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Le régime de Vichy et la collaboration


Trahison ou stratégie de survie ?

Par Nassira Belloula


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S’il y a un régime qui a marqué autant les esprits par son ambigüité politique,

c’est bien le régime de Vichy. Au lendemain de la débâcle de juin 1940, lorsque les

Allemands ont envahi la Pologne, la Tchécoslovaquie, et percé la défense française

dans les Ardennes, le Maréchal Pétain est appelé au secours d’une France choquée

par la défaite militaire. Il reçoit les pleins pouvoirs de l’Assemblée Nationale et

s’installe à Vichy en mettant en place l’Etat Français. L’une des premières

décisions de Pétain est de solliciter l’armistice. Il l’annonce dans un discours

radiodiffusé le 17 juin, et en octobre il rencontre à cet effet Hitler à Montoire.

Après la signature de l’armistice, Pétain s’engage sur la voix de la collaboration et

va au-delà des aspirations des Allemands en se distinguant dans une série de

décisions jugées désastreuses pour la suite des évènements. Il va opérer sur deux

fronts, le premier interne où il interdit toute voix discordante et toute forme

d’opposition ; syndicats, partis politiques, liberté de la presse et droit à la grève

avant d’entamer des réformes qu’ils jugent essentielles au redressement de la

France qui s’est détournée de ses valeurs ancestrales. Le second front concerne sa

politique de collaboration qui s’articule autour de trois points ; idéologique, et elle

se concrétise par une série de décrets antisémites, les deux suivants points sont

d’ordre économique et militaire avec la mise en place de certaines lois servant plus

les intérêts des Allemands que celui des Français comme le Service de Travail

Obligatoire (STO) ou la Milice qui se battra la main dans la main avec les

Allemands contre les Russes et contre la résistance.

Suite à cette politique de collaboration le régime de Vichy se retrouve au centre

d’un débat qui n’en finit plus entre les historiens, les politiciens et les intellectuels

qu’ils soient Français et étrangers. L’on s’interroge de nos jours encore sur le
3

régime de Vichy, sur son avènement, sur les conditions imposées par les Allemands

dans les clauses de l’armistice, de la nature de la collaboration comme le dit à juste

titre Henry Rousso « Vichy, un passé qui ne passe pas1 ».

Les questions qui reviennent sont certes les mêmes, largement traitées dans

l’historiographie du régime de Vichy même si les angles d’attaques diffèrent, les

sources utilisées sont analysés distinctement avec parfois la découverte de

nouveaux documents2 qui permettent d’élargir les recherches ou des interventions

qui réinstallent des débats comme nous pouvons le constater avec ces deux

exemples. «Nous devons la vérité sur ce qui s'est passé il y a 70 ans. La vérité c'est

que le crime fut commis en France par la France » a déclaré le président français

François Hollande le 22 juillet 2012, lors de la commémoration des rafles de Vél

D’Hiv. Ce qui fait dire à Henri Guaino3 que « ma France, elle n'était pas à Vichy,

elle était à Londres depuis le 18 juin. ».

Justement le régime de Vichy est-il légitime ? Peut-on dire que Pétain a instauré

un régime autoritaire, proche du fascisme et fondé sur la collaboration et

l’antisémitisme ? Est-ce qu’il est le seul responsable de ce qui s’est passé ? Mais

pourquoi au plus fort d’une débâcle des armées européennes et face à l’avancée

triomphaliste d’Hitler, Pétain s’est vu en dépit de son grand âge comme étant

l’homme providentiel ? N’as-t-il pas précipité la signature de l’armistice et couper

la France en deux ? En définitive, Pétain voulait-il sauver la France en se mettant

sous la botte hitlérienne ?

1
Eric Conan et Henry Rousso Vichy, un passé qui ne passe pas, Messagerie du livre, Paris, 1997.
2
Le document d'octobre 1940 a été récemment découvert et authentifié, annonce Serge Klarsfeld. Les
corrections du chef du régime du Vichy élargissent le nombre de juifs concernés et renforcent les
interdictions les touchant.
3
Henri Guaino, né le 11 mars 1957 à Arles, est un haut fonctionnaire et homme politique français.
4

Avant d’aller en profondeur dans le sujet et essayer de répondre à des

questionnements, il est judicieux de restituer les faits historiques dans leur contexte

d’origine.

1 – Hitler met l’Europe à ses pieds, alors que tombent la Pologne et la

Tchécoslovaquie, la France capitule et entre dans une ère de collaboration.

Historiquement, l’Allemagne dans son ambition de dominer le monde, réconfortée

dans la thèse de sa supériorité raciale n’est plus à cacher. Elle affiche clairement sa

stratégie d’imposer un nouvel ordre mondial où elle régnerait en maitre absolu.

Après avoir envahi l’Autriche en 1938, la Tchécoslovaquie en 1939 et la Pologne

en 1939, elle enjambe en 1940 les Ardennes, pénétrant ainsi sur le sol français. Elle

met à profit une stratégie militaire nommée « Blitzkrieg 4». La France attaquée ne

tiendra que dix jours devant l’armée d’Hitler. C’est la débâcle d’une retraite

désorganisée, qui laisse le champ libre à la Wehrmacht de progresser rapidement en

direction de Paris. La tension est à son paroxysme, dans les esprits subsistent

encore les effroyables images de la première guerre mondiale. Face à la peur et aux

bombardements des Allemands, les Français, soit quatre millions se jettent sur les

routes pour fuir les zones de combats. La crise politique n’aide en rien à calmer les

esprits, et c’est le maréchal Pétain, âgé alors de 84 ans, à l’immense popularité qui

est vu comme le chef « providentiel » le seul capable de sortir la France de cette

catastrophe. Comment ne le peut-il pas ? N’est-ce pas lui le héros et le « vainqueur

de Verdun». Il est nommé président du conseil après la démission de Paul Reynaud

et en juin 1940, il demande aux autorités allemandes de préciser leurs conditions

4
Le Blitzkrieg signifie en allemand une guerre éclair, c’est une stratégie offensive imposée par Hitler
qui vise à emporter une rapide victoire en frappant vite l’ennemi économiquement, militairement et
politiquement non seulement en engageant l’ensemble des forces mécanisées, terrestres et aériennes
mais dans un temps limité.
5

de paix avant même que l’Assemblée Nationale ne lui donne les pleins pouvoirs, ce

qui se fera le 10 juillet 1940. Il ne reconnait pas le bien fondé de cette guerre dont il

ampute la responsabilité au régime républicain. Il signe le 22 juin 1940 l’armistice

symbolisé par la rencontre entre Pétain et le Führer, Adolf Hitler, à Montoire, le

24 octobre 1940.

« C'est librement que je me suis rendu à l'invitation du Führer. Je


n'ai subi, de sa part, aucun Diktat, aucune pression. Une
collaboration a été envisagée entre nos deux pays. J'en ai accepté le
principe (...) »

Pétain quitte Bordeaux pour installer son gouvernement à Vichy en zone libre. Il

modifie la constitution pour s’attribuer des pleins pouvoirs, le mot république

disparait au profit de « l’Etat Français » sous la devise « Travail, Famille, Patrie ».

De son côté le général Charles de Gaulle qui a quitté la France au lendemain de la

signature de l’armistice, appelle à partir de Londres ses compatriotes à résister

contre l’occupant nazi. A partir de là, il y aura deux Frances qui vont s’affronter,

celle qui entre de plein grès dans la collaboration, et celle qui va s’organiser

en résistance. La décision de solliciter l’armistice est motivée par le fait que Pétain

est convaincu qu’il n y a pas d’autres solutions et que la victoire totale des

Allemands est éminente. Robert Aron écrit à ce sujet :

« La raison majeure est la conviction unanime du gouvernement que la


victoire allemande est imminente… (L'armistice apporte
indéniablement un soulagement presque physique à tous ceux qu'obsède
alors le sentiment d'une armée en déroute et d'une population répandue
le long des routes »

Pétain espère même que la France puisse se tailler une place dans la futur Europe

allemande. Qu’elle puisse obtenir en contre partie de « ses loyaux services »

certaines compensations. Pétain a-t-il été dupe ou motivé par des ambitions
6

personnelles ? Lorsqu’on voit que l’armistice n’avantage en rien la France, tout au

contraire, ses clauses sont très sévères à son égard. Elle est coupée notamment en

deux parties ; l’une occupée et l’autre libre. Au cours des mois à venir, la France

aura notamment deux gouvernements, l’un à Vichy et l’autre en Algérie. Mais

restons en dans la France occupée et dans sa logique de collaboration, qui se fait

notons le à un seul sens, ce qui la met dans une position de faiblesse devant les

exigences allemandes. La France perd son autonomie en anticipant sur certaines

décisions même si en finalité, les Allemands ne l’épargneront pas. Ils n’hésiteront

pas à envahir la zone libre. Hermann Goering5 ironise, à propos de cette

collaboration en estimant qu’elle ne peut se faire avec la France qu’à la seule

condition que celle-ci se soumet et accepte que ses ressources soient pillées par

l’occupant Allemand.

« (...) Pour moi, la collaboration des Français n'a qu'un seul sens: s'ils
fournissent tout, et de bon gré, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus, alors je
dirai que je collabore. »

2 –Lorsque Pétain reçoit les pleins pouvoirs constitutionnels le 10 juillet 1940 à

Vichy, il va instaurer un régime autoritaire en connivence avec les Allemands. Mais

jusqu'à où ira-t-il dans sa démarche de collaboration ?

Dans l’optique de gouverner au profit d’une France qu’il faut « redresser » Pétain

va s’enraciner dans une logique dictatoriale en instaurant un régime des plus

autoritaires. Il veut une politique nationale qui remet la France sur « le droit

5
Hermann Goering Commandant en chef de la Luftwaffe et ministre de l'Air Allemand. Il est
reconnu comme étant le pilleur des trésors artistiques des territoires occupés de l'Europe occidentale et
de 1942-1943, un des organisateurs essentiels du pillage économique des pays occupés.
7

chemin » même les femmes sont priées de rester chez elle, de ne plus travailler, et

les enfants participent à des chantiers de la jeunesse où le sport est de mise.

« C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord je vous


convie. Français, vous l'accomplirez, et vous verrez, je vous le jure, une
France neuve surgir de notre ferveur 6».

Pétain n’hésite pas à arrêter les dirigeants de la III e République, dont Léon Blum

et Édouard Daladier en 1942, et de les juger pour n'avoir pas préparé la France à la

guerre. Il multiplie les discours pour expliquer sa démarche. Pétain se complait

dans un culte de la personnalité par lequel il voudrait asseoir une autorité sans faille

et sans partage. Toute décision est prise au nom de « nous Maréchal de France » et

il peut compter sur une popularité sans faille qui va en crescendo dans la société

française. Il veut redresser la France qui d’après lui a perdu ses valeurs ancestrales

en se remplissant la tête d’idées corrompus par la République. Il va mettre au point

aussitôt nommé ses projets de collaboration qui vont tourner autour de trois axes

essentiels : la collaboration idéologique, économique et militaire. Pétain créée une

question juive alors qu’initialement elle n’existait pas et ne se posait pas. C’est la

collaboration idéologique que Pétain expédie rapidement en décrétant le 3 octobre

1940, un Statut des Juifs sans que Allemands en soient les initiateurs ni

demandeurs. Il commence par interdire certaines professions aux juifs, il appose

bien qu’il n’est pas soumis aux décrets allemands le tampon « juif » sur les papiers

d’identité. Mais il va plus loin à partir de juillet 1942. Il met la police française à la

disposition des Allemands pour effectuer des opérations d’arrestations et de rafles

des personnes de confession juive. Il apparait clairement que sans cette

collaboration de la milice française créée par Pétain à cet effet, le « succès » de ces

6
Discours de Pétain, transmis à la radio le 25 juin 1940.
8

opérations aurait été vain. A ce propos Karl Oberg, général SS, chef des services de

sureté et de sécurité du Reich en France estime que :

« (...) j'ai déterminé les principes représentants la base d'une


coopération étroite entre la police allemande et la police française. Je
me plais à constater aujourd'hui que ces principes ont contribué à rendre
la lutte plus efficace contre les forces que nous considérons comme nos
ennemis (...) »

Comment se peut-il que Pétain ait poussé la collaboration à un tel degré ? D’aller

même au-delà de toute considération humaine ? La question juive ou le traitement

réservé aux juifs de France fut d’une accablante gestion. Les archives décryptées

par les historiens concernant les discussions franco-allemandes à Montoire ne

mentionnent aucunement une telle entente concernant le sort des juifs. A ce sujet

Serge Klarsfeld écrit que :

« Vichy fit de son propre chef de la propagande antisémite et


anticommuniste et créa un « comité d´action antibolchevique » et un «
commissariat général aux questions juives 7»

De ce fait Vichy adopte une politique résolument antisémite, il ne se contente pas

d’écarter les juifs de certaines fonctions mais de les arrêter et les livrer aux

Allemands. Ils seront quelques 76 000 juifs arrêtés en France pour être déportés et

gazés dans les camps d'extermination nazis, dont celui d'Auschwitz. Selon Paxton

« si les nazis avaient dû œuvrer seuls, le chiffre aurait été beaucoup plus bas. 8». Le

régime de Vichy va alourdir sa responsabilité dans le sort des juifs de France en

décidant de déporter les enfants de moins de 16 ans, bien qu’encore une fois les

Allemands n’aient rien exigée.

7
Serge KLARSFELD Les Juifs en France. Préludes à la solution finale, Edition Beate Klarsfeld,
New York, 1991, page 7
8
Robert Owen Paxton La France de Vichy, Points/Points histoire, Paris, 1974
9

« 3.500 enfants avaient bel et bien été séparés de leur mère dans les
camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers et laissés à eux-mêmes,
puis transportés dans des wagons à bétail scellés en direction d
´Auschwitz. Aucun des 11.000 enfants déportés n’a survécu.9 »

La collaboration économique est concrétisée en deux points ; le premier consiste

à fournir les Allemands en vivres, nourritures et certains produits de premières

nécessités, ce qui prive la France de ses ressources (agriculture et industrie) et va

considérablement l’appauvrir. Conséquences des pénuries et des rationnements qui

affectent la population. L'Allemagne ayant besoin de main-d'œuvre, le régime

instaure ce qu’il va appeler la relève -échanger un prisonnier français contre

l’envoie en Allemagne de trois travailleurs- mais devant les besoins immenses de

l’Allemagne en main d’œuvre, Pierre Laval qui dirige le gouvernement français à

partir d'avril 1942, vote une loi en instaurant le Service du Travail Obligatoire

(STO). Vichy soutient ainsi l’effort de guerre IIIème Reich. La loi concernant le

STO stipule que tout homme valide âgé entre 21 et 23 ans est enrôlé et envoyé en

Allemagne pour une période de deux ans afin de travailler dans les usines surtout

d’armement. Parfois les mobilisations sont musclées pour venir à bout des

récalcitrants qui sont renvoyés en Allemagne sans bagages ni adieux à leurs

familles, le plus souvent arrêtés lors de rafles, de fêtes ou à la sortie des usines où

ils travaillent. La loi du 16 février 1943 est sévère : «Toute personne qui enfreint la

loi ou les mesures prises pour son application est passible d’un emprisonnement de

trois mois à cinq ans et d’une amende de deux cent mille francs».

En janvier 1943, Laval crée la Milice, une organisation paramilitaire qui lutte

contre les résistants aux côtés des Allemands. Des combattants français s’enroulent

volontairement dans le LVF (La légion des volontaires français) et combattent sous

9
In Mémoire juive et éducation. Site:http://d-d.natanson.pagesperso-oranges.fr/enfants_déportes.htm
10

uniforme allemand et finissent dans la division SS Charlemagne ou dans la Weffen

SS en France même. Le régime de Vichy perd à ce moment complètement son

autonomie. Arrivée à ce stade da la collaboration, Pétain ne semble pas réaliser que

le cours de l’histoire est entrain de changer, que le cours de la guerre même est

entrain de changer, que la France devient résistante et qu’il ya une France qui

s’organise outre-mer en rupture avec l’idéologie, la politique et le régime de Vichy.

3 – Alors que la résistance devient incontournable, que de Gaule installe un

nouveau gouvernement à Alger. Pétain persiste dans sa politique de collaboration ?

Pendant longtemps les Français ont cru en une possible entente secrète entre de

Gaulle et Pétain10. Ils n’arrivent pas à concevoir qu’un homme de l’envergure de

Pétain ait pu trahir. Mais devant l’évidence des faits, surtout que la résistance

devient incontournable et que les alliés remportent des victoires, la question de la

légitimité de Pétain revient avec insistance aussi. Lorsque De Gaule installe le

gouvernement français à Alger, les confusions sont telles que l’opinion publique

s’emballe même si la majorité soutient dans une évolution des mentalités, la

résistance. Pourtant du point de vue institutionnel le régime de Vichy ne peut pas ne

pas être légitime. Il faut rappeler que sont 562 parlementaire français certes

paniqués mais conscients sur 669, qui ont donné le plein pouvoir à Pétain et qui ont

voté également la fin de la IIIème république. Pétain a été propulsé aux commandes

de ce qu’il appellera « L’Etat français » avec un appui populaire et institutionnel. A

ce sujet François-Georges Dreyfus établit au sujet des mesures prises par Pétain :

« Qu'elles répondaient aux attentes et aspirations d'une foule de milieux


tant sociaux, économiques, politiques, culturels que religieux, qui
10
Robert Aron semble être à l’origine du mythe du double jeu de Pétain.
11

aspiraient à des «ruptures», ce qui explique qu'elles furent acceptées,


voire approuvées par l'opinion publique du temps11 »

Certes que sur cette question de légitimité, plusieurs historiens et politiciens se

confrontent dans des opinions divergentes. Certains se posent la question que si

Pétain était légitime, De Gaulle ne l’était pas alors et vice-versa. Pour le général de

Gaulle et François Mitterrand la seule France légitime durant l'occupation

allemande était la France libre. Il aurait fallu attendre presque cinquante ans pour

entendre un chef d’état français se prononcer sur la responsabilité de la France dans

les actions du régime de Vichy. En effet en 1995, Jacques Chirac déclare le16

juillet 1942 que le régime de Vichy "commettait l'irréparable" selon ses propres

mots au nom de la France. Quand à Lionel Jospin Vichy c’était un « gouvernement

de la France ». Pour Jean Pierre Chevènement, encore un homme politique qui se

prononce ici, et suite aux déclarations de Jacques Chirac (cité plus haut) que :

« Vichy n'est pas venu comme un gouvernement ordinaire. Ses hommes


ne seraient jamais arrivés au pouvoir par la voie du suffrage universel.
Ils n'y sont parvenus qu'à la faveur d'une défaite anticipée, voire
souhaitée. Vichy n'était pas la République. »

Il est intéressant notamment de voir l’évolution de l’historiographie du régime de

Vichy durant ces dernières années. Entre 1950/1960, les thématiques sont dominées

par l’idée d’une résistance de la France que ce soit avec des actes ou des pensées.

Et la collaboration n’était que l’apanage d’une minorité. Dans les années

1970/1980, les chercheurs focalisent sur « la recherche des responsabilités de l’Etat

français » notamment chez l’historien américain Paxton spécialiste de Vichy 12 qui

s’est basé largement sur les archives allemandes. Durant les années 1990/2000, les

études se sont finalement orientées sur plusieurs aspects de la vie sociopolitique des
11
François-Georges Dreyfus, Vichy avant Vichy, Perrin, Paris, 1990
12
Robert Paxton La France de Vichy, Points/Points histoire, Paris, 1974
12

français sous le régime de Vichy (corps de polices-magistratures-projets politiques-

vie culturelle…etc.). Bien que la plus grande partie des ses études se sont penchées

sur la problématique de la collaboration et les crimes du régime de Vichy. Il est tout

à fait possible de conclure sur l’idée avancée par Henri Michel dans Pétain et le

régime de Vichy en ce qui concerne un changement de cap possible pour Pétain

surtout que ses prévisions concernant la guerre et du choix de son camp dans le

souci de bénéficier d’un quelconque traitement de faveur de la part d’Hitler.

« Les erreurs de prévisions, qui avaient conduit à la demande des


conditions de la paix, et à la célébration et l’acceptation de l’armistice
comme d’un succès, se découvraient peu à peu dans toute leur
gravité13»

En analysant les faits historiques qui se sont déroulés durant le régime de Vichy et

des décisions prises par Pétain durant les quatre années de l’occupation allemande,

nous permet de forger une opinion assez complète sur la situation d’inconfort dont

laquelle s’est enlisé le régime de Vichy. Il est clair que subsistent encore des zones

d’ombre comme sur les réelles motivations de Pétain ou sur ses capacités même de

légiférer vu son grand âge. Certaines questions ont été tranchées, juste après la

libération de la France. La première concerne les accusations de trahison du régime

de Vichy, et d’après les tenants et aboutissants du procès de Pétain le 23 juillet

1944 où il est condamné à mort (peine commuée à la réclusion à perpétuité) et

"frappé "d'indignité nationale", il ne peut plus y avoir de qui propos à ce sujet.

Pétain est allé de son propre grès vers l’armistice et une collaboration qui est au fait

un appui au régime hitlérien. La nature de sa collaboration avec le IIIème Reich ne

laisse place à aucun doute. Pétain a livré des centaines de juifs français et étrangers

à la mort, s’ajoute à cela sa volonté de mettre entre les mains des Allemands les
13
Henri Michel Pétain et le régime de Vichy, PUF, Paris, 1978, page 123.
13

bases militaires françaises dans les possessions d’outre mer. Il a poussé la

collaboration jusqu'à pourchasser les résistants français qui se sont retrouvés à

combattre sur deux fronts d’un côté les Allemands et de l’autre leurs complices de

Vichy. Il faut dire que la collaboration voulu par Pétain n’a été que dans un seul

sens, et n’a fait qu’aggraver la situation déjà précaire des Français, fragilisés par

les pénuries, les persécutions et un danger permanent.

Pétain a misé sur la victoire de l’Allemagne ce qui ne se fait pas surtout que

l’Angleterre résistait toujours, que l’URSS et les USA entrent en guerre comme

alliés et que la France se prononce pour une résistance qui d’un début mal au point

et timide, a réussi à s’unir pour atteindre ses objectifs. A ce moment-là l’insistance

de Pétain de poursuivre une collaboration sans limite malgré les nouvelles données

n’est plus une erreur d’aiguillage du début du conflit mais bel et bien une

« trahison » perçue telle quelle par les français. Lorsque cette issue s’est avérée être

sans issue, Pétain n’a pas saisi la chance de changer de cap, et est allé jusqu'à

refuser fermement l’entente proposée par les Anglais et les Américains. Rester

l’allié des Allemands jusqu’au bout ne peut qu’être interpréter comme une haute

trahison et d’intelligence avec l’ennemi.


14

Bibliographies
15

- François-Georges Dreyfus, Vichy avant Vichy, Perrin, Paris, 1990


- Robert Paxton La France de Vichy, Point, Paris, 1973
- Denis Peschanski, Vichy un et pluriel in la France sous Vichy. Autour de
Robert Paxton. Complexe, 2004.
- Raul Hilberg Exécuteurs, victimes, témoins, Gallimard, Paris 1994, et coll.
Folio-Histoire, 2004
- Serge KLARSFELD Les Juifs en France. Préludes à la solution finale,
Edition Beate Klarsfeld, New York, 1991.
- Eric Conan et Henry Rousso Vichy, un passé qui ne passe pas, Messagerie du
livre, Paris, 1997.

- In Mémoire juive et éducation [En ligne]. Site : http://d-


d.natanson.pages.perso-orange.fr/enfants_deportes.htm)
- Jean-Pierre Chevènement Vichy, laver ou noyer la honte ? In Libération [En ligne].
Site http://www.liberation.fr/france/1995/08/07/vichy-laver-ou-noyer-la-
honte_142069
- Le régime de Vichy [En ligne] Site http://vichy.canalblog.com/archives/p55-
5.html
- Fabien Dabert Guaino, Hollande, la France et le régime de Vichy In
l’Internaute.com [En ligne] Site :
http://www.linternaute.com/actualite/politique/guaino-scandalise-par-hollande-
0712.shtml
- Pierre Gobert, guerre éclair, all, Blitzkrieg. In Encyclopædia Universalis [en
ligne] Site : http://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-eclair-blitzkrieg/
- Dossier : le procès de Pétain In historia [En ligne] In
http://www.historia.fr/mensuel/704/lacte-daccusation-01-08-2005-54734
- L'original du statut des juifs accable le Maréchal Pétain [En ligne]. Site
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/03/01016-
20101003ARTFIG00082-l-original-du-statut-des-juifs-accable-le-marechal-
petain.php

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