Vous êtes sur la page 1sur 5

Un nouveau produit de synthèse (NPS) ou nouvelle drogue de synthèse (NDS) est une

drogue synthétique apparue sur le marché des stupéfiants, et non encore inscrite
dans les traités internationaux ou dans les législations nationales.

Ces produits, qui portent officiellement le nom de nouvelles substances


psychoactives (ONU et Union Européenne)1, sont également connus sous de nombreuses
autres appellations, pour la plupart anglophones : « research chemicals (RC) »
(produits chimiques de recherche), « designer drugs » ou encore « legal highs »
(drogues légales), bien que ce dernier terme englobe également des produits
naturels tels que le kratom ou la sauge des devins. L'expression « nouveaux
produits de synthèse » est celle généralement préférée par les organismes officiels
tels que l'OFDT2, ainsi que par la presse3.

Au départ principalement proposés à la vente sur Internet, ils sont de plus en plus
fréquemment vendus par des « dealers » dans les lieux fréquentés par les usagers de
drogues. Les acheteurs n'ont pour la plupart aucun moyen d'être certains du contenu
réel ainsi que du degré de pureté de leurs achats, aussi soigneuse soit la
présentation.

Ces produits appelés à juste titre RC sont uniquement destinés à la recherche,


leurs mécanismes d'action ainsi que leurs effets à moyen et long terme sont
absolument non documentés. Quant à leurs effets à court terme, ils varient
grandement selon les produits, les consommateurs et les conditions
d'expérimentation.

Ils sont impliqués dans de nombreux cas d'overdoses ou de crises psychologiques («


Bad Trips ») et même dans plusieurs décès chaque année. En effet ces produits sont
souvent très puissants (actifs à de très petites doses, parfois quelques dizaines
de µg) ; le manque d'informations et de précautions élémentaires conduit parfois à
des interactions avec d'autres substances qui peuvent s'avérer extrêmement
dangereuses.

Sommaire
1 Histoire
2 Législation
3 Exemples
3.1 NPS hallucinogènes
3.2 NPS proches de certains médicaments utilisés pour traiter la narcolepsie et
l'hyperactivité
3.3 Lysergamides
3.4 NPS entactogènes et stimulants
3.5 NPS cannabinoïdes
3.6 NPS dissociatifs
3.7 NPS opioïdes
3.8 NPS benzodiazépines
4 Notes et références
5 Voir aussi
5.1 Articles connexes
5.2 Liens externes
Histoire
À la suite de la proclamation dans les années 1920 de la Convention internationale
de l'opium réglementant le commerce des opiacés, des analogues synthétiques de la
morphine et de l'héroïne font leur apparition, les toutes premières drogues de
synthèse, produites dans le seul but de contourner la loi4. Cette tendance
continuera dans les décennies suivantes avec l'apparition de drogues synthétiques
telles que le DOM ou les analogues de la MDMA5. Ce serait Gary L. Henderson, de
l'université de Californie à Davis, qui le premier fit usage de l'expression «
Designer Drugs » à l'époque, pour désigner certains analogues synthétiques du
fentanyl apparus sur le marché de l'héroïne sous le nom de « China White »6,7.

Mais ce sont surtout les années 1990, qui, à la suite de l'avènement du Web et la
publication des ouvrages TiHKAL et PiHKAL de Alexander Shulgin, donne naissance au
marché en ligne des drogues de synthèse, qui évolue au xxie siècle en un large
éventail de sites Web proposant à la vente des « Research Chemicals », au début
principalement des tryptamines et des phényléthylamines. Les années avançant, de
nouveaux produits apparaissent sur ce marché, notamment des pipérazines, des
analogues de la cathinone et du pyrovalérone, des cannabinoïdes synthétiques, et de
nombreux autres produits. Ces dernières années, les NPS sont de plus en plus
fréquemment vendus par des sites web sous des appellations inventées telles que «
bath salts » (sels de bain), « plant food », « cannabis synthétique », voire se
retrouvent sur le marché classique de la drogue où ils sont le plus souvent
faussement présentés comme étant un produit plus connu (comme de la MDMA ou de la
kétamine par exemple). Ces NDS sont fabriqués dans des laboratoires clandestins, ou
dans des laboratoires en Chine et en Inde8, ces deux pays à la réglementation plus
laxiste permettant la commercialisation légale des précurseurs des NDS (ces
précurseurs sont en effet les ingrédients de base pour la fabrication de
médicaments)9.

Législation
La législation actuelle est composée de traités internationaux et de législation
nationale. Lorsqu'une substance est interdite, elle l'est explicitement ; or, une
nouvelle molécule n'est pas encore répertoriée avant d'avoir été dûment identifiée.
Un certain nombre de ces substances qui imitent les effets de psychotropes mais
dont la composition moléculaire s'en distingue, « ne sont pas encore classées comme
« stupéfiants » et par voie de conséquence échappent à la législation sur les
stupéfiants, le temps pour les États ou les organisations internationales de les
recenser et de les interdire, d’où leur autre appellation trompeuse de « legal
highs ». Pour aller plus vite, certains États classent désormais en une seule fois
des familles entières de molécules similaires1 ».

En France, certains NPS tels que le benzylpipérazine, les analogues de la


cathinone, ou la 4-fluoroamphétamine sont interdits10,11, mais la plupart restent
inconnus des textes légaux puisque destinés à la recherche uniquement.

Exemples
Les NPS sont très nombreux et de nouveaux apparaissent chaque année12,13,14. La
majorité des NDS appartiennent à quatre familles chimiques, les phenylethylamines,
les tryptamines, les cathinones (utilisées notamment comme chemsexs injectés par
voie intraveineuse15)16 de synthèse et les cannabinoïdes de synthèse17. Quelques-
uns des plus connus sont :

NPS hallucinogènes
Imitant la DMT, les tryptamines (libérant les trois principales catécholamines) ou
imitant la mescaline, la famille des stimulants psychodysleptiques PEA
(phényléthylamines) et amphétamines substituées AMPEA (alpha-méthyl-phényl-éthyl-
amines).

2C-X (PEA)
3C-X ou DO-X (AMPEA)
25X-NBOMe ou 25X NBOH ou 25X NBOF (dérivés benzyl des 2C-X découverts très
récemment sous la supervision de David E. Nichols). Une multitude d'accidents avec
ces molécules sont à signaler.
Tryptamines hallucinogènes :

Tryptamines substituées sur l'azote (de la même façon que la N,N-


Diméthyltryptamine) et leurs dérivés substitués en 4e et 5e position sur le cercle
phényl de l'indole, structurellement plus proches de la psilocine ou de la
sérotonine (quasiment toutes décrites dans TiHKAL, Alexander & Ann Shulgin)
5-MeO-DMT
5-MeO-DiPT
4-HO-DMT
aMT (alpha-méthyltryptamine)
5-MeO-BFE
NPS proches de certains médicaments utilisés pour traiter la narcolepsie et
l'hyperactivité
Ce sont des analogues plus ou moins proches du méthylphénidate (Ritaline, Concerta,
etc.) :

éthylphénidate, ou EPH
3,4-CTMP (threo-3,4-dichloromethylphenidate)
2-DPMP (désoxypipradrol)
isopropylphénidate
Lysergamides
LSZ
AL-LAD
ALD-52
ETH-LAD
1P-LSD
NPS entactogènes et stimulants
Dérivés fluorés d'amphétamines et de méthamphétamines : 2-FA, 2-FMA, 4-FA ou 4-FMA.
Inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, noradrénaline et dopamine :
5-APB et 6-APB et leurs dérivés par exemple.
Dérivés de pipérazine : Mcpp, Alpha-PVP, 4-FMpp, 4Mepp, MDPV, BZP,
indapyrophénidone et autres
Dérivés de la cathinone comme la Méphédrone. Ces produits sont classés stupéfiants
en France.
Dérivés de cocaïne et d'alcaloïdes tropanes, peu apparus sur le marché (Attention :
certains produits vendus comme tels sont des mélanges de plusieurs autres « fond de
tiroirs »)
Méthiopropamine (MPA)
Méphtétramine (MTA)
Méthamnétamine (MNA)
Cyclo Méthiodrone (TCAT)
Phenmétrazine (3-FPM), MéthylPhenmétrazine (4MPM)
Dérivés d'aminoindane : 2-AI, N-Methyl-2AI
NPS cannabinoïdes
Il y en a de plus en plus, même si leurs effets sur la santé sont encore inconnus.
Ces produits ne bénéficient en aucun cas de la marge de sûreté associée au
cannabis, et de nombreux utilisateurs ont fait mention de troubles psychologiques
ou physiques après consommation. Des problèmes rénaux ont été identifiés comme
causés par l'UR-144 ou le 5-F-UR-144.

De plus les agonistes totaux ou partiels des récepteurs endocannabinoïdes CB1 sont
connus pour provoquer une immunodéficience réversible semblable à celle causée par
le VIH.

JWH-X et leurs analogues THJ-X


AM -X et leurs remplaçants NM- X ou MAM- X
CHMIACA, PINACA, FUBINACA.
2 NE 1
NPS dissociatifs
Certaines molécules, souvent structurellement proches du PCP, ont des effets dits «
dissociatifs » :

2-méO-kétamine (méthoxykétamine)
N-éthyl-Norkétamine (NEK)
3-méO-2-oxo-PCE (ou MXE, méthoxetamine)
4-méO-PCP (ou méthoxydine)
3-méO-PCP (ou "poudre nuage", "poussière de fée")
3-méO-PCE
diphénidine
2-méO-diphenidine (ou MXP, comme méthoxyphenidine)
éphénidine
Fluorolintane (2FPPP)
NPS opioïdes
Certains produits possèdent des propriétés permettant de les classer comme
opioïdes. Attention toutefois, la plupart d'entre eux ne se limitent pas à ces
propriétés et possèdent également d'autres affinités, sérotoninergiques par exemple
:

RH-34
W-15
O-desméthyl-tramadol
AH-7921 (doxylam)
des analogues du fentanyl : AlphaMéthylPhentanyl (Connu sous le nom meurtrier de
ChinaWhite, un des premiers NPS), 4F ButyrFentanyl…
NPS benzodiazépines
Des molécules de la famille des benzodiazépines sont également des NPS. Celles-ci
sont pour la plupart proches des benzodiazépines « classiques » (à effet
anxiolytique, hypnotique ou myorelaxant) et possèdent donc le même potentiel
d'abus, sans toutefois être approuvées pour la consommation et testées et donc sans
études relatives aux effets secondaires.

étizolam
deschloroétizolam
diclazépam
flubromazépam
flubromazolam
phénazépam
méclonazépam
clonazolam
nifoxipam
pyrazolam
Notes et références
Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Drogue
sur mesure » (voir la liste des auteurs).
« Les nouveaux produits de synthèse » [archive], sur drogues.gouv.fr, 10 août 2015.
« Tendances no 84 : Nouveaux produits de synthèse et Internet » [archive], sur
ofdt.fr
« Les nouveaux produits psychoactifs de synthèse (NPS) » [archive], sur lemonde.fr
(en) « Esters of Morphine. UNODC Bulletin on Narcotics, 1953; Issue 2:36-38 »
[archive], sur unodc.org
« Petit historique des NPS » [archive], sur pplh.fr
(en) « Designer Drugs » [archive], sur what-when-how.com
(en) « Future Synthetic Drugs of Abuse » [archive], sur erowid.org
Anne-Yvonne Le Dain, Laurent Marcangeli, Rapport d'information sur l'évaluation de
la lutte contre l'usage de substances illicites, Assemblée nationale, 2014, p. 62.
Victor Garcia et Geoffrey Bonnefoy, « Enquête sur les nouvelles drogues de synthèse
» [archive], sur lexpress.fr, 12 juillet 2018.
« Addendum au compte rendu de la Commission nationale des stupéfiants et des
psychotropes du 16 juin 2011 » [archive] [PDF], sur sante.fr
« NPS interdits en France » [archive], sur pplh.fr
(en) « Erowid's Big Chart Index » [archive], sur erowid.org
« Lucid State CMS (section « Chimique ») » [archive], sur lucid-state.org
« Les grandes familles de NPS » [archive], sur pplh.fr
Pratique appelée « slam » au sein des hommes ayant des rapports sexuels avec des
hommes.
« Chemsex, Cyberaddiction sexuelle et Addiction sexuelle » [archive], sur hopital-
marmottan.fr, 7 septembre 2018.
Anne-Yvonne Le Dain, Laurent Marcangeli, Rapport d'information sur l'évaluation de
la lutte contre l'usage de substances illicites, Assemblée nationale, 2014, p. 59.
Voir aussi
Articles connexes
Liste des nouveaux produits de synthèse
Liens externes
Psychonaut [archive]
Lucid-State [archive]
Psychoactif [archive]
Un Monde 100 Drogues [archive]
Pas Pour Les Humains [archive]
(en) Erowid [archive]
[masquer]
v · m
Drogues et addiction
Substances
AmphétaminesAlcoolBenzodiazépinesCaféineCannabinoïdesChanvreCocaïneDrogue
psychédéliqueHallucinogèneHéroïneLSDMDMAOpiacésOpiumPsychotrope (Classification des
psychotropes)StupéfiantSucreTabac
Conduites addictives
AddictionAccoutumanceAlcoolismeToxicomanieHéroïnomanieTabagismeDépendance aux
médicamentsDépendance au sucre
Dépendances comportementales
Jeu pathologiqueWorkaholismeAchat compulsifTroubles des conduites
alimentairesDépendance au jeu vidéoAddiction sexuelleDépendance à la
pornographieDépendance à la télévisionDépendance à InternetDépendance aux réseaux
sociauxDépendance au smartphoneDépendance au jeu de rôle en ligne massivement
multijoueurTrouble du contrôle des impulsions
Traitement Accompagnement des addictions
SevrageAbstinenceCure de désintoxicationPost-cureTraitement de substitution aux
opiacés MéthadoneBupropionRéduction des risquesRéduction des méfaitsCentre
d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de
droguesAddictions Drogues Alcool Info ServiceSevrage tabagiqueModèle transthéorique
de changementEntretien motivationnel
Thématique
Alcooliques anonymesNarcotiques anonymesProhibition des droguesLibéralisation des
droguesInjonction thérapeutiqueTest de dépistage de drogueSalle de consommation à
moindre risqueListes de chansons ayant trait aux stupéfiants

Vous aimerez peut-être aussi