Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
ECOLE DOCTORALE
Thèse de Doctorat
ARNAUD PERTUÉ
er
Le 1 Décembre 2008
à l’IUT de Saint Nazaire
TITRE
JURY
N° ED 498-18
Remerciements
REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé à l’Institut de Recherche en Génie-Civil et Mécanique (GeM,
UMR CNRS 6183).
Professeur Abdelhafid KHELIDJ pour avoir dirigé ce travail de thèse et de m’avoir donné
l’occasion de réaliser cette thèse dans de bonnes conditions ;
Pierre MOUNANGA pour son encadrement, pour avoir partagé ses connaissances sur le
sujet et également pour son soutien ;
Professeur Jean Pierre OLLIVIER, pour avoir présidé mon jury. Professeur Christophe
LANOS et Professeur Sofiane AMZIANE, d’avoir accepté de rapporter ce mémoire de thèse.
Professeur Zoubeir LAFADJ et M. Philippe GEGOUT d’avoir accepté de faire partie de mon
jury.
Je tiens à remercier tout le personnel de l’IUT ainsi que le département Génie Civil avec
Bernard Haurat, chef de département, et Didier Hennetier pour m’avoir intégré dans l’équipe
enseignante durant le monitorat et en tant qu’ATER. Je remercie également tout les
enseignants, en activité ou non, pour leurs encouragements et leur soutien. Je tiens également
à remercier tous les étudiants qui m’ont eu en tant qu’enseignant.
Je voudrais également remercier pour finir mes amis, ma famille, mes parents et ma petite
sœur pour leurs soutiens et leurs encouragements.
-i-
Résumé
RESUME
La fissuration précoce des ouvrages en béton résulte en grande partie des variations
dimensionnelles du matériau liées à son évolution thermique, hydrique, chimique et
microstructurale au jeune âge. L’empêchement partiel ou total de ces déformations peut
générer un champ de contraintes de traction suffisamment élevées pour provoquer la
fissuration de la matrice cimentaire en cours de durcissement. Les mécanismes moteurs à
l’origine de ces déformations – séchage, exothermie des réactions d’hydratation, contraction
Le Chatelier et autodessiccation – sont aujourd’hui bien identifiés et divers modèles sont
proposés pour simuler l’effet de chacun de ces mécanismes sur l’évolution dimensionnelle du
matériau. Cependant, de nombreuses questions demeurent sur les interactions entre ces
différents types de déformations : en effet, en conditions réelles d’exploitation de l’ouvrage,
ces déformations se développent simultanément et peuvent avoir des effets cumulatifs ou
opposés sur l’évolution dimensionnelle des matrices cimentaires. Un travail expérimental
s’avère alors nécessaire afin de mieux comprendre et quantifier la contribution de chaque
phénomène et de chaque paramètre dans le risque de fissuration précoce.
Au cours de nos travaux de thèse, nous avons étudié les variations dimensionnelles
endogènes de la phase réactive du béton, i.e. la pâte de ciment. La première partie de ce
travail de thèse a consisté à développer des dispositifs de mesure des déformations en
conditions empêchées et sous chargement, adaptés au comportement durcissant et
exothermique des matériaux cimentaires aux jeune et très jeune âges. Le premier dispositif
mis au point est inspiré de l’essai à l’anneau de fissuration et a permis la mesure de l’âge de
fissuration des pâtes de ciment soumises à différents niveaux de contraintes. Un second
prototype expérimental, inspiré du dispositif mis au point par Kovler, a été développé afin de
mesurer le fluage des pâtes de ciment chargées en traction. Chacun de ces dispositifs a été
muni d’un système de régulation permettant de contrôler et d’imposer différents historiques
thermiques aux matériaux étudiés.
La deuxième partie de ce travail a été consacrée à l’analyse croisée des résultats d’une
étude expérimentale multi-variable. Cette étude a permis de mesurer l’effet de différents
paramètres de composition et de conservation sur le risque de fissuration précoce des pâtes de
ciment. Elle a été complétée par des essais de prise Vicat, de retrait libre, de résistance à la
compression et à la traction et de module d’Young. Les résultats ont démontré la
-iii-
Résumé
-iv-
Abstract
ABSTRACT
The premature cracking of Civil Engineering concrete structures results from
dimensional variations of cement-based materials due to thermal, hydrous, chemical and
micro-structural evolutions at early age. The total or partial restrained shrinkage causes the
development of tensile stress in the material. As soon as they become higher than the material
tensile strength, the cracking appears in the cement-based material. Nowadays, the shrinkage
mechanisms – drying, exothermy of hydration reactions, Le Chatelier’s contraction and self-
desiccation – are identified and some models are proposed to predict the effect of each
mechanism on the dimensional evolution of the material. However, numerous questions are
asked about the interactions between these different types of strains. Indeed, in the real
condition, these strains develop simultaneously and can have a cumulative or opposite effect
on the dimensional evolution of cement-based materials. Experimental work is necessary to
understand and to quantify the contribution of each phenomenon and each parameter to the
risk of premature cracking.
During this thesis, we have studied the autogenous dimensional variations of the
cement-based materials. The first part of this research work has consisted in developing
devices for the measurement of strain in the restrained conditions and under loading,
especially adapted to the hardening and exothermic behavior of cement-based materials at
early and very early age. The first device realised is inspired by the cracking ring test and
permits the measure of cracking age of cement pastes submitted to different stress levels. A
second experimental prototype, inspired by Kovler’s device, was developed to measure the
tensile creep of cement pastes. Each device was equipped with regulation system allowing to
control and to impose different thermal histories on the studied materials.
The second part of this work is devoted to the analysis of the results of a multi-
variable experimental study. This one allowed measuring the effect of the different
composition and conservation parameters on the risk of premature cracking of cement pastes.
This study is completed by the setting test, the free shrinkage, the compressive and tensile
tests and the Young modulus measurement. These results have demonstrated the
thermoactivation of the cracking process at early age of cement-based materials and the
sensibility of slag cement to this cracking risk.
-v-
Abstract
The third part concerns the study of the thermoactivation of the studied processes
(setting, hardening, creep and cracking) in order to evaluate the validity of traditional maturity
concept to predict the kinetic of these phenomenons and the cracking age of cement paste.
-vi-
Sommaire
SOMMAIRE
-vii-
Sommaire
-viii-
Sommaire
CONCLUSIONS GENERALES.......................................................................................................197
PERSPECTIVES ...............................................................................................................................203
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.........................................................................................205
-ix-
Sommaire
-x-
Liste des figures
FIGURE 1.1 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE AU COURS DU TEMPS (BARCELO, 2001) ..................................... 7
FIGURE 1.2 : COURBE CALORIMETRIQUE DE L’HYDRATATION D’UN CIMENT PORTLAND (GARTNER ET AL, 2002)... 9
FIGURE 1.3 : COURBE CALORIMETRIQUE DE L’HYDRATATION D’UN CIMENT AUX LAITIERS (SHI ET AL, 1995) ...... 10
FIGURE 1.4 : ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE EN FONCTION DU TEMPS (CHANVILLARD, 1999) .............................. 12
FIGURE 1.5 : VOLUME ABSOLU ET VOLUME APPARENT (GARCIA-BOIVIN, 1999) .................................................. 13
FIGURE 1.6 : MENISQUE CAPILLAIRE NON SATURE (1 : LIQUIDE ; 2 : GAZ ; 3 : SOLIDE) (GARCIA-BOIVIN, 1999) ... 14
FIGURE 1.7 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DU MECANISME DE TENSION SUPERFICIELLE (BRESSON, 2006) ......... 15
FIGURE 1.8 : REPRESENTATION GRAPHIQUE DU MECANISME DE LA PRESSION DE DISJONCTION (BRESSON, 2006) 16
FIGURE 1.9 : INFLUENCE DU RETRAIT DU FLUAGE SUR LA FISSURE DES MATRICES CIMENTAIRES (WEISS 1999) ... 17
FIGURE 1.10 : INFLUENCE DE LA TEMPERATURE SUR L’EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE POUR LE CEM I (A
DROITE) ET POUR LE CEM III (A GAUCHE) (LURA ET AL, 2001) ................................................................... 19
FIGURE 1.11 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU RAPPORT E/C (BAROGHEL-BOUNY ET AL,
2006) ........................................................................................................................................................... 20
FIGURE 1.12 : INFLUENCE DE LA PRESENCE DE LAITIERS SUR L’EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE (LURA ET AL,
2001) ........................................................................................................................................................... 22
FIGURE 1.13 : INFLUENCE DU DOSAGE EN LAITIERS SUR L’EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE (TAZAWA ET AL,
1995) ........................................................................................................................................................... 22
FIGURE 1.14 : DEFORMATIONS DE FLUAGE SOUS CHARGEMENT s(T0) A L’AGE T0. ................................................ 24
FIGURE 1.15 : MECANISMES DE MIGRATION DE L'EAU (ULM ET AL 1999) ............................................................. 25
FIGURE 1.16 : PRINCIPE DE GLISSEMENT DES C-S-H (BENBOUDJEMA, 2002) ........................................................ 26
FIGURE 1.17 : EVOLUTION DE LA FONCTION DE FLUAGE A 20°C EN FONCTION DU TAUX ET DES AGES DE
CHARGEMENT (GUTSCH ET AL, 1994). ......................................................................................................... 27
FIGURE 1.18 : EVOLUTION DE LA COMPLAISANCE DE FLUAGE (PANE ET AL, 2002) DE PATE DE CIMENT PORTLAND
PUR (OPC) ET CONTENANT DES LAITIERS (GGBF) ...................................................................................... 28
FIGURE 1.19 : EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE FLUAGE A DIFFERENTES TEMPERATURES (UMEHARA ET AL,
1994) ........................................................................................................................................................... 29
FIGURE 1.20 : APPLICATION DU PRINCIPE DE MATURITE SUR LE RETRAIT VOLUMIQUE ENDOGENE (TURCRY ET AL.,
2002) ........................................................................................................................................................... 32
FIGURE 1.21 : APPLICATION DU PRINCIPE DE MATURITE SUR LE RETRAIT VOLUMIQUE ENDOGENE (MOUNANGA ET
AL., 2006) .................................................................................................................................................... 33
FIGURE 1.22 : APPLICATION DU PRINCIPE DE MATURITE SUR LE FLUAGE PROPRE EN TRACTION (ATRUSHI, 2003) . 34
FIGURE 2.1 : DISPOSITIF DE L’ESSAI TSTM (SPRINGENSCHMID ET AL, 1994) ....................................................... 39
FIGURE 2.2 : COURBES OBTENUES AVEC LE DISPOSITIF DE KOVLER (KOVLER, 1994) EN CONDITIONS LIBRES (A
GAUCHE) ET EMPECHEES (A DROITE) (IGARASHI ET AL., 2000) ................................................................... .39
FIGURE 2.3 : DISPOSITIF DE L’ESSAI LINEAIRE UTILISE PAR ALTOUBAT ET AL 2002. ............................................. 40
FIGURE 2.4 : DISPOSITIF DE L’ESSAI LINEAIRE UTILISE PAR CHARRON ET AL (CHARRON ET AL, 2001) ................. 40
FIGURE 2.5 : DISPOSITIF DE L’ESSAI EN PLAQUE UTILISE PAR BANTHIA ET AL (BANTHIA ET AL, 1994) ................. 44
FIGURE 2.6 : DISPOSITIF DE L’ESSAI EN PLAQUE UTILISE PAR TURCRY (TURCRY, 2004) ....................................... 44
FIGURE 2.7 : DISPOSITIF DE L’ESSAI SUR PLAQUE UTILISE PAR WEISS ET AL (WEISS ET AL, 1998) (A GAUCHE :
DALLE RETENUE AUX EXTREMITES ; A DROITE : DALLE RETENUE AUX EXTREMITES ET EN PARTIE
INFERIEURE) ................................................................................................................................................ 44
FIGURE 2.8 : DISPOSITIF DE L’ESSAI STANDARDISE AASHTO PP34-99................................................................. 46
FIGURE 2.9 : DISPOSITIF D’ANNEAU CENTRAL PLEIN PROPOSE PAR WEISS (WEISS, 1999) .................................... 47
FIGURE 2.10 : DISPOSITIF D’ESSAI A L’ANNEAU AVEC ENTAILLES (BRANCH ET AL, 2002) .................................... 49
FIGURE 2.11 : DISPOSITIF D’ESSAI EN ELLIPSE (MA ET AL, 2007) .......................................................................... 50
FIGURE 2.12 : DISPOSITIF D’ESSAI EN CARRE (LOSER ET AL, 2008) ....................................................................... 50
FIGURE 2.13 : COURBE TYPIQUE D’UN RESULTAT D’ESSAI A L’ANNEAU ................................................................ 51
FIGURE 2.14 : EPROUVETTE AVEC ENTAILLE SOUMISE AU CHARGEMENT DE TRACTION DIRECTE (CARPINTERI ET
AL, 1997) ..................................................................................................................................................... 56
FIGURE 2.15 : DISPOSITIF DEVELOPPE PAR MORIN ET AL (A GAUCHE) ET BANC DE FLUAGE MIS AU POINT PAR
REINHARDT ET AL (A DROITE) ...................................................................................................................... 57
FIGURE 2.16 : DISPOSITIF DE FLUAGE PAR TRACTION DIRECTE EN CONDITION ENDOGENE ET ISOTHERME
(ASTRUSHI, 2003) ........................................................................................................................................ 57
FIGURE 2.17 : DISPOSITIF DE FLUAGE PAR TRACTION DIRECTE EN FORME D ’OS (BALUCH ET AL, 2002) ................ 58
FIGURE 2.18 : DISPOSITIF DE FLUAGE PAR RETRAIT EMPECHE PROPOSE PAR KOVLER (KOVLER, 1994) ................ 59
-xi-
Liste des figures
FIGURE 2.19 : DISPOSITIF DE FLUAGE PAR RETRAIT EMPECHE PROPOSE PAR D’AMBROSIA (D’AMBROSIA ET AL,
2004) ........................................................................................................................................................... 59
FIGURE 2.20 : DISPOSITIF DE FLUAGE PAR RETRAIT EMPECHE PROPOSE PAR WEISS (WEISS, 1999) ....................... 60
FIGURE 4.1 : BANC D’ESSAI D’ANNEAU DE FISSURATION ....................................................................................... 73
FIGURE 4.2 : DISPOSITIF AVEC L’ANNEAU DE PATE DE CIMENT ............................................................................. 73
FIGURE 4.3 : SCHEMA DE DESSUS DU DISPOSITIF .................................................................................................. 74
FIGURE 4.4 : SCHEMA EN COUPE DU DISPOSITIF .................................................................................................... 74
FIGURE 4.5 : FISSURE TRAVERSANTE (A GAUCHE) ET SAUT DANS LA COURBE DE DEFORMATION (A DROITE) ...... 75
FIGURE 4.6 : EVOLUTION DE LA TEMPERATURE AU SEIN DE LA PATE DE CIMENT .................................................. 77
FIGURE 4.7 : EVOLUTIONS DE LA TEMPERATURE DANS L’EPAISSEUR DE L’ECHANTILLON AVEC REGULATION
THERMIQUE A 25°C ...................................................................................................................................... 77
FIGURE 4.8 : INFLUENCE DE LA PRESENCE D’UN FILM POLYANE A L’INTERFACE ENTRE L’ECHANTILLON ET LA
PLAQUE D’ALUMINIUM (E/C=0,4 ; CEM I ; LAITON ; 20°C) ........................................................................ 78
FIGURE 4.9 : REPETABILITE DES ESSAIS SUR PATE DE CIMENT CEM I E/C = 0,30 A 40°C AVEC L’ANNEAU EN
LAITON ......................................................................................................................................................... 79
FIGURE 4.10 : SCHEMA ET DIMENSIONS DE L’EPROUVETTE ................................................................................... 81
FIGURE 4.11 : SCHEMA DU DISPOSITIF (VUE DE DESSUS). ..................................................................................... 81
FIGURE 4.12 : PHOTOGRAPHIES DU MOULE METALLIQUE EN POSITION OUVERTE PUIS SCELLEE ............................ 81
FIGURE 4.13 : SCHEMA DU BATI DE FLUAGE .......................................................................................................... 82
FIGURE 4.14 : PHOTOGRAPHIE DU BATI DE FLUAGE............................................................................................... 82
FIGURE 4.15 : EVOLUTION DE LA TEMPERATURE AU SEIN DE L’ECHANTILLON ...................................................... 84
FIGURE 4.16 : REPETABILITE DES ESSAIS A 20°C POUR LE CEM I E/C = 0,30 SOUMIS A UN CHARGEMENT D’1 MPA
..................................................................................................................................................................... 84
FIGURE 4.17 : APPAREIL DE PRISE VICAT .............................................................................................................. 85
FIGURE 4.18 : ESSAI DE FLEXION 3 POINTS (A GAUCHE), ESSAI DE COMPRESSION (A DROITE) .............................. 86
FIGURE 4.19 : SCHEMA DE PRINCIPE DE L’ESSAI .................................................................................................... 87
FIGURE 4.20 : DIAGRAMME DES CONTRAINTES DANS LA SECTION DE L’EPROUVETTE ........................................... 87
FIGURE 4.21 : ESSAI DE FENDAGE SUR EPROUVETTE 11X 22 CM. .......................................................................... 88
FIGURE 4.22 : EXCITATION DE L’EPROUVETTE EN UTILISANT LE GRINDOSONIC®................................................. 89
FIGURE 4.23 : PHOTOGRAPHIE DU SYSTEME DE MESURE (BOUASKER, 2007) ........................................................ 90
FIGURE 4.24 : COUPE LONGITUDINALE DE LA MACHETTE EQUIPEE (BOUASKER, 2007) ......................................... 91
FIGURE 4.25 : VUES DE GAUCHE ET DESSUS DU DISPOSITIF DE MESURE DE RETRAIT ENDOGENE LIBRE (BOUASKER,
2007) ........................................................................................................................................................... 91
FIGURE 5.1 : DISPOSITIF DE MESURE DE TEMPERATURE AU COURS DE LA PRISE ..................................................... 96
FIGURE 5.2 : EVOLUTION DE LA TEMPERATURE DES PATES DE CIMENT CEM I ...................................................... 96
FIGURE 5.3 : EVOLUTION DE LA TEMPERATURE DES PATES DE CIMENT CEM III ................................................... 96
FIGURE 5.4 : ECHEANCES DU DEBUT DE PRISE VICAT POUR LE CEM I A E/C=0,30 ET 0,40 ................................... 97
FIGURE 5.5 : ECHEANCES DE FIN DE PRISE VICAT POUR LE CEM I A E/C=0,30 ET 0,40 ......................................... 97
FIGURE 5.6 : ECHEANCES DU DEBUT DE PRISE VICAT POUR LES PATES DE CIMENT CEM I ET CEM III .................. 98
FIGURE 5.7 : ECHEANCES DE FIN DE PRISE VICAT POUR LES PATES DE CIMENT CEM I ET CEM III........................ 99
FIGURE 5.8 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DES PATES DE CIMENT CEM I A 20°C ............... 100
FIGURE 5.9 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DES PATES DE CIMENT CEM III A 20°C.............. 101
FIGURE 5.10 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DES DEUX PATES DE CIMENT AVEC E/C =0,3 A
20°C........................................................................................................................................................... 102
FIGURE 5.11 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DES DEUX PATES DE CIMENT AVEC E/C=0,4 A
20°C........................................................................................................................................................... 102
FIGURE 5.12 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DE LA PATE DE CIMENT CEM I E/C = 0,30 EN
FONCTION DE LA TEMPERATURE DE CURE ................................................................................................... 103
FIGURE 5.13 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DE LA PATE DE CIMENT CEM I E/C =0,40 EN
FONCTION DE LA TEMPERATURE DE CURE ................................................................................................... 104
FIGURE 5.14 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DE LA PATE DE CIMENT CEM III E/C =0,30 EN
FONCTION DE LA TEMPERATURE DE CURE ................................................................................................... 104
FIGURE 5.15 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION DE LA PATE DE CIMENT CEM III E/C =0,40 EN
FONCTION DE LA TEMPERATURE DE CURE ................................................................................................... 105
FIGURE 5.16 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION A 9 JOURS EN FONCTION DE LA TEMPERATURE DE
CURE........................................................................................................................................................... 105
FIGURE 5.17 : EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN TRACTION EN FONCTION DE LA TEMPERATURE DE CURE POUR LA
PATE DE CIMENT CEM III, E/C=0,30.......................................................................................................... 107
FIGURE 5.18 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG DE LA PATE DE CIMENT CEM I A 20°C.................................. 108
FIGURE 5.19 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG DE LA PATE DE CIMENT CEM III A 20°C ................................ 108
-xii-
Liste des figures
FIGURE 5.20 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG DES DEUX PATES DE CIMENT POUR UN E/C =0,30 A 20°C...... 109
FIGURE 5.21 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG DES DEUX PATES DE CIMENT POUR UN E/C = 0,4 A 20°C........ 109
FIGURE 5.22 : EVOLUTION DU MODULE D’ELASTICITE DE LA PATE DE CIMENT CEM I E/C =0,30 EN FONCTION DE
LA TEMPERATURE DE CURE......................................................................................................................... 110
FIGURE 5.23 : EVOLUTION DU MODULE D’ELASTICITE DE LA PATE DE CIMENT CEM I E/C =0,40 EN FONCTION DE
LA TEMPERATURE DE CURE......................................................................................................................... 111
FIGURE 5.24 : EVOLUTION DU MODULE D’ELASTICITE DE LA PATE DE CIMENT CEM III E/C =0,30 EN FONCTION DE
LA TEMPERATURE DE CURE......................................................................................................................... 111
FIGURE 5.25 : EVOLUTION DU MODULE D’ELASTICITE DE LA PATE DE CIMENT CEM III E/C =0,40 EN FONCTION DE
LA TEMPERATURE DE CURE......................................................................................................................... 112
FIGURE 5.26 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION POUR LES
QUATRE COMPOSITIONS ETUDIEES .............................................................................................................. 114
FIGURE 5.27 : EVOLUTION DU MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE LA RESISTANCE EN TRACTION POUR LES TROIS
COMPOSITIONS ETUDIEES ............................................................................................................................ 115
FIGURE 6.1 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU RAPPORT E/C POUR LE CIMENT CEM I A 20°C
................................................................................................................................................................... 120
FIGURE 6.2 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU RAPPORT E/C POUR LE CIMENT CEM I A 30°C
................................................................................................................................................................... 120
FIGURE 6.3 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU RAPPORT E/C POUR LE CIMENT CEM I A 20°C
................................................................................................................................................................... 120
FIGURE 6.4 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU RAPPORT E/C POUR LE CIMENT CEM I A 30°C
................................................................................................................................................................... 121
FIGURE 6.5 : CORRELATION ENTRE L’HUMIDITE RELATIVE ET LE RETRAIT ENDOGENE (KHELIDJ ET AL., 1998). . 121
FIGURE 6.6 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DE LA TEMPERATURE POUR LE CIMENT CEM I
E/C=0,3...................................................................................................................................................... 122
FIGURE 6.7 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DE LA TEMPERATURE POUR LE CIMENT CEM I
E/C=0,4...................................................................................................................................................... 123
FIGURE 6.8 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DE LA TEMPERATURE POUR LE CIMENT CEM III
E/C=0,3...................................................................................................................................................... 123
FIGURE 6.9 : EVOLUTION DU RETRAIT ENDOGENE EN FONCTION DU TYPE DE CIMENT A T=30°C ET E/C=0,3 ...... 125
FIGURE 6.10 : EVOLUTION DU RETRAIT CHIMIQUE EN FONCTION DU TYPE DE CIMENT (BOUASKER, 2007) : PC :
PATE DE CIMENT ; 03 ET 04 : RAPPORT E/C ; I, II ET III : TYPES DE CIMENT ............................................... 125
FIGURE 6.11 : PRINCIPE D’EXPLOITATION DES RESULTATS EXPERIMENTAUX ....................................................... 127
FIGURE 6.12 : DEFORMATION DES 2 CAPTEURS POUR LA PATE DE CIMENT CEM I E/C=0,3 A 20°C ..................... 129
FIGURE 6.13 : DEFORMATION DES 2 CAPTEURS POUR LA PATE DE CIMENT CEM I E/C=0,3 A 40°C ..................... 129
FIGURE 6.14 : PHOTOGRAPHIE DE LA RUPTURE DE L’EPROUVETTE AU NIVEAU DU CHANGEMENT DE SECTION .... 130
FIGURE 6.15 : LOCALISATION DES CONTRAINTES SIMULEES AVEC CASTE3M CHARGE AXEE (A GAUCHE) ET
EXCENTREE (A DROITE) .............................................................................................................................. 130
FIGURE 6.16 : PROFILS TYPE DES CONTRAINTES DANS L’ECHANTILLON............................................................... 131
FIGURE 6.17 : EVOLUTION DU FLUAGE PROPRE EN FONCTION DE LA TEMPERATURE POUR LA PATE DE CIMENT CEM
I E/C=0,3.................................................................................................................................................... 132
FIGURE 6.18 : EVOLUTION DU FLUAGE PROPRE RECALE A 24 H EN FONCTION DE LA TEMPERATURE POUR LA PATE
DE CIMENT CEM I E/C=0,3 ........................................................................................................................ 132
FIGURE 6.19 : SCHEMA DE PRINCIPE SUR LE RISQUE DE FISSURATION .................................................................. 135
FIGURE 7.1 INFLUENCE DE LA RELAXATION SUR LE DEVELOPPEMENT DES CONTRAINTES ET SUR L’AGE DE LA
FISSURE (WEISS, 1999). ............................................................................................................................. 139
FIGURE 7.2 EVOLUTION TYPE DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU CENTRAL ...................................................... 140
FIGURE 7.3 PROFIL DE CONTRAINTE AU SEIN DE LA PATE DE CIMENT (MOON ET AL., 2006). .............................. 141
FIGURE 7.4 EVOLUTION DE LA CONTRAINTE INTERNE ET DE LA RESISTANCE EN TRACTION (CEM I E/C = 0,4) .. 143
FIGURE 7.5 EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU EN LAITON POUR LES PATES DE CIMENT CEM I DE
RAPPORT E/C = 0,30 ET 0,40 A TEMPERATURE T = 20°C............................................................................ 145
FIGURE 7.6 EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU EN LAITON POUR LES PATES DE CIMENT CEM I DE
RAPPORTS E/C= 0,30 ET 0,40 A TEMPERATURE T = 40°C........................................................................... 146
FIGURE 7.7 EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU POUR LES PATES DE CIMENT CEM I ET CEM III DE
RAPPORT E/C = 0,30 A T=20°C. ................................................................................................................ 147
FIGURE 7.8 EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU POUR LES PATES DE CIMENT CEM I ET CEM III DE
RAPPORT E/C = 0,30 A T = 40°C................................................................................................................ 147
FIGURE 7.9 EVOLUTION DE LA DEFORMATION DE L’ANNEAU EN LAITON EN FONCTION DE LA TEMPERATURE DE
CURE POUR LES PATES DE CIMENT CEM I A E/C = 0,30 .............................................................................. 149
-xiii-
Liste des figures
-xiv-
Liste des figures
FIGURE 8.9 : APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LE MODULE D’YOUNG DU CIMENT CEM I E/C=0,3.
................................................................................................................................................................... 175
FIGURE 8.10 : APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LE MODULE D’YOUNG DU CIMENT CEM I E/C=0,4.
................................................................................................................................................................... 175
FIGURE 8.11 : APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LE MODULE D’YOUNG DU CIMENT CEM III E/C=0,3.
................................................................................................................................................................... 175
FIGURE 8.12 : APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LE MODULE D’YOUNG DU CIMENT CEM III E/C=0,4.
................................................................................................................................................................... 176
FIGURE 8.13 : MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,3. ................... 177
FIGURE 8.14 : MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,4. ................... 177
FIGURE 8.15 : MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM III E/C=0,3. ................. 177
FIGURE 8.16 : MODULE D’YOUNG EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM III E/C=0,4. ................. 178
FIGURE 8.17 : MODULES D’YOUNG MESURES EN FONCTION DES MODULES D’YOUNG CALCULES POUR LES 4
COMPOSITIONS. .......................................................................................................................................... 178
FIGURE 8.18 : APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LA RESISTANCE EN COMPRESSION DU CIMENT CEM I
E/C=0,3. .................................................................................................................................................... 179
FIGURE 8.19 APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LA RESISTANCE EN COMPRESSION DU CIMENT CEM I
E/C=0,4. .................................................................................................................................................... 179
FIGURE 8.20 APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LA RESISTANCE EN COMPRESSION DU CIMENT CEM III
E/C=0,3. .................................................................................................................................................... 180
FIGURE 8.21 APPLICATION DU CONCEPT DE MATURITE POUR LA RESISTANCE EN COMPRESSION DU CIMENT CEM III
E/C=0,4. .................................................................................................................................................... 180
FIGURE 8.22 RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,3. .... 181
FIGURE 8.23 RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,4. .... 181
FIGURE 8.24 RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM III E/C=0,3. . 182
FIGURE 8.25 RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM III E/C=0,4. . 182
FIGURE 8.26 RESISTANCES MESUREES EN FONCTION DES RESISTANCES CALCULEES POUR LES 4 COMPOSITIONS. 182
FIGURE 8.27 EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DU TYPE DE CIMENT A 30°C. ....... 184
FIGURE 8.28 EVOLUTION DE LA RESISTANCE EN COMPRESSION EN FONCTION DU RAPPORT E/C DU CEM I A 30°C.
................................................................................................................................................................... 185
FIGURE 8.29 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM I E/C=0,3, ANNEAU LAITON ........................ 188
FIGURE 8.30 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM I E/C=0,4, ANNEAU LAITON ........................ 188
FIGURE 8.31 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM III E/C=0,3, ANNEAU LAITON ..................... 189
FIGURE 8.32 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM I E/C=0,3, ANNEAU INOX ............................ 189
FIGURE 8.33 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM I E/C=0,4, ANNEAU INOX ............................ 189
FIGURE 8.34 APPLICATION DE LA LOI D’ARRHENIUS POUR LE CEM III E/C=0,3, ANNEAU INOX ......................... 190
FIGURE 8.35 CONTRAINTE INTERNE EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,3 ET LES DEUX
ANNEAUX. .................................................................................................................................................. 192
FIGURE 8.36 CONTRAINTE INTERNE EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM I E/C=0,4 ET LES DEUX
ANNEAUX. .................................................................................................................................................. 192
FIGURE 8.37 CONTRAINTE INTERNE EN FONCTION DE L’AGE EQUIVALENT POUR LE CEM III E/C=0,3 ET LES DEUX
ANNEAUX. .................................................................................................................................................. 192
FIGURE 8.38 AGES DE FISSURE MESURES EN FONCTION DES AGES DE FISSURE CALCULES POUR LES 3 COMPOSITIONS
ET LES 2 ANNEAUX ..................................................................................................................................... 193
-xv-
Liste des figures
-xvi-
Liste des tableaux
-xvii-
Liste des tableaux
-xviii-
Introduction générale
INTRODUCTION GENERALE
Le second type de dommage peut avoir lieu, avant même la mise en service de
l’ouvrage et peut avoir des conséquences directes sur le comportement de la structure à long
terme. L’apparition de macro et de micro fissures au jeune âge est la manifestation la plus
directe de ce type de dommage. Les causes de ce type de dommage font encore de nos jours
l’objet d’études (Monge, 2007 ; Moon et al., 2006 ; Radlinska et al., 2006). C’est ce second
type de défaillance auquel nous nous intéressons lors de cette présente étude.
Aux jeune et très jeune âges, c’est-à-dire au cours de la prise et des premiers jours qui
suivent, les matrices cimentaires manifestent d’importantes variations volumiques d’origines
différentes (thermique, hydrique ou physico-chimique). Parmi ces déformations, le retrait
endogène et les déformations d’origine thermique sont particulièrement problématiques pour
la durabilité des matrices à faible rapport eau/ciment (typiquement les bétons à hautes
performances). Le fort dosage en liant accroît en effet considérablement l’amplitude de ces
déformations au jeune âge et induit un risque élevé de fissuration précoce (Turcry, 2004). Le
retrait endogène est lié au fait que le volume des hydrates issus des réactions d’hydratation est
inférieur à la somme des volumes du ciment et de l’eau qui réagissent : c’est la contraction Le
Chatelier. A cela s’ajoute une progressive désaturation de l’espace poreux capillaire causée
par la consommation de l’eau pendant le processus d’hydratation. Cette autodessiccation
engendre une dépression capillaire interne qui se traduit par la contraction du matériau : ce
retrait, dit d’autodessiccation, correspond à la phase de retrait endogène mesuré après la prise
-1-
Introduction générale
-2-
Introduction générale
-3-
Introduction générale
-4-
PARTIE 1 : Analyse bibliographique
PARTIE 1 :
ANALYSE BIBLIOGRAPHIQUE
-5-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Les matrices cimentaires sont des matériaux poreux réactifs dont le comportement au
jeune âge est marqué par des variations dimensionnelles relativement importantes. Ces
déformations peuvent être particulièrement problématiques : en effet, leur empêchement
partiel ou total peut générer un champ de contraintes de traction suffisamment élevées pour
provoquer la fissuration de la matrice cimentaire en cours de durcissement (Acker, 2003).
Les déformations des matériaux cimentaires ont différentes origines. Elles sont
intimement liées à l’état de l’eau dans la porosité et à l’avancement des réactions
d’hydratation et se développent même en l’absence d’échange de masse entre le matériau et le
milieu extérieur. Elles sont alors qualifiées d’endogènes. On parlera de déformations
exogènes, lorsque le matériau est soumis au séchage. On peut ainsi distinguer trois grands
types de déformations au jeune âge :
-6-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Nos travaux de thèse sont consacrés aux déformations endogènes d’origine physico-
chimiques (retrait endogène) et mécanique (fluage propre). Dans ce premier chapitre
bibliographique, nous présentons tout d’abord les mécanismes moteurs à l’origine de ces
déformations, c'est-à-dire l’évolution de l’hydratation et le développement de la
microstructure des matrices cimentaires. Puis, une analyse des déformations endogènes libres,
empêchées et sous chargement de traction sera réalisée et les principaux paramètres
influençant ces déformations au jeune âge seront détaillés et explicités. Parmi ces paramètres,
une attention particulière sera portée à l’influence de la température sur le développement des
déformations endogènes. Compte tenu du caractère thermoactivé de ces phénomènes, une
étude bibliographique sur le concept de maturité et la détermination de l’énergie d’activation
sera également réalisée.
-7-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
L’hydratation des ciments Portland est un phénomène complexe mettant en jeu des
réactions chimiques entre les composants du ciment et l’eau de gâchage. Ce processus
physico-chimique est à l’origine de la prise et du durcissement de la matrice cimentaire. Les
réactions d’hydratation s’accompagnent d’un dégagement de chaleur qui peut-être mesuré par
calorimétrie. La chaleur dégagée donne alors une indication sur l’avancement du processus
d’hydratation. L’évolution du flux de chaleur peut être divisée en cinq parties présentées à la
figure 1.2.
Ø Etape 1 :
Dès que le ciment entre en contact avec l’eau, la dissolution partielle des grains
anhydres engendre un premier pic important de dégagement de chaleur. Les réactions entre le
C3S, le C3A et l’eau commencent et génèrent également un dégagement important et rapide de
chaleur. Il se forme alors des C-S-H et de l’ettringite. La durée de cette période est très courte,
environ 10 minutes.
Ø Etape 2 :
Ø Etape 3 :
Cette étape met fin à la période dormante. Il se produit alors une accélération du
dégagement de chaleur. Ce dégagement atteint un pic généralement entre 9 et 10 heures pour
une pâte de ciment Portland conservée à 20°C. Cette phase débute lorsque la concentration de
la solution en ions Ca2+ et OH- devient critique. Cette sursaturation induit la précipitation de la
portlandite. Il s’ensuit alors les mécanismes de dissolution, de nucléation et de précipitation
des différentes phases, permettant la formation des hydrates (C-S-H) et des phases cristallines
(principalement portlandite et ettringite). Cette grande activité chimique dégage beaucoup de
-8-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Ø Etape 4 :
Ø Etape 5 :
Figure 1.2 Courbe calorimétrique de l’hydratation d’un ciment Portland (Gartner et al., 2002)
Ces cinq périodes sont caractéristiques des ciments Portland. Selon le type de ciment
et les conditions d’hydratation (rapport Eau/Ciment, température…), elles varient en intensité
et se déroulent à des instants différents.
En ce qui concerne les ciments aux laitiers, l’allure des courbes calorimétriques est
sensiblement différente. La période « dormante » (étape 2) peut être rallongée et la période
d’accélération (étape 3) est déplacée vers des échéances plus longues (figure 1.3) (Shi et L.
Day, 1995 ;Van Rompaey, 2006). Le second pic apparaît à environ 12 heures pour le ciment
-9-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Portland et environ 24 heures pour des ciments à base de laitiers. Ces phénomènes sont
directement reliés à l’évolution de l’hydratation des ciments à base de laitiers qui est plus
lente par rapport au ciment Portland (Chen, 2007). L’hydratation, plus lente, occasionne un
dégagement de chaleur légèrement plus tardif du fait que la formation d’hydrates est retardée
par la présence de laitiers.
Figure 1.3 Courbe calorimétrique de l’hydratation d’un ciment aux laitiers (Shi et al., 1995)
· La phase de suspension
Au cours de cette phase, les grains de ciment sont isolés dans une phase liquide et
continue. Pour des rapports E/C élevés, c'est durant cette phase que peuvent apparaître les
phénomènes de ressuage et de sédimentation.
· La phase de coagulation
Cette étape est importante dans le mécanisme de prise de la pâte de ciment. Cette
coagulation conduit à l'agrégation des grains sous l'action de forces de surface.
-10-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
· La phase de prise
Le degré d'hydratation au seuil de percolation varie selon le rapport E/C, il est d'autant
plus faible que le rapport E/C est faible (Torrenti et Bendoudjema, 2005).
Au delà de ce seuil, la phase solide devient de plus en plus connectée. Cette connexion
se traduit par la croissance de la rigidité du matériau.
· La phase de durcissement
-11-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
vide
1: eau
2: clinker
3: gypse
4: bulle d'air
5: grains de sable
6: hydrates C-S-H
Structure à 1 mois
Le volume apparent d’un échantillon de pâte de ciment est défini par son enveloppe
externe : il est la somme des volumes des différentes phases du matériau, qu’elles soient
solide, liquide ou gazeuse. Le volume absolu est, lui, défini comme la somme des seuls
volumes des phases solide et liquide (figure 1.5). La contraction Le Chatelier désigne une
variation de volume absolu, dont les effets sur le volume apparent (i.e., les déformations
endogènes) dépendront principalement de la porosité et de la rigidité du matériau.
-12-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
-13-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Ce mécanisme se traduit par le fait que dans un capillaire non saturé, la phase liquide
est en traction, ce qui a pour conséquence de rapprocher les parois du capillaire (figure 1.6).
Figure 1.6 Ménisque capillaire non saturé (1 : liquide ; 2 : gaz ; 3 : solide) (Garcia-Boivin, 1999)
Ce phénomène résulte des lois de Laplace et de Kelvin qui décrivent l'équilibre d'un
ménisque :
Loi de Laplace :
T: Température [K]
-14-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
2σ cos α m RTρl
ΔP = Pg - Pl = =- ´ ln (HR) [Eq. 1.3]
r M
Selon l’équation 1.3, la dépression capillaire qui se développe entre 80 et 100%
d’humidité relative, peut atteindre 30 MPa. Le squelette solide subit alors une compression
assez importante surtout au jeune âge, où l’humidité relative reste très élevée (Hua et al.,
1995 ; Nawa et Horita, 2004).
-15-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Hua (Hua et al., 1995) ont démontré que le mécanisme de variation de la dépression
capillaire était le mécanisme majeur par rapport aux autres phénomènes dans le cas du retrait
endogène. En effet ce phénomène est le plus significatif dans le cas d’un milieu dont
l’humidité relative est élevée (supérieure à 80%) (Lura et al., 2003).
En pratique, le retrait endogène du béton est souvent gêné, par des coffrages, des
armatures ou, dans le cas d’une réparation, par le support du béton mature. La rigidité de ces
éléments restrictifs est bien plus grande que celle du matériau jeune, et empêche le béton de se
contracter librement pendant l’hydratation. Le retrait empêché du béton génère localement un
développement de contraintes de traction. L’état de contrainte résulte d’une interaction
complexe des phénomènes en présence (retrait endogène, fluage propre et durcissement).
Lorsque la contrainte excède la capacité de résistance du matériau, il se produit une
fissuration (figure 1.6, courbes a et b).
-16-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Sous les conditions de restriction présentes au sein des matériaux à base cimentaire,
les contraintes internes qui se développent sont à l’origine de la fissuration des matrices
cimentaires. Elles sont induites par le retrait empêché et sont influencées par les déformations
de fluage en traction et par les contraintes de relaxation.
Figure 1.9 Influence du retrait du fluage sur la fissure des matrices cimentaires (Weiss, 1999)
Ø Effet de la température
Lura et al. (Lura et al., 2001) ont étudié l’effet de la température de cure sur le retrait
endogène de bétons à hautes performances. La figure 1.10 montre l’évolution du retrait
endogène pour des bétons réalisés avec du ciment Portland (CEM I) et du ciment aux laitiers
(CEM III). Ils constatent que la température de cure a un effet important sur le développement
du retrait. Pour le ciment Portland, le retrait est équivalent à 10 et 40°C après 6 jours, mais il
-17-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
reste inférieur à celui mesuré à 30°C. Il en est de même pour le ciment aux laitiers dont les
retraits à 10, 20 et 40°C sont similaires à 6 jours mais reste inférieur à celui mesuré à 30°C.
Dans chacun des cas, le retrait se développe plus rapidement lorsque la température augmente.
En effet, la structuration des hydrates et la formation des pores sont plus rapides (diminution
du temps de prise) lorsque la température augmente, d’où le développement plus rapide du
retrait. Il semble donc qu’une augmentation de la température de cure n’entraîne pas
systématiquement une augmentation du retrait endogène (Turcry et al., 2002, Bjontegaard,
1999).
Par contre, Loukili et al. (Loukili et al., 2000) et Jensen et al. (Jensen et al., 1999)
mettent en évidence que le retrait endogène augmente avec la température. Loukili et al.,
obtiennent un retrait de 1000mm/m à 24 heures pour une température isotherme de 20°C et 1,8
fois plus importante pour un historique de température réaliste avec un pic à 46°C. De même
avec un pic à 65°C, ils obtiennent un retrait à 24 heures de 2800 mm/m. Jensen et al. ont
constaté également l’augmentation significative du retrait pour des températures isothermes
de 15, 20, 30 et 40°C.
Mounanga et al. (Mounanga et al., 2006) ont étudié le retrait volumique à différentes
températures de cure isotherme (10 à 50°C). Ils constatent que le retrait augmente avec la
température avec une certaine limite de température. En effet, lorsqu’ils appliquent une
température de 50°C, le retrait est plus faible que celui mesuré à 40°C. L’explication donnée
par les auteurs est que la température de 50°C fait partie des températures de cure élevées et
qu’avec ce type de température, les évolutions structurelles et physico-chimiques des hydrates
sont différentes de celles obtenues à plus faible température.
-18-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Figure 1.10 Influence de la température sur l’évolution du retrait endogène pour le CEM I (à droite)
et pour le CEM III (à gauche) (Lura et al, 2001)
Ø Rapport Eau/Ciment
De nombreux auteurs (Hua et al., 1995 ; Tazawa et al., 1995 ; Tazawa et al., 2000 ;
Igarashi et al., 2000 ; Garcia-Boivin, 1999 ; Holt, 2001 ; Persson, 1998 ; Zhang et al., 2003))
ont montré que le retrait endogène est plus élevé pour des rapports Eau/Ciment plus faibles et
ce phénomène est encore plus accentué pour des rapports E/C inférieurs à 0,30 (Jiang et al.,
2005 ; Lee et al., 2006).Ce phénomène est expliqué par le fait que la diminution d’humidité
relative interne est plus rapide et plus intense pour des rapports Eau/Ciment faibles. Mitani
(Mitani, 2003) a noté une différence notable des déformations linéiques entre les rapports E/C
= 0,40 et 0,60 pour une pâte de ciment Portland CEM I 52,5. La figure 1.11 présente les
résultats obtenus par Baroghel-Bouny et al. (Baroghel-Bouny et al., 2006) sur le retrait
endogène de pâtes de ciment Portland CEM I. On constate une augmentation significative du
retrait entre les rapports E/C = 0,35 et 0,30. De plus, pour des rapports élevés, 0,60 par
exemple, ils enregistrent très peu de retrait et il se produit même un gonflement.
-19-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Ce gonflement endogène au très jeune âge a été mis en évidence par plusieurs
chercheurs (Garcia Boivin, 2001 ; Bjfntegaard et al., 2004 ; Baroghel-Bouny et al., 2006). Ce
gonflement est généralement expliqué par trois phénomènes :
- La croissance des produits d’hydratation. Cette croissance engendre une pression sur
les parois des pores (Mitani, 2003 ; Baroghel-Bouny et al., 2006). En effet, les cristaux de
portlandite augmentent avec le rapport E/C pour un degré d’hydratation donné. Baroghel-
Bouny et al. détectent cet effet à partir d’un rapport E/C = 0,4 dans le cadre de leur étude sur
des pâtes de ciment à 20°C.
- Le gonflement des hydrates (Lura et al., 2001, Baroghel-Bouny et al., 2006, Bentz,
2008). En effet, le volume absolu des hydrates est inférieur au volume des réactants, et
forment un réseau spatial. La croissance d’autres hydrates (C-S-H internes) à l’intérieur des
réseaux (C-S-H externes) produit une pression interne susceptible de causer ce gonflement.
Ce gonflement va s’interrompre lorsque le matériau devient suffisamment résistant pour
reprendre la pression occasionnée par les hydrates (Baroghel-Bouny et al., 2006).
- la réabsorption de l’eau de ressuage. Ce phénomène, observé par quelques
chercheurs (Tazawa et al., 1995 ; Barcelo et al., 2005 ; Mitani, 2003 ; Bouasker, 2007), est
l’effet de la réabsorption de l’eau de ressuage dans la porosité capillaire. En effet, pour des
rapports E/C élevés, il se produit un effet de ressuage. Cette eau de ressuage va converger
vers la porosité capillaire et donc continuer l’hydratation en formant d’autres hydrates.
Figure 1.11 Evolution du retrait endogène en fonction du rapport E/C (Baroghel-Bouny et al., 2006)
Ø Présence de laitiers
L’étude de l’influence des laitiers sur le retrait endogène a fait l’objet de nombreuses
études (Tazawa et al., 1995; Collins et al., 1999; Bakharev et al, 2000; Tazawa et al., 2000;
-20-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Lura et al, 2001 ; Jiang et al., 2005; Lee et al, 2006; Bouasker, 2007 ; Aly et al., 2008 ).
L’ensemble des travaux réalisés sur ce sujet montre que la présence de laitiers entraîne une
augmentation du retrait endogène.
Cette différence de taille de pores, influe sur l’hydratation du ciment mais également
sur la microstructure et la morphologie des hydrates. Chen (Chen, 2007) constate en effet que
la présence de laitiers induit directement une microstructure plus dense par rapport au ciment
Portland.
-21-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
phénomène de croisement peut être observé sur les résultats de Lura et al. avec un croisement
des courbes à 24 heures. Ce croisement peut être expliqué par la rapidité de l’évolution de
l’hydratation au jeune âge des ciments Portland par rapport au ciment aux laitiers (Chen,
2007).
Figure 1.12 Influence de la présence de laitiers sur l’évolution du retrait endogène (Lura et al, 2001)
Figure 1.13 Influence du dosage en laitiers sur l’évolution du retrait endogène (Tazawa et al, 1995)
-22-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Nous savons que le comportement du béton est viscoélastique car sa réponse augmente
avec le temps sous charge constante. Ainsi le comportement du béton est intermédiaire entre
celui d’un matériau purement élastique (fluage nul) et celui d’un matériau strictement
visqueux (fluage à vitesse constante). La déformation d’un béton chargé à un instant donné
-23-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
(t0) ne dépend pas seulement de la contrainte s(t0) mais aussi de l’historique de l’application
de la contrainte. On peut alors s’attendre à avoir une importante vitesse de déformation
différée pour un béton au jeune âge et donc une amplitude de déformation plus importante.
Les grains de ciment non hydratés et les pores capillaires sont séparés par une couche
d'hydrates perméables. Pour que l'hydratation puisse continuer, il faut que l'eau diffuse au
travers de cette couche. La présence du gel et des grains anhydres génère une pression
osmotique. Celle-ci provoque un affaiblissement de la structure et entraîne, avec les
contraintes du chargement extérieur, une rupture des liaisons et donc une déformation de
fluage (Ghosh, 1973).
L'hydratation d'un volume de ciment anhydre donne environ le double de gel hydraté
en volume. La moitié de ce gel occupe la place du ciment anhydre initial et l'autre moitié
diffuse dans la porosité capillaire. Lors du chargement, le processus d'hydratation s'accélère et
le gel ne peut pas se former en totalité dans l'espace libre, ce qui entraîne une compression des
grains de ciment anhydre et donc une déformation de fluage (Ghosh, 1973).
-24-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Le gel précédemment cité se dépose sous des contraintes initialement nulles. Au fur et
à mesure que le gel se dépose, celui-ci commence à reprendre des contraintes. Il se produit, à
l'intérieur du matériau, une redistribution des contraintes qui contribue à une déformation de
fluage de la pâte de ciment (Molez, 2003).
Les contraintes sur le matériau sont transmises aux hydrates qui entourent les pores
des capillaires. Un transfert de molécules d'eau se met alors en place entre l'eau en adsorption
libre et celle de la porosité capillaire. Ce transfert, schématisé à la figure 1.15, produit une
déformation du squelette entraînant un mécanisme de fluage propre.
-25-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Gutsch et Rotasy (Gutsch et Rotasy, 1994), Umehara et al. (Umehara et al., 1994) et
Atrushi (Atrushi, 2003) ont récapitulés plusieurs résultats d’essais de fluage en traction au
jeune âge des bétons. Deux paramètres ont été étudiés : l’âge du chargement et le ratio
Contrainte/Résistance. Gutsch et al. ont fait varier l’âge de chargement entre 1 et 7 jours et le
ratio Contrainte/Résistance entre 0,50 et 0,70. Leurs résultats montrent que le ratio initial a
une influence sur la déformation de fluage. Le comportement viscoélastique au jeune âge a été
étudié en conditions isothermes. Les auteurs confirment que la déformation de fluage
augmente lorsque l’âge du chargement diminue et lorsque le ratio augmente (figure 1.17).
Bissonnette et Pigeon (Bissonnette et Pigeon, 1995) ont travaillé également sur le
comportement viscoélastique des bétons de réparation. Les résultats obtenus ont montré que
le fluage diminuait lorsque l’âge de chargement était retardé. Cette observation a également
été faite par Pane et Hansen (Pane et Hansen, 2002) et Østergaard et al. (Østergaard et al.,
2001).
-26-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Figure 1.17 Evolution de la fonction de fluage à 20°C en fonction du taux et des âges de chargement
(Gutsch et al, 1994).
Ø Rapport Eau/Ciment
Pane et Hansen (Pane et al., 2002) ont étudié, en plus de l’effet du rapport E/C et de
l’âge du chargement, l’effet des additions minérales. La figure 1.18 montre l’effet de la
présence de laitiers de hauts fourneaux (25%) par rapport au béton ordinaire pour un âge de
chargement à 3 jours. Ils constatent que la présence de laitiers diminue la déformation de
fluage en traction après 30 heures de chargement environ. Ils attribuent ce phénomène à la
différence de degré de réaction des produits d’hydratation qui est plus importante pour le
ciment Portland (OPC) que pour le ciment aux laitiers (GGBF). Les fines particules de laitiers
s’agglomèrent autour des grains de ciment anhydres et empêchent l’hydratation dans les
-27-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
premières heures après la fabrication. Aly et al (Aly et al, 2008) ont observé le même
phénomène pour des pourcentages de laitiers différents.
Figure 1.18 Evolution de la complaisance de fluage (Pane et al, 2002) de pâte de ciment Portland pur
(OPC) et contenant des laitiers (GGBF)
Ø Température
Umehara et al. (Umehara et al., 1994) ont également étudié le fluage en traction à
différentes températures (20, 30 et 40°C). La figure 1.19 présente les résultats expérimentaux
(en points) obtenus pour un taux de chargement de 25% de la résistance en traction. Ils ont
travaillé sur un modèle rhéologique représenté par la combinaison d’un modèle de Maxwell et
d’un modèle de Voigt. Les résultats du modèle sont représentés sur la figure 1.14 par les
courbes en trait continu. Ils montrent qu’une augmentation de la température entraîne une
augmentation de la déformation de fluage. Bazant et al (Bazant, 1988 ; Bazant et al., 2004)
ont étudié l’influence de la température à travers des modèles numériques du fluage basé sur
des approches rhéologiques. Ils montrent que l’effet de la température sur la déformation de
fluage est lié à deux mécanismes : la température accélère, d’une part, les ruptures entre
hydrates et, d’autre part, le processus chimique de l’hydratation et donc le vieillissement du
matériau. Ils ont alors mis au point un modèle qui prend en compte ces deux phénomènes en
suivant l’évolution de l’humidité dans les pores. En effet, l’humidité relative va être
influencée par la température et l’hydratation. Donc, les évolutions de l’hydratation et du
fluage vont être retardés lorsque l’humidité des pores va diminuer.
-28-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Figure 1.19 Evolution de la déformation de fluage à différentes températures (Umehara et al., 1994)
Au travers de ces deux derniers paragraphes sur l’étude des déformations endogènes
libres et sous chargement, nous avons constaté que la température était un paramètre qui
influençait l’évolution des déformations. En effet, concernant le retrait endogène, des études
ont été menées (Pane et Hansen, 1999 ; Turcry et al., 2002, Mounanga et al., 2006) sur le
principe de maturité, et pour le fluage récemment par Atrushi (Atrushi, 2003) dans le cadre
de sa thèse. La dernière partie de ce chapitre est consacrée à l’étude du principe de maturité
sur le comportement des matériaux cimentaires au jeune âge soumis à différentes
températures de cure.
-29-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
-30-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
æ E ö
K (T ) = A × expç - a ÷ [Eq. 1.5]
è RT ø
Où A est une constante de proportionnalité (1/s), R la constante des gaz parfaits (8.314
J/mol.K) et Ea l’énergie d’activation apparente (J/mol). En combinant les équations (1.4) et
(1.5), on a alors la relation suivante entre l’âge réel t du matériau et son âge équivalent teq :
æE æ1 1 ö÷ ö÷
t = expç a ç - × t (T ) [Eq. 1.6]
ç R ç T Tref ÷ ÷ eq ref
è è øø
-31-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Jensen et Hansen, ont étudié le principe de maturité sur le retrait endogène avec une
pâte de ciment E/C = 0,3 contenant 20% de fumée de silice sur une période de 28 jours. Ils
montrent qu’une seule énergie d’activation n’est pas suffisante pour décrire correctement
l’influence de la température sur le retrait endogène. La cause serait la difficulté à séparer la
part de la déformation du ciment et celle de la fumée de silice. Laplante et al., (Laplante et al.,
1998) ont également montré qu’une seule énergie d’activation n’était pas suffisante pour
décrire l’évolution du dégagement de chaleur. En effet, ils utilisent un « triplet d’énergies
d’activation apparentes » correspondant à trois périodes temporelles : période dormante, le
jeune âge et l’âge moyen.
Par contre, Turcry et al. ont montré que le principe de maturité s’appliquait sur le
retrait volumique d’une pâte de ciment E/C = 0,25, soumise à quatre températures de cure
isotherme différentes : 10, 20, 30 et 40°C. La durée des mesures est de 48 heures. La figure
1.20 montre l’évolution de ces déformations en fonction de l’age équivalent. L’énergie
d’activation prise pour le calcul de l’âge équivalent est celle obtenue avec les essais de fin de
prise Vicat (39 kJ/mol). On constate une bonne superposition des différentes courbes qui
confirme que le principe de maturité peut être appliqué au retrait volumique.
Figure 1.20 Application du principe de maturité sur le retrait volumique endogène (Turcry et al.,
2002)
-32-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Figure 1.21 Application du principe de maturité sur le retrait volumique endogène (Mounanga et al.,
2006)
-33-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Figure 1.22 Application du principe de maturité sur le fluage propre en traction (Atrushi, 2003)
-34-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Il semble que le rapport E/C ait beaucoup moins d’influence sur la valeur de l’énergie
d’activation : ce paramètre a un effet non systématique voire négligeable ; pour des E/C
variant de 0,25 à 0,60 et pour un liant donné, les différences enregistrées par Barnett et al.
(Barnett et al., 2006) restent non significatives (< 3 kJ/mol). Mounanga et al. (Mounanga et
al., 2006), pour un ciment de type I et des rapports E/C de 0,25 à 0,40, obtiennent également
des valeurs très proches comprises entre 38,2 à 41,0 kJ/mol.
1.5.Conclusions
Ce premier chapitre a été consacré à la définition des déformations endogènes au jeune
âge. Nous avons détaillé les mécanismes à l’origine des ces déformations et les principaux
paramètres influençant leur cinétique et leur amplitude. Nous avons montré que l’étude de la
fissuration endogène des matrices cimentaires nécessite l’analyse simultanée des
déformations de retrait endogène et de fluage propre.
-35-
PARTIE 1 : Chapitre 1 Les déformations des pâtes de ciment au jeune âge
Portland ordinaires. Cette rigidité plus faible pourrait également expliquer les
déformations endogènes plus importantes des ciments aux laitiers, pour un niveau
de dépression capillaire donnée
La synthèse bibliographique sur les origines des déformations des pâtes de ciment au
jeune âge étant réalisée, nous allons à présent étudier les méthodes expérimentales pour
mesurer ces déformations. Cette partie fera l’objet du chapitre suivant consacré aux dispositifs
de mesure des déformations endogènes au jeune âge.
-36-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
La mesure des déformations endogènes des matrices cimentaires au jeune âge demeure
un sujet complexe, compte tenu de l’évolution physico-chimique et thermique du matériau en
cours d’hydratation. Actuellement, il n’existe pas de méthodes normalisées de mesure des
déformations endogènes au très jeune âge : dans les normes européennes et américaines, la
mesure des déformations commence généralement après un jour d’hydratation. A cette
échéance une grande partie des déformations endogènes a déjà eu lieu : en effet, au terme des
premières 24 h, la déformation endogène libre des pâtes de ciment Portland peut atteindre
plus de 40% (Baroghel-Bouny et Kheirbek, 2001), voire, pour certains bétons à hautes
performances, plus de 80% (Lee et al., 2003) de la déformation mesurée après une année, sur
des éprouvettes protégées du séchage, par plusieurs couches d’adhésif (conditions de
maturation endogène).
Il est donc important de se focaliser sur les premiers jours, voire les premières heures
de l’hydratation afin de mieux comprendre les mécanismes à l’origine de ces déformations.
Partant de ce principe, plusieurs laboratoires et équipes de recherche ont été amenés à
développer leurs propres systèmes de mesure. Nous présentons ici une synthèse
bibliographique de ces méthodes expérimentales en nous intéressant spécifiquement aux
déformations endogènes en conditions empêchées et sous chargement. Ce chapitre est
composé de deux parties traitant des déformations empêchées, d’une part, et du fluage propre,
d’autre part. Cette étude bibliographique permettra de mieux définir le cahier des charges de
chaque dispositif que nous aurons à réaliser.
-37-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Les essais linéiques ont été utilisés pour évaluer les déformations empêchées des
bétons. Les méthodes expérimentales sont généralement basées sur le même principe : Elles
consistent à utiliser une éprouvette linéaire en béton ou en pâte de ciment mise en place dans
un banc d’essai de telle sorte que l’éprouvette soit bloquée à l’une de ces extrémités et laissée
libre de se déformer à l’autre extrémité. A cette seconde extrémité, est connecté un système de
chargement couplé à un dispositif de mesure des déformations. Ainsi, en fonction de la
déformation du matériau étudié, un système d’asservissement exerce une force (de traction)
opposée au retrait mesuré pour ramener la partie mobile à son emplacement initial.
Dans certains des travaux présentés ci-après, les auteurs en déduisent la déformation
de fluage en effectuant pour chaque échantillon étudié un essai sans chargement et un essai
restreint. La différence entre les deux déformations correspond au fluage (étudié dans la
seconde partie de ce chapitre).
Springenshmid et al. (Springenshmid et al., 1994), Sule et al. (Sule et al., 2001),
Bjøntegaard et al (Bjøntegaard et al., 2004), et plus récemment Kamen (Kamen, 2007) ont
utilisé un dispositif « TSTM » (Thermal Stress Testing Machine). La figure 2.1 montre une
vue d’ensemble du dispositif de retrait empêché linéique et la nomenclature de ses
composants. Ce type de dispositif a également été utilisé par Koenders et al (Koenders et al,
2006) avec des dimensions plus faibles (appelé : mini TSTM) pour l’étude de pâtes de ciment
à base de laitiers de haut fourneaux.
-38-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Figure 2.2 Courbes obtenues avec le dispositif de Kovler (Kovler, 1994) en conditions libres (à
gauche) et empêchées (à droite) (Igarashi et al., 2000)
-39-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Charron et al (Charron et al, 2001) et Toma (Toma, 1999) ont utilisé un dispositif
linéaire dont le blocage est piloté par un ordinateur qui applique, via un moteur et une cellule
de charge, un effort dont l’intensité est fonction du déplacement mesuré par des capteurs
LVDT. Dans l’étude, le béton est coulé dans un moule en aluminium, la section de
l’échantillon est de 50 ´ 50 mm². La forme de l’éprouvette est en « os », les dimensions des
mords aux extrémités sont de 150 mm. L’un des deux mords est fixe, le second est mobile et
connecté à la cellule de chargement (figure 2.4). La déformation est mesurée par des capteurs
de déplacement LVDT. Aly et al. (Aly et al., 2008) ont utilisé un système identique, excepté
du point de vue du chargement réalisé à l’aide d’un anneau dynamométrique.
Figure 2.4 Dispositif de l’essai linéaire utilisé par Charron et al (Charron et al., 2001)
Collins et al. (Collins et al., 2000) ont mis au point un essai sur une éprouvette
prismatique pour l’étude de l’effet de l’alcali-réaction sur le retrait empêché de bétons
contenant des laitiers de haut fourneau. La différence avec les précédents dispositifs présentés
-40-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
-41-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Degré de
Références Géométrie Matériaux
restriction
TSTM
Springenshmid et al,
Longueur totale : 1500 mm Béton ordinaire 100%
1994
Section: 150 ´ 150 mm²
Forme en os Béton ordinaire
Kovler, 1994 Longueur : 1000mm E/C = 0,50 100%
Section : 40 mm² T = 30°C
Forme en os Béton ordinaire et avec
Toma et al, 1999 Longueur : 1000mm Fumée de silice 100%
Section : 50 ´ 50 mm² E/C = 0,25 ; 0,35 ; 0,45
Forme prismatique Béton ordinaire
Collins et al, 2000 Longueur : 1000 mm Béton aux laitiers
Section : 75 ´ 150 mm² E/C = 0,50
Forme en os Béton ordinaire et avec
Charron et al, 2001 Longueur : 1000mm Fumée de silice 100%
Section : 50 ´ 50 mm² E/C = 0,35
Béton haute performance
TSTM
E/C = 0,33
Sule et al, 2001 Longueur: 750 mm
Influence des armatures
Section : 150 ´ 150 mm²
(1,34% et 3,02%)
Forme en os Béton ordinaire
Altoubat et al, 2002 Longueur : 673 mm E/C = 0,51 et 0,56 100%
Section 76,2 mm² Sous séchage
TSTM
Bjontegaard et al, Béton ordinaire 100%
Longueur : 700 mm
2004 E/C = 0,40 40%
Section: 90 ´ 100 mm²
Forme prismatique Béton ordinaire avec
Cusson et al, 2005 Longueur : 1000 mm superplastifiant et léger 90%
Section : 200 ´ 200 mm² E/C = 0,34
Mini TSTM CEM I et CEM III
Koenders et al, 2006 Longueur : 70 mm Pâte de ciment
Section : 7,5 ´ 7,5 mm² E/C = 0,30 et 0,44
TSTM
Kamen, 2007 Longueur : 1000 mm 100 %
Section : 50 ´ 100 mm²
Forme en os
Béton aux laitiers
Aly et al, 2008 Longueur : 700 mm 100%
E/C = 0,67
Section : 75 ´ 75 mm²
-42-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Ces types d’essais permettent d’avoir une restriction dans deux directions.
L’échantillon peut être assimilé à un ouvrage linéaire ou à une dalle dont les déformations
sont empêchées en partie inférieure. Banthia et al. (Banthia et al., 1994) ont réalisé un
dispositif avec un blocage sur toute la surface inférieure de l’éprouvette. Le blocage est
assuré par le support rigide qui possède une surface granulaire ou crantée. L’échantillon est
placé dans un caisson en plexiglas connecté à un ventilateur. Une centrale d’acquisition
enregistre la température et l’humidité au sein de la chambre. L’inconvénient de ce type de
dispositif est qu’aucune déformation n’est enregistrée pendant l’essai (figure 2.5). Turcry
(Turcry, 2004) a utilisé des dallettes (figure 2.6), pour étudier la fissuration des mortiers. La
restriction des déformations est réalisée par des dents de 0,5 cm de haut. L’essai se déroule en
salle climatisée avec ou sans ventilateur. Une mesure de la longueur et de la largeur des
fissures est alors effectuée avec une loupe de précision 10 mm/m.
-43-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Figure 2.5 Dispositif de l’essai en plaque utilisé par Banthia et al (Banthia et al, 1994)
Figure 2.6 Dispositif de l’essai en plaque utilisé par Turcry (Turcry, 2004)
Figure 2.7 Dispositif de l’essai sur plaque utilisé par Weiss et al (Weiss et al, 1998) (à gauche : dalle
retenue aux extrémités ; à droite : dalle retenue aux extrémités et en partie inférieure)
-44-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Sur ces types d’essais, les études réalisées restent insuffisantes. En effet, le principal
inconvénient de ces dispositifs est l’absence du suivi de la déformation. Aucune
instrumentation n’est possible, seul un suivi visuel est effectué. Ces méthodes peuvent être
classées comme qualitatives.
Des travaux ont également été menés sur des dalles minces pour étudier le
comportement du béton en conditions empêchées. Kraai (Kraai, 1985) et Barluenga et al.
(Barluenga et al., 2007) ont utilisé cette catégorie d’essais pour étudier l’effet de la
composition de l’échantillon sur la fissuration en conditions de séchage. Les dimensions de la
dalle étaient de 0,9 ´ 0,6 ´ 0,02 m. L’inconvénient de ce type d’essai est similaire à celui des
essais sur plaques : aucun dispositif de mesure de déformation n’est mis en place. C’est en
partie cette raison que le dispositif a été employé relativement par peu de chercheurs.
Durant ces dernières décennies, l’essai à l’anneau a fait l’objet de nombreux travaux
expérimentaux pour caractériser le retrait empêché des bétons, mortiers ou pâtes de ciment
(Radlinska et al., 2006). En effet, cet essai est simple à mettre en œuvre. Il est aussi
relativement économique. L’objet de cette partie est de décrire les essais normalisés mis en
place à ce jour, de réaliser un état de l’art des travaux sur les essais à l’anneau et de présenter
les informations que l’on peut extraire de cet essai en terme d’évolution du degré de
restriction et des contraintes internes.
La géométrie de l’anneau est décrite sur figure 2.8. L’anneau central, en acier, a une
épaisseur de 9,5 mm, une hauteur de 152 mm et un diamètre extérieur de 305 mm.
L’échantillon annulaire a un diamètre extérieur de 457 mm, et une section de 76 ´ 152 mm².
Quatre jauges sont collées à l’intérieur de l’anneau en acier pour mesurer la déformation de
-45-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
La seconde méthode normalisée est celle mise au point par l’American Society of
Testing and Materials (ASTM). La norme ASTM C 1581-04 a été utilisée par Ma et al pour
des études numériques (Ma et al, 2006a) et expérimentales (Ma et al, 2006b). Les différences
entre cette méthode et celle de l’AASHTO résident dans la géométrie et les conditions de
conservation. En effet, l’anneau central en acier a une épaisseur de 13 mm et un diamètre
extérieur de 330 mm. La hauteur de l’anneau est identique à celle proposée par l’AASHTO.
La section de l’échantillon est environ deux fois plus faible (38 ´ 152 mm).
Les premiers essais à l’anneau ont été conduits par Carlson et al entre 1939 et 1942
pour étudier la fissuration du béton lié au séchage. Le béton était coulé autour d’un anneau en
acier d’épaisseur 50 mm et de diamètre intérieur 125mm. La section de béton était de 25 ´ 38
mm. Les éprouvettes étaient soumises au séchage sur le périmètre extérieur de l’anneau.
L’humidité de stockage est de 25, 50 ou 75 %. L’âge de l’apparition de la fissure est
déterminé par une observation visuelle périodique.
-46-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Grzybowski et al. (Grzybowski et al., 1990) ont utilisé le test à l’anneau pour étudier
la fissuration de bétons fibrés. Dans leur étude, ils utilisent un anneau en acier de 254 mm de
diamètre intérieur et de 305 mm de diamètre extérieur. L’échantillon a une section de 35 ´
140 mm. Comme dans les travaux de Carlson et al, les surfaces supérieure et inférieure de
l’échantillon de béton sont protégées du séchage par une couche de silicone. Seule la surface
circonférentielle est soumise au séchage. Les éprouvettes sont conservées à une humidité de
100% à 20°C pendant les 24 premières heures qui suivent le coulage. Puis, les anneaux sont
conservés toujours à 20°C mais à 40% d’humidité relative. Le rapport Eau/Ciment étudié est
de 0,5. Trois jauges extensométriques collées à mi-hauteur sur le périmètre extérieur de
l’anneau en béton permettent d’enregistrer les déformations du béton. Les auteurs mesurent
également la taille de la fissure via un microscope. Ils montrent que les fibres polypropylène
réduisent la largeur de fissure. En parallèle, les auteurs mesurent la déformation libre sur des
éprouvettes linéiques de 225 ´ 75 ´ 25 mm conservées dans les mêmes conditions.
Weiss (Weiss, 1999) et Weiss et al. (Weiss et al., 2000), ont étudié le risque de
fissuration du béton avec un essai à l’anneau plein de 150 mm de rayon et 30 mm de hauteur.
Trois épaisseurs d’échantillon coulé autour de cet anneau ont été étudiées (30, 75 et 150 mm).
Les surfaces supérieures et inférieures sont soumises au séchage. La configuration de l’essai
ne permettant pas l’enregistrement des déformations (figure 2.9), la présence éventuelle d’une
fissure est relevée visuellement toutes les 12 heures. Une géométrie et une configuration
d’essai identiques ont été utilisées par Weiss et al (Weiss et al., 2002) lors d’une étude sur
l’influence de la hauteur de l’anneau (30 mm et 150 mm).
Figure 2.9 Dispositif d’anneau central plein proposé par Weiss (Weiss, 1999)
-47-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Au cours de ces travaux, les auteurs ont mis en évidence que lorsque la section de
matériau augmentait, l’âge de la fissure était retardé : considérant le même matériau, pour une
épaisseur de 25 mm, l’âge d’apparition de la fissure est égal à 8 jours environ et pour une
épaisseur de 150 mm, les auteurs n’ont pas relevé de fissure avant 70 jours de conservation.
Hossain et al. (Hossain et al., 2006) ont travaillé sur l’influence de la dimension des
rayons annulaires sur le développement des déformations et l’âge de la fissure. L’influence de
l’épaisseur de l’anneau central est très importante sur l’apparition de cette fissure. En effet,
plus l’épaisseur de l’anneau est importante, plus la fissure apparaît tôt. Ce phénomène est lié
au degré de restriction de l’essai.
E m xAm
R= [Eq. 2.1]
E m xAm + E c xAc
Afin d’obtenir une restriction totale, Haouas et al. (Haouas et al., 2003, Haouas, 2007)
ont proposé un anneau pressurisé qui compense tout au long de l’essai les déformations de la
pâte de ciment par l’application d’une pression de confinement à l’intérieur de l’anneau
(méthode de l’anneau « actif »).
Une étude a été effectuée par Monge (Monge, 2007) sur l’influence de la rugosité de
l’anneau central sur la fissuration des mortiers en couches minces. Il utilise pour cela des
anneaux cranté (taille des dents : 0,5 mm) et non cranté. Il constate, qu’avec l’anneau cranté,
la déformation est deux fois plus importante qu’avec l’anneau lisse, tandis que l’évolution des
contraintes maximales est plus faible. Selon lui, ces différences s’expliqueraient par la
diffusion des contraintes dans l’anneau : avec l’anneau cranté, des microfissures se forment,
se diffusent au sein du matériau et évitent le relâchement brutal des contraintes. Avec un
-48-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
anneau lisse, il se produit une localisation des contraintes à un endroit faible du matériau et
donc l’apparition d’une fissure traversante.
Folliard et al. (Folliard et al., 1997) ont étudié l’effet d’un adjuvant réducteur de retrait
sur les déformations empêchées. Ils constatent que l’adjuvant réduit significativement le
retrait : par exemple un dosage à 1,5% d’adjuvant réduit de 25% le retrait à 20 jours.
Cependant, les caractéristiques mécaniques du matériau sont également diminuées.
Figure 2.10 Dispositif d’essai à l’anneau avec entailles (Branch et al., 2002)
-49-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
D’autres « formes » d’essai à l’anneau ont également été exploitées. Par exemple, Ma
et al (Ma et al, 2007) ont étudié l’influence de superplastifiants sur le retrait empêché du
béton avec un anneau en forme d’ellipse (figure 2.11). Ils ont observé que la composition du
superplastifiant avait un effet à la fois sur l’âge d’apparition et la taille de la fissure. Une autre
« forme » d’anneau a été réalisée par Loser et al. (Loser et al., 2008) pour étudier les effets de
la composition du ciment, de la présence de superplastifiant et d’un réducteur de retrait sur
l’apparition de la fissure. Celle-ci a été localisée par une réduction de la section sur les cotés
du carré. La forme du dispositif est détaillée en figure 2.12.
-50-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Avec les essais à l’anneau, trois caractéristiques peuvent être enregistrées : l’âge de la
fissure, le suivi de la déformation de l’anneau central et la largeur de la fissure. Concernant la
déformation et l’âge de la fissure, un enregistrement automatique est effectué. La figure 2.13
montre la courbe typique d’un essai. Les deux caractéristiques sont obtenues directement sur
cette courbe.
Weiss et al. (Weiss et al., 2002) et Hossain et al. (Hossain et al., 2004) ont ainsi
proposé de calculer l’évolution de la contrainte maximale dans l’éprouvette de béton comme
suit :
.c + R ext .m .m - Rint .m
2 2 2 2
R ext Rext
s res (t ) = -e (t ) × E m × × [Eq. 2.2]
.c - R ext .m
2 2 2
R ext 2R ext .m
Où sres(t) est la contrainte résiduelle maximale dans la pâte de ciment (MPa), e(t) la
déformation de la surface interne de l’anneau central mesurée par les jauges (-), Em le module
-51-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
d’Young de l’anneau central (GPa), Rext.c le rayon extérieur de l’anneau cimentaire (c), Rint.m
et Rext.m les rayons intérieurs et extérieurs de l’anneau métallique (m), respectivement.
Le tableau 2.2 récapitule les travaux réalisés sur l’essai à l’anneau, avec pour chaque
auteur, les géométries des anneaux, les matériaux étudiés et le degré de restriction
correspondant. Ce dernier a été calculé avec l’équation 1 en prenant comme hypothèses de
calcul, le module d’Young de l’acier égal à 210 GPa, celui du laiton égal à 100 GPa et celui
du matériau étudié (béton, mortier ou pâte) égal à 30 GPa.
Degré de
Références Géométrie Matériaux
restriction
fint acier = 254 mm
Béton
Grzybowski et al. fext acier = 304 mm
Influence des fibres 83 %
1990 fext échantillon = 374 mm E/C = 0,50
Hauteur : 140mm
fint acier = 250 mm Béton Type 1
fext acier = 300 mm Influence du réducteur de
Folliard et al., 1997 78 %
fext échantillon = 400 mm retrait
Hauteur : 150mm E/C = 0,35
Mortier
fint acier = 260 mm
CEM I
fext acier = 310 mm
Mesbah et al., 1999 E/C = 0,75 83 %
fext échantillon = 380 mm Fibres Polypropylène et
Hauteur : 152mm métallique
Anneau central plein
Béton ordinaire, réducteur
Weiss, 1999 fext acier = 300 mm 98 %
de retrait
Weiss et al., 2000 fext échantillon = 350 ; 450 et 93 %
E/C = 0,50
Weiss et al., 2002 400 mm 88 %
Hauteur : 30 ou 150 mm
fint acier = 280 mm Béton avec
fext acier = 290 mm superplastifiant
Branch et al., 2002 19 %
fext échantillon = 590 mm Influence des fibres
Hauteur : 80 mm E/C = 0,34 ; 0,31
fint acier = 279 mm Béton CEM I et CEM II
Mokarem, 2002 fext acier = 305 mm Laitiers 40%
54 %
(AASHTO) fext échantillon = 457 mm Cendres Volantes
Hauteur : 152mm E/C = 0,47 ; 0,43 ; 0,35
fint acier = 284 mm Mortier Normal et fibré
Haouas et al., 2003 fext acier = 300 mm CEM I
40 %
Haouas 2007 fext échantillon = 380 mm E/C = 0,50 et 0,54
Hauteur : 40 mm Anneau Laiton
-52-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
-53-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Une large variété d’essais a été développée pour évaluer le retrait en conditions
empêchées et la fissuration des bétons et des mortiers. Les essais linéiques requièrent une
instrumentation complexe pour mesurer le retrait et appliquer la force de traction nécessaire à
la restriction de l’échantillon. Les essais sur plaques et sur dalles sont surtout utilisés pour le
retrait plastique des bétons frais soumis au séchage (Turcry, 2004). Compte tenu de sa
simplicité, l’essai à l’anneau de fissuration nous semble être le mieux adapté pour notre étude
des déformations endogènes empêchées et de la fissuration de pâtes de ciment au jeune âge.
La déformation de l’anneau central peut être enregistrée automatiquement par des jauges
extensométriques et permet d’estimer l’évolution des contraintes maximales au sein du
matériau étudié. L’instant de la fissuration est clairement identifié par un saut brutal de la
déformation. Cependant, nous avons constaté que l’essai à l’anneau a très peu été exploité
pour étudier la fissuration en conditions endogènes. Il nous faudra notamment prévoir un
système de régulation thermique pour dissiper rapidement la chaleur d’hydratation libérée
pendant la prise et ainsi découpler les déformations endogènes et celles d’origine thermique.
-54-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Les premiers essais de fluage en traction ont été réalisés sur des éprouvettes en béton
de forme cylindrique. Sur ce type d’éprouvette, lorsque la charge est trop élevée ou la
déformation de fluage devient trop importante, il se produit une rupture dont la localisation
est aléatoire. La contrainte au sein de l’éprouvette n’est donc pas uniforme et la déformation
enregistrée varie suivant la position du dispositif de mesure. C’est pourquoi, les essais de
traction directe sont menés sur des éprouvettes cylindriques entaillées (Carpinteri et al., 1997)
(Figure 2.14). En effet, la présence de l’entaille permet de localiser, d’avoir une homogénéité
des contraintes dans cette zone et d’y placer les instruments de mesure. L’effort est appliqué
avec un vérin hydraulique.
-55-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Zone de l’entaille et de
la mesure
Figure 2.14 Eprouvette avec entaille soumise au chargement de traction directe (Carpinteri et al.,
1997)
Sousa Coutinho (Sousa Coutinho, 1977) a réalisé des essais de fluage en traction
directe sur des éprouvettes en forme d’« os ». La charge est appliquée aux extrémités par une
plaque métallique collée. Cependant, Granju (Granju 1977) a montré que l’application de la
charge avec une plaque métallique collée perturbait la distribution des contraintes dans
l’éprouvette. Pour éviter ce problème, il a réalisé des essais de traction directe, toujours sur
des éprouvettes en forme d’ « os » mais avec des inserts permettant de transmettre la charge
de traction. Deux inserts constitués de vis à bois, sont positionnés aux extrémités de
l’éprouvette et partiellement noyés dans le matériau. Morin et al (Morin et al., 1982) ont
utilisé cette dernière méthode pour étudier le fluage en traction directe des bétons. Reinhardt
et al (Reinhardt et al., 1998, Reinhardt et al., 2006) ont exploité le même système d’accroche
en utilisant un seul insert. La charge est appliquée avec une masse constante via un bras de
levier. La figure 2.15 présente le dispositif de mesure utilisé par Morin et al et le banc de
fluage réalisé par Reinhardt et al. La mesure des déformations est effectuée avec des capteurs
LVDT.
Atrushi (Atrushi et al., 2000 ; Atrushi, 2003) a également utilisé un système d’inserts
afin d’appliquer le chargement en traction sur des éprouvettes cylindriques de béton. Son
dispositif est détaillé à la figure 2.16. La déformation de l’éprouvette est mesurée par trois
capteurs LVDT. L’effort est appliqué par une masse via un bras de levier, et par des inserts
filetés aux extrémités de l’éprouvette. L’éprouvette est maintenue en conditions isothermes
par un système périphérique de circulation d’eau. Bissonnette et al. (Bissonnette et al., 1995)
ont utilisé le même processus de chargement sur une éprouvette prismatique.
-56-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Figure 2.15 Dispositif développé par Morin et al (à gauche) et banc de fluage mis au point par
Reinhardt et al (à droite)
Figure 2.16 Dispositif de fluage par traction directe en condition endogène et isotherme (Astrushi,
2003)
-57-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Figure 2.17 Dispositif de fluage par traction directe en forme d’os (Baluch et al., 2002)
-58-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Kovler et al. (Kovler et al., 1999), Altoubat et al. (Altoubat et al., 2001 et 2003), Tao
et al. (Tao et al., 2006) et D’Ambrosia et al. (D’Ambrosia et al., 2004) soumettent le béton à
un chargement par retrait empêché avec un dispositif en forme d’ « os ». Ce type de
sollicitation est équivalent à de la traction directe en chaque point et conduit à une diminution
des déformations de retrait, contrebalancées par le fluage du matériau. Le dispositif de Kovler
et al. est présenté à la figure 2.18. Une photographie du système utilisé par D’Ambrosia et al.
est présenté à la figure 2.19. La charge est appliquée par un vérin hydraulique.
Figure 2.18 Dispositif de fluage par retrait empêché proposé par Kovler (Kovler, 1994)
Figure 2.19 Dispositif de fluage par retrait empêché proposé par D’Ambrosia (D’Ambrosia et al.,
2004)
-59-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Atrushi et al. (Atrushi et al., 2001) et Kamen et al. (Kamen et al., 2008) ont utilisé
l’essai TSTM pour étudier le fluage en traction de béton. La déformation de fluage est
déterminée par la différence entre le retrait empêché et le retrait libre. Avec ce système de
mesure, Atrushi et al. ont étudié l’effet de la température sur le fluage par des cures
isothermes, des rampes de températures et des évolutions de température réaliste.
Weiss (Weiss, 1999) a utilisé la méthode de l’anneau pour estimer le fluage en traction
en mesurant la déformation du diamètre de l’anneau en fonction de la pression P appliquée à
l’intérieur de l’anneau (figure 2.20). Notons cependant que ce dispositif ne permet pas
d’obtenir le fluage uniaxial du fait de la forme de l’éprouvette, et que la pression est contrôlée
en déformation, la charge appliquée n’est donc pas constante pendant le déroulement de
l’essai.
Figure 2.20 Dispositif de fluage par retrait empêché proposé par Weiss (Weiss, 1999)
Dans le cadre de notre étude, deux problèmes sont à résoudre. Le premier est celui du
chargement. Avec un vérin hydraulique, la déformation du matériau est périodiquement
compensée en rechargeant l’éprouvette, ce qui induit un chargement variable au cours de
l’essai. Pour éviter ceci, on peut choisir de travailler à charge constante avec un bras de levier
et une masse.
-60-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
Taux de
chargement
Références Géométrie Matériaux par rapport à
la résistance
en traction
Sousa Coutinho, Eprouvette en « os » Béton ordinaire 58, 77, 94 %
1977 Chargement avec masse E/C = 0,68 à 0,87 Pdt 15 jours
Eprouvette en « os »
Micro-béton 25 et 50%
Section centrale : 30 ´ 30mm²
Morin et al., 1982 (E/C = 0,46) chargement à
Longueur : 270 mm
Béton léger (E/C = 0,52) 28 jours
Chargement avec masse
Eprouvette prismatique
Bissonnette et al.,
Section centrale : 50 ´ 50mm²
1995
Longueur : 700 mm
Eprouvette cylindrique 70 ; 80 ; 90 et
Carpenteri et al., Béton ordinaire
Section : 100 mm 95%
1997 E/C = 0,48
Longueur : 200 mm
Reinhardt et al., Eprouvette en « os » 75 ; 80 ;85 ;
1998 Chargement avec masse Béton ordinaire 90 et 95%
Reinhardt et al., Section centrale: 80 ´ 100mm² E/C = 0,45 ; 0,33 ; 0,30 chargement à
2006 Longueur : 700 mm 28 jours
Eprouvette en « os » Béton ordinaire avec
1 et 2 MPa
Chargement avec vérin fumée de silice
Kovler 1999 Chargement à
Section centrale: 100 ´ 100mm² E/C = 0,33
24h
Longueur : 1000 mm T = 30°C
Eprouvette cylindrique Béton avec fumée de Taux 40%
Atrushi et al., 2000 Chargement avec masse silice Chargement à
Atrushi 2003 Section : 103 mm E/C = 0,40 1,2,3,4,8 jours
Longueur : 425 mm pdt 3à10 jours
Eprouvette en « os »
Altoubat et al.,
Chargement avec vérin
2001 Béton fibré Chargement à
Section centrale: 76,2 ´
Altoubat et al., E/C = 0,40 et 0,50 24h
76,2mm²
2003
Longueur : 1000 mm
-61-
PARTIE 1 : Chapitre 2 Les méthodes de mesure des déformations endogène en conditions
empêchées et sous chargement au jeune âge
-62-
PARTIE 2 : Programme expérimental et méthodes d’essais
PARTIE 2 :
PROGRAMME EXPERIMENTAL ET
METHODES D’ESSAIS
-63-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
Concernant les matériaux étudiés, nous avons choisi de travailler sur la phase réactive
et évolutive du béton, la pâte de ciment. Cela permet de relier directement le développement
des déformations endogènes et l’âge de la fissure à l’évolution physico-chimique du matériau,
en s’affranchissant de l’effet des granulats et de l’interface pâte-granulat. Ces effets sur les
déformations endogènes, sont très complexes, comme l’a montré Bouasker (Bouasker, 2007)
et leur influence sur la fissuration au jeune âge nécessiterait une étude à part entière. Deux
ciments, de type I et III, sont utilisés. Les rapports E/C considérés sont inférieurs ou égaux à
0,40, seuil à partir duquel l’étude bibliographique a montré que les déformations endogènes
étaient particulièrement élevées.
-64-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
-65-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
Les éprouvettes de pâtes de ciment sont réalisées dès la fin du malaxage. Compte tenu
des spécificités de chaque protocole expérimental, la mise en place et les conditions de
conservation des échantillons lors des essais d’anneau de fissuration, de fluage, de retrait libre
et de prise Vicat seront détaillées dans le chapitre 4 « Les dispositifs de mesure».
Les éprouvettes 4×4×16 cm3 utilisées pour la mesure des résistances sont
confectionnées en quatre temps :
Pour les éprouvettes cylindriques 11´22 cm, utilisées lors des essais de fendage à 24
heures, la procédure suivie est la suivante :
-66-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
Une fois démoulées, les éprouvettes sont enveloppées d’un film en aluminium adhésif
d’épaisseur 110 mm et conservées, toujours en étuve, jusqu’à la date de l’essai. Afin de
vérifier l’efficacité du film pour la conservation en condition endogène, un suivi de masse
d’une série d’éprouvettes a été réalisé. Le tableau 3.2 résume le pourcentage de perte de
masse des éprouvettes au terme des 10 jours de conservation correspondant à la dernière
échéance des essais de résistance mécanique. Ce pourcentage est la moyenne calculée sur
trois éprouvettes. Ces vérifications de perte de masse ont été réalisées essentiellement à 40°C
car le risque de séchage à cette température est le plus important.
Concernant les éprouvettes 11 x 22, elles sont stockées en étuves pendant 24 heures
avant d’être démoulées. Ensuite, les essais étant réalisés à 24 heures, elles sont directement
menées à rupture.
-67-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
Le tableau 3.3 résume les différents essais menés au cours de cette étude avec, pour
chacun d’entre eux, les paramètres étudiés. Nous avons effectué dans un premier temps des
mesures de temps de prise Vicat, de module d’Young dynamique, de résistance en
compression, en flexion trois points et en traction par fendage. Ceci a permis de caractériser le
comportement mécanique des différentes pâtes étudiées.
Dans un deuxième temps, des essais de retrait empêché ont été réalisés avec le
dispositif d’anneau de fissuration. Ces essais ont été menés, en conditions isothermes, puis à
température variable, afin de simuler l’effet des phases de chauffage et de refroidissement,
accompagnant la prise, sur le risque de fissuration endogène. Pour mieux analyser et
quantifier la contribution de chaque phénomène sur l’évolution des courbes de retrait
empêché, une campagne d’essai de fluage propre en traction et de retrait endogène libre aux
jeune et très jeune âges a également été conduite.
-68-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
-69-
PARTIE 2 : Chapitre 3 Plan expérimental
-70-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Pour l’étude de la déformation de fluage en traction, nous avons choisi une forme
d’éprouvette en « os ». En effet, avec ce type de géométrie, l’application de la charge est
facilitée par les deux extrémités de l’éprouvette. La charge est appliquée par l’intermédiaire
d’un bras de levier de rapport 10 et d’une masse constante. Comme pour les essais de retrait
empêché, le dispositif de mesure de fluage est équipé d’un système de régulation thermique
périphérique.
-71-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Le banc d’essai (figure 4.1) comporte trois dispositifs avec des anneaux de différents
métaux (acier, inox et laiton). Les caractéristiques des trois métaux sont données dans le
tableau 4.1. Autour de l’anneau central, l’échantillon étudié est coulé dès la fin du malaxage.
La section de cet échantillon est de 40 × 40 mm2. La figure 4.2 montre une photographie du
dispositif avec l’anneau de pâte de ciment.
Un film polyane enduit d’une couche d’huile de décoffrage est intercalé entre les
anneaux et la plaque d’aluminium inférieure afin de limiter les frottements entre l’échantillon
et son support.
-72-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Système
d’acquisition
Dispositifs
d’anneau de
fissuration
Bain
thermostaté
Réseau de
circulation
d’eau
Système de
circulation
de l’eau
-73-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Sonde de
température Echantillon
40 x 40 mm²
Anneau
métallique
Mousse fint=190 mm
Anneau
Isolante
métallique fext=210 mm
Anneau PVC
Mousse
Tubes en cuivre Isolante
Panneaux bois
4 cm
190 mm
Film Polyane
290 mm
-74-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
4.1.2.Protocole expérimental
Deux heures avant le début de l’essai, l’eau est mise en circulation dans les tubes en
cuivre afin d’homogénéiser la température des dispositifs expérimentaux. L’échantillon frais
est ensuite coulé entre l’anneau central et l’anneau extérieur en PVC. Un thermocouple est
plongé au centre de l’échantillon pour enregistrer sa température au cours de l’essai.
Age (heures)
0 5 10 15 20
5
Déformation anneau ( mm/m)
0
-5
-10
-15
-20 1ère fissure
-25 traversante
-30
-35
-40
-45
Figure 4.5 Fissure traversante (à gauche) et saut dans la courbe de déformation (à droite)
-75-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
4.1.3.Validation du dispositif
4.1.3.1. Précision des mesures
Tableau 4.2 Pourcentage d’erreur sur l’âge de fissure (pâte de ciment CEM III, E/C = 0,30)
Un essai de suivi de masse du dispositif a été réalisé sur 48 heures afin de vérifier si
les conditions de conservation endogène (sans échange de masse avec l’extérieur) sont
respectées. L’essai a consisté à mettre le dispositif sur une balance sans enregistrement des
déformations. Les résultats, sur une pâte de CEM I à E/C = 0,30 conservée à 30°C, ont montré
une diminution de 0,4 % de la masse à 24 heures et de 0,5 % à 48 heures. Le dispositif mis au
point permet donc de maintenir l’anneau cimentaire en conditions endogènes satisfaisantes.
L’hydratation des pâtes de ciment est susceptible d’entraîner une importante élévation
de température durant les premières heures qui suivent le malaxage. Il est essentiel de
contrôler cette élévation pour éliminer les déformations d’origine thermique, et donc de
vérifier l’efficacité du système de régulation thermique. La figure 4.6 montre l’évolution
typique de la température des échantillons pour différentes températures de cure. La durée de
mise à l’équilibre thermique varie selon la température de cure, de quelques dizaines de
minutes pour T = 15°C à environ 3 h pour T = 40°C. Après cette période, une variation
-76-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
maximale de ± 1°C, par rapport à la température de consigne, est observée pour l’ensemble
des températures de cure.
50
35 10
30
0 2 4 6 8 10 12
25 Age (en heures)
20
15
10
5
0
0 20 40 60 80 100 120 140 160
Age (Heures)
35
Température (en °C)
30
25
T1 T1 T3 T2
20 T2
T3
15
0 5 10 15 20 25
Age (heures)
Figure 4.7 Evolutions de la température dans l’épaisseur de l’échantillon avec régulation thermique
à 25°C
-77-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Age (heures)
0 60 120 180 240 300 360
10
0 Sans Polyane
Déformation (mm/m)
Figure 4.8 Influence de la présence d’un film polyane à l’interface entre l’échantillon et la plaque
d’aluminium (E/C=0,4 ; CEM I ; Laiton ; 20°C)
-78-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Cinq essais de répétabilité ont été réalisés sur la pâte de ciment CEM I E/C = 0,30
avec une température de conservation de 40°C. La figure 4.9 montre les cinq évolutions de
déformation de l’anneau en laiton. La moyenne des âges d’apparition de la fissure est de 22,9
h avec un écart type de 2,7 h. La différence observée entre cette moyenne et les différents
âges de fissuration mesurés est d’environ ± 6%. L’écart relatif entre la moyenne des
déformations à la rupture et les déformations à la rupture mesurées est égal à ± 7%.
Age (heures)
0 5 10 15 20 25 30
10
0
Déformation (mm/m)
-10
-20
-30
-40
-50
Figure 4.9 Répétabilité des essais sur pâte de ciment CEM I E/C = 0,30 à 40°C avec l’anneau en
laiton
-79-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Le dispositif est constitué de quatre éléments principaux : le moule dans lequel est
coulé la pâte de ciment, le système de régulation thermique fixé à la périphérie du moule, le
portique métallique assurant la mise sous chargement de l’éprouvette et le système
d’acquisition enregistrant de façon régulière et automatique les déformations et la température
de l’éprouvette sous chargement. La longueur totale de l’éprouvette est de 48 cm et sa section
centrale est de 40 × 40 mm² (figure 4.10). Les différents éléments du système de mesure sont
illustrés sur les figures 4.11 à 4.14.
Le moule est constitué de deux parties symétriques rendues solidaires par boulonnage.
L’interstice entre les deux parties du moule est scellé avec des joints en plastique souple. Elles
reposent sur une plaque d’aluminium qui constitue le fond du moule. Sur la plaque sont fixés
deux capteurs LVDT, de précision ± 0,1 mm, permettant la mesure du déplacement relatif des
deux parties du moule pendant l’essai. Ces capteurs, ainsi qu’un thermocouple plongé au
centre de l’échantillon, sont connectés à une centrale d’acquisition qui enregistre
automatiquement l’évolution de la déformation et la température de l’échantillon avec une
précision de 0,1°C. Une seconde plaque en aluminium, fixée à la première par l’intermédiaire
de tiges filetées boulonnées, recouvre l’éprouvette et permet ainsi d’assurer des conditions
d’essai endogènes (sans échange de masse avec le milieu extérieur).
Sur chaque plaque est soudé un réseau de tubes en cuivre à travers lequel circule l’eau
permettant la régulation thermique du dispositif à la température désirée. Ces réseaux
métalliques sont connectés à une pompe et alimentés par un bain d’eau thermostatée à ±
0,1°C. Une pâte thermique est appliquée entre les tubes et les plaques d’aluminium pour
faciliter les échanges thermiques. Un isolant est également placé au dessus des tubes en cuivre
pour limiter toute perte thermique vers l’extérieur.
Afin de limiter les frottements entre l’échantillon et les plaques échangeuses, ces
dernières sont recouvertes, avant le coulage, d’une feuille de polyane enduite d’huile de
décoffrage. Une fois l’échantillon mis en place et le dispositif scellé, la régulation thermique
est enclenchée et le durcissement de l’éprouvette se déroule ainsi à température quasi-
constante.
-80-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Eprouvette
Isolant avec
panneau bois Capteurs LVDT
Capteurs LVDT
Circuit de
refroidissement
-81-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Charge
Système Dispositif de
d’acquisition fluage (porte
éprouvette)
Bain
thermostaté
-82-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
4.2.2.Protocole expérimental
Deux heures avant le début de l’essai, les deux parties du moule métallique sont mises
en place sur la plaque d’aluminium recouverte d’une feuille de polyane. L’eau est mise en
circulation dans les tubes en cuivre afin stabiliser le système à la température désirée.
La pâte de ciment fraîchement malaxée est coulée dans le moule horizontalement, puis
un film polyane huilé est placé sur l’échantillon. Le moule avec l’échantillon est isolé de
l’extérieur par des panneaux en bois sur la hauteur du dispositif et par la plaque d’aluminium
en partie supérieure.
Le moule est maintenu à l’horizontal avant d’être mis sous charge. Au moment de la
mise en traction, il est fixé verticalement sur le portique métallique. Il est immobilisé en partie
inférieure, sa partie supérieure étant reliée à un levier chargé à son extrémité (figures 4.13 et
4.14). On dévisse alors les boulons qui maintiennent les deux parties du moule ensemble et
l’acquisition des mesures est enclenchée. Le serre-joint qui immobilise le levier pendant la
mise en place du dispositif est desserré et la charge est appliquée à l’échantillon.
Des essais de déformations « libres » ont également été réalisés avec ce dispositif : la
procédure expérimentale est strictement identique à celle avec chargement, exception faite du
levier qui demeure immobilisé par le serre-joint pendant toute la durée de l’essai. Dans ce cas,
les seules charges reprises par l’éprouvette sont son poids propre et le poids de la partie
supérieure du moule, soit environ 6,850 kg (0,04 MPa, ramenée à la section centrale 40 × 40
mm²).
4.2.3.Validation du dispositif
4.2.3.1. Régulation de la température
-83-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
22
T1 T2 T3
21
19
18 T1 T2 T3
17
0 20 40 60 80
Age (heures)
Pour estimer la répétabilité du dispositif, quatre essais ont été réalisés sur une pâte de
ciment CEM I E/C = 0,30, avec un chargement en traction d’1 MPa (34% de la résistance en
traction) à 24 heures. La figure 4.16 présente les résultats obtenus. Chaque courbe correspond
à la moyenne des déformations enregistrées par les deux capteurs. Elles ont été initialisées à la
fin de la période des déformations instantanées. On observe que les courbes sont groupées
dans un fuseau. L’écart relatif observé à 120 heures entre les courbes les plus éloignées est
d’environ 18%.
350
Déformation fluage (mm/m)
300 Ecart de
250 18%
200 Chargement en
traction 1 MPa
150
100
50
0
0 20 40 60 80 100 120
Age (heures)
Figure 4.16 Répétabilité des essais à 20°C pour le CEM I E/C = 0,30 soumis à un chargement d’1
MPa
-84-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Trois essais simultanés sont réalisés sur chaque pâte de ciment étudiée. Les
échantillons sont conservés à température constante durant les essais. Cette conservation est
réalisée en plaçant les échantillons dans un bain d’eau thermostaté à la température désirée (±
0,1°C).
Dans notre cas, la pâte de ciment n’est pas en contact direct avec l’eau du bain. En
effet, le niveau de l’eau se situe juste au niveau supérieur des moules de l’essai. Une plaque
de verre est placée sur les moules afin d’assurer des conditions de conservation endogène. La
figure 4.17 montre le dispositif de l’essai.
Les prises de mesure s’effectuent toutes les 10 minutes pour la détermination du temps
de début de prise et toutes les 15 minutes pour le temps de fin de prise. Ces deux intervalles
de prises de mesure sont conseillés par la norme.
-85-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Pour estimer la résistance en traction d’une matrice cimentaire, nous avons réalisé des
essais de flexion sur des éprouvettes prismatiques 4 × 4 × 16 cm3 et des essais de fendage sur
des éprouvettes cylindriques 11 × 22 cm (« essai brésilien »).
M 9F
σt = = 2 [Eq. 4.1]
I 2a
v
-86-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
a a
Figure 4.19 . Schéma de principe de l’essai
Cette expression n’est plus applicable lorsque l’on s’approche de la rupture (Dreux,
1970). Le diagramme de la figure 4.20 montre la répartition réelle des contraintes. Un
coefficient minorateur doit être introduit pour tenir compte de cet effet. Par exemple, pour des
essais de flexion 4 points, Dreux propose un coefficient égal à 0,6. Dans notre cas, nous
comparerons nos résultats de flexion aux résistances en traction par fendage, pour déterminer
le coefficient à appliquer pour les essais de flexion 3 points.
9F
σt = K ´ [Eq. 4.2]
2a 2
Cette méthode de détermination de la résistance par flexion, n’est pas très utilisée dans
la littérature, car la dispersion des résultats obtenus est importante (voir chapitre 5). Une
deuxième méthode plus répandue, pour déterminer la résistance en traction, est celle de l’essai
de fendage (selon la norme NF-P 18-408). L’essai consiste à écraser un cylindre suivant deux
génératrices opposées, entre les plateaux d’une presse. La figure 4.21 montre le diagramme
des contraintes au sein de l’échantillon et une photographie du système utilisé.
-87-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
2Q
σt = [Eq. 4.3]
pfL
Toute fois, ces valeurs sont légèrement supérieures à la résistance en traction directe.
En effet, avec l’essai de fendage, l’éprouvette est soumise à un effort de compression,
perpendiculaire à celui de traction ce qui vient perturber l’uniformité de la contrainte. Kanstad
et al (Kanstad et al., 2003) et Ghaffar et al (Ghaffar et al., 2005) ont montré que la résistance
en traction uniaxiale est égale à la résistance mesurée avec l’essai de fendage affectée d’un
facteur minorateur :
Il existe deux principaux types de méthode pour mesurer le module élastique d’un
matériau : les méthodes dynamiques et les méthodes statiques. La principale différence vient
du taux de déformation engendré pendant l’essai. La méthode dynamique a l’avantage de
n’engendrer qu’une faible déformation, c’est une méthode non destructive. La méthode
statique utilise les courbes contraintes/déformations d’un essai mécanique.
-88-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Nous avons utilisé la méthode dynamique qui permet de suivre le module d’Young sur
la même éprouvette pendant toute la période d’investigation. Ce module obtenu est
légèrement surestimé par rapport au module d’élasticité obtenu par la méthode statique. Han
et al (Han et al., 2004) ont déterminé une expression reliant la valeur du module d’Young
statique Ec au module d’Young dynamique Ed à l’aide de constantes a et b (a = 0,708 et b =
0,0268).
-89-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
4.5.2.Protocole expérimental
-90-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
Figure 4.25 Vues de gauche et dessus du dispositif de mesure de retrait endogène libre (Bouasker,
2007)
-91-
PARTIE 2 : Chapitre 4 Les dispositifs de mesure utilisés
-92-
PARTIE 3 : Caractérisation physico-chimique et mécanique des pâte de ciment au jeune âge
PARTIE 3 :
CARACTERISATION PHYSICO-CHIMIQUE
ET MECANIQUE DES PÂTES DE CIMENT
AU JEUNE ÂGE
-93-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
-94-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
5.1.Chaleur d’hydratation
L’hydratation commence dès que les différentes phases du ciment entrent en contact
avec l’eau : ce phénomène est exothermique. Le tableau 5.1 récapitule les valeurs de
dégagement de chaleur moyen (en J/mol) de chaque phase du ciment et des ciments Portland
et aux laitiers de haut fourneau.
Par ailleurs, au très jeune âge il se produit un effet de protection temporaire du laitier
sur le ciment anhydre, qui peut générer un décalage dans le temps du pic de chaleur et une
diminution de l’intensité maximale de la température (Berthollet, 2003, Grosse et al., 2001 ;
Robeyst et al., 2008).
On constate pour les deux ciments que le pic est retardé lorsque le rapport E/C
augmente. Cela vient du fait que la prise étant plus lente pour ce type de rapport, le
dégagement de chaleur est également plus lent.
-95-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
80
70
60
Temperature (°C)
50
40
30
20 E/C=0,4
E/C=0,3
10
0
0 4 8 12 16 20 24
Age (Heures)
60
50
Temperature (°C)
40
30
20
E/C=0,4
10 E/C=0,3
0
0 4 8 12 16 20 24
Age (Heures)
-96-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
Les figures 5.4 et 5.5 montrent, respectivement les temps de début et de fin de prise
des pâtes de ciment CEM I de rapports Eau/Ciment 0,30 et 0,40, à différentes températures de
cure. On constate que la quantité d’eau joue un rôle important sur les temps de début et fin de
prise. En effet, une augmentation de 10% de la quantité d’eau lors du malaxage des
constituants entraîne une augmentation de 25% du temps de début de prise pour une
température de conservation de 40°C. La diminution du temps de prise observée lorsque le
rapport E/C décroît, peut être expliquée par deux phénomènes : d’une part, les pâtes de ciment
dont le rapport E/C est faible ont une cinétique d’hydratation plus rapide dans les toutes
premières heures suivant le contact eau-ciment (Mounanga, 2003) ; d’autre part, la
concentration de grains solides est plus élevée pour les rapports E/C plus faibles, cela induit
un espace initial plus faible entre les particules de ciment et donc une connexion entre les
hydrates formés plus rapide (Kruml, 1990 ; Bentz, 2008).
5
Temps de début de prise Vicat
4
E/C=0,3
E/C=0,4
3
(Heures)
0
10 20 30 40 50
Température (°C)
Figure 5.4 Echéances du début de prise Vicat pour le CEM I à E/C=0,30 et 0,40
8
Temps de fin de prise Vicat
7 E/C=0,3
6 E/C=0,4
5
(Heures)
4
3
2
1
0
10 20 30 40 50
Température (°C)
Figure 5.5 Echéances de fin de prise Vicat pour le CEM I à E/C=0,30 et 0,40
-97-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
Les figures 5.6 et 5.7 montrent l’évolution des temps de début et de fin de prise pour
les quatre compositions de pâtes de ciment et les quatre températures étudiées. On constate
que le temps de début de prise du CEM III E/C = 0,30 est plus faible que pour le CEM I. Ce
phénomène pourrait être dû à la finesse du ciment CEM III plus importante que celle du
ciment Portland, les hydrates se connectent alors plus rapidement entre eux, cependant la fin
de prise est légèrement plus longue du fait que l’hydratation est plus lente pour le ciment aux
laitiers. Par contre concernant les pâtes de ciment de rapport E/C = 0,40 on obtient le résultat
inverse : la prise du CEM I commence plus rapidement, même si la finesse est moins
importante le CEM I s’hydrate plus rapidement. Nous avons la même tendance pour le temps
de fin de prise. Pour le rapport E/C = 0,40, le retard de prise du ciment aux laitiers confirme le
phénomène de protection temporaire du laitier sur les grains anhydres du ciment (Berthollet,
2003). Etant donné cette protection, les liaisons entre hydrates sont plus lentes et retardent
donc l’âge de la prise. Si nous raisonnons en temps de prise (différence entre l’âge de fin et de
début de prise) (tableau 5.2), on constate bien que le temps de prise obtenu pour le CEM III
est légèrement supérieur à celui du CEM I. Eren (Eren, 2002) a obtenu des résultats similaires
entre un ciment Portland et un ciment aux laitiers.
5
CEM I E/C=0,3
Temps de début de Prise Vicat
CEM I E/C=0,4
4 CEM III E/C=0,3
CEM III E/C=0,4
3
(Heures)
0
10 20 30 40 50
Température (°C)
Figure 5.6 Echéances du début de prise Vicat pour les pâtes de ciment CEM I et CEM III
-98-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
8
CEM I E/C=0,3
7 CEM I E/C=0,4
(Heures)
4
3
2
1
0
10 20 30 40 50
Température (°C)
Figure 5.7 Echéances de fin de prise Vicat pour les pâtes de ciment CEM I et CEM III
Tableau 5.2 Temps de prise (h) pour les deux pâtes de ciment étudiées
Les figures 5.8 et 5.9 présentent l’évolution de la résistance à la compression des pâtes
de ciment CEM I et CEM III en fonction du rapport Eau/Ciment à 20°C. Pour les deux types
de ciment, on constate quelque soit le type de ciment, que plus la quantité d’eau de gâchage
est importante, plus la résistance en compression est faible. Le rapport E/C exerce une grande
influence sur la porosité de la pâte de ciment hydratée car il gouverne directement
l’espacement initial entre les grains de ciment en suspension dans l’eau de gâchage (Chen et
al., 2007). Plus le rapport Eau/Ciment est faible, plus la porosité diminue. Ceci se traduit
directement par une augmentation des propriétés mécaniques de la matrice cimentaire,
quelque soit le type de ciment considéré.
-99-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
80
Figure 5.8 Evolution de la résistance en compression des pâtes de ciment CEM I à 20°C
80
Résistance compression (MPa)
70
60
50
40
30
E/C=0,3
20
E/C=0,4
10
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.9 Evolution de la résistance en compression des pâtes de ciment CEM III à 20°C
-100-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
Escalante-Garcia et al., 2001; Eren, 2002 ;). L’influence de la présence de laitier sur le
développement des résistances mécaniques dépend du degré de réaction du liant (Van
Rompey, 2006). Ce degré R(t) peut être estimé de différentes manières. Pour les liants à base
de laitier, Fernandez-Jimenez et al. (Fernandez-Jimenez et al., 1997) relie la chaleur
d’hydratation maximale Qmax à la chaleur d’hydratation Q(t) à un temps donné t.
Q (t )
R (t ) = [Eq. 5.1]
Q max
Par ailleurs, Pandey et al. (Pandey et al., 2000) ont constaté dans le cadre de leur
travail sur l’influence des additions sur la résistance des mortiers, que la porosité totale est
plus importante durant les premières heures d’hydratation avec un ciment à base de laitiers
qu’avec un ciment Portland. A plus long terme, la porosité du mortier à base de laitier devient
légèrement plus faible que celle du mortier réalisé avec un ciment Portland.
Barnett et al. (Barnett et al., 2007) ont constaté cette différence de résistance en
compression entre un ciment Portland et un ciment à base de laitiers. Ils attribuent cette
différence à l’augmentation de la période dormante observée lorsque le pourcentage de laitiers
croît. L’augmentation de la période dormante est due au ralentissement des réactions
d’hydratation et entraîne, selon eux, une plus faible résistance au jeune âge. Ils ont déterminé
une différence entre les périodes dormantes d’un ciment Portland et un ciment aux laitiers de
4 heures environ. Dans notre étude, nous avons vu dans le paragraphe précédent que le temps
de prise était légèrement plus important pour le ciment aux laitiers, ce qui confirme que la
période dormante est plus importante pour ce type de ciment.
-101-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
80
Figure 5.10 Evolution de la résistance en compression des deux pâtes de ciment avec E/C =0,3 à 20°C
70
Résistance compression (MPa)
60
50
40
30
20 CEM I
CEM III
10
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.11 Evolution de la résistance en compression des deux pâtes de ciment avec E/C=0,4 à 20°C
Dans les premières heures qui suivent la fabrication des pâtes de ciment, on observe
qu’un accroissement de la température de cure se traduit par une résistance en compression
plus élevée. L’augmentation de la température de cure est seulement bénéfique pour la
résistance au très jeune age (Barnett et al., 2006). Ensuite il se produit un effet de croisement
des courbes de résistance. Ce croisement est d’autant plus retardé que le rapport E/C est élevé.
-102-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
L’âge du croisement des courbes dépend également du type de ciment. En effet, avec le
ciment Portland CEM I avec un E/C = 0,30, le croisement des courbes s’effectue à 67 heures
environ alors que pour le CEM III le premier croisement des courbes s’effectue à 86 heures.
Ces croisements de courbe indiquent que la température n’a pas simplement un effet
d’accélération des propriétés mais provoque également une modification des propriétés
intrinsèques, de la morphologie et de l’agencement des hydrates formés (Verbeck et al.,
1968 ; Kjellsen et al., 1991, Barnett et al., 2006).
90
Résistance compression (MPa)
80
70
60
50
T=15°C
40
T=20°C
30
T=30°C
20
T=40°C
10
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.12 Evolution de la résistance en compression de la pâte de ciment CEM I E/C = 0,30 en
fonction de la température de cure
-103-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
70
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.13 Evolution de la résistance en compression de la pâte de ciment CEM I E/C =0,40 en
fonction de la température de cure
80
Résistance compression (MPa)
70
60
50
40 T=15°C
30 T=20°C
20 T=30°C
T=40°C
10
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.14 Evolution de la résistance en compression de la pâte de ciment CEM III E/C =0,30 en
fonction de la température de cure
70
Résistance compression (MPa)
60
50
40
T=15°C
30
T=20°C
20 T=30°C
10 T=40°C
0
0 2 4 6 8 10
Age (Jours)
Figure 5.15 Evolution de la résistance en compression de la pâte de ciment CEM III E/C =0,40 en
fonction de la température de cure
-104-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
90
70
(MPa) 60
50
-105-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
plus, avec ce type d’essai, la masse de matériau est nettement supérieure à celle des
éprouvettes d’essai en flexion. C’est pour cela, que nous avons choisi de déterminer à chaque
échéance, la résistance en flexion sur des éprouvettes dont la section est semblable aux essais
de fissuration (4´4 cm2). Connaissant le coefficient minorateur à appliquer, nous pouvons
calculer la résistance en traction de référence pour notre travail
Tableau 5.3 Résistance en traction (MPa) des différentes pâtes de ciment à 24 heures à T = 20°C
La figure 5.17, montre les résultats obtenus par l’essai de flexion 3 points affecté du
coefficient minorateur pour la pâte de ciment CEM III E/C = 0,30 avec lequel nous avons les
résultats pour les quatre températures. Nous avons simulé l’évolution de la résistance à partir
de ces quelques points expérimentaux (moyenne de trois essais) avec la relation
suivante proposée par McIntosh (McIntosh, 1956) et utilisée par Radlinska (Radlinska et al.,
2007) :
C 2 ´ (t - t d )
Rt (t ) = Rt (¥ ) ´ [Eq. 5.2]
1 + C 2 ´ (t - t d )
-106-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
2
15°C Modèle 15°C
1 20°C Modèle 20°C
30°C Modèle 30°C
40°C Modèle 40°C
0
0 100 Age (Heures) 200 300
Figure 5.17 Evolution de la résistance en traction en fonction de la température de cure pour la pâte
de ciment CEM III, E/C=0,30
Les figures 5.18 et 5.19 illustrent l’évolution du module d’Young pour les deux
ciments étudiés en fonction du rapport Eau/Ciment. A 4 jours, la différence de module
d’Young entre les deux rapports Eau/Ciment est d’environ 32% pour le CEM I et de 22%
pour le CEM III. Comme pour la résistance en compression, cette différence est due à la
porosité des matrices et à la distance initiale entre les grains. Avec un rapport E/C élevé, la
distance intergranulaire est plus importante et les liaisons entre les grains et les hydrates
seront plus lentes à se produire. Sachant que ces liaisons sont directement liées à l’évolution
de la rigidité du matériau, un rapport E/C élevé engendre donc un module d’Young plus
faible.
-107-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
30000
25000
15000
10000 E/C=0,3
E/C=0,4
5000
0
0 20 40 60 80 100 120
Age (Heures)
25000
Module d'Young (MPa)
20000
15000
10000
E/C=0,3
5000 E/C=0,4
0
0 20 40 60 80 100 120
Age (Heures)
Figure 5.19 Evolution du module d’Young de la pâte de ciment CEM III à 20°C
Le type de ciment joue un rôle important sur la valeur du module d’Young. En effet,
les figures 5.20 et 5.21 montrent l’évolution du module d’Young en fonction du type de
ciment pour les deux rapports Eau/Ciment. De même que pour les résultats de compression,
l’évolution du module d’Young est moins rapide avec le ciment aux laitiers qu’avec le ciment
Portland. Lura et al. (Lura et al., 2001) ont également observé cette différence entre les
modules d’Young de pâtes de ciment CEM I et CEM III avec un rapport E/C = 0,35 durant les
3 premiers jours d’hydratation. Selon nos résultats, pour le CEM I, la rigidité évolue
rapidement durant les 60 premières heures puis a tendance à se stabiliser par la suite, ce qui
n’est pas le cas du CEM III dont la rigidité continue d’augmenter après 60 heures
d’hydratation. Tout comme pour les résultats de prise et de résistance à la compression, nous
-108-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
30000
25000
15000
10000 CEM I
CEM III
5000
0
0 20 40 60 80 100 120
Age (Heures)
Figure 5.20 Evolution du module d’Young des deux pâtes de ciment pour un E/C =0,30 à 20°C
20000
Module d'Young (MPa)
16000
12000
8000
CEM I
4000 CEM III
0
0 20 40 60 80 100 120
Age (Heures)
Figure 5.21 Evolution du module d’Young des deux pâtes de ciment pour un E/C = 0,4 à 20°C
Les évolutions des modules d’Young des 4 pâtes de ciment (CEM I et CEM III ; E/C =
0,30 et 0,40) au cours du temps et en fonction de la température, sont détaillées sur les figures
5.22 à 5.25. Nous avons simulé l’évolution du module d’Young à partir de ces résultats
expérimentaux avec la fonction suivante adaptée de celle utilisée par Persson (Persson, 2004)
et Zhang et al (Zhang et al, 2005) :
é æ B öù
æ 72 ö
E (t ) = E × exp ê A .ç 1 - ç ÷ ÷ú
[Eq. 5.3]
72 h ê ç è t ø ÷ú
ë è øû
-109-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
Où E(t) est le module d’Young (MPa) en fonction du temps, t le temps (h), E72h le
module d’Young mesuré à 72h (MPa) et A et B des constantes obtenues par régression pour
chaque température (valeurs données dans le tableau 5.4)
Les courbes de module d’Young connaissent une accélération caractérisée par une
pente plus élevée pendant les premières heures d’hydratation lorsque la température
augmente. Cette accélération causée par l’augmentation de la température n’est valable qu’au
jeune âge. Assez rapidement, les courbes se superposent ou se croisent : pour la pâte de
ciment CEM I avec E/C = 0,30, cette superposition apparaît très tôt entre les courbes à 30 et
40°C, dès 7h d’hydratation. On observe également une superposition des points
expérimentaux de la pâte de ciment CEM I de rapport E/C = 0,40 à 30 et 40°C à partir de 23
heures d’hydratation, jusqu’à la fin de la période d’investigation. Cet effet de croisement et de
superposition s’observe également pour des températures plus faibles : ainsi, à partir de 72h,
les valeurs de module d’Young obtenues à 20°C sont égales voire supérieures à celles
mesurées à 30°C et 40°C. Les courbes de module d’Young se croisent également dans le cas
de la pâte de ciment CEM III, la courbe à 40°C croise celle à 30°C à 38 heures d’hydratation
et celle à 20°C à 72 heures. La température de cure, occasionne juste une accélération du
module d’Young dans les premières heures d’hydratation, car à plus long terme, le module
d’Young semble se stabiliser quelque soit la température de conservation. Donc au jeune âge,
le module d’Young est une caractéristique qui peut être considérée comme thermoactivée.
-110-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
30000
20000
15000
10000
T=15°C T=20°C
5000
T=30°C T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age (Heures)
Figure 5.22 Evolution du module d’élasticité de la pâte de ciment CEM I E/C =0,30 en fonction de la
température de cure
20000
Module d'Young (MPa)
16000
12000
8000
Figure 5.23 Evolution du module d’élasticité de la pâte de ciment CEM I E/C =0,40 en fonction de la
température de cure
28000
24000
Module d'Young (MPa)
20000
16000
12000
8000
T=15°C T=20°C
4000
T=30°C T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age (Heures)
Figure 5.24 Evolution du module d’élasticité de la pâte de ciment CEM III E/C =0,30 en fonction de
la température de cure
-111-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
20000
12000
8000
Figure 5.25 Evolution du module d’élasticité de la pâte de ciment CEM III E/C =0,40 en fonction de
la température de cure
Dans un premier temps, nous avons essayé de relier le module d’Young avec la
résistance en compression. Pour cela, nous avons utilisé la fonction suivante (Neville, 2000)
pour exprimer les résultats de module d’Young en fonction de la résistance en compression
pour les 4 températures étudiées :
-112-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
b
E(t ) = a ´ Rc [Eq. 5.4]
Tableau 5.5 Valeurs des constantes de l’équation 5.4 en fonction des études réalisées
Type de ciment a b
ACI – 318-89 4,73 0,5
BAEL 1999 1,1 0,33
Eurocode 2 9,5 0,33*
Kim et al, 2002 5,25 0,46
Maekawa et al, 1999 1,33 0,33
* constante affectée à Rc+8
De Schutter et al. (Schutter et al., 1996) ont proposé une relation directe entre le
module d’Young E et le degré d’hydratation α. Dans cette équation, il faut connaître le
module d’Young à long terme et caler la constante c sur les résultats expérimentaux :
c
æ a ´ 0,25 ö
E (a ) = ç ÷ ´ E (a = 1) [Eq. 5.5]
è 1 - 0,25 ø
Lamour et al., (Lamour et al., 2007) ont adapté cette relation dans leurs travaux sur le
béton au jeune âge avec c = 0,25 et E(a=1) = 37 GPa. Ils ont remplacé le degré d’hydratation
initial de 0,25 par 0,223.
E (α ) =
(1 + 1,37(R )2,204 ) æç Rc (α ) ö÷
c¥
2, 675
Dans le cadre de notre travail, nous avons choisi d’adapter la relation [5.4]. Les
valeurs des coefficients a et b et le coefficient de corrélation R² pour les deux ciments sont
données dans le tableau 5.6.
-113-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
Tableau 5.6 Valeurs des constantes de l’équation 5.4 pour les compositions étudiées
Figure 5.26 Evolution du module d’Young en fonction de la résistance en compression pour les quatre
compositions étudiées
-114-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
b
E (t ) = a ´ Rt [Eq. 5.7]
Cette relation a été appliquée aux compositions que nous avons étudiées pour la
fissuration (chapitre 7), à savoir : CEM I E/C = 0,30 et 0,40 et la pâte de ciment CEM III E/C
= 0,30. Les valeurs des coefficients sont récapitulées dans le tableau 5.7 ainsi que le
coefficient de corrélation correspondant.
Tableau 5.7 Valeurs des constantes de l’équation 5.7 pour les compositions étudiées
30
25
Module d'Young (GPa)
20
15
10
CEM I E/C=0,3 Modèle CEM III E/C=0,3 Modèle
5 CEM I E/C=0,4 Modèle CEM I E/C=0,3 exp
CEM III E/C=0,3 CEM I E/C=0,4
0
0 1 2 3 4 5
Résistance en traction (MPa)
Figure 5.27 Evolution du module d’Young en fonction de la résistance en traction pour les trois
compositions étudiées
On constate sur la figure 5.27, que les évolutions ne sont pas identiques pour les trois
compositions étudiées. Elles auront donc une résistance à la fissuration différente, les unes par
rapport aux autres. En effet, pour une résistance à la traction identique, la pâte de ciment
Portland avec un rapport E/C = 0,30 sera la composition la moins résistante à la fissuration.
En effet, c’est la pâte qui possède le module d’Young le plus élevé. Au contraire la
composition CEM I E/C = 0,40, sera plus résistante à la fissuration, car son module d’Young
est plus faible et donc sa capacité à se déformer sera plus importante. Le même phénomène se
produit avec le module d’Young en fonction de la résistance en traction. La résistance en
traction est supérieur, à module d’Young égal, pour la pâte de ciment CEM I E/C=0,40 par
-115-
PARTIE 3 : Chapitre 5 Evolution de la structuration et des caractéristiques mécaniques des pâtes de ciment
rapport au même ciment avec le rapport 0,30. On suppose donc dans ce cas, une apparition de
fissure plus tardive.
En conclusion, le CEM I E/C=0,40 sera plus résistant à la fissuration, puis le ciment
aux laitiers et enfin le moins résistant, serait la composition CEM I E/C=0,3.
Mais cette analyse ne concerne pour le moment que les propriétés mécaniques des
matériaux. Les déformations au jeune âge représentent le mécanisme-moteur de la fissuration
précoce et jouent donc un rôle fondamental dans l’apparition de la fissure : le prochain
chapitre est consacré à l’étude de ces déformations endogènes en conditions libres et sous
chargement.
5.7.Conclusion
Au cours de ce chapitre, nous avons quantifié l’influence des paramètres de notre
étude (température de cure, type de ciment et rapport E/C) sur l’évolution des propriétés
mécaniques des pâtes de ciment étudiées. Nous avons observé que chacun de ces paramètres
avait un effet discriminant sur le comportement des matrices cimentaires :
- L’élévation de la température de cure accélère l’évolution des caractéristiques
mécaniques au très jeune âge mais se traduit, au terme de quelques jours d’hydratation,
par un croisement des courbes de résistance mécanique et de module d’Young. Ainsi, à
la fin de la période d’investigation, les matériaux maintenus à une température de cure
élevée présentent des propriétés mécaniques égales voire inférieures à celles des
matériaux conservés à température de cure plus basse,
- L’augmentation du rapport E/C engendre une diminution importante des résistances
mécaniques et du module d’Young des pâtes de ciment, qui peut s’expliquer par une
porosité plus importante,
- Le ciment aux laitiers présente une cinétique d’hydratation et un développement des
propriétés mécaniques plus lents que le ciment Portland. Cet écart de comportement
entre les deux types de ciment s’atténue au cours du temps, bien que les propriétés
mécaniques des pâtes de ciment Portland restent toujours sensiblement supérieures à
celle des pâtes de ciment aux laitiers au jeune âge.
Ces observations, conformes à la plupart des travaux disponibles dans la littérature,
nous permettrons d’analyser les résultats des essais de fissuration et de les relier à l’évolution
physico-chimique et mécanique des matrices cimentaires au jeune âge.
-116-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
Après avoir étudié les caractéristiques mécaniques, nous allons nous intéresser dans ce
chapitre à l’évolution du retrait endogène et de la déformation sous chargement de traction.
En effet, au jeune âge, les matrices cimentaires manifestent des déformations de différentes
origines (thermique, hydrique et physico-chimique). Le retrait étudié ici est le retrait
endogène. Il se développe sans échange de masse avec le milieu extérieur et en conditions
quasi-isothermes. Le second type de déformation étudié est le fluage en traction.
Après l’étude, dans le chapitre précédent, de la résistance à la rupture du matériau et
de sa rigidité, ce chapitre constitue la deuxième étape pour la compréhension des phénomènes
de fissuration des matrices cimentaires au jeune âge. En effet, le retrait endogène est le
mécanisme-moteur de la fissuration endogène des matrices cimentaires en conditions
isothermes. L’empêchement des déformations engendre le développement de contraintes de
traction au sein du matériau. Ces contraintes peuvent à leur tour induire du fluage, qui
s’opposera partiellement aux effets du retrait endogène.
Les facteurs expérimentaux pris en compte pour la mesure du retrait endogène sont
identiques à ceux de l’étude des caractéristiques mécaniques (chapitre 5) : il s’agit du type de
ciment, de la température de cure et du rapport Eau/Ciment.
Concernant le fluage en traction, la mesure des déformations sous chargement a
nécessité la mise au point complète d’un dispositif expérimental original. Le temps imparti au
développement de ce dispositif a limité le temps consacré à l’étude paramétrique. Nous nous
limiterons donc ici à l’analyse de la température sur l’évolution du fluage au jeune âge. Les
essais ont porté sur la pâte de ciment CEM I E/C = 0,3 soumise à deux températures de cure
(20 et 40°C) et à une contrainte de traction d’1 MPa appliquée à 24 h de maturité.
-117-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
Dans les figures 6.1 et 6.2, sont représentées les évolutions, initialisées à 3 h, du retrait
endogène libre des pâtes de ciment CEM I de rapports E/C = 0,30 et 0,40 conservées à 20°C
et 40°C. On observe un comportement différent de ces deux pâtes de ciment du point de vue
de leurs déformations endogènes.
La pâte de ciment de rapport E/C = 0,40 se caractérise par un gonflement relativement
important pendant les premières heures de l’hydratation. Ce gonflement ne peut être attribué
aux effets thermiques dus à l’exothermie de l’hydratation, car l’échantillon est conservé en
conditions quasi-isothermes. A 20°C, le gonflement est d’environ 400 mm/m et s’étend sur
une durée de 24 h. A 30°C, il est moins intense (environ 200 mm/m) et ne dure qu’une dizaine
d’heures. La pâte de ciment de rapport E/C = 0,30 présente également un gonflement mais il
est beaucoup plus faible environ 30 mm/m pour les températures de 20 et 30°C. Il semblerait
donc qu’il existe une valeur seuil de rapport E/C au-delà duquel le gonflement observé
devient particulièrement important. La valeur de ce seuil serait comprise entre 0,30 et 0,40.
Baroghel-Bouny et al., (Baroghel-Bouny et al., 2006) ont déterminé ce seuil à 0,40.
Le gonflement endogène au très jeune âge a déjà été mis en évidence par plusieurs
chercheurs (Garcia-Boivin, 2001 ; Bjøntegaard et al., 2004 ; Baroghel-Bouny et al., 2006).
Dans la littérature, cette phase de gonflement isotherme est généralement expliquée par trois
phénomènes :
- la croissance de produits d’hydratation cristallins (Ca(OH)2, AFm et AFt) qui
engendre une pression sur les parois des pores. En effet, les cristaux de
portlandite augmentent avec le rapport E/C pour un degré d’hydratation donné.
- la formation des C-S-H internes qui occupent un volume plus important que le
solide anhydre qu’ils remplacent. Ce phénomène est accentué pour des pâtes de
ciment dont le rapport E/C est élevé, probablement due à la faible rigidité du
matériau avec ce type E/C (voir chapitre 5). Ce gonflement s’interrompt
lorsque le matériau devient suffisamment résistant pour reprendre la pression
occasionnée par les hydrates (Baroghel-Bouny et al., 2006).
- la réabsorption, dans la porosité capillaire, de la couche d’eau de ressuage, qui
se forme au sommet de l’échantillon avant la prise. En effet, pour des rapports
E/C élevés, il se produit un effet de ressuage. Cette eau de ressuage va
-118-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
-119-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
600
Déformation endogène
400
D.P.
200
(mm/m)
0
F.P.
-200
E/C=0,3
-400
E/C=0,4
-600
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.1 Evolution du retrait endogène en fonction du rapport E/C pour le ciment CEM I à 20°C
400
Déformation endogène
D.P.
200
0
(mm/m)
-200
F.P.
-400
E/C=0,3
-600
E/C=0,4
-800
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.2 Evolution du retrait endogène en fonction du rapport E/C pour le ciment CEM I à 30°C
200
Déformation endogène
0
(mm/m)
-200
-400 E/C=0,3
E/C=0,4
-600
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.3 Evolution du retrait endogène en fonction du rapport E/C pour le ciment CEM I à 20°C
(la courbe E/C = 0,4 a été initialisée à partir de la fin du gonflement)
-120-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
200
Déformation endogène
0
-200
(mm/m)
-400
-600 E/C=0,3
E/C=0,4
-800
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.4 Evolution du retrait endogène en fonction du rapport E/C pour le ciment CEM I à 30°C
(la courbe E/C = 0,4 a été initialisée à partir de la fin du gonflement)
Figure 6.5 Corrélation entre l’humidité relative et le retrait endogène (Khelidj et al., 1998).
Les figures 6.6 à 6.8 montrent l’effet de la température de cure sur l’évolution du
retrait endogène des pâtes de ciment CEM I de rapports E/C = 0,3 et 0,4 et de la pâte de
ciment CEM III de rapport E/C = 0,3 respectivement. On remarque que quelque soit le type
de ciment, l’augmentation de la température de cure provoque un accroissement du retrait
endogène durant les 24 premières heures pour le CEM I et durant les 60 premières heures
pour le CEM III.
Au très jeune âge, on observe que la pente initiale de l’accélération des déformations
augmente avec la température. Loukili et al. (Loukili et al., 2000) ont montré que l’amplitude
du retrait était fortement affectée par l’historique de température durant les 48 premières
heures d’hydratation. Jensen et al., (Jensen et al., 1999), Turcry et al. (Turcry et al., 2002)ont
-121-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
appliqué le concept de maturité à leurs essais de retrait. Ce concept serait applicable qu’au
jeune âge. En effet, les évolutions du retrait sont différentes pour les pâtes de ciment
conservées à température inférieure à 30°C et celles conservées à température supérieure à
30°C.
Au-delà de cette première phase d’accélération, nous obtenons un comportement
similaire des pâtes de ciment conservées à 15°C et à 20°C, de même que pour les
températures de 30 et 40°C. Jensen et al. (Jensen et al., 1999) ont observé le même
phénomène. Ils ont également travaillé sur l’évolution de l’humidité relative au cours du
temps en fonction de la température. Ils observent les mêmes tendances que pour le retrait
endogène, ce qui laisse supposer que les deux paramètres sont liés. Cela est dû à la vitesse
d’hydratation du ciment qui a tendance à s’hydrater plus rapidement à des températures
élevées. Cette variation d’hydratation est directement liée à la densité des C-S-H. En effet,
plus la température est élevée, plus les C-S-H se densifient (Gallucci et al., 2006). Cette
élévation de densité entraîne une modification de la taille des pores (Mounanga et al., 2006).
Le nombre de pores de faible rayon étant plus important pour des températures élevées, la
tension capillaire est plus importante et donc le retrait enregistré est également plus élevé.
On observe que la déformation enregistrée à 100 heures est affectée par la température
de cure pour les trois compositions étudiées, elle augmente entre 20 et 30°C et a tendance à
rester constante pour les températures de 30 et 40°C. Mounanga (Mounanga, 2003) a observé
le même phénomène pour l’évolution de la contraction Le Chatelier. On peut en conclure que
l’effet de l’augmentation de la température sur le développement des déformations endogènes
n’est pas systématique et varie selon le type de ciment (Lura et al., 2001).
200
Déformation endogène (mm/m)
100
0
-100
-200
-300
-400
-500
-600 T=15°C T=20°C
-700
T=30°C T=40°C
-800
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.6 Evolution du retrait endogène en fonction de la température pour le ciment CEM I
E/C=0,3
-122-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
500
T=15°C T=20°C
Figure 6.7 Evolution du retrait endogène en fonction de la température pour le ciment CEM I
E/C=0,4
400
Déformation endogène (mm/m)
200
0
-200
-400
-600
-800
T=15°C
-1000 T=20°C
-1200 T=30°C
T=40°C
-1400
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.8 Evolution du retrait endogène en fonction de la température pour le ciment CEM III
E/C=0,3
Nous avons vu dans le chapitre 3, sur la présentation du plan expérimental, que les
principales différences entre les deux ciments de notre étude étaient leur composition et leur
finesse. En effet, le ciment CEM III, aux laitiers, présente une finesse plus élevée de 27% par
rapport au ciment Portland CEM I (4300 cm²/g pour le CEM III et 3390 cm²/g pour le CEM
I). Généralement, plus la finesse augmente, plus le retrait endogène est important pour un
rapport E/C et un degré d’hydratation donnés (Bentz, 1999, Bentz, 2008). Notons cependant
que Lura et al. (Lura et al., 2001) ont observé, pour une composition de béton identique, que
l’utilisation de ciment aux laitiers engendrait un retrait endogène plus important que le ciment
Portland bien que ce dernier ait une finesse plus élevée (5300 cm²/g pour le ciment Portland
-123-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
contre 4900 cm²/g pour le ciment aux laitiers). La composition du liant est donc un paramètre
prépondérant sur l’évolution du retrait endogène.
La figure 6.9 permet de comparer l’évolution du retrait endogène des deux types de
ciment étudiés. On peut distinguer deux principales phases dans le développement des
déformations : la première phase concerne les premières 24 h d’hydratation et la seconde
s’étend de 24 h à la fin de la période d’investigation
Durant la première phase (0 – 24h), le retrait endogène de la pâte de ciment CEM I se
développe plus rapidement que celui de la pâte de ciment CEM III (figure 6.9). Ce
phénomène est probablement lié à la différence de vitesse d’hydratation entre les deux pâtes
de ciment. Cette différence de cinétique peut être observée sur l’évolution du retrait chimique
(ou contraction Le Chatelier) des deux ciments. La figure 6.10 montre l’évolution de ce retrait
pour six pâtes de ciment à base de CEM I, CEM II et CEM III avec des rapports E/C = 0,30 et
0,40 (Bouasker, 2007). Les ciments utilisés sont identiques à ceux utilisés lors de notre étude.
Les résultats obtenus par Bouasker montrent qu’au très jeune âge, les pâtes de ciment CEM I
s’hydratent et se « déforment » plus rapidement que celles à base de CEM III. Au bout de 60
h d’hydratation, les courbes s’entrecroisent et le ciment aux laitiers se déforme plus
rapidement que le ciment Portland.
Au cours de la deuxième phase de retrait endogène (24 – 100 h), on observe sur la
figure 6.9, un croisement des courbes à environ 26 heures d’hydratation. Le retrait endogène
du ciment aux laitiers devient alors supérieur à celui du ciment Portland. Par exemple à 80
heures, le retrait endogène du CEM III est de 1060 mm/m tandis que pour le CEM I, il est égal
à 650 mm/m. La différence entre les deux valeurs est de 60% environ. Lura et al. (Lura et al.,
2001) ont observé le même phénomène pour la même température au même âge avec une
différence de retrait endogène de 40% entre deux ciments de type I et de type III.
Le retrait endogène plus élevé du CEM III peut être expliqué par différents
phénomènes. Lura et al. l’attribuent à la plus grande finesse des pores dans le cas des matrices
cimentaires à base de ciment aux laitiers. Ceci se traduirait par une dépression capillaire plus
intense et donc un retrait endogène plus élevé. Aly et al. (Aly et al., 2008) ont déterminé la
valeur moyenne du diamètre des pores pour une pâte de ciment Portland et une pâte de ciment
aux laitiers. Ils obtiennent pour le ciment Portland une moyenne de 38,5 nm et pour une pâte
de ciment à base de laitiers une moyenne de 26,5 nm après un jour d’hydratation avec un
rapport E/C = 0,6. La présence de laitier influe donc sur la cinétique d’hydratation mais
également sur la microstructuration de la matrice cimentaire et la morphologie des hydrates
-124-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
formés (Hanehara et al., 1999 ; Chen, 2007). Selon Chen, les matrices à base de ciment aux
laitiers présente une microstructure plus dense que celle à base de ciments Portland.
Jiang et al. (Jiang et al., 2006) montrent que la présence d’ajouts minéraux accélère la
chute de l’humidité relative dans les matrices cimentaires. L’explication donnée sur la chute
d’humidité relative est que la présence de laitiers accélère l’hydratation du ciment, lorsque le
laitier commence à s’hydrater. L’évolution de l’humidité est alors accélérée et donc le retrait
endogène est plus élevé.
Par ailleurs, le module d’Young, qui quantifie la capacité du matériau à se déformer
sous l’effet d’une contrainte, est également un paramètre à prendre en compte. En effet, nous
avons vu dans le chapitre 5 que le module d’Young d’une pâte de ciment CEM III est plus
faible que celui d’une pâte de ciment Portland, pour un E/C et un âge donnés. Soumises à une
dépression capillaire identique, les pâtes de ciment aux laitiers auront donc tendance à se
déformer davantage que les pâtes de ciment Portland.
200
0
Déformation endogène
-200
-400
(mm/m)
-600
-800
-1000
CEM I
-1200 CEM III
-1400
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 6.9 Evolution du retrait endogène en fonction du type de ciment à T=30°C et E/C=0,3
40
Retrait Chimique (mm3/gCiment)
PC1-I-03 PC2-I-04
PC3-II-03 PC4-II-04
PC5-III-03 PC6-III-04
30
20
10
0
0 12 24 36 48 60 72
Age (h)
Figure 6.10 Evolution du retrait chimique en fonction du type de ciment (Bouasker, 2007) : PC : Pâte
de ciment ; 03 et 04 : Rapport E/C ; I, II et III : types de ciment
-125-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
Dans cette première partie de chapitre, nous avons présenté l’influence des paramètres
de notre étude sur le retrait endogène libre. La deuxième déformation qui conditionne
l’apparition de la fissure est celle du fluage en traction. Nous allons dans cette dernière partie
de chapitre analyser les résultats obtenus au cours de ce travail.
Les éprouvettes de fluage sont chargées après 1 jour de maturité. Pour chaque
température (20 et 40°C), des essais de fendage ont été réalisés sur deux éprouvettes
cylindriques 11 ´ 22 cm afin de mesurer la résistance en traction ft de la pâte de ciment à cette
échéance (tableau 6.1). Les mesures étant effectuées à deux températures différentes, il est
nécessaire, pour fixer précisément l’échéance des essais de fendage et du chargement en
traction, de convertir la maturité en âge réel. On utilise pour cela l’équation d’Arrhenius
(chapitre 1) avec une énergie d’activation apparente égale à 38,7 kJ/mol, obtenue en
exploitant des mesures de module d’Young à différentes températures (Pertué et al., 2008).
L’âge réel des éprouvettes est calculé comme :
æE æ1 1 ö÷ ö÷
t = expç a ç - × t (T ) [Eq. 6.2]
ç R ç T Tref ÷ ÷ eq ref
è è øø
-126-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
La figure 6.11 présente les déformations typiques d’une éprouvette mesurées lors d’un
essai de fluage à 20°C. Les courbes de déformations sont obtenues en rapportant le
déplacement enregistré par chaque capteur à la longueur centrale de l’éprouvette soit 24 cm.
La courbe des déformations totales présente trois grandes séquences :
600
Déformations endogènes (mm/m)
Fluage en traction
400
Déformation
endogène totale
200 Déformation
instantanée
0
0 24 48 72 96 120
-200
-127-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
Essais Essai n°1 Essai n°2 Essai n°3 Essai n°1 Essai n°2
20°C 20°C 20°C 40°C 40°C
Capteur 1 17021 27586 30003 10526 21834
Capteur 2 4970 14118 17519 7874 -
Moyenne 10995 20852 23761 9200 21834
Si l’on compare ces modules à ceux mesurés lors des essais de module d’Young
(chapitre 5), on observe que les valeurs obtenues avec l’essai de fluage sont plus élevées à
part les deux premiers essais à 20 et 40°C avec lesquels nous obtenons des valeurs très petites.
Ce phénomène est probablement lié aux problèmes du capteur qui donnait des valeurs
différentes par rapport au second capteur. Concernant l’essai à 40°C, ce dernier ayant cassé, il
se peut qu’il s’est produit un défaut de mise en place de l’éprouvette sur le bâti. En effet, les
valeurs obtenues suite aux essais de module d’Young sont égales à 20500 MPa à 20°C et
18020 MPa à 40°C. Si nous déterminons l’écart entre les valeurs de module d’Young, nous
obtenons une différence de 14% (avec l’essai n°3) et de 2% (avec l’essai n°2) pour la
température de 20°C et 18% pour 40°C. Cette différence et disparité des modules d’Young du
tableau 6.2, sont probablement liées à un artefact de mesure ou de mise en place du dispositif
sur le bâti de fluage (problème de centrage de l’éprouvette par rapport à l’axe de chargement).
Il semble donc que l’on ne puisse pas déterminer le module d’Young directement avec la
partie élastique de l’évolution de la déformation de fluage.
Les figures 6.12 et 6.13 montrent la réponse des deux capteurs pour chaque essai à
20°C et 40°C. Sur chaque figure, nous avons représenté les déformations mesurées par les
deux capteurs et la courbe moyenne des déformations. On constate que la réponse des deux
capteurs n’est pas identique. Ceci peut être expliqué de la façon suivante : lors de
l’application de la charge sur le moule, nous avons probablement une légère excentricité de la
charge sur l’éprouvette. Nous avons donc une légère flexion. Ce problème de dispositif a
également été relevé par Atrushi (Atrushi, 2003) lors de l’application de la charge, via un
insert, sur ses éprouvettes cylindriques. Il mesure la déformation avec 3 LVDT, et il constate
-128-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
un écart entre les 3 capteurs qui peut aller du simple au double après 7 heures de chargement.
On constate quand même que le problème que nous soulevons concerne uniquement la partie
élastique, car ensuite l’allure de la déformation mesurée par les deux capteurs est similaire. En
effet, une fois la charge appliquée et recentrée sur l’éprouvette, la déformation mesurée est
équivalente pour les deux capteurs.
450
400
Déformation en mm/m
350
300
250
200
150 Capteur 1
100 Capteur 2
50 Moyenne
0
0 24 48 72 96 120 144 168
Age en heures
Figure 6.12 Déformation des 2 capteurs pour la pâte de ciment CEM I E/C=0,3 à 20°C
300
Déformation en (mm/m)
250
200
150
Capteur 1
100
Capteur 2
50 Moyenne
0
0 4 8 12 16 20 24
Age (en heures)
Figure 6.13 Déformation des 2 capteurs pour la pâte de ciment CEM I E/C=0,3 à 40°C
Les résultats à 40°C sont de plus courte durée suite à la rupture de l’échantillon. Cette
rupture a lieu au niveau du changement de section de l’éprouvette (figure 6.14) à l’endroit où
nous avions constaté une localisation de contrainte lors d’une simulation sous Caste3M
(figure 6.15 à gauche). Cette rupture est due à la contrainte appliquée qui dépasse la résistance
de la pâte de ciment ; par ailleurs, l’excentricité de la charge engendre un taux de contrainte
-129-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
en traction plus important d’un coté de l’échantillon. La figure 6.16 montre le profil type de la
distribution des contraintes au sein de l’échantillon. Le profil de gauche représente la
distribution au niveau du changement de section, et à droite, au centre de l’échantillon, au
niveau de la mesure des déformations. Avec ces profils, on constate bien qu’un léger
excentrement de la charge par rapport à l’axe de l’éprouvette, entraîne un supplément de
contraintes sur un coté de l’éprouvette (figure 6.15 à droite). La contrainte totale dépasse la
résistance en traction de l’échantillon et il se produit alors une rupture à ce niveau de
l’échantillon.
F
F
Figure 6.15 Localisation des contraintes simulées avec Caste3M charge axée (à gauche) et excentrée
(à droite)
-130-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
La figure 6.17 présente les courbes de fluage en traction de la pâte de ciment (CEM I ;
E/C = 0,30) obtenues à 20 et 40°C en fonction de l’âge réel de la pâte. Nous avons choisi pour
les évolutions des déformations de fluage, la réponse donnée par un capteur. Car, avec le
premier essai à 40°C, il s’est produit une rupture (figure 6.14). Lors du second essai, un seul
capteur a fonctionné et la durée de l’essai a été plus longue. Donc par souci de comparaison
des déformations entre les deux température, la déformation relevée par le capteur n°2 a été
choisi concernant les résultats à 40°C.
-131-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
350
(mm/m)
200
150
100 T=20°C
50 T=40°C
0
0 24 48 72 96 120
Age (heures)
Figure 6.17 Evolution du fluage propre en fonction de la température pour la pâte de ciment CEM I
E/C=0,3
350
Fluage propre en traction
300
250
(mm/m)
200
150
100 T=20°C
50 T=40°C recalé à 24h
0
0 24 48 72 96 120
Age en heures
Figure 6.18 Evolution du fluage propre recalé à 24 h en fonction de la température pour la pâte de
ciment CEM I E/C=0,3
-132-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
6.3. Conclusion
-133-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
pour un chargement de 1 MPa). Ceci prouve la nécessité de les prendre en compte lors de
notre analyse du mécanisme de fissuration des pâtes de ciment au jeune âge. Notons enfin que
la température joue un rôle d’accélérateur du développement des déformations sous
chargement. Nous tenterons au chapitre 8 de quantifier cette thermoactivation au travers de
l’application du principe de maturité.
-134-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
Dans cette troisième partie, nous avons étudié l’évolution de la structuration, des
caractéristiques mécaniques et des déformations des pâtes de ciment au jeune âge. Le chapitre
5 a été consacré à la mesure des évolutions de la résistance en compression, en traction, du
module d’Young et du temps de prise. Le chapitre 6 a porté sur l’étude des déformations
endogènes libres et sous chargement de traction. Ces deux chapitres ont fait l’objet d’une
étude paramétrique afin de quantifier l’influence du type de ciment, de la quantité d’eau de
gâchage et de la température sur le comportement des matériaux cimentaires.
Ces deux études vont nous permettre d’analyser le comportement des pâtes de ciment
vis-à-vis du risque de fissuration au jeune âge. En effet la contrainte générée par le
développement du retrait endogène, dépend du module d’Young, du fluage, c’est-à-dire de la
capacité du matériau à se déformer sous chargement, et du degré d’empêchement de l’élément
de structure. En outre, la rupture du matériau dépend de la résistance du matériau (figure
6.19). Les deux chapitres de cette partie constituent une base de données pour comprendre les
mécanismes de fissuration. Ce dernier point fait l’objet du prochain chapitre sur l’étude de la
fissuration en conditions empêchées des pâtes de ciment.
Développement de
contraintes internes
´ Résistance du
matériau
Chapitre 7 Chapitre 5
RISQUE DE
FISSURATION
Chapitre 7
-135-
PARTIE 3 : Chapitre 6 Evolution du retrait endogène libre et de la déformation sous chargement
-136-
PARTIE 3 : Caractérisation physico-chimique et mécanique des pâtes de ciment au jeune âge
PARTIE 4 :
-137-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Pour mieux comprendre les paramètres qui entrent en jeu lors de l’apparition de la
fissure, dans cette étude, deux paramètres de composition des pâtes ont été sélectionnés : la
quantité d’eau de gâchage utilisée et le type de ciment. En plus de ces paramètres de
composition, un paramètre de conservation a été choisi, la température de cure appliquée au
matériau pendant l’essai. Enfin, un dernier paramètre de structure a été choisi : le degré
d’empêchement des déformations.
Avant d’analyser les résultats obtenus avec l’essai à l’anneau de fissuration, nous
avons analysé les déformations et les contraintes induites par le retrait empêché. Ensuite une
analyse des courbes de déformations libres sera réalisée avant d’étudier les résultats d’essai à
l’anneau.
Dans notre cas, avec les conditions de conservation auxquelles les pâtes de ciment sont
soumises, les déformations thermiques ethermique et les déformations élastiques eélastique sont
négligeables (pas d’importantes élévations de température et pas de chargement instantané sur
les échantillons).
-138-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
De plus, les déformations étant empêchées pendant toute la durée des essais, la
déformation de fluage est affectée d’un signe inverse par rapport aux autres déformations
(fluage en traction). La relation 7.1 devient alors :
Figure 7.1 Influence de la relaxation sur le développement des contraintes et sur l’âge de la fissure
(Weiss, 1999).
-139-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
· Entre 0 et 10 h
-140-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
. p + Rext . m
2 2
Rext 2
Rext . m - Rint . m
2
Ca = ´ [Eq. 7.6]
. p - Rext .m
2 2 2
Rext 2 Rext .m
Où Rext.p est le rayon extérieur de l’anneau de pâte de ciment (m), Rint.m et Rext.m les
rayons intérieurs et extérieurs de l’anneau métallique (m), respectivement. La figure 7.3
montre le profil de contrainte à l’intérieur de la pâte de ciment. La contrainte maximale dans
la pâte de ciment correspond à la contrainte développée au niveau du rayon intérieur de
l’échantillon.
-141-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Figure 7.3 Profil de contrainte au sein de la pâte de ciment (Moon et al., 2006).
C 2 ´ (t - t d )
Rt (t ) = Rt (¥ ) ´ [Eq. 7.7]
1 + C 2 ´ (t - t d )
Les tableaux 7.1 et 7.2 récapitulent le rapport entre la contrainte interne et la résistance
en traction pour les anneaux en laiton et en inox.
-142-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Figure 7.4 Evolution de la contrainte interne et de la résistance en traction (CEM I E/C = 0,4)
Tableau 7.1 : Tableau récapitulatif des contraintes internes et des résistances en traction à
l’apparition de la fissure pour l’anneau en laiton
-143-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Tableau 7.2 : Tableau récapitulatif des contraintes internes et des résistances en traction à
l’apparition de la fissure pour l’anneau en inox
-144-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
0 50 100 150 200
10
0
Déformation anneau laiton
-10
-20
(mm/m)
-30
-40
-50
E/C=0,3
-60
E/C=0,4
-70
-80
Figure 7.5 Evolution de la déformation de l’anneau en laiton pour les pâtes de ciment CEM I de
rapport E/C = 0,30 et 0,40 à température T = 20°C
-145-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
0 10 20 30 40 50
10
(mm/m) -10
-20
-30
-40 E/C=0,3
E/C=0,4
-50
Figure 7.6 Evolution de la déformation de l’anneau en laiton pour les pâtes de ciment CEM I de
rapports E/C= 0,30 et 0,40 à température T = 40°C
Notons également que la résistance en traction d’une pâte de ciment à rapport E/C
élevé est plus faible qu’une pâte de ciment à rapport E/C élevé. Il semblerait alors qu’un
matériau à faible rapport E/C fissurerait plus tôt qu’un ciment avec un rapport E/C élevé.
Cependant l’évolution de la contrainte interne est différente. En effet, les contraintes internes
pour un rapport E/C faible, se développent plus rapidement. D’où cette différence d’âge de
fissuration entre les deux rapports E/C.
-146-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
0 50 100 150
10
0
Déformation anneau laiton -10
(mm/m) -20
-30
-40
-50
-60 CEM I
-70 CEM III
-80
Figure 7.7 Evolution de la déformation de l’anneau pour les pâtes de ciment CEM I et CEM III de
rapport E/C = 0,30 à T=20°C.
Age (heures)
0 5 10 15 20 25 30
10
Déformation anneau laiton
-10
(mm/m)
-20
-30
-40 CEM I
CEM III
-50
Figure 7.8 Evolution de la déformation de l’anneau pour les pâtes de ciment CEM I et CEM III de
rapport E/C = 0,30 à T = 40°C
Pour le ciment CEM III, la première fissure traversante apparaît environ 1,71 et 1,65
fois plus tôt que dans le cas du CEM I, à 20 et 40°C respectivement.
Ces différences d’âge de fissure peuvent s’expliquer, d’une part, par le développement
au jeune âge de contraintes internes plus élevées au sein de la pâte de ciment CEM III et
d’autre part, par l’évolution plus lente des propriétés mécaniques au cours des premiers jours,
qui caractérise les liants à base de laitiers de haut fourneau (Escalante-Garcia et Sharp, 2001 ;
Lee et al., 2006). En effet, nous avons montré au chapitre 5 que, quelque soit l’échéance
considérée, la matrice à base de ciment aux laitiers possède des résistances mécaniques
inférieures à la matrice de ciment Portland de même rapport E/C.
-147-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Par ailleurs, plusieurs études ont mis en évidence que les ciments aux laitiers
manifestent un retrait endogène plus élevé notamment au jeune âge (Tazawa et al., 1995 ;
Hanehara et al., 1999 ; Lura et al., 2002 ; Lee et al., 2006), qui engendrent des contraintes
internes plus fortes que dans le cas des ciments de type I (Lura et al., 2001). Ce caractère est
probablement accentué ici par la plus grande finesse du CEM III (supérieure de 27% à celle
du CEM I) qui induit une porosité plus fine, des effets capillaires plus importants et,
finalement, un retrait d’autodessiccation plus élevé.
-148-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
1 10 100 1000
20
(mm/m) -20
-40 40°C
30°C
-60
20°C
-80
15°C
-100
Age (heures)
1 10 100 1000
20
Déformation anneau laiton
-20
(mm/m)
-40 40°C
30°C
-60
20°C 15°C
-80
-100
-20
(mm/m)
-40 40°C
-60 30°C
20°C 15°C
-80
-100
Figure 7.11 Evolution de la déformation de l’anneau en laiton en fonction de la température de cure
pour les pâtes de ciment CEM III à E/C = 0,30
-149-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
1 10 100 1000
10
Age (heures)
1 10 100 1000
10
Déformation anneau Inox
-10
(mm/m)
-20
40°C
-30 30°C
15°C
-40 20°C
-50
-5
-10
(mm/m)
-15
-20
-25 40°C 30°C 20°C
-30
15°C
-35
-40
Figure 7.14 Evolution de la déformation de l’anneau en inox en fonction de la température de cure
pour le ciment CEM III à E/C = 0,30
-150-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
L’augmentation de la température de cure se traduit par une fissuration plus rapide des
pâtes de ciment. Entre 15 et 40°C, l’âge d’apparition de la fissure est divisé par 19 pour le
CEM I E/C = 0,30, par 16,2 pour le CEM I E/C = 0,40 et par 9,9 pour le CEM III à E/C =
0,30. Les tableaux 7.1 et 7.2 récapitulent les résultats des âges d’apparition de la première
fissure en fonction de la température de cure et de la nature des anneaux. Ce phénomène est
directement lié à la thermo-activation du processus d’hydratation du ciment qui provoque une
accélération du durcissement des pâtes, du retrait endogène, et donc des contraintes internes
induites par ces déformations empêchées.
On observe également sur les figures 7.9 à 7.14 que l’intensité des déformations à la
rupture diminue lorsque la température augmente. Cela vient probablement du fait que la
résistance en traction pour laquelle le matériau fissure, est plus faible pour des températures
élevées (Chapitre 5). Il est possible de confirmer cette hypothèse en comparant l’évolution de
la résistance à la traction avec l’évolution des contraintes maximales obtenues avec les
anneaux de fissuration. Cette comparaison fait l’objet des figures 7.15 à 7.18 pour la pâte de
ciment CEM I de rapport E/C = 0,40 et pour la pâte de ciment CEM III de rapport E/C = 0,30
pour les anneaux en laiton et en inox, respectivement.
Sur ces figures, les évolutions de la résistance en traction sont issues de l’équation 7.7,
paramétrée à partir des résultats des essais de flexion 3 points. Les courbes sont pondérées par
les coefficients minorateurs récapitulés dans les tableaux 7.1 et 7.2. Ces coefficients varient
selon le type d’anneau et de la composition de la pâte de ciment. En effet, la restriction des
déformations est différente (voir paragraphe suivant) pour les deux types d’anneaux utilisés et
le développement des contraintes internes est influencé par cette restriction.
2,5
Contraintes de traction (MPa)
Apparition
2 fissure
1,5
0,5
Rt(t) 20°C Rt(t) 30°C
0 Rt(t) 40°C Contrainte interne 20°C
Contrainte interne 30°C Contrainte interne 40°C
-0,5
0 50 100 150 200 250
Age (heures)
Figure 7.15 Evolution de la contrainte interne maximale et de la résistance en traction minorée pour
les pâtes de ciment CEM I E/C = 0,40 avec l’anneau en laiton
-151-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
1,5
0,5 Apparition
fissure
0
0 50 Age (heures) 100 150
Figure 7.16 Evolution de la contrainte interne maximale et de la résistance en traction minorée pour
les pâtes de ciment CEM III E/C = 0,30 avec l’anneau en laiton
3
Contraintes de traction (MPa)
Apparition
2,5 fissure
2
1,5
1
0,5
Rt(t) 20°C Rt(t) 30°C
0 Rt(t) 40°C Contrainte interne 20°C
Contrainte interne 30°C Contrainte interne 40°C
-0,5
0 50 100 150 200 250
Age (heures)
Figure 7.17 Evolution de la contrainte maximale et de la résistance en traction minorée pour les
pâtes de ciment CEM I E/C = 0,40 avec l’anneau en inox
3,5 Rt(t) 15°C Rt(t) 20°C
Contrainte de traction (MPa)
Figure 7.18 Evolution de la contrainte maximale et de la résistance en traction minorée pour les
pâtes de ciment CEM III E/C = 0,30 avec l’anneau en inox
-152-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
80
Elévation T°C matériau
70
Rampe 20-40 °C
60
Temperature (°C)
Rampe 15-30 °C
50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30
Age (heures)
60
Elévation T°C matériau
50 Rampe 20-40 °C
Rampe 15-30 °C
Temperature (°C)
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30
Age (heures)
-153-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Les figures 7.21 à 7.24 présentent les résultats obtenus lors des essais avec les rampes
thermiques pour les pâtes de ciment CEM I et CEM III de rapport E/C = 0,30 et les évolutions
de température des éprouvettes au cours de ces essais. On remarque une différence moyenne
de 5°C entre la température de consigne et la température interne des échantillons. Cette
différence est due à l’inertie du système et des déperditions de chaleur dans les systèmes de
circulation d’eau entre le bain thermostaté et le dispositif d’essai.
Age (heures)
0 20 40 60 80 100
5 45
Déformation anneau laiton
0 40
-5 35
Température en °C
-10 30
(mm/m)
-15 25
-20 20
-25 15
-30 Déformation anneau 10
-35 Température 5
-40 0
Age (heures)
0 20 40 60 80
10 50
5 45
Déformation anneau
0 40
Température en °C
-5 35
laiton (mm/m)
-10 30
-15 25
-20 20
-25 15
-30 Déformation anneau 10
-35 Température 5
-40 0
-154-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
0 20 40 60 80 100
10 40
Température en °C
(mm/m) -10 30
-20 25
-30 20
Age (heures)
0 10 20 30 40 50 60
10 80
Déformation anneau laiton
0 70
Température en °C
-10 60
-20 50
(mm/m)
-30 40
-40 30
-50 20
Déformation anneau
-60 10
Température
-70 0
Le premier point à relever sur ces figures est la variation dans l’évolution de la
déformation des anneaux centraux. La courbe de déformation peut être divisée en 5 parties
que l’on retrouve sur la courbe d’évolution de la température de l’échantillon. Par exemple, si
nous faisons un zoom sur les résultats obtenus pour le CEM I E/C = 0,30 nous avons les
différentes phases représentées aux figures 7.25 et 7.26.
-155-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Figure 7.25 Zoom sur l’évolution de la déformation de l’anneau en laiton – CEM I E/C = 0,30 pour
la rampe 20-40 °C
Figure 7.26 Zoom sur l’évolution de la température de l’échantillon – CEM I E/C = 0,30 pour la
rampe 20-40 °C
-156-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Tableau 7.3 : Ages de fissuration des deux compositions de pâtes de ciment en fonction de l’historique
thermique imposé (essais avec l’anneau en laiton)
-157-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Le second point à relever est celui de la différence de comportement entre les deux
ciments étudiés. En effet, les 5 parties décrites auparavant sont bien distinctes pour les pâtes
de ciment fabriquées avec le CEM I mais nettement moins visibles pour le CEM III. Cela est
dû au retardement du développement du retrait endogène dans le cas du ciment aux laitiers.
En effet, nous avons vu dans le chapitre 6 que le retrait débutait plus rapidement pour le CEM
I que pour le CEM III. A 30°C et 40°C, le retrait de la pâte de ciment CEM I de rapport E/C =
0,30 se développe à partir de 10 h et de 5h, respectivement. Pour le ciment aux laitiers, on
enregistre une déformation à partir de 20 h à 30°C et de 10 h à 40°C.
-158-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Age (heures)
0 5 10 15 20 25 30
10
Déformation anneaux (mm/m)
-10
-20
-30
Anneau Acier
-40 Anneau Inox
Anneau Laiton
-50
Figure 7.27 Evolution de la déformation des trois anneaux pour la pâte de ciment CEM I de rapport
E/C = 0,30 à T = 40°C
Age (heures)
0 5 10 15 20
10
Déformation anneaux (mm/m)
-10
-20
-30
Anneau Acier
-40 Anneau Inox
Anneau Laiton
-50
Figure 7.28 Evolution de la déformation des trois anneaux pour la pâte de ciment CEM III de
rapport E/C = 0,30 à T = 40°C
-159-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
Tableau 7.4 : Déformations à la rupture et âges de fissuration pour les trois anneaux en fonction de la
température pour la pâte de ciment CEM I et CEM III de rapport E/C = 0,30
CEM III
Déformation (mm/m)
Acier N.M. 24,6 15,3
Inox 26,9 21,9 25,1
Laiton 58,4 51,4 43,3
On constate que pour les anneaux en inox et en acier, les déformations à la rupture
sont très proches par contre pour l’anneau en laiton, quelque soit la température de cure et le
type de ciment, la déformation est deux fois plus importante. Cette différence, due à la
différence de module d’Young entre les trois anneaux métalliques centraux, est directement
liée au degré de restriction des déformations des pâtes de ciment.
Hossain et Weiss (Hossain et Weiss, 2004 ; Hossain et Weiss, 2006) ont étudié cet
effet en mesurant l’influence de l’épaisseur de l’anneau central sur l’âge de la première fissure
en conditions de séchage. Ils ont noté que l’augmentation du degré de restriction était la cause
de la diminution de l’âge d’apparition de la fissure. Plus le degré de restriction des
déformations est élevé, plus la fissure apparaît tôt, car la contrainte interne induite par
l’empêchement partiel des déformations se développe plus rapidement. Ils relèvent également
que la déformation enregistrée à la rupture est légèrement plus importante lorsque le degré de
restriction est plus faible.
Au cours de notre travail, l’effet du degré de restriction a été étudié par l’usage
d’anneaux métalliques centraux possédant des modules d’élasticité différents : laiton, acier et
-160-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
acier inoxydable. D’après les travaux de See et al. (See et al., 2003), il est possible
d’exprimer le degré de restriction R(t) subie par le matériau comme suit :
Am ´ E m
R(t ) = [Eq. 7.8]
Am ´ E m + A p ´ E p (t )
100%
Acier 20°C Acier 40°C
Degré de restriction (%)
90%
Inox 20°C Inox 40°C
80% Laiton 20°C Laiton 40°C
70%
60%
50%
40%
0 20 40 60 80 100 120
Age (heures)
Figure 7.29 Evolution du degré de restriction des trois anneaux pour les pâtes de ciment CEM I de
rapport E/C = 0,30 à T = 20°C et 40°C
-161-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
100%
Acier 20°C Acier 40°C
70%
60%
50%
40%
0 20 40 60 80 100
Age (heures)
Figure 7.30 Evolution du degré de restriction des trois anneaux pour les pâtes de ciment CEM III de
rapport E/C = 0,30 à T = 20°C et 40°C
En effet, les figures 7.31 et 7.32 représentent l’évolution des contraintes internes
maximales calculées à partir des résultats d’essais à l’anneau sur les pâtes de ciment CEM I
de rapport E/C = 0,30 à T = 40°C et les pâtes de ciment CEM III de rapport E/C = 0,30 à T =
30°C, respectivement. La contrainte maximale est calculée à partir de l’équation 7.5, en
considérant le module d’Young des différents métaux composant les anneaux centraux.
L’ensemble des valeurs de contraintes maximales est récapitulé dans les tableaux 7.1 et 7.2
pour les anneaux en laiton et en inox, respectivement. On observe, qu’à une température
donnée, les contraintes maximales à la rupture obtenues avec les trois anneaux sont assez
proches. Il semble donc, qu’en conditions endogènes, la fissuration du matériau soit peu
influencée par la nature de l’anneau central, dans la plage de degré de restriction considérée.
1,6
1,4 Anneau Acier
Contrainte interne (MPa)
-162-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
1,6
Anneau Acier
1,4
7.7. Conclusion
Nous avons étudié au travers de ce chapitre les évolutions dimensionnelles de pâtes de
ciment en conditions empêchées. Les résultats ont montré que la contrainte à la rupture
déterminée avec l’essai à l’anneau de fissuration correspondait à la résistance en traction du
matériau affectée d’un coefficient minorateur, pour tenir compte de l’effet de la restriction
pendant la durée de l’essai. En effet, cette restriction génère un endommagement du matériau
en cours d’essai. La résistance en traction sera donc plus faible. Hossain (Hossain, 2003) a
observé cet endommagement avec des essais d’émission acoustique. Il remarque une
différence entre l’apparition des variations d’énergie acoustique et celle de la fissure. Cette
différence est expliquée par Hossain, par l’accumulation de micro-fissures qui vont générer la
fissuration finale par un saut brutal de la déformation de l’anneau central.
-163-
PARTIE 4 : Chapitre 7 Analyse des résultats d’essais à l’anneau de fissuration
retrait étant nettement plus important, un ciment aux laitiers aura tendance à fissurer plus
rapidement. Dans des conditions quasi-isothermes, la température a deux principales
conséquences :
- l’âge de la fissure augmente lorsque la température de cure diminue. Ce phénomène
est lié à la thermo-activation des déformations endogènes qui augmentent lorsque la
température augmente.
L’historique thermique auquel le matériau est soumis, joue un rôle important sur
l’apparition de la fissure. En effet, une augmentation significative de la température dès les
premières heures, modifie l’évolution du retrait endogène. L’âge d’apparition de la fissure
d’un matériau soumis un historique de température (avec une élévation de température) sera
plus rapide par rapport à un matériau ayant soumis une cure isotherme.
-164-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-165-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Figure 8.1 Détermination des énergies d’activation pour les différents phénomènes étudiés.
-166-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-167-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-168-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
0
-10
-20
-30
-40
-50 T=20°C
-60 T=30°C
-70 T=40°C
-80
Figure 8.3 Déformation de l’anneau en laiton en fonction du degré d’hydratation pour les pâtes de
ciment CEM I E/C = 0,40
D’où la relation suivante entre l’âge équivalent (teq) et l’âge réel (t) :
æ E af æ1 öö
t f (T ) = expç ç - 1 ÷ ÷ × t feq (Tref ) [Eq. 8.3]
ç R ç T Tref ÷÷
è è øø
Avec tf : l’âge (h) de la première fissure endogène, à la température T
(K)
Tfeq : l’âge équivalent (h) de la première fissure endogène, à la
température de référence Tref (293 K)
Eaf: : l’énergie d’activation apparente pour l’âge de fissuration
(J/mol).
-169-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Pour utiliser les relations précédentes (équations 8.1 à 8.3) pour la détermination des
caractéristiques étudiées à différentes températures, la connaissance de l’énergie d’activation
est essentielle. Pour la détermination de ces énergies d’activation correspondant à la prise, au
durcissement et à l’âge d’apparition de la fissure, les équations, précédemment obtenues,
peuvent se mettre sous la forme suivante :
1 E
ln( ) = - ai + Bi [Eq. 8.4]
t i (T ) RT
E ai
Avec Bi = - - ln( t ieq (T ref )) [Eq. 8.5]
RT ref
-170-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Tableau 8.1 Récapitulatif des temps de prise moyens pour les différentes compositions.
Nous allons déterminer l’énergie d’activation apparente avec ces essais de prise Vicat.
Dans un premier temps, nous avons calculé l’énergie d’activation des 4 compositions. Pour
cela, nous avons utilisé l’équation 8.4 qui relie le logarithme de l’inverse du temps de prise à
l’inverse de la température. Les représentations graphiques de cette relation pour les temps de
prise sont données aux figures 8.4 à 8.7.
-171-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
0,4
0,2
Figure 8.4 Application du concept de maturité pour les temps de prise de la pâte de ciment CEM I E/C
= 0,30.
0,6
0,4
ln (1/ Temps de prise)
0,2 40°C
0
-0,2 30°C
-0,4
-0,6
y = -5369,31x + 17,57
-0,8 20°C
-1 R2 = 0,99
-1,2 15°C
-1,4
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.5 Application du concept de maturité pour les temps de prise de la pâte de ciment CEM I E/C
= 0,40.
0,2
0
ln (1/ Temps de prise)
-0,2 40°C
-0,4
30°C
-0,6
-0,8
-1 y = -4229,85x + 13,57 20°C
-1,2 R2 = 0,99
15°C
-1,4
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.6 Application du concept de maturité pour les temps de prise de la pâte de ciment CEM III
E/C = 0,30.
-172-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
0,2
0
Figure 8.7 Application du concept de maturité pour les temps de prise de la pâte de ciment CEM III
E/C = 0,40.
Tableau 8.2 Récapitulatif des énergies d’activation pour les différentes compositions.
Energie d’activation
Compositions
Ea (J/mol)
CEM I E/C = 0,30 40280
CEM I E/C = 0,40 44644
CEM III E/C = 0,30 35167
CEM III E/C = 0,40 33858
Avec le principe de maturité, nous sommes capables de déterminer les temps de prise
des compositions étudiées dans la plage de températures considérée. Les résultats calculés de
temps de prise sont légèrement plus faibles que ceux mesurés (figure 8.8), la pente de la droite
est en effet égale à 0,92. Notons que les temps de prise à 15°C font diminuer la pente de la
droite de régression, (valeurs élevées sur le graphique).
-173-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
3,5
Figure 8.8 Temps de prise mesurés en fonction des temps de prise calculés pour les 4 compositions.
Tableau 8.3 Récapitulatif des temps pour lequel E = 10 GPa pour les différentes compositions.
Les figures 8.9 à 8.12 présentent l’application de l’équation 8.4 pour les quatre
compositions étudiées. On constate un alignement correct des points obtenus pour l’ensemble
des compositions. Néanmoins, pour la composition CEM I avec le rapport E/C = 0,40,
l’alignement est un peu moins satisfaisant (le coefficient de corrélation est légèrement plus
faible que celui des autres droites).
-174-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-1
-2 30°C
-2,5 20°C
y = -4495,2x + 13,08 15°C
-3
R2 = 0,99
-3,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.9 Application du concept de maturité pour le module d’Young de la pâte de ciment CEM I
E/C = 0,30.
-1
ln (1/ Age pour E= 10 GPa)
-1,5 40°C
30°C
-2
20°C
-2,5 15°C
y = -3579,3x + 9,58
-3
R2 = 0,90
-3,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.10 Application du concept de maturité pour le module d’Young de la pâte de ciment CEM I
E/C = 0,40.
-1
ln (1/ Age pour E= 10 GPa)
-1,5 40°C
30°C
-2
20°C
-2,5
15°C
y = -4187,59x + 11,61
-3
R2 = 0,97
-3,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.11 Application du concept de maturité pour le module d’Young de la pâte de ciment CEM III
E/C = 0,30.
-175-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-1
-2 40°C
30°C
-2,5
20°C
-3
y = -4814,55x + 13,12 15°C
-3,5 R2 = 0,95
-4
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Figure 8.12 Application du concept de maturité pour le module d’Young de la pâte de ciment CEM III
E/C = 0,40.
Le tableau 8.4 récapitule les valeurs des énergies d’activation obtenues avec les essais
de module d’Young. Pour les compositions réalisées avec le ciment Portland, ces valeurs sont
légèrement plus faibles que celles obtenues avec les essais de prise Vicat. Ces différences sont
néanmoins peu significatives.
Tableau 8.4 Récapitulatif des énergies d’activation pour les différentes compositions.
Energie d’activation
Compositions
Ea (J/mol)
CEM I E/C=0,3 37373
CEM I E/C=0,4 29758
CEM III E/C=0,3 34816
CEM III E/C=0,4 40028
Les figures 8.13 à 8.16 présentent les évolutions du module d’Young des différentes
pâtes de ciment étudiées en fonction du temps équivalent. On obtient pour chaque pâte de
ciment, un fuseau étroit de courbes. Ceci montre la pertinence de l’utilisation du concept de
maturité pour la prédiction de l’effet de la température sur le durcissement progressif des
pâtes de ciment.
La figure 8.17 montre les valeurs de module d’Young calculées avec le principe de
maturité (équation 8.2), représentées en fonction des résultats expérimentaux. On constate que
l’emploi du concept de maturité, permet d’estimer avec une précision correcte (pente de la
droite voisine de 1) les valeurs du module d’Young mesurées à différentes températures.
-176-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
25000
15000
T=15°C
10000
T=20°C
T=30°C
5000
T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
Figure 8.13 Module d’Young en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM I E/C =
0,30.
25000
Module d'Young (MPa)
20000
15000
10000 T=15°C
T=20°C
5000 T=30°C
T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
Figure 8.14 Module d’Young en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM I E/C =
0,40.
25000
Module d'Young (MPa)
20000
15000
10000 T=15°C
T=20°C
5000 T=30°C
T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
Figure 8.15 Module d’Young en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM III E/C =
0,30.
-177-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
25000
15000
10000 T=15°C
T=20°C
5000 T=30°C
T=40°C
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
Figure 8.16 Module d’Young en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM III E/C =
0,40.
30000
CEM I E/C=0,3
Module d'Young calculés (MPa)
10000 y = 0,991x
R² = 0,988
5000 n= 68
0
0 5000 10000 15000 20000 25000 30000
Module d'Young mesurés (MPa)
Figure 8.17 Modules d’Young mesurés en fonction des modules d’Young calculés pour les 4
compositions.
-178-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Les figures 8.18 à 8.20 présentent l’application de l’équation 8.5 pour les quatre
compositions étudiées. On constate que l’alignement des points obtenus est satisfaisant.
Concernant la pâte de ciment CEM III E/C = 0,30, le coefficient de corrélation est plus faible.
Il est peut-être dû à la valeur de k pour la température de 30°C. En effet, le paramètre k est
obtenu suite à une régression linéaire des résultats expérimentaux. Or, pour cette température,
nous avons les valeurs de résistances, juste sur les 7 premiers jours, d’où cette impression de
la valeur k pour la température de 30°C.
-1
-1,5
40°C
-2
ln (k)
30°C
-2,5
20°C
-3 y = -4314,69x + 11,69 15°C
R2 = 0,99
-3,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
-1
-1,5
40°C
-2
ln (k)
30°C
-2,5
y = -4744,39x + 13,84 20°C
15°C
-3 R2 = 0,99
-3,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Tempérarature (1/K)
-179-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-1
40°C
-1,5
30°C
-2
ln (k)
-2,5
20°C
-3
15°C
y = -7199,75x + 21,54
-3,5 2
R = 0,93
-4
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
-1
-1,5 40°C
-2
-2,5 30°C
ln (k)
-3
20°C
-3,5 y = -7699,46x + 22,59 15°C
-4 R2 = 0,97
-4,5
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/Température (1/K)
Le tableau 8.6 récapitule les valeurs des énergies d’activation obtenues avec les essais
de résistances en compression.
Tableau 8.6 Récapitulatif des énergies d’activation pour les différentes compositions.
Energie d’activation
Compositions
Ea (J/mol)
CEM I E/C=0,3 35872
CEM I E/C=0,4 39445
CEM III E/C=0,3 59859
CEM III E/C=0,4 64013
-180-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
80
70
60
Résistance (MPa)
50
40
T=15°C
30
T=20°C
20
T=30°C
10 T=40°C
0
0 40 80 120 160 200 240
Age équivalent (Heures)
Figure 8.22 Résistance en compression en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM I
E/C = 0,30.
80
70
60
Résistance (MPa)
50
40
T=15°C
30
T=20°C
20 T=30°C
10 T=40°C
0
0 40 80 120 160 200 240
Age équivalent (Heures)
Figure 8.23 Résistance en compression en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM I
E/C = 0,40.
-181-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
80
70
60
Résistance (MPa)
50
40
T=15°C
30 T=20°C
20 T=30°C
10 T=40°C
0
0 40 80 120 160 200 240
Age équivalent (Heures)
Figure 8.24 Résistance en compression en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM
III E/C = 0,30.
80
70
60
Résistance (MPa)
50
40
30 T=15°C
20 T=20°C
T=30°C
10
T=40°C
0
0 40 80 120 160 200 240
Age équivalent (Heures)
Figure 8.25 Résistance en compression en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM
III E/C = 0,40.
100
CEM I E/C=0,3
Résistances calculées (MPa)
90
CEM I E/C=0,4
80
CEM III E/C=0,3
70
CEM III E/C=0,4
60
50
40
30 y = 1,015x
20 R² = 0,953
10 n=48
0
0 20 40 60 80 100
Résistances mesurées (MPa)
Figure 8.26 Résistances mesurées en fonction des résistances calculées pour les 4 compositions.
-182-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Tableau 8.7 Récapitulatif des énergies d’activation (J/mol) pour les différents essais.
Résistance en
Compositions Essai de prise Module d’Young
compression
CEM I E/C = 0,30 40280 37373 35872
CEM I E/C = 0,40 44644 29758 39445
CEM III E/C = 0,30 35167 34816 59859
CEM III E/C = 0,40 33858 40028 64013
æE æ1 1 öö
t (T ) = expçç a çç - ÷÷ ÷ × t eq (T ref )
÷
[Eq. 8.10]
èR è T T ref øø
Pour une température T donnée, notons C, la valeur de la différence entre les inverses
des températures. L’équation 8.10 devient alors :
æE ö
t (T ) = expç a ´ C ÷ × t eq (Tref ) [Eq. 8.11]
èR ø
Nous pouvons remarquer qu’il ne reste plus qu’une seule variable dépendante du
matériau : l’énergie d’activation Ea. Dans cette équation, nous pouvons assimiler le temps
équivalent teq à la maturité. Le temps t sera la durée pour laquelle le matériau atteindra une
maturité donnée. Celle ci sera plus importante avec une énergie d’activation élevée, pour un
teq donné.
-183-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Ce phénomène peut être visualisé sur les courbes d’évolution des caractéristiques
mécaniques des matériaux étudiés. Par exemple la figure 8.27 montre l’évolution du module
d’Young à 30°C pour les deux types de ciment étudiés. La pente initiale n’est pas identique
pour les deux courbes, elle est égale à 2631,6 pour le ciment Portland et de 1290,3 pour le
ciment aux laitiers. Une pente plus faible est directement reliée à la maturité, comme nous
l’avons vu précédemment, la durée pour laquelle le matériau atteindra une maturité donnée
sera plus importante pour des ciments à base de laitiers par rapport à un ciment Portland.
Concernant les temps de prise, les énergies d’activation des compositions à base de
laitiers sont plus faibles. Etant donné que les réactions d’hydratation sont plus lentes pour ce
type de ciment, l’énergie sera donc plus faible pour atteindre une maturité identique à celle du
ciment Portland.
Les valeurs obtenues sont semblables à celle obtenues dans la littérature. Pour le
ciment Portland, les énergies d’activation disponibles dans la littérature sont comprises entre
27 000 et 45 000 J/mol pour les essais de prise (Schindler, 2004, Wade, 2004; Turcry et al.,
2002 ; Carino et al., 2001 ; Pinto et Hover, 1999). Concernant le module d’Young, Zhang et
al, (Zhang et al., 2005) obtiennent une valeur comprise entre 59000 et 70000 J/mol selon la
plage de température. Pour les essais de résistances en compression, les valeurs de la
littérature pour un ciment Portland sont comprises entre 34000 et 42000 J/mol (Barnett et al.,
2006 ; Zhang et al., 2005 ; Wirquin et al. 2002 ; D’Aloia, 1998 ; Kim et al. 1998).
Pour les compositions à base de laitiers, Wade, 2004 a obtenu 35200 J/mol pour des
essais de prise et Barnett (Barnett, 2006) obtient 62100 J/mol pour les essais de compression.
25000
Module d'Young (MPa)
20000
15000 y = 2631,60x
10000
y = 1290,32x
CEM I
5000
CEM III
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
-184-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
On constate que, quelque soit le type d’essai, l’influence du rapport E/C est faible sur
la valeur de l’énergie d’activation apparente. En effet, pour les essais de prise, nous avons une
différence d’environ 10 % pour le CEM I et de 4 % pour le CEM III. Concernant les autres
essais, la différence est d’environ 15% pour les essais de module d’Young et d’environ 4000
J/mol pour les résistances en compression. L’influence de la quantité d’eau a été étudiée par
Barnett et al (Barnett et al, 2006) sur des essais de résistance en compression. Ils ont étudié
trois rapports E/C (0,26 ; 0,40 et 0,60) sur des mortiers. Ils obtiennent respectivement 32900,
35100 et 34800 J/mol pour un ciment Portland et 57900, 62100 et 58000 J/mol pour un
ciment à base de 70% de laitier. La différence obtenue entre les rapports E/C est très faible,
environ égale à 7%.
Ce phénomène peut être visualisé sur les évolutions des courbes des caractéristiques
mécaniques. En effet, en reprenant le même raisonnement que nous avons fait sur l’influence
du type de ciment, nous pouvons remarquer sur la figure 8.28, que la pente à l’origine est
similaire pour les deux rapports E/C (différence entre les deux pentes : 4%). Cela signifie que
l’énergie pour laquelle une certaine maturité est atteinte est identique quelque soit le rapport
E/C.
25000
Module d'Young (MPa)
20000
15000
y = 2000,2x
10000
y = 2083,3x E/C=0,3
5000
E/C=0,4
0
0 20 40 60 80 100
Age équivalent (Heures)
Figure 8.28 Evolution de la résistance en compression des pâtes de ciment CEM I à 30°C.
-185-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
On constate que selon le type de l’essai avec lequel l’énergie d’activation apparente a
été déterminée, celle ci varie très fortement. Ce phénomène serait dû à la période
d’investigation de l’essai. En effet, chaque essai est limité à une période précise de
durcissement du matériau. L’essai de prise est limité aux premières heures de l’hydratation,
les essais de module d’Young sont limités aux premières 24 heures, et les essais de résistance
mécanique ne débutent qu’à 24 heures. Les mécanismes d’hydratation sont alors différents.
Pendant les 24 premières heures, les réactions d’hydratation sont contrôlées par des réactions
chimiques, ensuite un régime de diffusion se met en place pour poursuivre l’hydratation.
L’énergie d’activation d’un système contrôlé par des réactions chimiques est généralement
plus élevée (Mounanga, 2003 ; Wang et al., 2007). Nous pouvons le constater sur les valeurs
obtenues avec le ciment Portland, l’énergie d’activation apparente des essais de prise est plus
importante que celles obtenues avec les deux autres essais. Concernant le ciment aux laitiers,
les réactions d’hydratation étant plus lente, les valeurs des énergies d’activation pour les
essais de prise et de module d’Young sont très semblables.
Après avoir déterminé les énergies d’activation avec des essais et méthode connus
dans la littérature, nous allons nous intéresser maintenant aux essais de fissuration. L’objet du
prochain paragraphe est d’obtenir une énergie d’activation basée sur les âges de fissure
(paragraphe 8.1). Les valeurs obtenues, seront comparées aux résultats précédents. Elles vont
permettre de prédire l’apparition de la fissure sur des pâtes de ciment ayant été soumises à des
températures isothermes, mais également à des rampes de température. Les valeurs obtenues
seront comparées aux résultats expérimentaux présentés dans le chapitre 7.
-186-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-187-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
(29,1 jours) pour l’anneau en laiton et 694 heures (28,9 jours) pour l’anneau en inox. Pour des
temps d’essai aussi longs, les déformations du matériau deviennent très faibles (voir chapitre
7). L’hydratation est principalement contrôlée par la diffusion de l’eau à travers les couches
d’hydrates environnant les grains de ciment anhydre. La morphologie de ces hydrates étant
influencée par la température de cure, la diffusion de l’eau se fera différemment selon que la
microstructure s’est formée à haute ou à basse température.
Pour le calcul de l’énergie d’activation apparente du CEM I, celle-ci sera déterminée
sur la plage de température 20 – 40°C pour laquelle, on obtient un alignement des points
expérimentaux satisfaisant. Les valeurs des différentes énergies d’activation pour les trois
compositions et les deux anneaux sont récapitulées dans le tableau 8.8.
-2,5
-3 40°C
ln (1/Age de la fissure)
-3,5 30°C
-4
-4,5 20°C
-5
-5,5
15 - 40°C 20 - 40°C 15°C
-6 y = -10142x + 29,41 y = -7966,7x + 22,33
-6,5 R2 = 0,95 R2 = 0,99
-7
0,00315 0,00325 0,00335 0,00345 0,00355
1/T (1/°K)
Figure 8.29 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM I E/C = 0,30 coulée autour
de l’anneau laiton
-2,5
-3
ln (1/Age de la fissure)
40°C
-3,5
-4 30°C
-4,5 20°C
-5
-5,5
15 - 40°C 20 - 40°C 15°C
-6 y = -9323,1x + 26,26 y = -6180,3x + 16,03
-6,5 R2 = 0,89 R2 = 0,99
-7
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/T (1/°K)
Figure 8.30 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM I E/C = 0,40 coulée autour
de l’anneau laiton
-188-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-2,5
-3 40°C
ln (1/Age de la fissure)
-3,5
-4 30°C
-4,5
20°C
-5
15°C
-5,5 15 - 40°C 20 - 40°C
-6 y = -8128,15x + 23,34 y = -7802,17x + 22,28
-6,5 2
R = 1,00
2
R = 1,00
-7
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/T (1/°K)
Figure 8.31 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM III E/C = 0,30 coulée
autour de l’anneau laiton
-2,5
-3
ln (1/Age de la fissure)
-3,5 40°C
-4 30°C
-4,5
-5 20°C
-5,5
15 - 40°C 20 - 40°C
-6 y = -10482x + 30,6 y = -7994,4x + 22,5
15°C
-6,5 2
R = 0,92
2
R = 0,91
-7
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/T (1/°K)
Figure 8.32 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM I E/C = 0,30 coulée autour
de l’anneau laiton
-2,5
-3 40°C
ln (1/Age de la fissure)
-3,5 30°C
-4
-4,5
20°C
-5
-5,5
15 - 40°C 20 - 40°C
-6 y = -10592x + 30,64 y = -7711,9x + 21,26
-6,5 R2 = 0,92 R2 = 0,99 15°C
-7
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/T (1/°K)
Figure 8.33 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM I E/C = 0,40 coulée autour
de l’anneau inox
-189-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-2,5
-3 40°C
ln (1/Age de la fissure)
-3,5
30°C
-4
-4,5 20°C
-5
-5,5 15°C
15 - 40°C 20 - 40°C
-6
y = -8115,7x + 23,37 y = -7255,4x + 20,57
-6,5 R2 = 0,99 R2 = 0,99
-7
0,0031 0,0032 0,0033 0,0034 0,0035
1/T (1/°K)
Figure 8.34 Application de la loi d’Arrhenius pour la pâte de ciment CEM III E/C=0,3 coulée autour
de l’anneau inox
Tableau 8.8 Récapitulatif des énergies d’activation pour les différentes compositions.
Energie d’activation
Compositions
Ea (J/mol)
Anneau Laiton
CEM I E/C=0,3 66235
CEM I E/C=0,4 51383
CEM III E/C=0,3 67577
Anneau Inox
CEM I E/C=0,3 66465
CEM I E/C=0,4 64117
CEM III E/C=0,3 67474
Les valeurs d’énergies d’activation apparentes obtenues avec les essais à l’anneau,
sont sensiblement identiques quelque soit le type d’anneau, le rapport E/C et le type de
ciment.
Si l’on compare à présent ces valeurs aux valeurs obtenues précédemment (paragraphe
8.2.4), on remarque qu’elles sont supérieures. Ce phénomène est probablement dû à
l’interaction entre plusieurs caractéristiques qui pilotent l’apparition de la fissure : module
d’Young, résistance, fluage, retrait endogène. Ces phénomènes sont tous
thermoactivés (chapitres 5 ,6 et 7) :
- Pour le retrait endogène, nous avons vu dans l’analyse bibliographique, que
Turcry et al. (Turcry et al., 2002) ont déterminé une énergie d’activation de
39 kJ/mol pour une pâte de ciment CEM I E/C=0,25 soumise à des
-190-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-191-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
2,5
2
1,5 20°C
1 30°C
40°C
0,5
0
-0,5
1 10 100 1000
Age équivalent (Heures)
Figure 8.36 Contrainte interne en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM I E/C =
0,40 et les deux anneaux : Inox en trait plein et Laiton en pointillé
2,5
Contrainte interne (MPa)
2
15°C
1,5
20°C
1 30°C
40°C
0,5
0
-0,5
1 10 100 1000
Age équivalent (Heures)
Figure 8.37 Contrainte interne en fonction de l’âge équivalent pour la pâte de ciment CEM III
E/C=0,3 et les deux anneaux : Inox en trait plein et Laiton en pointillé
-192-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
180
CEM I E/C=0,3 Laiton
Age de la fissure calculé (Heures)
0
0 30 60 90 120 150 180
Age de la fissure mesuré (Heures)
Figure 8.38 Ages de fissure mesurés en fonction des âges de fissure calculés pour les 3 compositions
et les 2 anneaux
-193-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
t éE æ 1 1 ö÷ù
t eq (T , t ) = ò expê a ç - [Eq. 8.3]
ç Tref T (t ) ÷úú
dt
0 êë R è øû
Avec teq, l’âge équivalent en fonction de la température (T) et du temps (t), Ea
l’énergie d’activation obtenue avec les essais à l’anneau en condition quasi-isotherme, R, la
constante des gaz parfaits, Tref la température de référence (293 K) et T(t) l’évolution de la
température au sein du matériau mesurée avec un thermocouple pendant l’essai.
Le tableau 8.9 récapitule les âges de fissuration calculés avec le concept de maturité et
la différence avec l’âge de fissuration effectivement mesuré. On constate que la différence est
assez significative entre ces deux âges, sauf pour la composition CEM I E/C = 0,3 conservée
avec la rampe de température 20-40°C. Ces différences peuvent de deux phénomènes. Le
premier est du au fait qu’il n’y a eu qu’un seul essai réalisé avec ces rampes de température.
D’autres essais semblent donc nécessaires afin d’affirmer ou d’infirmer les résultats de cette
étude, et conclure quand à l’application du principe de maturité pour des essais sous
température réaliste.
L’autre phénomène qui pourrait expliquer la différence entre les deux âges obtenus est
dû à l’évolution du degré de restriction pendant l’essai. En effet, lorsque la température
augmente, l’anneau métallique se dilate, créant une contrainte supplémentaire de restriction au
matériau en cours de retrait. Cette restriction va s’ajouter à la variation du degré de restriction
déterminée dans le chapitre 7 du à l’évolution du module d’Young du matériau. Ensuite
lorsque la température diminue, le degré d’empêchement revient à sa valeur initiale. Cette
évolution du degré de restriction va avoir une conséquence directe sur l’apparition de la
fissure. En effet, comme nous l’avons vu dans le chapitre 7, une augmentation du degré de
restriction entraîne une diminution de l’échéance de la fissure. Ce phénomène d’évolution du
degré d’empêchement des déformations n’est pas pris en compte dans le concept de maturité,
ce qui pourrait expliquer la différence entre les âges calculés avec ce principe et les âges réels.
Ce phénomène n’intervient pas dans le cas des essais en température isotherme car le degré de
restriction n’évolue pas.
-194-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
Tableau 8.9 Récapitulatif des âges de fissuration des compositions soumises à des rampes de
températures.
8.4.Conclusion
-195-
PARTIE 4 : Chapitre 8 Analyse de l’application du principe de maturité pour
la prédiction de l’âge de la fissure
-196-
Conclusions générales
CONCLUSIONS GENERALES
Le développement métrologique
Deux dispositifs ont été développés et évalués au cours de ce travail pour mesurer
l’âge de l’apparition de la fissure et le fluage propre des matrices cimentaires au jeune âge :
Essai à l’anneau
-197-
Conclusions générales
nous nous sommes inspirés du dispositif utilisé par Philippe Turcry (Turcry, 2004) au cours
de sa thèse au sein du GeM. Le dispositif développé a été équipé d’un système de régulation
thermique permettant d’imposer à l’éprouvette annulaire deux types d’historique thermique,
quasi-isotherme ou comportant une phase d’élévation et de diminution de la température. Ce
même système maintient l’échantillon en conditions endogènes, la perte de masse enregistrée
au cours d’un essai étant inférieure ou égale à 0,5%. Une attention particulière a été portée à
l’interface entre l’éprouvette et les parois du dispositif afin de limiter les effets de l’adhérence
et du frottement sur les déformations du matériau.
Fluage en traction
Dans la gamme des rapports étudiés, la quantité d’eau de gâchage a des effets
significatifs sur les résistances et sur le module d’Young : un rapport E/C élevé engendre une
diminution des caractéristiques mécaniques étudiées ce qui confirme les résultats obtenus
dans la plupart des travaux disponibles dans la littérature. Une élévation de la température de
cure entraîne une augmentation au très jeune âge des caractéristiques mécaniques mais au
terme de quelques jours d’hydratation, il se produit un effet de croisement des courbes. Un
ciment aux laitiers (CEM III) présente une cinétique d’hydratation plus lente que le ciment
Portland (CEM I) ce qui entraîne directement un écart de comportement entre les deux
ciments. Cet écart s’atténue avec le temps, bien que, au jeune âge, les propriétés mécaniques
-198-
Conclusions générales
des pâtes de ciment Portland restent sensiblement supérieures à celles des pâtes de ciment aux
laitiers.
Les essais réalisés sur la pâte de ciment CEM I de rapport E/C = 0,30 ont mis en
évidence l’amplitude importante des déformations de fluage propre au jeune âge (supérieure à
300 mm/m à 7 jours) et la nécessité de les prendre en compte lors de notre analyse du
mécanisme de fissuration des pâtes de ciment au jeune âge. Ces essais nous ont également
permis de quantifier l’effet d’une augmentation de la température de cure sur l’évolution des
-199-
Conclusions générales
Le retrait empêché
-200-
Conclusions générales
Au cours de cette étude, nous avons constaté que la température de cure était un
paramètre très influant sur l’échéance de la fissure. Nous avons tenté de prédire l’âge de la
fissure en utilisant un modèle simple : le concept de maturité. Pour cela, la détermination de
l’énergie d’activation apparente était nécessaire.
-201-
Conclusions générales
-202-
Perspectives
PERSPECTIVES
Ce travail de thèse portant sur l’étude sur la fissuration des matrices cimentaires au
jeune âge, a été réalisée dans le prolongement des thèses de Pierre Mounanga (Mounanga,
2003) sur l’influence de la température sur le retrait endogène libre et celle de Marwen
Bouasker (Bouasker, 2007) sur l’influence des inclusions sur ce retrait. Trois prolongements
immédiats des travaux de recherche présentés dans ce mémoire peuvent être
proposés permettant de poursuivre les études réalisées au sein du laboratoire :
- Interactions entre la fissuration au jeune âge et les propriétés de transfert des matrices
cimentaires
La fissuration précoce modifie localement les propriétés de transfert de masse des
matrices cimentaires. Nous avons principalement travaillé sur l’échéance de cette fissuration
au jeune âge et l’un des prolongements de nos travaux sera d’analyser l’évolution temporelle
de la taille de la fissure. Dans cette optique, notre équipe travaille actuellement sur la mise au
point d’une cellule de mesure de la perméabilité au gaz d’un anneau de béton dont le retrait
est empêché. Cette cellule, adaptée au perméamètre de type Cembureau, permettra de mesurer
-203-
Perspectives
-204-
Références Bibliographiques
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Abdelkader B., Karim E., Abdelkader K. (2001), “Prédiction des résistances du ciment au
laitier durcissant sous température variable.” Canadian Journal Civil Engineering,
Vol. 28, pp 555-561.
ACI – 318-89 (1989), Building Code Requierements for Reinforced Concrete, American
Concrete Institute, Detroit Vol. 30, pp. 465-472.
ACI (American Concrete Institute) (1995), “Effect of restrained, Volume Change, and
Reinforcement on Cracking of Mass Concrete” ACI 207.2R-95.
Acker P. (2003), "Sur les origines du retrait et du fluage du béton” Revue Française de
Génie-Civil, Vol. 7, pp. 761-776.
Acker P., Ulm F.J. (2001), “Creep and shrinkage of concrete: physical origins and practical
measurements” Nuclear Engineering and Design, Vol. 203, pp. 143-158.
Aldea C.M., Young F., Wang K., Shah S.P. (2000), “Effects of curing conditions on
properties of concrete using slag replacement” Cement and Concrete Research, Vol.
30, pp. 465-472.
Altoubat A.S, Lange A.D. (2001), “Creep, Shrinkage, and cracking of restrained concrete at
early age” ACI Materials Journal, Vol. 98, pp. 323-331.
Altoubat S.A., Lange D.A. (2002), “Grip-specimen interaction in uniaxial restrained test.”
Concrete: Materials Science to applications, ACI SP-206, pp 189-204.
Altoubat S.A., Lange D.A. (2003), “A new look at tensile creep of fiber reinforced
concrete.” ACI Special Publication on Fiber Reinforced Concrete, ed. N. Banthia.
Aly T., Sanjavan J.G., Collins F. (2008), “Effect of polypropylene fibers on shrinkage and
cracking of concretes” Materials and Structures. en presse.
Aly T., Sanjayan J.G. (2008), "Mechanism of early age shrinkage of concretes." Materials
and Structures, en presse.
ASTM C 1581-04 (2004), “Standard Test Method for Determining Age at Cracking and
Induced Tensile Stress Characteristics of Mortar and Concrete Under Restrained
Shrinkage”, ASTM International.
Atrushi D.S, Bosnjak D., Kanstad T., Sellevold E.J. (2000), “Tensile creep of young high
performance concrete” International PhD Symposium in Civil Engineering Vienna.
-205-
Références Bibliographiques
Atrushi D.S, Bjontegaard, Bosnjak D., Kanstad T., Sellevold E.J. (2001), “Creep
deformation due to self-stresses in hardening concrete, effect of temperature”
Proceeding of CONCREEP6: Creep, Shrinkage and durability Mechanics of Concrete
and Other quasi-brittle materials, Cambridge USA.
Atrushi D.S. (2003), “Tensile and compressive creep of early age concrete: testing and
modeling” Doctoral thesis The Norwegian University of Science and technology
Trondheim, Norway.
BAEL (1999), Règlement français pour le calcul de Béton Armé aux Etats Limites.
Bakharez T., Sanjayan J.G., Cheng Y.B. (2000), “Effect of admixtures on properties of
alkali-activated slag concrete” Cement and Concrete Research, Vol. 30, pp. 1367-
1374.
Baluch M.H., Rahman M.K., Al-Gaghib A.H. (2002), “Risks of cracking and delimination
in patch repair” Journal of Materials in Civil Engineering, Vol.14, n°4, pp. 294-302.
Banthia N., Yan C., Mindess S. (1994), “Restrained shrinkage cracking in fiber reinforced
concrete: A novel test technique” Cement and Concrete Research, Vol. 26, N°1, pp.9-
14.
Baroghel-Bouny V., Mounanga P., Khelidj A., Loukili A., RafaI N. (2006), "Autogenous
deformations of cement pastes: Part II. W/C effects, micro-macro correlations, and
threshold values" Cement and Concrete Research, Vol. 36, n°1, 123-136.
Barnett S.J., Soutsos M.N., Millard S.G., Bungey J.H. (2006), “Strength development of
mortars containing ground granulated blast-furnace slag: Effect of curing temperature
and determination of apparent activation energies” Cement and Concrete Research
Vol. 36, pp. 434-440.
Barnett S.J., Soutsos M.N., Bungey J.H., and Millard S.G. (2007), “Fast-Track
Construction with Slag Cement Concrete: Adiabatic Strength Development and
Strength Prediction” ACI Materials Journal, Vol. 104, pp.303-311
-206-
Références Bibliographiques
Bazant Z.P. (1988), “Mathematical Modelling of creep and shrinkage of concrete” John
Wiley & Sons Ltd, 469p.
Bazant Z.P., Cusatis G., Cedolin L. (2004), “Temperature effect on concrete creep modelled
by microprestess-solidification theory” Journal of Engineering Mechanics (ASCE),
Vol. 130, n°6, p 691-699.
Benboudjema F., Torrenti J.M., Meftah F. (2005), "Effect of basic creep on the early age
behaviour of concrete" Actes du congrès Concreep 7, International conference on
creep, shrinkage and durability of concrete and concrete structures. Ed. Iste/Hermès
Science Publishing, Nantes, pp. 381–386.
Bissonnette B., Pigeon M. (1995), “Tensile creep at early age of ordinary silica fume and
fibre reinforced concretes”, Cement and Concrete Research, Vol. 25, pp. 1075-1085.
Bjontegaard Ø., Hammer T.A. et Sellevold E.J. (2004), “On the measurement of free
deformation of early age cement paste and concrete”, Cement and Concrete
Composite, Vol. 26, n°5, pp. 427-435.
Bjontegaard Æ., Sellevold E.J. (2004), “The temperature-stress testing machine (TSTM)
capabilities and limitations” An international symposium held during the RILEM
spring meeting, Evanston, Illinois.
-207-
Références Bibliographiques
Bogue R.H. (1952), “La chimie du ciment Portland”, Edition Eyrolles, p. 586.
Bonnet S., Turatsinze A., Granju J.L. (2004), “ Un composite cimentaire résistant à la
fissuration synergie « granulats en caoutchouc - renfort par des fibres ” Bulletin des
LCPC, Vol. 250-251, pp. 43-54
Branch J., Rawling A., Hannant D.J., Mulheron M. (2002), “The effects of fibres on the
plastic shrinkage cracking of high strength concrete” Materials and Structures, Vol.
35, pp. 189-194.
Byfors J. (1980), “Plain concrete at early ages” PhD thesis, Swedish Cement and Concrete
Institute, Sweden.
Carino N.J., Lew H.S. (2001), “The maturity method: from theory to application”
Proceedings of the structures congress and Exposition, May 21-23, Washington, 19 p.
Carpinteri A., Valente S., Zhou F.P., Ferrara G., Melchiorri G. (1997), “Tensile and
flexural creep rupture test on partially damaged concrete specimens” Materials and
Structures, Vol. 30 pp. 269-276.
Charron J.P., Marchand J., Bissonnette B., Gérard B. (2001), “ Etude comparative de
modèles phénoménologiques décrivant le comportement au jeune âge du béton. Partie
2.” Canadian Journal of Civil Engineering, Vol 28, pp. 323-331.
Chen W., Brouwers H.J.H. (2007), “The hydration of slag, part 2: reaction models for
blended cement” Journal of Materials Sciences Vol. 42, pp. 444-464.
Chen W., Brouwers H.J.H., Shui Z.H. (2007), “Three-dimensional computer modelling of
slag cement hydration” Journal of Materials Sciences Vol. 42, pp. 9595-9610.
Chen W. (2007), “Hydration of slag cement, Theory, Modelling and Applications” PhD
Thesis University of Twente, Netherlands 223p.
-208-
Références Bibliographiques
Collins F., Sanjayan J.G. (2000), “Cracking tendency of alkali-activated slag concrete
subjected to restrained shrinkage” Cement and Concrete Research, Vol. 30, pp. 791-
798.
Cusson D., Hoogeveen T. (2005), “An experimental approach for the analysis of early-age
behaviour of high-performance concrete structures under restrained shrinkage”
Cement and Concrete Research, Vol. 37, pp. 200-209.
D’Ambrosia M.D., Lange D.A., Grasley Z.C. (2004), “Measurement and Modelling of
concrete tensile creep and shrinkage at early age”. Autogenous Deformation of
concrete, American Concrete Institute. Special Publication SP 220, pp 99-112
Darquennes A., Staquet S., Espion B. (2006), “Shrinkage of slag cement concrete in free
and restrained conditions” Proceedings of International RILEM Conference on
Volume Changes of Hardening Concrete: testing and mitigation, Lyngby, Denmark,
pp. 165-174.
De Schutter G. (1999), “Degree of hydration based Kelvin model for the basic creep of early
age concrete”. Materials and Structures, Vol. 32, pp. 260-265.
Escalante-Garcia I.J., Sharp J.H. (2001), “The microstructure and mechanical properties of
blended cement hydrated at various temperatures” Cement and Concrete Research
Vol. 31, pp. 695-702.
Eren Ö., (2002), “Strength development of concretes with ordinary Portland cement, slag or
fly ash cured at different temperatures” Materials and Structures Vol. 35, pp. 536-540.
Eurocode 2 (1992), Règlement Européen de Calcul des structures en béton (EN 1992)
-209-
Références Bibliographiques
Fairbairn E.M.R., Silvoso M.M, Toledo Filho R.D., Alves J.L.D., Ebecken N.F.F. (2004),
“Optimization of mass concrete construction using genetic algorithms” Computers and
Structures. Vol.82, pp. 281-299.
Feldman R.F. (1972), “Mechanism of creep of hydrated Portland cement paste” Cement and
Concrete Research Vol. 2, pp. 521-540.
Freiesleben Hansen, P., Pedersen E.J. (1977), “Maturity computer for controlled curing and
hardening of concrete” Nord. Concrete Research pp. 21-25.
Garcia-Boivin S. (1999), "Retrait au jeune âge des bétons : Développement d’une méthode
expérimentale et contribution à l’analyse physique du retrait endogène" Thèse de
l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
Gartner E.M., Young J.F., Damidot D.A., Jawed I. (2002), “Hydration of Portland
Cement” in Structure and Performance of Cements (Ed. Bensted & Barnes) Spoon
Press, London.
Ghaffar A., Chaudhry M.A., Kamran Ali M. (2005), "A new approach for measurement of
tensile strength of concrete" Journal of Research Science, Bahauddin Zakariya
University, Multan, Pakistan, Vol. 16, n°1, pp. 1-9
Granju J.L. (1977), “Essais de traction directe sur des pâtes pures de ciment durcies”.
Matériaux et constructions, Vol. 10, n° 56, pp. 73-78.
Grosse C.U., Köble S.U., Reinhardt H.W. (2001), "Ultrasound, Scanning Electron
Microscopy and nuclear magnetic resonance spectroscopy – Comparison of results
investigating the hydration process in cementitious materials" The e-Journal of
Nondestructive Testing & Ultrasonics, Vol. 6, n°5.
Grzybowski M., Shah S.P. (1990), “Shrinkage cracking of fiber reinforced concrete” ACI
Materials Journal, Vol. 87, n°2, pp. 138-148.
-210-
Références Bibliographiques
Gutsch A., Rostásy F.S. (1994), “Young Concrete Under High Tensile Stresses-
Creep,Relaxation and Cracking” Thermal Cracking in Concrete at Early Ages, Proc.
of the RILEM International Symposium, Edited by R. Springenschmid, E & FN Spon,
London, pp. 111-118.
Han S.H., Kim J.K. (2004), “Effect of temperature and age on the relationship between
dynamic and static elastic modulus of concrete” Cement and Concrete Research Vol.
34, pp. 1219-1227.
Han S.H., Kim J.K., Park Y.-D (2003), “Prediction of compressive strength of fly ash
concrete by new apparent activation energy function” Cement and Concrete Research
Vol. 33, n°7, pp. 965-971.
Hanehara S., Hirao H., Uchikawa H. (1999), “Relationships between autogenous shrinkage,
and the microstructure and humidity changes at inner part of hardened cement paste at
early age” Autogenous shrinkage of Concrete, edited by Tazawa, E&FN Spon.
Ho D.W.S., Chua C.W., Tam C.T., (2003), “Steam-cured concrete incorporating mineral
admixtures” Cement and Concrete Research, Vol. 33, pp. 595-601.
Holt E.E. (2001), “Early age autogenous shrinkage of concrete” Technical Research Centre
of Finland, VTT Publications 446, 184 pp.
Hossain A.B. (2003), “Assessing residual stress development and stress relaxation in
restrained concrete ring specimens” PhD thesis of faculty of Purdue University..
Hossain A.B., Weiss W.J. (2004), “Assessing residual stress development and stress
relaxation in restrained concrete ring specimen” Cement and Concrete Composites,
Vol. 26, pp. 531-540.
Hossain A.B., Weiss J., (2006), “The role of specimen geometry and boundary conditions on
stress development and cracking in the restrained ring test” Cement and Concrete
Research, Vol.36, pp.189-199.
Hua C., Acker P., Ehrlacher A. (1995), “Analyses and models of the autogenous shrinkage
of hardening cement paste: I. Modelling at macroscopic scale." Cement and Concrete
Research, 25(7), 1457-1468.
-211-
Références Bibliographiques
Igarashi S-I, Bentur A., Kovler K. (2000), “Autogenous shrinkage and induced restraining
stresses in high-strength concretes” Cement and Concrete Research, Vol. 30, pp.
1701-1707
Jensen O.M., Hansen P.F. (1999), “Influence of temperature on autogenous deformation and
relative humidity change in hardening cement paste” Cement and Concrete Research
Vol. 29, pp. 567-575.
Jiang Z., Sun Z., Wang P. (2005), “Autogenous relative humidity change and autogenous
shrinkage of high-performance cement pastes” Cement and Concrete Research, Vol.
35, pp. 1539-1545.
Kamen A. (2007), “Comportement au jeune âge et différé d'un bfup écrouissant sous les
effets thermomécaniques ” Thèse de Doctorat de l’école Polytechnique Fédérale de
Lausanne.
Kamen A., Denarié E., Sadouki H., Brühwiler E. (2008), “UHPFRC tensile creep at early
age”. Materials and Structures, en presse.
Kamen A., Sadouki H. (2008), “Ultra high performance fibre reinforced concrete activation
energy”, Proceedings of 3rd International conference on coupled T-H-M-C processes
in geo-systems, pp.535-542
Kanstad T., Hammer T.A., BjÆntegaard O, Sellevold E.J. (2003), “Mechanical properties
of young concrete: Part 1. Experimental results related to test methods and
temperature effects” Materials and Structures, Vol. 36, pp. 218-225.
Khelidj A., Loukili A., Bastian G. (1998), “Etude expérimentale du couplage hydro-
chimique dans les bétons en cours de maturation: incidence sur les retraits”. Materials
and Structures, Vol. 31, pp. 588-594.
Kim J.K., Moon Y.H., Ea S.H. (1998), “Compressive strength development of concrete with
different curing time and temperature” Cement and Concrete Research, Vol. 28, pp.
1761-1773.
Kjellsen K.O., Detwiler R.J., GjÆrv O.E. (1991), “Development of microstructures in plain
cement pastes hydrated at different temperatures” Cement and Concrete Research,
Vol. 21, pp. 179-189.
-212-
Références Bibliographiques
Kovler K. (1994), “Testing system for determining the mechanical behaviour of early age
concrete under restrained and free uniaxial shrinkage”. Materials and Structures, Vol.
27, pp. 324-330.
Kovler K., Igarashi S., Bentur A. (1999), "Tensile creep behaviour of high strength
concretes at early ages" Materials and Structures, Vol.32, pp. 383-387
Kraai P.P. (1985), “A proposed test to determine the cracking potential due to drying
shrinkage of concrete” Concrete Construction, Vol. 30, n° 9, pp. 775-778.
Kruml F. (1990), “Setting process of concrete”, In. Wierig H-J, editor. Properties of fresh
concrete, Proceedings of the RILEM Colloquim, pp 10-16 édition Eyrolles, 824 pages.
Lachemi M., Hossain K.M.A., Anagnostopoulos C., Sabouni A.R., (2007), “Application of
maturity method to slipforming operations: Performance validation”, Cement Concrete
Composites, Vol. 29, n°4, pp. 290-299.
Lamour V., Zreiki J., Moranville M., Chaouche M. (2007), “Détermination des contraintes
mécaniques dans les pièces massives en béton au jeune âge : instrumentation in-situ et
modélisation” 8ème Edition des Journées Scientifiques du Regroupement francophone
pour la recherche et la formation sur le béton (RF)²B, Montréal, Canada, pp. 58-68.
Laplante P., Roussel S., Lecrux S. (1998) “Technique maturométrique: la loi d'Arrhénius au
service des chantiers” Proceedings of the International RILEM Conference, RILEM
Publications, Arles, France (1998), pp. 323–342.
Lee K.M., Lee H.K., Lee S.H., Kim G.Y. (2006), “Autogenous shrinkage of concrete
containing granulated blast furnace slag” Cement and Concrete Research Vol. 36, pp.
1279-1285.
Lerch W., Ford C.L. (1948), “Long-term study of cement performance in concrete: chapter
3 – Chemical and physical tests of the cements”, ACI Journal Proceeding Vol.44, n° 8,
pp. 745-795
Lothenbach B., Matschei T., Möschner G., Glasser F.P. (2008) “Thermodynamic
modelling of the effect of temperature on the hydration and porosity of Portland
cement”, Cement Concrete Research, Vol. 38, n°1, pp. 1-18.
Loukili A., Chopin D., Khelidj A., Le Touzo J.Y. (2000) “A new approach to determine
autogenous shrinkage of mortar at an early age considering temperature history”
Cement and Concrete Research Vol. 30, pp. 915-922.
-213-
Références Bibliographiques
Loser R., Leemann A., (2008) “Shrinkage and restrained shrinkage cracking of self-
compacting concrete compared to conventionally vibrated concrete” Materials and
Structures. En presse.
Lura P., Van Breugel K., Maruyama I. (2001) “Effect of curing temperature and type of
cement on early age shrinkage of high-performance concrete” Cement and Concrete
Research Vol. 31, pp. 1867-1872.
Lura P., Jensen O.M., Van Breugel K., (2003) “Autogenous shrinkage in high-performance
cement pastes: An evaluation of basic mechanisms” Cement and Concrete Research,
Vol. 33, pp. 223-232.
M
a
Ma X., Hooton R.D. (2006) “Numerical simulation and assessment of self-induced tensile
stress in steel ring restrained concrete specimens” Proceedings of International
RILEM Conference on Volume Changes of Hardening Concrete: testing and
mitigation, Lyngby, Denmark, pp. 157-164
b
Ma X., Cao L., RD H., H L., Niu C., (2006) “Time-dependent Early age behaviors of
concrete under restrained condition” Journal of Wuhan University Of Technology-
materials, Vol 22, n°2, pp.350-353
Ma B., Wang X., Liang W., Li X., He Z. (2007) “Study on early-age cracking of cement-
based materials with superplasticizers” Construction and Building Materials, Vol. 21,
pp. 2017-2022.
Maekawa K., Chaube R., Kishi T. (1999) "Modelling of concrete performance : hydration,
microstruture formation and mass transport" édition E & FN SPON .
McIntosh J.D., (1956) “The effects of low-temperature curing on the compressive strength of
concrete”, Proceedings of the RILEM Symposium on Winter Concreting, Copenhagen.
Mitani H. (2003) "Variations volumiques des matrices cimentaires aux très jeunes âges :
approche expérimentale des aspects physiques et microstruturaux" Thèse de doctorat
de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
Molez S. (1999) "Comportement des réparations structurales en béton Couplage des effets
hydriques et mécaniques" Thèse de doctorat de l’Ecole Normale Supérieure de
Cachan.
Mesbah H.A., Buyle-Bodin F., (1999) “Efficiently of polypropylene and metallic fibres on
control of shrinkage and cracking of recycled aggregate mortars” Construction and
Building Materials, Vol. 13, pp. 439-447.
-214-
Références Bibliographiques
Moon J.H., Weiss W.J. (2006) “Estimating residual stress in the restrained ring test under
circumferential drying” Cement and Concrete Composites, Vol. 28, Issue 5, pp. 486-
496.
Moon J.H., Rajabipour F., Pease B., Weiss J. (2006) “Quantifying the influence of
specimen geometry on the results of the restrained Ring test” Journal of ASTM
International, Vol. 3, n°8. 14 p.
Morin D., Maso J.C. (1982) “Fluage en traction des bétons ordinaires et des bétons légers”.
Matériaux et constructions, Vol. 10, n° 56, pp. 469-473.
Neville A. M., (2000) “Propriétés des bétons”, édition Eyrolles, 824 pages.
Østergaard L., Lange D.A., Altoubat S.A., Stang H. (2001) “Tensile Basic Creep of Early
age Concrete Under Constant Load”. Cement and Concrete Research, Vol.31, pp.
1895-99.
Pane, I. and Hansen, W. (2002) “Early Age Creep and Stress Relaxation of Concrete
Containing Blended cement”, Material and Structures, Vol.35, pp. 92-96.
Pandey S.P., Shampa R.L. (2000) “The influence of mineral additives on the strength and
porosity of OPC mortar” Cement and Concrete Research, Vol. 30, pp 19-23.
-215-
Références Bibliographiques
Pease B., Hossain A.B., Weiss J. (2004) “Quantifying Volume Change, Stress Development
and Cracking due to early age Autogenous Shrinkage.”, ACI SP-220, Autogenous
Deformation of Concrete, pp 23-39.
Persson B. (2004) “Justification of Fédération International du Béton, FIB, 2000 model for
elastic modulus of normal and high-performance concrete, HPC” Cement and
Concrete Research Vol.24, pp 651-655.
Pertué A., Mounanga P., Khelidj A., Fournol D. (2008) “Mesure du fluage propre de
pâtes de ciment en traction au jeune âge – étude préliminaire” XXIVème Rencontres
Universitaires de Génie-Civil, Nancy.
Pinto C.A., Hover K.C. (1999) “Application of maturity Approach to setting times” ACI
Materials Journal, Vol. 96, pp. 686-691.
Radlinska,A., Moon, J.H., Rajabipour, F., Weiss, J. (2006) “The ring test: a review of
recent developments” Proceedings of International RILEM Conference on Volume
Changes of Hardening Concrete: testing and mitigation, Lyngby, Denmark
Reinhardt H.W., Rinder T. (1998) “High Strength concrete under sustained tensile loading”.
Otto-Graf-Journal, Vol. 9, pp. 123-134.
Robeyst N., Gruyaert E., Grosse C.U., De Belie N. (2008) “Monitoring the setting of
concrete containing blast-furnace slag by measuring the ultrasonic p-wave velocity”
Cement and Concrete Research en presse.
Saul A.G.A. (1951) “Principles underlying the steam curing of concrete at atmospheric
pressure”, Magazine of Concrete Research, Vol.2, n°6, pp.127-140.
-216-
Références Bibliographiques
See H.T., Attiogbe E.K., Mitlenberger M.A. (2003) “Shrinkage cracking characteristics of
concrete using ring specimen” ACI Materials Journal, Vol. 100, n°3, pp. 239-245
Shah H.R., Hossain A.B., Weiss J. (2004) “Using the restrained ring test in conjunction with
passive acoustic emission to quantify the role of Steel fiber reinforcement in shrinkage
cracking mitigation” Proceedings of conference on Fiber composites, High-
performance concretes, and Smart materials organized by International center for
Fiber reinforced concrete (ICFRC) Chennai, India
Shi C., Day R.L. (1995) "A calorimetric study of early hydration of alkali-slag cement."
Cement and Concrete Research, Vol. 25, n°6, pp.1333-1346.
Sorelli L., Davila R., Ulm F.J., Perry V., Seibert P. (2008) “Risk analysis of early age
cracking in UHPC Structures” Proceedings of 2nd International Symposium on Ultra
High Performance Concrete, Germany, pp. 331-338..
Sousa Coutinho A., (1977) “A contribution to the mechanism of concrete creep” Matériaux
et constructions, Vol. 10, n° 55, pp. 3-16.
Sule M., Van Breugel K. (2001) “Cracking behaviour of reinforced concrete subjected to
early-age shrinkage” Materials and Structures, Vol. 34, pp. 284-292.
Tazawa E.-i., Sato R., Sakai E., Miyazawa S. (2000) “Work of JCI on autogenous
shrinkage” Shrinkage of Concrete Shrinkage 2000, Edited by Baroghel-Bouny et
Aïtcin, Proceedings of the International RILEM Workshop.
Tao, Z., Weizu, Q. (2006) “Tensile creep due to restraining stresses in high-strength concrete
at early ages” Cement and Concrete Research, Vol.36. pp. 584-591.
Toma G. (1999) “ Comportement des bétons au jeune âge” Thèse de doctorat de l’Université
de Laval, Québec
Turcry P., Loukili A., Barcelo L. Casabonne J.M. (2002) “Can the maturity concept be
used to separate the autogenous shrinkage and thermal deformation of a cement paste
at early age?” Cement and Concrete Research, Vol. 32, pp. 1443-1450.
-217-
Références Bibliographiques
Turcry P., Loukili A., Haïdar K., Pijaudier-Cabot G., Belarbi A., (2006) “Cracking
tendency of self-compacting concrete subjected to restrained shrinkage: experimental
study and modelling” Journal of Materials on Civil Engineering, Vol. 18, n°1, pp. 46-
54.
Ulm F.J., Le Maou F., Boulay C. (1999) “Creep and shrinkage coupling: new review of
some evidence” Revue Française de Génie-Civil, Vol. 3, pp. 21-37.
Van Rompaey, G. (2006) “Etude de la réactivité des ciments riches en laitier à basse
température et à temps court, sans ajout chloruré” Université libre de Bruxelles.
Verbeck G.J., Helmuth R.H., (1968) “Structures and physical properties of cement past”
Proceedings of the 5th International Symposium of the Chemistry of Cement, Tokyo
(Japon) Vol. 1, p. 1-32.
Viviani M, Glisic B., Smith F.C. (2005) “Three-day prediction of concrete compressive
strength evolution” ACI Materials Journal, Vol. 102, pp.231-236
Viviani M., Glisic B., Smith I.F.C (2007) “Separation of thermal and autogenous
deformation at varying temperatures using optical fiber sensors” Cement and Concrete
Research, Vol. 38, p. 196-204.
Wade SA, Nixon J.M, Schlindler A.K., Barnes W. (2004) “Setting behaviour of concrete
cured at fluctuating temperatures” Journal of Engineering Mechanics (ASCE).
Weiss W.J., Yang W., Shah S.P. (1998) “Shrinkage cracking of restrained concrete slabs”
Journal of Engineering mechanics, Vol. 124, n°7, pp 765-774.
Weiss W.J. (1999) “Prediction of early-age shrinkage cracking of concrete”, PhD Thesis,
Northwestern University, Illinois
-218-
Références Bibliographiques
Weiss W.J., Yang W., Shah S.P. (2000) “Influence of specimen Size/Geometry on
Shrinkage cracking of Rings” Journal of Engineering Mechanics, Vol. 126, n°1, pp.
93-101.
Weiss W.J., Ferguson S. (2001) “Restrained shrinkage testing: The impact of specimen
geometry on quality control testing for material performance assessment”,
Proceeding of Concreep 6: Creep, Shrinkage and Curability Mechanic of Concrete
and Other Quasi-Brittle Materials, Elsevier, Cambridge.
Weiss W.J., Shah S.P. (2002) “Restrained shrinkage cracking: The role of shrinkage
reducing admixtures and specimen geometry” Materials and Structures, Vol. 35, pp.
85-91.
Wirquin E., Broda M., Duthoit B. (2002) “Determination of the apparent activation energy
of one concrete by calorimetric and mechanical means: Influence of a
superplasticizer”, Cement Concrete Research, Vol.32, n°8, pp. 1207-1213.
Wittmann F.H., (2002) “Crack formation and fracture energy of normal and high strength
concrete”, Sadhana, Vol.27, part 4, pp. 413-423.
Zhang J., Cusson D., Mitchell L., Hoogeveen T., Margeson J. (2005) "The maturity
approach for predicting different properties of high-performance concrete."
Proceedings of the 7th International Symposium on the Utilization of high-
strength/high-performance concrete, Washington DC, p. 135-154.
Zreiki J., Lamour V., Chaouche M., Moranville M. (2008) “Prediction of residual stress
due to early age behaviour of massive concrete structures: on site experiments and
macroscopic modelling” 11th International on Durability of building materials and
components, Istanbul, Turkey.
-219-
Références Bibliographiques
-220-
Résumé
La fissuration précoce des ouvrages en béton résulte en grande partie des variations dimensionnelles du matériau liées à
son évolution thermique, hydrique, chimique et microstructurale au jeune âge. L’empêchement partiel ou total de ces
déformations peut générer un champ de contraintes de traction suffisamment élevées pour provoquer la fissuration de la matrice
cimentaire en cours de durcissement. Les mécanismes moteurs à l’origine de ces déformations – séchage, exothermie des
réactions d’hydratation, contraction Le Chatelier et autodessiccation – sont aujourd’hui bien identifiés et divers modèles sont
proposés pour simuler l’effet de chacun de ces mécanismes sur l’évolution dimensionnelle du matériau. Cependant, de
nombreuses questions demeurent sur les interactions entre ces différents types de déformations : en effet, en conditions réelles
d’exploitation de l’ouvrage, ces déformations se développent simultanément et peuvent avoir des effets cumulatifs ou opposés
sur l’évolution dimensionnelle des matrices cimentaires. Un travail expérimental s’avère alors nécessaire afin de mieux
comprendre et quantifier la contribution de chaque phénomène et de chaque paramètre dans le risque de fissuration précoce.
Au cours de nos travaux de thèse, nous avons étudié les variations dimensionnelles endogènes de la phase réactive du
béton, i.e. la pâte de ciment. La première partie de ce travail de thèse a consisté à développer des dispositifs de mesure des
déformations en conditions empêchées et sous chargement, adaptés au comportement durcissant et exothermique des matériaux
cimentaires aux jeune et très jeune âges. Le premier dispositif mis au point est inspiré de l’essai à l’anneau de fissuration et a
permis la mesure de l’âge de fissuration des pâtes de ciment soumises à différents niveaux de contraintes. Un second prototype
expérimental, inspiré du dispositif mis au point par Kovler, a été développé afin de mesurer le fluage des pâtes de ciment
chargées en traction. Chacun de ces dispositifs a été muni d’un système de régulation permettant de contrôler et d’imposer
différents historiques thermiques aux matériaux étudiés.
La deuxième partie de ce travail a été consacrée à l’analyse croisée des résultats d’une étude expérimentale multi-
variable. Cette étude a permis de mesurer l’effet de différents paramètres de composition et de conservation sur le risque de
fissuration précoce des pâtes de ciment. Elle a été complétée par des essais de prise Vicat, de retrait libre, de résistance à la
compression et à la traction et de module d’Young. Les résultats ont démontré la thermoactivation du processus de fissuration au
jeune âge des matrices cimentaires et la plus grande sensibilité du ciment aux laitiers à ce risque de fissuration.
La troisième partie est dédiée à une étude de la thermoactivation des processus étudiés (prise, durcissement, retrait,
fluage et fissuration) afin d’évaluer la pertinence du concept traditionnel de maturité pour la prévision de la cinétique de ces
phénomènes et de l’âge de la fissuration précoce des matrices cimentaires.
Mots-clés : Retrait empêché, fluage en traction, fissuration endogène, hydratation, pâte de ciment, température, jeune âge,
énergie d’activation, maturité, expérimental.
Abstract
The premature cracking of Civil Engineering concrete structures results from dimensional variations of cement-based
materials due to thermal, hydrous, chemical and micro-structural evolutions at early age. The total or partial restrained shrinkage
causes the development of tensile stress in the material. As soon as they become higher than the material tensile strength, the
cracking appears in the cement-based material. Nowadays, the shrinkage mechanisms – drying, exothermy of hydration
reactions, Le Chatelier’s contraction and self-desiccation – are identified and some models are proposed to predict the effect of
each mechanism on the dimensional evolution of the material. However, numerous questions are asked about the interactions
between these different types of strains. Indeed, in the real condition, these strains develop simultaneously and can have a
cumulative or opposite effect on the dimensional evolution of cement-based materials. Experimental work is necessary to
understand and to quantify the contribution of each phenomenon and each parameter to the risk of premature cracking.
During this thesis, we have studied the autogenous dimensional variations of the cement-based materials. The first part
of this research work has consisted in developing devices for the measurement of strain in the restrained conditions and under
loading, especially adapted to the hardening and exothermic behavior of cement-based materials at early and very early age. The
first device realised is inspired by the cracking ring test and permits the measure of cracking age of cement pastes submitted to
different stress levels. A second experimental prototype, inspired by Kovler’s device, was developed to measure the tensile
creep of cement pastes. Each device was equipped with regulation system allowing to control and to impose different thermal
histories on the studied materials.
The second part of this work is devoted to the analysis of the results of a multi-variable experimental study. This one
allowed measuring the effect of the different composition and conservation parameters on the risk of premature cracking of
cement pastes. This study is completed by the setting test, the free shrinkage, the compressive and tensile tests and the Young
modulus measurement. These results have demonstrated the thermoactivation of the cracking process at early age of cement-
based materials and the sensibility of slag cement to this cracking risk.
The third part concerns the study of the thermoactivation of the studied processes (setting, hardening, creep and
cracking) in order to evaluate the validity of traditional maturity concept to predict the kinetic of these phenomenons and the
cracking age of cement paste.
Keywords: Restrained shrinkage, tensile creep, autogenous cracking, hydration, cement paste, temperature, early age, activation
energy, maturity, experimental.