thème·.dominant. Quelques con.:. donne pouvoir de. P,evenir enfailts-de-Dieu (Jn I·;
fessions de foi des, .. personila.ges de· l'évangile 12) .. Cette vie de ;fils de'-Dieu est' pour nous une
peuvent eilèore corilpoiter un· .sens· restreint . (Jn réalité· actuelle, bien ·que le--monde l'ignore "(1 Jn
1,34; ·1,51;, surtout -n,~7).-. ·Mais Jésus, parle en 3,1) .. -.Un- jour viendra où,· ell~ 'Sera manifestée
termes c_I.a.irs des rappàrts·entre le Fils et le Père : ouvertement,-,·et· alors nous serons ·semblablès à
il y a entre.~ux unité d'opération-et de gloire (Jn Dieu parce que nous-le-:"verrons tel qu'.il·est.{1 Jn
5,19..23; cf .-r .Jn 2,22s)-~-le.-Père communiqùe tout 3,:2)·. Il :ne _s'agit donc, plus \seulement d'un: titre
au ·Fils parce .qu'il 1'aime .. {Jn 5,20) : ·pouvoir' de qui- ni.ontre l'amour' de Dieu p·our ses créatures·,:
vivifier." (5,21.2·5s) et pouvoir de·,juger (5,22.27)•; l'homme participe à la nature· de Celui· qU.i. l'à
lorsque Jésus retoùrne à Dieu; le Père ·glorifie le adopté pour son fils (2 P r,4). HR, & PG
Fils pour que le: Fils le glorifie '(Jn .17,1; cf 14,
13).'Ainsi se.précise la doctrine-de l'Incarnation: ---+- amour I NT - baptême Ill 21 IV 2.4 - Dieu NT
Dièu a erivoyé dans ·1e monde :son· Fils .. unique - disciple AT x -:- éducation - .enfant ...:.- esclave
pour sauver le monde- (L Jn 4,gs.-14)· :· _ce Fils II - . Esprit de Dieu. - Fils de l'Homme .NT I
- grâce JI .3 ~ .hérit3ge NT -:- homme 1, ,III 4 -
unique est Je ·révélateur de Dieu- (Jn. 1,18), il image· IV '....- Jésus~Christ ~. 2, Il - Messie NT II- 2
communique aux hommes la ,vie. ·éternelle qui - naiSSance (noU.velle)"_;.,pères & Père III, IV, -V:._
vient de. Dieu (r Jn 5,ns) .. L'.•œuvre à accomplir, Révélation NT I·-1·c,·11 z.j, III _;·saint NT-I·-
c'ést dotic, de .croire en lui (Jn .6,zg; 20;31; 1 Jn Seigneur - !Transfiguration 2.3.
3,23; 5,5.1Q) : qui croit- au Fi}iJ- a la,vi_e éternelle
(Jil 6,40); qui ne .. croit ~ est condamné :On
~•~- .

nu; DE i·noMME
li. LES HOMMilS, JrlLS ADt)PTIFS DE DIEU
Dans- ·1es évangiles,. Jésus. ~e dési~~ i~i--m~e
~.- Dans les Syt~tif/.:ue.~: Ià- fili~ti,~ adoptiv.~:_dont habituellement par le titre ,de Fils ..d,e l'Homme,
parlait déjà l'AT·est affirmée à.plusieurs·,rep:rï.se.s: expression_ éajgmatique qui suggérait tout en le
non seulement Jésus apprend aux siens à app~ler voilant l'aspe_ct· -Je ;plus. transc.en4allt :de, sa--_pJ;iy:-
Dieu« notre•Père-».(Mt ~.9), mai$ il donne __lE! titre de _sionomi~. _Pour :en <;omprendre la. portée, il fau_t
u fils de Dieu » aux pacifi<iues.(.5,9), aux charita~les se· référer à ses emplois dans l'.AT .et dans le
(L_c 6:;35), aux justes ressuscités .(20,3~) .. judaïsme._

469 470
FILS DE L'HOMME FILS DE L'HOMME

ou l'* Adam de Gn 1 et Ps 8, créé à l'image


AT de Dieu et ij de peu inférieur à Dieu 11. En Dn 7,
Fils <l'Homme et Bêtes s'opposent comme le divin
Î. LE LANGAGE COURANT DE LA BIBLE au satanique. Dans l'interprétation qui suit la
vision, la royauté échoit au H peuple des *Saints
L'expression hébraïque et araméenne « fils du Très•Haut » (7,18.22.27); c'est donc apparem-
d'homme n (ben-'adam, bar-'ènâ.S) apparaît très ment lui que le Fils <l'Homme représente, non
souvent comme un synonyme d' « •homme » (cf certes dans sa condition persécutée (7,25), mais
Ps 80,18). Elle désigne un membre de la race dans sa gloire finale. Cependant les Bêtes :figu-
humaine (<t *fils d'humanité ,i). En songeant à raient aussi bien les empires que leurs chefs. On
celui qui est le père de toute la race et en porte ne peut donc pas exclure complètement qu'il y
k nom, on pourrait traduire o fils d'•Adam ». ait allusion au chef du peuple saint à qui sera
L·usage de l'expression souligne la précarité de remis l'empire, en participation au Règne de
l'homme (ls 51,12; Jb 25,6), sa petitesse devant Dieu. De toute façon, les attributions du Fils
Dieu (Ps II,4), parfois sa condition pécheresse d'honi.me dépassent celles du •Messie, fils de
(Ps 14,2s; 31,20), vouée à la mort (Ps 89,48; 90,3). David : tout le contexte le met en rapport avec le
Lorsque Ézéchiel, homme de l'adoration muette monde divin et accentue sa transcendance.
prostré devant la gloire divine, est interpellé par
Ynhweh comme « füs d'homme» {Ez 2,1.3 etc.), 2. La t,radition juii:e. - L'apocalyptique juive
k terme marque les distances et rappelle le pro- postérieure au Livre de Daniel a volontiers repris
phète à sa condition mortelle. La bonté de Dieu le symbole du Fils d'Homme, mais en l'interprétant
pour les ,t fils d'Adam » n'en est que plus admi- de façon individuelle et en accentuant ses attri-
rable il multiplie pour eux ses merveilles {Ps buts transcendants. Dans les Paraboles d'Hénoch
107,8) et sa •Sagesse se plaît à demeurer avec {la partie la plus récente du livre), c'est un être
eux (Pr 8,31). On s'étonne qu'un être aussi faible mystérieux, séjournant auprès de Dieu, possé-
ait été couronné par lui comme le roi de toute la dant la justice et révélateur des biens du salut
création : u Qu'est-ce que l'homme pour que tu tenus en réserve pour la fin des temps ; alors il
te souviennes de lui, le fils d'homme pour que tu siégera sur son trône de gloire, juge universel,
en aies souci ? 1) (Ps 8,5; cf Gn 1). Toute l'anthro- sauveur et vengeur des justes, qui vivront auprès
pologie religieuse de l'AT est là: l'homme devant de lui après leur r6surrection. On lui attribue
Dieu n'est qu'un souffle, et pourtant Dieu l'a quelques-uns des traits du *Messie royal et du
comblé de ses dons. •Serviteur de Yahweh (il est l'Élu de justice, cf
Is 42,1), mais il n'est pas question pour lui de
souffrance et il n'a pas une origine terrestre. Bien
Il. LE LANGAGE DES APOCALYPSES que la date des Paraboles d'Hénoch soit discutée,
elles représentent un développement doctrinal qui
1. Le Livre de Daniel. - Pour représenter concrè- devait être acquis dans certains milieux juifs
tement la succession des empires humains qui avant le ministère de Jésus. L'interprétation de
vont s'écrouler et laisser place au *Royaume de Dn 7 a d'ailleurs laissé des traces dans le ive Livre
Dieu, l'apocalypse de Daniel 7 use d'un.e imagerie d'Esdras et dans la littérature rabbinique. La
saisissante. Les empires -sont des •Bêtes qui croyance à ce Sauveur céleste prêt à. se révéler
m<mtent de la •Mer. Elles sont dépouillées de leur prépare l'usage évangélique de l'expression « Fils
puissance lorsqu'elles comparaissent au tribunal de l'Homme ».
de Dieu, qui est représenté sous les traits d'un
vieillard. Alors arrive sur (ou avec) les •nuées du NT
ciel " comme un Fils d'Homme »; il s'avance jus- !. LES ÉVANGILES
qu'au tribunal dè Dieu et reçoit la royauté uni-
vei-selle (7,13s). L'origine de cette conception est Dans les évangiles, l'expression « Fils de
incertaine. Le <1 fils de l'homme » des Psaumes ou l'Homme • (décalque grec d'un araméen qu'on
d'Ézéchiel ne suffit pas à l'expliquer. Certains aurait dû traduire << Fils d'homme ») se trouve
invoquent le mythe iranien de l'homme primor- à soixante-dix reprises. Elle n'est parfois qu'un
dial revenant comme sauveur à la fin des temps. équivalent du pronom personnel « moi 1, (cf Mt
Peut-être faut-il chercher du côté des traditions 5,rr et Le 6,22; Mt 16,13-21 et Mc 8,27-31). Le
que supposent la •Sagesse divine personnifiée cri d'Étienne voyant « le Fils de l'homme debout

471 472
FILS DE. L'HOMME FILS DE VHOMME

à la droit~ de·,Dieu H (Ac 7,S6) peut,,indiquer.. que phèm.es· qu'on pro-fère contre lui {Mt 12,32 p);
cette. ~ncepti9n_ était :vivante. en certain~. milieu~ Jésus-p.'en commence pas moins à exercer certains
de_ l'Égli_ge naissante. Mais leur. in;flu~nce nj:I sau- des pouvoirs du Fils de l'Homme : pardon des
rai~_ expliquei- :tpU:s _Ïes. ep.1pl0:is .. évallgél,ques_ de *péchés,. (Mt- 9,6 -p), maîtrise.du •~abbat (Mt :12,
l'ex~siori .. Le. :fait qu'elle app3:rai~se exclusive~ 8. p}, annonce, de ~ *P_arole.- (Mt 1-3,37)-, --Cette
ment·_ Sµr ll:IS lèvre.s de Jésus_ ~uppùSe qu'on -l'.a manik_station -de sa dignité ·secrète annQnce· en
retenue_ comme une de ses e,i;:pressions · typiques. quelque_ mesure .<;.~Ile du·, dernier 1•jour.
alors, que· la foi postpascale le d,ésignait, de pré-
f~ence ·,sous. d'autres,_ ~itres. Il: arrive· que Jésus 2. Le qw,_frième lvangile. - Les_ textes johanniques
ne s'idelltifie pas explicitement au Fils:.de l'Homme sur le- Fils de l'Homme retrouvent à -leur manière
(Mt· 16,27; 24,30, p) ; mais ailleurs il est clair qu'il tous.les aspects.du 'l;hème.qu'on.a notés,dans les
le fait (Mt 8,20 p; n,19; 16,13; Jn 3,13s; 12,34), Synoptiqu~. 'L'aspect glorieux·: c'est. comme Fils
Il est possible .qu'il ait choisi !'.expression j:ln rai~ de l'J:lomme que le •Fils ·de Dieu. exercera au der-
son ..~e _son _ambiguïté : susceptible d:'u_n sens nier jour. le pouvoir de juger (Jn 5,26-:-29). Alors
bana~ (((_l'homme_ que je_ !,Uis »), elle .ren-ferm~it on .verra les anges ..monter. et descendre sur. lui
aussi upe allusion nette à l'apoi::alyptique juive. (1,51), et- cette glori:ficatipil finale manifestera son
origine céleste (3,13), puisqu' (( il remontera là
1. 'z~ts .Synopl_iq14es _ où il était auparavant_)! (6,62). Oia~ avant cela,
a):_Les _tableaux esch;itologiques de: Jésus·. SC) il aura· dll pà.sser .par uh 'état d'humiliation où
rat~c~ent·à l'apocalyptique ;.-~e Fils de l'Homme les hommes· a~ront. peine à; Je: _découvrir pour
viendra. sur les nuées du ciel.(Mt 24;30 p), siégera croire'· en lui _.(9;3,5). )?our_ ·qu'il$ pu,isseILt u _ma.u-
~l,lr·.son ,trône. de -gloire {19,28), jugera t,01,1s 1~ get sa- chàir et boire son sarig »_.(6,5_3_),: il, :faùdra
hc;m1mes (16,27 .p) .. Or. ari co:urs, _d,i $OD proc~, qu~ ~a chair soit II don~ée pour~ 'vie dlù'nonde ·»
_intenogé par le Grand Prêtre pour sawir s'il es_t en sacrifice {cf 6,51-). Cepend_ant, dans la perspecw
« le *Messie, *Fils, du Béni.. », Jésus. répond-' in.di.. tive johannique, la croix se c9niond avec le i:etour
recten:;i~t _à-la question ·en s'identifiant à celui qui au ciel du Ffl:s.'.de· l'H~nie. pour cbnstitùer 'so~
s~ège à la droite de Dieu (cf Ps no,1). et_ vient élévation : ·« Il faut que, sOit élevé .le Fils de
sur,)es nuées .du cil;'l (cf :On 7,13,; Mt _26,64 p). l'Homme.» (3,1_45; 12,34); c'.est là paradoxalemen~
C~e affirmation •le fait condamner pQUI'. blaet sa glorification (12,23; i3,31}, et c'est par elle
phème. En fàit, écartant toute conception, ter- que se fait la révélation complète de son mys--
restre du •Messie,, Jésus· a ·-laissé apparaitre . sa tère : « Alors vous saurez que Je Suis » {8,28).
transcendance. Le,. titre ,de ·Fils de· l'Homme, On comprend que, par anticipatfon de- cette gloire
d'après ses antécédents, était apte à cette· révé-- finale, le Fils de l'Homnï.E! exerce dès maintenant
lation. certains de ses pouvoirs : notamment juger et
b) Par contre, Jésus-a.rattaché aussi à ce titre vivifier les hommes (5,21s.25ss) -par le don de sa
un contenu que la traditiori apocalyptique ne pré- chair (6,53), nouniture que hti:seul·peut donner
vo_yait pas directement. Il vient. réaliser dans- sa parce que le Père- l'a ID;arqué :de son sceau-' (6,27):
vie .terrestre la vocation du •Serviteur de Yah•
weh, rejeté et:•mis_-à mort.·pour être finalement
glorifié et sauver les niultitudes. Or c'est en qua- II. -LES. ':ti:CRITS APOSTOLIQUES
lité ,de Fils d.e l'Homme.qu'il doit subir ce destin
(Mc 8',31 p;-.Mt J.7,9 .p.22s p; ·20,1-8 p;. 26,2.24 p. Le recours .à·. ce même symbole 'est très. rare
45 p). Avant-..de_ paraître .. en gloh'.e au dernier dans le reste·-du .NT, à l'exception•-.de quelques
jour-, le ,Fils de. l'Homme aura mené . une existence passages apocalyptiqries. Étienne·· .voit .-Jésus en
terrestre où sa ,gloire •_était .voilée dans·,• rhumilia- gloire, à la ·droitè de· Diett (cf Ps _'IIO, 1), dans la
tion et la souffranc~, de même que,. dans le .Livre situation du.Fils de-l'Homme ·(Ac 7,55s). De même
d~ Daniel, la gloire deS saints. du Très.-Haut. pré- le -voyant,de l'Apocalypse (Ap.':1,12~16},: qui con-
supposait leur_persécution. Aussi, pou_r_dé:finir;1'en• temple par·· avance sa parousie pour la •moisson
semble de.sa carrière, Jésus·,préfèrewt-il:le titre de eschatologique· (Ap· ,:14,-14ss)·. Peut.:.être saint Paul
Fils .de l'Homme à celui de Messie . (cf Mc 8,29ss); se·, souvient-il également de, ce_. thème , quand il
trop engctg~ dans tes perspectives .temporelles de décrit ·,Jésus comme l'*Adam:-,_céleste dont. les
l'.espérance juive. hommes• ressuscités· .revêtiront· ririlagè (1 Co 15;
e) Dans l'abaissement de·.cette condition cachée 45-'49). Enfin, eil appJiqtiant .à, Jésus le ··Ps 8;5ss;
(cf Mt 8,20·.p; 1.1,19) qui p_eut·excuser. Ies,.•blas• l'épître aux- Hébreux:· voit· en. Jésus « Thomrtle- 1),

473 474
FILS DE L'HOMME FOI

le • fils d'homme », abaissé avant d'être appelé à pe.poitha (Vulg. : spes, sperare, confiào) ; à la racine
la gloire (He 2,5-9). Parvenue à ce point, la aman : pistis, pisteu8, alètheia (Vulg. : ftàes, cre.-
réflexion chrétienne fait le lien entre le « fils de.re, veritas). Dans le NT, les derniers mots grecs,
d'Adam » des v;aumes, le Fils d'homme des apo- relatifs au domaine de la connaissance, deviennent
calypses et le nouvel Adam de saint Paul. Comme nettement prédominants. L'étude du vocabulaire
fils d'Adam, Jésus a partagé notre condition révèle déjà que la foi selon la Bible a deu:X: pôles :
humiliée et souffrante. Mais, parce qu'il était dès la confiance qui s'adresse à une personne I fidèle »
ce moment le Fils d'Homme d'origine céleste, et engage l'homme ·tout entier; et, d'autre part,
appelé à revenir pour le *jugement, sa passion et une démarche de l'intelligence à qui une parole
sa mort le conduisaient à sa *gloire de Ressuscité, ou des •signes permettent d'accéder à des réa-
en qualité de nouvel Adam, chef de l'humanité lités qu'on ne voit pas (He r1,r).
régénérée. En lui s'accomplissent les deux figures
d'Adam contrastée~ en Gn I et 3. Aussi, quand Abraham, père des croyants. - Yahweh appelle
il sera manifesté au dernier Jour, serons-nous *Abraham, dont le père« servait d'autres dieux»
étonnés de l'avoir déjà rencontré, mystérieuse- en Chaldée (Jos 24,2; cf Jdt 5,6ss), et lui promet
ment caché dans le plus petit de ses *frères lléces- une *terre et une nombreuse descendance (Gn 12,
siteux (cf Mt 25,31ss). ]Del rs). Contre toute vraisemblance (Rm 4,19), Abra-
ham « croit en Dieu » (Gn 15,6) et en sa "parole, il
:-+ Adam I 2 b, II - ciel V 2.4 - dessein de Dieu obéit à cette •vocation et engage son existence
NT 1 2 - fils de Dieu 0; NT 1 1 - homme - Jésus-
Christ I 3 ; II 2 b - Jour du Seigneur NT I 1 - sur cette •promesse. Au jour de !'*épreuve, sa
jugement AT II 2 ; NT I - médiateur I 2 - Messie foi sera capable de sacrifier le fils en qui se réa-
AT II 3; NT I 2, II 2 -nuée 4 - royaume AT III; lise déjà la promesse (Gn 22) ; pour cette foi en
NT III 1 - Seigneur - souffrance NT II - victoire effet, la *Parole de Dieu est plus vraie encore
AT 3a. que ses fruits : Dieu est *fidèle {cf He n, n) et
tout-puissant (Rm. 4,21).
FIN DU MONDE-+ Jour du Seigneur - monde AT
III; NT Ill 3 - temps AT III; NT III. Abraham est désormais le type même du croyant
(Si 44,20). Il annonce ceux qui découvriront le
FLÉAU ~ bêtes & Bête 3 a - calamité. vrai Dieu {Ps 47,10; cf Ga 3,8) ou son Fils (Jn 8,
31-41.56), ceux qui s'en remettront pour leur salut
à Dieu seul et à sa Parole (1 !\1 2,52-64; He II,
8-19). Un jour, la promesse s'accomplira dans la
résurrection de Jésus, descendance d'Abraham.
FOI (Ga 3,r6; Rm 4,18-25), Abraham sera alors le
11 père d'une multitude de peuples » (Rm 4,17s;
Gn r7,5) : tous ceux que la foi unira à Jésus.
Pour la Bible, la foi est la source et le centre de
toute la vie religieuse. Au dessein que Dieu réa- AT
lise dans le temps, l'homme doit répondre par la
foi. Sur les traces d'Abraham, « père de tous 1. LA FOI, EXIGENCE DE L'ALLIANCE
ceux qui croient » (Rm 4,u), les personnages
exemplaires de l'AT ont vtcu et sont morts dans Le Dieu d'Abraham •visite en Égypte son peuple
la foi (He u) que Jésus « mène à sa perfection » malheureux (Ex 3,16). Il appelle Moïse, se révèle
(He 12,2). Les disciples du Christ sont « ceux qui à lui et lui promet « d'être avec lui » pour mener
ont cru » (Ac 2,44) et II qui croient » (1 Th 1,7). Israël dans sa •Terre (Ex 3,r-15). 1t Comme s'il
La variété du vocabulàire hébreu de la foi *voyait l'invisible », Moise répond à cette démarche
reflète la complexité de l'attitude spirituelle du divine par une foi qui « tiendra ferme » (He rr,
croyant. Deux racines sont néanmoins dominantes: 23-29) malgré d'éventuelles faiblesses (Nb 20,r-
aman (cf •amen)· évoque la solidité et la sûreté; 12; Ps 106,32s). *Médiateur, il communique au
ha/a#. la sécurité et la •confiance. Le vocabulaire peuple le dessein de Dieu, tandis que ses *miracles
grec est encore plus divers. La religion grecque indiquent l'origine de sa *mission. Israël est ainsi
en effet n'accordait pratiquement pas de place à appelé à 1( croire en Dieu et en Moise, son servi-
la foi ; les LXX, ne disposant donc pas de mots teur » (Ex 14,3r; He n,29) avec une absolue
appropriés pour rendre l'hébreu, ont tâtonné. A la confiance (Nb 14,n; Ex 19,9).
racine batah correspondent surtout : e.lpis, elpiz8, L'*Alliance consacre cet engagement de Dieu

475 476
POi FOI

dans l'histoire d'Israël. En retour, elle demande Dieu d'Israël (Jr 32,27; Ez 37,q), Créateur du
à, Israël d'*obéir à la *Parole de Dieu {Ex 19, monde (Is 40,28s; cf Gn 1), Seigneur de l'histoire
3-9). Or« •écouter Yahweh )i, c'est d'abord« croire (Is 41,r-7; 44,24s), *Rocher de son peuple (44,
en lui )l (Dt 9,23; Ps ro6,24s) ; l'Alliance exige 8; 50,IO). Les *idoles ne sont rien (44,9-20). Yah-
donc la foi (cf Ps 78,37). La vie et la mort d'Israël weh « excepté, il n'y a pas de dieu » (44,6ss; 43,
dépendront désormais de sa libre *fi.délité (Dt 30, 8-12; cf Ps n5,7-n) : au rebours de toute appa-
15-20; 28; He II,33) à maintenir !'Amen de la foi rence, il mérite toujours une confiance totale (Is
{cf Dt 27,9-26) qui a fait de lui le •peuple de Dieu. 40,31; 49,23).
l\la1gré les innombrables infidélités qui tissent l'his-
toire de la traversée du désert, de la conquête de
la Terre promise et de l'installation en Canaan,
II!. LES PROPHÈTES ET LA FOI DE L'lSRAËL FUTUR
cette épopée a pu être ainsi résumée : « Par la
foi, les murs de Jéricho tombèrent ... ; et le temps
me manque pour parler de Gédéon, Baraq, Sam- r. La foi, réalité à venir. •- Dans son ensemble,
son, Jephté, David » (He u,3oss). Israël n'écouta pas l'appel à la foi lancé par les
Selon les promesses de l'Alliance (Dt 7,17-24; prophètes (Jr 29,19}. Pour l'entendre, il aurait
3r,3-8), la toute-puissante :fidélité de Yahweh d'abord fallu croire aux prophètes (Tb 14,4) comme
s'était toujours manifestée au service d'Israël, autrefois en Moïse (Ex 14,31). Mais Israël ren-
quand Israël avait eu foi .en elle. Dès lors pro- contrait ici un double obstacle. Tout d'abord
damer ces merveilles du passé, et tout spéciale- l'existence des faux prophètes (Jr 28,15; 29,31) :
ment de !'Exode, comme la geste du Dieu invisible, comment les discerner des prophètes authentiques
c'était pour Israël •confesser une foi (Dt 26,5-9; cf (23,9-32; Dt 13,2-6; 18,9•22) ? Ensuite la foi elle-
Ps 78; 105) qui se transmettait de génération en même, en raison de ses perspectives paradoxales
génération, en particulier lors des grandes *fêtes et de ses exigences pratiques difficiles.
annuelles (Ex 12;26; 13,8; Dt 6,20). C'est ainsi Le Dieu *fidèle ne pouvait manquer d'accomplir
que le peuple gardait •mémoire de l'amour de ses •promesses. Mais, dans le cadre de l'Alliance,
Yahweh son Dieu (Ps r36). cet accomplissement dépendait de la foi ; et cette
foi était absente de !'Israël historique. Pour les
prophètes, la foi devint donc une réalité à venir
qui serait accordée par Dieu à l'Israël de la Nou-
II. LES PROPHÈTES ET LA FOI n'lSRAËL EN PÉRIL velle Alliance. Un jour, Dieu renouvellera les
*cœurs (J r 32,39s; Ez 36,26) qui pourront ainsi
Les difficultés de l'existence d'Israël jusqu'à passer de !'*endurcissement (Is 6,9s) à la foi
l'*exil furent une rude •tentation pour sa foi. Les (Rm 10,9s; cf Jn 12,37-43) ; il y mettra la •con-
prophètes dénoncèrent !'*idolâtrie (Os 2,7-15; Jr naissance (Jr 31,33s) et !'*obéissance (Ez 36,27)
2,5-13) qui supprimait la foi en Yahweh seul, le dont la source est la foi.
formalisme cultuel (Am 5,21; Jr 7,22s) qui en
limitait mortellement les exigences, la recherche 2. La foi, lien de l'Israël futur. - A l'exemple
du salut par la *force des armes (Os 1,7; Is 31, 1ss). d'*Abraham et de *Moïse, les prophètes, pour leur
Isaïe fut le plus marquant de ces hérauts de la part, plaçaient à la base de leur vie la foi en
foi (Is 30,r.5). Il appelle Achaz de la •crainte à Yahweh, en leur •vocation et en leur •mission
la *confiance paisible en Yahweh (7,4-9; 8,5-8) qui (d He II,33-40). Cette foi était souvent, d'em-
tiendra ses promesses à la maison de David (2 S blée, inébranlable (Is 6; 8,r7; r2,2; 30,18). Par-
7; Ps 89,21-38). Il insuffle à Ézéchias la foi qui per- fois elle hésitait à. s'affirmer devant !'*épreuve
mettra à Yahweh de sauver Jérusalem (2 R 18- d'un appel trop exigeant (Jr 1; cf Ex 3,xoss; 4,
20). Et c'est dans la foi qu'il découvre la para- t-17) ou d'une apparente absence de Dieu (1 R
doxale •sagesse de Dieu (Is 19,n-15; 29,13-30, 19; Jr 15,10-21; 20,7-18), avant de parvenir à une
6; cf 1 Co r,19s). définitive fermeté (Jr 26; 37-38).
La foi d'Israël fut spécialement menacée lors Cette foi .des -prophètes rayonnait en tout cas
de la prise de Jérusalem et de l'*exil. « Misérable dans un groupe plus ou moins large de disciples
et pauvre )) (Is 41,17), Israël risquait d'attribuer (cf Is 8,16; Jr 45) et d'auditeurs. E_lle apparais-
son sort à l'impuissance de Yahweh et de se tour- sait ainsi de plus en plus comme un engagement
ner vers les dieux de Babylone victorieuse. Les et une attitude personnels qui rassemblaient déjà
prophètes proclament alors la toute-puissance du le *Reste annoncé par les prophètes.

477 478
FOI FOI

Ceux-ci voient l'Israël futur à l'image de ces lité rare. Foi du juste persécuté en Dieu qui le
petites communautés. Réuni par sa foi en la sauvera tôt ou tard (7; n; 27; 31; 62) ; confiance
"'pierre mystérieuse de Sion (Is 28,16; cf I P 2, du pécheur en la. miséricorde de Dieu (40,13-18;
6s}, il sera un peuple de *pauvres que rapproche 51; 130) ; assurance paisible en Dieu (4; 23; 121;
leur foi en Dieu (Mi 5,6s; So 3,12-18), Seul « le 131) plus forte que la mort (16; 49; 73) : telle est
juste vivra, par sa fidélité (LXX : par sa foi) J) la prière des pauvres, rassemblés par la certitude
(Ha 2,4), Les prophètes entrevoient donc, non qu'au-delà de toute épreuve {22) Dieu leur réserve
plus une nation sauvée comme telle, mais déjà la bonne nouvelle (Is 61,r; cf Le 4,18) et la pos-
une •église, une communauté de pauvres dont session de la terre (Ps 37,11; cf Mt 5,4).
le lien est la foi personnelle. Pour ce peuple de la Pour la première fois sans doute de son histoire
foi, le *Serviteur de Yahweh sera une figure exem- (cf Dn 3), Israël est en butte, après l'exil, à une
plaire. Aux prises avec une *épreuve qui va jus- •persécution religieuse sanglante (1 M 1,62ss; 2,
qu'à la •mort (Is 50,6; 53), il« durcit son visage n 29-38; cf He n,37s). Les •martyrs ne meurent
dans une foi absolue en Dieu (Is 50,7ss; cf Le 9, pas seulement malgré leur foi, mais à cause d'elle.
51) que l'm·enir justifiera (53,rnss; cf Ps 22). Affrontant cette suprême absence de Dieu, la foi
des martyrs ne faiblit pourtant pas (1 M 1,62) ;
3. La foi des nations. - La mission du Serviteur elle s'approfondit même jusqu'à espérer, de par la
s'étend aux *nations (Is 42,4; 49,6). Aussi bien, fi.délité de Dieu, la *résurrection (2 M 7; Dn 12,
puisque !'Israël à venir sera rassemblé avant tout 2s) et l'immortalité (Sg 2,19s; 3,1-9). Ainsi, s'affir-
par la foi, il pourra ouvrir ses rangs aux nations. mant toujours davantage, la foi personnelle ras-
Elles aussi, dans la foi, découvriront le Dieu semble déjà peu à peu le •Reste bénéficiaire des
unique (43,10), le confesseront comme tel (45,14; promesses (Rm 11,5).
52,15; cf Rm 10,16; 56,1-8) et attendront le salut
de sa seule puissance (51,5s). 2. La foi des païens convertis. - A la même époque,
un courant missionnaire passe en Israël. Comme
jadis Naaman (2 R 5), nombre de païens croient
au Dieu d'Abraham (cf Ps 47,10). C'est alors
IV. VERS !.E RASSEMBLEMENT DES CROYANTS
qu'on écrit l'histoire des Ninivites que la prédi-
cation d'un seul prophète - à la honte d'Israël --
Dans les siècles qui suivirent l'exil, l'Israël his- amène à« croire en Dieu o (Jon 3,4s; cf Mt 12,41);
torique tendit à se configurer à l'Israël futur celle de la conversion de Nabuchodonosor (Dn
entr'aperçu par les prophètes, sans toutefois arri- 3-4) ou d' Achior qui croit et entre dans la mai-
(!

ver à cesser d ·être une nation pour devenir une son d'Israël » (Jdt 14,10; cf 5,5-21) : Dieu laisse
véritable « •assemblée de croyants » (1 M 3,13). aux *nations le temps de oc croire en lui » (Sg
12,2; cf Si 36,4).
1. La foi des sages, des pauvres et des martyt's. -
Comme les prophètes, les sages d'Israël savaient 3. Les imperfections de la foi d'Israël. - La per-
depuis longtemps qu'ils ne devaient compter que sécution suscita certes des martyrs, mais aussi
sur Yahweh pour être(< sauvés)) (Pr 20,22). Lorsque des combattants qui refusaient de mourir sans
tout salut se dérobe sur le plan visible, la *sagesse lutter (1 M 2,39ss) pour libérer Israël (2,n).
requiert une totale confiance en Dieu (Jb 19, C'est sur Dieu qu'ils comptaient pour assurer leur
25s), dans une foi qui « sait » que Dieu demeure •victoire dans une lutte inégale (2,49-70; cf Jdt
tout-puissant (Jb 42,2). Les sages sont ici tout 9,n-14). Admirable en elle-même (cf He. u,34.
proches des *pauvres qui ont chanté leur con- 39), leur foi coexistait cependant avec une cer-
fiance dans les psaumes. taine confiance en la *force humaine.
Le psautier tout entier proclame la foi d'Israël Une autre imperfection menaçait la foi d'Israël.
en Yahweh, Dieu unique (Ps 18,32; 115), Créa- Martyrs et combattants étaient morts par fidélité
teur (8; 104) tout-puissant (29), Seigneur fidèle à Dieu et à la *Loi (I M 1,52-64). Israël en effet
(89) et miséricordieux (136) pour son peuple (105), avait fini par comprendre que la foi comportait
Roi universel de l'avenir (47; 96------99). Bien des !'*obéissance aux exigences de l'Alliance. Dans
psaumes expriment la confiance d'Israël en Yah- cette ligne, elle était menacée par le danger auquel
weh (44; 74; 125). Mais les plus hauts témoignages succomberont bien des *pharisiens : formalisme
de foi sont des •prières où la foi d'Israël s'épa- qui s'attachait plus aux exigences rituelles qu'aux
nouit dans une confiance individuelle d'une qua- appels religieux et moraux de !'*Écriture (Mt 23,

479
POI FOI

13-30) *orgueil comptant plus sur l'homme et ses


1
réponse: l( Tu es le Christ» (Mt 16,13-16 p). Cette
"'œuvres que sur Dieu seul pour être *justifié foi en Jésus unit désormais les disciples avec lui
(Le 18,9-14). et entre eux en leur faisant partager le secret de
La confiance d'Israël en Dieu n'était donc pas sa personne (16,18-20 p).
pure, en partie parce qu'un voile subsistait entre Autour de Jésus qui est un *pauvre (Mt n,29) et
sa foi et le dessein de Dieu annoncé par l' Écri- s'est adressé aux pauvres (5,2-10 p;- rr,5 p), une
ture (2 Co 3,14). La véritable foi n'avait d'ailleurs communauté de pauvres, de « petits D (10,42)
été promise qu'à l'Israël futur. Les païens de leur s'est ainsi constituée, dont le lien, plus précieux
côté pouvaient difficilement partager une foi qui que tout, est la foi en Lui et en sa parole (18,6-
débouchait d'abord sur une "'espérance nationale ro p). Cette foi vient de Dieu (n,25 p; 16,17) et
ou sur des exigences rituelles tr~s Jourdes. Qu'au- sera partagée un jour par les •nations (8,5-13 p;
raient-ils d'ailleurs gagné à le faire (l\lt 23,23) ? r2,38-42 p). Les pr?phéties s'accomplissent.
Accéder à la foi des pauvres enfin ne pouvait pas
faire participer les païens à un salut qui n'était 3. La perfection de la.foi. - Quand Jésus, le *Ser-
encore qu'une.espérance. Israël- et les nations - viteur, prend la route de Jérusalem pour *obéir
ne pouvait donc qu'attendre celui qui mènerait la jusqu'à la *mort (Ph 2,7s), il cc durcit sa face »
foi à sa perfection {He r:z,~; cf n,39s) et rece- (Le 9,51; cf Is 50,7). ~n présence de la mort, il
vrait l'Esprit « objet de la promesse » (Ac 2,33). « mène à la *perfection la foi » (He 12,2) des
pauvres (Le 23,46 = Ps 31,6; Mt 27,46 p = Ps
22), montrant une confiance absolue en cc Celui
NT qui pouvait », par la résurrection, « le sauver de
la mort )) (He 5,7).
J. LA FOI DANS LA - PENSÉE ET LA VIE DE JÉSUS
Malgré leur connaissance des •mystères du
Royaume (Mt 13,II p), les disciples s'engagèrent
1. Les préparations. - C'est la foi des *pauvres difficilement sur le chemin où, dans la foi, ils
devaient •suivre le •Fils de l'homme (16,21-23 p).
(cf Le r,46-55) qui accueille la première annonce
du salut. Imparfaite chez Zacharie (r,rSss; cf La confiance qui exclut tout *souci et toute *crainte
Gn r5,8), exemplaire chez Marie (Le- r,35ss.45; (Le 12,22-32 p) ne leur était pas habituelle (Mc 4,
35-41; Mt 16,5-r2 ·p). Dès lqrs, !'*épreuve de la
cf Gn 18,14), partagée peu à peu par d'autres (Le
1-2 p), l'humilité des apparences ne lui voile pas Passion (Mt 26,41) sera pour eux un "'scandale
l'initiative divine. Ceux qui croient en Jean-Bap- (26,33), Ce qu'ils voient alors demande beaucoup
tiste sont aussi des pauvres conscients de leur à la foi (cf Mc 15,31s). La foi de Pierre lui-même,
péché et non des "'pharisiens orgueilleux (Mt 21, sans disparaitre - car Jésus avait prié pour elle
23-32). Cette foi les rassemble déjà à leur insu autour (Le 22,32) - n'eut pas le courage de s'affirmer
de Jésus, venu parmi eux (3,n-17 p), et les oriente (22,54-62 p). La foi des disciples avait encore un
pas décisif à franchir pour devenir la foi de
vers la foi en lui (Ac r9,4; cf Jn 1,7).
l'Église.

2, La foi en Jésus et en sa parole. - Tous pou-


vaient « entendre et voir )1 (Mt 13, r3 p) la "'parole
et les "'miracles de Jésus qui proclamaient la '\U!nue Il. LA FOI DE L'ÉGLISE
du Royaume (n,3-6 p; 13,16-r,7 p). Mais « *écou-
ter la parole » (n,r5 p; 13,19-23 p) et la « faire » 1. La foi pascale. - Ce pas fut franchi quand les
(7,24-27 p; cf Dt 5,27), •voir vraiment, en un disciples, après bien des hésitations lors des
mot : croire (Mc r,15; Le 8,12; cf Dt 9,23), ce fut "'apparitions de Jésus (Mt 28,17;. Mc 16,n~14;
le propre des *disciples (Le 8,20 p). Parole et Le 24,n), crurent à sa *Résurrection. •Témoins
miracles posaient d'autre part la question : a. Qui de tout ce que Jésus a dit et fait (Ac ro,39), ils
est celui-ci ? » (Mc 4,41; 6,r-6.14ss p), Cette ques- ]e proclament « Seigneur et Christ » en qui sont
tion fut une *épreuve pour *Jean-Baptiste (Mt accomplies invisiblement les promesses (2,33-36).
n,2s) et un •scandale pOur les Pharisiens (12, Leur foi est maintenant capable d'aller « jusqu'au
22-28 p; 21,23 p). La foi demandée pour les sang » (cf He 12,4). Ils appellent leurs auditeurs
miracles (Le 7,50; 8,48) ne lui répondajt que par- à la partager pour bénéficier de la promesse en
tiellement en reconnaissant la toute-puissance de obtenant la rémission de leurs péchés (Ac 2,38s;
Jésus (Mt 8,2; Mc 9,22s). Pierre donna la vraie ro,43). La foi de l'Église est née.
FOI
FOI

2. La foi à la Parole. - Croire, c'est tout d'abord r Co 12,3). Quand des païens se convertirent,
accueillir cette *prédka.tion des témoins, !'*Évan- c'était donc Dieu lui-même qui « purifiait leur
gile (Ac 15,7; 1 Co 15,2), la *Parole {Ac 2,41; Rm cœur par la foi i) (Ac u,18; 14,27; 15,7ss). « Pour
rn,17; r P 2,8), en •confessant Jésus comme avoir cru », ils recevaient le même Esprit que les
*Seigneur (1 Co 12,3; Rm 10,9; cf 1 Jn 2,22). Ce Juifs croyants (n,17). Ils furent donc accueillis
message initial, transmis comme une •tradition dans l'Église.
(1 Co 15,1-3), pourra s'enrichir et se préciser en
un •enseignement (1 Tm 4,6; 2 Tm 4,1-5) : cette I. La foi et la Loi j'uive. - Mais rapidement un
parole humaine sera toujours, pour la foi, la Parole problème fut soulevé : fallait•il les soumettre à la
même de Dieu (r Th 2,13). La recevoir, c'est pour *circoncision et à la ..,Loi juive (Ac r5,5; Ga 2,
16 païerl abandonner les *idoles et se tourner vers 4) ? D'accord avec les responsables (Ac 15; Ga 2,
le *Dieu vivant et vrai (r Th 1,8ss), c'est pour 3-6), Paul estime absurde de forcer Jes païens à
tous reconnaître que le *Seigneur Jésus accomplit r( judaïser», car c'est la foi au Christ qui a sauvé

le dessein d,e Dieu (Ac 3,21-26, 13,27-37; cf I Jn 2, les Juifs eux-mêmes (Ac 15,rr; Ga2,15s).Quandon
24). C'est, en recevant le *baptême, •confesser le voulut imposer la circoncision à ses chrétiens de
Père, le Fils et le Saint-Esprit (Mt 28,19). Galatie (5,2; 6,:r2), Paul perçut donc facilement
Cette foi, comme Paul le verra, ouvre à l'in• que c'était annoncer· un autre *Évangile (1,6-9).
telligence « ,les trésors de *sagesse et de •con- Cette nouvelle crise fut pour lui l'occasion d'une
naissance » qui sont dans le Christ (Col 2,3) : la réflexion en profondeur sur le rôle de la *Loi et
sagesse même de Dieu révélée par !'Esprit (r Co de la foi dans l'histoire du salut.
2), si différente de la sagesse humaine (1 Co r, Depuis Adam (Rm 5,12•21), tous les hommes,
17•3r; cf Je 2,r-5; 3,13-18; cf Is 29,:q) et la con- païens ou juifs, sont coupables devant Dieu (1,
naissance du Christ et de son amour (Ph 3,8; Ep 18-3,20). Faite pour la vie, la Loi elle-même n'a
3,19; cf l Jn 3,r6). engendré que le ..,péché et la *mort (7,7.ro; Ga
3,10•14.19-22). La venue (Ga 4,4s) et la mort du
3. La foi et la vie du baptisé. - Conduit par la foi Christ mettent fin à cette situation en manifes-
jusqu'au *baptême et à !'*imposition des mains tant la *justice de Dieu (Rm 3,21-26; Ga 2,19ss)
qui le font pleinement entrer dans l'Église, celui qui s'obtient par la foi (Ga 2,16; Rm 3,22; 5,2}.
qui a cru à la Parole participe à l'enseignement, Le rôle de la Loi est donc terminé (Ga 3,23-4,
à l'esprit, à la « liturgie » de cette Église (Ac 2, n). C'est le régime de la ..,promesse - maintenant
4r-46). Car c'est en elle que Dieu réalise son *des- accomplie en Jésus - qui reprend (Ga 3,15-18)
sein en opérant le salut de. ceux qui croient (2, comme Abraham, les chrétiens sont justifiés par
47; 1 Co r,18) : ,la foi s'épanouit dans l'*obéis- la foi, sans la Loi (Rm 4; Ga 3,6-9; cf.Gn 15,6;
sance à ce dessein (Ac 6,7; 2 Th 1,8). Elle se déploie 17,n). Selon les prophètes d'ailleurs, le juste
dans l'activité (1 Th 1,3; Je :r,21s) d'une vie morale devait vivre par la foi {Ha 2,4 = Ga 3,n; Rm
fidèle à la *loi du Christ (Ga 6,2; Rm 8,2; Je :r, r,17), et le •reste d'Israël (Rm n,r-6) être sauvé
25; 2,12) ; elle agit par l'*amour fraternel (Ga 5, par sa seule foi en la *pierre posée par Dieu (Is
6; Je 2,14-26). Elle se maintient dans une *fidé- 28,16 = Rm 9,33; 10,II), ce qui lui permettait
lité capable d'affronter la mort à l'exemple de de s'ouvrir aux •nations (Rm 10,14-2r; r P 2,
Jésus (He 12; Ac 7,55~60), dans une *confiance 4•10).
absolue en Celui (< en qui elle a cru » (2 Tm r,12;
4,:r7s). Foi en la parole, obéissance dans la con- 2. La foi et la grdce. - « L'homme est justifié
'fiance, telle est la foi de l'Église, qui sépare ceux par la loi sans les •œuvres de la Loi >) {Rm 3,
qui se perdent - !'*hérétique, par exemple (Tt 28; Ga 2,16). Cette affirmation de Paul proclame
3,10) - de ceux qui sont sauvés (2 Th :r,3-10; l'inutilité des pratiques de la Loi sous le régime
1 P 2,7s; Mc 16,16). de la foi ; mais, plus profondéinent encore, elle
signifie que le salut n'est jamais un di'.i, mais une
*grâce de Dieu accueillie par la foi (Rm 4,4-8).
Paul n'ignore certes pas que la foi doit« œuvrer io
Ill. SAINT PAUL ET LE SALUT PAR LA FOI (Ga 5,6; cf Je 2,14-26) dans la docilité à !'Esprit
reçu lors du Baptême (Ga· 5,1y26; Rm 6; 8,1-13).
1fais il souligne fortement que, le croyant ne peut
Pour l'Église naissante comme pour J êsus, la ni « se glorifier >J (*fierté )de 11 sa justice à lui ,,
foi était un don de Dieu (Ac u,2rss; 16,14; cf ni prendre appui sur ses œuvres, comme le fai-
FOI FOI

sait Saul le pharisien (Ph 3,4.9;_ 2: Co n,r6-:--u,4). 47). Par contre, 1i celui qui ne croit pas est déjà
Même si « sa · conscience ne lui :reproche rien » condamné » (3,18). La foi revêt ainsi la grandeur
devant Dieu -(1 Co 4,4), il compte sur Dieu seul tragique d'une option urgente entre la mort et la
qui " opère en· lui le vo'Uloir. et le faire 11 (Ph ·2, vie, la *lumière et les ténèbres; et d'une option
I3}~ Il accàmplit donc.son ·sa1uf « avec·craiO:te·et d'autant plus difficile' qu'elle dépend de la con-
tremblement -» (Ph 2,12), mais al15si avec -une duite morale de celui à qui elle est proposée (3,
joyeuse espérance (Rm 5,1-Ù; 8,14-39) ':_ sa ~i I9-2I),
l'assure (t de l'amour de Dièu manifesté dans le Cet._te insistance de JeaD.. sur la foi, sur _S.'?U objet
Christ Jésus ~ (Rm 8,38s; Ep 3,19). Grâce" à Paul prop·re, sur son importance s'explique par le but
la foi pascale, vécue par la communauté primi- même _de.son évangile.: amener ses·lecteurs à. par-
tive, a pris une claire .conscience d'elle-même. Elle tager _sa foi_ en ·croyant e:.qu~_Jés_us est le Christ,
s'est affranchie des impuretés et des limites qui le Fils de Dieu, » (20,3_1), à devenif e~ts de Dieu
affectaient la foi d'Israël. Elle est pleinement la par -la foi au ,Verbe~~ait chair (~,9-14). L'option
foi de l'Église. de la foi demeure possible à travers le *témoi-
gnage actuel.de Jean (r Jn -1,2S). Çette foi_.est la.
foi· traditionnelle de ·l'Église : elle, confesse Jésus
comme *Fits dans.la-,fidélit~ à ~'.ens<;tignement.reçu
IV. 'r.,A Foi: AU VÊRBE FAIT CHAIR.
(1_ Jn 2,-23-27; 5,r)-et doit s'épanouir_ dans ,une_ vie
sans péché (3,9s} animée par l'amour. fraternel
Au. terme du ,NT; la-foi de l'Église, avec saint (4,ross;_ 5,r-5). _Comme-Paul (Rin 8,31_-39; Ep 3,
Jean, médite sur ses origi.n,es. C9mme pour µri eux I9), Jean- estime ..qu'elle amèile à J'eC?nnattre
a:ffrOnter l'avenir, elle rev-Ü!ntàCeluiqui lui a 'donné l'amour de-Dieu pour 1~ ,hoµ:un~ (x .Jil 4,r6).
sa perfecti9n,. La foi dont_ parle Jean ~st la même ,Fàce aux .combats .qui viennent, l'.ApocS.lypse
que celle des SynaptiCJ.ues. ~ile groupe la commu- enfin exhorte . ~es.-croyants à « la *patiell_ce et à-la
nauté des disciples ·auto:u,: _._de Jésus -(Jn. ro,2Qs; fidélité ~es sa~nts. » (4-p 13,19) ju~qu'à_ la mOrt. A la
cf 17,8). Orientée par Jean-~ptis~è (1,34s; -.5, source de cette fidélité,, il y a .toujours la foi pas-
33s), elle ~uvre la- gloire de_ J~sus à_ Caria (2, cale en Celui qui peut d~e ·:. « J'aj _é~é mort' ~t me
n). Elle« reçoit ses paroles-» (12,46s) et- ll".éç:oute voici vivant pour les siècles des siècles » {r,18), le
sa voix »_ (ro,26s; ·cf-Dt 4,30). Elle s'affirme,. piµ- Verbe ,de Dieu qui établit irrésistil;>lement·.-.soll
la bouche de Pierre, à Capharnaüm· {6,_68). La *règne (19,u-16; ·cf Ac -4·,24-30). ·
Passion est .pour elle une épreuve .(14·,r.28s; ..cf Le *Jour où 1 la foi prenant -fin, « nous verr_ons
3,14s) ,et la Résurrection son.. objet dk,isif (20,8.
25-29). ,
Dieu _tel qu'il est » (x_ Jn 3,2), c'est donc la.
de Pâques qui. sera· encore proclamée :_ «. Telle
fo'
Mais, le quatrième évangile est, beàµco_up plus est. la ·vict9ire qui a-triomp~é _du monde : -notre
encore que les Synoptiques, .,l'évangile de 1a foi. foi • (5,4)., . ]Du
Tout d'abord-la foi.y est expliciterp.ënt centrée sur
Jésus et sa •Gloire divine. Il·faut .croire,.en. Jésus ~ Abraluun l- I.2-, Il 3.4 - amen 77'. apparitions du
(4,39; 6,35) et en son. •Nom.(i:,_12,;-.2,23)~ ,Croire:en Christ - baptême IV 3 - chercher I[ - cœur .II
Dieu -et en_.Jésus, es'est tou_t un'1 (12,44; 14,r;'_cf 2 ·b ---:- cqnfe8Sion AT I ; NT ·• _;_· confiance ...:... · COD.-
8,24 = Ex 3,14). Car J~us·et le Père sont µn (~o. il.aître -~-3 ~: conscience 2 a...:... cràinte·ae:DielJ._'II -
30; 17,21); cet~ *unité même est objet de foi écouter o. I ~ épreu:ve/tentation AT I 1 _""".'"' espérance -
Évangile IV 3 ::._ fécondité ,III 2- -:--Jidélité:AT 2.; NT
(14,ros). La foi devrait accéder à la· réalité invi- 2·-.fierté·NT 2.3---' hérésie.- hospitalité 2-..,.... incré-
sible de la, gloire_ de Jé&us sans _avoir .besoin de dulité·-·Jésus (nom.de) 111--.Jésus-Christ l 2.3 1-
*voir les nombreux *signes qui la manifestent (2, joie· NT II .•·--,-_justice B I --justification I, III _-
us; 4.48; 29,29). 'Mais si,. -en.·fait, ~ a _b~in de libération/liberté Ill 1 ~ Lo~ C I~I 1,3 -:-- Marie IV -
voir (2,23; n,45)_ et· de ,toucher; (20_,-27)) elle n'en . Messie: NT II'.- mi,;acle I . 3, .Il 3.- Ill 1•. :Z b. 3 -b -
est pas :moi_ns appèlée ·_à. s'épaJ!~uir dans· la -•con- naissance· (n0:uveÜe) 3 a - Noé 3. _..;.... l'lOiÎl _NT 3 a -=-
naissance·, .(6;69; .8,28) .et: la .,cqntemplatio_n. (1,14; obéissance ·11,-_IV -:- œuvres. NT II_ _I.~ --:- On·ction III
6 :_ "i'arol_è de Dieu AT III 2 ·; NT I _2, · II ·z, III -·2 ..:....
n,40),·de l'invisible.- ,·. , .,, , .. , · pauvres AT IIl·:'--·pénitencie/COnversion•NTUf 1-:--
Jean insiste~ oµtr~ sur le _car;wtèi-<;t,actuel,des Pierre· (s'aint) j b . - ·promesses - rétribution II 3 c -
conséquenè($ invisibles: dti, la_·· :foi. P~:>ur :celui. qÙi sagesse AT.l 3 ..... -salut AT-Ii-x; NT·I I a. ;a:a·; n 2 -
croit,,.il.n':y aura_pas-de- *jugemen't (5·,24). Il est sclûBm.e-AT 2----: signe~ soucis·2-:-- suivre 1. 2 c,-
déjà ressuscité (II 125s; ..cf :6.,-40), marche· _daris 1a témc;;ignage N.T 111.-·vérité NT 2a. ·3 --voir AT
lumière .(12,4Q) et possède .-la vie ~temelle (3,16; ·6, Il; NT l 2. , .- . _ . .. .. . . . . . -·-
FOLIE FORCE

de la folie de Dieu, folie d'amour qui est suprême


sagesse (1 Co 1,25). ]A
- Croix I 1 - cupidité NT 2 - éducation I - impie
AT 2 - rire 1 - sagesse - scandale 1 4 - simple 1.
FOLIE
FONDATIONS/FONDEMENTS -+ Apôtres I 1 -
édifier Il, III 2 - Église Ill 2 - rocher 1.
La folie, dans la Bible, s'oppose à la •sagesse
(vg Pr 10,1.14) et se définit, comme elle, par rap-
port à la conduite de la *vie et à la •connaissance
de Dieu. Le fou, c'est le sot et l'imprudent, c'est FORCE
aussi l'*impie {Pr 1,22-32; Si 22,9-18) qui ne recon-
nait pas la Loi (AT) ni le Christ (NT).
La Bible entière parle et rêve de force, en même
1. Les Sages mettent le jeune homme sans expé- temps qu'elle annonce la chute finale des *vio-
rience en garde contre les séductions qui l'indui- lents et la promotion des petits. Ce paradoxe se
raient à une conduite folle : celle des femmes per- déVeloppe jusqu'à la _prédication de la •croix, où
verses (Pr 7,5-27), celle de dame Folie, personni- ce qui pàrait « faiblesse de Dieu » est proclamé
fication de l'*impiété (Pr 9,13-18). Ils tracent le plus fort que l'homme (r Co 1,25). Ainsi le géant
portrait _des :fous pour montrer à leurs disciples Goliath, « homme de guerre depuis sa jeunesse i,,
ce qu'ils deviendraient faute de discipline (Si 2I, qui se dresse avec son épée, sa lance et son jave-
14-20) ; n'en viendraient-ils pas à penser que le lot, est_ vaincu par David, jeune homme blond,
SeignetlX ne fait pas justice, ou qu'il ne voit rien muni d'une fronde et de cinq cailloux, mais s'avan-
(Si 16,17-23)-; ou même qu'il n'est pas (Ps 14, çant au •nom de Yahweh (l S 17,45). Et Paul
1) ? Par suite, ils tiendraient les justes pour des de caractériser la méthode divine : « Ce qu'il y a
fous (Sg 5,4) et leur mort pour un malheur irré- de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi
parable (Sg 3,2). pour confondre les forts » {x Co r,27).
Ce n'est pas là apologie de la faiblesse, mais
2. Face ·eui Royaume de Dieu, présent dans la. per- glorification de la « force de Dieu pour le salut
sonne du Christ, la folie consiste, non seulement du croyant 11 (Rm I,16). Par ces mots, Paul ne
dans l'impiété qui rejette la Loi de Dieu, mais veut pas, comme plus tard l'Islam, exalter une
dans une sagesse qui se ferme à sa grâce. Une *puissance divine par-delà le néant des mortels ;
conversion radicale est nécessaire à tous pour il oppose la force que l'homme trouve en Dieu à
accueillir les paroles du Christ et les mettre en l'impuissance où il demeure sans Dieu ; avec Dieu,
pratique, faute de quoi on est insensé (Mt 7,26). on se battra victorieusement un contre mille (J os
Folie que de s'appuyer, tel le •cupide insouciant, 23,IO; Lv 26,8); sans Dieu, on sera réduit à fuir
sur sa *richesse (Le 12,20) ; folie que de ne pas au bruit d'une :Ceuille morte (Lv 26,36). « Avec
répondre aux exigences de Dieu, comme les Dieu nous ferons des prouesses », chante le psal-
vierges folles (Mt 25,1-13), ou d'essayer de les miste (Ps 60,14). « Je puis tout en Celui qui me
tourner, comme les *pharisiens (Mt 23,17). Aux rend fort u, s'écrie Paul (Ph 4,13).
yeux de celui qui admet µn lien entre maladie,
péché et démons, la folie qui devient amour pour-
rait être symbolisée par l'histoire du possédé de 1. LA FORCE DES ÉLUS DE DIEU
Gérasa, ce :fou furieux qui, après avoir terrorisé
la contrée, veut suivre Jésus son sauveur (Mc 5, 1. La force qui en impose. - L'Israélite rêve de
1-20 p). Pour Paul la vraie folie consiste à ne force, parce qu'il rêve de s'imposer durablement
pas croire à la Sagesse de Dieu qui se révèle dans au monde qui l'entoure:« Deviens fort en Éphrata,
le Christ •crucifié et la folie de Sa *prédication souhaite-t-on à Booz ; :fais-toi un *nom en Beth-
( 1 Co 1,18-29). Mais le croyant doit accepter de léem u (Rt 4,u}. La force qui permet de s'imposer,
passer, comme le Christ lui-même (Mc 3,21), pour c'est d'abord la· force des *bras (Ps 76,6) et des
un insensé aux yeux du monde (x Co 3,18ss) ; *reins (Ps 93,1), celle des •genoux qui ne flé-
Paul a passé ainsi pour un fou (x Co 4,IO; Ac 26, chissent pas, du *cœur qui tient ferme dans la
24) ; et tout apôtre du Christ crucifié aura le lutte (Ps 57,8); c'est aussi la force que ·représente
même sort, car il annonce un *salut qui est l'œuvre la puissance vitale d'un être, sa santé et sa *fécon-
FORCE FORCE

dité (Gn 49,3) ; ou encore sa puissance économique,


celle qu'Israël épuise en payant tribut ou en
s'achetant des alliés (Os 7,9; Is 30,6). Enfin si la II. LA FORCE DANS LA FAIBLESSE
force que les méchants tirent de leurs •richesse:;;
est scandaleuse (Jb; Ps 49,73), la vertu au con- L'homme ne possède pas en lui-même la force
traire, vg celle de la « femme forte » (Pr 31,10- qui lui donnerait le *salut : « Le roi n'est pas
31), est digne de louange. sauvé par une grande force ... Mensonge qu'un
Puisqu'il s'agit de s'imposer à. l'extérieur, être cheval pour sauver » (Ps 33,16s). Cet aveu d'im-
fort signifie en fait « être plus fort que ». Le fort puissance est certes un lieu commun de toute
oppose à l'ennemi la résistance de la *pierre, du *prière. Désarmés en face d'un monde plus foit
diamant (Ez 3,9), de l'airain (Jb 6,12), la résis- qu'eux, les mortels cherchent à mettre de leur
tance du *rocher que laisse inébranlé l'assaut côté la ,.puissance des dieux. Mais la Bible se
furieux des mers (Ps 46,3s), la résistance de la garde bien de fournir ainsi à l'homme des recettes
citadelle imprenable (Is 26,5), du repaire juché efficaces pour compenser son impuissance natu-
sur d'inaccessibles hauteurs (Ab 3). Le fort tient relle. C'est Dieu qui nous engage à son service ;
debout, tandi~ que le faible chancelle et tombe, s'il rend l'homme fort, c'est pour qu'il accomplisse
étendu comme mort : 1( Yahweh est mon roc, sa volonté et réalise son dessein (Ps 41,rn; 2 Co
mon rempart.. l\Ia citadelle, mon refuge... Un r3,8).
Dieu qui me ceint de force ... et me tient debout Or, qu'il s'agisse de la force ou des autres dons
sur les hauteurs » (Ps 18; 62,3). de Yahweh, Israël finit par en oublier l'origine,
Cette force d'affrontement ne saurait demeurer pour se les approprier et se rendre indépendant
purement défensive. Dans la lutte pour la vie on de Celui dont il a tout reçu : « Garde-toi de dire :
est vainqueur ou vaincu : pas de solution inter- c'est ma force, c'est la vigueur de mon bras, qui
médiaire. L'*oint de Yahweh que la force divine m'ont procuré ce pouvoir )1 (Dt 8,17). Maintenir
fait tenir debout en face du monde coalisé, finira l'équivoque, ce serait ouvrir la voie au reniement.
par voir rouler tous ses ennemis sous ses pieds Aussi, pour bien faire comprendre qu'on n'est
(Ps 18,48), sans qu'aucun d'eux puisse lui échap- fort que par lui et en lui, Yahweh se choisit des
per (Ps 21,9). A en juger par l'insistance des hommes d'apparence modeste mais dont le •cœur
psaumes royaux, la vérité s'impose : point de est sûr (1 S 16,7), de préférence à des gens qui,
"'paix sans une *victoire totale et définitive. comme Saül, dépassent tous les autres de la tête
(r S 10,23). Il veut agir avec des moyens humains
2. La force au service de Dieu. - Si Israël rêve de plus en plus humbles : « Le peuple qui est avec
ainsi d'être fort, c'est en vue de réaliser le plan tc_>i est trop nombreux pour que je leur livre
de Dieu. Sinon, Josué eût-il pu conquérir la terre Madian entre les mains. Israël pourrait en tirer
de Canaan (Jos 1,6), le peuple élu accéder au salut gloire à mes dépens et dire : c'est ma propre main
(Is 35,3s) ? qui m'a délivré» (Jg 7,2; Is 30,15ss). Le Seigneur
Il ne faut pas moins de force, et même de vio- révèle ainsi à Paul « Ma grâce te suffit : car ma
lence, pour entrer dans le Royaume de Dieu {Le force se déploie dans la faiblesse )) (2 Co 12,9).
16,16). « Animés d'une puissante énergie par la Sa *gloire, en effet, ne saurait éclater autrement.
vigueur de sa gloire, vous acquerrez une parfaite Quand l'homme ne peut plus rien, Dieu intervient
constance et endurance )1 (Col r,1r). La force (Is 41,12ss), de telle manière qu'il soit bien clair
nécessaire au chrétien apparaît, elle aussi, comme que Lui seul a agi. Il ne tient aucun compte de
un potentiel de vie et un affrontement victorieux. l'ordre de grandeur des réalités naturelles : déver-
Participation de la force même du Christ ressus- sant son mépris sur les princes (Ps 107,40), il fait
cité, qui siège à la *droite du Père (Ep 1,19s), donc à ses côtés asseoir le *pauvre, qu'il a relevé
elle en fait un vainqueur du monde (1 Jn 5,5), de la poussière (Ps 113,7). Sa gloire, il la trouve
lui donnant barre sur toute puissance du mal (Mc dans l'exaltation de son Serviteur qui, rejeté par
16,17s), en lui-même d'abord (z Jn 2,14; 5,18) (ce la société, refuse de se défendre par ses propres
sur quoi n'insistait guère l'AT) et autour de lui. forces et n'attend le salut que de Dieu; il la mani~
L'*Esprit du Seigneur est puissance de •résur- feste en plénitude dans la •Résurrection de Jésm
rection pour nous aussi (Ph 3,ros), il fortifie en crucifié, mystère dont la *prédication constitue le
nous l'homme intérieur {Ep 3,16), jusqu'à nous message même de la puissanc.e de Dieu {1 Co 1,18).
permettre d'entrer par notre *plénitude dans la L',.humilité chrétienne est celle de Marie dans
plénitude même de Dieu (3,19). le Magnificat. Elle ne se réduit pas au sentiment

490
FORCE FRÈRE

de la faiblesse de créature, ou de pécheur, elle est


en même temps prise de conscience d'une force AT
qui procède entièrement de Dieu : « Ce trésor
nous le portons en des vases d'argile, pour qu'on VERS LA FRATERNITÉ UNIVERSELLE
voit bien que cette extraordinaire puissance appar-
tient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Co 4,7). I. Aux origines. - En créant le genre humain
EB (1 d'un seul principe (Ac 17,26; cf Gn 1-2),
1)

Dieu a déposé au cœur des hommes le rêve d'une


-+ démons NT 1 - droite 1 - Égypte x - Esprit fraternité en Adam* ; mais ce rêve ne deviendra
de Dieu - femme AT 3 - pain I 2 - puissance -
reins I - rocher I - violence. réalité qu'après un long cheminement. Car, pour
commencer, l'histoire des fils d'Adam est celle
FORMALISME _. hypocrite - pharisiens - pur d'une fraternité brisée : jaloux d'• Abel, Caïn le
NT II. tue ; il ne veut même pas savoir où est son frère
FOULE -+ pasteur & troupeau - peuple. (Gn 4,9). Depuis Adam, l'humanité était péche-
resse. Avec Caïn se démasque en elle un visage
FRACTION DU PAIN-+communion NT 1 -eucha- de *haine, qu'elle chercherait vainement à voiler
ristie II J - pain I I - Pâque III I - repas III. derrière le mythe d'une bonté humaine originelle.
L'homme doit reconnaître que le péché est tapi
à la porte de son cœur (Gn 4,7) : il lui faudra en
triompher s'il ne veut pas être dominé par lui.
FRÈRE
2. La fraternitt dans l'AUian,;e, - Avant que le
Christ assure ce triomphe, le peuple élu va fafre
Le mot (( frère ll, au sens le plus fort, désigne un long apprentissage de la fraternité. Non point
les hommes qui sont issus du même sein mater- d'emblée la fraternité avec tous les hommes;
nel (Gn 4,2). Mais en hébreu comme en beaucoup mais la fraternité entre fils d'* Abraham, par la
d'autres langues, il s'applique par extension aux foi au même Dieu et par la même *alliance. Tel
membres d'une même famille (Gn r3,8; Lv 10, est l'idéal que définit la Loi de sainteté : « Tu
4; cf Mc 6,3), d'une même tribu (2 S 19,13), d'un ne haïras pas ton frère ... , tu aimeras ton *prochain»
même peuple (Dt 25,3; Jg 1,3), par opposition (Lv 19,17s). Point de disputes, de rancunes, de
aux *étrangers (Dt 1,16; 15,2s) ; il désigne enfin vengeances l Une assistance positive, comme celle
les peuples descendant d'un même ancêtre, comme qu'exige la loi du lévirat à propos du devoir
Édom et Israël (Dt 2,4; Am I,II). A côté de cette essentiel de *fécondité : quand un homme meurt
fraternité fondée sur la chair, la Bible en connaît sans enfant, le parent le plus proche doit (c sus-
une autre, dont le lien est l'ordre spirituel : fra- citer une postérité à son frère l) (Dt 25,5-10; Gn
ternité par la foi {Ac 2,29), la sympathie (2 S I, 38,8.26). Les traditions patriarcales rapportent de
26), la fonction semblable (2 Ch 3r,15; 2 R 9,2), beaux exemples de cette fraternité : Abraham et
l'alliance contractée (Am 1,9; 1 R 20,32; r M Lot échappent aux discordes (Gn 13,8), Jacob se
12,10) ... réconcilie avec Ésaü (33,4), Joseph pardonne à
Cet usage métaphorique du mot montre que la ses frères (45,1-8).
fraternité humaine, comme réalité vécue, ne se Mais la mise en pratique d'un tel idéal se heurte
limite pas à la simple parenté du sang, bien que sans cesse à la dureté des cœurs humains. La société
celle-ci en constitue le fondement naturel. La israélite, telle que la voient les prophètes, en
révélation ne part pas d'une réflexion sur le fait demeure fort éloignée. Nul amour fraternel (Os
que tous les hommes sont naturellement des 4,2) ; (! personne n'épargne son frère » (Is 9,18ss) ;
frères. Non qu'elle repousse l'idéal de fraternité l'injustice est universelle, plus aucune confiance
universelle ; mais elle le sait irréalisable et elle possible {Mi 7 ,2-6) ; on ne peut « se fier à aucun
tient sa poursuite pour décevante, tant qu'il n'est frère, car tout frère veut supplanter l'autre )1
pas cherché dans le Christ. Car par ailleurs, tel (Jr 9,3), et Jérémie est lui-même persécuté par
est bien l'idéal que vise déjà l'AT, à travers des ses propres frères (Jr II,18; 12,6; cf Ps 69,9; Jb
communautés fraternelles élémentaires, fondées 6,15). A ce monde dur, les prophètes rappellent
sur la race, le sang ou la religion; et c'est lui que les exigences de la •justice, de la bonté, de la
finalement le NT commence à réaliser dans la compassion (Za 7,9s). Le fait d'avoir leur créa-
communauté de l'Église. teur pour *Père commun (Ml 2,10) ne confère-t-îl

49I 492
FRÈRE FRÈRE
pas à tous les membres de l'Alliance uti.e frater- *réconcilié àvec · Dieu et entre ·elles les deux frac-
nité plus réelle encore que leur commune descen- tions de]'hum31lité :--le peuple *juif et lès *nations
dance d'Abraham (cf Is 63,16)? Pareillement les (Ep 2,II-18). Ensemble elles ont niaintenant accès
sages vantent la fraternité véritable. Rien de plus au *Royaume, et le frère aîné - le peuple juif -
douloureux que l'abandon des frères (Pr 19,7; Jb ne doit .plus jalouser le prodigue enfin revenu à
r9,13) ; mais un vrai frère aime toujours, fût-ce la maison du -Père· (Le 15,25-32); Après s_a _ré.sur-,
dâns l'adversité (Pr r7,r7) ;-on ne/peut-l'échanger rection, le Christ .peut appeler ses. disciples des
contre de l'or (Si 7,r8), car « un- frère aidé par frères (Jn 20,17; Mt-28,1c,). Telle est ll)aintenant
son frère est une place. forte » ·(-Pr- 18,"19._LXX). la réalité : -tous ceux qui le reçoivent .deviennent
Dieu hait les querelles (Pr 6,19}, aime la concorde des enfants de Dieu (Jn r,1~) •.des ,frères, rion pas
{Si 25,1). " Ah-! qu'il .est doux -pour des· frères en raison de la filiation d'Abraham selon la chair,.
d'habiter ensemble r (Ps -133,1).
1) mais_ par. la *foi au Christ et l'accomplissement
de ,la. *volonté- du ,·Père (Mt- 12,46-50 p: · cf 21,
3. Ve,-s la tréconciliation des frères ennemis. ,. . . . ,- Le 28"'.'32). · Les hommes devi~nent ainsi frères du
don de la Loi ·divine ne suffit -pourtant pas pour Christ,non pas en un s~•figuré; -mais par _une
refaire un monde fraternel. C'est à tous les niveaux •µaiss'.ance nouvelle (Jn 3,3). Ils sont nés de Dieu
que la fraternité hùmaine y fait défaut. Au-delà (1,13); ayant la même origine. _que Ie·,Christ qui
des querelles · individuelles,. ,Israël voit ·se dis- les. a sanctifiés et qui III ne rougit pas de les nom-
soudre le lien de ses tribus (cf _ r R 12,24), et le mer frères• {He 2,11). Le Christ en .effet !:'St devenu
•schisme. a pour conséquence des, guerres fratri.:. en tout semblable à nous, Pour nous .faire devenir
cides (vg. Is 7,1-9). ·A l'extérieur, ·n se t~eurte aux fils avec lui (2,ro-17). Fiis de Dieu .. au .sens_ plein,
peuples-frères· les plus proches, tel ÉdOm, qu'il a capables _de lui dire o: Abba >l, nous sommes aussi
le devoir. d1aimer. _(Dt 23,8),, mais qui de son côté Co-héritiers du Christ, parce que devenus ses
ne l'épargne, guère· (Am· 1,n; cf Nb 20,14-21). frères (Rm ·B,14-17), bien plus liés à lui que.nous
Que dire des nations plus ·éloignées, qu'oppose ne .pourrions ~'.être _à <les frères seloi:;i la chair.
entre elles _une •-haine rigoureuse ? En présence
de ce péché·- collectif, les prophètes se tournent 2_ .. ia ~dmmunauU des frères dans te".Ç;hrist. -:-- Dê
vers Dieu. Lui seul pourra restaurer la fraternité son :vi:'_'ant,- JéSus a lui-même: jeté lès bases _'et
humaine quand il réalisera le *salut. _eschatolo- énoncé la loi de. la._no_u_Velle comlllunauté fratet-
gique. Alors il réunii-a· Juda .et Israël en un ·seul ~e.lle. _:_·_·n a I"epii_s ·et per;fectionné les cOril.m.ande-·
peuple (Os 2,2s.25), car Juda et Éphraïm ne se ments_. qui concernaic,nt .~es relatiOns entre frères
jalouseront plus ·(Is II,13s); il rassemblera Jacob (Mt 5,21-~6),_ ,fais~t. unfplaçe Ilo,ta'ble au ·devoir
tout entier- (Mi ·2,:12), il sera le Dieu· de tous les de correction fraternelle. (M'.t 18,15ss). _Si' ce der-
clans (Jr 31,r) ;·les Œ- deux peuples» marcheront nier texte laisse entre,vo"ir une communau.té limitée
d'accord (Jr 3·,18).·grâce ·au. *Roi· de justice (2J, dont. le ~ infidèl8-:peut être exclu, Ôn ·vOit
5s) et il ,n'y ·aura plus qu'un seul royaume (Ez ailleurs ,qu'elle est ouvérte à toUs (Mt 5,4'.7). ':
37,22). ·Cette fraternité. s'étendra finalement ·à chac~ · doit exe:i;-cer son_ amour ~nvers . le. plus
toutes· les •nations -: 'réconciliées.· entre ellès,. · elles petit -d,e ses frères malheureux, car en . eux, c'est
retrouveront· ·la •paix .. et l'*unité (1s 2';1-4; 66, toujOur_s le , Christ qu'il ren,collt+e . (Mt ,25,40)_. ·
18ss). · Après la Résurrection, quand. Pierre -a « affermi
ses-frères » (Le 22,3rs), les- disciples·.constituent
NT donc entre eux une« fraternité» (1 P 5,9). Certes~
au début, ils continuent de donner le- nom de
TOUS FRÈRES EN JÉSUS•CHRIST. (( frères » aux Juiis, leurs · compagnons de race
(Ac 2,29; 3,17 ... ). Mais ;l?';;t.ul·ne voit.déjà plus en
Le rêve prophétique· .de fyaternité ·universelle ceux-ci que ses frères «·selon la chair » (Rm 9,3).
devient réalité dans ·le Christ,• .nouvel .~Adam. Sa Car une nouvelle race a pris -naissance à partir
réalisation terrestre dans l'Églis·e, pour.- impar~ des Juifs et_ des natious (Ac 14,1s), réconciliés
faite ·qu'elle soit encore,- ,est. le signe ·tangible de dans la foi àu Christ.• Plus rien -ne:, divise entre
son accomplissement final. eux Ses' Illembres, pà.~hnême la- différence de con-
dition_ socià.le éii:tre :maîtres et_ esclaves (PhJn 16) ·;
r. Le premier-nA d'une multitude de.frères.·- Par ils·sont tous •un dails-le Christ, tous frères, fidèles
sa mort sur la •croix, Jésus est.devenu «·le premier,; bien••ai"ffl:és de Dieu ·(vg eo1-,r,2}. Tels ·son:t les
né d'une,multitude de :frères•»_ (Rm ,8,29)·:;· il ·a vi-ais fils d'Abraham. (Gà.3,7-.?9) : constituant le:

493 494
FRÈRE FRUIT

•corps du Christ (r Co r2,r2-27), ils ont trouvé on ne dit pas qu'il porte des fruits : il récolte
dans le nouvel *Adam le fondement et la source les fruits qui doivent manifester sa gloire.
de leur fraternité.

3, L'aniour frateYnel. - C'est au sein de la com- L LE DEVOIR DE FRUCTIFIER


munauté croyante que s'exerce d'abord l'*amour
fraternel.· Cette c< philadelphie sincère )) n'est pas L'acte créateur qui a mis en tout être une
une simple philanthropie naturelle : elle ne peut •semence de vie est une triomphante *bénédic-
venir que de la « nouvelle •naissance » (r P I, tion. La terre doit produire des arbres fruitiers
22s), Elle n'a rien de platonique, car, si elle cherche faisant du fruit selon leur espèce (Gn 1,r1s); les
a atteindre tous les hommes, c'est à l'intérieur animaux et l'homme reçoivent le commandement :
de la petite communauté qu'elle s'exerce : fuite « Fructifiez et multipliez-vous! n (Gn r,22.28).
des dissensions {Ga 5,15), soutien mutuel (Rm Semée en terre, la •vie est fécondité surabon-
15,1), *aumône (2 Co 8--g; l J_n 3,17), délicatesse dante. Or un des signes de la vie, c'est que celui
(1 Co 8,12). C'est elle qui réconforte Paul lors- :iui plante récolte les fruits (Is 37,30; I Co 9,7;
qu'il arrive à Rome (Ac 28,15). Dans son épître, z Tm 2,6). Dieu réclame donc des fruits de sa
Jean semble maintenir au mot « frère n son sens •vigne : toute inertie est condamnable (Jude 1:2),
restreint, celui de membre de la communauté les sarments improductifs sont jetés au feu, et
croyante. L'amour fraternel est l'inverne de l'atti- ils brûlent (Jn r5,6; cf Mt 3,ro) ; la vigne sera
tude de Cafo (1 Jn 3,12-16); il est le signe indis- confiée à d'autres vignerons (Mt 21,41ss). Le
pensable de l'amour envers Dieu (1 Jn 2,9-12). figuier stérile n'a plus le droit d'occuper le sol
(Le 13,6-9). Enfin, selon une vieille institution
orientale conceinant les affaires commerciales, le
propriétaire a le droit de punir celui qui n'a pas
tenu le contrat : « Faites fructifier (mes talents)
4. Vers la fraternité parfaite. - La communauté
jusqu'à ce que je revienne » (Le 19,13).
des croyants n'est cependant jamais réalisée en
perfection dès ici-bas : des indignes peuvent s'y
trouver (1 Co 5,n), de faux frères s'y introduire
(Ga 2,4s; z Co n,26). Mais elle sait qtl'un jour, Il. COOPÉRATION DE L'HOMM:E AVEC DlEU
le Diable, l'accusateur de tous les frères devant
Dieu, sera jeté bas (Ap 12,ro). En attendant I. Dieu, maître de la vie. - Mais Dieu n'exige
cette victoire finale qui lui permettra de se réa-
pas de ses créatures des fruits sans leur en four-
liser en plénitude, elle témoigne déjà que la fra-
nir le moyen. En coopérant à la fructification par
ternité humaine est en marche vers l'•Homme
son labeur, l'homme doit reconnaître qu'elle est
nouveau rêvé depuis les origines. AN & XLD
d'abord l'•œuvre de Dieu. Adam est chargé de
cultiver et de recueillir les fruits des arbres du
- Abel 1 - ami - amour II - aumône - commu-
nion AT 5 ; NT I - éducation III 2 - ennemi - jardin d'Éden où Dieu l'a placé. Mais il lui est
esclave I - étranger I - honte II 2 - hospitalité - interdit de porter la main sur le fruit de l'*arbre
Marie II 5 - miséricorde O ; AT II ; NT II - pères de vie (Gn 3,22), comme s'il lui était signifié,
& Père - prochain - tendr.esse 3 - unité I - ven- entre autres, que Dieu seul est à la source de la
geance 2 a. vie. Au long de son histoire, Éphraïm (dont le
nom signifie K qui fit fructifier ii Joseph : Gn 41,
52} devra comprendre que, s'il porte du fruit,
c'est grâce à Yahweh, cyprès verdoyant, véri-
FRUIT table arbre de vie (Os 14,9). Israël doit donc
offrir les *prémices de ses fruits en signe de recon-
naissance (Dt 26,2) ; il doit surtout recourir à la
Qu'il signifie au sens propre la *fécondité (vg •Sagesse divit;i.e dont les fleurs annoncent des fruits
le fruit du sdn : Le 1,42) ou au sens figuré le merveilleux (Si 24,17).
résultat obtenu (vg le fruit des ac-tians : Jr 17,
10), le mot fruit désigne ce qui est produit par 2. L'eau vivifiante. - Dans ce même jardin
un être vivant - plus précisément par une créa- d'Éden, pour que vînt la végétation, il fallait
ture, car si Dieu plante et sème, tel un homme, aussi que Dieu ait fait pleuvoir et qu'il ait façonné

495
FRUIT FRUIT

un homme pour cultiver le .sol (Gn 2,5). •Selon la disçiples à distinguer·Jes faux-prophètes:«· C'est
symbolique biblique, la terie ne peut, SOus_ l'ac- à leufs fru'its que vous· les reconnaîtrez. Cueille-
tion de l'homme, produire son-· fruit que si l'eau t-on. des raisins sur des-épines-? ou des figtieS sur
fait germer la semence. Sans *eau, la terre reste des chardons ? » (Mt '.7,16). Plus généralemènt
•stérile ; c'est lè ·•désert, ·commè •à'· SodOm'e où dOnc, urie ambiguïté est au cœur de l'homme
1(les arbustes donnent des fruits qui ne mftrissent qui peut « fructifier pour la mort » alors qu'il
pas » (Sg rn,7). Sans Yahweh, le seul Rocher doit « fructifier pour la vie » (Rm 7,45).
fidèle, l'homme ne peut porter de fruit, « ses rai-
sins sont vénéneux » (Dt 32,32} ; il doit donc prier,
comme Élie, pour que, grâce à la pluie, « la terre
donne son fruit» (Je 5,17s). Alors celle-ci accueille IV. LA SÈVE DU CHRIST ET LE FRUIT DE L'ESPRIT
la bénédiction de Dieu et produit des plantes
utiles (He 6,7s), et le juste, tel « un arbre planté
au bord de l'eau» (Jr 17,8; Ps 1,3), « porte encore Mais le Christ a levé cette ambiguité. Il s'est
du fruit dans sa vieillesse 11 (Ps 92,14s}. soumis à la loi de 1a fructification qu'il énonçait
à la face du monde : « Si le grain de blé jeté en
3. Le Y6le de l'homme. - Si l'eau dépend avant terre ne meurt pas, il reste seul : s'il meurt, il
tout de Dieu, le choix et l'entretien du terrain porte_ beaucoup de fruit» (Jn 12,24); il a accueilli
sont confiés à l'homme. Semé dans les épines, le }'•heure du sacrifice et a été glorifié par lê Père.
grain n'arrive pas à maturité (Le 8,14) ; et il La loi de nature est devenue, par la médiation du
porte plus ou moins de fruits selon la qualité du Christ, la loi de l'existence chrétienne. « C'est moi
terrain où il est tombé (Mt 13,8). Mais, de toute le vrii cep, et mon Père ·est le VignerOn. Tout
manière, la *croissance ne dépend pas d'abord sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il· le
des efforts de l'hom.me : « d'elle-même » (gr. auto- coupe·» (Jn 15,1s), car pour fructifier, il faut
matè) la terre produit son fruit (Mc 4,26-29). •demeurer sur le cep (15,4), c'est-à~dire être
Sans doute il a fallu peiner pour cultiver la sagesse, •fidèle au Christ. L'union à Jésus doit être féconde,
mais on peut compter sur ses fruits excellents (Si généreuse : a Tout sarment qui porte du fruit, le
6,I9}. A la fois, leçon de travail dans le labour, et Père l'émonde afin qu'il porte pluS de fruit »
leçon de *patience dans l'attente du fruit. (15,2) : telle est la manière divine, la surabon-
dance, qui suppose la purification continuelle du
disciple, et sa *patience (Le 8,15). · Alors parvienv
dra. « à pleine maturité le fruit de justice que nous
Ill. BONS ET MAUVAIS FRUITS portons par Jésus-Chrîst pour la gloire et louange
de Dieu » (Pli l,II; cf Jn 15,8).
N'ayant pas voulu recevoir de Dieu seul le La prophétie eschatologique est alors accom-
fruit de vie qui lui était destiné, Adam se voit plie. La vigne d'Israël, jadis magnifique (Ez r.7,
obligé de cultiver un sol maudit qui, au lieu des 8), puis des9éèhée (19,10-14; cf Os Io,1; Jr 2,21)
arbres du jardin « agréables à voir et bons à man- donne de nouveau son fruit, et la terre son pro-
ger " (Gn 2,9}, fera pousser épines et chardons duit (Za 8,r2); on peut s'enivrer de la Sagesse
(Gn 3,18). Ayant goftté au fruit de l'arbre de la (Si 1,16), et même dèvenir source de vie : « Du
science du bien et du mal, Adam prétend déterv fruit de la justice .naît un arbre de vie » (Pr II,
miner lui-même ce qui est bien et ce qui est mal ; 30). Le NT permet de préciser en quoi consiste
ses actes deviennent ambigus,, même à ses propres exactement le fruit de l'Esprit, porté par la sève
yeux. Mais Dieu qui sonde les reins et les cœurs, du Christ ; il n'est pas multiple, mais il se mul-
juge sa vigne Israël aux fruits qu'elle porte ; ·il tiplie, c'est 1a charité, s'épanouissant en toutes
en attendait du raisin, il n'y trouve que du ver- sortes de vertus (Ga 5,;a2s). Et l'amour n'est pas
jus (Is 5,I-7). Le fruit manifeste la qualité du seulement un « fruit doux au palais » de l'Épouse
verger, ainsi la parole, révèle les pensées du. cœur (Ct 2,3) ; le Bien-aimé lui-même peut a entrer dans
(Si 27,6). JeanvBaptiste dénonce aussi l'illusion son jardin et en •goûter les frUits délicieux )') . (Ct
de ceux qui se targuent .d'être fils d'Abraham et 4,16). A la fin des temps, Je prophète avait entrevu
qui ne portent pas de bons fruits .(Mt 3,Sss). que la régularité des saisons (Gn 8,22; Ac 14,r.7}
Jésus proclame : « C'est au fruit qu'on reconnait serait renouvelée : chaque mois, ils donneraient
l'arbre » et révèle derrière l'écorce pharisaique leurs fruits, les arbres situés au· bord du· torrent
une sève maligne, (Mt 12,33ss) ; il apprend à ses qui jaillit du côté du Temple (Ez! 47,12); reliant

497
FRUIT FUITE

cette vision à celle du •paradis, l' Apocalypse ne --+ arbre - croissance - fécondité - moisson -
contemple plus qu'un seul •arbre de vie, celui œuvres !- prémices I - semer - stérilité - tra-
qu'est devenu l'arbre de la *croix, capable de vail III, IV z - vendange - vertus & vices 2 - vigne.
guérir les païens eux-mêmes (Ap 22,2).
es & XLD FUITE--+ désert - Exode - Égypte 1.
G
(-Ps 145,4) ou proc~ment bienheureuse la mère de
Jésus (Le 1,48).

GALILtE -+ apparitions du Christ 3 - cité NT 1 -


2. Solidarit4 lilwe. -.L'homme hérite de la béné-
Jérusalem NT I 1.2. diction mais aussi du péché des générations pré-
cédentes (Mt 23,35s) ; il existe une « génération
Gl::HENNE -+ enfers & enfer AT II - feu AT III ; perverse et dévoyée » _(Dt 32,5) que Jésus recon-
NT II. n~t en celle de ses contemporains (Mt 12,39; 17,
17), et spécialement dans les *Pharisiens qu'il
GÉNJ!ALOGIE-+ fécondité - ~énération. qualifie d'engeance ~e vipères (Mt 12,34; 23,33) ;
elle a le diable pour père (Jn 8,44-47), son •endur-
cissement .proyoque le dégotlt et la *colère de
Dieu (He 3,7-19; Ps 95,8:-n). Mais l'appartenance
à cette génération p~erse n'est plus fatale depuis
GtNtRATION que le Christ- a envoyé !'Esprit pour la rémission
des péchés.: on pe1,1t " s'en sauver » (Ac ::,40) et
appartenir à la génération d'*Abraham le royant
(Rm ·4,1:i;s), être la « génération élue )) {1 P 2,9;
A partir du sens d'engendrement, de procréa-
tion, le mot génération tend à exprimer Ja soli- cf 1s .43,20) de _ceux qui croient au Fils de Dieu
darité qui unit des hommes entre eux. Comme en et sont nés de Dieu (Jn .1,12s;- 1 Jn 5,1). Il y a
français, le mot biblique- pèut désigner ceux qui donc deux générations ou deux 11 *mondes », qui
vivent à une même époque (les contemporains) ; ne sont pas sans rapport. et c'est le devoir des
mais l'hébteu ajoute à cette signification sociolo- chrétiens de se « rendre irréprochables et purs,
gique une nuance d'histoire : c'est la solidarité de enfants de Dieu au sein d'une génération dévoyée
ceux qui descendent d'une même famille- ou d'une et pervertie, d'un monde •où ils brillent comine des
même race (descendance, lignage). Par ce mot et foyers de lumière, en lui présentànt la Parole de
par l'usage des « généalogies », la Bible veut sou- vie » (Ph 2,15; cf Le 16,8). AB
ligner la -solidarité ·des.hommes dans. la bénédic- ~ fécondité - pè,res & Père l 2, Il, V z.- semer 1~ 1.
tion ou dans le péché, et cela. d'Adam au Christ
et jusqu'à la .fin des temps. GÉNÉROSITÉ~ amour.:.-. aumône - bénédiction I~
Il
I - don - grâce - richesse.
I. Communaut4 dé t'ace. - Tout homme naît dans
une génération; c'est ·ce que marquent les tole-
doth (de la· racine yalad, engendrer), ou listes
généalogiques (Gii .5,1; XI,IO; I Ch 1-9), Il hérite
des •bénédictions et des *promesses divines accor-
GENOU
dées aux ancêtres. Quand il s'agit de Jésus-Christ,
fils d'Abraham et fils d'Adam, promesses et béné- 1. FlkhiY- le genou.devant quelqu'un, c'est expri-
dictions trouvent en lui leur accomplissement mer _symboliquement qu'on n'est· pas de plain•
(Mt 1,1-17 p). Ces générations portent la réalisa- pied avec lui, confesser son infériorité, marquer
tion d'une histoire de salut qui ne se limite pas à sa· soumission." Ainsi, au passage ·d'Aman, tous
une banale agitation des hommes. Elles en com- doivent ployer le genou et se proStemer (Est 3,2).
prennent le sens et chantent Dieu et ses· œuvres Ce geste peut se nuancer d'une teinte religieuse,

501
GENOU GLOIRE

vg devant Élie, hom.me de Dieu (2 R 1,13). Les sur la grève au moment de la séparation (21,5).
premiers chrétiens ont dû reconnaître un vrai S'agenouiller est une posture normale dans la
ge5te d'adoration (Mt 8,2) dans l'attitude du prière pour exprimer la supplication dans l'ado-
lépreux qui « fléchit le genou " (Mc r,40) ou ration (Ep 3,14). XLD
(< tDmbe sur sa face )1 (Le 5,12), et une parodie
sacrilège dans les moqueries des soldats (Mt 27, ...+- adoration - bénédiction Il o - Jéms (nom de) IV.
:29 p). Ce geste signifie explicitement une •adora-
tion aux yeux de (( ceux qui n'ont pas fléchi le GENTILS -+ Apôtres II 2 - nations.
genou devant Baal >i (1 R 19,18 = Rm 11,4), ou GERME-+ promesses II 4 - roi AT li x.2 - semer
quand Yahweh veut qu'on le réserve à lui seul Il I - Serviteur de Dieu II z.
(Is 45,23; cf l\lt 4,9). Enfin le chrétien sait qu'au
*nom de Jésus tout genou doit fléchir (Ph 2,rn),
afin tle reconnaître que Jésus est •Seigneur.
GLOIRE
2. L'agenouillement dans la pt'ière - forme plus
simple de la prostration complète - caractérise
une attitude d'âme différente de celle qu'on a J. LA GLOIRE EN GÉNÉRAL
dans la position assise ou debout. La •prière qu'on
fait alors n'a rien du discours, de l'exhortation ou Dans la Bible hébraïque, le mot qui signifie
de la bénédiction c'est une imploration pirfois gloire, kabôd, implique l'idée de poids. Le poids
muette, une supplication profonde. Quatre cas d'un être dans l'existence définit son importance,
d'une telle prière, officielle ou privée, sont rap- le respect qu'il inspire, sa gloire. Pour l'hébreu
portés dans !'AT. A la fin de la Dédicace du donc, à la différence du grec et du français, ln.
Temple, Salomon se tourne vers l'assemblée qui gloire ne désigne pas tant la renommée que la
est debout, la bénit et lui adresse un petit discours valeur réelle, estimée à son poids.
(r R 8,q-21); pliis il se retourne vers l'autel et, Les bases de la gloire peuvent être les *richesses.
pendant sa longue prière (8,22-53), deineure « age- Abraham est dit (( très glorieux », parce qu'il pos-
nouillé, ies mains étendues vers le ciel » (8,54) ; sède r( bétail, argent et or a (Gn 13,2). La gloire
e11fin jl se relève, se tient debout et bénit le peuple désigne aussi la haute position sociale occupée
en l'exhortant (8,55-61). Élie, après sa victoire par un homme, et l'autorité qu'elle lui confère
sur les prêtres de Baal, a pressenti la fin de la Joseph dit à ses frères : « ~acontez à mon père
sécheresse par laquelle était châtiée l'apostasie toute la gloire que j'ai en Egypte " (Gn 45,13).
d'Israël. ~ Il monta au sommet du Carmel, se Job, ruiné et humilié, s'écrie : (( Il m'a dépouillé
courba vers la terre et mit son visage entre ses de ma gloire l » (Jb 19,9; 29,1-20). Avec la *puis-
genoux» (1 R 18,42) ; et la pluie tomba. Plusieurs sance (Is 8,7; r6,14; 17,3s; 21,16; Jr 48,18), la
siècles après, à la nouvelle des mariages contractés gloire implique le rayonnement. Elle désigne l'éclat
par les J uîfs avec des étrangères, Esdras demeure de la beauté. On parle de la gloire du vêtement
« assis, accablé jusqu'à l'oblation du soir »; alors d'Aaron (Ex 28,2.40), de la gloire du Temple
« je sortis de ma prostration, tombai à genoux, (Ag 2,3.7.9} ou de Jérusalem (ls 62,2), de la« gloire
étendant les mains vers le ciel, et je dis ... » (Esd du Liban » {Is 35,xs; 60,13).
9,4s) une prière à laquelle se joint le peuple•en La gloire est, par excellence, l'apanage du roi.
larmes (10,1). Enfin, Daniel, seul dans sa chambre Elle dit, avec sa richesse et sa puissance, l'éclat
haute, (( trois fois par jour se mettait à genoux, de son règne (1 Ch 29,28; 2 Ch 17,5). Salomon
priant et confessant Dieu : c'est ainsi qu'il avait reçoit de Dieu « richesse et gloire comme nul
toujours fait » (Dn 6,II). parmi les rois» (1 R 3,9-14; cf Mt 6,29). L'homme,
On ne voit Jésus lui-même agenouillé que pour roi dans la création, est par Dieu « couronné de
la prière de l'agonie (Le 22,41), « jeté au sol » gloire » (Ps 8,6).
(i\Ic · 14,35), (( la face contre terre J) (Mt 26,39).
Mais l'agenouillement est volontiers signalé par
Luc dans les circonstances solennelles : Étienne,
II. (RITIQUE DE LA GLOIRE HUMAINE
au moment de pardonner à ses bourreaux (Ac 7,
60), Pierre avant de ressusciter Tabitha (9,40),
Paul après son long discours d'adieux aux anciens L' AT a vu la fragilité de la gloire humaine
d'Éphèse (zo,36), et tous Jes chrétiens en chœur « Ne crains pas, quand l'homme s'enrichit, quand
GLOIRE GLOIRE

s'accroît la gloire de sa maison. A sa mort, il la *:p.uée, Moïse revient, « la peau du visage rayon-
n'en peut rien emporter, avec lui ne descend pas nant » (Ex 34,29), « d'une telle gloire, dira Paul,
sa gloire » (Ps 49,17s). La Bible a su lier la gloire que les enfants d'Israël ne pouvaient le regarder
à des valeurs morales et religieuses (Pr 3,35; 20, fixement » (2 Co 3,7). Après le Sinaï, la gloire
3; 29,23). L'obéissance à Dieu prime toute gloire investit le sanctuaire : « Il Sera consacré par ma
humaine (Nb 22,17s). En Dieu est le seul fonde- gloire » (Ex 29,43; 40,34). La gloire de Yahweh
ment solide de la gloire (Ps 62,6.8). Le sage qui y treine sur l'*arche d' Alliance. Dè,s lors l&raël
a médité sur la gloire éphémère des impies ne veut est au service de cette gloire (Lv 9,6.23s), il vit,
plus « avoir » que Dieu pour sa gloire : « Dans marche et triomphe sous son rayonnement (Ex
ta. gloire tu me prendras » (Ps 73,24s) .. Cette atti• 40,36ss; Nb 16,1-17,15; 20,1-13). L'arche et ·la
tude sera, en sa perfection, celle_du Christ. Quand gloire sont étroitement liées. Pour Israël, perdre
Saian lui offrira t1 tous les royaumes du monde l'une, c'est perdre l'autre (1 S 4,2rs). Plus tard
avec leur gloire », Jésus répondra : ri C'est le Sei• la gloire remplira le' *Temple (1 R 8,10ss) et c'est
gneur ton Dieu que tu adoreras ; à lui seul tu de là qu'en signe de réprobation elle se retirera
rendras un culte » (Mt 4,8ss). au temps de l'exil (Ez 9-n). Entre cette concep•
tion locale et cultuelle de la gloire et la concep-
tion active et dynamique, le rapport demeure
III. LA GLOIRE DE YAHWEH étroit. Dans l'un et l'autre cas, Dieu se révèle
•présent à son *peuple pour le sauver, le sancti-
L'expression « la gloire de *Yahweh » désigne fier et le régir. Le lien entre les deux notions appa-
•Dieu même, en tant qu'il se révèle en sa majesté, raît clairement, lors de la consécration du sanc-
sa puissance, l'éclat de sa sainteté, le dynamisme tuaire. Dieu dit alors : « Ils sauront que c'est moi
de son :Être. La gloire de Yahweh est donc épi- Yahweh, leur Dieu, qui les ai fait sortir du pays
phanique. L'AT connaît deux types de manifes- d'É_gypte pour demeurer parmi eux J) (Ex29,46).
tations ou d'épiphanies de la gloire divine : les C'est sous ]'aspect d'une gloire royale, qu'Isaïe
hauts faits de. Dieu et ses apparitions. contemple la gloire de Yahweh. Le prophète voit
le *Seigneur, son. trône élevé, sa traîne emplis-
r. Les hauts faits de Dieu. - Dieu manifeste sa sant le sanctuaire, ea cour de Séraphins clamant
gloire par ses interventions éclatantes, ses *juge- sa gloire (Is 6,1ss). Celle•ci est un *feu dévorant,
ments, ses(< *signes» (Nb 14,22). Tel est, par excel- *sainteté qui met à nu la souillure de la créature,
lence, le *miracle de la mer Rouge (Ex q,18) ; son néant, sa radicale fragilité. Elle ne triomphe
tel, celui de la *manne et des cailles : « Au matin pourtant pas à détruire, mais à purifier et à régé~
vous verrez la gloire de Yahweh (Ex 16,7). Dieu
1) nérer et veut. envahir toute la terre. Les visions
vient au secours des siens. La gloire est alors d'Ézéchiel disent la liberté transcendante de la
presque synonyme de *salut (Is 35,1•4; 44,23; gloire, qui déserte le Temple (Ez u,22s), puis
comp. ls 40,5 et Le 3,6). Le Dieu de l'* Alliance rayonne sur une communauté rénovée par !'*Es-
met sa gloire à. sauver et à relever son peuple; prit (36,23ss; 39,21-29).
sa gloire est sa puissance au service de son *amour La dernière partie du Livre d'lsaïe unit les
et de sa *fidélité : « Quand Yahweh rebâtira deux aspects de la gloire : Dieu règne dans la cité
Sion, on le verra dans sa gloire » (Ps ro2,17; cf sainte, à la fois régénérée par sa *puissance et
Ez 39,21-29). L'œuvre *créatrice manifeste, elle illuminée par sa *présence : (1 Debout ! Rayonne 1
aussi, la gloire de Dieu. « La gloire de Yahweh car voici ta *lumière, et sur toi se lève la gloire
remplit toute la terre » (Nb 14,21) ; parmi les de Yahweh» (Is 60,1). *Jérusalem se voit« érigée
phénomènes naturels, l'*orage est, l'un des plus en Gloire au milieu de la terre n (62,7; cf Ba 5,3).
expressifs de la gloire (Ps 29,3-9; cf 97,1•6). D'elle. la gloire de Dieu rayonne sur toutes les
*nations, qui viennent à elle, éblouies (Is 6o,3).
2. Les apparitions de « la gloire de Yahweh ». Chez les prophètes de l'exil, dans les psaumes du
Dans le second type de manifestations divines, règne, dans les apocalypses, la gloire atteint à
la gloire, réalité visible (Ex 16,10), est le rayon- cette dimension universelle, de caractère escha-
nement fulgurant de l'l1tre divin. D'où la prière tologique : « Je viens rassembler les nations de
de Moïse : « Fais--moi, de grâce, *voir ta gloire ! » toutes langues. Elles viendront voir ma gloire »
(Ex 33,r:8). Au Sinai, la gloire de Yahweh prenait (66,18s; cf Ps 97,6; Ha 2,14).
l'aspect d'une flamme couronnant la *montagne Sur ce fond lumineux se détache la figure • sans
(Ex 24,15ss; Dt 5,22ss). De l'avoir approchée dans beauté, sans éclat li (Is 52,14) du personnage

505 506
GLOIRE GLOIRE

chargé pourtant de faire rayonner la gloire divine (22,u). En comparaison, la gloire du Sinaï n'est
jusqu'aux extrémités de la terre : « Tu es 'rien (2 Co 3,ro). La gloire du Christ ressuscité
mon •serviteur, en toi je révélerai ma gloire 11 éblouit Paul comme la "'lumière d'une nouvelle
(49,3). "création : « Le Dieu qui a dit : ' Du sein des ténè-
bres brillera la lumière ! ' est celui qui a brillé
dans nos *cœurs pour faire resplendir la connais-
IV. LA GLOIRE DU CHRIST sance de la gloire de Dieu, qui est sur la •face
du Christ )1 (4,6).
La révélation essentielle du NT est le lien de la
gloire avec la personne de Jésus. La gloire de Dieu 3. La gloire dans le ministère terrestre et la ·Passion
est tout entière présente en lui. *Fils de Dieu, il du Christ. - La gloire de Dieu s'est manifestée
est ~ le resplendissement de sa gloire, l'effigie de non seulement dans la résurrection, mais dans la
sa substance » (He 1,3). La gloire de Dieu est vie, le ministère et la mort de Jésus. Les évangiles
t< sur sa face » (2 Co 4,6) ; de lui elle rayonne sur en té_moignent, surtout celui de Luc, parmi
les hommes (3, 18). Il est ~ le_ Seigneur de la gloîre a les synoptiques. Dans la scène de l'Annonciatîon,
(x Co z,8). C'était déjà sa gloire qu'Isaïe contem- la venue de !'•Esprit-Saint sur •Marie évoque la
plait et <i c'était de lui qu'il parlait )1 (Jn 12,41). descente de la gloire dans le sanctuaire de l' AT
(Le 1,35). A la nativité, « la gloire du Seigneur ~
r. Gloire eschatologique. - La manifestation plé- enveloppe les bergers de sa clarté (2,9s). Cette
nière de la gloire divine de Jésus aura lieu à la gloire transparaît au baptême de Jésus et à sa
parousie. « Le *Fils de l'Homme viendra dans la •transfiguration (9.32.35; 2· P r,17s), dans se!-l
gloire de son Père avec ses *anges » (Mc 8,38; cf *miracles, sa *parole, la sainteté éminente de sa
Mt 24,30; 25,31) et manifestera sa gloire par la vie, sa mort. Celle-ci n'est pas seulement le porche
consommation de son •œuvre, à la fois *juge- qui introduit le *Messie à sa « gloire H (Le 24,26) ;
ment et *salut. Le NT est tendu vers cette 1< appa- les signes qui l'accompagnent révèlent dans le
rition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, crucifié même a le *Seigneur dela gloire» (r Co 2,8).
le Christ Jésus » (Tt 2,13s), vers la « gloire éter- Chez Jean, la révélation de la gloire dans la vie
nelle dans le Christ» (1 P 5-,10), à laquelle Dieu et la mort de Jésus apparaît plus explicite encore.
nous a appelés (t Th 2,12) et qui« va être révélée» Jésus est le Verbe incarné. En sa· *chair habite
(r P 5,1) ; 1c la légère tribulation d'un moment et se révèle Ja gloire du Fils unique de Dieu (Jn
nous prépare, bien au-delà de toute mesure, un 1,14.1:8). Celle-ci se manifeste dès le premier
poids éternel de gloire» (2 Co 4,17). La *création r( *signe 1, (2,rr). Elle apparaît dans l'union trans-

entière aspire à la révélation- de cette gloire (R~ cendante de Jésus avec le Père qui l'ellvoie, mieux
8,19). Jean voit la nouvelle *Jérusalem descendre encore dans leur *unité (rn,30). Les *œuvres de
du *ciel, ruisselante de clarté : u La gloire de Dieu Jésus sont les œuvres du Père, qui, dans le Fils, les
l'a illuminée et l'* Agneau lui tient lieu de flam- <1 accomplit H (14,10) et y révèle sa gloire (rr,40),

beau » (Ap 21,23). *lumière et *vie pour le *monde. Cette gloire


resplendit par-dessus tout dans la Passion. Celle-ci
2. Gloire pascale. - Par la *Résurrection et }'*As- est l'*heure de Jésus ,la plus haute des théopha-
cension, le Christ est déjà « entré i, (Le 24,26) nies. Jésus se « consacre » à sa mort (17,rg) en
dans la gloire divine, que le Père, dans son amour, toute lucidité (13,1.3; 18,4; 19,28) par obéissance
lui a « donnée avant la création du monde » (Jn au Pè:r;-e (14,31), et pour la gloire de son •Nom
17,24) et qui lui appartient comme Fils à l'égal (12,28), Il fait libre don de sa vie (ro,18) par
du Père. L'Homme-Dieu a été pris dans la *nuée amour pour les siens (13,1). La *croix, transfi-
divine, ii enlevé » (Ac 1,9.n), 1c emporté dans la gurée, devient le signe de « l'élévation » du Fils
gloire » (1 Tm 3,16). « Dieu l'a ressuscité ... et lui de l'Homme (12,23.31). Le Calvaire offre aux
a donné la gloire n (1 P 1,21). Il a « glorifié son regards de tous (19,37) le mystère du JE SUIS
serviteur Jésus» (Ac 3,13). Cette gloire, comme la divin de Jésus (8,27). L'"'eau et le *sang, jaillis
« gloire de Yahweh n dans l'AT, est sphère de pureté du côté du Christ, symbolisent la *fécondité de
transcendante, de sainteté, de lumière, de puis- sa •mort, source de "'vie : telle est sa gloire (7,
sance, de vie. Jésus ressuscité rayonne cette gloire 37ss; 19,34.36):
en tout son être. Étienne mourant voit « la gloire
de Dieu et Jésus debout à la •droite de Dien o 4. La gloire ecclésiale. - La glorification du Christ
(7,55), Saul est aveuglé par sa« gloire lumineuse» s'achève dans les chrétiens (Jn 17,10). En eux, le

508
GLOIRE GLOIRE

sacrifice de .Jésus porte son, *fruit à la gloire du


Père .. et du Fils :(12,24; 15,8). L'*Esprit-Saint, V. LA LOUANGE DÈ LA GLOIRE
envoyé p~ le Père .et ·le Fils est, avec l'eau ët le
sang sacramentels (1• Jn 5;7)', !'.artisan de cette Le devoir de l'hoffillle est de reconnaître et de
glorification. Les chrétiens entrent par lui dans célébrer la gloire divine. _L'AT-chante la-gloire du
la -•connaissance, et la possession des •richesses *Créateur, •Roi,. Sauveur et . •Saint· d'Israël (Ps
du Christ (Jn 16,14s; 2 Co 1,22; ·5,5).· -Déjà là 147,1). Il ·déplore 1€1· -~~hé qui la yoile (Is' 52,
gloire ·du Christ- ressuscité .. se · reflète en .eux, 5; E; 36,2oss; Rm 2_,24).- Il b,rtile du 'd~ir 'de la
les transformant à son •im:age. · K ·-.de gloire en voir _reconllùe par tout l'univers (Ps 145, ras; 57,
gloire:.» (3, 18;,Col 1,10s; 2·Th 1,12). Par l'Es:. 6.12). ·
prit, la •souffrance même est' transfigurée (1- P Dans le NT. la.doxologie a le Christ Pour cetitre:
4,,4). . « C'est par lui.Que n9us disons notre·•Amen à.la
gloire de .Dièu_ » (2 ,Co· 1,20)·.· ,Par lui monte II à
5. 'L'honneur ·ch~ltien. '- La' conSciènèe 'de ·cette Dieu; seul sage,, .. la gloii;e B.ux siècles des siècles»
gloire engendré le seri.timent de _la dignité èhré.:. (Rm 16,27; Hè 13,15); A Dieu gl()ire _est reti.düe
tienn_e et de '_l'honneur chrétien. C'~t déjà, daris pour sa naissance (Le: 2,20), polit" ses miracles
l'AT, là.' grandeur d'Israël' d'être le peuple à qui (Mc. 2,12 ... ) et pour sa mort-(Lc,23,47). Les doxo-
DieÙ a révélé sa gloirè. A *I_sraël « appartièntîa logies scandent les· progrès de son message (Ac n,
gloire· » (Rm 9,4); Dieù est _« sa' g_lciil'e » (PS 106, 18; 13,48; 2_1,2_0), comme e_lles ponctuent les exposés
20). :péjà, la *fidélité à·Dieu-se _teinte··en Israël dogmatiques ·de Paûl (Ga I,3s; etc) .. Les do:x;.olo-
d'un sens religieux de l'honneur, Le commande- gies de l' Apocalypse récapitulent en ùne liturgie
ment.. divin- est la glo_ire. d'IsraëJ (Ps · j19,5s), s.olennelle tout· le· drame .rédempteur (Ap 15,3s);
I'•idolàtJ:ie, sa suprême déchéance, comme son Enfin comme !'•Église est « le •peuple que Dieu
suprêmé péché : Israël ·« échange 11" alors Q. sa gloire s'est acquis pour la "'louange de sa gloire» (Ep 1,
contre l'idole » (Ps 106,20). Au milieu d'un monde 14), au Père est rendue « gloire dans l'Église et le
qui s'est perdu pour n'avoir pas voulu rendre à. Christ Jésus pour tous les_ àges et tous les siècles 1 »
Dieu la gloire qui lui ~st due (Rm 1,21s), les (3,2r).
chrétiens se savent, eux,: « citoyens des cieux » A la doxologie liturgique, le •martyr ajoute la
(Ph 3,20); « *ressuscités avec le Christ 1) (Col 3, doxo~ogie du sang. « Méprisant sa _vie jusqu'à
1), « ils brillent comme_ des foyers de *lumière » mounr » (Ap 12,n), le croyant professe airisi que
la ~fidélité· à· Dieu prime· toute· gloire. et toute
{Ph 2,15s). C'est leur hollneur que « les hommes,
en voyarit leurs bonnes •œuvres, rendent gloire valeur hu·maine. Au prix de son •sang, co'mme
à [leur]. Père qui ,~f dan~ 1~ cieu:it. _» (Mt 5,16),- Pierre, il « glorifie ·Dieu » (Jn ·21,19),
Devant la gloire "du •nom chrétien, to-µt sentiment L'ultime doxologie, au terme 'de l'histofre•, est
d'infériorité sôciale disparaît : « Le *frère d'hitmbl€l.' le chant des II ncices de !'*Agneau 1 » (Ap 19,7).
C()ndition se glorifiera dë Son exaltation et le riche L'•Épouse apparaît revêtue d'· « -une robe de lin:
de son humiliati~ » (Je 1,9),_"car_il_n'y ~ plus pl~ce d'une blancheur éclatante·» (19,8). Dans le feu de
pOur des « considérations 4e· pel'So:nnes » (Je '2, la « grande-tribulation »~·l'Église s'est 'parée, pour
1ss). Le· sentimell't de la *fierté chré1:ienné s'étend· les noces éternelles, de .la seule gloire ·digne de
jusqu'au •corps, dal1_s_·1equel les chrétiëns doivent son 'Époux, des vertus, des offrandes, des sacri-
« ·glorifier ·Dieu·». {_1_ Co_ 6,15.r9S). Enfin;_· p_â.tir
fices· des'.· •saints, · · · ·
pour le •nom chrjfüen 'est une:_-gloi!8 _{1 P 4,15s). Toutefois la gloire de l'É!)ouse -lui ·vient' to~t
C'est_ la rec:11,erc~e de l'honneur mondain: qui, selon entière de !'Époux, -c'est dans son' •sang (lue les
Jean; a fei:mé à plus <fun l'a:cé'ès ·à: la *foi, (Jn 5,· rob~ ?es-élus ont été-~ *blanchies»· ('7,14;-·-15,2)
44; 12,43). Jésus,. a ouvert lui-mêlll.e _ta· vôie au et Sl -l_Épouse porte· cette parure· éclatante, .c'est
sens chrétien-de'Thonneur. I_ndifférent à la'. gloire qu:' « on lui a donné »_ de· le faire- (19,8)_;,Elle ·s'est
des hommes (5,41), il « méprisa l'infamie de_' là laissé revêtir· jour _après jour-des·« bonnès •ceuvres
•c~1;>ix _» (He 12,2). Son unique honneur fût ·d_'8.c- qu~- Dieu a préparées d'avance pour que nous les
complir sa ·•mis~ion,_ « ,ne cherchant pas_ Sa gloire », pratiquions » (Ep 2,10). L'amour. dU Christ ·est à
mais « la gloire de· celui qui l'a envOyé » (Jn 7, l'origine de cette ,gloire ; car « le Christ a aimé
18), 's'en remettant poùr son honneur à son. Père l'Église et s'est livré Jui-même pour elle... :· il'
seril (8;50.54)·. · · v?ulait se la_ p~ésenter à lui-même toute resplen-
dissante de glmre/ sans tache ni ·-ride ni 'rieri de
tel, mais ·sainte e-i: imrria:culée n (5;25.-2'7).--Dans ce

509 sw
GLOIRE

mystère d'•amour et de •sainteté se consomme de l'amour que Dieu nous porte. Les •bénédic-
la révélation de la gloire de Dieu. D}\,f tions temporelles font les délices du "'juste de
l'AT qui obéit à la loi divine (::'{e 9,25; Is 55,2).
-+- action de grâces O ; AT 2 ; NT I - anges - appa- Il savoure les délices indéfiniment variées de la
ritions du Christ r - arche d'Alliance III - Ascen- *manne (Sg 16,20s), il expérimente combien le
sion - béatitude AT 1 1 - bénédiction IV t - blanc - Seigneur est bon {Ps 34,9) et s'attache à lui comme
ciel Ill - Croix l 4, li r .3 - Dieu NT Ill - droite 2 - à son seul trésor {Jb 22,26).
espérance NT III, IV - Esprit de Dim NT V 1 - Dans le NT, toute la vie du baptisé est union
face 5 - feu AT 1 - fierté NT 3 - Fils de l'Homme - au Christ ressuscité, mais la réception du bap-
force II - hll{nilité IV - image V - Jésus-Christ Il
1 ab; II 2 d - Jour du Seigneur NT 1 1, Ill 2 - tême comporte l'expérience savoureuse d'avoir
lumière & ténèbres AT I 2; NT I 3 - Moïse 4 - définitivement accédé aux biens célestes dn salut :
nom AT 4; NT 1 - nuée 2.4 - œuvres AT II 3 - la participation à l'Esprit-Saint, la parole de
orage 2 - présence. de Dieu AT II ; NT III - puis- l'Évangile assimilée par la foi, les manifestations
sance - R6iurrection NT I 2.4 - rétribution II 4 - de la puissance de Dieu qui déjà crée le monde
souffrance NT III 2 - Transfiguration - vêtement nouveau (He 6,4s). Tout cela est le gage surémi-
Il - victoire NT 2 - voir. nent de la bonté de Dieu (r P 2,3). Cette •douceur
GNOSE-+- connaître NT 3 - Jésus-Christ Il 2 - nous. vient de l'amertume de la mort que Jésus
mystère O - Révélation O. a goûtée (He 2,9) pour nous épargner le goût de
la mort éternelle (Jn 8,52). Elle est un avant-
Gô:ltL-+- libératiqn/Iiberté Il 2 - sang AT 1 --: goût de la *béatitude (Ap 2,17). PS
vengeance 1.3.
-+- béatitude - chercher I - connaître - douceur r -
GOURMANDISE-+ désir II - faim & soif AT 1 a. fruit III, IV - joie - manne 2 - repos - sagesse.

GOUVERNER -+- autorité - ministère II - roi.

GOÛTER
GRÂCE
Goûter, c'est parfois absorber une nourriture
(Jou 3,7; Col 2,21), mais c'est avant tout appré- l. LE SENS DU .MOT
cier les saveurs à tous les plans de notre expé-
rience (2 S 19,36). La Bible l'applique au discer- Le mot qui désigne la grâce (gr. oltaris) n'est
nement des valeurs morales et à la connaissance pas une pure création du christianisme ; il figure
savoureuse de Dieu et du Christ, délices de notre dans l'AT. Mais c'est le NT qui a fixé son sens
vie ici-bas et au ciel. et lui a donné toute son extension. Il l'a précisé-
ment utilisé pour caractériser le régime nouveau
x. Le discernement. - Le goût englobe diverses instauré par Jésus-Christ et l'opposer à l'économie
formes de la •sagesse : savoir-faire (1 S 25,33), ancienne : celle-ci était gouvernée par la "'Loi,
tact {Pr n,22), jugement rassis (Pr 26,16). Don celui-là l'est par la Grâce (Rm 6,14s; Jn 1,17).
de Dieu (Ps 119,66) qui peut le reprendre {Jb 12, La grâce, c'est Je *don de Dieu qui contient
20), il est en même tempS le fruit de l'âge et de tous les autres, celui de son *Fils (Rm 8,32), mais
l'expérience (Jb 12,ns). 11 oriente la conduite de pas simplement l'objet de ce don. C'est le don
l'homme dans les domaines les plus pratiques (Pr rayonnant de la générosité du donateur et enve-
31,18) ; cependant sa forme supérieure, le discer-. loppant de cette générosité la créature qui le
nement du bien et du mal, n'est pas une valeur reçoit. C'est par grâce que Dieu donne, et celui qui
simplement morale mais déjà religieuse, à base reçoit son don trouve devant lui grâce et com-
de foi (Ps ng,66), et elle s'achève dans l'attrait plaisance.
pour la •Parole de Dieu, qu'on trouve douce (Ez Par une rencontre'" significative, le mot hébreu
3,3), et pour ses commandements (Ps n9,16~ Rm et le mot grec, traduits en latin par gratia et en
7,22). français par grdce, se prêtent l'un et l'autre à
désigner à la fois la source du don chez celui qui
2. L'expérience religieuse. - Au-delà du discer- donne et l'effet du don en celui qui ·reçoit. C'est
nement de Ja sag~se, se trouve l'expérience vécue que le don suprême de Dieu n'est pas totalement

SII 5I2
GRÂCE GRÂCE

étranger a:ux échanges , par lesquels les - hommes 2~,.Les matiifestations de la grdae ·divi-tie. -- La
s'unisseµt entre eux et qµ-'il existe .entre -luj et générosité de Dieu se•répand sur·-toute chair- (Si
nous des liens qlli révèlent en nous son •image. 1,10).- sà·.grâce ne demeure pas un: _trésor jalouse~
Tandis qU.e rhébreu [ién désigne d'~bord la faveur, ment·-gardé. ·Mais le signe •éc_latant de dette géné-
la bienveillance gratuite d'un personnage haut rosité est l'"'élection · d'Israël. ·c•est une initiative
placé, puis le témoignage concret .de cette faveur, totalement gi-atulte, que· :he·jùstlfie dans lè peuple
démontrée par celui qui donne · et - fait ·gr4ce, élu aucùn mérite, aucune- valeur. ·préalable, ni le
recueillie par celui. qui reçoit et trouve _grd,ce, enfin noffibre (Dt 7,7), .ni la· boniie conduite. (9;4)_, ni
le.charme .qui attire le regard et retient la faveur, « la vigueur de (sa) main.'i:, (8,17),-mais seulement
- le greq charis, par une démarche à ·peu· près o: l'ainour pour·· ·vous et la fi.délité ·a~ serment
inverse, désigne-d 1abord la séduction rayonnante juré à vos pères )1 (7,8; cf 4,37). Au point de départ
de )a ..beauté, puis le rayonnement plus intérieur d'Israël il n'y a qu'une explication, la grâ.ce du
de la bonté, enfin les dons qui témoignent de cette Dieu fidèle qui g'ard'e so:ii-,.allià.nce et son *amour
générosité .. (7,9), .Le symbole de cette grâ.ce· est 1a·.•terre que
Dieu donne à son peuple, « pays de torrents et de
sources »·(8,7); « de ·montagnes ·et de vallées arro-
sées de la pluie·du.ciel » (u,u), u :villes que·tu
Il., LA GRÂCE DANS L'ANCIENNE ALLIANCË n'as pas bâties.-:. maisons que tu n'as pas rem:plie~,
puits que tu ,n'as· pas creusés » (6, 1-os).
Cette gratuité-n'est pas.sans but, dé_versant en
RéV_~!ée·, et dÔQnée par Dieu en''JésuS;~Ch~t. la aveugle des. ,.richesses dont ·elle ·ne sait ,qu~· faire.
grâce .est présen,te dans l'AT, comme une *pro- L'élection a pour· but l'alliance ; la grâce qui ·choi-
messe et corrÎ.,ille une •esp~rance. S9us _diverses sit ···et qui -:dorine est un ·geste de .•connaissanc~.
form_es, sous. des nPms: va.l'iés_,_ mais. _ulliSSan_t tou- eue· s'attache à, celui ·qu!eJle .choisit, et ·elle. attend
jC)urs le Dieu qui d~llne-_à l'homni.e qui i;-eçqit,_.la de lui une réponse, la .reco~naissance ·et l'amour :
grâce apparaît partout dafls l' AT., ~ ,_lecture telle· est -la prédication ,du Deutéronome (Dt 6,5.
chrétiennt,. de l'AT, tell,e__ que S. Paul la propose 12s;·_10,12s;_·u,r). La grâ.ce de.Dieu-veut des·par-
aux· Gal.ites, consiste à reconnaître; danS l'ap.- tenaires, .un _échange, une •communion·.
cienne, éconÔrn.ie, ·1es gestes· et ICS ..traits dli.. Pieu
de. li ·gx:~c.e: 3. La g,4ce de Dieu sur Ùs· Alus. - ~ mot qui
traduit sans doute te·- mieux· l'effet produit sur
1 •. .La gr4ce en Dieu; - Dieu .se définit lui-mê:me : l'homme par· là_. générosité dè ._.Dieu ·est ·celui de
, ·Yahweh; Dieu dè tendresse et de grâce, _lent·.à. *bénédiction. ·La bénédiction est beaucoup plus
Ja qolère et-'riche .eti miséricorde et :fi.délité » (Ex qu'ùne- protection eXtérieure, elle· entretient· chez
34,6). La grâée en Dieu est.à la-fois· •miséricorde celui •qùi la reçoit la "'vie; la_ *joié, la •plénitude
penchée. sur la misère (fién), -•:fi.délité ,généreuse de la •force, elle établit entre Dieu et sa créature
aux siens (pèsèd), solidité, inébranlable en ses enga- · une ·rencontre pei:sonnelle, elle lait poser· ·sur
gements (èmèt), •tendresse du cœur· et attache- l'homme le regard et le souririe de·:Oieiti,- le. ray~n~
ment-de tout l'être:envers ..ceux-qu'il •aime (YafJa- nement de sa *fàce "et de sa•grâce ([lén :.Nb 6,2·5),
mim), •justice - inépuisable (sèdèq) •. ,.càpc1.ble d'as- et ce lien a queléj_'ue chose. de vital, il'touche à· la
surer à toutes ses créatures la plénitude de leurs puissance créàtrice. -Au *père il revient· de bénir,
droits et de combler toutes leurs aspirations. Que et· si l'histoire d'Israël est celle d'um>bénédiction
Dieu puisse être la *paix et la *joie des siens, destinée. à .toutes les nations (Gn fa,3)-. c'est que
c'est l'effet.-de sa grâce-:· ·« Què précieuse est ta Dieu est·père·.et, qu'il .façonné le·,destin de_:ses
grâ.ce (hèsèd), Dieu! Les hommes se réfugient à enfailts (Is 45·,ross). La grâce··de :Dieu .ëst l'amour
l'ombre. de t.es ailes,·.ils_-se rassasi,;mt_de ~a _sura- d'Uil-père, elle crée des .•fils. Parce que cette béné-
bondance .de ta; maison' et:, tu ~es abreuves du tor- diction est celle du Dieu, *saint,-:1e lien qu'el_le
r_ent de te.s délices ll,_·(Ps, 36,8ss), t! car ta grâce établit -avec ses élus est celui d'une consécration.
t li.èsèd) est meilleure que. 1a vie » (~3,4): J:.,a ._ ~vie, L'élection est app,el à la sainteté et promesse de
le plus .précieux de tous ,-1~ ·biens, pâlit , deyaµt vie consacrée (Ex rg,6; Is 6,7; Lv. 19,~).
!'_expérience ,_dt'l .la générosité .divine, cette source A cette réponse .. filiale, à• cette consécration de
intarissable; La grâce.de· Dieu, ,ce peut dQnc êtI.:e la vie et du cœur, Israël se refuse (cf Os 4,1s; ïs
une.vie, plus riche et· plus pleine .que toutes nos 1,4; Jr 9,4s),. « Comme- un puits tj_ui ·fait sourdre
expérie:11-ces. ; son·eau, ainsi (Jérusalem-) fait sourdre:sa méchan-

513
GRACE GRÂCE

ceté » (Jr .6,7; cf Ez 16; 20). Alors Dieu invente dont chaque chrétien (Rm r2,6; Ep 6,7) et chaquo
de faire en l'homme ce dont .l'homme est radica- Église la reçoivent et la vîvent. Les Églises de
lement incapable, et de faire. que l'homme lui- Macédoine ont reçu la grâce de la générosité (2 Co
même en soit l'auteur. D'une Jérusalem corrom- 8,1s), les Philippiens ont reçu ieur part de la grâce
pue, il fera une cité juste (1s 1,21-26), de *cœurs de l'apostolat (Ph 1,7; cf 2 Tm 2,9), qui explique
incurablement.rebelles Ur .5,1ss), il fera des cœurs toute l'activité de Paul (Rm 1,5; cf I Co 3,10;
"'nouveaux, capables de le •connaître {Os 2,21; Ga 1,t'5; Ep 3,2).
Jr 31,31). Ce sera l'œuvre de son •Esprit (Ez 36, A travers la variété des *charismes se révèle
27) ; ce sera l'avènement dans le monde de sa l'*élection, le choix venu de Dieu, antérieur à
propre •justice (Is 45,8.24; 51,6). toutes les options humaines (Rm I,5; Ga 1,15),
qui introduit dans le *salut (Ga r,6; '2 Tm 1,9),
qui consacre à une *mission propre (I Co 3,ro;
III. LA GRÂCE DE Drnu Ga 2,Ss).
S'EST RÉVÉLÉE EN JÉSUS-CHRIST La gratuité initiale de l'élection (Rm r 1,5) mar~
quera, pour Paul, toute l'existence chrétienne. Lo
La venue de •Jésus-Christ montre jusqu'où peut salut est le don de Dieu, et non le salaire mérité
aller la générosité divine : jusqu'à nous donner son par un travail (Rm 4,4) ;_ sans quoi li la grâ.co
propre *Fils (Rm 8,32). La source de ce geste n'est plus grâce 11 (u,6). Si le salut est dO: à uno
inouï est ce mélange de tendresse, de fidélité et observance quelconque, la grâce de Dieu n'a plus
de miséricorde par lequel YahWeh se définissait, d'objet, f( la foi n'a plus de sens et la promesse
et auquel le NT donnera Je nom spécifique de esf sans effet» (4,14). Seule la *foi en la ·•promesse
grâce, cha-ris. Le souhait de la grâce de Dieu respecte le vrai caractère de l'œùvre de Dieu, qui
(presque toujours accompagnée de sa *paix, le est d'être d'abord une grâce.
grand souhait sémitique étant ainsi associé à Ce qui redouble la gratuité de l'élection, ce sont
l'idéal typiquement grec de la cha-ris) introduit les· conditions concrètes o'Ù elle intervient. C'est
presque toutes les .lettres apostoliques et montre un •ennemi que Dieu choisit, un condamné qu'il
que, pour Jes chrétiens, eJle est le *don par excel- grâcie : R Alors que nous étions encore sans force ...
lence, celui qui résume toute l'action de Dieu et pécheurs ... eruiemis de Dieu », impuissants à nous
tout ce que nous pouvons souhaiter à nos frères. airacher au péché, « Dieu nous a réconciliés avec
En la personne du Christ ({ nous sont venues lui par la mort de son Fils li (Rm 5,6~io). Et la
la gràce et la vérité » (Jn r,r7), nous les avons grâce de Dieu ne se contente pas de nous sauver
•vues (r,r4), et,- du coup, _nous avons connu *Dieu de la mort par un geste d'acquittement (3,24;
dans son Fils unique (r,r8). De même que nous Ep 2,5) ; elle pousse la générosité au-delà de toutes
avons connu que •(\ Dieu est •amour » (I Jn 4, les limites. Là où avait proliféré le péché, la grâco
8s), ainsi, à voir Jésus-Christ, connaissons-nous surabonde (Rm 5,15-21) ; elle ouvre sans réserve
que son action est grâce (Tt 2,:u; d 3,4). la •richesse inépuisable de la généroSité divine
Bien que la tradition évangélique commune (Ep :1,7; 2,7) et la répand sans compter (2 Co 4,
aux Synoptiques ne connaisse pas le mot, elle est '15; 9,r4; cf I Co r,7). Du moment i::J.ue Dieu a
pleinement consciente de la réalité. Pour eJle aussi, livré pour nous son propre Fils; R comment ne
Jésus est ·le don suprême du Père (Mt 2r,37 p), nous donnerait.:.il pas toute grâce ? » (Rm 8,32).
livré pour nous (26,28). 4 sensibilité de Jésus à
la misère .humaine, son émotion devant la souf-
france, traduisent d'ailleurs la tendresse et la
miséricorde par lesquelles se définissait le Dieu V. FÉCONDITÉ DE LA GRÂ.CE
de l'AT. Et saint Paul, pour encourager les Cori:11-
tbiens à la générosité, leur rappelle « la libéralité La grâce de Dieu « n'est pas stérile » ( 1 Co
(cha-ris) de Jésus-Christ, ... comment-de riche, il 15, ro). Elle donne à la foi de produire des
s'est fait pauvre pour vous li (2 Co 8,9). •œuvres, de fournir son travail -(1 Th I,3; 2 Th
I,II), d' « opérer_ par la charité D (Ga 5,6) et
de produire des *fruits (Col I,10), « les bonnes
IV. GRATUITÉ DE LA GRÂCE œuvres que Dieu a préparées d'avance pour que
nous les produisions» (Ep 2,10). La grâce est chez
Si la grâce de Dieu est le secret de la •Rédemp- les Apôtres une source intarissable d'activité (Ac
tion, elle est aussi le secret de la façon concrète 14,26; 15,40) ; elle fait de Paul tout ce qu'il est,

515 516
GRÂCE GUERRE

elle fait en lui tout ce qu'il fait (1 Co 15,10), si GRAIN--+fruitlI-martyrz-moisson-semer.


bien que le plus personnel en lui, (r ce que je Suis /l,
est précisément l'œuvre de cette grâce. GRAND PR:t.TRE--+ Aarori_-'- sacerdoce AT I 4.5 -
Parce que la grâce ·est principe de transforma- vêtement I 2. ·
tion· et d'action, elle -requiert une constante colla-
bora:üon. 11 Investis de c_e, miniSt~re, nous ne_ fai• GRANDE ùR_sai.l_?-t
puissance. -
_; Dieu·AT.I
III 5 ··-,. for~ - g]oi~ ~
blissoris pa_s ». (z Co 4,1), toujourtl attentifs à ..11 ob~ir 1.
à la grâce" (1,12) e~ à lui_« répondre." ·(Rm ,15,
GRATUITÉ • Ab:i-aham) 1, li 3-élèction-gràèe-
15;_ d Ph 2,I2s)._ Jamais la grâce.ne fait, défaut, prédestiner :-· rétribution III 2.
elle « ·suffit » toujours, f~t-ce dans la pire détresse,
cai c'est alors qu'._é<;:_late sa *puiss~ce (2 Co_.12,9). GREC -> Église IV 2 - hérésie 3 - Juif - nations
La gr~ est ainsi la *nais.sanc~ à une existence NT - sagesse O.
nouvelle (Jn 3,3ss), celle de !'*Esprit qui anime
les *fils .de Dieu {Rm 8,14-17). Cette·· _existence GUÉRISON 7 maladie/guérison.
est sou\'ent Mcrite par Paul à l'aide de 9atégo,ries
juridiques, qui ,veulent. marquer la réalité du_régime
chrétien_._institué par, la grâce._ Le chrétien est
u appelé dan$ la,_ grâce » (G:a 1,6), « établi dans la
grâce » (Rm 5,2), il_ vit sous son règ'ne _(5,21_; 6, GUERRE
14). !\·tais cette existence n'eit pas seulement ~n
état de fait,. dont la dénom_ination. juridique serait
La gùerre n'est pas seulement un ~aft hu~àin
fixée par mw autorité ; elle est une vi~ au sens
qui pose_,des probl~mes· de morale. Sa présence
le plus plein du mot, la vie de ceux q'ui, 11 revenus
dan_s le monde biblique permet à la révélation
de la mort n, vivent. d'une vie nouvelle avec le
d_'e:Xprimel', à partir. d'une expérience commune,
Christ ressusci~ .. -(Rm 6,4.8.,rr,.13) .. P~tie d'un un aspect essentiel du drame où l'humanité est
horiz~ _différent,_ l'expérieQ.Ce .paulinienne reioint
engagée .et 'dont son •·salut esf_l_'enjeu .·: lè co=mpat
ici_ parfai~ment l.'~xpérience, johannique_.: la grâce
spiritµel entre Dieu,·. et Satan. Il ~t vrai que le
du Christ est le don de la vie (Jri 5,26; 6,33; .17,2).
desSE:in cJ.e Dieu a pour fin la •paix ; ~ais cette
Cette.expérit!n,ce de·Ja yie est celle !le l'*Esprit-
paix. suppose elle~même une •victoire aèqu~ au
Saint. Le régime de la grâce est celui de l'Espr_it
pri_X du combat. ··
(Rm 6,14; 7,6) ;. l'homme libéré.du, péché porte
des fruits de sanctification (6,22; 7,4) .. L'Esprit,
qui,est le *don de Dieu_par·-ex:cellence (Ac 8,2q; AT
11,17), (t atteste. à notre. esprit » (~· 8,1.6), par I, GUERRES HU)',1:AINES ET . COJ,(BA TS DE DIEU
une. expéri~ce indubitable, q:ue la. grâce fait
réellement de .nous des fils de Dieu, capables I, La·guerre, .forme-de la •violence, est un élément
d'ii:i,..~oque_r I)ieu comme '!'Père : ,4bba. Telle est important: de la condition humaine. Dans rancien
la •justificati_on opérée par la grâce (Rm 3,23s) ·: Orient, c'était un·fa.it ·endémique: à chaque retour
de pouvoir être· de:vant .Dieu ~actement• ce qu'il d'année,: lès rois « se mettâient en campagne 11
attend 9,~- nous, des fils deva.nt. le_ilr..Père (Rm 8, (2 S 11,1). En :vain -les -empires, ·aux périodes de
14-tï; I. Jn 3i.1s).- ~écouvranf alors dai;is la ~ e grande civilisatlon, · signaient-ils ,des .. traités de
de ,Dieu la S(?Urce de ta.us· ses gestes, , le chrétien « paix perpétuelle n : l'évolution _des.faits- rompait
troù.ve d(!vant les hommes_ rattitude_ exacte,_Jà vite ces fragiles contr.:t.ts. Inséré.e .dans ce cadre1
*fierté a'ut_he;ntique, qui ne se glorifie- pas de_ pos:.. l'histoire d'Israël va dqnc comporter une.. exp·é-
séder quc;>ï.que.ce ·soit,. mais d'.i;l.VQir toùt·.reçu par rienc.e; tantôt exaltante èt tantôt cruelle, des com-
grâce, et .d'abord la justice. ·Fiecté et grâ.c.e, Paul bats- humains. Mais,. introduite dans la-_·perspec-
asso,cievolontier_sl_es deux mots (R~_4,2ss; 5,2s; 2Co tive du·- •dessein. de Dieu, .cette· -expérience y
12;9; cf Ep 1,6),_D.i.ns la,grâce de Dieu_, l'homme; acquiert une portée spécifiquement. religieuse,-: la ,
réu,ssit à être-lui~même,_. JG guerre s'y révèle· à la· fois .comme. une réalité per:-
• action de grAces - ,béatitude AT I 1 ......:. bénédic• manente de ce mo~de·et comme un,mal.
tion __ bien & mal III· 3 - charismes - don.- foi
NT. Ill z - juStice - justification II 3 -::-- libération/ 2. Cependant, ,transférant dans- le domaine. reli-
liberté I, III 2- ac :-:--- Loi' B III S ; C III l· , - ·miséri• ·gieux les résultats de ·son expérience sociale, !'.an-
corde . - œuvres NT II 1 : - salut NT .- tendresse; cien Orient n'omettait ·pas d'introduire aussi· la

5r8
GUERRE GUERRI!
guerre dans sa représentation du monde divin. Il
imaginait volontiers, au temps primordial, une
guerre des dieux dont toutes les guerres humaines
étaient comme les prolongements et les imitations III. LES COMBATS DE YAHWEH DANS L'HISTOHŒ
terrestres. Israël, tout en coupant court au poly-
théisme supposé par de telles images, conserve I. Yahweh combat pour son peuple. - Les guerres
pourtant celle d'un Dieu combattant (Ps 74,13ss; de Yahweh menées par Israël ne sont pourtant
89,ros) ; mais il la transforme pour l'adapter à son qu'un aspect des combats menés par Dieu dans
monothéisme et pour lui donner une place dans la l'histoire humaine. Depuis les origines, il est per-
réalisation terrestre du *dessein de Dieu. sonnellement en lutte contre des forces mau-
vaises qui s'opposent à ses desseins. Le fait est'
mis en évidence dans l'histoire de son peuple,
li. lSRAitL AU SERVICE DES GUERRES DE YAHWEH
lorsque divers *ennemis tentent d'en enrayer l'es-
sor. Alors, affirmant sa maîtrise des événements,
Dieu intervient par son action souveraine, et Israël
l. Les perspectives ouvertes par l'alliance sinaï- fait l'expérience de merveilleuses délivrances : lorfl
tique ne sont point de paix, mais de combat : de l'exode, Yahweh combat contre l'Égypte, la
Dieu donne une *patrie à son peuple, mais celui-ci frappant de prodiges de toutes sortes (Ex 3,20),
doit la conquérir (Ex 23,27-33). Guerre offensive, la frappant en ses premiers-nés (Ex 11,4 ... ) et en
qui est sacrée et qui se justifie dans la perspec- son chef (Ex 14,18.,.) ; en Canaan, il soutient les
tive de l'AT : Canaan, avec sa civilisation cor- armées d'Israël (Jg 5,4.20; Jas 5,13s; ro,rn-14;
rompue doublée d'un culte rendu aux forces de _2 S 5,24) ; au cours des siècles, il assi~te les rois
la nature, constitue un piège pour Israël (Dt 7, (Ps 20; 21} et délivre sa ville sainte (Ps 48,4-8;
3s) ; aussi Dieu sanctionne-t-il son extermination 2 R 19,32~36) ... Tous ces faits montrent que leH
(Dt 7,1s); les guerres nationales d'Israël seront luttes humaines n'arrivent à leur fin que par sa
donc les « guerres de *Yahweh », vouant à !'*ana- force à lui : les hommes combattent, mais Dieu
thème le butin conquis {Jas 6). Bien plus, en fai- seul donne la *victoire (Ps n8,ro-14; r21,2; 124).
sant naître Israël à l'histoire, c'est son propre
•règne que Dieu instaure ici-bas, grâ.ce à un 2. Dieu' combat contre les pécheurs. - Or les com-
peuple qui lui rend un culte et qui observe sa loi. bats de Dieu ici-bas n'ont pas pour fin dernièro
En défendant son indépendance contre les agres-- le triomphe temporel d'Israël Sa *gloire est d'une
seurs du dehors, Israël défend donc du même autre nature ; son règne, d'un autre ordre. Ce
coup la cause de Dieu : tout combat défensif qu'il veut, c'est l'établissement d'un •royaume
est encore une II guerre de Yahweh ». de prospérité et de justice, tel que le définit sa
*Loi. Israël a pour mission de le réaliser; mais s'il
2. C'est ainsi qu'au cours 'des siècles, Israël fait y manque, Dieu se doit de combattre son peuple
l'expérience d'une vie combattante, où le dyna- pécheur au même titre qu'il combat les puissances
misme national se met au service d'une cause païennes. C'est pourquoi, en contrepartie de ses
religieuse. Guerres offensives contre Sihon et Og infidélités, Israël fait aussi l'expérience des revers
(Nb 2r,21-35; Dt 2,26-3,17), puis conquête de militaires : au temps du désert (Nb 14,39-44), de
Canaan par *Josué (Jos_ 6---12). Guerres défen- Josué (Jos 7,2 ... ), des Juges {1 S 4), de Saül {r S
sives contre Madian (Nb 31) et contre les oppres- 31). Au temps des rois,· 1e fait revient périodique-
seurs de l'époque des Juges (Jg 3-r2). Guerre ment, et, après les ravages d'invasions multiples,
de libération nationale, avec Saül et David (r S Israël et Juda finiront même par connaître une
11-17; 28-30; 2 S 5; 8; 10). Dans cet ensemble ruine nationale complète. Aux yeux des prophètes,
d'événements, Israël apparaît comme le héraut ce sont là les résultats de •jugements divins :
de Dieu ici-bas ; son roi est le lieutenant de Y ah- Yahweh frappe son peuple pécheur (Is 1,4~9) ;
weh · dans l'histoire. L'ardeur de la foi requiert c'est lui qui dépêche les envahisseurs chargés de
des prouesses militaires, que soutiennent la cer- le *châtier (Jr 4,5-5,17; 6; Is 5,26-30). Les armées
titude de l'aide divine et l'espoir d'une •victoire de •Babylone sont à ses ordres (Jr 25,14-38) et
à la fois politique et religieuse {cf Ps 2; 45,4ss; Nabuchodonosor est son serviteur (Jr 27,6ss).
6o,7-14; no). Mais la tentation sera grande de A travers ces événements terribles, Israël com-
con:fu11dre Ja cause de Dieu avec la prospérité prend maintenant que la guerre est fondamenta-
tenestre d'Israël. lement un mal. Résultat de la *haine fratricide

519 520
GUERRE GUERRE

entre les hommes (cf Gn 4), elle est liée au des-


tin d'une race pécheresse. Fléau de Dieu, elle ne NT
disparaitra donc radicalement Q'ici-bas . qu'une
fois que le *péché aura lui-même disparu (Ps 46, Le NT apcomplit ces promesses. La guerre
eschatologique y est livrée sur un· triple terrain :
10; Ez 39,9s), C'est pourquoi les promesses escha-
tologiques des prophètes s'achèvent toutes sur celui de la vie terrestre de Jésus, celui de · rhis--
une merveilleuse_ vision de *paix universelle (1s toire de $On Église, celui de la con.sommation
finale. ·
2,4; u,6-9 etc). Tel est le *salut authentique
auquel Israël doit aspirer, plutôt qu'à des guerres
saintes de conquête et de destruction. I. }ÉSUS

En Jésus se révèle pleinement la nature pro-


!V. LES COMBATS ESCHATOLOGIQUES fonde.du combat eschatologique. Ce n'est pas un
combat temporel pour un royaume de ce !UOnde-ci
1. L'assaut d6s forces 6nnemies. - Ce salut ne (Le 22,50s; Jn 18,38); aussi Jésus refuse-t-il toute
viendra pourtant pas sans combat. Mais cette _violence humaine pour le défendre (Mt 26-52; Jn
fois, le caractère essentiellement religieux- de la 18,n). C'est un combat spirituel contre *Satan,
lutte se dégagera de ses incidences temporelles contre le *monde, contre le mal. Jésus est le
bien mieux que par le passé. Sans doute son évo- •Fort qui vient terra.s;,er le Prince de ce monde
cation anticipée a-t-elle encore l'allure d'un assaut (Mt 4,x-n p; 12,27ss 'p; Le n,18ss). Aussi bien
militaire des païens contre Jérusalem (Ez 38; Za celui-ci réagit-:-H en tentant contre lui un dernier
14,1-3; Jdt 1-7). Mais dans l'apocalypse de Daniel. assaut : la mise à mort de Jésus est son ultime
écrite durant la persécution sanglante qu'a déchaî- tentative (Le 22,3; Jn 13,2.27; 14,30) ; c'est lui
née le roi Antiochos, il est clair que la puissance qui suscite l'action des puissances terrestres
ennemie, représentée sous les traits de *bêtes liguées contre l'Oint du Seigneur {Ac 4,25-28; cf
monstrueuses, a pour premier dessein de « faire Ps 2). Mais, ce faisant, il précipite sa défaite. En
la guerre aux saints » et de s'attaquer à Dieu effet, paradoxalement, la •croix de Jésus assure
même (Dn 7,19~25; II,40-45; cf Jdt 3,8). Der- sa *victoire (Jn 12,31) : quand il ressuscite, ]es
rière le combat politique se laisse ainsi discerner •Puissances hostiles, mauvaises, dépouillées de
le combat spirituel de *Satan et de ses alliés leur seigneurie, figurent dans son cortège triom-
contre Dieu. phal (Col 2,15). Vainqueur du monde par sa
mort même (Jn 16,33), il possède désormais la
2. La yéplique d6 Di6u. - En présellce de cet régence de l'histoire (Ap 5) ; mais le combat qu'il
assaut que livre .\ sa foi un empire païen totali- a personnellement livré va se prolonger à travers
taire, le judaïsme peut bien réagir encore par une les siècles dans la vie de son Église.
révolte militaire qui renoue avec les traditions de
la guerre sainte (1 M 2-4; 2 M 8-ro). En fait,
il se sait engagé dans une lutte plus haute, pour II. L'ÉGLISE DE Jtsus
laquelle il doit compter d'abord -sur le secours de
Dieu (cf 2 M 15,22ss; Jdt 9) : c'est Yahweh tj_ui, I. L' Églis6 militante. - L'*Église n'est pas une
au temps marqUé, décrétera la mort Pe la *Bête grandeur d'ordre temporel, comme l'était encore
(On 7,u.26) et brisera son pouvoir {Dn 8,25; II, l'ancien *peuple d'Israël; les guerres huniaines
45). Cette perspective dépasse Je plan des guerres ne sont donc plus son affaire. Mais, sur son propre
temporelles. Elle débouche sur le combat céleste plan, elle est en état militant aussi longtemps
par lequel Dieu couronnera tous ceux qu'il a déjà. que durera l'histoire du monde présent. Ce que
soutenus dans l'histoire (cf Is 59,15-20; 63,1-6), Jésus apporte par elle aux hommes, c'est bien,
tous ceux qu'il soutient actuellement pour défendre sous un certain rapport, la •paix avec Dieu et la
les justes contre leurs •ennemis (Ps 3-5,iss). Ce paix entre eux (Le 2,14; Jn 14,27; 16,33). Mais
combat•là aura pour cadre le *jugement final. Il une telle paix n'est pas de ce monde. Aussi les
mettra fin ici•ba.s à toute iniquité (Sg 5,17-23) et hommes qui croient en lui seront-ils toujours en
préludera ainsi directement au •règne de Dieu butte à. la •haine du monde (Jn r5,x8-21) : au
sur terre. C'est pourquoi il sera suivi par une plan temporel, Jésus ne leur a pas apporté la
*paix éternelle, à. laquelle tous les justes auront paix mais le glaive (Mt 10,34 p), car le Royaume
part (Dn 12,ISs; Sg 4,7ss; 5,15s}. de Dieu est en butte à la *violence (Mt II,IZ p).

521 522
GUERRE GUIDE

Individuellement, chaque chrétien devra mener un des hommes, elles inscrivent les signes du •Juge-
combat, non contre des adversaires de chair et ment qui vient (Mt 24,6 p; Ap 6,1-4; 9,I-n).
de sang, mais contre Satan et ses alliés {Ep 6, Elles révèlent les oppositions internes auxquelles
10ss; 1 P 5,8s). Collectivement, l'Église sera livrée est vouée l'humanité pécheresse dans la mesure
aux assauts des puissances de ce monde, qui se où elle n'accueille pas ·la pàix ·du Christ.
fero:O.t les ·alliées de Satan - telle la Rome impé-
riale, cette nouvelle *Babylcine (Ap 12,17-13, 2. Images du dernier combat. - Car le temps
10; 17). coule infailliblement vers sa fin. Si d'un côté le
Christ rassemble peu à peu dans son Église tous
2. Les ar·mes chrétiennes. - Dans ce combat, les fils de Dieu dispersés {Jn n,52), de l'autre
l'Église et ses membres. n'usent plus des armes Satan, qui le singe, s'efforce lui aussi d'unir en
temporelles, mais de celles ·que Jésus a léguées. une seule année les hommes qu'il a séduits. Au
Les vertus chrétiennes sont les armes de lumière terme des siècles, l'ApocalypSe nous les présente,
que-revêt le soldat du Christ (1 Th 5,8; Ep 6',u. réunis sous sa conduite pour livrer leur dernier
13-17) ; c'est la •foi au Christ qui vainc le Mau- combat {Ap 19,19; 20,7ss). Mais cette fois, le
vais et le monde {1 Jn 2,14; 4,4; 5,4s). En appa- Christ vainqueur fera éclater visiblement sa •sei-
rence, le •monde peut triompher des chrétiens gneurie, Verbe de Dieu paraissant dans sa gloire
lorsqu'il les •persécute et _les tue_ {Ap n,7-ro); et exerçant la fonction d'Exterminateur (Ap 19,
victoire précaire, qui prélude à un renversement n-r6.21; cf Mt 24,30 p). Le visage temporel des
de situation, comme la croix du Christ préparait sa faits à venir se dérobe pour nous derrière cette
résurrection en gloire (Ap II,II.15-18). L'*Agneau évocation surnaturelle, qui débouche, par-delà le
fut vainqueur du Diable par sa mort ; de même, temps, sur le châtiment éternel de Satan et de
ses compagnons en triomphent par leur *martyre ses suppôts (Ap 19,20; 20,10). Après cela, toute
(Ap I2,II; 14,1-5). L'héroïsme de tels ·combats contradiction étant surmontée, soit entre Dieu et
surpasse de loin celui des anciennes guerres de les hàmmes, soit entre !CS divers groupes humains,
Yahweh et il n'exige pas moins de vaillance. la *paix parfaite de la nouvelle Jérusalem réin-
troduira e:O. *paradis l'humanité sauvée (Ap 21).
Vision de *victoire finale, qui fonde la constance
III. LE COMBAT FINAL et la confiance des saints (Ap 12,10), car alors
l'Église militante se muera pour jamais en Église
1. Prodronies. - Les « derniers temps» inaugurés triomphante, réunie autour du Christ vainqueur
par Jésus prennent ainsi l'allure d'une guerre à (Ap 3,us; 7). HC & PG
mort entre deux camps : celui du Christ et celui
de J'*Antichrist. Nul doute que·la lutte ne doive -+ anathème AT - Antichrist - arche d' Alliance 1 -
croître en subtilité, en brutalité, en intensité, à Babel/Babylone - bêtes & Bête - calamité - chll-
mesure que l'histoire s'approchera de sa consom- timents - démons - ennemi - haine I 3 - Josué r -
mation. Mais le monde mauvais, le monde de Jour du Seigneur AT - paix.- persécution I 4 a -
roi NT II .z - Saà!:n - victoire - violence III 2.
péché, est sous le coup d'une condamnation divine
dont sa destinée porte désormais la marque. C'est GUIDE ~ arche d'Allianœ l - chemin I, Ill -
ici que les guerres humaines révèlent la plénitude exemple - nuée. 1 - suivre.
de leur sens. Au cœur de l'expérience temporelle
H
en note la présence dès la première génératîon
humaine (Gn 4,2-8)' et les sages savent l'observer
d'un œil lucide (Pr ro,12; 14,20; 19,7; 26,24ss; Si
HABITER-+ de·meurer - maison - plénitude 2 - 20,8). Mais, sur ce fait, la Bible porte un jugem,ent
terre AT II. de valeur. La haine est un mal, fruit du péché,
HADÈS - enfers & enfer. car Dieu a fait les hommes *frères _pour qu'ils
vivent dans l'•amour mutuel Le cas-type de Cam
montre bien quel est le processus de la haine :
née -de la jalousie, elle tend à la suppression de
HAINE l'autre et conduit à l'homicide. Cela suffit à en
dénoncer l'origine satanique, comme ]'explique le
Livre de la Sagesse. : envieux du bonheur de
La haine es't le contraire de l'amour, mais elle l'homme, le Diable l'a pris en haine et a provoqué
en est aussi très proche. Si l'amour d'Amnon sa mort (Sg 2,24). -Depuis lors le monde est livré
pour Thamar se tourne soudain en aversion vio- à la haine (Tt 3,3).
lente, c'est que sa passion était brûlante (2 S 13,
15). Bien des formules bibliques, qui opposent de 2. Le fuste est obfet de haine. - Depuis ses orjgines
façon absolue le couple amourfhaine (Mt 5,43; 6, lointaines, le schéma « envie-haine-homicide l) s'ap-
'-?4), supposent cette réaction naturelle de l'amour, plique toujours dans le même sens : c'est l'*impie
ùc prendre en horreur ce à quoi il tenait le plus. qui hait le •juste et se conduit comme son •ennemi.
C'est l'état d'âme que suppose le Deutéronome, Ainsi Caïn envers Abel, Ésaü envers Jacob, les
dans le cas du mari qui répudie sa femme (Dt fils de Jacob envers Joseph, les Égyptiens envers
22,13.16). Cette violence dans les réactions est Israël (Ps 105,25), les rois impies envers les pro-
à · Ja base du langage sémitique, qui recourt phètes (1 R 22,8), les méchants envers les •pieux
volontiers aux couples de mots opposés, sans des psaumes, les étrangers envers l'Oint de Yah-
noter les nuances intermédiaires. Mais la réalité weh (Ps 18; 21), envers Sion (Ps 129), envers
ne répond pas toujours à la vigueur du langage Jérusalem (;s 60,15). C'est donc une loi perma-
et l'on peut dire, dans un ménage polygame, d; nente : celui que Dieu aime est haï, soit que sa
la femme qui n'est pas préférée ou qui simple- mise à part suscite l'envie, soit qu'il constitue un
ment est moins aimée, qu'elle est haïe (Dt 21, 15; reproche vivant aux pécheurs (Sg 2, 10-20). De
cf Gn ~9,18.31). Ces remarques peuvent expliquer toute façon, à. travers son élu, Dieu lui-même est
certaines formules surprenantes (Le 14,26; cf Mt visé et devient objet de haine (1 S 8,7; Ez 3,7).
10,37) ; elles laissent intact le problème religieux
que pose la haine : Pourquoi et comment la haine 3, Le J°uste peut-il haïr ? - En retour de cette
se présente--t-elle dans l'humanité ? Que veut dire haine dont il est la victime, le juste peut-il hair ?
la Bible quaud elle en applique la notion à Dieu ? A l'intérieur du peuple de Dieu, il est prescrit
Quelle attitude le Christ a-t-il pris face à la haine ? d'aimer le •prochain (Lv 19, 17s) ; aussi la légis-
lation ordonne-t-elle de mettre à mort le meur-
trier qui a tué par haine (Dt 19,uss), au moment
1. LA HAINE ENTRE LES HOMMES même où elle s'efforce d'assouplir la pratique de
la •vengeance du sang en instituant des villes de
I. Le monde livrl à la haine. - La haine entre refuge (Dt 19,1-10),
les hommes est un fait de toujours. La Genèse ny a cependant d'autres cas: celui des mkhants

526
HAINE HAINE

qui haïssent les justes, celui des ennemis du peuple le *violent (Ps II,5), l'idolâtre (Ps 31,7), l'hypo~
de Dieu ; les uns et les autres se conduisent en crite (Si 27,24) et en général tous les malfaisants
ennemis de Dieu (Nb 10,35; Ps 83,3). La conduite (Ps 5,6ss). Il hait Israël infidèle (Os 9,r5; Jr 12,
que dicte ici l'amour de Dieu peut paraitre sur- 8), comme il a haï les Cananéens à cause de leurs
prenante. Israël haïra les ennemis de Dieu pour crimes (Sg r2,3). Le cas est un peu plus corr;plexe
ne pas imiter leur conduite : c'est le sens de la lorsqu'il déclare : « J'ai aimé Jacob et Laï f:saü ,.
•guerre sainte (cf Dt 7,r-6). Le juste malheureux, (Ml r,2s; Rm 9,r3) ; ici Jacob désigne Israël, et
qui serait tenté d'envier les méchants et de les Esaü, Édom (Ml 1,4; cf Gn 25,30; 32,28) ; Dieu
imiter (Pr 3,3r; Ps 37; 73), pour se garder du stigmatise ainsi les violences d'Êdom à l'égard
péché haïra le parti des pécheurs {Ps 26,4-5; ror, d'Israël (cf Ps 137,7; Ez 25,r2ss; Ab 10-14); î1
3ss). u Aimer ceux qui haïssent Yahweh » (2 Ch montre aussi par cette expression que }'*élection
r9,2) serait pactiser avec les impies et. devenir implîque une préférence, semblable à celle <le
infidèle (Ps 50,18-21). A l'amour jaloux de Dieu l'homme qui « aime » une de ses épouses et " hait •
doit répondre un amour sans partage (Ps u9,u3; l'autre (cf Gn 29,3rss; Rm 9,uss).
97,10). Il faut en tout épouser sa cause : aimer ce Mais si cette préférence et cette répulsion sont
qu'il aime, haïr ce qu'il hait (Am 5,r5; Pr 8,13; des réalités très positives, et dans lesquelles Dieu
Ps 45,8). Comment dès lors ne pas haïr ceux qui s'affirme avec toute sa force, on ne peut pour-
le haïssent (Ps 139,21s) ? tant leur donner le nom de haine qu'à condition
Cette attitude n'est pas sans ambiguïté ni sans de purifier ce mot de tout ce que, dans notre
danger : n'en viendra-t-on pas facilement à voir monde pécheur, il comporte de rancœur méchante,
dans-tout ennemi personnel ou national un ennemi de volonté de nuire et de détruire. Si donc Dieu
de Dieu pour confisquer égoïstement les privilèges hait le péché, peut-on dire que Dieu hait vrai-
de l'*élection divine ? Le péril n'était pas chi- ment le pécheur, lui qui « ne veut pas sa mort
mérique : en vouant (l une haine éternelle )1 au mais qu'il se *convertisse et vive » (Ez 18,:23) ?
parti de Bélial, les sectaires de Qumrân identi- Dieu, à travers !'*élection et le *châtiment pour-
fiaient en fait le « parti de Dieu )1 avec leur groupe suit un unique dessein d'amour sur tous les
fermé, u Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton hommes; c'est son •amour qui aura le dernier
ennemi 1) (Mt 5,43) : ce n'était pas la lettre de la mot. Il est révélé pleinement en Jésus. Aussî le
Loi ancienne, mais beaucoup admettaient cette NT ne parle-t-il jamais de haine en Dieu.
interprétation abusive, dictée par un exclusi-
visme étroit. III. JÉSUS FACE À LA HAINE

1. La haine du monde contre Jés'us. - Paraissant


II. Y A-T-IL DE LA HAINE EN DIEU ? dans un monde qu'agite la passion de la haine,
Jésus en voit converger vers. lui les différentes
Comment peut-on parler de haine à propos du formes haine de l'élu de Dieu qu'on envie (Le
Dieu d'amour ? Effectivement, Dieu ne peut haïr 19,14; Mt 27,r8; Jn 5,18), haine du juste dont la
aucun des êtres qu'il a faits (Sg u,:24), et ce serait présence condamne (Jn 7,7; r5,24) ~ les chefs d'Is-
une injure que de l'accuser de haine pour son raël le haïssent aussi parce qu'ils veulent garder
peuple (Dt 1,27; 9,28). Mais le Dieu d'amour est jalousement pour eux-mêmes l'élection divine (cf
aussi le Dieu *saint, le Dieu jaloux. Son amour Jn II,50). Derri,ère eux, c'est d'ailleurs le *monde
même implique une répulsion violente pour le mauvais tout entier qui le hait (Jn 15,18) : en
•péché. Il hait !'*idolâtrie, celle des Cananéens lui, il hait la •'lumière, parce que ses *œuvres
(Dt 12,31; 16,22) ou celle d'Israël {Jr 44,4). Il hait sont mauvaises (jn 3,20). Ainsi s'accomplit le
!'*hypocrisie cultuelle (Am 5,21; Is 1,r4), la rapine mystère, annoncé dans !'Écriture, de la haine
et le crime (Is 6I,8), le faux serment (Za 8,r7), la aveugle, immotivée (Jn 15,25) : au-delà de Jésus,
répudiation (Ml 2,16), et plus généralement cette c'est le Père lui-même qu'elle vise (Jn 15,23s).
collection de péchés qu'énumère Pr 6,16-19. Or Jésus meurt donc, victime de la haine; mais par
le pécheur, d'une certaine manière, fait corps avec sa mort il tue la haine (Ep 2,r4.16), car cette
son péché; il se met en position d'*ennemi (c'est- mort est un acte d'*amour qui réintroduit l'amour
à-dire de" haïsseur » de Dieu : Ex 20,5; Dt 7,ro; dans le monde et l'y fixe définitivement.
Ps 139,21; Rm r,30). L'incompatibilité totale que
par sa faute il di-esse entre Dieu et lui est traduite 2.- La haine du monde contre les chrétiens. - Qui~
aussi dans la Bible en termes de haine : Dieu hait conque *suit Jésus connaîtra le même sort. Les
HAINE HilRÊSIE
*disciples seront haïs , à cause de son •nom » 14), le terme pouvait s'appliquer à une làrge por-
(Mt 10,22; 24;9). Ils ne doivent pa.s s'en étonner tion des. popùlations sémitiques. ·
(1 Jn 3,13); ils doivent même s'en réjouir (Le 6, Dans·le Livre de !'Exode, les-Hébreux desccri-
22), car ils sont associés par,.là au destin· de leur dants de Jacob (Ex 1,15; 2,6... ) sont séparés des
Maître; le monde les hait parce qu'ils ne sont Égyptiens par la race, l'origine et la religion
pas du monde (Jn 15,19; 17,14). Ainsi se révèle (Yahweh est·le « Dieu des Hébreux», 7,16; 9,1).
!'•ennemi qui agissait depuis l'origine (Jn 8,44) ; De même les Hébreux, sémites in·stallés en Canaan,
mais Jésus a prié pour eux, non ,pour qu'ils soient s'opposent aux Philistins leurs oppresseurs (r·S 4,
retirés du monde, mai.s pour qu'ils soient.gardés 6 ... ; 13,3.19; 14,u; 29,3; cf Nb 24,24) ;" mais i1
du Mauvais. n'est pas sûr qu'ils soient tous Israélites (cf t S
14,21). La loi deutéronomique sur les esclaves
3. Haïr le mal et non les hommes. - Comme Jésus hébreux (Dt 15,12s; Jr 34;14) montre en eux les
quine donne aucune prise au Prince ·de-ce monde frères des Israélites; mais cela pourrait s'entendre
(Jn 14,30; 8,46), comme ,le Dieu Saint, le Père encore au sens large (cf Gn 24,27). Ainsi, jusqu'à
Saint (Jn 17,u}, les disciples auront la haine du la captivité, le terme n'apparaît jamais ni comme
mal. Ils sauront qu'il y a incompatibilité radicale un nom de peuple, ni comme un titre de valeur
entre Dieu et le monde (r Jn-2,15; Je 4,4),Dieu religieuse.
et la *çhair (Rm 8,7); Dieù et l'argent (Mt 6,24). Il en va autrement dans les textes tardifs.
Pour supprimer en eux toute. cornplici_té avec· le Dans Jon r,9, Jonas _se présente aux mai;ins paiens
mal, ils .renonceront à tou_t et iront jusqu'à se comme « Hébreu et serviteur du Dieu du ciel » ;
haïr eux-mêmes (Le 14,26; Jn 12,25). Mais vis- dans 2 M 7,31; n,13; 15,37, le terme« Hébreux u
à-vis des ·autres hommes, il-n'y aura aucune haine désigne les •Juifs installés en terre sainte. Dans
dans leur cœur : « Qui hait son frère est dans les ces deux cas, la résonance religieuse n'est pas
ténèbres» (;r Jn 2,9-u; 3, 15). L'amour est'· la seule
1

absente ; lllais elle se teinte d'une signification


règle, même à l'égard _des ennemis (Le 6,27). . nationale.
Ainsi au terme de cette ihistoire de la haine, la Quand Paul se dit-« Hébreu, fils d'hébreux: »
situation est claire pour le chrétien, une ligne de (Ph 3,5; 2 Co rr,22), c'est pour insister sur l'ori-
conduite nette est tracée : aimer tous les hommes, gine palestinienne et la langue hébraïque de sa
se haïr lui-même. L'homme sans le Christ (Ep ·2, famille. Les mêmes critères distinguent, chez les
uss; Tt 3;3s) pouvait s'imaginer trouver dans la judéo-chrétiens, les Hébreux des Hellénistes (Ac 6,
haine une affirmation de soi, mais le temps de r). Mais on ·voit par Jn 19,13.17 que le· mot
Cain est. passé ; le chrétien sait que seul l':;µno'!"' • hébreu » peut tout aussi bien· s'employer pour
fait vivre et rend semblable à Dieu (r Jn 3,u-24). parler de la langue araméenne. Dans ces 'derniel's
JR cas, le mot ne comporte pas 'de connotation reli-
-+ amour - colère - erinemi - frère AT .1 - guerre
gieuse directe. C'est pourquoi î1 n'a pas passé dans
NT II 1 - péché IV 2 c - persécution I 1 - ven- le vocabulaire chrétien pour désigner ·la postérité
geance - •violence. spirituelle d'Abraham (cf Rm 4,16). PG
HAUT LIEU-+ autel ,i - montagne II 2 - pèleri• -+ Israël - Juif - peuple A II -1.
nage - présence de Dieu AT III 1.
BA UTE UR -+ Ascension - ciel - montagne.

fftBREU
1. Schisme et hét'lsie. - Les mots *schisme et
hérésie désignent tous deux une_ division grave et
La signification primitive du nom des Hébreux durable .du peuple chrétien, mais ·à deux niv'eaux
n'est pas claire. Dans la Genèse, il désigne tou- de profondeur : le schisme est une rupture dans la
jours des hommes séjournant en *étrangers dans communion hiérarchique; .l'hérésie, une rupture
111:1 pays qui. n'est pas ~eur pays d'origine : Abra- dans la foi elle-même.
ham (Gn 14,13), Joseph (39,14; 41,12), Jac.ob et Dans l'AT, le contenu intellectuel de la foi
ses fils (40,rs; 43,32). Leur ancêtre éponyme Héber était trop restreint et trop peu élaboré pour laisser
étant bien antérieur à Abraham (Gn ro,25; _rr, place à l'hérésie. La tentation d'Israël n'était pas

530
HÉRÉSIE HÉRITAGE

de , choisir » (hairein) à. sa guise dans un corps gouement des Corinthiens pour cette sagesse n'était
de doctrines précises, mais de II suivre d'autres pas sans incidence doctrinale,: on croyait pouvoir
dieux » (Dt r3,3) : apostasie, ou •idolâtrie, plutôt choisir entre Paul, Apollos et Céphas, comme
qu'hérésie. Les séducteurs et leurs adeptes, en d'autres choisissaient entre les écoles (haiYeseis) de
s'égarant loin de Yahweh, unique Dieu et sau- philosophes ambulants, et l'on restait sourd au
veur d'Israël, ne brisaient pas l'unité du peuple o: discours de la croix » proclamé par tous les
saint, mais se vouaient à en être retranchés (Dt Apôtres (1 Co 1,17s). Ou bien, on contestait· la
13,6). résurrection des morts, vidant ainsi la prédication
Le sens fort du mot a hérésie » n'apparaît que et la foi de leur contenu essentiel : la résurrection
dans certains écrits tardifs du NT (2 P 2,1; Tt du Christ (15,2.n-16).
3,10). Pour Paul, les haireseis de r Co u,19 sont Plus tard, des spéculations judaïques se mêlèrent
à peine différentes des schismata du v. 18. Toute- à des apports hellénistiques pour mettre en péril
fois une certaine gradation est probable : les déchi- la foi des Colossiens en la primauté du Christ
rements (schismata) de la communauté tendent à (Col 2,8-15; cf Ep 4,14-15) et les faire revenir au
se cristalliser en de véritables partis ou sectes régime des ombres (Col 2,17).
(haireseis) rivales ayant leurs théories particu- Vers la fin de l'âge apostolique, le danger d'élu-
lières, comme il en existait dans le judaïsme : cubrations prégnostiq~es empruntées au judaïsme
Sadducéens (Ac 5,r7), Pharisiens (r5,5; 26,5), Naza- hétérodoxe ou au paganisme (1 Tm 1,3-7.19s;
réens (24,5.14; 28,22), ou dans le monde grec 4,1-n; 6,3-5; 2 Tm 2,i4-26; 3,6-9; 4,3s; Tt 1,9-16;
avec ses écoles de rhéteurs (appelées aussi haire- Jude; 2 P 2; 3,3-7; Ap 2,2.6.14s.20-25), se fit plus
seis). pressant. Certains « faux prophètes » (I Jn 4,1)
L'Église connut donc, par rapport aux erreurs nièrent même que Jésus füt le Fils de Dieu« venu
doctrinales, deux situations différentes. Son unité dans la chair 11 (2,22s; 4,2s; 2 Jn 7).
fut d'abord menacée par la crise judaïsante. Plus Que ce soit à Corinthe (1 Co 4,18s), à Colosses
tard, certains s'écartèrent de la foi au Christ (Col 2,r8) ou ailleurs (I Tm 6,4; 2 Tm 3,4), ces
(r Jn 4,3), !( n'étant pas vraiment des nôtres n déviations, génératrices de disputes et de divi-
(2,19}, à l'instar des disciples qui, à Capharnaüm, sions (r Tm 6,3ss; Tt 3,9; Jude 19), ont pour
avaient refusé de croire en Jésus (Jn 6,36.64) et source l'orgueil opiniâtre de ceux qui, au lieu de
s'étaient éloignés (v. 66). se soumettre à la doctrine prêchée unanimement
dans l'Église (R.m 6,17; 1 Co 15,n; x Tm 6,3;
2. La crise judaïsante. - L'admission des païens 2 P 2,21), l'altèrent en voulant la dépasser par
dans l'Église posa très vite le problèm_e de la des spéculations de leur crü (2 Jn 9). Aussi les
valeur des observances juives dont les judéo-chré- plus dangereux sont-ils frappés d'excommunica-
tiens conservaient la pratique. Les imposer aux tion (Tt 3,10; x Tm 1,20; Jude 23; 2 Jn ro).
gentils convertis au Christ eût été leur reconnaître Cette sévérité du NT pour les faux docteurs
une nécessité pour le salut. Et telle était bien la met en relief tout le prix d'une foi sans naufrage
prétention des judaïsants (Ac 15,1). Mais, d'après (1 Tm 1,19; 2 Tm 3,8) et nous attache à l'Église,
Paul, celle-ci rendait le Christ inutile et vidait toujours victorieuse de l'erreur qui menace « le
la Croix de son efficacité : chercher sa justice dépôt des saines paroles reçues » des Apôtres
dans la Loi, c'était rompre avec le Christ, déchoir (2 Tm 1,r3s}. PT
de la grâce (Ga 5,1-6). La division menaçait
l'Église. Aussi Paul voulut-il à tout prix obtenir - Ëglise IV 3 - enseign_er NT II 3 - erreur NT -
l'accord de l'Église judéo-chrétienne, surtout de foi NT III 1 - Juif I - nations NT II - schismi: -
unité III - vérité NT 2 c.
a Jacques, Céphas et Jean H (2,9}, sur la liberté
des pagano-chrétiens (2,4; 5,1). Il l'obtint à l'as-
semblée de 49 (Ac 15; Ga 2,1-10), faute de quoi
il aurait a couru pour rien » (Ga 2,2), c'est-à-dire
que la révélation apostolique (cf Ep ·3,3-5) se HÉRITAGE
serait contredite elle-même : « Si quelqu'un vous
annonce un évangile différent de celui que vous
avez reçu, qu'il soit anathème l » (Ga 1,9). La notion biblique d'héritage déborde le sens
juridique du mot français. Elle désigne la posses-
3. Les Mrésies naissantes. - Mais ·te message de sion d'un bien à un titre stable et permanent ;
Paul dut aussi affronter la sagesse grecque. L'en~ non pas n'importe quel bien, mais celui qui per-

531 532
Hll:RITAGE ·HÉRITAGE

met à )-'homme et à sa famille d'épanouir leurs 3. La -terre promise, hhitage de Yahwe_h. - Des
personnalités sans être à la ·merci. d'autrui.. Con- deux premières relatjons déco~-.une troisiè:m,e .:
crètement, dans une·, civilisation .agricole e:t pas- la. •terre. promise est l'.héritage -de Yahweh._ La
torale, ce sera un minimum de terres· et de . trou- fonnule n'exprh,ne pas un, lien ·.de ,nature .entre
peaux. Quant-à. la façon d'entrer en possession· de Yahweh et Canaan, et en .cela Israël se' distin~e
cet héritage, elle variera suîvant·les-cas.·: conquête, des _-peuples envii-onnants qui voient dans les
don, répartition réglée par la loi, et·en.particulier . .divers , pays .,les- .. domaines propres de certains
l'héritage au ·sens strict (cf 1 R :;;:1,3s) .. Telle ·.est dieux. En· fait, -toute la . terre est, à Yahweh (Ex
l'expérience humaine à. partir.de laquelle le voca- 19,5;- Dt 10,x4) ;· si C_anaan est. dev~u à -un titi::e
bulaire religieux de l'AT et_ . du NT -exprime un spécial son héritage, c'est parce qu'U a donné ce
aspect fondamental du- don de Dieu .à l'homme; pays à Israël e~·_que, par. voi~,de conséquence,. il
a choisi d'y établir -sa résidence (cf Ex 15117).
AT
De là le sens profond du partage de la terre sainte,
où_ chaque, tribµ d'Israël reçoit so_n lot, sa part
d'héritage_· (JOs 13---:21).. C'es:t de_ Di_e;u ·, qu'_elle ·1a
reçoit; auS;Si les limites de chaqueyart sont~elJ~
Dès l'.origine, la ·notion .d'héritage est étroite- int.ingibl~ (c~ Nb, 36) ; . en .cas· d~. ,vente forcée,
ment li~ à. ·celle d'•alliance. Elle caractérise dans l'a,nnée jubilaire. pei:met.~a le retour_ de c~aqu_e
le plan divin un·e triple i"elation .: Israël est l'hé- tez;re .â son pr_opriétaire _primitif_ (Ly 25,rn) : _« L.a.
ritage de Yahweh, la terre promise est l'héritage teqe _ne sera pas_ vendue avec pt;:rte d~ droit, car
d'Israël, et elle ·devient par là l'héritage de Yah- la _terre m~_appartiènt, et Vous _ n'êtes· pour moi
weh lui-même. que des •étr_angers._·et des ~}:lôtes »- (Lv _25,23).
I ~ l ~1' sur sa _te~~ le n:1étay~ de Die_U_; .c•~t
I. Israil, bbitage de Yahweh. --De ces trois rela- potlr lui et no~ pour. soi qu'-il dq,it y .. viv're. ·
tions,. la preinière est la plus fonclamental~ : Iirraël
est l'héritage de Yahweh (cf Ex.-34,9; 1 S 10,i;
26,19; 2 S 20,19; :2r,3) ..Cotte .expression sug~re
un rapport, d'intinùté _entre Dieu; et son peuple. ÎI. DËVELOPl'ÈMENT DU THÈME.'
qui est son II bien particulier » (Ex .19,5). La for-
mule ·de l'Alliance, « Vous. serez. mon .peuple et ~ déveIOpp~in~IJ.t' du· •füèrq.e danS ·. l'.AT co~n-
je .serai votre Dieu » (Jr 24,7;: Ez 3.7,27), veut porte deuX: aspects : son ~eport eri contexte .C;SCha..
dire• pratiquement la mênie ·chOSe ;:·mais·-la notion tofogiqu~ et _sa. spiritualisation. ··
d'héritage y ajoute l'idée d'un,e appartenance spé-
ciale, qui.fait passer Israël,:de.la sphère du profane 1. H4Yil~ge· _e'sè~~Wl~_gique'. .- L:a :~nqriête .-. de
(celle -.des autres peuples) au monde d"? Dieu. Canaan . pouv~t sembler __ une· réalisation_. _de la
_pÎ-omesse de _Gn. r5_. Or à_ partir du vme siècle,
2. La tet'Ye prom_ise, héritage. d'Isr"'l. - Cette l'héritage_ de Yahweh passe _ more.eau: par mqr-
seconde relation est :également Jiée au thème de ceau au.. pouvpir_ 4es paiena;. Non ·qq'e Dieu ait
l'Alliance, comme le montre le récit de l'alliance failli à sa pi;-oi:nesse..; mais les péchés d'Is.raël en
patriarcale en Gn r5. En cet endroit, la· •promesse ont pràvisoirement éompromis· le, .résuaat;: C'est
de Dieu à Abraham· a· un-double ·objet :. un héri- aux. derniers temps .seulemenJ 'q-ge,. 1~ · peuple de
tier, Isaac et sa lignée·; un ~éritage, la terre de Dieu; ~duit à un •Reste,' po~édera_ la terre. en
Canaan. Naturellement, -les héritiers d'Abraham ,'héritage pour._touj_ours et y gob.tera;-__un parlait
hériteront à.ussi. la_ promesse (Gn 26,3; 35,12; · Ex bonhèur _(Dt 28,62s; 30~5). Cette dOCtrine de,uté-
6,8). Notons que. Canaan .n'est .pas encore dom:;ié ronomi<J.ue se _retrolive c~ezles p~ophètes au
en héritage à· Abraham, il est seulement promis à temps de l'exil (Ez 4·5-48; Il.oter'.en 47,14 l'allu-
ses héritiers .. -C'est cette promesse, 'et- l'asttente sion à Gn r5) et après l'exil (Za 8,12; Is 60,2I) :
d'lsi"àël -.qui en résulte, qui permettront l'appro- seuls les justes bénéficieront finalement de l'hé-
fondissement progressif du thème, de l'héritage : ritage {cf Ps 37,9.n.r8.22l'34; 25;13; 61,6; 69,37).
les ,•déceptions consécutives à des ,espoirs-- trop Dans cette transformation de !'•espérance d'Is-
màtériels· .démentis par: ·Jes .événements permet- raël,· il . y.• a lieu_. de mentionner. la place spéciale
·tront _d'élever' le niveau deTattente d'Isx:aël, jus- faite. au ••roi, oint· de Yahweh. Il est. possible
qu'.,à lui.'faire ·désirer lé véritable .héritage, le seyal qu 1à: un· premier temps,_ le psà.lmiste.-ait promis
qui puisse combler le cœur de l'homme. , au monarque vivant·« les •nations• pour héritage,

533 534
HÉRITAGE HÉRITAGE

et pour domaine les extrémités de la terre » {Ps c'est le Christ. En lùi s'est concentrée la descen-
2,8). Mais, relue après l'exil ,la promesse a été dance d'Abraham (Ga 3,16). Étant le •Fils, il
entendue du roi futur, du *Messie (cf Ps 2,2). possédait par naissance le droit d'héritage (Mt 2r,
Héritage de la terre, héritage des nations : 38 p), il était constitué par Dieu l( héritier de toutes
cette eschatologie ne sort toujours pas des pers- choses» (He r,2), parce qu'il avait hérité un •Nom
pectives terrestres. Ce dernier stade sera franchi supérieur à celui des anges (r,4), le nom même de
tardivement, lorsque la doctrine de la *rétribu- Yahweh (cf Ph 2,9).
tion d'outre•tombe aura pris corps. On placera Cependant, pour entrer en possession effective
alors après la mort, dans le " monde à venir », de cet héritage, Jésus a dû passer par la passion
l'entrée en possession de l'héritage, promis par et par la mort (He 2,1-10; cf Ph 2,7-II). Il a mon-
Dieu aux justes (Dn 12,13; Sg 3,14; 5,5). Mais il tré par là quel obstacle s'opposait à l'accomplis-
s'agira d'un héritage transfiguré. sement des anciennes promesses : l'état d'*escla-
vage où se trouvaient les hommes (Ga 4,3.8; 5,r;
2. Héritage spiritualisé. - Le point de départ de Jn 8,34), le régime de tutelle auquel Dieu les sou-
la spiritualisation de l'héritage est la condition mettait (Ga 3,23; 4,1ss). Par sa *croix, Jésus a
des lévites qui, suivant une formule de Dt 10,9, mis fin à cette disposition provisoire, pour nous
o n'ont pas d'héritage avec leurs frères, car c'est faire passer de l'état d'esclaves à celui de fils, et
*Yahweh qui est leur héritage li. Au début, cette donc d'héritiers {Ga 4,5ss). Grâce à sa mort, nous
formule s'entend dans un sens assez matériel pouvons maintenant recevoir l'héritage éternel
l'héritage des lévites est constitué par les offrandes pcomis (He 9,15).
des fidèles (Dt 18,rs), Mais elle acquiert progres-
sivement une densité plus grande, et elle en vient 2. Les croyants, héritiers dans le Christ. - Tel
à s'appliquer au peuple tout entier : Yahweh est est en effet l'état actuel des chrétiens fils adop-
sa part d'héritage (Jr rn,16; cf le nom Hilqiyah, tifs de Dieu parce que !'Esprit de Dieu les anime,
{l.Yah est ma part 11). Conviction qui prend tout ils sont à ce titre héritiers de Dieu et cohéritiers
son sens au moment où l'héritage matériel, la du Christ (Rm 8,14-17). La promesse faite aux
terre de Canaan, est retiré au peuple de Dieu (cf patriarches, ils en héritent (He 6,12.r7), comme
Lm 3,24). jadis Isaac et Jacob (n,g), parce qu'ils sont la
C'est à partir de là que la notion d'héritage se vraie descendance d'Abraham (Ga 3,29). La sou-
spiritualise complètement, Quand les psalmistes mission à la Loi mosaïque n'y est pour rien, ni
disent : tt Yahweh est ma part » (Ps 16,5; 73,26), l'appartenance à •Israël selon la *chair; mais
ils montrent en lui le bien parfait dont la posses- seulement l'adhésion au Christ par la foi (Rm 4,
sion comb1e leur cœur. On comprend que cet 13s). li en résulte que, dans le •mystère du Christ,
(1 les païens sont admis au même héritage, béné-
héritage tout intérieur soit réservé au Reste fidèle :
l'héritage n'est plus une récompense extrinsèque ficiaires de la même promesse n (Ep 3,6; cf Ga 3,
accordée à la *fidélité, c'est la •joie même qui 28s). Autour du Christ, héritier unique, se cons-
découle de cette fidélité (cf Ps n9). Dans cette truit un •peuple nouveau à qui le droit d.'héri-
perspective nouvelle, la vieiUe formule II posséder tage est donné par •grâce (Rm 4,16).
la terre » devient de plus en plus une expression
conventionnelle du bonheur parfait (cf Ps 25,13)
qui prélude à la deuxième. *béatitude évangélique II. L'HÉRITAGE PROMIS
(Mt 5,4; cf Ps 37,u LXX). On comprend aussi
que la possession de Dieu par le cœur croyant L'héritage que « Dieu procure aux hommes
anticipe pour lui, en quelque sorte, l'héritage qu'il avec les sanctifiés » (Ac 20,32), « l'héritage parmi
recevra dans le « monde à venir ». les saints » dans la lumière (Ep 1,18), révèle du
même coup sa vraie nature. La terre de Canaan
NT n'était pas l'objet adéquat des promesses; elle
n'était qu'une •figure de la cité céleste (He II,
L L'HÉRITIER DES PROMESSES Sss). L'héritage a préparé D par le Père à ses élus
« depuis le commencement du monde » (Mt 25,
1. Le Christ, héritier unique. -L'AT avait réservé 34), c'est la •grâce (I P 3,7), c'est le •salut (He 1,
la qualité d'héritier de la promesse, d'abord au 14), c'est le •Royaume de Dieu (Mt 25,34; 1 Co
seul peuple de Dieu, puis au Reste des justes. 6,9; 15,50; Je 2,5), c'est la *vie éternelle (Mt 19,
Dans le NT, on constate d'abord que ce Reste, 29: Ti 3,7).

535 536
HÉRITAGE HEURE

Ces expressions soulignent le caractère trans- Heure parfaitement inconnue: des humains~ c"est
cendant-de l'héritage; II.n'est pas:à la portée Ide celle du •jugement .-(Mt -24,36.44;50' p; Jn· 5,25.
la •chair et du san:g. »,. il exige :un être .qui soit 28),- celle de _la· •moisson- (Ap ;i:4,15ss). Également
transformé à-l'•image du Christ,(r-Co r5,4gs). En imprévue sera l'heure· des .•:visites -diverses qui
tant que •Royaume, il est -une partjcipation à sa annonceront l'heùre·dernière :- épreuves.-générales
royauté universelle (d Mt 5,4; 25,34; :Rm ·4,13, (Ap 3,-10) ou. particulières (9,r5-). ·Le croyant. doit
rapproché de Gn .15 et_Ps 2,8). En tant que •.vie se-tenir. prêt _pour. c.ette heure._.précise quoique
éternelle, il est participation à. la vie du Christ indéterminée (Mt., 25,13), Il sait ·d'ailleurs que
ressuscité -(cf ·1 Co 15,45-50), et par là· à.la vie lbeure- est proche, et, en un sens, déjà·,venue
de Dieu lui-même .. Nous y accéderons- parfaite- (Jn'. 4,23), elle est en marche (5,25.~8) ··: c'est,-la
ment au~delà de ·Ia mort,, quand nous -rejoindrons ([ dernière.heure· D (1 Jn 2,18), celle de la' *vigi-
le Christ dans sa gloire. Actuellement, :nous ne ·le lance active (Rm 13,:n), mais. aussi du *culte
tenons qu'en *espérance.(Ti 3,7)_·; cependant.1'.•Es- parfait, dans l'intimité, -du Père, par !'Esprit (Jn
prit-Saint qui- nous a été. donné- ,en> constitue· déjà 4;23).
les arrhes- (Ep 1,14),' en attendant qu'à. la Parou-
sie, le Christ nous en assure. la possession parfaite. 2. L'heure messianique. - En fait,- d'une :façon
FD & PG moins spectaculaire, l'heure ·vient à.vec Jésus :
l'heure de l'annonce du_ :Iwyaume .(peut-être Jn
• Ab'rahazn , Il 4 .;.._ . eo,ips ,li I - don .NT 1 -:- 2,4), surtout celle de sa passion. et de sa ·gloir~
espérance ----:- fécondité III 1 a _- fils de Dieu. NT Il
2 - patrie AT 1: NT z - peuple A_ II 4·_- qui mène à son achèvement le déroulenumt du
promesses Il i:, IV - rétribution III z - royaume plan· sauveur _de Dieu. '
NT .Il 2.3,III-3 - salut NT II 3 - terre AT II 1.2.4; Le5 Synoptiqties la désignent -d'une forinule
KT,J 2 - vigne 2. simple._et solennelle,: «_Vciicl, venue·l'heuîe; etc .. ; D
(Mt 26,45 p). l\foins qu'un_momen~ précis du_ temps,
c'.est l'ensemble _de la pb;,lse ~uprême de son actiw
vité qu'elle couronne, comme Je fait l'heure, de la.
femme dont-· les · douleul"s marquent l'apparition
HEURE d'une nouvelle vie (Jn 16,2:r)_: C'est une· heure de
souffrance dont l'approche dé"clenche un rude corn:.
bat intérieur .. (Mc 14,35). Car J:'est au!3si l'heure
1>àns la Bible, l'histoire se divise sans doute de l'•enneini ·et du triomphe apparent des ténèbres
en époques, en mois•. en ,jours, en "heures.; mais (Le 22,53)_. Mais c'est plus encore l'heure·de Dieu,
temps, ·jour et heure débordent souvent ..cette fixée par· _lui ·seul, et vécue·· par· Jésus ·selon 1a.
acception chronologique et offrent une signi_:fica- vo1ollté du Père. Venu pour faire cette_ •volonté,
tion religieuse. Comme le .•temps de la *visite de il accepte cette heure; malgré !'•angoisse qu'il en
Yahweh ou le. ~Jour du salut, l'heure marque les ressent (Jn 12,-27) _: n'est-elle. pas allSSi. celle de
étapes décisives· du •dessein de Dieu. sa •gloire (12,23) et de sa pleine activité salviw
tique (r2,24) ?
r. L'heure eschatologique. -L'apocalyptique juive, D'après Jean, Jésus lui-même l'appelle une fois
convaincue de la proximité des derniers .temps, ,c mon heureD (2,4), tant il fait sienne cette •volonté
ceux de la *plénitude, . décompose le temps prévu de Dieu.. Nul ne peut; pas mêine·la mère de Jésus,
pour l'intervention divine- ~ jours et en heures ; déroger au plan divin et solliciter un miracle,
tous- .les instants: CQmptent quand .. anive la fin. sans que Jésus n'évoque la venue de son heure
Daniel apprend .que sa . vision conc.erne « . l'heure (pour. -l'affirmer ou ta, -nier; selon. ,les : opinions
du temps.Il et.que la·.•colère.agira « pour.les heures divergentes dès critiques). -C'est-en fonction .di~e
du temps de la fin » -(Dp. 8,17.19), « car le temps qu'il ordonne_ -toute son activité de thauf11.aturge
court verS des.heures D ,(u,35). En,fait, il y _aura et de prophète. L'évangéliste génér~se en par-:-
une heure définitive, celle· .de . la- consommation lant de.« Son heure-D. :Tout essai d'ar_res_tation.Qu
qui verra la ruine de l'•Ennemi (n,40.45;.-.d. . Ap de lapidation. est vain, tant que s.on heure n'est
18,1.0.17.19). De _même,. -le livre . ap9cryphe d'Hé- pas· venue ·(7,30; 8,20) : les- velléi:tés humaine,s se
noch-- compte les heures_ où se suècèd(,l:nt .les pas- brisent .contre cette détermination divine. Mais,
teurs .de Juda. lorsque ,vient« .l_'heur:e,de passer ,de-ce monde au
C'.est dans un· tel climat -que_. Jésus annonce Père-».-(13,r.), heure de:l'amour_poussé,jusqu'à son
l'heure du triomphe final du Fils de l'homme. terme, le Seignellr... va à la mort librement, domiw

537
HEURE HOMME
nant les événements, tel un pontife, accomplissant mentalités, s'en ajoute une autre, plus profonde
les rites de sa. liturgie (cf r4,29s; 17,r). encore. Dans la perspective de la philosophie
Ainsi, derrière l'apparence selon laquelle les évé- grecque, il s'agit d'analyser l'homme, ce micro-
nements se succèdent sans coordination, tout .est cosme qui unit· deux mondes, spirituel et maté-
dirigé vers un but qui sera atteint en son temps, riel; la Bible,, théologique, ne regarde l'homme
son jour, son heure. ·Les heures de cette marche que face à Dieu dont il est !'•image. Au lieu de
sont minutées, comme le seraient aujourd'hui celles s'enfermer ·dans un monde naturel et clo..c:i, elle
d'un plan économique ou politique. Il en est .de ouvre la scène aux dimensions de l'histoire, d'une
douloureuses, comme celle où Jésus est abandonné histoire dont le principal acteur est Dieu : Dieu
par ses disciples (Jn 16,32) ; mais toutes tendent qui a créé l'homme et qui, pour le racheter, est
vers la gloire, celle du retour du Seigneur glo~ lui-même devenu homme.· L'anthropologie, déjà
ritié ; · toutes portent, dans leur précision même, liée à une théologie, devient inséparable d'une
témoignage du *dessein de ·Dieu qui mène l'his- christologie. Ainsi les comportements variés des
toire (Ac 1,7). RM hommes au cours de l'histoire se synthétis'ent
dans les deux catégories du pécheur et de l'homme
_. dessein de Dieu NT I 1 - Jour du Seigneur - nouveau. Et ces dernières- actualisent les deux
temps NT I 1 - .visite. figures révélées à des moments privilégiés de l'his-
HltRARCHIE - charismes II 4 - ministère II - toire sainte :· Adam et le Serviteur de Yahweh,
sacerdoce AT I 4.5. et accomplies par "'Jésus-Christ. ·Le type authen-
tique de l'ho~me vivant, ce n'est donc pas Adam,
mSTOIRE SAINTE -+ accomplir NT 1 - Alliance mais Jésus-Christ; ce n'est pas celui qui est issu
AT Il 3 - Antichrist - création AT III I - dessein de la terre, mais celui qui e&t descendu du ciel ;
de Dieu - fêtes - figure AT II - génération -
guerre AT III - heure - Israël - Jésus-Christ Il ou plutôt, c'est Jésus-Christ préfiguré en Adam,
I ad i concl. -- Jour du Sei_gneur - _jugement AT I l'Adam céleste esquissé dans le terrestre.
z - Loi B III 3 - mémoire - monde AT II 3 -
mystère NT II - œuvres AT I 1 - Parole de Dieu
AT II· 1 b. z a - peup1e - prière I - Providence o - l. A L'IMAGE DE DIEU
Reste - Révélation AT l 3, II. i NT IV.- sÎgnt, AT
I - temps AT Il - volonté de Dieu AT 1 1. 1. L'Adam terrestre., - Le chap. 2 de la Genèse
HOLOCAUSTE • feu AT li 1 ~ sacrifice AT II, ne concerne pas seulement l'histoire d'un homme,
NT I. mais celle de !'humanité entière,. comme l'indique
le terme • Adam, qui signifie Hom.me ; selon la
HOMICIDE_. co1ère A - haine - péché IV 2 b - mentalité sémitique, l'ancêtre -d'une race porte
mensonge III ~ sang AT 1 - Satan I - vengeance • - en lui la collectivité « issue de ses reins » ; en lui
violence II. s'expriment, réellement, tous les descendants : ils
HOMMAGE _. adoration - 1ouange - · obéissance. lui sont incorporés ; c'est ce qu'on a pu appeler
une « personnalité corporative ». D'après Gn 2,
l'homme apparait en Adam avec ses trois rela-
tions essentielles : avec Dieu, avec la terre, avec
ses frères.
HOMME a) L'homme et son Créateut', - Adam n'est ni
un dieu déchu ni une parcelle d'esprit tombée du
ciel dans un corps; il est .une créature libre, en
Les éléments d'une anthropologie biblique sont relation constante et essentielle avec Dieu: C'est
donnés aux divers articles *ârile, •cœur, *chair, ce qu'indique son origine. Issu de la terre, il ne
•corps, *esprît. Selon cette conception synthé- s'.y limite pas; son existence est suspendue à
tique, si différente de la mentalité· commune de l'*esprit de vie que Dieu lui -insuffle. Il devient
nos jours, qui voit dans le corps et l'âme les deux alors "âme vivante, c'est-à-dire à la fois un être
composantès de l'homme, l'homme s'exprime tout personnel et un être dépendant de Dieu. La « reli-
entier en ses divers aspects. Il est âme. en tant gion II ne vient pas compléter chez lui une nature
qu'animé par l'esprit de vie; la chair montre en humaine, déjà consistante, elle est intégrée dès
lui une créature périssable·; l'esprit signifie son l'origine à sa structure même. Parler de l'homme
ouverture à Dieu ; •le corps enfin l'exprime au sans le mettre en relation avec Dieu serait donc
dehors. A cette première différence• entre les deux un non-sens.

539 540
HOMME HOMME

Au souffle qui constitue l'homme vivant,_ Dieu pas peur de Dieu; il-est en *paix·avec Celui qui se
joint sa !)arole, et cette première -parole·. prend la promène familièrement dans· son· jardin, il est
forme d'.uné défense : « De l'arbre de la connais-- dialogue transparent avec sa compagne,_ avec les
sance du bieli et du mal tu ne mangeras ·pas, car animaux, avec toute la création.
le jour .où tu en ma.ngera(i)s, -tu- mourras certaine-- d) A: l'image de·-.-Dieu. ~ Le récit. sacerdotal
ment » (Gn 2,16s). Au cours -de son existence, (Gn. 1) :c:ésume .,les ·affirmations du- yahviste .en
l'homme continue ainsi à·être relié à son créateur montrant que la création· de. l'homme_ vient_ cou..
par !'*obéissance à sa *volonté. Ce commande- ronner celle de l'univers, et en notant le but de
ment lui apparaît comme .un. interdit, une· limite. DieÜ. : « Faisons fhomme à notre ·image, comme
En .fait; il est nécessaire à son accomplissement; notre ressembl~nce.... Soyez fécOnds... soumettez
il permet à :l'homme de comprendre qu'il n'est la-.terre·et,dominez sur tous· les animaux» (Gil
pas dieu,. qu'il dépend de Dieu· dont il reçoit .la 1,26ss). Créé à !'*image de Dieu, l'homme })eut
vie, cc souffle qui l'anime sans qu'il s'en rende entrer-en dialogue aVec ·lui_; il n'est pas Dieu, il
compte. vit-:en dépendance dei Dieu, en une relation ana-
L'homme est donc uni au Créateur par- une rela- loguè:à.'celle qu'un ·fils a vis-à-vis- de son père -(cf
tion de dépendance· -vitale .·et .première que sa Gn 5,3) ; avec toutefois ce:tte différence que. l'jmage
•liberté doit exprimer soùs forme d'obéissance. .nè peUt subsister·indépendamment de celui.qu'elle
Cette. *loi inscrite -au. cœur de l'homme, -c'est .la doit• exprimer, comtne le dit le terme «· souffle »
•conscience par laquelle· le Dieu vivant dialogue ,dans le récit ·de la. .création.· L'homme- exerce so;n
avec sa créature. rôle d'image en _deux activités majeures : image de
b) L'homme devant :-l'univers. - Dieu place la •patèmité divine, il doit se multiplier pour
1'homme dans une création belle· et bo~e (Gn -2, remplir. la· terre,; imàge de la •seigneurie divine,
9) pour la cultiver-et la ,garder, pomme_ son-inten- il doit soumettre la terre à Sa domination.. L'homme
dant. Il veut qu(Adam .affirme sa souveraineté sur est le seigneur de. la terre, il ést présence de Dieu
les *animaux en les *nommant ,(2,19s; cf 1,28s); sur terre, · ·
il signifie par là que la nature ne. doit. pas être
divinisée, mais dominée, soumise. Le de:voir · du 2. L'Adam cé,este, - Tel est le projet_de Dieu.
•.travail de·la-terre ne,prend pas la succession.du ~lais ce· projet .ne se réalise parfaitement qu'en
devoir d'.obéissance· à Dieu, il s'y .réfère sans Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Le Christ hérite
cesse. Le -premier: ré_cit de la création en_ témoigne des attributs_ de la *Sages.se, «. reflet de la lumière
à sa· manière· :i le septième jour, jour- de· *repos, éternelle; mirOir· sans. tache de l'activité .de, Dieu,
marqu~ la mesure du travail humain,. çar l'!l"œuvre iniage de -son èxcellencè )J (Sg 7, 26). , Adam· a été
des mains de l'homme doit exprimer l'œuvre du créé à l'image de Dieu, mais c'est le Christ seul
créateur. qui est « l'imagè de Dieu l) ·(2 Co 4A; cf He... 1;3).
c), L'homme en société. - En.fin; l'homme est Paul commente. : -« Il est ·l'image·.- du Dieu invi-
un être -social, par sa· nature même ·(cf •chair), sible, premier-né de toute créature, t:ar c'est en
et n·on en vertu d'u:il commandement qui lui demeu- lui qu'ont été créées foutes choses, dans les cieux
rerait extrinsèque.· La différence fondamentale, des et,sur-la. terre... tout a été ·cré~ pat-lui ·et J)our
*sexes est-à la fois.le.type et la. source. de.la vie lui. II.est àvant.toutes choses et tollt subsiste.en
en société,-fondée non sur la force mais•sur l'anw.ur. lui-; et il est= aussi la tête· du. corps,.:c•est~à~dire
Dieu envisage cette relation comm·e une_ . aide de rÉglise .» (Col z,15-18),,-La -triple dimension
mutuelle; et•. -l'homme.- reconnaissant c].ans la d'Adam se retrouve encore, nette •mais sublimée.
*femme-que·· Dieu -lui a· présentée l'expression· de a) .Le Fils devant llt Père.--Celui qui_ést l'image
soi-mêrile, se ..dispose au périlleux exode hors ,de de Dieu, .c'est le·. Fils d.ont Paul vient- de parler
soi que <::onstitue 1:~amour. T_oute !'.encontre avec (Col-I,rJ).· Il n'C5:t pas·:simple1;11ent l'image .visible
le prochain trouve en· c_ette relation ·première .son du Dieu invisible, il. est. Je,. •Fils. toujours uni- à
idéal, au point que Dieu lui-même exprimera l'al- son Père: -Corrime il le dit :de -lui-même·.: u, Le Fils
liance contractée. avec .son .peuple sous l'image ne peut faire. de-lui-mê_me rien·qu'il ·ne voie faire
des *épousailles. au Père,;. Cè n'.est.pas ma .volonté-que· je.,cherche
Homme et femme, ·sans .•vêtement, sont _a_, nus .mais fa-volonté.de.celui qui-_lll'a_envoyé_» (Jn 5,
sans honte l'un devant .l'autre. ». Trait significa- 1gs.30; c_f 4,34): Ce que-.dèvait,être Adam_: créa-
tif : la relation sociale est encore sans ombre, ture en constante relation de dépelldance. ijliale-à
parce que .la -•communion ·-avec Dieu est _pléni:" l'égard_ de Dieu,- Jésus, le réalise parfai~ement.
tude rayonnante de_ gloire. Aussi l'homme..n'a-t-il Qui le· voit voit·-Ie Père (14,9),

541
HOMME HOMME
.b) Le "CkYist et l'univers. - L'homme accomplit dées par la force instinctive, par la convoitise, par la.
l'œuvre de ses mains ; Jésus accomplit celle du domination ; le fruit de leur *amour ne leur sera
Père : « Mon Père est sans cesse à l'œuvre, et moi donné qu'au prix des ·douleurs de l'enfanterùint
aussi je suis à. l'œuvre » (Jn 5,17). Or, cette *œuvre, (3,16). La suite des chapitres de la Genèse montre
c'est en réalité la *création elle•même : 11 Tout a comment la scission du premier couple se réper-
été créé par lui 1> ; -s0us son regard·, la création cute à travers tous Jes liens sociaux : entre Caïn
s'anime et devient parabole- du Royaume des et Abel, *frères ennemis {Gn 4), entre les hommes
cieux. Et comme dans le -récit de la création, qui, à Babel, ne.se comprennellt plus (Gn rr,I·9)-
ordonnée tout entière à l'homme, voici que II tout L'histoire sainte est un tissu de division.s, ·une
a été créé pour lui » ; de fait, sa seigneurie s'étend suite de *guerres, entre le peuple et les *nations,
non sur les animaux seulement, mais sur toute entre les membres de ce *peuple lui-même, entre
créature. le riche et le pauvre ... 1'.faîs la promèsse de la vic-
c) Le CkYist et l'humanité. - Il est enfin le toire demeure, aurore dans la nuit, et les pro•
« Chef, la tête du corps ». Cela veut dire d'abord phètes ne cesseront d'annoncer le prince pacifique
qu'il est celui qui donne la vie, le« dernier Adam n qui réconciliera. les hommes entre eux (Is 9,5s).
(r Co 15,45), cet Adam céleste dont il faut revê• b) L'unive-rs hostile à !-'homme. - Par la faute
tir. l'image (15,49). Il est le chef de la famille d'Adam, voilà que désormais le sol est maudit;
qu'est l't-Église, société humaine parfaite. Mieux, l'homme devra manger son pain non plus comme
il est le principe d'unification de la société que un fruit spontané de la .terre, mais à force de
constituent les hommes (Ep 1,10), peines, à la sueur de son front (3,I7s). La création
est donc, malgr-é- elle, assujettie à la corruption
Adam ne trouve donc le sens de son être et de (Rm 8,20) : au lieu de se laisser volontiers souM
son existence qu'en Jésus-Christ, le. Fils de Dieu mettre, elle se révolte contre .l'homme ; certes, de
qui s'est fait homme pour que nous devenions toute manière, la terre aurait tremblé, elle aurait
fils de Dieu (Ga 4,4s). poussé des épines ; mais ces ronces et ·ces *cala-
mités ne signifient plus seulement que le mOllde
est caduc, mais aussi que l'homme est pécheur.
II. A TRAVERS L'IMAGE DÉFIGURÉE Et cependant, les prophètes annoncent un état
*paradisiaque (Is II,6-9), révélant à quel point
L'idéal que fixa la ·création, auquel on doit demeure vivace en l'homme la nature telle qu'elle
sans cesse se référer, ne peut· ·plus être atteint, ni sortit des mains de son créateur : l'espérance n'est
même visé directement Désormais l'homme doit pas morte (Rm 8,20).
passer de 1\mage mutilée qu'est le pécheur à c) L'homme liv-rl à la mort. - « Tu es .glaise
l'image idéale du Serviteur de Dieu. Telles sont et tu retourneras à la glaise n (Gn 3,19). Au lieu
les nouvelles conditions dans lesquelles se déroule de recevoir comme un don la vie divine, Adam
la vie de l'homme concret. a voulu disposer de sa vie et, en mangeant du
fruit de !'*.arbre, devenir un dieu. Par cette déso•
z. Adam pécheur. - L'auteur de Gn 3 n'a pas béissance, 1'homme a rompu avec la source de la
voulu brosser le tableau d'une défaite, mais vie. Alors que la •mort aurait été un simple pas•
annoncer la *victoire après la lutte. Avant de sage vers Dieu, elle n'est plus seulement .un phé-
prononcer le èhangement~qui va-affecter l'homme nomène naturel devenue fatale, elle signifie le
en sa triple dimension, Dieu sème l'espérance en *châtiment, la mort éternelle. C'est ce que sym·
son cœur- : le lignage de la :femme sera sans doute balise aussi l'*exil du paradis. Ayant rejeté la loi
atteint au talon par son. adversaire, mais il écra- intérieure (théo-nomie), ·cette présence de Dieu
sera la tête de l'engeance du serpent (Gn 3,15). Ce en lui, l'homme est livré à lui•mêroe, à sa falla-
protévangile colore les sombres annonces qui suivent cieuse auto•noroie. L'histoire raconte les échecs
et assurent l'homme du triomphe final de Dieu. répétés de celui qui, pensant s'égaler à Dieu,
a) Divisions de la famille humaine. - Ce n'est devenu qu'un mortel. Toutefois le rêve d'une
qu'Adam pécheur découvre en premier lieu, c'est vie pleine ne s'est pas évanoui. A l'homme, Dieu
que sa nudité (Gn 3,7.u), jusqu'ici seulement srm• ouvre à noùveau le chemin vers l'*arbre de vie
bolisée, devient séparation : questionné par Dieu, (Pr 3,18; n,30) : sa *Loi, sa •sagesse, sources do
Adam accuse sa :femme et se désolidarise ainsi fécondité pour celui qui les met en pratîque. Mais
d'elle (Gn 3,12). Dieu leur annonce alors que leur cette Loi, ayant déserté son cœur lui semble désor~
unité est déchirée : leurs relations seront comman- mais extérieure {hétéro-nomie).

543 544
HOMME HOMME
d} Division de la •conscience. - En effet la Loi a) Fidèle à -Dieu jusqu'.à la mort_. - En son
qui montre où est le_ salut, sans pouyoir le_ don- Serviteur, Dieu se complait et (< a mis son esprit
ner, creuse en l'homme une division à. la fois pour qu'il apporte a:vec *fid~lité le *droit aux
mortelle et salutaire. L'Adam qu'µnifiait la com- nations n (Is 42,rss). Alors qu~il serrible user ses
munion avec le Créateur se fuit .-lui-même en forces et se fatiguer en vain, il sait que Dieu le
fuyant Dieu. Il se cache devant Celui qui l'ap- glOrifi.e sans cesse (49,4s) ; il est obéissant, tel le
pelle (Gn 3,10). Cette p.eur, cari<;:_ature de rauthen- disciple dont chaque matin Dieu ouvre l'oreille';
tîque *crainte de Dieu, est contagieuse; elle signi- il ne résiste pas, même sous les outrages, car sa
fie la division de la. conscience. •confiance en Dieu n'est pas ébranlée (50,4-7). Et
Seul un être· unifié intérieurement pouvait sai- quand vient l'heure du sacrifice, (< affreusement
sir et dominer ce· divorce intime : Paul l'eXprime, traité, il s'humilie, il n'ouvre pas la bouche,
éclairé par l'EsI)rit. Dans l'épître aux Romains, comme un agneau .conduit à la boucherie » (53,
il décrit le Moi livré à l'empire du Péché et exis- 7). Accueillant parfaitement la volonté du Sei-
tant sans !'_Esprit qui lui est pourtant, _indispen- gneur qui fait retomber sut lui les crimes des
sable. Comme un décapité qui resterait vivant, il hommes, il se livre lui-même à la mort (53,12).
a cOilSCience ,de son désarroi : ~ Je suis un être de Tel est le Serviteur fidè1e, dernier *reste de l'hu-
chair vendu au pouvoir du péché. Ce que je fais, manité, qui par son *obéissance renoue le lien
je ne le coIDprends pas : car je ne fais pas _ce que brisé par Adam et, en acceptant la mort, mani-
je veux, mais je fais ceque..jehaisn (Rm 7,14s). Sans feste· le caractère absolu de ce lien.
cesser en son for: intérieur de sy~pathiser avec la b) L'homme de· d~uleurs. - Adam pécheur
Loi de· Dieu, l'homme qui a laissé le Péché -s'ins- s'était vu affligé de peines et de souffrances, le
taller en lui voit' la "chair rendre son entende- Serviteur porte nos •souffrances et nos douleurs
ment o: charnel {Col 2,18), . •endurcir son *cœur
)1
·(Is 53,3); plus- encore, celui qui devait dominer
(Ep 4,.18), ··tyranniser son *corps au point de lui sur les animaux leur est devenu semblable, a il
faire produire des •œuvres mauvaises (Rm 8,r3). n'a plus d'apparence humaine» (Is 52,z4), il est
II lui semble ainsi aller à la. mort, irrémédiable- « un ver, non un homme» (Ps 22,7).
ment. Il n'en va pourtailt pas ainsi, car .un acte c) En face· de la société. ·- « Objet de mépris
de foi peut arracher le. pécheur à la domination et rebut de l'humanité ·» (Is 53,3), le Serviteur
de la chair. Mais jusqu'à cet acte de foi, le pécheur est enfin rèjeté de tous ; horrifiés à._· cause de lui,
demeure en Ull état d'aliénation. Il lui manque ses contemporains croient à. un échec (52,14) ;
son principe d'unité ,et de personnalisation : l'•Es- mais, par son prophète, Dieu leur fait reconnaitre
prit. Par la bouche. de Paul, il appelle le Sauveur, et *confesser la valeur expiatoire et· salutaire. rl.e
de ce cri qui avait retenti tout au long de l'AT : ce sacrifice : <l Il a été transpercé à cause de nos
• Malheureux hom,:ne que je. suis ! qui me déli- péchés, écrasé _à cause de nos crimes;.. Le ·châ-
vrera de ce corps qui me voue à la mort ? » ( Rm timent qui nous rend la paix est sur lui ; c'est
7,z4). . grâce à ses plaies que nous sommes guéris >1 (53,
Par cet appel, le _pécherir achève son itinéraire : 5). Dans l'holllme de douleur, le prophète entr_~-:-
ayant refusé de ·recevoir la vie comme un don, voit l'intercesseur qui prie pour les pécheurs et
ayant constaté son échec à.s'en emparer par ses la victime qui •justifie la multitude (53,n). A tra-
propres forces,. il se tourne enfin vers Celui de vers la mort du Serviteur, Adam peut· s'avouer
qui ,vient la •gtâce. Le, voilà,.de nouveau. dàns vaincu par le péché, et c'est au moment oi:l il
l'attitude fondamentale de la créature; mais le renonce à sa justice· qu'opère le salut; l'action
dialogue qui recoinmence est désormais celui d'Un de Dieu ne devient efficace qu'à. travers la passion
pécheur avec son Sauveur. ultime de l'honime . abandonné par les hommes.
En vérité la vie n'est pas le résultat d'une c_on-
2. Le Serviteur de Dieu. - Ce ~auveur, Paul, à voitise mais le fruit. toujours nouveau d'un don
la suite de _la· comniunauté primitive, l'a reconnu gratuit. ,
annOncé par ISaïe·sous les traits du •Serviteur de d) Le SeYvüeur Jésus-CJwist. """""".' La ·prophétie
Dieu. Lors du trlorµ.phe pascal, _en effet, ce n'est du Serviteur est sous-jacente à de nombreuses
pas vers quelque description grandiose du *M_essie- hymnes chrétiennes primitives. Celles-ci résument
Roi on du glorieux •Fils de" l'hom111~ que les chré- l'existence de Jésus en un diptyque qui dépeint
tiens se sont tournés. Ils_ n'avaitmt pas besoin la misère et la grandeur de l'homme : abaisse-
d'un surhomme, mais de l'homme qui porte et ment et.exaltation (Ph 2,6-n; He 1,3; Rm :::,3s;
emporte le péché du monde. etc). Celui qui, durant sa vie entière, s'était nourri

545
HOMME HOMME
<le la volonté du Père, loin de retenir jalousement en divisions sociales et raciales. Retrouvant son
le rang qui l'égalait à Dieu, prit la condition d'es- _unité dans le Christ, l'homme peut dominer les
clave ; devenant semblable aux hommes, il s'hu- situations hùmaines : ·*liberté ou •esclavage,
milia plus encore, obéissant jusqu'à la mort et à •mariage ou "'vitgiriité (1 Co 7); chacune a un sens,
la mort en croix. Parfaitement obéissant, Jésus chacune a ·sa valeur dalls le Christ Jésus.
s'est comporté en véritable Adam, entrant dans La confusion des *langues, qui symbolisait la
la •solitude parfaite pour devenir le père de la division et la *dispersion des hommes, est sur-
nouvelle race, source de vie à jamais. C'est lui, montée par le langage de !'Esprit ·que donne sans
vêtµ en roi dérisoire, que Pilate montre sur l'es- cesse le Christ; et cette'charité s'exprime à tra-
trade :.a ,Voici l'homme» {Jn I9,5) : tel est le che- vers la variété des *charismes,. à la gloire du Père.
~nin de la •gloire. A travers cette image défigurée
par son péché, l'homme doit reconnaître le Fils 3. L'homme __nouveau, c'est d'abord le Christ en
de Dieu qui « a été fait Péché pour qu'en lui nous personne (Ep 2! 15), mais aussi tout croyant dans
devenions justice de Dieu.» {2 Co 5,21). le Seigneur Jésus, Son existence n'est plus asser-
vie à la *chair, ene est victoire continuelle de !'"'es-
prit sur la chair (Ga 5,16-25; Rm Bs,-13). Uni à
III. A L'IMAGE DU CHRIST Celui -qui prit un(\ corps de chair·» (Col ·1,22), le
•corps du chrétien participant dans le *baptême
Pécheur, Adam ne· peut redevenir pleinement ce à la mort du Christ (Rm 6,5s), est mort au péché
qu'il est en droit - « à l'image.de Dieu"-. que (Rm 8,ro), son corps de misère deviendra itn corps
s'il est.à nquveau modelé« à l'image du Christ» : de gloire (Ph 3·,21), un (! corps Spirituel>) {r Co 15,
non pas simplement du Verbe, mais du.crucifié, 44), Son ep,tendement eSt renouvelé, métamor-
vainqueur de la mort. Les valeurs reconnues .au phosé ·(Rm 12,2; Ep 4,23) ; il sait juger (Rni 14,
chap. 2 de la Genèse vont se retrouver, transposées 5) à la Jumière de ]'Esprit dont i~· exprime ration-
sur la personne du Christ. nellement les expériences : n'a-t-il pas l'entende-
ment même du Christ (t Co 2,16) ? Si _l'homme
I. Obéissance de la foi à ]/sus-Christ. - Ce n'est n'est plus _un simple mortel parce que la foi a
plus directement à Dieu que l'homme doit adresser dép.osé dans son cœur un germe d'immortalité,
son obéissance et son hommage, ni à la Loi misé- il ·doit cependant· mourir sans cesse au H *vieil
ricordieusement donnée à. l'homme pécheur, mais homme », en union avec Jésus-Christ mort· une
à cèlui qui est venu prendre figure humaine (cf fois pour tous'; sa vie est *nouvelle. Ainsi (( nous
Rm 10,5-13) ; l'unique œuvre à accomplir est de tous qui, fo visage _découvert, ré:fléèhissotis comme
croire en Celui que Dieu a envoyé (Jn 6,29). Car en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes
« unique est le *médiateur _entre Dieu .et les transformés eil cette même image, toujours plus
hommes, le Christ Jésus, homme h,1.i-même » (1 Tm glorieuse, comme il convient à 1'8.ction du Sei-
2,5). Unique est le Père auquel l.es croyants sont gneur qui est Esprit » (2 Co 3,:18). L'homme
menés pour qu'ils aient, par le Fils, la vie en nouveau doit sans cesse progresser en· se laissant
abondance et à jamais. envahir par l'image unique qu'est le Christ : à.
travers l'image défigurée du vieil homme se mani-
2. Pri.m.autl du Christ. - Si Jésus donne la vie feste toujours mieux l'image glorieuse de l'homme
du Père, c'est qu' « il est .le Principe, Premier-né nouveau, Jésus-Christ notre Seigneur ; et par là
d'entre les morts ... Dieu s'est plu. à.faire habiter l'homme « se renouvelle à l'image de son· Créa-
en lui toute la-. *plénitude, et par lui à- •réconci- teur» (Col 3,9s).
lier tous les êtres pour lui-, en faisant· la paix par
le sang de sa croix» (Col r,18ss). Les divisions qui 4. La •création enfin, qui fut as~ujettie malgré
affectent l'humanité pécheresse ne sont pas mécon- elle à Ia ·v.mité et qui jusqu'à ce jour avec nous
nues, mais elles sont désormais surmontées et gémit en travail d'enfantement, garde elle aussi
situées par rapport à un être "'nouveau, selon !'"'espérance d'être libérée de la servitude de la
une dimension nouvelle, l'être dans le Christ : « Il éorruption pour entrer dans la glorieuse *liberté
n'y a plus ni Juif ni .Grec, il n'y a plus ni esclave des enfants de Dieu. Si, par suite du péché, le
ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme; travail reste pénible, il est revalorisé par l'espé-
car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus D rance d'être transfiguré dans la gloire fi'.!lale (Rm
(Ga 3,28). La différence entre les sexes était deve- 8,18-30). Et quand le dernier ennemi, la Mort,
nue conflit; la scission du couple s'était élargie aura été détruit, le Fils ren:iettra la royauté à.

547
HOMME HONTE

Dieu le Père, et,ainsi Dieu sera tout.en ~ous (1. Co dans la honte D (Is. .42;17; ·Ps- 6,n; 70,4). Leur
15,24C28). . . XLD humiliation- sera souvent de. voir triompher celui
qu'ils. pen~ent avoir vu (Sg 2,20; 5;_rss) .ou voir
~ AdlilU - âm~ .:_ aniillall.X: ~ bien & ITlàl I 3 - un jour humilié (Ps 35,26).
chair_ - corps~ cré_atiOri AT II 1.2,îV - Dièû AT . . ·- . ' .
III 5 -- épreuvè/tentation AT II - esprit "-- femme -
fils de-Dieu NTII- Fils del'Hoznm.eATI-image- -H~te et',nùd.Ùé. ~ La ·hon~e d'être sans •vête•
2 •.

Jésus.Christ' II I c ·-. mariage - monde - nouveau merit .(Gn 9,23) entre parmi les faits mystérieux
III 3 - . œuv:res ,\T II·- responsabilité - -sagesse que · le récit du Paradis fait remonter au premier
AT II 2 -.sexualité 1.,- _solitude I. ,- te·rre AT.I; péché: C'est l'affleurement à la conscience d'une
NT II 3 -· travail -, vêj:emcnJ. · •solitude provenant. du désordre. -La mise à ·nu
sera une honte. infligée pour les châtier aux filles
HONNEUR~ fierté - g!0ire -~-- s - onction I 2. d'Israël ou· d'ailleur:i (Ez ·23;29; Is 47,ISs).

3·. Honte et •stérilité. - Quiconque ne justifie


par aucun •fruit son existence devant 1~ autres
est en situation--d'opprobre. C'est_ le cas avant
HONTE tout de celle qùî · n.'enfan:te. pas· (Le 1,25; Gn 30,
23) et aussi de celle .qui _demeure seul~. _sans mari
(Is 4,1). . . . . .
I. 'LEs s1TuAT~oNS ol!: .LA ·HONTE
4. Honte et idoldtrie. - « Honte-·» est presqùe un
~ voca.bÙl.ai.re de là hOll:te n\;L pas_.tou:t;,:à fait nom propre de l'*idole (de Baal : 2 S 2,8 hb.).
le même sens dans le, _langage des Écritures qu.e Car celle-ci est fragile et illusoire, mensonge et
dans le_.nôire. Il ~uclie de_.très J)rès à la z:ioti.on stérilité (Sg 4,n; Is 41,23s; 44,19), alors que le
de frustration,. de .•déception.- Tom~ par.terre, regard sur la •fa~_e de ~ahweh sauve de la honte
être riu, _reèulei-, ê_tre inùtile sont. pour _tous d~ (Ps 34,6).
situations -:o/Piques de' la honte, -m~is dans la
Bible ce sentiment s'étend à .toute souffrance.
Ainsi l'épreuve même-.d'une famine (Ez 36,30) IL LE. JUS'J:'E_ SAUVÉ _DE LA _HONTE
sera formulée en termes:d'opprob~. Pour l'homme
biblique, toute souffrance _est vécue sous le regard r. Par Dieu, par le Clirist; - Le juste est atta-
d'autrui, entraîne de la part des autres un •juge~ qué par 'la ,honte : on sè détourrie de lui (Is 53,
ment, donc se rattache à la honte. C'est pourquoi 3; Sg,'.5,4; Ps· 69,8),- on l'identifie.__avec ·la ,honte
les notions de honte .~t de jugèment sont souvent (Ps 22,7; ·109,2,5). Mais lui_ rend sa •face comme
reliées, le jugement étant. le moment qui, au cours un _caillou (Is 50,7; _cf Lè 9,5_1), Le-NT emploie
de cette vie aussi bien qu'à son terme, révèle souvent l'expression'« n·e pas rougir » ou se9: an_a-
devant tous et. à _la lumière divine l'inanité d'un Iogues -dans un· sens qui implique·-une volonté
espoir oU. sa jUS'tesse. active .de croire, .donc·'d'àgir et ·de pa:rlet, sa_ns
craindre la honte. Le' croyant est promis' à ·"l'Op·
1. Honte eè._ défâite. -:-- On s-'appuyai~. a\1 ::,u,' de probre (Mt 5,ns), ·mais ·il ne doit• rougir ni de
tous, .sur un secours extérieur,,.un plan, une aJ;me Jésus ni de sa -parole (Le 9,26), Saint Paul (Rn;r.
qui se." déOO,bent ou. se révèlent. inopéraµts. 9n perd I,I6; cf 2 Tm 1,8) ne· rougit. pas· de l'Évangile :
la face en tombant ; on-. prête à *rire'. La. notion bién ·qu'il attende eilcore le Jllgement .qui donnera
de horite est donc reli~_e an1;.i:thétiquement à celle pleine vérification .à -son espoir, il se· tient ferme-
d'appui. (Ps._22,4ss.:.. hb:.:« se .fi,er »), .d'e8poir, de ment· à cet· espoir ·et agit, parle ·en· conséquence.
•foi con_fi'ante, .. ce qui explique ~n extension._ On Cette attitude est la ·paffèSia· (gr.) -ou assurance
sait que l~juste.s'.app:uie.sur Dieu; si_ce,ar.se révé• (certains traduisent •fierté) de langage et d'ac-
lait .inèffi.cace,. il . _aurait,. hc:m~.: D'où sa prière tion chez rhommé, libéré·-de 1a·hortte par·la foi.
répétée de. -ne pas être_« confondu )1 (Ps_ 25, 2~; C'est dans la· foi en Jésus·qùe.Ja honte·est rejetée·:
22,6._.. ; cf Is-, 49,23). In.versement, quand les faux « Telle ·est l'attente de mon ·ardent espoir_: rien
appuis; comme.·)e pharaon (Is, 20,5;- 30,3ss) ou ne me confondra, jC garderai au_ contraire toute
les idoles, casseront en faisant .voir, .dans un mon· assurance· et ... le Christ sera glorifié dans mon
jugernent,.Jeur néant,. _les._illsensés _rougiront, à la corps ... l) (Ph- z,2o). Jésus e;n effet ·a le premier
fois· d~:u,s_ et confondus (Is r,29). Ils « rec~ler(?n_t niéprisé la honte· (He ·r2,2).

549 550
HONTE HUILE

2, Par la charité fraternelle. - Le vocabulaire eut pas de place pour lui à l'hôtellerie {Le 2,7) ;
paulinien de la honte est étonnamment riche et c'est jusqu'au bout de sa vie que le monde l'a
atteste son importance dans la sensibilité de méconnu et que les siens ne l'ont pas reçu (Jn
l'Apôtre. Comme les hommes de l'AT, Paul res- 1,gss). Ceux qui croient en lui reçoivent i,; en son
sent l'aspect social de ses épreuves (1 Co 4,13); •Nom )1 ses envoyés (Jn 13,20), et aussi tous les
grâce à elles il expérimentera la charité de ceux hommes, même les plus humbles (Le 9,48) ; ils
qui ne rougiront pas de lui (Ga 4,14). L'Église voient en tout hôte non seulement un envoyé du
est un corps dont aucune partie ne doit rougir Seigneur, un <1 *ange » (Gn 19,ISs), mais le Sei-
d'une autre (1 Co 12,23) : Paul porte l'opprobre gneur {1U 10,40; Mc 9,37).
du Christ (He u,26) qui a porté le ·nôtre et ne C'est pourquoi, loin de traiter l'hôte en débi-
rougit pas de nous appeler frères (2,u) : c'est la teur (Si 29,24-28) ou en fâcheux dont on se méfie
base de cette conception de la charité. Elle ser- (Si II,34) et contre lequel on murmure (1 P 4,9),
vira de règle envers ceux qu'on serait tenté de on aime à accueillir ceux qui ne pourront pas
mépriser (Rm 14,to). PBp payer de retour les services qu'on leur rend (Le
14,13). Tout chrétien (I Tm 5,Io), et en particu~
->- confiance - déception I 2 - fierté - ivresse I
lier l' c< épiscope » (r Tm 3,2; Tt r,8), doit voir
silence 2 - solitude I r - stérilité I I,
en celui qui frappe à sa porte (cf Ap 3,20) le Fils
HOREB (mont)-+ Alliance AT I 1 - Élie AT r - de Dieu venant avec son Père pour le combler et
feu AT I I ...L montagne Il I - nom AT 2. établir en lui sa •demeure (Jn r4,23). Et ces hôtes
divins l'introduiront à leur tour chez eux, non
HOSANNA ---'l- Ioi.iange IV. pas en hôte, mais en enfant de la maison (Jn 14,
2s; Ep 2,19). Heureux les serviteurs vigilants qui
ouvriront la *porte au Maitre, frappant lors de la
parousie ! Renversant les rôles et manifestant le
mystère de l'hospitalité, c'est Lui qui servira à
HOSPITALITÉ table (Le 12,37), c'est Lui qui fera partager son
•repas (Ap 3,20). PMG & MFL
I. L'hospitalité, œuvre de miséricorde. - L'hôte - étranger I - frère - maison I l, III 2 - parfum
qui passe et demande le toit qui lui manque (Pr 1 - pauvres NT III I - prochain - repas.
27,8; Si 29,2rs) rappelle d'abord à Israël sa con-
dition passée d'•étranger asservi (Lv 19,33s; cf
Ac 7,6), puis sa condition présente de passager
sur la terre (Ps 39,13; cf He 11,13; 13,14). Cet HUILE
hôte a donc besoin d'être accueilli et traité avec
•a.mour, au nom de Dieu qui l'aime (Dt ro,18s).
On ne reculera pas devant les plus grands sacri- I. L'huile, don de Dieu. ~ Avec le froment et le
fices pour le défendre (Gn 19,8; Jg 19,23s) ; on •vin, l'huile est un des a1iments essentiels dont
n'hésitera pas à déranger des amis si l'on n'a pas Dieu rassasie son peuple fidèle (Dt u,14) dans la
soi-même le moyen de ~mbvenir aux besoins d'un terre, riche en oliviers (Dt 6,n; 8,8), où il l'a
hôte inattendu {Le n,5s). Cet accueil empres~é établi gratuitement. Elle apparaît comme une
et religieux, dont Abraham reste le type (Gn 18, *bénédiction divine (Dt 7,13s; Jr 31,12) dont la
2-8), dont Job se fait gloire (Jb 31,31s) et dont le privation châtie l'infidélité (Mi 6,15; Ha 3,17),
Christ approuve les délicatesses {Le 7,44ss), mani- dont l'abondance est signe de salut (Jl 2,19) et
feste la charité fraternelle que le chrétien doit symbole du bonheur eschatologique (Os 2,24).
exercer envers tous (Rm 12,13; 13,8). L'huile n'est d'ailleurs pas seulement nourriture
indispensable, même en temps de disette (1 R 17,
2. L'hospitalité, témoignage de foi. - De cette hos- qs; 2 R 4,1-7) ; c'est un onguent qui *parfume
pitalité, forme de la charité, Jésus, lors du Juge- le corps {Am 6,6; Est 2,12), fortifie les membres
ment dernier, révélera à tous le mystère. A tra- (Ez 16,9) et adoucit les plaies (Is r,6; Le I0,34) ;
vers l'hôte et en lui, c'est le Christ qui est accueilli enfin l'huile des lampes est source de lumière
ou repoussé {Mt 25,35.43), reconnu ou méconnu, (Ex 27,20s; Mt 25,3-8).
comme au temps de sa venue chez les siens : ce De cette huile, il ne faut pas se servir pour
n'est pas seulement lors de sa naissance qu'il n'y rendre un culte aux Baals, comme si la fécondité

551 552
HUILE HUMILIT:8

de la terre venait d'_eu_x, ni _pou_r se procurer l'al-


liance, des_ em~i~ ]?aï_ens,. Cc;iJUme.,si le, salut clu
peuple, de Dieu ne dépendait pas uniq~ement de
sa fidélité à l'Allian.ce (Os 2;,7.10; 12,;2)_. Ainsi, p~r ·HUMIUŒ
être :fidèle à.l'Alliance, Jl. né . s_uffit pas de réserver
aux p ~ l'huile la meill~ure (Nb 18,12),_ni de
mêler de. l'huile aux oblations conformément au 1. L'HUMILITÉ ET-, SES DEGRÉS
rituel ·(Lv 2,1 ... ;J•îb .15,4; :ts.-:-,i9), ni mê~C ·de
verser à torrents les libations d'huile : de tell.es L'humilité bibliqlle.est . d'abord ia·.mqdesti~- qui
observances n'agréent à Dieu que si on marche s'oppose à la -vanité. _Sans ,préteµtion- déraison-
avec lui dans le •chemin de la justice et de l'amour nable,· le modeste ne se .:fie Pasà _so~ propre sens
(~H 6,7s). (17 3,.7; Rm 12,3.16;-' cf_.Ps 1_31,1). L'hm~ilité qui
s'oppose à l'*Oi:-gueil ·~t à un niveall plus profond ;
2. Symbolisme de l'huile. - Si l'huile est le signe elle. est l'attitude de la cr~ature pécheres,se_ devant
de la bén_édiction. divine, l'olivier verdoyant est le Tout-Puissant et le trois fois Saint ; -l'humble
un sYmbolè du *juste béni de Dieu (Ps 52,1_0; r2.8, recOnnatt qll'il a_· reçu de, :OieÙ tout. _ce qu'.il a
3; cf Si·_50,1.o) .et d·e la Sagesse diVine qui révèle (I Co 4,7) ; serviteur s~ns valeur (Le 17,10), par
dans la Loi 1e chemin de la justice_et du_,:honhe_ul" l_ui-même il ~•est rien -(Ga 6,3), sinon, un pécheur
(Si 24,r4.r9-23), Quant. auX deux oliviers._dont (Is 6_.35s; Le 5,8). Cet _humble qui ::;'ouvre à sa
l'huile eD.tr4;ltient le lampadaire _auX .sept, lamp~ grâ;ce (Je 4,6 = Pr-3,34); ])ieu:le glorifi'~-(-r_S
(Za_ 4,n-1,j), _ils r€:]?résentent le5 deux 1( fils de 2,7; Pr 15,33).
l'huile », les deux OintS _de_ ,Pieu, le roi. et le grand Incomparabiement plus profonde encore est
prêtre,. 41/-.i Ont tllissiOII. d'.éc4l,irer. te peuple et de l'humilité du Christ qui, par son abaissement, nous
le tnenêr dans)a;.voie. du salut. sauve et qui invite ses disciples à servir leurs
Si, accessoirement, on compare l'h_uile à ce qui frères par amour (Le 22,26s), afin qu'en tous
est, comme. elle, insinu'ant. ét insaisissable (Pr 5, Dieu soit glorifié (r P 4,ros).
3; Ps 109,_iB_; Pr.~7,_16)_, On. V:~it surtout en elle
l'onguent dont le parfum charme et réjouit, be~u
symbole de, l'amo'4r ·(Ct .1,3), µe l'am_itié (Pr 27,9)
et du bonheur de l'union· fraternelle (Ps.·,r33,2). II. L'HUM·_1UTÉ DU PEUPLE DE Dm:u
L'hui,le es_t aussi . symbole ~e___*joie, car con;ime
cell_j;:-ci, _ell~ fait resplendir le visage (Ps_ 104,15). Israël apprend l'humilité , d'abord. en. -faisant
C'est donc souhaiter joie et bonheur à quelqu'un l'expérience de la toute-,*puissance du D~~-u. qui
et lui q.onner, u_ne marqlle d'amitié et d'honneur le sauv:e et qui est le seul Très-Haut'. ~1 gard_e
que de rép~ndre_.de l'h:uile;sur._sa_ tête (Ps:;z3;5; vivan,te c~te expérience en. commémorant , les
92,II;,Lc 7,46;.Mt; 26,7). ges~ .de Dieu dans son •culte;. ce culte: est une
L'huile. de r•onc~ion, royale_ mérite au suprême école_ d'humilité; en louant et en rendant grâces,
degré le nom _d,' « _huile _de joie » _(Ps_ 45,8} ; .signe l'Israélite itnite l'humilité de David dansant _devant
extéri_eur__ de l'.*électi.on diyine, · elle ·s•acco1npagne l'arche (2 S ?,~6.22) pou+ .. glori:fier Dieu _ à ,qui. il
de l'irruption de t*Esp~t, Prenant possess_ion de doit tou:t (Ps 103). . . ..
l'élu (1- S ro,I-6; 16,13). CeJien .entre l'onction et Israël a fai1;. aussi l'expérience dè la_ pauvreté
l'EsJ>rit ~t à l'origine ,du; ~mbolisme fon~amen- dans l'*épreuve_ collective de .la défaite et de l'~exil
tal de l'huile-dans les sacremetits chrétiens, notam:- o~ :dans l'épreuve· individuelle de la •màladie_ et
ment dans _l'onc~ion. de5._,•_mal'ades, que _mentionne de l_'oppression _des faibles .. _Ces humiliations lui
déjà- l'épître de .Jacques (Je. 5,14; cf Mc 6,13); o:q.t fait'prendrè•.conscienCe.de l'!mpuissânce fon-
les huiles saintes communiquent au chrétien la cière de l'h~_mm~ ,et. de la mi~... d1;1. pécheur qui
grâce multiforme:. de l'Esprit-S_a~nt, de c~t Esprit se sépare de D_ieu .. L'homme _est ainsi ~nclin~ à
qui. a ·fait ,de: •Jésus l'Oint par· _excellence, et le se to~rn.et' vers Dieu àv~ un cœur C(?ntrit (Ps· 51,
Fils de Dieu (He I,9, -appliquant.- le Ps 45,8 au 19), avec cette _humilité,. faite de .~épendance
Christ, pour ·proclamer ·sa divinité). totale et de _dopilité .-confiaµ.te, qui . inspir_~. les
CL & MFL ,supplications des,psaun1es (Ps 25; 106; 130; :.;31).
Ceux qui louent Die"Q et· -le suppli_ent de les sauver
-+ Messie - onction - parfum.
·se nomment souvent les « •pauvres l) (Ps 22,25.
HUMILIATION -+ honte 1 1 - humilité. 27; 3_4,7; 69,33s); ce mot,. qui· _désignait d'abor.d

553 554
HUMILitt HUMILITÉ
la classe sociale des malheureux, prend· un sens (1 P 5,5; Col 3,12) ·cherchent les intérêts des autres
religieux à partir de Sophonie : •chercher Dieu, et prennent··1a dèrnière place (Ph 2,3s; t Co 13,
c'est chercher la pauvreté, qui est l'humilité (So 45). Dans la ·série des •fruits de l'Esprit, Paul met
2,3). Après le Jour ·de Yahweh, le a Reste )1 du l'humilité à côté de la foi (Ga 5,22s) ; ces deux
peuple de Dieu sera a humble et pauvre )) {So 3, •vertus (traits ~elltiels de'l\-Ioïse, d'après Si 45,
12; gr. praüs et tapeinos; cf !\'lt II,29; Ep 4,2). 4) sont en effet' conriCXes, étant toutes deux atti-
Dans l' AT, les modèles de cette humilité sont tudes d'ouverture à Dieu, de soumission con-
"'Moise, le plus humble des hommes _(Nb r2,3). et fiante à sa grâce et à sa parole.
le mystérieux •Serviteur qui, par son humble
soumission jusqu'à la: mort, accomplit le 'dessein
dé Dieu (Is 53,4-ro). Au retour de l'exil, prophètes
et sages prêcheront l'humilité. Le Très-Ha'ut
IV. L'ŒUVRE DE Dum DANS LES HUMBLES
habite ·avec celui dont l'esprit est humble et le
cœur contrit·(Is 57,15; 66,2). « Le fruit de l'hu-
milité, c'est la crainte de Dieu, richesse, gloire Dieu regarde les humbles et se penche v~rs eux
et vie » (Pr 22,4). a Plus tu es grand, plus il faut (Ps 138,6; u3,6s) ; car, ne se glorifiant que de
t'abaisser· pour trouver grâce devant le Seigneur » lèur faiblesse (2 Co 12,9), ils s'ouvrc:ilt à la puis-
(Si_3,18; ·cf Dn 3,39). Enfin, au dire du dernier sance de sa grâce qui, -en euX, n'est pas stérile
prophète, le Messie sera un roi humble ; il entrera (1 Co 15,10). Non setilenient l'hum,ble obtietl.t_ le
à Sion, monté sur un ânon (Za 9,9). Vrainient le pardon de ses pêchés· (Le 18,14), mai.s la •sagesse
Dieu d'Israël, roi de la création, est le « Dieu du Tout-Puissant aime à se manifester au moyen
des humbles )) (Jdt 9,ns). · des .humbles que le· nltinde_ in.éprise· (1 Co ·1,25.
28s). Quelle humilité chez celui que le Seigneur
envoie pour lui préparer le chemin et qui ne sou-
haite que s'effacer (Jn 1,27; 3,28ss). D'une humble
Ill. L'HUMILITÉ DU FlLS DE DIEU
vierge qui ne veut · être que sa servante,· Dieu
fait la mère de son Fils", notre· Seigneur (Le I,
Jésus est le Messie humble annoncé par Zacharie 3~.43). .
(Mt 21,5). Il est le Messie des humbles qu'il pro- Celui qui s'humilie dans l'épreuve ·sous· la ù1ain
clame bienheureuX (Mt 5,4 = Ps 37,ù; gr. praüs toute-puissante du Dièu de toute grâce et qui
= l'humble que sa soumission à Dieu rend •patient coinmunie aux abaissements du Christ crucifié,
et •doux). Jésus bénit les •enfants et les donne en sera, comine Jésus, exalté par Dieu, à son heure,
modèles (JM:c 10,1_5s). Pour devenir un de ces et il communierà à la gloire du Fils de Dieu (Mt
petits à qui Dieu se révèle et qui, seuls, entreront 23,12; Rm 8,17; Ph 2,9ss; 1 P 5,6-10). Avec tous
dans le •Royaume (Mt II,25·; 18,3s), il faut se les humbles, il chantera éternellement la sainteté
mettre à l'école du Christ, « maître doux et humble et l'amour du Seigneur qui a fait en eux de·grandes
de cœur li (Mt u,29). Ot ce maître n'est pas Seu- choses (Le 1,46-53; Ap 4,8-u; 5,II-14).
lement un homme; il est le Seigneur venti sauver Dans l'AT,·la parole ·de Dieu m~ne l'homme à
les pécheurs en prenant ·une chair semblable à la la gloire p'ar le chemin d'une hllmble soumission
leur {Rm 8,3). Loin de chercher sa gloire {Jn 8, à Dieu, son créateur et son sauveur. Dans le NT,
50), il s'humilie jusqù'à la•:er les pieds de ses dis- la Parole de Dieu se fait chair pour conduire
ciples (Jn 13,14-Ss) ; lui,_ l'égal de Dieu, il s'anéan- l'homme au plus profo:iid de l'humilité q Ùi consiste à
tît· jusqu'à mourir en croix pour notre rédemp- servir Dieu dans les hommesi à s'humilier par
tion (Ph 2,6ss; Mc 10,4s; cf Is 53). En Jésus, se amour pour glorifier Dieu en sauvant les hommes.
révèle non seulement la )luissance divine sans MFL
laquelle nous ne serions pas, mais la charité divine
sans· laquelle nous serions perdus (Le 19,10). --+ cendre - confiance :2 - création· AT IV I - dou-
Cette humilité («signe du Christ», dit saint Augus- ceur :2 - enfant Il, III -fierté O -force II - jeûne -
tin) est celle du Fils de Dieu,. celle de la Charité. joie AT II :2; NT I I - Marie IV 3 - orgueil 5 -
Il faut suivre le chemin de cette humilité « nou- patience II 2 - pauvres AT III; NT I, II - perfec-
velle » pour pratiquer le commandement nouveau tion NT 3 - repas III - vertus & vices 3.
de la charité {Ep 4,2; I P 3,8s; K Où est l'humilité,
là est la charité », dit Augustin). Ceux qui « se
revêtent d'humilité dans leUIS rapports mutuels ·11

555
HYPOCRITE HYPOCRITE

d'autant plus qu'il occupe un rang élevé et qu'on


obéit à sa parole (Mt 23,2s). La correction frater-
nelle est saine, · mais comment l'hypocrite arra-
HYPOCRITE cherait-il la poutre qui lui bouche la vue, quand
il songe seulement à enlever la paille (lUÎ est dans
l'œil du voisin (7,4s; 23,3s) ? Les guides spirituels
A la suite des prophètes (vg Is 29,r3) et des sont nécessaires ici-bas, mais ne prennent-ils pas
sages (vg Si r,28s; 32,rs; 36,20), mais avec une la place même de Dieu quand ils substituent à la
vigueur inégalée, Jésus a mis à nu-les racines et Loi divine des_ traditions humaines ? Ce sont des
les conséquences de l'hypocrisie, en visant spé aveugles qui prétendent guider les autres (r5,3-
cialement ceux qui formaient alors l'intelligentsia, 14), et leur doctrine n'est qu'un mauvais levain
scribes, pharisiens et. docteurs de la loi. Hypo- (Le r2,r). Aveugles, ils sont incapables de recon-
crites évidemment sont ceux dont la conduite naitre les signes du *temps, c'est-à-dire de décou-
11' exprime pas les· pensées du *cœur ; mais ils vrir en Jésus l'envoyé de Dieu, et ils réclament
sont aussi qualifiés par Jésus d'aveugles . (coinp. ,c un signe du ciel » (Le r2,56; Mt r6,rss) : aveuglés
l\lt 23;25 et 23,26).· Un lien semble justifier le par leur propre malice, ils ne veulent pas de la
passage de l'un à l'autre sens : à force de vouloir bonté de Jésus et en appellent à la loi du sabbat
tromper les autres, l'hypocrite se trompe lui- pour l'empêcher de faire le bien (Le 13,15) ; s'ils
même et devient aveugle sur son propre état, osent imaginer que Béelzéboul est à l'origine des
incapable. de voir la lumière. miracles de Jésus, c'est que d'un mauvais cœur
ne peut sortir un bon langage (Mt 12,24.34). Pour
1. Le formalisme de l'hypocrite. - L'hypocrisie b_riser les portes de leur cœur, Jésus leur fait
religieuse n'est pas simplement un *mensonge ; perdre la face devant les autres (Mt 23, rss), en
elle trompe autrui p.our conquérir son estime à dénonçant leur péché foncier, leur pourriture
partir de gestes religieux dont l'intention n'est secrète (23,27s) : cela vaut mieux .que- de laisser
pas •simple. L'hypocrite semble agir pour Dieu, partager le sort des *impies (24,5r; Le 12,46).
il agit en fait pour soi-même. Les pratiques les Jésus utilisait ici sans doute le terme araméen
plus recommandables, aumône, prière, je1ine, sont IJanefa, qui dans l' AT signifie ordinairement « per-
ainsi perverties par le souci de a se faire remar- vers, impie » , l'hypocrite est en puissance de
quer» (Mt 6,2.5.16; 23,5). Cette habitude de mettre devenir un impie: Le ive évangile transpose l'ap-
une distance entre, le cœur et les *lèvres apprend pellation d'hypocrite en celle d'aveugle·: le péché
à voiler des intentions malignes sous un air pate- des *Juifs consiste à dire « Nous voyons » alors
lin, ainsi quand sous le couvert d'une question qu'ils sont aveugles (Jn 9,40).
juridique on veut tendre un piège à Jésus·(Mt 22,
18; cf Jr 18,rB). Désireux de sauver la "':face, l'hy~ 3. Le risque permanent de l'hypocrisie. - Ce serait
pocrite sait trier parmi les préceptes ou les arran- une illusion de penser que l'hypocrisie est le propre
ger par une savante casuistique : ainsi peut-il des seuls *pharisiens. Déjà la tradition synoptique
filtrer le moucheron et avaler le chameau (Mt 23, étendait à la-foule l'accusation d'hypocrisie• (Le 12,
24), ou tourner les prescriptions divines au• pro- 56} ; Jean vise à travers « les •Juüs » les incré-
fit de sa· rapine et de son intempérance (23,25) : dules de tous les temps. Le chrétien, surtout s'il
, Hypocrites! Isaïe a joliment prophétisé de vous a une fonction de guide, risque lui aussi. de deve-
quand il a dit : Ce peiJ.ple m'honore des lèvres, nir un hypoc-rite. Pierre lui-même n'a pas échappé
mais leur cœur est- loin de moi » (r5,7). à ce danger dans l'épisode d'Antioche qui le mit
aux prises avec Paul_: sa conduite était :une
2. Aveugtè qui se donne le change. - .Le forma- « hypocrisie » (Ga 2,r3). Le même Pierre recom-
lisme peut être guéri, mais l'hypocrisie. est proche mande au croyant de vivre •simple comme un
de l'*endurcissem:ent. Les a sépulcres blanchis » nouveau-né, sachant que l'hypocrisie le guette
finissent par prendre pour vérité ce qu'ils veulent (1 P 2,1s) qui l'amènerait à sombrer dans l'apos-
fa.ire accroire. aux autres : ils se croient •justes tasie {1 Tm 4,2). XLD
(cf Le 18,9; 20,20), et deviennent sourds à tout appel
à la conversion. Tel un' acteur de théâtre (en gr., ~ incrédulité Il i - mensonge - orgueil I - phari-
hypocritès), l'hypocrite continue à jouer son rôle, siens 1 - simple 2.

557 558
I
Le NT dessine le même itinéraire, Arrachés aux
idoles pour se tourner vers le vrai Dieu ( I Th I,
9), les croyants sont sans cesse tentés de retomber
dans le paganisme qui imprègne la vie courante
IDOLES (cf I Co 10,25-30). Il faut fuir l'idolâtrie pour
entrer dans le Royaume (1 Co 10,14; 2 Co 6,16;
Ga 5,20; r Jn 5,21; Ap 21,8; 22,15). L'Église, en
l. L'ARRACHEMENT AUX IDOLES qui se poursuit la lutte impitoyable entre Jésus
et le *monde, vit une histoire marquée par la
La Bible est, en un sens, l'histoire du peuple tentation d'*adorer « l'image de la *Bête» (Ap 13,
de Dieu qui s'arrache aux idoles. Un jour, Yahweh 14; 16,2), d'accepter que soit dressée dans le Temple
a (( pris » Abraham, qui « servait d'autres dieux » l' 1< idole dévastatrice» (Mt 24,15; cf Dn 9,27).
(Jos 24,2s; Jdt 5,6ss). I\fais cette rupture, radi-
cale pourtant, n'est pas acquise une fois pour
toutes : ses descendants devront toujours la refaire
(Gn 35,2ss; Jos 24,14-23) ; ils doivent sans cesse 11. StGNlFICAl'ION DE L'IDOLÂTRIE
renouveler leur option et •suivre !'Unique au
lieu de << poursuivre la Vanité» (Jr 2.2-5). Israël, non content de chercher à répondre avec
L'idolâtrie en effet peut se glisser à l'intérieur fidélité à l'appel de Dieu, a réfléchi sur la nature
même du yahvisme. Dès le Décalogue, Israël des« idoles muettes» (1 Co 12,2) qui le sollicitent.
apprend qu'il ne doit pas fabriquer d'*images (Ex C'est progressivement qu'il exprimera dans un
20,3ss; Dt 4,r5-20), car !'*homme seul est l'image langage exact le néant des idoles.
authentique de Dieu (Gn r,26s). Par exemple, le
taureau qu'il sculpte pour symboliser la *force 1. Les « autres dieux >1. - Par cette expression,
divine (Ex 32; r R 12,28; cf Jg 17-18) lui attirera, courante jusqu'à l'époque de Jérémie, Israël
avec la •colère de Dieu, l'ironie cinglante des pro- semble admettre l'existence d'autres dieux que
phètes (Os 8,5; 13,2). Qu'il s'agisse de faux dieux Yahweh. Il ne s'agit pas là de survivances équi-
ou de sa propre image, Dieu punit l'infidélité voques d'autres religions, mêlées au yahvisme
(Dt 13) ; il abandonne ceux qui l'abandonnent ou populaire, telles les l(idoles domestiques (tera-
)>

le caricaturent, les livrant aux *calamités natio- phim), sans doute réservées aux femmes (Gn 31,
nales (Jg 2,u-15; 2 R 17,7-12; Jr 32,28-35; Ez 19-35; 1 S 19,13-16) ou le serpent Nehushtân (2 R
16; 20; 23). 18,4) ; il s'agit proprement des Baals cananéens
Quand l'exil vient confirmer tragiquement cette que rencontre Israël lors de son installation en
vision prophétique de l'histoire, le peuple se res- Terre promise. C'est alors la lutte à mort contre
saisit, sans que pour autant disparaissent ido- les Baals Gédéon eut l'honneur impérissable
lâtres (Ps 31, 7) et négateurs de Dieu (Ps ro,4. d'avoir substitué !'*autel de Yahweh à l'autel
I 1ss). Au temps des Maccabées enfin, servir les dédié par son père à Baal (Jg 6,25-32). Si donc
idoles (1 M I,43), c'est adhérer à un humanisme Israël parle d' « autres dieux », c'est seulement
païen incompatible avec la *foi que Yahweh pour qualifier ainsi les autres croyances (cf 2 R
attend des siens il taut choisir entre les idoles 5,17) ; il ne doute pas pour autant que Yahweh
et le •martyre (2 M 6,18-7,42; cf Dn 3). soit son Dieu unique (cf Ex 20,3-6; Dt 4,35).

559 560
IDOLES IMAGE

2. Le néant des idoles. - La lutte à. mort contre & Bête 3 b - cupidité AT 2 ; NT 2 - déception
les idoles continue, mais maintenant dans l'esprit II - démons AT 2; NT 2- - Dieu AT III 4; NT
du fidèle de Yahweh, pour qu'il reconnaisse que II 1 - Égypte.1 - erreur AT - hérésie I - honte I
a les idoles ne sont rien » (Ps 81,ro; x ·ch 16,26). 4- image I - incrédulité - magie 1 - mensonge li
.1 - nations AT II I b - orage 1 - péché II 1, IV
Élie se moque, au péril de sa vie, des dieux qui 3 a - pierre 1 - repas II - richesse III - vertus &
ne peuvent consumer l'holo_causte (x R 18,r~-40) ; vices 3 - zèle I 1.
les exilés comprennent clairement_ que- les idoles
ne savent rien, puisqu'elles.-sont incapables d'.µi-
noncer l'avenir (Is 48,5) ; elles ne sauvent pas
davantage (45,2oss). « Avant moi, aucun, dieu .ne
fut formé, et il n'y en aura aucun apres mm » IMAGE
(4 3,rà). S'il en est ainsi,, c'est q?'elles __ ~'existent
pas vraiment, ce sont des prodwts fabnqués par
l'homme. Quand les prophètes lancent leurs satires Personne sur cette terre n'a vu et ne peut •Voir
contre les idoles de bois, de pierre ou d'or (Am Dieu le Père : c'est dans -s~ images qu'il Se fait
5,26; Os 8,4-6; Jr ro,3ss; Is 41,6s; 4f9•2o), ce connaitre (cf Jn r,18). Avant la révélation plé-
n'est pas une expression figurative qu ils dénon- nière qu'il fait de lui-même à travers J'image par
cent mais une perversion : au lieu d'adorer son excellence qu'est son Fils *Jésus-Christ, il a com-
Créa'teur, la créature adore sa propre création. mencé dans l'ancienne alliance à. faire briller deva"Qt
La Sagesse tire au clair les cons~uences de les hommes sa *gloire révélatrice. La *Sagesse de
cette idolâ.trie (Sg 13-14) : c'est un fruit de mort, Dieu « pure émanation de sa gloire M et II image
puisque elle signifie l'abandon de Celui· qui est de s~n excellence » (Sg 7,25s), révèle déjà certains
la vie. En même temps, ce livre offre au-croyant une a.spe"cts de Dieu ; et )'*homme,_ cr~é avec }e pou-
explication de la genèse de cette perversion : on voir de dominer la nature et gratifié de l 1mmor-
a divinisé des défunts ou des personnages pres- talité, constitue déjà une image vivante de Dieu.
tigieux (14,12-21), ou adoré des forces naturelles, Cependant ]'interdiction des images dans 1~ •culte
destinées pourtant à. conduire l'homme vers leur d'Israël exprimait comme en creux le séneux de
Auteur (13,1-10). ce titre donné à l'homme, et préparait par voie
Paul poursuit cette critique tle l'idolâtrie en négative la venue de J'Homme-Dieu, seulè image
l'associant au culte des •démons : sacrifier aux en laquelle se révèle p1eînement le Père.
idoles, c'est sacrifier aux démons (1 Co ro,20s).
Enfin, dans un réquisitoire terrible, il dénonce
Je *péché universel des hommes qui, au lieu de
reconnaître le Créateur à travers sa création, ont l. L'INTERDICTION DES IMA.GES
changé la gloire du Dieu incorruptible contre une
représentation de ses créatures ; de là leur déché- Ce précepte du décalogue (Dt 27,r:5;: Ex 2~,4;
ance en tous les domaines (Rm 1,18-32), Dt 4,9-28), appliqué d'ailleurs avec plus ou mou~s
de rigueur au cours des .siècles, constitue un fatt
3. L'idoldtrie, te~atio11 permanente. - L'i?olâtrie aisé à justifier quand il s'agit des faux dieux
n'est pas une attitude dépassée une fOls pour (*idoles), plus difficile à expliquer quand il s'agit
toutes elle renaît sous diverses formes : dès qu'on des images de Yahweh. Ce n'est pas principale-
cesse de *servir le Seigneur, on devient *esclave ment contre une représentation sensibJe que le_s
de toutes sortes de maîtres ; argent (Mt 6,24 p), auteurs sacrés, habitués aux anthropomorphismes,
vin (Tt 2,3), *cupidité, qui est,volonté' de..domi- eÎl.tendent réagir, ils veulent plutôt lutter contre
nation du prochain (Col 3,5; Ep 5,5), pwssance la *magie idolâtrique et préserver la transcen-
politique (Ap 13,8), plaisir, envie et h~e (Rm dance de *Dieu. Ce n'est pas à travers des.veaux
6,19; Tt 3,3), péché (Rm 6,6), voire observance d'or (Ex 32; 1 R 12,26-33) et des images faites
matérielle de la Loi (Ga 4,Ss). Tout cela mène à de main d'homme, mais à travers les œuvres de
la mort (Ph 3,19), alors que le fruit de !'Esprit sa •création que Dieu manifeste sa gloire (Os _8,
est vie (Rm 6;21s) .. _Derrière ces •vices, qui_ sont 5s; Sg 13; -Rm 1,19-23}, et ce n'est ~as par l'in-
idolâtrie se cache une méconnaissance du Dieu termédiaire d'images dont l'homme d1Spose à son
unique <Îui seul f:llérite no'tre *confiance. CW gré, que Dieu· se laisse fléchit, mais c'est libre•
-?-adoration I 3, II 1 - adultère 2- - anathème AT-- ment à travers- les cœurs, par la Sagesse, par son
animaux I 1 - astres - Babel/Babylone 1 - bêtes Fils qu'il exerce son action salvatrice.

561
IMAGE IMAGE

d'Alexandrie-: a: Voir ton frère, c'est voir Dieu».


Cette conviction commande le respect d'autrui (Je
Il. L'BOMME,_ IMAGE DE DIEU 3,9; cf Gn 9,6) et fonde notre amour envers lui :
11 Celui qui n'aime pas son *frère·qu'il voit ne sau-

AT rait aimer Dieu ·qu'il nè voit pas » (1 Jn 4,20).


Mais cette image imparfaite et pécheresse qu'est
Le poids de cette expression ne vient pas tant l'homme a besoin d'-un dépassement : la Sagesse
du mot lui-même, déjà employé à propos de la vétérotestamentaire l'ébauche, le Christ le réa-
création de l'homme dans des poèmes babylo- lise.
niens et égyptiens, que du contexte général de
l'AT: l'*homme est à rïmage non pas d'un dieu,
lui-même conçu à l'image de l'homme, mais d'un
Ilf. LA SAGESSE, lMAGE DE L'~XCELLENCE DE DIEU
Dieu à ce point transcendant qu'il est interdit
d'en faire une image; seul !',homme peut pré-
tendre à. ce titre qui exprime ~ plus hai.tte dignité L'homme n'est qu'une image imparfaite, la
(Gn 9,6). Sagesse au contraire est a un miroir sans tache
D'après ,Gn 1,26-29, être à l'image de Dieu, à de l'activité de Dieu, une image de l'excellence
sa ressemblance, comporte le pouvoir de dominer de Dieu » (Sg 7,26). Comme elle existe a: dès le
sur toutes les créatures terrestres, et aussi, semble- commencement,· avant l'origine de la terre 11 (Pr
t-il, sinon de c_réer~ du· moins <Ie procréer des êtres 8,23); on peut en conclure qu'elle a présidé· à la
vivants .(Gn 1,27s; 5,1ss; cf. Le 3,38). C'est or4i- création de l'honime. De là on comprend certaines
nairement le premier thème, celui de _la domina- Spéculations du· judaïsme alexandrin, dont on
tion, que développ~nt les textes .d~ l'AT (Ps 8; retrouve des échOs chez Philon. Pour ce dernier,
Si 17). En même temps la notion d'image de Dieu, l'image de-Dieu, qu'est le Logos, est l'instrument
qu'elle soit µtilisée explicitem~nt ou non dans ces dont Dieu s'est servi lors de la création, l'ai"ché-
textes, s'enrichit de précisions et de compléments. type, l'exemplaire, le principe, lé-fils aîné, d 1après
Dans le Ps 8, elle semble identifiée avec un état lequel Dien a créé l'homme.
de a:· gloire_ et de splendeur », « dé peu inférieur (à
ceb;ii) d'un être div.in». En Sg 2,23, ]'.homme n'est
plus seulement, « à » l'image de Dieu, expression
imprécise qui laissait la. porte ouverte à certaines IV. LE CHRlST, IMAGE DE DIEU
interprétations rabbiniques, mais il est propre-
ment « image » de Dieu. Enfin dans ce même pas- Cette expression ne se trouve que dans les épîtres
sage un élément important de ressemblance entre de Paul,- cependant l'idée n'est pas absente de
Dieu et l'homme est devenu explicite, à savoir : l'évangile selon saint Jean. Entre le Christ et
l'immortalité. Quant ·au judaisme alexandrin (cf Celai qui l'envoie, entre le •Fils unique qui révèle
Philon) il -distingue deux créations selon les deux son Père et le •Dieu invisible (Jn· 1,18), l'union
récits de la: Genèse : · l'homme céleste est seul est telle (Jn 5,19; 7,16; 8,28s; 12,49) qu'elle sup-
créé selon l'image de Dieu, l'homme terrestre est pose quelque chose de plus qu'une- simple délé-
tiré de la poussière. Cette spéculation sur les deux gation : la *mission du Christ dépasse celle des
Adam sera reprise et traD.5:formée par saint Paul •prophètes pour s'apparenter à celle _de la •Parole
(1 Co 15). et de la •Sagesse divine ; eille suppose que le Christ
soit un reflet de la gloire de Dieri (Jn 17,5.24) ;
NT elle suppàse elltre le Christ et son *Père · une
ressemblance. qui est . clairement ·exprimée dans
Non seulement le NT applique· plusieurs fois cette affirmation, où l'on retrouve, sinon le mot_,
à l'homme l'expression _« image de Dieu » (1 Co du moins lè thème de l'image :. « Qui m'a vu, a
I-I,7; Je 3,9), mais assez souvent il en utilise et vu le Pète » (Jn 14,9).
développe le thème. Ainsi le commandenient du Saint _Paul, tout en utilisant à propos d~ l'homme
Christ : « Soyez parfaits comme votre Père céleste la doctrine de la Genèse (_I Co _u,7), sait.aussi à
est parfait ll {Mt 5,48) apparaît comme une con- l'occasion se servir des interprétations rabbiniques
séquence et une exigence de la doctrine de l'homme et philoniennes des deux *Adam, qu'il applique
image de Dieu. Il èn est de même pour une Parole ici au Christ lui-même (1 Co 15,49), plus tard à
attribuée au Christ et rapportée par Clément l'homme 'nouveau -(Col 3,10). Mais c'est finalement
IMAGE IMPIE

à la lumière. de_ la Sagesse, image parfaite, qu'il IMITER __. ·.disciple NT z - exemple --, figure -
reconnaît au,Christ. le·titre d'image de Dieu (2 Co pèf'!s & Père IV - suivre.
3,18-4,4), Sans abandonner .ces différentes sources
d'inspiration, -Paul par -là suite s'efforce de cerner
IMM0LATI()N-+ mort ~ sa~ri:P,ce:
encore de· plus près le *mystère du Christ : c'e_st IMM0RTALl'Î'É-+'ârnell-----::imagell AT-mort -
par filiation que- le Christ est-jmage en Rm 8,29. Résurrection - vie JV ·5. ' '
Et selon .Col 3,.10 il préside, en tant. qu'image, à la
*création de l'-*homme nouveau ....B:énéficiant de
cette convergence. d'éléments. anciens et de. 'do~-
nées ·nouvelles, la notion. d'.image de Dieu, telle
que Paul l'applique ·au ·Christ, spécialement en IMPIE·
Col 1,15, devient très complexe et très .riche. :
ressemblance, mais ressemblance spirituelle.et par-
faite, par une *filiation anté:i;ieure à-la créatiori; Sous un vocabulaîrè varié, tant en hébreu qu'en
représentation, dans son sens le plus fort,·du Père grec, la.Bibl~ décrit une attitude spirituelle qui est
invisible ; souveraineté cosmique du ·•Seigneur, q.uî le contraire-de la *piété : au mépris de Dieu et. de
marque dè son empreinte le monde visible et le sa Loi, elle ajoute une nuance d'hostilité et de
monde invisible ; image de Dieu selon Timmor- bravade. Paul annonce la venue de · 1• (( homnie
talité : premier-né. d'enti;-_e les morts ; seule et d'impiété » par excellence qui aux derniers temps
unique image qui assureTunité de tous les êtres «· s'élèvera au-dessus de tQut ·et se produira lui-
et l'unité du plan divin: principe·.de-la-création même comme Dieu » (2 ·Th 2,3s.8) '; il ajoute que
et principe . de sa. restauration par une nouvelle " le *.mystère •de -_l'impiété est déjà à l'œuvre li
création. dans' le monde (2,7).· -En fait, il est à· l'œuvre
depuis le début de l'histoire, depuis qu'*Ada.m a
méprisé. le commandement de .Dieu (Gn 3,5.22).
V. LE '61:R.ÊTIEN TRANS}1'0Rr,t._É
SÈ;LON. L'IMA(,E DU ÇHR.IST
AT
T~us ces.-élé~e~ts· constituent au_tâni dè_ fofces 1. · Les impies en face de Dieu. -- L'impiété est un
d'attraction sur l'ho_mme, q~i. image Jm~aite fait, universel dans l'humanité pécheresse : impiété
et péchere"ssè, a_.besoin_'de _ce~te µIl.age parfaite de -Ja génération du Déluge (Gn 6;u; ,:ci Jb 22,
qu'est le Christ pour retrouver et accomplir sa 15ss}, des bâtisseurs d"e, Babel (Gn· n;4)-. des habi-
destinée originelle.. : après avoir revêtu l'image tants '·de Sodome -·(Sg 10,6) ... Mais ·elle ·s'affirme
de l' A:,dam_. terrestre, il lui. faut, en. _effet, .revêti_r avec .une netteté particulière chez· les peuples
l'imà.ge de,l'Ad8.m céleste (cf I Co 15,49) . Entre païens··ennemis·-d'Israël,·- du pharaon persécu-
ces deux (1, ,im<l:ges », ~nies dans un seul _et même teur (cf Sg 10,20; n,9) aux·Cananéeris·idolâtres
desse_in divin (cf Rm 8,29; ;Ep_ 1,3-14),_ _il ~iste (Sg'· 12,9),' de 'Sennachérib le blasphérriateur· (Is
donc to~t à la fois un lien_ caché, -une cassure pro- 37,17)· à l'orgueilleuse *Babylone (ls ·13,u;' i4;4)
voquée par le péché, .et une relatio~ dynam~qu~. et au persécuteur Antiochos Épiphane (2. M· 7,
Ce dynamisme se révèle aussi et surtout, chez 34); Cependant le .p·euple de Dieu n'en est pa_s lui-
le. chrétien: 4ès .maintenant d~venu un_ même même ·exempt •:._. impies, les réVoltés· dli désert
être avec le Christ (Rm -6,3-6; Col 3,10), il es.t (Ps· 10_6,13-33)-· comme: ·les habitants infidèles de
enfant de Dieu (x 'Jn 3,2J et, souS J'.actiOn du Sei- la terre promise (Ps.,106,34-40); 'impie; la nation
gne,ur, il se transforwe <;1-e gloii-e .,en gloire ~ cette pécheresse contre· laquelle Dieu envoie les- païerts
image du .. Fils, premier-né d'.une multitude. de ,qui la .châtieront (Is 10,6; cf ·1,4)~ Malgré la con-
frères (2 Co._3.,t8; Rm 8,2Q). ·Le terme de:ce pro- version nationale, les psalmistes et les sages
cessus de glori,fication est 1_a _résu~ection, qui per- dénonceront encbre après l'exil l'existence de l'im-
met au chrétien éle revêtir définitivement l'image piété dans le peuple fidèle, et la crise , macca-
de_l'Adàm Céleste_ (1·:ço ·15,49}~ et _dè_ 00nf011ll~ béenne mettra au premier plan certains juifs
ci notre corps de misère à son, corps. de "gloire _» dévoyés (cf 1 M 2,23; 3,15; 6,21; etc.).
(Ph 3,21). • . .. . PL
-+ Adam I 1.3 - culte AT l - Dieù AT-III ·5 ·_:_ 2. Les impies et les justes. ___,.: Dans la littérature
exemple - face 5 - figure _;, homme. - 'idoles ;_ sapientielle; -le genre b,umain apparaît divisé en
Jésus-Christ II I d - voir. deux .catégories : en. face des justes et des sages,

566
IMPIE IMPIE

les impies et les •fous. Entre les deux, une oppo- la loi (anomia). Cependant, à travers les discus-
sition et une lutte fratricide qui ébauche déjà. le sions de Jésus et des pharisiens, on voit rapide~
drame des deux •cités. Commencé aux origines ment s'affronter deux conceptions de ce mépris
avec Caïn et Abel (Gn 4,8 ... ), ce drame s'actualise de Dieu. Pour les •pharisiens, la pierre de touche
en tout temps. L'impie donne libre cours à ses de la *piété est la pratique des prescriptions
instincts : ruse, *violence, sensualité, orgueil (Ps légales et des *traditions qui les entourent ; l'igno-
36,2-5; Sg 2,6-10) ; il méprise Dieu (Ps 10,3s; rance en cette matière est déjà une impiété (cf
14,1) ; il s'acharne sur les justes et les *pauvres Jn 7,49) ; Jésus a donc tort de manger avec des
(Ps ro,6-u; 17,9-12; Sg 2,rn-20) ... Réussite appa- pécheurs (Mt 9,II p), d'être leur ami {Mt II,19 p),
rente, qui peut durer parfois et qui cause une de loger chez eux {Le 19,7}. Mais Jésus sait bien
véritable angoisse aux .\mes religieuses (Ps 94, que tout homme est *pécheur et que nul ne peut
I-6; Jb 21,7-13} ; c'est d'abord par souci de la se dire de lui~même pieux et juste ; !'*Évangile
*justice que les persécutés demandent à Dieu la qu'il apporte donne justement aux pécheurs une
perte de ces dévoyés malfaisants (Ps 10,1~-18; possibilité de *pénitence et de salut (Le 5,32). La
31,18s; 109,6 ... ) et qu'ils savourent par avance pierre de touche de la vraie piété &era donc l'at-
une *vengeance qui nous étonne (Ps 58,u). titude adoptée à l'égard de cet Évangile.
3. La Yét1'ibution des impies. - Les fidèles de 2. L'appel des impies au salut. - Le problème est
l'Alliance savent bien que les impies vont à la exactement le même depuis que le Christ a con-
ruine (cf Ps r,4ss; 34,22; 37,9s.12-17.20). Mais sommé son *sacrifice en mourant (< par la main
cette affirmation tranquille de la •rétribution, des impies » (Ac 2,23). Il est mort u juste pour
qu'on se représente encore dans une perspective des injustes» (1 P 3,18), bien qu'il ait voulu II être
temporelle, se heurte à des faits scandaleux. Il compté parmi les malfaiteurs » {Le 22,37). Il
y a des impies qui prospèrent (Jr 12,IS; Jb 21, est mort pour des impies (Rm 5,6) afin que ceux-ci
7-16; Ps 73,2-12), comme si la sanction divine soient justifiés par la foi en luî (Rm 4,5). Tels
n'existait pas (Qo 7,15; 8,10-14). L'eschatologie sont les *justes du NT : des Î!1"1pies justifiés par.
prophétique assure bien qu'aux derniers temps, •grâce. Ayant reconnu dans l'Evangile l'appel au
le roi-•messie fera périr les impies (Is II,4; Ps salut, ils ont renoncé à l'impiété (Tt 2, I2) pour se
72,3), et que Dieu les exterminera lors de son tourner vers le Christ. Les vrais impies désormais
*jugement (cf Is 24,1~13; 25,1s) ; mais en atten- sont les hommes qui refusent ce message ou qui
dant ce dernier jour, elle ne précise pas comment le corrompent : les faux docteurs qui troublent
les impies doivent expier leurs crimes. les fidèles (2 Tm 2,16; Jude 4.18; 2 P 2,ISs; 3,3s)
Pourtant c'est au plan individuel que la ques- et méritent le nom d'*Antichrists (1 Jn 2,22);
tion doit être réglée pour tous, et! il faut attendre les indifférents qui vivent dans une ignorance
une date tardive pour qu'eUe s'éclaire. A l'époque volontaire (2 P 3,5; cf Mt 24,37; Le 17,26-30) ; à
des Maccabées, on sait enfin que tous les impies plus forte raison les puissances païennes qui sus-
comparaîtront personnellement au tribunal de Dieu citeront contre le Seigneur !'Impie par excellence
{2 M 7,34s) et qu'il n'y aura pas pour eux de (2 Th 2,3.8). Tel est le contexte où se révèle désor-
*résurrection à la vie (2 M 7,14; cf Dn 12,2). Aussi mais le mystère de l'impiété.
le Livre de la Sagesse peut-il brosser le tableau d.e
leur "'ch.\timent final, au~delà. de la •mort (Sg 3, 3. La colère de Dieu sur les impies. - Or, plus
10ss; 4,3-6; 5,7-14). Cette attestation solennelle encore que dans l'AT, le châtiment de cette
est Ja source Q.'une réflexion salutaire. En effet, impiété est maintenant une certitude. De façon
Dieu ne veut pas la mort de l'impie, mais qu'il permanente, la *colère de Dieu se révèle contre
se convertisse et qu'il vive {Ez 33,u; cf 18,20-27 toute impiété et injustice humaine (Rm 1,18; cf
et 33,8~19). Une semblable perspective miséricor- 2,8) ; cela est d'autant plus vrai dans la perspec-
dieuse va se retrouver dans le NT. tive des derniers temps et du *jugement final.
Alors le Seigneur anéantira l'Impie par le res-
NT plendissement de sa venue (2 Th 2,8), et tous
ceux qui participent au •mystère de l'impiété
I. La véritable impiété. - Dans le vocabulaire seront confondus et châtiés (Jude 15; 2 P 2,7).
grec du NT, l'attitude spirituelle stigmatisée par Si le châtiment tarde, c'est que Dieu use de
l' AT est désignée de façon plus précise : c'est •patience pour permettre aux méchants de se
l'impiété (asebeia), l'injustice (adikia), le rejet de convertir (2 P 2,9). ADa & PG

568
IMPOSITION DES MAINS IMPRÉCATION

- Antichrist - •blasphème - erreur AT - folie -


haine --,- hypocrite :i - incrédulité - mensonge II
a ::i - orgueil 3 - péché - persécution I 1 _;, piété - NT
richesse II. 1. -Dans la vie de Jlsu~. - En signe de b!n4dic-
tion, Jésus_ imposa 1es· mains aux petits *enfants
(Mc xo,16), leur conférant la •béatitude qu'il
annonçait_ aux *pauvres (Mt 5,3), obtenant de
IMPOSITION DES MAINS son Père les fruits de sa propre « prière » (Mt
19,13). L'imposition des mains est aussi un signe
de déliv1ance. Par ce geste en effet, Jésus guérit
Avec la •parole, la main est un des ip.oyens les les *malades : a: - Femme, te voilà débarrassée de
plus expressifs du langage de l'homme ; de soi, ton infirmité », dit-:-il à la femme courbée, puis il
elle symbolise ordinairement la •puissance (Ex: lui imposa les mains, et elle se redressa à l'instant
r4,31; Ps 19,2) et même l'*Esprit de Dieu (I ~ même (Le 13,13). Même geste pour_ la guérison de
18,46; Is 8,n;. Ez 1,3; 3,22). Imposer les mains l'aveugle-.de Bethsaïde (Mc 8,23ss) ou pour « cha-
i;ur quelqu'u_n, c'est plus que les élever en rair, cun » des nombreux malades accourus au .coucher
fût-ce pour, bénir (Lv 9,22; Le 24,50), c'est tou- du soleil {Le 4,40).
cher réellement l'autre et lui communiquer quelque
chose de soi-même. 2. Dans la vie de .l'Église. - Selon la -promesse
du Ressuscité, -les disciples (< imposeront les mains
aux malades, et ceux-ci seront guéris » (Mc 16,
AT 18). Aussi Ananie i"edonne-t-il par ce geste la vue
Signe de bénédiction, l'imposition des mains à Saul converti {Ac 9,12), et Paul, à son tour,
exprime, avec réalisme le caractère de la *bénédic- restitue la santé au gouverneur de Malte (28,8),
tion qui n'est pas simplement parole, mais acte. A côté de ce signe de libération, l'imposition· des
Ainsi Jacob transm~t à toute. sa postérité la mains est pratiquée dès l'Égiise na.issal\te comme
*richesse de bénédiction qu'il a lui-même. reçue signe de consécratiort. Par_ ~Ile_ sont transmis les
de ses anc.êtr~. A_braham et Isaac : a: Qu.'ils dons divins et principalement le don de .l'*Esprit-
croissent et multiplient sur la terre 1 » (Gn 48, Saint. Ainsi Pierre et •J ea.n le conférèrent ,aux
13-16).· Samaritains qui ne l'avaient pas encore reçu (Ac
Signe de consécfation, l'imposition des mains 8,17} : Paul fit de mêIJJe pour les gens d'Eph~se
indique que !';Esprit de Dieu met à part. un être '(19,6). Simon ,le magicien avait été tellement .saisi
qu'il s'est choisi, qu'il en prend possession, qu'il d'admiration devant.la puissan9e de ce geste qu'il
lui donne autorité et aptitude pour exercer une avait voulu acheter ce pouvoir. avec de l'argent
fonction. Ainsi lès lévites. son,t mis à part, telle une (8,18s). Ce. geste apparaît, dès lors, -comme un
offrande sainte (Nb 8,xo) : ainsi !'Esprit çle sagesse signe visible, porteur d'une réalité diyine puis-
remplit Josué (I>t 34,9) le disposant à assurer la sante. ,
charge de chef du peuple avec les pleins pouvoirs Par ce même geste,_ l'Égli_se transmet enfin un
(Nb 27,15-23). poi,voif spirituel adapté à une •mission précise,
Symbole d'identification, l'impos~tion des_ inains ordonné à des fonctions déterminées : ainsi pour
établit une union entre celui qui offre une victime l'institution des Sept (6,6) consacrés par les
en sacrifice et· la -victime .elle-même : celle-ci est Apôtres, · ou pour l'envoi_ de Pàul et Barnabé
consacrée à Dieu, chargée .de prendre les senti- (13,3). Paul, à son tour, impose les mains à Timo-
ments _de l'offrant - action de grâces, regret du thée (2 Tm 1,!5s; cf I Tm 4,14) et Timothée refera
péché ou adoration ; ainsi dans -lei. sacrifices ce geste sur ceux qu'il aura ohoisis pour le •minis-
d'expiation (Lv: 1,4), de communion (3,2), pour tère (1 Tm 5,22). Ainsi, l'Église continue_à impo-
le péché (4,4), ou encore dan~ la consécration des ser les _mains, en des sens que précise chaque fois
lévites (Nb 8,16). D_ans .le rite du bouc émiss~re une formule ; et ce geste demeure porteur des dons
au jour de !'•Expiation, _il y a_ encore identi.fica- de ,!'Esprit. JBB
tion avec le bouc,. mais il .n'y a pas consécration:
Par l'imposition des mains,· ~sraël comiµuniqu.e à -+ bras & main 2 ..:... charii.mes II 4 - foi NT Il 3 -
l'animal ses péchés ; celui-ci, devenu impur, _ne Josué I - ministère Il.
peut être offert à Yahweh en sacrifice, il est exilé IMPRÉCATION-+ malédiction O - prière II 2 ,_
au désert (Lv 16,21s). vengeance 2 b.

570
IMPUISSANCE INCRÉDULITÉ

IMPUISSANCE -. chair I 3 h - puissance IV 1.2, (Nb 20,ro; Dt 9;24) qui regimbent et sont ré,.;a.lci-
V 3. trants (Nb 14,9; Dt 32,15), (< hommes à la nuque
raide » (Ex 32,9; 33,3; Dt 9,13; cf Jr· 7,26; Is
INCARNATION ---+ Ascension II t _- chair 1 3 b,
II z c - Corps Il z - Corps du Christ I - fils de 48,4), et surtout le murmure; Jean ieprendra
Dieu NT I 3 - Jésùs-Christ - médiateur Il 1 ~ cette dernière expression pour caractériser Juifs
pères & Père V 3 - présence de Dieu. NT I - visite et disciples qui refusent de croire en Jésus (Jn 6,
NT I. 41.43.61). Deux passages en parlent principale-
ment : Ex 15-17 et Nb 14-17. Dans ce désert
inhospitalier, le peuple craint de mourir de *faim
(Ex 16,2; Nb II,4s) et de sdif (Ex 15,24; 17,3;
INCRÉDULITÉ Nb• 20,2s), et regrette les bonnes marmites de
viande consommées .en Égypte·; ou bien il est
écœuré par Ja •manne et perd patience (Nb 21,
A la différence de !'*idolâtrie qui caractérise 4s) ; ou ·encore il a peur des ennemis qui lui
les •nations paiennes et requiert une •conversiori. barrent l'entrée de la Terre promise (Nb q,1;
à la •foi en Dieu, l'incrédulité concerne le peuple cf Ex 14,u); il oublie les signes prodigieux dont
de Dieu. L'existence d'incrédules en son sein a il fut témoin (Ps 78; ro6). Il murmure contre
toujours été un •scandale pour les hommes de Moïse et· Aaron, en réalité contre Dieu· en per-
foi; l'incrédulité d'Israël face •à Jésus-Christ doit sonne {Ex 16,7s; Nb 14,27; r6,II) dont il met en
causer au cœur de tout· chrétien une « douleur question la bonté et la puissance (cf Dt 8,2). L'in-
incessante 11 (Rm 9,2). crédulité - un des visages de la peur - consiste
L'incrédulité ne consiste pas simplement à nier à exiger de Dieu qu'il réalise immédiatèment ce
l'existence de Dieu ou à rejeter la divinité du qu'il a promis, à exercer une sorte de chantage
Christ, mais à méconnaître les signes et les témoins sur Celui qui a fait alliance : c'est « mépriser
de la •Parole divine, ·à ne pas lui •obéir. Ne pas Yahweh », « ne pas croire >t en- lui (Nb 14,II),
croire, selon l'étymologie du mot hébreu « croire 11, 11 ne pas· obéir à sa voix o '(14,22), le « tenter et lui
c'est ne pas dire « Amen » à Dieu; c'est refuser faire querelle » (Ex 17,7).
la relation que Dieu veut établir et maintenir •Une autre façon de murmurer contre Yahweh
avec l'homnie. Ce refus s'exprime diversement : consiste à s'en faire ·une image par le « veau d'or 11
l'•impie met en question l'existence de Dieu (Ps (Ex 32; Dt 9,12-2I) : les Hébreux escomptaient
14,r), le moqueur, sa présence active au cours de ainsi maîtriser Celui qui ne voulait pas être à
l'histoire (1s 5,19), le pusillanime, son· •amour et leur taille et à leur merci. Le même péché d'in-
Sa toute-puissance, le rebelle, la souveraineté de crédulité caractérisera le royaume du Nord, « le
Sa •volonté, etc. Bien ·différente de l'idolâtrie qui péché de Jéroboam o (1 R 12,28ss; r6,z6.31). C'est
de soi est radicale, l'incrédulité admet des degrés à un même désir de posséder le mystère de Y ah-
et peut coexister avec une certaine foi : la ligne weh que se rattachent les pratiques de divination,
de démarcation entre foi et incréd\llité passe moins •magie, sorcellerie qui durent jusqu'à l'exil (1 S
entre divers hommes qu'au cœur de chaque homme 28,3·-25; 2 R 9,22: 17,17; ci Ex 22,17; Is 2,6; l\Ii
(Mc 9,24). 3,7; Jr 27,9; Ez 12,24; Dt 18,1oss), ainsi que le
recours aux faux prophètes (cf Jr 4,10).

Î. L'INCRÉDULITÉ EN ISRAËL 2. Israël au cœur partagé. - De fait, quanti le


peuple s'était installé en Palestine, l'incrédulité
Pour n'avoir pas à rapporter toute· l'histoire· de à.vait pris une autre forine, non moins coupable :
la *foi, dont l'incrédulité est l'envers ténébreux, pilctiser avec les dieux du pa)tS ou avec les •nations
il suffira de camper deux situà.tions majeures du voisines. Or -Yahweh ne tolère point de partage;
peuple élu, qui caractérisent une double manière c'est ·ce que proclame Élie : « Jusques à quand
d_'être incrédule : dans le *désert, parce qu'on clocherez-volls des deux jambes ? Si Yahweh est
n'a pas les biens de la foi - sur la *Terre promise, Die'.ù; suivez-le·; si c'est Baal, suivez-le l )> (I R
parce qu'on les a déjà en figure. 18,2r). De même, les prophètes luttent contre le
« cœui double "• partagé (Os 10,2). qui cherche
I. Les murmures des Hébreux. - Pour désigner auprès des nations un appui que seul Yahweh
l'incrédulité du peuple dans le désert, les histo- peut lui accorder (Os 7,rrs). Au lieu· de reconnaître
riens utilisent diverses expressions : « rebelles » dans ses récoltes et ses troupeaux les dons de son

571 572
INCRÉDULITÉ INCRÉDULITÉ

Maitre et Époux, Israël va chercher les biens de de l'ensemble des Juifs (8,xoss). Le pouvoir de
l'Alliance auprès de .ses amants, les dieux cana- Jésus e$t même lié par cette incrédulité (13,58),
néens, dans les rites de fertilité (Os 2,7-15) ; l'in- au point que Jésus s'étonne de leur manque de
crédulité est prostitution de l'épouse consact:ée foi (Mc 6,6). Celui-ci peut cependant être vaincu
(2,1-6; Jr 2-4; Ez i:6), qui devrait avoir un cœur par le Père qui est à la source de la foi : il tient
parfaitement fidèle (Dt 18,r3; Ps 18;24), « pleine- caché aux yeux des sages le mystère de Jésus
ment » à Dieu (1 .R 8,23; n,4), •suivant Yahweh (Mt n,25s), mais_ le donne aux tout petits qui
sans défaillance (Dt r,36; Nb 14,24; 32,u). font sa .volonté et constituent le *Reste d'Israël,
Quoique impossible à réaliser par les forces de la famille de Jésus (12,46-50).
l'homme, cet idéal demeure. Isaïe montre claire- Parmi les croyants, l'incrédulité trouve cepen-
ment au peuple que u:_ si vous ne croyez pas, vous dant place, à des degrés divers : certains se mon-
ne subsisterez pas 1) (Is 7,9} : la foi est la seule trent « de peu de foi »., Ainsi quand les disciples
existence possible du peuple élu, et elle" exclut ont peur dans-la tempête. (8,26) ou sur les flots
tout autre recours (28,14s; 30,15s). Pour Jérémie, mouvants (14,31),; quand ils ne peuvent faire un
l'incrédulité consiste à« se fier», à« mettre sa con- miracle, -alors qu'ils en ont reçu le pouv~ir• (17,
fiance » en des créatures (Jr 5,17; 7,4.8.14; 17,5; 17 .20; cf 10,8) ; quand ils se •soucient du pain
46,2s; 49,4). Ézéchiel manifeste la conséquence qui manque (16,8; cf 6,24). La prière peut remédier
de l'incrédulité:« Vous saurez que je suis Yahweh, à ces défaillances (Mc 9,24), et Jésus garantit
quand vous mourrez)) (Ez 6,7; 7,4; n,rn). L'incré- ainsi la foi de Pierre (Le 22,32).
dulité devient cet •endurcissement que prophéti-
sait Isaïe (Is 6,9s) : exilé, le peuple est devenu 2. En présence du mystère pascal. - L'incrédulité
sourd et aveugle (Is 42,19; 43,8). Mais Yahweh atteint son comble quand l'esprit doit cédeÎ'
doit susciter··un •Serviteur dont c< chaque matin devant la sagesse divine qui choisit la *croix pour
il éveille l'oreille » (50,4s} ; par lui se réalisera la chemin de la gloire (1 Co 1,21-24). A l'annonce du
grande espérance des prophètes : l'incrédulité scirt de Jésus, Pierre cess·e de *suivre son Maître
cessera· au jo'ur Où « tous seront enseignés par pour devenir un « *scandale » devant Jésus (Mt
Yahweh » (Jr 31,33s; Is 54,13; Jn 6,45) : alors 16,23} ; et quand vient l'heure, il le renie, scan'."
tous reconnaîtront que Yahweh est le seul Dieu dalisé, comme l'avait. annoncé Jésus (~6.31-35.
(Is -J3,l0). 69-75}. Pourtant le disciple doit porter cette même
croix (16,24), s'il veut •témoigner de Jésus devant
les tribunaux {10,32s). Son ~émoignage porte en
effet sur la Résurrection, chose à - peine croyable
IJ. L'INCRÉDULITÉ FACE .1'. JÉSUS-CHRIST (Ac 26,8), que les disciples eux-mêmes avaient é~
si _longs à. croire lors des *apparitions, tant l'in-
Cependant Jésus devait auparavant accomplir crédulité est enracinée profondément au cœur de
pour son compte la prophétie concernant· le Ser- l'homme {Le 24,25.37.41; Mt 28,17; Mc 16,n.
viteur : u Qui a cru à ce qui a été annoncé ? Il 13.14),
(Is 53,1; ci Jn 12,38; Rm 10,16). L'incrédulité
semble triompher dans les cœurs qui refusent
l'Incarnation du Fils de Dieu et son œuvre rédemp- III. L"rncRÉDULITÉ D'ISRAËL
trice,
Jésus avait amioncé que les bâ.t~sse.urs allaient
I. Devant jésus de Nazareth. - Jadis les •pro- rejeter la •pierre d'angle (Mt 21,42) ; l'Église nais-
phètes parlaient au nom de Yahweh et on devait sante .le rappelle avec _force (Ac 4,n; I P 2;4.7),
les croire; Jésus, lui, met sa propre •Parole sur attribuant le refus d'Israël tantôt à de l'ignorarice
le même plan que la Parole de Dieu ; ne pas_ la (Ac 3,17; 13,27s), tantôt à unè c.ulpabilité (2,23;
mettre en pratique, c'est ha.tir sur le sable, man- 3,r3; 10,39). Mais elle constate rapidement que
quer de tout appui (Mt 7,24-27). Une telle pré- sa prédication, loin de convertir Israël, n'est pas
tention paràit exorbitante _: 1 Heureux celui pour accueillie par la plupart des Juifs. Cette situation
qui je ne serai pas occasion de •scandale 1 » (Mt nouvelle est mystérieµse, et les théologiens Pauf
n.6). De :fait, à sa prédication et à ses miracles et Jean Vont.tenter dé la justifier.
ne réJ:iondCnt ·que l'*hypocrisie des •pharisiens
(15,7; 23,13 ... ) et l'incrédulité de la part des villes r. Saint Paul et le peuple incrédult?, - À.u début'
des bords du _lac (n,20-24), de_ Jérusalem (23,37s), de son ministère, Paul,· héritier du fougueux

573 574
INCRÉDULITÉ ISRAF.L
Étienne (Ac 7,5rs), voue à la •colère divine les s'exercera avec succès par Celui qui, K élevé de
Juifs incrédules et persécuteurs (r Th 2,16), con- terre, attirera tous les hommes à [lui] » (12,32).
sidérant qu'ils ne sont plus du •Reste fidèle. Par Comme pour Paul, l'incrédulité doit être dominée
la suite, ·quand· le ·conflit s'apaise, quand les Gen- un jour : « Si nous sommes infidèles, [Dieu] reste.
tils entrent en masse dans la foi, Paul examine fidèle » (2 Tm 2,r3) ; l'existence chrétienne est
le mystère de l'incrédu1ité de son peuple. Il en une découverte toujours renouvelée du mystère
souffre profondément (Rm 9,2; n,r3s). Surtout de Jésus ressuscité : « Ne sois plus incrédule, ·mais
ce refus global du peuple élu !Semble mettre en croyant » (Jn 20,~7). XLD
question Dieu et ses •promesses (3,3), et mettre
en péril la foi ; il résout le pl"oblème dans Rm ._ adultère 2 - apparitions du Christ 4 b. 7 - endur-
9--u, non pas sur un plan humain, mais en plon- cissement - foi - hypocrite 3 - Juif II - rire o. J.
geant dans le mystère de la sagesse divine. Dieu
n'a pas rejeté son peuple et reste fidèle à ses pro-
INFIDl1UTJ1 - ,~dultère - Épaux/épouse AT 1 -
fidélité.
messes (9,6-29) ; Dieu n'a pas éessé de « tendre
leS mains vers ce peuple rebelle " (10,21), par le INITIATIVE DE DIEU._ Abraham I 1-, II 3 - appa-
biais de la •prédication apostolique ; ce sont les ritions du Christ 4 a - connaitre AT 1 - élection -
Juifs qui ont refusé, afin de trouver la •justice grâce - prédestiner - vocation.
à partir de la *Loi (9,30--10,21). Mais c'est Dieu
qui aura le dernier mot, car !'*endurcissement INJURE - blasphème - i;nalédiction.
d'Israël cessera un jour; ainsi la désobéissance INNOCENT-+ blanc - enfant - pur AT II; NT -
aura manifesté à tous l'infinie •miséricorde de sang AT I - simple.
Dieu (n,1-32).
INSPIRATION - écriture III, V - Esprit de Dieu
2. Saint Jean et le ]uifïncridule. - Paul déjà, AT Il - Parole de Dieu AT l 1; NT I 1.
et l'Église entière, dénomma rapidement « incré- INSTRUIRE--+ éducation-~ enseignèr - sagesse.
dules " ou « infidèles )) non seulement les païens,
mais probablement aussi les Juifs qui ne parta- INSULTE ._ blasphème - malédiction.
geaient pas la foi en Jésus (1 Co 6,6; 7,12s; 10,
2·7; :14,22s), ceux que le dieu de ce *monde a INTl!GRITÉ ._ droit - justice O ; A l - perfec-
tion - pur - simple.
aveuglés (2 Co 4;4). avec lesquels nul commerce
n'est possible (6;14s). Ils existaient cependant, INTELLIGENCE --+ connaître Révélation -
témoins vivants de ce qu'un chrétien pouvait sagesse.
devenir, s'il reniait sa foi : « pire qu'un infidèle »
INTERCESSION ....+ Abrah~m I 3 - expiation 2 -
(1 Tm 5,8). Tandis que Paul montrait en Israël médiateur ;;- Moïse 3 - Paraclet o - prièr:e.
incrédule un témoin de la sévérité de Dieu (Rm
n,21s) et de l'élection première (n,r6), Jean va INTERPRÉTATION _,,_ Jésus-Christ concl. - para,.
présenter dans le •Juif qui rejeta Jésus le type bole III - songes AT.
de l'incrédule, le précurseur du *monde mauvais. INVITER --+ exhorter - vocation.
Le péché d'incrédulité, c'est de ne pas •confesser
que Jésus est. le Christ (r Jn 2,22s; 4,2s; 5,1-5), ISAAC --+ Abraham I 2, li 1 - Pâque I 6 b.
c'est faire de Dieu un •menteur (5,10). Le 1ve évan-
gile centre l'incrédulité sur le refus d'accueillir en
Jésus de Nazareth la Parole incarnée (Jn 1,u;6,
36) et le rédempteur des hommes (6,53) ; ne pas
croire, c'est être jugé (3.18), se livrer au mensonge ISRAllL
et à l'homkide (8,44), être voué à la mort (8,24).
AT
A fuir ainsi la •lumière parce que ses •œuvres
sont mauvaises (3,20), l'incrédule s'enfonce dans Israël (probablement « Dieu lutte ». 1 Dieu est
les ténèbres, se livre à Satan : une sorte de déter- fort ll) désigne dans l'AT soit un peuple, soit son
minisme mène à l'endurcissement, il « ne peut plus ancêtre éponyme, identifié au patriarche Jacob
écouter [la] parole u de Jésus, il est de la race du (Gn 35,ro.2os; 43,8; 50,2; etc.). L'anecdote qui
Malin (8,43s). D'autre part, compensant cette explique la dualité de noms du patriarche se
apparente fatalité de l'incrédulité, Jésus révèle fonde sur une étymologie populaire : Israël = 1 Il
le mystère de l'attirance par le Père (6,44) : elle lutta contre Dieu » (Gn 32,29; Os 12,4).

575 576
lSRARL ISRA"fL

1. Israël, pe:uple de .l'Alliance nante du nord (Am 2,4; Os 4,r5s;- Is 9·,7 ... ; Mi r,
a) Israël, nom sacré. .,....,,. Israël n'est pas seule- 5; Jr 3,6ss).
ment une désignation ethnique, comme Édom, b} Israël.·et le judaïsme. - . Après la ruine de
Aram, Moab. C'est_ un. ·•nom: sacré, le· nom· du Samarie, Juda devient le centre de. regroupenien t
•peuple de l'Alliance. Celui-_ci ·fomie la_« coIIl.mu- de tout Israël (2 R 23,r9 ... ; 2 Ch 30, 1ss) et, après
nauté d'Israël » {Ex 12,3.6), et c'est à ce_ titre la ruine ·de. Jérusale:m, c'est dans l'ancienne· ligue
que lui sont adressés les-discours· dù. _Deutéronome des. douze tribus qu'on chercheTimage idéale de
(1! Écoute, ]sraël !. .. )1, Dt 5,1; 6,4; 9,1; cf Ps 50, la restauration. natioi:iale. ~ rôle prépondérant de
7; 81,9) comme les promesses prophétiques (Is Juda dans cette' restauratioll explique que Ie· nom
41,8; 43,1; 44,r; 48,1). de_-*Juifs soit désormais donné aux- membres du
b) Israël, peuple des douze tribus. - Israël a peuple dispersé, et. celui de judaïsme à l'institu-
pour structure nationale: fondamentale les douze tion qui les regroupe (Ga I,r3s). Mais le no;m d'Is-
tribus qui portent le nom des douze fils de Jacob, raël retrouve en mêm'e temps sa seule valeur sacrée
et cela, dès la conclusion de'l'Alliance (Ex 24,4). (Ne 9,1s; Si 36,n; cf Mt 2,2os; Ac 13,17; Jn 3,10).
Si la liste des tribus a connu des variations mineures
(camp Gn 49, D.t 3.;,.Jg 5,-Ap 7,5 ... ),.leur *nombre 3: La promesse d'un ·-,iou11el Israël. - Les oracle.'>
est un chiffre _sicré., en rapport avec .le service eschatologiques des prophètes ont.en effet annoncé,
cultuel durant les douze mois . de .. l'année. Telle dans l'avenir d'Israël, un retour à 1:unité origi-
est la première forme historique qu'a prise ici- nelle -: réunion d'Israël et de Juda (Ez· 37,15 .. ,).
bas le peuple de Dieu. · rassemble;ment des Israélites dispersés apparte-
c) Yahweh Dieu. d'Israël et lsraël ._peuple de nant aux douze_ tribus (Jr 3,18; .31,1; Ez· 36,24 ... ;
l' akweh. _..,,. Par.-1' AJliance, Dieu s'est en quelque 37,21.:.; Is 27,-12). C'est là, un thème fondamental
sorte lié à. Israël : d'Israël, il est le *Dieu (Is 17, de l'espérance juive (Si 36,10). Mais le bénéfice
6; Jr 7,3; Ez 8,4), le *Saint (Is r,4; 43,14; Ps 89, de ces *proro~es sera. rés~é à. un *reste d'Is_-
I9), Je *Fort (Is .1,24)_, _le •Roc;her (ls 30,29), le raël (Is 10,2<;>; 46,3; Mi 2,12; Jr_ 31,7) .; de ce reste,
•Roi (Is .43,r5), le *Rédempteur (Is 44,6), .Le Yahweh fera un Israël •nouveau qu'il délivrera
Dieu de ta révélation entre ainsi dans l'histoire (Jr 30,10) et réinstallera dans sa terre (31,2), à
des ·religiolls comme, le Dieu particulier ~'Israël. qui il donnera une no_uvelle *alliance (31,31)- et
En retour,. c'est Israël se11I qu'il choisit pour en un nouveau *roi (33,17). Alors, Israël deviendra
faire le dépositaire de. son, *dessein de salut. Ici le centre de ralliement des •nations (Is 19 124s) :
encore, les titres donnés à Israël sont significatifs_,: ayant reconnu en lui la présence du vrai Dieu
il est le *peuple_ de Yahweh (Is 1,3; .Am 7,8;· Jr (45,15}, elles se tourneront vers lui; leur conver-
12,14; Ez 14,9; Ps 50,7), son.*serv~four (Is.44,21), sion· coïncidera..• avec le salut (45,17) et la. gloire
son •élu-(Is 45;4), son *fils premier-né (Ex 4,22; d'Israël .(45,25).
Os Tiol), .son bien sacré (Jr 2,3), son "'héritage
(Is r9,25), _s~- troupeau (Ps 95,7), sa. *vigne (Is NT
5,7), son.do:ma,ine (Ps n4,2), son *épouse-{Os 2,
4)... Israël n'appartient donc pas .. seulement à 1. L'Évangile et l'lsraêl ancien. ---L'ordre pro-
l'histoire politique de }'.humani~é ; il est, par videntiel des cho.ses_ a,voulu que l'événemeD.t du
choix divin, au centre de. l'.histoire sainte. salut.se réalise e~_.Israël et qu'Israël, comme peuple
de l'Alliance, en reç<>ive. le premier. l'annonce. Tel
2. Israël et Jud<:t . est .déjà le but du baptême <;le_ Jean, (Jn 1.,31). Dn
a) La 1 dualité pplitique d'Israël. - La ligt1e vivant de Jésus,.-la 1nissiQn du Sauveur comme de
sacrée des · douze tribus recouvrait une dualité ses disciples se. i:-estreint ~core au, ·seul. Israël
politique, clairement perç~e à }'.époque r0yale_ : (Mt I0,6.23; r5,24). Après sa résurrect~on, . \a
David devient _successivement. roi du Juda, au Bonne Nouvelle est:- notifi~e à Israël 4'abord (Ac
sud, puis _d'Israël, au nol"d (2 S 2,4; 5,3). A la m9rt 2,36; 4,10). Car:Israël et les nations, qui orit-par-
de Salomon, Israël se sépare de la maison de David ticipé, _ensemble au drame de_ -la passi,on .(4,:27)-,
(1 R 12,19) au cri de _: « A tes tentes, Israël l. » sont bien .appelés à la foi _sur pi~.d . d'égalité .(9,
(r R 12,16; cf 2. S 20,1)'. Ainsi.le peuple <!,e Dieu 15), mais dans un certain.ordre :Jes Juifs d'abord,
connajt_ . le .•sc~me. _Le langage des pri;,phètes, qui sont par naissance « Israélites " (Rm 9·,4),
s'adaptant à w;t état -de fa.it contraire à la doc':' puis tous 1~ autres. (cf Rm 1,16; 2,9s; Ac I3,46).
trine de l'Ailiance, distingue,~ésormais Juda d'Is- Le saint .apporté par l'Évangile coml;,le en effet
raë~, soµven:~: identifié.. à _Éphraïm, la tribu domi- l'espérance de ceux qui attèndent la *consolation

577
lSRAf:L IVRESSE

d'Israël (Le 2,25), le *salut d'Israël (Le 24,2r), ~ Alliance AT - circonc1s1on dessein de Dieu
la restauration de la royauté pour Israël (Ac r, NT Ill 2 - Église Il 2, III 2 b - Égypte - élection -
6); par Jésus, Dieu est venu porter secours à étranger - fils de Dieu AT I - foi AT - Hébreu -
Israël {Le r,54), lui faire •miséricorde (Le r,68), héritage AT l 1 - incrédulité III - Juif - Loi B -
lui accorder la •conversion et la rémission des maison II 1.2 - mission AT I 2, II - nations -
ombre II J - péché II - peuple - promesse II -
péchés (Ac 5,3r) ; Jésus est la *gloire d'Israël puissance I 1 - royaume AT I, II - schisme AT :i -
{Le 2,32), son *roi (Mt 27,42 p; Jn r,49; 12,13), Serviteur de Dieu II 1.2 - vigne 2 - vocation JI.
son •sauveur (Ac 13,23s) ; l'espérance nouvelle
fondée sur sa •résurrection n'est pas autre chose
que l'espérance même d'Israël (Ac 28,20). Bref,
Israël constitue le lien organique qui rattache la
réalisation du salut à l'histoire humaine tout IVRESSE
entière.

2. Le nouvel Israiû. - Cependant, depuis Jésus, Les dangers de l'ivresse apparaissent dans beauw
!'Israël nouveau qu'annonçaient les promesses pro- coup de récits : elle livre l'homme à ses passions
phétiques est apparu ici-bas. Pour en faire une ou à ses ennemis. Elle est fréquemment, chez les
institution positive, Jésus a choisi douze • Apôtres, prophètes, associée aux cultes illicites (Am 2,8;
modelant ainsi son *Église sur l'Israël ancien Os 4,n; cf Ap 17,2), aux vices des Cananéens
formé de douze tribus; aussi bien ses Apôtres sans loi (Gn 9,23.25; cf x9,3~). ou à l'état dégradé
jugeront-ils les douze tribus d'Israël (Mt 19,28 p). de la société. A partir de certains traits vécus,
Cette Église est !'Israël eschatologique à qui Dieu l'ivresse peut prendre vàleur symbolique.
réservait !'*alliance nouvelle (He 8,8ss) : en elle
s'accomplit le rassemblement des *élus choisis 1. Ivresse et malheur. - L'ivresse expose à 1a
dans les douze tribus (Ap 7,4); cité sainte qui dérision ; or la Bible a toujours vu dans le mal-
repose sur le fondement des douze Apôtres, elle heur son aspect de *honte. L'homme ivre et
a Jes noms des douze tribus inscrits sur ses portes l'homme frappé par le malheur perdent *face,
(Ap 21,12; cf Ez 48,31-34). contenance et tout ce qui préserve des regards.
L'un comme l'autre deviennent objet, spectacle.
3. L'Israe'l ancien et le nouvel Israël. - L'Église, On pouvait « faire boire » quelqu'un pour l'amener
nouvel Israël, accomplit donc !'Israël ancien. A jusque-là. Ha 2,15s part de cette situation pour
celui-ci l'on appartenait par naissance (Ph 3,5), et décrire le malheur que prépare Yahweh. On boit
les païens étaient exclus de sa citoyenneté (Ep 2, alors à la *coupe de la *colère (Jr 25,27s; 51,7).
12) ; mais il ne suffit plus maintenant d'appartenir Jérémie est comme ivre « à cause de Yahweh et
à cet 1( Israël selon la chair» (r Co ro,18) pour faire à cause de ses paroles saintes » (Jr 23,9) parce
partie del'« Israël de Dieu i1 (Ga 6,16). Car« tous qu'elles annoncent le malheur sous cette forme
les descendants d'Israël ne sont·pas Israël>) (Rm extrême. Il semble que la terre chancelle (Is 24,
9,6). En face de Jésus et de l'Evangile, un tri 19s), que toute résistance soit vaine, que tous les
s'opère (cf Le 2,34s) : chute des uns qui, cher- points de repère disparaissent : c'est déjà l'an-
chant la *justice de la Loi, s'endurcissent quand nonce du dernier *jour.
on leur annonce la justice de la foi (Rm 9,31;
II,7) ; relèvement des autres, les« vrais Israélites» 2. Ivresse et vigilance. - Une notation morale,
(Jn 1,47), qui constituent le *reste d'Israël annoncé l'ivresse qui fait oublier, peut être suivie jusqu'aux
par les Écritures (Rm 9,27ss) et sont rejoints réalités les plus profondes. La mère d'un roi arabe,
dans l'Israël nouveau par les païens convertis. Lemuel, voit dans les boissons fortes le moyen
Non que l'Israél ancien soit définitivement rejeté; d'oublier : qu'on en donne aux affligés, mais que
mais au moment où se manifestait son incompré- rois et princes les évitent de peur d'oublier leurs
hension de l'Évangile, Dieu a voulu susciter sa propres décrets et d'altérer le droit (Pr 31,4-7).
jalousie (Rm 10,19). Quand les païens seront con- Isaïe va plus loin : ce qu'oublie l'homme ivre,
vertis dans leur ensemble, }'*endurcissement par- c'est le •dessein de Yahweh (Is 5,12). L'ivresse
tiel d'Israël cessera, « et ainsi tout Israël sera est symptôme et image d'un esprit de torpeur et
sauvé )' (Rm rr,26) il appartiendra de nouveau d'incohérence (Is rg,14; 29,10; Jr 13,r3; JI 1,5).
à cet Israël spirituel qui est entré grâce à lui dans Dans la même ligne, le NT voit dans l'ivresse
le salut. PG l'abandon de la vigîlance par laquelle le chrétien

579 580
IVRESSE IVRESSE

est fixé au salut qui se passe et se passera sur la au jour de la •Pentecôte, certains attribuaient
terre. S'enivre celui qui en a assez d'attendre que par moquerie à l'ivresse les effets de l'*Esprit
lo Christ vienne (Mt 24,45-51 p). Pour ne pas (Ac 2,13-15). Ce qui attire ici la moquerie n'est
être insensible à. la venue du Chrfr,t, il faut être plus le malheur mais la visite libératrice de !'Es-
9obre et •veiller, suivant le conseil de saint Pierre prit. Saint Paul suggère le même rapport quand il
(1 P 5,8) repris dans l'office des Complies, et gar- commande de fuir l'ivresse pour chercher la plé-
der les yeux ouverts : (1 Ceux qui dorment, dorment nitude de !'Esprit (Ep 5,18). L'homme cherche
la nuit, ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit " dans l'ivresse à être révélé tel qu'il est et délié
(r Th 5,6ss; Rm 13,13). de ce qui entrave ses discours et tout son être.
Il y trouve une •joie que le Cantique associe à
3. Ivresse et Esprit. - L'ivresse ferme l'accès au celle de l'amour (Ct 5,1), Mais l'Esprit seul peut
Royaume (1 Co 5,rr; 6,10; Rm 13,13; Ga 5,2i:; lui procurer cette plénitude en vérité. PBP
I P 4,3). Pourtant elle essaye de pénétrer dans
la sphère du sacré : les Corinthiens la mêlent aux - charismes II o - Noé l - nourriture I - ven-
agapes (r Co n,21). Dans la foule de Jérusalem, dange - vin.
J
des pé<..hés, mais qui exige en outre un effort de
rénovation (Mc 1,4s) ; car il est vain d'être fils
d'Abraham, si on ne pratique pas la *justice
JACOB -+ Ab,raham Il 1 - élection AT I 3 b - (Mt 3,8s p) dont Jean donne les règles à la foule des
ennemi I 1 - frère AT 2 - imposition des mains humbles (Le 3,10-14).
AT - Israël AT o - maison Il 1 - mensonge I Mais les pharisiens et les légistes ne croient pas
1 - nom AT t - pères & Père I 2, II - peuple A en lui (Mt 21,25 p.32) ; certains le traitent de pos-
I 1 1 - puissence 1 1 - richesse I 1 - terre AT II 1.
sédé (Mt II,18; Le 7,33) ; aussi, quand ils sont
JALOUSIE-+ amour I - Dieu AT III 3.4 - Époux/ venus à lui, leur a-t-il annoncé que la •colère
épouse AT
1 - feu AT I 3 - haine - péché lll 3 - consumerait tout arbre stérile (Mt 3,10 p). Du
zèle. roi Hérode, il dénonce l'adultère et s'attire ainsi
la prison, puis la mort (Mt 14,3-12 p; Le 3,195;
9,9). Par son •zèle, Jean est bien le nouvel Élie
qu'on attend et qui doit préparer le peuple à la
venue du Messie (Mt n,14) ; mais il est méconnu,
JEAN-BAPTISTE et son •martyre annonce en figure la Passion du
Fils de l'Homme (Mc 9,uss p; Jn 5,33ss).

Au témoignage de Jésus, Jean est plus qu'un 2. Le témoin de la lumière el, l'ami de l' Époux. -
prophète (Le 7,26 p). Messager qui précède le Le •témoignage de Jean consiste d'abord à se
Seigneur (Le r,76; Mt n,10 p; cf 1il 3,1), il inau- proclamer simple précurseur ; la foule en effet se
gure l'Évangile (Ac I,22; Mc 1,1-4) ; « jusqu'à lui, demande s'il ne serait pas le •Messie (Le 3,15).
ce furent la Loi et les Prophètes ; depuis lors, le A une enquête officielle, le Baptiste répond qu'il
Royaume de Dieu est annoncé >1 (Le 16,16 p), n'est pas digne de dénouer les sandales de celui
Prophète sans égal {Mt rr,n p), il prépare les qu'il précède et « qui était avant lui » (Jn 1,19~
voies du Seigneur (Mt 3,3 p) dont il est le « pré- 30; Le 3,16s p). Celui qui vient» et qui baptisera
(l

curseur ~ (Ac 13,24s) et le témoin {Jn 1,6s). dans l'Esprit (Mc 1,8) et dans le feu_ (Mt 3,ns},
c'est Jésus sur qui l'Esprit est descendu lors de
r. Le Priourseur et son baptême. - ] ean, avant même son baptême (Jn 1,31-34).
de naître d'une mère jusque-là stérile, est consa- En le proclamant • Agneau ile Dieu qui ôte le
cré à Dieu et rempli de !'Esprit-Saint {Le 1,7.15; *péché du monde (Jn 1,29), Jean ne prévoyait pas
cf Jg 13,2-5; 1 S 1,5.u}. Celui qui doit être un comment il l'ôterait, pas plus qu'il ne comprenait
nouvel •Élie (Le 1,16s) évoque le grand prophète pourquoi le Christ avait voulu être baptisé par
par son •vêtement et par la vie austère (Mt 3, lui (Mt 3,13ss). Pour ôter le péché, Jésus devrait
4 p) qu'il mène au désert dès sa jeunesse (Le 1, recevoir un •baptême dont celui de Jean n'était
~o). Fut-il formé par une communauté comme celle que la •figure, le baptême de sa Passion (Mc 10,
de Qumrân ? En tout cas, une fois venu le temps 38; Le 12,50) ; il accomplirait ainsi toute justice
de sa manifestation à Israël, soigneusement datée (Mt 3,15), non en exterminant les pécheurs, mais
par Luc (3, rs), il apparaît comme un maitre entouré en *justifiant la multitude dont il aurait porté les
de disciples (Jn 1,35), leur apprenant à jeftner et péchés (cf Is 53,7s.rrs}. Dès avant la Passion, le
à prier (Mc 2,18; Le 5,33; II,I). Sa voix puissante comportement de Jésus étonne Jean et ses dis-
ébranie la Judée; il prêche une •conversion dont ciples qui attendaient un justicier; le Christ leur
le signe est un bain rituel accompagné de l'aveu rappelle les prophéties de salut qu'il accomplit
Jli:AN-BAPTISTE JÉRUSALEM

et les invite à ne pas _se *scandaliser (:Mt 11,2~6 p; La tradition .biblique la reoonruût daD;S Ja ville ~e
cf Is 6~,r). •l.\~elchisédech, contemporain d'Abr~ (Gn .14,
Non seulement Certai1)S disciples de Jean igno- 1,8ss), ·et identifie peut~ê_tre son site· avec _le mont
reront longtemps la_portée_de la venue d_~ Jésus Mor~ où Abraham offrit son sacrifice (2 Ch _3, 1). Au
et le baptême :da.us l'Esprit (cf Ac 18,25; 1_9,2), temps des Juges, Jérusalem. était e~core .une cité
mais une polémiqu~ dont l'Évangile gatde les ~enne (Jg 19,r1s), car les Israélites av:~ent
traces .(cf ~k 2,18) oppqsera une secte johannite. échOué dans leur .première tentative. de co:nquê·te
li. l'Église naissan~ ; celle-ci; pou~ mon{rer la (Jg I,~I). •David finalement., la. prit. aux JébÜ-
supériorité du .quist, n'avait qu_'à faire appel au n
séens (2 s ,5,6ss) .. appela. sa o_itadelle K •~ité de
témoi~ de Je~n lui-même (Jn 1,15). Vrai Da.vid » (5,9). la fortifia et en fit l~ ça:pita,e. poli-
ami de l'Époux et comblé de joie .par sa_, venue, ~iqu~ de son ~ume. En y _transportant -_l'~aré:h6
Jean s'était effacé, devant lui (3,27-30) .~t. par d'alliance (6), il .y fixa. 1~ sanctuaire confédéral
ses paroles, avait invité ses propres __.disciples. à des douze tribus, qui ètait antérieur~inent à. Silo.
le suivre (1,35ss). Jésus, en retour, avait glorifié L~ promesse de Nath~ ,con_finn~ que Die~ ..agréait
son témoin,., *lanipe ardente et lumineuse (5,35), le ce lieu dE' résidence (1), et _Salomon acheva sur ce
plus grand prophète né d'uµ.e femme (Mt II,_II) ; point l'œuvre de son père en. collstruisant le
mais il av.ait_ ~jouté que le plus petit dans le •temple et en ·le dédiant solerinellement ·(r R
•Royaume des cieux est plus grand que lui ; il 6-8). Ainsi se trouva déterminée_ la destiriée reli•
plaçait la grâce des fils du Royaume au-dessus du gièuSe de _la ville.
charisme prophétique, sans pour autant dépfécier
la sainteté, de.. J~1. ; 2. Dans ·la *tei're Sainte, Jérusalem ·occupe urie
La gloire de. cet .humble ami de !'Epoux est place à ·part .. Possession personnelle de la-dynastie
proc1amée dans le •prologue du ive éyangile q~i de David, elle demeure hors du ·cadastre des •tri-
situe Jean pat rap?)i'.t_.aµ Verbe fait ch~ir; cr Jean bus. Capitale politique, elle représente concrète-
n'était pas la:- *lumière, ... m,ais le témoin de_ la ment l'unité nationale du •peuple de:Dieu. Capi-
lumière » ; et par rapport à l'Église : « · Il · vint tale religieuse, elle est le· centre spirituel,.d'_Israël
pour rendre témoignage à la lumière, afin qµe tous parce que .Yahweh réside en elle; sur ._le •mont
crussent par :lui 11. (Jn 1.,7s). MFL Sion qu'il'a·choisi pour demeure.(Ps. 78,68s; 132,
13-,.xS) ; aussi les croyants niontent-ils vers elle
~ ami 3 - baptemê II - 1tlie NT I - hunûlité IV - en·de fréquents •pèlerinages. Double signific!ltion
Jésus-Christ I 1 - joie· NT l 1 - pénitence/oonver• qùi fonde son caractère.de ville sainte et·-lui doitne
sion NT I - ·pi-ophète NT II· I - témoignage NT II
- visite NT 1.
un rôle de pi-eniier plan dans la foi et l'espéra·nce
d'Israël. ·
J.t.HOVA-+ Yal:i.Weh 3.
JltRÉMIE --+ pén_itence/conversion AT II- 3 -:- per- Il. LE DRAME
sécution I 1 - prophète - serviteur· de- Dieu II ;z,
A ·cau:se de 'cette signification, Jérusate'm _est
eD.traîné8 dans le drame_· _qui secoue, toutes:"· les
JERUSALEM institutions du peùple de Dieu à l'époque rOyale :
elle expérimente alternativement la •grâce .et la
•colère de _Dieu.
Jérusalem est une « ville sainte », vénérée par
les Jui1s, les ~tiens et les musulmans. pour. des I. Aussitôt après l;apogée d·u règnl;ll de Salomon'.
motifs qui se rejoignent en partie. Mais aux yeux Jérusalem .Subit toùt de suite le contrecoup d~
des chrétiens, son ,rôle. dans le p_lan divin appar• •schisme qui suit .sa mort. Le L_ivre des R:ois. y
tient au passé. Seule subsiste imaintenant. la signi• Voit le châtiment providentiel des il~.ft~é~téS: du
fi.cation profonde que lui a découverte le NT. mon~que (1 R.rx). _Rattachée à J!Jda.,•.li,ville
reste .la capitale d'un royaume réduit et èlle garde
AT son temple." Mais Jéroboam installe en I_sraël des
j. LA VOCAÙON sanctuaires officiels qui la concurrencent (12,26-
33}, et bientôt la fondati()n de Samarie (16,24)
1. La cité ciananéenne ··d'Urushalim: (« fondation dressera en face d'.elle une capitale riv&;le, L'unité
du dieu Sh;;ùeni 11) est cotinue par des documents du rôle po_litique et. d~ .rôle religi.eux réalisée par
akkadiens du XIVe si~cle_ (lettres_de Tell•el.:Amama). David se_ ·trouve ai~i romp,ue.

586
JJ!RUSALEM JÉRUSALEM

2. La signification de Jérusalem subsiste pour- prophètes tournaient leurs regards vers une autre
tant, surtout aux yeux des Judéens fidèles. Après Jérusalem. Isaïe la voyait, après l'épreuve, rede-
la chute de Samarie, les espoirs se tournent vers venue « Ville de justice et Cité fidèle·» (Is 1,26s).
elle, et Ézéchias tente ·de lui ra1lier Jes tribus du Jérémie apercevait le jour où le peuple d'Israël
Nord, Il y réalise une première réforme religieuse restauré reviendrait adorer Dieu à Sion (Jr 31,6.
(2 R 18,1-4; cf 2 Ch 29-31), et la ville expéri- 12). Ézéchiel décrivait minutieusement la ville
mente sous son règne une délivrance extraol'di- :future, reconstruite autour de son temple (Ez
naire lors de l'invasion de Sennachérib (2 R 18, 40-46), centre d'un pays paradisiaque (47,r-
13-19,36) : le souvenir en restera gravé dans les 48,29), largement ouverte au:x: douze tribus (48,
esprits, à la gloire de la ville sainte (Ps 48,5-9), 30-35). et ayant pour nom « Yahweh est là )) (48,
Un siècle plus tard, Josias ·tente à nouveau de 35). Durant le temps de l'ex.il, ces vues d'avenir
regrouper tous les Israélites autour d'un sanc- se développent en promesses ·grandioses : Jéru-
tuaire où le culte sera désormais centralisé de salem, une fois vidée la •coupe de la *colère
façon stricte (2 R 22,r_.:.23,25). Dernier essai pour divine, va retrouver ses •vêtements de fête (Is 5r,
sauver l'œuvre nationale de David. 17-52,2). Magnifiquement reconstruite (54,us)
3. En effet, « Dieu ne revint pas de l'ardeur de et redevenue !'•épouse de Yahweh (54,4-10), elle
sa colère ... Il dit : Je rejetterai cette ville que verra ses enfants se multiplier merveilleusement
j'avais élue, Jérusalem, et le temple dont j'avais (54,1ss; 49,14-26).
dit : Là sera mon •Nom » (2 R 23,26s). Malgré
des réformes temporaires, Jérusalem est en effet 2. La restauration consécutive à l'édit de Cyrus
une vîlle infidèle à son Dieu, et cela détermine (Esd 1-3) puis la reconstruction du temple (5-
son destin. Infidèle dans ses •rois, qui se livrent 6) semblent mettre à portée de main la réalisa-
à l'idolâtrie (2 R r6,2ss; 2r,3-9) et persécutent tion de ces oracles. Les prophètes contemporains
annoncent la gloire de la nouvelle cité et de son
les prophètes (2 Ch 24.21; cf Jr 36-38). Infidèle
dans sori •sacerdoce, qui méprise l'enseignement temple, appelés à devenir le centre religieux de
prophétique (Jr 20} et laisse l'idolâtrie s'établir l'univers (Ag 2,6-9; Is 60; 62). Bientôt même, le
dans le temple (2 R 21,49.7; Ez 8). Infidèle dans tableau décolle des réalités prosaïques et se con-
son *peuple, attiré par les alliances païennes, fond avec l'image du •paradis retrouvé (Is 65,
insoucieux de la Loi de Dieu (Is 1,r6s; Jr 7,Sss}. 18) : Sion va enfanter le nouveau •peuple pour
(( Comment est-elle devenue une prostituée, la une joie sans égale (66,6-14). La situation concrète
cité fidèle ? » (Is x,21). A moins d'une conversion reste pourtant moins brillante, et la ville continue
de connaître sa mesure d'épreuves ,: les murs
sincère, la colère de Dieu va donc fondre sur elle :
Isaie ne voit ·de Salut que pour un •reste saint demeurent longtemps en ruines (cf Ps 51,20; I02,
14-18), et il faut l'énergie de Néhémie pour les
(Is 4,2s) ; Jérémie promet au temple le sort de
celui de Silo (Jr 7,14) ; Ézéchiel, résumant les rebâtir (Ne 1-12). Sous l'impulsion de ses restau-
infidélités de la ville, lui annonce son châtiment rateurs, elle devient la « forteresse de la Torah »,
aussi isolée que possible des influences étrangères
proche (Ez xr,r-12; 23; 24,1-14), parce que Yah-
(cf Ne 13). Mais cette capitale d'une minuscule
weh a résolu de l'abandonner (10,18ss).
province est désormais dépouillée de tout rôle
4. Ces- oracles comminatoires éclairent le sens de politique important.
sa destruction finale soµs les coups de N abucho-
donosor. C'est le •jugement de Dieu qui s'accom- 3. C'est au plan religieux que Jérusalem remplit
plit (cf Ez 9,1-10,7}. Une fois l'événement advenu, maintenant l'essentiel de sa mission. De partout
la « fille de Sion_>) n'a plus qU:'à confesser sa longue les Juifs se tournent vers elle {Dn 6,n). On y
culpabilité (Lm r-2) ; ses fils prient Dieu de monte en pèlerinage (Ps 122) et l'on met sa joie
faire retomber sur les païens lè mal qu'ils ont à y demeurer (Ps 84). C'est l'époque des belles
fait à Jérusalem, son •héritage (Ps 79). Au terme liturgies au temple (Si 50,r-21). Les psaumes
de ce drame, le problème qui se pose concerne célèbrent la résidence de Yahweh (Ps 46; 48),
désormais l'avenir, appelée à devenir la •mère de toutes les *nations
(Ps 87). En jouant sur le sens de son nom (Yeru-
III. VERS LA JÉRUSALEM NOUVELLE
lalaïm), on lui souhaite la Paix (!alôm : Ps r22,
6-9) et.on l'invite à louer Dieu (Ps r47,r2ss). Les
r. Parallèlement au déroulement du drame et à derniers textes prophétiques font d'elle le théâtre
mesure qu'ils en annonçaient le dénouement, les du •jugement eschatologique (Jl 4,9-17) et du

588
JJtRUSALEM J)!RUSALEM

festin de joie offert à l'humanité entière (ls 25, 2. A ce schéma,· Matthieu ajoute plusi'eurs traits.
6se); ils ·en évoquent la déliVI'ance et- la; trans- Le drame futur-se projette sur l'enfan:ce de Jésus:
figuration finale (Za 12; 14). Décrivant ·par avance tandis que ,des" pà.iens guidés par tin -astre (cf
en termes lyriques le ·bonheur que. Dieu ·-lui. réserve Nb 24,17) viennent à Bethléem adorer le, Messie_
(cf Tb 13), ils finviterit à-la· confiance (Ba 4,30- (Mt 2;1s.9ss}; les Scribes ne .savent pas recon-
5,9). Elle connaitra enéore ·l'épreuve, sous le roi naître.. en "Jésus çelui qu'annoncent leurs Écritures
Antiochus qui la-profanera (t lyI t,36-40) .. :Mais, (2,4ss) et le· l'Oi Hérode m:édite déjà de·le faire
cm contraste avec cette réalité historiqne:_soUvent mourir (2,16ss). L'émoi tout huinain ·de Jérusa-
peu brillante, les apocalypses juives présènteront lèm (2,3) n'aboutit donc. pas-à un acte de,foi. La
une image de· plus en plus fantastique ·de-la- Cité ·capitale est découronnée au profit de Bethléem
future. Pour elles, il existe dès maintenant ·une et de Nazareth: .Fils_ de David,- Jésus ne-portera,
Jérusalem céles_te dont la ville davidique .·n'est pas le nom de -Jéru~em, la ville de s0:11 ancêtre,
que la repr<:)duction · imparfaite. Aux. derniers mais celui: de Nazareth -(2,23). Au-·cours du- minis--
temps, eette _Jérusaleni:-I~ sera ·réVélée par_ l)ieu tère public, les.':pires adversaires· de Jésus 'viennent
ot descendra ·sur· la terre.· Comment ·mieux expri- de 'Jérusalem (15,1). C'est poUrquoi il se lamente
mer la tr_ansè:~danc~··de l'ol"dre fùtur·pai- rapl'ort sur le sort ·qui atten:d- la ville, eUe·qu.i met à mort
à. une expérienc_e. historique qui en'· reniermait les envoyés divins (23,37ss): ·En conséquence, ·crest
déjà la *·figui-ê · pleine de. sens ? en Galilée qu'ont lieu :finalement lès apparitions
au·.. cours desquelles · Jésus ressuscité envoie ses
NT Apôtres· à toutes les natiollS '(28,7.16-20).
I.LA, _JÉRUSALE~__TERRESTRE
·3. Dans ce plan un_pe~·conventionnel, "jean in:tro~
ET LA RÉALT5ATI01'.f DU SALUT
duit des _notations historiques plus · complexes~
Il connaît en ·effet,-plusieurs voyages de Jésu's à
De Maie à. J earii- Jéi:-usalem ocè:upe. \lne_ pla_ce
Jérusalem, et c'est là-que se déroule la-plus grande
croissante dans. les évangiles. Mais c'e5t. chez Luc partie du ·drame.- Il présente longueinent rincrédu~
que son: rôle èst. le m_ieux soulign~., à la .cl,t~ère
lité de son peuple (Jn-2,I3-'Z5), la difficulté que
de l'Évangile et.-des .A,ctes. : · ses· llleilleurs docteurs· ont··à croire. (3,1-I'2), les
1. D'après l'évangile de' Marc, l'écho de,~ prédi- miracles que Jésus y accomplit ·et les 'coniradic~
cation de Jean-Ba;ptiste '·Parvient' jùsCJ.u'à· Jéru- tions qù'il· doit· y subir (5; ·7,;__10). Son 'derniel"
salem (Mc 1;5). _Mais c'est. en· Gà.lilêè què début:e miracle. a·lieu aux_ . portes·de Jérusalem, comme un
et se cantonne :d'abord l'Êva:O.gil~ du Royaume ultime· téIDoigp.age s1,1r s_on œuvre salutaire ; mais
annoncé par _Jésus (r,2_8.39). Jé,sus _ne s~ tourné Jésus s',èn··retirè îorsqu'il sait que l'on complote
vers Jérusalem qù'après s'être heurté à l'in- contre)ùi (n,r-54). II-n'y l'eViènt que·pour ac'ccirn-
c.royance des- villes galiléennes {6,r-6;- 8,ns; 9, plir son_-•hetfre (r2'.27;: rj,r). 1?lus encore que chez
30) et avoir annoncé par trois fois _sa··.passion : Marc, le grand: refus est ici sbuligné.-
il n'y monte que. pour. Y consommer, son sacrifice
(10,32ss). A partir de· là,. le _drame se :défoule .: 4·. _En joignant a:u récit évangélique ·une esquisse
Jésus entre triomphalement dans la ville,- confor- des Origines èhrétiennes, Luc ·met en 'évidence ·une
mément à l'Écriture •(II,1-n). et il y.fait acte de autre faèe de -ce· drame sacré dont Jérusalem est
prophète en ·purifiant le temple (u,15-19). Succès le centre. Dans la vie de Jésus, elle es;t -le lieu où
sans lendemain, car il se heurte à l'opposition des tout aboutit. L'enfant Jésus y est présenté et des
autorités juives (n,27--;-12,40)., C'est pourquoi, âmes fidèles savent l'y reconnaître (Le 2,22-38) ;
dans la perspectivè de sa.mort:proche (12,6-9), il il y monte à 'l'âge de douze ans et y manifeste sa
prophétise le châ.timent de la ville et la profana- sagesse au milieu des docteurs (2,41-50) : annonces
tion de son _temple (13,14-20)~ fin_ d'.1me économie voilées de sa manifestation et de son sacrifice à
religieuse_p_érimée et_,_prélude. à la consomm~tjon venir. ·car JérU:salèm· est le but de sa vie:-··" Il
finale (13,24-27). Effectivement, rej~té par le ne collyiéi:l.t pà.s q\l'U:n prdphète périsse en dehors
peuple (r5,6-r5), condamné par ses chefs (14,53- de -Jérusalem· n (13,33). ·Aussi Luc-donne-t-il un
64), Jésus est crucifié hors de la ville (15,20ss). grand relief à' la montée de Jésus vers la -ville où
Tandis qu'il meurt, ·le vbile· du temple se déchire, il·• doit accomplir son départ (9,31; 9;51; 13;22;
pour signifier que l'ancien sanctuaire a perdu son 17,t1; 18,3I; 19,u.28). Devant le- refus définitif
caractère ·sacré. (15,33-38). Jérusalem•· est· ici le opposé à sa mission, il en annonce· la ruine en des
lieu du g'ra.ild refus. ' termes plus· précis que• chez Marc ·et Matthieu

589 590
JÉRUSALE_M JllSUS (NOM DE)

(19,4i:-44; 21,20-24). Mais la perspective d'un temps 2. J.:épU~e aux Hébreu~ reprend la même image.
intermédiaire, Je o: temps des païens u, sépare Cette Jérusalem céleste, cité du Dieu vivant (He
nettement cet événement de la consommation 12,21ss), dont les chrétiens se sont déjà approchés
finale (21,24-28). lors du baptême, est la résidence divine où se
En effet, si l'histoire de Jésus s'achève à Jéru- trouve le *temple « non fait de main d'homme »,
salem avec son saorifice, ses apparitions et son terme de la mission du Christ (9,24; cf 9,IIs). Ce
ascension (24,36-53; Ac 1,4-13}, c'est de là que temple était le modèle (typos 8,5), dont le temple
repart ensuite l'histoire du témoignage rendu par d'ici-bas n'était que la copie, l'ombre, la. repro-
les Apôtres. A Jérusalem ils reçoivent l'Esprit duction, la •.figure (8,5; 10,1) : réalité transcen-
(Ac 2). Dès lors, ils ont la *mission de porter dante que les apocalypses juives évoquaient en
!'*Évangile, depuis Jérusalem jusqu'en Judée, en termes magnifiques.
Samarie et aux extrémités de la terre (r,8; cf Le
24,47s). Effectivement, ils annoncent d'abord la 3. L'Apocalypse johannique en reprend la des-
Bonne N cuvelle dans la ville et ils y fondent la cription pour contempler dans sa pedection finale
communauté chrétienne (Ac 2-7). Le sanhédrin l'*Êglise, *épouse de !'•Agneau (Ap 21,1-22,5),
y renouvelle. envers eux- l'hostilité qui .avait causé merveille étincelante et cité de rêve. Les textes
la mort de Jésus (4,1-31; 5,17-41). Aussi, par la prophétiques qui décrivaient la nouvelle J érusa-
bouche d'Étienne, Dieu annonce-t-il la destruc- Jem, notamment ceux d'Ézéchiel et du livre d'.Isaïe,
tion du Temple fait de main d'homme, en puni- sont ici repris et réinterprétés de telle sorte que
tion de la résistance d'Israël à J'Esprit-Saint __ et la cité terrestre est perd.ne de vue. Seul est visé
de son rejet de Jésus (7,44-53). La persécution son modèle céleste ; mais l'Église de la terre en
suscitée par ces paroles entraîne la dispersion d'une porte déjà sur elle l'image, parce qu'e11e participe
partie de la communauté (8,1}; et du coup, par à son mystère : elle est cette Ville sainte que les
une conséquence paradoxale, une nouvelle expan- païens. foulent aux pieds par la persécution (n,2).
sion de l'Evangile en Samarie (8,2-40}, à Césarée Au terme dn NT, la capitale d'Israël, l'ancien lieu
(10), puis jusqu'à Antioche (u,19-26), où les pre- de résidence de Yahweh ici-bas, n'a plus que la
miers païens sont reçus dans l'Ég,lise. De même, valeur d'une :figure. Au moment même où se réa-
la mort du premier témoin de l'Evangile a pour lise pour elle la nouvelle tragédie annoncée par
fruit la conversion de Saul, le persé<:uteur, qui Jés1,1s, les promesses dont elle était provisoire-
deviendra un instrument de choix entre les mains ment dépositaire passent à une autre Jérusalem,
de Dieu (7,58-8,Jss; 9,1-30). Dès lors, Saul à la fois actuelle et tendue vers sa perfection
quitte Jérusalem pour commencer sqn rôle de finale, patrie définitive de tous les rachetés ;
1e Jérusalem, cité du ciel, heureuse vision de
missionnaire (9,30; u,25s}; Pierre la quitte aussi
après son emprisonnement (12,17) ; Jérusalem paix » (Hymne de la Dédicace des églises).
cesse ainsi d'être le centre de l'évangélisation MJL & PG
pour aller vers le destin que lui a prédit Jésus. -+ Babel/Babylone 6 - cité - David r - édifier
Enfin, un jour, Paul y montera de nouveau, mais Ill 4 - Êpaux/épouse NT - Église V 2 - mère II
pour y souffrir comme le Christ (21 ,II) et y 3 - montagne III r .2 - nouveau IV - patrie AT
essuyer un autre refus (22,17-23). L'Évangile quitte 2 ; NT 1 .2 - pèlerinage - pierre 6 - peuple II 4 -
Jérusalem pour atteindre 1t les extrémités de la porte - Temple AT I - terre AT II 4.
terre » (1 8).
1

IJ .. DE LA JÉRUSALEM TERRESTRE JÉSUS (NOM DE)


À LA JÉRUSALEM CÉLESTE
Cette notice entend seulement relever ce que
r. Saint Paul, l' instrument de choix 11 converti
1t suggère et' signifie, parmi bien des noms divers,
sur le chemin de Damas (Ac 9) est le premier à l'emploi du nom de JésUS.
souligner le dépassement de la Jérusalem ancienne
par une Jérusalem nouvelle qui s'enracine dans
le ciel. Aux Galates il présente cette Jérusalem I. « CE JÉSUS »
d'en haut, notre mère, héritière des *promesses
divines, que persécute la Jérusalem de la. terre, Ce nom signifie d'abord ce que désigne normale-
appelée à s'effacer devant elle (Ga 4,24-31). ment le •nom dans le langage humain et en parti-

591 592
Jnsus (NOM . DE) JÉSUS (NOM DE)

enlier dans la pensée biblique : l'être même en sa c1amàtions de la· foi insistent- plutôt sur la façon
•tngularité, son individualité concrète et- person- coui-ante de le désigiler et le souvenir laissé par
noUe: lui et non un autre, lui et tout ce.qU'il·est, le' -passage -de « Jésus le . Nazaréen•D {Jn" 19·,19·;
tllll Jésus, comme.le nomment: plusieurs.teX:tes (Aè Ac 2·,22; 4,10~ ·6,14;- 22,8);
11u;· 2:,36;. 5,30; 9,17). Ce démonstratif, ·exprimé
ou non, traduit- presque toujours l'affirmation
chrétienne fondamentale, la continuité entre le Hl. JÉSUS DANS LES ÉVANGILES
porsonnage apparu dans la-•chair.-·et l'êt~-divin
confessé par la foi : ([ Ce Jésus que vous· avez Jésus est le nom ordinairement èmployé par·l.es
crucifié, Dieu l'a fait Seigneur et Christ ·» (2,36) ; évangiles pour désigner le Christ· .et relater son
11 Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, activité. Oi:i, semble , pourtant l'avoir générale-
viendra... de la· même manièrè _» (r,n); « Celui ment nommé « Rabbi », '.Maître .(Mc 4,38; 5,35;
qui a été abaissé. un moment au-dessous des anges, 10,17} et, après sa mort et son entrée dans la gloire,
Jésus, nous le voyons,couronn_é .de gloire éternelle )) On éVoque « lè *Seigneur». _Mais les·évangiles,-à part
(He 2,9). La r'évélation · qui convertit Saul sur la quelques exceptions détènninées {cf- Mt 2r,3· et
route "de Damas est du 1I1ême type : « Je- suis -surtout,les morceaux purem~nt « lucaniens·,i .: I.e
Jésus que tu perséçutes D.-(Ac. _9,5; ,22;8; 26,15} ; 7,13; 10;1; etc,),, parlent toujours siniplemeilt de
non seulement_ elle découvre,au-.persécuteur;· insé- Jésu_s. Ce· n'est ·point· un effort artificièl pour res-
parable des siens, la. présence de: leur Seigneur, tituer un_· langage antérieur .à- la foi, d~ temps où
mais elle lui fait ·reconnaître l'identité-entre ]'être Jésus n'avait-pas encore a.chevé•de se révéler et
céleste qui s'impose à lui avec sa toute-puissance, où la plupart ne voyaient en lui:.qu'un hoIIlme.
et le blasphémateur galiléen qu'il. ·poursuivait çle Sans le moindre artifice,· les évangiles suivent. le
ID. haine. Il a été pour ,toujours ri saisi par le Christ inouvement même de la., *foi,• qui. cohsiste tou-
Jésus » (Ph 3,12) et sacrifie tous. ses avantages jours à appliqu~-à « ce Jésus ~. au personnage
pour entrer dans da connaiss·anc:e du Christ Jésus concret~ les titres sauveurs et di-Vins·;· ceuX de
[eon] Seigneur- » (3,8),; · Le Christ: -grandiose -qui •Sèigneur (Ac', 1: 21;. 2',36; 9,1'7; etc.), 'de Christ '(2,
1

remplit l'univei:_s de la *plénitude divine (Col. -x, 36; 9,22; ·18,28; :étc.), de Sauvem::·. (5_,31;_ 13,23)",
15-20) demeure « le Christ tel que vous l'avez de ~Fils de Dieu (9,20; 13,33), ·de'· *Serviteur de
reçu, Jésus le .Seigneur (2,6). Dieu (4,27.30). En parlant toujours de Jésus,. les
évangiles sont exactement. dans la lign'e . de ce
qu'ils veulent être : !'*Évangile, .rannonce. de la
JI, JÉSUS:. L'E NAZARÉEN Bonne Nouvelle de JéSùs .(8,35), ·du Ch_rist Jésus
(5,42; 8,i:2), du Seigneur Jésus (n,20; cf 15,35).
ttre de chair, -«,né d'llne femme, né sujet de la. L'évangile_ de Jean, le plus attentif à souligner
J..oi » (Ga 4_;4), .. Jésus est apparu-·dans le monde constatnment la_ qualité.divine.du Christ, à mon-
IL une date dOnn~e. -« pende.nt. que.'Quirinius était trer.'en chacun de· ses··ge·stes -la •gloire du ·Fils
gouverneur de: Syrie D.(Le 2,2),: .dans·, une famille unique (Jn ,1,,14).- la souveraineté''re'niise -au· Fils
humaine, celle -de .. « Joseph,· de ·la ·maison de de l'Homme (1,51; '3,14), ne· perd pas· une oèca-
David » (I,27),- installée "dàns une ville .de G_alilée, sion de ·prononcer ·le ·non;i. de Jésus,. .le répétant
1

nppelée- Nazareth »·,'(I,26).· Le. nom que, .comme m~e quand ·il parait superflu\ da.ns les dialogues
tout enfant juif, ·il reçoit à sa. circoncision (Le I, les plus ·simples (Jn 4,6.21; 11,32-41). ,.A travers
31: 2,21; Mt· ,x,21.25) n'est_. pas_ exc~ptionnel en la·.·Volonté·de ,,,. •-confesser Jésus-Christ- vènu_.da.ns
leraël (cf Si-51,30). Mais Dieu,.-parce •q4'en, cet la •chair:·» (I Jn. 4,2), cette attention révèle .la
onfant-il-s'es,t fait.Emmanuel, « Dieu avec ·nous•:» certitude, chaque ·tais· que, revient- ce nom, de
(Mt r,23), a:ccomplit·en·,1ui" la-promes'se.".falte au toucher et .de révéler la "'richesse du-:« Verbe de
premier Jésus, *Josué, d'être avec lui et de se yie . . -»· (1,.1),
révéler « *Yah~~- Sa.uveur D-(D~ 3r,7s),. Si com-
mune pourtant paraît sçm -origine que; -pour 1~
désigner, _on ne joint pas.normalem_ent à son· nom, IV. LE NOM AU-DESSUS DE TOUT 'NOM ·
comme· danS le cas· d:une famill~ connue, .le nom
de son *père.et d~ ses anc_êtres (cf Si 51,30},· mais · Si. la foi chrétien.ne ne pèut se détacher de J ésns
eimplement·. celui ·de Nazareth, .sa, w,trie, Les et de, tout ce que ,ce nom implique d'abaissement
généalogies de Mt et, de-Le souligneront ,plus tard et d'humanité ,con_crètei c'.est que ·ce nom. est
l'ascendance, royale de· Jésus ; les preroiÇres pro.- devenu celui. du Sèigneur, et qu'on ne peut plus

593 S94
JÉSUS (NOM DE) J~SUS-CHRIST

désormais le séparer du « Nom qui est au dessus drait pas dans le monde entier (Jn 21,25), se
de tout nom J), en sorte qu! 11 au nom de Jésus, concentre sur la figure dù Maître lui-même.
tout genou fléchit, au ciel, sur la terre et dans les Atteindre Jésus de Nazareth avec la rigueur de
enfers » (Ph 2,9ss). En devenant le· Seigneur, la critique littéraire, c'est entendre la question
Jésus ne perd pas son nom, pas plus qu'il ne posée par Jésus : a Et vous, qui dites-vous que je
perd son humanité, mais son nom est comme trans- suis ? » (1), interrogation à laquelle les auteurs
figuré, enveloppé et envahi par la grandeur et la du NT s'efforcent de répondre (II). Et cette
puissance du Nom ineffable. réponse renvoie toujours à la personne historique
L'unique salut de l'humanité (Ac 4,12), l'unique qui a suscité la question.
richesse de l'Église (3,6}, l'unique •puissance dont
elle dispose, c'est Jésus·: « *Jésus-Christ te gué-
rit " (9,34). Toute la· mission de l'Église est de !. JÉSUS DE NAZARETH
ci parler au nom de Jésus » (5,40). Ainsi Paul,
dans les synagogues . de Damas au lendemain de Les *évangiles ne sont pas des vies de Jésus
sa conversion, « prêche Jésus J) (9,20) ; sur l'agora rédigées selon les principes de l'historiographie
d'Athènes, « il annonce Jésus et la résurrection D moderne. Écrits par des croyants pour susciter
(17,18), et à· Corinthe, ic Jésus-Christ, celui qui a et fortifier la foi, ils organisent des souvenirs qui
été crucifié >J (r Co 2,2). Toute l'existence chré- certes ont été illuminés et transfigurés par la foi
tienne consiste à 1( vouer sa vie au nom de notre pascale, mais qui, critiqués avec perspicacité; per•
Seigneur Jésus-Christ » (Ac 15,26), et la *joie mettent d'atteindre sûrement Jésus de Nazareth.
suprême est d'être « jugé digne de subir des
outrages » (5,41) et de [( mourir pour le nom du 1) Situation eschatologique de Jésus. - La Bonne
Seigneur Jésus D (21,13). JG Nouvelle qu'annonce J~us, c'est que le règne de
Dieu s'inaugure avec sa Parole même : « Heureux
--+ adoration II .2
- confession NT x - foi NT I vos yeux parce qu'ils voient, et vos oreilles parce
2 - genou r - Jésus-Christ - Josué 2 - Messie
NT - nom NT 2.3 - puissance V - salut NT I qu'elles entendent. En vérité, je vous le déclare :
2 b - Seigneur. Beaucoup de prophètes, beaucoup de justes ont
désiré voir ce que vous voyez et ils ne l'ont pas
vu, entendre ce que vous entendez et ils ne l'ont
pas entendu » (Mt r3,r6s p). Qu'ont-ils donc vu
et entendu ? D'abord des exorcismes qui sont
JÉSUS-CHRIST interprétés par Jésus lui-même : « Si c'est par le
doigt de Dieu que j'expulse les démons, alors le
royaume de Dieu vous a. atteints 1> (Le n,20 p) ;
En accolant ces deux mots, un nom de. per- en effet l'ennemi est vaincu : ({ Je voyais Satan
sonne - *Jésus - et un nom de fonction - tomber du ciel comme l'éclair \) (ro, r8). Ensuite
Christ - , l'Église primitive (non seulement Paul, des *miracles qui attestent que, selon Jésus, on
mais aussi Mt r,r·.r8; 1Q,21; Mc r,r; Jn r,17; 17, est entré dans une époque nouvelle : « Les aveugles
3; Ac passim) ne se contente pas de donner à Jésus retrouvent la" vue et les boiteux marchent droit,
le titre de * Messie, comme elle procède pour les lépreux sont purifiés et les sourds entendent,
d'autres dénominations : Agneau de Dieu, David, les morts ressuscitent ». Enfin ils ont entendu le
Fils de Dieu, Fils de l'hOmme, Médiateur, Parole choix décisif de Jésus, plus important encore :
de Dieu, Prophète, Saint, Sauveur, Seigneur, -Ser- « Aux pauvres est annoncée la Bonne Nouvelle »
viteur de Dieu ... En disant Jésus-Christ, l'Église (.Mt 11,5 ·p). Car en parlant ainsi, Jésus déclare
couple en une relation étroite le titre proclamé que la prophétie d'Isaïe est réalisée (ls 29,18s;
par les croyants et la personne historique qui ·a 35,5s; 61,1).
vécu sur terre, l'interprétation et le fait originel. · C'est que, à ses yeux, l'annonce est eschat0;lo-
Toute présentation qui absorbe l'un des deux gique : elle •accomplit le dessein de Dieu en le
termes dans l'autre réduit indûment l'Évangile. récapitulant. Ainsi Jésus se situe par rapport à
La critique doit décomposer en deux temps le l!AT. Il admire Jean comme le dernier et le plus
mouvement qui mène à connaître Jésus; à la gi-and des prophètes : « En vérité", je vous le déclare,
contemplation priante de le recomposer pour ren- parmi- ceux qui sont nés d'une femme, il ne s'en
contrer un Vivant. Cette notice, sans détailler« tout est pas levé de plus grand que Jean-Baptiste il;
ce que Jésus a fait », ce dont la relation ne tien- mais comme le règne de Dieu a inauguré Une ère

595 5g6
JltSUS-CHRIST J:8SUS-CHRIST
nouvelle,.Jésus·contiriue: « Et·cependaiit le plus face à Un Jésus dont ,le comportement déroute,
petît dans "le royaum'é· des cieux est ]?lus grand comment prendre une telle décision ? Jéstis le
que lui ir (Mt II,IIs); sait bien·: (1 Heureux qui ne sera pas •scandalisé
La nouveauté radicale du royàumè de Di€l'u par· moi 1 » (II~6 p). ·
ne réside pas seulement, dans le fait. qu'il est là, Aussi _Jésus doit-il justifier_ sa:· -prétention, Non
mais dans Sa nature; 11 Depuis -les jours de.Jean- en déclinant son identité; mais en ·manifestant
Baptiste jusqu'à• .présent, le- royaùme .des 'cieux qu'.il a une relatibn unique avec son Père. Tout
est assailli avec •violence, ce sont·.des violents lui, est possible parce qu'il croit (Mc 9,23), d'une
qui l'arrachent [à ceux qui. veulent y entrer] ·» foi qui sera dite prototype de toute •foï (cf He
(l\lt II,12). Aussi Jésus doit-il se dresser .contre 12,2). Davanta$e, il parle à Dieu co'mine-à· son
,les tenants de l'ordre. sabbatique et·.ritùel qu-'.ont «· ·Papa » (Mc 14,36) et, se reliant à ·ta tradition
établi les docteurs de la Loi avec leur casuistique apocalyptique· de ·Daniel (On· 2,23-30), il ose dire
et. leur subtilité .(Mt·,15,1-20; 23,1-33).-.MaiS·ildoit ·que les mystères lui sont révélés parce qù'il est
égalemeiit purifier l'attente· de ses. contemporains Œlè-Fil_s en rèlation·uniqueavèc «'lèPère )J (Mt II,
)1

qui confondent royaume de Dieu .et libération 25ss p). Il ne s'attribue pas pour ·autant la èon-
nationale..et terrestre·, (Mt 16,22;. 20,21; 21;9 p; nais.sance de toutes choses (Mc 13;32) et il soùmet
Le 19,n; 22,38; 24,21; Jn ·6,I5; •: Ac. ·1,6), Jésùs -,sa ·volonté à celle du Père (14,36; cf Mt· 20,23).
prend -même ses distances par rapport à:· Jean- Toutefois, se mettant à part dans ·la ·série· des
Baptiste (Mt n,3) : comme lui,-il exige J8. pieine env6Yés de Dieu (Mc-12,6), il identifie·Ie royaume
•conversion, inais, au lieu d'annoncer· la condam_- de.Dieu et sa propre personne; c'est, par exemple,
nation ·imminente par un ·:Dieu vengeur. (Mt·,3, ce.-que suggère la parabole du Semeur (Mt 13,
7-12), n, proclame ·une année de ~âce (Le 4;1_9), 3-9 p) et ce qu·e -démOntre son comportement
Telle est la• situation.·unique dans laquelle\ Jésus ·envers les pauvres -et les pécheurs, symbole de
.estinte se trouver. La •joie eSt promise à. ceux qui ràttitude· même·de ·Dieu (Le 15). ·
découvrent le trésor (Mt _13,44s). Heureux ceux
qui vivent cette-· -heure-là 1 , · 3) Jésus et·tavenfr. - Jésus a·vécu en. bon juif.
Mais il domine les traditions juives dont il mesure
2) La·déCision"à l'égard de jésUs . .:...._ Il eSt iriutil.e la valeur d'après la •volonté du Dieu· avec· lequel
de se demander quand sonnera· cette· _heure : u Le il. entretient la relation unique que nous avons
royaume de Dieu ne--tombe- pas· sous robservà- indiquée. -n ·-vient· •accomplir la-Loi ·_et les Pro-
ti!ln. L'on' ne 'dira P:as : '. Il-est ici •; ni:'_.', Il" est là_'\ phètes (Mt 5,17). L'idéal d'amour absolu qu'il
car voici -:'"Le royaume de· Dieu est ·parllli vous » propos'e bouscule le"s'· subtilités ·de 1a • casuistique
(Le :17,20s)'. Lè règne -de Dieu'·n'ëst ·plus siniple- et demeure impraticable à cèlui .qui ne •suit pas
m:ent à- venir, ·'il est à· la portée. de to.us -: ·il ·,su"ffit Jésus; ii'ne pèut être bieti visé·et atteint qtje par
de reconnaître- les temps niessiàniques~' et- de 'porter Une étroite· dépendance à son égard : «· Venez à
ses_ ·regards sur Jés_ll.s. · Qui ·est-il_ donc,?!· moi ... -car mon joug est doUx et Ilion fardeiaù
Ce· Jésus· _n'est pas tin'· ·rabbin-- Or(j,inair;e- qui léger» (Mt ·u,28s). Jésus àccomplit _encoi-e la· tra..:.
explique les Écritures, il ·enseigne avec _aùtorité dition prophétiq'ue quand I il ànnonce/ en dépit
(Mc ',I,22).· A la.· différence des_ ..,•prophètes~. il de ses Contemporains, ·que les païens, eux aussi;
n'énonce pas simplement l'oracle de Dieu,· il pro- recevront le sa.lut (Le·· x3 1 28s p).
clame : « Et moi, je vous· dis... 1) (Mt 5,22.28.34. Pour que- se ··réalise Cette' œuvre, Jésus a-t-il
39;44), faisant précéder ses déclàrations d'une solen- pensé que l'Église prendrait la relève 1 Il serait
llelle attestaticin : .u ·En vérité, je· vau$ -le-.déclare », il.a.ïf de croire que Jésus à constitué l'Église telle
comme en réponse_ à une parole e'nt~ndlle dans le que nous la ·con_ilaissons; mais''il est faux de dire
secret.- Il ose même· 'se comparer _aux p_eis_onnages que Jésus a pensé qu'à sa ·lllort il ·n'y aurait-plus
illustres de l'AT :."« ·Il y a ici plus ·que Jo11a.s ... place pour quelqile temps intermédiaire avant la
Il' y a_ ici plus- que Salomon » (Mt 12,41s;_ Le II, pàrousie •{éf •Jour du Seigneur);
31s). · · · · En groupant autour· de lui le cercle des dis-
·c•est pourquoi; se cônvertir à· Dieu; Ç'_est *suivre cipieS (Le· 'io,1s p) et plus· spécialement celui dès
Jésus, c'est se décider. pour ou :-.contre -lut- « Qui Douze (Mc 3,12), qui doivent -Venir à sâ suite
n'est pas avec moi ·•èst ·contre·moi, ·et·· qui-'ne ras- (Le 9,57-61 p) -pour étendre son action et sa- pré-
S:enible pàs·avec m0i'd_ispetse·D (Mt 12~30); Écouter sence ..:.:.. fait· historique reconnu, même s'il _est
Jésus,· C'est écouter· Dieu ·•1tii~même; car c'est difficile de _le dater 'av'ec précision-...:...,·: Jésus· a
•· bâtir sa maison· à niême le roc ~ (7;'24). MaiS, V'oulu ·sans doute non pas inaugurer une •ÉgJise

597
JÉSUS-CH RI~ JJ!sUS-CHRIST

conçue d'apr_ès la, communauté sépa.r~tiste -.de de, la. relation unique qu'.il a avec Dieu •,et avec
Qumrân, mais préfigurer le •pe;l!,ple de Dieu. défi- tous -les.hommes, comment Jésus; aurait-il.douté
nitif. (Mt 1.9;28 p), D'al~tre par~, il, a st"irement du succès ftnal de Sa mission· et d'une interven-
pensé, contrairement à. Jean-Baptiste, que l'éta- tion particulière de son Père en· sa faveur· ? La
blissement du .règne de Dieu se for:ait _progressi- certitude de la résurrection .ne· l'arrache sans doute
;vement (Mc 4,29; Mt 13,24-30), que Simon devrait pas à-la conditiop humaine_ :· ..saisi d'•angoisse, il
fortifier dans la foi ses ~mpagnons (Le 22,32). et tremble à Gethsémani (Mc 14,36) et -se considère
que ses_ disciples aui'aient à souffrir après -sa mort conime abandonné- de. Dieu même• .(15,34) : mais
(Mt 9,15·.p; Mc· 8,34 p; Le· 6,22 p}. C'est pourquoi il"· se sait « le Fils.»;
le mot el,klèsia, équivalent du ~erme araméen· s6d
ou .'ldah utilisé .à, Qumrân poJJ.r désigner la com- Une .ultime.question.se pose.-Pour révéler qtii
munauté eschato.logique des éllis de Dieu, a -fort il, était, Jésus a-t-il pris un · moyen court eri · ùtili-
bien pu venir. sur lei:i ·l~vres _de Jésus; même.s'il sant · des. formule~. coura,ntes ·, (l,ans le judaisme,
ne s_e _trouve dans les évangiles qu'à deux reprises telles que Messie, Fils de Dieu, Fils- de l'Homm~ ?
(M.t 16,18; 18,17).· Ce. ~ i t simplifier. les données Dans-les évangiles, ces titres .se trouvent équiva--
néotestamentaires que de refuser à Jésus la pers- Jem.ment .sur ses lèvres; ·,Pourt_,ant,. sauf .pour les:
pective d'un temps après sa ·mort ; ce qui n'exclut ,désignations « le Fils »,et« Fils de l'Homm·e ,, qui
en aucune manière la conviction personnelle que, rie peuvent être refu.sées catégoriquemerit à Jésus,
avec -sa mort, .aurait· lieu la fin .. (cf Mc 9, r-). les c1itiques estiment que l'Égli,se .naissante a non
Pour .apprécier le :sens. de c~tte derhière ·.affir- pas déformé, mais· explicité la pensée de ·Jésus en
mation, il fau1; peser. d'.autres. paroles .de .Jésus. lui faisant dire qu'il est « le Fils-de Dieu >• ou « le
Jésus a ,prévu qu'il _allait à une mort proch_aine, Messie·.!!. Jésus· n'a pas pris l'initiative de se pro-,
comme le disent.les annonces qu_i ne mentionnent clamer· Messie, dénomination dont· seule la mort
pas la Résurrection (Le i3,31ss; cf ---17,25; ,Mc s\lr la ·croix: pouvait levèr l'ambiguïté; mais il met
9,12). Il a vu cette mort dans le dessein de Dieu, ses conteIIlporains s:ur Ja. voie'· ·de la' reconnais-
comme ;un service, ·comme un. rachat Slacrificiel sance, quand il interdit à ses disciples de dévoiler
(Mc -10,45); et; à l'heure où il va. mourir, il lègue sa véritable identité (Mc 8,27-30 p), quand il se
aux ·siens · son testament de service mutuel (Le laisse· acdamer Fils de. D&vid. lors ·.de. l'entrée, à
22,25ss) ... - ·· .· •, •' Jérusalem {M:t 21,1-9 p), ou quand, .atJ· Grand
Ces indicati~ns emp~cpent de faire de_ Jésus un P,;êt:re qui l'interroge :.1( Es-tu le.Fils du ~ni? i;,
homme qui aurai_t subi involo_ntairement. une·.~ort il .,réponii œun,e _manière env~loppée selon la for-
infligée par des ennemis, plus forts. que luL De mule mà.tthéenne plus anciennè :- ii Tu. le dis.» (!'f:lt
nombreux exégètes vont plus _loin.et. pensent que 26,64). Dans son. ·comporteme~t révélateq.r, Jésus
Jésus a identifié son existence à celle du *Servi- n'a pas _attaché, d'imp:irtance à-,ces « titres » qui
teur de Dieti, En effet Jésus .présente, .son· sort, sans _doute• euss~nt faussé•.la .relati.on authentique
celui du '!'Fils de l'Homme,. à tra~ers les expres- qu'il voulait .établir avec le!;ô. hommes. En se-pré~
sions mêmes des chants du Serviteur en Isaïe sentant.comme l'homme qui,a·une,relation unique
(52,13-53,12): Son ·obéi~nce s'exprin;te_par .«•il avec• Dieu et unique avec tous: les.hommes, Jésus
fau.t. que .... » (Le 17,25), le sa~rifice de.. sa vie est a pµsé la question définitiv.e·: « Et vous, qui dites-
offert pour la multitude (Mt 20,28 p; 26,'213,-p; Le vous ·que·je suis?·» ·(Mt· 16,15 p).
22,16.18.3ob), .c'est !'*alliance qu'il établit (Le 22,
20}. . ,- . ·-_ , ,
Si Jésus a ainsi compr~s sa mort.. P9urquoi Il, JÉSUS, SEIGNEUR, CHRI$T ET. FILS DE DIEU
n'aur.ait-il ,pas pressenti sa résurrection_? ,Les pré-
cisions qu'appo.1:;,tent. les trois .grandes az;m_onces A la questi_on po;3ée,; les disciples ne pouvaient
de la, passiqn et de .ta résurrection-,.de Jé:;;_uS (Mt répondre corre:ctement avant que Jésus, mort. en
16,21 p; 17,22s p;, 20,1_8s p; cf Le 24,'.Z5s.45) fo~t croix, ne .se manifeste à eux, vivant, par des
sans .doute s-entir l'influenc.e de la,. communauté *apparitions. -En répondant par leur *foi à l'ini-
pr~mitjve : mais -la foi de .J ésns ·en ~ .i'ésurrec_tj.On tiative de Jésus,, les. di!i:ciple;s découvrent le sens
dans un bref délai ressort aussi bien de ses .paroles. de la vie et le mystère de· la personn.e de Jésus de
Colllme tout croyru1t-jµif, il.sait qu'il doit ressùs- Nazareth,_ Pour dirè ce sens, .ils-appliquent à Hsus
citer. à 1.a fin des temps (cf l\it 22,23-32 p) ; en des-titres pris au langage-traditiànnel,. en les char-
outre il, se situf;l à part, et même à la fin des ..temps, geant d'un ._sens nouveau; Les ·formulations sont
nous l'avons déjà _noté. Convaincu _d'autre ,part div.erses. et tâtonnantes, selon les -dons de chacun

599 600
JtlSUS-CHRIST JltSUS-CHRIST

cit selon. les milieux de vie. Cette christologie a mule 4:le .foi, mais un-.aCte de ieèonnaissance et de
1ans doute une histoire, mais nous ne- pouvons la. sou·mission au Seigileur qu'est devenu Jésus.
rot.racer avec sOreté, les sources présenta.nt à l'état :Ainsi annbncé, l'évériement va voir Sa nature
mélangé le fonds palestinien et les: interpré_tations précisée• grâce aux Écritures. Les prophéties mes:.:
hellénistiques. U nous est possible cependant de sianiques (2• S 7,14; Ps 2,7; no,1) -aident par là
dlstJnguer les premières saisies du mystère' :de à comprendre que. jésu·s a été- K fait·. Seig:µeur et
.l6sus, puis les. perspectives propres· des évangé- Christ n (Ac 2,36), ·qu'H ·«·a été conStitué Fils de
flstes. . - Dieu li (Rm 1,4; .Ac 13;33)"; il se tient à la ·.droite
de· Dieu {Ac. 7,56 ; peut-être, 2,33ss; 5,31; Mc 14,
1) Premières approchei dû· mysÜ're. - 11 _est pos- 62 p; Rm ,8,34 ... ),, il partâ.ge en.fin, la -toute-puis-
!llble de· relier, dàns la formulation de l'éxpé7• sance divine. {èf Mt 28,18);'
rience pascale_, quatre perspèctives qui_ pourraient Dans la perspective ,de l'èxaltation; lès titres·
refléter une· certaine évol~tion- historique. Sous· le •Messie, *Fils de Dieu et *Seigneur ont à. l'ori-
Migne de la parousie, s'affirme l'e:XaltatiOn céleSt_e gine un sen_s, à.nalogùe : ils ne· se _rappàrteI;J.t pas
de Jésus le Christ. La •croix rédemptrice _concen_tré immédiatelllei;it à ,la ll1ort,-·ou à la vie. terrestre de
la. recherche sur le Servitèur. Eù.fui l'attention se Jésus; .ils affirinent simplement que Jésus de:Naza-
porte sur l'homrile Jés1.1Si ·d'abord·· dans le ·mys- reth â.Ccomplit, leS espéc:ances d'Israël et de';ient
tère de sa personne, puis __dans sa relation avec le Seigneur de. tous les teJJ?-pS. ,_ . .
l'univers . Cet e:i...1>osé utilisera surtout Ie_s confe~ Les développements théologi(llles des auteùrs
Bions de foi ·et les hymnes, matériaux antérieurs du NT vienll.ent se greffer la. Ain~i Paul ne retient·
à la théqlogie· paulinienne_:ou ·aux_'présentations pas srm_lemeilt la transposition ._sur Jésus de l'ap-
évangélique_s _; · toutefè)is les .prolongements _théo~ pellatio,n KyrioS,_ qui désigne Dieu dans 1a L~,x
logiques néotestamentaires seront indiqués en réié~ (Rm·_lo!zs; [Ph._2,n); 1.Co 2,8;_cf.15,2;i; Ep 1,20).
l'ence. {cf}. ' n. oPPose_ Jésus, ,aux.« *Seigneurs, )) des païens
a) J lsu,r ,1/evé aU ciel, ., Seigneur et., Christ. _,,. (1 Co 8,5s; ,10,21) :. de· là viendrait l'appellation
« Notre Seignerir Jésus-Christ ~- 'Ain!/-i les ,.§vangé~
Ayant eu colltact avec.Jésus viva}'.lt, les disciples
proclament : « D~eù [l']a ressuscité -d'entre les liste:s ~ont appeler .:Jésus p.on p~us s_in;ip~cment
11· Rabbi _çinais• «·seigneur ·,; (cf_ l\-It 8,25 p;· Le 7_
morts » (~ Th ,1,10;. Rm. 10,9; cf. 8,11; Ga 1,1; 19p): . . ..
1

r P 1,21; Ac,.4,10)~ :Cette. affirmation n'est pas:


obtenue à·,- partir•, d'une ,réflexion- sur 9uelque b) La m'ort salutai-re:de· Jlsus.- - Face au .scan.:
texte scripturaire (cf ·t. Co 15·,4)~· _elle exprime date de la mort ignominieuse de Jésus, la foi pas-
immédiatement,· avec. l'aide du la.ngàge théolo- cale:,cherche :dans· les· Saintes Écritures le -sens
gique juif de· la -"'résurrection, , que l'expérience ciu'elle peut avoir. Pendant sa vie terrestre, Jés~s
pascale requiert l'.exaltatioµ et l'intronisa1;:i.µn de avait; de façon :voilée, interprété son sort à -l'aide
Jésus, comme l'explicitent l'expérience d'.Étienne de la prophétie du S_erviteur. -souffrant .et_; .exa:J.té.
(Ac 7,56) et celle .de Paul (7,3;,_22,6; 26,13). L'Église primitive·donne à.son Seigneur le titr~
A cette. donnée ·primitive de la,foi.,Chrétienne, de •Serviteur (Ac .3,26; 4,25-30) et exprime._le
correspond la très antique acclamatipn araméenne sens des événements passés. avec les mots d'Isaïe'.
"Marana tha·" (1·Co 1?,22; Ap ;2:2,20; cf-en écho (52,13--53;r2). Jésus a é~é. exalté.(Ac 2;33; 5,31),
r Co 11,26),· c'.est:-à-dj~- selon l'iriterpx;étation la. « glorifié ))_: (3,13); .la Passion .. est ainsi 'évoquée
plus probab\e : « Notre $ei~E'jur, :viens ! _li •. Elle dans un texte antérieur à l'épître .de ..Pierre. {1..P.
précise _qu~ ce Jésus .. exalté .et: intronisé au. ciel 2,21-25) et-dans· la catéchèse de Philippe (Ac .s,
est le._« ·Juge,» ~sc~atologique_.; en outre, elle .dit 30-35) .. Enfin: une- .des _formules de ·foi_, les .plus-
le vrai .~ens d~ la_· ve~me 'de Jésus .glorifié (Ac 1,, aiiciennes ,déclare que Jésus,« est· mort P~ .nos.
u), venue qui n'~st pas.~ simple-~ retour)) ~,la, péchés selon les Écritµ,...,. (1 Co 15,3). La pré-
fin des temps, ,mai_s .une co11tinuelle manifestation. position !,yper, ici comme ailleurs (Ga- 1,4; 2 .Co
au cours de. ~'hi$toire, d,e_s-hommes : Jés1:1S: e~tJe 5,1-4s·,21; Rm •.4;25;--8,32; .. I P 3,18; 1 Jn 2_,2) et
Seigi,t~ur de l'histoire, (cf 'Mt 28,20}. . en particùlier._ dans la .terminologie eucharistique
Une ,autre. expression ancienne,. élaborée sans (Le· 22,20; •1 Co 11,24), sert ;\ dire, lâ. valeur, salu~
doute dans les. églises·.hellénistiques, est la *con- taire de la. mort <Je Jésus.
fession de foi :· « Jésus [est] Seigneur li (1 Co 12, D'autres appellations, de sens- ,analogue à celui
3; Rm 10,9; _Ph. 2,u},. elle au.ssi «· procla~ée li en qu'a·.pris le titre de Serviteur, :vieunent exprimer
milieu liturgique. Ce n'est pas là -une sèche for- la ·.même réalité.· Jésus est:« le Juste•)] (Ac. 3,14);

601 602.
JtSUS-CHRIST JÉSUS-CHRIST

celui qui conduit à la vie (3,1s; cf 5,31), l'Agneau tologie plus explicite, accomplissement des Écri-
de Dieu sans tare (1 P 1,19s; cf Jn 29.36). Il est tures) répondent les prologues des évangiles que
le Grand Prêtre immaculé, médiateur de la N ou- sont les traditions sur l'enfance de Jésus (Mt
velle Alliance (He 2,q-18; 4,14). 1-2; Le 1-2) ; l'histoire anecdotique qu'ils
A partir de là, sous l'influence conjuguée des racontent manifeste une profonde théologie dont
religîons hellénistiques, l'appellation de r( Sau- le propos majeur est de répondre à la question
veur )) se lit dans les dernières lettres pauliniennes suivante : quelle fut l'origine de celui que nous
(Tt 1,4; 2,13; 3,6; 2 Tm I,IO). A partir de là encore, adorons comme le Seigneur ?
se développe la mystique paulinienne du baptisé
uni à la mort et à la Résurrection du -Christ (Ga d) Le Premùrr-nl de toute créatHre. - Remonter
2,19; Rm 6,3-II), où s'approfondit la doctrine de encore plus ha.ut, c'est découvrir la préexistence
la propitiation, etc (Rm 3,23s... ). de Jésus, selon une démarche qui a dü s'inspirer
non du mythe gnostique du Dieu-Sauveur, mais
c) L'homme Jésus. - S'attachânt davantage des traditions apocalyptiques juives, soucieuses de
aux origines de celui <J,.u'elle sait vivant aujour- montrer l'unité de la création et d·e la fin des
d'hui a.près sa mort, l'Eglise apostolique n'a pas temps. Ainsi on affirme dans le Livre d'Hénoch
tardé à porter son regard sur l'existence terrestre la préexîstence du *Fils de l'homme (Hénoch
de Jésus. 39,6s; 40,5; 48,2s; 49,2; 62, 6s) ; ailleurs, certains
Ainsi, la tradition évangélique prend forme en milieux juifs contemplaient la *Sagesse à l'ori-
réponse au double besoin. de faire connaître la vie gine de la création (Jb 28,20-28; Ba 3,32-38; Pr
de celui qu'on croit ressuscité (Ac 10,37s) et de 8,22-31; Si 24,3-22; Sg 7,25s). Avec l'hymne très
la citer en exemple pour le comportement des ancien sous-jacent à Ph 2,6-n, sont décrits les
croyants. C'est ainsi que, peu à peu, les souvenirs trois états successifs de Jésus, qui était en (t forme
se précisent et se rassemblent, tous polarisés par de Dieu 1) avant de s'anéantir au cours de sa vie
la foi au Seigneur Jésus. Dans cette lumière qui terrestre, puis d'être exalté au ciel. Ce texte
l'auréole et la. transfigure, apparait la figure d'e n'affirme pas qu'une certaine nature humaîne est
l'homme Jésus. « assumée 1) par une personne divine ; il s'efforce
Paul s'intéresse moins à son existence terrestre de montrer que la. présence de Jésus s'étend à
qu'à son enseignement et à sa mort rédemptrice, l'entière durée du temps. Jésus est ,( celui par qui
L'Épître aux Hébreux, elle, explicite le sens des tout existe et par qui nous [allons à Dieu] )) (t Co
•souffrances du Christ. Jésus a assumé volontai- 8,6), il est le rocher qui accompagnait le peuple
rement sa mort (He i:o, 7). « il fut rendu parfait au désert (10,4), Enfin, peut-être avant que s'éla-
par les souffrances » (2,10) : il endura la croix bore la théologie de Paul, Jésus est dit « "'image
au lieu de la joie (u,2) et, de ce qu'il pâtit, il du Dieu invisible, Premier-né de toute créature »
apprit- l'obéissance (5,7s) : il est le « pionnier et (Col 1,15), celui « en qui habite la *plénitude de
l'accomplisseur de la foi » (12,2). la divinité » (2,9).
Le mouvement de remontée continue jusqu'aux Après avoir affirmé la parfaite *justice et *sain-
origines mêmes de Jésus, aidé probablement par teté de Jésus (Ac 3,14), le NT s'achemine vers
le recours à des prophéties comme celle de Nathan la proclamation de sa divinité. Il est le « Fils de
(2 S 7,12ss) ou le Ps r6,1os, L'existence de Jésus Dieu », en un sens qui explicite les allusions faites
comporte deux manières d'être : l'une terrestre par Jésus de :Nazareth et qui déborde le sens mes-
dans la. chair, l'autre céleste par l'Esprit (Rm 1, sianique, car il s'appuie sur la préexistence du
3s; 1 P 3,18; 1 Tm 3,16a). Transf~rmé intérieu- Fils que Dieu a révélé à Paul (Ga 1,12) et dont
rement par l'Esprit, Jésus a reçu une *onction, celui-ci proclame l'Évangile (Rm r,9). Jésus· est
d'abord conçue comme royale lors de son introni- « le Fils de Dieu » : telle est la :foi du chrétien
sation (He 1,9), puis *prophétique lors de son (1 Jn 4,15; 5,5), proclamée sans cesse dans les
baptême en vue du ministère (Ac 10,38; cf 4,27; évangiles {l\1:c 1,u; 9,7; 14,61; Le 1,35; 22,70;
Le 4,18). La Résurrection, comprise comme un :Mt 2,15; 14,33; 16,r6; 27,40.43), en écho à la parole
accomplissement de la promesse faite à David de Jésus sur « le Fils o (Mt n,27 p; 21,37ss p; 24,
(Ac 2,34s; 2 Tm 2,8), condùit à. voir en Jésus le 36 p). Le mouvement de la révélation aboutit à
fils de David (Rm 1,3s; 2 Tm 2,8; Ac 13,22s; proclamer (peut-être déjà en Rm 9,5, selon toute
15, 16 et peut-être Mc 12,35ss). Par un processus probabilité en He 1,8; Tt 2,13, et certainement
analogue s'~laborent les généalogies du Christ en Jn r,1.18; 20,28) que Jésus est *Dieu avec
(Mt x,1-17; Le 3,23-37). Au mêm~ propos (chris- Dieu.
JJtSUS-CHRIST J~SUS-:CHRIST
Corollaire de la préexistence, la,dimension ecclé- Notons la réserve cle Marc par rappotj; à.- Mt,où.
llale et cosmique de Jésus se dévoile à- son- tour. à, Le dans l'usage de l'exprèssion u Fils de Dieu •·
Il est la *Tête de l'Église qui est son *Corps (Col En· dehors de· l'aveu proféré par les démons dans
!,I8); sa Seignellrie s'étend _sur -le mon(fe •entier un récit (Mc 5,7) et' dans un sommairé,d'exor-
dont il a parcouru les trois esp~ces : terre,_ ·~nfers, cismes· (3,u), le titre ne se trouve qu'aux trois
c{eux (Ph 2,10), _N'C:St-:U pàs I.e <cSeign_eu_r _·de_ la sommets-de la révélation .. ·:· par la ·voix de Dieu
gloire » '(r_,C_o :i,8); par~ que « premier~né d'entre au baptême. (1,11) et à. ·la Transfiguration (9;7),
les morts ~ _{Col r,18) ? .. _ _ . , puis dans· la bouche . du centurion. Le voile du
A cette perspective se rattachent :·des titres Temple vient de se déchirer, le temps du judaisme
variés. Jésus est le --Nouvel *Adam {r Co ·15,15. est clos: c'est alors qu.'est proclamée,..au· nom· des
45·: Rm ·5,12-21) celui. en qui Dieu. rassemble paîens; l'efficacité de la. mort de Jésus : « Vrai-
(anàkepkalaï6) toutes clioses.(Ep 1,'10), celui qui a ment cet homme, était le, Fils de Dieu o (I5,39).
fondé la •paix en faisant -un .seul *homme (2,.
I.l~I6) ; il est le MédiateuI' de _la Nouve~ Allianc~ b) Saine Matthieu f~i_t culmi-n~r ·ré":'aD.gne sur
(I Tm 2,5; f+è_·9,1s; 12,24) ... le « manifes_te o du Christ resSuscité :· « Tout pou-
voir m'a été donné.... Je suis avec vous jusqu'à
2) Présentation évangélique. du mystère. - Les la fin des siècles » (Mt 28,18ss). Jésus se présente
premières saisies,-du _mystère de: Jésus on_t été comme le Fils de l'homme, annoncé par Je pro-
groupées par nou·s de façon artificielle ; en effet, phète_ Daniel ·{Dn 7,13s), qu~ a reçu la souverai-
seuls les évangiles· sont d'authèntiques .christolo:.. neté universeile; _l'évâ.ngile doit montrer comi:nent
gies. Avant la mise· p_ar éctj"t; des qui;i,tre évangiles, Jésus, .. apiès ,avoir refusé de tenir cette souveI"ai':'
la tradition évallgéliqu'e a été à l'œ,uvre ·pour inter• neté de Satan ,(Mt. 4,8ss) parce que le Père lui: a
préter le mystère de Jésus; on le reconnait à la tout remis (n~27), ·a trioniph~ de ses., ~nnemis :
pointe christologique de chaqùe"péricope évangé- le _règne de Dieu, c'est le règne du _Christ ... _Pour
lique ainsi qu'aux différents agencements présy~ mo:q.trer c_~la, Mt met en relief l'ai:gumE=nt sCrip--
noptiques. L'intérêt à la vie terrestre de Jésus est -~uraire_ de l'~glise primitive, car J é_sus. vfymt _çou-
donc significatif par lui-même, 'indépendamment ronner le passé d'Israël._ !I a _écrit l'év;mgile ec_clé-
de toute biographie de Jésus. Plus exactement il siastique par .excellence, .~ctualisant pour son
révèle un double souci.· ·.D'abord, contre·-toute temps 1es évén~m~ts passés. (vg 14,33).
tentative d'évaporation gnOstiCJ.ue dans quelque _: 'c) Saint Luc; qù.i manifeste. da.Ils son· livre sur
mythe, il veut maintenir. la révélation de Jésus les Actes des Apôtres i'intérêt qu'il p0r1:é à_l'Égli~e.
enracinée dan_s_ l'histoire;' ensuite,. con~re toute donné consistance'all ·temps ·de Jésus quï ··s'éc6ule
tentative archéologisallte q-µi ;s'~ c:'cmterlte _de_ res- entre celui de l'annonce 'prophétique_ èt· celui' de
susciter le passé, il s'expri~e _à_ p_~rtir d'11ne con- l'_Église _(cf J~·.1_6,1?: 22,3_5~38; Ac ~,1) .. 4,_ vie
viction : celui 41IÎ. a v~u · est _eilcoi;-p .vi~nt. et de Jésus prend valellr pout le._ temps ec~ésial ;
parle aux chré.tien~ du' tèmpS préserit. Les évan- elle a été le premie_r acte du deSsein de Dieu dins
giles so:rit :tous d~s·'f. ~ctu'.alisl;l.tio~s il·de l'évé:nement }'.Église, _Un . acte qui_ .a: ·v8Ieùr ·cy.î>ii:J.ue_. Và~venir
Jésus de Nazareth.. · . . .. · qui lui succède prend sans· cess'.e- _appUi sur _elle·:
S'il y· i. ,uil~. èhristo_ir:igie dan$ le NT, C'est bien événement Jla5Sé. qui demeu_rè à_ jamais __ pré_Sent,
!'•Évangile _avant les évangiles. Cette .christologie D'.autre part, lf! por_trait du Cbri~t est .davantàge
n'est pas élaborée, squs ·~o~e ,_ sYs~ém.atiqrie. :ni celui· du Sauveu_r· miSéricordièu:i:c _(Lé __ 3,6; __ 9,38'.
dans une Coiljonèturè_épistolaire,. mais a,v:ec l'ùnique 42; -Ac 10!38) qui s'adi:esse àüx pauvres (Le 4,18),
intention. de présenter _et d'actualiser"le ·111;ydèl'e l!,UX pécheurs_ (15), aux .._déshérités de . la terre_:
de Jésus. devenu Seigneur.. Quant aux évangile_s, Enfin :·l'apl)Cllatioll_ r< Fils 'de ·l)ieu, » prend: chez
ils offrent des a~pect~ . variés dt{ ce:it,-te Pr:ésent.atio~, lui un sens fort, netter:nen't distingué de' 'celui de
renvoyant t_oujo~nl à ~•Unique ~vangi~e _proclamé Christ. (1,35; 22,70). ' ' . .
dans !'Esprit-Saint. QuelCJ.ues notations brèves à.
ce sujet achèvent:~. s~rvol. · ·, d) · Saint J ea:n prend.: .le. point de· départ de sa
présent3:tioD.-. dans l'affirmation .traditionnelle· de
a) Saint -Marc invite· son lecteur à· reconrtaître la-préexistence et.montre en Jésus -la·.•gloire du
en Jésus 'de. Nazareth le· Fils de Dieu, ·celui qui Père, la gloire·- de . la·. résurrection déjà présente. à
nous a sauvés en triomphant.de Satan;· Il insiste travers les-.signes qu'il• opèrè durant son-passage
sur l'événement ponctuel de la l'encontre persan,. ici-bas: Le Fils de.1'homme,, qui est ·au ciel, est
nelle avec Dieu en Jésus, lors de 1a· fin des temps1 présent.ici.!.même,.et retourne au ciel (Jn 3,-13.31;

605 6o6
JÉSUS-CHRIST JRÜNE
.6,62;_ cf 13,1; 14,28; ;t6;28; 17,5) . .Il-est la *Parole elle doit·être pratiquée dans les diverses cultlires
9,e Dieu .manifestée eri.-la chair mortelle ·de Jésus où s'exprime.- .1a, .foi en Jésus-Christ. XLD
(x,q).·-11 est .donc le Révélateur absolu et"défi-
nitif, .celui. auquel donner sa foi, c'est vivre (3, -+ Abraham• II 4 - ·accomplir NT-.1 - Adam li -
t6s.36; 11·,25s... ), celui dont- ·on entend les pro- Agneau de_ Dieu -::---Alliance NT. - amour I NT,2 -
.clamations d'éternité (8,58; .. 10,38) ou d'immanence apparitions _du Chri~t ~ ~nsion -,-- bénédiction .IV
C,.ans le Père ·_(10,38; 14,9s.20; 17,21). 1 ---:: che'._mill ~[I - Corps du. ,Chris~ - création.- NT 1
Plus parp.culièrement encore, le livre-de Jean :i, li ...:... Croix 1 - désert N'I' 1 ~ dessein. de Dieu
NT 1 1 - Dieu NT - éducation Il ..:..... Églisê 111 _;_
demeure l'Évangile par excellence,. dans.la mesure élection· NT I _; Éiiê' NT :i - · eÎlSeigner NT I -
où il ramène sans cesse le croyant à la-personne et ÉpoUX/épèuse_ NT ·1 - Esprit 'de Dieu NT I - Éi:an-
à l'activité terrestre de Jésus de:. Nazareth, sans gile. Il - exemple NT - fils de Dieu NT 1-- Fils
laquelle nulle existence ecclésiale ne -peut .garder de .l~Homme NT - guerre NT l - ho~e I ._~'; Il 2,
son sens :_ ainsi pour la vie sacramentelle, bap- JI.I - image IY - Jésus (nom de) - Jour du -Sei-
tême (3,22.:.30} et eucharis~e (6}, gneur, NT -;-- . Loi C I - Ivmière & ténèbres NT I -
médiateur II - Messie "NT - mission NT I - mvs-
tère NT II :i - obéi8sance'. IIÏ: __;__ œuvres· NT l · -
paix III - Parole de Dieu NT I 1, Ill 1 - pasteur
CoNCÎ.USION
& troupeau NT J - pères & Père 1V, V - plénitude -
p_rédesti.ner :--:- présence·de Dieu NT-l --prière:1V -
A,vànt de conclUre·,. évoquons !'Apocalypse. Au Rédemption,-NT --Résurrection NT_I - Révélation
cOnfluent de nombreux coµrants et plus parti- NT l ·1, II 1, Ill i - roi NT - sacerdoce NT ·1 -
culièretnent de la vie 1itur·gique, elle. prés~nte le saèrifi.Ce NT .- _98ges8e NT" I ' -·saiDt NT I -- sal_ut
Christ vivant,'· le Seigneur qui coO.duit _et régit NT- I t . - Seigneur NT - Serviteur de· Dieu III -
-l'Église· (Ap r~3)_. Surtout ,domine la figu1;e de souffrance NT 1; Il - témoigri.'!,ge NT n - Temple
l'Agneau' ·: celui-ci porte les traces de· la Passion NT I - têtè - vérité N'r·j a·-.:. Vie IV - voir NT 1 -
volonté de Dieu· _NT· I z.
:qu'il 3; soufferte (5).' ·Il assure le triomphe sur les
erinemis· de __ l'Églis~ (6,'i5ss;' 1_7,14) et fixe au
térme ses noces avec elle (19,7s; 21,9). Seigneur
de l'histoire des hommes, il est -le premi~ et le
dernier (x,17),· le commencem.ent et la fil1'(22,î3),
l'a.lp~a. et,,l'ôm;éga_(:r,8; 21i6), l'Amen (3,14), l'Oint JEONE
de Dieu, èn:fin le .Roi, des rois et_ le Seigneùr. des
Seigneurs, auquel sont rendtµ; tout honneur et
toute gloire (19,-~9; .17,'14). ~ je-Cm,e _c~sis'te à se priver·._de ·toute. iiourri~
ture et de toute boisson, éventuellement des rela-
Les prés~tà.tions du niystère 4e ·Jésus dEi 'N'aza~ tions ~Sexuelles, 'pendant. un ou plusieul'S jours,
reth devei,u, Seigneur et Christ ne peuvent êtÎ'e d'un couch~ de soleil à un autre. '
ramenées à un système unique ; mais elles mani- Les occiden~8.µ~ _d'aujourd'hl,li, Tllême chrét_iens,
festènt un ril_ouvement uniqu!';I'· : ·1a. v0lonté d'ac- ne le prisent·guère. S'ils appréCient la modération
tualiser pour .un milieu donné la . présence de ce dans _le boire et le manger, le _je®~ leur parait
Jés_us qui a. vécu. et_ est ~ort 'pciur nous .. L'ortho- dangere_ux pour la S!1,Ilté, et ils n'en aperçoivent
doxie se mésure _à la solidité du ·lien qui unit 'l~in- guère l'utilité spirituelle. Cette attitude es_t.·à l'op-
terprétation chrétienne aù fait de_ Jésus': « Tout posé de celle que les historiens des,.religions ren-
esprit qui confesse .Jésus-Christ venu en chair est contrent _un ,pe:u partoUt : ,pour des motifs. d'as-
de Dieu _n (r Jn :4,2). _P011r s_'eîxprimer et se com- cèse, de _purification,. de. deuil, de supplication, le
muniquer, ·1a foi naissante s'est montrée tnbutaire jefme occupe une place 'importante <tans les.rites
des cultures variées de son époque : .ainsi !'.lu religieux. En Islam, par ~emple, c'est le moyen
judaisme palestinien, de la diaspora ou de l'hellé- par excell!:mce de reconnaître la transcendance
nisme ambiant. En s'adaptant ainsi aux· diffé- divine. La Bible, <J.ui fonde ici l'attitude.de l'Église,
rentes· civilisations, l'Église. amorce et •préfigure se rencontre sur ce point avec tous les autres cou•
toute interprétation à venir.· ·Après le NT, rher- rants religieux. :Mais elle précise le sens du jeline
méneutique poursuit son - mouvement ; elle en et en règle la pratique; avèc .· la *prière .et l'*au-
vient; par exemple, à parler. de « conscience » de m6ne, elle en fait _un des actes essentiels qui tra-
Jésus, de ic nature D et de personne, sa.'ns- prétendre duisent devant Dieu- !'*humilité, !'-*espérance et
fucer à jamais l'interprétation ;·aujourd'hui encore, l'*amour ·de l'homme.

6o8
JEÛNE JEÛNE

I. Sens di,je(me. -L'homme étant-âme et.corps, pharisiens {Mc 2,18), dont certains jeO.naient'deux
il ne servirait de rien ·d'imaginer une I'.C'ligion pure- fois la semaine (Le 18,12). On cherchait:à accom-
ment spirituelle : ·pour .s'engager, 1'.*â.me a besoin plir par là un des éléments de la *justice 'définie
des actes et des attitudes_ ,du,, *corps. Le jeftne, par la Loi et les prophètes, Si Jésu.s ne prescrit
toujours. ~ompagii~_.,.de prière, suppliati.te, sert à rien de ce genre à ses discij>les (Mc 2,18), ce n'est
traduire l'~umilité devant Dieu : ·jeiiner (I..iv .16, pas qu'il méprise cette justice-là ou qu'il veuille
31) équivaut à·" humilier so~_âme » (16,29). Le l'abolir ; mais il vient !'*accomplir ; et c'est pour-
jeüne n'est donc pas uµ exploit. as@tiqu~-; il ne quoi il interdit· de l'afficher et invite sur certains
vise pas à procùrer quelque état d'ex~tation psy- points à la dépasser (M;t ..5~17.20; 6,I). Jésus insiste
chologique ou religieuse. De telles utilisations sont davantage sur le détachëID.ent vis-à-vis des richesses
attestées en histoire des religions·. Mais en contexte (Mt x9,21), la continence volontaire (Mt 19,12), et
biblique, quand un homme s'abstient, de manger _surtout le }'.ellonct;im.ent à .soi-même pour .p_orter
toute une journée (Jg 20,26; 2'S 12,16s; Jon 3,7) ~ croiX (Mt 10,38j9)'.
alors qu'il tient -la .nourriture ·pour_ un don de L;a pratici._1:1·e. du jeûne, en effet,. ne va,: pas sans
Dieu (Dt -8,3), cette priv:ation est un g~te reli- certains ris.ques : risque de for,malisme, que dénQn~
gieux dont il faut comprendre exactemen~ 1~ çai~nt. déjà les piophètes_ (A_m 5,21; Ji 14,.12);
motifs ; il en va de même pour l'abstention des risque d'orgueil .et d'ostentation, si l'on_ jeiine
relations conjugales· JJl 2, rQ) •. ' « pour être. vu des hotD;mes. » (Mt 6,16), Pour
On se tourne .vers le Seigneur {Dn 9,,3; Esd Bi, plaire à Die-µ, le vr_ai jeiine doit être uni à l'.amour
:u) dans une attitude de dépendance.e~ d'abandon d_u. procha_in, et comporter une. rec~erche rte 18.
total : avant d'entreprendre .. une tâche. -d.iflîcile vraie justice (IS 58,2~1~) ; il n'.est· pas plus sépa-
(Jg 20,26; Est, 4,.16), _où ~core pour.. implorel'. l~ rable .de l'aumône, <J.ue de la prière. Fina~ement,
pardon d'une ,faute. (r, R- 21,27), solliciter unè gué-, c'est pour l'\lmpur·~e.D{eu qu'i~fa~t ieftner (Za 7,5).
rison _(2 S .12,16.22), se lamenter lors d'.une *sépul- A:ussi Jésus .invite--t-il à, le fair!3'_ avec Une'' parfatte
ture (1 S 3~,.13; 2 S r,q}, après. ·:iu1 •veuv~e discrétion : conriu de Dieu seul, ce jeûne sera la pure
(}dt 8,5; Le 2,37) 01,1 à._. l?, _sµite d'un n,.alhe1,1r expression de l'espérance en lui, u:O.'· jeO.në humble
national (r_ S:_7;6; ·2 S, -1,~2;. Ba. 1,5;, Za. 8,19)_. qui' ouvrira le cœur à la justice intérieurè, œuvi;-e
obtenir la c,ess~tion d'une cal~it~ (Jl_, 2,12-17-; du Père qui voit et agit dans le sectjrt (Mt 6,17s).
Jdt 4,9-13),· s'ouvrir à. la lumïère çlivine '{Dn .10, L'Église apostolique conserva, ell matière de
12), attendre_ la ,grâ.ce néces.saire-- à l'aç:complisse- je-Ctne, les coutumes'"du judaïsme, accomplies dans
ment d'une."mission (Ac 13,2s), s~ .pféparer à la l'esprit-· défini par·. Jésus. Les Actes·. des Apôtres
rencontre .de Dieu, (E"" 34,.28;.,Dn· 9;3). mentionnent des célébrations .. cultuelles _coiripor~
Les occasions et les-motifs sont_ variés. Mais il tant jef.ine. et prière .·.(Ac •-13,2ss; i4/ 23).· Pau1;
s'agit dans tous les .cas de s'établir_ avec -foi .qans durant· son _écrasant.• labeur• apostolique, ne •Se
une attitude d'*humiÙté · pour accueillir .l'action contente_ ·pas de souffrir, la .faim et la .soif quand
de Dieu et se .ineti;l'.e en sa pré~e. C~tte jnten..· les circonstances rexigent.; il y ajoute· des j eünes
tion profonde dévoile. le sens, des" ·quarantai_n~ iépétés (2 ·co 6,5; II;27). L'~glise .. _est .. deme.urée
P.assées SaD$ .nourritu.re par·Moïse (Ex-34,2~)-·et fidèle à ·cette traditi_on,, cherchant.:par ]a. pratique
Êlie .(1 -R· 1_9,8). Quant à _la quaranta.ine,4e Jésus du jeftne. à mettre les :fidèles dans ·.u~e :attitude
au •désert, qui se--mod,èle,~ur.-ce do:uble_,patron, d'ouvertui;:e totalErà la-grâre,du Seigneur, en atten-
elle n'a pas-p,o,ur mOtif.-,de l'ouvrir _à.l'Esprit- de dant son retour.. Gar si-.la- prell1,ière vem~e.·,de Jésus
Dieu,• puisqu'il _en eSt i:el'll~li {L1$,_4,1); si l'~sp/:lt l:!I,: COIIl.blé, l'attente, d'Isr~ël,, le-. temps_ qui,.suit,-,sa
le pousse à ce jeO.ne, c'est_ pour qu:il inaugure·sa r~urrection.,n'est P.~ celq.i · d~ ·la:, joi~ totale où
*mission· messianique par uil acte d'abandon con- nul . acte de -p~nitence ne s"e_rait plu_s ·de. mise.
fiant à son Père (Mt _4;1-4). Défendant,. contr_e· les pharisiens, ses disciples qui
ne j~ûnaient pas; Jésus a dit ~ui-même·:· « Les ~mis
2. Pratiqu~- d~· jeâ'.ne. ~ La liturID~ juiv~ cci~~is- de !'Époux: peU:v:ent-~ jei\ner tan_t q:ue J!.ÉpOux
sait Ul\ " grand jeûne » au.: jo~r de l'Expiation (cf est. ~vec e,ux .? D~ jours .viendJ;ont. o.ù .l'Époux
Ac 27,9); sa pratjqu_e ·était _une con~iti!)n ,:d'ap-:: leur sera enlevé, alors ilsje,~eron:t en ces jours.~là.n
partenance_ au pèuple-de. :Qieu (Lv· 23",29),. Il ,y· (Mc 2,r9s p). Le. vrai je~ne. ~ .do;nc- celui. de ~
avait d'~utres jetiries collectifs,. aux jo_urs. anniver~ foi,_la,privation de_la.,vision dù Bien-Aimé, et sa
saires.deS malhèurs nationàux; 'En outre, ]es· JÙifs recherche perm_anente: ~ ~ttendant qu_e.,l'Époux,
pieux ·je,0.naient ..par. dévotioµ _personnelle (Le 2, nous _revi~D;e, le.jeftne p,énitentiel a sa place dans
37); ainsi. -les- disc,iples de Je~:--Baptiste ·et_ l~ les -pratiques- ._de l'Église. . RG

610
JEUNESSE JOIE

_. aumône NT l - faim & soif AT 2 - nourriture muniquer à un étranger (Pr 14,10), Le sage sait
III - parfum 1 - pfoitence/conversion AT I 2 - le prix de cette joie du cœur qui est même un
sépulture l.
facteur de santé (Pr 17,-22) et à laquelle on peut
JEUNESSE-+- nouveau - vieillesse. contribuer par une bonne parole {12,25) ou par
un regard bienveillant (15,30), Dieu ne condamne
que les joies perverses, celles qu'on poursuit en
faisant le mal (2,14), en particulier la joie mau-
vaise que le malheur du juste procure à ses ennemis
JOIE (Ps 13,5; 35,26).

La révélation du Dieu créateur et sauveur pro- II. LES JOIES DE L'ALLIANCE


voque en l'homme une joie débordante. Comment
contempler la *création sans proclamer : « Moi, Dieu, de qui viennent les joies saines de la vie,
j'ai ma joie en Yahweh n (Ps 104,34) et sans sou- en offre de plus hautes à son peuple : celles de
haiter l( que Dieu se réjouisse en ses •œuvres » la fi.délité à l'Alliance.
(104,31) ? En :face de Dieu, à l'œuvre dans l'his-
toire, la joie envahit celui qui n'est pas un insensé I. Joiês du culte communautaire. -Dans le *culte,
(92,5ss) et elle se fait communicative : H Venez, Israël trouve la joie de *louer Dieu (Ps 33,1) qui
crions de joie pour Yahweh ... rocher de notre a daigné être son Roi (Ps 149,2) et qui l'invite à
salut » {95,1) ; 1,( Joie au ciel! Exulte, la terre, ... se réjouir en sa *présence (Dt rz,18) ; il *go1ite
à la face de Yahweh, car il vient » {96,nss). Et aussi la •douceur d'un rassemblement fraternel
s'il vient, c'est pour inviter ses serv.iteurs :fidèles (Ps 133). Il trouve ainsi le moyen de résister effi-
à entrer dans sa propre joie et pour leur en ouvrir cacement à la tentation des cultes cananéens,
l'accès (Mt 25,21). dont les rites sensuels sont en abomination à Dieu
(Dt 12,30s; 23,18s). Les *fêtes qui se célèbrent
AT dans un climat d'enthousiasme et de jubilation
(Ps 42,5; 68,4s; 100,2) rappellent au peuple H le
l. LES JOIES DE LA VIE
*Jour que le Seigneur a fait pour sa joie et son
allégresse » (Ps nS,24) ; certaines de ces célébra-
Dieu fait des joies de la vie humaine un élément tions ont marqué dans l'histoire, telle la Pâque
de ses •promesses (Dt 28,3-8; Jr 33,n), et il châ- d'Ézéchias {2 Ch 30,21-:26), celle du retour d'exil
tie l'infidélité par leur privation {Dt 28,30-33. (Esd 6,22) et surtout la fête des Tentes où Esdras,
47s; Jr 7,34; 25,10s). L'humble joie que l'homme après avoir fait lire la Loi, invita le peuple à un
prend avec la femme qu'il aime (Qo 9,9), dans le joyeux banquet et proclama : « Ce jour est saint ...
fruit de son travail (3,22), en se nourrissant et en Ne vous affligez pas : la joie de Yahweh est notre
prenant un peu de OOn temps (2,24; 3,12s), résiste force i1 {Ne 8,10). C'est pour entretenir cette joie
à la critique impitoyable de Qohélet lui-même; il plénière que la Loi prescrit au peuple d'aller la
loue cette joie (8,15) qui permet à l'homme d'ou- puiser à sa source, en se rassemblant à Jérusalem
blier les maux de la vie ; elle est la part que Dieu aux trois fêtes annuelles afin d'obtenir les *béné-
lui donne (5,17ss). Le *vin en effet a été créé pour dictions divines (Lv 23,40; Dt 16,n.14s). A cette
procurer la joie (Jg 9,13; Ps 104,15) à qui en use source, Dieu désire que toutes les •nations viennent
. av{;lc mesure (S! 31,27) ; aussi la *vendange est-elle puiser {1s rr,3; 55,1; 56,6s).
un temps de joie {Is i6,10), comme la *moisson
(Ps 126,5s). Quant à la joie dont une femme, par 2. Joies de la fidélité personnelle. - Cette joie,
sa grâce et sa vertu, comble son mari (Pr 5,18; offerte à tous, est la part des •humbles qui cons-
Si 26,2.13), elle est l'image des joies les plus tituent le vrai peuple de Dieu ·(Ps 149,45) ; comme
hautes (Is 62,5) : pour les époux, la fécondité Jérémie, ils dévorent la *Parole divine qui est
est cause d'allégresse (1 S 2,1.5; Ps 113,9; cf. Jn l'allégresse de leur cœur (J r 15, 16} ; ils mettent
16,21), surtout si leur fils est sage (Pr 10,1). leur joie en Dieu (Ps 33,21; 37,4; Jl 2,23) et en
A côté des joies bruyantes des grands jours - sa Loi (Ps 19,9), qui est leur trésor (n9,14.nr.
couronnement du roi (1 R r,40), victoire (1 S 18, 162) et qui demeure leurs délices en pleine *angoisse
16)" ou retour des prisonniers (Ps u6,2s) - , il (ug,143) ; ces humbles *chercheurs de Dieu
en est d'autres si intimes qu'on ne peut les com- peuvent donc jubiler (34,3; 6g,33; 70,5; 105,3),

6II 612
JOIB JOIE

.Justifiés qu'ils son:t p.ar la •grâce (32,10s} et par 17 p) qui, :comme·· Abraha'm, exultaient déjà en
1 •miséricorde .de Dieu (51,10.14). Leur union y pensant (Jn 8;56). ·
confiante à ce Seigneur. qui est· leur unique •bien En Jésus-*Christ, le Royaume de.Dieu est présent
(16,2; 73,25;28) leur fait entrevoir. des_perspectives (Mc I,15 p; Le .r7,21) ; :il est !'Époux dont la voix
cle joie éternelle (16,gss}, dont leur intimité avec ravit de joie· le Baptiste {Jn· 3,29) et dont la pre:..
la. Sagesse .divine-est l'avant-:.goût (Sg 8,.16). sence ·ne pennèt pas ·à -ses disciples de,· *jeftner
(Le 5,34 p). Ceux-ci ont la joie de savoir:- Jeurs
S, Joies eschatologiques. - Israël. vit en effet ·dans •noms inscrits.dans les cieux (10,20), car ils sont
l'espérance. Si le culte lui rappelle les hauts :faits du nombre des *pauvres à qui appartient le
de Dieu et, en premier-lieu, l'Exode, -c'est pour Royaume (6,20 ·P), trésor pour· lequel on donne
lui faire- désirer un nouveL _•exode_. da,ils lequel se tout avec joie (Mt 13,44); et Jésus leur a appris
révélera le Dieu: sans égal-, sauveur. universel (Is que la *persécution,· en co.nfirm~t leur certitude,
45,5~8.21s) .. Alors.·ce sera la-joie messianique.dont devait intensifier. leur. "allégresse (Mt 5,1oss p).
Isaïe annonçait la surabondance, (9,2)- ;·le.dés~ .Les disciples ont raison de se réjoajr des *mi ..
oxultera (35,1); devant !'.action: de Dieu, les cieux .racles de Jésus._quî att:estent-sa miSsion .(Le. ·19,
crieront do, joie, -la terre •.jubilera (44,23; 49,13), 37ss} ; mai~ ils ne ·doivent pas mettre leur- joie
tandis que les captifs libérés arriveront à Sion, dans. le pouvoir miraculeux ,.que le Chris~· leur
hurlant de joie (35,9s; 51,n), pour y être revêtus communique (10,r-7.,.20) : ce n'est là. qu'un moyen
de salut et de Justice (6r,ro) et pour y gotiter la destiné, non à procurer une vaine joie à. des hommes
joie éternelle (61,7) qui comblera leur espérance c.omme Hérode, curieux de merveilleux ,(23,8),
(:25,9). Alors les _serviteurs. de _Dieu chanteront, mais à .faire louer Dieu par les âmes droites (13,
la. joie au cœur, dans une •C~ation· renouvelée; 17) et ·_à .attirer les: pécheurs au Sauveur, les .:dis~
car Dieu créera JéI'USalem ·« Joie » et son peuple posant à 1'-aecueillir ·avec· joie et à se, *oonvertir
11 Allégresse »,·à.fin de se réjouir en eux- et de pro- {r9,'6.9}. De•· cette conversion, les disciples se
curer à tous une· jubilation, sans fin (65;14.I-7ss; réjouiront,· en vrais frères (r5,32), commè s'en
66,ro). Telle est·fa· joie. que Jérusalem attend• de réjouissent dans -le .-cieJ .le -Père· et les anges (r5,
son Dieu, Je Saint et l'Éternel dont 1a miséricorde .7."ro.24), comme s'en réjouit, le bon. *Pasteùr
va la sauver{~a 4,'22s.36s: 5,9)". L'artisan·_de cette dont l'amour a'.Sauvé ses brebis' égarées (15;6; Mt
œuvre de salut,. c'est·.son Roi ·qui vient· à.." elle ·18,r3) •. Mais pour. partager sa joie, il :faut. aimer
dans l'humilité; qu'elle raccueille',dans ·rex:ult;a;. comme·:il, a aimé.
tion (Za 9,9).
2. L'(J. joie ·de'-l'EsfrP'it, fruit âe la· éroix. ·_. Jésus,
NT en effet,-qu_i: avait exulté:de,ioie de ce ·que le Père
se révélait par lui aux petits· (Lc ... ro,2rs), donne
I. LA JOIE DE L'ÉvANGILE
sa vie _pour ces petits, ·ses' *amis; :afin de leur
communiquer·la joie dont Son, amour est la; .source
Cet humble roi, c'est.']ésu~~chriSt qui'àn~once '(Jn 15,9-z5}, _~dis ·qu'au pied··de sa croix"ses
la joie du salut aux :t,,u[QbleS · et, la .leur donné p~ ennemis étalent leur joie' mauvaise· ·.(Le· ·Z.3;3,SSS).
son sacrifice. · Par la' -*croix, JéSUs , va ·au Père ; · les 'disciples
devraient :s'en, réjouir, s'ils l'aimaient (Jn r4/2:8)
1. La_ joie d'l,f sàhd ~nnoncde, a;x h:u~b"tes. -:---- La. et s'ils··comprellaient.le but·.de ce départ,-'qui·est
venue du Sa,u_veur crée un climat de joie que Luc, le don de !'Esprit (r6,7). Gràce à ce dori, ils vivront
plus que les autres éva,n~éijstes, a rendu _sensible. de )a vie·•.de·, Jésus (r4,16-20} .et, parce qu'ils
Avant même qu'on sè i'éjOuissè dè sa naissallce demanderont en son *nom,- ,ils ·-obtiendrOnt-. tout
(Le 1,14), quand vient M:arie, *Jean-Baptiste t;res.. du-Père;· alors-leur -*tristesse Se•chailgera en Joie,
saille d'allégresse dans le sein de sa mère (1,4r. leur joie sera,. parfaite et n:nl' .ne::·pourra la leur
44) ; et la Vierge, que le. salut de !'Ange avait 6ter {r4,z3s;· 16,20-24}. · · ·
invitée à la joie (r,28 ·:· ,gi-; .'c;hairJ = réjouis-toi), Toutefois les disciples ont si peu compris. que la
chante avec autant de joie que d'humilité le Sei- passion mène à la résurrection, _la passion a même
gneur qui ·est devenu son fils pour sauVèr les te1:fe'ment ruiné leur espérance (Le. 24,21},· qù'ils
humbles (1~42-.46-55)., La,nàissance:·de'Jésus,est n!osent s'abaridonner .. à; la. joie qui ··les· envahit
une grande· jdie pour les· anges:· .qui· l'annoncent devant les ,.*apparitions (24,4r). Mais quand· le
et pour le peùple qu'.il vient sauver (2,10.·13s; èf, Ressuscité, ·'àprès leur avoir montr~:les: E:éritures
Mt 1,21); elle comble;l'attente des jllstes -(Mt, 13, accomplies et leur ·avoir promis la: force de l'Es-
JOIE JOSUÉ

prit (24,44.49; Ac 1,8); monte au ciel, ils_ sont {I-_ P, 4,13). ·Comme son Maître, il préfère ici~bas
dans une grande joie (Le 24,525) ; :la venue de la •croix à la joie (He 12,2) ; ·il accepte avec joie
ttEsprit· la rend. aussi-.communicati\fe, (Ac ··2,4.11) d'.être dépouillé de.:-ses ,biens, (He 10,34), tenant
qu'inébranlable : ils. sont ~- tout joyeux d'être pour joie suprêmè d'être·-mis· à. l'épreuve de ·toute
jugés dignes de souffrir pour le Nom » du Sau- Iµ.a.D.ièrf' (Je 1,2). Pour Ies··Apôtj-es:comme pour.le
veur dont ils sont-les *témoins (Ac .5,41; cf 4,r-2; Christ, -la •pauvreté et la *persécution mènent à
Le- 24,46ss) .. la joie parfaite .
. Paul, dans- son nùnistère apostolique, 'goûte
cette ..joie· dè la-croix . ; elle est un-'élément de:son
IJ. LA JOIE DE LA' VJE-•NOUVELLE témoignage:·« affligés-», ·Ies·ininistres de Dieu Sont
" toujours joyeux, Il {2' Co·- 6,10). -L'Ap6tre sura-
La parole· de Jésus-a.produit son fruit: .ceux bond·e de joie ·dans ses· tribulations ·(2, Co '7~4) ;
qui croient en lui ont ·eD.·.eux la plénitude de ·sa avec un ·désintéresse~ent total, il se réjouit pourvu
joie· (Jn 17,13); leur-·communauté ·vit dans· une que le Christ ·soit anll.oncé ·(Ph i,17s) et-.il -trouve
allégresse simple.(:Ac 2,46)-_et la prédication·de la sa :joie à souffrir pout ses ·fidèles et, pour l'Église
Bonne .Nouvelle est partout source_ de grande (Col 1,24.) .. :Il invite niêrrie· Ies Philippiens à par-
joie (8-.8) ; le baptême remplit les: croyants d'une tager la joie -qu'il aUrait à· verser son sang en
joie .qui .vient-de_ !'Esprit (r3,52; cf 8,39;-, 13,48 ; suprême· témoignage de. foi (Ph. 2,17s),
r6,34) et ·,qui·· fait .Chanter· les -Apôtres dans· -les
pires épreuves· (16,23ss). ·

I. Les· sOU,ces de la joie· spirituelle. -- La. joie est


en effet un *fruit de !'Esprit (Ga _-5,22) et .une
note caractéristique du Royaume -de .Dieu (Rm Pl,lais l'épreuve prendra fin .. et 'Dieu *.vengera le
14·,17): ·Il ne s'agit; pas de· l'enthousiasme passager '!'sang de· ses Serviteurs en jugeant Babylone qui
que suscite -la •Parole et ·que détruit la tribula- s'en·-est- enivrée-; ·il y aù.ra·•alors -allégresse dans
tion (cf Mc· 4.16), m_ais de la joie spirituelle le· ciel (Ap 18,20; 19,1-4) où se; célébreront .les
des •,croyants: _.qui, · dans· !'•épreuve; -sont des noces de.l'*Agneau; ceux· qui .Y -prendront. part
•exemples (1 Th 1,6s)·et qui, par.leur,.générosité rendront gloµ-6·· à .Dieu dans l'allégresse (19,7ss).
joyeuse (2 Co 8,2; 9,7), par leur *perfection (2 -Co Ce-sera la manifestation· et l'épanouissement de la
13,9), par leur union (Ph. 2,2)\ par leur docilité joie parfaite qui est dès maintenant_ la part dès
(He 13,_17) .et.. -leur ~fidélité à la •vérité• (2 Jn 4; enfants de Dieu; car J'Esprit qui leur a été donné
3. Jn 3s), sont maintenant" e:t seront au • Jour du les fait communier avec le Père et avec son Fils
Seigneur la joie ·de leurs -Apôtres (x Th 2,19s). Jésus-Christ (x Jn 1,2ss; 3,1s.24),
La .charité qui-. fait._c_omrounier les. croyants à AR & MFL
.la v~rité (I Co 13,6).leur procure.-une joie·cons-
tante. que nounissent leur .~prière et, .leur •action -+_action .~e gd~ _O.; AT ;i. - béatitude - bénê-
diction - blanc -·confiance' 3 - consolation - cou-
de grâces incèssantes (I Th 5,16;. Ph 3,1; _4,4ss). rir. 2 · - fêtes -· huile Z •_;_·ivresse 3' - . louange -
Comlllent .rendre_ grâces au. ;Fère d'être transféré moisson I, Ill 1 - onction 1 1 - parfum· I .:.... ·persé-
dans le Royaume de, son Fils. bien~aimé, sans· _être cution Il 3 - repas - repos - rire 2 - souffrance
dans la joie (Col-·1,uss) ~ Et·Ia prière assidue est NT III 2 ..:...;_ tristesse NT 3-- vendange 1 - ~igne -
·source de joie parce· que l',*espéranèe l'anime .et vin.
que·le Dieu de l'~érance. y rêpond en COmblant
de.joie. le croyant , 'lm. 12;12; 15,13} .. Aussi Pierre
JOSEPH_-+ Thlvid_·f Marie b, Il ,4, Ill 2."

invite-t-il -celui~ci à .bénir Dieu· avec· exultation·;


sa *foi, que, l'affliction éprouve mais qU:i est süre
d'obtenir le salut, lui procure une joie ineffable
qui.est l'~vant-goO.t de-la gloire-(I·P 1,3-9). JOSut
2. Le tbnoignage de la joie dans l'éjireuve. - Mais
c·ette_joie ri'appartient qu'à la foi éprouvée. -Pour ·1.Chef.d'Israël. -'7- Dans la perspective de l'AT,
être .dans l'allégresse ..lors de -la révélation de la l'œuvre.de Josué représente• une étape essentielle
gloire du Christ; il faut que son disciple se réjouisse de l'.histoire sainte. Serviteur ~- Moise· (Ex 17,
dans la mesure .où il participe à ,ses •souffrances 9; Nb n,28), ihi gravi.aVec·lui la montagne du

6r5 6r6
JOSUÉ JOUR D.U -SEIGNEUR

Sinaï (Ex 2_4,r3),.vécu dans la. proximité du sanc-


tuaire (Ex 33,u)._ Il a puisé là une fidélité profonde
qui se· _nianifest_e lors ~~ l'affaire des _espions
envoyéS en Canaan (Nb r3) ; aussi Caleb et_ lui
seront-ils _les seuls 1>:armi là génératiOn dù désert JOUR DU SElGNEUR
à entrer dallS la· terre promi~ (Nb .14,30.38).
Choisi par Dieu pour succéder à M_oïse' comme chef
d'Israël, il est investi Par !'Esprit de•Dieu lorsque Pour le croyant, l'histoire_n'es_t P,as un.perpé-
Moïse lui ~pose_'les mains (Nb 27,15-23; Dt 31, tuel-recommencement;_ elle connaît une.p1:9gres-
7s.r4-23). Aussi dès la. Illort de ce Q.ernier peut-il sion,, que marquent les *visites de Dieu en des
prendre la tête du peuple. On le voi~ alors, plein •.temps, des jours, des "'heures, des.-mmnents pri-
de vaillance_ (Jos 1,6), Illontrer sa valeur datls_' la vilégiés : le Seigneui: est venu, il vient sans cesse,
conduite de.la _•gu~rre sainte. _Cependant,.celle-ci il ~ ~ir, .pour *juger le monde et *sauv~ les
a un chef céleste dont Josué n'est que le représen- croyants. .Dans .un tel ensemble, . pour désigner
tant ·(Jos 5,13~) et dont l'assistance.se manifeste rmtervention solenrielle de Dieu .dans le, co1:,1rs de
lorsque les puissances de la .nature se niettent. au l'histoire, « le. Jour du Seigneur:,11. est. une expresM
service d'Israël. -P.our l'aid_er dans .. ses '_opérations sion,privilégiée, parlais al;irégée _en K _le Jour -ll:·_,ou
guerrières (6,2~; 10,10--14). -Le but de la _co!lquête « ce Jpur-là 1),. Elle recouvre.une dou~le acception.
n'est d'ailleurs vas de _d.étruire les Cananéens·, mais C'est 4'abord un év~ement historique, le jour
de donnet' au p_euple d~ Dieu la .terre d~ paï~s par ·excellence qui _voit le triomphe de .Dieu: sur
en héritage_ (P.s i8,54_s; _Io5,44s) : -ce pays des ses e:nnemis .. _C'est aussi une désignation c~ltu_elle,
ancêtres n'est-il pas _la •t~ pr:omi1;1e ? Israël n'y le. -.jour spécialement eç>~cré au culte. de Dieu.
est toutefois _introduit que pour garder l'.alliance Ces deux •significations p.e sont p~- sans corréla-
de Dieu et. observer sa Loj'. JoSué, avec une_ intran'"'. tion. Le •culte. commémore et annonce l'inter~
sigeance religiell~ absolue (Jos 23)., en ·dop,ne lrii- vention de Dietl. dans l'histoire; l'événEnU.ellt _bis~
même l'exemple et, entraîne .I_sraël dans. le chemin tOrique, Parce qu'il ém~e. de Dieu, émerge hors
de la fidélité (8,30-35; ~4),. du temps ; il appa.rtien~ au pI:ésent _éternel de
Dieu, que le culte_ doit actua,iser dans l_e *temps
2. Figure du Sâuviiw. - La méditation des: sages his:torique. '
reviendra volontiets sur ·cett~ tranche d'histoire
exemplaire : S~cciesseur- de :Moise ..d~s son office
prophétiquë~ Josué lè bien-noin~é- {hb. = ·« Yah- AT
weh sauve_·»} a sauvé les. élus de Dieu. (Si 46,r). ! .. L'ANNONCE-DU JOUR Dl!: YABWEH
Et pourtant ce premier .û. •Jéslls II n'.était_ que la
pâle ébauche.d'un aÛ:µ"e sauv·eur·à Venir,. ·q~ lui L'attente d'une intervention fulgUrante de Yah-
aussi s'appellerait du mêm~. *no~,-(Mt· 1,21). Son weh en faveur d'Israël semble s'ê~ exprimée très
action n'était qu'un épiSode préparatoire. dans la tôt dans la croyance populaire : on attendait un
longue histoire du salut (Ac 7,45) ; aujOurd'hui, «· jour de. *lumièi'.e _». (Ani 5,.18), De fait, .à. travers
avec Jésus-Christ mort, ressuscité et monté aux 1~ -applic~tions, variées qu'.en .font les prophètes,
cieux, le v:éritable •salut s'est révélé au peuple du vme au rve_ siècle, .on retrouve le même sch~a
de Dieu. La te,rre promise a~teinte par lui n'était décrivant le Jour du Seigneur. Yahweh pou_ss~ son 1
qu'une é~pe, non lé term,e, une _figure, non le cp. de guerre (So- 1,14; 1s 13,_2) : ~ Il .est proche le
véritable repo~. (~e 4,_8),-. Un._•repOs meilleur_ nous Jour d6 Yahweh 1 » (Ez 30,3; 1s 13,6; Jl,r,15),. et
est promis : celui du septiènie jour, participation il rasseml;>le ses armées pour le com!)at (Is. r3,3ss).
au repos_ diviri lui-mên;i.e, _JoSué, homme de, vail- C'es~ un_jour.c;le _nuages (Ez 30,3), de feU: (So 1,
lance, nousïnvite ~ coxnbattre en·vue d'atteindre r8; Ml 3,~_9) ; ,les cieu_x sont roulés (1s 34,4),. la
ce repos-là, où._ nous tiOuyeI"Ons la récoll?-pens'e de terre :tren;>.ble -(J~ 2,1.1os), le monde est dévasté
nos peines. (AP. r4,13): . PG (Is 7,2·3), Plongé dans .une solitude semblable à
-+ imposition' des mains- AT :a·-. Jésus (nom de) li - celle de Gomorrhe (So 2,9) et du désert (Is 13,9).
salut AT l o - terre AT·II :a. 4, panique s'empare des humains (Is' 2,~0.19)::
oi;i se cache (~,21.), plein de ,tr9uble_ (Ez 7,7),
JOUG -+·,esclave - Lof C .r :a·, li 2,_ Ill 2,. épouvanté. (Is 13,8); on est frappé d'aveugle-
JOUR -+.~str~ 1.2 - )our_ du Seigneur - lumière ment.(So 1,_17), Ies_bra~ en .tombent (Ez 7,17), on
& ténèbres - nuit -:- temps A 'r I. perd.cœuI' .(Is 13,7), impossible de se t~_4" droit

617 618
JOUR DU SEIGNEUR. JOUR DU SEIGNEUR
(Ml 3,2). C'est .l'extermination générale (So 1,"18), (So. 2,4-15), .prépà.r~ra leur COnversion et le réta-
le jugeinent; le tri (Ml 3,20), la purification (3,3) ; blissem~nt d'Israël_(3,9~r8). ·Avec l'Exil'. après' que
. c'est la fin (Ez 7,6s). le Jour_ d_e la *colère de Yahweh est 'arrivé pour
Bien que, aprè$ _l'exil, .cette. description _vise· le Jérusalem (Lm r,12),. s'affirnle;·1e double·_thèfue
dernier· joùr, "ellb s'applique d'ibord: aux ··événe- · du Jou'r qui. est •j'ugeIIl.ent des •nà.tions et victoire
ments du cours de l'histoire. Ainsi la ruine de pour 1e·. •reste d_'ISi-aël ·: le' J oui-i_. atteint BS:l)~l (Is
Jérusalem fut « un Jour de Yahweh )) (Ez _r3,5; 13)", Édoril (Is 34) ;_pour Israël,_·qui doit'toùjqÙrs
34,!2; Lm· 1,12;'·2,22). ·'L'cirigine du schéma 'n'est · êtr~ Pui:ifié (Ml 3,2; Za 13,is), c'est.une protec-
donc pas à chei-cher d'abord en quèlque'•inythe tion assuz:ée (Z~ 12,_1-,4)_. -1e don ·dé l'Espiit (Jl 3;
de la· •guerre des· di6ux (même si l'imagerie ·du Za -_12,rn), lin •paradiS re_nouVelé (Jl 4,xs;· Z~. 14,
Jour ·conserve·· des· traits m'ythiq~es). Elle· ·n'èst '$)'.',.Israël sèra vengé de ses_·-ennemis -(Jr 46,10),
pàs davà?tage à_ chercher dans le· c~lte (inême l'heure dCS _nations .ayant. sonné_'· (Ez 30,3s) :_ ·tel
si les fêtes ·religieuses ·étaient elles-mêmes quali~ eSt u · le jour de la_ ·•vengeance de Yahweh: D (Is
fiées· dè « Jour.·ae· Yahweh·»). A l'arrière-a-pla:n;-se 34;8). •· . . .
trouve une expérif'llce historique : •les• 'interven- :L~ .même mouvement _qui élàrgit. aux:· nations
tions-' de·, Yahweh·_c0ri:lbatt8.nt pour son, ·peuple. le J()ur· de Yahweh 1e reporte_ à· la_ fin des· temps.
Tels··« le jour d_e Madian ·ti, ·(Jùand Yahvfoli'-_s'était Déjà pour Ézéchiel, ·Ie· Jour màrqllait une.«· fin »
distingué èn '. donnant à• ISraël _une merveilleuse
1

(Ez 7,6~)'; avec Da:tliel ce _sera la II fi.ri du monde·-»


·•victoire '(Is 9;3;-•cf Jg 7,15-25}, le jour·de •Josué (Dn 9,2~; ·u,27;_ x2,_x3), p_récédée_par u le,temps
(Jos :f_o,12s)_, le joûr de_Yizréel-(Os :i,2),' _ou_ lllaiilts d~ la ~ » (8;17; u,35.40:. 12_,,4.9). Les images de
autres··« jo,urs » d~ victoire (Is 28,21; ci 2 S 5, la •gueP"e de Yahweh contre les ennemis .d'IS-
17-25). Selon la traditiori. de la: _•guerre sainte, r8-ël '(cf ·Za 14~12-20) s'_èririchissent alors:des images
YahWeh entrait .àu combat: eri pé>b.ssant le cri"de
guerre (Nb' ·xo;35s; Ps 68.-2) ; il air~tait au besoin
cosmiques l'epré5eD;tant_lé combàt·originèl ~e Yah-
_w.eh;: lorsqu'il _trionip~_·d~· *Bêtes_ et_ du chaos.
lé sOleil (Jos 10,r2ss;·cf Ex 14,20;· Jas 2-.j.,7), ap·pe- On· reste néanmoins eri contact avLc- l'histoire :
lait à son' service 'la nuée· (Jg 5,4s), le tonnerre la coalition ··organiSéè'·aux quatre coins de la
(t S 7,rn} ou les pierteS"célèstes (Jas- 10,u); il terre contre Jérusalem (Za 12,:3) sera brisée .par
jetait la terreur· dans leâ rangs ennemis et les Yahweh, qui sera reconnu juge de tou~e la terre
anéantissait (Ex 1.5,r4ss; 23,27s; Jos 2;9; 5,x ... ). (Ps 94,2; 96!I3) ; la· t\:lrre. entière_ sera dépeuplée
C'est à partir des. souvenirs de son épopée natio- (Is"_ 24,I), ~néa1ltis ,les. peuples menés p~J;' Gog
nale qu'Israël a élaboré sa conception du Jour (Ez 38), comme les di_e~x qui_ les inspiraie_nt _Le
de Yahweh et affirmé, à travers ces images, sa )our 4e ~àhweh marquera de la so:rte 1~ *vic-
foi: Yahweh est.le Seigneur·de l'histoire. toire définitive de DieU: sur ses ennemis. Les
psauID.eè ciu R6gll~ tijnspagellt en , pi'ière cètte
eSpé'rance; faisant àppel. au Dieu des. vengeances
Il. L'ATTENTE DU DERNIER. JOUR (Ps 94) ou 8nnonçant que Dié~ règn_e (Ps 93;
91h'99).
C'est vers son terme que Yahweh conduit l'his-
toire. L'ànnorice du Jour'de Yahweh pour·Israël
va donc se· tranS'former ·en l'anilOtlce d'un Jour
NT
p'c)ur le . ·monde entier; .Ce Joùr: rt'aura pas lieu·au Avec la_ venue de •iésùs-èhris~, le •temps
cours du temps, mais à la :fin des temps·, à. la fin ·acquiert un~ dimension nouyelle, que reflète fa com-
·<}u monde présent. · pl_ex.ité du v"oc'abufaitA uti_Iisé. 11:·est toujours ques-
··Primitivèment, l'hQl'.izOn du. Jour de Yahweh tion. du Jour de la •yisitë (:i; P 2,12}, ·de la_ ~colëre
était limité à· Israël. Luttant èoritre la fau!3Se (fun 2,5),. du •jugement (2 ~ 2,9), de « ce jour~là )>
sécurité du· pèuple, qui estimait .deVoir être. sans (Mt 7,_22),_ du Jour du S~iglleùr .(I Th 5,2; 2 Th
conditiOll · sauvé de toutes ses difficultés, les pro- 2,2}; Dlais aussi du Jour du Seigneur Jésus· (1 Co
phètes allaient à ·Contre-courant de l'espérance 1,8), du Christ. (Ph 1,6.rn), du· Fils de l'homme
populaire;· avec ciu sans l'eJl:.pression K_ Jour--de (Le x7;24ss) ;. on trouve également les ·mots apo.
Yahw~ 11 (Am 5,r8ss; Osée;· Is 28;14ss; Mi 1,2s; kalypsis (2 Th x,7: x-P ~.·7.13), epiphaneia (1 Tm
Jr 4) : :()OU_r ·un •Reste seulement, ce Jour serait 6,14; Tt _2,x3), paYousia_ (Mt 24,3.27; 1 Th 2,,19;
la· viètoire d'Israël · 2 Th 2,r; I Co 15,23; Je 5,7s; r Jn 2,28}, ~ det-
Avec·. le prophète Sophonie (vxe sièçle), l'horizon niei terme signifie ordin_airement _«.présence» _(z·co
s'élargit': Je Jour atteindra les •nations ennemies :i:o,10) ou « venue » (2 Co 7,6s) ·; îl était utilisé

6r9 620
JOUR DU SEIGNEUR JOUR DU SEIGNEUR

dans le monde gréco-romain pour désigner les i: Co .15,52) ; il rappelle que le Jour viendra comme
visites officielles des empereurs ; son emploi dans un volellr, eritraînant'-ide' terribles douleurs ·c1 Th
le NT peut aussi dériver de la traditiôn apocalyp- 5,·3), et 'ciu'il marqueri la victoire dé:finitiVe sur
tique de l'AT sur la « venue du Seigneur » (vg 100 ennem.is·"(x Co 15,24..:28) •; mais il ajoute aussi
Za 9,9), Comme le montre le vocabula.ite•du NT, qu'alOrs a:üra lieu la résurrection des 'morts' et·· la
le Jour du Seigneur est désotmais le J our,du Christ. rencontre avec le Christ 'descendant du ciel (r Tli
Certains textes (2 Tm ·r,ro) ahticipent l' « épi- 4,16s}.' L'ApoèalYPSé, ·de mêIIl.e, conserve l'appa:..2;
phanie ·» du Seiglleut· jUsque dans l'Incarnation ; teil guemer (èolè:c'e; a.rméesj· cris dé viCtoire), judi~
d'autres manifestent ·un mouvement, de spiritua- claire (assises}-_ (Ap _·2o;iiss}, et cosmique·_· (2i,i:}
lisation·, tout· en conservant· l'appareil apocalyp- Bref, au Jour du Seigneur éclatera le triomphe de
tique de l'AT. Dieu (AT) par .son Fils Jésus (NT).· Toutes chOses
sèront rétablie$ (Ac 1,6;· 3,20), en vue· du. salut
(t P 1,4s), et nos corps seront·-transfi.gurés:en son
1. LA VENUE DU SEIGNEUR' corps- de gloire (Ph 3,2?s):
La. venue du Seigneur est-elle pleinelllent réa- 2. ·Lumière sur l'ixistence qUOtidienne. - , Cé fait
lisée avec l'apparition sux-·.terre de· Jésus de Naza,- à,' venir a ·une portée, 'dès ici-bas et détermine ~e
reth, devenu Seigneur ?- Une certaine tension comportement du Croyant. La parousie permet
demeure entre l'eschatologie traditionnelle ·et son d'apprécier le8'honîmt'8·à leur-juste valeur.. (r Co
actualisation.· C'est le Juge de la fm des temps qui :3;r3), dé juger là significatioil:_deà œu_vres· humàines
« vient ».' proclame 1.e .J~aptiste (M,t ·3,ir); l'Es-, (4,3ss), d'estimer' le ·poidS e·t la 'solidité de ce.
prit « vient » sur Jésus au baptême·-.{3,r6)0· ·Et ·m,:mde, ·dont'(!1a fi.gtire"J)asse·» (7,31). La perspeç-
cependant Jean se_ demande si Jésus est « celui tive de 1a: parousie .éÇlaire maints jugements de
qui doit vènir » (u:,3). -11 Le· Royaume· ~es 'cieux Paul (cf 6,12ss; 7,26 ... ) ,; elle _maintient le chrétien
est là i», annonce Jésus Selon-·un8 -formule sem- dans l'espérance (Tt 2,13), lui fait accueillir avec
blable à celle qui, dans l'AT, annonçait le Jour joie la *persécution: comme .anticipation du .der-
du Seigneur; o: il est arrivé·» -(12,28). La Pen~ nier.' jour· (I P 4,r3s), qui doit "être souhaité :
côte accomplit 1a·prophétie'de JOël: le Jour du «··Que le règne de Dieu vienne·/ ». Car Diéu con-
Seigneur; inaugure a les ·dœ::µiers jours·» (Ac ·2·,.17)' ; du~ra à·son achèvement l'œuvre du salut. (Ph 1,6),
de même l'eritrée des _Gentils ·dans l'Églis·e· accom- en ren<fant femles et irréprochables ses fidèles
plit la 'pri>l)hétie d'Arilos (}\c ··r5,16s:S),:· Pourtant (1 Co r,8; Ph I,gs; 2· _Tm r,t2.r8} qui a_ttendent
ni la Pâque ni la P~ntecôte ne sont ai;ipelées, hors avec amOur cette ·ultime " épiph_allie· » (2 Tm 4,8):
du culte, « Jour çlu ·S~eU:r li·. R.éaliaée d'une Cette confiance qu'à la suite _de Paul_·l'Apocalypse
certaine manière _lors des, « jours ». du Seigneur veù~ inculqt:Î& fonde _la •fierté. du chrétien ·pl~
Jésus, l'expressi~ continue à _porter l'esp~iance devan~ Z.,. .Persi>ective d'un retour' imminent du
des chréti!IDS _qui' attendent so1:1 retour. Seigneur. (I Jn 2;28; _4,r7j et _déjà _aux prises avec
les inanifestât_iOils de. r•~~_ic~t.J4;1-4). ·
r. Le Jou, dù Fils de l'ha'intne: ;_·car celui_ qu'ils
attendent· _à la fin des temps, c'est. Jésus glori:fié
sous les traits daniéliques dù •Fils deThomme,
comme il l'a 'aimoncé lui-même (Le 17,24ss): Dans IL 'IMMINENCE ET RETARD DE LA PAROUSIE
ces logia, ,Jésus reprend ici les descriptions'- clas:..
siques -de l'AT, · avec l'appareil des théophanïes Cômriie lti' Venue ·du Seigneur, son' attente" est
grandiosès et les *signes· de la fin des temps; â.inbiguë, car·si_Ies croyants sont assurés que« Jésus
spécialement dans « l'apo~a:lypse syiioptique .» (Mt vieùdra comme· cela, de •la. mêine manière dont
24 p). On y reconnait· les _éléments guerriers (24, on· ra·VU partir-Vers le cieb (Ac 'I,u), ·ils ignotènt
6ss), cosmiques '-(:H,29)J 1e :_s'ursaut -des idolâtres radicalem~t' la date de cette-venue (Mt 24,42);
{24,1.5), le tri du jugement (24;37~43), le·caractère sà. pèrpétuelle iminineJlcl? s:imposè à Ietlr conscie~
subit, imprévisible du_ Jour-qui ·vient- (24,44). Ce de f9i avec ·une telle f~·que spontanément ils
qui est neuf par iapp_ort à- l'AT, ·c'est .la venue sdnt_ J)Ortés à en· sUpposer lfl, _date "f)roc:haine·. La
du Fils de l'homme dans sa gloire (24,30s). Des tµ.ditiOJl du NT maintiei;it l'imminence q_ualita>:
images se~blable8_ so_D.t _-utilisées dans les autres
textes apocalyptiCJ.ues du ·NT. Paul évoque ainsi
tive ·au sein: d'un:« retard » de- plus. en· plus évi-
dent : imminence n'équiYaut pas strictement à
la trompette . et l'archange de la, :fin: (r- Th 4,'16s; proximité chronologique.
JOUR DU SEIGNEUR JOUR DU SEIGNEUR

I, De la proximité de la parousie, - Il ~emble


qu'aux origines de l'Église, les croyants, tout
investis par la lumière de Pâques eu de Pentecôte, !IL PAQUES ET PAROUSIE
pensèrent que Je Christ allait revenir tout de suite.
La communauté de Thessalonique reflète encore Si importante que soit la fin de l'histoire cou-
cette conviction par des excès instructifs : les ronnée par la venue du Seigneur, elle ne doit pas
défunts n'auraient point part à la *bénédiction éblouir le croyant au point de cacher le sens du
de la parousie (1 Th 4,r3 ... ) ; le travail n'est plus jour de Pâques et de la Pentecôte : le Christ est
nécessaire, puisque le Seigneur vient (2 Th 3,6) ; déjà dans sa gloire, et, d'une certaine manière,
davantage, la parousie aurait déjà eu lieu. Pour son Jour nous est présent dès maintenant.
corriger ces illusions, Paul ne dit jamais que la
parousie aura lieu après un fort laps de temps ; I. K Les fils àu Jour» (r Th 5,5). -En employant
au contraire, il caresse l'espoir d'être alors viv.,pnt cette expression, Paul reflète la foi commune.
(1 Th 4,17). Il maintient surtout le devoir de Depuis que le Christ est ressuscité, le croyant
•veiller parce que« le Jour vient comme un voleur n'appartient plus simplement à la •nuit, mais au
en pleine nuit i> (1 Th 5,2). Le caractère imminent Jour; le Jour n'est plus simplement à attendre
de la parousie est d'ailleurs difficile à exprimer sans dans un avenir imminent - ce qui illuminerait
être projeté sur le cadran du temps : ce qui est déjà le comportement du chrétien - , il est spi-
imminent parait <1 proche >). C'est ainsi que les rituellement intériorisé dans le croyant, au point
auteurs du NT présentent la parousie comme K plus que celuiRci devient un « fils de *lumière ~ (Ep
proche » maintenant qu'au début (Rm J;J,II) : le 5,8), Une semblable conviction s'exprime ailleurs
Jour s'est approché, le jugement est tout proche dans un langage théologique nous sommes déjà
(r P 4,5ss) ; encore un peu, et le Jour qui vient ressuscités avec le Christ par le baptême (Rm 6,
arrivera (He 10,25.37). Jésus dit : « Je viens 3s), le salut est déjà acquis (Ep 2,5s), notre vie
bientôt » (Ap 22,20). est cachée en Dieu (Col 3,3s).

2. Du retard de la parousie. - Il s'ensuit que, aux 2. Dans le quatrième évangile, la tension entre
yeux du croyant, la parousie semble tarder. Jésus l'avenir et le présent est maintenue, bien que la
avait annoncé ce délai (Mt 25,5.19), exhortant réalité actuelle du salut l'emporte sur son attente
pour cette raison à une •vigilance constante (24, dans l'avenir. Les thèmes classiques de l'escha-
42-51), qui permette de conserver sans tache le tologie se retrouvent : tribulation messianique
commandement (1 Tm 6,r5). Le temps qui sépare (Jn 13,19; 14,L .. ; r6,r-4), dernier jour (6,39s.44.
de la parousie doit être occupé à faire fructifier 54; n,24; 12,48), venue de Jésus (21,22s), résur-
les talents (Mt 25,14-30}, à secourir les autres rection pour le jugement (5,28; u,24), le feu (15,6),
hommes (25,31-46), suivant le commandement l'ennemi jeté dehors (r:2,3r). Mais, c'est K_ dès
nouveau enseigné par Jésus à l'occasion de son maintenant ll (5,25; 12,31) que tout s'accomplit :
départ et de l'annonce de son retour {Jn 13,33- la voix du Fils de Dieu prend la place de la
36). « Ainsi, conclut saint Paul, pendant que nous trompette du jugement (5,25), le jugement s'ac-
en avons le temps, pratiquons le bien » (Ga 6, complit et la colère demeure sur l'incrédule (3,
ro; cf Col 4,5; Ep 5,16). Si la parousie tarde à 36), la vie éternelle est donnée (5,24), la gloire
venir, il faut en effet se garder de prêter l'oreille manifestée (1,14; 2,n; n,40) : l'*heure est arrivée,
aux faux docteurs : elle aura sûrement lieu (2. P qui est la Passion glorieuse du Fils de l'homme
3,10) ; si aujourd'hui rien n'est changé en appa- (r2,27.31; 13,r; 17,1). Ainsi l'acte de foi en Jésus
rence (3,4}, c'est qu'on attend le *châtiment du qui se présente rend actuel le Jour du jugement
monde par le *feu (3,7) ; si elle se fait attendre, (5,24; 6,47). L'Église enfin est le lieu de la pré-
c'est que le Seigneur ne mesure pas le temps sence du Christ, quand elle se maintient dans
comme les humains (3,8} et qu'il espère, dans sa le commandement de l'amour {13,35). Sans éva-
•patience, la conversion de tous les hommes (3, cuer la parousie imminente, l'évangéliste Jean a
8s). Le croyant doit donc prier pour que la parousie ainsi spiritualisé la tradition en actualisant par
ait lieu, car elle est l'avènement du *Royaume la foi le Jour du Seigneur.
en sa plénitude : « Notre Seigneur, viens 1 » disaient
les premiers chrétiens (1 Co 16,22; Ap 22,17.20). 3. Le dimanche, jour àu Seigneut". - La parousie
s'actualise aussi dans le culte. Dans ]'Apocalypse,
Jean parle du « jour seigneurial », dies àominica
JOUR DU SEIGNEUR jtJGEMENT

(Ap I,ro). durant lequel"il eut sa vision. Il.s'agit rendu:, par_ le Christ au deinier jour ne· s'entend
d'abord du « premier jour- de-la semaine » (1 Co qu'en fonction ciu dév'eloppement·antéri_eur. Dans
16,2; Ac 20,7), au ··cours duquel les. chrétiens l'AT, · le Jugement de Diell était déjà '·un article
fêtaient le Seigneur; ce jour tombait le lendemain de foi :·l'histoii:e en présentait une foule d'exemples
du •sa:bbat; s'il a.été ,choisi, ce n'est pas en _vue cQD-èrets, l'èschàtofogie· en ~mpliquait une reapsa-
de supplanter le. sabbat, mais pour commémorer tioit- éclata.rite.
un événement historique, - le jour de _Pâques,
selon la. précision qùi sera donnée au début du
ne siècle. Le dimanche rappelle en ~effet la ·victoire AT.
du Seigneur au grand.jour de_.la Résurrection-; b racine lcipha!, · qui signifie habituellement
comme d'autre.par:!J, c'est le. jour de la· célébration " juger », est susceptible :d'un· sens élargi : -le
eucharistique,- il annonce aussi. le retour- du Sei- l'5phèt, c'est le gouvernant qui dirige un peuple
gneur, _sa parousie •(I Co u:,26). La_ tradi_tion (cfDll 9;12). 'l)ilifétaient les" Sufèt_es de Carthage_;
complétera cette interprétation .en . appelant le tels''sont les Jtiges d'Israël, de la conquête à là
dimanche « le huitième jour », pour rappeler qu'en royatité {cf Jg' 2,16):·•Mais_un·~ des fonctions impor-
ce jour de ~âques, qui. anticipe la parousie, ~ tantes de tous les go_u\,emants· est· justement de
création du premier jour-est parvenue à sç>n-.plem décider· dans les litiges pour que la •justice règne
achèvement-. PA & Xl,.D dàris la société, de prononcer des· sentences (mil.-
pal) qui dén.nissent le• •droit _de·- chacun et, au
-+- accompli,r-A"I,' 3; NT ,3-:- C8'lamit{ 2 - colèt'e-:- besoin le rétablissent s'il a- été -vio1é, en condam-
crainte de Di_eu I ~ dessein de Dieu NT IV - ' Éhe
AT 5 - espérance NT II ...;_ fêtes N~ II - reu AT nant 1~ violateur. Cette. activité; judiciaire, expri-
III; NT I - Fil8 de l'Homme - Jésus-Christ 1 3 - mée ·p8.rallèlëment par les racines lapha} ·et. dfa,
jugement - · lumière & ténèbres AT- U 3 ~ moisson est exercée pat, Moïse. et les ·anciens-qui l'assistent
III 1.2 c - nuée:3,4;5 - nuit AT 2; NT 3 - Pique (Ex·· rS',1-3-26), par. Satll.Uel ,_(1 S 7;16--:-8,3), par les
Ill 1 - pèlerinage AT· 2 --pénitence/conversion ;NT roiS '(2-S· rs,r-6; r R_ 3,r6-28), :par-des magistrats
1, IV 2 - perfection NT 6 - -Résl1,rrectio_n NT Il. I - locaux et notamment des •prêtres' (Dt 16,tSss;
sabbat NT 2 · - salut AT I 2,; N':r' II 3 :-- signe NT 17,8-t3). ·Dans la_-pratique; _malgré les règles_·_don-
li 4. - souff.t'Rl1ce. NT II - ..~mps A'.1', III 2 ; NT Il nées ·dans· la législation'.· n· S'en· faut de_· ~uCOUl)
3, III - veiller I - visite. _ ·
que les -torts soient toujours redressés, les droits
JOURDAIN--+ bapt&ne·II, I~I-1:'--~-·eau IV 2. de- chacuri · respectés, ,Ja justice. exactement obser-
yée ·: 'niais cela reste I'i~éal;··qùi ne manque jamais
JUBIL'É -.. semaine 1. au tableau -dàns 'les portraits du Roi· "Messie ·(Ps
JUDA -+,leraë(AT 2 - Jérusaleril AT Il 1- _:.- Juif 72,1s;·· 1s ·u,3s;· Jr -23,5)" et- dans les ''évocations
1 1 - roi AT I 1.3. du peuple eschatologique (Is 1,17.26). Les écri-
vains sacrés s'inspirent de cette expérience humaine
JUDAlsANT,s __ circollcision NT I - hérésie 203 -::--
lorsqu'ils parlent d~ Juge~ent de Dieu.
Loi C III,-. pharisiene; 2.

JUDAÏSME·--. aùtorité AT Il 2..:.... Israël-AT 2 b--


Juif - nations'AT IV·- œuvres AT II 3 ~- peuple
A II 1 -.tradition AT II 2, NT I.-2·,, J. · LES JUGEMENTS_ DE DIEU DA:NS_. L'HISTOIRE

x: La foi au Jugement ds Dieu est une donnée


fondam·enta18, qui · n'est jamais mise en•_ doute.
Yahweh·. a la -régence du monde, ··et.·particulière"'"
JUGEMENT meilt des ·hommes. Sa •Parole détermine. le droit
et fixe les règles de la justice. Il , :solide les· reins
et -les cœuis )) (Jr 11,20; 17,-ro).- connaissant ainsi
L'attente du ~-urdu_ Christ comme J1,1ge_-d~ parfaitement ·1es justes· et les coupables; Comme
vivants~ des momi-.fait part_~e du :c,'edo. chrétien : il possède par:·ailleurs la maitrise.des événements,
tout homme comparaîtra _ d~ant. lui pQµr rEm~ il ne· saurait .manquer de les infléchir pour que
compte de ses actes. L~ thème n'.est p~ ~x_œption- :fiu.alement les justes échappent- à l'épreuve ,·et
nel en histoire-des -religions: l'_Égypte-et_la Grèce que les méchants soieà.t punis {cf Gn 18,23ss);
connaissaient aussi un 11. jugement des morts .». C'est donc· 'à ·lui- que' l'on recourt spontanément~
Mais la façon dont, le NT conço_it ce Jugement conime. au- suprême justicier et au rèdresseur. de
JUGEMENT JUGEMENT
torts (Gn r6,5; 3r,49; I S 24,16; Jr 11,20). Tel châ.tie les uns que pour mieux délivrer les autres (Ez
est en effet le but essentiel de !'la fonction de sou- 34,17-22). Dans son peuple, un *Reste de justes
veraln juge. Quand on lui remet une cause en fai- échappera donc au Jugement. Ses sentences ne
sant appel à sa *vengeance, c'est moins par sen- visent d'ailleurs pas seulement Israël : tous les
timent de vindicte que pour redresser le droit peuples y sont soumis, comme Amos l'atteste
violé. Les psaumes retentissent des appels que lui déjà dans un style strictement judiciaire (Am
adressent des justes persécutés (Ps 9,20; 26,r; r,3-2,3) qu'on retrouvera jusque chez Ézéchiel
35,1.24; 43,r, etc.). Tantôt ils le célèbrent parce (Ez 25,1-17). Jérémie brosse un tableau général
qu'il juge la terre entière (1 S 2,10; Ps 67,5), de ce Jugement des *nations (Jr 25,30-38). Der-
tantôt ils le pressent d'agir pour parer aux injus- rière l'annonce de ces catastrophes à venir, il faut
tices des juges humains (Ps 82). lire l'attente d'événements historiques qui signi-
fieront au plan expérimental la répulsion de Dieu
2. L'expérience historique apporte d'ailleurs aux pour le *péché humain. La première d'entre elles
croyants des exemples concrets de ce Jugement sera la ruine de Jérusalem et la dispersion d'Is-
divin auquel sont soumis tous les hommes et tous raël.
les peuples. Lors de l'"'exode, Dieu a oc jugé
l'Égypte », c'est-à-dire châtié l'oppresseur d'Is- 2. Chez les prophètes post-exiliens, dont les modes
raël à qui il voulait donner la liberté (Gn 15,14; d'expression évoluent en direction de l'apocalyp-
Sg II,10). Les •châ.timents d'Israël au désert, tique, l'évocation d'un Jugement final, englobant
signes tangibles de la •colère divine, sont tous les pécheurs du monde entier et toutes les collec-
des sentences judiciaires portées contre un peuple tivités hostiles à Dieu et à son peuple, constitue
infidèle. L'extermination des Cananéens lors de le prélude obligatoire des oracles de •salut. Dieu
la conquête en est un autre exemple, qui montre va juger le monde par le *feu (Is 66,r6). Il va
à la fois la rigueur et la modération des jugements assembler les nations dans la vallée de Josaphat
divins (Sg 12,ro-22). Et si l'on remonte dans le (oc Dieu-juge ») : ce sera alors la *moisson et 1a
temps, on retrouve une décision du Dieu-Juge *vendange eschatologiques (JI 4,12ss). En images
au principe de toutes les catastrophes qui s'abattent hallucinantes, le Livre de Daniel décrit ce Juge-
sur l'humanité coupable: lors de la ruine de Sodome ment qui viendra clore le temps et ouvrir le règne
(Gn 18,20; 19,13), du Déluge (Gn 6,13), du péché éternel du *Fils <l'Homme {Dn 7,9-12.26). L'es-
des origines (Gn 3,14-19) ... Le J,ugement de Dieu chatologie débouche ici au-delà de la terre et de
constitue donc une menace permanente suspendue l'histoire. Il en va de même dans le Livre de la
au-dessus des hommes, non dans l'au-delà, mais Sagesse, où l'on voit les justes et les impies com-
dans l'histoire. Aucun pécheur ne saurait y échap~ paraître ensemble pour rendre des comptes (Sg
per. 4,20-5 23). Seuls les pécheurs devront alors trem-
1

bler, car les justes seront protégés par Dieu lui-


même (4,15s; cf 3,1-9), les saints du Très-Haut
JI. LE JUGEMENT ESCHATOLOGIQUE auront part au règne du Fils <l'Homme (On 7,
27). Ainsi la sentence rendue par Dieu contre
1. Le rappel du Jugement menaçant, l'annonce de l'humanité pécheresse ne s'actualise pas seule-
sa réalisation imminente, font partie des thèmes ment en jugements particuliers qui atteignent indi-
prophéliques essentiels. Dieu est en *procès avec vidus et nations au cours de l'histoire. Elle abou-
son peuple : il le traduit à son tribunal, prononce tira à une confrontation finale qui constituera le
une sentence qu'il se prépare à exécuter (Is 3, Jugement par excellence, lorsque adviendra le
r3ss). L'idée est sous-jacente à tous les oracles *Jour de Yahweh.
de châtiment (cf Is 1,24s; 5,5s). Depuis le temps
d'Amos, elle transforme l'attente du *Jour de 3. Il faut garder présente à l'esprit cette pers~
Yahweh en perspective d'épouvante (Am 5,18ss). pective prophétique quand on lit les psaumes post-
Israël, épouse infidèle, sera jugée selon le droit e:dliens. L'appel au Dieu-Juge y apparaît plus
qui s'applique aux cas d'adultère (Ez 16,38; 23, d'une fois comme une instance destinée à hâter
24) ; ses fils seront jugés selon leur conduite et l'heure du Jugement final: 1i Lève-toi, Juge de la
leurs œuvres (36,19). Si cette vue de l'avenir terre ! Rends leur salaire aux orgueiJleux 1 )) (Ps
paraît sombre, on ne doit pas oublier toutefois 94,2). Et l'on chante par avance la gloire de ces
qu'en exécutant son jugement, Dieu discernera la assises solennelles (Ps 75,2-u; 96,r2s; 98,7ss), cer-
cause des justes de celle des coupables : il ne tain que Dieu fera finalement droit à ses pauvres

627 628
JUGEMENT JUGEMENT
qui souffrent {Ps I40,r3s). Ainsi lt:: Jugement est (Mt 5,218) r .De ·toute calomnie il faudra· rendre
attendu. avec *espérai:ice par. les opprimés, vic- compte (12,36).-0n sera-jugé avec la même mesure
times des impies, par -I~. esclave des pa.Iens. quion aura appliquée ·au prochain (7,r.5). Et le
Il demeure malgré toùt_ une ..;ventualité redoutable.: tableau de ces·.assises solennelles· où le Fils de
, N'entre pas en· jugement avec ton serviteur, car I'Homllle jouera le ·rôle ·de justicier (25,3:i:-46)
nul vivant n'est. justifié devant. toi 1 »_{Ps. z43,2). montre les hommes accueillis dans le •Royaume
Tout homme est pécheur, et comment_ imaginer ou ·uvrés à la peine éternelle, ·suivant 'l'amour ou
sans épouvante la confrontation. du pécheur e_t de l'indifférence dont ils i:Luront fait preuve ·envers
Dieu ? Qui pourr~ échapper au Jugement, smon aùtrui.
par un effet de la *miseyicorde divine ? Il y a"cependant un ·crime qui~,plus que ·tous
les autres, appelle- le Jugement ·divin. C'est celui
NT par' lequel !'*incrédulité _hum·aine a mis le combl_e
à sa malice dans un simulacre de jugemei:it légal :
Dans le Judaïsme contempOrain :de Jésus, l'at- le -*procès et la condamnation à mort· de Jésus
tente du Jugement de Dieu, au sens ~atologique (Mc 14,63 p; cf. Le 24,20;· AC 13,28), Durant ce
du terme, était Un fait général, bien que sa repré- jugement inique, Jésus s'en·est remis à·Celui qui
sentation concrète ne füt point uniforme, et cohé- j'uge avec j-usti<'e (1 P. 2,23) ;_ au_ssi, en Je· ~ssus-
rente. Au-. seuil d.e -!'.Évangile, Jean-Baptiste Y citant, ,Dieu· l'a-t.;il ·rétabli dans ses droits., Mais
fait appel lo~u'il, menace -ses auditeurs_ de .la l'exécution de cette inj,Uste sentence a entraîné,
•Colère à venir et les presse de r~evoir son *bap- en ·retour;- une sentence· de Dieu contre l'huma-
tême en signe _de *pénitence·- (Mt 3,7-r2 ,p). Tout nité Coupable. Il est" sympto:rnatique· que le cadre
en s'y rattachant étroitement, la ~prédi(;ILti9n ,de où'J'.évangile· de Matthieu place-la-mort.de Jésus
Jésus puis celle des 4,.pôtres en modifient sérieu- coïncide· avec le scénario . ·traditionnel,·du Juge-
sement les données, puis(lue, à partir .du moment nient·dàns l'e8chatologie·.de l'AT (Mt 27,45:51ss).
où Jésus apparaît dans le monde. les derniers La mort de Jésùs est donc· le moment où le monde
•temps sont inav.gur.és : Je Jugement eschatolo- est jugé; l'histoire postérieure ne ·fera.,• ju~u•au
gique s'actualise déjà,-.bien qu',il fai~~. ~ttendre ~e dernier Jour, qu'expliciter cette sentence. Suivant
retour glorieux: du Christ pour le VOU', s ~pom~ le témoignage de Jésus lui-même, celle-ci attein-
en plénitude. dra d'abord « ceux:; qui sont en Judée », les pre-
miers c:Oupablès (24,15ss p)·; mais 'ce ne sera_ là
qu'un prélude et un· signe, qui annoncera l'avè-
I .. LE JuGEMENT nAN's LE.s ÉV°ANoILEs nement fuiàl du_ •Fils de· l'Homme, juge·,du'grand
Jour· (:i4,29ss)." Le condamné de ,la ,Passio~, -vic-
time'•du péché du monde, portera· alors· contre le
1. Dans. les °synopti~. la· prédicatio~ de .Jésus monde· pécheur une condamnation éclatante. ·,
se réfère fréquemment au Jugement,_ du dernier
jour. Tous les hommes devront. alors .rendre des 2; L'évangilB de ]Mn développe œtte théologie en
comptes (cf Mt.-.25,14-30).. , tJne- C9ndamnation insistant:· sur· ractualisation ·du Jtigement au cœur
rigoureuse .attend les ,scribes hypocrites (Mç. 12, de -l'histoire,: dès 1e·.temps de Jésus. II-n'ignore
40 p), Ies_vjlle$_ Qu I;:ic .qu_i_-n•o~t :Pas écou~ la pas·· que JésU:s, (;omme *Fils' de- l'Homme/ a·•été
prédication de Jésus; (Mt u,20~24), . ~ •génêr:1-- établi par le Père Juge du dernier Jour (Jn 5,26-
tion incrédule _qui ne s'.est pas convertie à sa vc;,i:x: 50)·. Mais ·en fait, le Ju~enient• se -réalise dès le
(12,39-42), .}es villes_ qu~ • n'accu_eilleront pas ses moment où le Père envoie son Fils dans le *monde. ·
envoyés (ro,qs}. Le ju_gement de Sodome _et Non-·qu'il soit enVOyé -pour-juger le monde: il
Gomorrhe ne. sera. rien eit comparaison .~u ..leur (10, vient au coiltraire-pour le sauver (3,17.;- cf. 8,15s).
23s) : ils subirollt le Jugement, qui.coµ.daDUJ.e -à la Mais· suivant·, l'attitude, que• chacun prend à son
Géhenne. (23-,33). Ces eiiseignen+en:ts pleµla •. d~ égard, le :Jugement s'opère aussitôt : qui ·croit ne
menaces mettent .en relief la motivatioµ prinç:i- sera pas jùgé, qui ne croit pas_ est déjà -jugé parce
pale du Jugemeiit __ divin :. !'.attitude prise par_ 1~ qu'il a refusé_ la Lumière ·(3,·18ss). Le Jugement
hommes en.-face de TÉV:angile. L'attitude -enve~ èsf:. donc moins une sentence -divine qu'uru,"révé-
le *prochain .comptera _tput_ auta~t : :~on -la L~1 lation du:' secret des.' cœurs ·humains.- Ceux dont
mosaique, tout_ meurtrier, était pas_s_ible d'un 4"1- les *Œù.vtes sont mauvaises -préfèrent les ténèbres
bunal humain ;, ,selon la Loi évangélique, il e~ à ·-la·: •Lumière· (3,198), et Di_eu- n!a qu'à laisser
faudrà bien moi~ POU! être p~ible ,de ~ Géhenne s 1aveagler ces hommes suffisants ·<lui se vantent

629 630
JUGEMENT JUGEMENT

d'y voir clair; mais les autres, Jésus vient guérir Jugement de Dieu {Rm 2,5}, impossible à fuir (2,
leurs yeux (9,39), pour qu'agissant dans la •vérité 3) parce que Dieu jugera même les actions secrètes
ils viennent à la Lumière (3,2r). Le Jugement des hommes (2,r6; I Co 4,4). C'est le Christ qui
final ne fera que manifester au grand jour ce cli- remplira alors la fonction de Juge des vivants et
vage opéré dès maintenant dans le secret des des morts (2 Tm 4,1; cf Rm 2,16; Ap 19,rr).
cœurs. L'Apocalypse brosse un effrayant tableau de ces
Jean n'en est pas moins attentif à la significa- assises finales {Ap 20,r2s; cf 11,18; 16,5 ... ), aux~
tion du procès et de la mort de Jésus. Le *procès quelles prélude dans l'histoire le Jugement de
dure chez lui aussi longtemps que le ministère •Babylone, la Cité ennemie de Dieu (14,8; 17,1;
même, et Jésus s'efforce en vain d'amener les 18,2-24) ; car faisant droit aux requêtes des •mar~
* Juifs, suppôts de Satan et du monde mauvais, tyrs qui lui demandaient de juger leur cause (6,
à <1 juger avec équité » {7,24). En fait, il sera livré 9s; 18,20), Dieu *vengera sur Babylone le sang
à 1-'ilate pour être condamné à mort {19,12-16). de ses serviteurs (19,2). Enfin, au terme du temps,
Mais la mort de Jésus signifiera le Jugement du tous les hommes seront soumis au *feu qui éprou~
monde et la défaite ùe Satan (12,31), comme si vera la valeur de leurs œuvres (r Co 3,13; 2 P 3,
son élévation en croix anticipait d'une certaine 7). Quel sera alors Je critère de cet examen ? La
manière son retour glorieux comme •Fils de *Loi mosaïque pour ceux qui s'en réclameront
l'Homme. A partir de ce moment, il pourra envoyer (Rm 2,12), la Loi inscrite dans la conscience pour
l'*Esprit aux siens: le *Paraclet, de façon perma- ceux qui n'auront connue que celle-là (2,14s), la
nente, confondra le monde en attestant que. son Loi de liberté pour ceux qui ont reçu l'Évangile
Prince est déjà jugé, c'est-à-dire condamné (16, {Je 2, 12). Mais malheur à qui aura jugé le pro-
8.u). Telle est la manière dont se réalise le Juge- chain (Rm 2,1ss) il sera jugé lui-même suivant
ment eschatologique annoncé par les prophètes la mesure qu'il a appliquée à autrui (14,ross; Je
depuis le temps du Christ, c'est un fait déjà acquis, 2,r3; 4,IIss; 5,12) !
constamment présent, dont on n'attend plus que
la consommation finale. 2. Dans ces peintures du Jugement final, il faut
faire la part de l'imagerie. Mais la question la
plus importante est la suivante : si le Jugement
Il, LE JUGEMENT est tel que les textes le disent, qiii donc pourra
DANS LA PRÉDICATION APOSTOLIQUE y échapper, qui donc alors sera sauvé ? Eflecti~
vement, la *Colère de Dieu se révèle dans l'his-
1. Des discours des Actes à l' Apocalypse, tous les toire contre l'humanité entière: tous sont coupables
témoins de la prédication apostolique accordent devant lui (Rm 3,10-20; cf 1,18). Dès l'entrée du
une place essentielle à l'annonce du Jugement, qui péché dans le monde par la faute du premier
invite à la *conversion Dieu a fixé un *Jour homme, un verdict de condamnation a été porté
pour juger l'univers avec justice par le Christ contre tous les hommes (5,16.18). Personne ne
qu'il a ressuscité des morts (Ac 17,31; cf 24,25; saurait y échapper par ses propres mérites. :t-.fais
r P 4,5; He 6,2). Même après la conversion, l'im- quand Jésus est mort en conséquence de nos
minence constante de ce Jugement (Je 5,9 a Le péchés, lui qui était le Fils de Dieu venu dans la
Juge est aux portes »} dicte l'attitude qu'il con- *chair, Dieu a condamné le •péché dans la chair
vient de prendre, car le Jugement commencera pour nous délivrer de son joug (8,3). Maintenant
par la maison de Dieu avant de s'étendre aux donc, la *justice de Dieu se révèle, non celle qui
impies (1 P 4,T7), et Dieu jugera chacun selon punit, mais celle qui *justifie et qui *sauve (3,
ses œuvres sans faire acception des personnes 21) ; tous méritaient son Jugement, mais tous
(I P r,17; cf Rm 2,6). Perspective redoutable, qui sont justifiés gratuitement si seulement ils croient
doit faire trembler les rebelles (He ro,27-31; cf au Christ Jésus (3,24ss). Pour les croyants, il n'y
Rm 12,19) t Seront soumis à ce jugement sévère a plus de condamnation (8,1) : Dieu les justifie,
les fornicateurs et les adultères (He 13,4), tous qui donc les condamnerait (8,34) ? Sous l'an-
ceux qui auront refusé de croire et pris parti pour cienne Loi, le ministère de Moïse était un minis-
le mal (2 Th 2,12), les impies, les faux docteurs tère de condamnation, mais celui des serviteurs
et même les anges révoltés (2 P 2,4-10), les mau- de l'Évangile est un ministère de *grâce (2 Co 3,
vais épiscopes (1 Tm 3,6) et les veuves infidèles 9) et de •réconciliation (5,19ss). C'est cela qui
qui ne demeurent pas dans leur état de veuvage nous donne pleine assurance au jour du Jugement
(5,12). En ce jour de *Colère se révélera le juste (r Jn 4,17} : l'amour de Dieu pour nous s'est déjà
JUGEMENT JUIF

manifesté dans le Christ, si bien que nous n'avons jour remercie Dieu de ne l'avoir pas fait goy,
plus rien à craindre. La menace formidable du païen. Aussi, tout chrétien qu'il soit, Paul se dit-il
Jugement ne pèse plus que sur le •monde mau- Israélite (Rm·u,r; Ph 3,5). Selon Luc,.ilproclame
vais ; Jésus est ven11 pour nous y soustraire. sole±ui.ellemeii.t à- Jérusalem : « Jê suis Juif ))
. ]Co & PG (Ac 22,3) ; et Apollos, converti au Christ, est
désigù.é par Luc comme « un ·Juif•; (t8,24).
-+ Babel/Babylone 2.5.~.- bap~me Il, IV:.. 1 -,cala- Lès dons de Dieu sont grands· à tous ·égards,
mité 1 - châtiments - colère B NT I 1.2, II. 1 - mais noblesse oblige I Paul accuse le ·Juif de ne
conscience - crainte de Dieu III, IV - déluge - pas _pratiquer· 1a- Loi qu!il enseigne aux. autres,
droit AT t - Égypte z - _éndurcissement I 2 a -
feu - Fils de -l'Homme - gùerre AT III 2; 'IV 2; et,_ en fin de ·coinpte, au lieu de faire:louer Dieu,
NT III I - heure I - honte _:_ Jour du Seigneu'r - de faire *blasphémer son Nom parmi les nations
justice - justification I - inalédiction I, V - mois- (Rm 2,17-24) ; ·1e privilège de· la •circoncision ne
son III - monde AT III 1 ,; NT III 3 - nations AT vaut que si l'on ·est cirèoncis ·d8 cœur, comme·le
III 1 ; NT III 2 a - œuVl'es. NT. 1 3 - J)araclet 3 - demandaient· les· prophètes {Jr 4j4;_ Dt 30,6; Lv
Parole de Dieu NT I 2, II 2, III 2 - pénitencc/con- 26,41). Lè• Juif incrédule ·n'est Juif qu'en appa-
versiOn NT 1, IV 2 - procès, - prophète AT IV 1 ~ rence (Rin 2~28), il usurpe ·ce nom ,glorieux-. (Ap
rétribution - royaume AT III - temps AT Ill 1 - 2,9; 3,9). Le chrétien est le vrai circoncis· (Ph 3,
vendange z - \·engeance 3.4 - visite,
2), ·te « Juif au dedans -1) (Rm 2,29). Au terme .du
réquisitoire que fait Paul ·contre, tout homme,· .les
privilèges: du Juif semblent abolis : JuifS. et Grecs,
tous sont également pécheurs, (3,9).
JUIF i. Le pàïeri converti ·et le· Juif incridule. ~-Cep·ei:i.-
dant Ja situation resJ?ec.tive des _deux fractions de
Au seuil du NT, l'ai,pellation de Juif équivaut l'humanité ~t complexe·. D'une J>ar"t, toute ·djff_é-
souv~nt à •I~aélite ou à •Hébreti, ,bien .que rence est. nivelée, non seulement: ·sur le plàn du
ces deux derniers termes _soient plus· sp~cialem6nt péché, ina~s sur celui. de la grâce __:. u_ Il n'y _a P,lus
réservés à· un usage religieux. Avec Pa~ ·et Jean, n,i .Jµif ni .Grec»· (Ga,·3,28), car dans·Je''Chtist
le mot Juif a parfois une l'éelle portée théologique, no'us no_fofmolls qu'un·seul ~tre_: la •foi et non
ce qui ne. và.- pàs sans risque 'de confusion pOur· le la pratique de:·la .Loi
est source _de la •justiÙ
Iecteu.r in3.tten~if. · · (cf Col 3,u). Dans ces. conditions, la •_réc_oncilia-
tion,des nations, ~nnoncéè par 1~ prophètes, peut
s'accomplir.:__« Dieu est aussi Dieu W,S paiens »
1
(Rm 3,29; 10;12);. _. . ,· . ,
I. JUIF ET -PAÏEN SELON SAINT ·PAUL D'autre part, Paul maintie~t . .Jalousement· là
prioP,té. _du_ Juif pa.r rappoft au p'aiell, pour. la
Potlr Paul. comme j)Otir les prophètes, l'huma- punitioµ comme pou:r la récompen.se : _o: au Juif
nité se paruLg:e en deux groupes : le peuple élu d'a'qord,, puis· àu_ Grec ·D · (R._n:i 2,"9s; .Î,r6;·. Mt :i:5,
et les *nations, .«- le Juif et le Grec »·(Ga 3,28) ·; 24· p; _AC 13,46;· 18,6), tribu_lation·. ou gloire. La
avec la venue du Christ, ·cette distinctiori est à 1:flê~e priorité .est rappelée au· païen converti qui
la fois supprimée· èt mairi.t_ellue. ser_ait tenté ·de penser_ ·qu'il ·a pris la suCCèssion
du .Juif dans le d~sein de Dieu. La« supériorité »
du"Juif (Rrn 3,1)·demeure, car les dons de Dièu
r. Les avd.?itage~ du Juij. -:-- L8 *nom même de
sont sans repentance (Ù,29). Les Jùifs convertis
Juif est un titre de.gloire. (Rm.2,17), sans doute constituent les II branches naturelles ~. de )'_olivier,
d'après l'étymologie du nom dè Juda: : « Je i"èn-
et
drai gloire à·,.-yahweh _)) (Gn: ;29_,35) èn Vertu .de
tandis que les chrétiens d_'origin~ paienne. ont été
« greffés contre nature D (u,24). Même *end.urci,
la bénédiction de Japob: « Tes f,rères'te louerOnt •
*Israël a un rôle. dans !'·Église du Chri_st : il es_t
(49,8). De fait, à. lui reviennent les privilèijeB de un ({manqué» qui doit faire·~ éprouver une gi'ande
la •Loi et de la •circoncision (Rm 2,17-29). _Titre
tristesse et une douleur incessante a:u· cœùr -_ri de
de fierté que revendique ..Paul_:_ « Nous so'mmes, tout croyant (9,2).
nous, des Juifs de nai.ssa.nçe et non de ce& pécheurs
de païens )) (G~ ~,15) ; cette exclaJnà;tion. aide à
comprendr,e · la. prière du Juif pieux qui Chaq~e

633 634
JUIF
JUSTICE

II. LE JUIF INCRÉDULE SELON SAINT JEAN


JUSTICE
Les évangiles parlent des Juifs contemporains
de Jésus, le quatrième comme les autres (vg Jn
3,r; 12,9). Cependant, au temps où écrivait Jean, Le mot de justice évoque d'abord un ordre
l'Église et la synagogue constituent deux commu- juridique : le juge rend la justice en faisant res-
nautés nettement séparées ; le problème de l'Église pecter la coutume ou la *loi. La notion morale
naissante aux prises avec les Juifs n'existe plus, est plus large : la justice rend à chacun son dû,
sinon dans le cadre général de !'*incrédulité du même si ce dû n'est pas fixé par la coutume ou
monde vis-à-vis du Christ. La plupart du temps, la loi; en droit naturel, l'obligation de justice se
le mot Juif n'est pas une désignation ethnique, ramène en définitive à une égalité que réalise
mais un vocable théologique à soubassement his- l'échange ou la distribution. Au sens religieux,
torique. Il s'agit au premier plan des Juifs qui cru- c'est-à-dire quand il s'agit des rapports de l'homme
cifièrent Jésus, mais plus profondément, à tra- à Dieu, le vocabulaire de la justice ne connaît,
vers eux, de tous les incrédules. Divers indices dans nos langues, que des applications limitées.
montrent que Jean tend à faire du Juif le«. t_ype)) Il est courant, assurément, d'évoquer Dieu comme
de J'incrédule, une catégorie de la pensée religieuse. juste juge et d'appeler *jugement l'ultime confron-
Dans son évangile, il est parlé des coutumes et tation entre l'homme et Dieu. Mais cet emploi
des fêtes juives comme de celles. d'un peuple reiigieux des mots de justice paraît singulièrement
étranger (Jn 2,6.13; 5,1; 6,4; 7,2 ... ) ; à la différence étroit en regard du langage de la Bible. Quoique
de Nicodème (7,5r), Jésus parle aux Juifs comme proche de plusieurs autres termes (rectitude, sain-
à des étrangers (8,17; 10,34; cf 7,r9.22) ; ordinai- teté, droiture, perfection, etc.), le mot est au
rement le terme désigne des adversaires de Jésus centre d'un groupe de vocables bien délimité,
(2,18.20; 5,16.18; 6,41, .. ); et, à l'inverse, q~- rendu régulièrement en français par juste, jus-
conque appartient à Jésus ou se préoccupe vrai- tice, justifier, *justification (hb. sdq ; gr. dikaios).
ment de lui est traité en ennemi des Juifs, même Suivant un premier courant de pensée, qui tra-
s'il est d'origine juive (5,15; 7,r3 camp. à 7,n; verse toute la Bible, la justice est la •vertu morale
1,19). « Les Juifs» finissent par être sous la plume que nous connaissons, élargie jusqu'à désigner
de Jean un type de l'incrédulité, ce qui entra!ne l'observance intégrale de tous les commandements
un risque d'utilisation antisémite du ive évangile. divins, mais toujours conçue comme un titre à.
Une telle interprétation ne peut certes pas s'au- faire valoir en justice devant Di.eu. Corrélative-
1:oriser de Jean. Dans la mesure où il s'agit des ment, Dieu se montre juste en ce qu'il est .un
Juifs qui participèrent à la crucîfixion de Jésus, modèle d'intégrité, d'abord dans cette fonction
ceux-ci ont été relayés par le *monde, devenu à judiciaire qu'est la condui~e du peuple. et .des
son tour persécuteur des disciples du Christ. De individus, ensuite comme Dieu de la *rétnbution,
même que Jésus a été constitué juge des Juifs punissant ou récompensan.~ d'aprè~ les °:uvr~.
Tel est l'objet d'une prem1ere partie : la Justice
(19,13) qui n'ont pas vou~u le rec<?nnaîtt:e _Pour dans la perspective du Jugement.
leur Roi (19,14.19-22), ainsi le chrétien dmt Juger
le monde qui veut le juger : pour cela, il entend
Un autre courant de la pensée biblique, ou
sans cesse le témoignage du *Paraclet, le défen- peut-être une vue plus profonde de. l'ordre que
Dieu veut faire régner dans sa création, donne à
seur de Jésus. XLD
la justice un sens plus large et une valeur plus
_,. circoncision - élection - étranger I - Hébreu - immédiatement religieuse. L'intégrité de l'homme
incrédulité III - Israël AT 2 b - nations - peuple - n'est jamais que l'écho et le fruit de la justice
pharisiens 2, souveraine de Dieu, de la merveilleuse délicatesse
JURER ....;. parole hwnaine I - serment. avec laquelle il conduit l'univers et comble ses
créatures. Cette justice de Dieu, que l'homme
JURIDICTION ....;. Ap§tr~s II 1 - autorité NT II atteint par la *foi, coïncide :finalement avec s_a
1,3 - ministère II - Eghse III 2 c, miséricorde, et désigne comme elle tantôt un attn-
JUSTE~ Abel - béatitude AT I 2, II - enfe_rs but divin, tantôt les dons concrets du •salut que
& enfer AT II - impie AT 2; NT 1.2 - Jésu~-C~nst répand cette générosité. Cet élargissement du sens
II I b - justice - justification - Noé - persecut1on. ordinaire de notre mot de justice est assurément

635
JUST(CE JUSTICE

perceptible dans les versions françaises. de la Bible, c'est' ce qui apparaît dans bon nombre de Pro-
me.is ce français hiératique ne déborde· pas _le verbes (Pr n,4ss.r9; r2,28), dans des récits divers
langage technique de.Ja théologie; à la lecture de (Gn 18,1:,ss) et chez Ézéchiel (Ez 3,16-21; ;18,5-
Rm 3,25, le chrétien, même cultivé, soupçonne:- 24). Corrélativement, le juste est, dans les mêmes
t-U que la justice révélée par .Dieu en Jésus.Cbris_t contextes, le. ·*pieux, le •serviteur irréprochable,
est exactement. sa justice. salviftque, .c'est-à-dire l'ami de Dieu ·(Pr 12,10; passim;- Gn 7,-r;- 18,23-
lla miséricordieuse *fi.délité ? La seconde . partie 32; -Ez 18;5-26).: Cette conception piétiste. de .la
exposera cette conçeptj.on spéci;fiquerrient_biblique: justice est très sensible, après l'exil, -dans les
la justice dans .la perspective de la •miséricorde. lamentations (Ps 18,21.25; 119,121) et dans les
hymnes (Ps 15,rs; 24,3s;_ 140,14).

A. LA JUSTICE ET LE JUGEMENT 3. La Justice-récompense. - Par une évolution


sémantîqtie·accomplie dè's avant l'exil, la conduite
conforme à la .Loi étant. source de mérites et. de
I. LA JUSTICE HUMAINE prospérité, le mot. de justice, ,qui désignait cette
AT conduite, en· a.nive à signifier aussi les diverses
r. La justice dans la cité; - Déjà,l'ancienne·légis~ récOmpenses de la- justice. Ainsi.Je. geste de man-
la.tian israélite demande aux juges l'intégrité dans suétude accompli devient une justice.devant Yah-
l'exercice de leur fonction (Dt 1,16; 1.6,18.20; Lv weh, ce que l'on pourrait ·presque traduire par
19,15.36). De même, les plus anciens proverbes mérite (Dt 24,13; -cf 6;2,4s). En Pr 21,21, .11 celui
célèbrent la justice du roi (Pr 16,13;· 25,5). En des qui poursuit la justice et la miséricorde. trouvera
textes analogues, le « juste » est l'ayant•droit la vie, la justice.et la gloire», la justice mentionnée
(Ex 23,6-8), ou. bien; rare~ent, le juge intègre dans la ·seconde partie du verset équivaut à vie
(Dt 16,19) ; cèlui-ci doit, en tout· cas, *justifier et gloire. Dans le Ps 24;3ss, la justice obtenue
l'innocent, c'est-à-dire l'acquitter ou le rétablir de ·Dieu n'est autre que· la. bénédiction divine
dans son droit (Dt 25,r; Pr- r7,r5). récompensant la piété du pèlerin (cf -'Ps n2,1.3;
Les prophètes .d~avant l'exil dénoncent souvent 9; 37,6).
et vigoureusement .l'injustice . des juges, -la
•cupidité des rois, l'oppression des pauvres, èt, 4. Justice, sagesse et bonté. -. Oii retrouve dans
pour ces désordres,. annoncent -le malheur (Am 5, les derniers livres de l'A:T, -avec quelques nuances
7; 6,12; Is 5;7.23; Jr 22;r3 ..r5). Ils' font prendre nouvelles, -tous les 'thèmes traditionnels déjà évo-
conscience- de·. la·· dimension morale. ·et religieuse qués. A _la justice stricte, .qui' doit régir·les rap-
de l'injustice; ce qui était perçu comme simple vio- ports des hommes entre eux (Jb _8,s; 35,8; -Qo 5·,
lation de règles ou de coutumes devient outrage· à 7; Si 38,33), s'ajoute, ·en Sg r,r.r5, un aspect
la •sainteté d'un. Dieu personnel. C'est pourquoi nouveau : la. justice est la •·sagesse mise .en. pra-
les injustices ··entraînent bien plus que .les- sanc- tique. 'L'influence grecque apparaît en Sg 8,7; où
tions habituelles. : un *châtiment. catastrophique le mat ·dikafosynè a le sens de 'justice stricte, où
préparé par Dieu. Dans les :reproches prophétiques; la sagèsse enseigne la .tempérance:et la piudence,
le juste est donc encore l'ayail.t-droit, mais il est la justicei et-la *force, les quatre. vertus cardinales
presque toujours ·évoqué dans sa condition. con- classiques.. '
crète e1: son milieu : .c~t innocent est un· *pauvre .En certains textes ·tard.ils, la: justice en arrive
et une victime de la *violence ·(Am 2,6; 5;12; I_s· 5, à désigner l'*aumône. « L'eau éteint le feu ardent,
23; 29,20s). et l'aumône expie les péchés » (Si- 3,30; Tb· 12,8s;
A leurs reproches,. les prophètes joigli~nt sou- 14,gss_) .. A cette évolution sémantique, on peut
vent l'exhortation positi:ve : « Pratiquez le droit trouver une raison. Pour les Sémites, la justice
et la justice ri (Os 10,.12; Jr 22,3$). Surtout, cons- est moins une , attitude · passive d'.impartialité
cients.de la fragilité.de notre-justice; ils attendent qu'un engagement du.-juge en faveur, de l'ayant-
le *Messie futur comme le Prince intègre,_ ex~r- droit ;_ « justice:» en .arrive ainsi.à désigner ce qui
çant la justice sans défaillance (Is 9,6;_ n,4s; Jr résulte du jugement, vg la délivrance, de. l'.in-
23,5; cf Ps 45,4s.7s; 72,rss.7). culpé•;, ce· sens. concret de·« bienfait o annonce· en
somm:e· celui d'aumône.- .Corrélativement, le juste
2. La justiœ, fidélité à la Loi. - Dès avant l'exil est un, homme bon et charitable· (Tb,.7,6;·. 9,-6; 14;
la justice-désigne -l'observance intégrale des pré- 9), :.et o itconvient· que le juste.soit philanthrope»
ceptes divins, •la· conduite conforme à la •Loi.; (Sg 12,19).

637
JUSTICE JUSTICE

NT ' La justice~ainteU • se ·retrouve également. La


*piété. légale d'un Joseph (Mt 1;I9), d'un Siméon
I .. Jésus. - L'exhortation à la justice -au sens (Le 2;25), les disposait-à recevoir la- révélation
juridique du mot n'est pas au centre, du messàge messianique. (cf Mt _13,I7). En' écriVant que Jésus,
de Jésus. On ne trouve da,n~ -1'-Évangile" ni régle- lors de son baptême, ·K· accomplit-toute justice n,
mentation des devoirs de justice, ni_ évocation insis- M3-tthieu -semble bien annoncer un thème majeur
tante d'une classe· _d'-opprimés,...ni présentati0n dµ -de son évangile : Jésus porte· à son point d'abou-
Messie comme Juge intègre. On voit assez 'les tissement la 'justice ancienne,- c'·est-à-dire la reli-
ràisoi:îs· de ·ce· 'silence : . les :codes de l' AT, expres- gion de· là-*Loi (Mt 3,15). La'version matthéenne
sion des volontés divines,, .étaient aussi la charte des *Béatitudes montre dans le christianisme une
d'une société. Au temps de Jésus, l'exercice de forme renouvelée de la piété juive (5,6.IO) : la
la jUstice revient. en partie· aux-Romains, et Jésus justice· qU'il faut désirer et pour laquelle 'il. faut
ne s'est pas érigé en .réforma~eur· social. ou en souffrir semble être la *fidélité à une règle de
messie•-national. Le défaut le plus grave .de .ses vie qui reste une Loi. Enfin, une particularité de
coilteIIlporainS· n'est plus l'injustice sociale; c'est vocabulaire- déjà observéè dans l'AT se retrouve
un mal plùs ·spécifiquement religieux,- le forma- dans les épîtres apostoliques, où la justice désigne
lisme et !'*hypocrisie';· la dénonciation. du *pha- parfois la ·récompense des . observances ; la j-uStice
risaisme .joue donc.- dans la ·prédication, de Jésus, devient un· fruit (Ph 1,rr; He I2,Ii;- Je ·3,i8),
\e rôle capital· que .tenaient, chez· les prophètes, une couronne (2 Tm 4,8), elle est comme là· subs-
les invectives contre l'injustice. Cependàht· Jésus tance ·d~: la vie éternelle '(-2 P 3,13).
a dû· exhorter ses contemporains à pratiquer la
jllstice o: ordinaire », mais les textes n'.en, laissent
guère de trac::e (Mt 23;23 : le -•jugement, kr.isi.s, II. LA. JUSTICE DIVINE
désigne la justice stricte). AT
Dans la langue de· Jésus, la ·justice garde· aussi
le sens biblique de *piété légale.· Bien que ce ne soit D'anciens poèmes guérriers ou religieux célèbrent
pas là Je centre du message, Jésus n'a pas craint la.justice divine, au.sens concret: tantôt jugement
de définir Ja vie morale comme une vraie justice, punitif contre les ennemis d'Israël (Dt 33,21),
comme une obéissance spirituelle aux commande- tant6t (notamment au pluriel : les justices) déli-
ments divins. On discerne ici deux séries princi- vrances accordées au peuple-élu (Jg 5-,n; r S I:l:,
pales de paroles. Les unes portent· condamnation 6s; -Mi 6,3s). Les prophètes reprennent ce langage
de la fausse justice des -pharisiens ; mieux encore et l'approfondissent. Dieu dirige ses ..*châ.timents
que les grands,prciphètes, le Messie dénonce .dans - sa. justice.-, non tant contre.les ennemis du
!'Observance hypocrite une -religion humaine et peuple, que contre les *pécheurs,, même israélites
orgueilleuse (Mt 23). Inversement, le discours (Am 5,24; Is 5,16; 10,22 ... ). D'autre part, la jus-
inaugural .définit 1a vraie justice, celle des dis- tice de Dieu est aussi le *jugement· favorable,
cipl~ (Mt 5,I7-48; 6,I-I8). Ainsi, libérée d'une c'est-à-dire la délivrance de- l'ayant-droit (Jr 9,
conceptio_n étroite et littérale des préceptes, la 23; n,20; 23,6); d'où également l'emploi cortes-
vie du disciple reste néanmoins une. justice, c'.est- pondant de « 'justifier ~ (I R 8,32). Le même
à.-dire une *:fidélité à des lois, mais celles-ci, dans double sens se retrouve dans les lamentations ... Le
leur promulgation .nouvelle par Jésus,-.retrouvent plaignant, tantôt supplie ·que Dieu,, dans sa :fidé-
l'esprit du mosâ.isme, la pure et -parfaite volonté lité; veuille le délivrer (Ps 7I,IS), tantôt *confesse
de Dieu. qu'en le châtiant Dieu a révélé son incorruptible
'justice (Dn 9,6s; Ba 1,r5; 2,6) et ·.s'est montré
2.. Le christianisme apostolique. -:- Ici non plus, la juste {Esd ·9,15: Ne 9,32s; ·Dn 9,14). Dans les
justice au sens strict n'est, pas~au centre .des préoc- hymnes, comme. il. est naturel, on célèbre surtout
cupations. Le ·monde de l'Eglise naissante .res- l'aspect favorable de -la justice (Ps 7,18; · 9,5; 96,
semble moins encore· que celui, des évangiles .à la 13); le Dieu juste est le Dieu clément (Ps. u6,
communauté d'Israël. Les problèmes de l'Église 5s; I29,3S);
sont d'abord ceux de l'-*incrédulité des• JQifs et
de l'*idolâ.trie païenne, -plus que les questions de_ NT
justice .-sociale. Néanmoins, quand l'occasion s'en
trouve, 'le souci de la •justice demeure vivant {I Tm A- l'encontre des prophètes et des psalmistes,
6,II; 2 Tm 2,22). le NT n'.accorde .guère de place aux interventions
JUSTICE JUSTICE

de la justice judiciaire de Dieu 'dans la vie •du célébrée comme moyen •de plaire à Dieu. Ce lien
fidèle ou ,de·la.communauté. Il concentre plutôt essentiel entre· la .justice et l'abandon à Dieu
l'attention sur le *jugement dernier. Il va de ·soi nbus éloigne, comme saint· Paul l'a bien souligné,
que, dans ce jugement suprême, Dieu .se montre d'une conception légaliste de la ..justice. La-.for-
juste, mais le vocabulaire de justice est assez mule est citée dans I M 2,52, et l'on trouve comme
sporadique. C'est que Jésus, sans exclure .pour un écho de cette conception particulière de la
autant le vocabulaire· traditionnel· touchant le justice en 1 M .I4,35·, où la justice est la fidélité
Jugement dernier· (Mt 12.-36s.41s.), révèle .le *salut que Simon garda à son peuple.
comme un- don divin accordé à la *foi et ·à l',*huM Enfin on peut penser que les interrogations dra~
milité. matiques de Job, ét,le « pessimisme inspiré» de
Si l'Église àpostolique reste fidèle à-ce langage Qohélet, mettant.en doute la doctrine de.la *rétri-
(Jn r6,8.10s; 2 Tm 4·,8), elle se trouve. cependant bution; préparent les ~prits à une révélation plus
amenée à insister sur- la rigueùr du jugement haute. « Il est .tel juste ,qui périt dans sa jus-
clivin. On peut même parler d '.un retour au vocaM tice .•. » (Qo 7,15; cf 8,14; 9,1s). « Comment l'homme
bulaire de la -moraie des •œuvies (Mt 7,13-14; serait-il· juste devant Dieu ? » (Jb 9,2, cf 4,17;
13,49; 22,1:4; Le 13,24), et. d'une certaine ju~a- ·,9,20 ... ).
position du thème du *Jugement avec le message
évangélique du salut par la foi. Bien plus, on NT
retrouve quelque chose- de cette. irréductible dua-
lité chez saint PaaHuiMmême. Assurément, c:omme 1. Le message dtJ Jlsus accorde assurément à -la
on va le voir, la. doctrine de la .•grâce et de fa •confiance en· Dieu plutôt qu'à l'observance des
•toi se déploie ici dans toute son ampleur,• mais commandements la -signification la.plus décisive;
Paul continue, ·à- parler en .termes juifs du juste mais, sans infléchir _dans une direction nouvelle le
jugement de Dieu qui rendra à chacun· selon ses vocabulaire de justice, Jésus semble plutôt avoir
œuvres (2 Th r,5s; Rm 2,5).· chargé d'un, sens nouveau d'autres termes tels
que *pauvre, *humbl~. ·pécheur.• .IL est possible
toutefois que Jésus ait appelé la foi la vraie jus-
tice, désigné les. pécheurs _comme, les vrais justes
B. LA JUSTICE ET LA MISÉRICORDE (cf Mt 9;·13),· ·et défi.ni la *justification comme le
•pardon promis aux humbles (Le r8,14).-

1. LA .JUSTICE DE L'HOMME 2;- Paul, avant sa conversion, pollrsuivait· la jus-


AT tice de ,la ·Loi (Ph 3,6). Cette justice est. acquise
pat l'homme· juste, ,en proportion ·de· ses ,bonnes
Identifier· la justice et l'ob:servance de la Loi, •œUvres (Rm 9,3os-; .. 10,3); on peut l'appeler -une
c'est Je principe même _du léga:Usme. Il est 'bien justice provenant de la *Loi (Rm: ro,5; Ga 2,21;
antérieur à -l'exil. La ,Loi est la· norme de ta·· :vie Ph :3,9) ou .des œuvres '(Rm 3,-20;: 4,2; Ga 2,16).
morale, et la justice:du fidèle lui est un P,tre à la La conversion de l' Apôtre n'est pas d'emblée une
prospérité et à· .-la gloire:, Il est d'autant plus rupture complète avec ces conceptions. Toutefois,
important de relever certains text~. où· . cette jus- la dispute d'.Antioche marque un tournant décisif:
tice de. la Loi est déclarée vaine ou -inopéran.te. dans _Ga 2,u-.21, Paul opposa deux systèmes- de
Des textes· anciens évoquent la conquêto cle la "ljustifi:cation- et ·donne. au verbe « être justifié »
Terre promise. 1 avec des .,acc~nts _qui annoncent sa-frappe chrétienne.. 11 Nous·avons.cru au··Christ
déjà la conception paulinienne du· •salut_,par la Jésus, _afin d'être justifiés à, caqse de la .foi au
•foi: a. Ne.dis. pas _en ton cœur ... C'est à' cause de Christ et non à cause des- œuvres _de la Loi » (Ga
ma justi® .que _Yahweh m'a .fait_ venir prendre 2,16). De ce-fait, la.notion: de·justice change·com-
possession de ce pays, .. ,, '(Dt 9,4ss). ' plètem.ent,_' L'homme désormais croit .f;'ll I)ieu, .et
C'est-'dans .le_.m~me éclairage que s'explique le Dieu ie « justifie »,. c'est-àMdire_ lui' assure le. salut
fameux passage de ,la Genèse : R [Al)raha,m] _crut par-la.foi et .l'-unioU: au. Christ. Pésormais :Je ~ot
.,::'d.hweh et {Yahweh] le_ lui imputa à justice,» , «justice_» et ses:·dérivés vont. .désigner l~ réalités
(Gn 15;6), Que la justice soit ici. 4t, cond_ui_te chrétiennes dll •salut. En effet, la .certitude -de la
agréable. à Dieu, ·ou qu'elle soit, suivant l'évolu- bienveillance divine. ·est- acquise.. d'une manière
tion déjà signalée, la récompense et. presque le tangible : l'•Esprit ·(Gà, 3,2); ·1a .-*vie (2,19ss) cer-
mérite, c'.est,_ dans les deux cas, •la_. ~foi q~i est tifümt la· justification _et la constituent en même
JUSTICE JUSTICE

temps. Le centre d'intérêt s'est déplacé du juge- en ce sens qu'il manifeste sa miséricorde et réa-
ment dernier à une justice considérée coinme un lise gracieusement ses *promesses {4r,2.10; 42,6.
état présent, mais qui reste d'ailleurs eschatolo- 21; 45,r3.r9ss).
gique, car il anticipe les biens célestes.
NT

li. LA JUSTICE DIVINE I. Jésus. - Pour exprimer la grande révélation


AT du salut divin que réalise sa venue dans le monde,
Jésus ne parle pas, comme l'avait fait le second
En exerçant sa justice judiciaire, Dieu, 1e plus Isaïe, comme le fera S. Paul, d'une manifestation
souvent, délivre les opprimés. Par elle-même, cette de la justice de Dieu, mais il recourt à l'expression
*libération reste dans le cadre de, la justice judi- équivalente de *Royaume des cieux. Le christia-
ciaire, mais, étant perçue comme un bienfait, elle nisme non paulinien, resté proche du langage de
offre un point de départ pour une conception plus Jésus, n'a pas exprimé davantage par l'expression
riche de la justice de Dieu. D'autre part, l'AT a (t justice de Dieu » la révélation actuelle de la
entrevu que l'homme ne peut conquérir la faveur *grâce divine en *Jésus-Christ.
divine par sa propre justice, et que mieux vaut
la foi pour être agréé de Yahweh; c'est un second 2. Saint Paul. - En revanche, le thème est déve-
point d'attache pour une conception de la justice loppé par Paul avec la netteté que l'on sait. Non
de Dieu comme témoignage de *miséricorde, et pas exactement au début de son ministère les
une voie d'accès vers le mystère de la justification. épîtres aux Thessaloniciens et la lettre aux Galates
Le développement s'amorce très tôt. - Suivant ne le mentionnent pas. Le premier message pau-
le Dt, Dieu ne se contente pas de faire droit à linien du salut, confonne en cela à. toute la prédi-
l'orphelin : il aime l'*étranger et lui donne de la cation primitive, est strictement eschatologique
nourriture et des vêtements (Dt ro,r8). En Os 2, (r Th 1,ro). L'accent y est mis, assurément, sur
2 r, Dieu promet de se fiancer à son peuple « dans la délivrance plus que sur la •colère, mais cette
la justice et le jugement, dans la grâce et la ten- "'libération est plutôt l'aspect favorable d'un juge-
dresse o. Il arrive que le plaignant des lamenta- ment, et l'on reste donc dans les cadres de la jus-
tions, en faisant appel à la justice divine, attende tice judiciaire de Dieu. Cependant, les contro-
bien plus qu'une juste sentence: « Dans ta justice, verses avec les judéo-chrétiens avaient amené
donne-moi la •vie » (Ps n9,40.ro6.r23; 36,n) ; Paul à définir la vraie justice comme une grâce
bien plus, il espère une justice qui est *pardon accordée présentement. C'est ce qui le porte,
du péché (Ps 5r,16; Dn 9,16) ; or, justifier le pécheur dans l'épître aux Romains, à définir cette vie
est un acte paradoxal, et même contraire à la chrétienne comme justice de Dieu : l'expression
doctrine judiciaire, où la justification du coupable a l'avantage de garder quelque chose du sens
est précisément la faute par excellence. Dans plu- eschatologique qui s'attache primitivement au
sieurs hymnes du psautier, on perçoit un para- salut et au royaume, et en même temps de sou-
doxe analogue : Dieu manifeste sa justice par des ligner, puisqu'elle doit s'opposer à la justice des
bienfaits gratuits, parfois universels, qui dépassent œuvres, qu'elle est aussi une *grâ.ce présente. La
de toutes parts ce qu'est en droit d'attendre justice de Dieu est donc la gràce divine, de soi
l'homme (Ps 65,6; rn,3; I45,7,17; cf Ne 9,8). eschatologique et même apocalyptique, mais anti-
Dans Is 40-66 l'expI'ession « justice de Dieu o cipée réellement et dès maintenant dans la vie
prend un relief et une portée qui annoncent le chrétienne, Paul dira que la justice de Dieu des-
grand thème paulinien. Dans ces chapitres, la cend du ciel (Rm 1,17; 3,21s; 10,3), et vient trans-
justice de Dieu est tantôt le *salut du peuple fonner l'humanité ; elle est un bien appartenant
captif, tantôt l'attribut divin de *miséricorde ou par essence à. Dieu, et qui devient nôtre sans
de •fidélité. Ce salut est un "'don, dépassant de cesser d'être une chose céleste.
beaucoup l'idée de délivrance ou de récompense ; En même temps, Paul sous-entend que cette
il comporte l'octroi de biens célestes tels que la communication de justice est fondée sur la "'fidé-
*paix et la *gloire, à un peuple qui n'a d'autre lité de Dieu à son *alliance, c'est-à-dire, en défi-
« mérite » que celui d'être l'*élu de Yahweh (Is nitive, sur sa •miséricorde. Parfois même, cette
45,22ss; 46,12s; 51,rss.5.8; 54,17; 56,r; 59,9); pensée s'exprime nettement, d'où le second sens
toata la race d'Israël sera justifiée, c'est-à-dire paulinien de (t justice de Dieu )1 : l'attribut divin
glorifiée (45,25). Aussi Dieu se montre-t-il juste de miséricorde. C'est ce qui apparaît dans Rm
JUSTICE JUSTIFICATION

3,25s : « Dieu montre .sa justice dans les temps vient ; être justifié, c'est, en cas d_'*épreuve ou
présents, de manière . à: être· juste et· à justifier de débat, démontrer non pas tant son innocence,
celui qui a foi en Jésus: Il Et en ·Rm 10,-3, les deux que la justesse"de tout·son comportement, c'est
,acceptions sont rapproèhées : « Méconnaissant la faire écl~ter sa propre justice.
justice de Dieu {la grâce. octroyée aux chrétiens],
et cherchant à établir .la leur propre, ils ne se· sont
pas soumis- à la justice d~ Dieu [la miséricorde] ».
1. Jti-RE JUSTIFIÉ ÜÉ:VANT D~EU
Le message biblique .sur la justice: offre donc
un double aspect. En. raison du :jugement divin
qui. s'exer_ce au ·cours- de J'histoire, l'homme doit Vouloir être justifié devant Dieu, prétendre
u faire la justice»; ce deV'oir est saisi,de·façon avoir,-raison COntre lui.semble impensable· et,.-loin
toujours plus intérieure, aboutissant à une « ado- d'oser s'y risquer, oil· redoute surtout que Dieu
ration en esprit et en vérité 1). Dans la perspective lui-même ne prenne l'initiative d'une discussion
du desseill. de salut,. thomme comprend d'autre dont l'issue est· d'avance fatale :- (! N'entre pas en
part qu'il ne peut conquérir cette justice. par ses jugement avec to:i:i serviteur: nul vivant ne sera
propres œuvres,, mais CJ.u'il la ·reçci:it comme un justifié devant toi» (Ps ·143,2), car, « si tu ·retie'ns
don de la grâce.· En définitiye,_'la justice ·de Dieu les fautes, ... qui donc -subsistera.? » (Ps 130,3).
ne peut se ramener à l'exercice d'un jugement, , La: sagesse est de •confesser son .péché, et, dans
elle est avant tout. miséricordieuse fidélité à une le silence, de laisser Dieu faire éclater sa justice·:
volonté de· salut.; elle crée en l'homme Ja 'justice « Tu es juste qùand tu prononces-.-» (Ps -51,6).·
qu'elle exige ·de luî. ADes L'étrange1 au iond, n'est pas que l'homme ne soit
jamais justifié .. dèvaht Dieu,. c'est., plutôt qu'il
-+ châtiments 3_ ,- chercher· I, II - colère B N1; II puisse se croire·justifié, et que la :J:Jible-1!-e.p,araisse
1 - conscience 1 - droit AT 2.3 - fier_té AT 3 - pas trouver' cela monstrueux .. Job a beau: savoir
grâce Il 1 .3 ---:- jeûne 2 - j~emellt - jµstificati9n - que·«·l'homme ne peut avoir raison coritie Dieu»
Loi B III .5; C III-~ _;_ ϝvres _AT JI 3 - paix -
Paraclet .3 - pa_uvreS AT II ; NT III 3 ..:...:. perfeêtion {Jb 9,2), que« Lui n'est pas un homme, .. net qu'il
A'I' .:.... persécution_ ~ piété,_;_ procès - rétri_bution ...... est ci impossible de discuter, de comparaitre
saint AT IV 2 - salut AT I 2 - vengeancè - vérité ensemble en justice 1)· (9;32), il- ne peut renoncer à
AT 2; NT I' ..;.._ vè-rtus & vices 1 ·.:..:... victoire AT 3 b; I! pro'céder· en· justice, èonscient- d'être dans, [son']
NT z -· violence I, III -1, IV 2.3. droit ); {13;I8s). Du -moment· que -Dieu est juste,
Job n'a rien à craindre· de cetté·' confrontation
dans laqùelle· et Dieu rencontrerait· dai:t.s son ad.V"W-
saire_ un ho!Ilme-droit-_»'-et']ob cr ferait triompher
[sa] cause »' (23,7).- De fait, Dieu lui.:même, tout
en rédui5ant Job -au silence; s'il le convainc de
JUSTIFlCATION sottise et· de" légèreté '(38;2; 40,4), ne· ·lui· donne
pas tort'".Sur· le fond. Et il reconnaît,· dans la *foi
1

d'*Abraham;' un -.geste par lequel celui:.;.ci,· sans


:E:tre justifié, c'est normalement faire triompher évidemmeat- prendre· avantage sur lui, répond du
sa cause sui- celle ·d'un 'adversaire, .faire. éclater moins·· exactement à-' tout -ce qu'il ·attendait (Gn
son boµ ,111:droit, ·Mais "il n'est. pas nécessaire que 15,6)." .
cette rencontre s'opère devant· un tribunal ni que L'AT · pose ,-donc la justification de l'hoinme
l'adVersaire ·soit· un •ennemi. Le· champ de .la devant Dieu à la fois comme urie hypothèse irréa:-
justice est ..incomparablement- plus, vaste que -celui Iisable et comme une situation pour laquelle
de la loi et même :des coutumes:: Toute relation l'homme est· fait: 'Dieu est juste; cela ·veut "dire
humaine comporte sà. ,*juStice, sa riorme -propre•: qll'il-n'est'jàinais dails-son tort·et que nul ne peut
la respecter, .c'est traiter"·chacun de'CeuX .. à· qui disputer ·avec lui (Is -29,16;· Jr- 12,1).-·niais cela
on a affaire avec la: nuance exacte qui lui Convient, veut dire 'aùssi 'peut-être que, sachant de quel
et qui n'est pas déterminée seulement du dehors, -limon il nous a: pétris et pour quelle •communion
par sa place·dans 'la société et les "gestes qu'.il:pose, il, nous a créés,. il Ile .renonce 'pas,· àu' nOm, même
mais aus~ et plus profondément pa:r _son -être de sa· "justice et par égard. pour 'sa :créature, ·à la
mêm:e, ses dons· et ses·besoins .. 1ttre juste·, c'est rendre ·capable d'être devant lui exactement ce
trouver· envers chacun•·l'attitude ·exàcte q'ui con- qu'elle doit ·être, juste.
JUSTIFICATION JUSTIFICATION

sidérer comme justifiés, à cause de nos liens avec


lui. Pour désigner un simple verdict de grâce et
Il. JUSTIFIÉS EN JÉSUS-CHRIST d'acquittement, Pa:ul n'eût pas employé le mot
de j ustificatiori, qui signifie au contraire la recon-
1. L'impuissance _de la Loi. - Ce que l'AT laisse naissance positive du droit mis en cause, la con-
peut-être pressentir, le légalisme juif dans lequel firmation de la justesse de ·1a position prise. Il
le •pharisien Paul fut élevé croyait bien sinon n'eût pas attribué à la justice de Dieu, mais à. sa
l'atteindre, du moins devoir y tendre : puisque pure *miséricorde, le geste par lequel il nous jus-
la •Loi est l'expression de la •volonté de Dieu tifie. Or la vérité est que Dieu, dan~ le Christ,
et que la Loi est à la portée de l'homme (cf Dt (( a voulu montrer sa. justice... afin d'être juste
30,n - en fait, à la portée de son intelligence : et de ·justifier celui qui se réclame de la foi en
intelligible et·facile à connaître), il suffit à l'homme Jésus » (Rm 3,26). ·
de l'observer intégralement pour pouvoir se pré-
senter devant Dieu et être justifié. L'erreur du 4. Enfants de Dieu. - Sa justice, Dieu évidem-
pharisien n'est pas dans co rêve de pouvoir traiter ment la manifoste d'abord envers son •Fils« livré
Dieu selon la justice, comme il mérite de l'être ; pour nos fautes o (Rm 4,25) et qui, par son •obéis-
elle est dans l'illusion de croire y parvenir par sance et sa justice, a mérité pour une multitude
ses propres ressources, de vouloir tirer de lui- la justification et la justice (Rm 5,16-19). Mais
même l'attitude qui atteint Dieu et qu'il attend que Dieu donne à Jésus-Christ de mériter notre
de nous. Cette perversion essentielle du cœur. qui justification, cela ne ve:ut pas dire seulement
veut avoir (( le droit de se glorifier devant Dieu ~ qu'il consent, par égard pour lui, à. nous traiter
(Rm 3,27) se traduit par une erreur fondamentale comme des justes : cela veut dire qu'en Jésus-
dans l'interprétation de J'•Allianc.e, qui dissocie Christ il nous rend capables de prendre l'attitude
la Loi et les •promesses, qui voit dans la Loi le exacte qu'il attend de nous, de le traiter comme
moyen d'être juste devant Dieu et oublie que il le mérite, de lui rendre effectivement la justice
cette "'fidélité même ne peut être que l'•œuvre à laquelle il a droit, en un mot d'être" réelleme!>t
de Dieu, l'accomplissement de sa •Parole. justifiés devant lui. Ainsi Dieu est juste envers
lui-même, en ne rabaissant rien de l'honneur. et
z. Jésus-Christ. - Or *Jésus-Christ fut réellement de la *gloire auxquels il a· droit, et il est juste
• le Juste » (Ac 3,14) ; il fut devant Dieu exacte- envers ses créatures, à. qui il donne, par pure
ment ce que celui-ci attendait, le *Serviteur en grâce mais par une grâce qui les atteint au plus
qui le Père put enfin se complaire (Is 42,1; Mt 3, profond d'elles-mêmes, de trouver envers lui l'at-
17); il sut jusqu'au bout « accomplir toute.jus-- titude juste, de le traiter comme ce qu'il est, le
tice » (Mt 3,15) et mourut pour que Dieu fO.t *Père, c'est-à-dire d'être réellement ses enfants
glorifié (Ju 17,1.4), c'est-à-dire, apparüt devant (Rm 8,14-17; 1 Jn 3,1s).
le monde avec toute sa grandeur et son mérite,
digne de tous les sacrifices et capable d'être aimé
plus que tout (Jn 14,31). Dans cette mort, qui
parut celle d'un réprouvé (Is 53,4; Mt 27,43-46), III. JUSTIFIÉS PAR LA FOI
Jésus trouva en réalité sa justifica.tion, la recon..
naissance par Dieu de l'œuvre accomplie (Jn 16, Cette régénération intérieure par laquelle Dieu
10), que celui-ci proclama en le •ressuscitant et nous justifie n'a rien d'une transformation magique;
en le mettant en pleine possession de l'•Esprit- elle s'accomplit réellement en nous, dans nos gestes
Saint (I Tm 3,16). et dans nos réactions, mais en nous dépossédant
de notre attachement à nous-mêmes, de notre
3. La grâce. -illais la résurrection de Jésus-Christ propre gloire (cf Jn 7,18), en nous attachant à
a pour but « notre justification D (Rm 4,25). Ce Jésus-Christ dans la *foi (fun 3,-z8ss). Croire en
que la Loi ne pouvait opérer, ce qu'elle montrait Jésus-Christ, c'est en effet reconnaître en lui Celui
au contraire comme catégoriquement exclu, la que le Père a envàyé. c'est adhérer-à ses paroles,
*grâce de Dieu." dans la •Rédemption du Christ, c'est tout risquer pour son •Royaume, c'est
nous en fait don (Rm 3,23s). Ce don n'est pas un Il accepter de tout perdre... afin de gagner le
simple « comme si 1), une condescendance par Christ ),, de sacrifier « [sa] propre justice, celle
laquelle Dieu, voyant son Fils unique parfaite- qui vient de la Loi » pour recevoir Il la justice ...
ment justifié devant lui, accepterait de nous con- qui vient de Dieu et s'appuie sur la foi • (Ph 3,
JUSTIFICATION JUSTIFICATION

Be), Croire en Jésus~Christ, c'est o: reconnaître ---+- foi NT III 2 - grâce VI - impie NT 2 - juge-
l'amour que Dieu a pour nous n et confesser que ment AT II 3; NT II 2 - justice - Loi B III S;
r Dieu est •Amour (1 Jn 4,16), c'est l'atteindre
)1 C III 1 - œuvres NT Il I - pardon II 2 - péché
au cœur de son •mystère, c'est être juste. JG III J, IV J ac - prédestiner 2 - procès - récon-
ciliation I z.

K
KÉRYGME ~ confession NT 1 - enseigner O ; KYRIOS ---+- Dieu - Jésus--Christ li I a- nom -AT
NT ll 1.2 - ,Évangil_e Ill 1 - prêcher I 2.3. 4 ; NT J - Seigneur -· Yahweh 3.
L
de Juda est dépeinte par l'abondance du •vin et
du lait. Chez les prophètes, ce tableau de prospé-
rité sert à décrire la terre idéale des temps à venir
(JI 4,18; Is 55,1; 60,16), il est une image de la
•consolation et du •salut messianiques (Is 66,
LAIT nss) ; dans le Cantique, le lait symbolise les
délices de l'amour entre l'Époux et l'épouse (Ct
4,n; 5,1). En des temps de disette, cette nourri-
ture du désert redeviendra l'aliment de ba.')e de
Dans une civilisation pastorale comme celle des !'Emmanuel et des rescapés ; mais son abon-
Hébreux au désert, le lait, don de la nature non dance sera comme un rappel des promesses (Is
fabriqué par l'homme, est une •nourriture d'une 7,15.22).
importance vitale. Il demeura toujours un des Si la prospérité est un gage des divines béné-
aliments usuels d'Israël (Jg 5,25; Pr 27,27; Si dictions, le manque de lait et la désolation géné-
39,26). Avoir du lait en abondance était un signe rale sont un signe du *châtiment et de la malédic-
de richesse (Jb 29,6). C'est par son lien avec les tion de Dieu. En raison des crimes d'Israël, Osée
promesses et par son emploi figuré que le mot demande à Yahweh de lui donner des entrailles
lait acquiert une signification symbolique. stériles et des seins desséchés (Os 9,14). Dans la
perspective du NT, le •jugement eschatologique
I. Tendresse divine. - La *mère qui allaite son sera tellement redoutable que Jésus proclame
enfant est un des symboles les plus naturels pour bienheureuses les femmes qui n'allaiteront pas
exprimer une tendresse et un dévouement sans en ces jours-là {Le 23,29; cf 21,23 p).
bornes (2 M 7,27). Rien d'étonnant qu'Israël ait
utilisé cette image pour décrire l'infinie *tendresse
3. Le lait des enfants de Dieu. - Le NT parle
et les soins attentifs de Yahweh pour son "'P-euple,
d'ordinaire du lait au sens métaphorique et désigne
spécialement dans le cadre de la sortie d'Ègypte
par là !'•enseignement comme nourriture des
et de la marche vers la •terre promise (Nb u,12).
•enfants de Dieu. Pour Paul, qui voit surtout
C'est pourquoi le psalmiste invite le peuple à
dans l'enfant son immaturité, le lait donné aux
s'abandonner à Dieu, comme l'enfant repu sur
Corinthiens encore charnels, c'est le premier mes-
le sein de sa mère (Ps. r3r,2s).
sage chrétien, en opposition à la nourriture solide
de la •sagesse réservée aux parfaits (r Co 3,2; cf
2. Image des bénédictions divines et' des prcmiesses
He 5,rzssJ. D'après r P 2,2 par contre, le croyant
messianiques. - L'abondance du lait fait partie né à la vie nouvelle doit continuer à désirer le
de la description classique des"' promesses. La terre
lait de la •Parole pour croître et atteindre son
où entrera Israël est souvent décrite dans l'AT
salut, car il demeure toujours un enfant en *crois-
comme le « pays où ruissellent le lait et le miel »
sance et aura toujours besoin du lait de la Parole
(Ex 3,8; r3,5; Dt 6,3; n,9; Jr u,5; Ez 20,6.15 de Dieu. Cette Parole, c'e5t au fond le Christ lui-
etc.) : c'est avec les richesses de 1a vie nomade
même (2,3), comme l'ont bien montré plusieurs
qu'est décrite « cette contrée plantureuse et vaste 9
Pères : « Nous buvons le Verbe, nourriture de
{Ex 3,8; cf Dt 32,r2ss), « ce plus beau de tous les
•vérité 1 (Clément d'Alexandrie). IdlP
pays» (Ez 20,6.15). Dans la *bénédiction de Juda
(Gn 49,8-12), qui s'ouvre sur une perspective mes- -> enfant III - naissance (nouvelle) 3 a - terre AT
sianique, la prospérité extraordinaire de la terre II I.
l,AMENTATION LANGUE
LAMENTATION·-+·.mort AT I :3 ..:......pénitence/con- le prophète- •Élie dont «- la; parole ·brillait comme
.vtinion AT I, III---, prière-Il 2:-.souffrance AT I une torche.» -(Si '4-8,1), :tel -enc·ore *Jean-Baptiste,
1- tristesse AT :3.4 ;_NT_ 1. cette <t lampe.qui 'bridait et-. luisait- li. (Jn 5,35)
pour rendre témoignage à la- vraia-lumière ..(1-,7s).
C'est ainsï:que.l'Église, fondée sur Pierre et Paul,
11 les deux oliviers et les deux· .flambeaux ·.qui se
tiennent devant le Maître de.la.terre» (Ap 11,4),
doit jusqu'à· 1a :fin des; temps faire rayonner· la
LAMPE •gloire du ·Fils. de l'honime· (1,r2S). JBB
. :..+ lum.ière & ténèbres AT. li ·2 ;, NT·u 3 -:-:- veiller.

Par sa *lumièré, ~a._ 1ampe si~ifi.e hne -:Présénce LANGAGE -+ ·écrituré. V - langue z --: peuple C. II
'-:- sel :3.
vivante, celle ,de· D~eu,. celle. de l'homme.

1, La lampe, symbole de. la prlsence divine.


r C'est toi, Yahweh, ·ma-lampe·» (2 ,s 22,29). Par LANGUE
, oe cri, le psahniste proèla:.me que Dieu, seul" peut
, donner lumière et vie. N'-est-il pas le créateur de Par la·· langue, l'homme communique avec son
)'"'esprit qui est eri-.J'homme, telle «'une·.lampe de semblabJe· et exprime à Dieu les sentiments -de: son
Yahweh » (Pr _ 20,27)_ ? , N(~claire-t-il pas comme *cœur. Etre-privé de son usage peut être un *châ.-
par une lampe Je *chemin du croyant par sa timent divin -(Le. r,20; Ps · r3'7,6); · reitdre son
•Parole {Ps n'9,xo5), par. ses commandements usage aux· riluets. est u]!e œuvre_"·messianique (Is
(Pr 6,23) ? Les Écritures prophétiques ne _Sont-'elles 35;6; Mc ·7,33-37), qui lem; permet de ·chanter les
pns 1( une .lampe qui brille en un Jieu. obscur; jus- louanges· de Dieu (Le 1;64).
qu'à ce que.le jour .commence ·à .poindre et ·4ue
·l 1astre ·du matin· se -lève dans.nos cœu·rs » (2 P r. Bon ·et mauvaiS usage de la langue·, - «··Mort
T,19) ? Quand viendra ce ~Jour suprême, ·il n'y et_ vie sont au·_pouvoir de la _langue » (Pr 18,21).
n.ura plus " de - *nuit ; -les élus· se passeront· ·cJ;e Ce ·vieux thème· dé 1Ia littérature universelle a,son
lt\mpe ou de soleil pour s'éclairer», car_« l'Agneau écho. chez · les.. sagës-..(PI';· Ps, Si), jusque .chez
lour tiendra lieu de :fl.8.nib~u ·» (Ap 22,5; 21,23). Jacques : « Par elle _nous bénissons-le Seigneur et
Père, et par elle nOus maudissons les· hommes
'2. La lampe, symbole _'de· là pi-lsence _humaine. · - faits.à l'iri:iage 4e Dieu,»_ (Je 3,2-_12). Vqici la langue
Le symbolisme de la ·lampe _se retrouve au plan perverse : _d'elle· viennent '.".mensoJlge,, fraude,
le plus humble de la présence humaine. A David, duplicité, médjsancé; _caloTI'.lllie . ,(P:s 10,7.; _Si 51,
Yahweh promet une lampe,. c'est-à-dire une lignée 2-6). C'est un serpent (Ps._140,4),_ un raSOir effilé
perpétuelle (2· R 8,,19;: 1 R ·rr,36; 15,4)·. · Par contre, {Ps 52,4), une _épée acérée {Ps 57,5)_, u~e flèche
et le pays est infi'd.èle, Diêu,menace d'en faire dis-- hoffiicide (Jr 9,'7;' i:8,18), Mais, à la constatation
paraître « la' lumière de la ·tampe·. » (Jr 25,ro)' : désabusée : « Qui n'a jamais péché par la langue·? »
alors, plus de bonbe"ur duI"able pour- le méchant -{Si-_ 19,16), répond :I.e ·~oilhait .: «. ~eureu:ic. . qui n'a
clont la lampe· s'éteint ~te ·(Pr 13,9;_ Jb' -18,5s)_. jamais.péché par·la langue l·.» (25,8). Aussi espère-
Pour signifier sa "'fidélité à Dieu et la conti- t-on qu'au Jour de Yahweh, parmi le "'Reste des
11uité de sa *prière, Israël fait briller à perpétuité élus, il n'y aura u plus_ de Ù).ngue trompeuse »
une lampe dans. le sànctuai~ ·(Ex· 27~20SS; :Î: S 3, (So 3,,3). ,, , " ,· , ,, , ,
3) ; la laisser s'éteindre, ce. serait: faire entendre Cet espoir n'est pas un vain mot, car dès à
li. Dieu qu'on l'abandonne (2 Ch-29,7), A,I'.inverse, présent, on peut décrire·. la langue d'U juste. C'est
heureux ceux qui "'veillent daris l'attente du Sei- un pur argent (Pr r0,20) : _elle célèbre la justice
gneur, telles les jeunes-• _filles a.visées, (Mt 25,1-8) et proclame.. la *louange de Dieu (Ps 35,28; 45,2),
ou le serviteur fidèle (Le. 12,35), dont les lampes elle. *confesse sa pui~s,~nce universelle (Is 45~24).
demeurent allumées.' · · · · Enfin, comme les •lèvres, la langue révèle le _cœur
Dieu attend_ davantage__ encore de ·son•' fidèle : de l'homme; les •~uvres doivent répondre à' ses
n.u lieu de laisser_,Sa 1a:ffipe soùs_·1e boi.ssl;lâu (Mt,5, •paroles : . « N'ailnons _ni de mots ni de langue,
15s p), il doit briller comme _un foyer de lumière mais' en actes, yérit:al:Hehlent » (1 Jn-3;1.8; cf Je
ou milieu d'un monde perverti (Pb 2,15), tel jadis I,26).
LANGUE LÉVITE
2, Diversité des langues. - Les peuples de l'uni- coup ))), la Bible regroupe sous divers noms plu-
vers sont de « toute langue>,. Par cette expression sieurs affections cutanées particulièrement conta-
concrète, la Bible désigne la diversité des cul~ gieuses, et même la moisissure des vêtements et
tures. Celle-ci n'exprime pas seulement la richesse des murs {Lv 13,47 ... ; 14,33 ... ).
intellectuelle du genre humain. Elle est une
cause d'incompréhension entre les hommes, un I. La lèpre, impureté et châtiment divin. - Pour
aspect du mystère du *péché, dont la tour de la Loi, la lèpre est une impureté contagieuSe ;
*Babel (Gn II) suggère la signification religieuse aussi le lépreux est-il exclu de la communauté
!'*orgueil sacrilège des hommes construisant leur jusqu'à sa guérison et sa *purification rituelle,
cité sans Dieu a eu pour fruit cette confusion des qui exige un sacrifice pour le *péché (Lv r3-~14).
langages. Par l'événement de la *Pentecôte (Ac Cette lèpre est la 1( plaie » par excellence dont
2,1-r3), la division des hommes est surmontée : Dieu frappe (naga') les pécheurs. Israël en est
l'*Esprit-Saint se divise en langues de feu sur les menacé (Dt 28,27.35). Les Égyptiens en sont frap-
Apôtres de sorte que l'Évangile sera entendu dans pés (Ex 9,9ss), ainsi que Myriam {Nb 12,ro-15)
les langues de toutes les nations. Ainsi les hommes et Ozias (2 Ch 26,19-23). Elle est donc en prin-
seront réconciliés par le langage unique de !'Es- cipe un signe du péché. Pourtant, si le Senritenr
prit, qui est charité. Le *charisme du r< parler en souffrant est frappé (nagua' ; Vulg. : leprosum)
langues » est, chez les Apôtres, à la fois une forme par Dieu, de sorte qu'on se détourne devant lui
de "'prière louant Dieu dans l'enthousiasme (Ac comme devant un lépreux, c'est que, malgré son
2,4; 10,46) et une forme de *prophétie annonçant innocence, il porte les péchés des hommes qui
aux hommes les merveilles de Dieu {Ac 2,6.rr; seront guéris par ses plaies (Is 53,3-12; cf Ps 73,14),
19,6). Pour régler dans l'Église l'usage de ce cha-
risme, Paul en loue la première forme, mais il 2. La guérison des lépreux. - Elle peut être natu-
déclare préférer la seconde, parce qu'elle est utile relle, mais aussi se faire par miracle, comme celle
à tous (r Co 14,5). Les manifestations de la Pente- de Naaman dans les eaux du Jourdain (2 R 5),
côte montrent que, dès sa naissance, l'Église est signe de la bienveillance divine et de la puissance
catholique, s'adressant aux hommes de toutes prophétique. Quand Jésus guérit les lêpreux (Mt
langues et les rassemblant dans une louange 8,1-4 p; Le 17,n-19), il triomphe de la plaie par
unique des merveilles de Dieu (cf Is 66,18; Ap 5, excellence ; il en guérit les hommes dont il prend
9; 7,9 ... ). Ainsi (t toute langue confessera que sur lui les *maladies (Mt 8,I7). Purifiant les
Jésus est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » lépreux et les réintégrant dans la communauté,
(Ph 2,n). PdS il abolit d'un geste miraculeux la séparation entre
-+- Babel/Babylone
I - charismes - Hébreu - lèvres -
le pur et l'impur. S'il prescrit encore les offrandes
mensonge - nations AT I 2, III 2; NT II I a - légales, c'est à titre de témoignage : les prêtres
parole humaine - Pentecôte II 1.2 d - peuple A II constateront ainsi son respect de la Loi en même
5; B Il 5; C II - silence 2. temps que son pouvoir miraculeux. Jointe aux
autres guérisons, celle des lépreux est donc un
LARGESSE --+ aumône - bénédiction - don - signe qu'il est bien « Celui qui doit venir» (Mt tJ,
gr6.ce - richesse I 3.4.
5 p). Aussi les Douze, envoyés par lui en mission,
LARMES--+ livre III - mort AT I 1.3 - pénitence/ reçoivent-ils l'ordre et le pouvoir de montrer par
conversion AT I 2, Il 3, III I - rire 2 - souffrance - ce signe que le règne de Dieu est là (Mt ro,S).
tristesse. pc;
LAVER --+ baptême - eau - pardon O - pur - -. maladie/guérison AT I 1 - pur AT l.
sang NT 4,
LETTRE & ESPRIT -. Alliance NT JI 1 - écri-
lÉGALISME""""'" Loi - pharisiens - pur NT I 1.2. ture IV, V - Loi.
LEVAIN-. pain Il 3 - Pâque I 3, III 2.

LÈPRE LÉVIATHAN---+ bête!; & Bête.


L'ÉVITE --+ Aaron - élection AT I 3 c - en,:;eigncr
AT I 2 - prémices II - sacerdoce AT 1.
Dans la même catégorie que la lèpre propre-
ment dite (nèga' : mot signifiant d'abord ~ plaie,

656
LÈVRES LIBÉRATION/LIBERTÉ

fiées par le •feu (Is 6,6) .. Lors de· sou, •Jour en


effet,:Dieu ct·fera aux peuples des-:lèvres pures.;>
(So 3,9),.comme il créera-en·eu_x un •cœur nouveau
LÈVRES (-Ez 36,21)), Aujourd'hui une telle espérance· est
réalisée ·en ·Jésus-Christ,. ,, par qui noµs pouvons
offrir un sacrifice de .louange en tout t'emps, ·c'est-
Fil d'écarlate sur -le .-visage de la Bien-aimée à-dire le fruit de lèvres qui ~confessent son. •nom: ,1
(Ct -4,3), les lèvres distillent- le miel onctueux ·de (He· 13,-15). C'est •donc avec la· certitude ..d'êtw
la *parole -(4·,u),."elles sont même la parole (Jb exaucé-que chacun peut faire cette. prière : « ·Sei-
16,5) à· l'état naissant. · A la différenc_e de_,. la gneur,· ouvre mes lèvres, 'et ma bouche proclamera
*langue, ·organe· actif qui sert à.· parler,· les lèvres ta louange·! » (Ps 51,17). CL & XlJD
et la bouche attendent d'être ouvertes pour
~ .cœi,ir I 1.2 -:"•corifè_ssion NT 2 - la.nguè - men•
exprimer le fond du ~cœur. _so~e --:-· parol~ humaine:, ·
1. Les JèVt'es et le cœur. - Les lèvres sont au .ser- LIBA-TION -+ paitl II 1 - sacrifice -- vin •l 2.
vice du eœur, bon ou ·mauvais (Pr 10,32; :r5,7;
24,2). Elles ·en révèlent les qualités·: ·ta.grâce du
roi idéal (Ps 45,3) ou l'appâ.t.tron1peur- de l'étro.n-
gère (Pr 5·,3; 7,21). Chez le pécheur, elles se mettent
e.u ·service de la duplicité, avec son cortège de LIBÉRATION/ LIBERTE
•mensonge, de fourberie, de calomnie (Pr · 4,24;
12,22; PS 120,2; -·Si· 51• .:i).'; elles peuvent mê-me
1

dérober derrière une *face amène la méchanceté « Frères,, .vous avez été appelés _à la liberté ~
intime : « vernis ·sur· un ·pot de· terre, lèvres douces (Ga 5,-13) .. : c'est. là un deS aspects essentiels •de
et cœur mauvais 1,· (Pr 26,23). Duplicité quî atteint l'Év·angile du •salut;. Jésus·.est Venu u annoncer
le dialogue avec· Dieu : « Ce peuple m'horiore des aux captifs -la délivr,ance; . rendre la liberté. aux
lèvres mais·son.cœur-est loin, de moi» (:i\it (5,8 opprimés·~ (Le ·4,18).. ,Son-intervention .est efficace
= Is 29,13). pour tous·:. païens-de jadis, .qui se sentaient régis
A l'opposé de cèt'te -duplicité, l'idéal· est tracé par la- fatalité,, Juifs qui refusaient ,de s'ayouer
de celui· dont ·1es "lèvres sont toujours sincères ·et esclaves (Jn 8,33), et aussi hommes d'aujourd'hui,
justes (Ps 17i1; Pr ·to;.rS-21;· 23,15s)'.· Mais pour -les quî aspirent confusément à i.tne .libération défini-
garder ainsi. _de . tou,te pârole fourbe (Ps 34,14 ·tiVe,, Mais :il y a liberté et liberté, et la Bible ne
_, I P 3,10), -.il faut_ que Dieu lui-même -les· ins- donne pas.,:de.,définition: n·u, moins, .elle :affirme
truise (Pr 22,17s) ; il, faut qi.t,'elles soient Suspen implicitement que• l'homme est doté, du pouvoir
dues aux lèvres de Dieu .. par, -l'obéissance et la de répondre;- par: un libre choix, .aux intentious
fidélité ·(Ps _Ii,4; Jh 23,I2).". /( ,Établis ,donc_, Sej- de.Dièu sur. lui (I) ; et surtout, elle trace le- che-
gneur, 'Une garde à ma -bouche, et veille .sur la min de la_-véritable. liberté-.: Yahweh intervient,
porte de m~ lèvres _1 » (Ps• 141;3; cf.:Si 22,27s). dans l'AT, pour assurer la libération de son peuj>le
(II);. dans_ le_ NT, ,la grâce du Christ apporte .à
2. « Seigneur, ouvre 'nies lèvYes !. o.. :- Pour obten.ir tous.,les hommes . .Ia liberté· des enfants de Dieu
la grâce de •simplicité dans le-dialogue avec· autpJi, (III).
le psalmiste sait qu'il lul faut faire. appel à pieu.
Mais ,en face 'de Dieu, l'.ho.mme ne peut plus
que faire l'aveu de sa .corruption profonde : ,,; !\-lal- J. LA LIBERTÉ DE L'HOMME
heur à moi, :je .suis perdu, car je su~s·_ un ,hoaime
a.ux lèvres impur~,- j'.habi~e. au sein· d'un peuple Certains. textes .. bibliqu~ _po~rraient sembler
a.ux lèvres impures,_-·et-·mes yeux -ont.:vu__.le Roi, méconnattre en l'homme l'existence d'une réelle
Yahweh Sabaoth »·· (ls- 6,5). Il sait ·qu'il.doit -glo- liberté Q.e choix,. tant les auteurs ,sacrés. insistent
rifier et acclamer_··Dieu (cf Ps 63,4_.6),. offrir une sur la ~OU\'.'eraineté,.de la •vo~onté de Dieu _(ls
"'louange authentique (Os 14,3), .mais il conn~t 6,9s; -~i;n 8,28ss;. 9,10;:;z;x; __11,33-36). Maisjl importe
aussi son impure~ radicale,, Il n'attend pas sim- dë tenir compte __ ici de la. tendance_ de la pensée
plement que Dieu daigne·.. lui .-ouvrir, les: lèvres sémitique. à ~vis~er_ .directement. la_ causalité
pour donner une réponse (Jb u,5) : pour, que _son divine,_ sans .mentionner les_ causes seconde:s .qui
péché soit enlevé, ses lèvres doivent être .puri- n_e sont ..pa;s ,niées pour autant .(cf Ex 4,21; 7,_13s:

657 658
UBÉRATION/LIBERTÉ LIB:J!RATION/LIBERTÉ

!'"'endurcissement de Pharaon). Il importe d'autre 7,8; 9,26; Ps 78,42) appartient originairement au


part de distinguer divers degrés et modalités jans droit commercial {« délivrer contre équivalent ))).
la volonté de Dieu : C'e n'est pas de la même façon Mais les deux verbes sont pratiquement syno-
qu'il veut le salut de tous les hommes (1 Tm 2, nymes quand ils ont Dieu pour sujet, et dans la
4) ou la mort éternelle du pécheur impénitent (cf grande majorité des cas, la LXX les a rendus de
Ez 18,23). L'affirmation paulinienne de« la liberté la même manière (par lytYoustkai, souvent tra-
de l'élection divine» (Rm 9,n) et de la "'prédes- duit en latin par redimere). L'étymologie du verbe
tination (8,29s) n'autorise pas à conclure au carac- grec (lytron, « rançon ») ne doit pas induire en
tère illusoire de la liberté humaine. erreur sur sa signification : l'ensemble des textes
En fait, toute la tradition biblique suppose que bibliques montrent que la première •rédemption
l'homme est capable de prendre des décisions fut une libération victorieuse, et Yahweh n'a payé
libres elle fait constamment appel à son pou- nulle rançon aux: oppresseurs d'Israël.
voir de choix et souligne en même temps sa res-
ponsabilité, dès le récit du premier péché (Gn 2. Dieu, le i< Gôél » d'Israël. - Quand les infidé-
2·-3; cf 4,7). Il appartient à l'homme de choisir lités du peuple de Dieu eurent abouti à la ruine
entre la bénédiction et la malédiction, la vie et de Jérusalem et à !'•exil, la libération des Juifs
la mort (cf Dt rr,26ss; 30,15-20), de se •conver- déportés à *Babylone fut une seconde rédemption,
tir, et cela jusqu'au terme de son existence (Ez dont la bonne nouvelle constitue le message prin-
18,zr-28; Rm II,22s; 1 Co 9,27). A chacun de cipal d'Is 40-55. Yahweh, le Saint d'Israël, est
s'engager et de persévérer dans la voie qui con- son 1c Libérateur J>, son Gôél (Is 43,14; 44,6.24; 47,
duit à la vie (1It 7,13s). Le Siracide rejette expres- 4; cf Jr 50,34).
sément les excuses du fataliste : « Ne dis pas : Dans l'ancien droit hébreu, le gMl est le proche
'C'est le Seigneur qui m'a fait pécher', car il ne parent à qui incombe Je devoir de défendre les
fait pas ce qu'il a en horreur. .. Si tu le veux, siens, qu'il s'agisse de maintenir le patrimoine
tu garderas les commandements : rester fidèle familial (Lv 25,23ss), de libérer un « frère l• tombé
est en ton pouvoir >1 (Si 15,II.15; cf Je 1,13ss). en esclavage (Lv 25,26-49), de protéger une veuve
Et Paul proteste avec indignation contre les pro- (Rt 4,5), ou de •venger un parent assassiné (Nb
pos blasphématoires du pécheur qui prétend 35, 1gss}. L'emploi du titre de gôêl en Is 40.-55
ta."l:er d'injustice Dieu qui le condamne justement suggère la persistance d'un lien de parenté entre
{Rm 3,5-8; 9,19s). Yahweh ''et Israël : en raison de !'*alliance con-
Les auteurs sacrés n'ont pas fait disparaître tractée lors du premier *Exode (cf déjà Ex 4,
l'apparente antinomie entre la souveraineté divine 22). la nation choisie demeure, malgré srs fautes,
et la liberté humaine, mais ils en ont dit assez ]'*épouse de Yahweh (Is 50,1). Entr~ les deux
pour permettre de comprendre que la grâce de libérations, le parallélisme est manifJste (cf Is
Dieu et la libre obéissance de l'homme sont toutes ro,25ss; 40,3) ; autant que la première, la seconde
les deux nécessaires pour le salut. Paul le tient est gratuite (Is 45,13; 5-i,3). et la *miséricorde
pour vrai dans sa propre vie (Ac 22,6-10; i: Co de Dieu y apparaît plus encore, puisque l'exil
15,10) comme en celle cle tout chrétien (Ph 2, était le *châtiment des péchés du peuple.
12s}. Le mystère subsiste à nos yeux, mais Dieu
connaît le secret d'incliner notre cœur sans le 3. L'attente de la libération définitive. ~ D'autres
violenter et de nous attirer à lui sans nous con- épreuves devaient encore s'abattre sur le peuple
traindre (cf Ps II9,36; Ez 36,26s; Os 2,16s; Jn élu, et celui-ci, dans les tribulations, ne cessera
6,44), d'appeler le secours de Dien (cf Ps 25,2r; 44,27),
et de se souvenir de la première rédemption, gage
assuré et •figure de toutes les autres : « Ne délaisse
II. LA LIBÊRAHON D'ISRAËL pas cette part qui t'appartient, que tu t'es rachetée
de la terre d'Égypte » (prière de Mardochée en
r. La sortie d'Égypte. - Un événement fonda- Est 4,17g LXX; cf 1 M 4,8-II). Les derniers
mental a marqué les origines du peuple élu, sa siècles qui précèdent la venue du Messie sont mar-
libération par Dieu de la servitude d'Égypte qués par l'attente de la « libération définitive ))
(Ex 1-15). L'AT emploie surtout à ce sujet (traduction du Targum en Is 45,17; cf He 9,12},
deux verbes caractéristiques, dont le premier et les prières les plus officielles du judaïsme
(gâal Ex 6,6; Ps 74,2; 77,16) est un terme de demandent au gMl d'Israël d'en hâter le jour.
*droit familial, tandis que le second (pdddk Dt Plus d'un Juif, sans doute, attendait surtout

660
J..IBÉRATION/LIBERTÉ LIBËRATION/LIBERTl1

du Seigneur la libération du joug imposé par les li'perté. chrétienne. Le premier la· proc.ame sur-
nations à la Terre sainte, «t c'.est peut-être _ainsi tout ,dans .1' épitre_ aux G;alates :·«C'est-pour que
que les pèleQns-, d'Emmaü_s se. représentaient la nous restions libres que le.Christ nous.a libérés ...
tAche de « celui qui délivrerait Isra:ël·l). (Le 2,4,21). Frères, vous avez été appelés _à la lib.erté " (Ga
Il n'empêche, que l'éJ.ite spirituelle_ (cf, Le 2,38) 5,1.13; ci 4,26,31;. x·Co ,7,22;_ 2 Co 3,r7). Quant à.
pouvait charger. c~tte *espérance d'un contei;tu Jean, il insiste sur le _principe· de la vraie µberjê,
l'Oligieux plus authen~ique, tel celui qui s'expri- la ~foi qui:accueille la-Paro~e _d,e Jésus: œ ;La .vérité
mait déjà dans la finale du .J;'s,,130,8 . ,: « C'es~)e vous fera libres ;... si le ,Fils vous affrahchit, vous
Seigneur qui délivrera Israël.de.tout~s ses fautes 11. s~ez ·réelÎement libres )> .(Jn 8,32.36).
La vraie libération impliquait ell effet la. purifi- . '
cation du· *Reste ap:Pelé à partièiper .à; la sainteté 2. Nature de la .libe,té clir,étir,nne. ___: Tout eJl:8.~nt
de son Dieu (cf 1s 1,27; 44.,22; 59,2Q). des répercussioD.S: au plap. SQcfa,1 - la lettre à
~lé+non . en est ..:Un témoign,age splendid~ - , la
4. Prolongements per~on.nels. 'et, S(lcit.Ju,: . . liberté chrétienne se situ~ au-4elà._ Accessible aux
Sur un plan per:sonn,el,. la libératiq~ opéré_e par .•*escl~ves tout autant qu'aux homme~ lib_res, elle
Dieu en faveur de son peuple; se prolonge et ~ ile présuppose pas un changement de condition
renouvelle en quelque sorte <4ms la vie de chaqu_e (1 Co 7,2r). Dans le monde gréco-romain, où la
:fidèle (cf 2 S 4,9 :. (! Pai la. vie, d"e -Yahweh qui_ m'a liberté civile constituait le fondement inême ùe
délivré de toute dé~resse _»), et c'est là ~n .thème la, dignité, ce fait_ prenait figure de paradoxe ;
fréquent ~e la prièrc:i, del) P;;aumes. Parfois le _ps;ù- mais ._ainSi se ~anifestait la valeur bien plus .rad~-
miste s'exprime eri terme_s. gén~raux, s~s ~ser cale de l'affranchissement . offert par le . Christ.
à quel dang~ il est_ ou, a été.exposé (~s 19;15; _26, Cet affranchissemeh~ ne se confond pas non _plus
XI) ; d'autres fois,:.îl _se dit aux prises .avec des avec l'idéal des sages, stoïciens ou autres, ·qui par
adversaires qui _en_-ve_ulent,. à.._ sa yie {Ps... 55,19; _la réfie,xioil e:t !'.effort ropral cherçhaieD;t à aqquêrir
69,19), ,ou .:'~ien_··sa_. prière est .celle d_'uri._~nd la parfaite µlaî_tris·e de ·soi et à s'é~blir dan:;1 une
malade qui. serait mort sans l'intervention c!,e Dieu inv_:i,o1aJ)le tranquillité intérieure.. Loin d'être, le
(Ps ro3,3s). Mais déjà des pierres d'attente sont fruit d'une.·do~trine .ab~traite et intempOrelle, la
posées pour _une . espé_rauce _ plus pr.?fondément libération du· chx#ien résulte d'un événement
'religieuse (cf P~ 3r,6; 49,16). · .· historique, la i;nort -viçtorieuse_..de Jésus, et d'un
Sur le plan ,social, la ·législatio-q. bibliqrie est coµtac:t personnel, l'El,ùhésion -au Christ dans le
elle-même marqué~ .par .le souv~ir.-de· la p:i-e- baptême. . , . ·. ·
mière libération d'.Isr3.ël, ·: surtout dans le courant Le ·croyant·,est ·libre en ce sens que, dans le
deutéronomiSte· :-l'*esclave hébreu ·devàit être ren- Christ, il ,a reçu le. pouvoir de :vivre. dfsormais
voyé libre fa ·sei>tième- an.né~,- en :ID:uvenir· de· ce dans ,l'intimité du Père, san~ être ,entravé par les
que "X'ahweh_'avait ·~ait pour les_ si_ens (Dt _ -~5,12- Jiens du Péché,•. de., la 1!9rt .et de la Loi.
15; cf Jr 34",8-22f i..a toi ri.'é-!:ait d'aillElrirs pas a:) Le Péché est le véritable despote _au joug de
toujours respectée, ·et·même après le retour d'exil, qtli Jésus-Christ nous arrache. En Rm. 1-3, Paul
Néhémie aura à. s'élever contre les exactions . de décrit la rigueur. é!,e. •4'-- tyrannie .universelle-_que le
certains de ses compatriotes qui n'hési~ent .,p(l.s ~Péché. ~erçait sur le mon.de ; maig, c•~t p_our
à. réduire en e_sclavage. leurs_ frères « rach_etes· l) mettre d'auta:nt,plus en relief la-surabonc;lance-.de
(Ne 5,1-8). Et pourtant, (! renvoyei-· libres les la *grâ~ (Rm 5,15_ ..20;..8,2).. En -.nous associan_t au
opprimés, briser: b:ms_· les·, jougs "; c_'est là une des mystère d.e. ·.Ja. µiort. e:t ·cl,e. la résurrectio11 du Chrî_st,
fornies dÙ ·« •je~n.e ·,qui _plait à .~ali"We~ ~ '(Is _58/~). le.*J>aptême; a mis ,,:fin à: notre servitude.{Rm 6,6).
Par -cette libération. -se ré;alise l'~entiel, d~_ rat-
tente,:de_l'AT, t~Ue que.la comp:rena~t l'élite_ d'.Is-
III. LA LIBERTÉ DES ENFANTS DE -D1Eu raël (cf Le I,68-75)_.. P-!ul citant_ Is 59,20,_. d'après
la LXX,· en .. dégage. l;>ien le cara~tère: ·spirittJ.el . :
1. Le Christ notre Libérateur. .,-- La libération • De_ §,ion -vie11dra le Libérateur, . il ôt~ l~s
d'Israël ne faisait que préfigurer la rédemption impiét_és .du- milieu cl~- Jacç.b. » (;Rm u,26)'. Et
chrétienne. C'est le Christ, en effet, qui inst~ure l'Apôtre révèle ailleurs aux païens 1~. « m:yst~~e "
le régime de, la parfaite et définitive liberté pour de leur pleine acces!,ion aux _privilèg~ -du •peuple
tous ceux, Juifs et païens; qui 'adhèrent à .lui él11; les metveilles .de_ -la:. premi~re_.l~bération se
dans la:foi et- la- chal'ité. sont ·;reno-q,velées pour no_us tous .: t Dieu nous a
Paul et Jean sont ~es pr_i_ncipaU?' hérauts de_ la aqachés à l'empii;-e des ténèbres, et il nous a trans-

66r 662
LnlÉRATTON/LIBERTË LIVRE

férés dans le Royaume tle son Fils Bien-aimé, en les Apôtres ont dîi dénoncer certaines contre-
qui nous avons la rédemption, la rémission des façons de la liberté chrétienne (cf 1 P z, 16; 2 P
péchés » (Col 1,r3s) 2,19), et le danger semble avoir été particulière.
b} La Mort. - Comparse immanquable du ment grave dans la communauté de Corinthe.
Pfché (Gn 2,r7; Sg 2,23s; Rm 5,12), la *Mort Les gnostiques de cette ville avaient peut-être
est, elle aussi, vaincue: elle a perdu son venin adopté comme devise une formule paulinienne
(t Co 15,56). Les chrétiens ne sont plus asservis « Tout m'est permis », mais ils en faussaient le
par sa crainte {Hb 2,14s). Assurément, la libéra- sens, et Paul est obligé de faire une mise au point:
tion sur ce point ne sera parfaite qu'à la •résur- le chrétien ne peut oublier qu'il appartient au
rection glorieuse (1 Co 15.26.54s) et nous sommes Seigneur et qu'il est promis à la résurrection
encore « dans l'attente de la rédemption de notre {1 Co 6,12ss).
corps- » (Rm 8,23). \lais déjà, d'une certaine c) Le primat de la charité. - ,i Tout est permis,
manière, les derniers temps sont inaugurés et mais tout n'*édifie pas ~, précise encore }'Apôtre
u nous sommes passés de la mort à la vie » (1 Jn (x Co 10,23) ; notre •conscience peut nous deman-
3, q; Jn 5,24) dans la mesure où nous vivons dans der de renoncer à nos droits si le bien d'un frère
la foi et la charité. le demande (1 Co 8-IO; Rm 14). Ce n'est pas là.
c) La Loi. - Du même coup 11 nous ne sommes à proprement parler, une limite imposée à la
plus sous la *Loi, mais sous la *grâce » {Rm 6, liberté, mais une façon supélieure de l'exercer.
15). Si étonnante - ou si banale - que puisse Les chrétiens, affranchis de leur ancien esclavage
paraître cette affirmation de Paul, il importe de pour le service de Dieu {Rm 6), se mettront H par
ne pas la minimiser, sou..<i. peine de dénaturer la charité au service les uns des autres » (Ga 5,
l'Évangile du salut annoncé par !'Apôtre. Puisque 13), comme l'Esprit•Saint les y incline (Ga 5,
nous sommes morts de façon mystique avec le 16-26). En se faisant le *serviteur, et en un sens
Christ, nous sommes désormais dégagés de la Loi l'esclave de ses frères (cf r Co 9,19), Paul ne ces-
(H.m 7,1-6), et nous lH." saurions chercher dans sait pas d'être libre, mais il était l'imitateur_ du
J'accomplissem.ent d'une loi extérieure le prin- Christ (cf r Co II,1), le Fils qni s'est fait serviteur.
cipt) de notre salut (Ga 3.2. r3: 4,3ss). Nous sommes LR
sous un régime nouveau, et la docilité à !'Esprit
---,.. bien & mal I 3 - calamité - captivité - chemin
répandu dans nos cœurs constitue maintenant la l - colère BAT IU 2; NT III 1 - consci<:nce 2 b -
11orme de notre conduite (cf Jr 31,33; Ez 36,27; éprcuve/tentalion - esclave - Exode - fierté O ;
1{1;1 .'">,5: 8,9. q; 2 Co 3,3.6). Il est vrai que Pa.ut NT 2 - imposition des mnins NT 1 - jugement
parle encore d'une r( loi du Christ » {Ga 6,2; cf AT II 1 - Loi C II 2 1 Ill 3, IV 2 - Moïse 2 - mort
1 C.> 9;zr). mais cette lr,i se résume dans l'amour AT Ill; NT II 3 -- Pilque - péché - pénitmce/
( fün r3,8ss) et. sous la motion de l'Esprit, nous conversion - prédestiner 2 - Pro\·idence 2 - Rédemp-
l'accomplissons spontanément, car 1( là où est tion AT 1 ; NT I - repos - responsabilité - salut -
J'Esprit du Seigneur, là est la liberté» (2 Co 3, 17). sen·ir (Il 2 - soucis 2 - trm·ail IJI - volonté de Dieu.
LIER/DÉLIER--+ autorité NT II 1 - Église III 2 c -
3. !~'exercice de la liberté c!irélienne pardon II 3.
a:: Libéré, le chrétien (•st rempli d'une *con- LIEU_,... haut lieu.
fiance audacieuse, d'une *fterté, que le NT nomme
l..1 parrèsia. Ce mot typiquement grec (littérale-- LITURGIE--+ action de grâces - Alliance AT I 3.4-,
ment : liberté de tout <lire) désigne bien une atti- II 1 - amen I - aumône AT 3 - autel - bénédic-
tion - confession - culte - fêtes - Jour du Sei•
tude caractéristique du chrétien et plus encore de gm:ur NT III 3 - louange II, III, IV - mémoire
1'apôtre : devant Dieu, nn comportement de *fils 4 b - parfum 2 - pèlerinage - pénitencelconver-
(cf Ep 3,12; He 3,6: 4,r6: 1 Jn 2,28; 3,21), car :::ion AT I, III - prière II, V -- sacrifice - Temple -
c·est un (( esprit de fils adoptif» et non un« esprit temps l';l II 3.
d'esclave » qui est reçu au baptême (Rm 8,14-
1 7), et, <l'autre part, devant les hommes, une
pleine assurance pour annoncer le message {Ac UVRE
2.29; 4,13; etc.).
b) La liberté n'est pas licence ou libertinage. -- I. L'lkRITUlŒ ET LE LIVRE
• Frères, vous avez été appelés à la liberté ; seu-
lement, que cette liberté ne se tourne pas en l~criture et livre vont ensemble mais ne se
prêt.ex.te pour la *chair » (Ga 5,13). Dès le début, recouvrent pas ; Je livre ost une suite cohérente

663
J.IVRE LIVRE

d'écrits et il ajoute à J'.,*écriture, l'unité ,d!un- sujet. Dieu et . pour ,{lervir de_ témoignage permanent
C'est pourquoi le ·livre· est norlD.aiement désigné contre·les prévaricateurs (Dt 31;26s; cf Jas 24,27).
par un titre, même.si.ce titre, dans.l'usage biblique, C'est à uli besoin analogm,- que, répond là-for-
no figure pas toujours en tête de l'écrit. Si le liVTe mation des .recueils· prophétiques.- Il· ne suffit pa·s
comporte un titre et_un-sujet, c'est qu'il est une à ·Isaïe de· rassembler des disciples .et d'enfouir
11ynthèse, non seulement une série matérielle de dans leur cœur:'son témoignage (Is 8,r.6)·pè::iur qu'il
lignes et de colonnes, mais une composition orga- demeure dans le peuple « révélation et témoi-
nique, recueillant une succession œévénements gnage» (8,20) ; il reçoit l'ordre de 1( l'inscrire dans
tlans un récit .continu, rassemblant des écrits appa- un livre; p9ur servir· dans. l'avenir de pèxpf:tuel
rentés, poèmes, ch~ts .. sentences, paraboles, pro- témoignage -» (30,8). Si Jérémie, par deux fois.-
phéties, dans. un recueil µnique. dicte ·à Baruch ·, un résumé,· de .toutes les paroles
Le livre. apparait de -bonne heure. en Israël· : qu'il avait prononcées depuis vingt ans, c'est dans
dt'.,'> récits anciens . connaissent et .utilisent deux l'espoir que cette synthèse terrifiante de « · la
vieux recueils de chants é!)iques et lyriques : le colère et de la ,fureur dont Yahwel:\ ·a meriacé ce
1 Livre des guerres de Yahweh » (Nb 21,14}, et peuple » amène celui-ci au repentir {Jr 36,..2.7).
le « Livre du Juste.» (Jos 10,13; 2 S r,18)i L'exis- Ainsi se dessinent· les .livres d'.Israël ·non pas
tence de ces, recueils. prouye qu~ très, tôt Israël seulement selon leur physionomie littéraire; mais
fi pris conscience de l'originalité de son destin, de dans leur originalité unique·: non ·pas tant ·le
la continuité que Dieu donnait à son histoire. Et témoignage qu•u~ peuple recueille sur son. passé
le nombre .de livres fortement. unifiés dans ·des et.-sûr son propre génie, mais-.le témoignage que
types si divj;tts, .que" produisit :en quelques siècles Dieu donne de sa propre *justice et du· *péché
ce tout petit.peuple, atteste.la vig-ueur avec la.quelle de l'homme .. Tel est exactement le rôle ·que saint
sa foi le conduisait à exprimer. et. à dominer les Paul a.'>Signe ·à !'Écriture : ~ tout enfermer. sous
questions qui se posaient à lui : synthèses histo- le péché » (Ga 3,22).
riques, collections juridiques, recueils poétiqut,S
et liturgiqqes, , réflexions su,r les problèmes de
l'e:s:istence: humai.~c.
III. L1v~~s. TER°RESTREs·. LIV~Es CiiLESTES

0
Du moment que les livres où sont recueillies
Il. LE LIVRE, MÉ :i.101uAL .:1n TÉMoH~•NA.Gli sAcR·É ,les· paroles ·des prophètes contiennent la ·*Parole
de Dieu, ,il est -natut'al qu'un visionnaire c9mme
Panui ces livres.·il_en_est.plusi~urs· dont nous Ézéchiol, quand il se met à prophétiser, et qu'il
pou\·ùns ressaisir "l'origine, et c~tte origine est Songe à. sa •misSion, sé voie dévorant. un volume
sacrée : ce sont des, recueils législatifs et prophé- céleste et répétant s1.1r la tci're ui::i .texte compOsé
tiques; *Loi et .•.Prophètes.constituent une _struc.- dans. le ciel (Ez 2,8-3,3). Cette vision expressive
tnre essentielle· d<." la. Bible. traduit de façon _vivante, et en évitant le littéra-
S'il est difficile de guaUfier de livre proprement lism<" bon1é de tant de commentateurs postérieurs,
llit 1( les deu:i:c, tables du T6n1oignage » (Ex 3r.,18), la nature du livre inspiré, tout entier œuvre de
contenant « la -loi et les. commande:ments » _ (z4, Dieu et tout entier composé par l'auteur humain.
12), que l\loïse reçoit. _<,le_ Dieu et qtfil Port_e. à la Il est d'aiileurs d'au'très lh-"res plus mystérieux,
main (32,15) --:- car.ces.tables de pierre. par~nt, dont Dieu se réserve le c_ontenu, d'une façon .plus
quoique dans une mati~re .plus- I;l,Oble, __analogue ou moins exclusive : tel le« Livre_de citoyenneté»
aux ta.bles d'argile utUisées _par les scribe_s - , i.l où il inscrit les• païens ·parmi les citoyens de Sion
s'agi_t néanQ1oin,s .. déjà d'un ensemble _destiné à (Ps 87,5s; Is 4,3)·- et. 'd'où. il raye- les .faux- pro-
être conservé et .à rendr~ •témoigi;iage à la ~vo_lonté phètès (Ez .13,9}.-Mais comme être inscrit à• Jétu~
de Dieu qui en est l'auteur. C'est quelqti(l: cp.ose salem, ··c'.est être «· inscrit pour -survivre· » (1s ·4,
comme l'ébauche et le noyau des recueils 'qui se 3), Ce livre'C:ofucide•avecJe (( Livre de-.•vie,11 (Ps
constitueront et: se . dév~Opperont progressive- 6g,29)' .où-Dieu inscrit ceux,qu'il- ~prédestine pour
ment et que l'on nomm1;1ra le c( Livre _del' Alliance » vivre- sur terre (Ex 32,·32s) et dans· les·cieux. (Dn
(Ex 24,7; 2 R ·23,2,.2-1), le.«. -Livre de la Lçi.» (Dt u,r;·r.c 10,2·0}~ Et s'il·,existe .un livre où, avant
28,.58.61-:_,H),20; Jos [ ,R: 8,34). le« .Livre de 'Moïse _D qu 1i_ls ri'apparaissent,·· sont inscrits .. nos .jou['.s_ .et
(2 Ch 25,4 ;. 35,.12 ;· Esd. 6,18 ;· Mc ,,12,26), be livre tous nos gestes ,(Ps 139,16), il est différent .des
est fait .pour que rien ne, se perde des. volontés de livres qui seront apportés ·et ouverts à l.'heurè,du

665 666
LIVRE
LOI
•Jugement (Dn 7,10; Ap 20,12). A travers toutes Christ (Rm 6,15; Jn 1,17) ; cependant il parle
ces images, il s'agit beaucoup moins de compter aussi de lac< Loi du Christ (Ga 6,2). Aussi le lan-
1)
et de calculer que de proclamer la souveraine gage de la théologie chrétienne distingue-t-il les
justesse du regard divin et la conduite infaillible deux Testaments en les nommant « loi ancienne »
de son •dessein. Si son livre contient des comptes, et « loi nouvelle ». Pour recouvrir l'ensemble de
c'est celui de nos larmes (Ps 56,9). l'histoire du salut, il reconnaît en outre l'exis-
tence d'un régime de « loi naturelle » (cf Rm 2,
14s) pour tous les hommes qui ont vécu ou vivent
IV. LE LIVRE SCELLÉ ET DÉCHIFFRÉ en marge des deux précédentes. Ainsi trois étapes
essentielles du dessein de Dieu se trouvent-elles
Le livre scellé de sept sceaux que tient dans les caractérisées par le même mot, qui en souligne
mains Celui qui siège sur le trône et que seul l'aspect éthique et institutionnel. C'est elle;; qui
l'* Agneau immolé est capable d'ouvrir et de nous serviront ici de fil conducteur.
déchiffrer (Ap 5,1-10) est certainement, selon la
tradition de l' AT, un livre prophétique (cf Is 8,
16; 29,us; Ez 2,9) et probablement la somme des
Écritures d'Israël. Tous ces livres prennent en
A. JUSQU'A MOISE c LA LOI NATURELLE
effet en Jésus-Christ un sens nouveau, insoup-
çonné. Jusqu'alors ils apparaissaient surtout comme
une *Loi, uno somme de commandements divins L'expression « loi naturelle )) ne figure pas telle
indéfiniment violés, un témoignage écrasant de quelle dans l'Écriture; mais la réalité qu'elle
notre infidélité. Mais quand vient celui 1< dont il désigne s'y trouve clairement, encore que son
est question dans le rouleau du livre », quand évocation se fasse à l'aide de procédés variés.
Jésus-Christ dit : (c Voici, je viens pour faire,
6 Dieu, ta volonté 1) (He rn,7 = Ps 40,9), alors I. Ancien Testament. - Les chap. I - I I <le la
les •volontés de Dieu se révèlent *accomplies Genèse (et les rares textes parallèles) fournissent
jusqu'au dernier iota (Mt 5,18) et le recueil de une représentation imagée du régime religieux sous
ses *paroles apparaît comme une immense *pro- lequel se trouvaient les hommes jusqu'à l'étape
messe enfin tenue, tJ,n unique *dessein mené à décisive des promesses (Abraham et les patriarches)
son terme. En "'Jésus-Christ, tous les livres divers et de la Loi (Moïse). Dès l'origine, l'homme se
(gr. biblia, au pluriel) deviennent un seul livre, trouve confronté avec '!ln précepte positif qui
l'unique Bible (lat. biblia, au singulier). JG exprime pour lui la *volonté de Dieu (Gn 2,16s) :
.....,... écriture - Lai B - Parole de Dieu - prédestiner c'est en cela justement que consiste l'épreuve du
3.4 - tradition AT Il 2. Paradis, et c'est la transgression de ce comman-
dement qui a pour conséquence l'entrée de la
LOC.OS.....,... Parole de Dieu. mort dans le monde (3,17ss; cf Sg 2,24; Rm 5,12).
Par la suite, il est évident que l'homme n'est pas
laissé par Dieu sans loi. Il existe pour lui une règle
morale, que Dieu rappelle à Caïn (Gn 4,7) et que
viole la génération du déluge (6,5). Il existe aussi
LOI des préceptes religieux donnés à *Noé avec l' al-
liance divine (9,3-6) et des institutions cultuelles
mises en pratique par les hommes d'alors (4,3s;
L'hébreu Tôrak possède une signification plus 8,20). Suivant leurs attitudes à l'endroit de cette
large, moins strictement juridique, que le grec loi embryonnaire, les hommes sont justes (4,3; 5,
Nomos par lequel les Septante l'ont rendu. Il 24; 6,9) ou mauvais (4-.4; 6,5.ns; II,1-9; cf Sg
désigne un « enseignement » donné par Dieu aux 10,3ss}.
hommes pour régler leur conduite. Il s'applique
avant tout à l'ensemble législatü que la tradition 2, Nouveau Testament. - La présentation pauli-
de l'AT rattachait à Mo'ise. Se fondant sur ce nienne du dessein de salut n'ignore pas cette
sens du terme, classique dans le judaïsme, Je ~T étape de l'histoire sainte qui va d'Adam à Moïse
appelle « la Loi » toute l'économie dont cette légis- (Rm 5,13s). En effet, le régime religieux qu'elle
lation était la pièce maitresse (Rm 5,20), par représente est encore celui sous lequel se trouvent
opposition au régime de grâce inauguré par Jésus- rangées les nations païennes, qui n'ont pas eu

66] 668
1.01 LOI

port à la vocation d'Israël. Si -Dieu les a laissées enfin préqisent ce que doit être le, culte d'Israël,
fluivre leurs voies (Ac 14,r6; cf Rm _I,:24-31) et le avec ses rites, i:,es _.ministres, ses. conditions de
chorcher à tâtons (.\c 17,:27) durant le temps de :fonctionnement (règles de pureté), Rien n'est laissé
l1lgnorance (17,30), ·elles .n'étaient pas pour autant au hasard.; et puisque le peuple de Dieu a pour
lllUlS connaissance. de sa volonté : sa loi se.révélait support· .une nation particulière .dont il· assume les
OUX païens par l'intermédiaire de leur conscience structures, les institutions temporelles de c ~
(Rm 2,qs). Par II loi», Paul entend ici essentielle- nation relèVent elles-mêmes. du ·*droit religieux
mont des prescriptions d'ordre moral : c'est sur positif.,
celles-ci que Dieu juge leS païens (1,18; .2,12) ; c'est
d'après celles-ci qu'il les condamne puisque, con- 3. On note la même variété dans la forniulation
nnlssant le _verdict de Dieu contrt;? les ,cdmes littérai-re des lois. Certains. articles de forme casuis-
humains, ils s'en rend_ent néanmoins. cou}lables tique (vg. Ex -2r,x8 ... } appartiennent .à un- genre
(1,32; cf déjà Am 1,2--2,3) . .Mais; à la source de courant dans les anciens. codes orientaux : celui
CIJM fautes morales, Paul dénonce _le péché reli:- des1·décisions de justice qui leur ont donné nais-
gicux qui révèle la vraie nature-_de la désobéis- sance. D'autres (vg Ex 2·1,17) rappellent les malé-
1tnncc à la Loi : •connaître Dieu sans lui rendre dictions ·populaires qui accompagnaient la· céré-
•gloire (Rm 1,21). monie du renouvellement de l'alliance (Dt: .27,
15 ... ) .. Les commandements de .forme apo_dictique
(vg _le Décalogue).- constituent, des ordres .directs
B. MOISE ET LA LOI ANCIENNE par lesquels Dieu _fait connaître"" ses *volontés .à
son peuple. ·Enfin certains préceptes motivés se
:\lis à. part des *nations, le.•peuple.de..l'AT a rapprochent de-l'enseignement de sagesse (vg Ex
irté placé par Dieu sous un autre régime : celui 22,25s).-:Dans l'ensemble,- ce sont les· commande-
d'une loi positive, révélée par Dieu même, la ments·. qui· donnent le ton, La Torah d'Israël se
'l\,rah de Moïse. distingue ainsi nettement· des autres codes, qui
sont surtou.t· des recueils de décisions de justice ;
elle apparait avant tout comme un enseignement
J. DIVERSITÉ DE LA Lot donné de façon impérativ.e au nom de Dieu. même.

I. Cette Loi est à.··. chercher exclusivement· dans 4., Eu égard .à cette variété, la. Loi reçoit dans
las cinq &iVt'f!S' du·.. Penta,teU(Jue. L'histoire- sainte l'AT diverses appellations::_ *enseignement. (T6rah),
<JU i retrace le .dessein de Dieu des origines à la *témoignage, précepte; commandement, •décision
mort de 3-Ioïse est entrecoupé& de textes législa- (ou - jugement), .. •parole, •volonté,• voie -.de· Dieu
tifs. Ceux-ci ont pour cadre la·. création (Gn 2, (cf Ps 19,8-u; p9 passim) .. ·. On voit par-là qu'eJle
:,s), l'alliance de Noé (9;1-7), l'alliance d'Abraham déborde. de toute façon· les limites des· législations
(r7,g--14), l'exode (Ex 12,·~-28.43-51). l'alliance du humaines. -. ·
Sinaï et le séjour au désert .(Ex-.20,1-17;· 20,22-,-
aJ,32; 25-31; 34,10-28; "35-40; Lv entier; Nb I,
1-10,28; 1,s; 17-19; 26-30; 35; .. :pt presque II. RÔLE DE LA,LOI DANS.-L'AT
ontier). · ' ·' ' . ·:\
1., La Loi est en .ra'pporl intime avec l'*Alliance:•-
:z. 'Gne telle masse· de législation renferme -·des Quand par l'alliance Dieu fait.d'Israël son.peuple
,natbiaux. de tous ordres, car la ~Orah règle la vie particulier,_ iL- joint .à cette· *élection .. des *pro~
du peuple de Dieu-. dans tous les dpmaines.• Des messes dont la réalisation dominera l'histoire.sub-
prescriptions morales, particulièrement_ saillantes séquente (Ex 23,22-33; Lv. 26,3-·13;.,Dt 28,:1~x4h
dans le Décalogue (Ex 20,2-17; Dt. 5,6.:.21), rap:- Mais il pose aussi des . conditions·:: Israël devra
pellent- les .exigences fondamentales de ·la- cons- obéir à .sa voix et. observer, ses prescriptions,
cience humaine· avec une .précision, et une süreté faute de·quoi les *malédictions divines fondraient
que les philosophes de l'antiquité paienne n'ont sur,'.lui {Ex -'23,21; Lv 26,14-45; D.t .. 28,r·S.:68).
pas toujours atteintes au même degré sur tous les E:fiectiVement,.fa céiémonie de.l'alliance comporte
points. Des prescriptions. juridiques, dispersées un engagenient à observer la· loi :divine (Ex ·19,
dans plusieurs Codés; •tèglent- le, -fonctionnement 7s; ;:24,7; cf Jos 24,21.:24; :2 R 23,3). Celle-ci est
des instituticins civiles {familiales;·.: socialès, -écono- donc. tine pièce maîtresse de.l'économiè·religieuse
miques, judiciaires). Des ordonnances cultuelles qui prépare Israël à. la venue du salut... Ses "èxi.:

669
LOI LOI

gences mêmes, pour dures qu'elles paraissent,


sont en réalité une grâce, car elles visent à faire III. ISRAËL DEVANT LA Lor
d'Israël le peuple sage par excellence (Dt 4,5-8)
et à le mettre en communion avec la *volonté Au long de l'AT, la Loi est partout présente
de Dieu. Elles constituent une rude école, grâce le peuple est constamment confronté avec ses
à laquelle le K peuple à la nuque raide )1 fait l'ap- exigences ; chez les écrivains sacrés, elle appa-
prentissage de la sainteté que Dieu attend de lui. raît sans cesse à l'arrière-plan de la pensée.
Cela vaut avant tout pour les commandements
moraux du Décalogue, cœur de la Torah ; mais 1. Les •prêtres sont, par fonction, les dépositaires
cela vaut aussi pour les prescriptions cîviles et et les spécialistes de la Torah (Os 5,r; Jr 18,18;
cultuelles, qui en traduisent concrètement l'idéal Ez 7,26) ils doivent *enseigner au peuple les
dans le cadre des institutions israélites. décisions et les instructions de Yahweh (Dt 33,
ro). Cet enseignement donné au sanctuaire (Dt
2. Ce lien de la Loi avec l'Alliance explique qu'en 31, rns) concerne évidemment les matières cul-
Israël il n'y ait pas d'autre Loi que celle de Jl.,[ofse. tuelles (Lv rn,ros; Ez 22,26; Ag 2,rrss; Za 7,3);
Car *Moïse est le *médiateur de l'alliance sur mais il vise aussi tout ce qui regarde la conduite
'laquelle est fondée l'économie ancienne; il est de la vie : interprètes d'un dépôt sacré, les prêtres
donc aussi le médiateur par lequel Dieu fait con- ont mission de transmettre la science religieuse,
naître à son peuple les exigences qui en découlent la connaissance des voies de Yahweh (Os 4,6;
(Ps 103,7). Ce fait essentiel est traduit dans les Jr 5,4s). C'est donc d'eux que proviennent les
textes de deux façons. Aucun législateur humain, compilations législatives; c'est sous leur autorité
même à l'époque de David et de Salomon, ne que s'est effectué le développement de la Torah.
substitue ni n'ajoute jamais son autorité propre
à celle du créateur de la nation (même Ez 40----48, 2. Les •pmphètes, hommes de la *Parole poussés
si mosaique d'inspiration, ne s'est pas intégré à par l'*Esprît de Dieu, reconnaissent l'autorité de
1a Torah). Inversement, les textes législatifs sont cette Torah, qu'ils reprochent même aux prêtres
tous mis dans la bouche de Moise et dans le cadre de négliger (cf Os 4,6; Ez 22,26). Osée en connaît
narratif du séjour au Sinaï. les préceptes nombreux (Os 8,12), et les péchés
qu'il dénonce sont avant tout des violations du
3. Cela ne veut pas dire que la Torah ne s'est pas Décalogue (4,1s). Jérémie prêche l'obéissance aux
développée avec le temps. La critique interne y u Paroles de l'Alliance (Jr 11,1-12) pour a_ppuyer
1)

discerne à juste titre des ensembles littéraires de la réforme deutéronomique (2 R 22). Ézéchiel
ton et de caractère variés. C'est le signe que l'hé- énumère des péchés dont la liste paraît empruntée
ritage de J),foïse a été transmis par des canaux a.u code de sainteté (Ez 22,1-16.26). La haute
divers, corrélatifs aux sources du Pentateuque. morale dont on leur fait honneur ne fait donc
A plusieurs reprises, il a été remanié, adapté aux que reprendre en les approfondissant les exigences
besoins des temps, complété sur des points de de la Torah mosaïque.
détail. Le Décalogue (Ex 20,1-l]) et le Code de
l'alliance (Ex 20,22-23,33) sont ainsi repris et 3. Il n'est pas étonnant de retrouver le même état
amplifiés par le Deutéronome (Dt 5,2-21; 12-28) d'esprit chez les historiens d' lsraiil. Pour les com-
qui montre dans l'*amour de Yahweh le premier pilateurs des traditions anciennes, l'alliance sinaï-
commandement auquel se ramènent tous les tique n'est-elle pas le véritable point de départ
autres (6,4-9). Le code de sainteté (Lv 17-26) de la nation ? Quant a.u:x historiens deutérono-
tente une autre synthèse dont le leit-motiv est miques (Dt, Jg, S, R), ils scrutent le sens des évé-
l'imitation du Dieu •saint {19,1). Les réformes nements passés à la lumière des critères fournis
successives opérées par les rois (1 R 15,rzss; 2 R par le Deutéronome. L'historien sacerdotal du
18,3-6; 22,1-23,25) prennent toujours pour base Pentateuque en fait autant d'après la tradition
une Torah mosaïque en cours de développement législative de son milieu. Le Chroniste enfin, lors.
et d'approfondissement. L'œuvre finale d'Esdras, qu'il refait à sa manière l'histoire de la théocratie
en rapport probable avec la fixation définitive du israélite, se laisse guider par l'idéal que lui four-
Pentateuque, ne fait que consacrer la valeur et nit un Pentateuque enfin fixé. De toute façon,
l'autorité de cette Loi traditionnelle (cf Esd 7, blâmes et éloges sont distribués aux: hommes
1-26; Ne 8) dont Moïse a fixé les bases et l'orien- d'autrefois selon leur attitude à l'égard de la
tation essentielle. Torah. L'histoire ainsi comprise devient une •pré-
LOI LOI

dication vivanté CJ.ui pousse le· peuple de· Dieu à est de fonder la: *juStice de l'homme devant -Dieu
la :fidélité. non sur là •grâce divine,' ~ais sur l'*obéissancè
aux -commaridements· et la' pratique des bonnes
4. Chez les sages, l'enseignement de la même Torah *œuvres, comme si l'homme était capable de se
se voit monnayé- sous des. formes nouvelles : celle *justifier lui-même. Ces deux problèmes, le NT
des maximas, dans les Proverbes et chez le Sira- devra les attaque-r de- frônt.
cide ; celle d'une biographie exemplaire, dans le
livre de Tobie. Bien plus·, le Siracide proclame
explicitement, que la •sagesse authentique n'est IV. VERS UNE Lol NO,UVELLE
autre chose que la Loi (Si 24,23 ..._) ; elle a dressé
sa tente en Isrà.ël quand 1a, Loi· fut donnée par Or l':AT lui-même ·attestait qu'aux derniers
:\iloïse (24,8 ... ): Dans, ull judaïsme devenu enfin temps, avec l'alliance -nouvelle, la Loi subirait
fidèle dopuis · l'épreuve de l'exil, las psalmistes elle aussi une profoilde transformation. Cette
peuvent .doùc chanter la grandeur de la. Loi Torah que le Dieu d'Israël enseignerait à tous les
divine (Ps 19,8 .. ;);' don· sùprême ·que Dieu n'a peuples· sur sa *montagne sainte {Is 2,3), cett~
fait à aucune autre nation'(Ps 147,19s). En·pro- règle que le •servitèur de" YahWeh apporterait
clamant leur-amour pour 8Ue- (Ps ug), c~est leur sur tette (Is 42,r,4), ne dépasseraient-elles pas en
amour pour· Dieu lui-mêmè qu'ils ,laissent entre-- valeur· religieuse celles que Molse avait données ?
voir, traduisant ex:cellemment ce qui constitue à Il ·est vrai qu'aucune précision n'est donnée par
cette époque le fond de la •piété jui\.'.'e, les oracles prophétiques sur son contenu exact· :
seul Ézéchiel en· tente une esquisse dans un esprit
5. Car après Esdras,.-,za COmmUr,autA d' I sraè.1 place des plus traditionalistes (Ez 40-48) .- •Mais ce qui
définitivement la Tora.li au centre de .sa ·vie... On est affirmé, c'est ·que .le rapport des· hommes ·et
peut mesurer la ferve-qr de cet attachement lors- de la Loi sera mddifié. Il ne s'agini'plus seulement
qu'on voit Antiochos 'Epiphane tenter·de changer d'une Loi extérieure à l'homme, gravée sur des
les *temps sacrés· et' la Loi·-(Dn·,7,25; r M z,4r- tables de pierre·-: .elle sera. éérite. au fond des
5r). Alors, l'amoQr de la Torah ,fait des .martyrs •cœurs, de s,orte que tous. aient la èonnaissa.nce
(r M r,57-63; 2;.29-38; 2, M 6,rS-28; 7,2 ... )'.' Sans de Yahweh· (Jr 31,33) ·qui m·anquait au peuple
doute, à côté d'eux;:y a-t-il aussi des traîtres qui de l'ancienne alliance (Os 4,2). Car les· cœurs
R'hellénisent; ·m•a-is· la révolte rilac~béenne; sus- aussi seront_ 'cl1arigés·, et sous l'inipulsion . inté-
citée par (1 le·zèle.de la Loi-,i:.(r.M-·2,27), restaure rieure" de· !'•Esprit divin, les hommes observeront
enfin l'ordre traditionnel, qui ne·sera:plus discllté enfin les lois et les ordonnances de Dieu (Ez 36,
désormais: ,Le· seul problème qui divisera entre 26s) ..Telle -sera. ·la Loi nouvelle qrie le Christ va
t!JUx les docteurs·.et.·les sectes sera··celui de l'in- appo~ter a~ monde. '
terprétation de ·cette Torah où- foùs verront la
seule règle divine de la vi4;1 . .Tandis ·que les ·sad-
ducéens s'en tiendront à la' Torah ·écrite, dont les
1~rêtres seront' à·,Jeurs ·yeux :.les. seuls interprètes C. JÉSUS ET LA LOI NOUVELLE
authentiques, les pharisiens •recOilD.attront une
autorité égale à la Tqrah àrale~_,·c'est-à-dire à la {. L'ATTITUDE PERSON'NÈLLE DE JÉSUS
•tradition des ancêtres~,: et la secte de Qumrân
(probableme;nt essénienne) renchérira encore dans r. A l'égard de 1a· Loi ··ancienne;- .l'attitude de
aon culte- du ,-Législateu:r (c'est-à-dire de Moise} Jésus 'est nette mais. nuancée. S'il s'oppose- avec
qu'elle interprétera· Suîvant.-ses critères propres. •violence -à la •tradition des Anciens, dont. les
Cet attachement: à·· 1a, Loi fait la .grandeur ·_du scribes et les ·•pharisiens sont :1es·ten_ants,·,il ·n'en
judaïsme. li comporte p·ourtant-plusieurs.d~gers. v-a pas de même pour la Loi. Tout au contraire :
Le premier est .de mettre sur :le même pied . tous il récusé cette tradition parce qu'e1le conduit les
les préceptes, religieux. ·et moraux, -civils ·et .cul~ hommes à violer .la· Loi et ,à annuier la •Parole
tuels, sans les ,ordonner· cd~tement. ·autour de de Dieu· (Mc •i2,28-J4 p). Or, dans le *Royaume
ce qui d~t-en être toujours le cœur (Dt 6,4 .. ,). de -Dieu, la Loi ne doit,.pas être· abolie, mais
Transformé ,en :nomisnie· tâtiUon et livré aux sn b:- •accomplie jusqu'au dernier iota (Mt 5,17ss); et
tilités des-casuistes,. 1e· culte de la. Loi Charge alors Jésus 'lui-même robserve ·(cf. 8,4). Dans la· mesure
las hommes d'un· joug impossible à porter (Mt 2-3, où· les scribes ·sont :fidèles à· Moïse, 'leur· *autorité
4; Ac r5,ro), Lé,second danger, plus radical. encore; doit-donc être reconnue, encore qu'il ne faille pa.'S
LOI
LOI
imiter leur conduite (23,2s), Et pourtant, en annon- déterminé jusque-là par leur attitude à l'égard de
çant !'•Évangile du Royaume, Jésus inaugure un la Loi, de même il le sera désormais par leur atti-
régime religieux radicalement *neuf : la Loi et tude à l'égard de *Jésus {10,32s). Point de doute,
Jes Prophètes ont pris fin avec *Jean-Baptiste il y a ici plus que Moïse ; la Loi nouvelle annoncée
(Le 16,16p) ; Je vin de l'Évangile ne peut être par les prophètes est maintenant promulguée.
versé dans les vieilles outres du régime sinaïtique
(Mc 2,21s p). En quoi consiste donc l'accomplis-
sement de la Loi que Jésus apporte ici-bas ? Tout II. LE PROBLÈME
d'abord, en une remise en ordre des divers pré- DANS LE CHRISTIANISME PRIMITIF
ceptes. Celle-ci est fort différente de la hiérarchie
des valeurs que les scribes ont établie, négligeant 1. Jésus n'avait pas condamné la pratique de la
le principal (justice, miséricorde, bonne foi) pour Loi juive; il s'y était même conformé pour l'es-
sauver l'accessoire (Mt 23,16-26). En outre, les sentiel, qu'il s'agît de l'impôt du Temple (Mt 17,
imperfections que comportait encore la Loi 24-27) ou de la Loi de la Pâque (Mc 14,12ss).
ancienne « à cause de la dureté des cœurs » (19, Telle fut aussi tout d'abord l'attitude de la com-
8) doivent disparaître dans le Royaume : la règle munauté apostolique, assidue au Temple (Ac 2,
de conduite qu'on y observera est une loi de 46), dont les foules juives (( célébraient les louanges"
*perfection, à l'imitation de la perfection de Dieu (5,13). Tout en usant de certaines libertés qu'auto-
(5,21-48). Idéal impraticable si on le mesure à la risait l'exemple de Jésus (9,43), on y observait
condition actuelle de l'homme (cf 19,10). Aussi les prescriptions légales, on s'imposait même des
bien Jésus apporte-t-il. en même temps que cette pratiques de piété surérogatoires (18,18; 21,23s),
Loi, un *exemple entraînant et une *force inté- et il ne manquait pas chez les fidèles de partisans
rieure qui permettra de l'observer : la force de zélés de la Loi (21,20).
}'Esprit (Ac r,8; Jn 16,13). Finalement, la Loi du
Royaume se résume dans le double commande- 2. Mais un problème nouveau se trouva posé
ment, déjà formulé jadis, qui prescrit à l'homme lorsque des païens incirconcis adhérèrent à la foi
d'*aimer Dieu et d'aimer le •prochain comme sans passer par le judaïsme. Pierre lui-même bap-
soi-même (Mc 12,28-34 p) ; tout s'ordonne autour tisa le centurion CorneiUe, après qu'une vision
de cela, tout en dérive. Dans les rapports des divine lui eut ordonné de tenir pour *purs ceux
hommes entre eux, cette règle d'or de charité que Dieu a purifiés par la foi et le don de !'Es-
positive contient la Loi et les prophètes (Mt 7,I2). prit (Ac rn). L'opposition des zélateurs de la Loi
(u,2s) tomba devant l'évidence d'une interven-
2; A travers ces prises de position, Jésus apparaît tion divine (u,4-18). Mais une conversion massive
déjà. sous les traits d'un législateur. Sans contre- de Grecs à Antioche (u,20), avalisée par Bar-
dire aucunement *Moïse, il J'explique, le prolonge, nabé et Paul (u,22-26), ralluma la querelle. Des
en perfectionne les enseignements; ainsi lorsqu'il observants venus de Jérusalem, et plus précisé~
proclame la supériorité de l'homme sur le *sab- ment de l'entourage de Jacques (Ga 2,12), vou-
bat (Mc 2,23-27 p; cf Jn 5,18; 7,2rss). Il arrive lurent contraindre Jes convertis à l'observation
pourtant que, dépassant la lettre des textes, il y de la Torah (Ac: 15,rs.5). Pierre, en visite dans
oppose des normes nouvelles ; par exemple, il l'Église d'Antioche, louvoya devant cette diffi-
renverse les réglementations du code de pureté culté (Ga 2,us). Paul seul se dressa pour affirmer
(1\rlc 7,15-23 p)~ De telles attitudes étonnent ses la "'liberté des païens convertis à l'égard des praM
auQ.îtoires, car elles tranchent sur celles des scribes tiques légales (Ga 2,14-21). Dans une réunion
et trahissent la conscience d'une autorité singulière plénière tenue à Jérusalem, Pierre et Jacques lui
(1,22 p). Moïse s'efface maintenant; dans le donnèrent finalement raison (Ac 15,7-19) : Tite,
Royaume, il n'y a plus qu'un seul Docteur (Mt compagnon de Paul, ne fut même pas astreint à.
23,10). Les hommes doivent écouter sa Parole et la •circoncision, et la seule condition posée à la
la mettre en pratique (7,24ss), car c'est ainsi communion chrétienne fut une *aumône pour
qu'ils feront la. *volonté du Père {7,21ss). Et de l'ÉgliseMmère (Ga 2,1-10). Il s'y ajouta une règle
même que ~es Juüs :fidèles, suivant l'expression pratique destinée à faciliter la communauté de
rabbinique, se chargeaient du joug de la Loi, de table dans les Églises de Syrie (Ac 15,20s; 21,25).
même il faut maintenaht se charger du joug du Cette décision libératrice laissa cependant sub-
Christ et se mettre à son école (n,29). Bien mieux, sister chez les zélateurs de la Loi un sourd mécon-
de même q11e le sort éternel des hommes était tentement vis-à-vis de Paul (cf 2r,21).
LOI LOI

rant l'homtne du péché (Rm 6,1-19), le Christ le


Ill. LA PENSÉE DE SAINT -PAUL •]ibère aussi de Ja, tutelle· de la Loi (7;r-6)•· Il
lèVe la- contradiction intérieure. qui· rendait la.
Dans son . apostolat_ en terre· païenne, Paul *conscience ·.humaine prisonnière du· mal (7,14-
retrouve ràpidenïen:t _COS oppo_~ts jUdéo-chré~ 25) ; il met ainsi fin au• régiiµe provisoire : il est
tiens, notamment eD, Galatie ()11 ils ont ·orgaµ.iSé le terme dt,- la Loi .(10,4) pu~qu'il fait accéd.er les
· une contre.:-rn.issiôp. sur ses ~es (Ga I,6s;_ 4,t7S), croyants-à la justice de la •foi (ro,5-13). Qu'est,.ce
Cela lui donne roœasiqn d'exposer sa pensée sur à dire? Qu'il. n'y ·a plus _désormais -de .règle. de
la. Loi. conduite concrète pour. ci,ux_qui croient au Christ ?
Non point. S'il est vrai .que 'les règles juridiques
r. Paul est prédicateur de l'unique Évangile.· Or · et cultuelles relatives aux institutions d'Israël sont
d'après ceki-ci,, _l'homme ?1-'est }ustifil que _par la périmées, l'idéal moral d~ commandements sub-
•foi en Jésus-Christ et non par les *œuvres de la siste, résumé dans le précepte de l'amour qui est
Loi (Ga 2,r6; Rm ~.28). La portée de œ principe l'accomplissemen,t et la plénitude de la Loi (IJ,
ost double. D'une part, Paul dén_once l'inutilité ·8ss). ·Mais cet idéal -lui-même se. détache de l'éco-
des pratiques cultuelles propres au judaism.e - cir- nOmie- ancienne. Il est transfiguré par la présence
concision (Ga. 6,J:2) et observances (4,ro); la Loi dtt-.Christ qui l'a réalisé-dans sa .vie. Devenu· 1t Loi
o.insi entendue se réduit àux institutions de l'an- du Christ » (Ga 6,2; cf r Co ·9,21), il n'est plus
cienne alliance. D'autr~ part, .Paul s'en prend à extérieùr-à l'homme.: l'•-Esprit de Dieu- le grave
une représentatiàn,_fausse de réconoro.ie du _salut, dans nos-cœurs quand il y répand· la ch.a.rité (Rm
suivant laqµelle ___ l'homme . mériterait sa propre 5,s; cf 8,qss)." sa: mise en -pratique -est le ~ruit
•justification par son observation de_ la Loi diVili~. normal de r:gsprit ·(Ga-5,16,.23).--Saint Paul- se
alors qu'il est en réalité just~fié gi:a_tuitement __ p~ place dans cette perspective lorsqu'il brosse. un
lo •sacrifice ·du ·christ· (Rm· 3,21-26; 4,45}_; ici, tableau de l'idéal moral qui siimpose au chrétien.
même les comi::na,ndements ~•orore· moral sont en Il peut alors énumérer dès .règles dè conduite d'au-
cause. tant pluS- exigeantes qu!elles· .ont ,pour.' but·. la
'sainteté chrétienne.' (1 Th 4,3)-; ·il -peut même
:z. Cela étant- p~~ · On peut _se d~mander q.ueUe entrer dans la caSU:istique, cherchant une lumière
fut la t'aison d'ett-e· de cette Loi dans le *dessein i[e dans. -les paroles de Jésus (r CO 7,10) .. Cette Loi
salut. Il est ~t~_ble etl effet• 4u'eiI~ vient de nouvelle n'est plus -comme l'ancienne. Elle rêa:-
Dieu ; bien que; dOnnée. ~ux hq_mllles P8:1". l'inter- lise la promesse d'une alliance inscrite -dans ..-les
médiaire des_ allges, .c~ qui est'\nle.marqù~ ~e son cœurs· .(2 Co 3,3).
infériorité .(Ga 3,19), elle .est sain-be ~- spiritu:ene
(Rm 7,12.14)~ elle ,est un· des privilèges_ d'~sraël
(9,4). Mais par elle-mê_me, · ·eµe est impuiss1U1te. à IV,' LES· AUTRES ÉCRITS APOSTOLIQUES
ua.uver l'homme charnel, vendu au pouvoir 'du
péché {7,14)! Mêine_Si qn 1'ènvisagê sous SOJl aspe~t r. C'est sous l'angle dU •cuJte que l'dpUt'e au,t:
moral, elle ne fait que donner la connai~nc_e du Hébteux envisage la Loi, c'est-à-dire l'économie
bien, non ~a _fo:i;-ç.è"de ~•~InPlir _(?',16ss), la_ ·con- ancienne. L'aùteur-·connaît les eérérrionies qui se
naissance dù péché (3,2_0; 7,7; _1. Tm 1,8), na;ti le font-suivant ses ·prescriptions (He 7,5s; 8,4; 9,r9.
pouvoir de s'y_ so1:1straire : 1~ juifs,. 9.u_i l_a. pos- 22~ 10,8). MaiS il sait 1:1,ilssi que cette· .Loi n'a pas
sèdent et cherchen_t sa *j~tic~ (Rm 9,31), sont pu atteindre le but qu'elle visai1;:, la sanctifi~tion
pécheurs au· mêmê titre (lue les _païei:as · (2,17-24; des hommes : la Loi n'a rien consommé {7,19).
3,1-20). Au lieu de délivrer les hommes du' mal, Elle ne renferm.ait en effet que- l'Ombre· 'des biens
elle les y enfonce, peut-on dire ; elle les voue à à_ venir.-: (10,1), -•figure. imparfaite du sacrifice de
une •malédiction dont seul le Christ peut les Jésus;- au contraire, l'économie-nouvelle contient
retirer en la- prenant sur lui (Ga 3,10-q) .. Péda- là ·réalité de ces biens, mise, à notre· portée sous
gogue et tuteur du peuple de Dieu en état d'en- une image (ro;-r) qu.i les· communique· en les tra-
fance (3,23s; 4,1ss), ..elle -lui faisait-. désirer.• ·une duisant sensiblement.- C'est pourquoi; ~- même
justice impossible, -pour lui faire;mieux comprendre temps· que le •sacerdoce "de· Jésus se ·substituait
eon besoin absolu_ de l'unique-sa.uveuv à un"i;;acerdoce provisoire, il s'est produit un chan-
gement 'de Loi (7,12). Et par là. s'est réalisée la
3. Une fois ce Sauveur_ venu, le peup1~ ,_de Dieu promesse -prophétique d,'.une Loi· inscrite dans les
n'est plus soumis ·au Pédagogue.(G-a 3,25). Lipé- cœurs (8,10; 10,16).
LOUANGE
2. L'lplfre de Jacques ne parle de la Loi que sous - accomplir AT 1 ; NT 2 - Alliance AT 1 2 ; NT
l'angle de ses prescriptions morales, avalisées Par II J - autoritë AT I 2 - bien & mal III 1 - capti-
l'enseignement de Jésus. Ainsi comprise, la Loi vité Il - chair Il 2 a - chemin I 2 - conscience -
n'est plus un éléme:tµ de l'économie ancienne, droit AT l ; NT - écriture V - éducation 0, I 2 a,
désormais abrogé. C'est la Loi parfaite de *liberté III _1 - enseigner -_esclave - foi NT III 1 - gr!ke
à laquelle nous sommes toujours soumis (J c :t, 0 - Juif I 1 - justice - justification II 1 - libération
25). Elle a pour sommet la loi royale de l'*amour /liberté II 2 c - livre II - lumière & ténèbres AT II 2.3
- Moïse o. 3 - mort NT I 2 - obéissance II 3, IV -
(:z,8) ; mais aucune de ses autres prescriptions ne œuvres NT II 1 - Parole de Dieu AT II l a - perh
doit être laissée dans l'oubli, faute de quoi on fection AT 3 ; NT 1 - pharisiens - promesses II
en deviendrait transgresseur et l'on serait jugé 2 - prophète AT III 1 - pur AT I; NT I 1 - res-
d'après elle (2,10-13; cf 4,n). La Loi nouvelle ponsabilité 2 - Révélation AT II I a - sacerdoce AT
n'est pasmoins exigeante pour l'homme que l'an- II 2 ; NT I 1 - sagesse AT I 3 - témoignage AT
cienne. Il 2, III - volonté de Dieu O ; AT I 1,

3. Dans le vocabulaire de Jean, le mot Loi désigne


toujours la Loi de Moïse (Jn 1,17.45; 7,19.23), la
Loi des Juifs (7.49.51; 12,34; 18,31; 19,7), u votre
Loi 1), comme dit Jésus.(8,17; ro,34).·A cet emploi LOUANGE
péjoratif s'oppose celui du mot «commandement».
Jésus lui-même a reçu du Père des commande-
ments _et il les a gardés, car ils sont vie éternelle On a coutume de distinguer dam~ la *prière, la
(12,49s). Il a reçu le commandement de donner sa louange, la demande et !'*action de grâces. En
'\lie, ce qui est le plus grand amour (15,13) ; or ce réalité, dans la Bible, la louange et l'action de
commandement était le signe même de l'amour du grâces se retrouvent souvent dans un même mou-
Père pour lui (Jn ro,r7s). De même, les chrétiens vement de l'âme, et, au plan littéraire, dans les
doivent à leur tour garder les commandements de mêmes textes. En effet, c'est par tous ses bien-
Dieu (1 Jn 3,22). Ces commandements consistent faits à l'égard de l'homme que *Dieu se révèle
à croire au Christ (I Jn 3,23) et à vivre dans la digne de louange. Celle-ci devient: alors tout natu-
vérité (2 Jn 4). Ils ne sont pas différents de ceux rellement reconnaissance et *bénédiction ; les paral-
du Christ lui-même, dont la. doctrine vient du lèles sont nombreux (Ps 35,18; 6g,3I; rn9,30; Esd
Père (Jn 7,r(?s) •obéir aux commandements de 3,u), La louange et l'action de grâces suscitent
Dieu et garder le *témoignage de Jésus, c'est la les mêmes manifestations ex_térieures de *joie,
même chose (Ap 12,17; 14,12). surtout dans le *culte ; l'une et l'autre rendent
Aussi Jean est-il attentif à rappeler les com- *gloire à Dieu·(ls 42,12; Ps 22,24; 50,23; 1 Ch 16,
mandements per$onnels de Jésus. Il faut les gar- 4; Le 17,r5-18; Ac II,18; Ph r,n; Ep 1,6.12.14),
der pour le connaître vraiment (1 J n 2,3s), pour en confessant ses grandeurs.
avoir son amour en nous (r Jn 2,5), pour *demeu- Dans la mesure cependant Où les textes et le
rer dans son *amour (Jn 14,15; 2 Jn 5), de même vocabulaire invitent à une distinction, on peut
qu'il garde les commandements de son Père et dire que la louange pense plus à.' Ja personne .de
demeure dans son amour (Jn 15,10). Garder les Dieu qu'à ses dons ; elle est plus théocentrique,
commandements : voilà le signe de l'amour vrai plus perdue en Dieu, plus proche de }'*adoration,
(Jn 14,21; 1 Jn 5,2s; 2 Jn 6}. Parmi ces comman- sur la voie de l'extase. Les hymnes de louange
dements, il en est un qui est le commandement sont généralement détachées d'un contexte précis
par excellence, ancien et noùveau tout ensemble : et chantent Dieu parce qu'il est Dieu.
c'est celui de l'amour *fraternel (Jn 13,34; 15,
12; 1 Jn 2,7s) découlant de l'amour de Dieu (1 Jn
4,21). Par là, le témoignage de Jean rejoint celui I. LE DiEU DE LA LOUANGE
de Paul et des autres évangélistes. Avec l'abro-
gation de la Loi, tombée en.désuétude depuis que Jaillis d'un élan d'enthousiasme, les cantiques
Jésus a été condamné suivant ses prescriptions de louange multiplient les mots pour essayer de
(Jn 18,31; 19,7), une Loi nouvelle est née, qui est décrire .Dieu et ses grandeurs. Ils chantent la
d'une autre nature et qui se rattache à la Parole bonté de Yahweh, sa justice (Ps 145,6s), son salut
de Jésus. Celle-là demeure à jamais .).a règle de (Ps 71,15), son secours (r S 2,r), son amour et sa
la vie chrétienne. PG :fidélité (Ps 89,2; n7,2), sa gloire (Ex r5,2r), sa

680
I.OUANGE LOUANGE
force (Ps 29~4); son merveiUeux .. dessein (Is 25,r), Elle suppose une "âme ·épanouie et saisie ; elle
L'les jugements libérateurs {Ps 146,7); tout cela, peut s'exprimer dans un ·cri; -une exclaination,
éclatant -dans les merveilles de ,Yahweh (Ps. g6, une ·ovation joyeuse (Ps ·47,2.6; 81,2; 89,16s; 95;
3), dans ses hauts·-.faits, da.lis ses· .prouesses (Ps 1 .. ,; 98,4). Puisqu'elle doit être normalement.intel•
105,rss; 106,2), dans toutes ses *œùvres (Ps 92, ligible à la communauté, elle devient facilement,
,s), y compris· les •miracles du. Christ (Lq 19,37). en se développant, chant, cantique, le plus sou-
Des œuvres, on remonte à.l'auteur.. « Grand est vent soutenue par la. musique et. même la danse
Yahweh et. Jouable _hautement 1 » (Ps 145,3): (Ps 33,2s; cf Ps 98,6; 1 Ch 23,5). L'invitation au
« Yahweh, mon Dieu, tu es si grand, vêtu de fa,ste chant est fréquente en début de louange (Ex 15,
et d'éclat I' » (Ps 104,r;· ci -2 S 7,22; Jdt·,16,13). 21; Is 42,ro; Ps 105,1 ... ; cf Jr 20,-13).
Les hymnes chantent le grand ·•nom . de Dieu Un des termes les pluS caractéristiques et. les
(Ps 34,4; 145;2;,Is.25,1)". Louer.Dieu, c'est l'exalter, plU:s riches du vocabulaire de la ·louange .. est le
lo magnifier (Le 1,46; Ac,10,46), c'est reconnaitre hillel de l'hb. que hous. traduisons ordinaitem.ent
tJU supériorité unique puisqu'il, est celui qui habite par« louer», comme·dans nos psaumes.~ laudate
o.u plus haut .des *cieux (Le 2,q), puisqu'il .est (vg PS xr3; 117;-- 135). Le plus souvent l'objet
lo •Saint. La louange jaillit de la conscience exul- ou le motif de la louange est explicite. Parfois
to.nte de cette sainteté de Dieu (Ps 30,5 = 97, i1 ne l'est pas, et la louange ne prend alors
12; 99,5; 105,3;, cf Is 6,3} ; et .cettè exultation très appui que sur elle-même : c'est le cas no~ment
pure et très religieuse unit profondément à Dieu. dans l'exclamation Alleluia· =- Hallelu-Yah =
Louez-Yah(weh).
Le NT connaît. lui~même .plusieurs termes pour
Il. LES COMPOSANTES DE LA LOUANGE exprimer la louange _chantée, insistant tour à tour
sur le chant (gr. aid6 : Ap 5,9; 14,3; 15,3),- sur·le
I. Louange et confession . .- La louange est avant contenù de ·l'hymne (gr. hymne6 ; Mt 26,30; Ac
tout •confession des grandeurs de Dieu. Sous des 16,25), ou · sur- l'accompagnement· musical (gr.
formes variées et nombreuses, la louange. est pS.alld : Rm 15,9 = Ps r8,50;·. i- Co 14,x5). Un
presque toujours introduite par une proclamation texte comme Ep 5,19 semble toutefois mettre ces
1mlennelle (cf ~s x:2,4s; Jr 31,7; Ps 89,2; 96,1ss; différents mots en parallèle.. -Par ailleurs, dans .les
105,1s; 145,6;· cf 79,13)". · LXX, hillel est le .plus souvent traduit•par ained
Cette annonce suppose ·un public. prêt à vibrer que · nous retrouvons dans lè NT surtout sous Ja
ot à commu~ier : .c'est l'assembl® _d,es •justes plume· de Li.le (Le ·2,13.20; 19,37; 24,53;. Ac 2,
(Ps 22,23.26; cf 33,1) ; ce ·sont les cœurs droits, 47; 3,8s).
les humbles, qui peuvent comprendre la gran-
deur de Dieu et entonner ses· louanges (Ps 30,5: 3. Louange et -eschatologie. - C'est à .Israël que
J4,3; 66,r6s), et non l'insensé (Ps 92,7). la Bible réserve d'abord la fonction de Ia·Iouange;
Jaillie ·au contact-du Dieu vivant, la louange conséquence normale du fait.que.le peuple choisi
éveille l'homme tout entier (Ps 57,8; 108,2-6) et est le béné:ficiaire de la.· •révélation et donc le seul
l'entraîne dans ·un renouveau· de '"'vie.. Pour louer à connaître le .vrai Dieu. Peu •.à peu par la Suite,
Dieu l'homme engage tout lui-même ; si elle est la ·louange se teinte d'universalisme.: Les païens
véritable, la · louange est· incessante (Ps 145, 1s; aussi voient la. gloire. et Ja puissance de Yahweh,
r46,2; Ap 4-,8). Elle est-eX:plosioti de vie_:, ce ne et ils sont invités à unir leur voix à celle d'Israël
.aont pas les morts,_ déjà _descendus. au shéol, mais (Ps n7,1). Les « Psaumes du Règne » sont, à ce
bien les seuls·-vivants qui peuvent louer Dieu. (Ps sujet, significatifs (Ps 96,3.7s; 97,r; 98;3s). Et non
6,6; 30,10;· 88;11ss; _u5,·17s; .Js 38,18;. Ba 2,17;. Si seulement tous les peuples de la terre sont invités
17,27s). . .. .. . à prendre conscience des viCtoires'de·Dieu comme
Le NT garde à, la •confession cette place _domi- celle-du retour.d'exil, ,lllais fa nature elle-même
nante, dans.la louange : toujours, ...louer Di_eu CQll- est associée à ce .concert :(Is 42,-ro; Ps 98,8;-. 148;
elste d~abord. à. proclamer: ses ·grandeurs, solen- Dn· 3,51-90).
nellement et }argei;nent aUtour de -soi. (Mt 9,3r; L'universalisme :prépare, reschato1ogie; Cette
Le 2,38; Rm 15,9 -=:=. Ps. 18,50;: He.. 13,15; cf. Ph louatige de toµs·., les peuples, entonnée au retour
2,II). de l'exil, ne fait qu'inaugurer, la. grande louange
a venir qui s'épanouira· « dans. les siècles », Lee
a. Louange et chant. - La lquange naît.de_ l'~mer- hymnes de'I'AT préfigurent l'hymne éternelle du
voillement·et de .l'admiration en· présence de Dieu, :t:Jour de Yahweh, déjà· entonnée et tOujours

681 682
LOUAJ.'\iGE LUMIÈRE & TÉNf::BRES

attendue ; les u cantiques nouveaux Il du psau- aussi du Cantique de !'Agneau dans !'Apocalypse
tier doivent trouver leur dernière résonance dans (cf Ap 15,3).
le « cantique nouveau )) de !'Apocalypse (Ap 5, Quelques fragments d'hymnes primitives, con-
9; 14,3). servés dans les Épîtres, renvoient l'écho de cette
louange chrétienne adressée au Dieu Père qui a
déjà révélé le •Mystère de la *Piété (1 Tm 3,r6),
Ill. LOUANGE ET CULTE et fera surgir le retour du Christ (r Tm 6, 15s) ;
louange qui confesse le Mystère du Christ (Pti 2,
La louange en Israël apparaît de tout temps liée 5 ... ; Col r,15 ... ), ou le ),Iystère du Salut (2 Tm 2,
à la liturgie, mais cette relation devient encore uss), devenant ainsi parfois véritable *confession
plus réelle quand, avec la construction du *Temple, de la foi et de la vie chrétienne (Ep 5,14).
le culte se trouve plus fortement structuré. La Fondée sur le don du Christ, la louange du NT
participation du peuple au culte du Temple était est chrétienne aussi en ce sens qu'elle monte vers
vivante et joyeuse. C'est là surtout, pour les Dieu avec le Christ et en lui ·(cf Ep 3,21) ; louange
*fêtes annuelles ou aux grandes heures de la vie filiale à la suite' de la propre •prière du Ctirist
du peuple {sacre du roi, célébration d'une victoire, (cf .Mt rr,25) ; louange adressée même directement
dédicace du temple, etc.), que se trouvent tous au Christ en personne (Mt 21,9; Ac 19,17; He 13,
les éléments de la louange : l'assemblée, l'enthou- 21; Ap 5,9). En tous sens il est juste d'affirmer
siasme qu'essaient de traduire les cris *Amen 1 désormais, c'est le Seigneur Jésus qui est notre
Alleluia ! (1 Ch 16,36; Ne 8,6; cf 5,13), les refrains: Louange.
(( Car éternel est son amour!)) (Ps 136,1. .. ; Esd 3, S'épanouissant ainsi à partir de !'Écriture, la
II), le *parfum de l'encens, la musique et les louange devait toujours rester primordiale dans
chants. Ainsi, sans doute est-ce pour les besoins le christianisme, rythmant la prière liturgique avec
de la louange cultuelle que sont composés nombre les Alleluia et les Gloria Patri, animant les âmes
de psaumes, chants désormais dispersés dans notre en prière jusqu'à les envahir et à les transformer
psautier, mais que l'on retrouve cependant d'une en une pure ,i Louange de Gloire » (cf Ep 1,12}.
façon plus caractérisée au moins dans les trois AR
ensembles traditionnels : le « Petit Hallel » (Ps
n3 à u8), le« Grand Halle!» (Ps 136), le« Hallel - action de grilces - adoration - b~nédiction II 3,
final » (Ps 146 à 150). Au Temple, le chant des III 5 - blasphème - confession - culte - eucha-
psaumes accompagne notamment la t6ddh, « sacri- ristie I 1.2 - gloire V - langue 1 - lèvres 2 - œuvres
AT I - parfum 2 - piété AT 2 - prière Il 3, V 2.
fice de louange » (cf Lv 7,12.,.; 22,29s; 2 Ch 33,
16), *sacrifice pacifique suivi d'un *repas sacré LOY A UTt ~ lévres 1 - mensonge - vérité AT 2 ;
ttès joyeux dans les dépendances du temple. NT I.
En milieu chrétien, la louange sera également
volontiers louange cultuelle. Les indications des
Actes et des Épîtres (Ac 2,46s; I Co 14,26; Ep 5,
19) évoquent les assemblées liturgiques des pre- LUMIÈRE & TÉNÈBRES
miers chrétiens, de même la description du culte
et de la louange célestes dans }'Apocalypse.
Le thème de la lumière traverse toute la révé-
lation biblique. La séparation de la lumière et des
IV. LA LOUANGE CHRÉTIENNE ténèbres fut le premier acte du créateur (Gn 1,
3s). Au ·terme de l'histoire du salut, la nouvelle
Dans son mouvement essentiel, la louange reste création (Ap 2r,5) aura Dieu lui-même pour
la même de l'un à l'autre Testament. Désormais lumière (21,23). De la lumière physique quî alterne
cependant elle est chrétienne, d'abord parce qu'elle ici-bas avec l'•ombre de la nuit, on passera ainsi
est suscitée par le don du Christ, à l'occasion de à Ja lumière sans d_éclin qui est Dieu même ( I Jn
la puissance rédemptrice manifestée dans le Christ. 1,5). L'histoire qui se déroule dans l'entre-deux
C'est le sens de la louange des *anges et des ber- prend elle-même la forme d'un conflit où la lumière
gers à Noël (Le 2,13s.20), comme de la louange et les ténèbres s'affrontent, affrontement identique
des foules après les miracles (Mc 7,36s; Le 18,43; à celui de la *vie et de la *mort (cf Jn 1,4s).
19,37) ; c'est même le sens fondamental de !'Ho- Aucune métaphysique dualiste ne vient durcir
sanna des Rameaux (cf Mt 21,16 = Ps 8,2s), et cette vue dramatique du monde, comme c'est le

683
LUMifiRE & TÉNSBRES LUMIÈIŒ & TÉNÈBRES

cas dans la penséè iraniemie. · Mais l'homme n'en la Sagesse pour qu'on l'applique à l'essence divine.
est pas moins l'enjeu· du conflit' : son sort· final Effusiori de là. gloire de Dieu, la *Sagessé•est « un
lie définit en: termes dê -lumière et ·de .ténèbre-1 reflet d~ la lùmière éternelle », supérieure à: toute
comme en termes de ·vie et de ·mort. Le' thème lumière créée (Sg 7,2'7 .29s). Le symbolisme atteint
occupe donc· une place centrale parmi les symbo- ici un stade de développement dont ·le "NT usera
lismes religieux auxquels recourt !'Écriture. plus largement. ·

AT
Ir. -LA "LUMIÈRE, -DON DE ,DIEU
I. LE_ !)JEU oE LUMIÈRE

1.-"La lù'mière· des vivants. - « La lumière·:est


1. Le créakÙr de la lumière. - La lumière, comme douce, .et'îl plaît_ au;ic. ·y~ux·_de voir• le soleil » (Qo
t-out le reste, n'existe ·que comme créature de II,7}. Tout homme· .a fait cette .expérience. ·ne là
Dieu : lumière -du jour, ·<J.ui -_·émergea du chaos uité association étroite ·de la lumière• et de la
originel (Gn 1,1-5) ; lumière des ~astres qui *vie : naître·,_ c'est « voir le jour »· (Jb 3,16; -Ps
éclairent la terre· jour et' nuit (1,14-x9). Dieu l'en- 58;9). L'aveugle• qui ne voit· pàs la <t lumière· de
voie et la rappelle, et elle' obéit en- tremblant Dieu li (Tb 3,17; u,8) possède un ·avant-goût de
(Ba 3,33). · Les_ ténèbres qui· alternent avec elle la mort (5,us); à-_l'invëisei"; 1e:ma1ade que· Dieu
sont d'ailleurs· dans la même_ situation,- càr. le arrache _à la mort se réjoùit de ··voir briller de
même Dieu « façonne la. lumière -et les ténèbres- li riouveaû sur lui « la lumièi"e des vivants li (Jb" 33,
(Is 45,7; Am 4,13 LXX). -C'est pourquoi-lumière 30; Ps 56,q)- puisque "le Shéol est le ·.domaine des
et ténèbres chantent le même, cantique- à la ténèbres {Ps 88,t3). Lumière et ténèbres ont ainsi
louange du· Créateur (Ps 19,2s; -148,$ Dn· 3,718). pour l'hOmme des valeurs ·-opposées qui fondent
Toute conception mythiqu·e ·se -trouve ainsi _radi- leur symbOlisme:
calement éliminée; mais•:cela ·n'empêche pas la
lumière et les 'ténèbres d'avoir ·une signification 2. Syfnbolisme de la lumière·. - En premier. lieu,
symbolique. la. lumière des· thédphanies comporte une signi"'.'
fication existentielle pour ceux qui en bénéficient,
2. Le Dieu vetu de lumière; - En- effet, Comme les soit qu'elle soµIigne la majesté d'un Dieu_ devenu
nutres créatures, "la luÎnièrë. est ·un signe qui mani~ familier_ (Ex 24,ro's}, soit qu'elle :fasse ·sentir _son
foste visiblèm.ent (!uelqùe chose·de Dieu; Elle est caractère red.oµtab_le ·,(Ha 3,38), A cette évoca:.
comme -le reflet de sa .•gloire. A ce· titrë, elle 'fait tian mystérieuse de la présence divine, la méta-
partie dei' l'appareil li:tt;éra.ire qui sert à évoquer les phore du visage lumineux ajoute une note rassu:,.
théophanies. Elle est le •vêtement dans lequel rante de bienveillance (Ps 4,7_; 31~17; 89,16; Nb
Dieu se drape ·(Ps :ro4·,2).' Lorsqti'il parait; ~ son 6,24SS; cf Pr 16,15). Or la présence de· Dieu à
éclat est pareil au jour, ·des rayons sortent de ses l'homme est surtout _une présence tutélaire._ Par
mains » ·(Ha 3,38)> La ·-'voù:te céleste ·sur laquelle sa •I,.oi,, il éclaire ]es pas de l'honime· :(Pr 6,23;
repose son trône est -éclatant~ c_mnme le cristal Ps._u9,xoS)·;· il est ainsi la -*lampe qUi le guide
(Ex 24,ro; Ez i:,22). Ailleurs on-le dépeint envi- (Jb 29,3; Ps' -. 18,29). · En ·l'ariacharit· au·· péril,· 11
ronné de •feu· (GD. 15,17; Ex 19,_18; 24,1-z; Ps i8, illumine_ ses yeux (Ps J3· 4) ; il est _ainsi sa lumière
1
9; 50,.3) ou ·lançant les éclairs de !'•orage (Ez_ ·1, e:t son salut (Ps _27,x). Finalement,_. si l'_homme
13; Ps 18,15). Tous 'ces ta.blea.uX symboliques éta:. est.juste, U·le conduit-vers la joie d'un jour lumi-
blissent un lien entre la présence, diviri.e et -l'im- nèuX)IS 58,10; 'Ps 36,_~o; 97,ù; n2,4)~ _ tan_dis que
pression què fà:it ·sur l_'hoinm8 u'ne lumière éblouis- J_e __ mééhant trébuche.·da.ns· tes· ténèbres (Is 59,9s)
eante. Quant auX ténèbl'es, elles n'excluent ·pas et voit_·_ 's'éteindre_ sa ·•lampe_ (Pr 13,9; 24,zo; Jb
la •présence de Dieu, puisqu'il les SOJlde_ et voit _18,5s): Lumière et·ténèbres représeiitent ainsl_':fina:-
ce qui s'y passe (Ps ·139,üs; Dn 2,22). Cependant lement les :deux _ sorts qui attend.19Dt l'hori:mie, le
la ténèbre pa:t e:X:cellenèe,_ ·celle du -shédl; _est _un bOllheur et le .Dlalheur. '
lieu où les hàmmes sont (t retranchés de -sa. main »
{Ps 88,6s.13). DànS l'ç,bsèurlté, 'Dieu voit donc 3'. Promesse. de ·ia lumièri .:...... Il· ·1c1-•~t · d()nC pas
eans se faire v:<>ir, il est présent sans se livrer. étonnant de·retrouver1e symbolismè 'de 1a· Iùm.ière
et. des ténèbres chez les prophètes, en perspective
3. Dieu ·est lumiile._ - Malgré- ce recours au sym- eschatologiq"ue. _ Les ténèbl'es, :fléau·- .menaçarit
bolisme de fa lumièi-e, -il faut attendre le livre· de qu'expérimeri.tèrent les Ég'yptiens (Ex 10,21 ... ),

685 686
LUM!SRE & TÉNÈBRES LUMIÈRE & TÉNÈBRES

constituent l'un des signes annonciateurs du • Jour Jésus se révéler c.omme Lumière du monde. Le,,
de Yahweh (Is 13,10; Jr 4,23; 13,16; Ez 32,7; Am guérisons d'aveugles (cf ~1c 8,22-26) ont sur ce
8,9; Jl 2,10; 3,4; 4,15) : pour un monde pécheur, point une signification particulière, comme le sou-
celui-ci sera ténèbfes et non lumière (Am 5,r8; ligne Jean en rapportant l'épisode de l'aveugle-né
cf Is 8,2rss). {Jn 9). Jés11s déclare alors (< Tant que je suis
Cependant le Jour de Yahweh doit avoir aussi dans le monde, je suis la Lumière du monde l)

une autre face, de joie et de délivrance, pour le (9,5). Ailleurs il commente (( Qui me suit ne
•Reste des justes humilié et angoissé ; alors « le marche pas dans les ténèbres, mais il aura la
peuple qui marchait dans les ténèbres verra une lumière de la vie )1 (8,12); « moi, la Lumière, je
grande lumière l) (Is 9,i; 42,7; 49,9; Mi 7,Ss). suis venu dans le monde pour que quiconque
L'image a une portée obvie, et elle donne lieu à croit en moi ne marche pas dans les ténèbres ,i
des applications multiples. Elle fait songer d'abord (12,46). Son action il1uminatrice découle de ce
à la clarté d'un jour merveilleux (Is 30,26), sans qu'il est en lui-même : la *Parole même de Dieu,
alternance de jour et de nuit (Za 14,7), illuminé "'vie et lumière des hommes, Lumière véritable
par le « Soleil de justice ,, (Ml 3,20). Toutefois, qui illumine tout homme en venant dans ce monde
l'aube qui se lèvera sur la nouvelle *Jérusalem (1,4.9). Aussi le drame qui se noue autour de lui
(Is 60,ISs) sera d'une autre nature que celle du est-il un affrontement de la lumière et des ténèbres :
temps actuel : c'est le Dieu vivant qui illuminera la Lumière luit dans les ténèbres (r,4), et le
lui-même les siens (60,r9s). Sa •Loi éclairera les •monde mauvais s'efforce de l'étouffer, car les
peuples (Is 2,5; 51,4; Ba 4,2) ; son •Serviteur sera hommes préfèrent les ténèbres à la lumière~lorsque
la lumière des •nations (Is 42,6; 49,6). leurs •œuvres sont mauvaises (3,19). Finalement,
Pour les justes et les pécheurs se reproduiront à l'heure de la Pa'ision, quand Judas sort du
ainsi, au Jour suprême, les deux sorts dont l'his- Cénacle pour livrer Jésus, Jean note intention-
toire de r•Exode présenta un exemple frappant nellement : 1< Il faisait "'nuit 11 (13,30) ; et Jésus,
les ténèbres pour les impies, mais pour les saints, lors de son arrestation, déclare : ic C'est votre
la pleine lumière (Sg 17,1-18,4). Ceux-ci res- 'heure, et la puissance des ténèbres n (Le 22,53).
plendiront comme le ciel et les astres, tandis que
les impies demeureront à jamais dans l'horreur 3. Le Christ transfiguré. - Tant que Jésus \·écut
de l'obscur shéol (Dn 12,3; cf Sg 3,7). La per~ ici-bas, la Lumière divine qu'il portait en lui
spective débouche sur un monde transfiguré à demeura voilée sous l'humilité de la •chair. Il est
l'image du Dieu de lumière. pourtant une circonstance où elle devint percep-
tible à des témoins pr~vilégiés, dans une vision
NT exceptionnelle : la "'Transfiguration. Ce visage qui
resplendit, ces •vêtements éblouissants comme la
J. LE CHRIST, LUMIÈRE DU MONDE lumière (Mt 17,2 p), n'appartiennent plus à la
condition mortelle des hommes ils anticipent
I. Accomplissement de la promesse. - Dans le sur l'état du Christ ressuscité, qui apparaîtra à
NT, la lumière eschatologique promise par les Paul dans une lumière éclatante (Ac 9,3; 22.6; 26,
prophètes est devenue réalité : quand Jésus com- 13) ; ils relèvent du symbolisme propre aux théo-
mence de prêcher en Galilée, l'oracle d'Is 9,I phanies del' AT. En effet, la lumière qui resplendit
s'accomplit (Mt 4,16). Quand il ressuscite selon sur la *face du Christ est celle de la gloire de Dieu
les prophéties, c'est pour « annoncer la lumière même (cf 2 Co ·4,6) : c'est en qualité de *Fils de
au peuple et aux nations païennes )) (Ac 26,23). Dieu qu'il est « le resplendissement de sa gloire i1
Aussi les cantiques _conservés par Luc saluent-ils (He 1,3). Ainsi, à travers le Christ-Lumière se
en lui dès l'enfance le Soleil levant qui doit illu- révèle quelque chose de l'essence divine. Xon
miner ceux qui se tiennent dans les ténèbres (Le seulement Dieu ~ habite une lumière inaccessible »
1,78s; cf Ml 3,20; Is 9,1; 42,7), la lumière qui doit (r Tm 6,16) ; non seulement on peut l'appeler « le
éclairer les nations (Le 2,32; cf Is 42,6; 49,6). La Père des lumières» {Je 1, r 7), mais, comme l'explique
vocation de Paul, annonciateur de l'Évangile chez saint Jean, « il est lui-même Lumière, et en lui
les païens, s'inscrira dans la ligne des mêmes il n'y a point de ténèbres n (1 Jn 1,5}. C'est_pou_r
textes prophétiques (Ac 13,47; 26,18). cela que tout ce qui est lumière provient de lUI,
depuis la création de la lumière physique au pre-
2. Le Christ révélé comme lumière. - Cependant mier jour (cf Jn 1,4), jusqu'à l'illumination de nos
c'est surtout par ses actes et ses paroles qu'on voit cœurs par la lumière du Christ (2 Co 4,6). Et tout

688
LUMikRE & TÉNÈBRES 'LU1TE

ce qui reste étranger à cette lumière appartient que l'homme·ne laisse pas s'obscurcir sa lumière
nu dom.aine -des ténèbres : ténèbres de la nuit, intérieure, de Inême qu'il veille S:u.r soil œil, *lampe
ténèbres du shéol et de la mort, ténèbres de Satan. de son corps (Mt 6,22s p}. Chez Paul, la recomman-
dation devient habituelle. Il faut revêtir les armes
de lumière et rejeter les œuvres de ténèbres (Rm
II. LES FILS DE LUMIÈRE 13;1:2s) de peur que le *Jour du Seigneur ne nous
surprenne· (1 Th 5,4-8), Toute la motale entre
:c, Les hommes entre les ténèbres et la lumière. aisément dans cette perspective :· le ({ fruit de la
La révélation de Jésus comme Lumière du monde lumière », c'est tout ce qui est bon, juste et vrai ;
donne un relief certain à l'antithèse des ténèbres les « œuvres stériles des· ténèbres " comprennent
ot de la lumière, non dans une perspective méta- les péchés de toute sorte (Ep 5,9-r4). Jean ne parle
physique, mais ·.sur un plan moral : la lumière pas autrement. Il faut. (t marcher dans la lumière 11
qualifie le domaine -de Dieu et du Christ comme pour être en communion avec le Dieu qui est
étant celui du. bien et. de. la _jus_tice, ~es t_énèbres lumière (1 Jn .r,5ss). Le critère, c'est l'"'amour fra-
qualifient .Je .. domaine. de *SataD; ..co.mme ét~t ternel : .à cela l'on reconnaît si l'on est dans les
celui du mal_ et de l'impiété_ (cf 2 Co 6,14s), bien ténèbres ou dans la lumière (2,8-u). Celui qui
que Satan, po_ur séduire. l'h9mme, se. ~éguise: par,- vit ainsi, en vrai fils de lumière, fait rayonner
foi$ en ang~ de lum~ère· (rr,1.4). L'homm~ se trouve parmi les hommes la lumière divine dont il est
pris entre 105_ deux, -~ il, lui f,;i.ut. Gho,isir, d,e .59rtc devenu dépositafre. Devenu à son tnur la lumière
qu'il devienrte ..~. fils _des ténèbre~ » ou ,K -fils de du monde (Mt 5,r4ss), il répond a la mission qu(!
lumière »•. La. _secte .de Qumrân recourait déjà: à le Christ. lui a donnée.
cette représell.tat~o~ p'our décrire la: •g\lerre -~ch~-
tologiqu~. Jésu·s. :s'en sert _pour .disti_nguer Je 4: V8f'S la lumièr.è. étMnelle. - Engagé dans- une
"'monde prés~t du . *:Roya:ume qu'j~ _inaug1;1,re : telle. voie, l'homme peut- .espérer: la merveilleuse
los hommes..~.d~vis.ent:à s,es :y-eu~. en K .fi.l5.de,ce tranSfiguration que· Dieu a· :promise aux justes
monde » et en « fils de lumière._» (~c. xt?,8). Entre dans• son Royaume •(Mt ·r.3,43}. ·En.. effet, la • Jêr:u-
los deux s'bpère un.: partage .lo~ue. paraît le salem.. céleste -où -ils parviendront· :finalement reflé-
Christ-Lumjère ·:· ceµx. tjui .,font l~_-,;mal·)uient, ~ tera. sur elle la.lumière divine, conforIIlérilent ·a.ux
lumière, p"oui- que leurs •éeuv~_-ne. soient. pas textes prophétiques (Ap 2r,23ss;-- ef Is. ,60) ; alors
dévoilées ; c~ux_ qui agiss_ent dans J_a, vérit~ vien"D:ent les .élus, en· .. contemplant Ja face de Dieu; seront
b. la Iumi~re (Jn 3,x9~)_.et ils.cro~ent en la Lumière illuminés par cette· lumière'·(Ap 22,4s). Tel .. est
pour devenir, des .fils de- lumière (J Il 12 ,'36) . l'éspoir des . · fils : de lumière;. ·telle. est · aussi la
prière q'ue l'Église adresse à·Dieu pour ceux d'entre
~. Des ténètwe,s à. ,a lu-»J.ière .. •·- Par.,naissance, tqus eux qui orit -quitté- la· terre. : Que· les âmes des
.!(

los hommes 'appartenaient au· d_omaine des ténèbres, fidèles défunts,·ne soient pas. plongéeè.'-dans l<'s
notamment l~.païens 1< aux_ peµsées ent,énéQrées.» ténèbres, mais. que l'archange s_aitit Michel les
{Ep 4,r8). C'est .Dieù qui u nous ~ appelés des introduise dans la lumière-sainte! Fais. briller sur
ténèbres à.. son. ad.11:1-irable Iuwiè~e, .» (r P -2,.9). eux la lumière sàns fin I » (Liturgie des funérailles):.
Nous arrachant à re~pire_ des.ténèbr~s-,.,il n~n1;s. a 'AF & PG
transférés dans. le RC:tyaume de_:~on Fil~. pour que,
nous partagi_ons le ~rt des S~ts ~-s 1~ lumière -+ ,astres •4 · --'- baptême IV· .4 - · blanc - . endurcisse-
(Col 1,r2s) : gr_âce çlécisive, expërim_ent,ée lors,, d~ ment II. _I -:-. feu - _gloire --:-· b1-1ile ,--:- Jour. dt1 Sei-
b11ptême, quand ·K _le Christ aJui..~_ur .n<?uS .» .(Ep_ gneur NT III 1 - lampe - mort AT I 2 - nuée ,-'-
,5, 14) et que nous av(?ns ,été .« illuminés ·i1 (~e. ?; nuit - ombre - Patole de Dieu N':r'-I 1 - ·péché
IV·za _:..'Révélatiàri .:_:,.-•vei1Jet·1 :2 _;__véi:'ité AT 3;
4). Jadis, nous, _ét~ons ,t~èbn:;~ 1 m_aint~n~~; NT 3 - vie IV z -·-1 voir.
lumière dans le Seigileui:" (Ep. 5,8)·. Cela, détermine
pour ~ous unê ijgne d~ ~Ol1.duifo : . « yivre en fils LUNE-+ aStres·- semaine i ·_,__ t~nips_ A:11 I.
ùo lumière » (Ep _5,8, cf_,r, Tl).. 5,5).
LUTTE-+ coürir :2 -.·enriemi - épreuve/teritation ._:__
J. La vie des.fils d,e.lum,Ù,re. c:-.C'étaif: là déjà: ~n~' .___ guerre - .prière ,V.;·:2 ~-
fidélité .. NT, :2
rc.lcommand8.t~'olJ. deJésus· (cf Jn r2_,35s) : il impOrte

690
M
2. Lutte contre la magie. - Dans cette intention
en effet sont édictées des lois et transmis d~s sou-
venirs qui font connaitre le jugement de la 'révé-
lation divine sur ce point important.
MAGIE a) Interdictions. - Les trois grands codes
mosaïques interdisent la magie sous peine de mort
(Lv 19; Dt r8; Ex 23). On· prohibe à cet effet des
I. Magie et magiciens. - Face· à un monde qui pratiques comme les mélanges magiques (Dt 22,
l'écrase, à des êtres qui lui font peur ou qu'il 5,n; Lv 19,19), par exemple le ritè cananéen qui
désire dominer, l'homme cherche à acquérir un consiste à faire cuire un chevreau dans le lait de
pouvoir qui dépasse ses propres forces et qui le sa mère (Ex·23,r9; 34,26; Dt 14,21). Sont rejetés
rende maître de la divinité et, par là, de sa des- avec abomination les sacrifices d'enfants (Dt 18),
tinée. Si les méthodes ont changé aujourd'hui, la surtout dans les rites de fondation (1 R 16,34),
tendance et le désir de maîtriser l'inconnu demeu- de préservation (2 R 3,27) ou d'initiation (Sg 12,
rent enracinés au cœur de l'homme et conduisent 3ss). Enfin nombreux soht les interdits concer-
à des pratiques ~nalogues. nant le *sang, car boire le sang serait s'approprier
Divination (hb, qsm : Ez 21,26) et sorcellerie la puissance vitale qui est réservée à Dieu Seul
(hb. ksf: Mi 5,n; Na 3,4; gr. pharmakia : Dt 18, (Gn 9,4; Lv 3,17; Ac 15,29). Ces pratiques sont
io; cf Sg 12,4; Ap 18,23), voilà l' « art magique » simplement assimilées à l'*idolâtrie (Ga 5,20; Ap
(niagikè technè : Sg 17,7). à ne pas confondre avec 21,8).
la science astrologique des « mages » (Mt 2,1-12), b) Dans nombre de récits, les magiciens SQnt
A la pratique magique se rattachent les charmes confQndus par la puissance divine. Ainsi Joseph
{Ps 58,6; Jr 8,17; Qo 10,n), l'usage des nœuds et triomphe des devins (Gn 41), Moise des magiciens
des liens (Ez 13,17-23). le « mauvais œil » qui d'Égypte (Ex 7,10-13.19-23; 8,1-3.12-15; 9,8-12).
fascine (Sg 4,12; cf 2,24; Ga 3,r}, etc. Hébreux Balaam est contraint avec son ânesse de servir
et Juifs ont été au contact des Égyptiens et des Yahweh et le peuple hébreu (Nb 22-24}. Daniel
Chaldéens magiciens (Ex 7--9; Is 47,12s), devins confond les sages chaldéens (Dn 2; 4; 5; 14). Des
(Gn 4r,8.24; Is 44,25}, sages et sorciers (Ex 7,u} : narrations semblables, qui veulent édifier à par-
la magie est attestée dans ·tous les pays, même en tir de quelque souvenir en utiilsant au besoin des
Israël · apports légendaires, tels ceux qui concernent
Un cas typique est raconté tout au long : celui Iannès et Iambrès (2 Tm 3,_8), se trouvent aussi
de Ja pythonisse d'Endor, qui évoque les mânes dans le NT : Simon le magicien s'adresse humble-
de Samuel pour annoncer à Saül sa mort tragique ment à Pierre (Ac 8,9-24). Barjésus-Élymas est
(r S 28,3-25). On signale en outre les sortilèges réduit au silence par Paul (13,6-n), de même que
de Jézabel (2 R 9,22), les pratiques supersti- la pythonis<;e de Philippes (r6,16ss) ou les exor-
tieuses des rois Achaz (r6,3) et Manassé (21,6), cistes juifs d'Éphèse (19,13-20).
que combat Josias (23,24). Ordinairement les faits C'est que les •miracles et les *prophéties per-
sont rapportés en vue de montrer la supériorité mettent de se passer des pratiques magiques, car
de Yahweh ou, plus tard, du Seigneur Jésus sur i]s rendent Dieu présent de façon sO:re (Dt 18,9-
les forces obscures que la magie et la divination 22; cf Nb 23,23); au contraire les sorciers détour-
s'efforcent de mobiliser. nent de servir le vrai Dieu (Dt 13,2-6), les faiseurs

691 692
MAGlE MAISON

do prodiges falsifient -la doctrine (Mt 24,34; Ap une maison, toutes deux désignées ·par un mêine
16,12-16... ). Aussi les. prophètes luttent-ils avec mot hébréu ·: bayth',(beth, dàns leS- mots composés_:
vigueur contre les magiciens· ·des nations :(Is 19, vg Beth-el; maison de Dieu). Ç)r Dieu ne:sè·i::on-
Isa; 44,25; 47,12s;:-Jr 27,9; Ez 21,34). tente· pas' de· donner à l'homme Une !ami~ 'natu-
La tentation de la magie est grande et, d'une relle et·une demeure matérielle, il-veut l'introduire
certaine façon, Jésus-a voulu la subir; Satan l'in- dans sa propre maison, hon sèulemeilt COmtile ·-ser-
vite à utiliser. sa ·puissance _divine ,pour assou,vir viteur, mais à titre de fils; c'est pourquoi, après
sa. faim et pour· étonner les Juifs; mais Jésus ne avoir habité au milieu d'Israël dans le Temple,
veut pas-recevoir de lui la puissance sur le moil<le: Dieu a enVoyé son Fils ·unique lui construire une
« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras,.et._c'est à lui demeure spirituellei faite de pierres vivantes et
seul que tu. rendras un Culte » (Mt 4,1-u). ouverte ·à tous les·_ hommes.
c) Pratiques. magiqites et 1·ituel. - Il est certain
que le rituel de. l'AT, a C:1mprunté_. certaines :pra-
tiques qui étaient originairement magiques, mais
on les purifiant .: .c'était une manière de les .subor- I. l.,A •MAISON DES _ENFANTS ,DES HOMMES
donner au culte du vrai Dieu. Ainsi, alors que ,"'
l1usage- profane du sang est interdit, le·-.prëtre, au 1. La maîson àe' famille. - L'honime aspire à a Voir
nom de Dieu, accomplit avec le.sang les rites de un lieu Où il soit " chez lui '», un· nid,- comme <lit
]'*expiation (Lv 17-,u) et de· !',*alliance {Ex 24, le vieux provèrbe (Pr •2j,8), un toit _q_ui ·protège
8) ; le sang .doit couvrir la voix des -péchés qui sa· vie privée (Si: 29,21); et ceJa, -dans _Soh pays
crient vers Dieu (Jr 17,1;-.Lv- 4). Repris dans ce (Gn -30,25), là· où -e·st sa maison paternelle, _·cet
nouveau contexte, le rite a changé,de sens. Toute- héritage que riul ne dOit lui prendre (Mi 2,2), ni
fois si un rite• devient superstitieux, .il est finale- même convoiter (EX 20,"17 p). ·nans èettè -~ison
ment aboli-: on détruit le serpent d';:drain devenu bien tenue, où brille le charme de la ·femme (Si
objet -de culte- idolâtrique. {2 -R · 18,4}. L'usage 26;16), niais qu'rine méchante·épouse rend inha-
même du •nom divin, d'abord 'livré au peuple bitablé'·(25,16),· l'homme vit avec ses fils ·qui Y
entier (Car, -à la· différence des dieux .égyptiens, sont à demeure, tandi_s que· ·les sèn.iteurs peuvent
Yahweh ne .redoute 'pas, ).a.• mainmise des sorciers), la ·quitter (Jn 8,35) ; il aim·e y accueillir de·s hôtes,
finit par être réservé:au· prêt~-(Nb:6,27). On sait leur forçant la ~ s'il le. fa\i} (Gil ,·IÇ>,2S; Ac
par les papyrus grecs d'.'Égypte que les magiciens 16;15). Une maison a· tari.t de prix que celui qui
antiques n'hésitaient pas à en faire usage, pro- vient de 1a·_bâ:tir_ne doit pas être Privé d'en jouir;
nonçant ainsi le nom d"e Dieu en vain (cf Ex 20, ausSi, en Israël, une loi •très hùmaine_ le dispensera-
7 LXX). t-il des ristj_ties de la guerre, 'fût-elle guerre sainte
(Dt 20,$ I M 3,56). . .
Créé libre et· capable -de choisir Dieu, l'homme
tient de Dieu même la -maîtrise dµ monde ; il n'a 2. Ce gui ldifie et ce qui ruine.: - Aùssi bien~
donc pas à recourir à' la magie, . cet -a:rt- hybride bâ.tir utie · maison, Ce _n'est pas seulein.ent:• *édifie!"
qui cherche ·à combiner arti:6.ciellement religion et ses murs, c'est'fonder un foyer, engendrer une'cles-
ecience ésotérique, m:ais ne peut -que• parodier· la ·cendance -et lui transmettre d~ leçàns :religieùses
nature et. corrompre• les effets de Ja: foi. · XLD et des_ •exemples· de •vertu;- 'C'est là èeuvre ·de
• Égypte 1 ~ idoles --::--maJadi~/guérison O ;; AT _II sagesse (Pr 14,r) et ~beur pour lequel Une femm"e
1 - miracle I 2 a, Il I - mort ATl 3 - mystère O - vertueuse-est irremplaçable (3r,10-3I) ·; c'est même
nom AT 4 ·_ parole hum.aine i - puissance II_I ·2, - œuvre divilie -que ·l'homme ne peu~ menèr ·seul à
Révélation AT I ·t ·-•signe AT_ ·II 3'_; NT Il 4. bien•(Ps rz7,1). Mais, par sa méchanceté, l'homme
est capable d'attirer le malheur sur s8. maison (Pr
MAIN -.... bras &. main.·, 17,13), et la femme insensée renverse la· Sienne
(14,r). C'est que, avant de détruire la mai.son, le
péChé a déjà provoqué une_·aU.tre ruine : celle de
l'homme même;· •fragile demeure -de boue (Jb· ·4,
MAISON 19),·. vivifiée p~ le souffle de·· Dien (Gn 2,7).
L'homme pécheur- doit mourir et rendre à. ·Dieu
son souffle; avant d'aller- rejoindre· ses pères· da.US
L'homme a besoin,- pour yivre, d'un: milieu la ·tombe,- maison d'étérnité (Gri- 25,8;··Ps 49,rz:
favorable et d'un abri protecteur : une famille et 20; ·go 12,5ss) ; il survit toutefois dans sa descen-
MAISON MAISON

<lance, maison que Dieu bâtit à ses amis (Ps 127). aucun lieu ni à aucune maison ; il le fait proclamer
On voit pourquoi bâtir une maison sans pouvoir par Jérémie dans la maison même qui porte son
l'habiter est un symbole du *châtiment de Dieu, Nom (Jr 7,2-14), et il le prouve à Ézéchiel par
que mérite l'infidélité (Dt 28,30), tandis que les deux visions : dans l'une, la •gloire de Dieu quitte
élus, dans la joie eschatologique, habiteront leurs sa maison profanée (Ez ro,18; II,23) ; dans l'autre,
maisons à jamais (Is 65,2rss). elle apparaît au prophète sur la terre païenne où
est exilée la maison d'Israël (Ez r). Mais, à cette
maison qui a souillé son Nom, Dieu annonce qu'il
JI. LA MAISON SYMBOLfQUE DE DIEU va la purifier, la rassembler, l'unifier et étabUr
en elle de nouveau sa demeure (36,22-28; 37,r5s.
I. Maison d'Israël et maison de David. - Parmi 26ss). Tout cela sera l'effet de l'effusion de son
les hommes que le péché a séparés de lui, Dieu *Esprit sur la maison d'Israël {39,29). Cette pro-
veut habiter de nouveau ; il inaugure son dessein phétie majeure laisse entrevoir quelle est la vraie
en appelant *Abraham à le servir et en le tirant maison de Dieu non point le Temple matériel
du milieu des hommes qui servent d'autres dieux et symbolique, décrit minutieusement par le pro~
(Jos 24,2); c'est pourquoi Abraham doit quitter phète (40-43), mais la maison d'Israël elle-même,
son pays et la maison de son père {Gn I2,I). Il demeure spirituelle de son Dieu.
viVTa sous la tente, en voyageur, et ses fils comnie
lui (He n,9.I3), jusqu'au jour où Jacob et ses 3. La demeure du Dieu des humbles. - D'ailleurs,
fils s'installeront en Égypte; mais bientôt Israël au retour de l'exil, une double leçon va être don-
aspirera à sortir de cette " maison de servitude » née au peuple pour le libérer de son particula-
et Dieu l'en délivrera pour faire alliance avec lui risme et de son formalisme; d'une part, Dieu
et habiter au milieu de son peuple dans la Tente ouvre sa maison à toutes les *nations (Is 56,5ss;
qu'il se fait préparer; là repose la *nuée qui voile cf Mc n,17); d'autre part, il proclame que sa
sa "gloire et qui manifeste sa *présence à toute maison est transcendante et éternelle et que, pour
la maison d'Israël (Ex 40,34-38). Ce nom convient y être introduit, il faut avoir un cœur •humble
encore aux descendants de Jacob, devenus plus et contrit (Is 57, 15; 66,IS; cf Ps r5). Mais, dans
nombreux que les étoiles· (Dt 10,22). cette demeure céleste, qui donc peut introduire
Ce peuple se rassemble autour de la Tente de l'homme ? La *Sagesse divine elle-même qui va
son Dieu, appelée pour cela Tente de Réunion venir parmi les hommes bâtir sa maison et les
(Ex 33,7); c'est là que Dieu parle à *Moïse, son inviter à. y entrer (Pr 8,31; 9,1-6).
serviteur, qui a constamment accès dans sa mai-
son (33,9ss; Nb 12,7) et qui guidera le peuple
jusqu'à la. Terre promise; Yahweh veut faire de Ifl.LA MAISON SPIRITUELLE
cette *terre, qui est tout entière <1 sa maison » DU PÈRE ET DE SES FILS
(Os 8,r; 9,15; Jr 12,7; Za 9,8), le domicile stable
de son peuple (2 S 7,10). A son tour, David veut 1. •Jésus-Christ est en effet la Sagesse de Dieu
installer Dieu dans une maison semblable au palais (1 Co r,24). Il est la *Parole de Dieu qui vient
qu'il habite (7,2). Cependant Dieu écarte ce pro- habiter parmi nous en se faisant *chair {Jn I,
jet car la Tente lui suffit (7,5ss) ; mais il bénit 14). Il est de la maison de David et vient régner
l'intention de son Oint : s'il ne désire pas habiter sur la maison de Jacob (Le 1,27.33) ; mais à. Beth-
dans une maison de pierre, il veut bâtir à David léem, cité de David, où il naît, il ne trouve pas
une maison et affermir sa descendance sur son de maison pour le recevoir {2,4.7). S'il vit à Naza-
trône {7,n-16); bâtir une maison à Dieu est reth dans la maison de ses parents (2,5r), il atteste
réservé au Fils de David qui aura Dieu pour dès sa douzième année qu'il lui faut être chez
Pere {7,13s). son Père (2,49), dont le Temple est la maison
(Jn 2,16). Dans cette maison, il interviendra avec
2. Ve la maison de pierre au temple céleste. ~ Salo- l'autorité du Fils qui y est chez lui {Mc rr,17 p);
mon -s'appliquera cette mystérieuse prophétie; mais il sait qu'elle est vouée à la r~îne (r3,rs p)
tout en proclamant que les *cieux des cieux ne et il vient en bâtir une autre : son *Eglise (Mt I6,
peuvent contenir Dieu qui les habite (r R 8,27), 18; cf r Tm 3,15).
il bâtira une maison pour le *Nom de Yahweh,
qu'on y invoquera, et pour l'*arche, symbole de 2. Durant l'accomplissement de cette mission, il
sa présence (8,19ss.29). Mais Dieu n'est attaché à n'aura pas de 1c chez soi )) (Le 9,58), ni de famille

696
MAISON ".\IAI.ADIE/GUt~RISO:,.f

(R,21); îl sera in_vité et_s'invitera _dans la_ mai&on


des pécheurs .et des publicai~s (5,29-32;- lg,5-10) ;
il trouvera chez ceux qui le reçc:,ivent un ac~u(?l-1
tantôt froid, tantôt a:rnical (7,36-50;_ 10,38ss); mais
MALADIE/ G1.ŒRISON
toujours il portera dans .ces' maisons l'appel_.à la
conv_crsion, ·1a ':gr,~ce du pardon, la I'é~élatioll: du La maladie, avec son cortège ·de souffrances,
tm.lut, unique nécessaire. Au~ disciplês: qui, à so_n .pose. un ptoblènie aux hommes de tous les ,temps.
nppel, auront quitté leur maison et_ renoncé .à Leur réponse dépend de l'idée qu'ils· se font du
t0ut pour le sùivre (l\lc 10,29s), il donnera mis- monde où ils vivent et "des forces qui-les dominent.
sion de porter:. la •paix _,dans les :qiais_ons. qui les Dans !'.ancien Orient,. on regardait la . -mà.ladie
accueilleront_' (Le 10,5s), en._même temps queTap- comme -un fléau ·causé par -des esprits malfaisants
pel à suivrè.le Christ,', yoie cjui m,ène à la majson ou envoyé ·par des dieux .. qu'une faute ·cultuelle
du Père; c'est là_ qu'il_.:E)romet de nou·s introdu~r.e ·aurait irrités. Pour obtenir la guérison, on prati-
(Jn 14,2-6). ·. _ . · quait des exorcismes destinés à chasser les •démons,
· Pour nous' ouvrir l'ac:Cès à cette niaison dollt et l'on implorait le pardon des dieux par des sup-
Dieu est le constructeur et à la tête de.· laquelle plications et des ·sacrifices ; . la littérature babylo-
il est lui-ffiêri1e ·_en qriaÜté de fiis (He 3,3-6), 'te nienne conserve des formulaires des deux. sortes.
Christ, notre G;rand _Prêtre, nous y _précède, en y Aussi, la -médecine relevait-elle .avant tout des
pénétrant par .son sacrffice (6,19s;_ 10,xgss}_. Cette prêtres ; pour une part, elle demeurait proche de
maison du Père, ce ,sanctuaire céleste, est d'ail- la. *magie. Il faut attendre l'esprit observateur des
lcnrs une réalité spirifoe_lle_ qui.n'est pà.s -loin de Grecs pour la voir se -développer. de façon ·auto-
nous; u c'est nous-mêmes )1, si du moins notre nome comme une .science positive .. Partant de Cet
0

1.'Spérance est iri.déf_e~tible · (3,6). état .de- ·choses, la révélation- biblique laisse. de
côté l'aspect ·scientifique. du problème. Elle s.'at-
3. Certes cette dep:ieure. de Die~ UE:.· s'er_a. àch~vée tache exclùsivement à la signification·. religieuse
que lorsqu~ ch~_un de. nou_s'. ayant qu~tté sa de la maladie et de la guérison dans le ·dessein de
demeure terrestre,· aura . revêtu sa de~eure éter- salut. D'autant. plus qu'à travers la maladie se
nelle et célest_e, son corps glorieux et imm9rtel manifeste déjà le pouvoir de la. *Mort sur. l'homme
(.2 Co 5,1s; ·cf_ x· C~ _1_j,53):. M;iis_, dès· maintei:î'ant, (cf I-.Co u,28-32) ;·eue doit donc.a.voir une-signi~
Dieu nous invite à collaborer avec lui' po'ur cons- fi.cation Semblàble.
truire cette maison do11t.l~ fondem~t est Jésus-
Christ (1. Co 3,91,s), pi~rre angulaire et vivaµ~e, et AT
qui est faite de_~ ·•pien;es ,vivantes q.lJe, ·sont. les l. LA MALADIE
croyants .(x P 2,4ss). En _nous.~9nnant _accès·~~p~s
du Père, le. _Christ .Jl~ nous a d_onc pas se;u_lement r. La santé suppose une.plénitude. de force.:vitale;
!ait entrér _en' *hôtes dans sa ,maisoti, il ncius a la maladie· est conçue· avant tout· comme un état
donné d'être 11: ._de la mai_SO~- >) · (EP .-2,x_Ss), _d'être de· .faiblesse et: de dé/Jilité (Ps 38,u). Au:.delà de
intégrés dans)a _ccinstruqtion. et de _gr~?ir ay_~ cette constatation empirique, les.observations médi-
olle; car chacun deVi_ent demeure de Dieu qµàri~ cales· sont très- sommaires ; elles se -limitent à ce
il est uni à . s~s frè_:res dan~ le SCigneUI' par' l'Es-- qui- se· voit,-:_ affections -de la peau, blessures et
prit (2,21s)'. Yoil_à !)pu):'qu,oi, 'daris l'Apocalypse!-·lll. fractures,-.fièvre et agitat_ion (ainsi dans le/ipsaumes
Jérusalem céleste'n'a plus de Temple {Ap-21,22); de malades :-~s-6;_'32; 38; 39; 88;-102). La classi-
tout entière, elle est la demeure de Dieu avec les fication des diverses aflectiàns demeure. vague (par
hommes devenus ses :fils .(21,3_.7) et deme_urant exemple: pour la •lèpre). ·Les _causes-naturelles-.ne
nvec le Christ danS l'amoui- de soll Père (Jn 15,IO). sont. ·m~e pas cherchées,-, à l'exception de eelles
]MF Il; MFL qui sont obvies :.les blessures,·une chute-(2:.S 4, 4),
•>+cité - demèUrer - ..-.édifier -,-· hospitalité - ·pères la· •.vieillesse,- 'dont _Qohélet déc.rit avec. un sQmbre
& Père I 1· - présence de Dieu AT. III 1 - Temple humour la décadence (Qo.i;2,1.,.6; cf Gn 2·7.-1; 1 R
AT l 2; NT I 1. , 1,1-4; et par contraste Dt 34,7). En effet, po:ur
l'hon;i.m.e religieux, l'essentiel est ailleurs : que
MAITRE~ a:Utbri_té ·~ disciple - éducation ...:.l. ensei:.:
signifie la maladie· polir .celui. (lui en est atteint ?
gner· - esclave..:.... mariàge AT _H 1 - obéissance_-
pères & Père I 1.-: rétribution I - Seigneur_.....,. servir~' 2._ Da~_un mond_e_pù t01;1! dépend de_ ta
oaus('lité
MAL-+ bien & ,.mal. di11inei la_ m~dîe ne fàit pas exc,eptiOn ;_ il est

6<)8.
MALADIE/GUÉRISON MALADIE/GUtRTSON

impossible de ne pas y voir un coup de Dieu qui Ézéchias (2 R 20,7), et Raphaël pour soigner
frappe l'homme (Ex 4,6; Jb r6,I2ss; 19,21; Ps 39, Tobit (Tb 11,8.rrs). L'ùsage de certains remèdes
us). En dépendance de Dieu également, on peut simples est courant (cf Is r,6; Jr 8,22; Sg 7,20) et
y reconnaitre aussi l'intervention d'êtres supé- le Siracide fait même un bel éloge de la prof€'S-
rieurs à l'homme : l'* Ange exterminateur (2 S sion médicale (Si 38,1-8.12s): Ce qui est pros-
24,15ss; 2 R r9,35; cf Ex 12,23), les fléaux per- crit, ce sont les pratiques magiques liées aux
sonnifiés (Ps 91,5s), le *Satan (Jb 2,7) ... Dans le cultes idolâtriques (2 R 1,1-4), qui contaminent
judaïsme post-exilien, l'attention se portera- de souvent la médecine elle-même (cf 2 Ch r6,12).
plus en plus sur l'action des *démons, esprits
malfaisants dont la maladie permet d'entrevoir 2. Mais c'est à Dieu q1,'il faut recourir avant tout,
l'influence sur le monde où nous vivons. Mais parce qu'il est le maître de la vie (Si 38,gss.14).
pourquoi cette influence démoniaque, pourquoi C'est lui qui frappe et qui guérit (Dt 32,39; cf
cette présence du mal ici-bas, si Dieu est le maître Os 6, 1). Il est le médecin par excellence de l'homme
absolu ? (Ex 15,26) : c'est ainsi que l'ange envoyé pour
guérir Sara s'appelle Raphaël (= « Dieu guérit »)
3. Par un mouvement spontané, le sens religieux (Tb 3,r7). Aussi les malades s'adressent-ils· à ses
de l'homme établit un tien entre la maladie et le représentants. prêtres (Lv r3,49ss; 14,2ss; cf :\-It
•péché. La révélation biblique n'y contredit pas ; 8,4) et prophètes (I R 14,1-13; 2 R 4,21; 8,7ss).
elle précise seulement les conditions dans lesquelles En *confessant humblement leurs péchés, ils
ce lien doit s'entendre. Dieu a créé l'homme pour implorent la guérison comme une *grâ.ce. Le
le bonheur (cf Gn 2). La maladie, comme tous les psautier les montre exposant leur misère, implo-
autres maux humains, est contraire à cette inten- rant le secours de Dieu, suppliant sa toute-puis-
tion profonde; elle n'est entrée dans le monde sance et sa miséricorde (Ps 6; 38; 41; 88; rn2 ... ).
que comme une suite du péché (cf Gn 3,16-19). C'est par la confiance en lui qu'ils se préparent à
Elle est un des signes de la ~olère de Dieu contre recevoir la faveur demandée. Celle-ci leur arrive
un monde pécheur (cf Ex 9,r-12). Elle comporte parfois sous la forme d'un *miracle (1 R r7,17-
notamment cette signification dans le cadre de 24; 2 R 4,rS-37; 5). De toute façon, elle a valeur
la doctrine de !'*Alliance : c'est une des malé• de signe : Dieu s'est penché sur l'humanité souf-
dictions principales qui atteindront Je peuple de frante pour la soulager de ses maux.
Dieu infidèle (Dt 28,2rs.27ss.35). L'expérience de
la maladie doit donc avoir pour résultat d'aiguiser 3. Car la maladie, même si elle comporte un sens,
chez un homme la conscience du péché. On cons- demeure un mal. C'est pourquoi les promesses
tate effectivement qu'il en est ainsi dans les eschatologiques des prophètes piévoient sa sup~
psaumes de supplication : la demande de guéri- pression dans le monde •nouveau où Dieu placera
son s'accompagne toujours d'un aveu des fautes les siens aux derniers *temps : plus <l'infirmes
(Ps 38,2-6; 39,9-12; rn7,r7). La question se pose (Is 35,5s), plus de souffrance ni de larmes (25,8;
pourtant de savoir si toute maladie a pour cause 65,19) ... Dans un monde libéré du péché doivent
les péchés personnels de celui qui en est atteint. disparaître les conséquences du péché qui pèsent
Ici la doctrine est plus imprécise. Le recours au solidairement sur notre race. Quand le *Juste
principe de responsabilité collective ne fournit souffrant aura pris sur lui noo maladies, nous
qu'une réponse insuffisante (cf Jn 9,2). L'AT n'en~ serons guéris grâce à ses meurtrissures (53,4s).
trevoit de solution que dans deux directions.
Quand la maladie frappe parfois des justes, ~s NT
Job ou Tobit, elle peut être ~ne épreuve provi- I. JÉSUS DEVANT LA MALADIE
dentielle destinée à montrer leur fidélité (Tb u,
13). Dans le cas du Juste souffrant par excellence, 1. Tout au long de son ministère, Jésus trouve des
le •Serviteur de Yahweh, elle prendra une valeur malades sur sa route. Sans interpréter la maladie
d'*expiation pour les fautes des pécheurs (Is 53, dans une perspective de :rétribution trop étroite
4s). {cf Jn 9,2s), il voit en elle un mal dont les hommes
souffrent, une suite du péché, un signe de ~a puis-
Il. LA. GUÉRISON sance de *Satan sur les hommes (Le 13,16). Il en
éprouve de la pitié (Mt 20,34), et cette pitié com-
r. L'AT n'interdit nullement le recours aux pra- mande son action. Sans s'attarder à distinguer ce
tiques médicales : Isaïe les emploie pour guérir qui est maladie naturelle de ce qui est possession

699 700
MALADIE/GUÉRISON MALADIE/GUÉRISON

démoniaque, u il chasse les_ esprits et guérit ceux mission définitive, il leur promet une. réalisation
qui sont malades. i) (Mt 8,16 p). Les deux choses continue de ce signe pour accréditer leur annonce
vont de pair. Elles manifestent pareillement -Sa de l'Évangile (Mc 16,1_7s). Aussi les-_Actes notent-:ils
puissance (cf Le 6-,19) et elles ont :finalement le à maintes reprises· les guérisons miraciuleuses · (Ac
même sens : elles signifient le triomphe de Jésus 3,1ss; 8,7; 9,32ss; 14,Sss; :28,Ss) qui montrent la
1:mr Satan• et l'instauration :au •règne de Dieu ici-· puissance du •nom de Jésus et la réalité de sa
bas, conformément aux ~critures (cf Mt u,5 p). résurrection. De même, parmi les •charismes,
Non point que la maladi~ doive désormais dispa- Paul mentionne·celui de guérison (1 Co 12,9.28.
raître du monde ; mais -la force ·.divine qui la 30) : ce sign1:, permanent continue d'accréditer
vaincra finalement est dès maintenant à :l'.œuvre l'Église de Jésus en montrant que l'Esprit-Saint
ici-bas. C'est potlrqùoi; devant tous les malades agit en elle. Toutéfois; la gràce de Dieu vient
qui lui disent leur confiance (Mc 1,40; Mt 8,:2-6 p}, ordinairement· aux. malades d'une façon moins
Jésus ne manifeste qu'une exigence: qu!ils croient, spectaculaire. Reprenant· un geste des Apôtres
car tout est possible à la ~foi (Mt 9,28; 1\-ic 5,36,p; (Mc- ·6,13}, les ·u_ presbytres » de l'Église pratiquent
0,23). Leur foi en lui irllpliqua la·foi au •Royaume ~r eux des •onètions· d'.huile.au.nom dh Seigneur,
de Dieu, et c'est ,cette foi qui les sauve (Mt 9, tandis qu'ils prient· avec foi et confessent leurs
-2:.? p; ·15,:28; Mc rn,52 p). péchés; cette prière les sauve, car leurs .péchés
•leur sont remis et ils peuvent espérer, s'il plait
2. Les •miracles de guérison anticipent donc en à Dieu, la guérison (Je 5,14ss).
quelque mesure sur l'état de perfection que l'hu-
manité retrouvera finalement dans le Royaume de 2. Cette guérison. ne se produit-, cependant pas
Dieu, conformément aux prophéties. Mais ils com- infailliblement, comme .si elle était l'effet magique
portent m~ssi une •signification symbolique relative de la ·prière ou -du ·rite. Tan1; ·que dure le monde
nu temps actuel.· La· maladie est un symbole de présent, . l'humanité. doit continuer de porter- lès
l'état dans lequet se trouvè l'homme pécheur : conséquences du péché .. Mais· « en prenant sur .lui
epirituellement, il est aveugle, sourd, paralysé... nos maladies » lors de sa Passion,-.Jésus. Ieur a
La guérison du malade est donc aussi un symbole : donné un.nouveau sens : comme: toute-souffrance,
elle représente la guérison spirituelle que Jésus elles ont déso1mais une valeuv de ·*rédemption.
vient .opérer dans les.hommes. H remet les péchés Paul, ·qui ·en a fait-l'expérie:qce à maintes reprises
du paralytique, et pour montrer qu'il en a le pou- (Ga 4,13; 2 Co 1,8ss; 1:2,7-10), sait qu'_eues unissent
voir, il le guérit, (Mc 2,1~1-:2 p). Cette-portée des l'homme au ChriSt Souffrant_: « Nous-· portons
miracles-signes est relevée ·surtout danS le 1v 8 évan- dans nos corps les SOuffrances de mort -de . Jésus,
gile : la guérison du pani.ly.tique de Bézatha signi- a:fin que· la ·vie-de_ Jésus soiti elle ausst manifestée
fie l'œuvre de vivification accomplie par Jésus· dans notre corps » (:2 Co 4:,10)': Tandis qu·e ·Job
(Jn 5,1-9.19-26) et ceJle de l'aveugle-né, .montre né - Parvenait pas à· comprendre: le sens de ·son
en lui la •Lumière .du mç>nde (Jn 9). Les·ges~ épreuve, le chrétien Se réjouit de u _compléter dans
de Jésus à l'égard des _malades -.préludent ainsi sa chair ce qui manque ·aux épreuves. du :Christ
aux. sacrements chrétiens. Car il est venu ici-bas pour son Corps, qui est l'Église » (Col 1,24). En
comme lè médeçin. des. pécheurs_ (Mc :2,'17 · p), un attendant qu'arriVe ce retour au •paradis où les
médecin qui, pour .enlever_ les infirm,i~s. et_ les hommes seront guéris. à, tout jam.ais par _les fruits
maladies,. l~s prend ~ur -lui- (Mt 8.,17. = _I~ 53,4). de !'•arbre de Vie (Ap :22,:2; cf Ez 47;12), la: maladie
Tel sera en effet le ~ens de sa_ Passion :. Jésus elle-même ·est intégrée, comme la *souffrance et
participera à la condition_ de l'..l;l.umanité souffrante, comme la *niort,· à l'ordre du *salut.. Non qu'elle
pour pouv:oit: t.~ompher finalement. de ses ma1,1:x. soit facile -à porter : '·elle ·demeure· une *épreuve,
et' c'est .. charité que d'aider le malade· à la;. sup'-
porter- en· le- visitant et ·en le· soulageant. u Portez
les- maladies de tous li, conseille Ignacè d'Antioéhe.
II. LES APÔTRlis ET. t'ÊGÙsE DÈVANT LA MALADIE Mais·servir lès inalades, c'est servir Jésus lui-même.
en ·ses ·membres -souffrants. :·;« J'étais· malade et
1. Le signe du règne de Dieu que constituent les vous m'avez visité »; dira-t-il au 'jour dU jugeIIlerit
guérisons miraculeuses n'est pas· resté confiné dallS (:Mt: ·25,36). Le •malade, dans le, monde chrétien,
la vie terrestre de Jésus. Il avait associé ses n'est plus• un maudit dont ·on ·se détourne (cf'-Ps
Apôtres, dès-leur première tnission,.-à son. pouvoir 38;12;· 41,6-10; 88,9) ;· il estTimage et_le signe du
de guérir les maladies (Mt rn,1). Lors -de' leur Christ Jésus. JGi & PG

701 702
MALÉDICTION
MALÉDICTrO>l"
~ bien & mal I I - calamité - démons AT J ; NT Dieu bénit parce qu'il est le *Dieu vivant, la
1 - huile - imposition des mains NT - lèpre -
miracle II z b - mort AT I 5 - onction II 1 - salut - source de *vie (Jr 2,13). Le tentateur qui s'at-
souffrance - vie IV 1 - vieillesse 1. taque à lui (Gn 3,4s) et entraîne l'homme dans
son péché, l'entraîne aussi dans sa malédiction :
au lieu de la *présence divine, c'est l'exil loin de
Dieu (Gn 3,23s) et de sa *gloire {Rm 3,23) ; au
lieu de la vie, la *mort (Gn 3,19), Toutefois, seul
MALÉDICTION le, grand responsable, le diable (Sg 2,24), est mau-
dit« pour toujours )1 (Gn 3,14s). La femme conti-
nuera. à enfanter, la terre à produire; la bénédic-
Le vocabulaire de la malédiction est riche en tion originelle sur toute fécondité (3,16-20) n'est
hébreu ; il exprime les réactions violentes de tem~ pas détruite, mais la malédiction étend sur elle,
péraments passionnés on maudit dans la colère en ombre portée, •souffrance, "'labeur et peine,
(z'm), en humiliant ('rr), en méprisant (qll), en agonie ; la vie demeure toutefois la plus forte,
exécrant (qbb), en jurant ('lh). La Bible grecque présage de la défaite finale du maudit (3,15}.
s'inspire surtout de la racine ata, qui désigne la D'Adam à. Abraham, la malédiction s'étend
prière, le ·vœu, l'imprécation, et évoque plutôt le mort dont l'homme lui-même devient l'auteur
recours à une force supérieure contre ce qui est (Gn 4,u; .sur le lien malédiction-*sang, cf 4,23s;
maudit. 9,4ss; Mt 27,25) ; corruption qui aboutit à la <les-
La malédiction met en jeu des forces profondes, truction (Gn 6,5~12) du *déluge, où l'*eau, vie
et qui dépassent l'homme ; à travers la puissance primordiale, devient abime de mort. Pourtant,
du mot prononcé qui semble développer automa- au cœur même de la malédiction, Dieu envoie sa
tiquement ses effets funestes, la malédiction *consolation, Noé, *prémices d'une nouvelle huma-
évoque la puissance redoutable du mal et du nité, à. qui la bénédiction est promise pour tou-
*péché, l'inexorable logique qui conduit du mal au jours (8,17-22; 9,1~17; 1 P 3,20}.
malheur. Aussi, dans sa forme pleine, la malédic-
tion comporte-t-elle deux termes étroitement liés,
la cause ou la condition, entraînant l'effet: 1, Parce II. LES PATRIARCHES :
que tu as fait cela {si tu faiS cela) .. tel malheur MALÉDICTIONS SUR LES ENNEMIS n'IsRARL
t'atteindra. n
On ne peut maudire à. la légère, sans risquer de
Tandis que la malédiction détruit *Babel et
déchaîner sur sa personne la malédiction qu'on
*disperse les humains ligués contre Dieu (Gn Ir,
appelle (cf Ps rng,17). Pour maudire quelqu'un,
7), Dieu suscite • Abraham pour rassembler tous
il faut avoir un *droit sur son être profond, celui
les peuples autour de lui et de sa descendance,
de l'autorité légale ou paternelle, celui de la misère
pour leur bénédiction ou leur malédiction (r2,
et de l'injuste oppression {Ps 137,8s; cf Jb 31,20. rss). Tandis que la bénédiction arrache le lignage
38s; Je 5,4), celui de Dieu.
élu à la double malédiction du sein *stérile (15,
5s; 30,1s) et de la *terre hostile (27,27s; 49,11s.
22-26), la malédiction qu'appellent sur eux les
l. LA PRÉHISTOIRE MALÉDICTION SUR LE MONDE adversaires de la race élue les rejette « loin des
gras terroirs ... et de la rosée qui tombe du ciel o
(27,39) ; la m;t!,édiction devient réprobation, exclu-
Dès les origines, la malédiction est là. (Gn 3,14.
sion de l'unique bénédiction. (( Maudit soit qui te
17), mais en contrepoint, le motif premier étant
maudit! o Pharaon (Ex 12,29~32}, puis Balaq
la bénédiction (1,22.28). La malédiction est comme
(Nb 24,9) en font l'expérience. Comble de l'ironie,
l'écho inversé de la bénédiction par excellence
Pharaon est réduit à supplier les enfants d'Israël
qu'est la .,Parole créatrice de Dieu. Quand le
(( d'appeler sur [lui] la bénédiction 1) de leur Dieu
Verbe, lumière, vérité, vie, atteint le Prince des {Ex 12,32).
ténèbres, père du mensonge et de la mort, la béné-
diction qu'il apporte révèle le refus meurtrier de
*Satan et se retourne, à ce contact, en malédic- III, LA LOI : MALÉDICTION SUR ISRAËL CODP.\BLE
tion. Le péché est un mal que la Parole ne crée
pas mais qu'elle révèle et dont elle consomme le Plus progresse la bénédiction, plus se révèle la
malheur : la malédîctîon est déjà un *jugement. malédiction.

703
MALÉDICTION MAL°fDICTION

r. La •Loi dévoile peu à peu. le péché (Rm 7,7- droit à la vengeance qu'a l'innocent persécuté :
I 3) en proclamant, à côté des exigences et des c sans ouvrir la bouche » (1s 53,7), it s'est offert
interdits, les conséquences fatales de leur viola- pour nos· péchés à la malédiction (53,3s) ·; son
tion. Du Code de l'Alliance aux liturgies gran- intercession sera pour les pécheurs un· gage de
dioses du Deutéro1lome, les -menaces de malédic- salut, en attendant qu'advienne -la :fin· du :péché :
tion gagnent chafl.ue fois en précision et en ampleur alors. a: de Illalédiction, il n'y en aura plus » ·(Za
tragique (Ex 23.,21; Jos 24,20; Dt 28; cf Lv 26, q,n).
14-39); La· bénédiction- est·. un mystère d'•élec-
tion, la malédiction est un mystère de· rejet : ·les
élus indignes sëmblent rejetés d'un.choix (1 S 15, ' ' ' ' ' ]' ,' . ' :
23; 2 R 17;17-23; 21,10-15). Q.ui pourtant les con- V. JÉSUS-CHRIST. VAIN.QUEUR DE L{'.. MALÉD~CTlON
cerne. toujours (Am -3,2).
« Pour ·ceux qui s6nt dans· le Christ Jésus, .. il
2. Les prophèt,es, témoins de }'•endurcissement n'y a plus de·condamnation w(Rm 8,z) ni de malé-
d'Israël (Is 6,9s; Ha 2;6-20), de son aveugle- diction. Devenu pour nous cc péché »i (2 Co 5,21)
ment devant -le· malheur imminent (Am 9·,-10; Is et a: malédiction », en ·se laissant identifier ,avec
28,1s; Mi 3,n;. cf:Mt-3,8ss), sont contraints d'an- le péché·et avec ·.la malédiction 'encourue par -le
noncer « la violence et la· ruine » -(Jr 20,8), · de péché, le Christ (< nous a fachetéS ·de la malédic-
revenir ·-constamment au langage de la malédic- tion de la Loi.» (Ga 3,13) et·mis,en possession de
tion (Am 2,1-16; Os- ·4,6; Is 9,7-10,4;: Jr. 23, la· bénédiction et de !'•Esprit de Dieu .. La Parole
13ss; Ez II,1-12.13-21),·de la voir atteindre tout peut donc inaugurer les temps nouveaux où, dans
Israël et n'épargner rien ni _personne : les prêtres la bouche de Jésus; il ·n'est plus· de malédiction
(Is 28,7-13), les-faux prophètes (Ez 13), les· mau- proprement .dite (gr. katara), ·mais-,la constata-
vais pasteurs (Ez 34,1-10), le·pays (Mi 1,8-16), la tion d'un état. malheureux (gr. ·ouaï) qui:.vient se
Ville (Is ·29;1-10), le Temple (Jr 7;1-15), .le palais coupter·avec· la *béatitude .(Le 6,20-26).,Elle ne
(22,5), -les rois (25,18). · rejette pas, mais attire (Jri. 12,32)·; elle ne dis-
Jaµiais cependant. :la malédiction n'est totale. perse pas mais unifie (Ep 2, 16)·. Elle: libère l'homme
Parfois, sans raison apparente ·et s~s •transition, de la chaîne maudite, Satan, Péché, Colère,· Mort,
dans un sursaut .. de , tendresse;. la .•promesse de et'lui permet d'aimer. Le Père' qui a tout.pardonné
salut succède à la_.menace {Os 2,8.n,16; Js 6,13), dans son Fils peut apprendre à ses enfants com-
mais lplus. souvent; au· cœur même de la maJéH me_nt va:inCre la malédiction,par le' "pardon (Rm.
diètion,: éclate la:. bénédiction (ls' 1,25s; 28,16(1; 12,_q'; _x Co"13,5) et par ram:Qur {Mt 5;-44; Col 3;
Ez 34,1-1:6; 36,2-12.13-38). 13)';_ le ch:rétien_ né !)eut.plus_-.JD,audire- (:i: P 3_.9),
1',; l'inverse dù._ ·u._lP,audi_t :SOif qui te maudit, l. » de
l'AT, et, à l'exemple dù Seigneur,' il doit« bénir
ceux_,q1,1i le mall;dissent » (:L,c, 6,28).
IV. LÉs :AP?~~s DES JUSTES. À_ LA- .MALÉ~ICTIO~ Vaincue par J.e Chr-ist, la malédiption <;Iemeure
cependant une réalité, une destinée non plus fatale
D:C be· •Rest_e. à,.travers leêJ.uel Dieu transmet la comme elle l' eO.t ·été sans lui; mais encore possible.
bénédi_ction d'Abraham,, il arrive qU:e montent des La manifestation ,suprême de la bénédiction porte
cris- de malédiction, ceux do Jérémie--{Jr u.,20; même à son paroxysme l'acharnement.de.,la malé-
12,3;' 20,12.) e_t.des psalmistes (Ps ·5,n; 35",4ss; -83, diction qui progresse sur ses traces depuis·. les
10-19; .. 109,6..:20_; 137~7ss); Sans doute ces appels origines. ··La malédiction, profitant des.' dei-nieirs
à la,vengeance,. qui nous choquent,C:omme si nous jou.rs. qui lui sont comptés (Ap 12,i2)'-: déchâtne
savions •paidonner, comportent une part. de res- toute sa virulence à l'heure où_ ,le •salut se con-
sentiment pC+SOnnel ôu nationaliste.- Mais, une somme (8;I3). I?·e· l_à, :vieD.t que ;l~ NT·_·com:porte
fois purifiés,• ils. pouITont être ·.repris dans le NT, _encore _bieri. des forniuleB de màlédiction,:; l'A.po~
car ils, expriment n,on seq_lement la détresse de calyps_e. peut à la fois prOClamer : · ~ J?e. rq8._lé4ic-
l'humanité soumise à la maléQiçtion. du - péché, tion il n'y en aura plus». (22,.3), et lancer la-l,llalé-
mais l'appel à>la :'!'justice de Dieu, qui Comporte diction définitive : «. Dehors... tous ceux qui se
nécessaireme'nt ,-la i;testruction du péché. Dieu plaisent-à faire le mal! » (22,15), le Dragon (12),
peut-il.-rejeter l'imprécation jaillissant d'un opprimé la Bête et le faux prophète (13), les nations, Gog
qui 'cap.fesse piµ-· ailleurs son propre. péché ·(Ba •3, et Magog (20,7), la prostituée (17), Babel (18), la
8; .. Dn·..'9,.II,15)-_.?, ~- .Serviteur renonce. même-au Mort et le Shéol (20,14), les ténèbres (22,5), le

705 7o6
:MALÉDICTION MANNE

•monde (Jn r6,33) et les •Puissances de ce monde


(1 Co 2,6). Cette malédiction totale, un« Dehors! "
sans recours, est proférée par Jésus-Christ. Ce qui
la rend effrayante, c'est qu'elle n'est chez lui ni
"'vengeance passionnelle, ni exigence rationnelle MANNE
de talion; elle est plus pure et plus terrible, elle
laisse à leur choix ceux qui se sont exclus de
l'"'amour. La manne est une nourriture que Dieu donna à
Non que Jésus soit venu maudire et condamner Israël durant la marche au désert (Jas 5,r2); ce
(Jn 3,r7; r2,47); il apporte au contraire la béné- qui importe, ce n'est pas de définir sa nature,
diction. Jamais, durant sa vie, il n'a maudit per- c'est de saisir sa valeur symbolique; l'interpréta-
sonne; sans doute il n'a pas épargné les menaces tion de son nom : « Qu'est cela ? » (hb. man hu
les plus sinistres, sur les repus de ce monde {Le Ex 16,r5) en souligne le caractère mystérieux
6,24ss), sur les villes galiléennes incrédules {Mt Dieu veut en effet éprouver son peuple tout en
u,21), sur les scribes et les pharisiens (Mt 23,13- le faisant subsister (16,4.28). Ce don merveilleux
31), sur« cette *génération» en qui se concentrent a suscité dans la tradition de nombreux commen-
touS les péchés d'Israël (23,33-36), sur« cet homme- taires, dont témoignent les récits du Pentateuque
là par qui le Fils de l'homme est livré » (26,24), (Ex I6; Nb I 1,4-9), les psaumes et le Livre de la
mais ce sont toujours des avertissements et des Sagesse (Sg 16,20-29); elle a ainsi préparé la
prophéties douloureuses, jamais le déchaînement révélation du vrai pain du ciel dont elle était
de la *colère. Le mot propre de malédiction ne l'annonce et la figure (Jn 6,31s).
paraît sur les lèvres du Fils de l'homme qu'à son
dernier avènement : « Loin de moi, maudits l • 1. La manne et l'épreuve du désert. - Devant la
(ilH 25,41). Encore nous prévient-il que, même à condition précaire où il se trouve dans le désert,
cette heure, if ne changera pas de comportement : le peuple incrédule met Dieu en demeure d'agir
1, Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde K Yahweh est-il, oui ou non, parmi nous ? » (Ex

pas, ce n'est pas moi qui le condamnerai... La 17,7) ; Dieu lui répond en manifestant sa gloire,
parole que j'ai fait entendre, voilà qui le jugera entre autres, par le don de la manne {16,7.10ss).
au dernier jour » (Jn 12,47s). ]Co & JG A son tour, la manne est une question que Dieu
pose à son peuple pour l'*éduquer en le mettant
-:~ imathème NT - bénédiction - bêtes & Bête 2 - à !'*épreuve : « Allez-vous reconnaitre que je suis
bien & mal II 2 - blasphème - colère B NT I 2, votre Dieu, en vous conformant à mes ordres ? »
Il I 1 - enfers & enfer AT Il ; NT 1 - maladie/gué- (cf 16,4.28).
rison AT I J - richesse III r - souffrance O ; AT En donnant à Israël ce moyen de subsistance,
II; NT I 2 - terre AT I 3 - vendange 1.
Dieu lui signifie en effet sa "'présence efficace (r6,
MALHEUR --+ bien & mal II 2.3 - calamité - 12) ; et ce signe est si expressif qu'on devra en
cendre 2 - eau Il 2 - honte - ivresse 1 - malédic- conserver le souvenir en plaçant dans l'*arche un
tion - souffrance. vase de manne avec les tables de la Loi (16,32ss;
cf 25,21; He 9,4). Or tout signe demande une
MAMMON--* cupidité NT 2 - richesse Ill 2 - réponse ; le don de la manne s'accompagne de
servir Ill o. prescriptions destinées à éprouver la foi d'Israël en
celui qui la donne : c'est au jour le jour qu'il faut
MANGER- arbre 1 - faim & soif - nourriture - la recu·.;llir sans rien réserver pour le lendemain,
pain - repas. sauf la veille du *sabbat où la récolte se fera pour
deux jours, afin de respecter le •repos sabbatique;
MANIFESTATION - appantwns du Christ 1 - ainsi la manne est pour le peuple le moyen de
feu AT I - gloire III- Jour du Sc,ig-neur - lumière
& ténèbres AT I 2, II 2; NT I J - orage - présence
montrer son "'obéissance à Dieu et sa •confiance
de Dieu AT II - Résurrection NT I 1 .2 - Révélation en sa parole (Ex 16,16-30). 11 y a plus: les galettes
- signe - Transfiguration. de manne bouillie, sans ~tre insipides (Nb II,8),
ont· toujours le même goût; Israël s'en lasse et
murmure, méconnaissant l'épreuve et sa leçon
au lieu de ne compter que sur les nourritures ter-
restres (u,4ss), l'homme doit s'appuyer d'abord
sur celles qui viennent du ciel, sur la mystérieuse
hlANNE. MARIAGE

nourriture dont la manne est le symbole ·: la satisfaisant à tous leurs besoins et répondant à
•Parole de Diei.l (Dt 8,2s). tous leurs goù.ts, au cours de !'•Exode nouveau
du peuple de Dieu ; bien plus, le croyant _est déjà
2. La manne, et l'atlente es'chàtologique. - ~!&li- vainqueur dans la lutte qu'il dciit mener-au ·cours
tant son passé devant Dieu· dans la prière, Israël de son voyage, car .il est déjà nourri du pain de
chante le bienfait de·-Ia m~nne: « froment et·pain· Dieu lui-même et, il vit de sa vie étm-1:).e~le (Jn 6,
du ciel»,« pain-des fo_rts », des anges qui-habitent 33-54'.57s; Ap 2,r7). MFL
le ciel (Ps 78,23ss;·_."Ps 105,40;, Ne-- 9,15). En ·célé-
-:-+. désert 4,T I 2 - eucharistie_ Ill :2 - faim & soif
brant ce don miraculeux, les _sages imaginent les AT I a .- nc,urriture Il - pain III.
qualités ·que d,oit avoir une •nourriture. ·céleste,
celle que: le Créateur donnera à ses enfants lors MARANA THA ~ tultei NT UI -3 -- esp'él'ance .NT
du banquet eschatologique ; c'est à cette ·nourri- IV - Jésus-Christ II J-a - Seigneur NT.
ture, -objet de rattente d'Israël,. que. pense -l'au- MARCHER • che~iti' - co~rir - derrieürer O -
teur de la Sagesse, dans son commentaire inspiré ' suivre - ·vertus & ·vices 1.
(midrash). de l'Exode. La manne de l'aveDll' s'ac-
commodera au •goût 'de. chacun _et s~adaptera.
aux •désirs des enfants de Dieu. Ceux-ci; en ·Ja
goûtant, gO.iiteront- plus encore la *douceur du MARIAGE
Créateur. qui met· la· création au :service de ceux
qui croient en lui (Sg r6;2os.25s).· L'Apoçaiypse AT
parle de-cette:même·-manne: elle-est promise- à 0

ceux dont la füi etJe_,témoignage auront fait des I. LE MARIAGE.D~NS L~ DÈSSE:l~'DTJ CR~_ÂTÉTJR
vainqueurs .de Satan et du moride. (Ap -2,17;· cf
r Jn 5,4s). Les deux récits de ;}a création se terminent sur
une scène qui fonde l'institution du mariage. Dans
3. La· manne et le vrai patn de Dieu. - Le· Christ, le récit yahviste .(Gn. 2), l'intention· divine:· est
au désert~ :confirme ·en la vivant la leçon de l'AT : explicitée en ces termes :- «- Il-n'est pas bon que
a L'ho1nme ne, vit pa:s seulement de pain,. mais de l'homme .soit ·seul, ·je. vais lui faire une aide· qui
toute partile q1,1i ,_ sort . de .la boucli P. .de Dieu » lui soit assortie_», {2,r8). Supérieur à tous les ahi-
(Mt 4,t-4 p; cf Dt 8,3). Il renouvelle cet enseigne- ina:.ux ,(2,rl)s)i_ l'homme ne saurait· trouver cette
ment en nourrissant .te· peuple de Dieu, d'un ":'pain aide que· dans celle· qui' est et -"chair-'de sa •chair et
miraculeux. ·Ce pain qui rasSa.8ie 1e-peuple·(Mt q, os de ses os·» (2,21ss). Celle~là, Dieu·ra Créée pour
20; :15,37- p;:cf· Ps 78,:29)· ·suscite un- enthousiasme lui'; c'est pou·rquoi/ qtlittant· père et Illet"e, il s'at-
sans rapport avC;C- ~ :*foi que- Jésus exige (Jn 6, ta_che à .elle par l'am:our et ils· deviennent a: une
14s) ; les 'disciples• ne ·comprënnent pas mieux que seule chair » (2,24) .. La "sexualité· trouve ainsi
la fou~e. -le sens·du don et du miracle.;_-quant aux son sens en traduisant dans la· chair l'unité des
incrédules, pharisi_ens.et saddµcéens, ils derria:ndeilt deux êtres· que· Dieu appelle ·à s'entraider dans
à·ce inoment II un·signe: venant·du-ciel » (Mt 16, l'amour mutuel. Exempte de .tout· setitiment de
i-4 p; ,cf Jn 6;3os; Ps 78,24s)'. · honte dans l'intégrité -originelle (2,25), elle seta
Or le ..vr'ai .pain. a' venu ·.du· ci~l .>1, .ce n!est pas:Ia cependant occasion ·de:trouble,à la suite.du péché
manne ,qui .la-issait:-mourir,.-mais bien Jésus lui- {3,7), et Ia· vie du; couple humain sera .désormais
même (Jn 6;32s) que ,ron reçoit· par la f9i •(6,35- guettée -par la· •souffrance et par._ les ,tentations
50) : c'.est,sa" •chair, donnée,« ·po,ur la. •vie du passionnelles ou dominatrices (3,16). Mais malgré
monde 1r,(6,5-1-58).. Paul, --lui aùssi,- voit ce même cela,· pour la·« mère des yivants··.» (3;20)·, la *fécon-
t1 aliment spirituel-.'>) préfiguré par , la- manne du dité demeurera un bienfait. divîn permanent :{4,r.
désert (1 .Co·;to,3·~)- C'est donc ·à bon droit--que· Ia 25s). ·Le récit s·acer'dotal (Gn r) est.moins chargé
liturgie eucharistique'reprend '1es·iffiages- bibliques d'éléments dxamatiqUes. L'homme· créé à l'image
qui cm;icernent la -manne. En: communiant au pain de Dieu-·pour dominer la terre-et la peupler·, c'est
mystérieux· du .•repas· eucharistique, àpparemment en, réalité le- couple (1,26s). La fécondité ·apparaît
toujours le même: comm~ la' manne, le chr_étien là. comme 'là· :fin même de· la: sexualité. ,cj_ui. est
répond:à un.signe de Dieu et atteste :sa foi· en ·sa chose exceUente .comme:toutè la création (I,31).
Parole ,:desc~udu_è du ciel; c'est ,-pourquoi; dès Ainsi s'affirme l'idéal divin de"finstitutioil matri-
maintenant,-.il- est·«· nourri. du pain-des anges, moniale avant que• le :péché n'ait. corrompu le
devenu, Je· pain. des -voyageurs » (L~uda · Sion), genre humain.
MARIAGE MARIAGE

2. Polygam1·e et monogamie. - L'idéal de fécon-


dité et le souci d'avoir une famille puissante font
désirer <le très nombreux enfants (cf Jg 8,30; 12,
II. LE MARIAGE DANS LE PEUPLE DE Drnu 8; 2 R ro,1), ce qui mène naturellement à la pra-
tique de la polygamie. L'auteur yahviste, dont
l'idéal était monogamique (Gn 2,18-24), la stig-
Quand Dieu entreprend de faire l'éducation de
matise quand il en attribue l'origine à une initia-
son peuple en lui donnant sa *Loi, l'institution
tive du barbare Lamek (4,19). Néanmoins, tout
matrimoniale n'est plus au niveau de cet idéal
au long de la Bible, se rencontre l'usage d'avoir
primitif. Aussi, dans la pratique, la Loi adapte-
deux épouses (r S I,z; cf Dt 21,15) ou de prendre
t-elle partiellement ses exigences à la « dureté des
des concubines et femmes esclaves (Gn 16,2; 30,
cœurs » (Mt 19,8). La fécondité est regardée comme
3; Ex 21,7-rr; Jg 19,r; Dt 21,10-14). Les rois
la valeur primordiale à laquelle le reste est subor-
contractent un grand nombre d'unions, par
donné. Mais ce point étant assuré, l'institution
amour (2 S II,2ss) ou par intérêt politique (1 R
garde la trace de coutumes ancestrales fort éloi-
3,1) ; ainsi apparaissent de grands harems (r R
gnées du mariage-prototype de Gn r-2.
n,3; 2 Ch 13,21), où le véritable amour est impos-
sible (cf Est 2,12-17).
I. Amour conjugal et contrainte sociale. - Les Mais l'attachement exclusif n'est pas rare non
textes anciens sont fortement marqués par une plus, depuis Isaac (Gn 25,19-28) et Joseph (Gn
mentalité où le bien de la communauté prime celui. 41,50), jusqu'à Judith {Jdt 8,2-8} et aux deux
des individus, à qui elle impose ses lois et ses Tobie (Tb rr,5-15), en passant par Ézéchiel (Ez
exigences. Les parents marient leurs enfants sans 24,15-18) et Job {Jb 2,9s). Les sapientiaux évoquent
les consulter (Gn 24,2ss; 29,23; Tb 6,13). Le les joies et les difficultés de foyers monogamiques
groupe exclut certains mariages à l'intérieur de (Pr 5, 15-20; 18,22; 19,13; Qo 9,9; Si 25,13-26,
la parenté {Lv 18,6-19) ou à l'extérieur de la nation 18), et dans le Cantique des Cantiques, l'amour
(Dt 7,1-4; Esd 9). Certaines unions sont comman- des deux époux est évidemment sans partage.
dées par la nécessité de perpétuer la race, ainsi Tout cela dénote une évolution réelle dans les
celle de la veuve sans enfants avec son parent le mœurs. A l'époque du NT, la monogamie sera
plus prpche (lévirat : Dt 25,5-i:o; Gn 38,7ss.; la règle courante des mariages juifs.
Rt 2,20}. Malgré tout, sous ces apparences de
contrainte, la spontanéité de l'amour reste bien 3. Stabilité du mariage et fidélité des épou:i:. -
vivante. Parfois, le cœur s'accorde avec une union C'est encore le souci d'avoir une descendance qui
imposée (Gn 24,62-67; Rt 3,10) ; parfois, un homme a pu introduire la pratique de la répudiation pour
et une femme s'unissent parce qu'ils se sont choisis cause de •stérilité ; mais la polygamie permettait
(Gn 29,r5-20; 1 S rB,20-26; 25,4oss), dans certains de résoudre cette difficulté (Gn 16). En réglant
cas contre la volonté des parents (Gn 26,34s; J g la pratique du divorce, la Loi ne précise pas
14, 1-10). On trouve des foyers unis par un amour quelle (( tare D peut permettre à l'homme de répu-
profond (1 S t,8), des fidélités quî durent libre- dier sa femme (Dt 24,1s). Cependant après l'exil,
ment au-delà de la mort (Jdt 16,22). Malgré la les sages chantent la fi.délité envers (( l'épouse de
dot versée à la famille de la femme (Gn 34,12; la jeunesse » (Pr 5, 15-19) et ils font l'éloge de la
Ex 22,15s), et le titre de maître ou de propriétaire stabilité conjugale (Si 36,25ss). Rapprochant le
que porte le mari (baal), la femme n'est pas sim- pacte (berith) matrimonial de !'•alliance {berith)
plement une marchandise qu'on achète et qu'on de Yahweh et d'Israël, Malachie affirme même que
vend. Elle se montre capable de prendre des res- Dieu (( hait la répudiation 1) (Ml 2,14ss). Malgré
ponsabilités, et elle peut contribuer activement à. ce cheminement vers un idéal plus strict, le
la réussite du mariage et à la réputation de son judaïsme contemporain du NT admettra encore
mari (Pr 31,10-31). Et c'est l'amour de deux par- la possibilité du divorce et les docteurs discute•
·tenaires libres, dans un dialogue passionné qui ront sur les causes qui peuvent:. le légitimer (cf
échappe à la contrainte, que présente le Cantique Mt 19,3). En ce qui concerne la fidélité conjugale,
des Cantiques; même s'il est allégorique, et con• la coutume (Gn 38,24). sanctionnée ensuite par
cerne l'amour de Dieu et de son peuple, ce livre la. Loi écrite (Dt 22,22; Lv 20,10), punissait de
en parle avec les mots et les attitudes qui étaient, mort toute femme *adultère ainsi que son complice.
de :,;011 temps, ceux de l'amour humain (cf Ct 1, Mais cette interdiction de l'adultère (Ex 20,14)
I:2-17; 6,4-8,4). visait d'abord à faire respecter les droits du mari,

7rr 712
MARIAGE MARIAGE

car rien n'interdisait formellement à l'homme les les dépasse. Ils sont « une seule *chair » devant
relations avec des femmes libres ou des prosti- lui ; aussi la répudiation, toiérée « à cause de la
tuées ; la pratique de la polygamie faisait admettre dureté des cœurs », doit-elle être exclue dans le
plus aisément de telles tolérances. Mais, de même Royaume de Dieu où le monde revient à sa per-
qu'on tend à la monogamie, un progrès se produit fection originelle. L'exception du (( cas de forni-
sur ce point : l'adultère est aussi interdit pour cation » {Mt r9,9) ne vise probablement pas une
l'homme (Jb 31,9; Si 9,5.8.9; 41,22ss). Dans ces justification du divorce (cf Mc ro,ns; Le r6,18;
limites, la pratique de l'adultère est sévèrement I Co 7,10s) ; elle concerne ·sans doute le renvoi
dénoncée par les prophètes (Ez 18,6), même quand d'une épouse illégitime ou bien une séparation
le coupable est le roi David lui-même (2 S 12). qu'aucun autre mariage ne pourra suivre. D'où
Les sages mettent d'ailleurs les jeun:es gens en l'effroi des disciples devant la rigueur de la Loi
garde contre les séductions de la femme dévoyée nouvelle : « Si telle est la condition de l'homme
(Pr 5,1-6; 7,6-27; Si 26,9-12), afin de les former à envers la femme, mieux vaut ne pas se marier 1 »
la fidélité conjugale. (Mt 19,ro).
Cette exigence sur les principes n'exclut pas la
4. L'idéal religieux du mariage, - Bien que le miséricorde envers les hommes pécheurs. A plu-
mariage soit avant tout affaire de droit civil et sieurs reprises, Jésus rencontre des adultères ou
que les textes anciens ne fassent pas allusion à un des êtres infidèles à l'idéal de l'amour (Le 7,37;
rituel religieux, l'israélite sait bien que Dieu le Jn 4,18; 8,3ss; cf Mt 21,31s). Il les accueille, non
conduit dans le choix de son épouse (Gn 24,42- pour approuver leur conduite, mais pour leur
52) et que Dieu assume au nom de l'Alliance les apporter une conversion et un *pardon qui sou-
préceptes qui règlent le mariage (vg Lv 18). Le lignent la valeur de l'idéal trahi (Jn 8,II).
décalogue, loi fondamentale d'Israël, garantit la
sainteté de l'institution (Ex 20,14: cf Pr 2,17). 2. Le sacrement de mariage. - Jésus ne se con-
Après l'exil, le Livre de Tobie donne une vision tente pas de ramener l'institution du mariage à
hautement spirituelle du foyer préparé par Dieu cette perfection primitive que le péché humain
(Tb 3,16), fondé sous son regard dans la foi et avait obscurcie. Il lui donne un fondement nou-
la prière (7,1r; 8,4-9), suivant le modèle que tra- veau qui lui confère sa signification religieuse dans
çait ta Genèse (8,6; cf Gn 2,18), gardé par la fidé- le Royaume de Dieu. Par la nouvelle alliance qu'il
lité quotidienne à la loi (14,8-13). Parvenu à ce fonde dans son propre sang (Mt 26,28), il devient
niveau, l'idéal biblique du mariage dépasse les Jui-même l'*Époux de l'Église. Aussi pour les
imperfections qu'avait provisoirement sanction- chrétiens, temples du Saint-Esprit depuis leur
nées la Loi mosaïque. baptême (1 Co 6,19), le mariage est-il 1< un grand
mystère par rapport au Christ et à l'Église » (Ep
NT 5,32). L_a soumission de l'Église au Christ et l'amour
rédempteur du Christ pour l'Église, qu'il a sauvée
La conception du mariage dans le NT est com- en se livrant pour elle, sont ainsi la règle vivante
mandée par le paradoxe même de la vie de Jésus : que les époux doivent imiter; ils le pourront,
1e né d'une femme » (Ga 4,4; cf Le u,27), il con- puisque la grâce de rédemption atteint leur amour
sacre par sa vie à Nazareth (Le 2,51s) la famille même en lui assignant son idéal (5,21-33). La
telle qu'elle a été préparée par tout l'AT. Mais •sexua1ité humaine, dont il faut apprécier avec
né d'une mère vierge, vivant lui•même dans la prudence les exigences normales (I Co 7,1-6), est
virginité, il témoigne d'une valeur supérieure au assumée maintenant dans une réalité sacrée qui
mariage. la transfigure.

L LE CHRIST ET LE MARIAGE Il. MARIAGE ET VIRGINITÉ

r. La Loi nouvelle. - Se référant explicitement, « Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul ».
par-delà la Loi de Moïse, au dessein créateur de disait Gn 2,18. Dans le Royaume de Dieu ins-
la Genèse, Jésus affirme le caractère absolu du tauré par Jésus, un nouvel idéal se fait jour. Des
mariage et son indissolubilité {Mt 19,1-9) : c'est hommes se feront, pour le Royaume, « eunuques
Dieu lui-même qui unit l'homme et la femme, volontaires » (Mt 19,us). C'est Je paradoxe de la
donnant à leur libre choix une consécration qui *virginité chrétienne. Entre le temps de l'AT, où

713
MARIAGE MARIE

la •fécondité était un devoir premier pour perpé- les disciples à la prière du Cénacle (Ac 1,14). Enfin
tuer le peuple de Dieu, et la Parousie, où le Jean encadre la vie publique de Jésus entre deux
mariage sera aboli (Mt 22,30 p), deux formes_ de scènes mariales (Jn 2, 1-12; 19,25ss) : à Cana coµime
vie coexistent dans l'Église celle du mariage, au Calvaire, Jésus définit avec autorité le rôle de
que transfigure le mystère du Christ et de l'Église, Marie d'abord comme fidèle, puis comme mère de
et celle du célibat consacré, que Paul estime la ses disciples. Cette prise de conscience progressive
meilleure (r Co 7,8.25-28). Il ne s'agit pas de du rôle de l\farie ne doit pas être expliquée sim-
mépriser le mariage {cf 7, I}, mais de vivre en plé- plement par des motifs psychologiques: elle reflète
nitude ce mystère nuptial auquel tout chrétien une intelligence de plus en plus profonde du mys-
participe déjà par son baptême (2 Co 11,2) : en tère même de *Jésus, inséparable de la<! *femme.,,
s'attachant au Seigneur ~ans partage pour ne de laquelle il voulut naître (Ga 4,4). Quelques
plaire qu'à lui seul (r Co 7,32-35), on atteste que titres permettent de rassembler les données éparses
la *figure du monde présent, à laquelle l'institu- dans le NT.
tion matrimoniale est corrélative, s'achemine vers
sa fin (7,31). Dans cette perspective, Paul souhaite
sans doute que (( ceux qui ont une femme vivent
comme s'ils n'en avaient pas 11 (7,29} et que les J. LA FILLE DE SION

•veuves ne se remarient pas. Mais tout cela dépend


finalement du Seigneur ; il s'agit de vocations I. Marie apparaît d'abord semblable à ses con-
diverses et complémentaires dans le *Corps du temporaines. Comme l'attestent les inscriptions du
Christ : dans ce domaine comme dans les autres, temps et les nombreuses Marie du NT, son *nom,
• chacun reçoit de Dieu son don particulier, l'un jadis porté par la sœur de :Moïse {Ex 15,20), était
celui-ci, l'autre celui-là i, (7,7 ; cf Mt 19,rr). courant à l'époque de Jésus. Dans l'araméen
cw d'alors, il signifie probablement u Princesse n,
« Dame ». S'appuyant sur des traditions palesti-
-i-- Adam II 2 - adultère I - ami 3 - chair I 2 - niennes, Luc montre en Marie une pieuse femme
circoncision AT I - Époux/épouse - fécondité - juive, fidèlement soumise à la Loi (Le 2,22.27.
femme AT 2 ; NT 2 - Marie Il 4 - sexualité - sté-
rilité - unité I, III - vêtement I 1 - veuves 2 - 39), exprimant dans les termes mèmes de !'AT les
virginité. réponses qu'elle donne au message divin {r,38);
en particulier son Magnificat est un centon de
psaumes et s'inspire principalement du cantique
d'Anne (1,46-55; cf I S 2,1-10).
MARIE
z. :Mais, pour Luc encore, Marie n'est pas une
simple femme juive. Dans les scènes de !'Annon-
Le rôle important que tient la mère de Jésus ciation et de la Visitation (Le 1,26-56), il présente
dans la tradition chrétienne a été esquissé dès la Marie comme la Fille de Sion, au sens qu'avait
révélation scripturaire. Si les Douze ont centré cette expression dans l' AT la personnification
leur intérêt sur le ministère de Jésus, depuis son du •peuple de Dieu. Le ir Réjouis-toi n de l'ange
baptême jusqu'à Pâques (Ac r,22; ro,37ss; 13, (1,28) n'est pas une salutation usuelle, il évoque
24ss), c'est qu'ils ne pouvaient parler que des faits les *promesses de la venue du Seigneur à sa cité
auxquels ils avaient pris part et qu'ils devaient sainte (So 3,14-17; Za 9,9). Le titre « comblée de
répondre au plus urgent de la mission. Il était faveur », objet par excellence de l'amour divin,
normal que les récits sur l'enfance de Jésus n'ap- peut évoquer l'épouse du Cantique, une des
paraissent qu'ensuite; Marc les ignore, se conten~ figures les plus traditionnelles du peuple élu. Ces
tant de mentionner deux fois la mère de Jésus indices littéraires correspondent au rôle que :Marie
(Mc 3,31-35; 6,3). Matthieu les connaît, mais les joue dans ces scènes elle y reçoit, seule au nom
centre sur Joseph, le descendant de David qui de la *maison de Jacob, l'annonce du salut; elle
reçoit les messages célestes (Mt 1,20s; 2,r3.20.22) l'accepte et rend ainsi possible son accomplisse-
et donne le nom de Jésus à l'enfant de la Vierge ment. Dans son Magnificat enfin, elle dépasse
(1,18-25). Avec Luc, Marie entre ~n pleine lumière; vite sa gratitude personnelle (1,46-49) pour prêter
c'est elle qui, aux origines de l'Evangile, tient le sa voix à la race d'Abraham, dans la reconnais-
premier rôle, avec une véritable personnalité; c'est sance ot la joie (1,50-55).
elle qui, à la naissance de l'Église, prend part avec
MARIE MARIE

pour devenir-la mère du· Messie : si elle y voit une


difficulté, c'est qu'elle veut garder. la virginité.
II. LA VIERGE Cette interprétation repose toutefois sùr·uil pos-
tulat .·contestable : elle suppose que Marie ·a été
1. Le fait dB la virginité de M at"Î6 dans la concep- mariée à Jose ph sans son consentement. ·SurtotJt
tion de Jésus est affirmé par Mt 1,18-23 et Le ·1, ~le méc_onnaît le s_ens exact de -la question de
26-38 (il est ·suggéré• dans quelques versions Marie, qui signifie : « à,ctuellen:ient, je n'ai .pa·s · de
anciennes de Jn· -x,13 :·«Lui que·ni sang, ni chair, relations conjugales». Luc suggère_ainsi que Marie
mais Dieu a engendré »). L'indépenàance mani- . comprend qu,'.elle doit être mère _aussi~ô.t, . comme
feste des récits de Mt et. de Le conduit à faire _la. mère. de.Samson a .conçu dè.i=, la parole de l'ange
remonter èette donnée à une tradition plus ancienne qui lui annonçait Sa mate.mité (Jg_ r3,5-8). E:µe
dont ils dépendent l'un et 'l'autre; objecte -que son m~riage n'est pas encore con-
_sot'nmé. Sa questipn · amène l'ange -à lui annon~r
2. Dans le milf6U palBstinien, cette place ab~ordée' la co~ception vjrginale de Jésus. Celle-ci lui est
à la virginité dallS l'avènément mess~anique paraît révélée en _-µ-i_ême temps que la filiation divine
Un fo.lt· nouvèau. Jus.qu'ici, là Bible n'a pas attri- dont elle est le signe. L'Esprit de Dieu, qui a pré-
bué de -valeur ,religieuse à ·•]a *vi:r:ginité .-(Jg II, _sidé à la création du monde (Gn 1,2), va inaugurer
37s). Les esséniens 'de Qumrân semblent les pre- dans .la conception de Jésus là' création du monde
miers Juifs à ·s'engager ·à, ta· continence, 'dans ùn nouveau. " ,
souci. évident -de *pureté légale. Ai_nsi la conception_ virginà,le appàratt-elle chez
Luc comme une exigence de la filiation divine_-de
3. Matthi6ii se borne à voir dans la conception .Jésus. Et c'est da.Il.s l'anno_nce de sa _maternité
virginale ·. de Jésus· l'accomplissement de l'oracle m;:st_érieus~ que "l\farie apprend sa vocation vir-
d'Is 7;14· (suivant le texte grec). ginale.

4. Luo, par contre,·'attache grande iinportance à ·s. La ~mtiqi àBs frèt"es de Jésus_ -(Mc 3,31 p; 6,
la virginité de Marie, com.me il s'intére&se dans 3 p;· Jn 7,3; Ac x,x.4; 1 Co· 9,5; Ga r,19) a con_dllit
toute son œuvre à la continence (Le 2,36; 1_4,26; plusieurs_ critiques à penser que Marie n'avait pas
18/29} et à la virginité (Ac ·21,9). Il ·-rapporte, gardé la virginité après là naissaiice de JésuS.
certes, le mariage de Marie ·avec Josèph (Le· 1,27; Cette opinion,. qui ne se_ rencontre nulle part dans
2,5), car· il y ·voi~· le fonderil.ent de' la légitimité la tradition ancienlle à propos des ·. mentions des
m&..S:ianique· dé Jésus (3';23ss). Mais la première frères de Jésus,· se heurte à plusieurs textes de
chose.· qu'il·-dit de la jéunei épouse est qu'elle l'évangile : Jacques et Joseph, les frères de Jésus
est vierge (x,'.2:7) : selon l'usage· palestinien, son en Mt 13,55-p, semblent les fils d'une autre Marie
mariage a dii précéder· d'assez loin son introduc- (Mt 27,56 P) ; Jésus mourant· confie_-sa mère à un
tion'dans la maison de·s'on'époux (cf Mt 25, .x-.13). disciple_ (Jn-19,26s), ce qui semble Supposèr qu'elle
La virginité 'de Marie au mome"nt de !'Annon- n'a·pas d'autre-fils. On sait -par_ailleurs que,-dahs
ciation èst mise eil relief" par .J'objectic:>n qu'elle le monde sémitique, le nom de *frères est souvent
adresse à l'ange quand il annonce qu'elle va être donné à des pTOches et à· d~s _alliés.
la mère ·du Messie : «· Co:inment cela sè fera-t-il
puisque je ne connais point _èt'h0mme·? n {Le x,
34). L'expression « connaître _un homme » ·est· en ' III. LA l\.IÈRE
effet Usuelle dans la· Bible pour désigil.er les rela-
tions col1jugales·. (Gn 4,x.17.25;· 19,8; 24;16, .. ). Luc A tous les niveaux de la traditiàn évangélique,
soulign_e aillsi que ·:Marie est vierge ·au moment Marle est d'abord « la mère de Jésus il. Plusieurs
où ellè- va concevoir Jésus. tèxtes la désignent par ce simple titre·, (Mc 3,
Luc veut-il··dire"allssi qu'avant -rAnnoncià.tion, 3-1s p; Le 2,48; Jn 2~r-12;· 19,25s)·. Il définit toute
Marie voùlait garder la _·_virginité ? Depuis saint sa -fonction· dans l'œuvre du salut:
Augustin; ··:nombreux sont ceux -qui -l'ont 'pensé.
Ils,, ont traduit sa· question à l'à.nge_ en la para- 1.- C6tt6 maternité"'BSt· vofon•tafre. - Le récit, de
phrasant : « puisque je ne veux ·pas·· cohnaître rAnnoriciation le fait clairement Fessortir (Le 'l,
d'homme·»; estiinant cette nuatlce· nécèssa_ite I)o'ur 26~38). Devant la· •vocation inattendue que lui
justifier la: quèstion·?e i\iarie: étallt l_'épôriSe·d'Un annonce l'ange, Luc montre la Vierge soucieuse
fils de David, il lui suffit de"consommer son mariage de comprendre l'appel de Dieu. L'ange lui révèle

717
MARIE
MARIE
sa conception virginale. Pleinement éclairée, Marie
accepte; elle est la servante du Seigneur, comme
Abraham, Moïse et les prophètes ; comme le leur, IV. LA PREMIÈRE CROYANTE
et davantage encore, son •service est liberté.
Bien loin de faire consister la grandeur de Marie
2. Quand Marie enfante Jésus, sa tâche, comme dans des lumières exceptionnelles, les évangélistes
pour toutes les · •mères, ne fait que commencer ; la montrent dans sa *foi, soumise aux mêmes
il lui faut élever Jésus. Avec Joseph qui partage obscurités, au même cheminement que celle du
ses responsabilités, elle porte l'enfant au Temple plus humble fidèle (Le 1,45).
pour le présenter au Seigneur, pour exprimer l'obla-
tion dont sa conscience humaine est encore inca- l. La révélation faite à Marie. - Dès l 'Annoncia-
pable. Elle reçoit pour lui, de Siméon, l'annonce tion, Jésus s'offre à Marie comme objet de sa foi,
de sa *mission {Le 2,29-32.34s). Elle est pour lui et cette foi est éclairée par des messages qui s'en-
l'*éducatrice consciente de son autorité (Le 2,48), racinent dans Ies oracles de l'AT. L'enfant s'ap-
et Jésus lui est soumis comme à Joseph (Le 2,51). pellera •Jésus, sera le Fils du Très-Haut, le .fils de
David, le *Roi d'Israël, le Fils de Dieu. A la
3. Marie reste mère lorsque Jésus parvient à l'4ge Présentation au Temple, Marie entend les oracles
adulte, Elle se trouve près de son fils lors des du Serviteur de Dieu appliqués à son Fils : lumière
séparations douloureuses (Mc 3,21.31; Jn 19,25ss). des nations, et signe de contradiction. A ces
Mais sa tâche prend alors une forme nouvelle. quelques paroles explicites, il faut ajouter, bien
Luc et Jean le font sentir aux deux étapes majeures que les textes ne le disent pas, que Marie doit
de la maturation de Jésus. A douze ans, israélite découvrir dans la vie misérable et silencieuse de
de plein droit, Jésus proclame à ses parents de la son Fils la pauvreté du Messie. Quand Jésus parle
terre qu'il se doit d'abord au culte de son Père à sa mère, c'est sur le ton abrupt des oracles pro-
céleste (Le 2,49). Lorsqu'il ouvre sa mission à phétiques; Marie doit y reconnaitre l'indépen-
Cana, ses mots à Marie : « Femme, laisse-moi )) dance et l'autorité de son fils; la supériorité de
(Jn 2,4) sont moins ceux d'un fils que ceux du la foi sur la maternité charnelle.
responsable du Royaume ; il revendique ainsi son
indépendance d'envoyé de Dieu. Désormais, pour 2. La fidélité de Marie. - Luc a pris soin de noter
le temps de sa vie sur terre, la mère s'efface der- les réactions de Marie devant les révélations
rière la fidèle (cf Mc 3,32~35 p; Le n,27s). divines : son trouble (Le r,29), sa difficulté (1,
34), son étonnement devant l'oracle de Siméon
(2,33), son incompréhension de la parole de Jésus
4. Ce dépouillement s'achève à la Croix. En décou- au Temple {2,50). En présence d'un *mystère qui
vrant à Marie le sort de Jésus, Siméon lui avait dépasse son intelligence, elle réfléchit sur le mes-
annoncé le glaive qui devait transpercer son âme sage (1,29; 2,33), elle .revient sans cesse sur les
dans la division d'Israël et l'épreuve de sa foi faits auxquels elle participe, conservant ses sou-
(Le 2,34s). Au Calvaire s'accomplit sa maternité, venirs, les méditant dans son cœur (2,19.5r).
comme Jean le montre en une scène dont chaque Attentive à la *Parole de Dieu, elle l'accueille,
trait est significatif (Jn 19,25ss). Marie est debout même si celle-ci bouleverse ses projets et doit
au pied de la croix, Jésus lui adresse encore le plonger joseph dans l'anxiété (Mt r,19s). Ses
solennel i< Femme 1) qui marque son autorité de réponses aux appels divins, Visitation, Présenta-
Seigneur du Royaume. En désignant à sa mère tion de Jésus au Temple, sont autant d'actes par
le disciple présent : Voici ton fils», Jésus l'ap-
1(
lesquels Jésus agit à travers sa mère : il sanctifie
pelle à une maternité nouvelle, qui va être désor- le Précurseur, il s'offre à son Père. Fidèle, Marie
mais son rôle dans le peuple de Dieu. Peut-être le demeure dans le silence quand son Fils entre
Luc a-t~il voulu suggérer cette mission de Marie daus la vie publique; elle l'est jusqu'à la Croix.
dans l'Église en la_ montrant en prière avec les
Douze, dans l'attente de l'Esprit (Ac 1,14) ; du 3. Le Magnificat. - Dans le cantique de Marie,
moins cette maternité universl'.':l!e répond-elle à T.•~c transmet une tradition palestinienne qui
sa pensée qui a vu en Marie la personnification cherche moins à rapporter les paroles de la Vierge
du peuple de Dieu, la fille de Sion (Le r,26-55). qu'à exprimer l'action de grâces de la communauté.
Mais Luc en fait une prière de Marie (surtout par
le v. 48). Selon la forme classique d'un psaume

720
MARIE MARJE

d'action de grâces et à l'aide des thèmes traditionR nouvelle en son rôle maternel. Si l'humanité nou-
nels du ,psautier, Marie célèbre un fait nouveau : velle est comparable à une •Femme dont le Christ-
le Royaume_ est là. Elle_ s'y montre tout entière Chef est le premier-né (Ap 12,5), peut-on oublier
au service du peuple de Dieu. En-elle et par-elle, qu'un tel mystère s'est accompli concrètement en
le salut est annoncé, la promesse a·ccomplie ; dans Marie, .que cette Femme et cette Mère n'est pas
sa propre ·•pauvieté, le niystère des *Béatitudes un pur symbole mais qu'elle a eu grâce à Marie
se réalise. La foi de· Marie, est celle-1à même du une existence personnelle ? Sur. ce point encore,
peuple de Dieu :. une .foi humble qui. s'approfondit le lien de Marie et de rÉglise · s'affirme avec .une
sans cesse au travers des obscurités et des épreuves, tellé- f?1'èeqtie, derrière la Femme arrachée, par
par la méditation du salut, par le, service géné- Dieu- ,aux attaques du .Serpent (Ap .12,13.-16),
reux qui éclaire peu à .peu le regard du fidèle (Jn contrepartie d'Ève trompée, par. le même. Ser:-
3,21; 7;17; 8,31s). C'est en raisOI!- de.' cette foi, pent- (2 · Co n,3; Gn 3,13), . M~rie se- profile en
attentive à garder la,Parole de Dieu, que Jésus même temps que rÉglise, puisque tel fut sQn rôle
lui-même a proclamé bienheureuse celle qui l'avait dans le dessein'de salut. C'est pourquoi-la Tradi-
porté dans ses entrailles {Le n,27s): tion a vu à bon droit en Marie et dans l'Église,
conjointement, la. u nouvelle Ève », de même ·que
Jésus est ·leu nouvel •Adam».
V. MARIE- 'ET L'Éç;-LISE
3. ·Le 'mystère de· Marie. - C'est·.par cette con-
On peut rassembler et prolo;nger les données nexion avec· le mystère de l'Église que le-mystère
précédentes-dans une-brève synthèse ,de théologie de Marie s'·éclaire le mieux, à· la lumière de. l'Écri-
biblique. ture. Le premier révèle en, clair ce qui; dans. le
second, fut vécu de façon cachée. Des deux côtés,
1. La 'Vierge. - Marie, Croyante-type, appelée au il ·y a .un mystère .de virginité, mystère nuptial
salut dans -Ja-.-foi par. la grâce de· Dieu, rachetée où Dieu est l'Époux; des deux 'côtés, un mystère
par le sacrifice de·son Fils comme_tous les·membres de maternité-et de filiation où· l'Esprit-Saint est
de notre. race, occupe· pourtant une place à part à l'œuvre (Le· 1,35; Mt 1,20; cf Rm 8,15)-. vis-à-
dans l'Église. '-En elle, nous voyons le myst~re de vis du Christ. .,d'abord (Le 1,31.;. Ap 12,5),·. ptifs
l'Église vécu en plénitude par une âme qui accuai.He vis-à-vis ·dès·· membres de· ·son Corps . (Jn r9,26s;
la Parole divine ·avec ,·toute sa foi. L'Église est Ap r-2,17). Le mystère de la virginité, implique
l'*Épouse du Christ·(Ep s,,32), .une Épouse vierge ·une -pureté totale, fruit de .la grâce du Christ qui
(cf Ap 21,2) que le-Christ lui-même a ,sanctifiée atteint l'être' à ·sa raciµe, ··le rendant « saint .et
en la·purifiant:(Ep 5,25ss). Chàque.â.me.chrétienne, immaculé» (Ep·5,27). Lc'mystère·de la maternité
participant:· ·à ·cette vçication, est « :fiancée au Christ implique une ·union .totale au_.mystère, de Jésus,
comme une vierge pure» '(2 Co r'r,2).· Or fa fidélité dans sa vie terrestre· jusqu'à l'épteuve et à ],a
de l'Église'-à cet appel divin. tranwaraît en Marie , croix (Le 2,35; Jn 19,25s; cf Ap 12,13),· dans sa
la première, ef· cela de la façon .,la plus. parfaite. gloire jusqu.'à la participation à·- sa résurrection
C'est:. tout le sens de. la *virginité à .laquelle Dieu (cf Ap 21). Celle qui fut « comblée de grâce, » de
l'a-.invitée et que· sa:.maternité n'a p'as diminu~e la part .de Dieu (Le 1,28) ·demeure au plan des
mais. consacrée.· En elle se révèle ainsi -au niveau ·membres de l'Église, « comblés de grâce dans le
de l'histoire l'existence de cette.Église-:Vierge ,qui, ,Bien-Aimé» (Ep t,6).· Mais c'est par son.entremise
par son .attitude, prend le contre-pied d'Ève (cf que le Fils· de Dieu, *Médiateur: un_ique,. s'est fait
2 Co rr,3). ' le frère de tous les .. hom:mes et qu'il a établi sa
liaison organique avecc·Elux, · de ,même qu'ils ne
2. L_a· Mèt'e:_ ~- . :En· o'utre, par rapport _à Jésus, l'atteignent point sans ·passer par l'J~.glise, qui est
Marie Se 'trOuve··danS ·une si_tuation spéciale qui son .Corps (Col 1,18). L'attitude'--deS chrétiens, à
n'appartient à aucun autre rileJI'lbt'e de· l'Église. l'égard de Marie: .est commandée• par ce fait ion-
Elle est la *11.-Ière de Jésus, et elle -l'est volontai- damentaI-. -C'est ,pourquoi· elle_ est en rapport si
rement, C'est pour le peuple de Dieu qu'elle direct avec leur attitude à l'égard de l'Église, leur
accepte, d'enfan~er_ . le. Fils .·. de Dieu, et c'est ce Mère .. (cf .Ps 87,5; Jn 19,27)~ AG
peuple tout entier qu'elle représente_ et qu'elle
engage dans cet accueil du salut que Dieu lui ~-it:~lise VI --.femme N.T 1.3.-;-_,Ii.umiÙté .IV . _ joie
propose.· Cette fonction permet P,e l'assimiler à la NT I t - médiateur II 0.2 - . mère I 4, II 2._3 - vir~
Fille de Sion (S0"3,1'4; cf Lc_1,28), à-la *Jérusale;m .' ginité 'NT 2, ' ,

721 722
11ARTYR
MÉDIATEUR

y reconnaît un plan divin qui trouve en lui son


achèvement (Mt 23,31s). Aussi marche-t-il " réso-
lument ~ vers Jérusalem (Le 9,51), a car il ne
MARTYR convient pas qu'un prophète périsse hors de Jéru-
salem )1 (13,33).
Cette Passion fait de Jésus la victime *expia-
I\lartyr (gr. martys) signifie étymologiquement toire qui remplace toutes les victimes anciennes
•témoin, qu'il s'agisse d'un témoignage sur le plan (He 9,12ss). Le croyant y découvre la loi du mar-
historique, juridique ou religieux. !\fais, dans l'usage tyre · « Sans effusion de •sang, il ne peut y avoir
ftabli par la tradition chrétienne, le nom de mar- de "'rédemption )) (He 9,22). On comprend que
tyr s'applique exclusivement à celui qui donne le "'Marie, si étroitement associée à la Passion de
témoignage du sang. Cet usage est déjà. attesté son Fils (Jn 19,25; cf Le 1:,35) soit plus tard saluée
dans le NT (Ac 22,20; Ap 2,13; 6,g; 17,6): le mar- comme la Reine des martyrs chrétiens.
tyr est celui qui donne sa vie par "'fidélité au témoi-
gnage rendu à Jésus (cf .\c 7,55-60). 2. Le martyr chrétien. - Le glorieux martyre du
Christ a fondé l'Église ; « Quand j'aurai été élevé
r. I.e Clwist 1lfarty1'. ~ Jésus lui-même est à un de terre, avait dit Jésus, j'attirerai tous les hommes
titre éminent le martyr flc Dieu, et par conséquent à moi n (Jn 12,32). L'Église, "'Corps du Christ,
le type du martyr. Dam1 son *sacrifice volontaire.- est appelée à son tour à donner à. Dieu le "'témoi-
ment consenti, il donne en effet le témoignage gnage du sang pour le salut des hommes. Déjà,
suprême de sa fidélité à la •mission que lui a la communauté juive avait eu ses martyrs, notam-
confiée le Père. D'après saint Jean, Jésus a non ment à)'époque des Maccabées (2 l\.I 6----7). Mais,
seulement connu à l'avance, mais accepté libre- dans l'Eglise chrétienne, le martyre prend un sens
ment sa mort comme le parfait hommage rendu nouveau, que Jésus lui-même révèle : il est la
au Père (Jn 10,18); et, à l'heure de sa condamna- pleine imitation du Christ, la participation achevée
tion, il proclame: « Je suis né et je suis venu dans à son témoignage et à son œuvre de salut : (( Le
le monde pour rendre témoignage à la vérité n •serviteur n'est pas plus grand que son maître;
(18,37; cf Ap r,.5; 3,14). s'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront, vous
Saint Luc met en relief, dans la Passion de Jésus, aussi! n (Jn 15,20). A ses trois intimes, Jésus
les traits qui définiront désormais le martyr : annonce qu'ils le suivront dans sa Passion (Mc
réconfort de la grâce divine à l'heure de l'angoisse 10,39 p; Jn 2r,18ss); et à tous il révèle que seul
(Le 22,43) ; *silence et "'patience devant les accu- le grain qui meurt en terre porte beaucoup de
sations et les outrages (23,9) ; innocence reconnue *fruit (Jn 12,24). Ainsi le martyre d'Étienne - qui
par Pilate et Hérode (23,4. 14s.22) ; oubli de ses évoque si fortement la Passion - détermina la
propres souffrances (23,-1:8) ; accueil fait au lar- première expansion de l'Église {Ac 8,4s; n,rg} et
ron repentant (23.43) ; paTdon accordé à Pierre la conversion de Paul (22,20). L'Apocalypse enfin
(22,6I) et aux persécuteurs eux-mêmes (22,51; est véritablement le Livre des Martyrs, de ceux
23,34). qui à la suite du Témoin fidèle. et véridique (Ap
Plus profondément encore, l'ensemble du NT 3,14) ont donné à l'Église et au monde le témoi-
reconnaît en Jésus le •Serviteur souffrant annoncé gnage de leur sang. Le livre tout entier célèbre
par Isaïe. Dans cette perspective, la Passion de leur épreuve et leur gloire, dont la passion et la
Jésus apparaît comme essentielle à sa mission. glorification des deux témoins du Seigneur sont
De même, en effet, que le Serviteur doit souffrir le symbole (Ap 6,9s; 7,14-17; 11,rrs; 20,4ss). CA
et mourir " pour justifier des foules 1) (Is 53,11),
Jésus doit passer par la mort H pour apporter à - confession NT I - épreuve/tentation NT II -
<les multitudes la rédemption des péchés n (L'l'lt mort NT III 4 - persécution - procès III 3 - sang
20,28 p). Tel est le sens du « il faut 1) que Jésus NT 4 - témoignage NT III 2.
répète à plusieurs reprises : le dessein de salut
de Dieu passe par la •souffrance et la *mort de
son témoin (Mt 16,21 p; 26,54.56; Le 17,25;, 22,
37; 24,7.26.44). Tous les *prophètes, d'ailleurs,
MÉDIATEUR
n'ont-ils pas été persécutés et mis à mort (Mt 5,
12 p; 23,30ss p; Ac 7,52: 1 Th 2,15; He rr,36ss) ? L'intervention de Jonathan pour sauver David
Ce ne peut être une rencontre accidentelle ; Jésus que Saül voulait tuer (1 S 19,1-7) est un bon
MÉDIATEUR .MÉDIATEUR

exemple des médiations humaines que l'on ren- agir à la fois au nom de Dieu et au nom des
contre dans l'histoire biblique, comme dans celle hommes. Pour la première et pour la seule fois,
de toute l'humanité (r S 25,1-35; Est 7,1-7; Ac quelqu'un mérite alors, pleinement et au sens le
12,20), et qui réussissent parfois à rétablir des plus strict, le titre de « médiateur (mesitJs) entre
relations en train de se détériorer. Le médiateur Dieu et les hommes » (1 Tm 2,5; cf He 8,6; 9, 15;
va d'une partie à l'autre, il intercède auprès de la l:l,24).
partie menaçante pour la partie menacée, et il
apporte à celle-ci la *paix - quand il l'obtient.
Ainsi la Loi d'Israël prévoyait une médiation
arbitrale <le ce g nre entre deux parties de puis- J. LES MÉDIATEURS UANS L' AN"CIENNE ALLlAN'CE
sance égale (Ex 21,22; Jb 9,33). En <lehors de ces
cas de conflit, les relations humaines normales
peuvent aussi comporter l'intervention de média- 1. Les médiateurs histo1·ù-1ue.s
teurs. 1-.Iais ici le terme a un sens plus large : il Abraham est celui par qui ~ se béniront toutes
désigne les intermédiaires à qui un chef confie des les nations de la terre » (Gn 12,3) ; par lui, l'an-
missions occasionnelles ou des fonctions perma- cêtre béni de Dieu,- Israël recevra les *bénéclic-
nentes auprl::s de ses subordonnés. tions de la terre et de Ja postérité. Selon certaines
Pour désigner ces arbitres ou ces intermédiaires, traditions, Abraham joue le rôle d'intercesseur
l'AT hébreu ne possède. pas de terme qui corres- quand il intervient en faveur du roi païen Abi-
ponde à H médiateur )1 (gr. nzesitès). En ce qui mélek {20,7.17s) ou de So<lome (18,22-32).
concerne les relations entre Dieu et les hommes, *.ll-foïse est appelé par Yahweh pour libérer
ce phénomène de vocabulaire est significatif. -Il Israël et conclure l'Alliance, pour lui _donner :.a
n'était pas étonnant de voir les religions anciennes •Loi et établir son *culte. Responsable de son
non bibliques placer, entre l'humanité et des dieux peuple devant le Seigneur, il agit en chef et légis-
suprêmes qui n'étaient pas vraiment transcendants, lateur au nom de Dieu, il intercède souvent en sa.
toute une série de divinités secondaires ou d'es- faveur (Ex 32,II-12.31-34). C'est sans doute à
prits, puis des hommes (rois, prêtres, etc.) qui l'importance de sa mü,sion qu'il doit d'être, dans
étaient plus ou moins médiateurs ou intercesseurs. la Bible, le seul personnage avec Jésus à être appelé
Le Dieu d'Israël est unique, seul dans sa transcen- médü(teur (Ga 3,19) - au sens large, il est vrai.
dance absolue. Qui _donc pourrait être médiateur :\près l'Exode, les fonctions assumées par Moïse
entre ces deux réalités sans ·commune mesure : sont réparties entre divers personnages : le *sacer-
Dieu et les hommes ? Comme écrira saint Paul : doce lévitique est la race.élue par Dieu pour le ser-
« Il n'y a pas de médiateur de l'Unique » (Ga 3, vice du culte et de la Loi. Dans les liturgies d'Is-
20). D'autre part, l'homme biblique a souvent le raël, il rappelle au peuple les hauts faits de Yah-
sentiment très vif de sa responsabilité ·person- weh dans l'histoire sainte, il énonce ses exigences,
nelle en face de Dieu. C'était déjà vrai-, même à il fait descendre sa bénédiction (Nb 6,24-27). II
l'époque où l'indiV'i<lu était encore profondément présente à Dieu la louange et la supplication de
immergé dans le groupe .; « Si quelqu'un pèche la communauté et des individus.
contre Dieu, disait le vieil Êli,;- qui peut inter- Le *roi succède aux Juges en étant investi de
céder pour lui ? (1 S 2,25). C'est donc en toute
)1 l'*Esprit (Jg 6,34; I S 10.6; 16,13). Les prophètes
vérité que Job dit à Dieu : H Il n'y a personne lui révèlent son élection, pour le bénéfice de 1a
entre nous (LXX: mesitès) » (Jb 9,33). Il est dès lors race (1 S 9-10; 16). Il est l'Oint, le •Messie de
paradoxal de rencontrer dans l'AT de nombreux Yahweh, qui le traite comme un *ftls (2 S 7.14;
médiateurs, fussent-ils simplement, au sens large, Ps 2,7). Ses sujets le regardent comme l'*Ange
des intermédiaires à qui Dieu confie une *mission de Yahweh (2 S 14,17). Devant Dieu, il représeilte
auprès des hommes. Ce paradoxe atteste que tout- son peuple et, bien qu'il ne reçoive pas le
l'Unique, loin de s'enfermer dans sa solitude, veut titre de prêtre, il exerce des fonctions cultuelles :
entrer en relation avec les hommes. Dans cette il porte l'éphod, offre des sacrifices, prononce la
ligne, les médiateurs qu'il suscite préparent et prière au nom d'Israël. Enfin comme le Dieu d'Is-
préfigurent la venue d'un Médiateur qui sera, lui raël mène l'histoire humaine tout entière, quelques
aussi, Unique. prophètes ne redoutent pas ·d'assigner à des rois
Dans le NT, la •réconciliation de Dieu et des étrangers un rôle dans le dessein de Dieu : Nabu-
hommes est accomplie par Jésus. Verbe (cf •Parole chodonosor (Jr 27,6), Cyrus (Is 41,2-5; 44,28; 45,
de Dieu) devenu •chair, Jésus peut en effet parler et I-6).
MÉDIATEUR MÉDIATEUR

A la différence du prêtre et du roi dont la fonc~ 52,14; 53,r2). Offrant sa propre vie en sacri-
tion est héréditaire, le •prophète est suscité par fice d'•expiation (Is 53,10), il semble bien pré-
une vocation personnelle. Yahweh intervient direc- senter ainsi un nouveau type de médiation sacer-
tement dans sa vie pour lui donner sa *mission. dotale.
Avant tout, il lui faut porter la *Parole de Yahweh En Dn 7,13.18, le *Fils de l'homme, représente
à son peuple : ses exigences, son jugement d'abord le « peuple des saints » opprimé par les
sur le péché, ses promesses pour les fidèles. En puissances païennes avant d'être exalté par le
retour, le prophète se sent solidaire de ses frères jugement de Dieu. Finalement, il régnera sur les
auxquels Dieu l'envoie, et il intercède constam- •nations (7,14.27), et assurera ainsi le *règne de
ment pour eux, tels Samuel (r S 7,7-12; 12,rg-23), Yahweh sur le monde.
Amos (7,r-6), Jérémie (15,rr; 18,20; 42,2 ... d'où Le rapport entre ces divers médiateurs escha-
l'interdiction pathétique de 7,16; rr,14; 14,u ... , tologiques n'est pas établi clairement par l'AT.
et la vision de Judas Maccabée : 2 1\11 15,r3-r6), Seul l'accomplissement des prophéties en Jésus
Ézéchiel enfin (9,8; rr,13) qui se voit même comme montrera comment ces médiateurs se confondent
la sentinelle établie par Dieu pour la sauveg·ude dans la personne de l'unique Médiateur de salut.
des enfants de son peuple (33,1-9; 3,r7-21).
Aiiisi, tout au long de l'histoire d'Israël, Dieu 3. Les médiateurs célestes. - Les païens avaient
fait surgir des hommes qu'il établit responsables senti depuis longtemps l'insuffisance des média-
de son peuple et qui ont pour charge d'assurer le tions humaines; c'est pourquoi ils recouraient à
jeu normal de l'Alliance. Par ces fonctions, les l'intervention céleste des dieux inférieurs. Israël
relations personnelles entre Dieu et les individus rejette ce polythéisme, mais sa doctrine des •anges
ne sont pas supprimées, mais elles se situent dans prépare le peuple de Dieu à la révélation du Média-
le cadre du peuple, au nom et au bénéfice duquel teur transcendant. Selon un vieux récit, Jacob vit
s'exercent les diverses médiations. en songe à Béthel les anges du sanctuaire établir
la liaison entre ciel et terre (Gn 28,12). Or la doc-
2. Les médiateurs eschatologiques. - L'eschatologie trine des anges prend après l'exil un développe-
prophétique transpose aux derniers temps plu- ment de plus en plus considérable. On çl.écrit alors
sieurs éléments de ces médiations historiques ; elle leur intercession pour Israël (Za r,us), leurs inter-
les dépasse même en dépeignant de mystérieuses ventions en sa faveur (Dn ro,13.21; 12,1), les
figures qui annoncent à leur manière la Média- secours qu'ils apportent aux fid.èles {Dn 3,49s;
tion de Jésus. 6,23; 14,34-39; Tobie), dont ils présentent la prière
Dans les évocations du peuple nouveau, on devant le Seigneur (Tb 12,12). Malachie décrit
retrouve divers médiateurs qui jouent un rôle même un mystérieux 1\-Iessager, l'Ange de l'Al-
analogue à ceux du passé tantôt le *Messie-Roi, liance, dont la venue au sanctuaire inaugurera le
tantôt le •Prophète annonciateur du salut {Is 61, salut eschatologique (Ml 3,1-4). Il ne s'agit plus
1ss; Dt 18,15 interprété par la tradition juive), ici de la médiation d'une créature : à travers
plus rarement le *Prêtre des temps nouveaux cet Ange énigmatique, c'est Dieu lui-même qui
(Za 4, 14, élément développé dans les traditions intervient pour purifier son peuple et le sauver.
de Qumrân).
Le •Serviteur de Dieu, en ls 40-55, est une
figure mystérieuse qui pourrait entre autres per- IL LE MÉDIATEUR DE LA NOUVELLE ALLlANCE
sonnifier le *Reste d'Israël en sa fonction de
médiateur entre Dieu et les hommes. C'est un Au seuil du NT, Gabriel, médiateur céleste,
prophète appelé par Dieu 1c pour apporter aux inaugure entre Dieu et l'homme le dialogue qui
nations le droit (Is 42,1), rassembler Israël dis-
)1 prélude à la Nouvelle *Alliance (Le 1,5-38). La
persé, être (< la lumière des nations » (42,6; 49, réponse décisive lui est faite par •Marie. Parlant
5-6) et l'alliance du peuple (42,6; 49,8), c'est-à- au nom de son peuple comme K fille de Sion ",
dire pour constituer le peuple nouveau qui réu- ello accepte de devenir *mère du Roi-Messie, Fils
nit l'Israël racheté et les •nations converties. Sa de Dieu. Joseph (Mt r,r8-25), Élisabeth (Le 1,
mission n'est plus seulement de prêcher le mes- 39-56), Siméon et Anne (2,33-38), tous ceux qui
sage du salut et d'intercéder, comme faisaient o: attendaient la •consolation d'Israël ~, n'ont
les prophètes précédents il doit maintenant ensuite qu'à accueillir« le Sauveur » (2,rr) venu
« porter les péchés des foules >1 èt intervenir dans par elle. C'est d'abord à travers elle que l'huma-
leur rédemption par sa propre •souffrance {Is nité fait connaissance avec Jésus, et Jésus avec
MÉDIATEUR ~DIATEUR

l'humanité. Bien qu'il· soit le Fils (2,4r-50), c'est pas fin au rôle des hommes da:ns l 'bistoire du salut.
à sa volonté et à cêlle de Joseph qu'il est soumis La: médiàtiOn de Jésus fait appel en effet à des
(2,51s), jusq~'au jour où il inaùgurera son tpinis- hommes qui se voient confier par lui une inis-
tère (Jn'2,1 7 Ù). · sion· ·vis-à-vis de- son Église; Jésus associe même
d'une certaine manière ·à sa médiation tous les
1. L'unique Médiq,teur.· - Entre pieu .et l'huma- membres de son Corps.
nité, •Jésus-Christ est le :Médiateur de l' Al1iance Dès sa vie terrestre; Jésus, appelle des hommes
nouvelle (He 9,_15; 12,24), ·meilleure qu1fl'ancienne à travailler· avec lui, à proclamer l'Évangile; à
(8,6). C'est désormais par lU:i que les _hommes effectuer .les signes.qui manifestent,la présence·.du
accèdent à Dieu (7,25). Sous des formes diverses, •Roya.urne. (Mt ro,7s p) ; ces envoyés prolongent
cette vérité est partout 'présente dans le NT. ainsi les premiers actes de sa médiation.· La •mis-
Jésus meurt, ressuscite, reçoit !'Esprit au nOm sion ·qu'il leur confie, pour .Je-temps qui· suivra' sa
et au profit du Reste d'Israël, et de tous les mort et sa' résurrectiOn, étendra au monde· entier
hommes. Sa médiation reflue même sur la *créa- :et à tous les siècles de l'avenir {Mt 28,rgs) la média-
tion (Col 1,16; Jn 1,3) et l'histoire de l'ancienne tion -qu'il · èxercera alors dans l'invisible. Ses
Alliance (1 P 1,n). Si Jésus es.t Médiateur, c'est •Apôtres sei-ont responsables· de sa. 'Parole, de
qu'il y a· été appelé par son Père (He 5;5) et son ·Église, du baptême, dei l'eucharistie/ du par-
qu'il a· répondu à cet appel .(10,7ss). _Il en avait don des péchés.
été de même pour les médiateurs de l'AT (cf 5, A .partir de la PenteC8te;-î1 communique lui-
4). Mais, dans le cas-de Jésus;, appel et réponse même à son Église- l'*Esprit qu'il-a reçu du Pèr•e·;
se situent au cœur dtl mystère de son-être : lui dès· lors (( il n'y a plus qu'un Corps et un Esprit,
qui était ,t le Fils » {1,2s), il « participa au ·sang comme il n'y· a<qu'un, seul .Seigneur· et· un seul
et à la ·chair- 11 (2,14) et devint .« *homme lui- Dieu ·o . (Ep··. 4·;4ss}·.:. Mais, pour· incorporer· de· nou-
même » (1 .Tm· 2,5)·:. Il appartient ainsi aux deux veaux membres à ce·Corps, il fa.ut que soit admi-
parties .qu'il :réconcilie en lui. nistré le baptême -(Ac 2,'38}', et, pour communi-
Le Fils met fin aux anciennes médiations en quer !'Esprit, il fau,t !'*imposition de!]· mains (8,
réalisant là médiation-eschatologique. C!est en·Lui, 14-·17). L'.Esprit assure là vie .et la croissance. du
cc descendaùce-- d 1Abraham » (Ga 3,16) tj_U'Israël et Corps du Christ, en distribuant des •charismes.
les •nations héritent ·des *bénédictions ·promises Parmi·. les: bénéficiaires· de ·ces charismes, les uns
au père du pèùple de Di~ti- (Ga "3;15 18; Rm 4).
00
assurent ·des· services occasionnels,• les a.utres des
Il est-le'nouveau Moïse, guide d'un nouvel Exode, services permanents · qui prolongent, èertaines
médiateur .. dè la :n:ouvellé Alliance, chef du nou- fonctions des Ap'ôhes euX-mêmes , dans l'orga-
veau Peuple de'Dieu,··mais au.titre de Fils et·non nisme de l'ÉgliSe.· - Ceux qui - assurent ces ser-
plus de Serviteur"(He 3;·r-6)·. Il est'tout·ensemble vices ne sont pas à proprement parler des média-
le Roi;• •fils dè 'David (Mt' 21,4-9 p), .. le Serviteur teurs ; loin: d'exèrcer une•:·médiation qui' s'ajoute--
de Dieu prédit par Isaïe '(Mt 12,17-21), le Pro-, rait à celle de- l'unique Médiateur, ils ne sont que
phète annonciateur du salut (Le 4,17-21), le Fils les moyens concrets par lesquels celui-ci veut
de· l'homme juge du ·dernier jour (Mt 2·6,64), atteindre tous 'les· hommes. ·
l' Angé qe l'Alliance 'qui :purifie le· temple Ji~ sa Une fois que les membres du Corps .dti Christ
venue (cf Le 2,22-35_; Jn·2,14-x7)·, Il·opèreune fois on:t reJo_int leur· chef dan's sa' gloîre,'.cett_e fonc-
pour toutes là libération, -I.e. salUt;· ·la:· rédemption tion cesse· évidemment.- Mais alors-, vis-à-vis des
de son peuple. Il, rétinit en sa· personne ta· royauté, membres· de l'Église·. qui luttent encore ··sur la
le sacer~oce et la. prophét_ie. '-II est-lui-même ·-la terre; les chrétiens vainqueurs joûent un ·rôle d'une
•ParOie de Dieu. Dans· l'histoire·. des·- médiations autre sorte. Associés· à la •royauté du Médiateur
humaines, sa venue ,apporte donc un,~·- noùveauté (Ap_ 2;26s; 3,û; cf. 12,-s; 19,15), ils présentent à
radicale et· définitive·: dans le Temple ·a _qui ll'èst Dieu les •prières 'des saints:· d'ici-bas .(5,8; n,18)
pas fà.it' de ·main d''homrile » (HEi' 9,1i), il ·reste qui demandent à' "Dieu de: hâter l'heure de sa
médiateur « toujOuI'S_·vi.vant pour intercéder »_ en justice (6,9ss; 8,2-5; cf 9,13). La victoire finale sera
faveur· de Ses frères ·(7,25).·En effet,._ tout cômme fout ensenibie· celle (( du sang de l' Agneau et du
t Dieu est Unique·, unique aussi est le Médiateur .11 tém'oignage des-martyrs»' (12,n). ·De l'Ascensioµ.
(1 Tm 2,5) -de l'Alliance étètnelle: à la parousie, Jésus n'exerce donc pas··sa royauté
sans y_faire participer son peuple;-qui.est.à la fois
2. L'unique MldiatMw· et son Église. -· Que·_, le présent sur terre (12,6;q; 22,17; cf-7,r-8) et Q,éjà
Christ soit l'unique Médiateur ne met · pourtant dans la gloire (12·;r;-' 21,2; ·cf.·.14,1,:.5)..-

730
MÉDIATEUR MELCHISÉDECH

Une place, ]?artii:mlière est dévolue à 4:Marie d'hommes-avec des hommes qu'il fait _don de la
dans cet exerci~ _de la médiation de· Jésus- ressus- .communion avec Lui. (r J 1,3). AAV & ]Du
cité. Sa, vocation de. mère lors· de là -venue sur
~ Alliance AT ni 2; NT Il 2·-' Dieù..NT. I,~ Jésus-
terre du Médiateur et .son .intervention lors du
Christ Il 1 b d - Loi - Marie V 3 ~ ministére O -
premier ·*signe accompli par Jésus (Jn z,1-12) Moise 0.2 - pasteur & troupeau NT 1 - porte NT
invitent à se demander quel rôle. invisible elle ' _:..prophète AT I 3 - réconciliation - roi O-'- sacer-
peut jouer v:is-à-vis de !'.Église.. Dans: l'Église doce. ·
naissante, -1\farie apparait comme. un membre, si
remarquable soit-elle, parmi les autres .(Ac. r,q); ·M,JtDtSANCE :-'>' langue· 1. - lè~·res ·1 - ~arole
humaine ï.
elle n'ex~ce aucune fonction comp·arable à celle
deS Ap6tres ou de leurs successeurs. Mais le Média-
teur mourant .lui confie· une IDission: maternelle à
l'égard des· siens ,représentés par :le· disciple bien- MELCHISIDECH
aimé (Jn: 19,26s).- Marie aurait-elle· en mourant
achevé cette mission ? Ne continue-:-t-elle ·pas. plu-
tôt.de la remplir dans l'invisible ? __ Marie.est asso- Melch_isédech _apparaît dans la _Bible protec-
ciée comme- tous les élus à la royauté et à- l'i:n:ter- teur d' Abrahani,- prédécesseur-de: David et portrait
cession de Jésus ; mais le NT suggère. au moins anticipé de_ Jésus.
qu'elle l'est à. un titre spécial :. comme mère du
Fils et « mère 11. de. ses disciplCs. r.- Melchisédech. et Abraham (Gn r4J .. -Melchisé-
dech, !'ioi et donc ,préhre de Salem (que le P.S 76,
3. --L'uniq.ue médiate1w et les -médiatèurs célestes: - ,3 -identifie avec-.*Jét:usalem),,offre à Abraham un
Le Médiateur est venu d'auprès de Dieu et. il: y repas de *pain et.de·*vin, rite d'*alliance (Gn 3r,
est. retourné ; cela- le rapproche· en apparence_ des 44-46; Jas ·9,12-15); ,il prononce ·sur. Abraham
médiateurs célestes de l'AT. Cette analogie amena une *bénédiction; il reçoit d.'Abraham un .. tri_but,
certains·chrétiens;.-intiuencés parfois par la gnose en échange de sa -protection.
paiennei d'Asie· Mineure, à mettre fllus ou moins Ces. gestès sont· accomplis devant El Elj'dn, le
le Christ et les •anges.sur_Ie.même plan; Ces erreurs *Dieu Très-Haut, dieu ancestral des. clans sémites,
exigèrent dos.mises -au. point {Col 2,18s; .He 1,4- que l\Ielchis•::dt•ch regarde ati moins ·coJI1me le d.ieu
14; cf Ap 19, 10} .. ):..6 Médiateur est le chef » des
(l ,sU:prême, et .\ braham comme le Dieu_, unique. Le
anges. (Col-.2,xo) que 1~ chrétiens-ju_geront avec rôle principal est· ic.i. tenu .par _Melchisédech,
lui (x Co 6,3).__ Pans le. NT, les Anges continuent J>rêtre non hébreu; devant lui, Abraham. l'hé-
leur rôle d'intercesseurs .et d'ins..truments des des-, bI:eu, ancêtre des prêtres lévitiques, n'occupe qu'un
seins de Dieu· {He .1,14;,,Ap),ID.ais ils le font.comme rang inférieur., -L'exégèse. rabbiniqùe. cherchera à
«-anges du Fils_.de l'Homme» (Mt 24,30s), l'uni_que le .faire oublier; _,l'exégèse. chrétienne s'en sou-
Médiateur. viendra.

Concl~sion. - Les multipl~ m~d.iations qµ~·Pieu ~e


;_' Melchiséàe~h D.avid (Ps.IIo)'.. ~ Qua:nd David
.s'installe à .Jér:usalem, il y pr_~tique une politique
a ·suscitées, entre lui et son peuple préparaient et
annonçaient la .médiation. que son_ peuple exer- d'assimilatioµ. Le_- Ps rro présent_e .le roi israélite
cerait entre lui .&t .toute l'humanité. Cette média- comme le contin,uateur du Prestigieux Melchisé-
:tion .d'Israël s!accomplit dans.. la médiatjon d:u d~h.• Yahweh a juré à son·•oint: en tant ql).e roi
Christ, .unique Mé9,iateur, seitl dans• la grandeur de, Jérusalem, .. « tu es prêtre pour· toujours, à la
insondable qui lui vient de ce qµ'il est_ le Fils .. manière ·de :).\lelchisédech )) .. .L'expression,. hyper-
Néanmoins, Chef _du. nouvel Israël, c'est avec et bolique_ po_u,r- les messies éphémères, sera . vraie
par son. Corps qu'il exerce sa·-médiation.- Loin.de pour le *Messie dernier, vers lequel,. après l'e.xil,
disparaître avec Ja venue du Fils, le pa.ra4oxe. des le Ps. 110 orientera l'attente d',sraël. Ceux. qui
médiateurs·hurriai.ns· dailS l'histoire du salut s'a{- , le lisent-rêvènt ~-effet de voir surgir-un sauveur
·:lirme ·encore davantagè. La ,raison dernière. de çe qui unir~t en ·$a personne ·;•sacerdoce et royauté.
paradoxe est què l',Unique est Amour (r- J11 4,8) : D~, prophètes avaient.annonc_é qu'aux ,temps
voulant être av.ec les hommes·,(Mt, 1,23; Ap_·''ZI, à venir pouvoii- royal et pouvoir sacerdotal seraient
3) et .partagei- -avec eux la ~ nature divine » (z. P associés (Jr 33,14-22; Za 3-6). Certains revendi-
1,4), c'est avec.eux déjà qu'il.travaille.à la ~I- quèrent la royauté pour le Grand Prêtre,: .ce fut
sa.tian de son dessein, c!est_ par la •~mmunion une _réalit.~- pour les .l\faccàbées (I M 10,'20.65;

731 732
MELCHISÉDECH MÉMOIRE

q·,4r..:j7) ; ce fut -une espérance pour ·les rédac-


teurs juifs des· « Tèstaments des Douze Patri-
arches" (sürtout Test:•de'Lévi);·D'autres au.con-
tràire, -fidèles à l'otientation esquissée par Mel- MÉMOIRE
chisédech et· -David, préférèrent ·attribuer·.au-futut
Roi Ie·souverain·sacerdoce. En fait, J'.union'·étroite
d'une royauté purifiée et d'un sacerdoce authen.:. Si. l'on interrogeait la Bible. sur la mémoire de
tique· ne· se: :réalisera·. qu 'èn, Jésus-Chria,t. l'homme, on pourrait-en- dégager .quelqu~ nota-
tions_.psychologiques, tels -le souvenir .d.'un bien-
3. Ji.fel~h,iside/~ et Jé;m (f,~·7: è/5,_'6~Io; 6,20';._ ~ fai~ (Gn 40,14) ou l'.oubli :"des avis· paternels (Tb
Jésus, homme,: descen.d •non setllerùent d' Abraha_qi, 6,16), -mais .ce qui nous .in.t.éresse. ici, ·c'est:.le sens
mais d'abord d'.•Adam (Le 3,23-38),. Selon:répît~e religieux de la m~moire,·.-son rôle ,dans la relation
aux Hébrèux.,; Jésus, prêtre, .:~erce le. sae:e.rdoce avec· Dieu. ..
parfait, qui ne se- rattache. pas ·à celui. c:Ie. Lévi La Bible parle de -la m6moire de Dje1,1. pour
(Jésus d'ailleurs est de la tribu.<l~ ,Juda}, m_ais l'homme. et de. la .mémoire de l'homme pour Dieu.
qui acco:tnplit )e.sacerdoce _roy~ .du .Messie-gavi-,: Totlt souvenir réciproque implique des événements
diq1,1e, successeur ,de ..:'\-Ie,lc,hisédec;:h- (Ps. no}. D_ès passés.où. l'on- ait ,été _en .relation l'-un avec l'au:tre;
la .Genèse, ce. prêtre-ro~ .. app~raît comme supé- et i1 a pour effet,. en .rappelant ces évén_ements,
rieur. aux . pr.êtres ,lévitiq-µ_es, . pllisq1,i'.en la .per- de renouveler cette relation. Tel est bien_ le cas
sonne. de leur ancêtre Abraham-.il a vu l~ fi,~-de entre Dieu et son -peuple. La m_émoire biblique se
Lévi, s'incliner respectneu!;letn.ent devant lui., rece- ·réfère à des ·rencontres Survenues dans le passé . et
voir ~ P~nédiction-,et lui payer tr,ibut. où -s'est .. étab1ie,,1'.Alliance. Rappelant ces faits
.D'ailleurs le· personna_ge, le nom, _les -titr~ -_de pl"im6rdiaux, ·elle renforce l'Alliance; elle am~ne à
!.\-Ielchisédech esquissent en- quelque sorte les. traits vivre -.1' " aujourd'hui •H avec. l'intensitt de pré-
de Jésus. Apparu H .sans .commencement ni fin l), -sence qui· découle, de .1' Alliance.- Le souvenîr_ .est
il préfigure le,-Christ, prêtre.,éteruel.• Son,- nom d'8.ùti;i.nt plus: à sa plaèe. ici qu'il s'agit d'événe--
Me-lchi-s,édeck signifie : -~ :fylon,.roi est_ justice »; ments privilégiés qui décidaient de l'avenir. et
t'Oi d~, Sale_m équivau.t pr~_sque à.' roi ~ ,Salôni, qui le contenaient à l'avance. Seul, le fidèle sou-
c'.est-à.,.dire roi de-.• paix:. ,Or_Jésus_n'.apporte-;t-il pas venir du· passé peut assurer la bonne ,orientation
au monde la justice et la paix ·?:Le sennent solen- ,deTavehir.,
nel. du· Ps. no ne· concerne pas les prêtr~ lévi-
tiques, pécheurs, mortels et d"onc multiples, _se suc- 1. Éclosion -du •Souve:nit'
cédant ·d.. une··générati0n à Tautre, -:et .ministres a) Les faitsa-: .,..,.--- L'événement premier, est la
d'une alliance·dépassée-; il s'adresse au Roi'-Prêtre, *C1'lation, signe· toujo~rs · offert à l'homme pour
an."Tai Fils de'David, à· Jésus, .innocent, immor- se-souvenir de ·Dieu,·(Si 42,·i5-43-,33; Rm 1,2os).
tel et- ,donc · unique, ministre, .d'·une· nOu:v:eUe L'homme -lui-inême .est.plus ..tiu'.un: signe, il est
Alliance -définitive, signifi_ée ,par 1~ pain et le·yin, •image de. Dieu ;: aussi ·petit-il se Souvenir- de Lui.
comme 1_'.avait été jadis le pacte de Mel4}isêdech. Les.· •alliances successives de -.Dieu• avec. l'homme
(Noé,. Abraham, Moïse, David) orit . procédé de
..'~Însj .l'i~~Ièh-jséd~ch:··ét~~g~r 'à I~~ël,. IJ1èmbre la· niémoire de Dieu : alors, il ·s 1est.souv:en:u et, a
des 11 ,natio11:s ~.-.mais per~nnage.religieux, c< a~~:o- promis _.de ,se: so.uvenir (Gn,.S~r; :9,158$; .EX ~,24;
didacte de la conna_issan,c~ de Dieu._»· (Philon), 2 S ·7),- pour '.Sauver. (Gn 19,:29; Ex 6,5); Et -l'éyé:-
pui~_ant ami d'Abraham,__ ~nexé 'pa:r,"J?~vi,~. _pré- . nement s_auveur. qui ,v~i, orien_ter pour tôujo~ la
figurant Jésus, a., connu .une _promotion ~xtraor- tnémoire. du· .peuple-de _DiEnt• est la ~Pâq.ue (Os
dinaire:. .,11. a son __nom. dans le .~UÇuel-.(Conséci:ation 13,4ss). · . . · · ,, .
d~.autèls) 'et_dan~_le ,Mi~el ro_main (Priè~ eucha- b) Le .souvenir ·des faits, _.. .:. . . La mémoirè a -bien
ristique). Il demeur~. le té~oin de l'uni~isme des façons de· prolonger. dans :1~ présent. l'effica•
des desseins de l)ie:u, .qui, pour, nous _Conduire àu cité _du passé, En hébreu, -l_es sens du verbe .zk1',
Chri&t, ·s.'est S,~rvi non seul~ment d'Isl'aël,·;Ïnais en .ses, diverses formes,., en donne.nt quelque ~dée :
at~ssi des .na:tiç,p.s... PEB se souvenir, rappeler, ·mentioim_er,. inais aussi co_n•
~ .Aàron :2 - bénédic'tioh Il 3 --'-- création AT I ,_ server et invoquer, autant d'actions q-qi .. joue~t
Dieu AT 11··1 ·..:...:. Jéri.isalent·AT I 1 · - Méssie' NT 'II un rôle des plus importants dans la vie _spirituelle
2 ~·nations·AT II 2·b·- pain II-2 •- . sacerdoce' AT et- la liturgie: ·
l'l'.J;_N-TIJ. , ,L 'invocation_·du ·Nom est in_séparable du ~ouvenir

733 734
MÉMOIRE MÉMOIRE

de la Pâque (Ex 20,2), car c'est en livrant son se souvient de tout ce que Yahweh a fait pour
•Nom que Yahweh a inauguré Ja Pâque (Ex 3) lui : le passé prouve la fidélité de Dieu. Mais le
et le salut actuel que demande cette invocation présent est décevant. C'est donc dans le futur,
(Ps 20,8) est compris comme le renouvellement dans un « temps à venir n, que s'accompliront les
des prodiges anciens (Ps 77; JI 3). Le •culte corn~ promesses déjà partiellement réalisées. Fidélité et
porte aussi un aspect de mémorial en réveillant déception ouvrent la conscience du peuple de
le « souvenir de son Alliance » ; cette expression, Dieu à la perspective de « derniers temps r, déci-
chère à la tradition sacerdotale, montre bien que sifs. Cette perception très vive du futur à travers
Dieu se souvient de son peuple et que le peuple le passé caractérise la mémoire du peuple après
doit se souvenir de son Dieu dans les rites cycliques le retour d'exil; il y a là une sorte de mutation.
du culte (*fêtes, *sabbat) ou dans des lieux où Le souvenir devient attente, et la mémoire
ils se rencontrent (*pierre, •autel, *arche, *tente, débouche dans l'imagination apocalyptique. Le
*temple). Fondée sur les faits sauveurs, la prière cas typique est celui d'Ézéchiel (40-48), suivi
baigne nécessairoment dans l'*action de grâces, par Zacharie, Daniel, le ive évangéliste et l'au-
tonalité normale du souvenir devant Dieu (Ex teur de !'Apocalypse.
15; Ps 136). Communautairement, le passé glorieux consti-
La conservation des souvenirs est assurée par tue, au sein de la détresse présente, le gage de la
la transmission de la *Pa'Yole, orale ou écrite (Ex libération (Is 63,15-64,rr; Ps 77; 79; Bo; 89).
12,25ss; 17,14), spécialement dans les livres de Personnellement, le *pauvre, apparemment oublié
la *Loi (Ex 34,27; Dt 3r,19ss). La m-t!ditation de de Dieu (Ps 10,12; r3,2), doit se savoir présent
la Loi est alors chez le fidèle la forme corrélative cependant à. son amour (Is 66,2; Ps 9,r9).
du souvenir (Dt; Jos r,8) ; cette attention vigi- L'*épreuve ravive la mémoire (r M 2,51; Ba 4,
lante ouvre à la *Sagesse (Pr 3,1ss). L'*obéissance 27), et c'est pour la préparer à l'événement nou-
aux commandemenJs est en définitive l'expression veau (Is 43,18s).
authentique de ce souvenir qui consiste à « gar-
der les voies de Yahweh )1 (Ps rr9; Sg 6,r8; Is 4. De la présence à la transparence
26,8). a) Quand (( Yahweh est là » (Ez 48,35; Mt I,
23), la mémoire coïncide avec, le présent, et c'est
2. Le drame de l'oubli. - Mais c'est là. justement !'•accomplissement. Le souvenir des •promesses
que la mémoire de l'homme se montre défaillante, et de l'Alliance passe à l'acte dans l'événement
alors que Dieu n'oublie ni sa Parole, ni son Nom du Christ qui récapitule le •temps (2 Co r,20;
(Jr r,u; Ez 20,r4). Malgré les mises en garde du Le r,54.72), En Lui se résout le drame des deux
Deutéronome (Dt 4,9; 8,u; 9,7) : « Garde-toi oublis par le retour de l'homme et le pardon de
d'oublier Yahweh ton Dieu ... , souviens~toi... >), le Dieu (Col 3,13). Puisque, dans le Christ, Dieu est
peuple oublie son Dieu et voilà son péché (Jg 8, là qui se souvient de l'homme, l'homme n'a plus
34; Jr 2,13; Os 2,15). Selon la logique de l'*amour, à chercher Dieu dans le passé, mais aujourd'hui,
Dieu semble alors oublier l'épouse infidèle, mal- dans le Christ (Jn q,6s; 2 Co 5,r6s). •Jésus-Christ,
heur qui devrait la faire revenir (Os 4,6; Mi 3, en effet, est l'*homme définitivement présent à
4; Jr 14,9). Toute détresse, en effet, devrait ravi- Dieu, et Dieu définitivement présent à l'homme.
ver chez l'homme le souvenir de Dieu (2 Ch r5, Le Christ-Prêtre nous fait accéder auprès du Père
2ss; Os 2,9; 5,15). La prédication prophétique s'y {Ep 2,18; He rn,rg) et son Esprit nous met en
ajoute, qui est un long « rappel >1 (Mi 6,3ss; Jr 13, communion avec lui (Rm 8,15-r6; 8,26-27).
22-25} destiné à remettre le *cœur de l'homme b) Mais le temps n'est pas encore consommé,
en cet état de réceptivité où Dieu peut réaliser et si Dieu est désormais présent dans une Alliance
sa Pâque (Ez 16,63; Dt 8,2ss). nouvelle et éternelle, l'homme est souvent absent
En même temps que souvenir des fautes, le à son Dieu et a besoin de se souvenir. C'est pour-
repentir est appel à la mémoire de Dieu (Ez r6, quoi l'*Esprit (( rappelle » le mystère du Christ,
6iss; Ne r,7ss), et, ·dans le *pardon, Dîeu, dont la non comme un *livre, mais dans l'actualité per-
mémoire est celle de 1' amour, se souvient de l' Al- sonnelle de la Parole vivante : la *tradition (Jn
hance (r R 21,29; Jr 31,20) et oublie le péché 14,26; 16,13). L'Esprit réalise le mystère du Christ
(Jr 3,,34). dans son Corps, non comme un simple mémorial,
mais dans l'actualité sacramentelle de ce Corps
3. Du souvenir à l'attente. - Et voilà le paradoxe: à la fois ressuscité et présent au monde (Le 22,
la Pâque, passée, est encore à venir. Le peuple 19s; I Co n,24ss) : la liturgie. Cette « re-présen-

735 736
MÉMOIRE MENSONGE

tation li_ de la. •Pâque, tout. comme dans l'AT, 5,12), et Paul en fait sa règle-de conduite. (2 Co
est ordonnée à.l'action, à la:yi~: la mémoire chré- 1,r7s). Les enseignements de l'AT sont ainsi repris,
tienne consiste:à-.«-garder les voies de Yahweh», non: sans recevoir une· motivation plus profonde :
à garder le· testament; dU .Seigneur; c'est-à-dire à NC;;l -vous men~z plus les uns aux autres; vous
1(

demem:er dans z·•amo~r (Jn .I3,j4; ,_15,toss; 1 Jn avez dépouillé: le.'.vieH homme et revêtu l'homme
3,24) .. Enfin, ultime·:accommqdation de la. m~mo~ _nouv:eau » (Col J;9S) ; « Dites-vous la vérité, car
de l'homme à celle de Dieu, plus l'Esprit pénètre nous sommes membres les uns des auti:es n (Ep
la vie d'un .cb,rétien, plus il le rend vigilant, atten- 4,25); .Le mensonge serait un :retour à la nature
tü aux " sig,;les . 4es temps 1), ténioin qui laisse faussée ; îl irait contre notre solidarité dans le
transparaî~e l'ac~ive ,présence. du Seigneur et _Christ,_ On comprend que, .. suivan~ les _Actes, -en
révèle l'_approche de_ son avènement (Ap 3,3; Ph n!_entànt .à Pierre, Ananie et S~phire ont menti
3,13s; I Th 5,I-,IO). ]Co en -réa.l,ité au Saint-Esprit (Ac 5,r-u) :- la pers-
pective des rapports sociaux est dépassée quand
~ Abraham II I ....::.. :Alliance AT II I ;· NT I · .- la ,communauté -chrétienne est en jeu.
autel I ·-~culte· AT II; NT 'Ill 1 . .-:. euchllristie I r,
III 3, IV z; ·- V_ 2 ,;__ Pàraclet z -· pierre z - signe
AT I, II- - temps AT 1 ·z, Il I ;,--NT II 3.

II. MENSONGE DANS LES 'RAPPORTS AVEC 'Drim

,MENSONGE 1. La méconnaisSance du vrai Die1,4-.. - Yahweh


e5t 1e: *Dieu de vérité. Le méconnaitre. en se t:0uI'w
nant ·Yei-s les .-idoles tr_ompellSeS,. V_t?ilà _le men-
L'emploi 'biblique du mot mensonge, recouvre songe par excellence - non plus celui, des *lèvres,
deux sens différents, selon que sont en:, cause les mais celui de la .-vie. Les auteurs sacrés dénoncent
rapports de 'l'honime avec son prochain OU· s~ à. l'envi cette îtllposture, ·décochant les couplets
rapports avec Dieu·. · ironiques (Jr __ IO,Iw16; Is 44,9w20; _Ps. n5,5ss), ~es
a.p.ecdotes moqueuses.,(Dn 14), les-, épithètes 'infa•
mantes : _néant (Jr 10,8), horreur (4,1),.,yanité ,(2,
I. ME~soNGE DANS LES RAPPORTS · 5), impuissance (2,n) .... A leuI'.S yeux, toute con~
AVEC LE PROCHAI~ version suppose d'ab0rd que _l'on.confesse le _c;:Lrac-
tère décevant et mensonger -des.· idoles _qu'on. a
:r. Dans l'AT. - L'interdiction du mensonge dans servies (i:6 19). _C'est ainsi. qu~ ,l'entend encorè
1

la Loi vise à l'origine: .un contexte social précis : Paul lorsqu'il presse les :païens de se détoumer des
celui du faux témoignage dans les procès (déca- idoles: d~ mensonge :(Rm 1,25-) p~ur *$em-r-· le
logue : Ex 20,16 et Dt 5,20; repris dans Ex 23, Dieu- viv~nt et ·Vl'.ai ,(r Th 1,.9).
rss.6ss;. pt ,19_,16~2~; LV 19,p),_; doµné sous la . ' 7 '•
foi du •serment; ce_. mensonge est. en outre une 2 •. Péché ·de .mensotJge et vi~ ~figieuse
pro,fanà.tion p.u -*11om!_de Dieu.(Lv 19,12)~ _èe sens a:) L'AT coµn.aît_ aussi.. ·une'.- manière plus sub•
restreint subsiste .dans _l'enseignemen,t .moral des tile de .méconnaître le vrai Dieu : c'.est d'installer
prop~ètes_•·èt des· Ba$es· (Pr r:Z,·r.7; Za: 8,i7). Mais l'habitude _du mensonge à demeure dans sa Vie.
le péché-de_ m.ensonge y_ est at1ssi entendu· de faç~n Telle est la façon d'agir des. •impies, ennemis .de
beauc0t1p plus).atge .:·_-c'est le ,dl?l~ là tromp~rie, l'homme de bien : cê sont des fourbes {Si 5,14)
le désaccord en:tre· la ~ e et. la •1~gue (Os :4• qui n'ont que le mensonge à la boùche (Ps 59,x3;
2; 7,1; Jr 9,7; Na .3,_1). pe ..t(;mt-.-ceht:·, Ya1l,weh a Si 51,2; Jr.9,2) ;_ils se'con:fi~nt dans le_mensonge
horreur (fr ;2,22), _.luLqu'o:r;i ne peut' troi;nper __{Os ro,13), s'y attachent jusqu'à refuser de se
(Jb 13,9) ;_ ~ussi !e menteur- .va-t-:--il à .sa ·pert~ convertir (Jr 8,5), et même leu~ conversions appa-
(Ps 5,7;_ Pr _:p,19;_ S:i 2p,25). Même__ Jacob, le ms~ :i:entes sont m_ensongères 1 (3,-ro).· _Inuti_le d'entre:-
qui capta la bénédiction .pa:tel"Jlelle, 'fl).t .à ·son toux: t~ir des ill_usjon~ sur_ l'homme laissé,à,~ui-m,ême :
joué par son beau.:.père LaJ?an (Gn_ 29,15-30)_. il est spontanément meIJ,teur.(Ps.n6,n). A._l'op-
po~. le vrai fidèle proscrit de sa vie le mensonge
2. Dans le NT, l'obligatiorf d'une loyauté totale pp:ur _être en communion avec le Di~u. de_-vérité
est formu~e ~ettement_ par J~us : ._« __ Que yotre (Ps 15,2ss; 26,4s). Ainsi ·fera aux .derniers._temps
langage. soit :. qui, oui.; non, non ». _(~t 5,.37; Je le. *Serviteur de Yahweh, (Is 53,9), tout comme

737 738
MENSONGE MER
l'humble *reste que Dieu laissera alors à son peuple dès le commencement » {Jn 8,44). C'est lui qui
(So 3.13). pousse Ananie et Saphire à mentir au Saint-Esprit
b) Le NT trouve cet idéal réalisé dans le Christ (Ac 5,3), et Élymas le mage est son « *fils » (Ac
(r P 2,22). C'est pourquoi le dépouillement de 13,IO), C'est de lui que relèvent les •Juifs incré-
tout mensonge est une exigence première de la dules qui refusent de croire en Jésus : ils sont
vie chrétienne (r P 2,1). Entendons par là non les fils du diable, menteur et père du mensonge
seulement le mensonge des lèvres, mais celui qui (Jn 8,41-44) ; aussi veulent-ils tuer Jésus, parce
est inclus dans tous les vices (Ap zr,8) : celui-là, qu' « il leur a dit la *vérité 1) (Jn 8,40). C'est lui
les élus, compagnons du Christ, ne l'ont jamais qui suscite les faux docteurs, ennemis de la vérité
connu (q,5). Mérite tout spécialement le nom de évangélique (1 Tm 4,2) ; lui qui, pour guerroyer
menteur celui qui méconnait la •vérité divine contre les chrétiens (Ap 12,17), donne ses pou-
révélée en Jésus: l'*Antichrist, qui nie que Jésus voirs à la "Bête de la Mer, l'empire « totalitaire »,
soit le Christ (r Jn 2,22). Chez lui, le mensonge à la bouche pleine de blasphèmes (13,1-8); et la
n'est plus d'ordre moral, il est religieux par essence, Bête de la terre qui joue les faux prophètes pour
tout comme celui de l'idolâtrie. tromper les hommes et leur faire adorer l'idole
mensongère, relève encore de lui (13,rr-17). L'axe
3- Les fauteurs de mensonge du monde passe entre ces deux camps, et il
a) Or pour précipiter les hommes dans cet uni- importe que les chrétiens ne se laissent pas séduire
vers mensonger qui se dresse devant Dieu en un par les ruses du diable au point que leur foi se
geste de défi, il existe des guides trompeurs à corrompe {2 Co II,3). Pour demeurer dans la
toutes les époques. L'AT connait des *prophètes vérité, ils doivent donc prier Dieu de les délivrer
de mensonge, dont Dieu se joue à. l'occasion (r R du Malin (Mt 6,r3). ]Ca & PG
22,r9-23), mais que plus souvent les vrais pro-
phètes dénoncent en termes sévères : ainsi Jéré- ->- Antichrist NT 2 - cœur I 2 - déception I I -
mie (5,3r; 23,9-40; 28,r5s; 29,3rs), Ézéchiel (13) démons NT 2 - erreur - hypocrite - idoles -
et Zacharie (r3,3). Au lieu de la *Parole de Dieu, langue I - lèvres I - parole humaine 1 - péché
ils apportent au peuple des messages frelatés. IV 2 b - Satan I 2, III - témoignage AT I ; NT I -
vérité.
b) Dans le NT, Jésus dénonce de même les
guides aveugles du peuple juif (Mt 23,I6 ... ). Ces MÉPRIS_. fierté AT 3; NT z - orgudl 1.
*hypocrites qui refusent de croire en lui sont des
menteurs (Jn 8,55). Ils préludent aux autres men-
teurs qui surgiront dans tous les siècles pour
détourner les hommes de l'Évangile : anti~christs
(r Jn 2,I8-28), faux apôtres (Ap 2,2), faux pro- MER
phètes (Mt 7,15), faux messies {Mt 24,24; cf 2 Th
2,9), faux docteurs (2 Tm 4.3s; 2 P 2,rss, cf 1 Tm
4,rs), sans compter les Juifs qui empêchent la A la différence des Phéniciens et des Grecs, les
prédication de l'Évangile (I Th 2,14ss) et les faux Israélites n'étaient pas un peuple de marins. Les
frères, ennemis du véritable Évangile (Ga 2,4) ... entreprises maritimes de Salomon (I R 9,26) et
Autant de fauteurs de mensonge que les chrétiens de Josaphat (22,49) furent sans lendemain. Il
doivent affronter comme, faisait Paul pour le fallut l'expérience de la *dispersion pour que les
mage Élymas (Ac r3,8ss). « îles » entrent dans l'horizon géographique d'Is-
raël (Is 4r,1; 49,1) et que les Juifs s'accoutument
aux longs voyages maritimes (Jan r,3). C'était
JIJ. SATAN, PÈRE DU MENSONGE chose faite à l'époque du NT (Mt 23,15) et Paul,
juif de la dispersion, trouvait naturel de sillonner
Le monde est ainsi divisé en deux camps la Méditerranée pour annoncer l'Évangile. Pour-
celui du "Bien et celui du Mal, celui de la Vérité tant, dès l'époque la plus lointaine, la mer figure
et celui du Mensonge, au double sens moral et dans les textes bibliques avec une signification
religieux. Le premier est concrètement celui de religieuse déterminée.
Dieu. Le second a aussi un chef : *Satan, l'an-
tique Serpent qui séduit le monde entier (Ap 12, r. Du monstre mythique à la créalure de Dieu. -
9) depuis le jour où il séduisit Ève (Gn 3,13) et, Tout homme éprouve devant la mer le sentiment
en la séparant de l'arbre de vie, fut « homicide d'une puissance formidable, impossible à dompter,

739 740
ME~ -MER

terrible_ qu_and elle se déchaîne, menaç_ante pour Cette imagerie épique connait trois applications.
les_.marins,(I's 107,2,3-30) comme pour les popu- Tout d'abord, l'activité créatrice de Dieu- est par-
·1ati0Ds côtières' _·qu'elle ri~que touj(t.urs de su'b- fois évoquée poétiquement sous les .traits d'un
merger (c_f._:Gn '7,u; 9,t1:i5) .. C'est cètte ):ne,r-là, combat primordial. (Is' 51',9; Jb _7,12; 38,8-u).
cet Oc~ cosrµique _entourant 1~ .- l!(Jntinent,. que Plus souvent le symbole est historicisé. Ainsi
la mythologié_ ~ésOpotamleru:i.e,. p~tj;onhifia,it sous l'expérience histotjque de. l'Exode, où. Yahweh
la form~ d'une. _•bê'.tè'. n:wnStrueusê _; sous -~e nom mit Ja _mer Rouge_ à .se<: pour tracer. un ch_emin
tle Tiamat, _ce dragpn_repr~sent_~_it Jes,._:Pu~sances à son peuple (Ex 14-15; -Ps 77,17.20; tI4,3:5),
chaotiques et dévastatrices qué Mardouk; le .dieu devient UD.e victoire divine sur le Dragon du
de l'ordre, devait réduire à l'impuissance pour grand abîme _ (Is 5_1,10) _; de _même, le grondement
organiser le_ . CQSD!?S· La -. mythologie,. _d'.Ougarit des nations païennes en révolte contre Dieu est
oppas:ait de même "Yam, le dieu:.],l[ey, ,à Baal, assimilé à la rumeu_r des mei-s· _(Is 5,30; 1_7,12).
dans_ une ._Jµ"ti:e pour la sollverai:â.eté · du monde Enfin, clans les apocalypses . tardives, · les puis-
diviù.. . . . .
San'è_es sàtàniques ·que Di_ell •a:ffrOnter'~ ,dans: un
Da;ns.. la Bible aù .-OOntr'aii:e, la ~et· 'est, réd"uite demiei- · combat ·reprennent des' traits aiia10îiues
au rang ~e-simpJe :c~atur~. DapS le: récj.t cl.a.ssiqùe à la Tiamat babylonienne : ce sOllt ·des :Bêtes
de la •.c~ati_on, ·.Y~hweh partage_ ~ _de11x 1~. ~~u:x mon_tant .du .. grand abîme _{Dn 7,2-7) .. _Mais le
de l'abîme (Tehom). cotrime faisait: M~rdou_lê pour créateur, .dont. la_ .*royaulé: càsmi4ue a su dês
le corps de_, î'iamàt_ (Gn 1,6s). Mais l'i~ge ,eSt l'origine dompter _}'.orgueil de la_ mer (fs 65!8;
complètèinent' dét1lytjiis~e, _car il n'y ,.a pl]Js de 89,10; 93;3s), possède aussi la ffiait;rise d~ _l'hiS-
lutte entre le Pieu tout-puiss_ant et. le c~aos toire où. _toUtes )es fo_r<;es de.,4ésordre s'àgitent on
aqueuX d~, origines .. En, otga~is~nt' ,.te _ m,on~è, vain. · -- · · ·· '
Ya4weh a imposé aux .~aux une tois. _pour Jou~es
une li:n;i.itê qu'èlles ne .t:ranc~irpn.t plv.s. Sans· son - ' ' ' ' ,,:· ;
ordre (Gn 1,9s;· Ps 104,6-9; Pr 8,:Z,7ss)', Les livres 3. Le"Christ et la,,msr. - Le symbolisme I'eligieux
de sagesse se _plaisent à décri~é; c_~t_ ~rd.ré' dÙ 1110,nde de· ,la mer· n'·est· pas perou- de vue dans .le NT.
où la._.mei-: pI'end -plaCè, utilisarp.t._pour · cela .l.~ Cela est- sensible même· dans les Évangi,les.- La
données d'ur,e sc~ence élêmen.tairè: fa :t:erre.i;epose mer reste Je lieu démoni,aque _où vont se précipiter
sur les eaux d'ul;l. abî_me iA:fé.:çieur (i:>s' 24,2), ·q:ni les pores. ensorcelés (Mc 5,13 p). D~batnée, .elle
remontent à ti'aveI'S,_elle pén~r alhnentel' les sources continue d'épouvanter. les hommes ; mais Jésùs
(~n 7,u:.8,2; _Jb.~8,i:(l; pt 33 1.r3) .et qui.commµ- nia.nifeste en. face d'elle_ la .-puissance divine qui
ni_quent a~c. celles _4e l'océan_... C'e~ am.si .que la triomphe des éléments : il vient vers les siens èn
mer est remh1e __à_sa _place, _p~mï• les . ~atur_es et marchant sur la mer (Mc 6,49s; Jn 6.19s), ou
on l'i:0.vite,,. aVec_· ta.Utes fos_ autres, à célébrer son encore il la· calmé d'un mOt qui l'exorcise :_ ri Silence J
créateur '(Ps, 69,J5i___ Dn,_3,_78) ... Sois museléê 1.')l (Mc 4,39s), et les disciples fecè>n-
naissent ·à- ce·: signe ·qu'il y··. a en lui ·une presence
2, _LB.. ;Y.mbOliSm:è Yf?l,igieil.% de· l4.J~r.'----:---'Dâns, éet:te stirhum:aine (4;41); · · '
p_erspe_ctive doçtrinale . -~r~s1 fern;ie,, Ie:s aute11rs Enfin" I':A_poCàlypse ne se: contente _pa'.s de _met6_."e
sacrés.,pe_uvent sans aucùn. . dari.g~ reprendre les ·-ën·-rapport,-àvec la- mer les -puissances mauvaises
vieilles ... i~age_s ·mythiques: .. dépouillé.es de _lel.1r qüe-le· Christ-Seigneùl' doit· affrontèr aù·cours de
"';enin. La m~ P.'airàfo (x R. 7,23Ss) introduit l'histoire (Ap :1j,l; 17,i). En décrivant la ·nou-
peu~être_ dans. li:,'; _cult~·, du.,.teinple le _sylI!,bO~e velle ·èréation où ·sa' roYau_té:: s'eXercera: ,en· _plé-
CQSinique <l;e l'O~éan_._primordial, s'il'e~ vrâ.i qll'elle nitude,_· elle ·évoque un jour·extraordinafre bit• i.i. il
ezi ~t _li représeqtàtion. Mais ·f~ ~ible ut_ili8e plll- n'y _aurâ plus-dé mer ~_(ir,1), Là. mer dispa.rattra
tôt . _une .autre catégorie de s)'robPies_'. ·Les eaux donc en tant qu'abime· Satanique et force- de
du gowftï·e ~ariri. '_lui . foùrni~t 1l'im_age· la. pltj:s désordre. Mais il subsîstera ·}à.:haut Cette mer de
parlante 4;}.'un_péril mortel (Ps 69,3), car leur_fond cristal (4,6) qui s~éterid• à perle de vue· devant le
est censé voisin_ du shéol '(Jon ·2,6s) .. Enfin, ull. trône divin, symbole d'une paix lumineuse:.dans
relent de force mauvaise, désordônnée, orgueil- un•Univers renouvelé.' JdF- &-·PG
leuse, continue. de flotter autour de la mer, que
la ..figure des, .Bêtes:··mythologiques· représente -:Antichrist AT 1 · - baptême l 1·- bêtes &-Bête 1 -

encore. à l'occas_io~. Elle symbolisé alors les puis- eau IV 2 - feu.NT I 3 - sel 1.·

san~.es adverses .q,ue .Y ah~eh doit .vaiIJ.cre 'fK'Ur


faire tiio11:1pher s.on dessein. ·

74r 742
M:f.:RE
MtiRE

rence de l'épouse, jouit d'un honneur particulier


auprès du prince régnant. On l'appelait la « Grande
MÈRE Dame n, ainsi Bethsabée (r R 15,r3; et 2,19) ou
la mère du roi Asa (2 Ch 15,16) ou Athalie (2 R
II,Is). Cet usage pourrait éclairer l'apparition de
Donnant la vie, la mère tient une place de la maternité dans le cadre du messianisme royal ;
choix dans l'existence ordinaire des hommes et et il n'est pas sans intérêt de signaler le rôle de
aussi dans l'histoire du salut. la mère de Jésus, devenue dans la piété l Notre
Dame )J.
J. LA MÈRE DES HUMAINS
4. Le sens profond de la maternité. - Avec la
Celle qui donne la vie doit être aimée, mais venue du Christ, le devoir de piété filiale n'est pas
l'amour qui lui est porté doit aussi être transfi- supprimé, mais accompli : la catéchèse aposto-
guré, parfois jusqu'au sacrifice, à l'exemple de lique le maintient nettement (Col 3,20s; Ep 6, 1-4};
ce que fit Jésus. Jésus fulmine contre les pharisiens qui l'éludent
sous de vains prétextes cultuels (Mt 15,4-g p).
I. L'appel à la fécondité. - En appelant sa femme Désormais cependant, par amour pour Jésus, il
« Ève », Adam signifiait sa vocation à être « Ia faut savoir dépasser la •piété filiale en l'accom-
mère des vivants )> (Gn 3,20). La Genèse raconte plissant par la piété envers Dieu même. Il est
comment, par la suite, la vocation de la femme venu (1 séparer la fille de la mère » (Mt 10,35}, et
s'accomplit, et parfois malgré les circonstances il promet le centuple à qui aura laissé pour lui
les plus défavorables. Ainsi Sara recourt à un son père ou sa mère (Mt 19,29). Pour être digne
stratagème (16,1s}, les filles de Lot à un inceste de lui, il faut être capable de « *haïr son père et
(19,30-38), Rachel au chantage : « Donne-moi sa mère» (Le 14,26), c'est-à-dire aimer Jésus plus
des enfants, ou je meurs )J, crie-t-elle à son mari ; que ses propres parents (Mt 10,37).
mais Jacob de confesser qu'il ne peut se mettre De ce sacrifice des liens maternels, Jésus lui-
à la place de Dieu (30,1s). Dieu seul en effet, qui même donne l'exemple. Au Temple, à douze ans,
a mis au cœur de la femme l'impérieux désir il revendique vis-à-vis de sa mère le droit d'être
d'être mère, est celui qui ouvre et ferme le sein dans la demeure de son Père (Le 2,49s). A Cana,
maternel : lui seul peut triompher de la •stérilité si Jésus accorde finalement ce que sa mère
Ü S 1,2-2,5). demande, il lui fait comprendre qu'elle n'a plus
à intervenir auprès de lui, soit parce que l'*heure
2. La mère au foyer. - Devenue mère, la femme de son ministère public a sonné, soit parce que
exulte. Ève jubile à son premier enfantement : l'heure de la croix n'est pas encore venue (Jn 2,
« J'ai acquis un homme de par Yahweh u (Gn 4, 4). Mais si Jésus prend ainsi ses distances à l'égard
1}, jubilation que perpétuera le •nom de Caïn (de de sa mère, ce n'est pas qu'il méconnaisse la vraie
l'hb. qanah : a acquérir »}. De même, (l Isaac » grandeur de *Marie : au contraire, il la révèle
rappelle le rire de Sara lors de cette naissance dans la foi qu'elle manifeste : « Qui est ma mère
(Gn 21,6), et " Joseph » l'espoir qu'a Rachel et qui sont mes frères ? », et il montre ses dis-
d'avoir encore un autre enfant (30,24). Par sa ciples de la main (Mt 12,48ss) ; à la femme qui
maternité, la femme n'entre pas seulement dans admirait la maternité charnelle de Marie, il fait
l'histoire de la vie, elle suscite chez son époux un comprendre qu'elle est la fidèle par excellence,
attachement plus étroit (Gn 29,34}. Enfin, pro- parce qu'elle écoute la Parole de Dieu et la met
clame le Décalogue, elle doit être respectée de ses en pratique (Le 11,27s). Jésus étend cette mater-
enfants, tout comme le père (Ex 20,12) : les man- nité d'ordre spirituel à tous ses disciples quand,
quements à son égard méritent le même châti- du haut de la croix, il dit à celui qu'il aime :
ment (Ex 21,17; Lv 20,9; Dt 21,18-21). A leur « Voici ta mère » (Jn 19,26s).
tour, les Sapientiaux insistent sur le devoir qu'a
chacun de respecter sa mère (Pr 19,26; 20,20; 23,
22; Si 3,r-16), ajoutant qu'on doit l'écouter et en
suivre les instructions (Pr 1,8). JI. LA MÈRE DANS L'HISTOIRE DU SALUT

3. La reine-mère. - Un rôle particulier semble Les caractéristiques de la mère se retrouvent


incomber à la mère du •roi, qui seule, à la diffé- transposées métaphoriquement pour exprimer une

743 744
MÈRE MESSIE

attitude divine, ou .une réalité d'ordre messia- Mais •Jérusalem, en se repliant Sur elle-même,
nique, ou encore la fécondité. d.~ l'Église.. en rejetant le Christ, ·a été infidèle à. cette mater-
. . .. nité-spirituelle (Le 19,41-44), et ses enfants pour-
1. __ Te~dresSe et_ sagesse ~i-uj~: -:-:::-,.:.n ·est en Dièu ront se ietounier contre elle pour 1e lui ·reprocher
une telle plénitude_ de •V;ie qu'Israël: lui_ donne les (cf -0~ 2;4). C'est· pourquoi elle· sera -supplantée
noms de. •père e:t; de· m~re. ~()UT exprimer la. •misé- par une autre Jérusalem, celle-d'en -haut qui est
ricordieuse •tendresse de Di,eµ, o~ -_emploie. r,a~a- vraiment notre mère (Ga 4,26), qui descend du
mini qui désigne les entrailles mateme~_es _et évoque ciel,·d'auprès.de Dieu' (Ap 2t,2). Cette cité nou-
l'émotioll viscérale qu'.éprouve. 1~ femine pour._ses velle, c'est l'Église qui engendre ses·_ enfants à la
~nfanfa (P~ ~5,6;_ n6,5). Comme _ulle mèr:e,. Dieu vie d'enfants de Dieu·;· c'est-aussi ·chaque commu-
nous console (ls _66,13), et s'il s'e11 trouvait _une nauté chrétienne en particulier (2 Jn 1). Elle est
pour .oubli~. le fils d.e ses en.tram~, lui n'Oublie- destinée à donner au Christ la *plénitude de ~n
rait jamais· Israël, (49,15}.: ainsi J~us voulant ras- •Corps, et à rassembler dans }'•Israël spirituel
sembler le9. enfants. d_e Jérusalem (Le 13,34) .. tous·. les peuples (Ep ,4,13).
La *Sagesse, qui-est la *Patole. de_ Dieµ chargée · Pa.rticipélnt à. .,cette maternité, les Apôtres sont
d'accomplir ses desseins (Sg 18,14s) en sortant de les instruments de. cette fécondité, joyeuse 'à -tra-
sa. bouche .m.ême.-(Si ·24,3), s'adresse à ses enfants vers la ·doule'ur (cf Jn 16,20ss).· Paµl dit à·ses chers
comme. une Inère (Pr 8-c-:-9), leur recomllJ;andant Gala.tes qu-'il les enfante jusqu'à• ce que le Christ
ses in~uctiOns, _les _nourrissant du .•pain -de l'in- soit formé en èux {Ga 4,19), et il rappelle aux
telligeµce,_ lea 9:breuvant. ,de :so~ •eau (Si 15,_2ss). Thessaloniciens qu'il les a entourés de soins comme
Ses enfants lui-rendJ;-ont-jus~ice (Lc.7,35), en r ~ - une mère qui nourrit ses enfants (1 Th 2,7s).
naissallt- en JésUS'·celui qui ~ccompli_t. son :rôle: Mais cette maternité ne vaut que par celle de la
~ Qui vient à ,:moi. ,_n'aura j~rnaJs faim, qui croit *Femme qui est- sans cesse. dans les"doUleurs et
en moi ~•aura jaÎnais ._soi_f )) .(Jn 6,35; cf .8,47): dans la. joie ·de ·l'enfantement, figure derrière
laquelle. se profilent toutes ·les mères .-. d'Ève,
2. La nièrti _du Messie,. :,_ 'Déj~ le p_ro.tévangile la,mère dCS' vivants, à rÉglise, mère des croyants,
annonce qu'._elle est m~re, la femme. _dont la p~- en passant par ·la ·mère de·JésuS, Marie,· notre
térité écrase~'la.tête du, serpent (Gn 3,15). Puis, mère (Ap 12). AN & XLD
daps 1~. récits où_ l'on voit I)ie_u triompller de la
*stérilité, les femmes q_ui ont-donné au,i;: pa_tri~rches -+- éducation·_! I - ' Ëgiise VI. -_Ép~ux/épouse -
une postérité préfigurent de loin .la •Vierge-mère. féc::ondité. - femme __;._ Jérusalem AT III 3. - lait -x -
Cette- conception .virginale. est annoncée dans. les Marie III - miséricorde.O - stérilité - tendresse -
prophéties._de rErumanqel (Is 7,1:4) et, de .Celle vil'gin.ité'NT.2.
' 1
qui doit, enfante_t _(Mi 5,2) : les évangélistes eµ MtRITE _- gdce IV - justice -'- justificatiori ·n -
tout cas y ont reconnu la pfQphétie. accomplie en rétribution.
Jé5:us-.C_hrist :(Mt 1,:23; Le 1,.35s).
MERVEILLES DE DIEU-+- désert AT II 2 .,- miracle
3. La ~re ·des'f,euples. - -:Jérusalem est la yille- -, signe.
mère par,e;~~~c~.• (cf ~ S 2_0,19), celle.de qµ_i les MESSAGE • anges - Évangile - foi NT II 2 -
habitants tirent nouniture .. e~ protection .. D'elle mission ....:.. Parole de Diell AT I 2,' III x -- pénitence/
surtout dérivent la *justice et la -•connaissance conversion AT II; NT I ~- prêcher - prophète AT
de Yahweh. Comme Rébecca, à qui on souhaite II 2,3.
de se multiplier en• milliers de myriades -(Gn 24,
6o); elle· deviendra la mère ·de tous les ·•peuples :
11: A Sion, chacun dit·: ' Mère ', car en elle chacun

est _né -- (Ps .87,5), qu'ils-SQif:D:t d'Israël ou des MESSIE


*nati~ .. A,prè~ le châ:t~ent qui -1.'a -éloignée. de
son Époux, la voici de n_ouvea.u co~blée : « Pousse
des -cris de joie, sté_rile qui._n'_enfantais- pas... car Messie, décalqué d'e l'hébreu et de l'araméen, et
plus nombreux sont ·_les. fils de la délaissée que 1~ Christ, transcrit du 'grec, signifient· tous deux
fils .de celle qu_i a, ui;t époux:». (Is 54,1; G_a 4,~2-30). « Oint •·· Cette àpp.ellation est dev'enue à l'époque
Vers elle s'élancent.,« comme des colombes-vers apostolique le nom-propre.de Jésus et elle a assumé
leur coloillbier »_· tous les peupl~ èt_e ~ terre (Is le• con tenu des autres titres revendiqués par lui.
2,1-5; cf 60,1-8),. Elle soulignait-d'ailleurs avec: bonheur le lien ptO-

745
MESSIE MESSIE

fond qui rattachait sa personne à l'espérance mil- fondant sur les promesses faites à David, on espère
lénaire du peuple juif, centrée sur l'attente du bien que Dieu ne manquera jamais de perpétuer
Messie, fils de David. Néanmoins les emplois du sa dynastie (Ps 132,17). Aussi le désarroi des
mot Oint dans l'AT puis dans le judaïsme ne esprits est-il grand après la chute de Jérusalem,
comportaient pas encore la richesse de sens que quand l'Oint de Yahweh est prisonnier des païens
le NT a donné au mot Christ. Il faut remonter (Lm 4,20) pourquoi Dieu a-t-il rejeté ainsi son
jusqu'aux origines de ce vocabulaire, pour voir Messie, de sorte que tous les païens l'outragent
quelle transformation le NT lui a fait subir en (Ps 89,39.52) ? L'humiliation de la dynastie davi-
projetant sur lui la lumière d'une révélation ins- dique est une épreuve pour la foi, et cette épreuve
crite dans les paroles et dans l'histoire de Jésus. subsiste même après la restauration post-exi-
lienne. En effet, l'espoir de rétablissement dynas-
AT tique suscité un moment par Zorobabel est vite
déçu : Zorobabel ne sera jamais couronné {malgré
Dans l'AT, le mot Oint s'est appliqué avant Za 6,9-14) et il n'y aura plus de Messie royal à
tout au roi; mais il a désigné aussi d'autres per- la tête du peuple juif.
sonnages, notamment les prêtres. Néanmoins c'est
le premier usage qui a laissé le plus de traces 3. L'Oint de Yahweh dans l'eschatologie. - Sou-
dans l'eschatologie et l'espérance juive. vent sévères pour l'Oint régnant, qu'ils jugeaient
infidèle, les prophètes ont orienté l'espérance d'Is-
raël vers le *Roi futur, auquel ils ne donnent d'ail-
!. Du ROI AU MESS JE ROY AL leurs jamais le titre de :Messie. C'est à partir de
leurs promesses que le messianisme royal s'est
I. L'Oint de Yahweh dans l'ltistoire. - En vertu développé après l'exil. Les psaumes royaux, qui
de !'•onction d'huile qui symbolise son investis- parlaient jadis de l'Oint présent, sont maintenant
sement par l'*Esprit de Dieu (r S 9,16; 10,r.10; chantés dans une perspective nouvelle qui ks
16,13), le •roi est consacré à une fonction qui fait se rapporter à !'Oint futur, Messie au sens
fait de lui le lieutenant de Yahweh en Israël. Ce fort du terme. Ils en décrivent par avance la gloire,
sacre est un rite important du couronnement les luttes (cf Ps 2), les victoires, etc. L'espérance
royal (cf Jg 9,8). Aussi le mentionne-t-on pour juive enracinée dans ces textes sacrés est extrê-
Saül (1 S 9-10), David (2 S 2,4; 5,3), Salomon mement vive à l'époque du NT, notamment dans
(1 R r,39), et ceux de ses descendants qui accé- la secte pharisienne. L'auteur des Psaumes de
dèrent au pouvoir dans un contexte de crise poli- Salomon (63 av. J.C.) appelle de ses vœux la
tique (2 R 11,12; 23,30). Le roi devient ainsi venue du Messie fils de David (Ps Sal Ij; 18).
« l'Oint de Yahweh » (2 S 19,22; Lm 4,20), c'est- Le même thème est fréquent dans la littérature
à-dire un personnage sacré à qui tout fidèle doit rabbinique. Dans tous ces textes, le Messie se
manifester un respect religieux {1 S 24,7.u; 26, situe sur le même plan que les anciens rois d'Is-
9.II.16.23; 2 S r,14.r6). A partir du moment où raël. Son règne prend place dans le cadre des
l'oracle de Nathan a fixé l'espérance d'Israël sur institutions théocratiques, mais on le comprend
la dynastie de •David (2 S 7,12-16), chaque roi d'une façon très réaliste qui accentue l'aspect
issu de lui devient à son tour le 1( Messie >) actuel politique de son rôle.
par qui Dieu veut accomplir ses desseins à l'égard
de son peuple.

2. L'Oint de Yahweh dans la prière.~ Les psaumes Il. LES AUTRES EMPLOIS DU MOT ri ÛINT »
pré-exiliens mettent en évidence la place de ce
Messie royal dans la vie de foi d'Israël. L'onction 1. Les (1 Oints de Yahweh» ait sens large. - L'onc-
qu'il a reçue est le signe d'une préférence divine tion divine consacrait les rois en vue d'une *mis-
(Ps 45,8) ; elle a fait de lui le *fils adoptif de Yah- sion relative au dessein de Dieu sur son peuple.
weh (Ps 2,7; cf 2 S 7,14). Aussi est-il sûr de la En un sens large, métaphorique, l'AT parle quel-
protection de Dieu (Ps 18,51; 20,7; 28,8). La quefois d'onction divine là où il y a seulement
révolte contre lui est une folie (Ps 2,2), car Dieu une mission à accomplir, surtout si cette mission
ne manquera pas d'intervenir pour le sauver (Ha implique le don de !'Esprit divin. Cyrus, envoyé
3,13) et « exalter sa corne 1) (1 S 2,10). On prie par Dieu pour délivrer Israël de la main de Baby-
néanmoins pour lui (Ps 84,10; 132,10). Mais en se lone, est qualifié d'Oint de Yahweh (Is 4-5,I),

747
MESSIE MESSIE

comme si ·son sacre 'royal l'avait. préparé à sa réalise pas de façon claire• et aisée. Seule la venue
mission providentielle. Les *prophètes n'étaient de· Jésus dissipera. sur.· ce point l'ambiguïté des
pas consacrés à leur fonction par .une onction prophéties.
d'huile; néanmoins.-.Élie ·reçoit l'ordre « d'oindre
Élisée comme ·prophète à sa ·place:» ·(r- R r9,r6) : NT
l'expression peut s'expliquer par le fait qu'il -lui I. JÉSus ET L'~TTENTE DU'M_ESSIË'
léguera·« ,une double.part de son •Esprit .ii (2 R
2,9). Effectivement c'est cette onction •de· !'Es- 1. Le titre· donné à Jésus.-- Frappés par la sain-
prit :r;eçue .. par· le prophète qui s'exprime en Is teté; l'autorité et la puissance ·de Jésus (cf Jn 7,
6r,r : elle l',a consacré pour annoncer .la Bonne 31), ses auditeurs s'interrogent: c(•N'est.:ce pas le
Nouvelle. aux pauvres. ,C'est aussi comme « pro- Messie ?" » (Jn- 4,29; ·7,40ss), ·où; ce' qui ·revient àu
phètes d_e _Yahweh·~ que: les. membres du peuple même :·«·N'est-ce pas le fils' de. David? o (Mt
de Dieu sont une fois appelés ses Oints (Ps-' 105, 12,·23), Et ils le pressent de se déclarer ouverte~
r5; cf peut-être Ps 28,8;· Ha 3,13). Mais tous ces ment (Jn ro,24). Devant-cette question, les hommes
emplois d_u mot restent occasionnels. , se partagent (cf-·'7,43). -D'un côté, les ·a_utorités
juives · décident d'excommunier·, quiconque le
2. Les-· prOtreS-oints. - ·Aucun texte ali.térieur à reconnaîtrà pour le- Messie (9,22). ~fais ceux qui
l'exil ne, parle : Q.'onction pour les prêtres.·. Mais recourent à son pouvoir miracùleux l'invoquent
après 'l'e_xil, le *sacerdoce .voit grandir son pres~ ouvertement comine le- fils dé DaVid (Mt ·9-,27;
tige : maintenant qu'il n'y- a plus de roi; le Grand 15,22; 20;30s)', et ·sa messianité fait l'objet d'actes
Prêtre devient le chef ·dè la communauté.- C'est de foi explicites : de la part des premiers disciples
alors que, ·pour le consacrer ·à sa fonction, on lui dès le lendemain du· baptêffie. ·(Jn 1,4I~4s,49), de
confère l'onction. Les textes sacerdotaùx;.taidifs, la part de Marthe au moment où il se révèle comme
pour souligner l'importance du rite, .Iè font remon- la résurrection et la vie (u,27). Les Synoptiques
ter jusqu'à .*Aaron· (Ex 29,7;· 30,22~33; cf Ps r.33, donn{;lnt .une _solennité particulière à l'acte de foi
2). L'onction est-d'ailleurs étendue ensuite à tous de Pierre: (<·Qui dites-vous que je suis?» - « Tu
les prêtres (Ex 28,4r; 30;30;. 40,15). A partir· de es le Messie» (Mc 8,29). Ce:tte •foi est authentique,
cette époque, l_e· Grand Prêtre devient le Prêtre- mais èlle reste imparfaite, car lé titre de :Messie
Oint (Lv .4,3.5.16; 2-M I,ro), donc un II Messie» risque enCOre d'être_ entendu dans une perspec-
actuel. comme· ~tait autrefois le roi· (cf I)n:-;~,25). tive de' *r~yauté·temporelle (ci Jn 6,15).
Prolongeant· certains textes•· prophétiques qui
associaient ·étroiteniènt royauté et. sacerdoce dàns 2. Attitude·ds Jésus,.-.Aussi Jésus adopte-t-il à
l'eschatologie· (Jr ·33,14-18; -Ez · 45,x-8; Za_ :4,1-14; ce sujet .une attitude •réservée·.. Sa:uf.. en Jn 4,25s
6,13), ciuelques milieux attendent même, aux der- (où le terme traduit sans doute- en la1lgage-chré-
niers temps, la venuei"de deU:x Messies-: un·Messie- tien une expression de la_ foi s_amaritaine), il ne
prêtre qui aura la J?rééID.inence et un_ Messie-roi se donne· jamais à lui-même le titre · de Messie.
chargé ·des·• besognes temporelles (Testaments dés Il se laisse appeler fils de David; mais il interdit
Douze Patriarches, textes de Qumrân). Mais cette aux déinoniaquès de· déclarer qu'il' est -le' Messie
forme particulière de l'espérance $essianique (Le 4,41); Il accepte les confessions de foi, mais
semble· se ·restreindre aux cercles esséniens mar- après celle de Pierre il recommande aux ·Douze
qués par :une·. influence sacerdotale prépondérànte. de ne pas ,dire qu'il est! le Mèssie (Mt· 16,20).
A partir de· ce moment, d'ailleurs, il entrepreDQ
3. Eschatologie et messianisme . ...:__ L'eschatologie de purifier la conception ·messianique de sès dis"
juive donne donc, .une place importante •à. l'at- ciples. Sa carrière d.e Messie commencerà commè
tente du Messie :· Messie royal partout, Messie CClle du •Serviteur souffrant; •Fils ·de rhomme,
sacerdotal _dans certains milieux. Mais les -·-~ro- il entrera. dans sa, gloire par le sacrifice :de .sa ·vie
messes scripturaires ne se réduisent pas à ce -mes- (Mc 8,31 p;· 9,31 p; 10,33s p). Sés disCiples,·sont
sianisme au sens strict du mO:t, souvent lié. à _dés déconcertés, comme le seront les Juifs IorsCJ.u'iUeur
rêyeS de restauration. temporelle .. _Elles 3Dlloncent parlera de l' « élévation du·. Fils de l'Homme·»
égalemeiit l'instau,i:ati<?Jl --.du_ •Royalltl1e de Diell. (Jn 12,34).
Elles présentent aussi. l'artisan du •salut sous les Néatimoins, le jour des Palmes; Jésus Se- laisse
traits du ·•Sérvifeur dEl Yahweh et du. *Fils de intentionnellement acclamer comme le fils de
l'Homme. :L~ cciordin3.tion de t-outes -ces données David (Mt 21,9). Puis; dans les coritroverses àvec
avec l'attente· dti Messi~ (ou des Messies) ne se les ·_Pharisiens, il -souligile la supériorité du fils

749 750
MESSIE MESSIE

de David sur son ancêtre, dont il est le Seigneur connaît dès lors un prodigieux élargissement, car
(1'1t 22,41-46 p). Finalement, dans son procès reli- tous les autres titres qui définissent Jésus se con-
gieux, le Grand Prêtre le met en demeure de dire centrent autour de lui. Celui que Dieu a oint,
s'il est le Messie. Sans repousser ce titre, Jésus c'est son saint *Serviteur Jésus (Ac 4,27), l'*Agneau
l'interprète aussitôt dans une perspective trans- irréprochable dépeint par ls 53 (1 P r,19; cf I Co
cendante il est le •Fils de l'Homme destiné à 5,7). C'est pour cela qu'il était écrit qu'il devait
siéger à la droit~ de Dieu (l\U 26,63s). Or cette souffrir (Ac 3,18; 17,3; 26,22s) et que le Ps 2
confession est faite au moment où la Passion décrivait par avance le complot des nations
commence, et c'est d'ailleurs elle qui entraînera (( contre Yahweh et contre son Messie )1 (Ac 4,
sa condamnation (26,65s). Aussi son titre de 25ss; cf Ps 2,rs). Aussi l'Évangile de Paul est-il
Messie sera-t-il spécialement bafoué (26,68; Mc une annonce du Christ crucifié (1 Co 1,23; 2,2),
15,32; Le 23,35.39) en même temps que son titre mort pour des impies (Rm 5,6ss), et la 1re épître
de •roi. C'est seulement après sa résurrection que de Pierre s'étend longuement sur la Passion du
les disciples pourront comprendre ce qu'il recouvre l\fossic (1 P r,u; 2,21; 3,r8; 4,1.13; 5,1). Dans le
exactement : c< Ne fallait-il pas que le Christ Livre d'Isaïe, la mission du Serviteur était décrite
endurât ces souffrances pour entrer dans sa comme celle d'un *prophète persécuté. De fait,
gloire ? li (Le 24,26). Il n'est évidemment plus la seule *onction que Jésus ait jamais revendiquée
question de gloire temporelle, mais de tout autre est l'onction prophétique de l'Esprit (Le 4,16-
chose : selon les Écritures, « le Christ devait mou- 22; cf Is 61,r), et Pierre, dans les Actes, ne manque
rir et ressusciter pour qu'en son nom la conver- pas de rappeler comment « Dieu a oint Jésus de
sion soit proclamée à toutes les nations en vue de l'Esprit-Saint et de puissance )) (Ac ro,38). A la
la rémission des péchés ~ {24,46). veille de sa mort, Jésus proclamait sa dignité de
*Fils de l'Homme (Mt 26,63s). La prédication
apostolique annonce effectivement son retour au
dernier jour en qualité de Fils de l'Homme pour
II. LA FOI DE L'ÉGLISE EN ]Ésus-CHRIST
instaurer le monde nouveau (Ac 1,u; cf 3,2os;
Mt 25,31.34), et c'est à ce titre qu'il siège déjà
I. Jésus ressuscité est le ChYist. - A la lumière à la droite de Dieu (Ac 7,55s; Ap 1,5.12-16; 14,
de Pâques, la jeune Église attribue donc à ,. Jésus 14). Sans qu'il soit question de lui attribuer le
ce titre de ivlessie-Christ, maintenant libéré de messianisme sacerdotal dont rêvait le judaïsme
toute équivoque. Ses raisons sont apologétiques tardif, !'Apocalypse le montre revêtu de la robe
et théologiques. Il faut montrer aux. Juifs que le des prêtres (Ap r,13) et l'épître aux Hébreux
Christ, objet de leur espérance, est venu en la célèbre son •sacerdoce royal, définitivement substi-
personne de Jésus. Cette démonstration repose tué au sacerdoce figuratif d' Aaron (He 5,5 ... ,
sur une théologie très sûre qui souligne la conti- 7). On n'hésite pas à lui donner le titre le plus
nuité des deux ,. Alliances et voit dans la seconde élevé, celui de •Seigneur (cf Ac 2,36) il est 1c le
t'•accomplissement de la première. Jésus appa- Christ Seigneur )1 (Le 2,n; 2 Co 4,5s), « Notre
raît ainsi comme le véritable fils de David (cf Seigneur Jésus-Christ n (Ac r5,26). En effet, sa
Mt r,r; Le 1,27; 2,4; · Rm 1,3; Ac 2,295; 13,23), résurrection a manifesté avec éclat qu'il possède
destiné dès sa conception en vertu de !'Esprit une gloire plus qu'huroaine : le Christ est le •Fils
Saint (Le 1,35) à recevoir le trône de David son de Dieu au sens fort du mot (Rm r,4), il est Dieu
père (1,32), pour conduire à sa fin la royauté même (Rm 9,5; 1 Jn 5,20). Christ n'est plus pour
israélite en établissant sur terre le •Royaume de lui un titre parmi d'autres, c'est devenu comme
Dieu. C'est la Résurrection qui l'a intronisé dans son nom propre (employé sans article 1 Co 15,
sa gloire royale maintenant qu'il a « reçu !'Es- 12-23) qui récapitule tous les autres. Et ceux qu'il
prit Saint, qui est la Promesse n (Ac 2,33), (< Dieu a sauvés portent à juste titre le nom de (( chré-
l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous tiens » (Ac II,26). PEB & PG
avez crucifié l• (2,36). Mais cette gloire est de
l'ordre de la nouvelle •création; la gloire tempo- --+ Aaron 1 - consolation 1 - David o.J. - dessein
relle des anciens Oints de Yahweh n'en était de Dieu - Esprit de Dieu AT I 3; NT I 1.2 - fils
qu'une lointaine *figure. de Dieu AT II; NT I 1 - Fils de l'Homme AT II -
heure 2 - huile 2 - Jean-Baptiste 2 - Jésus-Christ-
Melchisédech 2 - onction III 2.5 - Plique I 6 c -
2. Les titres de Jésus-Christ. - Uni indissoluble- pasteur & troupeau AT 2 - pauvres NT I - pro-
ment au nom personnel de *Jésus, le mot Christ messes II 4, III I ~ Rédemption AT 2 - Reste AT

75I 752
MEURTRE ,-lIN~S1'ÈRE

I - roi- royaume AT III; NT II 1 1 III I -.sacer~ les Onze autr~ ... La.vocation.,de Paul à1'apostolat
doce AT III :2. - .Seigneur NT ,1 . ~ Serviteur de Dieu (Rni 1,r) est-aussi un appel à un minis;tère-(I. T.m
Ill 1 - signe.NT I 0.1,_ II'·3 .-Transfiguration r. :2. _.:.._ 1,12; cf 2 Co. 4,1), que· Paul s'efforce. ensuite de
victoire ~T 3··a - vin_lJ 2·b: '
remplir dignement· (Ac ;20,24) et grâce auquel
MEURTRE-+ Abel - cœur. II :2.a .:..-- haine I 1 - Dieu apporte le. salut.aux païens (2r,19) .. Cons-
.NT I _;, vengeance I · - violence JI.
sang AT 1; cient .d'être_ ai_nsi ministre. de Dieu (2 .C,o 6,
3st et ,ministre du .Christ (q,23), il _ressent vi'{e-
MIEL~ doilceur _I -,- l,ait :2. - terre AT II 1:.- ment la grandeur· de cette fonction, s~périeurc à
celle de.Mo~e..Iui-m_ême puîsqµ'elle es:ç un.service
de la nouvelle Alliance,_ de lajustice·, de,l'EsJ?rit
(3,6~9)_, de ·la l'éconci_liatjon (5 1,18),. d_e l'~vàngile
(Col x,23; Ep •3,7), de l'Église (Col. x,25).
MINIS.TÈRE
2.' 'niv~s#é 4e•:~i~istères. ~ cependallt le Inhli~-
t_ère,. ,d.ans J'Église naïs:sante, déborde large~ent
Lès mots « :mm:isfre » et « Dlinistère »; caJqu~s rex~rcice .,de l'apostolat propreme;nt dit. Le, _mot
sur le latin _de. 1"'. Vt.;1,lgate.,. Correspondent. ·_ati _ gre_C diakqnia ,s'appFque tout d'abor~ _à de:s servi~
diakonos et. diak.onia. Ces deux termes n'àppir- matériels nécessaires à Ù!, comm.unauté, comme le
tiennent pâs _au_larigag~ I'el_igieux, de la SePt.i.J.lte:; sel'vice,des tables (Ac 6,1.4; cf LC._ro,40) ,et la
qui les emploie ra.i:em~t .en un. sell!J· profane· (Est colleqte. pour les pauvres_ de· Jéru:s~lèm __(Ac_. u,
1,10; 6,1-5). _Dans l_a ..Vulgate,. ministe_r rènd l'i}~ 29; .. 12,25; Rm·•1_5.~1; 'r Co 16,15; 2 _Ço_S,4;, 9,1.
breu melarel _(cf Ex. 24,1,3 : Josué, Sel'viteUr de 12s). E_n outre, ~n mjnist~l;"e e_s~ ~onfié à Ar,ç~ppe
Moïse), qu~ -peµ1; dési~er les .p~tres'.·- ministres du (Col 4,I7f et à Timothée (2 Tm 4,5) ; le titre de
culte (Is.6_1,6; Ez 44,u;_Jl :i;_,9), CèpendaJlt, 4ès 1:lllnistre (diako:nos) ~st donné. à Apollos CO:m!lle à
l'AT; la réaJité,d'ull ministère·rel_igieux âecompli Paul (,1 Co_.3,5)..,à Timothée_._(r.Th 3,2;} Tm 4,
dans_ 1e. peuple de _I?ieu par les_ ~:tulaires d_e,_çèr:- 6), ·à Tychique (Col 4,.7; Ep 6,zr), à Epaphras
taines fonctipris sacrées est Urie _chose bien attes- (Col,. 1,7), et.,~~e .aux faux, apô~l'<:ls. judaïsants
tée : l~s •rois, les !i=prpphètes, ~~s dépOSit;aires · du (2· Co 11,23)'. ,Çela. montre qu'il. y _a .. dans· ~':Égli~
•sacerdoce, SOnt des ·•sei:vite;urs 'dé 'DiéU; ·qui «.diversi~é d~ minis~ères. J) (,i; Co. 12,5), _car II l'Eg..
exercent une •médiation entre lùi et son pf!uplë. prit divers#ie ses. •cluµismes .en vue_ c;le .I'œuvre
Ainsi saint Paul dira _que Moïse .. éta~t. i:nini_stz:e de du, ministèf:~ .» (Ep •4,J:2) .. '.Tc:mt « service, __J> _de ce
la preIIliètè a_lliance _(2 Co_'-3;7.9).. Dans· 'lé' NT'. _le genre {Rm_.12,7) .est.~ e ~ e r _&Qus l'influence de.
Christ :est l'Ùnique:_ ;médiateur entre. 'Dieu et le~ l'Esprit (1: Co_ 12;7), ~e:,m;1 ..tp.an.dat reç~ de
hommes, l'unici,ue ,Prêtre qui offre le sacrifice du Die'Q, .(1.,P 4,n). _I.1 reste à voir en- quoi;~i;i~stent
salut, l'unique. P?rte,u~ de .Ja ~révélation :Puisqu'il c~. « services ~. Les listes de •charismes- _don.nées
est la *Parole de,.Dieu devériue chair.· Mais dà.ns dan!;> les. épîtres mettent toujours en.-t~te les fane,
l'Église qu'il 'a fondée:s•C·xerce. µn_ i:D-i~istète .d'Uri tions re'Iatiy~s à. la Parole,,_de Dieu ·,'(àp•tre, pro-
nouveà.u genre_, qui est ·au. setvice· de sa. Parole ·e·t phè~i'docteur, é'Vangéliste),...Mais_ ce:1,a ;n'exclu.~ pas
de sa ·grâ~. · l'.ex_ist.e*ce de ..ch~rge5:_ proprement p~storales,., que
l'.ép~tre aux Éphési~ns . menti~1me. exJ>ressélllei;t_t
(Ep 4,xx).
I. LE MIN'rs'I'ÈRE DÀN!:i' L'ÉGLISE

r. Le ministèr8 àe_·l'apostolU-t: ___: .JéSus a enseigllé ·u. r:.E 'MiN16TtaE HiiRAac~ÎQVE


à ses *Apôtres à rega.l'der leur :fonction comme un
service : les chefs des nations veulent êtrè regar~ 1. Le NT"no~s ,·fait assiSier,' dès 1~ tefilps de$
dés comme. des bienJaiteurs et des maîtres_; .maiS Apôtres, à Ja naissance d'une hi_é,;archie de gouver-
euX! à son exemple; _devront se faire les. sèrviteurs t:tenienl:-qu_f:proI~e l~ur __ actiOll: Toutes, les com-
(diakonoS).-de touS.~c. _~p,42ssJ>). li~ sont~ :ser:: nl_lu1autés' juives avaient des_ Anci~ (;Presbyteroï)
viteurs à lui, et c'est à·ce titre qu'il.léllr promet à. ~eur tête.·'.De même, ·1es_.mi$&i0nnaires Paul.et_
d'entrer avec lui clans.la gloj.re dµ. P~ (JD. I~,
26). Dès le ,début .des Actes, l'apostolat est. donc
Barnabé étabijssent partout daIISles Églises des
presJ:)ytres_ qui les dirige~nt (Ac_ 14,23). Lo~ _.de
envisagé comme un ministère (diakonia : Ac _1, l'assembl~ _apo:;.tolique ,de ,-_Jérusalem, on voit .~
17.25), que Matthias est appelé à remplir avec joindre aux, Pouze .les _pr~sb~es_ ~~ la.commu-

753 754
111-lNISTÈR:E MINISTÈRE

narité loc8.le,, qui ont Jacques à leur ;tête (15,2.4· ont m1ss10n de paître le _troupeau de_ Dieu (Ac
6.zzs; · 16,4} -; et on les retrouvera ·1ors du -retour 20,28·; ;r' P 5,2S),. _à l'image du Christ,. ·modèle des
de Paul (~1-;18). De··niêille, au cours de son der- "'pasteul"S (1 P 5;4), Pasteur et SurV°eillant:-. des
nier . Voyage,_ Paul: reçoit à Milet ·-les presbytres âmes (1 P 2,25). Mais les épîtres pastorales mon-
d'Éphèse (20,17)'. Ainsi, dès -cette époque, direc-, trent qu.;'il y a dans chaque communauté:. un- seul
tcment ou _par leurs··enVo_y_és, les _Apôtres iiisti- épiscope/qui ·doit être choisi· avec soin (i Tm •3,
tuent dans chaque ville· un COllège de presbytres 1-7), apparemment parmi_ les presbytres {Tt 1,
(Tt· 1,5), dont le_.recrutement est· soumis- à deS 5-9). C'est lui Sans doû.te· qui remplit cette· fcinc-
règles p'iéciSes,' et qùi sont établis dari.s leur foilc- tion de pasteur (cf Ac 20,28s) que Paul place au
tiori j,ar_-l'*impOSitiOn des·:maills: (1 'Tin. "5,17-22). nombre des charismes (Ep 4,u) et qui rappelle
Ce deinier trait montre·que le·presbytérat re<i_uiert l'une des responsabilités apostoliques (Jn 21,15ss;
un charisffie·p3.rtieulicir ·de !!Esprit-Saint: ce Ii'est cf Mt 18,12ss). Les envoyés de Paul, Tite et Timo-
donc pas une simple. fonction. administrative. E:ffec~ thée, ·ont *autorité Sur les presbytres, les diacres
1:iveri:i.ent,-· dans _'l'épître de JacqueS, ,On voit· les et les épiscopes des Églises qui leur sont confiées ;
prèsbytrès. prier: pour les :rii8.ladés· èt leû":r c:onfél'er ils _ont des . responsabilités en matière de littlrgie
l'"'onction d'huile (Je 5·,14). Ori dit· ailleurs qu'ils (~ rm.·2,1-~'5) et d'ensei~ement doctrinal (1· Tm
ont~ exercer 1a·_-piésidenee· dans l'aàsembléé chre,. 4,f_r3~x6;. 6,3). _M84~· sur _·ce derllier. !)oint, chaque
tienne (i Tm 5;17). Les allusions __ de :paul ··aU:x éJ)iSCOp~ eXer~e aussi une_ s~r.vemance daùs . son
présidents· (p,-oïstameno's) ·se 'rapp6rtent donc pro- , rCSSort.:.(T~. ~'.9)_: Cette çlélégatiçin _des ·fondions
bàblëment aux presbytres_ (1 'Th_ 5,12s; "cf Rm 112, _de'· .gouve~ement; dévolues ·primi#vE::men_t aux
8), de inêi;ne_·que la_ meri._tiori· des chefs ('higoume- ~pôtres, montre ciue l'org~i~a~on ae l'Église est
nOs) dans.l'épitre aux·MébreuX (He·13;7_,1j.24): ·· en collrs d'év0Iu1;:ion. Une fois les Apôfres. c;lis-
par·us,· elle sè" Stabilisera dallS u:0.e ·-hiérarchie à
2. ~fais l'épître "au·x· Philipp~e~ riléritiODne ·àuSS_i tr~is ~ng~ : _,u_n épiscope, 'Pasteur _et. J>réSfüent _de
côte à côte de_s ép.isc_opes·· et d~ diacres (Ph ~-• 1). : la tommunauté, entoure··.~e ·presbytres,' qu•~
il y -a ·là un :_embryo_n de_,·hiérarèhië._· Les Acte!J teront des diacres. Le charisme nécesSaire à l'exer-
\·oient .probablement_ dans__ les Sept que les Douze eicè dè_· ,éurs ,fÛiiCtl<;ms le_ur. Sei-a .c6µféré,"' comme
Ont· établis' pour Se.rvir _aux_ tabfes (Ac· 6,1-6) Je8 précéd'ei;nµient, par. 1e tj.te. de ,l'imposition des
prototypes des f_utur_s .· Q.iac,res ; . ceu'x-~i entrent m~~~s (cf 2 Tm i,6). , ·
d'ailleurs en· fonction;· . comrite les· presbyties, ·par
l'"'imposition_ des m3.ins ·(AC _·6,6). Leur Ill~IliStère 4. N~li~ .pàrt)é titre.de prêt,-es· n'est dÛnné.. à..ces
débord'e ·cependant ·Je .servîce matériel, :car' . ils ministre's de _la Il~uyè_lle ... alliance, •pas p_lus -d'ail-
prêchent, · et Philippe_ est explicitement qualifié leurs 9.u'.~ux Apôtres. Ma:is le_ur miiiis.tère. les n1et
d'éva:iigéliste· (Ac·· 21;8). Les· épîtres· pastorales au serv~cé _du_ "'sacerdoce de _Jésus-Chri5t, seul
Posent des· règles pour lé. ChOix de,'·ces diaere_S Grand Prêtre des, homllles;, A.- ce, titre., après les
{r: Tm_ 3,8:-i:J)'. Il s'àgit alors d'un miri_i~tère, infé- Apôtr.CS, ils_ sont les intendant$ de _Dieu (Tt 1,7),
rieur,_ dont il n'est pas' aisé de préciser les _fonè- de :Ses ntystères (1 CQ 4,2), de sa grâce (1. P 4,
tions., Celles de Phcèbé•, diaèoness\:! ·de· l'Église de rn). Telle est la perspective dans laquelle se déVe-
Cenchrée' _(Rm t6;x); rie sànt pas _·nécessairement loppera l'idée du sacerdoce chrétien, m'é~archisé
du mêffie ordre, car les consignes· de Piul ·sur _le en· trois degrés (évêque, prêtres, diacres) : iden-
rôle des "'feinmes dans les assemblées cultuélles tique par._ses fonctions a_u minis_tère décrit dans
(1 Co II,1-16; 14,33s) sont des plus stri_ctes. Quant le NT, exercé en vertu des ·mêmes pouvoirs cha-
au groupe des *veuves, qui fait l'objet d'une sélec- rismatî_ques, _il dérivera en dernier, .ressort· du
tion· sévère, on· ne sait pas· êxactement quelles ministère apostolique _en ce_qu'_il avait; de trans-
t~~hes ·.lu,i_sont confiée.s (1 Tm_.5,9~15_). missible. PG
3; L~s-épiscopé~ 50nt."essenti.ellèi;nent,' ~m~e leur -+-,. Ap'ôtt'es.II 1 - autorité 4T II; NT il.~ c~•
noIO.· l'.indiqué, des·« sun•eillants » préposés_ aux rism.ei1 ..II- 1.2 - Église -.exhorter,- imposition des
coinmunaùt"és· _pour :vèi~er. ' sllr elles." . Une .telle mains' NT 2-,-, Parole. de Dieu AT Ill 1; NT II 1 . -
char~è n'êtàft pas_ inconnue du j_u_dai5:me : dàns pàst'ellr _& troupeau N.T 2 - prêcher II 2 b ~· sacer-
la commu_nauté de Q'u!Tlrân-;_,le. _mebaqqW ((1_ ins- doce AT 1 4 ; NT III - servir Ill 2.
pecteur »): avait· une •fori.ctio:ù. .assez semblable.
PrimitiveJ11.ent; Ce sont les ·pre~byties ·qui «· sur-
vCitl~int •)) ainsi en cominun chaque Église, car ils

755
MIRACLE MIRACLE

tian du peuple de.,Dieu; avec Élie. et son disciple


Élisée,· les restaurateurs de l'alliance-mosaïguc:-'
L'hü,torièité ·substantielle·· _des- cycles d':E:Ue- et
MIRACLE d'Élisée s'aècommo<;J.e de gtossissements populaires
(vg :2 ,R -1,.9-16} qui; d'un cycle· à,l'autrc, gagnent
en extens_ion et perdent souvènt ·en . qualité reli-
Il n'est pa.8. rare que des ..chrétiens considèrent gieuse (vg. 2 R 2,23s; 6,1-7). Cette ,même histori-
comme périmée la notion ·même. de mir~cle, et cité subsiste encore à travers 1-!àroplification, plus
qu'à l'inverse, d'..au'tres se montren.t frianm, de lé!,rge- ce_rtes, ·qu'ont subie, ~u- cours des ·âges, les
fausses .mei-veilles. Ces. excès opposés ont· •:une traditions des, dix plaies d'Egypte ou· les miracles
source commune, ·alimentée par- _certaine apolo- du désert et de la, conquête de Canaan, .Ceux.qui
-gétique longtemps en, vigueur· : dan_s le~ mirac.les, les mirent -par écrit, u~ilisant les genres littéraires
on ne voyait qu'un défi aux lois natutelles, oubliant auxquels .étaient . habitués les l~teurs de· lorir
leur rôle. de *signes (1 ~daptés à l'intelligence de temps,. ont ainsi compilé des traditions, exploité
tous D. librement .les récits; mais ils n'·ont jamais perdù
La Bible~ elle,· reconnait partout .la main de de vue leur Qut .religieux .: montrer la présence
Dieu qui manifeste au~ sjens i,a puissance et son protectrice; du Dieu tout-puissant. (Jos 24,rï) à
amour. L'univers-crée, avec son OJ;dre :f_ixe (Jr 31, l'aube·de l'histoire du peuple élu. Aùssi,. à travers
36s). est« merveille .»,(Ps 89,9) et (i.signe » (Ps le mode épique qui les caractérise, ces "traditions
65,9), com,me les interventions ,inhabituelles_.de demeurent-elles fondamentales : elles rapportent
Dieu dans l'histoire ; et celles-ci à leur tour sont la nai~sance d'Israël, .merveille par excellence,
,..création-renouvelée (Nb 16,3_0; 1s 65,18),,même seule digne, avec. la création (Is 65,1.7), d'être
si l'historien d'aujourd'hui -les -estime ordinaires cQmpa.rée à la nouveauté eschatologique. (Is 43,
et explicables. Ignorant les distinctjons .modemes 16-21),.
entre actions « providentielles », causes naturelles
exceptionnellement convergentes, action çlivine se z. Le miracle, signe_ divin efficace
substituant au jeu- .des agents naturels ou « causes a} L'AT montre dans les miracles des révê.la.--
secondes n, la Bible concentre le regard du croyant tions-de Dieu et .des signes efficaces de son: salut.
sur !'.élément essentiel, ·commun à toutes nos caté- Les termes qui les désignent indiquent cette foncM
gories : la. signification religieuse d_es faits. Ainsi, tian : ce sont des « "'signes n .(hb, 6tot, .gr. sèmeia,
avec leS yeux de Ja foi, saint -Augustin reconnait vg Ex Io,"I), des « signes et prodiges symboliques»
aussi· bien: dans la levée. d'une· moisson que dans (hb. m6JJim; ·gr. térata·, vg -Dt 7,19). ûr l'usage de
la multiplication des pains la.marque de l'amour ces ternies déborde celui de miracle, manifestant
et du pouvoir divins; s'il les distingue, .ce ·n'est bien la dimension de signe ou de symbole . que
qu'en raison de _·l'accoutumance où de l'étonne- cache tout prodigè religieux. Ainsi· fa .persoilne du
ment de leurs bénéficiaires respectifs. Dans .cette prophète· peut être un .. signe, ·car -son ·existence
optique, le détail ,n'a· pas' l'importance· que. nous symbolise la *Parole de Dieu à l'œuvre à travers
sommes portés-à lui -donner : ainsi, ,le figuier sté~ ses .mimes (Is·S,18; -20,3; Ez, 12;6.n; 24,24.27).
rile a-t-il séché .11: à l'instant » (Mt. :21,19). ou plus A cette Parole, les signes, miraculeux apportent
tard (Mc n,20} ? Il n'importe : seule compte· la leur appui, parce qu'ils révèlent en geste_s concrets
leçon que cache; le geste symbolique, le salut proclamé par les hérauts . de Dieu, et qu'ils
accréditent ceux-ci- comme authentiques, messa-
gers du Seigneur (Ex 4,r-5; I R r8,36ss;_· Is. 38,
!. LE. MIRACLE DANS, L'AT 7s;- Jr 44,29s). Cet:f:e subordination du miracle à
la Parole _distingue les .vrais miraoles des tours
I. Les faits. - Mis à part le merveilleux .fictif de opérés par les -•magiciens .e~ faux prophètes {E:-.
certains livres ou· sectioµs de livres ·relev~t du 7,12 ... ). La valeur·du message, manifestée notan1-
genre didactique (Jon, Tb, ,c,:1.dre dramatique_ tj.e ment par la *prière du thaumaturge (r R.18,27s.
Jb, haggada ·de.·l)n .1--f?, broderies édi:fiaµtes. de 36s), est le signe ..premier,qui décide de l'authen-
2 M, etc.);,,ainsi_que.Ies deux merveille$ Signalées ticité du miracle (Dt 13,2-6) ·: celui-èi n'appuie. -la
dans l'histoirè d'Isaie (Is 37,36s;. 3_8,_7s},,lès miracles Parole qu'une fois jugé: par. elle.
n'apparaissent _nombreux· qu'à deux moments capi- . b)· Parmi tous les .signes, ·les ntii:ades se .dis-
taux de l'histoire sainte : avec Moïse et sari suc- tinguent par leur, efficacité et leur caractère extra-
cesseur Josué, lors 4e ],a •fondation -et de l'installa- ordinaire, D'une ·part, ils réàlisent .habituellement

757 758
MIRACLE MIRACLE

ce qu'ils signifient : tel est le cas du premier pectives du Dt, des prophètes (vg Is 63,7-q), des
•Exode, accumulation de prodiges par lesquels psalmistes (vg Ps 77; rn5-107), des sages (vg
Dieu libère son peuple, ou du nouvel Exode, qui Sg 10-19), montra.nt dans les miracles du temps
manifeste l'efficacité de sa. parole (Is 55,n; cf des fiançailles le gage de nouveaux bienfaits et
v.r3). D'autre part, ces •œuvres ·(Ps 77,r3; !45, faisant valoir leur portée •éducative (vg Dt 8,
4), malgré ce qu'elles peuvent comporter de faits 3; Sg 16,21). C'est la foi que Yahweh nourrit en
naturels (pluie, sécheresse ... ), dépassent le plus instituant des *fêtes comme (< mémorial de ses
souvent ce que l'homme a coutume de voir dans merveilles D (Ps 1n,4). C'est elle qui anime Isaïe,
l'univers et ce qu'il peut lui-même accomplir. quand seul un miracle peut sauver Juda {1s 37,
Aussi le miracle est-il un signe particulièrement 34s), et *Marie, quand lui est annoncée la concep-
révélateur de la •puissance de Dieu ; on l'ap- tion miraculeuse (Le 1,45).
pelle un exploit (Ex 15,u), un haut fait (gebttra, C'est elle, par contre, qui a manqué à l'Israël
Ps ro6,2), une grande chose (Ps ro6,2r), une chose du *désert (Ps 78,32), lorsque, réagissant charnelle-
redoutable {Ex 34,10), et surtout une merveille ment à !'•épreuve que Dieu lui imposait (Dt 8,
(pèlè, Ex 15,n; nifla, Ps rn6,7). Ce dernier vocable 2; etc.), il oc éprouva » Yahweh à son tour (Ex
désigne des réalisations oc impossibles D à l'homme r7,2; Ps 95,9), en exigeant des miracles avec arro-
- comme traduit parfois la LXX - , accessibles gance; c'est elle qui a manqué à. Achaz, plus sür
à Dieu seul (Ps 86,ro), qui par elles manifeste sa de ses alliances que du Dieu des miracles (Is 7,
"'gloire (Ex x5,I.7; 16,7; Nb q,22; Lv 10,3); reflet 12), et à Zacharie le sceptique (Le 1,18ss). En
de sa *sainteté {Ex 15,n; Ps 77,q; Lv 10,3), toutes ces attitudes, la maîtrise de Dieu sur
c'est-à-dire de sa transcendance. l'homme est oubliée, sa puissance et son amour
c) Mais la puissance divine n'écrase que les gratuit sont méconnus, sa parole est mise en doute:
pécheurs (Dt 7,17-20; Mi 7,15ss); pour le peuple le miracle n'a pas vraiment été accueilli comme
des promesses (Dt 4,37), ses merveilles sont don ni discerné comme signe.
bénéfiques, même lorsqu'elles éprouvent et humi-
lient (8,16), car « Yahweh est amour en toutes
ses œuvres » (Ps 145,9). Finalement donc, c'est de If. DANS LA VIE DE JÉSUS
l'*amouY de Yahweh (Ps ro6,7; 107,8) que les
miracles sont les signes efficaces et les dons gra- r. Les faits. - 11 Renouvelle les prodiges et fais
tuits (Dt 6,10ss; Jos 24,uss). Jésus seul révélera d'autres miracles ! D, implorait Ben Sira (Si 36,
pleinement l'universalité de cet amour sauveur. 5), exprimant l'aspiration de tout !'Israël post-
Il le fera tout à la fois en soulignant là portée exilique, déçu par un retour moins brillant que
prophétique des miracles accordés par lui-même le nouvel Exode annoncé. Jésus vient combler
à des païens (Mt 8,trss) et en explicitant celle des cette attente, tout en décourageant ce qu'elle
miracles accomplis jadis par Élie et Élisée pour comportait de go-0.t du sensationnel et dC la
une Sidonienne et un Syrien (Le 4,25ss). revanche.
A l'inverse de ceux de l'Exode, les récits évan-
3. Le miracle dans sa référence à la foi. - Par- géliques remontent aux premiers témoins et sont
delà l'étonnement qu'ils suscitent, les miracles très sobres. Par cela même, comme par leur natu-
visent à provoquer et confirmer la *foi et ses har- rel, par l'absence d'effort de la part de Jésus
moniques : •confiance, •action de grâces et (absence compatible avec l'emploi pédagogique de
•mémoire (vg Ps 105,5), *humilité, •obéissance, formules, touchers, onctions, processus par étapes
*crainte de Dieu; •espérance. Ils *endurcissent ceux [Mc 8,23ss], étoffant l'action symbolique), par une
qui, tel Pharaon (Ex 7,13 ... ), n'attendent rien intentionnalité religieuse et une attitude de "'prière
d'un Dieu inconnu. Mais celui qui déjà connaît (explicite [Jn n,41s] ou suggérée [Mc 6,41; 7,34;
Dieu et ne compte que sur lui, y décèle l' œuvre 9,29; n,24]) excluant toute •magie, ~ la diffi-
puissante de l'amour divin et un sceau sur la culté d'expliquer sans eux la foi de l'Église, par
mission de l'envoyé de Dieu; a.lors, d'un même leur intégration dans la trame de l'Évangile, les
mouvement, il croit à sa Parole, .il croit en Dieu miracles que celui-ci rapporte se distinguent radi-
même (Nb I4,II). calement des merveilles inventées par les évan-
De cette foi, Israël admire la grandeur en giles apocryphes, comme de celles que la légende
*Abraham, qui obtint par elle la naissance humai- attribue à des rabbins, à des dieux (vg ·Asklé-.
nement impossible d'un héritier (Gn r5,6; Rm 4, pios) ou à des sages païens (vg Apollonius de
18-22). C'est cette foi qui est à. la base des rétros- Tyane), contemporains des origines chrétiennes.

759
MIRACLE MIRACLE
Toute comparaison . objective_ fait ressortir, la
valeur histori_que et religieµ~ .de _nos texte_~, <:;.._.est
1es·· apJ)ellent-ils des· *puissances (~ynameis· : ~f
Mt n;20-23;, · 13,"54 758; ·14,2). Par, -eux· en effet
par des :faits· ré_els,. _et _réellement_ extraordinaires Jésus, ·mu par sa pitié humaine (Lc-7,13;- M~ 20,
que Jésu_s_:3. .« fait,signe D à son peuple. __ , . ,: 34;·Mc· r;41), mais' plus encore par sa-c?nsc1enc.e
d'êtré le •Serviteur promis (Mt 8,17), fait effecti-
2. Signes effi~d~,s du ;alut vement ieculer la *maladie, la •mort.-_ l'hostilité
a) ~ar ses -miracles, J~su:s _manifeste.. que le de la nature contre l'homme, bref tout _le_ désordre
*Royaume-messianique annoµcé par les prophètes qui a sa cause_ plils ou· moins proche:.dans le *péché
est là en _sa _personne (Mt q,4s); il att_ire l'atten- (Gn 3 16-19; conip. Mc 2,5; Le 13,3b et Le 13,2-
tion. sur lui-même et sur _la Bonne Nouvelle du
3a; Jli-9,3h et qui•sert l'emprise du·diable s~r le
Royaume qu'il i_llc~me ; il ·.sµscite une admi~- molide -(Mt 13,25; He 2,14s). Auss~ re~1;1se-t-ll de
tion et une_, crainte religieuse . qui portent les
faire pour Satan (Mt4,2-7), pour les malve~ants (.12,
hommes à se dCmand~ c.e qu'il est. (Mt _ 8,27;., 9,
38ss; 1(),1-4), les jalou: (Le .4~~3), 1~ fnvoles, (23,
8; Le 5!sss) .. Q.u·•n _'s'agi~e d_~ son p0:uv~ir de 8s), des• exploits· gratuits qm ·n aura1en~ pas d effi-
remettre les péchés:(Mc 2,5-12-p), de son,.aàtoij.té caeité -Salvifique, et -il est' significatif que des
sur .le sabbat_ (Mc 3;4s p; Le 13,155,;. 14,3_ss),, de prodiges. cosmiques - relevant d'? reste plus,
sa messianité· ro)7ale:. (Mt. 14-,33; .Jn _1,49), de son semble-t-il-, de l'imagerie prophétique que de
envoi par le Père (Jn 10,3tj), de :l~ pui~an~_ de l'histoir~ _i (Ac 2,19s) ..:.:... ne, soient- signalés _qu'au
la foi en. lui (Mt 8,1-0~13; _15,2? p}, c'est,_ toujou.rs moment où,. 'sommé de se· sauvér lui-même par
sa *mission et sa dignité que par eux Jésus atteste, un riliracle·- n·-Jileurt po\lr sau'ver·tous.les autres
avec la réserve qu'impose J'.espérance juive d'un
{Mt 27,39-,54; _cf_ 1 Co ·1,22ss). Les pr~dig~. qu'il
*Messie tell;fporel et national• (Mc 1144; 5!43;. -7, senible promettre en Mt 17,20 p, ne sont qu image
36; 8,26) .. En .ceci déjà ·ils sont des ~sign~, comme dt:dà ·puissance de la foi. · · '
le dira saint Jean. AinSi pr:end."tout son.sens la connexion très fré..
S'ils· prouvent, la _'inessi_anité ~t. la divinité de
quen:te entre *gubisons et _exorcismes (Mt 8,1~;
Jésus, c'CSt indirecte,ment, ell:· attestant qu.'il, est etc.). La délivra.lice des possédés est un cas pn-
bien ce qu'il prétend ~tre. On .ne ~oit ~one .pas vilégié ·de·- cette-victoire du« plus fort» (Lc·.II,
les isoler de_ sa •parole..,.: ils v9nt de pair avec 22) ·sur Satan; que tous les miracles réalisent à l~ur
!'*évangélisation des •pauvres. (Mt :II,5 p). Les maniè're. Elle· met· Jésus directement aux prises
titres que· Jésus se don11e, les pouvoirs qu'il,s_'a.,i:- avec !'Adversaire, dans ..un duel qui, commencé
roge, le-salut qu'il prêche, les renoncements ~u li au_' désert (Mt 4;1-n p), aura son. épi~od.e· d?cisif
exige, voilà çe dont. les miracles montrent l a~-
à·1a·crôix (Le _4,_13; 22,3.53) et ne.se .tennm~
thent~cité divine,• .à. qui ne- rejette pas d'emblée qu'au jùgeni.ent gé~éral (Ap ~o;rn),,mats où.. déJà
la vérité du message, {Le r.6.,31). Celui:-ci est ainsi est évidente la ·défaite- diabolique· (Mt· 8,29; Le
supérieur, au~ miracles, comme:le laisse, ·entendre 10,18). L'exorcîsnie est le signe efficace par excel-
la parole:sur Jçmas selon-Le Ir,29~32. Il s'impose lence de la venue du Royaume. -(Mt_· 12,28). · ·
-comme 1e. sign~ premier et seul néce~ire (Jn-.20,
29), par l'inégalable autorité· personnelle de, son
3. Le miracle et la foi
héraut .(Mt, 7,29) fjt ,par sa quaµ.té _interne, faite a) La Bonne Nouvelle du Royaume que Jésus
de ce qu'en'. accompliss~rit la, révéla~ion antérieui:e
prêche- et montre présent ~n sa perso~e, doit être
(Le 16,31; .Jn 5,46s}, il correspond.chez l~_audi: accueillie ·par la •conversion .et la; *fm (Mc 1,15).
teurs à_l'appel de l'Esprlt (Jn 14,-r7.26); pest lui
C'est •doilc elles aussi qqe -les miracles ·et ·exor~
qui, avant d'~tre confirmé et Wustré par- Jes cismes de-JésuS sont chargés.d'engendrer.,En les
miracles_. devra les· _distinguer des faux ,signes
voyant, chorazeïn et Caphamaüm· auraient. d~, se
(;\fo 13,;2s; M°t 7,22;, _ci,_2 Th ·2,_9; A~. 13,13).
eonvertir ét cioire (Mt: -n,20-24 p). Jean y, mstste
Ici comme en Dt, (( les miracles discen:i-ent
en· distingua:iit divers ·degrés de fo~, (Jn 2,u: _n,
la doctrine, et la doctrine discerne les miracles • 15; 20,30s) : au-delà,_des ··enthoUSlasmes fragiles
(Pascal). · , , .. , ·
(2,23ss; 4,48) et des adhésions intéressées. (6,26),
b) Lellr attestatio~,. Ies. ntjracles -~ }'.apportent
les (( signes » conduisent nôrmalement à recon-
pas de _l'extérie'lu:, coillme __des.- sign~ ar,:iitrair~
naître Jéstis•-coinme envoyé de Dieu·-(3,2; 9,16;
et ostentatoires : , ils rlalisen_t imhoative-nu,f!l ce
ro,36), prophète. (4,19}, Christ_ {.7;31), •Fils -~e
qu'ils Signifie_n~, .ils apportent les. arrhes du .~salu.~
l'homme· (9,35-38). S'y trop appuyer pour croire
messianique qltj._ aura .sçn ab'?ut:issement dans le
est 1a·marque.d'une foUmparfaite· (10,38; 14,u}•:
Royaum~ éschatologique ; aussi ,l~ _Synoptiques la ·pa,tole de Jésus;·. d'une véracité, garantie p~ le

76:a
MIRACLE MIR'ACLE

désintéœssement qui. dérive de son .. esprit filial que les Synoptiques dév'eloppent; · attestant le pro-
(7,'16ss;. 12,49s), devrait:suffire, comme elle _a suffi grès d_e·- Ia réflèxion de -1':Église, ·chacun _daus sa
aux: Samaritains (4,4rs) et à_Tofficier royal -(4,50}, ligne· proprè, On· a· décelé par', exemi,le, •dans le
comme .. elle-.devra suffire à ceux qui _qoiront à la triple récit s\li''l'enfant épileptique, des intentions
Parole _sans. avoir tou_ché le _Ressuscité (20,29). diverses : Le 9,37-43 raconte surtout une mer-
Raison· de plus pour que ceux qui. ont « •vu » veille de bonté ;_Mt I7_il4~2I s'intéresse à. la fraDs-
ses miracles (6,36; 7,3; 15,24) et .refusé 4e croire cendance·de Jésus 'e't-à la part que_ les diSciples
(7,5; _12,37) soient inexcu,sables (9,41;• 15,24). reçoivent de sa ,puissance:: Mc 9,14-29 exalte le
b) Si beaucoup rejettent Je .~ -*témoignage » (J n ·triomphe du' nialtre de la vie· sur· S_atan, daDs le
5,36) des .miracles, c'est que l'hé.bétude-spirituelle cadre d'un dra.rhe qui' :ébauchè déjà.:-l_e_ symbolisme
·{6,15.26), ou l'orgueil,.}égalist;e (5,.16; 7,49.52_; 9, johannique. Et· il" est des càs ·encore plus nets de
16), la,. jalousie .(u,n), la ,fausse Prudence {n, la ]_)rofondeu·r nouvelle que reçoivent ainsi• les
475), les aveuglent {9,39; -u,40). Ils n'.ont pas ces épisodes, à la lumière de Pâques : .dans· l'intention
dispositions -d'abandon et d'ouv_erture à .Diteu qui des au:teùril, il faut sUiefuent ccimprendrè en· son
constituent dans les .Synoptiques .la ,*foi anté- sens le pluS riche· la çonfeSSion de ':filiation :divine
rieure _,au miracle (Mc 5,36; 9,23; 10,52; etc),. e~ à la'quellê conduisent les miracles· (-Mt 14,33; 27,
sans lesquelles Jésus est comme impuissant (Mt 54), et contempl_er l'esquisse ·de réalités ecclé-
13,58) .. Comment seraient-ils ·capables d'interpré- siales èn ~rtains d'entre eUx~ Vg l_',.,eucharistie
ter« les·-signes des temps» (Mt 16,3), ces hom.mes dans là -Multiplication des pains_, l'apostolat dans
qui, comme Israël au,désert et __ naguère- Satan la pêche :miraculeuse (Le 5,1-u)·.
(4,3-7), ne réclament dei; signes que « pour .mett_re b) Jean va ·plus loin _Çnèore. Il suggère que les
Jésus. à l'épreuve » (16,1), et. préfèrent attribuer 11: signes . D, accomplissant l'ancien Exode. (Nb 14,
ses exorcismes au démon plutôt que_ de- lui recon- 22) et -anticipant « 't'*heure » du· nouveau,' mani-
naître .une puissance surnaturelle (Mc 3,22.29s p) ? festaient déjà quelque peu la «··•gloire·» '(Jti-2,n;
Pour des cœurs •endurcis, et fermés à la Parole, 11,40) qui S'est révélée• lol'S de <1 l'élévati0n·~ de JéSus
les signes- qui .l'appuient sont inQé_chifirables. (3,14s;_.12,32 ·; cf 17,5) et qui e'st l'éclat· de la ptlis-
Cette *génération n'aura d'autre signe, que _celui sance salvifi(l,ue _énianant du Vex-be Incarné (r, 14).
de· Jonas (Mt 1·2,39s) : Jésus prend .rendez-vous <:;hacun ·d'eux, . relié à un disco'urs, met· en relief
avec ses adversaires pour.le· jour de··sa •Résur- un aspect d,e cètte puissance, qui purifil:', · par-
rection, c'est-à-dire du signe le plus éclata.nt, mais donne, vivifie, .illumine, ressu~ite· (2,6; · 5,14; 6,
aussi le plus facilement contestable par les ama- 35; 9,5; u,25)'; ·plusieurs symbôlisent même les
teurs d'évidence, les -moyens qe sa -vétj.fication sacrements (•baptême, ·*éi.tcharistie ... ), qui distri-
n'étant, qu'inclirects (tombeau vide, apparitions à buent -les éffe_ts -de cette puissance dans l'Église,
quelques-uns : cf Mt 28,13ss; Le 24,n). Ce qui en dépassant 1~\3 signes antiques t;els que la *manne
sera pour la . foi. le suprême appu~ doit en être (6,32·.49s)."Bien plus, les miracles SOnt des •œuv'res
d'abord· la suprême épreuve ... que le Père donne au Fils de réaliser •(5,36) p0ur
m_anifester l'unité intime du., Fils et:··du Père (5,
17; 10,37s; 14;:9s). Contempler ·les· signes efficaces
III. DANS L'ÉGLISE de la vie qui a jailli ·(19,34) du flanc du Christ
« élevé » comme le' signe suprême (r2,33; -cf 3,14
1. Les faits:.-'- Ce signe de .la *Résurr~ction, som- = Nb 21,8 : sèmeion), c'est, ctoire que· Jésus est
met du nouvel ·Exode (Jµ 13,1), ·donne à TÉglise le Christ; le. Fils de IÎieu agissant dâns l'Église,
qui .naît de lui la· clé de ,l'histoire antérieure, et et avoir la vie en son n'om_ {20,30s) ;·c'est conteril-
inaugure une nouvelle série de. signes devant con- plèr :ia cotllmùtle gloire çlU Père et· du Fils ·(n,4)
duire les hommes à la foi qu'il fonde et annoncer et se mettre ainsi· au"niVeai.1 des ielations trini-
la résurrection des morts, plénitude du .salut·qu'il taires.·
P,rocure (1-·Co 15,20-28; Rm 4;25).
3.. Le temps de l'Esprit
2. Éclairage:. pascal .de l' É'l!angile .. a} Jésus· étant· «· avec eux » (Mt- ·2s,:Zo). rien
, a). La ~ésurrèction découvre à, l'Église, •qui 11;:ur d'étonn"ant_à ce-qu~-1és ·•ApôfreS, 'depuis les divers
accorde une grande ·place dans son kérygme et _S<il, niiràcles' dé la *Peritèoôte, renouvèllent sè~· gestes
catéchèse,· .le pleù;t sens des signes antérieurs. sàuVeurs {Ac 3,1.:r0)· ;· il ·leur avait du· reste pro~
Selon le kérygmè, ils t: .. accréditaient D Jésus (Ac mis ce pôuvoir, qu~si i:0:stitutionilel (MC 16, 17s},
2,22) et manifestaient· sa bonté _(ro,38) : .·thèmes et· les· a:vait exercés à. en .user' (Mt ·10,8). · ·
MIRACLE MISÉRICORDE

Les dynameis (Paul) qu'ils. opèrent --manifestent


concrètement la •puissance salvifique- (dynamis)
de Jésus ressuscité (Ac 3;6.r2.r6;_. cf- Rni r,4), et
amènent les. -hommes à la. foi; en acc,éditant · les MISÉRICORDE
hérauts de la Parole .évangélique, {Mc·_ r6,20;- r Co
2,4). Là s'.affinne_ le .lien nécessai_re des miracles
,_:r_,e; langa:g'.e Cciurant, déterminé. san·s. do.lite pat
avec la ~arole,. et-le double aspect de leur finalité,
le l~tin. d'égl~. idell.:tifie la miséricOrde à la com-
apologétique: et: salvifiqu~. Là_ se ·montre 1a hié-
p~ion ou a-ci pat'don.· Cette· idênti_fication, quoiqile
rarchie des_ signes ·; la qualité_ ·de ·témoin auricu-
laire {He 2,3s);._la constance ,{2 Co 12,12),.1'.assu- v8:!able, risque de v?il~ Ia.r~chesse_concrète ,qu_•~g:..
rnnce et le désintéressement {x Th-_ 2,2-1:2) des r~eJ,. en vertu de son exp.énence, mettait so.us éè
que nous. ap_p,elons ainsi.• Pour lui en effet, la ·misé-
missio:nnaires vont de· .pair·.avec _« les signes et
ricorde Se trouve. art". confluent de dèux · courants
les prodiges· i), et .distinguent ·des faux prophètes
de pensée, la Compassion et la _fidélité.
les authentiques. messagers ·de Dieu -(Ac .8,9-24;
Le premier 1:errq.e h.ébreu. _(ra/iamim) exprhne
r3,4-12) ; .tout est produit par. la force de. r•Es-
l'~tjach~ment instinctif d'un' être à un- aU:tre. Ce
prit-Saint. (1 Th r,5; I Co -2,4; R'rn 15,19). ·
sentiment, d'_0.près les sémites, a son _siège dans le
b) Au débu:t de· l'Église, l'Esprit acc.ordait aussi
sein matemel (rèb,èm : 1.R .3,26), dans_ les ·«mtrailleS
des miracles à la *prière confiante {cf Mt .21,21s;
Je 5,r6ss) de certains ·.fidèles : .*charisnie iner- (ra{uim~m) - nous diri_ons : Je cœur ·---: d'un J)ère
(Jr 31,-20; Ps 103,r3), ou d'un frère (Gn 43,30) .:
vcilleux (Jn 14,12), mais ordonné aux· dons supé-
c'est 1~ •tendresse; _il s~ "o/aduif aussitôt.par des
rieurs d'enseignement (1 Co-12,28s), et finalement
a.c~es :,en compassion. à l'OCc8.Sion d'une_situatîon
à la charité; merveille suprême .de la vie chré-
tragique (Ps ·106,45) ou .en •_pàrdon_ dCS offells_eS
tienne (r3,2). Ce don coexistait avec les sacrements
(Dn 9,9). . ...
qui jouaient.·e~ partie le même- rôle (cf Mc, 6,13;
Le seconQ. ternie hébreu (~.è~èd), ord_inâil'.ement
Je 5,r3ss), mais dont l'efficacité· spirituelle laissait
place à des signes· orientant plus directement tr~d~t en grec par un. mot qui, lui ;:i.u5Si, ·signifiè
m15éncorde (eleos), désigne _de soi la *piété, r,;,la,..
l'esprit vers la •résurrection et .la,. restauration
tion qu.i unit deux ~es et i_mplique •:fidélité. De
entière de la· •création (Rm 8,19-24; Ap -21,4).
ce .fait, 1~ miséricorde reçoit une base solide : elle
Il en va de mêtrie aujourd'hui, encore. Certes,
n'e.st plus seule1n:ent l'écp.o ,d'un instinct. de bonté,
le. monde- a _désormais, pour ·l'amener à croire, le
nuraele moral multiforme· de ,l'Église, vu surtout qm.peut. se tromper.sur son objet et sur sa.nature,
mais_ une bonté consciente, voulue ; elle ·est même
dans la splendeu,r de ·ses saints, dont ·1a •charité
héroïque et .unifiante est le plus sûr sigD.e de la réponse à_ :un :f-evoir in_té1-'i~ur, fidélité à .soi-:mêm_e.
Les traduchons·,_fra~s .4es mots hébreul' et
présence divine (Jn 13,35; 17,21). Mais des miracles
physiques n'en continuent pas ·moins comme dans grecs oscilleni; de la_ miséricorde à l'amo_ur,. en
l'AT et le NT, à tourner nos regards ~ers·Ia Parole passant par la tendresse, la pitié, la compassion,
et le Royaume définitif, à .susciter la conversion la ·?lémence,_ la bonté, et même 18: *grâce. {hb, Pin)
pr~miè~e èt .-les re.conversians .'(Mt 18,3), à tra- q~1 pourtant a une acceptjo~ · bien plus. vaste.
Malgré cette variété, .il n'._est pas. impossible· .de
d~1r~ 1 amour: ~ivin ·en gestes vivants.·_ Aujour~
d hm comme· hier, ce langage reste incompris de cerner l'intelligence biblique. de_ la ·nliséri~orde':
Du déQut à la fin, Dieu: manifeste· sa tell.dreSSf; à
l'es~rit_· ~rgueilleux ou ·ar.eligieux'; mais, le perçoit
celut qw,-_ sachant que « rien n'est impossible à l'occasion .de la misère hum84ne; . à s{)ll · to_ur_
Dieu» (~n r8.-I4 := 'Lc,r,37)'. s'ouvre aux· requêtes
l'homme doit se montrer_ miséricordieux. enVC~·
so~ prochain, à l'imitation, de ·SOD Créâ.tèur: ,.
de la foi et de .1 amour, quand le ·contexte ·reli-
gieux du .fait .iildique Dieu CJ.ui « a fait signe·».
PT A.T
I. LE' DIEU . DES MISÉRICORDES
-+charismes:-- foi _~T 1 :2, IV :--"glOirelII '1-:-- magie
2 b - malad1e/guénson - manne; - mer j ·.;_ œuvres
NT 1 :2 -Parole de Dieu AT II :2; NT l·1 ;_ puis- Quand l'lionnne Prend co~ience qu'il ~- mal-
sance V I - Révélàtion NT III -I b - salut AT I 1 • heureu_x ·.ou péCheur, .. alors se ,révèle 'à··lui, plus
NTI2a•--signe. · · ,::.·,' ou m01ns net, le. visa~e. de la mis_éricorde· infinie;
MIROIR.-+' fac_e·_:_ 'imagé - sages~e AT III :z. 1: _Au secou,s-ilu misérable. -'-- Les cris du.. psal~
MISÈRE ....;. faim & soif - miséri~rde - pauvres. rmste ne cessent de retentir : , • Pitié pour moi,
MISÉRICORDE MISÉRICORDE

Seigneur! , (Ps 4,2; 6,3; 9,14; 25,16) ; ou bien les patienter infiniment. Tel est le rythme qui va
proclamations d'*actions de grâces : K Rendez marquer les relations de Dieu avec son peuple
grâces à. Yahweh, car éternel est son amour ([.èsèd) • jusqu'à la venue de son Fils,
(Ps 107,r), cette miséricorde qu'il ne cesse de mon- b) Miséricorde et châtiment. - Tout au long de
trer à l'égard de ceux qui crient vers lui dans leur l'histoire sainte en effet, Dieu montre que, s'il doit
détresse, les navigateurs en péril, par exemple châtier le peuple qui a péché, il est saisi de com-
(Ps 107,23), à l'égard des « fils d'"'Adam o quels misération, dès que celui-ci crie vers lui du fond
qu'ils soient. Il se présente en effet comme le de sa misère. Ainsi le Livre des Juges est scandé
défenseur du *pauvre, de la veuve et de l'or- par le rythme de la *colère qui s'enflamme contre
phelin : ce sont ses privilégiés. l'infidèle et de la miséricorde qui lui envoie un
Cette conviction inébranlable des hommes •sauveur (Jg 2,18). L'expérience prophétique va
pieux semble tirer son origine de l'expérience que donner à cette histoire des accents étrangement
fit Israël lors de l'"'exode. Bien que le terme de humains. Osée révèle que si Dieu a décidé de ne
miséricorde ne se trouve _pas dans le récit de l'évé- plus faire miséricorde à Israël (Os 1,6) et de le
nement, la libération d'E:gypte est décrite comme châtier, son « cœur en [luiJ se retourne, [.,;es]
un acte de la miséricorde divine. Les premières entrailles frémissent » et il décide de ne pas don-
traditions sur l'appel de :Moïse Je suggèrent nette- ner cours à l'ardeur de sa colère (n,8s) ; aussi,
ment : u J'ai vu la misère de mon peuple. J'ai un jour, l'épouse infidèle sera-t-elle de nouveau
prêté l'oreille à sa clameur... je connais ses appelée « A reçu miséricorde » (Rul,ama 2,3).
angoisses. Je suis résolu à le délivrer» (Ex 3,7s. Alors même que le& prophètes annoncent les pires
:r6s). Plus tard, le rédacteur sacerdotal expliquera catastrophes, ils savent la tendresse du cœur de
la décision de Dieu par sa fidélité à l'Alliance Dieu : c< Éphraïm est-il donc pour moi un fils
(6,5). Dans sa miséricorde, Dieu ne peut supporter si cher, un enfant tellement préféré, pour qu'après
la misère de son élu ; c'est comme si, en contrac- chacune de mes menaces je doive toujours penser
tant alliance avec lui, il avait fait de hii un être à lui, qùe mes entrailles s'émeuvent pour lui, que
u de sa. race » (cf Ac r7,28s) : un instinct de ten- pour lui déborde ma tendresse ? » (Jr 31,20; cf
dresse l'unit à lui à jamais. Is 49, 14s; 54, 7) -
c) Miséricorde et conversion. - Si Dieu est ainsi
2, Le salut du péchei,r. - Qu'adviendra-t-il toute- retourné en lui-même devant la misère où entraîne
fois, si cet élu se sépare de lui par le péché ? La le péché, c'est qu'il désire le retournement du
miséricorde l'emportera encore, si du moins il ne pécheur vers lui, sa $conversion. S'il emmène de
s'*endurcit pas ; car, bouleversé par le *châtiment nouveau son peuple au *désert, c'est qu'il veut
qu'entraîne le péché, Dieu veut sauver le pécheur. « lui parler au cœur » (Os 2,16); après }'$exil,
Ainsi, à l'occasion du péché, l'homme entre plus on comprendra que Yahweh veut, par le retour
profondément encore dans le mystère de la ten- dans la terre, symboliser le retour vers lui, vers
dresse divine. la vie (Jr rz,15; 33,26; Ez 33,II; 39,25; Is 14,1;
a) La révélation centrale. - C'est au Sinaï que 49,13). Non, Dieu « ne garde pas rancune éter-
Moïse entend Dieu révéler le fond de son être. nelle » (Jr 3,12s), mais il veut que le pécheur
Le peuple élu vient d'apostasier. Mais Dieu, après reconnaisse sa malice ; « que le méchant se con-
avoir affirmé qu'il est libre de faire gratuitement vertisse à Yahweh qui aura pitié de lui, à notre
miséricorde à qui bon lui semble (Ex 33,19), pro- Dieu, car il pardonne abondamment )) (Is 55,7).
clame que, sans porter atteinte à sa sainteté, la d) L'appel du pécheur. - Israël garde donc au
tendresse divine peut triompher du péché : « Yah- fond du cœur la conviction d'une miséricorde qui
weh est un Dieu de tendresse (rafium) et de grâ.ce n'a rien d'humain : « Il a frappé, il bandera nos
(f,amm), lent à la colère et abondant en miséri- plaies n (Os 6,1). « Quel est le dieu comme toi,
corde (fièsèd) et fidélité (èmèt), gardant sa misé- qui enlève la faute, qui pardonne le forfait, qui
ricorde ((ièsèd) à la millième génération, supportant n'exaspère pas pour toujours sa colère, mais qui
faute, transgression et péché, mais sans les inno- prend plaisir à faire grâce ? Une fois de plus, aie
center, punissant la faute ... jusqu'à la troisième pitié de nous, foule aux pieds nos fautes, jette
et la quatrième génération » (Ex 34,6s). Dieu au fond de la mer tous nos péchés 1) (Mi 7,18s).
laisse les conséquences déferler sur le pécheur jus- Ainsi le cri du psalmiste retentit sans cesse, que
qu'à la quatrième génération, et cela montre le résume le Miserere: oc Pitié pour moi, en ta bonté!
sérieux du péché. Mais sa miséricorde, conse~e En ta grande tendresse, efface mon péché • (Ps
intacte jusqu'à. la millième génération, le fait 51,3).
MISÉRICORDE lIISÊRICORBE

3. MisériCQt'dieitx envers toute ckait'. - Si-fa misé- du cœur de Dieu : « Je suis Dieu; moi; et non pas
ricorde divine ne connaît d'autre limite que homme » (Os u,g; cf IS 55.,7). ~'horizon. s'éten-
l'"'endurciSSement du·_péchèur (IS 9,.16'; ·Jr·-i6,5. , dra surtout grâce au commandement_ de ne pas
13), on la tint 'cependant longtemps pour rés'ervée · asso'Uvir sa •vengeru:ice, de ne pâs garder :taJ:icune ;
nu seul *peuple élu. l\fais, par sa largesse surpre- mais il ne sera réellelllent "dégagé qu'avec' ~es der-
nante, Dieu fit.éclater finalement ce reste de mes- niers livres _de sages5:e, qui esquissent S1Jr ce point
quinerie humaine (cf déjà Os II,9),· Après l'exil, le message 'de Jésus _: le *p?,rddn doit ·s' exerce;r
)a leçon fut compris~. L'h_istoire de Jonas est la envers « t<:>ut homme » (Si ~7,·30-28,7). ··
satire des cœurs étroits qui n'acceptent pas la
tendresse immense de Dieu (Jon 4,2). L'Ecclé- NT
siastique dit clairement : « La pitié de l'homme
est pour son ,.*pr0chain, mais la pitié· du Seigneur J. L:c ,VIS.AGE DE LA l!USÉRICORDE DIVINE
est pour toute chah' (Si 18,.13),
1)

Enfin la tradition ·unanime d'Israël (cf Ex 34,


6; Na 1,3; JI 2,13; ·:N'"e 9,17; Ps 86,15; 145,8) .est r. ]éS1{S, u Grand P'rdtre miséficordi_e«x· » (He .2,
magnifiquement recueillie.. par. le psalmiSte, sans i7 ). - _Devant àccomplir le dessein _divin, Jés11s
aucune note de pàrticularisrn.e : «.· Yahweh est a voulu·_«_dev~ir en.tout semblabJe·a ses frèr~s »,
tendresse et. grâce,, lent à la colère et abondant afin d'expérimenter la misèr~ inême de· ceux qu'il
en miséricorde:· il ·ne dispute pas à perpétuité, venait sauver. Aussi ses· actès tra:duisàient-ils .tous
il ne garde pas rancune à· jamais ; il ·ne nous la; miséricorde· divine, même s'ils·ne _sônt p'.as ainSi
traite pas selon nos fautes ..-. Comtp.e est· la ·ten- quali~és ·par· les évangélistes. Luc a priS · un soin
dresse d'un père pour son fils, tendre est Yahweh tout spé•cial de mettre ·ce point en ~élief; Les pré*
pour qui le ·craint ; il, sait· de quoi nous sommes férés de· Jésus sont les·«. "'pêiuvres :,». (Le ·4,18;_ 7,
pétris, il se souvient '.que poussière ·nous somm·eS » 22)"_; le_s pécheurs-_trou_vent_ en lui u'n «_ami.». (7,
(Ps 103,Sss.13s). « Heureux ceux ·qui ·espèrent en 34), qui n'e Craint pas de les fréquenter (5,27.30;
lui, car il les pi-endra en pitié' » · (Is 30,18), car r5,1s; 19,7). La miséricorde qùe Jésus tériJ.oigIÎà_it
• étemelle est .sa miséricbrde » (Ps 136), car en d'une façon générale p.ux foules (I\U 9,36; 14,J:4;
lui est Ja .miséricorde (Ps· 130,_7). 15,32) prend chez Luè un visage plus personnel :
elle concerne le· 11 fils unique .1) d'une veuve (Le
7,,3) ou tel père éploré (8,g 9,38.42). Jésus
eri.fin témoigne -·d'une bienveillance ·particulière
Il. (l CE QUE JE VEUX, C'EST LA '.'.1:ISÉRICORDE »
'envers les ·*femmes et les '*étrangers. Ainsi l'uni-
vérsalisme- est mené •à son 111 a.ccompli8Sement ::
Si Dieu est tendresse, Comment n'exigerait:.il•pas « ·Tollte *chair·,voit lé salut·de· Dieu» (3,6). Si
de ses créatures la même tendresse· mutuelle ? Or Jésus a ainsi· c·om.passion ·de··tous, · oil_ -coniprend
ce sentiment n'est pas naturel à l'homme : homo que· "les affligés s'adressent à· lui- comme à Diell
homini lupus! David le sait 'bien, lui qui préfère rilême, en disant : ~- •K~e ele:ison· 1· » (Mt 15,~2;
"tomber entre les mains de Yahweh, car sa misé- 17;15; 20,30s). ' ··
ricorde est grande, plutôt qu'entre les mains des
hommes » (2 S· 24,14). Sur ce point aussi,· Dieu 2. -Le cœur àe.--Die'u /6.'.Père .. :.-'- Ce· visage de la
va progressivement éduquer son peuple. miséricorde_· divine qll 1il ,montrait à travers ses
Il condamne les païens ·qui étouffent la miséri- actes, Jésus. a voulu en dépeindre .pour jalllais
corde (Am 1,u). Ce qu'il veut, ·c'est qu'on-observe lés traits,' Aux p~ùrs qui se .voyaient. _exclus· du
Je commandement dè !'*amour- :fraternel- (cf Ex Eoyaume·de nieu·par "1a mesquinerie dès_•.pha-
22;26), bien préférable aux-holocaustes ,(Os· 4,2; risiens, il proclame l'Évangile de la niisé:d~rde
6,6) ; c'est ·que la pratique de la •ju!',tiCe soit infinie, dans ,la ligne directe.des ·annonces authell-
couronnée par,. un (t tendre ,amour u (Mi 6,8). Si tiques de TAT. _Ceux qui réjouissent le cœur.-..de
l'on veut vraiment ·*jetlner, on. doit secourir le Dieu,. ce sont non les hommes qui se croient justes,
pauvre, ·ta vellve et l'orphelin, ne pas se dérober mais les pécheurs ,:repentants, C()mpai'ables .à .fa
devant celui ,qui est sa propre• *chair .(Is ··58;6- brebis ou à la drachi:ne perdue: et retrouvée (Le
n; Jb :3-r,16-23). Certes l'horizon *fraternel 15,7.ro)·; le-*Père est à·l'affti.t.:du·retoUr,de Son
demeure encore· limité à.la race ·ou- à la ·croyancé fils prodigue et, quand• i1 l'aperçoit- de: loin, ·il est
(Lv 19,r8); mais ,l'exemple même de Dieu· élar- « touché de compassion » et coùrl-·à sa. rencontre
gira peu à péu les cœurs· ·humains aux dimensions (15,20). Dieu a longtemps attendu, ·u attend encore
MISÉRICORDE MISSION

avec *patience Israël qui ne se convertit pas, tel ~ amour - aumône - colère - endurcissement I
un :figuier stérile (r3.6•9). 2 b- grâce - hospitalité r - justice O ; B - pardon -
pasteur & troupeau - patience I AT - péché IV I c d
3. La surabondance de la miséricorde. - Dieu est - piété AT 2 - rétribution II r - tendresse.
donc bien le « Père des miséricordes li (2 Co r,3;
Je 5,11), qui accorda sa miséricorde à Paul (1 Co
7,25; z Co 4,1; l Tm 1,13) et la promet à tous les
croyants (Mt 5,7; 1 Tm 1,2; z Tm 1,2; Tt 1,4;
2 Jn 3). L'accomplissement du dessein de misé- MISSION
ricorde dans le *salut et la *pai:x:, tel que l'an-
nonçaient les cantiques à l'aurore de l'Évangile
(Le 1,50.54.72.78), Paul en manifeste clairement L'idée d'une mission divine n'est pas complète-
l'ampleur et la surabondance. Le sommet de ment étrangère aux religions non chrétiennes. Sans
l'épître aux Romains est dans cette révélation. parler de Mahomet, <( envoyé de Dieu » qui pré.
Alors que les Juüs :finissaient par méconnaître tend relayer les prophètes bibliques, on la ren·
la miséricorde divine en estimant qu'ils se procu- contre en quelque mesure dans le paganisme grec.
raient la *justice à partir de leurs *œuvres, de Épictète se regarde comme« l'envoyé, l'inspecteur,
leur pratique de la •Loi, Paul déclare qu'ils sont le héraut des dieux >l, « envoyé par le dieu en
pécheurs eux aussi, et donc qu'ils ont aussi besoin exemple )) : pour ra.nimer chez les hommes, par
de la miséricorde par la justice de la *foi. En son enseignement et son témoignage, l'étincelle
face d'eux, les païens, auxquels Dieu n'avait rien divine qui est en eux, il estime avoir reçu mission
promis, sont attirés à leur tour dans l'orbite du ciel. De même, dans l'hermétisme, l'initié a
immense de la miséricorde. Tous doivent donc se mission de se faire « le guide de ceux qui en sont
reconnaître pécheurs afin de bénéficier tous de la dignes, pour que le genre humain soit, par son
miséricorde : « Dieu a enfermé tous les hommes entremise, sauvé par Dieu >). Mais dans la révéla•
dans la désobéissance pour faire à tous miséri- tian biblique, l'idée de mission a des coordonnées
corde li (Rm n,32). très différentes. Elle est toute relative à l'histoire
du salut. Elle implique un appel positü de Dieu
lI. « SovEZ MISÉRICORDIEUX ..• manifesté explicitement dans chaque cas parti•
enlier. Elle s'applique à des collectivités aussi
La « *perfection )) que Jésus, selon Mt 5,48, bien qu'à des individus. Connexe aux idées de
exige de ses disciples, consiste selon Le 6,36 dans *prédestination et de •vocation, elle se traduit dans
le devoir d'être miséricordieux oc comme votre un ·vocabulaire qui gravite autour du verbe
Père est miséricordieux ll. C'est une condition u envoyer ».
essentielle pour entrer dans le Royaume des cieux
(Mt 5,7), que Jésus reprend à la suite du prophète AT
Osée (Mt 9,13; r2,7). Cette tendresse doit me
I, LES ENVOYÉS DE DIEU
rendre, tel le Bon Samaritain (Le 10,30•37}, *proche
du misérable que je rencontre sur mon chemin et
plein de pitié à l'égard de celui qui m'a offensé r. C'est dans le cas des *prophètes (cf Jr 7,25)
(Mt 18,23-35), parce que Dieu a eu pitié de moi - dont *Moïse est le premier - que la mission
(r8,32s). Aussi serons-nous jugés d'après la misé- divine se laisse le mieux saisir sur le vif. « Je
ricorde que nous aurons exercée, inc'?nscieroment t'envoie... cette parole est au centre de toute
)J :

peut-être, à l'égard de Jésus en personne (Mt 25, *vocation prophétique (cf Ex 3,10; Jr r,7; Ez 2,
3r-46). 3s; 3,4s). A l'appel de Dieu, chacun répond avec
Alors que l'absence de miséricorde chez les son tempérament personnel : Isaïe se propose
païens déchaîne la colère divine (Rm I,31), le (« Me voici, envoie•moi », Is 6,8) ; Jérémie fait des
chrétien doit aimer et a sympathiser » {Ph 2,r), objections (Jr r,6) ; Moïse veut des signes qui
avoir une bonne compassion dans le cœur (Ep 4, accréditent sa mission (Ex 3,nss), tente de la
32; r P 3,8) ; il ne peut « fermer ses entrailles » récuser (4,13), s'en plaint amèrement (5,22). Mais
devant un frère qui se trouve dans la nécessité : tous finalement obéissent (cf Am 7,14s) - mis à
l'*amour de Dieu ne demeure que dans ceux qui part le cas de Jonas (Jan r,rss), qui refuse sa
exercent la miséricorde (r Jn 3,17). mission universaliste et se scandalise du salut des
]Ca & XLD *nations. Cette conscience d'une mission person-

771 772
MISSION MISSION

nelle reçue de Dieu, est un trait essentiel du -vrai pour pa,rticiper a~. culte du· Dieu unique (cf Is 2,
prophète. Elle le dlll,inngue de ceux qui· disent : rss; 19,21-25; 45,20-25;. 60) : Israël est donc ,.appelé
K Parole de Dieu l » alors· que Dieu ne les .a pas à devenir -le .peuple-phare de l'humanité entière,
envoyés, comme .ces:prophètes mensongers contre De même, s'il, est d~posita.ire du dessein ·_de salut,
lesquels .lutte Jérémie (Jr 14,14S; 23,ir,32; 28,15; c'est avec mission d'y, faire participer- les . autres
29,9)·. En.un sens plus_ large, on peut parler aussi peuples : dès la v9ca.tion d' Abralµm,. l'idée exis-
de mission divine pour_ tous ceux, qui; dans l'his- tait en germe,.(Gn 12,3) ; elle se p:rétj.se ,:à ~esure
toire du peuple de. Dieu, jouent un _rôle _.provi~ que_ la révélation _dévoile mieux les intentions ,de
dentiel; mais ... pour re.connaitre l'existenc€, de Dieu.-
semblables missions, il faut-, le témoignage d'~n
prophète. 2. A partir de l'exil, on constate qu'Israël a pris.
clairement conscience de cette mission. Il se sait
2.. Toutes les missions des -envo_yés divins sont le •serviteur de Yah~eh. envoyé par lui en qua-
relàtives. au· *dessein de *salut La--plupart d'entre lité de messager (1s 41,9). Devant les nations
elles sont·· en· rapport .-dire"ct avec le peuple d'Is- païennes, il est son *témoin, _chargé de. le faire
raël. Mais cela laisse place à la .plus grande diver- connaître comme,le Dieu unique (43,-10.12;· 44,.8)
sité. Les prophètes sont ·envoyés pour convertir et ({ . .de transmettre au monde l'iml_)érissable
les cœurs, -annoncer des châtiments ou_ ·faire des lumière de la Loi- n ·(Sg ._18,4). La vocation natio-
promesses : leur rôle est étroitement lié 4 la *Parole nale débouche ici dans l'universa.lism.e religieux.
de Dieu qu'ils ont charge d'apporter aux hommes. II ne s!agit_ plus de dominer les nations plµennes
D'autres missions concernent plus ·.directem{;nt le (Ps ·47,4), mà.is .de. les convertir. Aussi.le .p~uple de
destin historique d'Israël : _Joseph est •envoyé Dieu s'ouvre-t-il au,ç prosélytes, (ls- s.<?,3~6s). Un
pour- préparer l'accueil des ·fils de Jacob en Égypte esprit nouveau traverse sa littéra.1:ure inspirée. :
(Gn 45,5) et Moise,-. pour .en faire_ sprtir Israël (Ex le livre .de Jonas envisage le cas, d'une m_ission
3,rn;· 7,16; Ps 105,26). Il ~ va de même pour prophétique ayant, les paiens po'I.µ"• pénéficiaires,
tous les chefüet les libérateurs du peup¼, de,-Dieu: et, dailS le Livre des Pr9verbes, les, envoyés de la
Josué, les, Juges,, David, -les reconstructeurs .du *Sagesse divine .invitent apparemment totis les
Judaïsme après l'exil, les chefs· d~ la révolte mac- hommes à ·son festin (Pr 9,3ss). Israël tend fina-
cabéenne ... Mê;oie si, à leur propos,_-les historiens lement à. devenir un _ .pèuple missionnaire,. _notam-
sacrés ne parlent pas explicitement de mission, ment da.lis le milieu alexandrin où-s~s livres sa~nts
ils les tiennent évidemment·- pour, des envoyés sont traduits en grec.
divins, grâce auxquels le dessein de salut a pro-
gressé vers son terme. Même des païens peuvent,
sur ce point; jouer un rôle providentiel : l'Assyrie
est envoyée pour châ.tier Israël infi.dèle· (Is 10,6),
et Cyius, pour .abattre Babylone et libérer les
Juifs (Is 43,14; 48,14s). L'histoire s•ainte .se cons-- I. Le thè.Iile.de la mission. di~ se retrouve dans
truit grâce à l'entreçroisement de toutes ces miS- l'eschatologie prophétique, .qui prépare expliciW-
sions particulières qui concourent au mê~e but. ment le ·NT. Mission d"Q •Serviteur .que· Yahweh
désigne .. comt;ne 11- alliance dù. peuple et *lumière
.des-nations n (Is.42,6s;,cf 49,5s); Mission du mys--
'Il, LA. MISSlON'-.D'ISRAËL térieux .•Prophète. que Yal:iweh e_nvoie « _pqrter la
bonne nouvelle au:ic.-.pauvres. » (I~ <i1,1s). Mission
1. Faut-il parler.. _aussf ·d'une'. :miSsion du peÙ,ple de. -l'énigmatique -Messager qui déblaie le chemin
d'Israël ? :Oui, si l'on .songe au_ lien. étroit qui devant Dieu (Ml 3,1) et _du. _ nonvel Élie (Ml 3,
existe toujou,s· entre _mission_ et •vocation.,-La 23). Mission ,des.païens convertis. qui. v:ont réyéler
vocation- d'Israël définit _sa. mission. dans le ,d~- la, gloire de Yahweh à lenrs._frères de race (1s .66,
sein de. Dieu. Choisi entre :toutes les ~ations,: il 18s). Le N'l" . m.ontrèra comment ces Éçritures
est le *peuple consacré, .le p_e~J?l~-prêti:e chargé du doivent. s'_accomp~.
service de Yahweh (Ex .19,5s). II n'est pas clit
qu'il remplisse. cette fonction au -nom _des- au~es 2. -Enfin la théologie de. la ·•Parol.e, de la .•Sagesse
nations. _Cependant, à -m;esure que ~.révélation se et de l'*Esprit personnifie de façon surprenante
développe,_ les oracles .prophétiques eni;revoient le ces réalités diyines .et n'hési~ pas.à parler de. leur
temps où.t"toutes les •nations se joindront. à lui mission. : .Dre:u envoie sa· Parole pour qu'elle .exé-

773 -774
MISSION MISSION

cute ici•bas ses volontés- (-Is 55,rr; Ps I0'7;20; 147, ·tous -les discours (40 foi~, vg .-3,:r7; ·I0,36;. 17,18).
15;· Sg, 18,_14:Ss) ;· il envàie sa -Sagesse pour qu'elle Aussi bien le seul désir de Jésus est-il de « faire
assiste ._1'hbmm·e dans ses·-. labeurs (Sg 9;10) ·: il la .*volonté• de-Celui qui'l'a envoyé » ·(4,34; .6,38ss),
enVoie son Esprit pour qu'il .renouvelle la·face.de d'accomplir-.seS •œuVI'es (9,4), .de dire ,ce qu'il a
ia·terre (,Ps 104,30; cf Ez 37,gs}' et fasse connaître app'ris· de lui {8,z6).' Il y a entre eux une---telle
à.ux hOrn:mes-sa Volonté.-(Sg 9,17). Ces expressions ·unité de vie {6,57;· 8,16.29).·que .l'attitude prise à
préludent-arissi .au· NT, -car -celui.ci -les reprendra 'l'égard de Jésus ·est une prise· de position à l'égard
p'our èXpliquer-la ·mîSSion du Fils de Dieu, qui est de ··'Dieu ·:même {5,23; u,44s;·- 14;24; r5,2r-24).
sa Parole et sa Sagesse, et éelle de son Esprit- Quànt à' la: Passion, consommation ·de son œuvre,
·8aint da~ l'Église. 'Jésus y voit son retour -vèrs ·Celui iqui-l'a envoyé
(7,33; 16,5; cf 17,n). La foi qu'il demande des
NT hommes est une·foi en sa mission (u,42; 17,8.21.
I. LA ;,.üSsroN· nu 'F1Ls DE DIEU z,3.25) ; cela implique tout enSemble. la foi au Fils
comme envoyé (6,29).. et la· foi au Père qui l'en-
1. Après• Jean-Baptiste, le dernier et le plus grand voie (,5,24;·- 17,3). Par -la; mission du ·Fils ici-bas
des. prophètes, messager divin · et nouvel Élie s'est donc révélé aux hommes un·. aspect êssentiel
a~oncé .par· Malachie _(Mt 11 ,9-14), •Jésus-Christ du mystère intiri1e 'de· Dieu : l'Ullique (Dt 6,4; cf
se présente aux hommes comme !'Envoyé de Jil 17,3); en envoyant son Fils, s'est fait con-
Dieu par excellellce, celui dont parlait le Livre naître coni.me le ·Père,
4'Isaïe (Le 4,17-21; _cf··rs _6I,IS): La_parabole d_és
vignerons homicides souligne la continuité. de sa 3. Il n'est pàs·étonnant de voir. Îes écrits aposto-
miss_foD.' avec··. ·celle· des prophètes, mais ·en . mar- 'Iiques· donner une place centrale à -cette .mission
. quaJlt aussi la:· différence fondamentale des deux d·u• Fils. Dieu a envoyé son Fils. à.· la •plénitude
·cas : après ·avoir envoyé· ses serviteurs, le Père ,des temps pour ·nous racheter· .'et ·nous. conférer
de 'famille enVOie finalement ·son -•Fils (Mc I2, ·l'adoption filiale ·(Ga 4,4; cf Rm· 8,15). Dieu a
2-8-.p). C'est pour·cela qu'Ein raccùeillant·ou en le ·envOyé son Fils dans le mcinde' comme sauveur,
rejetant, on 'accueille oll'·.-on rejette Celui qui .l'a comme·' propitiation poUr ·nos péchés, .afin que
envo}'é (Le ·9,48; I0,16· p),· ciest-à-dire le -•Père nous Vivions par lui : telle est la preuve"suprême
lui-même, qui ,lui a tout remis en main (Mt II, de son amour pour nous (1.Jn.4,gs.14). Jésus est
27): Cette tonscience d'une mission .divine qui ainsi· !'Envoyé par·excellence (Jn 9;7), l'apostolos
laisse entrevoir les rapports mystérieux du Fils ·de notre profession de foi (He 3,1).
et du Père s'explicite en phrases caractéristiques :
Il J'ai été envoyé.-.. ii, ,/ Je suis venu ... », « Le Fils
de l'Homme est-v~nu .... », pour.annoncer !'.•Évan- Il. LES ENVOYÉS· DU FILS
gile (Mc 1;38 p), •·acCOmplir. la Loi et ·les pro-
phètes (Mt 5,17}, apporter le *feu sur la terre 1. La mission de Jésus se prolonge par celle.,de ses
(Le _12,49), ·apporter non la ·paix -mais le glaive propres envoyés; les Douze, qui pour-cette raison
(Mt 10',34 p), ·appe,er non les· j_ustes:mais les même portent le nom d'* Apôtre. De son, vivant,
pécheurs {Mè 2,17 p), chercher et sauver ce qui Jésus les envoie déjà devant lui (èf Le, rn,1) pour
était perdu (Le 19,10), servir•et donner sa vie en prêcher l'Évangile et guérir (Le 9,1s p), ce qui est
·rançon (Mc ·10,45 p) .. .- Tous les aspects de r•œuvre l'objet de sa mission personnelle. Ils sont les
rédelllptrice accomplie par Jésus se iattachent ouvriers envoyés•a la· •moisson par,le Maître (Mt
ainsi à la mission qu-'il â·, reçue du Père, depuis 9,38 p; cf Jn 4,38) ; ils sont les •serviteurs envoyés
lâ prédit:ati<m galiléenne jusqu'au sàcrlfice de 'la pat le Roi ·pour amener les invités aux noces de
croiX. Dans le dessein du Père, cette mission garde son Fils (Mt 22,3 p). Ils ne -doivent se faire aucune
pourtarit·ull horizon limité : Jésus _n'a été envoyé illusion sur le sort qui les. attend : l'envoyé n'est
qU·aux _brebis ·perdues de la_ maison_ d'lsraël·.(Mt pas plus grand que celui qui l'envoie ·(Jn -13,16) ;
15;24); _.. C'est. ·qu'en-· se convertissant, celles-ci comme on ·a· traité le Maître, on traitera l.es _ser-
doivent prendre elles-mêmes conscience de fa mis- vitéurs· {Mt 10,245). Jésus-les envoie « comme des
sion providentielle d'Israël : té1npigner de Dieu et brebis au milieu des loups- li (10,16 p}. Il sait que
de son Règne devant- toutes les-nations ·d~ monde. 1a· « *génération perverse ))'Persécutera ses enVoyés
et leS riiettra· à mort-(23;34 p). ·Mais ce qu'on leur
2.- Dans le 1Ve évangile, l'ènvoi du Fils par le fera, c'est· à lui-inême;.-et :finalement .au· Père,
Père revient comme un• refrain, au· tournant de qu'on le fera : « Qui vous écoute ni'écoute, .qui

775
MISSION MOISE

vous rejette me rejette, et qui me· rejette .rejette 11 Quand viendra le Paraclet, que je vous en~rrai
Celui qui ,m'a envoyé » (Le ro,r6); « ·.Qu_i. vous d'auprès du Père, .il me· rendra témoignage »_ (15,
reçoit me reçoit, et qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a 26; cf 16.7). Le. Père et le ~ils···agissent donc con-
envoyé » (Jn 13,20) ..En .effet, la mission des , jointement pour envoyer l'EspP:t:. ,Luc met l'.ac-
Apôtres se rattache de la façon la plùs étroite à cent sur .l'action du Christ,. -celle du Père cousis•
celle• de Jésus" : K·Comme mon Père m'a: envoyé, tant surtout dans la· promesse qu'il a. faite, sui-
moi aussi je_ vous envoie » (20,21) .. Cette parole vant le témoignage. des Écritures : ·« Je vais
éclaire le sens profond de l'envoi final des Douze envoyer sur vqus, dit Jésus,· ce que. nion Père
lors des •apparitions du Christ ressuscité;« Allez ... » vous avait·promis .» (Le 24,49; cf Ac 1,4; Ez .36,
Ils iront donc annoncer l'Évangile (Mc 16,15), 27; Jl 3,Is).
faire des "disciples de toutes les.. nations· (Mt 28,
r9), porter partout leur. •témoignage (Ac r,8).
La mission ·,du Fils atteindra ainsi· e:ffectivèment 2. Tel est en effet le s·ens de la •Pentecôte, màni-
tous les hommes· grâce à la mission de ses Apôtres .festation initiale de cette. mission de, !'Esprit qui
et de son "Église. durera· aussi :l?Jlgte_mps -que. durera :l'Église. _D~
Douze, l'Esprit fait les *t4moins de Jésus (Ac 1,8).
2. C'est bien· .ainsi 'que l'entend le livre des Actes Il leur. est. donné pour·. accomplir leur· tâche
lorsqu'il raconte la •vocation de Paul. Reprenant -d~envoyés (Jn 20,21s). En, lui.Hs: *prêcheront
les termes classiques des vocations·• prophétiques, désormais l'Êvangile (1 P 1,12) •. comme le f~ront
le Christ ressuscité dit- à son instrument de choix : les prédicateurs de .tous les .temps. La: mi~ion de
« Va I C'est au loin, .vers les nations, que je veux !'Esprit est .ainsi inhérente au mystère même de
t'envoyer·» (Ac 2:2,21). - et cette ·mission ven:; l'-Église .-lorsque celle-ci arinonce la Pal'()le pour
les païens s'inscrit :dans la ligne exacte de..celle .accomplir sa tâ.che-,missionnaire. E:JJ,e e~ aussi à
du •Serviteur de .Yahweh (Ac 26,1_7;· .cf ls 42,7. la source de la· sanctification des hommes. Car si,
16). Car le Serviteur:,.est vellu en la personne de au baptême. ceu~-ci reçoivent .l'adoptioµ filiale,
Jésus, et les· envoyés de· Jésus portent à toutes c'est que -Dieu envoie. dans leurs· cœurs. !'Esprit
les •nations , le message de salut· qu'il avait d'e son Fils qui·crie.:_11,Abba! .Père!» (Ga 4,6).
lui-même notifié aux seules « brebis perdues -de la La mission de !'Esprit devient -par là l'objet, de
maison d'Israël » (Mt I5,24}. De cette· mission l'expérience chrétienne. Ainsi s'achèv:e la révéla-
reçue au chemin de Damas. Paul se réclamera tion du ·mystère de Dieu : après le Fils, Parole
toujours 'pollr justi_fi.er son titre d'•Ap6tre· (1 .Co et -Sagesse de Dieu, l'Esprit· s'est manifesté à son
15,8s; Ga 1,r-2); __ SO.t de .son extension universelle, tour comme personne divine en entrant dans l'his•
il portera l'Évangile _chez les païens pour obtenir toire des hommes, qu'il transforme intérieurement
d'eux !'*obéissance de la foi (Rm 1,5) et il magni- à l'*image du Fils de Dieu. JP &. PG
fiera la mission dé tous les messagers ·de l'Évan- • Apôtres - apparfti()IlS du_ Christ 2.,·4 c. 5,7 .-.au'io-
gile (ro,14$) :'n'est-ce-point grâce à·elle _qu'è nait rité NT II 1 - courir'-. _Église III 2 b c - élection
clans le cœut· des hommes la foi •à la Parole du AT I 3 c - enseigner NT Il ·1.2.-'- épreuve/tentation
Christ (ro,17) ? PU-delà la mission• personnelle des l'lT - impoSitioh des mains NT a :.:.:. médiateür• O ..:....
Ap6tres,-c•est l'*Église entière en· sa ,fonction mis- nations AT·IV z i NT~ Pat'ote'de Dieu AT'III 1·,-
sionnaire qui se· rattache. ainsi à la mission du· Fils. Pèntecôte II 2·,.e .·__,_,pjerre (saint)· 1.3 .. - -prêcher II
2 a - prophète - soucis 1 - témoignage - . visite
NT 2 - vocation I, 11 - volonté de Dieu NT I 2.
III.. 'LA MISSIO~- DE L'ESPRIT-SAINT. ' MODtRATION • iVressè' 2: - 'veiller··-· Vertùs &
viCes -'-- vin I.
r. Pour à;ccomplir cette "fonction missionnair.e, -les
apôtres et les prédicàteurs de l'Évangile ·ne sont MODESTIE--:-+ humilité.
pas laissés ·à leurs seuleS forces· humaines ; , ils
accomplissent- leur tâche par la force de l'*Esprit-
Saint. Qr. pôur d~finir le rôle -exact de rEsprit, il
faut encore parler de mission,· au sens· le plus fort MOlsE
du ten'ne. Év'oquànt sa fùture venue, daris le dis-
cours après la Cène, Jésus-précisait-: «· Le •Para- ',. . .
clet, !'Esprit-Saint, que le Père enverra en ,mon ·Pour Israël,. l\ioïse: est le •.prophète ~s égal
nom, voùs enseignera. toutes choses » (Jn 14,26).; (Dt· 34,ross). par qui. Dieu a libéré .a.on peuple, -a

777
· MOISE MOISE

· Scellé avec lui l'Alliance· (Ex ·24,8)~ lui· a révélé · peuple de Dieu est « par la :qiain de Moïse ,» (Ps
sa-Loi.. (Ex 24;3; cf 34,27). ·Il ëst le:seul avec Jésus 77,2.x}-délivré·des Égyptiens·.-qui le poursuivent:
à qui l,e. NT-donner le titre de··•médiateur. Mais, Isràël traverse la mer qui engloutit ses poursui-
_tandis que_;·par la niédiation de Moïse (Ga·-3,i9), vants (Ex 14). Le .prerilier b:ut de· !'•exode est
son serviteur 'fidèle ·(He· 3·,5),'Dieu·a donné la.Loi ·alors· atteint : au Sinai, Moïse offre le ·sacrifice
au seul· peuple· d'Israël,-· c'est tous· les hommes qui fait d'Israël le- *peuple de Dieu (r9,4ss) en
qu'il' sauve pà.r- la médiation du ·christ Jésus scellant soiL .*alliance avec ·lui (24,3-8;. "Cf He g,
(I Tm.2,4ss), ·son Fils (He 3;6) : la Loi nous a· été I8ss). .
donnée par· Moïse, la grâce et la· vérité nous sont Au peuple de l'Allianée sont-àgrégés tous. ceux
venues par Jésus-Christ (Jn r,r7). Ce ·parallélisme qui ont été baptiséS,en Moise (1 Co 10,2), c'est-à-
de Moïse et de Jésus met en évidence la différence
des deux Testaments.
ceux
dire·· CJ.ui, pour l'avoir suivi, oiit traversé la
mer sous la conduite de la· *nuée, et expérimenté
le •salut.· Moïse, « leur chef et leur rédempteur »
x. Le servîteur et-l'ami de DiBu . ....:...,La vocation·-de (Ac 7,35), Préfigure· ainsi· le. -Christ, médiateur
-Moise ést l'aboutissement d'une longue préparation d'une alliance nouvelle et meilleure (He 8,6; 9,
prOv:i.dentielle_. Né _d'une 'race opprimée (Ex _ 1!8- 14s), rédempteur qui libère du péché ceux qui sont
22), MoiSC doit ·à la fille du pharaon oppresseur, baptisés en sOn nom ·(Ac .2,38; ·-5,31).
non seulement•d'être ·«·sa.uvé des eauX » et de-sur-
vivre (2,1-10), mais dé recevoir une ·éducation··qui 3. Le pro,phète, · législateur Bt inJBt'usseur-. - ,Chef
le prépare à sari rôle de chef (Ac 7,21s).-Cependant dù peuple de.,l'Alliance, Mèïse lui-.parle au·.nom
ni la sagesse,·. ni la puissance, ni la . réputation de Dieu (Ex·rg,6ss; 20,rg; Dt:5,1-5). Comme tout
·ainsi acquises (cf Ex n,3)-n.e'-suflîséntl'à faire de vrai. :Prophète, il est la bouche dê Dieu (Dt 18,
, lui lé libérateur de son petlple. Il se -heurte même ,13-20) .. Il révèle .à Israël :la *Loi .divine ·-et lui
à la mauvaise volonté des siens· (Ex -2,u~15;. Ac apprerid comment. y- conformer sa. conduite (Ex
7,Z6ss) et ·doit' fuir au désert. C'est là- qu'il reçoit 18,rgs;. 20,1-17 p). Il l'exhorte à la fidélité envers
sa *vocation·: *Yahweh lui apparait, Iùi révèle à'la le Dieu unic:i.ue et-tranSCendant qui-est toujours
fois' son •Nom et son -*dessein-de >!!salut, lui fait avec lui (Dt· 6) · et qui, par amour,-.l'a choisi et
corinaître sa *mission et lui donne la force potir sauvé gratuitenient .(Dt 7,7ss).
là remplir (Ex·3,x-r5) : Dieu·sera avec lui '(J;x2). Son rôle de prophète est de maintenir·-!' Alliance"
En vain l'élu sé. récuse-t•il : « Qui .suis-je ?.:. » et d'éduquer un pel,lple rebelle (Os 12,q). L'exer-
(3,n}. L'*humilité qui le fait, hésiter . d'abord cice de cette mission fait aussi de lui le premier
de_va.D.t une tâche aussi lourde (4,xo-r3)· la. lui dès •serviteurs,de. Dieu -persécutés (cf ·Ac 7,52s).
fera accomplir ensuite avec-une douceur. sans égale Il s'en plaint parfois à Dieu : «- Est-ce moi .qui ai
â travers les oppositions des siéns (Nb 12,3.r3). conçu ce peuple pour_ que tu me dises : Porte-le
Bilè;n que sa foi ait connu une_ défaillance (20,10), sur ton sein comme la nourrice porte l'enfant
Dieu le décJare. $On· 5ervite,:ir le plus ,fidèle (12, qu'elle allaite ... La. charge. est trop lourde .pour
'JS) et le trai~e.en •ami (Ex 33,n) ;,par une grâce moi» (Nb II,r2ss). Un.jour, accablé par l'infidé-
insigne, i.l -lui révèle, sinon sa *;gloire, du ma.iris lité de son peuple (Nb 20,xoss; Ps 106;33), il laissera
son nom: {33,x-7-23). En lui parlant ainsi du. sein fléchir sa foi et sa *douceur, cependant si. pro-
de la nuée, il l'accrédite comme_ chef de son peuple fondes (Si 45,4; He n;24-29), et il en sera châ.tié
(19,9; 33,Sss). (Dt 3,26; 4,21).
Moïse, parce qu'il est prophète, intercède pour
2. Le libérateur 6' le mldiateu1' de l'.A,llia"Jt?B· - Le son peuple dont il est solidaire ; il est sp_écialement
premier acte de sa miSSion de chef, c'est la •.libé- ,_admirable dans ce-rôle d'intercesseur; c'est lui qui,
ration de son peuple. Moïse doit mettre fin à !'op-- par sa •prière, assure à Jsraë1 la. •victoire sur ~
pression qui empêche Israël' d·e: rendre u·n· c1llte ennemis· (Ex 17,9-13) et lui.obtient le :pa,:don-,de
au Dieu que le pharaon refuse de reconnaître ses péchés -(32,rr-14; Nb 14,13-:20; 2r,759). Il. le
(Ex 4,22s; 5,r-r8). Mais pour cela.~ Dieu doit« mon- sauve: 'ainsi de la mort" en se mettant en tra.veis
trer sa main puissante •• en frappa.nt les Égyptiens de la •colère divine (Ps 106,23). « Pa.rdori:neJeur
à coups redoublés : Moise est l'artisan de ces *cala- péché... sinon, e:fface:-moi · de ton li'V!e 1 » (Ex ·,3'.Z:,
mités qui manifestent le •jugement divin. Au 31s). Par. cette _-ardente charité, il esquisse les
moment de la dernière _plaie, c'est encore sous les traits dti •Serviteur souffrant qui intercédera pour
ordres de Moise,·plein de la-Sagesse-de Dieu (Sg les pécheurs.en portant leurs.fautes (Is 53,12). Il
ro,1~-20), qu'Israël célèbre la *Pâque. Puis- le préfigure aussi. le -« prophète semblable à lui •

779
MOISE MOISSON

dont il annonce la-venue· (Dt r8;r5-18)"; Étienne


rappellera cette 'annonce (Ac '·7,37} ·et Pierre la
proclamera réalisée en_.- Jésus (Ac · 3,22s). A ce 1. ·-LA JOIE DES MOISSONNEURS
« Prophète » par e~llence (Jn r,2r; 6,14), -Moïse
rend témoignage dans l'Écriture (J n 5,46; Le 2l La récolte de l'orge (avril) et celle du blé-(mai)
27) ; c'est pourquoi il se --trouve à ses côtés lo:t:s sont l'occasion de réjouissances populaires : de
de la Transfiguration (Le 9,30s). M*is le Christ, colline en -colline~ le chailt des cordées de mois•
nouveau Moise/... dépamie la ·-Loi éli ·l'accomplis- sonrieurs se propage, ·faisant oublier. la dure peine
sant (Mt 5,r7),•,car il en est ·la fin•· (Rm 10,4)- ·: du travail a la faucille sous -un soleil accablant
ayant accompli tout cè qui était écrit de lui dans (Rt 2; Is · 9,2; Jr 31,i2; 'Ps rz6-;6). Dans -Cette
la Loi dè Moïse, ·il est ressuscité pat son Père •joie, Yahweh n'est pas oublié : la récolte est -le
afin de donner l'Esprit-Saint .aux hommes_ (Le signe et le fruit de la •bénédiction divin€:. A Dieu
24,44-49). qui a donné· 1a • *croissance _(1 Co" 3,6s), revient
l'*aètion de grâces (Ps·67,7; 85,r3); elle s'exprime
4. Moïsê et la_·gtoirè de Dieu. ;;_ Dans 1e Christ se par la fête .liturgique 'de la Moisson, la •Pente--
révèle maintenant ·ta ,•Gloire (Jn r,i4) dont u'ti côte, a:u cours de laquelle sOnt offerte's les •pré-
reflet ·muminait· l_e .visage de_ Moïse après ses ·ren- mices de-la.récolte (Ex 2·3;16; 34,22), spécialement
contres avec· Diëu··(Ex_. 3_4,29-35); Le Peuple de la première gerbe {Lv 23,10).
l'ancienne allia.ri.ce· ne pouvait ,SUPPorter l'é~lat Le moissonneur doit aussi faire partager sa joie
de ce reflet·pourtant passager (2 _Co 3,7); aussi aux autres,, en se montrant libéral. La-Loi pi-es-
Moïse mettait-il un · voile sur . s_on visagë. Pour crit de « _ne pas museler le' bœuf qui foule le grain »
Paul, ce voile symbolise l'aveuglemerit·des Juifs (Dt 25,4; I Co 9,9) ·et .surtout de « ne pas mois-
qui, en lisant Moïse·, ne le comprennent pas et ne sonner jusqu'au bout du ·champ ef Ile pas ramasser
se convertissent ·pas ~u '.'Christ :q_-U'il arinonçait la glanure·» {Lv 19,9; ·Dt 24,r9),· pour réserver la
(2 Co 3,r3ss). Car Ceux· __ qui croient vraiment :à part du pallvre et de !'*étranger. C'est cette-libé-
Moïse, croient au 'Christ (Jn 5,45sS) et leur visage, ralité qui valut à Booz-de rencontrer et d'épouser
comme celui de _Moise, réfléchit _la gloire du. Séi- . Ruth l'étrangère, considérée comme l'aïeule de
gneur qui les transfOrme à Son im!l,ge-:(2 Co 3';r8). David et du Messie (Rt 2,15ss; Mt r,5).
Dans le ciel,. les rachetés chanteront « le cantique Cependànt, cette· joie légitime' et fraternelle ne
de Moïse, lé serviteur de Dieu, et le pan.tique de doit pas river à la terre le regard du paysan. C'est
l'Agneau » ·(Ap' r5,3; cf: Ex' :é5), l'uniqu'e cantiqllè saris doute· ce que ·voulait inculquer la Loi · sur
pascal de l'unique Sauvellr dont Moïse fut la l'année •sabbatique, qui ·imposait de· laisser la
*figure. RM ·.& MFL_ terre se· reposer tous les ·sept ans (Lv 25,4s), înVi-
tant le paysan à revenir à une vie pastorale et·à
-+ Aaron l - Âlliance _' a'mi 1 - amour I AT 1 - s'en remettre davantage à Dieu seul. C'est ce que
arche d' Alliance II - douceur .z - élection AT I Jésus précise··: il faut ·s'abandonner au ·Père
3c -face 4-feu AT I 1, II 2 - foi AT !-Josué céleste; comme « .les ·corbeaux qui- ne sèment ni
1 - Loi - médiateur I 1 - prière I 1 - prophète - ne_ moissonnent» (Le 12.,24 p). Le paysan·ne mettra
Serviteur de Dieu I - TrànsfigUiation 2 -vocation 0, donc pas. sa sécurité ni son espoir-·dans ses greniers
1 - voir AT 1 1 - Yahweh. pleins de blé, il ne thésaurisera pas pour lui-même,
mais ·« en vue de Dieu )) qui -un jour moissonnèra
son âme· (4 r2,r6-2r; cf Jr r7,n). ·

II. LA MOISSON ET LES SEMAILLES


MOISSON-
r. La récolte est le fruit -des *seniailles. Entre
elles- il y, a correspondance· à divèrs degrés. On
Comme _la •Vendange, ia· moisson signifie ·aux récolte ce qu'on :a semé' (Ga: 6,7)·; sans: labour,•
'yeux du ··pay~ le *fruit de son •travail et le pas de moisson (Pr 20,4) ; K qui sème l'injustice
gage de sa , subsistance. a:hnuèlle. ce ·jugellleilt moissonne le malheur, (Pr 22,8) ; faire des semailles
porté par-la natute sur le· travail ·de l'homme· peù.t de justice, c'est moissonner utiè récolte de bonté
signifier aussi le *higement ·de Dieu .. (Os 10,12s). Tout cela signifie qu~ « Dieu rend à
chacun selon le fruit de ses •œuvres » (Jr 17,10).
MOISSON MONDE
Inutile de protester, en aisant a~c le serviteur pour le Précurseur,- ,Je Christ est le vanneur-.qui
paresseux : « Dieu récolte là où -il n'a pas semé » nettoie· son aire, i,iépare le ·,blé de la :bale (Mt 3,
(Le 19,21), car .en créant et en_ rachetant les 12 .. p), pour_ les chrétiens,, Jésus- est à la fois le
hommes, Dieu a semé sa Parole dans tous les Semeur par e:,i:cellence qui. répand la Parole dà.ns
cœurs ,Uè- 1,21; Mc 4,20), le cœur:des hommes (Mc 4,3~9-p) etle:,Moissonneur
qui met la faucille dans le champ· où la moisson
2. _Si la moisson est en relation avec les semailles, est à point (4,29). Il :n'y. a pas à attendre : « ·Les
elle se réa.lise souvent dans un -climat spirituel champs sont blancs·pour la moisson. ... ;. le semeur
différent:. Q Ceux qui sèment dans les larmes. mois- partage aussi fa joie du moissonneur » (Jn ·4,35s).
sonnent en chantant » (Ps 126,5). Elle diffère b), Les ouvriers de·la moisson. - Si,la moisson
aussi dans la mesure ; .certes " qui sème .chiche- est·mûre déjà, le-Maître appelle à la tâche (Mt 9,
ment moissonnera chichement, et qui sème--lar- 38 p) ... Les ·disciples;, envoyés dans le ni.onde,
gement moissonnera· largement» (2 Co-9,6), mais, recueilleront le fruit du travail de.leurs prédéces-
à,la manière-de.Dieu toujours-surabondant da.ils seurs, de Jésus surtout qui a payé de son sang
ses_,œlivres, la récolte-peut.excéder la seinence et l~ :rp.ulçiplic<\,tiçm_ du graii;i de bJé. En. cela 1~ pro-
aller·jusqu'au centuple, telle cas d'Isaac ·(Gn 26, verb,e_ demeure ~ i qui distingue le. s_emeur des
12) en, -faveur. de la bonne terre qui accueille la mo_issonn_eurs {Jn_-.4;37). Toutefois_· les .. moisson-
Parole de Dieu {Mt. -13,8.23 p). neurs eux-mêmes _seront «. passés_ -au crible >1 de
!'•épreuve et de là *per5cécuti0Îl _(Le 22,31).
3. Enfin, bien •que l'idéal soit de moissonner ce c) Da11,s l'attente de. la 1'1ioisso1i-.ftnale. -:-. _S'il est
qu'.on a semé·(Is 37,30), Dieu a distribué les temps vrai' que la _•P~ntecôte npuyell~,inaugure_la mois-
des: semailles· et des :moissons (Gn 8,22; Jr 5,24), son. de l'.É~lise, celle-ci cependant _ne_ ~·ach~vera
eu-,sorte. qu_e ,l'homme. doit ~patienter. pendant qu'aq *Jourdu,Seigneur, quand.le •Fils tj.e l'homme
que le grain._mO.rit (Mc- 4,26-29), mais avec pleine je~tera si;i faucille_ sur· la ;-écolte enfin _mûre, {A-p
confiance,_ en dépit.-du ·proverbe : « L.'un 'sème, 14,14ss; Mc 4,29). Jusqu'.à _cc moment, l'ivraie
l'autte moissonne» (Jn 4.37); demellre _mélangée_ au bon grain ; ,l'Église doit
juger e~ ci;>ndamnet le n-i'al, fiais_ elle n'a pas. pour
mission de jet~ le méchant _au feu. C.'est le Fils
!II. -LA MOISSON; JUGEMBNT DE DIEU de l'homme cjui, à la fin ·,:1es. temps, enverra _ses
ariges exécutei; le •Jugem_ent.qu'il aura prol).,o:ncé
En . moissonnant les œuvres des hommes, Dieu sur _les œuvres des hommes (:Mt 13,24-36.36-43).
les *juge _selpn sa *jU.Stice. ·Ce jugement qui -a~ra . RG
li,eq à la fin des temps _est anticipé par la venue_
du Christ. ' -+ fête's AT l ' - fruit - joie AT 1 - jugement.·AT
II 2 - PenteCôte I I - semer - vendange.
I • .- Au jotW dB. Yahweh. - La -moisson a un double
visage. On la recueille, c'est la ~joie ; on la coupe,
on -la bat-su_r l'herbe, on la foule au traîneau,.. on
brftle enfin la. paille (ls- 28,27s);- c'est le *châti- MONDE
ment. AT
-Tel un mois:so~eur, Dieu coupe, écrase, vanne
quand il punit Israël (IS 17,5; Jr 13,24) ou Baby- La désignation courante du monde est l'expres-
lone (Jr 51,2.33) .. Et lorsque la malice des hommes sion u cieux et terre» (Gn 1,1) ; le mot tdbél s'ap-
est à son comble, il faut « lancer la faucille : la plique seulement au monde terrestre (vg Jr 51,
moisson est. mûre » (JI. ·4,13), celle du jugement I5) ; les livres_ d'époque grecque parlent du Jws-
des peuples. Mais en même temps, par un con- mos (Sg n,17; 2 M 7,9:23)' en. mettant .sous ce
traste radical. que reflètent les oracles prophé- terme un contenu spécifiquement biblique. Pour
tiques, s~rvient·J'annonce· de la. moisson joyeuse, la.pensée grecque, le kosmos avec ses lois, sa beauté,
succédant de près au· labour (Jl 4,18; Am 9,IJ; sa pérennit,é, son retour éternel_ de-s choses, exprime
Os 6,n; Ps 126.Ss). eil effet _.l'idéal d'un. ordre clos sur lui-même, _qui
inclut l'homme et englobe juSqu'aux dieux :
2. Dans les temps messianiques. - Cette annonce ceux-ci. se .4istin.guent mal deS éléments du monde
devient réalité avec la venue de Jésus. dans ce panthéisme virt~l ou avoué. Tout_ autre
a) Le-Se_meur et le MoissonmuY. - Tandis que, est la conception biblique, où les représentations
MONDE MONDE
cosmologiques .et ,,cosmogoniques ne -const,ituent De là, les *calamités de. toutes sortes où la. nature
qu'un matériel.secondaire,_. mis au se_rvice- ~rune ingrate se dresse ,contre, l'humanité/; du -~_Déluge
affi.nnat~on religieuse ·essentielle : .créature de Dieu, aux plaies d'Égypte et aux *malédictions qui
Je monde prend un sèns eri fonction dè sàn dess.ein attendent Israël infidèle (Dt 28,15-46).
de salut,_ et c'est dans le .cadre de·.ce dessein qu'il
trouvera aussi sa destinée finale. 3. De cette double façon, le monde. est assoc1e
activement à,J'histoire du •salut, et c'est en,fonc-
tion d'elle qu'il pren4 son véritable sens religfoux •
• ,
1
'._]:, ÛRIGINES .DU MO~DE Chacune des créatures qui .le composent p6ssède
une sorte d'ambivalence, que met en relief le
A l'encontre.des m;;thologies.mésopotamiennes, Livre de la Sagesse : · la même ·•eau qui perdait
égyptiennei cana.ri.éenrie, · etc., la rep~sent.:t.tion les Égyptiens ,assurait le· salut d'Israël (Sg I 1 ,·5-
biblique des origines:. du .. monde_ conserve .une 14). S'il est vrai que le principe ne peut être· appli-
grande sobriété. Elle ne se sit11e plus au plan du qué mécaniquement, puisque justes et· pécheurs
mythe, histofre divine .adyenuc- avant le temps; vivent ici-bas en solidarité de . destin, il reste
elle inaugure au contraire le *.temps. C'est qu'entre pourtant qu'une liaison mystérieure·apparait entre
•Dieu et le _monde, il y a un abîme, qu'exprime le _.monde et l'homme. Au-dèlà des phénomènes
Je yerl;>e •créer (Gn r,r). Si la Genèse, appuyée cycliques qui constituent, à notre échelle. le,visage
par d'aùti"Cs texte$ (Ps. 8;. 104; Pr:_8,22-31; Jb actuel du monde, celui.;ci a·donc une histoire,.qui
38s), évoque l'activité c~trice de Dieu, c!est a commencé avant l'homme pour aboutir à lui
uniquement pour soulignër des points: de foi : (Gn,1,1-2,4), et qui chemine maintenant parallè-
distinction_: dµ. D;J:onde et du Die_~ unique ; .dépen- lement à celle de l'homme pour se consommer au
dance du :q10nde par. rapport au. Dieu souverain, même· point .final. ·
qui H_ parle et lei;;_ cho~ sox:it » (Ps 33,6-9), qui
gouverne Pll,l" sa. .. •provid~nce les lo_is de la na1;ure
(Gn 8,22) ; _intég_ration .de _l'univers dans_ le *des- HI. DESTIN FlNAL. DU MONDE,
sein de salut qui a }'.*hommC pou;r centre. Cette
cosmologie sacrée, étrang~re. aux .soucis scienti- Porteur d'une humanité issue de lui par ses
fiques eo;mmè ·aux · .spé~ulatiàns philosophiques. racines corporelles (Gn 2,7; .3,-19}, le monde est
situe ainsi le._. mo~de. par ,rapport· à l'homme. : en effet inachevé : à l'homme de le parfaire par
celui-ci en émerge pour le dominer (Gn 1,28) et son· ·•travail. en le· dominant ·(1,28) ,et· en impri-
il l'entraîne à ce titre dans son propre destin. mant sur lui sa marque. Mais que vaudra l'huma-
nisation du monde, si l'homme pécheur l'entraîne
en fait.dans son péché? C'est pourquqi l'esèhato-
II .. SJGNIFICATION ~U MONI;Œ logie des prophètes s'attache moins.à ce.devenir
du' monde sous'le. gouvernement de l'homme qu~àu
Aussi. la signifiç.atio~ ae~elle. du_ roo11-de pour la
1
terme - nécessairement ambigu ..,.- vers lequel
conscience· religi~use de _l'homm~ est-e~le double. il. chemine. '

1. Soiti des.,ihaîn;, :divine$, le. mqnde coµtinue: de 1. Au •jugement final qui attend l'humanité, tous
manifester _la bonté. de Dieu.· Dans .sa •sagesse, les éléments du monde· seront associés, comme si
Dieu l'a organisé comme Une véritable ceuvre l'ordre des choses créé au-comm.enceffient se voyait
d'art, unie et harmonieuse (Pr: ~.2.2-31; Jb 28, bouleversé- par un. retour soudain au chaos (J r 4,
25ss}. Sa_ ...•P11issance et sa divinité se rendent 23-26).· .De· là- les images de la·-terte ·qrii craque
par là sensiQles, en quelque sorte (Sg: 13,3ss), car (Is 24,199), _des- astres·.-qui ·se voilent (Is 13,ro;
sa *grâce· est teUElment répandue sur. toutes ses JI 2,10; 4,15) :· lè·vieil:uni:vers,sera entraîné-dans
•œuvres que la.vÜ(de l'.uniyei:s.épuise les facultés le cataclysme ol). •sombr.era une humanité , coù:..
d'admirat_ion de l'.homme. (Ps 8; ~9,x-7:; 104}. ' .pable ...
2. Mais ,po~r l'homme .péchèur engagé dans· sa 2. Mais de même .qu'auRdelà. du jugement des
tragédie, _le mo:0:de signifie. _'auSSi lii. •colèv_e de Dieu. hommes se pl"épare ieur *salut. par pure grâce
à laquelle '_il sert. d'instrument (Gn 3,17s) _: celui divine, de· mê.me. se prépare aussi pour le monde
qui a faj~ les ch()Ses pour le •bien· et le bcinheu_r une .ré.novati,on · P-,,of<màe. que les· textes évoquent
de l'homme l'~til_isé aussi pOur ~ •chàtim~nt. comme-une. •nouvelle création : Dieu créera oc.des

786
MONDE MONDE
cieux nouveaux et une terre nouvelle » -(Is '65,17; mains de Satan sa persOJlDe et ,·so~ dom_aine ;
66,22); et la description de ce monde renouvelé ,depuis lors, l.è 'monde gît au_ J?_ouvoir ~u _Mauvais
se fait-aveo les·-images qui servaient aussi pour le '{l Jn· 5;I9), qui en _commuhique 'la puissance et
•Paradis primitif; · la 'gloire à qui ff veut (Lc·'4,6). ·: · · ·
Monde de ténèbres; régi P;JX les e'sptits· du mal
3.-Monde présent et-monde.à v'enir:.- En prolon- (Ep 6,12); molide ·trompeur; dont les éléments
gement de. ces annonces mystériEiuses, le judaïsme constitutifs pèsent· sur l'homme et l'asservissent,
cont~mporain du NT se· représentait le terme· de jusque dans l'économie ·ancienne .elle~même {Ga
· l'histoire -humaine cOmme un -passage du monde 4,'3.9; Col 2;8.i'5); L'e·sprit· de Cé mond"e-là.,- inca-
{ou du siècle). présent au'monde (ou ati siècle) à pable de go1lter les s1;:crets et les_ 'dons_ de_ Dieu
venir.· Le monde ·présent, c'est celui· où· -nous ·(t Co 2,12), s'oppose à l'Espritde·Dieu; toU:tcomme
somm~s depuis ·que, par l'envie du Diable (et 'le l'èsprit'de l_'•An.ticliriàt 9.ui e$"t à'.l'~uvre __dans le
péché· de l'homme),·. la •mort .y a fait son· entrée · monde (r Jn 4,3). Là •sagesse_ de ce monde, aJ?puyée
. (Sg z,:24). Le mcinde:à venir, c'est celui qui appa- sur les spéculations ·de la ·pensée _hun;lairie· cotipée
raîtra quand Dieu viendra établir so:à. .•règne. :·de Dieu, est convaincue·par Dieu 'de *folié (I Co
Alors, . les - réalités du monde présent, purifiées 1,20); La •paix ·que d6nne ,ce" monde, fàite· de
comme l'hOmme lui-même, retrouireront leur per- prospérité Jllatérielle ef · de sécurité trompeuse,
fection primitive : à l'image ,des· réalités célestes, n'est qu'un simulacre de·la·vraie'paix que le: Christ
elles· seront véritablement transfigurées. seul peut d()nner' (Jn· I.4,2'7) _: son: effet dernier
est une •~tesse qui produit'la m~it. (2 C~ 7;1_0),
NT· A-_ travers tout ·. cela_ ·~ révèle _- le *péc]lé du
inonde (Jn ·1,29), ·masse de 'haine et d'incrédulité
Le NT use abondamment du mot grec kosmos. acèumuiée•·d'epuïs les orÎW1.l:ès, _pierre· d'achoppe~
Mais le sens qu'il lui donne résulte de toute -l'éla- ment pour 4ui. vo_udrait entre:ij a11 Roy:3u_m_e de
boration effectuée dans·l'AT et déjà assumée dans Dieu : malheur au monde à cause des •Scandales
sa traduction grecque. (Mt r8,7) -1_ C'èst_ pourqùoi le motide ·n_è·peùt offrir
à l'homme -aucune valeur s«re : sa :figui-e passe
(1 Co 7;31)~ et aussi' ses. convoitises (1 Jn 2,16).
1. AMBIGUÏTÉ" DU MONDE. ,Le tragique -·de ·notre destinée· vient.· ·de ce qùe,
par· naissance,· 'nous_ appartenons à ce· inonde~là..
I. ·ri est,~ _qu~-1~ ~on~. ainsi désigné demeure
fondamentalement ·la cYéature excellente ·que· Dieu
a faite, aux _origines (Ac 17,24} par- l'activité ·de 'II. JÉSUS ET LE MONDE
son.Verbe. (Jn.,1,3,·xo; cf He 1,2; Col ·1,i6). Ce
monde continue.à témoigner de Dieu._(Ac 14,17; Or « Dieu a tant aimé le niotide qu'il a donné
Rm 1,199). Ce serait pourtant un tort de le priser son Fils unique , (Jn 3,r6). _Tel est le paradoxe
trop, car l'homme ·le· dépasse de loin en valeur par lequel débute pour le fflonde une nouvelle
vraie : que lui servirait de gagner le monde entier histoire qui a deux· faces complémentaires··: la
s'il se perdait lui-même (Mt 16,26) ? victoire, de Jésus sur le monde __ mauvais régi par
Satan, l'inaugu_ta.tion en lui du _monde renouvelé
2. Mais il y a plus·: dans son état actuel/ce monde, qu_'annonçaient l'es promesses Prophétiques.
solidaire de· l'homme pécheur, -est en fait au pou-
vofr de •satan; Le .•péché·-y est entré' au·commen~ 1. JJSUs, vainq'U{lur du monde. - ce·p:,:em:ier Point
cernent de l'histoire, et par le péché~ la mortJ (fun est ·mis eri plein relief par le 1ve .évangile : « Il
5~12). De· ce fait, il est devenu débiteur- de là jus- étë.it· dans' le mond,e, et le mo:à.de fut pai- lui, et
tice divine (3,19), car il a partie ·liée avec le mys- 1~ monde ne· l'a· pas connu » (Jn ·1,ro).· Tel est_ le
tère du ·mal qui est.à l'œuvre ici-bas.- Son élément résumé de la: carrière terrestre. de 'J és~.. Jésus
le plus visible est constitué par les hommes qui n'est pas du monde (8,23; r7;14), et ·son royaume
dressent leur volonté rebelle contre Dieu et contre non plus (18,36) ; c'est de 'Dieu (Mt_ 28,18), et
soi:J. Christ ·(Jn 3,18s; 7,7; 15,18s; 17,9.14... ). · Der- non du prince. de ce monde, qu'il tient. sa •puis-
rière eux· se profile un chef invisible : Satan; le sancé (Le 4,5-8)~ car celui-éi _n'a ·aucun pouvoir
prince· de ce monde· (12,J1;· 14,30; ·16,n),_ le dieu s'ur lui (Jn J:4,30) .. C'est pour _cela ·que le moi:uie
de ce siècle. (2 Co· 4,4). Etabli chef du monde par le hait (15,"18}/_d'autant plus qu'~l ~ est 19.; lumière
1a: volonté de son créateur, •Adam a livré aux (9,5), qu'il lui apporte la vie (6,33), qu'il vient

788
MONDE MONDE
pour le sauver (12,47): •Haine folle,. qui domine du monde mauvais laisse intacte· leur tâche posi-
apparemment 'le drame évangélique.,:··. c'est. elle tive vis-à-viS du .monde à racheter .(cf·r Co 5,10).
qui provoque finalem.erit la condamnation- à mort
de Jésus (cf I Co :2,7s). ·Mais à ce moment même z. Séparés du monde. - Séparation d'~bord : le
la situation ·se retotirne : c'est alors le *jugement chrétieil. doit se garder de la souillure 'du monde
du monde et la chute de son Prince'(Jn 1:2·,31), c'èst (Je r,:27),; il ile doit pas aimer le ·monde (1 Jn
la *victoire du· Christ sur. le inonde. mauvais· (-16, 2,i5), cai_ l'amitié ·pour le monde est inimitié
33). Car en acceptant dans un acte suprême contre Dieu ·(Je 4,4)· et elle conduit aux.pires
d'amour la ·mystérieuse *volonté du Père (14, abandciils (2 ·Tm 4,Io). ·Évitant de.-se inodel~r
31), Jésus.a,(< quitté le monde» (16,:28) pour s'en sur le siècle présent (Rm 12,2), il renoncera donc
retourner auprès .du Père, où· il siège désormais aux··convoitises ·qui en· défurissent l'esprit (t Jn
dans la gloire (17,r.5), _et d'où il dirige l'histoire 2;16). En' un mo_t, le nionde sera un •crucifié
(Ap 5,9). poui lui et lui pour le monde (Ga _6,14) : il en
usera Comme ·n'en usant pas (1 Co 7,29ss). Déta-
:2. Le monde· renouvelé.' --:- Du même coup, Jésus , chement profond, qui n'exc,lut évidemment pas un
a réalisé ce_ pour quoi ff était venu ici-bas : en einploi des· biens de ce nidnde conforme aux exi-
mourant, il . a « ôté le péché du ·monde » (Jn · r, gèhces de _la ·charité fràtemelle (1 Jn 3,r7) : teHe
29), il a donné sa ·chair ij pour la vie du monde » es~_ la •sai~teté rèquîse du c~rétien.
(6,5r). Et le- moridè, cré'a:ttire de Dieu toinbée
sous le joug de ·satan, s'est vu racheter de· son :2. Témoins du Christ face au monde. - Mais d'un
•esclavage,_ Il a été lavé par le *sang _de Jésus : a~tre côté,· voici la mission positive du chr~tien
Terra, pontus, astra, ·mundus, quo- laVantur ftu- en face..du monde actuellement •captif du- péché.
mine 1 i Terre, mer,· astre's. et nionde : de quels De même· que le Christ · y est venu pour rendre
flots sont-ilS lavés 1 » (Hymne de fa. Passion).· Lui témoignage à la vérité (Jn 18,37), de même le
en qui toutes choses avaient été créées ·(Col 1,16), chrétien est envoyé dans .le monde (1_7;18) pour
il a été établi par sa· résurrection chef• et *tête porter un *témoignage qui est celui "du Christ
de la création *nouvelle : Dieu· a tout placé sous même (r Jn 4,17}. L'existence chrétienne, qui est
ses pieds (Ep 1,2oss), *réconciliant ·en lui tous les tout le .contraire d'une manüestation spectacu-
êtres et refaisant. !'*unité d'un univers divisé. (Col laire à laquelle Jésus lui-,m~e s'est refusé (J n
1,20). Dans ce rilonde' nouveau, la *lumière_ et la 7,3s; 14,22; cf Mt 4,5ss}, révélera aux hommes le
•vie circlllent désormais en abondance : elles sônt vrai visage de Dieu {cf Jn 17,:21.:23). Il s'y joindra
données à ~uS ceux qui oµt •f~i en Jésus. le témoi~e de la, Parole. Ca;r les_ ~prédi~a~urs
Il reste pourtant: que le mpnde p_rfsent n'a pas de l'Évangile ont .reçu l'ordre de l'annoncer au
encore pris fin. Li 'grâce de *rédemption èst à ~onde ~ntier (Mc 14,9; 16,15) _: ~ls y brillel'ont
l'œuvre dans _un ullivers ·•s_ou:ffrant. La victoire comme autant de foyers lumineux (Ph .2,r5).
du Christ Ile sera compl~tè _q11'au joui' de sa mani- Mais le monde se dressera contr~ eµx, comine
festation _en *gloire, lorsqù'il · remettra tôutes jadis contre Jésus (Jn 15,18), _·ehercliant à rega-
choses à son _Père (1 Co 15,25-28). D'ici là, l'uni- gner ceu~ qui auraient fui sa cornlption (2 P 2,
vers· reste en attente d'un ·emantement douloll- 19s). L'ànne de la lutte .et de la victoire, ,dallS
reux (Rxri _8~'I9 ..• ) : celui. de !'*Homme nouveau cette •guerre inévitable, sera la •foi (I Jn 5,48} :
en sa pleine·_ stature (Ep 4,r'3), celui . du ·monde notre foi_ condamnera le .Inonde (He n,7;· Jn 15,
nouveau succédant dé:fi.nitiVement à" l'ancien (AP 22). Nullement étonné d'être ·•hai_.et incompris
2r,4s}. '(r_ Jn 3,r3; Mt 10,1.j p) et Illême *persécuté par
le, monde. {Jh :i:s·,i8ss), le _chrétien: es.t réconforté
par le •;paraclet, !,'Esprit de_ véri#, ·envojré ici-
III. LE CHRÉTIEN ET LE MONDE bas pour confondre le monde : •1'.Espri~ · atteste
au cœur du croyant qlle le monde· commet le péché
Par rapport au monde, les chrétiens se.trouvent en refusant de croire en Jésus, que la· cause de
dans la même situation complexe où était le Christ Jésus est juste puisqu'il .est- auprès du Père et
durant son passage ici-:bas. Ils. ne sont pas du que le Prince de ce monde est déjà condamné
monde (Jn 15,16; 17,16); et cependant ils sont (16,8-u). Bien'que le monde ne·le voie ni Je_ con-
dans le monde. -(17,1_1), et Jésus ne prie pa,s-'son naisse (14,-17), cet Esprit demeurera dans -Je fidèle,
Père de les en retirer mais seulement de les .gar- ·et ·il le fera -triompher des *Antichrists (1 Jn :4·,
der du Mauvais (r7,15), Leur séparation vis-à-vis 4ss). Et peu à peu, grâce au témoignage, ceux

790
MONDE MONTAGNE
des hommes dont le destin n'est pas définitivement patriarches sont même appelées « collines éter-
lié au monde reprendront place dans l'univers nelles » (Gn 49,26; Dt 33,r5). Mais, si admirables
racheté qui a le Christ pour tête. qu'elles soient, ces simples créatures ne doivent
pas pour autant être divinisées : « Avant que les
3. En attendant le de,·nier Jour. - Tant que durera montagnes fussent nées, à jamais tu es *Dieu »
le siècle prése.11t, il ne faut pas espérer que cette (Ps 90,2; cf Pr 8,25). Le créateur qui « pesa les
tension entre le monde et les chrétiens disparaisse. montagnes au poids et les collines à. la balance "
Jm;qu'au *jour du tri définitif, sujets du Royaume (Is 40,12) est celui qui les « maintient par sa
et sujets du )fauvais demeureront mêlés comme *force 1) (Ps 65,7); il les déplace à. son gré (Jb
l'ivraie et le blé dans le champ de Dieu, qui est 9,5) et donne ce pouvoir au plus modeste croyant
le monde Pit 13,38ss). Mais dès maintenant, le (Mt 17,20; cf I Co 13,2). Que tous proclament
*jugement commence de s'opérer dans le secret donc : « 0 vous, montagnes et collines, bénissez
des cœurs (Jn 3,18-21); il n'aura plus qu'à être le Seigneur! ~ (Dn 3,75; Ps 148,9).
tendu public, le jour où Dieu jugera le monde
(Rm 3,6) en associant ses fidèles à son activité 2. Puissance. - Élevée au~dessus des plaines que
de juge (1 Co 6,2). Alors le monde présent dispa- souvent ravagent les calamités, la montagne offrait
raîtra définitivement, conformément aux oracles jadis un refuge à Lot en péril (Gn 19,17), elle
prophétiques, tandis que l'humanité régénérée attire encore le juste persécuté qui pense y fuir
trouvera la *joie dans un univers remis à neuf comme l'oiseau (Ps II,r; cf Ez 7,16; !\'lt 24,r6).
(cf Ap 21). CL & PG Mais cc juste doit prendre garde : en levant ses
·- astres - ciel I - création - épreuve/tentation AT yeux vers les monts, c'est de Yahweh seul, créa-
l 3 : NT ] - génération 2 - haine I I ; III 1.:2 - teur du ciel et de la terre, qu'il obtiendra le secours
homme I l b - Jésus-Christ II I d - Juif II - mis- (Ps 12r,IS; cf Jr 3,23). Sinon, il se fierait à. une
sion - pauvres NT II - péché IV 2 - persécuticrn - créature qui, pur symbole de •puissance (Dn 2,
réconciliation Il I - - soucis - temps ,-\T l - terre - 35.45), deviendrait alors celui de !'*orgueil, telle
Yictoire NT. la superbe *Babylone dominant le monde {Jr 51,
25). Toute hauteur doit être humiliée, seul Dieu
exalté (Is 2,12-15).
MONTAGNE 3. Dei•ant Dieu. - cc A ton *Nom, le Tabor et
!'Hermon exultent » (Ps 89,13). Quand le Sei-
gneur *visite la terre, que les montagnes éclatent
Dans Ja plupart des religions, la montagne, pro- donc en cris de joie (Is 44,23} et bondissent devant
bablement à cause de son altitude et du mystère ses hauts faits (Ps 29,6), qu'elles laissent sur leurs
dont elle s'entoure, est considérée comme le point flancs couler le *vin nouveau et que, jusqu'à leur
où le ciel rencontre la terre. Nombreux sont les sommet, mûrisse le froment (Am 9,13; Ps 72,16) !
pays qui ont leur sainte rr1:ontagne, là où le monde Mais qu'elles s'attendent aussi à être nivelées (Is
fut créé, où les dieux habitent, d'où vient le salut. 45,2; 49,u; Ba 5,7; Le 3,5). Offriront-elles alors
La Bible- a retenu ces croyances, mais les a puri- un refuge valable ,au jour de la •colère (Os JO,
fiées; avec l'AT, la montagne n'est qu'une créa- 8; Le 2r,2r; 23,30; Ap 6,14ss) ? ,c J'ai regardé, les
ture parmi les autres: ainsi Yahweh est sans doute voici qui tremblent H (Jr 4,24) ; elles fument au
le ~ Dieu des montagnes n (sens probable de El- contact de celui qui peut les consumer par le
Shadday}, mais aussi le Dieu des plaines (1 R 20, *feu (Ps 104,32; Dt 32,22) ; sous ses pas (Mi 1,4),
23.28) ; avec le Christ, Sion cesse d'être <( le nom- devant sa *face (fs 63,19), elles fondent comme
bril du monde n (Ez 38,12), car ce n'est plus sur cire (Ps 97,5), elles ruissellent (Jg 5,5) ; « les monts
telle ou telle montagne que Dieu veut être adoré, éternels se disloquent » (Ha 3,6), s'effondrent (Ez
mai;, en l'Sprit et vérité (Jn 4,20-24). 38,20), disparaissent à la fin des temps (Ap 6.
q; .16,20).
l. LA CRÊATURE DE DIEU
II. LES MONTS PRIVILÉGIÉS
I. Stabilité. - Les hommes passent, les montagnes
demeurent. Cette expérience fait voir aisément Bien que vouées à une transformation totale,
dans les montagnes un symbole de la •justice comme la *création entière, certaines montagnes
fidèle de Dieu (Ps 36,7) ; celles qui connurent les furent réservées à un rôle durable et glorieux.

791 792
MONTAGNE MONTAGNE
I, Lie-., de 'l'lvélation par excellence, o la, montagne plus que le lieu de jadis, où furent. données II les
de Dieu )), ou ·Horeb, dans le Sinaï, est·une terre paroles de vie» (Ac' 7,38) et d'où :Dieu.·partit pour
sainte où Moîse _fut appelé: (Ex· 3,r.5),. que Dieu gagner son ;vrai sanctuaire, Sion· (Ps 68,16ss).
rendit. sacrée_ par le don. de sa Loi (Ex .24,1,2-18) A la. différence -du· Sinaï qui siombre dans le
et la présen~ de sa •gloire (24,16), C'est· encore passé, le mont .Sion ,conserve en effet ·une valeur
là que monte *Élie :(.1 _;R 19,8) ; il youlait entend.te eschatologique. «, La montagrie de la maison de
Dieu lui parler, but yisé sans doute aussi_. par les Yahweh sera. établie au.sommet des montagnes.et
prophètes,qui aimaient s'_asseoir et prier au sommet élevée au-dessus ·des collines. Toutes les ·•nation
des montagn~s .: Moï~e aµ· Sinaï (Ex 17,gs):, Élie y a:ffluèrOnt .. Venez·! montons su,r -la mOntagne
ou Élisée au ~ont C1!rmel (1 R. 18,42; 2 R 1,9; de Yahweh.» (Is 2,2s), cette montagne sainte (n,
4, 2 5), 9; Dn 9,16). Yahweh y .deyiendra roi (Is 24,23}-.
y préparera un .grand festin,: (25,6-19) pour· _les
2. Lieu _de culte. surtout, 18. montaglle, 'élevée au- •dispersés enfin rassemblés.(27,13; 66,20),·et même
dessus du sol, permet de rencontre;r le Seigneur. pour les_ *étrangers (56,6s). En effet, tandis que
N'est-ce pas sur une petite hauteur (•autel) que le pays sera transformé en plaine; *Jérusalem sera
doit s'accomplir le saerifice (Ex 24,4s) ·?Desmonts e]:Chaussée ,tout en restant· à ·sa place•,(Za ·14,10),
Garfaim et H~bal,. bénédiction et_ maléd~cti,on et.-tous devront à. jamais, y-c( moriter o (14,.16ss).
doivent être .prononcées (Dt n,,29; Jos- 8,30-35).
C'est aussi sur. une colline ,que l'arche, revenant
de.chez.les Phil~stins, ~.t.d~posée·(1 S 7,1) .. H.éri- IfI. LE CHRIST ET LES MO+'{TAGNEs·
tiers d~une- vénér,1,ble:,tradition, Gédéon (Jg 6,
26), San;me1 (1 $ 9,12), Salomon (r R 3,4) ou Élie r. Les montagnes dans la vie de J lsus sont diver-
(r R r8,19s), tous sacrifient avec le peuple sur sement considérées par les Synoptiques .. Ils .s'ac-
les 1< hauts lieIJ;i-.: u (-r R 3,2). cordent à. montrer que Jésus .aimait •se .retirer à
Les rites c_ananéens ainsi repris étaient appli- la montagne pour -prier (Mt q,23 p; Le. 6,12; 9,
qués à Yahweh, seul Dieu; mais la dispersion 28),- et la •solitude *désertique· (comp. Le 15,4
des hauts lieux entraînait avec- elle un p_éril .d'ido- = .Mt 18,12) ·qu'il y cherche est saµs -doute un
lâ.trie (Jr 2,20; 3,23). Aussi-.en, vint~on. à centra- refuge contre fa publicité tapageuse (cf Jn ,6,r5).
liser le •culte en un lieu unjque. (Dt 12,2-9), Voici Ils, s'accordent également,, à ignorer le mont ·.Sion
donc Ia· montagne ·que l'homme n'a point cons- et à· mentionner le mont des .Oliviers ainsi qu·e .la
truite pour es~ader .le ciel (Gn u), · la colline, montagne de.-la. Transfiguration, 111.ais •dans .urie
superbe.d'élan, que Dieu,a choisie parmi les lll-Onts perspective différente.-,
cscarpfs (Ps- 48;2s; 68;17).,,_Alors que -les autres Pour Matthieu, ce .sont les montagnes de Gtjlilée
montagnes peuvent. basculer dan5: la. mer (Ps- 46, qui .sont le lieu' privilégié des. manifestations du
3), Sion est U:n refuge sûr (Jl '3,5), inébranlable Sauveur. La 'vie de. Jésus: est encadrée par deux
(Ps 125,1), scènes sur la montagne ; au début, Satan offre à
L'homme ne doit donc.pas dire : « J'escaladerai Jésus le pouvoir sur le inonde:·entier.,.(Mt 4,8) ;·à
les cieux, je dresserai mon trône par-dessus les la fin, Jésus confère à ses disciples le pou::.
étoiles de Dieu,.je monterai au som:me~ des nq,ages voir qu'il a reçu de son Père .(28,16). En.tre ces
noirs, je ressemblerai au Très~Haut (Is q;r3s),
)J deux scènes, c'est encore sur telle ou telle mon-
car il tomberait. dans les profondeurs de ràbîme. tagne que Jésus enseigne la foule (5,r), guérit les
Dieu en_ personne a. « .installé son Roi sur Sion, malheureux et leur donne un · pain mèrveilleux
sa montagne sainte.-.» (Ps .2,6), au lieu ni.ê;me où (r5,29 ... ), enJin apparait transfiguré (rps): Or
Abraham sacrifia son fi.Js,--au mont Moriah (2 Ch aucune de ces montagnes ne. porte de nom préciS,
3,1; cf Gn 22,2); C'est sur cette,- sainte montagne, comme si le disciple de Jésus était prémuni confre
riche de tant. de .souvenirs divins,·-:-que le. -fidèle la tentation de planter à jamais sa tente sur q'uel-
ùoit monter (Ps· 24,3) en .chantant les « cantiqu~ qu'une de ces montagnes; seule la *mémoire doit
<lei; montées » (Ps -120--1:34), et revenir sans cesse en rester vive chez Ie:s 1( • témoins oculaires de sa
(Ps 43,3), dans l'e_spoir·. d'y ~dèmeùrer à' jamais majesté » : les Écritures s'accioniplj,rent sur la
nvec le_ Seigneur (Ps 15,1; 74,2). ci: montagne sainte » (2 P 1,16-19). Ce n'est pas à

un lieu .de la terre, mais à. sa personne que Jésus


3. A la fin des Jemps,· que deviennent ces lieux: fixe son message.
consacrés .par Dieu même ? .Dans_- la .littérature , Pour-Luc, la o: montée 3.à Jérusalem représente
eschatologique, le Sinaï n'a plus de place; il n'est le ·*chemin de la gloire par la croix; il ,ne s'agit

793 794
MONTAGNE MORT

plus simplement du "'pèlerinage que fait le pieux pour se réfugier dans des rêves illusoires, la révé-
Israélite (Le 2,42), mais de la solennelle montée lation biblique, à quelque étape qu'on l'examine,
qui couvre une époque de la vie de Jésus (9,51- commence par la regarder en face lucidement
21,38; cf 18,3r). Ignorant les montagnes gali- mort des êtres chers qui, les *adieux étant faits (Gn
léennes qui entendirent les discours et virent les 49), provoque la détresse chez ceux qui restent
merveilles de Jésus, Luc concentre son attention (50,1; 2 S 19,r. .. ) ; mort que chacun doit envisager
sur le motzt des Oliviet's. Il ne signale pas que pour lui-même, puisque lui aussi u •verra la mort 11
Jésus y donne son discours eschatologique (Mt (Ps 89,49; Le 2,26; Jn 8,51), « •goûtera la mort i,
24,3 = Mc 13,3), mais, pour lui, c'est là qu'abou- (Mt r6,28 p; Jn 8,52; He 2,9). Pensée amère pour
tit la montée à Jérusalem (Le 19,29}, c'est de là qui jouit des biens de l'existence, mais perspective
que, conformément à la tradition apocalyptique désirable pour celui que la vie accable (cf Si 41,
(Za 14,3s), le Seigneur devait partir à la conquête 1s) : tandis qu'Ézéchias pleure sur sa mort toute
du monde : il y est acclamé solennellement (Le proche (2 R 20,2s), Job l'appelle à grands cris
19,37), mais c'est aussi pour y agoniser (22,39) et, (Jb 6,9; 7,r5),
enfin, pour monter de là au ciel (Ac 1,12). Si une
montagne précise est encore mentionnée, il semble 2. L'outre-mort. - Le défunt « n'est plus » (Ps
que ce soit seulement pour apprendre à « élever 39,14; Jb 7,8.21; 7,10) : première impression
les yeux » vers le *ciel, ou plutôt vers Celui qui a, d'inexistence, car l'outre-mort se dérobe aux prises
selon la théologie johannique, été « élevé » de des vivants, Dans les croyances primitives, long-
terre (Jn 3,r3s; 19,37). temps conservées par l'AT, la mort n'est pour-
tant pas un anéantissement total. En même temps
2. Les autt'es é&its du NT n'offrent pas d'ensei- que le *cotps est déposé dans une fosse souter-
gnement sur les montagnes privilégiées de l'AT. raine, quelque chose du défunt, une *ombre,
Le Sinaï est assimilé par la polémique pauli- subsiste dans le séal. Mais ces *enfers sont conçus
nienne à la maison de servitude (Ga 4,24ss) ou de façon très rudimentaire : un trou béant, un
sert de repoussoir au mont Sion duquel on pe_ut puits profond, un lieu de silence (Ps u5,17), de
maintenant s'approcher (He 12,18.22). Dans le perdition, de ténèbres, d'oubli (Ps 88,12s; Jb 17,
même sens, l' Apocalypse présente l' Agneau qui se 13). Là, tous les morts rassemblés participent au
tient à la fin des temps sur le mont Sion (Ap même sort misérable (lb 3,r3-19; Is 14,9s), même
14,1) ; ailleurs cependant, elle exerce une critique s'il y a des degrés dans leur ignominie (Ez 32, 17-
radicale de ce saint lieu ; la montagne n'est plus 32) ; ils sont livrés à la poussière (Jb 17,16; Ps 22,
comme dans la vision d'Ézéchiel le lieu sur lequel r6; 30,10) et à la vermine (Is 14,u; Jb 17,14).
la Ville semble construite (Ez 40,2), elle est seu- Leur existence n'est plus qu'un *sommeil (Ps 13,
lement un observatoire d'où on contemple la • Jéru- 4; Dn 12,2) plus d'espérance, de connaissance
salem qui descend du ciel (Ap 21,10). XLD de Dieu, d'expérience de ses miracles, de louange
qu'on lui adresserait {Ps 6,6; 30,10; 88,rzs; u5,
-. Ascension I - Jérusalem AT I 2 - Transfigura- 7; Is 38,18). Dieu même oublie les morts (Ps 88,
tion 2.
6). Et une fois passées les *portes du shéol (Jb
MONTER-+ Ascension - chemin - Jérusalem AT 38,17; cf Sg 16,13), il n'y a point de retour (Jb
III 3 ; NT 1 1.4 - montagne - pèlerinage, I0,2IS).
Telle est la perspective désolante que la mort
MOQUEUR -+ impie - rire. ouvre à l'homme pour le jour où il doit être « réuni
MORALE -+ bien & mal - chair II - justice à ses pères » (Gn 49,29). Les images ne font ici
Loi - rétribution III 2 - vertus & vices. que donner une forme concrète à des impressions
spontanées qui sont universelles et auxquelles s'en
tiennent encore beaucoup de nos contemporains.
Que l'AT en soit resté à ce niveau de croyances
MORT jusqu'à une époque tardive, c'est le signe qu'à
l'encontre de la religion égyptienne et du spilitua-
AT lisme grec, il a refusé de dévaloriser la vie d'ici-
PrutsENCE DE LA MORT bas pour tendre ses espoirs vers une immortalité
imaginaire. Il a attendu que la révélation éclaire
1. L'expérience de la moYt. - Tout homme fait par ses moyens propres le mystère de l'outre-
l'expérience de la mort. Loin de s'en détourner mort.

795
MORT MORT

3. Le culte des morts:· - Lës rites funèbres sont -Elle est le berger funèbre qrii· parque les hommes
chose universelle : depuis la· lointaine préhistoire, aux enfers (Ps · 49;15) ;· e1le pénètrë dans les mai-
l'homme·tient à honorer ses m,ol'.ts.et·à·rester·èn sons pour faucher les. erifants' (Jr -9,2_0). Certes,
contact avec eux; L'AT conserve l'essentiel de dans· l'AT, elle' reVêt aussi 1a·-figure ·de-l'ange-exter-
ces traditions séculaires : ·gestes de deuil qui tra- minateur, · exécuteur des *vengeances divines (Ex
duisent la douleur ·des ·vivants (2· S 3,31; Jr 16, 12,23; 2 S 24,x6; 2 ·R 19,35). Voire Ill.ème· ceue·de
6); ensevelissement-·rituel (r S·,3r,12s; Tb 2,4-8), la *Parole divine qui extermine les adversaires·de
car ne·pas recevoir de· *Sépulture est une malédic- Dieu (Sg 18,15s). Mais tette pourvoyeuse des enfers
tion (Dt 21,23; l R' q,u; Jr 16,4) ; ·soin des tom- insatiables ··(cf Pr 27,20) a plutôt ·les tràits d'une
beaux, qui touche de si près à -la piété familiale puissance d'en-bas,· dont toute *malà.die et tout
(Gn 23; 49,29-32;··50,12s)·; repas fun·éraires (Jr danger font pressentir l'â.pproche·sournoise;,Aussi
16,7), voire offrandes sur les tombeaux des défunts le malade se voit-il déjà« compté parmi les morts •
(Tb 4,17) bien qu'elles soient déposées a devant (Ps 88,4ss) ; l'homme en· péril est ·cerné ·par. les
des bouches closes·» (Si 30,18). •eaux de la mort, .les torrents de Bélial, les -filets
Pourtant la révélation impose déjà. des limites du shéol (Ps 18,5s; 69,r5s; u6,3; Jon· 2,4-7). La
à ces coutuniès, · liées· chez·. les peuples d'alentour Mort et-le Shéol ne: sont donc pas· ·seulement des
à. des croyances superstitieuses: ~ d'.où · l'interdic- réalités de l'au-delà; ce sont des--*puissances en
tion des incisions- rituelles (Lv 19,28; Dt i4,r),· et action ici-bas - et malheur à qui tombe sous leurs
surtout la prosëription de·:la nécroma'.ncie (Lv 19, griffes! Qu'est-ce finalement que la vie, sinon
31; 20,27;· Dt 18,n}, tentation grave .en·un tenips une lutte angoissée•de l'liomme aux'!)rise's avec la
où la *magie-était floriSSante et où· l'on pratiquait Mort? .
l'évocation des· morts ·(cf Odyssée) comme on
s'adonne aujourd'hui au· spiritisme (r S 28; 2 R
21,6). H n'y a donc pas dans !'AT de culte des TI. SENS "DE LA- MORT
morts à proprement parler, comme il y·en-aVait
un chez les Egyptiens : l'absèrice ._ de lqmière sur I. Origine de la morl, ~ Puisque l'expérience de
l'outre-tombe aida· sO:rement -les Israélites à· s'en la mort" éveille en l'homme de telles résoiiances,
garder. il est ·impossibl~ ·de la ·réduire ~ un simple .pJié-
nomène naturel dont l'observation objective épui-
4. La mort, destin de l'homme.-·- La· merl est le serait tout le éontenu. La mort ne peut être dénuée
eort commun des hommês, a le ·chemin de toute la de sens. Contredisant ·avec violence notre désir
terre» (r R 2,2·; cf 2- S 14,14; S18;7). En mettant de _vivre, elle pèse· sur n:ous comrile un •châtiment ;
fin à la vie de: chacun, ellè appOse tin ·sceau sur c'es_t pourquoi, instinctivement, nous voyons· -en
sa physionomie : mort dès -patriarches « comblés elle la sanction du *pêché. · De cette intuition
de jours» (Gn 25,8·; 35,29},-mort mystérieuse de commune" aux·· religions antiques, ·l'AT fait une
Moïse (Dt 34), mort tragique de Saül {r S 31) ... doctrine ferme qui souligne la sigilificatiOll · reli-
Mais devant cette nécessité.inéluctable, comment gieuse d'-une" expérience fort ·amère' : la justice
ne pas sentir- que -la vie, si' ardemment. désirée, veut ·qUe l'impie périsse (Jb r8,5...2i; Ps 37,20.
n'est qu'un *bien fragile- et. fugitif ? Elle ..est une 28.36; 73,27) ; l'âme qui pèche doit ·mourir (Ez
•ombre, un souffle,· un néant .(Ps 39,5ss;. 89,48s; 18,20).
90; Jb 14,1-12; Sg 2,2s) ; elle est un'e vanité, Or ce principe fondamental éclaire déjà le fait
puisque le· sort final de tous -est le même (Qo 3; énigmatique de la/ présence de la mort ici-bas :
Ps 49,8 ... ), fftt-ce celui des rois (Si ro,ro) 1 Cons- à l'origine, la sentence de mort n'a été prononcée
tatation .-mélancolique d'où naît· parfois; en face contre les hommes qu'après le:. péché d~* Adam,
de ce destin obligatoire,' une résignation désa- notre premier père (Gn 2,:r7;' 3,19). ·Car Dieu n'a
busée (2 S 12,23; ,14,t4). Pourtant, la vraie sagesse pas fait la niort (Sg 1,13)'; il- avait créé l'horrii:ne
va plus loin ; elle accepte la riiort comme un décret pour Fihcorruptibilité; et la mort, telle que nous
divin (Si· 41·,4), qui souligne--1']:i.umilité de la con- l'expérimentons, n'est entrée dans -le monde que
dition humaine" en face du Dieu immortel ·: qui pàr l'envie du *diable (Sg 2,23s).. L'emprise qu'elle
est poussière, rètourne à la pous~ière {Gn: 3,19). a sur llous possède donc une, :vàleùI'. de._ signe :
e1le manifeste -~a préi;;ence· :du péché ici-bas. : ·
5, L'emprise àe /a.Mort.,·- Malgré tout, l'homme
vivant sent dàns la Mort une force ennemie. Spon- ,2. Le chemin-de la m'orl;.:.....: Une·fois découvert ce
tanément il lui donne un· visage -et la personnifie. lien ·du -péché et de la -mort, · tout un aspect de·

797
MORT MORT

notre existence révèle son vrai visage. Non seu- grâces à Dieu de l'avoir délivré de la mort (Ps
lement le péché est un mal parce qu'il est con- 18,17; 30; Jon 2,7; Is 38,17), car c'est bien d'une
traire à. notre nature et à la volonté divine ; mais telle *libération qu'il aura fait l'c:xpérienco con-
en outre il est pour nous, concrètement, le « •che- crète. Avant même que les porspectives de sa foi
min de la mort li. Tel est l'e-nseignement des sages : aient dépassé les bornes de la vie présente, il
qui poursuit le mal, marche à la mort (Pr rr,rg) ; saura ainsi que la "'puissance divine l'emporte
qui se laisse séduire par Dame *Folie, chemine sur celle de la Mort et du Shéol : premier jalmi
vers les vallées du shéol (7,27; 9,r8). Déjà les d'une •espéranco qui s'épanouirn finalement dans
enfers dilatent leur gueule pour engloutir les une perspective d'immortalité.
pécheurs (Is 5,14), tels Coré et sa bande qui y
descendirent~ vivants (Nb 16,30 ... ; Ps 55,16). 2. Conversion et délivrance de la mort. - Cette
L'*impie est donc sur une voie glissante (Ps 73, délivrance de la mort dans le cadre de la vie
18s). Virtuellement, il est déjà un mort, puis- présente, Dieu ne l'accorde d'ailleurs pas de façon
qu'avec la Mort il a fait un pacte et qu'il est entré capricieuse. 11 y faut des conditions strictes. C'est
dans son lot (Sg r,r6}; aussi son sort final sera-t-il de son péché que meurt le pécheur ; et Dieu ne
de devenir un objet d'opprobre parmi les morts, se plaît pas à sa mort : il préfère qu'il se *conver-
à jamais (Sg 4,19). Cette loi du gouvernement pro- tisse et qu'il vive (Ez 18,33; 33,n). Si par la
videntiel n'est pas sans répercussions pratiques maladie il met l'homme en péril de mort, c'est
dans la vie d'Israël : les hommes coupables des donc pour le corriger: une fois qu'il se sera converti
péchés les plus graves doivent être punis de mort de son péché, Dieu l'arrachera à la fosse infer-
(Lv ::z.0,8-:21; ::z.4,14-23). Dans le cas des pécheurs, nale (Jb 33,19-30). D'où l'importance de la pré-
la mort est donc autre chose qu'un destin naturel : dication *prophétique qui, en invitant l'homme à
privation du bien le plus cher que Dieu ait donné se convertir, cherche à *sauver son âme de la
à l'homme, la •vie, elle prend ]'allure d'une dam- mort (Ez 3,18-21; cf Je 5,20). Même chose pour
nation. l'*éducateur qui corrige l'enfant pour le retirn
du mal {Pr 23,13s). Dieu seul délivre les hommes
3. L'énigme de la mort des justes. - Mais que dire de la mort, mais non sans une coopération humaine.
alors de la mort des "'justes ? Que les péchés d'un
père soient punis par la mort de ses fils, c'est encore 3. La délivrance définitive de l«. mort. - Cepen-
d'une certaine façon compréhensible, si l'on tient dant l'espoir d'être délivré de la mort serait vain
compte de 1a solidarité humaine (2 S 12,14 ... ; cf s'il ne dépassait pas les bornes de la vie terrestre ;
Ex: 20,5). Mais s'il est vrai que chacun paie pour d'où l'angoisse de Job et le pessimisme de l'Ecclé-
soi-même (cf Ez 18), comment justifier la mort siaste. Mais, à date tardive, la révél::t.tion de l'AT
des innocents ? Apparemment, Dieu fait périr de voit plus loin. Elle annonce un triomphe suprême
même façon le juste et le coupable (Jb 9,::z.2; Qo de Dieu sur la Mort, une déli\'rance définitive de
7,15; Ps 49,u) : leur mort a-t-elle encore un sens ? l'homme arraché à son emprise. Quand il établira
Ici, la foi de l'AT bute sur une énigme. Pour la son règne eschatologique, Dieu ùétruira pour tou-
résoudre, il faudra que s'éclaire le mystère de jours cette mort qu'il n'avait pas faite aux ori-
l'au-delà. gines (Is 25,8). Alors, pour participer à son •règne,
les justes qui dorment dans la poussière des enfers
*ressusciteront pour la vie éternelle, tandis que
Ill. LA DÉLIVRAKCE DE LA MORT les autres demeureront dans l'éten1elle horreur
du shéol (Dn 12,2; cf ls 26,19). Dans cette perspec-
1. Dieu sa1we l'homme de la ·mort. - Il n'est pas tive nouvelle, les enfers achèvent de devenir le
au pouvoir de l'homme de se *sauver lui-même lieu de la damnation éternelle, notre "'Enfer.
de la mort : il y faut la grâce de *Dieu, qui seul A l'inverse, l'outre-mort s'éclaire. Déjà les psal-
est par nature le •Vivant. Aussi, quand l'emprise mistes formulaient l'espoir que Dieu les délivre~
de la mort se manifeste sur l'homme, de quelque rait à jam.ais de la puissance du shéol (Ps 16,10;
façon que ce soit, ne peut-il que lancer vers Dieu 49,16). Ce souhait devient maintenant réalité.
un appel (Ps 6,5; 13,4; n6,3). S'il est juste, il Tel Hénoch enlevé sans qu'il vît la mort
peut alors nourrir l'espoir que Dieu « n'abandon- (Gn 5,24; cf He II,4), les justes seront enlevés
nera pas son âme au shéol li (Ps 16,10), qu'il par le Seigneur, qui les prendra dans sa gloire (Sg
« rachètera son âme des griffes du shéol » (Ps 49, 4,7 ... ; 5,r-3.15). C'est pourquoi, dès ici-bas, leur
16). Une fois guéri ou sauvé du péril, il rendra •espérance est pleine d'immortalité (Sg 3,4). On

Soo
799
MORT MORT

s'explique .qu'animés d'une telle ,foi, les martyrs 13,14), car .la mort est son fruit, son aboutisse-
des temps ttlc!,Ccabéen!3 ajent,pu affronter héroïque- ment, son salaire (Rm 6,16.21.23). ·Mais le Péché
ment le supplice· (2 M 7,9.I·4.23.33; cf 14,46) tan- lui-même a dans l'homme un complice : la con-
dis que Judas. ,Mé!-ccabée, dan_s la même pensée, voitise (7,7}; c'est ,elle qui· donne naissance au
inaugurait_la prière pour les morts (2 M 12,43ss). péché, lequel à son .tour enfante .la mort (J c 1,
Plus que. la vie présente, compte désormais la vie 15); en _un autre langage : c'est··Ja *chair, dont
éternelle. le *désir est -la mort et .qui fructifie _pour la mort
(Rm· 7,5; 8,6); par là notre corps; créature de
4. Flcondûi.de la mOYt- des. justes._-- AVant même Dieu, est.devenu 11 corps de mort n {7,24). En va.in,
d'avoir ouvert à .tous de telles perspeçtives, la dans Je drame du monde, la •Loi est-elle entrée
révélation av3.it d'ailleurs éclairé -d-'un jour nou- en scène pour opposer une barrière· à c·es instru-
veau l'éUigme ,je la mort des.justes, en attestant ments de la mort qui opèrent en nous ; le péché
sa :fécondité. Que le *JuSte p~r excellence, le en a pris_ occasion-pour nous séduire et nous pro-
*Serviteur_ de 'Yahweh, soit frappé à_ mort et curer. plus sftrement la. mort {7,7-13), Donnant la
c1 retraric4é de la terre des ,;ivants », cela n'est connaiss.ance du péché (3-,20) sans la :force d'en
pas dénué_ ·de sens : Sa _mort. ,est µn •sacrifice triompher, condamnant le pécheur à- 1nort de
"'expiatoire volontairement offert, pour les péchés façon explicite (c:f 5,13s).,. la Loi .est ,devenue « la
des hommes;__ par .elle, .c'est le ~dessein ~e Dieu force du_ péché- n (1 Co 15,56). C'est po'urquoi -le
qui s'accomplit (Is .53,8-12), AinsL~e découvre miµistère de cette Loi, sainte et_ spirituelle en
par avance le_trait.. le piuS mystérieux.de l'écpno- elle-même (Rm 7,12.14), mais simple lettre qui ne
mie du •salut, .qu~ 'l'histoire .de Jésus mettra en conférait pas la puissance de !'*Esprit, a été en
acte. fait un ministère de mort (2 Co 3,7). Sans le Christ,
l'humanité était donc plongée dans l'*ombre de
NT la mort (Mt 4,16; Le 1,79; cf Is 9,1); aussi la niort
fut-elle, ·en -tout temps, l'une des composantes de
Dans le NT, les. lign,es. -maîtreSses _de la révéla- son histoire, et elle reste l'une ·des "'calamités que
tion précédente c()llvergent vers le ~ystère de la Dieu d,épéche sur un monde pécheur (Ap- 6,8;- 8,
mort du C.hrist. Là, toute .J'.histoire humaine appa- 9; 18,8), De· là le caractère tragique de .notre cçin-
raît comme uri _gigantesqu~ drame de. vie et de dition : par nous-mêmes, nous sommes livrés sans
mort : j_usqu'au Christi et sans lui, ,c'éUl.1:t le règne rémission à-l'emprise de la ·mort. Comment donc
de la Mort ; le Christ vient et, par sa mort, triomphe la perspective d'eapérance ouverte par les Écri-
de la Mort même; dès cet· instant,)a mort change tures pourra-t-elle se réaliser dans les faits ?
de sens _pour l'humanité_ no~velle: qµi meurt avec
le Christ pour vivre avec lui étemellerµ~t.
n. LE ·DU:i;:.L nv CHRIST .ET DE u MORl'
!. LE RÈGNE DE LA MORT
1. L_s Christ assume nott'e nio'i't, - Les· promesSes
l. Rappel des origines. - Le drame 'a débuté aux des ,Écritures se réalisent .grâce -au Christ: Pour
origines de_ rhistoire .humaine : . par la: fau_t;e de no.us libérer de l'emprise de· la i\-lort; ·il a voulu
l'homme, le •Péché est entré dans le lJlOncle, et d'abord faîre sienne notre -condition mortelle. 'Sa
par le Péché, la Mort. (Rm 5,12.17;. 1 CO. 15,21). mort n'a pas été un accident. Il l'a annonéée aux
Depuis l<>i;s 1 tous les J;omxµes «.14eurent ei; *A4aJll n disciples pour prévenir le •scandale qu'elle pou.,
(r5,22), si. bien. ,que )a, ~fort_ règrie sur le_ nion~e yait susciter en eux (Mc. 8,31 _p; 9,3I·. p;· 10,34 p;
(Rm 5,r4)._ Ce sentime11t de 1a·présence.de la Mort, Jn 12,33; _18,32) ; il ra désirée comme le· ·*bap-
que l' AT eXp_rim._ai~ _d8 fàçoll si forte, ·èorresj)Ondait tême qui _le plongerait dans les eaux infernales
donc à une réalité objective; et derrière le règlle (Le r2,-50; Mc 10,38; c:f Ps 18,5). S'il a frémi devant
univerSel de "la Mort· se pi;ofile ceh,1-i de •Sahl,Ii, elle-Hn 12,27; 13,21; Mc 14,33 p}, comme·il.avait
le u prinCe. d~ ·ce· monde », ,« hOmipide, » depu,is frémi devant le tombeau. de Lazare (Jn 11,33.38),
l'origine (]11 8,44). s'il a supplié le Pè~ q-ui pouvait le préserver de
la _mort {H_e 5,7; Le 22,4.~; Jn. 12;27), il a finale-
2. L'hUmafiitl .sous .l'empire ,j8 la MOr/ ~ Ce qui ment.. accepté cette •coupe: ·d'amertume (Mc 'IO,
donne foi'ce à CCt empjre de 1a·.Mort, c'est.Je Péçhé : 38 p; 14,30 p;,Jn 18,u). Pour faire la •volonté
il est 11 l'aiguiUOil. dè 1a Mort_» (r,. Co 15,56 = Os du Père (Mc 14,36 p), jla été (( •obéissant jusqu'à

Sor
MORT MORT

la mort» {Ph 2,8). C'est qu'il lui fallait .Cl •accom- le vaincre. Dans les enfers, -il a pénétré en riiaître
plir les Écritures » ·:(Mt-. 26,54) : n'était-il pas ·1ui- poùr eil 'sortir à Son gré;-" ayant:.reçu -la clef de
même le *Serviteur annoncé par Isaïe, le--•Juste la Mort et dè l'Hadès » (Ap i:,18): 'Et'par·ce· qu'il
mis au· rang des scélér.ats (Le 22,37; cf Is 53,12) ? avait souffert la mcirt, ,Dieù Ta· Coul'Onné ·dê gtoire
Effectivement, quoique·Pilate-n'ait rien trouvé en (He -2;9). Poùr lui ·s'est·- réalisée· ·cet~ *résurrec-
lui qui méritât. la sentence-· capitale (Le 23,15. tion des'. morts q1,1'annonça:îent'· les Écritures '(1 Co
22; Ac 3,13;· 13,28), il -accepta·. qU:e sa inort eftt 15,4); il est devênu « le pre;mier-né d'.~mtré les
l'apparence d_'un *châtiment requis par la ·Loi morts)) _(Col -1,18; Ap 1,5). Maintenan,t qu'il est
(Mt 26,66 p); C'est·que, «·né.sous 'la Loi » {Ga 4, ··u délivré par·-Dieu_ des' affres' de l'Hadès » (Ac 2,
4)· ·et ayant pris « une chair semblable à la chair 24) et_ de ·1a corruption infeinale_ (Ac_ 2,3r);_ .il est
de. péché » (Rm 8,3); il était solidaire de son peuple clair que la Mort a perdu sur lui tout empire (Rm
et de :toute la race ·humaine. « Dieu l'avait fait 6,9)·; du même· coup, celui qui âvait·_la 'puissance
péché pour nous» (2 Co 5,21; cf Ga 3,13), de sorte de ·1a. mOrt; c'est-à~dite le diàble, ·s'est vu réduit
que le châ.timent mérité .par le Péché-• huniain à l'impuissance (He 2,14)'. ·ce fut lé p'reniier acte
devait retomber sur lui. C'est pourquoi, en· mou- de la· victoire dll Christ:·« Là: mort ·et la vie s'affron-
rant, il enleva.tout pouvoir au péché {Rm 6,10)': t~rellt en·uJl duef prodigieux. Le· MaitrÈl de la vie
quoique innocent, il assuma jrisqu'au bout là con- ··mourut; vivant;· il règne »' (Pto_se de _PAqries);
dition des pécheurs, « *go-o.tant -la mort »_ comme A partir de ce. moment, le ri;tpport des hommes
eux tous (He 2,8s; cf r Th 4,'I4-; Rm· 8,34)' et et de la mortÏU~ changé; o.:µ- _le Christ vainqueur
descendant Comrire eux « aux ·enfeis ». Mais ·en illumine· dé_sormaiS « .ceux qui' étaient assis dans
se rendant ·ainsi « chez les morts», .il -leu·r appor- l'ombre de la mort»· (Le l,79); il les a libérés de
tait cette bonne nouvelle, que la vie allait-·leur cetté « loi du péèhé et de la mort ii dont ils étaient
être rendue (1 P .3,19; 4,6). jusque-là les •esclaves (Rm 8,2; cf He 2,15). Fina-
lement, au terme des _temps,_ son triomphe aura
2. Le Christ meurt pour ·nous. - En effet, la mort une consommation éclatante lors de la *résurrec-
du Christ était *féconde, telle la mort du grain de tion générale·. Alo'I°S la Mort· ·sera détruite ÈL j aÎnais,
blé Jeté ·dans le sillon (Jn 12,24-32).- Imposée· en « engloutie. dans la victoire ))· (1 Cc{ 15,26.54ss).
apparence comme un châ.timent du péché, e~le Car là. ·Moit et l'HadèS · deVTont alots ·restituer
était en réalité un *sacrifice expiatoire (He •9; lèui"s proies, ,aprèS quoi'~ls sero:cy1: jetés avec Satan
cf Is 53,i:o).· Réalisant à la lettre, ·mais en un·autre dans l'étang de feu et de soufre, - cè qui est 1a
sens, la·prophétie involontaire dC Caïphe, le Christ secOnde mort (Ap '20,ro.13s). Tel sera le triomphe
est mort« pour-le peuple» (Jn ·.rr,50s; 18,14), ·et final du ·christ : a o·Mort, je serai ·ta mort ; Enfer,
non seulement pour son·peuple; mais« pour tous je· serai ton· ,àiguillori ·» (Antienne des Laudes du
les hommes» (2 Co 5,14s). Il est mort« pour nous» Samedi-Sàint).
(r Th 5,10), alors que nous étions pécheurs (Rm
5,6ss), nous donnant ainsi la ·marque suprême
d'amour (5,7; Jn :r5,:r3; I Jn 4,10). Pour nOus :
III. LE CHRÉTIEN EN FACE" DE LA MORT
non pas· à notre place, mais pour notre bénéfice ;
.car, mourant « pour nos ,péchés » (1 Co 15,3; r P
3,18), il nous a·•réconciliés avec Dieu par sa·1:11ort 1. MouYi1' avec_ le Christ. _:_ Le Chri,~t, èn prenant
(Rm •5,10) si ·bien -que_··nous pouvons recevoir notre nature, n'a pas· seuleIÎlent a_ssumé. notre
!'*héritage promis (He 9,r5s). _mort·_pour _se faire s0lid8.ire de ..notre· conditic:m
péch_eresse. Chè( de _l'humanité no11v:e1Ie, _nouvel
3. Le -Christ triomphe de la Mort. - D'où vièllt •~dam {I Co 15,45:_"Rm 5,14), il nous conte11ait
que la mort du Christ aif p:u avoir cette effica- _ tous· e,ii lui qua:nd il est mort sur là croix." De ce
cité salutaire ? De ce qu'ayant affronté la vieille fait;· en. sa mort, i< touà sorit morts »· d'une c_etj:ai_ne
ennemie du genre humain,· il en a triomphé. De Illanière _(2 Co 5,14). 'Pourtant; .il faut qrie c::;ette
son vivant perçaient déjà les signes de ·cette ·•vic- moli; devienne pour chacun d'eux une réalité effec-
toire future, lorsqu'il rappelait des motts ·à la _vie tive. C'est_ le sens, du •baptême, dont l'e~cacité
(Mt 9,18-25 p; Le 7,14s; Jn rr) : dans le •Royaume sacramentelle nous unit au Christ·en croix:« Ba'.p-
de Dieu qu'.il inaugurait, la Mort reculait devant tisés à la m_ort du Christ », nous ·sommes « _ensevelis
celui qui était « la résurrection et la vie » (Jn ·II, avec.lui dans'la tnort »,·« collfigul'és à sa mort»
25). Finalement, il l'a affroùtée dans son propre (Rin 6,3ss! Ph 3,ro). Désormais, !!,Ous Sommes des
domaine, et il l'a ·vaincue au moment où elle croyait morts, dont la vie est cachée en Dieu ·avec le Christ

803
MORT MORT

(Col 3,3). Mort mptérieuse, qui-est l'aspect néga- 4. Face à la mort c-oYporelle. - Dans la même
tif de Ia · gràce de_ •salut.. Car ce à quoi nous mou- perspectiver la mort corporelle prend pour le chré-
tol!,S , ainsi, c '. es:t _à tou_t . cet ordre de . choses . par tien un nouveau sens. Elle n'est plus seulement
lequel le règne de la. _Mort se manifestait ici-bas : un destin inévitable auquel ·on:· se résigne, un
nous_mourons ati péché (Rm.6,u), au vieil •homme décret divin qu'on accepte_, une condamn,ation
(6,6), à la •chair_ (Ga 5,24), au •corps (Rm 6,6; encourue en conséquençe du péché. Le 'chrétien
8,10), à_ la ,•Loi (Ga 2,19), à tous les éléments du « meurt pour le Seigneur » comme il avait vécu
•monde. (Col 2,~o) ... pour lui (Rm 14,7s; cf Ph 1,20). Et s'il meurt
en *martyr du Christ, versant son sang en *témoi-
2. De la mort à la vie. -:- Cette mort _avec .1e Christ gnage, sa mort est :une .libation qui a valeur de
est donc, e:ci. réalité,. wie m9rt à, la niort. ·Quand •sacrifice aux y'eux de Dieu (Ph 2,17; 2 Tm 4,6).
nous. étions captifs,du péché, c'_est.alors que 1;1ous Cette mort, par laquelle il « glorifie Dieu» (Jn 21,
éti(?llS des _mort& (Col-2,13; -cf Ap 3,1)._Maintenant, i:g), lui ·vaut la couronne de vie (Ap 2,xo; -12,n).
nous -sommes des vivants, « revenus de la mort » De. nécessité angoissante, elle est -donc devenue
(Rµi_ 6,13)_ et .o: déliV:Tés des œuVTes mortes ~ (He objet de *béatitude : « Heureux ceux qui meurent
6,1; 9,-14); Comme le Chri~ l'a dit: qui écoute_ sa dans le Seigneur I Qu'ils se reposent désormais de
parole, passe de la· mort à la vie (Jn 5,24) ; qui leurs. peines! n (Ap 14,_13), La mort. des justes
croit en lui,.:q,'_a rien à.craindre de la mort,: fOt:-il est une·entrée dans la •paix (Sg 3,3), dans le repos
mort, il.vivra (Jn'11,25). Tel est.l'enjeu de la *foi. éternel, -dans· la *lumière sans fin. Requiem aete-r-
Au contraire, celui qui.ne croit pas, mourra dans nam dona eis, Domine, :et luz .perp'e_tua luceat 6is /
ses P ~ . (Jn 8 1_21.24), le *parfum.du Christ.deve- L'espoir d'iIJ1:mortalité et de résurrection qui se
nant pour lui odeur de )llOrt (2 Co 2,16). Le drame faisait jour dans l'AT a trouvé maintenant. dans
de l'humanité · aux prise~. avec la .mçirt: se joue le mystère _du Christ, sà base ferme. Car non seu-
ainsi.- dam;. chacune. de nos vies; de_ notre c:tJ_oix: lement l'union à sa mort nous fait vivre actu{;llie-
en face du Cluist,.~t de l'Évangile, -_.dépelld pour ment .d'une •vie nouvelle, mais elle nous donne
nous sbn dénou~ment : . pour les uns,_ la vie_ é~- l'assurance que a: celui qui a ressuscité le Christ
nell~.• car,, dit Jésus, « qui garde ma parole ne verra Jésus d'entre les morts donnera aussi la vie à
jamais la_mort .» (Jn 8,51) ;-pour-les.autres, l'hor- -nos corps mortels» (Rm-8,rr). Alors, par -la résur-
reur de la« secpnde.mort, (~p 2,11; 20,14; __21,8), rection, nous· entrerons dans un monde nouveau
où·_« il n'y aura plùs de ,mort» ·(Ap :z.i,4).-; ou plu-
3.. M oufi~ èhq.que jour; --:-- Cepen~t ·nOtre. ,union -tôt, pour les -élus resSus~ités avec ~- Christ; il n'y
à la. mort du .Christ,. réalisée àacramentellement aura pas de a: seconde mort Q (Ap 20,6;-cf 2,n) ·:
au baptême, doit ê_tre encore actualis~ ·daD:S notre elle :sera, réservée aux réprouvés, .àu Diable, à la
vie de tous les jours. C'est le sens de l'ascèse, par Mort,. à- l'Hadès ·(Ap 21,8; cf 20,10.14).
laquelle nous « mortifions 11 --:- c'est-à-dire : nous C'est· pourquoi, pour le ·chrétien,• .mourir est
«.faisons n:i.ourir 11. en no.us - les œuvres du corps finalement un gain, puisque le Christ est· sa .vie
(Rm 8,13), n95 n;i.~mbres terrestres avec leurs_pas- (Ph -1,21). Sa condition présente, ·qui le -rive à son
sions (Col 3~5). G,'est au~ le sens de tout_ ce qui, •corps mortel,-. est pour lui accablante : il préfé-
en npus, manifeste la .puissance de.}~, mort natu- rerait ta· quitter pour- aller demeurer _auprès du
relle ; ,cax la_ mort a changé_ de sen,s depuis que le Seigneur (2 Co 5~8) ; il a Ml.te de revêtir "le *vêt~-
Christ en. a _fait un instrument de. salut. Que ment de- •gloire des ressuscités~ pour que ce qu'il
l' Ap{')tré: .du Ch;:is~. dans sa faiblesse, apparaisse y a en lui de. mortel soit absorbé par la vie (2 Co
aux homm(::_s.comme un_ m.riurant.(2 Co. 6,9),-_qu'il 5,1-4; cf 1 'Co 15,5r-53), Il désire s'en aller pour
soit sans "esse en péril de_.mort __ (Ph 1,20; 2 Coz,
9s; II,23), qu'il a: meure _chaque jo:o,r » .(1 Co 15,
être· avec le Christ .(Ph. r,23). P.-G
31), ~e n'est ..plus. UJ;i.:SÏ~. de défaite .: il porte --? à.dieux ,-- âme II . 2.3 -
angoi.Sse - bapt:ênie. IV
en,lui la-.mortalité.~_u Christ, pçmr que.la vie de :r.4 - bien &_.mal I 1.4 - calamité-_cendl'"e-chi-
Jésus ~e ,:r;nanifesW .aussi_ dans son corps ;. il est : time-nts x - colère B AT I I - corps ---:-- Corps du
li,vré ~-la mort à.c;_a.use de Jésus, pour que la ~e Christ I ,2,_ II 1 - Croix.- ea'u, II_ 2, IV._:z :-:-- enfers
de Jésus soit rp.anifest~e ~ s ;sa chaiI: mortelle; & enfer - eucharistie IV x - iiomme II 1 c ...,.... J_éaUS
quand la_ mort :(ait son çeuvre _en__ lui,. la .vie _opère Christ 1 ·3,'II x b ~ libératiO?l/liberté'III 2_b ...:._ mala,diè/
guérison O ~ malédiction I - ma'rtyr - Duit AT '3 · -
dans les fidèles (2 Co 4,xoss) .. Cette mort quoti- ombre ·I - péché I :a - persécu.tioil - Prophète AT
dienne _actualise, donc celle de Jésus ~t elle en pro- II-4 - Rédemption_NT·2.3.4 - repos II 2 - Résur-
longe la fécondité dans son corps qui est.l'Église. rection - sacrifice NT I, II 1 -...:.._ semer I 2 b -. sépul-

8o5 806
MORTIFICATION MYSTÎ!:RE

ture - sommeil - souffrance - tristesse AT r; •songes, en visions, ou par l'intermédiaire des


NT I - vie - Yieillesse I. anges (cf 2; 4; 5; 7; 8; 10--12). Nulle sagesse
humaine ne saurait donner une telle connaissance
MORTIFICATION->- croix Il - mort Ill 3.
de l'avenir; mais Dieu est ([ le révélateur des
MURMURE->- désert AT I .z -- incrédulite. mystères » (2,28.47). Il fait connaitre par avance
(( ce qui doit arriver à la fin des jours i, (2,28) ;
et si ses révélations énigmatiques demeurent
incompréhensibles aux hommes, il donne à quel-
ques privilégiés une •sagesse (cf 5,Il), un *esprit
MYSTÈRE extraordinaîre, grâce auxquels K aucun mystère
ne les embarrasse » (4,6), Ce qu'il révèle ainsVce
sont ses *jugements, qui préludent au •salut. Cet
Le terme grec mysterion n'apparaît dans la Bible objet se trouve d'ailleurs enclos depuis longtemps
grecque qu'en quelques livres tardifs (Tb, Jdt, Sg, dans les *Écritures prophétiques : à Daniel qui
Si, Dn, 2 M) ; il a pour arrière-plan l'araméen scrute le Livre de Jérémie, l'archange Gabriel
rtl.z, qui désigne une (( chose secrète » et correspond vient découvrir la mystérieuse signification de
ainsi à l'hébreu classique stJd (les deux termes l'oracle des 70 *Semaines (Dn 9), qui reposè sur
figurent côte-à-côte dans les tex.tes de Qumrân). la symbolique des *nombres. Les Écritures y sont
Dans le NT, ce mot est déjà un terme technique donc traitées de la même manière que les songes
de théologie. Mais comme il était largement ou les visions, qui traduisent ailleurs en symboles
employé dans le milieu hellénistique (philosophie, énigmatiques les desseins secrets de Dieu.
cultes « à mystères », gnose, •magie), il est impor- b) Le Livre de la Sagesse n'ignore pas l'exis-
tant d'en fixer le sens avec exactitude pour en tence de « mystères i) dans les cultes du paganisme'
éviter les interprétations inexactes. (Sg 14,15.23). l\Iais, en accord avec le Livre de
Daniel, il applique le terme aux réalités transcen-
dantes qui sont l'objet de la révélation: les secrets
AT
de Dieu dans la rémunération des justes (2.22),
r. La révélation des secrets de Dieu. - L'idée des les secrets relatifs à l'origine de la *Sagesse divine
secrets de Dieu est familière à Israël dès l'époque (6,22). Ces mystères sont d'ordre sotériologiqw:
des prophètes. ,Ces secrets concernent notamment (le (1 monde à venir ", terme du dessein de saluti
le dessein de salut que Dieu réalise dans l'his- et théologique (l'être intime de Dieu). Ils cor-
toire humaine et qui fait l'objet de la •révéla- respon<lent donc à ceux dont traitent les auteurs
tion : 1c Dieu fait-il quoi que ce soit sans révéler d'apocalypses.
son secret (stîd) à ses serviteurs les prophètes ? )1

(Am 3,7; cf Nb 24,4,16). Cette doctrine classique 3. Le judaïsme extra-biblique


remplit notamment le second Isaïe : le destin a) Apocalypses apocryphes. - Dans la littéra-
historique d'Israël répond au plan divin révélé ture apocryphe, Hénoch, comme Daniel, est censé
d'avance par la •Parole prophétique, et c'est ce "connaitre les secrets des saints» (1 Hen 106,19) ·
qui assure la venue du *salut au terme des •temps il a lu les tablettes du ciel où sont inscrits tous les
(Is 4 1,21-28). Tel est l'antécédent de la notion événements de l'avenir, et il a appris par là l-2
technique et religieuse de « mystère n qu'attestent mystère du destin final des justes (103,2ss) et
parallèlement Daniel et le Livre de la Sagesse. des pécheurs (104,10). Le mystère, c'est donc ici
la réalisation eschatologique du *dessein de Dieu,
2. Daniel et le Livre de la Sagesse notion que retiendront encore les apocalypses
a) Le Livre de Daniel est une apocalypse, c'est- d'Esdras et de Baruch.
à-dire une *révélation des « secrets » divins (rdz : b) Les textes de Qumrdn attachent également une
Dn 2,18s.27s.47; 4,6). Ces secrets ne sont pas, grande importance à la connaissance de ce (( mys-
comme dans d'autres œuvres apocryphes, ceux tère à venir » qui adviendra ~ au jour de la Visite "
de la création ils concement ce qui se réalise et déterminera le sort des justes et des P,.écheur~.
dans le temps, sous la forme d'une histoire suivie, Ils en cherchent la description dans les Ecritures
orientée vers une fin ; autrement dit : les roys~ prophétiques, dont le Docteur de Justice leur a
tères du •dessein de salut. Ces secrets-là sont ins- fourni l'e:xplication, car « Dieu lui a· fait con-
crits dans 1~ ciel, et ils s'accompliront de façon naitre tous les mystères des paroles de St>S servi-
infaillible; aussi Dieu peut-il les révéler, en teurs les prophètes» (cf Dn 9). Il s'agit d'une ex!,:-

808
MYSTÈRE :i.:1vsTERE
gèse inspirée ·qui équivaut à- une. :nouvelle révéla- inexprimable ; il ouvre Une' échappée sur· I'i~fini.
tion: « ,Les derniers teinps_.:seront· plus longs que L'objet qu'il désigne n'est· autre que• celui de
tout ce qu'ont prédit 11;:_s pro~hèt,es, car les mys- !'*Évangile : la réalisation du •salut. par· la •mort
tères de Dieu sont merveilleux ». ;l\'.Iais cet(:e rj3vé- et la *résurrection du Christ, son implantation
latio:a ~st ré_se,rvée à ceux q.ui .marc~ent « da.11s danS l'histoire par la proclamation de la *Pàrolc.
la perfection <le-_ la_ voie » : réyél;~.tion ésotérique, Mais cet objet 'est caractérisé comme un secret
qui ne doit pas ê_tre communiquée aux mécha.nts, diVin, inaccessibl_e' a l'int_elligence humaine' en
aux: hommes du dehors. dehors de la révélation· (cf r Co 14,2). Le mot
conserve ainsi sa :résonance eschatologique ; mais
NT il s'applîque aux étapes successives· à travers
1. L'ENSEIGN"EMENT DE JÉSUS lesquelles le salut annoncé se réalise : la venue
de Jésus ici-bas, _Ie temps de-l'Église, la. consom-
mation des siècles. Tel est le· mystère. dont . la
Les Synoptiques n'emplo_ient qu'une fois le mot connaissance et la contemplation constituent pour
mysterion; l'évangile-de Jean, jamais. ii A vous ;e
une part·l'idéal de tout chrétien (Col 2,2; Ep ·r,
mystère du Royaume de Dieu a été donné; mais 15s; 3,rBs).
pour ceux !'.lu dehorsi tout advient en p~aboles ~
(Mc 4,n p). Ainsi répon4 Jésus. au::,r;; d1sc1ples_ .qut r. Le· déploiement du mystère da·ns 'te temps. -
l'interrogent sur le sens de la parabole du ,Semeur. Dàils les pie mi ères épitres ·-( 2 Th, t Co, Rm),
Il disting\le daµs_ S9n aud,itoire ceux qui _peuvent ces divers aspects du mystère· sont· visés .tour à
entendre le'mystèr_e, e:t «,ceux du d(}"hors )l·que tour. II y a identité entre « l'annonce· du mystère
leur dm:eté de cœur empêche de _comprendre, de Dieu ·» (x Co 2,i, selon ·certains manuscrits) et
selon le mot d'Isaïe 9,gs (Mc 4,12 p).. Pour ceux:-là, la. proclamation de l'Évangile (r,17) de Jésus cru-
la venue· du. ROyaume demeure une énigme, dqnt cifié (cf r,23; 2,2). Tel est' l'obj_et du ·message
l'enseignement en. •paraboles ne,livre pas la clef. apporté par Paul aux Corinthiens, •scandale pour
l\fais aux disciples, « le myStère-~st _dçmné », et les les juifs et *folie ·pour_ les grecs, mais 'sagesse
paraboles; élucidées. ,Le mystère en que~tiç>n, c'est pour c_eux qui croient · (1,23s). Cette •Sages~
donc ,1•avènen_ient du •Royaume, conformément divine qui prend forme de mystère· (2,7) était
au dessein de Dieu at_testé par les anciennes . pro- jusque-là cachée·; aucun des princes _de ce. monde
phéties : Jésus reprend ici. un ,thème central des ne l'avait reconnue ('2,8s) ; mais elle nous a été
apocalypses fnives .. Son· œuvrc .. à lui. consiste à tévélée ·par -l'*Esprit, qui scrute. jùsqu'aux pro-
ins.ta.urer le,-Ro}~aume.-ici-bas. et à révé_ler en ,plé~ fondeurs de Dieu (2,1oss). Inaccessible à'l'homme
nitude les s8crets divins qui le concement et qm psychique laissé à_ ses :s~ules force~ naturell~, elle
étaient « _Cf!,Chés depuis-, _la .fondation du monde » est intelligible _pour l'homme spirituel à qtn ·l'Es-
(Mt 13,35). · Avec lui, .. Ja *révélation. s'achève,_ pdt l'enseigne (2,15}. "To~tefois, c'est aux_« par-
parce que les •promesses s'accomplissent :. .le mys- faits »· seulement (cf 2,6), et· non aux néophytes
tère du Royaume est présent ici-bi:1,s en sa per- (3,IS), tjue' l'Ap6tre, « dispensateur des mystè~es
sonne. Mais ~u même _coup,. l'humanité s,e stjnde de Dieil » (4;1), peut « exprimer en termes _d'es-
en deux : .les distjples. raccueillent ; c, ceux du prit· des réalités d'esprit• ï> · ("l,13), de ·sorte qu'il,s
dehors » y ferm,ent .leur ·cœur. La ,proclamation. du comprennent tous les dons de g~ce (2,12} enfermés
mystère .n'est,donc_pas ésotérique (cf __ Mc 1,15 p; dans ce mystère: L'Évangile est donné à tous,
4,15 p) ; toutefois, le voile des paraboles n'est levé mais lès chrétiens sont appelés' à en approfondir
que· pour ceux qui peuvent entendre (cf Mt I3, progressivement la connaissance.
9.43} .. Pour. ceux-là..même; entrer. dans le mys- Or ce mystère, actuellement à l'œuvre _ici-bas
tè1'.e ,n'est pas affaire d_'inteUigence humaine.; c'est pour le' salut· des croyan-ts, 'est en lutte avec -un
un. don de Dieu. «· mystère d'iniquité " (2 Th 2,7), c'est-à-dire avec
l'action de -·•Satan- qui culminera dans la 1nani-
fostation :de l'*Antichrist. Son déploiement dans
Il. L'ENSRIGNID.ŒNT DE SAINT PAUL l'histoire se fait par des voies paradoxales ; c'est·
ainsi qu'il a fallu l'•endurcissement · d'unè partie
l l faut' se place;._· d~n~ 'la· mêine perspective d'Israël pour. que la masse des païens pût· être
-- celle de l'apocalyptiqtle juive· - pour com- sauVée (Rm n,25) : mystère de l'incompréhen-
prendre les emplois du mot mysterion chez saint sible sagesse divine (n,33) qui a fait toUrner au
Paul. Ce mot en effet suggère une réalité profonde, bien la chute du peuple choisi. Au terme du mys-

809 8io
MYST~RE MYTHE
tère, le Christ triomphera, lorsque les morts res- enfin au oc mystère du Christ» chanté par l'Apôtre
susciteront et que les vivan~ seront transformés des nations. Ce mystère n'a rien de commun avec
pour participer à sa vie céleste (1 Co 15,51ss). Le les cultes à mystères des Grecs et des religions
« mystère de Dieu D englobe toute l'bistoîre sainte, orientales, même si Paul reprend à l'occasion
depuis la venue du Chri~t ici-bas jusqu'à sa Parou- quelques-uns des termes techniques dont ceux-ci
sie. L'Évangile est a la révélation de ce mystère, se servaient, pour mieux opposer à ces aspects
enveloppé de •silence aux siècles étemels, mais particuliers du « mystère d'iniquité » (cf 2 Th
aujourd'hui manifesté et, par des •Écritures qui 2,7} le ·vtai mystère de salut, comme il oppose
le prédisent, porté à la connaissance de toutes ailleurs à la :fausse sagesse humaine la vraie Sagesse
les nations » (Rm 16,25s). divine manifestée dans la •croix du Christ (èf 1 Co
1,17-25).
2.- Le mystère du Christ et de l'Église. - Dans les
épîtres de la captivité (Col, Ep), l'attention de
Paul se concentre sur l'aspect présent du 11 mys-
tère de Dieu » (Col 2,2) : le a mystère du Christ » III. L'APOCALYPSE DE SAINT JEAN
{Col 4,3; Ep 3,4) t'éalisant le salut par le moyen
de son Église. Ce mystère était caché en Dieu Dans l' Apocalypse, le mot mysterion désigne à
depuis les siècles (Col 1,26; Ep 3,9, cf 3,5) ; mais deux reprises la signification secrète des sym-
Dieu vient de le manifester (Col 1,26), de le .faire boles qu'expliquent le voyant (Ap 1,20) ou l'Ange
connaître (Ep 1,9), de le mettre en lumière (3, qui lui parle (IJ,7). Mais il retrouve aussi en deux
9), de le *révéler aux Apôtres et aux prophètes, endroits un sens tout proche de celui que lui
et notamment à Paul lui-même (3,4s). Il fait donnait saint Paul. Au front de •Babylone la
l'objet de l'Évangile (3,6; 6,19). Il est le dernier grande, qui :i;-eprésente Rome, est écrit un nom,
mot du •dessein de Dieu, formé dès longtemps un mystère (17,5) ; c'est qu'en elle est à l'œuvre
pour être réalisé à la plénitude des *temps : dans l'histoire ce « mystère d'iniquité » que Paul
« ramener toutes choses sous un seul chef, le Christ, dénonçait déjà (cf 2 Th 2,7). Enfin au dernier
les choses célestes comme les terrestres » (1,gs). jour, quand le septième Ange sonnera de la trom-
L'apocalyptique juive scrutait les merveilles de la pette pour annoncer le jugement :final, « se con-
création ; la révélation chrétienne en manifeste le sommera le mystère de Dieu, selon la bonne nou-
secret le plus intime : dans le Christ, Premier~né velle qu'il en a donnée à ses serviteurs les pro-
de toute créature, toutes choses trouvent leur phètes D (Ap ro,7; cf r Co 15,20~28).
consistance (Col 1,15ss) et toutes sont •réconci- C'est à cette consommation que l'Église aspire.
liées (r,20). L'apocalyptique scrutait aussi les Déjà elle vit dans le mystère; mais insérée au
voies de Dieu dans l'histoire humaine ; la révé- cœur du oc monde présent )J, elle est encore écar-
lation chrétienne les montre convergeant vers le telée elltre les puissances divines et les puissances
Christ, qui insère le salut dans l'histoire grâ.ce à diaboliques. Un jour viendra où les puissances
son Église (Ep 3,rn) : désormais, *juifs et paiens diaboliques seront enfin anéanties (cf Ap 20;
sont admis au même héritage, membres du même l Co 15,26s) et ott elle entrera dans le « monde
*Corps, bénéficiaires de la même promesse (3,6). à venir». Alors le mystère de Dieu subsistera seul,
C'est de ce mystère-là que Paul a été établi le dans un univers renouvelé (Ap 21; cf I Co 15,28).
ministre (3,7s). En lui, tout acquiert une signifi- Tel est le terme de la révélation chrétienne.
cation mystérieuse ; ainsi l'union de l'homme et BRi & PG
de la •femme, symbole de l'union du Christ et de
l'Église (5,32). En lui, 1~ païens comme les" juifs --+ connaître AT 4 ; NT 3 - Croix I 2 - dessein de
trouvent le principe de l'espérance (Col 1,27}. Dieu - Dieu NT II 3-4 - Esprit de Dieu O - incré-
Qu'il est grand, ce oc mystète de la foi » (1 Tm 3, dulité II - nuée - parabole - présence de Dieu
9), ce« mystère de la piété, manifesté dans la chair, AT II ; NT II - Révélation - royeume NT Il -
sagesse - signe - silence - songes AT - vérité AT
justifié dans }'Esprit, vu des anges, proclamé chez
3 ; NT .2 - voir.
les païens, cru dans le monde, enlevé dans la gloire»
(, Tm 3,16) 1 MYTHE--+ apparitions du Christ 6 - création AT I -
Une progression continue conduit ainsi du mys- figure AT II 1.4 - Résurrection AT I - roi O -
tère envisagé par les apocalypses juives au « mys- temps intr. 1.
tère du *Royaume de Dieu » révélé par Jésus, et

BII 812
N
de ina mère ? Parce.que là.les Israélites devinrent :
enfants nouveau-nés D (Midrash sur Ct 8,2}.
Dans 1••Alliance nouvelle, a.nnoncée:par les pro-
NABUCHODONOSOR • "Babel/Babylone z,s - .phètes, ·Dieu ne se contentera pas de donner au
guerre AT III 2 ;..._ orgueil 2 - puissance IV 2. -peuple .sa; -Loi, il la. gravera. dans le •cœur de
chaque homme, au plus intime.·de lui-même c(Jr
3r,31-34; Dt 30,10-14). Ou-bien,._c'est l'Esprit qui
doit. venir .renouveler -le cœur de l'homme (Ez 36,
NAISSANCE (NOIJVEI.LE) 26s}. Naissance nouvelle encore et source d'une
joie inouïe,.celle qui·« ouvre le sein» dé Jérusalem
et la comble d'enfants. (la 66,7-14);•
Le symbollipne de la· nouvelle, ilaissànce ést. Ull Au . premier siècle de notre· ère, ·le judaïsme
thème assez. coinmun dans les religions de l'hu- n'ignorait pas 1e thème de la -nouvelle naissance.
manité. Ainsi les pratiques, si répandues chez les Lorsqu'un païen se convertissait et, -recevait le
primitüs, qui,foùt de __ l'~ant un _àdulte,_,du_pro- •.baptême des prosélytes, tous les liens antérieurs
fane un initié: comportent. fréquelllmenf des rites étaient censés rompus. -·Poul' signifier cette rup•
faisant rei,asser le (t nouyeau-né D par les_ étap~s ture, on disait.de lui qu'.il était comme.un enfant
de la, p:r:emi~e enfance. De. niême _l'intfonis~_~on -nouveau-né. ·n n'y avait là qu'une métaphore,
royale peut apparat~ coµi~e une nquvelle· nais-, entendue surtout au plan juridique; elle va deve-
sance (Ps, 2,7; qo,3 LXX). M~s dans _la _tév:éla- nir ré"alité ·dans le· NT. · ·
tion .judc§~-chrétienne, ce symboliSJµ.e exprime 4es
réalités d'~ ordre unique .. R Ce qut E?St né de la 2. Paroles àe JAsus. --Dans 1es évangiles synop-
chair est chair_; ce qui est né de l'Espritestesprit • tiques, le Christ ne parle pas de nouvelle naissance.
(Jn 3,6). A la naisa:an.,ce naturelle _de l'homme, le Toutefois, à partir- de Jr ·31 et Dt 30, il compare
NT _oppose une naissance._.~urnaturelle,_ d~t le la Parole de Dieu à une •semence déposée dans le
princip8,est, s'?i~ la •Pa~o,Ie, ~it r•Esprit de Dieu, cœur de l'homme pour y· être principe de vie
et qui .s·e réalise. par ~ •foi et le *bay~e: ' morale nouvelle (Mt 13,18-23 p). Par ailleurs,·• il
enseigne. la. nécessité de'" ·retourner-à l'état:.des
1. Les j,r4pàrations. - L'AT ne parle jamais· de *enfants r,, pour entrer-dans -le royàume des ,cieux
nouvelle naissance pour l'homme : de par sa nais- (Mt 18,3) : comme l'enfant,- l'homme doit accepter
sance naturelle, l'israélite appartenait de plein de tout recevoir de Dieu. Cette ,vérité est ·expli-
droit au peuple de Dieu ; il n'avait donc pas citée dia.ns le rve évangile:« Il faut naître à·nou-
besoin de ·naître à nouveau.-. Ce thème cependant veaù pour entrer dans ·-le royauine des. cieux·· 11
s'enracine profondément dans l' AT. (Jn 3,3.5).
La constitution d'Isra'.ël comme •peuple de Dieu
y _est ·souvent représentée . comme .un véritable 3. La -ri.flexion apostolique
enfantement; Israël est le.« premier-né » de Dieu a) Le ,principe divin. - Toute naissance s'effec--
(Ex 4,22;.Sg 18,13). :Dieu l'a engendré lorsqu'il l'a tue à partir d'un germe de vie qui détermine la
fait sortir. d'Égypte (Dt 32,6.18s), et -la vie-- au nature· de \l'être engendré. POur renaître ·surnà.tu-
•désert fut. comme -sa première enfarice -(Dt: 1,,3r; rellement,'-rhomme doit :donc reeèVoir ·en lui un
32,10; 'Os u,1-5). ·La ~dition,juive a lié plus principe de vie venu·-« d'en haut·», de Dieu.. La
spécialement cette naissance d'Israël au don de-la. tradition apostolique 1'a identifié, soit à la Parole,
•Loi : « Pourquoi appelle-t-on le Sinaï : -Maison Soit à l'Esprit de Dieu.

813
· NAISSANCE (NOUVELLE) NATIONS

La Parole. - Selon Je 1,18.21, Dieu- a nous a universelle ; pourra donc. seul monter au ciel celui
enfantés par sa parole de vérité », qµ'il faut a rece- qui aura reçu en lui ce principe ~ venu d'en haut ))
voir » pour être sauvés. Dans une perspective (Jn 3,3; Je ,,,7) : !'Esprit de Dieu (Jn 3,5), gage
judéo-chrétienne, la •Parole est. encore ici iden- de notre résurrection glorieuse (Rm 8,ro-23).
tique :à la Loi mosaïque (1,22-25), et il est _difficile MEB
de déterminer si l'enfantement dont il ~•agit con-
cerne la constitution par Dieu du peuple saint -+ baptême IV - enfant III - fils de Dieu NT II -
ou la nouvelle naissance du chrétien .. Selon r P grâce V - nouveau - royaume NT II 3 - vie IV 4.
1,22-25, Dieu nous a. réengendrés par sâ Parole
(la prédication évangélique), qu'il a déposée en
nous comme une « semence » de vie et à laquelle
nous· devons obéir. « Comme ·:dës· enfants ,nou- NATIONS
veau-nés ·» (cf Introït de la.-Messe du dimanche
après Pâques), nous désirons le '!'lait de· la ,Parole
qui, doit u6us faire •croître jusqu'au salut (r \.P Dans la per1:1pective de_.l'AT, le genr_e humain
~·.2-). De même, pour Jean : notre nouvelle na~s- se dîvise en. deux parts, auxquelles le langage
sa.nce est l'effet d'u:àe i1 semence » de Dieu déposée biblique tend à réserver. des ~ppellations diffé-
en nous (r Jn·_3,9); le Christ, ·Parµlë de.Dieu (2, rent.es. D'un côté, *Israël, *peuple de Dieu (•am
14; ,5,r8), qtr'il faut:« recèvoir ~ par la foi.· (Jn r, = gr. laos), à qui sont !'*élection,_ !'*alliance, les
i..r2s);- *promess~s divines; .de l'autre~ les nations (goyim
L'Esprit.·- En Jn 3,3ss, ce ,n'~St plus,la Parole, = gr. ethnè). La distinction ,n'est· pas seulem.erit
mais !'•Esprit qui est donné conime·principe·de ethnique ,ou politique, mais avant tout religieuse :
notre J].ouvelle• naissancé, en liaison ai.rec l'eau les nations, ce sont à la fois ceux qui « ne con-
baptismale,- comme en Tt 3,:5. Pour Paul,· c'est na'issent ·pas Yahweh_» (les païen:s). et _ceux qui ne
l'Esprit qui fait·.de nous des Ct. enfants .. de _Dieu » 'participent p.is à• la vie de _son' peuple:·(tes. •étran-
(Rm·8,15s; Ga.4,6). Naissance-par la Parol_e que gers). Dans le· NT, la notion de peuple de Dieu
l'on reçoit g ~ à la foi, ou par l'.Esprit- qùi est éV'olue, s'élargit,' pour devenir l'°•Églisè'. •Corps du
donné .moyennant le baptême, ·ce sont là deux Cl;lriSt., Mais.. en face de ce peuple nouveau, ouvert
aspects complémentaires- · d 1une même réalité, à· ta;us les hommes, l'humanité apparait toujours
puisque -Parole -et Esprit. sont inséparables. :· l'Es- divi~t:i en deux : les *juifs _et les nations '(cf Rm
prit donne efficacité à la Parole. Co,mme la créa- 1·,16;_ 15,'.7-12). 'La dialectique qui se joue entre
tion. (Gn 1,2s; Ps 33,6),. l'œuvre de notre régéné- Israël 'et_·tes nations· rythme 3-insi tout le 'déro_u-
ration. ne saurait se concevoir sans. le, concours lement de l'histoire du salut; D'un côté, 'le .des-
de la Parole ·.et de 'l'Esprit. sein de Dieu s'ins~re dans l'histoire humaine
,b) Vie nO'Uvelle. - . Dans .le NT, la « nouvelle grâce' à l'élection et à la mise à part· 'd'Israël ; de
naissance » .li'est plus une métaphore, mais• une l'autre; cEÎ dessein vise touj~urs à ·sauver l'.hllma-
réalité proforide. -Recréé par.fa Parole.et par !'Es- nité entièrè. pe ce· fait, la perspective oscille cons-
prit, l'homme est devenu ùn être, •nouveau (Tt . tamment entre le particularisme et !'Universa-
3.-5) dont le comportement moral est radicalement lisme; jusqu;à ce que le Christ-vienne réunir Israël
. transformé .. Il a-abandonné le mal (1 P 2,r; Je et l~s. nations .en_ un seul· Homme nouveau (Ep ·2,
r,21), il ne suit plus ses passions .(r P 1,14) mais 14ss).
obéit à la Parole qui lui prescrit l'*amour de ses
frères (r;22s) ;·il ne peut plus pécher contre les AT.
exigences:de:-11amour fraternel {r Jn 3,gs). JI vit 1.. LE MYSTÈRE. DES .ORIG_INES
désormais sous la mouvance de l'Espri_t {Rm 8,
14), greffé sur la "'vie même du Christ (Rm. 6,5). Au point de départ. de l'AT, l'appel de- Dieu
c) Fruits. eschatologiques.- -Devenu *.fi.ls, ·il'peut retentit· dans un monde divisé où s 1affrontent les
prétendre à·. !'*héritage du .Royaume. ,{Jn 3,5; r P races. les ·nations; les cultures. Fait historiqtle
r,3ss; Rm 8,17; Ga 4,7), La semence déposée en fondaDJ.enti!l, qui-pose plusieurs questions : a~t-il
lui est -un germe d'incorrupti9n, puisqu'elle est la été Voulu de Dieu ? et sinon, .quelle ·en est la cause ?
Parole.« qui demeure,éternellement-» (x P r,23ss). La Bible- n'a .pas de- réponse-scientifique à fournir,
Pour monter au ciel, il est nécessaire d'en être ·mais. elle n'en scrute pas moins ce.. mystère origi-
descendu (Jn 3,13) ; ce principe, valable .au pre- nel de la société humaine pour y projeter la lumière
mier chef pour le Fils de l'Homme, a-.une portée de la rév:élation.

815 816
NATIONS NATIONS

1. Unilé el diversité des .hommes. - L'•unité du dictée par; des motifs d'un autre ordre, par la doc-
genre humai~ est sOus-jacen_te aux ,:repr&;enta,tions trine de l'Alliance ·et du dessein de ·salut.-
schématisées de la Genèse. Die~ a fait 4'un_ · seul
principe totlte la ni..ce des _hommé~r (Ac 17,2/5)., Il r. Les nations, adversaires. ·ac Dieu. - En raison
n'y a pas seulement identité de nature abstrait~ ; de sa vocation lla:t:ionale, Israël; est ..,dépositairo de
il y a unité de sang : tolltes les généalogies parteit.t valeurs essèntielles : la connaissance et _le culte
d'•Adam et .È~; a,près le é!,éluge, ·elles ,repartent du vrai Dieu,, !'.espérance du-· -sal:t.1t .enclose dans
de *Noé (Gn·9.i8s), Cependant l'unité_n'eStpasupi- l'-Alliance et les -promesses .. Or sur tout_ ,cela:, -les
formité indistincte. Les hommes doiveùt se mul- nations .font :peser" une double mCnace : celle--de
tipliei et. r'eml}l_ir la tèrre. (Gn 1,28)·:; cela,·sup_pose l'asservissèment politique et celle de-la. séduction
une diversifica.tipn progr~sive des nations et des religieuse. , ., · :
races, que l'Écriturç regarde .comme· voulue de a) Menace. politiqt«:; __ Rares sont 1es siècles où
Dieu {Gn 10; Dt.32,_Ss). Israël ne voit pas S<}n ·existence mena~e. i.:or-
guèil et la .. convoitise _mènent les :i;iation_s ; on
2. Les oonséq_uen~es.: soci~ies du_ ,Péché. -:-, ,L'état s'.aifronte pour-·des questions -de prestige• o_u: po_ur
actuel de l'humanité ne répond pourtant p_as aux la possession des terres. :Pris :dru:is ,les rem ou$ de
intentions div,înes. C'est. que le_ •péché- esfintet- la .politiquJ:! internationale,- Israël. doit. défendre
venu dalls .l'histoire : Adam et Ève ont rêvé de -avec ténacité .le dépôt qui ·lui. est confié,, Il a
" devenir coinme dès dieux n (Gn 3,5) ; les 'horiùnès conn.u l'esclavage d_'_*;Égypte.-Puis les •guerres:de
réunis da.ns ·1e piiys..._de·. shin~ar _ont, voulu., bâ.1;ir Ya~weh l'opp_osen:t aux Cananéens,·-au_x M_adifl,-
« une tour dont· le sommet atteighe les cieux· » nites, aux Philistins... Sous David, 1~ sitµatiori
(11,4). Des deux côtés, mêine déines1fre sacrilège. sc;renver:s€;. pour. un;temps (cf 2.S 8) et .l'empire
Même r:ésult~t aussi, prodamé dans l~s •deux cas israélite jouit-"d'.un ·certain prestige. Mais; rapide-
par un jugem_ent _di:vin (3,14-24; i,r.s-8), L~ · con- ment' les ·chose!:, se ,dégraden~ : hostilité: et . c~m-
dition humain€, telle que rious l'expérimentons, voiti~ des petits royaumes voisins, vol~nté de
en est la consétju~ncè P_ratique._ C'est ;pour<iuof.la *puissance._,des .colosses int_emation~ux,. ,Égypte.
diversification_ de notre ràce, effectuée. dans' le Assyrie, •BaQylone ... ;r,.'.époque royale est ple~e
climat dù péchf,. ~bOutit'..aU;x *1:1:ailil~s SaÛglant~s de, ces affrontements sangla.pts, dont. parfois se
{Caïn· et *Abel : _4,I-16). et à la pei;i;e de l'unité -·découvre le. vrai vis,:i.ge : _comme lors· .d€; rExode
spirituelle_ (confusioxi d_es *lapgues: n,7ss) .. '.:fe1le8 (Ex:,5...:...14), les· nati~ns 01:gueilleuse:s, adoratrices
sont les_,_.conditions_ daD~ lesquelles le.s · nations des· faux -diellX, veulent tenir tête. au Dieu _vivant
naissent 'à l'histoire', aVec la double tare de l'*id<r (2.R 18,33ss; 19,x-;-7.r2-r9),.Le,m.ême fait se retrou-
lâtrie, qui le~ couI}e de D_ieu, et de l'*org,Q.eil_, _qni vera :à l'époque tardive, lorsqu'A,~tiochus. Épi-
les opposer_a entre elleS. !el, est le fon<:1- dè table.au phane e;ntreprendra .. d'h~léniser. la Judée. (J: M
sur lequel se détache .la vocation d 1Abrahi!,t;n .:__ si 1,29-42:). Vus-sous c~t angle,_les rappçirts d'I;uaël
Dieu _le cbc,isit .aù mpieu .des_ ~ati9n~,.Paîennes .et des .nations ne, peuvent. s'établir qu~ .sur D;tl
(Jos ·:z4,~);; (!'est pour, faip~, ,de lui le :père,. d'un .plan d'hostilité.
peuple nouVeau qui -~ra .~on pe;1~pl~, et pour· que b) Sefd-,,,.ctio_n t'_eligieuse . .,.,... Èn face_ du peuple de
toutes les "familles· de fa 'terre soient finalement Dieu, les nations représentent· aussi le paganisme.
bénies ell lui {Gu' 12,1~). · tantôt séducteur et tantôt tyrannique. Issu d'an-
cêtres. idolâ.tr!;:':S (Jos.,2_4,2), Israël n'est que___ tr_op
porté à ,les imiter .. A, l'époq1,1e des J~ges, il :verse
dans !'*idolâtrie cananéem:1e (Jg 2,nss). ~omon.
Il. l~RAÊL __.ET ~ES N~TIO:t-!S: DANS L'HISTOIRE constructe,ur du temi:ile, é.tabli't des sanctu~es
pour_ les dieux· nationaux _des l?ays yoisiru:i {I. ,R
n,5-8) ... Durant_ les· siècles '$uivants,. aux... c~ltes
Israël Jl'igÙOre p3,S sa -pi:i.rènté nâf:ure~le avec· c~r- canap~~ s'ajoutent ce_ux: de .I' •.o\ssyr_ie,.·puissance
taines nations voisines.· Les généalogies--patriar- suzeraine (2 R·x6,to-r8; 21,3-7; Ez 8). A l'époque
cales la soulignent pour· Ismaël (Gn 16)· et Madian des Maccabées, on sera tenté de même par le
(25,1-6), Moab et les Ammonites (19,30-38), les J>aganisme grec, qui aura poi;r lui le prestige de
Araméens (29,1-1•,j.) et lés ÉdOmites (36). A l'époque la .culture, -et q~'AntiochUs Epip~ane s'.effo~era
des Ma~bées, l~s Juifs se chercher_ont même u,.1e d'imposer dans le pays (r M I,43-6x). On s'explique
parenté d1f:race ~V:_ec ~es Spél.~tiates (1_M I2,7.21). dans ces' conditions, ,l~s pre_scripti911s sévères du
Mais l'attitm:le d'_Israël vis-à;-vis' des ?ations est De1,1t~tonome ;: Israël doit se séparer radi.calem~t

8,7 8I8
NA'TIONS NATIONS

des nations étrangères_. pour. n'être· pas• contaminé idéale du dessein de Dieu ·que les prophètes font
par leur .pa.ga.nisnie. (Dt 7,I-8). · entrevoir au terme des •temps. Suivallt les valeurs
qu'elles· représeDtènt, lès ria.tians figurent dan_s ce
2~ ·Les nations· dans le dessein· de Dieu. - On se · ~bleaU: soit pont subir le .*jugement de Dieu, soit
tromperait l,)ourtà.nt si l'on réduisait ·à, cette· atti- po~r ,béné:fi,~er de· son •_Sàlut.
tude d'Oppositioti et· de séparation,la-doctrine de
l' AT ·stai-- les nations:· YahWeh est un Dieu uni ver~ I. jugemènt_ des _patîons. ~ Les_ àracles c6ntre les
sel. dont,elles•-te1èvent toutes··; déjà 'même leurs nàtions. sont classiques chèz ·tous les. prriphètes
prémices s'in:corporent à Israël'.pour lui rendre un (Is. Ij~1; Jr 4~5_1; Ez 25-32). Ils prennent
cültè authentique. 1µ1e signification parti,culière ·1à. basse_ épè>que,
a) Les· nations devant Yahweh. -- YahWeh a lorsque l'écrasement des ·oppresseurs ptlJens appa-
des vues Sur toutes· les nations c~ -c'est lui qui a raît èomm.e la condition ·nécessaire de la libéra-
fait monter les Philistins de Caphtor et-les-Ara- tion d'Israël. Quand vienci.ra'·Son. *Jdur;:Diell bri-
méens· de Qir, comme il fit monter -Israël â 'Égy})te sera_ Gog, roi. de Magog, type de ce_s_ tyrans san-
(Am 9, 7). Certitude importante, qui devrait inter- . ·guinaires (Ez 38-39). · Il' affrontera. toutes les
dire -tout. nationalisme· reli_gieux. Mais en retour, pùissahces ennemies· (Jl · 4,9-i:4; Za 14,1-5.12ss),
le~· nations doivent savoir_ qu'elles sont soumises détruir~ leurs cités (Is 24,7-r3) ·:et. jugera: leurs
coin.me Israël au •jugement du Dieu_ unique (Am roJlJ '{Is_.24,2Îs). L'histo,ire éxCmplaire·de Judith
r,3-2,3). Par ce· dotible biai~, -1' AT affinnè déjà et l'apocalypse de. Daniel sont construites sur ce
l'universalisme du dessein de salut. ·Le.-·rôle des thème (cf pil. .7; n~21-45):,. auqu~l'la p_ersée;ution
ii8.tiorîs· dàns son.·déroulement.derilèure cependant d'~tioch~_ donne une __ actu~té ·tragique.
épis6dique : tantôt' elles Chitient ,·Israël comme
iriStrumeilt de la· ·•colère diVine· ·{Is 8,6s; I0,5; 2:_· Salut 'des· n"aiionS-'°_ --:-- · 'Mais le. d,ip1:yqUe a Un
Jr- 27) ·;· tantôt, cothme Cyrus; ·elles 's·ont chargées autre volet.. En. èffet, le salut final ne sera pas
d'urië. mission _de salut (Is 4r-,r-5·; 45,:t-6). ·!)'autre l'apanag:e exèlusif d'Israël. Si le · péché a_ brisé
p_art; les ·valeurs· hutnaines dont elles. sont: por- d~s- l'origine l'unité dµ ·genre· humain, la Conver-
teuses· ne -sont pas à mépriser : en- elles-mêni.es, .siQll fin_~Je cie.s nationS d9it permettre de la refaire.
ce sont· des ·do~s ·dè Dieu. Israël potlrra donc ·en Les.:V6ici qui arrivent à Jérusalem pour appt~ndre
faite 'Soif pi'Ofit : les Hébreux en fuite dépoUillent
1 la :;Loi de Dieu, _e_t C'est lei iet:our. à la •paix uni-
leS -Ég'yptiens (Ex r2,_35s) ; 'les ·envahisseurs- de verselle' (_Is 2,2ss_) . Elles'Se toume~t ·vers·le Dieu
Canaan ·bénéficient ·de ·sa' civilisation (Dt· 6, ros) ; viyant (Is 45,_I4-I7.20-25) et ·participent à son
chaque 'époque fait -de nouveaux- emprunts à la cU.lte (Is 60,1.:.r6; ·25,6; Za r4,_r6)'. L'Égypte et
culture inte'rnà.tionale (cf 1 -R 5,9-q; 7,13s). l'Assyrie. se convertissent, et Israël leur sert_ de
' b) Les prémicis des nations.•. - Toutes ces ·coo- tr~it ~'.union (Is 19,16-2.5). Mettant :fui à la dis-
pérations au dessein de Dieu restent ri:ialgré tout persion ·de *Babel, Yahweh réunit à11tou.r de ~ui
extrinsèqùes : le·s· llations ne bénéficient pas toutes 'tes· nations. et toutes les •tangues (Is 66,
comme Israël des privilèges divins. Il y a toute- · ~s:21):_ ·. Toùs le~. 'peuples le :feconnaissent, pour
fois dés exceptions. En effet, certains de lelirs •Roi, . tous se .réunissint_ av:ec le peuple d'Abra-
mèmbies offrent à· Dieu un culte juste qu'il agrée : ham (Ps 4 7), tous dOnnent à Sion le titre de_ •Mère
•Melchisédech ,(Gn I4,i8ss), Jé:furo_ ·(Ex; r8;12), (Ps 87). Le •Serviteur de Yahweh jo'ue à leur
Naan;ian (2 R 5,17).;. ·Quelques-uns s'incorporent égard, comme pour Israël, un rôle de •média-
au· pèul)le de l'alliance ·:' Tamai' (Gn 38), _Rahab teur (Is 42,4.6). Ainsi doit se reformer au dernier
(Jr.is 6,25) et Ruth (Rt- I,t6),- ancêtres. de Jésus jour un_. unique peuple de Dieu qui_ retrouvera
~t :t,2-5); le·ctan des GabaonitéS (JOs·g,;r·g-27); l'Ùniversalisme primitif.' Si la Loi donnait à Israël
les *étrangers en résidence· qui se font circoncire une apparence d'exclusivisme, on voit que la pro-
(Ex 1:2;48s;· Nb i5,15s). Arinonèe loin.ta.me de p)létiei_ ;rejoint les perwectives très large1;1 du mys-
l'ùniversalisme auquel Dieu orivrlra :finalement soil tère. originel. · ·
peuple._ ·

rv: .Am1c;:1PATION'S
III. IsRAi!L·ET i.ES NATION'S·DAN'S LA PROPHÉTIE
Le judaÏ$me POstexili~n; hé~tier_ de· fa Loi
La perspective· dè la p~ophétie n'est ·plù:s· ici comme des prophètes,· oscille entre ces deux ten-
commandée par ·l'expérience; c'est la réalisation dances, qui répondent à des nécessités contra.ires.

819 820
NATIONS NATIONS

I. L'exclusivisme.. juif. -,- La première nécessité , ces « brebis perdues », il ne ménage pas son ~mi.-
est la fermeture: au paganisme/ 1a· contàgion de ration aux •étrangers qui -croient en lui : le cen~
sa mentalité et de Ses cµltes n!a".'t-elle pas été la turion de Capharnaüm. {Mt 8,10 p), le. lépreux
cause _de tous les IQ.alheurs passés ? Aussi la -res- samaritain (Le r7,r·7ss), la, Cananéenne· (Mt.-15,
tauration-,_juive, au-. temps de. Néhémie et d'Es- 28).,. Dans le *Royaume de Dieu, .ces •hommes
dras, se fait-el,le -~ans un c_limat de particularisme sont les •prémices ·des natiçms. Or -le développe-
renforcé: (Esd g-ro; N~ ,10; ·13). Sï-1'.esprit. s'élar- ment futur du Royaume en verra le nombre ·s'.1;1,c-
git un pe~ P3f la suite, '.}a crise des temps IDac- ·croitre : on accourra _de,. toutes. parts vers le fe!3tjn
cabée~. provoque un regain de nationalisme reli- eschatol_ogique, tandis que:Ies Is:i;aélites, meml;,res-
gieux, qui persistera encore deuX siècles plus tard nés du Royaume, -s'en-,_verront exclus (Le 13",
dans les sectes·. *pharisienne èt essénie:11-lle,. 28s p) ... ttonnante perspective, oµ-:se trouve ren-
versée l'antjenne situation des ,Juifs-et des nations
2. Le prosélytisnz~'Juif. ---:-MaiS_ à la même époque, par r~pp?rt· aux privilèges de .l.'.Alliance :_ la "'vigne
par un paradoxe qu:expliquent les exigences com- de Dieu sera enlevée aux chefs_ d'Israël et confiée
plémentair<:s de la foi .juive, la. commµnauté d'Is-- à d'autres vignerons (Mt ·21,43).
raël s'ouvre aux païens de bonne volonté plus
qu'elle ne l'a jamais f~it. On censure le chauvi- 2 . .Solution de-l'antinomie. -.II ri.'y a pas contra.-
nisme religieux,_ dont: l'aute:ur d_e Jonas présente diction entre- le particularisme et l'"Q.niyersalisme
une ironique,-caricature. Qn'donne un statut_o:ffi.- de Jésus ... Mais il ._s'adapte aux phas_es successiv'es
ciel aux prosélytes qui ,veulf::!1;1-t s'a~ger_ ~ Israël d'une. sit.uatiQn .qui évolue. ,Aµ· départ, il cher-
{Is 56,r"'.8), _et l'on ,.raconte: .. avec. COJl).plaisance chait ·à convertir Israël ·pour. en _faire le mission
comment ,dans le passé ce_rta~s !'.ont fait ;. R_µth naire· du Royaume, _dans une perspective d 1µni-
la Moabite (Rt r,16), Achior !'Ammonite (Jdt 5. versalisme total C'est pourquoi il 11e SQrtait pas
5-6;20)... Le judaïsme alexandrin se distingue de son peuple. Or l'*endurcisse~ent des, Juifs
sur ce pqint par ses ini_tiatiyes., -Il_ tra~Uit la Bible s'oppose à ce plan. Dieu y adaptera donç le cours
en grec, esquisse Une apologétique dont "le Livre de. son *dessein de salut : rejeté Par son peuple,
de Baruch (Ba 6) et celui de la Sagesse-(Sg 13- -Jésus versera son sang 1C pour une riiultitude,.en
15) conservent des spécimens.. Israël,_a donc,pris rémission des péchés,»· (Mt 2{?,28)~ et .cie sacrifice
conscien~ de sà vocation de peuple •ténioin, de ouvrira l'accès du Royaume .à to:us les hommes en
peuple missionnairet scellant !'*Alliance eschatologique. Après cela, le
genre humain pourra. retrouver son.*unité interne
NT puisque son .. lien-· avec· Dieu sera renoué. C'est
pourquoi, une fois le sacrifice consommé par- -sa
l. JÉSUS ET LJiS NATibNS.,
résurrection glorieuse, Jéslls donnera aux Douze
une *mission universelle : ~cmcer. l'Évangile à
Ave~ Jésus, l~s demitµ°s te~ps so'nt inaugurés toute -créature (Mc .16,15), faire·.des 'disciples de
{Mc r,15)~ On s'attendrait.donc~ le vo~, ·dès.sa toutes les nations (Mt- 28,19), témoigner jusqu'aux
vie publique, _entrer· dans .la voie de ,J'univei:sa- extré~tés d.e la -terre (Ac 1,8). Dans ,la· 11:]ID.ière
lisme, que, les otacles prophétique'.s -lui -oU~ent. pascale, le particularisme juif sera dé:fini.tivement
Or les choses s~ pré~te,:i:t de façon ID:Oins simple. dépassé.

r. Paroles et. attituàes c()ntr.4:sfé,es . ,


a) Comportement~ particularistes. ---:- Même •lors- II. VÉv~GÉLI/5.ATION' DE~ ·NATrnNs
qu'i~ séjourne en ten-e" étrangèré.- Jésu~ ne. sort
pas des_ .lirn.iteS_ du jud~îsme-pour annoncer l'Évan~ 1:' La ~mun_a~té pri~itive et l~ pa~ens . --
gile et accomplir des miracles : « Je Il_'_ai été envoyé a) Élargissement progressif de _l'Église. :--.Malgré
que pour _les_. brebis perdues .de _la maison d'~s- la Signification -qniver.;;;aliste _de la .*·Pentecôte; où
raël l.l _(Mt 15,24) ; . «, Il ne sied. pa~ · de pr~dre le la louange de, D~eu est- .-proclam~: IC dans tou~
pain des· enfants pour le jeter au:X. :chi_ens » (Mc les ~ngµes »-_(Ac 2,~-;II),. J,a,_commun_a~~ primi-
7,27) .. Aux .Douze q,u'il enV:Oie__ .e_n •m~sion, 'il tive se cantolllle· d'abord_ dans ._l'évangélisation
recomQlande_ de même .: « Ne prenez pas ·le !'.!he- d'Israël : c'est de là que le _salu'f.:-doit partif pour
m.in_ des paîens » (Mt, ro,·5s) . · · s'étendre au :IJlonde entier. Mais. soµs l'imptilsi0:n
b) Perspeetives _.uni'l!ersalis'tes. - En. revanche, de l'E_sprit, l'Église sc;irt peu à peu--de ce cercle. :
tandis qu'il__.,se heurte· à _la mauvaise vol~nté de Philippe évangé.lise_ .la Samarie (Ac ,8) ; , Pierre

821 822
NATIONS ·NATIONS
ùaptise le centurion Corneille, un prosél:Yte .qui b) :J.ies ]Uifs," et les ·,uuions ·dans -l'-Église. - En
n'a pas encore été incorporé à Israël par la cir- Jésus-Christ, Tunité humaine est donc restaurée.
concision (Ac rn) ; à Antioche enfin, le Seigneur 11-Ii'y a·pJus· ni Grec, ni. Juif' (Ga:3,28) ;_'.jU:ifs et
Jésu's est annoncé·à des Grecs qui se ccmvertissent païeri.~ sont récb:0:ciliés depuis qu'est· tombé entre
en grànd -nombre (Ac r1,2os).· 4 .vocation "de eux le mur de·•haine. Ils fonnent une seule·*huma-
Paul a ·d'.ailleurs donné ·à l'Église l'instrument-de nité_ no~vene, une Se'ulê constnlètion dont. le Christ
·èbobc.-dont'elie avait besoin pour l'évangélisation
'dt'S ·nations- (Ac 9·,15; 22,15.21; 26,17) c_onfo'rmé-
est la· ·"'pierre'_ d'angle,_ ·'un setil *Corps ·dont _il est
la tête (Ep·2;r1:..22). Ce,mY5tè_re 'd'*unité se iéa-
incnt· aux· prophéties (Ac 13,47; cf Is ·49·,6). • 'lise -dès maintenant ·dàns' l'Église; en attendant
ù) · L.' assemblée ·de. J énisalem .. , ,;_ Cet élargisse- · sa consommatiOil céleste. L'ancien·ne cOùpure''de
meut-·de J!Église pose .i:ln.è ·question fon:dam.entiµe .: l'humanité eil: deux Commande pourtant toujours
,faut:.n a.streindre à la "'Loi juive les·paiens qui ont ~ _dialectigue de _l'histoire sain~. Dans _un pre-
accédé 'à fa foi ?· Lors de l'assemblée dè Jérusalem, mier temps; Dieu a 'écart~ I~ël end~rct à l'excep-
Paul' tient ·boli p~rir qu'on ,ne• leur impose. pas un tion d'un'· •Reste; '•c.'éfalt pour_ procurer le s~lut
fol. joug (Ac· 1,5,1-5; Ga 2) -;--Pierre J'appuie'; et ·aux nations païennes en les greffant sur la souche
Jacques proclame que la conversion des païens est d'Israël ,(Rm n,x-24), et pour _exciter: Ja · jalousie
conforme à: l,'Écriture (Ac· 15,7-:.19). --Ainsi tire- d'IStaël 'afin de l'amener- à,· résipiscenée (n,ÏI) .
. t~on- finalemènt, à la lumière de l'expérience, les Ati "second_ temps, ·qu~nd_ .fa _fotali~. d~s nations
ccJilséquonces '1ogiqueâ impliquées · dans la croix sera entrée dans l'Eglise, tout Israel- sera. sauvé
et la résurrection• ·de Jésus : dans· l'Église,· nou- à son tour (II,25-29). Les Voies divines débouch~nt
veaù "'peuple de· Dieu;· les -nation'g· obtiennent .un sur le salut final de· toutes les nàtions; réunies à
statut •égal à. ·celui ··d'Jsi'aël, et Paul se ·voit con- Istaë~ dans lë peuple· ,de Dieu, (15,~:.ù). ·
•fi.rmé dans. sa vocation ·particulière d' Apôttè · des
· païens '(Ga ·2,7ss).i · ·
III. LA RÉFLEXION' CHRÉTIENNE
2. Paul, Apôtre· "des nations. - V*apostolat 1èle
Paul_ reSpeCte cependant l'Ordre dè ·-choses· qui I. Lès évangile; . .
découle de-l'alliance· ancienne : c'est toujours ·aux a) Les _Synoptiques.- ......:.. Recueillant le5- souvenirs
'Juifs- qu'iJ a1inonce"l'Évangile en· preinièr lieu; il du pàssà.ge de Jésus ici- bas; les tro~s premiers
ne passe_ aux paiens que lorsqu'il s·'est heurté· à évangélistes montrent, chacun· à sa manière, leur
leur re!us··.(Ac 13,45ss; r8;·5s; ·rg,Sss; cf-Rm r.,16 intérêt pçmr lè-salutJ des nations. Chez Marc, tout
·2,1·0}. Mais· par ailleurs, il .explique.- .elaireriienti le récit converge vers l'acte de -foi du centurion
quelle est fa situation des· nations en face de païen au pied de 1~ croix : « Vraiment cet _homm~
l'*·Évangile. : . était :fils de Dieu » (Mc 15,39), Chez Matthieu, qm
ir.).'Les .nativns-·e1t' face de fÉvangile. -:-'- Les souligne la présence des femmes paiennes. dans la
homm.ês issus'·rles nations paiennes -sont, comme généalogie de Jésus·_(Mt··x,2-6),_c:elui-ci se·_revèle
les Juifs, sous· le coup de la ·"'colè_re ,de Dieu . (Rm dès l'enfance comme le 'Roi des nations (2, r-rr) ;
[,IS). Die_u· s'était fait connaître à eux par sa il inaU.gure sori. ministère dans': la. «· -Galilée · des
création (1,19s;· _Ac 14,.17); -et ils l'ont méconnu nà.tions li (4·,x5s); ses derniers .lllots sont un_ ordre
(Hm 1,21s}; il leur avait fait connaître- sa ·Loi d'évangéliser leS nations (28;19); Chez Luc, la
par le .moyen de la conscience (2,14s), et ils se généalogie de Jésus remonte jusqu'à Adam, 'père
i-ont livrés à leurs· convoitises déréglées, en con- de toute la race hum.aine que Jésus vient sauver
séqm,nce d(: 1eur i'd01.1triè (1,24-3'2). Or aujourd'hui, (Le ·3,'23~38) ; ausài _lfl Vieillard Siinéoil salue-t-il
Dieu veut leur faire "'miséricorde comme aux Juifs, en lui.t la: lumièrti,_quî éclaire les·nations et la gloire
si seulement 'ils __ croient à l'Évangilè- {1,16; 3,21- de gon ·peuple' Israël » (-2,3~) ; enfin 1~ ·_double
. :; 1;' · io, 12)_'. Au.X _ùils et é.ux. àutres, la· *foi apporte livre d~ _l'évangile· et ,~es' Acte$ montre'<J.ùe le salut,
ia "'justification:: suiva:iJ.t lè témoignage dè l'Êc;r_i- acquis_ à '"'Jéiusal:em ·par,' le· sacrifice de _J~sus,
türe.· les vrais• fils 'd'•Abraham, *héritiers de la s'_étend ~ pa.r:f:ir de-'là « jU:5qu'aux extrémités de
bénédiction! qui - lui fut" ,promise, ne sont...:m, pia.s fa terr_e » .(Ac _1,8_).· . , ·.- __ ..
1•,eux· _(lui sê réclaril.ent, -dè' là. foi · (Ga '3,6-9) ? ~ b) ~Sa1nl Jean laisse_ mo~ns · paraître cette pré-
pi:."uple _qui bénéficie maintenant. de cett~ *pro- occupation; parce qu_'il songe_:.dav~tage à_la ,des-
messe rnmprénd à· la fois des *c_irconcis• et des tinée· des !'Juifs iilcrédules' (Jn 12,37-43) .. De
incirconcis, -et- c'est ·ainsi· qu'Abraham devient le pehplé· de Di_eu qu'ils étaient, ceux-ci dey~en'nent
µ(•r(.: d'u-lle multitude de nations· {-Rm 4). par leur *endurcissement une nation · analogue
NATIONS NOCES
aux autres (u,48ss; 18,35), En revan,che, du ·NOCES • -Agneau de Dieu 3 - Éptmx/épouse -
vivant •même· de Jésus, .-.on- -.voit., s'approcher .de mariage - repas. III.
lui avec foi des·. hommes qui constituent .les pré-
mices des_.nations (4,53; .12,io-32) .. Sa mOrt1 filla-
lement,. opérera la *réconciliation universelle : il
mourra non seulement pour ,sa. nation, mais .pour NOÉ
rassembler dans l'unité tous les fils de Dieu. dis-
p~rsés (-n,5oss). · La figure de Noé, quoi qu'il en _soit ·de ses lo~-
taines .origines,- représente aux· divers niveaux, de
2. 1./Apo_calyps_e. - _Prophétie chrétienn~, !'Apo- l'Écriture, le ,type de. J'homme-juste -qui échappe
calypse est a~ntive, corn.me les prophètes. d'au- au. *châtiment et bénéficie. du ·*salut. Au milieu
trefois, aux deux. situations des nations .par rap- de l'iniquité qui-détruit le monae,.il émerge comme
port au ciesaein de Di~u. principe d'une.-humanité nouvelle. et devient. par
a)- Jugement, de~ nations .. -hostües. - Comme là .une .préfiguration_:du Christ.
Israël, le nouveau peµple _de Dieu trouve devant
lui -des nations païennes. qui_ lui sç,nt hostiles (cf 1. Les traditions de (a -Genèse. -_Si l'explication
Ap 1_r,2). Tel eS_t le sens de ces •Bêtes_-.qui se :font ·populaire rattache le nom de Noé .(Noab) au-verbe
adorer par" les hommes-,·(13);: -de •Babylone,· _la mt~am (consoler), c'est peut-être par allusion au
prostituée blasphémat;rice, qui se saoule du sang vigneron No'é (q-n 9,2p) dont,- le _*vin conSOle les
des martyrs {17) ... Ces puissances-là mèneµ.t contre honimes de leur pénible travail. (5,29),'·En fait, la
le Christ' la *guerre ,'•eschatologique (17,13s; 19, consolation de Noé vient dc_s paroles par·_les_quelles
19; 20,7ss), car elles sont les dépositaires du pou.. Dieu, après le *déluge, s'engage à ne plus mau-
voir de .•_Satan. C'est' pourquoi elles seront jugées dire la terre (Gn 8,21). -Malgré la bienveillance
et détruiteS, (14,6-n; .18); .elles tomberon-t .dans divine, l'homme peut encore déchoir, tel un _Noé
leur combat contre_ le Christ (17;14; -19,15.20s). ivre, père d'un Cham aux mauvaises mœurs (Gn
b) Salut des nations ~onverlies. - M,ais en :face 9,20-25). A travers ·Cham, C'est Canaan qui est
de l'humanité péchere8$C qui-va ainsi. à Sa ruine, condamné : ses cultes licencieux, associés à
voici l'humanité nouvelle sauvée par le sang· de l'*ivre~, s'opposent •à. ,la vigilance dont Noé
l'Agneau : c'est: une foule de _toutes nations, races, devait ·être le modèle.
peuples et langues (7,9-r7), qui salue ·ell Dieu le En tant que héros du déluge, Noé apparait
*Roi des nations (15;3s) et qui habitera··.pour comme· lè- juste- par :excellence; ·.Sa ·*justice· lui
toujours la ·*Jérusalem nouvelle (21;24ss)'. Le NT vaut œéchapper à. la ruine d'u:n monde condamné
se clôt sur cette vision d'espérance, où· le genre et de· réconcilier avec Dieu là terre· et -ses habi-
humain racheté· retrouve enfin son· unité. ~ 0 Rex tants. La tradition sacerdotale- a vu, dans cette
gentiuni et desideratus earu,n;· lapisque an~lariS, réconciliation une- *alliance,. d'ampleur uniVerselle
qui facis utraque unum; veni et salva hominem (Gn 9), étendue ,à l'ensemble des descendants de
quem de-limo formasti! « 0 Roi .des nations, toi Noé (cf 'Gn·,9,r; 10,32).
qu'ci-Ues désirent I Pierre· d'angle grâce. à·- laquelle
tout se. joint J.-Viens et sauve l'homme que tu,as 2. Les· prophètes et les sages accentuent· diverse-
pétri du· limon! .» (Antienne du 22 décembre). ment la:-.valeur exemplaire des . traits. de Noé. Si
JP 1!,:,PG celui-ci ,apparait .comme- le témoin. d'une . •res-
ponsabilité strictement personnelle devant le jtige-
- Apô~e~ 11·2•-, c;.irco~cision NT 1 .:....:.culte·_N,{II, ment ·{Ez· .14,14), son allia:a,ce avec Dieu demeu,re
III - dispersion.- Égypte .";7 étranger--:- exit.II 2_ 7 cependant le gage d'un~ patiente D?-i~corde (Is
foi AT_ ,III 3,_ IV. 2; NT IH o - Israël_ - . Juif I -
Loi ·A 2. ; C II 2 - . missicm -,-, pénitence/oonyersion
54,9s). Par. delà des jugements temporaires, il y
AT Il 5 ;_ NT III 2 · - PenteCôte II 1. 2 c d - pères aura- toujours. ·un reste épargné: pour assur~ la
& Père,.Il 2.3 - peuple - 'toi AT· l 4 ~·unité - continuation du dessein de s_alut, _Noé ·est le type
visite AT 1; ·· • de ·ce *Reste (Si.. .44-,:r7), qui ·constitue le -peuple
just~ et sera· finalement représ~té· dans la seule
NÉANT ..'.+ cendre - èré~tion AT. 11 3 - déc~tion personne du Messie: Le ·Juste. sauvera le monde
1 1 - idoles U 2 ._ m~sbn~ II I - mort AT I 2.-4, comme jadis Noé au- temps. du délugedorsque. :« l'es-
poir de l'tµiivers se réfogia sur.- un frêle esqu~...
NINIVE~ Babel/Babylone 2.3: ~ cité AT 2 - péni- et laissa . au monde le ·germe d'une.--génération
tepce/conversion ·NT. Il, ,,_ __ nouvelle •li (Sg 14,6; cf -10,49). , '

825 826
NO!l .,_.NOM

3. ·Dans le Nouveau. Testament, Noé -est, d'après nom dit-le ·potentiel social d'un homme, ·au point
l'Évangile, un modèle de la •vigilance ; il a :vécu, que« _nom-.» peut signifier aussi « refrom » (Nb ·16,
à l'encontre de ses contemporains insouciant:S, 2), et qu~être sans nom c'est·être-homme de rien
dans l',attente d'un jugement de Dieu (Mt :z'4, ·(JP 30;8). -En ·revanche, en. avoir :plusieurs, cela
37ss p). Plus clairemen~. encore, l'épître aux · peut•si~ifier rimportance d'un homme-CJ.tii a plu-
Hé~reux .le présente ·comme .le .témoin _de la foi sieurs. rôles .à·. remplir, 'tel- Salorilon nonimé- aussi
en. face .~e pncrédulité ;. le juste qui crut sur la « Aimé de Dieu ·iJ°'(2 .S 12;.25).'
garantie_ de la seule·_parole de Dieu ·,(Hb n,7). Si le nom est la personne même;_agir sur le nom,
·Dans les épîtres de Pierre, ·Noé· apparaît sous· des c'est avoir _p~ sur l'être. Aussi Un recensement
aspects -nouv·eaux.. · Non· Seulement juste en ·1ùi~ peùt-il paraitre signifier un -ass'ervisseIIient des per-
niême;' il est aussi· héraut :de ·1a justice: divine, sonnes (cf' 2· S 24). Changer. Je nom de qu"elqu'Un,
annonçant 8.rix ·hommes l'imminence du juge- c'est lui imposer une nouvelle·personnalité; •signi-
ment• (2 P z,5; cf 3;5). Ce jugement ne pèse que fier qu,'il devient désomiais un· vassal (2 R 23;34;
sur le •monde mauvais. Noé en émerge -comme le 24;_17). Pour marquer qu'il, prend· possession de
type de l'homme sauvé dans .le Christ, puisque leu't vie,- Dieu· cliange ainsi le nom d'Abraham
le salut qui lui est accordé·préfigure le-*sa.lut par ,·(G-n r7>5); de·saraï {17,15rôu de Jacob {32,29). De
les eaux: du .•baptême (t, P 3;2-os). LS mêmè, les noUVeaux -noms donnés Par- Dieu·_ à
Jérusalem pard.Onnée, -Vill~justice, Cité-fidèle, (Is
-·-+_Alliance AT:·11 3--animauxJ 2, Il 3 -coio~be r,26), 'Ville-Yahweh (6o,'4},, Désirée {62,r2), Mon-
3 :--:-· dé(Ug'e -
èau ~I-_2.:~ tglise_II ,:J - élection AT Plaisir (62;.4) expriment la nouvelle· vie-d'une cité
I 3 ~ -I,Oi A _1; BI _Î . - Res~e ~T o -:- salut AT 1
1 7 'vigne 1 - vin_I ,I. où les cœurs sont régénérés pat 1a Nouvelle Alliarice.

· 2. ·Les noms de Dieu. - Dans tous ·les peuple$, le


no'm de· la divinité importait donc 'fort'·; et·si les
Babyloniens allaient jùsqu'à ·donner cinquante
noms à· Ma.I'dou.k;·Ieur dieu ·suprême, pour-cOll.Sa-
crer· sa victoire. lors de la· création,· les Cananéens
NOM inainten.aient caché le nom de leurs divinités sous
AT le· terme générique 'de Ba.al.-« m:attre n (de tel Ou
tel lieu);. , ., • · ·
Loin d'.être une désignation conventionnelle, Ie Chez les Israélites, c'est •Dieu .lui-même qui
nom. exprime pour 'les anciens. le p~le d'un ·être daigna.se nommer. Auparavant, le Dieu de-Moïse
dans l'univers. Dieu, ..parachève la. création en uiétait· connu ,que comme le Dien des.• ancêtres,
nommant les créatures, jour, nuit, ciel, terre, mer · le· Dieu d'Abraham, Isaac et, Jacob. Interrogé,
~(Gn 1,3-IO), en .. désignant chacun des astres .par l' Ange .qui lutta avec - Jacob refusa de dire son
son nom. (Is 40,26), ou· en chargeant Adam de nom (Gn 32,30) ; au père de Samson n'est. liyré
donner un nom à chacun _des animaux. (Gn 2,20). ;qu'une·épithète de ce noin: «.M~eilleux.» (Jg
A leur tour, les hommes donneront volontiers un 13,18). C'est-aussi-par ,des adjectifs,comme u Shad-
nom .signifi.catü aux lieux ·auxquels .se. rattache daï » {celui de la montagne) .. ·ou des expressions
tin é~nement impbrta.nt, fltt"ce ._au prix d'une corilme-« Terreur·d'Isaac »-ou u Fort-dè·Jacob ))
étymologie ét:t'ange, comme Babel·(Gn -11,9). que le Dï'eu d'Israël fut désigné aux temps patriar-
caux. Mais, un jour, à !'Horeb~ .Dieu révéla lui-
-r; Les noms'des hommes.-· Le nom-dOnilé à la même _son: nrim à Moïse.' La formule_ employée est
ilaissance· -exprime ordinairement l'activité ou la coinprisé parfôis comme un refus analogue à
.destinée de· celui qui le porte : Jacob est le Sup- _celui- que l' Ange ftt à J ~b pour ·ne pas se livrer
planteur (Gn 27,36), Nabal est bien.nommé; ·car _ à lu_i : a Je suis qui je suis».~ Je suis ce, que je·suis »
c'est uJJ. Fou· (x S 25·,25) .. Le nom_ peut·aussi évo- {Ex 3,13-16; 6,3). ~ais le texte s~:cré a voulu
quer ..les circonstances de la . naissance ou 'l'avenir dcinner à c.ette formule un sens positif. En. effet,
entrevu pai lès parents : Rachel .niourante appelle d'après le contexte, ce nom doit accréditer près
son enfant .,c fils·,de· ma douleur )1, mais Jacob le .du peuple la mission~. Moïse; « Je-suis m'.~voie
nomme-Benjamin~- ét .fils de ma .droite» (Gn· 35, Vfil"S -vous. », dira Mo~se, .et le peuple viendra
18). Parfois c'est une sorte d'oracle -qui souhaite adorer « il~est » (ou « il fait être »} sur la montagne
pour ·l'enfant l'appui du Dieu d'Israël·:.: Isaïe sainte. De·toute manière, ce nom signifie que Dieu
(Ye§a•-Yahu), (l Que Dieu· sauve l ·)I. Toujours le est •présent parmi son peuple : ·il est •yahweh.

828
NOM NOM

3, Invoquer le J::lom de Dieu. - Si Dieu a .révélé où profane, ce nom, de -Seigneur va dans le NT


eon Nom, .c'est. pour ·qu'on .l'*adore s_ous :ce vrai recevoir sa consécration. HC
no_m, le !3eul authentique_ (cf Ex 3,15). Ce sera
donc le cri_ -de ralliement des tribus pendant et NT
après la conquête (Jg 7,20). C'est le.nom du seul x.· Le_;iom·~u_ Pèr~. - A]à ré~lation_ que Die_u a
vrai Dieu, diront plus. tard les prophètes : «.Av,ant faite de son nom dans l'AT ,correspond, _dans Îe
moi aucun Dieu. n'.a été formé, et H n'y en aura N1'., la_ révélation parîaquelle Jés'us a·féiit con~
point.après moi. C'estinioi, mqi qui suisYahw,ili. » na.ître-_à ses disciples le -~Olll ~ _.son *Père (Jn ·x7,
(ls 43,1os). 6.26) .. E_n se manliestànt l_ui~même comme le
C'est 9-onc le seul nom qui sera,.autorisé sur les •Fils·, il réyèle que Je a Père» ést le nom_quf exprime
lèvres d'Israël (Ex 23,13),)e seul invoqué à Jéru- le· pl~s profondément_ l'être de •Die·u. Cè Père,
salem quand Davicl a:ura fait de la ville la capi- dont le Fils ·est.Jésus (~t 1_1~25ss), étend aussi sa
tale religieuse,_.cai « Yahweh, jaloux est son.nom» paternité .sur tous ceux _qui cx;oient en _sari. Fils
(Ex 34,H), (< Invoquer le nom de _Yahweh )),·_c'est (Jn 20,17). . .· . .
proprement .rendre un *culte à DietJ., l_e _prier : Jésus demande au: Père de glorifier sori nom
on crie son nom, (Is 12,4), on l'appelle (Ps 28,r; (Jn 12_,28) et invite seS_ disciples à_ lui demander
cf 1s 41,25), on en· appelle- à lui .(Ps 99,6): Mais de le *sanctifier (Mt 6";9 p) : ce que Dieu fera en
si Dieu a _ainsi confié .son. nom propre à I_sraël, manifestant _s~_:*gloire et sa._-•puissance (Rm 9,
celui-ci ne_ doit pà.s « prononcer en vain le nom 17; çf Le· 1,49), et eil glôri:fi_:µit 'son Fils (Jn :r_7,
de Yahweh» (Ex 20,7; Dt S-,II) .:. en effet il·n'est 1.5.23s)". Les chrétiens -oi::tt le' devoir de •louer le
pas à sa disposition, en sorte qu'il -en abuse et nom de Dieu (H_e r3,r5} et de prendre _garde
finisse par. •tenter Dieu : ce ne serait ·plus servir que le:ur conduite ne le fasse pas blasp~émer (Rm
Dieu, m~ sè servir-de lui à ses propres fin.s· 2,24;' 2 :J;ni 6,1).
4. Le Nqm, __ o'es~ Dieu m8me . ....:.... Dieu ..s'identifie 2. ·Le -nôm de Jlsus:-'- En faisant appèl· àu nOm
tellement à son Nom qu'en en parlant il se désigne de Jésus, les disciplès *guérissent les malades (Ac
lui-même. C'est ce Nom qui est aimé" (Ps.: 5,12), 3,6;_ 9,34), expùlseD.t les_démons (Mc 9,38; 16,x7;
loué (Ps 7,r8), sanctifié (IS 29;23). Nom··redoù- Le xo,17; ~c 1_6,18; '19,:(ù, 'accomplissent toutes
table (Dt 28,58), étemel•(Ps 135,13), C'est« pour so_rtes de *miràcles (Mt 7,22; Ac 4,30). *Jésus
son grand nom )) (Jos 7,9), à cause de son nom apparaît _ainsi ·tel_ que Son n·o_m l'indique : celui
(Ez 20,9) qu'il agit en faveur d'Israël; cela veut qui. •sauve _.(Mt ·1,21-25), rendant_· la. _santé aux
dire : pour sa *gloire, pour être reconnu grand et infirmes· (Ac 3, 16) ~ais aussi et surtout procurant
saint. le salut éternel 'à ceux qui 'croient en lui '(Ac 4,
Afin de mieux marquer la transcendance du Dieu 7-12; ,5,31; 13;23). ,
inaccessible et mystérieux, le Nam suffit à désigner
Dieu. Ainsi, ,comme pour éviter une localisation 3, Lt1 nom du Sèigneur. - En ressuscitant Jésus
indigne de. Dieu, le. *temple est le ·liell où Dieu et en le faisant asseoir à sa *droite, Dieu lui a
a " fait demeurer son Nom,». (Dt 12,5); c'est là. dOllD.é le Nom au-dessus de tout nôm (Ph 2,9;
qu'on vient en sa présence- (Ex. 34,23), en ce Ep i,2os), un nom nouveau (Ap 3,r2) qui n~est
temple qui «. porte son. Nom.» (Jr. ·7,ro.q).· C'est pas distinct de celui 'de' Dieu (14,1; 22,3s) et par-
le Nom qui, de loin, ...vient passer les nations au ticipe à son -mystère (19~12). Ce Nom ineffable
crible de .la destruction (Is 30,27s). Enfui, dans trouve néanmoins sa traduction ·dans l'appella-
un texte taI'dif·(Lv·24,II-16), "le_Nom =» désigne tion de *Seigneur, qui convient à Jésus ressuscité
Yahweh sans .plus de précision, comme fera plus aù- même ·titre ·qu'à Dieu (Ph 2;ros = ·Is 45,23;
tard le langage·rabbini_que. Par.un i-espect ..tou- Ap 19,13.16 ·= Dt 10,r7), et dans la désignation
jours plu,s accentué, le judaïsme tendra en effet à de·Fils, qu'il ne partage, en Ce sens, ·avec ·aucune
ne plus oser· prononcer le nom révélé à l'Horeb, créature -(He· i13ss; 5,5; cf' Ac• 13·,33; Rm 1,4;
Dans la lecture, il sera remplacé par Elohim, d'après Ps 2,7). ·Les piemiers chrétiens n'hésitent
«Dieu», ou plus souvent-Adonaï, « Mon.Sêigneur ». pas à reporter sur Jésus· 'une des appellations: 'les
Aussi les· Juifs ,qui. traduiront les U,vres saints plus c_aractéristiques du· judaîsme ·pour -parler de
d'hébreu en grec ne transcriront jamais le nom Dieu -: les Apôtres sont dits toùt joyeux d'avoir
de Yahweh mais le rendront par Kyrios, « *Sei- été u- jugés dignes· de souffrir pour le Nom » (Ac
gneur ». Tandis que le nom de Yahweh, sous la 5,41) ; .on ·cite·des missionnaires qui u-· se· sont mis
forme Yaou ou d'autres, passe à un usage *magique en route pour le Nonî-» ·(3 Jn 7).

829 830
NOM NOMBRES

a) La foi chrétienne consiste à « croire que Dieu m1ss10n est divine, son nom vient du ciel, tel
a ressuscité Jésus d'entre les morts "• « •confesser celui de "'Jean (Le 1,13.63). l!ême donné par les
que Jésus est *Seigneur », « invoquer le nom du hommes, le nom est signe d'une conduite de Dieu :
Seigneur»: ces trois expressions sont pratiquement Zacharie (r,5.72 : « Dieu s'est souvenu »), Élisa•
équivalentes (Rm 10,9-r3). Les premiers chré- beth {r,5.73 : 1, le serment qu'il avait juré "),
tiens se désignent volontiers comme 1, ceux qui "'Marie (1,27.46.52 : 1< magnifiée-, exaltée »). En
invoquent le nom du Seigneur i) (Ac 9,q.2r; r Co donnant à Simon le nom de *Pierre, Jésus montre
1,2; 2 Tm 2,22; cf Ac 2,21 = JI 3,5), signifiant le rôle qu'il lui destine et la personnalité nouvelle
ainsi qu'ils reconnaissent Jésus pour Seigneur qu'il crée en lui (Mt r6,r8).
(Ac 2,36). La profession de foi s'impose particu- Le Bon *Pasteur connaît chacune de ses brebis
lièrement au moment du *baptême, qui est con- par son nom (Jn 10,3). Les noms des élus sont
féré au nom du Seigneur Jésus (Ac 8,r6; 19,5; inscrits dans le ciel (Le ro,20), sur le *livre de
r Co 6,n), ou encore au nom du Christ (Ga 3, vie (Ph 4,5; Ap 3,5; 13,8; 17,8). En entrant dans
27), du Christ Jésus (Rm 6,3). Le néophyte invoque la gloire, ils recevront un nom •nouveau et inef-
le nom du Seigneur (Ac 22,16), le nom du Sei- fable (Ap 2,17); participant à l'existence de Dieu,
gneur est invoqué sur lui {Je 2,7}; il se trouve ils porteront le nom du Père et celui de son Fils
ainsi sous le pouvoir de celui dont il reconnaît la (3,12; r4,r) ; Dieu les appellera ses *fils (Mt 5,
seigneurie. 9), car ils le sont réellement (r Jn 3,r). JDI
Chez Jn, l'objet propre de la foi chrétienne est
moins le nom de Seigneur que celui de *Fils : -+ Abraham I 3 - baptême IV 2 - blasphème -
pour avoir la vie, il importe de croire au nom du confession AT 1 - Dieu AT II, III, IV - fécondité
Fils unique de Dieu (Jn 3,17s; cf 1,12; 2,23; 20, Il - femme AT 1 - force I 1 - Jésus (nom de) -
30s; r Jn 3,23; 5,5.ro.13), c'est-à-dire d'adhérer magie 2 c - mémoire I b - pères & Père III 3 -
à la personne de Jésus en reconnaissant qu'il est Pierre (saint) I - présence de Dieu AT I - pr:ière
le Fils de Dieu, que « Fils de Dieu 1) est le nom IV 4 - Révélation AT II 2 ; NT III 1 b - saint AT
I - Seigneur - signe AT II 5 - vocation I - Yahweh.
qui exprime son être véritable.
b) La prédication apostolique a pour objet de NOMADE--,.. chemin - cité AT l - demeurer
publier le nom de Jésus-Christ (Le 24,46s; Ac 4, étranger II -
pasteur & troupeau O - vin I 2.
r7s; 5,28.40; 8, 12; ro,43). Les prédicateurs auro~t
à souffrir pour ce nom (Mc 13,13 p), et ce dort
être pour eux une cause de joie (Mt 5,II p; Jn
r5,2r; r P 4,13-16). L'Apocalypse est adressée à
des chrétiens qui souffrent pour ce nom (Ap 2, NOMBRES
3), mais s'y attachent fermement (2,r3) et ne le
renient pas (3,8). Le ministère du nom de Jésus
incombe spécialement à Paul : il l'a reçu comme Quand on rencontre des indications numériques
une charge (Ac 9,15) et une cause de souffrance dans les livres saints, il faut d'abord vérifier si
(9,16); il remplit pourtant sa mission avec har- elles ont été exactement transmises. Les nombres
diesse et *fierté (9,20.22.27s), car il a voué sa étant jadis écrits en lettres, le texte a pu être
vie au nom de notre Seigneur Jésus-Christ (15, altéré ou mutilé. Ainsi, pour 2 S 24,13, certaines
26) et est prêt à mourir pour lui (21,13). leçons ont lu z (= 7} tandis que I Ch 21,12, texte
c) La vi.e chrétienne est tout imprégnée par la parallèlê:, porte g ( = 3). Une fois le texte assuré,
foi : on se réunit au nom de Jésus (Mt 18,20), il faut encore Jle demander si, dans l'intention de
on accueille ceux qui se présentent en son nom l'auteur, le nombre en question était à entendre
(Mc 9,37 p), prenant toutefois garde aux impos• selon sa valeur arithmétique exacte, ou comme une
teurs (Mc 13,6 p) ; on rend grâces à Dieu au nom approximation, ou encore pour sa signifi?ation
de notre Seigneur Jésus-Christ (Ep 5,2:0; Col 3, symbolique. Il est certain en effet que les anciennes
17), se conduisant de telle sorte que le nom de civilisations sémitiques avaient peu de souci de
notre Seigneur Jésus-Christ soit glorifié (2 Th 1, l'exactitude mathématique, telle que notre civi-
us). Dans la prière, on s'adresse au Père au nom lisation la prise : elles multipliaient en revanche
de son Fils {Jn 14,13-16; r5,r6; 16,23s.26s). les emplois conventionnels et symboliques des
nombres.
4 . Autres noms. - Chaque être porte le nom qui
convient au rôle qui lui est assigné. Quand sa

831
NOMBRES NOMBRES

p.our le Déluge (Gn 7,4), le séjour de I\Ioîse·sur


le Sinaï (Ex 24,18) ;. mais les 40 jours du-voyage
1. APPROXIMATIONS d'.-Élie (1· R :r9,8);-et ·du· jeûne· du Christ (Mc _1,
ET SIGNIFICATIONS CONVENTIONNELLES 13 p) répètent symboliquement les 40 _années d'Is-
raël au désert. Des emplois· semblables sont. à
1, Des 1. chiffres ronùs )) ou «· approximatifs », on mentionner pour, ($"o ~t 80 (Ct 6,8), :100 . (Lv z6,
passe aisé~ent dans .la Bible aux emplois con- 8; Qo 6,3; le centuple de Mt· 19,29)·, tandis que les
ventionnels, qu'il serait ~rrqné d'entendre aµ pied ,70 anciens"·de Nb r1,16.24.se réfèrent-à_l'emploi
de la lettre. Le· :z. peut signifier (1 .qµelques. » (Nb conventionneJ,_de 7 (çf Le .ro,r) .. De:même, ccr~
9,22), et le double, une surabondance (Jr. 16,18; tains emplois du nombre 7o_ (10. fois 7) sont en
1s 40,2; 6!,7; Za 9,12; Ap 18,6). Le 3 est une approxi- rapport avec le. symbolisme de la *semaine et du
mation du nombre n: (1 ~ _7,23) ; pà.r aiµeurs, la •sabbat (Jr 25,rJ; :z Ch 36;:21:; Dn 9,2). ,L~ chiffre
triple _répétition d'un geste, (r R r7,2r) ou d'une .Iooo _~vaque une quantité considérable : Dieu
parole (J:r 7,4) _marque l'emphase, .l'insistanc~,· le fait gr4ce à 1000 générations (Ex 20,6;.Jr 32,18);
a superlatif du superlatif » (Is ,~,3). Le 4 indique pour lui, :rooo ans sont comme un.-jour (Ps 90,4)
la totalité µe l'horizon géographiqµe ,(devant, der- et. un jour auprès de lui vaut mieux qu~ rooo ail-
rière,_ droite et gauche) : les -4 vents.. (Ez 37,9; 1s leu;s .(Ps 84,u). Mais le même chiffre .sert aussi
4
n,12), les fleuve~· _du Paradis (Gn 2,10). Le 5 a à désigner les divisions intérieures des, tribus, et
une valeur mnémotechnique (doigts d'une main) le « millier li se subdivise lui-même convention-
qui peut être à l'origine de certaines prescriptions nellement en centaines, cinquantaines et, ·<;tizaines
rituelles (Nb 7,17.23'.29); mais il. est purement (Ex rS,:zr). _Au-delà, .}a. 'myriade (:10.000) -désigne
approximatif dans Gu 43,34 {la portion de Ben- une quantité-fabule~. (Lv 26,8). De toute-façon,
jaID:in est_« 5 fois_ plus.grande»), µ 12,6 .(« 5 passe- •ces grands noi:nbres ont une valeur hyperbolique,
reaux pour 2 as»; :Mt ro,29 .porte.« 2_passereaux sensible en_ des passages comme Gt1. 24,60 ou
pour 1. a~ »), 1 Co 14,19 (« plutôt 5 mots qui ins- I_ S 18,7.
truisent que .10.000 en langues »). Le 7 suggère
un nombre assez considérable : Caïn .sera __vengé 2. Un pro.cédé original pour marqu~r l'erriphase
7 fois (Gn 4,15), le .juste :tombe 7 fois _le jour (Pr consiste à renchérir sur un nombre en le .faisant
24,16), .Pierre veut pardonner 7 fois {Mt 18,21)- suivre par le nombre qui lui 'est sup_érieur : «Une
et Jésus chasse 7 démons de Madeleine (Mc .16, fois Dien a parlé, deux fois j'ai entendu ». (Ps 62,
9) ; mais ce nombre a un suP8:rlatif ; Lamek ·sera 12). On trouve ainsi-: I + _2• (Jr.3,14; Jb 40,5);
vengé 77,.fois (Gn 4,24) et Pierre devra-pardonner z + 3 (Os 6,2; Jb 33,29; Si. 23',I6) ; .3 +. 4 (Am
77 fois ou_7o_fois, 7·fois.(.Mt_18,22) .. Le ro a·une 1-:z. ;. ·Pr 30,15-33; Si'-. 26,5; cf le ter -quaterque
valeur mnémotechnique (les·. 10 doigts}, . d'où son beati de Virgile) ; 4 + 5 (Is I7,6) ; 5 + 6 (z R
emp~oi _pour les 10 commandements _(Ex 34,28; I3,I9) ; 6 + 7 (Pr 6,x6; Jb 5,,9) ; 7 + 8 (Mi 5,
Dt 4,13) ou les _xo-plaies _d'Égypte (Ex_ 7,14-12, 4; Qo n,2)-; 9 .+ ·ID (Si 25,7). On.. voit que le
29) ; de là découle l'idée d'une quantité .assez procéde est fréquent chez les sages, .le plus sou-
grande :. ;Laban a .tjiangé 10 fois le sal;:Ure de Jacob vent sous la forme d1:1 malal numérique, exposé
(Gn 3r,7) et·Job a_ été insulté-.zo.fois-par ses'amis imagé qui recourt -systématiquement .à. ce- mpde
(Jb 19,3). Le r2 est. le _nombre des .h:znajsons de d'expression.
l'année et suggère ainsi l'idée d'un cy~le annuel
complet : les. r2 préfectures. de Salomon assurent
à, tour de .rôle le rayitaillement. du palais pend~t II. SIGNIPICATIONS SYMBOLIQUES
un J:DOÎs (r R 4;7-:--5,5) ; on a supposé ,qu~ le
nombre des.. -12 tribus. d'Israël .était en rapport L'ancien Orient a fort prisé t'a symbolique· des
avec le service -cultuel dans le sanctuaire commun , nombres. ·E:n Mésopotamie, où les mathématiq'1es
durant les 12. inois. de ·l'année." Le_ 4o désigne étaient relativement d~veloppées, on.. attribuait
conventionnelleiµ.e~t les a.np.ées d'une génération : ~ux dieux_ certains nomb:çes· s_acrés, .Selon "les spé-
40 an:;; de.séjour au-désert (Nb 14,34),, 40 .ans -de culations. py~agoricienµes, I _4::t a ·étaien,t mascu-
tranquil!i~'4 · en Israël après chaque délivrance lµls, J et 4 ~ins. 7 virgimù, etc., Ces. ~nccp-
accomplie par,-. les Juges (Jg 3,11.30; 5,31, .. etc), tions se rencontre:pt quelquefois dans les écrits
40 ans de règne poµr .David (2 S_.'5,4) ... De là juifs et chez les Pères, mais elles sont étrangères
l'id~e ù'une période assez . longue dont on ne à.la.Bible, où,,au.cun chiffre n,'est·sacré perse .. En
connait pas la durée ex~cte.: 40_ jo_urs- et 40 nuits revanche, à partir de ~rtains. empl_ois :qonventjon-

834
NOMBRES ·NOMBRES

·nels ou par· influence latérale des civilisations d'Éliézer, l'intendant d'Abraham : ' + L + Y
environriantes, on y , rencontre en grand nombre + ' + Z + R ~ I + 30 + IO + 70 + 7 +
des,e'mplois symboliques ou même des« gémafrieS ». 200 = 318. On a aussi proposé de voir dans les
3 X -14 générations qui com·posent- la- généalogie
L Emplois-· ·symboliques. - Le 4, Chiffre· de la de Jésus (Mt 1) une gématrie du nom de David
totalité_ cosmique (_qui est· encore _à l'arrière-plan (DWD = 4 + 6" + 4 = q.), superposée à l'emploi
des et 4 vivants_» datis Ez r,,5,;. ; 'Ap 4,6) en vient symbolique du chiffre 7 ·{14- ,.;,,_ ·1 X' 2) : :Jésus
â ·désigner tout ce· qui -a· un caractère·- de pléni- serait ainsi désigné comme (1 triple David ·» .(émi-
tude : 4:fléaux en Ez 14,21; 4· béatitud·es·en Le riemrnè:nt davidide·et'messie). Le cas ·est sûr pour
6,2oss (et 8 e1l Mt 5,1.:.10). fo chiffre ·de 1a· Bête· (666), dans ·Ap t3,18, inême
Le 7 désigne iraditionn·ellement une série• com- si la base du comput prête à discussion. Saint
plète ; 7 aspersions avec· Ie· sang (Lv 4,6.r7; 8, Irén:ée songeait déjà au ·nom_ LATEINOS (30 + r
1i; 14,7;·Nb 19A;_·2 R 5;10), immolation de 7 ani- +
+ ·300 + "5 + :CO + 5.0 + ]o 200) désignant
mau'x (Nb·-28,n; -Ez 45,23; Jb 42,8; 2 Ch 29,2·1). l'empire romain, Atijourd'hui, on croit le ·plus
Tl -s'attache .."volontiers à des objets :sacrosaints : souvent qu'il s'agit de 'Néron César, d'3.près son
'les -7 anges-dé Tb 12;15; les 7 yeux- ·sur la _-pièrre · nom hébreu NRWN QSR (50 '-+ 200 + 6 + 50
en Za 3;9. Il est surtout·le chiffre des jouts· de·la +
+ ·100 + 60 200). En. tout· cas, le·Synibolisme
•s!;!maiile-et caractérise le' •sabbat;· Jour· ~ t par du 6 se s.uperpose à· cette désignatiori cryptique.
excellence (Gn 2,2-). De là les spéculations apo-
calyptiques de· Dn 9;2.24, où les: 70 semaines
d'années (fo jubil~s de 7 fois 7 ans) àboutissent JI!. CONCLUSION, ."
au· _•Jour du salut, iridépendamment de toute
chronologie réelle. · Chiffre dé perfection divisible Un Certain nombre de chiffres bibliquès dOivent
en-3 + 4, le 7-figure à-ce-titre:dans les visions s'~liquer par·le double piocédé des valeurs sym-
prophétiques (Is 30,26; Za 4,2) et surtout les àpo- boliques et des géillatries ; mais très souvent, la
calypses (Ap 1,12.16; 3,r; 4,5; 5,r.6; 8,2; 10,3; ·clef en ·est perdlle pour nous et il ·est· fort '·difficile
15,1; -17,9), mais on mentionne aussi sa moitié, de la_ ·retrouver. Ainsi, les âges· fabuleuX des
3'½· (Dn 7,25; 8,14; 9,27; 12,8.rrs;_ Ap n,2s,gss; patriarches ~ntédiluviens ·(d'ailleurs modestes à
r2·,6;14; ·13,5). A l'invèr'se, 6 (7....:. 1) ·est le type côté de ceux qui figurent dans ·1es légendes méso-
de la, perfection manquée (Ap 13,18 : 666). . potàmiennes) ont probablement une signification ;
Le r2, en·tarit•que chiffre des 12 tribus, est aussi - ·mais elle· n'apparaît ·guère que pour Hénoch, le
un chiffre parfait, qui _s:applique symboliqmyment seul juste de la série,· qui vit 365-ans, chiffre par-
au·peuple de Dieu.- D'où son·emploi significatif fait d'une· année solàire. Peut-être· en est•il de
pour·-les 12 •Apôtres de Jésus_, qui I"egiront -les même ·pour les â.ges des ancêtres d'Israël, le total
12 tribus de !'Israël 'lloU:Veau (Mt .rg,28 p). Aussi des recensés en Nb 1-,46, les 38 ans de Jn 5,5, les
la -•Jérusalem nouvelle de l'Apocalypse a:t-elle 153 gr9s poissOns,de Jn·21,11 ·(peut-être-le-chiffre
12· portes où· sont gravés les noms dés 12 tribus triangulaire de 17 :' l + 2-+ 3 ... + 17 = 153), etc.
(Ap 21,u);;et ·u assises qui portent les noms des - Quoi qu'il en soit, il demeure- ·tertain que les
12 Apôtres {21,14). De même, le peuple ·sauvé est . ·nombres cités , dans les livres• saints ne doivent
au nombre de 144,000, 12 milliers par tribu d'Is- pas toujoùl"s être pris· au pied de la lettre. Pour
raël {7,4-8), _Mais les 12 étoiles qui_ couronnent la en comprendré _la ·portfe; il· faut toujours tenir
*Fem·me (autre symbole de l'humani~ nouvelle) compte dê" l'intention des narrateurs : s'agit-il
pourraient ,faire allusion aux: 12 constellations pour eux de fouinir des chiffres _exacts, ou des
zodiacales (12,1). approximations dont l'exagération .éventuelle a
valeur d'hyperbole, ou des· symbole.S qui. _sortent
2. Gématries. - Oii appelle gimatrie {coiruption de la pul'e' arithmétique ? Dans les livres histo-
dù gr:ge6metria) lin-procédé chet aux anciens selon riètues, -le nombré des cdmbattants ou des pri-
lequel un· èhi_ffrè donné désigne un l:iomrhe ou· un sollniers est très souvent eX:agéré {cf Ex 12,37),
obJet· parce que '·la valeUr numérique .9-es lettres mâis c'est ulle convention du genre, et l'affirma-
qùi_ constituent son nom· correspond au ·nombre . tion de l'hagiographe s'entend en fonctièi1l-d'èlle,
en question. La 'Bible en- offre quelques exemples au-delà. d'une tene)lr• arithmétique_· plus· ·ou moins
certains. · · conventionnelle. Dè même, si· le symbolisme inter-
· LeS 3·18 partisans d'Abraham (Gn 14,14) cor- vient, c'est à la portée des symboles que les auteurs
re"spondent probabte·ment ·au chiffré du nom s'attachent essentiellement. ·
NOMBRES NOURRITURE

Il faut donc voir d~s chaque cas particulier nourrit .de l'herbe .qu'i_l ,trouve. ou. de ·la proie
de quoi il s'agit, pour-éviter, .soit de verser dans qu~il poursuit; l'homme se- nourrit des. fruits èt
une interpréta.tian symbolique intempérante, soit des .plantes qu'il cultive, des bêtes qui lui appar-
de durcir des affirmations qui doivent s'entendre tiennent et qu'il élève : il se nourrit- du produit
de façon souple, soit ·enfin de vider de leur con- de sa culture, de son *travail (3,19), de u· l'œu~e
tenu les-indications données-·par le texte.- Il faut de ses mains » (Dt_ 14,29),
retenir qu'à côté -de leur valeur .numérique, les I-1 y ·a pourtant. risque d'user de cette_, nourri-
chiffres réprésentent assez ·souvent des notions ture avec e:;<:eès et.de.tomber.dans la gloutonnerie
d'un tout autre ordre qui, _plus d_'une fois, échap~ ou l'"'ivresse, qui peÛ.vent conduire à la misère
peut aux· lecteu_rs d'aujourd'_hui., ]dF·._& P(; (Pr 23,20s; 21,17). A l'in,verse, l'homme peut
l'utiliser avec- égoïsme et tomber. dans, le luxe
• mystèi·e AT :z. a_ - semaine 1 - temPs AT II 1·, (Am 6,4-) jusqu'à l'exploitation des pauvres (Pr
III 3. u,26), oubliant que to_ute _nouqiture est *don de
· Dieu. Si une solide tra~tio_n de sage_sse est capable
de maintenir _l'équilibre (Si 31,12.31; 37,27-31_),
de reconnaître à la fois que « le manger et le boire
et le bon temps dans le travail » forment une large
NOURRITURE part du bonheur humain (Qo 2,24; 3,13 etc.), et
que cependant« mieux và.ut ùne portiori. de légumes
avec l'affection.qu'un bœuf. gras avec la haine»
Comme tous les êtres vivànts, l'homme est (Pr 15,17; cf 17,r), c'est ·que jamais._cette. tradi-
obligé de se nourrir •pour subsister, et cette dépen~ tion, même chez le sceptique et méfiant Qohélet,
dance à·1'égard· du·monde est _un signe essentiel n'oublie que « tout cela.vient de la main de Dieu )1
de ·son inconsistance, mais elle est- aussi ·un appel (Qo 2,24); Selon l'Évangile,.·la règle d'or est de
à se nourtj.r de Dieu qui seul a consistance. Pour s'en remettre à la- •Pro_videtlce pour le soin de sa
apprendre à l'homme que· sa vraie nourriture est, nourriture (l\lt 6,2.5-33;' Le r2,2_2-31). Il faut- .donc
comme celle: du Seigneur, la •volonté de son Père chaque jçiur la demander au Père ·céleste dans sa
(Jn 4,34), la Bible lui présente les geste.s de. la prière--{Mt- 6,n; Le n;3).
nourriture à, t.rois, niv:eaux différents, celui de la Pour entretenir -la conscience vivante d'être
création· et de l'obéissance; celui de l'Alliance et ainsi nourri· des mains de- Dieu,- les *sacrifices et
de la foi, celui de l'Évangile et de la charité. lès- offrand~s d'une part, les •interdits· alimentaires
, de l'autre oilt joué- un r6le capital. -Les. -bons
•repas,- les repas de *fête .se célèbrent. une fois
qu'on est monté au sanctuaire immoler une. bête,
1. DIEU .POURV.OIT À. LA NOURRITURE, Offrir les• premiers .épis et les .plus, beaux '\'fruits
DE sEs· cRtATÜRES de la ·récolte. {Dt 16,1-17). L'interdiction des ani-
. maux impurs (Lv- II), fondée sur le· principe
« A peuple ·saint, nourriture sainte il (cf Dt 14,21),
« Je· vous dontie toutes ·les heibes portant maintient; dans la zone si· impotj:ante de. l'exis-
semence... tous les .arbres qui ont des fruits ... tence humaine·qu'est la nourriture-, le respect,de
A toutes,les bêtes sauvages, je ·donne pour nourri- · la volonté souveraine de- Dieu.
ture la·.·verdure des plantes-:." (Gn x,29s) ..Ayant
créé·. l'homme. et l'ayant fait seigneur de la •créa-
tion, Dieu lui. donne- sa nourriture; comme à tout
le monde· animal. Dans cèt â.ge d'9r et de paix II.; :b1iu N•ÙRRIT SON PEU.PLE DE sÀè PAROLE
universelle, ·nul. •animal ne ·mange la chair d'un
autre ; mais quand, après le déluge, · Dieu «· livre Par l'*Alliance, Dieu prend en -chatge l'exis-
entre Jes mains de l'homme » toutes· les .bêtes tence de son peuple. La.•manne, venue« du·ciel »
vivantes pour être sa nourriture, il emploie le (Ex 16,4), nourriture procurée directement par
même langage : ~ Je vo_us donne tout cela au Dieu (16,-r5)· et sur laquelle le.•_travail-·ct les cal-
même titre que la. verdure ·des plantes » (9,2s). culs de l'.homm.e n'ont pas de-prise- (16,43), est'le
Dans ce langage apparaît à la fois la dépendance signe ·dè cette· condition. nouvelle. Mais cette ·con~
de Fhomme par rapport à, la. nature sans laqUe1le dition sU:ppose la •foi,: la •m_anne· est faite_.pour
il ne peut vivre; et son autonomie. L'animal se nourrir le corps et pour ··~ourrir. la foi, pour

837
NOURRITURE NOUVEAU

àpprendre·à Israël·à attendie sà. subsistance·et se (Jn· 6,27; cf Rm -1-4;·17) et propose lui-même sa
·survivanc.e de la parole« qui sort de,la bouche de chair en· vraie nourriture. et. son sang en vrai
-Yahweh i, (Dt 8,3; Sg 16,26; ·cf Mt 4,4) et·procure breuvage (Jn 6,55). -V*Eucharistie, dans laquelle
allégressè- (Jr 15;16). Ses comrilandements sont le. •pain .de la terre devient le corps du ..Christ,
plus doux que le miel- (Ps.·19,xos), 11 ne s'agit rend rhomme, .devenu enfant de Dieu, capable de
plus de se nourrir de diverses !:)Spèces de _fruits, se nourrir, en t_outes circonstances, de Jésus-
mais de· la ·parole• _du Seigneur {Sg ·,16,26}; Aussi Christ, de ses paroles, -de"ses gestes,·de sa vie.
le prophète Êzéchiel '(Ez 3,rss) et !'Apôtre Jean PMG & JG
{Ap xo,8ss), -avant ·de délivrer leur message s'assi-
milent cette ·parole divine so'us le symbole d'un désert AT l .3 - eucharisti~-III 1.z -
--+ a_rbre I -
I'oule"a.u à: avaler. Au temps de l'Alliance nouvelle, faim & soif- goO.ter o - huile 1· - jeûne - lait -
manne - pain - Pro'{idence I - pur- AT I I ; NT
les chrétiens: continueront à se nourrir des oracles II I - repas - sel 2,3 -· travail ·I z, IV· 1.
de•:Dieu (He 5,12ss_;·cf-1 Co 3,rs; 1 P_2;2),.à man-
ger· Un·. aliment spirituel ,et à s'abreuver à ·un
rocher :spirituel qui est le ~hrist (I Co- :10;3s).
NOUVEAU
III. Dt:fi~U, NoURRIT"ÇRE DE SES ENFANTS L'idée de nouveauté s'exprime en grec par deux
tenues différents : neos, nouveau dans le temps,
'Parce. qu!il est •enfant -de Dieu, l'homme peut neuf,· jeune (d'où aussi, sans 1maturité) ; kainos,
à la fois se passer de toutes les nourritures de ce ,no:uveau dans ,sa .nature, donc qua1itativement
monde ·et les utiliser toutes .. « Tue et mange t · », meilleur. Les .deux mots sont appliqués dans la
dit à Pierre. la voix du ciel (Ac 10, 13) : le chrétien · Bible aux réalités du salut. : le premien souligne
ne· connaît plus de distiùction ·entre animaux: leur caractère de -présence ·récente par rapport
*pù.rs .-et impurs; il n'est _plus.« asservi aux élé- au ·passé;. le second, beaucoup plus-fréquent, les
ments du inonde· », il a t<' l'adoption :filiale »· (Ga décrit comme des réalités _tou.t autres, merveil-
4,3s} et tout lui appartient dans l'uniVei-s ( 1 Co leuses, divines, car l'homme et la terre vieillissent
3,22), même les viandes immolées aux *idoles comme un, vêtement (Si -14,1.7; Is 50,9; sx,6), mais
(8,4; 10,26), à condition de se souvenir qu'il appar- en Dieu, rien n'est caduc, .tout-est nouveau_.
tient lui-même au Christ, .comme ·1e .Christ à Dieu
(3,23). Alors, ·quoi qu'il mange_.:ou boive~ tout est
pour lui sourcé ·d'*aetion de. grâces (ro,3os; 1 Tm 1. NOUVEAUTÉ ET SAiN'TETÉ
4,3s),
Or lc·-Christ, pour montrer que Dieu lui -suffit Tou~ la_,cré.ation apparten_ant à Dieu, les choses
et que sa nourritare est. la •volonté de son· Père nouvelles, non encore pmfanées par l'usage, ont
.-un 4,34), •je6ne _quarante jours.et-quarante nuits un caractère sacré : les ·•prémièes des récoltes et
(Mt 4,r-4)'. Ce n'est pas· qu'.il méprise la nourri- les nouveau-nés sont réservés à Dieu (Dt 26,1-11;
ture : il mange ·comme .ses disciples. (Jn 4,3r), il Ex 13,uss} ; certains •sacrifices se font avec des
accepte·.les invitations aux •repas qui lui sont animaux .qui n'ont pas encore· porté le joug (Nb
faites (Mt 11,19), il recommande· à ses ·disciples 19,2;· Dt 2r,3) ; !'•arche doit être transportée sur
de prendre tout ce qu'on leur offre (Le 10,8) : il un chariot neuf avec des:bêtes qui. n'ont pas tra-
multiplie les pains pour empêcher les gens de vaillé (r S 6,7; 2 S ·6,3); et pour SY!l).boliser qu'il
souffrir de la *faim (Mt 15,32 p). Par ce miracle, va. purifier des eaux malsaines, Élisée· se sert
·1e Christ·· montre" ·que le Père, protecteur des d'un vase neuf re·mpli.de sel (2 R 2,20).·La même
oiseaux du ciel (Mt 6,26), prend soin davantage révérence envers le sacré fait employer, pour·ense-
encore de-ses enfants, mais ·il veut surtout ensei- velir .. Jésus, un _tombeau neuf; 11 où personne
gner qu'il· est, lui, -a le pairi. de Dièu, celui qui des- encore·n'avait été·mis n.(Mt 27,60;-Jn 19,4r}.
cend ··du ·cielet qui ·donne la vie au monde n ·un
6,32s). De-même que, dans le.Discours sur la mon- 0

tagne; il-invitait à.« ne pas se •soucier de la nour- II. L'ATT-ENTE DES TEM PS NOU~AU~
riture» (Mt 6,25) et à (f chercher-d'abord le Royaume
de-Dieu··n (Mt.6,33); de mêni.ë il invite ici à *cher- Les Israélites- admirent le renouvellement sai~
·cher autre chose que «·la nourriture périSSable n sonnier·de la création.et l'attribuent au-souffle de

&jo
NOUVEAU NOUVEAU

Dieu (Ps 104,30). Pour les •temps. messianiques, nouveau (u,19; 18,31; 36,26). Enfin c'est la
Us attend,ent de même un renouveau universel; •Sagesse div:ine qui opère le rénouvellemtm.-t de
mais, à la différence de ce qui se passe dàns la toutes choses-; elle se répand dans les *âmes
nature, le tt nouveau " y sera. plus grand que l'an- saintes pour en faire des a.mis de _Dieu..(Sg_ 7,27)_.
cien.
:t. Un nouvel.Exod8. --,-i.e LiVI'e-de,la Conscilation
oppose aux prodiges d'autrefois ceux qui vont se III'. LA _NOUVELLE_ ALLIA~i:E MBSSlANIQUÈ,
produire au retour .de l'*exil (Is 42,9) ; les miracles
de la sortie d'Égypte vont être. surpassés par ceux 1 .. Un ènseignement nouveau. -. Dès le dé~ùt. de
du nouvel ~xode.: -Dieu va·« faire du nouveau... la prédication de Jésus, ses auditeu~ _sont frappés
tracer une route dans le. désert, des sentiers dans par la nouveauté de son •enseignement (Mc 1,
la solitude :i1 (43,19). Par ces. prodiges, Yahweh 27) ; il vient parfaire la *Loi et les •prophètes
reconduira Israël en Palestine (40,3ss) pour y révé- (Mt 5,17) ; il oppose la doctrine des anciens à la
ler sa gloire et établir désormais sa ~ouveraineté sienne {Mt 5,21-48), comme "1ll •v:êteme_nt usé à
sur tous__ les peuples (45;14-17.20-25). Ces réalités un drap neuf, comp1e d~ vieilles outres à un *vin
nouvelles doivent être célébrées avec un chant jeune (neos,. Mt. 9,16s p) .. L'esselltiel de, _la Loi
nouveau (42,10; Ps 149,1), que toute la terre reste acquis, mais il doit être renouvelé par. les
doit entonner (Ps ·96,1). perfectionnements de: l'*Évangile et .l'esprit. nouw
veau du *Royaume ; les disciples· sOJlt comlllè .un
2. La puissance que Dieu déploie _,fait considérer propriétaire u qui tire ,de -.son .tréSor .dti. nouveau
le *salut messianique comme une nouvelle *çréa- et du vieux » (Mt 13,52)~
tion (Is 41,20; 45,8; 48,6s) ; -le Libérateur d'Israël, Le préCepte de la charité .est à la _fois 8.ncién et
c'est son Créateur (43",1.15; 54,5), 'le-Premier et le nouveau·(1 Jn2,7S; 2Jn5): il est ancien, nonp_as
DeI1lier (41,4; 44,6; 48,12). La Palestine de l'ave- en tant que formulé dans la .Loi (Lv 19,18), rµais
nir sera comme un .jardin:·d'Éden (5-1,3; Ez 36, parce que les croyants le possèdent depuis leur
35), que les· prophètes décrivent avec des couleurs conver&ion. Jésus I'.av~it appelé ~ son. précepte »
*paradisiaques·(Is 11,6-9; 65,25; Ez 47,7-12).. Après (Jn 15,r2) : c'est-par là. qu'il.est .un commande-
l'exil, on espère même (Y des cieux nouvea~x et ment nouveau (13,34), car cette charité doit i~ter
une terre nouvelle» (Is 65,17; 66,22). désormais celle du Christ, qui s'est livré pour
npus (13,1;34; x5,x2s) et en qui s'est révélé._l'*amour
3. Une nouvelle alliance. - Plusieurs des .grandes du Père (3,16; 1 Jn 4,9) ,; c'est- un amour entre
réalités de l'alliance ancienne prennent une valeur '!<frères, une participation à l'amour. de •commu-
• figurative et annoncent ·pour les temps à venir nion du Père et du Fils .01' 15,9s; .17,26; 1. Jxi.
une reprise et un:perfectionnement de l'*Allfance. 4,16).
Les prophètes attendent un nouveau •David (Ez
34,23s), un nouveau •Temple (40-43), une nou- 2 •. L'alliance-nouvelle. - A la Cène, Jésus décla.re:
velle *T-erre Sainte (47,13-48.29), une nouvelle « Cette coupe est la nouvelle alli'1n~ en mon· sang
•Jérusalem, dont la; caractéristique sera J'amour qui _va être ·versé. pour vous n (Le .22,,20 p; 1 ·co
éternel de Yahweh (Is 54,u-i7) et sa· •présence n,25). L'alliance du-$inaï avait d,éjà été. scellée
au milieu du.peuple (Ez. 48,35). Sion sera appelée par le sang .des victimes. (Ex 2.4,3-8). L'alliance
d'un· •nom nouveau (Is· 62,2; 65,15) : oil: ne la nouvelle, qui accomplit et perfectionne l'ancienne
nommera_ plus « Délaissée », mais «. Épousée » (H_e 8,1--10, 18), .fut scellée à _la *Croix _par ,le
(Is 62,4). Yahweh et Israël reprendront leurs rela- •sang de Jésus, victime parfaite, Grand Prêtre
tions .d'amour (54,4-10) : «Yahweh.Crée d:u·nou- parfait, *médiateur Q.e la- nouvelle alliance (He
veau sur la·terre: la Femme [Israël] cherche son 9,;i:5; 12,24). La réijlission des l)éphés, annoncée
Mari [Yahweh] .» (Jr·: 31,22.). Cette a11iance se;ra . par les prophètes, est réalisée dans _le sacrifice du
éternelle (Is 55,3; 6x,8). Christ (He ·lo,n-18). Le .sang- de la nouve.lle
Mais ce sera en même temps une alliance• no.u- alliance est donné -dans !'*Eucharistie ; mais le
.velle (Jr 31,31-34), différente de celle du- Sina.î : vin eucharistique n'est ,lui:-même qu'une aùtici-
elle sera caractérisée par la purification 'des péchés pation du vin nouveau qui se boira au ciel au
et par l'intériorité de la *Loi- (Ez 36,26s). Une banquet eschatologique (Mt _26,29 p).
telle· alliance sera •possible parce. que Dieu don- Une autre caractéristique de ,l'alliance nouvelle,
nera à l'homme un *cœur nouveau et. un •esprit préparée. dans J'ancienne (la lof -dans le cœur,
NOUVEAU NOUVEAU
Dt 30,14), c'est qu'elle n'est plus écrite sur des saire au salut, mais aussi la •naissance selon
tables de pierre, mais dans des •cœurs de •chair l'Esprit {Jn 3,5.8), l'œuvre de rénovation de l'Es·
(2 Co 3,3; cf Jr 31,33; Ez 36,26s). Paul souligne prit (Tt 3,5). Le moyen de cette rénovation est
l'antithèse : la Loi mosaïque est l' (1 Ancien Testa- le "'lait de la Parole de Dieu (1 P 2,2), la vérité
ment )1 (2 Co 3,14) ; il oppose la Loi qui tue à qui opère en nous la justice et la sainteté (Ep
l'"'Esprit qui vivifie (3,6), la vétusté de la lettre 4,24), la foi (Ga 5,5s). Ainsi le croyant s'achemine
à la nouveauté de l'Esprit (Rm 7,6). L'alliance vers cette *connaissance qui renouvelle graduelle·
nouvelle est l'alliance de !'Esprit. Ceux qui seront ment en lui l'image de celui qui l'a créé (Col 3,rn).
possédés par !'Esprit parleront en *langues nou- c) A travers le chrétien, l'œuvre de renouvelle•
velles (Mc 16,17; Ac 2,4), c'est-à-dire un langage ment doit s'étendre à l'univers tout entier.,,Lo
céleste inspiré par !'Esprit. Christ a •réconcilié toutes ch.oses avec Dieu "{Col
1,20; Ep r,10) ; toute la *création attend la
3. L'homme nouveau. -Toute l'œuvre de •rédemp- *rédemption (Rm 8,19-23). Mais ce rétablissl'·
tion est un grand renouvellement. Mais la nouvelle ment universel ne sera réalisé qu'à la fin des
création dont parlaient les prophètes se précise temps, dans « les nouveaux cieux et la nouvelle
c'est au premier plan une rénovation de l'*homme, terre, où la justice habitera 1) (2 P 3,13).
et c'est à. travers lui que se renouvellera l'uni-
vers.
a) Le Christ, nouvel Adam, donne la vie à tous IV. LA JÉRUSALEM NOUVELLE
(I Co 15,22.44-49). Par •Adam, chef de l'huma-
tité déchue, l'homme ancien était •esclave du Par son *Ascension, le Christ a inauguré en sa
péché (Rm 6,6.17; Ep 4,22); l'homme nouveau, personne une voie nouvelle et vivante, celle qui
depuis la rédemption, c'est l'humanité rénovée donne accès au sanctuaire céleste (He ro,19s).
dans le Christ. Dans sa propre chair, le Christ a C'est !'Apocalypse qui décrit cette phase finale
créé païens et juifs en un seul homme nouveau du renouvellement eschatologique. La Cité de
(Ep 2,15). A l'imitation d'Adam, cet homme nou- Dieu est la« nouvelle *Jérusalem» (Ap 3,12; 21,
veau est recréé dans la •justice et la •sainteté de 2), rentplie de la *présence de Dieu (Ez 48,35}.
la •vérité (Ep 4 24). Désormais, tous sont un
1 Parée comme une "'épouse, *Demeure de Dieu
dans le Christ (Col 3,n). avec les hommes, elle est la suprême réalisation
b) De par sa régénération, chaq_ue, chrétien, lui de l'Alliance « Dieu habitera avec eux )1 (Ap 21,
aussi, peut être appelé « l'ouvrage de Dieu » (Ep 3). Toute la création y prendra part, car c'est
(2,rn). « Si quelqu'un est dans le Christ, c'est une maintenant qu'apparaissent 11 un •ciel nouveau
création nouvelle ; l'être ancien a disparu, un être et une •terre nouvelle : le premier ciel et la pre-
nouveau est là» (2 Co 5,17; Ga 6,15), La nouvelle mière terre ont disparu )) (2r,1).
•naissance se fait par le •baptême (Jn 3,5; Tt 3, Les grands textes prophétiques sur la rénova-
5), mais aussi par la •Parole de vérité (Je 1,18; tion future réapparaissent ici, chargés de tout leur
1 P :r,23), c'est-à-dire par la •toi, don de !'Esprit sens. Comme autrefois les Hébreux rentrant de
(Jn 3,5; 1 Jn 5,1.4). l'exil (ls 42,rn), les vieillards et les élus entonnent
Paul parle surtout de renouvellement à. propos un cantique nouveau pour célébrer la rédemption
de la sanctification progressive des croyants : enfin accomplie (Ap 5,9; 14,3). Comme les habi-
« L'homme intérieur en nous se renouvelle de jour tants de la Sion messianique (Is 62,2; 65,15), les
en jour» (:2 Co 4,16). Les baptisés doivent se puri- chrétiens vainqueurs reçoivent « un caillou blanc
fier du vieux levain pour être une pâte fraîche portant gravé un •nom nouveau » (Ap 2,17) ; ce
et nouvelle (neos, 1 Co 5,7), ils doivent dépouiller nom aura cette fois un caractère spécifiquement
Je vieil homme, revêtir l'homme nouveau (Col 3, chrétien : le nom de Dieu (3,12), c'est celui de
10; Ep 4,22ss), et vivre une •vie nouvelle (Rm ]'*Agneau et celui du Père, que les élus porteront
6,4). L'•exemple à imiter, c'est le Christ, •image sur leur front (14,1; 22,3s), comme signe de leur
de Dieu {Rm 8,29; 2 Co 3,18; 4,4; Col 1,15). Res- appartenance à Dieu et au Christ. L'Apocalypse
taurer en nous l'image du Créateur (Col 3,rn; se termine sur une vision finale où Dieu proclame :
Gn 1,27), c'est identiquement revêtir le Christ 11 Voici que je rénove toutes choses. Je suis l'Al-

(Rm 13,14). pha et l'Oméga, le principe et la fin » (2r,5s).


Cette transformation est avant tout l'œuvre de Cette dernière page de la révélation Je dit avec
l'Esprit (Rm 7,6; 8,1-16; Ga 5,16-25). Ce n'est pas une clarté parfaite : le fondement de toute nou-
seulement le bain de la régénération qui est néces- veauté, c'est •Dieu lui-même.
NOUVEAU NUÉE

La grande .œuvre de rénovation des créatures, par• une « colonne " qui prend un double aspect, :
c'est l'œuvre. du· salut accomplie par: le Christ : a· Yahweh les précédait, le jour sous . la forme
« Le Christ a apporté.-.toute nouveauté en s'appor- d'une colonne de nuée pou,: leur indiquer_ la route,
tant lui-même-»- (S. Irénée) ; aussi est-ce pendant et la nuit en la forme d'une colonne de "feu P,Our
la semaine pascale, quand elle ~élèbre notre les ~lairer » (Ex 13,21s). -Le_ Seigneur est pr~sent
rédemption, que ·l'Église nous iny~te à-_prier afin à son p<:1uple en :tout temps, afin -qu ·~1_ puis_se
que 11 · purifiés de toute vétusté, nous puissioJls poursuivre sa, mar<;be. Il assure également sa. pro-
devenir -de nouvelles _créatures *' ldlP tection. ·contre ses ennemis ; la colonne modifi.e
son-aspect non plus selon-lé temps, mais sel~ les
-+ acCOinplir - Adam 'II - Al_liance AT III 2 ; _N_T .;_ hommes : « La nuée.·était ténébreuse d'un côté
baptême IV ,J:.3.f - clel_ VI - _cœur II - connaître et lumineuse de l'auti:e.»-(1-4,20) ; il.est même _ques-
NT 3 - création AT III 2 ; NT II - èulte NT Il -
déluge 3 - ensèigner NT 1 2,3; II 2 -:- esprit NT 2 - tion de a colonne de .feu et de nuée. » (14,24),
Esprit de Dieu NT V 3 - eucharistie V ..... Exode manifestant ainsi la double face du mystère divin :
AT 2 - figure AT II 2·..3 - ho_mme III ·_2.3. --:-· image •sainteté inaccessîble aq pécheur, pl'!)_ximité de
IV - Israël AT 3; NT 2.3 -:-· Jérusalem AT III; *grâce pour l'élu. En Dieu, le_s -colltradictions se
NT II .1.3 - ~i B IV.; C -- monde AT 1,11 2.j; résolvent; chez l'homme, elles _e,mpriment la pré-
NT II :2- 1 III 3. - naissance (nouvelle) -·.nOl'l'.l NT sence ou l'absence.-du péch(l. Cette. coexistence de
4 - patrie NT 2 - peuple B ; C - prémices __:_ pro- la· 11.uée et du feu, si chère à la piété mystique, a
messes Il 5 -. prophète AT IV 3 - Résùrrection été reprise daµ.s · la tradition .ult~rif!ui:e -(Dt 1,33;
NT II :2- - Temple NT I, II 2 - temps· AT III :2- ;
NT Ill 1 - terre AT Il 4 ; NT Ill _;. vieillesse 2 - Ne 9,12; Ps .78,14; 105,39; Sg 17,20--:-18,4) : Dieu
vin Il 2 b. a parlé_:non d'une image fal>riquée 'par l'homme,
mais« du milieu du feu, 'de la nuée et des ténèbres »
NUDITt-+ honte I 2 - sexualité I I -:- vêtemen,t. II (Dt 5,22).

2. La nuée et la gloire _de Yah_weh.. - C'est du


Sinaï que Pieu a parlé: ; Une nuée avait recouvert
Nutt la montagi:ie pendant six- jours,. tandis que Yah-
weh descendait en forme de: feq (Ex :I9,1pss).
Selon les traditions· élohiste et sacerdotale, pour
Comme la •nuit ou r•ombre, la nuée peut signi- -lesquelles la. colonne de nuée était « l'Ange de
fier une dOuble expérience religieuse : la proXi- Dieu >l (14,19);, en attendant d'être présence de
mité bienfaisante de Dieu ou le· _châtiment de u l'ESprit saint ... de .Yahweh.» (Is 63,14); la. nuée
Celui qui cache sa face. ·Plus encore·, c'est un.sym- sert .à rehausser la-·transcend_;mce -divine. Il ·n'y
bole privilégié pour signifie.r le mystère de la _pré- a plus feu ·et nuée, mais feu dans la nuée : la nuée
sence divine : elle manifeste· Dieu tout en le -voi- . devient .un voile qui protège la *gloire de Dieu
lant., Le ·symbolisme naturel des nuages, ·.qui faci- contre les· regards· _impurs ; on ne yeut pas, tant
lite la contemplation de la Sagesse toute-puissante marquer une discrimination.entre 1~ hommes que
(Jb 36,zi___:.37,24), dut. aider à traduire l'expé- la distance entre Dieu et l'homme.· Accessible et
rience de ·. la présence divine. Les nuages· off['.ent impénétrable_ à la fois, la µuée pe~et d'atteindre
en effet deux asp·ects principaux,, Légers et, rapides Dieu sans •le *voir face à face, vi_Sion Jllorlelle (Ex
(Is 60,8), ils· sont-.des messagers - parfois illu- 33,20), De la nuée qui couvre_ la montagne, Yah-
soires (Jb 7,9; Os·Q,4; 13,3; .:Jude. :12),. plus sou- weh appelle Moise qui seul peut y pénétrer (24,
vent prometteurs de la pluie bienfaisante (1. _R 14-18). D'autre part, si_.-elle protège la gloire, la
18,44s;, ls· 5,6; "Ps 78,23) .. A.,partir d.e là, on com- nuée la .manifeste aussi : u' La gloire de_,._Yahweh
prend qu'ils_ -puissent devenir « le char de Yah- apparut en forme de_ nuée·», (1!5,IO) ; elle se tient
weh » (Ps· ,·104,3) .. D'autre part, sombres; épais, immobile àJ'entrée de la tente-.de i:éunion. (33,9s)
lourds comme le brouillard, ils- forment un. voile ou détermine les déplacements du_ peuple .(40,34-
opaque autoùr-du ciel (Jb 22,r3s) et de la dem,eure 38). Rejoignant quelque peu le symbolisme pré-
divine· (Ps. 18112), ils couvrent la terre d'une -cédent, elle est 1iée ... à la. gloire qui. est feu (Nb
ombre.te:i:rifiante (Ez' 34,12; 38,9.16), tel.un oura- 9,15) : en· elle bril1ait un feu_ durant la nuit (Ex
gan menaçant {Na i:;3; Jr 4,13). 40,38).
Plus tard, lors. de sa consécratioD. par ·salomc;m,
r. La colonne de nuJe et de, feu.· -. Selon le· réqit le *Temple_ fut.« rempli » par la nuée, par la gloire
yahviste de .. l'Exode, ·les Hébreux-· furent guidés (r R 8,1oss; cf Is 6,4s). Ezéchiel verra cette- nuée
NUÉE NUIT

protégeant la G]oire qui va quitter le Temple fois dans_ la nuée céleste, les disciples savent qu'ils
(Ez 10,3s; cf 43,4), et le judaïsme rêvera de son forment' désormais une communauté avec Jésus
retour avec celui de la Gloire (2 M 2,8). et avec le ciel même, dans la mesure où ils écoutent
sa parole. Selon une autre tradition, comme l'an-
3. Les nuées eschatologiques. - Comme dans les nonçait la prophétie (Is 63,14), la !figure fait
théophanies de l'Exode, le *Jour de Yahweh est place à la réalité, la nuée à !'Esprit. Tandis que
accompagné de nuages et de nuées ; celles-ci signi- les Hébreux avaient été « *baptisés au [nom de]
fient la venue de Dieu comme juge (cf Nb 17,7), Moïse dans la nuée et dans la *mer» (1 Co 10,1s),
soit à travers leur symbolisme naturel, soit à l'aide le chrétien est baptisé au [nom du] Christ dans
de la métaphore du véhicule céleste. C'est par l'Esprit-Saint et dans l'eau. La vraie nuée, c'est
exemple le« brouil1ard épais» (Jos 24,7) qui sert l'*Esprit qui révèle (Jn 14,26), qui dirige {16,13).
à décrire la venue du Seigneur : c'est « un jour de Le ri voile» qui, telle la nuée, couvrait le visage
nuées et d'obscurité » (So 1,15; Ez 30,3.18; 34, de Moïse, rayonnant d'une gloire temporaire, est
12; Na 1,3; JI 2,2). La nuée annonce alors un tombé pour ceux qui se sont tournés vers le Sei-
ouragan (Jr 4,13) qui, passé, laisse le souvenir gneur qui est l'Esprit (2 Co 3,12-18). Il reste
d'un voile derrière lequel Yahweh s'est caché : cependant que l'image des nuées eschatologiques
• Tu t'es enveloppé d'un nuage pour que la prière conserve sa valeur pour signifier qu'au dernier
ne passe pas )) (Lm 3,44). Les nuages peuvent Jour les croyants seront eux aussi arrachés à la
aussi indiquer le temps d'un nouvel Exode bien• terre pour aller au-devant du Seigneur qui vient
faisant (Is 4,5) et assurer l'espérance du salut : (1 Th 4,17; cf Ap 11,12). XLD
« Que les nuées fassent pleuvoir la justice J » (Is
45,8). - A partir de la métaphore qui présentait -,),, Ascension I, Il 4, III - ciel IV - feu AT I 2 -
Yahweh venant sur son char (Ps 104,3), monté1( gloire III 2 - maison II 1 - nuit AT I - ombre -
sur un léger nuage J) (Is 19,1), parmi ceux qui orage - présence de Dieu AT II - Temple AT I I.
forment son escorte (2 S 22,12; Ps 97,2), une image
s'est gravée dans l'apocalyptique : ri Voici, venant
sur les nuées du ciel, comme un *Fi1s d'homme »
(Dn 7,13) dont l'empire ne passera point.
NUIT
4. Le Christ et la nuée. - Avant qu'il vienne sur
les nuées du ciel, le Fils de l'homme est conçu
de la Vierge Marie, recouverte par l'*ombre de L'événement de la nuit pascale est au centre du
!'Esprit saint et par la puissance du Très-Haut symbolisme de la nuit dans J'Écriture. Certes, on
(Le 1,35). Lorsque Jésus est *transfiguré, la nuée y retrouve aussi l'expérience humaine fondamen-
manifeste comme dans l'AT, la •présence de Dieu, tale qui est commune à la plupart des religions :
mais aussi la *gloire du Fils (Mt 17,1-8 p). Elle le la nuit est une réalité ambivalente, redoutable
soustrait ensuite au:x regards des disciples, prou- comme la mort et indispensable comme le temps
vant qu'il demeur~ au cie], au-delà des choses de la naissance des mondes. Quand disparaît la
visibles (Ac 1,9), mais présent à ses témoins (7, *lumière du jour, alors surviennent les bêtes mal-
5s). Comme dans l'AT encore, la nuée sera son faisantes (Ps ro4,20), la peste ténébreuse (Ps 91,
char céleste, quand le *Fils de l'homme viendra 6), les hommes qui haïssent la lumière -adultères,
au dernier *Jour, « avec » ou « sur » les nuées voleurs ou assassins (Jb 24,13-17) ; si bien qu'il
{Mt 24,30 p; 26,64 p). En attendant, le voyant de faut prier Celui qui créa ]a nuit (Gn 1,5) de pro-
l'Apocalypse contemple un Fils d'homme « assis téger les hommes contre les terreurs nocturnes
sur une nuée b1anche » (Ap 14,14) et venant, (Ps 91,5). Il faut aussi le prier quand vient la
escorté des nuées (1,7) : tel est l'appareil du Sei- nuit (Ps 134,2), cette nuit qui, comme le jour,
gneur de l'histoire. célèbre sa louange (Ps 19,3). Par ailleurs, si la
nuit est redoutable parce que le jour y meurt,
5. Les chrétiens dans la nut1e. - Lors de la Trans- elle doit à son tour céder la place au jour qui vient :
figuration, la nuée ne recouvrit pas seulement aussi le :fidèle qui compte sur son Seigneur est-il
Jésus et les personnages célestes, mais aussi les comme le veilleur qui guette l'aurore (Ps r30,6).
di:lciples (Le 9,34) ; elle unit le ciel et la terre, Ces symbolismes valables, ténèbres mortelles et
consacrant le rassemblement des disciples inau- espérance du jour, ne trouvent cependant leur
guré par Jésus autour de sa parole. Entrés une pleine signification qu'enracinés dans une expé-

848
NUIT NUIT

rience unique : la.nuit est le temps où se joua de préféré rester enseveli· dans la nuit du sein mater-
façon privilégiée_ l'histoire du ,salut. nel (Jb 3,·3~10). Mais Ie·psalmiste se retourne sur
sa· couche en pleine nuit :pour appeler lè• Sei~
gneur· :-la nuit appartient· à Dieu (Ps 74,16),,:,qui
AT peut donc en libérer l'homme comme· jadis- au
1. La nuit de· la délivYame. - D'après les diverses temps de l'E:Xode {Ps 6J,7; 77,3; rrg,55). ·« Mon
traditions de !'Exode·, c'est « Vers le .milieu de ·la âme te· désire' la nuit, pour que tu exerces le 'juge-.
nuit» que'Yahweh mit à··exécution le· propos ment » (Is 26,9; èf Ps 42,2). En _prolongCment
qu'il avait formé• de libérer son peuple de l'es- de cette évocation du salut comme une •Iibératio'.n
clavage (Ex n,4; 12, 12.29) ; nuit •mémorable, de l'épreuve" nocturne, les apocalypses ·décrivent
rappelée chaque·. année par une nuit de veille, la *résurrection comme un réveil' après .le •som-
en souvenir de ce. que ·Yahweh lui-même avait meil de 1a· mort -(Is 26,rg; Dn 12,2), un retour -à
•veillé sur Son peuple (12,42). Nuit qui se prolongea la lumière après la plringée dans la nuit totale du
tandis que la· colorine de •nuée·éclairait_ la marche shéol.
des fuyards {13,21s). Déjà ·se manifeste ici· l'am-
bivalence de la nuit : pour les Égyptiens, la· nuée NT
se faisait épaissel semblable à cette nuit, qui
s'abattit jadis sur eux, tandis 'que la lufuière Le psalmiste disait à Dieu : « La ténèbre n'est
éclairait les• Hébreux •(ro,21ss). « Pour tes saints, point ténèbre devant toi; et la nuit est lumineuse
commente· la Sagesse, c'était .la pleine. lumière » ·comme le jour » (Ps 139,12). Cette parOie devait
(Sg 18,1). Puis,'décrivant la nuit unique: «·Alors s'accomplir de·.façon merveilleuse, telle une *nou-
qu'un silence paisible enveloppait_ toutes choses velle •création q>érée par Celui qui a dit : Œ Que
et que la Iiuit pa.rvena(t au milieu de sa cour.se des ténèbres· jaillisse· la lurtlière 1 » (2 ·Co 4,6) · :
rapide,·ta Parole toute-pµissa.nte·s'~lança du trône àvec la •résui'rectioil du Christ, le Jour a jailli
royal» (r8,14s). Faùt-il rapprocher de cet événe- de la nuit, à jamais.
ment nocturne la prière du psalmiste qui se lève à
minuit pour rendre grâce à Dieu de ses justes 1. La nuit et le jour de Pâgues. - Tant qu'il fai-
jugements (Ps ng,62) ? De toute manière la sait jour, Jésus faisait rayonner la lumière de ses
nuit apparait d'emblée comme le temps de œuvres (Jn 9,4). L'*heure venue, il se livre aux
l'*épreuve, mais d'une épreuve dont on est libéré embûches de la nuit (n,ro), de cette nuit où s'est
par le jugement de Dieu. enfoncé le traître Judas (13,30), où ses disciples
· vont se •scandaliser (Mt 26,31 p) : il a voulu
2. Le J QUf et ·la nuit. - Sans cesse Israël rêva du affronter cette « heure et le règne des ténèbres »
•Jour par lequel Yahweh le délivrerait encore de (Le 22,53). La liturgie primitive en conserve pour
l'oppression dans laquelle il se trouvait. Cette jamais le souvenir : c'est « la nuit où il fut livré ))
espérance · était légitime, mais la conduite infi- qu'il institua !'Eucharistie (r Co n,23). Et le
dèle ne l'autorisait pas. Aussi les prophètes en jour de sa mort devient lui-même ténèbres sur
prennent-ils le contre-pied : « Malheur à- ceux qui toute la terre (Mt 27,45 p; cf Ac 2,20 = JI 3,4).
soupirent.après le Jour de Yahweh I Que sera-t-il Mais, à la nuit tombante, « alors que brille le
pour vous ? Ténèbres et non lumière » (Am 5, premier jour de la semaine ,, voici- que jaillit
18), obscurité et •ombre épaisse {So 1,15; JI 2, l'éclair des anges (Mt 28,3), annonçant le triomphe
2). Ambivalence encore, mais inhérente cette :fois sur la nuit. Cette aurore, les disciples l'avaient déjà
au Jour de Yahweh : pour les uns, ce sera une connue quand Jésus les avait rejoints, marcha.nt
nuit ; mais ce sera. une lumière éclatante pour Je sur les eaux déchaînées, œ à la quatrième· veille de
•reste d'Israël,· qui, en attendant, marche à tâtons la nuit » (Mt 14,25 p). Nuit de délivrance que
dans les ténèbres de la nuit (Is 8,22--9,i), mais connaîtront encore les Apôtres miraculeusement
espère encore {cf Is 60,1). libérés de leur prison en pleine nuit (Ac 5,19; 12,
6s; 16,25s). Nuit de lumière pour Paul dont les
3, Dans la nuit de l'ipreuve. - Sages et psalmistes yeux ·sombrent dans la ténèbre, pour se ·ré'veiller
ont transposé dans la vie individuelle l'expérience à l'éclatante *lumière de la foi (Ac 9,3.8.18}.
du jugement divin qui s'opère dans et par la nuit.
Si tu··pratiques la •justice, « ta lumière jaillira 2. u Nous ne sommes p_lus de la nuit» (r Th 5,5). -
comme l'aurore » (Is 58,8; Ps n2,4). Le jour Désormais la vie du croyant prend un sens en
de sa naissance est maudit par Job qui aurait fonction du Jour de Pâques qui ne connaît pas
NUIT NUIT

de déclin. Ce jour brille au fond de son cœur Avec Pierre, illuminé au cours de la nuit où,
il est un « enfant du Jour 11 (1 Th 5,5 ; cf Ep 5,8), selon Luc, le Christ fut *transfiguré (Le 9,32.37),
depuis que, surgi d'entre les morts, le Christ a il trouve dans les *Écritures une lumière, telle
brillé sur lui (Ep 5,14). « Arraché à. la puissance une *lampe brillant dans un lieu obscur, jusqu'à
des ténèbres» (Col 1,13), il n'a plus les 1( pensées ce que le jour commence à poindre et que l'étoile
enténébrées » (Ep 4, 18), mais réfléchit sur son du matin se lève dans son cœur (2 P 1,19). De ce
visage la *gloire même du Christ (2 Co 3,18). Pour Jour qui vient, Jésus n'a pas révélé le moment
•veiller contre le Prince des ténèbres (Ep 6,12), il exact (Mc 13,35), mais il y aura identité entre
doit •revêtir le Christ et ses armes de lumière, ci ce Jour•là » et <i cette nuit-là. » (Le x7,3r.34).
déposer les « •œuvres des ténèbres )J (Rm 13, Le Christ-Époux viendra au milieu de la nuit
12ss; 1 Jn 2,8s). Pour lui, il n'est déjà plus de la (Mt 25,6) ; comme les vierges sages aux lampes
nuit, sa nuit est lumineuse comme le jour. allumées, l'Épouse dit : u Je dors, mais mon cœur
veille » (Ct 5,2). Dans son attente, elle s'efforce
3. Le Jour au milieu de la nuit. - Puisque le de penser à lW jour et nuit, imitant les Vivants
chrétien a été (t amené des ténèbres à l'admirable (Ap 4,8) et les élus du ciel (7,15) qui, jour et nuit,
lumière » (Ac 26,18; I P 2,9), il ne peut être sur- proclament les louanges divines. C'est dans le
pris par le • Jour du Seigneur, qui vient tel un même esprit que !'Apôtre, jour et.nuit, travaille
voleur dans la nuit (1 Th 5,2.4). Certes, présen- (1 Th 2,9; 2 Th 3,8), exhorte (Ac 20,31) et prie
tement, il se trouve encore « dans la nuit: », mais (I Th 3,10). Dès la terre, les serviteurs du Christ
cette nuit « s'avance II vers le Jour tout proche anticipent ainsi, en quelque sorte, le jour sans
qui y mettra fin (Rm 13,12). S'il veut ne pas « se fin où 1c il n'y aura plus de nuit» (Ap 2r,25; 22,5).
heurter aux montagnes de la nuit » (Jr 13,16), RF & XLD
cette nuit , où nul ne peut travailler » (Jn 9,4),
il doit entendre l'appel du Christ à devenir « fils _.., Jour du Seigneur NT III 1 - lumière & ténèbres -
de lumière » (12,36). nuée 0.2 - ombre 0, I - Pâque I 1. 6 c, III 2 - som-
meil - veiller I, III.
0
la création délivrée par l'obéissance de son· Fils
(Rm 8,19-22) .

. OBÉISSANCE IL Î.E DRAME DE LA. DÉSOB:ilSSANCE

1. Dès les origines, •_Adam-désobéit à Dieu, entraî-


Loin d'êtI:e ..contrainte subie et.soumission.pas- nant dans sa rébellion _tous ses descendants (Rm
sive, l'obéiS;Sance, libre adhésion au_ *desselll. de 5,19) et assujettissant la éréation à la vanité (8,
Dieu encore enfermé .dans le •mystère .m,ais pro- 20). La révolte d'Adam montre, par contraste, ce
posé pa.r la •Parole à la ~foi, pe~et à_ l'homme de qu'est l'obéissance et ce que Dieu attend d'elle :
faire de .sa vie, ..un •seririce de Dieu et d'eritrer elle est la soumissiQD de l'hçiq_µne à la •volonté
dans sa joie. de Dieu, l'exécution d'un commandement dont
nous ne \;Oyons pas le sens et le prix,. mais dont
nous percevons le. caractère_ d'impératif divin_. Si
1.: LA CRÊATION OBÉIT À DIEU Dieu. exige notre obéissançe, c'est qµ.'il. a. uri ~es-
sein à· re~plir, uµ univers à. Construire, _et q_u'il
Dans la. *création même, en dehors de l'homme, lui_ faut notre _collaboration, llotre adhési_on dans
apparaît comme un presseD.timent• de -cette obéis- la foi .. La •foi n'est _pas ·r_o'béi~Sance, elle ~ çst
sance et de cette •joiè. QU.e le !?eigneur metfo un le secret; l'obéissance est le signe et le fruit_.· de
croc à B_éhémOth (J-b _40,24) · ·ou fende· Rahab la: foi. Si_ Adam .désobéit, c'est qU'o~bliant la.
(Ps 89,n),. c'est la preuve dè sa +riattrise _souve- •Parole de _Dieu, il a. éccmté la .voix d'Ève et.celle
raine; que Jésus calme la tempête ou expulse les •du tentateur (Gn 3,4ss}. · ·
*démons, c'est la preuve que, tout comme les
démons, . « l_es vents- et la mer _lui obéissent ». (Mt 2·. Pour sauvèr l'hum~ité, _Dieu SlJsc~te _là 'foi
8,27 p; Mc 1,27), et ces gestes de puissance 'pro- d'*Abt'aham _et, pour s'a.S;Surer .de, ~tte., foi, il la
voquent une. •crainte religieuse ; mais' plus q'ue fait passer par .l'obéissance : «. Quitte ton pays •
le •silence de l'univers reconnaissant son maitre, . (Gn 12,1), a Marcp.e en __ma· présencç et sois .par-
ce qui émerveille la .Bible ·et la jette en •action fàit·. » _(17,1), .• Prends WJ,l fils ..._· offi:e-ltr èn holo-
de gràces, c'est l'élan joyeux des créatures accou- causte " .(2~.z). TQute l'.exiSte~ce d'Abraham
rant à la voix de Dieu : K Les •astres brillènt... repose sur 1~ Parole de Dieu, mais coilsta.mµiënt
dans la joie ; il les âppelle et ils disent : 11 Nous cette ,_PaîOle lui impose .d'avanc~r _à. l'~veuglë et
voici l » et ils brillent avec joie pour celui qui les d'accomplir _des gestes dont:le .sens lui échappe.
a cré~ _» (Ba 3,34s; cf Ps 104,4; Si 42,23; _43,13-26). Aussi l'obéissance est-elle pour. lui une_ •_épreuve,
Deva.n,t cette ard~ur d~s créatures_ les _plus belles 11ne tentation .de_ Die_u (22,1,), et ·_pour_ Dieu un
à remplir la. mission, que- Dieu leur assigne dans :témoignage sans. prix : «~une-m'as _pas re_fusé
son univers,.- l'humanité « enfemi.ée_ da.D.S_ la ·déso- ton fils, -t<~n. unique_,i> (22,16). ·
béissance ,i _ (Rm n,32), éyoque .iilconsciemment
et doulour~usement ce qu_'alira_it di'i être SO)l obéis- 3. L'Alliame sup~ exaè~enil;lD.t i~·_même.'dériiar•
sance, _et Dieu lui fait 'entrevoir et espérer Ce que cbe : « Tout ce qu'a di~ Yahweh, no:us le ferons'. et
peut être l'obéissance spontan_ée .et ~D?,e de nous y Obéirons•• rép(?nd I ~ en adhér~t 'au

853 854
OBËIS'sANCE ŒUVRES

pacte que Dieu lui propose {Ex 24,7). L'•Alliance devoirs normauX de l'obéissance aux parents (Le
comporte une charte, la "Loi, une série de com- 2,·Sr), aux autOrités légitimes (Mt 17,27). A sa
mandements et
d'institutions encadrant l'exis- Pàssion, il pousse l'obéissance à son comble, se
tence' d'Israël et destinés à le faire vjvre en livrant sans ·résister à des pouvoirs inhumains et
•peuple de Dieu. Plusieurs de ces dispositions injustes, « faisant à 'travers toutes ses souffrances,
imposent des devoirs d'obéissance aux hommes, l'expérience de l'obéissance » (He 5,8), faisant de
envers les parents (Dt 21,18-21), les rois, les pro- sa mort le •sacrifice le plus précieux à Dien,
phètes, les prêtres (17,14-18,22). Souvent_ ces Celui de l'obéissance (10,5-10; cf 1 S 15,22).
devoirs sont ,déjà inscrits dans la nature de
l'homme, mais la Parole de Dieu, en les incorpo-
rant à son alliance, fait de la soumission de IV. L'OBÉISSANCE DU CHRlhlEN
l'homme ·une obéissance dans la foi. Parce que la
•.fidélité à la ~i n'est vraie que dans l'adhésion Devenu par son obéissance « · le •Seigneur »
'à la parole et à l'alliance de Dieu,'· l'obéissance à (Ph 2,n), revêtu de « tout pouvoir au ciel et sur
ses préceptes n'est pas une soumission d'esclave, la terre» (Mt 28,18), Jésus-Christ a droit à. l'obéis-
mais une démarche d'•amour. Déjà le premier sance de toute créature. C'est par lui, par l'obéis-
Décalogue opère.la liaison:« ... ceux qui m'aiment sance à son Évangile et à la parole de son "Église
{'t gardent· mës- commandements » (Ex 20,6); le (2 Th 3,14; Mt 10,40 p).que l'homme atteint Dîeu
Dcutérono.me la reprend et la développe (Dt 11, dans la foi {Ac 6,7; Rm 1,5; xo,3; 2 Th 1,8), qu'il
13.22) ~ les_psaum~s célèbrctlt'.~ans la· Loi le·gl"and échappe à la-désobéissance originelle et qu'il entre
don d'am'our de Dieu aux: hOmnies ·et la source dans· le "Mystère· du ·salut : Jésils-Chtj.st est
d'une obéissanè'e d'amour {Ps x·g,s..:u; II9). · l'uniqüe ·•Loi d'u chrétien (x Co·' 9;·21). Cette loi
Comprend. atlssi _l'obéissance a·ux autorités humaines
légitimes, pa.rfints··(Col ·3',20), ·maîtres· (3,22); époux
. II!. LE CHR·1sT, ·NOTRE oB~ISSANCE (3,18), pouvoirs· publics, reconnaissant· partout
(( l'autorité de Dieu » (Rm 13,1-7). Mais patoe
l\_lais qui obéit_ à_ Dieti '? -Is_raël ·est ". un:e niaison qu'il n'obéit jamais que pour •servir Dieu, le
n;b~llf »·_(Ez 2,5), «_des ·fils· révoltés» (Is 1,2); chrétien est capable, s'il le faut, de braver un
«·_se glorifiant dans sa Loi, il déshonore· Dieu en ordre injuste et « d'obéir à Dieu plùtôt qu'aux
la transgreSsant )1 (Rril. · 2;23) ; ·il ne peut se :préva- homfD;e_s » (Ac 4,19). CA & JG
16ir d'a_ucUil~· ..sùp,él'iorité ·,sur le j>aïe:O., il est avec
foi « enfermé ·dans la désobéissance »- (3,·10; II, :-+Ab.ra~m I 2-, Il 3 -·À.1Ùance AT:
1J:;,..,.... _autorité -
captivité - (!,essein de Djeu -:-, écouter 1 , - fidélité -
32)._:·•Esclav'e dU •péché, l'homnie, q_ui èependallt foi.- Loi - p~ché I r, IV 3 - _piété AT 2--:-- _servir
y aspire au fOD.d de lui-:lllêm.e, e~tincapable·d'obéir II 2 - Serviteur de_ Dieu III 2 - . stùvre t - vertus
·à 'Dîeti (7,I4). Pour qu'il y parv~eruie, pour qu'il & vices 1 - VOcation - volonté de Oieu.
trouve « la Loi au fond de son être » (Jr 31,33) 1
il faut que Dieu envoie son *Serviteur, que « tous ODEUR -+ parfum.
les ·matins· il éveille [Son] Oreille »' (Is 50,4), afin
·que Celui-:ci, puisse dire : « VOici, je viens.'.. faire
tes· volontés· »_'_ (Ps 40,7sS). ,
sCàn.dale I',-
ŒIÎ.. ~ lumièni. -& tênèbrès AT lI
Silllple 2 _:_ voir.
1.2 ; NT II 3 -

K Dé même ·_que _!)ar la désobéis·sancè_ ·d'Un···se'ul

fa ,m1iltitude a é~.é constituée péChéresse, de même


par l'ob_éissance ~•uxt seul la mU~fitude sera cons-
_ti~uée juste » (~m 5,19). "L'_obéissance•dè •Jésus- ŒUVRES
Christ est notre ·sa1ut et· nous ·donne de retrouver
l;ob,élssarice ·à _Diéu. La'. viè dfl JésuS~Christ fut,
dès. :M· son entrée .dans le riionde ~- (Hj:1' 10i.5) et Le mot œuvres peQt preildre ·. toutes sortes de
« jusqu'à la faort de la croix» (Ph 2;8).,·ob~issance, sens, désigner des actions, des· travaux, 'des pro-
c' èst-à--dire· adhésion à. Dieu· à travers une série ductioJls diverses, et pIUS _spécialement « l'Œuvre
d'intermédiaires : }>eI'Sonnages, événemeri.ts, ins- 'de 'chair D en·'éJ.U:Oi Consiste· la génération. ·Appli-
titutions, _Écri~re~ de . son pe_uple,. •autorités 'c:jué'"à Dieu,· il indique aussi tous •_les aspects de
humaines.. Venu.(/ _pbur, faire non _[sa.) volonté, son- activité externe. Dans· un cas -comme dans
mais la volonté_ de. Celui .qui [l]'a envoyé )r (Jn l'autré, l'œuvre llè peut·être cothprise que,si l'on
'6,38; cf Mt 26,39), il passe toute sa vie dans les remorite 'à l'ou'vriCi qui l'a· 'produite. Et derrière

855
CEUVRES ŒUVRES

toute œuvre humaine, il s'agit -de .4écouvrir le 2.- L'œuvre de Dieu·.daffs ·la·création. -· Dès·les
premier-né de. la création: le._propre Fils.de-Dieu, origines, Israël dut: admirer « celui .qui -fit le .'ciel
t,, qui_ elle se rattache et. qu'elle :veut exprimer à , et la·terre n -(Gn r4",x9), « les Pl_éiades et Oriori ... ,
sa manière, qui a formé les montagnes et le· vent.» (Am ·5,8_;
4,13). Mais c'est· avec l'exil---seulement que la
AT *création devient un ·niotif . de confiance 'dans le
Seigneur de l'histoire : cette œuvre stable, majes-
I. L'ŒUVRE DE DIEU tueuse~ puissante, n'est~elle pas le_gage-de la puis-
sance et.·de· la fidélité de Dieu (Is 40,uss) ? On
Avant .tout développement, il fa.~t remarquer le loue pour tout ce qui est « ouvrage de- ses
que les œuvres de .*Di.eu (ma'asè~ yahweh) ne_s'in- mains 11 : les cieux (Ps :19,2) etla. terre (102,.26),
eèrent pas ,c;tans -.u,:à.e histoire-cadre,_ mais_ consti- l'hoinme établi sur la création entière (8,4~7).
tuent l'histqire. dans sa,. :vérité. Ensuite, s'il est Grâces lui soient rendues par ses·... œuvres (145,
vrai que les magnalia Dei présentent· deux. aspects, 10), dont on reconnaît·. la beauté admirable (Jb
création et salut, c'est en vue d'établir progressi- .36,24s)·. .Conscient d'être l'œuvre de Dieu;.l'homme
vement le Règne.de Dieu sur.la terre ..Dans l'AT, doit puiser en cette Certitude de foi une réelle
la révélation suit un -cheminement · partiqulier : audace, car Dieu ne ·peut I mépriser son œtivre· ij
Israël reconnait Dieu à l'œuvre dans-son-histoire (Jb 10,3), mais aussi, une· humilité profonde, car
avant de s'intéresser à son œuvre cré~trice, .« une œuvre.peut-elle.dire de:son ouvrier: Je·ne
suis pas son ·œuvre ? li (Is 29,!6; 45,9; Sg u,I2;
1. L'œuvre de Dieu·· dans l'histoire. - L'çeuvre Rm -9,2os).
divine commence à se .manifester par « des _actions
et des hauts faits » que nul ne peut _accomplir 3. La Sagesse, -ouvrière ,divine. - Le mouvement
(Dt 3,24) : libération d'Israël,, merveilleux épi- qui ·mène du ,Dieu_ de· l'histoire au Dieu créateur
sodes du:. désert. où le peuple (1 vit: les œuvres )) aboutit, ·dans un effort ultime, à ·pressentir en
de Yahweh (Ps 95,9), installation en terre-promise Dieu la *Parole créatrice, l'*ESprit qui dirige la
(Dt n,2-7; Jos 24,31). L'é.vocation de ce passé sus- marche du monde, L'Ecclésiastique médite sur
cite l'enthousi~me :- « Venez et voyez les œuvres l'œuvre de Dieu danS la création (Si 42,15.:.._43,
de Dieu I n __(Ps,66,3_-6). Mais il ne suffit pas de rap- ·33} et dans le temps (44,1-.---50,29) ·: le Livre de
peler _le passé (Ps 77_; 12s) ; il faut être a:ttentü ·à la· Sagesse tente une théologie• de l'histoire· ·(Sg
l'œuvre actuelle· de Dieu (Is·-5,12; .Ps ·28,5), qui 1~19); C'est qu'ils-·ont reconnu ·tous deux ·la
façonne tout sans cesse (Is 22,n). Il faut J>res-- *Sagesse divine à l'œuvre ici-bas._ Présentée
sentir son œuvre à venir· lors de son *Jour_ (Is comme_« le maîtré d'œuvre » dè la création:-(Pr
28,21), qu'il- s'agisse de la déportation- à Baby- 8,30), cette royale Sagesse_ a· -été produite par
lone (Ha 1,5) ou de _),a libération. de. l'exil (Is 45, Dieu au· début de ses desseins, avant ses œuvres
11) : opéra.J;lt par l'i_ntermédia.ire· des *nations les plus anciennes ,(8,22). Elle· a choisi d'habiter
(Jr 51,.10) o:u du. libérateur Cyrus (Is 45,r-6), plus spécialement en Israël (Si 24,3-8) ; mais elle
Dieu accompliJ;a son.. œuvre de ~salut (41,4}, en existait bien auparavant (24,9), car elle ~ut « l'Où-
faveur d'Israël, son.peuple él~t (43,1;-44,2). vrière de toutes choses » (Sg '"7,22) : c'est elle qui
L'œuvre divine_ vise donc avant. tout Israël, donne aux hommes· de· connaître à travers son
considéré collectivelllent. Elle ne se désintéresse œuvre le Seigneur de la nature et de· l'histoire.
pas pour 3.utant des- individus_ :_ nqn seulement de
ceux <lùe Dieu suscite en. vue de son Pe.uple,
comme Moïse et,Aaron (r S u,6), David et les IJ,. LEs ŒUVRES ·DE L'HOMME
*prophètes, ,mais encore de chaque homme· en
particulier, dont. -Dieu -.s'occupe jusque 4ans la A l'*image .de·Dieu, son créateur, l'homme doit
vie _quotjdienne, con;ime le montre en: détail. le être, lui aussi; sans cesse à l'œuvre.
Livre de Tobie. Telle est « l'œuvre de ses mains »,
parfaite (Dt 32,4), fidèle et vraie (Ps .33,4), pro- 1. A la source des .œuVrss de l'homme. ---Ce n'est
fonde {Ps _ 92_.5s), pleine ,de bonté_-~ d'axµour, (Ps pas .simplement un besoin intérieur qui pollsse
q5,9.r7; 138,8), ,qui doit éveiller au cœur de l'homme. à agir, mais la ~olonté de Dieu. Dès le
l'homme une joie . débordante {Ps 1·07,22; Tb paradis, elle lui est manifestée sous· .la forme d'uli
r2,22). commandement, qui répond au ·*dessein de Y ah-
web (Gil 2,x5s). Les œuvres· de l'homme appa-

857
ŒUVRES ŒUVRES

raissent .ainsi comme l'efflorescence de :l'œuvre rieure.' C'est contre cette conception dégradée· de
divine. Elles· -exigent, 'cependant de sa part un la ·religion' que- Jésu·s se ·dressera, ·en 'rappela.rit
effort personnel,: ·un .engagement, ._un .choix. Car l'unique sens ·des-· œuvreS humaines : manifester
à -la *liberté humaine, la_. volonté- de Dieu se pré- la. •gloire de Dieu qui seul est à l'œuvrè à· travers
sente -concrètement sous· la forme d'une •Loi, l'homme.
extérieure à lui, à.- laquelle il doit •obéir.
NT
_2; Les œuvres majeures de l'homme. -Avant même I. L'œuvRE DE JÉSÙS-CHRIST
que soient _énumérés· les èommandenients de la
Loi,-' le l,"écit -de la création manifeste les deux cc ·MOn Père est ·sans c'e$se· à·_·-rœU~e, et moi
œuvres principà.les que l'hOmme .devi"a réaliser,: allssi,"je suis· à l'œuvi;e ·» (Jn 5,17)'. Jésus sç,Uligne
la fécondité· et le ·travail. pà.r ces paroles· l'identité• d'ôpéra:tioil dù Fils et
L'homme a un devoir· de *fécondité ; pour p•eù- du Père, l'œuvre,' du Père s'e'xprin:ia.Dt. en pléni-
pler' la· terre (Gn r,28), ïl.prûcréera des fils à. ,son tude -par -CeHè- du Fils.
image (5;1Ss) qui reproduit elle-même· l'image de
Dieu. C'est en Vertu .de ce devoir que la race-des • r. Jésus-Christ, chef-d1œuvre de Dieu. - image
patriarches donriera. naissance. au ·•peuple d'Is- visible du Père·, Jésus est la *Sagesse·dolit parlait
raël - peuple *médiateur pOur tolites les familles l'-AT. Par lui tout. a été fait au commenCement,
de 1~ terre - , duquel naîtra finalement le Christ, et par lui- s'acèoniplit dans l'histoire 1•œuvre ·du
L' 11 œuvre de chair» pren,d ainsi un sens, au double salut. Aussi le voit-on, dans s_es paraboles, faire
titre de la création et de l'histoire· :du .salut. vibrer-la création; révélant-par_·exeniplè la parenté
L'homme doit aussi •travailler, pour dominer la des- lois· de la "'croissance du blé et du ·•sacrifice
terre et la soumettre .(Gn 1,28), même si ·à cause ·(Jn· r_2·,24). Il sauve 'les œuvreS _humàines·_du· péiil
de son péché. le,sol est maudit (3,t7ss}. Ce travail qui les guette, manifestant· le- seris caché· de ·la
lui permet, de subsister (3;19), mais. c'est ·dans le · *fécondité· Charnelle (Le. I 1,i7S}, la signific~tion
culte qu'il atteint sa pleine signification religieuse : profonde 'du *Temple ·et' du· *culte Un 4,2x-24).
le chef-d'œuvre d-'Israël est le •Temple, bâti ... à Il concentre en sa pets9rin'e l'attente du- Ro'yaume
la gloire de Dieu.- • et l'*obéissànce à fa Loi. S'il est vra.i,ciuid'œuvre
II est vrai que les hommes· risquent aussi- _de de_'l'hoinme·dàit.'être accomplie à'l'image de celle
déto_um!:lr de leur but :leurs·. deux œuvres essen- 'de Dieu, il suffit désormais de 'voir ·JésU.S agir
tielles, soit qu'ils ,Profanent là. procréation (Rm pour· saVoir agir selon la *voloD.té. du Père.
1,26s), soit qu 1ils adorent les œuvres de leurs
mains en faisant d'elles des •idoles muettes (r ·Co 2. Jésus et· les œuvrès du Père. -. Les Synoptiques
·12,2). L~ Loi,-par.ses.comman.dements, cherche ne·-parlent que rarement des œuvres ·de Jésus
à p~évenit une- telle dégradation 'des œuvres (~t ·n,2)·, -bien 'qu'ils S'attardent à raconter ses
humaines. Elle prescrit _aussi _un grand nombre •miracles et toU:s- les actes· qui préparent l'avenir
d'autres œuvres, parmi lesquelles le judaïsme tar- de son *Église. Au contraire, - Jean montre ·que
dif .-notera spécialement celles qui ·concernent le le Christ •accomplit les œuvres que le ·Pèrè lui
*prochain : faire l'*aumône, visiter les -malades, a •données.(Jn 5,36). Ces œuvres'·attestent ,qu'il
ensevelir.lés morts. Ce-sont là les t1 bonnes œuvres. » est non· seulement le· Messiè, mais aussi le *Fils
par· excellence . de-Dieu,-car elles sont identiquement celles du
• •Père, sans· confusion - des personnes agissantes.
3. Le but des œuvres: - Le judaïsme n'a jamais Le Père n'a pas doilné au Fils des· œuvres toutes
perdu de -vue· que les ·.œuvres prescrites par la faites, comll1e .s'il en était te
seul auteÙr (14,rn;
Loi étaient ordonnées au "!Roya.urne de Dieu. 9;31; n,2:i.41s), pas davàntà.ge dès œuvres à exé-
Cependant, la casuistique a souvent .. masqué _le cuter simplement, .comme il donne ·des :,cominan-
vi-ai sens des œuvres à. accomplir, en concentrant: dementS à accomplir (4,34; 15,ro); Le Fils a· poùr
l'effort de l'hofilme sur la lettre de la Loi. Sur- *mission 'de glorifier le Père en conduisant à· son
tout, une ·mauvaise compréhension -de l'* Alliance terme l'œuvre· unique que Dieu veut réaliser ici-
tendait à la ,transformer .en contrat et à donner bas, le ·•sàlut des hommes:. et .ce terme, c'est la
aux_-a pratiquants- n une •confiance excessive en *Croix· (17,4)._- Toutes_ les_ œuvres du Christ .--~e
leurs possibilités.humaines, comme si -les œuvres rapportent à ·celle-là. Elles ·ne sont pas seulement
accomplies accordaient à l'homme un .droit sur un •sceau sur la mission de Jésus (6;27); ·elles
Dieu .et suffisaient- à -lui• conférer la •justice inté- *révèlent le Père à travers le Fils (14,9s). Le Fils

859 860
ŒUVRES ŒUVRES

se montre aussi actif que le Père, mais à. sa place Vigoureux polémiste, saint Paul ne dit pas autre
de Fils, .dans l'amour qui l'unit indissolublement chose quand il rejette la *justification par les
nu Père. œuvres de la "'Loi: ce·n'est pas_la Loi,- ce ne sont
pas les œuvre8- com·me tèlles qui sont source· du
3. Le Christ, révélateur des œuvrss humaines. - *salut. C'est la *Croix, c'est .la *gril.ce, accueillies
Venant dans un, *monde pécheur., Jésus révèle par la •toi. Cette critique du salut par les œuvres
aussi les œuvres .humaines, et cette *révélation ne doit pas être réduite à une critiqu'e de la seule
est un tri et ·un *jugement .. u Le· jugement, le Loi juive ; elle vaut pour toute pratique religieuse
voici : la --*lumière est . venue dans. le monde, et qui se targue de conduire par ell~-même au salut.
les hommes ont aitµ.é les .ténèbt:es de préférence
à la lumière,_ p~ce que leurs œuvres étaien_t mau- 2. La charité, œuvre de la foi. -Mais si les œuvres
vaises. En-.effet, quiconque :fait le mal hait la ne sont pas source du Salut, elles demeurent
lumière èt. ne ·vient pas à' la lum.ière de peur _que l'expression nécessaire de la foi. Jacques l'a sou--
ses œuvres _ne, Soient dévoilées ; mais celui qui fait ligné (Je 2,14~26), Paul aussi (cf Ep 2,ro). Il y
la yérité _vient à-_la- .lumière, pour qu'apparaisse a des« œuvrès de la foi)) qui son:t le •fruit-de l'Es~
au grand j0;ur qu_e. ses œuvies-sont;faites en DieQ )1 prit (Ga 5,22s). La foi què ·Ie Christ ·réclame,
{Jn 3,1_gss). _Surgiss!},nt au milieu de~ .hommes, le .c.'est celle· qui « opère par fa charité J> (Ga 5.,6).
Christ leur révèle ainsi .leur éta:t. Avant cette A la différence des_ œuvrés _m_auvaises, qui sont
rencontre, i_ls yivaient e~.-quelque sorte dans les multiples (Ga 5,19ss), les œuvres de __ la foi se
ténèbres (r,5),. qui n'étaient pas proprement un résument .. dans la_ pratique du précepte qui con-
état de péché (cf 9,4i; r5,24). Quand vient Jésus, tient toute -la Loi (Ga 5,r4). · Telle est « l'œuvie
alors est révélé le fond de leur être, jusque-là à de la foi, le labeur de Ia·charité » (i Th, r,3). Jésus
demi inconscient. de . _sa bonté ou de sa malice. a du reste enseigné qu'en attendant son retour;
La décision qu'ils prennent à l'égàrci. du Fils de il faut tenir sa *lampe allumée (Mt 25, 1-13), fa.ire
l'homme, ·fondée _sur leur conduite.antérieure, fait fructifier les talents (25,·r4-:.30), aimer ses frères
la synthèse de le.tlr passé. et le -~vèlè pour ce qu'il (25,31-46). Le commandement de l'*amour est
est. Non que les « œiuvres· bonnes II mérite.nt l'adh~- son testa.ment même (Jn 13,34). Les Apôtres
sion :finale. a1,1 Christ ; mais cette adhésJon mani- recueillent' ainsi Cet· enseigneinent et en tirent· ¼a
feste la bonté des œuvres (cf Ep 5,6-14). conséquenées.

3.· L'é,ÜJcation de l'Église, Ç°()YPs 'dù Christ. -


lÎ. LES ŒUVR,ES DU Ç~RÉTIEN L'œuvre·de la éhàrité ne .trouve ..pa~ SC)~ ach_~ve-
fllent. q.ans le s~ulagêm.ent apporté à ~uelques
Le croyant l::Onfère .un, sens.plein. à son action
individus: ·:Par-delà ce:t, objectif,· ._elle coope:i:e à-.. la
en la m0:delant __sur celle de Jés~s-Christ ;, par
grande œnvre d~ Christ, pré;vue_ de toute éte.r-
!'Esprit-Saint, il .lui est donné·d'accp'mplir .l~ Loi ni_té: l'*édiftcation_de__ son_*Corps, q~i est _l'Église.
nouvelle de charité- et 4e. èoopérer 1). l'édification
Car« nous sommes sôn œuvre, créés dans le Christ
du Corps du -Christ.
J éSu,ii en vue des bonlles œùyreS que Dieu a pré-
I, La foi, œùv1'e: .. uniquè_. - .D'après les Synop-
p_arées _d'avance pOur_ que nous' les pratiquiàns •
(Ep·2,Io). MyStère de la ·coopération de_l'homme
tiques, J_ésus _e~ge. la. pratique des « bonnes ·à• l'œuvre de Dièu qui fait tout èn tous, conférant
œuvres » dani;; la pureté d'intention (Mt._ 5,r6).
à l'action de l'homme ·sa dignité ·et sa· 'portée
Dans les _deux prentiers préçeptes (Mt_ 22,36-40 p),
étenielle (cf r Co 1,9; r5,58; Rm_ 14,20;_ Ph 1,6).
Jésus.manifeste ,l'uriité des C;On;imanden:,.ents .qe l_a
•Loi, opérant ainsi une_.simplification et une .puri-
Dans· ·cette P~,spective ~~mvene,. la:. ré~.On:ipense
èëleste peut être r8.-tta_chée aux œuvres qrie l'_homme
fication. ind;Îspensables d~ le's œuvres innom-
·a · faites ici-bas. « Heureux ce_ux .qui Son_t morts
brable~ _,qu'impos.}it.. la ~traditi_ôn ..juive. Avec le
dans le Seigneur, càr leurs C2uvres 'leS accom-
ive évangile, cette simplification apparait .plus
pag,ienh (Ap q,13), FA & XLD
nettement encore ._: a_ux, * Juifs. qui ,demandent ce
qu'ils' doivent faire pour « .œ_uvrer .l~_ œuvres .. d,e -• Abrahàlll. II 3 - acèoll\ptir NT :z _- création,---:-
Dieu», Jésus répond : « Telle est l'œuvre de Dieu, édifie'r ~ fécondité III 3 -foi III .:z - fruit-·grâce V-'-
que vous croyiez en·celu~ qu'il-~ envoyé)) _(Jn 6, justice - Loi B III S ; C III r -mirilclè I :z be, III :z b -
28s). La· •volonté de. Dieu se résùme dans. la ~fç,i rétribution I, III 1 - tràVBiI -. -volonté de_ Dieu NT
en Jésus; qui fait les œuvr!:)S dÙ.Père. I 2,-U .:z.

861
OFFENSE OMllRE
OFFENSE.,-+ pardon - péché Ill ·2.- Vengeance. et d'ombre (Io,zr) ·où toute clarté n'est que· nuit.
L'*épretivè, dès cette viè, prive déjà l'homme de
OFFRANDE-. autel,-; cuite...:.. don AT z i NT.z,- la lutnière des vivants : « Sur mes paupières, c'est
eucharistie IV z, V - pain. II - parfum z - pré-
mices - sacrifice "":'."" :vin I z. · l'ombre » {16,I6),

OUVIERS (moût des) • AsCCneion II 3.4, - mon- 3. Le +naUre de l'ombre. - De_vant l'ombre nienà-
tagne III 1. · çante de la inOrt, il n'est d'autre secours que Dieu
seul. Lui qui·Change en·orilbre 'épaisse la lumière
factice- que se proinet 'le ·pécheur· {Jr ·r3,r6; cf
Ps 4·4,20}, il peut· aussi ~ amener à la lumière
l'ombre obscure»· (Jb- r2,22), «·tirer dEi l'ombre
OMBRE et dès ténèbres ·.ceux·· qui en- étaient captifs-» ·(fy
ro7,ro.'r4)_. Aussi, ··plein.· de _*càilfia.Iice, le psal-
miste s'écrie ·: " Si je viens à 'passer dans une
Comme la •~uit ou' la *nuée, l',o~bre. symbolisé Vallée· d'ombre,. je ne crains aucun mal, car tu
une doµble e~pér~ence, selon.qu'.elle affirme l'ab• es avec moi »· :(Ps 23,4); Cette espéran·ce ·est deVe•
sence ou suppose la . présence de la .*lumière. nue ·:réa.lité, depuis que dan·s ·1e· Christ s'es't accom•
L'ho~me . veut la pleine lumière ~t il .recherche plie ta· prophétie:·c].'lsaie : li Sur -lf::"s habitants des
l'ombre ; Dieu est. lumière et *feu brûlant, m~s Ombres de la mort, une··lumière a _brillé·» (L\lt 4,
aussi ombre . rafraîchissante, et il a: décidé. d'ha- r6; Is g,r)'. ' ,
biter fa Iluée obscure. La Bible jOue sur cette
ambivalence de signification.
'Il. ·PRÉSENCE 'PROTECTRICE

,1. /i,.NNl?lS'CE DE LA MORT De même que la ·•nuée était ténèbre·m.ena.ça.nte


pour les uns, lumière et pi'oteCtioil pour les· autres,
x. L'.ombre qui fait . .....:. Cré~tu~ qui se sa.it-v~uée ainsi l'ombre terrible peùt être proteCtrice ;_ à ·tra•
à disparaître,. l'homme _reconnaît son destin dans vers la protection qu'elle assure; l 1homme découvre
la montée ou la présence fugace de l'ombre ;_ " le une présence.
jour· décline, les ombres du soir s'allongent » (Jr
6,4), ainsi la vie huma~e,' dont les degrés s'ajoutent I. Ombfes ten-BSWes. - Dans la vie quotidienne,
inexorà.blement au éadràn du feJ!!-pS (2 _R 20,9sS}. surtout en· Orient, l'Ombre· est, appréciée, car elle
" 1Jne ombre qui .fui~ sans s'arrêter _.,.,_ tel. ~t préserve de l'_ar(ieur du soleil. Les créatures
l_'homme . (Jb :i:4,2; cf 8,9) _; a:es jours . déclinent demandent toùtes de ,l'ombre :·au lotus, le farouche
dans la *nuit comme 1'0:mbre (Ps ro2,z:2; 144,4), Béhémoth· (Jb 40,22) - aux •arbres,"oiseaux, bêtes
ils_ passent sans ~poir à. la mort (r Ch :29,15; Sg et gens (Ez 31,6); C'est pourquoi l'arbre qui donne
5,9). Au fil d'une vie de vanité (Qo 6,u), il_ che- dC l'ombre symbOlisè la •puissance protectrice;
mine, telle une ombi-c (Ps 39,7); mais,' dans. èe comme Daniel l'explique à Nabuchodonosor :
développement· irréveisible, · éprouvant sa pr~pre « L'arbi"e, c'est toi, ô Roi» (Dn 4,x7ss}._De m~me,
variabilité, il garde foi ~u « Pè~ des lunùères, la sécurité est assurée à l'ombre· du ·•roi (Jg 9,
en qui _n'existent:-ni_ :ta, variation, ni, les· ombres r5); 'le prince juste est· u comme l'_ombre _d'un
d'un chang~ment » (Je I,17). •rocher ·sur une terre altérée _» (Is _32,2). Seule-
ment une telle _ombre, _ambiguë, peut· décevoir :
2·. La ténèbre ·et l' omhï,e de la mari. .- Recourallt aussi bien celle du .-ricin'· desséché sur la tête· de
à une étymologie. disc·utable, mais avec_. un. sens Jmias · (Jon 4,5ss}; (lue· celle du roi d'Israël ·,(Lm
profond de la réalité, tes Septante ont traduit 4,20); conibi~n plus celle de -!'_Égypte (Is 30,2),
ordinairen:ierit le mot hébreu qui sigµifie _«. o~b,re on celle des « cèdres du· Liban »~ · qui peuvent être
profonde »par·« ombre de la mort )J; les évangé- arrachés Ein un instant et précipités _dans la fosse
listes le1,1r ont donné raison (Is 9,r; Mt 4,16; Le avec ceux· qui se sont confiés à leur ombre men•
I,79). L'ombre en effet. n'est pas simplem~t un songère (Ez Jr; D1'.1 4).
phénomène qui change et fuit, c'.~t un vide, _un
néant,· cette obscurité ténébreuse que souhaite 2. L'ombre d6 'Dieu. c...... Au Iieù d'une; fragile pro•
Job dans son malheur (Jb 3,r•6). Le, shéol sans tection, 'Dieu seul donne une ombre assurée. Il
espoir, pa.ys de la *mort, est la terre de ténèbres faut quitter les ombrages agréables des arbres
OMBRE ONCTION

sacrés (Os 4,13) ·et: trouver en Yahweh son ombrage


en tout temps (Ps 121,5; Is 25,4s). Le rêve du
fidèle est de « loger à l'ombre de Shaddaï » (Ps ONCTION
91,1), d'être, en v-1:'ai Serviteur, à l'ombre .de sa
•main puissà.nte {Is '49,2;. 5:r·,.16) ou de ses ailes
(Ps 17,8; 57,2; 63,8). Pour les Hébreux, l'*huile pénètre profondé-
Derrière ces métaphores, on retrouve certains ment dans le· corps (Ps 109,18), elle· lui donne
souvenirs de l'EXodei: Les Septante l'ont senti, force, santé, joie et beauté. On comprend que,
quand ils ont traduit le verbe' Sakan (c0uvrir, sur Je ._Pl~ religieux, les onctions d'huile aient
demeurer, reposer)· par skiazei'n, episkiaeein (cou- été considérées comme marques d'allégresse ou de
vrir de son ombre, obombrer). Alors la •nuée respect; elles ont. été égà.lemen_t utilisées comme
obombrait la Terite de·Dieu (Ex 40,35), déterrili- rites de guérison ou de Consécration.
nant ainsi- la di.lrée des campements (Nb 9,18.22) ;
elle. couvrait' même les Israélites· de ,son: ombre
(10,34); _les protégeant.· merveilleusement, comme J. L'ONCTION,. SIGNE ,DE JOIE OU D'HONNEUR
dit le Livre de.la Sagesse (Sg·19,7). Cette protec-
tion sera renouvelée dans les derniers temps. Sur 1. _L'huile, surtout l'huile "'parfumée, étant un
Sion purifiée reposera la gloire .de Yahweh, tel sy't!1,bole de joie. (Pr 27,9; cf Qo 9,8), on s'en ser-
« un dais et une_ ·tente; pour -faire ombre- le jour vait spécialement dans les festivités (Am 6,6).
contre la chaleur, et setvir de ·refuge· et d'abri Devoir se priver d.e toute. oncti_on était un rµal•
contre 1a; pluie·.·et ·l'orage » .(Is 4;5s). Et tandis heur (Dt 28,40;. Mi. 6,15) ; . cette, priv.ation, jointe
qu'Israël cheminera squs cette glofrè divine; u les au •j~üne, -était une marque de deuil (Dn 10,3;
forêts lui feront_ de l'ombre » (Ba 5,7ss; cf r,12). cf 2 S 12,20). Jésus prescrit p_ourtant à. celui qui
Lors· de la· consécration :du *Temple, la nuée jeùne de s'oindre la tête comme à un festin _(Mt
envahit le· Saint .dCS saints," et Salomon ,s'écria : 6,17), pour que sa pénitence ne soit _pa.s'-,étalée
« Yahweh a décidé d!habiter la: ·nuée obscure >1 devant les hommes. .
(1 R 8,-12). A l'idée·de protection·s'ajoute,icicelle L;image de l'onction servait,.à exprimer la *joie
de la •présencè intimé de-Dieu; ·c'est en Ce sens du-p_euple d'Israël, réuni à Jérusalem -.aùx grandes
que Jérusalem, ·telle l'épouse ·du Cantique, -peut fêtes, (Ps 1'33,2), ou la _•consolation apportée aux
« s'asseoir à son ombre désirée »· (Ct, 2·,3). En affligé_s de. S!on après J'exil (Is 6~,3) ; elle .faisait
*Marie; --le ·rêve ·est devenu réalité, quand· elle a . également partie de la descripti,P_tl du festin mes•
été obombrée par·la puissance·_de Dieu (Le· I,35), sianique-: t( Sur cette montagne ils boiront _la joie,
concevant celui sur qui reposerait la nuée lors de ils boiront du vin : •·ils s'oindront ·d'.huile par~
la Transfiguration (9,34 p). fumée sur cette montagne. ,1 (Is 25,6s LXX): C'est
surtout dans ce contexte de joie messiaqique qu.e
3. L'ombre d'Israe"l, - Le peuple élu devient à sou revient la formule « l'huile d'allégresse» (Is 61,
tour soùrce de protection divine. Jadis, à.u•dèssus 3;· Ps .45,8; He :r,9).
des autres roy3.uffi'es, la *vigne d'Israël couV!f:1.it de
son ombre le5 montagnes '(Ps 80,n). Abattu par 2. Répandre .de l'huile sur un hôte était une
un jugement ·divin, Israël redeviendra 'fiilalement niarque d'Ïtonneifr . .L'expression apparaît dans les
un •arbre ·verdoyant où· 'les oiseaux viendront psaumes _pour figurer . l'abondance de_s faveurs
nicher (Ez' 17',23; cf Dn 4,9),' visible 'figure du d~vines : u Devant moi. tu apprêtes une table, face
*Royaume dè Dieù orivert à_ toutes le$ nati0ns à mes adversaires; d'une on,_ctioll tu _IJle. parfu_mes
(Mt :r3,32 p). De inême, -Iorscj_uè--Pierre guérit les la tête ·» (Ps 23,5; cf 92, u), Les évangiles men•
malades par· son· offibre {Ac 5:,i5), il :i-évèli:da pré- tionnent par deux fois qu'une femme rendit à
sence sàlvifiqtie de Dieu dans 'sàn Église. ' · Jésus cette marque d'honneur.. Ce fut d'abord la
. .. . XLD pécheresse, chez Simon le Pharisien alors que
ce dernier, dont Jésus pourtant était l'hôte, n'avait
-+ ;;u·bre 2 - enfers & enfer AT I I - figure - lumière pas versé d'huile sur sa tête, la femme oignit• de
& ténèbres ..:-,mort - nuée·~ nuit. parfum les pieds de Jésus (Le 7,38.46). La veille
de l'entrée·à. Jérusalem; Marie, sœur de LaZare,
répéta ce témoignage de respect en oignant Jésus
avec ùn nard de ·grand prix, au ·scandale des dis•
ciples (Mt 26,6•1.3 p; Jn r2;I·8). l\lais Jésus

865 866
ONCTION
ONCTION
approuva Marie, et donna en même temps à. son
probablement cananéen, .. avait été pratiqué ..par
acte une signification nouvelle et prophétique, Jacob- : après. sa •_vision nocturne, il drei;sa une
par référence à l'usage {Mc 16,1) d'oindre les
stèle commémorative, et versa· de l'huile· sur .son
cadavres avec des aromates : le geste de la femme
sonimet; pour marquer la place de la •présence
devenait une anticipation et un signe du rite de divine_: d~où. le nom de. Béthet ({ _maison de Dieu )l
sépulture qui serait pratiqué-sur- le corps de Jésus (Gn 28,18; cf 31,13; 35,14).
après sa mort en- croix (Jn 19,40).
2. L'onction .•,:oyale tient une .place-nnique parmi
II. .I/ONê?lON DES. MALADES ET DES POSSÉDÉS les rites de consécration. Elle était _appliquée_ -par
·.un: homme de Dieu, prophète ou prêtre. Saül
1. ·Eri vue de guérir lès •màlaàes,·' on utilisait (r S 10,1) et David (,1 S r6,13) furent. olllts par
encore l'huile, vg pOur soigner ies ·plaiès' (Is x,6), Samuel; _Jéhu, par .un- prophèt_e qu'avait-envoyé
comme le fit le bon Samaritain (Le 10,34) ; d'après Élisée (2 · R' 9,6)., Les rois. de Juda étaient sacrés
Lv 14,10•32, on pratiquait sur les lépreux guéris dans le Temple et·oints .par un prêtre : Salomon
dEis Ollctions d'huile · comme ·ntes de purification, reçut l'onction, de Sadoq· {1- .R 1,39),. Joas, ·-,du
Lorsque les disciples forent envoyés par le Christ grand:-prêtre Y.ehoyada (2 R u,12). -Le sens de
·pour· prêchet le royaume de Dieu, ils reçurent ·le ce rite.était-_de marquer--par un signe, extérieur
pouvoir d'expulser les esprits impurs_ et de gU.é- que ,ces-hommes avaient été ·•élus par-Dieu- pour
rii toute maladie ·et toute înfirinité (Mt ·10,1;·-Lc devenir ses instruments dans le gouvernement du
9,-_1s) ; partis eri •mission, ils faisaient des· onc- · peuple. Par:1'onction·,, le -roi devenait participant
tions d_'huile à beaucoup d'infinnes et les- guéris- · de !'•esprit ·de Dieu, comme on le voit dans le
saient miraculeusement (Mc· 6, r 3). Ces onctions cas de David : :(< Samuel .prit la conie d'huile·,et
pratiquées par les ApôtréSi probàblement sur riile l'oignit au milieu de ses frères. _L'esprit de Yah~
crinsigne de Jéstis, sont à l'origine du rite de·l-'onc- .weh s'empara de David- .. à partir de ce jour~là »
tion des malades dans· l'Église." L'épitre· de Jacques (1 S 16,13). Si l'onction habilitait le roi à sa fonc-
prescrit que les presbytres fassent- au nom du tion et manifestait extérieurement qu'il. avait été
Seigneur une onction d'huile sur l'infirme : r La élu par Dieu pour.être· son •serviteur, on comprend
prière de foi' sall~ra: le patient, ·et le Seigneur ·1e que le nom d'Oint de Yahweh, d'abord.appliqué
relèvera. ·S'il ·a· cor'nmis· des péchés, ils lui seront au roi d'Israël, ·aît pu désigner métaphoriquement
·re'.rilis » (Je ·.5,15). La maladie étant une suite du un roi Païen, Cyrus: (1s 45,1), car c'est lui qui,
péché, l'onction faite " au nom· du ·seigneur D mettant fin à la captivité de Babylone, :permit au
réalis~ le « *saltit D dti · maladé· : elle le fait parti- peup!e élu de rentrer. en Israël. .
ciper -à la •victoire du Christ :sur le péché et ·la . Mais le thème çle l'onction royale _devait prendre
mort, soit par la· gùérison; soit par un ·accroisse• tou~ son importance par son. application .au
mènt de forces poùr a_ffr~ter la rilort. · *Messie.· ~ Ps 2,_ qui parle de Yahweh et de
~on Oint (2,2_), _.ét~it _interprété, dans la .tradition
2, L'e_Xpulsion des •démons est, en .Mc·6;13, étroi- juive et c_hrétienne au sens messianique {A.c 4,
tement liée à la gu~rison des malades : l'un et 25ss). ~our. les_ premiers chrétiens, ce t_itr:e ayait
"l'autre de ces pouvoirs thauinattfrgi(}ues était un encore. une r~SOilance royale ; . il ne prenait son
signé de l'avènement d~ ROyautn_e. Aussi plusiètirs vrai sens que_ 4epuis le. mpmellt où .Jésus avait
Églises pratiquèrent-elles dans la suite sur· les été intronisé à la droite _de Dieµ et qu'il avait reçu
catéchumènes des rites d'onction comme exor- de lui __l'onction d'une huile d'allégresse (He· 1,8s;
èiSmfè:s aVant· le •baptêm~. çf _Ps 45,7s) : par- cet~e onction rpyale, :il. ét~t
. constitué de •plein. t;lroit Seigneur et . « .Christ "
(Messie-: Ac 2,36; cf. Ph 2,n). La trac)ition·_chré-
m. L'ONCTION-CONS:ÉCRATION
tienne postérieure, à. propos de-ce_ titre de« Oint.».·
allait parler d'une triple onction du Christ, comme
Les onctions dont parle l'AT.sont dans le plus roi, piètre et prophète.
grand nombre- des cas des rites .consécratoires.
3. Les, pritres, et plus spécialement le Grand
I.· Certains objets du culte étaient.consacrés par des
Prêtre, sont également oints (cf •sacerdoce). Sur
onctions, en particul_ier l.'•àutel __ (Ex 29,36s; 30,
l'ordre Q.e Yahweh (Ex 29,7), Moïse confère l'onc-
26-29;.Lv 8,10s), _qui acquérait de-ce fait«- une
tion à. •Aaron (Lv 8,12), et dans les-prescriptions
éminente. *sainteté ». U;n rite' analogue très ancien,
destinées au Grand Prêtre, ce dernier est appelé

868
ONCTION ORAGE
plusieurs fois «. le prêtre consacré par l'onction D il -a suscité dans· son ·cœur la foi dans la· parole, de
(vg Lv 4,5; .16,32). Ailleurs, l'onction est con- vérité (cf--Ep 1,-r3).· C'est pourquoi,. Jean appelle
férée aux simples prêtres « fils d' Aaron » (vg Ex cette. parole venue du Christ une « huile, d'onc-
:.28,41; 40,15; Nb 3,3). Cependant ces différents tion D (chrisma) : intériorisée .p_ar la foi sous l'ac-
textes appartiennent au code sacerdotal, d'après tion -de l'Esprit (Jn. q,26; 16,13), « l'huile d'onc-
l'exil. Il est dolic pr()bable. que, s~us 1~ __monar- tion· ·demeure.•en· :O.ous ·» (r Jn 2,27), elle nous
chie, seul le t'oi· était .Oint; à l'époque du second donne le sens de .la; vérité (v, 20s}, ·elle nous ins-
Temple,' \"est ie Graùd Prêtrè, dev:enU chef du truit,·de _toùtes choses .(v, z'7); Jean_ pt:lut-donc
peuple, qu_i î·ecevait r.01;1c!,ion. •à sa place, et de dire ·que le chrétien n'a. plus besoin qu'on l'en-
même, bientôt,. tous les prêtres. Aux• alentours du seigne-: l'espérance. des.prop;h.ètes C1;l la nouvelle
1(lr siècle, la communauté de _Qumràn _n'attendait AUiance .. se réalise· (Jr. 31,34; cf Is u,9), • Cette
'pas seulement· un_.« Oint. »· d~, Ju~a_, ·un ro~, doctrine de l'onction int-érieure . est importante
mais aussi un « Oint t) eschatologique issu de Lévi, dans la. tradition et la. spiritualité chrétiennes.
un prêtre. · · · ' Clément d'Alexandrie :fait-adresser par _le .Christ
cette invitation. et cette promesse aux paiens :
4. Les *p'Yophètes n'étaient_pas oints avec de l'huile; « je vous oindrai de l'onguent de la,foi li; et saint
l'onction des·propliètes désigne métaphoriquement Bernard. ,considère comme un trait distinctif des
leur-investiture :-Élie reçut-l'ordre d'oindre Élisée
fils de Dieu que u l'onction les instruit de t_outes
(r R 19,16), mais, au moment de l'appel de, ce
choses ». I dlP
dernier, le Thesbite ne fit rien' d'autre que· jeter
sur lui son manteau et lui communiquer son esprit •. David :2- -:-. ~sprit ·de Dieu AT I :2-.3 - huile 2 ~
(r R rg,19; 2 R 2,9-15). 'C'est pour expliquer sa ·mal_adie/guétjson NT ~I r ...:... Me5:sie - Paraclet :2- -
mission prophétique_ 'que. l'auteur_ â'Is 61 écrit : parfum_..:_,roi AT I 1.":2...;... sacerdoce AT I 4 -_.sépul-
11 L'Esprit du Seigneur Yahweh est sur. moi, car
ture· :2..
il m'a Oint; n· m'a envoyé: porter la; •bonne ·nou- OPPRESSION ~ énnemi II 2 - humilité' II -
velle aux pauvres·,,. (1s 61,1): _orgtjèil ·:2-.3 ;_ persécution·-'- pui~ce III"I - 'vfo-
lencé I 1.:2..
5. L'oncUoii du ChrisL-r: Le NT ne fait mention
que d'une seule .onction de JésuS pendant sa vie ORACLE - .a'rche d'Atliance_ II .:__ ch~rcher I -
terrestre, (pour _l'onction_.royale à.;,.son intronisa- Révélation ~T I r - sacerdoce ,A.T Il :2-.
tion céleE!te, cf He I,9); celle: qu'il. reçut au, bap-
tême : « :Il a été _oint de l'Ewrit-Sain,t et ,de puis-
sance D {Ac 10,38) .. En s'appliq"Qan~ le texte d'Is ORAGE
61,1 au début de S()n I11,ÎI1istère (Le 4,1_8-21),. Jésus
lui-même explique cette onctiqn comme une onc-
tion prophétique pour l'annonce. du mess'age. Mais I, Interprétation païenne. - Da.lis l'ancien Orient,
la communauté 8.postolique, s'inspirant des paroles l'orage est regardé commè _la manifestation d'un
de Jésus (Mc 19,38; Le. 12;50}, allait interpréter dieu' (Baal en ·Canaan). Cette manifestation pré-
le baptême, dans la pe~spective. _de la mort du sênte trois caractères. Déploiement de.forces-. cos-
Christ JA,c 4,27; cf _Rm .6,3s). . : la mission. reçue miques dèVint- ·_lesquelles l'-homrile :.ne peut rieil,
au début. de la vie publique n'était encore qu'une forage réVèle 1a·.majesté terrifiante du dieu.· Phé-
mission_ de prédication,. cell~ du. Servit~ur-Pro- nomène _darigereux pour l'homme,·. il est· à ce
phète (Is_ 42,1-7) ; mais. elle .devait s'accomplir titre un ·signe de' colère : le dieu, caché dans la
au ,Cµ_vaire (cf.. r Jn, 5,6), ,dans le sacrifice du nuée, donne·de la voiX contre ses ennemis (=-ton-
Serviteu_r souffrant. nerre) et lance contre eux ses flèches ( = éclairs)
(cf Ps 18,6-16)'. Enfin, .•apportant la pluie ~ertili-
6. Le ckYltien ,;eçoit lui" auSsi ·une· ollction _· (2 Co
sante, l'orage.montre"'dans le dieu la sOurce de fa
r,21; r Jn- 2,2·0.. 21)·; 'cepen~ant' _µ ne -~'agit pas fécondité, , :
dans ces texteS d'uil. ritè sacramentel (baptême
ou confirinàti~).'.ma-:is _d'une. pa.rlicipation_à l'onc- 2. L'orage signe de la majesté divin'!_•·-:-: Dam1, k
tion Prophétique de Jésus,· une ·onction spirituelle langage biblique, toute résonance-. polythéiste est
par la foi. Avant de recevoi_r _le. *sceati_ dE!! r•Es- évacuée, spécialement celle qui ·s'attachait aux
prit au m·oll:lent du baptême,· 1e catéchumène a cultés de fécondité; mais l'orage garde un sens.
été« oiJlt ri par D:ie'u (2 Co 1;2·1; cf·Ep_ 4,30)_: Dieu Il .est une des merveilles qui proclame~t. la .gran-
a fait ·pénétrer en_ lui ~~ doctrine de !'*Évangile, deur du créateur (Jr 51,16s; Ps 135,7; Jb .38,34-

869
·ORAGE ORGUEIL

38), une manifestation voilée de sa majesté redou-


table (Jb 36,2g.,-37,5) ·:·. Dieu trône au-dessus_ de
lui .-dans sa transcendance (Ps 29) .. Aussi, permet-il ORGUEIL
de ·représenter le ·Seigneur .dans sa •gloire {Jb 38,
1; Ez 1,13·s; ro,5; Ap 4,5; 8,5ss; 10,3s). Il- est le
cadre de la théophanie classique -où sont évoquées 1. i•o,-gue# et.-se.s etJ~ts. -:-:- « Ûdieux ~1:-1 Seigneur
les interventions de Dieu ici-bas : celles de· .l'his- et aux honimes » ._(Si_ 10·,.7), !'.orgueil est.i:idicule
toire sainte, lors de l'EXode (Ps 77,1gss),· au .Sinaï au~i, chez l'holilme ,« _gui e_st terre·-_ et cendre »
(Ex I9,r6-r9), pour l'entrée •en ,Canaan (Jg 5, '(Si H?,9). Il a. des formes plua, ou. m9i~ g!aves.
4"s) ; celles· par- lesquelles il délivre :son Oint _·{Ps Il y à le vaniteux qui prétend .aux hètnne~ (Le
18) ou son peuple (Ha 3,3-16) ; celle qui ..inaugu- 14,7; Mt_ 23,6s), qui aspire aux_ grandeurs, parfois
•rera son règne définitif (Ps 97,1-6)'. Toutefois, d'ordre __ spirituel (Rm., 12,16.3), qui jalt?use les
Dieu· n'est. pas seulement .une •présence _majes- autres (Ga .5;26) ;· l'insolent au regard altier (Pt-
tueuse.qui inspire une terreur sacrée.· Élie_.-à·l'Ho- 6,17; 2r,24); le riche arrogant qui éfale son luxe
reb est_ déjà .invité· à ·dépasser ce signe, partiel, (Am 6,8) et" que·. sa richesse ·rend:__ présorn.ptueux
pour entendre une, révélation plus haute : ~ieu (Je· 4,r6; -1· Jn 2-,16) ; rorgueil_~:ux *hypocrite qui
est aussi une présence intime, qui parle à l'homme fait tout .pour être· vu .et dont- le,_ç:œur est cor-
avec la -douceur .d'une brise légère (1 ·R. 19,nss), ,rompù (Mt 23,5.25-28). ;.-.le *pharisien qui se. con-
fie. en ~a prétendùe justice et méprise les autres
3 •. L ',orage signe. dp la., c_olère divine: --:- Pour mani- (Le 18,9-,4). · , , ·
fester les _.dispositions de Dieu à. r égard des homm.es, Enfin il y a, au _sommet,,le-superbe qui, rejeta.nt
l'orage demeure un siglle i3.mbigu·: signe bénéfique, toute dépendance, prétend_ -,être.'.J'égal de---Dieu
quand grâce à lui D_ieu accorde la. •fécondité à .une (Gn 3,s;. _cf Ph 2;6;.--Jn 5,18)_; il n'.aime_ pas les
nature. désolée (1 R 18) ;_ mais au~ fléau i:edou- réprimandes"· (Pr :r5,r2)- et a .n•humilité en hor-
ta.ble; que D_ieu· rés~rv:e à Ses. ennemis comme uile reur (Si. 13,20) ; _il pèche efftontément (Nb 15,
marque de sa •colèi:e (Ex 9,13-34). La théophanie 3os) et se •rit des serviteurs et des pr~messes de
de l'orage convient donc particulièrement à Dieu ··_Dieu (PS·u9·,51;·:.2'P 3,3s}. -.,· .'
quand il juge et_,*châtié' (Is 30~27ss)._ surtout lors · Dieu maudit 'l'orgueilleux ·et l'a ·en horreur (Ps
du *jugement finàl où il lancera ses foudres contre n9,2r; Le r6,15) ; celui, que-souille l'orgueil '(Mc
•Babylone (Ap 16,18; c_f 11,19), C'est ~ourcp~oi, 7,22) :est-fermé •à la ~gràce ·(r P 5,5) et à:- la "'foi
par anticipa.tian de ce Jugement, I_a voix di~e (Jn 5,44) ; aveugle par·sa·faute ··(Mt 23,24; Jn 9,
0

se fait entendre comme un coup de tonnerre 39ss), il ·ne peut .trouver la· Sagesse (Pr I4:.6) qui
lorsqu'elle proclame la glorification du Fils, au l'appelle à la *conversion (Pr-· 1,22-28). A le fré-
moment Où le prince de ce monde va être Jeté tj_uenter, on lui devient selllblablè (Si-13,-1); aussi,
à bas (Jil 12,28:-.32). C
bienheureux qui -le fuit· (1;s 1;1).
Cette. perspective de jugement ferait trembler
d'épouvante si Dieu n'assurait aux siens qu'il_.sera 2. L'orgueil des pàrens, oppresse,ut"s d'Israël. - Là
leur abri contre l'orage : de ce fléau eschatologique, où-- règnent des ·Ofgueilleux qui ignorent-·le ~ai
le monde pécheur est .seul menacé (Is 4,6). Car Dieu,- les faibles sont réduits en -servitude.· Israël
*Dieu est autre chose qu'un Jupiter t()Jlnant : en a fait l'expérience en Égypte, où- le Pb.ara.on
Jésus· fait comprendre aux «. fils· du Tonnerre » a-· tenté de· s'oppose!" à sa libération- par, Dieu
(Mc 3,17) qu'il ne se complaît pas à jeter ses (Ex 5,2): Constamment ·rsraël _sera meni:t.eé d'as-
foudres sur .ceux qui ne l'accueillent pas (Le -9, servissement par· les païens dont l'orgu_eilleuse
54s). La théoph3.nie de l'orage est désormais •puissance « jette un défi au· Dieu- vivant » (1· S
complétée par Ja- révélation de la *grâce divine, 17,26)_. D_epuîs le géant _Goliath jusqu'au persé-,
qui nous .est donnée dans la. personne de Jésus cuteur Antiochos (r S 17,4;. 2.M 9,4-10) en pas-
(cf Tt 2,n). « Des trompettes, des _éclairs, la te~ sant par Sennachérib (2 R 18,33~•). c'°"t. le même
tremble; mais quand tu descendis dans le sem orgueil qu'exptjme le. mot. intolérable ._d'Holo,,
d'une Viergè, ton pas ne fit aucun bruit » (épi- !)herne : "Qui e~t Dieu, sinon Nabuchodonosor? »
gramme chrétîenne sur la Nativité du Christ). . (Jdt 6,2). . ..· . . .
PG De cet orID?eil do~teur des é;ba~ qu'on appelle
aujourd'hui totalitaires, le type _est •Babylone
-+ calamité o - feu AT 1 2 - gloire Ill t - nuée - qu'on nommait « la souveraine des royaumes •
présence de Dieu AT II. (cf Is r.3,19) et qui prétendait l'être « pour tou-

872
ORGUEIL OUVRIR

jours •• disant en son cœur : • Moi, et moi seule ! • ruine (Pr r6,r8; Tb 4,13) « Qui s'élève sera
(Is 47,5•w). Orgueil collectif dont le symbole est abaissé » (Mt 23,r2).
la tour de Babel se dressant inachevée, au seuil
de l'histoire biblique : ses bâtisseurs prétendaient 5. Le vainqueur de l'orgueil : le Sauvet1,r des
se faire un *nom en atteignant _le ciel (Gn II,4). humbles, - Comment le H Seigneur dispcrse•t-il
les hommes au cœur superbe )) {Le 1,51) ? Com-
3, L'orgueil des impies, oppresseurs dtis pauvres. - ment triomphe-t-il de *Satan, l'antique serpent
En Israël même, l'orgueil peut produire des fruits qui a incité .l'homme à l'orgueil (Gn 3,5), le diable
d'oppression et d'impiété. La Loi prescrivait la qui veut séduire le monde entier pour être adoré
bonté pour les faibles {Ex ·22,21•27) et invitait le par lui comme son dieu (Ap 12,9; ·13,5; 2 Co 4,4) ?
roi à ne pas· s'enorgueillir_ soit en amassant trop Au moyen d'une humble Vierge (Le 1,48) et de
d'argent et d'or, soit etl s'élevant au•dessus de son nouveau.né, le Christ Seigneur qui a pour
ses frères (Dt 17,17.20). Pour-s'enrichir, l'orgueil- berceau une crèche (Le 2,rrs; cf Ps 8,3).
leux n'hésite pas. à écraser le *pauvre. dont le Celui•ci, qu'aurait voulu tuer l'_orgueil d'Hé-
sang paie lè luxe du-riche (Am 8;4•8; Jr 22,r3ss). rode (Mt 2,r3), 'inatlgU.re sa mission en iejeta~t
Mais ce mépris du pauvre est mépris de Dieu et la gloire du *monde, que lui offre Satan, et tout
de sa justice.· Les Orgueilleux sont ·des *impies, *messianisme que fausserait l'orgueil (Mt 4,3-10).
comme te·s païens.· Ceux qu'ils persécutent (Ps 10, On lui reproche de se faire l'égal de Dieu (Jn
2ss) et rassasient de mépris (Ps r.23,4) font appel 5,18) ; or, loin de se .prévaloir de cette égalité, il
à Dieu dans les psaUir)-eS, en soulignant l'arro~ ne cherche pas sa gloire (Jn 8,50), mais la seule
gance de 'leurs persécuteurs (Ps 73_,6•9)· dont le exaltation de la *croix (Jn r2,3rss; Ph 2,6ss).
cœur est insensible (Ps n9,70). Aux ·*pharisiens S'il demande à.u Pèi-e de le g~orifier, c'est. pour
qui ont au cœuz: l'orgueil et l'amour de l'argent, que le Père soit glorifié-en lui (Jn_ 12,28; 17,r).
Jésus rappelle ·qu'on ne peut servir deux maîj~ : Dans cette voie, ses disciples, et· spécialement
qui s'attache à. -la _.richesse ne .peut que mépriser les pasteurs de son Église, · devront le "'suivre
Dieu (Le r6,r-3ss)·. (Le 22,26s;' 1 P -5,3; Tt' 1,7). _En son *nom, ils
triompheront sur terre_ du démon (Le 10,18ss);
4. Le chdtiment des orgueillèux. - ·Dièu se moqtie mais les puiSSances d'orgueil ·n:e seront a.batt;u·es
des org\lèilleux {Pr· 3,34) et des potentats q:ui pré-- qu'au *Jour du Seigneur, par Ia·manllestatioD; de
tendent:seciouer ~n joug (Ps 2,2ss): Qu'ils écoutent sa *gloire (2 Th 1,7s). Alors l'*Impie qui s'égalait
la terrible satire du tyran qui pourrit sans sépul~ à Dieu sera détruit par le souffle du Seigneur
ture sui' le ehamp de bataille çiù il ·a fait. massa~ (2 Th 2,4.8) ; alors la grande Babylone, symbole
crer ·son peuple, lu,i qui prétendàit 1. trôner sur les de l'état déifié, sera abattue d'un coup (Ap 18,
étoiles. semblable au Très.Haut (Is 14,3•20; Ez ro.21) .. Alors aussi, les ~humbles, et eux se:uls,
28,17ss; 3i). Les empires~ comm~r-leurs-,tyrans, apparaîtront, semblables à· Dieu dont ils sont les
seront abattus. Ils· sont_ parfois les instruments enfants (Mt 18,3s; I Jn 3,2). MPL
de Dieu· p_our·. •ch~tier sein peuple; inais Die_u les
châtie .ensuite pour l'orgueil avec lequel 'ils ont
-+ Babel/Babylone 1 - fierté - humilité - puissal\ce
acoompli:,leur *mission•; -c'est le cas d'Assur (Is III ;__ richesse .II.'
10,12) et Celui de Babylone, soudain abattue par
un coup 'inévitable; imprévisible (Is 47,9.rr). O_~HELIN-+ conso.ler i - pau~ - veuves I~
Le· peuple.:de Dieu et la cité sainte .de Jérusa-
lem, où' l'orgueil s'est épanoui (Jr ·13,9; Ez ·7;10), 0 UB°Lf • ivresse 2 - mémoire 2.3.
seront:_châti~s·aussi au *Jour.'~e _Yahweh._« En
ce Jour.!Ià, l'orgueil de l'homme sera abaissé, son 0 UI -+ .accomplir NT r - amen - , béat'itude NT
arrogance htlmiliée ; Yahweh sera exalté, lui I I - pl'Om.esses III I - vérité NT l.
seul! :i {Is 2,&:-22). Yahweh ·rendra avec usure
aux. orgueilleux· ce qui leul:· est dû •(Ps· ·3r,24). OUVRIER :.:+ mOisSOn )II 2 b - cèu:\'res - travail.
Eux qui se· ·sont- ·moqués · des justes (Sg '5·,4; Cf
Le 16.14}; passeront , comme. une fumée (Sg 5, OUVRIR-+ ciél V 4 - écouter 1 - °f.>i NT Il 2· -
8•14). Leur:élévation n'est-_que le Prélude de leur lèvres 2 - livre III, IV .:..- porte,
hospitalité 2 -
p
recommande aux Corinthiens la _collecte en faveùr
des. v saints n; Paul. leur .rappelle _qlle tout don
Vient de Dieu,. à commencer par le -pain (2 Co 9,
PAJE,N ~ ailathèrne AT - Apôtres II.2 -'hérésie 10). Dans l'Église chrétienne, la- « ·fraction• du
2.3 - idoles.~ J~f I - nations•~ p~up~e C II, pain » désigne enfin le rite eucharistique ·du pain
rompu en faveur de tous : -le .Corps ·du Seigneur
devient la source -même de·· l'unité: de l'Eglise
(Ac 2,42; I- Co 10,17); ..
PAIN
. . 2. Le·pain, don de Dieu. --Dieu, après avoir créé
. · Le pain, ,don 'de ·Dieu, est pour l'homme une l'homme (Gn i:,29), et de nouveau après le déluge
source d_e force ·(Ps 104,14s), un moyen de sub- (9,3), lui fait connaître ce qu'il peut manger·;·et
siste;r_ si e~entiel que _manquer · de pain, c'est c'est au prix d'un dur labeur que-l'homme pécheur
~quer de toui (Am, 4,6; cf Gn 28,20)_·; aussi, s'assurera- ,le nécessaire : « Tu mangeras ton· pàîn
dans la prière que le Christ enseigne à ses dis- à la sueur de ton front )) (3,19); Dès lors, abon-
ciples, "te pain semble-t-il résumer tous lès •dons dance ou disette de pain auront valeur de signe :
qui nous sont nécessaires (Le ;c1;3) ; bien plJ.:!.!i, l'abondance sera *bénédiction de Dieu (Ps 37,
,il a été pris pour signe du plus grand des dons 25; 132,15;-Pr. 12,n), et _la disette •châtiment du
(Mc. 14,22). , . péché (Jr 5.r7; Ez 4,16s; Lm 1,n; 2,u). L'homme
doit donc humblement demander son. pain à- Dieu
l. LE PAIN DE. CHAQUE JOUR et l'attenc:lre da.ris. la confiance.. -A. cet égard, les
récits de multiplication des P.ains _sont significa•
1. Dans la vie couranie, on cara.ptérise uné ·situa.-- tifs, Le miracle çpéré · par Elisée (2 R. 4,42ss)
tion. en disant quel goO.t. elle_ donne au pain. Celui exprime bien-. la- surabondance ~u don ~vin :
qui so'uffre et que Dieu_semblè.abandonner mange « On m_a.ngera et on en aura de reste. » L'humble
un pain (c' de larmes », d'angoisse ou « de ceri.dre » confiance. est aussi la première .leÇQn des· z:écits
(Ps 42,4; 80,6; 102,10; Is 30,20); qui est joyeux évangéliques; enipruntant .à un psaume (78.~5)
le inangè dans la. joie (Qo 9,7); D11 pécheur, on la formule : , « Tous mangèrent et furent rassa-
dit qu'il mange un pain d'impiété ou de mensollge siés» (Mt.14,20 p; 15,37 p; cf Jn 6,12), ils évoquent
(Pr 4,17) et du paresseux, un pain d'.oisiveté le « pain des forts » dont. Dieu rassasia.son peuple
(Pr 3r,27). D'autre part le pain n'est pas seule- au désert. Dans un même. contexte de pensée,
ment un· moyen de subsistaµce : il .est deSt_iné · à Jésus a. invité ses disciples à demander .(t le pain
être partagé.· Tout •repas suppose une réunion et quotidien- )1 (Mt- 6,u),.· comme des fils qui avec
aussi une •communion~ Mallger le pain_ régulière- confiance attendent tout de leur Père des Cieux
ment avèc quelqu'un, c'est êt~-son *ami~_presque (cf Mt 6,25· p).
son intime (Ps 41,rn = Jn 13,rS). Le devoir de Le pain est- enfin le don suprême de l'époque
l'*hosp~talité _est sacré, qui fait du pain d~ .C?hacun eschatologique, soit pour chacun , en particulier
le pain du passant, envoyé par ·Dieu (Gn 18,5; Le (Is 30,23), soit dans le festin mes_sianique promis
II,5.II}. A partir de l'*exil surtout, l'accent est aux élus (Jr 31,12). Les •repas de Jésus,avec les
mis, sur la nécessité .de. partager son pain :avec siens préludaient ainsi au f~tin •eschatologique
l'affamé : la *piété juive trouve là la meilleure (Mt u,19 p), et surtout le repas •eucharistique
expression de la charité fraternelle (Pr 22,9; Ez où le pain que donne le Christ à ses disciples est
18,7.16; Jb 31,17; Is 58,7; Tb ~,16). Quand il son •Corps, vrai. don de Dieu (Le 22,19).
PAlN PAIX

If. LE PAIN DANS LE CULTE III, LE PAIN DE. LA PAROLE

1. La législation sacerdotale accorde :une grande En annonçant la. faim· de la *Parole de Dieu,
importance ·aux pains « de proposition », -placés au le prophète .Amos {B;n) compare le pain à la
Temple sur une table _avec les vases destinés aux parole {cf Dt 8,3 à ·propos· de la _manne); Plus
libations (r R 7,48;, 2. Ch x3;n;, cf Ex-25,23-30). tard; dans l'évocation du festin messianique;.. pro•
Leur ·origine semble ancienne .(r S 2r,5ss). Peut• phètes et sages pa.rlent,du pain qui-•désigne la
être est-ce un reflet du vieux sentiment religieux Parole vivante de Dieu (Is 55,rss), la Sagesse
qui offrait la *nourriture à la divinité. Pour Israël, divine en personne ·(Pr 9,5s; Si 24,19-22; cf 15,
dont le Dieu refuse toute nourriture (Jg r3,16), 1ss). PoU:r Jésus aussi, -le. pain évoque. la Parole
ces pains deviennent le symbole de la_ *commu- divine dont on doit vivre chaque jour: (Mt- 4,4).
nion entre :pieu et ses fidèles ; les prêtres les con- Au désir du pain ·,mangé dans .le roy'aume escha-
sommeront-- (Lv 24,5-9). tologique (Le 14,r5), Jésus répond par- la para-
bole des invités, CJ.ui vise·d'abord l'acèeptation: de
2. Le· pain de prémices faisait p~rtie ··de l'offrande la Personne et de son message. En situant. le
apportée· à- -la fête. des Semaines (Lv 23,r7). La premier, récit de là ·multiplication -des pains_ dans
formule « en geste de présentation » montre qu'il un contexte· d'enseignement,. _Marc semble sug-
signifie la-. reconnaissance du· don divin comme ·gérer •qùe ces pains symbolisent en même -temps
toute liturgie dè *prémices (cf Ex 23,16.19). Il la Parole de Jésus et son Corps livré (Mc 6,30.
revient tout naturellement au prêtre, représen- 34). Selon saint Jean, Jésus révète·te sens de ce
tant de Dieu (Lv·. 23,20; cf·Ez 44,30; Nb 18,13). miracle en affirm~_mt qu'il est 'le pain véritable
C'est aussi-. une intention de reconnaissance qui (Jn 6,.32s). Il se présente d'abord-comme·Ia. ·Parole
inspire l'offrande du _pain et du :vin faite. par· le à laquelle il faut croire (6,35-47). Parce que cette
roi-prêtre Melchisédech au Dieu Créateur (Gn 14, Parole incarnée s'_off+e ·en sacrifice, l'adhésion de
18ss). foi comportera -nécessairement la comm1iniÔ:ti à
ce. sacrifice dans le rite eucharistique (6,48·.SS).
3. Depuis les ·plus.anciens· codes, les pains azymes Aliment nécessaire et doi:l. de Dieu dans sa maté-
accompagnent les s~crifices (Ex 23,18; 34,25) et rialité même, le pàin demandé chaque jour. par
constituent· la nourriture d'Israël pendant la fête le fidèle à son Dieu·, peut' signifi'er,· àvec·- le déVe•
de printemps (23,1-5; 34,18). Le'levain était exclu loppement de la-foi, la Paràle divi:i;ie· et la PCr-
des offrandes Cultuelles· (Lv "2,n)'; peut-être y sonne même du Sauveur immolé, qui. est :Je VTai
voyait-on-un·symbole de corruption. En tout-cas, pain du ciel, lè pain de vie; . vivant et Vivifiant
lorsque la fête agraire des azymes -fut_ unie· à (6;32,35.51). . DS
l'immolation de- la •Pâque, l'usage du pain sans
levain fut mis 'en-relation avec la sortie d'Égypte: --+- commruùon NT - etlcharistie - faim & soif•--,-
il devait rappeler le ,départ hâtif qui avait empê- . manne - nourritùrè - repàs - vie IV z.
ché de·faire lever 13. pâte {Ex 12,8.n.39). Peut•
être l'origine· du rite-est-ellè simplement. un usage
de la vie ·nomade, abandonné dans la vie. séden-
taire en Canaan. On y a joint par la· suite l'idée
d'un· renouvellement :- le vieux levain ·doit dispa-
raître (12,15). Saint Paul reprend cette· image PAIX
pour convai:ticre les baptisés de vivre en hommes
•nouveaux (t Co 5,7s). L'emploi du pain dans le
culte trouve· son *accomplissement. dans 1'*Eu• L'homme désire la paix ..du plus profond de sçm
charistie ·: après avoir multiplié les pains avec des être. Mais souvent il igno,re .ia- n·atu,;e .du- bien
gestes liturgiques (Mt _14,19 p), Jésus _ordonne qu'il ·appelle de tous ses vœux, et les chemins
pendant la Cène de renouveler l'action par laquelle qu'il suit pour !'.obtenir ne sont pas .toujoµrs les
il fit du pain son Corps sacrifié et le sacrement voies de Dieu. Aµssi doit-il apprendre dt, rhis-
de l'unité des fidèles ·(r Co'·.1_0,16-22;· rr,23-26). toire sainte en, quoi consiste la quête de la paix
véritable,. et entendre proclamer le don de cette
paÎ:l!i. par Dieu en Jésus-Christ.
PAIX PAIX
conquérir ou à défendre : elle est *victoire sur
quelque ennemi. Gédéon ou Achab espèrent reve-
!.. LA .PAIX, BONHEUR PARFAIT nir en paix,' c'est-àMdire vainqueurs de la guerre
(Jg 8,9; 1 R 22,27s) ; on souhaite de même le
Pour. apprécier à sa pleine valeur la réa.lité que 'succès d'une exploration· (Jg 18,5s), le· triomphe
recouvre le· mot, il faut sentir le goüt de •terroir sur la ~érilité d'Anne (1 S 1,17), la··•guérison des
qui subsiste dans. !'.expression sémitique jusque · bleSSut"eS (Jr :6,14; Is·:57,18s); enfin on ofire des
dans sa- conception· la plus spirituelle,· et dans la 11 •sacrifices . pad:fiqueS » · (salutafis hostia) qui
Bible 'jusqu'au dernier livre du NT. signifiellt la •communion entre Dieu· et·Thomme
(Lv 3,1). .
r. Paix- et bien-ttre. -:- Le. mot. hébreu lal&n dérive
· d'·une racine qui, selon ses emplois, -désigne le fait 4. Paix et justice. - i..a paix· enfin est ce qui est
d'_être• .intact, complet .(Jb 9,4), vg achever une bien.par·op]_)ositiowà ce:qui est mal (Pr 12,20;
maison (r R_9,25), .ou racte de.rétablir les choses Ps 28,3; cf I>s 34,15). ·«: Point de paix pour les
dans leur ancien état, leul' intégrité, vg a apaiser » méchants » (Is 48,22) ; au contraire, a .voyez
un ··créancier (Ex. 21,34), ,acèolllplir.. un ·_vœq.,._(.Ps l'homme juste : il .y a une postérité pour l'homme
50,14); Aussi la paix biblique n'est-elle pas. seule- ·de paix-» (I>s 37,37) ;'«· les ~humbles posséderon.t
ment le a pacte »-. qui permet une vie tranquille, la terre et •go1lteront les dé,lices d'une-paix ·inson-
ni le « temps de la paix Il -par opposition au « temps , dable·» (Ps 37,n; cf·Pr 3,2). La-paix est la somme
de la .•guerre » .(Qo 3-,8; 4-P 6,·4) ; .elle ,désigne le des biens-accordés à,la "justice-: avoir-une terre
bien-être de l'existence quotidienne, l'état de féconde, manger .-à -satiété; habiter en ,sécurité,
l'homme qui vit en harmonie avec là . natur~, domûr· sans crainte, ·,triompbèr de ses ennemis,
avec lui-même,· avec Dieu ; c_oncrètem,ent, elle_ est se multiplier; et tout·cela·en définitive parce.que
•bénédiction, •repos,, *gloire, *richesse, •salut, •vie. Dieu est aveè: nous (LV:26,r~13). Loin donc d'être
seulement une absence de guerre, ·la paix est· plé-
2. Paix.et.·bonheur. - (! ~tre en bonne santé.» et nitude du bonheur.
« _être -en paix » sont deux expressions parallèles
(Ps 38,4) ; _pour ,demander comment on se porte,
si l'on• va bien; O:Q. dit : a Est-il en p_aix: ? » (2 .S Il. LA PAIX; 0,DON' DE DIEU
1.8,32; Gn 43,27); Abraham qui mourut.dans une . ,
:vieillesse heureuse et. ra:ss_asié .de jours (Gn 2,5,8) Si la paix est le fruit et le signe de la *justice,
s'en alla en-paix (Çi-n 15,15; cf Le 2,29). De façon comment donc•· les •i_mpies .sont-ils . en paix (Ps
plus large,_ la paix, c'est la sécurité. Gédéon ne 73;3) ? La. réponse à cette question· angoissante
doit plus •cra~ndre la mort devant l'apparition sera .donnée au lollg de l'histoire .sainte : conçue
céleste (Jg 6 1 23; cf Dn 10,19); Israël n'a plus. à d'abord comme un bonheui: terrestre, la .paix
redouter d'•ennemis, grâce à Josué le vainqueur apparait comme un bien de :plus en l plus sp.iri-
(Jos 21:44; 2j,1), à David (2 S 7,1), à Salomon tuel, en raison de sa source céleste.
(1 R 5,4; 1. .C4- 22,9; Si 47,13). Enfin, la paix est
concorde dans une vie fraternelle : mon familier, 1. Le Dieu de paix. __:_. Dès les débuts de l'histoire
mon _ami, c'est t1 l'homme de ma paix » (Ps 41, biblique, on v:oit Gédéoi:t. bâtir .un autel à « Yah-
rn; Jr 20,IO) ; elle est confiance mutuelle que weh Shalom » (Jg 6,24}. Dieu, qui domine au ciel
sanctionne souvent une •alliance (Nb 25,12; Si (Jb 25,2),. peut en effet créer la paix (1s 45,7). De
45,24) ou un trai~ de bon voisinage (Jos 9,15; lui on. attend donc- ce bien. a·Yahweh est grand
Jg 4,17; 1 R 5,26; Le 14,-32; Ac 12,20). qui veut ·la paix de son·· serviteur • (Ps 35,27) :
il bénit Israël (Nb 6,26), ·son peuple (Ps 29,u),
3. Paû et salui. - Tous ces biens, matériels et la maison de. David (I R 2,33), le sacerdoee (Ml
spirituels, ·sont -compris dans la salutatio~, dans 2,5). -Dès-lor_s, qui se •confie en lui peut s'endor-
le souhait de paix (en: arabe, le ·salamalec)_ par mir en· pàix (Ps 4,9; cf '!S 26,3). a. Souhaitez· 'la
lequel, dans l'AT- et le NT, on se· dit t1·bonjour » paix sur Jérusalem! Qu~ils soient en sécurité
et a adieu », soit en- conversation (Gn 26,29; 2· S ceux qui t'aiment l b (Ps 122,6;- cf Ps 125,5; ·128,6).
18,29), SOit dans les lettres (vg Dn 3,98; Phm•-3).
Or, s'il convient de souhaiter la. pai:7' ou de s'in- 2. « Donne la paix, Seigneur/, ii'..,... Ce 'doll. µivin,
terroger sur les dispositions· pacifiques du visi- l'homme l'obtient par la prière confiante, mais
teur (2 R 9,18), c'est tj_ue la -paix-est un· état à aussi par urie « activité de justice », car il doit,

880
PAIX ·PAIX

selon le dessein de· Dieu lu.i-inême, coopérer à veau :"paradis; car·.« c'est lui'·qui sera la Paix »
l'établissement ·de la -paix ;sur terre, coopération (Mi .5,4)·.. · La nature: sera soumise à l'homme, les
qui se. montre· ambiguë à cause du .*péché -tou- deilX royaumes séparés se *réconcilieront; les
jours pi-ésent. L'histoire .du temps des Juges est •nations'. vivtoilt en •païX ·(Is_ 2,2 ... ; I'I,z. .. ; 32, [j-
celle _de Dieu qui ·Suscite des *libérateurs, chargés :2:o;· cf 6,5,25)'. ·« le juste -fleurira »'-(Ps 72,7)'. Cet
de rétablir cette paix qu'Israël a perdue ,par ses •évangile- de la paix,-:(Na 2;1), Ia· délivrance de
fautes. David pense avoir accompli-sa tâche quand Bâbylone (Is--'.52,7;- 55,12), .est ·réalisé· par le !"Ser-
il a délivré le pays ·de··ses ennemis'-(2 S. 7,1). Le viteur souffrant-. (53,5), qui annonce par· son sacri-
roi idéal s'appelle Salo~on;- roi pacifiq:ue (1 • Ch fice quel--sera le prix de la paix. Dès lors,·« paix
22,9)., so:us Je règne duquel les_ deux- *peuples du à qui :·est ·loin et. à qui est· proche! -Les blessures
Nord e~ du Sud s,;mt fratemel~ement,.unis (r R 5). seront guéries » {57,19). Les gouvernants du
peuple· seront Paix 'et Justice (60,r7). « Je vais
3. La lutte pour .la paix faire :couler sur [Jérusalem] la paix- comrhe un
a) Le combat prophétique. - Or cet idéal se fleuve; et comme uti torrent débordant la '!gloire
corrompt vite, et__ l,es rois çherchent à_ i:;e procurer des ·nations-» (66,r2; cl 48;18; Za ·8,12)".
la paix-__ non comme _un fruit de la justice_d.i,ville, c) Enfin la réflexion sapientielle aborde I_a. ques-
mais par des all.iances .J)olitiques, sou,:vent -imp_~es. . tion de· la -Paix véritable. La foi affirme ·: u Grande
Conduite illuSOire qui semble autorisée par la par6Ie paix·pour ceux qui aiment ta_·Ioi, rien ne leur est
d'apparerice· .p:rof>hétique de. certains h,ommes, s_candale· »· (Ps. u'g,r65); mais les événements
moinS .souci.ell?' d'entèndre .. DiÇ;u que « .. d'avoir · seniblent la· ·contredire (·Ps 73,3), soulevànt le
quelque ch0se à se n~ettre sous la deJlt » (Mi 3, ·problème· de -la· •rétribution. Celui-ci ne sera plei-
5) : en plein état, de péclié, ils, os~nt I>roçl~IJler une nement résolu qu'avec la croyance en la survie
paix durable (Jr . r1,x3). Ve~s _J_'an. 850~ ~~ichée, Parfaite ·e1;: personnelle .. : u·· ,Les âmes des justes
fils de Yimla, se dresse pour disputer à ces faux sont dans la main de Dieu: .. Aux yeux des insensés
prophètes_ 1e mot et_.la féalité d~ là.paix-_(~ R 22, ils semblent. morts ... inais ils sont dans la paiX. »
r3-28). La lutte deyient :t;rès viv:e. à_ l'occ.asion du (Sg 3,1ss), c'esf:•à-di_re -dans la plénitude _des·'biens
siège de Jérusal~m (cf Jr 23,9-40). Le d()ll. de la ' et 'la communion de celui qui les donne, la -•béa-
paix requiert la .suppression .c:J.u p~hé,, et _doµc titudè.
un *châtiment préalable. _Jérémie . accuse :. u Ils
guériSsent sllperfidellement la plaie de mon pètiple
en disant : faix ! ;Faix ! Et ,pourtant il n'ei:;t point Ill. LA PAIX DU -CHRIST
de pa~X » (J_r 6,H)- .ÉZéchiel de :-crier : A~.ez de
replâtrag~ l_:Le mur doit tomber ,(~.z :i:3,r5s); Mais L·•espéra.lice des ·prophètes -et des sages· devient
quand_ celui-ci .s'.est écroulé, ceux qui_ ,prophéti- réalité accordée en •Jésus-Christ,· car le. péché est
saient le malheÜ_r. Sürs désormai_s qu,'il !!'est plus vaincu -en· lui et par-lui'; mais-·ta.1:1-t que le péché
d'illusion _posajble,-proclament à nouve'au la paix. :il'est pas mort··en·toùt homme; tant que ·le Sei-
Aux exilés, Dieu arinonc~ :_ « Je sais, moi,_ le_ des- gneur n'est: pas venu au 'dernier • Jour;- la paix
sein _que j'ai s\U' v0U_s, dessein_ de paix _et ,non de deineure un bien à vènir ; le' message prophétique
malheur : vous. donÎl~r avenir et e~pérance .» (Jr garde donè· sa· valeur·:, u. Le fruit. de 1~ justice·.se
29,u; cf 33!9)_'. Une_,alliance de paix sera conclue, · •sème dans la paix par ceux qlli" pi-a.tiquent- la
supprima.rit .. les _bêtes _féroces, as5:~rant sécu;rité, paix•» (Je 3,18; cf.Is 32,17). Tel est le message que
bénédiction (EZ j4,25-30)', càr, d~t .Dieu, « je· serai proclame· le NT, ·de, Luc à Jean, en passant par
aveo eu:x "»_ (37','26) . . : · . . · ,· . Paul.
b) La paix_ eschatolog1:'que: ~ 'Cett_e .Coil.troVCrse
sur la paix est sous-jacente au message prophé- .1. Luc, dans son· évangile, brosse le portrait du
tique dans son ensemble. En devenant un élément roi pacifique. A sa IUµssance, les anges ont- annoncé
essentiel de la pré(,iication estjlatologique, 1~. paix la 'paix aux.hommes que Dieu aime (Le 2,14} ;· cc
véritab,lt se· dégage de ses limitations· tep-estres message, redit par les disciples joyeux qui escortent
et de ses ço:µ.tre!a.çons pécheresses.- Les oracles le *Roi entranf dans sa cité (19,38), •Jénisalem
menaçants des· prophètes se terminènt ordinaire- ne veut pas l'accueillir (19,42). Da.mi la-bouche du
ment par une• annonce de restauration- plantu- roi-pacifique, le s0uhait dè: la paix terrestre-devient
reuse (Os 2,20... ; Am 9, r3 ... ; etc). Isaïe· rêve du •l'annonce d'un •salut :·comme un-bon Juif, Jésus
« prince de-la paix 1) (Is 9,5; cf Za 9,9s), qui don- dit:« Va en paix!», mais avec,cette.parole·il
nera une « paix sans fin )) (Is 9,6), ouvrira un nou- rend la santé à l'hélllorroisse (8,48 p), remet· les

88I 882
PAIX --PAIX

pécll.és .à la péche:resse repent~te- .(7,50),· mar- A la. suite de rAT qui voyait ·dans la.· •présence
quant _ainsi sa ~victoire sur la .puissance de-. la .de Dieu.parmi son. peuple le bien:suprême,dè la
*maladie_.et du •péché." Comme lui.- les' __disciples paix (vg. Lv--26,12;. Ez 37,26), ,Jean montre dans
offren_t: aux villes, avec ,leur salutation. de-paix, le la -présence· ·de Jésus la •source- et la: réalité. de la
salut en Jésus (10,5-9). Mais ce sa.lut vient boule- paix:,.et'.c'est là un des aspects ·caractéristiques de
verser la paix de -ce •monde._; Cl .Pensez-vous. que sa ·perspective. Quand la *tristesse - fond sur les
je sois venu apporter_ la paix sul'.· terre·?_ Non disciples qui· vont être· séparés de .-leur Maître,
.point, mais la division » (rz,51}. Aussi Jésus ne Jésus les rassure : « Je vous laisse la paix, je vous
se contente- pas de proférer -les. ·mêmes. menaces donne ma' p3.ix » (Jn · 14,27'); cette paix n'est plus
que .les pro.phètes contre toute sécu11ité trompeu'se · liée-'.à · sa ·présence •terrestre,-· mais à sa:.--•vicciire
. (17,26-36; .cf 1 Th' 5,3); il sépare.·Jes_ merilbres sur le ·•monde; ··aussi, victorieux de là •mort,
d'une même -famille.-. Selon -.lè ·mot· d~un·· poète Jésus donne-t-il, avec Sa paix, le Saint-Esprit et
, Chrétien,.- ce n'est pas la, ·guerre qu'il esLvenu le pouvoir sllr le· péché (20,19-23).
détruire,' mais la. paix qu'il est venu surajouter,
c~tte pai?t -de Pâques qui suit la victoire .défini- 4. « i3ie'nh~ùr~se 1/is~on de_- Pa,i:i ». - Ferme, dans
tive (Le -24,36). Les disciples Vont donc rayonner ·l'espérance: q ~i lui_ fait _~On_telllpl_er la *) érusalem
· jusqU.'aux confins du monde la pax .. israelitica (cf céleste, (Al) '2.r,2), _le chr'étie~ _aspire_ à ré_aliser la
Ac_ 7,26; 9,31;, 15,33)· qui est, sur le plan. religieux, *béatitude : « Bienheûreux .CEiux qui font œuVI'e
. comme une transfiguration. de la -pax romana. (cf de p8.ix l » "(Mt··5_,.9), car C'_est 'viVre commê Dieu,
24,2), car Dieu-a·-annollcé .la pa.ix par Jésus-Christ c'est êt~ *fils_ dé·_'Dieli d,a~ le Fils unique, Jésus.
en, se montrant- «· le Seigneur- de tous.» ,(10,36), :n tend donc de toutes' ses forces à· établir ici-bas
Iâ coricorde et la tranqÙÜlité'; Or èette -politique
2.: Paul,, j'oignant Ordinairement. dans .les ·salut~- chrétienne. de, la paix te!I"es~e se· niontre, d'.au-
. tians .de ses-lettres la *grâce à la-paix, -eri ·affirme tant plus_ efficà;èe_ 9.u~e,IJe ·est _sans il_lusion ; trois
ainsi l'. origine :et la stabilité. Il manifeste surtout pr4J.cipes ·guident ~ :.pou(~uite_ i~Jassable.
le.lieil:qu'elle·a avec la •rédemption. Étant« notre
Paix.»', Je· Christ a fait ·la paix, il a *réconcilié les
Seule,. la recénnaissance universelle de fa •sei-
, gneurie'du ·christ pai-_ tout l'univers lors du-de_r-
de_u:,I: ·peuples les unissant en un seul •corps.· (Ep nier avèllement établira_ là._-paix_ définitive. et ·uni-
z,r4-22) ; Dieu s'est.ainsi u réconcilié tous les êtres, versellei_:· Seule, l'Église, qui_ sùl"monte les_ distinc-
aussi bien sur la terre que dans les cieux, en fai- tions de race,_ de classe et de ·•sexe (Ga 3,'·28; Col 3,
sant la paix par· le -•sang de .ta *croix du Christ » · n), est sur _terre l'e_·lieu, le_ •signe· et la' source ~e
(Col r,20). C'est -donc parce que « no_us sommes la paix entre ·les peuples, Car elle est _le_ Corps du
rassemblés en un même. Corps.» que.« -la paix du Christ et_ la.. dispens8.tricë de l'Espri1;;. Seule enfin,
Christ.règne daµs nos_ cœurs » (Col 3,15), grâce à. la *jùs'l:ice devant Dieu et eiitre les hornm:es 'est
!'*Esprit qui -tisse· e'ntre nous. un. Iien_.solide (Ep le fondement de. la pâix, car c'est elle q!)i ·sup-
4,3).-Tout croyant, ••justifié, est en paix par Jésus- !)rime le Péché~ source de _toute division. Le chré-
Christ avec Dieu (Rm 5,r-), le Dieu d'amour,_et tien soU:tiendra son effort pa~ifique en écoutant le
de --paix. (2 Co :13,u)· qui, le sanctifie « à fond >1
(r Th 5;23). Comme la charité et la •joie·, la. paix
Dieu qui seul donne fa: paix ·parler à travers ce
p$3.:ume oîi. Sont rassèlilbl~s 1eg· attributs du_ Dieu
est-•fruit-de !'Esprit (Ga-5,22;-Rm 14,17), ·elle,-est de_l'histciire: « Ce que.Dièù di~, c'est_~a:_paix
la *vie--éteri:J.elle anticipée ici-bas (cf 8,6), elle pour ·s·on peuple~ .. Fidélité germe de _ la.terre, et
surpasse toute intelligence (Ph 4,7), subsiste dans des cieux Justice se penche. Yahweh lui-même
la tribulation (Rm 5,1-5}, rayonne dans nos rap- donnera le bonheur, et notre terre ·son fru~t. Jus-
ports avec les hommes (1 Co 7,r5; Rm 12,18; 2 Tm tice . màrchera _devant·- lui et Paix sur la tracei _de
2,22), jusqu!au-- *Jour où le Dieu de paix· qui a ses_ pas »: (Ps 85,'9-14). XLD
ressuscité Jésus. (cf He. 13-,20), ayant détruit Satan
(Rm 16,20), rétablira toutes- les choses dans leur - _béatitude:'-:-. bénédiction JI 1, IV 3 - guerre -
,intégrité• originelle. Jérusalem -A,T·III 3 - récot"l.ciliatioù .:.._ repos - salut
AT 1_2 - soucis 2 - violence·IV-3.
3. -Jean-explicite encore la· révélation. Pour 1~
Comme- pour- Paul, .la pàix est le ·fruit du *sacn-
fice_ de Jésus (Jn·r6,33)·-; comme da~ la tradition
synoptiq)-le, elle n'a rien·à voir avec la paix de ce
mail.de.

883
PÂQUE PÂQUE

chement reste secondaire; Ce qui importe, C'est


que la Pâque coïncide avec la délivrance des
Israélites .. : .elle_ devient le mémorial de ]'•exode,
événement majeur de leur histoire•; elle rappeHe
PÂQUE que Dieu.--a.,frappé· !'.Égypte et épargné ses :fidèles
(12,26a;. 1-3,Sss). _Tel: sera -dést;trmais_ le sens de -la
Pâqu~· et la portée nouv:elle de. son nom.
Au temps de. Jésus,- la Pâque juive rasseml;>le · , Pâque es:t; le décalque -du .grec pasGha, dérh-é
à Jérusalem les :fidèl_es de Moïse po~ l'immola- de _}!araméen past,6 ·et _de l'hébreu: pèsa,{i._ L'ori-
tion et la manducation de l'*agneau pascal; ,elle gine de ce nom est. discuté_e. Certains lu_i attriQuent
commémore l'*Exode ,qui libéra les Hébl'eJJx _de une étymologie étrangère, -assyrienne· (pasahu,
la servitude égyptienne. Aujourd'hui la Pâque apaiser) ou égyptienne· (pa-sh, le souvenir ; pt~sah,
chrétienne réunit e_n tous lieruc les disciples .. du le coup) ; mais aucune de __ ces hypothèses ne s'im-
Christ dans. la communion à leur, Seigneur;· véri- pose. ~a BibJe rapproche f,èsa/t_. du .'v_erbe pasa[z,
table-.Agn·eau .d~ Dieu; elle les associe-à.sa *mort qui. signifie soit, boiter, soit exécuter une danse
et à sa *résuq:ection qui les ont délivrés du *péché .rituelle ·a1,1toùr d'un .sacrifice (i R 18,21,26), so~t.
et de la mort. •De .l'.une à l'autre _fête, la ·conti- au :figuré, «sauter», «passer», q)argn~r. Li Pâque,
nuité est éviden~e, mais on a changé de plan, en c'est le Passage de Yahweh qui passa ·par-dess.us
passant de.l'ancienne à la.nouvelle *Allian~ par les maisons israélites, tandis qu'il frappait celles
l'intermédiaire de la- Pâque. de Jésus. - des Égyptiens (Ex 12,13.23.27; _cf Is 31,5), ".

3.,Pdque,et,Azymes.-:-- Avec.le temps, .vc1,,se squ-


I. LA PÂQUE ISRAÉLITE der à la. Pâque une autre fête, originaireJl'.!.ent dis-
tincte; .mais rapprochée par .sa date printanière : les
1. Pdque p,-i,nJanière; nomade _.et domestique. Azymes (Ex I2,r5-20).- Pâque ·se célèbre- le 14- du
A l'origine, la Pâque est une fête de- famille. On mois; 'les Azymes. se fixent finalement du 15 au
la célèbre de •nuit, à la pleine lune.. de l'équinoxe 2r .. Ces *pains non levés: accompagn_e_nt l'offrande
de printemps, le 14 ,du mois d'.abib ou. des -épis des •prémices de la •_moisson (Lv 23;5-14; Dt 26,
(appelé nisan après l'exil). On· offre à.Ya.hweh;un r)·-;, l'~uatiQn _du vieux, -levai:n est un rite. de
jeune animal, né dans l'année, pour. attirer· '-les •pureté et de: renouvellement annuel, dont- on
bénédictions divines sur le troupeau, .. La victime discute l'origine nomade ou .agricole. Quoi .qu'.il
est un agneau ou un chevreau, mâ.le, sans défaut en soit, la tradition israélite· a .également rattaché
(Ex 12,3-6) ; , on ne doit en- briser. aucun os (12, ce rite à la sortie-d'Égypte.-(Ex 23,15;,34,18). Il
46; Nb 9,12), Son •sang·est mis;, en signe·de;pré- évoque maintenant. la hâte. du départ, si ~pide
servation, à l'entrée de-chaque demeure -(Ex .u, que· le,~ lsraélifys ont .dft emporter leur pâ.te avant
7.22). ,Sa chair est mangée au .cours. d'un ·•repas quiene.-eüt· levé (Ex 12,34.39). Pans les calen-
rapide, pris par des eonvives en tenue de voyage d,riers liturgiques, Pâque et Azymes sont tantôt
(I2,8-n). Ces· traits nomades et .dome_stiques sug- dis.tingués (Lv. 23,5-_8;_ cf -Esd. 6,19-22; 2_ Ch 35,
gèrent pour la Pâque une origine t1;ès .ancienne. : 17),et.tantôt cçinfondus (Dt r6,1-8;,2 Ch 30,1"'.13).
elle pourrait être: le .sacrifice . que les IsraéJites . I)e toute façon, c'est, la-.délivrance __ de,.l'exode
demandent au Pharaon d.'aller. célébrer au- désert qui s'actualise dans les Pâ.ques; annuelles, et ,cette
(3,18; 5,1ss} ;. elle re_monterait ainslplus haut que signification profonde de la fête- .est ressentie.avec
Moïse et la· sortie d'Égypte. -Mais_c'.estJ'exode qui plus d'intensit_é aux ~tapes importantes de rhjs-
lui a donné sa signification définitive. _toire d'I.sraël ; celles du Sinaï (Nb g) et de l'entrée
en Canaan· (Jos.5); celles des réformes-d_'Ézéèhias
:.z. PdqU8 ~t Exode. - Le grand printemps d!Israël vers- 716 (2 Ch .30), et .de Josias vers ,6_22'.(l R
est celui o~ Dieu -le libère du ,joug égyptien par 23,21ssf; celle, du,.-rétabliSSeIJlent post-exi_lique en
une série d'interventions .providentielles, ·dont la 515. (Esd 6,19"'.22). .
plus éclatante s'affirme dans -la. dixième. plaie. :
l'extermination des premiers-nés égyptiens (Ex 4 . .,Pâque et les .nouveaux exodes. - La libération
rr,5; 12,12.29s) .. A cet événement la tradition rat- du joug -égyptien est évoquée chaque ,fois qu'Is-
tachera plus· tard · l'immolatioll des premiers-nés _raël subit d'autres esclavages : · , ,
du troupeau .et _le raehat des premiers-nés israé- Sous :le. joug assyrien, vers _710, -Isaïe- s.alue .la
lites (13,1s.-n-1s; N,b 3,13; 8,17). Pareil rappro- délivr&I;lce comrµe. _une nuit ·_pasc8'.le. (30,29)., QÙ

885 886
PAQUE PAQUE
Dieu épargnera (pasab).Jérusalem (31-,5; cf 10,26); tiré du chaos, Isaac tiré du supplice et l'huma~
cent ans_. plus tard, Jérémie célèbre la· libération nité tirée de s;i misère par le Messie attendu. Ces
des.exilés- de 721 èomme un nouvel .. exode (Jr. 3·1, perspectives trouvent dans la Bible de nombreux
2-21) et même, renchérira' le grec des-- LXX, points d'appui :
comme: l'ànnivei"saire 1exàct du: premier :: « Voici a) Plique et crlatîon -~· 'Ci-éation et *rédemption
que je-ra.mène, dit-Dieu, les:(:jnfants d'Israël,·en sont en effet. souvent liées, notamment dans le
la fête de,Pâque 1 » (Jr 31,8 = grec 38,8),: grand Hallel pascal :. Ps 136,4-15;-cf Os 13,4 (grec):
Sous·· le· jdug ba?ylonien, Jéré•m.ie· affirme· que Jr 32~17-a;-. Is 51,9s; Nè 9; 'Ps 33,6s;· ·74;13-17; 77,
le- rètour des· déportés de• 597 supplantera l'Exode 17-21;· 95·,5..:9; 100,3; 124,4-8; 1~5,6-9; Sg 19.- Si
danà les. souvenirs d'Israël'-(Jr 2.:t7s)-;:.le 'Second • Dieu peut diviser-la mer Rouge (Ex 14,21), c'est
Isaïe_··annonce·-1a- fin de l'.*exil .(587-538} collirp.e qu'il a· d'abord· divisé- l'océan: originel {Gn 1, 6).
l'Exode décisif qui éclipsera l'ancien (1s 40,3-5; 'b)' Pdque:et Isaac: De même·, si Dieu·peut sau-
41,17-zO;· ù:.-16~21-; 49,9-n; 55,12-13_':"cf 63,7-6·4, ver les fils de Jacob, c'est qu'il a d'abord sauvé
II)·:. le rassemblement des dispersés- (Is 49,6) Sera ses ancêtres. Abraham est-censé attendre l'Exode
l'œuvre de l' Agneau-•Serviteui (Is ·5-3;,7), q'ui , (Gn 15,13sj, dont le gage es·t pour. lui le. salut
deviendra f,!D outre la· ltimière des nations et (lui, ·-d'Isaac--(Gn :ù). Or. Isaac est censé· offe'rt ·à Sion
avec !'Agil.eau pascal", ·servira de -'figu~e· ·au ·Sau- (2·· Ch 3,1); comme' plus tal:d l1agn:eau pascB.l (Dt
veur à: venir, 16), 'et préservé de'·l'épée'_ (GD- 22,12)_, Co"mme·plus
tard Israël (Ex u,2-3: cf r Ch 21,15)-: Isaac est
5. Pdque, fête du ·Temple. - En .traversant ainsi sauvé par le bélier, Israël par l'agneau; Isaac
les siècles, .la Pâ.que a évolué, Des précisions, des verse, par .sa *circoncision, ,µn sang déjà riche de
"modifications ·sont surv~ues, La plus·:•importante valeur •expiatoire (Ex 4,24-26), comme le sera
·est l'innoVa~ion: du Deutéronome, qui transforme plus tar_d celui des -victimes pascales (Ez 45,18-
la . vieille célébration familiale en une. fête·· du 24) ; mais surtout Isaac est prêt à vèrser tout son
•.Temple (Dt· 16,1_-8). Peut-être cette· l~gislation sang, méritant -par là de- préfigurer _l'Agneau pas-
a-t-elle· ·connu· sous Ézéchias -un débtit de réalisa- cal ]?ar ·excellence :·Jésus-Christ. (He n,1.7-19).
tü:,n '(2 Ch 30; cf'Js 30,29) ; en tout cas, sous Josias, c::) Pdque et t' èt'6· messianiqut· : Toutes 'les inter-
elle' êntre ·~ans les .faits (2 R 23·,2tss·;· 2 ·Ch 35). ventions_ de ·Dieu dans le paSsé fox,.t espérer son
La. Pâque s'aligne aitlSi sur la-centralisation géné- interventiori décisive dans l'avenir. -Le salut. cl.é:6.-
r·a1e du- •culte. -Soll rite s'adapte ; le sang est versé nitif ( = eschatologique) .apparaît- comn:i.e une nou-
sur l'autel (2 Ch-35;n) ; prêtres et lévites sont les velle création (Is 65,17), un exode irréversible ·(65,
, acteurs principaùx de la .cérémotiîeJ 22),· une •victoire b;,tale Sur lè mal; le •paradis re-
Après .l'.exil, la ·Pâque devient la fête -par· excel- trouvé (65;25). L'envoyé de Dieu chargé d'instaurer
lence, dont tomission elltràtnerait pour les juifs cette transformation-du monde. n'est autre_ qùe le
une véritable excommutiicatfon (Nb. 9,I3'): ;- tous *Messie (Is r-1,i:.9), si bien qu'à chaque nuit pascale
les .circoilcis, et etlx seuls; doivent y prendre part les- Juifs attendent. sa Venue'. Comme Certains· con-
(Ex r'.2:,43-49):; en cas de nécessité, elle peut•être tinuent ·à imagïn•er ce-Messie sàus des traits guer-
retardée d'un:mois (Nb'-9,9-·13; cf 2 Ch· 30;2s8). riers, il y a là 1fo risque de réveil du nationalisme :
Ces préciSions de- ·Ja législation· sacerdotale fixent c'est souvent au moment de·1a· Pâ.que·que s'af-
'-une' furisprudence déSOmiais immuable:• Hoi"s de firment des mouvements politiqués (cf Le· 13;rss)
la·Ville sainte,.·1a. ·Pâque- est sans douté célébrée ou que les passions religieuses s'exaspèrent (Ac
ici ou là ·dans le· cadré familîat'·; ·ene . l'est certai- 12,1-4).' A l'époque romatn:e, l'administration
nement •par-la ...colonie -juive d'Éléphantine,··en veille -'à maintenir' l'ordre. _pendant·. les festivités
Égypte_,.- selon ùn docu~ent de l'an '419. Mais pascales et;·chàque a:nnée, le·procurateur monte
l'immolation -de l'agneau est progressivement éli- alors à Jérusalem. Mais la foi religieuse peut voir
minée de Ces célébrations: partieuliè!es, qui désor- ·a'.uSSi plus· loin que cette agitation et se garder
'maÎS. se voient éclipsées par la solennité de J éru- pure de compromis : elle laisse· à Dieu lé Soin de
salem. fixer ,1'heute et la ·manière d'intervenir du· Messie
qu'il doit envoyer.
6_. Ptfque, temps des hauts--Jails divins. - La Pâque
·est donc· devenue l'un des grands *pèleriiia.ges de II. LA PAQuE· DE Jisus
l'année liturgique. Dans 1e judaïsme elle revêt
un -sens très riche, explicité pat le Targum d'Ex Le Messie vient -en, effet; 'pdur commencer,
12,42 ·: Israël tiré de l'eselavage évoque le monde JésU:s prend -part à fa. Pâque juive; il la voudrait

888
PÂQUE PAQUE

meilleure, mais :finalement - il la supplantera - en *résurrection -dtt Christ les· unit à. lui dans son
)'accompli,ss_ant. , eucharistie, les tourne·vers·l'attente de sa parousie
Au tenips_ de.- la Pâque, Jésus prononce des (r Co n,26).
paroles et. aèconiplit des aCtes_ ._qui ;Peu à._peU: en
changent le sens. Nous avons .ainsi la Pâque du 2: 'La Pdque ànnùelte: - Outre la ·Pâque. d"omi-
•Fils unique; <J.ùi_ s'attarde aupr~s du ·saint des D.lcale, .il y~ aùSSi pour les chrétiens _une ~lébr~-
saints parce qu'.il_ se .!3a,it là chez• :soi::i_ P~re (Le tion. annuelle qùi donne à la Pâtj_µe juive un con-
2,41-51) ; la Pâque du nouveau *_Temple, où Jésus tenri n0uveau : les Juifs célébraient leur déli-
purifie le sanc;tu_aire provisa;ire et · an.D.Once . le vrallce du, joug.étranger et._àttendaient un_.messie
eanc,tuaire dé~n_itif!, son; corps I"Elf:iS~scitê_ (Jn. 2, libérateur national·; les chrétiens fêtent lelll" ·*libé-
13-23; cf _1,14.51; 4,21-24): la Pâque du *P'ain ration du *péché et de ·la •mort, s'unissent au
multiplié, qui sera - S_a.. *chair offe:rt~ eti sacrifice Christ crucifié et ressuscité pour partager avec
(Jn 6,51); enfin et surtçmt la' Pâqùe_du nouvel lui la vie éternelle, et tournent leur espérance
*Agneau, où· Jésus_-_pi:end là place _de la V:ictime vers sa parousie glorieuse.
pascale, institue le nou'veau_ repas pascal, et effec- En cette ·*nuit qui brillé à leurs yeux comme le
tue son·· pl"opre · exode, «. pas_sage » de c~ _monde jour, afin de préparer leur rencontre dans la
pécheur ·au *Royaume du Père (Jn, 13,1), sainte Cène av_ec l' Agneau de Dieu qui supporte
Les évangélistes: ont bien compriS les intentions et emporte les péchés. du monde, ils· s~ réunissent
de Jésus et, av·èc des·ntiances diverses, les mettent pôur·une·vigile-où le récit deTExode,leur-iest lu
en lumière. Les· Synoptiqùes décrivent le dernier 'à une.profondeur nouvelle (1 P-1,13-21): baptisés,
•repas de Jésus (même s'il a été çqnsommé la ils constitµellt le· *pe'uple de. Diieu en exil (.17); ils
veme· de la Pâque) coïnme·-un repas ·_pas~l ;_. la marchent les· •reins ceints (13); :,délivrés -du ·mal,
Cène est prisé à l'intérieU:r dés muis de J én;i_salem ; ·vers la *Terre, prbnùse du •royaume des cieux.
elle est encadré€! par ·m:ie l_itur~e q~,i è:om:gort_e, Puisque le Christ, I,eur -victime pascale, -a été
entre autre_s, la récitation _du. Hallel (Mc 14,26 p). immolé, il leur faut célébrer .la fête; non avec l_e
l\fais c'est le repas <L'u_ne 'nouv'ell~. Pâquè : ·sur les vieux levain de la mauV"a~se Conduite, mais avec
bénédictioris _rituelles destinées ·au . *pain. et au des, a"zyllles · de pµreté et de •vérité- (1 :Co 5,6Ss).
•vin, Jés.us greffé. l'institution· de _!'*eucharistie; Avec le Chiist, ils ont ·.vécu pe~onnelle!p.ent 1e
en d()nnant à m!:1-ng'ér son_ *corps.,. et à_ boire· son mystère de Pâque· en mourant ari péché et en -res-
•sang répandu, il déctj.t sa m0rt comme_ le •sacri- suscitant-_ pou.rune •vie nouvelle_·(Rm 6,3-u; Col
fice de la Pâque _d_ont il est le nouvel Agneau. (Mc 2,12). C'est- pourqtloi la fête de· la •résurrection
14;22-24 p)._ Je:an préfère s0tllignei:-, cè fait en insé~ du: Christ devient"· très tô:t le moment privilégié
rant d_ans son évangile_.plu_sieùr.s allusions à JésuS- du •baptême, résurrectioii des chrétieris en, '"qlli
Agneau (Jn. 1,29.36), et eri •faisant coïncide;r,. dans rèvit le mystère pascal. La-controverse du ntt siècle
l'après-:plidi ·du 14 nisan, l'immolation. 4e ..l'.agneau sur là d_ate de la Pâque laisse intact ce sens pro-
(18,28; 19,14.J-L42) et la mort en croix de la vraie fond qui souligne le dépassement définitif de_ la
victime pascale (i:9,36). · · fête_ jui~e,

3. La Pdqus eschatologique.. - Le mystère pascal


III.. LA ~ÂQUE CHRÉrlENNE_ s'achèvera.: pour les chrétiens·.par la mort,_.la résur-
rection, la: rencontre dù Seigneur. La Pâque .ter-
1. La· Pdque domîniOale: -:- èrncifié la veille d'un restre ·prépare· pour eux cet. ultimè u passage ·»,
•sabbat, (Mc 15,~2 p; _Jn :_.19,3~).. Jésus res~u.scite cette Pâque de l'au-delà. . En- effet· le mot Pâque
le lendemain de. ce mêtlle sabbat : le premier Jour ne·désigne.,pas·_sieulemerit le mystère-de -la ·mort
de la •semà_ine' (Mc l:6,2__:P).C•eât au'ssi ce ·premier et de la résurrection du ·Christ, ni Je rite eucharis-
jour que les Apôtres retro:u"\7ent ~eur Sëigneur'res- tique hebdrimada.ire ou annuèl, .il ·désigne aussi le
suscité.: il leur •apparaît au cours d'un repas qui ·banquet céleste ,vers lequel nous- cheminons tous.
réédite' la, Cè_ne _(Le _24,30.42s; Mc .i-6,14;. Jn___ 20. L' Apocalypse élève nos yeux vers l' Agneau encore
rç,-26; 21,r-14[?]; Ac 1,4)._ C'est donc ~- preµiier marqué ·pa:r son Supplice, mais vivant et debot;lt -;
jour de 'la Semain~ que les assemblées c~t~t~enn~ illvesti·' dè' .gloire, il attire. à lui ses •martyrs (Ap
vont se _réùnir pour la _fraction dil pain ·(Ac 20, 516-1_2; 12,u).· Selon. sès ·propres paroles,·: Jésus.-a
7; 1 Co. 16,2). Ce jou,r recevra bientôt. un,.nom véritablement •accompli la Pâque- par l'oblation
nouveau,: le ·•Jour .du Seigneur, âies Domini, le eucharistique· de ·sa mort, par sa résurrection, par
dimanc,he (Ap 1,10). Il ia.ppelle_·aux. chréti~S la le sacrement perpétuel-de. son sacrifice, enfin_ par

889 890
PÂQUE
PARABOLE
sa parousie (Le 22,16), qui doit nous réunir pour
la •joie du festin définitif, dans le royaume de leurs invectives (Am 4,1; Os 4,16; Is 5,18 ... ) que
pour énoncer les promesses divines (Os 2,20s; Is
son Père (Mt 26,29). PEB
11,6-9; Jr 31,21 ... ); en même temps, ils aiment
-+ Agneau de Dieu 2 - apparitions du Christ - bap- les actioris symboliques, c'est-à-dire les prédica-
tême IV 1 .4 - calamité 1 - Église IV 1 - eucha- tions mimées (Is 20,2; Jr 19,10; Ez 4-5). De véri-
ristie II 1 - Exode - fêtes - Jour du Seigneur NT tables paraboles se rencontrent aussi dans les
III 3 - mémoire - nuit - pain II 3 - pèlerinage livres historiques pour illustrer tel fait important
AT z · NT - Pentecôte I, II 2 b -- prêcher I z.3.4 - de l'histoire sainte (Jg 9,8-15; 2 S 12,1-4; 14,5ss).
prémi~s I 1, II - Rédemption - repas II - Résur- Le procédé s'amplifie dans le judaïsme tardif jus-
rection NT - sacrifice NT I, II I - sang AT 3 b.
qu'à devenir, chez les rabbins, une vraie méthode
pédagogique. Fait imagé ou histoire du p_assé
viennent à l'appui de l'enseignement de l'Ecri-
ture, introduits par la formule : « A quoi cela est-il
semblable ? » Jésus s'insère dans ce mouvement,
PARABOLE annonçant fréquemment les symboles porteurs de
son message par des introductions analogues :
« A quoi comparerai-je? » (Mc 4,30; Le 13,18).
On appelle parabole, depuis l'Église primitive,
« Le royaume des cieux est semblable ... li {Mt 13,
une histoire racontée par Jésus pour illustrer son
24.31).
enseignement. A la base du mot grec pa~abol~, il
y a l'idée de comparaison. Certes, le géme orien-
2. Portée religieuse des paraboles. - Illustrant
tal aime parler et instruire sous forme de compa-
avec les réalités concrètes de la vie quotidienne
raison ; il affectionne aussi l'énigme qui veut
leur enseignement sur le sens de l'histoire. sainte,
piquer la curiosité, inciter à la recherche ; de ces
les prophètes en font de véritables thèmes : le
goüts, les livres bibliques, notamment les sen-
*pasteur, le *mariage, la *vigne, qui se retrouvent
tences des sages (Pr 10,26; 12,4; Jg 14,14) nous
dans les paraboles évangéliques. L'amour gratuit
donnent l'écho. Ce n'est pourtant pas là l'essen-
et bienveillant de Dieu, les réticences du peuple
tiel pour expliquer le genre parabolique : il faut
dans sa réponse forment la trame de ces dévelop-
comprendre la parabole comme la mise en scène
pements imagés (vg Is 5,1-7; Os 2; Ez r6), bien
de symboles, c'est-à-dire d'images tirées des réa-
qu'on puisse y trouver aussi des allusions plus
lités terrestres pour •signifier les réalités révélées
précises à telle attitude de vie morale (Pr 4, 18s;
par Dieu (l'histoire sainte, le Roya_um:-·-L néces-
6,6•II; 15,4), ou même à telle situation sociale
sitallt la plupart du temps une exphcabon en pro-
déterminée (Jg 9,8-15). Dans l'Évangile la pers-
fondeur. pective est centrée sur la réalisation définitive
du Royaume de Dieu en la personne de Jésus.
D'où le groupe important des paraboles du
L LES SYMBOLES DANS L'HISTOIRE SAINTE Royaume (surtout Mt 13,1-50 p; 20,1-16; 21,33-
22,14 p; 24,45-25,30).
I. Extension du procédé. - Dès le début de son
3. Parabole et al.légorle. - Il arrive que l'histoire
histoire, Israël se trouvait devant cette gageure
symbolique n'offre pas seulement une leçon glo-
de parler, avec une mentalité très concrète, du
bale, mais que tous les détails aient une signi-
Dieu transcendant qui n'admettait aucune repré-
fication propre, requérant une interprétation par-
sentation sensible (Ex 20,4), Il fallait donc sans
ticulière. La parabole devient alors allégorie. C'est
cesse évoquer la vie divine à partir des réalités
déjà le cas dans certains textes de l'AT (vg Ez
terrestres qui prendront valeur de *signes .. Les
17), et on retrouve ce procédé dans les par~e;nies
anthropomorphismes, si nombreux dans les vieux
du ive évangile (Jn 10,1-16; 15,1-6), En fait, les
textes, sont des symboles qui contiennent en germe paraboles comportent souvent au moins quelques
de véritables paraboles (Gn 2, 7s. 19.21 ... ). Ils seront
traits allégoriques; ainsi J&.us parlant de Dieu et
plus rares dans la suite, mais le souci d'évocation
d'Israël sous les traits du maître de la vigne (Mt
n'en sera que ·plus fort (Ez 1,26ss). La vie de
21,33 p). Les évangélistes accentuent ce caractère
l'homme elle-même, dans son aspect moral et reli-
en suggérant déjà une interprétation; ainsi Mat-
gieux, avait besoin de ces rapproche';Ile~ts. Les thieu allégorise en t( votre Seigneur » le II Seigneur
prophètes en usent abondamment aussi bien dans de la maison» dont Jésus parlait en parabole (Mt

891 8g2
PARABOLE PARABOLE

:a4,42, Mc 13,35), et Luc rapporte la parabole du pénètre le •mystère révélé, plus il entre dans
bon Samaritain en des .termes. qui font penser au l'intelligence des paraboles ; inversement, plus
Christ (Le 10,33:35). l'homme refuse le message .de Jésus, plus l'accès
aux paraboles du Royaume lui devient interdit.
Les évangélistes soulignent ce fait quand, frappés
Il. LA PRÉSENTATION APOCALYPTI.QU_E de r•endurcissemeitt de nombreux Juifs en face
de l'Évangile, ils montrent Jésus répondant aux
1. Dans la propkltie de l!AT. --=--· BeaucQup plus disciples par une citation d'Isaïe : les paraboles
qu'aux énigmes des sages (1 R 10,1:..3; Si 39,3), mettent .~n relief l'aveuglement dè ·ceux· qui,
c'est. à la présentation v.olontairem:ent: mysté- délibérémen_t, refusent de',s'ouvrir aU message· du
rieuse d'écrits tardifs -qu'il- faut recourir pour · Christ·(Mt 13,10-_15 p). Cependallt, à. côté de··ces
expliquer le caractère énigmatique de certaines paraboles apparentéEls aux apocalypses, il en est
paraboles évangéliques. A :partir d'Ézéchiel, l'an- d:e 1 'plus claires qui viserit des· enseignemetits
nonce prophétique de l'avenir._ se mue petit à morallx accessibles à tous (a:iil.si Le 8,16ss; 10,
petit 1::n apocalyp~. c'est-à-dire qu'elle enveloppe 30-37; n,5-8). ' ·
volontairement le. contenu de la *révélation dans
une série- d'images qui 9D;t besoin d'explicati9n
pour être comprises._ La présence d'un « ange- l!I." L'INTERPRÉTATION DES PARABf)LES
interprète » _fait généralement ressortir la prof_on-
deur du message et sa difficulté. ·Ainsi l'allégorie
En se remettant dans ce contexte biblique et
de l'aigle,_ en Ez 17,3-10, appelée « énigme » et
oriental où Jésus parlait, et en preOant· garde à
r parabole. » (ma!at) est expliquée ensuite par le
sa volonté d'.enseignement progre_ssif, il devient
prophète (17,12-21), -Les visions de Zacharie com-
plus facile d'interpré~ les paraboles. Leur mati~.
portent un ange-interprète (Za 1,9ss; 4,5s,.;) et
c;e sont _les humbles faits de. _la vie quotidienn!'.
surtout les grandes visions apocalyptiques de
m;:i.is- au:;;si et __ surtout peut-ê4'e_ les gI"aù.ds évén&-
Daniel, __.<Jans lesquelles_ le voyaQt est toujours
~ents de l'histoire sainte.· Leurs-thèmes cl"11ssiques,
censé ne pas. c9mprendre (Dn 7_.15s; 8,15s; 9,22).
aisément repérables, sont ~éjà. 9hargés de sens
On arrive a~i ~ un schéma tripartite : symbole
,par leur. arrière-plan d'A_T, au moment ,où Jésus
- demande_ d'explication - application du .sym-
les utilise. Aucune invraisemblà.nce ne_ dÔii: étOOller
bole à la rëalité. , '
dans_ :des ~ts ·.1~brement composés, et ordonnés
2. Dan;)'Év_angile. - ·'.4: ~ystère clu_ RoYaume tout_ entiers.- à.: l'enseignèmèn~ ; , le .l.ecteur n'i, pas
et de la personne de Jésus ,est si I:!-euf qu'il· ne à _se cho_quer: de. l'attitude.de. certains persallnages
présentés pour _évoquer un raisonilemen_t a ,Jor'--
peut, lui_ aussi 1 que s~ matlifester graduè~em.ent,
et suivan_t 1:a,, réceptivité diverse _des aqditeurs; tiori ~uacontrario (VgLc 16;1-Si.18,1-5). Detoutefà--
çon, il.faut d'abord met:tre en lumière l'aspect théo-
C'est pourq1:1oi J~us, dans la _première partie de
sa vie pub_Iique, r.ecomniande à son sujet le« secret centri9ue, et plu~ précisément christoçentriq:ue, de
messia:nique,»,_si fortement.mis en relief pàr Marc la plupart des paraboles. Quell,e qu_e soit. la,me:;;ure
exac_te de l_'allégori"e, c'est -en définitive .Je Père
(Mc 1,34.44_; 3,r2_; 5,43 .. _.). C'est _pourquoi aussi il
aime parler en des paraboles qui, tout en.,do_nnant d_es .Cieux (Mt _21,28; Le i5,1i_),· ou le .. Cbiist_ lui-
une pr_etµ_ière .idée _.de .sia' doctrine,. obligent_ à· réflé- même :__ soit en.sa mission_ his.toriqrie (lé_« seme.ur, 11
chir et. ~>n~ besoin d'une explication_ pour être de Mt._-13,3.24._31 p), soit. en __ sa gloire future (le
parfaitem~t . comprises. On arrive· ainsi à un • voleur n de ,Mt 24,43;_ le « ~aître » de Mt 25,
enseignement à deux ~:l_egl'és bi~n souligllé par_ Mc ·4, _1-4;_.l' _« époux.» de Mt 25,1) - que le :Person~e
33-34 : Je recours_·à des th_èmes classiques_. (le n:)i. ~tral doit le; plus souvent .é,ro_quei-:; et quand
le fes~n, la vigne, le pasf~ur. les semailles: .. ) _met 11 y en__ a, deux, ce sont le Père e:f le Fils (Mt 20,
l'ensemble dès· auditeurs sur là. voie; -niais les 1-16; 2I,33d7i 22,~)- Tant il est vrai què l'aniour
discip~e$ ont· droit à un app:roforidisse:men:t dé la- du Père ~oigné, aux hommes par l'envoi de
d.octrine, donné par Jéshs lui-D1:èW-~- Leùrs que~ soil Fils est 1~ grande révélàticn:i. _apportée _par
bons rappellent alors les interventions des ·voyants Jésus. A cela servent les_ paraQOles, qui .montrent
dans les apocalypses (Mt 13, 10-13.34s.36 . 51; 15,15; l'_achèvement pa.r:fait que. le nouv:eau ·•;Royaume
cf. Dn _2,18s; 7,16) .. Ainsi les paraboJes-.appa- donne au dessein de Dieu. sur le_ monde. , n·s
raissent comme une médiation ·nécessaire pour -+- mystère NT I -- Parole de .Dieu _; RéVélil.don
que la raison s'ouvre à. la foi : plus le croyant NT I x b - Sagesse NT I 1.

893
PARACLET

2. L 'Esprit de vérité,· mémoire- ·vivante de-l'Église. -


Dans la communauté des disciples, le Paraclet a
une présence active. Il doit glorifier, Jésus ·(16,
14), d'abord en actualisant son *enseignement :
PARACLET « Il vous enseignera tout et vous rappellera tout
ce que je vous •ai -dit » (14,26). Cet ensei"gnement
et cette *mémoire se fout en lien étroit avec Jésus,
, .Le ~ot « Para~let » {gr. paraklètos) 'esf: un mot tout comme Jésus avait accompli sa mission tou-
de_ ~a littéra!llre johanniqu_e. Il désigne non la j~urs ùni à .son Père. Comme Jésus dispos~ des
, n~ture ~e quelqu_'un,. mais sa 1cmction : celui CJ.ui b1ens du Père (16,15; 17,10), ainsi !'Esprit « pren-
e_~t « appelé à côté de >J (para-kaletJ; ad-vocatus) dra de mon bien pour vous en faire part 1) (16,
, joue le rôle .~ctif ,d'assistant, d'avocat,de soutien 14s)•: il rappellera ce qu'a dit Jésus, cal" « il ne
·parlera pas de lui-même; ,mais tout· ce ·qu'il
(le sens de « consolateur » - ·probablement· ~l'une
fausse étymologie :.__n'est pas attesté dans ie ·entendra,. il le dira » : ainsi Jésus puisaï"t tout chez
NT). Cette fonction est tenue et pà.r Jésus-Christ son ·Père· (5,30; 8,40; 15,15);- -son enseignement
qui, au ciel, est a notre avocat auprès du Père· n'était pas·u sien» (8,28; 12,49s; 14,10). De même
intercédant pour les pécheurs » (r_ Jn 2,1), e"t pa; ·qu'èn *_voyant Jésus on voyait· le Père ·(14,9),
l'Esprit-Saint qui, ici-bas, étant pour Ies·èroyants ainsi _l'*onction_ (cht'isma) instruit, de tout (1 Jn 2,
le révélateur et le défenseur de Jésus {Jn r 4,r6s. 27), ·c'est-à-dire 9.ue l'_Esprit « niène à la vérité
26s; 15-,26s; r6,7-n-,13ss), en actualise la présence. tout entière» (Jn 16,13) : il (1 re-présente II dans la
lumière pascale les· ·événements passés (cf 2,22;
I. L'Esprit-Saint,,préSence de Jésus; _: ·La Venue
· 7,39; n,51s; 12,-16; 13,7). Pa:r ·là, il rend :*témoi-
gnage au Christ (15,26) et donne aux·diSCiples de
du_ Paraclet est l_iée' au départ 'de Jésus (Jn· 16,7),
témoigner avec lui ·et par lui (15,27).
qui marque une nouvelle étape dansJ'histoire·de
la •présence de Die'u aux hommes. ·Dans- le· dis-
cours après la Cène, ·Jésus annonce qu'il Vieiïd.ra 3. L'Esprit de vérité, défenseur_ de Jésus. - Le
?e. nouveau, non seulement à la fin des tein_ps Paraclet ne révèle pas ~ulement une" vérfté qui
(14,3), mais lors des *apparitions pascales· (14,18ss; s'oppose à_ ~'.erreur, niais il *ju~tifi.e_ la_ vérité
16,16-19) ·; cette •vue du Ressùscité comblera de contre le *mensonge du monde; « Esprit de vérité 1),
*joie les disci_pl":s (16,22). ·cependant sa présence il rend témoignage au Christ datls le •procèS que
,parmi les siens ne sera plus-d'ordre sensible :tnais le •m~mde intente à. Jésus au. cœur. de ses dis-
i<-~pirituel »'. Jusqu'à présent il « demeurait .. ~Vec » ciples'. Tandis que_ dans la tradition synoptique,
l(lS siens_ (14,25) -;_ tnairitenant, en son *Ïlom (14, !'Esprit défendait _les disciples cités. au tribunal
26), sur sa prière, le Père leur •dorinera «· un autre deS rois (Mc_ 13,II p), .il est _chez Jean le défen-
paraclet »· (14,16), que Jésus lui..:niêffie · enverra seur de. Jésus : · d'accusés qu'ils _sont,· 1es disciples
(!5;26:· 16,7). !out_en étant'-« utl ~_utre » que·•Jésûs, deviellnent juges de leui-s juges, conllnè Jésus
1 ~spnt· mène la présence de Jésus à sa perfection. l'avait été dans sa vie· terrestre {Jn 5,19~47). Le
Comme Jésµs, ·il _est « è°: w_ eux (14,17; 17,23); Paraclet. confond le monde sur trois points (16,
com_me Jésus, il demeure « ·avec » les cioyants 8-n). : le •~ché, car le péché est l'*incrédulité
(q,17.25), màis· c'est «· à jamais n {i4,16; c"f Mt à' l'égard de Jésus; la •justice; car·. la jtistice est
28,20), car il anticipe les *demeures que Jésus dlJ, côté-_de Jésus qui est glorifié auprès du Père;
est allé préparer dans la maison dù Père (14,2s). le *jugement, 'éar le vetdict de. c·onda_mnation est
!1 ~t !'Esprit de *vérité (14,17; 16,13), de _la vérité déjà prononcé contre le Princé: de ce ..monde.
Ainsi, grâce au . Paraclet que le croyant accueille
qu'est Jésus (14,6) par opposition a!l père du
*mensonge (8,44), de la vérité qui. caractérise et ent~nd, une conv_iction habite SOll cœur : ce
désormais !'*adoration du Père (4,236). Il eSt !'Es- n'est_pas le inonde, c'est Jésu~ qui a rais'on; il
prit *Saint (14,16). que Jésus· le Saint (1$,69). a, a _Qonc lui aussi ~~ de _croire, 4,e .souffrir pour
par sa consécration (17,19); mérité de leur donner la cause de son: Maître. A v'ec lui, il esf déjà ·vain-
(20,22; 7,39) ; il les « consacre » (17,i7), faisà.nt queur du_ monde et du démon (16,33). XLD
qu'ils ne sont plus ·d_u *monde·_(17,16}; aussi
comme Jésus ne se manifeste pas ·au monde (14, -+ enseigner NT II - Esprit d'e Dieu· NT II - mis-
21s) qui: le hait (7,7; 15,18s), .de même l'Esprit sion NT·III - monde NT III 2 - présence de Dieu
NT II - ·procès' III 3.
n'est pas reçu par le monde (14,17).

895 896
l'ARADIS PARADIS

correspond à sa •vocation originelle. Mais il demeu-


rerait à jamaisïrréalisable.(cf Gn 3,23) si, par une
disposition providentielle, toute l'histoire sàinte
n'avait pour fin ·et sens·.de réintégrer l'homme ·en
PARADIS son état primitif. C'est pourquoi; .de l'.AT au NT,
le thème du paradis retrouvé; avec ses diverses
Le grec ·paradeisos (= hb. pardès; akk:. pardisu; résonances, traverse les. oracles. eschatologiques,
moyen perse pairidaesa) signifie : jardin. La recoupant ceux· de· la nouvelle •Terre sainte ·et
Septante emploie ce terme tantôt au sens propre de la nouvelle *créatioil. Les- péchés_ du peuple
(Qo 2,5; Ct 4,12), tantôt au sens·religieux·qui seul de Dieu.ont fait de ·so:h. séjour ici-bas un·,lieu de
est iciretenu. désolation (Jr 4,23) ; mais aux .derniers temps,
Dieu le transformera .. en· jardin d'Éden (Ez ·36,
1. Le jardin de· Dieu,, - Dans les religions du 35; Is 5r,3). Dans- cè- nouveàu paradis, les •·eaux
:Uoyen-Or~ent, la représentaticil'.l de la vie des vives jailliront du •temple Où Dieu -résidera ; au
dieux emprunte ses images à la vie -des puissants bord, croîtront des *aI"bres merveilleux, qui four-
d'ici-bas: les·dieU.x ·vivent avec délices dans des niront au •peuple. nouveau· •nourriture et. *guéri-
palais entourés de ·jardins, où coule. « l'•eau. de son· (Ez 47,12). Ain.si,, le chemin de l'arbre de.vie
la vie », où pousse, parmi d'autres *arbres mer- sera rouvert aux hommes (Ap 2,7; 22,2; en con-
veilleux, « l'.arbre de vie ~ ·dont le *fruit nourrit traste aveC Gn 3,24). La vie paradisiaque res~
les immortels. Ic.i-bas, leurs .*temples, ·entourés taux:ée au. terme de l'.hi~toire . sai_nte présentera
de jardins sacrés, imitent ce-prototype. Ces images, d~s caractères qui .. rejoiµdront ceux de- i:Éden
purifiées· de leur. polythéisme, se sont acclimatées primitif, et même, sur plusieurs-points les dépas-
dans la Bible : selon les conventions de l'anthro- serçi1:1t : "'fécondité merveilleuSe _de la .nature (Os
pomorphisme, on ne craint pas d'évoquer Diep. « se 2,23s; Am.-9,13; Jr_3r,23-26; Jl,.4,18).; *paix uni-
promenant à la:·, brise ·du jour » dans son jardin verselle, non seùlement des hoµimes entre. e·ux
(Gn 3,8) ; le jârdin et ses arbres sont même cités (1s 2,-4), •mais aussi avec la nature et les ar:üiµaux
en proverbe (Gn, r3,rn;· 'Ez 3r,8s·.16ss). (Os 2,20; b, rr,6-9; .65,25) ;_ *jQie sans mélange
(Jr 3r,13; Is 35,;ro; 65,18 ..-.) ;-suppression de ~ute
2. Du paradis .perdu ·au·'paradis·retrouvé *soufiranc~- et de la-, *m,ort ,même_ (Is 35,5s; 65,
a) Le paradis.·perdu. _:_,La même imagerie est 19;,.; 25,7ss; Ap 20,q; 21,4) ; suppression-de. l'an-
intr0duite dans le déroulement· de· l'histoire sainte, tique Serpent (Ap.-·20,2s.:i;Q); entrée dans une *vie
pour évoquer l'état. dans lequel ·Dieu· a cré_é éternelle (Dn 1.2,2; Sg .5,15;,. Ap 2,1-1; ,3,,S); ·La
l'homrile, · le -sort. pour .=lequel il, l'a placé ici-bas. réalité qu'..évoquent ces images, en-contraste avec
Dieu a plan.té.pour luf un-jardin en Éden (Gn 2, la condition où l'homme est _réduit par le péché,
Sss; cf·E:Z 28,r3) .. Sa·vie en ce jardin implique·Ie reprend do:Q.c ies trai:ts .de sa conQition .originelle,
*travail (Gn 2,15), tout en ayant le-caractère d'un mais en éliminant toute -idée. d'épreU.ye et toute
bonheur .idéal qui ·rappelle par· plus d'un trait 'les possibilité de chute.
descriptions classiques de l.'âge d'or : fanùliarité c) Antici_patio_ns du paradis, re.trouvé: - ];.e par_a~
avec Dieu,: libz:e usage 'des ftuits du 'jardin, maî- dis rei;rouvé _è!,t u_ne .réalité .i;isChat,ologi9.u.e ... Le
trise d~s •animaux (2,t9s), harmonieuse unité ·du peuple de D,ieu n'en a connu! dans son .,expérience
couple pritnitif (2,r8.23s), -innocence morale qui historique, que des ombres_ fugitiv~.: _te]le,._par
ignore tout sentiment de '!'honte (2,25)', absence de eXemple,- la possessi.on d'une: .*ferre ,« rui.sse,Iante
la *mort qrii n'entrera. ici~bas qu'à _la suite du de.lait" et de miel» (Ex, ·3,17_;-_Dt' I
<>_,3; etc): .. S,on
*péché (cf 3,r9). Cependant l'i*épreuve de l'homme expérience ._spirituelle lui . en a cepèndant · dcmné
occupe aussi. une place·:essentielle dans ce ·para- une ant~cipation d'un autre_ Qrçlre ... Car Dieù lui
dis primitif : Dieu y a placé l'arbre de cqnnais- a aC(:().r~é, sa_ ·,."'Loi, source. de,· t_oute *s;:tge!,se (Pt
sance, et- le Serpent Vient y ,tenter, Ève. Malgré 4,5s) ; or « la sagesse_ est_ un a~~e_ de: vie o _qui
cela, le bonheur· de l'Éden souligne par coilU'.aste assure' l_e_ bonheur_.(Pr_3_,i8;·._cf. S,i.24,12-2r)·; 1a
les misères de· notre condition• actuelle, qui com- Loi; che2: l'ho~e ciui l'ob.sërve, Jait abonder 'la
porte les expériences contraires : cette. condition, sagesse·«·· cciinme ùn fleuve·'de paradis» (Si: 24,
fruit du •_péché humain, est liée au'thème du para- :t5ss; cf Gn 2,ro ... ) ; le sage qui l'enseigri€i" aux
dis perdu "3,·2-3), · autres est« comme un c.ours.d'eàu con_duisant au
b) Promesse du.paradis. - Le rêve-que l'homme paradis ·» (Si 24,30) .; la *grâce et la. •crainte du
porte en-lui-même-n'est donc pas fallacieux,: il Seigneur sont un paradis de ·•bénédiction (40,

8g8
PARADIS PARDON

17.27). Par la sagesse, Dieu restitue donc à l'homme


un avant-goüt de la joie paradisiaque.
Le NT fait connaître le dernier secret de ce
•dessein divin. De la sagesse, le Christ est la source ; PARDON
il est cette Sagesse même (1 Co r,30). Il est en
même temps le nouvel • Adam (Rm 5, 14; r Co
15,45), par qui l'humanité accède à son état Dans la Bible, le pécheur est un débiteur dont
eschatologique. *Victorieux lui-même du Serpent Dieu, par son pardon, remet la dette {hb . .salaJi
antique, qui est le diable et *Satan (cf Ap 20,2), Nb 14,19); remise si efficace que Dieu ne voit
lors de sa •tentation, il vit ensuite « avec les bêtes plus le péché qui est comme jeté derrière lui (Is
sauvages » dans une sorte de paradis retrouvé 38,17), qui est ôté (hb. nasa'; Ex 32,32), expié,
(Mc 1,13; cf Gn r,26; 2,19s). Ses •miracles montrent détruit {hb. kippèr : Is 6,7). Le Christ, utilisant
enfin que la •maladie et la •mort sont dès main- le même vocabulaire, souligne que la remise est
tenant vaincues. L'homme qui croit en lui a trouvé gratuite et le débiteur insolvable (Le 7,42; Mt 18,
la " •nourriture de vie » (Jn 6,35), « l'*eau vive » 25ss). La prédication primitive a pour objet, en
(4,14), la « •vie éternelle » (5,24ss), c'est-à-dire même temps que le don de !'Esprit. la rémission
les dons du paradis eschatologique désormais inau- des péchés qui en est Je premier effet et qu'elle
guré. appelle (( apkesis » (Le 24,47; Ac 2,38; cf post-
communion du mardi de la Pentecôte). D'autres
3. Le paradis, séjour des justes. - Dans les textes mots : purifier, laver, justifier, apparaissent dans
bibliques, la description du paradis eschatologique les écrits apostoliques qui insistent sur l'aspect
reste sobre et s'épure progressivement; mais les positif du pardon, réconciliation et réunion.
apocryphes l'amplifient considérablement, témoi-
gnant d'un certain développement dans les
croyances juives (vg dans le Livre d'Hénoch). r. LE Drnu DE PARDON
Avant de revenir aux derniers •temps dans la
•terre sainte, le paradis sert de séjour intermé- C'est en face du péché que le Dieu jaloux (Ex
diaire, où les •justes sont recueillis par Dieu pour 20,5) se révèle un Dieu de pardon. L'apostasie
attendre le *jour du *Jugement, la *résurrection qui fait suite à l'Alliance et qui mériterait la des-
et la *vie du monde futur. Tel est le séjour pro- truction du peuple (Ex 32,3oss) est l'occasion
mis par Jésus au bon larron (Le 23,43), mais déj~ pour Dieu de se proclamer ii Dieu de *tendresse
transformé par la présence de celui qui est la vie : et de pitié, lent à la colère, riche en gràce et en
« Tu seras avec moi... » Quant à l'état de *béati- fidélité ... qui tolère faute, transgression et péché,
tude, assuré au terme de l'histoire sainte, Jésus mais ne laisse rien impuni... » ; aussi Moïse peut-il
y entre le premier par-delà sa mort pour en rendre prier avec assurance : <t C'est un peuple à la nuque
l'accès aux pécheurs rachetés. raide. Mais pardonne nos fautes et nos péchés, et
fais de nous ton héritage I o (Ex 34,6-9).
4. Le paradis et le ciel. - En tant que séjour de Humainement et juridiquement, le pardon ne
Dieu, le paradis se situe hors de ce •monde. Mais se justifie pas. Le Dieu saint ne doit-il pas révéler
le langage biblique place aussi au *ciel la demeure sa sainteté par sa justice (Is 5, 16) et frapper ceux
divine. Aussi le paradis est-il parfois identifié qui le méprisent (5,24) ? Comment l'épouse infi-
avec « le plus haut des cieux », celui où Dieu dèle à l'Alliance pourrait-elle compter sur le par-
réside : c'est là que Paul est ravi en esprit pour don, elle qui ne rougit pas de sa prostitution (Jr
contempler des réalités ineffables (2 Co 12,4). 3,1-5) ? Mais le cœur de Dieu n'est pas celui de
C'est aussi le sens habituel du mot paradis dans l'homme, et le Saint n'aime pas à détruire (Os
le langage chrétien : In paraàisum deducant te II,8s); loin de vouloir la mort du pécheur, il
angeli ... « Que les anges te conduisent au para- veut sa conversion (Ez 18,23) pour pouvoir pro-
dis ... » (Liturgie des funérailles). Le paradis est diguer son pardon ; car 1( ses voies ne sont pas
désormais ouvert pour ceux qui meurent dans le nos voies », et « ses pensées dépassent nos pensées ))
Seigneur. PG de toute la hauteur du ciel (Is 55,7ss).
C'est ce qui rend la prière des psalmistes si
Adam I 2 - arbre l - ciel VI - créetion AT li
---+ confiante : Dieu pardonne au pécheur qui s'ac-
l -désert AT Il 3; NT I x - patrie AT 2 - terre cuse (Ps 32,5; cf 2 S 12,13) ; loin de vouloir le
AT I 3, II 2-4- perdre (Ps 78,38), loin de le mépriser, il le recrée,

900
PARDON PARDON

purifiant et co1Ublant _de joie son .c_œur. contrit 2. Le sac,-iftce_ pour la rlmission des péchés. - Le
ot humilié :(Ps .. s1,10~14.19; cf 32,1-n); source Christ couronne son œuvre en obtenant aux
11,bondante de· rédemption, il est un père .'qui par- pécheurs le- pard,pn de son PèJ:"e. Il prie ·'(Le 23,
donne tout .à ses enfants (~ 103,3.8-14). Après 34) et verse.son.sang (Mc 14,24)cen rémission des
l'exil, on ne cesse d'invoquer le.« Dieu des pardons» péchés (]4t_26,28}. -Vrai ;Servite1.1r de Di~u:, il.j,u,s-
(Ne 9 17) et.« des miséricordes» (Dn 9,9), toujours
1
.1;ifi,e la multitude dont il porte· les péchés (1, ·_ P
prêt à .se repentir du mal dont il. a menacé le 2,24; cf.Mc 10,4s; ls· 53,ns), ,car il est l'Agneau
pécheur, _si cel~i-ci se convertit (Jl._2,13); ma,is qui ôte_le péch~ du monde __ (Jp. ~,29) ,en. sauv.ant
Jonas, qui est_-le type dµ particularisme, _d'Israël, le monde. Par son sang nous .sommes purifiës,
est déconcerté de voir ce_ pardon_ offert à_ tous ies layés de nos fautes (1 Jn._,l, 7; Ap 1,5),
hommes (Jon 3,ro; 4,2) ; au contr~_ire,. le Liv:re
de la Sagesse chante le Dieu qui aime tout -ce 3 • .La communication du p~voit'. à_e par.donner. -c--
qu'il a fait; et qui a pitié de tous~ qùi ferme-les Ayant tou,t poùvoir ~u ciel et. sur la terre, le Christ
yeux sur les péchés des hommes afin qu'ils se ressuscité co_mmunique aux Apôtres le pouv:oir (le
repentent, quLles chàtie peu à:peu et leur. rap- remettre les.. péchés· (Jn 20,22s;_ cf. ~t 16,.19; 1.8,
pelle en quoi ils-pèchent afin_ qu'ils_ croient en lui 18). La. -première rémission des péchés_ sera accor-
(Sg u,23-12,2) ; il ._manifeste ainsi qu'il .est le dée, au: baptême, à. tous ceux· qui se . convertiront
Tout~Puissant dont. c'.est le propre de _.pardonner et croiront au _Nqm de -jésus _(Mt 28,19; ...Mc 16,
(Sg u,23.26; cf collecte du 1oe dimanche après 16; Ac 2,38; 3,19). ·
la Pentecôte et orai59n des lîtanies .des saints). ,Les Apôtres prêchent: donc la_ rémission_. des
péchés (Ac, 2,38;. 5,31; 10,43; 13,38; , 26,18),.- mais
dans leu~s. écrits· ils insistent, moins ·.suJ:" l~aspect
juridique.·. du_ pardon qu~.-. sur l'amour divin· qui
II. LE PARDON ·oE Drnù PAR LE CHRIST par Jésus nous ~uve. et nous sanctifie ·(vg_· ,Rm
5,·1-n). On notera -le rôle c!_e la prière de l'Eglise
Comme lsra,ë:l (Le 1_,77);-. Jean~Baptiste atten.d et de l'aveu mutuel des fautes, comme moyen
donc la rémission. _des _péchés et il ·.pr~che un bap- d'obtenir la-·gùériscin ef_le pardon de ses péchés
tême- qui en. est la C;Qruiition : « Faites-pénit,ence, (Je 5,,5s). · ·
faute de_ quoi. cel1:1i qui vient vous baptisera_ dans
le feu » ; pour lui, ce feu est celui de la Colère et
du Jugement, celui qui consume la bale, ·une fois III. LE PARDON. DES OFFENSES .
trié le bon· grain {Mt 3 1 1-12). Cette .:perspective
demeure celle-des disciples de Jean qui ont suivi Déjà. dans l'AT.., non seulemènt la Lof.met une
Jésus; ils veulent faire tomber,le feu .du ciel sur limite à la, •vengeance ~ la règle du talion (Ex
ceux qui .refusent de- reccvoi_1· le Maître (Le 9,54). 21,23--25), mais· encore elle intetdit la, haine pour
Et Jean-Baptiste s'interroge (cf Le 7,19:-23), en le frère, la vengeance et la rancune envers le ·pro-
entendant Jésus non seulernent inviter les p.écheurs c ~ (Lv 19,.17s), Le sage-Ben Sira.a ,~édit~:·ces
à se convertir et à.croire (Mc 1,15),.mais proclamer prescriptions; il a découvert le lien qui unit le
être venu seulement poui: guérir et pardonn~r. pardon accordé par l'homme à son .semblable au
pardon qu'il dem:ande à Dieu : « Pardonne à. ton
r. L'annonce· du pard~n. - Si en effet Jé~s est prochain ses torts : alors, à ta prière, tes péchés
bien venu jeter Je feu sur la terre (Le 12,49},·. il te seront remis. Si ·un -homn1e nourrit de la:colère
n'est ]?as envoyé par son Père en juge mai~ ~n contre un autre, comment peut-il demander à
sauveur (Jn:-3,17s; 12,47). Il appelle à la •conver- Dieu la guérison ? Pour un homme, son sem-
sion ~us ceux qui en ont besoin {Le 5,32 p), et blable, il-.est,s~s compassion, .et il prierait-pour
il suscite c~_tte •.conversion {Le 19,1-10). -en révé- ses propres fautes ?-» (Si. 27,3<>-::-28;7) ..Le Livre de
lant que Di.eu est un Père. cl.ont -la-joie est de par- la .Sagesse complète _cette leçon en. rappelant au
donner (Le 15) et dont· la volonté -est: que -nul t;te juste que, da,;,.s ,ses· jugements,. il doit prendre
se perde (:Mt 1_8,1.2ss), Jésu$ n'annonce, pas seule- pour modèle la *miséricorde de Dieµ (Sg-1_2,19.22).
ment cc pi;i.rdon auq11:~l, l'humble _foi s'ouvre, tan- Jésus reprendra et. transformera cette double
dis que l'.orgueil s'y ferme (Le 7,47-:50; 18,9-14); leçon. Comme le Siracide; il enseigne que• Dieu
il l'exerce et atteste par ses œu:vres .qu'il.dispose ne peut par_donner. à celui qui ne.. pardonne pas,
de ce pouvoir réservé à Dieu (Mc 2,5~n p; __ cf Jn et ,que, pour demander le .pardon de Dieu, il faut
5,21). pardonner à -son frère. La para.bote dµ débiteur

901
PARDON 'PARFUM

impitoyable inculque a'\fec force cette vérité (Mt 1. Parfum et vie sociale. - Se pà.rfumèr, c'est e.S:té-
18,23-35);- sur laq_uelle le Christ ''insiste (Mt 6, rioriser sa •joie de vivre (Pr 27,9). c•est-,at:issi se
14s) et ··qu'.il nous· empêche d'oublier en nous· la parer·.d'une· beauté de ·surcroît: : les convives:.Je
faisant redire· chaque j_our ·:. dans le -Pater, nous -font au moment des banqu-ets (Am: 6,6) · et· les
devons pouvoir dire que -nous pardonnons;. Cette amants au·moment de l'union-chanielle '(Pr '7;_rj).
affirmation est -reliée à notre demaride, ta:ntôt Parfumer la tête _de· son hôte, c'est lui dire la j_oie
par· uii car, qui -en fait. la condition du pardcin qu'on a de le recevoir, (Mt 26, 7 ·p) - et négliger-· ce
.div:ili ·(Lè n-;4), tantôt par un comme, qui en ·fixe geste eSt -unè' incoi-rection (Le ·7,46).- Dans le dêuiI
la mesure (Mt 6,12).· au cànt!aire,- · on· supprime -ces marques· de; joie
Jésus va plus loin: conime le Livre de la Sagesse, (2 S 12,20; 14;2). Toùtefois les disciples·du-'Christ,
il donne Dieu pour modèle de miséricorde (Le 6, qûand ils *jeünent,· continùefont dë se pàrfumer,
35s) à- ceux dont il est le Père et qui ont à l'imiter ··potir ne-pas" étaler leur'_péniten·ce··(Mt 6,17) 'ni
pour être ses1 Vrais··enfants (Mt 5,43ss.-48). Lé par- ternir par- la tristesse la vraie j1;>îe chrétienne;
don· n'est pas séuletnent une condition préalable Lé ·parfum, peut jouer parfois·: un·· rôle encore
de la· Vie nouvelle; ·il est uil de:,ses· éléments essen- -plus intirile : celui de transposer la •présence phy-
tiel's ·: Jésus -pr'escrit donc à -Pierre -de pardonner siq"ue d'un être sur un mode pluS subtil et plus
inlassablement~ _à l'inverse· du• pécheur qui tènd pénétrant. Il' est·, cett_e- 'vibration silencieuse .par
à se Venger démesurément (Mt 18,21s; cf -Gn 4, laquelle un· être exhale son· essence et laisse ·per-
24). Suivant }'•exemple du· Se"igneur: (Le 23,34), cevoir le· murmure de sa 'Vie cachée. C'est, ainsi
Étienne-est-mort en pardorinant (Ac 7,60). Pour qu'Esther (Est 2,x2-x7) et Judith (Jd xo,3-4),
vaiilqe •comme eux le ·mal par- le bièn (Rni 12, pour mieux pénéfrer jusqu'au cœur de· ceux
21;. cf 1 ,p 3,9); le 'chrétien· doit toujours· par- qu'elles voulaient séduire, s'oignaient d'huile et
donner~ et·pardonner par·amour,- comme le: Christ de myrrhe. L'odeur de mois!SOn qµ'exhalent les
(<Z:ol-'3,13), con:i.Jileison Père··(Ep 4,32). ' habits de· Jacob (Gn 2i,27) révèle la bénédiction
. ]Gi & MFL de Dieu répandue sur lui ; l'épouse du Cantique
assimile la·présence-de son·Bien-aimé_à du (1 naI'd »,
--· Abel- ,z_ ~ amour .1 AT 2; Il_,NT 2 - ci;.nfession à un a sachet ·de myrrhe 11 (Ct 1,1"2) ou à:-des
AT z; NT 2 - ennemi II 3, III 1 - expi_atiop. 3 -
justice B Il AT - malédiction V - mémoire 2 - · misé- « onguents >l 1(-r,3}, tà.ndiS· que son Epoux l'appEille
ricorde - patience I i, II 2 - péché III J, IV I cd - u :ma:·myrrhe, mon baume» (5,:r: cf 4,10).
pénitence/conversion AT I 2 ; NT III I .....,. réconcilia-
tion - tendresse - vengeilnce 2 a. 4 - violence IV 3. 2. Parfum et liturgie.·-· Le culte dès anciens fai-
sait . grand :usage des parfums, comme· symbole
PARlNtSE -+ exhorier - prêcher. d'offrande; Israël a repris cette· coutume. La
PAREN'.l'i;; ~ éducation ü', I 1 - enfant - mère - liturgie du Temple connaît un (< autel des·· par-
p-è~s -& Père. fums » (Ex 30,1-10); des encensoirs (1 R 7,50),
des coupes à encens (Nb 7,86); un sacrifice du
PARESSE-. sommeil II - travail I 2 - veille·r 0, I. parfum s'accomplit chaque matin ·et"· chaque soir
en adoration joyeuse (Ex 30,7s; Le r,gss). Aussi
le parfum de l'encens qui monte en .fumée désigne-
t-il la *louange adressée à_ la divinité (Sg 18,21;
Ps 141,2; Ap 8,2-5; 5,8); faire brtiler de-reucens
PARFUM équivaut à adorer, à apàiser· Dieu · (r R 22;44;
· I M I,55).
Or il ne peU:t y avoir qu'un seul culte : ·celui du
Comme totis les Orientaux, Israël- faisait grand vrai Dieu. L'encens et son parfum ·finissent donc
usage de parfums : la Bible n'en mentionne pas par désigner le culte parfait, le sacrifice non san-
moins d'une trentaine. Les patriarches en _o~rirent glant,- que toutes les nations 'rendrorit à Dieu aux
à Joseph (Gn 43,11) ; Salomon (1 R 10;2.IO;-, cf temps eschatologiques p,Il 1,11; ·1s 60,6;· cf Mt 2,
Gn -37,25) et- Ézéchias (2 R 20,13) en -mon_o,po)i- II). ·Ce culte parfait a été réalisé par le Christ : il
sèrent le marché;· Le parfum était aussi nécessaire s'est offert« à- Dieu en sacrifice 'd'agréable odeur »
à la; vie.que le'· boire et le man~r. Sa signification (Ep 5,2_; cf Ex 29,18; Ps 40,7), c'est-à-dire que _sa
est double : ·dans l_a ·vie sociale ·il manifeste la joie vie s'est consumée en offrande d'amour agréable
ou exprime l'intimité·. des êtres; ·dans la liturgie à Dieu.
il symbolise l'offrande et la louange. Le chrétien à son tour, •oint du Christ à. -son
PARFUM PAROLE DE DIEU

baptême par: le signe du chrême, mélange de par- dont la· Parole surgit en eux fait qu'ils en attri-
fums de grand prix (cf ~x 30,22-25)-, doit répandre buent .l'origine à l'action de r•Esprit de. Dieu.
« la bonne .odeur du_ C:hrist » (2 Co 2,14-17) en Cependant, en d'autres cas, la Parole peut arriv:er
imprégnant la moindre de ses ae;tions (Ph 4,18) aussi par des voies -plus secrètes,. apparemment
de cet esprit d'offrande. GB plus proches de . Ja psycho\ogie ·normale : _ celles
qu'emprunte la ~Sagesse divine pour s'adresser au
-• autèi - culte AT t ·- huile - jeQ~e 2 · _ joiè - (:œur des hommes .(Pr 8,1-:-21.32-36; Sg 7-8), soit
louange III ...,;..·onction I -·sacrifice AT III - sépul~ qu'elle leur enseigne comment, conduire leur vie~
tore 2. · ·
soit qu'elle lf::ur •révèle les secrets divins (Dn 5,
ns; cf Gn 4r,39)._ De toute façon, il ne. s'agit
point 4'une parole d'homme, sujette .à fluctua-
tion ou .à erreur : prophètes. et sages sont en com-
munication dirc;cte avec -le Dieu· vivant.
PAROLE DE DIEU
2;. Or la Parole divine n'est pas donnée aux pri-
vilégiés ,du. ciel comme -un enseignement ésoté-
c! Elles ont une boùche et ne parlent _pas 1
rique qu'il leur: faudrait cacher .. au commun des
(Ps 115,s; Ba ·6, 7). Cette satire des· c( idoles muettes 1 mortels .. C'est un message à transmettre; non, à
(x Co ù,2) souligne un des traits les _plus carac- un petit cercle, _mais au peuple de Dieu tout entier,
téristiques du •Dieu vivant dans 'la ·révélation que Dieu veut·atteindre par l'intermédiaire de s·es
biblique : il parle arix hommes, et l'impprtance porte-parole. Ainsi l'expérience.· de la· Parole de
de sa Parole dans l~AT ne fait·que·préparer le fait Dieu_ n'est pas seulement le fait d'un petit nombre
central du NT, où cette ·-Par0le ....... le Verbe - de mystiques: tout Israël est-appelé,à reconnaître
devient chair; · que Dieu lui parle par la bouche de .ses env:0yés.
S\il arrive que, tout -d'abord,. la .Parole divine. y
AT soit .méconnue et-méprisée (vg-Jr 36), des •signes
1: DIEU PARLE AUX HOMMES ·indiscutables finissent toujours par imposer l'évi-
dence. A l'époque du NT, le judaïsme tout.entier
Dans l'AT, le thèmé_:de la Parole divine _n'est professera que 11 Dieu parla à, nos Pères, à ,bien
pas un e>bjet de spéculation_.~bstraite, comme c'est des reprises et.de multiples façons- li (He .1;1);·
le cas _en d-'autres courants c;le pensée_ (cf le Logos
des philosophes alexan,drins), Il est avant tout un
fait d'ex.périènce,: Dieu parle directement .à des Il. As~ECTS· DE LA PAROLE, -
hommes privilégiés; par eux, il _parle à son. peuple
et à tous les hommes. La Parole .de Dieu peut être envisagée sous- deux
1 aspects, indissociables ni.ais distincts : . elle réV:èle
1. Le, .prophétisme est une. des_,bases fondamen- et elle, agit.
tales de l' AT : en· :tous les siècles; Dieu parle à. des
hommes choisis, avec mission :de tra.nsmet_tre-,-sa · 1., En parlant, Dieu·rlvèle, - ·Pous:- mettre-la pensée
Parole. Ces hommes Sont, au sens large du terme, de l'homme en communication avec sa propre
des •prophètes. La manière dont Dieu s'adresse ,penséè, Dieu parle.·.Sa Parole est, tour à..tour,·,loi
à eux peut varier : aux uns, il parle « e·n visions et règle de vie, révélation_ du sens des choses et
et en •songes D (Nb 12;6;- cf I' R 22,13-17) ; aux des événements, promesse et ànnonce de l'avenir.
autres, par une inspiration intérieure plus indé- · a) La conception de la ~arole.divine comme •toi
finissable (2 ,R 3,15.,.; Jr 1,4; etc) ; à. .Moïse, il ·et règle de vie remonte aux origines mêmes d'Is-
parle « b~uche à bouche._» (Nb 12,8). _Très. sou- raël. Lors de l''!.alliance -au. Sinaï, Moïse a donné
vent,_ le mode .d'expre~sion de sa Parole -n'est au·peuple de la part de Dieu une charte religieU.se
même :pas. précisé (vg Gn 12,1). Mais. l'essentiel et morale résumée en dix « Paroles », le-Décalogue
n'est. pas là. : tous. ces prophètes,.-0nt claireqient (Ex 20,1-17; Dt 5,6-22; ·cf .Ex, 34,28; -Dt 4,r3;
conscience q.ue Dieu leur parle, que sa Parole les 10,4). Cette affirmation du ·Dieu' 'unique, ;liée à la
envahit en quelque sorte jusqu'à leur faire vio- révélation de ses exigences essentielles, fut un des
lence (Am.-7,l:5; cf 3,8; Jr 20,7ss). Pour eux, la premiers éléments qui permirent à Israël de preiidre
Paroi~ éle_ Dieu est donc·Ie fait·preQJ.ier--.qui déter- conscience que « Dieu parle ».·, Certains .récits
mine le_ ~ns de leur·. vie, et la façon_ extraordinaire bibliques ont -souligné le fait en corsant le tableau

905 ,906
PAROLE DE DIEU PAROLE DE DfEC

du Sinaï et en montrant Dieu parlant directe- ments de l'histoire, des réalités cosmiques ou du
ment à tout Israël du sein de la nuée (cf Ex 20, terme du dessein de salut.
I,.,; Dt 4,12) ; en fait, d'autres passages mettent a) Cette conception dynamîque <le la Parole
clairement en relief le rôle médiateur de Moïse n'était pas inconnue de l'ancien Orient, qui l'en-
{Ex 34,10-28). l\iais, de toute façon, c'est au titre tendait d'une façon quasi *magique. Dans l'AT,
de Parole divine que la Loi s'imposa. C'est comme c'est d'abord à la Parole prophétique qu'elle s'est
telle que les sages et les psalmistes virent en elle appliquée : quand Dieu révèle par avance ses
la source du bonheur (Pr 18,13; 16,20; Ps u9). plans, il est certain qu'ensuite il les réalisera.
b) Cependant à la Loi divine se trouve liée dès L'histoire est un accomplissement de ses *pro-
l'origine une •révélation de Dieu et de son action messes (cf Dt 9,5; 1 R 2,4; Jr II,5); le:-s événements
ici-bas: « Je suis *Yahweh, ton Dieu, qui t'ai fait arrivent à son appel (Is 44,7s). Lors de l'Exode,
sortir du pays d'Égypte » (Ex 20,2). Telle est la (1 il dit n, et les insectes passent (Ps 105,31.34).
certitude essentielle qui fonde l'autorité de la Loi A la fin de la captivité de Babylone, ,( il dit de
elle-même. Si Israël est un peuple monothéiste, Jérusalem : • Qu'elle soit habitée!', et il dit de
ce n'est point par sagesse humaine, mais parce Cyrus : • Mon berger' ... n (Is 44,26,28).
que Yahweh a parlé à ses Pères, puis à Moïse, b) Mais s'il en est ainsi de l'histoire, comment
pour se faire connaître comme « l'*Unique >) (Ex douter que la création entière *obéisse de même
3,13-15; cf Dt 6,4). De même, au fur et à mesure à la Parole de Dieu ? En effet, c'est sous la forme
que l'histoire se déroule, c'est la Parole de son d'une Parole qu'il convient de se représenter l'acte
Dieu qui l'éclaire sur sa signification cachée. Dans originel du •créateur « Il dit, et cela fut ;, {Ps
chacune des grandes expériences nationales, elle 33,6-9; cf Gn 1; Lm 3,37; Jdt 16,14; Sg 9,1; Si
lui découvre des intentions secrètes (Jos 24,2-13}. 42, 15). Depuis lors, cette même Parole reste active
Cette reconnaissance du *dessein de Dieu dans les dans l'univers, régissant }es astres (Is 40,26), les
événements de ce monde n'est pas non plus d'ori- eaux de l'abîme (Is 44,:l]) et l'ensemble des phé-
gine humaine ; elle relève de la connaissance pro- nomènes de la nature (Ps 107,25; 147,15~18; Jb
phétique, prolongée par la réflexion sapientielle 37,5-13; Si 39,17.31). Plus que les *nourritures
(cf Sg 10--19). Bref, elle découle de la Parole de terrestres, c'est elle qui, telle une *manne céleste,
Dieu. conserve en vie les hommes qui croient en Dieu
c) Enfin la Parole de Dieu sait franchir les (Sg 16,26; cf Dt 8,3 LXX).
limites du temps pour dévoile-r par avance l'avenir. c) Une telle efficacité, constatable dans la créa-
Pas à pas, elle éclaire Israël sur la prochaine étape tion comme dans l'histoire, ne peut manquer aux
du dessein de Dieu (Gn 15,13-16; Ex 3,7-10; Jos oracles de salut qui concernent les Q derniers
1,1-5; etc). Finalement, au-delà d'un avenir immé- •temps » ; en effet, (1 la Parole de Dieu demeure
diat qui se colore de teintes sombres, elle révèle toujours )) (Is 40,8). C'est pour cela que, d'un
ce qui adviendra « aux derniers *temps )), quand siècle à l'autre, le peuple de Dieu recueille pieuse-
Dieu réalisera son dessein en plénitude: c'est tout ment toutes ces Paroles qui lui décrivent par
l'objet de l'eschatologie prophétique. Loi, révéla- avance son avenir. Nul événement n'en épuise la
tion, promesse : ces trois aspects de la Parole signification, tant que les 1( derniers temps " ne
divine s'accompagnent et se conditionnent mutuel- sont pas advenus (cf Dn 9).
lement tout au long de l'AT. Ils appellent de la
part de l'homme une réponse, sur laquelle nous
reviendrons plus loin.
III. L'HOMME D}WAN"T Dmu QUI PARLE-
2.En parlant, Dieu agit. - Cependant la Parole
de Dieu n'est pas seulement un message intelli- La Parole de Dieu est donc un fait, en face
gible adressé aux hommes. Elle est une réalité duquel l'homme ne peut se tenir passif : le porte.-
dynamique, une puissance qui opère infaillible- parole exerce un ministère aux responsabilités
ment les effets visés par Dieu (Jos 21,45; 23,14; très lourdes; l'auditeur de la Parole se voit sommé
I R 8,56). Dieu l'envoie comme un vivant mes- de prendre position, et cela engage son destin.
sager (Is 9,7; Ps 107,20) ; elle •court .(147,5) ; elle
fond en quelque sorte sur les hommes (Za 1,6). 1. Le ministère de la Payole n'est pas présenté par
Dieu veille sur elle pour l'accomplir (Jr 1,12), et l'AT comme une source de joies mystiques au
en effet elle produit toujours ce qu'elle annonce contraire, tout •prophète s'expose à la contra-
(Nb 23,19; Is 55,ros), qu'il s'agisse des événe- diction, voire aux *persécutions. Certes, en met-

907
PAROLE DE DIBU PAROLE DE DIEU

tant dans sa bouche ses propres paroles, Dieu lui grane de ces text~ se découvre déjà l'action du
donne une force suffisante pour transmettre sans Verbe diy Dieu ici-bas, avant même-que le NT- la
craînte le message qui lui est confié (Jr 1,6-10). révèle aux hommes en plénitude.
Mais en retour, il est responsable devant Dieu
de cette •mission dont dépend -le sort des hommes NT
(Ez 3,16-21; 33,1-9)_. De. fait, s~il .ch~crc}ie à _s'y
dérober, Dieu. peut l'y ra~ener de. force, .comme Quelques passages du NT reprennent la doc-
le lais~e en~dre l'histoire de Janas (Jon r; 3). trine de la Parole de. Dieu en un sens identique
Mais le plus _souvent, les porte-parole de DJeu .).. celui de l'AT (cf Mt 15,6). Ainsi, 'Marie croit
s'acquittent de_. _leur mission au risque, de léur à la Par~le qui lui est transmise par l'ange (Le 1,
tranquillité, voire même de leur_ vie ;. et. _cette 37s,45), et.la Parole est adressée à Jean-Baptiste
* fidélité -héroïque . est . pour eux une _cause ,·de comme _aux prophètes d'autrefois (Le 3,2). Mais
•souffrance (Jr 15,16ss), un dur deVoi_r dont ils le plus souvent, le mystère de la Parole ·a désor-
ne perçoivent pas immédiateme_nt le_sala(re .(I R mais pour.· centre la personne de •Jésus-Christ'.
19,14).
2. L'a,t;eueil de lq Parole. - Quant aux auditeurs
de la . Parole, ils doivent lui nié nager dans leur ' I. PAROLE DE DIEU E·T PAROLE DE ]Ésus·
*cœur _un accueil confiant et docile. En tant_ que
révélation et règle de vie, la Parole est pour._ eux
une *lumière (Ps n9,105) ; en tant que promesse, x. La Parole, opère et révèle. -,-- NuJle part on ne
elle do~ne une assurance. pour l'avenir. Quel que dit que l;;;i... Parole de Dieu est adressée à Jésus
soit celui qui la, transmet, l\foise ç,u un prophète, .comme on le disait. )adis . pour les . prophè~.
il convient ,donc de !'*écouter (Dt 6,3; -Is _1, 10; Cepe~dant, chez Jean comme dans les. Synop-
Jr n,3,6); soit pour l' « avoir q.ans son cœur » tiques, sa Parole se présente exactement comme
(Dt 6,6; 30,14). et·la- mettre en pratique (Dt 6, la :P.arol,e de Di.eu dans-1'AT-: puissance qui opère
3; Ps Iig,9.17.101)., soit.pour compter sur elle et et lumière qui r~vèle. ,
esJ?érer en elle. (Ps ng,42.74.81 etc; 130,5). I,.a •Puissance. qui opère : d'ùn mot, Jésus accom-
répo.nse humaine !\. la Parole de_ Dieu constitµe plit les 'miricles qui sont .les sigrt.es du Royaume
donc une attitude înt~rieure complexe, q11i com- de Dieu (Mt 8,8.16; Jn. 4,50-53). D'un mot-encore,
porte tous ,les aspects d~ .la vie théologal!:l : _la il accomplit dans les cœ.urs les effets spirituels
*foi, puisque _la Parole est révélation du Dieu dont ces· miracles sont les symboles, ainsi le *par-
vivant, et de ses desseins ; l'*espérance, puj.s- don des péchés (Mt 9,1~7 p) .. D'un mot, il tt:ans-
qu'elle est promesse d'une entrée; l'•amour,. puis- met aux Douze ses pouvoirs {Mt-.18,18; Jn 20,23)
qu'elle est règle de vie (cf Dt. 6,4ss}. . et institue ·les signes de l'Alliance nouvelle (Mt
26,26-29 p) .. En_ lui et par lui, la ~arole créatrice
est ·dalle. à l'œuvre, opérant ici-bas le salut.
*Lumière qui révèle :- Jésus. annonce. l'*Év:an-
gile du Royaume, il « annonce la ParOle l) _(Mc 4,
IV. PERSON'NIFICATION DE LA PAROLE DE Drnu 33), faisant connaitr:e en •paraboles les •mys-
tères du Royaume.de Dieu ..(Mt 13,II :p). _En appa-
•rencE:,. il est .un *prophète (Jn·. 6,14). ou· un doc-
La Parole divine n'est pas un élément parmi les teur qui *enseigne au.nom de.Dieu (Mt 22,16 p).
autres dans l'é~nomie de l'AT; Clle, la domine En .réalité, il parle « aveq *au_torité » (Mc 1,22 p),
tout entière, donnant un sens à l'histoire en tant coi;nn:ie de son prop:r:e-fond, avec la certitude que
qu'elle en est créatrice, suscitant__chez _les hommes n ses paroles ne passerqnt point:» (Mt. 24;35 p).
la vie de foi en tant qu'elle .leur est adressé.e comµie Ce:tte attitude laisse--entrevoir un mystère, sur
un mess~. ,Il_ n'est donc pas !Stonnant _de .voir lequel le quatrième évangile_ se P-entjte -avec pré-
cette importance se: traduire parfois.dans u_ne pe;r- dilection. _Jésus · « . dit les Paroles de Dieu » (J n
sonnification d'? ia Parole; parallèle à celles de la 3,34), il dit (( ce que le_-Pè_re lui ·a enseigné » (8,
•Sagesse ,et de l'*Esp~~t de Dieu. C'est le_ cas_pour 28). C'est pour cela que « ses Parole& sont esprit
la Parole. révélante_ (Ps n9,89) _et s1,1rtout_ pour-_Ia et vie» (6,63). A plus d'une :i;-eprise,.révangéliste
Parole agissante,- exéèutrice des o_rdres. d_ivins (Ps emploie avec emphase le verbe. oc parler.» (lalein)
147,.15; 107,20; IS 55;u; Sg r8,qss). Dans·Ie fi.li- pour souligner l'importance de cet aspect.de Jésus

gxo
PAROLE DE DIEU PAROLE 'DE-' ·o·rnu
(vg 3,rx; 8;25-40; 15,u; 16,4.-.. ), car. Jésus « ne
parle pas de lui-même » (12,49s; 14,10), •mà.is
« comme le Père 'lui a d'abord parlé » (12,56).
Le mystère de la Parole prophétique, inauguré II, LA PAROLE DANS L'É\'.iLISE
dans l'AT, atteint donc en lui son parfait accom-
plissement. 1. L'action de· la Paf~le·de Dieu:· - Les Actes et
les épîti,-ès apostoliques nons niontrent là Parole
i. L'es hommes e·n jace-de·la_:Pa1''ole. - :c•est pour- de Dieu poursuivant ici-bas l'œuVre de salut inau~
quoi les hommes sont sommés de prendre poSi- :gurée par JésuS.· Cette Parole· désigne d'.ailleurs
tion en face de cette Parole qui 1es met·en con-' 'moins une· série -de« paroles du Maître·» recueillies
,tact avec Dieu même. Les Synoptiques rapportent et réj;>étées ·parîes disciples (cf Mt 10,r4; l·Co 7,
de5 propos de Jésus·qui montrent clairemeht'l'en- ro.r:i.25) ·que le message même_: de· l'*ÉVallgile,
jèu de ce choix. 'Dans la• parabole de la *semence, prociamé• _· dans la *prédication chrétienne: Le
la Parole --- qui est l'Évangile du- Royaume- - ministère· apostolique est essentiellèment un ser-
est accueillie différemment par ses divers audi- · vice de cette Parole {Ac 4,29Ss; 6,2.4), qui' doit
teurs : tous c< entendent » ; mais seuls ceux qui la être annoncée pour retentir dans le monde entier
ci comprennent» (Mt 13,23) ou l'« accueillent» (8,4.25; 13,5; i8,9s;_ 1 Th 1,8) _; service sin:cèr~, qui
(M_c 4,20 p) ou ,la «gardent»· (Le 8,15), la voient Ile falsifie pas le message (2 CO· 2,i7;' 4,2); ser~
porter en eux son *fruit. De même, à l'issue du 'vicè courageux, q~i le proclame· avec au'dài::e (Ac
discours sur la montagne où il vient de procla- 4,31;· Ph i,14). · , ' . ,
mer la •Loi·:houVelle, Jésus oppose le sort de ceux Or ·cetté Parole est,· .par' elle-même·,, une puis-
·qui u entendent ·sa Parole et la mettent en pra- sance· de *sa'.lut : la *croissance de l'Église:·s•iden-
tique » au sort ·de ceux qui ci l'entendent sans la tifie à sa croissance (Ac·.6,7; 12_,24; 1.9,20), èt même
mettre en pratique »: (Mt ·7,24.261· Le 6,47.49) : Jes· chaînes dont on: ·charge l' Apôtre ·ne parvieilnent
maison fondéë sur le roc, d'un côté ;' sur le sable, pas· à l'en_chainer (2 Tm 2,9); Elle . èst _la a _Parole
de l'autre. Ces -images introduisellt ·une:perspec- de _salut» (Ac 13,26), lac< Parole de vié » (Ph 2,16),
tive de •jugement; chacun-.sera jugé Sur- son la Parole sO:ie (1 Tm 1,15; 2 Tiri 2,n; Tt 3,8),
attitude en face de· la Parole : i< Quiconque aura la Parole vivante et -efficace· (He- 4,12); autant
rougi 'de moi et de mes paroles, le-Fils dé l'homme d'expiessions qui soulignent son action dans· les
en rougira aussi quand ··il viendra dans la gloire cœurs des· croyants.. Aussi bien est-:ce· à elle que
de son Père » (Mc 8,38 p); ceux~ci.doiveùt leur régénération; lorsqu'ils croient
Le quatrième évangile ·repren!i •les mêmes idées 'en elle au ffioment de leUr.. *baptême (I P 1,23;
avec une particulière insistance.· Il montre que, Je 1,18; cf ·Ej:, 5,26). Dans l'œuvre du salut se
chez les auditeurs ·de Jésus, une division s'opère retrouve ainsi la même efficacité de la Parole,' que
à cause de ses' pliroles (Jti 10,19). D'un,côté, il l' AT présentait dans le· 'cadre de -la création· et du
y a ceux qui croieri.t (Jn 2,22; 4,39.41.50), qui déroulement de l'histoire, et que les évangiles
écoutent sa Parole (5,24), qui la gardent (8,51s; attribuaient à ·la Parole de Jésus. Mais en fait,
14,23s; 1·5,20); qui •demeurent en· elle -(8,31) et cette Parole annoncée par 1~ Apôtres est-èlle
en ·qui elle demeure ·(5,38; 15,7); ceux-là ont .la autre chose que la ParOle m'ême de Jésus, exalté
vie éternelle,"(5,24), ils ne •Verront jamais la mort comme •Seigneur à la droite de Dieu, ·parlant par
(8,51), De l'autre ·côté, -il y a ceux qui trouvent ses Apôtres et confirmant leur parole par des
cette Parole· trop· dure (6;60), qui ne· c( peuvent signes (Mc 16,20) ?
pas l'écouter » (8;43)· et qui, de ce fait, la refusent
et rejettent· le Christ : ·ceux-là, la Parole •même 2; Lès hommes devant la Pàrole de Dieu, - C'est
de Jésus les jug:era au dernier jour (12,48), parce poUr<J.uoi Iè inême partage se· faii en fàce de la
qu'elle n'est pas ·sa parole à lui; mliis celle· du Parole apostolique, qu'on observait déjà en face
Père (12,49; i:7,14), qui est •Vérité· (17,17}. C'est de Jésus·: refus des uns (Ac 13,46; i P 2,8; 3,1) ;
donc une même chose que de prendre position act::ueil des ·autres (r· Th r,6), qui reçoivent la
à l'égard de la Pa:role de_ Jésus, à l'égard· de sa Parolé {1 Th 2,13), l'écoutent __ (Col 1,5; Ep r,13),
personne, et à-l'égard de Dieu. Suivant la décision la reçoivent avec docilité ·pour· 1~ mettre ell pra-
prise, l'homme se voit introduit dans une vie tiqùe (Je i,21sS), la gàrdent afin d'être sauvés
théologale faite· de foi, de confiance et d'amour, (1 Co· 15,2; cf Ap 3,8), la glorifient (Ac ·13,48), si
ou rejeté au ··contraire dans les ténèbres du monde bien qu'elle demeure en eùx (Col 3,1_6; 1· Jn 1,
matlvais. ' rn; 2,14)·,· Au· besoin, ceux-là soutiennent à cause

9II QI2
PAROLE DE DIEU PAROLE DE DIEU

d'elle l'épreuve et -le •martyre ,-(Ap r,gs; .. 6,9;· 20, détermine du même coup leur attitude en face
4), et ·ils vainquent grâce· à elle les puissances du de Dieu. Effectivement, sa venue ici-bas a occa-
mal (Ap ·12,n). Ainsi s'épanouit· daris l'histoire sionné parmi eux un partage. D'un côté, les
l'action de la Parole divine, qui-a suscité chez les ténèbres ne l'ont J)as accueini (Jn 1,5), le •monde
hommes foi, ,espérance et amour. mauvais ne l'a pas connu (1,ro), les siens - son
propre peuple - ne l'ont pas reçu (1,n) : c'est
toute l'histoire évangélique aboutissant à la Pas-
sion. Mais d'.un autre côté, il en est qui ont « cru
III.. LE MYSTÈRE DU VERBE DE DIEU. en son,-Nom » ,.(1,12) : ceux-là ont ·c1·reçu de sa
•plénitude, grâ.ce .sur -grâce n (1,16) et il leur. a
I. Le Verbe fait· chai1', - De .ce, mystère de la donné pou voit de -devenir enfants de Dieu (1, 12),
Parole divine, J ~n . p.ous livre le dernier secret, lui qui est le Fils par nature (1,14.18).
en le rapprochant de -la façon la -plus étroite du ·Autour dU Verbe incarné s'est ainsi cristallisé
mystère même de Jésu~, Fils de Dieu : en tant un drame qui: dure, en fait; depuis ·que Dieu a
que •Fils, Jésus est la Parole subsistante, le Verbe commencé de parler, aux · hommes par ses pro-
de Dieu. C'est do:p.c .de. lui.que dérive, en dernier phètes: Mais aussi bien, quand les· prophètes pro-
ressort, toute manifestation de la Parole divine, clamaient la ·Parolc·d"e· Dieu·, n'est-ce pas déjà le
dans la crêation, dans l'histoiri, dans l'accomplis- Verbe lui-même qui. s'expriniait par leur bouche,
sement final du salut. On comprènd de la ,sorte le même Verbe qui .devait prendre·çhair à la fin
le mot de l'épître aux Hébreux : « Après avoir des temps pour s'adresser directement aux hommes,
parlé à nos .pères par .les .prophètes, Dieu nous a lorsque le Père l'enverrait ·personnellement ici-
parlé par son Fils ~ (He- r,rs). bas ? A cette action cachée, préparatoire, s'est
En tâ.nt .que Yerqe, ,Jésus existait donC? dès le substituée maintenant une présence directe et
commencement en· Dieu, et il était lui-même .Dieu visible. Mais pour les hommes, le problème vital
(Jn 1,rs),. Il ,était cette. Parole créatrice en qui posé par la Parole de Dieu n'a pas· changé d'as-
tout a été fait (1,3; cf He ... 1.~; Ps 33,6ss), cette ,pect .: qui croit à la Parole, :qui reconnaît le Verbe
Parole illuminatrice qui luisait dans les ténèbres et l'accueille,· entre par lui dans :une vie théolo-
du monde pour apporter aux. hommes la *révéla- gale d'enfant de, Dieu: (Jn ·.1,12) ; quf refuse Ja
tion de Dieu (Jn 1,4s.9). Dès l'AT, c'est lui déjà Parole, qui ·méconnait le Verbe, demeure -dans
qui se manifestait se·crètement ·Sous. les clehors de les ._ténèbres .du :monde et il est par là même jugé
la Parole agissante et révélante. :Mais. firialement, (cf 3,1.7ss):. Redoutable perspective ·que tout
au terme des temps, ce Verbe est entré _ouverte- homme doit affronter, Ouvertement s'il est .mis
ment dans l'histoire en se faisant· chair (r,14)·:··il en présence de 'l'Évangile de_ Jésus-Christ, secrète-
est alors dèvenu pour les hommes objet·d'expé- ment si la Parole .divine ne l'atteint que sous des
rience concrète (1 Jn ·1,rss), si bien que c( nous formes imparfaites. A tout.homme le Verbe parle,
avons vu_ sa ••gloire t) (Jn 1,14). · il attend de tout hOmme une réponse. Et le destin
Par là_, il a c01;1duit'au ,terme sa_ double' activité éternel de cet homme dépend de. sa réponse.
de révélateur et: d'auteur du salut : .il a, comme AF & PG
Fils. uniq"ue, _fait connaître. au:x: .hommes.' le · Père
(1,18); il a, pour les sauver, introduit dans Je
monde la •grâce et la •vérité (1.14.16s). Le Verbe
manifesté au· monde est désormais au cœur de
_, accomplir AT 1 .2 ,:._ 8.nlen 2 - arè:he d' Alliance
l'histoire htini.aine :' aVant lui, ·elie tendait vers Il :__ bénédiction - courir I - création NT l 2 -
son incarnation ; après sa venue, elle est tendue croissance 2 c - dessein de Dieu - Dieu AT III -
vers. son- triomphe final. Car c'est -lui· encore .qui disciple AT 1-.2'; NT 3 - écouter - écriture li -.en.,ei-
se manifestera dans un dernier combat, pour gner - Esprit de Dieu ,- Évangile - faim & soif'- foi
mettre fin à l'action des puissances mau_vajses NT, Il. 2 - "JésUS~Christ Il 2 d - jugement AT l 1
et asslll"ei ici-bas la •victoire définitive de Dieu .- lait 3 - . lampe I, ---: livre III -: Loi .- manne
(Ap 19,13). . ' . 1 .3 - mémoire 1 ~ - m.iraclê II :2 a - mystère AT 1 ;
NT II 1 - na_issance (notn·elle) 3 a_- noUnitU:rè II -
pain III - parabole - ' parole humaine 2 - prêcher
:2.Les .hommes devant le. Vn-be fait chait'. - Le II ,- prophète AT I 2, II 1 - Révélation - royaume
Christ étant le Verbe subsistant K venu en chair·», NT II 1 - sacerdoce·AT II z - sagesse - semer II
on comprend que l'atti_tude prise par les hommes 2 -·serment AT :2 - silence 1 ·-songes·- vérité -
en. face de sa Parole et eil face de sa pei-S?rille volonté de Dieu -, . Yahweh 2.
PAROLE HUMAINE PASSION DU' CHRIST

parole, -on peut enfin mentionner .ta cOnfiance


superstitieuse en son efficacité·*magique. Fréquente
dans l'ancien Orient, connue dans'le milieu biblique
PAROLE HUMAINE {parole de mauvais augure : Nb -22,6; parole de
revenant : Is 29,4), elle est illterdite par ·la Loi
sous peine de mort au même titre que les autres
Suivant une ·conception commune dans l'anti- opérations magiques {Lv 20,6.27);
quité, le monde,_biblique ne, voit pas seulement
,dans Ja parole humaine un vain son, ·un .. simple 2. Du' b;n 'usage de la Parole. - A l'inverse des
moyen-de communication ·entre. les hommes : la pécheurs et des sots, les sages doivent savoir
parole exprime la: personne, participe à .son dyna- régler exactem:ent'· leurs parOies., C'est un trésor
misme, est douée· ·en quelque sorte ""d'efficacité. et une joie qu'une parole dite·à; propos, une réporise
D'où son•·importance dans la conduite de la Vie : opportune (Pr I5,23;·_25,II), car« il "y-a u'n teffips
· suivant sa qualité, elle renferme ,pour qui la pro- - pour se taire et-un temps·pour parler» (Qo 3,7}.
nonce, honneur ou confusion·"(Si '5',I3) ·;. mort et Il· iaut donc contenir_· ses Paroles: {Si 1,2·4),_ user
vie sont· en son pouvoir (Pr .18,21).-Pour juger de dans son langage de -balances et· de -poids, et mettre
la :valeur d'un homme, eUe est donc comme la un verrou_ •à' sa bouche (Si 28';25; Ps -31),2; ·14I,3),
pierre <le.-touche:qui -permet de l'éprouver {Si 27, être-lent•à parler (Je ·1;19). -A;. cette niesure; il faut
4-7)'. On comprend ·que leS maîtres de· sagesse en joindre encore la sagesse et la-bonté, comme fait
·inculquent.le bon usage·et en dénoncent les défauts: l,:t femme parfaite· (Pr 31,26).· Alors, la parole
le :N"T- ne fera que reprendre sur ce point l'ensei- . •humaine est· comme une eau profonde, un· tor-
gnen:ient de l'A'.l'. rent débordant, une s_ource de vie -(Pr. 18,4; cf
Dt ·32, ts) ; car 1a· bouche parle de l'abondance du
I.- Du mauvais ùsage de la. parole. ---'- Voici d'abord cœur, de sc:frte qtie- l'_hom:me· bon -tire du -sien un
le bavanl (Pr- IO,,Ig; 29,20), qui verse 4ans 'la trésor (Le 6,45). Parlant Sous l'actioll de l'.Esprit-
sottise (Pr ro,8; .t3,3) et l'indiSc'rétion (Pr 20,z9), Saint, il peut édifier, .exhorter et consoler ses
et qui se fait détester (Si 20,5-8) ; le sot, que ron frères (1 Co-q,3), car sa ·parole d'homme exprime
reconnait. à ses écarts de langage (20,I8ss) ·;:·le alors la •Parole ·ae Dieu. AF · & PG
faux ami, qui n'offre pour consolation que des
« paroles de' vent» (Jb 6,26). Mais il y a pire: ...,.,,_· am.en I - cœur I t - langue - lèvres ,- mensonge
c'est la- parole des méchants, .qui est une embO.che - prêcher II - sernient - silence 2. - témoignage
AT I - vérité AT 2 ·;. NT 1.
sanguinaire (Pr 12,6). Le .sage .doit se garder de ' ''

la médisance. (Si 5,14), car la *langue fait plus .P.AROUSIE·-)- adieux NT x -- ·Antichrist NT -
de victimes que l'épée (Pr .12,18; Si· 28,17s). Les apparitions .du Christ;•I _...,.. Ascension ·III - dessein
paroles des ,rapporteurs sont souvent, accueillies de Oieu NT IV - Époux/épouse NT 3 b c - espé-
« comme 'des fri~ndises " (Pr 26,22), mais elles rance NT II, IV - gloire IV 1, V ---:- guerr_e NT III -
blessent cruellement lès psalmistes, -,avec l'ac- Jésus-Christ II I a.- Jour du Seigneur NT - juge-
cent des gens qui ont beaucoup souffert, dénoncent ment O ; NT _:, Pâquf!! III 1.j - Patiènce I NT 2 -
pe'rfection NT 6 - roi NT II 2 · - royaume NT III
constamment la médisance et la calomnie qui les 3 - t_emps NT III-· veiller I -··victoire.AT 3 a -
atteignent (Ps 5,10; rn,7). Dans le NT, l'épître de viSite NT.
Jacques .reprend ces mêmes conseils sur les écarts
d~ paroles (Je 3,2-z2) : veiller sur son langage est PARlf.ÈSIA ~ confiance . 3 - Esprit de Dieu NT
u'ne _exige~ce première cle, la sagesse chrétienne IV - fierté -. honte II 1 - libération/liberté III_ J a -
prêcher 11·2 b - prière IV 4.,. ·
(cf ·I,26 e.t.- 3,2).
D'autres périls sont_ à craindre, ainsi• les *blas- PARTAGE·-+ amour II ' - aulllône - commu-
phèmes; lés paroles imputes (Si 23,I2~21) et le_s faux nion AT 5 ; ·NT - pain I J.
*serments. La "loi mosaïque interdisait ceux-ci -(Ex
PASS.À.GE~ demeurer-. épreuve/tentation NT in 2
20,7; Nb 30,3; l)t 23,22 ... ). De crainte qu'on n'en - monde AT III 3 - 1'nort - Pâqùe .:..... tèmps NT I_I :2
prête inconsidérémeht, le Siracide _en Vient à con- - visite:
seiller de restreindre le nmnbre dés serments (Si
2·3,7-u). Finale;men-t, Jésus enseignera un idéal de PASSJON(S)-+ amour O; I AT :2 -,-.chercher -
sincérité qui rendra les· serments inutiles (Mt 5, colère - désir - Zèle,
33 ... ), et cet idéal sera retenu par l'Église aposto- PASSION_ D_U CHRIST • Croix,- glOir~ IV '3 -
lique (Je 5,I2; 2 Co z,z7s); Parmi.les péchés de heure 2--:. Jésus-Christ I 3, II 1.b - mort NT II -

QI6
PASTEU_R & TROUPEAU PASTEUR & TROUPEAU

patience I NT 1 - péché.IV 1:d. 3 e - pri.è_re IV.2.- -13;1ï)· Alors, de nouveau, Yahweh le ~ guidera
Rédemption NT 2.4 --:- roi NT I ,2 . - ·sacrificif NT - vers les eau~ bouillonnantes» (ls49,ro), rassemblant
Sei:viteur de. Dieu Hl 1.2 - _souffrance _N'.l')~ ~ tris- les brebis ,dispersées (cf .56,8) .•en· les « sifflant o
ter.se NT I. (Za 10,g). 11 montre la même· sollJcitude envers
cha.;ue fidèle,. qui ·ne manque de. rien ·.et· ne .peut
rien- craindre sous .la houlette de Dieu (Ps 23,1-4).
Enfin sa. *miséricorde s'étend à toute *chair· (Si
PASTEUR & TROUPEAU 18,13).

2.- Le trOupeau 8' ses pasteurs. - Le Seigneur


Profoi:tdément enracinée :dans l'expérience de confie à ses serviteurs les brebis qu'il fait paître
ces « araméëns nomades » (Dt 26;5) que ftirènt les lui-même (Ps roo,3; 79,13; 74,1; Mi 7,14) : il les
patriarches d'Israël au sein d'une civilisation ·pas- guide·« par la-main.de Moïse-» (Ps 77,21).et, pour
torale (cf -Gn ·4,2), la métaphore du berge_r menant éviter que,« la com1mmauté de Yahweh soit .sans
son troupeau exprime admirablement deux aspects, pasteur·», il désigne. Josué comme che{ à la suite
apparemment ·Contraires·. et souvent, séparés, de de Moïse (Nb 27,15-20) ; .il tire -David de derrière
l'*autorité · exercée sur les hommes. Le pasteur est Je parc à moutons ·pour, lui faire paître son.peuple
à la fois un chèf et un compagnon. C'est un homme (Ps 78,7oss; 2 S 7,8; cf 5,2; 24,17)-. ·
fort, capà.ble de défendre son -trotipeau contre les Alors quc··les Juges (2-S 7,7), les chefs du peuple
bêtes sauvages {l s· I7,34-37;·cf Mt :10,16;· AC 20, (Jr 2,8).et les.princes des nations (J-r 25;34ss; Na
29) ; il est aussi délicat envers ses brebis, connai_s- 3,18;,ls 44;28) reçoivent le titre de pasteur, celui-ci,
sant leur état (Pr 27,23), s'adaptallt à leur situa- .comme' à,propos de Yahw,eh·.- n'est pas explicite-
tion (Gri · 33,13s), les pOitant dans ~s bras (Is ment ,donné aux rois -d'Israël; toutefois·- ce-· rôle
leur.est attribué (1 R ·22,i7;· Jr 23,1~2; Ez 34,1-10).
4 o,u),- chérissant· l'une .ou l'àutre " comme sa C'est qu'en effet le titr_c est réservé au nouveau
fi,lle » (2 S 12,3). Soit autorité est indiscutée·, elle
est fondée sur le ·dévouement· et· l'ainour. D'ail- •*David, constituant ainsi un- élément de l'espé--
leurs, d~s l'ancien Orient (Babylonie,_ Assyrie), rance eschatologique. Tel est le: message d'Ézé-
les rois se· COnsidéraient ·volontiers comme des chiel; prfyaré par - celui 4e Jérémie : · Yahweh
·pasteurs, auxqÙels la divinité 'àvait ·c_onfié· l_è sèr- reprend ta· direction de son· troupeau et va la
vice de· rassembler et de· soigner les brebis dU confier au Messie. ·
troupeau.- Sur cet arrfüi-_e-"plan, là. Bib_le. détaiUe Les pasteurs d'Israël en effet se sont montrés
les relations ciui unissent Israël et Dieu, à tra- infü:lèles à leur •mission. Ils n'ont pas *cherché
vers le Chris_t et ~es délégué~. · Yahweh· (Jr- 10,21)., se· sont.révoltés contre lui (2,
8), - ne s'occupant pas du troupeau,. mais .se .pais~
AT sant .-eux~mêmes (Ez ·34,3), laissant les brebis
s'égarer·et .Se disperser (Jr. 23,1s; 50,6; Ez. 34, r-10).
1. Yahweh, chef et père du -troupeau. - Contraire- « Tous· ces pasteurs, le vent les enverra paître i)
ment à ce, _.qu'on pourrait ._penser, •Yahweh ne (Jr. 22,:22). Selon le vœu du. prophète ,(Mi 7,148),
porte presque jamais _.le titre, de pasteur. : .:deux Yahweh prendra en main le troupeau (Jr 23,3), le
désignations- anciennes (Gn., 49,24;._.48j15) et d~ux ·rassemblera (Mi _4,6), _lt.~ ramènera (Jr 50,19),, 1e
invocations_.dan_s_ le psautier (Ps 23;1; .80,2). 1-!e titre gardera enfin (Jr· 31,10;, Ez 34;.u~22): Puis, il:
semble réservé à Celui quidoitveni_r.,.En revanche, tentera.de·lè pourvoir de« pasteurs. se,ton son cœur,
s'i1 n'est pas transposé allégoriquement sur: Yahw~, qui paîtront avec, intelligence et sagesse_ » (Jr 3,
on peut décrire en,une.:v~itable •parabole du bon 15; "23,4).;.. en:fin, selon ·Ézéchi~. il n'y aura plus
berger les.relations de :Die~t avec_son.peupll;!, Lors qu'un seul pa$iEl'ur,·."nouveau David, avec:Yahweh
de !'Exode, « il poussa son peuple comme des p_our Dieu (Ez 34,23s) : tel sera « le tro:upeau. que
brebis » (Ps 95,7), comme u un troupeau dans le ·je_ fais ·paitre·» (34,31) .et qui se_.multiptiera (.36,
désert ».(Ps 78,52s) .. a Tel-un berger qui fait paitre 37s) : sous cet unique pasteur, Jttda et Israël,
son troupeau' recueille dans ses ·bras les. agneaux, ja.c:iis ·ennemis, seront unifiés (37,22.24; cf Mi 2,12s).
les met sur sa poitrine, conduit au repos les .bre- Toutefois. après rexil, les. pasteurs de la com~
bis mères »_(Is 40,11), Yahweh continue à 1< ~ener » munauté ne répondent pas à-rattente. de Yahweh,
ainsi son pe_uple.(Ps ao,2). Certes .Israël.·ressemble et Zacharie reprend la polémique. contre eu_x,
plus à une génisse ·rétive qu'à un agneau dans UJJ.e .annonçant le sort du Pasteur ·à venir., Yahweh
prairie (Os 4,16); .n devi:a, partir en .captivité (Jr va •.visiter dans sà .*colère ces ·mauvais pasteurs

918
l'AST-EUR & TROUPEAU PASTEUR & TROUPEAU
(Za 10,3; 11,4-17) et brandir l'épée (13,7) ; de !'Is- plus grand que ·Moîse, le 1/ Chef ,des pasteurs »
raël ainsi purifié, SurviVI'a-un •Reste (r3;8s):.Le (1 P 5,4),_ «·le pasteur et le gardien»_ q_ui à ramené
contexte - de la ,prophétie invite - à- voir. dans le · 'les âmes égarées en les .guérissant par sa ptopre
pasteur frappé (1j,7), non le. pasteur insensé .(il, meurtrissure (r · P 2,24s). Enfin, dans l' Apoca-
r5ss).- ·mais le II transpercé·» (12,10) dont la, mort lypse qui semble suivre une tradition apocryphe
a été salutaire.:(r3;1-6).-Ce pasteur s'identifie con- sur le Messie conquérant, le Christ-*Agneau devient
crètement ·au· *Sèrviteur qui, telle une brebis lé Pasteur qui conduit aux sourèes de la vie (Ap
muette, doit par son sacrifice justifier les brebis 7,17) et qui_ frappe les paieµs ·a:.vec. _un sceptre de
dispersées (Is 53,6s.us). fer (19, 15; 12,5).
Dans le ive évangile, ces indications éparses
NT _forment. un tableau grandiose, qui dépeint, l''.Êglise
. vivan.te sous la. l).oulette du Pasteur- ,unique (Jn
A._l'époque du Christ, les bergers 'étaient ·diver- ro) ... U:ne nuance cependant :. il s'agit moins du
sement jugés. Au nom de la *Loi qu'ils ne pou- Roi, -Seigneur._çlu .-troupeau, que ·du Fils ·de .Dieu
'7aient guère pratiquer, ils étaient assimilés à -des révélant aux siens l'anlour du ;?ère.. Le .discours
voleurs et à des tueurs. 'Toutefois on · gardait .de Jésus., reprend les dom;1ées antérieures en .les
présente à· la mémoire· la:. prophétie , dù Pasteur appl'Ç)fondissant. Comt;ne en,. Ézéclµel CEz -34,_17), il
à venir. Jésus accomplit·celle-ci; il semble même s'.agit d':un jugement _(Jn 9,39). Israël, ressemble
avoir voulu ranger. les beigers parnii les « :petits » à des brebis _pressurées (Ez,.34,3), li".'rées •«. aux
tj_ui, -tels-les publicains et·les prostituées, reçoivent voleur,s, _aux -~rigands » .(Jn 10,1.rn), dispersées
volontiers la Bonne Nouv'elle, ·On ·peut interp'réter . (Ez 34,5si12;. Jn 10,r2). Jésus, comme _Yahweh,
en ·ce sens l'accueil que les bergers de ·Bethléem les « fait sortir » et les (( mène a,u bon pâturage »
'ont réservé .à Jésus, né probablement dans leur (Ez 34,ro-14; Jn ro,u.3.9.16) ;_ alors_elles con.naî-
étable· (Le 2,8-20). Fidèle à la tradition .biblique> tront le, Seigneur {Ez 34,15.30:; Jn. -10,,r5} qui les
Jésus dépeint la miséricordieuse sollicitude de,·Dieu a sau_vées .(Ez 34,22; Jn,10,9) . .L' « unique pasteur»
sous leS traits dll berger qui va chercher la ·brebis a_nnoncé_.(Ev34,23), « c'est mQ_i »,';,dit Jésus (Jn
perdue (Le, r5,4-7). ,C'est cependant en- sa per- lO,II). ',. , ·. · .' .;_ , .
sonll.e · que s'accomplit l'attente du ,bort pasteur Jé_sqs_précise encore.-U.est le *médiateur unique,
·et· c'est lui qui délègue à 'certains hommes _une la_ *porte -p.our acc~der. aux. brebis (ro,7) et pour
fonction pastorale dans l'Église, · _aller· aux pâturages. (10,9s)._ ,Seul il.délègue_.le pou-
v~ir pastoral (cf 21,1~ss) ; seul il _donne 1~ •vie
t. Jlsus, le bon Pasteur.- ....:.:. Les Synoptiques dans la pleine liberté des_ allées et venues (cf Nb
offrent de nombreux traits. qui" annoncent l'allé- 27,17). Une eXistence nouvelle _est foil.dée :sur la
gorie ,johannique.-La:naissance ·de Jésus à"Be_th- •connaissance mutuelle du pasteur et des brebis
léem a ·accompli. la prophétie de Michée (Mt 2,6 (10,3s.14s), amour réciproque fondé sur t•amour
= :Mi 5,1) ; sa ,miséricorde révèle en lui.-Ie pasteur qui unit le Père et le Fils (14,20; 15,10; 17,8s.
que voulait ·Moïse (Nb 27,r7), car .il vient au 18-2·3)., Enfin Jésus- est le pasteur parfait_ parce
secours des brebis sans berger'. (Mt 9,36; Mc 6,,3_4). qu'il donne sa vie :pour les· -brebis. (ro,15. 17s) .; il
Jésus· se, considère lui-même comme envoyé aux n.'est pas seulerrient a frappé·.» (Mt -26;31; Za 13,
brebis-perdues- d'Israël (Mt ·15,24; ro,6; 'Le I9, 7), il donne· sa vie- de 'lui-même (Jn ·ro,18) ..; les
10). Le « petit troupeau » des diseiples qu'il· a brebis-dispersées :qu'il tassemble ·viennent et de
ras_semblés (Le 12,32) figure la communauté escha- l'enclos· d'IsrS:ël' ·et" des •n:âtionS ·(10,r6; u!52}.
_tologique- à: laquelle est· promis le •Royaume des. Enfin-le'troupeau unique -ainsi ·rassemblé est uni
;saints (cf Dn _7,27) ; il sera persécùté-par les loups à·jamais; ca:r c'est l'amour du Père ·-tout-puissant
du dehors ·(Mt I0,16; Rm 8,36) -·et par ceux du qui le niaintient· et· lui -assure la-vie ·éternelle- (ro,
dedans, déguisés en brebis (Mt 7,15)-._ Il sera dis- 27-30).
pèrsé, mais selon la prophétie de Zacharie; le pas-
teur -qui aura été frappé le rassemblera dans ]a 2. L'Église·et ses-:-pasteu,-s. _:_ \,elon Jean, le .dis-
Galilée des·. •nations (Mt" 26,31s; , cf -Za 13;7). cours du· Bon 'Pasteur inaugurait· l'Église : Jésus
En::fin, au soir du temps,- le Seigneur -des brebis accueille- l'aveugle-né guéri, chassé. de la :syn·a-
séparera dans le ·troupeau les bons et les méchants gogue par les _mauvais chefs d'Israël. Pierre, après
(Mt 25,3IS). . ·la RéSurrectibn, reçoit la missiOh de- paître· l'Église
D'autres écrivains du· NT présentent ·dans c·et entière (21,16). D'autres a pasteurs'» {Ep 4,11)
esprit« le Grand Pasteur des brebis » (He 13,20), sont chàrgés de *veiller sur les .Églises : les

920
PASTEUR & TROUPEAU PATIENCE

~ anciens » et les (!épiscopes » (r P 5,rss; Ac 20, laisse rien impuni et châtie les fautes des pères
28). A r•exemple du Seigneur, ils doivent *cher- sur les enfants et les petits-enfants jusqu'à. la
cher la brebis égarée {Mt 18,12ss), veiller contre troisième et la quatrième génération )1 (Ex 34,6s;
les loups dévorants qui ne ménageront pas le cf Nb 14,18}. Les révélations successives insiste-
troupeau, ces faux docteurs qui entraînent dans ront de plus en plus sur la patience, l'amour
]'•hérésie (Ac 20,28ss). La seule appellation de *miséricordieux du Père qui •< sait de quoi nous
~ pasteur )> doit évoquer les qualités des bergers sommes pétris ; lent à la colère, et plein d'amour,
et le comportement de Yahweh dans l'AT; le il ne nous traite pas selon nos fautes )) {Ps 10 3,
NT en rappelle quelques traits : il faut paître 8; cf Si 18,8~14). Si jamais ne s'évanouissent les
l'Église de Dieu avec l'élan du cœur, de façon thèmes de la *colère et du *jugement, les pro-
désintéressée (cf Ez 34,2s), en devenant les modèles phètes mettent davantage l'accent sur le *pardon
du troupeau ; alors « vous serez récompensés par divin, et certains textes montrent Dieu tout prêt
le Chef des pasteurs (1 P 5,3s),
)J à se repentir de ses menaces (JI 2,13s; Jan 4,2).
CL & XLD Mais cette patience de Dieu n'est jamais faiblesse:
elle est appel à la *conversion (< Revenez à Yahh
- Agneau sle Dieu 3 - autorité - David 1.3 - Dieu weh votre Dieu car il est tendresse et pitié, lent
AT IV - Eglise II 2, V 2 - ministère II J - Pierre à la colère, riche en grâce ... )1 {Jl 2,13; cf Is 55,6).
(suint) 3 c - porte NT - unité III - visite AT 1.
De cette patience, Israël comprend aussi peu à
peu qu'il n'est pas le seul bénéficiaire: les nations
sont aussi aimées de Yahweh ; l'histoire de Janas
rappelle que la miséricorde de Dieu est ouverte
PATIENCE à tous les hommes qui font pénitence.

NT
A l'égard de son peuple ~ à la nuque raide ~.
comme à l'égard des nations pécheresses, Dieu se 1. Jésus, par son attitude à l'égard des pécheurs
montre patient car il les aime et veut les sauver. et par ses enseignements, illustre et incarne la
Cette patience divine dont Jésus donne la suprême patience divine ; il reprend ses disciples impa-
révélation et le modèle achevé, l'homme devra tients et vindicatifs (Le 9,55} ; les paraboles du
l'imiter (Ep 5,1; Mt 5,45). A l'exemple de son figuier stérile (13,6-9) et de l'enfant prodigue (15),
Maître, le disciple aura à faire face à la *persé- celle du serviteur impitoyable (Mt 18,23-35) sont
cution et aux *épreuves dans une *fidélité cons- autant des révélations de la patîence de Dieu,
tante et joyeuse, toute pleine d'*espérance; plus qui veut sauver les pécheurs, que des leçons de
humblement, il devra aussi supporter chaque jour patience et d'amour à l'usage de ses disciples. Le
les défauts d'autrui dans la *douceur et la charité. courage de Jésus dans sa Passion, spécialement
mis en relief dans le récit de Luc, deviendra le
modèle de toute patience pour l'homme en butte
I. LA PATIENCE DE DIEU aux *persécutions, mais qui commence à com-
AT prendre maintenant la signification et la valeur
rédemptrice de ces souffrances.
;( Dieu affirme sa *justice en ne tenant pas
compte des péchés commis jadis au temps de la 2. Les Ap6tres voient dans le retard apparent du
patience divine» (Rm 3,25s}. L'AT est ainsi conçu retour de Jésus une manifestation de la longani-
par saint Paul comme un •temps où Dieu suppor- mité divine : « Le Seigneur ne retarde pas l'accom-
tait les péchés de son peuple et ceux des •nations plissement de ce qu'il a promis, mais il use de
en vue de manifester sa justice salvifique cc au patience envers vous, voulant que personne ne
temps présent )1 (cf I P 3,20; Rm 9,22ss). Au long périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P
de son histoire, le peuple saint a pris une cons- 3,9.15). Mais si l'homme méprise ces « trésors de
cience de plus en plus profonde de cette patience bonté, de patience, de longanimité de Dieu », il
de Dieu. Lors de la révélation faîte à Moïse, « amasse contre lui, par son *endurcissement et
Yahweh se proclame : « Dieu de tendresse et de pitié, l'impénitence de son cœur, un trésor de *colère,
lent à. la *colère, riche en *grâce et fidélité, qui au jour de la colère, où se révèlera le juste *juge-
garde sa grâce à des milliers, tolère faute et trans- ment de Dieu » (Rm 2,5). C'est pourquoi, tant
gression et péché » ; mais il est aussi celui qui « ne que dure !'aujourd'hui de la patience de Dieu et

922
PATIENCE PATRIE

dé son· appel,- les élus doivent écouter sa it:pa:role Fortifiés. ainsi par Dièu, et .·consolés par les
et-' s'efforcer d'entrer dans le •repos •de Di_eu (He Écritures (Rm· ·,15,4), les chrétiens ·peùvent tous
3,7-4,II). ,· demeuz:èr *fidèles dans- 1e ·Support_ des épreuves
endurées pour le Nom de· Jésus· (Ap 2;10;' 3,21);
ils- obtiennent ainsi la ·•béatitudè promise ·à ceux
II. LA PATIENCE DE L'HOMME qui persévèrent jusqu'à la fin, (Mt '10,::i:2;. cf Mt
5,IIs; Je I,,Y:2; 5;n; cf Dn· :r:z,12), ce qui valldra
L'hOmme doit s'inspirer de la patience ·de Dieu surtout lors des· grarides- tribulàti_Ons :finales (Mc
et de· celle de Jésus. -Dans la souffrance et hf per- 13,13;· Le 2:r,19).·-'Quant-'aux •apôtres, ils sont
sécution -permises par• Dieu, -Uhomme doit puiser appelés à une 90mmunion- p]us, étroite· encore ·à la
sa •forcé en Dieu llli-mêt'ne, qui lui donne l'•es- ·Passion et à la patience du Christ : c'est par leur
. pérance et le •salut ; •·dans la vie ·quotidienne sa « constance dans les tribulations, dans Jes:détresses,
patience enveis S'es frères sera l'un des visages de dans . les _angoisses. » qu'ils' ·s'affirment -en · tout
son amour. pour eux. c:Omme des ministres de Dieu et des serviteurs du
Christ (2 Co6,4_;·12,12; 1 Tm 6,:ri; 2Tm2,xo;,3,ro)
1.-'Dev"ant-Dieu qi.li l'éprouve par des souffrances et ·c•èst par Ièùrs .. souffrances et leur_patien~e que
ou .qui permet· la persécution,· l'hOmme, en· décou- la vie du Christ se .111-anifeste dan_s leuz:-s co_rps ;
-vrant· peu à peu· le ·sens-. de ,ces· •souffrances, la mort faisant son œuvre en eux, la vie peut faire
apprend à sè situer pà.r,·raJ>Port •à elles dan.s ..\Jne la sienne dans les chrétiens (2 Co 4,10-u).
patience qui lui'fait «· porter du fruit » (Jn 15,2}.
Job cOmprend que la souffrance n'est pas néces- 2. Devant ses frères- qui l'irritent, le sage !:\e rap-
sairement le châtiment du •péché et devant elle pellera que« mieui vaut un homme patient qu'un
il se montre patient : il s'agit d'une •épreuve de héros, un homme-mattre de soi qu'un preneur de
sa •foi ; face au mystère, il se soumet humble- villes » (Pr I6,32; cf 25,15; Qo. 7,8). Surtout, il
men't, 11).ais sans percevoir encore la signification imitera la· patience de Jésus à l'égard de ses
ni la valeur de SOn épieu Ve.• Patience encore que Apôtres .. et à l'égard des pécheurs. Loin d'être
celle du' peuple juif persécuté qui supporte ·les • impitoyable" (Mt· 18,23-35), il sera tolérant· (5,45) ;
épreuves avcè· constance, tout' tendu vers .Ja venue sa.-patiencé' quotidienne .révélera son· •amour (1 Co
du •royaume messianique {I et. 2 M; Dn :r2,.12) ; · 13;4).'-Poilr vivre en· accord avec sa vocà.'ti:on, il
le juste· Opprimé ne doit~il pas se confier avec une « supportera les autres avec- charité, en toute
persévérante constance en la Parole et en l'amour hùmilité, douceur et patience » ; (EP 4,2; ·Col 3,
de Yahweh (Ps IJO,S: 25,3.5.2!; ·Si 2} _? 12s; -:r Th 5,14). C'est ainsi qu'il sera un vrai fils
Le ·chrétien, sachant que··« -le Christ devait du Dieu patieri.'t · qui aime, qui pardonne et qui
souffrir pour entrer .dans sa· •gloire » (Le· 24,26), veut sauver, et un· disciple· de Jésus, doux et
doit, à son exemple, Subir·avec constance toutes les humble de cœut {Mt· n,29). · RD
•pei-sééutiOns· .: il les supporte avec l'espoir du
salut lors du ·retour· glorieux de Jésus, et il sait -+- colère A 2 ; B AT J 11 1 - douceur - éducation -
qu'il coopère ainsi, par-- ses ·souffrances et. sa endurcissement I .2 b -:- épreuve/tentation NT II -
patience, avec· le·• Sauveur;, il « communie aux espérance :_ fidélité - miséricorde AT I 2 a -
pauvres_ NT III 3 - pernécution II 1.2 - silence r
souffrances du Christ pour être glorifié· avec lui 11 :-- souffrance - veiller.
(Ph 3,10; Rm 8,17). Dans l'adversité, il prendra
« pour modèle de Souffrance · et de· patience les PATRIARCHES'--'+ Abratiam -·éiCctiol1. 'Â.T I 3 b -
prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur » patrie'AT,-·_pères &·~ère I 2, II. ·
(Je· 5,10),- et en général tous les· grands serviteurs
de .. Dieu ·dans l'AT (He 6,11:: 'II}, ,spécialement
Abraham (He 6,15)-:et "Job (Je 5,n). Mais -avant
tout, il imitera -la patience de Jésus '(Ac 8,32; He
12,2s; 2 Th 3;5} et, les-yeux fixés sur lùi, il« courra PATRIE
avec constance l'épreuve·. qui lui est proposée »
(He n,rs). Cette patience, tout comme· l'amour,
est un « fruit· de l'Esprit » (Ga· 5,22;• -cf I ·Co 10, . La patrie, «'terre des 'Pères», est un des aspects
13; Col :r;n}; mhrie dans l'épreuve (Rm .5,3ss; essentiels de l'expérience· d'un: ·peuple. Pour Je
Je' 1,2ss), la constancé· produit à son tour l'espé- *peuple de l'AT, la; patrie a tenu une-place inipor-
rance qui ne déçoit pa·s (Rm 5,5)-. tante dans la foi et l'espérance. Mais ce n'était

924
PATRIE PATRIE

là qu'une, étape prépat'.8.toire de la révélation, car ception - idéale,. qui ..tranche. par sa pureté·. et .sa
Dieu a finalement fait connaitre l'existence ,d'une·• grandeur sur t.outes les_ idéologies nationalistes Où
autre patrie à laquell.e tous .les ·hommes sont des- se cristallisent les.rêves humains. Sans-être multi-
tinés. na.tionale, comme l'est à la ·même·- époque la
conception de rem.pire romain, elle t_end cependant
AT à· l'universalité, de par, la vocation d'-*Israël : en
' . . Abr:aham doivent être· bénies .'toutes: les fanùlles
I. L'e.xj,érience d1une patrie. -.L'histoire du peuple de la.terre (GU 12,3), et Sion doit devenir.la-•mère
de Die"u.co.mmence.pat." un déracinement_: Abraham · de toutes. .les patries (Ps. -~7).
doit quitter sa patrie, pour aller vers un autre:·pays
dont il ne sait encore rien (Gn l2,Is). Or le nouvel NT
enracinement de sa race tarde à se réaliser. Durant
leur séjour. en Canaan,, les patriarches sont des I. Jl~s-.· et sa ·Patrie.-•-. Pour être pleinement
*étrangers et des hôtes (Gn 23,4; He II,I3); l'hé- hronme, Jésus a fait-aussi l'expérience de la patrie.
ritage d1J .pay~ leur est promis (Gn 12,7), _mais La sien.ne ne fut pas un pays quelconque, mais la
non encore _donné. · De même, l'*Égypte où ils terre que Dieu avait donnée en héritage à:. son
séjoum~nt est _aUS!!Î" pour _eux une terre étrangère peuple. Il a aimé _cette pat_rie de toutes les fibres
(cf 15,13).. C'est seulei;nent ap_rès r•.~ode et l'*Al- de son cœtir; d_'autant plus ·que sa_ mission à lui
liance du.Sinaï que la promesse;de Dieu.est tenue: était pour elle l'occasion d'un nouveau drame.
Canaan devie_nt. leur. •terre à .eux, une .ten-e pleine En e1;1et,.comme-e11e.avait méconnu jadis la voix
de _signifü;:ation. religieuse. En effet, n6n ~uJe- 'des. prophètes, la ·patrie juive méprise finalement
ment elle ·est reçue dé Dieu comn;i.e un d_o_n ; non celui qui lui révèle sa vocation véritabl.e. A N aza-
seulement elle re~fenne les tombeaux .des pères reth, le village de ses pères, Jésus est rejetê :
(Gn 47,30; 50,5; .Ne. 2,3ss); .ma~s le fait .que aucun prophète n'est méconnu, sinon dans .sa
Dieu y possède. son, lieu de. résidence - -le sanc- patrie (Mt 13,54-57 p; Jn 4,44). A Jérusalem, la
tuaire de·.I'.•arche, puis le.. *ten;iple 9,e Jérusalem - capitale nationale, Jésus sai:t' qu'il ne va que pour
lui confère . une · valeur a;acrée. A tous ces titres, mourir (Le 13,33). Aussi pleure-t-il su~ la ville
elle appi1raît liée. :à la foi. coupable qui il'a pas reconnu le temps où Dieu
la •visitait (Le 19,_41; cf, 13,345: p). La patrie
2. L'expérience du déracinement. - Mais I~a'ël fait terrestre des Juifs, s'en va· donc irrémédiablement'
aussi l'expérience. contraire.. Un-.double désastre vers sà ruine, car elle n'a pas.accoJilpU ce que Dieu
national ravage fii>.alement cette patrie aimée .. En attendait. d'e_lle. Une nouvelle· cB.tastrophe· signi-
même. temps, le peuple· est transporté loi:ti d'elle, fiera aux yeux-de.tous que·Dieu-lui_retir~ la.mis-
et il fait l'expérience .du déracinement.·L'*exil ne sion dont ene était- chargée· juS.èJ.ue-Ià• dans le des-
fait qu'av~ver l'attaçheme11t des Juüs à la patrie sein· de salut- (Mc· 13,14-19; Le 19,43s;· _2r,20:·.;23).
(Ps 137,1-6)· dont ils pleurent les malheurs. (cf
Lm). _Il_s comprennent alors que ·cett_e catastrophe 2. La nouvelle·patrie:.- Le peuple noiiVeau qu'est
a pour eau~ profonde .le péché-national, que Dieu l'.Église · ne supprime pas· l'enracillem.ent· des
a sanctignné de façon.exemplaire (Lm .1,8.18s; Is hommes. dans •Une patrie terrestre, -comme tentent
64,4 ... ; Ne. 9,~9ss). Aussi longtemps que l'épreuve deJe faire certainès-.id_éologiE!s ·actuelles. L'àmour
se prolonge,-la patrie _humiliée ou lointaine occupe ,de Ia--patrie,restera toujours pour eux-un devoir,
une .place ceritrale da.i,s leur .prière... (Ne 9,36s), en prolongement de ·1•amotir ..familial. C'est. ainsi
dans leurs soucis (2,3)•, dans leurs espérànces d'ave- que les chrétiens d'origine juive demeurent atta-
nir {Tb 13,9-17;·Ba 4,30-5·,9). Attaché$ aux ins- chés, comme Jésus l'était, à la_ patrie d'Israël;
titutions du passé, ils s'efforcent sans cesse de_ les sur un autre plan, saint Paul revendique le droit
remettre debout, et dans _une, certaine mesure y de citoyen'neté romaiile ·qu'il poSSède de nais-
réussissei:tt. Mais en même temps, ils. découvrent sance {Ac 22,27s). Mais 1a patrie d'Israël a Perdu
dans les oracles des prophètes une image trans- désormais· sa signification sacrée, transférée màin-
figurée. de la_ patrie à venir : c'est•-Ia .. nouvelle tenant .à une réalité. plus··haute. L'*Église est la
•terre-sainte, _et la -nouvelle *Jérusalem, centre *Jérusalem d'en, haut dout·nous- sommes les fils
d'une terre..réunifi_ée, _qui prennent·, .l'allure du (Ga 4,_26), comme les· Israélites étaient 1es· fils· de
*paradis- _retrouvé. _.Ainsi la patrie _est-elle à la celle de ·la te_rre. C'est là-haut que nous avons
fois pour·: les Juifs une ~l~té .concrète,. analogue notre droit- de ·•cité (Ph 3,20)·; Dtir1a sorte, tous les
à toutes :_les. autres patries humain ès, et une con- homme&: peuVent avoir-.part ,'à 1'CXJ)ériESllce de là

926
PATRIE PAUVRES

nouvelle patrie. Jadis, les païens étaient •étran- Certes, Jes Sages n'ignorent pas qu'il existe des
gers à la cité d'Israël (Ep 2,r2) ; mais mainte- pauvres honnêtes (Pr 19,1.22; 28,6), mais ils savent
nant, ils partagent avec les Juifs l'honneur d'être que la pauvreté est souvent la conséquence de
concitoyens des saints (2,r9). Ainsi le *ciel est la l'indolence et du désordre (Pr II,16; 13,4.18;
véritable patrie, dont celle d'Israël, choisie parmi 21,17), et ils dénoncent sévèrement la paresse
les patries terrestres, n'était que la *figure, pleine qui conduit à la misère (Pr 6,6-n; ro,4s;
de sens mais provisoire. Nous n'avons pas ici-bas 20,4.13; 21,25; etc.). D'ailleurs, la pauvreté elle-
de demeure permanente, et nous cherchons celle même peut devenir une occasion de péché, et
de l'avenir (He 13,14). C'est déjà cette patrie-là l'idéal semble résider dans un juste milieu : ,( ni
que Dieu préparait jadis aux patriarches ; et eux, pauvreté ni richesse )) (Pr 30,Ss; cf Tb 5,18ss).
derrière la terre de Canaan, aspiraient déjà de
toute leur foi vers cette patrie meilleure (He r 1,
14ss). Tout homme doit faire comme eux et, au-delà IL LES ÉGARDS DUS AUX PAUVRES
du coin de terre où il est enraciné avec les siens,
discerner la patrie nouvelle où, avec eux, il vivra Un autre fait s'impose avec non moins d'évi-
à jamais. PG dence · beaucoup de pauvres sont surtout les vic-
times du sort ou de la •cupidité des hommes, tel
-+ cité NT 2 - étranger - exil - Jérusalem AT -
pères & Père I, II l - peuple A II 4 - terre. ce prolétariat rural dont Job 24,2-12 décrit l'af-
freuse détresse. Ces déshérités ont trouvé dans
PAUL -> Apôtres II - apparitions du Christ 5 - les prophètes leurs défenseurs attitrés. A la suite
Évangile IV - foi III - Loi C III - mission NT d'Amos qui 1c rugit >1 contre les crimes d'Israël
II 2 - nations NT li 2, (Am 2,6ss; 4,1; 5,u}, les porte-parole de Yah-
weh dénoncent sans trêve « la violence et le bri-
gandage )) (Ez 22,29) dont le pays est souillé
fraudes éhontées dans le commerce (Am 8,5s; Os
PAUVRES 12,8), accaparement des terres (Mi 2,2; Is 5,8),
asservissement des petits (Jr 34,8-22; cf Ne 5,1-
13), abus de pouvoir et perversion de la justice
Les pauvres, souvent oubliés dans nos littéra- elle-même (Am 5,7; Is 10,IS; Jr 22,13-17). Ce sera
tures classiques, tiennent dans la Bible une place l'une des tâches du Messie que de défendre les
considérable. Le vocabulaire concret de l'hébreu *droits des miséreux et des pauvres (Is n,4; Ps
permet déjà d'évoquer leur pitoyable cortège : à 72,2ss.12ss).
côté de ras, « l'indigent ))' voici dal, le « maigre )) Les prophètes d'ailleurs se rencontraient 1c1
ou le « chétif 1), èbyôn, le « mendiant i, inassouvi, avec la Loi (cf Ex 20,15ss; 22,21-26; 23,6) ; le
'ant et 'anaw (au pluriel 'anawim), l'homme Deutéronome en particulier prescrit tout un
« abaissé » et affligé. Mais la « pauvreté » dont ensemble d'attitudes charitables et de mesures
parle la Bible n'est pas seulement une condition sociales pour atténuer la souffrance des indigents
économique et sociale, ce peut être aussi une dis- (Dt 15,r-15; 24,10-15; 26,12). Les sages non plus
position intérieure, une attitude d'âme; l'AT nous ne manquent pas de rappeler les droits sacrés du
révèle ainsi les richesses spirituelles de la pau- pauvre (Pr 14,21; 17,5; 19,17), dont le Seigneur
vreté, et le NT reconnaît dans les vrais pauvres est le défenseur puissant (Pr 22,22s; 23,rns). Et
les héritiers privilégiés du Royaume de Dieu. l'on sait que !'•aumône est un élément essentiel
de la vraie piété biblique (Tb 4,7-u; Si 3,30---4,6).
AT
1. LE SCANDALE DE LA PAUVRETÉ
III. LA PRIÈRE ET L'ÂME
DES « PAUVRES DE YAHWEH
Loin de considérer spontanément la pauvreté
comme un idéal spirituel, Israël y voyait plutôt i, Le cri des pauvres )) qui monte aux oreilles de
un pis-aller à supporter, et même un état mépri- Dieu (cf Jb 34,28) retentit souvent dans les
sable, dans la mesure où une conception longtemps psaumes. II est vrai que nous n'y entendons pas
imparfaite de la •rétribution divine regardait les les plaintes des seuls indigents, mais aussi la prière
*richesses matérielles comme une récompense cer- des persécutés, des malheureux, des affligés ; tous
taine de la fi.délité à Dieu (cf Ps r,3; II2,r.3). ceux-là n'en font pas moins partie de la famille

928
PAUVRES PAUVRES

des pauvres, et les psaumes nous révèlent leur Le :Messie _des pauvres est d'ailleurs_ lui"'.même
âme coinmune (Ps g--io;, zz: z5; 69). Il ~eur arrive un pauvr.f_. _Bethléem (Le, 2,7), _Nazareth_ (Mt 13,
d'exprimer Violemment leurs, aspirations à, un 55),_la vie publique (8,~o), _la,.Croix_(27,35), auta:i:it
lendemain. meilleur 9_ù lés situations se_ront ·r~- de formes diverses d~. la pauvreté, épousé~ et
versées (.;4,7ss; 69,z3-3Ô),· m,;1is ils attendentJeur con!:13,Crées .pa~ Jésus, jusqu'au dénuement. ..total.
salut de Yahweh Q.ont _i_ls se savent soliQaires, Et 'il peut ;inviter tous ceux qui pe_i~~t. à_ venir
comme le.« pauvre))_ Jérémie .qui lui.remettait sa à lui,. car il est « doux et li11mble dé cœur » .(Mt
cause (Jr_· 20,12.s). ·1:,eu_rs •,eiin.emis sont c_eux de _II,29 :·praüs_et tapeinos, .cf 'anaw et 'anf dans les
Dieu,. les •orgueilleux (cf ,Ps 18,2~) et les *impies psaumes). Même en son t_rio~p1'!,e_ des Ra!Q.eaux,
(9,14-19). Et l_eµr détres_se est tin titre_ à_. son il reste ·le Roi « modeste. » annoncé par_._Za 9i9
amour (cf 10,14). ·. . . . (= :Mt 21,5). Et surto~t, en sa Passion, il a'ssÙm,e
Le pau,vre des_ psaumes app3:raît ~insi _comme la souffrance et reprend la prière de toùs les Pauvres
l'ami e_t_ le •serviteur de Yahweh (cf 86,1s), en de Yahweh _(Ps 22; cf )I_t 27,35.43.46).
qui il s'abrite avec •ConfianCe, (IU'il •craint et
qu'il *cherche (cf 34,5-n). Comme les traduc-
teurs grecs l'ont bien •compris, il ne s'agit pas ici .II. LA PAUVRETÉ SPIRITUELLE
de la. seule misère matérielle . : -pour traduire
'anaw, _à _côté .de pt6e-hos, ic indig:ent' )), ·ou pénès, Si déjà sous l' AT une. éliie ~eligieuse eri.visageàit.
pauvre « besogneux _», ils utilisent ausst praüs la_ pauVt'eté comme une attitude SpiritueJle, 'il, est
qui évoque l'idée, d'un .h,onup.e « do11,x_ », ~ apaisé » normal qtl'il .ei;i _aille _de niême poU:r les disciples
mêm!:l. ·4ans l'_épreuve. C'est à. ~on droit, ·-égale- de Jésus, et tel est bien l'a'.spect souligné-par ~int
ment, que nous ..pouvons souvent. traduire 'ana- Matthiep :_ « Heu·reux les, _pàuvres en esprit ,11. (5,
wim Par (l humbles-~. (Ps .ro,_17; ~8,-28; 37,II; cf 3) ~•es_t-à:-~ire « ..c~ux qu~ ont une âme de pauvre )>,
Is 26,,5!;>). -Leur dispositioll.· fonci,è~e _es't en effet
1
Jésus.qemande.aux siens le détachement _intérieur
!'*humilité, -cette. '.a?l-awa/r, que certai~s textes de à l'égard des biens t_emporels _Jqu'ils les Possèciellt
l'AT rapRrOchent ·de. la_ justice. (?o 2,3), _de la ou en soient dépourvus} 1 afin. d'.être capables de
« crainte- de· Die~ » (Pr 15,33; 2_z,4) et de la foi désirer et de _recevoir les, vèaies'...richesses'.(cf-_Mt
ou de la fidélité (Si 45,4 hb; cf 1,27; ·Nb' 12;3). 6,24.33; ,13,z2}. Dans .,la prospérité économique1 · 1e
Ceux· ·qui souffrent et prient dans de tels s_en- risq~~- \:)St grand' de se faire illusion sµr son 41.di-
timents- méritent bien le nom de « Pauvres· de ge'nce ;spirituelle ,(Ap_ 3,17) ;, d,e tau~ façoll, .il
Yahweh"» (cf p·s ·74,19;· 149,4) : ils sont l'objet con:yient œµ~ _qe ce •mon4e comme si l'on. n'èn
de son amour bienvèillant (cf Is 49,rj; 66,2) et usait pas vér~tal?_lement,- « car, elle .passe, la, •:figure
constituent les prémices du « peuple humble et de ce ~onde u (~ Ço_.7,31). Les ,pqssessiqns_.maté-
modeste·» (So 3,12s), de u l'Église des pauvres » rielles p.e so_nt d'.ailleu;rs qu'.un des objets du renon-
que rassemblera le Messie. cement total._ auquel il faut consentir. pour être
disciple de· JéSus '(cf. Le 14,26.33). ·Mais pour
NT esqµisser la phys_ionon,-iie compl~~e des « pauvres
. m;i esprit. u, héritiers d~ 'a,?'4wim., .H faut aussi
1. LE MEsSIE DES PAUVRES nç,tei: la .consçienç_e qu'_ils .qn_t de leur mi~ per-
son_nelle, .sur le. plan, religieux,. de leur- besoi,n .du
En c6~ffienw;nt_,•son discours, inauguraÎ. par ·la secours de Dieu. Loin èle.-.-lllanifester la su:ffisan~e
*béatitude des pauvres (Mt· 5,3; 4 6,20), Jésus illusoire _ du *p)larisie~. 90nfi_ant en'~~- _propre *jus-
veut .:faire ._I'eCOn_~aJ;tr~ .,en_ èi.1.X les hériti_ers privi- tipe, ils. par~gent l'*hum)li~é _d,u, pub~~n __d,e .la
légiés du_ Royaume• _qu'il__.annonce _(cf Je. 2',5). .parabole (Le 18,9R14). _P~ le sei;itim_~µt."_dEl. leur
Comme. lè _Chantait Marie;· l'hu_mble _sérvante-, du ind~ence, ~t 9.e ___ le.tiz:_ faiblesse,. ils _s_e raj,p_ro_chent
Seigne1:1r (Le 1,46-5,5), .~és·oriruUs l'heure e_st,_venu_e ainsi des· *enfants, _et comme a__ cè~ derni~rs-, le
où ·vont_ se ·réali~ ,,les_. p_r()me5s,es __d'.autt~oli! : Royaume de Dieu l,eur _if!.ppartient (cf Le 1~_;15ss;
u Les. pau-yres _m,angei:i;:int. e_t, Seront .r~sasi~. » Mt _19,13:-~4). , . . . .
(Ps .22,27), ,ils __ sont_.convi~S ,à la ta:ble de Dieu__ (çf
Le 14,21.) .. J~us apparait ._ainsi con;n:ne: le Messie
des pauvres, cOnsa:cré par_l:onction pour le,ur po~ III. LA PAUVRETÉ EFFECTIVE.
la Bo;nne NouVelle .(Is 61,1 =;:= Le 4,_18; cf Mt 1i,
5), En fait, ce sont surl:ou1;. dei;i_ .huinbJe~ 4l1,i ~nt L'accent _mis_ Pa{ rÉvangile ,sur l'aspect ,spm-
venus à Jésus (Mt II,25; ]ri. 7,4~!!), · · t;uel çle la_, pauyreté ne <;1.o~t pas fair~ ou_blier -~

929 930
l'AUVRES PÉCHÉ

valeur religieuse de la pauvreté effective, dans l'Évangile a les mêmes exigences de justice sociale
la mesure où elle est signe et moyeJJ. de détache- ..que les prophètes (cf Mt 23,23; Je 5,4). Les riches
ment intérieur. Cette pauvreté matérielle est ont ici-bas d'impérieux devoirs à l'égard des
bonne quand elle est inspirée par la con.fiance pauvres, et ils seront associés à leur bonheur
filiale en Dieu, le désir de suivre Jésus, la généro- éternel à condition de les accueillir à l'exemple de
sité à l'égard de nos frères ; elle peut permettre Dieu (Le 14,13.21) etode s'en faire des amis avec
d'accueillir avec plus de liberté le don de Dieu, le « malhonnête argent » (16,9). Bien plus, le ser~
et de se consacrer plus complètement au service vice des pauvres est désormais une expression de
de son Royaume : autant de motifs que saint notre amour pour Jésus : c'est vraiment lui que
Luc surtout, parmi les écrivains du NT, s'est plu nous secourons en eux, en attendant son retour
à rappeler {vg Le 12,32ss). glorieux (Mt 25,34-46; 26,II). « Si quelqu'un ...
voit son *frère dans la nécessité et lui ferme ses
r. La pauvreté volontaire. - Si Jésus met tous ses entrailles, comment l'amour de Dieu demeurerait-il
disciples en garde contre le danger des *richesses en lui? » (1 Jn 3,17).
{:Mt 6,19ss; Le 8,14), à ceux qui veulent le suivre
<le plus près, et d'abord à ses Apôtres, il demande
d'embrasser la pauvreté effective (Le 12,33; Mt Des prophètes à Jésus, la Bible s'est penchée
19,21.27 p). Toutefois, si les missionnaires de la sur la souffrance des pauvres, et surtout elle nous
(< maison d'Israël n ne doivent prendre avec eux en a révélé le sens. Il y a une pauvreté spirituelle
« ni or ni argent ni menue monnaie » (Mt 10,9; et bienheureuse, qui est ouverture au don de Dieu,
cf Ac 3,6), cela s'explique en partie par les condi- dans la foi confiante et !'*humilité patiente. De
tions sociales de la Palestine où l'hospitalité est cette pauvreté d'âme, la pauvreté réelle reste
largement pratiquée. Dans le monde gréco-romain, assurément un chemin privilégié. Mais son prin-
une telle consigne ne pourra plus être appliquée cipe et sa fin, c'est la communion au mystère de
à la lettre, saint Paul aura un budget missionnaire la « libéralité de notre Seigneur Jésus-Christ ...
et charitable (cf 2 Co 8,20; n,Ss; Ac 21,24; 28, de riche il s'est fait pauvre pour vous, afin de
30) ; même alors pourtant, l' Apôtre continue à vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8,9). LR
annoncer gratuitement l'Évangile (I Co 9,18; cf
Mt 10,8), et il sait vivre dans le dénuement (Ph -+ aumône - béatitude NT II - cupidité AT r ;
4,11s). La communauté des premiers chrétiens NT 1 - David 2 - droit AT J; NT - faim & soif
groupés à Jérusalem autour des Apôtres s'effor- AT 2; NT 1.3 - foi - humilité II - Reste AT 4 -
richesse - solitude I 1 - veuves 1.
çait elle-mêflfe d'imiter leur pauvreté, et l'Église
a toujours gardé la nostalgie et la pratique de
ceÜe vita apostolica où (1 nul ne disait sien ce qui
lui appartenait u {Ac 4,32; cf 2,44s).
PÉCHE
2. Le support patient de la pauvreté. - De même
que les pauvres « volontaires )1, ceux dont la pau-
vreté effective est le lot par suite des circonstances La Bible parle souvent, presque à chaque page,
ou de la persécution sont, eux aussi, bienheureux de cette réalité que nous appelons communément
dans le Royaume de Dieu, si du moins ils restent le péché. Les termes par lesquels l' AT le désigne
généreux dans leur indigence (cf Mc 12,41-44). et sont multiples et empruntés d'ordinaire aux rela-
s'ils accèptent.volontiers leur sort« en vue d'une tions humaines : manquement,. iniquité, rébellion,
richesse meilleure et stable» (He 10,34). Dès main- injustices, etc. ; le judaïsme ajoutera celui de dette,
tenant, malgré leur pauvreté matérielle, ils sont dont usera aussi le NT; plus généralement encore,
riches en réalité par leur fidélité dans l'épreuve le pécheur est présenté comme ci celui qui fait le
(Ap 2,9s), ; Luc a mis en évidence les merveilleuses mal aux yeux de Dieu )J, et au « juste )J (saddiq)
compensations que Dieu leur réserve dans la vie s'oppose normalement le <1 méchant a (raSa').
future (Le 6,20s) ; ils trouveront près de lui, Mais c'est surtout à travers l'histoire biblique
comme le pauvre Lazare, une consolation éter- qu'apparaît la Vraie nature du péché, sa malice
nelle (16,19-25). et ses dimensions ; et nous y apprenons aussi que
cette révélation sur l'homme est tout à la fois
3. Le service chrétien des pauvres. - La misère une révélation sur Dieu, sur son *amour auquel
n'en reste pas moins une condition inhumaine, et le péché s'oppose et sur sa •miséricorde à laquelle

931 932
PÉCHÉ Plf.CHÉ

il permet, de s'exercer_; car l'histoire _du salut occupé à se protéger contre sa-créature. Avant·_de
n'est autre que celle_ des tentatives inlassablement provoquer le<geste de l'homme, le péché a "cor-
répétées par le _Dieu créateur pour arracher rompu- son esprit ; et -comme il l'atteint dans sa
l'homme _à son pécl1é. relation même· à· Dieri dont il est l'•image, on ne
sauraiti concev·oir perversion plus radicale:_ ·:ni
s'étonner qu'elle ,entraîne des· conséquences aussi
I. LE .,PÊCHÉ DES ORIGINES graves.
Entre tous-les.récits _de l'A,T,./:elui de.._ù,t.-~ute 2. Le·s conséquences du péché. - Entre l'homme et
par Ieque~ s'ouvre !'.histoire de_ l'humanité offre Dieu tout est changé ;- tel est. le verdict de la
déjà un enseignement d'une extraordinaire richesse. .•conscience. Avant . même qu'intervienne-le_ •_châ-
Pour comprendre ce CJ.u'.est le· péché,,.bie1;1 que .le timent proprement-_ dit· (Gn -3,23), ~~a~.-et .-~~e
mot n'y soit pas prononcé, c'est de là·· qu'il faut qui jouissaient jusqu'alors de la familiari_té d1vme
partir. · (cf 2,25), ·,« se-cachent devant Yahweh-Dieu parmi
0
les arbres» (3,8). L'initiative est venue de l'homme
1. Le péché d'* A dam s'y manife8te essentieÛ~ment et la •responsabilité de la .faute. luL-incombc;
comme une désobéissance, ·. un acte._ par lequel c'est lui qui n'a plus voulu de Dieu et le fuit ;
l'homme s'oppose consciemment- et délibérément l'expulsion du paradis ratifiera cette volonté <le
à ·Dieu en violant l'un de ses préceptes. (Gn 3,3) ; l'homme ; mais celui-ci constatera alors que_ la
mais au-delà' de cet acte• extérieur de rébellion, menace n'était point un mensonge : loin de Dieu,
l'Éciiture mentionne expiessément un ·acte. inté- il Il'y a ·pas d'accès,pos~ble à l'*arbre de vie (3,
rieur, dont celU:i-ci procède : _Adaril et. ·Ève_ ont 22) ; il n'y a plus que -la· .*mort, _définitive..
désobéi parce que, cédant à la suggestio~ du ser: Rupture entre l'homme et-Dieu, lé péché mtro•
pent, ïls: ont voulu: « être ·:comme, des dieux- ~u1 duit également une rupture _entre les membres.de
connaissent -le bien' et-le, mal » ·(3,5), c'est-à-dire, la -société humaine, dès le paradis, .au- sein mê1ne
selon l'interpi'étation·: la _plus commune, -se su1?sti- ,du couple primordial .. A· peine- le ··péché commis,
tuer à Dieu• pour·· décider· du *bien et du mal : Adam se désolidarise, en l'accusant~ de .celle que
se prenant ·eux.:.mêllles· pour---mesure,. ils--pretendent D_ieu lui avait donnée comme aide (2,18), « os de
être seuls mattres de leur destinée et disposer ses os .et éhair,de Sa chair» (2,23),· et le-châtiment
d'eux~mêmes à Iéui g1tlse ; ils refusent- de dépendre consacre,cette i'upture :·(1 Ta comroitise te poussera
de cèhi,i qui tes·a créés, pervertissant ainsi 1a·re1a- vers ton mari et lui .. dominera, sur. toi » (3,-16).
tion ·qui unissait l'homme à - Dieu._ . · : Par la suite, cette· rupture -s'étendra:··aux enfants
Or d'après Gri 2,, cette relation n'était'-pas seu- ,d'Adam: :- voici le meurtre· d'Abel· {4,8), puis• ·le
lement de dépendance, mais d'amitié. A l'homme règne· de -1a violence et dE' ta: loi dU: .plus fort que
0

créé « à son.,.image_.et resserp..blance » (Gn 1,26s), célèb:rè -le chant sauvage-de Lamech· (4,24)~.
le Dieu de.la Bible n'avait rien refusé; à la diffé- , .. Ce n'est pas tout. Le·mystère du péché dépasse
rence des ·dieux. évoqués par les anciens -mythes lè mondé' humain. Entré Dieu et l'homme un. trc;,i-
(vg Gilgamesh X, 3), il ne s'était rien réservé po~~ sième. personnage est elltré en· ·scène, dont l' AT
lui, non- paf1 même la *vie. (cf Sg_ 2,23). Et_ vo1c1 .ne _parlera guère, -,sans do.ute pour éviter qu'.on
qu.'à l'instigation ,clu serpent,_ Ève puis Ad~ se h'en fàsse un secon_d-·.dieu,-- mais que 1la Sagesse
mettènt· à douter de ·c~. Die11 .infiniment_ géi:iéreux : (Sg _2,24) identifiera -.au 'diable ob. *Satan. et qùi
Je pré_cep:te -doi:i_né pour le bien de l'homme (çf réapparaîtra avec le NT. : .·
Rm 7,10) ne Serait ,_qu'un_ stratagème. inventé par Enfin le ·récit de ·ce premie_r ,péché ne. s'achèv.e
Dieu pour, sauv~gard~r. ses privilèges, et-la. menace pas sàns 'qu'un espoir .s()it donné à.l'homme. Sans
jointe.=au -précepte n~-,serait ,qu'un men~nge : doU:te, la servitude. à laquelle il s'est condamné,
,c Non! vous ile . mourrez -pas! Mais,Dieu·sait que croyant acquérir. l'iµdépendance, ·est,' de"'soi, défi-
le-jour où vous mangerez· d~. ce_ fruit, vous.~ez nitive.; le· péché, une fois entré dans ,}e monde,
comme (l_es dieux. qui. ·cpnnaissent le l?ien et le mal » ne· peut, qtie proliféret,. et; à mesure' qu'ff se_ mul-
(Gn 3,48). L'-hott'!-me s:e- défte.. d'uµ dieu devenu son .tipliera, .la vie diminuera de fait jusqu'à·.cesser
rival. Là notion même-d_e _Dieu. se _trollcve peryertje : complètement avec le, *déluge (Gn 6,1-3ss). L'ini-
à la notion,du .Die;u.souverainement t;lési~téressé tiative .de la rupture étant ·venue,de l'hom:trie, il
parce que. s0uverainem:ent parfait, qui ne manqu_e est. clair: que l'initiative de la réconciliation ne peut
de rien. et ne peut que _.*donner, .se tr<)uve ..suJ;>sti- venir-que de Dieti; Mais précisément, dès ce· pre•
tuée pelle d'un. êtr~ indigent, iIJ.téres_sé, tout entier mier récit, Dieu ·laisse·entrevoir qu~il prendra un

933 934
PÉC'!É

jour cette initiative· (3,15). La bonté de Dieu··,que - :·Péché « originel » d'Israël, iefus d'obéir qui plus
l'hom.me·a ·méprisée remportera finalement; ·elle profondément est un· refus de croire. à Dieu èt de
• vaincra. le: mal par ·,le bien:» (Rm ·12,21).' La s'abandonner à lui, le premier que· mentionne
Sagesse précise qu'Adam « fut délivré ·ae sa faute » Dt 9,7, et qui se renouvellera,:en réalité, à· cha-
(Sg' 10;-1). En tout cas;. la· Geilèse montre déjà cune de ces innombrables rébellions du K peuple
cette. bonté. à l'œuvre -: -elle préserve Noé ·et ·sa à la nuque raide ». Not.imrnent quand, plus tard,
famille de l'universelle corruption et de son châ- Israël sera tenté ·d'offrir ··un Culte_- aux « Baals »,
timent _(Gn 6,5~8), afin de. créer. avec lui, pour à côté de celui qu'.il rendait à Yahweh, ce sera
ainsi dire;!un·univers nouveau ·(8,17.21s, comparés ·toujours _parce qu'il refusera de 'voir en. Yahweh
~ .1,22.28; 3,17) ;· surtout, quand (( unanimes ·en l'unique « su_ffisant », ·le· Dieu dont il· tient son
le1u perversité· les •nations eurent .été confondues » existence, et de ne servir. que lui (Dt 6,13; cf'. lldt
· (Sg 10,5), · elle choisit Abraham et le .retira du 4,rn). Et·q_uand saint Paul décrira la màlic'e propi-e
monde' pécheur_ (Gn, 12,r;..-,cf.Jos 24,2s.14), afin 'du péché· d'idolâ.trie, rilême chez les païens; il
-que « par lui se. bénissent toutes les. nations de la n'hésiter.a pas à se référer à ce premier péché
terre .. »: (Gn ,12,2s, · -répondant visiblement aux d'Israël (Rm 1,~3_ = Ps 106,20).
~édictions de.-3;14ss).
2 . .Les .a ·s~ule-res de la convoitise n. -:-- Aussitôt
après. l'épisode du veau 'd'or, Dt 9,2_2 rappelle un
II. LE PÉCHÉ- n'ISRAitL · autre péché d'Israël, -que saint Paul:évoquera éga-
, lement en le présentant comme le type des a péchés
· CoÎnme le, péché a marqué les orighies de l'his- du dé.sert » (r Co. ro,6). Le- sens de l'épisode ·.est
toire de l'huinanité, il-marque aussi celle· de l'his- assez clair. A. la nàurriture_ choisie par -Dieu et
toire d'Iàraël.· Dès sa naissance, celui-ci revit le miraculeusement distribuée, Israël préfère Un mets
drame d'Adam. A son tour, il apprend. pàr sa de son choix.: a Qui ·nous don:nera de la viande à
,propre. expérience et_ nous enseigne. ce qu'est le manger. ?.;. Mai..µtenant nous dépérissons, -privés· de
péché: ·-De'Ux , épisodes semblèht .particulièrement tout -: nos yeux ne voient plus que la manne ! »
iqstructifs. (Nb- rr,4ss). Israël refuse de• se- 'laisser mener par
Dieu, de s'abandonner à lui, ·de Se plier à- ce qui
r; L'ad<Wation.du veau d'or, -Comme Adam,,plus dans la pensée de Dieu ·devait constituer- l'expé-
gratuitement,encore, s'il est possible,- -Israël a--été rience spirituelle du *désert (Dt 8,3; .. cf Mt 4,4).
0019,blé des bienfaits de Dieu; Sans aucun .mérite Sa •_çupidité sera satisfait~ ; mais, comµie Adam,
de sa part (Dt 7;7; 9,4ss;,Ez 16,2-5), -en vertu du il saura ce qu'il en. co-0.tè-à l'homme de ·substituer
Seul amour de Dieu, (Dt 7,8) ---; car israël n'était ses voies à celles de Dieu (Nb n,33) ..
ni_ plus ni. m.oins «.pécheur·» que· les autres nations
(cf Jo,s 24,2.14; Ez ·20,7s.18), - i l a été choisi pour In:. L'ENSEIGNEMENT. ·nxs PRoPaÈTEs
être le •peuple· particulier, privilégié entre tous
les ,peuples de la terre_ (Ex 19,5), constitué «•fils Telle-est précisément la·leçon que•Dieu par·ses,
premier-né de Dieu » (4,22). Pour le délivrer de ·prophètes :ne va cesser· de lui répéter. De même
la servitude de Pharaon et .de la terre· du péché que l'homme qui prétend se construire lui-même
(celle.où 1'on·ne.peut •servir,,Yahweh, selon 5,1), ne··peut qu'aboU:tir à 1sa ruine, de même le peuple
Dieu a multiplié les' prodiges. Or au mom~t précis de Dieù ·se· .détruit dè~- qu'il déyie·des· "'chemins
où Dieu « entre_ en-alliance» avec son peùple, s'en- que Dieu lui a ·-tracés : ainsi le •péché· apparaît
gage ·avec ·lui; rem~ttant. à Moïse« les-tables du comme l'obstacle par excellence, en vérité le seul,
Témoignage» (31,18.), le peuple demande à Aaron: à Ia·réalisation. dU plan.: .de _Dieu ·s~r Israël, à· gon
(( Fais-nous un dieu qui marche à notre tête ·n règne, à sa «·gloire » concrè_t{;'ment identifiée à la
(32;1). En dépit des preuves que Dieu a données gloire-d'Israël, peuple dè Dieu. Sans do'ute;·,1 cet
de sa K fidélité », Israël le trouve .trop lointain, égard,-Ie péché.' du chef, du roi;' du prêtre, revêt-il
trop ".iilvi~ible l). Il n'a pas foi en lui; il préfère Une responsabilité· parti~ulière et l'on comprend
un . .dieu à - sa portée, dont il pourrait apaiser la qu'il· Soit mentidnné de préférence; mais non pas
•colère par des *sacrifices, 'en ,tout cas, tin •dien exclusive·m.ent. Déjà' le péché· d' Akân' avait arrêté
qu'il. puisse transporter· à· sa guise; au lieu d'être l'artnée de tout Israël· devant'-· Ai (Jas·- 7), et ce
obligé de le *suivre et d'obéir à ses commande- sont bien souvent les péchés du ·peuple dans so'n
ments (cf 40,36ss). Au·-lieu de « niarchel' avec ensemble· que les prophètes rendent· responsables
Dieu», il·.voudrait.,que Dieu. marchât avec lui. des nialheurs de la nation··: «· Non, la :niain ,de

935
PÉCHÉ PÉCHÉ

Yahweh n'est pas 'trop._courte,pour sauver, _pi a trop le souci de .la- transcenda~ce· divine pour ne
son oreille trop· dure. pour entendre. Mais, vos .pas le rappeler à l'occasion: ",On verse des.liba-
iniquités .ont creusé un abîme entre_ vous et-votre tions à des dieux étrangers, •pour me:blesser..-Est-!Ce
Dieu » '(Is· 59;1s). bien moi qu'ils blessent, oracle de Yahweh; n'est-ce
·pas plutôt êux-mêmes poùr leur propre. 'confu'-
I. La dénonciation du piché. .- Aussi- la prédiq1.- sioil.? ·» (Jr 7,18s). « Si,t11 pèches, en qµoi -l'at-
tion des prophètes consistera-t-elle pour une boµne teins-tu ? Si tu multiplies tes :offenses, lui fais-tll
part à· dénoncer le péché,. celui des:·chefs (vg 1 S quelque :mal? D (Jb 35,6),· En pé.chant contre
J,II; 13,13s;· 2 -S· 12,r~,15; Jr -22,13) et celui du Dieu, l'homme n'aboutit qu'à se détruire lui-même.
peuple : d'où ces énumérations· de péchés, si fré- Si Dieu nous prescrit des lois, ce ·n•e~t pas dans son
quentes dans la littérature prophétique, d'ordinaire intérêt; mais dans le nôtre, « afin que .nous soyons
en référence plus ou moins directe au Décalogue, tous•heureux et. que nous ,vivions D(Dt 6,24). Mais
et qui se multiplient avec la littérature· sapien- le Dieu de la Bible n'est pas celui d'Aristot~. indiffé-
tielle (vg. Dt ·27,15-26; Ez 18,5-9; 33,25s; Ps 15; rent à l'homme et au. monde.
Pr 6,16-19; 30,u-14). Le péché devient une réa- a) Si le péché·ne .« blesse 1) pas Dieu_,en lui-
lité fort concrète, et nous .apprenons ce qu'en- même, il_. le blesse· d'abord -dans, la mesure où .il
gendre rabandon de Yahweh: *violences,,:rapines, atteint ceux que Dieu aime. Ainsi,· en « frappant
jugements iniques, mensonges, *adultères, parjures, par l'épée Urie .le Hittite et en . lui. prenant sa
homicides, usure, droits· bafoués,· bref.. tous les femme. D, Dàvid s'imaginait-il-sans-doute n,'.avoir
désordres sociaux. La « •confession n .insérée d'ans lésé .qu'un homme, et·encore un, non-israélite-~ il
Is 59 ré:vèle ·quelles· sont concrètement ces (! .ini- avait oublié que Dieu s'était constitué le. ·garant des
quités n qui« ont creusé un abîme·entre le·pe_uple droits de:toute personne humaine.Au norp. de Dieu,
et Dieu » .(59,z) : « Nos· péchés nous, sont présents Nathan lui apprend qu!il-a (1 méprisé Yahweh >1 lui-
et nous connaissons nos forts : se révolter et renier m·ême et qu'il·serapufli en.conséquence_(2 S r.z,9s).
Yahweh, -se détourner loin de notre Dieu, parler b). Bien plus, le. péché, séparant -l'homme_ de
oppression et révolte et rn,armonner d.ans son- cœur Dieù,. unique _.source de vie, atteint par le fait
des paroles . menteuses.· Le jugement.; est mis de Dieù dans son' dessein d'amour : .« Mon peuple a
côté et la justice- se tient, à l'écart, car la,.bonne ,échangé -sa_ •Gloire contre .l'ImpuiS$aQce !,, .... Ils
foi trébuche· sur. Ia·,'place-publique _et la droiture m'ont abandonné, -moi la Source d'.eau ·vive, pour
ne peut se .présenter >1" (59;rzss).· Longtemps. aupa- se creuser,. des :citernes, ... citernes· lézardées qui,·ne
ravant; Osée ne p~lait, pas ·différemment :_,. ,1 Il tiennent pas l'eau·,~ (Jr z;uss).
n'y a ·ni ·sincérité,' ni amour, ni connaissance dè c) Au fur èt.à·inesure.que·:ta-révélation biblique
Dieu ·dans, le ·pays, rilais parjure .et mensonge, découvrira :·les. profondeurs de cet it:amour;-' elle
assassinat ··et vol, adultère et -.violence, meurtre permettra:de comprendre en"quel sens réel Ie,péché
sur meurtre » (Os 4,2; -cf 1s .r,:.;7; 5,8; 65,6s; -Am de l'horilme peut« offenser•D .Dieu : ingratitude de
·4,r; 5;7-r-5; Mi z;rs). l'enfant à l'égard· d 1un *:père très aimant. (vg. _Is
La leçon··est:capitale: qui prétend se construire 64,7)·, ·voire d'une· •mère, qui.-ne saurait " oublier
soi-même, indépendamment de Dieu, ·le .fera.,d'or- :·le fruit.,de ses entrailles,:: quancl bien même les
dinaire:aux dépens d'autrui, notamment des.petjts mères .oublieraient »·. (1s ·491 15)_, surtout infidélité
et des faibles.- Le psalmiste le proclame : « L'homme de. l'*épouse, , qui se ·-pl"Ostit_ue à tout : venant,
qui n'a pas mis en Dieu -sa forteresse .» (Ps-_5z,9) indi:ffér'ente . à l'a~our inlassablement_:fidèle de i;on
"rumine·-Ie crime à longueur de journée D_,_(v." 4), époux ·: «·As-tu· vu ce. qu'a fait Israël~.Ia rebelle) ...
tandis que R le, juste se fie à 1',amou.r ,.cl,e Di!;lu J e:·pe~sais : • Après avo~ fait tout ·cela, elle revien-
toujours:et à jamais D.(v .. 10), Et .n'était-ce. pas ce dra à-.. moi.'; mais• ..elle ne reyint.,pas-1. .. Reviens,
que déjà .suggérait -l'adultère de David .,(2,$ xz) ? rebelle Israël!... Je_ ,:n'aurai plus pour toi ·un
Mais· de cet épisode,· dont on sait la place ,qll'il · visage· ,sévère, .car je suis. -miséricordieux » (J r: 3,
tenait dans la conèeption · juive du pé.ché (cf le 7:12; cf ·Ez t~k 23). , · . ,:· • '
Misenwe), se dégage une autre .vérité_. non moins A ce stade de la· révélation, le péché apparaît
importante : le: péché· de, l'homme n'attente pas essentiellement comme la violation de rapports
seulement aux droits de Dieu, '-il l'atteint pour personnels;. comme le. refus. de· l'homme ·,de se lais.ser
ainsi dire -au cœur, aimer par un Dieu ·qui souffre_ de ne pa$- .être- aimé,
que l'amour a ,pour ainsi dire- rendu 11 vulnérable » :
2, Le ptcM, oQense ·de Dieu,. - Certes le pécheur · mystère d'Un amour qui ne sera pleinement dévoilé
ne .saurait atj:eindre -Dieu en lui:.même ;. la. Bible que dans le NT.-
PÉCHÉ PÉCHÉ

3. Le remède du péché. - Les prophètes ne dénon- (Dt 30,6). Aussi le Psalmiste, en confessant son
cent le péché et n'en révèlent la gravité que pour péché, supplie-t-il Dieu lui-même de le « laver 1),
inviter plus efficacement à la "conversion. Car, si de le « purifier )), de (< créer en lui un cœur pur "
l'homme est infidèle, Dieu, lui, demeure toujours (Ps 51), persuadé que la *justification du péché
•fidèle ; l'homme refuse l'amour de Dieu, mais réclame un acte strictement divin, analogue à
Dieu ne cesse de lui offrir cet amour ; aussi long- l'acte créateur. Enfin l' AT annonce que celte
temps que l'homme est encore capable de retour, transformation intérieure de l'homme qui l'ar-
Dieu le presse de revenir. Comme dans la para- rache à son péché s'accomplira grâ.ce à l'oblation
bole de l'enfant prodigue, tout est ordonné à ce sacrificielle d'un *Serviteur mystérieux dont nul,
retour désiré, escompté : (( C'est pourquoi je vais avant la réalisation de la prophétie, n'aurait pu
fermer son chemin avec des épines, j'obstruerai soupçonner la véritable identité.
sa route pour qu'elle ne trouve plus ses sentiers ;
elle poursuivra ses amants et ne les atteindra pas,
elle les cherchera et ne les trouvera pas. Alors IV. L'ENSEIGNEMENT DU NT
elle dira : Je veux revenir à mon premier mari,
car j'étais plus heureuse autrefois qu'aujourd'hui )1 Le NT révèle que ce Serviteur venu pour déli-
(Os 2,8s; cf Ez 14,n; etc.). vrer l'homme du péché (Is 53,n) n'est autre que
En effet, si le péché consiste dans le refus le propre Fils de Dieu. Il n'est donc pas éton-
d'amour, il est clair qu'il ne sera effacé, ôté, par- nant que le péché n'y occupe pas une moindre
donné que dans la mesure où l'homme acceptera place que dans l'AT, ni surtout que la révélation
d'aimer à nouveau ; supposer un « •pardon » qui plénière de ce qu'a fait l'amour de Dieu pour venir
puisse dispenser l'homme de revenir à Dieu, ce à bout du péché permette d'en découvrir la véri-
serait identiquement vouloir que l'homme aime table dimension et tout à la fois son rôle dans le
en le dispensant d'aimer ! L'amour même de Dieu plan de la Sagesse divine.
lui interdit donc de ne pas exiger ce retour. S'il
se proclame un « Dieu jaloux » (Ex 20,5; Dt 5, 1. Jésus et les pécheurs
9; etc.), c'est que sa *jalousie est un effet de son a) Dès le début de la catéchèse synoptique nous
amour (cf Is 63,15; Za 1,14) ; s'il prétend procurer, voyons Jésus au milieu des pécheurs. Car c'est
lui seul, le bonheur de l'homme, créé à son image, pour eux qu'il est venu, non pour les justes {:llc
c'est que h,1i seul le peut. Quant aux conditions 2,17). Utilisant le vocabulaire juif de l'époque, il
de ce retour, on les trouvera indiquées sous les leur annonce que leurs péchés sont « remis ». Non
mots "cendre, *confession, •expiation, •foi, *par- qu'en assimilant ainsi le péché à une (< dette v,
don, •pénitence-conversion, *rédemption. voire en employant parfois le terme (Mt 6,12;
La première condition du côté de l'homme est 18,23ss), il entende suggérer que le péché pouvait
évidemment qu'il renonce à son vouloir d'indé- être pardonné par un acte de Dieu qui n'eût
pendance, qu'il accepte de se laisser faire par point exigé la transformation de l'esprit et du
Dieu, de se laisser aimer, autrement dit qu'il cœur de l'homme. Comh1e les prophètes et comme
renonce à ce qui constitue le fond même de son Jean-Baptiste (Mc 1,4), 1 Jésus prêche la *conver-
péché. Or il s'aperçoit que cela précisément se sion, un changement radical de l'esprit qui mette
trouve hors de son pouvoir. Pour que l'homme l'homme dans la disposition d'accueillir la faveur
soit pardonné, il ne suffit pas que Dieu daigne ne divine, de se laisser agir par Dieu (< Le Royaume
pas le repousser ; il faut davantage : 1< Fais-nous de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez
revenir et nous reviendrons! » (Lro 5,21). Dieu à la Bonne Nouvelle )) (Mc 1,15). En revanche,
lui-même ira donc à la recherche des brebis dis- devant qui refuse la lumière (Mc 3,29 p) ou s'ima-
persées (Ez 34) ; il donnera à l'homme un « cœur gine n'avoir pas besoin de pardon, comme le pha-
nouveau », un « esprit nouveau )), « son propre risien de la parabole (Le 18,9ss), Jésus demeure
Esprit)) (Ez 36,26s). Ce sera« l'alliance nouvelle )l' impuissant.
quand la Loi ne sera plus inscrite sur des tables b) C'est pourquoi, comme les prophètes encore,
de pierre, mais au *cœur des hommes (Jr 31, il dénonce le péché partout où il est, même chez
31ss; cf 2 Co 3,3). Dieu ne se contentera pas d'offrir ceux qui se croient justes parce qu'ils observent
son amour, ni d'exiger le nôtre : « Yahweh ton les prescriptions d'une loi extérieure. Car le péché
Dieu *circoncira ton cœur et le cœur de ta posté- est au-dedans du cœur d'où (1 sortent les des-
rité, en sorte d'aimer Yahweh ton Dieu de tout seins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères,
ton cœur et de toute ton àme, afin que tu vives » cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie,

939 940
PllCHI! PllCH!l

diffamation, orgueil, déraison·;· toutes chosès qui 2. Le· plchl du monde. .;_ Plus: encore ·què: de
sortent du dedans et rendent l'homme impur » «· rémission 'des -péchés-», -bien, qu'il co:çinaisse
(.M:c 7,2rSs·p}. C'est qu'il est venu « accomplir la l'expression ·traditionnelle: ._(Jn 20,23;. r Jn- 2,u),
loi » dans sa plénitudé, bien -loin de l'abolir (Mt saint Jean parle du Christ qui vient «·ôter le
5,r7) ;. le disciple d_e Jésus.ne petit se contenter de 'péché du monde » (Jn 1,29). ·Au-_delà des .. actes
« la •jtistice des scribes-.:e~ des.pharisîens 1) (5,20); singuliers, il perçoit la -réalité mystérieuse qui les
sans doute la justice de Jésus se réduit-elle fina- engendre : une puissance... d'hostilité à .·Dieu
lement au seul précepte de l'*amour (7,12) ; mais et à- son règne· à laquelle·,le ·Christ ·se· trouve
en voyant agir son .maître, le disciple .apprendra àffronté
peu à peu ce·que signifie« aimer'» et corrélative- a) Cette hostilité- se -manifeste œabord -.concrè•
ment ce ·qu'est Je péché, -_.refus d'amour. temeri.t dans le t'ejus volontaire de la *lumière; Le
c). Il l'apprendra n()tamment en écoutant Jésus péché a· l'opacité des ténèbres : « La lumière ·est
lui' révéler l'inconcevable *mis4ricorde· de Dieu .pour venue dans le monde et les · horilmes ont mieux
le pécke-ur. · Pèu :de passages du NT manifestent aimé les t_énèbres que la lumière, parce ·que leürs
mieux que. la parabole .de -:l'e"nfa.lit prodigue ou œuvres étaient mauvaises» (Jn 3,-19) .. Le pécheur
mieux du: père: miséricordieùx .(Le .'r5,.uss), si s'oppose à-la lumièi:'e·parce-qu'·il la redoute, ·1( de
proche arameurs de l'enseignement· prophétique, peur que ses. œuvres ne· soient·. dévoilées »: Il la-
en quel sens le péché ·est une offense de Dieu et hait : « Quiconque fait le mal hait. la, lumière »
combien il serait absurde de coricevoir. un, •par- (3,io). Aveuglement volontaire,. aveuglerilent ainié,
don de;· Dieu qùi·ne comporterait pas le-.retour·du parce qu'il ne së rei::onnaît pas pour tel:- : « Si
pécheur. Ari;.delà de racte de désobéissance :qu'on vous •-·étiez· des :ave:ugles, vous seriez sans péché.
peut supposer,·.....:. enCOre que.le·frère·aîné seul y Mais vous ·dites :· 'Nous• voyons'-. Votre -péché
fasse allusion pour !'Opposer à sa propre obéis- demeure·»· (9,41).
sance. (vv.,' 29s) -- . ce qui a.it contristé ».le père, b} Un aveuglement aussi obstiné· ne s'explique
c'est le départ de son· :fils, .cette volonté de ne plus pas, sinon pàr l'influence ·perverse.-de •Satan." Le
être .fils, de ne- plus, permettrè à so:n père de l'ai- péché en effet asservit à Satan : ·.«. QuiCOnqûe com-
mer efficacement : il a «. offensé ., . son père en.: le inet le péché est un esclave» (Jn 8,34), Comme_ le
privant de sa présence de fils. Comment pourrait-il chrétien· est-fils.de Dieu,·le:pécheur,est,« fils·du
1( réparer »·_cette offense .sinon par ·son· retour; en diable, pécheùr. depuis l'origine_·» et« il.endait--les
acceptaht dé nouveau· d'être traité" comme un œuvres a (rjn 3,8710), Ç)r parmi ces œuvres,,:Jean
fils. C'est- pourquoi - la parabole -souligne 1la joie en·relève deux,-l'homicide•~t le •mensonge:« Dès
du pèri,.- En. dehors,-d'un tel retour, il ne saurait re>rigine> il fut:''un °h0Jiucide et il n'était pas. établi
y avoir aucun· 'pardon concevable·;· ou plutôt le dans-·la vérité, ·parce qu'il n•y·a pas detvérité eil
père depuis toujours,· avait- pardonné;- inais le lùi ;' qllànd il dit•Ses metisongey,-il les tite de:.son
pardon n'atteint efficacement le péché·du•:fils que prOpre·fonds, parc·e qu'il est:nienteur et:père du
dans et par· le -retour de celui-ci; mensonge.» (Jn· 8,44). Homicide;· il le,fut en infli-
d) Or cetj:e'-attitude de Dieù à l'égard ·du péché, geant la mort à l'homme (éf Sg" :2,24)··E:t·aU:ssi en
Jésus-la révèle plus'elicore par,ses actes que·par inspirant à Caïn' de· tuer son frère·{_i· Jn 3,'12'.;15);
ses··pa.roles. Nori seulement i1·8.CcuCille les pécheurs il-l'es~ aujourd'hui en inspirant.aux Juifs_de inettre
avec le même amour et·Ia même· délicatesse que le à 'mOl't,celui.:.qui leur dit la •vérité: « Vous voulez
père' dei' la parabole (vg Le .7,36ss; ·19,s; Mc. :2, 'me ,tiier; nioi qui VOûs-diS la•vérité' que j"ai enten-
15ss;- Jh· 8,rnS), au· risque de scandaliser les témoins dué 'de Dieu ... Vous·· faites les œuvres· de ·.votre
d'une telle ·miséricorde~ aussi 'incapables de. la père,. et ce sont les désirs• d~ .'votre. père, que vous
comprendr.e qUe l'avait .été' le fils; aîné ·(Le• 15, voulez accompli(".jJn._ s,4os~44) .. _·. ,-. · _·
28ss).- Mais il ·agit directement contre le .péché.:, il ·,c) A leur tour lïomicide et mensonge ne s'expli-
triomphe,- - lûi le premieÎ', .de ·•Satan .lors 'de la qu:e'nt pas, sinon par la .*kaiffe. A propos du diable,
•Tentation ; durant sa· vie publique il arrache l'~criture pariait"dé jalotisie (Sg 2,24) ;· Jeari n'hé-
déjà'·les hommes à·cette-emprise du diable et du site _pas à nommer'-la haine._: de ·Ill.ème que _rm-
péché.- que c01lstituent la·. "maladie et ·la posSes• crédule obstiné·«·hait la lumièie » (Jn '3,20), -ainsi
sio'Ii ·(cf Mc ·1;23)', · inau·gurà.nt ainsi le ·rôl~ du *Sei- les· Juifs ·hàiSsent :1e Christ et Dieu -son· père (15,
viteur (Mt 8,z6s), en :attendant. de « livrer sa vie 22s), leS Juifs;· c'est.à-dire ·Ie· monde asservi· à
en rançon '))'(Mc· ;m,45). et de« répandre son. sang, Sa.tan, qtiicollque· rèfuse ·de recotinattre le Christ.
le sang.de l'Allianc·e;spoul" une multitude en.rémis• Et cette haine· aboutira de· fait all ·meurtre du
sion-des· pé'chés » (Mt.26,28). Fils de Dieu (8,37)'.

941
PÉCHÉ PÉCHI:.

d) Telle est la dimension de ce péché du monde ment nommé « transgression n, « faute » et (< déso-
dont Jésus tt'iompke. Il le peut parce qu'il est, béissance » (Rm 5,14.17.19).
lui, sans péché (Jn 8,46; cf I Jn 3,5), u un » avec En tout cas, dans la morale de Paul, l'acte pec-
Dieu son Père (Jn 10,30), pure « lumière » (( en camineux n'occupe certainement pas une place
qui il n'y a pas de ténèbres » (1,5; 8,12}, vérité moindre que chez les Synoptiques, comme le
sans trace aucune de mensonge ou de fausseté montrent les listes de péchés, si fréquentes dans
(1,14; 8,40), enfin, et surtout peut-être, (( amour», ses épîtres : 1 Co 5,rns; 6,9s; 2 Co 12,20; Ga 5,
car (< Dieu est amour » (1 Jn 4,8); et si, durant sa 19-21; Rm 1,29-31; Col 3,5-8; Ep 5,3; 1 Tm I,
vie, il n'a cessé d'aimer, sa mort sera un acte 9; Tt 3,3; 2 Tm 3,2-5. Tous ces péchés excluent
d'amour tel qu'on ne puisse en concevoir de plus du Royaume de Dieu, comme il est dit parfois
grand, la « consommation » de l'amour (Jn 15, expressément (1 Co 6,9; Ga 5,21). Or, on y remar-
13; cf 13,1; 19,30). Aussi cette mort fut-elle une quera, exactement comme dans les listes analogues
*victoire sur le Prince de ce monde ». Celui-ci
1( de l'AT, le rapprochement des désordres •sexuels,
croit mener le jeu; mais contre Jésus il ne peut de !'•idolâtrie et des injustices sociales (cf Rm 1,
rien (14,30) et c'est lui qui est « jeté bas )) (12, 21-32 et les listes de I Co, Ga, Col, Ep). On notera
31). Jésus a vaincu le monde (Jn 16,33). également la gravité attribuée par Paul à la u •cupi-
e) Ce qui le prouve, ce n'est pas seulement que dité )) (gr. pleone:ûa), à ce péché qui consiste à
Jésus puisse t( reprendre la vie qu'il a donnée >) vouloir (< posséder toujours davantage », vice que
(Jn 10,17) ; c'est, plus encore peut-être, qu'il fasse les anciens latins appelaient avat'itia et qui res-
part de sa victoire à ses disciples: devenu« enfant semble fort à ce que le Décalogue (Ex 20,17) inter-
de Dieu» pour avoir accueilli Jésus (1,12), le chré- disait sous le nom de i< convoitise i1 (cf Rm 7,7)
tien « ne commet pas le péché, parce qu'il est né Paul ne se contente pas de rapprocher ce péché
de Dieu » (1 Jn 3,9) ; bien plus, tant que demeure de l'idolâ.trie ; il identifie les deux : <( cette cupi-
en lui la « semence divine », c'est-à-dire vraisem- dité qui est idolâtrie n (Col 3,5; cf Ep 5,5).
blablement, comme s'exprime saint Paul, 1c tant b) Au-delà des actes peccamineux, Paul remonte
qu'il se laisse agir par !'Esprit de Dieu n (Rm 8, à leur principe : ils sont chez l'homme pécheur
14s; cf Ga 5,16), il« ne peut pas pécher». En effet, l'expression et l'extériorisation de cette force
Jésus« ôte le péché du monde u (Jn 1,29) en u bap- hostile à Dieu et à son règne dont parlait saint
tisant dans !'Esprit » (v. 33). c'est-à-dire en lui Jean. Le seul fait que Paul lui réserve pratique-
rnmmuniquant l'• Esprit, symbolisé par l'"'eau mys- ment le terme de péché (au sing.) lui donne déjà
térieuse jaillie du côté transpercé du crucifié, un relief singulier. :ù-lais surtout l'Apôtre s'ap-
comme la source dont parlait Zacharie, « ouverte plique à en décrire soit l'origine en chacun de
à la maison de David pour le péché et l'impu- nous, soit les effets, avec assez de précision pour
reté » (Jn 19,30-37; cf Za 12,10; 13,1) et qu'Ezé- offrir l'ébauche d'une véritable théologie du péché.
chiel voyait « sortir de sous le seuil du Temple )J Présenté comme une « puissance >) personnifiée,
et transformer les rives de la mer Morte en un au point de sembler parfois se confondre avec le
nouveau *paradis (Ez 47,1-12; Ap 22,2). Certes personnage de •Satan, le u Dieu de ce monde "
le chrétien, même •né de Dieu, peut retomber (2 Co 4,4), le Péché s'en distingue cependant
dans le péché (1 Jn 2,1) ; mais « Jésus s'est fait il appartient à l'homme pécheur, il lui est intérieur.
propitiation pour nos péchés » (1 Jn 2,2), et il a Introduit par la désobéissance d'Adam (Rm 5,12-
communiqué l'Esprit aux Apôtres afin justement 19) dans le genre humain - et comme par
qu'ils puissent u remettre les péchés )) (Jn 20,22s). répercussion dans l'univers matériel lui-même (Rm
8,20; cf Gn 3,17) - . le Péché a passé en tous les
3. La théologie du péché selon saint Paul hommes sans exception, les entraînant tous dans
a) Un vocabulaire plus riche permet à Paul de la *mort, éternelle séparation d'avec Dieu, telle
distinguer plus nettement encore le « Péché » que les damnés la subissent dans !'•enfer; indé-
(gr. hamartia, au singulier) des « actes peccami- pendamment de la *rédemption, tous forment,
neux », appelés de préférence, en dehors des for- selon le mot de saint Augustin, exact à condition
mules traditionnelles, 1( fautes » (litt. « chutes », d'être bien compris, une (! massa damnata >). Et
gr. parapttJma) ou « transgressions » (gr. paraba- Paul se plaît à décrire longuement cette situation
sis), sans pourtant vouloir diminuer le moins du de l'homme vendu au pouvoir du Péché » (Rm
1(

monde la gravité de ces derniers. Ainsi le péché 7,14), encore capable de 1( sympathiser D avec le
commis par Adam au paradis, dont on sait l'im- bien (7.16.22), voire de le ~ désirer >) (7,15.21), ce
portance qu'y attache !'Apôtre, est successive- qui prouve que tout en lui n'est pas corrompu.

943 944
PÉCHÉ PEINE

mais absolument incapable de 'l' « accomplir t {Rm u,32; cf Ga 3,22). Aussi s'écrie-t-il avec une
(7,18), et, partant, .nécessairement Voué· à la mort admiration reconnaissante : u O abîme de la richesse,
étemEille {7,24);. « ·salaire )1 ou mieux encore« àbou- de la sagesse et de la science de Dieu 1 Que ses
tissement »; « accomplissement » du · péché .(6, décrets sont insondables et .ses ·voies incompré-
21-23). . hensibles 1 » (Rin ·n,-33):
c) De- telles .affirmations ..font. parfois accuser e) Mais ce mystère de la sagesse divine utili-
l'Apôtre ·d'exagération- et de.-pessimisme. ·.C'est sant pour le salut de l'homme jusqu'à son péché
oublier d'abord que Paul, en les formulant, fajt · ne ·se révèle nulle part pluf:1 cJairement_ que dans
abstraction de la *grâce du Christ : son argumen- la Passion du Fils de ·Dieu. En effet, si Dieu le
tation même l'y contraint, du moment qu'il sou- Père· a ({ livré son -Fils. >) à. la .mort (Rm .8,32),
ligne l'universalité du péché .et .sa· tyrannie, ·à c~êtàit pour le. placer -dans ,de!i çonditions telles
seule fin, d'établir -l'impuissance de la •Loi et qu'il pût-accomplir l'acte d'.*obéiSSance et d'amour
d'exalter ràbsolue .nécessité· de l'œuvre libératrice le· .plus grand·. qui se. puisse- ·concevoir et opérer
du Christ. Bien plus; Paul ne- rappelle-la solidarité ainsi notre *rédemption en passant, lui le premier,
de l'humanité entière avec: *Adam que pour révéler de la condition chamelle à la Condition spirituelle.
une autre• solidarité bien -supérieure, . celle. de fhu- Or les circonstances de cette, mort,·. ordonnées ·à
manité entière avec Jésus~Christ; dans la pensée créer les conditions les plus .favorables-d'un ·tel
de Dieu, •Jésus-Christ, l'antitype, est·premier.(Rm acte, sont toutes l'effet du .-Péché .de l'homme. :
5,14) ; c'est dire équivalemment que le péché trahison· de Judàs, ·abandon des Apôtres, lâcheté
d'Adàm et ses conséquences n'ont-été permis que de Pilate,· haine· des. autorités de la .nation juive,
parce. qu~ -Jésus-Christ devait en -triompher et cruauté des bourreaux, ·et, au-delà du drame
avec .une, telle surabondance .qu'avant même visible, nos péchés à nous, pour !'-•expiation çi13:5.:.
d'exposer les ressemblanc~ entre:le rôle du pre- quels·il meurt. Pour 1ui permettre d'aimer comme
mier Adam· et celui du second (5,17ss}, :eaul tient nul homme· n'a jamais aimé, Dieu a voulu:que son
à en marquer les différences (5,15s); Fils se· fit vulnérable au péché.de l'homme,.qu'il
Car la victoire du. Christ.sur le Péché n'.est pas, fût soumis··aux effets maléfiqu'es.de ·la. puissance
pour Paul,: moinS•-·éclatante _que pour Jean. Le de -mort qu'est· le'-Péché, afin que nous fu'ssîoris,
chrétien •justifié. par la *foi et le •baptême (Ga grâce à cet acte· stiprême d'amour, soumis aux
3,26ss; cf Rm· 3,21ss; 6,2ss) a totalement -rompu effets_ bénéfiques de la puissance de vie qu'est la
avec ·le ·péché (Rm 6,10s); mort a:u péché, il est Jùstice 'de ,Dieu (2· Co '5;21). ·Tant,ïl est vrai que
devenu, avec le Christ mort et ressuscité, un être · « Dieu fait tout concollrit au· bien: de ceux qui
nouveaù. (6,5}, ·ùriè U· nouvelle -~cré8:ture » ·(2 Co l'aimen:·t » (~_ 8,28), · to~t, même _.le péché.
5,I7); il n'est plus« dans la-*chair »,.·mais« dans SL
l'Esprît » (Rm 7,s; _8,9); quoiqu'il··puisse, aussi. ~·Adam-anim&.uxU 1 -bien&IQ?,l I 4,lII.-blas-
longtemps qu'il -vit dans. un « corps - mortel », Phème - calamité - citi,tivité Ir - cendre 1 - chair
retomber sous l'empire .du .péché et (4 se .plier-. à II' - châtiments ·...... colère: - · confessiOni-AT :z,; NT
ses convoitises » .(6;12), s'il ·l'.efuse. de ·«: marcher a·-· conscience·...:..:.. ·corps ·I 1,2, II :z -' crainte de Dieu
selon !'Esprit » (8,4). III - cupidité· AT z - désir II - -endur.cissement -
d) Dieu ne triomphe pas seulement, du· Péché. enfers_& enfer A'.r II -,-.épreuv.e/tentation - erreur -
Sa •Sagesse-,«· infinie en nssou-rc;es » (Ep 3,10) esclave II - exil I 2.3 - expiation·-,-- 'haine I 1.3,
obtient cette, victoire en i;itilisant,le Péché. 'Cl~ _qui II .....:.:_ h,om.nte Il 1 _;__ idoleB_ II_' 2 - irµp_ie _AT i ; ~T
était l'obstacle _par excellence_ au-.règne de- :Oieu i - incrédull~é '_, j\18ement -~ justification: I. ·-:.
lèpre 1 ___: 'libération/liberté III' a a .;_ Loi C III 2' -
et au salut· de Thomme: joue un rôle. dans l'his- JTlftladie/guérisori :__ malédiction--~ mensongé · - mlsé-
toire de ce _salut.. C'.est en e:ffet.,à prqpos du -péché riCO"rde, ..... ·monde NT I.z, 11:I 0;1• --mort-- obéiS-
que Paul parle· de la « sage_sse de Dieu_ ii (J: Co r, sance II 1, III-· œu~ NT l J"-.pardon-'-- péni~
21-24; ·Rm u,33). Notamment, en méditant sur tence/conversion :-- procès I, .II --:- prophète_.AT-III
le péché qui fut sans doute pou:t son cœur Ja bles- 1 1 IV_. 1_~-pur .AT l i - . J;lédemption_ · - responsab_i-
sure la plus poignante (Rni 9,2) et en tout cas un lité.-·Satan_l, III - scandale_--,- solittid'e I 2 - som-
scandale pour son. esprit, !'•incrédulité d'Israël, mei_l .II, III .--:._ soµffrance 'AT'ff ~ terre: AT 'I, 3, II
il comprit que cette infidélité, d'ailleurs partielle 3 b - travail I J; II --:- , tristesse AT z ·· - verttis. &
viée13 ..... vêteinent II 1. ' .
et provisoire (Rm,-n,25), -entrait dans le •dessein
salvifi.que .de Dieu sur- le genre _humain et -que Ptl>AGo.GŒ ~-éduciition -:-'.,Loi .Ç ,III 2.
« Dieu n'avait enfermé tous les hommes dans la PEINE -+·'chitiments --:- épreuve/tentatiOil - souf-
désobéissance· que _pour fa.ir~ miséricorde à tons » fi-ance .,:... travail-II - tristesse:

945
PÈLERINAGE PÈLERINAGE

Silo où réside t'•arche et où se célèbre chaque année


une fête de Yahweh (Jg 21,1.g) : c'est sans doute à
cette fête que « monte » Elqana avec ses femmes
(1 S 1,3). Les récits anciens rapportent d'autres
PÈLERINAGE assemblées religieuses à Mispa (1 S 7,5s), à Gilgal
(1 S u,15), à Gabaon (1 R 3,4), à Dan (1 R 12,29).
Mais à partir de l'introductioi,. de l'arche par
Pratiqué dans la plupart des religions, le pèle- David à Jérusalem (2 S 6) et de la construction
rinage est une coutume largement antérieure à la du Temple de Salomon (1 R 5-8), les pèlerinages
rédaction de la Bible. C'est un voyage des croyants à J érusalern prennent une importance prédomi-
vers un lieu consacré par une manifestation divine nante (1 R 12,27).
ou par l'activité d'un maître religieux, pour y Depuis longtemps alors, les codes antiques de
présenter leur prière dans un contexte particu- l'Alliance (yahviste Ex 34,18-23; élohiste : Ex:
lièrement favorable. D'habitude la visite du lieu 23,14-17) prescrivent à toute la population mâle
Saint, qui en est le terme, est préparée par des de se présenter trois fois par an devant le Sei-
rites de purification et elle s'accomplit dans une gneur Yahweh. Cette prescription doit être accom-
assemblée qui manifeste aux fidèles la commu- plie dans les divers sanctuaires du pays à l'occa-
nauté religieuse à laquelle ils appartiennent. Le sion des *fêtes.
pèlerinage est airisi une recherche de Dieu et une
rencontre avec lui dans un cadre cultuel. 2. Vers le sanctuaire unique. - La réforme de
Josias, ébauchée par Ézéchias (2 R 18,4.22; 2 Ch
AT 29-31), supprime les sanctuaires locaux et fix:e à
Jérusalem la célébration de la •Pâque (2 R 23;
r. Vers les anciens sanctuaires. - Avant la réa- 2 Ch 35) et des deux autres *fêtes des Semaines
lisation de l'unité de sanctuaire par Ia réforme et des Tentes (Dt 16,1~17). Elle cherche ainsi à
deutéronomique de Josias, on constate en Israël rassembler le peuple devant son Dieu et à le pré-
l'existence de nombreux: centres de pèlerinage, server des contaminations idolâtriques locales.
des lieux sacrés liés à !'Histoire sainte où le Cette réforme est sans doute remise en question
peuple vient •chercher son Dieu. à la mort de Josias. Mais, au retour de l'Exil, le
L'histoire des patriarches ne rapporte qu'un •Temple de Jérusalem est désormais le sanctuaire
pèlerinage proprement dit (Gn 35,r-7). Mais, en unique. C'est là que, pour les grandes fêtes de
présentant les théophanies accordées à Abraham l'année, les pèlerins vienne.nt de toute la Palestine
(Gn 12,6s à Sichem; 18,:r à Mambré), Isaac (Gn et aussi de la Dispersion qui commence à s'étendre.
26, 24 àBersabée), Jacob (Gn 28,12; 35,9 àBéthel; Les o psaumes des montées» (Ps 120-134) expriment
32,31 à Perruel), les narrateurs cherchent à l~gi~ la prière et les sentiments des pèlerins : leur atta-
timer par l'usage des pères l'adoption de sanc- chement à la maison du Seigneur et à la •cité
tuaires cananéens. Ils expliquent les caractéris- sainte, leur foi, leur adoration, leur joie de réa-
tiques de ces sanctuaires : leurs •autels (Gu 12, liser dans l'assemblée liturgique la communion
7s; 13,4; 26,25: 33,20), leurs stèles (Gn 28,18), leurs profonde du peuple de Dieu.
arbres sacrés (Gn 12,6; 18,1; 21,33) ... Ils fondent Cette expérience fréquente en Israël fournit à
les rites qu'y accomplissent les pèlerins ultérieurs : l'espérance eschatologique une expression saisis-
l'invocation du *Nom de Yahweh sous divers sante : le *Jour du salut est pensé à l'exemple
titres (Gn 12,8; 13,4; 21,33; 33,20), les onctions des pèlerinages comme l'assemblée du peuple et
d'huile (Gn 28,18; 35,14), les purifications (Gn des païens enfin réunis (Is 2,2-5; 60; 66,18-21; Mi
35,2ss), la dîme (Gn 14,20; 28,22). 7,12; Za 14,16-19; Tb 13,II).
On constate par la suite la longue persistance
des •assemblées religieuses, et donc des pèleri- NT
nages, à des sanctuaires d'importance diverse :
Sichem (Jos 24,25; Jg 9,6; 1 R 12,1-9), Béthel Au premier abord, le NT n'apporte sur ce point
(1 S 10,3 y montre des pèlerins; 1 R 12,29ss; Am aucune nouveauté : Jésus« monte )) à Jérusalem
5,5; 7,13), Bersabée (Am 5,5). On voit apparaître avec ses parents, qu.3:nd il a douze ans, pour obéir
aussi les sanctuaires d'Ophra (Jg 6,24-) et de Sorea à la Loi (Le 2,41s) et, tout au long de sa mission,
(= le Rocher : Jg 13,19s), où sont commémorées il y o monte » encore pour les diverses fêtes (Jn
des apparitions de l'•Ange de Yahweh, celui de 2,13; 5,1; 7,14; 10,22s; 12,12); Paul lui-même, plus

947
PÈLERINAGE PÉNITENCE/CONVERSION

de vingt-cinq ans après la croix, tient à faire le acquis ,que lentement la -plénitude de son= sens,· au
pèlerinage de. la-Pentecôte (Ac 20,16; 24,n). fur et à mesure que s'apprcifondissait la notion du
Mais Jésus annonce la-ruine·du Terilple (Mc 13, péché. Certaines formules évoquent_ l'attitude de
2 p) et le refus d'Israël consomme la rupture'·entre l'homme qui s'ordonne .délibérément à_ Dieu:_:
l'Église et- le judaïsme. Plus encore, la résurrec- «-chercher·-Yahweh Il (Am· 5,4; Os 1ci,I2);· lt cher-
tion de ,Jésus centre d_ésormaiS1e culte de ses fidèles cher sa facè » -{Os. 5,15; :Ps 24,6; 27,8), lt- s'humilier
sur sa personne glorifiée, nouveau. *Temple, et non devant lui» (1 R 2-1;29; 2- R-22,19), u fixer son
plus sur .quelque-lieu de. la terre-Un: 2,19-21-; 4, cœur· en lui.» (x_ S. 7,3), .. Mais•.le terme le·,plus
21-23). Dès lol's, c!est la vie même du peuple de . employé, le·, verbe Sûb; traduit l'idée de changer
Dieu qui se présente· comme le véritable pèleri- de . rciute, , de revenir, de rebrousser chemin. _En
nage eschatologique (2 Co 5,6ss; He 13,r4). Ce contexte religieux, il signifie qu'on. se_ dé-Î:oumc
pèleririage est· aussi un •Exode ·conduit .. par ·le de ce qui--est mauvais .et qu'on .se tourne vers
Seigneur Jésus (Ac 3,15; 5,31; He· 2,10); il a pour Dieu. Cela- définit l'essenti.el de la conversion,- qJ.Ji
tem>.e des réalités .spirituelles ·:· la •montagne -de implique un changement de conduite, .'une'. orien-
Sion, la Jérusalem céleste, l'assemblée des pre- tation nouvelle de tout le comportement. A, une
miers-nés qui sont inscrits -dans les deux (He 12, époque t~dive,- on a distingué davantage entre
22ss) et un •Temple qui est « le Seigneur, le Dieu l'aspect intérieur, de la ·pénitence et les actes
:Maître. de tout... ainSi que l'"' Agneau » (Ap 21, extérieurs -qu'elle com~ande. Aussi ·1a Bible
22-26). . · grecque emploie-t-elle conjoint_ement le verbe
L'Église est trop .attachée à l'histoire-pour_ refu- epistrephein, _qui- connote le_ retour à Dieu, dont
ser toute. valeur: aux pèlerinages· vers les lieùx ·de résulte .un-.changement cle la conduite. pratique,
la vie ·terrestre du Christ , ou vers ceux de ses et le .verbe -metanoein, -qui vise .le retournement
manifestations .dans la vie des saints : elle voit intérieU:r .(la m.etanoia, c-'est le rep.entir, la _péni-
dans ces ~ssemblements sur. les lieux de l'action tence}. En analysant les tex.tes bibliques, il fa1,1t
du Christ une occasion pour les fidèles de com- considérer ces deux·aspects distincts mais étroite-
munier dans la foi ·et. la .,prière-; elle· cherche sur- ment complémentaires.
tout à-leur 'y -rappeler qu'ils sont .en marche vers
leur Seigneur, et sous sa conduite. AG AT
~ autei' 1~ chemin I I --:--éi~nger :II -:--.Îêtes_lI 2i- I. A L'ORicilNE DES LITURGIES DE PÉNITENCE
Jérusalem AT 111 3; NT I 4 -:-- montagne IJ,I 1 - :
Pâque 1 5.6 _.:.... présence.de Dieu_ AT III 1 - · Temple
AT 1 4. ' . . .. - .' r. Dès l'époque ancienne, dans la perspective de
la: doctrine dEl l'*alliance, on sait que Je lien de
Ja;communauté avec. Dieù est susceptible-.. d'être
.rompu· par la faute dès hommes; qu'il s'agisse .de
*péchés, collectifs. ou _de péchés individuels· enga-
PÉNITENCE./CONVERSION geant ·en· quelque: mesure la collE;ctivité entière.
AussiJes ·malheurs publics sqnt-ils l'occàsion_d'une
prise de conscience ~es fautes .commises (Jos -7;
Dieu appelle les ·hommes à- entrer_ en_ .communiqn I S .5-6) .. :Il est vra~ que ,l'idée du, péché_ est.sou-
avec lui.- Or il.s'agit d'hommes pécfa;urs.. Pécheurs .vent assez. fruste, .tout. manquement:_ matériel,,à
de naissance (Ps 51,7) .. : par la faute de Jeur pre- une exigeµ~e d~vine é_tant susceptible d~irriter
mier-père, le *Péché est.entré .dans-le monde .(Rin Y:ah:weh. Pour rétablir le-lien aveç,lui-et,retrouv:er
5,12) et depuis lors il habite-au plus inti.me de-'ienr sa . f~veur, la._comm~_nauté-do:it ..en ·premier lieu
u moi».(7,20). Pécheurs par.culpabilité personnelle, châ.tier les. responsables, ,ce Qui '.-peut aller. jusqu'à
car chacun d~eux,-«·vendu au,pouvoir du péch~ » la peine de mort (Ex 32,25-28; Nb 25,7ss; Jos 7,
(7,14), a .accep~ volontairement- ce joug des pa~- 24ss), à moins qu'il n'y ait 1c rachat H du coupable
sions pécheiesses.. (cf 7,5). La _réponse à l'appel de (I- .S 14,36-45) .. -.Celui-ci peu~ d'aill~urs,-se-.vouer
Dieu-exigera·donc d'eux, au point de_départ,_-une lui-même aux -*châ.timents .divins· pour, que ~
conversion-.-puiS,- to:ut- au long de la, vi~,.. nne atti- communauté soit épargnée- (2 S 24,17).
tude pénitente. Ceàt pourquoi· la conversion. et
la pé_nitence tiennent une plac_e considérable, dans 2._ En outre,-tant,qµe dure le fl.éaU (ou·bien·J)Our
la révélation biblique. en empêcher la venue), on"implore le,pardon divip,
Le vocabulaire qui les ~prime n'a· cepeµdant par.,des. pratiques àscétiques et des-li_turgies péni-

949 950
PÉNITENCE/CONVERSION PÉNITENCE/CONVERSION

tentielles : on "'jeûne (Jg 20;26: r R 21,Sss), on justice : un tel retournement pourra seul amener
lacère ses vêtements et on revêt le sac (1 R 20, Dieu à « prendre en pitié le •reste de Joseph •
31s; 2 R 6,30; 19,1s; Is 22,12; cf Jon 3,5-8), on {5,15). Osée exige de même un détachement réel
s'allonge sur la •cendre (Is 58,5; cf 2 S 12,16). de l'iniquité, et spécialement de !'•idolâtrie; il
Dans les réunions cultuelles, on fait entendre des promet qu'en retour Dieu rendra sa faveur et
gémissements et des cris de deuil (Jg 2,4; JI 1, détournera sa colère (Os 14,2-9). Stigmatisant les
13; 2,17). Des formulaires de lamentation et de conversions superficielles qui ne peuvent porter
•supplication sont prévus, dont notre psautier con- aucun fruit, il insiste sur le caractère intérieur de
serve plus d'un exemple (cf Ps 60; 74; 79; 83; la vraie conversion, inspirée par l'*amour (fièsèd)
Lm 5, etc). On recourt à des rites et des sacri- et la *connaissance de Dieu (6,1-6; cf 2,9),
fices •expiatoires (Nb 16,6-15). Surtout, on fait
une •confession collective du péché (Jg ro,ro; 2. Isaïe dénonce chez les Judéens des péchés de
I S 7,6) et éventuellement on recourt à l'inter- tout genre : violations de la justice et déviations
cession d'un chef ou d'un prophète, tel Moïse cultuelles, recours à la politique humaine, etc.
(Ex 32,3oss). Seule une véritable conversion pourrait apporter
le *salut, car le culte n'est rien (Is 1,n-15; cf
3. Les pratiques de ce gen.re sont attestées à Am 5,21-25) là où il n'y a pas une soumission
toutes les époques. Le prophète Jérémie sera lui- pratique aux volontés divines : « Lavez-vous !
même mêlé à une liturgie pénitentielle en qualité Purifiez-vous ! Otez votre méchanceté de ma vue !
d'intercesseur (Jr 14,1-15,4). Après l'exil, on les Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien !
verra prendre un développement considérable. Le Recherchez le droit, secourez l'opprimé, faites jus-
danger est qu'elles peuvent demeurer tout exté- tice à l'orphelin, plaidez pour la veuve ... Alors vos
rieures, sans que l'homme y engage profondément péchés, écarlates, blanchiraient comme neige, -
son cœur et sans qu'il traduise ensuite sa péni- pourpres, deviendraient comme laine {ls r,r6ss). ))
tence dans ses actes. A ce péril du ritualisme super- Malheureusement, Isaïe sait que son message se
ficiel, les prophètes vont opposer leur message heurtera à l'"'endurcissementdescœurs (6,ro): « Par
de conversion. la conversion et le calme vous auriez été sauvés ... ,
mais vous n'avez pas voulu ! » (30,15). Le drame
d'Israël s'acheminera donc vers un dénouement
catastrophique. Isaïe garde seulement la certitude
II. LE MESSAGE DE CONVERSION DES PROPHÈTES
qu' c< un •Reste reviendra ... vers le Dieu fort »
(I0,2r; cf 7,3). Le peuple qui bénéficiera finale-
Dès l'époque de David, l'intervention de Nathan ment du salut sera fait des seuls convertis.
auprès du roi adultère annonce la doctrine pro-
phétique de la pénitence ! David est amené à con- 3. L'insistance sur les dispositions intérieures qu'il
fesser sa faute {2 S 12,13), puis il fait pénitence convient d'apporter à Dieu devient rapidement
suivant les règles et accepte finalement le châti- un lieu commun de la prédication prophétique :
ment divin (12,13-23). Mais le message de con- •justice, •piété et •humilité, dit Michée {Mi 6,
version des prophètes, à partir du vme siècle 8) ; humilité et sincérité, dit en écho Sophonie
surtout, s'adressera au peuple tout entier. Israël (So 2,3; 3,12s). Mais c'est surtout Jérémie qui,
a violé l'alliance, 1c abandonné Yahweh et méprisé dans la ligne de pensée inaugurée par Osée, déve-
le Saint d'Israël>, (Is 1,4) ; Yahweh serait en droit loppe avec ampleur le thème de la: conversion. Si
de l'abandonner, à moins qu'il ne se convertisse. le prophète annonce les malheurs qui menacent
Aussi l'appel à la pénitence sera~t-il un aspect Juda, c'est ci pour que chacun revienne de sa voie
essentiel de la prédication prophétique (cf Jr 25, mauvaise et que Yahweh puisse pardonner >1 (Jr
3-6), 36,3). Effectivement, les appels au « retour a
jalonnent tout le livre ; mais ils précisent toujours
r. Amos, prophète de la justice, ne se contente pas les conditions de ce retour. Israël-la-rebelle doit
de dénoncer les péchés de ses contemporains. Quand ci reconnaître sa faute )J, si elle veut que Yahweh
il dit qu'il faut « •chercher Dieu ~ (Am 5,4.6), la n'ait plus pour elle un visage sévère (3, uss; cf
formule n'est pas seulement cultuelle. Elle signi- 2,23). Les fils rebelles ne doivent pas se contenter
fie : chercher le bien et non le mal, *haïr le mal ·et de pleurer et de supplier en confessant leurs péchés
aimer le •bien (5,14s) ; cela implique une rectifi- {3,21-25) ; ils doivent changer de conduite et •cir-
cation de la conduite et une pratique loyale de la concire leur cœur (4,1-4).

951 952
PÉNITENCE/CONVERSION .PÉNITENCE/CONVERSION

Les conséquences pratiques d'un changement finie et le. péché expié» {40,.2). Yah_weh dit à,Israël,
de condui~ n'échappent point au prophète (cf son.serviteur:« J!ai dissipé tes péchés comID.e un
7,3-u). -Aussi .en vient-il ·'à dOuter qu'.une con- nuage ... - Revieris à ·moi, Car je .t'ai ·racheté » ·(44,
version· réelle soit possible. Ceux qu'il- y;appelle 22}. Dans cette perSpective-'nouvelle,- qui- suppose
préfèrent suivre. !'~durcissement .de, lEilir' cœùr le peuple de.Dieu a:fffami dans la ·•fidélité, le pro-
mauvais (18,us; cf 2,23s~). Loin de déplorer leur phète envisage .,un-·élargiss"ement--inouî des,. ,pro-
méchanceté, ils s'y :ènfoncent ·(8,4-:-7). C'est pour- messes de salut_. Après Israël, _l~S- *nations .à,leur
quoi le. prophète ne ,peut qu'annonc~ le_ •châti- tour .. v:bnt se convertir. :; quittant leurs ·*idoles,
ment à Jérusalem inconvertissable {13,2ch27)~ Sa elles se tourneront toutes · .vers le Dieu vivant
perspective d'avenir n'en-reste: pas moins .chargée {45,14s.23s;- cf -Jr 16,19ss).
d'espoir... Le jour viendra où le peuple-' abattu L'idée fera son. chemin.- .. Non seulement·- le
acceptera le châtiment et, implorera-la· conversion judaîsme post-exilien· ·s'ouvrira à -des prosélytes
du cœur comme une grâce : l! Fais-moi _revenir, convertis ·du paganisme (Is 5t;;;3.6).>-Mais · les
que je·-revienne·I » (31,18s). Et Yahweh répondra tableaux eschatologiqùes ne· manqueront plus •de
à cette huriible demande,. car, lors de la nouvelle ·mentionner· .cet universalisme- religieux- (cf· Ps 22,
•alliance,, il « inscrira- .·sa Loi .dans les- .cœurs » 28). Le· Livre de Jonas montrera mêille ·la ·.prédi-
(31,33) : «·Je leur donnerai ,un cœur. pour. con- '.cation prophétiqù.e , adre_ssée directement à des
naître que je.suis-YahWeh·;·ils seront mon.peuple paï_ens· « afin quins·se convertissent et qu'ils vivent JJ.
et je serai .leur Dieu,··,car·· ils reviendront· à moi Au terme d'tin•· tel .développement doctrinal,. on
de tout leur cœur .11 (24,7)., voit. ·comment la .notion de, pénitence s~est appro-
fondie ; on est loin du pur, ritualisme qui tenait
4. Fidèle· à la même tradition prophétique, Ézé- encore trop de plac'e dans, I'Israël ancien.
chiel centre son messag~.- à l'heure où s'accom-
plissent_ -les menaces de: Dieu, sur la conversion
nécessaire : « Rejetez loin de vous les transgres-
sions ,que vous avez commises, .-e_t faites-.vous- un III. LIT"\'.JRGIE DE PÉNITENCE
cœur *nouveau. et. un--esprit nouveau. Pourquoi ET CONVERSION DU CŒUR
mouniez-vous, 1'-:laison d'Isràël ?. Je -ne désire·-pas
la mort de quiconque 1-Convertissez-vous,.et, vous 1. La conversiOri nationale d'Israël a été• le d6uble
vivrez» (Ez 18,31s). Quand il préçi1:1e les:exigences fruit_·dfi la prédica_tioti. :Piof>hétique 'et_ de l'épreuVe
divines, le prophète fait sans doute aux prescrip- •'•de··l'exil._'._L'exil-·a été l'occasion providentie1Ie
tions- cultuelles une place plus :large que ses_-pré- d'une IJrise de· COnscience ·du péèhé 'et d'une_ ~n-
décessetirs · ·(22,1-31) ;· mais_ plus .qu'eux aussi il fession sfucété,. comme le· relèvel:tt' 'en· pie.in accord
insiste ·sur le.: caractère stric~ment ·personnel de les ·textes ·tardüs_ de· la littérature. deutérOnOmique
la conversion,:-chacun ne peut répondre que pour {i R 8!46w51) et de ·la 'littérature sacerdotale '(Lv
soi, chacun ·sera rétribué selon sa propre conduite 26,395). Or. après l'exil, ·te sens de 'la ~nitence
(3,16-21; 18; 33,10--20). Et.sans doute Israël est-il est si bien ancré 'dans le$· ésprits qu'il COiore ·toute
1( une ·engeance d~ rebelles J) {2,4-8). Mais- à ces ~a spiritualité juiVe. ·Les·an~ques litui-g_ies de' ~ni-
hommes· au ·cœ'ur dur,, Dieu _·peut. donner Comme tence survivent {~f JI 1-2),' m'aiS la doctrine _pro-
une *grâce ce ·qum exige d'eux si impérieusement : phétique ·en a renouvelé le, contenu. Les livres
lors de fa nouvelle alliance,-· il leur donnera un dü tèinps _conservent des fonnulaire's stéréotypés
*cœur nouveau et mettra son· *Esprit .en eux,- si où l'On vOit la .communauté •confesser tous les
bien qu'ils s'attacheront à sa Loi et. regretteront péchés_ naticinauX· èonimis · depuis 'lès :Origines, 'et
leur mauvaise conduite (36,26-31-; cf II,19s). implorer_en·retour le',*par~on_de•Dieu 'et l'avèlle-
ment . de so:è. salut-·-(Is ~3,7~4,u;,,_Esd 9,5.:.15;
5. D'Amos à• Ézéchiel; la .doctrine de la conver- Ne 9; Dn 9,4-19; Ba 1,15-3,8)." Les lamëntations
sion s'est· donc· approfondie. de façon constante, collectives" du psautier· sont colistruiteS · sU:r ·ce
parallèlement- à !'.intelligence du péché. A· la fin patron (Ps 79; '106),. et le rappel des iinpénitences
de l'exil, .le. ·Message. de. consolation Prend acte de passées est plus fréquent encore {cf Ps 95,8-n).
la conversion effective d'Isr:aël, ou tout.au moins On sent qu'Israël est ten~u. dans un effort de coll-
de son •Re~te. Le. •saiut·_qu'il allnonce est pour version profonde. touj_ours ren·ouvelé. C'est !'.époque
« ceux qui sont en quête de.justice, cherchent Yah- où les liturgies d'*expiation prennent aussi une
weh D _(Is. 51,r), « ont la Loi' dan~ le cœur·.» (5i, grand~· extension, tant est grande la hantise du
7). A ceux-là il peut assurer que .« la corvée est péché (Lv 4-5; 16),

953 954
P.J1NITENCE/CONVERSION PÉNI'fENCE/CONVERSIO~

'2. Sur le.plan·individuel, 'l'effort n'est pas moindre, .- avec,puiSSS.nce: avec lui, le•Royaume,s'inaugurc,
car.la leçon,d'Ézéchiel-a été en~due. Les psaumes èncore qui11 soit toùn:ié vers _de mystérieùx·accom-
des •_malades .. et des- •persécutés tournent _plus plissements . .Mais'·-l'appel-·à la conversion.jeté par
d'ut.te· fois à -la .confession-.du péché ,(Ps 6·,2; 32; 1e Baptiste n'en·garde·pas moins toùte son actua-
·38; roj,3s; 143,rs)-.et le·~te de. Job• montre .un lité-: Jésus.le reprend.en-.propres termes au début
sens.très profond-de.l'impureté·radica-1:e de l'ho1nme de sort ministère (:Mc i,15; :Mt 4,q). 'S'il est· .venu,
(Jb 9,3os;· t4A).,:L'expression la plus parfaite.- de c'est pour «·appèlei-les pécheurs à' la conversion D
ces·sentiments est le i14iserere {Ps 51), ·où·la doc- (Lé 5,32); ,c'e.st là un aspect essentiel-de-l'Évan-
trine propl;tétique. de -la conversion· passe tout gile. du Roya.urne. _L'homme ·qui prend conscience
entière en prière, dans le cad:c:e d'un-dialogue aY!OC de son état de· pécheur'.·peut d'aillelurs se .toumer
Dieu-(cf v. 6) : aveu-deidautes (:v.-.5ss),· demande vers-Jésus avec êonftance,.car a le•*Fils de l'Homme
de la purification intérieure (V. 3s;9), appel :à la a-le pouvoir,·de remettre les.péchés»· (Mt.9,6 p}.
grâce qui seule peu_t changer· le cœur - (v. 12ss), Mais le message de conversion se heurte à 'la
orientation· vers . une· vie-.,fervente ·(v;: 15-19).· .La suffisance humàinè sous toutes ses for.mes, depuis
liturgie·de.péaj.tence.a maintenant pour centre· le · l'attachement aux ·"!richesses (Mc :10,2-1-25) -ju·s-
sacrifice du·" *cœU.r brisé:», (v; 18s). Ort com- qu'à l'orgueilleuse ~urance des •pharisiens (Le
prend que,-formés à-'récole d'un.tél texte et lléri~ 18,9). Jésus·.se lève commé,le « signe de Jo_nas »
tiers de toute· la •tr~dition ·qui ·le, précédait,- les ,au milieu :d'une •génération· mauvaise, moins bien
sectaires de Qumrân aient songé· à ,se· retirer .au disposée à l'égard dè Dieu que rie fut jadis Ninive
dése_rt ,pour se· convertir .sincèrement à la- Loi. de (Le u,29-32 p). Aussi..dresse-t-il contre-·elle un
Dieu et lui '": préparer' la· 'route ». Si· leur,"effort réquisitoire plein de menaces : les hommes de
reste marqué d'un ·certain légalisme, il n'est pas Ninive la ··condamneront lors du Jugement. (Le
très éloigné de celui qu'on· va retrouver dans le NT. 11,'32) ; Tyr et' Sidon-auront un sort moins rigou-
reux ·que les villes·du 1 Lac '{Le 10,13SS: p). L'im-
NT pénitence· actuelle d'Israël est en effet le· signe de
!. LE DERNIER DES PRÔPHÈTES l'•endurcis·sement "de- son cœur (Mt"· 13,15 p;· cf
, 1s 6,10). S'ils ne. changent ·pas leur- cond·utte, les
Au seùil du NT, le message de conversion des auditeurs .impénitents de Jésus ·.périront -(Le 13,
prophètes se retrouve ei;i -tau.te sa. pureté dans la. 1-5), à. l'image du figuier •stérile (Le 13,6-g; cf
prédicati~n _de, !l'J~an-Ba~tiste,, 1~ .d~ier_,d'entre -Mt 21,18-22 p).
eux. Luc, ~sum,~ ainsi sa. mission : 11 1 Il ramèn~ra
de nc;:tmbreux fils· d'lsi::aël au Seigne_ur leur Dieu D 2 •. -Quand .n .réclame la conversion; jésus.ne fait
(Le, 1,16s; Cf Ml.2,6;_ 3,24). qne_,phr~ co,ndense aucune allU:sion · aux liturgies pénitentielles. Il se
so~ mes~e : 11 Convertissez-vous, ,car le Royaume défie· même des, signes trop voyants (Mt 6,.t'6ss).
d_es cieux est tout proche .» _(Mt 3,2). La venue Ce .qui compte, c'est le -retournement du cœur qui
du, Royaume ouvée. une perspective d~~ance; fait redevenir comm:e- un petit •enfant (Mt .18,
mais J~ souligne . surtout le. •Jugemènt qui ·doit 3 p). C'est .ensuite l'effort continu poùr « chercher
_là. précéder.. Nu_l .ne ... ~urait .se. soustraire à la le Royau:me -de Dieu et sa •justice D ·(Mt 6;33),
•Colère-qùi se rqanifester~ au. •Jour_de ..Yahweh c'est-à-dire pourrégter·sa.. vie selon la· *Loi nou-
{Mt 3,7.10.12). ,L'appartenance ~ la race d'.*,Abra- velle. L'acte même de.la conversion est évoqué
ham µ.e servira de rien (Mt .3,9). Tous les hommes dans des •paraboles très parl.àntes. S'il implique
dOiverit se reconnaître péçheurs, produire un •fruit une ·volonté de· changement moral; il _est surtout
qui. soit P,igne ,du. repentir (Mt 3,8),. adopter un 'humble· appel, acte. de confiance -: " Mon Dieu,
comportement- I!-ouyeau. apprçiprié à leur. état. (Le ayez .pitié du p~cheur que je suis· D ·(Lc.,18,13).
-3,10-14). En_ signe de cette._conversion, Jean La conversion est une. *grâce due à. l'initiative
donne. un *baptême d'eau, qui -d_oit préparer les divine qui. préviènt toujours :- c'est le •pasteur qui
pénitents au baptême de :feu et:-d'Esprit-Saint part à la recherche ·de la brebis perdue.'(Lc-15,
que_ donnera. le Messie (Mt- 3,II p). ,.as; cf 15,8).· La· réponse· hum•aine -à cette_: grâce
est analysée concrètement dans la _parabole de
If.' CONVÈRSlON ET ENTRÉE l'enfant·prodigue, qui met dans un relief étonnant
DANS LE ROYAUME DE DiEU Ja· *miséricorde du P~re (Le 1s;u-32). Car l'Évan-
gilC du·Royallme COmporte. cette,révélation décon-
1. Jésus ile .se contente pas d'annoncer-l'approche certante : 11 Il y a· plus de joie dans le ciel pour un
du •Royaume_ de Dieu, il commence à la réaliser pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-

955
PÊNITENCE/CONVERSION _PÉXlTENCE/CONVERSION

dix-neuf justes-qui n'ont pas .besoin de pénitence• 3.19) ; c'est même là l'objet spécial de la m.µ3sion
(Le 15,7.10)'.. Aussi bien Jésus maniieste-t-il aux de Paul (Ac 26, 18.20); Pi,f:ais. en même temps que
pécheurs une·attitude d'accueil·qui scandalise.les la repentance morale.. (metanoia),, la· conver5i<>n
pharisiens (Mt 9,10-13 p; Le 15;2) mais provoque exige dans ce cas qu'on se détache d~ *idoles
des conversions; et l'évangile de_ Luc se plaît à pour se tourner ·(epistt'ephein) vers_ le_ Dieu vivant
rapporter en· détail certains. de ces retours, comme (Ac t4,1s;. 26,18; 1. Th 1,9), su,i:vant.un type,de
celui de la pécheresse (Le 7,36-50) et celui de coilversion 4u'en~ageait déjà· le Second Isaïe.
Zachée (19,5-9). Une fois fait ce premier pas, les païens comme les
Juifs sont amenés à « se tourner vers le Christ,
pasteur et-gardfon· dè leurs âmes·» (1 ~ 2;25).·
_-III •. CONVERSIO;l'f ET BAPT!ME

De son vivant,-· Jéstis avait déjà envoyé ses


IY. PÉCH.É E'î. PÉNITENCE ·-DANS L'ÉGf:-ISE
• ~pôtre~ prêcher ,la -conversion . en, aµnonçant
l'Evangile du Royaume ·(Mc 6,12) .. Après.sa résU:r-
rection, il leur renouvelle cette •mission. : _.ils l. L'acte de conVersion scellé par le ~ptêUle e'st
iront pr~clamçr. en son _nom_ le repentir à toutes accompli une fois pour toutes ; il est i!'.Q,possible
les nations en. vue .. de -la·. rémission des péchés d'en renouveler_la grâce (He 6,6). Or leS ·baptisés
(Le -24,47), car les _péchés seront remis à·ceux à sont susceptibles de ·retomber dans le péèhé ·: la
qui ils les·remettront (Jn 20,23). Les Actes _et les communauté apostolique en a fait très Mt l'expé-
Epîtres ,font assis~er à l'accomplissement. de cet rience. En ce cas, la repentance est encore néces-
ordre. Mais la conversion prend cependant une saire si l'on veut participer malgré tout au salut.
allure différente suivant qu'il s'agit de Juifs ou Pierre y invite Simon .le magicien (Ac 8,22).
de païens. Jacques presse les chrétiens fervents de ramener
les pécheurs de leur égarement (Je 5,19s). Paul se
1. Ce- qui ·est ,·exigé des Juifs, c'est d'abord la réjouit.de ce.que les Corinthiens se sont,.repentis
conversio·n · morale à laquelle Jésus les appelait (2 Co 7,9s), tout en çraigna_nt que cez:ta,ins pécheurs
déjà. A.cette repentance (metanoia)_ Dieu. répondra ne l'aient pas _-fait (12,21). Il pre.sse. Timothée ,de
en accordant le *pardo~ des. péchés (Ac 2,38; 3, reprendre-. les opposants, en espérant que Dieu
19; 5,31) ;_ elle Sera scellée .par la réception., du leur .accordera la.grâce 9,.u repentir,(2 Tm 2,25).
*baptême et- le don -de 1'Esprit-Saint (Ac· 2,38). Enfin dans les messages aux; sept ~glises. qui
Ceperidant, en même temps. qu'un· retpumement ouvrent l'Apocalypse se lisent de claire::i invita-
moral, la. conversion doit aussi inclure Un acte tions à la repentance qui supp.osent des corres-
positif de:· ~foi au Christ : les Juifs se tourneront pondants déchus de leur première terveur (Ap 2,
(epistt'eplùin) vers lé Seigneur (Ac 3,19;-9;35). _Or, 5.16.21s; 3,3.19), Sans parler explicitement du
comme saint-·Paul _en· fait _l'expérience, une te.Ile sacrement de pénitence, ces textes montrent que
adhésion au Christ est. la chose la plus difficile à la vertu ·de péq.itence doit avoir sa place dans la
obtenir. Les Juif$ ·ont un voile sur le cœur. S'ils vie .chrétienne; en prolongement 9.e la conversi9n
se convertissaient, le voile tomber3,it (2 Co-3,16). ·. baptismale.
Mais, sùivant le texte d'Isaïe (Is 6,9s)," leur.-•endur-
cissement ... les .-rive à T•incrédulité_ (Ac 28,24~27). 2. Seule la pénitence, en effet, prépare l'homme à
Pécheurs autant .que lès. païens, _.menacés comme affrqnter le *Jugement-de Dieu {cf Ac _i7,3os). Or
eux par.-la *colère divine,, -ils ne comprennent pas , l'histoire est en marche ·vers .ce· J~g~ment. Si sa
que Dieu fait preuve de •patience pour les pousser venue semble tarder, .c'est. uniquement parce que
au repentir, (Rm _2,4). Seul un "!Reste répond à la J?ieu « use de *patience, voulant _que, persOnne. ne
prédication apostolique ;(Rm- n,1-5). périsse .et ,que -tous, si-possible, arriyent _au repen-
tir» (2 P 3,9).._Mais de même qu'Israël s'est_endurci
2. VÉva.ngile 'trouve un.àccu.eil ~eilleur chez les dans l'impénitence au temps du Christ et en .face
"'nations paiennes. Dès -le_ baptême <Ju, .centurion de la prédication apostolique, de même, selon
Corneille, les chrétiens d'origine juive constatent l'Apo_calypse, l~s hommes s'obstineront à.ne pas
avec étonnement que·« la repentance, qui condu~t comprendre .la signification dei;_. •cal~mités qui
à la :vie est, offerte. -aux païens comme à eux » , traversent-leur histoire èt qui annoncent le *J9ur
(Ac ·n,18; cf 17,30). De fait,, elle est annoncée de la-colère : eux au~i s'endurciront dans l'impé-
avec succès à. Antioche et: ailleurs (Ac ~1,21-; 15, nitence (Ap 9,20s),. *blasphé~ant le nom de _Dieu

957
PÉNITENCE/CONVERSION PENTECÔTE
au lieu de se repentir et de lui rendre gloire {I6, avant J.-C., car, comme telle, elle apparaît géné-
9.u). Les membres de l'Église ne sont pas en ralisée au début de notre ère, d'après les écrits
cause, mais seulement les païens et les renégats rabbiniques et les manuscrits de Qumrân.
(cf 21,8}. Sombre perspective, que le Jugement
de Dieu viendra clore. Aussi bien est-il urgent
que, par la pénitence, les chrétiens (1 se sauvent If. LA PENTECÔTE CHRÉTIENNE
de cette •génération dévoyée ~ (Ac 2 1 40).
]Gi & PG r. La théophanie. - Le don de l'Esprit avec les
signes qui l'accompagnent, le vent, le *feu, se
--+ baptême Il, [V 3 - cendre -
châtiments 2.3 -
chercher I, li - cœur I 3 - colère B AT Ill 2 - situe dans le prolongement des théophanies de
confession AT 2; NT 2 - dése1t AT II 1 - désir l'AT. Un double miracle souligne le sens de l'évé-
Ill - endurcissement Il z - impie AT 3 ; NT - Jean- nement : d'abord les Apôtres s'expriment, pour
Baptiste I - jeûne - miséricorde AT I z c - mort chanter les merveilles de Dieu, en <1 langues i,
AT III 2 - pardon - péché III 3, IV 1 a - prêcher (Ac 2,4) ; le parler en *langue est une forme *cha-
I I - responsabilité 5 ·- sommeil III I - tristesse rismatique de prière qu'on retrouve dans les com-
AT 3. munautés chrétiennes primitives. Ensuite, bien
PENSÉES--+ cœur O - dessein de Dieu AT IV - que de soi inintelligible (cf I Co 14,1-25), ce parler
reins 2 - volonté de Dieu AT I 2 b. en langue est compris de tous les assistants; ce
miracle d'audition est un signe de la vocation
universelle de l'Église, car ces auditeurs viennent
des régions les plus <liverscs (Ac 2,5-II).

PENTECÔTE 2. Sens de l'événement


a) Effusion eschatologique de l' Esprit. - En
citant le prophète Joël {JI 3,1-.5), Pierre montre
Le mot Pentecôte ,, indique que la fète célé-
1( que la Pentecôte accomplit les •promesses de
brée ce jour-là a lieu cinquante jours après la Dieu dans les derniers *temps, l'Esprit serait
Pâque. L'objet de cette fête a évolué : d'abord donné à tous (cf Ez 36,27). Le Précurseur avait
fête agraire, elle commémore par la suite le fait annoncé la présence de Celui qui devait baptiser
historique de l'Alliance, pour devenir enfin la dans l'Esprit-Saint (l'-lc 1,8). Et Jésus, après sa
fête du don de l'Esprit, inaugurant sur terre la résurrection, avait confirmé ces promesses : (! Sous
nouvelle Alliance. peu de jours, vous serez baptisés dans l'Esprit-
Saint ~ (Ac 1,5).
b)Couronnement de ta Pâque du Christ. - Selon
I. AT ET .lUOAÏSME la catéchèse primitive, le Christ, mort, ressuscité
et exalté à la droite du Père, achève son œuvre
La Pentecôte est, avec la Pâque et les Tentes, en répandant l'Esprit sur la communauté aposto-
l'une des trois *fêtes où Israël doit se présenter lique (Ac 2,23-33). La Pentecôte est la plénitude
devant Yahweh au lieu choisi ,par lui pour faire de *Pâques.
habiter son •Nom (Dt 16,16). c} Rassemblement de la communauté- messia-
nique. - Les prophètes annonçaient que les *dis-
I. A l'origine, c'est la fête de la • ]IJoisson, jour de persés seraient rassemblés sur la montagne de
joie et d'action de grâces (Ex 23,16; Nb 28,26; Sion et qu'ainsi l'assemblée d'Israël serait unie
Lv 23,r6ss); on y offre les •prémices de ce que la autour de Yahweh; la Peil.tecôte réalise, à Jéru-
terre a produit (Ex 34,22, où la fête est nommée salem, l'•unité spirituelle des Juifs et des prosé-
fête des *Semaines, appellation qui la situe sept lytes de toutes nations; dociles à !'•enseignement
semaines après la Pâque et l'offrande de la pre- des Apôtres, ils •communient dans l'*amour fra-
mière gerbe : cf Lv 23,1.5). ternel à la table •eucharistique (Ac 2,42ss).
d) Communauté- ouverte à tous les peuples. -
2. Puis la fête est un anniversaire. L'*Allian_çe L'Esprit est donné en vue d'un témoignage à
avait été conclue une cinq_uantaine de jours (Ex porter jusqu'aux extrémités de la terre (Ac 1,8);
19,1-16) après la sortie d'Egypte, célébrée par la le miracle d'audition souligne que la première
Pâque; la Pentecôte devint naturellement l'anni- communauté messianique s'étend à tous les peuples
versafre de l'Alliance, sans doute dès le ne siècle (Ac 2,5-u). La (! Pentecôte des païens )) (Ac 10,

959 960
PENTECÔTE PÈRES & PkRE

445s) achève de· le ·,,faire voir. La division opérée


à •Babel (Gil u,1.,-9) trouve ici son antithèse et
son terme.
e) Commence-ment -de la mission. -:- La Pente-
côte qui rassemble ·la communauté -messianique PÈRES .& PÈRE.
est aussi le point de départ de sa mission : le dis-
cours de Pierre,-« debout avec. les.Onze" (Ac 2,
14), est le premier acte de la •mission donnée Au monde qui prétend instaurer « une. frater-
par Jésus : « .Vous allez recevoir une force, l'Es- nité sans.père ll, la Bible révèle que·Dieu est.esse:0.-
prit-Saint... Vou$ serez alors mes •témoins à Jéru- tiellement P.ère. ·-A partir de l'expérience des pèr:es
salem, ·dans_ toute la Judée et la Samarie, et jus- et des époux de la terre; auxquels la vie· fami,liale
qu'aux. confins de· la terre •» (1~8).- fournit le·-moyen d'exercer.l'autorité et d_e s'.ac-
Les Pères ont comparé ce « baptême dans !'Es- comptlr dans l'amour, et en . con"µ"aste avec• la
prit-Saint », sorte· .d'investiture.- m_issionnaire de façon.-aberrante.dont le ·paganist:n{, tr;msposait à
l'Église, .au baptême de Jésus, théophanie solen- ses dieux ces_ r~ités ·humaines, l'AT révèle
nelle au début de son_ :ministère public, Ils mont~t r•amour et. !'•autorité du -Dieu---viva11t P,ar les
dans la- Pentec~te le don de· la no:uvelle "'Loi à , images du Père et,de l'*Époux. Le NT les, reprend
l'Église (cf Jr :31,33; Ez 36,27) et_ la nouvelle toutes deux, mais '(< accomplit_» celJe du Père, en
"'création (cf Gn .I,·2) : ces thèm,es ne; sont, pas révélant la filiation uniqt;1e de-.Jésus .et la d_imen-
exprimés en Ac 2, µiais ils _reposent _sur la réalité sion, encore insoupçànnée que cette filiation .Pro-
(l'action intérieure de. !'Esprit ~ la re-création cure à la paternité '.de. Dieu sur tous les hommes.
qu'il effoctue).

3. La .Pentec6te, .- niystère ·de salut - Si l'aspect


extérieur ·de· 1a·,. théophanie fut passager, le •don
fait à l'Église est définitif. La: Pentecôte.inaugure
le temps'de !'•Église; 'celle-ci;-dans·sa ina'rche à la x. · Mattre et seigneu1'. - ' Sur le plan.- qu'on pou·rrait
rencontre du Seigneur, reçoit constamnient ·de appeler horizontal,- le père..~st le chef incontesté
lui l'Esprit qui 1la rassemblé dans la foi et _la,cha- de'la-.famille, 'celui.qul;l l'épouse :reconnait Comme
rité, la sarictifie et l'envoie en mission. Les· Actes, mat~ .(baal, Gn 20,3) et •~igneur (a:diJn,, _18 1 12),
, évallgile dè. !'Esprit-Saint· », révèlent l'actualité celui-dont. dépendent !'•éducation des, garçqns {Si
perm.anén~e de' ·ce .don;. le *chRristne• par ·excel- 30,1-:-13) 1 ; là conclusion des •matiages (Gn. 24,2ss;
lence; et·, pàr la pl.a.èe de !'Esprit' dans la -direction 28,1s), .la .liberté des jeunes filles.-(Ex; 21,_7), voire
et l'activité missionnaire de !'·Église (Ac 4i8; _I3• (anciennement) la vie. des enfants (Gn 38,24; .42,
2; 15.~8; _16,6), et par _ses m.initestations,.;plus 37) ; en lui s'incarne, -la fam.ille. entière dont il
visibleS'(4·,.31:_;_ro,'44SS): Lé don dé' l'Esprit'qualifie assure l'unité (vg 32,u), et qui s'appelle dès lors
les 1< ·derniers'*temps », période-qui commence 'à b4yth ab, « maison paternelle o (34,19).
l'* Ascension' èt trorivera son RchèVemènt au der- Par analogie, la •maison venant à désigner un
nier ••j,o~r, quand-le- Seigneur ·reviendrâ. · PdS clan_ (vg. Za ·12,12ss), une fraction importante du
peuple (vg « la maison de Joseph »), ou même le
- charismes 1- 1 - 'dispersion :a - :Église -IV 1 · - peuple entier (« la maison d'Israël »), l'autorité
Esprit. dé Dieu NT III, IV - fêtes AT Il' 1 ~ feu du· chef d,e ces .groupes est ·conçue à. l'image de
NT'll 2 - ivreSse 3 - langue_ ;a.,- mission.NT III celle du ,-père dans la ,famille {cf Jr 35,.~8), .Avec
2 - nioisson-.J, .III 2 c -:-- nations NT- II 1 a_:-- pré- la mo11archie, ,Ie *roi ,est. «- le père » de l,a, nation
mices. I..i - saint NT. 0 - Sem.aine 1 - , signe NT (Is 9,5), tout comme Nabonide à Babylone est
II r ..• ' . . ,
qualifj.é -de« ,pè_re ,de_ la _patrie »._.Le nom de,.père
est. égaleme~t appliqué .aux prêtres,.(Jg 17.,1_0; ;8,
PERDil°lON .::+ Babel/Bàb)'lone s:6 - cl:iernin· II·- 19), -aux con_seillers. royaux. (Gn. 45,8; ·.~_st 3,13f;
chercher·n1 - ·e~urciSSement -·enfers & enfer ·O;
AT-Il; NT·I; III -·impie' AT' 3; NT 3 - mort - ~.121), aux prpp:b,èteis (2. R-2,_12) .et. aux sages (Pr
péché - ·.salut NT I r b., 1,8, etc; çf Js 19.1,1), en. raison de leu_r, auto:i:ité
d'éducateurs. Par,. leur rayonnemen~ horizontal, les
11 pères » de. cett~ t~rre_ préparaient Isr3:ël ·_ à rece-
voir comme· un •peul_),le unique Je. salut de Dieu
et à reconnaît:i:-e e,n• _Dieu ~on Père.

g61 96a
PÈRES & PÈRE PÈRES & PÈRE

2. Ancêtre d'une lignée. - Sur le plan vertical, I. Vers un dépassement de la primauté de la race. -
le père est principe d'une ùescendance et chaînon L'aspect spirituel de la paternité des ancêtres
d'une lignée. En procréant, il se perpétue lui- prend une importance grandissante dans l' AT, à
même (Gn 21,12; 48,16), il contribue au maintien mesure que s'approfondit l'idée de solidarité dans
de sa race, s'assurant que le bien familial revien- le mal et dans le bien. L'ascendance des « pères»,
dra à des héritiers issus de lui (15,2s) ; s'il meurt qui s'accroît à chaque génération, ne comprend
sans fils, il est considéré comme chfttié par Dieu pas seulement les patriarches, ni même seulement
(Nb 3,4; 27,3s). les ancêtres dont il est fait l'éloge au ne siècle
Au sommet de la lignée, les ancêtres sont les (Si 44-50; 1 M 2,51-61) ; elle comprend aussi des
pères par exc'ellence, ceux en qui l'avenir de la rebelles, au premier rang desquels certains pro-
race est préformé. De même qu'en la *malédic- phètes placent Jacob lui-même, l'éponyme de la
tion du fils de Cham est incluse la subordination nation (Os 1:2,3ss; Is 43,27). Or ces rebelles enga-
des Cananéens aux fils de Sem, de même la gran- gent leurs descendants, estimés solidaires de leur
deur d'Israël est contenue d'avance dans l'élec- désobéissance et de leur châtiment (Ex 20,5; Jr
tion et la *bénédiction d'Abraham (Gn 9,20-27; 32,18; Ba 3,4s; Lm 5,7; Is 65,6s; Dn 9,16); du fait
12,2). Les étapes de la vie d'Abraham, d'Isaac qu'ils en sont les pères selon la parenté physique,
et de Jacob sont s_candées par la promesse d'une il s'ensuit, croit-on, qu'ils les font hériter, par une
descendance innombrable et d'un plantureux pays; véritable paternité morale, de leurs fautes ou au
car l'histoire d'Israël est inscrite en filigrane dans moins des *châtiments qu'i1s encourent. Jérémie
leur histoire, tout comme celle des peuples voisins annonce (Jr 31,29s) et Ézéchiel proclame pour
dans celles de Lot, d'Ismaël ou d'Ésaü, écartés l'immédiat (Ez 18) la caducité de cette concep-
des promesses (Gn 19,30-38; 21,12s; 36,1). Pareille- tion automatique de la *rétribution : on sera puni
ment, chaque tribu fait remonter à son ancêtre à la mesure de son propre péché.
éponyme la responsabilité de sa situation dans A partir de l'exil, un progrès similaire se des-
l'ensemble de la nation (Gn 49,4). Les généa- sine pour la solidarité dans la ligne du bien. Dieu
logies, tout en exprimant souvent des relations n'est jamais apparu aussi clairement comme
autres ou plus complexes que la communauté de l'unique Père de son peuple qu'à ce moment même
sang (Gn 10), systématisent les lignages paternels, où Abraham et Jacob, dont des intrus occupent
et soulignent ainsi l'importance des ancêtres, dont l'héritage (cf Ez 33.24), semblent oublier leur pos-
les actes ont engagé l'avenir et les droits de leurs térité (Is 63,16) : c'est qu'au cœur de !'*épreuve
descendants. Celles des traditions sacerdotales se forme un u Israël qualitatif », auquel n'appar-
(Gn 5; II), notamment, situent la succession des tiennent pas tous les descendants d'Abraham selon
*générations par rapport à l'élection divine et au la chair, mais seulement ceux qui imitent sa quête
salut, en mettant une continuité entre *Adam de *justice et son *espérance (Is 5r,1ss). La race
lui-même et les patriarches. d'Israël n'est-elle pas d'ailleurs impure dès l'ori-
gine, selon le lignage des pères aussi bien que des
mères (Ez 16,3) ? Le Chroniste lui-même n'avoue-
t-il pas la parenté de son peuple avec des clans
ll. LES PÈRES DE LA RACE SPIRITUELLE païens (1 Ch 2,18-55) ? Des prophètes ne pro-
clament-ils pas la possibilité pour les prosélytes
de s'adjoindre au peuple des promesses (Is 56,
Si les patriarches sont les pères par excellence 3-8; cf 2 Ch 6,32s) ? Le temps n'est pas loin,
du peuple élu, ce n'est pas proprement en raison malgré les sursauts nationalistes, où la paternité
de leur paternité physique, mai~ à cause des bienfaisante d'Abraham et des grands ancêtres
*promesses qui, au-delà de la race, atteindront s'actualisera par la foi, et non plus par la race.
:finalement tous ceux qui imiteront leur foi. Leur
paternité « selon la chair )J (Rm 4,r) n'était que la 2. De la nation à l'univers. - A mesure que la
condition provisoire d'une paterni-i:é spirituelle et paternité des ancêtres est conçue comme plus
universelle, fondée sur Ja permanence et la cohé- spirituelle, elle devient aussi plus universelle. Ceci
rence du plan salvi:fique d'un Dieu sans cesse à est clairement marqué pour • Abraham. Selon la
l'œuvre depuis l'élection d'*Abraham jusqu'à la tradition sacerdotale, son nom signifie « père
glorification de Jésus (Ex 3,15; Ac 3,13). De Cette d'une multitude >>, c'est-à-dire : d'une multitude
paternité spirituelle, Paul a été le théologien ; de peuples (Go 17,5). De même, la promesse de
mais l'idée était préparée dès l'AT. Gn 12,3 : « Par toi se béniront toutes les nations
PÈRES & P}:.RE PÈRES & PllRE

de la terre », devient-dans la. traduction ·grecque : traste, la paternité peut donc .être .attribuée à- la
" En toi seront bénies ... » (cf Si 44,21; Ac 3,2s; fois aux ancêtres-.-et à Dieu. C'est aussi ce qui
Ga 3,8). _Au lieu de magnifier la race élue, la LXX ressort de .l'histoire.. <( sacer\iotale » : ·en plaçant
veut insinuer l'idée que -tous les- peuples partici- *Adam, créé à l'image de Dieu (Gn 1,27.) et engen-
peront un jour.à 1~ •bénédiction- d'A.braham. drant lui-même à son image (-5,rss), au sommet.de
Ces courants universalistes, contrebal!:1,ncés encore l'échell~ des *générations, elle suggère que la, ligne
souvent ,Par. la teiidanc_e_ illverse ~ faire de la des a,scenda_nces remonte jusqu'à -Dieu. Luc; plus
race un absolu, (Esd 9,2), Jean-Baptiste ~t Jésus tard, fera.de même (Le 3,23-38),., -Pour Paul enfin,
les mènent à-, leur · terme. u De ces pierres, Dieu Dieu .est le Père suprême, à. qui , toute patria
peut .susciter d.es -enfants à Abraham·)) -(Mt 3,9. p), (groupe issu d'un même ancêtre) doit ,son exis-
affir,çne .Jean •. Pour , Jésus de .q:i.ême, s'H est·. une tence. et -sa valeur. (Ep 3,qs) ... ~ Ainsi, entre les
filiation ,abrahamique. indispensable_.au salut, ce pères humains et Dieu,. existe une similitude qui
n'est p~ l'appartenaJ?,ce raciale qui la constitue, permet :d'appliquer -à celui-.ci_ le nom de Père;
mais :l;l. *pénitence (Le 19,9), .l'imitation des davantage encore,. c_ette- paternité•. diyine donne
•œuvres du patri.arche, c'est-à-dire de sa "'foi seule aux paternités . humaines leur pl~ne signi-
(Jn 8,33.39s). Et le Christ de laisser entendre que fication dans le plan:. du,-salut.
Dieu suscitera aux pères, par l'appel des païens,
une postérité spirituelle de. croyants ·(Mt 8,I 1). z. T-ranscendanee de la paternité divine. - Ce
n'est pas: toutefois un raisonnement par. analogie
3. De .la. prldietion -à la 1'éalitl vécue. - En. don- qui. a. conduit. Israël à nommer Dieu son Père ;
nant une premiè~:réalisation à l'annonce de J~sus, c,.est une expérience vécue,. 6t peut-être une réac-
la vie. de.. l'Église permet au Docteur des païens tion contre . leà,-_conceptions ·des peuples .voisins .
(I Tm 2,7), aiguillonné par la crise. judaïs.ante, .·Toutes .les nations antiques invoquaient -leur
d'approfon4ir les.mêmes thèmes. (:ertes, .pour !l'aul, dieu comme l~ur père. Chez ~e.s Sémites, une telle
les membres de l'-- « IsraE\1. selon la chair ,» (r Co habitude .remontait fort ·loin,. et la·.qualité_ pater-
rn,18), .« chéris à cause ije leurs·,pères ». (Rin II, nelle y incluait-pour le.dieu ·un r61e,de-protection
28),· conservent, en: vertu .même des •promesses et:·.de seigneurie, souvent de création. Dans _les
faites à ceux-ci (Ac r3,17.32s), une priorité dans textes .d!Ugarit- ·(x1v.e s.), .El, dieu suprême du
l'appel au salut- (Rm L,I6; -cf Ac ·3,26). ,bien que panthéon cananéen;· est appelé .«. roi père Shu-
beaucoup .refusent de croire à .l'*héritier par excel- nem »: on exprime-par là sa-maîtrise sur'les dieux
lence des'promesses .(Ga 3,16)-et se.rendent.·parlà et.les hommes, Son nom même de El,'qui est aussi
esclaves comine· ·Ismaël (Ga 4,25) .. Mais au sein celui· du Dieu:·4.es patriarches (Gn ·46,3)',.aurait
même de l' .-a Israël de Dieu ·» (Ga: 6,:i:·6), pas de désigné primitivement le cheikh, et·dqnc marque-
différence entre Juifs et -Gentils. (Ep .3,6) : .•cir- rait son autorité sur ce qu'on· appèlle. parfois ·son
concis ou non, tous deviennent, en « se.-réclamant » « clan ».-
de « la· *foi d'Abraham., notre pêre- à ·-tous 1),' fils $elon cette première valeur, l'idée' de patemité
du patriarche et. bénéficiaires des *bénédictions divine a pu passer ,dans la· Bible. Mais ïi existait
promises à sa descendance-(Ga 3,7ss; Rm 4,'u-18). une ,autre valéut,·que l'AT rejette.. En-·effet, le
Au •baptême, naît une nouvelle race· spirituelle El phénicien,. comparé .à .un taureau. comme,.le
d'enfants, .d'Abraham selon- la· Promesse (Ga, 3, Min· égyptien, ·fécondait -son. épouse et engendrait
27ss), race_dont les premiers représentants ne tar- d'autres .dieux. Baal, :fils• de El, était .spécialisé
deront· pas· à être appelés eux-mêmes des pères .dans-la fécondation des-couples hun:,.ains, des ani-
(2 P 3,4)., maux et du sol,- moyennant·l'imitation rituelle,de
son union à une déesse. Or-Yahweh, lui; est unique ;
il n'a ni activité sexuelle, ni' associée,· ni fils au
sen·s charnel. Si· les poètes· nomment parfois: .« *fils
ul ...LÀ PATERNnt Du _DIEU DES PÈRES de Dieu u les .angès (Dt 32,8; Ps 29,I; 8.9,7; Jb I,
· 6 ... ), les.'princes ·et les juges (Ps 82,1.6), c'est. en
I. Des ,pères au Père. - La spiritualisation, pro- démarquant leurs- sources syro-phéniciennes ,.de
gressive.de l'idée. de,paternité der-homme a rendu manière à soumettre ces _simples créatures à Dieu,
possible·la révélation de-celle de Dieu, Si la pater- ; auquel ·n'est-. attribuée au·cune patemité. d'ordre
nit6 des ·patriarches semble· inopérante. durant _ physiqriè. ·Si Yahweh: est pr~réateui (Dt 32,6).
l'exil; c'est l'occasion .d'exalter la permanence de c'est évidemmènt-au sens moral··: il n'est·pas le
celle de Yahweh (Is 63 16) : :_en . ·-dépit du con-
1
père des dieux• et l'époux d'une déesse, mais

965 ()66
PÈRES & PÈRE PÈRES & PÈRE

simultanément (donc au sens figuré) le père et Israël, les exigences du dieu sont le plus souvent
l'époux (Os, Jr) de son peuple, S'il est père aussi des caprices, comme on le voit pour Kemosh
en tant que créateur (Is 64,7; Ml 2,10; cf Gn 2, d'après la stèle de Mésha (cf 2 R 3) ; et en Égypte,
7; 5,rss), ce n'est pas par le moyen de mons- il est père au sens charnel. Yahweh, au contraire,
trueuses théogonies, comme dans les mythes baby- est un Dieu qui transcende l'ordre charnel et
loniens. Enfin le Dieu qui souverainement« appelle sanctionne la conduite morale des rois (2 S 7, 14).
le blé » (Ez 36,29) n'a rien de commun avec le Ces textes sur la filiation royale préparent la
Baal fécondant et la magie de ses cultes érotiques, révéla;tion de la :filiation unique de Jésus, dans la
dont les prophètes ont horreur ; et il n'entend pas mesure où, à travers les rois de Juda, se profile
être invoqué ~omme père de la manière dont déjà le *Messie définitif. Une autre approche en
Baal l'est par les siens (Jr 2,27). Tout se passe sera donnée après l'Exil, par la mise en scène de
comme si les guides d'Israël avaient voulu puri- la *Sagesse (Pr 8), personnifiée en fille de Dieu
fier la notion de paternité divine en vigueur chez précédant toute créature, et qui résumerait en
leurs voisins de toutes ses résonances sexuelles, elle l'espérance attachée depuis la prophétie de
pour n'en retenir que l'aspect valable de trans- Nathan à la succession dynastique de David.
fert sur Dieu d'une terminologie sociale concer-
nant les chefs de famille et les ancêtres.
IV. JÉSUS RÉVÈLE LE PÈRE
3. Yahweh, père d'Israël. - Au début, c'est sur-
tout dans une perspective collective et historique Aux approches de l'ère chrétienne, Israël garde
que la paternité divine est conçue : Dieu s'est pleine conscience que Dieu est père de son peuple
révélé comme père d'Israël au moment de !'*exode, et de chacun de ses fidèles. Très rare dans les
en se montrant son protecteur et son nourricier apocalypses et les textes de Qumrân, qui redoutent
en même temps que son maître ; l'idée de base peut-être l'usage qu'en fait l'hellénisme, l'appella-
est celle d'une souveraineté bienfaisante, d'une tion de Père est fréquente dans les écrits rabbi-
*providence qui exige soumission et confiance (Ex niques, où l'on retrouve même, telle quelle, la
4,22; Nb II,12; Dt 14,1; ls 1,2ss; 30,1.9; Jr 3,14). formule « Notre Père, qui es dans les cieux ~
Osée· et Jérémie conservent l'idée, mais l'enri• (Mt 6,9),
chissent en soulignant l'immense *tendresse de *Jésus-Christ *accomplit le meilleur de la
Yahweh (Os 11,3s.8s; Jr 3,19; 31,20). A partir de réflexion juive sur la paternité de Dieu. Tel le
l'exil, tandis qu'on continue d'exploiter le même *pauvre du psaume, pour qui la communauté des
thème de la paternité de Dieu fondée sur l'élec- (( hommes au cœur pur 1), seul véritable Israël {Ps
tion (ls 45,10s; 63,16; 64,7s; Tb 13,4; Ml 1,6; 3, 73,1), représente <( la race des fils de Dieu i, (73,
17) et que le Cantique de Moïse y ajoute l'idée 15), Jésus songe à une communauté (il nous fait
d'adoption (Dt 32,10), certains psalmistes (Ps 27, dire 'Notre Père•, non pas 'Mon Père') faite des
10; 103, 13) et certains sages (Pr 3, 12; Si 23, 1-4; (1 tout petits (Mt II,25 p) auxquels le Père révèle
)J

Sg 2,13-18; 5,5) tiennent aussi chaque juste pour ses secrets, et dont chacun est personnellement
*fils de Dieu, c'est-à-dire objet de sa tendre pro• :fils de Dieu (Mt 6,4.6.18). Mais il innove, en dépas•
tection. Application individuelle qui ne serait pas sant l'universalisme même auquel était parvenu
tout à fait une nouveauté, si l'on était sûr que, un courant du judaïsme tardif. Si celui-ci ratta-
dans les vieux *noms théophores comme Abi- chait la paternité de Dieu à sa qualité de créa-
ézer (Jos 17,2), la finale de ab (père) représente teur, il n'en concluait pas encore que Dieu était
le suffixe de la première personne, en sorte qu'on père de tous les hommes et les hommes tous
pourrait traduire : « Mon Père est secours ». *frères (cf 1s 64,7; Ml 2,IO). De même, s'il con-
cevait que la pitié divine s'étendît à« toute chair )1

4. Yahweh, père du •roi. - Depuis David, la pater- {Si 18,13), seuls, ajoutait-il généralement, les fils
nité de Yahweh est revendiquée spécialement pour de Dieu, c'est-à.dire les justes d'Israël, en res-
le *roi (2 S 7,14s; Ps 2,7; 89,27s; 110,3 LXX), sentent l'effet plénier (Sg 12,19-22; cf 2 M 6,13-
par qui la faveur divine atteint toute la nation 16); concrètement, c'est à eux seuls qu'il appli·
qu'il représente. Tous les rois du Proche•Ürient quait le thème deutéronomique (Dt 8,5) d'une
ancien étaient considérés comme :fils adoptifs de « correction de Yahweh » inspirée par l'amour
leur dieu; et la parole du Ps 2,7. : « Tu es mon paternel (Pr 3,us; cf He 12,5-13). Pour Jésus au
fils l!, se retrouve telle quelle dans une formule contraire, la communauté des « tout petits »,
d'adoption babylonienne. Mais, ailleurs qu'en encore limitée de fait aux seuls juifs repentants

967 968
PtRES & ·P:kRE PÈRES & · PÈRE

qui font. la v9Jonté· du Père (M~ ·21,31ss), com- Seigneur Jésus-Christ » (Rm 15,6; 2 Co 1,3; :n,
prendra ausaj ,des païens (Mt 25,32ss), qu~ sup- 31; Ep_ 1,3; I P 1,3). Ils en parlent souvent sous
planteror,.t .Ie;::i ~ fils d:u Royaume » (Mt 8,12). son nom de Père,. et c~est aussi à lui qu'ils pensent
A ce nouvel *Israël, qui en droit est d~jà ouvert q'aand ils disent simplement ho. Theos (vg 2 Co
à, tous, le Père prodigue les biens nécessaires (Mt 13,13). ~ Paul traite des rapports du Père et du
6,26.32; 7,n), avant tout l'Esprit-Saint (cf Le Fils comme. acteu:rs. du .salut. Cependant,. quan4
II,13), et manifeste l'immensité de sa. tendresse il 'parle du·« -propre Fils de Dieu ». en. 1~ situant
miséricordieuse {Le r5,u-32) :. il, n'est que de par rapport aux fils adoptifs ..(Rm 8,15.29.32) et
reconnaître humblement cette unique .paternité qu'il .attribue à ~ son Fils bien-aimé »· l'œuvre
(Mt 23,9), et de-v;iVre en *enfants qui prient _leur créatrice ·elle-même (Col 1,r3.15ss), ·,ceci suppose
père (7,7-I.I), luj.. font *confiance ·.(6,25-34), se qu'il y, a en •Dieu un mystère ·de pati;:mité trans-
soumettent à lui .en imitant son amour unive~el cendan~.
(5,44s), son penchi3:nt à *.p_ardonner .(.r8,33; cf 6, Jean.va plus.loin encore. Il nomme Jésus.le
14s), sa_. .*mi_séricorde ·.(Le 6,36; c_f .Lv 19,2), sa .Monogène,.·c'est-à-dire le *Fils unique et bien-
•perfection :inêrµe_ (Mt 5,48)-.,, Si ce thème de _l'i~i- aimé (Jn 1,14._18; 3,16.18; 1 Jn:4,9). 1,1.souligne
tation, du._ Père n'èst.,pas .nouyeau (ainsi Le 6,36 le caractère unique de la -paternité. correspondant
se retrpuve dans un targum}, nouvelle est l'in- à cet~ filiatic;m (Jn .20,17), l'unité. parfai~e d~
sistanCe sur so:O."applicat~on au pardon_ mutuel et .yolontés (5,30) et_· des activités (5,17-20) du Père
à l'amour- des . ~ent1emis;, Dieu _n'est._ j'aip.ais tant et .du Fils, manifestée. par. les.. •œuvres mjracuN
notre Père· qu'en aimant et pardonnant, et nous leuses que l'.un do~ne à __rautre d'açcomplir (5,
ne sommes .jamais tant. ses .fils qu'en agissant ~e 36}, 1eur mutuelle immanence (10,38; 14,ros; 17,
même envers ,tous nos *frères.. 21), 1eU.r mutuelle intimit~ de •conna~cè et
d'amour (5;20.23; Io,1s; 14,31; 17,24ss), leur
mutuelle-glorifica~ion (12,2_8;_ .13,3_1s;. 17,r.4s). Les
Juifs, passant du. plan-de l'agir au plan de l'être,
V; L:Ê PÈRE DE JÉSÜ_S comprennent les déclarations de Jésus c_omme. des
professions d'égalité avec- Di~u (5,17s; 10,33; ~9,
1. Dis·u s'.~~t. riv'éll, par Jé'sus·, tomm_e E!èrè. d'un 7) .. .Ils ont.i;-aison : Dieu- est vraiment.« le propre
Fils ~nique. - _Qq.e •Dieu soit ,SO!J. Père en un Père»· de Jésus; c~ui.-ci existait déj~_.avant Abra-
sens UJlique, Jésu~ le._ fa~:t _comprendre par __ sa ham (8,57s), comme .le Logos divin .destiné à ~anis-
manière d,~ distingq.er 1c m_on Père. » (vg Mt 7, fester le Père (1,1.18).
21; 11,27 p; Lc-.2,49; 22,29). et« votre Père .»,.(vg
Mt 5,45;_ 6,1; 7,n; Le 12,32), de se d9nnet par- 3; Dans sa condition d'incarnation,;· ls -Fils reste
fois pour-.~ le *Fils .o, (Mc x3,32), le Fils bien-aimé, soumis, au Pèrs. - · Si sa dignité de Fils fait de
c'est-à-dire µnique ;(Mc.· 12,6 p; éf·.x,n p; 9,7.,p}, Jésus-l'égal de Dieu, ,le ;?ère n'en :gar9e pas-moins,
et surtout d'exprimer la_ conscien~ d'une -union seloil ·1e· Ch_rist lui-même (Vg Mt ·26,39 p; ·II,2~;
si étroite. entre eux de_u.x_ qu'il ·pénètre. tous les 2•;36_ p) ~t 'les auteur~ du_ ~'.T, ses préroga~ives
secrets du Père;., et peut seul. l~ .. ré':'éler (M:t 11, paternelles.' C'est à lui qùe le ~érygme primitif
25ss}. La portée, tra11scendante d_e ces .mOts.(i P~e o (vg Ac_ 2,24) 4::t Paul (vg 1 Th ,1,,10; 2 _Co _4,1-4)
et K Fiis._», .qui Jau moins _dans l_a fol'ffiule « Fils de attribuent la· résurrection de Jésus .. Il a .I:initia-
Dieu_», dU res~e évitée var Jésus) n'est _pas. évi- tive du salut : c'est lui qui choisit et appelle ..te
dente .4e soi et n'était pà._s perçue par s~s interlo- chr:é:tien ,(vg 2 Th. 2,13s} ou l'Apôtre-: (vg Ga I,
cuteurs (en Le, 4,41, Fils de Dii;m ég'.u_iv~ut à 15s); lui qui justifie (vg Rm 3,26.30; 8,30). Jésus
Christ), .est cOnfinnée p_ar. celle du titre.« _•Fils de n'est que le "'médiateur nécessaire : le Père l'en-
l'honm1~. 11 'et.' p~~' la re_veµdicE!-tion· (:l'une autorité voie (Ga 4,4; Rm 8,3; Jn, passim), le livre (Rm
qui dépasse lé créé., Elle l'est aussi par la ·pri,ère 8,32), lui confie une œuvre à faire (vg Jn 17,4),
de Jésus; qui ,s'.a'.dresse à_ son Père en disant des paroles. à dire (12,49), des hommes à sauver
« Abbà. ~ (l\lc 1,4,36}, éq_Ui~a1ent de notre u_PaPa )t: (6,39s}. Le Père e1>t source et fin de toutes choses
famil_iarité ·dont, on'. n'a pas _d,'exemple_ avant lui, (1 Co 8,6) ; aussi lè Fils, qui il'a:git qu'en sa dépen-
et qui manifeste unè intimité hors de pair, dance {Jn 5,19; _14,10; 15,IO), se soumettra-t-il à
lui_ (;r Co 15,28) comme à son _chef (u,3)! à. la fin
2. Dans , le mystèrs .de. s_a_ paternité, Disu ._se donne des .temps. · ·
un égal . .-:- Les pI"emiers théologie~ explicitent
ce que .disent'le_~ synoptiques dù « Père de·_nOtre

969 970
PlsRES & PlsRE PE'.RFECTION
NT la -place ·qù'occup8.it dans l'AT-·celui-du· Lévi-
tique.:« Soye2 sairits, car-je suis s1;1.int o'--(Lv 'u,
VI. LE PÈRE DES CHRÉTIENS 45; ·19,2). De l'un'"à -l'autre un_ changement ·de
point dé vue se manifeste . nettement·
Si les hommes ont le pouvoir de devenir enfants
de .Dieu (Jn 1.,12), c'e"st que Jésus l'est par na:tuie . . AT.
Le ·Christ ·des Synoptiques apporte les premières
lueurs sur ce point, ·en s'identifiant aux. siens (vg r. Sainteté de Dieu" et perfection . ....:... Plus ·CJ.ue de
Mt ·18,5; 25,40), en se disant leur frère (28,10) et •perfection,_ c'est dei sainteté'qUe 1-'AT parle.-Dieu
une f()is mêmé en se-désignant ave·c·eu·x sousTap- est •saint, c'est-~-dire qU'il est d'un tout aùtre
·pCllatiou-com~1une de« -fils» (17,26). Mais_Ia pleine ordre· que les êtres de ce monde; -il est- grand,
lumière nous vient de Paul. Pour lui, Dieu nous puissant, terriblè -{Dt 10,:i:"7: :ps 76) ; il se _mOiltre
libère_ :de !'*esclavage et nous adopte conime fils aussi merveilleuselllènt ·bon èt · fic_lèle '(Ex 34; Ps
(Ga 4,5ss; Rm 8,14-17:·Ep- r,5) par la foi :baptis- 136) ; -n intervient dà.ns l'his'.toire ·avèc une' justice
ln'a;le,··qui fait de ilous ·un seul être 'dans le Christ souveraine (Ps '99). On ne le ·qualifie pas de «·par-
{Ga 3',"26S5), e~ au·· Chrfat un Fils aîné, partageant fait»: en hébrèu, le mot-ne·s'app!ièJ.ue bieri qu'à
avec· ses· *frères l'•hér_itage' -paternel (Rril· 8,17. des ·êtres'· limités (comme <t cOmplet ·o· en_'fran-
29; ,.Col 1,_18)_. _L'"'Esprit, parce qu'il est l'agent ça.is). Mais on parle _de 'perfe_Ctiàn ·pour ses œu:vres
intérieur de cette adoption, en est aussi' le témoin ; (Dt 32,4)_. sa' Loi '·(Ps 19,8), ·ses· ~oies (z S 22,31).
·et il l'attèste en· nous inspinirit la· prière ·même· du
Christ .auqùel ïl nous· conforme··: "Abba (Ga-4,6; ·2. Exigence de· perfection. - Lorsque Ie· Dieu de
Rm · 8,14ss.29)._ Depuis ··Pâques, l'Église ;exprime, sainteté· sè choisit· tin pettple, ce' pèuple devient
en récitant le (1·Notre Père o, la conscience dlêtre saint à son ·tour, c'est-à-dire séparé du profane
aim.èe· de· l'arilour même_ dorit Dieu enveloppe SOn et consàcre·. Du même coup, une exigence de per-
_Fils' Unique· (cf I Jn 3,1)"; et ·c'eSt ce que 'Lûc fettion s'imp~e_ ,à l~i _: ce. qui· est consacré doit
sùggèrè sanS ·âOute· eri nou·s faisant sèulenient être intact et sans défaut.
dire.: ·«.· Père' "! (Le ·n,2), comme le Christ. Intégrité physique d'abord : elle est requise chez
Notre vie filiale, manifestée dans: la. prière, leà ariimaux. Offerts en .sacrifice·:·~' Vous n'offrirez
s'exprime ·au~ p.µ-· la cha_rité. fraternelle·; ·car ·pas à Yahweh d'anitnal_aVeùg'.le, estropié; ·m.Utilé ... n
si-nous aimons notre Père;·nOus ne pouvons pas (Ly 22,:2·2). La rilêm_e loi' vau_t pour ·les· prêtres
ne pas aimt:lr aussi t9us ses enfants; nos frères : (LV· 21,1'7•:2_3")_ et à un certain degré pour tout le
• Quiconque aime Celui qui a engendré aime celui peuple·:, les ·règlês· Sttr le •pur et ·l'impur en pré-
qui est né de 'Lu_i o {1 Jn 5;1). · P_T cisent les ·mocùµi~és_-(Lv _11-15_). ·
Lorsqu'il s'a'git· de personnes, à l'intégrité phy•
~ Abraham I 3, Il :2 - . adieux AT-:!![mour.I NT
4 - autorité AT I 1.:2 ; NT II :2 - _bénédic~ion II :2, -si(J_ue d()it s'ajouter l'intégriU niOYale:· îsraëL sait
III :2, IV 2.3 - Dieu NT IV-:-: éducation I_ 1 --,- élec~ qu'il faut servir Yahweh « d'un •cœur parfait ~.
tion AT_I__3 b - __enseigner AT l 1 -_Esprjt de Dieti.- en· touté' sincérité et fidélité (I R &,6I'; 'cf- Dt 6,
exemple - fécondi_té -·fils de Dieu - frère AT 2 ;_ . 5; ro'.i2),-·_et;1que ce seryice co1riprend_l'o'~éiSSance
génération - 'homme l i d. 2 a - Jésus-Christ I :z - aux commandements et''la lutte contre 1~ mal :
maison I 1' _;_ l]lère - miséricorde O; NT I 2.3 - ·« Tù feiaS diSJ)ara~,tre _le ~nal ~iau 'rililieti ·de toi 1)
nom NT I -·pasteur & troupeau - patrie AT I - (Dt _17,7.12). Les déyialion_s du ·sens _rèl_i.gi.eux
peuple.A U'1 -·prière III 1, V 2d-Providence- , furent. âprement· combattues par_ les prophetes
Révélation NT l. I. c •- sépulture I - tendresse -
terre AT II 1 - unité III. (Am 4,4 ... ; Is I,10-17; 29,1·3) : c'est fa vraie •jus•
tice qu'il_ faut rècherchet, en_,banhissant violence
·en
et égoïSl'.Ile,_ èn •_vivant d_ans la: foi Die~. le res•
peèt du droit et _la_ bienfais_ance· (Is 58). V~jonc-
tion de Dieu à Abraham : « ,Marche,.en ma_ pré-
PERFECTION seri_ct:; ·et sàis p~rfait ·» (Gn 17,1f, reprise e~ pt 18,
13, manifeStàit ainsi de plus en· plu~ la richesse
de son ·colltenù. · ·
Une phrase ·dè l'Éva~gile donne comme modèle
de perfection à imiter Dieu lui-m_ême· : « Soyez 3. P.ratiqu6 de la :p~rjedion. - Méditant les
parfaits comme votre Père céleste est parfait o exeffiples des ancêtres (Sg 10;• Sî 44-49), les Juifs
(Mt 5,48). Ce précepte étonnant tient dans le Pieux 'cherChaient la ·pèrfection dans l'observation

972
PERFECTION PERSltcUTION

de la •Loi : ·if Heureux, parfaits en leur Voie,, ceux 4. PM/eetion de l' amàur. - La pedection 'à laquelle
qui marchent dans -la Loi de Yahweh·" (Ps u9). sont appelés· les· e·nfants de· Dieu est celle,- :de
Mais leur attachement même à l'idéal aiguisait l'à.mour (Col 3,14;· Rm. 13,8-10). Dans le· passage
certains problèmes. Job est Un modèle de perfec- de Le parallèle à. Mt 5,48, au ·lieu de et, parfait »,
tion, a homme 'intègre et droit, craignant. Dièu on lit « miSéricordieux . » (Le 6,36), et le contexte
ot éloign~ du mal» (Jb ·1,1).; ·pourquoi Je-malheur de Mt parle: lui aussi . de charité universelle,
ne l'épargne-t-il pas ? Cette doulourêuse question d'*amour étendu même à· l'ennemi et- au· persé--
maintenait les âmes· ouvertes et-dans l'attente. cuteur. Le chrétien doit, ·certes, se garder du· mal
(Mt, 5,29s; r P. 1;cr4ss) ; mais, pour ressembler à
NT sori •Père (Mt- 5,4s; Ep, 5,1s), il doit en· même
tempS se soucier du méchant·,(ci Rni"·5,8),.l'aimer
1. Perfection do Ici •1oi: ~ L'ÉVa.b.gile rend hom-
et, q'uoi qu'il lui en coO.te, a vaincre le·mal à ·force
mage· à cette perfection ,ouverte sur'"une· a;l:tente,
de bien w·(Rm .12,21; 1.P 3,9).
qui est celle des parents de Jean~Baptiste, a irré-
procbabl~ » dan13 _leur. fidélité à la. Loi (Le 1,6), 5. Perfection ·ee p,ogrès; --.Cette généroSité con-
ou Celle de Siméôn et _d'Anne (2,25-:-38)_. Ma_is si la
quérante ne s'estime jamais satisfaite· du· t"ésùltat
pratique _de la Loi prét~d se refe_rmci"··complai-
samment sur _"elle-même, elle n'est· plus· qu'une obtenu:· L'idée de ptogrès est désormais liée à
celle de pei:fection. Les disciples du , Christ ont
fausse perfection et Suscite. l'opp_osition· itrédué:-
.toujours_à:,progresser, à -*croitre dans,la connais-
tible de Jésus _(vg Le 18,9..'.14; Jn.5,44); ccintinuée
sanèe et-dans ·l'amour (Ph 1,9'), :même lorsqu'ils
par celle de Paul (c~ _Rin"10,3s; Ga_· 3,16).
font partie de la catégorie des chrétiens formés
2. Jésus et la perfection. .:.....:.· C'est d'une tout a11tre (en grec « les parfaits n ; r Co 2,6; 14,20; cf Ph 3,
façon, en e:ffet, __ que la'Loi doit trouver son •accom- 12.15).
plissement. En_ révélant pleinement que · le Die:u
très .saint eit un_ Dieu· d'amour, Jésus donne à 6. Pe,yfection à la parousie. - Ils ne cessent de se
l'exigence ·ae perfectioIJ.· que suscite le. rappprt préparer pollr•l'Avènemènt de leur Seigneur, espé~
avec Dieu une riouveJle Orientation. Il ne_ s'agit rant. que Dieu leur donnera d'être trouvés sans
plus d'.intégrité 'à préserV~r, il s~agi_t ·des :dons· de repi-oche en èe *jour-là-(t Th· 3,12s).; Ils ont-à cœur
Dieu, il ·s'agit ·de-'l'amour de Dieu, à recevoir·_.et de répôndie au· désir du Christ,· qui est .de ·se voir
à répandre.·:_ , . . · , présenter alors une Église <ftoute re"splendissante ... »
Jésus ne _s'aJ.i~ne pas sur les a justes'» qui'fuient (Ep '5,~7)'; ··oubliant ce qui est déjà réalisé, ils se
le contact· à.es_- pécheurs ·: c'es:t poul"_·Ies _pécheurs tendënt donc eh.avant (cf Ph' 3,13), jusqu'à".« par-
qu'il est venu (M_t 9,12s). Certes_, il est a l'agneau venir 'tous· ensemble... à Constituer cet' •Homme
sans défaut » (1 ~ I,_19)_ préftg1lré' par :Ies _pres- -parlait, da.ris la force· de· Fâg'e; qui réalise- la ·•pié-
criptions du Lévitique,' mais il prend sùr lui .nos nitùde dirChrist »_-(Ep··4,13).· AV
péchés, eµ. rémission desquels ff veise scin sàng·_;
~ a<:complir -- -croissance' J· - just,i~ ·Ô - pléni-
c'est ainsi qù'il _devient notre prêtr'e « p~fait » tude -,- pur_ - saint, - temps AT III 1 - :vertus &
(He .5,9s; 7,26ss),· capà.ble de ·nous parfaire à notre '.\'.îces. · '
tour (He IO,'I4). · ' · · · · ·

3. Perfe'ction dans l'humilité. --'- Qui -veut-Profiter


du *salut. 'qu'il ,apporte doit donc. se reconn·attre
pécheur.(r Jn r,8) et renoncer-à se prévaloir d'au~ PERSÉCUTION
cun avantage personnel,:J)our ne-se confier qu'en
sa *b'1ât:e (Ph ·3,7-u;- 2 Co 12,9}.' Sans T•humi'-
Hté et le· détai::hèment,' on- ne·,pëut •suivre· Jésùs Le peuple de Dieu, au,long de son histoire, fait
(Le 9,23 p; 2;2,26s)·: Tous ne-sont pas appelés,aux l'éxpérie·nce' de ··'la persécution-;· _celle-ci n'.épargne
mêmes·formes_ de renoncement effectif ·(c(~t .19, pas le Fils de·Dieu venu sauver le monde, ·et haî
us; Ac 5,4), mais ,qui veut avancer: vers la p~~ par-lùi-(Jn·3,t7;··I'5;r8); ·eue,culminé·même en Sa
fection doit marcher généreusement , dans cette Passion: (Mt, ·23,31s) ;- elle· sera en·:li:n le lot de ses
voie; la' parole adress~e :au ·jeun:e -hOmme· -riche disciples : « S'ils in'ont persé(uté, ils ·vous· per-
s'impose à son attention ·: « Si tu veux êt-re par- sécuteront » (Jn 15;20).
fait, va, vends ce que-·h1-·as... ·et viens, suis-moi , Con:i:J.exe. au . mjrstère de la ~souffrance, celui de
(Mt I9,2lj cf Ac 4,36s)•. la· persécution en est distinct ;, la souffrance fait

973 974
PERSltcUTION PERS:ÉCUTION
problème parce qu'elle atteint tous les _honimes, au dernier jour jugera· l'•incrédulité du persécu-
même les justes; le problème est plus· aigu face teur -{3;7-ro; 5,·1-6). _·.
à·la· persécution qui atteint les justes parce qu'ils
sont justes.· La .persécution_ se distingue des autres. - 2. J éSUS persécuté .achève .et couron·ne c~tte- lignée
tribulations pat .. son origine. · Au .moyen ·de la .-de ·souffrap.ts,: injustement .opprimés par ceux-là
souffrance, Dieu veut purifier le pécheur et éprou- même, à.·qui ils ,étaient erivi:>yés;. En le condam-
ver le juste dans un.dessein d'amour-; au moy'en . nant, les chefs. d'Israël comblent la .mesurë des
de-la persécution, un être· mauvais tente de s'op- crimes· de leurs·,pères· et témoignent qu'ils sont
poser à ce dessein et de séparer l'homme_ de Dieu. bien les·:fils de ceux qui ont assassiné les prophètes
Il reste que_,· comme .toute souffranc(:l, la• persécu- (Mt-23,3xs). Mais cette persécution, comme toutes
tion est_ u:tilisée par .Dieu··: « En crucifiant -le. Sei- les *sp~ffrances .du. Christ, est néces~aire à l'ac-
gneur de-la gloire,•-les-princes de· ce monde,» -ne:se complisseinent de sa. miSsion et à là: réalisàtioil du
savaient pas les instruments de sa Sagesse. (1 Co pfiµi. ·de sal?t. ,.. ·
2,6ss}. Et le Juste persécuté (Ac 3,14} a vaincu
à jamais, le monde (Jn 16,33), Sftrs <l'être. persé- j. Lës:diSciples ne peuyènt'.PI'.éte_ndre_à', uh atltre
·cutés· ·(2 Tm ·3·,12),, ses· disciples, s'en réjoui~t traite'met;tt' que leur Mattre• : à sa •sùiie,. coID.m'e
(Mt 5,us}; c'est le signe :qu'ils n'appartiennent -~îii _e~ à, _ca:use de lui,. ils so~t persécutés (Jn I5,
pas au inonde persécuteur (Jn ,15,19). mais qu'ils 2o; 16,tss), ils on~ à PQire sa: •coupe et à être
sont du nombre de ceux en qui sera glorifié, le baptisés de· son ·~baI)tê~e (Mc _10,39 'p}''; _e1ï,eux,
Seigneùr Jésus, au jour où il triomphera de toute Jésüs reyit sa persécution (Ac 9,4s; cf Col r;z4) :
persécution ·c2·.. Th 1,4-12). c'est· poür eux urie •grâce· (Ph 1,2·9) et dClnC une
source de •joie, (1. P- 4,r25;s). ,
D'abord les J_uifs)es oppriment (Ac 4,1-:-31; 5,
I. LE MYSTÈRE DE LA PERSÉCUTION 1_7-41; 8,_1-3;.-13,50),_Wut comme autre,f_ois,« -l'en-
fant de la _chair p_ersécUtait. l'eQfant-de l'esprit )1
1. Dans fA:J', non seulement, le peuple-saint dans (Ga 4,29). Com~e .Jésus, tr_ahi par les siens {Jn
son ensemble subit l'opposition violente des païens, ,13,18; ~8,35; cf Jr 12,6)~ __les_ 'MisciplE:S .doivent
depuis .le ·séjour en Égypte. (Ex .1,8-14) jusqu'à· la être persécutés par l~ur -propre, famille (Mt 10,
domination·. romaine, "en passa.nt par _les. diverses _34ss}. Il y a là.plus c;1.u'un simple.parallélisme des
crises de. son -histoire (cf Ps 44,10-17:-. 79,1-4; 80, situations : «· Les Juifs, <J.ui ont mis à mort le
5ss), mais les_.grands p,ersonnages, che,fs, rois• ,et Seigneur Jésus et. le~ prophètes_ et ,nous_ ont. per-
surtout prophètes, sont fréquemment persécutés t s.écutés ... ,. _comblent .ainsi .. la mesure de leurs
cause de leur àmour pour Yahweh et .de: leur fiP._é- péchés -eri tous_ t_emps » {r Th 2,15S)., ,
lité à- sa . parole : Moïse est. rejeté pai:. les sien~ Les_.•paiens aussi poursuivent. les disciples de
(Ex 2,14; Ac 7,27.35),,et ;;ans .cesse afiro:Qté à leurs Jésùs.. Rome,_ nouvelle *Bab:ylone, _va __ à son_.tour
murmures (Ex 5,21; 14,u-12; 15,24; 16,3 ... ; Ez , __s'enivrer dù •sang de~ :saints et- du__ sang des
:20;13.21; .Ps·· 78,17-'42); David est poursuivi (1 S térÛoi_ns_de Jésus 1, _(Ap _ 17,6), tant _il. est_yrai _que
1~24) et de même Élie ·(1 R 19), Amos ·(Am. 7, ·_«. tous ceux qui veulent _viv.re dans .. le Christ avec
10-17), Jérémie (Jr n,18-12,6; 26; 37-38), les piété seront' persécutés ,, (2 Tm 3,12), ·
martyrs maccabéens (2 M 6-7; I M 1;57-64; Dn
u,33-35), etc. Ces persécutions apparaissent à 4. Le fond du problème
Jérémie comme inséparables de sa •mission, et a). La persécution des amis de ,Dieu n'est qu'un
c'est grâce à elles.que le. •Servi~eur accomplit le aspect .de la •guerre skulaire qui oppose ·•Satan
*dessein de Dieu (Is 53,10). De même, le Livre .et les puissances du mal à Dieu et à ses serviteurs,
de Daniel montre que la persécution des justes, et_ qui -se résoudra par l'écrasement du 5;erpent.
leur résistance et leur •fidélité prépar\IDt le •Jour Depuis l'apparition du péché_ (Gn 3) jusqu'aux
du *Jugement: et la,-venue du •Royaume (Dn 7, luttes .. finales 4écrites dans l' Apocalypse,, le Dra-
25ss; 8,24s; 11,3-2-35},· ·Enfin. le .Livre de -la Sagesse gon 1< poursuit » la _•_Femme , et sa descendance
-met en lumière lè motif profond de toute pers.é.- (Ap ·12; · cf- 17; -19). Cette lutte ·s'étend. à toute
cution .;: l'*impie. *hait le ·•juste pai:ce .qu'il est l'histoire, Înais· s'amplifie à· mèsure que le ,temps
pour lui un«: reproche-vivant-» {Sg 2,1:2ss), en· même s'avance. Elle atte~t son sommet_ --lors de la Pas-
temps qu'un •témoin du Dieu qu'il mécc;mnait sion d.~ J~sus; c'est alors. à la -fois l'*heure du
(2,16-20) ; appartenant au ~iable, le perséc~_teur Prince ·des .ténèbres et .c~lle de Jésus, celle de sa
vise Dieu-à.travers son témolll,. et le salut du ]Uste mort et celle de sa glorification {Le· 22,53; Jn 12,

975
PERSÉCUTION PERSJ!CUTION

r,3: 17,1) .. Dans l'Église, les _persécutiohS sont le à travers :tout le psautier. Souvent accompagnée
signe et la . condition de la *victoire définitive du d'imprécations contre les .•ennemis (Ps 3s; -55;
Christ et des siens. Elles pos~dent ·.à ce titre une 69;. 70; rog) ou .d'appels à la •vengeance de Dieu
algnification eschatologique, car elles.sont ·Un pro- (Jr· .n,20; .15;15; 17;18), une telle prière se fonde
drome du.* Jùgement (r P 4,r7ss) et .4e l'inStaura- sur_la certitude du •salut.que le Dieu fidèle accorde
tion complète,du ..*Royaume. ,Liées à -la_« grande aux siens (.Ps· 31,6; cf 23;4; gr,15).
tribulation ~ (Mc 13,9-13.14-20), elles préludent à Jésus, persécuté, n'est pas_ seulement conQ.ant
la fin du "'monde et conditionnent la n~sance en son Père qui est avèc lui (Mt 26,53; Jn 16,32),
d'une ère nouvelle (Ap·_ 7,13-17). mais il prie pour s.ei:i persécuteurs (Le 23,34)_;.. il
b) Si les· persécutés qui sont restés· .:fidèles dans donne ainsi à .ses, disc~ples un suprême .•exemple
]'"'épreuve (Ap 7,14) sont dès maintenant vain- de la charité qui E!Upporte toute persécution (I CO
queurs et« surabondent de. joie·»,· leu.r ~rt glon.eux I3,7).
ne doit . pas. faire oublier .l'aspect tragique du En butftl aux persécutions,. les Apdtres et les
•chdüment .des- persécuteurs. _La •colère. de ·.Dieu, ,•Pr~iers chrét~ens prient_ pour être libres et. pou-
qui se révèle dè.s DJ.aintenant à l'égard des pécheurs voir ainsi ann~cer .r•Evangi.le (Ac 4,29; çf 1.2.
{Rm 1,18), fondra· à_ la fin des temps sur ceux __qui 5) ; ils font preuve de *confiance et d'assurance
se seront •endurcis, _en partjculiei:- sur les persé- (Ac ·4,13.31; 28;3r; ·Ph 1,·20)-: comme leur Maître.
cuteurs (1. Th 2,16; .2. Th ._1,5,.8; Ap 6,9ss; II,17s; ils se montrent patients au milieu des persécutions
16,5s; 19,2). Leur .sort _était déjà. ann_oncé. daiis la (2_Th .r,4) et comme lui.ils demandent à Dieu.de
fin tragique d' Antü,x:hus É)?iphane (2 M 9; .. Dn _pardonn~r. -à_ leurs .bourreaux· (Ac 7,60).
7,n; 8,25; 1_1,45)_ que~ _rq>~te cell~ d'H~ode-
Agrippa (Ac :u,21ss)., Ce lien des persécutions 2. Les.eonseils f!,onné,s .par. Jésus correspondent à
avec le chàtiment·eschatologique,est souligné dans l'~ttitude dont p. a Q.onné lui-:même-_l'exemple.
les paraboles ,des ,-vignerons homicides (Mt- 21,,33- , Comme lui, le, discipl~. doit prier pour ceux qµi, le
46 p)-et-~u-.fe.stin nuptial (22,1-14), Le,. dernier . perséctitent (Mt 5,44 p; cf Rm. 12,14). Il doit
crime de!,! vignerons et -les _ma.u vais •traitemerits faire face .à _4t, persécution _avec courage; s'il ne
subis par les derniers· se:rviteurs mettent le comble doit pas être. témérair~- .et. savoir _fuir d'unè -ville
à une série d'outrages et déclench~t la colère du où il est-pourchassé (Mt 10,23; Ac 13,50s), il doit
Maitre ou du Roi.~ lls ont ve~_le sang des.~~nts s'attendre aùssi à être emprisonné, frappé e_t mis
et des prophètes, c'est donc .du sang que 'tu . 1~ur à !llort··'(Mt xo,r6~3g;,'Jn 16,1-4). Ma'i~·-t~e à de
fis boire, ils le méritent ,bien.» (Ap 16,.6; -1.9,2). telle~ peP'p_ectiyC$; il ne doit pili:i a,voir_ petlr : _son
Mattie a v~incu, le *monc;h( (Jn :16,33), et il tri(?m•
p:qera :finalen:i,ei;it des •impie:s. persécut~urs « avec
les siens, 1~ appelés, les choisis, les fidèles » (Ap
Il. LE CHRÉTIEN FACE A LA PERSÉCUTION 17,14)._Les •ennemis.du disciple ne peuvent rien
contre son âme (Mt 10,28-31),.·L'*Esprit de· Dieu
Le cro}"ant- dont la *foi pénètre; le mystère de l'assistera lorsqu'il sera trainé devant les tribü-:-
la persécution trouve dans ,son -•espérance la force naux, .aussi: n'a-t-i~ pas à se: préoccuper 4e sa
de la ·soutenir avec-joie;. déjà l' AT lui o!fiait_ des défense, l~rs .de son. _•procès. {Mt,.- ro;19s). EnCOre
modèles de cette a:ttitud_e à ~a(J_uelle Jésus ;doµne faut-il toujours •veiller et prier, car la persé~u-
sa *perfection par:. son !l'exemple_ et-par ses conseils. tion est une •épreuve, une tentation_. et si l'esprit
est ·vif,• .la chair eSt·. falDle· •{Mt 26,4t · p).
1. Les ~odèles .. ~- ~-J~tes··-d~. l'AT.ont ta.us Paul reprend les consigne!j, de Jésus. Rien; dit-il~
adopté devant la. persécution- .-1,1ne attitude .de ne peut no1;1s .. ,séparer de. l'amour. ,du Chr:ist, pas
•patience, et de. courageuse *fidélité dans t••~pé~ même la persécution ou le glaive (Rm-8,35). En
rance. Jérémie e~t le type: du, -perséc,uté fidèle et résumé, le disciple fait face à la persécution avec
priant ; ses « confessions »•sotit autant des pro.tes- une espérance qui le rend fidèle, constant et
tations de fidélité •.que,de~:plaintes douloureuses; joyeux (Rm- 12,12; 2 Th 1,4; cf Mt 13,21 p). Il
il sait que, quoi qu.'il lui arrive, Yahw~h .. «· est sait en qui il a mis. '_s3;.-•confiance (2 Tm r,12).
avec lui ». pour le protéger et le sauver (vg. Jr ·1, Aussi, entouré des innombrables •martyrs de l'AT
8.19) ...Il en est de même pour le Sex:viteur.-souffr?,nt et du NT, les.yeux fixés sur le Christ<.< qui a sou-
(Is 52-53). et pour les psaln:tlstes pers~tés : tenu d~ la part des pécheurs un~ telle, hostilité
(1 Seigneur, sauve-moi de ceux qui me pouJ:Suiv~nt » con,tre sa personne »,_- court-il vers le but, avec
(Ps 7,2)-: ce cri d'angoisse et -de çonfia,nce retentit endurance, sans ·se décourage,; (He u,1-12,3).

977
PERSÉCUTION PEUPLE
3. La *joie de !'*espérance (Rm 12,12) est le fruit dans le NT le thème de !'*Église, nouveau peuple
de la persécution ainsi endurée : « Heureux serez- de Dieu mais aussi •Corps du Christ. Entre les
vous quand on vous outragera, qu'on vous persé- deux, l'eschatologie prophétique sert de relai :
cutera... à cause de moi. Soyez dans la joie et dans le cadre de l'ancienne *alliance, elle annonce
l'allégresse, .. » (Mt 5,ns). Cette promesse de Jésus et décrit par a van ce le peuple de la nouvelle
se réalise dans le chrétien qui « se glorifie dans les alliance, attendu pour la « fin des temps "·
tribulations, sachant que la tribulation produit la
constance, la constance la vertu éprouvée, la
vertu éprouvée l'espérance, et l'espérance ne A. LE PEUPLE
déçoit pas ... » (Rm 5,3ss; cf Je 1,2ss). Il ,c sura- DE L'ANCIENNE ALLIANCE
bonde de joie dans les tribulations » {2 Co 7,4;
12,rn; Col 1,24; cf Ac 5,41; He rn,34). La *con- Pour désigner les groupes humains d'une cer-
solation dans la tribulation (2 Co 1,3-10) est un taine étendue, les mots hébreux 'am et goy rele-
fruit de !'Esprit (1 Th 1,6; Ac 13,52; cf Ga 5,22), vaient primitivement deux des éléments qui les
en même temps que le signe de la présence du constituent : la communauté de sang et la struc-
Royaume. ture sociologique stable. Mais ils se sont peu à
Écrite pendant une terrible •épreuve, l' Apo- peu spécialisés dans le langage de I'AT: 'am (au
calypse, miroir de la vie de l'Église, entretient sing.} a désigné de préférence Israël, peuple de
cette joyeuse espérance au cœur des persécutés, Dieu, tandis que goyim (au pl.) était réservé aux
en les assurant de la •victoire de Jésus et de l'ins- •nations étrangères, aux païens (déjà Nb 23,9) ;
tauration du Royaume, A chacun d'eux comme à cet usage connaît pourtant des exceptions. Dans
toute l'Église, le Seigneur ressuscité adresse tou- la Bible grecque, laos a pareillement désigné le
jours ce message : « Ne crains pas les souffrances peuple de Dieu (plus rarement dèmos quand on
qui t'attendent; le Diable s'apprête à jeter les insistait sur son organisation politique) tandis
vôtres en prison pour vous tenter et vous subirez qu'ethnè (au pl) s'appliquait aux nations païennes;
dix jours d'épreuve. Reste fidèle jusqu'à la mort, mais il y a encore des exceptions. Ce fait linguis-
et je te donnerai la couronne de vie » (Ap 2,10). tique montre qu'on a senti le besoin d'un mot
RD spécial pour exprimer le caractère à part d'Israël,
peuple si différent des autres par le mystère de sa
----), Antichrist - Babel/Babylone 2 - béatitude NT vocation que son expérience nationale a acquis
II - blasphème NT 2 - courir 2 - croix II 3 - une signification religieuse et qu'un aspect essen-
ennemi - épreuve/tentation NT II - guerre AT
IV 1 - haine I 2, III 2 - joie NT II 2 - martyr 2 - tiel du dessein de salut a commencé de s'y révéler.
monde NT III 2 - patience I NT I ; Il 1 - souffrance
]Il ·- témoignage NT III 2 - violence Il, IV 2.
PERSÉVÉRANCE -+ confiance 3 - fidélité - I. TRANSCENDANCE DU PEUPLE DE DIEU
patience Il.
1. • Élection, *vocation, •alliance. - Israël, comme
PERSONNE-+ âme I J - cœur O - corps 0, I 1 -
face - Jésus (nom de) I - nom - vêtement I I tous les autres peuples, appartient à l'histoire
visite AT 2. humaine ; mais dès son origine, la révélation le
présente comme dépassant l'ordre de l'histoire.
PERVERSION _. bien & mal I 4 - désir II - S'il existe, c'est parce que Dieu l'a choisi (Dt 7, 7;
péché - vertus & vices 2.
ls 41,8) et appelé (Is 48,12), non pour son nombre,
PETIT-+ enfant - humilité - pauvres. sa force ou ses mérites (Dt 7,7; 8,17; 9,4), mais
par *amour (Dt 7,8; Os II,I). L'ayant ainsi dis-
cerné parmi les autres, il l'a racheté et délivré
lors de l'exode (Dt 6,12; 7,8; 8,14 ... ; 9,26). Le cons-
tituant en nation indépendante, il l'a en quelque
PEUPLE sorte *créé (cf Is 43,15), formé comme un enfant
dans le sein maternel (Is 44,2.24). La conscience
vive d'une totale dépendance à l'égard de Dieu
Le thème du peuple de Dieu, dans lequel s'or- accompagne donc en Israël la prise de conscience
ganisent en synthèse tous les aspects de la vie de la nation comme telle. Ensuite vient l'*Ailiance,
d'•Israël, est aussi central dans I'AT que le sera et cet acte de fondation souligne que désormais,

979
PEUPLE PEUPLE

pour Israël, tout se situera· sur- un double ·plail : des âges la race a assimilé bien des éléments hété-
celui de l'histoire ·et celui de la foi. Un pacte sacré, rogènes : dès la sortie d'Égypte (Ex vz,38), _-au
où les douze tribus sont parties contractantes, est désert (Nb ·n,_4; Jg 4,n), après. la conquête de
eceJlé dans lè-•sang d'un •sacrifice (Ex 24,8)-; par Canaan (Jos 9; Jg 3,1 ... ) ... Mais à l'époque ·tar-
là., Yahweh devient le· Dieu d'Israël .:- et Israël, dive.- on voit plutôt .s'accentuer le soùèi .de la
le peuple de Yahweh ·(cf- Dt •29,12; -Lv 26,12;· Jr •pureté ·du sang juif : on prohib~ les mariages
7,23 etc; Ez n,·20. etc). Un ·-lien unique se·-noue étrangers, pour défendre la .« -race ·sainte:» (Esd
de la sorte entre Dieu ·efune communauté humaine ; 9,2) contre. les ·peuples, païens qui ônt ridolâtrie
quiconque, par · la *circoncision, sera agrégé à dans le sang. On '.idéalise· même le passé en._-ratta~
cette commrinauté aura -aussi part à ·ce lien (cf chaiit à la généalogie - patriarcale certains ·étran-
Gn 17,10... ). gers assimilé$ depuis longtemps, tels· les clans calé-
bites (1 Ch 2,18;· cf Nb 32,12 et Gn 15,19). C'est
2. Titres et fonctions· du peuple de Dieu. - Israël que l'élection d'IsraëLa passé par ses pères ·: ne
est le · pèuple •*saint; ·consacré à· Y ahweb, mis- à voit-on pas,·. à ,chaque. étape de leur ·généalogie,
part pour lui (Dt 7,6,--14,2), son bien propre (Ex les ·peuples voisins écartés dans leurs· .pères du
19,5; Jr 2,3),· ·son ·•héritage {Dt 9,26). Il est·son dessein de -salut (Gn 19,30; 21,8 ... ; 25,1. .. ; 36).?
troupeau (-Ps 80;2; 95,:7), sa *vigne (Is-5,1-; Ps 80, Pour participer aux prom:esses · et à l'alliance
9), son *fils (Ex 4,22; .Qs :·n;.1), son: ·•~pause- (Os divine, il faut donc être de la race d':Abraham,
2,4; Jr ·2;2; Ez 16;8). Il est un « •royaume de l'ami de Dieu ·(ls ·41,8; 5r,2; cf 63,16;, Jr 33,26;
prêtres » (EX 19,6);- où Dieù règne sur des sujets Ps 105,6; 2 Ch 20,7). Un certain Universalisme
voués à' son service. Cette finalité ·cultuelle de subsiste à l'horizon de la pensée, puisqu'Abraham
l'Alliance· montre en même·temps quelle· fonction doit devenir « père de nombreux peuples H {Gn
Israël ·remplit à l'égard des autres nations : 17,5s). ].fais· pratiquement, 1es *étrangers qui-se
•témoin du Dieu ·unique auprès· d~elles .(Is 44,8); il convertisserit au judaïsme, les prosélytes (Is :;6~
est le peuple-•média:teur par qui le lien se renouera 8), s'agrègent en fait ·à· la race élue pour. participer
entre Dieu et l'ensemble de l'hurhanité, de sorte à ses privilèges religieux. La·foi commune ne suffit
que·monte vers Dieu la louange de la·terre entiète pas encore à constituer Je ·peuple de Dieu;. il a
(Is 45,14s.23s)" et que-toutes les ·nations aient part pour base concrète un rameau· ethnique -choisi
à la *béhédiction de Dieu• (Gn I2;$ Jr 4,2;' Si par Dieu au mi~eu des ,autres.
44,21): '
'2. Une commùnauti d 1institietions. - La race de:.i
patriarches: n'est ·pas une- masse amorphe mais
_n.' s1GN1FicAi-ION REuô1EusE · unë· spçiété ·organisée~ Ses cellules' fond_amentales,
' D'uNE ·EXPÉRIENCE· NATIONALE" famille et ·c1an ·(mi!pa~a}, où· se retrouve la com-
munauté du sang, traversent les 'siècles et sur-
· En vertit de· l'Alliance, Israël ·réalise donc au vivent même au déracinement de là· dispersion
cœur _de l'histoire huinaine un paradoxe : commu- (Esd 2; Ne 7). Or, en matière économique, elles
nauté spécifiquement religieuse, transcendante par commandent la· propriété des troupeaux; des
sa nature ·même, le penple ·de·· Dièu est en même · ·terres, ·des droits de: pacage;· elles. dominent ·des
temps Olle gi'andeitr de ce monde,· assumant tous coùtumes comme là •vengeance du ·sang. (Nb 35,
les éléments temporels ·-·qui composent ici-bas la 19), le lévirat (Dt 25,5 ..._), le droit de rachat (Rt
vie des peuples; En coliséquen:ce, son expérience 4,3)., C'est. par ·elles que chaque ·individu prend
nationa_le, ·- où toutes les autres poui"ront r~con- conscience. d 'ulle appartenance sociale qui le, pro-
naître four visagé, :Và prendre une signification tège et l'oJ)lige à fa fois. Les dans eux-mêmes se
religieuse éclafra:ntè pour la foi. , ' . __ · . regr•upent-en-tribus, unités·politiques de base, ·et
la première forme que prend ·la nation organisée
r. Umi comtnunaUté de rate.' --Le peuple d'I~aël est celle-· d'une' confédération ·de douze tribus,
se repréSente sari uriité inteme· comme décou_lant liées ensemble par; 'le ]?3.Cte de l'alliance (Ex· 24,
de SOJl ·unité '.d'origine., Lès ·patnarches *hébreux 4; Jos 24). Quand l'état israélite prendra. plus. de
sont les· •pères de la··race, et les 'souvenirs-de COnsistancè, la :monarchie centralisée s'Y· super-
l'histoire an'tél'ieure_ à ·l'exode ·se-cristallisent:.dans po·sera saris l'abolir· (2· S 2,4; ··5,3); si bien qu'après
le cadre d'une généalogie qlli, d~• Abraham, con- la ruine de· l,'éd.Hice m·onarchique; quand la, -nation
duit· p_al" Isaac 'à Jaëob~Israël, père de·douze- füs, sera dispersée; la: èonfédération des tribus demeu-
éponyines des· douie· tribus. Il ~t vrai qu'au· cours •'rera l'idéal 'des ·restaurateurs juifs (cf Ez"·.48}. ·Or,

g8I 982
PEUPLE PEUPLE
si cette évolution· des· institutions est commandée de.Dieu à,sa.·terre. La mystique sioniste-naît dès
par'"des facteurs· historiques .divers,: elle ·dépend :Je.déè:ret.de Cyràs.(Esd .. 1,2} "et reste.vivace dans
avarit tout·d'un principe qui dépasse la pression les siècles· suivants , (Esd. 7).- Même ·lorsqu'ils
des faits : la •Loi, dont Moïse a jeté les fondemènts séjournent au. milieu des. étrangers,: les Juifs ne
essèntiels et· qui, -en se développant, .aSsure .au se sentent jamais_ totaleroent,d~inés, puisque
cours des âges la. permanence d'un lllême .esprit _là~bas ils ont encore une ·•patrie, où. sont les. tom•
d"ans les us ·et coutumes (cf Ne 8). Par elle,. toutes beaux de leurs pères ,(Ne 2,3), et vers laquelle ils
les.. institutions d'Israël prennen:t un sens et .une s? tournent pour prier-(Dn 6,n).
valeur·en·fonction .du des.sein:de Dieu :· e11e est· le
« pédagogue » providentiel du, peuple de l'Alliance 5. La communauté du langage. -. En conqu~ant
(Ga 3,24). la terre sainte, Israël a fait de la «.. langue de
Canaan » (Is 19,18) sa propre langue, Dans un
3. Une communauté de destin.· ;_ .. Parallèlement .peuple, la •langue est un facteur d'unité, elle
aUX institutions qui stru"Cturent la'nation, la-com- assure une mentalité commune,. elle .véhicule une
munauté de destin .donne à ses membres un_e âme culture et une conception dµ monde.; ell~ est une
commune. : expérienc~ de la vie• nomade, de l~op- vraie patrie spirituelle.: Or, en Israël, c'est la. révé•
pt'eSsio'n ét de la délivrance, des errances au désert lation d,ivine _elle-mêllle qtµ s'i;:xprime en'hébreu,
et· des combats pour la possession _d'une patrie, épousant· les ,catégorie:s ·de. pensée forgées par la
de l'unité natioriale chèrement payée et de l'apogée culture sémitique et béné.ficia'nt du caractère con-
impériale, de la division politique préludant à la cret et dynamique de ·l'hébreu. D_e siècle en siècle,
ruine des deux fractions de l'état,. du .désastre et , une vraie. culture nationale _prend form_e, où.l'on
de ·la .dispersion .. -. Or ces e.xpériences ont. une reconnaît des ,apports humains. fort div:ers (cana•
signification religieuse ; elles Sont· à leur manière néen, assyro-babylonien, ~ranien, gr_ec même) ; mais
un·e expérience concrète des voies de Dieu. Leur toujours·la .révélation y effectue un filtrage, élimi-
fac:e lumineuse montre en. clair les ·•dons .de Dieu nant les-éléments inassimilables,,donnant aux mots
à. ·s0n peuple et fait augurer de ,_$eS· intentions et aux: conceptions de- l'esprit -de5: contenus nou-
secrètes; leur face·,soinbre fait ·sentir. la •colère veaux:, en. rapport avec -le dessein de, D~eu. Finale-
divine, ·qui··· se manifeste· dans·•. des •jugements ment, quand les Juifs p~lent aram~en ou grec,
exemplaires. Par là; l'histoire devient •révélation. l'hébreu reste la· K langue sainte )1 ; cependant, la
De ses expériences séculaires, le peuple de Dieu pratique des targums et la. version des Septante
tire des. ·schèmes·-:de pensée.· fondamèntaux où permettent alors à l'araméen et au grec de véhi-
viennent .se couler les . expériences qui leur .-font culer à leur tour ]a doctrine révélée sans la tra-
•suite .(cf I l\-1 2,5.1..-.;-2,M 8,19)·; i! trouv:e dans son hir. Ainsi .l'évolution- culturelle d'Israël est-elle
passé des termes _de référ_ence pour se représenter dominée par .la ParÛle ç1e Dieu, .. fixée dans les
son propre avenir et pour .exprimer l'objet. de ses saintes Écritures ; mais pour se rendre intelli-
espoirs· (cf Is 63,8 ... ). gible, la Parole de Dieu s' e5:t ~oulée dans un moule
.juü.
4. L.'enracinement,dans ·une patrie. - Du désert,
son habitat primitif, le-peuple de Dieu a été-con~ 6. La comm14nauté cultuelle. - D~ns les sociétés
duit, en Canaan.· C'est la ·•terre où vécurent ses de l'ancien ..Orient, le qulte' était, un aspect e~en-
pères·,et où ils·ont,leurs .tombeaux (Gn 23; ,25,9; tiel de la vie de- la -cité. En Israël,.-Ie •culte du
ctj:!.); c'est la terre promise (Gn.12,7; . 13,15) puis Dieu _unique est, de- par. l'Alliance, la fonction
donnée par Dieu ·en *héritage (Ex 23,27 ... ; Dt.9, suprême de la nation. La .langu~ hél)ralque a des
1.:.;. Jr 2,7; Ps ·78,54s) ; c'est la. terre conquise au ternies techniques pour d~igner-le peuple rass.em-
cours d'.une .entreprise• humaine .. qui accomplissait blé dans cette _fonction .cultuell~. Il fo~e une
le··dessein de Dieu. (Jas 1,13 ... ; 24,II.-.. ). Ce n'est communauté ('édah), une convocation sainte
donc plus Canaan, un payS ·païen;· c'est la terre (miqra'.), . .une assemblée ·,(qah;~l), et. ces t~mes,
d'Israël, la terre sainte où Dieu .même, présent au transposés_ en grec,. ont donné naissance aux mots
milieu -de son peuple,, a fait sa résidence {1 R 8, synag6gè et. e.kklèsia. Cherchant son idéal dans la
15}. - •Jérusalem,. demeure de. XahweP. .et capitale · communauté sainte du -désert, telle .que la .décrit
politique, est un signe sensible. d'unité .nationale ·le Pentateuque, le judaïsme n~est certes.pas.encore
et religieuse_ tout, ensemble (Ps ·.r22). Aussi îa une *Église, au 5:ens tort du.' terme, car- il reste
•dispersion. qui· suit la catastrophe _nationale _ne lié au~ structures, temporelles .d'une ·nation_ par-
fait•elle quê renforcer l'attachement du -peuple ticulière ; mais il en esqu_~~e déjà les traits,

983
PEUPLE PEUPLE

puisque les c~ctères spécifiques du peuple d'Is-- sein de Dieu n_'en •est pas devenu caduc pour
raël s'accuse~t avec_ le, plus de, nette~-.dans·. sa autant.; ausSi l'eschatologie prophétique -annonce-
qualité de commu,na_ut~ cultuelle (qahal/f!kklèsia). t-elle pour 1~ « derniers •temps.» ~ -venue d'une
,~amie *_nouvelle où. Dieu trouvera ce peuple
., parfait dont ,l'ancien ._éta_it l'esquisse et le. gei;m~.
1n. L'ANCIENNE ·ALLIANCE : v~uR' ET Li:Mi'iEs

Dès l'an~_ienne. alli~~ce ~•est doIJ.C, déjà_ '·~v6tée J. ..LE PEUPLE DE iÀ NOUVELLE À.LÙANCE
la structure sociale du ct:essein de salut : l'homme
ne sera pas .sau,Yé_ par l)ieu en, s'..évadant ,de l'his- 1. Supérior_i_tt de l'~iiia~ce 'nouvelle.· ;.:__ Com1lle
toire; il.· ne trouvera pas Dieu,: _dans ,a solitude jadis- Israël,_ le· peµple nouveau doit naître. d'une
d'une vie r{lligieuse_ coupée du· mond_e. 11 .. sera initiative d_e .pieu. _Mai1, cette fois .Dieu va triOm-
relié à Dieu en par.tageant la ,vie et le des_tin -_de pher du •p~ché qui avait contrec:a'rré son P~emier
la communauté choisie par Dieu pour être son plan: il purifiera son.peuple, en changer~ lè·*cœur,
peuple. Ce _de~ein _divin. reçoit .un commence- versera en lui s.on_ *Esprit-:(Ez 36,2(>...) ;. il en éli~
ment de réalisation. en.Israël, car les membres du miner~ ·1es pé_c:heu_rs., priur conserver un *reste
peuple. de l'all)ané.e_ possèdènt déjà-·effe~tiVemènt humble et juste (~s .10,2os; So 3,x3; Jb _3,5). Avec
une vie de *foi, qµi a. pour supports, l~s_ins~i~u- ce peuple (< ,*cré~ .». par lui (Is 65,18), _il conclura
tions et l_'his;toire nationale aussi.bien_ qiie la _Parole une nouvelle .*alliance (Jr 31,31 ... ; Ez 37,26). Ce
de Dieu {lt les _,assemblées cultuelles., _Ici apparaît peuple _sera le « peuple saint.», (IS 62,12), _le _trOu-
cependant le caractère in:i,parfa~~ de cette, réalisa- peav· (Jr 31,10) et 1'-*épouse (Os 2,21) cle Yah~eh.
tion préparatoire; et provisoire. La. vie de_ foi, La, rectitudè intérieure ainsi décrite contraste
comme. expérience· du _rapport d'alliance avec Dieu, . avec l'éta~ spirituel d'Israël, peuple pécheur; elle
y constitue _déjà._.une ré'1li_té positiv:e,_.:qui po_rte évoque un-é'bl,t de l'hum_anité antérie,ur au.péché
en elle-_la piome~e du .salut. définitif. Mais, e~le de son premier *père (Gn-2).
reste encore liée à des 00:nditions qµi la limitent
à deux po,ints ~e yµ~ : _ses ,perspec;tives ne élépassent 2._; Universalité du peuple_ nouveau. - :E:n. même
ni l'ordre des ,chqses terrestres,- ni;l'h0:rizon d'une temps, les _!rontières du dessein, de Dieu _s'élar_-
seule nation_. Et pourtant, par cette jo_~ction même gii;isent,; ca;r:- -le_s ~.nations_ vont. se joindre. à_ Israël
d'une réalité transcendante (le « peuple de Dieu l)} {Is 2,2 ... ) ; elle:s auron~ part .avec lui à .la *~n~-
avec une réalité nationale et temporelle où elle dictioµ_ promise à _Al.:,rabam •Ur" 4.~; _cf .Gn _12,3)
trouve un. support _visible, quelque chose de son et à l'alliailce- dont·: le mystérieux •Serviteur de
mystère profond ~t d_evenu intelligible aux , Yahweh sera le· méq.iateur: {Is· 42,6). La mise- à
hommes : à partir des expériences d'Israël comme part d'Israël apparaît ain,si comme _un stade pro-
peuple de ce monde-ci, Jes div;ers aspects -de la vi_soire- dans le déroul«~ment du plan divin; au
société sainte où le desseiJJ. de salut se consommera terme des, temps, l'universalisme prjmitit_ · sera
finalement se sont peu_ à,,peu .esquissés. _sous, le rejoint.
voile des_ *figures.

IJ. ÉvOtATÎON s".MBoLiQuE DU "PEUPLE NOUVEAU

8. LA PROMESSE DU PEUPLE NOUVEAU Pour évoquer de;. façon concrète le peul)le ,nou-
veau_,· les prophètes n'ont qu'à ·interroger l'expé-
,rience passée du.peuple d'Israël,: si l'on en retranche
L'économie foildée sur l'ancienne ·aJliancè n'avait les imperf~_ctions et les .omb;res, .eµe,_apparaît comme
pas seulement l~lilllites qu'oll _vierit de dire; elle une *:figure anticipée d,es « .derniers tel1lps ».
était ine:a.pab~è d~_-rÙm_;( !endre *parfait» (He·7,
19; _9,9; rn,1~, incapable de ré~iser_ ici-bas le I. Une nouvelle rac8. -:- Israël entrerà dans le
(t peuple *sai.;o.t » qu'Israël ~t.ait apj>i::_Ié_ à dev'enir. peuple Iloùv~8.u.. _en· qll.ilité d~ race ~•• Abraham
Les faits eux-lJl.êm.es l'ont. montré,, puisque. -les {Is 41,8)._ M,ais. les _*nations aussi s~ joindront ,au
péchés d'Israël attirèr,erit suI' .lui _1e·___•châ.timent peuple du Dieu•d'Abraham (Ps 47,10), comm.e_pour
radical de_ l'*exil_ et dè. la. *dispersion. Le *des- devenir à leur to~r, la postérité ~piritu~lle du

985 1)86
PEUPLE PEUPLE

patriarche. A Sion, •mère symbolique du peuple 5. Le rassemblement de toutes les langues. - Ce


saint, toutes diront : ~ Mère 1 » (Ps 87). C'est donc n'est pas en vain que Dieu a fait de la langue de
la race humaine entière qui retrouvera son *unité Canaan la langue sainte ; lorsqu'aux derniers
primitive, lorsque se rassembleront les rescapés des temps l'Égypte se convertira, c'est dans la langue
nations dispersées depuis l'aventure de Babel (Is sainte qu'elle invoquera Yahweh (Is 19,18 ... ). Mais
66,18ss; cf Gn 10-u; Za 14,17). l'eschatologie prophétique va plus loin : Dieu va
rendre pures les *lèvres de tous les peuples, pour
2. De Muvelles institutions. - Pour décrire par que chacun puisse le louer dans sa propre *langue
avance le peuple nouveau comme une commu- (So 3,9). Ainsi s'opérera, dans un •culte redevenu
nauté organisée, ou fait encore appel aux insti- unanime, le rassemblement des nations et des
tutions figuratives : *Loi, inscrite dans les cœurs langues (Is 66,18) ; celui-ci mettra fin à la frag-
(Jr 31,33; Ez 36,27) ; réunion des douze tribus mentation du genre humain et sera le signe de
{Ez 48) et tin de l'antagonisme entre Israël et l'unité spirituelle retrouvée, comme aux originës
Juda (Ez 37,15 ... ) ; royauté du Germe de David du dessein de Dieu (Gn 11,1).
(Is 9; II; Jr 23,5; Ez 34,23; Za 9,9), etc. Ici encore,
l'universalisme fait craquer les limites des institu- 6. Le nouveau culte de Dieu. - Le *culte escha to-
tions passées. Le "roi, fils de David, règne sur logique est évidemment décrit sous les traits du
toutes les nations (cf Ps 2; 72) ; surtout, elles culte israélite (cf Ez 40-48). Mais il est remar-
reconnaissent toutes le Dieu unique comme leur quable que l'universalisme s'y affirme constam-
•Roi (Za 14,16; Ps 96,10), et son droit leur est ment. C'est par le commun *service du Dieu
enseigné pour leur apporter la *lurrùère (Is 2,2 ... ; unique que l'humanité retrouvera son unité (Is
42,r.4). Ainsi, sans perdre leur personnalité, elles 2,2 ... ; 56,6s; 66,20s}. Son rassemblement final pren-
s'agrègent au peuple de Dieu de façon organique. dra la forme des •pèlerinages où le peuple de Dieu
se regroupe pour la •fête des Tabernacles (Za 14,
3. Les !vtfnements du salut. - L'expérience histo- 16) et celle des •repas cultuels par lesquels il
rique d'Israël fournit également le moyen de repré- entre en *communion avec Dieu (Is 25,6). Bien
senter les événements du salut ; nouvel •exode, que le mot ne figure pas dans les textes, on songe
qui sera, comme le premier, "rédemption et déli- à une nouvelle 1( assemblée sainte » analogue an
vrance (Jr 31,u; Is 43,16 ... ; 44,23); nouvelle qahal ( = ekklèsia) du désert. où les nations rejoin-
marche à travers le *désert, renouvelant les pro- dront le reste d'Israël.
diges d'autrefois (Os 2,16; Jr 31,2; Is 40,3; 43,14;
48,21; 49,rn) ; retour en *terre promise (Os 2,17;
Jr 31,12; Ez 37,21); triomphe du roi suries ennemis III. LE PEUPLE ESCHATOLOGIQUE
d'alentour pour inaugurer un règne pacifique (Is ET L'ISRAËL DE L'HISTOIRE
9) ... Mais une fois encore l'horizon s'élargit : non
seulement Samarie participera à la restauration Le peuple de la nouvelle alliance est donc évo-
promise, mais Sodome même (Ez 16,53 ... ), type qué par avance à partir de l'expérience historique
de la cité pécheresse I La *paix universelle ainsi d'Israël, dont on voit ainsi clairement la valeur
rétablie au tenue de l'histoire du •salut (Is 2) de préfiguration. Sur deux points, les données de
ramènera le genre humain à un état qu'il ne con- l'expérience sont toutefois transcendées : le cadre
naissait plus depuis le péché de Caïn (cf Gn 4,8). national est dépassé, et le peuple nouveau s'ouvre
à l'humanité entière; l'humanité et l'univers même
4. La nouvelle terre sainte. - La •terre sainte sera retrouvent leur perfection originelle, perdue en
naturellement le lieu de rassemblement du nou- raison du péché humain.
vel Israël (Ez 34,14; Jr 31,10 ... ), Mais elle aura Mais danS ce tableau symbolique, il subsiste
alors une *fécondité merveilleuse qui laissera loin certaines ambiguïtés, dont l'appel à l'expérience
derrière elle les descriptions les plus enthousiastes d'Israël est en partie responsable. La restauration
du Deutéronome (Ez 47,12; JI 4,18). Littéralement, de !'"unité humaine autour du peuple de l'ancienne
ce sera un "paradis retrouvé (Ez 36,35; Is 51,3). alliance, de son roi, de sa ville sainte, garde par-
•Jérusalem, sa capitale, deviendra le centre du fois des étroitesses (cf Is 52,1), des résonances
monde entier (Is 2). Ainsi, dans un univers+: recréé» nationalistes (Is 60,12), voire un aspect guerrier
(Is 65,17), Dieu fera l'unité de toutes les •patries (Ps 2; 72), qui tendra à se développer sous la forme
pour assurer à ses élus un bonheur et une *paix de la *guerre eschatologique (Ez 38--39). Et sur-
paradisiaque (Os 2,20; Is 65,17-25). tout, même si le bonheur promis au peuple nou-

g87 988
l'IZ'liPLE PEUPLE

veau implique la suppression de tout mal· inotal rience , du salut -accordée au peuple ~ouve~u se
ot physique .(la •souffrance : Is 65,i9; la •mort làisse couler dans des- catégories· de pensée-_ qui
inême : Is 25,8), _l'horizon, derrieure le plus sou_vent rapp.ellent ces événements· :figuratifs ; ·ce peuple
temporel,. rivé_ aux ·*j()ies terrestres.. M~e le doit, entr~r · d;i,lls ,le •repps _divin. que. pr.éfigurait
u peuple des •saints du_'Très-Haut » (Pn 7,22.27), la •tene .promise, (He,4,9) ; il d,oit sortir .de •~by-
qui tend à dépasser ces limites et prend une allure lone; cité d_u mal (Ap_ 1~,4), ·pour s'assembler 9,;:ms
transcendante, se voit attribuer une domination *Jérusaleiµ, résidence de D~eu (Ap 2.1,3),_ ,
c1ui ressemble à celle des puissants de ce monde Mais ce.tte fois, le niveau de'. la vie temporelle
(On 7,27; cf 14), .. .où se meuvent les 1"nation_s est dépassé. I..~ :tran~
Pour que1'ambig_uïté se dissipe, il faudra qu'avec cendance du peuple de Dieµ _est total_e ; « •royaume
le Christ et son f:glise le peuple eschatologique sacerdotal »_ (1 _P 2;9),: il _n'.appartient pas· à ce
entre à son toui daris le -.champ de !'.expérience •monde (J_n .18,36) ; sa ·•patrie est, dans les cieux:
humaine; (He n,13 ... ), .où ses membre_s_ ont Qroit de •~ité
(Ph' 3,20),. car iJs.sont les _enfants de la *Jéru.safom
d'en haut (Ga 4,26), Ja. même qui au terme des
temps descendra du, ciel ___sur. tene {Ap -21,1ss}.
C. LE · PEUPLE Pourtant, :ee peuple ·Séjourne .enC()re, iciMbas._ Par
VE LA NOUVELLE , ALLIANCE lui, le spirituel et l'.eschatologique s'articulent-donc
sur le temporel et .l'historique. Apl'.ès le _paradoxe
d'Israël, voiç~ le-paradoxe. de l~Église _: en -~--~n-
Dans le grec du NT, .on retrouve -mieux encore dition terrestre, elle demeure un peuple visible
que dans la Septante la. spécialisation.- des mots appelé à se développer dans le temps.
laos, peuple de Dieu, et ethnè, nations païennes.
Mais pour définir la communauté·du salut, liée à
Dieu· par l'alliance-. nouvelle, c'est le thème de Il, !SRA:il:L ET LES .NATIONS
l'ekklèsia _(c(·assemblée cultuelle»). g_ui:prend,-le J?RS DANS LE PEUPLE NOUVEAU
sur tous les autres. ·Cependant l'•E:glise ·du Christ,
où le peuple de, l'ancienne alliance· est inVité à , Il est naturel qu'•.Israël soit Je pr_emier. appelé
entrer, puis'-les autres nations à sa suite, .demeure . -à faire-partie du peuple. nouveau; c'est sa vc;:ica-
vraiment -un·· peuple,. avec toutes- .les résonances tion depuis la première alliance. Jésus.a été envoyé
que comporte. ce· terme, ·car, eri succ:édant 'à- ses comme «· le *pr()phète semblable. à *Moise )) (Ac
préfigurations, .la ré<1:lité eschatolôgique n'·eu· aboM 3,23) pour« sauver.soil-peup\e.,».·(Mt 1,2-:1-), .. lui
lit pas le ·s·ens; mais .l'*accOmplit. apporter *lumière .(Mt 4,15s), •rédemption (Le 1,.
68), connaissance du .*salut (Le, 1,77), ·-•joie. (Le
- -2,10),. •gloire'-(Lc 2,32). Il est:le chef qui ()oit· le
I, LE PEUPLE ,'NOUVEAU régir (Mt 2,6), et finalement il ·.mo_urra pour- lui
(Jn H,50). ··Niais autou_r de Jésus, puis.-de l'afl-
Par i'•alliance· nouvelle, sceHée dans le sang de nonce· de·· -l'*Évangile, · se renoue le drame_ du
Jésus, Dieu a donc :.créé un peuple nouveau~ ·pour « ·peuple ·à, la 'nuque·•raide- ~- Qont l'AT follrnissait
lequel se. réalise en plénitude ·la ·pai'ole .de rEcri- _déjà ·des exemples saisis.~nts (Mt 13,15; 15,8; Ac
ture : · « Vous se"rez-'mon peupl~ et je· serai-votre IJ,45; 28,26; R~ lô,21; .I_l,IS),. ·-, , , .
Dieu » (2 Co· 6,16; cf Lv ·26,12; He 8,rn;· cf.]r C'est alors ·que le.. de&aein _de. Salut ·atteint .son
31,33; Ap 21,3). C'est Ie··.peuple dont Jésus ,a objeêtif complet. En effet, Ja ,mort ,de Jésus, <i_ui
*expié ·1es péchés (He-· 2,17); .. le· peuple qu'il a ,.porte à -son co:11:3ble,Je péchl! .du.p·eup~e .de l'an-
sanctifié -par· son- -•sang .(13,12), le peuple dans cienne alliance (Mt 23",3.2-36; çf Ac 7,51s), met fin
lequel ·on entre par là *foi. (Gà .3,7; Rm--4,3.~.). à cette première économie. Elle renverse la bar-
Aussi· Ies:·titres d'Israël: sont-ils maintenant repor- - rière qui plaçait Israël· à part P,es a,utres *nations
tés sur lui·: peuple partictllier .de Dieu (Tt-2,14; (Ep 2,14 .. ,) : Jésus meurt 1i non- seulement pour
cf Dt.7,6), ,race élue, natioti,sainte, peuple-~cquis sa. nat_ion, inais· pour rassembler- dahs- l'*'unité
(r P 2,9;· d Ex -19;5 et Is:.43,20s), troupeau {Ac t<>us_.~es *fils de Dieu_ dispersés» •(Jn ·n;52); ·Du
20,28; 1 ·P- 5,2; Jn·· I0,16} et *épous~- du Seigneur preinier pe_u:ple de Dieu,. un :*reste se .convertira
(Ep 5,25; Ap 19,17; 21,2) .. Et puisque le peuple de _et· passera dari~ le nouv~au pëul}le ·; m~is _Dieu· a
l'ancienne alliance· avait· expérimenté .les, voies .de réso,lu. 4~· « tirer a:qssi _d'e;ntre les nations un,peupie
Dieu 'dan:s:les· événements. de son ·histoire, l'expé- pour son nom »-(Ac.'.15,14) ;_de ceu_x. qui n'étai~t

989 .ggo
PEUPLE
PHARISIENS
pas son peuple, il veut maintenant faire son peuple PEUR -----l>- angoisse - confiance J - crainte de Dieu
(Rm 9,25s; 1 P 2,10), « pour que tous aient une I -incrédulité I 1.
part d'héritage avec les sanctifiés» (Ac 26,18).
PHARAON -----l>- châtiments I - Égypte - endurcis-
Par cette jonction d'Israël et des nations, se sement I 1, II 1.2 - miracle I 3 - Moïse 1 . 2 - orgueil
réalise donc la réunion eschatologique de l' « hu- 2 - puissance III 1 - roi O.
manité nouvelle » (Ep 2,15), race élue (r P 2,9)
qui est encore spirituellement la race d'Abraham
(Rm 4,us) mais qui englobe en fait la race
humaine entière, maintenant que le Christ, nouvel PHARISIENS
• Adam, récapitule en lui toute la descendance du
premier Adam (x Co 15,45; Rm 5,12 ... ). Le peuple
saint est constitué désormais par des hommes " de La secte juive des pharisiens (hb. perûSim : " les
toutes tribus, peuples, nations et langues » (Ap séparés ))) comprenait au temps de Jésus environ
5,9; 7,9; II,9; 13,7; 14,6), l'ancien Israël étant six mille membres ; comme celle des Esséniens,
compris dans cette énumération. Tel est le visage elle est ordinairement rattachée aux Assidéens
éternel de l'Église, que le voyant de l' Apocalypse (hb. basidim: oc les pieux») qui au temps des Mac-
contemple dans le ciel. Telle est aussi sa réalité cabées luttèrent avec acharnement contre l'in-
terrestre, car n'étant plus « ni grecque, ni juive » fluence païenne (1 M 2,42). Elle comptait l'en-
(Ga 3,28), elle constitue un tertium genus, comme semble des scribes et des docteurs de la Loi, mais
disaient les chrétiens des premiers siècles. aussi un certain nombre de prêtres. Organisant
ses membres en confréries religieuses, elle visait
à les maintenir dans la fidélité à la Loi et dans
la ferveur.
III. LE PEUPLE NOUVEAU
EN MARCHE VERS SA CONSOMMATION
I. Aux origines du conflit avec Jésus. - Histori-
quement, il semble que la responsabilité de la
L'Église reste ainsi un « peuple » enraciné dans mort de Jésus incombe d'abord à la caste sacer-
l'histoire. Comme les fils d'Israël, ses membres dotale et aux sadducéens ; les pharisiens ne sont
ont communauté d'origine, communauté d'insti- pas nommés dans les récits de Ia Passion (sauf
tutions et de destin, communauté de patrie vers Jn r8,3) ; nombreux semblent avoir été ceux qui
laquelle ils font route (He II,16}, communauté de voulurent prendre contact avec Jésus en l'invi-
langage assurée par la Parole de Dieu, commu- tant à leur table (Le 7,36; u,37; 14,1); certains
nauté cultuelle qui est la :finalité suprême de prirent ouvertement sa défense (Le 13,31; Jn. 7,
l'ekklèsia (cf 1 P 2,9; Ap 5,10). Le destin terrestre 50) et celle des chrétiens (Ac 5,34; 23,9) ; plusieurs
de ce peuple à part présente encore de frappants virent en Jésus-Christ celui qui "'accomplissait
parallélismes avec celui d'Israël : mêmes infidé- leur foi juive (Ac 15,5) - ainsi Paul, leur plus
lités de ses membres pécheurs (cf He 3,7 ... ) ; illustre représentant (Ac 26,5; Ph 3,5). Il reste
mêmes persécutions venant des puissances ter- toutefois qu'un grand nombre s'opposa farouche-
restres qui incarnent la "Bête diabolique (Ap 13, ment à l'enseignement et à la personne de Jésus.
1-7; cf Dn 7) ; même nécessité de quitter "'Baby- C'est cette opposition et non l'opportunisme des
lone pour échapper à la ruine qui la menace (Ap grands prêtres qui offrait de l'intérêt aux yeux
18,4 ... ; cf Is 48,20). L'histoire sainte et les Écri- des évangélistes, car elle caractérisait le conflit
tures de l' AT demeurent ainsi chargées de sens du judaïsme et du christianisme.
pour le peuple nouveau, tant qu'il est en marche Pour ne pas juger pharisaïquement les phari-
vers sa consommation céleste. PG siens du temps passé, il importe de reconnaître
les qualités qui sont à l'origine de leurs excès.
-+ Alliance AT I I - autorité AT II - communion Jésus admire leur "'zèle (Mt 23,15), leur souci de
AT 5 - croissance 2 b - dispersion I - édifier I - la perfection et de la *pureté (5,20) ; Paul souligne
Église - élection - épreuve/tentation AT I - frère -
leur volonté de pratiquer la Loi minutieusement ;
génération - Hébreu - Israël AT I - Juif - nais-
sance (nouvelle) l - nations - Parole de Dieu AT ils sont admirables dans leur attachement à des
I 2 - pasteur & troupeau AT - patrie - pères & traditions orales vivantes. Mais certains d'entre
Père I, II - sacerdoce NT II - saint AT III 2 - eux, forts de leur science légale, anéantissent le
schisme AT 2 - Serviteur de Dieu I - témoignage précepte de Dieu sous leurs *traditions humaines
AT III - terre AT Il - unité II - visite AT 1. (Mt 15,1-20) et méprisent les ignorants, au nom

99r 99 2
PHARISIENS PIERRE

de leur propre justice {Le r8,11s)·.-; ils empêchent


tout colltact avec les pécheurs et les publicains,
limitant ainsi à leur. horizon r•amout de Dieu ;
ils con~dèrent même qu'ils ont des droits sur ·PIERRE
Dieu, au nom de leur pratique ·(Mt 20,1-15;. Le
15,25-30). Et comme, selon Paul (Rm .2,17-24),
ils ne peuvent mettre en pratique cet i~éal, ils se A •cause de son incroyable abondance en Pales-
comportent en *hypocrites; ·te sépulcres. blanchis u tine, la pierre .se .trouve toujours présente- sous .la
(Mt 23,-27). ·T~l.est runivers légaliste que les évan- main et dans l'esprit- des · Hébreux. Par ailleurs
giles Ont dép'eint, non sans systématiser -ce qui dans la mentalité primitive et dans la:symbolique
dut être· le comportement· de tel ou tel. Déjà. se commune à tous les hommes, la pierré, solide,
manifeste l'intention qu'avaient les auteurs ,de ne durable, pesante, est signe de force. Ces deux faits
pas s'arrêter à des indiv_idus,_ mais de viser l'atti- réunis font comprendre .pourquoi la .Bible s'est
tude de ceux. qui sont aveugles à toute -lumière -servie• des images fournies par 1~. ·pierres, sous
venant d'ailleurs et qui se refusent à- re~nnaître leurs diverses formes, pour les appliquer au Messie.
en Jésus autre chose qu'un imposteur ou un allié
du démon. 1. · Le$ pien'es sacrées . et l' aUtel du Christ.· , - Le
culte des pierres sacrées, très développé dans les
2. Le phàrisaïsme; ---, . Cette utilisation du ·mot religions prilllitives, fut.--interdit en .Israël. Cepen-
<1 pharisiens » dans un: contexte· de polémique· a dant; sous l'influence idolà.trique _des peuples voi•
malheureusement -déterminé un ahµs de. langage ··sins, les fautes· ne· manquent.pas et les mises·en
qui ne peu~ .. être qualifié. de chrétien. Toutefois garde sont. nécessaires (Lv. 26,1; Dt 16,22; Is 57,
si l'on· a soin de stigmatiser ainsi, qon les'. :Juifs, 6). Sortï-de. son contexte idolâtrique, "l'usage des
mais· Ie êom:]?ortement de tout homme f~~. le pierres sacrées subsiste· avec une signification, non
pharisaïsme ainsi entendu' n'a rien -à voir avec le plus •magique, mais symbolique, et reçoit ·son effi-
pharisianisme :. c'est un esprit, opposé à celui de cacité' d'un .Dieu transcendant. AinsL Jacob à
l'Évangile. Le ive évangile a conservé quelques Béthel érige une stèle· ·sacrée {Gn 28,16ss) ; ainsi
scènes typiques sur l'aveugJement des pharisiens des pier'res sont dressées ·-(Ex 24,4), figura[!.t les
(Jn 8,:r3; 9,13.40)_~. mais· il les, 'aSsinfile• ordinaire- douze tribus sanctifiées par la proximité de l'autel
ment allx «•Juifs», montrant ainsi que leur con• (28,10.21); ainsi-avec des.pierres non taillées sont
flit avec Jésus a une valeur transhistorique. Il y édifiés des •autels,, par lesquels Dieu touche et
a pharisaïsme quànd on se _couvre'du-Inasquè de sanctifie la terre (Ex ·20,25;· cf Mt· 23,19).
la •justice po'ur se dispenser dé la vivre intérieure- Or- toutes ces· pierres ··sacrées, •signes plus. ou
ment Ou de- se;reconnaitre •pécheur et d'écouter moins efficaces 'de la préSCnce divine, constituent
l'appel de Dieu', èt qua:nd .on enferme l'amour. de -autant de *:figures du Christ,_ en· qui' Dieu_ se rend
Dieu dans le cercle étroit de sa science religieu!>e. présent sur terre. Par· allusion• ·dans le NT (cf
Cette ·mentalité ,se retrouve dans .le christianisme He ·13,10;- i Co -10,18') 1 •plus explicitement chez les
naissant;:- che2: les -judéo-chrétiens: auxquels se Pères de 'l'Église ·et dans la litul"gie, le· Christ se
heurta ·.Paul (Aè:-15,5) : ceux-ci voulaient soumettre trouve être identifié avec "l'alltel.
à des pràtiques juives les conve~ issus du ·paga-
nisme, et .par. là- maintenir -sous le 'joug- de' la •Loi z. La. pierriMniJmorial :. et la' pérennité de l' Al•
ceux ·qui ·en avaient été-•libérés:.par la mort :du liance. - Sans que la distinction entre la-pierre
Christ., Pharisaïsme encore -chez le chrétien qui sacrée et la ·pierreM*mémorial soit toujours très
méprise:Ie· Juif.retranché.de)'arbre (Rni u,18ss). nette, n.,_ semble que .ce so'~t ,surtout-.l'idée d'.im-
Le pharisaïsme menace .le __ christianisme , dans ,a muable.et dé durable-qui·s'attà.che non- seulement
mesure, .où celui-ci_ tégressè :au sta:de ,d'une obser~ aux· pierres dressées 'pour témoigner d'un. traité
vance légale et méconnaît l'universalité .de la (Gn ·31,45.;52), ou pciur perpétuer· le souvenir
*grâce. ']Can & XLD d'hommes morts (Jos -iji29;_ 2. S' 18,i7), ·mais sur-
tout à celles qui rappellent l'*alliance conclue entre
ifltp.ie NT .•I ,~ incré.dulité' Ï:i ·;l, -
--;.. h}'.Pocri1:é ·- Dieu et son peuple (Jos 4,7.20M24; 24,26),. alliance
Juif,~ ,Lo_i B._III,:s; C_I x - Qrgu_eil 1.3 - rétri9~tion -dont ·-la Loi .est inscrite· sut des tables de pierre
III 2 ...:. zèle II 1. . .
(Ex 24;12). Mais ce qui était le signe dé la pérenM
PHILANTHROPIE ~--ami - amour·.U - aumône nité de l'Alliance, s'est en quelqi.te sorte·dégradé
AT_ 3 i"NT ac.. au. contact des -Israélites au *Cœur dur comme la.

993 994
PIERRE (SAINT)

pierre (Ez 11,rg), jusqu'à devenir le signe de cette {Is 8,14; Rm 9,33; I P 2,8), un rocher de *scan-
dureté de cœur et d'une froide extériorité. S'op- dale. Et les ennemis du Christ sont finalement
posant à cet état de chose, c'est à l'intérieur du écrasés; l'image de la pierre rejetée, devenue
cœur de "'chair, comme l'ont prédit Jérémie et pierre angulaire, est en effet prolongée par Luc ·
Ézéchiel (Jr 3r,33; Ez II,19; 36,26), que la nou- « Quiconque tombera sur cette pierre s'y fracas-
velle loi est inscrite par !'Esprit (2 Co 3,3). sera, et celui sur qui elle tombera, elle l'écrasera ))
(Le 20,17s). Peut-être est-il fait ici allusion à la
3. Le rocker du désert et le Christ Sauveur. - Dans pierre par laquelle Daniel symbolise le Messie et
le *rocher du désert d'où Moïse fit sortir l'eau, son royaume triomphant des puissances de ce
Paul a vu le Christ qui fait jaillir de lui-même monde : « Soudain une pierre se détacha, sans
l'eau vivifiante du salut (r Co 10,4). Par là Paul que main l'e1lt touchée, et vint frapper la statue,
se rattachait non seulement aux interprétations ses pieds de fer et terre cuite, et les brisa ... Et
rabbiniques qui identifiaient ce rocher avec Yah- la pierre qui avait frappé la statue devint une
weh accompagnant son peuple, mais il prolongeait grande montagne qui remplit toute la terre »
toute la tradition de l'AT. Sans cesse, en effet, (Dn 2,34s).
les auteurs de l' AT se sont plu à rappeler ce
*miracle de Moïse (Ps 78,15; 105,41; Sg u,4; etc.), 6. Les pierres précieuses et la nouvelle J busa-
parce que très justement ils y ont vu à l'œuvre le m. - Signe éclatant de la transformation glo-
la puissance miséricordieuse de Yahweh, capable rieuse qui attend la nouvelle Jérusalem : c'est
de tirer d'une pierre sèche, aride et sans -vie l'eau en pierres précieuses que la cité sainte sera cons-
féconde et vivifiante; peut-être ce rocher était-il truite (Is 54,ns; Tb 13,16s; Ap 21,10-21). PL
aussi pour eux l'image de Yahweh qui répand ses
bénédictions. (cf dans le même sens Ez 47,1-12; -;.. autel 1 - édifier II, III 1 - endurcissement -
Pierre (saint) - rocher 1 - scandale I 1 .3 - Temple -
Za 14,8; Ap 22,1). Le rapprochement entre l'eau tête 1-4-
du rocher et l'"'eau du salut qui jaillit du côté
du Christ mort a peut-être été suggéré par saint
Jean (Jn 19,34; cf 7,37s) ; il a été explicitement
proposé par de nombreux Pères de l'Église.
PIERRE (SAINT)
4. Le ChYist pierYe angulafre, et les chr!tiens Pierres
vivantes. ~ Le salut apporté par le Christ doit
s'opérer à travers les épreuves et l'échec appa- 1. Vocation. - Malgré sa traduction classique, le
rent : (! La pierre rejetée par ceux qui bâtissaient nom de Céphas imposé par le Christ à Simon
est devenue la "'tête d'angle », annonçait déjà le (Mt 16,18; Jn 1,42; cf 1 Co 1,12; 15,5; Ga 1,18)
Ps u8,22. Rejeté par les siens, comme il le pré- signifie u *rocher » plutôt que « pierre >,. Par la
dit dans la parabole des vignerons homicides, le grâce de ce nouveau *nom, qui exprime Ja tâche
Christ devient la pierre angulaire, c'est-à-dire le qui lui est assignée désormais, Simon-Pierre par-
fondement de l'édifice ou plus probablement la ticipe à la solidité durable et à la fidélité inébran-
pierre principale du sommet (Mt 21,42 p; Ac 4, lable de Yahweh et de son Messie. C'est dire sa
r 1; 1 P 2,4.7). Il assure ainsi la cohésion du situation exceptionnelle.
*temple saint ; c'est en lui que s'"'édifie et grandit Si Pierre a été choisi, ce ne peut être à cause de
la demeure de· Dieu (Ep 2,20s). sa personnalité, tout attachante qu'elle soit, ou
Selon une autre métaphore, le Christ est une de quelque mérite (même avant son reniement).
pierre inébranlable (ls 28,16; Rm 9,33; l Co 3, Cette élection gratuite et la grandeur qui l'accom-
n; 1 P 2,6) sur laquelle on peut s'appuyer avec pagne reposent sur la mission que le Christ lui a
foi, de sorte que les fidèles, telles des pierres confiée et qu'il devait accomplir dans la fi.délité
vivantes, sont intégrés à la construction de l'édi- de l'amour (Jn 21,15ss).
fice spirituel (r P 2,5; Ep 2,21).
2. Primauté. - L'un des premiers, Simon fut
5. Le Christ, pierre d'achoppement et de destruc- appelé par Jésus à le *suivre (Jn r,35-42). Les
tion. - Par la révélation de l'amour et de la sain- Synoptiques tendent même à faire de Pierre le pre-
teté de Dieu, le Christ oblige l'homme à choisir mier disciple appelé (Mt 4, 18-22 p) et à anticiper
la lumière ou les ténèbres. Pour les orgueilleux sa primauté dans la vie terrestre de Jésus, Quoi
incrédules, il devient une pierre d'achoppement qu'il en soit, Pierre a parmi les disciples une place

995 996
PIERRE (SAINT) PIERRE {SA'INT)

prééminente, en·tête-deS.listes d'•Apôtres (Mt 10, trouve à la tête du groupe réuni au Cénacle {Ac
11) ou du ·groùpe des trois· privilégiés (vg Mt 17, 1,13); il préside à l'élection de Matthias (r,15);
1 p) ; à. Capharnaüm, c'est dans Ia: maison de il juge Ananie et Saphi:re. (5,1-n) ; au nom des
Pierre que Jésus demeure ordinairement· (vg l\lc autres Apôtres, qui sont a.Vec lui, il procla~e aux
1,29) ; c'est lui qui prend la· parole au· nom- des foules la' gJorification messianique du Christ res-
autres (:Mt, _ 16,23; r8,21; r9,27), notamment aµ suscité et annonce le don de l'Esprit (2,14-36) ;
moment soiennel où il reconnaît. la '!'messianité il .invite· tous les hOmmes au baptême (2,37-"41),
propre à Jésus (Mt 16,16 p; Jn 6,68); le message y compris les « païens »· (10,l-'-:II;·18)' et inspecte
confié pà.r 1es·-anges de la Résurrection aux saintes toutes,- les Églises· (9,32),' Comme signes- de son
, femmes •.(Mc 16,7), comporte une mention spéçiale ·pouvoir: sur la vie, au nom de· Jésus··il.:guérit les
de Pierre; Jean le laisse,pénétrer le premier_ dans maladés -(3,1-10) et ressuscite' un mort (9,36-1-2}.
le tombeau (Jn 20,1-10); enfin et-surtout le Christ Par ailleurs le fait que Pierre soit tenu de JUS-
ressuscité apparaît à Çéphas. -avant de· se mani- tifier sa conduite au baptême de Corneille (n,1-
fester aux-.Douze (Le 24,34; l- Co _.15,5). Partout, 18), le déroulement du concile de Jérusalem .(15,
dans -le NT, est mise en.relief qette préémin'.ence 1-<>5), ainsi que certaines allusions dë Paul_ .(Ga
de Pierre. Elle n'exclut ceI)endant ni la rl;Jcherche 1,ts-2,14),· révèlent que daris .la direction,' en
laborieuse du dessein 'de Dieu. (cf -Ac ·10-;--15 .et grande partie-collégiale, de l'Église de Jérusalem,
Ga 2 à-propos de l'unive-.rsalis,me), ni la responsa- Jacques·avait une position·importante et q~e _son
bilité collégiale des Apôtres, ni les initiatives d'un accord était Capital. ,Mais ces faits et leur rela.t1on,
Paul. Celui-ci, après sa conversion, tout en_ ayant loin ·de faire obstacle à-ta·primauté·et à la mission
conscience-de·_sa vocation particulière (Ga 1,15s), de Pierre, en· éclairent le sens profond. ·L'autorité
monte à· ,Jérusalem .. pour prendre contact avec: de Jacqiles-;'en·effet, n!a pa.5 les ·mêmes racines,
Pierre (Ga.:1,18):-; ·et.mêm.e en rappelant-1'-incident ni la. même expression que· c·ellè .de -Pierre : c'est
d'Antioche (Gà. 2,n-r4)·. où Pierre pusillanime à ·un titre partièulier que celU:i-ci a reçu, avec
hésita sur· la conduite à •tenir. dans· un cas pra- tout Ce que cela comporte, . la" mission de trans-
tique, Paul s'adresse-à Pierre ·comme·.à celui ~ont ine~tre une ·règle de foi, sans :faille {cf GEL ·1·,·18),
l'*autorité en1;J"atne. avec' lui·· toute l'Église. · et~<Iu'il est le dépositaire des promesses· de vie
(Mt I6,I8s). . .• · ·
3. Mission,·-._Cette primauté de·-Pierre est.fon- a) Jn 2z.-:- Sous une forme solennelle, et peut-
dée sur sa •mission, exprimée en plusieurs textes ·être· jU:ridique, par trois •foïs,. le Christ ressu_s~i_té
évangéliques. · · · .- • confie· à Pieriè _- le soin du· troupeau tout· entier,
a) -Mt r6,r3-2j. :..... Nouvel • Abraham, carrière _agneaux et ·.brebis, C~st'·à·· la lumière 'de la para-
d'où sont tirées des pierres viVantes (cf_ Is 51,1-ss bole du Bon Pa5teur (Jn 10;1-28) qu'il faut com-
et Mt: 3,9); fondement sur ·lequel le Christ édifie preri:dre ce_tte mi:;ision. Le 'bon· *pasteur-'s_auve- ses
sa communauté ·escl)atologique; Pierre reçoit. une brebis,_ ras~emblées _en un seul troupeau (10,16;
mission dont tout- le peuple :doit bénéficier. Contre n,52),. et celles-ci ont la vie en aboO:dance; _p~u~
les forces du ml;l-1, qui:sont des puissances de mort, elles U-.'livre même sa propre vie (10,n) ; ·aussi
l'*Église .bâtie sur Pierre est assurée de la victoire. le Christ, en à_nnonçant · 'à: Pierre son' martyre
Ainsi est confiée à Pierre, qui a reconnu en Jésus futur; a:jbute-t-il : ·« SU:is-irioi »; S'.il": d_oit• 'mar-
le ·Fils du Dieu viVant,, fa:•mission Suprême de cher· sur leS traces,' de son: .Maître, ce·· •n'est pas
rassenibler les ·hOmID:es· dans·une· communàuté où seulement eit donnant -sa·· vie, c'est eili communi-
ils reçoivent- la vie bienheureùse et éternelle. De . ;quant ia'·_vîe ét~melle à ·-ses· brebis',_' afin. 9-u'elles
même que dan$ un·.-COrps ·une fonction vitale ne ne périssent jamais (10,·28)': ' · , __
peut s'arrêter, · ainsi . dans l'Église, organisme En.« suivant .ll 1e Christ, Rocher,- Pierre'.vivante
vivant et vivifia.nt,: il faut ,,que. Pierre, d'une (1 P 2,i), -Pasteur··ayân·t: le.poùvoir d'admettre
manière ou d'une .autre, SOit perpétuellement pré- dans l"E'glise, c'est.:.à-dire de· sauver de la- mort
sent pqur ·communiquer sans ·arrêt aux fidèles ,la les- -fidèles 'Ei't · de leur- communiquer· Ia_ vie· divine,
vie du ,Christ. Pièrfe; inàugurant -Une fonction· es8entielle '_.à
b) La 2_2,3n -ee Actes. - Faisant sans.doute allu- l'Église; est: ·VI"aiment' le: 11- vicaire•'JI du Christ.
sion .,à ·,son nom,- Jésus annonce à· Pierre qu'il C'est 'là 'Sa mission et Sa, ·grandeur. PL
devrà, aprèS être revenu deson.reniement;.1,affer-
mir l) ses f_rères ·: sa •foi,· grâce â la prière du Christ, • Apôtres --'- édifier ln i .- Égli~ III - 2- c, IV . 2-,
ne disparaîtra ·pas.' ·.C'est bien ·en effet -Ia mission Vo:z. --pasteur & troupeau NT 2 -,rocher -1,- suivre
de Piel're, décrite par -Luc dans les Actes::· il se 2- b ..

997 998
PIÉTÉ PIÉTÊ

*louange aimante, confiante, joyeuse (Ps 31,24;


'1:49), qui magnifie la piété de Dieu (Ps 103).
Cependant ce culte n'est agréé que s'il s'unit à
PIÉTÉ la :fidélité (Ps 50). Dieu accorde la sagesse (Si 43,
33), aux hommes pieux qui ne séparent pas culte
et charité (Si 35,1-ro), et ils tirent profit de tous
La piété est, pour les modernes, la fidélité aux les biens créés par Dieu (Si 39,27).
devoirs religieux, souvent réduits aux exercices de C'est cette piété intégrale qui, à l'époque mac-
piété. Dans la Bible, la piété rayonne davantage : cabéenne, anime les Assidéens (de fi.asîdim :
elle englobe aussi les relations de l'homme avec " pieux 1); I M 2,42) : ils luttent pour leur foi
les autree. hommes. jusqu'à la mort; la piété qui les rend forts est
stlre de la résurrection (2 M 12,45). Telle est aussi
AT « la piété plus puissante que tout >J dont la Sagesse
chante la victoire au Jugement final (Sg 10,12;
1. La piété dans les relations humaines. - En cf l'opposition juste/impie en Sg 2-5). De cette
hébreu, la piété {µsèd) désigne d'abord la relation piété sera doté le Messie qui établira ici-bas le
mutuelle qui unit parents (Gn 47,29), amis (1 S Règne de Dieu (Is rr,2; LXX eusebeia).
20,8), alliés (Gn 21,23) ; c'est un attachement qui
implique une entraide efficace et :fidèle. L'expres~ NT
sion « faire fièsèd » indique que la piété se mani-
feste par des actes. Dans le couple li,èsèd/èmèt, r. La piété du Christ. - L'attente de ceux qui
1 piété/fidélité >, (Gn 24,49; Pr 20,28; Ps 25,ro), désiraient " servir Dieu dans la piété (hosiotès) et
les deux termes se compénètrent : le second la justice >1 est comblée par la piété (eleos) de Dieu
désigne une attitude d'âme sans laquelle la bonté, qui envoie le Christ (Le 1,75.78). Le Christ est
désignée par le premier, ne serait pas parfaite. par excellence le « pieux ,:, (Ac 2,27; 13,35 : hasios
Pour les LXX qui traduisent fi.èsèd par eleas = Ps 16,10: [tasfd). Sa piété filiale lui fait accom-
(= pitié), l'essentiel de la piété semble être la plir en tout la •volonté de Dieu, son Père (Jn 8,
bonté compatissante. 29; 9,31) ; elle l'amène à lui offrir un •culte par-
fait (He 10,5-10) ; elle inspire l'ardente prière de
2. La piété dans les relations avec Dieu. - Ce lien son agonie et l'offrande du douloureux sacrifice
humain si fort qu'est le fi.èsèd permet de com- par lequel il nous sanctifie (Mc 14,35s p) ; étant
prendre celui que Dieu, par l'Alliance, établit ainsi le Grand Prêtre pieux qu'il nous fallait (He
entre lui et son peuple. A la piété de Dieu, c'est- 7,26), il est exaucé par Dieu « à cause de sa piété»
à-dire à son amour miséricordieux pour Israël, son (5,7). C'est pourquoi le mystère du Christ est
premier-né (Ex 34,6; cf 4,22; Jr 3r,3; Is 54,10), appelé « le mystère de la piété » (1 Tm 3,16 :
doit répondre une autre piété, c'est-à-dire l'atta- eusebeia) : en lui, la piété de Dieu réalise son des-
chement filial que traduiront !"•obéissance .fidèle sein de salut ; en lui, la piété du chrétien a sa
et le •culte aimant (cf Dt ro,12s). De cet amour source et son modèle.
pratiqué envers Dieu doit d'ailleurs découler un
amour fraternel entre les hommes, imitation de la 2. La piété du chrétien. - Déjà Dieu avait pour
bonté de Dieu et de sa sollicitude pour les pauvres. agréables les hommes de toute nation qui, par
Aussi, pour définir la vraie piété, Michée l'associe- leurs prières et leurs aumônes animées de la
t-il à la justice, à l'amour et à l'humilité (Mi 6,8). crainte de Dieu, participaient à la piété juive en
Cette définition est celle des prophètes et des ses deux éléments, le culte divin et la pratique
sages. Pour Osée, la piété n'est pas dans les rites, de la justice; tels sont le juif Siméon (Le 2,25),
mais dans l'amour qui les anime (Os 6,6 = Mt les hommes venus à Jérusalem pour la Pentecôte
9,13), inséparable de la *justice (Os 12,7) et de la {Ac 2,5), le centurion Corneille (Ac 10,2-4-22.345).
*fidélité à la Loi (Os 2,21s; 4,IS). Pour Jérémie, Cette piété est renouvelée par Jésus et par le don
Dieu se donne à nous comme modèle de piété et de l'Esprit. On aperçoit, dans les Actes., quelques-
de justice (Jr 9,23). Ailleurs on voit que la piété uns de ces hommes pieux (eulabès), comme Ana-
est compromise quand les pauvres sont opprimés nie (Ac 22,12) ou les chrétiens qui viennent ense-
et la justice violée (Mi 7,2; Is 57,1; Ps 12,2-6). velir Étienne (Ac 8,2). Suivant le langage pauli-
Dans les Psaumes, le culte de l'homme pieux nien, leur culte est maintenant animé par un esprit
(hb. fi.asU; gr. hosios ou eusebès) s'exprime en une *filial à l'égard de Dieu (cf Ga 4,6), et leur justice

999 IOOO
\'lltTÉ PLÉNITUDE

est celle de la •foi qui opère par la charité (Ga mot de plénitude, qui évoque la •perfection dans
s,6). Telle est la piété (hosiotès) de l'•homme nou- l'abondance, convient tout particulièrement. Ce-
veau, la véritable piété chrétienne (Ep 4,24) que pendant le substantif grec sous-jacent (plèrôma)
Paul oppose aux pratiques vaines d'une piété présente une plus grande variété de sens : signi~
fausse et tout humaine (Col 2,16-23); par elle, fiant primitivement soit le contenu qui remplit
nous rendons à Dieu un culte agréable, avec reli- un espace, la mer (1 Ch 16,32) ou la terre (Ps
gion (eulabeia) et *crainte (He 12,28). 24,1; cf r Co 10,26), soit ce qui complète quelque
Dans les épîtres pastorales et dans la 2e ép. de chose {Mt 9,16; Mc 2,21; Col 1,24), il peut désigner
l'ierre, la piété (eusebeia) est au nombre des *vertus également le contenant ou bien la totalité (Rm
fondamentales du *pasteur, de l'homme de Dieu n,12}, l'abondance (Rm 15,29), l'accomplisse-
(1 Tm 6,11; Tt r,8) ; elle est nécessaire aussi à tout ment (Rm 13,10).
chrétien (Tt 2,12; 2 P 1,6s). Deux de ses caractères
sont soulignés. Tout d'abord elle libère de l'amour I. La plénitude des temps. - De même que pour
de l'argent; à l'opposé de la fausse piété avide de Élisabeth (Le 1,57) et Marie (Le 2,6) (( s'accom-
profits, elle se contente du nécessaire, et son pro- plissent n les jours où elles doivent enfanter, ainsi
fit est cette liberté même (1 Tm 6,5-10). Ensuite, pour la terre les temps sont <1 •accomplis » (Mc
elle donne la force de supporter les •persécutions 1,15), et l'on peut parler de la plénitude des
qui sont le partage de ceux dont la piété du Christ •temps messianiques et eschatologiques (Ga 4,4;
est le modèle (2 Tm 3,rnss). Sans ce détachement Ep 1,10). Cette mesure enfin pleine, qui fait penser
et cette constance, on n'a que les apparences de au contenu d'un sablier rempli, ne correspond pas
la piété (3,5). A la vraie piété sont promis le à une maturité ou à une perfection atteinte par
secours de Dieu dans les •épreuves de cette vie, les hommes, mais à un temps fi.-...é par Dieu. Alôrs
et la vie éternelle (2 P 2,9; I Tm 4,7s). Jésus « remplit », <r •accomplit )) les prophéties.
Ainsi comprise, la piété désigne :finalement la
vie chrétienne avec toutes ses exigences (cf I Tm 2. La plénitude qui habite dans le Christ. - Dieu
6,3; Tt 1,1) : pour répondre à l'amour de celui s'est plu à faire habiter dans le Christ ressuscité
qui est (1 le seul Pieux ~ (Ap 15,4 : hosios), le chré- toute la Plénitude (Col 1,19). Pour expliquer cette
tien doit l'imiter et révéler par là à ses frères le expression deux interprétations, parmi d'autres,
visage de leur Père céleste. MFL méritent d'être indiquées. Selon la première, plus
statique, le (1 plérôme » serait l'univers rempli par
-+ aumône AT J ; NT t - crainte de Dieu IV - créa- la •présence de Dieu. Dans ce cas, Paul aurait
tion AT IV 1 - culte - fidélité - impie - jeûne 2 -
été influencé à la fois par le stoïcisme vulgarisé et
justice A I AT 2, NT - miséricorde - pauvres
AT III ; NT Il - prière - zèle Il 1. par le milieu sapientiel ; la Sagesse, en effet,
1, remplit l'univers et tient unies toutes choses »
PITIÉ - maladie/guérison NT I 1 - miracle Il 2 b - (Sg r,7). Selon une seconde interprétation, plus
miséricorde -pardon - tendresse. dynamique, Paul refléterait d'autres images de
PLAIE-+ calamité - châtiments - colère B AT I la littérature sapientielle : la Sagesse comme les
1 - lèpre - maladie/guérison AT - miracle I 1 - eaux des plus grands fleuves roule à plein bord,
Pâque I 2. déborde et se répand. Plus vaste que la mer,
PLAINTE-+ pénitence/conversion AT I z - prière I
plus grande que l'abîme elle remplit le sage, et
2,Il 2 - souffrance AT I 1 - veuves 1. celui-ci, d'abord simple canal de dérivation, est
lui-même transformé en fleuve et en mer (Si 24,
PLAN DE DIEU -+ dessein de Dieu - volonté de 25-31; cf Pr 8,12ss). Par ailleurs, Dieu a fait
Dieu. habiter en Israël la Sagesse (Si 24,8-12). Or, pré-
PLANTER -+ édifier I 2, III 2.3 - moisson II - cisément, dans le Christ en qui habite toute la
semer - vigne. Plénitude (Col 1,19; 2,9) se trouvent cachés tous
les trésors de Ia Sagesse (Col 2,3). Ces trésors
n'ont rien à voir avec des richesses entassées et
cupidement conservées, mais, semblables à des
PLÉNITUDE eaux vives qui se répandent, ils sont plénitude de
•vie qui s'oppose au vide de la -mort (Ph 2,7),
*puissance salvatrice surabondante qui découle
Pour désigner la puissance salvatrice du Christ du •Nom au-dessU:s de tout nom {Ph 2,9). Cette
qui a reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre, le surabondance transparaît partout dans les épitres

IOOI IOOZ
PLÉNITUDE PORTE

•pauliniennes, _"spécialement dans les passages -plus ,·cu'eil (J:b _31;32)~· une/possibiÜtiOfferle' (t·.to-·16,
lyriques commè,·.Rm 5,15~2·1;· 8,31-39; n,33-36; g). FemJ.ée, elle· empêche de. _pas~_- :;_·elle protège
· Ph' -2,9ss; ,.elle éclate. tout particulièremènt dans (Jn 20,19) ou e:X:prime ·uri'1·efu_~ (Mt 2~,10). ·Eue
l'hymne aux: Éphésiens- où· le style · inépuisable suggère ·donc' aussi l'idée d'un -'tri .
. s'.efforce . à: traduire 1a· richesse débordante de la
•·grâce-: dont ·Dieu rious<·a comblés ·dans ·son Fils
AT
-bietl-aimé.
f. LA- PORTE DE LA· CITÉ
·3. L'Église, pllnitude du Christ. --Dans·Ie-Christ,
paifaitement comblé de ta· toùte-pliis5aD.ce 'divine La è'i_té gaz:de ..sort entrée.-,pa_~/ùrie poftê _ni.Oll!J.-
(Col r,19; 2,9), les fidèles se troùvent- àssociés à ·menta}e·, fortifié_e",_ qui protège des attaques_ de
sa plénitude (2,ro; Ep 3,19). En effet, la,vieéternelle t'ell_llemi et int.foduit le$· alnis : ~ l'étra'ngei- qUJ est
et la saricti:fii::ation surabondante ·qui résident d!i-Ds dallS les p_ç,ries » (Ex 2_0,1.0) _p8.rticipe_ aUx_ privilèges
le t:o!'PS glorifié _du _Christ (Col 2;9). se communiquent d'lsr~l. La Porte _assure' aiI1si_ Ill, sécurité dés_. llabi-
à l'Église qui devient son Corps.· C'est pourquoi tarits et permet_ à_~a'ville_de-·se·, cons:tituer.. e~ ccim-
·dès maintenant 1'Églisé peut être appelée la plé- munEl.uté ; · c'est. auprès ·de la. -poite. que se con-
nitude_'·_ du ChriSt ·(Ep' :1,23). Ces_ d.eux titres_ de c~ntre ·Ia vie de la cité : ·sur cette place _dnt_ li!3u
Corps et de Plénitude ne· s'appliquent pas à l'uni- rencontres_ {Jb 29, 7_; Ps 69, 13}, à~aires comrµerciajes
·vers, mais Seulement.à l'Église. Celle~ci, cependant, (Gn 23_,·n~18; R_t·.4,1-n)_, m.i.n_œ,~v:r.es J)61_i~iqti~s
doit- éricore se développer pour parvenir· à la' taille (2 S ·15;1-6), _départs en guerre _ (1, R. 22,10), _et
de la· plériitude du Christ (4,13). Cette cro~san~ surtout· )ugemènts (Dt ·21,19; _22,.rs; :.25,7;_ Am_ 5,
se· fera"à là-fois •en profondeur (cf 4;145s)•·et e_n iô,1,i;; Jb 5',4;·' 3'I',2~;· Pr 22;_22; 2·4t7)., Jµsti<;e et
extensirin. C'est, en; effet, à toute· ·Ia création sécurité qùalifieilt la· .po_rte (ls 28_,6)_. La ?,)rte
gémissant dans l'atténte (cf Rm 8,19-23) _que s'i_dentifü;_-<~onc _·43n quelque ~rte i· ta'·c!té,_·et le
l'É_glise est d~tinée à_ s'étendre _po_ur-· tout ·r~- mot· peut 4é_signer la ville: elle-_111:ême · (Dt .'28,52-
sembler et ·tout s_auver : ·ainsijiar elle,' progresst- 57); il_ ·en arrive _'mê'mé. à-connoter la *pulSSa_nce
venieD.t, le :Christ" remplit 'l'uilivers -~de '·sa pléni- de la 'cité: S'emparer de la.poci;e,_'si~ifie Se rendre
tu_de ·(Ep ·1,20SS; 4,10). ., màttrè de la 'ville (Gn. 22,:17) et ~bél"er l~_s C3:ptifs
Saint '}eàn; dàns son ·prologue; reprend en termes (Ps 107,16; Is 45,2) ;. en 'recevoµ': le_s clés si~ifie
plus simples cette doctrine :_ dans·sa. gloire, le Fils ~ investi du pouvoir (Is 22,22)._Par a~aJqgie, on
uniqrie •« Plein de"grâce et ·de -vérité-• :(Jn 1,14) pa.i:le ijes portes du .shéol ou de la •morJ _pour
répari.d sur:Ies holll.mes--l'abortdance-inépuisa.ble de désigner ·1e séjour mystérieux où t~ut homme -est
la bienveillance divine.-« Oui, de··la plénitude du conduit (Ps 107;18; Is 38,rét) et dont Dieu seul
ChriSt nèus :avons·. tous reçu··» -(Jn 1,16). PL cOnnaît rentrée (JI? 38·,1,1)._ mais aussi _la_.;puis-
sance qu'il est ~ul à pouv~ir vaincre -(Ps ç,.14;
~ licco~plir ~ bénédiction -- CQrps d~ Çhris~ 'i:ù
Sg 16,13: cf Mt i6,18).
~- - croissance ---:' dessein de_ Dieu NT 1 - Église V
agiii-e· NT~ nombres· Ii 1 --:-- perfection NT. 6 -
1 -::-:-
Jérùsatem ·est la ville par excelience'. aux _portés
RévélatiOll NT.I 3, II 3,'III 3 - r~che85e-temps ~ . antiques· (Ps 24,7ss) que Yahweh aime pa~ticu-,
Iièrement (Ps 87) parce qu'il les a lui-même affer-
PL'S:RÔME • Église V I .:-,.. plbi.Îtude, mies (Ps 147,13) .. Le •"'J>èlerin qui les .. franchit
PLEURER'---+ OOllsciier - .~ort AT l 1,3 - péni- éprouve un sentiment· d'unité et de paix (Ps 122).
teilcè/conversiori ~T I 2 ___: souff~ce ::.:..... triste~. Réputée imprenable, e!Je peu'j:: offrir- .à ses habi-
tants la sécurité_ en fermant ses portes ; _cependant
PLUIE~ ciel I ~ déluge - désert O - eau - il s'en faut qu'à· ces portes on rende _la justice
fruit Il ~ orage :r. (ls 1,21s; 29,21). Les prophètes entrevoient ·alors
POLY~AMIE-)- adultère 1 - - mariagè AT II 2.3. une Jérusalem. nouvelle, à la fois- ouverte aux
nations et établie dans la paix et la justice (Is
26,1-5; 60,11; Ez 48,3oss; Za 2,8s).

PORTE·
Ù, LA POR'.tE DU CIEL1
1

:ouverte, la porte lai~ passer, ~'j::rer et::.~rtir, Sans doute" ·yahV,:(ili ouVl"e•t-il_Ies portes du ciel
permettant la libre· Circulation·, : elle exprimé l'ac- pour envoyer la· pluie; la manne '(Ps 78,z3) et

1004
PORTE PRtCHER

toute sorte de *bénédictions à la terre ·(Ml 3,rn) ; entre Dieu et l'humanité (Ap 21,12·-27 et 22,
mais depuis que le paradis. est· fermé;, l'homme ne r4-i5). JB
commuilique pl1:1s familièrement avec Dieu. C'est
~ en{ers_~•enfer - mort AT I :2- p:asteur:&_.troù-
le *culte qui établit une relation entre les deux ~eau .NT._ t - , .salut. NT I I. ,
mondes, ·divin- et -terrestre·: ainsi Jacob avait
reconnu eri Béthel. « la· porte dU ciel » {Gn 28,~7). POSSESSIONS DÉMONIAQUES-4 domoµ, NT~
L'israélite qui se-présente aux portes du-Temple mefadie/guérison - miracle_ II 2b - ~atan, n
désire s,'approcher-de Yahweh (Ps··100,4); 'mais il
entendi-a le prêtre lui rappeler Jes··conditions d'en-
POS:n!RITË ~ Abraham 1 3, .n- bé_atitude AT _Il
1 - fécond~té - femme "AT I - hérita'ge· NT I ,._
trée: la--:fidélité _àî'Alliance, _ta· justice-·(Ps 15;'.2:4; · pèrè& & Père I, II. ,
Is 33, 158;-cf .Mi_6,6-'8; ·za ·8,16s)" : « C'est ici la porte
de Yahweh;- les justes y entreront » (Ps. u8,i9S). POUSSÎtRE-+ Ad·a~ I 1 - cendre--:: ~ort.AT i i.
Jérémie,-·-de ·son:- côté:- ·se tenant â_. ces rilênies Pou\1'·01R ·~ autorité· ...... ·bêtes.&· Bête ·3 b _:.. droit
portes, déclate que -la conditiàn'··est loin ·d'être AT 't - ·pui.SSance.
remplie_: la ·rencontre de Dieu·-·est· illusoire, ,le
Temple sera rejeté (Jr 7; ~f Ez s~n).-Jérusalem
perd--sa· raison d'être. C'est en·«· enleva.nt le 'IIlal
du _milieu d'eJle » plutôt qu'en ·fermant .ses portes PRt.CHER
aux "nations- que la ville sera: sainte. Lorsque·· le
Temple·est:-détruit, Israël-comprend· ·que l'ho·mme
ne peut· moilter· au ciel; , au•ssi, dans Sa prière, Prêcher,. de nos joUrs,.c'est·aussi ·bien annoJ;1cer
demande-t-il à ·Dieu- de déchirer les 'cieux· et de révénement du salut qu'•exhorter (parakalein) ou
descendre· lui-mêmè {Is··63,r9) : qu'il prenne -ia. •eriseigner· (didaskei'n). Dans le NT en revanch'e,
tête du· troupeau et lui fasse· frarichir' les portes les verbes -kèryssein et· euangelizèsthai restreignerit
{Mi 2,12s; cf Jii 10,4). · là prédic~tion à la pi-o.clamation solennelle-' ·(kè-
,.ygtna-) .d'u'n fait : Jésus est Seigneur· et _Sauveur.
NT · Cette restriction toutefois· n'appauvrit pas la pré--
dication:' au s·ens large, ··car elle découvre ·Ja; ·source
J ~su's exallèe- ce_ désir ; à sari bap_tême, le del à· 1aquelle doiVent S'aliniei:J.ter tout' ènseignement
s'ouvre,. et· il devient lui-mêni.e la _vraie'. porte du ~- toute exhOr~tion·_.-:· _le_ message ·pascal.· Cette
ciel, descendue .sur terre (Jn 1,51;· cf q-n 28;17), proclamation a des· attaches dans l' A_T·; celui qui
la porte qlli inttod_uit àb.x ·pàtùrageS: _où les. biens prêchait alors la Plirole de Dieu était le •pro-
divins sont offerts librement (Jn ·10,9), l'unique phète : poussé par !'Esprit· de Dieu_, il annonçait
Médiateur .. :· . par ·lui ·Dieu: s~ èomiii.uniqu_e' a.Ux à ses contemporains le-jugement divin ;'sa parole
hommes,: par lui les hommes ont accès ·au Père était ·•Parole de Dieu. Dans le NT, la parole des
{Ep 2;i8; He 10,19) .. :En mêllle temps· Jésu$ tient prédicateurs ·est ·enCOl"e Parole de- Dieu, mais
la clé ·a~ David (Ap 3,7}, il pose :des· exigences:: depuis qu:e ·ceue.-ci _s'ést incamée -eri Jésus~- c'est
l'entrée dans·_Ie Royaume· dont il a reinis les clés Ie·Chiist·qui· jug'e leur.parole-et lèur existence.
à Pierre (Mt 16,19), l'entrée. dans la vie,· dans le
salut présen_téS comme ~ne. ville Qu une salle de
festin, cette entrée est' une porte· étrpite,_ fa con~
I., LE· MESSAGE ~E ~ PRÉ~IcATioN CHRÉTIENNE
version (Mt 7,13s;_ Le r3,24),: la foi (Ac ··I4,27;·
Ep 3,n),. Celui qui n'y prend garde trbuvèra la
porte fèrmée'·{Mt 25,10; ·I:.c 1J,25). ·Mais Jésus, qui Malgré· la diversité_ des temps, des ·lieux -et des
s'est eniparé de la clé de là Mort et ·ae !'Enfer allditoir_es, les prédications de Jea.D..:.Baptiste, de
(Ap 1,18); eSt .vainqueur· du 'Mal et il a doiiné à Jésus,. de Pierre' ·où de··Paul offrent. toutes .un
son Église d'être plu_s forte que les· puissances même schénia et ùnè même orientation·: appeler
mauvaises {Mt 16,r8). ' · à la èonVeisio1,1 et ·annoncer un événement.
A la fin des·' temp'S; ville et ciel coïncidêrit.
L' Apocalypse ri,ous lllontre réaliSée_s ·. les annonces l'. Appel à' ,la· conveision; - _Un llJ.êrnè- mot inau•
d!Isaïe, Ezéclµel et Zacharie: la Jérusalem ·céleste gu:re la ·prédication de- J ésu13 et. celle' de son Pré-
a douze portes; elles sont· tciUjours· ouve:,rtes, et curseur, et couronne celle des premiers sermons
cepeildant te· mal n'y entre plus·;. c·e ·sont la _paix apoStàliq'ues··: ·« Repentez-vous 1 » (Mt 3,2·; 4,17;
et la justice en plénitude; c'est l'échange parfait "AC 2,38; ·3,i:9; 5,31; 10,43;-13,38s). La vérité qui

1005 1006
PRllCHER PR8CHER

a été annoncée n'a donc rien à voir. a,vec. · une •jugen:i.ent _(1. Th 1-,10; 2 l'h-·r,7). La.prédication
: -~écrie qu'on est libre d'admettre ; elle ~equiert est. ,_es_sèntiellement .. -le .message -pascal, et par là
de _l'auditeur un _engagement, __ ca.r,.selon _leur sens révélaJion du _mystère: de, l'histOire, sainte.;
biblique, ·•Parole et· .*véri~ ont.··và.l~r _,de_ -~ie.
Toute prédication qui ne débouche .pas sur u~ 3.,_P~Ùentation, de l'événement.-;--:- P~ lui-même, le
appel à )a; •pén~t'ence· . risque de cesser. d'être kérygme eSt µne proclamation solennelle, le. cri du
•Evangile· pour devenir conférence.·· · · h~raut, qui- annonce. -officiellement, un·. fait; ,_et
,.comme c_e fait. _est la •victoire du. Christ-.sur la
2. ·_Procl~~Û~n d;~n· -évéff~nt_. :- :si' la· préd_icà.- *Mort, !'_auditeur v:-oit. _son présent aèquérir subi-
tion exige Une conversion, ce n.'_est p~: eµ vertu ,tement :Une dimensipn .. _d(éte_rni~. Cela pourrait
d'une exhortation_ moralisaiite, mais l'arce qu'elle , suffire; Ejncore fau_t-il qu,e-_}'.a.uditoire, conditionné
annonce té:vénement du sal~t.· · · ,_par ~on temps et son milieu~ .puisse c_omprendre le
Les éyangéliste9:, et plµs _parti~u~èreni~t tv;at- .~ei:;sage.___ Quand ~es ,Athéniens. entendent·· .Paul
thieu, ont voult1.montrer commen~-Jésus a, tj.ur~t (1, ann9,x,.cer Jésus et la résurl'ection,-.», .ils pensent

sa vie terrestre, inauguré là prédication aposto- à _deux.nouvelles divinités.et .Je traitent de colpor-
1ique. Le Royaume des cieux est tout_ proche »
1( . teur,. d'histoires (Ac ·r7,r_8}; Aussi PaJl} chèrche-
(Mt 4,17), proclame Jésus, à la suite du Précur- -t-il à s_e fair43 comprendre, sa'ns vouloir pour autant
seur (3,2) ; et, en écho, les disciples (10,7) annoncent justifier son message par la ,raison· humaine. Les
le même fait : les prophéties ·sont •accomplies·. .Cori~thiens ont. cru qu'ApoUoS, « homme ~oquent
Jean est la «- voix qui crie dans le désert, selon ,et ~ é dans.les JÎctjtures »-(Ae_.18,24),. était _pour
le ,prophète Isaïe »-(3,3) ; Jésu.,s s·e_présent_e corilme _cela _le_, typ_e. du p~dicateur;: Paul les d~t,rompe :
--le 'P'Serviteur qui •évangélise le$_pauvres: « Aujour- ~e, peui;- de rédu~re_à_néant_la. •Croix du .Christ,
d'hui .s'accomplit cette pa.I'o_l~-qui -v~ent.de reten- _il récuse la: •sagesse ,du Iangage.(t Co-1,17}..;J."oute
t._t à_ vos oreilles» (Le 4,17-21;_.Is. 6.1,1s).,, prédication .4oit donc signifier l'événement rédemp-,
.- '.Aù jour de PâqueS; le ..• Royaume aiµion~. _s'est teur, tout en se reridant intetligib~~- -De là. _des
_ . ~ t é .daJ:ts. la gloire 4"1- Res~uscité ; au jour variations nécessaires dans la présentation du mes-
dEI la ..Pentœôte, le_,don de !'•Esprit a.fait natti:e sage. ,
!'*Église, actualisant sur terre.le Royaume. Désor- a) L'auditoirè ·des À.pôtres, comllle celùi de
_mais- la prédication .n'annonce plus. simplemeiit Jésus, croyait en_ Dieu et en soç. d1:rssein de salut.
_un avenir .prochain, .comme au temps de Jésus; La )?rédication _prend_ donc un point de départ
elle .proclame· 11n fait -actuel qui....,montre l'Esprit- dans !'Écriture pou·r.présenter l'événemellt' r_édemp-
Sà.int à l'œiuwe, un fait qq.i renvoie à un événe- :U,ur: Comme J~~us et Jean-Baptiste; .l~ _dis9iples
ment . . passé (la.·Pâque_. du phrist) et à ..un éVéne- :y, DJ.Ontrent l',*accomp~sement ·,des prop"µéties.
m,~t futu.r.(la .. parousie__ du,Seigneµr). Les._som- Nous_ ,_sommes dans u. les· demiers Jours I annoncés
mai:rès-.des ·.premiei:s sermo:ns. révèl~t ..la nature par Jo_ël (Ac 2,r7) et pa_r tous les prophètes (3,
nouvelle q.e cet a~jourd'hui chrétien. , ,24) ; la *promesse faite aux •pères e~t .accomplie
Pierre explique ainsi que, si ·on l'entend parler (r3,33). La •croix scandaleuse a été ~vue· par
en ~langue étrangère au. jour de la. *Pen~ecôte, Pieu_ même (2,23), c'.est le « bois_ D dont parlait
c'·est· que l'Esprit est donné (Ac 2,4.n.15ss). l'AT (5,30; 10,39; 13,29; cf _Dt 21,23).; le-_sort du
Qu'il s'agisse d'un miracle comme celui de l'im- Christ avait été .anno~c,é p-ar les prophèt~s (Ac 3,
potent guéri (3,1-10). ou d'une audace surpre- 18; 1~,27), _plus :spécialemeÎl.t par le_ poème d_u
nànte ·de la part de·ces prédicateurs (4,13; 5,28), Serviteur. ·(8,32s;_ 3,13'.26), par les psaumes_ (2,25-
toujours 'la prédication met en présence d'un fait 28.30 ..·û~; 13,22.33.35) ?U- Mo~e (3,22). Le _dElypir
qui-pose. une q:uestion·; ~lle e~t. accompagnée.11_ de ,de la conv~ion est lui-_m.ême -prophétisé (2,2r.
puissance,. d'Esprit-Saint. ~t d'.assuranqe -»,-(I' 'rh 39). La_prédicati_on est donc essentiellement scrlp-
1,5). J~et aujourd'hui ·peœétuel, c~tte ?entecôte turai!'e, et la formule. «, selon les Écritures D scande
renouvelée .(Ac.10,44-47), ne Sf! justi~e à son_tour le plu_s .anc_ien Credo .(i Co ·.i:5,3s}.
que par réf~rence à un_-passé ~t à un avenir qui b) L'auditoire peut n'avoir pas connu Jésus de
tous deux concernent le Christ. Jésus est ressus- son yi_vant ; .le ïness~ge pascal s'épanouit alors en
cité des m9,rts, .il est vivà.nt : v~~ ce dont témoigne une .p_rése)ltation sobre _de _l'existe~ce de Jésus :
!'Esprit à tr_avers le,:lr!,iracle· de. la Pentecôte {_2, ainsi de:vant, le centurion Corneille. (Ac 10,37-42),
22-36),: ce-que signifie-fa. guériso:t;1. _de_ l'impotent :Pierre esquisse la,_tram.e· de l'éVangile de la, vie de
(3,1-2-16). Jé~s est ~Seigne_u_r,= glorifié__ aµ ci~l (3, Jésus. Celle-ci appartient en effet;à_la.prédication,
21) et il va en ~enir ,triomphalement .pour le mais à la. lumi~re du message ~cal.

IOO)' 1008
PRSCHER PR8CHER

c} L'àuditoire enfin· peut même 11e pas croire la :Parole, menaçant · de la -•colère, ceux qui la
au vrai, Dieu et .avoir · besoin -de connaître les refusent (1 Th _1,IO). Comme l'annonèe Q.u ,héraut
données sous-jacentes â la foi biblique.· A Lystres, proclamant et inaugurant le Règne de Dieu (Is
Paul -aborde son auditoire en parlant du « Dieu 40,9),-la prédication-est·un acte de Dieu. qui inail-
vivant qui a fait le ciel et la terre .. :·qui a dispe11sé gure··1a Seigneurie: du· Christ sur· le monde.· EUe
du ciel pluies et saisons »-(Ac 14,·15ss) ; à-Athènes, n'est pas: soumise· à l'exanien des 8.uditeurs, m.iis
il montre comment· la Résurrection du Christ est requiert l' «- obéissance de la foi » (Rm. r,5), jus-
le terme d'une économie historique-qui prend ·son qu'.à la fin du --monde {Mt 24,1-4).
point dé départ- dans -la création. et la quête
humaine: de Dieu (17;22-31)-; quant aux -Thessa- 2 •. Pat'ole de Dieu etpaYole _humaine. -- P6ur être
loniciens, .ils « ont -abandonné les. idoles pour· se sauvé, il.faut croire ; pour ·croire, il faut entendre
convertir à Dieu, servir le Dieu- vivaµt .et véri- Ja prédication ; et, a comment prêchèr sans être
table, et attendre des cieux son Fils qu!il a ressus- d'abord· envoyé,? » (Rm 10,x5). Le:prédicateur a
cité des··morts, JésuS qui nous délivre de la colère reçu de J ésU:s-Christ par son Église mission .. et
qui vient·» {r Th r,gs). De toute manière, direc- autorité.
tement ou par un Chemin détourné, c'est au Christ, a) La·*mission.seule pe:ut transformet une parole
Seigneur de· l'histoire,·-que doit aboutir la prédi- humaine.-en Parole deà.Dieu. Non point.commè_ chez
cation. l~s-•prophètes, par irruption de·l'Esprit; mais-en
:vertu 'd'une .ambassade confiée par. le Christ . :
4. De la prédication à l'enseignement. - · A partir « ·c'est comme si.Dieu-exhortait par nous i1·(2.Co
du mystère. pascal, que résume le Credo-reçu par 5,20) en vue de la réconciliation avec Dieu;: Le
Paul; (I Ço 15,3ss), et qui doit sans .cesse être prédicateur doit comme un' héraut annoncer•,avec
répété ·pour que la. foi reste correctement centrée, fidélité la Parole, aù point -que ·celle...ci aurà.it son
la prédication de'vient, •enseignement. Jésus lui- efficacité,_ ,même s'it.n'était pas désintére$_sé {Ph
même _a ainsi procédé,. quand il « enseignait » sur 1,15-18). ·:-de,toute manière le Christ è5:t,annoncé.
la m1;mtagne (Mt 5,2) ·ou. dans les _synagOgues (9, Qu'importe .donc .le serviteur par qui la foi a été
35) ; l_es disciples de. même,· selon l'.ordre reçu .du communiquée l L'essentiel, c'est le fondement,
Ressuscité (28,·2oi .Ac 4,2). Paul élabore. sqn ensei- Jésus-Christ ; le reste_ est surajouté, le feu du juge-
gnement à partir- du _mystère pa·scal, quand par ment en·éprouv~ra là va:le\lr '(1 Co 3,5-15).:'_L'Eglise
exemple il enseigne·ta •sagesse de la•°'!croix (x Co na,is~ante _se.,,montre_ s011cieu_se d'aùto~iser -la_ pré-
1,23) -ou Ie •baptême comme participation· à la ~i-~tion; tantôt elt~_confirme ,une_-initiatiye qu'.elle
mort et à la résurrection de Jésus (Rm 6). Le pré- n'a pas prise (Ac 8,14.:17; 11;22s8), tantôt -.eile
dicateur ·devient catéchiste-:et théologien, ·mais le *impose les mains aux missionnaires (IJ,2s).
théologien- ne mérite ce .titre .. que s'il se réfère L'autorité de l'envoyé vient en' outre du •témoi-
sans-cesse à la·proclam.ation de-l'Évangile pascal. gnage qu'il donne _sur le mystère pascà.l ; c'est le
témoignage des.: •apô.très'.- .'Q\(:sens· Iàrge, qui se
rattache au téinoignage unique des Douze (Ac
II-, LE· MYSTÈRE' DE ·LA PRÉDICATION 2,32; 3,15; 5,32; _ro,39.4r; 13,31), porté sur l'ordre
( ' . . du Ress'uscitf!i (1,8): Par la,-*tradition_ ininterrom-
La ptédiçation est un• mystère pal", -le contenu pue des témoins; fidèles, .la prédication ·chrétienne
du i:nessage ; _elle l'est aussi par la iorme, .dans fait réellement entendre.:-Ia Parole. de Dieµ.
laquelle ,_il est annoncé·: mystère de· 1~ -*P,a.role ·-,.b) La: •jüwtA du: prédicateur décou.le de cette
dite, mystère !'.lu prédi~teur qµi annon~e la inv:estiture apostolique;' I_J à pleine. •autorité··ct
Parole. parle, comtJ].e ,Jes premiers .Apôtres, .avec assurance
, (Ac_ 2,29;. 4;13.29.3r) .. Il dQit:tC procla~er ,l,a Parole
1. Le mystère de. la Pa1'o~e. - Si la -prédication a à:·.temps ,et .à contretemps li (2 Tm •4,2). S'il parle
valeur d'acte et_ exige un acte d~ _conversipn,"c'est , avec *c,on:fiance (t Th· 2,2; Ph. 1,20), c'est qu'il
qu'elle est. elle-même. un. acte .de Dieu. En e~et, croit (2 Co 4,.13), •-~' il ,a été,«. rendu (lapable »
au témoignage ,de Paul,--ell~ rend, les hcpm_nes d'un teJ.ministère.,(2,-16s; 3~4SS). Sinon il ne-serait
présents au mystère qu'elle annonce. Aussi 1a ·*foi _qu'un 4'a,:fi.qùant, frauduleux.-de la ·Parole .(2,-17;
peut-elle_ .naître «;le ·la prédication :•(];lm 10,1_7). l" Th.2,4) .. S~x;i_.idéal. demeure celui de_Paul-pa_r-
L'auditeur est_placé deyant le Christ mort,e:t:res- lant_.aux Thessaloniciens -: «•-Vous avez accueilli
suscité, devenu le -5eigneµr de l'histoire, disb;i- ,a-.P~I"Ole de Dieu qµe -nous vous fâ.isions entendre,
buant Jes dons et l'.~sprlt à ceux ._qui_. acçueilleµt non· co,m~e µne parol.e. ,d'.hmn:mes, mais comme -ce

1009 IQIO
PR!CHER PRÉDESTINER

. qu'elle-·est réellement, la: Parole_ de Dieu • (I Th ·1. Prédestinls par amour à dtre ses fils_· adoptifs; -
2,13). Au terme de son exposé-.prophétique_ ·_sur Je ·des-
sein de Dieu (Rm I_;,:.8); Pil.ul v:eut assurer ti~spé-
3. Prldication .et_ Y/de,nption. - Le ·mystè;re du rance des cro_yants--en leur révélant_« -~ ,sagesse
prédicateur n'est-pas encore épuisé, par la noblesse de Dieu, mystérieuSe,' demeurée .cacMe,. celle _que
dè. l'ambassade reçue. Le prédicateur· en effet es't dès; avant les siècles, Dieu a prédestinée pour
• Un u èàllaboraterir· de .Dieu » (1,"Co 3,9)··; il est ,notre-.gloire· » ·(1 Co.2,7).: « Dieù::fait tout _concou-
« emmené par Die~ dans le triomphe du Christ .11, rir au bien-de ceux qui l'aimènt,- de ceux:· qui .sont
« par lui se répand en tous lieux le •parfum de sa appelés selon soir dessein. ·Ceux qu•u· a '· .pré-
connaiSSance. ». -.Tragique ·destin du ptédicateur connus ', _il les a aussi ' pré-destinés ' à être con-
qui.•est·Ja ·«· bonne odeur--du_-_Christ'», domiant la formes ·à l'image ·de- son Fils, afin que celui-ci
-vie ou la mort. (2 -:Co. -2,145s); Il risque diabord soit le premier-né d'unè. ·multitude de· ·. frères »
d'être lui--mêlJle réprouvé (1 ·Co-'.9,27), ·mai~ sur- (Rm 8,:iSs). Dans le dessein total de,.Dieu, ·Paul
tout: il doit-partager _le sort dé Celui _dont il est discerne·_ donc deux aspects·: d'ayance ,Dieu ·con-
le héraut ; Dieu « ·accrédite ses apôtres conime les nait, œavance il destine. Ils ne -doivent pas ·être
derniers des hommes » (1· Co 4-,9) : les -~icateurs ·confondus;
de• Ja,c·cioix sont.des crucifiés vivants (2 Co 4;7- a) Seloil la menta_lité·biblique, ·la· *connaisS8.Ilce
15;,: ·6",4--10)·.. Peurraient~iJs· ·encore tirer qrielque consiste, non pas dans un acte spéculatif, ,.mais
·gloriole (cf Ac 1,i.,12ss) ?· Mais ils doivent· être d3.ns la relation entre deux êtres. Entre Dieu et
llofiers d'être ·ainsi -en Union avec le Rédempteur, certains hommes, dès avànt··Ia création, existe
.victime expiatoire (sens probàble de I Co 4,x3), dans la pensée divine une· :relation d'ainour :· ils
et de constater que sï'Ja·mort fait son·œuvre en SOil,t· «- connus_ de· lui )) (r Co _S,3; (;a 4,9; cf •Mt 7,
euX;fa Viè l'accomplit en-ceùxauxquels ilS prêchent 23); On peut établir une . équivalence ·entre_ cette
(2 Co -4·,1.2).· Alors ce n'est plus simplement la prescience et l'élection-: ce·, sont ceux CJ.ue « Dieu
parole _du prédicateur qui est Pal'ole ·de Dièu, c'est .a choisis dès le· commencemen·t » (2 Th 2,I3),
sa vie même_ ·qu~ est" le mystère pascal en acte. it' les élus selon la prescience de Dieu le Père »
JA &XLD (1 P. 1,t5). A rorigine de la Pfédestination, il y ,a
7 'Apôtl'.eS -: de~sein .de -n_i~- NT Il, Ill ~ e~i- · donc cette prescience, cette. •élection.
b) Or, vOici le s_econd aspect dri 'dessein de Dieu,
gn,er - Évangile - _e~or_1:er - foi ljT Il 2 - mis-
sion NT Il.1,.III 2·.:.__~arole de Dieu_NT.11·1 -
l'électi\;)n est faite en ·vue d'un. but,·. d'une· ·desti-
RésÙrreètion·NT I· 3 :_· royaume NT I - témoignage nation 'précise; Posée elle aUssi .4ès le· commence-
III 1. . . . . . . .. . ment; Celle-ci peut. être dite « prédestination n.
Mais:l'on·-ne peut la- comprendre, en, remontant
ainsi à l'origine,·que parce que l'on.connait main-
. tenant la :fi.il des temps· :· le .sacrifice rédempteur
PRÉDESTINER a: valu la *récoriciliation avec• Dieu et l'adoption
filiale : « Dieu nous a prédestinés, selon son bien-
veillant-vouloir, ·à être ses fils.adoptifs par Jésus-
, C'est-dans le NT.seu1emeD.t c,tu-'appa:raît-le verbe Christ » (Ep 1,5). Tel est le ·context_e où se situe
«prédestiner» (firohorizd), une•fois'dans l'es Actes Ia_.théologie·. pa_ulinienile ·: bienveillance (Ep- 1,9),
(Ac 4,~8), cinq fois che~· Paul (Rm 8;29.30; 1· ·Co •gfâèe (Rm_ I_I-,5: Ep 1,6s;. 2,5ss), ·•miséricorde
2,7; Ep ·1-.-5.n). Le substantif « prédestination_ 11 (Rm· n,3ôsS; Tt 3,5), •amour· en'fin (r Th 1,4;
n'est·: pas- employé; à la: -différence d_es termes 2 Th· 2,13; Rm: n,28; Ep 1,4). Si donc êke ·pré-
cbmme- '.« plan/· dessein· w- -(boulè;'- "prothesis), pres- destiné, c'est être aimé de Dieu, il n'y· a: rien
cience (Progn6sis), élection. (eklogè) : :tout se: passe d'effrayant dans ce mystère; au contraire, l'ho_mme
comme si, dans notre Cas,- '•Seule l'action: divine ·a 1a··jOie• de connaître, -non seulement l'origine,
im:È)ortait, et noll.- pàs ncitre ·théorie._ En ·toute rn.ais·auSsi le terme du-dessein de Dieu. L'histoire
rigueur,· on pourrait dire· qu'il n'y a .pas dans la religieuse prend son sens·: les élus« ont été d'avance
Bible, une dod:rine·réfléchie -de'· la prédestination. p~~pàrés··I!our la gloire n-· (Rm ·9,23).
Paul cèpéridant a fait de·'cettf: activité divit1_e une
pièce·-importa·nte de son -intelligeneé du-:•dessein :2. PYldestinéS dans ..,la liberté. ' - Paul décrit
de .. Dieu.--C'est priùrquôi il convient-d'exposer sa eiisuite les deux _étapés temporelles· du d_essein de
pénsé·e àvant d'en chercher les présupposés Dië_U : \i Cetix · qu 'if a prédestinés,· ·il les a aussi
bibliques et les·-équivàlènces •johànniques. aPpelês; ceux qu-'il a appeléS, -il les a aussi'" juSti-

IOII IOI2
PRÉDESTINER P~DESTINER

.fiés ; et ceu_x_ qu'_il a justifiés, il les a_ aussi. glori- pratiquio~ •· {Ep 2,10). Tout _se passe ·donc ici-
fiés. Il (Rm 8,30). faisari_t _suite.à l'acte de_préqes- bas comme si· la liberté ·humaine ·consistait à rêa-
tiner, ce sa.nt,'. dans le temps présent, la *vocati_on liser dans le temps. ce <J.ui est .pourtant prévu. de
concrète _et ,la *justification, puis~. _dans le temps toute éternité.- par Dieu. Tel est le schéma apoca-
à venir, .la *glorification. 111s~é _dans le mystère lyptique de *rév~lation que la mentalité contem-
de Dieu, PaÙl expriffie sa cet"~itude absolue èn poraine ne confondrait pas avec -le fatalisme si
utilisa.D.t ·des verbes_ a:u. pa~. Laissons._de.côté elle reconnaissait en Dicu_la.priorité._de l'amour.
les nuances-qui distinguent_ . ces deUx 3.ctivités, _et
exa~ons la _situation .9ù. nous place ,Paul :Tout 3. · A "la Sou-rce biblique de ltt pensle.paulinienne. -·-
est purement l'œuvre de Dieu ·: 1C C'e~t dans -le Dans-I'AT se trouve déjà énonqé-le fondement
Christ que, prédestinés d'après le plan (prothesis) de la prédestination, ·à· savoir l'activité -de -Dit-'1.1
de celui 'qui .a accompli tout selon le dessein qui.« pré-,voît-» tout et coopère à.-tont..En effet,
(boulè) de sa volonté,. nous avons été choisis tout vient du Seigneu-r (Sî. n,4),._mêille le ·malhe"Qr
comme· sa part » (Ep ·1,11). (Am 3;6; 1s 45,7). Dieu -a depuis ,toujours un plan
Or, dans ce dessein, qU:e devient 1a·· *libèrté de (Is 37,26), qu'il réalise au cours de rhistoire (Is
l'homme-? Elle semble exclue, et ·Pa"Ql-. déclare 14,24) en des temps fixés {Ac 17,26.31). Dans ce
d'ailleurs : « Mais alors, diras-tu, de qu9i_ {Dieu] dernier -texte .est utilisé le verbe· simple horù:_ô,
se plaint-il encore ? Car enfin, qui résisterait à •qu'on retrouve à propos de.l'acte-par lequel Dieu
sa volonté ? » (Rm 9,19). Le problème, il est a constitué Jésus, Fils de Dieu _(Rm I ,4) et juge
vrai, se présentait à Paul en fonction, non des · souverain- (Ac 10,42). 'Rien ··n'arriv,e- qui ne soit
individus, mais de. tout le peuple d'Israël qui prévu ou décidé par Dieu {Ac 4,28; cf Mt 25,4-1).
refusait le Christ. Et il le résout finalement en Dieu -a tout, disposé,- :préparé en faveur- de :ses
faisant appel à la •sagesse- mystérieuse et inson- élus (Mt 20,23; 25;34) .. Point·de hasard incontrôlé
dable de Dieu, devan~ laquelle le croyant doit par Dieu (Pr.16,'33),.car a Yahweh fit toute·chose
s'extasier et se taire. Toutefois, si Paul distingue en. vue d'une·fi.n » (16,4). Mais toutes ces,affirma-
nettement deux .fractions dans l'humanité - les .tions concernent la prescience et la •providence.
élus et. les_ S.uti:es -:--,. il ne·.1es situe pas de'nlême Pour aller jusqu'à.la prédestination, il"faut davan-
da~s: le_.. plan de Dieu _: tandis, que les élus sont _tagè.
« préparés _d:avance pour la gloire » (9,23), .les Une croyance la prépaie-de--plus près.:. celli:: de
autres ont été seulem.ent trouvés Il ,tout prêts .-l'inscription au· *Livre ·de vie. Non·.pas le livre
pour la perditiqn » (9,2~). Dieu.ne prédestine pas des comptes où sont,enregistrées les bonnes œuvr~s
à la perdition.,. · en .vue.du ·•jugement :final (Dn 7,IO;· Ap 20,12),
Paul: se place donc dans une , ~pective. que mais le,livre préexistant-dont..parle le psalmiste:
nous-_faisons diffi.cilem®t nôtre .: nou~ _pensons à: Mes actions, tes yeux les ·voyaient,.·toutes--elles
aux individus, .. il consjdère-Israël ;. pour lui, les étaient sur: ton livre ; -mes jours, inscrits ·et définis
figures. ·de l'Histoire sainte·.--:- Esaü ou :[>haraon avant- que pas un d'eux n'appa.l'iît " (Ps 139,16).
(Rlll ,9,13.17) ,• ____; sont des prototypCS; dont le 0n pourrait. l'intituler «· Livre· des prédestinés· » :
salut. personnel ;n'est pas en. caus~. Le. problème a .. Et les habitants· de la terre dont le- n0m ne fut
du rappo.:r:t des deux activités, ·divine et .hu_maine, pas inscrit, dès !'.origine· du monde, dans le''Uvre
n'est d9n~ pas :,;ésql~ ici. Il trouve cependant une de vie s'émerveQ!eront au ,spectacle de la, Bête »
ébauche de solution dans la manière sereine dont (Ap 17,8;· cf 13.,8;- -Dn 12,'1) .. Jésus part;age ·cette
Paul -affinÙe; ·sans.y voir de con-i:ra_diction, et l'une conviction·.:.« Réjouissez-vous·de ce que vos •noms
et l'autre. Ainsi,. quand il juxtapose_ l'indicatif._de se-trouvent _inscrits dans les_cieux-» (Le :rn,-20) .. ·
situa~~>n (par_ lequel i~ a ~ e Un .état de. fait) et Pour rejoindre Paul, il man·que une seule chose :
l'impératif de_. conduite ·.(par lequel. il énonce· le le .salut accompli par Jésus. Faisant accéder-à la
devoir d'agir} : « Vous êtes.morts dans le Ctirist; fin de l'histoire du salut, Jésus permet-de remonter
donc. mourez 1 ~ ,Un problème, de--Iangag~·.se pqse à son. origine et -de· tracer 'avec. précision· la pensée
pour_.nous, ~Ol_l ,pour P,aul _qùi peu~_ dire :_ H Tra- de .Dieu qui~. dans son amour, prédestine ses; élus
vaillez avec crainte et trembJ_ement à 3.CCX)mplir à être conformes à l'image de son Fils;
votre •salut:· aussi bien est-c·e Dieu qui pi-od_ll~t
en vous et le.vouloir et le faire, en vue de sa bien- 4. :fiqui~alences johànnilJ~es. ~- Il. s~t toute-
veillance» (Ph-2,12s).« Nous·.sommes son ouvrage, fois surprenant que la,pensée paulinienne ne trouve
créés dans le-Christ Jésus enyuè.des bonnes Œuvres pas. dans les évangiles quelqu·e correspondance qui
que Dieu a_prép~s d'avance p_~ur q,ue nous)_~s l'autorise davantage._ Nous ne parlons pas ,du ter.-

1013 1014
PRltDESTINER PRÉMICES
roir .biblique dans leqùel la .pensée de 'Jêsu's s'en- le ·préfixe a pr_é- », SOuv'ent ù:tilisé pour "fqnner les
•raciil.e elle-.même : ainsi quand il évoque le. Livre termes ·de ·cette Pr<)blématique· (cf. pré-destination,
des pré_destinés··(Lc. 10_,20) ou quand: il _utilise le p~science1 pré-vOir, _p"ré"-lcOnnaitre, pré~dilec-
langage de- la connaissance· pour _:signifier l'•élec- tion: .. ), manifeste· ,seulement l'effort. de-l'homme
tion· · (Mt 7,23; 25.:12),- De façon _plus ·explicite, poui __ . dire que l'iriitiative· ne _·vieO:t- pas·. ~e lui,
chez Jean, c'est· le Père· '!ai '!'donne au Fils les mais _de_ Dieu. Ainsi_ transposé·. en termes_ 'persan-
croyants ·un 10,29;·- 17,2.6.9.24) ·; «· Nul ·ne peut .· nels_,'. le_ laiigag~ :temporel . trouve ·.son· vrai sens,
venir' à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire n celui :qu:•a ·si ~ien exprimé Jean : a Quant à nous,
(6,44)i Ici,se··trouve posé le:-problème de 1a pré- aimon's,". pµisque Lui nous ·a;: aimés le premier ~
destination appliqu_ée-' ·aux individus, et bon pas (I Jn 4,19)_' . . · . ,XLD
seulemetit au peuple. -Le croyant est inséré-dans
un moride qùi l'enveloppe· et. l'invèstit:.de toutes ~ amour ~ connaitre AT I , - ·dessein de. Dieu -NT
.parts_. $eut_ échappe. à .l'impressfo_n•.de fatalisme III. I - don. 0 -- élection .---<grâce II -:3 -:-- libération/
, celui .qui recoilllatt urt · amour universel à l'origine liberté I - livre III - Providence I - sagesse AT
du comportement ·.divin (3',·I7: 1.2,47). · ~II ::--: . :vocation --:-- .volonté_ de Dieu,
· PRÉEXISTENCE ~ ··Ascension: Il I -'- Jésus-~hrist
. 5. Langage ee interprétàtion. -Ce-langage biblique, li ·J d. 2 a_.
cohérent -et .ré_cori.fortant, est-il, de. nos-jours, tout
à -fait intelligible·?.- Le "lecteur ·contemporain
-achoppe ·à l'imprécisiOn·· de ''l'hébreu' biplique qui
ne distingue pas·- clairement entre finalité et con- PlŒMICES
·sécution :· en disant « Dieu ,veuf:», rhébreu· peut
signifier, non·,pas une volonté:mais :une permission
(a, il laisse faire·»). ',Mais cette remarque:·:gramma-
tica.le laisse la porte Ouverte â des interprétations
arbitraires ·et édulcorantes.- Il faut en outre avoir 1. La loi. - .On ·appelle prémices (hb. bikkurim,
levé· deux diffi.culttfs majeures. La première, extrin- rac. · bkr, naître ·avant) des , prélèvements opérés
sèque, provient de ce que nous n'arrivons guère·à sur 1es Kpremièrs li produits du sol (hb. r4'SU, gr.
penSer le-problème de la-prédestination en termes apat'ehè),. que l'on considérait comme les « meil-
de peuple d'abord.,. et non d'individus :- c'est ainsi lètlrs » de.la récolte. En 'Israël, è:omm.e_ chez d'autres
.que les paroles ·dures _de Paulidans l'épitre -aux peuplés (Égyptiens,· Babyloniens, Grecs, La.tins),
Romains ont suscité de. si nombreuses, en:eurs, et on offrait ces primeurs à la div_inité. La loi
ciausé parfois le désespoir, conduisant à se· croire, hébraïque détermina·. peu à 'peu l'obligatfon, les
selon le ·mot malheureux de saint Augustin, « .pré- inodalités dè cette _oblation -qui, à l'origine, s'ac-
.destiné à la ·perdition éternelle a. ·Plus. profondé- complisSaif· libreriient et-.sans rituel-précis (Gil 4,
ment nous oubll_ons ·souvent· que le: langage,(;le la 3s); On peut suivre les étapes de cette évolution
Bible' se sert, pour, exprimer une expétjence 'reli- dans des textes d'époques différentes :: off~de
:gieuse, •de catégories. spatio-temporeU~; .et _p~te de a rabbndarice . dè l'aire et du ·vin· nouveau li
ainsi:·à Dieu des ·comportements. humams, Énger (Ex 22,28), du"i meilleur des ·prémices dü' ter-
ce langage en doctrine,-.métaphysique, c'est éter- ·roir »· (Ex 23,-19, ·cf 34,26) ; -d~ript~on d~aillé~
niser ce. qui est es~tiellement temporel. - deJa cérémonie ·en Dt 26,2;.,; extension de- la 101
Dire : « Dieu prédestine les·.élus à être ses -fils auX produits travaillés_, ·tirés des· fruits_ (Nb 15,
adoptifs ,-,i,- c'est employer.· un lan~age · anthropo~ 20;·Ez 44;30; LV 23;17.20; cf,2 R 4,42; Dt-18,4;,cf
morphique.: ce n'est p~ affirmer_ pour autat1,t ·que -·rb:1,6)::La législation sacel'd~tale·mentionn:e deux
Dieu -est lié aux catégories qui,· s~ctùrant la offrandes -·plus· _solennelleS, ·celle de la _pre~ère
condition humaine du langage, tentent œexprimer geibe d'orge au collrs de la _semaine •pascale
'te.jeu :de -notre liberté... Ainsi, vue .à travers le '(Lv ·i3,IOS};' celle des prémices·de la moisson _ du
prisme de· notre temporali~, la pré-dilection· divine ·blé lors de la *Pent"ecêite (Ex' 34,22; Lv· 23,'17),
ne peut màntj_uer d'apparaître comme ~ne·« 'pré- appelée ,pôur ·cette iaison a jour des prémices »
destination » impliquant même le. re1et et la (Nb 28,26).
méconnaissance de ceux qui n"e sont pas- élus., :
mais ce ll•est la qu'une manière de parler;. une 2. ·Ees aSpeèts du rite
tr~sposition-dans l'espace et le temps 'd'u»:e.réa- a) Le· rite liturgique ("sacrifice _en Lv ·'2,I2)
lité qui .n'y .est; -P~ soumise. Dans ces conditions, J>rés'ente · 'une signification: complexe. L'offrande

IOI5 1:016
PRÉMICES PRÉMICES

équivalait à .un geste de reconnaissance envers se distil;iguera nettement des prémices «;:t consis-
Dieu, maître de.la nature et. source de :toute fécon- terc,1. -en -,:µne redeva~ce d'u11 dixième sur les fruits
dité. La profession de foi q1;1i, . selol!- D_t 26,3, de -là terre· et du troupeau. -..
exprime le sens cle la c~~onie,- ajoute _µne;; p;ré-
cision -importante. Elle,. contient. une référence
explicite à :la sortie _d'~gypte _et.;à_l'~trée.e~.pos- II. LEs PREMIERS-N-És
sessiori du. pays d~ Can_aan_: u :Voici ._que._j'appo;rte
maintenant 1~ prém;ice~_des .produit5.de la ~!TC L'offrande des preJlliers-nés des animaux (beko-
quç Yahweh_·m'a donn~e ~- (Dt.2!5,1_0), L'.i;>ffra11de rim) ·et des hommes, c'est-à-dire « ·tout ce qui
de l'H~breu est une_,.réponse_ à: ~a libéraJ,ité_.d,i~ne ·ouvr~ le sei_l]. »,. est_ urie application p~rticulière
au cours de l'histoire . .Le *don de.. DieU :appelle de la loi sur les: pr~mices. ·Le code de-,l'alliance
le don de ,.rholllme:. Principe d.'une· portée ,uni- prescrit de u *donner )1 à Yahweh le premier-né_-de
verselle. ._ , l'h0;mme et ceh1i._ du _gro_s_ ~t du_ petit. ,bétail .(Ex
b) Ul rite comportait un autre a5pect ; la ~n- · 22,28s). Le COde cultuel ei:f "assigne la raison :
sécration _à Die_u, de la. primeur _des f_ruits "'sanc- a Tout être sorti le premier du sein maternel me
tifie toute .la récolte, car la partie vaut pçiur _le revient : tout mâle, tout premier-né de ton petit
tout (Rm u,16). Ainsi, par ce g'.este symbolique, ou de_ ton gros b~tail )) (Ex 34,19). ·._Mais, comme
les biens .terrestres dans leu_r ensemble pa5Sent de pour les prémices, un motif historique se superpose
l'ordre," profane: dan's .le 9-0m~ine. du· sacré; Des ~u .principe fondamental de la souveraineté abso-
11<fruits sanctifiés_· pour .\ln__ peuple sainf ! L'idée lue ·de Dieu : le'don' s'adresse au Seign~ur, libéra-
qu'une partie consacré~. ~xerce su_r la masse .une teur.. ·._de _son peuple .et il ·perpétue le _souveÎlir de
influence sallctifiante se retrouvé ailleùrs dans la la nuit où Y8.hweh«·fi.t périr tous les premiers-nés
Bibiè, transposée_ ~uI' un plàn. sup"érieui.: Ainsi, au Pa.Ys' d'Égypte : ·ceux des ·hommes e-i:·_ceux du
Israël' (Jr 2,3), les chrétiens_ (Je ,1,18}; et spéciale- bétail·» (EX 13,15)'. . _ . . .. .
ment les premiers conv:ertis (Rm 16,.5; 1 ,Co.. 1.6, Si _la lcii _vise à la ·fois les premiers~nés du trou-
15)_- ou -les vierges ,(AP,., 1414)'; sont COI~parés .à des Pe_atl et ceux de .l'homme, elle_.se réalfse· di-yerse-
prémices pré"tevé~ sur la masse_ et offèrtes, à Pic,:.u mënt. danS. l'un· _et l'autre cas. On. sacrifiait ·(Ex
ou au Christ.· Dans. le plàn du salut, une élite 13,i.5; cf'D_t 1_5,20;·:Nb '1.8,r:7)' _ou_ ()Îl -.5upi,drria.Jt
consacr~e; 'jqµe un i-6i.e actif· _dans la. ~aIJ,ctifica~ (Ex_ ,_13,_13; 34,20; ·Lv _27;27) tout premier-né' _des
tian du .~onçl.e.. D'après 1 Co 15,'20.23, le Chri&t ·animaux·. QU.a~t !1-U· premîer ,enfant, l'homme ·~e
ressuscite· comme _t< p;r:é,mices » afin que t(::ms .ceux «, _donne », c'es~~à-dir(;l,. selon l'exégèse de ·E:x B,
qui dorment le suivent- dans fa gloire. Il est pos- 2, _le ((,consacre'» ·au_ Seigneur. Coffiment, ?. ·_On a
sible que Paul, en Col 1,15ss, s'inspîre de Pr 8. p,ensé à l'a ciîconcisï'on.' La coutume . barb_are _de
22 où la Sagesse divine est appelée « prémices » l'imm,olation des_ enfc,1.llts; attes'tée par les. fouilles
de l'œUvre ou de la puissance divine. Dans l'ordre de Gézer et de Taallnak'. à co,nduit'.~ertains auteurs
de la création, comme dans celui de la rédemp- à admettre aussi l'existeD.ée de tElls · sacrifices· en
tion, _le Çhri5:t réalise _les Ç_eux, asp1::cts .. con~enus Isr'àë1. oll lès· aurait Considérés primitivement
dans la notion de.- prémices,: priorité et in:fluen:ce. comme· légitimes. Il e'st' certajn•'que'.;' so_us_ 'l'in-
L'image_.éyolue C:ll!- ~-m 8,23 _où Jes prémic"es_.-.d~ fluence phénicienne, ces pratiques s'intrci(h.iisireht
l'Esprjt désignent l'anticipation et la _garantie dU dans le peuple (1 R 16,34) à une époque de syn-
salut :final qes chré"?ens. crétisme religieux. Achaz a fit passer son fils par
le:·feu »,. (2.- R·.. ·16,3) ; M,anassé l'imite (2. _R 2;1,6) ;
3. La· dim/- .L'Aî as~Ocie ~-Où.vent.aux prémicés Mi .6,7· fajt·.allusion à cet .usage_ çruel. ·Majs le
la dîn?:e (hb .. :.ma'asér, raç. ct_.dfa », ·oµ, peu_t-êp-e, rituel israélite condatnne express.éme:i;it cette'. ab_er--
à l'origine, u. litiatiori »),._La_,plus ancienne légi_sla- ration (Dt 12,31,; ·18,IOss; Jr 7,31; _19,5; 32,35; Lv
tion ne mentionne pas_sette coutume' {~x 20--:-23) 18,21; 20,2ss). Certes, le Seigneur a droit aux pré-
pourtant en usage--dèpuis longtemps (~. 4,4; cf mices de la vie (Gn 22,2), mais il refuse le sacri-
Gn 28,22)._ La dtÎne· s~ble .d'abord se cOnfonâ_re fice des fils d'homme : les premiers~nés ne .seront
avec. _les pré~i.ces (Di. 12,6.ù.1_7; 14,22)_; d'iutre pas immolés -niais i'aclletés, Le ,récit-·du -sàcrifice
part,. dans certains . textes .?,rdifs _ (Ez -.44,30; Np d'Isaac illustre la loi du rachat-substitution pres-
18,12::_.), l'aspect sacrificiel de l'of(rande de5;_ pré- crite. par Ex _13;13; 34,20. _Plus .. tard, ce .. rachat
mices .s'atténuè : olli tend. à- réduire lès_ j>r~mices sera assuré• par . les lévi~ qui. -tie~dront la plaçe
à u_n imJ)~t s8:cré_au .bénéfice, ·du ,cler~ _(Ml f des premiers-nés (~b-_3,nss;.. 8,16) ...-Le· Jolll'. vien-
IO; cf-Si 45,20; Në I0,36;· .. ). Finalemellt, la, dîme dra· où Jésus, prémices .de .l'humanité, s'offrµa à

1017 1018
PRÉMICES PRÉSENCE DE'- DIEU

son -Père par les mains 'de Marie (Le 2,Z2ss) ; il peU.ple, il- révèle son *Nom et le Sens'.- de ce Nom ;
donnera alOrs leur pleine ·valeur aux pl'esèriptions il lui _garantit ainsi· que -te· Dieu de ses Pères sera
de l'ancienne loi. ' CH avec lui, Comme il' a été aVec·eux ;·•Dieu en.effet
se·nomme •Yahweh ·et·se_dé:finit•ainsi: « Je.suis
-?-don AT z - espérance NT Ill - fruit II - nou- ce_ que je Suis·· »·; ·c'est-à-dire· je suîs · l'étei'nel,
veau I - pain-Il z -.Pentecôté I ,l- - repas II.
· i,mmuable et fidèle ; ou" encore_ : « Je _suis_ celui
PREMIER • Adam - chercher III - Dieu AT I - ·qu_i est»,_ qrii_ ·est _là, to11jollrs 'et ·partout, miirêha.nt
nouveau. Il .2· ~ prémices· - Résurrection. NT .I 4, _avec·sqll·peuple '(3,r3ss; '33,-1_6). ·La :pro~e_sse de
Il o ~-temps AT Ill 1 - tête. cette présence toute-•puissante, faite -lors de l' Al-
PREMIER-NÉ ---+ Jésus~C'nris.t II t d - naissance ' liance·· (34;9s); est· renoU:Velée· auX envoyés par
(notivelle) 1 - •Pâque I 2 ~ prémices II -- Résurrec- qui ·DièU . collduit son peuple : Josué et les Juges
tion NT, I. '(Jos 1,5;·Jg 6,16; I ~· 3,19)~ le$ rois et les pro-
PRÈSBY,TRE • ministèr~·II, -~ saî.::erdo~e NT_ III z. phètes (2- S 7,9; 2 _R 18,7; Jr 1,8.19). _Significatif
également est le noni de l'enfant -dont: Isaïe
annonce la naissance ·et dont'-dépencl le salut. du
peuple_: Emmanuel, c'est-à-dire (i° Dieu ·avec nciùs »
. PlŒSENCE DE DŒU (Is 7,14; cf Ps 46,8).
Même lor'sque 'Dieu· <l.oit châtier son peùple par
Le Dieu,'de la Bible_ n'est 'pas :5eulemei;it le Très- l'exil; il ne l'abandonne pàs ; -de ce ,-peuple· qui
Haut, il est le. tout proche· (Ps' n9,151}; il n'est r~te son serviteur et son · témoin' ·ers ·41,Sss; 43,
pas :un 8tre suj>rême :·que sa ·petjèc~oD. isole;itait Ioss); il'demeure le'*pasteur (Ez 34,i5s.31; 1s 40,
du monde, mâ.is pas davantage U'.!J:e ~alité qùi se 10s), le ·•roi _:(Is· ·52,7), !'"'époux et le •rédemp-
confondrait avec le monde. Il est 1~ Dieu ·.créa- teur· (Is '54,5s; 60,_16) ; 'il 8.nnolice donc qu_'il va
teur présent.à son œuvre (Sg 1i;,25_; ROl 1,_20), le le· sauver gratuiteµlent par_ fidélité à ses· •pro-
Dien Sauyeur pi;-égent à son ·peuple, (Ex Ig_.4~), mesS~s _(Is 5:i,3.6L que sa •glo~r_e va: rentrer dans
le-Dieu Père préserit à son··Fils (Jn 8,29) et à tous fa ville- sainte dont, le· nom sera désormais a Yah-
ce,ux qµ~ viVifie I'&Prit de son Fi•~ et qui'l'aiment -~eh est là ii_: (Ez·_ 48;35)',. et ·qu'aiJ15i· il manifeStera
filialement (Rm 8,14.28). Il est présent à. tous les sa présence· à toutes les .*na,tioils (Is 45·,14s) et les
temps, c_ar il. domi11e __ le_ •teiµps, _lui. qui__ est _le rasseniblera à J~rusalem dans_ sa lumière (Is-6o);
Premier ,et ,le Dernier (Is 44,6; '48,q; Ap' 1,8_.1_7; enfin aû dernier Jour, il serà présent Comme •jüge
22, 13) _. La . présence de_ .Dieu, .. pour . ê1;re réelle, e~ roi UniV'er~l, {Ml 3;1;·- z,a _14,5.9).
ii'.est_ cepe_nd;ant pas 'm:a,~elle,; si elle se mani~
feste par. des signes .sensibles, __ eue demeure_. celle ' .- '

_d'µn· être spirituel dont·. l'amollr enveloppe sa. II. LEs· SIGNES DE LA'.-PR:iSENCE DE Drnu
créa~e (Sg_ n,24; Ps _·139) et Ill,. vivi~e. (Ac 17,
2-5-28), d<;>nt ·.l'_amoui: _veut se coinmuniquer à
l'homme et faire. de lui un témoin lumine:ux ~e .Die"u· se manifeste paT des •Siglles divers. La théo-
sa présence (Jn 17,21). phanie_ du; Sinaï: ·suscite lâ •crainte ·sacrée ·par
l'*orage, le tonrierre, le. feu et le vent (Ex' 20,
·18ss) qu'on ·retrouve dans d'autres interventions
A.T divines (Ps 29; 18,8-16; îs '66,15; Ac 2,1ss; ·2 P
"
·Dieu qui a créé· l'homme Veut lui être présent:;
si, par le péché, l'homme fuit cette présence, l'ap-
3,10; :A,P _II,19). Mais Dieu_ apparaît aussi dans un
tout autre climat; celui de la paix de l'Éden où
pel divin continue à le po'ursuivre· à travers l'his- squfflè une _brise légère (Gn 3,8),. _lèrsqU'il_couverse
toire·: a' Adam, où ès-tu?;» '(Gn 3,8s). ' avec ses amis, Abraham (Gn -18,23-33}; MOïse
(Ex 33,u) et Élie (1 R 19,bss). ·· · · . · ·
Si .lu~11:eux qµe soient_ d'àiileurs les ._signes de
la présence divine (Ps · 104,2), Dieu s'ènVeloppe
I.· LA PROMESSE DE LA PRÉSENCE DB DIEU de· *Illystère; c_'es_t daiis une ·colonne dé •nuée et
!le •fèu• (lU'il gui~e SOJl peuple' au· désert (Ex ·13,
·Dieu se manifeste d'abord à ·des privilégiés qu'il 21) et qu'il •demeur~ au. m_meu de lui, remplis-
assure de· sa :présence : aux Pères avec qui il fait sant _de sa' •gloire la Tente· Où: est l'arche d'alliance
alliance· (Gn· 17,7; 26,24; 28,15) et à-Moïse qui a. (Ex 40,34)_ et plus. tard le Saint dès Saints (I R
mission de- libérer- ·son pellple (Ex 3,12). A ce 8,xoss). · ·

101:9 io20
PRESENCE DE DIEU PRÉSENCE . DE - DIEU

•saint, l'homme. prend conscience. de son ~péché


{ls" 6;1-5), -d'une corruption que. -Dieu seul peut
JII. LES CONDITIONS DE LA PRÉSENCE DB DIEU guérir (Jr ,17,1;14).· Que Dieu Vienne changer le
•cœur ·de l'homme, qti'il -mette en lui sa· •loi. et
Pour àvoir ;wcès à Cette mystérieuse· Ct-·'sainte son.-*Esprit .(Jr 31,33; Ez 36,26ss) 1 Les· prophètes
présence, il ·_faut 'en app,rendre de Dieu les coil.di- annoncent· cette rénovation, fruit. d'une· •alliance
tions. · ' nouvelle qui fera du *peuple sanctifié l'habitation
de Dieu (Ez 37,26ss). ies sages, eux .aussi, annon-
I, La ·t'echerche· de Dieu. - L'homme doit :répondre cent que Dieu va envoyer aux hommes sa- Sagesse
aux signes que Dieu lui fait; c'est pour cela qu'il -et son.- Esprit-Saint, afin ,qu'ils connaissent sa
lui rend·un *culte en des lieux auxquels s'attache volonté et deviennent ses amis en recevant en
le souvenir d'une manif~tation divine, tels Ber- eux cette Sagesse dont la: joie ·est .d'habiter parmi
sabée ou Béthel (Gri-.26,23ss; 28,16-19). Mais Dieu .e,Jx (~ 8,31·; Sg 9,17ss; 7,27s).
n'est lié à aucun lieu, à aucune demeure maté-
rielle. Sa présence, dont l'*arche d'alliance est le NT
signe, accompagne le peuple qu'elle _guide. à tra-
vers le désert ·et· dont elle veut faire- sa •demeure I. LE ooN DÈ LA "PRÉSEN~E EN.· Jlisu:s
vivante et sainte (Ex 19,5; 2 S 7,5s.n-16). C'est
avec la· descendance de David, dans sa- •maison,
que Dieu veut,·habiter. Et s'il accepte ·qu'un Par sa venue en la Vierge Marie,· !'Esprit-Saint
•temple. lui· soit bâti par· Saloinon, c'est en ·affir{ accomplit le *don promis à Israël : le Seigneur
ma.nt que ce temple eSt·impuissant à le contenir-' est avec· elle et Dieu est avec nous (Le 1,28.3s;
(1 R 8,27:·cf Is 66,·I)-; ori le trouvera-là, dans·la Mt 1,21ss). Eh effet .Jésus, le ·.fils de David, est
mesure· où on. y invoq\lera ·son •Nom eii. •vérité aussi le Seigneur (Mt 22,43s p), le Fils du Dieu
(1 R 8,29s.41ss;- Ps· 145,18), c'est-à-dire ·où on y vivant (Mt 16,16)·,dont la présenœ·,est ·révélée
cherchera sa présence par un culte véritable, aù.X petits (Mt II,25ss) ;·. il',est le Verbe· de Dieu,
celui d'un cœur· fidèle. venu dans la· chair- habiter ·parmi- nous -(JtÏ 1;1_4)
C'est ·pour obtenir un' tel culte, en éliminant et rendre présente ·la •gloire de son -Père, dont
celui des ·>hauts lieux· et sa corruption, ,que - la son ,corps est le·-vrai temple ()n ·2,21). Comme
réforme ,deutéronomique prescrivit de mollter son Père, qui est toujours. avec lui, il se Dom.me
trois fois l'an en *pèlerinage à Jérusalem et de ne « Je suis-» (Jn '8,28s; 16,32) et donne sén· accolll-
plus sacrifier ailleurs (Dt 12,s; 16,16). Cela··:_ne plissement à 'la promesse, de -présence impliquée
signifie pas qu'il suffit de monter•àu Teinple poùr par ce·•nom: ;·.en-foi, en ·effèt, ·est 1a·•pléilitude de
trouver le Seigneur; il faut encore que le culte la divinité-(Col 2,9): -Lorsqu'il a·acheVé sa mission,
qu'on y célèbre exprime le respect diî au Dieu il .assure ses disciples que, malgré ses *adieux,· il
qui nous..voit•et·Ia:•fidélité due au: Dieu q'ui nous demeure avec eux (Mt 28,20; cf Le 22,30; 23;_42s).
parle (Ps 15; 24) ...Sinon, ·on est loin de lui par
le cœur (Jr 12;2),· et Dieu abandonne.•le -temple .- ' .
dont- il annonce la destruction·, parce· q_ue les
Il. LE M;Yf,;TÈRE DE. -LA PRÉSE~CE .,D:ANS LiESPRIT
hommes en ont fait une. caverne de'.voleurs (Jr
7,1-15-; .Ez Id-II).
Dieu· ·est proche au· contraire de ceux, qui •·Si.Jésus ressuscité apparaît ·à ses disciples; ce
marchent avec lui· comme l~s Patriarches ··(Gn. 5, n'est.pas poùr leur rendre.:cette·présence corpo-
22; 6,9; 48,15)' et se tiennent devant lui comme relle dont il est bon -qu'ils soient privés·'désonnais
Élie (1· R··r7,1), -qui vivent avec confianèe.:sous {Jn 16;'7), mais c'est pour les inviter.à-le chercher•
son re'gard (Ps 16,8;· 23,4; 119,168} ·et. l'invoquent par_la foi là Où 'il ·vit. II vit.avec son ·Père (2o;z.7);
dans leurs· angoisses ·(Ps 34,18ss), qui •cherchent il est aussi présent dans tous les malheureux ·en
le bien-(Am-5,4.14) d'un cœur ·hufilble et- contrit, qui il v~ut être se.i:vi. _(Mt 25,40); il est en ceux·qui
(Is 57,15): et Secourent-les malheureux (IS ·58,9) : portent sa pa:I'Olé et en .qui il veut être écouté
tels sont. les fidèles ·qui vivront à-, jamais, incor- (Le 1_0,16) ; il_ ~t au' niilieu _de ceux qui s'unissent
ruptibles, auprès ~e Dieu -(Sg·3,9;_.6,r9). pour: prier en son nom (Mt. i8,20). . ,
,-.Mais .le: Chr;ist n'est pa~ seulement ·Pani:ii. :les
z . .Le don de Dieu. - Or une telle fidélité est-elle ,-croyants, il est en eux, comme il l'a-révélé _à·Paul
au ·pouvbir de: l'homme ? En présenc~ du ·'Dieu èn mêmè temps qu'il 'lui révélait sa gloire ;· 11 Je

I02I 1022
' PRSSENCB DE DIEU PRIÈRE

suis· Jésus que tu persécutes »· (Ac 9,5) ;'. il vit ell - ombre rI 2.3 - orage z -:- Paraclet 1 - Temple -
· effet en ceux_.qui l'ont reçu par·Ia: foi. (Ga: 2·,20; visite - voir - Yahweh 2.
Ep 3,17) et qu'.il •nourrit de son corps (I Co·'-IO, PR2T -+ veiller.
-16s). Son Esprit les·:habite, .les anime (,Rm -8,9.
q) .et· fait d'eux le •temple de Di~u. (1, Co J,I6s; P_RtTRE -+. A_aron --,. élection-. AT ~ · .3_.c - ensei~
6,19; Ep · 2,2Is) -et, les -membres du Christ (1 -Co gner AT. I 2 .- Loii B III _x - . MelchiSéd!'Ch .2.3 -
u,12s.27). Messie AT II 2 - ininistère II 4 - onci:ion I_ll ;; -
sacerdoce.
Par ce même Esprit,· -Jésus· vit en·· ceux- qui
mangent· sa. •chair et .-boivent son· •sang (Jn 6, PREUVE-. épreuve/tentation --,. signe-· témoignage.
56s.63)· ;-.il ·est eti. eux, comme son:_Pèrè- est en.lui
. (Jn ·14,19s). Cette •communion suppose que Jésus
est-retourné-au Père-et,a.-envoyé son Esprit (Jn
16,28; 14,16ss) ; voilà pourquoi · il est meilleur
qu'il ·soit absent corporellement (Jn 16,7}; cette
absence est la condition d'une présence intérieure
réalisée par le don de !'*Esprit. Grâce à ce don,
les disci_p~es ~nt en eux l'amour q~~ unit le Père I.,,_LA_.pa[ÈaE· DANS .L'His;romE, n'lsRA.Ë~
et le Fils (Jn 17,26) : c'est pourquoi Dieu demeure
en eux (1 Jn 4,12}. La constante la plus stable. des ·prières de l'AT
·est sans doute leur ·relation directe aux événe-
ments : on prie -à. partir 9-e _ce· qui .est· arrivé,_ de
III.·LAPLÉNITUDE DE LA.'PRÉSENCÊ · ce qui arrive et pour qu'il .arrive· quelque .chose,
DANS LA GLOIRE, Du PÈRE pour que le salut de Dieu soit-.donné à .la .terre.
Le· contenu de la prière d'Israël la. situe _donc.dans
Cette. présence du Seigneur.. que Paul souhaite I'hist6ire. De son côté, l'histoire ·sainte est ·mar-
à tou_s (2'Th 3,16;.-2 .Co,_.13,1;r} ne_sera:parfa.ite :quée par la· prière : il est frappant de collst,ater
:·q'Q.'après· la délivt;a:nce de nos -corps• mortels (2 Co combien de grands moments de cette histoire sont
5,8). Alors, ressuscités par !'Esprit qui est en nous ponctués par ta·prière des médiateurs et,du peuple
-·(Rm 8,II), ·nous verrons_.Dieu qui sera -tout,en entier,· qU:i s'appuient .sur la ,connaissance du
tous (1 ,Co 13,12;, 15.-28); Alors, à la ·_place que •dessein. de Dieu pour -obtenir s·on .interv:ention
Jés:us nous . a._préparée près -de _lui,, ~ous .verrons dans l'heure présente. On- en d9Ilnera seulement
,sa gloire (Jn 14,2s; 17,_24), lumière de la Jérusa~ .quelques exemples, en attendant-que_la prièi:e.du
lem riouvelle, demeure .de Dieu avec les hommes Christ -et celle de l'Église viennent les confirnler.
(Ap 21,2S.2zs)_'. A,lors sera. p_arfaite la p~nce en
no:us _ du père et du ~ils par le don-·de !'Esprit 1. MoJse. - C'est .lui qui domin_e toutes les
(I Jn I,3; 3,24)0 . . ·. · · figure_s d'orants de l'AT. Sa ,_prière, type -de la
Telle est la présence que le Seigneur offre à prière d_'inWcession, annonce celle de Jésus. -c'.est
tout croyant.« Je me tiens à la porte et je frappe D e~ considéra_tion de lui que Pieu sauve le peuple
(Ap 3,20). Ce n'est pas une présence accessible à (Ex 33,17), dont _Moise est bien distingué (32,10;
la *chair (Mt 16,17), ni ·réservée à ·un peuple 33,16). ,Cette prière est. dramatique. (32,32) ;, ses
(Col 3,n), ni liée à un lieu (Jn 4-;-z.1) ; c'est le don arguments suivent le. schéma de toute supplica-
de !'Esprit {Rm 5,5;. Jn 6,63), o_fiert à, tous· dans tion : - appel à l'amour de Dieu· '. « Cette ,riation
le corps du Christ où- il est en -'!'plénitude (Col 2, est:ton peuple,-» (33,r3; cf. 32,II~:-Nb 11,12), -
9), et intérieur au croyant _.qui .entre en cette plé- appel à. sa justice et·;fi.délité: qu'on re·reconnaisse,
nitude (Ep 3,17ss). Le Seigneur fa~t ce ,don à qui rappe_lle-toi fa:is actions ,passées, -~ considération
lui.ré1>9nd; ·avec l'.-Épouse et par. !'Esprit: ·11 Viens J." de la g1oire de Dieu .: que diront les autres si tu
(Ap 22,17). MFL nous abandonnes?_ (Ex 32,n-q)-... De la prière
.aussi, une- prière plus contemplative -et ·qui le
___,.. adieux NT .x - adoration· 0 - apparit.i_oDs . du transforme pour.le bien "d'autrui-(34,29-35), jaillit
Christ 4_c. 7 _- arch~ d'Al_liance ·-autel-. cjel III, l'œuvre de ..•Moise législateur .. Le cycle_ de Moïse
V i: - culte·AT I; NT Ill 2 - demew-er II - Dieu garde _en.tin_ le souvenir et le typé d'une, perver-
AT_lll 1; NT Il 2 · - espérance·AT _~Il - Esp'ri.t _de
Dieu - face 3;4 - ·feu· AT I "-- gloire III 2 - Jour sion de la prière : « tenter Dieu. » La prière y
du Seigneur -NT. 0, III 2 -··lampé r - lumière & suit la pente de la convoitise à l'opposé de l'appel
ténèbresATI 21 II-2- manne 1--- nomAT2.4---nuée de fa_ ·•grâce vers le dessein divin : à l'épisode de

IOZ3 ro24
PRIÈRE PRIÈRE

Mcriba et à celui des cailles, on me~ Dieu à


l'"'épreuve (Ex :16,-7; Ps 78;_ .106,32). Cela .revient
A lui dire qu'on croira, s'il fait notre volonté (cf IL LES PSAUMES, PRIÈR~ DE L'ASSE_~BI;-ÊE
Jdt 8,n-17). C'est l'anti-prière.
Merveilles de Yahweh_(Ps_104 ... ),-,.commande-
2, Rois et prophètes .. - L'annonce messianique du ments (Ps 15; 8:[ ... ), prophétisme (Ps 50._.. ),_S?,gesse
prophète Nathan suscite chez David une prière (Ps 37 ... ), .toute la .B~ble ·, aboutit aux psaumes
dont l'essentiel es_t : « Agis_ comme tu l'as dit » comme par capillatité et y devi~t prière_. C'est
(2 S 7,25; cf I R 8,~6). De même, _Salomon in_au- le sentiment de l'_unité de la prière du peuple élu
gurant le •Temple iµclut toutes les générations à qui a prés_idé à son élaboration, ..comme ~ son
venir dans sa prière, (Offiçe .de_ la Dédicace : 1 R adoption par l'Église; En nous donnant le psau-
8,10-61) ; un élément de contrition y prédomine .tier, ,Die~ nous. _met dans la boµche les. mots qu'il
(1 R 8,47), qu'9n retrouvera ap~s _la destruction veut entendre, nous indique- les dime~ions de la
du Temple (Ba 2,1-3,8; Ne 9). D'.autres prières prière.
royales nous ont été conservées- (2 R 19,15-19;
2 Ch 14,10; 20,6-12; 33,xz,18). La prière pour_ le 1. PriBre communaut~ire et personnelle_. _.,. C'est
peuple entrait sans doute dans les fonctions offi- souvent la nation qui exult~, -se .souvient· ou se
cielles du roi. , , . lamente : « Rappelle-toi D, « Jusqu'à. quand.? »
C'est le .pouvoir d'intercéder (Gn 18,22-32) qµi (Ps 44; 74; 77) ; ou encore -la communauté' des
vaut à •Abraham d'être appelé prophète (20,7); pieux (Ps _42,5; les cantiques des mont~... }. Le
les •prophètes furent des hommes de prière .(Élie : ,temple, présent ou lointain, milieu de résonance
r R 18,3,6s; cf Je 5;17s) et, comme Samuel (cf · de la. prière de I;assemblée- (Ps 5,8; _.~8,2;4 8,10 ..• ),
Jr r_5,1), A~s (Am 7,.r-6), mais surtout_ Jérémie, y est souvent ~vaqué. On se réclame çl.es justes
des intercesseurs_. En ce dernier, la traçlitioµ verra (Ps n9,63) ; ils. servent d'argument : , qu'ils ne
" celui qui prie beaucoup_ pour ,le peuple D_ (2, M pElfdent pas la foi ep nous. voyant· tomber (Ps. 69,
r5,r4). · La foncti~n :d:intercesseur suppose une 7) ; on les mettra au. courant quand on aura été
conscience claire à· 1a fois de la distinction_ et de exaucé (Ps 22,23 = He 2,12). , . ,
la relation qu~ s'établissent entre l'individu et la Malgré le, r:etour: fréquent de5: mêmes. ,ex.pres-
comm~nant~. C'est c~tte ço~science (cf aussi -Jr sions, le ,psautier n'est. pas simpl_e ·formulajre. ou
45,r-5) qui fait la richesse de. la ptjère de Jéré:µiie, cér~monial .. Vaccent spontané y _µldique-_l'origirie
parallèle en, plusie_urs- points à _celle de Moise, dans une expérience personnelle. Outre les ,prières
mais. plus abondamment illustrée. Tantôt il .est proprement individuelles,. c'est surtout la place
celui qui demande le salut du peuple (xo,23; 14, faite au roi qui illustre l'impo:t;-tance égale- donnée
7ss.r9-~2; 37,3 ... ) _dont ii" .fait siennes les douleurs à l'individu et à la communauté : le_ •n;,i est à. un
(4,19; _8,18;-23; 14,17s); tantôt il_se plaint de .~ui -titre •éminent une personne unique; et en même
(r5,10;, 12,1-5) et, même crie •vengeance (15,1-5; temps le groupe tro\lve en _lui son ·symbole vivant.
17,18; 18,;19-23) ; tantôt il s'épa_nche sur son Le-.rattachement traditionnel du recueil à David,
propre sort (2i;,,7-18 ... ). Nombreux sont 1~ rap- qui fut le. pl"emie,: psalmiste, _indique sonJien à la
ports__de. for~e et. de fond entre ces prières ~t .le prière. médiatrice de Jésu~, ~ls de David.
recueil des psa:u,mes.
Esdras et. Néhémie prient a_ussi à la fois pour 2.. Prière de 1'1preuve. -- La priè~e des:,psaum,es
eux-mê~e..~ ·_et polir les autres (Esd 9,6.,15;: Ne 1, part de l'exiSt~ce. dans SyS diverses. situations.
4-1_1) .. De .mfun.e, plus tard, le_s Maccabée:s ne se On y sent peu_le parfum de·la sol_itu<,l.e (Ps 55_,7;
battent p8.$. sans prier (1· M_.5,33; ;cr,71; 2 M 8, 11,1').; -on y., entend beau_C(?UP la., .place, publique
29; 15,20-28). _L'importance de la prière. person- et la gµerre (Ps 55; "59;_ :z2,13s.17),. ce _qui fait un
nelle. forIT1ulf:1_.ne _fait que croitre dans. l~ _livres texte plus chaotique et bruyant que certains ne
postexiliens qui_ appprtent ainsi ,,m .préci"}UX témoi- l'attendraient d'ui; livre de prières. Si. on appelle
gnage .(Jon 2,3-10; ·Tb 3,n-16; Jdt 9,_2-·14; _Est 4, _Dieu avep ces cris, .ces rugissements. (Ps, 69,4;,i6,
17), _C:es priè;res, ont é~é écffteS _pour. être lues dans 7;_ 22,2; _10;2,6), c'est que tout est en jeu, qu~on a
un récit, après quoi on peµt, _et l'Égli~e y invite, be!K)in de lui avec tout wi-~m-~-• âme et. corps
les faire siennes. Mais le but de ceux qui firent (P5: 63,2}. Le çorps,_ ave~ ses épreuves et Sf:'!S joies,
des psaumes. une collection éta'.it _qu'.il fÛ;t prié : tient__dans cett:e prière,.la plàce qu'.il a dan_s la vie
aucui;ie prière d'Isriiël n'.est ·càinpar.ible au psau- (Ps 22; 38 ... )~ Le psalmiste cherch~_tous les *bien~:
tier à cause de son caractère uniYersel. le t6v (J:>s 4)_ et ne les _att_end que de Dieu,

1025 I02.6
PRij;:RE

Du fait qu'il ne renonce ni à vivre avec Dieu Une·-*piété désireuse d' « àppi'endre le Chris_t· •
ni à faire route ici-bas, .il se pr_épare. au cyeuset de (Ep 4,"20) pourrait-elle négliger ce document de
l'*épI'eù:ve. Hois de· cette perspective - l'expé- base ? ·
rience de la conduite de Dieu ·dans 1es voies de
l'honime·qui m_arche-, on· ne peut pas comprendre
sa. prière. Lès· cris de supplication partent• des 1-Il. LA PRIÈRE COMME JÉSUS· L'ENSEIGNE
··moments où l'attente de la *foi est-mise àtépreuve:
"Je •dessein de "Dieu sur l'individu ou le peuple Par l'incarnation, le Fils de Dieu est situé au
est-il ou· non en échec ?· Autour du sùppliant, ·on miliéu ·de la requête incessante des hommes.- Il la
ignore la prière (Ps 53;5) ; on le harcèle : « _'Oh n6urrit d'esp·érance en y ·'répondatit; eii même
est ton -Dieu ? 1, (Ps 42,4), et il' s'interroge ltii- temps, il loue, encourage- ·ou éd•uque· la' *foi (Le
même (Ps 42-43; 73) : sa certitude· n!est pas de 7,9;· Mt 9,22.29; ·15,28). Situé sur èè foild ·vécu,
celles aùxquelles -la: vie ne ·saurait· jamais rien c'est d'abord· sur la manière de prier que s'étend
enlever ni apporter. Cela éclaire les passages 'OÙ àon enseignement, avec plus ·d-'abondatice que sur
l'innocence se proclame elle-même non J)aI" pure la :nécessité dEi_ la' prière : « Quand vous· priez,
complaisance, mais en· face· du danger ·et parce 'dites.·.. ·» (Le i1,2). ·
que l'*enn~m:i, toujours présent, la nie (Ps 7,
-45s; ·26). I. Les Synoptiques. - Le Pater est le cent_re de
Cet· enseignement (Le ·u,2ss; Mt 6,9-r3). De l'in-
3. Prièt-e-assurée. - Le•_leitmotiv de la-prière des vOcation de Dieu comme. •Père, ·qui prolon_ge en
psaumes èst- ·ba/alt : se -fier (Ps 25,2; 55,24 ... ). la dépassant l'intimité des psaumes: (Ps 27,10;
Cette .-confiance en Dieti ·et en sa *provid'erice, 103,13;-cf Is 63,r6; 64,7), découle toute l'attitude
qui"pàsse du rire aux larmes et inversement (Ps de l'orant. Cette invocation est 'un acte de foi et
· 23,;4;·n6,rn; ,1i9,143), s'équilibre·entre la suppli- déjà tih don de. soi.:mêm.e qui met da:ns lé circuit
cation et !'•action de giàces; On remercie mêttle de la' charité. De là vieilt que,· en 'plein· daris l'axe
· avant d'avoir Obtenu (Ps 22,25.Ss: 140,14·;· d .Jn · de la prière biblique, il fait ·passer avant tout la
n,41). Les psaumes contenant la seule •louange jiréoccupàtion dU: *dessein de Dieu : de son *riom,
s6nt une: partie ï~portante du recueil. Les trois de_son· *ioyaume {cf Mt_9,38), de l'actualisation
jeune~ •gens• louant - ensemble · - dans la four- de ·Sa •volonté. Mais il demande aussi ce •pain
naise constitueiit pour le psautier une image' géné- {qu'il . offi-e dans l'Eucharîstie), pUis le ·*pardon,
rique. aprèS s'être •réconcilié avec·lès fils'du même Père,
·e·n:fin :Ia •. grâ.ce de ne pas être emporté par les
4. -Pfière d'la recherche du· vrai bièn.--'--: ·En atten- •épreuves_ du temps qùi_ vient.
dallt de Dièu lé bien, 'quel qu'il soit, l'horilme est Les au~res ,··prescriptions·· encadrent ou · com-
appelé à se dépasser _par la découverte que c'est . Piètent lEi Notre Père~ nomment souvent le ·Père.
*Dieu lui-mêrile ·qui se donne avec ce bien. On L'impre8sioti dominante-_est que la certitude· d'être
. déclare la •joie· de vivre: 'sous le regard de Dieu, exaucé est source et condition de la. prière (Mt
.d'êtrè. avec lùi; d'habiter _sa .•maison (Ps 16; ·23; 18,r9; 2r,22; Le 8,50). Marc l'exprime -de la
25,14; ·6.5,s;· 91; u9,33ss), Quant à l'espoir que manière 1a· plils directe : «·S'il n'hésite pas dans
Dieu fas•se. accéder l'homme à sa_ propre •vie, on son cœur, mais croit que ce· qu'il,_'dit va arriver,
ile peU:t affirmer .que la prière des psaumes· s'en cela lui sera accordé)) (Mc n,23; cf 9,23 et surtout
Soit· ·nOurrie, inais ce *don giatuit ~t pressenti Je 1,5-8). Or, si r·on est sûri· c'est qll'on prie le
(Ps 73,24ss; 16). Celui (lui est modelé ·par ]a prière Père (Le n,13; Mt 7,n). L'intériorité se· fonde
des psaunies est préparé à le recevoir, et il trou- sur la prés"ence du Père qui voit· dans le ·secret
vera en eux dé quoi exprim·er cette ex'périence. (.Mt 6,6; cf 6,4.18). Ne pas entassèr et rabâcher
les paroles (Mt 6,7) coinme si Dieu était loin de
5. Le. pSautief, prière de Jésus. - Car la révéla- nous, à la manière du Baal. moqué par Élie· (1 R
tion du- ·christ autorisera une tninspOsitjon ·et un ;8,2i5~). _alo. rs qu't.1 est n_otr.e Père. Pard.onn.er (Mc
enrichissement des espoirs du psalmiste; elle n'en n,25 p; Mt 6,·14). 'Prier en union fraternelle (Mt
supprimera pas la racine dans ·notre· condition 18,19). Se l'appeler sès fautes dans une. prière
hu.~a:ine. En ··outre, l'application des psaumes càntri_te· (Lei 18,9-14J.
pou.rra· sei faire "au Christ avant _tou_te ,-transposi- Il faut _prier sans cesse (Le r8,1; cf 1r,5-8) :
tion : les psaumes 5:eront sa prière (cf Mt 26,30) ; notre persévérance doit être éprouvée,:_ la vigi-
il sei-a. formé par eux, Comme tout son entourage. lance du c&ur exprimée. Là nécessité absolue de

1027 1028
PRIÈRE PRlkRE

ln. prière est enseignée dans le contexte· des der- Pas-,_ce que je 'veux, mais ce que tu veux :o (Mc
11:

niers temps. (Le· 18,1-7),. rendus proches par la 14,56). Elle tâ.tonne aussi, comme -les nôtres,
l>a.ssion; ·sans cela on serait subrnèrgé par « tout quant à Son -véritablè objet.
ce qui doit arriver »· (Le 21,36; cf· 22·,39-46) .; de
même le Pater .s'achève en implorant Dieu contte 3. Sa pr_ière et sa résurrection. - Elle .est exaucée,
la. *tentation. insoutenable des derniers temps. enfin; au-delà· .,de l'âttente. Le récOllfort: de l'ange
(Le 22,43) est la 'réponse -immédiate que fait le
2. Jean présente sous un jour très unifié la péda- Père poU:r le moment présent, ·mais ·l'épître aux
gogie de fa prière, paSsàge de la requête à la ,vraie Hébreux nous .mOntre·.d'une .manière .radica:le· et
prière, et· du *désir des dons de Dieu à celui du hardie que c'est la Résurrection qui· exauça cette
don qui apporte -Dieu lui-mêmè, comme. nous· le prière si vraiment humaine du Christ « aux jours
lisions· déjà dans les psaumes,• Ainsi la Samari- de sa chair; ayant présenté avec une violente cla-
taine est conduite· de ses désirs. propres jusqu'à meur et des larmes, des. implorations et des sup-
celui du *don de Dieu (Jn -4,ro), la foùle. à·« la plications à celui qui pouvait le sauver de la mort,
•nourriture qU:i demeure en vie éternelle » (Jn 6, et ayant été ·exaucé en raison de sa •piété » (He
27). C'est pourquOi la foi• n'est pas seulement .5,"7). La résurrection-de ,Jésù.s, moment central
condition de la prière, mais son effet : le désir est du salut·de l'humanité, est la réponse-à.Cette prière
à la foiS'.exaucé et purifié (Jn 4,.50.53; rx,25ss.45). de l'Homme-Dieu qui reprend toutes les demandes
humaines de l'histoire du· salut {Pa 2,8: « Demande-
111:0i »);
IV. -LA PRIÈRE 'DE JÉSUS
4. Le soir· de la Cène'. - - Ici Jésus,. ayant dit
1. Sa prière et sà mission: - Rien dans. l'Évan- d'abord, entre autres choses, comment prier, prie
gile ne révèle mieux la nécessité absolue de -la lui-même ensuite.. Son enseignement ·reprend celui
prière que·"la place" qu-'elli tient ·dans la vie de des·SynciptiqUes quant à la certitude d'être exaucé
Jésus. Il prie souvent sur ta· montagne. {Mt 14, (pawèsia- da.ils 1-JÙ. 3,21;. 5,14), mais.la condition
23), seul· (ib.)·, à l'écart- (Le 9,18), m:ême quand « en·mOii llom » Ouvre.de nouvelles perspectives.
« tout le mondé [le}chercbe·_» (Mc 1,37). On aurait 'Il ·s'agit de· passer de ,la requête plus ou µioµls
tort de réduire cette ptière _.aù seul désir de l'in- instinctive à 1a· prière· vraie.· Le «·jusqu'ici · vous
timit:é siletlcieùse· avec le Père : elle· concerne- la n'aVe2 rien' demandé en ·mon nain o (Jn 16,24)
•missiori. de· JéSus, ou !'*éducation des disciples, peut ___ donc s'aPf>liqüer à ·beaucoUp· dè. baptisés.
lesquèlles.soht ·inentionnê"es dans ·quatre notations Prier« dans le nom 1)· du Christ suppose plus qu'une
de la priè_re propres à: Luc : au· ba}?têmè (3;21), forinule, de· même · que· faire Urie démarche -au
avant le:choix des Douzè (6,12), lors de·la"Trans- •noin d'un autre· suppose un lièn réel aVec cet
figuration (9;29), av'àll.t l'enseignement du· Pater autre. Prier- ainsi Ile sigilifie point· deniandèr uni-
(n,1). Sa prière: est le .secret qui attire ses plus queme:i:J.t les choses du ciel, mais vouloir ·ce. que
proches -et -où_· il .les. fait_ de plus en pluS entrer veut Jésus; oi son ·vouloir, c'est sa •mission :
(9,18).· Elle les concerne : il 'a prié pour la foi -des que son •unité avec le Père devienne le fonde-
sien_s. _Le lien entre sa prière et sa mission ·est ment de l'unité des appelés .. « Que tous soient
apparent dans les quarante jours qui l'inaùgurent un Coni.me toi; Pèrè; ·tu es en moi,· et moi en toi »
au désert,· ca'r ils font revivre en le"· dépassant (Jn 17,22s): :E:tre ·en son nom et·vouloir ce qu'il
l'exemple de Moise. Cette prière est -une· épreuve , veu.t, c'est aussi -marcher dans. ses commande-
pour l'orâ.nt : 'Jésus triompherâ. mieux que Moïse ments, dont _le premier impbsë c_ette·Charité qu'on
du projet satani_que de._tenter Dieu (Mt 4,7 ·= Dt demande. Donc. la charité est tout dans la prière :
6, 16 : Massa) et dès· avant sa Passion nous montre sa condition· 'et ·son -terme. Le Père donne tout à
de quels obstacles devra triompher notre propre_ cause de c·ette unité~ Ainsi l'affirmation ,constante
prière: d'?S SyiÎOptiques, que toute ·prière est exaucée,
·est ici ·confirmée pour des cœuis·-rénovés : « sans
2. sa· prière et sa passîon . ._:_ L'épreuve· décisive dire de •pai-àbole ·» ·(J:i:l 'r6,·29)."C'est-Ià une situa-
est Celle de l.a fin, quand J éSus 'prie et veut faire tidn nouvelle, mais qpi accomplit fa· piorii.esse· du
prier avec· lui ses 4.iscfples au· mont des 'Oliviers. •jàur d_e ~ahweb où··« tous ceux qui ·invoqueront
Ce inoment· COntient toute fa prière chrétienne ; le nom de Yahweh serollt sauvé•s » (JI 3,5 == Rm
filiale : .« Abba·' »;;··assurée•: « TOuf eest possible » ; 10,13)-; la prière'·de·la Cène promulgue l'ère 8.tten-
épreuve d'obéissance où le tèntateur est repoussé : dù.e où les bienfaits du ciel correspondront aux

1029 ro30
PRIÈRE PRIÈRE

désirs de la terre (Os 2,23-25; Is 30,r9-23; Za 8, b) Prière apostolique. - L'exemple qui vient
12-15; Am 9,13), Telle est la prière de Jésus, qui d'être cité est unique; car dans sa prière, indis-
transcende la nôtre; il dit rarement a Je prie », solublement liée au dessein divin qui s'accomplit
généralement« Je demande~. et une fois« Je veux» dans sa mission, toutes les demandes explicitées
(à la fin : Jn 17,24). Cette prière exprime son concernent le Règne de Dieu à promouvoir. Cela
intercession (éternelle selon He 7,25) et révèle le comporte des désirs concrets: la quête pour Jéru-
contenu intérieur tant de la Passion que du repas salem (Rm 15,30s) à faire agréer, la fin d'une tri-
eucharistique. Car !'"-Eucharistie est le gage de bulation (2 Co 1,n), sa liberté (Phm 22); pour
Ja •présence totale de Dieu dans son don et la cela et d'autres choses (Ph 1,19; I Th 5,25), il
possibilité de l'échange parfait. demande les prières des autres comme il signale
aux Colossiens (4,12) qu'Épaphras lutte pour eux
dans la prière. La prière apparaît nettement chez
V. LA PRIÈRE DE L'ÉGLISE lui comme trait d'union à l'intérieur du *Corps
du Christ en construction {voir aussi 1 Jn 5,16}.
I. La communauté. - La vie de l'Église fait ses c) Action de grdces. - On note constamment
débuts dans le cadre de la prière d'Israël. L'évan- chez lui le balancement traditionnel entre suppli-
gile de Luc s'achève au Temple où les Apôtres cation et *louange : « des prières et des supplica-
étaient « continuellement... à louer Dieu )) (Le tions, avec des actions de grâces n (Ph 4,6; cf
24,53; Ac 5, 12). Pierre prie à la sixième heure 1 Th 5,17s; 1 Tm 2,1). Lui-même commence ses
(Ac I0,9); Pierre et Jean vont à la prière de la épitres (sauf Ga et 2 Co, pour des raisons pré*
neuvième heure (3,1; cf Ps 55,18 : indice d'un cises) en rendant grâ.ces pour les progrès des des-
rythme liturgique}. On lève les mains vers le ciel tinataires et en relatant ses prières pour que Dieu
(1 Tim 2,8; cf 1 R 8,22; Is 1,15), debout et parfois complète ses grâces (Ph 1,9}. Il semble que l'*ac-
à *genoux (Ac 9,40; cf l R 8,54). On chante des tion de grâces attire à soi toutes les autres compo-
psaumes (Ep 5,19; Col 3,16). « Tous, d'un même santes de la prière : après ce que nous avons reçu
cœur, étaient assidus à la prière» (Ac 1,14}. Cette une fois pour toutes en Jésus-Christ, on ne peut
prière communautaire qui prépare la Pentecôte plus prier sans partir de ce don, et l'on demande
prépare après elle tous les grands moments de la pour pouvoir remercier (2 Co 9,n-15).
vie ecclésiale à travers les Actes : le remplace- d) Prière dans l'Esprit du Fils. - Paul apporte
ment de Judas (1,24-26), l'institution des Sept une lumière précise sur le rôle de !'*Esprit dans
(6,6} qui doit justement faciliter la prière des la prière qui nous unit à la Sainte Trinité. Ainsi
Douze (6,4). On prie pour la libération de Pierre que nous le faisons encore tous dans les moments
{4,24-30), pour les baptisés de Philippe en Samarie de prière liturgique, il adresse ses prières, par le
(8,15), Nous voyons prier Pierre (9,40; 10,9) et Christ, au Père. Il est rare qu'il s'adresse au 11 Sei~
Paul (9,II; 13,3; 14,23; 20,36; 21,5 ... ). L'Apoca- gneur )), c'est-à-dire à Jésus (2 Co 12,8; cf Ep 5,
lypse nous apporte <les échos de la prière hym- 19, mais Col 3,16, parallèle, parle de « Dieu >l au
nique de l'Assemblée (Ap 5,6~14 ... ). lieu du Seigneur). Or ce qui nous fait prier par le
Christ ( = en son nom), c'est précisément l'Esprit
2. Saint Paul d'adoption (Rm 8,15). Par lui, comme Jésus, nous
a) Lutte. Paul accompagne les mots qui disons « "'Père )) et ceci sous la forme familière
désignent la prière de la mention (1 sans cesse », « Abba », terme que les Juifs réservaient à leurs
« en tout temps )l {Rm 1,10; Ep 6,18; 2 Th 1,3. pères terrestres et n'auraient pas employé pour le
11; 2 13; Phm 4; Col 1,9) ou« nuit et jour (1 Th
1 )J Père du ciel. Cette faveur ne peut venir que d'en
3,10; I Tm 5,5). 11 conçoit la prière comme une haut ; « Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit
lutte : « Luttez a·vec moi dans les prières que vous de son Fils qui crie Abba, Père u (Ga 4,6; cf
adressez à Dieu pour moi )) (Rm 15,30; Col 4,12), Mc 14,36).
lutte qui se confond avec celle du ministère (Col Ainsi le besoin qu'éprouve l'humanité de jus-
2, I). Pour <( voir le visage )' des Thessalonidens, tifier sa prière dans une initiative divine est-il
il prie c, plus que beaucoup » (1 Th 3,10), le même réellement satisfait. Bien plus profondément
superlatif intraduisible qu'il emploie pour définir qu'une attitude filiale, c'est un être de *fils qui
la manière dont Dieu nous exauce (Ep 3,20}. est au cœur de notre prière. Aussi, à travers nos
(1. Par trois fois, j'ai supplié le Seigneur )i, dit-il tâtonnements (Rm 8,26}, l'Esprit qui prie en nous
(2 Co 12,8), pour que l'écharde fichée en la chair donne à notre prière l'assurance {He 4,14ss; Je
s'éloignât. 4,3ss) d'atteindre les profondeurs d'où Dieu nous

IOJI I032
))RlÎŒE

o.ppelle, qui sont celles de la charité. Nous savons aussi un uummum œaceord•.. Slll' , quelques prln.:.
comment_.appeler ce-don, qui est _origine et, terme cipes de base; t~t _qu'il i:;e poursuit .et, que la
de la pri~; c'est. !'Esprit _d'amour déjà.- reçu sen~ce n'CSt pas encore rendtle, respoir delI).eure
(Rm 5,5_) e_t pourtant ~emandé (Le u,13). E~. lui d'une *réconciliation ;. même .le verciict .. une fois
nous demandons un •monde nouveau ; là on est pronom~~. la lumière .des .débats antérieurs per~
sftr d'être exaucé. Hors de là., on prie K comme siste et, réduisant « toute. bouche _au silence »
les palens ». En lui toute prière est le contraire (Rm 3,19), fait écla1;t;li;". la !jµstice de Dieu.
d'une fuite; -c'est un appel vers'· la rencontre-du Char:te et relation_:de l'*Alliance, l'AT, est tout
ciel et de la terre : « L'Esprit et l'Épouse disent : entier occupé par le déb.a,t .qui se }'l;>ursU:it entre
Viens... Oui, v;.ens, Seigneur J~sus 1 »-· (Ap 22, Dieu _ et son ,peuple:. La venue de J ésus~CJ;uis't· clôt
17.20). PBP le débat.Par urie-initiatiye in_qu~e.de_ Dieu_: c~~
fondant Ie_péché,-.iJ offre.aux pécheurs de.se •jUS-
->- action de Srt_cea - adoration_;__ ·amen_ 0.1 -=- béné- :tifier en a~hérant sitnp~ement à. son Fils: par la
dictîon I, III 5· - chercher I, Il - communion AT •foi. Cet~ péripétie ouVJ'.8 un_e phase .no_uvelle :
4 - con:fianèe 2- - culte - désir III, IV '-'- écouter désormais, c'est autour dù. procès:. de Jésus et
2 - Élie NT 3 - épreuve/tentation NT III,-1,;_·eucha-
ristie l · I - expiation 2 - _genou 2 - gloire Y -- , selon le rôle qu'~ y -prend, qu,e se j~ue le proçès
jeûne 0.1 - louange - Messie. AT I 2 - pardqn .I - de. l'homme devant Dieu.
pauvres: AT III -::- pèlerinage - Providence I ;__
sacerdoce AT III 2 - salut AT II - 'Teinple AT I
1 ; N.T 1 ~; IU 2 · - veiner Il, ·111.
l! DIEU ET SON PEUPLE ~}of P~OCÈS· DANS t'AT
PRIMAUTl1· • autorité -· Pierre (saint)· 2...,.. roi -
tête.
I. Le P:Acheur en jwoch avec Dieu. - Êllt,et' en
PRISON_-+ càptivi~: procès àvec Dieu, le soupçonner de_. *mensonge et
de méchanceté, ·c'est la •tentation fondamentale,
PRIVATION --i-. je-Cl.né - pauvres NT III 1 - -vin
I ,. celle que le serpent insinue au cœur d'È:vè :
« Pas du to:ut ! Yo_us ne _mourrez ~.!_ t Dieu se
PRIX~ coufir _2 - justice ..t.11 AT' 3; B li AT - jàue .de. vous .-{Gn 3,3ss); ...:.. .. C'est la pr~mi~e
Rédem]?tion NT·, t -::- rétri,bution. réaction_ d'Adam. pécheur : H_._ La :fe~ip.e qµe tu
_as mise_iuprès de moi... », tout le mal Vi~~-de
toi (3,~2) ; . - c'est le •péclié permanent d'ISraël
a~ désert, oubliant _que.son Die11.l'a s~uvé d'Égypte,
PROŒS et mettant. ,en_ doute_ sa .p~ssance ,et sa' fidélité.
L'épisode de Me:riba, . au _sortir. de la. mer 'Rouge
(Ex 17,7_ : _le_ nom_ propre. évoque la racine._ rib,
Si le proCè_s tie~t u·ne grande Place ·dans la celle dtL procès) annonce toutes _ les défaillanCes
Bible,. et si :Pieu' y 1igure. souvent, sàus les rôles de l_a « génération pervertie ; '(Dt 32,20) et tous
divers de l'accusé, du juge, :Qu plaignant ou .de Ies ..procès.~ntentés _à_.YahWéh par son, :peuple' (Jr
l'avocat, ce_n'esi:'pas _·qu'Israël.ait été _nëtabl~ment ~ •.29). Toujours il ~'.8.git dC ta·•foi _: iefusCt de croire,
plus po~é q~•un autre. peuple à la chicane et à. la c'est_ se donner c:l.es__ raisoru;. contre Dieu, c'est le
procédure, c',est que: le Dieu de la Bible _veut la met.tre' en question_,, c'est.Je. tenter:.
"'justice et là raisoti._ E_n 'c'réànt l'*l;tàmme. 'à son
*image, il atterid de lui une recollnaissance da:ns ·2:Dieu ,;n procès avec ~on peuple'. -:- Dieu ne pèUt
l'*action de grâces, une adhésion dans la liberté, souffrir, cette mise en .question,' inSulte ·. à -'son
une •communion dans la vérité. Même après amour_.' A son tour: il 1<__entre en procès » ·.~'vec
qu'elle a' péché, Dieu ne désespère pas du cœur Israël {Os 4,t; 12,j; Is .3,IJ: Mi 6,2; Jr '2,9). Le
de sa créature et d~ son intelligence; _i3.vant d'être procès supp0se,_. selon l;;i. trfu1itioll prophétique,
réduit à la reje~~r, il s'ép~is_era d'abord à. 1~ pour- l'*Alliance ·et les ..signes qu~_elle. offre à. la foi :
suivre; s'il doit la condamner, ce. ne sera pas Dieu e~tre ell procès _avec ses *élus. To~tefois, à
sans l'aVoir entendue; ... mais ~Près l'à.Voir" con- mesure que l'Alliance se révèle être au centre d~
vaincue (J,u'e#~ est daris ·son tort.et qu'il'_est dans l'univers, le procès s'élargit poll;r_ ·'devenir·-«' le
son ___ *droit~- :s_'il triomphe, -~- sera _par' la seule procès des. •nations » (Jr 25,31), J>tiis• celui' de tous
puissance de la 'vérité:, ~ procès suppose un les faux di~ux (li{ 41,21-24; 43~8.:.13; 44,6ss).
désaccord, un litige en~e, 185 parties; il' suppose Le procès est unè explication publiq,ue, dans

I033 . ro34
PROCÈS PROCSS
1e·:-cadre:· 1e .plus grandiose et le plu's vaste· ·pos- ·intervient; l'homnie comprend son ·aveuglèrilent
sible, (f les ·montagnes; 1es· ccillines, les fondements (38,1s) et retire toutes ses: que~tiOnS' (42,6) ; ,sans
de la-terie » (Mi 6,xs;· cf-Ps 50,4)-; le ·monde-entier avoir besoin de formuler de sentence;. il suffit
est appelé·à-témOigner, Qédar et les îles de Kittim ·que Dieu. SOit_-ià pou~·:1ue tout s'explique.
(Jr 2,io), -c6mmè· le· premier ·pissant venu· de jéru-
saléni ·Ou· _de:'Juda (1s: 5;3).
Dieû: _s'.y ·ptésen~~ .accompagné __de ses_ •témoins
(Is 4j,10; 44,8), en accu;;ateur (Ps 50,7.21; Os 4, IL EN Jtsus-CHRisT, Drnu CONCLUT- ',LE PROCÈS
1.:.5), 'mais aùssi eh victime à bout de- ressources,
ayant épuisé tous les ·autres mo'.yèns (Mi -6;Js;· Jr Le Procès soulevé par le péché de ·1'homlil.e et
2,9.,;; Is · 43;22-25). Il invite· Israël à produire ses · pollrsuivi•par la •justice de Dieu trouve en • Jésus~
al'gUmeiits (Is ·x;I8; "43;26; 'Mi 6,3)· et n'ob~i:mt Christ soQ. l)O~t final.._L<!- so,lution,diyine e~t une
·que_ des dénég:ations mensdngèreg (J r 2;"35) :· Nul mei:veill,e_ d'audace, _mais elle _resp~cte rigoureµse-
nè· peut -lui répondre, «· nul vivant ·ne peut se jus- ment les· exigences de la raison et du droit, sans
tifier ii d6Varit'lùi_i{Ps 143,2}. n n:e fo_i reste qu_'à lesquelles·,le -procès ·n'aurait· pas eu de·.sèns. Le
prononcer la sentence,· elle ne devrait être qu'une •péché y est condamné sans· recours et sans, com-
condamnation (Os 2,4; 4,rs; Jl' 2,9.29), qui fasse promission_; sOus toùte.s Ses fornies et 50us tous
apparaitre que lui seul peut parler et qu'il a pour l~•régim_es, c~lui du l)ag~isllle ~t Celui du judaïsme,
ltii tout le droit (Is ·4·1,24;, 43,12s; 44,7; Ps 50, il apparaît, en· face du. _Christ,- ·comm_e le· mal
7.21;" 51,6). P9urtaJit, au ._cœur. ~ême de _la con- suprême, la méconilaissance radicale dè Dieu et
damnation, pOfote encore un recours, l'a~once la .corruption- :irrémédiable de ·l'homme . (Rm 1,
d'un re)lversement radical:·« Venez, et discutons: 18-3,20). La *sainteté manifestée par l'Évangile
qu_and 'vos péèhés _ seraient comnie' Téœ,.rlate, de Jésus-Christ met à nu ·le •mensonge c_~ché dans
co'mme neige ils blanclliront »·(IS·1;r8; cf·Os 2, tous les cœurs · (3,4), réduit toute boUche au
16-25). . ' . · •silence· (3,19) et· fait éclater le triomphe du-Dien
véridique (3,4).
3. _Job en_,prOeès aVee Dieu . . : . . __ Il 'faut avouer que, Or ce_ triomphe est en mêm,e temps le •salut
si ·mettI"e.Dieu en accusation est le •péché capital, de l'homme. Pflrdant :son procès, le pécheur qui
c'e5t néannioins 'tme teritation fréquente et ·qui accepte sa défaite et renonce à défendre sa propre
peut étJ:-e, ·sinon justifiée, du moins fatale, en face *justice (Ph 3,9) pour croire au pardon, à la
des voies· déconcertantes de· Dieu. La •Souffrance, •grâce et à la •justice de Dieu en Jésus-Christ,
lè mal du monde ne _mettent-i_ls pas·Dieu en·cau'se _? obtient du coup sa •justification (Rm 3,21~26),
Job·est le cas exempla,ire·de la •t~ntation p6ussée son prix et sa valeur' dèvant Dieu. Croire en Jésus•
au.'paroxysme, et·tèUt le poème paraît n:être qu'un· Christ et en la puissance rédemptrice de sa •mort,
proc~s- ,intenté à_Dieu. Puisque c'est de J?ieu lui- c'est en effet du même coup désavouer son propre
mêine que vient tout le mal·dont Job souffre _(Jb péché, responsable_ de cëtte _mort, et_·se reconnaître
6,4;_ 10,2;' 16,1_2; 19,21), · ri'est-ce pas à ·Dieu de l'objet de· l'incompréhensible· •amour d'un Dieu
se justifier?_ Job n'ignore pas qu'il est chimérique 'ta.pabJè• de livrer_ son Fils unique pour des ennemis
de s'imagui.er avoir ra_ison contre Dieu (9,1~13) ; (Rm 5,6-io_; 8,3i) ; c'eSt renoncer_ ~ la défensive
mais s'il pouvait « plaidC!". sa Cause » (9,14), ({ jus- et à l'accusation de Dieu pour s'abandonner à
tifier sa conduite devant lui » (13,18)~ ·paraître l'amour et·à !'•action _de grâè:es. Le ·procès s'achève
seulement _devant lui, il .sait que sa cau_se triom- ~ar u11:e ~récqnciliation itité~ale.
]?herait._ (23,3..:7)_ ,et que. son « Défenseur... serait
pour lui » (19,25ss)_. C'est tout le langage du pro-
cès, mais en réalité· Job ,s'arrête à l'_instant précis !IL ~E' PROCÈS DE Jt:s_us
où sa plainte d_eviendrait. un procès, où sa .ques-
tion deviendrait accusation. Il ne peut comprendre Cettè réconciliatio_n ne s'opère.·que dans là *foi,
Dieu, il ne· ·cède pas-à la tentation de l'accuser ; et' l'Ôbjet de ce_tte foi ·est. le Christ en sa • mort
il m,aintient que Dieu est d_e son côté et il -~èmeure et en ·sa •résurrection. POµr surilionter le mou•
soit •s~rv.iteùr. _ . Vement spontané' qui nolls dresse· en. accusateurs
Il est norrruù que l'homrile posè à Dieu ces ques- de Dièu, il faut reconn:a_it~ en J~uS 1~ Fils bien~
·tions· redoutables (cf Jr 12,1), ·et ·Job n'a pas aimé livré;· par SQn Père. ~ais la réaction du·pécheur
péché en· les soulevant; il faut pourtant qu'il est de refuser fa _générosité de Dieu, de rejeter celui
apprenn~· à les· laisser tomber. Dieu lui-même qu'il envoie, de voir des *blasphèmes dans les

1035
PROCtS PROCHAIN

signes qu'il. fo~it. 9-e: sa mission. Le procès_ engagé essentiel de la prédication · de l'Église· ·naissante
par Caïph,e et-poursuivi devant.-tous les-tribunaux (Ac 2,36.38; 3,13.19; 4,Io.12; 5,30s; 10,39s.43). 11
0

de *Jérusalem est le fype achevé_ du p~ocès.~ntenté coïncide exactement avec· la théologie· explicite
par l'homID.'e à Die~· depuis, le pre~ier péché. _Ne de Paul aux Romains. ·
pouvant se con'fier 'à Dieu, il retourne contre lui Tel est.le *témoignage· que le chrétien apporte
tous les . témc;,ignages.qu'H reçoit de.-son amour. au •monde. Comme les Apôtres .à Jérusalem, sa
mission ·est de :démontrer au monde l'inj_ustice du
I. Les récits évangéliques de la Passion mettent pi:ocès ·qu'il _ne cesse de poursuivre contre· Dieu
tous au centre de ce procès· la question 'déci.Sive .; et' ,le Christ. 11 ·-est normal que le chrétien soit
Jésus est-il le,Christ, l'envoyé de Dieu chargé du traduit devant les tribunaux, accusé et• livré .par
salut du monde (Mt 26,63 p; 27,u p; Jll 19,7) ? ses•:proches··(Mc- 13,9-13 .pJ ;_ il· est fatal que le
Ils font tous ressortir, en Jésus, la certitude·. de monde *haïsse et •persécute les disciples du Christ
tenir à- Dieu. par un· Ii~n qu'aucune force, ni_· ê_elle (Jn 15;18ss) ·et que, toute -.leur· existence se
des hOmmes ni ceùe"'de la mort, n'est capable de trouve exposée. à son regard impitoyable, (1 Co 4,
rompre; - et . chez ses adversaires la pr~sence 9) ; _.il. ".faut qù'ils soient « ·toujours prêts. devant
d'un refus conscient, de la •vérité, dans les faux qui .que. ce soit, à déferi.dré (leur) •espérance .D
témoignages du procès juif (Mt 26,59), dans la (t .P.3,15): Mais ce procès n'est.pas le'leui, c'est
lâcheté de Pilate: (:?7,rS.24),. dans la vanité d'Hé- celui du Christ qui- Se poursuit et. pour leqùel ils
rode (Le 23,8-II), dans la préférence donnée à ont à' témoigner. Aussi leur témoignage,n'.est-il pas
Barabbas (Le 23,25), mais aussi l'excuse (Le 23, le .leur, mais celui de !'*Esprit-Saint (Mc· 13,rr)·;
,34; Ac 3,24). d'une situati~n. où, délibérément, comme·.- .un avocat infaillible; le *Paraclet, par
Dieu livre son Fils et l'abandonne (Ac 2,23; Mt leur .bouche ·et par leur vie « confondra· le monde »
27,46). à la puissance, du péch~ (Le 22,53; Jn• I4; en· faisant éclater aux yeux ·des croyallts- l'injus-
30s; 2 Co 5,2-1)·. tice de sa cause, et la justice de Jésus-Christ
(Jn 16,8-n). JG
2. L 'é11a,ngi,le "' de J e,an · marque- plus , nettement
encore le caractère exemplaire dU:. procès_ de Jésus. ->- colère B AT II" 2 :___ jugement _;_ justification -
Celui-ci se _déroule t01~t le long de la yie publique_: mensonge I .i: - . Paraclet .3 -- persécution - témoi-
dès le.premier, -miracle,,à _Jérusalem, «·.-les Juifs gnage.
cherchent ·querelle à Jésus.» .(Jn 5,I6) et ·déjà
prévoient· sa mort (5,18;·· cf Mc 3;6) ; tou:tes les
discussions ·qui se poursuivent: entre· « les. "'Juifs :»
et lui.. sont comme l'instrnctiün d'.un- procès;., où PROCHAIN
Jésus àpporte ses témoignages, celui' de Jean .. (5,
33), ses signes propres et 'ses œuvres,. tous cons- AT
tituant finalement Tunique *témoignage dont .il
veuille. rele.ver, · celui de. Dieu. (5,31-37; 8;13-18). ' Le mot « prochain' D -qtli ·rend-assez exactement
De ce J>rôcès l'enjeu est exactement .celui des le ·terme grec plèsion correspOlld' imparfaitement
Synoptiques, la personnalité messianiqùe et divine au inot · hébreu réa'· ·qùi lu'.i est sous•jaCent: Il ·ue
de Jésus, sa .qualité de *Fils ·de Dieu (.5,18; 8, doit'Pas être confondu avec lè mot d frère·)}, bien
25ss; 10,22-38;· 19,7). qu'il lui cori-esponde souvent.'Étymologiquemei:tt,
il ·exprime l'idée de· s'associer avec quelqu'un,
3. La- révision du· prOcès de Jésus est le premier d'entrer dans sa compàgnie. A l'inverse du *frère,
geste· pub]Jè de l'Église, et: elle· reste -sa mission auquel on est lié par relation naturelle, lè proéhàii:t
permanente; ,En ressuscitant.Jésus, Dieu â.. solen~ n'appattieht pas· -à· ia rhaison patèrnellè ;·'si· :inon
nellement démontré la 'justice;de sa·cause et.con- frère ést··u_n autre· moi_-mêine; 1·mon prochain es·t
fondu ses adversaires, il a fait « Seigneur et Christ » un autre que' tnoi, un_ autre 'qlli pour· moi Peut
(Ac, 2,3'6} celui qu'ils avaient condamné à mort. demeurèt ·c, autrui•», ·mais qui,'peut aùSSi devenir
Toutefois; en faisant de cette résurrection, au lieu un fr~re: U~ ·lien peut ainsi se créer entre deux
d'une démOnstration de force, un appel à ·la •Joi être's, ._soit de''façon. 'passag_ère (Lv 19,j3.16.1S)·;
et à :la convèrsion, Dieu montre que sa victoire soit · de façon du_rable et p~sonnelle, en ·ve'rtu
est celle de·:soti. -pardon. Cette double. annonce, de l'amitié' (Dt t3;7) Ou'·de l'à.mout" Ur 3;1:20·;
du .triomphe de Dieu sur les pécheurs et du salut Ct I,9.-15) o'u de la camaraderie. (Jb 30,29). ,
qu'apporte ce·triomphe·àux pécheurs, est le.thème Dans les anciens codes, il"n'était pas question

1037 1038
·PROCHAIN
PROMESSES
de··«· frère.·» xp.ais d' .'le .autrui D .(vg Ex.' 20,16s) : :-+- ami ..:... ainour II ....:..... àumône NT 3·a ->frèie -
malgré· .cette.- ouverture virtuelle ·sur l'universa- hospitalité, :_ rniséricordè - vengeànèe 2 a;
lisme, l'horizon- de la Loi ne dépassa guère .ie· peù.ple 0

d'Israël. Ensuite, avec leur· conscience plus · vive ,PROCLAMER--+ desseUl d~·Dieu N_T Ù,:,_ ~igner
\ de·· l'.•électiOn, .le Deutér9nome ·et' la ·Loi .de· Sain 4 •
NT, II -'- Évangile III 1_ - : prêcher,I ,2.' ·
teté confondent.·« autrui.» et «··frère » (Lv 19, PRODIGE--+ magie - •miracJe·___,;,_·œiJ.vriis AT- I -
, 16ss);'-'visarit par·là les·seuls Israélites (17,3). Ce signe.
,-.n'est pas:·un rétrécissement de l'amour.:du· ,«··pro•
O.
1

chain ·D· en :amour des seuls ·« frères » ; .S.u contraire, 'JiR0 F ANE--+ ~aint
ces· textes veulent étendre' le -COninïandexhent''de ·PROFESSION DE F·OI • -confession. O; AT 1; NT
.!'•amour èn assimilant· à l'israélite· !'•étranger · 1 --,.. -foi,-
résidant (17,8.10.13; 19,34).
Après l'exil, une double tendance se fait jour. f'ROG R È.S -+ _chémin - co~ri_r 2 - crois1ia~ce - édi-
fier_- éducation· - perfectioii_ N~ s' ~ temps ,AT III 1.
D'un. côté; le cercle des. ·« proches » se· rétrécit- :
le. devoir d!aimer vise.,seulement l'Israélite ou le
prosélyte circoncis. Mais, d'un autre côté;, qtiand
les Septante rendeilt · l'hébreu ria'· par le grec
plèsion,, ils détachent cc autrui.» de« frère·». Le PROMESSES
prochain·,qu'il faut aimer, c'est autrui, qu'il soit
ou- non Ul). frère. Dès que deux. hommes se ren•
conti:ent, ils sont l'un pour :l'autre le «· prochain. », !. LES PROMESSES El" ·LA FOI
indépendaminent de leurs relations de parenté ou
de., ce qu'ils ·pensent ·l'un de l'autre. Promettre est· l'un· des inots clés du langage de
l'amour. Promettre, c'est, à la fois annoncer- et
NT garantir un don, engager ,nne parole, se proclamer
sûr de ,l'avenir et. sûr de soi, et c'est· en ·même
Quand :le scribe q.em_andait à· Jésus : ({ Qui est temJ)S· Susciter chez son partenaire l'adhésion ·du
mon ·prochain ? »· (Le 10,29)·,. il est probable qu'il cœur·et.·1a générosité de la- •toi. A ·sa ·façon de
assimilait encore ce prochain à son « frère >1, promettre, à· la ·certitude qu'il possède de ne jamais
meµibre du peuple d'Israël. Jésus va définitive• décevoir; :"Dieu révèle -sa grandeur unique : a:. Dieu
ment transformer la notion de prochain. n 1est.pas horilme pour qu'il'.mente:· ni fils·,d'Adam
-Tout d'abord, il consacre le commandement de pour- qu'il se rétracte »·· (Nb· 23,19). Promettre,
l'amour : « .Tu aimeras. Je _p~ochain comme toi- pour lui, c'est. déjà donner, mais .c'est d'abord
même. » Non seulement· il cOncentre en lui les dbnner. la ·foi, capable ·d'attendre que vienne le
autres commandements, mais il le relie indisso- •don; et c'est, par cette *grâce, rendre celui qui
lublement au commandement de l'amour de Dieu reçoit. capable de l'•action de grâces (cf Rm 4,
{Mt 22,34-40 p).: A la suifa~ de Jésus, Pau,1- déclare 20), apte à. reconnaître dans le don -le cœur du
solennellement que ce comm.andement «,_-accom• donateur.
pl,it toute 1a:Loi)) (Ga 5,14),. qu'il est la.«- somme» En Israël, les promesses sont les clés œune his-
des autres-. (Rm -13,8ss), et,Jacques le qual~fie- de toire du salut, laquelle est l'.accorp.plissement des
«. loi royale D· (Jc.2,8). ·, . prophéties et des •serments de· Dieu -(Gn· 22,16-
-E:nsuite! Jés_us uni_versalise ce_ co,mmandement : 18; Ps uo,4; Le 1,73). Ces serments rendent irré-
on.doit aimer ses.a_dvers,aires, _non pas seulement vocables les·dons de Dieu.(Rm u,29; He 6,13ss).
ses amis (Mt 5,43-48); . ceila. suppose qu'on ~ .ren 4

Les infidélités d'Israël entraîneront parfois des


versé dans son. cœur .toute barrière,. s_i l;>ie.D; que restrictions· à ces promesses, mais· celles-ci seront
l'ainollr. ·peut atteindre !'*ennemi, lui.même. maintenues grâce à· tin· •,Reste, à un (c •-Fils,de
Enfin, dans la parabole_ du. bon _Samaritain, l'Homme » (Dn· 7,13ss).
J'ésus: ~ :y~~nt ,aux._ applicatîons pratiques (Le Le judaïsme soulignera d'une part la COnfiance
ro,29-37). Ce n'est pas-~ moi de _décid~ qui est aux promesses, et. d'autre part leur caractère de
mou prochain. L'hOmme. en difficulté, füt;-il mon récompense : il· faut, pâ.r l'obéissance-aux corn•
eD.J:lemi,. m'invite à de:Venir son. prochain. L'~mour mandements (4-. Esd 7,1.. 19ss), -mériter l'héritage
universel garde ainsi. un caractère _concret.: ·il se promis. Au contraire, le christianisme verra. en
manifestera :vis~à-vis. de .tout homme .que Dieu elles la pure initiative de Dieu, le don promis à
met sur mon· chemin. · XLD tous ·ceux qui_ y. croient. Mais, à· la même époque,

I039 ro40
PROMESSES PROMESSES

la communauté de Quinrâ.n -veut restreindre à l'humànité entière. La' tradition yahviste fait de
ses membres··observants le privilège des promesses. la -bénédiction, promise à Abraham {Gn 12,2), la
C'est pourquoi saint Paul,. soucieux ·de montrer réplique diVine à l'entreprise -impie de ·Babel ·qui
, que la- vie chrétienne est fondée sur la foi, trouve rêvait:·d'élever· jusqu'aux·cieux. le nom de l'hu-
dans la prOlllesse ·adressée à Abraham et accomplie m'imité (:n:,4) ; mais elle en fait aùssi une répara-
en Jésu&-Christ (Ga •3,16~29);' _,la substance· des tion- de là •malédictjon apportée·à•la·terre par le
ltcritures et. du •dessein. de Dieu. ·C'èst pourquoi •péché de l'homme (3,17; 4,11), et -la ·prem.iè:re
l'épître aux Hébreux,. vciulant faire apparaître :,*figure ·concrète de.l'espéràncé victorieuse entrriu-
dans l'AT une histoire de la foi, y fait du même Verte par 'Dieu ap~S le pr_emier .péché (3,r5). De
coup apparaitre une histoire des promesses (He plus,· cette promesse vise 1c . toutes les familles de
u,9.13.17.33.39), C'est pourquoi, -avant même les la terre » (-12,3). La ..tradition K sacerdotale » rat-
réflexions de . Paul, le discours de saint Pierre à tache explicitement la.·-•bénédiction d'~braham à
la Pentecôte, encol'e très .archaïque de ton, carac- , la bénédiction primitive de la •création. (1,22.28;
térise avec une perspic_acité infaillible le don de 17,6.20). Certes, la- !!'circoncision semble limiter la
l'Esprit et l'apparition de l'Église comme la (t pro- . portée des promesses; en réalité, Israël peut par
messe • (Ac 2,39) ·et l'accomplissement des pro- ce rite s'agréger n'importe quelle race (34) : ainsi
phéties (2,16). ·Pour un Juif,' les •Écritures sont s'accomplit la promesse reçue par· Abraham· d'être
d'abord la •Loi, la •volonté de Dieu à ·observer · « le •père d'une multitude de peuples-» {Gn I7,
con.te que coilte ; pour les chrétiens, eUes deviennent , 5; Si 44,19-22). La bénédiction dés .familles. de
avant tout le livre de5 promess.es ; · les Israélites Sem et d'Abraham, en prép!l[al:l,t «--un royaume
furent 'les dépositaires. des promesses {cf Rm 9, de prêtres et une nation sainte »· (Ex 19,6), con-
4}, les chrétiens en sont les.héritiers_ (Ga .j.,29). crétisera le privilège de la promesse, à savoir d'être
Le langage du -.NT traduit ce_tte découverte : (( un· peuple de ·Dieu ».
alors qu!;: l'hébreu n'a pas de mot particulier pour/
désigner la notion -de ,promesse, _et l'exprime à ·2 •.·L~s pr~messes d·. la Loi_. ,~ Les· .. ~romesses
travers. une constellation de mots, *parole, •ser- adressées aux patriarches, manüestations de ,l'ini-
ment, •bénédiction,. •héritage, •:terre promise, ,ou tiative et de -la *grâce de Dieu; comportent déjà
dans des.- formules, "' le: D~eu d'Abraham,_ d'Isaac des• exigences-; .elles s'adressent à_ la •foi, c'est-à-
et de Jacob.»,_« la: race _d'Ab~ham »,. le NT au d.ire qu'elles suscitent une existence nouvelle,· fon-
contraire connaît un mot propre pour ~ promesse, dée sur la •par.oie de Dieu,": le départ d'Abraha~
gc. epangelia, qui souligne la valeur de., _cette (Gn 12,1), sa marché en présence de Dieu"(I7;1),
« parole donnée ». :" c'est une, . « déclaration ». Le son •obéissance (22,1s). La *Loi étend cette exi~
mot est d'ailleurs appl-l"enté à- celui' d'•évangile, gence à. toute l'existence du peuple. La Loi est
euangelion, la « .. Bonne _Nouvelle ». la-. charte, de· l'•Alliance-:(Ex 19,5; 24,8;. · Jos 24,
25s), ,- c'est~à-dire· le moyen pour Israël 4'entrer
dans une. existence •nouvelle. et ~sainte, de vivre
en •peuple de .Dieu_, ·de s~abandonner- à sa conduite.
Il. JSRA~L, PEUPLE DES PROMESSES La Loi suppose une promesse antérieure _et en
précis.e les conditions ... Les promesses ofletie,s· .à
L'intuitio~ chrétienne si· ·1ortemellt mise en l'obéissance 11e sont pas la sanction de la •jtistice
lumière par l'épître au_x Galates __dégage une._struc- d'Isr~l; elles expriment la générosité d'un D_ieu
ture ,essen_tielle de. _l'.AT :._ l'existenc~ d'Israël a toujours. _dispos~.. à_ -~~bler Jes -~ens, mais. impi-
pour fondement ·uniqu~ et indestructible, Ja pro- toyable au péché_-et incapable de,se donner-à qui
messe de. Dieu. ne. lui doilne. pa::; sa foi.

1. LeS p,om_es'ses aux pât,û,,~hes. '~ ~s différentes '3.Les promesses ~ Da_;id. :- Po_ur que J.•~tence
traditions combinées dans la. Genèse coïncident entière d'.Isra_ël i:epose sur 1~ foi, ilfaut,que tou~
pour· __ en fairè lè liVX"e __:des :Pi-omesSes .. Ahrahain
0 • ses ~s:t~tù1;ions ne trouvent de soliqité qu'en_ la
est c~lÛi.qui ,i-eçoit 1~. promesses .(9"ri r2,1.7.; 13, •Parole .de Dieu. L'~nstitution mona.rchiqu~, fo~-
15ss;: -15'; 17; Ps 1_05,8s). _.Cell'!:'S·P~ comportent,_te>u~ dement normal .de .la communauté natioµale. et
jours un__ héritier _et _un J;i.éri_tage,. _une.:descendance e'xpression _de son, vouloii;-vivre, a. en Israël . un
nombreuse .et .glorieoqse, une ~terre_ plantureuse aspect paradoxal. Ell_e est __ à. ,la ~ois s~mpleme11t
(cf G~ ~5._4-7'; ;17,_16; 2~,24; 28,13ss; 35;~_2)._. Tou- tQJ.érée par Dieu, presque. à contre-c~ur, parce
jours aussi_ elles se rattachent. à là. destinée de qu'elle risque gra.veme:i;a~ de: porter atteinte à, la

1042
l'ROMESSES . P:ROMESSES

confiance exclusive que Yahweh· reveµdique de 5. Les promesses .nouvelles. - · A l'heure où Israël
soµ peuple (1 ·S 8,7ss), .et .promue à u~e··grandeur n'existe plus, ayant' .perd:u son *r_oi, sa .capitale,
et à un av~nir supra-terrestres (2 S 7). Un garçon son ~temple, son .honneur;: Dieu réveille. sa. foi,
«·pris au pâturage t) connaîtra .« .un n,om· _égal aux par des promesses •nouvelles, Il -ose :s'appuyer
plus-grands»_ {2 S 7,9); il sera le fondateur·d'une sur «,les choses· anciennes:-.» prédites à Im:aël .,-. les
dynastie royale _.(7,11s), le ._privilégié de Yahw:eh menaces de destruction qui se sont. vérifiée~ avec
qui le comblera de biens (Ps 89,21-30) ; :sa ·descen- une exactitude terrifiante· (Is 48,3ss; 43;18) -
dance, ·assise 11 ..à la droite.. de Dieu». (Ps 110,1), · pour lui promèttre «· des choses·nouvelles, secrètes
héritera des nations (Ps 2,8); Aux :heures du pire et inconnues » (48,6; 42;9; 43,19), des· merveilles
abaissement et jusqu'aux jours. du ·Christ, ces inimaginables. De ces merveilles, la· synthèse· la
promesses nourriront encore la foi d'Israël- (Is 11, plus ·expressive est la • Jérusalem nouvelle,, 11. mai-
r; Jr 23,,5;·. Za 6,12; Le 1,3"2.69). son de prière pour tous: les peuples »-.-(Is 56,7),
Les promesses furent loll.gtemps -terrestre·s ,: un -*mère· -d'un'e ra,ce innombrable· (5'4;-3; 60;4), joie
fils, une.ferre,. un . roi, unè. abondante prospérité. · et 1fierté de Dieu (60;15)i
Cependant,: déjà le Deutéronome leur prête .un
caractère de .. -bonheur· rassasiant. ·Avec les -pro- 6.- Les promesses de ·la Sagesse. --'-'- A quel ·point
phètes elles se spiritualisent et s'intériorisent : les promesses' de Dieu fondent ·toute· l'existence
. l'essentiel devient une ·•alliance nouvelle : ii Je d'Israël, c'est' ce que·- 'prouvé la . place qu-'elles
mettrai ma-Loi au fond dei leur être et je l'écrirai tiennent dans Ies··écrits de- •sagesse;" Il· est vrai
sur-leur cœur )). (Jr 31,-33). Cette·alliance Comporte, que toute sagesse' ··contient une promesse, puis-
avec la -connaissance intérieure, le *pardon de qu'elle ·comm:ence par rècueillir· et,classer les expé-
Dieu, un •cœur nouveau {Ez 36,26s; Ps 51,12). riences, pour discerner les· .. fruits ·qu'on peut en
C'est précisément lorsque Jérusalem a perdu tout attendre. L'originalité de la sagesse,· d'Israël est
rôle politique que les prophètes lui adressent les de substituer à Cette attente·, fon:dée sur_:les cal-
plus. merveilleuses promesses; que les psahnistes culs 'de l'expérien:ce, · une •espérance Venué ·d~ail-
chantent 11 Yahweh -est .ma part n· (Ps 16,5; ·73, leurs, de la fidélité à ·l'esprit· authentique du yah-
, 26) et promettent !'*héritage- dè Dieu et les -béa- 'visme; « à. l'alli.ince du Dieu Très-Haut et â la
titudes aux •pauvres, que les sages .annoncent Loi de. Moïsè)) '(Si 24'.23). La sage·sse 'd'Israël lui
aux •justes « une· espérance pleine d'immOrtalité ,, vient d'en haut {Pr 8,22-31; Si 24,2ss; sg 9;4.1·0),
(Sg 3,1-5), tandis que les martyrs attendent la c'est·pourquoi la *béatitude qu'èllè promet (Pr 8,
>!!résurrection (Dn 12,2s; 2 M 7). ' 32-36} dépasse les espoirs'•humains (Sg 7.8-11)
pour viser « la faveur dè• Yahweh » (Pr 8,35),
4. Les promesses msssianiques. - Les· promesses (1 l'amitié de Dieu» (Sg· 7,14). Le- Ps 119, écho de

aux· patriarches et -à David,- asstirant la perpé- ces promesses dans un cœur jus-te, atteste qu'elles
tuité glcirieuse de leur race, culminent-dans· rat- ont entretenu la foi en Israël, la certitude que
tente de ci Celui qui doit venir n (Is 26,20; Ha 2, Dieu suffit.
3s-LXX). Les prophètes ont formulé, à· côté- de
leurs menaces de .chàtiments, les promeSSes de
l'espérance messianique.· Isaïe voit en }'Emmanuel, III. LES PROMESSES DE ]ÉSUS-,CHRlST
né d'une vierge, un s'ïgne· de· bénédiction pour le
peuple (Is 7,14) ; il chante les prérogatives•futures I. · L'es Synoptiques. - Jésus, le 1:l!eSSie""prénnis ·et
de cet enfant issu de -la lignée de David; « Prince en·'qui tt toutes les pron-ièsses· de Dieû ont leur
de la paix n (9,5s), 1c: Roi jüS:tè » (n,n) ; seIOn oui n (2 CO 1,20), sé 'préSente' d'abord; foi;· l'objet
Mt 2,6, Michée nomme ·le· lieu· où• doit llaîtl'e de 1a promesse, comme porteur de no'uvelles pro-
« Celui qui doit régner sur Israël » èt dont les mess~. Il 01,1.vre sa prédication par l'annonce du
1 origines ,'remOntent; .. aux jours antiques··» ('Mi •Roya_umé (Mt· 4,23) .quê, dans les *Béatitudes, il
5,-1~5) ·;·:'Jérémie promet ·un_«' Gèmi.e:juste'_-_1) _(Jr Promet ·3:ux pàuvres et a,ux persécutés .(Mt 5,3.10;
23,-5s; 33,15S; cf Is 4,2; Za- 3,8s; 6;_12) '.qui sera-_Ia Le 6;20.23) ;·il s'adjoint des: disci]?les. en leur Pro-
gloire d'ISraël_ et le restaürateur du· peuple;- É~é- mettant uriemiracû_Ieuse·pêche d'hO.mmes {M:t" 4,19),
-ëhiel annoncé le Pàstèur qui vièridra. · 'paître ses le pouvoir sur_ les douze tribus d'Israël ·(19,28).
brebis, tel'-un nOuyeau Dâvid'·(Ez 34,235; cf- 37, A •PieI"re, i1 promet 'de fonder _sur lÜi ·son *Église
24s) -; ·Z_acharie voit le joyeux cortège du Roi et lui gài-aritit_ la Victoire' sui_Tenfei' (16;r6ss).
Messi~ entrant·à_Jérusalem.en humble équipage, A quiconque 1€: suit, il prorriet le· ceil:_tuple _.et _la
porteur de paix· (Za 9,9s). vie éternelle (19,29)'; à' qlli prend son pa:rti, il

1043 1044
l'ROMESSES PROPHÈTE

promet son appui devant Dieu.(10,.3:2). _II reprend toujours été adressée à la foi (Rm ·4,13), elle·est
Il, son compte toutes ·les.·promesses de l'AT, pro- « assurée à toute la descendarice qui se ·réclame ...
:tnesses d'un *peùple et d'une *terre, d'.un royaume, de_la foi d'Abraham,. notre père à tous » {4,16),
de la béatitude : elles dépendent. de sa mission et circoncis· et incirconcis (4,9),
tle sa personne, Elles ne sont pas encore *accom- « Comblés de.·toutes les •richesses »; « ne· man-
plies, tant qu~ son·*heure n'est pas venue, et l'on quant, d'aucun don de la $râce » (I ·co I,'5.7), les
ne peut suivre. Jésus·.que dans la foi ; mais croire chrétiens· n'ont- plus rien• à désirer, ·puisque !'Es-
on lu_i, c'est toucher à leur accomplissement, c'est prit·- est en eux une· possession permanente· et
déjà avoir trouvé (Jn 1,41.45). vivante, une •onction et un •s.cea.u. Pourtant il
n'est· encore que « 1es· arrhes de notre héritage »
·2, L'évangile:dè Jean me't justement en lumière à (Ep 1;r4:-· cf 2- Co 1,22; 5,5}, 11 les *prémices:.. de
quel point, par sa ·personne et par ·.ses gestes, notre · rédemption ll (Rtn,' 8,23), et sa prièl'e · en
Jésus est ,déjà ·dans le monde la présenCe vivante nous' ·demeure « un gémissement » et « une .:•espé-
des promesses. ·Il est tout .ce qu'attend l'homme, . rance·» ·(8,23s). Les chrétiens sorit,encoreîes Pèle-
tout ce que Dieu ·a promis à son peuple, .la •vérité, rins d'une « *patrie meilleure » (He II,I6) et y
la *vie, le *pain, l'*eau vive~ la· .*lumière, la tendent, à l'exemple d'Abraham, « par la foi- et
•résurrection,· la *gloire de Dieu; mais-il-est tout ·la persévérance» (6,12.15). Jusqu'au dernier jour,
cela dans la •chair et ne peut se•domier que dans la promesse est le moyen pour l'amour de Dieu
la *foi. Il est plus qu'une promesse, iJ.est déjà un , ùe s'offrir à la foi. MLR & JG
don, mais·« donné» à. la.: foi; (tpour que tout homme
qui croit en lui... ait la vie éternelle » (Jn· 3,16). --+-Abraham;-- accomplir - Allianc~ AT·l.1 ;. NT-II
1 - amen - bénédiction Ill - dessein de Dieu AT
l - don AT J - èsPérance ..:_ fidélité - foi NT III
3. La promesse· de l'Esprit. - « La promesse du 1 - héritagê - justification 'Il i: - lait z - Parole
Père » (Le 24,49; Ac lA) est-l'Esprit; « remplis- de· Dieu AT II l c - Reste ,;_ RéVélation AT Il 1 c -
sant l'univers et tenant·. unies toutes choses D · roï'AT II·- serment - terre AT Il - véi-ité AT-1.
(Sg 1~7), il_ contient ·aussi, toutes ·les· promesses
(Ga 3,14). Aussi, pour qu'il soit donné, Jésus
doit-il achever son œuvre sur la terre (Jn 17,4),
aimer les siens· jusqu'à la· fin (13,1);- donner son
corps et son sang (Le 22,19s), Alors lui sont ouverts PROPHÈTE
tous les trésors de Dieu et il peut tout. promettre :
on peut« en son·nom·tout ... demander à..-Dieu D, AT
on est:-sitr·de le recevoir '(14,13s). Ce « .. tout»,
c'est « !'Esprit. de Vérité, que le .moude.ne peut J, DIVERSlT:É ET. UNITÉ DU PROPHÉTISME D'.lSRAËL

recevoir li. (14,17)· parce qµ'il ne peut pas _croire,


et qui est la richesse ·vivante du Père et du Fils PartOut, dans· 1'ancie11•_. Orient;, il existe des
(16,15). Quand«· tout.est·achevé il, Jésus expire hommes qui, exerçant *magie ou·diV'inatioil_ {cf Nb
et « ._remet son •esprit »_ (19,30), il a_ tenu. toutes 22,5s;_ Dn 2,2;· 4,3s), Sont jugés· aptes à• receVoir de
ses promesses. Il peut -promettre aux, siens d'être la divinité un message. On les sollicite parfois,
avec eux « jusqu'à la .fin du monde », du. moment a:.Vànt urte èntrepriSe .. JI arrivera -aux . prophètés
qu'il-leur donne 1i le Père, le Fils et le Saint-Esprit» d'Israël de ·remplir des fonétions analogues· (1 R
(Mt 28,19s). . :2:Z,1-29); màis c_'est la considératiOn du prophé-
tisme comme durée qui permet le · mieux ·de· sai-
-~ir son·' Caraèt~ unique. ·
IV. LEs CHRÉ~ni:NS,. HÉRlT~ERs· oÊs P~oME~SES i._ Or(gines. --- Où conimence ·le· pro]?hétisme
bîblièJ.ue ?' Le titie"'de .'prophète èst· donné à· Abra-
Possédant !'Esprit, _les. chrétiens sont, en· pos- ~am, mais c'èst pàr un'·tratisfert'· tal'dif (Gn-·20,7).
session de toutes les promesses (Ac 2,38s) et, du Qùant à' Moïse,_. auth~tique envoyé divin·· (Ex
moment que ·K les païens aussi- ont reçu -le· don du 3.;..:._4); il est une source par rapport à· la pro-
Saint-Esprit-)) (10,45),' c'est·- que, jadis « étrangers ph_êtie' (EX 7,1;· Nb _ù,17.:.25), delle· 'pluS qu'un
aux âlliaricès de-là:]?roniesse »· (Ep' 2,12); ils sont prpphèfe (Nb rz_,6~8)._ Le Deu_téronome ·est -Ie_ sëul
devenus 'dans :te Chllst · (i participan~s de 1a- pro- livre ·de la Loi qui lui "donne ce nom (Dt 18,15);
messe· li (Ep 3,6). nu· ·moment que là 'promesse a mais non pas comm'e à un prophète parini les

1045
l 1HOJ>H:tTE PROPHÎTE

autres _: personne· après lui ne l'a égalé (Dt 34, 3; Le Prophète dans la.Communaml: ........ constituant
10). A la :fin de l'époque des Juges, surgissent des une tradition, le prophétisme a aussi une place
~des de « fils de prophètes n {r s· 10,5s) dont précise .dans la- communaùté d'Israël,:- il en est
l'extérieur agité (1 S 19,20-24). se ressent d_e l'am- une partie -intégrante; mais. ne l'absorbe pas·; on
biance· -cananéenne; Avec ·. eux· 'Je : mot nabt voit .-Je ·prophète jouer un· .rôle, ·avec le prêtre,
(«appelé»_.?) en,tre·dans l'usage. Mais·-à. côté de dans le sacre du •roi-(1 R x}. ·Roi,: prêtre, prophète
lui sub,sistent les anciens titres·: (c voyant »· {1 S sont pendap.t longtemps commè- les trois pôles de la
9,9). ou-« visiontiaire »-.. (Am 7,12), «•-,homme de société d'Isiaël, .. assez.·diVers pour· ètre parfois
Dieu·.» (l ·_S 9,7s),· titre principal.d'Élie et surtout antagonistes, mais nàrmalerrient nécessaires les uns
d-'.Élisée (2 _R-4,9). Le titre de naM n'est d'ailleurs aux autres. Tant qu'il existe un État, on y trouve
pas réservé aux prophètes ~uthentiCJ.u!;ls de Yah- des·prophètes-pour·éclairer les rois·: Nathan,.Gad,
weli : à côté d'eux il y a _4es nabis de Baal-.(r R Élisée, Isaïe ·surtout, et. par moments Jérémie. Il
18,22) ; il y a aussi- des hommes qui font du -pro- · leur revient ,de dire ·si l'àction· entrepris'e est. celle
phétisme un métier, -mais parlent ·sans que . Dieu que Dièu, veut, si telle _politique s'insère ·exacte-
,l~s iz:i,spire (1 . R 22,5s.-.,). L'étude· du v:ocabulaire ment dans -l'histoire du ,salut_. Néanmoins, le pro-
. montre donc que le prophétisme a. des. aspects , phétisme. àu sens fort du terme n'est pas une
très variés; mais il manifestera son ·unité en.-se institution comme la· i'oyauté··'et le •sacerdoce :
développant-. Israël .peut ·se donner un Roi (Dt r7,14s) mais
non_ un prophète ; celui-ci est un pur don de Dieu,
2. Continuité. - JI a èxisté une véritable tradi- objet de promesse ·(Dt. 18,14-19) mais librement
tiOn prophétique· qui se perpétüa grâce· -aux ·•dis- accordé 1 On .le sent bien dans..Ia période· où le
ciplè!3 des pJ'Ophètes. L~Esprït, com~e.. ·dans le prophétisme s'interrompt (1 M 9,27; cf Ps 74,9) :
-c~s. de. Moïse· '(Nb u,17)., s~ •communiqml! ·: ainsi Israël vit alors dans. l'attente du Prophète_ pro-
d'Élie à-Élisée (2 R 2). ISa,ie mentionne_ ses dis- .tnis·(1 M ·4,46; 14,41}. On:.comprend, dans ces cir-
ciples- (Is 8,Ï6) et Jérémie e_st ~ccompag_né de constances, l'accueil enthousiaste fait par les_ Juifs
Baruch. Le Serviteur de Yahweh, dont la figure, à-la prédication. de •Jean-Baptiste (Mt 3,1•12);
plus encore que celle de Moïse, dépasse le pro-
phétisme, ,assume les traits d'un prophète-disciple
enseignant (Is 50,4s; 42,2ss). Dans .ce cadre d'une ll. DESTINÉE PERSONN°ELLE:'DU PROPHÈTE
•tradition vivante; !'•écriture· joue naturellement
un rôle (Is 8,16; Jr '36,4), (lui croît avec le temps : 1. Vocation ... ;...__ Une place · revient àu piophète
ce ne sont plus ses paroles seules que Yahweh dans ·1a: cointtiunauté, mais c'est la •vocation qui
met dans la bouche d'Ézéchiel, mais un •livre. le constitue. On-le yoit à·-I'évidence dans_ pappel
A ·partir de l'exil surtout, la conscience d'une tra- de •Moise, Samuel,. Amos, Isaïe, ·. Jérémie, Jhé-
dîtion prophétique s'impose rétrospectivement à chiel, sans oublier lé ·":'Serviteur. de·.Yahweh. Les
lsra~l (Jr 7,25; cf.·25,4;, 29,r9; 35,1-s;_ 44,4). Le confidences ly'riq'ues .de Jérémie tournent autour
Livre de la Consolation (d.'école. is_aienne), s'.ap- du même thèr:he., Dieu· a· l'entière initiative-; il
pui~. sur cette traditi(;m quand il rappelle, les pré- domine la. personne du prophète : 11 Le. Seigneur
dictions ancielllles de Yahweh {113 _45,21; 48,5). · Yahweh parle, ·qui ne- prophétiserait ?,;·» (Am 3,
Mais la tradition prophétique a.une source d'unité 8;, cf 7,14s). Jérémie, consacré dès le sein de sa.
, 4ui èst d,'un a,utre ,ordre q~e ces rela_t,ions mesu- mère· (1,5;. cf Is 49,1), parle, de séduction•: _{20,
rables :)es prophèt~S,. depuis l'origine, soi:it tous 7ss). Ézéchiel sent la main de Dieu .peser forte-
a~imé:S .par _le méme ..•E;gprit-.de._ Di~u (même_ si, ment sur lui (Ez 3,14). L'appel éveille chez Jéré-
plusieurs ne nomment pàs. -1'.Esprit colll_me ,ori- mie la conscience de la faiblesse (Jr 1,6) ; chez
gine de la prophétie; cf cependant I S ro,6; Mi I_saie, celle du péché _{Is 6,5). Il cond_uit toujours
3,8 (hb.); Os 9,7; JI .3,1s; Ez 11,5). Quelles que à une •missioll., 'dont l'instrument· est la bouche
soi~t,.leurs,dép~ndances.. mutue.lles, c'est•de -Dieu du prophète qui dira la Parole de Dieu (Jr 1,9;
qu_'ils .tiennent 1~. •P~..tole. Le ~charisme ,.p-~9Phé- 15,19; Is ·6,6s;' cf Ez 3,1ss).,
_tique. _est un cha~sme.de ~_révélation {Am 3,7;, Jr
du
1

23,18;: 2· R 6,1.2), qui fait connaître à_ .. J'homme 2. Le mes$age p,ophète et sa-vie. - Des an~onces
ce _qµ'il ne poùfrait découyrir par ses seules}o~s. gestuelles (plus de trente) , précèd~t ou accom~
Son ob]E::t est_ à la .fois multiple _et ~nique.: ,c'est pagneµt-les exposés oraux (Jr 28,10;_51,63 ... ; Ez
le •dessein de salut, qui s'accomplira- et s'unifiera 3,24-5,4; Za _I:r-,15 ... ). C'est:_que la-P,3,J'Ole-révélée
en J~us-Chri~ (c,{ He 1,1s}. .ne se .réduit ,pas à. des mot_s; elle est ,vie, elle

xo47
l11WPHÈTE PROPHÈTE

110.ccompagne d'une; participation symbolique _{non -M~assé -(2 · R 21,16), ·certainement sous Joiaqim
magique) .au geste de Yahweh· qui accomplit .ce (Ji-. 26,20-23). Jérémie ne voit rien d'exception-
qu'il dit. Certains- de ces, actes syx;nboliques -ont nel. dans ces massacres (Jr 2,30); au· temps: de
des effets immédiats·: achat d'un champ (Jr 32}, Néhémie, leur mention est devenue un lieu com-
maladies et ang()isses (Ez 3,25s; 4,4-8; 12,18):· Sur- mun (Ne 9,26).ef Jésus pourra.dire:«. JénisaleID,
tCJut, il est remarquaQle qu~, pour- le!3, pl_us gr<!,,D.d.s, qui ..tues- les_prophètes-J) (Mt.23,37) ... L'idée que
ln. vie conjugale_ e_t familiale fasse ·corps ave.c.·la la •mort des prophètes est le• couronnement de
r6vélation. C'.est lei cas. pour le .mariage _d'Osée toutes leurs pJ'ÇJf)héties en acte se.fait-jour. lente-
(1-3). Isaïe ne .~ait que m_entionner la « _p!ophé- ment à t~vers cett,e expérience. La mission du
tosse » .(Is. 8,3), mais lui_ et ses .enfants sont des Serviteur de. Yahweh, aboutissement de leur lignée,
•signes pour le.peupl~·.(8,1~).;•Au moment de l'ex.il, commeJJ,ce dans la discrétion (Is 42,2), et·elle se
les signes: deviennent négatifs : célibat de J_éré- parf~t-d~ns Ie- •silencj:I de l'*agn_eau qu'on abat
_mie (Jr 16,1-9), veuvage, d'Ézéchiel (Ez 24,15- (Is 53,7). Or cette :fin est un sommet entrevu :
27), Autant de_ symbples non imaginés mais.yécus, , P.epuis M?ise,,. les .prophètes intercédaient pour, le
et par là r~iés- à la. _vérité. Le messa·ge lle peut peuple (Is -37,4; .Jr -.7;17; 10,:;1;3s; Ez 22,30); le
être extérieur à son porteur : ce n'est. pas un .con- , Serviteur, en intercédant.pour les pécheurs,-·les
cept sur lequel ·_celui-ci aurait prise ; c'est la Jllani- sauvera par sa. mort (ls 53,5.üs)·.
festatio~ en lui du Diéu vivant (Élie), du Dieu
saint (Isaïe)'. ·

3. b)reuve.S .. ~ C~ux, q~i pailent en leur propre


Ill. LE:PROPHÈ°rE_EN :FACE DES VALEURS ADMISES
nom {Jr _14;14s; ·. 23,16),. sans .avoir ·été enyoyés
(cf 27,15), suivant leur propre .esp:i;it (Ez -13,3), LEI. rencontre dramatique entre le .pr9phète , et
sont des faux prophètes: Lès vrais _prophètes .. ont le peuple se. fait d'abord sur le terrain des condi•
conscience _qu'un Autre_ les fait pa_rler, si .bien tions .de .l'.*alliance ancienne : la Loi; les institu-
q~'il l~ur arrive _de dev(?ir se cortjger lorsqu'i~s ti~ns, Je Culte. · ·
ont parlé_de leur prop;r_e f~nds .(2 S _7). La pré~ce
de cet Autre (Jr 20.,7ss), le _p9id~ .de _la mission 1., LG Loi._ - _Prophétism,e .et·: •Loi n'expri~ent
reçue (Jr 4,19), causent ;;auvent une lutte .inté- pas c:l_eux _options, deux _CQui:ants divergents :_ ·il
rieure. La sérénité d'Isaïe en laisse paraître peu s\l.git_ de fonctions distinctes, d!B. secte:urs_nulle-
de chose : (( j'attends Yahweh qui cache sa face » ment étanches à l'intérieur d'une totalité. La Loi
(Is 8,17) ... Mais Moise (Nb n,u-15) et Élie (1 R déclare ce _qui ·doit être pour-_tout_ temps e.t tout
19,4) connaissent· la crise de ·dépression. Jérémie homme. ~e · proph~te. déncince pour comtnCîlcer
surtout se plaint amèrement,_ et il semble un ins- les -fautes qµi su:i;-gissent contre -la Loi.. Ce qui le
tant se .détourn,~ de s_a vocation (J r 15, 18s;. 20, (l~tingue ici des représentants de la Loi c'est qu'il
14-18). Êzéchie_l est l( rempli d'amertuine et. de n'attend ~ (l'être saisi d'un _ cas pour se pro-
fureur », « hébété,-~ (Ez .3,14s).·-~ Serviteur de noncer,. et: qu'il le, fait sans référence à un pouvoir
Yahweh :traverse une_ ph~se d'.appare~te sté~lité tem1 de la _société ni à un _savoir appris_ d'autrui.
et d'inquiét~!;le (Is 49,4). Enfin, Dieu ne laisse De par, c_e qJ?,e Dieu. lui révèle _poui ._le moment
guère les prophètes espérer le succès de leur. mis 7 pré~n,t, il relie la .l,.oi à. l'existence; -il met des
sion (ls 6,gs; Jr 1,19; 7,27; Ez 3,6s). Cetle d'Isaïe n.oms, .il dit au pécheur, .comme Nathan.à David :
n'aboutira qu'à enq,urcir le peuple (ls_ 6,9s ~ Mt « Tu e:s ·cet.homme.» (2._S 12,7), il prelld .sur le
13,14s; cf Jn' 15,22). É:i;~chiel devr'à parler, « qu'on faif .(1 R 21;20), souvent par surprise. (1 R 20,
l'écoute· :oti _non » (Ez 2,5.7; 3,i1.2.7) ,:. ainsi _les 38-43). Osée (4,2) et Jérémie (7,9) font allusion au
hommes « saun)nt (lue je suis :Val?,w~h. » (Ez 36, déCcµogue,_; .É-2:échiel (18,5:-18),. aux .lois- et cou-
38; _etc.) ; .mais cette _reconnaissance du Seigneur tumes. ie non-vèrs~ment du_. salaire ..(Jr 22;13;
n'inteivieildrà. qu'après :coup._ 4 parole prophé- cf__Ml J,5),. 18: fraude·_(~ 8,5; Os 12,8; Mi 6,1os),
tique tr@scendè de toute_ manière ses_ résultats la v_énalité _des juges .(Mi. 3,u; .Is _1,23; 5,23), -le
imniédiats, 'car son efficacité e5t d'0rdre, eschato- z:efus d'affraµchir les esclave!;l,.au .teIIlps•: _voulu
logique : c'est" .'nous finalement qu'elle. concerne (Ji:7,-34,8~22), l'inhuf!J:anité des prêteu!S (An;i 2,8)
(1 P 1 ;i:oss)_.
1
· et de ceux,.qui « ,écrasent le· visage des pau_vres .. »
(1s 3,15; cf-Am 2;6-8; 4,1;_&,4ss) : autant de fautes
4. _Morl. · - On ,a extérminé _les· p~phète~ sous coDtre· Ia Loi, contre ,l'Alli!l,_nce.! Ma,is. i~essence de
Achab '(1· R 1s;4;~·3; ·19,10.14), pr:obablement sous 1a L,0i-4ue'les prophètes rappellent ne s6' rani~e

1049 1050
PR.OPFlkTE
pas au· texte écrit; en tout cas l'écrit ne· peut passé-là; ils ne le· confondent ·pas· avec Ses ;survi-
opérer ce qu~opère le prophète chez ses auditeùrs. vances· mortès. II' leur sert' à: remettre d.a:il.s ·son
l>af:son *charisme, u·atteint dans chaque:homme ax{l:'vra,i la-~gion ~u peuple'..
ce .point secret où est. choisie ou ·repoussée-·'la
lumière. ·Or; dans la situation -de, fait .où surgit 3·, Le· culte. - Les ·prophètes .. ont".des paroles ·radi-
la. parole prophétique, le· •droit n'est pas seule- cales contre les··•sacri_fi.Cès.: -(Jr 7,21s; Is··. 1,·nss;
ment refusé, mais tordu;(Mi 3,gs;,Jr 8,8; Ha' 1,4), Am 5,:z1:.25}, l'"'A.rche (Jr 3,.16)_ et le ·*.Temple
changé en amertume· (Am 5,7; 6,u); Ie·bièn est · (Jr 7,4; 26,1-15) - ce teniple où Isaïe ~ reçu· _sa
àppelé mal;:et inversement (Is 5,20; 32,5)"; tel·est Vocatfon (Is_6) et où Jérémie prêche (Jr 7), comme
·le •mensonge condamné inlaSSàblement par J éré- ··.Amos •prêchait _au sanctuaire de_ Béthel. (AIi\ 7, 13).
mie Or 6;6 ...). Les ·•pasteurs troublent l'eau ·des Ces· paroles visent 'l'Élct_tialité'_: ·elles condatnnent
brebis. (Ez 34,r8s),'.les faibles sont égarés• (Is··-3, 'tels sacrifices qui· So'nt :en: fait ·sacrilèges ; elles
12-Is; 9,15; 'Am 2,7}. Le ·peuple, lui-même cou- s'appliquerà~ent· tout autant, 'dans· des cbnditîons
pable, ne· mérite aucun ménagement (Os 4,9; Jr analogues, aux· actes-du culte chrétjen. Elles rap-
6,-28; Is 9,1·6) ; mais les prophètes vitupèrent plus pellent. àussi _la valeur. relative dè ées signes ·qui
violemment ]es prêtres· et tous les· *responsàbles n'ont' ·pas toujours été et ne_ seront _'pas ~ujours
(Is 3,2:·Jr 5,4s) qui détiennent les ·normes (os·5, tels· qµ'ils sont '{Am--5,25; ·Jr 7;22), '.qui _n~ sont
1; Is w,1} et les faussent. Contre une telle situa- capables par eux~riiêmes·ni dc·puri:fierni de sauver
tion, la Loi est sans armes. Dans la. perversion (cf He 10,1),, Ces sacrifices n'ont de ·sens que par
4es. •signes, _le seul recours est 1~. discernen+ent rapport aµ sâcrifice·unique du Christ; c'est à Ja
entre deux esprits, celui du mal et celui de Dieu : révélaticiil.- de_ ce sèllS dernier _que la. Critique des
c'est'_la situation où l'on voit s'affronter prophète prophètes liVre pa_Ssage. D.'ailleurs, à =partir de
contre prophète (Jr 28). · l'exil~ ,.organisation :du •culte et PIOPhéti5me se
rencontrent ·chez· Ézéchiel (EZ 40-,a.8; 'Cf Is 58,
·i. Les -traditions. - Le péché• n'est pas Seul en 13}, Malachi_e, Aggée. I.e culte juif de· basse
cause ; la société a mué. Les prophètes ont· èonsw époque est un .culte purifié, et cela est_·_d'O. ·_pour
cience de. la nouveauté de_ l'état des mœurs, que Ùn43 large p13-rt à l'action de!(prophètes, qui n'ont
Ce-soit dans les vêteménts (Is 3,t6w2·3), la musiqùe jamàis _imaginé urie religion sans cU.lte, pas plus
(Atn., ·6,5) ou les -rapports· sociaux. Les· _échanges qu'une s.ociéi:é saris_ loi._ ··
de· tous -ordres ayant augmenté,· Israël connait la
situatiori que Samuel avait ·fait prévoir (1 S 8,
10.:18) : le ·rapport"dè. maitre à esclave :a, ·été,
depuis le séjour en Égypte, transféré à l'intérieur JV. LE PROPHÈTE ET L'ÉCONOMIE NOUVELLE
du peuple.· Malgré ·certaines positions antimo~rw
chiques (Os -13,n), les pr'ophètes ne cherchent Les _prophètes :ra.Hachent le *Dieu.- vivant à sa
pas le retour à• un état antérieur. Ce n'est pas leur créàture· ·d.;:tnS la _singularité du mOip.ent présent.
rôle. Ils s'opposent même au peuple, fixé :comme ).lais_ pour cette raison même, l_eur' message _est
à son bien propre,à une•imàge heureuse du pâssé tourné vers _l'avenir. Ils. le voient ql,ii_ approche
dont il estime assurée la reconduçtion indéfinie. avec sOn double visage, de •châtiment et de
Ç'est feuphOrie de ceux qui. disent _: « Yahweh •salut. ·
n'ést-il pas _au milieu_de· nous?_» _(Mi 3,_n), qui
appellènt Yahweh « l'ami. de leur Jeunesse. P _(Jr 1. Le èhdtiment.·....:.: isaïe, Jérémie, Ézéchiel, au-delà
3,4;··os- 8,2), qui pensent:·obtenir à peu de frais 'de la inultiplicité des t_ransgression~, _vètient .la con-
qùe «·YahWèh recommence poµr eux tous ses pro- timiité du ~péché natiorial (Mi 7;_i; _J~ 5,1)_, d?nnée
dige_s »·(Jr 21,2),_.de c_eux pour qui rien ne se passe: historique et. !adical_e (Is 48,8; Ez 2(); Is 64,5). Il
« Demain sera comme a1:1jourd'hui_ » (Is 56,12; est giavé (Jr 17,1), adhér_ent cotllll1:e .la rouil_le ou
cf· 47,7) .... Ceux-là se re~Ouvent ·eux-mêmes dans la Couleur ~e la: pe_au (J r 13, 23:;. Ez _24,6) ...Pr<?phètes,
la prédication tranquillisante des faux proph~tes ils expriment cette situation en _termes de moments
(Jr 23,17) et reftisent qu'on· leur ouvre les yeux historiques. Ils disent ,que le_ PÇché, auJou_r~'.hui,
sur le présent comme U eSt. Mais les prophètes a atteint son comblé ;· Dieu 1e leur a ~t · ,voir,
de Dieu- sont à l'opposé d'u:iJ. reniement du passé : comme il le fit voir à Abraham pour· Sodome (cf
ÉÜ'e retourne à l'Hc,reb; Osée (u,r-"5)· et Jérémie Am 4,u;. Is _1,10 ... }._.. Ausst, .à côté d'exborta~ions,
(2,2s) sont_ épris des souVenirs_ du •désert, le deu- leur mes~age comporte-t-il l'êuonçé d'une sentence,
téi-owlsaïe (Is 43;16:-2r) de ceux de l'*E:Xode. Ce avec ou sanS date, mais jamais indéterminé :

1051 1052
PROPHÈTE PROP~TE
,Inaël a rompu l'Alliance (Is 24,5; Jr n,w) ;.-aux 4. L'(!ujourd'hui définitif. - Ce reman~ement des
prophètes de le lui signifier avec s~ conêéquene:es. conceptions du salut est î_nséparable des circop.s-
Le peuple attend le .•Jour de Yahweh-comme_·un tances de l'exil _et du retour,. car le prophète voit
triomphe_; ils annoncent qu,'il .vient sous .la forme d'un seul.-ri:,gard_, les vérités éternelleq, e.t les. faits
contraire (Am -.5,18ss)_. La *vigne déce_vante sera où elles se.manifèstent. Les unes comme les-autres
détruite par le vigneron (Is 5,r-7). lui sollt ré~éléès _par 1a grâ~e - dé sàn. charisme.
mais panni les C:Onnaissances · que __l'homme ne
~. Le salut. ·_ Pourt~t,' les prophètes, dès, le peut _atteindre .df;': lui-111ê:me, çe1le .de ..I'ave~ est
temps d'.Amo,s, savent: que Dieu ne pe1J,t •seule- un cas particulier. _-et _priv:ilégi.é. Sa prédi_ction
ment châtier. Puis, Jérémie vient «· pour .arracher prend _des formes- diverses. Elle concerne parfois
et renverser, pour exterminer et démolir, pqur des , faits· proches, ,dont_ la portée est moindre,
bàtir et planter.» (Jr 1,10). Israël a rompu l'Al- mais la réalisation plus frappante (Am 7,;17; Jr
liance, mais tout n'est pas .dit avec cela· : Dieu 28,15s; -44,29s; 1 S .'10,1s; C:f Le 22,1oss). De teJles
qui est l'auteur d!=I cette •alliançe, a-t-tl l'intention prédictio:ps, une _fois réal~sées,. sont des. signes en
de la rompre ? Aucun sage ne po:urrait répondre vue de l'avenir lointain,_ le; .seul qui soit déc~if.
à ce_tte question, car dans le passé, Israël a spé- Cet avenir-là, _cet~ fin de l'histc.fre, est l'objet
culé sui- la *fidélité de Dieu afin de.lui être infi- essentiel .que Vise la prophétie .. La façon dont on
dèle et s'est .àinsi. enfei-mé, dans le péché. -.Mais l'évoque par avance s'enracine toujours ,dans l'his-
quand le sage se tait (Am 5;13), le prophète parle. toire de l'Israël charnel, mais elle en fait ressortir
Il est seul.à pouvoir,dire.qu'après le *châtim~t. :la portée définitive et universelle. Si les voyants
Dieu triomphera,en,,pa_rdonnant, sans y être terill décrivent le salut à l'échelle des événements qu'ils
(Ez 16,61),. pou:i; sa seule *gloire (Is 48,_n},·-Cette vivent, cela tient •à' la limitation· dê,Ie'ur expérience,
perspective se·comprend -mieux quanQ, la, doctrine mais aussi au fait que l'avenir est à l'œuvre dans
de l'Alliance est développ~ à-partir d.'Osée sous le pr~sent; les prophètes relient le présent,à rave-
la figure du marîage,. comme ,-la -réponse prophé- nir parce que· celui-ci sera l.'aujOU1'd'hui pa.r_. excel-
tique aux apories de l'alliance : le inariage reste lence·; l'emploi de l'_hyperbple montre bien que la
1.m contrat,-:mais il n'a de sens que·parT•amour; réalité.dépassera-tousJes objec_tifs historiques visés
or l'amour. _rend impossibie, le calcul, et conce- dans l'immédiat. Plus que nous· faire adnii.rpr un
vable le *pardon. vêtement Jittéraire, ce langage veut se mettre à
Ja hauteur d'un .Événement absolu. C'est lui que
3. Les kbauts. de •la nouveize alliance. - L'*exil l'apocalyptique, cette *révélation. par. excellence,
et la *dispersion ·qui s'ensuit, .. ont accompli· la plus détachée des options politiques que·-I'ancienne
sentence. Si la Loi a .fait faire. à Israël l'expérience prophétie, visera directement dans ses architec-
de son impuissance (cf Rm 7), c'est parce que les tur~ de temps, ses *nombres, ses représentations
prophètes lui ont ,ouvert les yeux.- Alors vint figurées (cf -Dn),. · Par-delà l'histoire.• pré~te, -elle
l'heure de la *miséricorde. Dès le temps de l'exil, laissera pressentir l'Événement absolu, centre et
les prophètes le ·disent quand ils font des. pro- fin de 1'histoire.
messes œavetlir.. Ce ·qu'ils promettent, ce n'est
plus la restauration (Jr 31,32) d'institutions désor- NT
mais caduques ; ·il y --aura une alliance nouvelle.
Jérémie l'annonce (Jr 31,31-34); c'est repris. par Î. L'ACCOMPLISSEMENT DES PROPHÉTIES
ÈzéchieL(Ez 36;16-38) et par le deutéro-Isaïe (Is
55,3; 54,1-,rn). Dans .'cette perspective nouvelle, la Le Nouveau T~s~ment,a.conscience, d'~~c;n;_.:.
Loi n'est,pas supprimée, -mais.elle change de place: plir les promesses de l'Ancien. Entre l'.un et l'autre,
de condition de la promesse, elle .deVient. un objet le Livre d'lsaïe qui est déjà. une somme de -là. -pro-
de la *promess'e·(Jr 31,:,3; 32,39s; EZ-·_36,27). C'est phétie, et surtout les Chants du Serviteur, semblent
là une grande nouveauté ; mais, -les: prophètes_ en être... un .chaînon privilégié; annonçant avec l';:i.c-
apportent -beaucoup d'autres, sur tous·,.Jés._points com,plissement son -mode.. Aussi les évangiles .lui
de· 1a révélation biblique-_: l'expérience prophé- empruntent-ils· les textes qui décrivent le. mauvais
tique les saisit tous poùr•les .renouveier·_tous. Par accueil .fait au ·salut·.réalisé (Is · 6,9 est.cité par
leur genre -de· vie comme par leur: doctrine,. les Mt· 13,14s; Jn 12,39s.-et Ac, 28,26s; ls 53,1 par
prophètes sont les chefs de file ,de ceux què. PasR . Rm .10,16" et Jn 12,.38; 1s 65,2 par -Rm 10,21).·
cal -a appelés les' ·«·.chrétiens· de la Loi ancienne ». En effet, si le NT. souligne vcilontiers les traits
particuliers de :la vie de -Jésus .qui accomplissent

1053 1054
PROPUBTE PROPHÈTE

les Écritures,··celà··ne d_oit·pas faire o'ublier la con- difficiles à discerner ;· purification du Temple (Mc
formité _globale de « toùs lès prophètes » .-(Ac··3, rr;15Ss -P~ cf Is 56';7; Jr ·7,rr) et annonce d'un
-18-24;·1:c 24,;!7) àvec ·r~~tiel des mystères·: ·la •culte pàrfait après :ia deStructiOh du Sanctuaire
Passion et la Résurrection. La· première est nïen- matériel (Jii 2,16; cf Za r4,2r). ·Enfin, trait qui le
tionn~' seule plusieurs fois Com·me objèt des pro- rattàche particulièrem~nt aux prophètes· de jadis,
pliéties "(M~ 26,54.:56; Ac 3;r8; r3,27)'; .plus sou- il voit son message refusé (Mt 13,13ss p); rejeté
ven~, leS ~eux _l~ ·sont_ ensenible. La lèçon d'exé- par _cette Jérusalem qui _a tué les prophètes (Mt
.-gèse_d'-Emmaüs,-_qui fut·mise en application dans · 23,3;s p;· cf I Th 2;15). A mesul°El.. qUe ce terme
la rédàctîon ·des évangiles, réùnit les expressioris approche; n· l'annonce. ·et ·eil expliqüe·'Ie· sens,
dont l'èIDploi parsème les autres liVres quand il ,étant -lui-même son propre prophète, m,ontrant
s'àgit d'annoncer le mystère du ~hrist : « les pro- pàr là qu'il reste -rnattrè de· sa destinée, ·qu'il
phètes·»,·« Moïse et- tous··1es· prophètes », « toutes l'accepte · pour a·ccom}'.)lir le dessein du Père, for-
les Écritures », · ·« la Loi de Moise, les Prophètes mulé dans les Écritures. · '
et.les Psaumes·» (Le 24·,25.27;44; comparer Ac 2, En présence de telles attitudes; qu'accompagnent
3~; 26,22; ·2'8;23; Rm ·t,2; 'i P· r,u; 2•'p '3,2 ...). <lEls •-si$"11'es miraculeux, on comprènd que la foule
C~est tout -1' Ancien Testament qui dèvîe•nt une donne spontanément à Jésus _le titre· de prophète
prophétiè du -Nouveau, une· « écriture ·prophé- (Mt . 16,1.1,: Le 7,r6;.Jn 4,19; 9,r7), qui dans cer-
tique» (2 P 1,195). tains •cas désigne le · Prophète par excellence
annoncé dà.ùs les Écritures (Jn 1;·2I;· 6,14; 7,40).
Jésus ne reprend• ·lui-mênie ce titre qu'incidem-
n1ent (Mt ·13,57 p) et·il-tiendra peu de plaé:e (jans
II.: LA PROPHÉTIE, UANS L'ÉCONOMIE NOUVELLE
la pensée de l'E:glise nàissante {Ac· 3;22; _-cf Le 24,
19). çest que la petsonna:1ité de· Jésus déborde de
1. Autour de-Jésu.s;· 2.;.. Jésus· apparaît })Our ainsi toutes façons la .tradition prophétique : il est le
dire aü · milieu d'un réseau• de prOphéti'sme, repré- *Messie, le *Serviteur de Dieu, le •Fils de l'Homme.
senté pa.r Za'charit, (LC 1,67), Siméon (Le ~.25ss), !..'autorité' qu'il tient de s'on Père· est aussi toute
la prophétesse 'Anne ·(Le 2;36) et par-dessus tout, sienne: c'est.celle du •-Fils,. ce qui le place au-dessus
, • Jeau-Baptiste. Il fallait la présence de Jean, pour de tôute la lignée des·prophètes (He r,rss}. Il reçoit
faire sentir la différence entre le prophétisme et ses paroles, mais il est, dira enfin Jean,' la *Parole
son objet, le Christ. Tout le- monde ·regarde Jean de Dieu faite chair (Jn r,14). Quel prophète en
comme· un· .prophète·. Effectivement, comme· lès effet se serait jamaiS présenté Iui-mêmè comme
prophètes· de jadis; il traduit la.Loi en termes source, de >l!vérité et de *vie ? -Les prophètes
d'existence vécue (Mt 14,4; Le 3,rr-14}. II annonce disaient : « Oracle de. Yahweh! D. Jéstis dit : « En
rimminence de la .•colère et du salut (Mt· 3,2.8). vérité, en· vérité,- je· vous-le dis... »·.·Sa mission et
Surtout, ·n·1discerne 'prophétiquement ·Celui qui sa personne ne sont donc plus -du même ordre.
est ici sans qu'on le ·corinai'sse, et le ·désigne· (Jn
1,26.31). Par lui, ce sont tous les prophètes qui 3. DÊglise. - « Les prophéties disparaitront un
rendent témoignage à.Jésus: « Tous les prophètes, jour», explique Paul (r Co 13,8). Mais ce:.sera à
ainsi que l'a Loi, ont prophétisé jusqu'à Jean » la. fin des •temps. ·La venue du Chri~t ici~bas;bien
(Mt 11,13; Le 16, t6), loin d'éliminer le charisme de pI'ophétie; ·en a pro-
voqué au contraire l'extension qui avait été pré-
2. Jésus. - Bien que le comportement de• Jésus- dite. « Puisse .tout le peuple être ·prophète ! )1,
Christ·soit clairement distinct -de celui du Baptiste souhaitait Moise (Nb rr,29), Et Joël voyait ce
(Mt.:9;14); ·oil y ·reconnaît beaucoup de _traits pro- souhait se réaliser K. aux demie~· temps » ·(Jl 3,
phétiques ,; il révèle le contenu des « .signes des 1-4). Au jour· de la *Pentecôte, Pierre déclare
telllps » (Mt .r6,is) et .an.nonce· leur fin· (Mt 24- cette prophétie accomplie : l'.*Esprit-- -de Jésus
25). Son ·attitude· en.• fa~ des · valeurs reçues s'est répandu sur toute chair ; vision et prophétie
reprend :Ja 'critiqite des prophètes : ·sévérité pour sont des .choses communes dans le nouveau peuple
ceux•.qui ont la -clé mais ne laissent pas entrer de .Dien. Le. •charisme deS -prophéties est effecti-
(Le ü-,5:z) ; •colère contre !'*hypocrisie ·religieuse vement fréquent ·dans l'Égli_se apostoliqUe (cf Ac
(Mt 15,7; ·cf Is 29,13) ; "Inise en question de la .r'I,27s;· r3;r; 21,10s). Dans les _Églises qu'il a
qualité de -fils d'*Abrahain dont les Jui:fs Se vantent foridées, Paul veut qu'il ne soit pas déprécié
(Jn .8,39; cf 9,28) ; clarification d'un héritage spi- (r Th 5,20). Il le place.biên au-dessus du don des
rituel, mêlé, où _les. grandes lignes sont devenues •langues (r Co r4,r-5) ; mais il tient néanmoins

ro55 ro56
PROPHÈTE PROVIDENCE

A ce qu'on l'exeice dans· l'ordre et pour Je bien


de la coi:nmunauté -(.14,29-32). ·
Le prophète du -NT;- pas plus ·que celui de l' AT,
n'a pour seule ·tonction -.. de· prédire l'avenir : il PROVIDENCE
« édifie, exhorte; console-» (14,3), fonctions ·qui
touchent de près à la •prédication. L'auteur pro-
phétique de l'Apocal)"pSe commence par dévoiler Le •-visage de •DiCu dallS la Bible est' celui d'un
aux sept églises ce qu.'elles•.sont (Ap 2-3), .tout •père qui veille sur _ses créatures et pourvOit ·à
comme faisaient les •anciens prophètes. Soumis leurs besoins : « A tous, tu donnes la •nourriture
lui~même. au contrôle des alltres prophètes {r Co 'en .son ,temps» _(Ps 145,r5s; ro4,27s)-. aux·-•ani-
14,32) et- aux ordres: de l'autorité·:(14,37.), le pro- 'maux ·comme aux •hommes (Ps 36,7; 147,9).'_C'est
phète ne saurait pré~ndre ramener: à· soi la com- cet aspect. qu'évoque le i,not de providence, mot
munauté· (cf .12,4-n)· ni gouverner l'Église·. Jus- qui n'a·'pàs de correspondant en hébreu- et dont
qu'au bout, le prophétisrile ,·authentique ,restera l'équivalent grec pronoïa n'est employé que-deux
reconnaissable, grâce. aux règles· du discernement fois pour désigner la providence- divine· .(Sg · 14,
des esprits. Dès-I-'AT; le Deutéronome ne voyait-il 3; 17,2)._La·sollicitude vigilante·, du -Créateùr.'est
pas dans là doctrine des prophètes le signe authen- -cependant affirmée dàns· la ·Bible (Jb -10,·12) ;
tique de leur -mission divine· (Dt 13,·2-6) -? Ainsi c'est· surtout dans l'histoire qù'elle -se· -manifeste,
en est-il' encore. Car le prophétisme· ne s'éteindra mais- ce ·n'est ·pas à ·1a manière.-:d'un destin qui
pas avec râ,ge apostolique. Il ·serait difficile de ·accu1èrait l'homme au fatalisme, ni -d '.un •m.agi-
comprendre· la mission de beaucoup de _saints _de cieri qtii assurerait le crbyant, contre 'les -accidents,
l'Église_ sans référeùce · au, charisme .prophétique, ni- mêmé d'un- père sans exigence·; si" la ,Pro,Ti-
lequel reste ·soumis _.aux· règles édictées· par saint dence établit l'homme dans _--~l'e'spérailce, elle
Paul. PBP exige-de- lui qu'il soit S?'n· ~llaborateul"'..

-+ accomplir.AT 2;,NT•I - amour I AT 2 , - béné- l. La P1'ovidence fonde la •confiante assurée~


diction III 4 - charismes - courir - écriture Il - Le *dessein de Dieu, dessein d'amour (Ps· · 103,
élection AT I 3 c - Élie - enseigner AT· I 3 - Esprit Sss), se réalisera_ infailliblement _(Ps_ 33,n);
de Dieu AT. II, IV.- exhorter-:-- exilU t - foi AT l'hoinme ddit --donc' vivre dans la •confiance.
II, III ...:. .: Jean~_Baptiste ~ Jésus-(;hriàt_- Il i.e.- livre · Dieu Veille sur l'ordre -du -monde· (Gn .8,22) ; il
II.- magÎe_:z,_b.- malédiction Ill 2 -.médiateur I
I - m.enso·nge H 3 a - MeSSie_.AT Il _I ;- NT II 2-:- àssure la·· ,·•fécondité -de ·1a -terre · (Ac. 14, 17) •- en
miracle I 2a -•mission· AT II -·Môise ·....:.. onétion donnant· Soleil et -pluie à· tous, boriS et inécllall'ts
III 4' _:... Parole de Dieu·~ péché III--.:..... pénitenè:e/ {Mt 5,45) ; il dispose·tout afin que tous le •cherchent
conver&fon AT II ;-NT I -·persécution I t'.2 .;._-·prière (Ac 17,24-28).
I 2 - Révélation AT I 2 - sacerdoce· AT III 2 ::- a) Sf·Dieu· veille, sur les patriarches· (Gn 20,6s;
Serviteur de Dieu l - signe AT II 3-4-S ; NT·II 3.4 - 28,15)·; c~est surtout dans l'histoire __ de Joseph
songes AT~ té"moignage'AT II 2,_III -vêtement 1 2. qui est soulignée :son action mystérieuse -et souve-
raine, faisant -servir même . 1e -mal à· son -dessein
PROPITIATOIRE -i,, arche d'Atliance ..;._ expiation ·de salut. « Ce n'est pas· vous; 'dit" JosePlî à ses
2 - sang NT 2 - Temple.AT I r.
frères, qui 'm'aVez, envoyé ici, -c'est Dieu ; · .-.. le
PRÔPRltTÉ • héritagè' AT I l.3 -ri~;àse _: terre mal que vous aviez dessein 'de me faire, le· des~
AT. I I,-,11 2; NT II 3'. sein de Dieu ,ra t6umé,.en bien afin de:,; ..sauver
·, la. vie à un-peuple nombreux ·1,1 (Gn 45,8; .50,20).
PROSÉL y'J'E
-i,, baptême I 2 - dispersion 1 Le peuple éln peut donc . affronter le .•désert ;
étranger I - fécondité Il 3 - mission AT Il 2 Dieu l'y nourrira· cha(lue jour;(! selon-ses besoins ))
nations AT IV 2- ; NT. (Ex 16,15-18).
Les prophètes proclament cette maîtrise de
PROSTITUTION -+-·adultère 1 - Babel/Babylone Dieu qui sait éternellement tout ce qui -arrivera
6 - Époux/époUSe - m111'iage AT II 3 - sexualité (Is 44; 7) ·et de qùi déperid bonl_l.eùr ou malheui·
li, III.
(Am 3,6; .Is 45,7), qui dispose de,-toùt et donne·le
PROI'tCER • brils '& n,airi - montagne -' ombre pouvoii;-:à-qui" il veut-(Jr·27;5s). Selon. les sages
II -Providence - salùt: ·' ,. aussi; l'homme-propose et Dieu-dispose:(Pr-16,'r.
33; r9,21; 20,24); •bien·:cLm.al, *•vie et •mort,
•pauvreté .et •richesse, tout ·:vient du Seigrietlr

1057
PROVIDENCE PUISSANCE

(Si 11,r4) qui gouverne le monde et dont tout C'est··.pour_ rappeler à Israël·Jes exigences de sa
exécute Ie5 ordres (Si 10,4; 39,3r). vocation que le Livre c;le Judith, est écrit-; Judith
Cette conviction inspire la *prière : Dieu, qui refuse. de -mettre l.a.providence·à !'.épreuve (Jdt
domine sa création et I~- I'E:lnd féconde·{Ps 65,7-r4), 8,12•16), mais elle :n'hésite pas- à _se _faire son ins-
garde son *peuple en tout et toujours (Ps r21); trument, tout -en ayant soin de rester fidèle à
sans _lui, vains sont reffort et la vigilance des -toutes-les ·exigences de. la Loi (9,9; 12,2; _13,I8s).
hQmmes {Ps 126,.r) ; grâce ;). lui, bo_n -*pasteur; ses A un tel exemple, .fait écho _la .·Il)ax:ime idu, sage
brebis,. au cœur des . ténèbres, marchent vers le psalm_iste., : et Compte sur le .Seigneur, .et .agis
bonheur· ."avec_ assurànce (Ps 23). En réimmé, bien•, (Ps 37,3).
« compte sur le Seigneur, et lui agira-» (Ps.37,5). b) Jésus, _s'il révèle aux.hommes de· quel àmour
b) Jésus r!:)nouvelle--cet enseignement. .en .révé- ·infini la_ proVidence: est l'expression, leur enseigne
lant ·.aux hommes comment· Dieu est .leur Père ; aussi;, tant par son exemple que par sa parole,
ils doivent. le 'prier- simpl_ement : « Notre Père, coµuneilt y répondre: Cette réponse. consiste à
donne-nous aujourd'.hui notre• *pain qllotidien · » • rechercher .avant tout -le .règne de cet. amour, à
:(Mt q,n) ·et. qu'ils ne s'inquiètent.pas du lende- refuser de ·se soumettre à· un .autre:mattr.e {Mt 6,
main, ni ne craignent pour· leur vie; car•« l~ur 33.24). Elle consiste à demander au Père que sa
',pèr_e sait » tout ce dont ils ont besoin et toùt volonté _s9it faite, s:ur la -terre· coinme à.u ciel.
ce qui leur.·arrive (Mt 6,25-34; 10;28-31; Lc.6,34; Elle èonsiste à. attendre-'par:surcroît le ,pain_ quo-
12,22-32; 21,18). Cela su:!:fit, à étaplir, -le croyant tidien et tout. ce dont un enfant de Dieu .a besoin
dans l'espérance inébranlaQle ;-,car,. c_omme. le dit pour accomplir. la volant~ de son Père (Mt 6,Ios).
l'apôtre- J)aul, « Dieu fera. coopérer toutes: chpses Il a besoin,- avant tout, de fidélité dans . les
,à' son. bien » et rien.ne.pourra le séparer.de *l'amour ··éPreuves ;-Ja prOvidence ne les a· pas épargnées à
;que Dieu lui.témoigne en ,*Jésus-Christ (Rm 8, Jésu_s qui- à ·connu ,l'abandon de: .son Père (Mt-27,
28.31-39), même les pires épreuv~. Bien· au con- 46) e_t qui, -obéissant jusqu'à la mort, a affirmé
traire, c'est grâce à celles-ci qu'il pourra révéler sa confiance filiale par sa dernière parole sur la
à ses frères le vrai.•Yisage de 'la providence_ de son croix : <( Père, en tes mains, je remets mon esprit »
Père. (Le 23,46).
Par cette fidélité confiante, le bon' Pasteur a
2. La Providenee exige la fidélité eonstante.-:--: Dieu, traversé la· mcirt et nouS a donné la' sèùle· lrimière
en effet, n'inv:ite pas .l'homme à la passivité,. ni- à ·qui nous I)éiriiettè de·. traverser 'la· n_ùit_. où· nous
une· démission de s_a liberté ; _il veut aq_ contraire plongent parfois 1e mal'-'et le malhe~r.·.E~ imitant
!'*éduquer. Par les épreuves, il le met.en ,demeure le.."Chrisi::, son disciple suivra les Voies mystérieuses
de- collaborer-_avec lui .par ses_ libres initiative,s, de-1-a.providence,et aura)a joie d'~trEl le témoin
tandis que, par ses promesses, il suscité- Sa con• et le--collaborateur fidèle de l'amour- en qui il se
fia1'.lce et le Jibèrt! _ainsi des p_eurs qui· poUrra,ient confie. MFL
l_e paralyser devaµt les i:isques_ d'une _telle collabo-
ration, S'il pourv,oit aux _besoins de. ceux qu'il -+ confi~nce ~ dessein ·de 'Dieu-,- Dieu - nourri~
ture - pères & Père III 3,-IV, VI - prédestiner 3 -
appelle à être ses enfants, c'est pour qu'ils_ puissent prière-___:. puissance II I .z - sagesse AT ~II 3 --:- sou-
être fidèles à leur vocation de témoins de sonamour. cis z - visite.
a) Déjà, dans l'AT, les amis de Dieu_ com-
prennent· qu'ils doivent répondre par une *:fidé- PRqDENci;;~ sages~e - simple 2-vertus & vi~es 1.
-lité .parfaite à. celui qui, après les avoir· choisis, PSA-à\JMES-+ action de grAces AT 3 - bénédiction
les .-·entoure de. sa protection. Abraham, certain III s ~ David 3 - louange - prière II.
que « -Dieu pourvoira ~ ·(Gn 22,8.r3s), n'hésite pas
à- sacrifier son -fils pour obéir au Seigneur. ·Joseph
qui ne veut pas pécher éontre Dieu n'hés_ite pas à
encoùrir la colère de la femme de son maître· (Gn
39,9s). PUISSANCE
Mais le peuple d'Israël, dès ·.ses origines, _se
montre infidèle, précisément_ pa;rce qu'il ne .fait
pas pleine· Confiance. au· Dieu· qui l'a -libéré. et qui . . Dans toutes les rel_igions, la puissance est un
lesnourrit dans,le·désert; au lieu P.'attendre chaque àttribut essentiel de la divinité. .La foi chrétienne
jour de lui sa nourriture, il veut, malgré. l'ordre formule ainsi le premiei- arlicle de· îà révélation
diyin, se constituer des réserves (Ex 16,20). biblique: « Je crois en Dieu, le Père tout-puissant,

I059 I060
PUISSANCE PUISSANCE

créateur du, ciel et· de la;-terre. » ,Cette .formule du peuple; les Psaumes· le .chantent· dans leurs
Indique trois aspects de la toute-puissance du :vrai louanges {Ps 14·4,1s;·.28,7s; 46,2; 68,345s) ·ou-dans
Dieu : elle est universelle, car Dieu a tout créé leurs appels au ·secours (Ps ·29;U): Israël ne peut
{Gn 1,1; Ju 1,3) ; aimante, car Die:ll .e,st le Père manquer· :d'êtrë sauvé, puisque cette force est
qui est aux cieux (Mt 6,9); myst~euse,-,c.a.r._seule celle du,Dieu qui aime. Israël (Ps 59,17s;. 86,15ss)
le. foi peut -la disc_ernex:. dans ~ ~üestations ot qui u-fait tout ce qu'il veut D ~Ps ri5,3; IS,46,-10).
parlais déconç:ertanteS e1; .. s:ouvrir à -son 11cti~n
salvatrice (;c Co·- 1,18; 2 Co _12,9s). Elle-se déploie
dans l'histoire du salut. Il. LA PUISSA°NCE DU CRÉATEUR
ET· DE .L'H()MME; SON IMAGE

r. Si le Dieu d'Israël est tout-puissant au ciel et


I. LA poJ:SsANcE DE YAHWE!l, Driiu n'Is~L sur la terre, c'est qu'il les a faits (Gn 2,4) ; rien ne
lui est donc impossible (Jr 32,17) et _il dispose à
1. Dieu manife_ste sa ·toute,.p_uissance par ses b;1ter- Soll gré de· son· *œuvre (Jr· 27,5), •créée par sa.
ventions.ici-bas. Dans 1~ récits.concen;iant la vie parole et son ··souffle (Ps· .33,6,9; Gn I). Il donne
des patriarches, cette puissancé s•e~erce en souve- à l'univers sa stabilité (Ps n9,90) et domine les
raine : à Dieu, rien n'est impossible: (Gn- 18,14) ; forces qui pourraient en troubler l'ordre; telle la
partout il peut protéger ses élus et réaliser·en _leur *mer en furie (Ps'65,8; _Sg,1os); mais :S'il a établi
faveur ce qu'il- veu_t ,(Gn 12,2s; 28,13ss). Avec .ce cet ordre (Jb 28,25s;-Pr·S,27ss; Si 43), ·!l le modifie
Pieu tout".'puissant, Jacob d,oit-lutter; aµ tenne, de à son gré : · il fait' danser ou fondre .les *montagnes
la lutte,-.Dieu le. bénit et-lui donneile nom d'*Is- (Ps 114,4;- 144,5), · n-·change le •désert en .source
raël {G:n 32,27-30),. ce *nom qtae portera.le peuple et met la mer· à· sec· (PS 107,33ss; Is 50,2). Son
élu comme un souhait.: 11 Que Dieu· se montre regard fait tout· trembler (Si 16,18s).
fort 1-,l) La force d'.Israël réside en_ effet dans !.'in-
vocation et _dans 1,e secours du Dieu· qui l'a_, .choisi 2. La puissance :dé Diell ·est donc manifestée ·par
(Ps 20,2.8ss; 44,5-9;• 105,3s; 124,8), qui,-est {( le sa: création (Ps 19,2; 104; Sg 13,4; -Rm :1,20); et
Pu.issant. cle Jac<:>b .» (Gn 49,24;. Is· 1,24:· ,49,26; -6o, elle, agit en faveur de ·ceu;x: -qui ont -en· elle ,une
16; Ps. x32,2). Ce Dieu, par sa main fo,rte (Ex .-3, •foi parfaite, ,Ainsi Abraham croit ·que celui qui
19) et. son :•bras étendu (Pt· 4,34),.. ,'."libère son appelle le néant ~- fexî$tence peut ressusciter les
peuple dans ia geste de l'*Exode ; par cette déli- morts (Rm 4,16M2r; He n,19); aussi Dieu·--lui
vrance sans précédent, •Yahweh, Dieu d'Israël, se donne d'être le père de la multitude sans_ nombre
révèle comme seul T0;ut-Pu.issant' au ciel et sur des· croyants (Gn. 22,16sS). c•e~t aussi lè cas de
la terre (Dt 4,3·2-39). Jtidith par· la main de _·qui' le Tout-Puissant se
Chef des armées d'Israël (Ex 12,41), Yahweh révèle maître du 'ciel et d_e 'la-·terre (Jdt 9,nss;
est un guerrier qui donne à son peuple la •victoire ; x6,xMx7); parce qu'elle-a ·donné "à· Israël• l'exemple
tel est peùtMètre le sens· .premier 'de_. son nom d'une confiance• et d'une:SOU.mission sans coridi-
Sabaoth (Ps 24,Sss; Ex, 15,2ss; .1 ·S 1-7,45; 2 S 5, tion ·(8,n-27; 13,xÇ}).
ro; Am -5;14s)"; au moyen de l'*arche, -.le ToutM Coll1inent ne: pas se confier en cèlui dont la
Puissant assure son peuple de sa. présence (2 _S parole peut.fout· (Est 4,17; Sg 18,1-5); qui incline
6,2; Ps 132,8). . à son·gré les,cœurs·(Pr-21,I)'et à là. main de qui
llul ne -peut échapper (Tb 13,2; Sg 'n,17; 16,i5) ?
2. Parfois, Yahweh intervient .filn rend_ant fort son Cette puiSsance eSt infiniment · sage· dans . son
peuple (Dt• -8,17s) .et ses- chefs : juges. comme œuvre·de' ·création ét de .gouvt;::rnement. du monde
Gédéon (Jg 6,12ss), '.rois comme. .David_ (2 S. 7,9; (S8' '7,21.25; 8,t) ; mli:is de· cette ~sagesse iil.fin_ie
22,3oss; I S 2,10)., Les Maccabées compteront sur et du tonnerre.de.sa puissance, la-création ne fait
cette force ·qui vient: de Dieu et qui rend invin- entendre qu'un faible- écho (Jb 2·6,7-14) _;· écho
cible (r.-M 3;x8s; 2 M 8,IB).--·D'autres fois, ·Dieu, suffisant.Cepertdant-pour·qùe, même dans l'épreuve
à la prière de__ son .peuple, intervient de telle. sorte la-plus lourde, le juste ne se ·scandalise pas, mais
que le peuple n'a rien à fa.i;re (2 ,R _19,35;. 2. Ch s'en remette ati -Tout.:.Puissant dans l'adoration
20,15ss.24). LlilS _deux-foIJD.es d'intervention sont 'silencieuse (Job 38,i---'-42,'6r
réunies lors de la bataille de Gabaon, sous Josué
(Jos 10,8-u). •· .· - 3. L'homin.e qùi a· 'foi en Dieu dévient le collabo-
De ~ute. façon, _c•est Yah~e~ qui est la •force rateur du TciutMPuissant dont il' n'est pas seule-

IOOI 1o62
PUISSANCE

ment la créature, mais aussi .l'~image (Gn I•,26ss). tous et Veut ··qu'ils aiment là, •justice {Sg- (z; 6,
Il le mcintre en particulier;par la.domina~on qu'il 3-8). . .
exerce s.ur la terre·et les animaux.(Si 17,2ss). Loin
<lê ·•craindre les puissances.- de la. nature, il doit D'ailleurs ceux qui _méconnaissellt le' Tout-
.. ·2.'
les maitriser; , ce qu'il. peut faire, . s_'fl. demeure Puissant qui les a-créés· honorent des dieux qu'ils
soumis à. son Créateur par une humilité -confiante. se 'fàbriquent·.et qui--ne peuvent être _qu'impuis-
Or, en prétendant à. l'indépendance, Adam a com- san_t~; prophètes et·sages se'mo'quent-à l'envi des
1nis le péché fondamental et méconnu le mystère *idoles et •de leur impuissance (Is · 44rI7ss; ·Jr Io,
de la toute-puissance aimante· de Dieu (Gn 2, 3ss; Ps rr5,4·-7; Dn 14,3-27;-Sg:13,rn-19). En hono-
J.7; 3,5; Rm -1;2os); par voie de. conséquence, il a rant les *astres et les diverses créatures dont ils
perdu son propre pouvoir sur .le monde (Gn- 3, se font des images, ou par des pratiques de •magie
17s,, et de sorèellerie, les païens cherchent à. se con-
cilier ies forces. naturelles qu'ils divinis'ent, et ils
méconnaissent le Maître qui en est l'auteur (Sg
III.LE.S PUISSANCES. MA:c,J",VAISES J.3~r.;8), Or,, ·derrière:: ces ·faux -dieux des nations,
QUI ASSERVl~ENT L'HOMME se cachent des ·puissa.nces •démoniaques (Ps·. 106,
36s;·•Dt 32,17; r Co 8,4;, to,19)·. Le' diable, après
Le déb:ut de la Genèse met en lumière .Jes effets aVoir poussé ,l'h0mme· à pécher (Gn ··3;5~· Sg 2,24),
, de la volonté de puissance qui d~se · l'homme cherche à sè-faire adorer, sous des masques divers,
contre Dieu, Caïn use. de ·sa forœ pour .tuer ·son ·en -séduisant -les homm_es ·au··m.oyen de la· puis-
frère, et Lamech se venge sans· mesure. (Go 4,8. sance que Dieu lui laisse pour ·-un temps· (2 Œ'h 2,
-23s) ; la *violence emplit la terre (6,n) .. Le péché g; Ap J.°2,2.:.8; .cf. Mt 4,8s). Sa p'uissance agit en
. collectif .de •Babel est··:de même nature que le · ceux qui ·résistent à Dieu· (Ep 2;2); c'est une
péçhé d'Adam;· les hommes_ .veulent ·atteindre le puissance de •mort, et c'est ·par la crainte de la
ciel par' leur propre puissance. Dieu, non sans mort ·qu'il ·asservit les homines (He 2,14s).
ironie, exprime leur .prétention :· « Rien ne leur ··Face aux faui,dieux, le nom de Yahweh·Sabaoth
-sera impoSsible_ » (n,4ss). Cette prétention CQn- 'prend un ·sens nouveau ; le vrai •Dieu est- le Dieu
duit l'homme à .un double asservissement. Les des armées, c'est-à-dire de toutes les pU.issances de
puissants asservissent les faibles ; et ,ils s'asser- l'univers, armées des,astres (Is 40,26; Ps 147,4) et
vissent eux-mêmes à des puissances mauvaises. armées des •anges (Ps 103,20s; r48,2;. Le 2,:i:3s).
aux démoµs. Il va. intervenir pour libé'rer les hommes.
' ' . '
. 1. L'Ol)pression de l'homme par !'boni.me apparaît
en ~et dès -que les puissants, oublient_ que leur !V. LA PUISSANCE DU SAUVEUR
pouvoir, vient de D~eu_.(Rm 13,1; 1 P-~,13; Jn 19, · ET DE SON SERVITEUR
n) .et qu'ils -,doivent respecter. en .tout hqmme
fimage. du Tout-Puissant (Gn 9,6). Le Pharaon 1. Comment le Tout-Puissant met fin à l'"escla-
qui ne reccii;maît pas Yahweh prétend maintenir vage SQcial des faibles et à la- servitud';' spirituelle
son..peuple en esclavage et lùi . impc:.ser des normes des pécheurs, · c'est ce que révèle déjà l'Ex(?de,
de tra~ de, plu_s .en pJus dùres •(Ex, 5,2.6-18). •libération-qui est le-type de toutes les autres, et
Les tyrans qui prétendent trôner au ciel et égaler dont la Pâque garde à. jamais le souvenir en Israël
Dieù· prétendent aussi subjuguer-les natiollf! ,,(Is (Ex 13,3). La résistance du Pharaon oppresseur
1'4,12ss), L.es •orgueilleux abusent de leur puis- est l'occasion pour Yahweh de ~eux _montrer sa
sance en .exerçant des violences que.-·les pro- puissance à. toute la terre par de nouveaux pro-
phètes dénoncent aussi bien en Israël que chez ' diges (EX 9,qs).-' Quant· "à l'instrument de ces
les.païens (Am r,3-2,7). Le fait que' Yahweh ·se prodiges et de la libération d'Israël, c'est un
serve . des -•nations .païennes . pour châtier. son homme conscient de sa faiblesse, le- plus- •humble
peuple .n'excuse pas. leur. injuste: violence (Is- 47, des hommes, .,Moïse·.(Ex 4,10-13; Nb 12j). dont
6) ; plus coupables encore sont ceuX qui ont le Dieu fait· un prophète sans égal {Dt 34,ross).
pouvoir en Israël et qui en à.busent pour pres- Libéré,· ·.te peuple résiste,. lui aussi, à son lib~
surer les pauvres gei1s auxquels ils refusent de rateur ;' Dieu •châtie· ceux ·qui n'ont. pas· cru .en
rendre justice (Is 3,14s; ro,1s; Mi 3,gss; Ps 58, sa :Puissance· malgré ·tant··de prodiges;,_ ils mour-
2s)~ Que les puissants se souviennent de celui qui ront dans le désert après y avoir séjourné qua-
les « jugera puissamment- »•. Il .est le .. Maître de rante ans (Nb q,2zs)'. Mais Dieu, à 'la prière de

Io63
PUISSANCE PUISsANCE

Moise, ne détroit pas ce peuple rebelle de peur saints partagera la domiriation éternelle· qùi sera,
que les paiens doutent de sa puissance (Nb. •14, donnée· au *Fils- <l'Homme venant· sur les nuées
16), ou du moins du salut qu'elle· apporte. (Ex 32, (Dn 7,'i-2ss.18.27).
u); aussi la·déploie-t-il en \•pardonnant_(Nb 14,
17ss). 4. Au terme de l'ancienne Alliance,. un-sage médi-
tant sur l'histoire du salut trace ainsi le portrait
2. Les.voies-de Dieu demeurent les mêmes au long du Tout-Puissant qui la dirige'·:··il aime tout ce
de l'histoire ; ·pour. accomplir son· dessein, il suscite· qu'il a: ëréé (Sg ·n,•24ss) ; juste et plein de misé-
les puissants .de ce·monde.·Quand·.il veut châtier ricorde, il laisse •place· au repelltir et -.le suscite
son peuple. par, rexil, Nabuchodonosor est son {rr,23; 12,2.ro'-18) ;... il"'protège les justes et leur
serviteur (Jr 25;9) ; et quand l'épreuve· est :finie, donnera la vie éternelle, ·car ils sont dans sa inain
Cyrus reçoit· de lui. son ._pouvoir universel pour et il est leur. Père (2,16ss; 3,1; .5,i5s;. cf Mt 22,
ordonner le retour ·à Sion, (Is_44,28-45;4; 2 Ch 29-32). Toutefois il les laisse mourir aux-yeux des
36,22s).; ce ·nouvel. •expde ·est l'œuvre .du Tout- insensés, 'et met ainsi -leur espérance à: l'épreuve,.
Puissant qui ·donne des forces neuves à ceux qui afin que leur couronne soit la récompense, de lellr
~pèrent en lui ·(Is 40,1os.29ss). holocauste (Sg 3;2-9)';
Par- son *Esprit, force divine que. 1~ prop:t,.ètes
opposent à la faiblesse de,l'homme qui est o:.•~hair »
(Is 31,3; Za 4,6), ou par sa. •Parole -toujours effi-
cace (Is, 55,rr), ·Dieu rend_ forts :les hu~bles ins- . V. LA p~Jss~CE ·DE L'EsPRIT
truments qu'il a choisis. •David, le berger, rempli EN CEUX. QUI CROIENT AU CHRIST
de l'Esprit pai:: l'onction royale (1 S 16,13), délivre
Israël de tous ses ennemis (2 S 7,8-:.II); de sa race I. C'est en effet un· holocauste qui Va. sceller-·Ia:
naîtra le *Messie. dont. le nom sera « -Dieu fort », nouvelle Alliance, celui de. Jésus en ·qui le Tout-
sur qui reposera l'Esprit de Dieu (Is 9,5s; rr,1s) et Puissant-se révèle pleinement et·par qùi il achève
qui aura Dieu pour père (2 S 7,14;. Ps 89,27ss). son œuvre. :*Jésus-Christ est la Parole .toute-
Jéréni.ie, ·bien·· qu'inapte.· à parler,. proclame avec puissante qui devient· chair .. dans le sèin :d'iine
urie _force invh1cible les_ ·paroles· que «·1a main- de humb1eYierge (Le 1,27.48s; Jn 1;14; He 1,2s) .;_cette
Dieu 1) met en sa _bouche (Jr 1,6-10.18s). Le peuple venue est l'œuvre de !'Esprit-Saint, force du Très-
d'lsraëL lui_-mêroe, dont l'exil semble avoir .f~t Haut à qùi rien ·n'est impossible (Le- 1;35ss;. Mt
périr l'espéi-anCe, s.era •ressuscité j,ar !'Esprit, ·de 1,20). Fils de l'HOmme, Jésus est •.oint d'Espi:'it
Dieu (Ez 37,n..;14). ,En.sauvant ce peuple que les et d_e,-puissa:nce (_Ac ro,38). L'Esprit repose sur
nations méprisaient et qui était l'esclave -des lui et Iuî ·est donné -sans mesure (Le 3,22 p;. Jn
tyrans, peuple qui est son serviteur et. dont il est 1,32ss; 3,34s; cf Is II,2;: :42,1;· 61,1}. Jésus mani-
1a force (Is 49_.3-7), YahWElh se révèle, en face _des feste sa· puissance par des . *miracles qui l'accré-
•idoles impuissantes à sauver, _le Sauveur unique ditent (Ac 2,22) ·et-qui. prouvent non Seulement
et tout-puissant ·que t4)utes lès nations· doi~nt que -Dieu est avec lui. (Jn 3,2-: -9,33) et qu'il est
adorer (Is 45,14s.20-24). l'enVoyé du-- Père (5.36), mais· encore qu'il.. est
« Dieu,.avec nous» (Mt 1,23).:
3. C'est du péché que Dieu veut sauver toutes
les nations; ce-dessein de -salut, le bras de Yah- 2. Or loin- d'exercer sa puissance J)Our sa· propre
weh l'accomplit par un mystérieux *Serviteur : il *gloire, ·selcin les vues d'un messianisme temporel
meurt accablé de souffr!lJlCe et de mépris (Is 53), (Mt 4,3-7;-Jn.-8,50}, Jésus-:ne cherche-que la gloire
mais de sa mort la puissance divine fait sortir la de son Père ·et l'accomplissemep,t de. sa voJon~é
vie des multitudes justifiées ; elle est une puis- (Jn-5,30; 17,4). Cette -~humilité,est la -source de
sance: de résur;rection. , Co~e.. la •-:o;,.ort_ est la ses pouvoirs. La cr~ation lui est soumi~ (Mt ~.
suite du péché,· Dieu .. délivrera de la mort ceux 27 p; 14,.195s p); il guérit les malades,et re!;!SlJScite
qu'il délivre: du péché. Le juste ressuscitera pQ:ur les morts (Mt 4,23s p; 9,25.-p)'; il remet les p~chés
une vie é~emelle; .t~l est l'enseign,em~nt des sa,ges (Mt 9,6ss p):.et, par }'.Esprit de Dieu, il ch~se--les
à une heur:e où les -justes doivent. ~9urir P911! démons (Mt 12,28, p). •Il ·affirme son pou.voir de
leur foi (Dn 1_2,2s) ; l'espérance d'être .ressuscit_és donner et-de reprendre-sa vie.Un 10,18), c'est-à-
par la puissance dè. leu_r Créateur :r:en,d_.forts les dire de ·se sacrifier. librement sur .la -croix. et de
persécutés: (2 M.7,9~14.23). Au .te01ps :fixé_pr_endra ressusciter. Enfii:t. il-annonce.sa. venue au-dernier
:fin le Pouvoir des oppre~eµ:rs ;. alors. le, peµplè_ .d~ jour pour exercer.son pouvoir de Juge· spuverain

1066
PUISSANCE PUR
(.Mc.1:3,26:p; Jn 5,21.;.29}. « Vous.verre:z le Fils,de 4. · Cette· ·même puissance les ·garde pour le salut
}!Homme ·siéger.-.à la droite de la Puissance et qui se ·révélera aux .derniers temps (1 P 1,5). Dieu
venir sur les nuées du ciel » (Mt 26,64 ·Pl•. Cette rend· inébra,nlable ceux. qui· s'humilient. sous sa
affirination est laite devant le sanhédrin à l'heure .main toute-puissante et qui, par la foi; résistent
1

où ·Ja p.uissance des ténèbres semble triompher au diable (1 P 5,5-10). Les incrédules, au cop.trai;re,
(Le 22,53). seront séduits par ceux dont la. puissance vient
Mais, .·ainsi qu'il l'avait dit, .« une-.fois élevé .» du diable (2 Th 2;9-12; Ap 13,2-7) et que le Sei-
Jésus.-manüeste·qui·il est (Jn 8,28) et,quelle.est gneur détruira· du ·souffle. de· sa· bouche ·au •Jour
-sa_. puissance : il _détrône les ·•pµissances (Col ·.2, dEi son avènement :(2 Th ,2·,8). En ce jour. sera
15) en niême temps queJe.prlnc_e de·ce *J'.!l,onde, détruite la •Mort ,ainsi que tou'te puissance enne-
et il attiré tout .à. lui .(Jn. 12,31s). Il. envoie· pour mie (i: Co 15,24ss) ;. Dieu ressuScit.era ·.par.sa puis-
cela Ses·• '!'disciples attester qu'il a -tout pouvoir au sance les •*corps de.ceux·en qui habite son Esprit
cieLet sur la terre et soumettre toutes-Jes nations, (1 Co-6,14; Rm 8,n); il .sera tout··en-.tous (r.Co
par la foi et.1'ob~sance, à ,son, Règne spirituel 15,28). ·Da·ns l' Af>ocalypse,·on entend les élus chan-
(Mt 28,18ss), Pour qu'ils accomplissent cette- *mis~ ter le'Seigneu'.r' Dieu,- le Tout-Puissant (gr; Pan-
sion, non seulement il confi~era l~ur •.prédica- tocrattw), doi:it l'*Agrieau· partage le trône et. qui
tion par des miracles (Mc 16,20),. mais il sera và. fai~ uh univers nouveau « où''il n•y aura plus
« toujours avec· eux jusqu'à la fin des temps ». Il ·de· *mer _.)l, c'est-à-dire de· puissance de désordre
sera avec eux par_ son Esprit, force d'en haut dont (Ap-::U:,1.5) : «· Alleluia ! -na établi son •Règne, le
il_leur·p!oinet l'envoi ,(Le 24,49: ·AC 1-,8). ·Seigneur notre-Dieu, le Tout-Puissant! » (Ap ,19,
6). _Règne d'•am'0ur, •càr Ce'·Tout-Puissant, est le
3. L'Esprit qui remplit les *Apôtres lors de la Père· de·:« -ëelui qui_ nous ainie et qui nous a déli-
Pentecôte (Ac 2,4) est un· don que leur· fait le vr_és de D.os péchés. par son sang.· A lui, gloire et
Christ ressuscité .et qui -manifeste sà- .puissance. de puissance-dans les siècles· des siècles. Amen » (Ap
Sauveur ·(Ac ·2,32:.36; -4,7-12) .. Quand-leur: parole 1,,5s), -NIFL
puissante a ·converti les cœurs ·(J.\_c 2,37.43; 4,4.
'33), les. Apôtres exercent leur .pouvoir-de remettre ~ autorité .- bras & main ~ ·création AT 11_1.; ·NT
les péchés (Jn 20,21ss) .et de donner l'Esprit (Ac I, II --:---l)ieu AT-Ill 5; NT_II z -:-·droite r ~ _Esprit
8,17). L'expansion·· de 1rÉglise confirme la pro- de.Dieu - force.-,, gloire,- imposition. des ~ains O;
NT z -:- Jél;IU8 (nom de) IV - _magie·_ x_ -:- mer -
messe de Jésus à Ses disciples-: ils font des *œuvres miracle -:-- mo_ntagne I z - nom AT I ; NT ._1 -
j)lqs grandes que· lui et ils obtiennent du ... Père otnbre II - orguéil - Parole ~e Dieu AT II z ; NT
tout c:e qu'ils lui. dèmandent au. •nom de ~~:11- Fils I J, II· 1 - porte ATI- Résurrection NT 11- rocher -
(Jn 14,12ss;_ 1f),23s)', La foi.rend~ effet la *prière sceau -· victoire - vie IV I - .violence - Yolonté
toute puissante (Mc 9,23; 1.0,27; n,22ss), de Dieu AT I za.
Paùl fait. écho à -Jésus en enseignan~ que, .•pàr
la •:foi, 'l'homm.e .. s'ouvre à.la puissance· de sal,ut PUISSANCES Cll:LESTES -+ anges ~ astres -,
Ascension II z -
ciel·_ puissance )II' 2· :__ .réconci-
qu'est 1'*Évangile ·(Rm'. 1,r6). La foi· donne ._de liation II . i. · · ·
« *ci:mn,a.îtreJe .Christ et _la puissance. de sa résur•
rection et la commlinion •à ses .souffrances )l (Ph PUNITION-+ châtiments - éducation.
3,9s). Jésus crucifié.sauve les croyants; pour eux,
il est- puissance de Dieu (1 Co 1,18.23s) ; car la
faiblesse de Dieu ·est plus _forte _que les hommes,
et-sa pùissanêe se déploie dins· la faiblesse de se~ PUR
témoins (1 .Co l,25i 2 Co 12,9) ;· quand ceux~c1
·sont··liv~·•à la mort·-à causé de Jésus, la vie de
Jésus-est manifeS,tée en eux (2 Co _4,1oss) .qui ont ' La pureté, conception· comm~ne aux religions
cru eri la. ·puissance de Dieu qui, ·a .ressuscité le anciennes, est. fa disposition requise pour s'appro-
Christ (Col 2;12; 2 Co. 13,4) ;· ils sont puissamment chèI' des> choSe"s Sacrées ; bien qu'elle puisse impli-
fortifiés-par.son Esprit (Ep 3,;6) qui .donne~ leur quèr acéessoirement là vertu môrale opposée à la
parole .d'être .-la pa:role de Dieu et. d'en avoir la luxûre; ellè est procurée_ rion par des actes moraux,
puissance (I Th 1;5; 2,13) : en eux agit l'incommen- in.ais·: J)ar des rites. ; eµe est perdue par ·des con-
surable gt"~ndeur de la.puissance-divine qui_dépasse taçts matériels,· indépendamment de toute res~
toute demande-et· toute pensée ·(2 Co 4·,7; Ep I, ponSabilité moràle. · Ordinairement cette concep-
-19ss;· 3;20). tiOn •prïmitivè ·tend ··à s'approfondir, mais elle le

ro68
PUR PUR

fait différemment selon les divers,. milieux de 3., Respect de la• communaUU sainte. '--· A la base
pensée. Selon. la foi.· biblique, qui , croit bonne la de cette notion ·encore foit· matérielle de la pureté
création tout entière, la notion de pureté tend à apparaît l'idée' qrie !'*homme est. d'une unité t~lle
devenir intérieure et morale, jusqu'à ce que le qu:_e Fon ne peut dissocier le •corps etT*âme, et
Christ en montre la source unique dans sa Parole que ses actes religieux,. si spirituels-qu'ils soient,
et son sacrific.e. demeurent încarnés. Dans une commUnauté··con-
sacrée• à Dieu ·et désireuse de dépasser l'état·natu-
rel de son existence, on ne mange pas ,n'imp·orte
AT
quoi, on ne-touché pas--à toùt, on n'use'pas-n'ifil-
· t. i.A FU~ÉTÉ cuquELLE porte- comment des pU.issances génératrices dé la
vie. , Ces multiples restriction·s; peut-être arbi-
1 .. Dans la .vie de là. C(Jmmu-nauté sainte. - Sans traires_ à l'origine; ont eu,· un ·double effet: 'Elles
r_apport direct avec la -moralité, la. pureté- assurè préservaient' la foi mon6théiste contre toute con-
l'aptitude ..légale à participer au. ·,*culte .ou. à,. la tamination par te· milieu ·païen enviro:ritiâ:ô.-c ;· \:i:n
vie ordinaire- elle~même de 1a· communauté sainte. outre, assumées par obéissance envers Dieu, èlles
Cette. notion complexe, développée. notamment _en constituaient une véritable discipline morale,
Lv n~r6; apparaît _à travers tout l'AT. Ainsi devaient se révéler progressivement les
Elle inclut la pr.opreté. physiqt:te : éloignem!:!:nt. de exigences de, Dieu, spirituelles.
ce qui es,t malpropre (immondices .: Dt 23,13ss),
malade (•lèpre : Lv 13-14; 2 R 7,3) ou corrompu
(cadavres-:· Nb 19,u~14;. 2 R 23,13s). Cependant
la discrimination, des· *animaux purs et impurs Il. VERS LA NOTION DE PURETÉ MORALE
(Lv u}, souvent empruntée à des tabous primi-
tifs, ne peut pas s'expliquer par· le seul motif de ri Les prOpkètes prodament· conStâmment que t;ii
l'hygiène. les ablutions ni les •sacrifices·n•ont de valeur ·en
Elle ·constitue une protection contre- le paga- _soi, s'ils ,ne conipOrtent'une puiifiCâti_ori ïntériéure
nisme : Canaan étant souillé par la présence des (Is 1,15ss; 29,13; ·cf Os 6,6; Am 4,I-!j; Jr· 7,2rss).
païens, les butins de guerre sont voués à !'*ana- L'aspect cultuel ne ·disparaît pas pour àutant
thème (Jas 6,24ss), et 1€:s fruits mêmes de.cette (Is _52,n), mais l'impureté· véritable qui ~()uille
terre sont interdits- pendant:·les trois premières l'homme est révélée à sa sàùrce même, .dans le
années de la.-récolte (Lv 19,23ss). Certains ani- · •péché ; . IeS soùïllures_ léga.1es.. n'èn .·sont· qU'uri.e
mau'x-, comme· le pOrc; sont,· impurs (Lv· II,7), image extérieurè (Ez 36,17$). 11 y ·a_une so_ui~ure
sanS- doute parce que .les païens les associaient à essentielle ~ l'homme _dont Dieù-'·seuf-peut le puri-
leur culte (cf Is·66,3). fier (Is 6,5ss): La_puri:fication radi_cale des •IèvreS,
Elle réglemente l'usage· de tout ce qui est. •sain_t. du ·*cœur~ de l'être ·entier;· fait partie des pro-
Tout ce ·qui ·-touche âu culte. doit ,être éminem- messes messianiques : « Je· #à.O:dra~ sur volls ·une
ment.pu'r et ne-peut -pas ·être·approché·indftment eau pure et vous sètez purifiés de toutès vos
(Lv ·21; 22; l S.· 2-1,5), D'ailleurs, sàcré et· impur souillùres ~ (Ez 36,2.Ss; cf_ So 3,9_;_-IS. 35,8; 52,2).
sont· ·également intouchables · comme: s'ils· étaient
chargés· d'une •forcê .reaoutable··'et· c6ntagieuse 2. Ch6i les sages,_ la condition réquise pour . plaire
(Ex 29,37; Nb 19). Les·•forces vitales, source .de à Dièu est ,caractérisée par.. la puieté~ des· mains,
bénédiction, étant considérées comme sacrées, des du cœur, du front,.. de· 1a· prière (Jb n,4;14-5; · 16,
souillures ·•sexuelles .sont contractées,- même par 17; 22,30), doll:c par une_ conduite -morale_ irré-
leur usage morà.lement bon ·(Lv·-12_ et· 1~)- prochable. LeS:··_sages ·o~t ·cependant conscience
d'une iinpureté radicale de l'homme dCv'-allt Dieu
2. Rites de-purification,·--·La. plupart ·des irhpu- (Pi- ~0,9;_ · Jb. 9,30s) ; c'est' présoin:ption:· qu~ de ·se
retés, qUand elles ne disparaissent·pas par elles- croire pu'r (Jb· 4,_17). · ·Pourtant lé sage· s'efforce
mêmeS; (Lv .n,245)'; sont "effacées '.par ,le· lavage d'ap})rofondîr' .- moraletrient la. pl]r~té. dont 'l'as-
du .corps ou ·.des Vêtements (Ex Ig,IO; Lv ·r7,15s)-, pect sexuel cOillillellce d'êµ"e ·à.ccellJué; Sara_ s'ci.t
par des sacrifices expiatoires (Lv 12;6s) et, le gardée pure (Tb 3~14), taridis· _que· les paieD:s· sont
jour,.des ,*Expiations.- fêtè-de .. la puri:ficatio~ par li~és à uµê_irilpu~té. dégràcla~t~ (S_g ·.i:4~24_).·
excellence, par-l'envoi au désert d'un, bouc syin-
boliquement chargé .des- inipuretés et même des 3. Chez tes 'psal,nist!s, __ on. voit, dans un càdrè
péchés du .peuple tout entier (Lv 16). cultuel, s'affirmer de plus en plus le souci de pureté

ro69 1070
PUR PUR
morale. L'amour de Dieu se tourne vers les cœurs pris un bain n'a pas besoin de se laver, car il est
purs (Ps 73,t). L'accès au sanctuaire est réservé entièrement pur ; vous aussi, vous êtes purs »
à l'homme aux mains innocentes, au cœur pur {Jn IJ,IO).
(Ps 24,4), et Dieu rétribue les mains pures de
celui qui pratique la •justice (Ps 18,21.25). Mais
puisque lui seul peut donner cette pureté, on le II. LA DOCTRINE APOSTOLIQUE
supplie de purifier les cœurs. Le Mise-rere manifeste
l'effet moral de la purification qu'il attend de 1. A1-t-delà de la division entre pur et impur.
Dieu seul. u Lave-m.;ii de toute malice ... , purifie- Les communautés judéo-chrétiennes continuent à
moi avec l'hysope I Je serai pur. D Davantage, observer les pratiques de pureté. Il faut une inter-
recueillant l'héritage d'Ézéchiel (36,25s) et cou- vention surnaturelle pour que, de la parole du
ronnant la tradition de l'AT, il s'écrie : « 0 Dieu Christ, Pierre tire cette triple conclusion : il n'y
crée en moi un cœur pur» (Ps 51,I2), prière déjà a plus de •nourriture impure (Ac 10,15; II,9) ; les
si spirituelle que le croyant du NT peut la reprendre incirconcis eux-mêmes ne sont plus souillés (Ac rn,
telle quelle. 28) ; c'est par la *foi que Dieu purifie désormais
le cœur des païens (Ac 15,9). De son côté, Paul,
NT fort de l'enseignement de Jésus (cf Mc 7), déclare
hardiment que pour le chrétien, 1, rien n'est impur
l. LA PURETÉ SELON LES ÉVANGILES en soi (Rm 14 14). Le régime de l'ancienne Loi
1) 1

étant révolu, les observances de pureté deviennent


I. Les pratiques de pureté persistent dans le (!des éléments sans force » dont le Christ nous a
judaïsme du temps de Jésus, et le formalisme libérés (Ga 4,3.9; Col 2,16-23). Il La réalité est
légal renchérit sur la Loi en accentuant les con- dans le corps du Christ» (Col 2,17), car son corps
ditions matérielles de la pureté : ablutions répé• ressuscité est le germe d'un nouvel univers.
tées (Mc 7,3s), lavages minutieux (Mt 23,25),
fuite des pécheurs qui propagent l'impureté (Mc 2. Aux rites incapables de purifier l'être intérieur,
2,15ss), signalement des tombeaux afin d'éviter le Christ a substitué son •sacrifice pleinement
les souîllures par inadvertance (Mt 23,27). efficace (He 9; 10) ; le sang de Jésus nous a.yant
purifiés du péché (1 Jn 1,7.9), nous espérons
2. Jésus fait observer certaines règles de pureté prendre place parmi ceux qui « ont blanchi leur
légale (Mc I,43s) et il semble condamner d'abord r6be dans le sang de !'Agneau )1 (Ap 7,14). Cette
seulement les excès des observances surajoutées à purification radicale s'actualise par ~e rite du *bap-
la Loi (Mc 7,6-13). Il en arrive cependant à. pro- tême qui tire de la •croix son efficacité : « Le Christ
clamer que l'unique pureti est inthieure (Mc 7, s'est livré pour l'Église afin de la sanctifier en la
I4-23 p) : « Rien de ce qui pénètre du dehors dans purifiant par le bain d'eau » (Ep 5,26). Alors que
l'homme ne peut le rendre impur ... car c'est du les anciennes observances n'obtenaient qu'une puri-
dedans, du cœur des hommes que sortent les des- fication tout extérieure, les •eaux du •baptême
seins pervers. 1, C'est dans ce sens que les •démons, nous libèrent de toute souillure en nous associant
eux aussi, peuvent être appelés « esprits impurs » à Jésus-Christ ressuscité (r P 3,2rs). Nous sommes
(Mc 1,23; Le 9,42), Cet enseignement libérateur bien purifiés par l'espérance en Dieu qui, par le
de Jésus était si nouveau que les disciples se Christ, a fait de nous ses enfants (r Jn 3,3).
montrent fort lents à le saisir.
3. La transposition du plan rituel au plan du salut
3. Jésus accorde son intimité à ceux qui se donnent spirituel s'exprime notamment dans la Ire aux
à lui dans la •simplicité de la foi et de l'amour, Corinthiens où Paul invite les chrétiens à expulser
aux ()'. cœurs purs » (Mt 5,8). Pour •voir Dieu, de leur vie le « vieux levain et à le remplacer
)J

pour se présenter à lui, non plus dans son temple par « les azymes de pureté et de vérité » ( 1 Co
de Jérusalem, mais dans son *Royaume, la pureté 5,8; cf Je 4,8). Le chrétien doit donc se purifier
morale elle-même ne suffit plus. Il y faut la pré- de toute souillure de corps et d'esprit pour ache-
sence active du Seigneur dans l'existence ; alors ver ainsi l'œuvre de sa sanctification (2 Co 7,I).
seulement l'homme est radicalement pur. Jésus L'aspect moral de cette pureté est davantage
dit ainsi à ses Apôtres : Déjà vous êtes purifiés
(!
développé dans les épîtres pastorales. (( Tout est
grâcè à. la parole que je vous ai annoncée )) (J n pur pour les purs » (Tt 1,15), car rien ne compte
I5,3). Et, plus clairement encore : « Celui qui a désormais devant Dieu que la disposition profonde

1071 ro72
PUR QUITTE

des cœurs régénérés· (cf 1 Tm 4,4). La charité 19); La pureté morale que déjà pt'.éconisait l' AT
chrétienne jaillit d'un cœù.r pur, d'une bonne •cons- demeure toujours requise (Ph 4,8), mais sa valeUr
cience et d'une foi Sans· détour (1 Tm 1,5; cf ,5, vient seulement de ce qu'elle conduit à là rencontre
22). Paul lui-même rend grâces au Seigneur de le du Christ, au Jour dernier de son retour (Ph 1, to).
servir avec une conscience paie (2 Tm 1,3), comme LS
il demande aussi à ses· disciples un cœur pur d'où
jaillissent la justice, la foi, la charité, la paix --+ animaux II 2 - baptême - blanc :i - cœur H -
(2 Tm 2,22; cf I Tm 3,9). colombe 1 - conscience :2 b. 3 - eau - épreuve/ten-
tation AT I z - expiation 1 - feu - lèpre - libéra-
Enfin ce qui permet au· chrétien de mener une tion/liberté II 3 - Marie Il z - nourriture 1, III -
conduite morale irréprochable, c'est qu'il est con- pardon - péché III 3 - perfection AT z - Reste -
sacré au culte nouveau dans l'Esprit : l'opposé de sacerdoce AT III :2 - sacrifice AT II z ; NT II z -
l'impureté,. c'~st la •sainteté (I Th 4,7's; Rm 6, saint - sel 2 - sexualité II - ·simple :a - virginité
AT I. / '

Q
QUARANTE ..:.+ Asceruiion II 3 - nombres 1 'r. QUlTE ~ aumône NT 3 b.- Église IV 3, y· 1:.
R
· à sori *épouse infuièle (Os· 2,16-22)·, à ses· ·eilfants
rebelles (Ez 18,31s). Et tous les_ rites d'*expiation
du culte mosaïque, ordonnés à la· purification des
RABBI-+- enseigner NT I 1 - Jésus (nom de) III - fautes les plus variées. visaient finalement la récon-
Jésus-Christ II I a.
ciliation de l'homme avec Dieu. Pourtant, le temps
RACE -+ fécondité - génération - nations - pères n'était pàs encore venu de la complète rémission
& Père 1, Il - peuple, des péchés, et les fidèles du vrai Dieu ,restaient
dans l'attente· de quelque chose de meilleur (cf
RACHAT -+- esclave - libération/liberté II. III - 2 M r,5; 7,33; 8,29).
~édemption. La. réconciliation parfaite et définitive a été
RAHAR-+ bêtes & B@te 1.2. accomplie par le Christ Jésu·s, "le *médiateur entre
Dieu et les hommes » (1 Tm 2,5), et elle n'est d'ail-
RANÇON -+ libération/liberté II 1 - Rédemption. leurs qu'un aspect de son œuvre de *rédemption.
Il reste pourtant légitime d'envisager le mystère
RASSASIER -+ Abraham I 3 - fruit - joie - du *salut, à ce point de vue spécial, à la lumière
moisson I - repas - richesse I 3.4,
de quelques textes de Paul (Rm 5,ros; 2 Co 5,
RASSEMBLER..+ communion AT ·s_; NT~ Corps 18ss; ·Ep 2,r6s; Col 1,20ss) : .tel est l'objet propre
du Christ III - dispeniion - Église I, II t - Pente- de ces lignes.
côte II 1 c - repas - unité.
I. NOTRE RÉCONCILIATION
RtCOLTE- aum6ne AT 2 - fruit - moisso~ -
semer - vendange. AVEC DIEU PAR LE CHRIST

RlCOMPENSE-+ justice A I AT 3; B II AT - I. L'initiative de Dieu. - Par lui-même, l'homme


rétribution. est incapable de se réconcilier avec le Créateur
qu'il a offensé par son *péché. L'action de Dieu
est ici p_teniière et décisive, « et le tout vient de
Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ »
(2 Co 5,18). Lui nous aimait déjà quand nous
RÉCONCILIATION étions ses If ennemis )1 (Rm 5,ro), ·et c'est alors
que son Fils« est mort pour nous» (5,8}. Le mys-
tère de notre réconciliation rejoint C!=)lui de la
Dès l' AT, Dieu a préludé à la. réconciliation *Croix (cf Ep 2,r6) et 'du « grand amour » dont
des hommes avec _lui, en ne cessant pas de leur nous avons été aimés (d Ep 2,4).
offrir son *pardon. Il s'est révélé lui-même comme
le , Dieu de tendresse et de pitié » (Ex 34,6), qui 2. Les etfets de la réconciliaJ,ion. - Dieu ne tient
revient volontiers de oc l'ardeur de sa *colère » plus compte désormais des fautes des hommes {cf
(Ps 85,4; cf 103,8-12) et parle de *paix à son 2 Co 5,19). Mais Join que ce soit là une simple
peuple (cf Ps 85,9t Les péc!J.éS d'Israël sont une fiction juridique, l'action de Dieù est plutôt, au
rupture de !'*alliance du Sinaï; mais Dieu, loin dire de Paul, comthe « une nouvelle *création »
de s'y résigner, j>rendra lui-même l'initiative d'une (2 Co 5,17). La réconciliation implique un renou-
alliance nouvelle et éternelle (Jr 3r,3Iss; Ez 36, vellement complet pour. ceux qui en bérié.ficient,
24-30) ; c'est donc bien une réconciliation - même et coïncide avec la *justification (Rm 5,9s), la
si le mot n'est pas utilisé - que Yahweh propose sanctification {Col 1,21s). Jusqu'ici *ennemis de

1075 ro76
RÉCONCILIATION RÉDEMPTION

Dieu par notre conduite mauvaise. (Rm 1,30;. 8, pleine lumière, et surtout. les merveille11x bien-
7), nous. pouvons maintenant.-« nous glorifier en .faits qu'il procure ·aux païens. d'hier : ils sont
Dieu» -(Rm "5,ll); qui veut .:hous «_faire .paraître maintenant intégrés ·au peuple élu -au même titre
, devant lui saints, .sans tache et sans _reprQChe » que les Juifs; l'ère de la· séparation et de la •haine
(Col 1,22); nous avons ·(1 -tous,.,en un seul Esprit, est terminée,. tous les hommes :·ne forment plus,
accès auprès du Père » (Ep 2,18). dans le Christ, qu'un seuL*Corps (2,I6), -un ·seul
•Temple saint- {2,21).· Peu importent à l'Apôtre
3. « Le minis#re de la· réconciliation ». ~ Toute des, nations les •souffrances glorieuses. que lui
l'œuvre du •salut est déjà accomplie de la part attire_ l'annonce de ce *mystère (Ep 3,1-13)..
de Dieu, mais, à un· autre -point de vue, elle se
poursuit actuelle_ment jusqu'à la parousie, et Paul Paul- a· été -le théologien 'inspiré et -le ministre
peut définir l'activité apostolique comme « le infatigable de ·la réconciliation,, mais c'est , Jésus
ministère de la réconciliation ». (2- Co 5,18). « En qui,. par son *sacrifice;· en a été l'artisan « dans
ambassade. pour le- Christ·», les Apôtres sont les son •corps ·de: chair »·-(.Col I,22); et, le premier, il
messagers de « la parole de la réconciliation » en .. a· aussi ·souligné .les exigences profondes- : le
(5,19s); Un ancien papyrus parle .même- ici de pécheur réconcilié par Dieu ne peut-lui-rendre un
« l'Évangile de la réconciliation.», _et telle est bien •culte agréable s'il ne· va d'abord se réconcilier
la teneur du -message apostolique {d Ep 6,15 : lui~même avec son frère (Mt .5,23s). LR
« l'Évangile de la paix »)._ Dans leur ministère, les --i,. ennemi III ..;._· frè're AT 3; NT l - Juif I- 2 -
serviteurs. de !'*Évangile s'appliqueront donc, à · nations III I b - ·paix II 3 b,· III :z - pardon - péché I
l'exemple de Paul,. à être pour leur part les arti- i - procès U - Rédemption ....:... violence IV 3.
sans· de la-paix qu'ils annoncent (2 Co-6,4-13).
RECONNAISSANCE ~ ·action de grâces - eucha-
4. L'accueil du don de Dieu. - Du fait que Dieu ristie l · 1.
est l'auteur preciier et principal de la réconcilia-
tion, n·ne s'ensuit-pas que l'homme ait·.ici-une
attitude: pureinent .passive : il doit accueillir le R&>EMPTION
don de Dieu.- L'action. divine-n'exerce son effica-
cité que pour :ceux. qui veulent. bien y consentir
par la *foi. De là le cri pressant"_de-Paul: 11 Nous La notio~ de « rédemption » (gr. .lytrosis. ou apo-
vous en sùpplions au nom du Christ, laissez-vous lyt,osis) · en vertu de laquelle Dieu·«· libère. 11-.ou
réconcilier av~ Dieu »· {2_ Co 5,20). « rac;hète » (gr: lytrousthai) -son peuple et celle,
très voisine,· d' «· acquisition » (gl'. peripoièsis) en
vertu ;~e laquelle il l' « achète » (gr.. agorazeirt),
' II, LA RÉCONClUATION UNIVERSELLE sont ·étroitement ratta.cbées . ·dans -la Bible à l'.idée
de ri' •salut » : ·eues désignent le moyen ·privilégié
1. La Ct'éation réconciliée . .- En parlant. de .la choisi par Dieu pouI' sauver· Israël·:en, le libérant
réconciliatioi:l du •monde' (2 Co 5,19; Rm n,15), de Ja, ,:servitude égyptienne (Ex: -12,27;. 14,I$ cf
Paul envisà.géait surtout jusqu'ici , les -hommes Is-63,9) et en le constituant son « peuple particu-
pécheùis, sans méconnatti-e· d'ailleurS que le mo~de lier »·(Ex· 19,s; ·nt· 26,18); dans·le NT, ,un texte
matériel lui-même est solidaire de l'homme et doit comme Tt 2,13,s, · visible reflet d'uD.e catéchèse
participer ·à sa *libération (cf Rm 8,19-22). Dans primitive, révèle' claii'ement 1a source à ·.:laquelle
les lettres de Captivité, en Col et en Ep,. l'horizon se réfère l'auteur pour décrire l'œuvre du Christ :
de !'Apôtre S'élargit"-.pour embrasser tout l'uni- Jésus est « Sa-qveur » en tant qu'il nous « ·rachète
vers, il sur la .terre » et. 11 dans les cieux » (Col 1, de toute iniquité net «·purifie un peuple lui appar-
20) :· ·réconciliés•·avec ,Dieu par le sang de la croix, tenant ·en propre ». Ainsi· apparait ·la continuité
les hommes 'le sont aussi avec les esptits'célest~; du dessein ·salvifique, sans que soit niée ·pour
c'en est fini de l'attitude hostile .que pouvaient autant ,ce qu'offre de_ -nouveau et d'hnp~visible
prendrè à notre égard· les puissances .•angéliques l'accomplissement de toute véritable prophétie.
sous le régime périmé de la *Loi· (cf Col 2,15).
AT
2. La·t'écontilialion des Juif$ et des païens•. ~ Paul
couronne son enseignement en. Ep 2,n-22. L'ac- 1.·· E~oàe et AlUam:e.·- C'est à-propos-de !'.•Exode
tion du Christ« notre paix » (2,14) y est mise en que··l'AT parle le plus souvent.de« rédemption» :

I077
RÉDEMPTION RÉDEMPTION

l'e.~ienCEl·,religieuSe qu'Israël fit· alors permet et··Ia prophétesse Anne parle de l'enfant à (1 tous
,de·· saisir au· IDieux le· contenu ,de cette notion. ·ceux qui àttendaient la· rédemption de. Jérusalem»
Car, dans la ·coriscience juive, l'Exode ne-peut se (Le · r,68;• :2,38). -Aussi, Comme li;t. plupart. -des
disso'ciei- de l'*Alliance: Dieu n'arrache,son-peuple notions messianiques dérivées del' AT, qui peuvent
à l'•èsclavage que pour se l'attacher : a: Je suis 's'appliquer soit au premier, soit au. second avène-
Yahweh, ... j'e vous àffranchirai de' la servitude •..
0
ment du Christ,'le terrile de « rédemptfon• » ne sert
et je.vous délivrerai (« rachètetai »)' en-.frappant pas _seulement à dési~er l'œuvre opérée par le
fort .... Je.-vous a~opterai·pour mon peuple et je Christ· sur le Calvaire (RID 3,:24; Col r,14;' Ep 1,
serai.votre Dieµ» (Ex fr,6s; cf 2 S 7,:23s). En vertu ·7), mais également celle qu'.il accomplira. à. la fin
de l'Alliance, Israël devient un peuple « saint », · des temps !Ors. de la ·parousie et de· la :résurrec-
« consacré à Yahweh »,: le « peuple particulier » tion• glorieuse· des corps (Le· 21,28; ;Rm 8,:23; ~p
d~ Dieu (Ex r9,5s).··« Peuple· saitit )1 et« ntchetés ·1,14;, 4,30; I Co 1,30 [?])·; et,' dans les deux
de Yahweh » sont deux· équivalents (Is 62,ns). et ,cas, il s'agit .d'une délivrance,, d'une libération,
Jérémie peut dater l'Alliance du jour: où « Dieu . mais plus encore peut-étre· _d'une .« acquisition »,
a p,ris· soli peuple' par la main pour· le faire sortir · d'.une « prise de possession par Dieu, », initiale
d'Egypte , (Jr 31,32). . . · d'abord,- puis· définitive, quand, l'homme, corps
Aussi Ja..notion de· rédemption ·est-elle :essen- et âme, et l'univers ._avec· lui, « ·entreront dans la
tiB_llement positive ·:· ·l'uniori à Dieu .n'y est pas plénitude de Dieu n··(Ep 3,19) : alors Dieu sera
moins affirmée que la ,*libé_r_ation _de l'es.clavage «· tout en·.tous il (1 Co .15,:28), ·voire« tout en tout»
du· péché .. Tel est d'ailleurs le sens._étymol~giq1,1e (Ep i,23), · · ·· •
du terme-latin redeniptio : il désigne d'abord un C'est d'.ailleurs pourquoi le NT a ·pu exprimer
« achat » (emere) qui ne nous u délivre » (cf nd-) cette: même notion à' l'aide du v.erb.e. u ache.ter »
que· pour nous (t ·acquérir· 11 .à Dieu ; et· il-. n'en ·va (gr. agorazein, 1 Co 6,20; 7,:23; cf_ Ga 3,i3; 4,5).
pas autrement du terme anglais « atonement -~· Non ,qu'il ait, voulu assimiler·la rédemption à une
qui le traduit habituellem'ent et dont le sens on- transaction commerciale. réglée· ·par,, la · loi . de
ginel ~t u réunion », H réconciliation , (H at-one- l'.équi_vàlence ou de la. c~pensation, où le geô-
ment»). lier n'.accepte de livrer sonprisonnier,.etle,vendeur
.sa marchandise; qu'à 1a condition ~e ne rie'Q. perdre !
2. La Yédèmption messianique. - Les prophètes Il entendait signi:fiér-sans doute que nous 1;19mmes
reprennent intentionnellement .· les mêmes _for- devenus la propriété de Dieu en vertu -d'un-con-
mules à·,propos de ·1a libération·,de l'!'exil, et . 1e trat .dont. toutes· les conditions ont été rempli~,
:«'Rédempteur.» devient-alors l'un. des_titr~,-pré- notamment celle .que l'on. ne ·manquait· poÎ;Ilt. de
férés de.Yahweh, notamment.dans le SeC9nçl. Isa'ie. signaler : la somme a été versée (1 Co 6,20; 7,:23;
;Nul ne· .s'étonnera que l'objet de la _grand1;1. espé- cf .r p r_,18). Mais il faut noter que là s'arrête la
rari.ce messianique-s'exprime. encore ·en termes de métaphore; il .n'est jamais qu~tion d'un person-
~ :tédemption »·: «. Auprès de Yahw:eh est la grâce, nà.ge qui réclamerait ou recevrait le prix de l'achat.
près de lui l'abondance du '.raçhat ', c.'es.t lui,qui En ,effet, .là encore le NT paraît .se• référer à la
, rachètera' Israël de.toutes ses fautes,» (Ps 130, notiOn d'acquisition.telle que la-connaissaitJ'AT:
7s) ... Plus que tous, Ézéchiel SO;Uligne l'absoJue en tout cas· avec le même verbe(< acheter», l'Apo-
gratuité d'une.telle ((rédemption~ accordée à d~s calypse se 'dfère· expiicitetnent à.u _pacte .du Sinaï :
pécheurs (Ez'1.6,60-63; 36;2rss); il précise en outre ;dans le •sang de l' Agneau les holllmes de_ toutes
la ·nature de .cette « nouvelle alliance », et, tandis les nations sont devenus propriété particulière de
qu'èn. . Ji, 31.,33 Yahweh' avait dit_.: « Je· -mettr;.\i Dieu, comme jadis Israël l'était devenu en vertu
·ma loi en·lenr intérieur», en Ez,36,:27 il-décla11': de l'Alliance scellée, elle aussi, dans le· sang (Ap
"· Je mettrai· mon ..•Esprit en votre intérieur ». •5,9) :· par· contre; Ac 20,28, pour évoquer la même
La· rédemption•. consistera dans la communica- réalité, conserve· le. terme propre . à l' AT et parle
tion, -en guise de loi, du propre .Esprit· de Yah- de «· l'Église.·'de· -Dieu qu'il s'.est acquise -par .-son
Weh· (cf Jn- 1,I7.:29.33;. ,7,37ss; Rm .8,:2-4). sang )) ·{cf I P 2,9; Tt .:2,_r.û- , . _.:_ .
L'interprétation· remonte d ru.lleui:s au Cbnst en
NT personne··:_ le cadi'e pascal choisi, dé~ib_érémen~ et
le rappel explicite du sang de l alltance, étaient
r. La continuité avec l' AT. - Là. référf'!nce à ce suffisamment. clairs pour que nul ne s'y .trompât
contexte-mess_ianique est parfois eXplicite :. Zacha- ,(Mt :26,28 p; 1 Co II,25)·. ·
rie .célèbre le Dieu qui. (1 a racheté son peuple »

1079 :roSo
RÉDEMPTION RltDEMPTION

2. La mort volontaire de_•-•Jlsus~Christ. - Mais-le J'*Ascension (Le 9,51) tout le long récit de- la
NT ne-souligne pas moins-nettement la. distance montée.de Jésus. Vers Jérusalem. et,: en revanche,
qui sépare . *figure et •accompliss_ement. Comme quand il décrit la. vie « glorieuse ll du Christ,. de
l'ancienne, l'Alliance .nouvelle est scellée dans le rappeler avec une insistance, voulue sa Passion et
eang; ·mais- ce sang est celui. du propre_.Fils-de sa mort (24,7.26.39.46; cf 9,31) ..-Pareillement Paul,
Dieu {x B. x,x8s; He 9,:12; cf Ac 20,28; Rm 3,25). là même-où il ne mentionne que la mort,.,ne,cesse·
Rédemption « cob.teuse » : à. l'immolation de de songer aussi à la ~urrection : .la :vie à laquelle
victimes sans raison,-succède-le *sacrifice person- il fait si souvent allusion est toujours conçue
nel et· volontaire du *Serviteur d!3 .Yahweh qui comme une participaiion à celle d_u ~essuscité
(! a livré sa· Vie _à la mort ». (Is 53,_r2) et (1 .bien servi (:vg_ Ga 2,.20; 6,.14s;_ Rm 6,4.n; .8,2.5).. Enfin chez
la communauté » (53,n LXX) .. Jésus (1 n'est pas . Jean l'unité du mystère :est 1 si_ profonde que les
venu .pOur être. servi; mais .pour *servir _et donner
1
termes qui, dans. la. catéchèse ': primitive, dési-
sa vie.en rançon_» (Mt _20,;28; Mç)o,45) : son sacri- gnaient la résui:rection de J ®us _ont pu être
fice sera l'instrument de_ notr:e._ délivranc;e (lyt,-on), employés· pour désigner tout à la: fois ·la _Passion
C'est ce· caractère volontaire de la mort du Christ ~t la glorification du Christ (Jn 12,23.32.34) ; ·de
que le récit johannique-de.la.Passion entend-relever même, l' Agneau de -1' Apocalypse ~pparatt au
(vg Jn 18,4-a). comme le fait plus. clairement voyant de Patmos, _« debout »;_ en signe de résur-
encore, s'il est possible, :ch_ez les, Synoptiques, le rection, et tout' à. la, fois 1c comme égc,rgé.: », en
récit de--la Cène *euc1J._aristique, où le. Christ se signe d'immolation (Ap 5,6).
voue littéralement par avance à la mort.
5. -MystAYe d'a,riout'
3. La vi~ofr~, d,~ Christ su,- ~a mo,-t._ -. Po~r_:1'es _. a) Saint Jean. - Pour Jean _en efü~t. ~e myst~re
disciples. cette_ ~mort avait été un -•~~ndale, la rédempteur est essentiellement un mystère _d'amour
preuve. que. Jésus n:était pas le « rédempteur » et -par :t;:onséquent de vie divine,. p1,1isque a Dieu
attendu.,KLc 24,1.,1). Eclairi:s. par. l'expérience de est amour » (1 Jn 4,8). Amour du- _Père, assuré-
Pâques . et_ celle de la _Pentecôte, , devenus les ment; qui _a « aimé le monde au. poi;nt de lu~ don~
témo~ns 4e. la *Résurrection (Ac 1,8; 2,3xs; etc), ner son Fils unique » ·(Jn 3,1_6; 17,23; I Jn 4,9) ;
ils comprennent que loin ,de _fajre .échec au plan mais _également, a_mour clu -Fils pour son- Père
salvi:fi.que de Dieu, 1~ Passion et la mort ·de leur (Jn 14,31) et pour les hommes (10,n; I Jn 3,
maître l'accompliss~ient « selon, les __ Écritt,J.res • 16;'Ap: 1,5); amoUl' qu'il reçoit-de son, Père,d9nt
(1 Co 15,4) ; la •pierre rejetée par les bâtisse~rs il dépend _en tout, .et, partant, amour «-obéissai;tt "
est devenue.. la pierre d'angle .(Mt 21,42 )?.; Ac 4, (Jn '14,31) ;-amour-,en:fin,- tel qv,'il. n'en.est pas
11 = Ps n8.~2;_ 1 P 2,7}, fondemen~ d~__nouveau de plus grand-,(15,13). Car si toute la vie du Christ
•Temple ; le .•.Serviteur a été Vraiment « ex_alté. » fut « amour pour les siens·.»; la Passion est ,..le
(Ac 2,33;_ 5,3:i;) et Kglori:fié » (3,13),. se:lon les ~e~x . moment. où il les_ aima jusqu'à la- fin »; jusqu'à
_(I

termes _empru-ntés à Is 52,13; bien_· plus, il l'a· été -la (1 ,consommation » (gr. telos) -de l'amour_ (13,1),
« pour avo;ir livré soO: *âme:à la mort» (Is 53,r2; ce qui signifie concrètetn1mt :jusqu'àaccepter d-'être
Ph _2,9). Défaite a~parente,' la. niort· dit, Christ trahi par l'un des Doµze (t,8,2&), renié par leur
était en réalité Une •victoire· Sur la mort et sur chef (18,25ss), _condamné comme... blasphémateur
•satan, l'aute~r de la ~ort (cf J_n· 1:i,31s; He 2,i4). au_ nom mêrne de la.Loi (i:9,7), -et ç:l_elnourir·du
s~pplfoe le plus infâ.m.~nt,-~lui Qe _ la.Croix, çomme
4. M 0ft ét Yésüt'feetion. - Dans la première• prédi~ un, scélérat ,dont le cadàvre susp~ndu aµ gibet
cation du mystère rédempteur, -la •Résurrection souillait la terre d'Israël (19,31). ,A ~ moment
joue un tel rôle qu•e~e se· trouve· 'parfois seule précis il pe_ut décl~ei: en,tout,e _véµté ._q~e « ~-est
mentionnée· (vg 1· P 1,3) avec la Parousie (1 Th consommé » (19,30 : -gr. ~t~lestai) - -a atteint
1,ro). Mais,.guidés par l'Esprit-Saint, les Apôttes son «. actuation » ;suprême ,--, l'amour du Père
vont dis'cemer de plus en plus. nettement .dans :la tel .qu'il était révélé ~ s .les Écritures et i;'était
Passion et la mort .d'une par:t, la Résurrection et incarné d~s le çœur humaîµ.-d.e _Jésus.. ~t s'il
!'Ascension .d'aùtre part, deux groupes'·d'év~e- meurt,_ pa:r amour; c'est pour communiquer· cet
ments non seulement ordonnés-l'un à fautre. (vg amour aux hqmmes, ses_zyères: _du_côté_.~. trans-
Ph 2,9), mais qui_ se C4?mpénètre;nt m~tuelle;ment percé_». (19.37;- Za 12,10), -Je~ voit jaillir. oc la
au point de constitu~r deux ~pects· indissociables source-ouverte à la.maison. de David-et aux.habi-
d'un un,ique mystère. de •salut. tallts'de JhtJsalem,·pou~, le-~ch(·et .i'.impur~té »
Airuii Luc _a "~9in--,de pI~cer, s4:>ui:I le. signe de {Za _13,1;_ Ez 47,tSs), prélude :9-e l'.~sion de. cet

I08I 1082
RÉDEMPTlON RÉDEMPTION

•Esprit (Jn 20,22) que Jean-BaJ>tiste.·avait vu à Dieu » par· une transformation qui· s'opèré _à
descendre au •Baptême et se reposer sur le Messie l'intérieur .d'élle;.niême; 'Selon Jean,.: à la- Croix,
(r,32s). · · •« le Prince de ce monde à: été ·Ç.Ondamné .11 (Jn
b)-Saint-Paul. -·Or cet aspect n'offre pas moins r6,n). c'e8t-àMdire · « jeté:'bas »· (r2,31; ·cf. Ap ,12,
de relief chez Paul.' Lui àussi discerne d'abord 9s),. déposs-édé de'son empire. Son empire, c'étaient
dans 1a mort du ~hrist, un ;myst~ré d'amour. : les hommes, êtres de "chair, ' devenus proie du
amour du Père (Rm 5;5.:8;· 8,39; Ep 1,3-6; 2,-4; · *Péèhé, -Mais, dit Paul·: «··Dieu a C:ondaniné le
cf, Col r,r3), «· alors_ que nous- étions encore· des Péché dans la chair»' (Rm 8,3), c'est-à-di~:: pour
pécheurs·» (Rm ,5,8), ses « ennemis " (5,ro) ; amour · nous sauvér Dieu a énvoyé son propre Fils avec
du ·Fils à la · fois pour son Père, sous la for nie ·. une chair en .tout semblable-à ·cene··des hommes,
· d'•obéissahce, réparant ainsi la désobéissance du et en lui et· par lui s·•est opérée la:··rédemption.
premier Adain (5.19; Ph 2,6), et pour-les hoffimes Ainsi Dieu a· triomphé du Pé_ché·· là même Où Satan
(Rm ·5, 7s; 8_.34). ·A ce ·propos, non· Seulement--Pàul èroyait régner poùr tolljours : à savoir «·-dans la
rep~d la-formul_è de la ca~hèse primitiv'~ (cf chall" », dans ·la condition humaine terrestre deve-
Mc ·xo,45) inspirée vèaisemblablement d'Is 53,10. nue _condition _de · Véèhé. Le Christ : Sauveur . a
12, et déclat"e que« -l_e·Christ s'est livré pour nous» assumé en effet pleinement . notre condition char-
ou ·11. pour nos péchés D. ·(Ga r,4; r Tm 2;6; Tt 2, nelle. Certes la chair du Christ n'était pas Comme
14), mais il tient à préciser qu'il l'a fait « parce la n6tre II instruinent •de· péché » ; ·cependant elle
qu'il m'a aimé » (Ga· 2,20; Ep 5,2.25). fut comme la ·nôtre ·exposée aux cOnséquences du
Comme Jean, il sait qu'il n'y a pas de plus grand péché universel : la souffrance· et la ·mort. Com-
amour que de mourir_ pour ceux que,:l'on aime ment, en concret, Dieu a-t-il triomphé ? Il a. com-
'(Jn r5,13) ;-aùtrement dit,-_ que tout amour humain muniqué à ta chaif' elle-m§me lfi vie de l'Espri/. A la
· est conditionné, « niédiatisé•>l par lés circonstances chair de· Jésus d'abord : le Christ est devenu par
dans lesqµelles ·il. s'actue. A: des éirconStances · sa mort' èt par sa résurrection'«· Esprit vivifiant»
ieXceptiOiinelles correspond nécessairement un (r Co 15;45)·; et à notre chair, car si nous soriimes
amour exceptionnel ; • plus Précisément, recevant unis au Christ, nàus ne sommes plus: dàns la chair
cet amour de_son Père, le Christ l'a reçll.'à ce degré (de péché),· rilais .« dans J'ESJ)rit » (~Dl 8~9 ·; cf.
suprêmè eri fonction dès circonstances mêmes où 8,2.4), Le «retour·à-Dieu»·Qa «rédemption») s'est
son Père 1è- plaça: Aussi Paul voit-il dans l'affir- effectué, selori Paul, en ·ce que le Christ ·est passé
mation què- « Dieu n'a_-pas épargné son .Fils,. mais de l'état··« charnel» ;i l'état'« spirirueh• et nous en
l'à livré_ pour nous -to"us 11. (Rm 8,32), la preuve lui. .
par excellence de la ({ .charité du Christ » (8,35), Cette vision d'un trio:tnphe de· Dieu·: sùr les puis-
mieuX, de 'la « charité· de Dieu dans le Christ sances du Mal existait ·dans l'Ancien Testament :
D.otre Seigneur » (8,39). · Ez 38-;9 prédit Utle· 'sorte_ de·_« combat eschatolo-
Entre' toutes ces circonstances,· Paul, comme giqû._e.·», prélude} la venue des temps _messianiques
Jean, évoque·notamment l'infamie-du supplice de èt C~ :en liai~on av_ec· _le don de l'Espr:i,t.
la · •Croix, dont tes·· premieri. chrétiens .semblent , _Afin que ~ le Christ. nous fussions soumis aux
avoir tessellti partit:ulièrement .la hOllte (cf Ac effets bénéfiques dè la. «jusüèe .de Dieu», le Père a
5,30;-10;39): comme jadis le·•Servi't:eur que« l'on voulu_ que - son Fils, -par solidarité avec les hqrmnes
prenait pour Un frappé de Dieu »- (Is :53,4), le
«·Juste»- a: àccepté de passèr aux yeux du monde_ pécheurs, füt soumis• ai.µc effets maléfiques de cette
pour ui:J. « ·•inaudit », violateur· de ta· Loi (Ga· ·3, puissance de mort qu'est le "'Péché ; ces effets_ consti-
13). Pour le ·christ, ·on ne ·pouvait' concevoir humi- tueraient: donc la ronditio. p.ima . du plus ·,grand_ a.ct.e
liation plus prof~nde (Ph 2,'8}; mais aussi, par le d'amour et d'obéissance qui se puisse concevoir.
fait même, acte d'obéissance et· d'amour- ·plus Ainsi l'œuvœ . néfaste du péché -~Stwelle réparée,
S:Ublime, du_ moment qu'ùne . _telle :tnort était l'humanité. restaurée, «rachetée»; réunie à ·Dieu,
acceptée, voulue. 'C'est pat là que -le · Christ . ck' nouveau. en possession .de.: la · :vie- divine. Selon
« rachète D·l'humairité, « racquiert à_son-Père··~- 'le vieil oracle (Ez 36-27);. à- la chair a été commuw
uiqué !'Esprit même de Yahweh. Mais la pro-
6'; .Viçtoire s.Ut' le péché da?is la_ chai-.,. '-- Comme, phétie s'eSt accomplie. avec une plénitude -•insoupw
d~àutie part;· il ~•agit de l'acte d'un· membre de çonnée, par la: médiatiort de _l'acte suprême d'amour
nOtte hu~anité,· qui pa.rtà.ge pleinement notre· èon• du propre_ Fils· de ·D!eu fait h~mme. SL
dition'· niottelle, toüt en la transc~i::ul~t par sa -+ Adam. I z b . - Agneau de Dîeu 2 - animaux Il -
divinité;· l'humanité se· trouve Krachetée»,·« acquise captivité II - corps II z' -- Corps du Christ I z, Ill

Io84
REPAS
lŒFUGB

3 - création NT II 1 - , Croix - dessein de Dieu - ciple bien parler (Pr 23,16), frémir devant l'apos-
Qaclave II - Exode AT 2,; ·NT 0'---: expiation - libé- tasie .-(1 M 2,24), être .transpercés par l'épreuve
ration/liberté II 1, III I - m:aladie/ gllérison _NT II 2 - {Jb 16,13). Celui qui. les. a formés (Ps 139;13) peut
J>dque - péché· Ill 3, IV 3 e - pr~cher II 3 - pré- instruire par eux la *conscience de .l'homme _en
mices II - réconciliation - réttibutiori II 3 d - sa.cri- prière (Ps 16,7). Ordinairement-associés au •cœqr,
(\ce NT I - salut - sang NT - so#rance AT lII. les reins désignent une région qui échappe au
REFUGE-. cité AT-~.3 - confiance - Égypte 1 - regard de l'homme et se distingue de ce qui s'en-
montagne - ombre II - rocher -- salut. tend. Seul « Dieu sonde les reins et les cœurs n
{Ps 7,rn; Jr-n;20; Ap 2,23), et, de même,. Jésus
REFUS-_. etidurcissement - incrédulité - visite
NT x -volonté de Dieu· AT· II. qui-sait ce qu'il y a dans l'homme (Jn 2,25): Dieu
seul.pénètre au fond de l'être.-,Jérémie; k pr9phète
RÉGttŒRATION-. bal)tême·1y - n~issance (no1;1- de · la vie intérieure, ainsi que_ le psalrni!:,te ne
velle) 3 - nouveau III 3. craignent pas d'être éprouvés par le regard.· divin,:
Rte.NE --+ roi - royaume.. « Scrute~moi, Yahweh, éprouve-moi,.passe, au. *feu
mes reins et mon_ céeur ·)} (Ps 26,2; Jr 1.7,1,0;, 20,
REINE -• mère -I 3. 12), car ils savent que, à la _différence de leurs
ennemis,· leurs r~ins profèrent ce ,que disent le~
•lèvres {Jr 12,2s). Dieu entend les paroles, mais
il est aussi u témoin des reins et suzyeillani;_ véri-
REINS dique du c'ceur li (Sg r,6). Aussi la lit~rgie fait-elle
prier dans un même .esprit :: (1 Brû.lez, Seigneur,
Le terme traduit souvent la vigueur physique nos _reins et nos cœurs au ,feu de !'Esprit-Saint. »
de l'homme (1· R i2,10), sa puissance procréa- RF
trice, ·et désigne la région de la ceinture, des -. cœur 1 2 - cohscience 1.
hanches, ou lè siège des fonctions génératrices REJETER - élection AT III 1; N~ Ill - malé-
(2 S 7,12;. Ps 132;n;-He 7,5.10). Il désigiie encore dict/on.
le siège ou la source des . passions, des pensées
secrètes, ·des -sentimênts-{Ps 72;21; Ap .2,23). D'où RELIGION-., aumône AT 3; NT ,1. - _crainte de
deux séries-- de significations, l'Une qui èst appel Dieu IV - culte - piété - sacrifice AT III - Temple
à l'action,- 'l'autre qui est un_ rappel de la puiS- AT Il 3.
sance dé Dieu sur·-· notre- personilalité la plus REMERCIER - a~tion dC· grâces.
cachée. · ·
RENCONTRER - chercher - communion_. - face
1. Dans la ilgi_()n 'lombaif-e se c·oncentre la vigueur 3-4---: porte.- prése~ce de Dieu- -,-vi~te - voir.
de l'homme. De même qùe pour le _voyage Ou le - R;ENONCEMENT-.'bien·&. mal III j - Croix-II...:...
combat ·il faut attacher à la ceinture robe, habits, mort'·.NT_ III J - pauvres NT II,- ·III ~ perfectiOn
sac (Gn 37,34), pag_I).e "(ï R 20,31; Mt 3,"4) ou NT 3 - richesse III - suivre 2 a - viµ ·I z.
armes (2 s·· 20,8),_ ainsi au service de· Diéu -il fa:Ùt
RENOUVELER - Alliance AT II 1 - nouveau.
avoir les rèinS cèints. · LeS Hébreux seront alors
prêts 'à -l'EXode (Ex· 12,Ii); :Jérémie· doit•·être
disposé au· combat· (Jr i,17)-; la feni.ine forte est
toujours à la :tâche ·(Pi'' 31,17}-: le·'Messie: -a:ura
pour ·force la'·justice ·:et 'la fidélité (Is· n,5} ;·-le
disciple dé Jésus ·doit tenir ses teinS ceints -et·sà REl'AS
*lampe allumée (Le 12,35) ; le chrétien est exhorté
à se battre lI avec la vérité pour ceinture, la jus-
tice pour C:üirasse )) (Ep 6,14). Saint Pieri-e de · Plusieurs fois par· jour, l'homme -vient à table
conclure : « Ceignez· les reins de votre esprit, p'rendre s6n ·repas, dans· ·-l'_intimité·• familiale ou
soyez Vi~ilants ll (~ P 1,13). pour un :banquet officiel ; on y-mange le. pain de
la disette-- ou l'.on s!f livre-à· l'orgie. Ce partage
2. Dans les reins, organes ·internes; se font·-·sentir de la table crée entre les convives une commu-
les rêactio1is··pl;'ofondes : là; se ·forment l_es des- nauté -d'existence. Maisîe repas peut avoir aussi
seins c"achés, s'alluinent·les Passions violentes. Ils mi caractère sacié,, dans lès ·religions paîennes
peuvent eXUlter chez le maitre qui enteild le-dis- comme dans la.Bible. On peut s'asseoir à la table

1085 1086
REPAS REPAS

des idoles et s'unir aux démons, ou prendre le gieux solennel comportait un repas •sacrificiel
repas du Seigneur pour communier à son corps et (r S 9,12s; cf 1,4-18). La signification précise de
à son sang. A travers ce signe, c'est avec Dieu cette manducation sacrée n'est pas claire, et elle
ou avec les puissances d'en bas que l'homme semble avoir échappé partiellement aux Israélites
réalise la communauté d'existence à laquelle il eux-mêmes {cf l'incertitude dont témoigne Lv 10,
aspire. 17s) ; les prophètes n'y font pas a11usion. La repré-
sentation animiste d'une appropriation, par cette
voie, des forces sacrées n'est nulle part évoquée,
l. LES REPAS DES HOMMES à la différence de sa naïve contrepartie, l'idée
d'une alimentation de Dieu par les mets sacrifi-
Le-plus simple repas, dans la Bible, est déjà un ciels (Nb 28,2) dont le psalmiste ne voudra plus
grand geste humain. 1larque de politesse dans entendre parler (50,12).
!'*hospitalité (Gn 18,1-5; Le 24,29) ou témoignage Les traditions diverses s'accordent cepelldant
de reconnaissance (Mt 9,n), signe de réjouissance sur un point : le repas sacré serait un rite servant
à l'arrivée d'un parent {Tb 7,9), au retour du fils non à créer, mais à confirmer une *alliance, qu'il
prodigue (Le 15,22-32), il peut devenir *action de s'agisse de l'alliance entre des clans (Gn 3r,53s;
grâces au Dieu Sauveur (Ac 16,34). Si la •joie du cf 26,26-31), ou de l'alliance de Dieu avec son
repas doit être pleine et débordante (Jn 2,1-10; Oint (1 S 9,22), avec ses prêtres {Lv 24,6-9). avec
cf Qo 9,7s), l'affectation de luxe n'est pas vue avec son peuple (Ex 24,u; Dt 27,7). C'est ainsi encore
bienveillance (cf Jdt 1,16), même chez Salomon que le repas pascal est un mémorial des mirabilia
(1 R 10,5). L'abondance dégénère en égarement du début de l'Alliance (Ex 12-13) et la mandu-
insensé (Mt 14,6-rr; Le 16,19), qui à son tour cation des "'prémices un rappel de la *providence
peut se retourner en châtiment (Jdt 13,2). Heu- continuelle de Dieu sur les siens (Dt 26).
reux celui qui garde assez de lucidité pour entendre Le Deutéronome systématise cette pensée en
sur ce point les avertissements divins (Dn 5,1- subordonnant le thème du repas à celui de la
20; Le 12,19s) 1 *fête joyeuse en présence de Yahweh (Dt 12,4-7.
Instruits par l'expérience, les sages ont tracé us.18; 14,22s; 15,20; 16,10-17) ; le seul repas
des règles pour la conduite dans les repas : simples sacré est celui qui réunit tout le peuple dans le
conseils de tempérance {Pr 23,20s; Si 31,12-22) lieii choisi par Dieu pour sa présence, et par lequel
ou de prudence (Pr 23,1ss; Si 13,7), préoccupa- le peuple commémore dans l'action de grâces les
tions de rectitude morale {Si 6,ro; 40,29). Sur- bénédictions de Dieu, le louant avec ses propres
tout ils ont prédit le malheur à qui ne respecte dons. La célébration parlée, chantée ou dansée
pas les lois de !'*hospitalité et condamné celui prend ici le pas sur la matérialité du festin. Cette
qui trahit le lien créé par la communauté de table évolution, que l'on peut reconnaître aussi dans
(Ps 41,rn) : un jour, Satan entrera dans le cœur les liturgies chrétiennes, était aidée par la polé-
de Judas qui vient d'accepter la bouchée offerte mique prophétique contre une conception trop
par celui qu'il a décidé de trahir (Jn 13,18.26s). matérielle du •sacrifice et l'exaltation corrélative
du sacrifice de *louange, fruit des lèvres: 1( Réjouis-
toi, Jérusalem ! Yahweh ton Dieu est au milieu
!!. LES REPAS SACRÉS de toi, il exultera pour toi de joie, il te renouvellera
par son amour, il dansera pour toi avec des cris
Les cultes de l'Orient biblique comportaient des de joie a (So 3,14-17; cf Is 30,29; Ne 12,27-43),
banquets sacrés de caractère mystérique où la thème qui sera essentiel à la compréhension du
participation à la victime était censée assurer sacrifice de la nouvelle loi (He 13,9-r6).
une appropriation des puissances divines. La ten-
tation de s'unir à ces formes de culte, que ce soit
celles de Moab (Nb 25,2) ou de Canaan (Ez 18, III. LES REPAS DU CHRIST
6.u.15; 22,9), fut permanente pour Israël. Le
yahvisme lui aussi comportait des repas sacrés, La fête des repas humains prend tout son sen.~
dans sa forme orthodoxe (Lv 3), ou même dans sa quand l'Homme-Dieu s'y rend présent. Il est l'arni
contrefaçon idolàhique par le culte du veau d'or qu'on invite à la table familiale de Lazare (Le 10,
(Ex 32,6). Tout repas d'ailleurs, du moins tout 38-42} et au banquet de noces à Cana (Jn 2,1-11).
repas comportant de la viande, avait un carac- Il accepte l'invitation du pharisien Simon. mai:1
tère sacré (1 S 14,31-35) ; enfin, tout acte reli- il accueille alors l'aveu de la pécheresse repen•

ro88
REPAS REPOS
tnnte (Lc 1 7,36-50) .. Sans· scrupule, il pa.r:tage la le festin de la Sagesse {Pr g,rs). Ala fin:des temps,
table des publicains ·Matthieu (Mt 9,10) ou .Zachée « Yahweh préparera ·pour tous les:· peuples.• un
(Le 19,2-10). · festin » extraordinaire (Is ~5.6; cf 65,13), auquel
Par sa présence, Jésus confère .aux·· repas leur participeront tous ceux qui ont faim, « même s'ils
pleine valeur. Il ·rassemble les siens dans. la com,. n'ont pas d'ai:gent » (55,1s). Jésus promet à ses
munauté de table, et·prononce lui-même la *béné- disciples cette •béatitude (Mt 5,3.6). Elle se réa-
diction (Mt· 14,19; 15,36). Il· approuve les lois de lisera à. sa·.- parousie ·:: tous ceux q ~î ont répondu
l'hospitalité (Le .7,44sS)·;: ij recommande l'humble par la foi à· l'invitation,du roi prendront place- au
choix de la dernière place {14,7-rt) et le souci du festin (Le 22,30) pour boire Je vin nouveau (Mt
pauvre Lazare (16,2~); Dès lors; ,en procurant les 26;29) .a-v:ec Abraham,-· Isaac et Jacob dans le
dons de Dieu, ces tepas,_-réalisent déjà.:les annonces Royaume des cieux {Mt 8, n), si du moins_ ils
messianiques .de l'AT : "joie (Mt· 9,15), pardon ont le *vêtement nuptial (22,n-14) ; et si les ser-
(Le 7,47);" salut (Le 19,9), surabondance enfin . viteurs sont fidèles à- ·":veiller, le Maître « se. cein-
quand Jésus en· personne. dresse la table dans. le dra, les fera•mettre à.table~ et~ passant de run
désert pour, la multitude· affamée (Mt. 14-,15,-21). à rautre, _il les •servira » (Le-. 12,37). Repas où
Retour à la félicité du paradis·. et -renouvellement tous seront ràssemblés,mais-repas eù chacun sera
des miracles de !'Exode (Jn. 6,3rss; cf Ex 16,18), en· tête à tête.,avec·le Seigneur.:« Voici· que je
ces *œuv~ du ·Christ .annoncent aussi-un.autre me tiens à la.porte.et que je frappe; si quelqu'un
banquet, !'*Eucharistie,· et, à travers_ lui, le festin entend ma· voix et ç,uvre- la porte, j'entrerai chez
eschatologique-.. · lui pour souper, moi près de lui et lui près de
En attendant son retour,··Jésus -inaugure .-le moi » (Ap 3,20). PMG
repas de l'Alliance nouvelle scellée dans son, sang, ·
A la place ·de la *manne; il y donne sa· ,•ch* -+ adieux· NT: i ~, ,A.11ian~e A_T. I 3 ; .NT I --:- com~
en nourriture; vrai *pain vivant -offert· pour- :1a munio~ - coµpe. 1 . .ë.- ~isti_e - faim ·&_ soif AT
vie du monde (Jti 6;31ss.48-51). Ce rep~s continue 1 c .,.--: nourriture - pain -,- Pique - roy·aume NT
cellx qui, jadis, assemblaient fraternellement- les Il z - sacrifice AT Il 1; NT .II 1 ~ vin. _
siens autoùr;de lui e_t qui,· peut-être,.•.'Comportaient
'REPENTIR -+·baptême I 3, ·111 z - CO'nfession ·NT
déjà du pain et du vin.·Mais.il le_.fait précéder du z -;- pardon - péniteri.ce/conversion. ·
lavement des· pieds qui. expriQte' symboliquement
le sen$· sacrificiel de l'institution· èucharistique et
rappellè .,que l'humilité -et la. charité' sont requises
pour ·partîciper dignement à fa Sainte Cène. ·(Jn
13,z-20).·,
Au jOur ,de Pâques, c'est au cours d'un repas REPOS
que le ,Ressuscité •apparait aux siens (Li:: 24,30;
Jn 21,13); la première communauté de Jérusalem
pense revivre les repas avec le Ressuscité ·(Ac r, L'existence de "l'homme- .est ·alternativement
4) en renouvelant···(1 la fraction du pain » dans la souci et qÙiétude, ··travail et repos .. _Pour .vivre
joie et la *èommuni6n fraternelle. (Ac ,2,42.46). pleinement, il· semble ·que les ,contraires doivent
Selon Paul,: la condition -primordiale de la .par- coexister, la chasse et la capture, la recherche: et
ticipation à l'Eucharistie, c'est en effet la charité l'étreinte, le désir et la jouissance. Si l'homme a
(r Co n,17-33). Il ·enseigne ainsi·la d_ouble dimen- trouvé, c'est pour chercher encore, insatiable;
sion des repas· sacrés >eµ lui-même, .il est· repas !'Ecclésiaste •connaît ce rythme;· ;mais il dénonce
« sacramentel»;· -car-quiconque mange de ce pain on tel va-et-vient comme vaine poursuite de vent
est un ·avec le· Sèigneur; et par lui avec tous (1 Co (Qo. 1-2) et, préfère attendre la· mort- qui mettra
10,17) : mais ce repas n'est pas ençore le repas fin à la Vanité:« Il n.'est:pas de r_epos . pour l'homme
définitif·,: il annonce· ·que le Seigneur -va revenir ni· jour. ni nuit; à quoi• bon *chercher puisqu'on
pour le festin eschatologique. n'atteint jamais·? » -(8,16s) ; il lui suffit· d'étreiµdre
• sous le· regard .de. D_ieu la. modeste jouissc1,nce du
momènt présent (2, 24;-9, 7,10}._ La-tradition.J:>iblique
IV. LE FESTIN ESCHATOLOGIQUE . dans· son ensemble maintient cependant l'alter-
nance, et en découvre le sens : ce qui chez l'homme
L'image du banquet était utilisée .dai>s l' AT est.succession et peine;-coï:ncide, purifié, et d~ent
par les -sag;es pour dépeindre la joie que. procure harmonie en Dieu. Le vrai- repos n'èst ~- cessa-

1089 I090
REPOS RE]>OS

tion, mais acèomplissement de, ·l'activité ; alors clavage vers la· •terre de liberté; ce repos espéré
il deVient dès ici-bas ·un· avant-goi'it du. ciel. (JOS 21,43s). devait être, le fruit· d'une,.lente .con-
quête (vg Jg 1,19.21), jusqu'à ce que'le roi David
soit· enfin « débàrrassé de· tous ·ses_ ennemis 1)
I. REPOS ET TRAVAIL (2 S 7,1) .. Salomon peut s'écrier lors .de- la consé-
cration du temple : t< Béni soit Yahweh qui a accordé
· DèS ses origines, Israël dut ,r sanctifier le •sab- du l'ep_os à son peuple Israël selon toutes ses pro-
bat » (Ex 20,8)/consacrer 'au Seigneur un jour de messes-!» (x R 8,56) : au· tempi, .de «.l'hom:zne de
repos~ ·fiJt-ce au temps des labours et de. la mois- paix >);·Dieu donne, à' Israël « paix et .quiétude »
son (~4,2r).:_Deux motifs principaux furent donnés (I Ch 22;9). Désormais·on peut.« ·passer du bon
à ce précepte. · temps, .chacun: sous -sa vigne et son figtiier _D (1 R
4-,20; 5,5) ... Repos encore· bien terrestre,. -mais
I, Repos, si'gne de libêration, - Le code ·de l'al- garanti par Yahweh Qui a décidé :'de prendre lui-
liance précise qu'il faut laisser se -reposer les ani- même son repos-:dans. le:-•Temple.•(Ps-132,.14): il
maux et les· travailleurs. ·(23,12). A ce ·motif, do a *cherché ce'ux qui le cherchaient et leur a accordé
bonté naturelle,- le Deutéronome ajoute un molli , le ·repos (2 ·Ch 14;6).
d'ordre "historique :-.~sraël -doit ·ainsi se souvenir 1·- La :fidélité: ·à l',* Alliance conditionne donc la
quiil a été libéré ·des travaux forcés en Égypte nature et la durée ·du-.repOs· dans la Terre. Or
(Dt 5,1-5). Se reposer est signe de. •liberté. · .celui-ci dégénéra_ vite en enlisement et en révolte
contre Dieu (Dt 32,15; Ne 9,25-28) ;: alors· que le
2. Repos, participation au 1'epos' du Créateur. salut se trouve -dans· -la conversion et le calme
Selon fa tradition sacerdotale, l'homme qui observe (Is .. 30,15), -Achaz a ·pellr des, ennemis ·de Yahweh
le· sabb~t, imite Dieu qui, après_ aVOir •éréé Çiel (7,2;4) et «.. fatigue » Dieu. -par son manque de foi
et terre, « chôma et reprit haleine' le septième "{7,1-3). Dès lors, la menàce de· l'exil et de l'errance
jour »; cette ·observance est un « signe qui unit ·-pèse sur le peuple ;' mais .après les_ peines du *châ.-
Yahweh· et ses fidèles » (Ex' 31,17;, Gn 2,2s). Si timent .le peuple comprend mieux, qu'-il sera délivré
donc }~:-.sabbat sanctifie, c'est. que Dieu.le_.sanc- ,par Yahweh en" personne: (Jr: 30,10s) ;. et Israël
tifie {cf Ez 20,12),. S_e rep.ciser, c'est .se montrer va ·dè' ·nouVeau, marchèr. vers .. son .repos· (31,2),
•image de Dieu : cela signifie qu'on n'est pas seu- vers• 'la danse, la· joie, la consolation' et le rassa-
lement l~bre, mais *fils de Dieu. siément des .·bénédictions _(31,12s) .. Le •pasteur
ramène ses brebis aux bons pâ.turages, (Ez 34,12-
3. Repos ,et fête. - Le sabbat ne consiste pas sim- 16; Is 40;1os). Dans .cette perspective,• Dieu qui
plement à cesser le travail, mais à. consacrer ses donne prend le pas sur -la terre qui est donnée :
forces à célébrer dans· la •joie le Créateur et le Israël est en marche vers, le. repos de .Dieu.
Rédempteur, Il peut être appelé « Délice », car
celui qui le met en pratique« trouvera en Yahweh 2.- Avant-goût ·du repos d4ftnitif. - Isr~ n'a pas
ses délices » (Is 58,13s). Le sabbat pouvait .faire attendu la venue du •Jour du.Seigneur pour décou-
entrer dans le ,mystère ·de Dieu ; .mais pour iden- vrir par divers· chemins les joies. du repos_ spiri-
tifier repos· sabbatique et Dieu même, .il faudra tuel. Dans la persécution (Ps 55;8), l'épreuve (66,
que vien:°"e le Christ: 12) ou. l'expérience de son: néant (39,14),.le psal-
miste demande à Dieu de le laisser Cl respirer un
peu », ou -de trouver ({ le -repos dè sa chair » (16,
II. VERS· LE REPOS DE( DIEU 9)·; il s'abandonne au pasteur.<!:J.ui m~ne aux eaux
du repos ·{23,1ss). ·Ce· ·repos intérieur,.,la.,•Loi
:par un autre •che'min, Israëliut amené à décou- l'offre-: prendre Je *chemin du bien, c'est « trouver
Vrir le caractère spirituel du ·repos· qui· lui. était le repos·». (Jr 6,16). Les •pauvres pourront Cl paître
impcisé;_ D'autres··'thèmes vont se·mêler au précé- et se reposer sans que personne les inquiète » (So
dent; celui du sommeil, de la respiration,. du 3,13} ; au contraire les méchants, tessemblent à.
répit_ .apl'ès -le daD._get ou la peine. Israël reconnai- une mer tourmentée qui ne. peut se calmer (Is
tra· que: Dieu seul donne le repos·après,les inquié- 57,20);·
tudes de· l'errance; de la· ·guerre ou de l'exil. A partrr··de l'expérience de l'amour qui est à
la fois recherche et étreinte, fuite et poursuite,
1. -La Terre promise; figure du repos de Dieu. - l'épouse du Cantique rêve de· l'heure· de midi,
Sortant d'Égypte, les Hébreux fuyaient de .l'es- celle du· plein repos qui met fin à l'errance (Ct

1091
.UPOS RESPONSABILIT:8

1
J,7): en réalité, tantpt elle se dit mal1tde d'amour Sagesse au repos_ tout en travaillant (Si :24,11).
,,ous l'étreinte ,du Bien-aimé (2,5s)., __tantôt elle Le travail du Christ et des ouvriers de la moiss9n
poursuit de façon épe_rdue celui q1,1'elle pensait·ne est de secourir dans la *jQÎe ,_les brebis .fatiguées
plus lâçher. (3, rs.4). · ,_Elle .•goûte- certes déjà. Ja et abattues {~H.g·.-36; qf Jn 4,36;:;s), car.Jésns-o_ffre
,présence du Bien;~~imé, mais ·ne surmonter~ cette le repos a:ux âmes .qui viennent à lui (Mt n,:29).
alternance_ .qu'au moment .où ~e Bie~-aimé lui
1.1,ura fait ·traverser la Mort (8,6). La Sagesse à son · 3~ ..Lé, Yejios du c,iel. -·Le «·repos de -Dieu i> que. les
tour promet le repos à qui la cherche : après la Hébrellx avaient cru· att~ndre en pénétrant .dans
chasse c'est la prise (Si· 6,28) ; ·et si te· sage· cons- la Terre _promise, était réservé .« au !"peuple de
tD.te qu'il _a_ «·eu peu .de mal pour (se) .procurer -. Dieu t, à_ ceu,r; qui demeureraient *fidèles _et
beaucoup de repos 1, (5r,27), c'est que la Sagesse •obéissants à Jésus-Chtjst : tel est_ le commen~
a pris les devants en choisissant Israël pour lieu taire du_ psaume 95 que fait !'.épitre a_ux Hébreux
de son propre repos, d'.un ·repos qui est activité (~e. 3,7-----'4-,1r)., Ce repos est te· •ci_el.où entreµ.t
-souveraine (24,7-u). « les · morts qui . meurent dans le _Seigneu_r : dès
Cet avant-goftt du repos de· .Dieu· suffisait-il à maintenant, qu~ils se r~posent de leurs_ fatigues,
Job pour· surmonter ses; •épreuves ?. Dieu ne le car leurs- œu:vres les accompagnent » (Ap 14,13).
laissait-pas r.<"reprendre -haleirie ». (Jb 9,18): coin- Se reposer .au ciel,• ce n'est du reste pas cesser,
ment n'aurait-il, pas ·souhaité·. la· •mç,rt et son ]llais parfaire, son activité ; tandis. que les adora~
~sommeil-reposant» (3,13) :? Tout changera quand teurs de la *Bête.ne cQnnaissent.pas-de repos-ni
la lumiè're de là. résurrection pénétrera les •ténèbres joUI' ni nuit (14,rr), les Vivants ne cessent de
du tombeau :. a. -Pour toi ·va, prends ton repos et répéter, jour et nuit, la louange du Dieu· trois fois
tu te lèveras à la -fin des jours» (Dn 12,·13):·Déso_r- saint (4,8).. XLD
mais le ·•sommeil de la mort est pour le croyant
un avant-go1lt du repos de· Dieu-. -'-+ béatitl.J,de - _demeurer.- mort NT III 4 - paix -
sabbat - sommeil I "'-- travail.
RÉPROUVER-), colère B - endurcissernellt I a a -
III. JÉSUS-CHRIST, REPOS DES ÂMES .
·enfers & enfer AT II ; NT I - :malédiction-.

1. Repos et yédemption: - Contre·. les pharisi_ens.


Jésus_ resfaure)e vrai sens du 'sabbat : « le sab-
bat est- fait poui- l'homme et non. l 'ho:r;nme pour_· te RESPONSABILltt
sabbat:» (Mc 2,27), et donc pour sauyèr- Ia vie (3,
4) : le·repos _doit·_sign~fi_er_ la libération de l'homme
et exalter _la •gloire du Créateur. Jésus donnè à La prise de .conscience de s~ responsabilités
ce signe Son vrai sens en guériSSant 'èe· jour-là' les par. un homme ·qui devient adulte ou par.· une
•malades_ : il a. libère .» .la_ feil1.nt~ « liée _» dèpuis humanité qui développe sa culture_; est un .problème
de nombreusès années (Le 13, 16). Ainsi se montte- hutnaiti.· majeur, ..qui est loin: d'être étranger à la
t-il « maître· 'du: sabbat » {Mt_ u;s); Car il iêali_se Bible. Mais on ne peut l'évoquer ici.que de façou
ce d_ont. le sabbat était la *figure : par le· ·Christ, marginale, cet article étant-centré sur· la respon-
le repos signifie la libération· des enfants de Dieu. sabilité de l'homme devant Dieu, envisagée sous
Pour rtouS mériter è_ettè 'libération et. ce repos, ·1e quelques aspects.capitaux.
•Rédcmpteu'r :a voulu ·n'avoir « pas où reposer
(klinein) là tête >1 {Mt 8,20), càmril.e on la pose _r. Paf' un homme le péché est f!nh'é dans le: n:ionde
sur un'i~ « couche· 1i (kli1i'è) ; il ne -la « reposera » (Rm 5,Ia). - Le récit du *péché d'*Adam.{Gn
(Minein) qu'au mririie'n't 'de Sa, mOrt (Jn 19,30), 2-3) est fait pour répondre à. -une in teirogation
sur la è:roix. ·. · - fondamentale 1 : ·4ui est responsable de la dureté
de la vie, de.Ja mort ? Paul formule ,la réponse :
2. Révélation d'u · repos de 1Jieu. -- Pour justifier le responsable n'est pas Dieu, ·,c'est ·un geste
son activité•:a.u. jciur du repos, Jésus dit: (i,Mon humain• qui à' laissé .se-déployer la -puissance ·sur-
Père travaille sans· cesse, et moi àussi je travaillé» humaine· du péché._ •Ce· geste est partiellement
(Jn 5,17). EU: Dîeù; •travail et rep6s'ne s'excluent mais réellement. responsablè du ·ni.al dans le. monde.
pas, _mai:,. expriment le caractère ·tran.scendant de Cette réponse est choquante, inouîe. Pour. les
la *vie divine ;· tel est le. mystère qµ_'annonÇait la grandes religions qui entouraient. Israël, le · mal

ro93
RESPONSABILITÉ RESTE

est aussi ancien que le monde et les dieux ; des une découverte décisive. Israël a sombré pour
dieux il a passé aux hommes. Hommes et dieux, avoir manqué à ses responsabilités, mais pour
tous sont donc à la fois responsables et irrespon- chaque Israélite, tout demeure possible. A chacun
sables ; tous, ils sont ce qu'ils sont, mélange diffé- de prendre ses responsabilités, de choisir entre la
remment dosé de *bien et de mal. Au contraire, vie et la mort : u La justice du juste sera sur lui,
posant un Dieu bon, une créature bonne, un mal et la méchanceté du méchant sera sur lui n (Ez
postérieur à la création, la Bible fait reposer la 18,20).
responsabilité du mal sur les libertés créées.
Cette resp:msabilîté n'est pas à taille humaine. 4. j'ai péché conJre Joi (Ps 5I,6). -La ,i,confession
Le récit biblique le sait, qui fait venir le péché des péchés, sous la forme qu'elle prend dans la
du *Tentateur. Mais il sait aussi que, dans sa Bible, en écho à la Loi et aux prophètes, exprime
condition pécheresse, si l'homme est dépassé par la *conscience de la responsabilité. Elle ne cherche
sa responsabilité, il ne peut pourtant ]a répudier. pas à établir le compte des fautes, à énumérer
Chaque pécheur peut retrouver dans ces pages, le maximum de péchés, pour être s1lr de ne rien
et la fatalité qui fait naître de ses péchés un mal omettre. Elle met face à face la justice de Dieu
qu'il n'a pas voulu, et l'image exacte de ses et l'injustice de l'homme (Is 59,9.14; Dn 3,27-31;
fautes, mélange de faiblesse {cf *chair) et de Ps 51,6 ... ). Non pas seulement pour reconnaître
malice. Il peut y découvrir sa propre part de res- que le *châtiment reçu est mérité, mais, dans une
ponsabilité dans le mal du monde. vue plus profonde et qui rejoint l'*action de grâces,
pour que le poids de la faute retombe sur le pécheur
2. Je n'ai connu le péché que par la Loi (Rm 7, et que Dieu en soit disculpé : « A toi, Seigneur, la
7 ). ~ La *Loi a été pour Israël un r( pédagogue» justice, à nous la honte » (Dn 9,7; Ba 1,15 .... )
donné par Dieu {Ga 3,24). Elle l'a formé de façon Ainsi la prière de pénitence retrouve l'intuition
très profonde au sens de la responsabilité. En du récit originel : Dieu est bon, c'est le pécheur
disant : « Tu feras ceci. .. tu ne feras pas cela ... », qui est responsable du mal.
elle mettait chaque Israélite devant ses respon-
sabilités, et lui prouvait qu'il était en état de les 5. L'Évangile est, pour saint Paul, la révélation
assumer. En faisant jouer la diversité des circons- définitive de cette justice de Dieu et de la res-
tances, l'influence des intentions, elle affinait sa ponsabilité du pécheur. Les trois premiers cha-
conscience. En lui montrant que Dieu veut le pitres de !'Épître aux Romains montrent la gra~
bien et réprouve le mal, elle donnait à ses gestes vité destructrice du péché, le poids des options
un prix infini. En rattachant la Loi à l'Alliance, décisives, en même temps qu'ils expliquent ce
elle faisait de toute l'existence un choix pour ou destin qui dépasse la mesure humaine. Si la
contre Dieu. Certes, même (( sans la loi il, des •colère de Dieu charge d'un tel poids les gestes
païens sont capables de reconnaître « dans leur de l'homme et fait que sa responsabilité dépasse
cœur » leurs responsabilités (Rm 2,15). Mais la tout ce qu'il peut lui~même prévoir et vouloir,
Loi a fait d'Israël un peuple <r sage et intelligent cette destinée paradoxale est l'envers d'un amour
entre tous » (Dt 4,6), conscient du sérieux des qui a les dimensions de Dieu, « car Dieu a enfermé
gestes de l'homme. tous les hommes dans la désobéissance pour faire
à tous miséricorde )) (Rm II,32).
3. Reconnais ce que tu as fait ( fr 2.23). -Ce que Ce dessein se manifeste à la Passion du Christ.
la Loi proclamait de façon générale, les *prophètes Les responsabilités diverses qui se sont combinées
surgissent pour le signifier concrètement à tel pour aboutir à la mort du Fils de Dieu ne sont pas
prince sans conscience ou au peuple dans l'illu- égales (cf Jn 19,u; Ac 3,13s), ni totales (Ac 3,
sion, et les mettre devant leurs responsabilités. 17), mais elles sont réelles et, toutes ensemble,
Presque toujours, de Samuel et Nathan (1 S 3, elles ont produit ce crime monstrueux. Aussi la
13s; 2 S 12,10ss) au dernier des héritiers d'Isaïe prédication de l'Évangile dans l'Eglise naissante
{Is 59,8ss), c'est à partir des malheurs, déjà pré- rappelle-t-elle toujours à Jérusalem, considérée
sents ou prévisibles, qu'interviennent les pro- comme un tout, sa responsabilité : « Vous l'avez
phètes : (( Parce que vous faites tel mal, tel mal fait mourir » (Ac 2,23; 3,14; 4,IO; 5,30 ... ). Le
aussi vous atteint... » Chaque catastrophe natio- pécheur n'accède à Ja foi que dans la •pénitence
nale est pour eux. l'occasion d'un regard plus et la conscience de sa responsabilité. JG
aigu. sur les responsabilités du peuple. - bien & mal I 3 - conscience - épreuve/tentation
Le désastre suprême, l'exil, est pour Ézéchiel AT II 2 - libération/liberté I - Loi C III 2 - péché -

1096
.ltllSTE . RESTE

,p6nitence/conversion - rétribution Il 1.:2 - semer I l'affirmera clairement .un oraçle postérieu:i;-: d'un
111 - soucis t. siècle (So_ 3,12s).· Le -Messie, .vi~e de Yal}.weh,
autour duquel ce Res:te se regroup~ (ro,21 :
Dieu :fort .= le. Me~ie, cf 9,5), .en _sera)e c]:le:f et
là gloire (4,2), et, aussi le représentant, car _Reste
. RESTE et Messie sont . .décrits dans les mêmes, termes.
{cf 6,13 et :n,I; u,2 et. 28,5s).
AT . . Avec Michée, contemporain d'lsaïe, le Reste
Dieu promet à.. Abraham une descenili,Lllce o: noril.• est déjà un terme technique désigné.Ut le peuple
breuse comme les éto~les du . ciel » (Gn .15,5). purifié des. temps messianiques,_, devenu ulle
Mais, par la bouche d'Amos, il av_ertit Israël : o: nation puissante :o (Mi 4,7)~ Pour le~- païe'ns, .il
n Comme un berger sauv:e, de. la gµeule . du lion sera source de ruine ou de bénédiction suivant leur
deux pattes ou un .bout d'oreille, ainsi seront attitude à son égard (5,6ss). ,U hérite.ainsi_ du rôle
tauvés les enfants. d'Israël » (Am 3_,12).- Dieu dévolu à Abraham et, à. sa descenda~pe (Gn 12,3).
(1 veut que tous les hommes soient sauvés P (1 Tm
2,4) et il annonce que, lors de la gr~de tribulatio_n, ,2.Le tournant_.de l'exil.~ Jérétri,îe: ~ppo~e 1\-"la
« si, à cause des élus, les jours de détresse n~étaient doctrine du Reste un. approfondissement ·_décisü.
abrégés, nul n'aurait la.vie sauve l) (Mt 24,22). - Comme,.ses .deva.IlcierS, il -cOntinûè' à donner le
Ce reste, épargné par le· passage du .*jugement, nom:de, Reste aU petit,_grc:mP'e' des jucié,ens.qui
cônstitue ùn élément ·essentiel d~ . !'*_espérance ont. écpAppé à. la, déportation et demeurent . ~
biblique. L'idée_ sè rattélclle à l'expé'rience· des Terre sairi.te (Jr 40,n; 42,15;_ ·44,i2; 'cf _Am 5,1s;
guerres et de leurs. massacies. L'anéantissemeilt Is 37,4; So 2,7; Jr 6,9; 15,9). Mais les héritiers et
du vaincu, si souvent .pratiqué (documents assy· les dépositaires des espérances .messi~iques sont
riens, stèle de Mesa),· posait' à Israël le problème les déportés (24, I·IO)". Ils ne sont pas appelés
de sa survie, ·et donc de la valeur des •promesses « Reste », et sont même opposés· à lui (24_,8) ; le
divines. langage demeure fidèle aux habitudes anciennes.
Suivant le contexte, le mot peut caractériser Cependant po_ur évoquer· l'avenir de gloire réservé
l'ampleur de la catasti:ophe (~. il ne survit qu'un aux déportés, le terme·se présente tout naturelle•
reste», Is 10,22 ·---'- «·pas mênie-un reste», Jr II, ment (23,3; 31,7). Ce ~este est désormais dissocié
23),· ou évoquer l'espoir qui subsiste, avec la sur~ de la.communauté temporèlle, de.l'État de Juda.
vie d'un reste (Jr ·40,n). Le thè_me apparaît avec Un autre approfondissement est fourni par Éz~
les malheurs du=. 1xe siècle (cf- 1:·R 19,15•18), mais chiel. Avant lui, les· prophètes ne semblaient :pas
il a une préhistoire : •Noé. (Gn 6,5ss ..17s), qu_alifié distinguer les prochaines.épreuves et le jugement
de « Reste » en Si.-44,17, les .châtiments d'Israël eschatoloW,que qui doit réduire la nation .à ri.n
dans le désert. qui font disparaître une. partie reste .,de justes. Après ,la ca:tastrophe; de 587,
importante .du pe1,1ple (Ex 32,28; Nl,> 17,14; 21, Ézéchiel a dft constater qtJe.les survivants' n'étai~nt
6; 25,9). pas meilleurs que les morts (Ez 6,8s; 12,15s; 14,
21ss) .. _Or, ·auparavant, il.avait prédit que les justes
1. Avant l'.exil.-::- S,~on.Amos,-de même_que les seuls seraient épargné's. (9,45s); Le jugement escha•
épreuves actu4?ll~ ont réduit le. pe:i;ple à quelques tologique qu'il visait aloi:s est. donc encore à _venir
survivants,(Am 5,IS),,ainsi les *châ.timents futurs, (20,35•38; 34,1.7). Lui -seul. séparera les infidèles
vus dà~s la perspective du .jugement" esch~tolo-- et le Reste saint {20,38; 34,20).
gique, réduiront I_sraël à ·une ,poignée {3,12; .·S,.J).
Comme· un·. t~mis,·. ils Jajsseront _se ._perdre ..les 3 . .Les: ,trois types de Reste. --:- ,Ainsi_ se dessine la
pécheurs et n~ ret~endront ·que les justes _(9,Sss). distinction entre deux significations du mo_t.- : la
Pour. Isaïe, le R,es~ _partici~, à _la sainteté fraction qui ·survit à une ca1am:ité déterminée, ·ou
de Yahweh .(Is 4,3; cf 6,3), feu_ destructeur pour Reste ~istorique (Am 5,'15;· Is '37,4; Jr. 6,9;_.;Ez 9,
les impies, mais, pour les autres, :ftamme lumineuse 8; etc.), et la . èoti:J.munauté 9.~i, aux derniers
(rn,17) et purifiante {1,25•28). Ce Reste, œuvre temps,. bénéfici~ du salut, ou_ Reste eschatolo-
de Yahweh (4,4), s'appuiera sur Dieu seul (10, gique. _(Mi 5;6ssj So 3,.1:2; ·rs 4_,4;_ to,22; .. 28,5; )r
20) par la foi, échappant _ainsi au châtiment (7, 23,3; 31,.7; ~c.). Ce d~f!r s_eul · est. ~aint. Le
9; 28,16); il existe déjà•en germe dans les disciples pi-emier ne l'est p3.S plus que la fraction. éliminée.
du prophète_ (8,16._18) ; il est constitué. surtout, A partir de l'ex,il app_~iaît urie tro_isième __Iiotion,
sembie-t•il,. par)~ «, pâ.uvres » (_14,~2), c0:~e -celle. d'.une,_élite reli~eu_se à, ,l'intéri.~~ du p~ple,

1098
RESTE RÉSURRECTION

héritière et dépositaire des promesses. On peut du *dessein de Dieu (Rm 9-II). Grâce au Reste
l'appeler Reste fidèle, bien qu'elle ne porte jamais qui a cru au Christ, l'infidélité d'Israël ne ruine
dans l' AT le nom de Reste. Ce nom lui sera donné pas les •promesses, et la •fidélité de Dieu demeure
dans le NT (Rm rr,5) ~t dans certains écrits non entière (Rm 11,1-7). D'autre part, l'existence d'un
bibliques (Document· de Damas r,4; 2,rr). Il Reste, seul dépositaire des promesses, manifeste
s'agit bien en effet de la même idée, mais elle l'absolue gratuité de }'•élection des individus,
passe du plan matériel au plan spirituel. Le Reste même à l'intérieur de l'élection du peuple entier
fidèle est la fraction religieusement vivante aux (9,6-18.25-29). Et l'élection d'une fraction à l'in-
yeux de Dieu. térieur du peuple élu, fraction qui finalement se
Ce Reste fidèle apparait sous le nom d' (( Is- réduit au seul l\fossie, est ordonnée à la *rédemp-
raël serviteur de Yahweh », (( Israël en qui je me tion de tous, non seulement de tout Israël (II,
glorifierai >) (Is 49,3). Il est chargé d'une mission 26), mais aussi des païens (rr,25). Ainsi sont con-
à l'égard de tout Israël (49,5). Dans cette élite ciliées les exigences apparemment opposées de la
religieuse, une figure individuelle émerge, la per- •justice divine : d'une part châtiment du péché,
sonnifie et en incarne les destinées : le •Serviteur. d'autre part, fidélité à la •promesse, que le péché
C'est finalement lui, et lui seul, qui accomplit par des hommes ne peut mettre en échec, mais qui
sa mort rédemptrice la mission confiée à ce Reste demeure toujours don gratuit. FD
(52,13-53,12). Mais à partir de lui, le mouve- -+ croissance AT 2 ; NT 3 - déluge - dessein de
ment inverse se produit, et non seulement tout Dieu NT III 2 - Église Il 2 - élection AT III 1 -
Israël, mais aussi les païens s'intégreront au Reste endurcissement I 2 b - épreuve/tentation AT I 3 ;
réduit au seul Messie (49,6; 53,u). NT I - espérance AT II 2 - feu AT II 2 - héri-
tage AT II ; NT I 1 - Israël NT 3 - médiateur I
4. Après l'exil. - La petite communauté des z, II 1 - Noé z - pénitence/conversion AT Il 1.2.5;
exilés retournés à Sion s'intitule le Reste (Ag 1, NT III 1 - peuple B I 1 ; C II - Résurrection AT
12; 2,2; Za 8,6), et certains oracles peuvent .laisser II - saint AT IV 3 - salut NT 1 2 a, Il 1 - Servi-
croire que c'est lui le Reste saint, et que les pro- teur de Dieu II 2.
messes eschatologiques (Os 2,23s; Ez 34,26s) vont
se réaliser en sa faveur (Za 8,us). Mais la restau-
ration n'est messianique que de façon inchoative RÉSURRECTION
et figurative, et le Reste historique d'après l'exil
a encore besoin d'être purifié (Za 13,8s; 14,2). L'idée biblique de résurrection n'est en rien
L'idée du Reste fidèle est de plus en plus nette. comparable à l'idée grecque d'immortalité. Sui-
Le •peuple de Dieu s'identifie avec les H pauvres vant la conception grecque, l'âme de l'homme,
de Yahweh n (Is 49,13~ Ps 18,28; 149,4). Le Ps. incorruptible par nature, entre dans l'immorta-
73,r identifie Israël avec ceux qui ont le cœur lité divine dès que la mort l'a délivrée des lien;;
pur. En I M r,52s, ~ le peuple " qui désigne la du corps. Suivant la conception biblique, la per-
masse d'Israël est opposé à 1( Israël >) qui est le sonne humaine tout entière est vouée par sa con-
Reste fidèle. Les textes prophétiques d'après l'exil dition présente à tomber au pouvoir de la *Mort :
annoncent encore le Reste eschatologique (Is 65, l'*âme deviendra prisonnière du shéol tandis que
8-12; Ab 17 = Jl 3,5), ·mais en y introduisant le •corps pourrira dans le tombeau ; mais ce ne
maintenant les païens (Is 66,rg; Za 9,7). sera là qu'un état transitoire dont l'homme re-sur-
gira vivant par une grâce divine, comme on se
NT re~lève de la terre où l'on gisait, comme on se
Dans le NT, le mot est encore appliqué au ré~veille du sommeil où l'on avait glissé. Formulée
(1Reste fidèle », à la partie du peuple de Dieu qui dès l'AT, l'idée est devenue le centre de la foi et
a cru au Christ (Rm u,5). Le thème du Reste de l'espérance chrétiennes depuis que le Christ
fidèle, seul véritable •Israël, est sous-jacent à de est lui-même revenu à la vie, en qualité de (c pre-
très nombreux textes du NT (Mt 3,9.12; 22,14; mier-né d'entre les mort::; "·
Lé 12,32; Jn r,us; r,47; Rm 2,28; r Co ro,18;
Ga 6,16} ; toutefois il cesse d'avoir une existence AT
autonome. Le Reste, c'est maintenant l'*Église. I. LE MAÎTRE DE LA VIE
La signification profonde du thème dans le
plan de Dieu est donnée par Paul, qui, dans l'épît:e Les cultes naturistes de l'ancien Orient don-
aux Romains, développe une véritable théologie naient une place importante au mythe du dieu

IIOO
1099
Rl~St"RRECTION RÉSURRECTION

1nort et ressuscité, traduction dramatique d'une car, des promesses prophétiques attesteri.t expres-
'oxpérience humaine commune : ·cellè de la rés\lr- sément qu'il en· sera ainsi: Après· l'épreuve· -de
gonce printanièrè de la vie après· son eugourdisse- l'*exil, Dieu ressuscitera ·son peuple comme .on
ment hivernal. Osiris ··en Égypte, Tammouz en ramène à la viè des·.0ssements déjà seC:s (~z 37,
'.Mésopotamie, Baal en Canaan (devenu Adonis· à 1-14).· Il réveillera *Jérusalem et la fera lever de
basse époque), étaient des dieux de ce· genre. Leur la poussière où elle gisait comme morte, (Is 51,
drame, adienu au' •temps primordial, se répétait 17; 60;1), Il- ·fera .revivre les morts, surgir -leurs
Jndéfinimen t dans les cycles de la nature-; en cadavres; -se réveillei- ·ceux qui s_ont ·couchés dans
l'actualisant ·dans une représentation sacrée, les · Ia ·poussière (Is 26,19). Résurrection, métapho-
rites contribuaient, pensait-on, à en renouveler rique;, ·sans doute,,• inais ·déjà vraie délivrance de
l'effi.cacité, si importante pour des populations la-puissance du shéol : « Où est··ta peste, ô Mort ?
pastorales et ·agricoles. Shéol, où est :ta, ·contagimi? » (Os 13,14). Dieu
Or dès le début; la révélation, ·de l'AT rompt triomphe donc ·de la mort ·au --bénéfice de son
absolument àvec· cette ·myth6logie et.-les rituels peuple. ·
qui l'accompagnent. L'e *Dieu-':uniqtie est aussi Même la part fidèle d'Isra~l a pu -tomber: pou:i;
l'unique r(lait"re "dé 1a vie et' ·de la mort : « Il fait un temps au poù.voir·des •enfers, comme le •ser-
mourir -et il fait vivre, il fait descendre au sh'éol viteur ·de Yahweh mort et enseveli avec les
et il en fait ·remonter » (1 S 2,6;'· Dt 32,39); câr il méchants ·(Is 53,Ss.12). :Mais le jour· viendra où,
e. •puissance· sur· le ï;héol lui-niêrrie (Am 9,2; Ps comme le Serviteur encore, ce' *Reste· juSte pro-
139,8). AuSsi lâ résurrection printan~ère· de ,fa longera ses jours, verra la •lumière et partagera
nature est-elle· l'effet" de ·sa "'Parole et de ·son les trophées de la •victoire (Is 53,IOss). Première
•Esprit· '(cf Gn I,u's.22.28; 8,22; Ps 104,29s). esquisse, encore mystérieuse, d'une promesse de
A plus forte rai_son pour les _hommes __: c'est_ lui résurrection, grâce· à là.quelle les jûstes souffrants
qui rachète leui- âme de la fos~e (Ps 103,4) et qui verront enfin-leur' Défenseur surgir et prendre leur
leur rend la vie (Ps 41,:3'; ·So,ig) ; il n'abandonne causé en main (cf Jb · 19,25s, réinterpi-été ·par la
pas au shéol l'âme de seS ·amis et ne les· laisse- pas Vulgat_e).
voir la corruption (Ps r6,-10S).
Ces expressioiis s'entendent sans doutèl de façon
hyperbolique paur signifier une pr'éservaticril tem- ,·
Ill. ,LA RÉSURRECTION INDIVIDUELLE
poraire_ de __la lport Mais les' miracles de rés'urrec-
tion ·opérés p_ar 1~ proph~t4::s Élie et Élisée (r R
17,17-23; 2 R 4;33ss; 13,21) montrent.que Yahweh La révélàtion fàit_ Ùn pas di(plus au in.dment
peut vivifier les. mor_ts eux-:mêmes,_ en _lès ràppe- de l_a crise macCabéenne. La: pei-sécufion d'Aritio-
lant du shéol où ils _étaient_ descendus·, .Ces retours chus et l'expérience 'du martyre posent alors· de
à la vie n'ollt évidemment pl1ls rien à· '7oir avec façon.·aiguë le_ p~blème. 4e· la: *iétributioll'indivi~
la résu,rrection: _mythique des dieux morts, sauf duelle. Qu'il faille atteitdr.e_ le règne de Dieu et le
cette rèptésenta~on Spatiale qùi en fait Une triomphe fin~l du peuple des . S_aints _du Très~
remontée· d~ l'.abtm~ infC!nal à là terre 'dfis viyaiits. Haut, anlloncés depuis loùgteJllps par les· oracles
proph~~itj_ues; c'est· u~e 'certitude fondamentale
(Dn 7..~3s.27;·cf 2,.'44). Mais·les *saints morts·pour
II. LA liÉSlJRRECTIO~ ,DU PEUPLE DE Dmv là. foi, qu'en _sera-t-il d'eux-? L'apocalypse de
Daniel répond : « ·un grand ·nombre de ceux qui
Dans une· première série 'âe 1:eXtes, Cette image donnent ·-au· PaYs de la J?ou_ssière: se réveille"ront;
de résu,trection est ~~ployée··po:i:ar. tr"'-êluire l'.*~s- ceuX-là sont,J>"ollr ·_la_ v'ie ·étem6Ue_; les ·autres,
péranc_e collectiv:e .dû. J;>e:uple d'Israël. Frappé par pour 1'0:i>pr0bre, l'horreur éternelle » (Dn 12,2).
les *ch~tiffients div:ins,. _celu_i-~i est coIQ.parable à L'image de résurrectiôn employée par· É°zéc}liel ·et
un malade que la_ mort guette {c( Is 1,5s), voire Is_ 26 est_ doric ·à elltendre de faço11·:r_éaliste· : Dièu
un cadavre dÙnt la Mort ..a fRit Sa _proie~ Mais S'il fera _rern.1;mter Jes morts du 5héol pour qu'ils par-
se convertit, Yahweh rie· le ··ramènera..:t-il pas à la ticipent au •Royarimè. 'Cependant la •vie nou-
vie ? « Ven~z. revenotls à Yahweh! ..._Après _deux vel).e où ils entreront ne sera plus semblabl~ à la
jours; il n0us fera .reViVre'; le troisième jour, il vie du· JllOnd_e présent : ce S'era ·Une Viè transfi-
nous fera Suigir:_; et nous vivrons devailt lui » gurée·. (Dn 12,'3)'. Telle'·est l'es"péranCe· qui.soutient
(Os 6,1s). · · · les *martyrs_aU: milieu d~ leut,*él)reuv~ :··on'peut
Ce n'est pas· là un simple· ·souhait des hommes, leur arracher la vie corporelle ; lé Dieu qui crée

IIOI 1102
RÉSURRECTION RÉSURRECTION

est aussi celui qui ressuscite (2 iI 7,9.1r.22; 14, mort et sa sépulture les avaient désespérés (cf
46) ; pour les méchants au contraire, il n'y aura Mc 16,14; Le 24,21-24.37; Jn 20,19). Pour les
pas de résurrection à la vie (2 M 7,14). amener à croire, il ne faut rien de moins que
A partir de ce moment, la doctrine de la résur- l'expérience pascale. Celle du tombeau trouvé
rection devient un bien commun du judaïsme. Si vide ne suffit pas à les convaincre, car elle pour-
la secte sadducéenne, par souci d'archaïsme, ne rait s'expliquer par un simple enlèvement du
l'admet pas (cf Ac 23,8) et même la raille en posant cadavre (Le 24,ns; Jn 20,2) : seul Jean croit
à son sujet des questions ridicules (Mt 22,23-28 p), aussitôt (Jn 20,8).
elle est professée par les pharisiens comme par la Mais ensuite commencent les *apparitions du
secte dont provient le Livre d'Hénoch (probable- Ressuscité. La liste recueillie par Paul (1 Co 15,
ment l'ancien essénisme). Mais alors que certains 5ss) et celle des évangélistes ne coïncident pas
l'interprètent de façon matérialiste, ce livre en parfaitement ; mais le nombre exact importe peu.
fournit une représentation très spiritualisée . Jésus apparaît « durant des jours nombreux »
lorsque l'*âme des défunts aura surgi des enfers (Ac 13,31) ; on précise ailleurs : « durant quarante
pour revenir à la vie, elle entrera dans l'univers jours n (1,3), jusqu'à la scène significative de
transformé que Dieu réserve pour le <1 monde à !'*Ascension. Les récits soulignent le caractère
venir >1. Telle est aussi la conception que retiendra concret de ces manifestations : celui qui appa-
Jésus:<( A la résurrection, on sera comme les anges raît est bien Jésus de Nazareth ; les Apôtres le
dans le ciel » (Mt 22,30 p). voient et le touchent (Le 24,36~40; Jn 20,19-29),
ils mangent avec lui {Le 24,29s.41s; Jn 21,9-13;
NT Ac 10,41). Il est là, non comme un fantôme, mais
avec son propre corps (Mt 28,9; Le 24,37ss; J n
L LE PREMIER-NÉ D'ENTRE LES MORTS
20,20.27ss). Cependant ce •corps échappe aux con-
ditions habituelles de la vie terrestre (Jn 20,19;
1. Préludes. - Jésus ne croit pas seulement à la cf 20,17). Jésus répète bien les gestes qu'il accom-
résurrection des justes au dernier jour. Il sait plissait durant sa vie publique, et cela permet de
que le mystère de la résurrection doit être inau- le reconnaître (Le 24,30s; Jn 2I,6.12) ; mais il ·est
guré par lui, à qui Dieu a donné la maîtrise de maintenant dans l'état de "'gloire que décrivaient
la *vie et de la •mort. Il manifeste cette *puis- les apocalypses juives.
sance qu'il a reçue du Père en ramenant à la vie Le peuple, lui, n'est pas spectateur de ces appa-
plusieurs morts pour lesquels on était venu le ritions comme il l'a été de la Passion et de la mort.
supplier : la fille de Jaïre (Mc 5,21-42 p), le fils Jésus réserve ses manifestations aux *témoins qu'il
de la veuve de Nain (Le 7,n-17), Lazare son ami s'est choisis (Ac 2,32; 10,41; 13,31), le dernier
(Jn 11). Ces résurrections, qui rappellent les étant Paul sur le chemin de Damas (r Co 15,8} :
miracles prophétiques, sont déjà l'annonce voilée des témoins, il fait ses • Apôtres. Il se montre à
de la sienne, qui sera d'un tout autre ordre. eux ,c et non pas au monde » (Jn 14,22), car le
Il y joint des prédictions claires : le Fils de •monde est fermé à la foi. Même les gardes du
l'Homme doit mourir et ressusciter le troisième sépulcre, terrorisés par la théophanie mystérieuse
jour (Mc 8,31; 9,3r; 10,34 p). C'est, selon Mt, le (Mt 28,4), ne voient pas le Christ lui-même. Aussi
« •signe de Jonas » : le Fils de l'Homme sera trois bien le fait de la résurrection, le moment où Jésus
jours et trois nuits dans le sein de la terre (l\'lt remonte de la mort, est-il impossible à décrire.
12,40). C'est le signe du •Temple : ~ Détruisez ce Matthieu ne fait que l'évoquer en un langage con-
temple, et je le relèverai en trois jours ... », or (( il ventionnel emprunté aux Écritures (Mt 28,2s) :
parlait du temple de son corps » (Jn 2,19ss; cf tremblement de terre, clarté aveuglante, appari-
Mt 26,6! p). Cette annonce d'une résurrection tion de l'* Ange du Seigneur ... On entre là dans
des morts reste incompréhensible pour les Douze un domaine transcendant dont les expressions
eux-mêmes (cf Mc g, 10} ; à plus forte raison pour issues de l' AT peuvent seules donner quelque
les ennemis de Jésus, qui en prennent prétexte idée, encore que la réalité à laquelle on les applique
pour faire garder son tombeau (Mt 27,63 s). soit en elle-même ineffable.

2. L'expérience pascale. - Les Douze n'avaient 3. L'évangile de la Résurrectfon àans la p,-édica-


donc pas compris que l'annonce de la Résurrec- tion apostolique. - Dès le jour de la *Pentecôte,
tion dans les Écritures concernait en premier lieu la Résurrection devient le centre de la *prédica-
Jésus lui-même (Jn 20,9); et c'est pourquoi sa tion apostolique, parce qu'en elle se révèle l'objet

II03 1104
RÉSUR.REO'ION _R:8SURRECTION

fondamental.de la foi chrétienne.(A-c 2,22-35).. Cet de bre:fs moments, comme celui de la "'.Transfigu-
•évangile de Pâques est avant tout le témoignage ration (Lc,9,3'2.3.5 p; ci Jn r,14).· Méµntenant que
rendu à u,n fait·: Jésus a-.été crucifié et il est mort; Jésµs est ~tré définitivement-.dans 1a· gloire, 1a
mais Di~u l'a- ressuscité et par lui il apporte. aux m.anîj:estation continue dani; l'Église; par les
hommes le salut. Telle est la. Catéchèse de Pierre ."'miracles (Ac.3,16) et par le don de !'Esprit.aux
aux Juifs (3,14s) et sa.confession devant le saµhé- homm~ qui -croient (Ac 2,38s; .10,445).
drin -(4,10), l'enseignement de Philippe à_ l',eu- Ainsi Jésus, :« premier•né d'entre lcs,_moris »
nuque. é_thiopien (8,35), celui de P.aul aux juifs (Ac 26,23; Col 1,18; Ap 1,5),_ est en:tré le premier
(13,33; ·17,3) et aux païens (17,31)' et_ sa confession dans ce monde •nouveau, (cf Is 65,17 .. .}- qu'est
devant ses juges (23,6 ... ). _Ce n'est pas autre.chose l'.univers rache_té. Étant le u Seigneur de la gloire »
que le contenu même de l'expérience pascale. (1.. Co 2,8; cf Je 2,1; Ph 2,II), il est,pour les _homrp.cs
Un point important est toujours noté. au sujet _l'auteur du -salut (Ac -3,6 .. ,). Fort d~ -la puissance
de cette expérience : ·sa conformité aux .Écritures divin•e, il se crée un peuple. sai_nt (1 P 2,9s) qtJ'il
(cf 1 1 Co 15,3s). D'une. pa~t, la résurrection de entrain.~. dans son sillag:e.
Jésus. accomplit .les .promesses .prophétique? : pro-
messe de . l'exalt;ition glorieuse du •Me~sie à la
droite de Dieu (Ac _2,34; 1_3,32s), de la glorific.ation IL LA PUlSS_ANCE DE, LA RÉSURR_ECTION
du •Ser.viteur _de Yahweh (Ac. 4,30; Ph 2,7ss}, de
l'intronisation du "'Fils de l'Homme . (Ac 7,,S:6; cf La. résurrection_ de Jésus. apporte une solution
Mt 26,64 p). D'autre _part, _pour .traduire ce mys- au _pr9blème. dtl "'sah,1t tel. qu'il se pose à chacun
tère qui-se situe au.•delà de-l'expérience· histori,que de nous. Objet premier c_le notre foi, elle est. aussi
commt1ne, les :textes _scripturaires fourpisseµt un la·. base P,e .notre, espérance, dont elle détermine
ensemb~e d'expressions èJ.ui en esquisi,ent les divers la visée. Jésus est. ressuscité u _Co ni.me "'prémices de
aspects : Jésus. est. le '!'Saint que ,Dieu arr.ache à ceux qui dorment» (r ,Co 15~2~) ; cela fon_de notre
la corruption de l'Hadès (Ac. 2,;25•32;, 13;~5ss;. cf a:ttente de la résurrection au. dernier jour.. Bien
Ps 16,8-I_I) _; il est le nouvel. *Adam sous les pieds plus, if est.en personne (( la résurrection et.la vie:
duquel Dieu a tout 1m·is (r Co 15,27:.,He_.~,5~13; qui croit en lui, füt-il mort, vivra_)) (ln n,25) :
cf Ps 8) ; il. est là "'pierr~ rejetée _pi,tr les bâtisse:urs cela fonde notre. ç.~_rtitude de participer dès inain-
et dyvenue pierre angulaire (Ac 4,11; cf Ps, 118, tenan_t au. mystèr~ de la vie nouvelle,.,_qu_e_ le CP,rist
22), .. _Le Christ glorifié apparait de lfl. sorte comme nqus rend accessible .à travers des signes sacra-
la clef de JoÙte- l'Écriture, qui. par avance le con-
cer_nait (ci J. c •24,27._44ss),
mente,1s.,
.
1. La ,,ls,urt'edtion au dernier Jout'. -
. La, foi Juive
4. Sens et Portée d~. la: ·Résurrection: ,e-- A mesure en la résu,rrec_t~on des. morts a été · avalisée par
que .la prédic;ation apo,stolique opère ainsi des Jésus, avec ses perspect(ves: ~'intégrité retrouvée
rapprochemeni;s entre la Ref:surrection et l~s f:cri- et de rad~ca.~e transformation. (Mt 22,3oss p) : si
tures, elle. ~labore; une interprétation t4é~lpgique le trait -~anque ,au :tableaw du. dernier *Jp1:1r que
du fa_it._.Étant la glorification d_u; Fil_s par le Père . brosse l'apocalyps~ synoptique ..'(Mt 24 · P), c'est
(Ac 2,22ss; Rm:8,_n; cf: Jn 17,1ss); la "J:{ésurrec- , une- chose accidentelle. Pourtant Cetté .foi n'ac•
tion appose,,e *sce_au de Dieu sur:l'acte _de *rédemp• quieÎt Sa signific_atio:p.. cié_:finitive, qù'à.près ·Ia_ résur•
tian inauguré par }'.incarnation et accompli par_ la , rection personnelle dè Jésus:. La comm11nauté_pri-
•croix.. J és11s es_t coµst.it.ué !)aT ~Ile !I *Fils de ·Dieu :Q1itive a ~nscience.de.,rester, sur. Ce pO_int, fidèle
en sa puissance 11 (Rm 1,4; cf Ac ,.13,33; He 1~5; à.la fo~_.juive,. (Ac _23,45; ·24,lSi 26;6sS) ;_ ·rnâis-:c'est
5,5;' Ps 2,7), « •Seigneur e,t' Christ n (Ac 2,36), ~- .résp.rrection de_:. J~us qui lu_i dOJilile .d,és'ormais
« chef et sauvéU;r.» (Ac 5,31); 1i juge~ Seigneur une_ 1base objective.• Nous ressusciterons· tous,
des vi_vants et_'des·morts_ b (Ac 10,42; 'Rm 1'4,9: pàrce que Jésus est ressus,cité : « Celui qui a res-
z îm 4,1). RêmOnté auprès du Père (Jn. 20,17), , suscité _le Cbri~t. J~su,s d'~.tre .les' ~orts, d~µnera
il peùt maintenà._nt d6nner aux hommes !'*Es- aussi la vie .à· vos corps,. mortels'. pàr .son-• Esprit
prit _promis (Jn _20;22; -A-.C 2,33):" Par, 1~ se. révèle qui,~.abffo ~_vous »;(Rm.8,_u;.,èf l Th 4,~4;"1,Co
en plénitude le sçns- profond de. sa vie terrestre : 6,14; 15,1.2•22; 2_.Co.4,14). . ,.
elle était la :manifestation _de· Dieu ici-bas, de son Dans l'évangilè de Matthieu, le récit. d:e la rés~r-
amour, ·de sa :·grâce · (2 Tm 1,10; Tt :2,n; 3,4). rection de Jésus souligne déjà ce· point 'de· façon
Ma.Difestation voilée, où· la "'gloire n'était .. per- concrète .: au mom~;nt où Jésus, descendu aux
ceptible qùè sous des *sign·e~ (Jn·x,n)_ou· d~rant enfor~, ep.· ·.rem;o'nt~- •vai~que~r~ les, juste.s _qui

II05
R~SURRECTION RJlsURRECTION
attendaient là: leur accès 'à la joie· céleste sur- · iection· finale, c'est qu'il ·le-voit' téa.J.isé par antici-
8"issent pour lui faire un_ cortège· triomphal (Mt pà.tion ·dès· le temps_ présent. Lazare sortant du
27;5·2s). Il ne, s'agit ·pas- d'un retour'à-la vie ter- tombeau· représente collc_rètemènt·1es fidèles arra-
'restre', et le récit _ne parle guère· que d'apparitions chés· à 'là'·mort-par la voix de•Jésus'(cf'Jn 11,
étranges. Mais c'est utie anticipation symboliqUe 25s}. Aussi" le· discours sur'l'œuvte· de vivification
de ce qui,se passera au dèrnier jè>i.lr.- N'est-ce.pas ·du Fils · de l'homme, contient-il· des affirmations
aussi le. sens des résurrections ·miraculeùses· -opé- èX:pliciteS -;: «·t••heure· Vient, et nous ·y -sonimes,
rées par Jésus de son vivant ? ·où les-morts entendront la voix du:· Fils de Dieu,
Saint Pàul développe bien davantage le scé- et -tou~ ceux qui !'.auront entendue· Vivront i' (Jn
nari.0 ·dè la résurrection gériérale :· voix de l' Ange, 5,25). Cette décl~r.t,tion ~ette:recoupe·l'expérience
tromp·ette pour r_a.ssembler l_es élus, •nuéeS··de la chrétienne telle que· l'exprime la première épître
pàrouSie, procession des élus ... {I Th"4;15ss;-2-Th dé Jean·_:·« Nous savons· que nous _sommes passés
i,7"s; I··Co r5,52)': ce·èadre conventionnel eàt'clas- _de·::la mort à· la_ vie: .. · 11' _(I Jn_ 3,14). ·Quiconque
sique daris les· apocalypses jù.ives ; mais le fait possède cette vie·là:' ne tombera jamais ail pouvoir
fondamental est plus important que ses modalités. de la ~ort- (Jn 6,50; tt,26; ·Cf Rni_ 5,8s)~ Cette
A l'encontre des conceptions grecques, où l'*âme certitude. ne _supprime certes pas l'attente _ de la
humaine libérée des liens du ·COrps_ va seule vers résurrection' _finale; ·mais_ .elle transfigure· dès
l'immortalité, l'espéranc,e_ chrétienne implique une maintenant 11ne vie qui est entrée· 'dàns -la,' mou~
resta.Urà.tionîritégrale de 1a·-p'ersonne; elle suppose vance du -Christ.
·en· rnê·me temps· :une_ totale transformation·- du Saint Pa_ul. disait déjà· la même chose en souli-
•c.orps! devenu spirituel, incei~ptible _et immor- !Jri.ant le Caractère ·pascal de. la vie· chtétienne,
tel (r Co 15,35-53). Dans· la perspective, où· µ ·se participation réelle à la •vie du Christ· ressuscité,
pla:ce', Pàul n'aborde d'ailleu11, pas le -prOblème Ensevèlis·avec_1ui lors di.l *baptême, nous· sommes
d'e'_ ta'résurrection de8 méchants'; il ne songe qu'à aussi re_ssuscités avec ltii, parce que. nous avons
celle ·des justes, participation à l'entrée ·en glaire cru à la force de Pieu. qui _l'a ressuscité _des morts
de Jéslls ·(cf ;r. Co_ r-5,r2 ... }. L'à~tente de _cette (Col 2,rz; Rm 6,4·ss). La "Vie •nouvelle :0ù nous
« :i'éderiiption du corps ·•. (Rm 8,23) est telle que, sommés alo~ •èntrés n'eSt pas autre chose que sa
poûr l'exprimer,' le langage chrétien· confère à la vie _de ressuscité (Ep 2,5s). En effet, _il nOus a
résurrectiOn une sorte d'imni~ence·perpétuelle (cf été dit. à. ce moment _: « Éveille-toi, toi qui dors 1
I Th 4;17}. Toutefois, l'impatiénce de l'•e_spériu:ice Lève-t'oï d'entre 'les ·morts, et le Christ fillumi-
èhrétienne (cf 2 Co 5,I~1·0) ne doit pas conduire . neci » (Ep 5,·14). Cette certitude· f0ndain:entale
à de vaines spéculations sur la date du *Jour du commande toute l'existence chrétienhe. -Ellè do-
Seigneur. . . _, m_ine la morale qui _s'impose·désormais à }'*homme
L'Apocalypse brosse· un tableau· saisissant de la nouveau, *_né dans le. Christ· : « Ressuscités_ avec
résurrectiori dCS morts (Ap 20_,u-15); La Mort le Christ, cherchez les choses d'en ha:ut, là où se
et l'Hadès les restitùent _tous pour ·qu'ils compa- trouve le Christ ·assiS -à. :la· ·di-()ite· de'. Diéu ». (Col
raiss'ent devant le-• Juge, 1es·-mauvais' comme ·les 3~ tss). Elle est aussi la soU.rce de· Son •espérance.
bons. Tandis ·'CJ.ue __les· mauvais sonibrèil.t dans la Car si le chrétien· attend avec:"impatience :ia:• trans-
« ·secbnde mort »; -les élus eritrent dans· ùne vie formation ftn_ale de 'son co,rps de· misère en ·corps
nouvelle, au sein. 'd'un: u_riivers_··transformé _qui de gloi~e (Rm· 8,22s; Ph 3/ros:20s), c'est que déjà
s'identifi.~ au *paradis _pl'iinitif :e_t' 'à la '*Jérusa- il ·possède les _arrhes ·de cet' étS:t futur, (Rm 8,
lem céleste (Ap 2r~22). Comment:exprimer autre- 2j; 2 Co 5,5). Sa résurrecti~11· fin'ale' ne_ ferà· que
ment" que sous forine de. symoo1es•· une_ réal!té manifester en clair ce qu'il· est déjà dàns_ la réa•
indicible que l'_expérien_ce huntB,ine ne peut attein- li~é .secrète d~ m}"stère. '(Co:I 3,4). JR ·& PG
dre?_. ·cett~ fresque. ·_n'_es_t. · pas _reprise dans. le ._ i~e Il 2_.3 _- ap_p3riÜotl$ .du Christ - As~sion -
IVe IVan,gile. ·Mais elle c6nstitue l'arrière-plan de baptême IV 1.4 ~ chair O --corps li 3 ~ Corps du
Qeux brèvès allusions 'qûi ·soulignent surtoùt le Christ I J, III 3 -·espérance·NT III, IV__; Exode
rôle dévolu au Fils de l'Homm'.è·: c'eSt à son appel NT III ~ fils de Dieu NT l 2 _...:.:.."foi NT_ n. I IV -
que les rriorts sùrgiront (Jri. 5~28; 6,40·;4.4), · les gloire IV 2 - Jésus-Christ"l 3;-Ir 1 a .::.:...joie NT I
uns pour la vie étemellè, 'les '"autres pour la c·on- ·2 -· Jour ·du Seignellr NT 1- 1,: ·n1 2 - mi_racle II
damnation (Jn _5,29). · ' 3b,UI '.I -m.ortAT·3; NTil3, IIl.4-nuit NT-
Pique III-,- prière IV 3 - Rédemption NT 4·- rétri-
. bution Il .4, ]Il - sépulture 2 - signe NT lo .li I -
2. La 'Vie chrétienne'. ·,.JsUrreitî_on 'anticipJe;__ .~ -Si
somµteil III - Transfiguration - .vêtei;nent II ..3•4 -
Jean développe ·aussi peu le t'à.bfeau de la tésur- victoire NT 1 - vie III 3, IV.

1107 '1108
RETOUR RÉTRIBUTION

RETOUR ......,,.. exil II 3 - pénitence/conversion O - Dieu paye chacun suivant ses "'œuvres (Pr 12,
veiller I. 14; Jr 31,r6; Ps 28,4; :z Ch 15,7; Jb 34,II; Is 59,
18; Si 51,30; Le ro,7; Jn 4,36; Rm 2,6; 2 Tm 4,
14), paiement qui d'ailleurs revient à Dieu seul
(Dt 32,35; Pr 20,22; cf Rm 12,17-20). Doctrine
RÉTRIBUTJ ON si importante que le propre de l'"'impie est de
nier la rétribution {Sg 2,2:z), que la foi en Dieu
qui « paye un salaire à ceux qui le recherchent o
L'homme fait de la rétribution une question de est le complément indispensable de la foi en
justice : toute activité mérite un salaire. Mais, l'existence de Dieu (He II,6).
dans le domaine religieux, il lui semble au con- Si l'homme qui accomplit son service peut
traire que le désintéressement doit aller jusqu'à compter sur son salaire, celui qui refuse la tâche
écarter toute pensée de récompense. Le Christ proposée se voit privé de ce salaire, dépouillé
cependant n'a pas exigé un tel idéal illusoire, finalement du droit d'exister devant Dieu. Aussi,
sans pour au tant renoncer à exiger de son disciple être rétribué pour ses œuvres, c'est passer au •juge-
une parfaite pureté d'intention. ment de Dieu, c'est recevoir récompense ou châ-
timent selon ce qu'on a fait : alternative qui signi-
fie pour l'homme le choix entre la vie et la mort.
Î. RÉTRIBUTION ET SALAIRE Il reste que ce jugement de Dieu dépasse le juge-
ment de l'homme, car Dieu seul sonde les reins
La rétribution est une donnée de base de la et les cœurs, car l'homme ne pénètre pas le mys-
vie religieuse, mais, pour en comprendre le sens tère de Dieu, •miséricorde et "'colère, "fidélité,
exact, il importe d'en décrire 1a genèse dans la *justice et *amour.
conscience. Comme beaucoup d'autres, cette
notion s'enracine dans l'expérience· humaine, ici
danS la relation entre maître et serviteur ; mais Il. LES ÉTAPES DE LA RÉVÉLATION
elle la déborde infiniment, car c'est Dieu même
qui la fonde. Elle s'exprime sans doute avec des Si le fait de la rétribution est une certitude
mots qui désignent le K salaire », mais elle ne se fondamentale, sa nature demeure mystérieuse, et
réduit pas à ce que nous entendons aujourd'hui Dieu ne l'a révélée que progressivement.
par salaire dll à un travail : celui-ci est au terme
d'un contrat, la rétribution est le résultat d'une I. Solidarité et responsabilité. - Dès les origines,
•visite de Dieu, qui sanctionne par un jugement les actions des hommes semblent à la fois dépendre
l'•œuvre de son serviteur. d'une •responsabilité personneJle et avoir une portée
Dès l'origine l'homme est sur terre en vue de collective. L'existence de l'homme est en effet
•travailler pour Dieu (Gn :z,15; cf Jb 14,6; Mt 20, inséparable de la famille, du clan, du peuple.
r-15), et ce travail comporte un salaire (Jb 7,1s). Aussi, pour les anciens textes, le regard et le
Dieu en effet est un maître équitable : il ne peut jugement de Dieu tombent globalement sur
manquer de donner à chacun ce qui lui revient " l'homme )1 (Gn 6,5ss) ; l'alliance et la fidélité de
s'il a accompli la tâche confiée. D'autre part, Yahweh concernent d'abord un •peuple. Bien que
l'homme n'est pas un personnage important qui domine cette dimension collective, la responsa-
a des moyens personnels d'existence et peut offrir bilité personnelle n'est pas inconnue; l'existence
gratuitement à Dieu une aide « désintéressée n. même d'un droit pénal en est la preuve ; les vieilles
L'homme devant Dieu est le •pauvre, le men- pratiques des ordalies, des H jugements de Dieu u
diant, le •serviteur, sinon l'*esclave, qui n'a rien (cf Nb 5,n-30), l' (< enquête n menée par Dieu
d'autre que ce que le Maître lui accorde au jour dans le récit du paradis (Gn 3,nss), tout cela
le jour. La rétribution apparaît donc non comme dénote une volonté de découvrir et de sanctionner
le but de la vie religieuse, mais comme un fruit un responsable. L'épisode d' Akân illustre bien le
normal du service de Dieu. souci constant de n'éliminer ni responsabilité per-
C'est pourquoi, dès le début de l'histoire du salut, sonnelre ni portée coJlective. Il faut. avec l'aide de
Dieu promet un salaire à Abraham (Gn 15,1) ; et Dieu, trouver le coupable dont la défaite du peuple
ce « salaire en proportion du travail » réapparait entier révélait l'existence (Jos 7,5-12) ; le •châ-
aux dernières lignes de la Bible (Ap 22,12). Entre timent personnel qu'il subit atteint également sa
les deux, !'Écriture répète inlassablement que famille et ses biens (7,24; cf Gn 3,16-19). De même,

no9 IIIO
RÉTRIBUTION RÉTRIBUTION

la récompense du juste atteint ·ses proches· : il quoi n'est.:ene · pas constante·? L'affi.n:natiOil .'tra-
en èst· ainsi pour Noé' {Gn 6,18; .'7;1)·; Lot (19~12), ditionnelle que. le juste est· toujours heureU:X (Ps
Obedédom (2 S 6,12). 37; 91; 92; n2) est contredite par l'expérience.
· Punition et miséricorde ·se répercutent à tra- De ce drame de la conscience, la Bible montre
•vers l'èspace (tout. le pei:tple engagé par un de ,ses la présence au· cœur de. p,us ceux qui cherchent
.membres) et_ à travers le. temps (toùte•"une ·lignée loyalement à concilier·Iëur foi-' et leur. expérience.
engagée par une .de·ses·'•généràtions)(bien· que la Jérémie n'a pas obtenu d'autre réponse à son
balance penche nettemént en faveur de la *misé- angoisse _que l'encouragement à continuer fenne-
ricoède· qui, elle, dure infiniment 'plùs (E:x:- 20;_5s; ,'men't _sa roufe' (Jr 12,1-5); mais Job, rEcclésiaste,
34,7), . les psalmistes ont ·affronté 16 problème- et· tenté
A cette lumière, l'intelligenèe religieuse des évé- de le réSOU:dte. · ·· ·
nemènts .semble. aisée•· : un :·Dieu juste mène· -le a) Pendan't'longtemps: d~s_··sages se_ crà1llpon-
monde; si je suis 'malheureux ou·: accablé ·de·• diffi- nèrent· à la solution traditiOnnelle en ·essayant de
cultés, c'est à- cause de rues fautes ou de celles l'ada::Pi:er ·: la: rëtribUtiôn,: ·Si longteni!)s différée, se
d'un être dont je.· suis. solidaire. ·(cf Jn ·.g,;z). Inver- ·in:ailifestei"à. encore srir terre, ·tollte èOnceiltréè
sement, mon ·•satut·inattendu -à la-suite-des pires dans l'ins4mt dramatique ·de· ta, •mort, gui pren-
crimes,·peut venir.de mai-solidarité-avec quelque dra une extraordinaire densité de •béatitude ou
juste : s'il y aVa:it· eu dix justes à ·Sodome; _les de •souffrance (Ps 49,17s; Si 1,13: 7,36; rr,18-28);
habitants n'auraient ·pas ·payé . pour_ leûI'· péché c'.est-sans doute cet'te hyp'Otlièsè fragile que rejette
(Gn -18,16-33; cf 19,2oss): ··A. -cette. époque, un le psalmiste : _« A leur mort, point de tourment »
pareil schéma semblait rendre compte de toutes (Ps' 73,4· hb:). ·. . .
'les · sibi'atiolls; il' •ne,. pouvait'' ·c~pendant·: suffire b) L'ECclésia·ste, qui ·a « e±ploré ]a, Sagesse et
pour toujours. · la rétril:!'Ution )) {QO 7;25) san·s-trou·vel' aiztre· éhose
·qu'une· ·fü.coh'érencë démentatlt · lés principes tra-
2. L'homme responsable de son destin. -. En effet, •ditionrtels_·.-(8,r2ss), préconise une modestie active
sous la pression des malheurs de•:1'-CXil, le .peuple qui cherche à,tirer de la Vie aû jour le j6ui'1e ineil-
avait tiré de ce schéma _rigoureux u~ dicton : '1 leur parti possible (9,gs), ·di;t:ns· une ~confiance' en
cc" Les.. pères· ont ~angé des raisins verts, les fils •·Dieu qùi demeure paisible, · mais ·se ·refuse à
en ont les·dents ·a:gacées » {Jr· 31,29). Conséquen·ce , résoudre_ le problèmé. ·
scandaleuse;-·qui- mettait:en question· la ·•justice .. c) Chez ceux qui -souffrent. pour leur foi et qui
de Dieu. Ce proverbe ne doit plus être dit, 'adhèrent sans _condition au: Seigneur; une lùmière
proclame Jérémie (Jr 31,30) ·; ·pour ·Ézéchiel, il ·se fait.· Dieu est ·-leur « p·art », '-leur ·«' ·lumière »,
n'a· plus de sens (Ez • 18,2-3). D'accord ·avec la · leur « rocher' 11· au milieu de .:toutes les. détresses
.tradition ·de Dt ,7,gs, qui évoquait 1a.-solidarité (Ps 16,5s; 18,1ss; 27,1s; 73,26; 142,6; Lm--.3,2·4);
pour la récompense et lé ch.â.timent personn~I:pour ·ils n'ont pas d'autre·but, ils ne Veulent pa:s d'autre
le. péché, Ézéchiel s'appuie sur la· doctrine .de )a récoÎnpense que de faire sa volonté (Ps -u9,57;
*conversion pour annoncer- que les justes .ne Si 2,18; 51,2oss). Cela ·suppose un· climat de *foi
peuvent sauvèr qu'eux-mêmes : Noé, qui ·jadis a intense, celui :dans lequel_ vit Job :. il ·a « •vu
sauvé ses.fils (Gn 7,7); ne les:sauverait·plus désor- .Dieu », et ce contact m}"stérieux· avec sa -•sainteté
mais ; le dessein de . Dieu a franchi ..une · nouvelle le laisse huinble-et adorant, conscient de son péché
étape (~z 14;..ri-20)·.. -Puis:Ézéchiel.: analyse, tèus •et ébloui .·par· une _forme··nouvelle de •connais-
les, éas possibles (18) ·_: chacun porte à; chaqUe sance·de -Dieu (Jb 42,5s).
instant ,sa propre. destinée; il peut· sans: cesse· la d) Certains• enfin pressentent que;· poU:i expli-
compromettre ou la- rétablir. Mais. Dieu; dans:·ce quer la_ •souffrânce _du juste; il •faut élargir l'ho~
drame, ,n'èst' pas hostile ni ·même· impartial·: (f Je rizon et_·pasSer:dt1 plan_ de la· rétribution à ·celui
ne prends Pas plaisir.à·fa lllort de qui que: ce ·soit. de la •rédemptioh. Tel est·le sens du 'dernier'·-des
Convertissez-vous.e~•vous Vivrez·» (Ez 18,32). ··poèmes' du .._•serviteur (Is 53,10; _cf Ps 22). Mais,
toùt comme daris 1à vision dès• ossements dësséchés
3; Le mystère .·de la, Justice de Dièu. ·.:..:...:Si.l'homme et ressuscités (Ez 37, 1~14), la_rétribtitiontiesemble
est -pleinement .iesponsàble · de son· destin,· sa vie concenler :·encore que le pèuple ·purifié par les
gagne en sérièux ; mais un autre · problème -est souflranées de -l'exit: ·
alcirs soulèvé,, don,t· }a, solution pleine ne· ·sera
donnée· qu'avec .la· réVélation, _Sur. la .vie d'outre- -4. La·rétribution p'ersonnelle; - Dans urie dernière
tombe. Si la rétribU.tion a.lieu·dès_ ici-bas,·.pour- étape, c'est la foi en·Ia •résurrection personnelle

rrn: III:Z
RÉTRIBUTION RÉVEILLER

à la fin des temps qui donne la solution au pro- une telle .déformation de la doctrine de la rétri-
blème posé. Selon certains textes, difficiles à inter- bution.
préter, Dieu en effet se doit de combler l'homme D'abord l'homme ne doit plus rechercher les
dans sa soif d'équité il ne peut abandonner le avantages terrestres, gloire, réputation, reconnais-
juste, dût-il le faire sortir un moment du shéol sance ou intérêt ; celui qui fait le bien pour de
pour le récompenser (Jb r9,25ss). Dieu ne peut tels motifs a« déjà reçu son salaire >i {Mt 6,1-18;
pas davantage laisser sans réponse l'appel de Le 14,12ss; cf r Co 9,17s). !\lais surtout, en met-
l'homme à lui être définitivement uni (cf Ps 16, tant le Christ au centre de toutes choses, ce que
9ss) : si Dieu a (( pris » avec lui Élie ou Hénoch, le chrétien poursuit, ce n'est pas son bonheur,
pourquoi le juste ne serait-il pas « pris n égale- même spirituel, même acquis par le renoncement
ment près de lui (Ps 49,r6; 73,24) ? et le don de soi; le but du chrétien, c'est le Christ
La persécution d' Antiochus Épiphane, en sus- (Ph 1,21-26). Son salaire, c'est !'*héritage divin
citant des martyrs, entraîne les croyants dans la (Col 3,24), et celui-ci le fait d'abord cohéritier,
certitude d'une récompense au-delà de la mort frère du Christ (Rm 8,17). La couronne qu'attend
par la résurrection (2 M 7; cf Dn rz,rss). Cette !'Apôtre, il la recevra par le fait même de la venue
foi en la résurrection est impliquée par le Livre du Christ attendu avec amour (2 Tm 4,8). Bref,
de la Sagesse à travers la croyance en l'immor- ce qu'il veut, c'est être t( avec Jésus » pour tou-
talité (Sg 3,r; 4,r} : lors de la *visite de Dieu au jours (1 Th 4,17; cf Ph 1,23; Le 23,43; Ap 2r,3s).
dernier *jour, les justes vivront à jamais dans L'effort de sa vie, c'est la *fidélité à son baptême:
l'amitié de Dieu, et c'est là leur « salaire » (cf Sg identifié à la mort du Christ, il se prépare à res-
2,22; 5,r5), un salaire qui est aussi une •grâce susciter avec Lui (Rm 6,5-8; Col 3,1-4). Le *salut
(cf 3,9.r4; 4,15), dépassant infiniment la valeur qu'attend l'homme justifié (Rm 5,9s) n'est. rien
de l'effort humain. d'autre que l'"'amour de Dieu manifesté dans la
personne du Christ (Rm 8,38s). C'est ce que dit
Jean avec d'autres mots : à la •faim et à la soif
III. LE CHRIST ET LA RÉTRIBUTION des hommes, à leur *désir passionné de triompher
de la mort, Jésus répond par ce qu'il est : il est
Avec la venue du Christ, la rétribution trouve la source de l'*eau vive, il est le *pain, la *lumière,
son plein sens et sa fin. la *vîe {Jn 7,37s; 6,26-35; 8,12; 11,23ss).

I . .Maintien de la rétribution individuelle. - Cer- Par la vie dans le Christ Jésus sont résolues
tains en Israël {Mt 22,23; Ac 23,8), voire parmi toutes les antinomies que présentait la doctrine
les disciples du Christ (r Co 15,rz), doutent encore de la rétribution. Donnée à l'homme au bout de
de la résurrection, de la •vie éternelle, du •Royaume sa recherche et de ses efforts, elle est cependant
sans fin qui récompensera les justes ; mais Jésus gratuité absolue qui dépasse infiniment toute
et ses Apôtres maintiennent fermement l'authen- attente et tout mérite. Attendue avec ferveur et
tique tradition d'Israël (Mt 22,3rs; 25,31-46; r Co dans !'•espérance, elle est déjà possédée lors de
15,13-19; Ac 24,qss). Le Dieu de Jésus-Christ, la *justification. Certitude paisible, elle demeure
en ressuscitant son Fils, montre qu'il est •juste fondée sur le seul "'témoignage de Dieu accueilli
(Ac 3,I4ss; Col 2,12s). Le croyant sait donc qu'il dans l'obscurité et l'épreuve de la •toi. Touchant
recevra un salaire pour ses •œuvres (cf Mt 16, chaque homme au plus profond de sa personna-
27; Mc 9,4r; 2 Tm 4,14; 2 Jn 8; 2 P 2,13; Ap 18,6) lité, elle l'atteint au sein du *Corps du Christ.
et qu'au jugement le « Roi » enverra les hommes, Point d'opposition entre (1 morale de la rétribu-
suivant ce qu'ils auront fait, à la •vie ou au tion » et « morale de l'amour >>, car l'amour même
•châtiment (Mt 25,46), au *ciel ou en *enfer. veut la rétribution, CW
Dès lors il s'agit de mener le combat avec ardeur
pour atteindre le prix (1 Co 9,24N27; Ga 5,7; ---+ aumône AT 3; NT 2- a - béatitude AT 1 2 -
2 Tm 4,7). châtiments 2 - ciel VI - eau Il l - éducation I 2 a -
enfers & enfer - héritage AT II 1 - impie AT 3 -
2. La véritable t'écompense. - S'il en est ainsi, le justîce O; A IAT3; BIIAT-moissonlll-œuvres
risque renaît de revenir à une conception, celle AT II ; NT II - pauvres AT I - responsabilité -
des *pharisiens, selon laquelle la récompense Résurrection AT III - vengeance 3.
divine est mesurée par l'observance humaine. Mais RtVEILLER--+ Résurrection - sommeil Ill - veiller
le croyant est continuellement mis en garde contre l 2 -nuit AT 3.

n13 1114
RllVllLATION RllvllLA TION

sopge; consultation du ·sort;•astrologie, etc.-L_'AT


conserva longtemps quelque chose de ces tech-
niques, en les pu'r-ifiant de leurs attàches poly-
.Rtvtl.ATION 1théistes.ou •magiques (Lv. 19~26; Dt 18,10s; t S 15,
23; 28~3),. mais en leur ·attribuant encore une cer-
taine valeùr. Condescendânt à la mentalité impar-
La religion. de la Bible ~t fondéei sur une révé- . faite .. de son peuJ)le,"-Dieu-COnfie effectivement sa
lation histqrique-;· ce. fait,.la class_e .à part au révéla_tiOn··à ces canaux traditionnels.--Les'prêtres
milieu. _des religions. Certaines d'entre .elles .ne le consultent par les Urim et Tummim (Nb 27,
r~our~mt _aucunei:p.ent à la. révélatlon, : .le boud- 21; Dt 33,8; 'I S 14,41;' 23,1oss), et sur cette· base
dh_isme a.pour pqint de départ-l'illumination tout ils rendent des ·oracles·(Ex 18,15s; 33,7-n; Jg·ts,
-humaine d'un -sage, D'c1,utres présentent leur con- 5s). Joseph possède ùne COUpe à.. deviner ·(Gn 44,
. tenu-comme une_-rév~tion ®leste, m~is.en atti;-i- 2;5) ·et il est.expert·dans l'intetprétatioil:des songes
. huent la :p·ansmissiOI) _à un fond~teur ·légendaire '(Gn 40--41); Les· •songes· sont en effet considérés
~- mythique, tel Hermès Trismégiste •pour la comme renfermant des" indications du ciel (Gn
gnose :hermétique .. Dans- la .Bible,. au .contraire, la 20;3: ,28-,12-15; 3i,uss; '37;5-10), ·et celé._ jusqu'à
ré,vélation est. un fait historiquement saisissable : une époque assez .basse (Jg 7,13s; r- S'-28, 6; r R
ses intermédiaires ; sont connus, -,. et leurs ·: paroles 3,5-r.j) ; mais progiessivement, on aistingue Ceux
sont· .conseryéès, soit: directen;ient,- soit dans une que Dieu. ·envoie· ~ux prophètes autheri_tiques (Nb
•-tradition .solide. Le :Coran serait dans le même ,12,6; Dt·-13,2) et .'ceux des devins professionnels
cas.. Mais" sans .parler des, _•sign~ :qui authenti- (Lv 19,26; Dt 18-,10), contre' lesquelS. bàtaillent
fient la réyélation· biblique, celle-ci ne repose .pas ·tes ·prophètes (Is 28,7-13; Jr· 23,25-32) et les sages
sur l'enseignement d'un fondateur :unique ;_ on la (Qo 5,2; Si 34,t-6). . .
voit se développer durant ·quinze ou vingt siècles,
.avant d'atteindre sa plénitude dans le fait du Christ, 2. La révélation prophltique. - Ces techniques
révélateur par·_excellence.. Croire,,pour un chrétien, sont habituellement dépassées ·par les *prophètes.
c~est acqueillir ~tte révélation. qui arrive aux Chez eux, l'expérience de la révélation se traduit
hommes portée ·par l'histoire.. ' de deux manières : par des visions et·par l'aU:dition
de la *Parole divine (cf Nb 23,3s.1.5s). Les Visions,
AT par elles-mêmes, resteraient énigmatiques_ : même
un prophète · ne saurait· *voir directement ni les
Pourquoi.donc cette révélation ?-C'est_ que Dieu réalités· divines ni le déroulemênt futur de· l'his-
est infiniment au-dessus des pe]l.i;ées et _des mots toire. Ce 'qu!il :voit reste _enveloppé ·de symboles,
de l'homme (Jb 42,3). C'est un -Dieu caché _(Is 45, tantôt 'pl.1.isés. dans, le trésor: commun- des religions
15), d'autant- plus.- inaccessible que_ le péché a orientales (vg I ·R 22,1-6; Is 6;1ss; ·Ez 1), et tantôt
.fait perdre-à. l'.homme sa fam_iliari_té avec lui. Son créés -de façon originale -(vg Am 7,1~9; Jr 1,nss;
·dessein est: un *mystère (cf -Am· 3,7) _; il dirige les --Ez·9).'De.toute manière, il faut la Parole de Dieu
pas de l'homme. sans que. celui:-ci comprenne le pour "fournir- la ·clef de ces visions ·symboliques
chemin (Pr ·20,24). Aux prises avec les ·énigmes (vg- Jr ·1,14·ss; Dn 7,15-18; 8,15 ... ) ; le ~plus sou-
de son existence (cf Ps 73,21s); l'homme .ne peut verit,·:1a Parole arrive atix- prophètes sàni, (J_u'au-
trouver par lui-même les clartés- nécessaires.· Il cune vision· l'accOltlpagne, et · mêriie Sans qu'ils
lU:i faut se tourner vers celui-« à· qùi- son-t les _choses puisseD.t dire de ·quelle manière· elle est venue
cachées.» (Dt 29,28); pour-qu'il.lui.découvre ces (vg Gn· 1'2,1s; Jr ·1;4s). ·Telle est l'expérience -fon-
secrets impossibles· à. percer- (cf Dn 2,17s), pour
qu'il lui fasse « voir sa gloire » (Ex 33,18).--0r
dameritale
. qui, dans .
. l'AT, ci:Lràctérise· la· révélation.
avant même que l'homme se soit tourné vers ,3, :La f'éjlexion de sagesse. ___; A la différence des
lui,. Dieu-prend l'initiative et lui parle-le premier. prophètes, les Sages rie présentent· pas leur doc-
trine comme le résultat d'une-révélatiàn·directe.
La •sagesse fait .appel à la réflexion· h~maine, à
1. Co:m,tENT 'niEu· RÉvi:LE l'intelligence, à l'entendement (Pr 2J1-5; 8,u.14).
Cep_eridaD.t, èlle e_st un do:h__ de Dieu (2,6), car c'est
1. Techniques arcliàf'qùes.· - Le milieu oriental d'Une Sagesse transcendante que découle tout
usait .de certa,n~ techniques._.poux: ~ercJt~r., à savoir (8,15;;21.32-3-6; · 9,r-6)·. Bien mieux, les
exercer les secrets du ciel : divination, présages, · données·sui- lèsquelleS s'exerce cette"réfleXion· gui-

n15 IU6
RÉV:i:!:LATION RÉVÉLATION

dée par Dieu appartiennent de plein droit à la titutions cultuelles (Ex 25,40). C'est que, tout en
révélation divine : la •création, qui manifeste à gardant un caractère provisoire, comme tout le
sa manière le créateur (cf Ps 19,1; Si 43) ; l'his- statut du *peuple de Dieu dans l'AT, elles µ'en
toire, qui fait connaître ses voies (Si 44-50, ont pas moins une signification positive par rap-
sa.ns compter les livres historiques) ; !'*Écriture, port à l'accomplissement du salut dans le NT :
qui renferme la •Loi divine et_les paroles des pro- elles en sont les •figures prophétiques.
phètes (Si 39,1ss). Une telle sagesse n'est donc b) En deuxième lieu, Dieu révèle à son peuple le
pas chose humaine ; elle est elle-même un mode sens des événements qu'il lui est donné de vivre.
de révélation qui prolonge le mode prophétique ; Ces événements constituent l'étoffe visible du
car la Sagesse divine qui la guide est, comme !'Es- •dessein de salut ; ils en préparent la réalisation
prit, une réalité transcendante, « un reflet de l'es- :finale et déjà la pré.figurent. A ce double titre, ils
sence de Dieu u (Sg 7,15-21) ; aussi la lumière ont une face secrète, que l'œil humain ne saurait
qu'elle apporte aux hommes est-elle celle d'une découvrir; mais Dieu cc ne fait rien qu'il ne découvre
connaissance surnaturelle (Sg 7,25s; 8,4-8). son secret à ses serviteurs les prophètes )J (Am 3,
7). Historiens, prophètes, psalmistes, sages, s'ap-
4. L'apocalypse. - Tout à la fin de l'AT, pro- pliquent à l'envi à cette intelligence religieuse de
phétie et sagesse se recoupent dans la littérature l'histoire, qui naît de la rencontre entre la Parole
d'apocalypse, qui est par définition une révélation di vine et les faits, voulus et dirigés par Dieu. Les
des secrets divins. Cette révélation se rattache faits accréditent la Parole et conduisent les hommes
aussi bien à la Sagesse (Dn 2,23; 5,11.14) qu'à à la *foi, car ils ont valeur de •signes (Ex 14,30s).
l'Esprît divin (Dn 4,5s.15; 5,11.14). Elle peut La Parole éclaire les faits, qu'elle arrache à la
a voir pour sources des songes et des visions ; banalité quotidienne et au hasard (vg Jr 27,4-
mais elle peut aussi partir d'une méditation des n; Is 45,1-6) pour les faire entrer dans un plan
Écritures (Dn 9,1ss). En tout cas, c'est la Parole arrêté.
de Dieu qui donne, par connaissance surnaturelle, c) Enfin, Dieu révèle progressivement le secret
la clef de ces songes, de ces visions, de ces textes des « derniers temps ». Sa Parole est *promesse.
sacrés. A ce titre elle vise, au-delà du présent et même
de l'avenir proche, le terme de son dessein de
salut. Elle révèle l'avenir du lignage de David
IJ. CE QUE DIEU RÉVÈLE (2 S 7,4-16), la gloire finale de Jérusalem et du
temple (Is 2,1-4; 60; Ez 40--48), le rôle inouï du
L'objet de la révélation divine est toujours Serviteur souffrant (Is 52,13-53,12), etc. Cet
d'ordre religieux. Il ne s'encombre ni du fatras aspect de la révélation prophétique donne aux
cosmologique ni des spéculations métaphysiques hommes une connaissance anticipée du NT,
dont sont chargés les livres sacrés de la plupart encore enrobée de figures pour une part, mais
des religions anciennes (ainsi les Védas de l'Inde esquissant déjà les traits de l'alliance eschatolo-
et les œuvres gnostiques, ou même certains apo- gique.
cryphes juifs). Dieu révèle ses desseins, qui tracent
pour l'homme la voie du salut ; il se révèle lui- 2. Dieu se révèle aussi lui-m§me· à travers ce qu'il
même, pour que l'homme puisse le rencontrer. accomplit ici-bas. Sa *création. déjà le manifeste,
en sa sagesse et sa puissance souveraine (Jb 25,
1, Dieu révèle ses desseins 7-14; Pr 8,23-3r; Si 42,15-43,33). Elle est comme
a) Né dans une race pécheresse, l'homme ne tissée çie signes qui permettent de le représenter
sait même pas exactement ce que Dieu veut de symboliquement, voilé dans la *nuée (Ex 13,2i;),
lui. Dieu lui révèle donc des règles de conduite : brO.lant comme un *feu (Ex. 3,2; Gn 15,17), ton-
sa Parole prend forme d'enseignement et de •Loi nant dans !'*orage (Ex 19,r6), doux comme la
(Ex 20, I ... ), et l'homme possède ainsi « des choses brise légère (1 R 19,r2s) ... Ces signes, aperçus des
révélées » qu'il doit mettre en pratique (Dt 29, païens, étaient souvent interprétés par eux à
28). La Loi tire tout son prix de cette origine divine, contresens (Sg 13,1s); la révélation permet main-
qui l'arrache au plan juridique pour faire d'elle tenant au peuple de Dieu de contempler par ana-
le délice des â.mes religieuses (cf Ps n9,24.97 .. ,). logie le créateur à travers la grandeur et la beauté
Pareillement, les institutions du peuple de DieU des créatures (Sg 13,3ss).
sont objet ,de révélation : institutions sociales (Nb C'est cependant par l'histoire d'Israël que *Dieu
u,16s) et politiques (1 S 9,17), aussi bien qu'ins- se révèle surtout de façon spécifique. Ses actes

III7 1:118
RÉV:ÉLATION RÉVÉLATION

montrent qui il est : le Dieu terrible qui juge et Seul l'événement dira comment elle doit se
combat; le Dieu compatissant qui console (Is 40,r) faire.
et qui guérit; le Dieu fort qui délivre et qui
triomphe .. Sa définition biblique (Ex 34,6s) n'est NT
pas la conséquence d'une spéculation philoso-
phique ; elle résulte d'une expérience vécue. Et La révélation commencée dans l'AT s'achève
cette connaissance concrète, approfondie au cours dans le NT. Mais au lieu d'être transmise par de
des siècles, commande l'attitude que les hommes multiples intermédiaires, elle se concentre main-
doivent prendre en face de lui : foi et confiance, tenant en *Jésus-Christ, qui en est à la fois l'au-
crainte et amour. Attitude complexe, qui rectifie teur et l'objet. Il faut y distinguer trois stades.
et complète celle qu'adopterait spontanément Au premier, elle est livrée par Jésus lui-même à
l'homme religieux. Car Dieu est créateur et maître, ses Apôtres. Au second, elle est communiquée
roi et seigneur ; mais envers Israël, il se montre aux hommes par les Apôtres, puis par l'Église
également père et époux. Ainsi la •crainte reli- sous la direction de l'Esprit-Saint. Au troisième,
gieuse qui lui est due doit-elle se nuancer d'une elle trouvera sa consommation finale, lorsque la
*piété cordiale (Os 6,6) qui peut conduire à l'in- vision directe du mystère de Dieu relaiera chez
timité mystique. les hommes la connaissance de foi. Pour carac-
Peut-on dire davantage, et Dieu révèle-t-il dans tériser ces ~tades successifs, le NT use d'un voca-
l' AT le secret intime de son être ? Nous entrons bulaire varié : révéler (apokalyptô), manifester
ici dans le domaine de l'ineffable. L'AT connaît (phaneroô), faire connaître- (gnôrizô), mettre en
de mystérieuses manifestations de l'*Ange de lumière (phôtizô), expliquer (exegeomai), montrer
Yahweh, où le Dieu invisible prend en quelque (deiknuô/-mi), ou, tout simplement, dire; et les
sorte une forme accessible aux sens (Gn 16,7; 21, Apôtres proclament (kèryssô), enseignent (didasl<ô),
17; 3r,II; Jg 2,1). Il connaît les visions d'Abra- cette révélation qui constitue maintenant la
ham, de 1foïse, d'Élie, de Michée ben Yimla, •Parole, l'*Êvangile, le *mystère de foi. Tous ces
d'Isaïe, d'Ézéchiel, de Zacharie ... Cependant la thèmes se retrouvent dans les divers groupes
*gloire divine s'y voile toujours sous des sym- d'écrits du NT.
boles : symboles cosmiques du feu ou de l'orage,
symboles traduisant la royauté divine (1 R 22,
19; Is 6,1ss), symboles inspirés de l'art babylo- I. LES SYNOPTiQUES ET LES ACTES
nien (Ez 1). De toute façon, •Yahweh lui-même
n'est jamais décrit (cf Ez 1,27s) ; sa *face n'est 1. La t'évélation de J ésus-Ckrist
jamais vue (Ex 33,20), même par Moïse qui lui. a) Révélation par les faits. -Même dans l'AT,
parle « bouche à bouche » (Ex 33,II; Nb 12,8), la connaissance du dessein de Dieu demeurait
et les hommes se voilent instinctivement le visage enveloppée d'ombre; sa consommation finale,
pour ne pas fixer leurs yeux sur lui (Ex 3,6; r R bien que promise, n'était évoquée qu'en *figures.
19,9s). A Moïse il accorde la révélation suprême, Ce qui déchire maintenant les voiles et dissipe
celle de son *Nom (Ex 3,14). Mais celle-ci main- l'ambiguïté de la promesse, c'est l'événement du
tient intact le mystère de son être ; car sa réponse Christ. Le destin historique de Jésus, couronné
- « Je suis celui qui est o ou (1 Je suis qui je suis» - par sa mort et sa résurrection fait en effet con-
peut être interprétée comme une déclaration de naître le contenu réel de cette promesse en l'ac-
•mystère Israël ne possèdera pas le Nom de son complissant dans les faits.
Dieu de façon à avoir prise sur lui, comme les b) Révélation par les paroles. - Cependant la
païens d'alentour avaient prise sur leurs dieux. révélation par les faits demeurerait incomprise si
Ainsi, Dieu demeure dans sa transcendance absolue, Jésus n'explicitait par ses paroles le sens de ses
tout en accordant aux hommes une certaine ap- actes et de sa vie. Dans les *paraboles du Royaume,
proche concrète de son mystère. S'ils ne pénètrent il ({ clame les choses cachées depuis le commence-
pas encore jusqu'à l'intime de son être, ils sont ment du monde » (Mt r3,35) ; si pour la foule il
déjà éclairés par sa *Parole, par l'action de sa voile encore son enseignement sous des symboles,
•Sagesse; ils sont sanctifiés par son •Esprit. il livre en clair à ses disciples le •mystère de ce
Aux « derniers temps "• il fera davantage. Alors, Royaume (Mc 4,II p), qui est le terme du dessein
R sa *gloire se révèlera, et toute chair la verra ~ de Dieu. De même, il leur révèle le sens caché des
(Is 40,5; 52,8; · 60,1). Révélation suprême, Écritures, lorsqu'il leur montre que le Fils de
dont le mode n'est pas précisé par avance. l'Homme doit souffrir, être mis à mort et ressus-

urg II20
RÉVÉLATION RllVJ!LATION

citer le .troisième jour (Mt 16,21 p). Grâ.ce à lui Les Actes montrent en outre ,quel rappor.t étroit
la révélation chemine donc vers sa plénitude : il y a. entre la communication de la révélat;ïon
·« Rien de voilé qui ne doive être révélé ; rien de dans l'Église et l'action de l'•Esprit-Saint ici-bas.
caché qui ne doive être connu » (Mc 4,22 p). Dès le jour de la Pentecôte, !'Esprit est= donné
c) Révélation par la personne.de Jlsus. -Au-delà et c'est ·lui.qui-assure la validité du -témoignage
des paroles de Jésus, au-delà des faits de sa.,.vie, apostolique {Ac 1,8; 2,1-21) .. Sous sa lumière, les
les horµmes accèdent jusqu'au centre, mystérieux Apôtres découvrent en même temps la significa-
de son être; .c'est là qu'ils trouvent finalé~ent la tion totale des Écritures et celle de l'existence de
révélation divine. Non seule~nt Jésus contient Jésus; et c'est sur ce double objet ·que portè dès
en lui-même le Royaume et le salut qu'il annonce, lors leur témoignage_ (cf 2,22M4t). La· révélation
mais il est la vivante révélation de. *Dieu. Étant étant ainsi notifiéè aux. 'hOinmes, ceux d'entre
le *Fils du Dieu vivant (Mt 16,16), il est seul à eux, qui sont dociles à·l'Esprit l1accueillerollt avec
connattr_e le Père et à .pouvc;,ir le révéler (Mt II, foi et, ·par leur •bàptême, ·ils entreront dans Ia
27 p). En revanche, le _mystère de sa personne voie du •salut (2,41.47).
reste inaccessible à la « *chair et au sang l) : impos-
sible de le percer sans une révélation. du Père 3. Vèrs la révélation·· parfaite. - La révélation
(Mt 16,17), qui est refusée aux sages et aux habiles, doilD.éei par Jésus et communiquée par ses Apôtres
mais àccordée aux petits (Mt u,25 p). Ces rapports · et son Eglise reste encore imparfaite, car' les réa-
intimes du Fils et du •Père, dont l' AT n'avait lités divines s'Y voilent scius deS signes. Mais ·elle
pas connaissance, constituent le ·point culminant annonce la révélation totale qui adviendra au
de la révélation _apportée pàr Jésus. Encore est-il ternie de l'histoire. Alors· le· Fils de l'Homme se
que le mystère du Fils se voile sous une humble révélera dans sa gloire (Le 17,30; cf Mc ·13,26p)
apparence": celle dtl *Fils de l'Hom_me_ appelé à et les hommes passeront du « monde présent »
souffrir (Mc 8,31ss p). Même après sa résurrection, au « inoride à venir D.
Jésus ne. -se manifestera pas au monde dans la
plénitude de sa g~oire.
Il. LES ÉPÎTRES 'APOSTOLIQUES
2. La rlvélation. conimuniquJe
a) La révélation dans: l'Église. ;_ Les actes et 1. La t"évélaticin de Jésus-Christ
les paroles de Jésus n'ont été connus directement a) Révélation du salut. ---:- Si les allusions aux
que d'un petit nombre .d'hommes. Plus petit paroles de .Jésus sont rares dans les épîtres. apqs-
encore ,fut le nombre de ceux qui crurent en lui toliques, en revanche le fait du .Chris_t, et notam-
et devinrent ses disciples. Or la révélatjon _qu'il ment sa mort et sa résurrection, y occupent une
apportait était. destinée au monde ,entier. C'est place centrale. C'est que, dans ce fait, s'est rê:Vélé
pourquoi Jésus .l'a confiée à ses Apôtres avec le *salut. pi:-offiis jadis à Israël. Le· Christ, • Agneau
•mi$sion de la communiquer aux. autres hommes sans tache disc;erné depuis la fondation du. monde,
(cf déjà Mt 10,26~) ; ils iI'.ont da_ns le monde entier a été manifesté aux deriliers temps à cause ,de
porter l'Évangile à toutes. les •nations (Mt 28, nouS_ (1 P 1,20). Il a été manifesté une fois pour
19s; Mc -16,15). Aussi. fait-il d'eux ·ses .•témoins, toutes afin d'abolir le p_éché par son s~crifice (He
grâ.ce aux *apparitions dont ils bénéficient (Ac 9,26). Par cette apparition de notre Sauveur, le
1,8),·Nori seulement en ce sens que, l'ayant v:u de Christ Jésus,. la •grâce de Pieu a été manifestée
leurs yeux et ayant entendu_ ses paroles,, ils pou_r- (2 Tm 1,10). En lui a été manifestée la •jul>tiç.e
ront rapporter exactement .ce qu'il .a dit et fait salvifique .de .Dieu, qu'att~taient . la L?i. et 1.es
(cf Le 1,2); .mais en .ce sens que Jésus authentifie prophèt~ (Rm 3,21; _cf 1,.17). En lui s'est ·révélé
leur· témoignage : « Qui vqus écoute m'écoute » le .*.mystère caché aux · génération5: d'autrefois
(Le 10,16), Le. Livre des Actes. mçntre comment, (Rm 16,i6; Col ~.26;. 1 Tm 3,16) ; Dieu· nous l'a
1
grâce à. ces témoins, ,la ré~élation de Jésus-Christ fait connaîtrè (Ep. :i:,9), èoJJ:lmé il l'a notifié .aussi
a pris pied dans l'histoire du monde entier._. On, y · aux Principautés et aux ·Pllissances (3,1~). Ce
voit 1a Parole se diffuser, depuis Jérusalem jus- mystère est le dernier secret du dessein de salut.
qu_.'aux. extrémités de la terre._. Esquisse concrète b) Révélation du mystère de Dieu. - A,u-delà
annonçant l'action de }'•Église, .prolongement de même è!.u mystère du salut, c'est l'être de *Dieu
celle des • Apôtres, depuis la Pentecôte jusqu'à la qui se révèlè à nous danS· le Christ. La création
fin des temps. avait été. uné première manifestation de_ ses..per-
b) La rlµ~ation_ ee l'aetion de t' Espr.it-Saint. fections invisibles, vite· effac.ée dans l'esprit. des

II2I 'II22
Rli\ŒLATION RltVÉ~ATION

homnies pécheurs _(Rm r,19ss). Puis l'AT. avais fester » (phanero6)', mais l'idée affleure partout
apporté une révélation, encore partielle, d~ sa dans lès textes.
•gloire. Finalement, cc Dieu a fait resplendïr · la
connaissance de sa- gloire sur la face du . Christ 1 ., La révélation de J lsus-Christ
Jésus_» (2 Co ·4,6), accomplissant par là l'oracle a) La nianifestation seffsible de Jésus ....:..: Au
prophétique d'Is 40,5. Tel est le sens profond• du centre de la révélation se trouve la personne· 'de
Ch.rist, en ses actes et en .. sa ·personne. •J_ésus,·•Fils de Dieu·venu'·en chair. Jean-Bap-
2. La t'évélation &ommùniquée. - Les Apôtres tiste avait témoi~é « afin qu'il fût ri1anüe:Sté à
n'.ont pas compris tout cela d'eux-x:nême!!J, mais Israël» (Jn 1,31): ·Effectivement, (! il S'est ·mani-
frl.ce à - une révélation intérieure qui_ l~ur en a festé » (1 Jn·· 3,5:8), é'est-à-dire· qu'il est devenu
~bjet d'expérience·· sensible. Ce ne fut pas une
donn~ ,l'intelligence (cf Mt 16,17). Paul a reçti manifestation éclatante aux· yeux dù. . 'monde,
son Évangile d'une révélation de Jésus-Chx;ist,
lorsqu'il plut à Dieu de rév:éler en lui son Fils comme celle 'qù'eùssent -désirée ses frères (Jri 7,
{Ga 1,12.16). L'Esprit qui scrute jusqu'aux pro- 4), mais. une ~ifestatioiî quasi secrète, para-
doxale, qui culmina daris l'élévation· en •croix
fqnd~urs de .Dieu lui a révélé le sens de la •croix,
.qui· est la vraie sagesse (1 Ço 2,10). Par révé~tjon, (Jn 12,32), car ene visait essentiellement à ôter
le mystère du Christ lui a _été noti:fi..é, comme à tous le péc~é et à détruire l'œuvre du Diable (1 Jn 3,
les Apôtres et. prophètes, dans l'Ésprit (Ep 3,3ss). 5.8). Après sa résurrection seulement, Jésus se
manifesta en gloire·; encore ne le· :fit-il que pour
, Voilà .pourquoi l'Évangile de !'Apôtre n'est pas
à mesure hum.aine (Ga 1,II) : écho de la •Parole sès disciples (Jn 21,1.14).
de Dieu même, c'est « une force divine pour le b) ..La manifestatidn· de Dieu en J Mus-Christ. -
salut des croyants 1) (Rm r,16) .. En notifiant le La ·manifestation sensible de· Jésu~ avait une portée
mystère de l'Évangile (Ep 6,19), Paul met en transcendante : elle était la révélation suprême de
lumière aux yeux de tous la. dispensation de ce •Dieu. RéVélation par les paroles de JésuS : lui
qui, corilme Fils, a vu Dieu,: il .a expliqué Dieu
mystère, jadis caché et maintenant révélé {3,9s).
aux hommes (Jn. 1,18), d'abord èn termes voilés,
Tel est le sens de la parole apostolique : elle com-
munique aux hommes 1a révélation divine, pour puis, à la veille de son départ, en clair et sans
les amener à la *foi qui leur assurera le salut. figures (r6,29). RéVélation par_ les actes : ses
•mitacles étaient des •signes, par leSquels il mani-
3. V ers la révélation pcirfaite; - Cepèndant le festait Sa gloire'afin qu'on crfi.t en·lui (2,rr), car
régime de la foi n'aura qu'un temps. Il a pour cette •gloire était celle qu'il tenait du Père comme
fondement « l'apparition de l'amour de Dieu notre · Fils unique (1,14). Par cette double voie, il a mani-
sauveur» dans la vie_ terrestre de Jésus '{Tt 3,4). festé aux hommes le •nom de_ Dieu' (17,6), c'est-
Il se poùrsuit alors que Jésus Elst déjà entré dans à-dire le mystère de son être, couronnant par là
la. gloire. Il prendra, :fi.n_par a l'apparition en gloire toute la •révélation de l'AT (cf 1,r7). L'évangé-
de notre· grand _Dieu et sauveur, le Christ Jésus » liste, qui a vu, entend'u; tou'ché le Verbe· de vie
(Tt 2~I3; cf Le 17,_30). Cette révélation- finale de (I Jn 1,1), ·résume aillSi le sens de son expérience :
Jésus (1 P I,7'.13}, cette manifestation du Chef en Jésus s'est manifestée la •vie (1;2), en Jésus
des pasteurs (1 p 5".4), fait l'objet de !'*espérance s'est manifesté l'•am.our de Dieu pour nou'S (4,9).
chrétienne (2. Th 1,7; 1 Co·1,7; d Tt 2,13). En effet,
quand le Christ ·sera manifesté, lui,' notre viè, 2. ·La révélaJion oommuniquée. - La révélation de
!J.OUS_ ~ussi .nous serons manifestés avec lui dans Jésus-Christ n'a pas été rCÇue par tous les hommes.
la gloire (Col 3,4). · A cette révélation eschatolo- Non seulement parce· qu'un petit nonibre seule-
gique _des :fils de Dieu; la création eJltièrè ·as:{>ire ment ra· connu, mais surtorit parce que son accueil
avec nous (Rm 8,r9-23). Événenient ·mystérieux, eX:ige<l,Ît une •grâce intérieure ·:. « Nul ne vient à
impossible à déèrire, après lequel la vision directe moi si' le Père· qui m'a envoyé 'ne l'attire » (Jn
se substituera -~u régirrie de 1a· foi (~ Co 13,12; 6,44). Or peu noinbreux sont ceux qui·« entendent
2 Co 5,7). l'enseignement du Père » (6,45) ;_ beaucoup fuient
la _lum_ière et préfèrent les ténèbres (3,19ss), parce
qu'ils appartiennent au •monde mauvais. · Jésus
Ill. ÉVANGILE' ET ÉPÎTRES ,DE JEAN n'a donc mànifesté le · nom du Père qu'à ceux
que le· Père avait lui-même retirés du· monde
Dans le- vocabulaire johannique, le thème de la pour les lui donner {17,6).
révélation est exprimé surtout par le verbe « mani- Mais à ceux-là, il a confié une *mission : celle

II23 II24
RJlVJlLATION RICHESSE

de •témoigner pour lui (16,27). Rôle difficile, qui l'-Église peut voir clair dans .son destin historique,
exigera une intelligence profonde -de ce qu'a dit où la· *persécution sert paradoxalement de moyen
et fait Jésus. C'est pour cela qu'après son départ; à la *victoire de Dieu sur le monde et sur Satan.
il leur enverra l'Esprit:--Saint,· pour qu'il.les guide Au cœur de leur épreuve, les chrétiens contemplent
vers la vérité entière (16,12ss). Grâce au •Paraclet, déjà dans la foi la• Jérusalem céleste, en attendant
le témoignage apostolique fera: connaître. à tqus qu'elle se révèle pleinement à eux· (22,2 ... ). Ainsi
les hommes la révélation de Jésus-Christ, afin la révélation de Jésus-Christ; qui est·« le-même
qu'ils croient et possèdellt la -vie : « La vie s'est hi_er, aujourd'hui et à.jamais » (He 13,8), illumine
manife5tée, nous l'avons vue et nous en rendons toute l'histoire du monde, du commencement à
témoignage» (1 Jn 1,2} ; « nous avons vu et nous la fin. BRi & PG
attestons que le· Père a envoyé son Fils, le sau~
veur du monde" (4,14). En _accueillant ce témoi~ --+ apparitiOlls du Christ_ 1 - châtim.ents 3. - _con-
naître - dessein de Dieu - Dieu - écouter 1 - feu -
gnage, tout homme .pourra, comme les 'premiers gloire 111....:... image_,_: lumière'& ténèbres - montagne
témoins, « entrer en •communion avec le Père II 1 ....;.. mystère - parabole li 1, III - Parole de Dieu
et son Fils, Jésus-Christ ir (1,3s). AT Il 1 ; NT l I - prophète AT 1 2 - sagesse AT
U 3; NT III I-'- signe - songes ----,..tradition AT I -
3. Veys la Yévélation.parjaite . ...,.... A travers-le.mys- Transfiguration - vérité ~- voir -- Yahweh._
tère. du Verbe fait chair, la: gloire divine. n'est
encore contemplée que dans la foi. L'homme R2VES --+ scimmeiÎ I 2, li - songtls.
,c *demeure en Dieu », mais· il. n'a pas atteint le RJ!.VOLTE- • autorité· ATU 2·; NT II 3 '- obéis-
terme. K Dès maintenant nous sommes.enfants de sance II 1, IV ::._ péché'·- zèle II.
Dieu, mais ce que' nous serons n'a pas .été mani-
festé._ 1) Un jour viendra où. le- Christ se ·manifes-
tera en gloire, lors de· son avènement (cf 2,28) ;
alors nous auSSi nous Serons manifestés -avec lui,
et « nous deviendrons semblables à Dieu . parce RICHESSE
que nous le verrons tel qu'il est 11 (3,2). Tel est
l'objet de l'*espérance chrétienne.
Sur la richesse et la pauvreté, les conceptions de
l'AT et du NT paraissent radicalement opposées.
IV. L'APOCALYPSE Il est exact en effet qu'en révélant dans le Royaume
des Cieux· le trésor sans prix qui vaut"" qu'on, lui
L'Apocalypse de Jean est, par définition mêine, , sac"rifie tous ses biens (Mt 13,44), Jésus-Christ
une révélation· (Ap r,1). Non plus centrée sur la fait apparaître l'inconsistance de toutes les richesses
vie terrestre de Jésus, mais •orientée vers sa mani- humaines, si hautes soient-elles (III)·:· Mais il
festation finale, dont l'histoire dé l'Église et· du demeure dans la. ligne de l' AT:, poùr qui déjà
monde· entier renferme les prodromes, Prophétie toute richesse qui- n'est' point·reçue comme.un dàn
chrétienne (1,3), elle. suppose connue la révéla- de Dieu est vaine et dangereuse (II), et il acco'n1-
tion du salut pàr la croix ·et· la résurrection du plit sans· les abolir lès promesses ·anciennes selon
Christ. C'est à cette lumière que le voyant relit lesquelles Dieu enrichit se$ élus (I). Si les richesses
les anciennes Écritures prophétiques (cf 5,1; 10, sont· périlleu~es, et .si· la perfeCtion de ·l'Évangile
8ss). -Possédant désormais leur chiffre, il s'en sert consiste· à les sacrifier, .ce .n1est pas qu'elles soiertt
potir · exposer daris tout SOn déploiement le mys- mauvaises, c'est que Dieu. seul· est «, Le Bon »
tère du Christ, depuis sa naissance (12,5) et son (Mt 19,17) et qu'il s'.est fait notre richesse.
immolation en croix (1,1-8;. 5,6), jusqu'à-son avè-
nement en· gloire (19,n-16). Vessentiel de' son
témoignage porte sur ce dernier objet, _cette venue 1. DIEU ENRICHl.T SES ·ÉLUS
du· Christ à' laquelle l'Église aspire {22,17). ·
Son livte-nait à.insi à la rencontre de deux-révé- 1. La yichesse est un bien. -,- Jusque ·dans les textes
lations divines, également sO.res : .celle que con- les plus récents, l' AT se plaît à vanter fa richesse
densent les Écritures; et celle du Christ qui les a des pieux pers·onna:ges· de•.l!h~toire d'Israël, celle
accomplies.' Éclairant l'une par l'autre ces· deux de Job· après son· épreuve, celle· des saints :.rois,
sources de la connaissance de foi, le voyant leUr David; Josaphat, Ézéchias (2 Ch' 32,27ss). Cotnme
apporte un dernier complément. Grâce à lui, pour la Grèce homérique, la richesse semble- en

II25
RICHESSE RICHESSE

Israël un titre de noblesse et Dieu enrichit ceux croit à la -générosité de Dieu et eù voit le signe
qu'il aime : Abraham (Gn 13,2), Isaac (26,12s), dans ses dons (Dt ·16,~4s). Le commandemeµt de
Jacob (30,43) ; les tribus .. font état- de· leur pros,. l'*aum6ne -repose sur cette imitation de la géné-
périté. Ephraïm reçoit les bénédictions des cieux 'rosité .. divine: «Sois.pour les.Orphelins un-père
(pluie), de l'abîme (sources),. des mamelles et du ... et tu seras comtpe. le. Fils du Très-Haut » (Si
sein (49,25);. Juda peut être fier:·« Ses :yeux sont · 4;10; cf. Jb -31,18).
troubles de vin, ses dents, blanches de lait » (49,
x2). Sur la terre .que .Yahweh promet à son peuple, 4. Dieu comble ·de ses richesses. - Les richesses
rien .ne doit manquer- (Dt 8,7-10; 28,1-12);, , dont Dieu nous comble en son Fils sont celles «·de
C'est que la richesse la plus matérielle est déjà la· parole et de la science » (r Co 1,5), celles « de
un bien : elle assure ·en particu.li.er une précieuse sa grâce et de sa bonté » (Ep· 2,7). Elles sont d'un
indépenciance,: elle préserve: d'avoir à supplier autre ordre que celles de. ce monde, dont· aucune
(P~ 18,23), _d'être l'es~lave de son créanci~r (22, ne saurait apaiser notre faim. (Jn 6,35) et notre
7),. elle procure des amitiés" utiles (Si 13,21ss). soif (4,14). Elles .-viennent néanmoins de la même
Son acquisition suppose normalement des qualités générosité divine et, si Paul invite. les chrétiens à
humaines méritoires _: dilige~ce-(Pr .10,4; 20,13), donner libéralement de leurs richesses matérielles,
sagacité (24;4), réalisme (12,n), audace (n,16), c'est qu'ils ont été comblés de dons· spirituels
tempérance (21,17). (2 Co 8;7); et si, par ailleurs, il leur·promet que
Dieu les récompensera par ci toutes sortes de grâces »
2. ,Un bie~ relatif et secondaire .. - L~ richesse peut (9,8}, il-n'exclut pas de celles-ci les richesses maté-
être un bien, elle n'est jamais présentée com.nie. le rielles. qui "leur permettront « ·d'avoir toujours et
meilleur des biens; on lui piéfère par exemple en ,toutes -choses tout ce qu'il faut »_ et (! d'être
la •paix de l'âme (Pr 15,16);_le bon renom (22,1), enrichis de· toutes manières .i> (9,8.n).
la santé (Si 30,14ss), la *justice (Pi- 16,8). Assez ·, Noil·sans dessein les-évangiles insistent, après
vite, on en diSCeme les limites ; il y a des choses la multiplication des pains, ·sur .les corbeilles que
qui ne s'achètent Pas :·· l'exemption de la mort remplissent les restes (Mt 14,20; 15,37; .16,9s) :
~Ps 49,8), l'amour (Ct 8,7). La richesse est cause c'est ainsi .que Dieu _donne. L'idée de rassasie-
de *soucis inutiles : Oil. s'épuise à nourrir des ment est profondément chrétienne : .qui vient au
paJ"aSites (Qo 5,10) et à f~ire hériter des étrangers Christ n'aura plus ni faim (Jn 6,35) ni soif (4,
(6,2). A la richesse,, il ·faut .toujours préférer la 14), Dieu comble celui qu'il choisit et ne lui laisse
*sagesse, qui· en est la· source (I R 3,IIss; Jb 28, plus rien à regretter ni personne à envier. La
15~19; Sg 7;8-II) ; c'est elle le trésor,. la perle pré- •pauvreté évangélique évacue tout complexe d'in-
cieuse qui mérite tous les soins (Pr 2,4; 3,15; 8,u). fériorité, tont seoret ressentiment._ Dans sa pau-
vreté même, le.chrétien e~t plus riche CJ.ue le ~onde,
3. Un don_ de Dieu. --7-.. La richesse est un signe de et !'Apôtre crie qu'il.possède tout, même quand
1a· générosité divine ; elle est un des -filéments de on l'imagine dans le-dénuement (2 Co 6,10). Mal-
la plénitude de vie que Dieu ne cesse de promettre heur au tiède qui s'imagirie être riche, .alors que
à ses élus. La prospérité ne cqnsacre;-t-elle· pas ,la lui manque le seul trésor (Ap 3,16ss) ; heureux le
réussite, de re:ffort ? C'est pourquoi elle paraît pauvre et le persécuté : il est riche (2,9}.
accomplissemeilt et:gloire (Ps 37,19), c9mme .Ja
misère, 'échec et.honte (Jr.12,13). Avec de longs
jours, la santé, la considération de tous, la richesse
fait partie de là paix et du rassasiement de l'exis- Il ..ILLUSIONS ET DANGERS DE LA ~ICHESSE
tence. Or si Dieu prend en charge quelqu'un, c~est
pour le rassasier; entre ses mains l'on ne manque Si- Die'u enrichit ses amis,- il ne s'ensuit pas que
de rien (Ps 23,1; 34,10). Dans le désert il nourris- . toute richesse soit le fruit de sa *bénédiction. La
sait son peuple à satiété (Ex 16,8-15; Ps 78,24- vieille sagesse populaire n'ignore point qu'il existe
29}, combien plus sur la terre promise (Lv 26,5; des fortunes injustes ; mais, ·répète-t-on, les·. biens
25,19; Dt- n,15; .Ne 9,25). Lorsqu'il_ reçoit chez mal acquis ne profitent ·pas· (Pr 21,6; 23,4s; cf
1

lui, dans son temple, il · rassasie jusqu'à enivrer Os 12,9} et l'impie._amasse pour finalement faire
(Ps 23,5; 36,9) et, dans la plénitude de joie que hériter le juste (Pr-28,8). Est mal .acquise, en fait,
donne .la présence de sa •face .(Ps 16,u}, s'il y la richesse qui aboutit à exclure 1a masse des
a, bien autre ·chose que l'abondance d'un •repas hommes des biens de la terre et à réserver ceux-ci
de fête, il y a la reconnaissance d'un peuple qui à quelques privilégiés : « .-Malheur à ceux qui

u27 II28
RICHESSE RICHESSE

ajoutent maison à maison et joignent champ .à promises par- le Deutéronome (lors de la scène
champ, au point de prendre -toute la place, res- grandiose de Sichem)', selon qu'Israël sera ou· non
tant seuls habitants d~- pays )1 (Is ,5,8); 11 leurs fidèle à la Loi (Dt 28). La distance ·entre AT et
maisons sont pleines· de rapines; de la sorte ils NT est ici l'une des plus fortes qui soient.
sont devenus importants et riches, gros et gras » L'Év.ingile du Royaume annonce, en ·effet, le
(Jr 5,27s). don total de Dieù, la communion parlaite, l'. en~
Impies encore le.s riches q1,Ji croient pouvoir se trée · au foyer du Père, et pdur tout recevoir, il
passer c;Ie Dieu : ·ils •se fient à leurs biens et s'en faut tout donner. Pour acquérir la perle précieuse,
font une·forteresse {Pr 10,15),- oubliant Dieu, .la le trésor unique, il faut tout vendre (Mt 13,45s),
seule forteresse qui vaille (Ps 52,9}. Un pays car on· ne peut servir deux maîtres (Mt 6,24), et
« plein d'argent et d'or ... de ch,wa"Qx et de chars l' Argent est un maître impito~ble : il étouffe
sans nombre» est-vite« un pays rempli d'idoles» chez le *cupide la Parole de l'Évangile (Mt 13,
(1s 2,7s). « Qui se confie en .}a _richesse s'y abî- 22)'; il fait oublier l'essentiel; la souveraineté de
mera 1). (Pr n,28; cf Jr 9,22). Au lieu de renforcer Dieu (i.e u,15-21) ; il arrête sur le chemin de la
l'Alliance, les dons divins , peuvent offrir l'occa- perfection les cœurs les mieux disposés (Mt 19,
sion de la renier- : « Rassasiés, leur cœur s'enfla, 21s). C'est une loi absolue ·et qui ne parait souffrir
c'est pourquoi ils m'ont oublié_ l) (Os 13,6;· cf Dt ni exception .ni atténuation : a Quiconque parmi
8,12ss). Constamment, Israël oublie. d'où lui :voùs ne renonce pas à tous ses biens ne peut être
viennent les biens dont 11_ est combl~ (Os_ 2). et mon disciple » (Le 14,33; cf 12,33)~ Le riche qui
court se prostituer avec-. la parure. qu'il doit à a dans Ce monde « ses biens )) (Le 16,25) et « sa
l'amour de son Dieu (Ez 16). Il est difft~le de consolation» (6,24) ,ne peut entrer dans le Royaume;
rester fidèle dans la prospérité car la graisse il serait « plus facile à un chameau de passer par
bouche le *cœur (Dt 31,20; 32,15; Jb 15,27; Ps un trou d'aiguille )1 (Mt 19,23s p). Seuls les pauvres
73,4-9). La sagesse est, fût:--on roi,. de se méfier sont capables d'accueillir la bonne nouvelle .(Is
de l'argent et ·de l'Cir (:t)t 17,17) et de répéter la 61,1 = Le 4,18; Le. 1,53) et c'est. en se faisant
prière où Agur résume devant Dieu son expériellce : pauvre pour nous que ,le Seigneur a pu .nous enri-
(1 Ne me donne ni ·pauvreté ni richesse, laisse-moi chir (2 .Co 8,9) de son « insoridable richesse » (Ep
goûter ma part de pain; de crainte qu'étant com- 3,8).
blé je ne me détourne et' ne dise : 'Qui est Yah-
weh ? ', ou encore qu'indigent je ne dérobe et ne 2. Donner aux pauvres, - Renoncer à la richesse,
profane le nom de mon Dieu » (Pr 30,8s). ce n'est pas forcément·ne plus faire·acte de prow
Le NT reprend à son compte toutes les réserves priétaire. ']usqùe dans rentourage de jésus, il y
de l' AT à l'égard de la richesse. Les invectives de a · eµ quelques personnes aisées,· et c'est. un
Jacques contre les -riches repus et leur richesse riche propriétaire d'Arimathie qui reçut.dans son
pourrie égalent celles des prophètes les plus vio- tombeau le corps'·du Seigneur (Mt-27,57). L'Évan-
lents (Je 5,1.:5). « Aux riches de ce monde » ,on ·gile ne veut pas qu'on· se .débarrasse .de sa fortune
recommande « ·de ne pas juger de haut, de ne pas comme d'un poids encombrant, .il demande de la
placer leur confiance en des richesseS; précaires, distribuer aux pauvres (Mt 19,21 p; Le 12,33;
mais en Dieu qui nous .pourvoit largement de 19,8) ; en se faisant -des amis -avec le•« malhon-
tout » (r Tm 6,17). (! L'orgueil de la richesse l), hête argent » - car quelle fortune au monde est
c'est le monde, et on ne peut aimer Dieu et le pure- de toute injustice ? -,··les.riches peuvent
monde (1 Jn 2,15s). espérer ·aussi que Dieu leur ouvrira la ·voie diffi-
CilEl du· -salut (Le 16,9}. Le scandale n'est pas
qu'il y ait un riche et un pauvre Lazare, c'est
que Lazare « aurait bien voulu se nourrir des
III. DIEU ·-ou L'ARGENT
miettes-qui tombaient de la table du riche » (Le
16,21) et qu'il n'en recevait rien. Le riche est res-
1. Le t"etoumement évangélique .par . rapport à la ponsable .du pauvre ; celui qui sert Dieu donne
richesse est brutal. Le « Malheur à vous, les son argent aux pauvres,.. celui qui ·sert Mammon
riches, .car vous avez votre éonsolation » (Le 6, le garde pour s'appuyer sur lui.
24) a, l'accent d'une condamnation absolue.- Celle-ci La vraie richesse n'est finalement pas celle qu'on
prend tout son relie1 quand on met en regard des possède mais celle qu'on donne, car ce don appelle
béatitudes et des *malédictions du Sermon sur la générosité de Dieu, il unit dans: l'action de
la molltagné les bénédictions et les malédictions gràces celui qui donne et celui qui reçoit (2 Co

II29 II30
RICHESSE ROCHER

9,n) et il permet au riche lui-même d'expéri- <1 temps de rire )J (3,4). Le rire en effet change de
menter qu'il y a (( plus de bonheur à. donner qu'à sens suivant les personnes et les temps. A son
recevoir» (Ac 20,35). EB & JG jour, le juste rira de l'*impie (Ps 52,8) comme Dieu
se moque des moqueurs (Ps 2,4; Pr 3,34). Le
-+ aumône - béatitude AT II I - bénédiction Il ridicule est une arme contre les faux dieux:,
x - cupidité - don NT 3 - gloire I - grâce IV - maniée par Élie au Carmel (1 R 18,27) et par
lait 2 - pauvres - plénitude - servir III o - tristesse le Livre de Baruch {Ba 6). Les martyrs macca-
NT2. béens exercent le sarcasme contre le persécuteur
(2 M 7,39). Cependant le rire du juste peut se
dégager de la polémique et exprimer le soulage~
ment de l'âme comblée par Dieu (Ps 35,·27; 126,
RIRE 2; Jb 8,21) ou confiante comme la femme forte
qui « rit au lendemain " (Pr 31,25). Jésus a dit
qu'un certain rire, celui des satisfaits du temps
Le nom d'Isaac - 1, Rire » - est l'occasion présent (Le 6,25; cf Je 4,9), ne durerait pas, mais
d'une variation sur un thème qui s'y prête : quoi a promis à ceux qui pleurent le rire d'une *joie
de plus complexe que le rire ? A travers Gn 17, définitive (Le 6,21). Un tel rire final fera écho
17; 18,12-15; 21,6 ... , !'Écriture joue sur deux au rire parfaitement pur de la Sagesse qui depuis
aspects du rire : un rire d'.,'incrédulité, maîs qui l'origine se joue (« jouer traduit le même mot
1)

peut se transformer, devant la merveille divine, que rire : Pr 8,30s) devant Dieu et parmi les
en rire de stupéfaction heureuse. Assurément, hommes. PBp
l'homme biblique sait rire : dans plus de récits
inspirés qu'on ne pense, se cache une force comique _. incrédulité O - joie.
vigoureuse. Mais ce rire est marqué par l'âpreté RITES-'>- autel 2 - culte - piété AT 2 - sacerdoce
de la condition de l'homme d'Israël et ne se dépar- AT II 1 - temps AT 1 2.
tit pas souvent d'une note de défi, de moquerie
ou de triomphe. En fait, à travers les textes, on ROBE NUPTIALE -+ blanc 2 - Époux/épouse NT
3 b c - repas IV - royaume NT II 3 - vêtement II 4.
entend plus le rire du sot, c'est-à-dire de l'homme
qui marche hors de la vérité, que le rire du juste.

1. Le rire du sot. - Il y a le rire impur (Si 27,13)


ou simplement exagéré (21,20), alors que celui du ROCHER
sage est discret. Il y a surtout le rire du moqueur,
terme au sens bièn précis, ne désignant pas n'im-
porte quelle ironie, mais celle de l'homme rebelle Paul, lorsqu'il identifie le Seigneur Jésus au
à la correction (Ps 1,1; Pr 13,r; 15,12 ... ), à l'en- Rocher du désert (1 Co 10,4), réunit deux thèmes
seignement, à l'accueil de la "foi. Le moqueur jusque-là distincts. Dieu est le « Rocher d'Israël»
est l'opposé du sage (Pr 9,12; 29,8) : il répond (2 S 23,3) ; du rocher, signe de sécheresse, Dieu a
par sa raillerie à la parole de Dieu (Jr 20,7s), fait jaillir l'eau qui donne la vie.
ainsi par exemple à la réforme d'Ézéchias (2 Ch
30,ro), ou plus tard à l'annonce de la résurrec- I. Dieu, solide comme le roc. - La dureté du rocher
tion des morts (Ac 17,32). Aux derniers jours fait de lui un abri sûr comme la *montagne pour
enfin, des « railleurs pleins de railleries » ( 2 P le fuyard. Le creux du rocher offre refuge et salut
3,3) mettront en doute les promesses. La moquerie (Jr 48,28). Dieu est appelé le Rocher d'Israël
est alors presque l'équivalent du refus de croire. parce qu'il lui assure le salut. Les titres divins qui
Elle s'exerce aussi contre la personne du juste, vont de pair avec celui-ci soulignent ce sens ; Dieu
surtout s'il souffre (Ps 22,8; 35,26; Lm 3,14 ... ) ou est citadelle, refuge, rempart, bouclier, tour foi;:te,
contre Israël, de Ja part des nations. Les moqueurs abri .(2 S 22,2; Ps 18,3.32; 31,4; 6I,4; 144,2) ; en
se font entendre au Calvaire (Mc 15,29s; Le 23, lui il faut mettre sa "'confiance, car il est le Rocher
35s). éternel (Is 26,4; 30,29) et unique (44,8). Abri sûr,
le rocher est aussi fondation solide : Dieu est
2. Le 'P'ire du C'P'oyant. - Qohélet, qui déclare le rocher par sa *:fidélité (Dt 32,4; Ps 92,16). Celui
rire absurde (Qo 2,2) et attend davantage des qui a *foi en lui ne bronchera pas (Is 28,16), mais
larmes (7,3), reconnaît pourtant qu'il y a un celui qui refuse de s'appuyer sur ce rocher s'y

n31 n32
ROCHER ROI

heurtera, il se brisera contre la pierre de •scan- régence des « quatre régions », c'est-à-dire de la
dale (Is 8,14). terre entière; chef civil et militaire, il est aussi le
Dans le NT, c'est le Christ qui est la •pierre Grand Prêtre de la cité. Dans les deux cas, la
de fondement (Rm 9,33; I P 2,6ss), celui par qui fonction royale fait de son titulaire le *média-
nous pouvons tenir debout, non en vertu d'une teur-né entre les dieux et les hommes. Non seule-
assurance humaine, mais par la grâce du Dieu ment il doit assurer à ceux-ci la justice, la vic-
fidèle (r Co 10,12s). L'homme qui •écoute sa toire, la paix ; mais c'est par son intermédiaire
parole *édifie sur le roc {Mt 7,24). *Pierre, rocher qu'arrivent toutes les bénédictions divines, y com-
sur lequel est fondée l'Église, participe à cette pris la fertilité de la terre et la fécondité humaine
stabilité (16,18). et animale. Ainsi l'institution royale fait corps
avec les mythologies et les cultes polythéistes.
2. Le rocher sous la main de Dieu. - Le rocher A une époque plus tardive, l'empire grec et l'em-
sur quoi rien ne pousse est le symbole de la *sté- pire romain en reprendront les idées fondamentiles
rilité. *Abraham était un roc, car il était *seul, lorsqu'ils diviniseront leurs souverains. Tel est
avant que Dieu l'ait béni et multiplié (Is 51,1s; l'arrière-plan sur lequel se détache, dans toute
cf Mt 3,9). L'existence du peuple d'Israël, taillé son originalité, la révélation biblique. Le thème
dans ce roc, est un signe de la toute-*puissance du "'Royaume de Dieu occupe dans les deux Tes-
de Dieu. Sous sa *main, les rochers de Palestine taments une place capitale ; celui de la royauté
portent des moissons (Dt 32,13); davantage, au humaine se développe à partir de l'expérience
*désert de la sécheresse, Dieu atteste sa maîtrise israélite et sert :finalement à définir la royauté
des créatures, à nos yeux opposées, en faisant de Jésus-Christ. Mais de part et d'autre, l'idéo-
jaillir le liquide du sol aride : l'eau jaillit du rocher logie subit une purification radicale qui la met en
de Meriba (Ex 17,6; Nb 20,10s). harmonie avec la révélation du *Dieu unique.
Dans cette *œuvre de Dieu, la piété voit une Sur le second point, elle est même complètement
anticipation des merveilles eschatologiques (Ps 78, transformée : d'une part, dès l'origine, la royauté
15-20; 105,41; Is 43,20). Au temps du salut, un comme institution temporelle se détache de la
fleuve sortira du Temple et transformera la terre sphère du divin ; d'autre part, au terme du déve-
sainte en paradis (Ez 47,1-12; Za 14,8). Ce miracle loppement doctrinal, la royauté du Christ est
de grâ.ce s'accomplit dans l'Évangile : Jésus, sur d'un autre ordre que celui du monde politique:
qui l'Esprit a reposé, ouvre aux siens la source de
l'*eau vive en leur donnant l'"'Esprit (Jn 7,37ss; AT
19,34) ; il est le Rocher du peuple nouveau en
marche vers la délivrance .. Dès l'AT, dit Paul, il La royauté n'appartient pas aux institutions
était le Rocher dont le peuple tirait les vraies les plus fondamentales du •peuple de Dieu, con-
*bénédictions du désert (1 Co 10,4). MP fédération de tribus liées par l'*Àlliance. E}Je
existait pourtant en Canaan dès l'époque des pa-
- autel 1 - Dieu AT IV - force 1 1 - ombre Il triarches (Gn 20), et chez les petits peuples voi-
1 - pierre - Pierre (saint) - scandale I I. sins dès l'époque de l'exode et des Juges (Gn 36,
31-39; Nb 20,q; 21,21.33; 22,4; Jos 10-II; Jg 4,
2; 8,5). Mais lorsque Israël adopte la représenta-
tion royale pour l'appliquer à son Dieu, il n'en
ROI tire aucune conséquence pour ses institutions poli-
tiques : "'Yahweh règne sur Israël (cf Jg 8,23;
I S 8,7; Ex 19,6) en vertu de l'Alliance, mais
Dans l'ancien Orient, l'institution royale se relie aucun roi humain n'incarne sa présence au milieu
toujours intimement à la conception mythique de de son peuple.
la royauté divine, commune aux diverses civili-
sations du temps. De ce fait, c'est une institution
sacrée qui, à des degrés divers, appartient à la I. L'EXPÉRIENCE ROYALE
sphère du divin. En Êgypte, le pharaon régnant
est tenu pour une incarnation d 'Homs ; tous ses 1. Institution de la royauté. - Au temps des Juges,
actes sont donc divins par nature et les fonctions Abimélèk tente d'instaurer à Sichem une royauté
cultuelles lui reviennent de droit. A Babylone, le de type cananéen (Jg 9,1-7); l'institution se heurte
roi est l'élu de Mardouk, délégué par lui à la à une forte résistance idéologique (9,8-20) et

n33 n34
ROI ROI

échoue lamentablement (9,22-57). C'est devant le de Dieu, il exerce à l'occasion certaines fonctions
péril philistin que les anciens d'Israël se prennent cultuelles (2 S 6, r7s; r R 8, 14.62s) qui permettent
à désirer un roi (t qui les juge et conduise leurs de parler d'un *sacerdoce royal (Ps no,4). L'idéal
g~erres » (1 S 8,19). Institution ambiguë, qui risque du roi fidèle (Ps ror), juste, pacifique, couronne
d'assimiler Israël aux « autres nations )) (8,5.20) ; ainsi en quelque sorte tout l'idéal national: l'exer-
aussi l'un des récits du fait prête-t-il à Samuel cice du pouvoir royal doit faire entrer cet idéal
une attitude d'opposant (8,6; 10,17ss; 12,12). De dans les faits.
toute façon, Samuel consacre religieusement l'ins-
titution nouvelle en conférant !'*onction à Saül 3. Ambiguïté de l'expérience t<oyale. - Les livres
(9,16s; 10,1) et en présidant à son intronisation historiques et prophétiques relèvent cependant
(10,20-24; n,12-15). Mais la monarchie s'insère l'ambiguïté de l'expérience royale. Dans toute la
dans un- cadre plus large dont le pacte d'alliance mesure où les rois répondent à l'idéal qui leur est
fixe toujours les traits fondamentaux ; Saül est, assigné, les prophètes les soutiennent et les his-
comme les Juges, un chef charismatique que mène toriens ne manquent pas d'en faire l'éloge; ainsi
!'*Esprit de Yahweh (10,6ss} et qui conduit la pour David (Ps 78,70; 89,20-21-), Asa (r R 15,
•guerre sainte {I 1). C'est aussi comme chef cha- II-15), Josaphat (r R 22,43), :Ézéchias (2 R 18,
rismatique de valeur éprouvée que David lui suc- 3-7), Josias (2 R 23,25). Mais la gloire de Salomon
cède, d'abord en Juda (2 S 2,1-4), puis en Israël est déjà plus équivoque (r R II,1-13). Enfin les
(5,rns). Cependant, avec lui, la monarchie fait un mauvais rois sont nombreux, tant en Israël (r R
pas de plus : le royaume s'organise politiquement 16,25ss.30-33) qu'en Juda (2 R 16,2ss; 21,1-9). La
sur le modèle des états voisins, et surtout la pro- royauté israélite est en effet constamment tentée,
phétie de Nathan fait de la dynastie davidique surtout dans le nord, de s'aligner sur l'exemple
une institution permanente du peuple de Dieu, des monarchies païennes d'alentour, non seule-
dépositaire des promesses divines (7,5-16). L'es- ment en copiant leur despotisme (que dénonce
pérance du peuple de Dieu s'attachera donc désor- 1 S 8,rn-18), mais en versant dans une •idolâtrie
mais à la royauté davidique, au moins dans le que favorise ailleurs la conception mythique de la
sud du pays (cf Nb 24,17; Gn 49,8-12) où l'insti- royauté divine. C'est pourquoi le mouvement pro-
tution gardera toujours sa forme dynastique. Dans phétique dénonce sans cesse ses abus et montre
le nord, en revanche, les milieux religieux ten- dans. les malheurs nationaux le châtiment mérité
dront à lui conserver une forme charismatique, et par les rois (cf Is 7,10ss; Jr 21-22; 36--38; 2 R
l'on verra des prophètes susciter des vocations 23,:26s). Osée condamne l'institution royale elle-
royales (1 R n,26-40; 2 R 9). même (Os 8,4). Le Deutéronome, en tâchant de
la réglementer, met les monarques en garde contre
2. Les Jonctions royales. - En Israël, le roi n'ap- l'imitation des rois païens (Dt 17,14-20).
partient pas, comme dans les civilisations d'alen-
tour, à la sphère du divin. Il reste soumis autant 4. Les rois païens. - A l'égard des rois païens,
que les autres hommes aux exigences de l'Alliance l'attitude des livres saints est nuancée. Comme
et de la Loi, comme les prophètes ne manquent toute *autorité terrestre, c'est de Dieu qu'ils
pas de le rappeler à l'occasion (cf I S 13,8-15; tiennent leur pouvoir ; Élisée intervient même au
15,10-30; 2 S 12,1-12; I R II,31-39; 21,17-24). Il nom de Dieu pour susciter à Damas la ré vol te
est cependant un personnage sacré, dont il faut d'Hazaël (2 R 8,7-15; cf r R 19,15). Ils peuvent
respecter l'•onction (1 S 24,u; 26,9). A partir de avoir des *missions providentielles à l'égard du
David, sa situation par rapport à Dieu se précise : peuple de Dieu : à Nabuchodonosor, Dieu donne
Dieu fait de lui son *fils adoptif (2 S 7,14; Ps 2, l'empire sur tout l'Orient, y compris Israël (Jr
7; 89,27s), dépositaire de ses pouvoirs et virtuelle- 27), puis il suscite Cyrus pour abaisser Babylone
ment établi à la tête de tous les rois de la terre et libérer les Juifs (Is 41,1-4; 45,1-6). Mais tous
(Ps 89,28; cf 2,8-12; 18,44ss). S'il est fidèle, Dieu demeurent soumis à ses exigences, et îl prononce
lui promet sa protection. Par ses *victoires sur ses jugements pour châtier leur *orgueil sacrilège
l'ennemi de l'extérieur, il devra assurer la pros- (Is 14,3-21; Ez 28,1-19) et leurs •blasphèmes (Is
périté de son peuple (cf Ps 20; 21) et, à l'intérieur, 37,21-29). Eux aussi devront se plier, l'heure
faire régner la •justice (Ps 45,4-8; 72,1-7.12ss; venue, devant sa Royauté suprême et devant le
Pr 16,12; 25,45; 29,4.14). Ses tâches temporelles pouvoir de son Oint {Ps 2; 72,gss).
rejoignent ainsi le but fondamental de l'Alliance
et de la •Loi. En outre, comme chef du peuple

II35 n36
ROI ROI

annoncés par les prophètes. L'attente du *Royaume


II. VERS LA ROYAUTÉ FUTURE de Dieu constitue le point central de l'espérance
eschatologique. Mais dans ce cadre, l'attente du
I. Les promesses prophétiques. - Jugeant l'expé- Roi futur occupe toujours une place importante.
rience royale d'un point de vue purement reli- Les anciens psaumes royaux lui sont rapportés
gieux, plusieurs prophètes l'ont finalement estimée (Ps 2; 45; 72; no), et c'est à leur lumière qu'on
désastreuse. Osée en a annoncé la fin (Os 3,4s). se représente son règne. L'image d'un roi juste,
Jérémie a lucidement envisagé l'abaissement de victorieux et pacifique (Za 9,9s) se profile à l'ho-
la dynastie davidique (cf Jr 21-22), à laquelle rizon. Quant aux rois païens, tantôt on les dépeint
Isaïe montrait encore tant d'attachement. C'est soumis à son empire et participant au culte du
dans la perspective des <1 derniers temps )) que vrai Dieu (cf Is 60,16), tantôt on annonce leur
l'ensemble des prophètes laisse entrevoir la réa- jugement et leur condamnation (Is 24, 21s) s'ils
lisation parfaite du dessein divin manifesté par se sont élevés contre le Règne de Yahweh {Dn
l'appel de David et esquissé en *figure dans 7,17- 2 7).
quelques rares réussites. Au vine siècle, Isaïe
tourne les yeux vers le roi futur dont il salue la 3. Au seuil du NT.~ La restauration de la monar-
naissance (Is 9,1-6} : celui-là donnera au peuple chie par la dynastie asmonéenne, à l'heure où le
de Dieu la "'joie, la *victoire, la *paix et la *jus- courant apocalyptique se réfugie dans l'attente
tice. Ce rejeton de Jessé animé par l'*Esprit de d'une intervention miraculeuse de Dieu (cf Dn
Yahweh fera si bien régner la *justice (cf 32,1-5} :2,44s; 1:2,1), n'est pas dans la ligne de l'espérance
que le pays redeviendra un •paradis terrestre traditionnelle. Autant la révolte de Judas se rat-
(n,1-9}. Michée professe la même confiance en tache à l'idéologie des anciennes • guerres sain tes
sa venue (Mi 5,1-5). Jérémie, à l'heure même où (cf I M 3), autant la conc.entration des pouvoirs
se produit la chute de la dynastie, annonce le entre les mains de Simon (1 M 14) apparaît ensuite
règne futur du Germe juste de David (Jr 23,5s). comme une innovation. En outre, la monarchie
Ézéchiel, tout en professant la même foi fonda- asmonéenne adopte rapidement des mœurs et des
mentale, marque pourtant un tournant. Il n'ac- méthodes de gouvernement en honneur chez les
corde au nouveau David, *pasteur d'Israël, que rois païens. Aussi les *pharisiens rompent-ils avec
le titre moins éclatant de prince (Ez 34,23s; 45, elle, par :fidélité à la lignée davidique dans
7s) ; remontant plus haut que l'époque royale, laquelle doit naître le *Messie {cf Psaumes de
le prophète cherche donc l'idéal d'Israël dans la Salomon). Parallèlement, le courant essénien s'op-
théocratie des temps mosaïques. Axant aussi son pose à un •sacerdoce qu'il estime illégitime, et il
espérance sur cette théocratie (cf Is 52,7), le Mes- attend la venue des u deux Messies d' Aaron et
sage de consolation n'en escompte pas moins l'ac- d'Israël )) (le Grand Prêtre et le roi davidique qui
complissement des promesses faites à David (Is lui sera subordonné). Après les Asmonéens. le
55,3; cf Ps 89,35-38). pouvoir passe d'ailleurs à la dynastie des Hérode,
agissant sous contrôle romain. Mis à part les
2. Dans l'attente des promesses. - L'expérience Sadducéens qui s'accommodent de cet état de
de la royauté prit fin en 587. Ce n'avait été, au chose, l'attente du roi eschatologique est ardente
total, qu'une parenthèse dans l'histoire d'Israël. dans le peuple juif tout entier. Mais tout en gar-
Mais elle avait marqué profondément les esprits. dant son objectif religieux - le Règne final de
Durant l'exil, on souffre de l'humiliation de la Dieu - , elle revêt généralement un caractère
dynastie (Lm 4,20; Ps 89,39-5:2) et l'on prie pour politique assez accentué on attend du Roi-
sa restauration (Ps 80,18). La mission de Zoro- Messie qu'il libère Israël de l'oppression étrangère.
babel (Esd 3) fait espérer un moment que ce
u Germe de David ~ rétablira la monarchie natio- NT
nale (Za 3,8ss; 6,9-14) ; mais l'espoir tourne court.
Réorganisé sous une forme théocratique, le Le message du NT a pour centre le thème,
judaïsme post-exilien est soumis à l'autorité de essentiellement religieux, du *Royaume de Dieu.
rois païens qui protègent libéralement son auto- Celui de la royauté messianique, enraciné dans
nomie (cf Esd 7,1-:26) et pour lesquels il prie l'expérience d'Israël et fondé sur les promesses
officiellement (6,10; 1 M 7,33). A mesure que prophétiques, sert encore à définir le rôle de Jésus,
s'allonge la durée de l'épreuve nationale, les yeux artisan humain du Royaume. Mais pour trouver
se tournent davantage vers les « derniers temps » sa place dans la révélation complète du *salut,

n37
ROI ROI
il se dépouille totalement de ses résonances poli- mais, reconnaissànt ·sa véritable nature, le bon
tiques. la.non prie Jésus de ((··se souvenir de lui quand il
viendra dans son royaume » (Le 23,42). En effet,
Jésus connaîtra· la gloire royale, mais ce sera par
I. LA ROVAU'l'É DE JBsus sa· •résurrection et .-sa parou.sie au-· dernier· jour.
DURANT SA vu~ TERRESTRE Venu, Comme le' prétendant de· la_'· p·arabole, pour
_recevoir la royauté et renié pa:r ses concitoyens,
1·'. Jlsus est-il.roi"-? -Durant son mînistère public, il sera riéanmoins investi· et il ·reviendra pour
Jésus ne cède jamais à l'enthousiasme •messia- <lem.ait.der dès comptes et se· *vengèr de ses *enne-
niqùe des foules, trop mêlé d'éléments· humains mis (Le 19,12-1:S,27). A la *croix cette royauté
et d 1esp0irs temporels. Il n~ s'oppose ni à l'*au- éclate ·pour· qui sait voir les choses avec un regàrd
torité ,du tétrarque Hérode, qui pourtant soup-, ·de foi : Vèxilla Regis prodeunt, julget cruais mys-
çonne en lui un concurrent (Le 13,31ss; cf 9,7s), terium, « Les étendards du Roi s'avancent, le
ni à celle de l'empereur romain, à qui le .tribut ·mystère de la croix resplendit i (Hymne dù temps
est d-0 (Mc 12,13-17 p) : sa· •mission est d'un autre de la Passion). ·
ordre 1 Il ne contredit pas l'acte de foi messia-
nique de Nathanaël (1c Tu es le Roi d'Israël"»,
Jn 1,49) ;. mais il oriente .ses regards vers la
parousie du *Fils de l'Homme. Lorsque, .après _la II, ·LA ROYAUTÉ. DU CHRIST RESSUSCITÉ
multi.plic'ation deS pains, la foule veut l'enlever
pour le faire roi, il·se dérobe (Jn 6,15). Il se prête I. L"a'Yoyautéàâuelle du Seigneur. - • Jésus-Christ
pourtant une ·fois à ·une manifestation publique ressus_cité est _èntré dans sàn' royaume. Mais il lui
lors de son entrée triomphale à Jérusalem- : se faut d'abord faire compr:endre à .. ses •téi:noins la
montrant dans un humble appareil, conforme ·à nature 'de ce"· tègne messianique, si différent de ce
l'oracle de· Zacharie ·(Mt 21,5; cf Za 9,9), il se que'. les Juifs-attendent·: il n'est-pas,qu·estion qu'il
laisse acclamer :comme le Roi d'Israël (Le 19,38; restaure la royauté_ au prO:fit d'Israël (Ac 1,6) ;
Ji:i ,12;13). Mais ce succès même hâ.teta l'heure de son règne s'établira par l'annonce de· Son •Évan-
sa passion. Finalement, c'est ~ans une perspective gile (Ac 1,8), Roi, il-l'est poU:rtant, comme le pro--
purement eschatologique qu'il parle aux,siens 1cle clame la •prédication chrétienne qui lui applique
son Royaume:, .au moment où la ·Passion va s'ou- les Écritures _prophétiques.: l_e roi de justice du
vrir (Le 22,2gs). Ps 45,7 (He 1,8), le _roi.:prêtre 'du _Ps no,4 (He
7,1). Il l'était mystérieusement dès le début de
2. La passion et-la royauté de Jésus.--L'interro- sa ·vie terrestre; comme les évangélistes le sou-
gatoire de Jésus durant son *procès religieux porte lignent ·en racontant' son 'ènfance '(Le 1,33; Mt 2,
sur .sa qualité de· *Messie et de. *Fils de Dieu: En 2). Mais sa royauté,« qui n'est pas de ce •monde-ci»
revanche, dans -son procès civil devant Pilate, (Jn 18,36) et qui n'y est représentée par aucune
c'est sa royauté qui est en cause; les évangélistes monarchie humaine à laquelle Jésus déléguerait
en profitent pour -montrer que sa passion en. est ses ·pouvoirs, ne concurrence en au_cune faço!l celle
la révélation . ·paradoxale. Interrogé pat Pilate des rois• terrestres. Les chrétiells en deviennent
(« Es-tu le roi des Juifs ? » Mc r5,2 p; Jn 18,33. SùJetS quari.d Dieu le5_ u arràche à l'empire ·des
37)~ 'Jésus ne renie pas ce titre (Jn 18,37), mais ténèbres potir les trari.sférer dans le royaume de
il précise que son <c *Royaume n'est pas de ce Son Fils, en_ qui ils ollt la rédemption »· (Col_ r,xJ).
monde-ci n (Jn 18,36), de sorte qu'il ne peut con- Cela ne les empêche pas de se soumettre ensuite
currencer César (cf ·Le 23,2). Dans· l'aveuglement aux rois de ce monde et de les honorer (1 P 2,
de leur incroyance, les autorités juives en viennent 13.17), mêffie si ces rois so"nt des païens : déposi-
alors à reconnaitre à César un pouvoir politique taires de !'*autorité, il suffit qu'ils ne l'opposent
exclusif pour mieux repousser la royauté de Jésus pas 'à l'autorité spirituelle de Jésus. Le drame est
(Jn 19,12-15). Mais celle-ci se manifeste à travers que parfois ils s'élèveùt -contre elle, réalisant la
les gestes mêmes qui 1a bafouent : après la :fla- prophétie _du Ps 2,2. Ce fut déjà le cas lors de la
gelfation, les- soldats le· saluent du titre _de R~i Passion· (Ac 4,25ss). C'est le cas tout au long de
des Juifs (Mc r5,18 p) ; l'écriteau de la Croix l'histoire quand ces rois terrestres, forniquant avec
porte : u Jésus de Nazareth, roi des Juifs » (J n *Babylone·. (Ap 17,2) et la laissant ~gner sur eux
:r9,19ss p) ; les assistants s'acharnent à railler {17,·18), participent du même coup à la_ ·royauté
cette royauté dérisoire (Mt 27,42 p; Le ·23,37) : satanique de la "'];Jête (17,12) :· alors, enivrés de

rr39 rr40
ROYAUME
ROI

leur pouvoir, ils se font les persécuteurs de l'Église


et de ses fils, comme Babylone elle~même qui se
saoule du sang des *martyrs de Jésus (17,6).
ROYAUME
2. Le règne du Ch,,ist à la parousie. - Dans le
tableau symbolique des derniers temps que trace « Le Royaume [ou le Règne] de Dieu est proche":
l'Apocalypse, la crise finale s'ouvrira donc par tel est l'objet premier de la prédication de Jean-
une campagne de tous ces rois contre I'*Agneau : Baptiste et de Jésus {Mt 3,1; 4,17). Pour savoir en
ayant remis leur pouvoir à la ,i,Bête (Ap 17,13), quoi consiste cette réalité mystérieuse que Jésus
ils se rassembleront en vue du grand *Jour (16, est venu instaurer ici-bas, quelle en est la nature
14}, mais !'Agneau les vaincra (cf 19,18s), <i car et quelles en sont les exigences, il faut s'adresser
il est le Roi des rois et le *Seigneur des seigneurs 1) au NT. Néanmoins le thème provient de l'AT, qui
(17,14; 19,1ss; cf 1,5). Sa parousie sera la mani- en avait ébauché les grandes lignes tandis qu'il
festation éclatante de son règne en même temps en annonçait et en préparait la venue.
gue du Règne de Dieu (n,15; 2 Tm 4,1} : suivant
l'oracle d'Is 11,4, le Roi fils de *David anéantira
alors l'* Antichrist par la manifestation de sa AT
parousie (2 Th 2,9). Il remettra. ensuite le Règne La royauté divine est une idée commune à
à son *Père, car, suivant le te:xte du Ps IJO,I, il toutes les religions de l'ancien Orient. Les myfuo-
faut qu'il règne ~ jusqu'à ce que Dieu ait placé logies l'utilisent pour conférer une valeur sacrée
tous ses ennemis sous ses pieds (r Co 15,24s).
)J au *roi humain, lieutenant terrestre du dieu-roi.
A l'issue de la *guerre eschatologique qu'il mènera Mais en la reprenant, l'AT lui donne un contenu
comme Verbe de Dieu, il régira ses ennemis, sui- particulier, en rapport avec son monothéisme. sa
vant le Ps 2,9, avec un sceptre de fer (Ap 19,15s). conception du pouvoir politique, son eschatologie.
Alors, en participation à son règne (cf I Co 15,
24), tous les martyrs, décapités parce qu'ils ont
refusé d'adorer la •Bête, ressusciteront pour régner I. ISRAËL, ROY AUME DE Dmu
avec lui et avec Dieu (Ap 20,4ss; cf 5,10). Ils par-
ticiperont ainsi, suivant la promesse de Dn 7,22. L'idée de •Yahweh-Roi n'appârait pas dès le
27, au règne éternel du •Fils de l'Homme. N'est-ce début de l'AT. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de
pas ce que Jésus avait lui-même promis aux Douze Jacob n'a point de traits royaux, même lorsqu'il
à la dernière Cène : 1< Je dispose paur vous du vient révéler son •Nom à. Moïse (Ex 3,14).
Royaume, et vous si_égerez sur des trônes pour Mais après l'installation d'Israël en Canaan, on
juger les douze tribus d'Israël n (Le 22,29s; cf recourt très vite à cette représentation symbo-
Ap 7,4-8.15} ? PG lique pour traduire la situation respective de Yah-
weh et de son peuple. Yahweh règne sur Israël
-----;,,- Ascension II o - autorité AT II I - David - (Jg 8,23; 1 S 8,7). Son •culte est un service
élection AT 1 3 c - fils de Dieu AT Il - gloire 1, qu'effectuent ici-bas ses sujets comme là-haut ses
III 2 - huile 2 - Jésus-Christ II 1 c - médiateur I •anges. C'est là une idée fondamentale, qu'on
1 - Melchisédech 2 - mère I 3 - _Messie - ombre II
l - onction III 2 - pasteur & troupeau O - pères
retrouve aussi bien dans le lyrisme cultuel {Ps
& Père I 1, Ill 4 - prière 1 2 - prophète AT 1 3 - 24,7-rn) que chez les prophètes (Is 6,1-5), et dont
royaume - sacerdoce AT I 3, III 2 - Seigneur AT; les auteurs sacrés détaillent les divers aspects.
NT 2 - vêtement I 2 - vocation 1. Yahweh règne pour toujours (Ex 15,18), au ciel
(Ps IJ,4; 103,19), sur la terre (Ps 47,3}, dans
ROME-+ Babel/Babylone 6. l'univers qu'il a créé (Ps 93,1s; 95,3ss), Il règne
sur toutes les •nations (Jr 10,7.10). Parmi elles
ROUGE (mer}-+ Exode AT 2; NT t - mer 2.
cependant, il est un *peuple qu'il a choisi pour
domaine particulier : c'est Israël, dont il a fait
ROUGIR-+ honte. par r• Alliance (!un royaume de prêtres et une
nation consacrée)) (Ex 19,6). Le règne de Yahweh
se manifeste donc spécialement en Israël, son
ROStE-+ ciel IV - eau I. Royaume. Là le Grand Roi réside, au milieu des
siens, à • Jérusalem (Ps 48,3; Jr 8,19) ; de là il les
ROUTE-+ chemin.
II42
ROYAUME ROYAUME

bénit (Ps 134,3), il les guide, les protège, les rois humains avec le Roi dont ils tenaient leur
rassemble, comme fait un •pasteur pour son trou- pouvoir (cf Jr I0,21).
peau (Ps 80; cf Ez 34). Ainsi la doctrine de l' Al-
liance trouve-t-elle une traduction excellente dans
le thème de Ia royauté divine, auquel elle donne IJJ. DANS L'ATTENTE DU RÈGNE FINAL DE YAHWEH
un contenu tout nouveau. Si en effet le Roi Yah-
weh des Années (Is 6,5) règne sur le monde, parce Au moment où la royauté israélite s'écroule,
qu'il en gouverne le cours, et sur les événements, les guides religieux de la nation regardent, par-
parce qu'il les conduit et y exerce le *Jugement, delà l'époque monarchique, vers la théocratie ori-
il veut que, dans son peuple, son Règne soit ginelle qu'ils veulent restaurer (cf Ex 19,6}, et
reconnu de façon effective par l'observation de sa les prophètes annoncent qu'Israël, aux derniers
•Loi. Cette exigence première donne au Règne temps, en retrouvera les traits. Certes, dans leurs
un caractère moral, non politique, qui tranche promesses, ils font une place au *Roi futur, au
sur toutes les représentations antiques de la •Messie fils de David. Mais le thème de la royauté
royauté divine. de Yahweh revêt chez eux une importance beau-
coup plus grande, surtout à partir de la fin de
l'exil. Yahweh, tel un •pasteur, va s'occuper lui-
même de son troupeau pour le sauver, le rassem-
Il. LE ROYAUME DE Drnu
bler et le ramener dans sa terre (Mi 2, 13; Ez 34,
ET LA ROYAUTÉ lSRAltUTE
11...; Is 40,9ss). La bonne nouvelle par excellence
qui est annoncée à Jérusalem, c'est cc Ton Dieu
Israël, royaume de Dieu, a pourtant une struc- règne)) (Is 52,7; cf So 3,14s). Et l'on entrevoit une
ture politique, qui évolue avec le tei,nps. Mais extension progressive de ce règne jusqu'à la terre
quand le peuple se donne un •roi, l'instauration entière : de partout, des hommes viendront à
de cette royauté humaine doit se subordonner à Jérusalem pour adorer le Roi Yahweh (Za 14,9;
la royauté de Yahweh, devenir un organe de la Is 24,23),
théocratie fondée sur l'alliance. Ce fait explique, Transférant sur le plan cultuel ces promesses
d'une part, le ·courant d'opposition qui se mani- radieuses et orchestrant les thèmes de certains
feste contre la monarchie (I S 8,1-7. 19ss) et, d'autre psaumes plus anciens, le lyrisme post-exilien
part, l'intervention des envoyés divins qui noti- chante par avance le règne eschatologique de
fient le choix de Yahweh : pour Saül (10,24), Dieu : règne universel, proclamé et reconnu dans
pour David (16,12), et enfin pour la dynastie toutes les nations, manifesté par le •Jugement
davidique (2 S 7,12-16). A partir de ce moment, divin (Ps 47; 96-99; cf 145,IIss). Finalement, à
le Royaume de Dieu a pour support temporel un l'heure de la persécution d' Antiochus Épiphane,
royaume humain, mêlé comme tous ses voisins l'apocalypse de Daniel vient renouveler solennelle-
à 1a politique internationale. Sans doute, les rois ment les promesses prophétiques. Le Règne trans-
israélites n'exercent-ils pas une royauté ordinaire : cendant de Dieu va s'instaurer sur les ruines des
ils détiennent la royauté de Yahweh, qu'ils doivent empires humains (Dn 2,44 ... ). Le symbole du •Fils
servir (2 Ch 13,8; cf I Ch 28,5) et Yahweh regarde <l'Homme venant sur les nuées du ciel sert à l'évo-
les descendants de David comme ses *fils (2 S quer, par contraste avec .les •Bêtes qui repré-
7,14; Ps 2,7). Malgré tout. l'expérience de la sentent les puissances politiques d'ici-bas (Dn 7).
monarchie reste ambiguë : la cause du Règne de Sa venue s'accompagnera d'un *Jugement, apx-ès
Dieu· ne coïncide pas avec les ambitions terrestres quoi la royauté sera donnée pour jamais au Fils
des rois, surtout s'ils méconnaissent la Loi divine. <l'Homme et au peuple des Saints du Très-Haut
Aussi les prophètes rappellent-ils sans cesse la (7,14.27). Le règne de Yahweh prendra donc
subordination de l'ordre politique à l'ordre reli- encore la forme concrète d'un Royaume, dont ce
gieux ; ils reprochent aux rois leurs péchés ~t •peuple sera le dépositaire (cf Ex 19,6) ; mais le
annoncent les châtiments qui s'ensuivront (déJà Royaume ne sera plus de ci ce monde-ci ». C'est
2 S 12; 24,10-17). L'histoire du royaume d'Israël à une telle promesse que le Livre de la Sagesse
s'écrit ainsi avec des larmes et du sang, jusqu'au fait écho: après le Jugement, les justes« comman-
jour où la ruine de Jérusalem vient définitivement deront aux nations et domineront les peuples, et
clore l'expérience, au grand désarroi des juifs le Seigneur régnera sur eux pour toujours» (Sg· 3,8).
:fidèles (Ps 89,39-46). Cette chute de la dynastie Après des siècles de préparation, le peuple juif
davidique a pour cause profonde la rupture des vivra désormais dans l'attente du Règne, comme

n43 n44
ROYAUME ROYAUME

le montre la littérature non canonique. Souvent, nature. Encore ne la révèle--t-îl qu'aux humbles
cette attente se concrétise sous une forme poli- et aux petits, non aux sages et aux habiles de ce
tique : on attend la restauration du royaume monde (Mt u,25), à ses •disciples, non aux gens
davidique par le *Messie. Mais les. âmes les _plus du dehors, pour qui tout reste énigmatique (Mc
religieuses savent y voir une réahté essentielle- 4,11 p). La pédagogie des évangiles est constituée
ment intérieure : c'est en obéissant à la Loi, ensei- en grande partie par la révélation progressive des
gnent les rabbins, que (< le juste prend sur lui le *mystères du Royaume. notamment dans les *para-
joug du Royaume des Cieu:x: ». Telle est l'espé- boles. Après la résurrection, cette pédagogie sera
rance, forte mais encore ambiguë, à laquelle va complétée (Ac 1,3) et l'action de }'Esprit-Saint la
répondre l'Évangile du Royaume. terminera (cf Jn 14,26; 16,13ss).

r. Les parado:res du Royaume. - Le judaïsme,


prenant au pied de la lettre les oracles eschatolo-
NT giques de l'AT, se représentait la venue du
J. L'ÉVANGILE DU ROYAUME DE DIEU Royaume comme éclatante et immédiate. Jésus
l'entend d'une tout autre façon. Le Royaume
1. Jésus donne au Royaume de Dieu la première vient quand la •Parole de Dieu est adressée aux
place dans sa prédication. Ce qu'il annonce dans hommes; telle une *semence jetée en terre, ·u
les bourgades de Galilée, c'est la Bonne Nou.velle doit grandir (Mt 13,3-9.18-23 p). Il •croîtra par
du Royaume (Mt 4,23; 9,35). « Royaume de Dieu», sa propre puissance, comme la graine (Mc 4,26-
écrit Marc ; « Royaume des Cieux », écrit Mat- 29). Il soulèvera le monde, comme le levain mis
thieu en se conformant aux habitudes du langage dans la pâte (Mt 13,33 p). Son humble début
rabbinique : les deux expressions sont équiva- contraste ainsi avec l'avenir qui lui est promis.
lentes. Accompagnant la prédication, les "'miracles Jésus en effet n'adresse la Parole qu'aux seuls
sont les signes de la présence du Royaume et ils Juifs de Palestine; et parmi eux, ~•~t même seu-
en font entrevoir la signification. Avec sa venue lement au H petit troupeau 1i des d1sc1ples que u le
prend fin la domination de *Satan, du *péché et Royaume est donné ~ {Le 12,32). Mais le même
de la *mort sur les hommes : « Si c'est par !'Es- Royaume doit devenir un grand *arbre où niche-
prit de Dieu que je chasse les "'démons, le Royaume ront tous les oiseaux du ciel (Mt 13,31s p} : il
de Dieu est donc arrivé pour vous )) (Mt 12,28). Il accueillera toutes les *nations dans son sein, car
s'ensuit qu'une décision est nécessaire : il faut se il n'est lié à aucune d'elles, pas même au peuple
*convertir, embrasser les exigences du Royaume *juif. Existant ici-bas dans la mesure où la "Parole
pour devenir •disciple de Jésus. de Dieu est accueillie par les hommes (cf Mt 13,
23), il pourrait passer pour une réalité invisible.
2. Les Ap6tres, du vivant de leur Maître, reçoivent De fait, sa venue ne se laisse pas observer comme
mission de proclamer à leur tour cet "'Évangile un phénomène quelconque (Le I7,2os). Et pour-
du Royaume (Mt rn,7). Aussi, après la Pentecôte, tant, il se manifeste à l'extérieur, comme le blé
le Royaume demeure-t-il la perspective finale de mêlé à l'ivraie dans un champ (Mt I3,24 ... ). Le
la prédication évangélique, même chez saint Paul u petit troupeau » auquel il est donné (Le 12,32)
{Ac 19,8; 20,25; 28,23.31). Si les -fidèles qui se lui confère un visage terrestre, celui d'un nouvel
convertissent souffrent mille tribulations, c'est •Israël, d'une •Église fondée sur •Pierre; et
« pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14, celui-ci reçoit même « les clefs du Royaume des
22), car Dieu « les appelle à son Royaume et à sa Cieux » (Mt 16, 18s). Il faut seulement noter que
gloire )l (1 Th 2,12). Seulement, désormais, le cette structure terrestre n'est pas celle d'un
*Nom de *Jésus-Christ s'ajoute au Royaun:e de royaume humain : Jésus se dérobe quand on veut
Dieu pour constituer l'objet complet de l'Evan- le faire *roi (Jn 6,1.5) et c'est en un sens tout
gile (Ac 8,12) : il faut croire en Jésus pour accéder particulier qu'il se laisse donner le titre de *Messie.
au Royaume.
2. Les phases successives du Royaume. - Que le
Royaume soit appelé à croître, cela suppose qu'il
IL LES MYSTÈRES DU ROYAUME DE DIEU doit compter avec le temps. Certes, en un sens,
les •temps sont accomplis et le Royaume est là;
Le Royaume de Dieu est une réalité mysté- depuis Jean-Baptiste, l'ère du Royaume est
rieuse dont Jésus seul peut faire connaître la ouverte (Mt n,12s p) ; c'est le temps des noces

n45
ROYAUME ROYAUME

(Mc 2,19 p; cf. Jn 2 1 1-u) et de la •.moiSSOn (Mt principe, une *conversion est .requise (cf Mt 18,
9,37ss p,; cf Jn. 4,35). l\fais. les paraboles ,de •crois- 3), une·. riouvelle •naissance, sans laquelle on ne
sance. (la semence, le grain de sénevé, le le~n. peut·« voir le Royaume de Dieu o {Jn 3,3ss).
l'ivra,ie et le bon graiµ, ~- pêche : cf Mt 13) -laissent Vappartenance. au peuple juif n'est plus une con~
entrevoir un ·délai entre c~te inatiguration. his- dition -nécessaire, comme dans l'AT : a Beaucoup
torique du Royaume _et sa ré.µisation parfaite. _viendront de l'Orient, et de l'Occident· prendre
Bien mieux,-. 'actuellement, 11 _,le Royàume souffre place à table dans le Royaume des Cieux, . tandis
*violence » (Mt n,12), car on v_eut l'empêcQ.er de que les sujets du Royaume seront jetés dehors ... o
rayonner grâce à 1a prédication évangélique .. Après {Mf 8,us· p). Perspective· de *jugement, que cer-
la résurrection, de Jésus, la dissociation de son taines paraboles présentent sous· .unè 'forme con~
entrée en gloire et· de son retour comme Juge crète : tri de l'ivraie et du bon grain (Mt 13,24-
(Aë 1,9ss) achèvera de rév:éler. la nature_ de ce 30), tri des ·poissons (Mt 13,47w50), reddition des
te~ps .intermédiaire ; ce- sera le temps dll *témoi.- comptes (Mt 20,8-r5; 25,15-30) ; tout cela cons-
gnage (Ac 1,8; Jn -15,:27), .le. temps de l'Église. titue ·une exigence de *vigilance (~t :25,1.w13).
Au terme de ce temps-là, ..le Royaume af:iviend!a
dans. sa plénitude (cf Le 21,31) :._la· •Pâ.qu~ s'y
.consommera (Le 22,Hs&), ce sera le *repas escha-
·tologique (Le 22,17s) où des invités.venus de par- IIJ. LB ROYAUME DE DIEU
tout festoieront avec. les patriarches (Le 13~28s .p; ET LA ROYAUTÉ•DE.JtSus
c:f 14,15; Mt. 22,2-10; 25,10). I)e ce· ~yaume, par-
venu -à sa consommation, les fidèles sont appelés Dans le ·NT, 149$ deux thèmes du Royaume de
à o: •hériter 11 (Mt 25,34), après _la résurrection et Dieu et de·Ia r0yauté messianique se joignent de
la transformation de leurs corps {1 Co 15,50; cf la faç·on la plus• étroite parce que le Roi-Messie
.6,10; Ga 5,21;- Ep .5,5). D'ici là, ils.·en. appellent est le •Fils _de Dieu lui-même. ·Cette place de
de leurs vœux là venue : 11 Que ton Règne arrive 1» Jésus au centre _du mystère du ·Royaume se
(Mt 6,1op). retrouve aux trois étapes successives par les-
quelles celùi-ci doit passer : la vie terrestre de
3. L'accès des.hommes au Royaume. -Le Royaume Jésus, le temps de l':Église et la consommation
est le doll de Dieu par excellence, la valeur essen- finale des choses.
tielle qu'il faut.acquérir au .prix de tout ce qu'on
possède .(Mt 13,44ss). M.ais pçiur la recevoir, il 1. De son viuant, Jésus se niontre très réservé
faut remplir certaines conditions. No:µ qu'il puisse vis-à-vis du titre de .. *Roi. S1il l'accepte en· tant
jamais être considéré comme ,un salaïr.e. di:J.' en que titre messianique· répondant aux promesses
justice : c'est librement que: Dieu. embauche les prophétiques (Mt 21,1-rx p), il lui faut le dépouiller
hommes dans sa •vigne et il, donne à ~s ouvriers de ·ses_ résonances politiques (c:f Le 23,2), pour
ce qu'il lui plaît de donner (~t 20;.;c-16) .. Néan- révéler la royauté (( ·qui n'est pas de ce mondewci »
moins, si tout est grâce, les hoi;nmes doivent et qui· se manifeste par le témoignage rendu à. la
répondre à la •grâce -; les pécheurs endurcis dans Vérité· (Jn 18,36s). ·En revanche, il n'hésite pas à
le mal, 11 n'hériteront pas .Je Royaume du Christ · identifier la cause du Royaume de Dieu avec la
et ·de Dieu » (1 Co 6,9s; Ga 5,21; Ep -5,s; cf Ap sienne propre : tout"' quitter pour 'le Royaume de
22,14s). Urie âme de, •pauvre (Mt-_5,3 p), _une Dieu (Le 18,29), c'èst tout quitter « pour son
."attitude.:,d'•enfant (Mt, 18,1-4- p; 19,14),- une *nom » (Mt 19,29; cf Mc 10,29). Décrivant par
recherche active 'du Royaume et .de. sa *justice avance' la récompense eschatologique· qui attend
(Mt 6,33), le support des .•persécutions (Mt 5, les 'hommes, il identifie le « ·Royaume du *Fils de
·10 p; Ar;, 14,22; 2. Th 1,5), le sacrifice de tout ce l'Homme » et le « Royaume du. Pète 1) (Mt 13,
qu'on. possède (Mt_ 13,44ss; c:f 19,:23, p), une per- - 4·1ss}, ·et il assure à ses Apôtres qu'il dispose pour
fection plus grande que ..celle des -*pharisiej:is ,(Mt eux· dll Royaume comme le ·père en a disposé
5,20), en un mot l'accomplissement de la •volonté pour lui (Le 22,29s).
du •-~e (Mt 7,:21), spécialement en matière de
charité .. fratemE!lle (Mt - :25,34) ·: tout cela ,est :2. Son intronisation royale n'anive pourtant qu'à
deinandér à qui Veut entrer dans le Royaume et l'heure· de sa· •résurrection : c'est alors qu'il
en hériter finalement. Car si tous y, sont appelé.s, prend place sur le trône même de son Père (Ap
tous ne seront pas *élus :- on expulsera le conviv"e 3,u), qu'il· est ·exalté à la droite de Dieu (Ac 2,
qui n'a pas la. robe nuptiale (Mt 22,n-.14)·.. Au 30-35). ·Tout au· long du temps de l'Église, la

u47 II48
ROYAUME ROYAUTÉ

royauté de Dieu s'exerce ainsi sur les hommes au de ce règne (Ap 3,21), car dès ici-bas, Jésus a fait
moyen de la royauté du Christ, *Seigneur univer- d'eux (< un royaume de prêtres pour leur Dieu et
flel {Ph 2,II) ; car le Père a constitué son Fils Père )) (Ap 1,6; 5,10; l P 2,9; cf Ex 19,6).
" Roi des rois et Seigneur des seigneurs » {Ap 19, RD & PG
16; 17,14; cf 1,5).
---+arbre 2 - ciel II, V - croissance 3 - dessein de
3. Au terme des temps, le Christ vainqueur de tous Dieu AT V ; NT - Église - espérance NT I -
ses ennemis (< remettra la royauté à Dieu le Père )) Évanglle - Fils de l'Homme AT II I - héritage
(1 Co 15,24). Alors cette royauté(< sera pleinement NT Il - Jésus-Christ 1 1.2 - justice B II NT -
acquise à notre Seigneur et à son Christ» (Ap II, Messie AT Il 3 ; NT Il 1 - miracle Il 2 - mystère
15; 12,rn), et les fidèles recevront t( l'héritage dans NT I - parabole I 2, II z, III - pénitence/conver-
le Royaume du Christ et de Dieu )) (Ep 5,5). C'est sion NT I, II - peuple A I 2 ; C 1 - repas IV -
ainsi que Dieu, maître de tout, prendra pleine- roi - pauvres NT I - terre NT I 2 - violence IV 1.3.
ment possession de son règne (Ap 19,6). Les dis-
ciples de Jésus seront appelés à partager la gloire ROYAUTÉ---+ .roi - royaume.
s
23~3), offrande de sacrifices (Nb 28;9s), reti.ouv~lle-
ment des pailis de proposition (Lv 24,8; 1 Ch 9,
32). En dehors de Jérusalem, ces rites sont _rem-
SABAOTH-+ arche.d'Alliance I - astreà 2, - puis- placés par une assemblée de synagogUe, consacrée
sance I
1, III z - Yahweh 3 - zèle I z. à la :prière commune et à la lecture commentée
de l'Jkriture sainte. A l'époque des Maccabées,
la fidélité au chômage du sabbat est telle que des
Assidéens se laissent massacrer plutôt que de le
SABBAT violer en prenant les armes (1 M 2,32-38). Vers
AT le temps du NT, on sait que les Esséniens l'ob-
servent dans toute sa rigueur, tandis que les doc-
1. ·L'institution du sabbat. - Le nom du Sabbat teurs pharisiens élaborent à son sujet une casuis-
désigne un chômage effectué dans une intention tique minutieuse.
religieuse. Sa pratique apparaît dès les couches
les plus anciennes de la Loi (Ex 20,8; 23,12; 34,
21). Il a.probablement une origine pré-mosaïque,
NT
qui reste obscure. Dans la Bible, il est lié au r. Jésus n'abroge pas explicitement la loi du sab-
rythme sacré ·de la •semaine, qu'il clôture par un bat : il fréquente ce jour-là la synagogue et en
jour de repos, de réjouissance et de réunion cul~ profite pour annoncer l'Évangile {Le 4,16... ). Mais
tuelle (Os 2,13; 2 R 4,23; 1s 1,13). il s'en prend au rigorisme formaliste des docteurs
pharisiens : « Le sabbat est fait pour l'homme,
2. Les motifs du sabbat. - Le code de l'alliance non l'homme pour le sabbàt n (Mc 2,27), et le
soulignait le côté humanitaire de ce repos, qui devoir de charité prime l'observation matérielle
permettait aux esclaves de reprendre souffle (Ex du chômage (Mt 12,5; Le 13,10-r6; 14,1-5). En
23,12). C'est encore le point de vue du Deutéro- outre, Jésus s'attribue un pouvoir sur le sabbat :
nome (Dt 5,12 ... ). Mais la législation sacerdotale le Fils de l'Homme en est maître (Mc 2,28). C'est
lui donne un autre sens. Par son •travail, l'homme là un des griefs que les docteurs relèvent contre
imite l'activité du Dieu créateur. Par le chômage lui (cf Jn 5,9 ... ). Mais en faisant du bien le jour
du septième jour, il imite le •repos sacré de Dieu du sabbat, n'imite~t-il pas son Père qui, entré
(Ex 31,13 .. ,; Gn 2,2s}. Dieu a ainsi donné le sab- dans son repos au terme de la création, continue de
bat à Israël comme un •signe, a:fin qu'il sache régir le monde et de vivifier les hommes {Jn 5, 17) ?
que Dieu sanctifie son peuple (Ez 20,12).
2, Les disciples de Jésus ont tout d'abord con-
3. La pratique du sabbat. - Le repos du sabbat tinué d'observer le sabbat (Mt 28,r; Mc 15;42;
était conçu par la Loi de façon très stricte : inter- 16,1; Jn 19,42). Même après !'Ascension, les réu-
diction d'allumer du· feu (Ex 35,3), de ramasser nions sà.bbatiqties servent à annoncer l'Évang_ile
du bois (Nb 15,32 ... ), de préparer de la nourri- en milieu juif (Ac 13,14; 16,13; 17,2; r8,4). Mais
ture (Ex 16,23 ... ). Au témoignage des prophètes, bientôt, c'est le premier jour de la ~emaine, jour
son observation conditionnait la réalisation des de la résurrection de Jésus, qui devient le jour
promesses eschatologiques (Jr 17;19-27; Is 58,13s). de culte de l'Église, en tant que •jour d1u Seigneur
Aussi voit-on Néhémie tenir ferme à sa pratique (Ac 20,7; Ap 1,ro). On y reporte des pratiques
intégrale (Ne 13,15-22). Pour a sanctifier n ce que les Juifs rattachaient volontiers au sabbat,
jour (Dt 5,12), il y a « convocation sainte » (Lv comme l'aumône (1 Co 16,2) et la louange divine.

IISI II52
SABBAT SACERDOCE

Dans cette perspective nouvelle, l'ancien sabbat La tribu de Lévi n'est encore qu'une tribu pro-
juif acquiert une signific.ation •figurative, comme fane, sans fonctions sacrées. (.Gn 34,25-31; 49,5ss).
beaucoup d'autres instituti9Ds de l'AT, Par leur
repos, les hommes y commémoraient -le repos de ~- A partir de Moïse, léyite -lui-même, la ·spécia-
Dieu au septième jour. .Or ce repos. divin, JéSus lisation de cette tribu dans les fonctions cultuelles
y est entré par sa •résurrecti9n, et nous avons semble se faire jour. Le récit archaïque d'Ex 32,
reçu la promesse d'y ·entrer à sa suite {He 4,1-n). 25-29. exprime le caractère es~e!1tiel de. son sacer-
Ce sera là le vrai sabbat, où les hommes_se repose- doce : elle est élue et consacrée par Dieu lui-même
ront de leurs fatigues,. à l_'image et en participa- pour. 59n service. La bénédiction de Moise, à la
tion de Dieu qui se repose de ses œuvres {He 4, différence de celle de Jacob, lui attribue les tâches
10; Ap 14,13). CS & PG spécifiques des -prêtres (Dt 33,8.-11). Il est. vrai
que ce texte reflète. une situation plus tardive;
-+ fêtes - Jour du Seigneur NT III 3 - nombres I Les lévites sont alors_ les prêtres par excellence
1, II 1. - repos - semaine - signe AT Il 2; NT_ II {Jg 17,7-13; -18,19), attachés aux. divers sanc-
1 - temps intr. :z a; AT I 1 . - travail I 1, Ill. tuaires du pays. Mais à côté du sacerdoce lévitique,
le sacerdoce familial continue de s'exetcer {Jg_ 6,
18-29; 13,19; 17,5; I S 7,1).

3. Sous la monarchie, le •roi exerce plusieurs


fonctions sacerdotales, comme les rois des peuples
SACERDOCE voisins : il offre des sacrifices,. depuis Saül ( 1 S
13,9) et David (~ S 6,13.17; 24,22-25) jusqu'à
Achaz {2 R 16,13); il bénit le peuple (2 S 6,18;
~ Demeurant pour, l 'étemité, Jésus pOssède un 1 R 8,14) ... c;ependant il .ne reçoit le titre de
sacerdoce immuable »- (He 7,24). C'est ainsi que prêtre que dans l'antique Ps 110,4, qui le c9mpare
pour définir 1a *médiation du Christ, l'épître aux à Melchisédech. En fait, malgré cette_ allusion au
Hébreux la· rapproche d'une fonction qui exis- sacerd()(:e royal de Canaan•. il est plutôt un patron
tait dans l'AT comme dans- toutes les religions d11c sacerdoce qu'un membre de la caste sacrée.
voisines : celle ·des· prêtres; Pour comprendre le Celle-ci est maintenant devenue une institution
sacerdoce de Jésus, il importe donc de connaître organisée, notamment dans le san_ctuaire de. Jéru~
avec précision le sacerdoce de l'AT, qui l'a pré- salem qui est depuis David le centre cultuel d'Is-
paré et préfiguré. raël. Deux prêtres. s'en partagent.d'abord le ser~
1
vice. Ébiathar, !'.1-esce~dant d'.ÉH le desservant de
AT Silo, .est très probablement un lévite (2 S 8,17) ;
mais sa famille. sera écartée_par Salomon (I R 2,
I. HISTOIRE· DE L'INSTITUTION SACERDOTALE ~6s). Sadoq est d'origine inconnue:- mais ce sont
ses descendants qui• _dirigeront le sacerdoce au
Temple jusqu'au ue siècle. Des généalogies ulté-
I. Chez les peuples civilisés qui entourent,. Israël, rieures le rattacheront comme Ébiathar à la des-
la fonction sac;erdotale est souvent assurée par le cendance d'.'!'_.4\_aron (cf _1 Ch . 5,27-:34), Sous les
roi, notamment en Mésopotamie et en. Égypte; ordres du prêtre-chef, le sacerdoce de . Jérusalem
celui-ci est alors assisté par un clergé hiérarchisé, compt~ différents_ Subalternes. Le personnel du
le plus souvent héréditaire, qui constitue une Temple compte_ même avant l'exil des incirconcis
véritable caste. Rien de. tel chez les patriarches. (Ez 44,7ss; cf .Jos 9,27). i;>ans ·1es. autres sanc-
Il n'existe alors n_i temple, ni prêtres spécialisés tuaires, surtput ,en Juda, J~ lévites doivent être
du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Lestra- as,sez_ nombreux. Il- semble que .David et S~omon
ditions de la Genèse montrent les patriarches aient cherché à -les répartir dans tout le .pays .(cf
construisant des ·autels en Canaan (Gn 12,7s; 13, Jos 21;_ Jg 18,30). Mais. plusieurs sanctuaires
18; 26,25) et offrant des sacrifices (Gr!- 22; 31,54; locaux ont des prêtres d'origine différente (r R
46,1). Ils exercent le- sacerdoce familial, pratiqué 12,31).
dans la plupart des pèuples- antiques. Les seuls
prêtres qui apparaissent sont des étrangers : le 4, La.réforme de Josias en 62r,' en suppril?ant ~es
prêtre,-roi de Jérusalem, *Melchisédech. _(Gn. 14, sanctuaires locau~, consacre le monopole ~évitique
18ss) et les prêtres du PhaFaon (Gn 4,1,45;. 47,22). et la suprématie du sacerdoce de Jérusàlem·. D~pas-

II53 u54
!i:\.CERDOCE SACERDOCE

sa.nt les exigenc·es du Deutéronome (r8,6ss), elle état de schisme. Finalement à partir du règne
réserve ·en effet l'exercice des fonctions sacerdo- d'Hérode ·(37)~ les grands· prêtres sont désignés
tales aux seuls descendants de Sadoq (2 R 23,8s) ; par l'autorité politique, qui les choisit parmi les
elle prélude ainsi à la distinction ultérieure entre grandes familles sacerdotales ; celles•ci consti•
prêtres ·et lévites, qui· sera déjà plus nette. en Ez tuent le groupe des c< grands prêtres 11, -plusieurs
44,ro·-31. · fois nomtné dans .Je NT.
La ruine simultanée du Temple èt de. la monar-
èhie (587) met fin à la tutelle royale sur· le sacer-
doce et donne à ·celui-ci une autorité plus gra.D.de II. LES FONCTlONS SACÈRDOTALUS
sur.le peuple. Délivré des influences et des tenta-
tions· du pouvoir· po1itique· qu'exerèent désormais Daris les religions antiques, les prêtres sont les
dé païeris, le Sacerdoce devient le guide religieux ministres du culte, les gardiens des traditions
cfo la nation. La disprirition ·progressive du prophé- sacrées, les porte-parole · de la· divinité en_ leur
t.isme à partir· du ve siècle accentue encore sOn qualité de deviriS:: En Israël, malgré l'évolution
autorité. Dès '573, les projets réformistes d'Ézé- sociale et le déV'eloppement dogmatique qu'on
chiel excluent le t( prince » du sanctuaire (Ez 44, remarque au cours des âges, le sacerdoce exerce
TSs; 46). La caste lévitique jouit• désormais d'un toujours deux ministères fondamentaux, qui sont
monopole incontesté {Ia seule exception en Is 66, deux formes de médiation : le service du culte et
:21 ·ne coricerne que lès « ·dérniers temps »). Les le service de la Parole.
reCueils f?acerdotaux d.u Pentàteuque (v1e-ve siècles),
puis l'œuvre du Chrôniste (me siècle) donnent 1. Le service du •culte. - Le prêtre est·l'homme
finalemen·t un tableau détaillé de la hiérarchie du sanctuaire. Gàrdien de •l'arche à l'époque
sacerdotale. antique {I S 1~4; 2 S 15,24-29), il accueille les
Celle-Cl est rigoureuse. Au SOmmet, le Grand · fidèles à la maison de Yahweh (1 S 1), il préside
Prêtre, :fils de Sadoq, est le successeur d' Aaron; ··aux liturgies lors des fêtes du peuple (Lv ·23,u.
p_rêtre type. Il y avait toujours eu, en chaque 20). Son acte essentiel est le •sacrifice. Il y appa-
sanctuaire, Un prêtre en chef·;·1e titre de Grand rait dans la plénitu<le de son rôle -de médiateur :
Prêtrç apparaît au. moment où· l'absence de roi il présente à Dieu_ l'offrande de ses fidèles : il
fait ressentir le besoin ·d'un chef pour la théo- transmet à ceux-ci la •bénédiction divine. Ainsi
cratie. L'onction qu'il ·reçoit, depuis le ive •siècle Moïse au sacrifice d'alliance du · Sinaï· (Ex 24,
(I..v 8,12;· cf- 4,3: 16,32; Dn 9,25), rappelle celle 4-8) ; ainsi Lévi, chef de toute la lignée (Dt 33,
qui jadis ·consacrait les rois. Au-dessous de-lui sont 10). Après l'exil, les prêtres açcomplissent cette
les prêtres, fils d'Aaron. Les lévites enfiri, clergé tâ.che chaque joùr dans le sacrifice perpétuel (Ex
inférieur, sont groupés en trois familles, aux- 29,38-42). Une fois l'an, le Grand Prêtre appa-
qùelles s'agrègent finalement les chantres et les ratt dans- son rôle de médiateur suprême en offi-
portiers· (1 Ch 25-:26). Ces trois classes consti- ciant, au jour de !'•Expiation, pour le pardon de
tuent la tribu sacrée,. tout entière vouée au ser- toutes leS fautes de son peuple (Lv 16; Si 50,5-
vice du Seig:O.eur. 21). Accessoirement, le prêtre est aussi chargé
des rites de consécration et de purification·: l'onc-
5. Désormais 1a· hiérarchie rie connaîtra plus de tion royale (1 R 1,39; 2 R u,1:2), la purification
variations, sauf 'pour la désignation du Grand des lépreux (Lv 14) ou de la. femme en couches
Prêtre. En 172, le dernier Grand Prêtre descendant (Lv 12,6ss).
de Sadoq, Onias· III, est assassiné à la suite d'in-
trigues· politiques. · Ses successeurs sont désignés, 2. Le service de la • Parole. - En . Mésopotamie
hors de sa lignée,· par le's rois de Syrie. ·La réac- et en ··Égypte, le prêtre exerçait la divination ; au
~ion maccabéenne aboutit' à l'investiture de JOna- nom de son dieu, il répondait aux Consultations
tha11, · iSSu d'une famille sacerdotale assez obscure. des fidèles. Dans l'Israël antique, -le prêtre s'ac-
Son frère Simoll qui lui succède {143) est au point quitte d'une tâché analogue par le maniement
de départ de la dyilastie des Asmonéens, prêtres de l'éphod {1 S 30,7s), <le l'Urim et·du Tumrnim
et rois {134-37). Chefs politiques et militaires plus (1 S 14,3&-42; Dt 33;8) ; mais il n'est plus ques-
que religieux, ceux-ci soulèvent l'opposition des tion de ces procédés après David.
Pharisiens. De son 'côté, le clergé traditionaliste C'est qu'en Israël, la Parole de Dieu, adaptée
leur rëpràche leur origine non sadocitë, et la aux diversés circonstances de la vie, vient à son
~ecte sacerdotale de Qumrân se place même en peuple par une autre voie : telle ·des •prophètes

n55
SACERDOCE SACERDOCE

poussés par !'*Esprit. Mais il existe aussi une Jérusalem (Jr 2,26ss; 23,rr; Ez 8), violations de
forme tra;ditionnelle de la Parole, qui a son point la Torah (So 3,4; Jr 2,8; Ez 22,26), opposition
de départ dans les grands événements de l'histoire aux *prophètes (Am 7,10-17; Is 28,7-13; Jr 20,
sainte et dans les clauses de l'*allianee sinaïtique. 1-6; 23,33s; 26), intérêt personnel (Mi 3,u; cf
Cette tradition sacrée se cristallise, d'une part 1 S 2,12-17; 2 R n,5-9), manque de zèle pour le
ùans les récits qui rappellent les grands souvenirs culte du Seigneur (Ml 2,1-9) ... Il serait simpliste
du passé, d'autre part dans la *Loi qui trouve en de ne voir en ces reproches que la polémique de
eux son sens. Les prêtres sont les ministres de deux castes opposées, prophètes contre prêtres.
cette Parole, tel Aaron en Ex 4,14-16. Dans la Jérémie et Ézéchiel sont prêtres ; les prêtres qui
liturgie des *fêtes, ils redisent aux fidèles les récits ont rédigé le Deutéronome et la Loi de sainteté
qui fondent la foi {Ex 1-~15, Jos 2-6 sont pro- ont manifestement cherché à réformer leur propre
bablement des échos de ces célébrations). Lors des caste ; aux derniers siècles du judaïsme, la com-
rénovations de l'Alliance, ils proclament la Torah munauté de Qumrân, qui s'écarte du Temple en
(Ex 24,7; Dt 27; Ne 8); ils en sont même les inter- s'opposant au« Prêtre impie >l, est une secte sacer-
prètes ordinaires, qui répondent par des instruc- dotale.
tions pratiques aux consultations des fidèles (Dt
33,10; Jr 18,18; Ez 44,23; Ag 2,11ss) et exercent 2. L'idéal sacerdotal. - L'intérêt majeur de ces
un rôle judiciaire (Dt 17,8-13; Ez 44,23s). En pro- critiques et de ces plans de réforme est qu'ils sont
longement de ces activités, ils assurent la rédac- tous inspirés par un idéal sacerdotal. Les pro-
tion écrite de la Loi dans les divers codes : Deuté- phètes rappellent leurs obligations aux prêtres de
ronome, Loi de sainteté (Lv 17-26), Torah leur temps ils exigent d'eux le •culte pur, la
d'Ézéchiel (40-48), législation sacerdotale (Ex, fidélité à la Torah. Les légistes sacerdotaux défi-
Lv, Nb), compilation finale du Pentateuque (cf nissent la *pureté, la *sainteté des prêtres (Ez
Esd 7,14-26; Ne 8). On comprend ainsi pourquoi, 44,15-31; Lv 21; 10).
dans les Livres saints, le prêtre apparaît comme On fiait pourtant d'expérience que l'homme
l'homme de la •connaissance (Os 4,6; Ml 2,6s; Si livré à lui-même est incapable de cette pureté, de
45,17) il est le *médiateur de la Parole de Dieu, cette sainteté. Aussi_ est-ce de Dieu même qu'on
sous sa forme traditionnelle d'histoire et de codes. espère finalement la réalisation du sacerdoce par-
Cependant aux derniers siècles du judaïsme, les fait au •jour de la restauration (Za 3) et du *Juge-
synagogues se multiplient et le sacerdoce se con- ment (Ml 3,1-4). On attend le prêtre fidèle aux
centre sur ses tâches rituelles. En même temps, côtés du •Messie fils de David (Za 4; 6,12s; Jr 33,
l'on voit grandir l'autorité des scribes laïcs. Ceux-ci, 17-22). Cette espérance des deux messies d'Aaron
rattachés pour la plupart à la secte pharisienne, et d'Israël appai;aît plusieurs fois dans les écrits
seront au temps de Jésus les principaux maîtres de Qumrân et dans un apocryphe, les « Testa-
en Israël. ments des patriarches ~. En ces textes, comme en
plusieurs retouches apportées à des textes bibliques
(Za 3,8; 6,IT), le Messie sacerdotal prend le pas
[II. VERS LE SACERDOCE PARFAIT sur le :Messie royal. Cette primauté du prêtre est
en harmonie avec un aspect essentiel de la doctrine
Le sacerdoce de l' AT a été, dans son ensemble, de l'Alliance : Israël est le K peuple-prêtre » (Ex
fidèle à sa mission par ses liturgies, son ensei- 19,6; Is 6I,6; 2 M 2,r7s), le seul peuple au monde
gnement et la rédaction des Livres saints, il a qui assure le culte du vrai Dieu ; dans son achè-
maintenu vivante en Israël la *tradition de 11oïse vement définitif, c'est lui qui rendra au Seigneur
et des prophètes, et il a assuré d'âge en âge la le culte parfait (Ez 40-48; Is 60-62; 2,1-5).
vie religieuse du peuple de Dieu. Mais il devait Comment le pourrait-il sans un sacerdoce à sa
finalement être dépassé. tête ?
Entre Dieu et son peuple, l'AT connaît d'autres
1. La critique du sacerdoce. - La mission sacerdo- médiations que celle du prêtre. Le •roi guide le
tale comportait des exigences très hautes ; or il y peuple de Dieu dans l'histoire comme son chef
eut toujours des prêtres inférieurs à leur tâche. institutionnel, militaire, politique et religieux:. Le
Les prophètes ont stigmatisé leurs défaillances "'prophète est appelé personnellement à porter
contamination du •culte <le Yahweh par les une parole de Dieu originale, adaptée à une situa-
usages cananéens dans les sanctuaires locaux d'Is- tion particulière, où il est responsable du salut de
raël (Os 4,4-II; 5,1-7; 6,9), ,c;yncrétisme païen à ses frères. Le prêtre a, comme le prophète, une

rr57
SACERDOCE SACERDOCE

m_ission strictement religieuse ; mais il l'ëxerce ~andement et le second qui lui est semblable
dans le cadre des institutions ; il est désigné par (Mt 22,34-40). Cet· 3.Spect de son ministère"pro-
l'hérédité, ·attaché au sanctuaire et à ses usages. longe· celui des prêtres 'de l'AT, mais le dépasse
Il pbrte au peuple la· Parole de Dieu· au noID. de de toutes ma~'ières, car la *Parole_ Q.e Jésus est
la •tradition~- et non de son propre chef; il çom- la- révélat_ion s'uprê_me,. l'*Évangile du· salut qui
méinore 'les grands souvellirs de 'l'histoire ·sainte accomplit définitivement_ la Loi.
et ·enseigne' la Loi _de Moise. Il porte à Dieu la
. prière du peuple dans la liturgie et il répqnd à ·2. De_·Paul à' ]ea#.·- Paul, <J.ui évoque si_SOu-
·cètte 'prière 'par 'la bénédiction divine. Il assure vènt· la mort de Jésus·, la _préseilte'. à la suite· du
dans le peuple élu la continuité de la vie religieuse 'Maitre, sous les .•·:figures du_ sacrifice_ de 1••agrieau
par la tradition sacrée. pàscal (1 Co 5,7), ,de l'abaissement du *Serviteur
(Ph. 2,6-n), du· jour de l'*EX:piation (Rm 3,24s).
Cette interprétation sacrificielle reparait encore
dans lès images dë la communion au •sang ·du
Les valeurs de l' AT ne prennent tout leur sens Christ (1 CO rn,16-22), -de la •rédemption' par ce
qu'en Jésus qui les •accomplit en les dépassant. sang (Rm 5;9; Col 1,20; 'Ep 1,7';_ 2·,13).-'La mort
Cette loi générale de la révélation s'applique par de Jésus est,' pour Paul, l'acte suprême de sa
excellence au Sacerdoce. liberté, le sacrifice par excellence, ·acte propre-
ment sa.èerdotal, qu'il a offert lui-même. Mais
pa&· plus que son Maître, et apparemment pour
I. Jtsus, LE ·PRiTRE UNIQUE les mêmes raisons, l' Apôtre ·ne donne à Jésus le
titre de prêtre.
I. Les Bvangilès ·synoptiques . ...:.. Jésus hii-même ne Il en va de _même de ·tou"s les· autres écrits• du
s'attribue pas une fois le titre de prêtre. On le 'NT, sauf l'épître aux Hébreux: ils.présentent la
coinprend assez : ce titr~ désigne dans son milieu mort de Jésus comllle le ·sacrifice 'du Serviteur
une fonction définie, réservée aux membres de la (AC 3,13.26; 4,27.30; 8,32s; i P 2,22ss), de'l'agneau
tribu de Lévi: Or Jésus· voit sa tâche bien· diffé- (r P 1,19). Ils évoquent son sang (1 P r,2.19;
rente de la leur, tellement plus amplè et · plus 'I Jn 1,7). Ils ne le disent·pas prêtre. Les écrits
créatrice... 11 préfère se dire le *Fils et le •Fils de johanniques sont un peu moins réticetlts : ils
l'homme. Pourtant il utilise pour définir sa ··mis- décrivent Jésus en, vêtement pontifical (Jn · 19,
sion des termes ·sacerdotaux. A sa manière habi- 2j; Ap 1,1·3), et. le récit de ·1a Passion; acte sacri-
. tuelle, ce sont des expressions implicites et. figurées. ficiel,- s'ouvre par la ((' •prière sacerdotale 11 (Jn
Le fait est clair surtout Iorsqlie Jésus parle de 17) : .comme le prêtre, Jés11s « se sanctifie», ·c'est-
sa •mort. Pour ses ennemis, celle-ci est le châti- à-dire se consacre par· le sacrifice_ (Jn 17,19), et
ment· d'un *blasphème ; pour ses disciples,• un il exerce ainsi une médiation efficace à ·laquelle
échec scandaleux. Pour lui, elle est un •saC'rifice prétendait vainement le sacerdoce ancien.
qu'il décrit-avec les figures de l'AT: il la compare
tantôt au ·sacrifice expiatoire du •Serviteur· ·de 3. L'épUre aux HébYeux, seule, explicite à loisir
Dieu (Mc 10,45; 14,24; cf Is 53), tantôt au sacri- le sacerdoce· du Christ, Elle reprend les thèmes
fice d'*Alliance de Moise au pied du -~inaï (Mc déjà rencontrés, présentant la •croix comme le
14,24; cf Ex 24,8); et le sang·qu'il donne au temps sacrificei de !'Expiation (9,r-14; cf _Rm 3,245), de
de la Pâque évoque celui de l'agneau_ pascal (Mc l'Alliance (9,18-24), du Serviteur (9,2_8). _Mais elle
14,24; cf ,Ex 12,7.1J.2:is). Cette .mort qu'on lui concentre son attention sur ·Ie rôle· personnel du
inflige, il l'accepte; il l'offre lui-même comme le Christ dans l'offrande de ce sacrifice. C'est que
prêtre offre la victime ; et c'-est pollrquoi il en Jésus, comme· jadis AaI'On et mieux encore que
attend l'expiation des péchés, l'instauration de la lui, est appelé par Dieu pour intervenir en faveur
nouvelle Alliance, le salut de son peuple. Bref, il des hommes et offrir des sacrifices pour leurs
est le prêtre de son propre sacrifice, péchés (5,r-4). Son sacerdoce était préfiguré dans
La seconde fonction des prêtres de l' AT était celui de Melchisédech (Gn 14, 18ss), ·conformément
le service de la Torah. Or Jésus a- une position à l'oracle du Ps tro,4. Pour mettre ce point en
claire par rapport à ta· *Loi de Moïse : il vient lumière, l'auteur donne une-interprétation: subtile
pour l'accomplir (Mt 5,17s). Sans être lié à sa ·des textes de l'AT: le silence de la Genèse•sur la
lettre, qu'il dépasse (Mt 5,20-48); il met en lumière généalogie du roi-prêtre lui ·paraît un indice de
sa valeur profonde, enclose dans le premier coril- l'éternité' du Fils de Dieu (7,3) ; la dîme que lui

II59 u:60
SACERDOCE SACERDOCE

offrit Abraham màrque l'infériorité du sacerdoce 2. Les Apôtres prolongent cette pensée de Jésus
de Lévi devant celui de Jésus (7,4-10) ; le *serment en présentant la vie chrétienne comme une litur•
de Dieu en Ps II0,4· proclame la Perfection gie, une participation- -au sacerdoce du prêtre
immuable du prêtre définitif (7,20-25). Jésus est unique.
le prêtre saint, le seul (7,26ss). Son sacerdoce Paul considère la foi des fidèles comme un
met fin au sacerdoce ancien, tt' sacrifice et une oblation li (Ph ·2,17) ; les secours

Ce sacerdoce s'enracine dans son ·être même, p.écuniaires qu'il reçoit ·de l'Église de Philippes
qui le fait m:édiàteur par excellence :· à 1a· fois sont (l. un parfum de bonne odeur, un sacrifice
vrai homme (2,ro-18; 5,7s), partageant notre pau- acceptable, agréable à Dieu li (Ph· 4,18). Pour lui,
vreté jusqu.'à la tentation (2,18; 4,15), et. vrai la vie tout entière des chrétiens est un acte· sacer•
Fils de Dieu, supérieur aux- anges (1,1-13), il ·est dotal; _il les invite à offrir. leur corps « e.n hostie
le prêtre unique et éternel ..11 a accompli son yivante, sainte, agréable à. D_ieu : c'est là le •culte
sacri~ce une fois po'!u:.· toutes. dans le temps .(7, spirituel que vous avez à rendre o (Rm 12, 1; cf
27; 9,12.25-28;,10,10-,14), Désormais il est.à jamais Ph 3,3; He _9,14; 12,28). Ce _culte .consiste aussi
l'in,tercesseur (7,24s), le médiateur de la nouvelle bien dans la louange du Seigneur, que dans_ la
Alliance .(8,6-13;· 10,12-18). bienfaisance et la mise en comm,,m des biens (He
13,15s),_ L'épîtr~ de Jacques énumère en détail les
4. Aucun titre n'épuise à lui seul le mystère du gestes concrets qui constituent le •culte .vrai : la
Christ : Fils insép~able dµ Père, Fils de l'hoi:nme maitrise de la langue, la visite des orphelins et
rassemblant en lui .toute l'humanité, Jésus est à des· veuves, l'abstention des souillures du monde
la fois ]e Grand Prêtre de la nouvelle Alliance, le (Je 1,26s).
Messie-Roi et le Verbe de Dieu. L'AT avait dis- La .{re Aptt1e tù Pierre_ et l'Ap_ocaljpSe sont expli•
tingué 1~ ,médiations .du .roi et du pl;'être (le tem- cites : elles attribuent au' .peuplé chrétien le « sacer-
porel .et. le spiritu~l),_ du. prêtre et du pro'flhète doce royal'·» .d'I~ël (1 P. 2,5.9; .Ap 1,.6; 5,10;
(l'institution et l'événement).:· distinctions néces- 20;6; cf Ex 19,6). Par cè titre, _les prophètes de
saires. _à l'intelligeiice .des -va.leurs _prç:,pres .de la l'AT annonçaient qu'Israëi devait·porter au milieu
révélati_on, Parce que sa transcendance le sitQe des peùples païens la parole du vrai Dieu, assùrer
au-dessus des équivoques de l'histoire, Jésus réu- son culte. Le peupl~ chrétie~ désormais assume
nit en sa personne ces médiations diverses : Fils, cette tâche. Il le peut grâce à Jésus qui le fait
il est la ,Parole éternelle qui achève et dépasse le communier à sa dignité messianique de roi et de
message des:prophètes ; Fils d~ l'homme, il assume prêtre.
toute l'humanité,. il en est le roi'avec une autorité
et un amour _inconnus jusqu'à lui; médiateur
III. LES MINISTRES DU SACERDOCE DE JÉSUS
unique ~tre · Dieu et son peuple, ~1 est le .prêtre
parfait _par qu~ les hommes. sont sanctifiés.
Aucun tex:te du NT ne donne le nom de prêtre
à l'un ou l'autre des responsables de l'Église.
II,. LE PEUPLE SACERD01'.AL Mais la réserve de Jésus dans l'emploi de ce.titre
est si grande _que ce silence n'est guère concluant.
r. Pa$ plus .à ~n peuPle qÙ'à lui-même, Jésus Jésus fait participer son peuple à son sacerdoce ;
n'attribue explicitement le sacerdoce. Mais il n'.a dans le NT ,comme dans. l'AT, c_e sacerdoce du
cessé d'agir en prêtre, et il semble avoir conçu le peuple de Dieu _ne peut être exercé conCI"ètemeµt
peuple .deJ& nouvelle: .A,llia'nce _q.mme un peuple que par des ministres .appelés de Dieu.
sacerdotal.. Jésus se_~èle prêtre par l'offrande de
son sacrifice .et par le service. de la Parole. Il est 1. On constate en fait que ]Asus a appelé _les
frappant d~ cons_tater ·qù'il .appelle chacun des Douze pour leur .,collfi.er ', la ·responsabilité de. son
siens à prendre part à ces. deux fonctions de _son Église. Il les a prépâ.rés, ;3.u se_rvice de 1~ Parole;
sacerdoce : tout *disciple doit prendre sa *àoix il leur a t_ra.,nsmis quelques-uns de ses pouvoirs
(Mt'16,24 p) et boire sa *coupe (Mt 20,22; 26,27); (Mt 10,8.40; 18,18) ; au dernier soir, il lèur a
chacun doit porter son message (Le 9,6o; 10,1-16), confié l'*Eucharistje (Le 22,19). Ce sont là des
lui rendre té~oignage jusqu'à en mourir (Mt 10, participatio!15 spécifiques à. son sacerdoce.
17-42). Comme Jésus fait participer ·tous les
hommes à. ses titre_s de . Fils et de Roi-messie, 2. Les Apdtres le comJ)rennent._ Ils établissent à
Jésus. les fait prêtres aye4? lui. leur tour_ des responsables pour prolonger leur

II6I II62
SACERDOCE SACRIFICE
action. Quelques-uns de ceux-ci portent le titre religieuse sans sacrifice. Le NT précisera cette
d'Anciens, qui est l'origine du nom actuel des intuition et la consacrera de façon originale et
prêtres (presbytres : Ac 14,23; 20,17; Tt 1,5). La définitive.
réflexion de Paul sur !'*apostolat et les •cha-
rismes s'oriente déjà vers le sacerdoce des •ministres
de l'Église. Aux responsables des communautés, AT
il donne des titres sacerdotaux : 1c intendants des
mystères de Dieu 1) ( I Co 4, IS), ~ ministres de I. DÉVELOPPEMENT DES RITES SACRIFICIELS
l'Alliance nouvelle 1) (2 Co 3,6); il définit la *pré-
dication apostolique comme un service liturgique 1. De la simplicité originelle ... - A l'époque la
(Rm 1,9; r5,15s). Là est le point de départ des plus lointaine que laisse entrevoir l'histoire biblique,
explications ultérieures de la tradition sur le le rituel se caractérise par une sobriété rudimen-
sacerdoce ministériel. Celui-ci ne constitue donc taire, conforme aux mœurs de nomades ou de semi-
pas une caste de privilégiés. Il ne porte atteinte nomades : érection d'•autels, invocation du •nom
ni au sacerdoce unique du Christ, ni au sacerdoce divin, offrande d'animaux ou de produits du sol
des fidèles. Mais au service de l'un et de l'autre, (Gn 4,3; 12,7s). Pas d'endroit fixe : on sacrifie
il est une des *médiations qui assurent le service là où Dieu se manifeste. L'autel de terre primitif,
du peuple de Dieu. AG la tente mobile (Ex 20,24; 23,r5) témoignent, à
-+ Aaron - autel 2 - culte AT I 2 - élection AT leur manière, du caractère occasionnel et provi-
I 3 c - eucharistie IV 2, V I - expiation 2 - huile soire des anciens lieux de •culte. Pas de ministres
2 - imposition des mains NT z - Loi B III 1 .5 - spécialisés : le chef de famille ou de clan et, sous
médiateur I I - Melchisédech - Messie AT II 2 ; la monarchie, le roi, immolent des victimes. Mais,
NT II z - ministère II 4 - onction III 3 - prophète de bonne heure, des hommes choisis spécialement
AT I 3 - coi AT I 2 - sacrifice - vocation 1. assument cet office (Dt 33,8ss; Jg r7). De même
SACRÉ-+ anathème AT - crainte de Dieu I - pue que sous Josias le •temple deviendra le foyer
AT I 1 - repas II - sacrifice - saint - sexualité II 1. unique de toute activité sacrificielle, ainsi les
prêtres se réserveront, avec ou sans le concours
SACREMENT-+ signe NT I 2. des lévites, le monopole des sacrifices.

2 .... à la complexité des Yites. - Cette complexité


résulte des enrichissements introduits par l'his-
toire, On constate, en effet, une évolution dans
le sens de la multiplicité, la variété et la spécia-
SACRIFlCE lisation des sacrifices. Des causes multiples expli-
quent ce développement: passage de l'état nomade
et pastoral à la vie sédentaire et agricole, influence-
cananéenne, importance croissante du •sacerdoce.
Un survol rapide de la Bible nous renseigne sur Israël assimile des éléments empruntés à ses voi-
l'importance et l'universalité du sacrifice. Celui-ci sins : il filtre, rectifie, spiritualise. Malgré les abus
jalonne toute l'histoire : humanité primitive (Gn de la religion populaire (:Mi 6,7; Jg u,3os; r R
8,20), geste patriarcale (Gn 15,9 ... ), époque mo~ 16,34), il rejette les victimes humaines (Dt r:2,
saïque (Ex 5,3), période des Juges et des Rois 31; r8,ro; I S I5,33 ne décrit pas un sacrifice
(Jg 20,26; 1 R 8,64), âge postexilique (Esd 3,r-6). mais l'exécution d'un •anathème). Israël s'enrichit
Il rythme l'existence de l'individu et de la com- de l'héritage cultuel des autres peuples, exerce
munauté. L'épisode mystérieux de Melchisédech ainsi sa fonction médiatrice en réorientant vers
(Gn 14,18) où la tradition disce_rne un repas sacri- le vrai Dieu des pratiques déviées par les concep-
ficiel, l'activité liturgique de Jéthro (Ex 18,12) tions païennes. Son rituel se complète et se com-
élargissent encore l'horizon : hors du peuple élu plique.
(cf Jan 1,16), le sacrifice traduit la piété per•
sonnelle et collective. Des prophètes, dans leurs
visions d'avenir, n'oublient pas les offrandes des II. LES DIVERS ASPECTS DU SACRIFICE
païens (Is 56,7; 66,20; 1\-Ial I,II). Ainsi, lorsqu'ils
brossent à grands traits leur fresque de l'histoire, I. Des types variés que présente l'histoire ... ··- La
les écrivains de l'AT ne conçoivent pas de vie Bible atteste, dès le début, la coexistence de types

u63
SACRIFICE SACRIFICE

variés. L'holocauste ('ôlah), inconnu des .i.\1éso~


potamiens, importé tardivement en Égypte, figure
déjà dans les vieilles traditions et sous les Juges III. DES RITES AU SACRl'FICE SPIRITUEL
{Gn 8,20; Jg 6,21; II,31; 13,19). On brûlait entière-
ment la victime (taureau, agneau, chevreau, I. Les rites comme signes du l( sacrifice spirituel». -
oiseau pour signifier le don total et irrévocable). Le Dieu de la. Bible ne tire pas profit des sacri-
Cnc autre catégorie de sacrifice, très répandue fices : on ne considère pas Yahweh comme le débi-
chez les Sémites, consistait essentiellement en un teur de l'homme, mais l'homme comme le client
*repas sacré (zèba!i, Selamtm) : le fidèle mange de Dieu. Les rites rendent visibles des sentiments
et boit u devant Yahweh n (Dt 12,18; 14,26); intérieurs : *adoration {holocauste}, souci d'inti-
l'alliance du Sinaï est scellée par un tel sacrifice mité avec Dieu {felamim), aveu du péché, désir
(Ex 24,4-8). Certes, tout banquet sacré ne sup- du *pardon {rites expiatoires). Le sacrifice inter-
pose pas nécessairement un sacrifice ; mais, en vient dans les cérémonies d'*alliance avec la
fait, dans l'AT, ces festin!:> de *communion l'im- divinité (cf Gn 8,2oss), et spécialement au Sinaï
pliquaient : une part de la victime (gros ou menu {Ex 24,5-8) ; il consacre la vie nationale, fami-
bétail} revenait de droit à Dieu, maître de la vie liale, individuelle, surtout à l'occasion des *pèle-
(sang répandu ; graisses consumées = « nourri- rinages et des *fêtes (1 S 1,3; 20,6; 2 R 16,15).
ture de Dieu n, « mets de Yahweh ))), tandis que Dialogues (Ex 12,26; 13,8; 24,4-8), profession de
la chair servait de nourriture aux convives. On foi (Dt 26,5-n), "'confession des péchés (1 S 7,
pratiqua aussi, assez tôt, des rites expiatoires (1 S 6; cf Lv 5,5), psaumes (cf Ps 22,23-30; 27,6; 54,8)
3,q; 26,19; 2 S 24,15 ... ; cf Os 4,8; Mi 6,7). Selon explicitent parfois la portée spirituelle du geste
une formule archaïque (Gn 8,21), conservée et spi- matériel. D'après Gn 22, peut-être la charte des
ritualisée (Lv 1,9; 3,16), Dieu agréait des offrandes sacrifices du Temple, Dieu refuse les victimes
• en •parfum d'apaisement )), humaines, accepte l'immolation des animaux ; mais
il n'agrée ces dons que si l'homme les offre avec un
2. à la synthèse du Lévitique. - Le Lévitique cœur capable de sacrifier, dans la *foi, à l'exemple
expose en langage technique et de façon systé- du patriarche *Abraham, ce qu'il a de plus cher.
matique les « *dons )> offerts à Dieu (Lv 1-7;
22,17-30) sanglants ou non sanglants (minb,ab) : 2. Primauté de la religion intérieure. - Une ten-
holocauste, offrandes de nourriture, sacrifices de tation subsistait : s'attacher au rite en négligeant
communion (*eucharistique, votif, spontané), sacri- le signe. D'où les avertissements des *prophètes.
fice pour le péché (!Ja!#Q.'t), sacrifice de réparation On se méprend parfois sur leurs intentions. Ils
(aSam). Mais les rubriques n'étouffent pas l'es- ne condamnent pas le sacrifice comme tel, mais
prit les gestes minutieux se chargent d'un sens ses contrefaçons et, en particulier, les pratiques
sacré. L'*action de grâces, et aussi le désir d'*expia~ cananéennes (Os 2,15; 4,13). Par elle-même, la
tion (Lv 1,4; cf Jb 1,5) inspirent l'holocauste. multiplicité des rites n'honore pas Dieu. Jadis,
Derrière une terminologie parfois rébarbative, on cette prolifération n'existait pas (Am 5,25; Is 43,
découvre un sens affiné de la *sainteté de Dieu, 23s; Jr 7,22ss). Sans les dispositions du cœur, le
l'obsession du *péché, un besoin inassouvi de sacrifice se réduit à un geste vain et *hypocrite ;
purification. Dans ce rituel, la notion de sacri- avec des sentiments pervers, il déplaît à Dieu
fice tend à se concentrer autour de l'idée d'expia- (Am 4,4; Is 1,n-16). Les prophètes insistent avec
tion. Le *sang y joue un grand rôle, mais son vigueur, selon le génie de leur langue, sur le pri-
efficacité dérive, en définitive, de la volonté mat de l'*â.me (Am 5,24; Os 6,6; Mi 6,8). Ils n'in-
divine {Lv I7,II; cf Is 43,25) et suppose des sen- novent pas; ils prolongent une tradition ancienne
timents de "'pénitence. La réparation des impu- (Ex 19,5; 24,7s) et constante (r S 15,22; r Ch 29,
retés rituelles, des fautes inconscientes, initiait 17; Pr 15,8; 21,3.27; Ps 40,7ss; 50,16-23; 69,31s;
pratiquement les fidèles à la purification du cœur, Si 34,18ss). Le sacrifice intérieur n'est pas un
de même que les lois sur le *pur et l'impur orien- succédané, mais l'essentiel (Ps 51,18s) ; parfois, il
taient les âmes vers l'abstention du mal. Le repas supplée au rite (Si 35,1-10; Dn 3,38ss). Ce courant
des Selamim traduit et réalise dans la *joie et spirituel, qui réapparaît à Qumrân, dénonçait la
l'euphorie spirituelle la communion des commen- piété superficielle, intéressée ou en désaccord avec
saux entre eux et avec Dieu, car tous participent la vie, et mettait finalement en question les rites
à la même victime. eux-mêmes. En ce sens, les prophètes anticipaient
la révélation du NT sur l'essence du sacrifice.

II66
SACRIFICE SACRIFICE

3. Le sommet de la religion intérieure dans l' AT. fécond de l'immolation du Calvaire : la •mort,
A côté de la synthèse législative du Lévitique, la source de •vie. La formule prégnante de Jn 17,
Bible offre une autre synthèse, vivante celle~là, 19 résume cette doctrine ,i Pour eux je me con-
car elle s'incarne en une personne. Le •Serviteur sacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi,
de Dieu, selon Is 53, offrira sa mort en sacrifice consacrés en vérité. » L'*Eucharistie, destinée à
d'expiation. L'oracle prophétique marque un pro- rendre présente in memoriam (cf Lv 24,7). dans
grès notable sur les conceptions de Lv 16. Le bouc le cadre d'un repas, l'unique oblation de la •Croix,
émissaire, au grand jour de !'*Expiation, empor- rattache le rite nouveau des chrétiens aux antiques
tait les péchés du peuple, mais, en dépit du rite sacrifices de communion. Ainsi, l'offrande de Jésus,
de !'*imposition des mains, il ne s'identifiait pas dans sa réalité sanglante et dans son expression
à la victime du sacrifice. La doctrine de la substi- sacramentelle, récapitule et •accomplit l'économie
tution vicaire pénale n'affleurait pas dans cette sacrificielle de l'AT: elle est, à la fois, holocauste,
liturgie. Par contre, le Serviteur, librement, se min[iah, offrande expiatrice, sacrifice de *com-
substitue aux pécheurs. Son oblation sans défaut munion. La continuité des deux Testaments est
profite à la« multitude» selon le dessein de Dieu. indéniable. r-.fais, par son unicité, en raison de la
Ici, le maximum d'intériorité s'allie au maximum dignité du *Fils de Dieu et de la perfection de
du don avec le maximum d'efficacité. son offrande, par son efficacité universelle, l'obla-
tion du Christ surpasse le.s sacrifices variés et
NT multiples de l'AT. Vocabulaire ancien, contenu
nouveau. La réalité déborde les catégories de pensée
Jésus reprend l'idée prophétique de la primauté qui servent à l'exprimer.
de l'âme sur le rite (Mt 5,23s; Mc 12,33). Par ce
rappel, il prépare les esprits à comprendre le sens
de son propre sacrifice. Entre les deux Testaments, Il. L'ÉGLISE RÉFLÉCHIT
il y a continuité et dépassement : la continuité se SUR LE SACRIFICE DE ]Ésus
manifeste par l'application à la mort du Christ
du vocabulaire sacrificiel de I'AT; le dépassement, 1. Du sacrifice du Calvaire au repas eucharistique.
par l'originalité absolue de l'offrande de Jésus. Les écrits apostoliques développent sous des formes
En fait, ce dépassement introduit dans le monde diverses ces idées fondamentales. Jésus devient
une réalité essentiellement nouvelle. (1notre •Pâque" (1 Co 5,7; Jn 19,36); l' Agneau
<(

immolé " (r P 1,19; Ap 5,6) inaugure dans son


sang la nouvelle Alliance (1 Co u,25), rachète le
J. JÉSUS S'OFFRE EN SACRlFICE troupeau (Ac 20,28), réalise l'*cxpiation des péchés
(Rm 3,24s), la •réconciliation entre Dieu et les
Jésus annonce sa Passion en utilisant, mot pour hommes (2 Co 5,19ss; Col 2,14). Comme dans le
mot, les termes qui caractérisaient le sacrifice Lévitique, on insiste sur le rôle du •sang (Rm
expiatoire du Serviteur de Dieu il vient pour 5,9; Col 1,20; Ep r,7; 2, 13; 1 P 1,2.18s; 1 Jn 1,
« •servir ~. il {{ donne sa vie », meurt (r en ran- 7; 5,6ss; Ap r,5; 5,9). Mais ce sang est versé par
çon », au profit de la c< multitude >i (Mc 10,45 p; un Fils sur l'initiative de son Père. Les Apôtres
Le 22,37; Is 53,rnss). En outre, le cadre pascal ébauchent ainsi un rapprochement entre le sacri-
du repas d'*adieu (Mt 26,2; Jn II,55ss; 12,1 ... ; fice d'Isaac et celui de Jésus. Ce parallèle met en
13,1) établit une relation intentionnelle, précise, relief la perfection de l'oblation du Calvaire le
entre la mort du Christ et le sacrifice de I'•Agneau Christ, Fils « bien-aimé ~, agapètos (cf Mc 12,6;
pascal. Enfin, Jésus se reporte expressément à r,n; 9,7), se livre à la mort, et le Père, par amour
Ex 24,8 en s'appropriant la formule de Moïse, des hommes, n'épargne pas son propre Fils (Rm
cr le sang de l'Alliance )1 (Mc 14,24 p). La triple 8,32; Jn 3,16). Ainsi la •Croix révèle la nature
référence à l'Agneau dont le •sang délivre le peuple intime du sacrifice (( d'agréable odeur » (Ep 5,2) :
juif, aux victimes du Sinaï qui scellent l'* Alliance le sacrifice est, dans sa substance spirituelle, un
ancienne, à la mort expiatrice du Serviteur dé- acte d'•amour. Désormais la •mort, destin de
montre clairement le caractère sacrificiel de la l'humanité pécheresse, se situe dans une perspec-
mort de Jésus : celle-ci procure aux foules la tive absolument originale (Rm 5).
rémission des péchés, consacre l'Alliance défini~ Dans Je Temple, on prévoyait une table pour les
tive et la naissance d'un *peuple nouveau, assure pains de proposition ; il existe aussi, dans la com-
la *rédemption, Ces effets soulignent l'aspect munauté chrétienne, une 11 table du Seigneur ~.

n68
SACRIFICE SAGESSE

Paul compare expressément !'*eucharistie .aux commllllion AT I , - culte - don AT 3; NT z. -


banquets sacrés d'Israël (1 Co 10,18). Mais quelle eucharistie IV. :z, V - expiation - feu A1: II 1 -
différence. 1 Les chrétiens ne participent .plus seu- martyr - mort - nourriture I - pain II 3, III -
lement à des choses « •saintes » ou « très saintes », paix ~ 3 - ~!que. - parfum z - prémices l_ z a, II -
ils communient au corps et au sang du Christ Rédemption N.T· :z - repas li - eacerdoœ AT Il 1 •
NT I I:Z - saint - sang AT 3 b; NT 1 ~ set· :z ___:
(1 Co 10,_16), principe de yie éternelle (Jn- 6,53- Serviteur de Dieu II :z,' III ___:. Temple NT III 1 -
58). Cette participation signifie et produit l'union vin I z.
des fidèles en un seul *corps (1 Co 10,17). Ainsi se
réalise, en fait, le sacrifice idéal pressenti par Mala- SADDUCÉENS - Loi' B III 5 - pharisiens 1 -
chie (1, u), valable pour tous et pour tous les temps. Résurrection AT III - roi AT II 3.
2. Figures et réalité. - Les allusions multiples des
évangiles et des écrits apostoliques au vocabulaire
rituel de l'AT découvrent le sens profond de la
liturgie ancienne : celle-ci_ préparait et *préfigu-
rait le sacrifice rédempteur. L'épître ~ux Hébreux SAGESSE
explicite cette doctrine par la comparaison systé-
matique des deux économies. Jésus, Gra):l.d. Pr~tre
et victime, fonde, comme Moïse au Sinaï, une La recherche de la sagèsse est commüne à toutes
alliance entre Dieu et son peuple. I)ésormais cette les cultures de l'ancien· Orient. Des recueils· de
alliance. est parlaite et d~finitive {He 8,6-_13; 9, littéia~Ure sapientielle ·nous Ont été légués ··par
15-rn,18)., De plus, ,le Christ, conime le Grand l'Égypte comme par la Mésopotamie, et les' sept
Prêtre au jour de l'Expiation, accomplit une Sages étaient légendaires dans la Grèce antique.
action purificatrice. Mais, cette fois, il abolit le Cette sagesse a· une visée pratique : il s'agit pour
péché par l'effuSion de son sang,· plu.S efficace _que l'homme de se conduire avec pnidence et habile.té
celui des victimes du Temple. Les croyants pour réussir ·dans la -vi~. Cela implique une· cer-
obtiennent non plus seulement la « *pureté de: la taine réflexion sur le monde: cela condU:it à.ussi à
*chair )), mais __ la « purification des consciences )) .. l'élaboration d'une morale, d'où la référence reli-
(9,1_2ss)_. La personnalité du ·p·ontife, l'excellence gieuse n'est pas à.bsente (notamment en Égypte).
du sanctuaire où se consomme le sacrifice'-· le Dans la Grèce du_ vie siècle, la réflexion prendra
*ciel - garantissent la valeur un_i<J.ue, l'efficacité un_ tour vtus spéculatif, .et ·la · sagesse se muera:
absolue et -qniverselle de. l'oblation d~ Christ. Ce en philosophie. A· côté d'u_ne science embi-yOn~
sacrifice, archétype de tous les autres qu_i n_'étaient naire et· de techniques qui se' développent,- la
que _l'ombre_ de la _ré~ité, tl'a p~ besoin d'être sagesse constitue dbnc un élément important de
réitéré (10,1.rn). La liturgie qµi, selon _l'Apoca~ la civilisation. C'est l'humanisme de l'antiquité.
lypse (Ap 5,6 ... ), se déroule au ciel autoui- de Dans la révélation bibliqtie, la Parole de Dien
l' Agneau immolé rejoint la représentation de prend aussi fornie_ de sagesse·. Fait important,
l'épître aux HébreuL mais qu'il faut interpréter correctement.· Il ne
signifie pas qùe la révélation, à un certain stade
3. Dù sàcriftce du ·chef au K stUri.fice spîrituel ,, de· son développement, se transforme en huma.;.
des nµimbreS .. _,;__ Les· prophètes insistaiellt sur le$ nisme'. L~ sagesse inspirée, 'même lorsqu'elle
prolongements du geste rituel dans· la .vie' quoti- intègre _le meilleur de la sagesse humaine, est
dienne ; bien plus; l'Ecclésiastique assimilait une d'une· autre nature "'qu'elle. Sensible dès l' AT, ce
conduite -vertueuse au· sacrifice · (Si 35,1ss). On fait· éclate ·dans le NT.
retrouve dans le NT la même application· spiri-
tuelle à la vie. chrétienne e_t apostoliqùe (Rm 12,
1; 15,16; Ph 2,17; .4,18; He 1·3,15). -Les crofants, AT
stimulés par l'Esprit qui les anime,. en commu•
nion vitale avec leur Seigneur, forment II un
I. SAGESSE .HUMA,INE ET SAGESSE SELON' Drnu
•sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices
1. Jmplantàtion de la'Sagesse e,i Israël. -.A part
· spirituels, agréables à Die~ par J ésus-ChriSt •
(I P 2,5). CH les e:x.~tio_~ de Jo~ph (~n 41-,39s) et de Moise
(Ex .2,10; . cf Ac 7,:us), Israël n'a:. pris contact
- Abniluun I :z - Agneau: de Dieu - Alliance - ani- avec la. l?agesse de. l'Orient .qu'après son installa-
maQX II 3 ..:__ a\Jmône AT 3 - autel - colombe 1 - tion en Canaan, et il faut attendre l'époque

n69 n70
SAGESSE SAGESSE

royale pour le voir s'ouvrir largement à l'huma- son principe et son couronnement (Pr 9,10; Si 1,
nisme du temps. Salomon est ici l'initiateur : 14-18; 19,20). Sans jamais quitter les perspec-
r La sagesse de Salomon fut plus grande que tives de cette sagesse religieuse, les scribes ins-
celle de tous les orientaux et que toute celle de pirés vont désormais y intégrer tout ce que la
l'Égypte )) (1 R 5,9-14; cf 10,6s.23s). Le mot vise réflexion humaine peut leur offrir de bon. La
à la fois sa culture personnelle et son art de bien littérature sapientielle éditée ou composée après
gouverner. Or pour les hommes de foi, cette sagesse l'exil est le fruit de cet effort. Guéri de ses pré-
royale ne fait pas problème : elle est un don de tentions orgueilleuses, l'humanisme s'y épanouit
Dieu, que Salomon a obtenu par sa prière (r R à la lumière de la •toi.
3,6-14). Appréciation optimiste, dont on retrouve
ailleurs les échos : tandis que les scribes de la
cour cultivent les genres sapientiaux (cf les élé-
II. ASPECTS DE LA SAGESSE
ments anciens de Pr rn-22 et 25-29), les his-
toriens sacrés font l'éloge de Joseph, l'adminis-
trateur avisé qui tenait de Dieu sa sagesse (Gn I. Un art de bien vivre. - Le Sage de la Bible est
4i; 47). curieux des choses de la nature (I R 5,13). Il les
admire, et sa foi lui apprend à y voir la main
2. La sagesse en question. - Mais il y a sagesse et puissante de Dieu (Jb 36,22-37,18; 38-41; Si
sagesse. La vraie vient de Dieu ; c'est lui qui 42,15-43,33). Mais il se préoccupe avant tout
donne à. l'homme « un •cœur capable de discerner de savoir comment conduire sa vie pour obtenir
le bien du mal » (r R 3,9). Mais tous les hommes le bonheur vrai. Tout homme expert en son
sont tentés, comme leur premier père, d'usurper métier mérite déjà le nom de sage (Is 40,20; J r
ce privilège divin, d'acquérir par leurs propres 9,16; 1 Ch 22,15) ; le sage par excellence, c'est
forces « la •connaissance du bien et du mal » l'expert en l'art de bien vivre. Il jette sur le
(Gn 3,5s). Sagesse fallacieuse, vers laquelle les monde qui l'entoure un regard lucide et sans i1lu-
attire la ruse du Serpent (Gn 3,1). C'est celle des sion; il en connaît les tares, ce qui ne veut
scribes qui jugent de tout suivant des vues pas dire qu'il les approuve (vg Pr 13,7; Si 13,
humaines et (( changent en mensonge la Loi de 21ss). Psychologue, il sait ce qui se cache dans le
Yahweh )) (Jr 8,8), celle des conseillers royaux cœur humain, ce qui est pour lui joie ou peine
qui mènent une politique tout humaine (cf Is (vg Pr i3,12; 14,13; Qo 7,2-6). Mais il ne se
29,15ss). Les prophètes s'élèvent contre cette cantonne pas dans ce rôle d'observateur. *Éduca-
sagesse-là : « Malheur à ceux qui sont sages à teur-né, il trace des règles pour ses *disciples :
leurs propres yeux, avisés selon leur sens propre )1 prudence, modération dans les désirs, travail,
(Is 5,21). Dieu fera que leur sagesse tourne court humilité, pondération, retenue, loyauté du lan-
(Is 29,14). Ils seront pris au piège pour avoir gage, etc. Toute la morale du Décalogue passe
méprisé la Parole de Yahweh (Jr 8,9). Car cette dans ses avis pratiques. Le sens social du Deuté-
•Parole est la seule source de la sagesse authen- ronome et des prophètes lui inspire des monitions
tique. Celle-là, les esprits égarés l'apprendront sur l'aumône (Si 7,32ss; Tb 4,7-II), le respect de
après le châtiment (Is 29,24). Le roi fils de David la justice (Pr n,1; 17,15), l'amour des pauvres
qui régnera « aux derniers temps » la possédera (Pr 14,31; 17,5; Si 4,1-rn). Pour appuyer ses avis,
en plénitude, mais il la tiendra de l'*Esprit de il fait appel à l'expérience, spécialement à celle
Yahweh (Is u,2). Ainsi l'enseignement prophé- des *vieillards; mais son inspiration profonde vient
tique repousse la tentation d'un humanisme qui de plus haut que l'expérience. Ayant acquis la
prétendrait se suffire à lui-même : le salut de sagesse au prix d'un rude effort, il ne désire rien
l'homme vient de Dieu seul. tant que la transmettre aux autres (Si 51,13-30),
et il invite ses disciples à en faire avec courage
3. Vers la vraie sagesse. - La ruine de Jérusalem l'apprentissage difficile (Si 6,18-37).
confirme. les menaces des prophètes : la fausse
sagesse des conseillers royaux a donc mené le 2. RI.flexion sur l'existence. - Il ne faut pas
pays à la catastrophe ! L'équivoque étant ainsi attendre du maître de sagesse israélite une ré-
dissipée, la vraie sagesse va pouvoir s'épanouir flexion de caractère métaphysique sur l'homme,
librement en Israël. Son fondement sera la •Loi sa nature, ses facultés, etc. En revanche, il a un
divine, qui fait d'Israël le seul peuple sage et sens aigu de sa situation dans l'existence et il
intelligent (Dt 4,6). La •crainte de Yahweh sera scrute avec attention son destin. Les *prophètes

1171
SAGESSE SAGESSE

s'attachaient surtout au sort du peuple de Dieu trice (14,26s) et une épouse nourricière (15,2s),
comme tel; )es textes d'Ézéchiel sur la •responsa- une hôtesse hospitalière qui invite à son festin
bilité individuelle font figure d'exceptions (Ez 14, (Pr 9, 1-6), à l'encontre de Dame *Folie dont la
12-20; 18; 33,10-20). Sans cesser. d'être attentifs maison est le vestibule de la Mort (9,13,-18).
à la destinée globale du peuple de l'Alliance (Si
44-50; 36,1-17; Sg 10---12; 15-19), les Sages 2. La Sagesse divine. - Or cette représentation
s'intéressent surtout à la vie des individus. Ils féminine ne doit pas être comprise comme une
sont sensibles à la grandeur de l'homme (Si 16, simple figure de langage. La sagesse de l'homme
24-17,14) comme à sa misère (Si 40,1-n), à sa a une source divine. Dieu peut la communiquer à
•solitude (Jb 6,n-30; 19,13-22), à son *angoisse qui il veut parce qu'il est lui-même le Sage par
devant la douleur (Jb 7; 16) et la mort (Qo 3; excellence, Les auteurs sacrés contemplent donc
Si 41,1-4), à l'impression de néant que lui laisse en Dieu cette Sagesse d'où découle la leur. C'est
sa vie (Jb 14,1-12; 17; Qo 1,4-8; Si 18,8-14), à une réalité divine qui existe depuis toujours et
son inquiétude devant Dieu qui lui semble incom- pour toujours (Pr 8,22-26; Si 24,9). Issue de la
préhensible (Jb 10) ou absent (23; 30,20-23). Dans bouche du Très-Haut comme son haleine ou sa
cette perspective, le problème de la *rétribution *Parole (Si 24,3), elle est « un souffle de la *puis-
ne_ peut manquer d'être abordé, car les concep- sance divine, une effusion de la *gloire du Tout-
tions traditionnelles aboutissent à des dénis <le Puissant, un reflet de }a *lumière éternelle, un
justice (Jb 9,22-24; 21,7-26; Qo 7,15; 8,14; 9,:zs). miroir de l'activité de Dieu, une *image <le son
Mais il faudra de longs efforts pour qu'au-delà de excellence i1 (Sg 7,25s). Elle habite dans le ciel
la rétribution terrestre, si décevante, le problème (Si 24,4), partage le trône de Dieu (Sg 9,4), vit
se résolve dans la foi à la *résurrection (Dn 11., dans son intimité (8,3).
2s) et à la •vie éternelle (Sg ·5,15).
3. L'activité de la Sagesse. - Cette Sagesse n'C'st
3. Sagesse et *révélation. - Accordant une aussi pas un principe inerte. Elle est associée à tau t cc
large place à l'expérience et à la réflexion humaine, que Dieu fait dans le monde. Présente lors de la
l'enseignement des sages est évidemment d'un création, elle s'ébattait à ses côtés (Pr 8,27-3E; d
autre type que la *Parole prophétique, issue d'une 3,19s; Si 24,5), et elle continue de régir l'univers
inspiration divine dont le prophète est lui-même (Sg 8,1). Tout au long de l'histoire du salut, Dieu
conscient. Cela n'empêche pas qu'il fasse aussi l'a envoyée en mission ici-bas. Elle s'est installée
progresser la doctrine, en projetant sur les pro- en Israël, à Jérusalem, comme un *arbre de de
blèmes la lumière des •Ecritures longuement (Si 24,7-19), se manifestant sous la forme con-
méditées (cf Si 39, lSS). Or à basse époque, pro- crète de la *Loi (Si 24,23-34). Depuis lors, elle
phétie et sagesse se rejoignent dans le genre apo- réside familièrement chez les hommes (Pr 8,31;
calyptique, pour révéler les secrets de l'avenir. Si Ba 3,37s). Elle est la *providence qui dirige l'his-
Daniel « révèle les *mystères divins » (Dn 2,28ss. toire (Sg 10,1-n,4), et c'est elle qui assure aux
47), ce n'est point par sagesse humaine (:2,30), hommes le salut (9,18). Elle joue un rôle analogue
mais pafce que !'Esprit divin, qui réside en lui, à celui des prophètes, adressant ses reproches aux
lui donn·e une sagesse supérieure (5,11.14). La insouciants dont elle annonce le *jugement {Pr
sagesse religieuse de l'AT revêt ici une forme 1,2ow33), invitant ceux qui sont dociles à bénéfi-
caractéristique, dont l'ancienne tradition israélite cier de tous ses biens (Pr 8,1-21.32-36), à s'asseoir
présentait déjà un exemple significatif (cf Gn 41, à sa table {Pr 9,4ss; Si 24,19-22). Dieu agit par
38s). Le sage y apparaît comme inspiré de Dieu à elle comme il agit par son *Esprit (cf Sg 9,17);
l'égal du prophète. c'est donc tout un de l'accueillir et d'être docile
à l'Esprit. Si ces textes ne font pas encore de la
Sagesse une personne divine au sens du NT, ils
scrutent du moins en profondeur le mystère du
III. LA SAGESSE DE Drnu Dieu unique et en préparent une révélation plus
précise.
1. La Sagesse personnifiée. -- Tel est le culte de
la sagesse chez les scribes d'après l'exil qu'ils se 4. Les dons de la Sagesse. - Il n'est pas étonnant
plaisent à la personnifier pour lui donner plus de que cette Sagesse soit pour les hommes un tré::;or
relief (déjà Pr 14,r). C'est une bien-aimée qu'Qn supérieur à tout {Sg 7,7-14). Étant elle-même un
cherche avidement (Si 14,22ss), une mère protec- don de Dieu (8,21), elle est la distributrice de tous

n73 n74
SAGESSE SAGESSE

les .biens (Pr 8,21; Sg 7,11) : vie et bonheur (Pr (cf Mt n,2.,ss p). La leçon a été recueillie par les
3,13-18; 8,32-'36; Si 14,25-27), séC:urité (Pr .3,21- écrits apostolicj_ues. Si Jésus y est appelé « Sagesse
26); grâce et gloire (4,8s), richesse et justice (8, de Dieu » (1 Co 1,24.30), ce n'est pas seulement
18ss), et tOutes les ·•vertus• (Sg 8,7s) ... Comment parce qu'il communique la sagesse aux hommes ;
l'homme ne s'efforcerait-il pas de l'avoir pour c'est parce qu'il est lui-même 'la Sagesse. Aussi,
épouse (8,2) ? C'est elle en effet qui fait les amis pour parler de ·sa pré-existence àuprès du Père,
de Dieu (7,'275). L'intimité avec elle ne se dis. · reprend-on les termes mêmes qui' définissaient
tingue · pas de l'intimité avec Dieu mênie. 'Quand jadis la Sagesse divine :· ·n est le premier-né avant
le NT identifiera la Sagesse avec le Christ, Fils et toute créature et l'artisari de la •création :(Col 1,
Parole de Dieu, il trouvera dans cette doctrine 15ss; -cf Pr 8,~2-31), le resplendiSSemellt .de la
l'exacte ,préparation d'une révélation· plénière : *gloire de Dieu et l'effigie de sa ·substance (He
uni au Christ. l'homme participe à la· Sagesse 1,3; cf Sg 7,25s). Le Fils est la· Sagesse du, Père
divine et se voit .introduit dans l'intimité de Dieu. comme ·il est aussi sa: _•Parole (Jn 1,1ss). Cette
Sagesse personnelle était jadis cachée .. _en _Dieu
quoiqu'elle gouvemâ.t l'univers, dirigeâ.t l'hiStoire,
NT .se manifestâ.t indirectenient dans la Loi et dans
]. J:És.us ET LA SAGESSE l'enseignement des sages. Maintenant, elle est
révélée en Jésus-Christ. Ainsi tous· les textes
sapientiels' de l' AT prennent en lui leur portée
I. ]Asus, mattf'e de sagesse. - Jésus s'est présenté définitive .
.à ses contemporains sous des dehors_ complexes :
*prophète de pénitence, mais plus que prophète
(Mt 12,41); •messie, mais qui doit passer par la
souffrance du · •Serviteur de Yahweh avant de II. SAGESSE: DU MONDE ET SAGESSE CHRÉTIENNE
connaître la gloire du .•Fils de l'Homme (Mc 8,
29ss) ; docteur, mais. non à la manière des scribes
(Mc 1,21s). Ce qui rappelle le mieux sa façon x. La sagesse du monde_ condamnée. - A l'heure
d'•enseigner, c'est celte des maîtres de sagesse -de de cette révélation , suprême de la Sagesse, le
l'AT·.: il reprend volontiers leurs genres (pro- drame que les prophètes avaient déjà mis en évi-
verbes, •paraboles), donne Comme eux des règles dence s'est renoué. Devenue folle depuis qu'elle
de vie (cf Mt 5-7). Les spectateurs ne s'y trompent avait méconnu le Dieu vivant (Rm ·1,21s; -I Co
pas, qui s'étonnent de cette sagesse hors de pair, 1,21), la.sagesse de ce monde a mis le comble à
aœréditée par des œuvres miraculeuses (Mc 6, sa *folie quand les hommes (! ont crucifié. le Sei-
2) ; Luc la note même dès l'enfance du. Christ gneur de la gloire » (1 Co 2,8). C'est pourquoi
(Le 2,40.52). Jésus, lui, laisse entendre .qu'elle Dieu. a condamné cette sagesse des sages (1,19s;
pose un problème : la reine du Midi s_'est levée 3, 19s), qui est « terrestre, animale, démoniaque ~
pour. entendre la sagesse de Salomon, or il y a (Je 3,15) ; pour lui faire pièce, il a décidé de sauver
ici plus que Salomon (Mt 12,42 p). le monde par la folie de la •Croix (r Co 1,17-25).
Aussi lorsqu'on annonce aux hommes !''!'Évangile
z. Jlsus, Sagesse de Dieu. --,-- Effectivement, c'est du •salut, peut-on:laisser de côté tout ce qui relève
en son nom propre que Jésus promet aux siens ·de la· sagesse humaine, la culture et le beau lan-
le don de la sagesse {Le 21,15). Méconnu par sa gage (1 Co 1,17; 2,1-5) : il ne faut pas tricher avec
•génération iri.crédule, mais accueilli par les cœurs la folie de· la ·Croix. ·
d_ociles à Dieu, il conclut mystérieusement : .11 La
Sagesse a été justifiée par ses enfants ~ (Le 7, :2. La vraie sagesse. - La révélation de la vraie
35 ~ ou 1i par ses.œuvres »: Mt n,19). Son secret sagesse se fait donc de façon paradoxale. Ce n'est
perce davantage lorsqu'il,-moule son langage sur pas aux- sages .et aux habiles qu'elle est accordée,
celui que l' AT attribuait à la Sagesse divine : mais aux. petits (Mt ·n,25); pour confondre les
u Venez à moi ... » {Mt 11,28ss; cf Si 24,19)·; « .Qui sages enorgueillis, Dieu a choisi ce qu'il y avait
vient à moi n'aura -plus faim, qui croit en moi de fou dans le monde (1 Co 1,27). Il faut ainsi se
n'aura plus -soif » (Jn 6,35; cf 4,14; 7,37; Is 55, rendre fou aux yeux du monde pour devenir sage
1ss; Pr 9,1-6; Si 24,19-2:2). Ces appels dépassent selon Dieu (3,18). Car la sagesse chrétienne ne
ce quion-·attend d'un sage parmi les autres ;.-ils s'acquiert point par effort humain, mais par révé-
font entrevoir la mystérieuse personnalité du *Fils lation du Père (Mt·n,25ss). Elle est en elle-même

n75 n76
SAGESSE SAINT

chose divine, mystérieuse et cachée, impossible. à Époux/épouse AT 3 ; NT 1 - femme AT 3 - Fils


sonder par l'intelligence· hum.aine (1 Co· 2,75s; Rm de l'Homme AT II 1 - folie - goûter I - image
11,3.35s; Col 2,3). Manifestée par l'accomplisse- III-Jésus-Christ II 1 d-justice AI AT 4-lait 3 -
ment historique du salut ·(Ep 3,10}, elle ne peut Loi B III 4 - lumière & ténèbres AT I 3 - m.ère Il
1 - mystère _AT :ab; NT Il 1 - œuvres AT 1 3;
être communiquée que par }'•Esprit de. Dieu aux NT I 1 - paradis :ac - Parole de Dieu AT I 1, IV -
hommes qui lui sont dociles (1 Co 2,10-16; 12,8; péché IV 3 d - plénitude 2 - prédestiner 2 - pro-
Ep ,,17). messes ~I 6-:- Révélatidn AT [.3 - simple 1 -vérité
AT 3 -. vieillesse z - volonté de Dieµ AT I 2 b.

III. ASPECTS DE LA SAGESSE CHRÉTIENNE

1. Sagesse et yJvilation. - La sagesse chrétienne, SAINT


telle qu'on vient de la décrire, présente de nettes
affinités avec les apocalypses juives : elle n'est pas
avant tout règle de vie, mais •révélation du •mys- La liturgie acclaiµ.e le Dieu trois fois Saint ;
tère de Dieu (1 Co :2,6ss), sommet de la •connais- elle proclame le Christ, (( seul Saint » ;_ elle, fête
sance religieuse que Paul demande à Dieu pour les saints. Nous parlons aussi des saints.évangiles,
les fidèles (Col 1,9) et dont ce_ux-ci peuvent s'in~- de la semaine ·sainte ; et nous sommes appelés à
truire mutuellement (3,16), « en un langage ensei- devenir des salnts. La sainteté P3rat.t donc une
gné pa~ l'Esprit » (r Co 2,13). réalité complexe qui touche au mystère de Dieu,
in.ais aussi au culte et à la morale; elle englobe
les nOtionS de _sacré . et de pur, . mais les dé.passe.
:2. Sagesse et vie morale. - L'aspect moral de la Elie semble .réservée_ à Dieu, inaccessible, mais elle
sagesse n'est pas évacué pour autant. Dans la est coruitamment attribuée à des créatures.,
lumière de la révélation du Christ, Sagesse de Le mot sémitique q&lè§, choàe sainte, sainteté,
Dieu, io'lltes les règles de ·conduite, que l'AT rat- qui dériye d'unè ~cine signifian! sans doute « c~m-
tachait à la Sagesse selon Dieu acq~ièrent. au con- per, séparer », orie~te yers une idée de. sépa~ation
traire la _plénitude de leur sen~-- N_on seulement du profane ; les choses saintes sont celles qu on ne
ce qui relève des fcmctions aposto_liques (1 Co 3, touche pas ou qu'on n'approche, .que dans cer-
10; 2 P 3,15) : mais aussi ce qui concerne la .vie taines conditions de. •puI'eté rituelle. Étant char-
chrétienne de chaqùe jour (Ep 5,15; Col 4,~), où gée$ d'un 9,ynamisme; d'un: mystère et d'une
il faut imiter la conduite des vierges sages, non majesté. ·où l'on peut voir du surnaturel, elles
celle des viergès •toiles (Mt 25,r:12). Les conseils prov9quent un sentiment mêlé d'effroi et de fas-
de morale pratique qu'énonce saint Paul dans les cinatioil, qui fait prendre conscience à l'homme d_e
:finales de ses .lettres relàient ici l'enseignement sa peti!esse devant ces manifestations du a num1-
des ancièns sages. Lè fait est plus évident encore neux ».
pour l'épîµ"e .dè Jacques, qui oppose su~ ce point La notion biblique ·dt:! ._sainteté est bien plus
précis la fausse sage;;se et la « sagesse den haut 11 riche, Non contente de livrer .les réactions de
(Je 3,13-17). Cette dernière implîque une par- l'homme en face du divin, et de définir fa sain-
faite iectitude niorale. Ilïaut ·s'efforcer d'y conR teté ,par_ négation du profan.e, la Bible contient la
former ses actes toll.t en la demandant à Dieu révélation de .•Dieu lui-même ; elle définit la
comme un don (Je I,,5). sainteté à sa source même, en Dieu, de qui _dérive
Telle· est la seule perspective où.les aè:quiS,i"l:ions toute sélinteté. Mais,."de ce 'fait, l'Écriture pose. le
de l'humaniSIIle ·peuvent s'intégrer à la vie: et à 1~ p;roblème d_e la nature de la sainteté, qui est.. :fina-
pensé_e' chrétienne. L'homme pécheur doit. se lais~ lement celui du mystère de. pi~u et de sa com-
ser_ cruci:fi.et' avec E!a sagesse orgueill~use s',il veut munication aux homme$. D'abord extérieure aux
renaître dans le Christ .. S'il fait cela, tout son personnes, lieux et objets qu'elle I'end « sacrés'»,
effort hùmain prendra- un sens nouveau, car il cette sainteté dérivée ne· devient réelle et intérieure
s'effectueia Squs la mouvance de l'Esprit. que par le don de l'EspritRSaint lui-même ; alors
AB & PG !'•Amour qui est Dieu même (1 Jn 4,18) sera
-+ connaître AT 4 - crainte de Dieu IV - création communig_ué, en triomphant du •péché .qui arrê•
AT II 3; NT I·z ..- dessein de Dieu AT. IV - dia- tait le· rayonnement de sa sainteté.
cipJe AT 2 - éducation - enseigner AT I 4, II I -

II77
SAINT SAINT

les hommes sa propre sainteté. S'il règle minu-


AT tieusement les détails des sacrifices (Lv 1-7) et
I. DIEU EST SAINT, IL SE MONTRE SAINT les conditions de *pureté nécessaires au culte (Lv
12-15), s'il exige que son saint Nom ne soit pas
La sainteté de Dieu est inaccessible à l'homme. profané (Lv 22,32), c'est parce qu'une liturgie
Pour que celui-ci la reconnaisse, il faut que Dieu bien célébrée fait éclater sa gloire (Lv 9,6-23;
• se sanctifie li, c'est-à-dire « se montre saint 1), en I R 8,IOss; cf Lv IO,ISs; 1 s 2,17; 3,IISS) et met
manifestant sa •gloire. Création, théophanies, en relief sa majesté. Mais ce culte ne vaut que s'il
*épreuves, *châtiments et *calamités (Nb 20, 1- exprime l'obéissance à la *Loi {Lv 22,31ss), la
13; Ez 38,21ss), mais aussi protection miracu- foi profonde (Dt 20,12), la louange personnelle
leuse et délivrances inespérées révèlent en quel (Ps 99,3-9) : c'est cela, *craindre Dieu, le sanc-
sens Dieu est saint (Ez 28,25s). tifier (Is 8,13).
Manifestée d'abord au cours des majestueuses
théophanies du Sinaï (Ex 19,3-20), la sainteté de
Yahweh apparait comme une puissance à la fois
effrayante et mystérieuse, prête à anéantir tout rn.DIEU SANCTIFIE,
ce qui l'approche (1 S 6,19s), mais aussi capable IL COMMUNIQUE S,\ SAINTETÉ
de bénir ceux qui reçoivent l'arche où elle réside
(2 S 6,7-II). Elle ne se confond donc pas avec la
transcendance ou la •colère divine, puisqu'elle se 1. Sainteté et consécration. -- En prescrivant les
manifeste aussi bien dans l'*amour et le •pardon : règles *cultuelles par lesquelles il se montre saint,
• Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma Yahweh s'est réservé des lieux (•terre sainte,
colère... Car je suis Dieu, moi, et non pas homme : sanctuaires, •temple), des personnes (prêtres,
au milieu de toi est le·Saint » (Os n,9). lévites, premiers-nés, nazirs, •prophètes), des
Dans le temple, Yahweh apparait à Isaïe comme objets (offrandes, vêtements et objets de •culte),
un •roi à la majesté infinie, comme le •créateur des *temps (*sabbats, années jubilaires} qui lui
dont la gloire remplit toute la terre, comme l'objet sont consacrés par des rites précis (offrandes,
d'un culte que seuls les séraphins peuvent lui •sacrifices, dédicaces, •onctions, asperi.ions de
rendre. Ceux-ci ne sont d'ailleurs pas assez saints sang) et, par le fait même, interdits aux usages
pour contempler sa *face, et l'homme ne peut la profanes. Ainsi, l'*arche d'alliance ne doit même
•voir sans mourir (Is 6,1-5; Ex 33,18-23}. Et pas être regardée par les lévites (Nb 4, r.20) ; Jes
pourtant, ce Dieu inaccessible comble la distance sabbats ne doivent pas être 1, profanés )1 (Ez 20,
qui le sépare des créatures : il est le « Saint d'Is- 12-24) ; le comportement des prêtres est soumis
raël n, •joie, *force, appui, *salut, *rédemption à des règles particulières, plus exigeantes que les
de ce peuple auquel il s'est uni par l'* Alliance lois communes (Lv 21).
(Is 10,20; 17,7; 41,14-20). Toutes ces choses sont saintes, mais elles peuvenl
Ainsi, loin de se réduire à la séparation ou à la l'être à divers degrés, selon le lien qui les unit à
transcendance, la sainteté divine inclut tout ce Dieu. La sainteté de ces personnes et de ces objets
que Dieu possède de richesse et de vie, de puis- consacrés n'est pas de m&me nature que celle de
sance et de bonté. Elle est plus qu'un attribut Dieu. En effet, à la différence de l'impureté con-
divin parmi d'autres, elle caractérise Dieu même. tagieuse (Lv 11,31; 15,4-27), elle n'est pas reçue
Dès lors, son •Nom est saint (Ps 33,21; Am 2, automatiquement par contact avec la sainteté
7; cf Ex 3,14), Yahweh jure par sa sainteté (Am divine. Elle est le résultat d'une décision libre de
4,2). La langue elle-même reflète cette conviction Dieu, selon sa loi, selon les rites fixés par lui. La
quand, ignorant l'adjectif 1i divin 1), elle considère distance infinie qui la sépare de la sainteté divine
comme synonymes les noms de Yahweh et de Saint (Jb 15,15) s'exprime dans les rites: ainsi le GrnnLl
(Ps 71,22; Is 5,24; Ha 3,3). -Prêtre ne peut pénétrer qu'une fois l'an dans le
Saint des Saints après de minutieuses purifica-
tions (Lv 16,1-16). Il faut donc distinguer entre
IL DIEU VEUT ÊTRE SANCTIFIÉ
la sainteté véritable qui est propre à Dieu et IC'
caractère sacré qui arrache au profane certaines
Jaloux de son droit exclusif au •culte et à personnes et certains objets, les situant dans un
l'*obéissance, Dieu veut être reconnu saint, être état intermédiaire, qui voile et manifeste à la foi:-1
traité en seul vrai Dieu, et manifester ainsi par. la sainteté de Dieu.

II79
SAINT SAINT

z. Le peuple saint. - Élu, mis à part entre les et bénéficieront du règne eschatologique {Dn 7,
*nations, Israël devient le domaine particulier de 18-22). Ce seront les sages qui auront craint Yah-
Dieu, peuple de *prêtres, " peuple saint ». Par un weh (Ps 34,10), le 1( petit. reste » des réchappés
amour inexplicable, Dieu vit et marche au milieu de Sion,- ceux que Dieu aura « inscrits· pour sur-
de son peuple (Ex.33,12-17)·; il se manifeste·à lui vivre » {Is 4,3).
par la. *nuée, l'*arche d'alliance, le- *temple ou
simplement sa· *gloire qui l'accompagne. même en NT
exil (Ez· 1·,1-28) : « .~u milieu; de toi, je ·suis le
Saint » (Os II,9)'. Cette *présence active .de Dieu La communauté apostolique s'est assimilé les
confère au peuple non seulement une sainteté doctrines et le vocabulaire de l'AT. Ainsi Dieu
rituelle, mais une véritable dignité qui l'oblige est le Père Saint (Jn 17,n), le PantQCt'at&- trans-
à la sainteté morale. C'est pour sanctifier le peuple cendant et le juge eschatologique (Ap 4,8; 6,10).
que Yahweh promulgue la *Loi (Lv 22,31ss). Israël, Saint est son Nom (Le 1,49), de même sa Loi
par exemple, ne saurait se laisser ,aller aux vices (Rm 7,12) et son alliance (Le 1,72). Saints aussi,
des peuplades cananéennes ; il doit refuser. tout les anges (Mc 8,38), les _prophètes et les hagio-
mariage avec les filles étrangères et anéantir par graphes (Le. 1,70; Mc 6,20; Rm 1,2). Saint est
*anathème tout ce qlli pourrait le sàuiller (Dt 7, son temple, ·ainsi que la Jérusalem céleste ( 1 Co
1-6). Sa *force réside, non dans les armées ou une . 3,17; Ap 21,2). Puisqu'il est .saint; ceux ,qu'il a
diplomatie habile, mais dans sa foi en Yahweh, *élus doivent être saints (1 P. 1,15s = Lv 19,2),
le Saint d~Israël (Is- 7,9).· Celui-ci•lui donne non et la sainteté de son. *Nom-. doit ê_tre manifestée
seulement ce qui le distingue· des autres peuples, dans ·ravènement .de son Règne (Mt 6,9). Cepen..
mais tout ce qu'il possède de sécurité (Is 41,14- dant c'est la •Pentecôte, manifestation c;le l'.Es-
20: 54,1-5), de fierté (Is 43,3-14; 49,7), d'espérance prit de Dieu, qui semble être à }'_origine de la con-
invincible enfin (Is 60,9-14). ception proprement néo-testamentaire de la sain-
teté.

IV. JSRAÊL DOIT SE SANCTIFIER


I. JËsus, LE SAINT

Au libre choix de Dieu qui veUt ·sa sancti:fica-


tkm, Israël doit répondre en ·se sanctifiant. La sainteté du Christ est intimement liée à. sa
• :filiation divine et à la présence de !'Esprit de
1. Il doit d'abord se purifier, c'est-à-dire se laver Dieu en lui : conçu du Saint-Esprit, il « sera saint
de toute souillure incompatible avec la sainteté et appelé Fils de Dieu 1) (Le 1,35; cf Mt I,18). Au
de Dieu, avant d'assister ~ des théophanies ou baptême· de Jean, le « Fils bien-aimé 1) reçoit
de participer au culte (Ex 19,10-15). Mais c'est, }'"!onction du Saint-Esprit (Ac 10,38; Le 3,22)~ Il
en définitive,. Dieu seul qui lui donne la *pureté, chasse les esprits impurs, et ceux-ci le proclament
par le sang du Sacrifice (Lv 17,n), ou en purifiant « le Saint.de Dieu»· ou« 1e'Fils de Dieu» (Mc 1,
son cœur (Ps 51)'. · - · 24; 3,n), ces deux expressions étant désormais
équivalentes (Jn 6,69; cf. Mt 16,16). « Rempli du
2. Les prophètes et le Deutéronome ont sans cesse Saint-Esprit » (Le 4,r), le Christ se mani_feste par
répété que les sacrifices pour le péché ne suffi- ses, *œu_vres ; miracles et enseignements veulent
saient pas pour· plaire· à Dieu, mais qu'il fallait moins êtr~ des •signes de pJJissance à admirer que
la *justice, l'*obéissatice et _l'*amoùr · (Is 1,4-20; des signes 'de sa sainteté ; devant lui, on se sent
Dt 6,4-9). Ainsi le commandement:-« Soyez saints, p.écheur comme devant Dieu (Le 5,8; cf Is 6,5).
car moi, Yahweh, je suis saint » (Lv r9,2; 20,26) (< Saint •Serviteur,. de Dieu (Ac 4,27.30), ayant

doit s'entendre ndn s'eulement· d'une pureté cul- souffert la mort bien qu'auteuI' de la vie, le Christ
tuellé, · mais bièn d'une sainteté vécue selon les est par excellence « le Saint 1J (Ac 3, 14s). a C'est
multiples· prescriptions familiales, so_ciales et éco- pourquoi Dieu l'a exalté »· (Ph ::?,9) ; ressuscité
nomiques, ·aussi bien que rituelles, contenues dans selon resprit de sainteté (Rm 1,4), il -n'est Pfil-S
les divers codes (vg Lv 17-26). de ce monde (Jn 17,n). Dès lors celui qui est assis
à. la droite de Dieu (Mc 16,19) peut être appelé
3. Enfin· la· sanctification des hommès e~ susœP- r.1 le Saint», comme Dieu.(Ap 3,7; 6,IO). La sain-

tible de progrès ; aussi, seuls pourront-être appelés teté du Christ est donc d'un autre ordre que celle,
• saints ·» celltC qui auront passé par }'>!!'épreuve, toute relative,, des saints personnages de l' AT ;

II8I n82
SAINT SAINT

elle est identique· à celle de Dieu, son Père saint


(Jn 17,11) : mênie puissance spirituelle,· mêm'es
manifestations prodigieuses, même profondeur IV, LES SAINTS
mystérieuse; elle lui fait aimer les Siens jusqu'à
leur communiquer sa gloire reçue du Père et jus- •1 .Employé absolument, le mot « saint » était
qu'à se sacrifier pour eux; c'est ainsi qu'il se ·exceptionnel dans l'AT; il était réservé aux· élus
montre saint: «Je me sanctifie .. , pour qu'ils soient des teinps eschatologiques . .Dans·le NT, il désigne
sanctifiés» (Jn. 17,19-24). les chrétiens. Attribué d'abo_rd aux membres de
la .c.ommunauté primitive de J érusale'm et spécia-
lement au petit -groupe _de la "'Pentecôte (Ac 9,
13; I Co .. 16,1; Ep 3,5), il fut étendu aux frères
IJ. LE CHRIST SAN"C:TIFIE LES CHR~TIENS de. Judée (Ac.9,31-41), puis à tous les fidèles (Rm
. -16,2; 2 Co,1,1; 13,12). Par le Saint-Esprit, en effet,
A la différence des vicfüries èt du culte de l'AT, le chrétien participe à la sainteté div:ine elle-même,
qui ne purifiaient les Hébreux qu'extérieurement · Formant la véritable ,c nation sainte » et le-~ •sacer-
(He 9,11-14; ro,IO), le *sacrifice du· Christ sanc- doce royal )), constituant le.« temple saint )1 (1 P
tifie les -croyants « en vérité » (Jn ri,19), leur 2,9; Ep,2,u),.les chrétiens doivent rendre ·à Dieu
commu'niquant véritablement la sainteté." Les le •culte -véritable, .en s'offrant avec le Christ en
chrétiens participeilt en·· effet à la Vie ·d·u Christ cc· ,sacrifice s~,int » (Rm 12;~; 15,16; Ph 2,17).
ressuscité par la *foi et par le *baptême qui leU:r Enfin-la sainteté des- chrétiens, .qui provient
donne «·l'onction· Venue du Saint » (1 Co 1,30; d'une *élection (Rm 1,7; t Co 1,2), exige d'eux
Ep 5,26; ··1 .Jn 2,20), Aussi-sont-ils« saints dans la rupture avec le_ •péché et les mœurs païennes
le· Christ J) (1' Co :t,2; Ph 1,1), par la présence· de (r Th 4,3), : ils doivent agir ~ selon la sainteté
l'Esprit-Saint en eux (1 Co 5,16s; Ep 2;22); ils qui vient de Dieu et non ·selon une sage_sse c.har-
sont en effet H baptisés dans l'Esprit-Saint n, nelle » (2 Co 1, 12; cf J Co 6,9sS; Ep 4,30-5,1;
comme Jean-Baptiste l'avait annoncé (Le 3,16 p; Tt 3,4-7; Rm 6,r9). Cette exigence de vie sainte
Ac 1,5; n,16). · est à la ·base de toute la tradition 'ascéticiuè chré-
tienne ; elle repose non sur l'idéal d'une loi' encore
extérieure, mais sur le fait que le chrétien « saisi
par le ,Christ n doit « communier à. ses s,ouffrances
III. L'ESPRIT-SAINT et à sa mOrt pour parvenir à sa résurrection "
(Ph 3,10-14),
L'agent principi:ll' de la sanctification du chré-
tien est donc l'"'Esprit-Saint; ·il comble les· pre-
mières communautés de *dons et de *charismes. V. LA CITÉ SAINTE
Son action dans l'Église diffère cependant de ctille
de l'Esprit de Dieti dalls l'AT. L'ampleur-et l'uni- , Déjà acquise. en droit, là, sainteté de Dieü lutte
versalité _de son effusion signifient que les temps en fait avec le péché. Le temps n'est pas encore
messianiques sont accomplis ·depuis la résurrec- venu où « les saints jugeront le monde » (r Co 6,
tion du Christ (Ac 2,16-38). D'autre part, sa venue 2s). Les saints. peuvent. et doivent eµcore se sanc-
est·liée au baptême et à, la _foi au mystère-du tifier pour être prêts· à la, parousie du Seigneur
Christ mort et ressuscité (Ac 2;38; 10,47; 19,1-7). (r-Th 3,13;. Ap 22,II). Ce *jour-là, apparaîtra la
Sa présence est permanente, ·et Paul peut affir- Jérusalem nouvelle, « ,cité sainte » (Ap 21,2}. où
mer que ·les rachetés sont les « •temples du Saint- fleurira l'•.arbre de vie, .et d'où sera exclu tout ce
Esprit · », « les temples de Dieu )) (1 Co- 6,.n.20; qui est irµpur et" profane (Ap. 21-22: cf Za 14,
cf 3,16s) et qu'ils ont une véritable communion 20s) ; et le Seigneur Jésus sera glorifié dans ses
avec lui (2 Co · 13,13). Et comme « tous ceux saints (2 Th 1,ro; 2,q) .« car Dieu est •Amour»
qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils' de Dieu » {1 Jn 4,8).. Tel est sans doute le secr~t.de l'inac~
(Rm 8,14-17), les chrétiens ne sont pàs seule- cessible sainteté de Dieu , com.m.,µiiquée aux
ment ·des prophètes soumis à l'action ·temporaire hommes. JdV
de l'Esprit {Le x,15; 7,28), mais des enfants de
---+ anathème AT - autel 3 - bénédiction 11 3 -
Dieu ayant toujours en eux. la source de la sain- colère A. 2; B AT II; NT III 1 . - culte AT' Ill -
teté divine. Dieu AT III 2.5 1 IV -'- écriture III - Église VI -
Esprit de Dieu - exemple - gloire III - justice
SALAIRE SALUT

0; A l NT z - nouveau I, III 3 b - Paraclet 1 - de Jérusalem par Sennachérib en offre un exemple


perfection AT - prémices I :2 b - pur - sacrifice - classique : le roi d'Assyrie met Yahweh au défi
sexualité II - vérité NT J c - zèle I, de sauver Israël (2 R 18,30-35) ; Isaïe promet le
salut (2 R 19,34; 20,6) ; et effectivement Dieu
SALAIRE ---+- grice IV - justice - rétribution -
royaume NT II 3 - traveil II, III. sauve son peuple. Or les historiens sacrés relèvent
dans le passé de multiples expériences du même
SALOMON---+- paix li 2 - sagesse AT I 1; NT I genre. Dieu a sauvé David (c'est-à-dire : lui .a
1 - Temple AT I 3. donné la victoire) partout où il allait (2 S 8,6.14;
23,10,12). Par l'entremise ·de David, il a sauvé
son peuple de la main de ses ennemis (2 S 3,18),
comme il l'avait fait déjà par celle de Saül (r S
11,13), de Samuel (1 S 7,8), de Samson (Jg 13,5),
SALUT de Gédéon (Jg 6,14), de tous les Juges {Jg 2,16.
18). Lors de l'exode surtout, il sauva Israël en le
rachetant et en le *libérant (Ex I4,13; cf Is 63,
L'idée de salut (gr. s6z6 et dérivés) est exprimée 8s; Ps 106,8.10.21). Et, en remontant dans le passé
en hébreu par tout un ensemble de racines qui se plus haut que cette expérience capitale, on le
rapportent à la même expérience fondamentale : voit sauver les fils de Jacob par l'entremise de
être sauvé, c'est être tiré d'un danger où l'on Joseph (Gn 45,5), sauver la vie de Lot (Sg 10,6),
risquait de périr. Suivant la nature du péril, sauver *Noé lors du *déluge (Sg 10,4; cf Gn 7,
l'acte de sauver s'apparente à la protection, la 23) ... On comprend donc qu'en tout péril pres-
libération, le rachat, la guérison ; et le salut, ·à la sant, Israël se tourne vers Yahweh « afin d'être
victoire, la vie, la paix... C'est à partir d'une _telle sauvé» (Jr 4,14) et se plaigne si le salut escompté
expérience humaine, et en reprenant les termes n'arrive pas (Jr 8,20). Il sait qu'en dehors de son
mêmes qui l'exprimaient, que la révélation a Dieu il n'est point de sauveur (Is 43,n; cf 47,
expliqué l'un des aspects les plus essentiels de 15; Os r3,4), et, en songeant aux saluts passés,
l'action de Dieu ici-bas : Dieu sauve les hommes, il aime à l'invoquer sous ce titre (cf Is 63,8; I M
le Christ est notre sauveur (Le 2,n), l'Évangile 4,30). Il est vrai que, dans cette histoire même,
apporte le salut à tout croyant (Rm 1,16). _Il y a on voit s'esquisser en plus d'un ·cas une loi pro-
donc là un terme-clef ·du langage biblique ; mais videntielle dont les çonséquences se manifesteront
ses résonances finales ne doivent pas :faire oublier dans le cadre de l'eschatologie : dans les périls
son lent processus d'élaboration. causés par le •péché humain, seul un •Reste est
sauvé {comme' Noé, lors du déluge). Le salut ne
AT se réalise pas sans qu'un "'jugement divin l'ac-
compagne et que les justes soient mis à part des
1. LE SALUT DE DIEU DANS L'HISTOIRE pécheurs.
ET DANS L'ESCHATOLOGIE
2. Les promesses eschatologiques. - C'est à l'heure
L'idée d'un Dieu qui sauve ses .:fidèles est com- de la grande épreuve nationale qu'Israël regarde
mune à toutes les religions. Dans l'AT, c'est un avec le plus de confiance vers le Dieu qui le sau-
thème courant et ancien, comme le prouvent les vera (cf Mi 7,7). Son titre de Sauveur devient un
noms propres composés avec la racine « sauver o leitmotiv de l'eschatologie prophétique (So 3,r7;
(*Josué, Isaïe, Élisée, Osée, pour ne citer que la Is 33,22; 43,3; 45,15.21; 60,16; Ba 4,22), et les
racine principale yafa'). Mais l'expérience histo- oracles relatifs aux (< derniers temps 11 décrivent
rique du peuple de Dieu lui donne une coloration sous des aspects divers le salut final d'Israël
particulière qui explique pour une part son emploi Yahweh, dit Jérémie, sauvera son peuple en le
dans l'eschatologie prophétique. ramenant dans sa *terre (Jr 31,7) et en lui envoyant
le *Roi-*Messie. (Jr 23,6). Yahweh, dît Ézéchiel,
1. L'exptrienc.e hist-Orique. - Lorsque Israël se sauvera ses brebis en les ramenant dans un bon
trouve en période critique et que Dieu l'en délivre, pâturage (Ez 34,22) ; il sauvera son peuple de
soit par un concours providentiel de circonstances toutes ses souillures par le don de son *Esprit
qui peut aller jusqu'au *miracle, soit en lui (Ez 36,29). Le Message de consolation et la litté-
envoyant un chef humain qui le conduit à la *vic- rature apparentée évoquent constamment le Dieu
toire, il expérimente le u salut de Dieu ». Le siège qui vient sauver .son peuple (Is 3.5,4) et, au-delà

n85 n86
S:\LUT SALUT

d'Israël, la terre entière (Is 45,22). Le salut est 28) ; car toujours Dieu sauve qui espère en lui
l'acte essentiel de sa •justice victorieuse (cf ls (Dn 13,60). Il l'assure à. chacun de ses serviteurs
63,1) ; c'est pour le réaliser qu'il enverra son (Ps 91,14ss) comme il l'a promis pour son peuple
•serviteur (Is 49,6.8). Aussi le couple de mots (Ps 69,36) et pour son Oint (Ps 20,7). Et les
« justice et salut » tend-il à devenir une désigna- psaumes énumèrent tous les clients de Dieu, qu'il
tion technique de son œuvre eschatologique, pro- a coutume de sauver lorsqu'ils l'appellent ; les
mise et saluée d'avance avec enthousiasme (Is •justes (34,16.19), les *pauvres (34,7; rn9,31), les
46,13; 52,7-rn; 56,1; 59,17; 61,rn; 62,1). Mais plus *humbles (18,28; 76,10; 149,4). les petits (II6,6),
encore que dans l'histoire d'Israël, l'expérience les *persécutés (55,17), les cœurs droits (7,II), les
de ce salut sera réservée à un *Reste (Am 3,12; esprits abattus (34,19) et en général tous ceux
5,15; 9,8; Is 10,20s; 28,5) avant qu'il advienne, qui le craignent (145,19). Il y a là de quoi donner
le jugement de Dieu s'opérera ici-bas. con~ance et inciter à. la prière.
Les descriptions post-exiliennes du •Jour de
Yahweh chanteront la •joie du salut (Is 12,2; 2. Les appels au Dieu sauveur. - Les suppliants
25,9) accordé à tous ceux qui invoquent le *nom invoquent Dieu sous le titre de Sauveur (Si 5r,
du Seigneur (JI 3,5), à tous ceux qui sont inscrits r; « Sauveur des désespérés », Jdt 9,Il) ou de
dans son *Livre (Dn 12,1). Enfin la Sagesse alexan- (1 Dieu de salut » (Ps 51,16; 79,9). Leur prière
drine décrira le salut des justes au dernier jour tient en un mot : r( Sauve, Yahweh! i1 (Ps II8,
(Sg 5,2). Au fil des textes, l'idée de salut s'est 25), 1( Sauve-moi, et je serai sauvé )) {Jr 17,14).
ainsi enrichie de toute une gamme d'harmoniques. La suite évoque généralement des circonstances
Liée au *règne de Dieu, elle est synonyme de concrètes, semblables à celles où tout homme se
*paix et de bonheur (Is 52,7), de *purification trouve placé un jour ou l'autre : *épreuve et
(Ez 36,29) et de *libération (Jr 31,7). Son artisan •angoisse (Ps 86,2), péril pressant et mortel (69,
humain, le *Roi eschatologique, mérite aussi le 2.15), *persécution des ennemis (22,22; 31,12.16;
titre de sauveur (Za 9,9 LXX), car il sauvera les 43,1; 59,2). Et parfois Yahweh répond lui-même
pauvres opprimés (Ps 72,4.13). Tous ces aspects à la supplication par un oracle de salut (Ps 12,
de la prophétie préparent directement le NT. 2.6). Au-delà. des demandes individuelles, l'âme
israélite appelle d'ailleurs de ses vœux le salut
eschatologique promis par les prophètes (cf Ps
II. LE SALUT DE DIEU 14,7; 80,3s.8.20) « Sauve-nous, Yahweh notre
DANS LA PRIÈRE D'ISRAËL Dieu, et rassemble-nous du milieu des nations! »
(Ps 106,47). Là encore, il arrive que Yahweh
Avec un tel arrière-plan d'expérience historique réponde par un oracle {Ps 85,5.8.10). Si grande
et de prophétie, la prière d'Israël donne une place est l'influence du message de consolation que
très importante au thème du salut. certains psaumes chantent par avance la mani-
festation de salut qu'il annonçait (Ps 96,2; 98,
1. Les certitudes de la foi. - Le salut est un *don rss), tandis que d'autres expriment l'espoir d'en
de Dieu : c'est la certitude fondamentale, à l'appui expérimenter la joie (Ps 51,14). A travers tous ces
de laquelle on peut invoquer l'expérience de la textes, on voit comment l'âme d'Israël, au seuil
conquête (Ps 44,4.7s). Inutile d'entretenir une du NT, est tendue vers le salut que le Christ
"'confiance présomptueuse dans les *forces hu- est sur le point d'apporter au monde.
maines (Ps 33,16-19) : le salut des justes vient de
Yahweh {Ps 37,39s) ; il est lui-même le salut NT
(Ps 27,1; 35,3; 62,7). Cette doctrine est corro-
borée par des expériences nombreuses. Combien I. LA RÉVÉLATION DU SALUT
d'hommes en péril ont été sauvés par Dieu lors-
qu'ils crièrent vers lui (Ps 107,13.19.28; cf 22,6) ! 1. •Jésus-Christ, sauveur des hommes
Plusieurs prières d'action de grâces témoignent de a) C'est d'abord par des actes significatifs quo
faits de ce genre {vg Ps nS,14) : prières de gens Jésus se révèle comme sauveur. Il sauve les
sauvés du danger (Ps 18,20), de l'épreuve (Si 51, •malades en les guérissant (Mt 9,21 p; Mc 3,4;
n), de la mort menaçante {Ps n6,6). Les livres 5,23; 6,56} ; il sauve Pierre marchant sur les eaux
tardifs se plaisent à raconter des histoires sem- et les disciples pris dans la tempête {Mt 8,25; 14,
blables : les trois enfants sauvés du feu {Dn 3, 30). L'essentiel est de croire en•lui ; c'est leur "'foi
28 = 95}, et Daniel, de la fosse aux lions (Dn 6, qui sauve les malades (Le 8,48; 17,19; 18,42), et

u87 n88
SALUT SALUT

les disciples se voient reprocher d'avoir douté (:Mt sage : si ·des. malades sont sauvés ..par la vertu-du
8,26; 14,31). Ces faits montrent déjà quelle est *Nom de Jésus, c'est -qu'il n'est aucun autre Nom
l'économie du salut. Cependant, il faut voir plus par lequel nous devions- être sauvés (Ac 4,9-12;
loin que le salut corporel. Jésus apporte aux cf 14,3). Aussi !'*Évangile se-définit-il comme la
hommes·un salut bien plus important: la péche- t: Parole du salut » (Ac 13,26; cf II,14),. adressée
resse est sauvée parce qu!il lui remet ses péchés · d'ab9M aux Juifs .(Ac· 13,26) puis aux autres
(Le 7,48ss), et le salut ·entre dans la maison de nations {Ac 13,47; 28,28). En retour, les hommes
Zachée pénitent (Le 19,9). Pour être sauvé, il faut ,sont invités à croire «. pour. se sauver de cette
donc accueillir avec foi l'Év:angile du Royaume *génération dévoyée » (Ac. _2,40). La condition du
(cf Le 8,.i2). Quant à Jésus, le, salut est·le but de salut, c'est la *foi- au Seigneur Jésus (Ac 16,30s;
sa vie : il est venu iciwbas pour sauver ce ·qui cf Mc 16,16), l'invocation de son Nom (Ac 2,21;
était perdu (Le 9,56; 19,10), pour sauver le monde Cr" Jl 3,5). Juifs et pale~ sont, à cet égard, en
et non le condamner _(Jn 3,17; 12,47). S'il parle, positi9n identique. Ils ne se sauvent ·pas eux-
c'est pour sauver les hommes (Jn 5,34). Il est la mêmes; c'est la •grâce-du. Seig~eur-Jésus-qui les
*POrte : qui entre par ltii sera sauvé (Jn 10,9). sauve (Ac 15,II). Les. Apôtres apportent donc
b) Ces paroles font voir que le salut des hommes aux hommes l'unique 1c voie du salut » (Ac 16,
est le. problème essentiel. Le péché les met en dan- 17).: Les convertis. en ont tellement conscience
ger de perdition. *Satan es_t là, prêt à tout tenter qu'ils 5:e regardent emcwmêmes comme le "'Reste
pour les perdre et pour empêcher qu'ils SOient qui doit être .sauvé (Ac 2,47}..
sauvés (Le 8,12). Ce sont des :brebis perdues (~c b) Cette importance du thème du salut dans la
15,4.7) ; mais. Jésus ~- justement été envoyé pour prédic:ation primitive ~pliquè que -les évangé-
elles {Mt 1.5,24) -~ elles ne se perdront plus si elles listes M_atthieu et Luc aient -voulu souligner dès
entrent dans son troupeau (Jn 10,28; cf 6,39; 17, l'enfance :de Jésus son futur rôle. de Sauveur.
12; 18,9). Le _salut qu'il offre a cependant une Matthieu met ce rôle en rappoi;t avec son nom,
contrepartie : pour qui n'en saisit pas la chance, qui signifie « Yahweh sauve » (Mt 1,21). Luc .lui
le risque de perdition est imminent et irréparable. donne le titre de Sauveur (Le 2,n).· Il fait saluer
Il ia'.ut fail'e *pénitence à. temps si l'. on .,ne; veut par Zacharie l'aube prochaine du salut promis
pas se ·perdre (Le 13,3.,5). Il faut entrer par la par les prophètes (1,69.71.77), et par Siméon, son
porte étroit_e, si l'on veut appartenir au nombre apparition ici-bas ·dans une perspective d'u·niver-
des sauvés (Le 13,23s). Il faut persévérer dans salisme total (2,30),· Enfin la prédication de Jean-
cette voie• jusqu'à la fin (Mt 24,13); L'obligation Baptiste, suivant les Écritures,. prépare les· voies
de détachement est telle que les 'disciples se du. Seigneur pour que « toute· chair voie le Salut
demandent : « Qui donc alors sera sauvé ? » Effec- de. Dîeu » {3,2-6; -cf ls 40,3ss; 52,10) .. Les souvew
tivement ce serait impossible aux hommes, il y nirs conservés dans la suite des évangiles pré-
faut un acte de la toute-*puissance de Dieu (Mt , sentent de-façon concrète cette manifestation ·du
19,25s p). Finalement le. _ salut qu'offre Jésus se salut qui culminerà dans· la croix ,et la résurrec-
présente sous la forme d'un ·paradoxe : Qui veut tion.
se sauver, se perdra ; qui accepte de se perdre,
se sauvera_ pour la vie .éternelle (Mt 10,39; Le 9,
24;_ Jil 12,25): Telle est la loi,_.et Jésus s'y soumet IJ. THÉoi.oGlE CHRÉTlEN~E DU SALUT
lui-même : lui qui_ a sa~vé les autres, il ne se sauve
pas,.Iùi-même à l'heure de la· *croix (Mc 15,3os). Bien que les écrits apostoliques recourent à .un
Le Père pourrait certes le sauver de, la m9rt {He .vocabulaire .varié ·pour décrire· l'.œuvre *rédemp-
5,7); mai.;3 c'est pour .cette __ *heure-là qu'il est trice. de Jésus, on peut tenter de construire une
venu ici-bas (Jn i2,27) .. Quf cherchera le salut synthèse de doctrine chrétienne autour de l'idée
dans la fo~ en lui, devra donc le •suivi'e jusque-:-là. de· salut.

2. L' .E_vatigile du salut . .. r. Sens de la-vie du Christ. - «.Dieu veut le salut


a) Après la Résurrection et la Pentecôte, le de tous les hommes n (1 Tm 2,4; cf 4,10). C'est
message de la communauté apostolique a pour pourquoi il a envoyé son Fils comme Sauveur du
objet le salut réalisé conformément aux Écritures. •monde -(1 Jn 4,14), Lorsque: est apparu ici-bas
Par sa *résurrection, Jésus a· été établi par Dieu «notre Dieu et Sauveur» (Tt 2;13), -lui qui Venait
• chef et Sauveur » (Ac 5,31; cf 13,2.3).:Les *mi- pour sauver les pécheurs (1 Tm 1,15), alors se
raèles ôpérés par les Apôtres. confirment le mes- · sont manifestés la grâce et l'amour de Dieu notre

u89 II(jO
·SALUT SANG

Sauveur (Tt 2;-:u; 3,4} ;. car par· -sa· mort et· sa alors sauvés par lui de la •Colère (Rm 5,9ss). Le
résurrection, le Christ eSt devenu pour noils « prin- Christ apparaîtra pour nous donner le Salut (He
cipe de Sâlut éternel • {He 5,9)_. sauveur dù *Corps 9,28). Aussi attendons-nous ·cette manifestation
qui est l'*Église (Ep 5,23). Le titre de Sauveur finale· du Sauveur, qui , achèvera son œuvre en
convient ainsi égalem·ent au Père (r Tm 1,1; 2, ·transformant notre •corps· (Ph 3,20s) ; c'est en
3; 4,rn; Tt' 1,3; 2,10) et à Jésus {Tt -1,4; 2,13; 3, _cela que notre salut est objet d'espérance -(Rm 8,
6; ·2·P 1,u; 2,20; 3,2.18). C'est pourquoi- l'Évan- 23ss). Alors nous serons sauvés de la •maladie,
gile qui rapporte tous ces faits est « une *force de la *souffrance, de la •mort ; tous les mau·x. dont
de Dieu pour le salut. de tout croyant » (Rtn · 1, les psalmistes demandaient à être délivrés et dont
16). E:n l'anryonçant_, _un •apôtre n'a pas d'autre Jésus, de son Vivant, triomphait par miracle,
but que le salut des hommes- (1 Co 9,22; 10,33; seront définitivement abolis. L'accomplissement
1 Tm -1,15), qu'il ·s'agisse des paiens (Rm n,n) d'une telle œuvre ·sera la •victoire par·excellence
ou des Juifs,.dont un *Reste au ·moins a été·sauvé de. Dieu et du Christ. C'est en ce sens que les
(Rm 9,27; n;14) en attendant que tout Israël le · acclamations liturgiques del'Apocalypseattestent:
soit finalement (Rm ü,26). <t- Le salut est à notre Dieu et à l' Agneau » (Ap 7,
10; 12,10;. 19,1), CL ·& PG
2. Sens de la vie ehrltienne. - Une fois l'Évangile -+ béatitude - ciel IV - coupe 3 - èulte NT III
proposé aux hommes par · la parole apostolique, I :- .déluge - dessein de Dieu ~ espérance AT I_II -
ceux-ci ont un choix à faire, qui déterminera leur Esprit de Dieu AT I - Évangile IV 2 a - foi NT III -
sort: le salut.ou la perte (2 Th 2,10; 2 Co 2;15), joie NT I I - Josué - Jour du· Seigneur - juge•
la *vie ou la *mort. Ceux qU.i croient ·et •con- filent -:- . justice O ; A II NT ; B I - libération/
fessent leur foi sont sauvés (Rm 10,9s.13), leur Liberté - Loi C III 2 - maladie/guérison AT II 2.3 ;
*foi ·étant ·d'ailleurs scellée par là réception du NT.II - miracle II 2 - miséricorde AT I 2 -·monde
•baptême- qui est ·une véritable expérience du AT II 3,,111· 2 - mort AT III - nations AT III 2;
NT - No.é -·œuvres AT I 1; NT I 2 ,......:paix 1 3 1
salut '(1 P 3,21). Dieu· les sauve par pure *misé- Ill I - pardon Il 1.;2 - Parole de Dieu. NT Il 1 -
ricorde, sans considérer leurs œuvres (2 Tm 1,9; prédestiner 2.3 - piophète A'.I' IV 2 - puissance.IV -
Tt 3;5), Paf *grâce (Ep 2,5.8), en leur donnant réconciliatfon I 3 - Rédemption - Révélation NT Il
l'Esprit-Saint {2·Th 2,13; Ep 1,13; Tt J,5s). A par~ 1 a- Serviteur de Dieu lll 1.2 - victoire - visite -
tir de ce moment, le chrétien dOit garder avec volonté de Dieu.
fi.délité Ia *Parole. qui peut sauver son· •âme (Je
SANè:TUÀIRE -+-. arche <l'Alliance .:....... culte ...:.. pèle-
1,21) ; il doit nourrir sa foi par la connaissance rinage AT 1 - Temple.
des Écrih1res··(2 Tm ·3;15) et la- faire :fructifier en
bonnes •œuvres (Je 2,14) ; il doit travailler avec
•_crainte et tremblement à « accomplir son salut )1
(Ph 2,12). Cela suppose un exercice ·constant des
vertus salutaires (1 Th 5,8), grâce ·auxquelles il SANG
*croitra en vue du salut (1 P 2,2). Aucune négli-
gence n'est permise ; le salut s'offre à chaque
instant de la vie (He 2,3) ; " c'est maintenant le Dans le jud8.ïsme tardif et l~ NT, le couple de
*Jour du salut D (2 Co 6,2). lllots (< *chair et sang » désigne l'homme dans sa
ll.8.ture périssàble (Si' 14,'rS;· 17,31; Mt 16,17; Jn
3. L'attente du -salut final. - Si nous sommes ainsi 1,13)', la condition que· le Fils de Dieu a assumée
héritiers du salut (He 1,14) et .pleineillent •jus- en venant ici~bas (He 2,14). Mais ell' dehors de
tifiés (Rm 5,1), nous ne sommes pourtant encore ce Cas: la Bible ne s'occupe· guère que du sang
sauvés qu'en· •espérance (Rm -8,24). Dieu -nous- a vèi-sé (au sens _·du ·Iâtin eruor), toujOùrs lié à la
réservés pour le salut (1 Th 5,9), mais -il s'agit vie perdue ou donitée, à la· différence· de la· pensée
d'un *héritage qui ne se révélera qu'au terme du grecque· qui lie le sang (au sens du latin sanguis)
•temps (r P 1,5). L'effort de la vie ·chrétienne à la __ génération et à l'émotivité de ·l'homine.
s'impose parce que chaque jour qui passe le' rap-
proche ·de nous (Rm 13,u). Le Salut, -au· sens AT
fort du mot, est. donc à considérer dans -la pe~
,pective eschatologiqtie" du *Jour du Seigneur (I Co Comme toutes les religions anciennes, celle d'Is-
3,13s; 5,5). Déjà •réconciliés à Dieu par- la mort ;raël reconnaît au sang• un caractère sacré, car le
de son Fils et •justifiés par son •sang, nous serons sang, c'est·la *vie (Lv ·17",u.14; Dt 12;23)! et tout

u92
SANG SANG

ce qui .touche à la .vie_ est en rapport étroit avec autbur (Lv 1,5.n; 9,12; etc.). Dans le rite pascal,
Dieu, seul maJtre de la vie. De là trois consé-- le sang de _l'•Agneau prend une autre valeur :, -on
quences : l'interdiction du meurtre, l'in_tercl,it ali- en met-sur le linteau-et les montants.de la.porte
mentaire du sang, l'usage du sang dans le culte. (Ex 12,7.22) pour préserver la maison des fléaux
destructeurs (12,13.23).
r. Interdiction du meurlre. - L'homme a 'été 1ait c) Les rites de sang ont. une importance excep-
à l'image de Dieu, aussi· 'Dieu seul aA-il pouvoir tionnelle dan5 les likwgies d'*expialion, car u c~est
sur sa· vie ; si quelqu'un verse son sang, Dieu lui le sang qùi expie , (Lv 17,11). On le répand en
en dema:nderà .. compte {Gn 9,5s). Cela fonde reli- aspersions (4,6s; etc.). Au jour des Pardons sur-
gieusement le' précepte· du Décalogue : « Tu· ne tout, le Grand P.rêtre · entre dans le S_aint des
tueras pas n (Ex 20, 13). En cas de. meurtre, le Saints avec le sang d~s victimes offez:tes pour ses
sang de la victime, tel celui d'*Abel, " crie *ven- péchés et ceux du peuple (16}.
geance » contre le, meurtrier {Gn 4,10s; cl 2 S 2I, d) Enfin le -sang s~rificiel a· une valeur consl-
1; Ez 24,7s; 35,6). Le droit coutumier tient alors cratoire. Dans les rites_ de co1.15écration. di;:s prêtres
pour légitime l'action du « vengeur du sang , (Ex 29,20s; Lv 8,23s.30) et de l'autel (Ez 43,20),
(Gn 9,6). Il cherche seulement à éviter la ven- il marque rappartenance à Dieu.
detta illimitée (cf Gn 4.15.23s) et à lui assigner
des règles (Dt 19,6-13; Nb 35,9-34). Dieu lui-même NT
se charge d'ailleurs de cette vengeance, en faisant
retomber le sang innocent _sur la tête d_e c~ux. qui Si le NT met _fin aux sacrifices sanglants du
le versent (Jg 9,23s; 1 R 2,32). C'est_poul'quoi les culte juif et, abroge les dispositions légales rela-
fidèles. persécutés font appel à lui, pour qu'il tive_s à la vengeance du· sang, c'est parce qu'.il
venge le sang de ses serviteurs (Ps 79,10; 2 M 8, reconnaît la signification et la valeur du « sang
3; cf JP 16,18-2'1), et lui-même promèt qu'il le innocent »1 du « pr~cieux· sang » (:i P 1,19), versé
fera quand viendra son *Jou,r (1s 63,1-6). pour la rédemption .des hommes.

2. lnJertlit -alimentaiie dU sang. - L'h~.terdiction 1. ;Évangiles sy-,ioptiques. - Au moment d'affron-


de manger le sang et la vi8.nde non saignée rituelle- tex: lucide;ment _la mort, Jésus songe à la. r~onsa-
ment· (Dt 12,16; 15,23; cf 1 S 14,32-35) _est bien bilité de Jérusalem ,: les_ prophètes de i,adis. ont
antérieure à la révélation bibliqu·e (cf Gn 9(4). été assassinés, lui-rilême va être livré, ses envoyés
Quel qu~ soit son. _sens, originel, elle reçoit d~ seront tués à leur tour. Le jugement de Dieu ne
l'AT des motivations préci,ses : le sang, comml:' la peut qu'être sévère contre la vill~ coupable : tout
vie, n'appartient qu'à Dieu ; c'est sa part propre le sang innocent répandi,i ici-bas depuis, le sang
dans les sacrifices (Lv 3,17) ; l'homme ne peut d'Abel retombera sur cette génération (Mt 23,29-
s'en servir que pour faire l'expiation (Lv 17,ns). 36); La Passion s'inscrit dans cette perspective
Cette interdiction du .sang persistera un certain dramatique : Judas• reconnaît ql.l'il a livré le sang
temps aux origines chrétiennes,_ pour faciliter la innocent {27,4), ·Pilate.s'en.lave les mains tandis
communauté de table entre juifs et païens con- que la foule en. assume la responsabilité (27,24s).
vertis (Ac 15,20-29). · Mais le• drame a aussi une autre fa.ce • .A la der-
nière Cène, Jésus a présenté 18.. coupe •eucharis-
3 .. Usage cullùel du sang. - Le càractère sacré du tique comme « le sang de !'.alliance Versé pour
sang. comma·nde enfin_ ses divers usages cultuel~. une multitude en rémission des péchés • {26,28 p).
a} L'*alliance entrè Yahweh et son. peuple est Son corps offert_ et son sang répandu font donc
scellée par un. rite sanglant : le s·ang des victimes de _sa mort un sacrifice doublement significatif :
est jeté pour moitié sur l'*autel, qui _repré_sente sacrifiée d'•alliance, qui substitue l'alliance nou-
Dieu, pour moitié sur le peuple. Moise explique velle à celle du Sinai; sa_cri:fice d'•expiation, sui-
le rite :. «. Ceci est le sang de l'àllianc'e que Yah- vant· ta prophétie du •Serviteur .de Yahweh .. Le
weh a. conclue avec Vous_.. , n (Ex 24,3-Sf. Par là sang "innocent inj_ustement versé devient ainsi le
est établi Un lièxi indissoluble entre Dieu e-1: son Sang de la *rédemption.
peuple {cf Za 9,u; He 9,16-21}. ·
b) Dans les *sacrifices, le sang est aussi l'élé- 2. ,Saint _Paul. --- Pa_ul ~prime volontiers le sens
ment essentiel. Qù'.it s'agisse. de l'holocauste,. du de la •croix du Chri,st _en évoquant son sang
sacrifice de communion ou des rites consécra- . rédempteµr. _Couver~ de son· propre sang, Jésus
toires, les prêtres le réflari.dent su:r l'autei' et toût joue désçmnais. pour· toµs les hommes le rôle

II93
SANG SAT..\'\

qu'esquissait jadis le propitiatoire dans la céré- aux hommes dans la célébration •eucharistique :
monie de !'•expiation (Rm 3,25) : il est le lieu l( Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie
de la présence divine et il assure le pardon des éternelle ... [il] demeure en moi et moi en lui u
péchés. Car son sang a une vertu •salutaire par (Jn 6,53-56). CS & PG
lui nous sommes •justifiés (Rm 5,9), rachetés (Ep
r,7}, acquis à Dieu (Ac 20,28); par lui se réalise - Abel - Agneau de Dieu 2 - Alliance AT I 3 ;
l',.unité entre les juifs et les païens (Ep 2,13), entre NT I - âme I 1 - chair I 1.3 b - circoncision AT
les hommes et les puissances célestes (Col 1,20). 2 - coupe 3 - eucharistie - expiation - magie
Or ce sang de la nouvelle alliance, les hommes 2 ac - martyr - Pâque I 6 b - persécution - pur
NT II 2 - Rédemption NT 1.2 - sacrifice - témoi-
peuvent y communier quand ils boivent à la gnage NT III 2 - vengeance r.4 - vie II 3 - Yin
•coupe eucharistique (1 Co 10,16s; rr,25-28). Alors li 2 b - violence.
s'instaure entre eux et le Seigneur une union pro-
fonde de caractère eschatologique la mort du SANTt -+ maladie/guérison - paix I 2.

Seigneur est rappelée et sa venue, annoncée (rr,26).

3. Épitre auz Hébreux. - L'entrée du Grand


Prêtre dans le Saint des Saints avec le sang expia- SATAN
toire est regardée, dans l'épître aux Hébreux,
comme la *figure prophétique du Christ entrant
au ciel avec son propre sang pour obtenir notre Sous le nom de Satan (hb. s,ltan, l'adversaire)
rédemption (He 9,1-14). Cette image se mêle à ou de diable (gr. diabolos, le calomniateur), les
celle du sacrifice d'alliance offert par Moïse sur deux noms étant à peu près d'égale fréquence
le Sinaï : le sang de Jésus, sang de l'alliance nou- dans le NT, la Bible désigne un être personnel,
velle, est offert pour remettre les •péchés des invisible par lui-même, mais dont l'action ou l'in-
hommes (He 9,18-28). Par' lui, les pécheurs fluence se manifeste soit dans l'activité d'autres
obtiennent accès auprès de Dieu (ro,19); plus êtres (,.démons ou esprits impurs), soit dans la
éloquent que celui d'Abel (12,24), il assure leur •tentation. Sur ce point d'ailleurs, à la différence
sanctification (10,29; r3,12) et leur entrée dans du judaïsme tardif et de la plupart des littéra-
le troupeau du Bon Pasteur (13,20). tures de l'ancien Orient, elle fait preuve d'une
extrême sobriété, se limitant à nous instruire de
4. Saint Jean. - L'Apocalypse fait écho à la l'existence de ce personnage et de ses ruses, ainsi
doctrine traditionnelle quand elle parle du sang que des moyens de nous prémunir contre elles.
de l'*Agneau : ce sang nous a lavés de nos péchés
(Ap 1,5; cf 7,14) et, nous rachetant pour Dieu, il
a fait de nous une royauté de prêtres (5,9). Doc- f. L'ADVERSAIRE DU DESSEIN DE DIEU
trine d'autant plus importante qu'au moment où SUR L'HUMAN'Il'É
écrit le voyant, *Babylone, la cité du mal, se gorge
du sang des •martyrs (18,24). Les martyrs ont 1. L' AT ne parle de Satan que très rarement et
vaincu Satan grâce au sang de l'Agneau (12,11), sous une forme qui, sauvegardant la transcendance
mais leur sang répandu n'en crie pas moins jus~ du Dieu unique, évite soigneusement tout ce qui
tice. Dieu le •vengera en donnant du sang à boire aurait pu incliner Israël vers un dualisme auquel
aux hommes qui l'ont répandu (r6,3-7), en atten~ il n'était que trop porté. Plutôt qu'un adversaire
dant que leur sang soit versé à son tour et qu'il proprement dit, Satan apparaît comme l'un des
devienne la parure triomphale du Verbe justicier •anges de la cour de Yahweh, remplissant au
(19,13; cf Is 63,3). tribunal céleste une fonction analogue à celte de
Tout autre est la méditation de l'évangéliste l'accusateur public, chargé de faire respecter sur
Jean sur le sang de Jésus. Du côté du Christ percé terre la justice et les droits de Dieu. Cependant,
par la lance, il a vu couler l'eau et le sang (Jn 19, sous ce prétendu service de Dieu, on discerne déjà
31-37), double témoignage de l'amour de Dieu, dans Jb 1-3 une volonté hostile, sinon à Dieu
qui corrobore le témoignage de l'Esprit (1 Jn 5, même, du moins à l'homme et à sa •justice il
6ss). Or cette ,.eau et ce sang continuent d'exercer ne croit pas à l'amour désintéressé (Jb 1,9) ; sans
dans l'Église leur pouvoir de vivification. L'eau être un « tentateur », il s'attend à ce que Job
est le signe de l'Esprit, qui fait renaître et qui succombe; secrètement il le désire, et l'on sent
désaltère (Jn 3,5; 4,13s). Le sang est distribué qu'il s'en réjouirait. Dans Za 3,1-5, l'accusateur

n95 n96
SATAN SATAN

se mue en un -véritable adversaire· des desseins 2.27; 14,30; cf Le 22,3.31) que ·pour en proclamer
d'amour de Dieu sur Israël ; pour que celui-ci la défaite finale. Satan semble mener le jeu ;
soit saµvé, l'ange de Yahweh doit d'abord lui mais- en réalité « il n'a. sur le Christ aucun pou-
imposer silence au nom même de Dieu_ : 11. Que le voir » : tout -est l'œuvre de l'amour et de .J'obéis---
Seigneur te commande 1 » (Jude 9 : Vulg.). sance du Fils (Jn 14,30; cf •rédemption). Au
moment précis oU il se croit certain .de sa victoire,
2. Or, par ailleurs, le lecteur de la Bible sait qu'un le « Prince-de ce monde ». est C! jeté bas » (Jn 12,
être mystérieùx a joué ·un: rôlè capital dès les 31; cf 16,n; Ap 12,9-13) ; l'empire du monde
origines humaines. La Genèse ne parle que du qu'il avait jadis ·osé offrir.à Jésus (Le 4,6) appà.r-
Serpent. Créature de Dieu• « comme toutes les tient désormais au Christ mort et glorifié. (Mt 28,
autres » (Gn 3,1), ce Serpent est pourtant doué 18; cf Ph 2,9).
d'une science et d'une habileté qui dépassent celles
de l'homme. Surtout, dès ·son entrée en· scène, il
est présenté comme l'ennemi de lâ nature humaine. III. L'ADVERSAIRE DES CHRÉTIENS
Envieux du bonheu~ de l'homme (cf Sg 2,24),. il
parvient à ses fins en.utilisant déjà les armes qui Si la résurrection du Christ consacre la défaite
seront toujours les siennes, ruse ·et *mensonge : de Satan, le combat ne s'achèvera, selon Paul,
u le plus rusé de tous les animaux des champs » qu'avec le dernier acte de « l'.histoire du saint »,
(Gn 3,1), .« séducteur» {Gn 3,13; Rm 7,n; -Ap 12, au (( *Jqur du Seigneur », quand « le Fils, ayant
9; 20,8ss), (t homicide et menteur dès l'origine » réduit à. l'impuissance toute Principauté et toute
(Jn 8,44}. A ce Serpent, la Sagesse donne son vrai Puissance et la *Mort elle-même, remettra le
nom : c'est le diable· (Sg 2,24}. royaume à· son Père,· afin que Dieu soit tout en
tous ». (1 Co 15.,24-28}.
Comme -le Christ, le chrétien ·se heurtera donc
à l' Adversaire. C'est lui qui empêche Paul d'aller
Il. L'ADVERSAIRE DU CHRIST à Thessalonique {1 Th '2,1~). et« l'écharde ènfoncée
_en sa chair », obstacle à son apostolat, est ,i un
I}ès ce premier épisode de son histoire, l'huma- messager de Satan » (2 Co 12,7~10). Déjà l'Évan-
nité vaincue entrevoit cependant qu'un jour elle gile l'avait identifié _à l'*ennem.i qui sème l'ivraie
tri,omphera de. son adversaire (Gn· 3,15). La. *vic- dans le champ_du père de famille (Mt 13,39), ou
toire de l'homme sur Satan, tel est en effet le but qui arrache du cœur des hommes la semence de
même de la· mission du Christ, venu « réduire à. la ,Parole de Dieu, « d_e 'peur qu'.ils ne croient et
l'impuissance- celui qui avait l'empire de. la mort, soient sàuvés » (Mc 4,15 · p}. A son tour, Pierre
le diable» {He 2,14), « détruire ses œuvres ~ {1 Jn le représente comme un lion affamé qui rôde sans
3,8), autrement dit, substituer le règne de son Père cesse autour des fidèles, cherçhant qui dévorer
à celui de Satan (I Co r5,24-28; Col 1,13s). Aussi (x P 5,8). Comme au *paradis, il joue essentielle-
les évangiles présentent-ils sa Vie publique ·comme ment le rôle ·d'un tentateur, s'efforça.nt d'induire
uri-combat contre Satan. La lutte commence avec les hommes au péché (1 Th 3,s; 1 Co 7,5) et de
l'épisodè de· la *tentation où, pour la première les opposer ainsi à Dieu même (Ac 5,~)- Bien plus,
fois depuis la scène dti •paradis, un *homme, derrière cette puissance personnifiée qu'il nomme
représentant l'humanité, « fils d'Adam » (Le 3, le *Péché, Paul semble d'ordinaire supposer .l'ac-
38), se trouve face à face avec le diable. Elle tion de Satan, père du péché (comparer Rm 5,12 et
s'affirme par les délivrances de possédés (cf *dé- Sg 2,24; Rm 7,7 et Gn 3,13). Enfin, s'il est vrai
mons), preuve que « le règne de Dieu est arrivé » que l'• Antichrist _est déjà à l'œuvre ici-bas, c'est
(Mc 3,22ss p) et,que celui de Satan a pris fin (d la puissance de Satan qui se cache derrière son
Le 10,r7-20), voire par les guérisons de simplès action malfaisante (2 Th 2,7ss).
*malades (cf Act 10,38). Elle se poursuit. aussi, Ainsi le chrétien - et tel est le tragique de sa
plus sournoise, dans ·.1•affrontem.ent qui oppose le destinée - doit choisir entre Dieu et Satan, entre
Christ' aux Juifs ii,-crédules, ces_ vrais « .fils du le Christ et Bélial (2 Co 6,14), entre .le« Mauvais»
diable » (Jn 8;44; cf Mt 13,38), ces.« engeances de et le « Véritable.» (1 Jn 5,18s). Au dernier jour,
vipères·» {Mt 3,75s; 12,34; 23,33). Elle atteint son il. sera à jamais avec l'un ou avec l'autre.
paroxysme à l'heure de la P~ssion. Consciemment Esprit redoutable par ses (t ruses », ses « pièges »,
Luc rattache célle-d à la Tentation (Le 4,13; 22, ses 11: duperies n, ses « manœuvres » · (2- Co 2,ù;
53), et Jean n'y souligne le rôle de Satan (Jn 13, Ep 6,n; I Tril 3,7; 6,9 ... ), aimant à ,i se camoufler

n97 ug8
SATAN SCANÙALE

en ange de lumière n (2 .Co n,14), Satan n'en tation qu'exercent *Satan Ou les hommes, !'*é-
demeure pas moins un ennemi déjà vaincu. Uni preuve où- Dieu mef son peuple ou son 'enfant,
ati Christ par la foi (Ep 6,10) et la prière {Mt sont· des.« scandales ». Mais toujours il s'agit de
6,13; 26,41 p)· - la prière de Jésus soutenant la foi en Dieu.
d'ailleurs la sienne (Le 22,32; · cf Rm 8,34: He
7,25)_ - , le chrétien est certain de triompher :
celui-là seul sera vaincu qui ·aura consenti à l'être
(J C 4, 7; Ep 4,27). , 1: LE CHRI.ST, SCANDALE POUR.L'HOMM~
Au terme de la révélation~ !'Apocalypse offre,
notamment à· partir du ch. u, comme une ·syn- 1. Déjà "l'AT- montre que Dieu peut ·être· cause
thèse de l'enseignement biblique sur cet Adver- de: scandale pour Israël :- « Il est la *pierre de
saire contre lequel, depuis l'origine (Ap IZ,9) jus- scandale et le *I"Ocher qui fait choir les deux mai-
qu'au terme de l'histoire du salut, l'humanit~ sons d'Israël..-. beaucoup y choiront,' tombéront
doit combattre. Impuissant devant la •Femme et _et se briseront» (Is 8,r4:s}. C'est que, par sa·manière
Celui qu'elle enfante (12,5s), Satan s'est retourné d'agir, Dieu met à l'épi:euve la-foi de-son peuple.
contre« le reste .de sa descendanèe » (12,17) ; rùais · De même, J lsus est apparu aux hommes; tel
l'apparent triomphe que lui valent les prestiges un signe de contr.adiction. Car s'il ·a été envoyé
de l'*Antichrist (r3-I7)- s'achèvera ~ la vic- pour- le salut de tous, il est en fait occasion d'*en-
toire- définitive de l'*Agneau et de l'•Êglise, son durcissement pour beaucoup : - << Cet. enfant ·est
épouse (18--22) :- avec la *Bête et le' faux· pro- pour la chute et le relèvement d'un grand nombre
phète, avec la ·*Mort et l'Hadès, avec tous les en Israël ; il' sera ·un •signe ·en butte à la q:mtra-
hommes qui auront sutè:ombé à ses ruses, Satan diction » {Le 2,34). Dans Sa personne et' dans sa
sera « jeté dans l'étang de soufre embrasé », ce vie, tout fait scandale. Il est le fils du charpentier
qui est la «.seconde» *mort (Ap 20,10.14s). SL de. Nazareth (Mt r3,57) ; il veut sauver le monde,
non par quelqu_e _messianisme vengeur (u,:2-5; cf
~ anges AT. 2 - Antichrist - astres 4 :-;-- Babel/ Jn 3,17) ou Politique (Jn 6,i5), niais par la Pas-
Babylone 6 - bêtes & Bête - bien & màl I 4 - blas~ sion et la Croix (Mt 16,2r) ; les disciples eux-
phème - calamité 1 - captivité II - colère B AT
l 2 ; NT III 2 - démons - ennemi III 2 - épreuve/ mêmes s'y opposent comme Satan (r6,:22s) et,
tentation - erreur NT - esprit AT 4 ; NT I - scandalisés, abandonnent leur Maître (Jn 6,66).
femme AT 1; NT 3 - guerre AT IV; NT - haine Maj.s Jésus ressuscité les rassemble ·{Mt.26;31s).
I I· - lumière & ténèbres NT II 1 - maladie/guéri~
eon AT I z ; NT I r - malédictipn I - mensonge 2. Jean met en, relief le caractère scandaleux de
1,11 - mer 2.3 •- miracle li 2 b - monde NT I _2- - l'-Évangile-: Jésus est.en tout un homme semblable
mort AT II 1; NT I 1, II 3 .- orgueil s - péché - aux autres (Jn I,14), dont on pense savoir-l'origine
persécution I I .4 a - puissance Ill z - signe NT (1,46;- 6,42; 7,27) èt dont on ne peut comprendre
II 3 - veiller Il 2 - victoire NT.
le dessein rédempteur par la *Croix (6,5:2) et par·
SAUVEUR ~ JéBUs--Christ II I b. z c - Josué 2 - l'*Ascension (6 62). Les auditeurs achoppent tous
1

salut. à la révélation du triple mystère de l'Incarnation,


de· la Rédemption et de l' Ascension ; mais les uns
SAVEUR-+ goûter - sel 2.3.
sont relevés par Jésus, les autres se butent : leur
SAVOIR ~ COnnaître - sagesse. péché est sans excuse (r5,22ss).

3. En se Présentant aux hoinllles, Jésus les a mis


en demeure d'opter pour ou contre. lui : « Heu-
reux celui .pour qui je ne suis .pas un scandale »
SCANDALE (Mt n,6 p). Aussi la communaut! aposrolique
a-t-elle· appliqué à Jésus en ·personne l'oracle
d'Isaïe · 8,14 qui parlait de Dieu. Il est « la pierre
Scandaliser signifie faire tomber, êtrè pour de scanJ}ale » et en même temps« la pierre d'angle ii
quelqu'un oi::casion de chute. Le scandale, c'est (I P 2,7s; Rm 9,32s;_Mt 21,42). Le Christ est à la
concrètement le piège que l'on met sur le chemin fois source de vie et cause de mort (cf 2 Co 2,16),
de son ennemi pour le faire tomber. A la vérité,
il y a plusieurs manières de « faire tomber n quel-, 4. Paul a dû affronter ce scandale dans le monde
qu'un dans le domaine moral et r_eligieux : la ten- grec comme dans le monde juif. N'en avait-il pas

II99 1200
SCANDALE SCEAU

d'ailleurs fait lui-même l'expérience avant sa con- obstacle au royaume de Dieu : u Si ton œil te scan-
version? Il a· découvert .que le Christ ·ou, si l'on dalise,· enlève-le et jette-le loin de toi » (Mt 5,
préfère, la *croix, .est (! ~folie pour ceux qui se 29s; I8,8s).
perdent,. mais pour ceux qui se sauvent,· c'est la A la suite de Jésus qui ne voulait pas troubler
*puissance de Dieu » (1. Co 1,18). Car le Christ les gens de cette terre (Mt 17,27), Paul veut qù'on
crucifié est. 1c scandale pour les Juifs, et .folie ,pour évite de scandaliser les •consciences faibles et peu
les païens 11, (x Co r,23). La sagesse humaine ne formées : « Prenez garde que la liberté· dont vous
peut comprendre que Dieu veuille sauver le monde usez ne devienne une occasion de chù.te· pour les
par un Christ humilié, *souffrant, crucifié. Seul faibles·» (1 Co 8,9; Rm q,13-15.20). La *liberté
l'Esprit de Dieu donne à l'homm~ de dépasser le chrétienne n'est authentique que si elle est péné-
scandale de la croix, ,ou :Plutôt d'y reconnaître, la trée de charité (Ga .5,13) ; la foi n'est véritable
suprême *sagesse (1 .Co _1,25;- .2,u,-16). que si elle soutient la .foi des frères (Rm 14,r-23).
C,1
5. Aussi le même scandale, la même épreuve de
la foi se continue-t-elle à travers toute l'histoire -. Croixl i.2-incrédulité II -pierre 5 - rocher 1 -
de l'Église. L' ÉglisB. est toujours Qans le monde souffrance AT II.
un signe de contradictiàn, et la.haine, la *persé-
cution sont pour beaucoup une occasion de chute
(Mt 13,21; 24,10), quoique Jés11s les ait annoncées
pour que ses disciples ne succombent pas (Jn SCEAU
16,1).

1. Sens Bt usage du stBau. - Le sceau n'est pas


seuleinent un bijou gravé avec art '(Si 32,5s}, c'est
II. L'HOMME, SCANDALE POUR L'Ho~ME un· symbole de la personne (Gn 38,18) .et de son
•autorité (Gn 41,42; I M 6,15) ; aussi est-il SQUw
L'homme. est, scandale Pour son frère lorsqu'il vent fixé à un anneau dont on ne se sépare pas
cherèhe à_ !'_entrainer loin de. la "fidélité à Dieu. sans m.otif grave (Ag 2,23; cf Jr 22,24). Le cachet
Qui abuse de la _faibl~se de son frère, ou du pOu- où l'homme appose son sceau atteste qu'un objet
voir reçu de. Dieu sur lui, pOur l'éloi~er de l' Al- lui appartient (Dt 32,34), qu'un acte émane de
liance, est coupable envers. son frère et envers lui (r R 21,8), -que l'accès d'un de ses domaines
Dieu. Dieu a en horreur les princes qui ont détourné est interdit (Dn ·14,n). Le cachet ·est donc une
le .peuple de *suivre Yahweh : Jéroboam (1 R 14, signature ; il garantit la validité d 1un document
16; 15,30.34}, Achab ou Jézabel (1 R 21,22.25), (Jr 32,10); parfois il ltii donne·un caractère secret,
et, de même, ceux qui ont voulu entraîner Israël comme dans le cas d'un rouleau sCellé que nul ne
sur la pente de l'hellénisation, hors de la vraie peut lire, sauf celui qui a droit- de rompre le sceau
foi (2 M 4,7 ... ). Par contre, ils· sont. _dignes de (Is 29,II).
louange, ceux qui résistent au scandale po,ur gar-
der la.fid~ljté à'l'Alliance .(Jr 35). · ' :i.· Le sceau de Dieu
Jésus, quoique lµi_-même signe d_e contradiction, a) Le sceau de Dieu est -un syril.bol~ poétique
vient cependant, pàr l'accomplisseIQ.ent. dt: l' Al- de sa maîtrise sur ses créatures et sur l'histoire;
liance, mettre _fin au _grand ~andale de là. rup- il peut sceller les étoiles (Jb 9,7), ·et-c'est la nuit
ture entre l'homme et Dieu. Aussi est-il impi- noire ; il scelle le *livre ·de ses *desseins (Ap 5,
toyable _pOur les fauteurs cle scandale : « ~lheur z..;_8,1), et nul n'en· déchiffre le secret,· sauf
à quiconque, scandalise un _de ces petits qui croient r• Agneau qui les, .•accomplit. Dieu scelle les
en moi.1 Il est préférable pour lµi qu'on -lui sus- péchés, en ce sens qu'il y met fin, péchés indivi-
pende 8-u cou u:r;ie meule, et qu'on le précipite duels (Jb 14,17)· ou collectifs (Dn 9,24) ; dans ce
dans les profondeurs de la mer 1 » (Mt 18,6}. ]\fais dernier cas, il scelle en même temps la « *pro-
Jésus sait que_ ces scandales -sont inévitables : phétie», c'estwà-dire qu'il y inet· fin en la réalisant.
faux docteurs (2 P 2,1) ou séducteurs, telle l'an- b.) Le symbolisme prend une valeur nouvelle
cienne Jézabel (Ap 2,20), sont toujours à l'œuvre. quand le Christ se dit marqué-du sceau de Dieu~
Ce. scandale peut même venir du disciple lui- son Père (Jn 6,27) ; car ce sceau du Père sur le
même; aussi, avec vigueur, Jésus requiert sans Fils de l'homme n'est pas simplement le pouvoir
pitié le renoncement à tout ce qui pe1,Jt faire qu'il lui donne d'accomplir son œuvre (cf Jn 5,

I20I I202
SCEAU SCHISME

32.36). c'est· aussi la consécration qui fait de lui même loi et un même èulte ·(Ex 24,4-8;. Jas '24).
le *Fils de Dieu (Jn 10,36). A cette consécration, Les •pèlerinages et rassemblements périodiques
le chrétien partici~ quand Dieu le marqu~ de autour d'un s.inctuaire central (Sichem, Silo ...
son.-sceau en lui donnant l'*Esprit (2 Co x,22; Ep puis-le temple ·de Jérusalem) entretenaient l'unité
1,13s), don qui est exige~ce de fiçiélité à !'Esprit des ·tribus et la .maintenaient sur son plan -reli-
(Ep 4,30). Ce. sceau est la marque ·des serviteurs gieux. -Au contraire, c'est péché, pour une tribu,
de :Pieu et leur sauvegarde lors de l'épreuve escha- de se soustraire à-la guerre sainte-(Nb· 32~23; Jg
tologique (Ap 7,2-4; 9;4). Grâce à lui, ils pourront 5,23) et d'ériger un lieu de· culte rival du sanc~
rester :fidèles' .aux paroles divines, paroles.:dont tuàire central (Jos -22,29); tàndis- què la cassure
Paul dit qu'elles sont un sceau ; par elles, en effet, en deuX royaumes· distincts n'est ·nulle part blâ-
Dieu •atteste d'une façon irrévocable à quelles mée en tant qu'événement_ politique, mais ·est
conditions on parvient au salut ,(2 Tm· 2,19). présentée comme une initiative de Dieu· (1 R n,3r-
CL & MFL 39; 12,24; 2 R 17,21) qui châtie ainsi les fautes
-+- baptême IV 4 ~ livre IV - onction III 6.
de Salomon (1 R n,33). C:est dOnc· bien sous son
aspect de schisme· religieux que la rupture est
condamnée: le péché de Jéroboam•fut de détourner
les Israélites-du sanctuaire central- dè Jérusalem
en érigeant des sanctuaires coriC:urrents (12,27s),
scmsME dè faire reposer la pl'ésence divine sur ull piédes-
tal e1,t forme de taureau, favorisant par 'Jà des
confusions idolâtriques (r2,28.32;· 14,9; 16,26; 2 R
Une 'simple nuance distingue en I Co le schisme ro,~9; 17,r6; Os 8,5s), et d'établir à Béthel des
(déchirure) de r•hérésie. Figurées par celles qui prêtres non issus de Lévi (I R 12,3r; 13,33; cf
ont existé en Israël et contredit sa nature d'· as-
,;i 2 Ch 13,4-r2),
semblée de Yahweh >) (i Ch 28,8), ces dissensions Certairi.s textes exiliques, annoriçant fa réunifica-
fractionnent l'Église en clans rivaux et contre- · tion d'Israël et de Juda, suggèrent que 'le schisme
disent sa natu~ de Corps du Christ. entrave non sCulelllent la vie de foi du peuple
saint, mais aussi la force de son témOignage devant
A.T les- nations (Is 43,Ioss; 44-,8). Pour que celles-ci se
rassemblent à Sion (Jr· 3,r7), il faut_ que Juda
I. Le péehJ transfarme en sehismes· les divisions marche· avec Israël (3,18 ; cf Is ir,I2ss; Ez 37,
nàtureUes. - La division (répartition) des hommes us.28). L'unité· du· peuple saint est comme le
en peuples, langues, habitats distincts, est un reflet et l'attestation de l'unicité de son Dieu.
processus natu.rel (Gn r,28; 9,r; ·10) et prépara-
toire à l'histoire du salut (Dt 32,8s), mais le NT
*péché en- fait la source de ,nombreux .conflits.
C'est pourquoi les rilots exprimant la division «· *Signe en butte à ,la contradiction 11 (Le 2,
prennent souvent le sens péjoratif d'un déchire- 34), Jésus apporte la division ·(12,51) jusque dans
ment de l'unité (Ps 55,10; cf Gn 49,7; Lm 4,16), les familles (vv. 52s), entre ceux qui· sont pour lui
d'une *dispersion châtiant l'orgueil humain (Gn et ·ceux qui sont contre lui (cf Jn 7,.1-3; 9,16; •lO,
II,I-9)., r'9). Mais il ne trouble ainsi qu'une •paix illusoire
Avec *Abraham, en la descendance de qui toutes ou trop. naturelle, car il eSt Venu (< rassembler les
les nations seront bénies (Gn 12,7; r3,15; 22,17s; dispersés » (Jn u,52; cf 10,16), « tuer la haine »,
cf Ga, 3,16), s'inaugurent le rassemblement des détruire les barrières, établir entre les hommes la
croyants (Ga 3,7ss) et-la restauration de l'unité vraie paix ell les 'faisant' fils du même:" Père,
humaine.· Mais que de conflits encore, avant le membres du même *Corps~ animés du même Esprit
rassemblement final autour de·l'Agneau (Ap 7,9) 1 (Ep 2,q-r8). Dans ce Corps, la division éventuelle
apparatt comme un:e monstruosité (1 Co I2,25) :
2. Lè· schisme menace la vié tle foi. du peuple ·dlu c'est un fruit de la « *chair » (Ga 5,20;- cf t Co
èt compromet son tdmoignage. - L'unité du •peuple 3,3~), pourvoyeuse du péché. ·
élu,. précairè au"plan sociologique (2 S 5,5; 15,6.
13;· 19,41-:-20,2), était fondée sur une commu- 1. Les schismes nés des •e'1,arism'es. - C'est sur-
nauté de foi : c'est avant ·tout l'•Alliai:tce avec tout à Corinthe · que Paul rencontre le mal des
Yahweh qui liait les tribus fédérées daÎis une 'divisions entre fidèle$ (r Co r,:to; ù,18s; 12,25),

1203 1204
SCHISME SEIGNEUR

Or, écrit-il, « le Christ est-il divisé ? » N'est-ce


pas en son Nom seul qu'ils ont été *baptisés, lui
seul.qui.les a sauvés par sa mort (1,13}-? Les fau-
teurs de coteries ne sont pas réellement _des SEIGNEUR
u sages » (2,6) ni des-« spirituels » (3,1), et ·Paul
condamne les dissensii:ms que provoque un empres-
sement désordonné pour les charismes spectacu- Dans sa liturgie; l'Église adresse toute prière à
laires ; on oublie la source divine unique des dons Dieu le Père par Jésus-Christ- notre Seigneur. Le
divers, et l'édification recherchée par l'Esprit qui titre de Seigneur fut•attribué à Jésus dès l'origine,
les distribue à son gré (12,n)._ Certains, goinfres au témoignage de Paul qui rappelle le symbole
et égoïstes dans l'agape, aggravent le scandale de primitif de la foi chrétienne: « Jésus est Seigneur»
la division (II,~2.27-32). Tous €:nftu méconnaissent (Rm 10,9). Ce nom exprime parfaitement le mys-
le plus _grand des dons spirituels (12,31), le seul tère du Christ, Fils de l'homme et Fils de· DiCu ;
indispensable (13,1ss) : l'•aniour fraternel qui, en , l'AT montre en .effet que Seigneur (Adonai: =
produisant directement l'union et l'édification (8, Kyrios) n'est pas seulement un titre royal, mais
1), exclut la (livis_ion. un •nom divin.

2. Les sehismes altèrent le tém-0ignage de l'Église. - AT


Même s'ils ép~rgnent l'unité de foi (qu'ils menacent
pourtant chaque fois. qu'ils suivent ou précèdent La seigneurie de ·Yahw'eh ne·se- limite pas au
une propagande héI'étique), les déchirements _in- peuple qu'il a choisi- et dont il est le Roi (I S 8,
ternes contredisent -donc la nature de l'Église et 7s; 12,12} ; Yahweh est leu Seigneur.des seigneurs»;
blessent la charité. Jean suggère ,de -ce deuxième parce qu'il est le *Dieu des dieux '(Dt 10,17; Ps
effet une conséquence h;p.portante ; le témoignage 136,2s). Sa seigneurie n'est pas-celle·d'une divinité
que l'Église doit- rendre au Christ est entravé, cananéenne, liée à la terre dont elle est le Baal
puisque.c'est à l'amour mutuel des chrétiens qu'on (terme qui désigne _le possesseur, et par extension
reconnaîtra ceux-ci pour ses disciples (Jn 13,35). le mari, maître·et seigneur··de sa femm_e); le nom
La tunique sans couture et non « déchirée J) (19, de Baal -ne peut d0nc convenir a1:i" Dieu d'Israël
23s) signifie peµt-être que Jésus est le Grand (Os 2,18; s'il est employé en Is 54,;$,_ c'est pour
Prêtre. de son sacrifice et que son Église est indi- désigner 'Dieu comme époux, llon- d'une terre,
vise; en tout _éas il s'est sacrifié (17,19) pour que mais de son peuple).
les siens soient un et révèlent ainsi au monde la Seigneur universel, Dieu exerce· sa domination
corrimunion d'ainciur instaurée par !'Envoyé du en tout lieu en faveur de son p·euple (Dt 10;14~r8).
Père (17,21.23). PT Deux noms expriment son •autorité : mèlèk et
addn. Le premier signifie •roi (Is 6,5: Ps 95,3) :
---+- charismes II t - dispersion - Église IV 3 - la royauté du Dieu d'Israël s'étend à toute sa
hérésie r - Israël AT a a - unité II., III. création (Ps 97,5), donc atix païeils eux-mên;,.es
(Ps 96,10). Le' deùXième nom·· signifie seigneur :
SCIENCE ---+- connaître - conscience - Dieu NT Dieu est Seigneur de toute la terre (Jos 3,n; 1\H
Il a - sagesse. 4;13: Ps_ ·97,5). On invoque' Dieu en l'appelant
« Monseigneut »; c'est là un titre royal (Adonî),
SCRIBE---+- enseigner AT l 4-; N'r I, II 2 - Loi C
I ·- _sacerdoce AT Il 2 - tradition AT II; NT 1 1. qui prend habituellement la forme "Adonaï (plu-
rièl d'intensité) quand on l'adresse à Dieu; cette
SECOURS_---+- aumÔl1.e - don ~.grAce - salut. invocation, déjà présente daris les textes anciens
(Gn· 15,2.8), traduit' la confiance que mettent les
SECRET-+- dessein de Dieu AT II; NT Il - Dieu serviteurs de Dieu en son· absolue souveraineté
NT II 3.4 - mystère - Révélation·- sceau.
(Am 7,2; Dt 9,26; Jos 7,7; Ps 14d;i1). Le titre
SECTES ---+- hérésies -:- Jean-Baptiste - Loi B III Adonaï, fréquemment employé,· finit d'ailleurs par
s - pharisièns - sacerdoce AT III .1 - tradition AT devenir un nom propre de· "'Dieu.
II 2 - zèle II. Lorsque, par respect, on ne prononça plus_ le
nom de *Yahweh· dans les lectures· liturgiques; on
SÉCURITt---+- foi O - paix - porte AT I. le remplaça par Adonai. De là vient sans doute
SÉDUIRE-+- Antichrist- épreuve/tentati~- erreur que la LXX_ emploie 'Kyrios, équivalent grec de
- hérésie - Satan. Adonaï, pour traduire Yahweh. Le ·titre Kyrios

1205 x206
SEIGNEUR SEL
peut donc, de ce fait, avoir deux sens : il désigne du titre : après s'être· fait ·esclave:, lûi qui était
tantôt la seigneurie de Yahweh, tantôt le •Nom .i de condition· divine u, Jésus est ·exalté par Dieu
incommunicable de l'unique vrai Dieu. et en reçoit « le· •Nom au-dessus de tout nom »,
rayonnement de la divinité sur ·son humanité glo-
NT rifiée qui fonde-•sa souveraineté· universelle:
A partir "de cette double valeur; royale et divine,
Le NT transfère à •Jésus-Christ le titre KyYios. la formule de foi« Jésus est Seigneur» prend 'une
Expliquer ce transfert, c'est définir la foi_,chré- nuance de protestation contre les prétentions impé-
tienne. riales à 'la divinité : -il y a des kyrioi parmi les
« dieux prétendus·», mais· Jésus est le seul Kyrios
r. La foi de_l'Église naissante. - A partir du terme absolu (1 Co 8,5s), auquel les autres sont soumis.
qui se trouve au Ps no,1, Jésus avait voulu faire L' Apocalypse -fait comprendre aussi que le titre
entendre que, tout en étant -fils de David, il lui « Seigneur· des seigneurs », attesté .depùis très
était supérieur et antérieur .(Mt 22,43ss; cf Le 1, longtemps en Orient (vers uoo·av. J.-C:), ne con-
43; 2,n)'. S'appuyant sur le même psaume, l'Église vient pas à l'empereur ·divinisé, mais. au Christ
naissante proclame la seigneurie du Christ, actua- seul, comme au Père (Ap 17,14; 19,r6; cf Dt ·10,
lisée par sa résurrection (Ac 2,34ss). Dans sa 17; l Tm 6,16).
prièr-e, elle garde longtemps l'invocation primitive Projetant la lumière de •Pâques sur les. événe-
araméenne : Mat-ana tha, « Notre Seigneur, viens 1 )l ments de· la vie du Christ, Luc aime à désigner
(1 Co 16,22; Ap 2"2,20). La lumière de Pâques, la Jésus sous_ son titre de Seignèur (Le 7,r3; 10,39.
réflexion sur l'&riture, telles sont les sources de 41. .. ). Jean l'utilise moins souvent (Jn n,2) ;
la pr~m.ière •confession chrétienne : « Jésus- est mais ·il rappelle comment ·1e disciple que Jésus
Seigneur » (Rm 10,9; 1 Co 12,3; Col. 2,6). Jésus aimait· a découvert le Seigneur, en celui qui se
mérite le titre suprême de MaYana et de Kyri.os, trouvait sui- le rivage (u,7); comment surtout
en tant que *Me:;;sie intronisé a11 ciel, inaugurant Thomas, porte~parole de toute- l'Église, a p~eine--
son •règne _par· le don de l'*Esprit (Ac -2,33), _et ment reconnu la divinité de· Jésus ressuscité_.dans
toujours présent à son Église dans -l'assemblée sa seigneurie sur les· croyants : · « Mon Seigneur
eucharistique, en 'attendant le *jugement (10,42). et mon Dieu » (20,28). PT
Or cette souveraineté du Christ, à l'avant-plan
dans ·1e titre KyYios, est celle de .Dieu même,- si -+. 8doration II: _2,- autorité NT ~ -:- corps Il -
bien qu'on transfère au « Seigneur de tous » (10, David 3 . - Dieu - gloire - homme I 1 d. 2, b -
36) ce qui convena_it à_ Yahweh seul, par exemple Jésus (noin _de) III - Jésus-Christ II - Messie NT
II 2 -'iiom AT 4; NT 3 - roi NT Il 1 - royaume
l'invocation du •Non;i _(,z,2os). ou les gestes et for- _NT III 2 - 'Yahweh ·3. '
mules de }'•adoration (Ph ~,ro = Is 45,23;. Jn 9,
38; Ap 15,4).

2. Paul transmet à Corinthe le Marana tha .du


christianisme P3lestinien,. montra.nt par là qu'il SEL
tient de ce dernier sa .conception de Jésus-Sei-
gneur, et non de l'hellénisme qui donnait ce_ titre
aux dieux et à .l'empereur (cf Ac 25,26). Comme _1. Sel et yégion désertique. - Les habitants de la
Pierre dails sa prédication, il -s'appuie sur le Palestine vivaient dans le voisînage de la mer
_ps;aume: ..r10.(r Co 15,25; Col 3,r; Ep 1,20) et donne Morte, appelée selon de vieux textes « m,ei: de
à. Kyrios une double valeur, royale et divine. Sel» (Gn 14,3; JO.S 3,16; 12,3.. :), qui se prolongeait
•Roi, ·Jésus est Seigneur de tous les hommes. (Rm au sud par la vallée du Sel (2. S 8,r3; 2 R r4,7).
14,9), de tous ses ennemis, les *Puissances (Col 2, Vrais •déserts où nul n'habite (Jr r7,6; Ps ro7,
10.15).ou_ là. *Mort (1 Co .15,24ss.57; cf r P 3,22), 34; Jb 39,6), ces terres salées semblent avoir été
des maîtres humains. qui repFésentent le seul vrai la victime de quelque· *châ.timent, dont le sel
Maitre auprès de leurs esclaves (Col 3,22-4,1; aurait été l'instrument : la femme de ·Lot fut
Ep 6,5-9) ; Seigneur enfin de r•Église, son propre ainsi changée en statue de sel (Gn 19,26) ; on dit
•Corps qu'il domine et nourrit (Col r,18;- Ep -1, aussi que sur la cité vaincue on sème ,du sel (J g
2oss; 4,15;· 5,22-32). Aussi tout l'univers, deux, 9,45). La menace vise les impies (So 2,9), alors
terre, enfers, proclame que ·Jésus est Seigneur « rien ne· pourra plus pousser en ces lietix· » (Dt
(Ph 2,10s}. Ce dernier texte assure la-valeur divine 29,22). Toutefois, un jour, l'•eau triomphera :

r207 J:208
SEL SEMAINE

tandis que marais et lagunes seront abandonnés


au sel (Ez 47,n), du côté droit du temple jaillira
le fleuve qui assainira la mer Salée (47,8), si bien
que la vie surabondera même en ces lieux {47,Ss). SEMAINE
2. Rites et purification. - Selon les anciens rites
sacrificiels, les offrandes doivent toutes être salées 1. La semaine dans la vie sociale et dans la litur-
(Lv 2,13; Ez 43,24). S'agit-il par là de donner gie.•- Le problèip.e de l'origine de la semaine
saveur aux « aliments de Dieu o (Lv 21,6.8,17.22) demeure difficile. Etroitement liée au *sabbat et
ou de confirmer ce qu'indique « le sel de l'alliance peut-être au cycle lunaire, elle a pris de ce fait,
de Dieu)) (Lv 2,13), c'est-à-dire, comme il est noté dès le début, un caractère religieux spécifique qui
plus bas, une alliance durable ? Il est difficile de la distingue nettement des périodes de sept jours
répondre. Mais, tout comme pour l'encens (Ex 30, attestées ailleurs dans le Moyen-Orient (cf Gn 8,
35), il semble bien que le sel a une fonction "puri- 10 et le poème babylonien de Gilgamesh; Gn 29,
ficatrice, témoin Elisée assainissant une u eau 27; Jg 14,12; 2 R 3,9). Probablement antérieure à
mauvaise >) (2 R 2,19-iz). Peut-être aussi faut-il la législation mosaïque, elle y figure en bonne
voir dans l'usage de frotter de sel le nouveau-né place dès les textes les plus anciens (Ex 20,8ss;
(Ez 16,4), un geste rituel apparenté à l'exorcisme 23,12; 34,21). Ainsi Dieu donne à son peuple le
plutôt qu'un souci hygiénique. A cette fonction rythme de son *travail et de son *repos.
purificatrice peut se rattacher la parole de Jésus : La semaine joue un rôle important dans les
~ Tous seront salés par le feu (Mc 9,49) ; en effet
)J coutumes et les pratiques religieuses de l'AT. Les
Je *feu éprouve et purifie (r Co 3,13). "'fêtes des Azymes et des Tabernacles durent une
semaine (Dt 16,4; Lv 23,8.34). La *Pentecôte,
3. Saveur et durée. - Le sel est une denrée des ou fête des Semaines, a lieu sept semaines après
plus nécessaires à la vie de l'homme (Si 39,26) ; le sabbat de la Pâque (Ex 34,22; Lv 23,15). En
aussi (l manger le sel du palais» (Esd 4,14) signi- outre, après l'exil, prêtres et lévites prenaient la
fie-t-il recevoir du roi son « salaire )1 (cf lat. sal). semaine à tour de rôle dans le Temple pour y
Le sel rend les aliments savoureux (Jb 6,6), Ayant accomplir le service cultuel. A côté du calendrier
la propriété de les conserver (Ba 6,27), il en vient qui était devenu officiel et fut conservé par les
à signifier la valeur durable d'un contrat une chrétiens, un calendrier sacerdotal archaïque har-
o *alliance de sel » (Nb 18,19), c'est un pacte
monisait l'année solaire de 364 jours avec un cycle
perpétuel comme celui de Dieu avec David (2 Ch
complet de 52 semaines.
,3,5). Chaque semaine d'années se terminait par une
Parmi les paroles de Jésus qui demeurent année sabbatique, où l'on devait libérer les esclaves
obscures, celles qui concernent la métaphore du et les créanciers, et faire chômer la terre (Ex 21,
sel sont notoires. ,1 Si le sel perd de sa saveur,
2; 23,ross; Dt 15,1ss; Lv 25,3s). Au bout de sept
avec quoi l'assaisonnera-t-on ? " (Le 14,34; Mc 9, semaines d'années était prévue une année jubi-
50). Selon un premier sens possible, en relation laire, année par excellence de l'affranchissement
avec le te sel de l'alliance ", cela signifierait que, (Lv 25,8 ... ) La prophétie des soixante-dix semaines
si l'alliance vient à être rompue avec le Seigneur,
(Dn 9,24), qui annonce l'affranchissement final
on ne peut la renouer. Selon l'interprétation de d'Israël, est construite sur le chiffre convention-
:Matthieu, le croyant doit être « le sel de la terre »
nel de dix périodes jubilaires, tandis que le texte
(Mt 5, 13), c'est-à-dire qu'il doit conserver et rendre
de Jérémie qui en constitue le point de départ
savoureux le monde des hommes dans son alliance (Jr 25,ns) place le salut au terme de dix périodes
avec Dieu. Sinon, il n'est plus bon à rien, et les
sabbatiques.
disciples méritent d'être jetés dehors (Le 14,35).
Mais te le sel demeure une bonne chose ; ayez: donc
2. Signification théologique. - Selon la théologie
du sel en vous-même, et vivez en paix: les uns
sacerdotale, la semaine qui rythme l'activité de
avec les autres» (Mc 9,50), parole dont on pourrait l'homme a pour prototype sacré l'activité créa-
trouver un commentaire chez Paul : ([ Que votre
trice de Dieu lui-même (Gn 1,r-2,3; Ex 20,9ss;
langage soit toujours aimable, assaisonné de sel,
31,17). La loi hebdomadaire est ainsi considérée
pour savoir répondre à chacun comme il faut ~ comme une institution divine de valeur univer-
(Col 4,6). XLD
selle.
-+ désert O - feu NT II 2 - nourritme. Dans le NT, la semaine acquiert une valeur

1209 1210
SEMAINE
SE'.\IER

religieuse nouvelle. Elle part désormais du di- sème ton grain ; le soir, ne reste pas inactif ! •
manche, *jour du Seigneur, célébration hebdoma- (Qo n,6).
daire de sa victoire (Ap I,IO; Ac 20,7; I Co 16,2). A l'homme également revient le dur labour
Le •travail que le chrétien y déploie ensuite s'opère qui, selon l'usage palestinien, a lieu ordinairement
ainsi sous la mouvance du Christ rédempteur qui après les semailles. N'est~ce pas ainsi qu'on doit
domine le temps. l\lais elle continue de tendre vers cultiver la Sagesse : « Tu peineras quelque temps
un huitième *jour qui, au-delà du cycle des à la cultiver, mais bientôt tu mangeras de ses
semaines, introduira le peuple de Dieu dans le produits? )) (Si 6,19).
grand *repos divin (He 4,1-II) ; le repos du Prise dans un sens métaphorique, cette •res-
dimanche en annonce déjà la venue. CT ponsabilité s'étend au choix de la semence et
du terrain. Car « on récolte ce qu'on a semé n
-4, cré11.tion AT II 2 - fêtes - nombres I 1, II 1 - (Ga 6,7}. Semer des pousses étrangères (idolâ-
Pentecôte I 1 - sabbat - temps AT I r; NT Il 3.
triques), c'est obtenir peut-être une floraison
rapide, mais pas de moisson (Is 17,IOs). A semer
l'injustice ou l'iniquité, on peut récolter sept fois
plus de malheur (Pr 22,8; Jb 4,8; Si 7,3) ; 1, qui
SEMER sème le vent récolte la tempête » (Os 8,7). Que
l'on se souvienne toujours de l'expérience 1( Qui
sème chichement moissonnera chichement ; qui
Devenir de la nature, histoire des générations sème largement moissonnera abondamment 1)
humaines, geste créateur et rédempteur, tout se (2 Co 9,6). Au lieu de semer dans la *chair, il nous
déroule selon un même cycle semailles, •crois- faut semer dans l'esprit (Ga 6,8}, - non dans
sance, *fruits, *moisson enfin. Il y a parfaite les épines (Jr 4,3), mais dans la paix (Je 3,18) et
correspondance entre le sens figuré et le sens la justice (Os 10,12; Pr 11,18).
propre du mot semer. b) Acte d'espérance. - S'il est vrai que le labou-
reur doit avoir sa part du produit (1 Co 9, 10) et
que l'idéal est de récolter ce qu'on a semé, le pro-
l. SEMAILLES TERRESTRES verbe demeure souvent valable : « Autre celui qui
sème, autre celui qui moissonne 1) (Jn 4,37), Le
I. L'action divine. - Au jour de la •création, semeur doit donc faire confiance à la terre féconde,
Dieu a donné à la terre de produire une végétation espérer en l'eau du ciel, sans compter soumettre
capable de se reproduire, de 1( semer une semence li ces éléments. Qu'il sème donc sans épier le vent
(Gn 1,11s.29}; celui qui sans cesse « fournit au (Qo 11,4), sinon il ne fera rien. La plus petite des
laboureur la semence.. vous la fournira à vous semences peut devenir un grand arbre (Mc 4,31s),
aussi>) (2 Co 9,rn). Réglant les temps des semailles le grain fécond donne jusqu'à cent pour un (Mt
et de la moisson (Gn 8,22), il bénit les semailles 13,8 p}. Agent actif dans les semailles, l'homme
du juste au centuple (Gn 26,12) ou au contraire ne doit pas Oublier qu'une fois jetée en terre,
déçoit l'attente des méchants (Is 5,10; Mi 6,15), ~ la semence germe et pousse toute seule (gr.
qui ont 1< semé du blé )) et ,< moissonnent des automatè} n (Mc 4,27). L'obligation de l'année
ronces» (Jr 12,13; cf Gn 3,18). A l'homme qui se sabbatique, où cessait le devoir d'ensemencer le
convertit, Dieu K donnera la pluie pour la semence sol (Lv 25,4}. exigeait un acte de confiance absolue
semée en terre » (Is 30,23), les terres pourront en Dieu qui, l'année précédente, avait donné
être ensemencées (Ez 36,9). La bénédiction divine récolte double. Pour apprendre à ses disciples
qui se réalise dans la réussite des semailles est l'abandon total à la •providence du Père céleste,
toujours, dans la Bible, liée à la fidélité du peuple Jésus leur donne en exemple les oiseaux du ciel
à l'Alliance. qui ne sèment ni ne moissonnent {Mt 6,26 p).
Cette confiance encourage à enfouir dans le sol
2. Le r6le de l'homme. - En effet, si Dieu bénit la semence, à la laisser mourir pour qu'elle porte
les semailles, il revient à l'homme de les faire. du fruit (Jn 12,24) ; si celui qui porte la semence
a) Sa *responsabilité. - Dieu l'a chargé de « s'en va en.,.pleurant », il sait qu'il <( chantera en
perpétuer sur terre toute semence et de la sauver rapportant les gerbes » (Ps 126,5s). Cette image
du déluge {Gn 7,3) ; il doit, en cas de famine, dépeint le service ,i en faveur des saints » {Ga 6,
chercher cette semence (Gn 47,19), la protéger 7-w; 2 Co 9,6-13) et le labeur apostolique (Jn 4,
contre tout contact impur (Lv II,37s). « Le matin, 38; I Co 3,8; 2 Co 9,rnss). Enfin, si le grain doit

I2II I2I2
SEMER SÉPULTURE

mourir afin d~ reprendre vie (1 Co. 15,36), il en de· Dieu. Déjà le Consolateur d'Israël annonçait
est de même pour l'homme mortel qui doit •res- l'action efficace de la Paiole divine en· la compa-
susciter : a On sème dé la corruption, il ressuscite rant à la pluie qui rend féconde la semence (Is
de l'incorruption... on sème un corps psychique, 55,10s). En annonçant la pàrabole du Semeur,
il ressuscite un corps spirituel » (15,42ss) : confié Jésus relie le devoir de porter du "'fruit, non pas
à la terre, le corps ressuscitera dans la gloire du à la •moisson, mais aux semailles ; ff fait ainsi
Christ. une rétrospective sur l'inauguration des derniers
temps (cf Os 2,25) qui a lieu au moment où il
parle. Telle est l'histoire vécue de la rencontre
II. SEMAILLES DIVINES eschatologique entre le Germe divin et le peuple
de Dieu. S'il faut être une bonne terre, c'est parce
Le Ciéateur, dont .le geste pourrait· être assi- que la semence est· jetée avec la parole même de
milé à celui du semeur, n'est· pourtant niontré Jésus. Alors quelle belle réussite I Et cependant,
sous les traits du Semeur qu'en contexte. escha- à côté de ·là bonne semence semée par le Fils de
tologique; Sachant que le Fils est à la fois ·la l'Homme, il y a aussi l'ivraie que sème le Malin
Parole de Dieu et le Germe divin, le chrétien peut (Mt 13,24-30.36-43).
voir en Dieu celui qui sème sa Parole dans le cœur Cette Parole,. est le Christ en personne, qui a
des, hommes. _et qui sème en terre le Germe, sa voulu mourir en terre afin de porter du •fruit
véritable descendance. (Jn 12,24.32). Et l'Église a reconnu sa propre
histoire à travers les paraboles dé Jésus. Elle a
1. La semence di,Vine. - Dieu bénit Adam en le fortifié sa foi en pressentant, à 4"avers les humbles
rendant *fécond. Le terme a semence» (gr. spenna) débuts du royaume des cieux, la gloire finale : le
se1t à c;].~signer la postérité, la descendance, le grain de sénevé devient un grand arbre (Mt 13,
lignage, la .race. Dès les origines, à la semence de 3rs;· cf Ez 17,23; ,Dn 4,7-19), suivant la promesse
l'homme qui se transmet dans les •générations faite jadis à Abraham d'une (1 semence Il innom-
est .opposé le lignage qui triçmphera du serpent brable comme les étoiles du ciel. Enfin l'Église,
(Gn 3,15). Cette victoire sera réalisée par Jésus, « semence " de Jésus {Ap 12,17), résiste viCtorieu-
rejeton issu du croisement des deux lignées : sement au dragon, car le Christ demeure en elle
Fils de Dieu, fils d'Adam, d'Abraham et de (1 Jn 3,9). XLD
David.
D'un côté, la bénédiction est assurée à. la pos- -+ croissance - fécondité - fruit - moisson II,
térité de Noé (Gn 9,9), d'Abraham (Gn 12,7), III z a· - naissance (nouvelle) - Parole de Dieu
d'Isaac (26,4), de Jacob (32,13) qui sera aussi NT I •·
nombreuse que la poussière de la terre (13,15s), le SENTIMENTS -+ cœur O - reins z.
sable de-.la. mer (22,17) ou les étoiles du .ciel (15,
5; 26,4). Elle est également assurée à la descen- SÉPARATION-+ anathème - dispersion - saint -
dance. royale de David (2 S 7,12; 22,51). Ceci a schisme - solitude - unité.
lieu en vertu d'une alliance conclue non seulement SEPT ~ ~pôtres I z - ministère Il 2 - nombres_.
avec. l'ancêtre, mais aussi avec sa « semence 1.
Or, qu'il s'agisse de la semence d'Abraham ou
de celle· de David, l'infidélité du peuple et de ses
rois oblige __ Dieu à retirer sa bénédiction, .L'arbre
de Jessé doit .être coupé, mais de sa souche gei-- stl'ULTURE
mera alors une a seme~ce sainte n (Is 6,.13). Car
Dieu sera de nouveau le Semeur (Os 2,25; Jr 31,
27) qui repeuplera Juda, race malfaisante (Is 1_,4) Dès la préhistoire, on constate le soin pris par
décimée par Je *cbâ.timen:t, Plus précisément, cette les hommes les plus .primitifs· pour la sépulture
semence se ·concentrera e_n un germe, qui devient des morts. Ce•· soin, sous ses · diverses formes,
l'un des •nmns du *Messie .. « Voici un homme atteste la croyance à une- certaine survie· de
drint le_ nom. ~st Germe; où il est, quelque chpse l'homme aU:--delà de la •mort.
germera; il·reconstruira le sanctuaire» (Za_6, 12s).
1. En [St"tU'î, comme· chez ses voisins, être·privé
2. La Pat'ole de Dieu. - Selon une ligne directe- de sépulture est regardé comme un malheur
ment métaphorique, la semence c'est la •Parole effroyable (Ps 79,3). C'est un des châtiments les

1213 1214
SÉPULTURE
SERMENT
plus redoutables dont les prophètes menacent les -+ jeûne 1 - mort AT I 3 - onction I z,
impies (r R 14,IIss; Jr 22,18-19).
Aussi !'Israélite prend-il grand soin de préparer SÉRAPHINS-+ anges AT 1.
sa sépulture, à l'exemple d'Abrahim (Gn 23,
récit de fondation de la tombe des patriarches).
L'ensevelissement est le devoir par excellence des
fils du défunt (Gn 25,Sss; 35,29; 50,12s; Tb 4,3s;
6,15; 14,rnss). Il est une œuvre de piété qui SERMENT
incombe à l'armée en temps de guerre (1 R rr,
15) et à tout Israélite fidèle (le Livre de Tobie
insiste sur- ce devoir : 1,17-20; 2,4-8; 12,12s). Dans la plupart des religions, l'homme recourt
Les rites du deuil sont fort complexes, et on à la divinité pour garantir solennellement la valeur
les retrouve chez les peuples voisins : jeûne (1 S de sa •parole : qu'il s'agisse d'une promesse dont
31,13; 2 S 1,12; 3,35), vêtements déchirés (Gn 37, il veut assurer l'accomplissement, ou d'une affir-
34; 2 S I,II; 3,31; 13,31), port d'un sac (Gn 37, mation dont il prétend appuyer la •vérité.
34; 2 S 3,31; 14,2; Ez 7, 18), tonsure et incisions
(Am 8,rn;- Mi 1,16; Is 22,12; Jr 7,29; 16,6; 48, AT
37; 49,3; cette pratique sera interdite par Dt r. A tous les âges de l'AT, les hommes échangent
14, 1 et Lv 19,27s, sans doute parce qu'elle avait entre eux des serments, soit pour nouer des
Heu dans le culte de Baal), lamentation (2 S 1, alliances (Gn 21,22-32; 31,44-54), soit pour garan-
12,17-27; 3,33s; -13,36; 1 R 13,30; Am 5,16; Jr tir !'irrévocabilité de leurs •promesses (Gu z4,2-
22,18; 34,5). Ces divers usages ne sont pas que des 4; 47,29) ou de leurs décisions (1 S 14,44; 25,22).
manifestations de douleur; ils ont un aspect Le serment assure aussi la vérité d'une affirmation
rituel dont nous ignorons la signification originelle dans les relations courantes (Jg 8.19; I S 20,3),
(culte des morts, protection contre leurs malé- les enquêtes juridiques (Ex 22,7.ro), les prédic-
fices ... ). En Israël, où la foi yahviste exclut tout tions des prophètes (1 R 17,1.; cf Dn 12,7). Ce
culte des morts, ces rites visent avant tout à pro- recours à la garantie de Dieu prend souvent la
curer au défunt une condition paisible, en le forme d'un appel à sa sanction en cas de par-
« réunissant avec son peuple )) (Gn 25,8; 35,29), jure : « Ainsi me fasse Yahweh ... )) (surtout à
lorsqu'il se«couche avec ses pères n (r R 2, 10; l r,43). l'époque antique : Gn. 24,37-41; Jg II,10; 1 S 14,
24-48),
2. Dans les évangiles, les contemporains de Jésus
conservent les usages de l' AT pour la sépulture 2. On comprend qu'Israël ait souvent attribué
(Mc 5,38; Jn n,38-44). des serments à Yahweh lui-même : pour conclure
Jésus ne blâme pas ces usages, même quand il son alliance (Dt 4,31; 7,8), en garantir les pro-
déclare que l'}lppel à le suivre l'emporte sur le messes (Gn 22,16; 26,3), annoncer son jugement
devoir sacré d'ensevelir son père (Mt 8,21s). Il (Nb 14,21; Am 4,2; 6,8), marquer l'autorité de
ressent à l'avance l'ignominie de sa mort de con- sa parole (Ez 20,3; 33,u). Sa formule habituelle
damné, privé des honneurs funèbres (Mc 14,8). est alors : « Je suis vivant i1. Dieu ne peut fonder
En fait ces honneurs lui seront rendus par sa parole que sur lui-même.
Joseph d'Arimathie en toute hâte, par suite de
l'approche de la fête (Mc 15,46s). Mais quand 3. Malgré la valeur qu'assure au serment la pré-
les femmes viendront au matin de Piques com- sence et l'autorité du juste Juge, il y a toujours
pléter par une *onction de parfums cette sépul- des parjures. Le Décalogue les condamne (Ex 20,
ture précipitée (Mc 16,rs; chez Jn 19,39s, le corps 7), et les prophètes ne cesseront de les dénoncer
de Jésus a déjà reçu cette onction au soir de sa (Os 4,2; Jr 5,2; 7,9; Ez 17,13-19; I\,11 3,5).
mort}, elles entendront l'ange leur proclamer : Après l'exil, la Sensibilité s'éveille· à uri autre
« Il est ressuscité, il n'est pas ici ». L'usage tra- abus : la fréquence des serments qut utilisent
ditionnel de la sépulture chrétienne des défunts Dieu au Service des intérêts les plus sordides et
dans les catacombes et les cimetières ((< dortoirs n : multiplient les risques de parjure (Qo 5,1; Si 23,
cf 1 Th 4,13) trouve sa source dans ces récits. Il 9-u; Qumrân). La mise en garde des Sages n'équi-
s'inspire des honneurs rendus au corps consacré vaut pas à un rejet du serment, mais témoigne
par l'action de !'Esprit, plus encbre de l'espérance d'une meilleure intelligence de sa valeur, et invite
ouverte au jour de Pâques. AG à le réserver pour les occasions solennelles.

1215 1216
SERMENT SERVIR

SERPENT-+-,animaux - Antiehrist AT I - bêtes


& Bête -
Croix I 4 - désert AT I 3 - Marie V z.!..-
NT signe NT I 2 - simple z.
Satan I -
1. La pensée de J4sus apparaît nuancée. · Il ne
recourt jam.ais au serment pour assurer.l'autorité
de sa doctrine ; il se. borne à introduire ses affir-
mations plus solennelles- par sa formule. coutu- SERVIR
mière : « • Amen, je vous le déclare ». Par ailleurs,
dans le Sermon sur la. montagne, il prescrit aux
siens de s'abstenir de serments (Mt· 5,33-37) : Le mot de service prend deux sens opposés
l'homme ne .saurait jurer par ce qui appartient à dans la Bible, selon· qu'il désigne la soumission.
Dieu, puisqu'il n'en est pas maitre·; ·et la parole de l'homme à Dieu ou l'asservissement de l'homme
des di$Ciples n'a pas à '.chercher d·'autre garantie par l'homme, c'est-à~dire l'esclavage. L'histoire du
que leur· sincérité fraternelle. salut enseigne que la libération de l'hOmme ·dé-
Pourtant ·Jésus attaque avec force la casuis- pend de sa soumission à Dieu, .et que « serv!,r
tique laxiste des scribes qui proposent des expé- Dieu, c'est régner D (Liturgie romaine).
dients pour atténuer les exigences du serment
(Mt 23,16-22); devant le sanhédrin, il accepte de
répondre au. ·Grand Prêtre qui l'adjure, c'est-à- J. SERVICE ET· ESCLAVAGE
dire qui lui.défère le serment (Mt 26,63) : en cette
circonstance solennelle où .il proclame· sa .nùssion Déjà, dans les relations humaines, le même mot
devant l'autorité légitime, Jésus reconnaît d6nc peut désignèr deux situations concrètes profondé-
de. façon implicite la valeur du sernient. ment différentes : celle de !'•esclave, telle qu'elle
apparaît .dans le monde païen, où l'homme en
2. Paul, qui '9Qlld.arone ies parjures (I· Tm 1,10), servitude est mis au niveau des animaux et -des
n'utilise jamais les formules réprouvées·par Jésus, choses, et celle du •serviteur, telle qu'elle est
ni celles· en usa'ge ·d~S le judaïsme. Pourtant il définie par la loi du peuple de Dieu : dans ce
recour·t volontiers à la· garantie divine dans les peuple, l'esclave demeure un homme et .il a sa
affirmations qui· lU:i tiennent à cœur. Il. prelld place dans la famille, en sorte que, vrai serviteur,
Dieu· à •témoin de so_il désintéressement (1 Th 2, il peut y devenir l'homme de confiance et l'héri-
5.xO; 2 Co 1,23), de· sa· sincérité (Ga 1;20), de son tier (Gn ·2·4,2; ·15;3). Aussi le-vocabulaire-reste-t-il
amo:ur pour _se_s :fidèles· (2. Co ·n,u; Ph· x,8; Rm ambigu.: 'avad '(hb'.) et àoukuein (gr.) s'appliquent
r,9), Il semble que chez lui le précepte de Jésus aux deux situations. T011tefois il est des mots qui
au sujet des sermènts corrige déjà les habitudes désignent des seririces où la dépendance a un carac•
. tère honorifique, soit le serviée du- roi 'par ses offi..
juives.
ciers (hb. '§Irat),' soit_ les services· officiels au pre-
mier rang desquels est le service -cultuel (gr. lei-
3. Les' autres. auteiws du· NT manifestent là même
tourgein).
discrétion que Jésus. "L'ëpttre de 'Jacques'(Jc 5 1
r2) interprète à sa manière l'enseignement de
Jésus en Mt 5,33-:37; _mais l'épître a"W!: Hébreux
(He 6 16)_ reconnaît la vàleur·du serment. Quant
1 Il. AT': SERVICE CULTUEL ET. o:SÉISSA~èE
aux serments attribués à Dieu, ils -sont plusieùrs
fois rappelés dans le NT (Ac· 2,30'; He ·3,nss; 6, Servir Dieu· est un honneur pour le peuple avec
13ss; 7,20SS), surtout lorsqu'il -s'agit de serments lequel il a fait alliance. Mais noblesse oblige. Yah-
à portée messianique. weh est un Dieu jaloux qui ne peut souffrir de
En somme, le NT transmet la pensée de Jésus partage (Dt, 6,15), comme le -dit .une Écriture
sur la sincérité qui s'impose entre les hommes, que. citera le Christ : « Tu adOreras le Seigneur
sur le respect de l'honneur divin et sur la gravité ton Di.eu .et tu le serviras, lui seul _D (Mt 4, xo; .cf
des cas auxquels il faut réserver le serment. Dt 6,13). Cette :fidélité doit se manifester dans le
AG ., culte et dans la conduite. Tel _est le. sens' du .pré-
cepte où. s'accumulent les synonymes du service
-+ Alliance - amen 1 -:- anathème
NT - mensonge -
parole humaine I· - promesses I - témoignage - de Dieu ·: « Vous suivrez Yahweh, vous le crain-
vérité. drez, vous garderez .ses commandements, vous lui

1217 I2I8
SERVIR SERVITEUR DE · DIEU

obéirez, vous le servirez et vous vous attacherez sité du service qui le mène à la croix, Jésus révèle
à lui • (Dt 13,5). !'*amour qui, seul, lui donne sa dignité etsa valeur:
u Il faut que le mOnde sache que j'aime le Père
1, Service cultuel. - Servir Dieu, c'est d'abord et. que j'agis comme le Père me l'a ordonné ,
lui bffrir des dons et des sacrifices et assurer l'en- (Jn ,4,30).
tretien de son temple. A ce titre, les prêtres et En servant Dieu, Jésus sauve les hommes dont
les lévites sont « ceux ·qui servent Yahweh n (Nb il répare le refus de servir, et il leur révèle. com-
18; l S 2,n.18; 3,1; Jr 33,2xs). Le *prêtre se ment .1e Père. -veut être servi : il veut qu'ils se
définit, en effet, comme le gardien du sanctuaire, dépensent. au service de leurs frères comme Jésus
le . serviteur du dieu qui l'habite, et .l'interprète l'a fait. _lui-même, lui, leur Seigneur et ,Maître :
des oracles qu'il y·rend (Jg,17,5s)i A son tour, le u Le Fi~s de l'homme n'est pas venu pour être
fidèle qui accomplit un acte de culte a vient ser- servi, mais pour servir. et.donner sa vie 11 {Mc ro,
Vir Yahweh » (2 S 15,8).· Finalement, l'expression 45 p); a Je vous ai donné l'exemple... Le· servi-
désigne le *culte. habituel de Dieu et devient à teur n'est pas plus grand que le Maitre ~ Un 13,
peu près synonyme d'*adorer (Jos 24,22). 15s); (! Je suis au Illilieu de vous comme celui-qui
sert » (Le 22,27).
2. Obéissance. - Le service que Yahweh exige
ne se limite pas au culte rituel; il s'étend à toute z. La grandeut' du service chrétien. - .Le:s servi-
la vie par, !'*obéissance aux commandements. teurs du Christ sont d'abord les serviteurs de la
Voilà ce que prophètes et Deutéronome ne cessent *Parole (Ac 6,4; Le 1,2), ceux qui annoncent
de redire·: « L'obéissance est préférable au meilleur }'.•Évangile, accomplissant ainsi un service sacré
sacrifice » (1 S 15,22;· of. Dt 5,29ss), révélant la (Rm 15;16; Col 1,23; Ph 2,22), ·a en toùte *humi-
profondeur exigeante dè cette obéissance : « C'est lité », et, s'il le faut, a dans les larmes et au milieu
l'amour tj_ue je veux. et. non les sacrifices » (Os des *épreuves l¼ (Ac 20,Ig). Quant à ceux qui
6,6; cf Jr 7). servent .la communauté, à l'image des Sept choisis
par les Apôtres (Ac 6,1-4), Paul. leur apprend
à quelles conditions ce service seya digne du Sei-
gneur (Rm 12,7.9-1.3). D'.ailleurs, tous les chré-
III. NT : SERVIR DiEu EN sERVANT. LES aoMMEs
tiens sont passés, par le baptême,. du service du
péché et de la Loi, qui était un esclavage, au ser-
Jésus emprunte les termes mêmes de la Loi et vice de la justice et du éluist, qui est la liberté
des Prophètes (Mt 4,10;. 9,13) pour rappeler que (Jn 8,3r-36; Rm 6-7; cf 1 Co 7,22; Ep 6,6). Ils
,le service de Dieu est exclusif de tout autre culte servent Dieu. _en fils et .non en esclaves. {Gfl 4),
et qu'en raison de l'amciur qui ·rinspire il doit être car ils le servent dans la nouveauté de l'Esprit
intégral. Il précise le nom du rival qui peut mettre (Rm 7,6). ·La grâce qui les a fait passer de la con-
obstacle à ,.ce service : l'argent, dont le service dition de serviteurs à celle .d'*amis du Christ (Jn
rend injuste (Le 16,9) et dont i'Apôtre, écho du 15,15) _leur donne de servir si fidèlement leur Sei-
Maître, dira que l'amour est un culte •idolâtrique . gneur_ qu'ils sont ce;r_ta,j,ns de co,mmu:tiier à sa. joie
(Ep 5,5). 11 faut choisir : cc Nul n.e peut servir (Mt 25,14-23; Jn 15,10s). CA & MFL
deux maîtres... Vous ne pouvez servir Dieu et
l'argent.» {Mt 6,24 p). Si l'on aime l'un, on aura -+ adoratioh I 3 - ami 2 - anges -'-- autorité NT I
I', ,II z. - culte - esclave - hospitalit~ 2 - libéra-
pour· J'a'utre haine et mépris. C'est Pourquoi le
tion/liberté_ III · 3 c - Marie III z - ministère I -
renoncement aux •richesses est nécèssaire à qui obéissance - Parole de. Dieu AT III z; NT II 1 -
veut. *suivre Jésus, le *Serviteur de Dieu (Mt pauvres N',I' III 3 ,-:-- repas V - rétribution I -
19,21). sacerdoce - Serviteur de Dieu.

I. Le service de Jlsus. - Envoyé par Dieu pour


couroriner l'œuvre des serviteurs de l'AT ·(Mt 21,
33 ... p),' le Fils bien-aimé vient servir. Dès son
enfance, il affirme qu'il se d9it aux affaires de son SERVITEUR DE DIEU
Père (Le 2,49). Le déroùlement de sa vie entière
est sous le signe d'un a 11 faut » qui exprime ·son
inéluctable dépendance de la *volonté du Père Le nom de a Serviteur de Dieu D est, dans la
(Mt· 16,21 p; Le 24,26) ; mais, derrière cette néces- Bible, un titre d'honneur. Yahweh nomme «· mon

1219 1220
SERVITEUR DE DIEU SERVITEUR DE DIEU

serviteur i, celui qu'il appelle à collaborer à- son que ses fils ont été infidèles (1s 50,r); Israël,
*dessein. rebelle dès le sein maternel (48,8), est, par sa
Potir •accomplir celui-ci, il envoie son Fils. faute,. un serviteur· paresseux, sourd .et aveugle
Serviteur de Dieu par excellence ; ce. titre exprime (42,18s.24; ·43,8:22s; ,cf '30,9ss) ; loin d'oublier
même. l'aspect le plus mystérieux de sa mission cependant ce serviteur choisi, Dieu lui pardonne
rédemptrice : par son· sacrifice, en effet, le Christ (44,·21s} et va le sauver gratuitement (41,Sss) au
•expie ce refus de •servir qu'est le péché et il moyen du roi païen, Cyrus, son berger, son Oint,
unit tous les hommes dans le même service de son ami {44;28; 45,1; 48,14). Il semble même que
Dieu. le roi-libérateur soit le serviteur dont l'éloge est
fait en 42,1-7; plus tard, relu sans tenir compte
du- contexte, ce- chant a été appliqué' au Serviteur
1. LES SERVITEURS DE DIEU Israël dont .la vocation, la mission et le sacrifice
ET LE PEUPLE DE L'ALLIANCE sont l'objet de trois autres chants (49,1-6; ,50,4-
9; 52,13-53,12). Cette interprétation-est déjà celle
Le titre de Serviteur de Dieu est donné à des de la LXX et sera suivie par Matthieu. (Mt 12,
homm'es dont la mission concerne toujours le 18-21). En tout cas, grâce à. Cyrus,. Israël, servi-
peuple élu ; souvent donné à Moïse, •médiateur teur infidèle. et libéré, atteste parmi les •nations
de l'Alliance (Ex 14,31; Nb 12,'7; Dt 34,5; 1 R l'impuissance des idoles de Babylone, face au seul
8,56), et à David, type du Roi messianique (2 S Dieu véritable et sauveur (Is 43,10ss; 45).
7,8; 1 R 8,24s; Ps 78,70; Jr 33,26), il désigne aussi
les patriarches : Abraham (Gn 26,24), Isaac (Gn 2. Le Serviteur fidèle. - Or; de ce témoin passif,
24,14), Jacob (Ex 32,13; -Ez 37,25), puis Josué Dieu veut faire un serviteur fidèle qui, par son
qui conduit le peuple dans la Terre (Jas 24,29) ; témoignage, apporte aux nations la *lumière du
il est appliqué aux *prophètes qui ont mission •salut. La. seconde moitié du Livre de la Conso-
de maintenir -rAlliance (li;lie : 1 R 18,36; « mes lation (ls 49-55) est dominée par le visage mys-
serviteurs les- prophètes » : Am 3,7; Jr 7,25; 2 R térieux d'un prophète que Dieu nomme son Ser-
17,23), aiµsi qu'aux prêtres qui célèbrent le.culte viteur (49;3.6; 52,13)". De même que le patriarche
divin, au nom du peuple-prêtre.(Ps 134,1.;.cf Ex Jacob est inséparable du peuple qui porte son
19,5s). Le choix de tous- ces serviteurs est finale- nom et en qui il continue à vivre, de même ce
ment destiné à rendre le peuple fidèle au service Serviteur qui a les traits, purifiés, de Jérémie
que Dieu attend de lui (cf Ps 105,6ss.26.45), comme (49,1; 50;7; 53,7; cf ·Jr 1,51, 15,20; -11,19) est insé-
le Sont les· •anges, serviteurs des volontés divines parable de cet 11 Ist:a~l » dont il· porte le nom, de
(Ps 103,-~os), ce Reste ct ··en· qui- Dieu se glorifiera » (Is 49,3)-; il
est cependant distînct de cet Israël dans la mesure
où· il a mission de le rassembler (49,5s) et de l'en-
JI, DES SERVITEURS INFIDÈLES seigner-(50,4-10). sa· •patience (50,6) et.son ·*humi-
AU SERVITEUR FIDÈLE lité (53,7) le rendent capable d'offrir sa vîe et
d'accomplir par sa •souffrance le .dessein -de Yah-
Or, dès les premiers temps, le peuple élu est weh (53,4ss.10} : •justifier les pécheurs de toutes
infidèle à· sa •vocation de serviteur, indocile aux les nations (53;8, 11s~). Par ce sacrifice -Sion est
serviteurs de Dieu (Dt 9,24; Jr 7,25) ; aussi est-il *consolée; l'*épouse •stérile est de nouveau -unie
chàtié pal' l'exil au moyen d'un roi paîen, Nabu• à Dieu par une Alliance éternelle et devient la
chodonosor, qui, à ce titre, est serviteur -de Di.eu •mère 'féconde de tous les serviteurs de Dieu (Is
{Jr 27,6). Mais Dieu, qui. veut non la mort m.ais 54,1-55,4).
la vie du pécheur, se choisit un •reste qui devien- Israël, au .retour de l'exil, semble avoir oublié
dra .fidèle sc;,us le règne -de son serviteur, le n,s>u- les perspectives universalistes du salut dont le
veau *David (Ez 34,.23s; 37,24s). C'est à ce Reste Serviteur devait être l'artisan par. sa souffrance.
que sont adressés les oracles du Livre de la Con- A ce moment,· un prophète apparaît : il annonce
solation (Is 40-55). aux exilés la gloire de· la nouvelle Jérusalem,
mais il ne fait plus allusion à l'expiation du _Ser-
1, .Le serviteur infidèle. - Le' prophète qui déve- viteur (Is 61,1ss). Le titre de « Serviteur » est
loppe dans ce Livre le thème d'Israël, serviteur·de alors donné -par .Dieu à Zorobabel (Ag 2,23),
Dieu, y entrelace le thème de Sion, •épouse de « Germe » qu'il suscite ·dans la lignée de David
Dieu. Cette épouse n'a été abandonnée que parce (Za 3,8; cf Jr 23,5). Quant aux serviteurs de Dieu,

I:221 1222
SERVITEUR DE DIEU SEXUALITÉ

la joie qu'ils attendent (Is 65,13s.17s) sera bien mère celle qui se disait sa servante (Le 1,38.43.
la fin de leurs souffrances; mais elle n'est plus 48), de même il fait de ses serviteurs ses *amis
présentée comme le fruit d'une offrande qui trans- (Jn 15,15) et les fils de son Père (20,17). Ils doivent
forme la mort en *sacrifice et en fait jaillir la vie d'ailleurs, comme leur Maître, passer par la même
(cf 53,rns). voie de la •souffrance {15,20) ; c'est en triomphant
de !'*épreuve que les serviteurs de Dieu entreront
dans la gloire du *Royaume {Ap 7,3.14s; 22,3ss}.
CA & MFL
Ill. LE VRAI SERVITEUR, SAUVEUR DES HOMMES
-. Agneau de Dieu 1 - Alliance AT III 2; NT 1 -
1. Jésus fait sienne la mission du Serviteur; ami 2 - élection AT Ill 2; NT l - Esprit de Dieu
AT III; NT I 2 - eucharistie IV I - expiation -
maître doux et humble de cœur (Mt 11,29) qui fierté AT 3 - Fils de l'Homme NT I I b - homme li
annonce le salut aux *pauvres (cf Le 4,18s), il est 2 - Jésus-Christ 1 3, Il I b - justice A I AT 2 -
au milieu de ses disciples« comme celui qui sert ii médiateur l :z - Messie AT II 3 ; NT I 2, II 2 -
(Le 22,27), lui, leur Seigneur et leur Maître (Jn mission AT III I ; NT II :z - Moise 1 .3 - obéissance
13,12-15), et il va jusqu'au bout des exigences de III - prophète - Reste AT J - sacrifice AT Ill 3;
l'amour qui inspire ce service (Jn 13,1; 15,13), en NT I - servir II, III - souffrance AT III - vic-
donnant sa vie pour la rédemption de la multi- toire AT 3 a; NT 1 - violence 1 2, III 3, IV ~-
tude des pécheurs (Mc 10,43ss; Mt 20,26ss) ; c'est
pourquoi, traité comme un scélérat (Le 22,37), il
meurt sur la croix (Mc 14,24; Mt 26,28), sachant
qu'il ressuscitera, selon qu'il est écrit du Fils de SEXUALITE
l'homme (Mc 8,31 p; 9,31 p; Le 18,31ss ·p; 24,
44; cf Is 53,ross). S'il est donc le *Messie attendu,
le •Fils de l'homme ne vient pas pour rétablir Bien que de nombreuses notices traitent en pas-
un royaume temporel, mais pour entrer dans sa sant de la sexualité, il est utile de rassembler ici
gloire et y introduire son peuple, en passant par les diverses données bibliques qui s'y rapportent.
la mort du Serviteur. Le mot ne se trouve pas dans la Bible, mais la
différence des sexes est fréquemment évoquée pour
2. La pyédication aposfolique a appliqué à *Jésus éclairer le mystère des relations de l'homme et de
Je titre de Serviteur pour annoncer le mystère de la femme. Tout en respectant les apports spéci-
sa mort (Ac 3,13s.18; 4,27s), source de bénédic- fiques de l'AT et du NT, il semble préférable de
tion et de lumière pour les nations (Ac 3,25s·; 26, ne pas les traiter dans leur ordre chronologique :
23). "'Agneau immolé injustement comme le Ser- nombreuses sont en effet les données de l'AT qui
viteur (Ac 8,32s), Jésus a sauvé ses brebis égarées; ne trouvent leur plein sens qu'avec la venue de
les plaies de son corps ont guéri les âmes des Jésus-Christ.
pécheurs {r P 2,21-25). Pour Matthieu, Jésus est
le Serviteur qui annonce la justice aux nations
et dont le *Nom est leur espérance (Mt 12,18-21
= Is 42,1-4). Enfin une hymne permet à Paul de J. SEXUALITÉ ET CONDITION HUMAINE
présenter le mystère du Christ et de sa charité
dans un raccourci puissant : elle proclame que le Face à l'affirmation de la Genèse : « Homme et
Christ est entré dans la gloire en prenant la con- femme il les créa ~ (Gn 1,27), Paul déclare : « Il
dition de Serviteur et en mourant sur la croix n'y a ni homme ni femme ; vous êtes tous un dans
pour obéir à Dieu son Père (Ph 2,5-n) ; la pro- le Christ Jésus )) (Ga 3,28). On discerne une ten-
phétie du Serviteur annonçait donc le *sacrifice sion entre ces deux affirmations, qui ne se con-
rédempteur du Fils de Dieu fait homme. C'est tredisent pourtant pas, mais s'éclairent et se con-
pourquoi le Nom du saint Serviteur de Dieu, ditionnent mutuellement.
Jésus, crucifié et ressuscité, est la seule source
du *salut (Ac 4,1oss.29ss). I. u Homme et femme il les créa,, (Gn I,z7). -
Dans l'AT la différence sexuelle est d'abord liée
3. Les seroiteurs de Dieu sont désormais les ser- à la conviction que l'homme fut créé ij à l'*image
viteurs du Christ (Rm 1,1; Ga 1,10; Ph 1,1; cf de Dieu )). Le contexte immédiat de ce passage,
Tt 1,1). De même que le Seigneur a pris pour dû au rédacteur sacerdotal (P), se borne à. relier

1223 1224
SEXUALITÉ SEXUALITJ1

la différence sexuelle de l'homme et de la femme 2. " Il n'y a ni homme ni femme, car tous vous
à la *fécondité .de Dieu qui transmet la *vie et n.e faites qu'un dans le Christ Jésus » {Ga 3,28).
domine l'univers (Gn 1,28). Le point de vue yah- Cette 'affirmation ne renie· rien des perspectives
viste (J) est plus complet. A ses yeux, ce qui fonq~ précédentes, mais la venue de Jésus a déterminé,
la différence sexuelle, c'est la nécessité pour dans la situation respective de l'homme et de la
l'homme de vivre en société : « Il n'est pas bon femme,· une mutation qui donne à la· condition
que l'ho~me soit seul. Il. faut que je lui fassè sexuelle sa vraie dimension.
une a_ide qui lui soit assortie » (Gn 2,18) ..A la Jésus n'en a pas élaboré la théorie,, mais il a
fécondité, non oubliée par cet auteur (3,20), se adopté pour. son propre compte un comportement
joint la. relation d'altérité .des sexes. Ces deux particulier et adressé aux hommes un appel Jésus,
motivations situent l'individu dans u_n contexte en effet, n'a pas vécu comme les rabbis juifs .qui,
social. ~déalement, dans le climat paradisiaque, selon l'usage, devaient être mariés. La pratique
la rencontre. des êtres a lieu dans la simplicité : vraisemblable du célibat .chez les esséniens (Qum-
« Bien qu'ils fussent nus, Adam et Ève n'avaient rân) a -peut-être contribué à écarter l'étonnement
pas honte l'un devant l'autre " (2,15). ~ le ou le scandale que pouvait causer cette situation.
péché, séparation d'avec Dieu, introduit ici _dis- Mais chez Jésus, il ne .s'agit pas d'un ascétisme
tance et peur. Désormais· la relatio.n sexuelle est hostile à la femme. On en,:comprend la motiva-
ambiguë~ Ell~ ne çesse pas d'être, fondamentale- tion dans cette •déclaration qui est une confidence
ment bonne, .mais elle est. tombée sous l'emprise voilée : · (1 Il y a des eunuques qui se sont rendus
de la force de division qu'est.le péché. Au ljeu de tels en vue du·Royaume _des cieux» (Mt 19,12),
la joie devant la différ.ence irréductjble-de l'autre, Cette parole est une invitation à II qui peut la
c'est, chez les. partenaires, le •désir de la posses- comprendre » ; elle a chez Luc un parallèle aussi
sion égoïate (3,16). La po_ussée sexuelle;, caracté- abrupt : pour être disciple de Jésus, il faut renoncer
risée par l'extraversion, est perturbée par un mou- à sa propre femme (Le 18,29). Un tel projet de
vement _d~introversion : au lieu de ·tourner vers vie ne se comprend qu'en fonction d'une réalité
l'autre, elle replie sur soi. nouvelle, qui se révèle avec Jésus : la ve.nue du
La. bonté et la valeur de la relation sexuelle Royawne de Dieu, où l'on entre en « venant à sa
dans le •mariage.n'ont jamais-été mises en doute suite ». L'accès à ce nouvel -ordre de choses peut
dans la Bible. Non seulement dans le CantiQ.ue inviter à dépasser le commandement de la créa-
des cantiques (Ct 4,1; 5,9;. 6,4), mais aussi dans tion. en donnant un sens à là continence volon-
la plupart des autres livres, on voit noter, à· pro- taire.
pos du mariage, ces deuX aspects d'.altérité et de
féeondité : « Trouve donc· la joie dans la .femme
de ta jeunesse.» (Pr 5,x8; cf Ez 24,15; Si 26,16ss; Dans le sillage de Jésus, Paul qui, peut-être,
Qo 9,9) .. Q"4e. recherche l'être• uniqu~ formé par avait été marié, se fait l'avocat de la. •virginité.
Dieu• à partir de l'homme .et de la femme ·? «. Une Il y a deux motifs à ce comportement nouveau :
postérité donnée par Dieu » (J.\i11 2,14ss). Jésus, le *charisme d'un appel particulier, semblable à
reprenant les termes mêmes de la Genèse, souligne celui qu'il a ,·entendu (1 Co 717) et la, situation
l'indissolubilité du couple ainsi formé : « .Ils ne créée par la fin. des •temps inaugurée en Jésus.
sont plus deux, mais ~ne seule chair » (Mt 19, Le fait de se trouver dans. les « derniers temps »
4ss). Paul enfin, que l'on qualifie parfois à tort entraîne en effet. la distinction de deux nouvelles
d'ascète hostile à _la vie sexuelle,. donne .aux époux catégories de l'humanité : à l'ancienne opposition
des .orientations toujours valables pou_r nos con- homme/femme vient s'aj0uter l'opposition marié/
temporains ·(1 Co 7,1•6),_ Contre les illusoires désirs vierge. Ces .deux types d'hommes ç:iu de femmes
de . continence manifestés par les. Corinthiens, il sont nécessair(:ls· pour _constituer et e_xprimer de
rappelle la voie normale du mariage, le devoir façon· complém_entaire ,la plénitude du Royaume
des relations sexuelles : (1 Ne vou_s refusez pas des cieux. Il serait donc erroné de dire, en tenant
l'un à ·l'autre, si ce n'est d'un commun accord compte seulement des affirmations .de l'AT, que
['symphoniqu~ent'], pour un temps, afin. de l'homme .ou la femme ne peuvent tr,ouver leur
vaquer à la, prière; puis reprenez la vie com- épanouissement que par l'union effective avec le
mune_ » (7,_5;.: ci I, Tm 4,3; 5,l4) .. La ·situ_ati_on partenaire sexuel. En effet, dans la -comit!,unauté
issue .de- la créati0n. est donc .maintentle et mêllle humaine totale récapitulée dans le Christ .Jésus,
valorisée. La communauté 4,es_ époux atteint désor:-- il est possible.de com1µunier à un Toi tout en renon-
mais jusqu'au do~e privilégié de ~a prière. çant à l'exercice .charnel de la sexualité.

I2Z5 I2z6
SEXUALITÉ SEXUALITÉ

2. Tous ces tabous ont disparu avec la foi chré-


II, SEXUALITÉ, SACRÉ ET SAINTETÉ
tienne. Ou plutôt il s'est opéré un passage de
l'ancienne sacralisation à une nouvelle conception
de la *sainteté. Ainsi peuvent s'expliquer cer-
1. Les religions des peuples qui environnaient taines affirmations de Paul : (1 Le mari non croyant
Israël avaient transposé la sexualité jusque dans se trouve sanctifié par sa femme .. , S'il en était
te monde divin. On y voit pulluler les divinités autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils
pères ou mères, les dieux de l'amour qui se marient sont saints)) (1 Co 7,14). Cet état objectif ne vient
entre eux ou avec les humains, et les prostitués plus du caractère sacré de la relation sexuelle,
sacrés qui donnaient figure à la divinité. Israël a mais de l'insertion dans un peuple saint et, en
connu les Baals et les Astartés, les pieux enfoncés définitive, de la présence de l'Esprit•Saint. C'est
dans la terre pour symboliser l'union du ciel et à ce don de !'Esprit qu'il faut rattacher les recom•
de la terre ; il a même pactisé avec ces faux dieux mandations que fait Paul, sans doute à la suite
dans une certaine mesure et fondu un « veau de la catéchèse primitive, sur les exigences de
d'or » (Ex 32,4), symbole de la puissance virile. pureté sexuelle qui caractérisent la vie chrétienne.
Toutefois la lutte contre ces religions étrangères « La volonté de Dieu est votre sanctification
se termina par la victoire du yahvisme, même si, c'est que vous vous absteniez d'impudicité. Que
en dépit de l'interdiction formulée en Dt 23 18, 1 chacun de vous sache user du corps qui lui appar-
on signale encore l'existence de prostitués sacrés tient avec sainteté et respect, sans se laisser
(1_ R 14,24; 15,12; 22,47; 2 R 23,7; Os 4,4; Mi 1,7). emporter par la passion, comme font les païens
Même après avoir purifié ces usages païens, qui ne connaissent pas Dieu ~ (1 Th 4,3ss). Désor-
Israël continue à maintenir un lien entre le sexuel mais, par le don de l'Esprit, le *corps est sancti•
et le sacré. Mais la source de cette sacralisation fié et " n'est pas pour la fornication, mais pour
s'est déplacée. Tl s'agit. non plus rl'imitn la sexua• le Seigneur" (r Co 6,13).
lité divinisée, mais d'accomplir une fonction qu'a Quant à la symbolique sexuelle, elle est trans·
suscitée la Parole de Dieu, en participant à sa posée sur le Christ et l'Église. 1( Maris, aimez vos
propre puissance créatrice. Ève, qui vient d'être femmes comme le Christ a aimé l'Église il (Ep 5,
mère, s'écrie : « J'ai procréé un homme de par 25). Rappelant le commandement du Créateur
Yahweh>) (Gn 4,1). Une première conséquence de 11 L'homme ... s'attachera à sa femme et les deux
cette nouvelle forme de sacralisation apparaît dans ne feront qu'une seule chair », Paul ajoute : « Ce
l'emploi de la symbolique sexuelle (parentale ou mystère est de grande portée, je veux dire qu'il
conjugale) pour exprime..· la relation d'Israël avec s'applique au Christ et à l'Église » (Ep 5,31s).
son Dieu. On peut y rapporter l'usage de la •cir- La même symbolique exprime la relation d'amour
concision pour signifier l'*alliance avec Yahweh qui unit le fidèle à Dieu. C'est une Prostituée qui
(Gn 17,9-14; Lv 12,3). chevauche la •Bête (Ap 17), tandis que les croyants
Un autre aspect de cette sacralisation de la authentiques suivent l' Agneau parce qu'ils sont
sexualité concerne les rites du *pur et de l'im- (< vierges n (14,4).
pur, hérités par Israël des anciens rîtes orientaux.
A la naissance d'un enfant, la femme est déclarée
impure et ne peut venir au sanctuaire (Lv 12,6) ; III. LA PRATIQUE ET L'INTENTION
il en va de même durant le temps de ses règles
(15.19.30), ou pour l'homme à l'occasion d'une r. La morale sexuelle fait l'objet d'une quantité
pollution nocturne (15,1-17; Dt 23,II). Les rap- de prescriptions dans l' AT. Cela ne dérive pas de
ports sexuels eux.mêmes rendent impropre au quelque désir de condamner la sexualité ni d'une
culte (Lv 15,18; Ex 19,15; 1 S 21,5s; 2 S II,II), excessive attention morale à ce domaine parti•
ce qui vaut spécialement pour les prêtres (Ex 20, enlier, mais de la sacralisation dont nous avons
26; 28,42; Dt 23,2). Ces prescriptions dérivent parlé plus haut. En outre, îl y a là une réaction
non point d'un mépris de la sexualité, mais de la de défense contre un monde perverti qui voilait
sacralisation de celle•ci, ou plutôt elles résultent souvent son érotisme sous le manteau de la reli-
de l'ambiguïté du sacré dans ce domaine et de gion. Enfin il ne faut pas oublier le rôle éducateur
l'ambiguïté de la pureté cultuelle. Enfin n'y a•t-il de la Loi qui se souciait de l'hygiène du peuple
pas conflit entre un acte qui participe physiquement de Dieu. Il serait fastidieux d'énumérer exhausti-
à la puissance créatrice de Dieu et un acte cultuel vement ces prescriptions. Notons le catalogue de
qui mime la relation avec la divinité ? Lv 20,rn•21, où sont condamnés la fornication

r227 1228
SEXUALITÉ SIGNE

{cf Dt 22,23-29), les rapports sexuels avec une le •corps avec le Seigneur. Le corps est temple
femme pendant ses règles, !'*adultère (cf Dt 5, du Saint-Esprit et membre du Christ ; « et j'irais
18; 22,22; avec mention de la convoitise en Ex prendre les membres du Christ pour en faire des
20,17 et Pr 2,16; 6,25; 7,55ss; Si 9,9), l'inceste membres de prostituée ? ... Ne savez•vous pas que
(cf Dt 23,r), l'homosexualité (cf Gn 28,20; 19,5), celui qui s'unit à la prostituée n'est avec elle qu'un
la bestialité {cf Ex 22,18). Par contre la condam- seul corps ? o (r Co 6,12-20). « Ne vous souciez
nation de ce que Itous appelons l'onanisme ne donc pas de la *chair pour en satisfaire toutes les
trouve pas de fondétnent dans la faute d'Onan, convoitises » (Rm 13,14; cf Ga 5,16-19).
qui consista. à refuser de susciter une postérité à Ainsi, avec la venue de Jésus et l'enseignement
son frère défunt (Gn 38,9s). Il existe en outre des de Paul, la sexualité est progressivement soustraite
prescriptions spéciales pour les prêtres : ils ne à la sphère du sacré. Ce mouvement peut et doit
peuvent épouser une prostituée ni une femme être poursuivi, à une condition : maintenir la
répudiée (Lv 21,7.13s). Notons enfin qu'en dehors dimension de sainteté qui transforme la corpo•
des cas de prostitution sacrée, la prostitution réité de l'homme et la rend sans cesse présente
n'est pas spécialement blâmée (Gn 38,15-23; Jg à un monde divin qui l'investit de toutes parts.
16,1...), quoique la littérature de sagesse, mon- XLD
trant un progrès évident par rapport aux anciens
récits, mette en garde contre les dangers qu'elle -+ adultère I - chair II - corps 1 - cupidité NT
I - désir II - Époux/épouse AT 0.1 - fécondité I -
représente (Pr 23,27; Si 9,3s; 19,2). femme AT 1; NT 2 - homme I I c, III 2 - jeûne
o. I - mariage - œuvres AT II 2 - péché IV 3 a -
2. Jésus ne dit rien des prescriptions rituelles pur AT I 1, II 2 - stérilité - vêtement I t, II l -
précédentes. Il ne s'attarde pas à condamner la virginité AT r; NT 3.
faute commise, par exemple celle de la femme
prise en flagrant délit d'adultère (Jn 8,n), ou SHADDAÎ-+ Dieu AT Il r - montagne O - nom
AT 2.
quand il déclare que les prostituées, à cause de
leur foi, entreront plus facilement que les phari- SIŒ.OL .- âme II 2 - enfers & enfer - lumière
siens dans le Royaume des cieux (Mt 21,31s; cf & ténèbres AT II 3 -
mer 2 - mort - ombre I 2 -
He II,31), Toutefois il radicalise les prescriptions Résurrection AT.
de l'AT, en atteignant le péché qui est à sa racine, SIÈCLE-+ monde NT - temps AT III 2; NT II
dans le désir et dans le regard (Mt 5,28; 15,19 p). 2,III I.
Jésus vivait parmi les Juifs. Paul, lui, se trouve
jeté dans le milieri dissolu du grand port de
Corinthe. Aussi se dresse-t-il avec force contre
toutes les formes du mal : c< Ni impudiques, ni
idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de SIGNE
mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus
qu'ivrognes, insulteurs ou rapaces n'hériteront du
Royaume de Dieu >1 (1 Co 6,9; cf Rm r,24-27) ; On appelle signe ce qui, par rapport naturel
il met sans cesse en garde contre la prostitution ou par convention, fait connaître la pensée ou la
(r Co 6,13ss; ro,8; 2 Co 12,21; Col 3,5) ; réaliste, volonté d'une personne, l'existence ou la vérité
il interdit les relations avec les frères impudiques, d'une chose, La Bible connaît maintes variétés
mais non avec les impudiques de ce monde, de signes utilisés dans les relations entre les
« sinon il vous faudrait sortir du monde )1 (1 Co hommes : signaux à l'usage des guerriers (J os
5,10). 2,18; Jg 20,38; Is 13,2; 18,3), signal liturgique des
Pourquoi cette vigueur dans l'exhortation ? trompettes (1 M 4,40), signe convenu pour dévoiler
Pour protéger les chrétiens d'origine non juive une identité (Tb 5,2), marque quelconque (Ez 39,
contre les égarements de la chair, Paul ne dis- 15), écriture caractéristique (2 Th 3,17}, indice de
pose plus du rempart de la Loi juive avec ses vertu (Sg 5,rr.13), etc.
minutieuses prescriptions. Certes, il ne craint pas S'adaptant à notre nature, Dieu aussi, pour
de dire « Tout est permis ,, (1 Co 6,12); car il sait sauver les hommes, leur fait des signes (hb. ôtot,
que la morale ne dépend plus de telle ou telle gr. sèmeia). On les appelle souvent prodiges sym•
prescription écrite, toujours conditionnée par la boliques (hb. m6ftim, gr. térata) et merveilles (hb.
culture du temps ; mais elle dépend de façon bien nijlaôt, gr. tkaumasia), car c'est d'abord par la
plus étroite de la relation qu'entretient•désonnais transcendance de son action salvifique que Dieu

1229 1230
SIGNE SIGNE
« signifie » sa puissance et son amour,· C'est pour- 2-•. La mémoire de la foi remonte même plus haut
quoi les •m;iracles, .par leur-efficacité et leur carac- que Moise, jusqu'à l'élection d'Abraham, et de là
tère_ extraordinait;e, tiennent, parmi les sign~ jusqu'à la création universelle, en s'attachant à
divins relatifs à l'histoire du, salut (les seuls dont des. réalités que la tradition sacerdofale interprète
il sera question ici), u11e place privilégiée. Toute- comme des signes ·divins toujours ·actuels . :. le
fois, les miracles ne sont pas les seuls signes divins, •sabbat {Ex, 31,16s; Ez· 20,12), l'.are~n-ciel (Gn
et le grand signe sera finalement Jésus lui-même 9,8-17), -la *eif'eoncision (17,9-1-3), destinés à rap-
nous donnant la preuvé suprême .de l'amour du pel~ .les premières alliances, adamique, noa-
Père. · chique et abrahamique ...
Car le Dieu qui a-réalisé les merveilles de l'Exode
AT est le même qui a créé aussi les merveilles de:l'uni-
vers (Ps 89,6;· 136,4; Jb 37,14}, Et les signes.du ciel,
Dieu nourrit la foi de son peuple par le souvenir c'est-à-dire les •astres, sont un constant rappel du
des signes-passés_~t le don des signes présents. Il Créateur aussi bien qu'un moyen de diviser le
suscite son espérance par l'annonce- des signes temps, scandé par les -fêtes liturgiques qui commé-
futurs. morent les événements de l'histoire mosaîque (Gn
I-,14; Ps 65,9; Jr 10,2; Si 42,18s; cf 43,1-10).
1. LES SIG~ES PASSÉS 3. D'autre part, l'histoire sainte ne cesse pas avec
l'entrée en Terre promise, et Yahweh continue d'y
Les merveilles de la. geste mosaïque (Ex 3,20; montrer parfois sa puissance de salut par des
15,u; 34,10; Jg 6,13; Ps 77;12.15; 78;ns.32; Jr signes miraoulew; {t R_ 13,3.5; 2 R 19,29; 2.0,Ss;
:z:1,2; Ne 9,17) et _de l'histoire de Josué (J~ 3,5) histoires d'Élie; d'Élisée, d'lsaie), qu'il peut pro-
jusqu'à. la possession de· la Terre inclusivement , poser lui-même (Is 7,n) ou accorder à la .prière
(vg Ps 78,4; ro5,2.5), sont considérées daD.S l' AT de l'homme (Jg 6,17.37; 2 R 20,8s; 2 Ch 32,24).
comme les grands signes divins (61-0t : vg Ex 4,9. Il est vrai que de faux prophètes peuvent, par
17.28.30; 10,1s; Nb -14,11.22; Jos 24,17) : par les •magie, annoncer et accomplir eux aussi des
prodiges qui ont frappé l'Égypte (Ex 11,9) et par signes réellement prodigieux, interp~ter des
les événements qui ont suivi (Ps _105,5), Dieu a •songes vrais. ou prétendus (d Jr 23,26ss). C'est
non seulement convaincu les Israélites de la mis- pourquoi seuls seront. reconnus -comme , signes
sion de ses envoyés (Ex 4,1-9.29.31; 14,31), mais divins les faits produits par des hommes dont
prouvé avec éclat sa puissance et son amour (Ps la prédication est conforme à la pure foi yahviste
86,to; 1o6,7; 107,8) en libérant son peuple. (Dt 13,2-6).
Le Deutéronome (4,34; 6,22; 7,19 ... ) et d'autres
textes à. sa suite (Ex 7,3; Ps 78,43; 105,27; 135, 4. Certaine9 circonstances fortuites sont. interpré-
9; Jr 32,20s; Ne 9,10; Est 10,3f; Ba 2,u; Sg 10, tées comme l'expression d'une volonté divine (1 S
16) affectionnent l'expressioll redondante « les 14,10; cf Gn 24,12ss). Plus souvent, il arrive qu'un
signes e~ les prodiges ». Leurs lecteurs ne sont événement naturel imprévisible soit annoncé par
plus les témoins. de ces faits ; mais pour rester un prophète comme;!, étant l'œuvre de Dieu. On
:fidèles au Dieu de l'Alliance, ils ont à s'en sou- voit alors, dans sa réalis_ation, le signe que Dieu
venir consta'.mment (Dt 4,9; 8,14ss; Ps 105,5) : donne en fait la mission .annoncée dans le passé
les signes-éulneme.nts des origines doivent demeurer (x. S 10,1.7) ou qu'il interviendra d'une manière
présents dans la •mémoire d'Israël. plus décisive dans· l'avenir (2,34; Jr 44,29s; cf
Jr 20,6; 28,15ss) ; les témoins sont par là provo-
qués à la confiance (Ex 14,13; Is 7,1-9) ou à la
convers_ion {2 S 12,13s; Jr 36,35). La réalisation de
II. LEs SIGNES .PRÉSENTS ces pt-ddietions à oourl terme est en outre un des
critères de discernement ent~ vrais et faux pro-
t, Les souvenirs dont se nounit la foi d'Israël phètes (Dt 18,22).
sont entretenus par la liturgie dans la célébration
des fêtes, a mémorial des merveilles ·11 de Yahweh 5. Les aetions symboliqÙes des prophètes, sortes de
(Ps 11-1,4), noiamme_nt par certains rites (Ex 13, prédictions en _acte (Is 20,3; Ez 4,3; 12,6,11; 24,
9.16; cf Dt 6,8; 11,18) et certains objets (Nb 17, 24.27; Os 1-3), signifient l'efficacité prochaine
3 ..25; cf Jos 4,6). de la Parole dont ces hommes sont porteurs. Les

1231
SIGNE SIGNE

enfants d'Osée (Os 1,4-8;·· 2,I-3.25) et d'Isaïe (Is le Signe -efficace qui apporte le· relèvement à la
8,1-4.18)• sont également des signes, parce que multitude (Le 2,34), l'étendard (Is II,ross : hb.
leur origine et leurs noms symboliques conti"ennent nés, gr. sèmeion) dressé pour le rassemblement
_une .parole annonciatrice de certains événements des dispersés (Jn n,52).
conduits par Dieu. Dans le cas de la naissance
prédite d'Emmanuel (Dieu-avec-nous), qui est
l'héritier dynastique, le signe a déjà, par. lui-
même, une portée salvifique (Is 7,14). l. ½ES SIGNES DANS LA VIE -DE JÉSUS

6. On peut rapprocher de ces signes certaines 1. Fidèle à la promesse divine d'un renouvelle-
marques extérieures de, protection (Gn 4,15; Ex 12, ment des antiques merveilles (Mt II;4s = 1s 35,
13; Ez 9,4.6) qui, à i'appui de la parole de Yah- 5s; 26,19), Jésus multiplie les miracles qui,. tout
weh, contribuent à proclamer et à réaliser Sa en accréditant sa parole, ti_ennent à la· fois des
volonté souveraine. signes-événements sauveurs et de la mimique pro-
Tous les signes présents ont d'ailleurs pour phétique (cf Mc 8,23ss) : ce sont eux surtout,
rôle de révéler, d'une manière ou d'une autre, avec son autorité personnelle et toute son acti-
l'amour et la tr8.nscendance de :Pieu. C'est pour- vité, qui constituent ri les signes _des temps » (Mt
quoi ils sont _donnés• aux hommes ouverts à la 16,3), c'est~à-dire les· indices de Tarrivée de l'ère
Parole de Dieu (cf Ex 7,13; Is 7,1oss) pour les messianique. Mais, à l'inverse d'Israël au désert
faire vivre de ·fo.i. · (Ex 17,2.7; Nb 14,22), il refuse de •tenter Dieu
en exigea.nt de lui des signes pour son propre
avantage (Mt. 4,7 =· Dt 6,16), et de satisfaire
Ill. LES SIGNES FUTURS ceux 'qui,_ avides de prodiges spectaculaires, lui
demandent un· signe pour le tenter- (Mt 16,1ss).
La cessaticin dès_ signes - miracles et annonces Aussi les Synoptiques,· échos de sa réserve, évi-
prophétiques (Ps 74,9) - avait ·renforcé l'an'goisse tent-ils,. à propos de's miracles, d'emplojerle.mot
de l'absence de Dieti p'rovo"quée par la ruine du « signes.» qu'utiJisent ses adversaires (Mt r2,38 p;
Temple. Mais voici qu'une voix s'élève en exil Le 23,8). Certes, Dieu donne ·des signes de l'avè•
pour · annoncer « un signe éternel, infrangible· » nement du salut aux pauvres, tels Marie ·(Le I,
(Is 55,:t:3}·:•le retour_prochain, dépeint comme un 36ss)· ou les bergers .(2,12). Mais il ne peut donner
nouvel •exode1_ {43,'!6-20). Plus ·tard, ce retour aux Juüs les signes qu'ils attendent· : ce serait
ayant déçu, on nourrit l'espoir d'une intervention pervertir sa mission. Ces aveugles .deVraient com•
phis décisive:« Renouvelle les signes et fais d'autres mencer par se rendre attentifs au« signe de Jonas xi
merveilles » (Si 36,5s). Certains inspirés ne la ré- Selon Le u,29-32, c'est-à-dire à la prédication de
servent d'ailleurs··pa:s à Israël : ·d'après Is 66,19,. pénitence de Jésùs. Ils seraient alors capables de
Yahweh, en déployant une action vengeresse contre déchiffrer les (! signes des temps», sans en réclamer
les nati0ns, fera un signe qui donnera le branle à d'autres à leur convenance, et préparés à recevoir
leur convèrsion. Par ces annonces et ces esp~- le. témoignage du plus· décisif d'entre eux, le
rances, le Reste sà.int est préparé à la venue du « signe de Jonas,» selon.Mt 12,40, c'èst-à-dire la
sauveur. résurrection du Christ.

NT 2. Toute réserve concernant l'usage du mot


sèmeion disparaît dans la narration johannique
A l'époqtie du NT, les· Juifs attendaient pour les (sauf Jn 4,48), aussi bien que dans les Actes et
jours-'du Messie des prûdigeS .au moins égaux à les épîtres. Pour Jean, la vue des signes aurait
ceux de l'Exode, et· liés à .des rêves de victoire d1l conduire les contemporains de Jésus à croire
sur les païens (cf I Co 1,22}. Jésus déçoit cette en lui (Jn 12,37-38 ... ): ces signes manifestaient sa
attente en son aspect charnel. Mais il la comble gloire (2,u) à des hommes éprouvés (6,6), comme
spirituellement, en inaugui"ant le vrai sa.lut par Yahweh avait manifesté la sienne (Nb ·14,22) en
ses miracles, et' en tapportant par son « exode » imposant au peuple l'épreuve du désert (Dt 8,2).
(Le 9·,31),. ·_par le grand _signe (Jn 1-2,33) de son • Ils les préparaient ainsi à •voir (Jn 19,37 = Za
élévation en, croix et en gloire. Contreçiit par cer- 12,10) par. la foi le signe du, Transpercé élevé sur
tains, Jésus est, par toute sa mission dè Serviteur la croix source de vie (12,33), réali$ant ,la figure
prenant sur lui nos maladies (Mt 8,17 è:: Is 53,4), du serpent guérisseur dressé par Moïse sur un

,233 t234
SIGNE SIGNE

• étel).dard » (Nb 21,8 : hb. nls, gr. sèmeion ; Jn distinguer le véritable apôtre de ses caricatures,
3,14}· pour le.s·alut du-peuple de !'Exode. sans ces autres.victoires de l'Esprit que·sont sa
Aux chrétiens convertis par ce regard de• foi 11 parfaite constance »· (2 Co 12,12) et son désin-
(cf Jn 20,29) et figurés par les Grecs qui deman- téressement (1 Th 2,2-12; cf 2 P-2,3.14; .Tt 1,II;
dèrent à voir Jésus (12,21.32s), le sang et l'eau 2 Tm. 3,2), unis à l'orthodoxie de -son message
s'écoulant du-Transpercé (19,34) apparaissent alors (cf Ga 1,8; 2 Co n,13ss; 1 Jn 4,1-6; ·Ac 13,6ss},
comme les symboles de Ia:vie de l'Esprit' et de la qui reste pour les fidèles le critère décisif.
réalité du sacrifice qui nous en ouvre l'accès par
les sacreme~ts de baptême, de pln\itence, d'eu- 3. Le signe de la femme v4tue de soleil. -:- Dans les
charistie. Et de ces gestes sauveurs du Ressuscité, persécutions déchaînées cOntre les fidèles' et les
vrai Temple d'où jaillit l'eau vive (2,19; 7,37ss; tentatives faites par les faux messies et faux pro-
19,34; cf Za 14,8; Ez 47,1s}, les signes antérieurs phètes pour les égarer par des signes trompeurs
de Jésus (5,14; 6; 9; 13,1-10) apparaitront eux- (Ap 13,13s; 16,14; 19,'20), le meneur "de- jeu est
mêmes comme les figures. •Satan. Pour encourager les éprouvés, l'auteur de
l' Apocalypse dessine dans le : ciel de ses visions,
au· _milieu des. signes astraux·, une _figure symbo•
II. LES SIGNE~ DU .TÈMPS DÉ L'ÉGLISE lique,_ un a grand signe» {AJ) 12,1) : une femme qui
représente l'Église, et contre.laquelle un a second
signe» (12,3), le Dragon-Satan~ s'avère :finalement
I. Les signes qui ouvrent les det'niers temps. imptiissant, Succédant à la Fille de Sion qui enfanta
Avec la Résurrection, dont le *baptême. appli- le Messie (I2,5), l'*Église est, comme Israël, éprou-
quera aux· hommes l'efficacité Sfilvifique~ . rendant
vée au désert (12,6.14; cf Ex i9,4; Dt 32~u; Is
caduc le signe de la *circoncision chamelle (Col 40,31), mais· nourrie d'une manne accessible à la
2,uss), et dont If? dimanche. *jour du Seigneur,
seule foi (Ap _12 16.14; cf 2,17; Jn 6,34s.47-51) ;
sera le mémorial, rendant caduc le signe du *sab- ainsi elle conduit les hoinmes .à poSSéder la vraie
bat (cf He _4,1-u; Col 2,16), le monde entre dans vie en adorant le seul vrai Dieu (Ap _;Z2, 1ss).
« les derniers jours » (Ac 2,17). Ceux-ci .com-
mencent par .l'effusion d'Esprit de la Pentecôte,
qui achève la Pàquè et ouvre le temps de la pré- 4. Les s;gnes de la fin des temps ... - _Comparé à
dication apostolique. A ce propos, saint Luc l'abondante littérature apocalyptique suscitée dans
évoque. les, « prodiges 1, célestes de l'apocalypse le judaïsme par sa curiosité p,our la fin des .temps,
de Joël (Jl 3,r-.5), mais en introduisànt ·1a men- le NT se caractérise par sa sobriété. Le langage
tion parallèle des « signes » terrestres, pour appli- commun est retenu, mais sul)ordonné aux réalités
quer le texte aux événements de la Pentecôte dernières introduites. par la mort et la rés~rrec-
comme inaugurant « ici•bas » l'étape décisive de tion du .Christ_. Certes, _on annonce qu'en ces « der-
l'histoire du salut (Ac 2,19). niers jours » il y !!Ura « des signes. et des -pro-
diges mensongers • ·(2 Th 2,9), opérés pa;r des
2. Les signes du v!ritable ap6tYe. ----- La· Pentecôte •magiciens et des faux prophètes qui singeront
est le prélude d,'une nouvelle série de « signes et les vrais apôtres (Mt 24,24 p). Certes, le di.scours
prodiges » {Ac 2,43; 4,30; 5,n; 6,8; ·14,3; 15,12; eschatOlogique, qui traite en Mt du « signe. de la
He 2,4) qui, comme les miracles de Jésus ·(Ac parousie de Jésus et de la fin du monde» (24,3),
2,22), ·1< accréditent » les Apôtres en « confirmant évoque encore ces événements sous la figure· des
leur·parole » (Mc 16,20). Ainsi Paul,·« par la vertu signes cosmiques (24,29s; Le 21,25). Mais tous ces
des ·signes et des prodiges, par la vertu .de l'E~~ signes, en définitive, s'effacent (levant celui du
prit de-Dieu »·(Rm 15,19), voit sa parole accueillie Fils de l'homme-(Mt 24,30), c'est-à-_dire pl'Obable-
comme parble de Dieu (I Th 2,13) et peut faire ment devant la réalité de son triomphe. PT'
naître dans les cœurS une foi établie sur la puis-
sance divine (r Co 2,45). . '-> astres :z, - calamité 2 - •charismes I I --:- circon~
Ces signes apostoli'qries sont çlonc bien diffé- cision AT 1.2 - Croix I 4. - culte AT II - ,femme
NT 3 - figure - foi - maladie/guér,ison NT I 2,
rents du *charisme de la gloSSOlalie qui, accordée Il 1 -:- miracle.-,- mystère ......:.. n_om AT. I - parabole
à certains chrétiens, ressemble au langage· incom- I 1 - Pente'côte Il 2 --'- présence de Dieu AT II -
préhensible jadis imposé aux incrédules (1 Co 14, prophète . AT II 2, IV 4 __ Résurrection NT I 1 -
21s;· cf 1s 28,us). Révélation AT II ; NT I 3 - sabbat NT 2 - songea
D'autre part, les miiacles ne suffi.raient pas à AT - Temple - voir AT II; NT l -2.

1235
SILENCE SIMPLE

le Christ, en •fidèle •Serviteur (Is 53,7), a remis


sa cause à Dieu (Mt 26,63 p; 27,12.14 p). Mais en
d'autres circonstances, ne point parler serait man-
SILENCE quer de *.fierté et ne pas •confesser Dieu (Mt 26,
64 p; Ac 18,9; 2 Co 4,13) ; on ne peut alors se
taire (Jr 4,19; 20,9; Is 62,6; Le 19,40).
Précédant, interrompant ou prolongeant la Enfin, quand Dieu va •visiter l'homme, la terre
•parole, le silence éclaire à sa manière le dia- garde le silence (Ha 2,20; So 1,7; Is 41,1; Za 2,
logue engagé entre Dieu et l'homme. 17; Ps 76,9; Ap 8,1) ; et quand il est venu, un
silence de crainte ou de respect signifie }'•adora-
1. Le silence de Dieu. - 1< Au commencement tion de l'homme (Lm 2,10; Ex 15,16; Le 9,36),
la Parole était Dieu 1) (Jn 1,1), mais à la manière Cet humble silence est, pour celui qui médite
d'un (1 •mystère enveloppé de silence aux siècles dans son cœur (Le 2,19.51), non seulement l'accès
éternels 1) (Rm 16,25) jusqu'à ce qu'elle se révèle au repos (Ps 131,2), mais aussi l'ouverture à la
à l'homme. Cette maturation secrète de la Parole *révélation que le Seigneur a promise aux tout-
s'exprime dans le temps par la *prédestination des petits (Mt n,25). AR
*élus : avant même de leur parler, Dieu les *con- -+ Agneau de Dieu I - langue I - lèvres - Parole
naît dès le sein maternel (Jr 1,5; cf Rm 8,29). Il de Dieu - parole humaine.
y a cependant un autre silence de Dieu, qui
semble non plus lourd d'un mystère d'amour,
mais gros de la •colère divine. Pour inquiéter
son peuple pécheur, Dieu ne parle plus par ses SIMPLE
prophètes (Ez 3,26). Pourquoi, après avoir parlé
si souvent et avec tant de *puissance, Dieu se
tait-il devant le triomphe de l'impiété (Ha 1,13), La simplicité qui caractérise l'*enfant (hb.
et ne répond-il plus à la •prière de Job (Jb 30, pèti; gr. nèpios; Vulg. parvulus, in.nocens) a des
20) ni à celle des psalmistes (Ps 83,2; 109,1) ? aspects divers : manque d'expérience et de pru~
Pour Israël qui veut ,.écouter son Dieu, ce silence dence, docilité, absence de calcul, droiture du
est •cM.timent (Is 64,11); il signifie l'éloignement cœur qui entraine la sincérité du langage et qui
de son Seigneur (Ps 35,22) ; il équivaut à un arrêt exclut la malveillance du regard et de l'action.
de mort (cf Ps 28,1); il annonce le « Silence )1 Elle s'oppose ainsi ou au discernement, ou à la
du shéol, où Dieu et l'homme ne se parlent plus duplicité.
(Ps 94,17; II5,17). Le dialogue cependant n'est
pas définitivement interrompu, car le silence de I. Simplicité et sagesse. - La simplicité peut donc
Dieu peut être aussi un reflet dè sa *patience être un défaut ; si elle consiste dans une ignorance
aux jours d'infidélité des hommes (Is 57,n). (Pr 14, 18) qui fait agir imprudemment (Pr 22,3},
croire le premier venu (Pr 14,15), céder aux séduc-
2. Le silence de l'homme. - « Il y a un temps pour tions du plaisir mauvais (Pr 7,7; 9,16; Rm 16,
se taire et un temps pour parler )l (Qo 3,7). Ce~te 18), elle est une légèreté mortelle (Pr 1,32), indigne
maxime peut être entendue à divers degrés de d'un chrétien (1 Co 14,20). La Sagesse en délivre
profondeur. Au fil des jours, le silence peut signi- ceux qui, à son appel (Pr 1,22; 8,5; 9,4ss), écoutent
fier l'indécision (Gn 24,21), l'approbation (Nb 30, ses paraboles (Pr 1,4). Elle les rend sages {Ps 19,
5-16), la confusion (Ne 5,8), la peur (Est 4,14) ; 8), s'ils s'ouvrent à la lumière de la Parole de
l'homme marque sa liberté en retenant sa *langue Dieu (Ps II9,13os} avec cette simplicité qui man-
pour éviter la faute (Pr I0,19), surtout au milieu qua à Ève (2 Co II,3) et dont manquent ceux qui
de bavardages ou de jugements inconsidérés (Pr se fient à leur propre sagesse (Mt n,25). Cette
11,12s; 17,28; cf Jn 8,6). humble •foi, condition du salut (i.\ic I0,15; 1 P
Au-delà de cette sagesse qui pourrait demeurer 2,2}, est le premier aspect de la simplicité des
purement humaine, c'est Dieu qui fonde chez enfants de Dieu qui n'est point infantilisme; elle
l'homme les temps du silence et de la parole. Le implique au· contraire la droiture et l'intégrité
silence devant Dieu traduit la *honte après le (Ph 2,15) dont Job reste le modèle (Jb 1,8; 2,3).
péché (Jb 40,4; 42,6; cf 6,24; Rm 3,19; Mt 22,12)
ou la otoconfi.ance dans le salut (Lm 3,26; Ex 14, 2. Simplicité et droiture. - Celui qui cherche Dieu
14); il signifie que, devant l'injustice des hommes, doit fuir toute duplicité (Sg r,1) : que rien ne vienne

1237 1238
SIMPLE
SOLITUDE
partager_son cœur (Ps n9,n3; Jc·4,_8), en fausser
l'intention (r_. R 9,4; Si I,28ss), freiner une géné-
rosité allant jusqu'à-risquer sa vie (1 Ch 29,17;
1 M 2,37.60), rendre hésitante; sa confiance (Je 1,
8). Pas de détours dans sa conduite (Pr 10,9; 28
6; Si 2,12), ni dans ses paroles_ (Si 5·,9). · • SOLITUDE
Il accueille •Simplement les ·dons de Dieu (Ac 2,
46) et donne· sans calculer, avec un amour sincère
(Rm' ·12,Ss; I P"r,22). C'est .que son règard est
simple ; inhabile au mal, il ne vise que la volohté Créé à. l'*image de Dieu qui, Pèl"e, Fils et Esprit
dé Dieu et du Christ quand il doit obéir aux est *fécondité ~urabondante d'*amour,. l'homm;
hommes·· (Col 3,22s; Ep 6,.5ss). Cette intention doit yivre en •communion avec Dieu èt avec ses
unique illumine sa vie (Mt 6,22; Le n,34) ; elle semblables, et pàr là porter du •trult. La SOiitude
le rend plus prudent .que le serpent ; cette pureté est donc, de soi,_ un mà.l qui vient du péché; elle
d'intention est-symbolisée par la simplicité de la peut cependant devenir source de comniunion et
, •colombe (Mt 10,16). CS & MFL de fécondité, si elle est unie. à la ·solit~de·rèdemp-
.trice de Jésus-Christ.
• enfant · II - hypocrite 1.3 - mensonge - pur
NT I 3,

SINAI--+ Alliance AT I - feu AT I - Loi B l 1 L SO,LlTUDE DE L'HOMME


II 2 - montagne II 1;3, III 2 - nuée 2 - Trans:
figuration 2.
I. (1 Il n'est pas bon que l'homme soit.seul i, (Gn 2,
z8). - Selon · Dieu, la solitude est un mal, Elle
SINCERE --+ hypocrite - fangue 1 - lèvres_ 1 -
mensonge - parale humaine - serment -. simple 2 -
livre à la merci' des méchants le pauvre, l'*étran-
vérité AT 2; NT 1. ger, la •veuve et l'orphelin (Is 1,17.23) ; aussi Dieu
exige-t-il 9-u'?n les protège particulièrement: · (Ex
SION--+ Jérusale11L - Marie I 2, III 4, V 2 ; - mère 22,2_1ss)·; d tient l~urs protecteurs ·pour ses fils et
II J - _montagne O, II 2.3, Ill - patrie AT :z. - les chérit mieux qu'une m,ère (Si 4,rn) ; faute de
Serviteur de Dieu II l - unité II. soutiens humains, ·Dieu se fera le •ve:à.geur de ces
*pauvres (Pr 23,1os; Ps 146,9). La solitude livre
SOBRIÉTt --+ ivresse - veiller I 2, II 2 - vin I. aussi à· la *honte celle qui demeure •stérile ; en
attendant que soit révélé le sens de la *virginité,
SOÇIÉTÉ Alliance AT O - autorité AT II - Dieu invite à remédier à cette honte par la loi
cité - droit -Église - esclave I - femme AT 1 - du lévirat (Dt 25,5-10} ; parfois mêrrie il inter-
frère - génération - homme II c:2 c-"justice AI - vient en personne pour réjouir l'esseulée (1 S 2,
libération/liberté Il 4, III z ._o - mariage AT II 1 - 5; Ps n3,9; Is 51,2). L'épreuve de la solitude est
peuple - sexualité I 1 - travail I 3 - unité I - un appel à la •confiance absolue en 'Dieu (Est
vêtement I .1. 4,r7 z [4,r9 LXX)). .

SODOME. & GOMORRHE • châtiments , - cité 2. Dieu veuf que le pécheur soit seul. · - La solitude
AT 2 - enfers. & enfer AT II - feu AT III, révèle aussi à l'homme sàn. être pécheur ; elle
devient alors· un appel à la •conversion. C'est ce
SOIF --+ faim & soif. que· peut enseigrier l'expérience de la •maladie,
de la •souffrance et de la .•mort prématurée :
SOLEIL.--+ astres - lumière & ténèbres AT II 1 ,3 ; mis 'à l'écart de la société des _hommes' (Jb 19,
NT I' I -:-- semaine temps AT I 1.
I .:..._ 13-22), le malheureux se reconnait en état de
*péché. Par Une au'tre voie, Dieu révèle aussi
SOLIDARITt--+ "Adam - génération - homme I qù.'il. livre· le pécheur à la Solitude. Il délaisse son
r o- pères & Père I 2, II-. responsabilité r --'-- rétri- •ép~use in:fi.dèle (Os, 2,5; 3,3); le prophète· Jérémie
bution II 1.2.- souffrance NT III 1. doit signifier par ,Je_ célibat .qu'Israël est stétile
U! i6,2; 15,17) ;(~nfin l'*exil fait comprèndl'e que
SOLIDITl?--+ amen:...... fidélité-'- pierre- rocher 1 - Dieu seul peut arracher à 1a solitude en rendant
vérité AT. fécond (Is 49,21; .54~1ss).

1239
SOLITUDE SOMMEIL

I], DE LA SOLITUDE A LA COMMUNION


SOMMEIL
r. La solitudt assumée par Jésus-Christ. - Dieu
a donné aux hommes son Fils unique (]n 3,16) Le sommeil, élément nécessaire et mystérieux
pour que les hommes retrouvent à travers !'Em-
de la vie humaine, offre un double aspect : il est
manuel ( = << Dieu avec nous », Is 7, 14) la com- repos qui régénère l'homme, il est plongée dans
munion avec Dieu. Mais pour arracher l'humanité la nuit ténébreuse. Source de vie et figure de la
à la solitude du péché, Jésus a pris sur lui cette
mort, il présente de ce fait différentes significa-
solitude, et avant tout celle d'Israël pécheur. Il
tions métaphoriques.
a été au •désert vaincre l'A:dversaire {Mt 4,1-
n; cf 14,23), il a prié solitaire (Mc r,35.45; Le
9,18; cf I R 19,10). A Gethsémani enfin, il se 1. LE REPOS DE L'HOMME
heurte au •sommeil des disciples qui refusent de
communier à sa prière (Mc 14,32-41) et affronte En vertu du rythme imposé· par le Créateur à
seu] r•angoisse de la mort. Dieu même semble
son existence, l'homme est soumis à l'alternance
l'abandonner (Mt 27,46). En réalité il n'est pas du •jour et de la *nuit, de la *veille et du •repos.
seul, et le Père est toujours avec lui (Jn 8,16,
29; 16,32) ; aussi, grain de blé tombé en terre, I. Signe de confiance et d'abandon. - Il convient
il ne demeure pas seul mais porte du fruit (Jn 12,
d'apprécier la douceur du sommeil qui repose le
24) : il rassemble dans l'"unité les enfants de
(<
•travailleur {Qo 5,11) et de plaindre ceux que les
Dieu •dispersés» (11,52) et« attire tous les hommes
•soucis des richesses, la •maladie ou la mauvaise
à lui (12,32). La communion a triomphé.
>)
conscience livrent aux insomnies (Ps 32,4; Si 31,
1s). Il faut surtout maintenir un lien entre •jus-
2. Seul avec Jésus-Christ pour être avec tous. tice et sommeil. Le juste en effet, qui dans ses
Ce rassemblement du peuple messianique, Jésus veilles médite la Loi (Ps 1,2; Pr 6,22) et grave
l'a inauguré en appelant ses <lisciples à être avec <( la sagesse en son cœur (Pr 3,24), « s'endort en
lui » (Mc 3,14). paix dès qu'il se couche )1 {Ps 3,6; 4,9). Il a •con-
Venu chercher la brebis perdue, seule (Le r5, fiance dans la protection divine. Car les •idoles
4), il restaure la communion rompue en en~a- fabriquées à l'image de l'homme peuvent dormir
geant des dialogues « seul à seul " avec ses dis- (1 R 18,27) ; mais Dieu, le gardien d'Israël, « ne
ciples (Mc 4,10; 6,:z), avec les pécheresses (Jn 4, dort ni ne sommeille )1 (Ps 121,4) : il agit sans
27; 8,9). L'amour qu'il exige est unique, supérieur cesse en faveur de ses enfants (Ps 127,2; cf Mc
à tout autre (Le 14,26), semblable à celui que 4,27). En pleine tempête, Jésus n'est pas r< trou-
prescrivait Yahweh, Dieu unique (Dt 6,4; Ne blé » (Mc 4,40; cf Jn 14,27; 2 Tm 1,7) ; en dor-
9,6). mant, il symbolise la parfaite confiance en Dieu
Comme son Époux et Seigneur, l'Église se (Mc 4,38). Dans cette ligne de pensée, à partir
trouve seule dans un •monde auquel elle n'ap- d'une image familière à l'humanité entière, la
partient pas (Jn 17, 16) et elle doit s'enfuir au désert "mort est considérée comme l'entrée dans le repos
(Ap 12,6) ; mais désormais il n'est plus de véri- du sommeil après une vie rassasiée de jours et de
table solitude : le Christ, par son Esprit, n'a pas labeurs on s'endort avec ses pères (Gn 47,30;
laissé les disciples t< orphelins » (Jp. 14,18), en 2 S 7,12). Ainsi le<< cimetière» évoque, selon l'éty-
attendant le jour où, ayant triomphé de la soli- mologie grecque, le Œ dortoir 11, où reposent les
tude qu'impose la mort des êtres chers, Œ nous défunts; le chrétien qui s'est« endormi en Jésus ))
serons réunis à eux.. et avec le Seigneur tou- (1 Th 4,14) avec l'espérance de la *résurrection,
jours» (1 Th 4,17}, MP & XLD va s'y coucher l'espace d'une nuit, songeant avec
confiance au •Jour où il se lèvera, ressuscité (cf
--+ désert - montagne III I - stérilité - tristesse Dn 12,13).
AT 2; NT 3 ~ veuves I,

2, Le temps de la visite de Dieu. - Pour un motif


difficile à déterminer, peut-être parce que l'homme

1241 1242
SOMMEIL S01,(MEIL

endormi n'est plus maître de lui et n'offre pas de aussi c laisse-t-il dormir » ceux qui veulent s'en-
résistance, le temps du sommeil est regardé comme foncer dans leur péché.
propice à la venue de Dieu. Ainsi, comme pour
mieux agir à sa guise, Dieu fait tomber un a pro-
fond sommeil» (hb. ta,dlmah), une sorte d'extase, III. S'ÉVEILLER DU SOMMEIL DtJ PÉCÔ
sur Adam qui se trouve seul, pour lui a façonner • ET DE LA MORT
une femme (Gn 2,21), ou sur Abraham inquiet
pour sceller avec- lui son alliance (Gu 15,2.12) : Le sommeil signifie dès. lors. l'état mortel où
alors dans les ténèbres jaillit le •feu· divi~ (15, mène le péché ; en surgir sera le signe de la •con-
17). Dieu visite aussi ses élus par des •songes, révé- version- et du retour à la vie.
lant à Jacob sa présence.mystérieuse (Gn··28,n-
19), aux deux Joseph ses desseins mystérieux (Gn I. « Réveille-toi I ». - « Veilli,z l », dit Jésus à ses
37,5ss.9; Mt 1,20-25; 2,13s.19-23). Ce mode de di_sciples endormis1 _Bien avant lui, le prophète
•révélation fit assimiler leul"S bénéficiaires aux constatait que, dans le peuple d'Israël, nul ne
•prophète$ (Nb 12,6; Dt 13,2; r S 28,6), ~t les s'éveillait pour s'appùyer SUI" Dieu, car celui-ci
apocalypses l'utilisaient aVec prédilection (Dn 2, avait détourné sa *face (Is 64,6) .. Mais la grâce
4) : n'était-il pas promis comme un signe de la divine va hât~ l'heure du rév~il : _a Réveille-toi l
fin des temps (JI 3,r; Ac 2,17s) ? Cependant il Debout, Jérusalem! 11 (Is 51,17-52,1}. C'est
devait être rigoureusement critiqué (Jr 23,25-28; l'heure de sortir de. la torpeur; la •coupe de la
29,8) afin de ne pas être confondu avec des (t rêve- colère a. été vidée jusqu~au fond, Dieu lui-même
ries de femme enceinte 1) _(Sî 34,1-8). arrache son peuple au vertige. Ce réveil de la Cité
sainte est une véritable •résurrection : ils se
réveillent, ceux qui gisaient dalls la pouss~ère
Il. LES TÉNÈBRES SUR L'HOMME (Is z6,r9). Dans l'apocalypse de Daniel, cette
image deviendra _réalité : « Un. grand nombre de
La nuit, fille de Dieu, est pourtant aussi le ceux qui dorment dans la. poussière s'éveille-
temps des cauchemars, des alarmes et des puis- ront ... » ..(Dn 12,:2). Le juste ne doit donc pas
sances maléfiqués. Le sommeil peut être visité craindre· de « s'endo'rmir dans _la mort o (Ps 13,
par les monstres noètu'mes et révéler un camr 4), car Dieu ·est le maître de la *Mort, et il Je
cotipa.ble. montrera en ressuscitant Jésus.
Il n'accorde pas de sommeil à ses yeux, celui Pour préparer cette résurrection, il· faut cepen-
qui a de· grands,desseins dans·le-cœur (Ps 132, dant d'à.bord lè réveil du cœur. · par une conver-
3ss;. Pr 6,4) ; au contraire le paresseux qui n'ar- sion sincère.· C'est ce· dialogue de· ta conversion
·nve pas à sortir de son lit est voué à l'indigence qu'on peut lire dans 'lei Cantiqtie ·des c.antiques,
(Pr 6,6-n; 20,x3; 26,14). Plus dangereux encore, dépeint à travers. la métaphore du sommeil et du
le sommeil qui résulte de !'•ivresse,. car il amène réveil. Le réveil de r·•éÏ)ouse infidèle ne doit pas
à poser-des actes irresponsables (Gn 9,21-24; 19, être· brusqué : « Né rév~illeZ pas l'Amour avant
31-38), - ou celui qui résulte de l'amour des l'heure de son bon plaisir! )1 (Ct 2,7; 3,5; 8,4) ;
femmes : ainsi livre-t-il la force· de Samson à or ce bon plaisir_gagne peu à peu ie cœur de l_'épouse
Dalila (Jg 16,13-21). emmenée au •désert : Dieu lui a parlé (OS 2,16;
Le sommeil peut être plus encore que le résultat Is 40,2), si bien que désormais elle peut dire :
d'une faute, il peut signifier .une disposition inté- a Je dors, :mais mon c~~r veille» (Ct 5,2). Toute-
rieùre coupable! Tel est le sommeil de Jonas (Jon fois l'amour n'est pas encore le plus :fort : à son
1,5) ; ·quand le prophète Élie_ s'endort sous le réveiil, l'épouse s'enibarrasse de choses inutiles et
genêt, c'est sous le coup du·- découragement (1 R laisse partir• l'ÉpouX qui était venu (5,3.6) ; elle
x9,4-8),' Le sommeil exprime alors qu'on est livré fait bien de •veiller, mais sa vigilance ne peut
au ,péché·:· ·on chancelle· dans !'•ivresse, après préciJ}iter l'heure <te· Dieu (Is_ 26,9) : c'est l'Époux
avoir vidé· la •coupe de la •colère de Yahweh qui finalement éveillera l'épouse (Ct 8,5). La con-
(Jr 25,x6; Is 51,17); Le sommeil qui terrasse les ·vei:-sion elle-même est l'œuvre de Dieu.
disciples -pendant 1a· prière de Jésus à Gethsé-
mani (Mc !4,34.37.40 p) signifie qu'ils ne com- 2. Eveillés de lèur sommeil. -· Avant de surgir du
prennent pas l'*heure imminente, et qu'ils se déso- tombeau où il s'est couché Volontairement,' Jésus
lidarisent de Jésus; par là, Jésus réalise qu'il a exprimé par des signes sa maitrise sur la mort
doit être absolument seul dans 1'œuvre du salut; et le sommeil qui en est l'image. Il a laissé les

1243 1244
SOMMEIL SONGES

disciples s'inquiéter de son sommeil durant la (Gn IS,I2-21; 20,3-6; 28,n-22; 37,5-n; 46,2-4 :
tempête {Mc 4,37-4I), comme s'il voulait leur faire ainsi en va-t-il toujours dans la tradition élohiste).
redire la prière audacieuse ·des, psalmistes· : Gédéon (Jg 6,25s), Samuel (r S 3), Natan (2 S
, Éveille-toi donc, Seigneur l » (Ps· 44,2-4; 78, 7;4-17), Salomon (I R 3). Après l'exil, Zacharie
65; Is SI,9}.· En réalité, -il se montrait ainsi capable (I-6) et Daniel (2; 7) y reçoivent- l'annonce du
de commander à la mer comme à la mort. Quand salut. JoëI promet des songes pour le temps de
il éveille de leur sommeil la fille de Jaire ·(Mt 9, l'effusion de l'Esprit •(3,I).
24) et son ami Lazare (Jn n,n), il préfigure sa A la différence de ses voisins païens, Israël ne
propre résurrection, à laquelle le baptisé sera. mys- semble pas avoir eu d'interprètes officiels des
térieusement uni : « Lève-toi; toi qui dors, surgis songes. Abraham, Isaac, Jacob, Samuel, Natan,
d'entre les morts et le Christ t'illuminera 1 » {Ep Salomon ... , les comprennent par eux-mêmes ; et
5,14). Le croyant n'est plus un être de la nuit, l'on n'en trouve d'interprètes ni aù TemJ)l_e, .ni
« il ne dort plus n (I Th 5,6s) car il n'a plus rien à la Cour des rois. Mais quand Yahweh envoie
à voir avec le péché et les vices· de la .nllit. Il des songes aux rois païens, ce sont des serviteurs
•veille, attendant sans dormir le retour du Maître du vrai Dieu qui en expliquent les mystères demeu~
{Mc I3,36) ; et. si, l'ÉpOux tardant à venir, il s'en- rés inaccessibles aux interprètes non juifs (Gn
dort comme les vierges sa~es, il a du moins _sa 41; Dn 2; 4). Ainsi les païens doivent-ils recon-
*lampe garnie d'.•huile (Mt 25,I-I3) ; la parole de naître que Yahweh seul est le maitre des mys-
l'épouse du Cantique prend alors un sens nou- tères; il ne les révèle qu'aux· siens.
veau,· car·le •Jour a déjà lui au plus profond de Comme la réflexion prophétique discerne de
la •nuit : u Je dors, mais mon cœur veille. » vrais et de faux prophètes, elle dénonce aussi
DS & XLD des songes mensongers .(Dt 13,2-6; Jr 23,25-32;
_,. ivresse 2-·mort A'Î' l 2 - nµit'AT-3 - repos- Za 10,2), sans nier pour autant l'origine divine
songea - veiller. · des songes des ancêtres. Mais le :fait que la Bible
ne mentionne-pas de songes durant les siècles qui
s'écoulent etitre Salomon et Zacharie, tout au'
long ~e 1a grallde époque du prophétisme,-·a SOn
SONGES sens· : il suggère qu'à·-ce moment le -songe est
regardé Comme une_ forme secondaire de révéla~
tion, destinée soit à l'individu (les ·patriarches
L'antiquité et la science moderne attachent auparavant ont eu des songes, mais 'il n'y avait
grande importance aux songes. Pour des raisons de leur tenips n_i peuple, ni •prêtphétisrile) soit
différentes : la première y voit un moyen pour aux païens; la Parole prophétique par'·conti-e
l'homme d'entrer en communication avec le monde est la forme par·excellence de la révélation adressée
surnaturel ; la seconde, une manifestation de sa au_peuple.
personnalité profo~de. Ces deux perspectives ne
sont pas incompatibles_: si Dieu agit sur. l'homme, NT
c'est au plus profond de_ lui-même.
Le NT ne rapporte. aùctln songe de Jésus :
AT sans doute parce qu'il s'arrête peu sur 1a psycho-
logie· du Maître, mais pluS encore parce qu'il-voit
Les peuples qui précèdent et entourent Israël en lui celui· qui a •connaît ·)) le Père sans inter-
voient dans le songe une *révélation divine;- et médiaire. · ·
la :fréquence en est chez eux assez· grande pour Le songe n'est pourtant· pas absent du NT.
que les· rois d'Égypte et de Mésopotamie aient A la Pentecôte, Pierre annonce l'acècimplissement
à leur service des interprètes- de songes {Gn 4I, de la prophétie de JI 3,1,. où le songe apparaît
8; Jr 27,9). comme ·une manifestation de l'Esprit a~x ~er-
L' AT mentionne ·aussi eri Israël des révélations niers jours '(Ac 2°,IJ). Lè livre des Actes rapporte
par songes,- auxquelles il ':faut joindre les •paroles plusieurs visions nocturnes de Paul •(16,9s; 18,9;
et *visions nocturnes de Dieu. Ces. révélations -23,u; 27,23) ;. c·es apparitions réconfortent et
s'adressent parfois à· des personnes privées (Jb 4, guident l'apôtre dans-· sa. mlSSiori., mais lie lui
I2-21; Si 34,6), voire· à ·des ·païens (Gn 40-4I; apport~nt aucun message doctrinat: Matthieu rap-
Dn 4). Mais la plupart visent le *dessein de Di.eu porte plusietlrs songes ariàloguès.à ceux de l'AT:
sur son peuple : elles éclairent les -patriarches Soit poùr des révélations·•à des païens '(Mt 27,I9),

1245
SONGES SOUFFRANCE
soit pour guider Joseph dans l'enfance de Jésus dra non pas de l'insouciance - les tâches de ce
(1,20; 2,13.19.22: il s'agit trois fois d'apparitions monde demeurent un devoir - mais de la *con-
de l'Ange du Seigneur dans le style de l'AT). fiance en l'amour paternel de Dieu et en sa •pro-
Ainsi le NT connaît ce mode de révélation que vidence (Mt 6,25-34 p; cf 16,5-12).
Dieu a employé aux vieux âges de l'AT, Il y voit, Quel que soit le domaine qu'ils concernent, les
comme les prophètes, une révélation destinée à soucis sont d'ailleurs par eux-mêmes un appel à
éclairer un individu (et parfois un païen). Celle-ci la confiance et à la *foi. Si une tâche bien accom-
est pour lui subordonnée à la Parole qui s'adresse plie permet, en certains cas, de (c *rire au jour à
à toute l'Église et se manifeste par excellence en venir )) (Pr 31,25), les soucis qu'elle entraîne sont
Jésus-Christ. AG plus souvent une occasion pour l'homme de prendre
conscience de ses limites dans l'incertitude, la
---+ apparitions du Christ 1 - mystère AT 2 a- Parole
de Dieu AT I 1 - Révélation AT I 1 - signe AT *crainte ou !'*angoisse. La *souffrance ainsi engen-
II 3 - sommeil I 2 - visite AT 2. drée est le lot commun de tous les hommes (Sg
7,4). Elle les invite à confier au Seigneur le« far-
SORCELLERIE-+ magie r. deau» de leurs soucis (Ps 55,23; cf r P 5,7), même
SORTIR---+ Exode - porte. s'il provient de leurs péchés (Ps 38,19; cf Le r5,
16-20), dans une foi qui sait que le Très-Haut(l

SOT --+ folie - rire 1- prend souci d'eux Q (Sg 5,x5), Ils pourront alors
« user de ce monde n, avec tout le soin nécessaire,
« comme s'ils n'en usaient pas véritablement "
(1 Co 7,31). Au-delà de tous les soucis en effet,
SOUCIS « la •paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence,
prendra sous sa garde leurs cœurs et leurs pensées
dans le Christ Jésus » (Ph 4,6s). ]Du
1. Exhortations au souci. - Le souci, c'est d'abord
le soin que l'on apporte à l'accomplissement d'un --+ angoisse - confiance - crainte de Dieu Il - Pro-
*travail ou d'une *mission. La Bible admire et vidence I - richesse I 2 - travail - tristesse AT 1.
recommande cette présence intelligente et active SOUFFLE~ âme I 1, II 1 - esprit AT 2-.3 - Esprit
de l'homme à toutes ses tâches, Les plus humbles de Dieu O - homme - vie II 2.
d'abord, dans le cadre de la maison par exemple
(Pr 31,10-31), du métier (Si 38,24-34) ou des res-
ponsabilités publiques (50,1-4). Plus haut encore,
la Bible place le souci des t.â.ches spirituelles : la SOUFFRANCE
recherche de la *sagesse (Sg 6,17; Si 39,I-II) ou
du progrès moral (1 Tm 4,15; cf Tt 3,8),
la sollicitude de l'apôtre {2 Co 11,28; cf 4, (l Je me complais_,_ dans les détresses. les
8s), ou celle de Pierre (Le 22,32). L'exemple par angoisses n (2 Co 12,10), ose écrire Paul aux con-
excellence est ici Jésus lui-même, donné sans vertis de Corinthe. Le chrétien n'est point stoï-
réserve à l'accomplissement de sa. mission (Le cien, pour chanter la majesté des souflranccs
12,50). Le souci des cc affaires du Seigneur est !) humaines, mais disciple du « chef de notre foi "
d'ailleurs d'un ordre si élevé qu'il peut amener, qui, « au lieu de la joie qui lui était proposée,
sur l'appel du Christ, à renoncer aux soucis de endura une croix » (He 12,2). Le chrétien regarde
ce •monde pour se soucier directement et tota- toute souffrance à travers Jésus-Christ ; dans les
lement de « l'unique nécessaire o (1 Co 7,32ss; épreuves de Moise, « qui estima comme un<:
cf Le 10,41s). richesse supérieure aux trésors de l'Égypte l'op-
probre du Christ n (He II,26), il voit la Passion
2. Les soucis et la foi. - Dans tous les domaines, du Seigneur.
la Bible condamne donc la négligence et la paresse. Mais quelles significations prend la souffranw
Mais elle sait aussi que l'homme risque de se dans le Christ ? Comment la souffrance, si souvenl,
laisser absorber par les soucis de ce monde au *malédiction dans l'AT, devient-elle *béatitud,,
détriment des soucis spirituels (Le 8,14 p; 16,13 p; dans le NT ? Comment Paul peut-il « surabonde!'
21,34 p). Jésus a dénoncé ce danger : il appelle de joie dans toutes les tribulations (2 Co 7,4;
)1

ses disciples à se soucier uniquement du *Royaume cf 8,2) ? La foi serait-elle insensibilité, ou exal
de Dieu; la liberté d'esprit nécessaire leur vien• tati.on maladive ?

1247
SOUFFRANCE SOUFFRANCE

recourir pour l'expliquer aux querelles entre les


AT divers dieux ou: aux solutions dualistes. Certes,
la tentation était grande pour les exilés de Baby-
Î, LE SÉRIEUX DE LA SOUFFRANCE lone, accablés par leurs *calamités « immenses
comme la mer» (Lm 2,13), de croire que Yahweh
La Bible prend au sérieux la souffrance ; elle avait été vaincu par un plus fort ; cependant les
ne la minimise pas, elle y compatit profondément prophètes, pour défendre le vrai Dieu, ne songent
et y voit un mal qui ne devrait pas être. pas à l'excuser, mais à maintenir que la souffrance
ne lui échappe pas : « Je façonne la lumière et
1. Les cris de la souOrance. - Deuils, défaites et crée les ténèbres, je fais le bonheur et provoque
•calamités font lever dans l'Écriture un immense le malheur » (Is 45,7; cf 63,3-6). La tradition
concert de cris et de plaintes. Le gémissement y israélite n'abandonnera jamais l'audacieux prin-
est si fréquent qu'il a donné naissance à un genre cipe formulé par Amos « Arrive-t-il un malheur
littéraire propre, celui de la lamentation. Le plus dans une ville sans que Yahweh en soit l'auteur ? »
souvent, ces cris montent vers Dieu. Certes, le (Am 3,6; cf Ex 8,12-28; Is 7,18). Mais cette intran-
peuple crie -auprès de Pharaon pour avoir du sigeance déclenche des réactions redoutables : oc Il
pain (Gn 41,55), et les prophètes crient contre n'y a pas de Dieu 1 )) (Ps 10,4; 14,1), conclut l'im-
les tyrans. Mais les e~claves d'Égypte crient vers pie devant le mal du monde, ou alors un Dieu
Dieu (Ex 2,23), les fils d'Israël crient vers Yah- « incapable de connaissance n (73,11) ; et la îemme
weh (14,10; Jg 3,9), et les psaumes sont pleins de Job, logique : « Maudis Dieu 1 )) (Jb 2,9).
de ces cris de détresse. Cette litanie de la souf- Sans doute envisage-t-on des explications de
france se prolonge jusqu'à la n grande clameur et la souffrance en dehors d'une intervention directe
aux larmes » du Christ devant la mort (He 5,7). de Dieu. Les blessures peuvent être produites
par des agents naturels (Gn 34,25; Jos 5,8; 2 S
2. Le jugement porté sur la souffrance répond à 4,4), les infirmités de la *vieillesse sont normales
cette révolte de la sensibilité : la souffrance est (Gn 27,1; 48,rn). Il y a dans l'univers des puis-
un mal indu. Assurément, on la sait universelle : sances mauvaises, hostiles à l'homme, celles de
« L'homme né de la femme a la vie courte, mais la "'malédiction et de *Satan. Le *péché amène
des tourments à satiété » (Jb 14,1; cf Si 40,1-9), le malheur (Pr 13,8; Is 3,n; Si 7,1) et l'on tend
mais on ne s'y résigne pas. On maintient que à rechercher une faute à l'origine de tout mal-
•sagesse et santé vont de pair (Pr 3,8; 4,22; 14, heur (Gn 12,r7s; 42,21; Jos 7,6-13) : c'est la con-
30), que la santé est un bienfait de Dieu (Si 31, viction des amis de Job. A la source du malheur
20) dont on le loue (Si 17,28) et pour lequel on qui pèse sur le monde, il faut poser le premier
le prie (Jb 5,8; 8,5ss; Ps'rn7,19), Plusieurs psaumes péché (Gn 3,14-19).
sont des prières de •malades demandant leur gué- Le caprice selon lequel la *mort frappe à l'im-
rison (Ps 6; 38; 41; 88). La Bible n'est pas dolo- proviste les conditions les plus diverses est dou-
riste; elle fait l'éloge du médecin (Si 38, 1- 15); elle loureusement ressenti (Jb 21, 28-33; Pr n,4; Am
attend l'ère messianique comme un temps de gué- 5,I9). Pire encore est le scandale de la mort du
rison (Is 33,24) et de résurrection (26,19; 29,18; juste et de la longévité de l'impie (Qo 7,15; Jr
61,2). La guérison est une des œuvres de Yah- 12,1s). Ce monde est une véritable déroute de la
weh (19,22; 57,18) et du *Messie {53,4s). Le ser- justice (Ha I,2-4; Ml 2,17; 3,15; Ps 37; 73).
pent d'airain {Nb 21,6-9) ne devient-il pas une II reste qu'aucun de ces agents, ni la nature,
figure du Messie (Jn 3,14) ? Tous les malheurs ni le hasard (Ex 21,13), ni la fatalité de la vie de
publics et privés, sécheresse, perte des biens, l'homme (Jb 4,rss; cf 4,7), ni la fécondité funeste
deuils, guerres, esclavages, exil, sont sentis comme du péché, ni la malédiction (Go 3,14; 2 S 16,5)
des maux dont on attend la délivrance aux jours ni Satan lui-même n'échappent à la puissance de
du Messie. L' AT ne connaît pas de souffrance Dieu, si bien que Dieu lui-même est fatalement
volontaire, au sens ascétique et paulinien. en cause. Les prophètes ne peuvent comprendre
le bonheur des impies et le malheur des justes (Jr
12,1-6; Ha 1,13; 3,14-18), et les justes persécutés
II. LE SCANDALE DE LA SOUFFRANCE se croient forcément oubliés (Ps 13,2; 31,13; 44.
10-18). Job engage un •procès contre Dieu et le
Profondément sensible à la souffrance, la Bible somme de s'expliquer (Jb 13,22; 23,7). Un psal-
ne peut, comme tant de religions autour d'elles, miste engage avec violence le même procès, mais

1249
SOUFFRANCE SOUFFRANCE

cette fois en raison des injustes· malhe_urs de la Le *Serviteur connaît la souffrance sous ses
nation (Ps 44,10-27). Et cependant, en dépit des formes les plus redoutables, les plus ·scandaleuses.
pires catastrophes, le pessimisme n'a jamais triom- Elle a exercé sùr lui tous ses ravages et l'a défi-
phé en .Israël; il est ·très significatif .que l'auteur guré, au point de ne plus· même provoquer la
de Job ne peut terminer son livre sur la note. du compassion mais l'horreur-et le mépris (Is 52,14s;
désespoir, pas plus que le mélancolique Ecclé- 53,3.) ; elle n'est pas chez, lui un accident, un
siaste, qui conseille, malgré tout; de se réjouir de moment tragique,. mais son existence quotidienne
Ia· vie {Qo 3,2.24; 9,7-10; 1!;7-10), ni même les et son signe distinctif : « homme de douleurs »
prophètes les plus sombres chez qui l'on découvre (53,3) ; elle semble ne pouvoir s'expliquer que par
toujours un ressort d'espérance et de bonheur (Jr une faute monstrueuse et· un •châtiment exem-
9,16-23}. Des pressentiments encore obscurs de plaire du Dieu •saint (53,4) .. Il y a. faute en effet,
la *résurrection _triomphale semblent traverser et de .proportion înouîe, mais non pas chez lui :
comme un appel d'air toute .la Bible (Gn 22; Ps chez nous, chez nous tous· (53,6). Il est innocent,
22; 49; 73; Is 53; Rm 4,18-21). c'est le combte··du •scandale.
Or c'est là qu'est le *mystère, « la ré:ussîte du
dessein de Dieu » (5J,to). ·Innocent, « il intercède
Ill. LE MYSTÈRE DE LA SOUFFRANCE pour les pécheurs H (53,12) en offrant à Dieu non
pas seulement la supplication du cœur, mais « sa
Broyés par la souffrance, mais portés par leur .propre vie en expiation » (53, 10), en se· laissant
*foi, prophètes et sages entrent· progressivement , confondre parmi les pécheurs (53,12) pour prendre
.: dans le.•mystère » (Ps 73,17) .. Ils découvrent la . sur lui leurs fautes. Ainsi le ·scandale suprême
valèur purifiante de la souffrance, semblable à devient la merveille inouïe, la «- révélation du
celle du *feu qui dégage le métal de ses· scories •bras-de Yahweh » (53,1). ·Toute la souffrance et
(Jr 9,6; Ps 65,10), sa valeur •éducatrice semblable tout le péché du monde se sont concentrés sur lui
à celle d'une ·correction paternelle (Dt 8,5; Pr 3, et, parce .qu'il les a portés dans l'obéissance, il
ns; 2.Ch 3;,26.31), et ils :finissent par voir- dans obtient pour tous la *paix et la guérison .(53,5).
Ja·promptitude du *châtiment comme un effet de
la bienveillance divine (2 M 6,i'2-17; 7,31-38). NT
Ils apprennent à accueillir dans la souffrance la
•révélation d'un *dessein divin qui nous confond I. JÉSUS ET LA SOUFFRANCE DES HOMMES
(Jb 42,1-6; cf 38,2). Avant.J~b, .Joseph en témoi~
gnait devant ses frères (Gn 50,20). Pareil dessein Jésus, l'Homme de douleurs, en qui s'iÙcarne
peut expliquer la ..•mort prématurée du sage, pré- la mystérieuse figure du . Serviteur souffrant, se
servé ainsi de pécher (Sg 4,17-20). En ce sens, montre ·sensible à. toute douleur humaine; il ne
l'AT connaît déjà une *béatitude de la femme peut être témoin d'une souffrance sans._ en être
•stérile et de l'eunuque (Sg· 3,r3s). La souffrance profondément ému, d'une *miséricorde divine (Mt
et la persécution-peuvent être •expiation du péché 9,36; 14,14; 15,3_2) ; s'il avait été là, Lazare ne
(1s 40,2). serait pas mort : Marthe et Marie le lui répètent
Posée par la foi dans le *dessein de Dieu, la (Jn 11,21:.32) et il l'a lui-même laissé entendre
souffrance devient une .*épreuve très haute, que aux .Douze (n,14). Mais alors, devant une émo-
Dieu réserve aux •serviteurs dont il est fier, tion si évidente - « comme. il l'aimait 1 » - ,
•Abraham·(Gn 22), Job (1,n;·2,5), Tobie (Tb 12, comment expliquer ce scandale : « Ne pouvait-il
13) pour leur apprendre ce qu'il vaut et ce qu'on pas faire que cet homme ne mourù.t pas ? » (II,
peut souffrir ·pour lui. Ainsi Jérémie passe de la 36s) 1
révolte- à une nouvelle conversion (Jr 15,10-19).
Enfin, la souffrance a valeur d'intercession et 1. Jésus-Christ vainqueur de la souUrance. - Les
de *rédemption. Cette valeur _apparait dans la guérisons et les résurrections sont les signes de
figure de *Moise, dans sa prière douloureuse -(Ex sa mission messianique (Mt n,4; ci ~ 4,18s), les
17,nss; Nb 11,1s) et le sacrifice qu'il offre de sa préludes de la •victoire définitive. Dans les *mi-
vie pour sauver un peuple coupable (32,30-33). racles accomplis par les Douze, Jésus voit la
Toutefois Moise et les prophètes les plus ·éprouvés défaite de *Satan (Le 10,18). Il accomplit la pro~
par la- souffrance, tel Jérémie (Jr 8,18.::u; II,19; phétie du •Serviteur « chargé de nos •maladies •
15,18), ne sont que des :figures du Serviteur de {Is 53,4) en les guérissant toutes (Mt 8,17). A ses
Yahweh. disciples il. donne .le pouvoir de· guérir en son

1251
SOUFFRANCE SOUFPRANCE

•nom (Mc 16,18), et la guérison.de l'infirme de la jours de _sa vie mortelle, _a pu a venir en aide à
Belle Porte atteste à cet égard l'assurance de ceux qui sont. éprouvés » (He 2,18), voudra au
l'Église. naissallte (Ac. 3,.1-io). •jour _dµ jugement, quand il reviendra en gloire,
s'identifier à tous les sm:iffrants de la terre -(Mt
2. ]IS'Us-CkYist b4atifte,.la s0Uljrance. -Cependant, 25,35-40).
Jésus ne supprime dans le monde ni la •Mort
qu'il vient pourtant « ;-éduire à l'impu_iS:5ance •
(He 3,14), ni la souffrance. S'il refuse d'établir III. LES SOU:FFRAN~ES DES DISClPLES
une li~n systématique entre la *maladie ou
l'accident et le •péché (Le .13,2ss; Jn 9,3), il _laisse Après la victoire de Pâques, une illusion menace
la •malédiction de l'~de:tl_ porter ses •fruits. C'est les chrétiens : plus de mort plus de souffrance ;
qu'il est capable de les changer en joiè; il.ne s;up- et ils risquerit d'être ébranlés dans leur foi par
prime pas la souff~ance, il 1~ •console (Mt 5,5) ; Ie's réalités tragiques de l'existence (cf r Th 4,
il ne supprime pas les larmes, il, _en sèche ~ule- 13). La *Résurrection n'abolit pas les· enseigne-
ment quelques-unes s~r son passage (Le 7,13; 8, ments de rÉvangile, elle le$ êollfirme.: Le mes-
52), en signe de la •joie. qui unira Dieu et ses sage des *bé_àtitudes, l'exigence de la •croix quo-
enfants le jour. où « il essuiera les larmes de tous tidienne (Le 9,23) prennent toute leur urgence à
les visages » {ls 25,8; Ap 7,17; 21,4). La souf- la lumière' de la destinée du Seigneur. Si sa propre
france peut être une *béatitude, car __ elle prépare mèrEl n'a pas été épargnée par la douleur (Le 2,
à accueillir le Royaume, elle. permet de « rév_éler 35), si 1~ Maître, '« pour entrer dans sa gloire »
les œuvres de Dieu» (Jn 9,3), a la gloire de Dieu» (Le 24,26), a connu tribulations et *persécutiolls,
et,celle « du Fils de Dieu )1 (II,4). les disciples doivent suivre le même *chemin {Jn
15,20; Mt 10,24), et l'ère messianique e_st un temps
de tribulations (Mt 24,8; Ac 14,22; 1 Tm 4,1).
II. LES SOUFFRANCES ou FILS ,DE L'HOMME 1. Sougri,- avec le ChJ'ist. - De même que, si le
chrétien vit, « ce n'est plus [lui] qui vit, mais le
Jésus est .1( familier de la souffrance» (Is 53,3); Christ qui vit en [lui] >1 (Ga 2 120), ainsi les souf-
il SOuffre de la foule « incrédule et pervertie )1 frances du chrétien sont K les souffrances du Christ·
(~lt 17,17) comme une « _engeà.nce de vipères )1 en [lui] » (2 Co 1,5). Le chrétien appartient au
(Mt 12,34; 23,33), du rejet _des siens qui « ne Christ par son *corps même, et la souffrance
l'ont -pas _reconnu » (Jn 1,p). Il pleure devant configure au Christ (Ph ,J,10). De même que le
•Jérus::i.lem (Le 19,41; cf Mt 23,37); il est.« trou- Christ, a tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il
blé » à la pensée- de sa. Passion (Jn 12,27). Sa souffrit, l'obéissance » (He 5,8), ainsi nous faut-il
souffrance devient alors une détresse mortelle, 11 courir avec constance l'*épreuve _qui nous est
une «. 13.gonie · u, un comb,at dans l'angoisse et la proposée, fixant nos yeux sur le. chef de notre
peur (Mc 14,33s; Le 22,44). La Pass~on co~~entre foi._.. qui endura une croix -., (He 12,IS). Le Christ
toute .la souffrance humaine, possible, depuis_ la s'est fait solidaire de ceux qui souffrent, il laisse.
trahison jusqu'à l'abandon de Di.eu (M.t 27,46}. aux siens la même -loi (1 Co 12,26; Rm 12,15;
Ce sommet coî'.ncide avec la grande offrande 2 Co 1,7).
rédemptrice du Christ, le don expiatoire de sa
vie (Mt. 20,28), pour lequel il a été envoyé dans 2. Po.ur dtre glorifiés _avec" le Christ. - Si 1.1 nous
le monde selon le dessein éternel du Père (Ac 3, souffrons avec lui », c'est « pour être aussi glori-
18); Jésus s'Y soumet avec obéissance (He 3, fiés avec lui n (Rm 8,17), si (( nous portons partout
7·13), avec amour_ (Jn. 14,31; 15,13)_. « Il faut », et toujours· en notre corps les souffrances de mort
de~. ce_petit mot, toujoùrs,associé à la souffrance, de Jésus », c'est « afin que la *vie de Jésus soit,
résume sa vie et en éclaire le mystère ; il revient . elle. aussi, .manifestée dans notre. corps.» (2 Co 4,
comme un leitmotiv sur les. lèvres de Jésus lorsque 10). « La faveur de Dieu qui nous a été donnée
ce dernier. annonce sa Passion, sans se soucier du [n'est] pas seulement de croire au Christ, mais de
scalldalè de· 'Pierre et. des ..disciples_ (Le 17,25; cf souffrir pour lui » (Ph 1,29; cf Ac 9,16; 2_ Co II,
Mc 8.31ss; Mt 17',22s; Le 9,42-45). Mais la Passion 23-27). De la souffrance portée avec le_. Christ
rédemptrice révèle. la gloire du Fils (Jn 17,1; 12, naît non seuleµient « le poids éterp.el .de *gloire
31s) ; elle « rassemble autour de lui dans l'*unité préparé .au-delà de toute mesure » (2. Co 4,17;
les fils. de Dieu dispersés » (n,52). Celui qui, aux cf Ac 14;2:x) après la mort, mais, dès aujourd'hui,

1253 1254
SOUFFRANCE STÉRILITÉ

la *joie (2 Co 7,4; cf 1,5-7}. Joie des Apôtres fai~ Rachel crie à son mari : « Donne~moi des enfants l
sant à Jérusalem leur première expérience et ou je meurs)) (Gn 30,1) ; mais Jacob de s'emporter
découvrant « la joie d'avoir été jugés dignes de contre elle : 1( Suis-je à la place de Dieu gui t'a
subir des outrages pour le Nom i) (Ac 5,41) ; refusé la maternité ? » (Gn 30,2). Dieu sebl peut
appel de Pierre à la joie de « participer aux -souf- ouvrir le sein stérile (29,31; 30,22).
frances du Christ » pour connaître la présence de
u !'Esprit de Dieu, l'Esprit de gloire » (r P 4, 2. Contre ce mal, il faut lutter. - Ce que fait
13s) ; joie de Paul, « dans les souffrances qu'[il] Rachel : comme jadis sa belle-mère Sara (Gn 16,
endure D, de pouvoir (1 compléter en [ sa] chair ce 2) qui sans doute s'autorisait d'une coutuine déri-
qui manque aux épreuves du Christ pour son vant du Code d'Hammourabi, elle donne à son
Corps, qui est l'Église o (Col 1,24). époux une de ses servantes pour qu'elle « enfante
MLR & JG sur ses genoux o (Gn 30,3-6) ; de même Léa qui,
après avoir eu quatre enfants, cessa pour un
--+ bien & mal I x.4, II 3 - calamité - chatiments -
temps d'être mère (30,9-r3). Ainsi, par un arti-
consolation - Croix II 2 - épreuve/tentation -
honte - maladie/guérison - malédiction I - mar- fice, l'homme contourne l'obstacle de la stéré-
tyr 1 - mort - patience II 1 - pauvres - persécu~ lité, conférant à ses fils adoptifs les mêmes droits
tion - Serviteur de Dieu II 2, III - travail II - tris~ qu'à ceux qui seraient issus de ses propres entrailles.
tesee.
3. Dieu vainqueur de la sttrilité. - Mais ce sont de
SOUHAIT--+ amen o - bénédiction II 3 - désir -
malédiction IV. simples stratagèmes, légaux ou non, pour sur-
monter l'arrêt du courant de la vie. Vaincre la
SOUILLURE -,.. pur. stérilité est réservé à Dieu seul qui se montre
SOURCE--+ eau - rocher 2 - vie III 2,IV 2. fidèle à sa promesse (Ex 23,26; Dt 7,14) et, par
là, annonce un plus grand mystère. L'écrivain
STABIUTJ1--+- demeurer - fidélité - montagne 1 sacré a intentionnellement souligné que les femmes
J - vérité. des trois ancêtres du peuple élu sont stériles :
STtLE -,.. AJliance AT I 3 - autel - pèlerinage Sara (Gn n,30; 16,1), Rébecca (Gn 25,21), Rachel
AT i - témoignage AT I. (29,31), avant que ne leur soit accordée une pro-
géniture (cf vg 15,2~5). La longue mise en scène
de la naissance d'Isaac veut montrer à la fois le
mystère de l'"'élection gratuite et de la •grâce
STÉRIIJTÉ féconde. Comme l'interprétera Paul, l'homme doit
s'avouer impuissant et doit confesser avec foi la
puissance de Dieu à susciter la vie dans une terre
Le peuple de Dieu attache un double prix à la déserte : la •foi triomphe de la mort stérile et
fécondité du sein ; elle répond à l'appel lancé par suscite la vie (Rm 4,18~24). Élection gratuite que
son Créateur aux origines, et elle permet à la pos-, magnifie Anne, la stérile (1 S 2,1-II) : « La femme
térité d'Abraham de devenir innombrable selon la stérile enfante sept fois, mais la mère de nom-
Promesse. La stérilité contrarie ce dessein de Dieu ; breux enfants se flétrit , (2,5; Ps n3,9).
elle est un mal, contre lequel Israël lutte sans
répit, et dont peu à peu Dieu lui révèle le sens.
II. LA STÉRILITÉ ACCUEILLIE

1. LA LUTTE CONTRE LA STÉ:RtLITÉ Dieu en effet « visite » les femmes stériles,


montrant que les hommes ont tort de considérer
1. La stlrilité est un mal, comme la •souffrance et la stérilité comme un simple •châtiment. Certes,
la •mort ; en effet elle semble s'opposer au com- elle l'est en un sens, puisque Dieu ordonne à Jéré-
mandement du créateur qui veut la fécondité et mie de garder le célibat pour signifier la stérilité
la vie. C'est une •honte de ne pas faire survivre du peuple en état de péché (Jr 16); et quand
son •nom. D'où les lamentations d'Abraham : l'épouse délaissée sera rentrée en grâce, le pro-
Qu'importe mon serviteur adopté, si je m'en vais phète pourra la réconforter : <t Crie de joie, stérile,
sans enfants ? (Gn 15,2s). Et Sara, sa femme, se qui n'enfantais pas ... Plus nombreux sont les fils
sent méprisée par la servante féconde (16,4s). de la· délaissée que les fils de l'épouse » (Is 54,1).

1255
STÉRILITË SUIVRE

En confessant son péché, Jérusalem a reconnu vement ·la *virginité féconde. Le signe que reçoit
que sa stérilité signifiait son divorce avec Dieu ; •Marie lors de l' Annonciation (Le_ 1,36s) est pré-
elle se prép8.rait à· une ,fécondité nouvelle, plus cisément la grossesse merveilleuse de sa cousine
merveilleuse encore : elle cômpte désàrmais les Élisabeth : celle qui, par sa. stérilité (1,7.25), rap-
•nations parmi ses enfants (cf Ga .4,27). pelle la longue histoire des femmes stériles ren-
Ce qui ti-çmve un sens sur le plan commùnau~ dues fécondes par la. •visite de P,ieu, signifie pour
taire ne Peut êtr~. compr'is que lentement sur le Marie la maternité virginale aµnoncée. Alors un
plan individu~l. La Loi, tout en prenant la défense Jlouyel âge est inauguré en Marie, dont le fruit est
de n la femme moins ~mée' li (Dt 21,15ss), in~- le Fils même de Dieu, plénitude de la *fécondité.
sait à l'eunuque d'offrir des sacrifices (Lv 21,20), Dans cet âge· no.uveau, Jésus appelle à sa- suite
le· rédù."isant au 59rt des bàtards (Dt 23,3ss) : il les ({ eunuques qui se rendent tels en vue du
était proprement exclu du peuple (Dt 23,2) .. Il royaume des cieux » (Mt ·19,12). Ce qui étlµ.t subi
fallut le désastre de l!exil pour faire éclater cette comme une *malédiction, ou tout au plus sup-
estime exclusive de la· fécondité .chax:nelle ; au porté comme un mal dont le bon fruit mûrirait
retoùr de Babylone,. 'un ora,~e entièremellt nou- au ciel, devient un •charisme aux yeux de Paul
veau est. proclamé : « Que l'eunuque n'aille pas (1.Co 7,7)_; alorf; que la Genèse.disàit: n Il n'.est
dire : Moi, je ne Suis qu'un .arbre sec. Car ainsi pas bon que l'homme soit; seul·» (Gn 2,18), ~aul
parle _Yahweh : Aux eunuques qui... se tiennent ose, avec quelles précautions, proclamer : ({ Il est
fermement à mon alliance,. je donnerai une stèle bon q'ile l'homm,e demeure ainsi » (1 Co 7,_26),
et un nom meilleur que. des fils et des _fill~. Je c'.e.st-à-dire non marié, seul, sans · enfants._ Par-
leur donnerai un •n9m. éternel qui ne sera jamais venue à ce_ stade, la :stérilité volontaire peut s'ac-
supprimé ·» . (Is 56,3ss). Ainsi l'homme réalisait complir en •virginité. XLD
que la fécondité physique n'était pas nécessaire à
-+ fécondité - _, femme NT. I - ·1mit I - h~te I
sa survie, du moins dans la mémoire de Dieu.
3 - lait 2 - mariage AT II 3 - mêre 1 1, Il 2 -
Chez. les. sages, même progtès. _Ils continUent à rocher 2 - solitude I .:._ virginité.
faire preuye d'un bo~. sens religieux assez banal :
« l.\lfieux vaut un enfal)t-que mille, et mourir sans
enfants· qlie d'avoir d_e~ enfants impies, _li .(Si 16,
1.4) : mais a;vec ,la foi en la survie pleine et glo~
rieuse, les.croyants découvrent et proclament l'exiiJ. SUIVRE
tence ,d'une. *fécondité spirituelle authentique·:
u. Heureuse la femme stérile, mais sans tache I Sa
fécondité paraîtra lors de la *visite des A.~es. Suivre Dieu, ç'est marcher dans les •chemins_ de
He_ureux l'eunuque dont la. main n~,fait point de Dieu, ceux par lesquels il a conduit son peuple au
mal. Mieux vaut ne.:pas avoir djenfants et; posséder temps de l~•exode, ceux que son Fils tracera pour
la vertu, car l'immortalité s'attache à sa mémoire • mener tous les hommes au terme- du nouvel et
(Sg _3,13s; 4,1). Désormais le regard du croy~t véritable Exode.
n'est plus obstinément rivé à la fécondité ;ter-
restre, il eàt prêt à discerner un sens au *fruit 1. La 'l)otation.à'l~aël. - En sortant d'Égypte,
des •œuvres que produit _la vertu et qui rend le peuple répond.ait à, Yahweh qui l'appelai_t, à le
immortel ; il fallait, pour cela, que f1it accueilli suivre (cf ,Os n,1). Au désert, _lsr~l marche dèr-
et transformé le mal qu'est la stérilité. rière Yahweh, qui le, guide dans ·1c;1: colonne de
nuée. et la_ colonn·e.cJ,e feu (Ex ._13,21), qui ,env()ie
$On Ange: pour frayer un chemin à S()n peuple
(~x 2~ 20.23). Israël entend .sans cesse cet appel
1
III. LA sd:~1LITÉ voL0NTAlRB à suivre Yahweh, comme la fiancée sûit son fiancé
(Jr 2,2), comme le troupeau su~t . son •pasteur. (Ps
Tandis que· la fille de Jephté, condainnée à 80,2),. comme Je _peuple suit son •r~i (~ S 15:,13;
mourir sans enfants, pleure sur sa « virginité » 17,9)i comme le fidèle. suit son •Dieu_ (1.R 18,21).
(Jg n,37s), 'Voici tj_ue Jérémie accueille la mi~ion Suivre exprime. eil effet attachemen~ tata} et
divine de demeurer célibataire (J r 16, 1s) : par là, sou_m~ssion absolue, c'est-à.-dire *foi et *obéis-
il ne symbolise encore qu'un aspect négatif, la s~.nce. Aussi l'homme-qui n'a jà.inais douté, Çaleb,
stérilité coupable du peuplè ·(cf Le 23,29). ·En est-il récompen,sé pour avoir « pleinem~nt. suivi
•:ligure cependant, l'AT annonçait déjà positi• Yahweh • (Dt· 1,36) ; David, qui a observé les

u57
SUIVRE SYNAGOGUE

commandements, reste .le modèle· de ceux qui sacrifice, non seulement de leurs biens mais aussi
suiVent Dieu de tout leur cœur (r- R 14,8). Lorsque de leur pers on.ile, _J ésUs sè révèlè comme Dieu et
le roi Josias et tout-le peuple prennent l'engage- achève de révéler jUSqu'où vont.les exigences de
ment de vivre selon· l'Alliance, ils décident de DieU. Mais· à ces exigences, les disciples ne_ pour-
« suivre Yahweh ». Désànnais, l'idéal du :fidèle ront satisfaire que lorsque Jésus, le_premier, aura
sera toujours· dè suivre « les •chemins du Sei- fait le geste du •sacrifice. VOilà' ·ce' que Pierre,
gnellr ». (Ps 18,22; 25,4 ... ). prompt en esprit à vouloir suivre '"J é~us partout
Suivre Yahweh est donc exigence de *fidélité. où il irait, e't non moins prbmpt à l'abandonner
YahWeh· est èn effet un Dieu· jaloux : il interdit Comme les auti;-es disciples (Mt· 26,35.56), ne peut
1
de suivre d'autres dieux, c'est-à-dire de' leur comprendre q)le ·« plus tard » (Jn :13,36ss), _q~and
rendre un culte et d'imiter les pratiques. de leurs Jésus - aura ouvert le_ chemin par sa· mort et sa
fidèles (Dt 6,14). Or Israël prête l'oreille aux résurrection : Pierre alors ira là où il ne pensait
_appels ·des· dieu·x locaux ; à peine est-il arrivé en pas (Jn 2r,I8s).
Canaan, que •les Baals diSputent son cœur au c) Croire ·et imiter._~ ·Les théologiens du NT
Dièu du Sinaï (Dt 4,3). Le·voilà qui « boîte des orit transposé la métaphore. · Pout Paul, suivre le
deux jambes », jusqu'à ce que retentisse violem- Christ, c'est se conformer à lui dans son mystère
ment la voix ·prophétique : Cl Si c'est Yahweh qui de 'mort et:· de résurrection. ·Cette .Conformité, à
est Dieu, suivez-le ; si c'est ·Baal, suivez-le » (1 R laquelle nous sommes p~édestiD.és ·de toute éter-
18,21)·: A la suite d'Élie, les prophètes reprochent nité par Dieu (Rm 8,29), s'inaugure àu baptême
·sans -cesse à Israël de « se prostituer en se détour- (Rm 6,3sS) et doit s'approfondir par l'imitation
nant de derrière Yahweh » (Os 1,2) et de « suivre (1 ·eo n,"1), la_ communiori' volontaire ~ans_ la
des dieux étrangers » (Jr 7,6.9;· 9,13; n,10). Prê- souffrance, au milieu de laquelle . se· déploie la
chant la conversion, ils invitent à reprendre la puissance de la 'résurrection (2 ·Co 4,10s;_ 13,4;
·route suivi~ par Israël 3:u _temps de l'EJc_ode (Os ,Ph _3,1os; cf _I P 2,21).
2,r7), à revenir dei~ère Yahweh. Avec· Jean, suivre le Christ, c'est lui accorder
sa *foi, une foi eritière, .fondée sur Sa seule parole
2. A la -suite du Christ et· non sur des signes extérieurs (Jn_ 4,42), foi qui
a) Les premiers pas. - !,; Suivez-moi», dit Jésus sait surmonter les hésitations de la sagesse humaine
à $iman et André, à Jacques et Jean, à Matthieu, (Jn ·6,2.66-69) ; ··c'est suivre l? lumière du monde
et sa parole, pleine d'autorité, arrache leur adhé- en le preriant pour guide (Jn 8,12) ; c'est se ran-
sion (Mc 1,17-20; 2,14). Devenus •disciples de ger parmi les brebis que rassembl~- en un seul
Jésus, ils vont être initiés pro'gressivement au troupeàu l'uniqUe pasteur (Jn 10,1-16).
secret ·de sa mission et au mystère de sa per- Enfin, le croyant qui suit les • Apôtres (Ac 13,
sonne. Suivre_ Jésus, en effet, ce n'est pas seule- 43) Conimence ainsi de suivre le ·Christ « partout
ment s'attacher à un enseignement moral et spi- où il va n (Ap 1:4,4;_ cf Jn 8,z'Is), en attendant
rituel, mais partager son destin. Or l_es disciples de pénétrer à sa suite « au-d_elà du voile, là où il
sont sans doute prêts à partager sa gloire : (1 Nous est entré en avant-coureur n (He 6,20). Alors .se
avons tout laissé pour te suivre ; que nous en réalisei:a la promesse de Jésus· : « Si quelqu'un
reviendra-t-il ? n (Mt 19,27) - mais. ils· doivent me ·sert, qtl'il me suive, et où je suis, là. aussi
apprendre qu'il leur faut auparavant partager ses sera _mon serviteur n (Jn 12,26). CA
ép'reuves, sa Pàssion. J éslis exige le détachement
total·: renoncement aux richesses et à la sécurité, -+ amour I NT 2 a - chemin - Croix II I - dis-
abandon des siens (Mt 8,1q-22; 10,37; 19,16-22), ciple NT 2 b ~ exemple - f!délité NT - foi NT I,
li - Jésus-Christ I 2.3 - perfection NT 3 - voca-
sans esprit de partage ni de retour (Le· ·9,61s). tion III.
Exigence à laquelle touS peuvent- .être· appelés;
mais tous n'y rép-émdent pas, tel le· jeune hom111e SUPPLŒR ~ genou 2 - prière II 3, V 2 a c.
riche (Mt 19,22ss). SURVŒ-+ âme II 2.3 - mort - Résurrection.
, b) Jusqu'au sact'ifite. ____,_ 'Ayant ainsi renoncé
aux biens et aux attachements du monde, le dis- SYMBOLE~ anges AT 2 -_animaux O - Anti-
ciple _apprend qu'H doit. suivre Jéstis, jusqu'à ta· chri'st AT I ·_ figure ~ mystère - nombres - para-
•c_r0:ix. (1 Si quelqu'un veut me suivre,· qu'il se bole I· I . - Révélation AT I 2, II 2 -:- signe.
renonce à ·soi-même, ·prenne sa croix et me suive -n SYNAGOGUE-,. Égli,e 1 - Juff II.
{Mt 16,24 p). En exigeant, de ses discipl~ un tel

1259 1260
T
Dn 13,34-41}. Dès le Décalogue, le faux témoi-
gnage est interdit sévèrement (Dt 5,20) ; le Deu-
téronome le sanctionne suivant le principe du
TABLES DE LA LOI-+ Alliance AT I 3 - arche talion (Dt 19,18s) ; l'enseignement des sages le
livre II - Loi B - témoignage
<l'Alliance 0, II - stigmatise (Pr 14,5.25; 19,5.9; 21,28; 24,28; 25,18),
AT Il 2. car c'est une chose que Dieu abomine (Pr
TABOR --+ montagne I 3. 6,19).
TALION--+ ennemi II 3 - pardon III - vengeance
2.4 - violence Ill 1, IV 3.
Il. LE TÉMOIGNAGE DE DIEU

r. Dieu est témoin. - Au-dessus du témoignage


des hommes, il y a celui de Dieu, que nul ne sau-
rait contredire. Lors du mariage, il est témoin
TÉMOIGNAGE entre l'homme et la femme de sa jeunesse (Ml 2,
14). De même, il est garant des engagements
AT humains contractés devant lui (Gn 31,53s; Jr 42,
5). Il peut être pris à témoin dans une affirmation
I. LE TÉMOIGNAGE DES HOMMES solennelle (1 S 12,5; 20, 12). Il est le témoin suprême
à qui l'on peut faire appel pour réfuter les faux
Témoigner, c'est attester la réalité d'un fait, en témoignages des hommes (Jb 16,7s.19).
donnant à son affirmation toute la solennité qu'exi-
gent les circonstances. Un "'procès, une contesta- 2. Le témoignage de Dieu dans la Loi et pa,- les
tion. sont le cadre naturel du témoignage. Certains prophètes. ~ Cependant le témoignage de Dieu
objets peuvent remplir cet office en vertu d'une s'entend surtout en un autre sens, étroitement
convention : ainsi le cairn de Galaad, pour le lié à la doctrine de la *Parole. En premier lieu,
traité entre Jacob et Laban (Gn 31,45-52}, et les Dieu se rend témoignage à lui-même, lorsqu'il
gages reçus par Tamar, lorsqu'elle est accusée révèle à Moïse le sens de son •Nom (Ex 3,14) ou
d'inconduite (38,18.25). Mais c'est surtout du lorsqu'il atteste qu'il est le Dieu unique (Ex 20,
témoignage des hommes que la Bible s'occupe, 2s). Témoignage fait sous •serment (Is 45,21-24),
en soulignant sa gravité. La Loi en règle l'usage : qui fonde le monothéisme d'Israël. Mais Dieu
point de condamnation possible sans déposition témoigne aussi des commandements que renferme
de témoins (Nb 5,13); pour prévenir l'erreur ou la *Loi (2 R 17,13; Ps 19,8; 78,5.56; II9, passim).
la malveillance, on exige qu'il y en ait au moins C'est pour cela que les tables de la Loi sont appe-
deux (Nb 35,30; Dt 17,6; 19,15; cf Mt 18,16); lées le Témoignage (Ex 25,16 ... ; 31,18); placées
dans les causes capitales, portant la responsa- dans l'*arche d'alliance, elles font d'elle l'Arche
bilité de la condamnation, ils doivent être les du Témoignage (25,22;40,3,5.21s), et le Taber-
premiers à l'exécuter (Dt 17,7; cf Ac 7,58). Or nacle devient la Demeure du Témoignage (38,
le •mensonge peut se glisser dans cet acte où 21; Nb 1,50-53). Il y a enfin un témoignage divin
l'homme engage sa *parole : les psalmistes se dont les prophètes sont porteurs. Il s'agit là d'une
plaignent des faux témoignages qui les accablent attestation solennelle (cf Is 43,rn LXX), qui a
(Ps 27,12; 35,u), et l'on connaît des procès tra- pour cadre le *procès intenté par Dieu à son
giques où ils ont le rôle essentiel (1 R 21,10-13; peuple infidèle (cf Ps 50,7). Témoin à qui rien
TÉMOIGNAGE TÉMOIGNAGE

n'échappe, Dieu dénonce tous les péchés d'Is~ qui nous encouragent à la ferveur ; non seulement
raël (Jr 29,23) ; il se fait témoin à charge (Mi r, les vivants (r Tm 6,12), mais ceux qui nous ont
2; Am 3,13; Ml 3,5) pour obtenir la conversion précédés dans la foi (He 12,1ss). Dieu même est
des pécheurs. le premier de ces témoins : il accorde bon témoi-
gnage aux saints de l'AT (Ac 13,22; He n,2.4s.
III. LES TÉMOINS DE DIEU 39) comme aux récents convertis venus du paga-
nisme (Ac 15,8).
Comme dans les pactes humains, les engage-
ments d'Israël envers Dieu sont attestés par des
objets-,.signes, qui témoignent contre le peuple en Il. LE TÉMOIGNAGE DE JÉSUS
cas d'infidélité : ainsi le livre de la Loi (Dt 31,
26) et le cantique de Moïse (Dt 31,r9ss). Le ciel C'est autour de Jésus que se noue maintenant
et la terre même pourraient porter ce témoignage le problème du témoignage, au sens qu'il avait
(Dt 4,26; 31,28). Il y a cependant une mission dans la Loi et dans la prédication prophétique.
de témoin que seuls les hommes peuvent remplir. Jésus est le Témoin fidèle par excellence (Ap r,
Encore faut-il que Dieu les y appelle. C'est le cas 5; 3,14); il est venu dans le monde pour rendre
des •prophètes. C'est aussi le cas de David, que témoignage à la vérité (Jn 18,37). Il témoigne de
Dieu a établi comme témoin ,.fidèle (Ps 89,37s; ce qu'il a ,.vu et entendu auprès du Père (3,n.
cf I S 12,5), témoin pour les •nations (Is 55,4). 32s) ; il témoigne contre le *monde mauvais (7,
C'est le cas du peuple d'Israël tout entier : il est 7), et il témoigne de ce qu'il est lui-même (8,13s).
chargé ici-bas de témoigner pour Dieu devant les Sa •confession devant Pilate est un témoignage
autres peuples, d'attester que lui seul est Dieu suprême (1 Tm 6,r3) qui rend manifeste Je plan
(Is 43,rnss; 44,8), contrairement aux idoles qui divin du salut (2,6). Or ce témoignage, repoussé
ne peuvent produire de témoins en leur faveur par le *monde incrédule (Jn 3,u; 8,13), possède
(43,9). Les infidélités d'Israël à cette vocation juridiquement une valeur incontestable, parce que
de peuple-témoin ne suppriment pas la raison d'autres témoignages l'appuient témoignage de
d'être de sa mise à part ; il doit même trouver Jean-Baptiste, qui résume toute sa mission (1,
en cette vocation une source de confiance (44,8). 6ss. 15. 19; 3,26ss; 5,33~36); témoignage des *œuvres,
accomplies par Jésus sur l'ordre du Père (5,36; ro,
NT 25) ; témoignage du Père -lui~même (5,3Is.37s; 8,
16ss), manifesté en clair par celui des ,.Écritures
1. Du TÉMOIGNAGE DES HOMMES {5,39; cf He 7,8.17; Ac rn,43; r P r,II), et qui
AU TÉMOIGNAGE DE Drnu doit être reçu si l'on ne veut pas faire de Dieu
un menteur (1 Jn 5,9ss). A tout cela s'ajoute,
Comme l'AT, le NT condamne le faux témoi- dans l'expérience chrétienne, le témoignage de
gnage, dont on trouve encore des exempl~s dans l'*eau baptismale et du *sang eucharistique, qui
les procès de Jésus (Mt 26,59-65 p) et d'Etienne attestent dans leur langage de signes la même
(Ac 6,nss), Pour sa discipline intérieure, la com- chose qu'atteste en nous !'Esprit-Saint (r Jn 5,
munauté chrétienne reprend la règle des deux ou 6ss). Car !'Esprit qui nous est donné rend témoi-
trois témoins formulée par le Deutéronome (Mt gnage à Jésus (Jn 15,26) et il témoigne aussi que
18,16; 2 Co 13,r; r Tm 5,19). Mais la notion de nous sommes :fils de Dieu (Rm 8,16). Tel est le
témoignage s'élargit surtout dans une direction faisceau des témoignages qui corroborent celui
moins juridique : à l'homme bon, ceux qui le de Jésus. En les accueillant, on se rend docile
connaissent rendent un bon témoignage. Ainsi les au témoignage de Jésus et l'on entre dans la vie
Juifs à l'égard de Jésus (Le 4,22), de Corneille de foi.
(Ac I0,22), d'Ananic (22,r2); la communauté
chrétienne à l'égard des premiers diacres (6,3), de
Timothée (16,2), de Démétrios (3 Jn rz; cf 3.6), Ill. LES TÉMOINS DE JÉSUS
de Paul lui-même (1 Th 2,rn) ; et Paul, de son
côté, à l'égard des églises de Corinthe (2 Co 8, I. Le témoignage apostolique. - Pour parvenir
3) et de Galatie (Ga 4,15). Ici, le témoignage aux hommes, le témoignage prend une forme con~
prend nettement une valeur religieuse. Notre vie crète : la *prédication de !'*Évangile (Mt 24,14).
chrétienne ne fait pas de nous des isolés. Elle se C'est pour porter celle-ci au monde entier que bs
déroule en présence d'une multitude de témoins, •Apôtres sont constitués témoins de Jésus (Ac 1,

1263
TÉMOIGNAGE TEMPLE

8) : ils devront attester solennellement devant les tion - prêcher II 2 a - procès schisme AT 2 ;
hommes tous les faits survenus depuis le baptême NT 2 - serment.
de Jean jusqu'à l'ascension de Jésus, et spéciale•
TEMPÉRANCE --+ ivresse - vin.
ment la "Résurrection qui a consacré sa seigneurie
(r,22; 2,32; etc.). La mission de Paul se définit
dans les mêmes termes : sur le chemin de Damas,
il a été constitué témoin du Christ devant tous
les hommes (22,r5; 26,16}; en terre païenne, il TEMPLE
atteste partout la résurrection de Jésus (1 Co
15,15), et la foi naît dans les communautés pa.r Dans toutes les religions, le temple est le lieu
l'acceptation de ce témoignage (2 Th 1,10; I Co sacré où la divinité est censée se rendre présente
1,6). Même identification de l'Évangile et <lu aux hommes, pour recevoir leur •culte et les faire
témoignage dans les écrits johanniques. Le récit participer à ses faveurs et à sa vie, Sans doute,
évangélique est une attestation donnée par un sa résidence ordinaire n'appartient-elle pas à ce
témoin oculaire (Jn 19,35; 21,24) ; mais, inspiré monde-ci; mais le temple s'identifie en quelque
par l'Esprit (Jn 16,13), le témoignage porte aussi sorte avec elle, si bien que grâce à lui l'homme
sur le •mystère que les faits recèlent le mystère entre en communication avec le monde des dieux.
du Verbe de vie venu dans la chair (1 Jn 1,2; Ce symbolisme fondamental se retrouve dans l'AT,
4,14). Les croyants qui ont accepté ce témoignage où le temple de Jérusalem est le *signe de la *pré-
apostolique po"ssèdent désormais en eux le témoi- sence de Dieu parmi les hommes. ?.lais il ne s'agit
gnage même de Jésus, qui est la prophétie des que d'un signe provisoire auquel se substituera,
temps nouveaux (Ap 12,17; 19,10). C'est pourquoi dans le NT, un signe d'une autre sorte : le Corps
les témoins chargés de le transmettre reprennent du Christ et son Église.
les traits des •prophètes de jadis (n,3-7).
AT
2. Du témoignage au martyre.~ Le rôle des témoins
de Jésus est encore davantage mis en évidence ] . LE TEMPLE DE JÉRUSALEM

quand ils ont à rendre témoignage devant les


autorités et les tribunaux, suivant la perspective I. L'ancien sanctuaire d'Israël. - Les Hébreux de
que Jésus ouvrait déjà aux Douze (Mc IJ,9; Mt l'époque patriarcale ne connaissaient pas de temple,
10,18; Le 21,13s). Alors l'attestation prend une bien qu'ils eussent des lieux sacrés, où ils r! invo-
allure solennelle, mais elle prélude souvent à la quaient le nom de Yahweh», tels Béthel (= Mai-
•souffrance. Si en effet les croyants sont •persé- son de Dieu : Gn 12,8; 28,17s), Bersabée (Gn 26,
cutés, c'es~ « à cause du témoignage de Jésus " 25), Sichem (Gn 33,18ss). Le Sinaï de l'Exode
(Ap 1,9). Etienne, le premier, a scellé son témoi- est encore un lieu de ce genre, consacré par une
gnage par son sang versé (Ac 22,20}. Le même manifestation de Dieu (Ex 3; 19,20). Mais par la
sort attend ici-bas les témoins de l'Évangile (Ap suite, Israël possède un sanctuaire portatif grâce
Ir,7} : combien seront égorgés II pour le témoi- auquel Dieu peut résider en permanence au milieu
gnage de Jésus et la Parole de Dieu » (6,9; I7, du peuple qu'il conduit à travers le désert. Le
6) 1 "'Babylone, la puissance ennemie acharnée Tabernacle, dont Ex 26-27 donne une descrip-
contre la Cité céleste, se soûlera du sang de ces tion idéalisée, partiellement inspirée du futur
témoins, de ces martyrs (17,6). Mais elle n'aura Temple, est le lieu de rencontre du peuple avec
la victoire qu'en apparence. En réalité, c'est eux Dieu (Nb 1,1; 7,89 ... ). Dieu y réside entre les ché-
qui, avec le Christ, auront vaincu le *Diable, rubins, au-dessus du propitiatoire qui recouvre
" par le sang de l' Agneau et la parole de leur l'*arche d'alliance. Il y rend ses oracles, d'où le
témoignage» (12,11). Le *martyre, c'est le témoi- nom de« Tente du Témoignage» donné au Taber-
gnage de la foi consacré par le témoignage du nacle (Ex 38,21; cf 25,22; 26,33). Sa présence y est
sang. MP & PG à la fois sensible et voilée : derrière la •nuée (Ex
33,7-11; 40,36ss) se dérobe sa •gloire lumineuse
-+ amen - Apôtres - apparitions du Christ 7 -
(Nb 14,IO; 16,19). Ainsi le souvenir de l'alliance
arche d'Alliance II - autel I - confession O; AT I ; sinaitique s'entretient-il dans un sanctuaire cen-
NT I - Esprit de Dieu AT II - exemple - Jean- tral pour l'ensemble de la confédération israélite.
Baptiste - livre II - martyr - mensonge I I - Après l'installation de celle-ci en Canaan, le sanc-
mission - monde NT III 2 - Paraclet 2 - persécu- tuaire commun des tribus se fixe successivement

I266
TEMPLE TEMPLE
à Gilgal, à.Sichem (Jos 8,30-3s;_24,1-28), à Silo 4. Le· r6le du .temple dans le ·peuple de Dieu. -
(i: S i:-4), gardant de son origine une allure Désormais, sans rendre encore taducs- .tous -les
archaïque qui le distingue n_ettement des lieµx de autres sanctuaires, .le Temple de Jérusalem sera
culte cananéens, généralement marqués par des le centre du.·culte de Yahweh. On y vient en
temples bâtis en pierre : le .Dieu du Sinaï ne se •pèlerinage de tout le· pays ·it pour contempler la
mêle pas à la civilisation païenne de Canaan. •face de Dieu » (Ps 42,3), et il est pOut les fidèles
l'objet d'un a:moù.r touchant (cf Ps 84; 122).· Sans
z. LB projet de David. - C'est ce sanctuaire con- doute sait,-on qùe la résidence divine ·est 1l dans
fédéral qùe Dayid installe à •Jérusalem après le *ciel' 1) {Ps: 2,4; 103,19; n5,3; etc.)'; mais le
avoir libéré l~arche des mains des_ Philistins (2 S temple ··est comme unè réplique de son, palais
6) ; la capitale politique· qu'il vient de conquérir céleste (cf Ex 25,40), qu'il rend en quelque sorte
sera ainsi également le centre religieux du peuple présent ici-bas. Aussi le culte qui s'y déroule
de· Yahweh. Alors, de même .qu'il a ·entrepris possède-t.:.il une valeur officielle : c'est par lui que
d'organisèr sa monarchie à la façon des royaumes rois et peuple accoinplissent · le service du Dieu
contemporains - sans. toutefdis·:perdre de vue. le national. ·
,caractère propre d'Israël - , il songe aussi à
moderniser le lieu de culte trad.itil;mnel : après
s'être construit un palais, il rêve _d'édifier un Il. Du •'TEMPLE DE PIERRE AU TEMPLE SP[RITUEL
temple à Yahweh (2 S 7,1-3). Dieu. s'y ·oppose :
ce n'est· pas David qui bâtira à Yahweh une 1. Ambigùité du signe du temple. - A l'époque
•maison (= un temple), c'est Yahweh qui lui en royale, tout en jouant ce rôle essentiel dans le
bàtira: une·(= ·une dyJ?,astie) (2 S ,-,4-17). ·cette culte'd'Israël, le signe du-temple n'est c·ependant
réaction s'explique doublement. Pour le peuple pas dénué 'd'ambiguïté. Pour des hommes.·au sens
de l'alliance, le sanctuaire idéal demeure le taber- ;religieux Superficiel, les cérémonies qui s•y dérou..;
nacle du passé, qui rappelle explicitement le séjour lent tendent à devenir des gestes vides. En outre,
au désert (2 S 7,6s). En outre, le culte authen- l'attachement qu'ils ont envers 'lui risque de tour-
tique du Dieu unique ne s'accommode pas d'une ner à la confiance Superstitieuse ..On dira : « Temple
copie servile des _cultes païens, dont les temples de Yahweh! Temple de Yahweh!» (Jr 7,4), ~mme
prétendent à une so_rte de _mainmise sur la divi- . si Dieu se devait de le défendre à tout .prix, même
nité (ainsi les 'ziggourat babyloniennes, cf Gn. x_x, si le peuple qui le fréquente ne pratique pas la
1~9) et sont souillés par_des prà.tiques idolâtriques, •Loi. Y:,s déviations expliquent- l'attitude nuancée
magiques _ou immor~les. des prophètes. à-l'égard du Temple. Certes, c'est
là que Yahweh se révèle à Isaïe ,dans sa vision
inaugurale (Is 6), et le même prophète annonce
3. La .Yéalisation de Salomon. - Cependant, dès que ce lieu ne saurait être détruit par. l'impie
le règne de Salomon, le projet de David_se réalise Sennachérib (Is 37,16-20.33ss). MaiS à l'envi, Isaïe,
sans qu'aucune opposition prophétique se mani- Jérémie, Ézéchiel, dénoncent le caractère super-
feste (1 R 5,15-7,51). La religion de Yahweh ficiel du *culte qui s'y dér0:ule (Is 1,n-17;, Jr 6,
est assez forte pour s'enrichir des éléments que 20; 7,9ss), voire même des pratiques idolâ.triques
lui offre la culture cananéenne sans être infidèle qui s'y introdtiisent (Ez 8,7-18).-Finalement, ils
à .la tradition du Sinaï. Celle-ci s'affirme d'ailleurs envisagent l'abandon par Yahweh de cette de-
avec force dans le Temple·: l'arche d'alliance eil meure qu'il avait choisie, .-et ils en annoncent la
est le centre (8,1-9), et le sanctuaire de Jérusalem destruction, en, punition du péché pational (Mi
prolonge ainsi l'ancie~ lieu de culte central des 3,12; Jr 7,12-15; Ez 9-IO). Le caractère authen-
tribus. D'ailleurs, en y manifestant sa *gloire au _tique du .culte d'Israël impo_rte en effet plus que
sein de la -*nuée (8,10-13), Dieu signifie visible- le signe ,matériel auquel Yahweh avait pour un
ment qu'il agrée ce. Temple comme la *demeure temps lié sa présence.
où il « fait habiter son •Nom» (8,16-21) .. Certes
il n'est pas lui-même lié à ce signe sensible de sa 2. Du premier au second temple. - Effectivement,
présence : les cieux ne ,sauraient le contenir, à-plus le temple de Jérusalem participe aux vicissitudes
forte raison une maisoll' terrestre (8,27) ! Mais du destin national. Des tentatives de réforme reli-
polrr permettre à son peuple de le rencontrer ·de gieuse en font tout d'abord grandir l'importance :
façon sûre, -il a choisi cette demeure dont il a dit : sous Ézéchias (2 R 18·,4; 2 Ch 29--31), sous Josias
u Mon Nom est là » (8,29). surtout, qrii réalise à son profit l'unité de Sane-

1267 1268
TEMPLE TEMPLE

tuaire (2 R 23,4-27). Mais finalement, les menaces les prières de ses fidèles en quelque lieu qu'elles
prophétiques se réalisent (25,8-17) : la gloire de soient prononcées (cf Tb 3,16). L'existence d'un
Yahweh a abandonné sa demeure profanée (cf tel courant explique que, peu avant la venue du
Ez 10,4.18). Es:t-ce la fin du signe du temple ? Christ, la secte essénienne puisse rompre avec · le
Non point,. car les oracles eschatologiques. des culte d'un temple qu'elle estime souillé par un
prophètes lui ont donné une place iniportante sacerdoce illégitime, .et ·se considérer elle-même
dans leurs tableaux de l'avenir. Isaïe a vu en lui comme un temple spirituel où Dieu reçoit une
le futur centrC religieux -de l'humanité_ entière, adoration digne de lui.. C'est l'époque où les apo-
réconciliée dans le culte. du vrai _Dieu (Is 2,.1-4). calypses apocryphes décrivent, dans le· *ciel, ce
Ézéchiel· a minutieu&ement pr~vu sa reconstruc- temple qui n'est pas fait de main d'homme :
tion, à l'heure de la regtaur_ation nation.ale (Ez c'est là que Dieu réside; le temple d'ici-bas n'en
40--48). Aµssi le premier soin <1es Juifs rapatriés, est que l'image imparfaite (cf Sg 9,8), et c'est lui
au terme de l'exil, est-il. de Je_ rebâtir, avec !'.en- qui au _terme des temps apparaîtra ici-bas pour
couragement .des prophètes Aggée et Zacharie être la demeure divine dans le« •monde à venir ij,

(Esd 3-6), ~t_ de nouveaux . oracles chantent sa


gloire à venir (Ag 2,1'."9; Is 6o,7-11). E;n ce second NT
temple, le culte reprend donc comme par le passé :
le temple est le centre du judaïsme, revenu main- 1. JÉSUS-CHRIST, NOUVEAU TEMPLE
tenant à .sa stq1cture théocratique des origines;
il est de nouveau le signe de la présence divine 1 ." Jésus et le temple ancfen. - Jésus, comme les
parmi les hommes ; on s'y . rend en pèlerinage, prophètes, professe pour le temple ancien le plus
et le Siracide célèbre avec des accents enthou- profond respect. Il y est présenté par Marie (Le
siastes la splendeur de ses cérémonies (Si 50,5-21). 2,22-39), Il s'y rend pour les solennités, comme à
Aussi quand le roi Antiochos le profane et y ins- un lieu de rencontre avec son. Père (Le 2,41-50;
talle un culte païen, les Juifs se i;;oulèvent pour Jn 2,14; etc.). Il en approuve les pratiques cul~
le défendre, et le premier but de leur. gµerre tuelles, tout en condamnant le formalisme qui
sainte est de le purifier pour y reprendre le_ culte risque de ·les vicier (Mt 5,23s; 12,3-7 p; 23,16-22).
traditionnel {I M 4,36-43). Encore quelques Le temple est pour lui la •maison de Dieu, une
décades, et Hérode le Grand le reconstruira avec maison de prière, la maison de son Père, et il
magnificence. Mais plus importante que cette s'indigne qu'on en fasse un lieu de trafic-; ·aussi,
splendeur extérieure est la. •piété sincère qui se dans un geste prophétique, en chasse-t-il les mar-
donne .libre cours en ses cérémonies. chands de •colombes pour le purifier· (Mt 21,12-
17 p;· Jn 2,16ss; .cf·Is 56,7; Jr 7,11). Et cependant.
3. Vers le temple spirituel. - Malgré cet attache- il annonce la ruine du splendide édifice, dont il ne
ment au temple de pierre, un nouveau courant. de restera pas pierre sur pierre (Mt 23,38s; 24,2 p).
pensée a commencé de s'affirmer depuis la fin_ de Au cours de son procès, on· lui reprochera mêrriè
l'époque prophétique. Les menaces de Jérémie d'avoir déclaré qu'il détruirait ce sanctuaire fait
contre le. :temple_(Jr 7), puis la destruction de l'édi- de main d'homme, et qu'en trois jours il en.rebâ-
fice -et surtout l'expérience de. l'exil, ont contribué tirait un autre non fait de main d'hbmme (Mc 14,
à mettre en ·évidence· la, nécessité d'un .*culte plus 58 ·p), et le même grief est repris injuljeusement
spirituel, correspondant aux exigences de la. (1 reli- tandis qu'il agç,nise sur la croix (Mt 27,39s p).
gion du •cœur » prônée par le Deutéronome et Mais il s'agit ici d'une. parole mystérieuse dont
Jérémie (Dt 6,4ss; Jr 31,31 ...). En terre d'exil, l'avenir seul expliquera le. sens. En attendant,
on réalise mieux que Dieu est ._présent partout où au moment de son dernier soupir, le déchirement
il règne, partout où il est adoré (Ez 11,16) : sa du voile du Saint des Saints .montre que l'ancien
gloire ne s'est-elle pas manifestée . à Ézéchie~ en sanctuaire pérd son caractère sacré : Je temple
Babylonie (Ez 1) ? Aussi, au terme de l'exil, juif a fini de remplir sa fonction· de signe de la
voit-o~ certaiJ:).s prophètes mettr_e les Juifs en présence divine.
·garde con,tre un attachem_ent e~cessif au temple
de pierre (Is 66,1s). Comme si le culte spirituel 2. Le remple nouveau. - En effet; cette fonction
requ1s par Dieu - celui des *pauvres et des. cœurs est désormais remplie par un autre signe, qui est
contrits (66,2) - s'._accommodait, mieux d'une le •corps même de Jésus. L'évangile de saint Jean
•présence spirituelle de Dieu, défachée des s_ignes place dans le contexte de· la purification au temple
sensibles. Yahweh ~ide au ciel, et de là il entend la parole mystérieuse sur le sanctuaire détruit et

1269 1270
TEMPLE TEMPLE
rebàti en trois jours (Jn 2,19). Mais il ajoute : 1s; 1:2,27) et son ·_corps est le temple de l'Esprit
c Il parlait du sanctuaire de son corps ,, et ses Saint (1 Co 6,19; cf Rm· 8,n). Les deux affirma-
disciples, .après sa résurrection, le comprirent (2, tions sont liées : puisque le corps ~suscité de
21s); Voici donc -le temple nouveau et définitif, Jésus, en qui habite ·corporellement ·_la ,divinité
qui n'est pas fait de ma.in d'homme, celui où le (Col 2,9); est _le· temple de Dieu par excellence,
Verbe de Dieu établit sa. demeure parmi les
hommes (1,14) comme autre1ois dans le taber•
les chrétiens membres de ce corps,· sont avec lui
le temple spirituel ; dans la foi· et la charité, ils
na.cle d'Israël. Cependant, pour que le temple de doivent coopérer à son accroissement (Ep 4,1.16),
pierre soit déchu,• il fa.ut que ·Jésus lui-même Ainsi le Christ est la •pierre vivante, 'rejetée par
meure et ressuscite : le Temple de son corps sera les honimes mais choisie par Dieu. LeS fidèles,
détruit e"t; rebâti; c'est la volonté de son Père pierres 'vivintes eux aussi_; constituent avec lui
(Io,17s; x7,4s). ·Après sa •résurrection, ce corps, un édifice spiritu'el, pour un •sacerdoce saint, en
signe de la présence divine ici-bas, connaîtra un vuè d'offrir d~ •sacri:fi.c,es spirituels (1 P 2,4s; cf
nouvel état transfiguré· qui lui- permettra· de se Rm 12,1). Voilà le temple définitif ,qui n'est pas
rendre présent à tous les lieux et tous les siècles fait de main· d'homm.e : c'est l'Église, corps· du
dans la célébration •eucharistique. Alors, le temple Christ, lieu de la rericontre · entre Dieu et les
ancien n'aura plus qu'à disparaître, et la destruc• hommes, signe de la fUésence. divine· ici-bas. De
tion de Jérusalem en 70 viendra signifier de façon ce temple-là, l'ancien sanctuaire n'éta.it. donc
décisive que son rôle est désormais terminé. qu'une *figure, suggestive mais imparfaite, pro·
visoire et maintenant dépassée;
Il. L'ÉGLISE, TEMPLE SPIRITUEL
Ill. LE TEMPLÈ CÉLESTE
1. Les chrAUens et le templn· juif.. - Dorant la
période -de transition qui suit la Pentecôte, les 1. L'épitre aux· Hébrsux. - Cepetidant, le' 'NT
Apôtres et les :fidèles qui croient à la Pa_role con• exploite aussi dans ulle autre direction le symbo-
tinuent de f~uenter le temple de Jérusalem (Ac lisme de l'ancien temple. Déjà le judaïsme y
:2,46; 3,1.u; :21,26). En effet, tant que le judaïsme, voyait la réplique humaine de 1a résidence_ ~~te
en ses chefs et dans sa masse, n'a pas rejeté de'Dieu, de celle que·tes apocalypses se plaisaient
l'Évangile, l'~cien lien de· culte n'a pas perdu à· décrire à partir du temple. C'est dans ce cadre
tout lien aVec le culte nouveau inauguré par Jésus; que l'épttre aux Hébreux décrit te· •sacrifice du
le peuple juif, en se, convertissant, pourrait jouer Christ-Prêtre, réalisé par sa mort, sa résurrection
un rôle dans la conversion du monde entier. On et son ascension. A l'issue de sa vie terrestre, il a
observe cependant des symptômes_ de · rupture. pénétré dans le sanctuaire du ciel, non ·avec le
Étienne dans son apologie du culte. spii:ituel, sang des victimes animales comme dans le culte
fait ~sentir _la déchéance du sanctuaire fait de :figuratif, mais avec son propre •sang (He 9,U·
main d'homme ·(Ac 7,48ss), et ces paroles sont 14.24)'. Il y est entré en avant-coureur pour -nous
regardées comme·un blasphème qui lui vaut d'être donner accès allprès de Dieu .(4,14; · I0,19s): Unis
mis à mort. Encore quelques années, d'ailleurs, et à ce ·Prêtre uniqùe, nous pourrons donc jouir à
la ruine de Jérusalem précipitera le durcissement riotre tour de la *présence divine, dans ce' -Saint
du judaïsme ·et le temple sera détruit. des Saints où Dieu demeure, et déjà nous ·y avons
accès par la foi (6,rgs).
2. Le temple. spirituel. - Mais avant cela, les
chrétiens auront pris conscience qu'ils constituent 2. L'Aj,ocalypse de saint Jean. ~ Dans l'Apoca.--
eux-mêmes le nouveau temple, le temple spirituel, lypse, l'image· du temple céleste: recoupe celle du
en prolongement du corps du Christ. Tel est l'en• temple terrestre-qu'est l'Église. Il y a ici-bas un
seignement explicite _de Paul.: l'*Église est le temple; où les fidèles rendent leur. culte à Dieu :
temI)le de Dieu, édifié sur le Christ, fondement, les païens en foulent les parvis extérieurs, image.
•tête et •pierre angulaire (1 Co 3,10-17; 2 Co 6,16ss; de la *persécution qui s'acharne contre_ l'Église
Ep 2,2oss) ; temple· insigne où Juifs et païens (Ap n,rs). Mais il y a aussi là-haut un ·t~mple
ont accès sans distinction auprès du Père en un où ·trône l'* Agneau immolé et où se· célèbre une
même Esprit (Ep 2,14•22). liturgie de prière _et de louange (5;6-14; 7,15).: Or,
Chaque· chrétien est lui-même temple de Dieu ati terme des temps, cette dualité n'existera plus.
en tant que membre du Corps du Christ (1 Co 6, En· effet, quand la Jérusalem ·céleste descendra

1272
TEMPLE TEMPS
ici-bas, fiancée de l'Agneau parée pour les noces qui est de l'ordre du mythe. D'un couple divin
éternelles, il n'y aura plus·besoin en elle de temple: primitif, Apsu et Tiamat, étaient sorties des généa•
son temple, ce sera Pieu lui"'.même, et l' Agneau logies successives ; une lutte avait mis les dieux
(:u,22). Les . :fidèles atteindront alors Dieu sans aux prises entre eux; l'apparition du monde et
avoir ·besoin d'aucun signe; ou plutôt, ils le .des hommes était ·le résultat final de cètte lutte.
•verront fac~ à fac!?' pour particip_er pleinement Ainsi les dieux sont englobés dans· une même
à sa.,vie. FA genèse avec le cosmos entier, comme s'ils n'étaient
eux-mêmes qu'irnparfaitement soustraits à la caté•
--+ Alliance A'Î'-I 3, II 1 - arche d'Alliance - autel gorie du temps.
2 - ·colombe 1 - Corps du Christ I 3, III 3 - culte - Au contraire, dans la Genèse biblique; la trans-
Da:vid 2.3 - demeurer II 1 - eau III - édifier - cendance de Dieu s'affirme de façon radicale :
Église II 2, V - Esprit de Dieu NT V 4. - expia- « Au commencement, Dieu créa: .. » (Gn ·1,1) ;
titiri 2 - Jérusalem - louange III - maison- média-
teur Il l - nom AT 4 - nuée 2 -'- pèlerin.age - «Aujour où Yahweh Dieu fit la terre et le ciel.. .. ,
pierre •4 - porte AT II - présence de Dieu AT III I ; (2,4). Il n'y a point de temps primordial où ·se
KT I, II - prophète NT II 2 - sacerdoce AT I 3.4, déroulerait Une histoire divine, car les grandes
III 1 - sacrifice AT I 1 - saint NT III - tête 1.4. images du combat cosmique où Dieu affronte les
forces du chaos (Ps 74,13s; 89,II) n'évoquent
pas son histoire à lui, mais celle du monde qu'il
met en ordre. L'acte créateur marque le débùt
absolu de notre temps à nous, qui est bon, conime
TEMPS tout le reste de la création ; mais à ce temps,
Dieu préexistait. Ce qui se déroulera dans le
temps, c'est son *dessein à lui, ordonnant d'abord
La
.Bible, révélation du Dieu t~ns~d.ant,
s'ouvre et se clôt. s_ur des notatio~ temporell~ :
toute la création en vue de l'homme, puis diri-
geant le destin de l'homme en vue d'une fin niys-
u· Au commencement, Dieu cr~a le ciel et la terre D térieu.se.
(Gn I, 1), « Oui, je viens bientôt n (Ap 22,20).
Ainsi Dieu n'y est pas saisi abstraitement, dans 2. Temps et éternité
son _eS$ence éternelle, comme c'est_ le cas chez a) Le •temps. - Œuvre de Dieu. le temps sert
Platon ou Aristote, mais, dans ses interventions donc de cadre à une histoire qui nous concerne.
ici~bas, qui font de l'histoire du monde une his- Cela se marque dès le récit biblique de la •créa-
toire saint_e. C'est p_our cela qùe la révélation tion. Les sept jours _de la Genèse ont sans doute
biblique· peut répondre aux questions religieuses une justification pédagogique : ils inculquent la
que la con~ience humaine, marquée par le deve- sanctification du •sabbat. Mais iJs fournissent
nir, se pose au. sujet du temps, , puisqu'elle est aussi une vision religieuse de la durée où peu à
e11e-même de structure historique. peu l'univers se complète. Dieu insère progressi-
vement ses créatures dans le temps ; peu à peu
INTRODUCTION se remplit= le cadre qui accueillera fi.nalem_ent
l'homme, dont l'apparition donnera un sens, à
I. « Au.· comme"ncement ». - La ·_Genèse évoque, tout ce qui l'avait précédée, On voit par là ·que
pour _4ébuter, l'acte créateur de_ Dieu. Cet acte le temps n'est pas une forme vide, une pure suc-
marque u_n. commencement absolu, de. sorte qu'à cession d'instants j'uxtaposés. TI est la mesure de
partir de lui _toute durée. appartient à l'ordre des la durée terrestre, telle qu'elle se présente- concrè-
choses'. crééf!s. Cette façon de ,_voir :.tranche dU toùt tement : d'abord une ·durée cosmique, polarisée
au tou_t avec la _conception du « commencement ,i par. la venue de l'homme, .puis une ·durée histo-
qu'on remarque dans les paganismes voisins, Par rique, rythmée par des- •générations, où l'huma-
e:X:emple, dans le poème babylonien de l.i. création, nité cheminera vers· sa :fin.
on voit le dieu Mardou~ établir les cadres du temps b) L'éternitJ.- - Dieu reste transcendant par
cosmique et hUillain : astres, constellations, cycles rapport à cette double durée. L'homme vit dans
de la nature.;_ alors commence le _temps astrono- le temps; Dieu, dans. l'éternité. Le· mot hébreu
mique, mesurable,_ ~ais avant cela, dans un temps '6lam, diversement traduit (siècle, éternité, mon•
pri.mordial qui est le modèle de l'autre, les dieux de ..-.), .désigne une durée qui passe la mesure
av:aient eu déjà· un,e histoire, la seule histoire humaine .: Dieu vit II pour toujours », « dans des
sacrée q~e conna~e la _pensée babylonienne et siècles de_ siècles i. Pour faire comprendre la

1273 1274
TEMPS TE~lPS

nature de cette durée dont nous n'avons pas velle lune (Si 43,6ss). L'année israélite a com-
l'expérience, la Bible l'oppose au caractère tran- mencé d'abord à l'automne, en Tisbri (Ex 23,16;
sitoire du temps cosmique ((( Mille ans sont à tes 34,22), puis au printemps, en Nisan (Ex 12,2).
yeux comme le jour d'hier une fois écoulé, comme Quant aux années, elles furent d'abord comptées
une veille de la nuit )) : Ps 90,4) et du temps d'après des événements marquants règnes (Is
humain (,1 Mes jours sont comme l'ombre qui 6,1), accidents naturels {Am I,I}. C'est à une
décline ... , mais toi Yahweh, tu trônes pour l'éter- époque tardive qu'on en vint à l'adoption d'une
nité » : Ps rn2,12s). Une méditation de ce genre ère : l'ère des Séleucides (1 M 1,10; 14,1; r6,14),
aiguise le sens de la transcendance divine, qu'on puis l'ère juive, partant de la création du monde,
voit exprimer avec netteté dans les textes tardifs. à. l'époque rabbinique.
Alors que la Genèse regardait Dieu « au commen-
cement », dans son acte créateur, les Proverbes 2. Sacralisation du temps. ~ Le temps cosmique
le coJ).templent avant le temps, « dès l'éternité », mesuré par le calendrier n'est pas une chose pure-
lorsqu'il n'avait auprès de lui que la Sagesse (Pr ment profane. Toutes les religions antiques le
8,22ss). Cette éternité confond Job {cf Jb 38,4}, et sacralisent. Elles reconnaissent aux cycles de la
le psalmiste proclame : « De l'éternité à l'éternité nature une signification sacrée parce que, pen-
tu es Dieu» (Ps 90,2). La Bible réussit donc à con- sent-elles, des puissances divines les régissent et
cilier son idée de la transcendance de Dieu avec se manifestent à travers eux. Cette sacralisation
la certitude de son intervention dans l'histoire. mythique commande l'établissement du calendrier
Elle échappe ainsi à une double tentation soit des *fêtes : celles-ci suivent le rythme des saisons
de diviniser le temps (le dieu Chronos du pan- et des mois. Une telle conception des temps sacrés
théon grec}, soit de lui refuser toute signification constitua pour Israël une tentation permanente,
en face de Dieu, comme fait l'Islam. que les prophètes ont dénoncée (Os 2, 13). :\fais en
éliminant de sou calendrier religieux toutes les
AT références aux mythes polythéistes, l'AT n'a pas
rejeté pour autant la sacralité naturelle des cycles
Deux aspects du temps se superposent dans cosmiques.
l'expérience humaine : celui que règlent les cycles Il a conservé la célébration de la nouvelle lune
de la nature (temps cosmique) et celui qui se (I S 20,5; Am 8,5; Is 1,13) et la pâque des nomades
déroule au fil des événements (temps historique}. au printemps {Ex 12). Il a respecté les usages
Dieu les gouverne également et les oriente ensemble agraires du calendrier cananéen : fêtes des Azymes
vers une même fin. au printemps, au début de la moisson des orges
(Ex 23,15; cf Dt 16,8); offrande des •prémices
(Dt 26,1} et de la première gerbe (Lv 23,rns);
!. LE TEMPS COSMIQUE fête de la moisson, dite des Semaines ou de la
Pentecôte (Ex 23,16; 34,22; Lv 23,16}, fête de la
I. 11-:fesures du temps. - Le Dieu créateur a éta- récolte à. l'automne, avec ses réjouissances de fin
bli lui-même les rythmes auxquels obéit la nature : de saison (Ex 23,16; Dt 16,13; Lv 23,34-43). Mais
l'alternance du jour et de la nuit (Gn 1,5), le à ces célébrations traditionnelles, la révélation a
mouvement des •astres qui commande l'un et peu à peu donné un contenu nouveau, qui trans~
l'autre (1,r4), le retour des saisons (8,22). Que forme leur caractère sacré ; elle en a fait les mémo-
ces cycles reviennent à intervalles réguliers, c'est riaux des grands actes de Dieu dans l'histoire. La
un signe de l'ordre qu'il a mis dans sa création •Pâque et les Azymes ont rappelé la sortie d'Égypte
(cf Si 43). Tous les peuples ont pris ces cycles (Ex 12.17.26s} et l'entrée en Canaan (Jos 5,ross};
pour base de la mesure du temps. De ce point la *Pentecôte, l'alliance au Sinaï; la fête d'au-
de vue, le calendrier juif n'a aucune originalité, tomne, Je séjour au désert (Lv 23,43). Puis des
si ce n'est l'usage de la •semaine avec son •sab- fêtes nouvelles sont venues commémorér d'autres
bat final. Pour le reste, il est fait d'emprunts, événements de l'histoire sainte (vg la Dédicace :
et il paraît avoir beaucoup varié au cours des I M 4,36-59).
âges. Dans l'AT, il oscille entre le comput solaire Au-delà de l'année, d'autres cycles plus longs
et le comput lunaire. La division de l'année en prennent place : dîmes triennales (Dt 14,28s),
douze mois correspond au cycle solaire. Mais le année sabbatique et jubilaire (Lv 25). D'une fête
mois, par son nom et ses divisions, suit le cycle à l'autre se poursuit le cycle régulier des semaines.
lunaire puisqu'il débute par la néoménie ou nou- Enfin la consécration religieuse du temps pénètre

1275 1276
TEMPS TEMPS

dans le cycle journalier, où les rituels prévoient attendons actuellement de l'histoire. Certains sont
sacrifices, offrandes et prières à heures fixes (2 R approximatifs ou schématiq~es (les 400 ans de
16,15; Ez 46,13s; Nb 28,3-8). Toute l'existence de Gn 15,13). D'autres ont une valeur symbolique
l'homme est ainsi enserrée dans un réseau de (les 365 ans de la vie d'Hénoch : Gn 5,23). Mais
rites qui la sanctifient. La place du calendrier ils n'en montrent pas moins le souci qu'ont eu
sacré dans la vie d'Israël est si importante qu'en les auteurs sacrés de montrer la révélation insérée
lui portant atteinte, le roi persécuteur Antiochus dans le temps.
Épiphane se dressera contre Dieu lui-même (Dn
2. Sacralisation du temps historique. - Dans les
7,25; I M 1,39.43.55), puisqu'à la sacralisation du
religions païennes le temps historique n'a de sacra-
temps sanctionnée par la révélation, il voudra
lité que dans la mesure où un événement particu-
substituer une sacralisation païenne.
lier reproduit l'histoire primordiale des dieux,
comme le font les cycles de la nature. Il s'agit
Il. LE TEMPS HISTORIQUE là d'une sacralité mythique. Sur ce point, la révé-
1. Cycles cosmiques et temps histot-ique. - Le temps lation biblique innove de façon radicale. Dieu s'y
cosmique est de nature ·cyclique. La pensée orien- manifeste en effet par le moyen de l'histoire sainte ;
tale ou grecque a été tellement frappée par l'in- les événements dont celle-ci est tissée sont ses
sertion de la vie humaine dans ces cycles du cos- actes ici-bas. C'est pourquoi le temps où ces évé-
mos qu'elle a fait du retour éternel des choses nements s'inscrivent a par lui-même une valeur
la loi fondamentale du temps. Sans aller jusqu'à sacrée : non point en ce qu'il répète le temps pri-
cette conclusion d'ordre métaphysique, Qohélet mordial, où Dieu a créé le monde une fois pour
a été vivement impressionné par le même fait ·: toutes; mais en ce qu'il apporte du neuf, au fur
la vie humaine est dominée par des temps iné- et à mesure que les étapes du dessein de Dieu se
luctables (« un temps pour enfanter et un temps succèdent, chacune ayant sa signification particu-
pour mourir»: Qo 3,1-8), par une répétition inces- lière. Ce qui confère un sens à tous ces points du
sante des mêmes événements (« ce qui fut, cela temps, ce n'est d'ailleurs pas le réseau des facteurs
sera, ce qui s'est fait se refera»: 1,9; 3,15). Ainsi historiques qui s'y entrecroisent ; aussi bien la
se marquent les limites de l'effort humàin, et Bible est-elle peu attentive à cet aspect des choses.
même la difficulté de percevoir l'action du gouver- C'est exclusivement l'intention divine qui les
nement divin dans le perpétuel retour des choses. oriente vers une fin mystérieuse, où le temps
l\lais ce pessimisme est l'exception, car la Bible atteindra à la fois son terme et sa plénitude.
est dominée par une autre conception du temps,
qui correspond à sa représentation de l'histoire. Ill. LE TERME DU TEMPS
L'histoire n'obéit pas à la loi de l'éternel retour.
Elle est orientée en son fond par le •dessein de r. Le commencement et la fin. - L'histoire sainte,
Dieu qui s'y déroule et s'y manifeste; elle est qui englobe toute la destinée du peuple de Dieu,
jalonnée par des événements qui ont un carac- s'inscrit entre deux termes corrélatifs un com-
tère unique et ne se répètent pas, qui se déposent mencement et une :fin. La pensée antique, quand
dans les •mémoires. Ainsi enrichie peu à peu par elle s'est représentée la perfection humaine, l'a
son expérience de la durée, l'humanité devient généralement placée aux origines, comme un âge
capable de progrès. De la sorte, le temps histo- d'or suivi d'une dégradation progressive du temps.
rique diffère qualitativement du temps cosmique, Elle a parfois envisagé une reviviscence de cet âge
qu'il assume en le transfigurant à l'image de d'or avec le retour de la Grande Année (ive Églo-
l'homme. Il a ses mesures particulières de gran- gue de Virgile), ce qui se rapportait encore à une
deur, qui sont en rapport avec la vie humaine. conception cyclique du temps.
Primitivement, Israël avait de la durée une La Bible place aussi aux origines humaines une
notion familiale : on comptait par *générations perfection primitive (Gn 2). Mais pour elle, la
(et le mot même de tôledôth désigne pratiquement perte de cet état initial n'est aucunement due à
l'histoire: Gn 2,4; 5,1; etc.). A partir de la monar- un processus naturel d.'évolution cosmique; c'est
chie, on compte par règnes. Plus tard viendront le *péché de l'homme qui a causé tout le drame.
les ères. Dans ces supputations historiques se fait Depuis lors, l'histoire est travaillée par deux mou-
jour plus d'une fois un certain goût des chiffres. vements contraires. D'un côté, on y remarque un
Cependant, faute_ de repères sûrs, les •nombres développement progressif du mal, une décadence
cités ne correspondent pas toujours à ce que nous spirituelle, qui appelle infailliblement le *juge-

1277
TEMPS TEMPS

ment de Dieu. Ainsi en fut-il dans la préhistoire, (Dn 9,2), ce« temps de la fin » (n:,40), que !'*es-
des origines au •déluge, jugement-type ; ainsi en pérance juive attend avec impatience. Elles
est-il au cours des siècles, si bien que les apoca- l'aperçoivent toujours dans un avenir proche,
lypses peuvent étendre au présent et à l'avënir succédant sans transition à la brfil.ante actualité.
cette interprétation catastrophique du temps (Dn Mais les « temps et moments n fixés par Dieu
2,7). Mais d'un autre côté, on remarque aussi demeurent son secret {cf Ac 1,7). Les spéculations
une progression vers le bien, qui prépare infailli- •numériques qu'on propose à ce sujet sont de
blement le •salut des hommes. Ainsi en fut-il l'ordre du symbole, des 70 ans de -Jérémie (Jr
déjà dans la préhistoire, quand Dieu choisissait 29,10) aux 70 semaines d'années de Daniel (Dn
Noé pour le sauver et faire alliance avec lui. 9), périodes dont la signification est corrélative
Ainsi en sera-t-il finalement, quand la perfection à celle de l'année *sabbatique et de l'année jubi•
primitive reviendra ici-bas, au terme de l'histoire Iaire (cf Is 61,2; Lv 25,10). L'annonce biblique des
sainte; non certes par un simple processus de derniers temps se distingue par là totalement des
retour automatique aux origines, mais par un acte spéculations eschatologiques auxquelles les pé-
souverain de Dieu, qui accomplira tout ensemble riodes troublées ont toujours donné lieu. Ce que
le jugement du monde pécheur et le salut des l'AT fournit, ce n'est pas une détermination ma thé·
justes. Pour arracher Israël à l'attrait du paga- matique de la date à laquelle naîtra Jésus-Christ,
nisme et de sa conception de la durée humaine, ou arrivera la fin du monde. C'est une vision en
les prophètes vont insister sur ce terme du temps profondeur de la -totalité du temps - passé, pré-
et sur les préparations morales qu'il requiert. sent et avenir - qui en décèle l'orientation secrète
et en révèle par là le sens. L'homme n'en saurait
2. Ce que set'a la fin. - Le •Jour de Yahweh, tirer aucune satisfaction pour sa curiosité inquiète,
première notion eschatologique clairement expri- mais seulement une conscience des exigences spi-
mée (Am 5,18; Is 2,12), apparaît d'abord comme rituelles que comporte le temps où il vit.
une menace constamment imminente, suspendue
au-dessus du monde pécheur. Pourtant sa date, NT
fixée dans les secrets de Dieu, reste inconnue. Les 1. JÉSUS ET LE TEMPS
prophètes parlent simplement, pour la désigner,
de la 1i fin des jours,, (Is 2,2) ; ou bien ils opposent I. Jésus vit dans le temps historique. - Avec
au « premier temps n, le passé, un « dernier temps » *Jésus est arrivée la fin vers laquelle les temps
qui fera contraste avec lui (ls 8,23). La période préparatoires étaient orientés. Cet acte ultime de
actuelle, celle du monde pécheur, sera close par Dieu s'insère de façon précise dans la durée his-
un *jugement définitif. Un âge nouveau commen- torique : Jésus naît « aux jours du roi Hérode »
cera alors, dont les textes nous donnent des des- (Mt i,1) ; la prédication de Jean commence
criptions enchanteresses : âge de justice et de u l'an 15 du règne de Tibère César » (Le 3,1);
bonheur, qui réintroduira ici-bas la perfection du Jésus « rend son beau témoignage sous Ponce
*paradis (Os 2,2oss; Is n,1--9). L'avenir sera donc Pilate » (1 Tm 6,13). Ce dernier fait étant l'évé-
sans commune mesure avec le temps présent; nement par excellence de l'histoire sainte, sur-
néanmoins, au début, les prophètes n'établis- venu·« une fois pour toutes» (Rm 6,IO; He 9,12),
saient pas de discontinuité radicale entre les deux : toutes les confessions de foi chrétiennes retiennent
les temps nouveaux, d'une durée indéfinie {Is 9, le moment où il a pris place dans le temps humain.
6), couronneraient l'histoire sans quitter le plan Jésus a d'ailleurs accepté, durant sa vie ici-bas,
où elle se déroule actuellement. Après l'exil, la les délais normaux qu'exige toute maturation
différence s'accentue progressivement entre le hum.aine (Le 2,40.52). Il a donc participé plein~-
(( siècle (ou le •monde) présent » et le « siècle à ment à notre expérience du temps. Seulement, sa
venir » : celui•ci sera inauguré par la •création conscience prophétique lui fait dominer le cours
des « nouveaux cieux » et de la 11 nouvelle terre 1) des événerilei:tts, si bien q-o.'il vit les yeux fixés
(Is 65,17) ; autrement dit, il se situera sur un plan sur la mort à laquelle il lui « faut » aboutir pour
radicalement •neuf, celui des *mystères divins, ressusciter ensuite (Mc 8,31; 9,31;· 10,33s p). C'est
dont la •révélation constitue l'objet propre des là son *heure (Jn 17,1), que l'obéissance au Père
apocalypses. lui interdit d'anticiper (Jn 2,4).

3. Quand viendra la fin. - Les apocalypses 2. Le temps de Jésus, pléni.tude des temps. - Il
regardent en effet avec passion vers ce terme est essentiel de comprendre la signification de ce

1279 1280
TEMPS TEMPS

temps de Jésus. Dès le début de sa prédication, soit du temps de la pédagogie où vivait jusque~là
celui-ci, la proclame d'ailleurs clairement t( Les l'e peuple d'Israël (Ga 3,23ss; 4,1ss). C'est le temps
temps sont *accomplis et le Royaume de Dieu de l'Église.
est proche» (Mc 1,15; cf Le 4,2I). Aussi, tout au
long de son ministère, presse-t-il ensuite ses audi- 2. Signification du temps de l' É,'glise. - Ce temps
teurs de comprendre les *signes du temps où ils de l'Église est une époque privilégiée. C'est le
vivent (Mt 16,1ss). Finalement, il pleurera sur temps de l'Esprit (Jn 16,5-15; Rm 8,15ss), le
Jérusalem qui n'a pas su reconnaître le temps où temps où l'Évangile est notifié à tous les hommes,
Dieu la *visitait (Le 19,44). Jésus couronne donc juifs ou païens, pour que tous puissent bénéficier
l'attente juive. Avec lui est arrivée 1\ la "'plénitude du salut. Situation vraiment paradoxale. D'une
des temps 1, (Ga 4,4; Ep 1,10). Il a introduit dans part, ce temps appartient à l'ordre de choses
l'histoire d'Israël cet élément définitif que la pré- définitif qu'annonçaient les Écritures : pour nous
dication de l'Évangile mettra en pleine lumière : qui y sommes entrés par le baptême, la n fin des
(< Maintenant, sans la Loi, s'est manifestée la temps n est arrivée (1 Co IO,II). Mais d'autre part,
justice de Dieu attestée par la Loi et les pro- il coexiste avec le H siècle présent " (Tt 2,12), qui
phètes " (Rm 3,21). Dans le déroulement du des- doit passer comme passera la figure de ce monde
sein de Dieu est advenu un événement en fonc- (1 Co 7,29ss). La conversion à l'Évangile de Jésus-
tion duquel tout se définit en termes d' avant »
(!
Christ représente pour tout homme un change-
et d' 1( après » : « autrefois, vous étiez sans Christ, ment d'ère : c'est un passage du « monde présent )J

étrangers aux alliances de la promesse i, (Ep 2, au « monde à venir )1, du temps ancien qui se pré~
12); « à présent, il vous a réconciliés dans son cipite vers sa ruine, au temps nouveau qui che~
corps de chair )) (Col 1,22). Le temps de Jésus mine vers son plein épanouissement. L'importance
n'est donc pas seulement au milieu de la durée <lu temps de l'Église vient de ce qu'il rend pos-
terrestre : conduisant le temps à son accomplisse- sible ce passage. Il est « le temps favorable, le
ment, il le domine tout entier. jour du salut )), mis désormais à la portée de tous
(2 Co 6,IS). Il est l' « aujourd'hui 1) de Dieu, durant
lequel chaque homme est invité à la *conversion
IJ. LE TEMPS DE L'ÉGLISE et où il est important de se rendre attentif à la
voix divine (He 3,7-4,II).
1. Prolongation de l'eschatologie. - Dans l'op- Et de même que, <lans l'AT, le dessein de salut
tique de l'AT, la fin était envisagée de façon glo- se déroulait suivant les volontés mystérieuses de
bale : le dessein de Dieu parviendrait à son terme Dieu, de même le temps de l'Église obéit, lui aussi,
en instituant à la fois ici-bas le jugement et le à un certain plan, dont quelques textes font entre-
salut. Le NT introduit une complexité à l'intérieur ;,oir l'économie. Il y aura d'abord un temps des
(!

de cette fin. Avec Jésus, l'événement décisif du païens n qui comportera deux aspects : d'une part,
temps est advenu; néanmoins il n'a pas encore <( *Jérusalem [symbole de l'ancien Israël tout
porté tous ses frui.ts. Les derniers temps sont entier] sera foulée aux pieds par les païens u
seulement inaugurés ; mais à partir de la Résur- (Le 2r,24) ; d'autre part, ces mêmes païens se
rection, ils se dilatent d'une façon que les pro- convertiront progressivement à l'Évangile (Rm
phètes et les apocalypses n'avaient pas explici- 11,25). Ensuite viendra le temps d'*Israël: alors
tement prévue. Jésus, dans les paraboles, avait à' son tour " tout Israël sera sauvé » (Rm II,26),
déjà laissé entrevoir le cheminement du •Royaume et la fin sera là. Tel est, dans son déploiement
vers une plénitude future, ce qui supposait un complet, le mystère du temps qui recouvre l'his~
certain laps de temps (Mt 13,30 ; Mc 4,26-29). toire humaine entière. Jésus, qui le domine, est
Après la Résurrection, la mission qu'il donne aux seul capable d'ouvrir le *livre aux sept sceaux
Apôtres suppose la même prolongation de l'escha- sur lequel sont inscrites les destinées du monde
tologie (Mt 28,19s; Ac 1,6ss). Finalement, la scène (Ap 5),
de l'* Ascension distingue nettement le moment où
Jésus prend place « à la *droite de Dieu • de celui 3. Sacralisation du temps de l'Église. - Le temps
où il reviendra en gloire pour consommer la réa- de l'Église est par lui-même sacré, du seul fait
lisation des "'promesses prophétiques (Ac 1,u). qu'il appartient au• monde futur"· On sait cepen~
Entre les deux se situera un temps intermédiaire, dant que, pour être effective, la sacralisation du
qualitativement différent soit du« temps de l'igno- temps par les hommes doit se marquer dans des
rance » où étaient plongés les païens (Ac 17,30), "'signes visibles : les « temps sacrés >) et les *fêtes
TEMPS TENDRESSE

religieuses, dont le retour annuel épouse- les tion des siècles, cette fin du monde : elle constitue
rythmes du temps cosmique, Déjà l' AT avait un secret connu· du Père seul (Mc 13,32 p), et il
cherché pour ces signes une nouvelle· sollrce .de n'appartient pas aux· hommes de connaître les
sacralité dans la commé~oraison des grands faits temps et les moments qu'il, a fixés de sa propre
de l'histoire sainte. Depuis la venue de Jésus ici- autorité (Ac 1,7). L'Église naissante, dans son
bas, ces faits eux-mêmes n'ont plus qu'une valeur ardente espérance de· la parousie du Seigneur, a
de *figures, puisque l'événement du salut s'est vécu dans'l'impression constante de sa proximité :
inséré dans ·le temps historique. C'est -donc· cet « Le temps-est court» (1 ·Co 7,29); « le salut est
'événement unique que l'Église actualise mainte- maintenant plus proche. de nous que_ lorsque nous
nant dans· les _cycles de son calendrier liturgique, sommes venus à· la foi, la *nuit s'avance, le *jour
afin. de sanctifier le temps humain,· Chaque di- est ·proche )) (Rm 13,us). 'L'impression était si
manche, *Jour dti.' Seigneur (Ap 1,10; Ac· 20,7; forte que, tout en employant ée langage, Paul a
1 Co 16,2), devient dans le cadre de la *semaine dû· mettre les- The"ssalonièiens en garde contre
une célébration de la résurrection de Jésus. La tout calcul précis de la date fatidique (2 Th 2,
célébration prend un caractère plus solennel 1ss). C'est peu à peu, sous la pression· de l'expé-
quand· revient annuellement la date de *Pâque, rience, que l'on a pris conscience. de l'allongement
la fête par-excellence (r Co 5,8), anniversaire·de des « derniers temps >1. Mais l'imminence du retour
la mort et de la résurrection du Seigneur (cf 5,7). du Seigneur est restée une ·composante essentielle
On trouve ainsi dans le NT les premiers linéa- dans la psychologie de !'•espérance : le Fils de
ments des cycles liturgiques chrétiens, qui se déve-. l'homme vient comme un voleur de nuit (Mt 24,
lopperont dans l'Église. Toute la vie humaine •43; l Th 5,2; Ap 3,3). Le temps -de l'Église, qui
sera par là mise en rapport avec le mystère. du se développe sous nos yeux, est lui-même mar-
salut advenu dans l'histoire, véritable temps qué par les·.signes précurseurs de la :fin (2 Th 2,
exemplaire enfin substitué ·au « temps primor- 3-12; Ap 6-19). Ain!::i le NT complète-t-il la
dial ,» des mythologies païennes. vision prophétique de-l'histoire humaine que l'AT
avait ébauchée. M]L & PG
~ accomplir AT 3 ; NT 3 - astres 1.2 - culte NT
III. LA CONSOMMATION DES SIÈCLES
III - dessein de Dieu - fêtes AT I ; NT II - figure
AT II I - génération - heure - Jour du Seigneur -
1. L'eschatologie chrétienne .. - Le temps de l'Église mémoire '- monde AT I - nouveau II - Parole de
ne se suffit pourtant pas à lui-même. Par rapport Dieu AT li I c. 2 c - plénitude 1 - semaine - tra-
à l'AT, il fait déjà partie des « derniers temps 1', dition.
mais il n'en est pas moins tendu vers· une pléni-
tude à venir, orienté vers un terme qui est le
• Jour du Seigneur. Maintenant que }'•Esprit a
été donné aux hommes, la création entière aspire
à la-révélation :finale des :fils de Dieu, à la *rédemp- TENDRESSE
tion de leur corps (Rm 8,18R24);. Alors ·seulement
s'achèvera l'œuvre du Christ, qui est l' Alpha et
l'Oméga, 11 Celui qui est, qui était et qui vient » Les entrailles (rafiamim}, pluriel d'intensité de
(Ap 1,8). En ce jour-là, «siècle présent» et temps rll)lm, le ventre maternel, signifient la tendresse :
de l'Église prendront fin ensemble. Le premier, celle des femmes ·pour le fruit de leur chair (1 R
en sombrant dans une catastrophe définitive, 3,26), celle de tous les humains pour leurs enfants
lorsque le septième ange répandra sa coupe et ou leurs proches (Gn 43,30), celle surtout de Dieu
qu'une voix criera : 11 C'en est fait » {16,17). Le lui-même pour ses créatures.
second, en parvenant à sa totale . transfiguration,
lorsqu'apparaîtront les cieux •nouveaux et la 1. La tend,esse de Dieu. - Dieu est en eflet •père
nouvelle terre (21,1). Là il n'y aura plus ni soleil, (Ps 103,13) et •mère (Is 49,145; 66,13). Sa ten-
ni lune, pour- marquer le temps comme _dans le dresse, qui transcende celle des hommes, est créaR
monde ancien (2r,23), puisque les hommes seront trice d'enfants faits à son image (Gn 1,26; 5,1-3) ;
entrés dans l'éternité de Dieu. elle est gratuite (Dn 9,18), toujours en éveil (Os
II,8; Jr 31,20; Is 63,15), immense (Is 54,7; Ba
2. Quand viendra la fin. - Jésus n'a pas fait 2,27; Si 51,3), inépuisable· {Ps 77,10; Ne 9,19.
connaître la date où doit arriver cette consomma- 27.31), neuve tous les matins (Lm 3,22s), inalté-

1283
TENDRESSE TERRE

rablement fidèle (Ps 25,6; Le 1,50), témoignée à Comme ils sont incapables de se l'approprier, il
tous sans.exception (Si 18,12; Ps 145,9), spéciale- la leur donne (Za 12,10) en cadeau de fiançailles
ment aux .plus déshérités, aux orphelins (Os q, (Os 2,2-1) ,dans l'Alliance nouvelle scellée par
4), et capable de réunir les croyants fidèles même Jésus. Devenue celle du Fils de-Dieu fait homrµ.e,
par-delà la mort (2 M 7,29). la tendresse de -Dieu peut dès lors devenir celle
Cet amour que rien n'arrête se_ maniieste par des hommes renés . enfants ·de Dieu en Jésus.
toutes sortes de bienfaits (1s· 63,7),. par le don de Saint Paul 'n'a qu'un désir : faire siens les senti-
la vie (Ps ng,77.156}, du salut, de la délivrance ments du. Christ .(Ph- 1,8; Phm 20).. Aussi peut-il
(Dt 30,3; Za 1,16) et mêm:e par les épreuves édu.:. inviter les chrétiens ~ « revlti-r les entrailles compa-
catives (Lm 3;32; Sg u,9}. Mais par-dessus tout tissantes )) de Dieu et de son Fils (Col 3;12; Ep 4,
c'est le •pardon qui révèle la tendresse infinie du 32;_cf 1 P 3,8). Les évàngélistes parlent dans le
Seigneur, sa •miséricorde. (Is 55,7; Dn 9,9). Tout même sens : fermer ses entrailles à ses frères, ce
pécheur, que ce soit le peuple .entier. (Os 2,25) ou serait s'exclure. de l'amour ·du Père (1 Jn 3;17) ;
l'individu ·(Ps·51,3), peut et doit toujours compter •refuser le pardon à son semblable, c'est se refuser
sur ·cette bonté . déconcertante, non certes pour à soi le pardon de Dieu (Mt 18,23-35). Tous les
pécher davantage (Si 5,4-7), mais pour revenir au fils de Dieu doivent imiter leur Père (Le 6,36)
Père qui.l'attend -(Ps 79,8; Le 15,20). en ayant comme Lui un cœur ému de compas~
« Dieu tendre et gracieux », c'est le. premier sion pour leurs proches (Le 1.5,20.31), c'est-à-dire
titre que Yahweh revendique et que lui reconnaî- pour tous les hommes sans exception; selon l'amour
tront, après l'Exode (34,6), le Deutéronome (4, exemplaire, non seulement affectif mais aussi effec-
31), ·1es Psaumes (86,15; 103,8; n1,4; · 145,8), les tif, du bon Samaritain (Le 10,33)._ C'est ainsi
Prophètes (Jl 2,13; Jon 4,2), les livres historiques qu'ils entrent dans le mouvement de la divine
(2 Ch 30,9; Ne 9,17.31) et les Sages (Si 2,n; Sg tendresse, qui leur vient du Père, par. Jésus,
15,1). Sauf une seule fois où il s'applique à l'homme grâce à !'Esprit d'amour (Ph- 2,1), -et qui les
(Ps I 12,4), l'adjectif « tendre » est ainsi réservé à emporte vers le bonheur sans fin par-delà le péché
Dieu (cf Ps 78,38;· n6,5). Sur son Seigneur, le et la mort, selon- l'espérance exprimée par la
fidèle peut· donc s'appuyer ·comme un enfant sur Prière eucharistique du Mislàel- romain : « Et
sa mère (Ps 131) et cette attitude filiale sera celle nous, pécheurs, qui mettons •notre eSpérance en
de Jésus, en qui et par qui se révèle pleinement ta miséricorde (en ta -tendresse) inépuisable.. •·
la tendresse de Dieu. PEB
-. amour - çollSOlatio;i. - enfant 1 - grâce - lait I
2. La tendnsse de Dieu dans et par le Christ. -
- mère 1~ 1 - miséricorde - pardon -;-- pères &
En Jésus est ·apparue · la bonté de Dieu (Le 1, Père Ill 3,
78; Tt 3,4-7) ; en lui s'est révélé le Père des com-
passions (2 Co 1,3; Rm 12,1), qui nous a· donné TÉNtBRES-. lwnière & ténèbres.
le suprême témoignage de sa tendresse par la
TENTATEUR-+ ~dam II 1 -;-- Satan.
résurrection de son Fils, gage de la nôtre (Ep 2,
4-6; X P I,3), TENTATION -+ épreuve/tentation.
Jésus ·en effet non seulement bénéficie de la
tendresse divine, mais il la .fait sienne et la répand
'i'ENTE-+ arche d'Alliance - demeurer - fêtes- -
maison Il 1 - témoignage AT Il 2 - Temple AT l 1.
sur nous : · pareil à Dieu devant son troupeau
misérable (Ez 34,16), il est ému de pitié devant
les brebis affamées d'évangile (Mc 6,34) comme
de pain·(8,2); il frémit·.de compassion devant les
plus déshérités, lépreux (Mc ·1,41),. aveugles (Mt TERRE
20,34), mères· ou sœurs endeuillées (Le 7,·13; Jn
n,33) ; inlassable comme celle de Dieu, la ten-
dresse de Jésus triomphe du péché et va jus- La vie de l'homme dépend entièrement des
qu'au pardon pour les plus malheureux de tous· : richesses que recèle la ,terre et de la fertilité de
les pécheurs (Le 23,34). son sol ; elle est le cadre providentiel de sa vie :
« Les cieux appartiennent à Yahweh; mais la terre, il
3. La tendresse de Dieu dans et par- le chrétien. - l'a donnée aux filsd'Adam».(Ps 115;16). Cependant
Sa tendresse, Dieu veut la faire pénétrer dans .le la terre n'est pas que le cadre de la vie de l'homme:
cœur des hommes (Za 7,9; Ps u2,_1.4; Si 28,1-7). il y a entre elle et lui un lien .intime. Il est issu

t285 1286
TERRE TERRE

de cette adamah (Gn 2,7; 3,19; èf ·Is 64,7; Jr i8, « Faites~vous des ·•semailles de justice, *mois-
6) dont il tire son nom : ·•Adam. Toutes les civi- sonnez une récolte de bonté ... Pourquoi avez-vous
lisations anciennes. ont perçu ce lien iritime entre labouré le mal ? » (Os 10, :l2s). Isaïe, dans sa
la terre et l'homme,. au point de l'exprimer sous parabole 'du cultivateur (Is 28,23: .. ), explique à
l'image très réaliste de la terre-mère ·ou ·de la partir des lois de la culture les épreuves nécessaires
terre-femme ; Israël lui aussi. Dieu utilise même à la *fécondité surnaturelle, tandis que le psal-
l'expérience que l'homme va faire, à l'intérieur miste compare son âme angoissée à une terre
"de ·l'Alliance, de ses liens aVec la tei-re, -pour assoiffée de Dieu (Ps 63,2; 14'3,6).
l'amener à découvrir ceux qu'à travers elle. il
·veut établir avec lui. 3. La terre, maudite à muse ·du pJcM. · - Si le lien
,Aussi n'est 7il pas étonnant-de voir la· terre et entre l'·homme et la terie est si étroit, d'où vient
ses- biens matériels occuper une place importante donc cette hostilité entre l'homme et la .nature
dans la *révélation : elle est associée à l'homme ingrate, que, toutes· les· générations peuvent suc-
dans t0ute !'.histoire du· salut, depuis les origines cessivement expérimenter? La terre n'est plus
jusqu'à l'attente du Royaume à venir. pour lui un •paradis. Une mystérieuse épreuve
est intervenue : le ·•péché· a vicié leurs rapports.
AT Certes· la terre reste· actuellement gouvernée .par
les mêmes lois que Dieu a établies aux origines
I. LE MYSTÈRE. DES ORIGINES
(Gn 8,22), et cet ordre du monde rend.témoignage
au Créateur (Rtn 1,19s; Ac 14,17). Mais le péché
1. La teN'e, ·. èréation et propriété de Dieu. - « Au a entraîné pour· la terre une véritable •malédiction
commericement », Dieu créa le ciel et la terre qui -lui fait. produire· (1 ronces et·épines » (Gn 3,
(Gn 1,1). La Bible donne deux tableaux· succes- 17s). Elle est un lieu d'•épreuvè, Où l'homme
sifs ·de cette genèse, antérietire à l'homme, mais •souffre jusqu'à cc qu'il retourne enfin à la glèbe
ordonnée. à lui. D'un côté, Dieu sépare· des eaux . dont il a ·été tiré (3,19; Sg 15,8). Ainsi la solida-
le continent qu'il appelle lderre », puis il le peuple rité de l'homme avec la terre continue de s'affir-
(1,9-25) ; de l'autre côté, la terre est un désert mer, pour .le meilleur· comme pour le pire.
vide et stérile (2,4-6) où Dieu· va planter un jar-
din •pour y placer l'homme. De toute façon, la
tetre dépend entièrement de Lui ; elle est sa chose ;
Œ A Lui est la terre» (Ps 24,1; 89,12; cf Lv 25,23). II. LE PEUPLE DE DIEU ET SA TERRE
Parce qu'il est le Créateur de la terre, DieQ: a sur
elle un droit absolu : seul, il dispose de ses biens Liée à l'homme par ·ses origines, la terre va
(Gn 2,16s), établit ses lois (Ex 23,10), la fait conserver son rôle dans la révélation biblique : à
fructifier (Ps 65; -104). Il est son Seigneur (Jb sa façon elle demeure au centre de l'histoire du
38,4-7; Is 40, 12.21-26) ; elle est son. marchepied salut.
(Is 66,1; Ac 7,49). Comme toute -la èréation, elle
lui doit une ·louange (Ps 66,1""4; 96; 98;4-; Dn 3, 1.. L'explrience patriarcale. - Entre •Babylone,
74) qui prend forme et langage sur. les lèvres de terre étrangère et menaçante d'où Dieu tire Abl'a-
l'li0mme (Ps 104). ham (Gn n,31-12,1), et l'*Égypte,· terre tenta-
trice et lieu d'esclavage d'où Dieù· tirera sa pos-
2. La te,-re, domaine de l'homme. - Si Dieu a térité (Ex 13,9 ... ). les patriarches vont trouver en
tiré et fait émerger l'homme de la terre en lui Canaan. un lieu de séjour qui restera pour leur
insufflant une haleine de vie, c'est pour lui con- postérité la terre promise, u ruisselante de lait et
fier cette terre et l'en reii.dre maître. L'homme de miel » (Ex 3,8). Cette terre, Dieu la promet
doit dominer sur elle (Gn 1,28s); elle est comme en effet à Abraham (Gn 12,7). A sa suite, les
un jardin dont il est établi régisseur (2,8.15; Si ancêtres· d'Israël la parcourent avant. qu'elle
17,1-4). De là, entre eux, ce façonnage réciproque devienne leur *héritage (Gn 17,8). Ils n'y sont
qui laisse tant de résonances dans l'Écriture. D'un encore que des *étrangers. en séjour provisoire :
côté, par son •travail, l'homme imprime sur la seuls les guident les besoins _des troupeaux. Mais
terre sa marque. Mais de l'autre la terre est une plus encore que des pâturages ou des puits, ils
réalité vitale qui façonne en quelque sorte la ·psy- trouvent en elle le lieu où se manifeste à eux le
chologie. de l'homme. Sa pensée et son langage •Dieu vivant. Les chênes (Gn · 18}, les puits (2.6,
recourent sans cesse à des images terriennes· : 15ss; cf 21,3s), les *autels dressés (12,;7) ·sont des

1287 1288
TERRE TERRE

"'témoins qui gardent le souvenir de ces mani- 1; 19,14), un domaine qui doit lui procurer le
festations. Certains de ces lieux portent son nom : bonheur. },fais non sans effort de sa part : le *tra-
Béthel, « *maison de Dieu » (28,17ss), Penuel, vail est une loi pour qui veut recevoir les béné-
oc *face de Dieu » (32,31}. Avec la grotte de Mac- dictions divines, et les livres saints ne sont pas
péla (23), Abraham inaugure la possession juri- tendres pour les paresseux qui (c donnent à la
dique d'une parcelle de cette Terre promise ; moisson 1, (Pr ro,5; 12,n; 24,30-34). Fermier de
Isaac, Jacob, Joseph voudront y rep·oser, faisant Dieu sur' un sol où il reste « •étranger et •hôte »
ainsi· de Canaan leur *patrie. (Lv 25,23; Ps n9,19}, Israël a en outre à remplir
diverses obligations. En premier lieu, il lui faut
2. Le don de la terre. - La *promesse de Dieu manifester à Dieu sa *louange, son *action de
renouvelée (Gn 26,3; 35,12; Ex 6,4) a maintenu grâces, sa dépendance. C'est le sens des *fêtes
chez les Hébreux }'*espérance de la terre où ils agraires (Ex 12,14 ... ) qui associent sa vie cultuelle
se fixeront. D'Ég'ypte, terre étrangère (cf Gn 46, aux rythmes mêmes de la nature : fêtes des
3), Yihweh les fait sortir; cependant, pour entrer Azymes, de la Moisson, des *Prémices (Ex 23,16),
en Terré promise, il faut d'abord le dénuement, de la récolte. De plus, l'usage des produits du sol
({ la. solitude éclatante du *désert » (Dt 32, 10}. se voit soumis à des règles précises : il faut laisser
Israël, le (( peuple choisi parmi toutes les nations glaner le pauvre et l'étranger (Dt 14,29; 24,19-
qul sont sur la terre » (Dt 7,6) ne doit pas avoir 21) ; pour ne pas épuiser le sol, il faut en aban-
<l'autre possession que Dieu. Purifié, il peut alors, donner les produits chaque septième année (Ex
sous la conduite de *Josué, conquérir. Canaan, 23,II). Cette loi de la terre, à la fois religieuse et
« lieu où rien ne manque de ce que l'on peut avoir sociale, marque l'autorité de Dieu à qui le sol
sur la terre 1) (Jg 18,10). Yahweh intervient dans appartient de droit. Son observance doit diffé-
cette conquête si bien que, paradoxalement, on rencier Israël des paysans païe~s qui l'entourent.
peut dire qu'elle a été obtenue « sans :fatigue i) b) Tentation et péché. - Or c'est là justement
(Jos 24,13). C'est lui qui donne la terre à son qu'Israël va se trouver aux prise~ avec !'*épreuve
peuple (Ps 135,12) ; elle est un cadeau gmtuit, et la tentation. A sa terre il a lié son activité et
une *grâce, comme l'Alliance dont elle découle sa vie : champ, maison, femme sont ses points
(Gn 17,8; 35,12; Ex 6,4.8). Et Israël de s'enthou- d'attache (Dt 20,5ss). Devenu terrien et séden-
siasmer, car Dieu ne l'a pas déçu : (< C'est un bon, taire, il ramènerait facilement sa façon de com•
un très bon pays» {Nb 14,7; Jg 18,9), contrastant prendre Dieu aux dimensions de son champ et
avec l'aridité et la monotonie du désert ; c'est le de sa vigne. Israël fait l'expérience de la terre-
*paradis terrestre retrouvé. Aussi, à cet « heu- mère et de la terre-femme, au sens païen de ces
reux pays de torrents et de sources, ... pays de images. En même temps qu'il apprend des Cana-
froment et d'orge, de vigne, de figuiers, de gre- néens les lois de sa vie agricole, il tend à en adopter
nadiers, pays d'oliviers, d'huile, de miel, pays les mœurs religieuses, idolâtres, matérialistes. Et
où le pain n'est pas mesuré 1) (Dt 8,7ss), le peuple Yahweh de devenir souvent pour lui un Baal
s'attache d'emblée. N'est~ce pas de Dieu qu'il le (seigneur du pays) protecteur et garant de la fer-
tient comme un *héritage (Dt 15,4), de ce Dieu tilité (Jg 2,rr). D'où la réaction violente d'un
qu'il veut servir seul (Jas 24,16ss) ? La terre et Gédéon (6,25-32), et plus tard celle des prophètes,
ses biens lui seront ainsi un rappel permanent fustigeant « ceux qui ajoutent maison à maison
de l'*amour et de la •:fidélité de Dieu à son et joignent champ à champ » (Is 5,8} ; ils mettront
Alliance. Qui possède la terre possède Dieu ; car en garde contre les dangers de la sédentarisation
Yahweh n'est plus seulement le Dieu du désert : et de la propriété, où ils verrou t une source de
Canaan est devenu sa résidence. A mesure que vols (cf 1 R 21,3-19), de rapines (Mi 2:2), d'in•
les siècles s'écoulent, on le croit si bien lié au justices, de différences de classes, d'enrichisse-
pays d'Israël que David estime impossible de ment provoquant l'orgueil et l'envie (cf Jb 24,
l'adorer à l'étranger, terre d'autres dieux (1 S 2-12). Comment le Dieu saint pourrait-il supporter
26, 19) et que Naaman emporte à Damas un peu ces choses ? N'est-il pas évident qu'au lieu de
de terre d'Israël pour pouvoir rendre un culte à trouver dans sa terre un signe de la bonté de Dieu
Yahweh (2 R 5,17). pour élever son cœur jusqU'à lui, ou une occasion
de dialoguer avec Dieu·, Israël s'y est attaché
3. Le drame d'Israèl dans sa terre égoïstement, comme tous les autres membres de
a) La loi de la terre. - La Terre promise a été l'humanité pécheresse ? Cet appel au dialogue res-
donnée à Israël comme son « domaine » (Dt 12, sort de l'image significative employée par les pro-

1290
TERRE TERRE

phètes, non pas de la terre-femme, mais de 'la salem (Is 2,2ss; 66,18-21; Ps 47,Sss), elle devien-
terre-épouse (Os 2,5; Is 45,8; 62,4; cf Ct 4,12; 5, dra la« terre de délices n (Ml 2,12) d'une humanité
1; 6,2.u), la terre·en l'occurence, servant à dési- nouvelle où les •nations se joindront à Israël pour
gner les hommes car si Dieu est Son Époux ce retrouver l'•unité primitive. Bien mieux, les ori-
n'est pas à cause d'elle, mais à cause d'etix ··(cf gines- offrent seules une .représentation adéquate
2 M 5,19). de cette terre transfigurée. Les « cieux nouveaux
c) Avertissements et ckdtiments. - Mais Israël et la terre nouvelle » que Dieu · crée1a. alors (Is
ne comprend pas encore cela. ,Aussi, en face ·de 65,17) donneront au séjour des hommes les traits
cette situation, les avertissements ·des prophètes du •paradis primitif, avec sa fertilité et ses con-
rejoignent les cris d'angoisse du Deutéronome : ditions de vie merveilleuses (Am 9 1 13; Os 2,23s;
« Garde-toi d'oublier Yahweh ton Dieu 1 » (Dt 6, Is II,6-9;· Jr 23,3; Ez 47,1s; Jl 4,18; Za 14,6-II).
·,12; 8,n; II,16). En fait, le peuple qui jouit·d'un Dans cette perspective, la possession de la tene
pays merveilleux (6,rns) a oublié d'où lui venait prend donc une· signification eschatologique.
ce bienfait .: a C'est. parce ·que Yahweh a airilé Celle-ci est accentuée encore par le passage du
tes pètes ... qu'il t'a fait entrer dans ce pays ·» plan collectif au plan individuel, amorcé en Is
(4,37s; -31,20). Pourquoi autrement ces chemine- 57,13; 60,21, et développé par les sages : « la
ments ·à travers les· pays étrangers, sinon pour -terre )> désigne alors à la fois. celle qui fut pro-
percevoir enfin que la terre est un· don et. pour mise à, Abraham et à sa. qescendance, et une
faire l'expérience de l'amour divin ? « So'uviens-toi autre réalité plus haute, mais encore imprécise ;
des marches que Yahweh t'a fait faire pendant tel est le partage de l'homme juste qui met toute
quarante années dans '1e désert pour t'humilier: .. sa foi en Dieu (Ps 25,13; 37,3 ... ). Élevé progressi-
et connaitre le :fond de ton cœur n (8,2); Le droit vement des préoccupations terre-à-terre à des
de Dieu sur la terre est exigeant. L'homme 9oit aspirations spirituelles plus pures, Israël est mûr
rester humble, fidèle, obéissant (5,32--6,25). S'il pour recevoir le message de Jésus : Bienheureux
1(

agit ainsi, il recevra en ·récompense les *béné- les doux, ·car ils recevront .la terre en héritage »
dictions : « Bénis seront les produits de ton sol. .. (Mt 5,4).
le croît de tes.brebis» (28,4 ... ), car 1( de ce· pays
Yahweh prend soin ... Ses yeux restent fixés sur NT
lui depuis le début de l'année jusqu'à la fin n
(u,12). •Malédiction au contraire si Isrà.ël se I; JÉSUS ET LA TERRE
détourne (Dt 28,33; Os 4,3; Jr 4,23~28) ! On entre-
voit même la. pire des menaces, la perte de la Jésus partage la seigneurie de Dieu sur la terre
terre : « Vous .serez arrachés à la -terre où tu vas (Col 1,15s; Ep 4,10) ; rien n'a été fait sans lui
entrer » (Dt 28,63). Cette menace que· les pro- (J n I ,3) ; « tout pouvoir lui a été donné au. ciel
phètes précisent avec vigueur (Am 5,27; Os II, et sur la terre n-.(Mt z8,18). Cependant, homme
5: Jr 16,18) s'accomplit :finalement comme un parmi les hommes, il est lié à la terre par toutes
dur •châtiment divin au milieu des angoisses de les fibres de son être.
1a· •guerre et de r•exil.
1. C'est un message de salut universel qu'il vient
4; Promesses d'avenir. - Cependant le châ.timent, révéler auX hommes; .mais il le fait avec le lan-
si radical soit-il, n'est jamais regardé par les pro- gage d'un pays et d'une civilisation particlllière.
phètes comme absolu et -définitif. Ce sera une Les paysages et les coutumes de Palestine ont en
épreuve purificatrice, comme jadis celle· du désert. quelque sorte façonné l'imagination de cielui qui
Au-delà subsiste une •espérance dont l'objet revêt les a créés. _Aussi dans ses "'paraboles recourt-il
tous les ti'aits de l'expérience passée : la terre· y souvent à-des i:inages qui les reflètent : image du
joue encore un rôle cà.pital. Cette terre, ce sera •semeur et de la •moisson, de la •vigne et du
d'abord celle d'Israël, où le *peuple nouveau sera figuier, de l'ivraie et du grain de sénevé, du •pas-
réinstallé-par Yahweh. Purifiée et sacralisée inté- teur et des brebis, de· la pêche qu'çin pratiquait
gralement (Ez 47,13-48,35; Za 14), cette K terre sur le Iac... Sans compter les enseignements qu'il
sainte » (Za 2,16; 2 M 1,7; Sg 12,3) pourra être donne à l'occasion des spectacles· de la vie :
appelée, comme Jérusalem sa capitale, l'*épouse « Voyez les oiseaux du ciel ... et les lis » (Mt 6,
de Yahweh (Is 62,4). Mais au-delà de la terre 26ss), les épis arrachés (Mt 12,1-8 p), le figuier
sainte, c'est la terre entière qui participera avec stérile· (Mt 21,19).
elle au salut : religieusement- centrée srir • Jéru-

1291 1292
TERRE TERRE

2. Mais au•delà de ces images, Jésus fournit un 2. Par là, Jésus opère le passage, non seulement
enseignement sur l'attitude de l'homme face aux de la terre d'Israël, enclose dans ses limites, à
réalités terrestres. L'aspiration à posséder la terre l'univers, mais aussi de la terre matérielle à ce
devient avec lui aspiration à entrer en possession qu'elle figurait : l'Église et le Royaume du ciel.
des biens spirituels (Mt 5,4) ; le royaume terrestre Le peuple de l'AT avait cru aux promesses pour
fait place à la réalité qu'il préfigurait, le *Royaume entrer en possession de la terre de repos ; or ce
des cieux (Mt 5,3). Désormais il faut savoir aimer n'était là qu'une *figure du salut à venir. C'est
le Christ et l'Évangile plus que ses champs (Mc nous maintenant qui, par la foi, entrons dans la
10,29s) : les perspectives étroitement terrestres des vraie terre de *repos (He 4,9}, cette demeure
promesses prophétiques sont donc définitivement céleste où Jésus réside depuis sa résurrection et
dépassées. Non que les choses de cette terre où dont nous avons un avant·goüt dans son Église.
nous vivons soient en elles.mêmes condamnées;
mais elles sont remises à leur vraie place, secon• 3. Dans cette perspective nouvelle se révèle le
daire par rapport à l'attente du Royaume (Mt sens qui s'attache désormais au •travail humain
6,33). S'il en est ainsi, fout s'établit dans l'ordre et à la litargie. A la suite. du Christ, le peuple
et la volonté de Dieu est faite « sur la terre comme nouveau a déjà pénétré en espérance dans la terre
au ciel )) (Mt 6,10), De cette façon paradoxale, de repos qui lui était destinée. Cela entraîne une
Jésus rend sa valeur sacrée à la terre des hommes, transformation de son activité terrestre. Il doit
ouvrage des mains de Dieu, signe de sa *présence encore « dominer la terre », il risque encore de
et de son amour. Si les hommes s'en sont servis s'enliser dans le bonheur qu'elle lui procure (Le
et s'en serviront encore pour se détourner de 12,16•34) ; mais, les yeux fixés sur le Christ monté
Dieu, pour y « enfouir leur talent )) (Mt 25,18), au *ciel, il doit désormais « songer aux choses
lui, il la reprend en charge avec amour (cf Col I, d'en haut, non à celles de la terre )) (Col 3,2) ;
20) et la rend capable de porter son mystère : il non par mépris, mais pour et en user comme n'en
va jusqu'à prendre du *pain, fruit de la terre usant pas!) (I Co 7,31). Le regard céleste du croyant
(Ps rn4,14) pour laisser ici·bas sous un signe la ne nie pas, mais accomplit la terre en lui donnant
présence de son •Corps. son vrai sens. La prière liturgique donne en effet
une voix à la terre, à tout ce qu'elle contient, à
3. Sur la terre, il est venu apporter le *feu (Le ce qu'elle permet de produire par le travail. Par
12,49). Pour le propager, c'est parmi la masse des là, l'homme soulève en quelque sorte la terre et
terriens de Galilée et de Transjordanie qu'il a la fait monter vers Dieu. Car Je peuple nouveau
trouvé ses premiers disciples : ils sont « le sel de n'a pas perdu ses racines terrestres ; tout au con-
la terre » (Mt 5,r3). Voilà donc l'Évangile forte• traire il « règne sur la terre » (Ap 5,IO), et tant
ment implanté dans un coin particulier de notre qu'il accomplit ici•bas son pèlerinage, il ne peut
univers, cette même terre sainte que Dieu avait rester sourd au « gémissement » de la création
donnée à Israël. C'est là aussi, à *Jérusalem la matérielle quî attend, elle aussi, le salut (Rm
capitale, que, pour embraser la terre entière, Jésus 8,22).
plante sa croix : alors H élevé de terre, j'atti~
rerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). La
terre sainte restera ainsi pour jamais le centre Ill. LA TERRE DANS L'ESPÉRANCE CHRÉTIENNE
géographique d'où le salut est parti pour gagner
l'humanité entière. La terre en effet est associée à l'histoire du nou-
veau peuple, comme elle fut entraînée jadis dans
le drame de l'humanité pécheresse. Elle~même
« attend ... la révélation des fils de Dieu ... avec
II. LE PEUPLE NOUVEAU ET LA TERRE !'*espérance d'être elle aussi libérée de la servi-
tude de la corruption pour entrer dans la liberté
r. Désormais le dessein de salut universel esquissé de la gloire des enfants de Dieu J> (Rm 8,r9ss).
aux origines est restauré. De la terre d'Israël, Solidaire de l'homme depuis les origines, elle le
l'Évangile va. s'étendre au monde entier suivant reste jusqu'au terme ; elle est, comme lui, objet
le plan indiqué par Jésus : 11 Vous serez mes de •rédemption, quoique de manière mystérieuse.
témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Car la terre, dans son état actuel, « passera n
Samarie, et jusqu'aux confins de la terre » (Ac (Mt 24,35 p), (1 elle sera consumée avec les œuvres
I,8; cf Mt 28,16ss). qu'elle renferme )) (2 P 3,ro). Mais ce sera pour

n93 r294
TERRE TSTE
être remplacée par la « terre nouvelle » (Ap 21, Christ c'est Dieu » ; et ·c'est bien à cette signifi-
1) « que nous attendons selon la promesse de cation de cheî qu~ se réfèrent les allusiom1 à la
Dieu, et où la justice habitera» (2 P 3,13). GB primauté du Christ sur tous les êtres (I· Co n,3;
--+.AdamÎ 1 - chair I 3 - ciel - cité - demeurer - Col 2,10; cf Ep 1,10.22).
désert - élection AT. I 3 c - exil - Exode - fêtes
AT I; NT'll -héritage- incrédulité I z·- Jéru~ 3. Le _Christ, We de l'Église. -:- Lorsque le Christ
salem AT I 2 - Josué -'- lait 'z - · maison· II 1 - est appelé par Paul tête du Corps, c'est-à-dire de
monde .AT O ·- paradis 2 - patrie - peuple A II 4 · l'Église (Col 1,18; 2,19; Ep 1;2.2s; 4,15), il semble
B II 3.4 -· prémices I - repos li 1 - royaume ___'._ que cette représentation, où la tête constitue d'ail-
semer I. t - - vie III 1. - vigne. leurs non pas un. membre parmi d'autres, mais
TESTAMENT-)- adièùx - Allianc·e· NT - héritage. un principe de vie, -de cohésion et de croissance
(Col 2,19; Ep 4,15s), soit un. développement de
l'ecclésiologie paulinienne. Selon x _Co, en effet,
l'Église, par le baptême et !'Eucharistie, s'unit
ttTE au Christ de telle sorte qu'elle devient· son •Corps.
Cependant à, l'intérieur de cette unité il existe
une réelle di:ffé;rence entre le Christ d~jà parvenu
L'intérêt de cette expression vient en· grande au but, exerçant son action _vivifiante, et l'en-
partie de· son emploi christologique dans les épîtres semble des chrétiens qui reçoivent tout de lui.
pauliniennes. Pour décrire 1a souveraineté de _C'est sans doute pour tenir compte de cette diffé-
"Jésus-Christ,·Paul n'a pas craint.de jouer sur la rence dans l'unité que Paul en .est venu .à voir
complexité de ce thème et· d'utiliser les diffé- dans le Christ. la tête_ du ·Corps, tout" comme en
rentes applications de cette image. Ep 5,23 il voit dans le Christ, l'Époux, c'est-à-
dire la tête, de l'Église.
1. Le Christ, tAte• d'angle. - Au-delà du sens
propre de l'hb. ro'S et du gr. kèphalè qui désignent 4, Liens entre ces· reprtsen,tations .. -. Cepend·ant
la tête d'un homme ou d'un animal,· au-delà de Paul a souvent lié ces diverses représent~tions du
leur· emploi pour. décrire des attitudes et des sen- Christ, tête d'angle du nouveau temple, tête de
timents de joie, de, -.deuil ou de moquerie, un l'~nivers, tête du Corps de l'Église. Le premier
usage métaphorique apparaît dans l'application titre, sans. doute le plus ancien et le plus tracli-
de. ce mot à tout ce qui, dans• -le monde inanimé, tionnel (Ac 4,rr; Mt 2r,42 p), se trouve, spéciale-
se prése_nte le premier {début d'une route, d'une men,t en Ep, associé au troisième .(voir le parallé-
année, façade d'un édifice}, .le meilleur:, ou le plus lisme du vocabulaire entre. la description du
haut (cime d'un arbre, d'une montagne,· sommet temple en Ep 2,20s et, celle du cOrps_ en Ep 4,16.
d'un monument : Gn rr,4; Za 4,7). C'est proba- Noter. _en ce dernier verset, ainsi qu'au v. 12,
blement dans ce demier sens qu'il faut comprendre l'emploi du mot construction}. Enfin ce n'est pas
l'image du Ps rr8,22 : (( La pierre rejetée des par hasard que le Christ apparaît dans les épîtres
bâtisseurs est devenue tête d'angle ». Or cette pauliniennes à la fois tête de l'Eglise et tête de
image est souvent reprise par les auteurs du NT, l'univers. Comme nous l'aVons vu, il n'y a pas
qui l'appliquent au Christ : n'est-il pas la pierre équivalence entre ces deux.· représentations, et
principale qui couronne le nouveau *temple, seule .l'Église est .cette partie_ de l'univers qui
assure sa .cohésion et lui donne .son sens _(Mt 21, peut s'honorer du titre de Corps du . Christ et
42 p; Ac 4,rr; 1 P 2.,7:. Ep 2,20} ? Cependant d'épouse du Christ : c'est donc dans un sens pri-
quelques auteurs préfèrent voir. dans cette pierre vilégié que le Christ est sa tête. Ce_pendant, avant
d'angle le fondement sur lequel repose tout l'édifice. même d'accepter de s'unir à l'Eglise et de se
laisser ainsi transfor.nier-en Corps du Christ, en
2. Le Christ, tAte de l'univers. - Selon m1 autre épouse immaculée et en temple saint, l'univers,
lisage métaphorique, - le mot tête est appliqué q~'il, le veuille ou non, se trouve soumis _à la pri-
aux hommes qui marchent en ·,avant (cf la tête mauté de Celui qui, ayant ramené toutes choses
opposée à la queue en Dt 28,13.43s; ls 9,13) et Sous un seul cheî (Ep _1,10), veut les purifier, les
surtout aux chefs: (Ex-_6,14; x ~ 15,17; Jb 29;25; vivifier sous une seule tête et assur~r pal" lui-
Dn 7,6; Ap 12,3) .. Ce sens se retrouve dans I Co même la cohésion de ce temple saint. PL
II,3 : « La tête de -tout homme c'est le Christ, ~ autorité - Corps du· Christ III 2 - Église V t -
la tête· de la femme c'est l'homme et la .tête du Époux/épouse NT I - monde II z - pierre 4. ·

1295
THÉOPHANIE TRADITION

THtOPHANIE -. apparitions du Christ I - Ascen- comme les coutumes et le droit. C'est la transmis•
sion II 4 - feu AT I - gloire III 2 - Jour du Sei- sion de ce dépôt qui donne à Israël sa physiono~
gneur AT; NT I - lumière & ténèbres AT I 2, Il mie propre et qui assure sa continuité spirituelle,
2 ; NT I 3 - orage - Pentecôte II 1 - présence de depuis l'époque patriarcale jusqu'au seuil du NT.
Dieu AT II - Résurrection NT I 2 - Révélation - Si ce dépôt est sacré, ce n'est pas seulement
Transfiguration - voir AT I 1. parce qu'il est un legs des générations passées,
TOMBEAU-. Résurrection NT I 1.2 - sépulture. comme dans toutes les traditions humaines. C'est
avant tout parce qu'il est d'origine divine : à la
TORAH-+ Loi. base des croyances, il y a une *révélation donnée
à Israël par les envoyés de Dieu ; à la base du
droit et des coutumes réglées par lui, il y a des
prescriptions positives énoncées au nom de Dieu
par les dépositaires de ses volontés. Ces éléments
TRADITION positifs dus à la révélation n'excluent évidemment
pas certains éléments plus anciens, empruntés au
milieu oriental et assumés par la révélation elle•
L'existence d'une tradition est un fait commun même ; mais celle-ci fonde seule le caractère sacré
à toutes les sociétés humaines. Ce qui assure leur de la tradition qui dépend d'elle.
continuité spirituelle, c'est que, d'une génération Ainsi définie dans son rapport avec la révéla-
à l'autre, des idées, des coutumes, etc"., s'y trans- tion, qui en constitue l'originalité, la tradition du
mettent de façon stable (traditio = transmission}. peuple de Dieu combine deux caractères complé-
Au point de vue religieux notamment, croyances, mentaires. D'une part, la stabilité : ses éléments
rites, formulaires de prière ou de chant, etc., sont fondamentaux sont fixés, en matière de croyances,
transmis avec un soin tout particulier. Dans les de *droit, de *culte (monothéisme, doctrine de
sociétés qui entourent le monde de la Bible, la !'*alliance, coutumes venues des patriarches et
tradition religieuse est d'ailleurs intégrée à tout loi mosaïque, €:te,). D'autre part, le progrès la
l'ensemble des traditions humaines qui consti- révélation elle~même se développe, à mesure que
tuent la civilisation. de nouveaux envoyés divins complètent l'œuvre
Le vocabulaire moderne emploie cependant le de leurs prédécesseurs en fonction des besoins
mot tradition en deux sens ùîfférents. Il désigne concrets de leur temps. Ce progrès suit naturelle-
par là tantôt un contenu transmis d'âge, en âge ment la marche de l'histoire, mais il n'est pas
(par exemple la tradition cultuelle de l'Egypte), soumis aux seuls hasards de l'évolution culturelle,
tantôt un mode de transmission, caractérisé par comme c'est le cas dans les autres traditions reli-
sa très grande stabilité, et dans lequel l'écriture gieuses où le syncrétisme est de règle. Ici encore,
ne joue qu'un rôle secondaire, voire parfois nul la tradition d'Israël affirme son originalité.
(c'est ainsi que la civilisation sumérienne peut
être qualifiée de traditionnelle, et plus encore les
civilisations purement orales). Par rapport à ce
fait général, la. tradition propre à la révélation Il. MODE DE TRANSMlSSION
biblique présente à la fois des ressemblances et
des particulari{_és originales. I. Formes littéraires et milieux de vie . ....... Pour se
transmettre, ce dépôt sacré prend nécessairement
AT forme littéraire : récits, lois, sentences, hymnes,
rituels, etc., sont ses moyens d'expression. Or de
1. TRANSMISSION D'UN DÉPÔT SAl.RÉ telles formes sont, elles aussi, déterminées par
l'usage et, à ce titre, traditionnelles. Pour une
Sous l'ancienne Loi, il n'est pas douteux qu'il large part, elles correspondent aux genres litté-
y a en Israël transmission d'un dépôt sacré, donc raires utilisés dans les cultures des peuples voisins
tradition. Conformément au statut particulier qui (Canaan, la J\.lésopotamie, l'Égypte}. Cependant
est alors celui du *peuple de Dieu, ce dépôt les particularités de la tradition doctrinale d'Js.
embrasse tous les aspects de la vie les souvenirs raël s'y reflètent la littérature biblique a sa
d'histoire comme les croyances qui s'y enracinent, manière propre de traiter certains genres communs,
les formes de la prière comme la sagesse qui règle comme les *lois ou les oracles prophétiques ; elle a
la vie pratique, les rites et les gestes cultuels son fonds original d'expressions, de clichés, aux•

I2<J7 1298
TRADITION
TRADlTION

quels recourent plus ou moins tous les auteurs ; du terme (hb. qabbala; gr. paradosis) est connue
elle a ses genres de prédilection, adaptés au mes- du NT : Marc cite la « tradition des anciens )J

sage qu'elle doit transmettre. L'étude de ces (Mc 7,5.13 p}, et Paul, les « traditions de mes
genres est donc indispensable à l'intelligence de la *pères )1 (Ga r,14). Ce legs s'ajoute aux Écritures
tradition elle-même, puisqu'elle permet de saisir pour former 1( les traditions que Moïse a léguées )1
sur le vif l'histoire de sa mise en forme. (Ac 6, 14), car les scribes en font remonter l'origine
F.lle permet aussi de voir par quels canaux la au plus lointain passé afin d'en renforcer l'auto-
tradition se transmet à travers les générations. rité. Sa transmission orale constitue d'ailleurs le
En effet, les formes qu'elle prend sont en rap- berceau d'une nouvelle littérature, qui se déve-
port étroit avec les milieux qui la portent et les loppe autour de la Bible, depuis la traduction de
fonctions qu'elle remplit dans la vie du peuple la Bible en grec (Septante) et en araméen (Tar-
<le Dieu : enseignement des *prêtres, gardiens de gums) jusqu'aux écrits rabbiniques, en passant
la Loi et du culte ; prédication des *prophètes ; par les livres apocryphes et la production litté-
*sagesse pratique des *vieillards et des scribes ... raire des sectes (vg Qumrân). Mais la tradition
Chaque milieu a ses traditions propres et ses tardive dont ces livres témoignent n'est pas à
genres préférés ; mais on remarque aussi de nom- confondre avec la tradition orale primitive à
breuses interférences, dues aux contacts entre les laquelle les écrits canoniques se sont alimentés.
divers milieux et à l'unité fondamentale de la
tradition israélite elle~même.
Au point de départ, c'est par voie orale que les
NT
matériaux traditionnels sont transmis, sous des l. LA TRADIT!ON AUX ORIGlNES CHRÉTIENNES
formes adaptées à ce mode de transmission
récits religieux liés aux sanctuaires ou aux fêtes ;
formulaires juridiques; rituels, hymnes, formu- r. Jésus et la 1( tradition des anciens )1. - Dès le
laires de prière ; discours sacerdotaux ou prophé- début, Jésus marque son ind6pendance par rap-
tiques ; sentences de sagesse, etc. Finalement, dans port à la tradition juive de son temps. L'essentiel
le cadre de cette tradition orale, naissent des du legs traditionnel conservé dans les Écritures
textes écrits qui sont en grande partie nourris n'est pas en cause la Loi et les Prophètes ne
d'elle. Ainsi. la tradition biblique se cristallise doivent pas être abolis mais accomplis (Mt 5,
peu à peu dans des "'Écritures sacrées qui prennent 17). Par contre, la H tradition des Anciens i, ne
avec le temps une importance grandissante : com- jouit pas du même privilège : elle est chose tout
posées sous l'influence de !'*Esprit-Saint, elles humaine, qui risque même d'annuler la Loi (Mc
fournissent au peuple de Dieu la règle divine de 7,8-13}; aussi Jésus laisse-t-il ses disciples s'en
sa foi et de sa. vie. affranchir et en proclame-t-il même la caducité.
Mais en même temps, il se comporte lui-même
2. Écriture et Tradition. - Dans le judaïsme comme nn maître qui *enseigne, non à la manière
proche de l'ère chrétienne, le legs de la tradition des scribes - en répétant une tradition reçue --,
ancienne est essentiellement conservé sous cette mais en homme qui possède l'*autorité (cf Mc r,
forme écrite. Cependant te *peuple de Dieu n'est 22.27) ; et ses "'disciples reçoivent mission de
pas un simple agrégat de croyants groupés autour répéter ses enseignements (Mt 28, 19s). Bien
d'un *livre c'est une institution organisée. C'est mieux, il innove jusque dans ses actes : il pardonne
pourquoi il y subsiste, parallèlement à !'Écriture, les péchés (Mt 9,r-8), communique aux hommes
une tradition vivante, qui continue à sa façon la grâce du salut, inaugure des signes nouveaux
celle des siècles passés, quoique en droit elle ne qu'il ordonne de répéter après lui (1 Co 11,23ss).
puisse prétendre à la même autorité normative Par ses paroles et par ses actes, il est ainsi à l'ori-
que l'l!criture. On la trouve dans les milieux gine d'une tradition nouvelle, qui se substitue à
sacerdotaux, chez les docteurs, voire au sein des celle des anciens comme base d'interprétation des
sectes entre lesquelles le judaïsme se partage. Elle Écritures.
fait l'objet d'une vraie technique de transmission,
essentiellement fondée sur le contact personnel 2. La. tradition apostolique. - Effectivement, on
entre le maître et ses *disciples le maître trans- constate dans l'Église l'existence de cette tradi-
met, livre (hb. masar) - et le disciple reçoit (aram. tion, définie dans un vocabulaire emprunté au
qabbèl) ce qu'il devra répéter (hb. sanak; aram. judaïsme. Le fait se note surtout chez Paul,
tenak) à son tour. Cette tradition au sens fort rompu par sa formation première aux techniques

1299 r300
TRADITION TRADITION

de la pédagogie 1u1ve. Aux Thessaloniciens, il a apostolique exige donc une attention constante
« donné des instructions » de la part du Seigneur aux genres littéraires attestés dans le NT. En
Jésus (1 Th 4,2), et ils ont« reçu son enseignement )l effet, dans sa diversité, celui-ci en est la mise en
(r Th 4,1). Il les adjure de« garder fermement les forme occasionnelle, effectuée de façon définitive
traditions (paradoseis) qu'ils ont apprises de lui, sous le "'charisme de l'inspiration. Comme dans
oralement ou par lettre » (2 Th 2,15). Il dit aux l'AT, la tradition issue du Cluist et transmise
Philippiens : « Ce que vous avez appris, reçu, par les Apôtres aboutit ainsi à !'"'Écriture.
entendu de moi et constaté en moi, voilà ce que
vous devez pratiquer » (Ph 4,9). Il précise aux
Corinthiens : « Je vous ai transmis tout d'abord
IJ. CARACTÈRE DE LA TRADITION CHRÉTIENNE
ce que j'avais moiRmême reçu )1 (r Co 15,3), « J'ai
reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai
transmis (u,23); dans le premier cas, il s'agit
!) I. Source : l'autorité du Christ. - Dans l'AT, la
d'un sommaire doctrinal relatif à la mort et à la tradition fi.nalemen t cristallisée dans !'Écriture
résurrection du Christ; dans le second, d'un récit avait pour fondement l'autorité des envoyés de
liturgique de la Cène. L'objet de la tradition apos- Dieu. Dans le NT, elle se distingue de la u tradi-
tolique consiste donc en actes aussi bien qu'en tion des anciens )1 (Mt 15,2) et de toute (1 tradi•
paroles. tion humaine» (Col 2,8) en ce qu'elle se fonde sur
De tels faits laissent penser que les matériaux !'*autorité du Christ. Il a parlé et agi (Ac 1,1),
essentiels de cette tradition, dès avant Paul donnant à ses disci2Ies une interprétation norma-
comme ensuite dans le cadrê de sa prédication, tive des anciennes Écritures (Mt 5,20-48), les ins-
ont été soumis à une technique de transmission truisant de ce qu'ils auraient à enseigner en son
analogue à celle de la tradition juive. Or ces maté- •nom (28,20), leur donnant un •exemple vivant
riaux constituent la substance mêm·e de la vie de de ce qu'ils auraient à faire (Jn 13,15; Ph z,5;
l'Église et l'étoffe de !'*Évangile, règle de la foi 1 Co 11,1). De même que la doctrine prêchée par
et de la conduite chrétienne. Aussi Luc peut-il lui n'était pas de lui, mais de Celui qui l'avait
écrire dans la préface de son ouvrage que (( beau- envoyé (Jn 7,16), ainsi la tradition apostolique
coup ont entrepris de composer un récit des évé- garde-t-elle toujours en elle cette empreinte du
nements [évangéliques], tels que les ont transmis Christ sauveur, dont elle conserve exactement
ceux: qui furent dès le début témoins et serviteurs l'esprit, les prescriptions, les gestes. Même si,
de la Parole » (Le 1,2). Les recueils évangéliques faute d'avoir une parole précise du Cl:irist (cf
ne font donc que consigner par écrit une tradition 1 Co 7,25), un A.pôtre émet un avis personnel
déjà existante. Parallèlement à eux, la vie de pour résoudre un problème pratique posé par la
l':E:glise conserve les gestes et les coutumes légués vie chrétienne, il le fait avec la même autorité :
par le Christ et mi~ en œuvre par les Apôtres. n'a-t-il pas u la pensée du Christ !l (1 Co 2,16) ?
L'"'Esprit du Christ ressuscité demeure en effet
3. De la tradition à l' Écriture. - La tradition avec les siens pour leur enseigner toute chose (Jn
apostolique a ses organes de transmission. En pre- 14 26) et les guider dans la vérité tout entière
1

mier lieu, les *Apôtres, qui l'ont (1 reçue » du (Jn 16,13). Il n'y a donc pas de différence entre
Christ lui-même ;- Paul en est, grâce à la révéla- l'autorité des Apôtres et celle de leur Maître :
tion du chemin de Damas (Ga r,I.16). Ensuite, (( Qui vous écoute, m'écoute; qui vous rejette,
les maîtres que mandatent les Apôtres et à qui me rejette, et rejette Celui qui m'a envoyé 1) (Le
ils confient l'autorité dans les communautés chré- 10,16).
tiennes (1 Tm 1,3ss; 4,n; 2 Tm 4,2; Tt 1,9; ·2,1;
3,1.8). Cette tradition se coule dans des fonnes 2. Tradition apostolique et tradition de l'Église. -
en rapport avec sa nature et avec les divers rôles Si la tradition apostolique jouit ainsi d'une auto-
qu'elle joue dans les communautés chrétiennes : rité unique, qui atteint du même coup les Écri-
des récits sur Jésus aux professions de foi (1 Co tures où elle s'est cristallisée, il ne faut pas pour
15,Iss), des formulaires liturgiques (1 Co 11,23ss; autant l'opposer à la tradition de l'Église, en fai-
Mt 28,19) aux prières communes (Mt 6,9•13) et sant de celle~ci une tradition tout humaine, ana-
ao.x hymnes chrétiennes (Ph 2,6-11; Ep 5,14; 1 Tm logue à celle du judaïsme que le Christ a abolie.
3,16; Ap 7,12; etc.), des règles de vie venant de De l'une à l'autre, il y a une réelle continuité.
Jésus aux schémai; d'homélies baptismales (1 PI, a) Continuité dans l'objet qui s'y trouve trans•
13 ... ), et ainsi de suite. L'étude de la tradition mis. - Sans être à proprement parler créatrice,

1301 1302
TRADITION" TRA~SPJGl!RATIOX
la tradition de l'àge apostolique-constituait encore directement écho à !a tradition apostolique elle-
un .milieu où la révélation progressait,- à mesure même (symboles et formulaires liturgiqties de
que les Apôtres explicitaient le· sens des paroles l'âge sub-apostolique).
et des actes de -Jésus. La· tradition ecclésiastique Cela dit; il est important de faire deux re-
est seulement conservatrice. Sa ·norme est- déjà marques. 1) Il est essentiel à la tradition ecclé-
fixée dans le NT: « Garde le dépôt )l (1 Tm 6,20; siastique d'évoluer dà.ns ses formes' contingentes,
2 Tm 1:,U.14), et ce dépôt .est la tradition apos- pour conserver le dépôt apostotique en adaptant
tolique. Celle-ci ne peut plus recevoir d'éléments sa présentation aux époques et aux_ mentalités
vraiment nouveaux : la •révélation est close. Son des hommes auxquels elle le transmet. - 2) Il
développement dans l'histoire de l'Église est d'un impcirte· de nt'I pas attribuer à la Tradition; où
aùtre ordre ; il ne fait qu'expliciter les Virtualités l'Église comnie telle est engagée, toutes les formes
renfermées dans le dépôt apostolique. Naturelle- contingente·s qu'elle a pu·revêtir et toutes·les tr~-
filent !'Écriture, témoin inspiré de la tradition ditions - de_ valeur fort diverse - qui orit pu
ap~tolique, _joue un rôle capital dans cette con- naître au ;cours des âges suivants. Mais Ce n'est
servation fidèle du dépôt : elle en est la pierre évidemment pas au NT qu'il· faut demander la
de touche essentielle. Cependant rien ne nous solution directe des problèmes théologiques posés
assure que- tous les éléments du• dépôt originel y par cette Tradition ecclésiastique, puisque, par
aient -été explicitement ·consignés. Bien mieux, la définition, elle n'émergea qu'à partir du moment
'.fradition vivante'.conserve ·seule uhe chose que où le Canon des livres inspirés se trouva clos.
}'Écriture· ne suffit pas· à liVrer : l'intelligence PG
profonde des textes inspirés, œuvre -de !'•Esprit
agissant· dans l'Église. Grâce à elle,. la *Parole -+ disciple - écriture - enseigner - Loi B llI s ;
fixée dans l'Écriture demeure ainsi la Parole tou- C I l - mémoire 4 - pharisiens 1 - prophète AT
jours vivante du Christ Seigneur. I 2, III 2 - Révélation - sacerdoce AT III o -
vieillesse ;;i;. ·
b) .Continuité dans les organes de transmission. -
La tradition -d~ l'Église ne se transmet pas dans TRAHISON~ ami 1 ·- déception III - rèpas I -
une collectivité · anonyme, mais 'dans une société tristesse NT 2.
structur.ée et hiérarchique; .et celle-ci n'est pas
une simple organisation humaine, mais le •Corps
même du Christ gouverné par son Esprit, où les
fonctions de gouvernement perpétuent à travers
· les siècles celles des Apôtres, en disposant de léur TRANSFIGURATION
autorité .. Ici encore, les épîtres pastorales fixent
des normes (vg.1 Tm 4,6s.16; 5,17ss; 6,2-14; 2 Tm
I,13s; 2,14ss; 3,14-4,5; Tt 1,9ss; 2,1,7s). Elles x. $ituation. -- Dans les évangiles; la Transfigu-
montrent que le critère de l'authentique dépôt ration du Christ est située à un moment décisif,
apostolique conservé dans la tradition de l'Église celui où Jésus, reconnu par ses disciples comme
n'est pas !'Écriture seule mais, conjointement, la •Messie, leur révèle comment va s'accomplir son
garantie· de ceux qui ont reçu mission .de veiller œuvre : si glorification sera une résurrection, ce
sur lui et grâce pour r~_~plir ce rôle : le même qui implique le passage par la souffrance et la
Esprit qui a inspiré les Ecritures continue de les mort (Mt 17,1-9· p; cf 16,13-23 p). C'est ce con-
assister (1 Tm 4,14; 2 Tm: 1,6). texte qui donne à la scène sa signification dans
c) Continuité dans les formes Jondamenta.les où la vie du Christ et sa fécondité dans la vie du
la tradition s'est fixée littérairement. - Cette per- chrétien. Jésus y apparaît réaliSa.nt les Écritures
manence des fonn·es traduit de façon sensible la (cf Le 24,4455) et leurs oracles sur le Messie, le
permanence des fonctions et des milieux de vie Serviteur de Dieu et le Fils de l'homme.
dans l'-Église. Sans doute les· genres évolueront-ils
dans la littérature ecclésiastique avec les temps et 2. Le mystère. - Jésus choisit pour témoins de
les cultures. Mais par-delà cette évolution, les l'événement• ceux qui seront témoins de son ago-
œuvres les plus diverses resteront marquées pro- nie : Pierre {cf 2 P 1,16ss), Jacques et Jean (Mc
fondément par les formes de la tradition aposto- 14,33 .p; cf 5,37). La scène évoque les théophanies
lique fixée dans -le ·NT, et certains <locuments ·dont •Moïse et •Élie furent les témoins sur· la
très anciens, sans jouir d'une autorité identique •montagne de Dieu (Sinaï-Horeb, cf Ex 19,gss;
à celle de !'Écriture, peuvent même faire très 24,15-18; 1 R 19,8-18), Dieu ne manifeste pas

1303
TRANSFIGURATION TRAVAlL

seulement sa présence en ,parlant du milieu de la être transfigurés toujours davantage par l'action
*nuée et du *feu (Dt- 5,2-5) ; mais, en présence du Seigneur (2 Co 3,18), en attendant de l'être
de Moïse et d'Élie, Jésus apparaît aux disciples, totalement avec leur .•corps lors de la parousie
transfiguré par la *glpire de Dieu. (Ph 3,21). Dans leur participation terrestre aux
Cette gloire suscite leur frayeur, *crainte reli- •souffrances du Christ, toute rencontre- authen-
gieuse devant le divin (cf Le 1,29s) ; mais elle tique ·du Seignellr Jésus joue un peu le même
provoque aussi une réflex~On suggestive de Pierre, rôle pour le soutien de leur *foi que la Transfigu-
qui exprime sa joie devant la gloire de celui dont ration pour le soutien de la· foi des disciples.
il a confessé la messianité ; Dieu va .habiter avec PdS
les sîens, comme l'ont annoncé les prophètes d·es apparitions du Christ l - blanc 2 - Élie NT 3 -
...+
temps messianiques. Toutefois la gloire n~est pas gloire IV 3 - lumière & ténèbres NT I 3 - Moise
celle du dernier •Jour; elle ne fait pas ·qu'illu- 3 - montagne III 1 - .nuée 4 - -vêtement Il 3.
miner les *vêtements et la *face de Jésus,- comme_
jadis elle irradiait le. visage de .Moïse (Ex 34,29s,
35). Elle· est la gloire même du Christ {Le 9,32)
qui est le *Fils bien-aimé, comme le proclame la TRAVAIL
voix_ qui sort de la nuée. En, même temps cette
voix ratifie la révélation que Jésus a faite à ses
disciples et qui est l'objet de son entretien avec Partout, dans la Bible, l'homme est au travail.
Moïse et Élie : cet « exode dont Jérusalem va
1) Toutefois, parce que ce travail, de l'artisan ou du
être le point de départ (Le 9,3 r), ce passage par petit agriculteur, est assez, d_ifiérent du travail
la •mort, nécessaire à l'entrée dans la gloire (cf intensif et organisé qu'évoquent. en nous les
Le 24,25ss) ; car la voix divine prescrit d'•écouter visions niodernes du travail,,nous sommes,portés
celui qui est le Fils, -I'Élu de Dieu (Le 9,35). à croire que !'Écriture ignore le travail ou. le
La parole qui retentit sur . le nouveau Sinaï connaît mal. Et, parce qu'elle ne comporte guère
révèle qu'une ll!Loi nouvelle va prendre la place de jugements de principe sur la valeµr et la signi~
de la Loi donnée jadis ; cette parole évoque trois fica~ion du travail, -nous· sommes parfois tentés
gracies de l'AT : l'un qui concerne le *Messie et d'isoler à notre fantaisie telle · formule prise au
sà filiation divine (Ps 2, 7). l'autre qui regarde le hasard et de l'utiliser au pi:-ofit de nos propres
•Serviteur de Dieu, son •Elu-(Is 42,r), le troisième thèses. Si elle ne .répond pas à ·toutes nos ques-
où est annoncé un nouveau ·•Moïse (Dt 18,15; cf tions, la Bible, ·prise en sa totalité, nous· intro-
Jn 1,17s) : t Yah'Weh ton Dieu suscitera... un duit dans la réalité du travail, de sa:valeur, de
*prophète comme moi : c'est- lui que vous- écpu- sa pei.ne et de sa rédemption, ..
terez. » L'écouter, c'est en effet écouter le Verbe
fait chair, en qui,le croyant voit la gloire de Dieu
(cf Jn 1,14). J. VALEUR DU TRAVAIL

3._ But èt fruit de l'événement .. - La Transfigura- I. Le commandement, du C-réateur. ---:- En dépit du


tion confirme la confession, de. Césarée (Mc 8,29) préjugé courant, le travail-.ne vient pas_ du *péché-:
et consacre la révélation de J~sus, Fils de l'homme avant la chute, u Yahwe_l;l Dieu prit l'homme et
souffrant et glorie.ux, dont la mort et la résurrec- l'établit d~s, le jardin d'Éden pour le cultiver
tion accompliront les Écritures. Ell.e révèle la et le garder » (Gn 2,15). Sj le Décalogue prescrit
personne de Jésus, Fils. bien-aimé et transcendant, le •sabbat, c'est au terme de six jours. de travail
qui possède la gloire même de Dieu. Elle mani- (Ex 20,Bss). La présentation imàgée de la créa-
feste Jésus et sa •parole comffie la Loi nouvelle. tion en six jours souligne ,que le travail de !'.homme
Elle anticiJ)e et préfigure l'événement. pascal qui, c'orresp.ond , à. la volonté divin_e. et le présente
par la voie de la croix, introduira le Christ dans le comme un reflet de l'action· du Créateur : le récit
plein épanouissement de sa, gloire et de sa dignité nous signifie qu'en. forµiant l'hoinme u à son
filiale. Cette expérience anticipée de la gloire du image 1) (Gn 1,26)·, Dieu a voulu l'associer, à son
Christ est destinée. à soutenir les disciples . dans dessein et ·qu'après avoir. mi_s .1'11:nivers._en place,
leur participation au mystère. de la •croix. ~l l'a· remis entre les mains de l'homme, avec. le
Rendus par le •baptême participants au mys- pouvoir d'.occuper la •terre et de la so_umettre
tère _de résurrection préfiguré par la Transfigu~ (r,28}. Tous ceux qui travaillent, même s'ils «-ne
ration, les chrétiens sç,nt .appelés dès ici-bas à brillent ni par la culture ni . par le jugement :o,

1305 1306
TRAVAIL TRAVAIL

tous cependant, chacun par son métier, « sou- 3. Valeur sociale du travail. - Cette estime du
tiennent la--création » (Si 38,34). Aussi n'est-il travail- ne naît pa.s seulement de l'admiration
point étonnant que l'action du Créateur soit devant les réussites de l'art; elle repose sur une
facilement décrite par des gestes d'ouvrier, façon- vue très ferme de la place du travail_ dans la vie
nant l'homme (Gn -2,7). -fabriquant le ciel (! de sociale et les rapports économiques. Sans les labou-
[SCs] doigts · Jj et •fixant .les étoiles à leur place reurs· et les· artisans, ({ nulle: cité ne pourrait se
(Ps 8,4) ; inversement, ·la grande·hymne qui chante construire » (Si .38,32). A l'origine de la naviga-
le Dieu créateur dépeint· l'homme sortant, ·au tion, trois facteurs sè combinent : « la soif du
matin, " pour son ouvrage, faire son travail jus- gain... la Sagesse artisane... la coridui'te de la
qu'.au ~ir » (Ps 104,23; cf Si 7,15). Ce travail de Providence » (Sg 14,2s). Conceptiori réaliste et
l'homme, c'est. l'épanouissement de la création de éqpilibrée, susceptible d'expliquer, selon la .place
Dieu, c'est· l'accomplissement de sa *volonté. respective_ de ces trois éléments, les abetrations
ciue peut· connaître le travail comme aussi les
2. V al81'r naturelle du &avail. - Cette authentique merveilles qu'il- peut réaliser, celle _par exemple
volonté de Dieu n'est nulle part exprimée dans qui permet au navigateur « d'oser confier sa vie
les commandements: de l'alliance, ni dans ceux du à tin bois minuscule ; et de parfaire ·ainsi la créa-
Décalogue, . ni dans ceux de l'Évangile. Ce qui tion de Dieu en empêchant « les œuvres de [sa]
n'est pas surprenant, mais au contraire normal : Sagesse de demeurer stériles )) (Sg 14,5).
le travail est une loi de la condition humaine (cf
Dt 5,i3), il ·s'-impose à tout homme, avant même
qu'il se sache appelé au *salut de Dieu. De là 11. LA PEINE DU TRAVAIL
vient que beauc·oup des- réactions de la Bible en
face du travail traduisent simplement le juge- Mais parce que le travail est une donnée fon-
ment d'une ·*conscience sain_e et droite, et qu'elles damentale de l'existence humaine, il se· trouve
figurent dans les· écrits des sages, délibérément immédiatement et profondément atteint par le
attentifs à faire profiter -1a· religion d'Israël du •péché : « A la sueur de ton visage tu -mangeras
meilleur de l'expérience morale de l'humanité. ton pain » (Gn 3",19). La *malédiction divine n'a
Ainsi la Bible est-elle sévère pour l'oisiveté, au pas pour objet le travail, pas plus qu'elle n'a
nom de la simple raison : 'le paresseux n'a rien à pour objet l'enfantement de la· ·femme. Comme
manger (Pr- 13,4) et risque de mourir de faim·(21, l'enfantement est la *victoire douloureuse de la
25) ; rien ne vaut la faim pour stimuler au travail vie sur la mort, ainsi la peine quotidienne de
(16,26), et saint Paul n'hésite· pas à utiliser ·cet l'homme au travail marque l'exercice du pouvoir
argument pour montrer leur aberration à ceux que Dieu lui a remis sur sa création ; le pouvoir
qui refusent de travailler : « Qu'ils ne mangent subsiste, mais le sol, maudit, résiste et doit être
pas non plus » (2 Th 3,10). Davantage, l'oisiveté dompté (3,17s). Dans cette ·*souffrance de l'effort,
est une déchéance : on admire la femme toujours le pire est que, mème si elle aboutit parfois à des
en éveil, qui« ne mange pas le pain de .l'oisiveté » réussites spectaculaires, telle celle de Salomon, la
(Pr 31,27) et l'on raille lé paresseux : •« Sur ses •mort vient qui la rend vaine : « Qu'y a-t-il pour
gonds tourne la porte, et sur son lit, le paresseux·)) lui, de' tout son labeur... ? Et les jours de peine,
(26,14). Ce n'est plùs un homme, c'est (lune pierre et· le ·souci des affaires, et les nuits d'insomnie ?
crottée », « une poignée d'excréments » {Si 22,rs) Cela aussi est vanité » (Qo 2,22s). ·
qu'on· rejette avec dégoO.t. Douloureux, souvent stérile, le travail est encore
La Bible en revanche sait apprécier le travail dans l'humanité un des terrains o'ù le péché déploie
bien fait,· l'habileté et le cœur à. l'ouvrage· du le ·plus largement sa puissance. Arbitraire, *vio-
Jabouretlr. du forgeron ou du potier (Si 38,26.28. lend~, injustice, rapacité· font constamment du
30). Elle est pleine d'a:dririiation pour les réus- travail no~ seulelllent un poids accablant, mais
sites de l'art : le palais· de Salomon (1 R 7,1-12) un lieu dè •haine et de divisions. Ouvriers frus-
et soh trône, a sans rival dans aucuh royaume 1) trés de leur salaire (Jr 22,13; Je 5,4).- paysans
(10,20), mais par-dessus tout le Temple de Y~- dépouillés par l'impôt {Am 5,n), populations sou-
weh et ses merveilles (I' R 6; 7,13-50}. Elle est mises à la corvée par un gouvernement ennemi
sans pitié pour l'aveuglement du faiseur d'*idoles, {2 S 12s1) mais aussi par leur ·propre souverain
mais elle respecte son 'habileté et s'indigne que (1 S 8,'10:-18; I R 5,27; 12,1-·14), *esclaves con-
tant d'efforts soient dépensés en pure perte, pour damriés au travail et aux coups {Si J.3,25-29), il
du « néant » (Is 40,19_s; 41,6s). n'y a pas toujours de faute personnelle dans ce

1308
TRAVAIL TRAVAIL

tableau sinistre, c'est _simplement le monde ordi- 17; 6,28), ou pour donner·en exemple les oiseaux
naire du travail dans la race d'Adam. Ce monde, · du -ciel « qui ne sèment ni ne moissonnent »· (Mt
Isra_ël l'a connu, sous sa forme la plus inhumaine, 6;26) et les lis des champs ,qui « ne peinent ni ne
en *Égypte : · travail forcé, à un rythme épuisant, filent » (6,28). Ce peu d'importance d'.une part,
sous une surveillance impitoyable, parmi une popu - de l'autre, cette' importance accordée au. travail,
lation hostile, au profit d'un gouvernerrienf ennemi, ne sont point des données contradictoires, mais
travail systématiquement organisé pour ariéantir deux pôles d'une attitude chrétienne essentielle.
un peuple et lui ôter toute capacité de résistance
(Ex 1,8-14; 2,u-15; 5,6-18), c'est déjà (( l'univers 1. Le travail périssa_ble. - « Travaillez, non_pour
concentrationnaire >), le « camp de travail ». la •nourriture périssable, mais pour la nourriture
qui demeure en vie éternelle » (Jn 6,27). Jésus-
Christ vient apporter le .. •Royaume de Dieu; il
!TI~,, LA RÉDEMPTION DU TRAVAIL. n'a pas d'autre mission ni ne parle d'autre chose.
Car le Royaume passe avant tout (Mt 6,33). Le
Or Yahweh a. *libéré son peuple. de cet univers reste, manger, boire! se *vêtir,- n'est pas sans
inhumain, fruit_ du péché. Son alliance avec Israël importance, -mais qui s'en préoccupe au point de
comporte une série de clauses destinées à pré- manquer le Royaume a 'tout perdu, eftt.:il ·conquis
server le trivail, sinon de tout ce qu'il a de.pénible, l'univers (Le 9,25). Devant l'absolu qu'est la pos-
du _moins ·dès formes monstrueuses que lui donne session de Dieu, tout le- reste s'efface.; .. dans cè
la _méchanceté de l'homme. Le, •sabbat est fait monde, dont « la figure passe o {x Co 7,31), seul
pour introduire une trêve da.ils l'accablante suc- compte ce qui« attache sa·ns partage au Seigneur 1)
cession des travaux ..(Ex 20,9ss), pour assurer. à (7,35).
l'homme et à tout ce qui travaille sur la terre -un
temps, de •repos (Ex 23,12; Dt 5,14), à l'exemple 2. Valeur positive du travail. - Mettre le travail
d!un_ Dieu qui s'est révélé.être un Dieu qui travaille, à sa place, distincte de Dieu, ce n'est nullement le
un Dieu qui se repose, -un Dieu qui libère de la dévaloriser, c'est _reconnaître sa valeur· dans la
servitude (Dt 5,15). Plusieurs artic~es ·:de la Loi *création. Or cette valeur· est très haute. Non
sont destinés à protéger l'*esclave ou: le salarié, seulement, comme Yahweh-dans -1'.AT, Jésus em-
qui doit être payé le jour même (Lv 19,13) et ne prunte titres et'comparaisons ·au''rrionde du tr~-
doit pas être exploité (Dt 24,14s). Les prophètes vail: past~ur, vigneroii,-médecin, semeur· (Jn 10,
rappelleront ces exigences (Jr 22,13). S'il est xss; 15,1; Mc 2,17; 4,3); et cela sà.ns l'ombre'de_la
fidèle à l'Alliance, Israël ne sera pas dispensé· du condescendance du Siracide, si typique de l'in-
travail, mais celui-ci sera fécond, car « Dieu tellectuel, pour le travail des mains, sa Ilécessité
*bénira l'œuvre de ses mains » (Dt 14,29; 16,15; et ses ·limites (Si 38,32sS), Non seulement Jésus
28,12; Ps .128;2), Le travail· produira son,*fruit présente l'apostolat comme un travail, celui· .de
normal : ·celui qui plante une vigne gofttera de la •moisson (Mt 9,3'7;' Jn ·4,'38) ou de la pêChe
son fruit, celui quLbâtit, une maison l'habitera (Mt · 4,19), · non seulement il est attentif au
(Am 9,-14; Is 62,8s; cf Dt 28,30). métier de ceux qu'il choisit (Mt 4,18), 'mais il
suppose, par tout son comportement, un monde
au travail : le laboul"eur à son 'champ (Le 9,62), la
IV, LE CHRIST ET LE TRAVAIL ménagère à son balai {15,8}, et il _trouve anormal de
laisser ·enfoui un talent sans le faire fructifier
La venue de· Jésus-Christ projette sur le travail (Mt 25,14-30). S'il lui àrrive dé multiplier les
les paradoxes et les lumières de· l'Évangile. Le tra- pains - des p·ains cuits dans nos fours -.- · il
vail dans le NT est à la fois magrii:fié et comme tient à montrer que c'èst une· exception, et qu'il
igno,é ou traité de haut, tel un détail sans impor- laisse à l'homme- le soin de fabriquer et-de· cuire
tance. Il est magnifié par l'exemple de Jésus, son_ pain'. Dans le. rnêtn·e esprit- d'adhésion loyale
ouvrier (Mc ,6,3) et- fils d'ouvrier (Mt 13,55), et à la ·condition humaine,- Paul- dira de « se tenir
par l'exemple de Paul; qui travaille de ses maills à distance ·de· tout frère qui vit dans ·l'oisiveté »,
(AC: 18,3) et s'en fait gloire (Ac 20,34; 1 Co_ 4,12). sous prétexte que la paroüsie est proch_e (2 Th 3;6).
Cependant les évangiles observent sur le travail
un silence étonnant: ils ne semblent connaître le 3. Valeur ehrltienne du travail: - Nouvel •Adam,
mot que pour désigner Ïes •œuvres auxquelles ·H le Christ permet à l'humanité de remplir la mis-
faut ·s'appliquer, et ce- sont celles de Dieu (Jn j, sion de dominer le monde (He 2,5ss; ,Ep 1,gss) :

1309 I3IO
TRAVAIL TRISTESSE

en sauvant l'homme, il donne au· travail sa pleine TRIBU-+ braël AT·1 ·b .,....- pères&Père I :z- peuple -
valeur.. Il .rend son obligation plus pressante, en roi AT O.
la fondant sur les exigences concrètes de l'•amour
TRIBULATION -+ calamité_ - épre~ve/t~~tation -
surnaturel ; en févélant la vocation des fils de Dieu, persécution ...:..... soriffrance.
il montre toute la dignité de l'*homme et du tra- ,: ' . ' .. : '
vail qui· est.• à .son. service, il .établit une hiérarchie TRINITt -+ amour I NT 4 - baptême IV a -,- Dieu
de valeurs·pemiettant de juger et de se· conduire 'NT IV.
dans le travail. En instaurant le *Royaume qui
n'est pas. de ce -*monde, mais s'y trouve co:tnme
un ferment, il rend sa qualité spirituelle ati tra-
vailleur, donne à son travail les dimensions de ,la TRISTESSE
charité· et fonde les i'elations·· engendrées par le
travail sur le principe nouveau- de la fraternité
dans le-Christ (Phm). En vertu de sa loi-'d'amour A l'inverse de la •joie qui _est liée au •salut et
(Jn 13,34}, -il oblige à réagir contre l'égoïsme .et à la •présence de -Dieu, la tristesse ·est· un fruit
à. tout faire pour diminuer la peine des ho~es 'amer du *péché -qui sépare· de Dieu.- Les causes
au travail, et cependant_, en introduisant· le chré- apparentes. en ·sont variées : une •épreuve signi•
tien au-mystère de sa •mort et de ses *souffrances, fiant que Dieu cache sa •face '(Ps 13,2s),- une
il donne une valeur nouvelle à cette peine fatale. épouse décevante par sa méchanceté (Si 25,23}, un
fils mal élevé (30,9s), un •ami· traître {37,2), sa
4. Ls travail et l'univers nouveau. - Enfin lorsque, propre *folie (22,1oss) ou perversité (36,20)~ la
à la parousie du Seigneur, sa •gloire de ressuscité médisance d'autrui. (Pr_" 25,23). La Bible ne se
revêtira tous ses élus, la domination de l'univers ·contente pas de rapporter la continuelle •décep•
par l'humanité sera pleinement réalisée par lui et tion· de l'homme, voué à se « nourrit· d'un pain de
en lui, sans entrave .de péché, de mort ou de larmes » (Ps 80 1 6), sans trouver· de -corisolateur
~nfh:ance. Déjà, ·avant même le dernier jour, le (Qo 4,1); derrière l'immense peine des hommes,
travail, dans la mèsure où il est accompli dans elle décèle le péché qui ell. est la vraie cause et
le Christ, a sa· part dans .le retour de la •création mori.tre dans le Sauveur le remède : si la tristesse
à Dieu. L'•esclave _qui porte sa condition dans le vient ,du péché, la joie est le fruit.du salut (Ps
Christ est déjà (l 1c1n. :affranchi du Seigneur » ( r Co 51,14).
7,22} et prépare la création à_« être elle aussi
libérée, de la servitude de hl. corruption pour
entrer dins li liberté .de la gloire des enfants _de AT
.Dieu » (R:m 8,21). Y aura-t-il en outre une per- 1. Bon sens et tristesse. - Ce n•~t pas du pre-
manence de l'œuvre réalisée ? L'Écriture. n'en- mier coup que la révélation s'élève à de tels som-
courage a_ucun messi~nisme temporel:,« Elle passe, mets ; elle retient aussi la réactiou:-1terre à. terre,
la figure de ce _monde n (r Co 7,31),. et la rupture de type stoïcien, qui cherche à fuir la · tristesse,
entre· l'état actuel et l'état futur du monde ne tout en sachant que seule la •crainte du Seigneur
laisse pàs de place pour -un· _aménagement qui assure la joie de la vie (Si 1,us}. La tristesse
ferait passer d~ plain-pied dans le monde à venir. déprime le cœur {Pr 12,25), abat l'esprit {15,13),
Cependant, une c~rtaine .permanence de l'œuvre dessèche les os .(17;22}, plus encore que la maladie
de l'homme, sous une forme impossible .à préciser, (18,14}. Dès lors, conseillent les sages : « Ne
semble bien .di;ms la ligne des affirmations pauli- -t'abandonne pas aux idées noires » ·(Si 30,21),
niennes· sur la domination et la récapitulation de • chasse la tristesse qui a perdu un grand nômbre •
l'univers par le Christ (Rm S,r9ss; .Ep r,xo; Col et les •soùcis qui font vieillir avant l'heure (30,
1,16.20). Sans qu'aucun texte nous permette de 22). Certes, ..il faut (< s'affliger avec les -affligés •
satisfaire_ une -curiosité fatalement naïve et bor- (Si j,34; cf. Pr 25,20) ;· mais devant la perte d'un
née, l'Écriture dans son _ensemble nQus invite à être ch.er, il ne faut pas se lamenter outie mesure:
espé_rer que la création. rachetée et )ibéré.e .demeure 11 Console-toi dès que son esprit est parti » (Si 38,
t011jours l'univers des enfants de J;)ieu rassemblés 16-23) ; le •vin console de bien- des amertumes
dans le Christ. PdS & J G (Pr ·31,6s; Qo 9,.7; ro,19) ; et si « toute joie a tôt
-+ homme I I b, Ilf 4 -:-- nourriture I, H - œuvres fait de- s'achever· en chagrin » (Pr 14;13}, n'oublie
AT II a__.!. repos - rétribution·- semaine -·semer I pas qu' « il y a un temps pour pleurer êt un -temps
:z a - soucis I - terre AT I :z, II 3 a; NT'·II 3. pour rire » (Qo .3,4). Si. prosaiques soient-ils, ces

I3II 1312
TRISTESSE TRISTESSE

conseils. peuvent aider à démasquer l'artifice qui appelle au Sauveur qui veut non, la mort, mais
se glisse sourno~sement dans la tri_stesse ; ils pré- la vie_ du pécheur -·(Ez 18,23). A travers !'."'exil,
parent à _une révélation ·plus haute. reconnu comme le châtiment exemplaire des péchés
commis, Israël entrevit qu.'un jour cesserait défi-
2. La tristeS;se, signe du péché._ .- L'histoire de nitivement la tristesse. Rachel a pleuré ses fils
l'Alliance en effet est, sous un• ,certain. angle, déportés ; .elle ne voulait pas être consolée,· mais
*éducation d'Israël à partir_ de la tristesse que Yahweh intervient : <i Cesse. ta lamentation !
causent les •châtiments mérités : eHe signifie. qu'on Sè;che.tes yeux 1 » (Jr 31,x5ss). Il existe un espoir
a .pris. conscience d'u,ne séparation d'aveç Dieu. que brandit le prophète d.es lamentations, soudain
La sanction du péché ·d'idolâtrie .au Sinaï, c'est changé en· messager de *consolation : « Ils étaient
que Yahweh (( .n'accompagnera pas en ,personne » partis dans les ·larmes; dans la consolation je les
le ,peuple.:, les "'vêtements· de fête devront être ramène; je changerai leur deuil en .allégresse, _je
enlevés en signe de deuil- et de séparation (Ex 33, les consolerai, je les réjouirai après leurs peines· »
4ss). A l'entrée de la Terrerpromise .(Jos 7,6s.ns), (31,12s)._ Alors, au cœur de Sion, qui ne voulait
durant la période des J uges-(J g 2), un même rythme plus . chanter joyeusement en exil (Ps 137), le
se fait sentir. : péché, é.loignement de Dieu, châti- Livre de la consolation v.ersera son baume (Is
ment qui engendre la triste~e. Les prophètes _sont 40-55; 35,10; 57,18; 60,20; 61,2s; 65,14; 66,10.
chargés de révéler .cette_ tristesse, en _dénonçànt 19). « Ceux qui sèment dans les larmes mois-
la *paix illusoire du peuple pécheur ; · ils le font sonnent en. chantant » (Ps 126,5; cf Ba 4,23; Tb
d'abord en se laissant pl9ng·er eu.x-mêmes dans 13,14). Certes le- péché. et la. tristesse .pour~nt
un-abîme de tr_istesse. Jérémie est un moçièle,. et surv:enir. encore {Esd-10,1), mais on_espère qu'ils
ses propres cris de douleur devraient être ceux du n~ submergeront plus que la •Cité du ,mal (Is 24,
peuple : devant la guerre qui vient (Jr 4,19), la 7.-II); tandis que sur la montagne de .Dieu, « le
:famine (8,18), le _malheur (9,1), il,.est la. conscienCe Seigneur essuiera les Ia.i:mes _de tous les visages H
contrite du peuple péch~ur (9,18; 13,17; 14,17). Il (25,8). Tèl n'est point cependant le dernier mot
vit séparé du peuple,_ en . té~oignage contre lui de l'AT. Cette perspective pa,radisiaque, que re-
(15,17s; 16,8s). Ézéchiel aussi, mais à l'inverse, il prencira l'Apocalypse .. (Ap 21,4), ne voile .pas-,la.
ne. doit pas pleurer sur-« la. joie de ses yeux >), réalité douloureuse du chemin de la joie. sans fin :
sa· femme, tellement endurci est le cœ.1,1r de pierre il fa1Jdra un jour· faire une -lamentation sur le
d'~sraël (Ez 24,15-24). 1c transpercé:»!_ pour que là.soùrce intarissable de
la joie soit·' ÔùVerte au flanc de la Cité (Za 12,
3. L(!. tristesse selon .Dieu. - Les prophètes ont lOS).
aussi pour -mission d'assurer unë -vraie ·componc-
tion1 La, ·tristesse .en effet s'exprime avec fo-rce NT
cris et gestes : ."'jel'.i:ne, (Jg ,20,26), •vêtemerits
déchirés (Jb 2,12), sac et .cendre (2.S 12,16; 1 R 1. La tristesse de Jésus-Cht'ist. - Il,fallait que
20,31s; Lm z,ro; JI x,13s; Ne 9,1; Dn 9,3), cris et Celui qui ôtait le Péché_ du monde fût ac.ci;l.blé de
lamentations {ls 22,12;, Lm 2,18s; Ez 27,3oss; l'immense tristesse des hommes,.. :sans en être
Est 4,3). Ces liturgies de. *pénitence méritent par- écrasé• .toutefois .. Comme les prophètes, il. a été
fois d'être stigmatisées par les prophètes {Os 6, profondément attristé par l'_*end_urcissement des
1-6; Jr 3,21-4,22), car s'il faut pleurer; c'est pharisiens. (Mc 3,5), il s'est lamenté sur l'inconsM
moins .sur, les doi+s perdus que sur le Seigneur cienc_e de Jérusalem. qui mécon_naissait l'heure de
absent (Os 7,14), c'est à condition d'être fidèle à sa •_visite {Le 19,41)·, En .plus. de. ,cette_ tristesse
la Loi (Ml 2,13), c'est pour exprimer une authen- sur lé Peuple élu, Jésus a pleuré .~ur 1a: *mort,
tique contrition·:.« Déchirez vos céeurs etî16n·vos sur Lazare, son ami mort depuis quelques.· jours
vêtements 1 » (Jl. 2,12s). Alors ces démonstrations (Jn 'n,35). Il ne s'agit.pas simp~ement.de l'~mitié
sont valables (Nè 9,6-3''7; Esd' 9,6-15; Dn 9,.j.-19; tout humaine que _les *Ju~ pensent.voir là (II,
Ba 1,15-3,8; Is 63,7-64,n) ; les pleurs attirent 36s), car Jésul? frémit intérieurement ,de nouveau
la compassion de Dieu {Lm 1,2; 2,11.r8; Ps 6,7s)'; (n,38}, sans doute parce qu'il aimait Lazare d'un
1a tristesse est un aveu du pécheur ·: (< Seigneur, amour qui. ;vient du Pè_re.(15,9). Mais il avait déjà
recueille mes larmes dans ton outr:e ! » (Ps 56,9). frémi une première fois et s'était troublé (n,33.
38) à l'occasion des sanglots qui exprimaient dans
4. Tristesse et espérance .. -. ,La. brisure .du cœur son horreur la réalité de la mort qu'il al).ait affron-
lie tue pas l'•eSpérance, au contraire : · elle en ter au tombeau d'u_n Lazare déjà en. putréfaction.

1313 1314
TRISTESSE TYRAN

Ce n'est pas seulement face à la mort, mais dans de la tristesse. Jésus avait été la cause des pleurs
la mort même que Jésus a voulu subir ,< tristesse renouvelés de Rachel sur les enfants innocents
et angoisse », c< être triste à en mourir » (Mt 26, (Mt 2,18) ; il n'avait même pas craint de con-
37s p), d'une tristesse qui équivalait à la mort trister ses parents quand il lui fallait être chez
sa volonté n'allait-elle pas se trouver en conflit son Père (Le 2,48s). Maintenant il ne nie pas
avec celle du Père, creusant un fossé que seule que son départ soit source de tristesse, sinon il
une prière obstinée pourrait combler ? Mais, ayant ne serait pas celui sans qui la vie n'est que mort;
ainsi ramassé · dans sa supplication les clameurs il sait aussi que le •monde se réjouira de sa dis-
et les larmes des hommes face à la mort, il a été parition (Jn 16,20). Reprenant la comparaison
exaucé (He 5,7); quand, sur la croix, il exprimera souvent utilisée pour décrire la naissance d'un
l'abandon de Dieu dans lequel il se sent mourir, monde nouveau (Is 26,17; 66,7-14; Rm 8,22), il
ce sera à l'aide du psaume de confiance du Juste évoque la joie de la femme qui a traversé la tris-
persécuté (Mt 27,46 p) comme l'a interprété tesse de son heure en mettant un homme au
Luc, ce sera pour s'abandonner à Celui qui sem- monde (Jn 16,:n). Ainsi « votre tristesse devien-
blait l'abandonner (Le 23,46). La tristesse est dra joie o (16,20), elle a passé, ou plutôt elle est
alors vaincue par celui qui, sans être pécheur, s'y passée dans la joie, telles les blessures qui mar-
livra. quent à jamais l' Agneau céleste, comme égorgé
(Ap 5,6) ; 1a tristesse désormais s'accomplit en une
2. Bienheureux ceux qui pleurent! (Le 6,2r). - joie, que nul ne peut ravir (Jn 16,22), car elle
Celui qui devait ainsi plonger dans l'abime de la vient de celui qui se tient debout par-delà les
tristesse pouvait par avance "'béatifier, non la dou- portes de la Mort. Elle jaillit du trouble fatal
leur comme telle, mais la tristesse unie à sa joie (14,27), des tribulations (r6,33). Les disciples de
de rédempteur. Il importe de distinguer tristesse Jésus ne sont plus tristes parce qu'ils ne sont
et tristesse. « La tristesse selon Die,11 produit un jamais dans cette *solitude d'orphelins où ils sem-
repentir qu'on ne regrette pas; la tristesse du blaient laissés (I4,18), livrés au monde persécu-
monde, elle, produit la mort » (2 Co 7,rn}. Cette teur (r6,2s) : le Ressuscité leur donne sa propre
sentence paulinienne est illustrée par des exemples joie (r7,I3; 20,20).
connus. D'un côté, voici un jeune homme qui Désormais, épreuves (He 12,s-n; r P r,6ss; 2,
s'en va triste parce qu'il préfère ses *richesses à 19), séparation des frères défunts (1 Th 4,13), ou
Jésus (Mt r9,22), annonçant de loin les riches même incrédules {Rm 9,2), plus rien ne peut atta-
que cOndamne Jacques en leur promettant la quer la joie du croyant ni le séparer de l'amour de
mort éternelle {Je 5,r); voici les disciples à Geth- Dieu (Rm 8,39). Apparemment triste, en réalité
sémani, écrasés de *sommeil et de chagrin, c'est- joyeux toujours (2 Co 6,10), le disciple du Sau-
à-dire mûrs pour abandonner leur Maître (Le 22, veur tout en foulant les chemins de la tristesse
45) ; voici enfin Judas, désespéré de s'être, par con1laît la joie céleste,. celle qui remplira les élus
la trahison, séparé de Jésus (Mt 27,3ss) telle est avec lesquels Dieu demeurera à jamais, essuyant
la tristesse du "'monde. A l'opposé, la tristesse toute larme des yeux (Ap 7,17; 21,4).
selon Dieu afflige les disciples à la pensée de la MP & XLD
trahison qui menace Jésus (Mt 26,22), Pierre san-
-+ cendre 2 - consolation - déception - joie -
glote d'avoir renié son Seigneur (26,75), les dis- soucis 2 - souffrance.
ciples d'Emmaüs cheminent tristement à la pensée
de Jésus qui les a quittés (Le 24,r7), Marie san- TROMPER-+ erreur NT - hypocrite - mensonge -
glote parce qu'on a enlevé son Seigneur (Jn 20, Satan.
nss). Ce qui distingue les deux tristesses, c'est
TRÔNE-+ arche d'AUiance 0, III - David - roi.
l'amour de Jésus ; le pécheur doit passer par la
tristesse qui le sépare du monde pour l'attacher TROUPEAU-• pasteur & troupeau.
à Jésus, tandis que le converti ne veut connaître
de tristesse que dans la séparation de Jésus. TROUVER-+ chercher.
TYPE - • figure.
3. De la tristesse nait la joie. - La béatitude pro-
mettait la *consolation à ceux qui pleurent ; TYR & SIDON -+ cité AT 2 - pénitence/conver-
cependant Jésus avait annoncé qu'on pleurerait sion NT IL
quand l'Époux serait enlevé (Mt 9,15). C'est Je TYRAN -+ Babel/Babylone 5.6 - orgueil - puis-
discours après la Cène qui révèle le sens profond sance III r.

1315 1316
u
4,6ss.24), l'unité de la société par une mésentente
dont un symbole expressif est la diversité des
"'langues (u,9).
UNITÉ

En reconnaissant par la foi le Dieu unique, JI. A LA RECHERCHE DE L'UNITÉ PAR L'ALLIANCE

Père, Fils, et Saint-Esprit, l'homme s'ouvre à la


charité qui .unit le Père au Fils et que lui com- Pour remédier à cette rupture, Dieu choisit des
munique l'Esprit (Jn 15,9; 17,26; Rm 5,5). Cette hommes auxquels il propose son *alliance scellée
charité, en l'unissant au Dieu unique, fait de lui dans la foi (Os 2,22) ; la >t=foi est en effet la condi-
son témoin dans le monde et le coopérateur de tion de l'union avec lui et de la collaboration à son
son dessein : unir dans le Fils unique tous les œuvre, cette œuvre d'unité qu'il ne cesse de
hommes et tout l'univers {Rm 8,29; Ep 1,5.10). reprendre en appelant de nouveaux élus : Noé,
Abraham (cf Is 51,2), Moïse, David, le Serviteur.
La *Loi qu'il donne à son peuple, le *Roi qu'il
L LA SOURCE DE L'UNITÉ lui choisit dans la maison de David, le •temple
ET SA RUPTURE PAR LE PÉCHÉ où il habite avec lui à Jérusalem, le *Serviteur
qu'il lui donne pour modèle de fidélité, ont pour
L'univers, dans sa diversité merveilleuse, est but d'assurer l'unité d'Israël et de lui permettre
l'œuvre du Dieu créateur dont le *dessein se révèle ainsi d'accomplir sa mission de *peuple prêtre
dans le commandement qu'il donne à l'homme et (Ex r9,6) et de peuple *témoin (Is 43,10ss).
à la femme : « Soyez féconds, multipliez-vous, Car si Dieu fait d'Israël un peuple à part, c'est
emplissez la terre et dominez-la n (Gn 1,28). On pour' se manifester par lui aux *nations et les
voit comment, dans l'œuvre divine, s'allient mul- réunir dans l'unité de son •culte. Même la *dis-
tiplicité et unité. Pour que la *création parvienne persion par laquelle il a dtl châtier l'infidélité
à son unité sous la domination .de l'homme, d'Israël sert, en fin de compte, à faire connaître
celui-ci doit se multiplier, et, pour que l'homme aux païens l'unique Dieu créateur et sauveur (Is
soit *fécond, il faut que, dans l'amour, s'accom- 45). Toutefois, pour accomplir la mission du peuple
plisse son unité avec la femme (Gn 2,23s). Mais élu, pour lui rendre son unité brisée par le schisme
pour réaliser ce dessein, l'homme doit demeurer à la suite de l'infidélité de Salomon au Dieu
uni à Dieu, en reconnaissant sa dépendance par unique (1 R II,31ss) et pour rassembler les nations
une *fidélité confiante. avec lui dans le même culte (Is 56,6ss), il faudra
Le refus de cette fidélité est le •péché fonda- que vienne Celui qui sera à la fois le •Serviteur
mental : l'homme le commet pour s'égaler à Dieu, chargé d'unifier Israël et de sauver par sa mort
ce qui revient à nier le Dieu unique ; il rompt la multitude des pécheurs (Is 42,x; 49,6; 53,10ss),
ainsi avec celui qui, tout amour (1 Jn 4,16), est le nouveau *David qui fera paître le troupeau du
la source de l'unité. De cette rupture découlent Seigneur, réuni sous sa royauté (Ez 34,23s; 37,21-
les divisions qui vont briser l'unité du it:mariage 24), et le *Fils d'homme, chef du peuple des Saints,
par le divorce et la polygamie (Gn 4,19; Dt 24,1), dont le règne éternel s'étendra à l'univers (Dn 7,
l'unité des *frères par la jalousie meurtrière (Gn 13s.27). Grâce à lui, Sion, *épouse unique de Yah-

1318
UNIT>' UNIVERSALISME

_weh qui l'aime d'un amour éternel, deviendra la Il faut donc promouvoir cette unité que déchi-
•mère cotrimune de toutes les nations (Ps 87,5; rent sans doute les •schismes et les *hérésies (1 Co
Is 54,1-10; 55,3ss), dont Yahweh sera l'unique 1,10; n,18-19), mais dont le fondement est l'unique
roi (Za 14,9). foi en l'unique Seigneur {EP 4,5.13; cf Mt 16,
16ss). Le signe de l'unique Église, confiée à l'amour
de Pierre (Jn 21,15ss), est son unité, *fruit porté
III. L'ACCOMPLISSEMENT DE L'UNIT:é par ceux qui demeurent dans l'amour du. Christ
DANS L'ÉGLISE et qui observent' fidèlement son commandement
unique : a Aimez-vous les· uns les autres comme je
Cet •élu de Dieu, c'est son *Fils unique, le vous ai aimés )) (13,34s) ; leur fidélité et leur
Christ Jésus (Le 9,35). Il unit ceux qui l'aiment fécondité sont mesurées par leur un_ion,au Christ,
et qui croient en lui, en leur donnant son Esprit semblable à celle des sarments a,f cèf> (15,5-10).
et sa mère (Rm 5,5; Jn 19,27), et en les •nour- L'unité des- chrétiens est nécessaire pour qu'en
rissant d'un seul *pain, son -corps ·sacrifié sur la eux soit révélé au monde l'amour du Père mani-
croix (r Co" 10,16s). Il fait ainsi de tous les peuples festé par le doll de son Fils unique {3,16) et pour
un seul •corps (Ep 2,14-18); il fait aes croyants que tous les hommes deviennent un dans le Christ
ses membres, les dotant chacun de *charismes {Ep 4, I 3) ; alors sera •.réalisé le suprême désir de
divers en vue du bien commun de son corps qui Jésus : « Père, que tous soient un, comme nous
est l'*Église (1 Co 12,4-27; Ep 1,22s), les insérant, sommes un 1 » (Jn 17,21ss). MFL
pierres vivantes, dà.ns l'ulliqùe •temple· de Dieu
(Ep 2, 19-22; 1 P 2,4s). Il est l'unique ·*pasteur -+ amour - aùmône NT ·3 b _;__ communion - -Corps
qui connaît ses .brebis dans leur diversité (Jri 10, du Christ 111 - dessein de ·Dieu 'NT III 2 - disper-
3) et veut',' en donnant sa vie; . rassembler dans sion - :Église ·- ,:Époux/épouse - Esprit de Dieu NT
son troupeau les enfants de. Dieu •dispcrs6s (J n V 5 - frère NT 2 . ~ hérésie - nations - pain II
3 - paix - pasteur & troupeau AT .2 ; NT I -:- Per:ite-
, 10,14ss; u;51s). · côte II i·c d - pères & Père V :z.-:- peuple B II 1.5.6,
Par lui, sur tous les plans, l'unité est restaurée : 111 ; C II - réconciliation II 2 - repas III. -- schisme.
unité intérieure·de l'•homme déchiré par ses pas-
sioris (Rm 7,-14s; 8,2.9) ; unité· du couple conju- UNIVERS -+ Ascension II 2 - astres - ciel I, II -
gal dont l'union du Christ et .de l'Église est le création - eau I - mer 1 .:._ monde - nouveau III
modèle (Ep 5,25-32) ; unité de tous les hommes 3 b - tete 2.4.
dont-- l'Esprit. fait les enfarits du même *Père
(Rm 8,14ss; Ep 4,4ss) et qui, n'ayant qu'un •cœur UNIVERSALISME -+ Abraham II 4 - dessein de
et qu'une *âme (Ac..4,32),-louent d'une seule voix Dieu - frère. - louange li .3 · ; mission AT II 2 -
leur. Père-(Rm 15,5s; cf Ac 2,4.n). nations - Pentecôte II - peuple B I :i -,- prochain.
V
veiller, c'est-à-dire rester sur ses gardes et se tenir
prêt pdUr accueillir le Seigneur. La vigilance carac-
térise donc l'attitude du disciple qui '*espè_te et
V_ANl'i't---+ chair I. 3 b ._ création.NT U 3. -. décep- attend le. retour ·de_ Jésus;- elle consiste avant
tiori I I - fierté AT 2 - gloire II - humitité,,- tOut à· se maintenir en état d'alerte, et d'u fait
idolj:s - mensonge H 1 - ombre I 1 - orgùeil. même exige le· détachement des plaisirs et· biens
terrestres (Le 21,34ss). ·Puisque l'heure de la
parouSÎE;l est imprévisible, il faut prendre ses dis-
positions pour le cas, où elle se ferait attendre :
·c'est, l'enseignement dé la parabole des, vierges
VEILLER (Mt 25,x-r3).

2. Dans les premières épitres pauliniennes, dominées


Veiller, àu sens propre, c'est, renoncer au •som- par la perspective eschatologique, on trouve l'écho
meil de la nuit ; on; peut le faire pour prolonger dé-'l'exhortation évangélique à la vigilance, spé-
son labeur (Sg 6,15) ou pour éviter d'être surpris cialement én 1 Th 5,1-7. «· Nous ne sommes pas
par un ennemi (Ps 127,1s). De là un sens méta- de la- nuit, ni des ténèbres ; ne dormons donc pas
phùrique : Veillet, c'eSt _être vigilant, lutter contre comme les autres ; veillons plutôt, soyons sobres .»
là ·torpeùr et la négligence afin de parvenir au (5 1 5s). Parce qu'il s'est ·converti à Dieu, le chré-
but_ visé (Pr 8,34). Pour le croyant; le but _est tien est (1 enfant de •lumière », il doit donc se tenir
d'être prêt à accueillir le Seigneur, lorsque· 0-en- en éveil:et résister aux ténèbres, symbole du-mal,
dra. son·* Jour; c'est pour cela qu'il Veille ·et qu'il sinon il risque d'êtr~ surpris par .la parousie. Cette
est vigil~t, afin de vivre dans la nuit sans. être attitude vigilante exige la sobrié:té> c~est-à-dire
de la *nùit.· le,renonc.ement aux excès« nocturnes »:et à. tout
ce qui peUt distraire .de l'attente du Seigneur ;_· elle
L SE TENIR PRtT POUR LE RETOUR DU SEIGNEUR
réclame _en même .temps que 1:on endosse l'ar-
mure spirituelle : « Revêtons la .foi et. la charité
1., Dan~ les_ évangiles synoptiques, l'exhortation à po-µr cuirasse, et pour casque l'espérance du salut »
la vigilance est la principale recommandatio.n _q~~= (5,8). Dans une lettre· postérieµre,. saint Paul,
Jésus.adress~ à ses dis.ciples en conclusion du dis- craignant que les chrétiens n'abando.nnent leur
cqurs sur les fins.dernières et l'avènement du Fils ferveur première, les invite à se .réveiller, à_.sortir
dè 'l'_homme (Mé ·13 133-37), « Veillez donc, car de leur. •59mmeil et à se _préparer. pour recev:oir
vous n_e savez quel jour vo!re M~ître do_it_ veni~ n le salut définitif (Rm r3,1~-14).
(Mt 24,42). Pour, exprimer que son retour est
in1prévisible:'. Jésus utilise di:fférentes ~ompàraisons 3. Dans t'Apocalypse, le message que lé JiJ.ge de
et _·pi3-r_aboles. qui sont à l'çrigine de l'ei:µploi_ du la fin des temps adresse à la communauté de
verbe veiller (s'absteni,r__ de don:µ(r).· La venue du Sardes est une exhortation pressante à la vigi-
Fils de l'homi:ne sera _impl"éVu_e comme celle cl'u'n lance (3,rss). Çette .Égµse oublie. que le Christ
voleur de nuit. (Mt 2·4,4Js), cç.mme celle du maître doit revenir ; si elle ne se réveille pas, il la sur-
qui rentre ati cours ·~e la nuit s~ns avoir prévenû· prendra comme un voleu_r. Au .contraire, b~en-
ses Servite"urs_ (Mc 13.,35_8)'. T~ut comme 1e père d_e heure11x c1 .celui qui_ veille et qui_garde, ses vête-
famille avisé ou le bO~ serviteur, le chrétien ne ments ». (16,.r5)', il pourra p_articiper au cortège_
4oit pas se laisser· ·gagner par le •sci_mnieil, il dOi~ triomph_al du Seigne~r.

I32I
VEILLER VENDANGE

et des supplications, Occupez.y vos veilles avec


une persévérance infatigable » (Ep 6,18). La célé-
II. SE TENIR EN' GARDE bration de la vigile est une réalisation concrète
CONTRE LES TENTATIONS QUOTIDIENNES de la .vigilance chrétienne et une imitation de ce
qu'avait fait Jésus (Le 6,12; Mc 14,38).
La vigilance, quî est attente persévérante du
retour de Jésus, doit s'exercer tout au cours de Conclusion, - Exigée par la foi au Jour du Sei-
la vie chrétienne dans la lutte contre les tenta- gneur, la. vigilance caractérise donc le chrétien
tions quotidiennes qui anticipent le grand combat qui doit résister à l'apostasie des derniers jours
eschatologique. et être prêt à accueillir le Christ qui vient. D'autre
part, puisque les tentations de la vie présente
I, Âu mom~t où il va réalise~- la *volon'f:é sal-
anticipent la tribulation eschatologique, la vigi-
vifique du Père,: •Jésus doit so.utenir à Gèthsé- lance chrétienne doit s'exercer au jour le jour
mani tin c0:mbat douloureux_(ag()nia), qui est _une dans la lutte .contre__ le Mauvais ; elle réclame du
anticipation .du combat de la. fin des temps .. Le diSciple Une· ·prière et une SQbriété, co:ntinuelles :
récit synoptique montre. en Jésus le modèle. de la « Vèill~z, 'priez et soyez sobres 1 » MD
vigilance au moment de· la_ •tentation, . modèl~ -+ anges - espérance NT II - ivresse z - Jour du
qui ressort d~autant mieux que les disciples, ind9- Seigneur NT II - la:mpe 2 - ministère II 3 - Noé 3 -
ciles à l'exhort'ation du Maître,· ont succoml,:,é. nuit NT 2.3 - pasteur & troupeau - Providence -
« Veîllez et priez pour ne pa.5 entrer en tentation o aommeil - soucis I - visite NT 2,
(Mt 26,41) : la recomniandation dépasse le cadre
de Gethsémani et s'adresse à tous les chrétiens.
La dernière demande du ]?ater y correswnd :
elle. réclame le secours divin, .non seulement au
moment .du .combat eschatologiquf!, mais aussi VENDANGE
tout.au long du combat de la vie chrétienne.
De semi~nomades qu'ils_ étaient, les fils d'Is-
2. L'exhortation à la vigilance en raison des dan- raël devinrent dans la Tel'lî' promise des paysans,
gers de la vie présente revient plusieurs fois danS cultivant.les céréales et la vigne. Cqmme la •mois-
les épîtres apostoliques {I Co 16,13; Col 4,2; Ep son, la vendange est signe ét source; de *joie ;
6,10-20) ; elle. est formulée d'une manière -p'arti- mais .elle p·eut · aussi symboliser le malheur.
culièrement expressive dans un passage qui est
lu chatjue soir à Complies : « Soyez sobres, veillez ! r. · Bt!nédiotion divine. - La fête ·de la Récolte
Votre adversaire 'le diable, tel -un lion rugissant, (Ex 23,16; 34,22) devenue fête des Tabernacles
est là qui .rôde, ·cherchant qui dévorer ·)) (1 P·5,8): (Dt i6,13), « la Fête » par excellence {I R 8,2.65)
Ici comme en EJ) 6, ioss,' l'e_nnemi. est clairement sans doute parce que la plus populaire, n'a. aucun
désigné ; ·avec une haine implacable, •satan et rapport_ avec le culte de Bacchus,_ mais tire pro-
ses suppôts épient c0ntinuellement le disciple pour bablement Son origine dè la fête cananéenne_ des
lui· faire renier le Christ. Que le chrétien soit tou- Vendanges (J g 9,27). Recqnnaissant dans la récolte
jours sur ses gardes, qu'il prie avec foi et évite des raisins la *bénédictiori divine, _Israël en remer-
par son renoncement les pièges de l' Adversaire! 'cie :b_i~ au .cours de réjoU}ssance8 . p0pU.laires :
Cette vigilance-est particulièrement recommandée danses (Jg 21,19ss), cris• des oÙvriers dans les
aux chefs qui ont la responsabilité de la commu- •vignes et 8.u _pressoir ,(Is i6,10;·· Jr 48,33), joie
nauté ; ils doivent défendre celle-ci contre les que procure le *vin nouveau (Ps 4,8), et peut-être
« loups redoutables » (Ac 26,28-31), même *ivresse (1 ;3 1,14.s). Voilà pour 1~ fidèles
de r• Alliànce; niais pour l~s infidèles, *malédic-
tion : la vigne est dévastée. {Os _2,14; Is 7,23),
III. PAssÈR LA NUIT EN PRIÈRE plus de _récolte _(Dt 28,39), -~a vigb.e «·~allguit »
(Is 24,7). hommes et femmes aù lieu de danser
En Ep ~,18 èt Col 4,2, Saint Paul fait vraisem- et de boire· se lameritent. (1s 32,10-13; JI 1,5) ;
blablement allusion •à une pr~tique des commu- chez l'0rgueilleujç Moab, plu~ _de liess~ ni de cris
nautés primitives; celle d~ veill~es __ de prière: jo'yeux (1s·:r6,9.s; Jr 48,32s): Mais,.. quand le peuple
« Faites en tout temps par !'Esprit des prières aura èxpié ses fautes, le criquet ne rendra plus

I324
VENDANGE VENGEANCE

la vigne •stérile (Ml 3,u), les vignobles désormais ment. En cas de meurtre, un gô€l, (! vengeur du
florissants (Jr 31,12; Ag 2,19) redonneront un vin sang" (Nb 35,21), vengeait le clan en tuant l'as-
de qualité supérieure (Os 14,8). Bref, la vendange sassin. Au motif de solidarité s'ajoutait la con~
exprime excellemment la joie de l'ère messia- viction que, tel celui d'*Abel, le •sang versé crie
nique (Am 9, 13; Ez 28,26; Jl 2,24; Is 25,6). vengeance (cf Gn 4,10; Jb r6,r8), qu'il a profané
la terre où demeure Yahweh (Nb 35,33s). Ainsi
2. Symbole du chdtiment divin. - Comme la *mois- devait être sauvegardée la justice.
son, qui suppose battage et vannage, symbolise le Israël, devenu peuple sédentaire, conserva cette
*châtiment du pécheur endurci, ainsi en va-t-il coutume (cf 2 S 3,22-27). Mais sa législation (Ex
de la vendange pour les infidèles, car elle est pré- 21,12; Lv 24,17), tout en regardant encore le
cédée du dépouillement des pampres et de l'écra- vengeur du sang comme un justicier (Nb 35,12.
sement des raisins au pressoir. Pour punir le 19), se soucie de régulariser l'exercice de son
peuple qui l'a renié, Dieu invite l'envahisseur à *droit, afin qu'il soit prémuni contre les excès de
grappiller ce qui reste d'Israël (J r 6,9) ; lui-même sa •colère (Dt 19,6). Désormais, c'est seulement à
foule au pressoir la vierge, fille de Juda (Lm 1, 15). la suite d'un homicide volontaire (Dt 24,16) que
Cueillette du raisin, tri des grappes, cuve foulée, le meurtrier tombe sous les coups du vengeur du
ces images illustrent aussi le châtiment des nations, sang, et un procès doit avoir eu lieu dans la ville-
notamment celui d'Édom qui ne secourut pas Juda refuge où se sera rendu l'assassin (Nb 35,24.30;
lors de la prise de Jérusalem : viendront des ven- Dt I 9). Peu à peu le droit à la vengeance passe
dangeurs qui ne laisseront rien à grappiller (J r ainsi de l'individu à la société.
49,9; Ab 5s) ; Yahweh foulera Édom au pressoir,
et le •sang qui en giclera tachera de pourpre ses 2. La vengeance personnelle. - Par la loi du t.a.lion
*vêtements (1s 63,1-6). L'image de la vendange (Ex 21,23ss; Lv 24,19; Dt 19,21), la législation
symbolise donc volontiers le *jugement de Dieu. israélite freine la passion humaine toujours· prête
Ainsi, pour leur malheur, Yahweh fera boire aux à rendre le mal pour le mal : elle interdit la ven-
*nations sa •coupe enivrante (Jr 25,15-30); ou, detta illimitée des temps barbares (cf Gn 4,15.
selon l' Apocalypse, un ange, armé d'une faucille, 24). Finalement, elle adoucit même la loi du talion
vendangera les grappes et versera le tout dans en admettant dans certains cas qu'il y ait com-
la cuve immense de la •colère de Dieu (Ap 14, pensation pécuniaire, principe admis par d'autres
17ss; 19,15). ADa codes orientaux (Ex 21,18s.26s). Cependant le
talion risquait d'empêcher la conscience de s'élever
-. colère - fêtes AT I - jugement AT Il 2 - mois~ progressivement : même codifié par la justice
son - vigne - vin. sociale, le désir de vengeance peut continuer à
habiter le cœur de l'homme. Il fallait donc aussi
réaliser une •éducation de la conscience.
a) Défense de se venger. - La Loi de sainteté
VENGEANCE atteint le désir de vengeance à sa racine : (1 Tu
n'auras pas dans ton cœur de haine pour ton
frère... Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas
Dans le langage d'aujourd'hui, se venger c'est pas de rancune envers les enfants de ton peuple.
punir une offense en rendant à autrui le mal pour Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv
le mal. -Dans le langage biblique, la vengeance 19,17s). Certains exemples de *pardon sont célè-
désigne d'abord un rétablissement de la *justice, bres : celui de Joseph, interprétant la persécution
une victoire sur le mal. S'il est toujours interdit dont il a été victime comme un dessein de Dieu
de se venger par haine du méchant, c'est un devoir qui sait tirer le bien du mal (Gn 45,3s.7; 50,19);
de venger le droit bafoué. L'exercice de ce devoir celui de David qui ne se venge pas de Saül (1 S
a toutefois évolué au cours de l'histoire : on l'a 24,4s; 26,5-12), afin de ne pas porter la main sur
enlevé à l'individu pour le confier à la société, et, l'Oint de Yahweh. Cependant le même David
surtout, Dieu s'est révélé peu à peu comme le fait exercer une vengeance posthume contre Shiméï
seul vengeur légitime de la justice. et contre Joab (I R 2,6-46). De toute façon, le
devoir de pardon reste limité aux •frères de race :
I. Le vengeur du sang. - Dans la société nomade ainsi le Livre des Juges ne critique nullement
que formait Israël à ses origines, les membres du Samson de se venger personnellement des Philis-
clan devaient se protéger et se défendre mutuelle- tins (Jg 15,3.7). Avec les Sapientiaux, ce devoir

r325 1326
VENGEANCE V~RlTÉ

tendra à s'universaliser et à ·s'approfondir : « Qui •accomplit lé ·principe du _talion, Ill.ais il prescrit


se venge éprouvera la· vengeance du Seigneur... de ne pas résister·au méchant (Mt 5,38-42). Il ne
Ne garde pas rancune à ton •prochain » (Si 28, condamne pas la jùstice d·es tribunaux humains,
:r.7). Le principe n'exclut:personne, semble-t-il. dont Paul dira qù.'elle est chargée d'exercer· la
b) L'appel à. la· vengeance divine. - Le· motif vengeance divine {Rm 13,4); mais il·exige de.son
pour lequel le, juste renonèera complètement à se disciple le pardon des offenses et l'amour des
venger, c'est sa ,•con:fiance·en Dieu : 1( Ne dis pas: •ennemis. Surtout il insinue ·que, seul, celui qui
Je rendrai le mal; fais-confiance à Yahweh;. il te est capable. de · supporter rinjustice personnelle
délivrera li .(Pr 20,22). Le juste ne se venge pas, il épargnera à autrui 'l'injustice. Désormais, il ne
remet à Dieu le soin de venger la justice : « A moi suffit plus de s'en remettre à la vengeance· divine,
la vengeance, dit le Seigneur )) . (Dt 32,35). Ainsi il faut (< être vainqueur du mal par·1e bien li (Rm
fait J éréniie persécuté, quand il « remet- à Dieu 12,21)': ainsi on, (c met: des charbons· ardents sur
sa cause » (Jr 20,12) ; certes, il souhaite « voir la la tête de son ennemi », le plaçant dans une situa-
vengeance divine » (u,20), mais- c'est parce qu'il tion impossible• qui· l'engage à tourner sa •haine
a identifié sa cause à· la -cause de Dieu (15,15). en amour. · · ·
Ce n'est pas le mal ·qu'il désire, mais la •justice; Si, par le sang ·du Christ, toute justice a été
et celle-ci ne peut être rétablie que par Dieu seul. accomplie,. il reste cepeiidant que le dernier Jour
De même, le psalmist'e qui, à son tour, souhaite, n'est pas encore arrivé. L'amour· subit ici-bas.·des
avec une emphase sémitique, -1i laver ses pieds échecs. Après Jésus, des chrétiens meurent, vic-
dans le sang de ses ennemis !) (Ps sS, 11) et. profère times- d'.une injuste •violence. S'ils pardonnent à
contre eux de terribles imprécations (Ps 5,u; 137, leurs bourreaux· (Ac 7,60}, leur sang versé. n'en
7s), est animé d'une volonté de· justice. L'illusion crie pas moins vers Dieu :. [( Jusques à quand,
demeure possible sur l'authenticité d'un tel sen- Maître sairit .et .vrai, tarderas-tu à faire· justice,
timent, mais la valeur religieuse de l'attitude est à tirer vengeance de notre sang sur les habitants
indéniable. Elle rejoint -celle de Job : « Je sais, de la. terre ? » (Ap 6,ro; cf 16,6; 19,2) .. Reportée
moi, que mon Défenseur (gdd!J est -vivant, que au jugement de l'histoire, la ve'ngeance du Dieu-
Lui,· le dernier, se lèvera sur la terre· l) et rendra Juge rétablira la justice dans le· Royaume éter-
la justice (Jb 19,25). nel où il n'y aura. plus -jamais de •malédiction
(22,3). ADa & XLD
3, Le Dieu .vengeur. -- L'espérance de, Job, celle
de Jérémie _aussi, n'est pas va.ine : Dieu Cst le -- Abel 2 - colère - ennemi II 3 -· haine I 3 -
•Juge par excellence qui sonde reins et cœurs et Jour du Seigneur AT II .- jugement AT I x,; NT
Il I - libération/liberté II 2 - . malédiction lV -
rét_ribue chacun selon ses •œuvres ; il est le gôdl miséricorde AT II - pardon III - sBng AT x ; NT
d'Isra~l .(Is 41,14). Le •Jour du Seigneur peut 4 - violence I x, III 2, IV 3 - zèle I a.
être dit « Jour de vengeance l) (Jr 46,10) : Dieu.
vengera alors la •Justice ; il vengera aussi _son VENT -- esprit AT 1 - Esprit de Dieu O - Pente-
honneur· et, en ce sens, on peut dire que_ seul côte I I - présence de Dieu AT II.
Dieu peut« se>) venger. Justice, salut, vengeance: VENUE DU SEIGNEUR -- Jour du Seigneur -
voilà. ce qu'apportera le Jour du Seigneur (Is 59, mission NT I - nuée 3-4 - visite.
17s). Dans la mesure où Israël est fidèle à l' Al-
liance, il peut donc en appeler de l'injustice des VERBE DE DIEU~ Parole de Dieu.
juges humains à son GMt,, au « Dieu ,des ven-
geances », pour qu'il app&a.isse et juge la terre
(Ps 94). Si ce n'est pas encore pardonner en chré-
tien, <;'est avec une·humble soumission.au Seigneur
attendre le Jq:ur de sa •visite.,

4. Le Cht>ist el la vengeance. - Ce Jour est venu Dans le langage courant, est appelée vraie une
quand Jésus a versé. son *sang : alors la suprême pe:r;isée, une parole _conforme au .réel, ou encore la
injustice des hommes a révélé la *Jui,tice infinie réalité elle-mênie qui se dévoile, qui est claire,
de .Dieu. Désormais le comportement d'! croyant évidente pour l'esprit (gr. a-lèthès = non caché).
sera bouleversé par .!'*exemple du Christ .qui, C'est la conception intellectualiste. des Grecs, qui
« insulté, n'a pas rendu l'insulte·i) (r P 2,23). NQ:Q. est ordinairement la. nôtre.- La notion biblique de
seulement Jésus instaure une *Loi. nouvelle qui vérité est diffÇf°ente, car elle est fondée sur une

1328
VÉ~ITÉ VÉRITÉ

expérience religieuse, _celle _de la , rencontre avec ,,célèbrent la vérité de la loi divine (Ps .19,10; ut,
Dieu. Elle connut pourtant une évolution notable : 7s; n9,86.138.142.151.160); d'après le dernier
alors que dans l'AT· la :vérité est avant tout la texte cité, la vérité est ce qu'il y a d'essentiel,
fidélité à l'Alliance! elle_ deviendra dans .le NT. la de fondamental dans la Parole de Dieu : elle. est
plénitude de la révélation centrée sur le Christ. irrévocable, elle demeure à jamais.

AT 2. La « 'èmèt o des hommes. - Ici- aussi, -il s'agit


d'une attitude fondamentale de fidélité (cf Os 4,
Le verbe hb. 'aman (cf r•~ffien liturgiq~e : 2 Co 2). « -Des hommes de vérité» (Ex 18,21; Ne 7,2)
1,20) dont est formé 'èmèt. (vérité) signifie. fonda- sont des hommes de confiance, mais les deux
mentalement: .ê~ solide, s1:l.r, digne.de confiance; textes ajoutent« craignant Dieu», ce qui rattache
la vérité est donc la qualité- de ce qui est stable, cette.appréciation morale au contexte religieux du
éprouvé, ce sur. quoi l'on peut s'appuyer. Une yahvîsme. D'ord_inaire, la vérité » des hommes
l(

paix de vérité (Jr 14,13) est une paix solide, désigne directement. leur fidélité -à l'Alliance et à
dur.able·; un_chemin.de_vérité'{Gn 24,48), un che- ,la Loi divine. Elle décrit donc l'ensemble du com-
min qui conduit s1:l._rement au but; « en vérité » portement des justes; d'où le- parallélisme avec
signifie parfois (Is 16,5) : de. façon stable, pour perfection {Jos 24,14), cœur intègre (2 R 20,'3),
toujours. Appliqué à Dieu, ou aux hommes,. le le hi.en et le droit (2 Ch. 31,20), droit_ et justice
mot c;levra .souvent se traduire par *fidélité, car (Is 59,14; cf Ps 45,5), sain,teté (Zà. 8,3).. « Fai,re
c'e~t .la fidélité de quelqu'un qui nous engage à la.vérité ~ (2 Ch 31,20; Ez 18,9) et« marcher dans
lui faire confiance. la vérité 11 (1 R 2,4; 3,6; 2 R 20,3; Is 38,3), c'est
être un fidèle observateur de la Loi du Seigneur
1. La « 'èmèt » de Dieu est liée .à son. intervention (cf Tb 3,5). .
dans l'hlStoire en faveur de son peuple. Yahweh Pour les relations des hommes entre eux reparaît
est le Di~ fidèle (Dt 7,9; 32,4; Ps 31,6; Is 49,7). la formule « faire la bonté et la Vérité » (Gn 47,
L'importance de cet attrjbtit ne s'explique bien 29; Jas :i,14) : c'est agir avec bienv_eillançe et
que dan_s le contexte de !'*Alliance et des •pro- · loyauté, avec une bonté fidèle. La 'èmèt, c'est éga-
messes :- « Yahweh ton _Dieu, est Pieu, le Dieu lement le respect des normes du droit dans l'exer-
fi.dèie qui garde. ·son alliance et son· amour: pour cice de la •justice- {Pr 29,14; Ez 18,8; Za 7,.9) ou
mille générations à ceux qui l'aime~t » (Dt. 7,9). la parfaite sincérité dans le langage ; mais ici
Le psaume 89,. à propos de l'alliance davidique, encore se retrouve la nuance de_ base : une •langu,e
est consacré· tout entier à célébrer la :fi.délité de sincère « demeure, à jamais » (Pr 12,19).
DieÙ. Le senS de base du terme est très apparent
dans Ps 13,2·,II, (« _Yahweh a juré à David ')mèt, 3. La vérité révélée. - Dans. la tradition sapien-
il ne s'en dépa~ira pas.»), où le •serment, appelé tielle et apocalyptique, la notion de vérité prend
•~mèt, est par là même qualifié d'infrangible. un sens _partiellement nouveau qui' prépare le
Souvent 'èmèt. est associé à. [ièsèd (vg Ps 89; NT_: elle désigne la-doctrine- de sagesse, la'. vérité
138,2) . pour indiquer ,l'a~tude fondamentale de révélée. Dans certains psaumes (25,s; 26,3;_ ·. 86,
Dieu dans l'Alliance: .c'est une... alliance de *grdce; , n), l'expression.« .marcher dans la vérité de Dieu»
à laquelle Dieu n'a jamais ~qué (Ex 34,6s; cf laisse entendre .que cette vérité n'est . pas simple-
Gn 24,27; 2 S__ 2,6; 15,20) 1 Ailleurs,. la :fi.délité est ment le comportement moral, mais 1~ *Loi elle-
jointe au'x. attributs de justice (0:5 2,2IS; Ne 9, même que Dieu enseign(.l à observer. Les pré~
33; Za .8,8) ou de sainteté (F'.s 71-,22) et prend une doivent transmettre « une doctrine. de vérité »
·signification plus générale,. sans réfé];'ence à l' Al- (Ml 2,6) : c'est r•~~ignement qui Vient de Dieu.
liance'. DB.nS plusieurs psa:tjmes,. la stabilité divine «_Vérité» devient synonyme,de_•sagesse_: « A,.cquiers
est présentée_ comme _une protection, un refuge la vérité, ne la v~nds pas,: sagesse, _discipline. ~t
pour' le juste qui imJ)lore. le secours .divill _: d'.où intelligence.» (Pr 23,23; cf 8,7; 22,21; Qo 12,10) ;
les images_.du re~part, de l'armure, du bouclier u Jusqu'à la mort, lutte po;ur la vérité » (Si 4,
(Ps_ 91), qui mett6~t-_"e_n évidence la _solidité de 28 LXX). . .
.i'appui .divin' {cf Ps 40;12; .43,2s; _54,7; 61,8). Puisque «1vérité » désigne le plan et 1~ vouloir
La: •èmèt caraètériSe encore la *Parole de Dieu de Dieu, le. mot est aussi rapproché de: •mystère
e{s'a Loi. David dit à Yahwe;h: « Tes paroles sont, (Tb _12,n; Sg 6,22). Lors du jugement, les. justes
v~rité_ » (2 ,s. 7,28), . Car _les_ promesses divines u comprendront la vérité » '(Sg 3,9),. non qu'.ils
a.5Surent la perpétuité à sa maison. Les psaumes doiyent expérimentf;lr la .:fidélité de Dieu à ses
VÉRITÉ VlfRITJ!
promesses ou voir l'être même de Dieu·, mais ils trouver consignée ·foute la •volonté de Dieu (2,
comprendront son *dessein providentiel sur les 18), _Paul :remplace_ l'expression juive « ·ta-vérité
hommes. Pour Daniel, u le Livre de la Vérité » de la Loi· o par \I la vérité de "l'Évangile ·» (Ga 2,
{Dn 10,21) est celui Où est inscrit le ·dèssein de 5.14) ou(! la parole de vérité 'o ·(COI- 1,5; Ep·1,13;
Dieu ; la vérité de Dieu, c'est la révélation- de son 2 Tm 2,15). Objet· d'une "révélation (2 Co· 4,2)
dessein (9,13), c'est encore une vision céleste ou au même titre que le •mystère. (Rm 16,26; Col. 1,
l'explication de -son sens- (8,26; 10,1;· n,2), c'est 26; 4.3), elle est la *Parole de Dieu •prêchée par
la ·vraie foi, la religion d'Israël (8,12). !'Apôtre (2 Co 4,2.5),
,Cet emp~oi du terme se maintient .-dans le a) La 'vérité- et la foi . .:__. Les hom1lles· à qui
judaïsme apocalyptique et sapientieL A.-Qumrâ.n, s'adresse ·ce message doivent entendre la parole
1<·l'intelligence de·la vérité de Dieu)), c'est la conw (Ep 1,13; Rm -19,14), ils doivènt se convertir
naissance des mystères (Hymnes de Qumrân : pour parvenir à la· ·*connaissance ·de la vérité
I QH 7,26s), mais cellewci -·s'obtient par: l'-interw (2 Tm ·2,25). L'acceptation de la vérité de l'Évan-
prétation véritable de la Loi : « se convertir à fa gile se fait pàr la "foi (2-Th 2,13; Tt 1,1; cf 2 Th
vérité » _(Manuel de discipline : I QS 6,·15), c'est 2,12; Ga 5,7; Rm 2,8}, mais-cette foi requiert èn
,i Se convertir à la' Loi de Moïse » (5,8). Doctrine même temps l'*amour de la vérité· (2 Th 2,10).
révélée, la vérité a aussi -une portée· morale, elle (! Parvenir à 'la connaissance de la Vérité » devient
s'oppose à l'iniquité : les (( :fils de la vérité >• (4,5) dans les_ ~tes tardifs. (I Tm ·2,4; 2 Tm 3,j; cf
sont ceux qui suivent « les voies de la vérité n He 10,26) une expression stéréotypée pour dire:
(4;17). La vérité en vient ainsi à désigner à Qum- adhérer à l'Évangile, ·embrasser le christianism_e,
ràn l'ensemble des conceptions religieuses des fils car les croyants sont précisément ceux· qui Con-
de l'Alliance. naissent la yérité (1 Tm 4,3) ; celle-ci n'est rien
d'autre que la foi chrétienne· (Tt 1,1).
NT b) Véritt et vie chrétienne: ...:.... D'.~près ·les épîtres
catholiques, les croyants ont été engendrés· à· la
r. Héritage biblique. - Chez Paul, plus ·qu'ail- vie nouvelle par· la parole de· vérité _(Je 1,·18; 1 P
leurs dans le NT, la notion de · vérité (alètheia) 1,23) ; c'est par !'"obéissance à la •vérité aù mome'nt
offre les nùances_ qu'elle avait dans l_a Septante. du "baptême qu'ils ollt sanctifié leurs "âmes (_I' P
L'Apôtre s'en sèrt au sens de· sincérité (2 Co 7, 1,22). Il faut donc ne pas s'égarer·loin·_de cette
14;· II,IO; Ph r,18; 1 Co 5;8) ou dans l'expres- vérité une fois emb_ra.5sée (Je 5,ri}), s'affenri.ir dans
sion (1 dire la vérité n ,(Rm 9,1; 2 Co ·12,6; Ep 4, la vérité présente en vue de la pàroUsie·-(2 P I,
2s; 1 Tm 2;j). Profondément biblique est la for- 12) ;·il faut contin-uer à désirer-ce *lait de la parole,
mule « la vérité de Dieu » pour .désigner la • fidé- afüi_ de croître pour le _*salut-(1 P :·2,2). C'est ainsi,
lité de Dieu à ses promesses (Rm· 3,7, cf 3,3; 15, ajoute Paul, que le chrétien *revêt l'homme •nou-
8; 2 Co· 1,18ss : l~ •promesses du Diell fidèle· ont veau· et réalise la *sainteté que demande la vérité
leur «. Oui » dans· le Christ) ; de niême alèekeia a:u (Ep 4,24): .
sens dé vérité morale, de "droiture : opposée à l'in- c) La saine doctrine et l'*erreur. - Dans les
justice· (1 Co 13,6); s}'nonyme de *justice (Ep 5, pastoralés, la polémique contre les "hérétiques con-
9; 6,1-4), elle caractériSe le comportement que fère au thème une nuance nouvfllle : la· vérité,
Paùl attend de·ses chrétiens (Col r,6; 2 Co 13,8). c'est désormais la bonne doctrine· (1 ·Tm 1,ro; 4,
Le *jugement de Dieu, lui aussi, sera· empreint 6; 2 Tni 4,3; Tt 1,9; ·2,1)-opposée aux· fables (1 Tm
de vérité, de justice ·(Rm 2,-2). r,4; 4,7;_2 Tm 4,4; Tt 1,14) des docteurs·de •men-
L'antithèse entre «· la vérité deDieu >1 et le songl;} (I Tm 4,2). Ceux-ci ont tourné le dos à_la
•·menSOtige des *idoles (Rni·· 1,·25;· cf 1 Th 1,9) vérité· (Tt 1,·14; .cf 1 _Tm 6,5; 2 Tm 2,18; 4,4)·, ils
s'inspire de la polémique .juive contre l'idolâtrie se dressent même ècintre elle· (2 Tm 3,8), Mais
païenne {jr 10,14; 13,i5; Ba 6,7.47.50) : le vrai l'Église du Dieu. vivant de:t'neure « la: colonne et
Dieu, c'est le Dieu vivant, sur qui oh pèut compter, le fondeme'nt de la vérité » (I Tm 3,15).
celui qui exàuce soll peuple et qui le sauve. d} Entre là Vérité et' le .Çhrist existe Un lien
étroit. L'objet d_u message de l'.Àpôtie n'est.·pas
2, La vé1'ité de l' Évangilè . .'- Ici apparait la notion une doctrin~ abstraite, c'est la personnè même du
de vérité chrétienne: Elle se rattache au· thème Christ (2 Co '4,5; cf Ga 1,16; 1 Co_ 1,23; 2 Co 1,
sapièntiel et apdè:8.lyptique de vérité réV"élée.·'Les 19; n,4; Ep 4,20; Ph 1,15) : le Christ, « manifesté
Juifs ·se. flattaien~. de posséder danS leur Loi · dans la chair... proclamé chez les Païens, cru dans
l'expression même de cette vérité (8.m 2,20). d'y le monde o, c'est lui, la vérité dont l'Église· est 1~

r33r 1332
VÉRITÉ VJ!RITÉ

gardienne, c'est lui, le •mystère de la *piété ( 1 Tm tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), le Fils
3,16). Le Christ-Vérité qu'annonce l'Évangile n'est unique.
donc pas un être céleste au sens gnostique, mais b) L'Esp-rit de vé-rité. - La révélation au monde
le •Jésus de l'histoire, mort et ressuscité pour une fois terminée (Jn 12,50}, Jésus annonce à.
nous : K La vérité est en Jésus » (Ep 4,21). ses disciples la venue du *Paraclet, !'Esprit de
vérité (14,17; 15,26; 16,13). Pour Jean, la fonction
3. Saint Jean. -La théologie de Jean étant avant fondamentale Qe l'*Esprit est de rendre *témoi-
tout une théologie de •révélation, la notion de gnage au ·Christ (15,26; 1 Jn 5,6), de conduire les
vérité y occupe une place considérable. On inter- *disciples vers la vérité tout entière (16,13), de
prète fréquemment l'alètheia johannique au sens rappeler à leur •mémoire tout ce que le Christ
platonicien ou gnostique, comme si elle désignait avait dit, c'est-à-dire d'en faire saisir le vrai sens
l'être même de Dieu, la réalité divine qui se dévoile (14,26). Son r6le consistant à faire comprendre
à l'homme. Mais Jean n'appelle jamais Dieu lui- dans la foi la vérité du Christ, l'Esprit est appelé,
même la vérité, ce qui serait pourtant essentiel lui aussi, ,c la Vérité (1 Jn 5,6) : comme témoin
1)

d'après ces systèmes. En réalité, il ne fait que du Christ; il rend la vérité présente dans l'Église;
développer le thème apocalyptique et sapientiel de l'Esprit est pour elle (< le dqcteur de la vérité »
la vérité révélée, repris ailleurs dans le NT, mais (Tertullien).
en insistant davantage sur le caractère révélé et c) Vérité et sainteté. - Jean souligne avec force
la force intérieure de la vérité. J le rôle de la vérité dans la vie du croyant. Celui~ci
a) La parole du Père et le Christ-Vérité. - La doit tâcher d' (< être de la vérité li (Jn 18,37; 1 Jn
vérité, pour Jean, ce n'est pas l'être même de 3, 19) : après avoir accédé une fois pour toutes à
Dieu, mais la *Parole du Père (Jn 17,17; cf 1 Jn la *vie nouvelle par la foi (cf Je 1,18; I P 1,22s),
1,8 : « la vérité n'est pas en vous i1 et 1,10 : (1 sa le chrétien doit s'efforcer d'être habituellement
parole n'est pas en vous»). La parole que le Christ sous l'influence de la vérité qui demeure en lui
a entendue du Père (Jn 8,26.40; cf 3,33), c'est la (2 Jn 4), pour devenir un homme né de !'Esprit
vérité qu'il vient (1 proclamer 1) (8.40.45s) et à (Jn 3,5.8}. Seul celui qui *demeure ainsi dans la
laquelle il vient « rendre témoignage » (18,37; cf *Parole de Jésus parviendra à connaître vraiment
5,33). La vérité, c'est donc en même temps la la vérité et à. être *libéré intérieurement du péché
parole que le Christ lui-même nous adresse, et par cette vérité (Jn 8,31s) : car la foi purifie (Ac
qui doit nous amener à croire en lui (8,31s.45s). 15,9),· donc aussi la parole du Christ {Jn 15,3);
La différence entre cette révélation et celle de elle nous fait vaincre le Mauvais (1 Jn 2,14) ;
l'AT est fortement soulignée:« La Loi fut donnéf. quand le croyant laisse la semence de la parole
par l'intermédiaire de Moïse; la *grâce de la vérité (< demeurer » activement en lui, il devient impec-
nous est venue par •Jésus-Christa (1,17), car cable (1 Jn 3,9), il se •sanctifie dans la vérité
avec lui et en lui est apparue la *révélation totale, (Jn 17,r7,19).
définitive. Alors que le diable est le père du men- Ainsi Jean voit dans l'alètheia le princip'e inté-
songe (8,44), le Christ, lui, proclame la vérité (8 rieur de la vie morale ; il donne aux anciennes
45), il est« plein de la grâce de la vérité 1> (1,14). expressions bibliques une plénitude de sens chré-
La grande nouveauté chrétienne, c'est que le tien : « faire la vérité )J, c'est accueillir et faire
Christ est lui-même la Vérité (14,6) : il l'est, non sienne la vérité de ·Jésus (3,21) ou se convertir à
pas en tant qu'il est Dieu, mais parce que, Verbe lui en se reconnaissant pécheur (1 Jn 1,6); « mar-
fait chair, il porte en lui-même la plénitude de la cher dans la vérité» (2 Jn 4; 3 Jn 3s), c'est marcher
révélation, en nous faisant connaître le Père (1, dans le précepte de l'amour (2 Jn 6), se laisser
18). Jésus explique le sens de ce titre en l'insé- diriger dans son action par la vérité, par la foi.
rant entre deux autres : il est u le chemin, la Aimer ses frères ((_ en vérité li (2 Jn 1; 3 Jn 1),
Vérité et la Vie 1); il est le *Chemin qui conduit c'est les aimer par la force de la vérité qui demeure
au Père, précisément parce que lui, l'homme Jésus, en nous (2 Jn 1ss; cf I Jn 3,18) ; l'adoration« dans
en tant que Vérité, nous transmet en lui-même la !'Esprit et dans la Vérité » (Jn 4,23s) est une
révélation du-Père (17,8,14.17) et qu'ainsi il nous *adoration qui jaillit de l'intérieur ; c'est un *culte
communique la *Vie divine (1,4; 3,16; 6,40.47.63; inspiré par l'Esprit et par la vérité de Jésus, que
r7,2; 1 Jn 5,uss). Indirectement, ce titre révèle l'Esprît de vérité rend active en ceux qu'il a fait
aussi la personne divine du Christ; si Jésus, seul renaître ; Jésus-Vérité devient ainsi .le nouveau
parmi les hommes, peut être poùr nous la Vérité, Temple, o_ù doit se pratiquer le culte distinctif
c'est qu'il est en même temps la Parole, u le Verbe des temps messianiques. Puisque la vérité est la

1333 r334
VÉRITÉ VERTUS & VICES

révélation de l'amour. de Dieu, Jean invite les vertu fondamentale qu'•Abraham devra apprendre
chrétiens à pratiquer l'amour fraternel; ils devien- à ses fils (18,19) et dont la pratiq'ue est ,]a COndi.-
dront par là « coopérateurs de la vérité_ !l (3 Jn 8), tion de l'Alliance (Ex 19,5.8). Par,.contre, le, vice
ils laisseront pleinement s'exprimer- dans leur vie fondamental, c'est de suivre. un autre dieu que le
la vérité du· Christ (3 Jn 3.6). seul véritable· (Dt 6;14; cf .4,35),· c'est d'être infi-
La vérité au sens chrétien, ce n'est donc pas le dèle â l'Alliance en s'écartant du Chemin de Dieu
domaine immense. de l'être, que.-nous aurions à (Ex 32,8).
conquérir par un effort de pen~ée, c'est:la vérité Mais cette conformité à l'ordre divin, qui cons-
de l'Évangile, la parole·révélatrice·du Père,.pré- titue la vertu et que la Bible- appe_lle le plus:sou-
sente en Jésus-Christ et éclairée par l'Esprit,. qu'il vent •justice,. n'est pas obtenue par le seul accom-
nous faut accueillir dans la foi, pour qu'elle trans- plissement des actes que Dieu ·prescrit; ces ·actes
forme nos existences, La vérité·. resplendit pour doivent manifester une docilité et une fidélité qui
nous dans la personne du Christ, qui èst à Ja fois viennent du ~cœU:r· et· qui soient !!expression de
le médiateur et la plénitude de la révélation; et •1 1amorir, Telle est la foi fondamentale. de l'Al-
c'eSt daiis les livres saints que. nous est comm,uni- liance (Dt 6,5s; rn,16; n,1; 30,20).- C'est·dans le
quée authentiquement cette vérité de salut , Id/P cœur· qu'est la racine de la ver.tu ou·.du vice.
->- adoration li 3 - amen 2 - connaître - erreur - C'est là que .lès paroles de Dieu doivent· être
fidélité - foi '-'- hérésie - lèvres 1 - lumière & mises; bien, plus, .gravées, pour y être le principe
ténèbres NT II I - rilensonge - ·Paraclet - Parole de ta fidélité aimante qui est l'âme de toute vertu.
de Dieu - · serment - témoignage. C'est parce que leur cœur est tout entier à 'Dieu
que David est si grand malgré ses fautes. et que
Josaphat progresse dàns. les chemins de Dieu ( r R
15,3; 2 Ch 17,6) ;:si Ézéchias fait ce qui-est·bon,
VERTUS & VICES juste et loyal devant -Dieu,· c'est qu'il cherche
Celui-ci de tout son ·cœur (2 .Ch 31,20s).
La sagesse des psalmistes caractérise l'homme
La Bible nomme beaucoup de vertus.- et de vertueux ·en disant. que son cœur est plein de la
vices, c'est-à-dire .d'habitudes dont l'acquisition Loi de Dieu et se coniplaît en elle (Ps· 1,2; 37,
perfectionne l'homme ou_ le dégrade. Son. voca- 31), tandis que celui du pervers .est vide de Dieu
bulaire est au contraire pauvre po1:1r parler de la et qu'il le tient pour inexistant (14,1). Celui. que
vertu ou du vice en général. En effet, à la diffé- la Sagesse forme à· toutes les vertus utiles à
rence de l'humanisme grec, elle les considère moins l'homme : tempérance et prudence, justice et
du point _de- vue (le l'homme et de sa perfection force d'âme, c'est celui qui aime la justice (Sg 8,
que du point de vue de Dieu et de son dessein 7, où justice est pris une fois dans son sens hébreu
sur l'homme ; Dieu veut unir les hommes avec lui de vertu fondamentale, et l'autre fois dans son
et entre eux, et cette communion exige leu_r -pro- sens grec. de vertu particulière des relations '·so-
grès moral. ciales).
Enfin la justice parfaite, que prêche Jésus (Mt
:i;. Nature- de la verlu et du vice. - L'homme par- 5,20). et que décrit tout le sermon sur la mon-
fait n'est .pas celui qui s'applique à• de.venir tel, tagne, · est celle d'un cœur pur._ de tout *désir
c'est celuLqui *cherche Dieu et qui, pour y par- mauvais et plein d'un amour miséricordieux étendu
venir, suit le •chemin que Dieu lui trace et qui jusqu'aux enriemis (5,7s.28.44s). Ce qui souille
est aussi le seul où il trouvera son épanouisse- l'homme,' ce sont les vices de son cœur (-15,18s).
ment personnel ; cette attitude fondamentale est
exprimée par. la formule : « marcher avec Dieu » · 2. La source de la vertu et du vice. - II n'est pas
(Gn 5,22.24; 6,9). C'est cette attitude qui fait.de nécessaire de chercher d'autre source du vice que
*Noé un homme intègre, 'à l'opposé des ·méchants l'homme lui-l11ême; en se _séparant de Dieu par
qui l'entourent e_t dont .le cœur ne forme q~e de le péché, il est-devenu incapable:·de dominer ses
mauvais desseins (6,5). La vertu ·,consiste dans convoitises et de rester maître de lui-mêmè ; au
une relation vivante avec Dieti, dans une confor- lieu. de parfaire le, monde, il l'a corrompu (1 Jn
mité_ à ses paroles, dans une "'obéissance à· ses 2,16s). -Dès lors, il ne peut trouver .en lui .Ja force
volontés, dans une orientation profonde. et stable de résister au· poids de ses passions (Si 1,22; 18,
vers lui; cette relation rend l'homme juste·.; cette 30) et de redevenir pur. C'est •la· •force du Sei-
•fidélité à suivre. le chemin du Seigneur; est la gneur qui. sera la source de ·sa puissance (D~ 8,

1335
VERTUS & VICES V:BTEMENT

17s; Ep 6,rn) ; sans elle, il restera lâche et non- Aussi Paul, qui fait droit à l'idéal grec de la vertu
chalant {Si 2,12s). Pour que son cœur soit pur, il en recommandant de faire tout ce qui mérite
faut que Dieu le recrée et lui infuse un esprit éloge (Ph 4,8), mais qui insiste souvent sur les
nouve~u qui le· rende ferme (Ps 51,12ss) ; c'est ce « trois qui demeurent >J : foi, espérance et charité
don qu'annoncent les prophètes-et qui se réalisera (1 Th 1,3; Rm 5,1-5; Col 1,4s ... ), proclame-t-il que
dans la nouvelle Alliance ; alors un cœur nouveau la plus grande vertu est la charité (1 Co 13,13).
sera donné aux hommes et la Loi de Dieu y sera D'autres vertus, certes, sont recommandées (1 Th
écrite ; ils recevront !'•Esprit de Dieu lui-même, 5,14-18; Rm 12,9-21; Ep 4,2; 1 Tm 4,12; 6,II;
qui les rendra fidèles {Jr 31,33; Ez 36,26s). C'est 1· P 3,8; 2 P 1,5ss) ; mais la charité est le lien
cet. Esprit qui, en remplissant le Messie, lui don- de la perfection ; elle établit le règne de la •paix
nera toutes les vertus requises par sa mission du Christ en qui les hommes sont un seul Corps
·royale : sagesse pour gouverner, force pour libérer (Col 3,12-15). . MFL
des ennemis, piété pour demeurer uni à Dieu qu'il
-+ amour li - bien & mal I - chair li 2 - chemin
représente (Is n,2-5). II - chercher I - cœur - conscience - crainte de
Cet Esprit, dont le Christ révèle aux disciples Dieu IV - cupidité - désir II, III - douceur 2.3 -
le rôle de maître intérieur (Jn 14,26; 16,13), leur endurcissement - Esprit de Dieu NT V J - fidé-
donnera la sagesse et la force nécessaires pour être lité AT 2 ; NT 2 - force II - humilité - idoles II
des témoins invincibles {Mt I0,20 p; Le 21,J4s; 3 - justice - obéîssance II 3, IV - orgueil - péché -
24,48s; Ac 1,8). C'est lui qui libérera le cro'yant perfection - piété - pur AT II ; NT l, li 3 - sagesse
de toutes les convoitises charnelles qui rendent AT III 4; NT III 2 - sexualité Ill 1.

l'homme vicieux (Ga 5,19ss), en répandant dans


son cœur la charité divine et en lui faisant porter
le •fruit que sont toutes les vertus animées par vtTEMENT
cette charité (Rm 5,5; Ga 5,22) ; ainsi, cet Esprit
affermit l'homme intérieur (Ep 3,16).
Avec la nourriture et le toit, le vêtement est
3. Connexion des verlus et catalogues des vices. - condition primordiale de l'existence humaine (Si
La Bible ne se contente pas de tracer son chemin 29,21) : la bénédiction assure pain et vêtement
à l'homme vertueux et de menacer le vicieux du (Dt I0,18; cf Gn 28,20), le châtiment, famine et
jugement de Dieu (Ps 1) ; comme l'ont fait aussi nudité (Dt 28,48). Le vêtement protège contre les
les moralistes païens, elle a soin de rassembler, intempéries : il ne faut pas retenir en gage le man-
en des listes. instructives, les traits qui les carac- teau du pauvre quand le froid de la nuit s'abat
térisent l'un et l'autre. sur lui (Ex 22,25). A côté de ces données élémen-
Les listes.de vices sont présentées par les pro- taires, le symbolisme du vêtement s'oriente dans
phètes (Os 4,IS; Jr 7,9), les sages (Pr 6,16-19; Si une double direction. Il signifie d'une part un
25,2; 26,5s), le Christ (Mc 7,21s p) et ses Apôtres monde ordonné par le Créateur, et d'autre part
(1 Co 6,9s; Rm 1,29ss; Col 3,5-9; I Tm 1,9s; 2 Tm la promesse de la gloire perdue au paradis.
3,1-5; I P 2,1; 4,3} ; Paul surtout a souligné que
la cause profonde des vices est la méconnaissance
du vrai Dieu auquel on préfère les idoles. Les 1, LE VftTEMENT,
vices ont parfois pour effet de diviser les hommes ; REFLET DE L'ORDRE DIVIN DU MONDE
parfois aussi ils s'opposent entre eux.
Une telle opposition n'existe pas entre les vertus En arrachant les choses au chaos originel, le
qui au contraire se complètent et dont les listes Créateur a assigné à chacune d'elles sa place en
montrent pourquoi le juste est unifié et principe un monde ordonné. Ainsi le vêtement apparait
d'"unité. Voici par exemple le raccourci du pro- comme un signe de la personne humaine dans son
phète Michée : H Marcher humblement avec Dieu identité et sa distinction.
en accomplissant la justice et en aimant avec
tendresse 11 (Mi 6,8). Quant à Jésus, il se carac- 1. Vêlement et personne humaine. - A un premier
térise par }'•humble •douceur (Mt n,29) dont il stade, le vêtement protège le corps non seulement
donne l'exemple (Jn 13,15) et par l'amour qui lui contre les intempéries, mais contre les regards qui
fait donner sa vie (15,13), amour qui doit être Je pourraient réduire la personne à un objet de con-
modèle de celui' des disciples entre eux (13,34; 15, voitise sexuelle, la faisant retourner au chaos de
17), amour qui sera leur signe distinctif (13,35). l'indistinction d'où le Créateur l'a fait sortir. Ainsi

1337 1338
V:ETEMENT VltTEMENT

se fonde l'interdit de « soulever le voile » qui pro- (Ex 28,2s; Lv 16,4; Ez 44,r7ss; Za 3) ; ainsi quand
tège le groupe parental (Gn 9,20-27), utérin (Gn jouent les catégories du •pur et de l'impur (Lv
34; 2 S 3) et conjugal (Lv 18) : la vie privée de 13-15). Le vêtement caractérise enfin les grandes
chacun est protégée par le vêtement. fonctions en Israël. Parmi les habits royaux (1 R
Le vêtement assure également la distinction 22,30; Ac 12,21), on remarque une robe de pourpre
des •sexes et peut symboliser leurs relations. Aussi à agrafe d'or (1 M 11,58; 14,44). Pour confirmer
homme et femme doivent-ils porter des habits l'onction royale, le peuple étend ses vêtements
distincts (Dt 22,5). La femme se voile le visage sous les pieds du roi (2 R 9,13; Mt 21,8) : à. lui
pour des raisons précises, comme dans la ren- de les couvrir de gloire (cf 2 S 1,24) l Le pro-
contre prénuptiale, sorte de rite de consécration phète porte une pelisse surmontant un pagne
à celui qui l'a choisie (Gn 24,65) ; elle répond de peau {Za 13,4; Mt 3,4 p), semblable au man-
au geste du fiancé qui lui communique ce qu'il teau qu'Élie jeta sur Élisée en lui donnant la
a en « étendant sur elle le pan de son manteau )) vocation prophétique (1 R 19,19) ; par cette inves-
(Rt 3,9; cf Dt 23,1) : ainsi il ne prend pas « pos- titure, le charisme prophétique peut être com-
session » d'elle (cf Rt 4,7; Dt 25,9; Ps 6o,IO), muniqué (2 R 2,13ss). Le Grand Prêtre reçoit
mais confère à l'élue la gloire de sa propre per- aussi l'investiture « en revêtant les habits sacrés »
sonne. (Lv 21,10) ; avec ces vêtements symboliques (Ex
Le vêtement reflète la vie en société. Pour 28----29; Lv I6; Ez 44; Si 45,7-I2), un (! homme
chaque cellule de la communauté, il est comme le irréprochable » peut « affronter le courroux divin,
signe d'une vie harmonieuse qui naît du travail !'Exterminateur recule 1) (Sg 18,23ss; cf I M 3,49).
en commun (tonte : 1 S 25,4-8; tissage : Pr 31
10-31; Ac 18,3; confection : Ac 9,39), d'une sage,
administration (Pr 31,30) et de l'entraide. Donner IJ. V:frTEMENT ET NUDITÉ, SYMBOLES SPIRITUELS
son manteau est un signe de fraternité ; Jona-
than conclut ainsi alliance avec David {r, S r8,
3s), car le vêtement forme avec la personne une Le vêtement est aussi le signe de la condition
alliance unique, reconnue par ceux qui s'aiment spirituelle de l'homme. C'est ce qu'en raccourci
(Gn 37,33), par exemple au *parfum qui en émane montre le récit du paradis, et ce que raconte
(Gn 27,15.27; Ct 4,n). Le luxe ostentatoire qui l'histoire sainte.
accuse honteusement la disproportion des niveaux
de vie au Heu de chercher à lui porter remède (Si 1. Au paradis. - Les yeux ouverts par la con-
40,4; Je 2,2) attire 'les malédictions des prophètes naissance défendue, Adam et Ève surent qu'ils
et des apôtres. Revêtir autrui lorsqu'il est nu est étaient nus (Gn 3,7) ; ils se sentaient jusque-là
un précepte vital qui s'impose en justice (Ez 18, en harmonie avec le milieu divin par une sorte
7) à la communauté, sous peine de décomposition : de grâce qui revêtait leur personne comme un
c'est plus que « réchauffer ses membres n (Jb 31, vêtement. Désormais leur corps entier, et pas
20), c'est le faire renaître à la vie commune (ls seulement leur sexe, est signé d'un manque deyant
58,7), refaire pour lui ce que Dieu a fait pour tous la Présence divine ; une ceinture végétale ne suffit
(Dt 10,d~s), le sortir du chaos. Sans cette justice, pas à le masquer ; les pécheurs se cachent au
la charité est morte (Je 2,15). « Donne donc jus- milieu des arbres du jardin, car c'est devant la
qu'à ton manteau! 1) (Mt 5,40), dit le Christ, majesté divine que naît leur .pudeur : (! J'ai eu
signifiant par là qu'il faut donner sa propre per- peur parce que je suis nu. )> Ils n'ont plus désor-
sonne .à celui qui le demande. mais le signe qui jusiifie l'approche familière de
Dieu : ils ont perdu le sens de leur appartenance
2. Vdtement et fonctions humaines. - On ne porte au Seigneur et demeurent surpris de leur nudité
pas toujours le même vêtement : il faut distin- comme devant un miroir qui ne renvoie pas l'image
guer les temps de la vie, le profane et le sacré, de Dieu.
le travail et la fête. Si le travail peut exiger que Or Dieu n'éloigne pas les pécheurs sans les revê-
le vêtement soit déposé (Jn 21,7), il existe, en tir lui-même de tuniques de peau (Gn 3,21). Cette
revanche, toutes sortes de vêtements de fête. vêture ne supprime pas le dénuement ; elle est le
Changer de vêtement peut signifier qu'on passe signe qu'ils demeurent appelés à la dignité qu'ils
du profane au sacré ; ainsi le peuple dans l'at- ont manquée. Le vêtement est désormais le signe
tente de la théophanie (Ex 19,10; Gn 35,2) ou les d'une dualité ; il affirme la dignité de l'homme
prêtres à l'entrée et à la sortie du parvis intérieur déchu et la passibilité de revêtir une gloire perdue.

I339
VtTEMENT
V!TEMENT

2. L'histoire de l'Alliance est souvent symbolisée l'éclat, signe de sa •Gloire (Ac 22,6-n; cf 10,30;
à l'aide du vêtement, qui alors signifie la gloire 12, 7) ; et cependant les yeux non encore dessillés
perdue ou promise. Par l'Alliance, Dieu inaugure de Marie de Magdala ou des pèlerins d'Emmaüs
une communication intime de sa gloire : comme ne voient de prime abord qu'un jardinier ou un
un pâtre, il enveloppe l'enfant trouvé dans le voyageur (Jn 20,15; Le 24,15s) : c'est que la
chaos du désert (Dt 32,rn) ; comme un roi, les gloire ne se manifeste qu'à la foi pleine. Pour le
pans de son manteau remplissent le Temple (Is croyant, le Christ fait l'ardente guerre de la
6,1) ; comme un époux, il étend le pan de son *colère, revêtu d'un manteau portant l'inscrip•
manteau sur son peuple (Ez: 16,8ss), et le revêt tion : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs »
non de peaux de bêtes, mais « de lin fin et de (Ap 19,16).
soie )1, comme s'il le faisait prêtre (cf Ex 28,5.
39.42). Yahweh lui communique sa propre splen- 4. Le vêtement des élus. - Déjà l'ordre de la créa~
deur (Ez 16,13s) ; mais l'épouse royale ne demeure tian a été rendu perceptible aux yeux de la foi,
pas fidèle. Prenant appui sur les coutumes des Dans cet ordre divin, dont les •anges sont les
hauts lieux idolâtriques, Ézéchiel poursuit l'allé- témoins, dit Paul (I Co 11,10), Adam reflète la
gorie avec crudité, montrant l'épouse s'exhibant gloire de Dieu à visage découvert (cf 2 Co 3,18),
nue et se livrant à tous : « De ses vêtements, elle comme le Christ qui est sa tête (1 Co n,3s) ; Ève,
fait des hauts lieux aux riches couleurs )1 et se créée non pas identique mais complémentaire
prostitue à tout passant (16,15ss; cf Os 2,9ss). d'Adam (n,Bs). doit porter le signe de sa maîtrise
Alors que son vêtement aurait dû ne pas s'user, d'elle-même dans sa subordination : par le voile,
comme jadis dans la longue marche du désert elle refuse de livrer sa l! gloire » (n,6.10.15} indis-
(Dt 8,4), voici qu'il vieillit, tombe en \oques (Is tinctement à l'emprise des regards (n,5.13; cf
50,9), rongé par la teigne et les mites (51,8). x Tm 2,9.14) ; ce voile marque la pleine posses-
Cependant le dessein de Dieu se réalisera, à sion de soi dans la consécration, l'inverse d'une
contre-courant, en tirant du mal le remède. D'une aliénation. Mais cette gloire ne sera manifeste
part, Yahweh fait d'Israël une terre nue, en tour- qu'au jour de la résurrection.
nant en fureur destructrice la convoitise de ses Tout homme en effet est appelé à entrer dans
amants (Ez 16,37; Jr 13,26), jusqu'à ce qu'un le mouvement de gloire qu'a inauguré le Christ.
*Reste atteigne enfin dans le dénuement la grâce Si Dieu peut faire d'un grain nu jeté en terre un
du retour. D'autre part, un •Serviteur « sans corps resplendissant, Il peut faire du corps de
beauté et sans éclat envoyé par lui va guérir
)1
tout homme un corps incorruptible (1 Co 15,37.
son peuple de ses passions, en s'humiliant jusqu'à 42), et par~dessus le vêtement corruptible revêtir
la mort (Is 53,12) ; et Sion pourra se ceindre à la l'homme d'un vêtement incorruptible (2 Co 5,
fois de ses démolisseurs et de ses rebâtisseurs 3ss). Désormais l'humanité sort de sa nudité, elle
<1 comme ferait une fiancée » (49,17s). Alors, Yah- acquiert liberté, :filiation, droit à l'héritage divin
weh, revêtu de la •justice comme cuirasse, de la par l'acte de <1 revêtir le Christ H. Avec ceux qui
*vengeance comme tunique et drapé ds.ns la ont dépouillé le vieil homme et revêtu l'homme
jalousie (59,17), va parer son *épouse du man- nouveau (Col 3,10; Ep 4,24), par la foi et le bap-
teau de justice (61,10). tême (Ga 3,25ss), Dieu constitue une commu-
nauté parfaite et ~ une » dans le Christ (3,28),
3. Le Christ, v,tu de gloire. - Pour qu'Israël animée d'un principe nouveau, l'Esprit. Les
soit ainsi paré, il faut que le Christ, véritable membres ont à lutter, mais avec des 1( armes de
Serviteur, soit dépouillé de ses vêtements (Mt 27, lumière 11 (Rm 13,12), et la nudité même ne pourra
35; Jn 19,23), livré à la parodie d'une investiture les séparer du Christ (Rm 8,35).
royale (Jn 19,2s ... ), devienne un (! homme ~ indis- Ceux qui triomphent « ont lavé leurs robes et
tinct, privé d'appartenance légale. Mais cet homme les ont blanchies dans le sang de l'Agneau » (Ap
est le Fils de Dieu dont la gloire est incorrup- 7,14; 22,14). L'épouse désormais ne peut faillir;
tible. Déjà, à la *Transfiguration, dans le res- elle se pare, au long de l'histoire, pour les noces :
plendissement des vêtements, sa chair s'est mon- « On lui a donné de se revêtir du lin d'une blan~
trée glorieuse (Mt 17,2), et il avait été capable cheur éclatante )J (19,7s). Quand Dieu enroulera
de faire reprendre ses habits au possédé de Gérasa cieux et terre comme un tissu ayant fait son
(Mc 5,15; cf Ac 19,16). Après la Résurrection, temps, pour les remplacer par de nouveaux (He
comme les Anges qui l'annoncent (Mt 28,3 p), le 1,11s), et qu'auront pris place les protagonistes
Seigneur ne garde du vêtement que l'essentiel : du jugement, en vêtements *blancs pour la plu-

1341 1342
VtTEMENT VICTOIRE

part·{Ap 3,4s;· 7,9-14), la Jérusalenl"nouvelle, parée 3, L'institution des veuves, --:- Dans l'Église toutes
comme urie mariée (2-1,2), S'avancera enfin au- ~es veuves doiver.it êt«; frr_éprochables (1 Tm 5,
devànt de l'Époux. Alors, ,,. la cité peut se passer 7, 14). Certaines, 'vraiment ·, seules, dégagées de
de l'éclat ·du Soleil et de 'la tune; la gloire· de Dièu tOute obligat_ion familiale_ et renonçànt à toute
l'a illuminée et l'Agneau · lui tieil.t lieu de flam- dissipation, s'adonneront à la· prière (5,5s). II
beau » (21,23),· EH ex,iSte· au'ssi un_ engage~ent officièl au _veuvage
permanent (5,12). On y admèt des veuves: qui
-+ blanc -'-·gloire I, V - Transfiguration 2. · n'ont été mariées qu'une ··fois et ont atteint
soiXante ans (5,9) : il est probable qu'elles exercent
des fonctions charitables,· car elles doivent avoir
doilné dans le ·paSSé 'des garanties 'de 'dévouement
(5,ro). '
VEUVES L'idéal proposé aux ·veuves _-à la· dernière étape
de leur vie se résume dOnc dans la prière, la chas-
t,eté et la' charité. ,PS
$olitaire (Ba 4,12-16), la veuve ·représente un
cas typique de malheur (Is 47,9); .Son costume -+ fécondité II 2 - femme AT 3 ; NT 1.3 - jeûne
(Gn 38,14; Jdt 10,3) manifeste un double deuil : 1 - mariage AT Il 1;NT Il -:- solitude 1 1 -· vir-
à moins d'un nouveau •mariage·, elle a perdu ginité AT 2.
l'espoir de la *fécondité·.; elle est sans ,défense. VICES -. vertus & v~cès.
1. L'assistance ·aux veuves. - Comme l'orphelin VICTIME-:-+ Agneau de Dieu - autel - eucharistie
et !'_étranger, elle est l'objet d'une pl"Otectîon Spé- IV - Rédemption NT 2 -.sacrifice - sang AT 3.
ciale de la Loi (Ex 22,20-23; Dt' I4,28-29; 24,17-
22) et •de-Dieu (Dt ·10,17s) qui écoute sa;' plainte
(Si 35,14s), se fait son défenseur et son vengeur
(Ps 94·,6-10). Malheur· à ceùx qui abusent de. sa
faiblesse (Is 10,2; Mc 12,40 p). Jésus, comme VICTOIRE
Élie, rend à une veuve son fils unique (Le· 7,u-
15;· r R 17,17-24) et il confie Marië au disciple
Victoire suJ)pose combat ,et risque de défaite.
bien-aimé (Jn 19,26s). Dans le service quotidien
,C'est en effet.sur une défaite que s'ouvre dans la
de l'Église primitive, on se· préoccupe de sub-
Bible le_ drame d,e l'humanité, vaincue par *Satan,
venir aux besc:;iins des veuves (Ac 6,1). Si -elles
par le *péché, par la.*mort. Mais dès cette défaite
n'ont plus de parenté (1 Tm·5,16; cf Ac 9,-36-39),
s'esquis!;ie la promesSe d'une victoire future sur le
la communauté doit les prendre en charge, comme
mal (Gn 3,i5). L'histoire du *salut est celle du
l'exige la vraie *piété (Je 1;27 ; cf Dt -26,12s ;
cheminement vers la victoire dé:finitiVe.
Jb 31,16).
AT
'.i. Valeur reeonnue ·au veuvage. -Déjà vers la
firi. de l'AT·on voit poindre une estime particu- C'est d'abord dans so_n histoire temporelle que
lière pour le veuvage définitif de Judith (Jdt · 8, le peuple dè Dieu fait l'expérience de la victoire
4-8; 16,22) et d'Anne 18. prophétesse_'(Lc 2,36s). ét de Ja défaite. Mais celle-ci a pour résultat de
consacré à Dieù. dans la prière et la· _pénitence. tourner finaleinent Sa foi vers l'attente d'une·autre
En Judith éclate- le COÎltraste entre la faiblesse victoire, réalisée sur un autre· plan.
naturelle et la *force puisée en Dièu. ·
De mêine Paul qui, pour éViter les -dangers de 1. Les vic_toires du peuple de Dieu. - Les rsraélites
l'inconduite, tolère le remariage (1 Co 7,9.j9) et mesurent d'abord la *force de le_ur Dieu à un
sOuhaite 'même celui des jeunes veuves (1 · Tm 5, niveau ·très imparfait : celui de leurs sùccès mili-
13-15),' considère-le veuvage comme meilleur (1 Co taires. L~ triomphe de· Dieu sur le mal se con-
7,8) et y voit une indicàtion pl'Ovidentielle qu'il fond à leurs. yeux avec les victoires qu'ils rem-
faut .renoncer au mariage (7;17.24}. En effet, à portent. Lorsqu'ils sont en •guerre, ne ,consti-
l'égal de la •virginité', le veuvage est un idéal tuent-US pas « les armées de Yahw:eh » (Ex 12,
spirituel qui ouvre à·. l'action de Dieu et libère 41; Jg 5,13; t S 17,26) ? Cest donc lui _qui com-
pour son service (7,34). bat pour eux -et assure leurs succès : sous Moise

1343 1 344
VICTOIRE VICTOIRE

(Ex 14,14; 15,1-21; 17,8-16), sous Josué (Jos 6, Dieu affrontera ses *ennemis ligués. Et il les
16; 10,10), sous les Juges (Jg 7,15), sous les Rois écrasera sfirement (ci Is 63,1-6), comme il écrasa
(1 S 14,6; 2 Ch 14,10s; 20,15-29). Il faut com- les monstres primordiaux (Is 2 7, 1). Cette vic-
battre, mais aussi recevoir de Dieu la victoire toire préludera à soD. •règne final (Za 14; cf Ez
comme une •grâce et un •don (Ps 18,32-49; 20, 38-39). D'autres textes présentent celui qui sera
7-10; n8,10-27). A l'époque tardive des Macca- l'artisan de ce triomphe définitif. Tantôt il prend
bées, ceux-ci n'hésiteront pas à attribuer à Dieu les traits du *Messie royal (Ps 2,1-9; uo,5ss);
le succès de leurs armes (1 M 3,19; 2 M 10,38; tantôt il est personnifié par le *Fils d'homme
13,15; 15,8-24). transcendant, devant qui Dieu anéantit les *Bêtes
Dieu apparaît donc comme l'allié invincible (J dt (Dn 7). Plus paradoxale est la victoire du •Ser-
16,13; Dt 32,22-43; Is 30,27-33; Na 1,2-8; Ha 3; viteur de Yahweh, qui triomphe par son sacri-
I Ch 29,11s). De même qu'aux origines il a maî- fice (Is 52,13ss; 53,ns) et conduit à sa réalisation
trisé les forces du chaos (Gn r,2), personnifiées le •dessein de Dieu. Si la victoire du Fils d'homme
par ses •Bêtes monstrueuses (Ps 74, r 3), de même dépassait le plan temporel parce qu'elle se situait
dans l'histoire il continue de triompher sur les au-d_elà de l'histoire, celle du Serviteur se situe
peuples païens qui incarnent ces forces et s'op- d'emblée au plan spirituel, le seul qui finalement
posent à son *dessein de salut. C'est pourquoi les importe.
Israélites peuvent l'emporter sur leurs ennemis; b) La victoire des justes. - Cette victoire.-là
expérience dont le contenu religieux est indéniable, peut déjà être acquise par les *justes qui triomphent
mais qui demeure ambiguë : ne seront-ils pas du péché. L'idée est à l'arrière-plan de tout l'en-
tentés de penser que la victoire de Dieu coïncide seignement des sages. Mais elle prend corps au
nécessairement avec leur puissance temporelle ? terme de l'AT, dans le livre de la Sagesse : pour
Une expérience complémentaire va les préserver· avoir vaincu dans des combats sans tache, les
de cette erreur. justes ceindront dans l'éternité la couronne des
vainqueur (Sg 4, 1s) : le Seigneur leur donnera
2. Les dlfaües du peuple de Dieu. - Déjà au cette récompense méritée, au moment même où
moment du succès, les prophètes rappellent aux il lancera un dernier assaut contre les méchants
Israélites que la victoîre donnée par Dieu n'est (Sg 5,15-23). Telle est aussi la victoire que le Christ
pas nécessairement une récompense de la bonne va remporter, et tous les chrétiens après lui.
conduite (Dt 9,4ss). Mais les revers leur sont
J?,écessaires pour qu'ils prennent vraiment cons- NT
cience de leur misère morale. Les épreuves de
l'exode (Nb 14,42s; Dt 8,19s), les lenteurs de la I. Victoire du Christ. - Avec le Christ, le plan
conquête de Canaan (Jos 7,1-12; Jg 2,10-23), les des luttes temporelles est définitivement dépassé.
défaites subies par la monarchie (2 Ch 21,14; 24, La lutte qu'il mène est d'un autre ordre. Dès sa
20; 25,8-20) et surtout la catastrophe de l'exil (Jr vie publique il s'affirme le,, Plus fort» qui triomphe
15,1-9; 27,6; Ez 22) leur montrent que Dieu n'hé- du Fort (Le u,14-22), c'est-à-dire de •satan,
site pas à combattre contre eux lorsqu'ils le tra- prince de ce monde. A la veille de sa mort, il
hissent. Ces défaites sont un •châtiment de l'*in- avertit les siens de ne point craindre le •monde
fidélité (Ps 78; 106). Loin de signifier une défaite mauvais qui les poursuivra de sa haine : « Ayez
de Dieu, maître des empires, elles révèlent que la confiance! Le monde, je l'ai vaincu » (Jn 16,33).
victoire de Dieu est d'un autre ordre que celui Cette victoire reprend les traits paradoxaux de
du succès temporel. Elles conduisent ainsi Israël celle du Serviteur de Yahweh, qu'elle réalise à la
à comprendre et à préparer la seule vraie victùire. lettre. Mais c'est par la *Résurrection qu'elle
s'affirme comme une réalité concrète et définitive.
3. Vers une autre victofre. - Les oracles prophé- Là, le Christ a triomphé du péché et de la mort ;
tiques annoncent en effet pour les « derniers il a traîné les *Puissances vaincues derrière son
temps >) une victoire divine qui dépassera de toutes char de vainqueur (Col 2,15). Mieux que les anciens
façons celles du passé, et les sages mettent en rois d'Israël, il a vaincu, ce Lion de Juda (Ap 5,
évidence une victoire spirituelle qui ne se remporte 5), cet *Agneau immolé (5,12), devenu maître de
point par les armes. l'histoire humaine. Et sa victoire se manifestera
a) La uictoire eschatologique. - Les prophètes .finalement avec éclat lorsqu'il l'emportera sur
post-exiliens aiment à représenter la crise :finale toutes les forces adverses (17,14; 19,n-21) et vain-
de l'histoire comme une •guerre gigantesque où cra à jamais la *Mort, ce dernier ennemi (1 Co

1 345
VICTOIRE VIE

· 15,24ss). La •croix,- défaite apparente,. a assuré la :i c - création AT Il 2 - démons NT - ennemi Il


victoire du Saint sur le 'péché, du •Vivant sur·la 2, UI 2 - force - guerre - Jour du Seigneur _-.o. libé-
Mort. ration/liberté ~ .monde NT Il r - mort NT Il ·3 -
paix: - péché .IV z de - procès III 3 - Rédemption
2. Victoif'e du peuple nouveau. - Telle la victoire NT 3:6 - salut - visite AT t,
du Christ, telle celle du peuple nouveau .qu'il
entraîne après lui. Ce n'est pas non plus une vic-
toire temporelle ; sur ce plan elle peut comporter
une apparente .défaite, Ainsi les .•martyrs; écrasés VIE
par la •~te-(Ap II,7; 13,7;-cf 6,2) l'ont cependant
~éjà vaincue, grâce au •sang de l'Agneau (12,IOs;
15,2). Ainsi les *Apôtres, que _le Christ emmène Dieu est vivant, Dieu, nous appelle à la vie
,dans son triomphe (2 Co 2,i:4), mais .que· les éternelle. D'ùn boUt"'à l'awtre·c;le la Bible,, un.sens
épreuves de l'apostolat peuvent -accabler (4,7-16). ,profond de la vie SOus foutes _ses farines, et un
Ainsi, enfin, tous leS chrétiens. Ayant reconnu leur sens très_ 11ur de Di,eu, .nOuS réV"èlent dans la vie,
Père et-s'étant nourris de sa •Parole, ils ont vaincu qµe l'hom:nie poursuit d'une espérance in_lassable,
le Mauvais (t Jn 2,13s). Nés de Dieu, ils ont vaincu un don sacré où Dieu fait éclater son mystère et
le ~monde (5,4). Leur victoire,.c'est leur *foi au sa générosité. '
Fils de Dieu· (5,5), grâce à laquelle ils vainquent
aussi les *antichrists {4,4). Cette_ victoire reste, à
consolider par un combat spirituel : au lieµ d'être I. LE DlEU YIVANT
vaincus par le mal, il leur faut .vaincre le mal par
le bien (Rm 12,21). Mais ils savent· que, par la · IrivOquer u le Dieu vivant » '<Jos 3,10; Ps 42,
force de l'*Esprit, ils peuvent triompher• désormais 3; .. ), se présenter comme le « serviteur d~ · Dieu
de tous le$ obstacles : rien ·ne les sépare.ra.plus de vivant » (Dn 6,21; 1 R 18,10.15), jllrer \{ par le
l'ai;nour du_ Christ (8,35ss). Dieu. vivant • _(Jg 8119; r S 19,6... ),. ce n'es~ pas
Partageant la, victoire. de. leur chef, ils auront seulement proclamer que le Dieu d'Israël _est un
aussi part à sa •gloire. Le NT évoque .à .l'.,Ude · •Dieu··puissant et agissant, é'est lui donner un
d'images diverses cette récompense des vainqueurs. des _•noms_· auxquels' il tient le plus (NI? 14,21;
C'est une couronne qui leur est préparée là-haut; Jr :az,24; cf Ez 5,n ... ), c''est évoquer· son extra-
couronne de vie (Je 1,12; Ap 2,10), de gloire (1 .P ordinaire vitalité, son ardeur .dévorante « qui ne
5,4), de justice (2 Tm 4,8); couronne impérissable, se fatigue·ni ne se.lasse» (Is._40,28), ·« le Roi éter~
à la 4ifiér",lnce de celles qu'on obtient ici"".bas (1 Co nel... à la *colère irisoù~able » (Jr 10,10), celui
9,25) ; couronne vivante faite de ceux que les •· qui· perdure à jamais... qui sauve et délivre,
Apôtres ont amenés à·la foi.(Ph. 4,1; 1 Th 2,19). opère signes et merveilles aux cieux et sur la
L'Apocalypse surtout, si attentjve à la situation terre» (Dn 6,27s). Le 'prix que la Bible attache à
des chrétiens en •guerre contre la Bête,-décrit le ce nom est le ·signe de la valeur qu'a pour elle
so_rt réservé aux vainqueurs : __ ils seront les *fils la vie.
de Dieu ·(Ap 21,7), prendront pla(:e sur le trône
du Christ -(3,21) et régiront avec lui les. •nations Il. VALEUR ·DE 'LA VIE
(2,26); ils recevront un •nom nouveau (2,17), man-
geront de !'•arbre de vie {2,7), deviendront .des 1. La uie est chose précieuse. - La vie apparatt
colonnes dans le •temple de leur Dieu (3,12) ·: aux derriières étapes de· la •création, pour la cou-
entrés dans la •vie éternelle, ils n'auront plus à ronner. Au· cinquième jour naissent a les monstres
craindre la seconde •mort (2,11),. à la différence marins, les êtres vivants qui glissent et grouillent
des vaincus, des lâches et' des réprouvés (:21;8). dans les-eaux n (Gn 1,21): et les oiseaux. A son
Le NT se clôt sur cette victoire radieuse. Pour tour, la terre produit d'autres êtres vivants (1,24).
les vainqueurs se réalise àinsi, au-delà de toute Enfin Dieu crée, à son image, le plus parfait· des
-espérance, la promesse originelle : l'homme, autre- vivants, l'*homme. Et, pour assurer à cette vie
fois vaµlcu par Satan, par .le péché et Par_ la •naissante la continuité et la •croissance, Dieu
mort, en a triomphé, grâce au Chri$t Jésus. lui fait don de sa *bénédiction (1,22.28). Aussi,
PEB biell que la vie soit un temps. de pénible service
-+ Agneau de Dieu 3 - AscetlSion li Z - bêtes & "(Jb 7,1),· l'homme est prêt à tout sacrifier pour la
Bête 3 - bien & mal III· - captivité JI - chair Il sauver {2,4). Le sort· de l'*àme· dans les enfers

7 347
VIE VIE

apparaît_ si lamentable que désirer la •mort ne n'avait pas créé l'homme pont le laisser mourir
peut -êtn:: que le contrecoup d'un malheur inouî mais pour qu'il vive (Sg I,13s;_' 2,23)·; aussi lui
et bouleversant (Jb 7,15:· Jon 4,3). L'idéal, c'est avait-il destiné le *paradis terrestre et l'*atbre de
de jouir longuement de l'existence· présente (cf la vie, dont le fruit devait le faire « vivre poùr
Qo .10,7; 11,8s). sur « ,la terre des vivants » (Ps toujours » (Gn 3,22). Même après avoir dft inter-
27,13) et de 11e mourir, comme Abraham,. que dire à l'homme pécheur, qui pensait· le trouver
, dans une *vieilless,e-heureuse, âgé et rassasié de par se·s propres voies, l'accès de l'arbre de vie,
jours » (Gn 25,8; 35,29; Jb 42,17), Si une posté- Dieu ne· renonce· pas à assurer à l'homme la vie.
rité. est. arJiemment désirée (cf Gn 15,1-6; 2 R 4, ·En attendant de la lui donner par· la mort de son
12-17), c'est que les •enfants sont le soutien de Fils, il propose à son peuple « les *chemins de la
leurs parents (cf Ps 127; 128) et prolongent ·en vie » (Pr 2,19... ; Ps ·16,n; Dt 30,15; Jr 21,8).
quelqJae sorte leur vie. Aussi aime-t-on à ·voir Ces chemins sont « .les ,*lois et coutumes » de
nombreux,· sur les pla_ces publiques, les vieillards Yahweh; li qui les accomplira y trouvera la vie »
d'un âge avancé et les jeunes enfants (cf Za 8,4s). (Lv 18,s; Dt 4,r; cf Ex 15,26); il verra« s~achever
le nombre de ses jours » ·(Ex 23-,26); il trouvera
2. La vie est chose fragile. - Tous les êtres vivants, « longueur de jours et ·de ·vie, lumière des yeux
et l'homme lui-même, ne possèdent la vie qu'à et paix » (Ba. 3,14).- Car ces chemins sont ceux
titre -Précaire· Ils sont, par nature; .sujets à la de la •justice, et (< la justice conduit· à la vie »
mort. Cette. vie est en· effet dépendante de la res- (Pr n,19; cf 2,195·,;.), (< le juste vivra par· sa *fidé-
piration, c'est-à--dire d'un· souffle fragile, indépen- lité » (Ha 2,4). tandis que les impies seront rayés
dant de la volonté et qu'un- rien suffit à éteindre du •Livre de vie (cf- Ps 6g,29}'. Cette Vie n'est
{cl *esprit). Don de Dieu (Is .42,5), ce souffle ne longtemps, dans l'espérance d'Israël, qu'une vie
cesse de dépendre de lui (Ps 104,2_8ss), « qui fait sur la terre, mai$, comme ·sa *terre est celle dont
mourir et qui fait. vivre » (Dt 32,39). Effective- Yahweh a fait don à .son- peuple, « la vie et les
ment, .la vie est courte (Jb 14,1; Ps 37,36), une longs jours » que Dieu lui réserve ·s'il est :fidèle
simple-fumée (Sg 2,2), ..une *ombre (Ps 144,4), un (Dt 4;40... ; c1 Ex 20,I2) représentent un bonheur
rien (Ps 39,6). Elle. semble même n'avoir pas cessé Unique au monde, « supérieur à· ·celui P,e tou~s
de diminuer depuis les origines {cf Gn 47,8s). les nations de la terre» (Dt 28,r). ·
Cent-vingt ou cen'!; ans, et même soixante-dix ou
qua.tre-vingts, sont devenus un maximum- (cf Gn 2. Dieu, source de vie. - B_ien qu'elle soit tout
6,3; Si 18,9; Ps 90,10). entière' vécue sur la terre, cette vie d'ailleurs ne
se ~nourrit pas. d'abord .~es ·b_iens de la terre,
3. La vie est chose sacrie. - ·Toute vie vient' de mais de l'attachement à· Dieu. Il est « la source
Dieu, mais le souffle· de l'homtne en vient d'une d'eau vive ~ Ur 2,13; 17,13), « la source de vie »
façon toute, spéciale : pour en :faire une *â,ne (Ps 36,10; cf Pr 14,27) et« son amour vaut mieux
vivante, Dieu a: insuftlé:dans ses narines un souffle que la vie . » (Ps 63,4). • Aussi les -meilleurs en
de vie (Gn 2,7; Sg 15,Il) qu'il reprend à l'instant viennent-ils à préférer-à tout, autre bien le bonheur
de la mort (Jb 34,qs; Qo 12,7, après 1'h6sitation d_'habiter toute leur vie dans son *temple, où un
de 3,1gss). C'est pourquoi Dieu prend sous sa seul jour passé _de:vant sa •face et consacré. ·à la
protection la vie de l'homme et interdit le meurtre célébrer« en vaut plus .de mille» (Ps 84,n; cf 23,
(Gn 9,5s; Ex 20,13), :fOt-ce celui de Caïn (Gn 4, 6; 2,7,4). Pour les prophètes, la vie, c'est de « •cher-
u-15), _Même la vie·de !'•animal a quelque chose cher Yahweh >) (Aµi 5,4s; Os ·6,1s).
de sacré ; l'homme peut se nourrir de sa •chair,
.à condition que tout le •sang. en ait' été vidé car .3 .. -Vie par-delà la mort. - Plus que de la_ vie heu-
« la vie de la chair est dans le sang 11 (Lv 17,11) reuse sur ,sa ·terre, ciest de· la •mort qu'Israël
siège· de l'âme vivante qui respire (Gn 9,4) ; ·et pécheur fait l'expérience, .mais; du sein même de
c'est par-:ce- sang que l'homme entre en contact la mort, il dé,couvre que Dieu persiste à l'appeler
avec Dieu dans les •sacrifices. à la vie. Du. fond de. l'exil, Ézéchiel proclame. que
Dieu« ne prend pas plaisir à la mort du méchant»,
mais l'appelle à •_(t se convertir. et à vivre » (Ez 33,
JII. LES PROMESSES DE VIE u) ; il sait qu'Israël est comme un peuple de
cadavres, Iilais il annonce que sur ces ossements
1. La Loi. de la vie. - Dieu, « qui ne prend ·pas desséchés -Dieu fera SOuffi.er son •esprit et qu'ils
plàisir à la mort de qui que ce soit » {Ez 18,32), revivront (37,11-14). De l'exil encore, le Second

1349 i350
VIE VIE

Isaïe contemple le *Serviteur de Yahweh : a Re- ··il est" le Verbe de vie )1 (r Jn r,r); il diSpose·de
tranché de )a terre des vivants... pour le forfait · la vie .en toute propriété (Jn 5,26) et la donne en
de.son peuple.» (Is 53,SL « il offre sa vie en •sacri- surabondance (ro,IO) à tous· ceux que son· Père
fice d'expiation » et, par-delà sa mort,·« voit une '1ui a.donnés (17,2). Il est« le chemin, ·ta vérité
desèendance et prolonge ses jours.» (53,ro). Il èt la vie » (14,6), " la résurrection et la vie 11 (n,
subsiste_ donc une ·faille -dans l'association fatale 25), « •Lumière de la vie ·» (8,12), 11 donne une
péché/mort : on petit :mourir .pour ses *péchés et •eau vive (]_ul devient en celui· qui la reçoit « une
a_ttendre encore .quelque chose d.e. la vie, on pl;lut source qui jaillit en vie éternelle·».(4,'14)._ a ·•Pain
mourir pour a:utte chose que ses péchés et, en de vie ,», il donne •à celui qui mange sa •chair
mourant, trouver la vie. de vivre par lui, comme lui vit· par le Père (6,
Les persécutions.d'Antiochus Épiphan'e vinrent 27-58). Ce qui· suppose la *foi :, K Quiconque vit
confirmer ces vues prophétiques en montrant _qu'on et croit en lui ne mourra pas » (n,25s), sinon t il
pouvait _mourir pour. être *fidèle à Dieu. Cette i:te veri-a jainais la vie » '(3,36) ; une foi qui reçoive
mort,' acceptée pour Dieu ne pouvait séparer de ses ·paroles et les exécute, comme lui-même obéit
,lui; eJle .ne pouvait mener qu'à la vie :par la à son Père parce que« son ordre est vie éternelle»
*résurrection : (1 Dieu leur rendra l'esprit et la (12,47-50).
vie... Ils boivent .à là _.vie qui ne .tarit pas » (2 M
7,23.36)., De _la poussière Où ils. dorment « ils 3. Jésus-Christ, Prinee de la .vie. - Ce que Jésus
s'éveilleront... ils resplendiront comme la splen- demande, ,il le fait le· premier ; ce qu'il annonce,
deur du .firmament», tandis.que leurs perséC:uteurs il le donné; Librement, par amour ·pour le Père
,s'enfonceront « dans l'horreur éternelle » (Pn .IZ, et pour les siens, comme le Bon •Pasteur pour
2s), Au Livre de la Sagesse, -cette espérance s'élar- ses brebis,« il donne sa vie-»(= « son-,*âme »,
git et transforme toute la vie des justes : tandis Jn 10,n.15.17s; r. Jn ,3;16). Mais c'est u pour la
que les impies, tels des morts··vivànts, « à peine reprendre » (Jn 10,17s) ~. l'ayant reprise, devenu
nés, cessent d'être» (Sg 5,13); les justes-sont dès « esprit vivifiant » (r :eo 1,,5,45), faire don de la
maintenant« .dans la main de Dieu » (3,1) et rece- vie à tous ceux qui croient en·. lui. Jésus--Christ,
vront de lui « la vie éternelle... la couronne royale mort et ressuscité, -est II le Prince de la vie » (Ac
de •gloire ~ (5,15s). 3,15), l'Église a pour·mission « d'annoncer• hardi•
ment au peuple... cette· Vie » {Ac 5,20) : telle est
la première èxpérience chrétienne.
IV. Jl!:sus-CHRlST : JE SUIS LA VIE
4. Vivre dans le Christ. - Ce passage de la mort
Avec la venue du ·Sauveur, les promesses de-
viennent réalité. à la vie se répète en celui qui croit au Christ (J n
5,24) et, «·•baptisé en sa mort» (Rm 6,j), , revenu
I. J lsus annonce .la tiie. - Pour Jésus, la vie est de la mort 11 (6,I3), « vit désormais pour Dieu
chose précieuse, « plus. que la nourriture » ·(Mt 6, dans le .Christ Jésus» (6,10s). Il •connaît mainte•
2·5) ; « sauver une vie »· l'emporte même sur le nant, d'une .connaissance vivante, le Père et le
•sabbat (Mc 3,4 p), _car « Dieu n'est pas un Dieu Fils qu'il a envoyé, ce qui est .la vie éternelle (Jn
de morts mais de ·vivants » (Mc 12,27"p). Lui- 17,3; cf 10,14). Sa « vie est cachée avec le Christ
même. guérit et rend· la yie, comme s'il ne pou- en Dieu " (Col 3,3), le Dieu vivant dont il est le
vait tolérer la présence de ·la mort ; ·s'il a~ait été temple (2·.Co 6,I-6). Il participe ainsi à la vie de
là, Lazare ne serait pas mort (Jn II,I·5.21). Cette Dieu à laquelle il était jadis •étranger (cf Ep 4,
puissance de donner la vie est le signe qu'il a 18} et donc à sa ·nature (2 P 1,4}. Ayant -reçu
puissanc·e·sur le péché (Mt-9,6) et·qu'il apporte du Christ l'*Esprit de Dieu, son propre esprit
la vie_qui ne meurt pas, la (1 vie·étërnelle » _(19, est .vie (Rm 8,10). nn'est. plus soumis: aux con~
16 p; I9,29 p). C'est la véritable vie; on peut train tes dè la. •chair·: il peut traverser indemne
même dire, sans·plus, qu'elle est·a: la vie 11 (7,14; fa, mort et vivre à. jamais (cl 8,n.38), non plus
18,Ss p ... ). Aussi; pour y en~ et ·la p·osséder,. il pour lui-même, « mais pour celui qui est _mort
faut· prendre le .,ch_emin- resserré, sacrifier toutes et ressuscité )1 pour lui (2 Co 5,15) ; pour lu1, « la
ses •richesses, même ses propres 'membres et la vie, c'est le Christ 11 (Ph 1,21).
vie présente ·(cf Mt 16,25s). , ·
5. La tn01't absorbée pa,- la vie. - Dès cette terre,
2.En Jésus est la vie. - Ver~ éternel, le Christ plus le -chrétien a part à la •mort du Christ et
possédait la .vie de toute éternité (Jn r,4). Incarné, porte ses •souffrances, plus il manifeste sa vie
VIE VIGILANCE

jusq~e dans son •corps (2 Co 4,10). Il faut en effet r. Longus vie et approche de la mort. - Même
que ce qui est_ mortel- soit absorbé, par la vie (2 Co menacée par la •mort, la ~vie est un don de Dieu ;
5,4) .; ce qui est corruptib~e doit revêtir l'imm.qr- une longue vie est donc désirable ; promise à. qui
talité, changemen~ qui, pour, presque. ,tous, sup~ honore ses parents (Ex 20,i2), elle est une cou-
pose la mort corporelle (cf I Co 15,35-55). Celle-ci, ronne pour le juste (Pr 10,27; 16,31) qui a ainsi
loin de marquer un échec de la vie, la_ fixe et la joie de voir les enfants de ses enfants (Pr r7,
l'épanouit en. Dieu, englouti~t la mort dans. sa 6). Comme Abraham ·rassasié de jours (Gn 25,8),
*victoire (15,54s). . le juste, après une vieillesse heureuse et floris~
,L'Apocalypse v_oit d_éjà les âmes des martyrs sante (Ps .92,15), peut mourir. en paix, conscient,
au ciel {Ap 6,9) .et Paul souhaite mourir pour« .être que sa vie a ét~ pleine (Gn 15,15; Tb' 14,1;- Si
avec le Christ » (Ph 1,23;, cf 2 Co 5,8). La vie 44,14). Mais.il arrive aussi que la mort soit une
avec le_ Christ, attelldue de la •résurrection (cf délivrance _(Si 4·1,2), .quand le vieillard sent ·sa
1 Th 5,10), est donc possible aµssitôt.:après la vigueur décliner (Ps 71,9; Qo 12,5). et. que, pour
mort. On peut être ,alors semblable- à Dieu et le lui, rien n.'a plus de saveur (2 S 19,36).
•.voir_ tel qu'il est (1 Jn _3,2), *face à face (r Co
13,12), ce_ qui est l'essence dé la vie _éternelle. 2;· Longue-expérienee et progrès dans la sagesse. -
Ce:tte vie n'aura cependant 'toute sa perfection A l'âge- et à i'expérience qu'il ·apporte, tous les
que le jour où. le •.corps lui-même, ressuscité. et peuples · orit attaché !'•autorité ; dans la Bible
glorifié, y aura part;_ quc;Lnd se manüestera « notre aussi; les anciens sont à la tête des communautés
vie, le Christ» (CoL3,4), dans la Jérusal~m céleste, (Ex 3,16;. 1·8,12';-·:fS-5,3; Esd 6,7; Ac·n,30; 15,4).
« ·demeure de Dieu avec les. hommes » (Ap 21',3), Bien que certains vieillards soient d'une corrup~
où jaillirà le fleu,ve de vi~, où _croîtra· l'..*arbre de tian ou d'une injustice scandaleu~ (Si 25,2; Dn
vie_ (22,1s; 22,14.19}. 11 De mort, alors, il n'y en · 13,5), les ch8veux blancs méritent le respect (Lv
aura plus· li. (21,4), elle serà « jetée dans !'.étang de '19,32; t Tm 5,1s) et lès enfants dbivent venir èn
feu». (20,14). Tout.sera pleinement soumis à .Dieu, aide_à-Ieurs parents àgéS (S_i 3,_12). En _raison_de sa
qui a sera tout en tous_~ (1. Co 15,28). C~ sera un •sagesse (Si 25,4s) et comme témoin de la -•tra--
nouveau *paradis, où, les saints *gt;r'1teront pour dition:, le .vieillard peut parler-avec autorité; qu'il
toujours à la_ .vie même de Dieu, dans le Christ le fasse cependant avec discrétion (Si 32,3; -42,8).
Jésus. AA V .. & JG Un danger en effet menace les anciens : se fermer
à toute nouveauté 'au 'lieu 'de rester ouverts 'à la
-;.. Arne I , .i - arbre .1 - 'baptême IV z.4 -- ~ti- vérité;· cètte fausse fidélité à la tra:dition (Mt 15,
tude - bénédiction _:__ blanc o - coµrir 2 - créa-
tion...:.:. croissance·- désir'! - Dieu.AT III I - don 2-6) a conduit les· Anciens du peuple à Se ranger
NT 3 - eau - Esprit de Dieu NT V 3 .:...... fécondité - parmi les ,e"nneril.is du Christ, qui l'insulteront Sur
femme AT 1.z-force,.;_;_fruit-grâcell I, V-homme sa croix (27,1-41). -Le nombre des années ne suffit
I I a - joie AT I - · lampe z. ;,_ lumière & ténèbres donc pas à rendre le vieillard digne de l'hon~
AT Il .I; NT I z -. mère l 1 1 li ·1 - màrt - naiS- neur qu'on lui rend ; bien plus, ta· sagesse peut
1

aance (nouvelle) - pa~dis -· Résurrection - sagesse être la part de la· jeunesse (Ps 119,100; Sg ·4,8s.
AT II 1 -,salut -,sang·-.sexualité l,I - victoire 16) et, pour entrer dans le Royaume, tous doivent
NT. 1 - vieille~se I _- - violence O. le recevoir èn--petit enfant (Mc 10,15). Que les
chrétiens· âgés suivent donc les conseils du vieux
Pàul (Phtn 9) et brillent par leurs •vertus (Tt· 2,
2-5):
La viÈiillesse est enfin le symbole ·a.e· l'éternité·;
VJEJIJFSSE l'Éternel .apparait à Daniel sous l'aspect d'U:n
vieillard (Dn 7,9) et, dans l' Apocalypse, les vingt-
quatre Andens symbolisent la cour de Dieu q'tli
Vivre longtemp_s -est ie _désir de _quiconque est chante éternellement sa gloire '(Ap 4,4; 5,14 ... )
heureux au. milieµ de ses biens ; mais, .. si la vieil~ MFL
!esse p_eut être riche d'exp~rience et de sagesse,
elle peut .aussi peser au ~.alheureux usé. par eâge ~ ami I - enfant O - homme· III 3 - maladie/
et à bqut .de pati~ce (Si 41,1s). _Ainsi, la vieil- guérison AT I I -,. mort - nouveati III 3 b - 9agesse
lesse change-de sens, sel<m qu'elle apparaît comme AT Il J.2· - Tradition AT II; NT I I - vie II r.
le chemin du déclin yers 1a mort ou comme celui
du progrès vers 11;: bonheur éternel. VIGILANCE --> veiller.

r353 r354
· VIGNE VIGNE

{Os ·10,1; 3,1). Pour· Isaïe, Diei:t aime sa· Vigne; il


a tout fait potir elle, mais au lieu du •fruit• de
justice· qù'il attendait, ·elle lui ·a donné l'aigre
VIGNE •vendange du sang versé.; il va .fa livrer aux
dévastateurs· (Is •5,I~7). Pour Jérémie, Israël ·est
un plarit choisi,· devenu_ dégénéré iet stérile (Jr 2,
Peu de cultures dépendent autant qU:é la vigne, 2i:; 8;13), qui ·sera arraché et piétiné (Jr 5,10;
àla :fois du travail attentif et ingénieux de l'homme, 12,10). Ezéchiel enfin compare à.une vigne féconde,
et du rythme des saisons; La Palestine, tetre de puis desséchée· et brillée; tantôt Isrà.ël infidèle à
vignobles, enseigne à Israël à gotiter les fruits de · son Dieu (Ez 19,10-14; 15;6ss), tantôt le l'oi infi-
la terre, à mettre tout son cœur à_ une tâche pro- dèle à une alliance jurée (17,5-19).
metteuse,· -mais aussi à tout-attendre de·la géné- Un jour viendra où -la vigne s'épanouira sous
rosité divine. D'autre part, la vigne,. si précieùse, la garde ·vigilante de Dieu '(Is 27,2_s). Pour cela,
a quelque chose dé mystérieux. 'Elle ne vaut que Israël invoque l'amoùr *fidèle de Dieu : puisse-
par .son *fruît. S6n bois est sans valeur (Ez 15, . t-il sa.uver·Cette vigne qu.til a. transplantée· d'Egypte
2-5) et ses sarments stériles ne sont bons que pour dans sa terre· et qu'il a dft livier a.u -ravage et au
le feu (Jn .r5,6) ; mais son fruit réjouit «. dieux et :feu I Elle lui sera désoi-mai~ fidèle (-Ps 80,9~17).
hommes » (Jg 9,-13) ;,la vigne cache donc un- mys- Mais ce 'n•e~t point Israël qui tiendra cette pro-
tère.-plus profond : ,si elle apporte la· joie au cœur messe. Reprenant la parabole d'I.Saîe, Jésus résume
de l'homme (Ps 104,15), il est une .vigne dont le ainsi l'histoire · du peuple élu . : Dieu ·n'a cessé
,-fruit est la •joie de Dieu. d'atteridre lès ftuits de" sa vigne ; mais au· lieu
d'écouter les prophètes·qu'il_a ·envoyés, les-vigne-
1. L(J v_igne, joie· de l'homme. - *Noé, le juste, rons les ont maltraités• (Mc 12,-1-5). Comble
plante la- vigne sur -une terre que Dieu a proµiis d'àmour, il enVOie.maintenant son Fils bien-aimé
de ne plus maud.ire (Gn 8,21; 9,20). _Et-la présence (12,6) ; en réponse, les chefs du peuple vont mettre
de. vignobles sur notre terre est le signe .que la le comble à- leur infidélité en tuant -le Fils dont
*bénédiction de Dieu n'.a pas été totalement la vigne èst l'héritâge. C'est-pourquoi les coupables
détruite par le péché -d'Adam (Gri 5,29). Dieu seront Châtiés, mais la mort du Fils ouvrira une
promet. et donne à son peuple une terre riche en nouveUC - étape du •dessein de Dieu : confiée à
vignes (Nb 13,23s; Dt 8,8). Mais ceux qui oppri- des vignerons fidèles, la vigne donnera finalement
ment le pauvre (Am 5,u) ou sont infidèles à Yah- s_on fruit (12,7Ss; Mt 2r,4iss)'.
weh (So 1,13) ne boiront pas le *vin, de leurs Quels .seront ces vigneron_s :fidèies ? . :u;s pro-
vignes {Dt 28,30.39) ; elles se.ront dévorées par les testations platoniques ne ·'\,'al~nt rien : il faut un
sauterelles (JI 1,7) ou feront place a1.1x· ronces •travail effectif, le se_ul qui rende (Mt 21,28-32).
(Is. 7,23). Pour·récolter-.sa *vendange, Dieu. accu6;illera tous
Gravement .injuste est le roi qui prend les les ouvriers : :travaillant ·depuis lé; matin, ou
vignes de ses sujets ; de cet abus prédit par ernbauchés--à la dernière heure,· tous recevront la
Samuel (1 S 8,145), Achab se rend. co.upa,ble même récompense. Car l'appel au travail et l'offre
(1 R 21,1-16). Mais, sous un bon r~i, _chacun du salaire sont des· dons gratuits et non des droits
vit dans la •paix, sous sa vigne et . son fi.gaier que l'homme pourrait revendiquer : tout est
(1 R 5,5; t M 14,12). Cet idéal sera réalisé aux *grâce (Mt 20,1-15).
temps messianiques (Mi 4,4; Za 3,10) ; alors la
vigne sera féconde (Am 9,14; Za 8,12)'. Image de 3. La vYaie vigne, gloire et_.jo·ie de Dieu. - Ce
la •Sagesse (Si 24,17),: image de l'_*ép0use féconde qu'Israël n'a pu donner à Dieu·, Jésus le lui donne.
du juste (Ps 128,3), la vigne qui bourgeonne sym- Il est la- vigne qui rend le cep authentique, digne
bolise l'espoir des époux qui, dans le Cantique, de son nom. Il est l'*Israël véritable. Il a été
chantent le mystère-,de l'amour (Ct 6,II; 7,13; planté par son Père, ·entouré de soins et é1nondé
·2,13.15: cf 1.14). afin de porter un _fruit abondant.. (Jn 1,5,1s; Mt
1.5,13). Il porte en effet son fruit en donnant sa
2. I SYaël, vigne infidèle à Dieu. - Époux et vigne~ vie, en versant soll sàng, sûprênie preuve d'à.mour
r9n, le Dieu d'Israël a sa vigne, et c'est son (Jn' 15,9.13';·· cf 10,_1os.r7)_.; et le •vin, fruit de la
•peuple. Pour Osée, Israël est un plant ·fécond vigne, sera, dans le mystère eucharistique, le signe
qui rend grâces de sa •fécondité à ù'autres qu'à sacramen'tel de ce •sang versé poul' sèeller l' Al-
Dieu, ce Dieu qui, par l'Alliance, est son •époux liance nouvelle;· il sera Je· moyen de communier

1355 1356
VlGNE VIN

à l'amour de Jésus, de *demeurer en lui (Mt 26, fait partie de l'équilibre humain que ne cessent
27ss p; cf Jn 6,56; 15,4.9s). de prôner les écrits de sagesse. L'axiome de Ben
Il est la vigne, et nous les sarments, comme il Sira : « Le vin, c'est la vie pour l'homme quand
est le •Corps, et nous les membres. La ;vigne on en boit modérément » (Si 31,27) en est la plus
véritable, c'est lui, mais c'est aussi son *Eglise, claire illustration (cf 2 M 15,39). Dans les épîtres
dont les membres sont en communion avec lui. pastorales, les conseils de sobriété abondent (:r Tm
Sans cette •communion, nous ne pouvons rien 3,3.8; Tt 2.,3), mais, pris à bon escient, l'usage
faire : seul Jésus, vrai cep, peut porter un fruit du vin y est aussi recommandé (1 Tm 5,23).
qui glorifie le vigneron, son Père. Sans la commu- Jésus lui-même a voulu boire du vin, au risque
nion avec lui, nous sommes des sarments détachés d'être mal jugé (Mt :rr,19 p). L'homme qui s'écarte
du cep, privés de sève, stériles, bons pour le feu de cette sobriété est voué à toutes sortes de dan-
(Jn 15,4ss). A cette communion, tous les hommes gers. Les prophètes invectivent violemment les
sont appelés par l'amour du Père et du Fils ; appel chefs qui aiment trop boire, car ils oublient Dieu
gratuit, car c'est Jésus qui choisit ceux qui de- et leurs vraies responsabilités vis-à-vis d'un peuple
viennent ses sarments, ses •disciples ; ce n'est pas exploité et éntraîné au mal {Am 2,8; Os 7,5; 1s
eux qui le choisissent (15,16). Par cette commu- 5,ns; 28,1; 56,12). Les sages portent davantage
nion, l'homme devient sarment du vrai cep. Vivi- leur attention sur les conséquences personnelles
fié par l'amour qui unit Jésus et son Père, il porte de ces excès : le buveur est voué à la pauvreté
du fruit, ce qui glorifie le Père. Il communie ainsi (Pr 21,17), à la violence (Si 31,3os). à la débauche
à la joie du Fils qui est de glorifier son Père (15, (19,2), à l'injustice dans les paroles (Pr 23,30-35).
8-II). Tel est le mystère de la vraie vigne : du Saint Paul souligne que l'*iv:resse amène à la
Christ et de l'Église, il exprime l'union féconde débauche et nuit à la vie de l'Esprit dans le chré-
et la joie qui demeure, parfaite et éternelle {cf tien (Ep 5,18).
17,23), MFL
2. Dans la vie cultuelle. - Parce qu'il vient de
-·• Église II 2, V 2 - fruit - vendange - vin. Dieu, comme tous les produits de la terre, le vin
VILLE.....,-.. cité aura sa place dans les sacrifices. Déjà, au vieux
sanctuaire de Silo, on apporte des offrandes de
vin (r S 1,24), elles permettent de répandre les
libations prescrites lors des sacrifices (Os 9,4; Ex
29,40; Nb 15,5.10). Le vin fait aussi partie des
VIN prémices qui reviennent aux prêtres (Dt 18,4;
Nb 18,I2; 2 Ch 31,5). Il aura enfin une place
dans le sacrifice de la nouvelle Alliance qui met-
Avec le blé et l'•huile, le vin que fournit la tra fi.n à ce rituel. D'autre part, une intention reli-
Terre sainte fait partie de la •nourriture quoti- gieuse motive pour certains l'abstention de vin.
dienne (Dt 8,8;· u,14; r Ch 12,41); il a ceci de Si les prêtres sont tenus de s'en priver pendant
particulier qu'il « réjouit le cœur de l'homme )) l'exercice de leurs fonctions, c'est que celles-ci
(Ps 104,15; Jg 9,13), Il constitue donc un des requièrent la pleine maîtrise de soi, notamment
éléments du festin messianique, mais aussi et pour enseigner et juger (Ez 44,21ss; Lv 10,9s).
d'abord du repas eucharistique où le croyant L'abstinence de vin peut être aussi un rappel du
puise la •joie à sa source : la charité du Christ. temps où, au désert, Israël en était privé et s'ap
prochait de son Dieu dans une vie austère (Dt
29,5). Un clan voulut, longtemps après l'installa-
1, LE VIN DANS LA VIE QUOTIDIENNE tion en Canaan, garder cette fi.délité au noma-
disme qui ignore le vin : les Rékabites (Jr 35,6-
1, Dans la î!ie profane. - En attribuant à •Noé I 1). Dans le même sens, un usage de caractère
l'invention de la culture de la vigne, puis en le ascétique consistait à s'abstenir de tout.produit
montrant surpris par les effets du vin (Gn 9, de la vigne en signe de consécration à Dieu :
20s). la tradition yahvîste souligne à la fois le c'est ce qu'on appelle le Naziréat (cf Am 2,12).
caractère bienfaisant et dangereux du vin. Signe Dès avant sa naissance, Samson fut ainsi consacré
de prospérité (Gn 49,us; Pr 3,10), le vin est un par la volonté divine {Jg 13,4s) ; le cas de Samuel
bien précieux qui rend la vie agréable (Si 32,6; (I S t,II) et celui de Jean-Baptiste (Le r,:r5; cf
40,20), à condition d'en user avec sobriété, Celle-ci 7,33) sont analogues. Codifié dans la législation

1357
VIN VIOLENCE

sacerdotale, le Naziréat pouvait aussi être l'effet messianiques. La mention du vin n'est pas de
d'un vœu temporaire (Nb 6,2-zo), qu'on trouve l'ordre du pur symbole; elle est amenée par le
encore pratiqué dans la communauté judéo-chré- récit de l'institution de !'*Eucharistie. Avant de
tienne (cf Ac 21,23s). Enfin, les :fidèles étaient boire du vin nouveau dans le Royaume du Père,
souvent invités à renoncer au vin pour éviter le chrétien s'abreuvera, au long des jours, du vin
tout danger de compromission avec le paganisme : devenu le •sang répandu de son Seigneur (cf I Co
ainsi en témoigne le judaïsme post-exilien (Dn 10,16).
r,8; cf Jdt ro,5). C'est plutôt un souci d'ascé- L'usage du vin est donc pour le chrétien non
tisme qui semble motiver les privations que s'im- seulement un motif de rendre grâces (Col 3,17;
posaient certains chrétiens (r Tm 5,23); Paul cf 2,20ss), mais une occasion de rappeler à sa
rappelle simplement que prudence et charité doi- mémoire le sacrifice qui est la source du salut et
vent régler cet ascétisme {Rm 14,21; cf r Co de la joie éternelle (1 Co rr,25s). DS
10,31).
-+ colère B AT I 1 ; NT I 1, III 2 - coupe - eucha-
ristie - faim & soif AT I c - ivresse - joie AT I -
Noé 1 - repas - vendange - vigne.
Il, LE SYMBOLISME DU VIN
VIOLATION - adultère - Alliance AT III 1 -
Époux/épouse AT 1 - péché III :z e - serment AT
I, D'un point de vue profane, le vin symbolise 3 - violence I.
tout ce que la vie peut avoir d'agréable : l'amitié
(Si 9,10), l'amour humain (Ct 1,4; 4,10) et en géné-
ral toute la *joie que l'on prend sur terre avec son
ambiguïté (Qo 10,19; Za 10,7; Jdt 12,13; Jb 1, VIOLENCE
18). Aussi peut-il évoquer tantôt !'•ivresse mal-
saine des cultes *idolâtriques (Jr 51,7; Ap 18,3)
et, tantôt le bonheur du disciple de la *Sagesse Dans la violence où l'on ne voit d'abord que
(Pr 9,2). destruction brutale, viol, violation, il faut aussi
reconnaître la force vitale qui est à son origine
2. D'un point de vue religieux, le symbolisme du et qui, pour se maintenir telle, tend à détruire
vin se place en contexte eschatologique. la vie elle-même. Le terme qui la désigne dérive,
a) Dans l' AT, pour annoncer les grands châti- tout comme celui de force vitale, d'une racine
ments à son peuple qui l'offense, Dieu parle de la indo-européenne désignant la vie (bios-bi.azomai,
privation du vin (Am 5,n; Mi 6,15; So r,13; Dt vi.vo--vis). Et la Bible décrit sans illusion l'état
28,39). Le seul vin à boire est alors celui de la violent dans lequel se trouve l'humanité : les
•colère divine, la •coupe étourdissante (Is 51,17; forces vitales et les puissances de mort se tiennent
cf Ap 14,8; 16,19). Par contre le bonheur promis en un équilibre provisoire, dont l'ordre apparent
par Dieu à ses fidèles est souvent exprimé sous est souvent la caricature. Elle révèle aussi et sur-
la forme d'une grande abondance de vin, comme tout que, en Jésus-Christ, peut devenir réalité
on le voit dans les oracles de consolation des pro- l'idéal eschatologique d'un temps où la vie s'épa-
phètes (Am 9,14; Os 2,24; Jr 31,12; Is 25,6; JI nouira sans violence (cf Is n,6-9; Ap 21,4). Pour
2,19; Za 9,17). guider dans le sujet, deux termes évoquent d'assez
b) Dans le NT, le (< vin nouveau )1 est le symbole près l'idée de violence, l'hébreu (/tms) avec netteté,
des temps messianiques. Jésus déclare en effet le grec (biazomai) avec une simple nuance de con-
que la nouvelle Alliance instituée en sa personne trainte (forcer, insister pour).
est un vin nouveau qui fait craquer les vieilles
QUtres (Mc 2,22 p). La même idée ressort du récit
johannique du miracle de Cana : le vin de la noce, 1. DESCRIP'IION
ce bon vin attendu « jusqu'à. maintenant », est le
don de la charité du Christ, le signe de la joie 1. L'idée de trangression d'une norme permet de
que réalise la venue du Messie (Jn 2,ro; cf 4,23; qualifier tfil acte de violent; ainsi l'ont compris
5,25). Le terme « vin nouveau )J se retrouve enfin les traducteurs grecs de l'AT qui en général ont
en Mt 26,29 pour évoquer le festin eschatologique rendu fims par un mot apparenté à adikia, signi-
réservé par Jésus à ses :fidèles dans le Royaume fiant injustice. Selon les coutumes de l'époque,
de son Père ; c'est alors l'achèvement des temps Siméon et Lévi devaient sans doute venger leur

1359
VIOLENCE VIOLENCE

sœur Dina violentée (Gn 34,2), mais parce qu'ils


sont allés trop loin dans leur •vengeance, les cou-
teaux dont ils se sont servis pour châtier les oppres- Il, SITUATIONS
seurs sont qualifiés par leur père d' c< instruments
de violence » (49,5). Le peuple, les prêtres ont A l'aide des critères précédents, on peut évo•
violé la Loi (Ez 22,26; So 3,4), on viole la justice quer des situations dans la description desquelles
sociale par la fraude (So r,g), on viole le droit hms fait défaut. En tuant *Abel, Caïn a ç:ommis
(Ez 45,9). Ordinairement la violence est accompa- ~n acte de violence : 1< La voix du sang de ton
gnée par quelque préméditation ou par la viola- frère crie du sol vers moi )1 (Gn 4,10), dit Dieu.
tion des lois du langage : pièges et embuscades Sans mesure, Lamech « tue un homme pour une
(Ps 140,2), trou creusé devant le prochain {Ps 7, blessure )) (4,23). Israël est opprimé ('innah, de
17), astuce (Ps 72,14), détraction (Ps 140,12), 'anah, même racine que 'anawim, les •pauvres)
fourberie (Ml 2,16),' mais surtout faux •témoi- en Égypte (Ex 1,12; Dt 26,6; cf 2 S 7,10). Con-
gnage (Ex 23,1; Dt 19,16; Ps 27,12; 35,II), dont damnant le viol d'une femme, acte qui détruit
s'abstient le ·•juste à la prière pure (Jb 16,17). les rapports sociaux en négligeant le consentement
du partenaire, la loi condamne une violence injus-
2. La violence est encore saisie à travers son effet tifiable (Dt 22,24.29 ; cf Gn 34,2; Jg 19,24; 20,5;
majeur, la destruction de la vie physique ou sociale ; 2 S 13,12.14; Lm 5,n : en grec, tapeinod). David
en ce cas, le terme est souvent associé à un autre fait tuer Urie, le mari de Bethsabée, en se servant
qui signifie exploitation, oppression, dévastation, avec ruse de la •guerre sainte (2 S n,15); d'autre
ruine. Les prophètes se lamentent sur l'état de part, en dépit de la malédiction de Shiméi (16,
violence dans lequel est plongé le peuple (Am 3, 7s; 19,19R24), il ne s'est pas comporté en homme
10; Jr 6,7; 20,8; Is 6o,18) et ils font appel à Yahweh de sang vis-à-vis de la maison de Saül, car à deux
qui seul peut remédier à cet état d'injustice (Ha reprises il a épargné Saül (1 S 24; 26) qui pour-
I ,3). Dieu en effet a en horreur les hommes vio- tant n'avait cessé de lui tendre des embù.ches
lents (Ps 11,5; Ml 2,16) : n'a-t-il pas provoqué le (18,10s; 19,9-17). Violence encore lorsque Achab
déluge parce que « la terre était remplie de vio- s'empare de la vigne de Naboth, car celui-ci a étê
lence » (Gn 6,n.13) ? Aussi entend-on sans répit lapidé en raison du faux témoignage manigancé
les eris des opprimés qui veulent être délivrés des par Jézabel (1 R 21,8-16). Enfin il faudrait men-
hommes violents (2 S 22,3.49; Ps 18,49; 140,2.5). tionner les innombrables situations de •cupidité
Ces victimes mettent leur espoir dans une riposte ou de •persécution, massacres et émeutes, qui font
de même nature : « Que le mal pourchasse l'homme du récit biblique une longue histoire de la vio-
violent, en lui rendant coup sur coup! » (Ps 140, lence des hommes jusqu'au temps de Jésus (Le
12). Un idéal d'abandon parfait est toutefois pré- 13,1; Mc 15,7; cf Mt 2,16).
senté dans le portrait du *Serviteur de Dieu qui
est enseveli avec les méchants, « alors qu'il n'a
pas commis de violence ni de tromperie u (Is 53,9). III, YAHWEH ET LA VIOLENCE

3. Ce rapide survol des emplois de {tms autorise Le comportement de Yahweh est ambigu en
quelques remarques, La violence ne s'identifie ni apparence : sans doute reje"-te-t-il toute violation
à la force, ni à la vengeance, ni à la colère, ni de la justice, mais il semble parfois tolérer, approuR
au zèle : en effet, ces expressions variées de la ver, voire pratiquer des actes que nous qualifions
force vitale aboutissent parfois à la destruction de violents. Que. fautRil en penser ?
de la vie ; mais elles n'impliquent pas nécessaireR
ment ce qui, aux yeux de l'AT, caractérise la vio- I. Indubitablement, Dieu condamne toute injus-
lence, à savoir la transgression d'une norme. Tou- tice violente. Mais il le fait progressivement, en
tefois, il faut le noter, celleRci n'est pas déterR tenant compte de l'époque où vit son peuple.
minée, comme pour l'esprit grec, par quelque Ainsi il reprend à son compte la loi du talion
l< ordre naturel 1) impérissable. Elle se définit (Ex 21,24), qui représente un progrès considérable
selon une époque donnée par la •justice, c'est-à.- par rapport au temps de Lamech (Gn 4,15.24);
dire par le Dieu de l' • Alliance qui est la fin et il stigmatise les crimes qui ne doivent pas se
le juge de toute action. C'est en .un tel contexte, commettre, tels ceux que décrit Amos selon les
temporel et théologique, qu'il faut apprécier la normes de son temps et qui sont autant de vio-
violence dans l'AT. lences injustifiables : déporter des populations

1361
VIOLENCE VIOLENCE

entières sans égard pour la fraternité du sang, éven- résiste pas au méchant (Is 50,5s) et ne commet
trer les femmes enceintes, incinérer les cadavres, ni tromperie ni violence (53,9).
rejeter la. Loi, écraser les petits (Am I,I-2,8).
Yahweh a pris parti pour Israil opprimé en
Égypte (Ex 3,9)"; -il exige· de lui un comporte- IV. JÉSUS ET, LA VIOLÈNCE
ment· semblable à l'égard du faible : ·« Tu n'op-
primeras pàs l'étranger. -Vous avez . appris ce Jésus est venu, étonnant ses contemporains et
qu'éprouve l'étranger, -puisque vous avez vous- tous les.-hommes par la complexité de son compor-
mêmes résidé comme tèls ·dans le pays d'Égypte » tement ;• aussi, pour interprét_er _correcte1nent ses
(23,9)_. Dieu· se -fait, donc le défenseur des victimes paroles et ses actes, faut-il ne pas choisir atbitrai-
de l'injustice des· hommes, et plus -spécialement rement,- •selon des .préférences toutes subjectives,
de l'orphelin, de la •veuve, du •pauvre (Ex 2I- entre les uns et les autres, mais prendre la. pers-
·23; Dt 24,20). pective dans laquelle se place Jésus lui-même. ,

2. D'autre part, •éduquant Israël au milieu des I. Le Royaume de Dieu-a fait· irruption avec Jésus
nations idolàtres jusqu'à la naissance du M~sie, et, contrairement à l'attente des Juifs, suscite la
le Dieu de l'Alliance prèrid au sérieux la condition violence. « Depuis les jours de Jean-Baptiste jus-
dans laquelle vit son. peuple et, au nom même· de qu'à présent, le -~oyaume des cieux· est assailli
l'Alliance, se · présente cémme un ·terrible Dieu avec violence (biazetai), ce sont des violents
gue,,,ier._ _Il extermine les premiers-nés 'd'Égypte .(biastai) qui l'arrachent » (Mt n,x:2). Selon l'in-
(Ex 12), il exige !'•anathème (Jos 7) et ·se met terpréta.tion la:· plus probable ( biasta( désigne tou-
à la tête dU èombat (vg :2' S 5,24). Il approuve jours les attaquants, les ennemis), Jésus vise les
1a· *force ·vengeresse, et destructrice, de ·Samson adversaires qui empêchent les hommes d'entrer
(Jg 15-:.:16) et le •zèle qui-va jusqu'à. tuer le trans- dans le Royaume. Mais sa parole a. été interprétée
gresseur de l'Alliance (Nb 15,n). par Luc dans le sens de Le 13,'24 où le disciple
Ce faisant; Dieu ·n'est pas violent aux yeux de est invité à. « faire effort (agonizesthe_) pour entrer
la Bible, Car il ne' transgresse· pas l'Alliance dont par la porte étroite » : · « La Loi et les prophètes
il est l'auteur et· le garant. Mais il manifeste qù'un Vont jusqu'à Jean ; depuis lo~s. la Bonne Nou-
bien supérieur peut entrainer la destruction .de-la velle du- Royaume de Dieu est annoncée et tout
•vie terrestre ; ïl signifie en outre la •guerre escha- homme lutte (biazetai) pour y entrer. D {I6,t6).
tologique et l'exterIQ.ination sans•pitié du mal qui Par sa. venue, le Royaume de Dieu déchaîne une
est dans le monde. Toutefois on ne peut s'autoriser violence que l'absence de . termes propres rend
de cette attitude ·pour· prendre poSitiôn dans des difficile à caractériser, mais que Jésus ne voile pas.
situations politiques contemporaines; car ce serait
méconnaître naïvement la conjoncture dans laquelle :2. Face à un ordf'8 injuste qui fait. obstacle au
Dieu s'est révélé. Royaume de Dieu dans la mesure où il ne l'ac-
cueille pas, Jésus proteste à la suite des •prophètes
3. L'aspect paradoxal du comportement de Yah- par des actes et des paroles que les conservateurs
weh se reflète dans la présentation du Dieu vivant de cet ordre ainsi ·établi - se doivent de trouver
qui, au cours de la révélatiOn biblique, s'épure· peu violents : ils les troublent, non parce qu'ils sont
à peu. D'abord•- Dieu se manifeste en· violant ce excessifs, mais parce qu'ils violent apparemment
qu'on appelle le cours normal de la création, au la_ Loi'. Jésus lève ainsi· l'équivoque de la résigna-
Sinaï par exemple (Ex ·Ig). Plus tard,. Élie com- tion chrétienne à l'injustice et marque les éxi-
prend que Dieu n'agit pas à l'instar d~ l'orage, gences de la charité .. -Il chasse les vendeurs du
de l'ouragan où ·du trembleni.ent de -terre, mais Temple (Mt-·2I,1:2sp: Jn :2,I3-:22). Il viole les
tel Un léget munnure (1 ·R 19,ns). Le •Messie, conventions de la religion,. de la société et du lan-
d·'abord conçu à. l'image 'du roi guerrier qui brise gage. Il est le mattre· du •sabbat (Mc 2,28). Venu
les têtes rebelles (PS no,5s; è:f Jr 17,'2s; '22,4), pour apporter non la. paix .trompeuse que_ déjà
viendra sous les traits d'un « -roi humble et paci- ·stigmatisaient· les prophètes (cf Jr 6,I4), mais le
fique _monté sut un âne 1) (Za ·9,9; cf Gn 49,11; glaive (Mt·Io,34; cf Le 1:2,5I), il jette la dissension
Jg 5,10). Le •Serviteur de -Dieu enfin, en qui les jus(lue dans l'institution la plus sacrée, la famille,
chrétiens verront une •.figure-prophétique de Jésus, divisant- parents et enfants, frères et ·sœurs, en
se· *confie radicalement à Dieu ·et triomphe· de la rai.son de l'appel qu'il lance (Mt 10,35ss p). Brusque-
violerice en -la subissant volontairement ; il ne ment, il s'insurge contre le devoir sacré du rf'-5~
VIOLENCE VIRGINITÉ

pect envers les parents : « Laisse les morts enterrer les pierres en pains, fût-ce pour apaiser la faim
leurs morts » (Le 9,60 p). Il bouscule le souci nor- du monde (Mt 4,3ss), ni dominer les hommes
mal de ]'intégrité corporelle : Arrache-toi ·l'œil par la *force (4,Sss) ; il refuse d'être un politicîen
ou la main, s'ils te scandalisent (Mt 5,29s p) ! révolutionnaire (Jn 6,15) et d'obtenir la gloire
En tout cela, l'ordre est violé parce qu'il est sans passer par le sacrifice de la •croix (Mt r6,
injuste, non en lui-même, mais par référence à ·22s). Enfin, après avoir sué du sang au jardin
une réa.lité que Jésus estime supérieure, le Royaume des Oliviers, il décline le combat que ses compa-
de Dieu. Quant aux maîtres de cet ordre, les voici gnons ont engagé pour le défendre par la vio-
appelés hypocrites, sépulcres blanchis (23,13-36). lence : (< Laissez! Cela suffit ». Et il va jusqu'à.
Aux yeux des tenants d'un ordre établi qui se guérir son adversaire (Le 22,49ss; d 2z,36ss). Jésus
refuse à s'ouvrir à une valeur supérieure, Jésus n'a pas versé le sang des hommes, il a versé son
apparaît, tel jadis •Ëlie (1 R 19,17s), comme un propre sang.
violent trouble-fête, un révolutionnaire qui dé- Pourquoi donc ne pas résister .au méchant ?
tourne le peuple du chemin qu'ont tracé les maîtres Non par quelque technique de non-violence, mais
de l'ordre (Le 23,2). Aux yeux de Dieu par contre, par esprit d'amour et de sacrifice, seul moyen
Jésus restaure dynamiquement les vraies valeurs d'obt.enir la réconciliation entre le violent et sa
que l'institution avait fini par étouffer. Selon le victime (cf Gn 33; 45; 1 S 26). Le Royaume <le
point de vue auquel on se place, on pourra, avec Dieu ne s'établit pas par la brutalité, mais par la
!'Apocalypse, dépeindre Jésus comme un violent force divine, qui s'est montrée capable de triom-
(Ap 6,4-8; 8 1 5 ... ) qui, en finale, apporte la paix pher de la mort en ressuscitant Jésus. Dès lors,
(21,4). On pourra aussi retenir le portrait que « tous ceux qui prennent l'épée périront par l'épée n
Jésus donne de lui-même, et voir en lui le Maître (Mt 26,52), Aux antipodes de l'esprit de Jésus,
doux et humble de cœur qui, supportant la vio- celui qui veut riposter aux Samaritains inhospî-
lence, en triomphe (1 P 2,21-24) et offre le "repos taliers en faisant descendre le feu du ciel (Le 9,
qui surmonte l'injustice (Mt n,29). Les yeux 54) : ce sont les •doux qui auront la •terre en
:fixés sur cet idéal vécu, le chrétien s'efforce d'y héritage (:Mt 5,4). A la différence des « chefs des
ajuster sa conduite (1 P 2,18-21: 3,14; Le 5,9s; nations qui font peser sur elles leur pouvoir et
Ap 14,u). Au plan des structures sociales, l'Évan- leur domination », le disciple de Jésus doit « se
gile est révolution dans la mesure où celles-ci faire le serviteur u des autres {Mt 20,25s). Quand
paralysent la justice et la charité, sans lesquelles Jésus bat en retraite, comme le *Serviteur de
un fils de Dieu ne peut vivre, <c Cherchez le Royaume Dieu, devant la méchanceté de ses ennemis (Mt
de Dieu et sa justice l » (Mt 6,33). 12,15.18-21; 14,13; 16,4), il s'en remet à Dieu et
réalise la béatitude des persécutés {Mt ·5,10ss)',
3. Ftue à la violence qui règne dans le monde, prophétisée dans les chants du Sen•iteur (Is 50,
Jésus se montre plus radical que l'AT. La loi du 5; 53,9). Mais quand il pardonne à ceux• qui le
talion requérait l'équité .dans la vengeance qui crucifient injustement (Le 23,34; 1 P 2,23s), qtiand
rétablit la justice lésée; Jésus exige le "pardon il demande à son disciple de tendre l'autre joue,
P,It'6,12.14s; Mc II,25), jusqu'à soixante-dix-sept Jésus dépasse l'idéal de I' AT ; il ne se contente
fois (Mt 18,22). A tous, il commande : <1 Aimez pas d'un abandon passif entre les mains de Dieu,
vos _ennemis et priez pour ceux qui vous persé- défenseur des opprimés : iJ fait violence au vio-
cutent » (Mt 5,44; Le 6,27). A chaque disciple, il lent, car en cet affrontement la réconciliation est
déclare : « Ne résiste pas au méchant o [ou au visée et peut être déjà obtenue sur la terre.
« mal » qui est dans le monde] (Mt 5,39). Dans XLD
les trois exemples qui illustrent sa prescription -• anathème AT - colère A 1 - cupidité AT 1 -
(5,39-41), Jésus ne porte pas de jugement sur guerre - haine - justice A I AT 1, NT 1 - persé-
l'acte de violence sociale (gifler, prendre la tunique, cution - puissance III 0.1 - sang AT 1 - zèle.
réquisitionner) dont la cause peut être valable,
pas plus ·qu'il n'autorise à imiter l'économe infi-
dèle (Le 16,1-8) ou le juge inique (18,1-5). Jésus
prend ici le point de vue de l'individu lésé et VIRGINITÉ
déclare qu'il faut savoir être victime du violent.
Jésus l'a été le premier. Il résiste à la tentat_ion
d'instaurer le Royaume. de Dieu par des moyens Dans plusieurs religions antiques, la virginité
violents : il ne veut pas transformer •magiquement avait une valeur sacrale. Certaines déesses (Anat,

1366
VIRGINITÉ VIRGINIT~
Artémis, A_théna) étaient appelées vierges, mais ginité dan,s le ·NT-; Anne.refuse de se remarier
c'était pour mett.re en relief leur éternelle jeunesse, pour adhérer plus étroitement au ,·Seigneur (Le
leur florissante vitalité, leur incorruptibilité. Seule 2,37) ;_. JeanMBaptiste ·prépare la venue du ·Messie
la révélation chrétienne allait -montrer dans sa par.une vie d'ascète et ose déjà s'appeler l'ami•de
plénitude le sens religieux de la vir~inité, esquissé l'époux (Jn 3,29).
dans l'AT : la fidélité dans un· amour ·exclusif
poui: Dieu. 3. Les *épousailles .entre Dieu et son: peupls.· - Le
Précurseur· se montrait ainsi l'héritier' d'une tra-
AT dition prophétique sur les noces entre Yahweh· et
son ,peilplè, qui ·préparait elle< aussi· ta :virginité
I., Stérilité e( virginité. - Dans la perspective du chrétienne. Les prophètes .en effet donnent :plus
peuple de Dieu, orienté vers son accroissement, la d'une fois le nom de vierge à un pays conquis
virginité équivalait à la •stérilité, qui était une (Is 2-3,12; 47,1; Jr .46,n), en particulier à Israël
hqmiliation, .un qpprobre (Gn 30,23; 1 .S r,u; Le (Am- 5,2; Is 37,23; · Jr 14,17; Lm 1,15; 2,13), et
1,25) : la fille de Jephté, condamnée à_ mourir c'est· pour déplorer la perte de son intégrité terri-
sans. enfants, pleure durant deux mois sa « virgi- toriale ; mais c'est également quand le peuple a
nité » (Jg n,37), car elle n'aura point part à la profané l'Alliance que Jérémie l'apostrophe comme
récOmpense (Ps 1;27,3), à la *bénédiction .(Ps 128, « la vierge Israël » {Jr 18,13), pour lui rappeler ·ce
3~6) qu'est le fruit d.es entrailles. Cependant la qu'aurait dü être sa *fidélité. Atissi le m:ême titre
virginité avant le mariage était fort estimée (Gn revientMil dans le contexte· de la -restauration,
24,16; Jg 19,24) ; on voit ainsi que le Grand Prêtre quand Yahweh et 'Son peuple auront- à .nouveau
(Lv 21,1-3s) et.même le simple prêtre (Ez -44,22; des relations_ d'amour et de :fidélité (Jr-31,4.21).
cf Lv-21,7) ne pouvaient épouser qu'une vierg'e; Pour Isaïe (62,5), le mariage d'un jeune homme
toutefois , ce n'était encore là qu'un souci de et_ d'une vierge symbolise les noces messianiques
•pureté rituelle dans le domaine de la •sexualité entre Yahweh et Israël. Par ses. exigences exclu-
(cf Lv 12; 15)., non une véritable estime de la vir- sives, Dieu préparait ses :fidèles à lui réserver- tout
ginité comme -telle. leur amour.
C'e·st dans le contexte des promesses et de l'Al-
liance qu'il faut chercher la :vraie préparation de NT
Ja virginité chrétirmne. ~n rendant fécondes des
femmes stériles, Dieu veut par cette mystérieuse A partir du Christ, la vierge Israël s'appelle
dispositiqn montrèr que_ les porteurs des *pro- !'•Église. Les croyants qui veulent· demeurer
messes ·n'ont pas été suscités par la voie normale vierges participent à la virginité de l'Église. Réa-
de la .•fécondité, mais par une intervention de sa lité, essentiellement eschatologique, Ia virginité ne
toUte-puissance. La gratui_té de son *élection se prendra tout son sens que dans l'accomplissement
manifeste dans cette secrète .pt:éférence accoFdée dernier des noces messianiques.
aux stériles.
I. L'Église vierge,· épouse du Christ. - Comme dans
i. Continence volontaire., - A .côté. de ce courant l'AT, le thème- de la virginité rejoint paradoxale-
principal, il existe d.es cas .isolés où la-continence ment celui des •épousailles : l'union du, Christ et
est volo11t~ire. Jérémie, sur l'ordre de Yahweh, de l'Église est une union .virginale, que symbolise
doit _renoncer au mariage (Jr 16,2),.mais c'est sim- par ailleurs le •.mariage; « Le Christ a aimé l'Église
plement pour annoncer par un acte symbolique et s'est livré pour elle » '(Ep 5,25). L'église de
l'imminence du châti01:ent d'Israël, où femmes et Corinthe a été fiancée au Christ,• Paul veut ,la lui
enfants sercint ·massacrés (16,3ss,10-13). Les EsséM présenter comme une vierge pure et immaculée
nieiis vivent dans ·fa continence, mais ils sont (2 Co n,z; cf Ep 5,27) -; !'Apôtre.éprouve pour elle
poussés surtout, semble7t-il, par un souci de pureté la jalousie, de Dieu (z Co n,z) : .il ~e permettra
légale. pas que soit porté atteinte à· l'intégrité de sa foi.
D'autres exemples ont une valeur plus religieuse:
Judith, par le maintien volontaire de son veuvage 2. La virginité de Marie. - C'est au poiitt de
et·sa vie pénitente (Jdt 8,4ss; 16,22), mérite d'être, jonction des deux. Alliances, ·en· *Marie, Fille de
comme jadis Débora (Jg 5,7), la mère de son peuple Sion, que commence à se réaliser la virginité de
(Jdt 16,4.u.1_7), et par son genre de .vie elle pré- l'Église. La mère de Jésus est la seule femme du
pare ,la commune, estime du •veuvage et de la virM NT à qui soit appliqué, presque comme un titre,

1368
VIRGINIT:ft VISITE

le nom de vierge (Le 1,27; cf Mt 1,23). Par son l'Église, leur vie est aussi un témoignage de la
désir de garder la virginité (cf Le 1,34), elle assu- non-appartenance des chrétiens à ce monde, un
mait le sort des femmes demeurées sans enfants, « signe a permanent de la tension eschatologique
mais ce qui était jadis une humiliation allait de l'Église, une anticipation de l'état de *résurrec-
devenir pour elle une bénédiction (Le 1,48). Dès tion où ceux qui auront été jugés dignes d'avoir
avant }'Annonciation, Marie était portée à se réser- part a\l monde futur, seront pareils aux anges,
ver à Dieu; elle avait cependant accepté l'obliga- aux :fils de Dieu (Le 20,34ss p}.
tion du mariage, comme un signe mystérieux de la L'état de virginité fait donc connaître excellem-
volonté divine. Mais lorsque l'ange lui révèle qu'elle ment le vrai visage de l'Église. Comme les vierges
sera mère et vierge à la fois, elle comprend tout sages, les chrétiens vont à la rencontre du Christ,
à coup la raison de cette orientation profonde de leur époux, pour prendre part avec lui au ban-
sa vie ; sa vocation virginale lui est -révélée en quet des noces (Mt 25,1-13). Dans la Jérusalem
même temps que l'Incarnation du Fils de Dieu, céleste, tous les élus sont appelés vierges (Ap 14,
dont elle doit être le signe. Dans la virginité de 4), parce qu'ils ont refusé la prostitution de
celle qui devient la mère de Dieu s'accomplit l'•idolâtrle, mais surtout parce qu'ils sont mainte-
ainsi la longue préparation de la virginité dans nant entièrement donnés au Christ : avec une
l'AT, mais aussi la prière des femmes stériles docilité totale, « ils suivent l'•Agneau partout où
rendues fécondes par l'intervention de Dieu. En il va» (cf Jn 10,4.27). Ils appartiennent désormais
Marie apparaît déjà le sens eschatologique de la à la cité céleste, l'épouse de l'Agneau (Ap 19,7.
virginité chrétienne : celle-ci manifeste l'irruption 9; 21,9). IdlP
dans l'histoire, d'un monde nouveau.
-+- Époux/épouse - fécondité Ill :z - femmt: NT -
mariage NT II - Marie Il - mère II z - sexualité
3. La virginitl des clwétiens. - C'est Jésus, de• l z - stérilité - veuves z.
meuré vierge comme Jeau-Baptiste et Marie, qui
révéla pleinement le sens et le caractère surnaturel VISAGE -+- face.
de la virginité. Celle-ci n'est pas un précepte (1 Co VISIONS-> charismes I - prophète AT l 1 - Révé-
7,25), mais un appel personnel de Dieu, un *cha- lations AT I z - songes - voir AT I.
risme (7,7). « A côté des eunuques qui sont nés
tels du sein maternel et de ceux qui le sont deve-
nus par l'action des hommes, il y en a aussi qui
d'eux-mêIIles se sont rendus tels en vue du VISITE
*Royaume des cieux» (Mt 19, 12). Seul le Royaume
des cieux justifie la virginité chrétienne ; seuls
comprennent ce langage ceux à qui c'est donné L'histoire du •salut est souvent présentée dans
la Bible comme une suite de 1( visites )1 de Yah-
(19,11).
D'après Paul, la virginité est préférable au weh à son ·peuple ou à quelques personnages pri-
*mariage, parce qu'elle permet un dévouement vilégiés ;-Dieu, qui a pris l'initiative de !'*Alliance
et qui demeure secrètement présent au déroule-
intlgral au Seigneur (1 Co 7,32-35}: l'homme marié
est partagé; ceux qui restent vierges n'ont pas le ment de son •dessein, intervient souvent d'une
cœur divisé, ils peuvent se consacrer entièrement façon extraordinaire dans la vie de son peuple,
au Christ, avoir pour •souci les affaires du Seigneur pour le bénir ou le punir, mais toujours pour le
et ne pas se laisser distraire de cette attention sauver; ce regard du maitre, ces interventions
constante. personnelles, visibles, sont autant de signes de sa
Le mot du Christ en Mt 19,12 (u en vue du •présence, de son action, de la continuité de son
Royaume des cieux ))} confère à la virginité sa dessein sauveur et de ses exigences à travers la
vraie dimension eschatologique. Paul estime que fidélité et l'infidélité des siens. Elles préparent et
l'état de virginité convient « en raison de la annoncent le *Jour du Seigneur par excellence, la
détresse présente >) (1 Co 7,26) et du temps qui se venue de Dieu luiRmême en Jésus, et son retour
fait court (7,29). La condition du mariage est liée dans la gloire, pour un ultime •jugement et un
au temps présent, mais Ja figure de ce monde salut définitif.
passe (7,31). Ceux qui demeurent vierges sont
détachés de ce siècle. Comme dans la parabole AT
{Mt 25,1.6), ils attendent l'•Époux et le Royaume r. « Dieu vous visitera et vous fera remonter de
des cieux. Révélation constante de la virginité de ce pays dans le pays qu'i] a promis par serment

1370
YlSlTE
VISITE
à Abraham, Isaac et Jacob " (Gn 50,24s). Le weh, déjà annoncé par les prophètes d'avant l'exil,
Dieu qui a appelé Abraham pour en faire le père sera le jour de triomphe des élus sauvés par la
d'une multitude et qui, dans ce but, a (! visité J)
venue, la visite et le •règne de Dieu, et il s'éten-
Sara en la rendant féconde (21,1s), intervient dra en droit à tous les peuples o( Au jour de la
d'~ne manière unique en délivrant son peuple visite, les "'justes resplendiront ... et le Seigneur
d'Egypte. Ces visites du Dieu qui aime et qui régnera sur eux pour toujours» (Sg 3,7; Si 2,14).
sauve son peuple vont se renouveler tout au long De cet espoir vont vivre les Juifs du 1er siècle
de l'histoire d'Israël. en en formant la trame essen- (vg Qumrân); la venue de Jésus et sa prédica-
tielle et manifestant la *fidélité de Yahweh à ses tion du royaume vont réaliser cette visite divine
•promesses, Si les Israélites se montrent infidèles promise et atten<lue.
à l'Alliance, l'intervention du Dieu jaloux pren-
dra la forme d'un *châtiment, mais qui demeurera
NT
ordonné au salut du peuple. Tous les prophètes,
et spécialement Jérémie, reprennent et orchestrent I. « Béni soit le Seigneur_. le Dieu d'Israël, de ce
ce thème des interventions de Yahweh. Si les qu'il a visité et délivré son peuple » {Le x,68).
•victoires sont des visites de Dieu qui bénit ses En Jésus, Dieu, poussé par son amour (1,78) et
fidèles {So 2,7), les malheurs du peuple sont éga- voulant réaliser ses "'promesses, est venu sauver
lement des visites de Dieu qui vient corriger les les siens, comblant ainsi leur attente et répondant
Israélites et leurs chefs, et les ramener à Lui à leur prière. Ce thème court à travers tout
« Je n'ai connu que vous de toutes les familles l'Évangile. Le Précurseur est présenté, à la lumière
de la terre, aussi vous visiterai-je pour toutes vos des oracles <les prophètes, comme celui qui vient
iniquités (Am 3,2; Os 4,9; Is 10,3; Jr 6,15; 23,
)J préparer les cœurs à la venue, à la manifestation
2.34). Décrite par Ézéchiel comme l'inspection du de Dieu en Jésus. Il annonce le Jugement escha-
*pasteur qui passe en revue son troupeau (Ez 34), tologique d proclame la venue du *Royaume.
cette visite est toujours dictée par l'amour de Jésus, lui, insistera sur le caractère d'abord sal~
Dieu et orientée vers le salut du peuple. Les vifique de cette visite et sur son aspect universel.
•nations voisines Moab, l'Égypte et surtout :Vlais si elle est offerte à toute *chair (Le 3,6; cf
Babylone, qui s'opposent à l'accomplissement du 1 P 2,12), cette visite ne sera accueillie que par
dessein divin de salut, seront, elles aussi, u visi- les *cœurs purs qui la reconnaitront : " Un grand
tée:,; " par Dieu qui les jugera et les châtiera {Jr prophète a surgi parmi nous, et Dieu a visité son
46,21 ... ; 48,44; 50,18.27.31), mais qui finalement peuple » (Le 7,16). Tous ne le comprennent pas
les sauvera (Jr 12,14-17; ;i:6,19ss). Comme la déli- ainsi. Car malgré les *miracles, la visite de Dieu
vrance d'Égypte, le retour d'exil est l'œuvre de en Jésus n'est pas fulgurante, aveuglante : elle
Yahweh : 1, C'est seulement quand seront à terme peut être refusée.
les soixante-dix ans accordés à Babylone que je Tel est l'aspect dramatique de la visite, que
vous visiterai et que j'exécuterai pour vous ma soulignent les évangélistes, surtout saint Jean :
promesse de vous ramener ici ,) (Jr 29,rn; cf 32, (1 Il est venu parmi les siens et les siens ne l'ont

5; Ps 80,15; Za ro,3). pas reçu n (J n 1, 11). Cette méconnaissance cou-


pable transformera la grâce en menace de *châ-
'2. Chaque Juif va alors prendre davantage cons- timent. Malheur à ceux qui ne savent pas recon-
cience qu'il est l'objet d'une attention particu- naître le (! temps de la visite )1, malheur à. Jérusa-
lière, personnelle, de Dieu : « Souviens-toi de moi, lem (Le 19,43s), malheur aux villes du lac! Ce
Yahweh, par amour de ton peuple, visite-moi par refus des Juifs, contraire à l'attitude des païens
ton salut, que je voie le bonheur de tes élus » (Mt 8,ross), est présenté comme le couronnement
(Ps 106,4). Ces visites individuelles ne se limitent tragique d'une longue série de rejets, de mépris
pas au domaine cultuel Dieu éclaire l'esprit des des visites de Yahweh à travers tout l'AT : le
sages en examinant leur conduite (Jb 7,18; Ps châtiment sera terrible pour ceux qui n'auront
17,3) ou en leur envoyant des •songes (Si 34,6; pas accueilli le :fils du Roi, envoyé par son Père
cf déjà Gn 20,3). pour « percevoir les fruits » de la vigne (Mt 21,
33-46). La ruine de Jérusalem, fin du monde juif
3. Et surtout, à partir de l'exil, le mouvement et signe éclatant du *Jugement de Dieu, en sera
même de la révélation ouvre les esprits à l'an- le prodrome visible, visite terrible du Fils de
nonce d'une visite définitive de Dieu qui va venir l'Homme qui annonce sa dernière venue dans la
•juger le peuple et les nations: ce •Jour de Yah- gloire (cf Mt 25,31-46).

1371 r372
VISITE VOCATION

2. Avant cette ultime visite, anticipée dans la de la vocation, il y a donc une •élection divine ;
« joyeuse entrée l1 de Jésus aux Rameaux, l'ac- à son terme, une •volonté divine à accomplir.
tion de Jésus se poursuit dans l'Église par fa Pourtant la vocation ajoute quelque chose à
•mission des Apôtres et par l'envoi de l'Esprit- l'élection et à la mission : un appel personnel
Saint au cœur des croyants. Le Seigneur lui-même adressé à la •conscience la plus profonde de l'in-
intervient toujours dans la vie de l'Église : l' Apo- dividu, et bouleversant son existence, non seule-
calypse le montre prêt à châtier les communautés ment dans ses conditions extérieures, mais jusqu'au
d'Asie si elles ne se convertissent pas (Ap 2-3). cœur, faisant de lui un autre homme.
Mais si nous devons aller ensemble au-devant du Cet aspect personnel de la vocation se traduit
Christ u qui vient 1) (1 Th 4,17; cf Mt 25,6), chaque dans les textes : souvent l'on entend Dieu pro•
disciple est invité personnellement à accueillir la noncer le nom de celui qu'il appelle (Gn 15, 1; 22,
visite de Jésus : « Voici que je me tiens à la porte 1; Ex 3,4; Jr 1,n; Am 7,8; 8,2). Parfois, pour
et je frappe ... 1) (Ap 3,20), il devra donc •veiller mieux marquer sa prise de possession et le change•
{Mt 24,42ss; 25,1-13) et •prier, jusqu'au •jour, ment d'existence qu'elle signifie, Dieu donne à son
inconnu de tous, où Jésus« apparaîtra une seconde élu un •nom nouveau (Gn 17,1; 32,29; cf Is 62,
fois, à ceux qui l'attendent, pour leur donner le 2). Et Dieu attend à son appel une réponse, une
salut » (He 9,28). RD adhésion consciente, de foi et d'obéissance. Par-
fois cette adhésion est instantanée (Gn 12,4; Is
~ calamité :z. - châtiments 3 - colère B AT III 3 ; 6,8), mais souvent l'homme est pris da peur et
NT Ill 2 - espérance NT II - heure 1 - Jour dtl
Seigneur - jugement - Providence· - rétribution I - tente de se dérober (Ex 4,Ioss; Jr x,6; 20,7). C'est
salut - sommeil I 2 - stérilité II, III - veiller I. que normalement la vocation met à part, et fait
de l'appelé un étranger parmi les siens {Gn 12,1;
Is 8,n; Jr 12,6; 15,10; 16,1-9; cf I R 19,4).
Cet appel n'est pas adressé à tous ceux que
Dieu choisit pour ses instruments : les •rois par
VOCATION exemple, bien qu'ils soient les oints du Seigneur,
n'entendent pas un tel appel, et c'est Samuel qui
en informe Saül (1 S ro,1) et David (16,12). Les
Les scènes de vocation sont parmi les pages les prêtres non plus ne tiennent pas leur •sacerdoce
plus impressionnantes de la Bible. La vocation de d'un appel reçu de Dieu, mais de leur naissance.
Moïse au Buisson ardent (Ex 3), celle d'Isaîe au Aaron lui-même, bien que He 5,4 le dise « appelé
Temple (Is 6), le dialogue entre Yahweh et le par Dieu Il, n'a reçu cet appel que par l'intermé-
jeune Jérémie (Jr 1) mettent en présence Dieu, diaire de Moïse (Ex 28,1) et rien n'est dit de l'ac-
dans sa majesté et son mystère, et l'homme dans cueil intérieur qu'il lui fit. Sans que l'Épître aux
toute sa vérité, dans sa peur et sa générosité, Hébreux le dise explicitement, ce n'est pas être
dans ses puissances de résistance et d'accueil. infidèle à sa pensée de voir dans le caractère
Pour que ces récits tiennent une telle place dans médiat de cet appel un signe de l'infériorité, même
la Bible, il faut que la vocation tienne, dans la chez Aaron, du •sacerdoce lévitique par rapport
Révélation de Dieu et le salut de l'homme, une au sacerdoce de celui à qui, de fait, Dieu adressa
place importante. directement sa parole : a Tu es mon fils ... Tu es
prêtre ... selon l'ordre de Melchisédech » (He 5,5s).

!. LES VOCATIONS ET LES MISSIONS DANS L' AT


11. VOCATION D'lSRA:ËL
ET VOCATION DE JÉSUS-CHRIST
Toutes les vocations dans I' AT ont pour objet
des •missions: si Dieu appelle, c'est pour envoyer; Israël a-t-il reçu une vocation ? Au sens cou-
à Abraham (Gn 12,1), à Moise (Ex 3,10.16), à rant du mot, c'est évident. Au sens précis de la
Amos (Am 7,15), à Isaïe (1s 6,9), à Jérémie (Jr Bible, bien qu'un •peuple ne puisse évidemment
1,7), à Ézéchiel (Ez 3,t.4), il répète le même être traité comme une personne singulière et avoir
ordre : Val La vocation est l'appel que Dieu fait ses réactions, Dieu cependant agit envers lui comme
entendre à l'homme qu'il s'est choisi et qu'il des~ envers ceux qu'il appelle. Assurément, il lui parle
tine à une œuvre particulière dans son dessein de par intermédiaires, en particulier par le médiateur
salut et dans la destinée de son peuple. A l'origine Moise, mais, à part· cette différence imposée par

1373 1374
VOCATION VOILE

la nature des· choses, Israël a tous les éléments l'irtvità.tioo:·au Royaume est·un appel përsonnel,
d'une vocation . .L'.* Alliance est d'abord un appel auquel, certairis restent sourds· (Mt' 22,,i'•14).
_de,.pieu, une_parole:adressée au.cœur.; la *Loi et L'Église naissante a_ tout de _suite perçu l_a ëon•
;les prophètes sont·.pleins ·de cet appel : K Écoute, dition _chrétienne 1comme _une· vocation. La-~
Israël » (Dt 4;1; 5,1; 6;4; 9,1;·_.Ps 50,7; 1s 1,10;·.7, mière pré_dic_ation de ·Pierte à Jérusalem .est un
13;- Jr. 2,4;_ cf Os 2,16; 4,_:r). Cette-parole.engage appel à· Israël semblable ·à• ·celui des prophètes et
le peuple dans _.une existènce à part, dont· Dieu cherche à-· _susciter_ Une_ démarche" P,ersonnelle ':
se fait le garant·(Ex 19,4ss; Dt 7,6) et lui interdit ((_ Sauvez-vous ·de. cette ·*génération .aéVoyé~_ 1. »
d,e prendre _appui sur un- autre que D:ieu •(Is 7, (Ac-2,40)·. Il y·-à pour. Paul _un parallélisme réel
4-9; cf ,_Jr 2,uss).- Cet- appel enfin attend une entre lui, (( •l'"'Apôtre pat' vocation »:, ·et les ·chré-
réponse, ,un, eJ:].gag_ement du cœur (Ex 19;8; .Jos tiens de· Rome· ou de Corinthe,·« les •saints par
24·,24) et de to_ute la vie. Ce sont tpus les· traits vocatiori » (Rm r,1,7; I Co 1,1s). PoU:r 'reril.ett_re
de la vocation.· les· COrinthien·s dans la vérité', il lés rèporte· â ,leur
En un sens; Ü est. vrai qll'on retrouve ces traits appel, car .c'est lui ·qui constitue la colllmu_nauté
en plénitude. danS la personne de Jésus-:-Christ, .le de· -.Corinthe·:tellè qu'eJle_ èst ; ~ Considérez. votre
parfait *S!ll"Viteur. _de. Dieu, _.celui qui· toujours appel,· il n'y a pas beaucoup dei· sages ·selon la
•~coute la voix du .Père et lui rend *obéissance. chair » (1 Co 1,26). Pour leur donner une règle
_Néanmoins le -langage propre de .la vocation, n'est de conduite dans ce monde dont passe. la. figure,
pratîq\lement pas .. utilisé.,par le NT .à propos· du il. les .engage à rester chacU:n «..dans la condition
Seigneur. Si, constamm~t. Jésus-évoque la •mis- ·où _l'a trouvé so_n appel 1) (7,24). La vie chré-
sion qu'il a reçue du Père,.-_nulle p~rt: il n'est d~t tie:nne- est- une, vocation parce qu'.elle. est une vie
,que. Pieu .l'ait appelé, .et cette abl:ience.. est sigm- dans l'*Esprit, parce que l'Esprit est un nouvel
ficative. La vocation; ·suppose . un changement univers, parce qu'il « se joint à notre esprit »
d'existence.;. fappel de Dieu surprend un homme (Rm 8,16) pour nous fa.ire entendre la •Parole du
à sa· tâche habituelle, :au-milieu des .siens.- et· l'en- Père et éveille en nous la réponse filiale.
gage vers un point dont,-Dieu ,se réserve le secret, Parce que la vocàtfori Chrétienne est née de
vers «.le.pays que je.t'.indiquerai » (Gn 22,1). Or l'Esprit, et parce que !'Esprit est un seul, ani-
rien n'indique en Jésus-Christ la prise de -cons- mant tout le Corps du Christ, il y a, au sein de
cience .d~un appel ; son ~baptême est à la fois une cette· unique vocation, « diversité de · dons:.. de
sc!me d~investiture royale : « ·.Tu es. mon Fils » *nùnistères... d'opérations; .. ·», mais, ··dans ·cette
(Mc r,11) ~t la .préseni?,tion·-..par Dieu du Serv~- variété de *charismes, il n'y- a ,finalement qu'un
teur en ,qui il, se complaît parfaitement ; · mais seul *Corps -et un seul -Esprit' {I Co 12,4-13).
rien n'évç,que ici les scènes- de vocatiori : d'.un Pai-Ce que I'·*Église, · la communauté. des appelés,
bo_ut à. l'autre des évangiles, J~us sait d'où il est elle:-mêmè l'Ekklèsia, « l'Appelée'»i comme elle
vient et Où il va (Jn 8,14) et s'il va où l'on ne peut est l'Ekkktè. « l'Élue »·_(2 Jn r), tous ·ceux qui- en
le suivre, si ~- destinée est d'u.n- typç unique, ce elle entendent·l'appel de Dieu:répondent-tous· à
n'est pas en vertu .d'une vocation, -mais de· son leur place à l'unique ·vocation· de· l'Église._qui
être même. entend la voix de l'Èpoux- et lui répond : « Vfons,
Seigneur Jésùs f » (Ap '22,20). JG
III. VOCATION DES DISCIPLES -+ Abraham, I - Apôtres II 1 ...:_ charismes II z -
ET VOCATION DES CHRÉTIENS chercher III - David 1 - disciple NT 2 a - 61ecw
tion - grâce IV - mariage NT Il - mission -
Si Jésus n'entend pas pour son compte l'appel Moise ·1 - nom AT 1; NT 4 - peuple A _l [ -
Pierre (saint) 1 - prédestiner· z - prophète AT II
de Dieu, il multiplie en revanche les appels à le 1 - suivre - volont6 de- Dieu O.
suivre: l;:i. vocation ·est le moyen par lequel il
groupe_ autour de .lui les Douze (Mc -3,13), .mais VOIES DE.riIEÜ-+ chemin -Loi È 1·,4-.~0IO~té
il fait- entendre à d'autres qu_'eux, un appel ana- de Dieu.
logue (Mc -rn,21; Le 9,59-62) ; et toute sà prédi-
cation- a quelque chose qui comporte une voca- VOILE .'.+ femme NT j - Moise s· - Vêtement 1 1,
tion : un appel à le suivre dans une voie nouvelle II 4. .
dont,U possède le secret: «·Si quelqu'un veut venir
après moi... » (Mt. 16,24; cf Jn. 7,17).;. ·Et s'il y a
1 beaucoup d'appelés, m~ peu d!élus », .c'est que

1375
VOIR
VOIR:
2-23). Même les soixante-dix anciéns d'Israël ont,
jusqu'à un certain,,point, -·part au :privilège de
Moïse ·et, sur la montagne,' Œ contemplent le Dieu
VOIR d'Israël ».· (Ex 24.10, mais la LXX- traduit :, 11 ils
virent le ·Heu ·où se trouvait Dieu·.. »). ·
Tandis que _les *idoles .« ont des· yeux_ et •ne
V()ient pa~ _!), (Ps 135,16), Dieu. voit ·« .t_out. ce qui 2. ·Le culte, aux.lieux .oil .Dieu.s'es-i: •re:~du présent
est sous. le-ciel» (Jb.28,24), en particuli!;rr (1 les (Ex. 20,24),. su_scite chez les meiijeurs, le d_ésir de
fils d'Adam» (Ps 33,13s) dont il« sond~·les reins voir Die11, 4e «:chercher-~ fac_e » (1;18 24,6), de
et les cœurs » (7,10). -Mais il demeure pour l'homme « voir sa douceur. » (27,4),, « sa .pujssancè et sa
,;i: un Dieu caché » (Is 45,15), que nul n'a vu ni
(1
gloire.» (63,3), de.-regarder, même_de loin; yers-.le
ne peut voir>) (1 Tm 6,16; 1,17: 1 Jn 4,12). Pour- •Temple ,(Jan 2,5). La vision' d'Isaïe, si. proche
tant Dieu s'est ·choisi un· peuple « à qui il s'est des théophanies à Moîse, fait coincider la vision
fait voir » (Nb 14,14) jusqu'à lui apparaître en prophétique. axée sur -u_ne *parole· et une• *mis-
la personne ._de son ,Fils uniqu.e (Jn ·1,r&; -12,45) sion, et la vision cultuelle. axée sur la •pré_sence
ii,Vant de .l'introduire un jq_ur au *ciel pour Π_voir (1s 6; cf 2 Ch. 18,18; Ez 10-n).
sa- face » (Ap 2~,4).
AT
II. vmR :ET cRoIRE
1. LE DÉSIR ·n;E .VOIR DIEU , '
Si le désir de voîr ,Dieu n'e'st que ·rarement et
Voir' _Dieu ·Œ ·les,- "yeux dans leS yeux -» (Is" 52;8) ·Partiellement coin.blé, ·c'est- que ··Dieu est « un
est le *désir 'le _plus profond de l' AT. -'La nostalgie Dieu _caché »··(ls' -:45,15)-·qui -se révêle à' la *foi.
dU: •paradis qui domine toutel3.'Bible,·c'e"st d'àbord Pour -Je· *connaitre, il faut *écouter sa: -Parole et
la COnsciênce d'avoir _p_erdu-· le .contact ùmnédiat · voir Ses··•œuvres; car, daiis ·les merVcilles ·de sa
et familier aVeë Dieu; c'est _Ia· •crainte permanente création: Œ-Ce qu'il• a d'invisible se faWvoir » '(Rm
de sa·•colère, ·mais c'est·aussi. l'*espérance·inlas-- 1,20)•.:.1.a.· vue des •astres laisse·J?tessentir sa puis:..
sable de rencontrer Sa ·*face et de la voir sOuriOO. sance {Is 4à,25·s), _et contempler· le nioilde (Jb
Lès det1;x gnindes expérieric;eS ·'religieuses· d'Israël, 3$.!-:,p),- ·c'est déjà• voir Dieu,, ·
l'ex:périenèe· de' la. "'Parole de ·Dieu pàr les pro- Mai$ le Dieù·caché se•fait'voir davantage encore
phètes et l'expérieri.êe' de ·sa· $Présence· dans le dan$ l'histoire. Dans les merveilles qu'il a déployées
culte; 50nt, toutes deux· ten~ués. vérs' cette· eXpé- pour··son'·peuplé (Ex· 14.-13:·-·nt· ro;u; JOs'· z"4;·l'7)
rience prlV}lé~ée : voir_ Dièu. ---: .des' •signès coril.me on· n'en: vit jà.mais:·(Ex 34,
10) - , Israël• a··« Vu sa •gloire » (Ex 16,7).··Côn-
.1. Les- thdopk·anies prophétiques représentent :le nattre Dieu, c'est donc « ,voir ses haùts faits »· et
sommet· de,,1•existence ·et· de ·1a. :mission des··pro- « 'comprendre qui il ·est »·:{Ps 46,985; cf Is· 41,20;
ph'ètes. ·•Moïse•-.·.et ,~Élie 'ont connu Cette e,q,é- ·42,18; ·43,r~). 'Voir _ses prouesses et croire-'en'·- lui
rience· -sous sa forme la ·plus haute, -Encore, à ,(Ex 14;31:·:Ps· 40,4; Jdt 14,10),. car·.« nul autre:»
Moîse·qui.lé'prie-·:: « Fais-moi' voir ta *gloire» avec lui Œ n'est Dieu » (Dt 32,39).
· (Ex..33;18); •Dieu; tout en exauçant sa. _prière, Mais, comffie lès _*idolës' ·stupides,_ les hommes
,répOnd-il· : « Je t'abriterai ·ae·· ma main durant SOnt:·sourds .et aveugles (Is 42,xS)·;· « ils· ont des
mon passage... , .tu ·ine· verras de dos; mais; ma }'eux· et ne -voient ·rien ; des· oreilles et n'entendent
face,: on ne peut·. la; voir •» (33,22s}. Élie;. quand rien-'» (Jr 5,21; Ez U,2) : les signes et les dons
·approche Yahweh, «..se voile Ie·-visage ».et-n'en- de Dieu, destinés à les éclairer/'peuVent- alors
tend qù'.une•vOix- (I· R 1-9~13; cf. Dt 4;12). 'Nul-ne les :.•endurcir ·dans leùr aveuglement. ··La prédica-
peut voir Dieu,· -si Dieu_:·ne se. fait-voir. Le,_privi- tion des prophètes aboutit à « appesantir le cœur
..lège de Moïse a quelque chose d'unîqu~; « il.regarde d~ Cf!. peuple,. à lui boucher les . yeux, de peur
l'*image de Yahweh » (Nb 12,8).-.-A des niveaux ·que ,ses yeux· ne· voient ... que son cœur ne com-
divers; · ma.iè très inférieurs, les prophètes, .« -en prenne' D (1s 6;rn).
songes ët-.en visions » (12,6), voient quelque chose
qui n'est pas de ce monde (Nb 24,4.16; 2 Ch 18, ,NT.
18;. Am· 9ir;-· Ez 1---:J; Dn 7,i; etc;). *Abraham l'. DiEu VISIBLE' EN_ Jtsus-CHRlST
et Jacob oht connu, eux ·aussi, des expériences
semblables· (Gn r5,I7;· t7,1;· 28,13), ·et également 1;· En ~]4sus-Christ, Dieu fait voir: ·1es meroeilles
Gédéon (Jg 6,u-24), Manoah et sa femme (13, inouîes..promises ·par les -prophètes. ·(Is' 52,x.5; 64,

IJïi
VOIR VOIR

3; 66,8), les choses « jamais vues » (Mt 9,33). que de façon passagère et partielle (Ex 33,22s;
Siméon peut s'en aller en paix : « [ses} yeux ont 2 Co 3, 11), rayonne en permanence et sans voile
vu le salut i, (Le 2,30). 11 Heureux les yeux qui de la personne du Seigneur (2 Co 3,18) : 1c Nous
voient u les gestes de Jésus : ils voient « ce que avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique » (Jn
bien des prophètes et des justes ont souhaité 1,14). Voir Jésus, c'est déjà voir le Verbe, u la
voir et n'ont pas vu » (Mt 13,16s) ; ils voient de Vie qui était auprès du Père et qui nous est appa-
près ce qu'Abraham a vu « de loin » (He n,13) rue n (1 Jn 1,1-3). Et, puisque « je suis dans le
et dont déjà il se réjouissait, « le • Jour ,, de Jésus Père et que le Père est en moi ... , qui m'a vu, a
(Jn 8,56). Ils sont heureux à condition de ne pas vu le Père )) (Jn 14,9s; cf 1,18; 12,45).
se "'scandaliser de Jésus et de voir ce gui se passe
en réalité : 1< Les aveugles voient ... l'.Evangile est
annoncé ... » (Mt rr,5s).
Il. VOIR DIEU TEL QU'IL EST
2. Voir et orofre. - Déjà dans les évangiles synop•
tiques, mais plus clairement encore chez Jean, la Même l'Incarnation du Fils ne peut cependant
vue de ce que fait Jésus et de ce que Dieu réalise combler notre désir de voir Dieu, car Jésus, ta.nt
en lui est un appel à croire, à accéder par la "'foi qu'il n'est pas encore retourné à son Pè,re (Jn 14,
au versant invisible de l'histoire du salut. 12.28), n'a pas encore révélé toute la gloire qui
Les "signes opérés par Jésus devraient conduire lui revient (17,1.5). Jésus doit disparaitre, rega-
à la foi (Jn 2,23; ro,41; n,45; cf Le 17,15.19). Si gner le monde invisible d'où il vient, le monde
d'autres signes ne sont pas accordés à qui les ({ des réalités qu'on ne voit pas 1) et qui sont la
demande, c'est sans doute, au moins pour une source de celles que nous voyons (He n,1s), le
part, parce qu'ils n'aboutiraient pas à la foi (Mt monde de Dieu. C'est pourquoi il faut qu'on ne
12,38s p; cf Mc 15,32). La foi parfaite devrait le voie plns (Jn 16,10-19), que les hommes le
d'ailleurs se passer de voir des signes (Jn 4,38), "cherchent sans pouvoir le trouver (7,34; 8,21).
mais la réalité eSt loin de cet idéal. Beaucoup en Quand ses disciples l'auront « vu » une dernière
effet, malgré tant de signes opérés devant eux, ne fois lors de son •Ascension (Ac 1,9ss), le temps
peuvent ni croire {Jn 12,37) ni même, en quelque commencera où ceux « qui ne l'ont pas vu »
sorte, voir (Mt 13,14s; Jn 12,40; cf Is 6,9s). Pour devront l'aimer et se réjouir « sans le voir encore,
eux, la "lumière du monde (Jn 8,12; 9,5) devient mais en croyant » (1 P 1,8s).
ténèbres, la clairvoyance devient aveuglement : Un jour viendra où l'on verra le Fils de l'homme
(1 Si vous étiez des aveugles, vous seriez sans « siéger à la droite de la Puissance » (Mt 26,64 p)
péché; mais vous dites : ' Nous voyons. ' Votre et u venir sur les nuées du ciel » {Mt 24,30 p).
péché demeure» (Jn 9,39s). Étienne (< voit » déjà ce *jour du Seigneur comme
Dans les récits de la Résurrection, les mêmes une réalité actuelle (Ac 7,55s). L'Apocalypse sug-
thèmes se retrouvent. La vue du tombeau vide gère que l'on voit déjà cette venue tout au long
(Jn 20,28), celle des •apparitions où Jésus « se de l'histoire : « Le voici qui vient, escorté des
fait voir )) (tJphtkè : Ac 13.31; I Co 15,5-8; Mt nuées; chacun le verra, même ceux qui l'ont
28,7.10 p) à des "témoins choisis (Ac 10,40s), transpercé... » (Ap r,7: cf 19,37). Mais, en réalité,
devraient aboutir à la foi (Jn 20,29; cf Mt 28,17). « nous ne voyons pas encore », sinon dans la foi,
Mais il reste possible de voir ou d'entendre ceux « que tout lui est soumis » (He 2,8). Ce n'est plus
qui ont vu et de rester dans !'*incrédulité (Le 24, désormais le temps de u regarder le ciel », mais
12; 27,39ss; Mc 16,11-14), alors qu'ici encore la de témoigner qu'on le verra revenir comme il
foi idéale aurait été de croire sans voir (Jn 20, est disparu (Ac 1,u) et de vivre dans cette double
29). attente : être toujours avec le Seigneur (1 Th 4,
17; Ph I,23) et 1c voir Dieu » (Mt 5,8), « voir sa
3. En jésus-Christ, Dieu est visible. ~ S'il existe face» (Ap 22,4), « le voir tel qu'il est» (1 Jn 3,2),
une vue qui précède la foi, la foi elle-même dans son mystère inaccessible, totalement donné
débouche sur une •connaissance et une vue. Non à ses enfants. ]Du & JG
seulement en effet les *cieux sont ouverts sur le
Fils de l'homme (Jn 1,51; cf Mt 3,16) et les •mys- -+ apparitions du Christ - face - foi - image -
tères de Dieu révélés, la vie donnée à ceux qui prédestiner 3.5 - présence de Dieu NT III - pur
croient en lui (Jn 3,21.36), mais la *gloire même NT I 3 - Révélation - signe NT I 2.
de Dieu, celle que Moïse n'avait pu contempler

1379 1380
VOLONTÉ DE DIEU VOLONTÉ DE DIEU

AT
Dès les ongmes, la volonté du Créateur appa-
rait aux yeux d' "'Adam sous un double aspect.
VOLONTÉ DE DIEU D'une part, c'est une généreuse "'bénédiction
qu'accompagnent la souveraineté sur les animaux
et la présence d'une compagne idéale; d'autre
Pour l'essentiel, la volonté de Dieu coïncide part, c'est une limitation apportée à la liberté
avec son *dessein. « Dieu veut que tous les hommes humaine o Tu ne mangeras pas .. » (Gn 2,17).
soient sauvés 1) (1 Tm :2,4), écrit saint Paul, réca- Alors s'ouvre le drame : au lieu de reconnaître
pitulant les oracles prophétiques et le message de dans cette défense une *épreuve *éducatrice des-
Jésus. Toutes les manifestations de la volonté tinée à maintenir sa dépendance au sein d'une
divine au cours de l'histoire sont alors coordon- réelle liberté, Adam l'attribue à une volonté ja-
nées selon un plan d'ensemble dans un dessein de louse de sa suprématie, et il désobéit (3,5ss).
sagesse; cependant chacune d'entre elles concerne Quand le dialogue reprend sur l'initiative de Dieu
un événement singulier, et c'est pour accepter la (3,9). la volonté divine est devenue, pour le Ser-
maîtrise de Dieu sur cet événement que l'homme pent, *malédiction (3, 14), pour l'homme et la
prie : (/ Que ta volonté soit faite ! o Ainsi l'his- femme, annonce de "'châtiment qu'éclaire une
toire déjà écoulée révèle le dessein de Dieu qui perspective de •victoire finale (3,15-19). Tel est
avant les siècles a tout •prédestiné ; de même, le fond sur lequel se pose le problème de la vo-
lorsqu'il se soumet à la volonté de Dieu, l'homme lonté de Dieu dans l'AT.
se tourne vers l'avenir avec confiance, car il le
sait d'avance conduit par la "'providence divine.
Cette volonté de Dieu prend une forme parti- 1. ÜIEU RÉVÈLE SA VOLONTÉ
culière quand elle se manifeste à l'égard de l'homme,
car celui-ci doit s'y conformer intérieurement, l'ac- Désormais, la volonté de Dieu ne se manifeste
complir librement. Elle se présente à lui non comme plus à l'humanité pécheresse de façon immédiate
une fatalité, mais comme un appel, un commande- et universelle. Elle est communiquée en parti-
ment, une exigence; la •Loi regroupe l'ensemble culier à un peuple élu, par des interventions de
des volontés divines clairement exprimées. La Loi Dieu dans l'histoire et par le don de la Loi.
pourtant a un aspect statique, car elle prend
forme d'institution. Il faut fournir un effort pour I. Au cours de l'histoire. ~ C'est d'abord à tra-
retrouver derrière elle cette volonté personnelle vers les hauts faits de Dieu qu'Israël apprend à
qui, à chaque instant, demeure un événement. •connaitre la volonté miséricordieuse et aimante
suscite de la part de l'homme une réponse, amorce de Yahweh. Celui-ci est résolu à libérer Israël
un dialogue. Vue sous cet angle, la volonté de esclave en Égypte (Ex 3,8), l'enlevant sur des
Dieu est très proche de sa *Parole, qui est acte ailes de vautour (Ex 19,4). car il lui a plu d'en
autant qu'énoncé. La volonté de Dieu est d'abord faire son propre peuple (1 S 12,22). Après l'épreuve
un acte qui révèle son bon plaisir. Comme telle, de l'exil, il veut de même reconstruire Jérusalem
elle ne s'identifie pas simplement au dessein de et rebâtir le Temple, füt-ce à l'aide d'un païen
Dieu, qui la récapitule en un plan d'ensemble, ni (Is 44,28) ; Israël doit donc reconnaître que Dieu
à sa Loi, qui la traduit de façon pratique. veut, non la mort mais la *vie (Ez 18,32), non
Plutôt que de détailler ici les diverses manifes- le malheur mais la •paix (Jr 29,u). Une volonté
tations de la volonté divine : "'prédestination, ainsi exprimée est signe d'*amour.
•élection, •vocation, *libération, •promesses, *châ.- Le don de la *Loi est également signe d'amour,
timents, *salut, il convient de montrer comment, car celle-ci permet à Israël de comprendre qu'à
s'accomplissant au ciel, elle doit s'accomplir aussi chaque instant la *Parole, expression de la volonté
sur la terre (Mt 6,10) ; volonté de salut, efficace de Dieu, est o tout près de toi, dans ta bouche et
de soi, elle rencontre la volonté de l'homme dans ton cœur, pour que tu la mettes en pratique»
qu'elle ne veut pas supplanter mais rendre par- (Dt 30,14). Les psalmistes ont chanté l'expérience
faite : pour y parvenir, il faut que Dieu triomphe de ce contact avec la volonté divine, source de
de la méchanceté de l'homme et obtienne la com- délices incomparables (Ps 1,2). Dans la littéra-
munion des volontés. ture postexilique, on montrera en Tobie celui qui
a été béni par oc la volonté de Dieu ii (Tb 12,18);
,VOLONTÉ DB;,DIEU
VOLON'rn ·oE DIEU
et la prière monte, fervente : « Enseigne-moi à.
faire tes volontés » (Ps 143,10).
1T. Aux PRISES AVEC LE REFUS DE L'HOMME
~. ·Dans l~ t'lffexion inspirée,·-~ Afin ·de mieux
,adorer .cette volonté:, dont ils éprouvent la trans- Or la volonté_. _d'a_moul".. de. Dieu. se heurte à ·1a
cenda~ce. prophètes,, sages et psalmistes .en accen- vol0nté pécherèsse de i'homme : l'histoire d'Adam
tuent tour à t.our tel ou _.tel aspect., est toujours actuelle. Écoutons par exemple le
a): In(lépendance souveraine. d'abord. « Dieu prophète Amos. Pour. Israël infidèle, . .la volonté
.~é';ide,- qui, le fera ::changer ? , Ce· qu'il a projeté, de. -~énédiction dE>v.ient volonté de "châ.timen·t (vg
t11 accomplit·» (Jb. 23,13). La *Parole qu'il envoie Am r,3.6 ... ),- <:;~est là rançon deTélection (3,2).;
sU.r terre « fait tout ce qu'il veut » (,Is 55,-:n) si l'homme .ne reco,nnaît pas _encore son- Seigneur
même s'il s'agit de _détruire ·(Js rn,23). Dieu agiÎ (4,6Ru), qu'il se, prépare au châtiment définitif
selon sa volqnté, et non d'après quelque conseiller (4,12) 1__La menace de !'*endurcissement pèse. alors
:q.umain .(1s1 40;13). De telles affi:rmatioD.S, cons- sur lui. Mais Dieu, lui,- ne s'en.Qurcit pas dans sa
tantes dans la.Bible, expriment à la.Ïois·Ia: toute- volonté de châtiment; il est toujours prêt à se
•puissance· .de.• Dieu et .sa pleine indépendance. 11 convertjr » de sa déc~ion, à changer de volonté
Créateur, il a tout pouvoir au ciel et· sur terre, (Jr 18;•1-12; Ez -18; cf Ex, 32,14; Jon 3,gs); il
et les forces de la i:iature sont à ses ordres ·(Ps annonce qu'un. *Reste !lu moins surviyra (Isi" 6,
135,6; Jb. 37,12; Si- 43,13-17),.; maître de son 13; 10:,21). Il prend. plaisir. à voir « le pécheur se
•œuvre, -il dirige .jusqu'au mouvement du cœur détourner de ~ conduite. et vivre » (Ez t8,23).
de l'homme (Pr 21,1) et. donne les. ·royaumes à Cette . volonté ne. serait qu'une intention sans
qui lui plaît (Dn 4,14.22.29) ; il élève ou abaisse· efficacité, si I)ieu ne. prenait_ lui-même en .main
qui il veut (Tb 4,19). Face à la souveraine indé- la. cause du -pécheur:- JI va donc solliciter dè rinR
pendance d'une volonté ·qui parfois . .lui semble térieur la .volonté -de son •épouse infidèle (o~--- 2.
arbitraire (Ez. 18,25), l'homme ptJurrait être tenté 16).; en lui donn~t un •cœur_ npuveau, il_-fera
de se réyolter, comme - Adam .. L'Écriture , alors qu'Israël marche selon ses volontés (Ez-.36,26s; _cf
reprenant: l'image_, :traditionnelle- du p0tier qui Jr 3_1,33). Dans ce but, il suscite un •Serviteur,
dispose à. son. gré .de la glaise, -rappelle à l'homme dont chaque np1tin il éveille l'oreille (Is 50,5),
sa. radicale dépendance de créature : « .Qui résiste ppur le rendre capable: d'•obéir à sa volonté (Ps
à la voloi;ité de Dieu ? ·O homme, vraiment qui 40,Bs) ; c'est pourquoi, grâce au Serviteur, a ce
es-tu pour disputer av.ec Dieu ? » {Rm 9,1gss; qui plaît ~ Yah~ s';:~.q:o~plira » (Is 53,10). Du
cf Jr 18,1-6;, Is 29,16; 45,9; Si 33,13; Sg 12,12). reste, ce, ne sera pas _au _prix 4'une cc,ntrainte, -si
Humblement la créature doit "adorer la voloµté ce n'est celle .cl.e .l'amour : le ·.Bi~n-aimé n'éveille
de son Créateur· pà.rtout oil elle se manifeste. pas l'É.poù.s_e. avant qu'elle. ne ie veuille (Ct 2,7;
,b) Sagesse de ·la- volon/8 divine. - L'adoration. 3,S: 8,4) .. Mais-quand.elle aura VOulu se reto'1mer
du mystère ne- rep_ose ·pas sur une abdication de vers son. Époux. (Os 2,17s}, elle méritera· -d'être
fintell:ïgence, mais sur _une •foi J?rofonde en la appelée par Dieu ·.même : « Mon plaisir en elle 1)

•justic~.- de Die_u, sur: une *connaissance du con- (Is 62,4).


seil, du *dessein,. de la. *sagesse, qui président à
NT
re?Cécution de sa -volonté. Aucun entendement ' ' '
humain ne peut la. concevoir '.(Sg 9,13), mais .la ~ès raube du NT, Mar_ie, servante du Seigneur
Sagesse en dolllle l'intelligence à qui l'en prie (9,17). comblée «;le grâce, accueille la volonté divine avec
Al9rs on reconnaît .que« le plan de Dieu, les pensées une hu1:_llble _soµmission (Le 1,28.38)., Quant à
de son cœur demeurent d'âge en.âge ·li (Ps 33,n); Jésus, .le_ Juste par excellence, il vient __ dans: le
à la différence de_-celles .des hommes (Pr ·19,21). monde « .pour faire,. 6 I;>ieu, .ta· vo~onté » (He- 10,
c) Volontt · b~nveiUante .enfin, qu'expriment les 7.9); il ~t. mieu_x .que David, « rhomme selon
termes _de bienveillance, de. bon plaisir, de •com:. le_ cœur d~ Dieu qui accompl~ .toutes ses volontés »
p~sance, de faveur ·gracieus_e,- .« Vouloir, quel- (Ac r3,22).
qu'un -~. en. h~breu coII).me en d'au_tres langues.
(vg en .italiell),. c-'est,l'aimer.-En ce sens-là, Dieu
«._veut»- son ~ervit~ur (Is 42,1),. son- peuple. (Ps l. LE 'CHRIST ET LA ~OLONTÉ DE Dl.EU:
44,4), ·les justes (Ps 22,9). Et en-ses élus; il .aime;
il v:eut·la miséricorde, .le pardon, la·.bonté (Os 6, l. Jésus révèle les préfbenees de son:Père. ·-:-Colltre
6; Mi .6,8; J_r _9,23; ,ls 58,5ss).· les esprits chagrins des •pharisiens qui voudraient
VOLONTÉ DE DIEU VOYAGE

rétrécir le cœur de Dieu, Jésus proclame l'absolue t. Discerner la volonté àe Dieu. - Le discerne-
1iberté de Dieu dans ses dons. Cette liberté d'amour ment et la pratique de la volonté divine se con-
est exprimée dans la parabole du Bon Maître d·e ditionnent mutuellement ; il faut accomplir la
la vigne : « Je veux donner à ce dernier autant volonté de Dieu pour apprécier la doctrine de
qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire ce que je Jésus (Jn 7,17), mais d'autre part, il faut recon-
veux de ce qui est à moi ? Ou faut-il que tu sois naître en Jésus et en ses commandements les
envieux parce que je suis bon?' » (Mt 20,14,S). commandements mêmes de Dieu (14,23s). Cela
Ainsi, dans son bon plaisir, Dieu a réservé aux tient au mystère de la rencontre des deux volontés,
tout-petits la révélation messianique (n,25) et celle de l'homme pécheur et celle de Dieu : pour
accordé au petit troupeau le don du Royaume aller à Jésus, il faut être « attiré » par le Père
(Le 1:Z,32). Mais seuls y entrei:ont ceux qui font (6,44), attirance qui, selon le mot grec, est à la
sa volonté (Mt 7,21), car eux seuls constituent fois contrainte et délectation (fondant l'expression
sa famille (12,50). de saint Augustin : a Dieu qui m'est plus intime
que moi-même »). Pour discerner la volonté de
2. J lsus- accomplit la volontl àe son Père. - Dans Dieu, il ne suffit pas de connaître la lettre de la
le ive évangile, Jésus ne parle pas de la volonté Loi (Rm 2,18), il faut adhérer à une personne, et
de son Père (comme en Mt), mais de la volonté cela ne peut se faire que par l'Esprit-Saint que
« de celui qui m'a envoyé b. Cette volonté de Dieu donne Jésus {Jn 14,26).
constitue une *missfon. Jésus s'en nourrit (Jn 4, Alors le jugement renouvelé permet de « dis-
34) ; c'est elle seule qu'il cherche {5,30) car il fait cerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est
tout_ ce qui plaît à Celui qui l'a envoyé {8,29), Or bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait 1) (Rm 12,
cette volonté, c'est qu'il donne à tous ceux qui 2). Ce discernement ne concerne pas seulement la
viennent à lui la résurrection et la vie éternelle vie quotidienne ; il débouche sur la « pleine con~
(6,38ss). Si cette volonté se présente à lui sous la naissance de sa volonté, sagesse et intelligence
forme d'un II commandement » (10,18), il y voit spirit,uelle .» (Col I,9) : telle est la condition d'une
avant tout le signe que a le Père l'aime )) (10,17). vie qui plaise au Seigneur (r,10; cf Ep 5,17). La
L'*obéissance du Fils est communion de volonté prière même ne peut plus être qu'une prière-« selon
avec le Père (15,10). sa volonté n (1 Jn 5,1-4), et la formule classique-:
Cette adhésion parfaite de _Jésus à la volonté C! Si Dieu le veut II prend une tout autre résonance

divine ne supprime pas, mais rend compréhen- (Ac 18,21; I Co 4, 19; Je 4,15), car elle suppose
sible l'accord douloureux qui, selon les Synop- une référence constante au « mystère-de la volonté
tiques, se manifeste au cours de la Passion. de Dieu )1 (Ep 1,3-14).
A Gethsémani, Jésus perçoit successivement dans
leur apparente contradiction C! ce que je veux )1 2. Pratiquer la volontl de Dieu. - A quoi bon
et « ce que tu veux » (Mc 14,36) ; mais il sur- connaître ce que le Maître veut, si on ne le met
monte le conflit en priant instamment son Père : pas en pratique (Le 12,47; Mt 7,21; 21,31) ? Cette
« .Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais « pratique n constitue proprement la vie· chré-
la tienne.! » (Le 22,42). Dès lors, dans l'abandon tienne (He 13,21), à l'opposé de la vie selon les
apparent du Père, il continuera de se sentir passions humaines (1 P -4,2; Ep 6,6). Plus préci-
1( aimé » (Mt 27,43 = Ps 22,9), Jésus pendant sa sément, la volonté de Dieu à notre égard est sain-
vie terrestre n'a pas réussi à faire ce qu'il aurait teté (1 Th 4,3), action de grâces_ (5,18), patience
.voulu faire : rassembler les enfants de Jérusalem (1 P 3,17) et bonne conduite (2,15). Cette mise
(23,37), mais par sa volonté de sacrifice, il a en pratique est possible, car « Dieu est là qui
allumé le *feu sur la terre (Le 12,49). opère en nous le vouloir et le faire, au profit de
seS bienveillants desseins » (Ph 2,13). Alors il y
a communion des volontés, accord de la grâce et
de la li),erté. EJ & XLD
II. C! QUE TA VOLONTÉ sOn FAITE 1»
-+ autorité AT I - bien & mal I J ,4 - chemin I -
Depuis qu'en Jésus la volonté de Dieu s'est réa- conscience 2 c - dessein de Dieu - Dieu - élec~
tion - endurcisseinent I 2 a - libération/liberté I -·
lisée sur la terre comme au ciel, le chrétien peut Loi - obéissance - œuvres AT II t - pl"édestiner -
être sû.r d'être exaucé dans sa prière dominicale promesses II 2 - - vocation.
(Mt 6,10),. Il doit aussi, en authentique disciple,
reconnaitre et pratiquer cette volonté. VOYAGE --+ chemin - étranger li - pèlerinage.

1386
y
eider avec la révélation du nom de Yahweh. Cette
vµe commande--·la· tradition sacerdotale '(6;2-8);
elle repose -sur le récit :élohiste (3,13-r,5) ·· èt se
YAHWEH trouve èort.firin'ée à sa manière par le récit ·yah-
viste (33,,9). ·
Il 'est naturel (lue·les· historieris nibderiles'alent
Yahweh est le ·nom que *DieU s'est donné hii- cherché'la préhistoire de·ce nain, cjU.i- n'a- pas dà
même. · Ce n'est pas la ·seule façon qu'il ait de se s'impbser d'tin setll coup ni sans ré_férence· -a .une
révéler ·: même en dehors d'Israël; l'honime peut expérience -antérieure;- De fait, _la généalogi~_- _de
atteindre le vrai Dieù, ·•et celui-ci se :reconnaît Moïse; donne ·à-·sa mère- un nom théophore Y~-
dans un nom: comme El-· -'Ely&n, qui sr;: retrouve kèbèd1 oil Yd pourrait bi'èn êtte l'é•quivalent dè Yau
tel'qi.tel·dans les religions voisines. Mais, avec.le et représenter le n:om -diyin, àssocié à la racine
nom de-Yahweh, Dieu fait davantage: il·prOnoilce ksn,:qui éVoque -18. *gloire; ·La:·même farine ':Yau
le premier,: à sa :manière,, le nom ~epris par son désigne à Babylone, serisiblement _au tem:PS des
peuple dans la: prière -et -lei culte, et il en donùe patriarches, dans des noms propres également
lui-in.ème ·Ja signification (Ex ·3,13-15; 34,6s). Il théophores, _le Dieu 'invoqué··par 1e·porteur_ de _ce
le :fait dans un cadre et à un ·manient qui mettent nom. Ot yau vient sans doute d'une forme prono-,
en lumière à· ta fois la ·profondeur mystérieuse de niinale et signifie « le mien _»·. o:1 Le·- iniell.·· ·» est le
ce nom, et le *salut qu'il apporte.-. Alors que les nom que le fidèle d1;mne au dieu ·qui Iè prend en
manifestations de El aux patriarches surviennent charge. Ce dieu, dont on ·veut respecter le mys~
dans: un pays_ familier, sous des formes simples et tère,.,tout en·affirmant :fortement le -lien qui ·rat-
proches, ·Yahwehise révèle à *Moîs_e dans le· cadre tache à ·son serviteur, il est bien dans la ligne du
Sauvage, du désert et dans· la détresse de- l'exil, Dieu:d'Abraham; ila déjà quelqueSi-uns des traits
sous la figure' i'edoutàble du !!'feu. l\lâis-il est jus- caractéristiques de Yahweh. Et la continuité'· est
tement le• Dieu qui; dans le comble du malheur assez normale entre Yàu et Y ahu, forme abrégée
et du péché, vciit-et ente~d }a,misère de.son peuple et courante du nom divin (Jérémie = Yirme)'ahu
(3,7), pardonne la·faute et la .transgress~n, ·ca:r = Yahweh bâtit).
il est « ~ieu 'de··.tendresse et de pitié » (34,6s).
2. -: Sign_iftcàtion· du nom. _:_ La: s'cènè de la révé-
1. Le nom et• ses ·origines. - POUr la Bible elle- lation du *Nom à Moise ·comporte aù moins une
même, les originès ·-du nom divin. supposent, au- réinterprétation du Voèable. anc~en,· et sans doùte
delà ·de la -présentation schématique de· ·Ex- 3, -un une transformation matérielle. Elle établit nn rap~
processus complexe. PoUr une série· de textes, port entre le nom Yahweh et la première personne
Yahweh menait son ,œuvre dès les origines de du verbe hawah/hayah :_ èhyèk-, u je suis ». Au
l'humanité et -se. donnait à co:qnaltre, de faÇon « Je suis » de Dièu, l'homme répond : « il est »
de plu·s· en plus ·précis_e,.-, daris la· lignée des· p_a;tri- ou « Il fait être 11. Il est difficile de dire si yakweli
arches_. Ç'est. le_ point de vuè ·èle !'.historien yah- représente ·un causatif, ce qui serait grarii.matica-
vistè: (Gn 4,26; 9,26; 12,8 ... ), _que r~coùpe et cotn- leinent plus noim.81, ou une forme simple archaïque,
plète l'histoire sacerdotale (Ex 6,3), Un autre ce qui répondrait mieux au moU.Vefilent du texte.
point de vue situe au temps de Moïse la forme n·est s6r en.tout cas·que le nom divin n'est plus
définitive de la· religion· d'Israël, et la-fait coin- ~n pronom par léquel l'honime désigne son Dieu

I388
YAHWEH YAHWEH

ni un substantif qui le situe parmi les êtres, ou gulier, de désinence analogue à celle des mots
un adjectif qui le qualifie par un trait caracté- akkadiens en -4/.u, et désigne une fonction :
ristique. Il est perçu comme un verbe, il est l'écho Yahweh - Le •Guerrier (?}.
sur les lèvres de l'homme de la •Parole par laquelle Lorsque, entre l'exil et le Christ, par un respect
Dieu se définit. plus formaliste que celui des anciens Israélites,
Cette Parole est à la fois un refus et un don. mais aussi pour éviter. des profanations pa:îennes,
Refus de se laisser enfermer dans les catégories les Juifs cessèrent de prononcer le nom de Yah-
de l'homme : èhyèk a!èr èhyèh,, « je suis qui je weh, ils continuèrent d'écrire les quatre consonnes
sùis » (Ex 3, 14) ; don de sa •présence : èhyèh du tétragramme sacré vawe, mais en intercalant
•immak, t1 je suis avec toi » (3,12). Car le verbe les voyelles du nom qu'ils prononçaient au lieu
hayak ~ ~ sens dynamique.,_: bien. plus que le fait de Yahweh, Adonaï, le •seigneur. Ces voyelles
neutre d'exister,. il désigne uµ év,énement; une a-o-a (transcrites e-o-a) ont donné la forme Yeho-
existence toujours présente .et efficace, un ade§.se wah, purement artificielle, ·d'où est venu le Jlhova
plus qu'un simple .esse. des anciennes traductions françaises;, La traduc-
tion de la LXX, Kyrios, répond à l'usage de Adà-
3: Histoire ·po5u,,~,-e.. - A~ nom.de Yahtpeh ~t naï, A travers ces équivalents et ces traductions,
fré<}uemm_ent associé Sabaoth .. ~ titre ne parait si le noin de Yahweh a matériellement.disparu, sa
pas .primitif, il semble remonter au .sanctuaire de personnalité était trop réelle, trop· indépendante
Silo (cf I . S 1,3) et s'être .attaché spécialement à de. tous les noms possibles, pour en être affectée.
l'•arche (cf I S_4,4). Le_sens.de Sabaoth est incer"." :Et en •Jésus-Christ, Dieu ne se donne plus-à con-
tairi : peu,t-ètre, ~-s armées d'.Isra,ël; plus proba~ naitre à:-travers nn noni, mais à travers, Celui .qui
blement, le monde. des •cieux et des .•astres. Çe es:t. au-dessus de tout nom_(Ph 2;9). JG
monde.était poùi-. les aD.cie~ u,n mOllde de yivants,
et ·pou~ .les x:eligion~ P.üerines un ID.ondé de. dieux. ~ ·,ruitres 2 - création AT 1- Dieu AT~ gloire III·_
rour .Israë;]., le_ Dieu un,ique dispose de. toutes, -les gu~re ~ T_ 11, 111 ---, J~s' (nom de). IV. - Moise 1 -
puissances de _l'univers; st le .. sens, .qaµsa:tif de nom AT - Parole de Dieu AT Il 1_ b ~ pères & Père
yahweh est. perçu, il ,eur don_ne .l'existence. Mais III 3 - pt'ésence de Dieu AT 1 - pul8san~ 1, III
2 - Révé~àtion_AT_Il 2 -·seign~r f\T. ,'
il est possible_.aussi q~e Sab_~k soit un- titre sin-
z
en partagent leS· sentirn_erits_. IIS ·se". montreht
jaloux ·du bonheur· d:es · humains, soucieux ''de
ZÈLE défendre leuts privilèges ; les hom:ràCS cherchent
à les apaiser en leur accord.à.nt à tous· utie j>art
de l'adoration qu'ils réclament. Isr~l bii-mê1tle
Le·,mot grec zèlos vient;·d~une ·racine· qui signi- con11ut ce syncrétisme _bonhomme (.2 R ·:23,4-14),
fie : être chaud;i'entrèr en ébullitiori; il rend bien 8.lors· qu'il· devait, appartenir panaitement à Yàh-
le· mot hébreu qin'ah ·dont la racine désigne la weh (Dt 18,13). . . . . • ..
rougeur qui monte au ·visagè- d'un homme··'pis- La jalousie de Yahweh. n'a :rien à voir avec ces
sionné. Cette -passion, 'souvent ·semblable à ·la mesquineries·· hum.aines. __ Dieu n'est pas jaloux de
~colère (Dt 29,ig},:fait penser à du ·*feà {So I, quelque «·autrui» qui lù_i serait égal; mais il veut
18; Is 26,n). Elle :peut provenir-_de diver5, ·senti- à:
dê l'homme qu'il a' créé son *image une adora-
ments, allant de l'amour désintéressé à l~envje tion _eXclùsiv"e ; exprimé_e en termes· _·anthropOriloi--
sordide. Amou'l's, haines, jalousies··-(Qo 9,6)~ furetir, phiques, cette·_ exigence: _ se. ·traduit en :'jalOilsie à.
trouble (Si 40,4)'! pàssi_on véhémerite. (36;~4), ·_zèle l'égard des « _autres dieux . ·». C'~t- ainsi' CJ.ue les
pour_ le_ J:,onheur du peuple (2 S 21,2) ou _pour plu~ anciens textes justifient le· pretnier comman-
l'honn'eur·:de _Di~u_ (Nb 25,n) :· tou's .ces. sellti- dement du décalogue : (( -Tu n:ë- te prostenieràs
ments peuvent envahir le· cœur dè l'homme et pas devant ·un autre dieù; ·car Dieu S'appelle le
aboutir à la colère (Pr 2;7,4) ou à une mort d'homme Jaloux, il_ est un· Dieu jalOux » (Ex 20,5; 34,14;
{Gn 4,5.8; Nb _25,7s). De soi, cette •violenèe_ n'est Dt 6,14s), Cette intransigeance, sans analogie dans
pas colldamnable ; sa valeur dépend du mobile les religions pàiennes, se ieflète d.a:qs les textes
qui l'inspire, selon qu'il ·est désintéressé ou non. anciens et récents ; elle équivaut au « feu dévo-
Il existe en effet des mobiles égoïstes. Il faut rant » (Dt 4,24) ; Dieu est rendu jaloux par les
reconnaître avec les sàges que l'envie, telle « une *idoles (Ps 78,58; Dt 32,16.21;' 1 R 14,2.2), qu'on
carie dans les os » (Pr ;r:.4,30), ravage le cœur de appelle volontiers « idoles de jalousie » (Ez 8,3.
l'homme. Elle se dresse entre frères· (Gn 4,5-u; 5; 2 R 21,7). En définitive, si _Dieu est jaloux,
37,1;), e11tre femmes (30,1), entre 'époux (Pr 6, c'est qu'il est *saint et ne p_eut tolérer qu'on porte
34; Nb 5), entre·peuples _(Gn 26,14; Is u,13), et atteinte à son honneur (Jos 24,195).
même entre juste et ~pie (Pa 37,1; 73,3; Pr 3,
31; 23,17); elle désunit la communauté chrétienne 2. Le zèle d6 Yahweh Sabaoth. - Le sentiment de
par des querelles (Rm 13,13), des disputes (1 Co jalousie est à l'origine des réactions divines dans
3,3; 2 CO 12,20), l'amertume et la chicane (Je 3, l'histoire de l'alliance : un zèle véhément défend
14.16), De ce tableau, il ne faudrait pas conclure, les opprimés· et punit les méchants. Il est curieux
avec I'Ecclésiaste, que tout effort et toute passion de constater que les prophètes Osée et Jérémie,
de l'homme dérivent de la jalousie (Qo 4,4}. Si le qui ont présenté l'* Alliance sous les traits des
zèle bien intentionné peut_ cacher une réelle étroi- *épousailles, ne connaissent pas le mot de jal_ousie ;
tesse d'esprit (Nb u,29), il existe aussi une flamine pour eux, c'est la *colère qui exprime l'ardetir de
d'amour très pure (Ct 8,6), qu'il faut surtout l'amour de Dieu. Dès les plus anciens textes (Ex
reconnaître à travers l'apparente jalousie de_ Dieu. 20,3-6; 34,14) et jusqu'à l'exil (Dt 6,15; 29,19; Ez
5,13: 16,38.42;· 23,25), la.jalousie de Dieu_qualifie
1. LE Dmu JALOUX exclusivement_ les relations, de Dieu et d'Israël,
et èlle apparaît comme une réaction de la sainteté
1.La jalousie du *Dieu unique. - Dans la plu- _divine offensée (Jas 24,19; Dt 4,23s) au service
part des mythologies, les dieux conçus par l'homme de laquelle elle met tout son potentiel de violence

r39r 1392
Zt-LE ZÉLOTES

(Ez r6,38.42; 23,25). !\fais en exil, l'humiliation 5,35ss) et la violence contre ceux qu'ils jugent
d'Israël, peuple de Yahweh et porteur du Nom hérétiques, comme Paul {23,rzss).
divin aux yeux des nations, entraine l'humilia-
tion du Nom divin lui-même (39,25; cf 36,23), Pour 2. Le zèle chrétien. - Les sectateurs de Jésus vont
venger l'honneur de sa sainteté, la jalousie de Dieu se trouver en butte au zèle juif, qui veut les
se tourne alors contre les païens, artisans de cette exterminer {Ac 5,r7; r3,45; 17,5) ; la même jalousie
profanation (35,n; 36,5-6). Du même coup, elle authentiquement religieuse, mais mal éclairée (Rm
opère le salut d'Israël et travaille à la rédemption ro,2), animait Saul lorsqu'il persécutait l'Église
que Yahweh entreprend en faveur de son peuple de Dieu (Ph 3,6; Ga r,14; Ac 22,3). Les chrétiens
au titre du gMl, du guerrier vengeur (Is 42,r3; ne peuvent pas se laisser contaminer par ce zèle,
59,17; 26,II). Et si Israël crie à Yahweh son impa- mais son esprit peut survivre chez quelques
tience, en faisant appel à sa pitié et à ses entrailles « zélés partisans de la Loi » (Ac 21,20).
de père, au nom de sa jalousie puissante (63,15), Jésus pourtant n'avait rien d'un zélote. Il refuse
Dieu lui promet que cette jalousie déclenchera de justifier la révolte contre César (Mt 22,15-21) ;
l'avènement des temps messianiques (9,6). Il appa- il compte certes parmi ses disciples Simon le Zélé
raît alors que la passion qui brûlait au cœur du (Mc 3, r8), mais il condamne les réactions des
Dieu saint habitant au milieu de son peuple (Dt « fils du Tonnerre n (3,17; Le 9,54), tout en accep-
6,r5) ne faisait que traduire l'intransigeance de tant qu'ils se disent prêts au martyre (Mt 20,22),
son amour. Cette passion s'identifie maintenant Enfin, lors de son arrestation, il refuse de résister
avec la *tendresse de Dieu (Jl 2,18; cf Za r,14-5; les armes à la main (Mt 26,5 rss), car il n'a rien
8,2) et avec l'amour où Yahweh et Israël se ren- d'un t1 brigand », c'est-à-dire d'un « chef de bande»
contrent dans une plénitude et une sécurité iné- (26,55).
branlables (Ct 8,6). Si Jésus rejette tout esprit zélote, il en conserve
la passion à l'égard du Royaume des cieux qui
« souffre *violence» (Mt u,12); celui qui vent le
*suivre doit tout sacrifier, même sa vie (16,245).
Il. LE ZÈLE DE Drnu Les disciples voient dans l'expulsion des vendeurs
du temple le geste du Juste que son zèle doit
1. Les zélateurs de Yahweh. - Yahweh a diffé- mener à la mort (Jn 2,r7).
rents moyens pour susciter en Israël un zèle à Il y a en effet un zèle chrétien, celui que montre
l'image du sien ; par exemple, il excite la jalousie Paul à l'égard des Églises qui lui sont confiées,
de son peuple en donnant sa faveur aux *nations comme à l'ami de l'Époux (2 Co u,2) : la pureté
(Dt 32,2r). Ordinairement, il communique sa qu'il défend chez elles est la préservation de toute
propre ardeur à tel ou tel élu. Pinha.s est ainsi fausse doctrine, comme dans l'AT la jalousie s'at-
« possédé de la même jalousie que moi », dit le taquait à l'idolâtrie. Son zèle à l'endroit du peuple
Seigneur qui en est apaisé (Nb 25,u) ; le prophète juif est un écho.de celui de Yahweh qui excitait
*Élie, malgré une réelle illusion sur l'unicité de la jalousie de son peuple en accordant sa grâce
son cas, se sent brûlé par le zèle divin (1 R 19, aux *nations (Rm u,11.r4; 10,19).
r4; Si 48,2) ; le psalmiste enfin peut proclamer : Le zèle peut se manifester de c;liverses manières,
~ Le zèle de ta maison me dévore» (Ps 69,10; ug, _sous la forme d'une *course au service du Christ
139). Consciemment, Mattathias le maccabéen (Ph 3,r2ss) comme à l'occasion d'une collecte
prend la relève de ceux qui l'ont précédé sur les (2 Co 9,2) ; il doit toujours consister dans la
chemins du zèle de Dieu (r M 2,54.58) : devant recherche des dons les meilleurs (1 Co r2,3r; I4,
l'honneur de Dieu bafoué par les idolâtres, ses 1.12.39), car le salut acquis par le Christ a sus-
reins ont frémi (2,24-27). cité un « peuple zélé pour le bien » (Tt 2,r4; cf
Dans un sursaut contre les pratiques paîennes I P 3,13). BRe & XLD
qui amènent à des compromissions idolâtriques
(2 M 4,14), les •pieux {r M 2,42), d'où dériveront -;.. amour I AT 2 - colère A 2; B Il 2 - courir -
les *pharisiens, se montrent « zélés pour le bien » Dieu AT Hl 3 - Élie AT 2 - feu AT I 3, II 2 -
(Si 5 r, r8), le *cherchant ardemment. D'autres, Jésus (nom de) IV - Loi B III 5 ; C II - pharisiens
1 - violence III 2.
qu'on appellera les « zélotes )), estiment nécessaire
de prôner la révolte contre l'occupant païen (Ac ZÉLOTES -+ zèle II.

1393 1394
INDEX.*

A. ;_ DIEU, PÈRE ET .CRÉATEUR. SON. DESSEIN.

·r. LE. DIEU VIVANT


-· DièU - saint - vie_ - amour
- · llom _:_-(pères·&} Père - Yaliweh.

II. LA PAROLE DE ·DIEU créatrice ·et révélatrice

- Pa'rok dr: Dieu - dessein de Dieu - volonté de Dieu


A)' Dum CRÉE L'UNIVERS
1. La création -- crlation - puissance - bien G, mal
' - mo+itfe - para.dis• _· ·
2. Les Créatures - _te!":e -.
.\ - ciel- ""'"'.'. anges -;--- astres - blanc _
mer-. e'7u - feu -. ~rage·- montag.ne -
· . _
~pcher -
1 -
pierre. ·
arbre ..:.._ animaux - ·colombe ·
,

-3. L'homme - Adam - homme - femme - sexualité


- esprit_ -::- chair - àme - corps
• sa structure, \- conscience - responsabilité::..._ désir - ·faim & .soif -:- libert~
-. cu:ei~r ·_ reins· - face - lèvres - langue·-·bras. & main -
1.- droite . . .
~ ;_ nollrriture --repas - pain - vin --cou:pe·-··lait .:- huile -
• sa no:urriture / sel · ·
\- trivait" ~ repos -:-- sommeil
• soit activité et ses biens , - richesse - vêtement - lampe - sceau
( .'..- adieux - sépulture

• PaS- plus. que ~e. VTB,.~et_ Index ne prétend fournir une. s~thè~ de théologfe bibiique. Il offre selllement,
à titre d'ex_emple parmi d~autres possibles, u.q. fil .conducteur _au lecteur désireux d'étudier 'la Bib_le selon tel
ou.teJ _aspect. On aurait pu détailler _davantage cet _Index ou en modifier Ill distribution, car une mê±nè no_tice peut
être reprise plusieurs fois, en fonction de son contenu, tandis quet en· vue d'une plilS>grande concision, nous
avons évité d'en multiplier les mentions.
Les titres et sous-titres de chaque _section p~nnettent de saisir le point de vue qui justifie le rapprochement·
au premier abord 8UI'prenant, de certaines notions. Les mots en italiques sont ceux dont la lecture est plus
particulièrement recomman.dée pour une première initiation.

1396
INDEX

• !on expression - parole humaine - serment - silence - .rire


\- mariage - virginité - veuves
• sa fécondité {- fécondité - stérilité - pères ( & Père) - mère - génération
- prochain - frèt'e - ami
• ses relations - étranger - ennemi - esclave
)- pauvres - vieillesse
• sa demeure - demeurer - cité - porte - maison

B) DIEU RÉVÈLE SON DESSEIN


- Révélation
- vbité - lumière ©> ténèbres - sagesse
- écriture - tradition - témoignage - enseigner - écouter -
disciple
- parabole - songes - signe - nombres
c) Dnm DONNE SA VIE
- don - présence de Dieu
- grâce - élection - prédestiner - vocation - fidélité - Pro-
vidence
- paix - béatitude - gloire

B. - LE SEIGNEUR JtSUS, SAUVEUR.

!. SA PERSONNE
- Fils de Dieu - SeigneuY - Parole de Dieu - saint
- Jésus-Christ - Jésus {nom de) - Messie - Serviteur de
Dieu -- Fils de l'Homme
- mldiateuy- roi - pasteur ( & troupeau) - Époux (/épouse) -
tête - sacerdoce - Agneau de Dieu - image - chemin
JI. SA MISSION
- mission - mystère - te1n,ps - heure

A) JËsu.s ACCOMPLIT l'histoire du salut


~ - présence de Dieu - Alliance - nouveau - figure - accom-
1. Dieu avec nous
i plir - plénitude

2. Dieu éducateur \ - éducation - Loi - prophète - promesses - droit - cir-


( concision
~ - peuple - terre - patrie - héritage - /.<;raël - Hébreu -
3. Le peuple de Dieù
{ Jui:f - pharisiens - Reste - nations

4. Dieu châtie ~ - châtiments - déluge - Babel/Babylone - Égypte - capti-


( vité - exil - dispersion ~

5. I,)ieu libère \ - salut - Exode - lihéYation/liberll - P4que - arche d' Al-


( liance - désert - nnée -- ombre - nuit - manne

1397
INDEX

6. Les élus de ·Dieu · ~ --'-- Abel -Noé- Melchisédech - Abraham -.Moise - Aaron -
( Josué - David --;- Élie - Jean-Baptiste - Marie

B) JÉSUS SAUVE du mal et du malheur


~: ..:..._ ·;isite . - Tra:nsfigù'ra1:ion --.;- miracle - sage5se ....:.:.. sang -
1. La venue du Sauveur '/ Croix· - Sacrifice - ·RéSurrection - apparitions du Christ -
Ascension ·. ·

2. L'œuvre du salut ~ - salut - justice - miséricorde -. pardon, - . Rédemption -


( expiation - réconciliation - justification
- péché_ - _incrédulité . . :. ,. . hérésie - impie - schisme - blas-
~ phème--::- .magie - adultère - orgueil - cupidité - colère
3. Le péché (de l'homme} -.:.-,vengeance - haine -·erreur - mensonge -
/: hypocrite
- endurcissement - folie - ivresse - scandale
- Satan . - démons - idoles - bêtes & Bête - Antichrist -
épreuve/tentation
4. Le malin et le malheur - ·violence - c~laniités - guerre - maladie - lèpre - souj-
,'france -'- ·sOucis - angoisse - solitude - tristesse - décep-
tion - honte - persécution - mort

c} Jtsus JUGE à la fin des temps


,- J o-ur , du. ~eign_eur - procès - jugement - rétribution -

- colère ( de Dieu) _- châtiments - malédiction - anathème -


enfers & enfer
- ioya1_,me --:victoire_ - livre ·-,gloire

C. - L'ESPRIT,SAINT ET LA VIE DE L'ÉGLISE.

L L'ESPRIT ET SES DONS


- 'Esprit ·de. Di~:·- ·Pa:raciet· - saint - charismes

II. L'ÉGLISE

A) SON- MYSTÈRE ~- Pentecôte - mission - Église - Corps du Ck-n.st .-. peuple -


( (Époux/) épouse - · vigne - Temple - (pas~~r &) troupeau
B) SON TÉMOIGNAGE

r. Le message
~- ·Éva.~gi;e - pr~cher -- semer - témoignage .:_ COnfe'ssion -
l exhorter - consoler
2. Les·-messagers - Apdtr-es· - Pierre (saint) - martyr - autorité -- ministère
INDEX

c) SON CULTE
- culte_.-:- _pu~ ..- . .
-:- 8uchqr.is_tie -: bénédiction - .action de grâces - communion
- sacerdoce - ill1position des mains - Temple - autel ,-:
sac,-ifice .
- . prière ·_- louari.ge _-:-.. adoration. - genou - amen. . .
--'- servir - veiller-'- jeûne - prém_ices - onction - parfum. -
cendre ·
- mémàire- - fêtes - sem.alne .._ -sabbat - pèlerinage

P) SA VIE
-- naiss·ance (nouvèlle} -- baptlme - pénitence/coiiversioii
croissance - œuvres - perfection - foi - espérance'
amour
- vertus & : vices - enfant - simple - confiance - hutni•
lité - douceur - piété - tendresse - fidélité ~ hospita•
lité - aumône - force - patience -: zèle - fierté ...:_ crainte
de- Dieu - chercher - courir ___:_ suivre - exemple' '
fruit - c~nnaUre - voir - goûter ....,.. joie - unitê'
TABLE DES NOTICES
Les mots imprimés en italique désignent les notices proprement dites.
les autres indiquent les simples entrées.

Aaron annonce blanc commandements


1400

abandon anthropomorphismes blasphème communauté


abba Antickrist bois communion
Abel apocalypse boisson comparaison
abîme apostasie bonheur compassion
abnégation ap6tres bonté concupiscence
abondance apparitions du Christ bouche condamnation
Abraham appel bras & main confession
abri appui brebis confiance
absence arbre confirmer
abstinence arche d'alliance confusion
acclamation arche de Noé connaître
accomplir argent cacher conquête
accueillir armes Caïn consacrer
accuser armées célestes calamité conscience
ac.lion de grdces arrhes calendrier conseil
actions ascension calomnie consoler
Adam ascèse Canaan constance
adieux assemblée cantique contempler
admiration assurance captivité continence
Adonaï astres Carmel contrition
adoption attente catéchèse conversion
adoration audace célibat convoitise
adultère aumline cendre corps
adversaire autel Cène corps du Christ
affliction autorité César corrections
affranchir avarice chair coupe
agape avènement chant cour~ge
agapè avenir chaos courir
Agneau de Dieu aveuglement charismes couronne
agonie azymes charité crainte de Dieu
agriculture chasteté création
aide châtiments cri
ailes chef croissance
aliment Baal chemin croix
allégorie Babel /Babylone chercher culte
alleluia banquet chérubins cupidité
alliance baptême choix
alpha & oméga bâtir chrétien
dme béatitude Christ
amen beauté ciel danger
ami Béelzéboul cimetière David
amour Bélial circoncision debout
anathème bénédiction citadelle décalogue
ancêtres bercail cité déception
ancien berger clef dédicace
anciens besoin can~r défaite
anges bltes & Bête cofère délivrance
angoisse Bible collecte dé.luge
animaux bien & mal colombe demander
année biens combat demeurer
TABLE DES NOTICES

démons Éden exorcisme gloire


départ édifier expérience gnose
déportation éducation expiation gôël
dépôt égarer extrême-onction gourmandise
dernier Église goûter
descendance ioïsme gouverner
descendre gypte grdce
désert élection fables Grand Prêtre
désintéressement Élie face grain
désir Elohim (El) faiblesse grandeur
désobéissance Emmanuel faim & soif gratuité
désolation encens famille grec
dessein de Dieu endurcissement famine guérison
destin enfant fatalité guerre
détruire enfers & enfer fatigue guide
dette engagement fécondité
deuil engendrer femme
devoir ennemi fermer
diable enseigner fermeté habiter
diacre ensevelir festin Hadès
dialogue entendre fêtes haine
diaspora entrailles jeu haut-lieu
didascale envie fiançailles hauteur
Dieu envoyer fidèles kébreii
dimanche épiphanie fidélité hérésie
dîme épiscope fierté héritage
discernement époux /épouse figure heure
disciple épreuve /tentation filiation hiérarchie
dispersion errer Fils de David histoire sainte
dissension Fils de Dieu
divination ""''"'
eschatologie Fils de l'Homme
holocauste
homicide
division esclave fin du monde hommage
divorce espérancs fléau homme
docilité esprit foi honneur
docteur de la Loi Esprit de Dieu Jolis honte
doctrine État politiq11 fondations /fondements Horeb
doigt de Dieu éternel force hosanna
don éternité formalisme hospitalité
douceur étoiles foule huile
douleur étrangsr fraction du pain humiliation
doute être frère humilité
Douze euckaristis fruit hypocrite
doxologie eunuque fuite
dragon Évangile
droit Ève
droite événement idolss
droiture évêque Galilée image
duplicité exaltation du Christ géhenne imiter
examen généalogie immolation
excommunier génération immortalité
exemple générosité impie
,au exhorter genou imposition dss main.,
écouter exil gentils imprécation
Écriture Exode germe impuissance

I40I
TABLE DES. NOTICES

incarnation lait mer · Oliviers (mont des)


incrédulité lamentation mir, ombre
infidélité lampe mérite onction
initiative de Dieu langage merveilles de Dieu · oppression
injure langue message oracle
innocerit largesse Messie orage
inspiration larmes meurtre orgueil
instruire laver miel orphelin
insulte légalisme ministère oubli
intégrité lèpre miracle oui
intelligence lettre & esprit miroir ouvrier
intercession levain misère ouvrir
interprétation Léviathan miséricorde
inviter lévite mission
Isaac lèvres modération
lsraDl libation modestie païen
ivresse libé'l"ation /liberté Moïse Pain
lier /délier moisson paix
lieu monde Pdque
liturgie montagne parabole
livre monter Paraclet
Jarob Logos
jalousie moqueur paradis
loi morale pardon
Jean-Baptiste louange
Jéhova mort parénèse
loyauté mortification parents
Jérémie lumière & ténèbres,·
Jérusalem murmure paresse
lune mystère parfum
Jésus (nom de) lutte
Jésus-Christ mythe parole de Dieu
jeîme parole humaine
jeunesse parousie
joie parrèsia
magie Nabuchodonosor . partage
Joseph main naissance (nouvelle)· passage
Josué m,lison nations
joug passion(s)
maître néant Passion du Christ
jour mal Ninive
Jour du Seigne~r pasteu'J" & froupeau
maladie/ gubison noces patience
Jourdain malédiction Noé
jubilé patriarches
malheur nom patrie
Juda mammon nomade
judaïsants Paul
manger nombres pauvres
judaïsme mànifestation nourriture
jugement péoM
manne nouveau pédagogie
juif marana tha nudité
jurer peine
marcher nuée pèlerinage
juridiction mariage nuif
juste pénitence /conversion
Marie pensées
justice martyr
justification Pentec~te
mldiateur obéissance perdition
médisance odeur pères &, Père
Melchisédech œil perfection
mémoire œUV'J"eS persécution
kérygme mensonge offense persévérance
Kyrios mépris offrande personne
TABLE DES NOTICES

perversion protéger rire serpent


petit Providence rites servir
peuple prudence robe nuptiale Serviteur de Dieu
peur psaumes rocher sexualité
Pharaon puissance roi Shaddaï
pharisiens puissançes célestes Rome shéol
philanthropie punition Rouge (mer) siècle
pierre pur rougir signe
Pierre (Saint) rosée silence
piiM route simple
pitié royaume Sinaï
plaie Quarante royauté sincère
plainte quête Sion
plan de Dieu sobriété
planter société
plénitude Sabaoth Sodome & Gomorrhe
plérôme Rabbi sabbat soif
pleurer race sacerdoce soleil
pluie rachat sacré solidarité
polygamie Rahab sacrement solidité
porte rançon sacrifice solitude
possessions démoniaques rassasier sadducéens sommeil
postérité rassembler sagesse songes
poussière récolte saint sorcellerie
pouvoir récompense salaire sortir
prêcher réconciliation Salomon sot
prédestiner i-econnaissance ,aJut soucis
préexistence rédemption sanctuaire souffle
prémices refuge sang souffrance
premier refus santé souhait
premier-né régénération Satan souillure
presbytre règne Sat1veur source
présence de Dieu reine saveur stabilité
prêt reins savoir stèle
prêtre rejeter scandale stérilité
preuve religion sceau suivre
prière remercier schisme supplier
primauté rencontrer science survie
prison renoncement scribe symbole
privation renouveler secours synagogue
prix repas secret
procès repentir sectes
prochain repos sécurité
proclamer réprouver séduire tables de la Loi
prodige . responsabilt'té Seigneur Tabor
profane reste ,û talion
profession de foi résurrection semaine témoignage
progrès retour seme:r tempérance
promesses rétribuJion sentiments Temple
proph_ète réveiller séparation temps
propitiatoire révélation sept tendresse
propriété rêves sépulture ténèbres
prosélyte révolte séraphins tentateur
prostitution richesse serment tentation
·TABLE"DES NOTICES

tente trouver venue du Seigneur visage


16'1'1'6 type Verbe de Dieu visions
te:stament Tyr_.& Sidon vérité visite
Mie tyran vertus &, . vices vocation
théophanie vltement voies de Dieu
tombeau veuves voile
Torah vices voir
tradition unité victime volonté de Dieu
trahison univers victoire voyage
Transfiguration universalisme vie
Wavail vieillesse
tribu vigilance
tribulation vigne Yahweh
Trinité vanité ville
tristesse veiller vin
tromper vendange violation
trône vengeante violence zèle
troupeau vent Vi1'ginité zélotes

Vous aimerez peut-être aussi