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Histoire

Module 2 : approche thématique de la Grande


Fiche
Guerre

Objectifs de ce module :

- Comprendre l’organisation du musée


- Se familiariser avec les espaces
- Apprendre des bases historiques en lien avec chaque espace (histoire militaire, sociale,
technique…)

Mise en garde :
Attention, il s’agit d’un condensé des informations essentielles à connaître concernant les espaces
d’expositions du musée et les diverses thématiques pouvant être abordées. Chaque thème pouvant
être approfondit par la suite par des lectures et études spécifiques.
Ce n’est pas le discours à tenir lors d’une visite : le guide doit sélectionner parmi ces informations
celles correspondant à son thème de visite et adaptées à la demande des visiteurs.

I. Le parcours court

ESPACE D’INTRODUCTION

L’espace d’introduction fonctionne comme une « machine à remonter le temps ». Les visiteurs
partent avec leurs regards actuels de la Grande Guerre (monument aux morts, planche de BD,
plaques commémoratives). Puis des extraits d’archives filmées et des illustrations sont projetés sur
un pan de mur et les emmènent jusqu’en 1870.

ESPACE 1 : « OUBLIER… JAMAIS ! »

Une France humiliée

Après la guerre entre la France et la Prusse (future Allemagne), la France considère sa défaite comme
imméritée. L’annexion de l'Alsace et d’une partie de la Lorraine par l’Allemagne laisse une blessure
ouverte. Le 18 janvier 1871, dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, naît l’Empire
allemand (Prusse et régions germaniques).

ESPACE 2 : LES ETATS D’ESPRIT

L’idée de revanche

En France naît, après 1870, un esprit de revanche. Il s’exprime dans les objets de la vie courante, les
publications, les images, mais aussi les jouets. L’Armée en devient le symbole de la future revanche.

Une armée à reconstruire

La France va alors réorganiser et moderniser son armée : le pays se couvre de casernes, partout
l’uniforme est vu et considéré. En 1905 un service militaire de deux ans, obligatoire pour tous, est
mis en place.

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Le militarisme prussien

L’Allemagne est réunie autour de l’empereur Guillaume Ier puis de Guillaume II. L’armée devient le
symbole de l’unité allemande.

ESPACE 3 : DE L’ECOLE A LA CHAMBREE

L’école de la République

En France, l’école participe à diffuser l’idée du patriotisme (leçons de morale, figures historiques).
Elle prépare aussi les jeunes à la défense de la patrie et lui transmet l’idée du sacrifice.

Une éducation sportive et militaire

En 1882 des bataillons scolaires sont créés dans les écoles. Ils disparaissent en 1892 (coûteux et peu
suivis). Ils sont remplacés peu à peu par des sociétés sportives, de tir et d’escrime.

La chambrée

À l’âge de 20 ans, tout jeune homme doit se présenter devant le conseil de révision au chef-lieu de
son canton. Arrivé à la caserne, il perçoit son arme et un important paquetage (habillement et
équipements). Sa vie militaire se partage ensuite entre exercices, gardes, corvées et manœuvres.

ESPACE 4 : L’EUROPE PARTAGEE

L’alliance franco-russe

En 1892 et 1893, la France conclut avec la Russie une alliance militaire et économique. Les deux
puissances doivent s’aider si l’Allemagne déclare la guerre à l’une d’elles.

La Triple Entente

Le Royaume-Uni et la Russie concluent, en l907, un accord réglant leurs désaccords coloniaux. Cet
accord, associé à ceux de l’Entente cordiale conclus entre la France et le Royaume-Uni, rapproche les
trois puissances et donne le jour à la Triple Entente.

La Triple Alliance

Un premier rapprochement s’opère entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie qui signent, en 1879, des
accords militaires défensifs : c’est la Duplice. Malgré des différends territoriaux qui l’opposent à
l’Autriche-Hongrie, l’Italie s’associe aux deux empires, d’où la Triple Alliance, ou Triplice.

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ESPACE 5 : SARAJEVO

« Attentat à Sarajevo… »

Le 28 juin 1914, l’archiduc héritier d’Autriche-Hongrie François-Ferdinand et son épouse sont


assassinés par un jeune nationaliste serbe à Sarajevo. L’attentat sert de prétexte à l’Autriche-Hongrie
pour adresser un ultimatum à la Serbie qui accepte presque tous les termes. Refusant de s’en tenir
là, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet.

« Ils ont tué Jaurès, nous n’assassinerons pas la France… »

Durant le mois de juillet 1914, les socialistes français expriment leur opposition à la guerre par de
grandes manifestations pacifistes. Jean Jaurès, leur leader, est assassiné le 31 juillet 1914. Il n’y a
alors plus d’opposition pour empêcher la guerre.

ESPACE 6 : PARTIR POUR UN ETE

Un enchaînement inéluctable

Par le jeu des alliances, la déclaration de guerre à la Serbie enclenche un mécanisme qui échappe à
tous. Le 30 juillet, la Russie décrète une mobilisation générale que l’Allemagne prend pour une
provocation. Les semaines qui suivent voient se succéder les déclarations de guerre. Après quarante
ans de paix, stupéfaits mais emportés par un sentiment national, les hommes rejoignent les casernes.
Tous pensent « partir pour un été. »

ESPACE 7 : 1914


L’invasion de la Belgique (4 août) / L’engagement du Royaume-Uni (5 août)

Conformément à ses plans (plan d’opérations Schlieffen), les armées allemandes pénètrent dans le
Luxembourg et la Belgique. Objectif : contourner les défenses françaises situées face à l’Alsace et la
Lorraine. L’armée belge ne parvient pas à stopper l’invasion et se replie.

Garant de la neutralité belge et voyant l’entrée des armées allemandes en Belgique, le Royaume-Uni
décide le 4 août d’intervenir aux côtés de la France. Contrairement à la France et l’Allemagne,
l’armée britannique est une armée de métier composée de soldats bien équipés et entraînés, le
Royaume-Uni fait débarquer en France, à partir du 9 août, un corps expéditionnaire réunissant
90 000 hommes sous les ordres du maréchal French.

La bataille des frontières (15-24 août)

A partir du 15 aout, l’armée française suit le plan XVII et attaque l’empire allemand dans le but de
récupérer l’Alsace et la Lorraine. Sur un autre front, l’empire allemand passe par la Belgique, les

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Pays-Bas et le nord de la France pour contourner l’armée française et avancer vers la capitale. Ces
assauts violents obligent l’armée française à se replier en direction de Paris.

Le repli général des alliés (25 août)

Le recul de l’armée française favorise l’avancée de l’armée allemande. Celle-ci pense alors que la
victoire est proche mais ses soldats sont épuisés et les jours qui passent les éloignent de leurs bases
arrières. Les soldats français reculent jusqu’au secteur sud de la Marne, entre Paris et Verdun.

Paris menacé (Ier septembre)

A l’approche de cette avancée allemande, Paris se transforme en camp retranché. Des barricades
sont montées et une nouvelle armée est mise en place pour protéger la capitale. Le gouvernement
français se replie sur Bordeaux.

Les batailles de l’Ourcq et de la Marne (5 – 11 septembre)

Poursuivies par l’armée allemande, les troupes françaises et anglaises reculent jusque la Marne. Le 5
septembre, le général français Gallieni attaque les troupes allemandes sur l’Ourcq. Le 6 septembre,
Joffre ordonne la contre-attaque générale le long de la Marne, sur un front de 300 kilomètres allant
de Paris à Verdun. Une partie des renforts (environ 5 000 hommes) est transportée par les taxis
parisiens. Après 6 jours de combats, les Allemands battent en retraite et se rétablissent plus au nord.
C’est la victoire de la Marne.

ESPACE 8 : LES TRANCHEES


Les armées s’enterrent (Octobre – Novembre 1914)

Après la bataille de la Marne, les troupes tentent de se contourner lors de violents combats et
remontent jusque la mer du Nord : c’est la « course à la mer ». Epuisées, les armées des deux camps
s’enterrent et se font face dans un ensemble de tranchées continu, le long d’un front de 750 km, de
la mer du Nord à la Suisse. L’espoir d’une guerre courte disparaît, la « guerre des tranchées »
commence. Elle durera quatre ans sans que les offensives des uns ou des autres ne parviennent à
faire bouger la ligne de front.

La guerre s’enlise (Décembre 1914)

Les tranchées sont destinées à protéger le combattant, l’ennemi devient invisible. C’est un système
complexe de défenses qui s’organise. Entre les deux tranchées ennemies, un champ de bataille  : le
no man’s land. Les troupes sont parfois séparées de quelques dizaines de mètres seulement. Entre
deux attaques, chacun s’occupe à renforcer sa position.

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Les tranchées  (1914 – 1918)

La tranchée nécessite
une organisation
gigantesque. Il faut y
apporter des hommes,
de la nourriture, des
outils, des munitions...

La tranchée contient
des abris creusés en
profondeur, des postes
pour tirer et guetter.
Ces postes sont
protégés par des
parapets (petits murs)
faits de sacs de terre,
de blindages, de filets
de camouflage et
surtout d’épais fils
barbelés. Lors des
attaques, le soldat
utilise des échelles d’assaut, des cisailles, des lance-grenades… pour traverser le no man’s land et pénétrer les lignes ennemies.

Différences entre tranchées françaises et allemandes

Chez les Français, la tranchée reste assez sommaire et provisoire : la terre est retenue par du bois.
Pour l’armée française, il faudra retourner dans une guerre de mouvement et reprendre le terrain
perdu. Les soldats changent de tranchée régulièrement : ils ne cherchent pas à améliorer leur espace.

Chez les Allemands, la tranchée (surtout deuxième et troisième ligne) est une fortification faite pour
durer et pour garder le terrain gagné. Elle comporte d’importants abris souterrains et des défenses
bétonnés : elle résiste mieux face aux canons.

ESPACE 9 : 18
La crise des effectifs (1918)

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Les combats entrainent de plus en plus de pertes (morts, blessés, disparus) et les troupes ont du mal
à être reconstituées. En 1918, on mobilise les jeunes de 18 ans (17 ans en France). Seule l’arrivée
massive des Américains va rétablir la situation en juin 1918.

Les offensives allemandes du printemps 1918 (Mars – Juin 1918)

Avec l’effondrement de la Russie, les Allemands concentrent leurs troupes sur le front Ouest. Dès
mars 1918, de puissantes offensives sont lancées. Les armées se relancent dans une guerre de
mouvement.

La seconde bataille de la Marne (15 – 20 juillet 1918)

Les Allemands déclenchent, le 15 juillet, une dernière offensive : « l’offensive pour la paix »
(Friedensturm). Ils franchissent la Marne mais sont arrêtés par des troupes françaises et américaines,
appuyées par de nombreux chars et par une division aérienne. Les Allemands se replient le 20
juillet et sont poursuivis par les alliés ; Paris est à nouveau sauvée.

ESPACE 10 : VERS LA VICTOIRE ALLIEE


Le 8 août : « jour de deuil » de l’armée allemande (Août 1918)

Le maréchal Foch devient le commandant unique des armées alliées. Le 8 août, il lance une série
d’offensives en Picardie qui provoquent le recul les armées allemandes. De nombreuses unités
allemandes craquent. Le général allemand Ludendorff appelle cette journée du 8 août le « jour de
deuil ». Mais les allemands se rétablissent et résistent à nouveau.

La marche au Rhin (Octobre 1918)

Depuis le 8 août, l’armée allemande a reculé sur l’ensemble du front. La marche vers le Rhin
commence. Les Allemands retraitent en bon ordre, dévastant méthodiquement le terrain libéré. Fin
octobre, ils ont presque totalement évacué le sol français. Craignant un effondrement du front,
Ludendorff insiste pour cesser le combat.

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ESPACE 11 : L’ARMISTICE


Les canons se taisent (11 novembre 1918)

Persuadés que la guerre durera jusqu’en 1919, les Alliés sont surpris par la demande d’armistice
formulée dès le mois d’octobre par l’Allemagne. Plus que le recul de ses armées et la malnutrition, ce
sont les mouvements insurrectionnels intérieurs, qui décident le pouvoir politique à hâter l’armistice.
D’abord simple demande de suspension d’armes, elle débouche sur une capitulation de fait.
L’armistice prend effet le 11 novembre 1918 à 11 heures.

Le retour des provinces perdues

Mi- novembre, l’armée française pénètre en libérateurs en Alsace et en Lorraine. Elles défilent à
Strasbourg, Mulhouse, Metz, Colmar... Cependant, si la France vient de gagner la guerre, la paix reste
encore à gagner : l’Alsace et la Lorraine sont encore allemandes (elles ne redeviendront
officiellement françaises qu’à la suite du traité de Versailles).

ESPACE 12 : LES ILLUSIONS DE LA VICTOIRE


Un pays à reconstruire

A l’Ouest, le conflit s’est essentiellement déroulé sur le sol français. Dans le Nord et l’Est, outre les
terres dévastées, les mines noyées et les usines pillées, ce sont des centaines de milliers de
bâtiments détruits qui sont à reconstruire. L’urgence : déminer les champs de bataille, combler les
milliers de kilomètres de tranchées et reconstruire les villes. Pour financer la reconstruction, l’Etat
fait appel à l’emprunt, mais tous considèrent que l’Allemagne doit payer les dommages de guerre.

Retours victorieux

La fin de la guerre consacre la victoire des démocraties et l’effondrement des empires. Après un
premier Noël de paix, les populations d’Europe attendent beaucoup des traités que leurs dirigeants
négocient. Un nouvel équilibre devra s’instaurer pour garantir une paix durable en Europe.

Retour des réfugiés, des prisonniers et des hommes

La démobilisation commence dès l’armistice signé. Jusqu’en septembre 1919, près de 5 millions de
soldats français sont rendus à leurs foyers. Les classes les plus jeunes resteront jusqu’en 1921. Les
prisonniers (520 000 français), rentrent peu à peu. Si les ouvriers retrouvent leur travail, les femmes,
licenciées, sont priées de retourner à leurs tâches ménagères. À cela s’ajoute la difficulté de
reprendre une vie commune après quatre années de séparation, l’impossibilité pour les hommes de
dire l’horreur des tranchées, et, pour les réfugiés, la découverte de leurs maisons et de leurs terres
dévastées.

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Des négociations pour un nouveau monde (Janvier 1919)

La Conférence de la Paix s’ouvre le 18 janvier 1919 à Paris et se termine en juin. Elle veut réaliser un
immense travail de reconstruction en respectant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour
assurer une paix durable. Mais elle est conduite par les principaux vainqueurs qui affichent
rapidement leurs divergences tout en niant le droit des peuples colonisés. Cette conférence affirme
surtout le poids prépondérant des grandes puissances dont les Etats-Unis.

Le Traité de Versailles (28 juin 1919)

Le traité le Versailles est signé le 28 juin 1919. Plusieurs conditions sont imposées à l’Allemagne :

- l’Alsace-Lorraine est rendue à la France,

- les colonies allemandes sont partagées entre vainqueurs,

- l’armée allemande est limitée à 100 000 hommes,

- l’Allemagne doit reconnaître l’entière responsabilité du déclenchement de la guerre,

- l’Allemagne est obligée payer pour les dommages de guerre (des milliards de marks. L’Allemagne a
finit de payer sa dette indirecte de la Grande Guerre en 2010)

Ce traité crée un sentiment de rancœur qui préparera le conflit suivant.

Les traités de Saint-Germain, Trianon, Neuilly et Sèvres.

Trois autres traités réorganisent en 1919 la carte de l’Europe :

- l’empire austro-hongrois est démembré,

- la Pologne renaît et prend des terres allemandes et russes,

- la Roumanie s’agrandit,

- de nouveaux états naissent : la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie,

- l’Empire ottoman est démembré et donne naissance à la Turquie, l’Arménie, l’Irak, la Syrie, la
Palestine et la Transjordanie.

La Der des Ders

Arrive le temps des bilans qui choquent les esprits : 75 millions d’hommes mobilisés, 9,5 millions de
morts, plus de 21 millions de blessés, surtout des Européens et des hommes jeunes. La guerre est
considérée comme le pire de tous les maux : les traités de paix souhaitent créer un monde plus juste,
tous espèrent que la guerre passée sera la dernière, la « Der des Ders ». Au nom du « plus jamais ça »
le pacifisme s’installe durablement dans beaucoup d’esprits.

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ESPACE 13 : LA CONSTRUCTION DE LA MEMOIRE


Après la guerre, les associations d’anciens combattants et monuments aux morts voient le jour. La
guerre continue d’avoir des conséquences, directes et indirectes, sur la géopolitique et les conflits
(Deuxième Guerre mondiale, etc.).

De nos jours, la mémoire est toujours présente : fouilles archéologiques (des squelettes de soldats,
disparus pendant la Grande Guerre, continuent d’être découverts), musées, commémorations,
terrains encore pollués par les armes…

II. Le parcours long (les salles thématiques)

SALLE A : UNE GUERRE NOUVELLE


Cette salle est conçue comme un laboratoire présentant les différents types d’armes employées
pendant le conflit et leurs évolutions.

L’artillerie : du 75 à Max le long

En 1914, la France possède surtout une artillerie de campagne (canon de 75 mm) face au canon de
77 mm allemand. Mais l’Allemagne dispose également d’obusiers, d’une importante artillerie lourde
et même d’une artillerie mobile de siège. La guerre des tranchées conduit les deux camps à
développer une artillerie adaptée aux tranchées et une artillerie lourde dominant le champ de
bataille. En 1917, si l’artillerie française égale largement celle des Allemands, ces derniers tirent sur
Paris en 1918 avec un canon, Max le Long, appelé Bertha par les Français, d’une portée de 140
kilomètres.

Les armes individuelles

L’armement individuel du soldat de 1914, fusil et baïonnette, va connaître partout la même


évolution : la puissance de feu augmente avec les fusils mitrailleurs. Dans les tranchées, les soldats
reprennent des équipements du Moyen-âge. Ils Les protections et armes pour le combat rapproché
se développent : casque, cuirasse, grenade à main, poignard et matraque.

Le camouflage

Le camouflage se développe avec le développement de l’aviation en s’intéressant à tous les


domaines : artillerie, véhicules, dépôts, avions, navires de guerre ou de commerce… Tout au long du
conflit, il ne cesse de se perfectionner. Les soldats doivent devenir invisibles.

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Le char (Septembre 1916)

Conçus à l’initiative du général français Estienne et du colonel britannique Swinton, les chars
permettent cependant de renouer avec la guerre de mouvement. En 1918, l’entrée en service en
grand nombre du char Renault FT 17, utilisés en liaison avec l’avion et l’infanterie, conduit les Alliés
vers la victoire.

Les gaz (Avril 1915)

Interdit par les conventions, les gaz sont cependant utilisés par les Allemands dès le mois d’avril 1915
puis par les Alliés. Dans les premiers temps, l’effet des gaz n’est pas très efficace. Ils deviennent
ensuite de plus en plus toxiques. Pour se protéger, les soldats s’équipent de masques à gaz (qui
évoluent tout au long du conflit). En 1918, un nouveau gaz très toxique, l’ypérite, est utilisé. Il brûle
les tissus (vêtement, peau) : il faut alors porter des vêtements spéciaux.

Les communications

Le clairon est le premier moyen de communication utilisé pour donner les ordres sur le champ de
bataille mais les tranchées poussent les armées à expérimenter et à développer de nouveaux outils
de communication : le téléphone de campagne, la télégraphie sans fil gagne en portée et en
puissance… Mais le moyen de communication le plus sûr sera le pigeon voyageur.

L’aviation

En 1914, l’aviation est utilisée pour des missions de reconnaissance. A partir de 1915, des appareils
plus robustes et puissants permettent des combats aériens et des bombardements. Une compétition
technique s’engage : mitrailleuse synchronisée à l’hélice, viseur de bombardement et radio font leur
apparition. Les fléchettes sont remplacées par des bombes à fragmentation ou incendiaires de plus
en plus puissantes. En 1918, l’aviation est utilisée en masse cependant que les ballons dirigeables et
captifs, qui ont montré leurs limites, disparaissent peu à peu du ciel.

La marine

Les batailles navales sont rares durant cette guerre. La domination de la flotte britannique est
écrasante. Les bateaux cuirassés sont vulnérables face aux armes nouvelles : mines, torpilles et
bombes d’aviation. L’Angleterre bloque l’accès à l’Allemagne par la mer du Nord dès 1914. Ce blocus
maritime oblige l’Allemagne, qui meure de faim, à engager en 1917 une guerre sous-marine à
outrance. Cette guerre sous-marine porte des coups très durs au commerce allié. La mise au point de
la grenade sous-marine et l’appui des Etats-Unis sauveront les alliés d’une situation critique.

SALLE B : LA MOBILISATION DES SOCIETES

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L’appel à tous

Août 1914 : villes et campagnes se vident des millions d’hommes de 18 à 45 partis à la guerre. Les
femmes, les enfants et les personnes âgées sont appelés à remplacer les hommes et à participer à
l’effort de guerre. Les plus jeunes aident à la maison tandis que les adolescents travaillent aux
champs ou en usine.

Produire plus

La guerre devait être courte. Rien n’avait été prévu pour faire face à une pénurie de munitions et de
main-d’œuvre quand affluèrent les commandes militaires. Ce n’est qu’en 1915 que les économies
nationales commencent à s’adapter : les ouvriers qualifiés sont retirés du front ; la durée du travail
est allongée on appelle des ouvrières peu qualifiées à des tâches simples et répétitives  dans les
usines d’armement : les « munitionnettes ».

Consommer moins

Toute l’énergie est tournée vers l’effort de guerre. Les civils doivent moins consommer : prix
imposés, rationnement, interdiction de certains produits... En Allemagne, même si la recherche et
l’industrie parviennent à développer de nombreux produits de remplacement, les « ersatz », le
blocus imposé par les Alliés affame la population et prive l’industrie de guerre de matières
premières.

L’appel à l’or

Pour financer cette guerre devenue industrielle, tous les pays en guerre font appel à l’emprunt. Une
véritable chasse à l’or s’engage : les civils peuvent échanger leur or contre des billets. On fait
également appel à la générosité publique : quêtes, journées à thème, comités de secours aux
prisonniers ou aux réfugiés… Ces appels se font notamment par le biais de campagnes d’affichage.

Propagande et désinformation

La propagande encourage l’effort de guerre en flattant les valeurs nationales et en dénonçant les
exactions et mensonges de l’ennemi. Le but est de valoriser son propre camp tout en cherchant à
démoraliser l’adversaire. La censure, la désinformation, le contrôle du courrier complètent cette
action tandis que les communiqués donnent une version officielle, mais souvent très inexacte, des
opérations.

La guerre des images

Les artistes peintres officiels, présents depuis toujours dans les guerres, s’effacent peu à peu derrière
le cinéma et la photographie. Mis à l’origine au service de la propagande, ces nouveaux moyens qui

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donnent à voir la réalité de la guerre, vont être l’enjeu d’une véritable guerre des images pour
informer des opérations et faits militaires, puis du quotidien du combattant.

Se battre et mourir pour son pays

En France, dès novembre 1914, certains réclament la création d’une médaille pour les soldats les plus
valeureux. En avril 1915, la Croix de Guerre est créée. Elle est attribuée à plus de deux millions
d’exemplaires à des combattants, des unités, des animaux… En Allemagne, une décoration très
populaire, la Croix de Fer, récompense depuis 1813 la bravoure du soldat. Elle est attribuée plus de
cinq millions de fois.

COULOIR C : FEMMES ET SOCIETES


Tous mobilisés !

L’enlisement du conflit oblige bientôt à une mobilisation totale des énergies pour soutenir l’effort de
guerre. Les femmes se voient d’abord confier des tâches jusque-là réservées aux hommes. Puis on
leur demande de rejoindre massivement les industries de guerre où elles se montrent une main-
d’œuvre efficace, docile et rentable. A l’ouest, on fera aussi appel à la main-d’œuvre indigène des
empires coloniaux.

Dans tous les pays en guerre, les femmes, habituées aux travaux agricoles, prennent le relais et se
font chefs d’exploitation dans des conditions de travail d’autant plus éprouvantes que les animaux de
trait ont été réquisitionnés.

Assurer le quotidien

A l’arrière, pénuries et inflations marquent le quotidien (notamment dans les empires centraux à
cause du blocus). Pour nombre de femmes il s’agit de trouver un travail pour remplacer l’absence
d’un salaire. Les autorités militaires imposent le rationnement de tout ce qui est nécessaire à l’effort
de guerre : nourriture, cuirs, tissus, charbon... Les files d’attente s’allongent devant les magasins.

La lutte contre le gaspillage est quotidienne : cours de cuisine pour réutiliser les restes, distribution
des tickets de rationnement…

Tendresse et sexualité

Longuement séparés de leurs femmes, les soldats ressentent une frustration affective et sexuelle. La
prostitution se développe contre l’avis des autorités militaires. Ne pouvant stopper le
développement de la prostitution, l’armée française crée, le 13 mars 1918, les bordels militaires de
campagne : sélection de professionnelles, cahier des charges et définition de règles d’hygiène.

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Le soutien aux soldats

La correspondance du soldat avec sa famille devient une nécessité pour supporter le quotidien des
tranchées. Mais ce soutien familial est impossible pour les soldats des régions envahies (400 000
hommes originaires du nord et de l’est de la France) : des « marraines de guerre » viennent
remplacer leur famille dès janvier 1915. Les soldats reçoivent lettres et colis, ils disposent d’un foyer
pour les accueillir en permission. Ce système s’étend à l’ensemble des armées.

Résistantes et espionnes

Dans les régions occupées, des femmes s’organisent pour renseigner les Alliés sur la situation des
troupes ennemies ou mettent en place des filières d’évasion. Traquée par l’envahisseur, elles
persistent dans leurs actions allant souvent jusqu’à donner leur vie. Dès lors, un service de contre-
espionnage est mis en place afin de localiser les traîtres ou les agents-doubles.

Anges blancs et voiles noirs

La Grande Guerre voit l’engagement massif de femmes de tous pays dans les services de santé.
Surnommées les « Anges blancs », ces femmes religieuses ou laïques s’engagent pour aider les
soigner les soldats.

A l’arrière, c’est le temps du deuil pour les veuves et les mères, vêtues de noir, qui pleurent un mari
ou un fils ; à cette douloureuse épreuve s’ajoute celle de ne pouvoir se recueillir sur une sépulture.

Vivre en zones occupées

La Belgique, le Nord et l’Est de la France, la Serbie puis la Russie, l’Ukraine et la Roumanie sont
envahies par les troupes des empires centraux. Ceux qui n’ont pas fui vont devoir supporter les
sévères règlementations de l’administration ennemie. L’occupation se transforme en pillage (très
violent dans les pays slaves). Les femmes sont les premières victimes de cette situation  : travail
obligatoire, déportations (ex : 20 000 lilloises entre 1916-1918), viols, exécutions…

Femmes combattantes

Les chefs militaires occidentaux acceptent que des infirmières s’approchent et soignent en première
ligne mais ils rejettent la demande de certaines femmes de porter les armes. Cependant, à l’Est, des
femmes vont prendre les armes : en Serbie, par exemple Milunka Savic, ou en Russie, comme Maria
Bochkareva qui combat sur le front russe.

Revendicatrices et féministes

Depuis le début du XXe siècle, dans toute l’Europe, les femmes proclament leur droit à l’égalité (de
vote, de travail…). L’Union sacrée de 1914 calme ces revendications mais elles reprennent dès 1917.
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Des mouvements féminins clament l’efficacité des femmes et la nécessité de leur participation, à
l’égal de l’homme, dans la société à venir.

SALLE D : LA TRANCHEE AU QUOTIDIEN


Correspondre

En France, le service du courrier aux Armées s’organise en secteur postaux, il achemine alors avec
régularité 600 000 lettres et 40 000 paquets par jour. En 1915, avec le courrier des troupes d’Orient
et d’Afrique, et celui qui est destiné aux prisonniers français en Allemagne c’est alors près de cinq
millions de lettres et 320 000 paquets par jours. Les courriers sont contrôlés et certains textes
peuvent être censurés.

Se nourrir

Les nouvelles conditions du combat conduisent les Français à recourir aux cuisines roulantes déjà
utilisées chez les Allemands et les Britanniques. Malgré les difficultés représentées pour nourrir les
armées dans les tranchées, l'ordinaire de la ration du soldat français s’améliore alors que celui du
soldat allemand se dégrade à partir de 1916.

Boire

Le ravitaillement en eau potable est une nécessité majeure au combat. Des unités de
désinfection d'eau s'organisent, il y a même un service de production et d'embouteillage d'eau
pétillante côté allemand. Mais le soldat doit souvent se contenter de l’eau souillée qu’il trouve sur
le champ de bataille. Les hommes attendent surtout leur ration de vin ou de bière, selon les
camps, sans oublier la petite ration d'eau-de-vie. L'alcoolisme dans l’armée française devient un
tel obstacle à la discipline que l'état-major s’en préoccupe.

S’occuper les mains… et l’esprit

Dès 1915, pour remédier aux manques et à l’ennui du quotidien des tranchées, les soldats se livrent à
des activités manuelles : briquets, petites bagues, coupe-papiers, douilles sculptées… Les déchets du
champ de bataille fournissent les matériaux : métaux, bois ou tissu. Rien ne se perd et tout se
transforme. Cet art des tranchées, qui participe à la propagande patriotique, est une des réactions
aux épreuves imposées par la guerre.

Fumer

Fumer est un plaisir pour nombre de soldats. Côtés allemands et anglais, la cigarette blonde et le
cigare sont très répandus. Dans les tranchées françaises, c’est le gros paquet de tabac brun en vrac,

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Guerre

appelé perlot ou gros Q. L’armée distribue environ 30 grammes par homme et par jour. Le papier à
rouler est souvent offert et le paquet est alors illustré de motifs patriotiques.

Se laver

Il est pratiquement impossible de se laver, de se raser ou de changer de linge dans la tranchée. Si les
barbes poussent dans les premiers mois de la guerre, elles disparaîtront avec l’apparition du masque
à gaz. Les hommes ne peuvent pas toujours se déchausser, poux et puces provoquent
démangeaisons et lésions de la peau, il n’est possible de laver son linge qu’en seconde ligne, et les
habits de remplacement sont rares. Le combattant vit, se terre et meurt comme une bête.

Les corvées

Corvées de soupe, de grenades, de planches, de barbelés... tout est corvée dans les deux camps pour
acheminer en première ligne ce qui est nécessaire au quotidien du combattant : nourriture,
munitions, équipements de combat et de protection. Ces corvées, effectuées quotidiennement sont
parmi les tâches les plus pénibles et les plus risquées de la vie des tranchées.

L’argot des tranchées

La guerre des tranchées et le mélange des populations, la découverte de modes de vie et de combat
inconnus jusqu'alors, ainsi que l'apparition de nouveaux armements, donnent naissance à un très
riche vocabulaire de mots populaires et imagés. Certains perdurent encore aujourd'hui : par exemple
« singe » pour de la viande en conserve, « poilu » pour le soldat français, « gourbis » pour logis
rudimentaire, « kawa » pour le café…

Les journaux de tranchée

Dès 1915, des journalistes mobilisés créent une presse du front. Rapidement, plus d'une centaine de
titres voient le jour. Ces journaux de tranchée, écrits par et pour les poilus, représentent une réponse
aux journaux officiels dans lesquels le soldat ne se reconnait pas toujours.

Témoigner

Par les souffrances endurées et sa violence subie, cette guerre est à l'origine d'une multitude de
témoignages. Dans leurs correspondances, leurs carnets, leurs dessins, photographies ou peintures,
ces hommes témoignent de leurs conditions de combat. Il y a la volonté de ne pas faire tomber dans
l’oubli l’expérience de la violence combattante.

SALLE E : TACTIQUE ET STRATEGIE

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Guerre

L’échec des plans (1914)

Les plans de guerre n’avaient pas anticipé les conditions de la guerre moderne : importance de la
logistique et puissance du feu. En novembre, le front se fige de la Suisse à la Mer du nord et
l’Allemagne s’empare des mines et usines d’acier du Nord et de la Belgique. L’hiver stabilise le front.

La guerre de position (1915)

A l’ouest, face à une armée allemande sur la défensive, les alliés lancent de grandes offensives
meurtrières en Artois puis en Champagne, mais sans grand résultat. De leur coté les Empires
centraux concentrent leurs efforts sur le front russe, ou ils remportent d’importants succès. Les
Austro-hongrois contiennent les Italiens sur le front alpin et les turcs résistent aux débarquements
alliés sur la côte des Dardanelles. Avec l’entrée en guerre de la Bulgarie, l’armée serbe ne peut que
reculer.

La guerre d’usure : Verdun, la Somme (1916)

Chacun en est persuadé : pour gagner la guerre il faut percer le front par une attaque massive sur un
point précis. En Février, les Allemands attaquent Verdun. Après une avance fulgurante, la résistance
française brise les espoirs de l’ennemi. De même, en juillet, enfin équipés en artillerie lourde,
Français et Britanniques attaquent sur la Somme, sans grand résultat. Ces batailles sans issues usent
chacun des adversaires. Ainsi, les Italiens s’épuisent sur l’Isonzo et la percée Russe s’essouffle en
Galicie. La Roumanie, rangée au côté des Alliés, est battue et livre blé et pétrole aux Empires
centraux.

L’année trouble (1917)

Le conflit s’internationalise et prend un caractère industriel déterminant alors que partout montent
les grèves et les idées pacifistes. L’Allemagne concentre son effort sur une Russie minée par la
révolution. Mais, en engageant une guerre sous-marine à outrance, elle entraîne les Etats-Unis dans
le conflit du côté des Alliés. En avril, l’échec sur le Chemin des Dames provoque une crise grave dans
l’armée française, laissant les Britanniques isolés pour mener leurs offensives dans les Flandres. En
octobre, survient le désastre italien à Caporetto, puis la révolution bolchevique en Russie.

La reprise de la guerre de mouvement (1918)

Les combats cessent sur le front russe, ce qui permet à l’armée allemande de lancer, au printemps,
une série de puissantes offensives sur le front français. La menace est sérieuse. Mais l’arrivée des
Américains, le commandement unique du maréchal Foch pour l’ensemble des alliés et une nouvelle
tactique coordonnant l’aviation, les chars et l’infanterie (troupes au sol), brisent les espérances
militaires allemandes. Puis en septembre, dans les Balkans, ce sont les armées alliées qui
surprennent les ennemis. La Bulgarie rend les armes : la victoire alliée se précise.

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Guerre

SALLE F : CORPS ET SOUFFRANCES


La blessure
La blessure va concerner environ 20 millions de combattants. L’artillerie et les armes nouvelles
provoquent des blessures graves et souvent invalidantes jusqu’alors inconnues. Parmi les 2,8 millions
de blessés français, beaucoup mourront des suites de leur blessure, ou d’une intoxication par les gaz
après la fin de la guerre. En France, plus d’un tiers des mobilisés ont été blessés et, pour certains,
plusieurs fois au cours du conflit.

La relève des blessés


En 1914, le règlement français prévoit que le combattant blessé soit évacué vers l’arrière après avoir
reçu des soins sommaires sur place. De nombreux soldats meurent avant d’être soignés à l’arrière  ;
en cause, les conditions de transport et le temps du transfert pouvant mettre plusieurs jours. Avec la
stabilisation des fronts, le service de santé des armées réorganise la chaîne des soins : des postes de
secours sont installés au plus près des lignes pour recevoir rapidement les blessés et pratiquer les
premiers soins.

L’hôpital de la zone des armées


Immédiatement en arrière des lignes, chaque unité possède un ou plusieurs postes de secours où le
blessé reçoit les premiers soins d’urgence. Une fois arrivé, commence pour lui la deuxième étape de
son long parcours. Selon la gravité des blessures, de l’espérance de survie et de l’affluence des
blessés, le médecin fait un tri entre les blessés qui seront soignés et ceux qui ne le seront pas.
Rapidement opérés, même pour des blessures très graves, les blessés soignés sont évacués vers les
hôpitaux de l’arrière ou pour d’autres, vers l’infirmerie de cantonnement avant le retour au front.

Les structures sanitaires de l’arrière


Dès que son état le permet, le blessé est envoyé vers des établissements hospitaliers de l’arrière. A
partir de 1915, des progrès essentiels sont apportés à la chaine d’évacuation ; ambulances
automobiles et trains sanitaires raccourcissent la durée des transports, la coordination de l’ensemble
des moyens hospitaliers civils améliorent l’efficacité des soins. Le développement de la radiologie,
des moyens antiseptiques, des techniques chirurgicales et de rééducation permettent, autant que
possible, le retour des combattants au front ou du moins, de limiter les handicaps et les infirmités.

Les mutilés
L’artillerie est responsable de 6 blessures sur 10. Les éclats d’obus broient les membres ce qui, à
l’époque, entraine presque automatiquement une amputation. Dès 1915, des associations de grands
mutilés se constituent. En 1919, la France pensionne un million d’entre eux, dont 100  000 grands
invalides et plus de 15 000 mutilés de la face. Ces « Gueules cassées », souvent gravement défigurés,
sont l’un des symboles les plus tragiques de la guerre.

Les traumatismes

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Guerre

Les violences de la Grande Guerre ont profondément marqué les corps, les âmes et les esprits. Elles
ont été la cause de traumatismes neurologiques et fonctionnels, allant de la simple déprime à la
démence, de l’anxiété à la névrose traumatique. Ces réactions, encore très mal connues, seront
progressivement mieux décrites, étudiées, suivies et soignées. Il sera difficile pour les armées
d’accepter l’idée qu’une guerre rende fou.

La mort
On meurt, tué net ou de blessures, ou bien de maladies, parfois même par suicide. En France, pour
respecter la douleur des familles et honorer les victimes, une loi de 1915 impose la tombe
individuelle à la place de la fosse commune. En 1916, l’appellation de «  Mort pour la France »
sacralise le sacrifice du combattant. La guerre terminée, les corps identifiés qui n’ont pas été
restitués aux familles, mais aussi les dépouilles des inconnus, sont regroupés dans des nécropoles
nationales et des carrés militaires entretenus à perpétuité aux frais des Etats.

La religion
La brutalité des événements et l’importance des pertes provoquent rapidement, au front comme à
l’arrière, un retour à la foi et aux pratiques religieuses. C’est surtout en première ligne que le
religieux se penche sur les âmes et donne les derniers sacrements. Accompagnant blessés et
mourants, les religieux partagent leurs souffrances, donnent les derniers sacrements et reçoivent
souvent les dernières volontés.

SALLE G : Vivre loin de son pays


Etre réfugié
Par craintes des combats et des violences de l’envahisseur, de nombreux civils fuient les régions
menacées et cherchent refuge à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins. Les aides privées,
administratives ou internationales se multiplient pour soulager le quotidien des réfugiés, mais ces
afflux massif d’expatriés (2 millions en France en 1918) provoquent quelquefois des tensions avec les
populations locales.

Etre prisonnier
Les prisonniers se comptent par millions. Dépassées, les puissances détentrices ont les plus grandes
difficultés à les nourrir et les héberger dans des conditions sanitaires respectant les termes des
conventions de La Haye. Pourtant suivi par la Croix rouge internationale, leur sort est variable d’un
pays à l’autre : traitement correct en France et en Grande-Bretagne, disette dans l’Allemagne
soumise au blocus, voire sous-alimentation pour les prisonniers slaves. De plus, en violation des
traités, des prisonniers sont mis au travail dans l’industrie d’armement et participent à l’effort de
guerre de leur adversaire.

SALLE H : UNE GUERRE MONDIALE

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Guerre

La guerre en mer
La maîtrise des mers est un enjeu militaire et économique majeur pour toutes les nations. Mais les
grands affrontements entre flottes sont limités, car la guerre maritime est d’abord dirigée contre le
commerce. Elle vise l’approvisionnement des adversaires, tous très dépendant de leurs fournisseurs
(Amérique notamment) ou de leurs colonies. En riposte au blocus maritime, mis en place par les
Alliés dès l’entrée en guerre, l’état-major allemand réplique en menant une guerre sous-marine qui
en 1917 sera totale et provoquera l’entrée en guerre des Etats-Unis.

En Asie et dans le Pacifique (1914)


Allié des puissances de l’Entente, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914. Pour lui,
c’est l’occasion d’étendre son influence en Asie en récupérant les colonies allemandes mais n’envoie
pas de soldats en Europe. Les Australiens et les Néo-Zélandais attaquent aussi les colonies
allemandes (archipel Bismarck, les îles Samoa et Tonga). C’est la fin de la présence allemande en
Extrême-Orient.

L’Empire ottoman
L’Empire ottoman rejoint les Empires centraux en novembre 1914. Il tient trois fronts : dans le
Caucase, au Proche-Orient et, à partir de 1915 aux Dardanelles. En 1915, les «  Jeunes Turcs »,
nationalistes violents, déportent les populations arméniennes vivant près du Front du Caucase qu’ils
accusent de complicité avec la Russie. Cette déportation se transforme en véritable génocide :
environ 1,2 millions d’Arméniens sont tués.

La Russie
L’armée Russe est imposante mais mal équipée. Succès et défaites se succèdent face aux armées
allemandes et austro-hongroises. En 1916, trois brigades russes viennent combattre aux côtés des
alliés : deux en Champagne, l’autre à Salonique. En février 1917, la révolution éclate  ; le tsar abdique
et l’armée russe n’est plus capable de mener une offensive. Après leur prise de pouvoir en octobre
1917, les Bolcheviks signent une paix séparée avec les Puissances centrales à Brest-Litovsk le 3 mars
1918.

Les Dardanelles (1915)


Début 1915, bloqué à l’Ouest et voyant la Russie isolée et menacée, les Alliés emmenés par Churchill
décident d’une action navale commune contre les Ottomans. Lancée en février, elle échoue à forcer
le détroit des Dardanelles. En avril, des troupes franco-britanniques débarquent au nord de Gallipoli.
La ferme résistance des Turcs les arrête aussitôt. Un nouveau débarquement en août échoue
également. En octobre, l’envoi à Salonique de troupes au secours de la Serbie met fin à cette
opération téméraire. Les derniers Alliés quittent Gallipoli en janvier 1916. Ils ont perdu 180  000
hommes, les Turcs moitié moins.

Salonique et le front d’Orient

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Module 2 : approche thématique de la Grande
Fiche
Guerre

Après avoir tenu tête à l’armée austro-hongroise, l’armée serbe doit battre en retraite en octobre
1915, refoulée par une attaque commune de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie auxquelles
s’associe la Bulgarie qui a rejoint la triple Alliance. La Serbie est totalement envahie. L’armée serbe
est évacuée à Corfou par des navires alliés. Reconstituée, elle est transférée à Salonique où elle
participe, avec les troupes alliées, à la formation de l’armée d’Orient sous le commandement du
général français Sarrail.

Le front italo-autrichien
L’Italie proclame d’abord sa neutralité. Elle change ses alliances en avril 1915 et entre en guerre du
côté de l’Entente avec la promesse de récupérer des territoires appartenant à l’Autriche-Hongrie.
Bloquée dans les Alpes, ses offensives meurtrières n’apportent aucun résultat décisif. En octobre
1917, une offensive commune des Allemands et des Austro-hongrois provoque l’effondrement du
front à Caporetto. La situation est rétablit sur la Piave après des pertes considérables et grâce à
l’appui d’unités alliées.

Le Proche-Orient
Les Turcs affrontent les forces britanniques au Proche-Orient, en Egypte et en Irak. Après une
capitulation en Irak en 1916, les Britanniques sont vainqueurs en décembre en Egypte. Fin 1917, ils
reprennent des villes irakiennes. Le colonel Lawrence (Lawrence d’Arabie) atteint Akaba après avoir
soulevé la majorité des tribus arabes contre les Turcs en promesse de la création d’un vaste état
arabe.

L’Afrique
L’Allemagne possédait quatre colonies en Afrique. Les Franco-britanniques lui enlèvent le Togo en
1914, puis le Sud-ouest africain en juillet 1915 malgré une vive résistance. Ils ne parviennent à
contrôler le Cameroun que début 1916. Dans l’Est africain, Belges, Britanniques, Sud-Africains et
Portugais se heurtent à une guérilla implacable des Allemands. Leur lutte se poursuivra dans le
Mozambique portugais jusqu’après la signature de l’armistice de 1918. Invaincu, leur chef, le général
von Lettow-Vorbeck est accueilli en héros national à son retour en Allemagne.

De nouveaux belligérants (1917 – 1918)


L’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917, entraine le Brésil, la Colombie, le Pérou et l’Equateur dans
le camp des Alliés. La Guerre fait naître des espoirs d’indépendance : Polonais, Tchèques et
Slovaques, à la suite de l’installation de gouvernements provisoires reconnus par les Alliés, créent en
1918 leurs armées nationales. Les volontaires tchèques combattent en France, en Italie et sur le front
Est, une armée polonaise est engagée sur le front français.

Les neutres
Des pays européens restent en dehors du conflit : Espagne, Pays-Bas, Suède et Norvège. Ils subissent
des pressions économiques, de la part des pays en guerre mais entretiennent avec eux des contacts
commerciaux. La Suisse mobilise en août 1914 pour défendre son territoire mais reste neutre tout au
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Guerre

long du conflit. Elle s’implique dans l’aide aux prisonniers et aux réfugiés des régions occupées.

SALLE I : Du bled à la tranchée


Les colonies françaises
En 1914, les colonies, territoires et protectorats français rassemblent 41 millions d'habitants sur près
de 11 millions de km2, faisant de son empire colonial le deuxième après celui des Britanniques. Ses
colonies sont un enjeu de puissance (elles fourniront 2,5 millions de tonnes de marchandises durant
la guerre : Métaux, blé, riz, bois, café…) et aussi une source de conflit avec les autres nations
(Fachoda en 1898 avec les Britanniques, Maroc en 1905 et 1911 avec les Allemands).

L’armée d’Afrique et les troupes coloniales


L’administration des colonies nécessitait l’organisation d’une force militaire française permanente en
Afrique. L’empire colonial représente une réserve d’hommes et de matières premières, une « Force
noire » qui pourrait servir en Europe en cas de conflit.

La mobilisation des indigènes


L’empire colonial français mobilise près de 600 000 soldats. Ces hommes originaires d’Afrique noire,
des Antilles, d’Océanie et d’Afrique-du-Nord participeront à tous les combats de la Grande Guerre.
L’empire contribue également à assurer la relève des ouvriers mobilisés : plus de 200 000 Nord-
africains, Indochinois et Malgaches sont mobilisés dans les ports, les usines et les champs. Face aux
difficultés du recrutement, on en viendra à chercher en dehors des colonies, notamment en Chine.

Au front
La France aligne des unités composées de soldats originaires d’Afrique noire. Ces régiments de
« tirailleurs sénégalais » (recrutés en fait dans toute l’Afrique noire française) se révèlent de
redoutables combattants. Souvent utilisés comme troupes de choc, leurs pertes restent cependant
légèrement inférieures à celles des métropolitains. Avec les troupes coloniales, ils constituent la
majorité des unités présentes aux Dardanelles et dans l’armée d’Orient.

A l’arrière
Les indigènes arrivent dans les tranchées avec leurs coutumes, leurs chants et leurs croyances. Le
choc psychologique et culturel est aussi violent pour eux que la guerre elle-même. S’y ajoute
l’incompréhension des buts de guerre. Le taux de mortalité par maladies, liées notamment au climat,
est si important que l’état-major organise leur hivernage dans des camps basés dans le Sud-est, les
réservant pour les offensives d’été et le front d’orient auquel, inversement, les Européens sont moins
bien adaptés.

Le temps des bilans

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Guerre

Les colonies françaises ont perdu près de 75 000 soldats (morts et disparus). En conséquence, un
puissant mouvement d’émancipation se développe. Malgré des promesses de changements en
contrepartie des efforts demandés, les réformes politiques restent modestes : la désillusion des
« frères d’armes » d’hier n’en sera que plus grande.

SALLE J : Les Etats-Unis d’Amérique


La neutralité (1914-1917)
En 1914, les Etats-Unis affirment leur neutralité, même si, au souvenir de Lafayette, quelques
volontaires américains s’engagent dans la Légion étrangère. D’abord agacée par le blocus maritime
qui gène les intérêts commerciaux des Etats-Unis, l’opinion publique américaine, exaspérée par le
torpillage de navires civils par les sous-marins allemands, va progressivement pencher pour les Alliés.
Mais surtout, l’implication commerciale et économique des Etats-Unis qui profite avant tout aux
Alliés pèsera fortement dans la décision américaine de s’engager dans le conflit en avril 1917.

Ils débarquent (Juin 1917)


Quand ils s’engagent dans le conflit, les Etats-Unis n’ont qu’une petite armée de volontaires
légèrement équipée. Le 26 juin 1917, les premières troupes débarquent en France. Les troupes
américaines ne représentent encore que 180 000 hommes fin novembre et 300 000 fin mars 1918. A
partir de juillet 1918, ils débarquent au rythme de 250 000 par mois et ils sont près de deux millions
en Europe au moment de l’Armistice et presque autant aux Etats-Unis !

Ils s’installent (1917 - 1918)


Aux Etats-Unis, l’armée américaine construit d’immenses camps d’instruction. En France, elle
commence par mettre en place toute l’infrastructure nécessaire à son installation en prévision de sa
totale autonomie sur le sol français : bases dans les ports de Brest, Bordeaux, le Havre et Saint-
Nazaire ; chemins de fer pour accéder au secteur du front qui lui est attribué en Lorraine, installation
de camps, d’hôpitaux, et de terrains d’aviation… Puis des instructeurs français forment hommes et
officiers sur le matériel français qui est mis à leur disposition : canons, avions et chars.

Ils combattent (Mai 1918)


Les Américains sont véritablement engagés pour la première fois en mai 1918. Le 10 août, 550  000
hommes se voient assignés une partie du front et, en septembre, ils réduisent, le saillant allemand de
Saint-Mihiel. Après ce succès, le général Pershing lance ses troupes entre Meuse et Argonne sur un
front de 24 km, dans le cadre de la grande offensive déclenchée par Foch. L’arrivée des Américains a
permis aux Alliés de reprendre l’initiative.

III. Pour aller plus loin 

Ressources en ligne :
Musée de la Grande Guerre,
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Fiche
Guerre

- Les fiches outils du musée : à consulter et à connaitre absolument !


http://www.museedelagrandeguerre.eu/fiches_outils_5_fichiers

- Site de la mission centenaire, espace scientifique : http://centenaire.org/fr/espace-scientifique

 Un zoom sur les gaz toxiques : http://centenaire.org/fr/espace-scientifique/societe/le-gaz-


moutarde

Bibliographie :

- François COCHET, Rémy PORTE. Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918. Editions Robert
Laffont

- La première guerre mondiale, éditions Gallimard

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