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Mélanome unguéal
- des lignes pigmentées parallèles, de couleur
F. MANTOUX, P. BAHADORAN - Service de dermatologie - brun clair à brun foncé, d’épaisseur variable et
Hôpital de l’Archet 2 - 06200 Nice Cedex (France) séparées par des espaces de largeur inconstante;
- une pigmentation du rebord unguéal (signe
de Hutchinson). En examinant le rebord unguéal
Observation en dermoscopie (Fig. 5), on constate en plus
Une femme de 33 ans consulte pour une que la pigmentation s’étend sur toute la hau-
mélanonychie du 4e doigt de la main gauche, teur de la tablette.
existant depuis 5 à 6 ans, mais qui s’est élargie
depuis environ 1 an (Fig. 1).
Diagnostic
Aspect dermoscopique L'examen histologique montrait un mélanome
En dermoscopie, on distingue (Fig. 2-4): malin, à nette prédominance matricielle, avec
- une pigmentation diffuse de couleur brun envahissement des faces dorsale et ventrale du
clair; repli.
Figure 1 : Aspect clinique / Clinical aspect Figure 2 : Aspect dermoscopique / Dermoscopic aspect
(Collection/Courtesy of F. Mantoux) (Collection/Courtesy of F. Mantoux)
Figure 3 : Aspect dermoscopique / Dermoscopic aspect Figure 4 : Aspect dermoscopique / Dermoscopic aspect
(Collection/Courtesy of F. Mantoux) (Collection/Courtesy of F. Mantoux)
MOTS-CLÉS • Mélanome • Ongle • Matrice Résumé : Une femme de 33 ans a consulté pour une mélano-
• Bande pigmentée • Dermoscopy nychie du quatrième doigt de la main gauche. La bande pig-
KEY WORDS • Melanoma • Nail • Matrix mentée longitudinale et apparue il y a environ 5 à 6 ans. Il y
• Pigmented band • Dermoscopy a eu récemment un accroissement. La dermoscopie a révélé :
- une pigmentation diffuse de couleur brun clair ; hand. This longitudinal pigmented band appeared about 5
- des bandes pigmentées parallèles dont la couleur varie du or 6 years ago. There was recently an enlargement.
brun clair au brun foncé et dont l’épaisseur est variable ; Dermoscopy demonstrated:
- une pigmentation du repli unguéal (signe de Hutchinson) ; - diffuse investigations of light brown color;
- une pigmentation de l’épaisseur de toute la tablette - parallel pigmented bands whose colors varied from light
unguéale qui est visible au bord libre de l’ongle. brown to dark brown; thickness was variable;
Une exérèse chirurgicale est nécessaire. L’histopathologie a - pigmentation of the dorsal nail fold (Hutchinson sign);
révélé un mélanome d’origine matricielle unguéale. - pigmentation of all the nail plate which was visible at
the free edge of the nail.
NAIL MELANOMA. Summary: A 33-year-old woman Surgical removal was required: histopathology revealed a
attended for a melanonychia of the fourth finger of the left melanoma from the nail matrix.
Commentaires
Devant une mélanonychie longitudinale, la pré-
sence en dermoscopie d’une pigmentation brune
diffuse associée à des lignes pigmentées brunes
est en faveur d’une lésion mélanocytaire (1).
L’irrégularité de couleur, d’épaisseur, d’espa-
cement et de parallélisme de ces lignes pig-
mentées sont des arguments en faveur d’un mé-
lanome (1).
La présence d’un signe de Hutchinson est un
argument supplémentaire, majeur, mais rare.
Dans notre cas, co-existaient des anomalies mo-
dérées des lignes pigmentées (quelques lignes
un peu plus foncées, plus épaisses et plus
espacées) et un signe de Hutchinson, l’ensemble
reflétant probablement la nette prédominance Figure 5 : Aspect dermoscopique du rebord unguéal
Dermoscopic aspect of ungueal edge
matricielle du mélanome. (Collection/Courtesy of F. Mantoux)
La dermoscopie du bord libre, en montrant une
pigmentation de toute l’épaisseur de la tablette
unguéale, a pour intérêt supplémentaire d’indi-
quer que l’anomalie en cause concerne toute la
matrice (2). Cette constatation exclut toute
possibilité de biopsie partielle et implique la
réalisation, comme dans le cas présent, d’une
biopsie-exérèse longitudinale (3). G 2 - Braun RP, Baran R, Saurat JH et al. Surgical Pearl : dermoscopy
of the free edge of the nail to determine the level of nail plate pig-
mentation and the location of its probable origin in the proximal or
RÉFÉRENCES distal nail matrix. J Am Acad Dermatol 2006 ; 55 : 512-3.
1 - Ronger S, Touzet S, Ligeron C et al. Dermoscopic examination of 3 - Braun RP, Baran R, Le Gal FA et al. Diagnosis and management
nail pigmentation. Arch Dermatol 2002 ; 138 : 1327-33. of nail pigmentations. J Am Acad Dermatol 2007 ; 56 : 835-47.
Cas clinique
Figure 1: Cellulite du doigt (J4) : vue dorsale Figure 2: Cellulite du doigt (J4): vue palmaire
Cellulitis of the finger (D4): dorsal view Cellulitis of the finger (D4): palmar view
(Collection/Courtesy of J.-P. Claudel) (Collection/Courtesy of J.-P. Claudel)
MOTS-CLÉS • Zoonose • Chat • Morsure • Infection des médicaments contre la douleur étaient aussitôt prescrits
• Pasteurella multocida sans investigations bactériologiques. L’amélioration était lente,
en 3 semaines, avec douleurs résiduelles.
KEY WORDS • Zoonosis • Cat • Bite • Infection
• Pasteurella multocida BE CAREFUL, DANGEROUS CAT! Summary: A 54-year-old
woman attended to the emergency department for a very pain-
Résumé : Une femme de 54 ans a consulté le service d’urgen-
ful, acute inflammation of the right forefinger. General health was
ce pour une inflammation aiguë, très douloureuse, de l’index
disturbed with shivers. She was bitten by her cat for the third
droit. L’état général était altéré avec frissons. Elle a été mordue
time. This bite was mild and occurred few hours before the acute
par son chat pour la troisième fois. Cette morsure était légère et onset. The previous bites induced infection cured by antibiotics.
est survenue quelques heures avant le début aigu. Les mor- This new serious relapse suggests diagnosis of infection due to
sures antérieures avaient provoqué une infection guérie par les Pasteurella multocida. Antibiotics with drugs against pain were
antibiotiques. Cette nouvelle rechute grave suggère le diagnos- immediately prescribed without bacteriologic investigations. The
tic d’infection à Pasteurella multocida. Les antibiotiques avec improvement was slowly, within 3 weeks, and residual pain.
Cas clinique
son médecin généraliste qui conseille de chan- pathogène. Il a aussi été retrouvé un portage sain
ger l’antibiothérapie et prescrit Augmentin® 500 de PM dans l’oropharynx de certains profession-
à raison de 4 gélules par jour et de la Lamaline® nels travaillant en contact étroit avec les animaux
à visée antalgique. L’évolution locale a été (étudiants vétérinaires, éleveurs…).
lentement favorable en 2 à 3 semaines avec En outre, même si les cas les plus sévères
desquamation en doigt de gant, sans séquelle surviennent volontiers sur un terrain fragilisé com-
motrice mais avec des douleurs résiduelles. me les sujets âgés ou lors de déficits immuni-
taires, certaines formes graves d’emblée attei-
Commentaire gnent des sujets sans facteur favorisant particulier.
Même sans preuve bactériologique, ce cas Une explication vraisemblable est donnée par
clinique est suffisamment démonstratif pour parler la différence de virulence des différents sous-
de pasteurellose. groupes de PM. Certains sont plus pathogènes
Pasteurella multocida est un coccobacille pour l’homme et avec une certaine spécificité
Gram négatif comportant 5 sous-groupes et quant à l’organe cible. Ainsi, Pasteurella multo-
16 sérotypes. Ce bacille est un saprophyte de la cida multocida et Pasteurella multocida septica
flore oropharyngée des chats et des chiens, mais sont retrouvées respectivement dans 67 % versus
aussi d’autres animaux tels que les porcins, les 14 % et des plaies infectées et 17 % versus 71 %
bovins, les rongeurs et les volatiles. La présence des infections pulmonaires.
de PM est variable suivant les espèces animales. Le traitement repose sur une antibiothérapie en
On retrouve cette bactérie chez 50 à 90 % des urgence par amoxicilline, tétracyclines, macro-
chats, 60 à 66 % des chiens, 51 % des porcs et lides ou fluoroquinolones. Les formes graves
14 % des rats. nécessitent une bithérapie généralement par
PM a été mise en évidence par Louis Pasteur, amoxicilline et aminosides.
en 1881, comme agent causal du choléra du poulet.
Chez les mammifères, elle provoque des septicé- Conclusion
mies hémorragiques. Cette observation nous rappelle l’importance de
La pasteurellose humaine est principalement penser à la pasteurellose devant un tableau de
cutanée ou sous-cutanée, parfois compliquée cellulite aiguë hyperalgique chez les patients au
d’arthrite ou d’ostéomyélite sous-jacente. Elle se contact d’animaux. Elle souligne le caractère non
présente plutôt sous une forme aiguë à type de immunisant de cette infection bactérienne. De
cellulite ; parfois, la phase initiale est pauci- plus, elle incite à développer un discours préventif
symptomatique avec apparition secondairement vis-à-vis de nos compagnons à quatre pattes. En
d’un syndrome algodystrophique. L’atteinte effet, les morsures et griffures superficielles sont
pulmonaire est moins fréquente, sous forme de souvent considérées comme très banales et
pneumonie ou d’abcès. Des infections sévères négligées et peu de personnes considèrent comme
parfois létales ont été décrites à type de périto- potentiellement dangereux de se faire lécher par
nites, de méningites ou de septicémies, ou plus son animal domestique, et ceci même en peau
rarement d’endocardites chez des patients lésée.
héroïnomanes. Enfin, malgré le risque d’une autre récidive avec
La transmission à l’homme se fait la plupart du un chat visiblement coléreux, la patiente a refusé
temps par une morsure ou une griffure de chat le conseil de se séparer de son cher (et unique)
ou de chien. Quelques cas ont été rapportés de compagnon. G
pasteurellose survenant après léchage de plaies
(opératoire ou traumatique) par les mêmes RÉFÉRENCES
animaux.
1 - Best EJ et al. An unusual neonatal zoonosis. Med J Aust 2005 ;
On peut être surpris de la relative rareté des 182 : 137.
infections à PM chez l’homme compte tenu du 2 - Chen HI et al. Taxonomic sub groups of Pasteurella multocida cor-
grand nombre d’animaux domestiques porteurs relate with clinical presentation. J Clin Microbiol 2002; 40: 3438-41.
sains et de la grande fréquence des situations cli- 3 - Umemori Y et al. Chronic lung abscess with Pasteurella multoci-
niques formant une porte d’entrée pour cet agent da infection. Intern Med 2005 ; 44 : 754-6.
Observation
Une femme, née en 1957, sans antécédent par- Figure 1: Gingivite ulcéro-hémorragique résistant à la
corticothérapie générale
ticulier, présentait un vaste placard vésiculo- Recalcitrant erosions of the gum in spite of systemic corticosteroids
bulleux et érosif du dos et des lésions érosives treatment
et croûteuses du cuir chevelu. Elle se plaignait (Collection/Courtesy of C. Bourseau-Quetier)
en outre de douleurs buccales et d’une gêne à
l’alimentation. L’examen de la cavité buccale
mettait en évidence des lésions ulcérées et
hémorragiques de la gencive inférieure avec mise
à nu des collets dentaires (Fig. 1).
Le diagnostic de pemphigus vulgaire cutanéo-
muqueux était suspecté devant l’atteinte cuta-
née bulleuse associée à la gingivite ulcéro-
hémorragique. Il était confirmé par la biopsie
cutanée, objectivant une acantholyse supra-
basale, l’immunofluorescence directe, montrant
des dépôts d’IgG et de C3 en résille sur les
kératinocytes des couches basales, tandis que
l’immunofluorescence indirecte mettait en
évidence des anticorps antisubstance intercel-
lulaire au 1/80 (N < 1/20).
Figure 2: Aspect après 3 semaines de traitement local par
Un traitement par prednisolone à la posologie
tacrolimus: cicatrisation de 50 % des lésions
de 1 mg/kg/jour était débuté avec une amélio- Lesions after 3 weeks of topical tacrolimus treatment: healing of
L’auteur tient à remercier ration rapide et complète des lésions cutanées. 50 % of erosions
le Dr Francis Delage pour
ses conseils. Ce n’était toutefois pas le cas de l’atteinte (Collection/Courtesy of C. Bourseau-Quetier)
MOTS-CLÉS • Gingivite érosive • Pemphigus vulgaire KEY WORDS • Erosive gingivitis • Pemphigus vulgaris
• Tacrolimus • Tacrolimus
Résumé : Nous rapportons l’observation d’une malade RECALCITRANT EROSIVE GINGIVITIS DURING
présentant une gingivite érosive au cours d’un pemphigus PEMPHIGUS VULGARIS: GOOD IMPROVEMENT OF
vulgaire, résistant à la corticothérapie générale et amélio- TOPICAL TRACOLIMUS. Summary: We report a case of pem-
rée de façon spectaculaire par l’application de tacrolimus phigus vulgaris in which recalcitrant erosions on the gum
topique. dramatically improved only when topical tacrolimus was used
in addition to systemic corticosteroid treatment.
Pour en savoir +
Le pemphigus vulgaire (PV) est une dermatose humaines, du tacrolimus pommade 0,01 % (60 g
auto-immune comportant des anticorps circulants par semaine) appliqué sur des lésions de pemphi-
antikératinocytaires mis en évidence par immuno- gus du tronc ayant préalablement résisté à une
fluorescence indirecte sur peau humaine ou œso- corticothérapie générale à 1 mg/kg/j et à 4 bolus de
phage de singe ou des anticorps antidesmogléine 3 Solumédrol®. Le dosage de la tacrolémie montrait
par technique ELISA (1). un taux équivalent aux doses thérapeutiques lors de
l’administration orale du médicament, révélant une
Il débute dans plus de la moitié des cas par une absorption importante du tacrolimus topique. Aucun
atteinte de la muqueuse buccale. Il s’agit alors
passage systémique n’était, en revanche, mis en
d’érosions buccales traînantes et douloureuses de
évidence dans 2 cas de pemphigus oraux peu
la face interne des joues, du palais et des collets
sévères (3, 5), bien contrôlés par le tacrolimus
dentaires. Des érosions des muqueuses génitales,
topique et au cours desquels la tacrolémie était
conjonctivales, une atteinte suintante et croûteuse
indosable.
du cuir chevelu, de l’ombilic, de la région axillaire S. Ly
et de la sertissure d’un ou de plusieurs ongles sont
d’autres modes de début trompeurs du PV. RÉFÉRENCES
L’éruption bulleuse cutanée, avec signe de Nikolski,
succède dans un délai variable aux lésions insi- 1 - Skorow F, Dalle S, Marcilly MC et al. Absorption systémique
importante du tacrolimus topique lors du traitement d’un pem-
dieuses initialement localisées (2).
phigus vulgaire sévère. Ann Dermatol Venereol 2005 ; 132 :
Le traitement du PV repose sur la corticothérapie 264.
générale et les immunosuppresseurs systémiques. 2 - Saurat JH et al. Dermatologie et infections sexuellement
Les observations rapportant l’efficacité du tacroli- transmissibles. 4e édition. Paris : Masson, 2004 : 299-302.
mus topique dans le PV sont rares dans la 3 - Hogson TA, Malik F, Hegarty AM et al. Topical tacrolimus :
littérature. Dans 2 cas (3, 4), les lésions labiales et a novel therapeutic intervention for recalcitrant labial pemphigus
jugales, résistant au traitement systémique, sont vulgaris. Eur J Dermatol 2003 ; 13 : 142-4.
améliorées par l’application locale de tacrolimus. 4 - Gach JE, Ilchyshyn A. Beneficial effect of topical tacrolimus
Dans l’observation de Gach et al. (4), la cicatrisation on recalcitrant erosion of pemphigus vulgaris. Clin Exp Dermatol
des érosions est obtenue en 10 jours s’accompa- 2004 ; 29 : 271-2.
gnant d’une diminution des douleurs et des 5 - Vecchietti G, Kerl K, Samson J, Borradori L. Topical tacroli-
brûlures. Skorow et al. (1) rapportent l’efficacité, en mus (FK506) for relapsing erosive stomatitis in paraneoplastic
association à des cures d’immunoglobulines pemphigus. Br J Dermatol 2003 ; 148 : 833-4.
Reportage
Les 3es Journées des jeunes dermatologues se sont tenues les 26 et 27 janvier
2008 en ce lieu magnifique de Saint-Jean-Cap-Ferrat, avec la complicité d’un
soleil radieux. Venus de toutes les régions de France, nos jeunes dermato-
logues (internes, chef de cliniques et remplaçants en attente d’installation)
ont été accueillis le vendredi soir, pour un premier contact, autour d’un
agréable repas avec vue sur la mer. Dès 8h30 le lendemain, le lourd pro-
gramme des conférences s’est ouvert par une présentation générale de la der-
matologie française et de ses différentes instances. L’introduction en a été faite
par Éric Chauveau, directeur médical d’Astellas France, qui soutient cette mani-
festation depuis sa création. Ensuite, plusieurs personnalités sont intervenues.
Reportage
Enfin, P. Beaulieu nous présente la FFFCEDV, qui, chaque année, est organisé par une asso-
après avoir remercié le laboratoire Astellas qui ciation différente (2010 à Clermont-Ferrand, 2011
soutient ces journées et le Cercle des jeunes à La Rochelle), le Journal faxé, Les Nouvelles
dermatologues qui en est le prolongement. Dermatologiques et deux sites dont un de FMC
La FFFCEDV existe depuis 22 ans, regroupe pour la dermoscopie.
80 associations (en métropole et en outre-mer), Par ailleurs, la FFFCEDV met en place des études
avec des associations de plein droit formées cliniques réalisées en pratique libérale. La
seulement de dermatologues et des associa- FFFCEDV a été agréée pour l’EPP et la FMC.
tions thématiques, pouvant inclure des non- Enfin, la FFFCEDV a répondu à un appel d’offre
dermatologues. Elle assure la FMC qui est de l’OGC et a été agréée pour organiser des
devenue obligatoire et met en place l’évalua- formations indemnisées. Elle dispose aussi de
tion des pratiques professionnelles (EPP). ce lieu de rencontre qu’est la Maison de la
Ses moyens de communication sont: le congrès Dermatologie.
Reportage
médicaments à risque, inviter le patient à lire la Il est essentiel de bien peser l’indication. Les devis
notice. Il peut être judicieux, si un risque est très doivent couvrir toutes les étapes du traitement.
important (somnolence), de le noter sur L’assurance responsabilité civile professionnelle
l’ordonnance. (RCP) est obligatoire en libéral (et conseillée
Attention de bien respecter le secret professionnel pour les hospitaliers). Il faut clairement dire à
qui motive encore beaucoup de procès. son assureur ce que l’on fait, quel type d’actes
En dermatologie, les reproches portent surtout on pratique et de réajuster si, quelques années
sur des résultats non satisfaisants (esthétiques), plus tard, on s’adonne à de nouvelles techniques.
la conduite diagnostique (on n’est pas condam- En cas d’accident, il ne faut pas essayer de le
né parce que l’on n’a pas fait le bon diagnostic régler soi-même, il faut informer sa compagnie
mais parce que l’on n’a pas mis en œuvre tous d’assurance, demander un courrier au patient à
les moyens nécessaires), les complications d’actes adresser à la compagnie d’assurance. Une
et les dommages corporels (chute de table). déclaration de prudence anonyme peut être faite
En esthétique, une rigueur extrême et nécessaire. si on pense qu’un patient va porter plainte.
Ateliers
Des ateliers sont ensuite consacrés, d’une part, à l’EPP, à la FMC et au respect de la pratique
conventionnelle (P. Beaulieu et G. Rousselet) et, d’autre part, à « Comment s’installer »
(R. Maghia et M. Roussel). Cette répartition en petits groupes favorise des échanges plus
directs entre participants et intervenants.
intéressante que le simple QZFA036 de l’exérè- Le C2 n’est pas possible si le patient est adressé
se. Idem pour le périnée ou pour les mains (kystes par un autre spécialiste. En revanche, l’acte tech-
mucoïdes) ou les oreilles (cf. site du SNDV). nique dans la foulée de la consultation C2 est
Il faut, par ailleurs, utiliser largement les asso- possible (mais pas de CS possible ensuite lors de
ciations d’actes: par exemple: l’ablation des points).
- « cryothérapie et MP »: QANP007 + QZFA021
= 28,80+12,19 = 40,99 (ne pas oublier la croix);
- « curetage de molluscum contagiosum » dont Gestion financière
certains sur le périnée : JZNP001 + QZFA015 Le programme s’achève par la présentation de
= 42,41+12,43 = 54,84. J.-L. Riboulet sur la gestion financière. Après un
Enfin, il peut être utile de connaître la cotation bref rappel de terminologie comptable, il pré-
« Corps étranger »: QAGA003 = 36,68. sente, en les organisant, les nombreuses dépenses
Concernant le C2, il concerne les patients adres- auxquelles les futurs praticiens seront exposés et
sés par leur médecin traitant et qui ne seront pas dont on peut dire que, à terme, elles représen-
revus pour le même problème dans les 6 mois. tent environ 50 % des recettes. G
cine de l'hôtel
ngerie et la pis
Figure 3 : L'ora
La rubrique « Boîte aux lettres » vous est réservée; n’hésitez pas à envoyer vos questions
précises et pertinentes à: nouvelles.dermatologiques@wanadoo.fr. Le coordinateur de cette
rubrique, le Pr J.-L. Schmutz (Servive de dermatologie - Hôpital Fournier - Nancy), y
répondra ou les transmettra à des experts.
Mosaïque
S. LY - 106a cours du Général De Gaulle - 33170 Gradignan (France) L’atteinte génitale n’est pas rare au cours
du pemphigus vulgaire chez la femme
Arrêter les AVK avant un acte de La fréquence de l’atteinte génitale chez la femme au cours du pemphigus vul-
gaire (PV) n’est pas connue mais considérée comme rare dans la littérature.
chirurgie dermatologique : non ! Dans cette étude iranienne rétrospective, réalisée entre avril 2005 et fé-
vrier 2007, 77 femmes atteintes d’un PV en poussée avec atteinte muqueuse
Informer, assurer l’hémostase ont été incluses. Outre un examen clinique complet, un examen gynécologique
était effectué de même qu’un frottis cervico-vaginal. 87 % des patientes avaient
et surveiller : oui ! une atteinte cutanéomuqueuse tandis qu’une atteinte muqueuse exclusive
n’était notée que dans 13 % des cas. Des lésions vulvaires étaient observées
Si l’arrêt d’un traitement anticoagulant avant un acte de chirur- dans 51 % des cas, toujours à type d’érosions. L’atteinte des petites lèvres était
gie dermatologique doit être discuté au cas par cas, la tendance la plus fréquente (92 %), suivie par celle des grandes lèvres (28 %), du vagin
actuelle est de maintenir le traitement par AVK, avec un INR (36 %) et du col (15 %). Des symptômes, douleurs et pertes, étaient présents
contrôlé la veille de l’intervention < 3,5. Dans cette étude pros- dans 82 % des cas alors que 18 % de ces patientes étaient asymptomatiques.
pective menée sur 3 ans, l’objectif était d’évaluer la fréquence Sur 72 frottis interprétables, 35 % d’entre eux étaient normaux, 60 %
inflammatoires et 6 % dysplasiques. Cette série féminine montre que l’atteinte
des complications hémorragiques au cours d’un acte de chirur- génitale est la deuxième localisation muqueuse du PV, après l’atteinte de
gie dermatologique chez des malades traités par warfarine et la cavité buccale. Elle doit être recherchée systématiquement, car près de
de corréler le risque hémorragique à l’INR; 65 malades, appa- 20 % des femmes sont asymptomatiques, par un examen gynécologique
riés à un groupe contrôle, ont été inclus, d’âge moyen 78 ans, complet. L’atteinte génitale survient au cours de PV extensifs par ailleurs, sans
présentant une lésion située sur la tête et le cou dans 81 % des être significativement associée à des sites topographiques particuliers. L’inter-
cas, principalement de type carcinome basocellulaire (83 %). prétation du frottis cervical peut se révéler délicate et en particulier la distinc-
tion entre une atteinte spécifique du PV et une dysplasie, ce qui impose de
Les actes se répartissaient de la façon suivante: exérèse/fer- répéter l’examen et d’associer une biopsie du col au moindre doute. G
meture directe (46 %), chirurgie de Mohs (27 %), greffe de peau
totale (7 %), lambeau (11 %) et cicatrisation dirigée (9 %) sans RÉFÉRENCE
différence significative entre les malades et les témoins. Le chi- 1 - Akhyani M, Chams-Davatchi C, Naraghi Z et al. Cervicovaginal involvement in pemphigus
rurgien savait que le malade était traité par warfarine, sans vulgaris : a clinical study of 77 cases. Br J Dermatol 2008 ; 158 : 478-82.
connaître l’INR qui était contrôlé immédiatement avant et
après l’acte chirurgical. Les saignements per et postopéra-
toire étaient évalués. Aucune différence significative n’était ob- La minocycline améliore les éruptions
servée entre les 2 groupes pour le saignement peropératoire.
En postopératoire, la première visite avait lieu au 5e jour. Aucu-
acné-like du cétuximab
ne complication hémorragique n’était observée dans 84 % des Le cétuximab est un inhibiteur du récepteur à l’epidermal growth factor (EGF)
cas du groupe AVK versus 89 % du groupe témoin (différence utilisé dans le traitement du cancer colorectal métastatique. L’apparition d’une
non significative). Aucune différence significative n’était obser- éruption papulopustuleuse acnéiforme de la face, du cuir chevelu et du tronc
vée non plus pour les saignements dits « légers » ne nécessitant est un effet secondaire extrêmement fréquent dont l’intensité (grade III) com-
qu’un changement du pansement. C’est, en revanche, unique- promet parfois l’observance du traitement. Cette éruption est maximale entre
ment au sein du groupe traité par AVK que 5 malades ont pré- la 2e et la 4e semaine, puis elle tend à se stabiliser, voire à diminuer avec la
senté un saignement postopératoire « sévère » (1 cas) ou « mo- poursuite du cétuximab. La prise en charge de ces éruptions n’a fait l’objet
déré » (4 cas). Les actes étaient trois lambeaux, une greffe de pour le moment que de la publication de cas isolés. Il s’agit donc de la pre-
peau totale et une cicatrisation dirigée. L’INR de ces 5 malades mière étude monocentrique prospective, en double aveugle contre placebo
se situait au moment de l’intervention entre 1,6 et 2,5. L’évolu- visant à étudier l’efficacité de la prise de minocycline, de l’application de
tion était, après avis médical ou infirmier, favorable dans tous tazarotène ou des 2 dans la prévention des éruptions acné-like induites par le
les cas. Enfin, l’incidence des infections, des désunions, des né- cetuximab. Au J1 du traitement par cétuximab et pour une durée de 8 semaines,
croses de lambeau ou de greffe n’était pas significativement dif- les malades étaient randomisés pour recevoir soit la minocycline soit le pla-
férente entre les 2 groupes. Cette étude prospective montre que cebo et pour appliquer le tazarotène sur une hémiface. Entre octobre 2005 et
les actes chirurgicaux effectués chez les malades traités par war- juillet 2006, 48 malades ont été inclus dont l’âge moyen était de 60 ans. 67 %
farine se compliquent plus souvent de saignement « modéré » d’entre eux étaient des hommes. 24 malades étaient randomisés dans le grou-
ou « sévère » en période postopératoire que chez les contrôles. pe minocycline, 24 dans le groupe placebo et, dans chacun des groupes,
Cependant, en raison d’un trop faible effectif, les auteurs ne peu- 12 appliquaient le tazarotène sur l’hémiface gauche et 12 à droite. Les évalua-
vent démontrer une corrélation entre ce risque hémorragique tions étaient faites aux semaines (S) 1, 2, 4 et 8. Les différences significatives
postopératoire et la valeur de l’INR, de part et d’autre de 3,5 en entre le groupe minocycline et le groupe placebo en termes de nombre de lé-
particulier. Néanmoins, il semble que ce risque dépende plus de sions, d’intensité du prurit et du rash étaient observées à S4, c’est-à-dire au
la nature complexe du geste chirurgical (lambeau ou greffe) que pic « physiologique » de l’éruption. À S8, il n’existait plus de différence significative
de l’importance de l’anticoagulation. Les auteurs concluent qu’il pour chacun des paramètres étudiés entre les 2 groupes. Les 4 malades ayant
existe plus de risque à arrêter la warfarine qu’à la poursuivre et interrompu le cétuximab pour une éruption grade III appartenaient au groupe
que tout malade sous AVK, quel que soit son INR, doit être in- placebo versus aucun dans le groupe minocycline. Le tazarotène, irritant, n’ap-
formé du risque hémorragique, faire l’objet d’une hémostase très portait aucun bénéfice clinique. Les auteurs concluent qu’un traitement par
méticuleuse et d’un suivi postopératoire rapproché. G minocycline orale est utile à la prévention des éruptions acné-like induites
par le cétuximab au cours du premier mois de traitement. G
RÉFÉRENCE
1 - Blasdale C, Lawrence CM. Perioperative international normalized ratio RÉFÉRENCE
level is a poor predictor of postoperative bleeding complications in dermato- 1 - Scope A, Agero ALC, Dusza SW et al. Randomized double-blind trial of prophylactic oral minocycli-
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