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Proclamation de la République française du 4

septembre 1870
La proclamation de la République française du
4 septembre 1870 est la proclamation au peuple Proclamation de la République
français par laquelle la République est rétablie, française du 4 septembre 1870
fondant ainsi la Troisième République et
provoquant la déchéance de l'empereur
Napoléon III et la chute du Second Empire. Il s'agit
de la quatrième révolution française, après celles de
1789, 1830 et 1848.

Mises en déroute par l'armée prussienne, les


troupes françaises sont encerclées dans Sedan, où
l'empereur Napoléon III capitule le 2 septembre. La
Haut-relief en bronze de Léopold Morice, Monument à la
nouvelle de la défaite, reçue le lendemain à Paris, République, Place de la République, Paris, 1883.
provoque la stupeur. L'indécision du Conseil des
ministres, mené par l'impératrice régente, et du
Corps législatif, où le député orléaniste Adolphe
Thiers et les députés républicains appuient la Date
4 septembre 1870
solution d'un gouvernement d'union nationale
émanant de la représentation nationale élue, fait
naître un soulèvement populaire. Lieu
Paris, France
Dans l'après-midi du 4 septembre, le palais
Résultat
Bourbon, siège du Corps législatif, est envahi. Les Instauration de la
députés républicains Léon Gambetta et Jules Favre Troisième République,
annoncent la chute du régime et conduisent la foule
gouvernement de la
jusqu'à l'hôtel de ville de Paris, où la Troisième
Défense nationale
République est proclamée, pendant que
l'impératrice s'enfuit et quitte le palais des Tuileries.
Un gouvernement de la Défense nationale est Chronologie
nommé, sous la présidence du général Trochu, 2 septembre 1870 Capitulation de l'empereur
chargé de poursuivre la guerre contre la Prusse.
après la bataille de Sedan
La proclamation de la République n'entraîne pas 3 septembre 1870 Annonce de la défaite
pour autant la stabilité. Le gouvernement ne résiste 4 septembre 1870 Proclamation de la
pas au siège de Paris et à la signature de l'armistice République à l'hôtel de
en janvier 1871. Après l'insurrection de la ville
Commune de Paris et la victoire des monarchistes
aux élections législatives du 8 février 1871, le
nouveau régime apparaît fragilisé.
Événement fondateur, le 4 septembre est relativement effacé de la mémoire collective. Rarement célébré par
les gouvernements républicains, les livres d'histoire ne lui accordent le plus souvent qu'une petite place dans
l'abondante historiographie de la Troisième République, et peu de travaux lui sont entièrement consacrés.
Le 4 septembre 1870 se distingue des autres épisodes révolutionnaires par l'absence de victimes et de
barricades, au point que certains historiens refusent de le qualifier de révolution.

Contexte

Tensions avec la Prusse et déclaration de guerre

Le 8 mai 1870, le Second Empire apparaît plus renforcé que jamais. Les Français approuvent largement par
1, 2
plébiscite les réformes libérales entreprises par Napoléon III, avec plus de 7 millions de « oui » . Le
30 juin, Émile Ollivier déclare : « À aucune autre époque le maintien de la paix en Europe n'a été plus
2
assuré » . Pour autant, les tensions avec la Prusse sont ravivées quand le prince Léopold de Hohenzollern
3
se porte candidat le 21 juin 1870 au trône d'Espagne, vacant depuis deux ans . Connue à Paris le 5 juillet,
la candidature Hohenzollern produit son effet : ce dernier étant le cousin du roi de Prusse, Guillaume Ier, la
France ne peut accepter ce qui s'apparenterait à une situation d'encerclement proche de celle de l'époque de
Charles Quint. Le 6 juillet, depuis la tribune du Corps législatif, le ministre des Affaires étrangères Agénor
de Gramont lance un ultimatum à la Prusse. Les députés, et bientôt la presse et l'opinion publique,
4
approuvent sa position. La guerre paraît inévitable .

Le retrait de la candidature du prince Hohenzollern le 12 juillet 1870


n'apaise pas les tensions. Recueillant le soutien de l'impératrice Eugénie, les
députés bonapartistes ultras, opposés au régime libéral et à la paix que
défend Émile Ollivier, font pression pour que la France exige un
engagement écrit de renonciation définitive et des garanties sur l'avenir de
la part du roi de Prusse. Ce dernier confirme la renonciation de son cousin
5, 4
sans pour autant se soumettre à l'exigence française .

Pour le chancelier Bismarck, la perspective d'une guerre contre la France


semble le meilleur moyen de parachever l'unification allemande. Il agit par
ruse et fait transcrire dans la dépêche d'Ems une version dédaigneuse de la
réponse polie qu'avait faite le roi Guillaume Ier. Celle-ci est alors perçue
4, 6
comme une insulte par l'opinion publique française qui s'enflamme .
Adolphe Thiers, à la tribune,
exprime son refus de la
Napoléon III et Émile Ollivier, bien que tous deux favorables à la paix et à
guerre contre la Prusse.
l'organisation d'un congrès pour régler le différend franco-prussien, se
5
laissent entraîner vers la guerre .
6
Rares sont les voix discordantes . À la tribune du Corps législatif, le député orléaniste Adolphe Thiers
reproche au gouvernement de « rompre sur une question de susceptibilité » alors qu'il a obtenu satisfaction
sur le fond, mais il est sans cesse interrompu dans son discours par les huées et les insultes, tout comme le
républicain Léon Gambetta qui condamne le refus du gouvernement de produire les documents qui
4
prouveraient qu'il dit vrai quand il affirme que le pays a été outragé . Les crédits militaires sont finalement
4
votés et la déclaration de guerre est remise à la Prusse le 19 juillet .

Défaite de Sedan et capture de Napoléon III


Moins préparée que l'armée prussienne et inférieure en nombre,
7
l'armée française connaît une véritable déroute . Le 3 août, le chef
du Grand-État Major Général prussien Helmuth von Moltke donne
l'ordre à ses troupes de franchir la frontière. Les Français, battus six
8
jours plus tard à Frœschwiller-Wœrth, doivent se replier . La
nouvelle de cette défaite est reçue à Paris avec stupeur et colère. Le
9 août, une foule menaçante se presse devant le Corps législatif,
mais la majorité des républicains, qui croient encore au sursaut
militaire, refusent une révolution qui s'apparenterait à une trahison
de l'armée et romprait l'unité nationale. La défaite est imputée à
8
Émile Ollivier qui est contraint de remettre sa démission .

Les députés rejettent la proposition du républicain Jules Favre de


nommer un comité de quinze membres dans une sorte de
gouvernement d'union chargé de repousser l'invasion. L'impératrice Napoléon III lors de la bataille de
Eugénie, qui assure la régence, nomme le bonapartiste autoritaire Sedan par le peintre allemand
Charles Cousin-Montauban, comte de Palikao, à la tête du Wilhelm Camphausen.
8
gouvernement . En province également les premières défaites
françaises provoquent des réactions de surprise, de déception voire
9
de colère . Des groupuscules d'extrême gauche tentent de profiter de la situation et des agressions sont
dirigées contre des hôtels de ville, des séminaires ou des maisons de jésuites. Des incidents sont ainsi
9
rapportés à Marseille, Toulon, Montpellier, Nîmes, Mâcon, Beaune, Limoges, Bordeaux et Périgueux ,
tandis qu'à Lyon, des groupes envisagent de rompre avec l'Empire et d'organiser l'autonomie
10, 9
municipale . Dans leur grande majorité, les Français maintiennent pourtant leur confiance en
9
l'empereur .

Le maréchal Bazaine, commandant en chef de l'armée du Rhin, est encerclé dans Metz le 19 août avec la
moitié des troupes françaises. L'empereur songe à se replier sur Paris mais, sous la pression de l'impératrice
6
et du ministre de la Guerre qui redoutent qu'une telle décision provoque un soulèvement populaire ,
Napoléon III marche au secours de Bazaine avec l'armée de Châlons commandée par le maréchal Mac
8, 11
Mahon . Ses troupes sont elles-mêmes encerclées dans Sedan. Les tentatives de sortie échouent et
8
l'empereur capitule le 2 septembre .

Déroulement (3-5 septembre 1870)

De l'après-midi du 3 septembre à la nuit du 4 septembre

Annonce de la défaite à l'impératrice et réunion des ministres

Dans l'après-midi du 3 septembre 1870, le ministre de l'Intérieur


Henri Chevreau se rend auprès de l'impératrice au palais des
Tuileries pour l'informer des nombreux télégrammes de maires et de
sous-préfets qui lui signalent des passages de soldats français en
déroute dans plusieurs localités du Nord et de l'Est de la France.
Dans les galeries du palais, il rencontre le directeur des
Télégraphes, porteur d'une dépêche dans laquelle Napoléon III
annonce à sa femme sa capture et la défaite de Sedan. Henri
Le palais des Tuileries dans les Chevreau porte la dépêche à l'impératrice qui décide de convoquer
12
années 1860. aussitôt un Conseil des ministres .
Réunis autour de l'impératrice à partir de 18 h, les ministres prennent la
13
mesure du désastre mais aucune décision n'est arrêtée concernant la
14
conduite à tenir . L'installation de l'impératrice et d'une délégation
gouvernementale dans une ville de province est évoquée mais l'idée n'est
pas retenue, par crainte que la population parisienne y voit une trahison au
14
moment où l'armée prussienne marche sur la capitale . De même, le
président du Corps législatif Eugène Schneider, que sa fonction autorise à
participer au Conseil avec voix consultative, profite d'une suspension de
séance pour soumettre à Eugénie l'idée du transfert du pouvoir exécutif à
une commission élue par les députés, ce qui permettrait selon lui d'éviter
une révolution et de contenter la population par le retrait des responsables
14
de la défaite. L'impératrice refuse également cette proposition .
L'ensemble des ministres, appuyés par Eugène Schneider, s'accordent pour
ne pas convoquer le Corps législatif avant le lendemain à midi, soit après
un nouveau Conseil des ministres fixé à 8 h du matin. Une proclamation
aux Parisiens annonçant la défaite et rédigée à la hâte par le ministre de
14 Eugène Schneider, président
l'Agriculture et du Commerce Clément Duvernois est également adoptée .
du Corps législatif.
L'essayiste Pierre Cornut-Gentille explique
l'indécision de l'impératrice par le fait
qu'elle ne peut alors rien décider avant de connaître les intentions du
général Trochu, gouverneur militaire de Paris, qui refuse pourtant de la
rencontrer le soir-même malgré l'insistance du ministre de l'Intérieur Henri
Chevreau. Pour de nombreux bonapartistes, ce refus est une preuve de
trahison du gouverneur. Ils l'accusent d'avoir pactisé depuis longtemps avec
les républicains pour abattre le régime, mais l'attitude de Trochu résulte plus
certainement, selon Pierre Cornut-Gentille, de la défiance que l'impératrice
et le ministre de la Guerre n'ont eu de cesse de manifester à son égard
14
depuis sa nomination . Le général Trochu et ses collaborateurs travaillent
une partie de la soirée et de la nuit sur les mesures à prendre pour accélérer
15
les travaux des ouvrages défensifs de la capitale .

Le général Trochu, Réunion entre Adolphe Thiers et des députés républicains


gouverneur militaire de
Paris. La nouvelle de la défaite française
est portée au palais Bourbon, où
siège le Corps législatif, au moment
même où l'impératrice reçoit le télégramme de Napoléon III. De
nombreux députés se pressent autour d'Adolphe Thiers : pourtant
critiqué pour son engagement pacifiste quelques semaines plus tôt,
16
il apparaît alors pour beaucoup comme l'homme providentiel . Un
groupe de députés républicains, composé de Jules Favre, Louis-
Antoine Garnier-Pagès, Léon Gambetta, Jules Ferry et Joseph Le palais Bourbon sous le Second
Magnin, l'entraîne à l'écart pour lui exposer son projet : il s'agit de Empire.
confier à Thiers la tête d'un « comité de défense nationale
provisoire » qui rassemblerait des députés des différentes familles
politiques à l'exception des bonapartistes. Selon eux, après la capitulation déshonorante, la régente et le
gouvernement n'ont d'autre choix que de quitter le pouvoir et seule une personnalité comme Thiers est
16
susceptible de faire l'union sur son nom . Pour Adolphe Thiers, il n'y a pas d'autre issue qu'une paix
défavorable à signer avec la Prusse : bien que d'accord avec l'idée d'un gouvernement élargi qui
provoquerait la déchéance de l'empereur, il refuse d'en faire partie car il ne veut pas endosser les
conséquences d'une guerre qu'il a tout fait pour prévenir. Ce faisant, Thiers insiste pour que ni lui ni les
17
républicains n'assument de responsabilité .

Jules Favre avance alors l'idée d'un triumvirat composé du président du


Corps législatif Eugène Schneider, du ministre de la Guerre Charles
Cousin-Montauban et du gouverneur de Paris le général Trochu. Avant de
se séparer, Adolphe Thiers et les cinq républicains promettent de se revoir
17
après que chacun ait sondé ses partisans sur la question .

Rassemblements populaires et embarras des républicains

À la nuit tombante, des rassemblements spontanés se forment dans les rues


et les boulevards parisiens. Une foule nombreuse prend part à une
manifestation depuis la place de la Bastille, finalement dispersée sans heurts
Le ministre de la Guerre à hauteur de la rue Montmartre par des sergents de ville. La colère des
Charles Cousin-Montauban, Parisiens s'exprime d'abord à l'encontre de Napoléon III, accusé de lâcheté
comte de Palikao. et de traitrise. En début de soirée, la foule se presse sur la place et le pont de
la Concorde, dans l'espoir que le Corps législatif se réunisse pour
18
prononcer la déchéance de l'Empereur .

Au sein du palais Bourbon, où règne une grande effervescence, les députés


républicains sont dans une situation inconfortable. Les plus nombreux
rejettent la présence du ministre de la Guerre dans le futur gouvernement
car ils le jugent responsable du désastre. Son maintien aux responsabilités
18
pourrait entraîner une insurrection, ce qu'ils souhaitent encore éviter .
Contrairement aux républicains révolutionnaires qui ne siègent pas à
l'Assemblée, les républicains modérés du Corps législatif défendent depuis
des années leur volonté d'être portés au pouvoir démocratiquement. Par
conséquent, cautionner une émeute révolutionnaire reviendrait à renier ce
18
principe . Par ailleurs conscients de l'urgence de promouvoir un nouveau
gouvernement, les républicains refusent d'en prendre seuls la responsabilité
pour ne pas s'exposer à l'humiliation de la défaite, ce que reconnaît
quelques années plus tard le député Jules Simon : « Nous ne voulions pas
19, 20 Le député Jules Simon.
que la République héritât des malheurs du pays » .

Ils avancent alors l'idée d'un gouvernement d'union mandaté par le Corps
législatif, en intégrant cette fois les bonapartistes. L'orléaniste Adolphe Thiers serait la personnalité
dominante de ce gouvernement composé de neuf membres, dont quatre députés républicains et quatre
21
députés de la majorité bonapartiste . Les rapports soulignant la détermination de plusieurs groupes massés
autour du palais Bourbon, la nécessité apparaît de réunir le Corps législatif en assemblée pendant la nuit
pour annoncer le transfert du pouvoir exécutif dès le lever du jour aux Parisiens. Cependant qu'une partie
des députés se charge d'obtenir du président Eugène Schneider qu'il convoque immédiatement la séance,
21
Léon Gambetta tente de rassurer la foule rassemblée aux grilles du palais Bourbon .

Séance de nuit du Corps législatif

En fin de soirée du 3 septembre, une délégation de 36 députés conduite par Émile de Kératry, officier de
cavalerie orléaniste rallié aux républicains, et par Ernest Dréolle, bonapartiste autoritaire, vient donc exiger
du président Eugène Schneider, qui dîne dans ses appartements de l'hôtel de Lassay, qu'il convoque sans
tarder le Corps législatif. Schneider, « écartelé entre sa fidélité au couple
impérial et ses convictions », finit par céder et annonce la convocation
22
d'une séance à minuit .

Vers 23 h, le comte de Palikao, ministre de la Guerre, arrive à son tour à


l'hôtel de Lassay, furieux. Comme d'autres ministres qui le rejoignent, il
reproche à Schneider la tenue de cette séance alors qu'aucune décision n'a
été prise en ce sens en Conseil des ministres, d'autant plus que, selon lui,
22
aucune initiative ne peut être prise sans l'aval de l'impératrice Eugénie .
Eugène Schneider multiplie cependant les consultations pour tenter
d'arriver à compromis. Le député républicain Antoine-Léonce Guyot-
Le député Émile de Kératry. Montpayroux lui déclare : « Si cette nuit vous arrivez à une solution, si le
Journal officiel de demain matin contient une proclamation et des
résolutions de nature à arrêter l'émotion publique […] s'il y a une résolution
qui place le pouvoir entre les mains du Corps législatif, je suis convaincu que le général Trochu se mettra à
la disposition de l'Assemblée, et alors vous n'aurez pas de révolution dans la rue. Si au contraire, Paris se
22
réveille demain sans que rien de sérieux ait été résolu, vous aurez une révolution » . Après l'intervention
des députés Ernest Dréolle et Pierre Calvet-Rognat, Palikao accepte finalement de se rendre dans
22
l'hémicycle et d'assister à la séance qui s'ouvre à 1 h du matin, le 4 septembre 1870 .

Le ministre de la Guerre prend le premier la parole. Après avoir reconnu


que les ministres n'ont pas encore délibéré sur les décisions à prendre, il
réclame un report de la séance le jour même à midi. Le républicain Jules
Favre qui lui succède à la tribune assure qu'il ne s'oppose pas au report,
23
mais il expose, au nom de tous les républicains , une motion de trois
articles, signée par 27 députés et qu'il entend soumettre au vote dès la
24, 25
prochaine séance :

« Louis-Napoléon Bonaparte et sa dynastie sont déclarés déchus


du pouvoir. Il sera nommé par le Corps législatif une commission
[…] investie de tous les pouvoirs du gouvernement et qui aura
pour mission expresse de résister à outrance à l'invasion et de
chasser l'ennemi du territoire. […] Le général Trochu est
maintenu comme gouverneur général de Paris. »

La séance est levée à 1 h 20, cependant, chacun comprend alors que,


Le député Jules Favre.
devant l'inertie du gouvernement, il devient très probable que la majorité se
résigne dans les heures qui viennent à transférer le pouvoir exécutif de la
régente à un gouvernement choisi par l'Assemblée : « Il fallait laisser à Thiers et aux bonapartistes libéraux
le temps de mettre au point une motion acceptable par la majorité », comme l'affirme Pierre Cornut-
24
Gentille .

Journée du 4 septembre

Réunion du Conseil des ministres

Le Conseil des ministres prévu à 8 h est finalement retardé par les visites à l'impératrice du général Trochu
puis de Ferdinand de Lesseps, cousin éloigné d'Eugénie qui, après avoir consulté son ami Émile de
26, 27
Girardin, tente de la convaincre d'opter pour un retrait provisoire, ce qu'elle refuse .
Au Conseil, le ministre de l'Agriculture et du Commerce Clément
Duvernois propose en premier lieu d'utiliser la force en déclarant l'état de
siège pour arrêter les chefs républicains et éteindre ainsi toute tentative de
révolution. Cette proposition est rejetée par l'impératrice qui récuse tout
28
recours à la violence . Eugène Schneider défend alors la proposition de
Louis Buffet, ancien ministre des Finances, auteur d'un texte rédigé
pendant la nuit avec le soutien d'autres députés en vue d'assurer le transfert
du pouvoir exécutif dans les mains d'une commission élue par l'Assemblée.
Malgré le soutien du ministre Jules Brame, la proposition n'est pas retenue.
Elle est toutefois reprise en partie : les ministres retiennent l'idée d'un
conseil de régence élu par l'Assemblée, auquel s'ajouterait la désignation
d'un lieutenant général du conseil en la personne du comte Palikao et dans
Clément Duvernois, ministre 28
lequel l'impératrice conserverait sa place .
de l'Agriculture et du
Commerce. Cette proposition est à son tour rejetée par les députés qui accueillent le
ministre de la Guerre peu avant midi au palais Bourbon. Il est alors décidé
qu'un groupe de six députés conduit par Louis Buffet et Napoléon Daru se
rende aussitôt au palais des Tuileries pour tenter d'infléchir la position de l'impératrice. Cette dernière se
montre d'abord inflexible, mais devant l'insistance des députés qui affirment que l'adoption d'un tel texte
provoquerait l'insurrection, elle se résout à se retirer si le ministre Palikao approuve à son tour cette
28
décision .

Nouvelle séance du Corps législatif

Au matin du 4 septembre, les Parisiens découvrent la déclaration du


Conseil des ministres placardée pendant la nuit sur les murs des bâtiments
29
publics . Les journaux ayant exhorté la foule à venir nombreuse devant
l'Assemblée pour exiger la déchéance de l'Empereur, le flux des
manifestants ne cesse d'augmenter au cours de la matinée. Pour autant, la
foule n'est pas agressive et manifeste dans un « climat euphorique et
30
gentiment frondeur » . Un service d'ordre de grande ampleur est détaché
en vue d'assurer la sécurité des députés ; c'est en effet quelque
5 000 hommes (sergents de ville et inspecteurs de police, gendarmes à pied
et à cheval, soldats de la garnison) qui sont massés à proximité de l'édifice
25
par le chef du gouvernement, Charles Cousin-Montauban .

À 13 h 15, le président Schneider ouvre la séance du Corps législatif.


Louis Martel, rapporteur de
Cousin-Montauban et le député Adolphe Thiers montent à leur tour à la
la commission chargée
tribune pour présenter leurs propositions. Ils s'accordent tous les deux sur la
d'examiner les motions
création d'un gouvernement nommé par la Chambre, mais le premier
déposées.
réaffirme sa volonté d'être nommé lieutenant général de ce conseil tandis
que le second veut ouvrir la porte à un changement de régime institutionnel
en évoquant la tenue d'une assemblée constituante dès que les circonstances
le permettront. De son côté, Jules Favre maintient la proposition de déchéance de l'Empereur déposée lors
31
de la séance de nuit .

L'urgence est déclarée et les trois propositions sont aussitôt renvoyées à l'examen d'une commission
chargée de rédiger un texte susceptible de recueillir une large majorité. Cette commission approuve à
l'unanimité le texte de Thiers, en le modifiant légèrement, et désigne Louis Martel pour en être le
rapporteur : « Vu les circonstances, la Chambre élit une commission composée de cinq membres choisis par
le Corps législatif. Cette commission nommera les ministres. Dès que les circonstances le permettront, la
nation sera appelée à élire une Assemblée constituante qui se prononcera sur la forme du gouvernement ».
Cependant, alors qu'ils s'apprêtent à rejoindre l'hémicycle, les membres de la commission apprennent que le
31
palais est envahi et qu'aucune séance ne peut plus s'y tenir .

Envahissement du palais Bourbon

La présence de manifestants aux abords du palais Bourbon inverse


le rapport de forces et montre au gouvernement comme aux députés
bonapartistes les plus fidèles au régime la détermination du
32
peuple . Si la plupart des Parisiens qui se pressent devant le palais
agissent par inquiétude ou par curiosité quant à la suite des
événements, des blanquistes et d'autres révolutionnaires se mêlent à
la foule dans l'espoir de précipiter la chute de l'Empire et de réaliser
23
La foule devant le Corps législatif au enfin la démocratie populaire et égalitaire qui a échoué en 1848 .
matin du 4 septembre 1870, peinture
de Jacques Guiaud et Jules Didier. À l'ouverture de la séance du Corps législatif, les tribunes du public
sont pleines. Les républicains ont fait en sorte de réunir nombre de
leurs amis, parmi lesquels figurent d'anciens députés
révolutionnaires de la Deuxième République comme Jules Miot et Étienne Arago qui poussent à
32
l'insurrection . À l'extérieur du bâtiment, l'agitation de la foule augmente et le général de Caussade, chargé
de commander les opérations de maintien de l'ordre, ne se montre pas à la hauteur de la tâche qui lui est
confiée. Décrit comme un « militaire honorable, mais vieux, alourdi, malade, sans autorité comme sans
vigueur », il est rapidement débordé. Une fois les grilles ouvertes, il devient impossible d'endiguer le flot
des manifestants qui envahit les jardins et les couloirs du palais. Plusieurs gardes nationaux et des activistes
32
investissent les tribunes pendant la suspension de séance, déterminés à empêcher la reprise des débats .

Des députés républicains, dont Léon Gambetta, tentent en vain de


convaincre la foule de laisser l'Assemblée délibérer sans
33
contrainte , évoquant à demi-mot que celle-ci s'apprête à voter la
32
déchéance de l'empereur . Vers 15 h, alors que la tension est
retombée d'un cran et que les députés attendent le retour de la
commission Martel, un bruit énorme retentit : la porte située en face
de la tribune présidentielle explose, de nombreux manifestants
s'engouffrent et investissent les bancs des députés. Sous la
protection de Joseph Magnin et de quelques gardes nationaux, le
président Schneider est évacué. Léon Gambetta, qui ne veut pas
que la situation lui échappe définitivement, monte à la tribune et
déclare : « Citoyens, attendu que tout le temps nécessaire a été
donné à la représentation nationale pour prononcer la déchéance ;
attendu que nous sommes et que nous constituons le pouvoir
régulier issu du suffrage universel libre, nous déclarons que Louis- Le député républicain Léon
Napoléon Bonaparte et sa dynastie ont à jamais cessé de régner sur Gambetta.
32
la France » .

Cette déclaration, contraire à la position qu'il défendait quelques minutes plus tôt, apparaît comme le seul
moyen de canaliser la foule et d'endiguer l'insurrection. À son tour, Jules Favre exhorte les manifestants à
ne pas provoquer la guerre civile. Gambetta et lui affirment que ce n'est pas au palais Bourbon qu'il faut
25, 32
proclamer la République mais à l'hôtel de ville .

Fuite de l'impératrice
Pendant la durée des événements au palais Bourbon, l'impératrice régente
déjeune entourée d'un groupe de fidèles au palais des Tuileries, où aucune
dépêche ne parvient. L'un des convives, Ferdinand de Lesseps, se rend
directement auprès du Corps législatif pour s'enquérir de la situation, tandis
que le chambellan Joseph de Lezay-Marnésia est chargé de ramener le
34
préfet de police de Paris Joseph Marie Pietri .

Le ministre de l'Intérieur Henri Chevreau arrive aux Tuileries porteur d'une


série de mauvaises nouvelles pour l'impératrice. Une dépêche qu'il vient de
recevoir lui indique que la République a été proclamée le matin même à
Lyon, où le drapeau rouge a été hissé sur l'hôtel de ville. Par ailleurs, il
relate le début de l'invasion du palais Bourbon, tout en indiquant à
l'impératrice le ralliement de nombreux députés bonapartistes à la motion
L'impératrice quittant le
d'Adolphe Thiers. Arrivé à son tour aux Tuileries, le préfet Pietri constate
palais des Tuileries, sur un
que la foule commence à se presser aux grilles du palais et que, sans faire
tableau d'André Castaigne.
usage des armes, il serait impossible d'en empêcher l'invasion. L'impératrice
34
Eugénie, résignée, consent à fuir le palais .

Son exfiltration est organisée à la hâte. Alors qu'une sortie par les Tuileries ou les quais de Seine, au milieu
de la foule, est impossible, Eugénie est conduite à travers la Grande Galerie du Louvre par Charles Étienne
Conti, chef du cabinet de l'empereur, Costantino Nigra, ambassadeur d'Italie, et Richard Klemens von
Metternich, ambassadeur d'Autriche, puis jusqu'à la place Saint-Germain-l'Auxerrois par ces deux derniers.
Accompagnée de sa lectrice, Adélaïde Lebreton, elle monte à bord d'un fiacre et se réfugie finalement chez
35
un proche de la famille impériale, le docteur Thomas W. Evans . C'est lui qui, le 5 septembre au matin,
organise la fuite de l'impératrice. Eugénie voyage sous la fausse identité d'une femme malade que son frère,
son infirmière et son médecin emmènent en Angleterre pour se faire soigner. Le petit groupe arrive à
34
Deauville le 7 septembre avant d'embarquer le lendemain sur un yacht anglais dans le port de Trouville .

Proclamation de la République à l'hôtel de ville

Les manifestants qui se dirigent du palais Bourbon vers l'hôtel de ville se


scindent en deux cortèges ; l'un conduit par Jules Ferry et Jules Favre, à
pied, sur la rive droite, l'autre dans le sillage de Léon Gambetta qui se
déplace en calèche ouverte sur les quais de la rive gauche. Tous se
36
rejoignent devant l'hôtel de ville à 15 h 55 .

La foule se presse à l'intérieur du bâtiment dans une grande effervescence


mais sans violence. Certains meneurs révolutionnaires, guidés par Jean-
Baptiste Millière, dressent une liste de ministres qu'ils font circuler et
acclamer par la foule, mais pour les députés républicains il n'est pas
question de laisser s'installer un gouvernement dominé par les
37
extrémistes . Dressé sur une banquette, Jules Favre fait acclamer la
république et reprend le contrôle de la situation. Les députés républicains, Léon Gambetta proclamant
réunis dans une petite salle dont les fenêtres donnent sur la place, prennent la République à l'hôtel de
ville de Paris, le
une série de décisions dans l'urgence. Étienne Arago, qui jouit d'une grande
4 septembre 1870.
popularité, est nommé maire de Paris. Le député Ernest Picard rédige sous
le contrôle de ses collègues une proclamation qui est aussitôt remise à
Antoine-Léonce Guyot-Montpayroux en vue de la faire imprimer et
37
placarder au plus vite :
« Français !
Le Peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé
la République.
Il a mis ses représentants non au pouvoir, mais au péril.
La République a vaincu l'invasion en 1792, la République est proclamée.
La Révolution est faite au nom du droit, du salut public.
Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée ; demain vous serez, avec l'armée, les
vengeurs de la Patrie !
Hôtel de ville de Paris, le 4 septembre 1870.
Signé : Emmanuel Arago, Crémieux, Dorian, Jules Favre, Jules Ferry, Guyot-
Montpayroux, Léon Gambetta, Garnier-Pagès, Magnin, Ordinaire, Tachard, Pelletan, E.
Picard, Jules Simon. »

Il est alors décidé que le nouveau gouvernement soit composé de tous les
38
députés élus à Paris, en vue d'assurer sa légitimité . Cette proposition
présente un grand avantage pour les chefs républicains : la plupart d'entre
eux (Jules Favre, Jules Ferry, Adolphe Crémieux, Louis-Antoine Garnier-
Pagès, Emmanuel Arago) sont députés de Paris depuis 1869, tandis que
Léon Gambetta, Ernest Picard et Jules Simon ont été élus par les Parisiens
avant d'opter pour une circonscription en province conformément à la loi
38
autorisant les candidatures multiples . La présence du polémiste
révolutionnaire Henri Rochefort, lui aussi élu député de Paris l'année
précédente à l'occasion de l'élection partielle consécutive à l'option de
Gambetta pour les Bouches-du-Rhône et qui n'a cessé d'attaquer
Henri Rochefort, peint par
violemment les chefs républicains dans ses articles, n'est pas un frein à cette
Giovanni Boldini en 1882.
proposition, dans la mesure où les républicains modérés y voit un moyen de
neutraliser l'extrême gauche en l'intégrant au gouvernement. Rochefort, qui
vient juste d'être libéré par des militants de la prison Sainte-Pélagie où il
était incarcéré depuis quelques mois, est porté par ses soutiens jusqu'à l'hôtel de ville où il se présente ceint
33, 38
d'une écharpe rouge. Un temps hésitant, il finit par accepter une place dans le gouvernement .

Les députés Alexandre Glais-Bizoin et Daniel Wilson sont envoyés au Louvre pour convaincre le général
Trochu de prendre le ministère de la Guerre, un poste où, selon les chefs républicains, il est nécessaire de
placer un militaire à la fois populaire et respecté de l'armée. Ce dernier accepte à condition de prendre la
tête du gouvernement, en raison de la situation militaire dramatique dans lequel se trouve la France
39
envahie .

Les décisions se succèdent : Émile de Kératry est nommé préfet de police de Paris et François-Frédéric
Steenackers à la direction des Télégraphes. La proclamation de la République, portée par Antoine-Léonce
Guyot-Montpayroux à l'Imprimerie nationale, où tous les ouvriers sont absents car membres de la
manifestation, est finalement imprimée dans les locaux du journal La Liberté. Elle est également
39
télégraphiée dans toutes les régions françaises .

Disparition du Corps législatif et du Sénat

Pendant que la République est proclamée à l'hôtel de ville, les députés restés au palais Bourbon décident de
tenir séance. L'hémicycle étant encore occupé par des insurgés, un peu plus de 200 députés se réunissent
dans la grande salle à manger de l'hôtel de Lassay, la résidence du président Schneider. Ce dernier, meurtri
par les violences qu'il a subies lors de son évacuation du palais, fait savoir qu'il reste alité. La séance est
donc présidée par l'un des vice-présidents de l'Assemblée, le député vendéen Alfred Le Roux. Le
républicain Louis-Antoine Garnier-Pagès exhorte les députés à se rallier au gouvernement provisoire qui
doit se constituer au moment même à l'hôtel de ville, ce qui entraîne de vives protestations. Dans le même
temps, l'Assemblée apprend la fuite de l'impératrice Eugénie. Après lecture du rapport de la commission
Martel, la motion d'Adolphe Thiers, qui prévoit l'élection d'une commission de défense nationale de cinq
membres avant la réunion d'une assemblée constituante, est adoptée à la quasi-unanimité. Le député
bonapartiste Ernest Dréolle suggère alors l'envoi d'une délégation à l'hôtel de ville pour connaître l'avis des
40
républicains .

La délégation, conduite par Jules Grévy et Louis-Antoine Garnier-Pagès, est reçue par Jules Favre, alors
que plusieurs membres du nouveau gouvernement ont déjà rejoint des ministères pour s'assurer qu'ils
pourraient en prendre possession une fois tous les portefeuilles répartis. Adolphe Crémieux s'est d'ailleurs
rendu au ministère de la Justice pour y rédiger l'acte de dissolution du Corps législatif, ce que Favre se
41
garde bien d'annoncer aux membres de la délégation . De fait, la tentative de conciliation est sans
42
espoir . Il leur indique qu'à son tour, une délégation du gouvernement se rendra au palais Bourbon vers
20 h pour faire connaître sa réponse. Garnier-Pagès, élu parisien, apprend à cette occasion qu'il est lui aussi
41
nommé ministre, et se détache des autres députés .

Pendant ce temps, plusieurs députés s'étaient dispersés dans les rues de Paris : l'allégresse de la foule
augmentant à mesure que la rumeur de la proclamation de la République se répand, certains comprennent
43
qu'il est trop tard pour exercer une quelconque influence sur le cours des choses .

À l'heure convenue, Jules Favre et Jules Simon rencontrent Adolphe Thiers à l'hôtel de Lassay. Ce dernier,
en tant que député de Paris, peut lui aussi prétendre à une place au sein du gouvernement, ce qu'il refuse. Il
est désigné pour présider la séance, au cours de laquelle Favre, après avoir salué la démarche de
l'Assemblée, déclare que la formation du gouvernement est un fait accompli, dans le devoir de protéger le
pays. Il sollicite alors la ratification de ce nouveau gouvernement, tout en précisant qu'un refus n'y
changerait rien. Thiers acquiesce, et estime du devoir de tous les députés « de faire des vœux ardents » pour
le succès du nouveau gouvernement. Malgré la plainte de quelques députés, Thiers conclut les débats en
déclarant : « Je proteste contre la violence que nous avons subie aujourd'hui. Mais en présence de l'ennemi
qui sera bientôt devant Paris, je crois que nous n'avons qu'une chose à faire : nous retirer avec dignité ». La
43
séance est levée à 22 h, actant la disparition du Corps législatif .

De son côté, le Sénat « avait cessé d'exister dans l'indifférence générale au milieu de l'après-midi », selon
l'expression de Pierre Cornut-Gentille. Son président, Eugène Rouher, avait convoqué les sénateurs pour
qu'ils ne restent pas étrangers aux évènements qui devaient se dérouler. Après avoir appris l'envahissement
du palais Bourbon, les sénateurs craignent d'y être confrontés à leur tour, mais le président Rouher leur
demande de se rendre à l'évidence : « Aucune force ne nous menace ». Pour Pierre Cornut-Gentille, « il y
avait là quelque chose d'humiliant, de presque déshonorant. C'était comme si le Sénat n'avait jamais existé.
Chacun avait conscience de la vanité de ce débat sans enjeux ». Sur la proposition du sénateur Pierre Jules
44
Baroche, la séance est levée dès 15 h 30 .

Nuit du 4 au 5 septembre : formation du nouveau gouvernement

Les membres du nouveau gouvernement se réunissent pour la première fois en Conseil à 22 h 30, sous la
présidence du général Trochu, dans l'ancien bureau du préfet de la Seine à l'hôtel de ville, avec pour
mission de se répartir les ministères. Ernest Picard revendique l'Intérieur, un poste pour lequel Léon
Gambetta s'est autoproclamé dans la soirée en signant déjà plusieurs décrets. Picard se saisit de ce différend
pour demander un vote à bulletin secret, qui confirme Gambetta pour une voix. Il envisage donc de se
45
retirer, mais sous la pression des autres ministres, il accepte finalement le ministère des Finances .

Les autres nominations ne souffrent d'aucune contestation : Jules Favre est placé aux Affaires étrangères
avec le titre de vice-président du Conseil, Adolphe Crémieux à la Justice, Jules Simon à l'Instruction
publique. Jules Ferry est nommé secrétaire du gouvernement mais sans attribution ministérielle dans la
mesure où lui sont confiées les tâches auparavant attribuées au préfet de la Seine. Le général Trochu
cumulant déjà la présidence du Conseil avec ses fonctions de
gouverneur militaire de Paris, il choisit de placer au ministère de la
Guerre le général Le Flô qui, bien que non républicain, s'était
opposé au coup d'État du 2 décembre 1851, ce qui lui avait valu
45
d'être incarcéré et proscrit . Ne disposant pas des compétences
requises pour tenir les autres ministères, Emmanuel Arago, Louis-
Antoine Garnier-Pagès, Alexandre Glais-Bizoin, Eugène Pelletan
et Henri Rochefort sont nommés ministres sans portefeuille mais
pouvant participer aux délibérations, ce qui permet d'ouvrir la
composition du nouveau gouvernement à des hommes qui ne sont Les membres du Gouvernement de
pas députés de Paris. Le vice-amiral Martin Fourichon est ainsi la Défense nationale, de haut en bas
et de gauche à droite : Favre,
nommé à la Marine et aux Colonies, Joseph Magnin au Commerce
Trochu, Gambetta, Arago, Crémieux,
et à l'Agriculture, et Pierre-Frédéric Dorian aux Travaux publics, à
45 Rochefort, Picard, Glais-Bizoin,
charge également de l'industrie et de l'armement .
Simon, Garnier-Pagès, Ferry et
De ce fait, toutes les Pelletan.
nuances politiques du
centre et de la gauche sont
représentées dans ce gouvernement qui prend le titre de Défense
nationale, à l'exception des bonapartistes libéraux : le conseil des
ministres rassemble des hommes allant de l'extrême-gauche
(Rochefort) à l'orléanisme (Trochu et Le Flô) en passant par les
républicains modérés (Picard, Simon) et les républicains
intransigeants (Gambetta, Ferry, Crémieux), Jules Favre conciliant
45
ces deux dernières tendances .
Caricature de l'événement par Alfred
Le Petit dans l'hebdomadaire La La suite de la séance est consacrée à l'adoption des proclamations
Charge. destinées à être publiées, diffusées et affichées dès lendemain, aussi
bien aux citoyens de Paris qu'à la garde nationale et au
gouvernement de l'armée. Le décret de dissolution du Corps
législatif préparé par Adolphe Crémieux est adopté, de même qu'un décret prévoyant l'amnistie des
condamnés pour crimes et délits politiques et un autre garantissant la liberté du commerce des armes.
Plusieurs nominations sont effectuées, notamment celles de Clément Laurier à la direction générale du
personnel et du cabinet du ministère de l'Intérieur et d'André Lavertujon à la direction du Journal officiel.
Avant la séparation du Conseil à 2 h du matin, le nouveau préfet de police Émile de Kératry rend compte
45
aux ministres du fait qu'aucun trouble ne s'est produit dans la capitale .

Le 4 septembre en province

Fait exceptionnel dans l'histoire des


révolutions en France, certaines villes du
centre et du sud de la France ont précédé
46
Paris dans le déroulé des évènements . À
Lyon, une ville ouvrière, la foule envahit la
préfecture du Rhône dès 7 h du matin le
4 septembre et, deux heures plus tard, un Médaille commémorant la proclamation de la République à
comité de salut public de près de l'hôtel de ville de Lyon le matin du 4 septembre 1870.
80 membres proclame la République avant Diamètre : 4,6 cm, poids : 42,16 g.
de hisser le drapeau rouge sur l'hôtel de Musée Carnavalet, Paris.
ville. Les détenus politiques emprisonnés à
Saint-Paul sont libérés, tandis que des
magistrats, des fonctionnaires de la police et le préfet impérial sont incarcérés. La levée en masse est
décrétée et les prisonniers de droit commun sont libérés à leur tour en échange d'un engagement militaire
46, 47
contre la Prusse .

Un comité de salut public s'installe également à la préfecture de Marseille dans l'après-midi du 4 septembre,
tandis qu'à Bordeaux, ville républicaine, la population manifeste pacifiquement et le préfet se retire de lui-
46, 47 46, 48
même . À Toulouse, les républicains mettent en place une commission municipale .

À la fin du mois de septembre, des troubles sont signalés aux Antilles après l'annonce de la proclamation de
49
la République .

Les suites du 4 septembre et le difficile enracinement de la


République

Siège de Paris et délégation du gouvernement à Tours (1870-1871)

Dès ses premiers jours d'exercice, le gouvernement de la Défense


nationale se consacre principalement à la mobilisation de tous les
hommes en âge de se battre, dans la mesure où les troupes
françaises, décimées par la défaite de Sedan et l'encerclement dans
Metz de l'armée du Rhin, doivent contenir l'avancée rapide des
50
troupes prussiennes qui menacent Paris dès la mi-septembre . Le
nouveau gouvernement se trouve alors dans une situation
inextricable : à la tête d'un pays en guerre, partiellement envahi et
Léon Gambetta quitte la capitale en amputé de la majeure partie de ses forces armées, acclamé par les
ballon pendant le siège de Paris. Parisiens mais rejeté par une grande partie de la province, il ne peut
se prévaloir de la légitimité du suffrage universel et se trouve sur ce
51
point en contradiction avec les principes qu'il proclame .

Le gouvernement prévoit alors l'élection d'une Assemblée constituante le 2 ou le 16 octobre, mais il doit y
renoncer : l'occupation de nombreux départements par l'armée prussienne de même que la mobilisation de
nombreux Français rendent impossible la tenue du scrutin. Par ailleurs, les liaisons ferroviaires entre Paris et
52
la province sont interrompues le 18 septembre . Pour exclure le risque d'un gouvernement assiégé dans la
capitale, une délégation de ministres est envoyée à Tours, bientôt rejointe par Léon Gambetta qui parvient à
quitter la capitale en ballon le 7 octobre et gagne Tours deux jours plus tard. Gambetta, qui cumule alors les
fonctions de ministre de l'Intérieur et de la Guerre, déploie une grande énergie pour mobiliser, instruire et
équiper de nouvelles troupes, tout en devant réprimer les velléités fédéralistes de certaines villes
52
républicaines du sud de la France, comme Lyon .

Dans le même temps, la situation militaire de la France se dégrade et le pays est isolé : la tournée
européenne entreprise par Adolphe Thiers à Londres, Vienne, Florence et Saint-Pétersbourg pour y trouver
52
un appui militaire s'avère infructueuse . La population de Paris, qui doit affronter le chômage, la hausse
des prix des denrées de première nécessité, puis le froid et la famine au cœur de l'hiver, fait preuve d'une
grande résistance mais s'épuise, d'autant plus que l'armée
prussienne bombarde la capitale à partir du 5 janvier 1871. Jules
Favre entame les pourparlers d'un armistice dont la convention est
signée le 26 janvier, révélant des tensions au sein des
gouvernements car Gambetta s'y oppose et démissionne le
53
6 février .

Défaite républicaine aux élections législatives


Les Parisiens souffrent de la famine
et Commune de Paris (1871)
pendant le siège de la ville, comme
en témoigne cette gravure montrant
Les élections législatives se tiennent un cheval dépecé en pleine rue.
le 8 février, la nouvelle assemblée
devant se réunir à Bordeaux quatre
jours plus tard pour désigner l'exécutif chargé de négocier le traité de paix.
L'Assemblée élue est majoritairement monarchiste, les légitimistes et les
orléanistes cumulant près de 400 sièges, contre seulement 200 républicains
et une vingtaine de bonapartistes. Pour autant, la République est entérinée :
Adolphe Thiers est nommé chef de l'exécutif de la République française et
Jules Grévy, député républicain qui avait refusé de s'associer à la
proclamation de la République le 4 septembre, prend la présidence de
54, 55
l'Assemblée .

Portrait officiel d'Adolphe L'annonce de l'armistice et le succès des monarchistes aux élections conduit
Thiers en 1871. à la proclamation de plusieurs communes insurrectionnelles dans toute la
France. À Paris, la situation dégénère rapidement en une guerre civile entre
les partisans du gouvernement de Versailles et les communards qui refusent
6
de reconnaître son autorité . Dans le même temps, les protagonistes du 4 septembre sont mis en cause par
la nouvelle Assemblée élue, dans le cadre d'une Enquête parlementaire sur les actes du gouvernement de la
Défense nationale. Pour la majorité monarchiste, qui cherche à délégitimer la République, il s'agit de
vérifier si les membres de ce gouvernement ont ou non participé à un complot contre le Corps législatif et se
56
sont ainsi rendus complices des futurs communards .

Rupture entre Paris et la province


57
La République n'est pas acceptée unanimement sur l'ensemble du territoire français . Elle est parfois
rejetée par les insurgés eux-mêmes qui souhaitent accomplir une véritable révolution sociale et sont tentés
58
de rivaliser avec le gouvernement parisien . À Lyon notamment, les républicains modérés sont en minorité
et Léon Gambetta décide de nommer au poste de préfet son ami Paul Challemel-Lacour, professeur agrégé
de philosophie, dont il considère que l'autorité morale doit suffire à faire respecter l'ordre. Ce dernier doit
47, 46
pourtant se heurter à l'hostilité de la plupart des nouvelles autorités locales, qui contestent sa légitimité .
À Marseille, le préfet Alphonse Esquiros, lui aussi nommé par Gambetta, finit par se rallier à la Ligue du
midi qui cherche à poursuivre la guerre tout en s'affranchissant de la Défense nationale. Esquiros est
59, 46
destitué dès la fin du mois d'octobre et remplacé par Alphonse Gent . Dans d'autres départements
républicains, des conflits apparaissent entre les autorités locales et le gouvernement, aussi Gambetta
s'efforce de « privilégie[r] la cohésion administrative plus que l'idéologie dès lors que celle-ci était
60
républicaine » . Il arrive parfois que, faute de cadres républicains compétents et fiables, le ministre de
l'Intérieur choisisse de maintenir des préfets et des sous-préfets impériaux, ou que soient nommés des
61
orléanistes .
D'autres territoires sont quant à eux hostiles à la République, comme les départements de l'Ouest et du
46
Nord-Ouest de la France où les républicains, minoritaires, sont accueillis avec méfiance et inquiétude .
Des manifestations antirépublicaines ont notamment lieu dans le Nord de la France à Boulogne-sur-Mer,
Roubaix et Armentières, mais également en Normandie, dans les Charentes, dans le Puy-de-Dôme et dans
57
le Limousin . Pour autant, les scènes de violence sont rares, ce qui peut s'expliquer par l'impératif de la
défense du pays face à l'envahisseur prussien. Dans les territoires ruraux les plus conservateurs, attachés au
catholicisme, le rejet du nouveau régime se manifeste parfois par le refus d'abandonner les travaux de la
62, 46
terre pour s'engager au combat, ou encore par le refus de l'impôt pour l'armement .

De ce fait, les élections législatives de 1871, en donnant la majorité aux députés monarchistes et
conservateurs, consacrent la victoire de la province sur Paris, la capitale ayant élu des républicains de
63
gauche .

Échec de la Restauration monarchique et consolidation de la République

Le paradoxe qui naît de la présence d'une forte majorité monarchiste à


64
l'Assemblée ne débouche pas pour autant sur un changement de régime :
les divisions entre légitimistes et orléanistes, accentuées par le manifeste
publié le 5 juillet 1871 dans L'Union par l'un des prétendants au trône, le
65
comte de Chambord , mettent en péril le projet de Troisième
66
Restauration . Adolphe Thiers lui-même semble se ranger derrière un
républicanisme conservateur et peut compter sur l'appui de républicains
modérés et d'orléanistes ralliés qui forment une sorte de coalition de centre
gauche à l'Assemblée, parmi lesquels nombreux sont ceux qui pensent,
comme le député Léon Say, que « la restauration monarchique […] ne
serait pour la France qu'une cause de nouvelles révolutions ». Le pouvoir
de Thiers est consolidé le 31 août 1871 par le vote de la loi Rivet qui lui
Le comte de Chambord,
reconnaît officiellement le titre de président de la République et qui proroge
66 prétendant légitimiste au
son mandat jusqu'à l'établissement des institutions définitives du pays .
trône de France.
Les espoirs d'une restauration monarchique refont surface après la
démission de Thiers en 1873 et l'élection de Patrice de Mac Mahon. Le
gouvernement entreprend une lutte acharnée contre les républicains, qui progressent néanmoins à chaque
élection partielle. De nombreux préfets et magistrats sont révoqués, des maires et des instituteurs sont placés
sous surveillance et la presse est sévèrement censurée avec l'interdiction de plus de 200 quotidiens entre
66
1873 et 1875 . Les atermoiements du comte de Chambord scellent l'échec de l'union des droites et de la
restauration. Le vote des lois constitutionnelles de 1875 affermit la République tandis que les républicains
deviennent majoritaires. À la suite de la crise du 16 mai 1877, les élections législatives confirment la
66 64
victoire de la gauche républicaine et la souveraineté parlementaire .

Regards contemporains
Comme le souligne Éléonore Reverzy, professeur de littérature du xixe siècle, c'est l'image d'une journée de
liesse qui ressort majoritairement des témoignages des contemporains du 4 septembre 1870 dans la mesure
où il s'agit d'une « révolution joyeuse sans barricades ni sang versé ». Au lendemain de l'annonce de la
défaite humiliante de l'empereur à Sedan, le peuple dans sa grande majorité salue la chute d'un Empire dont
67, 68
les insignes sont arrachés et détruits sur les bâtiments publics .

C'est d'ailleurs vers l'Empereur que se tournent les récriminations du peuple dès les premières
manifestations spontanées, comme le rapporte l'écrivaine Juliette Adam :
« Au-dessus de toutes les têtes se dresse le spectre du Deux-
Décembre. On revoit les morts sanglants de ce jour néfaste mêlés à
l'hécatombe de Sedan. La haine, la violence, débordent de tous les
cœurs ; les menaces, les injures, les récriminations s'amoncellent sur
Bonaparte. Traître ! lâche ! ces deux mots répétés par des milliers de
voix forment une sorte d'accompagnement sourd, mal rythmé,
irritant, plein d'orage, aux paroles aiguës et vibrantes qui jaillissent de
toutes parts. »
67
— Juliette Adam, Mes illusions et nos souffrances, 3 septembre 1870 .

Un jeune fourrier d'un bataillon de la garde nationale, Émile Maury, est lui
aussi témoin des actes iconoclastes perpétrés contre les symboles
impériaux :

Témoin de l'événement,
« Le matin du 4 septembre on avait appris que l'Empereur était
l'écrivaine Juliette Adam
prisonnier. J'allai avec mon père voir ce spectacle grandiose, que
rapporte ses souvenirs. celui de tout un peuple acclamant la République devant le palais du
Corps législatif. Quoique peu démonstratif de ma nature, j'y allai de
mes acclamations et de mes poignées de main aux municipaux qui en
étaient tout interloqués de ce grand mouvement. Toutes les enseignes rappelant l'Empire,
les aigles, les blasons, furent arrachés et jetés à l'eau. »
69
— Émile Maury, Mes souvenirs sur les événements des années 1870-1871

La ferveur qui se dégage de cette journée révolutionnaire fait oublier au peuple les malheurs de la guerre et
la menace que représente l'invasion prussienne, comme le décrit sans détour le journaliste et critique
dramatique Francisque Sarcey dans Le Siège de Paris, en 1871 : « On avait donné congé aux inquiétudes
67
et aux craintes. À demain les affaires sérieuses » . Lui aussi témoin des événements, l'écrivain Jules
Barbey d'Aurevilly en fait une relation précise dès le lendemain. Il insiste sur le sentiment d'allégresse
partagé par l'ensemble des manifestants, tout en attestant de la retenue montrée par certains élus
républicains :

« Je n'ai quitté le boulevard qu'à une heure et demie du matin. Quel spectacle ! Quelle
légèreté de la tête française ! On aurait dû y pleurer de rage en pensant à nos pauvres
soldats égorgés et dont les fleuves roulent, en ce moment les cadavres. Eh bien, on ne
pleurait pas, on n'avait pas de colère, on était dans le délire de la joie ! Ce n'étaient que cris
de vive la république ! On ne disait plus même, vive la France ! J'ai vu des républicains
(que je connais et qui ont plus de sens que les autres) affectés et presque honteux de cette
joie indécente, au milieu des malheurs publics oubliés par le fait seul de la déchéance de
l'Empire et de la proclamation de la République, et c'est en regardant cela, que l'idée que
nous sommes perdus pouvait venir. »
67
— Jules Barbey d'Aurevilly, Lettre à Madame de Bouglon, 5 septembre 1870 .

Un autre écrivain, Edmond de Goncourt, fait ce même constat d'effacement de la menace prussienne, et le
témoignage qu'il rédige le jour même dans son journal laisse apparaître qu'il ne partage pas l'enthousiasme
de la foule :

« Trottoirs, chaussée, tout est couvert, tout est plein d'hommes et de femmes, qui semblent
s'être répandus de leur chez soi sur le pavé, un jour de fête de la grande ville ; un million
d'êtres qui ont oublié que les Prussiens sont à trois ou quatre marches de Paris et, dans la
journée chaude et grisante, vont à l'aventure, poussés par la curiosité fiévreuse du grand
drame historique qui se joue. »
67
— Edmond de Goncourt, Le Journal des Goncourt, 4 septembre 1870 .
La ferveur populaire se poursuit le 5 septembre avec le retour d'exil de
Victor Hugo, l'un des principaux opposants au régime impérial qui, en gare
du Nord, est « accueilli comme le Messie par une foule en délire », selon
70
l'expression de l'historien Alain Gouttman . L'ingénieur Maxime
Vuillaume, présent parmi la foule, en garde un souvenir ému qu'il relate
quelques années plus tard dans son œuvre-témoignage Mes cahiers
67
rouges .

Historiographie et mémoire

Historiographie L'écrivain Edmond de


Goncourt porte un regard
À partir des années 1880 et jusqu'à la Première Guerre mondiale, critique sur les événements
l'historiographie républicaine conserve une position critique par rapport aux révolutionnaires.
événements du 4 septembre. Dans la mesure où de nombreux
contemporains sont encore en vie, les récits s'inscrivent dans une « histoire
71
présente, ou dont l'issue engage encore le présent » . Le traitement de l'événement y est surtout
polémique : comme le constate Olivier Le Trocquer, « il s'agit de juger si les protagonistes ont fait une
faute, s'ils sont coupables ou non au regard de la morale publique, ou si on doit leur être au contraire
71
reconnaissant d'avoir renversé l'Empire et pris le pouvoir » . À titre d'exemple, dans le premier tome de
son Histoire contemporaine, paru en 1897, l'historien Samuel Denis se montre particulièrement virulent :
« À la vérité, les hommes du 4 septembre se sont rendus coupables d'une usurpation manifeste, que les
circonstances périlleuses où l'on était ne suffisent pas à légitimer, en s'emparant révolutionnairement du
pouvoir, avec le concours des envahisseurs du Corps législatif et sans l'assentiment des représentants du
pays, et ils ont fait de ce pouvoir usurpé un usage compromettant pour les intérêts de la patrie ! Ils ne
72
sauraient, à ce double titre, échapper aux sévérités de l'histoire » .

Le premier récit distancié de l'événement paraît en 1921 avec la publication


du septième tome de l'Histoire de la France contemporaine, intitulé Du
déclin du Second Empire à l'établissement de la IIIe République, rédigé par
Charles Seignobos sous la direction d'Ernest Lavisse. La parution de
l'ouvrage est presque contemporaine du cinquantenaire de la République,
célébré l'année précédente, et il s'inscrit davantage dans la perspective d'une
commémoration de la proclamation plutôt que de la révolution qui
73
l'entraîne . Vers 1930 paraissent des ouvrages de vulgarisation comme Le
74
Quatre Septembre de Raymond Recouly ou Le 4 septembre de l'écrivain
75, 73
et journaliste Léo Larguier . À la même période, la proclamation de la
République est évoquée dans des ouvrages consacrés à l'histoire de la
Troisième République et qui sont autant de récits partisans et engagés,
Charles Seignobos publie le 76
comme le livre critique de l'historien royaliste Jacques Bainville ou, à
premier récit distancié de 77, 73
l'opposé, le récit élogieux d'Alexandre Zévaès . Ces deux ouvrages,
l'événement. aux jugements très différents, ont comme point commun de mettre au
78
premier plan le 4 septembre, contrairement à ceux parus précédemment .

Après la Seconde Guerre mondiale, l'événement n'est que rarement évoqué. En 1952, Joseph Calmette en
fait une date importante de l'histoire républicaine, dans une « vision évolutive du progrès historique », mais
79
sans en faire le récit détaillé ni s'interroger sur sa valeur supposée : « Le 4 septembre s'inscrit comme
l'une des plus remarquables de nos dates historiques. Il a sonné le glas de l'ordre monarchique et du pouvoir
personnel. Ni royauté ni Empire ne reparaîtront plus dans l'alternance de nos régimes. Une période est bel
80
et bien close. C'est sous la forme républicaine que la France sera dorénavant gouvernée » . Un premier
article important lui est consacré par Rémy Gossez en 1952, à l'occasion du 77e congrès des sociétés
79, 81
savantes qui se tient à Grenoble . Cet article étudie la préparation du renversement de l'Empire en
montrant la part active qu'y prend la garde nationale et rejette l'accusation de complot à l'égard des députés
79
républicains .

Dans les années 1970, le centenaire de la Commune s'accompagne


d'une historiographie abondante qui traite également de la
proclamation de la République dans une lecture sociale de
l'événement. La plupart de ces ouvrages, favorables à la Commune,
donnent à la date du 4 septembre une valeur négative en blâmant
les arrières pensées supposées de la « bourgeoisie républicaine »
qui prend le pouvoir ce jour-là, dans un calcul politique destiné à
82
empêcher la révolution sociale . L'historien Henri Guillemin
83
condamne « la République des Jules » quand le philosophe Dans les années 1970, Michel
Henri Lefebvre présente les événements du 4 septembre comme un Winock prend part à l'historiographie
84
conflit entre bourgeois modérés et peuple ouvrier . Jean-Pierre abondante de la Commune de Paris
Azéma et Michel Winock critiquent eux aussi « l'image d'Épinal » qui donne une lecture sociale du
selon laquelle ce jour-là, « la république comme le phénix 4 septembre 1870.
renaissant de ses cendres s'impose à la France pour sauver la
85
patrie » . En 1973, Alain Plessis, inspiré par les recherches
récentes sur la Commune, en fait la véritable date de rupture à la place de 1870 et reprend le caractère social
de l'événement, tout en édulcorant la dimension révolutionnaire du 4 septembre.

Dans les dernières années du xxe siècle, des historiens comme Maurice Agulhon, Stéphane Audoin-
86
Rouzeau ou Éric Anceau regrettent que cet événement fondateur soit tombé dans l'oubli . Ce dernier en
désigne d'ailleurs les responsables selon lui : « Les journées de février 1848 et le 4 septembre 1870 […]
sont des dates-clés de notre histoire contemporaine puisque chacune d'elle correspond à une révolution et
qu'elles marquent la renaissance puis l'ancrage dans notre pays de la république, régime qui n'a plus été
remis en cause depuis, sauf de 1940 à 1944. Pourtant, elles ne représentent au mieux, pour l'immense
majorité des Français, que de vagues souvenirs scolaires ou de manifestations de curiosité. […] À cela, il
n'y a rien d'étonnant. Il suffit de consulter les programmes de collèges et des lycées ainsi que le détail des
enseignements dispensés dans les universités pour se rendre compte de la part négligeable qu'occupent ces
87
vingt-trois années » . Seul l'ouvrage de Jean-Yves Mollier et Jocelyne George, La plus longue des
Républiques, paru en 1994, n'aborde pas la thématique de l'oubli, et propose une analyse de l'événement
88
qui intègre les faits qui se sont déroulés en province ce jour-là . En 2017, l'avocat et essayiste Pierre
Cornut-Gentille entend combattre cet oubli et redonner une place au 4 septembre dans l'histoire de France
89
en livrant un récit détaillé des événements de cette journée, heure par heure .

En 2015, dans son étude sur la défaite française de la guerre de 1870, l'historien Alain Gouttman se montre
particulièrement virulent à l'égard des révolutionnaires du 4 septembre, évoquant à ce titre une
« imposture ». Il accuse directement le général Trochu d'avoir favorisé les desseins républicains en ayant
volontairement abandonné la défense du Corps législatif et du palais des Tuileries, et reproche aux
républicains groupés autour de Léon Gambetta d'avoir agi par opportunisme et soif du pouvoir contre
l'intérêt du pays : « le fait de tout sacrifier à l'idéologie dans des circonstances aussi tragiques, de renverser
un gouvernement légitime en présence de l'ennemi et après que les armées françaises eurent mis un genou à
terre, c'était une forme de trahison envers les vrais intérêts de la nation, c'était donner la priorité aux raisons
de la guerre civile plutôt qu'à celles de la guerre étrangère ». Alain Gouttman parle du 4 septembre comme
70
d'un « jour funeste » à partir duquel « le pays sombra dans le chaos » .

Le 4 septembre, une révolution ?


La proclamation de la République française du 4 septembre 1870 est la troisième révolution française du
e er
xix siècle, après les Trois Glorieuses en juillet 1830 qui portent sur le trône le roi Louis-Philippe I à la tête
d'un nouveau régime, la monarchie de Juillet, et la révolution de 1848 qui aboutit à la naissance de la
Deuxième République. Elle s'inscrit plus largement dans un contexte d'instabilité politique depuis la
90
Révolution française de 1789 .

La journée du 4 septembre reprend la succession des événements


des grandes journées révolutionnaires que le pays a déjà connues, à
savoir « la révolte spontanée du peuple de Paris au nom de la
liberté ; la pression de l'émeute sur l'Assemblée ou l'envahissement
de celle-ci par la foule exigeant la déchéance du monarque ; la
formation d'un gouvernement provisoire et la proclamation du
nouveau régime à l'Hôtel de Ville dans le double objectif d'apaiser
90, 91
les manifestants et de circonvenir les extrémistes » .

Mais à la différence des précédentes révolutions, elle ne fait ni


La Liberté guidant le peuple, tableau morts ni blessés, et débouche sur un régime républicain stable et
d'Eugène Delacroix, célèbre les Trois non remis en cause, à l'exception du régime de Vichy pendant la
Glorieuses. Seconde Guerre mondiale. Pour cette raison, Pierre Cornut-Gentille
considère les événements de 1830 et 1848 « comme des tentatives
brouillonnes, sanglantes et finalement inabouties de consacrer les
90
principes de la Grande Révolution ou d'installer durablement la république » , des révolutions « tachées et
90
inachevées à la différence de la copie propre et sans rature des hommes du 4 septembre » .

L'absence de victimes et de barricades conduit de nombreux historiens à soumettre l'idée que la


92, 93
proclamation du 4 septembre ne peut être qualifiée de révolution . Pour René Rémond, « c’est à peine
92
si l’on peut parler de journée révolutionnaire » , un point de vue que partage Stéphane Audoin-Rouzeau
qui souligne l'absence de violence et le peu de vandalisme constaté lors de cette journée, à l'exception de la
68
destruction de quelques emblèmes impériaux . Ces actes iconoclastes sont d'ailleurs bien plus présents
dans les récits contemporains de l'événement (articles de presse ou journaux intimes) que dans les récits
postérieurs des historiens, ce qui fait dire à Olivier Le Trocquer que « ces rites sont pour les contemporains
une marque du caractère révolutionnaire de l'événement et que leur effacement postérieur accompagne la
94
réinterprétation euphémisée du 4 septembre » .

Opportunisme des républicains

L'essayiste Pierre Cornut-Gentille remarque qu'avant 1870, « jamais protagonistes d'une révolution n'ont à
ce point eu le souci de se ménager mutuellement. Jamais coup d'État ne s'est accompli avec autant de
prévenance. Non seulement il n'y eut aucun coup de feu, aucune barricade, pas la moindre goutte de sang
versé, mais ceux qui s'emparaient du pouvoir s'en excusaient presque, cependant que ceux qui en étaient
95
écartés ne semblaient protester que pour la forme » . Depuis des années, la doctrine des républicains
modérés de l'Assemblée consistait à rassurer la population afin de s'emparer du pouvoir
18
démocratiquement . Cet attachement au légalisme est d'ailleurs exposé par l'un des chefs de file des
républicains, Léon Gambetta, lors du procès de l'affaire Baudin en 1868, quand ce dernier oppose dans sa
plaidoirie ce qu'il nomme la « barricade du Droit » à celle qui naît de la violence de la rue : « qu'on examine
96
ce que nous écrivons, on ne trouvera pas, une ligne, une seule ligne qui ne soit pas selon le Droit » .

Pour les républicains, une révolution n'aurait d'autres conséquences que de discréditer le nouveau régime et
97
d'assurer, à terme, sa disparition . Mais le déroulé des événements de la journée du 4 septembre les
32
conduit finalement à s'en saisir d'une manière contraire à leurs principes . Pour les historiens René
Rémond et Jérôme Grévy, la République ne naît donc pas d'un complot mais de la vacance du pouvoir, du
42
42
« vide créé par la défaite » . Selon Pierre Cornut-Gentille, les républicains ont avant tout « subi les
événements, mais ils ont aussi, d'heure en heure, saisi les opportunités successives qui, à leurs yeux, leur
permettaient de sauver l'essentiel : que le parti républicain et la république ne soient pas associés à un coup
de force puis, dès lors que la majorité et Thiers lui-même se dérobaient et qu'il était physiquement
32
impossible de résister à la foule des manifestants, proclamer la république en évitant la guerre civile » .

Quand Jules Favre et Léon Gambetta prennent la tête du cortège qui se dirige vers l'hôtel de ville pour y
proclamer la République, ils cherchent donc à devancer les meneurs d'extrême gauche qui pourraient
profiter des circonstances pour renverser l'ordre social, parmi lesquels Auguste Blanqui, Jean-Baptiste
Millière, Charles Delescluze ou Gustave Flourens. Sans en être les déclencheurs, les députés républicains
98
choisissent donc de prendre la tête du mouvement révolutionnaire pour tenter de l'endiguer .

L'historien Jacques Julliard affirme que le renforcement du pouvoir parlementaire voulu par Napoléon III
dans un régime plus libéral a fini par servir les intérêts républicains. Selon lui, « le Second Empire a été
pour la république une phase préparatoire, analogue à celle que la Restauration fut pour le régime
représentatif et parlementaire. Dans les deux cas, ces régimes s'acheminaient comme malgré eux vers une
99
formation des esprits qui allait rendre leur survie impossible » . Pour de nombreux historiens, l'avènement
de la République est donc avant tout la conséquence de l'effondrement du régime impérial, un effondrement
100
qui ne doit rien aux républicains mais bien aux circonstances du conflit contre la Prusse .

Après la défaite de l'empereur, le parti républicain apparaît comme le plus apte à défendre l'intégrité du
territoire et l'unité de la nation, ce qui permet en définitive à ses dirigeants « d'arracher la République à ses
partisans, et même d'en expulser l'esprit de parti, afin de l'identifier à la nation elle-même » selon
99
l'expression de l'historien .

Un événement effacé de la mémoire collective

« Jamais célébré, jamais commémoré, le 4 septembre 1870 semble aujourd'hui effacé de la


mémoire nationale. »
90
— Pierre Cornut-Gentille

Dès 1930, l'historien Daniel Halévy utilise l'expression de « temps obscurs » pour évoquer la période
101
fondatrice de la Troisième République . Alors que les protagonistes de l'événement n'ont jamais cherché
90
à le commémorer, les livres d'histoire lui réservent pour la plupart une place infime . Dans la grande
Histoire de France contemporaine en douze volumes dirigée par Ernest Lavisse, « l'instituteur de la
102
République » dont les ouvrages ont contribué largement à la construction du récit national , la journée du
4 septembre est évoquée dans un court paragraphe de dix-huit lignes, dont seulement cinq pour résumer les
faits et treize pour énumérer les membres du gouvernement de la Défense nationale. Ce court passage
figure à l'intérieur d'une section intitulée « L'armée de la Loire » dans un chapitre consacré à la guerre de
90
1870, comme s'il n'en était qu'un événement mineur .

Il en est de même dans des ouvrages plus récents, la relation de l'événement dépassant rarement quelques
lignes comme dans le neuvième volume de la Nouvelle Histoire de la France contemporaine d'Alain
103 104
Plessis, paru en 1979 ou dans La France du xixe siècle de Francis Démier, paru en 2000 . L'essayiste
Pierre Cornut-Gentille, qui publie un récit détaillé de cette journée révolutionnaire en 2017, relève
cependant deux exceptions, avec l'ouvrage Jean-Yves Mollier et Jocelyne George, La plus longue des
105 106, 90
Républiques, paru en 1994 , et L'année terrible de Pierre Milza, paru en 2009 .

L'événement est donc le plus souvent déplacé voire éludé, comme dans Histoire de la fondation de la
Troisième République de Gabriel Hanotaux, dont le premier volume, réédité en 1925, s'intitule Le
gouvernement de M. Thiers alors qu'il couvre la période de 1870 à 1873. Il anticipe ainsi l'accession au
107
pouvoir de ce dernier en escamotant l'épisode révolutionnaire .
De la même manière, les différents gouvernements républicains n'ont que rarement célébré l'événement. En
1880, lors du choix de la date de la fête nationale, c'est le 14 juillet qui est désigné par les fondateurs de la
Troisième République, une date qui ne commémore pas seulement la prise de la Bastille mais également la
fête de la Fédération organisée un an plus tard pour célébrer l'unité de la nation autour du roi. Cet argument
est d'ailleurs avancé pour convaincre les députés monarchistes qui s'opposent au projet de loi. La date du
108
4 septembre n'est d'ailleurs jamais évoquée lors des débats parlementaires précédant ce choix . Si les
dirigeants de la Troisième République ne célèbrent donc pas son événement fondateur, celui-ci l'est plus
fréquemment en province, en particulier dans les régions où le vote républicain est le plus important et où
56
de nombreuses rues y sont dédiées .

À Paris, peu de lieux gardent la mémoire de l'événement. La rue du Quatre-Septembre est d'ailleurs
baptisée le jour-même par les manifestants en lieu et place de la « rue du Dix-Décembre » qui célébrait le
90
jour de l'élection du prince Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République en 1848 . De
même, la proclamation de la République figure parmi les douze hauts-reliefs du sculpteur Léopold Morice
71
qui ornent le piédestal du Monument à la République, situé place de la République .

Lieux de mémoire du 4 septembre 1870.

Rue parisienne, Plaque commémorative Haut-relief en bronze sur le


commémorant la près de la tombe du Soldat piédestal du Monument à la
proclamation de la inconnu, au pied de l'arc République.
République. de triomphe de l'Étoile.

Plaque de rue à Mauguio dans


l'Hérault.

En 1920, le cinquantenaire de la proclamation de la République est commémoré non pas le 4 septembre


mais le 11 novembre, date de l'armistice de 1918, en même temps que le dépôt de la dépouille du soldat
inconnu sous l'arc de triomphe de l'Étoile et du cœur de Léon Gambetta au Panthéon. En 1970, les
célébrations du centenaire de la Troisième République se limitent à un colloque sur l'esprit républicain
organisé par l'université d'Orléans et à une exposition à l'hôtel de ville de Paris, inaugurée par le président
90
Georges Pompidou . Seule exception notable, le 4 septembre est la date choisie par Charles de Gaulle en
90
1958 pour prononcer un discours du présentation du projet de constitution de la Ve République et dans
lequel il exalte la République en ces termes : « au lendemain de Sedan, on la vit s'offrir au pays pour
79
réparer le désastre » . Sans citer les protagonistes, le général de Gaulle se réclame implicitement de leur
héritage pour justifier son action et légitimer sa conception de la République. Selon Olivier Le Trocquer,
son discours interroge « un des enjeux politiques de l'événement lui-même : la légitimité du salut public,
79
sous la figure de la république, doit-elle ou non l'emporter en cas de crise, sur la légalité existante ? » . En
2020, le cent-cinquantième anniversaire est célébré au Panthéon, sous l'égide du président de la
109
République, lors d'une cérémonie de naturalisation .

Ce relatif effacement du 4 septembre dans la mémoire collective peut s'expliquer de différentes manières.
Pour les contemporains, le souvenir de cet acte fondateur est écrasé par les événements tragiques qui le
106
précèdent et le suivent : le 4 septembre est comme pris en étau dans une « année terrible » qui, de
l'invasion du pays à l'armistice en passant par le siège de la capitale et les événements de la Commune,
110
évoque avant tout la souffrance et l'humiliation du peuple . En 1874, dans une lettre, Léon Gambetta
décrit d'ailleurs la tristesse qui l'envahit ce jour-là lors de son trajet en calèche vers l'hôtel de ville : « Le
111
retour de ce douloureux et tragique anniversaire me met toujours comme un crêpe noir sur l'esprit » . Par
ailleurs, l'une des images retenues de la période dans la mémoire collective est celle de Gambetta quittant
Paris assiégé en ballon, un événement spectaculaire et symbolique qui incarne la résistance et le courage du
100
gouvernement républicain , ce que ne peut être la proclamation du 4 septembre dans la mesure où, selon
l'historien Francis Démier, « la République s'est imposée d'abord comme l'acte de décès du Second Empire,
104
victime d'une guerre perdue et non d'une révolution » .

Notes et références
1. Pierre Milza, Napoléon III, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 159), 2007, 852 p., poche
(ISBN 978-2-262-02607-3), p. 689.
2. Cornut-Gentille 2020, p. 25-26.
3. Jean-Claude Yon, Le Second Empire : politique, société, culture, Armand Colin, 2009, p. 99.
4. Cornut-Gentille 2020, p. 28-32.
5. Louis Girard, Napoléon III, Paris, Fayard, 1986, 550 p. (ISBN 2-213-01820-0), p. 463-467.
6. Xavier Boniface, chap. 1 « De la guerre franco-allemande à la Commune 1870-1871 », dans
Hervé Drévillon (dir.) et Olivier Wieviorka (dir.), Histoire militaire de la France, t. II : De 1870 à
nos jours, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 870), 2022, 958 p. (ISBN 978-2-262-09993-0),
p. 17-63.
7. Jean-Michel Gaillard, « Sedan, 1870 : l'effondrement d'un rêve européen », L'Histoire, no 211
« Faut-il réhabiliter Napoléon III ? »,‎juin 1997.
8. Cornut-Gentille 2020, p. 34-36.
9. Grévy 1998, p. 9-10.
10. Maurice Moissonnier, La Première Internationale et la Commune à Lyon : 1865-1871,
spontanéisme, complots et luttes réelles, Paris, Éditions sociales, 1972, 402 p.
(BNF 35319360 (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35319360n.public)), p. 212.
11. Daniel Hochedez, « La guerre franco-allemande et l'occupation en Argonne (1870-1871) »,
Horizons d'Argonne, no 87,‎juin 2010.
12. Cornut-Gentille 2020, p. 19-20.
13. Cornut-Gentille 2020, p. 48.
14. Cornut-Gentille 2020, p. 57-60.
15. Louis Jules Trochu, Œuvres posthumes, t. 1 : Le siège de Paris, Tours, Alfred Mame et fils,
1896, p. 177.
16. Cornut-Gentille 2020, p. 37-38.
17. Cornut-Gentille 2020, p. 44-45.
18. Cornut-Gentille 2020, p. 65-67.
19. Cornut-Gentille 2020, p. 74-75.
20. Simon 1874, p. 362 [lire en ligne (https://books.google.com/books?id=9o9fAAAAcAAJ&pg=P
A362)].
21. Cornut-Gentille 2020, p. 84-86.
22. Cornut-Gentille 2020, p. 87-94.
23. Grévy 1998, p. 10.
24. Cornut-Gentille 2020, p. 94-97.
25. Pierre Miquel, La Troisième République, Paris, Fayard, 1989, 739 p. (ISBN 2-213-02361-1),
p. 27-29.
26. Cornut-Gentille 2020, p. 101-103.
27. Ghislain de Diesbach, Ferdinand de Lesseps, Paris, Perrin, 1998, 453 p.
(ISBN 978-2-262-02997-5), p. 275-276.
28. Cornut-Gentille 2020, p. 103-109.
29. Cornut-Gentille 2020, p. 99.
30. Cornut-Gentille 2020, p. 111-112.
31. Cornut-Gentille 2020, p. 113-116.
32. Cornut-Gentille 2020, p. 116-129.
33. Vincent Duclert et Henry Rousso (dir.), 1870-1914 : La République imaginée, Paris,
Gallimard, coll. « Folio / Histoire » (no 307), 2021, 1103 p. (ISBN 978-2-07-279943-3), p. 48-
52.
34. Cornut-Gentille 2020, p. 133-135.
35. Cornut-Gentille 2020, p. 135-138.
36. Cornut-Gentille 2020, p. 144-145.
37. Cornut-Gentille 2020, p. 145-149.
38. Cornut-Gentille 2020, p. 149-150.
39. Cornut-Gentille 2020, p. 151-154.
40. Cornut-Gentille 2020, p. 159-161.
41. Cornut-Gentille 2020, p. 155-156.
42. Grévy 1998, p. 11.
43. Cornut-Gentille 2020, p. 161-166.
44. Cornut-Gentille 2020, p. 166-168.
45. Cornut-Gentille 2020, p. 175-182.
46. Cornut-Gentille 2020, p. 185-189.
47. Bonhomme 2000, p. 323-351.
48. Bonhomme 2000, p. 354-359.
49. Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France : de la guerre de Cent Ans à nos jours,
Marseille, Agone, coll. « Mémoires sociales », 2018, 829 p. (ISBN 978-2-7489-0301-0,
OCLC 1057326362 (https://worldcat.org/fr/title/1057326362)), p. 368.
50. Cornut-Gentille 2020, p. 192-194.
51. Cornut-Gentille 2020, p. 191.
52. Cornut-Gentille 2020, p. 194-199.
53. Cornut-Gentille 2020, p. 199-205.
54. Cornut-Gentille 2020, p. 205-206.
55. Jean-Jacques Chevallier (préf. Jean-Marie Mayeur), Histoire des institutions et des régimes
politiques de la France de 1789 à 1958, Paris, Armand Colin, coll. « Classic », 2001, 9e éd.,
748 p. (ISBN 2-247-08206-8), p. 293.
56. Le Trocquer 2006, paragraphe 4.
57. Laurent Leprévost, « Le bonapartisme après Sedan », dans Jean Tulard (dir.), Pourquoi
réhabiliter le Second Empire ? (actes du colloque organisé par le Souvenir napoléonien,
Palais des Congrès de Paris, 21 octobre 1995), Paris, Bernard Giovanangeli, 1998, 240 p.
(ISBN 2-909034-10-0), p. 191, citant Bernard Ménager, La vie politique dans le département
du Nord sous le Second Empire et les débuts de la Troisième République (1851-1877)
(thèse d'histoire, Paris-IV, 1979), Lille et Dunkerque, ANRT-Lille-III et Éditions des Beffrois,
1983 (ISBN 2-903077-82-7).
58. Odile Rudelle, chap. I « 1870-1875 : La république du provisoire », dans La république
absolue : 1870-1889, Paris, Éditions de la Sorbonne, coll. « Publications de la Sorbonne /
France xixe – xxe siècle » (no 14), 1982, 327 p. (ISBN 2-85944-045-3 et 979-10-351-0509-9,
DOI 10.4000/books.psorbonne.71562 (https://dx.doi.org/10.4000/books.psorbonne.71562),
lire en ligne (https://books.openedition.org/psorbonne/71607?lang=fr)), p. 13-39.
59. Bonhomme 2000, p. 337-350.
60. Bonhomme 2000, p. 362.
61. Bonhomme 2000, p. 373-375.
62. Bonhomme 2000, p. 370.
63. Jacques Bouveresse, chap. I « L'installation des républicains au pouvoir (1870-1879) »,
dans Histoire des institutions de la vie politique et de la société françaises de 1789 à 1945,
Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, coll. « Cours : histoire du
droit / Publications des Universités de Rouen et du Havre », 2012, 330 p.
(ISBN 978-2-87775-549-8 et 9791024011370,
DOI 10.4000/books.purh.5856 (https://dx.doi.org/10.4000/books.purh.5856), lire en ligne (http
s://books.openedition.org/purh/5856?lang=fr)), II, p. 181-198.
64. Pierre Bodineau et Michel Verpeaux, chap. IV « La démocratie parlementaire : la IIIe et la
IVe République (1870-1958) », dans Histoire constitutionnelle de la France, Paris, Presses
universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 3547), 2020, 128 p.
(ISBN 978-2-7154-0320-8), p. 77-121.
65. Christine de Buzon, Henri V, comte de Chambord, ou le « Fier Suicide » de la royauté, Paris,
Albin Michel, 1987, 242 p. (ISBN 2-226-03183-9), chap. VI (« Le « fier suicide » politique
(1871-1873) »), p. 186-9.
66. Arnaud-Dominique Houte, chap. I « Sept ans de fondations (1871-1878) », dans Histoire de
la France contemporaine, vol. 4 : Le triomphe de la République. 1871-1914, Paris, Seuil,
coll. « L'Univers historique », 2014, 461 p. (ISBN 978-2-02-100102-0), p. 13-48.
67. Éléonore Reverzy, « La chute des aigles », dans Témoigner pour Paris : Récits du Siège et
de la Commune (1870-1871) Anthologie, Paris, Éditions Kimé, coll. « Détours littéraires »,
2021, 588 p. (ISBN 978-2-84174-991-1), p. 43-62.
68. Stéphane Audoin-Rouzeau, 1870 : La France dans la guerre, Paris, Armand Colin, 1989,
420 p. (ISBN 2-200-37165-9), p. 148.
69. Émile Maury et Alain Dalotel (dir.), Souvenirs sur les événements des années 1870-1871,
Paris, La Boutique de l'histoire, 1999, 107 p. (ISBN 2-910828-17-4), première partie, II.
70. Alain Gouttman, La grande défaite. 1870-1871, Paris, Perrin, coll. « Pour l'histoire », 2015,
414 p. (ISBN 978-2-262-03245-6), p. 261-268.
71. Le Trocquer 2006, paragraphe 5.
72. Samuel Denis, Histoire contemporaine, t. I, Paris, Plon, 1897, p. 161-162.
73. Le Trocquer 2006, paragraphe 6.
74. Raymond Recouly, Le Quatre Septembre, Hachette, coll. « Récits d'autrefois », 1930.
75. Léo Larguier, Le 4 septembre, Éditions de France, coll. « Marianne », 1931.
76. Jacques Bainville, La troisième République, Paris, Plon, 1936.
77. Alexandre Zévaès, Histoire de la troisième République, Paris, Éditions de la Nouvelle revue
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Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
Proclamation de la République française
du 4 septembre 1870 (https://commons.wi
kimedia.org/wiki/Category:Proclamation_
of_the_French_Third_Republic?uselang
=fr), sur Wikimedia Commons

Articles connexes
Troisième République (France)
Gouvernement de la Défense nationale
Siège de Paris (1870-1871)

Bibliographie

: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

[Bonhomme 2000] Éric Bonhomme (préf. Jean-Marie Mayeur), La République improvisée :


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Témoignages politiques :

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Ernest Dréolle, La journée du 4 septembre au Corps Législatif : Avec notes sur les
journées du 3 et du 5 septembre, souvenirs politiques, Paris, Amyot, 1871, 138 p. (lire en
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Liens externes

Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste : Universalis (https://www.u


niversalis.fr/encyclopedie/proclamation-de-la-iiie-republique/)
Notices d'autorité : BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb15556696q)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb15556696q))
« Que s’est-il passé au Palais Bourbon le 4 septembre 1870 ? (https://www2.assemblee-n
ationale.fr/15/evenements/2017/1870-2020/que-s-est-il-passe-au-palais-bourbon-le-4-sept
embre-1870) » et « La guerre de 1870-1871 et la proclamation de la République (https://w
ww2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/histoire-de-l-assemblee-nation
ale/la-troisieme-republique-1870-1940/la-guerre-de-1870-1871-et-la-proclamation-de-la-re
publique) », Assemblée nationale (consulté le 12 septembre 2023).
« 4 septembre 1870 - Infographie : Proclamation de la IIIe République par Gambetta (http
s://www.gouvernement.fr/partage/9407-proclamation-de-la-iiie-republique-par-les-parisien
s) », sur gouvernement.fr, septembre 2020.

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