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Université Ziane Achour de Djelfa

Département des Langues Etrangères

Module : CCL

Niveau 3 année Licence

Enseignant : MAKROF Mohamed

Cours 1 : La guerre franco-prussienne


Plan du cours

Présentation

1- présentation
I. les origines de la guerre
II. la Prusse contre l’Empire
La guerre franco-prussienne est un conflit militaire opposant la France et la Prusse, de juillet 1870 à
janvier 1871. Cette guerre a eu pour conséquence la perte pour la France des territoires d’Alsace-Lorraine,
qui se trouvent dès lors au centre du contentieux franco-allemand jusqu'à la fin de la première guerre
mondiale.

I. Les origines de la guerre

Du côté des Allemands :

1- Un fort courant francophobe touche la Prusse, vers les années 1860.


2- La volonté d’unifier les Etats allemands réticents (Bavière et Wurtemberg)
3- Affaiblir la puissance française à l’échelle européenne.

Du côté des Français :

1- Napoléon III veut redorer le blason de l’Empire, après plusieurs revers diplomatiques (la bataille
de Sadowa)
2- La menace que représente l’union allemande pour la France.
3- Le rattachement de Luxembourg, en 1867, à la France.

I.1 L’élément déclencheur de la guerre

L’évènement qui déclenché la guerre est la candidature de Léopold de Hohenzollern, cousin du roi de
Prusse Guillaume1er, au trône de l’Espagne. Cette affaire tourne mal, Napoléon III ne se satisfait pas de
l’annulation de la candidature du prince, et veut humilier la Prusse.

I.2. Déclaration d’Émile Olivier devant le Conseil législatif le 06 juillet 1870


Le 3 juillet, l'agence Havas communiquait à la presse la nouvelle de la candidature Hohenzollern. Ce
fut une émotion générale. Les hommes prudents ils étaient le petit nombre -furent inquiets. Les autres furent
enchantés de cette nouvelle et s'écrièrent que c'était enfin l'occasion de venger Sadowa.
Le duc de Gramont avisa l'ambassadeur de Prusse à Paris, M. de Werther, que la France ne tolérerait

pas l'établissement d'un prince prussien sur le trône d'Espagne .


Le 6 Juillet, Émile Olivier, chef du gouvernement et le Duc Gramont, ministre des affaires étrangères
s’adressent aux Corps législatif. Le ministre des Affaires étrangères monta à la tribune et lut cette
déclaration :
« Il est vrai que le maréchal Prim a offert au prince Léopold de Hohenzollern la couronne d'Espagne et que
le prince l'a acceptée. Mais le peuple espagnol ne s'est point encore prononcé et nous ne connaissons point
encore les détails vrais d'une négociation qui nous a été cachée. Aussi, une discussion ne saurait-elle aboutir
maintenant à une conclusion pratique nous vous prions de l'ajourner. Nous n'avons cessé de témoigner nos
sympathies à la nation espagnole et d'éviter tout ce qui aurait pu avoir les apparences d'une immixtion
quelconque dans les affaires d'une noble et grande nation en plein exercice de sa souveraineté. Nous ne
sommes pas sortis à l'égard des divers prétendants au trône de la plus stricte neutralité et nous n'avons jamais
témoigné pour aucun d'eux ni préférence ni éloignement. Nous persisterons dans cette conduite. Mais nous
ne croyons pas que le respect des droits d'un peuple voisin nous oblige à souffrir qu'une puissance étrangère,
en plaçant un de ses princes sur le trône de Charles-Quint, puisse déranger à notre détriment l'équilibre
actuel des forces de l'Europe et mettre en péril les intérêts et l'honneur de la France. Cette éventualité, nous
en avons le ferme espoir, ne se réalisera pas. Pour l'empêcher, nous comptons à la fois sur la sagesse du
peuple allemand et sur l'amitié du peuple espagnol. S'il en était autrement, forts de votre appui et de celui de
la nation, nous saurions remplir notre devoir sans hésitation et sans faiblesse! »

La séance fut interrompue de fait pendant plus d'une demi-heure et l'on put entendre répéter dans
tous les groupes ces mots fatidiques C'est la guerre! C'est la guerre!
Cette déclaration avait un grand effet en France et en Europe. M. Émile Ollivier, étonné lui-même du
bruit fait par la Déclaration, de l'accueil frénétique qu'elle avait reçu de la majorité, des trois salves
d'applaudissements et des acclamations qui l'avaient accueillie, télégraphia aussitôt à l'empereur que « le
mouvement avait dépassé le but et qu'on eût dit une déclaration de guerre ».

L’ambassadeur français en Prusse, le comte Benedetti, sous ordre du ministère des Affaires
étrangères, part à Ems — ville thermale du nord-ouest de l’Allemagne où séjourne Guillaume Ier — et lui
demande d’ordonner le retrait de Léopold. Quoique contrarié, le monarque donne à Benedetti l’autorisation
d’entrer en contact avec son cousin. En son absence, le père de ce dernier, le prince Charles-Antoine,
accepte le retrait de la candidature. Mais Napoléon III ne se satisfait pas de cette reculade. Il veut humilier
la Prusse, fût-ce au prix d’une guerre. Le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères, demande alors à
Guillaume Ier de rédiger une lettre d’excuse personnelle à l’empereur et de garantir que la candidature
Hohenzollern sur l’Espagne ne sera jamais renouvelée. Le 13 juillet 1870, lors d’un entretien avec Benedetti,
Guillaume Ier rejette ces prétentions dans une dépêche dite « d’Ems ». Le chancelier Bismarck publie
immédiatement un abrégé de la dépêche dont la formulation, offensante, exaspère la tension franco-
prussienne. Il sait que cette provocation engendrera le conflit espéré : la Prusse est militairement prête et
Bismarck compte sur l’effet psychologique de l’entrée en guerre pour rallier les États allemands à sa cause.

L’affaire de la dépêche suscite une vive émotion en France. Le 7 juillet 1870, des manifestations
patriotiques agitent Paris, surtout chez les ouvriers, très bellicistes. La Marseillaise est chantée sur les
boulevards. Stimulée par cet élan patriotique, l’Assemblée vote les crédits de guerre le 15 juillet et, le 19, le
président du Conseil Émile Ollivier déclare la guerre à la Prusse d’un « cœur léger ».
II. Prusse contre l’Empire
Trois armées allemandes — commandées respectivement par le général von Steinmetz, les princes
Frédéric-Charles et Frédéric-Guillaume — pénètrent en France. Le premier engagement, accrochage mineur,
est remporté le 2 août par la France à Sarrebruck, sur la frontière franco-allemande. Mais le reste du mois
n’apporte plus qu’une succession de défaites qui atterrent les Français. Lors des batailles de Wissembourg
(4 août), de Reichschoffen et Froeschwiller (6 août), les Français commandés par le maréchal Mac Mahon
sont vaincus. Les troupes prussiennes tiennent déjà l’Alsace et une grande partie de la Lorraine. Cependant
que Mac Mahon reçoit l’ordre de se replier sur Châlons-sur-Marne, Bazaine, commandant des troupes
stationnées à l’est de Metz, reçoit l’ordre de rester sur ses positions : Metz doit être conservé à tout prix.
Mais cette stratégie coupe l’armée française en deux et cette dernière se trouve dès lors incapable de
retrouver son unité, sa liberté d’action.

Le 12 août, Napoléon III confie le commandement suprême à Bazaine. Mais après plusieurs défaites
à Borny (14 août), Vionville (15 août), Rezonville et Gravelotte (16 août), puis Saint-Privat (18 août), il se
replie sur Metz, assiégée par deux unités allemandes. Mac Mahon se porte à son secours avec l’armée
reconstituée (130 000 soldats). Cependant, le 30 août, les Allemands surprennent les Français à Beaumont et
Mac Mahon se replie sur Sedan.

II.1 Bataille de Sedan et la chute du second Empire

L’affrontement décisif débute à Sedan au matin du 1er septembre 1870. À 7 heures du matin,
Mac Mahon, sérieusement blessé, laisse le commandement à Félix de Wimpffen. La bataille fait rage
jusqu’au milieu de l’après-midi. Napoléon III arrivé sur place reprend le commandement. Devant la situation
désespérée, il fait hisser le drapeau blanc. Les termes de la reddition sont négociés nuitamment et le
2 septembre au matin, Napoléon III et ses 83 000 hommes se rendent, marquant l’effondrement de l’Empire.

II.2 La Prusse contre le République


Avant la nouvelle de la capitulation, plusieurs villes se sont dotées de comités de Défense nationale
(Marseille, Bordeaux, Lyon). Le 3 septembre 1870, Paris se soulève à son tour et l’Assemblée législative
proclame la République. Le 4 septembre, un gouvernement de la Défense nationale est investi avec à sa tête
un militaire, le général Trochu.

Expression d’un sursaut nationaliste, patriotique et jacobin du peuple et de ses élus qui, tous bords
confondus, refusent la capitulation, le gouvernement de la Défense nationale ne peut toutefois endiguer
l’hémorragie militaire. Fin septembre, Strasbourg — qui reste l’un des seuls endroits où les Français peuvent
espérer stopper l’invasion prussienne — capitule. Dans la foulée, Paris est assiégée le 19 septembre. Les
Parisiens s’arment contre l’envahisseur et luttent malgré la famine.

Le 7 octobre, Léon Gambetta, ministre de la guerre du gouvernement de la Défense nationale


s’échappe de façon spectaculaire de la capitale — en ballon — et gagne Tours. Il y établit la capitale
provisoire pour préparer une éventuelle reconquête commençant par la libération de Paris. Dans le même
temps, les Français subissent une occupation violente et humiliante. L’image répulsive du « barbare »
prussien gagne en force. C’est pourquoi, à partir du 2 novembre, au nom du credo de la « nation en arme »,
Léon Gambetta réussit à réquisitionner tous les hommes valides de 21 à 40 ans et à organiser trente six
divisions militaires. Mais ses efforts restent vains.

Après la défaite de Metz (27 octobre, Bazaine se rend avec 177 000 soldats) puis celle de Beaune-
la-Rolande (28 novembre), l’échec des armées de la Loire devant Orléans (3-4 décembre 1870) force à
abandonner l’espoir de libérer Paris. Tour à tour, les autres armées françaises sont vaincues : la deuxième
armée de la Loire de Chanzy dans la Sarthe (11 décembre) ; l’armée de l’Est, après avoir secouru l’héroïque
défense de Belfort assiégée, se replie sur la Suisse (17 décembre) ; enfin, après la victoire de Bapaume
(3 janvier), l’armée du Nord de Faidherbe échoue devant Saint-Quentin le 19 janvier 1871.

II.3 La capitulation française

Dès avant la capitulation de Paris et en dépit de la résistance de quelques places fortes, la guerre est
perdue pour la France. Le 19 janvier 1871, les négociations s’ouvrent. Pour Bismarck, elles marquent une
victoire complète. La veille, jour du 170e anniversaire de la proclamation du royaume de Prusse, il a en effet
vu ses incessants efforts pour l’unité allemande récompensés. Guillaume Ier a accepté d’être couronné
empereur du Deutche Reich (Empire allemand) dans la galerie des Glaces du château de Versailles — choix
symbolique qui humilie la France. Sedan et ses conséquences parachèvent donc sur le territoire français
l’entreprise unitaire posée sur les fonds baptismaux de Sadowa.

Bismarck a également réussi à isoler la France. Épuisée, celle-ci perd pour un temps son rang de
nation d’influence. De plus, Bismarck impose les élections du 8 février 1871 qui envoient à la chambre une
majorité monarchiste et pacifiste qui l’agrée plutôt qu’une chambre républicaine.
II.4 Les conséquences de la défaite française

Le 28 janvier 1871, la capitulation officielle de Paris est prononcée. Un armistice de trois semaines
entre en vigueur. La nouvelle Assemblée française, majoritairement pacifiste, désire signer au plus vite un
accord de paix. Réunie à Bordeaux à partir du 12 février, elle se donne Adolphe Thiers comme chef de
gouvernement. Chargé de négocier avec les Allemands les conditions de la défaite (voir pacte de Bordeaux),
Thiers doit aussi faire face, dès mars, à la révolte de la Commune de Paris.

Une des principales conséquences de l’effondrement français est en effet la rébellion du peuple
parisien. Le 18 mars, dans un élan sacrificiel et belliciste exacerbé par le siège des derniers mois, il se
révolte contre l’Assemblée. Un gouvernement révolutionnaire est formé — la Commune de Paris — opposé
à l’armistice et décidé à lutter avec acharnement contre les soldats envoyés par Thiers pour réprimer
l’insurrection. La guerre civile prend fin avec la semaine sanglante (21-28 mai 1871).

Entre-temps, le 10 mai, le traité de Francfort a été signé et a mis fin à la guerre avec le IIe Reich.
L’Alsace et une partie de la Lorraine (dont Metz) sont cédées à l’Empire allemand qui s’offre ainsi un glacis
protecteur au-delà du Rhin. La France doit verser une indemnité de guerre de 5 milliards de francs et subir
l’occupation allemande jusqu’à son complet versement. Cette lourde indemnité, intégralement payée en
septembre 1873, permet le départ des contingents allemands et la libération du territoire français (convention
du 15 mars 1873).

Sur le plan de la politique intérieure, la défaite française ouvre deux années de tergiversations durant
lesquelles l’espoir d’une restauration, finalement déçu à cause du ralliement d’Adolphe Thiers à la
République, anime les milieux conservateurs.

Reste le contentieux à propos des territoires perdus. Léon Gambetta a une approche modérée :
« Pensez-y, n’en parlez pas ». Mais selon le mot de Charles Maurras, « Revanche, reine de la France », il y a
aussi un idéal belliqueux, vengeur qui, dès 1871-1872, stimule une droite nationaliste et xénophobe sans
cesse renforcée jusqu’à la fin du XIXe siècle. Toutefois, la majorité des Français n’abonde pas dans ce sens,
du moins jusqu’à l’évidence de la revanche à prendre, en 1914. Alors, la marque durable que la défaite de
1870-1871 a imprimée dans la mémoire d’au moins deux générations rejaillit au premier plan.

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