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N° d’ordre : 747

THESE
Présentée devant

L’INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DE


TOULOUSE

En vue de l’obtention

du DOCTORAT INSA
Spécialité GENIE CIVIL

Par

Stéphan ASSIÉ

DURABILITE DES BETONS AUTOPLAÇANTS

Soutenue le 29 octobre 2004 devant la commission d’examen composée de :

Rapporteurs : M. Geert DE SCHUTTER Professeur, Université de Gand, Belgique


M. Abdelhafid KHELIDJ Professeur, Université de Nantes
Examinateurs : M. Gilles ESCADEILLAS Professeur, Université Paul Sabatier de
Toulouse
M. Gérard PONS Professeur, INSA de Toulouse
M. Vincent WALLER Ingénieur, CTG, ITALCEMENTI Group
M. Michel GUERINET Ingénieur, Directeur Technique PN B@P

Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions


INSA-UPS Génie Civil, 135 avenue de Rangueil, 31077 Toulouse cedex 4
Remerciements

Avant de remercier toutes les personnes que j’ai pu côtoyer au cours de ma thèse et celles qui
ont permis son bon déroulement, mes premiers mots iront à MM. Frédéric SKOCZYLAS,
Isam SHAHROUR et Jean-Pierre OLLIVIER, Professeurs à l’Ecole Centrale de Lille, à
l’Université de Lille 1 et à l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Toulouse :
merci de m’avoir ouvert les portes du monde passionnant de la recherche par le biais de mon
DEA.

La présente étude s’est déroulée au Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions de


l’INSA et de l’Université Paul Sabatier de Toulouse.

Je remercie la directrice, Mme la Professeur Ginette ARLIGUIE, de m’avoir accueilli pendant


ces trois années au sein de son laboratoire.

Cette thèse de doctorat a bénéficié d’une bourse CIFRE encadrée par l’Association Nationale
pour la Recherche Technique (ANRT) et impliquant le partenariat entre un laboratoire public
(le LMDC), une entreprise (CTG - ITALCEMENTI Group) et un étudiant.

Ce travail a été mené sous la direction de M. Gilles ESCADEILLAS, Professeur à l’Institut


Universitaire de Technologie de l’Université Paul Sabatier. Je tiens à lui exprimer toute ma
reconnaissance, tant pour ses conseils, son intérêt et sa vaste culture que pour la confiance
qu’il m’a accordée pendant ce projet de recherche.

Mes remerciements vont particulièrement à M. Vincent WALLER, responsable actuel du


Laboratoire Evaluation des Matériaux du CTG et responsable final du suivi de ce travail de
recherche. Je tiens à adresser toute ma gratitude à MM. Martin VACHON et Giuseppe
MARCHESE, ingénieurs d’étude et responsables du Laboratoire Evaluation des Matériaux au
sein du CTG, qui ont permis le lancement et le suivi initial de cette thèse. Je les remercie
vivement tous les trois pour l’intérêt constant qu’ils ont porté à mes recherches.
Je remercie vivement MM. Geert DE SCHUTTER et Abdelhafid KHELIDJ, Professeurs à
l’Université de Gand (Belgique) et à l’Université de Nantes, d’avoir accepté de rapporter ce
travail.

Je tiens à remercier pleinement MM. Michel GUERINET, directeur technique du Projet


National B@P, et Gérard PONS, Professeur à l’INSA de Toulouse, d’avoir pris un peu de leur
temps pour participer à la commission d’examen de cette thèse.

Je remercie également MM. Denis KAPLAN et Arnaud SCHWARTZENTRUBER, qui m’ont


fait profiter de leurs compétences durant mes séjours au CTG. Merci pour leurs conseils
avisés et leurs encouragements.

J’exprime ensuite toute ma sympathie à tous les doctorants et à tout le personnel administratif
du laboratoire qui a pu m’assister durant ces trois années.

Moins solennellement, j’envoie de gros bisous à toute ma famille pour sa présence et son
affection permanentes, qui m’ont permis d’en arriver là. Merci aussi à tous mes amis sur qui
je pourrai toujours compter et notamment ceux rencontrés au bord ou au milieu d’un terrain
de rugby. Je remercie enfin Audrey pour son soutien et sa bonne humeur dans les bons et les
mauvais moments.
Auteur : M. Stéphan ASSIÉ

Titre : Durabilité de Bétons AutoPlaçants

Directeur de thèse : M. Gilles ESCADEILLAS, Professeur à l’Université Paul Sabatier de


Toulouse

Thèse soutenue le 29 octobre 2004 à l’INSA de Toulouse

Résumé :
Les bétons autoplaçants (BAP) sont des bétons très fluides dont la mise en place sans
vibration présente plusieurs avantages tant au niveau environnemental, humain, technologique
qu’économique qui intéressent de plus en plus les industriels.
Cependant, une question reste souvent posée : à résistance mécanique égale, le béton
autoplaçant est-il aussi durable que le béton vibré traditionnellement employé jusqu’alors ?
L’objectif de ce projet de recherche a été de donner une réponse claire à ce problème.
Pour cela, différents BAP et bétons vibrés (BV) de résistance mécanique équivalente ont été
coulés avec les mêmes constituants, un squelette granulaire identique (à l’exception des
bétons à hautes performances) et dans une gamme de résistance allant de 20 à 60 MPa. Les
principales différences entre les deux types de béton sont le volume de pâte et le dosage en
superplastifiant plus important pour les BAP et l’emploi éventuel d’un agent de viscosité dans
ces derniers.
Les résultats des essais expérimentaux menés sur ces formulations dans les domaines
mécanique et physico-chimique ont montré qu’il y avait très peu de différences entre les deux
types de béton. Le fluage des BAP semble légèrement supérieur à celui des BV, tandis que
toutes les autres propriétés mécaniques (module d’élasticité, retrait) et de transfert
(perméabilité à l’oxygène, diffusion des ions chlore, absorption capillaire, carbonatation
accélérée et lessivage au nitrate d’ammonium) peuvent être considérées comme équivalentes
entre les BAP et les BV.

Mots clés : béton autoplaçant, résistance mécanique, retrait, fluage, durabilité, perméabilité,
microstructure

Thèse de doctorat de l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse,


spécialité Génie Civil, préparée au
Laboratoire Matériaux et Durabilité de Constructions
INSA-UPS Département Génie Civil
135, avenue de Rangueil
31077 TOULOUSE cedex 04
Author: Mr Stéphan ASSIÉ

Title: Durability of Self-Compacting Concrete

Thesis reader: Mr Gilles ESCADEILLAS, Professor at University Paul Sabatier in Toulouse

Thesis supported on October 29, 2004 at INSA Toulouse

Abstract:
The building industry is turning increasingly to the use of self-compacting concrete (SCC) in
order to improve many aspects of building construction: SCC offers several advantages in
technical, economic, environmental and human terms.
However, there are still some problems with regard to its durability, in terms of physical and
chemical properties. The purpose of this research project was to study various durability
characteristics of self-compacting concrete compared with reference samples of vibrated
concrete (VC) with similar compressive strength, from 20 to 60 MPa.
For this purpose, SCC and VC mixes were prepared using the same ingredients in identical
proportions (except for the high performances concrete), the only difference being that
calcareous filler and more superplasticizer was used for the SCC mixes and the possible use
of a viscosity agent.
Tests carried out on these samples revealed that creep was slightly higher for SCC and that
there was no significant difference in the other mechanical (elasticity modulus, shrinkage) and
physico-chemical properties (oxygen permeability, chloride diffusion, water absorption,
carbonation and leaching by ammonium nitrate) of the two types of concrete.

Keywords: self-compacting concrete, compressive strength, shrinkage, creep, durability,


permeability, microstructure

PhD Thesis of National Institute of Applied Sciences (INSA) in Toulouse,


speciality Civil Engineering, prepared at
Laboratoire Matériaux et Durabilité de Constructions
INSA-UPS Département Génie Civil
135, avenue de Rangueil
31077 TOULOUSE cedex 04
France
Sommaire
SOMMAIRE.......................................................................................................................................................... 1

TABLE DES ILLUSTRATIONS......................................................................................................................... 4


I LISTE DES FIGURES .......................................................................................................... 4
II LISTE DES PHOTOGRAPHIES ............................................................................................. 7
III LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... 7
INTRODUCTION GENERALE ......................................................................................................................... 9

1ER. CHAPITRE : ETAT DE L’ART ............................................................................................................ 13


I INTRODUCTION .............................................................................................................. 13
II MODES DE FORMULATIONS DES BAP ............................................................................ 14
II.1. Cahier des charges minimum à l’état frais.............................................................. 15
II.2. Particularités de la composition des BAP ............................................................... 16
III CARACTERISATION DU BETON A L’ETAT FRAIS ET MISE EN OEUVRE............................... 20
III.1. Caractéristiques rhéologiques fondamentales des BAP.......................................... 20
III.2. Essais de caractérisations technologiques des BAP ............................................... 21
IV PROPRIETES DU BETON DURCI........................................................................................ 28
IV.1. Propriétés mécaniques............................................................................................. 28
IV.2. Propriétés physico-chimiques et durabilité ............................................................. 43
V CONCLUSIONS ............................................................................................................... 62
2E. CHAPITRE : MATERIAUX ET PROCEDURES ............................................................................... 64
I INTRODUCTION .............................................................................................................. 64
II MATERIAUX ET FORMULATIONS .................................................................................... 65
II.1. Matériaux................................................................................................................. 65
II.2. Formulations des bétons.......................................................................................... 68
II.3. Caractéristiques des formulations à l’état frais et durci......................................... 73
III PROCÉDURES EXPÉRIMENTALES .................................................................................... 78
III.1. Fabrication du béton, mise en place et conservation initiale.................................. 78
III.2. Essais mécaniques ................................................................................................... 79
III.3. Essais physico-chimiques ........................................................................................ 88
IV SYNTHESE ..................................................................................................................... 98
3E. CHAPITRE : PROPRIETES MECANIQUES ..................................................................................... 99
I INTRODUCTION .............................................................................................................. 99
II PROPRIETES MECANIQUES INSTANTANEES ................................................................... 100
II.1. Evolution des résistances mécaniques en compression uniaxiale ......................... 100
II.2. Module d’élasticité statique en compression, E .................................................... 104
III DEFORMATIONS DIFFEREES SANS CHARGE................................................................... 108
III.1. Coefficient de dilatation thermique linéaire (CdT) ............................................... 108
III.2. Retrait au jeune âge (0-24 h)................................................................................. 111
III.3. Retrait du béton durci (au-delà de 24 h) ............................................................... 120
IV DEFORMATIONS DIFFEREES SOUS CHARGE................................................................... 129
IV.1. Déformations différées........................................................................................... 129
IV.2. Déformations spécifiques et fluage spécifique ...................................................... 133
V CONCLUSIONS ............................................................................................................. 139
4E. CHAPITRE : CARACTERISTIQUES DE DURABILITE PHYSICO-CHIMIQUE ..................... 142
I INTRODUCTION ............................................................................................................ 142
II PERMEABILITE A L’OXYGENE ...................................................................................... 143
II.1. Bétons de bâtiment................................................................................................. 144
II.2. Bétons d’ouvrage ................................................................................................... 145
II.3. Bétons à hautes performances ............................................................................... 147
II.4. Analyse complémentaire........................................................................................ 148
III DIFFUSION DES IONS CHLORE ...................................................................................... 150
III.1. Bétons de bâtiment................................................................................................. 151
III.2. Bétons d’ouvrage ................................................................................................... 151
III.3. Bétons à hautes performances ............................................................................... 152
III.4. Commentaires ........................................................................................................ 153
IV ABSORPTION D’EAU PAR CAPILLARITE ........................................................................ 154
IV.1. Bétons de bâtiment................................................................................................. 154
IV.2. Bétons d’ouvrage ................................................................................................... 156
IV.3. Bétons à hautes performances ............................................................................... 157
IV.4. Commentaires ........................................................................................................ 158
V CARBONATATION ACCELEREE ..................................................................................... 159
V.1. Bétons de bâtiment................................................................................................. 160
V.2. Bétons d’ouvrage ................................................................................................... 161
V.3. Bétons à hautes performances ............................................................................... 163
V.4. Commentaires ........................................................................................................ 163
VI LESSIVAGE (AU NITRATE D’AMMONIUM)..................................................................... 165
VI.1. Bétons de bâtiment................................................................................................. 166
VI.2. Bétons d’ouvrage ................................................................................................... 167
VI.3. Bétons à hautes performances ............................................................................... 168
VI.4. Commentaires ........................................................................................................ 168
VII RECAPITULATIF ........................................................................................................... 169
VIII CONCLUSIONS ............................................................................................................. 172
5E. CHAPITRE : EXPLOITATION DES RESULTATS......................................................................... 174
I INTRODUCTION ............................................................................................................ 174
II COMPORTEMENT MECANIQUE ..................................................................................... 174
II.1. Module d’élasticité ................................................................................................ 174
II.2. Déformations sans charge (retrait du béton durci)............................................... 178
II.3. Déformations sous charge ..................................................................................... 189
III PROPRIETES DE TRANSFERT ......................................................................................... 199
III.1. Porosité accessible à l’eau .................................................................................... 199
III.2. Perméabilité à l’oxygène ....................................................................................... 200
III.3. Diffusion des ions chlore ....................................................................................... 202
III.4. Absorption capillaire ............................................................................................. 205
III.5. Interprétation des résultats observés pour les trois propriétés physiques
appréhendées ................................................................................................................... 207
IV DEGRADATION CHIMIQUE............................................................................................ 213
IV.1. Carbonatation accélérée ....................................................................................... 213
IV.2. Lessivage (au nitrate d’Ammonium)...................................................................... 214
IV.3. Interprétation des résultats observés pour les deux attaques chimiques abordées215
V CONCLUSIONS ............................................................................................................. 218
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES ..................................................................................... 221

2
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES........................................................................................................ 226

ANNEXES ......................................................................................................................................................... 236


I ANNEXE 1 : détermination de la porosité ouverte et de la masse volumique apparente
236
II ANNEXE 2 : détermination de la porosité par intrusion de mercure ........................... 239
III ANNEXE 3 : fiche produit des superplastifiants, Adagio 2018 et 2019....................... 242
IV ANNEXE 4 : fiche produit de l’agent de viscosité, Collaxim L2................................. 244
V ANNEXE 5 : fiche produit du produit de cure, Cimcure.............................................. 246
VI ANNEXE 6 : fiche produit du filler calcaire................................................................. 248

3
Table des illustrations
I LISTE DES FIGURES

Figure 1.1 : Phénomène de blocage des granulats au droit d’un obstacle [Sedran 95] ......................................... 15
Figure 1.2 : Influence de la finesse d’un filler sur le comportement rhéologique d’un béton [Billberg 01] ......... 17
Figure 1.3 : Interaction entre l’eau et les polysaccharides (d’après [Hasni 99]) ................................................... 18
Figure 1.4 : Optimisation du dosage agent de viscosité – superplastifiant, d’après [Tangtermsirikuls 91] .......... 18
Figure 1.5 : Comparaison entre une composition de BAP et celle d’un béton vibré (d’après [Jacobs 99]) .......... 19
Figure 1.6 : Exemples de comportements rhéologiques pour différents types de béton ....................................... 20
Figure 1.7 : Essai d’étalement au cône (slump flow) ............................................................................................ 22
Figure 1.8 : Essai de la boîte en L (L-box test) ..................................................................................................... 23
Figure 1.9 : Essai du tube en U (à gauche) et du caisson (à droite) ...................................................................... 24
Figure 1.10 : Essai de stabilité au tamis ................................................................................................................ 25
Figure 1.11 : Essai à la bille (à gauche) et à la colonne (à droite)......................................................................... 25
Figure 1.12 : Essai de ressuage à l’aéromètre ....................................................................................................... 26
Figure 1.13 : Evolution de la résistance mécanique d’un BAP (SCC) et d’un béton vibré (REF) correspondant
[Gibbs 99] ..................................................................................................................................................... 28
Figure 1.14 : Résistance mécanique d’un béton vibré et de deux BAP (de formulation différente) [Petersson 01]
...................................................................................................................................................................... 29
Figure 1.15 : Comparaison des modules élastiques théoriques de BAP et de bétons vibrés avec leurs valeurs
expérimentales [Pons 2003] .......................................................................................................................... 30
Figure 1.16 : Evaluation du module du béton en fonction de sa résistance, d’après le modèle réglementaire et un
modèle d’homogénéisation [De Larrard 92] ................................................................................................. 30
Figure 1.17 : Ecart relatif du module des BAP (g = 62%, Eg = 75 GPa) par rapport aux prévisions du BAEL [Le
Roy 96].......................................................................................................................................................... 31
Figure 1.18 : Phénomène de ressuage ................................................................................................................... 32
Figure 1.19 : Courbe type de déformation au jeune âge d’une pâte de ciment [Baron 71] ................................... 33
Figure 1.20 : Phénomènes et périodes de déformation d’une pâte de ciment [Baron 71] ..................................... 33
Figure 1.21 : Retrait plastique de BAP et de béton vibré de structure (T = 20°C, 50% HR) [Gram 99] .............. 35
Figure 1.22 : Retrait plastique des formules de BAP et de bétons vibrés dérivés [Turcry 04].............................. 35
Figure 1.23 : Comparaison des retraits endogènes d’un béton vibré et de cinq BAP [Hu 98] .............................. 36
Figure 1.24 : Retraits endogène et total d’un béton vibré et de deux BAP de résistance 60 MPa [Pons 03] ........ 37
Figure 1.25 : Retraits endogènes et de dessiccation (à 180 jours) de divers bétons vibrés (NC) et BAP (SCC) en
fonction de la résistance mécanique à 28 jours [Persson 99] ........................................................................ 37
Figure 1.26 : Comparaison des retraits de dessiccation d’un béton vibré et de cinq BAP [Hu 98]....................... 38
Figure 1.27 : Retrait de séchage de deux BAP et du béton vibré correspondant [Sonebi 99]............................... 39
Figure 1.28 : Retrait de dessiccation des BAP (SCC) et des bétons traditionnels de même rapport E/C [Sakata 98]
...................................................................................................................................................................... 39
Figure 1.29 : Décomposition conventionnelle des déformations différées ........................................................... 40
Figure 1.30 : Fluage de bétons chargés à 28 jours et conservés à différents degrés d’humidité relative [Neville
00] ................................................................................................................................................................. 41
Figure 1.31 : Déformations sous charge unitaire pour des bétons de résistance supérieure à 40 MPa [Proust 02]42
Figure 1.32 : Coefficients de fluage à 180 jours en fonction de la résistance mécanique [Persson 00] ................ 43
Figure 1.33 : Distribution de la taille des pores de pâtes de ciment à divers E/C [Verbeck 68] ........................... 45
Figure 1.34 : Représentation schématique d’un solide poreux.............................................................................. 46
Figure 1.35 : Coefficient de perméabilité à l’oxygène de trois BAP (SCC) et deux bétons vibrés correspondants
[Zhu 01] ........................................................................................................................................................ 48
Figure 1.36 : Comparaison des coefficients de diffusion des ions chlore entre BAP et bétons vibrés [Tang 99]. 49
Figure 1.37 : Coefficient de migration des ions chlore de trois BAP (SCC) et de deux bétons vibrés
correspondants [Zhu 01] ............................................................................................................................... 50
Figure 1.38 : Coefficients de diffusion de BAP (SCC) et de bétons vibrés (TC) [Audenaert 03 b] ..................... 50
Figure 1.39 : Coefficient de diffusion des ions chlore de bétons vibrés en fonction du rapport E/C [Trägårdh 99]
...................................................................................................................................................................... 51
Figure 1.40 : Résultats d’absorption d’eau par capillarité de trois BAP (SCC) et deux bétons vibrés (REF) [Zhu
01] ................................................................................................................................................................. 53

4
Figure 1.41 : Diagramme des équilibres thermodynamiques à 20°C des phases hydratées du ciment avec le CO2
[Chaussadent 96]........................................................................................................................................... 54
Figure 1.42 : Profondeur de carbonatation des BAP (SCC) et des bétons vibrés de même rapport E/C [Sakata 98]
...................................................................................................................................................................... 56
Figure 1.43 : Profil de concentration d’une espèce ionique diffusant du matériau sain vers la solution agressive58
Figure 1.44 : Zones d’une éprouvette de béton soumise à une attaque radiale par une solution agressive ........... 59
Figure 1.45 : Perte de masse de deux BAP et d’un béton vibré pendant un test d’écaillage (NF P 18-420)
[Rougeau 99]................................................................................................................................................. 61

Figure 2.1 : Courbes granulométriques des sables ................................................................................................ 67


Figure 2.2 : Courbes granulométriques des gravillons.......................................................................................... 67
Figure 2.3 : Exemples d’optimisation du squelette granulaire pour différentes applications................................ 70
Figure 2.4 : Observation de la répartition des granulats de trois BAP .................................................................. 77
Figure 2.5 : Paramètres de l’essai de détermination du module d’élasticité [RILEM 72]..................................... 80
Figure 2.6 : Calcul du coefficient de dilatation thermique.................................................................................... 82
Figure 2.7 : Dispositif de mesure du retrait au jeune âge [Sarkis 02] ................................................................... 84
Figure 2.8 : Appareils de mesure du retrait (rétractomètres)................................................................................. 85
Figure 2.9 : Expression des résultats de retrait du béton durci.............................................................................. 86
Figure 2.10 : Dispositif de mesure des déformations différées (d’après [Munoz 00]) .......................................... 86
Figure 2.11 : Etapes de la procédure de préconditionnement................................................................................ 89
Figure 2.12 : Perméabilité en fonction de l’inverse de la pression moyenne d’essai ............................................ 90
Figure 2.13 : Schéma de la cellule de migration (d’après [Truc 00]).................................................................... 91
Figure 2.14 : Dispositif expérimental de mesure d’absorption d’eau par capillarité............................................. 93
Figure 2.15 : Schéma de l’enceinte de carbonatation accélérée ............................................................................ 95
Figure 2.16 : Schéma illustrant le principe des mesures ....................................................................................... 95
Figure 2.17 : Schéma illustrant le principe des mesures de lessivage (au nitrate d’ammonium) .......................... 97

Figure 3.1 : Evolution des résistances mécaniques des bétons de bâtiment........................................................ 101
Figure 3.2 : Evolution des résistances mécaniques des bétons d’ouvrage .......................................................... 102
Figure 3.3 : Evolution des résistances mécaniques des bétons à hautes performances ....................................... 103
Figure 3.4 : Exemple de résultats d’essai de détermination du CdT ................................................................... 108
Figure 3.5 : Evolution du coefficient de dilatation thermique des bétons de bâtiment ....................................... 110
Figure 3.6 : Evolution du coefficient de dilatation thermique des bétons d’ouvrage.......................................... 110
Figure 3.7 : Exemple de diagramme déformations-températures........................................................................ 112
Figure 3.8 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 4 et 40 heures .................... 113
Figure 3.9 : Evolution du retrait et de la température des bétons d’ouvrage entre 5 et 40 heures....................... 114
Figure 3.10 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 4 et 40 heures, après
application d’un produit de cure.................................................................................................................. 115
Figure 3.11 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 3 et 40 heures avec cure à
l’eau............................................................................................................................................................. 116
Figure 3.12 : Evolution de la température et du retrait des bétons d’ouvrage entre 4 et 40 heures, après
application d’un produit de cure.................................................................................................................. 117
Figure 3.13 : Evolution de la température et du retrait des bétons d’ouvrage entre 3 et 40 heures, avec une cure à
l’eau............................................................................................................................................................. 118
Figure 3.14 : Retrait total des bétons de bâtiment............................................................................................... 120
Figure 3.15 : Retrait total des bétons d’ouvrage ................................................................................................. 121
Figure 3.16 : Retrait total des bétons à hautes performances .............................................................................. 122
Figure 3.17 : Retrait endogène des bétons de bâtiment....................................................................................... 123
Figure 3.18 : Retrait endogène des bétons d’ouvrage ......................................................................................... 123
Figure 3.19 : Retrait endogène des bétons à hautes performances...................................................................... 124
Figure 3.20 : Retrait de dessiccation des bétons de bâtiment en fonction du temps (a) et de la perte de masse (b)
.................................................................................................................................................................... 125
Figure 3.21 : Retrait de dessiccation des bétons d’ouvrage en fonction du temps (a) et de la perte de masse (b)
.................................................................................................................................................................... 126
Figure 3.22 : Retrait de dessiccation des bétons à hautes performances en fonction du temps (a) et de la perte de
masse (b) ..................................................................................................................................................... 127
Figure 3.23 : Retrait de dessiccation des premières (a, échantillons 10x10x50 cm) et deuxièmes (b, échantillons
Ø 11x22 cm) formulations de béton en fonction de la perte de masse........................................................ 127
Figure 3.24 : Déformations différées sous charge des bétons de bâtiment (t0 = 24 h., 40% RC7) ....................... 130
Figure 3.25 : Déformations différées sous charge des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7).......................... 131

5
Figure 3.26 : Déformations différées sous charge des bétons à hautes performances (t0 = 24 h., 40% RC7) ...... 132
Figure 3.27 : Déformations spécifiques en dessiccation (T) et endogènes (P) des bétons de bâtiment (t0 = 24 h.,
40% RC7) ..................................................................................................................................................... 134
Figure 3.28 : Fluages spécifiques total (en dessiccation) et propre (mode endogène) des bétons de bâtiment (t0 =
24 h., 40% RC7) ........................................................................................................................................... 135
Figure 3.29 : Déformations spécifiques propres et en dessiccation des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7) 136
Figure 3.30 : Fluage spécifique total (T) et propre (P) des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7) ................... 136
Figure 3.31 : Déformations spécifiques en dessiccation (T) et propres (P) des BHP (t0 = 24 h., 40% RC7)........ 137
Figure 3.32 : Fluage spécifique total (T) et propre (P) des bétons à hautes performances (t0 = 24 h., 40% RC7) 138

Figure 4.1 : Perméabilité à l’état sec des bétons de bâtiment (séries 1, 2 et 3) ................................................... 144
Figure 4.2 : Perméabilité à l’état sec des bétons d’ouvrage ................................................................................ 146
Figure 4.3 : Perméabilité à l’état sec des formulations de BHP .......................................................................... 148
Figure 4.4 : Perméabilité intrinsèque sèche de divers bétons en fonction de leur porosité accessible à l’eau .... 149
Figure 4.5 : Suivi des pertes de masse de bétons étudiés pour l’essai de perméabilité ....................................... 149
Figure 4.6 : Coefficient de diffusion effectif des bétons de bâtiment ................................................................. 151
Figure 4.7 : Coefficient de diffusion effectif des bétons d’ouvrage.................................................................... 152
Figure 4.8 : Coefficient de diffusion effectif des BHP........................................................................................ 153
Figure 4.9 : Absorption d’eau par capillarité des bétons de bâtiment ................................................................. 154
Figure 4.10 : Absorption d’eau par capillarité des bétons d’ouvrage.................................................................. 156
Figure 4.11 : Absorption d’eau par capillarité des bétons à hautes performances .............................................. 157
Figure 4.12 : Schématisation des pores d’un béton............................................................................................. 158
Figure 4.13 : Carbonatation accélérée des bétons de bâtiment............................................................................ 160
Figure 4.14 : Carbonatation accélérée des bétons d’ouvrage .............................................................................. 161
Figure 4.15 : Carbonatation accélérée des bétons à hautes performances........................................................... 163
Figure 4.16 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons de bâtiment testés.................................................. 166
Figure 4.17 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons d’ouvrage testés .................................................... 167
Figure 4.18 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons à hautes performances........................................... 168

Figure 5.1 : Module d’élasticité de divers bétons en fonction de leur résistance mécanique.............................. 176
Figure 5.2 : Comparaison des retraits endogènes expérimentaux et calculés (à différentes échéances) ............. 180
Figure 5.3 : Retrait endogène à 180 jours de plusieurs BAP et bétons vibrés en fonction de leur résistance en
compression ................................................................................................................................................ 181
Figure 5.4 : Comparaison des retraits totaux expérimentaux et calculés (à différentes échéances) .................... 182
Figure 5.5 : Retrait total à 6 mois de différents bétons en fonction de la résistance mécanique ......................... 183
Figure 5.6 : Retrait de dessiccation à 6 mois de différents bétons en fonction de la résistance mécanique ........ 184
Figure 5.7 : Diagramme du volume relatif des pores des bétons de bâtiment (a) et courbe de distribution du
volume des pores (b) (âge des bétons : 600 jours) ...................................................................................... 185
Figure 5.8 : Diagramme du volume relatif des pores des bétons d’ouvrage (a) et courbe de distribution du volume
des pores (b) (âge des bétons : 600 jours) ................................................................................................... 186
Figure 5.9 : Diagramme du volume relatif des pores (a) et courbe de distribution du volume des pores (b) des
bétons à hautes performances...................................................................................................................... 188
Figure 5.10 : Comparaison des coefficients de fluage propre (a) et total (b) des bétons étudiés et ceux calculés (à
différentes échéances) ................................................................................................................................. 192
Figure 5.11 : Coefficients de fluage propre (a) et total (b) à 6 mois de plusieurs bétons en fonction de la
résistance mécanique................................................................................................................................... 193
Figure 5.12 : Comparaison des fluages spécifiques propre (a) et total (b) des bétons étudiés et des valeurs
calculées...................................................................................................................................................... 194
Figure 5.13 : Fluages spécifiques propre (a) et total (b) à 180 jours de divers bétons en fonction de la résistance
mécanique ................................................................................................................................................... 195
Figure 5.14 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons de bâtiment libres ou soumis à une charge
constante ..................................................................................................................................................... 197
Figure 5.15 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons d’ouvrage libres ou soumis à une charge
constante ..................................................................................................................................................... 198
Figure 5.16 : Porosité ouverte des différents bétons testés en fonction de la résistance mécanique ................... 199
Figure 5.17 : Perméabilité à l’oxygène en fonction de la résistance en compression de différents bétons ......... 201
Figure 5.18 : Coefficient effectif de diffusion des ions chlore en fonction de la résistance mécanique des
différents bétons.......................................................................................................................................... 204
Figure 5.19 : Absorptivité capillaire de différents bétons en fonction de la résistance en compression ............. 206
Figure 5.20 : Courbes de distribution de la porosité des bétons de bâtiment ...................................................... 208

6
Figure 5.21 : Courbes de distribution de la porosité des bétons d’ouvrage......................................................... 209
Figure 5.22 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons à hautes performances .............................. 210
Figure 5.23 : Diagrammes de relation perméabilité–diffusion (a) et absorption-diffusion (b) ........................... 211
Figure 5.24 : Cinétique de carbonatation de divers bétons en fonction de leur résistance mécanique................ 213
Figure 5.25 : Cinétique de lessivage des bétons étudiés en fonction de la résistance mécanique ....................... 214
Figure 5.26 : Cinétique de carbonatation accélérée des bétons testés exprimée en fonction de la perméabilité (a)
et du coefficient de diffusion (b) ................................................................................................................. 216
Figure 5.27 : Cinétique de lessivage au nitrate d’ammonium des bétons étudiés exprimée selon l’absorption
capillaire (a) et le coefficient de diffusion (b) ............................................................................................. 217

II LISTE DES PHOTOGRAPHIES

Photographie 2.1 : Banc de fluage ........................................................................................................................ 87


Photographie 2.2 : Vue en coupe d’une éprouvette de fluage............................................................................... 87
Photographie 2.3 : Perméamètre CEMBUREAU ................................................................................................. 89

Photographie 4.1: Exemple d'échantillon carbonaté (7x7x28 cm) ...................................................................... 159


Photographie 4.2: Exemple d’échantillon lessivé au nitrate d’ammonium ......................................................... 165

III LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1.1 : Absorption d’eau par immersion et par capillarité de sept BAP (SCC) et d’un béton vibré (TC)
[Boel 02] ....................................................................................................................................................... 53
Tableau 1.2 : Valeurs expérimentales du coefficient K, en mm.an1/2, pour deux expositions différentes (voir
équation 1.5) [Audenaert 03 a]...................................................................................................................... 57
Tableau 1.3 : Profondeurs de carbonatation de deux BAP et d’un béton vibré à hautes performances (t0=28 jours)
[Rougeau 99]................................................................................................................................................. 57
Tableau 1.4 : Résultats d’essais de résistance au gel-dégel d’un BAP (SCC) et d’un béton vibré (essai
d’écaillage)[Mortsell 01]............................................................................................................................... 61

Tableau 2.1 : Caractéristiques chimiques des ciments utilisés.............................................................................. 65


Tableau 2.2 : Composition de Bogue des deux ciments........................................................................................ 66
Tableau 2.3 : Composition des différents bétons (kg/m3) ..................................................................................... 72
Tableau 2.4 : Caractéristiques des différentes compositions (en caractères différents : valeurs anormales) ........ 73
Tableau 2.5 : Propriétés à l’état frais et durci des diverses formulations (en italique : valeurs anormales).......... 75
Tableau 2.6 : Calcul de la profondeur de carbonatation (exemple)....................................................................... 96
Tableau 2.7 : Calcul de l’épaisseur de béton lessivé (exemple)............................................................................ 97

Tableau 3.1 : Résistances mécaniques des différentes compositions à diverses échéances (les valeurs indiquées
avec un astérisque sont calculées à partir de lois mathématiques calées sur les valeurs expérimentales)... 100
Tableau 3.2 : Modules d’élasticité mesurés et calculés des bétons étudiés (série 2)........................................... 105
Tableau 3.3 : Caractéristiques du retrait de dessiccation des différents bétons testés......................................... 128

Tableau 4.1 : Caractéristiques relatives à la perméabilité à l’oxygène des bétons de bâtiment (échéances d’essai :
série 1 = 28 jours cure humide ; série 2 = 1 an cure humide ; série 3 = 60 jours cure humide et 1 an cure
50% H.R.) ................................................................................................................................................... 144
Tableau 4.2 : Caractéristiques relatives à la perméabilité à l’oxygène des bétons d’ouvrage (échéances d’essai :
série 1 = 28 jours cure humide ; série 2 = 1 an cure humide ; série 3 = 60 jours cure humide et 1 an cure
50% H.R.) ................................................................................................................................................... 146
Tableau 4.3 : Caractéristiques de la perméabilité à l’oxygène des bétons à hautes performances (28 jours cure
humide) ....................................................................................................................................................... 148
Tableau 4.4 : Données concernant l’absorption d’eau par capillarité des bétons de bâtiment (série 1 : 28 jours
cure humide et 500 jours à 50% H.R. ; série 2 : 500 jours cure humide ; série 3 : 56 jours cure)............... 155
Tableau 4.5 : Données concernant l’absorption d’eau par capillarité des bétons d’ouvrage (série 1 : 28 jours de
cure et 500 jours à 50% H.R. ; série 2 : 500 jours cure humide ; série 3 : 56 jours de cure)....................... 157
Tableau 4.6 : Données relatives à l’absorption d’eau par capillarité des bétons à hautes performances (28 jours
de cure humide)........................................................................................................................................... 158

7
Tableau 4.7 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons de bâtiment testés (série 1 et 3 : 28 jours cure
humide ; série 2 : 500 jours cure humide) ................................................................................................... 160
Tableau 4.8 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons d’ouvrage (série 1 et 3 : 28 jours cure humide ;
série 2 : 500 jours cure humide) .................................................................................................................. 162
Tableau 4.9 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons à hautes performances ................................... 163
Tableau 4.10 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons de bâtiment ...................................... 166
Tableau 4.11 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons d’ouvrage......................................... 167
Tableau 4.12 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons à hautes performances ..................... 168
Tableau 4.13 : Synoptique des propriétés de transfert des bétons étudiés........................................................... 169
Tableau 4.14 : Comparaison des propriétés physico-chimiques de tous les bétons étudiés ................................ 170

Tableau 5.1 : Valeurs des résistances mécaniques et des modules d’élasticité de plusieurs bétons [Proust 02]. 175
Tableau 5.2 : Coefficients de fluage de différents bétons (d’après Persson [Persson 99]).................................. 190
Tableau 5.3 : Déformations sous charge de plusieurs BAP et bétons vibrés (d’après Proust [Proust 02]) ......... 190
Tableau 5.4 : Déformations spécifiques de différents bétons (d’après Proust [Proust 02]) ................................ 191
Tableau 5.5 : Perméabilité à l’oxygène de BAP (notés SCC) et de bétons vibrés correspondants (notés Ref.)
(d’après Zhu [Zhu 01-03]) .......................................................................................................................... 200
Tableau 5.6 : Absorptivité de BAP (notés SCC) et bétons vibrés (notés TC) [Audenaert 03 a]......................... 205

8
Introduction générale

Le béton est actuellement l’un des matériaux de construction les plus utilisés à travers le
monde. La simplicité de sa fabrication et de sa mise en place, son faible prix de revient et les
performances mécaniques et de durabilité qu’il assure ont légitimé son utilisation pour réaliser
des ouvrages les plus divers, notamment des bâtiments, des immeubles d’habitation, des
ponts, des routes, des barrages, des centrales thermiques et nucléaires, etc.

Depuis sa découverte et pendant de nombreuses décennies, ce matériau n’avait que peu


évolué mais, à partir des années 1970-1980, d’importantes avancées ont été réalisées qui lui
ont permis de diversifier les utilisations auxquelles il était jusque là destiné. Ainsi, les études
menées sur ses constituants granulaires ont conduit à améliorer ses propriétés existantes, en
particulier avec les bétons à hautes performances (BHP). D’autres familles de béton, relatives
à certaines applications, ont vu ensuite le jour comme les bétons à très hautes performances
(BTHP), les bétons de fibres (BFM) et les bétons de poudre réactive (BPR).

Après la recherche du gain maximum de résistance et de durabilité, une étape supplémentaire


a été franchie avec les bétons autoplaçants (BAP). Plus qu’une nouvelle famille de béton, les
BAP constituent davantage une nouvelle technologie de construction. Celle-ci visait en effet
au départ (fin des années 1980, au Japon) à optimiser la productivité des constructions en
béton. Les différents avantages technico-économiques qu’elle présente ont suscité un intérêt
grandissant des industriels à travers le monde, aussi bien dans les secteurs de la préfabrication
que dans ceux des centrales de béton prêt-à-l’emploi. D’autre part, le champ d’utilisation des
BAP est très varié du point de vue de la résistance mécanique (des bétons ordinaires aux
bétons à hautes performances) comme du point de vue des applications visées (des bâtiments
aux ouvrages d’art). Ceci confirme l’existence des BAP en tant que bétons de structure à part
entière.

Les principaux avantages des BAP sont liés à leur mise en place qui ne nécessite l’apport
d’aucune vibration, qu’elle soit interne ou externe. Ces avantages sont d’ordre technico-
économique mais également social. Ainsi, l’absence de vibration des BAP engendre une
diminution sensible des nuisances sonores ainsi que de la pénibilité du travail et une réduction
des délais et des coûts globaux de production. Sa fluidité permet également de couler des
milieux fortement ferraillés ou à géométrie complexe.

9
Cette mise en place, sous le seul effet de la gravité, nécessite une très grande fluidité du
matériau mais il est aussi indispensable que le béton conserve une stabilité satisfaisante et une
parfaite homogénéité. Ces deux propriétés contradictoires sont obtenues par l’ajout et le
dosage adéquat de superplastifiants et de fines ou l’emploi d’un agent de viscosité.

Cependant, malgré les aspects intéressants qu’ils proposent, en particulier à l’état frais, et leur
utilisation en constante augmentation, les BAP ne disposent pas encore du recul nécessaire et
suffisant pour être acceptés par tous les maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre ce qui limite
encore leur diffusion. Ce retour d’expérience, dont bénéficient les bétons vibrés (BV)
employés jusqu’ici, est essentiel pour le comportement (mécanique et autre) à long terme des
BAP. De plus, la nécessité actuelle de trouver de nouvelles solutions techniques respectant le
développement durable amène à étudier le caractère vieillissant du matériau béton, et plus
particulièrement du béton autoplaçant.

Cette thèse s’inscrit dans cette logique et a été menée pour répondre à plusieurs questions dont
certaines concernent l’évolution de propriétés mécaniques et physiques du matériau béton
dans le temps.

• Compte tenu du volume important de pâte présent dans ces bétons (lié aux quantités
importantes de fines préconisées), comment évoluent les déformations différées libres
(retrait) ou sous charge (fluage) des BAP ?

• Du point de vue de la durabilité, et plus précisément de la résistance face à l’intrusion


des substances chimiques agressives classiques, les BAP sont ils aussi performants que
les BV de résistance mécanique identique ? De plus, des questions se posent quant à
l’aspect réglementaire qui touche le matériau béton, notamment les règlements établis
pour les BV sont applicables aux BAP ?

Notre étude a donc eu pour but de répondre à ces différentes questions posées par les maîtres
d’ouvrage et les maîtres d’œuvre aux entreprises et aux fournisseurs de béton prêt à l’emploi.
L’une d’entre elles synthétise la problématique de notre étude, à savoir : à résistance
mécanique équivalente, le BAP est-il aussi durable que le béton vibré ?

La première action menée dans ce projet de recherche a été de répertorier et de synthétiser les
documents existants qui touchaient de près ou de loin aux BAP ainsi qu’à leurs propriétés
mécaniques et physico-chimiques. Le premier chapitre présente par conséquent l’état de l’art
au moment où a débuté cette étude ainsi que l’actualisation progressive des recherches

10
menées parallèlement à la notre. Les informations présentées relatent plusieurs aspects
concernant la caractérisation des propriétés intrinsèques aux BAP et des résultats nécessaires
à l’évaluation des résultats obtenus dans nos essais expérimentaux. Les particularités de la
composition des BAP et leur caractérisation à l’état frais (essais spécifiques) sont ainsi
abordées puis des données publiées sont citées dans les domaines des propriétés mécaniques
(instantanées et différées) et des propriétés physico-chimiques liées à la durabilité du matériau
béton. Ce chapitre a permis d’établir les bases de notre recherche en ciblant les points
dépourvus de résultats et en essayant de donner des réponses claires aux questions de départ.

Pour obtenir les résultats qui nous intéressaient, différents essais effectués sur diverses
formulations ont du être mis en place. A cet effet, le chapitre 2 décrit en détail tous les
matériaux utilisés et les formulations de BAP et de béton vibré étudiées au cours de nos
travaux. Les compositions en question couvrent, pour les deux types de béton, une gamme de
résistance allant de 20 MPa, caractéristique des bétons de bâtiment, à 60 MPa, propre aux
bétons à hautes performances, en passant par des résistances moyennes relatives aux bétons
d’ouvrage (voisines de 40 MPa). Les comparaisons s’effectuent ensuite à même résistance
mécanique entre BAP et BV. Les deux types de béton sont formulés à partir des mêmes
constituants, avec un squelette granulaire identique (à l’exception des BHP) et un rapport E/C
aussi proche que possible. Les premiers résultats expérimentaux présentés concernent les
caractéristiques à l’état frais et (certaines) à l’état durci de toutes les formulations
appréhendées. Enfin sont exposés les protocoles expérimentaux qui nous ont permis de
mesurer toutes les grandeurs mécaniques (résistance mécanique en compression, module
d’élasticité statique, déformations différées sans charge, au jeune âge et sur béton durci, et
déformations différées sous charge en mode endogène et en dessiccation) et physico-
chimiques (perméabilité à l’oxygène, coefficient de diffusion effectif des ions chlore,
absorption d’eau par capillarité, carbonatation accélérée et lessivage au nitrate d’ammonium)
à partir desquelles ont été réalisées les comparaisons entre BAP et BV.

Les premières grandeurs mesurées et exposées dans ce mémoire sont les propriétés
mécaniques de tous les bétons testés. Le troisième chapitre débute par la présentation des
propriétés mécaniques instantanées, telles que la résistance en compression et le module
d’élasticité. Ensuite nous nous intéressons aux déformations différées sans charge que sont le
retrait au jeune âge (0-24 heures) et le retrait du béton durci (au-delà de 24 heures). Les
déformations différées sous charge sont présentées dans la fin de ce chapitre. Tous ces

11
résultats sont essentiellement présentés en fonction du temps pour chacune des classes de
résistance étudiées, en gardant à l’esprit l’idée d’évaluer les propriétés des BAP par rapport à
celles des bétons vibrés considérés comme références.

Le chapitre 4 présente ensuite les résultats d’essais liés à des caractéristiques relevant du
domaine physico-chimique. Des essais ont tout d’abord été réalisés pour estimer trois
propriétés de transfert significatives mises en jeu dans les échanges potentiels du matériau
béton avec son environnement : un essai de perméabilité à l’oxygène, un essai de diffusion
des ions chlores et un essai d’absorption capillaire. Deux essais supplémentaires ont permis
d’évaluer la résistance des BAP et celle des BV à la pénétration d’agents agressifs extérieurs
et d’estimer de ce fait leur durabilité à long terme : il s’agit d’un essai de carbonatation
accélérée et d’un essai de lessivage au nitrate d’ammonium.

Après avoir noté l’évolution des diverses grandeurs mesurées et les différences éventuelles
entre les BAP et les BV, le dernier chapitre confronte pour une part les résultats de nos essais
aux réglementations actuellement en vigueur. Ceci concerne principalement les déformations
différées qui sont comparées avec les valeurs fournies par les deux règles de calcul employées
jusqu’ici, à savoir le BPEL et l’Eurocode 2 (destiné à remplacer le précédent). Cette
comparaison permettra de vérifier si ces codes de calcul établis pour les BV sont toujours
valables pour les BAP ou s’il convient d’envisager des avenants complémentaires. D’autre
part, tous les résultats de notre projet de recherche ainsi que certains résultats issus de l’étude
bibliographique sont portés en fonction de la résistance mécanique du béton. Cette approche
devrait nous permettre d’établir des conclusions plus générales sur l’évolution des facteurs
étudiés. Enfin, des explications complémentaires aux phénomènes observés, apportées par
l’analyse microscopique de la structure poreuse des bétons étudiés, sont présentées.

Les conclusions générales clôturent ce mémoire en synthétisant les principaux résultats sur la
comparaison entre BAP et BV du point de vue mécanique et physico-chimique. Des
perspectives de recherche sont aussi présentées pour continuer à apporter de nouvelles
informations pertinentes à ces nouveaux matériaux du génie civil.

12
1er. Chapitre : Etat de l’art

I INTRODUCTION

Les bétons autoplaçants (BAP, ou SCC, en anglais, pour self-compacting concrete) ont été
utilisés pour la première fois au Japon vers la fin des années 1980 afin d’améliorer la
rentabilité de la construction, d’assurer constamment une mise en place correcte avec un
béton de qualité et de diminuer les nuisances sonores [Okamura 95].

Ces bétons se développent maintenant en Europe et semblent être amenés à remplacer, à


terme, les bétons vibrés classiques dans de nombreuses applications. Ils présentent en effet
des intérêts à la fois techniques et économiques : absence de nuisances sonores en milieu
urbain, possibilité de bétonner des zones fortement ferraillées ou à géométrie complexe et
obtention d’une meilleure qualité du béton (pratiquement indépendante du savoir-faire des
ouvriers) d’une part, diminution du temps de personnel lors de la mise en place et réduction
des coûts des processus industriels, d’autre part.

Cependant, au début de ce projet de recherche (février 2001), alors que de nombreuses études
visant à développer l’utilisation du BAP étaient (et sont encore) menées par différentes
entreprises ou laboratoires universitaires, plusieurs questions posées par les maîtres d’ouvrage
et les maîtres d’œuvre restaient sans réponse :

• quelle est la conséquence de la quantité importante de fines préconisée dans ces bétons
sur leurs déformations différées (retrait et fluage) ?

• le BAP est-il aussi durable que le béton vibré de même résistance mécanique ?

L’objectif de notre étude a été, autant que possible, de donner une réponse claire à ces
questions et peut être, ainsi, de contribuer au développement de ce nouveau matériau auprès
des acteurs de la profession du BTP.

Pour cela, un premier pas consistait à rassembler un maximum de documents publiés sur ce
sujet afin d’essayer d’apporter des premiers éléments de réponse à notre problème et
d’orienter pertinemment notre recherche. La synthèse bibliographique de départ comprenait
peu de données relatives à ce sujet ce qui justifiait d’autant le réel besoin de recherche dans ce
domaine. Depuis, divers colloques spécialisés [SCC RILEM 99, SCC RILEM 03] et
publications parus tout au long de ce travail ont permis d’étoffer ce regroupement de données.

13
II MODES DE FORMULATIONS DES BAP

Par définition, un béton autoplaçant (BAP) est un béton très fluide, homogène et stable, qui se
met en place par gravitation et sans vibration. Il ne doit pas subir de ségrégation et doit
présenter des qualités comparables à celles d’un béton vibré classique. Le terme de béton
autonivelant peut aussi être utilisé mais il concerne plutôt des applications horizontales
(dallage par exemple).

Ces bétons présentent plusieurs propriétés qui justifient l’intérêt nouveau que leur portent les
industriels [Okamura 99] :

• absence de vibration qui réduit les nuisances sonores,

• bétonnage de zones fortement ferraillées et à géométrie complexe,

• pénibilité du travail moindre,

• réduction du coût de la main d’œuvre, durée de construction plus courte.

Cependant, ces avantages s’accompagnent fatalement de certains inconvénients :

• augmentation du coût des matières premières (additions, adjuvants),

• modifications des outils de fabrication (outils de mise en place).

Plusieurs approches de formulation des BAP ont été élaborées (voir chapitre ‘Mix Design’ du
colloque Pro 7 SCC RILEM 99) à travers le monde (approche japonaise, approche suédoise,
approche du LCPC, etc.) pour répondre aux exigences d’ouvrabilité de ce type de béton.

Deux grandes familles prévalent actuellement :

• la première [Hayakawa 95, Nagataki 95] concerne des formulations fortement dosées
en ciment et contenant une proportion d’eau réduite. La quantité de ciment très
importante (450 à 600 kg/m3) est nécessaire pour augmenter le volume de pâte afin
d’améliorer la déformabilité du mortier. Ce volume important de pâte limite par
conséquent les interactions inter-granulats (dont la quantité est parallèlement diminuée)
et l’utilisation d’adjuvants tels que les superplastifiants et les agents de viscosité
permettent d’en contrôler la fluidité et la viscosité. Cette approche de formulation
conduit toutefois à des bétons de hautes performances mécaniques, onéreux et mal
adaptés à des ouvrages courants.

• une deuxième famille de formulations repose sur le remplacement d’une partie du


ciment par des fines minérales [Petersson 96]. Ces additions, comme les fillers

14
calcaires par exemple, permettent d’obtenir un squelette granulaire plus compact et plus
homogène. La quantité d’adjuvant nécessaire à l’obtention d’une fluidité et d’une
viscosité données est alors diminuée. Leur utilisation conduit également à conserver
des résistances mécaniques et des chaleurs d’hydratation raisonnables.

II.1. CAHIER DES CHARGES MINIMUM A L’ETAT FRAIS

Plusieurs spécificités de composition des BAP découlent de ces diverses approches.

• Un BAP doit s’écouler naturellement sous son poids propre (avec un débit suffisant),
c’est à dire avoir un étalement et une vitesse d’étalement importants.

• Un BAP doit aussi pouvoir remplir, sans vibration, des zones confinées et une grande
fluidité du béton peut ne pas être suffisante pour cela. En effet, lors de son écoulement
au droit d’un obstacle, les gravillons cisaillent le mortier et ont tendance à entrer en
contact les uns avec les autres si ce dernier ne résiste pas suffisamment au cisaillement
(figure 1.1). Ainsi, des arches peuvent se former et interrompre l’écoulement par
colmatage. Pour éviter ceci, il est nécessaire qu’un BAP ait une bonne résistance à la
ségrégation en phase d’écoulement en zone confinée.

Figure 1.1 : Phénomène de blocage des granulats au droit d’un obstacle [Sedran 95]

• Un BAP doit présenter une bonne résistance à la ségrégation statique jusqu’à la prise
du béton, pour des raisons évidentes d’homogénéité de ses propriétés mécaniques.

• De plus, le ressuage d’un BAP ne doit pas être trop fort car ceci peut générer une chute
d’adhérence des armatures en partie supérieure des levées, par rapport à celles situées
en zone inférieure lors du coulage, ainsi que l’apparition de fissures
[AFGC 00].

15
En résumé, le principal problème dans la formulation d’un BAP est de concilier des propriétés
a priori contradictoires comme la fluidité et la résistance à la ségrégation et au ressuage du
béton.

II.2. PARTICULARITES DE LA COMPOSITION DES BAP

Malgré les différentes méthodes de formulation existantes, certaines caractéristiques


demeurent intrinsèques aux BAP mais peuvent légèrement différer d’une approche à l’autre.

II.2.1 Un volume de pâte élevé

Les frottements entre granulats sont source de limitations vis-à-vis de l’étalement et de la


capacité au remplissage des bétons. Le rôle de la pâte (ciment + additions + eau efficace + air)
étant précisément d’écarter les granulats, son volume dans les BAP est donc élevé (330 à
400l/m3).

II.2.2 Une quantité de fines (Ø < 80 µm) importante

Les compositions de BAP comportent une grande quantité de fines (environ 500 kg/m3) pour
limiter les risques de ressuage et de ségrégation. Toutefois, le liant est fréquemment un
mélange de deux, voire trois constituants, pour éviter des chaleurs d’hydratation trop grandes
(et un coût de formule trop élevé).

Ce sont les exigences de résistance à la compression, les critères de durabilité (DTU 21,
normes XP P 18-305 ou EN 206, etc.) et les paramètres d’ouvrabilité (fluidité) qui
déterminent le choix de ces additions (cendre volante, laitier de haut fourneau, filler calcaire,
etc., le filler calcaire étant l’une des additions fréquemment rencontrées dans les formulations
de BAP) et leur proportion respective.

L’introduction d’additions minérales entraîne une modification de la porosité de la matrice


cimentaire et influence les caractéristiques mécaniques et autoplaçantes du béton (figure 1.2)
[Billberg 01].

16
Figure 1.2 : Influence de la finesse d’un filler sur le comportement rhéologique d’un béton [Billberg 01]

II.2.3 L'emploi de superplastifiants

La fluidité des BAP est obtenue en ajoutant des superplastifiants. Ces fluidifiants sont
identiques à ceux employés pour les autres types de béton, à savoir des polymères de type
polycarboxylate, polyacrylate/polyacrylate ester acrylique. Cette adjuvantation ne doit pas
être trop élevée (proche du dosage de saturation) sous peine d’augmenter la sensibilité du
béton à des variations de teneur en eau vis-à-vis du problème de la ségrégation et du ressuage.

Les superplastifiants interagissent avec les particules du ciment et des fines en s’adsorbant à
leur surface pour diminuer le phénomène de floculation au contact de l’eau. Ainsi, les
particules sont dispersées par combinaison d’effets électrostatiques et stériques et la
proportion d’eau libre est plus importante [Baron 96].

II.2.4 L’utilisation éventuelle d’un agent de viscosité (rétenteur d’eau)

L’ajout d’un superplastifiant ayant pour effet d’augmenter l’ouvrabilité du béton mais
également de réduire sa viscosité, afin de minimiser ce dernier point, les BAP contiennent
souvent un agent de viscosité. Ce sont généralement des dérivés cellulosiques, des
polysaccharides, des colloïdes naturels ou des suspensions de particules siliceuses, qui
interagissent avec l’eau et augmentent la viscosité de celle-ci (figure 1.3). Ils ont pour but
d’empêcher le ressuage et les risques de ségrégation en rendant la pâte plus épaisse et en
conservant une répartition homogène des différents constituants.

17
Figure 1.3 : Interaction entre l’eau et les polysaccharides (d’après [Hasni 99])

Cependant, l’action de ces produits est, d’une certaine façon, opposée à celle des
superplastifiants. La formulation d’un BAP requiert donc la sélection d’un couple agent de
viscosité - superplastifiant compatible et l’optimisation de leur dosage (figure 1.4).

Figure 1.4 : Optimisation du dosage agent de viscosité – superplastifiant, d’après [Tangtermsirikuls 91]

Ces produits semblent utiles pour des bétons ayant des rapports eau/liant (E/L) élevés, les
fines n’étant alors pas suffisantes pour fixer l’eau dans le béton. En revanche, leur utilisation
ne se justifie pas pour des BAP ayant des rapports E/L faibles (rapport eau/fines < 0,3). Pour
les bétons intermédiaires, leur utilisation doit être étudiée au cas par cas.

Les agents de viscosité ont aussi la réputation de rendre les BAP moins sensibles à des
variations de la teneur en eau à l’égard des problèmes de ressuage et de ségrégation, mais ils

18
peuvent conduire à des entraînements d’air excessifs et à une diminution de la fluidité
[Sedran 95].

II.2.5 Un faible volume de gravillon

Les BAP peuvent être formulés avec des granulats roulés ou concassés. Cependant, comme
nous l’avons vu précédemment, il faut en limiter le volume car les granulats sont à l’origine
du blocage du béton en zone confinée (figure 1.1). Toutefois, comme ils conduisent par
ailleurs à une augmentation de la compacité du squelette granulaire du béton, ils permettent de
réduire la quantité de liant nécessaire à une bonne ouvrabilité et une résistance souhaitée.

Ces deux facteurs conduisent à prendre pour les BAP un rapport gravillon/sable (G/S) de
l’ordre de 1, qui peut être corrigé suivant le confinement de la structure étudiée.

Le diamètre maximal des gravillons (DMAX) dans un BAP est compris classiquement entre 10
et 20 mm, mais comme les risques de blocage pour un confinement donné augmentent avec
DMAX, cela conduit à diminuer le volume de gravillon.

En résumé, les composants de base d’une formulation de BAP sont identiques à ceux d’une
formulation de béton vibré mais leurs proportions sont différentes (figure 1.5). Afin d’obtenir
les propriétés requises à l’état frais d’un BAP, une importante quantité de fines et
l’incorporation d’adjuvants (notamment les superplastifiants) sont nécessaires.

Figure 1.5 : Comparaison entre une composition de BAP et celle d’un béton vibré (d’après [Jacobs 99])

19
III CARACTERISATION DU BETON A L’ETAT FRAIS ET MISE EN OEUVRE

III.1. CARACTERISTIQUES RHEOLOGIQUES FONDAMENTALES DES BAP

La caractérisation du béton à l’état frais peut se faire grâce à l’étude des propriétés
rhéologiques fondamentales telles que le seuil de cisaillement ou la viscosité plastique.

La rhéologie donne les relations entre contraintes et déformations d’un élément de volume, en
tenant éventuellement compte de leur histoire et des valeurs actuelles de leur dérivée par
rapport au temps. Ces relations, dites de comportement, font correspondre les déformations
d’un élément de volume aux contraintes qui lui sont imposées.

Le comportement rhéologique d’un matériau (figure 1.6) est dit viscoplastique si son
écoulement ne se produit qu’au-delà d’une certaine valeur des contraintes appliquées, appelée
seuil de cisaillement, τ0.

Le fluide est considéré comme binghamien si la courbe d’écoulement est une droite, qui a
pour équation :

τ = τ0 + ηp γ Équation 1.1

avec τ la contrainte de cisaillement (Pa), τ0 le seuil de cisaillement (Pa), ηp la viscosité


plastique (Pa.s-1) et γ la vitesse de déformation (s-1).

τ, Pa BHP

1600
BV
B
1200 ηp, Pa.s

800
BAP
400

0
γ, s-1
Figure 1.6 : Exemples de comportements rhéologiques pour différents types de béton

20
En ce qui concerne les bétons autoplaçants, des auteurs [De Larrard 96] ont montré que leur
équation de comportement suit le modèle de Herschel-Bulkley dont l’équation de
comportement est la suivante :

τ = τ0 + aγb Équation 1.2

où a et b sont des constantes de comportement.

Toutefois, ce modèle est plus exigeant que celui de Bingham car il nécessite la détermination
d’un paramètre supplémentaire.

Ces grandeurs (seuil de cisaillement, viscosité plastique) permettant de définir le


comportement d’un béton lors de sa mise en place sont quantifiables à partir d’appareils
appelés rhéomètres. A ce jour, les principaux dispositifs expérimentaux utilisés pour des
mesures sur béton frais sont :

• le viscosimètre à plaque parallèle BML (utilisé en Islande [Wallevik 90]),

• le rhéomètre coaxial BTRhéom (employé en France [De Larrard 96 b]),

• le rhéomètre coaxial CEMAGREF-IMG (utilisé en France [Hu 95])

• le rhéomètre coaxial RhéoCAD (mis au point par la société CAD Instrumentation avec
l’aide de M. Vernet, ingénieur au CTG, et employé au LMDC [Mouret 03]).

Tous ces appareils mesurent le couple résistant du béton en fonction de la vitesse


d’écoulement imposée (par mise en rotation de divers mobiles ou palettes). Ces deux données
permettent ensuite d’obtenir, par différents calibrages, les grandeurs caractéristiques de
l’écoulement du béton, à savoir le seuil de cisaillement et la viscosité plastique.

Cependant, la présence de granulats de tailles variées dans le béton ne permet pas de définir
un matériau type pour tous ces rhéomètres qui servirait de référence à toutes les mesures. Par
conséquent, étant donné les caractéristiques inhérentes à chaque rhéomètre, les comparaisons
de résultats d’un appareil à l’autre ne sont pas forcément évidentes.

III.2. ESSAIS DE CARACTERISATIONS TECHNOLOGIQUES DES BAP

Des essais de caractérisation spécifiques des BAP ont été mis au point. Cependant, ces essais,
que l’on peut qualifier de technologiques, ne permettent pas de déterminer les propriétés
rhéologiques intrinsèques des bétons testés même si les grandeurs mesurées en dépendent.

21
En France, des recommandations nationales [AFGC 00] prévoient de caractériser les BAP à
l’état frais en prenant en compte les trois caractéristiques principales demandées :

• la mobilité en milieu non confiné,

• la mobilité en milieu confiné,

• la stabilité c'est-à-dire la résistance à la ségrégation et au ressuage.

III.2.1 Mobilité en milieu non confiné

L’essai le plus courant, car le plus facile à mettre en œuvre, permettant de caractériser la
mobilité en milieu confiné est l’essai d’étalement réalisé à l’aide du cône d’Abrams (voir
figure 1.7) (le cône DIN peut aussi être utilisé). En effet, la valeur de l’étalement, donnée par
la mesure du diamètre de la galette de béton, s’avère être plus représentative que celle de
l’affaissement.

Cône

50 cm

Table

Diamètre final

Figure 1.7 : Essai d’étalement au cône (slump flow)

Les valeurs d’étalement sont habituellement fixées entre 60 et 75 cm, sans auréole de laitance
ou d’amoncellement de gros granulats au centre en fin d’essai [AFGC 00]. La vitesse
d’étalement du béton est également une indication souvent prise en compte (t50 par exemple :
temps pour atteindre une galette de diamètre 50 cm).

D’autres essais permettent d’évaluer la mobilité du béton en milieu non confiné comme celui
de l’entonnoir en forme de V (V funnel) [Osawa 95].

22
III.2.2 Mobilité en milieu confiné

Pour caractériser la mobilité en milieu confiné, c’est-à-dire la ségrégation dynamique, aucun


essai de référence n’a encore fait l’unanimité, mais tous ont pour objectif d'évaluer la capacité
du béton à s’écouler dans une zone confinée. Ils peuvent permettre de déceler des problèmes
de blocage (par formation de voûtes des granulats) lors de l’écoulement.

L’essai de la boîte en L (figure 1.8) fait partie de ces essais. La partie verticale du L est
remplie de béton en une seule fois. Après ouverture de la trappe, le béton s’écoule à travers un
ferraillage standard (39 mm entre 3 barres φ14) qui correspond à des ouvrages très ferraillés
mais qui peut être éventuellement allégé (58 mm d’espace libre entre 2 barres) [AFGC 00].

Grille
d’armature Béton Trappe

H1
H2

Figure 1.8 : Essai de la boîte en L (L-box test)

Pour que le BAP soit accepté, le taux de remplissage de la boîte en L (rapport des hauteurs
H2/H1, voir figure 1.8) doit être supérieur à 0,8 [AFGC 00]. Des temps d’écoulement peuvent
aussi être mesurés pour apprécier la viscosité du béton.

Les essais du tube en U, du caisson et de la passoire permettent aussi de caractériser la


ségrégation dynamique et donnent un autre aspect de la capacité de remplissage des BAP
(figure 1.9) [Sedran 95].

23
Figure 1.9 : Essai du tube en U (à gauche) et du caisson (à droite)

III.2.3 Stabilité

L’aptitude d’un BAP à rester homogène une fois coulé est aussi importante que celle durant la
mise en place. L’homogénéité du matériau conditionne en effet ses propriétés à l’état durci
(résistance mécanique, retrait, durabilité, etc.). Le béton doit donc être stable sous l’effet de la
gravité (pas de ségrégation) et présenter une capacité de ressuage limitée.

a. Résistance à la ségrégation

L’essai de stabilité de référence n’existe pas encore mais la résistance à la ségrégation statique
d’un BAP doit impérativement être caractérisée. Différents tests peuvent être utilisés pour
caractériser cette capacité d’un BAP à rester homogène après sa mise en place jusqu’au début
de prise.

Un de ces essais est celui dit de « stabilité au tamis », développé par GTM (figure 1.10)
[AFGC 00], qui consiste à évaluer le pourcentage en masse de laitance (noté PLAITANCE par la
suite) d’un échantillon de béton (4,8 ± 0,2 kg) passant à travers un tamis de 5 mm. Les critères
d’acceptabilité d’une formulation de BAP sont divisés en trois classes :

• 0% < PLAITANCE < 15% : stabilité satisfaisante,

• 15% < PLAITANCE < 30% : stabilité critique (essai de ségrégation à réaliser sur site),

• PLAITANCE > 30% : stabilité très mauvaise (ségrégation systématique, béton


inutilisable).

24
tamis 5 mm béton (4,8 kg)
2 min

fond de laitance
tamis
Figure 1.10 : Essai de stabilité au tamis

D’autres essais comme l’essai à la bille [Sedran 99], qui consiste à mesurer le temps
d’enfoncement d’une bille pesante dans un échantillon de béton, et l’essai à la colonne
LMDC, qui permet de comparer les analyses granulométriques des granulats en fonction de la
hauteur d’une colonne de béton (figure 1.11), sont aussi utilisés.

Figure 1.11 : Essai à la bille (à gauche) et à la colonne (à droite)

b. Ressuage

La capacité de ressuage peut être mesurée par l’essai à l’aéromètre modifié (développé par le
LCPC, figure 1.12) : le volume d’eau libéré par l’échantillon de béton remonte au-dessus du
perchloroéthylène (dont la densité est supérieure à celle de l’eau : 1,59) dans une colonne
graduée où il est facile de l’estimer [AFGC 00]. Ce test semble cependant peu pratique à
utiliser étant donné la nocivité du produit employé.

25
Figure 1.12 : Essai de ressuage à l’aéromètre

III.2.4 Mise en œuvre des BAP

On peut résumer à trois les modes de mise en place des bétons autoplaçants dans des
coffrages.

• Le premier consiste à déverser le béton par le haut du coffrage. Cette technique


traditionnelle, commune aux bétons courants, a plusieurs inconvénients. Tout d’abord,
elle augmente les phénomènes de ségrégation du béton dus à sa chute dans les
coffrages. Ensuite, elle favorise la présence de bulles et de taches sur le parement et
accentue le lessivage de l’agent de décoffrage utilisé. Il convient donc de réduire le plus
possible la hauteur de chute pour améliorer la qualité d’aspect des parements.

• Le deuxième se fait par l’intermédiaire d’un tube plongeur introduit depuis le haut du
coffrage. Cette méthode a pour avantage de limiter les effets de la chute du béton frais
dans les coffrages et est utilisée pour les éléments verticaux de grande hauteur.

• Le troisième correspond à l’injection du béton par le bas de la banche à l’aide d’une


pompe. Ce procédé évite la chute du béton, diminue la présence de bulles sur le
parement et favorise l’auto-nivellement, mais nécessite une adaptation des banches et la
présence d’une pompe (ce qui libère en contrepartie la grue).

Quelle que soit la méthode de mise en œuvre choisie parmi ces trois, la longueur de
cheminement horizontal dans les coffrages doit être réduite pour éviter la ségrégation

26
dynamique du béton. Il est recommandé de limiter cette longueur à un maximum de 10 m
(TC SCC RILEM).

Quant à la pression exercée par les BAP sur les coffrages, les données de la littérature en 2001
semblaient se contredire. Dans un souci de sécurité, la poussée du béton frais en pied de
coffrage était prise égale à la pression hydrostatique. Depuis, les mesures réalisées sur le site
de Guerville dans le cadre du Projet National B@P indiquent que la vitesse de remplissage du
coffrage constitue un paramètre majeur dans l’intensité de la poussée sur les coffrages : une
vitesse rapide amène à une poussée hydrostatique.

D’autre part, des précautions de mise en œuvre des BAP concernent l’étanchéité des coffrages
dont il faut colmater les ouvertures vis-à-vis des pertes éventuelles de laitance (précautions
identiques à celles pratiquées pour les bétons fluides classiques).

Enfin, les cures post-bétonnage des BAP sont essentielles pour limiter l’évaporation, étant
donné la sensibilité de ces derniers au retrait plastique due à leur faible ressuage.

27
IV PROPRIETES DU BETON DURCI

Les particularités de composition des bétons autoplaçants conduisent à étudier les différentes
propriétés mécaniques de ces bétons et plus particulièrement les déformations instantanées et
différées, supposées différentes de celles des bétons vibrés.

IV.1. PROPRIETES MECANIQUES

De nombreux travaux ont montré que les déformations des bétons sont sensibles à la
proportion de granulats qui entre dans leur composition [De Larrard 92, Le Roy 96].

Plus précisément, le béton peut être représenté comme une combinaison de deux phases : la
pâte de ciment durcie, ou matrice, et les granulats, ou inclusions. Les propriétés de ce mélange
(module, retrait, fluage) dépendent alors des caractéristiques élastiques respectives de chaque
phase, de leur proportion, de leur fluage et de leur retrait.

IV.1.1 Résistance mécanique

L’utilisation de fillers dans une formulation de béton génère une accélération de sa résistance
mécanique aux jeunes âges [De Larrard 99, Pera 99]. Les particules fines du filler,
lorsqu’elles sont bien défloculées par les superplastifiants, favorisent l’hydratation du ciment,
principalement par un effet physique, et conduisent à une matrice cimentaire dont la structure
est plus dense. Ces effets ont une influence sensible sur la résistance mécanique jusqu’à 28
jours puis deviennent moins significatifs par la suite.

Différentes données ont été publiées [Gibbs 99, Sonebi 99] sur l’évolution de la résistance
mécanique des BAP contenant des fillers calcaires comparée à celle des bétons vibrés et
soutiennent les affirmations précédentes (voir figure 1.13).
²

Figure 1.13 : Evolution de la résistance mécanique d’un BAP (SCC) et d’un BV (REF) correspondant [Gibbs 99]

28
De plus, certains auteurs [Petersson 01] affirment que cette augmentation de résistance est
d’autant plus marquée pour les BAP que la finesse du filler (exprimée en valeur Blaine) est
grande (figure 1.14). Cet effet tend lui aussi à s’annuler au-delà de 28 jours.

Figure 1.14 : Résistance mécanique d’un béton vibré et de deux BAP (de formulation différente) [Petersson 01]

Le dosage plus ou moins important en adjuvants dans les formulations de BAP peut aussi
avoir une influence sur l’évolution de la résistance mécanique du béton.

Ainsi, l’introduction d’un agent de viscosité peut diminuer sensiblement la résistance


mécanique d’un BAP aux jeunes âges [Felekoglu 03].

De même, certains superplastifiants utilisés pour contrôler la fluidité des formulations ont
pour effets secondaires de retarder le temps de prise et d’augmenter le développement de la
résistance mécanique [Shi 02]. Etant donné la défloculation du liant hydraulique qu’ils
engendrent, leur dosage important dans les BAP conduit à considérer que ceux-ci seront plus
résistants que des bétons vibrés supposés similaires au départ.

IV.1.2 Module d’élasticité (en compression)

Si on se réfère à la formule réglementaire du module (Eij = 11000 fCJ1/3), celui-ci ne dépend


que de la résistance du béton. Ainsi, à résistance égale, un béton autoplaçant aurait donc le
même module qu’un béton vibré.

Or, si ceci est vrai dans certains cas à la précision des mesures près [Persson 01, Pons 03]
(voir figure 1.15), d’autres auteurs indiquent que les modules des BAP sont plus faibles que
ceux des bétons vibrés [AFGC 00, Klug 03].

29
50
module d’élasticité théorique (GPa)
Y=X

45

40
+ 30 %

35

- 30 %
30

25
BAP règles BAEL BV règles BAEL
BAP Eurocode 2 BV Eurocode 2
module expérimental (GPa)
20
20 25 30 35 40 45 50

Figure 1.15 : Comparaison des modules élastiques théoriques de BAP et de bétons vibrés avec leurs valeurs
expérimentales [Pons 2003]

Leur volume de pâte plus élevé peut expliquer ce phénomène. En effet, dans un béton formulé
avec des granulats classiques, le module de la matrice (6000-25000 MPa) est environ de 3 à
15 fois plus faible que celui des granulats Eg (60000 à 100000 MPa).

A partir d’un calcul prenant en compte le volume respectif des différentes phases (pâte,
granulats), les modules résultants peuvent être comparés aux prévisions réglementaires
[De Larrard 92] (figure 1.16 ).

Figure 1.16 : Evaluation du module du béton en fonction de sa résistance, d’après le modèle réglementaire et un
modèle d’homogénéisation [De Larrard 92]

Ainsi, pour des caractéristiques représentatives des bétons courants, à savoir un module Eg de
75000 MPa et une proportion de granulats (g) de 68%, les résultats sont très proches des
valeurs prédites par le BAEL.

30
Par contre, lorsque les proportions granulaires sont plus faibles (57%), ce qui est le cas pour
les BAP, le module calculé est plus faible de 7000 à 9000 MPa que celui prévu par le
règlement, soit une diminution relative de 15 à 30%. Ces écarts deviennent deux fois moins
importants pour une proportion moyenne de granulats (g = 62%) puisque les modules sont
inférieurs aux prévisions du règlement de 7 à 20% [Le Roy 96] (figure 1.17).

Figure 1.17 : Ecart relatif du module des BAP (g = 62%, Eg = 75 GPa) par rapport aux prévisions du BAEL
[Le Roy 96]

IV.1.3 Retrait (état frais, état durci)

Entre la fabrication et le début de prise, le béton ne présente pas de cohésion et se trouve en


phase dite plastique. Pendant cette période, le béton subit une contraction de volume appelée
premier retrait ou retrait plastique. Celui-ci est le résultat de plusieurs phénomènes chimiques
ou physiques qui ont lieu dans un matériau en perpétuelle évolution.

La prise constitue la transition entre le moment où le béton ne présente pas de cohésion et


celui où il commence à devenir résistant. Avant la prise, les déformations libres du béton sont
dues à la gravité, aux réactions d'hydratation et aux échanges thermiques avec le milieu
extérieur.

Juste après le coulage, le béton est un mélange de particules solides, d'eau et d'air en
suspension. Etant donné les différences de masse volumique, les grains de ciment et les
granulats ont tendance à ségréger et contraignent l’eau et les bulles d’air à percoler vers la
surface. Ce phénomène, appelé ressuage, engendre une couche d'eau superficielle et un
tassement de la matrice cimentaire (voir figure 1.18).

31
ressuage de surface
(1 à 2 mm = protection)

ressuage interne (réduction des résistances


mécaniques et détérioration des parements)

ressuage interne (perte d’adhérence au


droit des armatures)

Figure 1.18 : Phénomène de ressuage

Pendant cette période, dite dormante, la réaction d’hydratation commence et un premier


dégagement de chaleur apparaît dès la mise en contact du ciment et de l’eau. Des hydrates
sont produits depuis la périphérie vers le centre des grains de ciment anhydres et leur volume
est inférieur aux réactifs. Cette diminution de volume peut être considérée comme un retrait
chimique. Elle est couramment appelée contraction de Le Chatelier.

A partir du début de prise, le développement de la formation des hydrates constitue un


squelette devenant de plus en plus dense et résistant. La contraction, due à la différence de
volumes entre produits et réactifs, va donc être progressivement restreinte [Barcelo 01].
Cependant, l'eau ne peut compenser entièrement cette diminution de volume et se transforme
alors en vapeur à l’intérieur des pores. Ces pores jouent le rôle d'interface liquide/vapeur et les
tensions capillaires engendrées par ce changement de phase provoquent une compression du
squelette rigide : ceci constitue une réduction de volume supplémentaire. Il s'agit du retrait
d’auto dessiccation.

D’autre part, une composante supplémentaire peut s’ajouter à ce retrait plastique. En effet, si
l’eau superficielle (due au ressuage) s’évapore plus rapidement qu’elle n’est formée, le
dessèchement du béton crée une dépression qui contracte le matériau. On parle alors de retrait
de séchage ou de dessiccation. L’hygrométrie ambiante, la présence de vent ou l’absence de
produit de cure sont des paramètres influents sur la valeur de ce retrait de séchage.

Une fois le retrait plastique (ou premier retrait) observé, une phase de gonflement peut
également être constatée sur des matériaux cimentaires (figure 1.19). Celle-ci a une durée très
variable et encadre la prise (figure 1.20).

32
Figure 1.19 : Courbe type de déformation au jeune âge d’une pâte de ciment [Baron 71]

Figure 1.20 : Phénomènes et périodes de déformation d’une pâte de ciment [Baron 71]

Après la prise, les déformations du béton sont également d'origine hydrique (retrait endogène
dû à l'autodessiccation) ou d'origine thermique (production de chaleur due à l'hydratation et
échange thermique avec l'extérieur). Le retrait que subit alors le béton durci, ou retrait total,
concerne la masse entière des éprouvettes et des ouvrages. Il se décompose en trois formes de
retraits distincts : le retrait thermique, le retrait endogène et celui de dessiccation
[Aïtcin 98 a].

• Le premier est provoqué par le refroidissement du béton suite à son échauffement dû


aux réactions d’hydratation. Deux grandeurs sont à prendre en compte dans ce
phénomène : la quantité totale de chaleur dégagée et la cinétique de production de

33
chaleur. Cette dernière dépend de la composition du liant, du rapport E/L, tandis que la
chaleur totale libérée découle, elle, de la masse de ciment et d’additions.

• Ensuite, apparaît le retrait endogène, dû à l’hydratation du ciment. Cette réaction se


poursuit après la prise et s’accompagne d’une diminution de volume, comme évoqué
ci-dessus. Le retrait endogène, ou d’autodessiccation, est la conséquence
macroscopique de cette contraction d’origine chimique.

• Enfin, le retrait de séchage, ou de dessiccation, est lié au séchage du matériau à partir


de sa surface extérieure. L’eau contenue dans les pores de la pâte de ciment (et retenue
par des forces capillaires d’autant plus grandes que la dimension de ceux-ci diminue)
s’évapore vers le milieu ambiant, dont l’humidité relative est moindre, et crée une
dépression qui contracte l’élément en béton.

D’autre part, le béton peut réagir avec le gaz carbonique contenu dans l’air (en présence
d’humidité) et subir une quatrième forme de retrait appelé retrait de carbonatation
[Neville 00].

En pratique, les échantillons testés en laboratoire pour évaluer les différents retraits du béton
durci sont conditionnés selon deux méthodes différentes. L’une consiste à sceller les
éprouvettes pour éviter tout départ d’eau et permettre ainsi aux réactions d’hydratation de se
poursuivre. Ces échantillons permettront de mesurer le retrait endogène. La deuxième laisse
les éprouvettes libres de tout échange hydrique avec l’extérieur et conduit au retrait total.
Conventionnellement, il est admis de soustraire le retrait endogène au retrait total pour obtenir
le retrait de dessiccation, qui n’est pas une déformation concrètement mesurable.

La synthèse de documents présentée ici ne s’attache qu’aux retraits endogène et de


dessiccation. Ces deux formes de retrait hydrique sont susceptibles de différencier au mieux
les BAP des bétons vibrés étant donné les compositions spécifiques avec lesquelles ils sont
formulés. En effet, la quantité de pâte élevée des BAP les rend susceptibles d’être plus
déformables (rétractables, dans le cas présent) que les bétons vibrés. Cependant, les données
de la littérature dans ce domaine ont tendance à se contredire principalement parce que les
formulations comparées sont bien différentes, que ce soit en terme de rapport eau/ciment
(E/C), ou de squelette granulaire (volume de pâte), etc.

34
a. Retrait plastique

Pour les déformations au jeune âge, autrement dit le retrait plastique, plusieurs travaux se sont
attachés à les expliciter en étudiant notamment les différences potentielles de comportement
entre BAP et béton vibré [Gram 99, Turcry 04]. Les premiers auteurs observent des retraits
plastiques deux à trois plus grands pour les BAP que pour les bétons vibrés (voir figure 1.21).
Pour Turcry (figure 1.22), l’amplitude maximale du retrait plastique des BAP est environ cinq
fois supérieure à celle des bétons vibrés.

Figure 1.21 : Retrait plastique de BAP et de béton vibré de structure (T = 20°C, 50% HR) [Gram 99]

Figure 1.22 : Retrait plastique des formules de BAP et de bétons vibrés dérivés [Turcry 04]

Ces différences semblent pouvoir s’expliquer par deux paramètres de formulation qui
changent d’un type de béton à l’autre : un rapport eau/fines (E/F) plus faible pour les BAP et
un dosage en superplastifiant des BAP plus fort qui retarde leur prise. Par conséquent, pour

35
minimiser ce retrait plastique, il est préférable de choisir une addition dont la demande en eau
est faible afin de limiter le dosage en superplastifiant. Selon ces mêmes données, les fillers
calcaires employés dans certaines proportions n’ont presque pas d’effet sur le retrait plastique.

Ces résultats mettent en évidence l’importance de la protection du séchage des BAP pour des
applications horizontales (produit de cure, etc.) afin de contrôler la fissuration plastique qui
peut en résulter. Celle-ci est souvent peu nuisible en elle-même mais fournit des amorces de
fissures au retrait d’après prise et peut ainsi menacer la durabilité de la structure concernée.

b. Retrait endogène

En ce qui concerne le retrait endogène, les BAP présentent des déformations comparables à
celles des bétons vibrés. En effet, même si certains auteurs [Hu 98] attribuent aux BAP un
retrait endogène inférieur ou égal à celui des bétons vibrés (voir figure 1.23), d’autres
[Pons 03] (figure 1.24) contestent cette tendance et soutiennent l’idée de comportements
différés équivalents pour les deux types de béton.

Figure 1.23 : Comparaison des retraits endogènes d’un béton vibré et de cinq BAP [Hu 98]

L’évolution des réactions d’hydratation, à l’origine du retrait endogène, dépend de la quantité


d’eau disponible dans le béton pour faire réagir les différents réactifs. Par conséquent,
l’amplitude de ce retrait chimique va être directement liée au rapport E/C (autrement dit à la
résistance mécanique). Le retrait endogène d’un béton sera d’autant plus fort que son rapport
E/C sera faible (ou sa résistance en compression élevée). Ce phénomène existe pour tout type
de béton, en particulier les BAP qui ne se distinguent pas des bétons vibrés sur ce point. De

36
plus, pour des bétons à faible rapport E/C, le retrait endogène des BAP est comparable à celui
des bétons vibrés [Pons 03] (figure 1.24).

1200
retrait µm/m

1000

800

600

400

200

temps (jours)
0
0 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000
Retrait endogène BAP3 Retrait total BAP3
Retrait endogène BAP4 Retrait total BAP4
Retrait endogène BV-BHP Retrait total BV-BHP

Figure 1.24 : Retraits endogène et total d’un béton vibré et de deux BAP de résistance 60 MPa [Pons 03]

Persson [Persson 99] montre aussi que les BAP sont sujets à des déformations libres (retraits
endogène et de dessiccation) équivalentes à celles des bétons vibrés pour un grand domaine
de résistance (voir figure 1.25).

Figure 1.25 : Retraits endogènes et de dessiccation (à 180 jours) de divers bétons vibrés (NC) et BAP (SCC) en
fonction de la résistance mécanique à 28 jours [Persson 99]

c.

37
Retrait de dessiccation

Les données de la littérature sur le retrait de dessiccation des BAP sont très contradictoires.

Certains auteurs [Hu 98] trouvent des déformations pour ces bétons plus importantes que
celles mesurées sur des bétons vibrés (voir figure 1.26). Ce retrait apparaît être d’autant plus
faible que le rapport G/S des BAP est élevé.

Figure 1.26 : Comparaison des retraits de dessiccation d’un béton vibré et de cinq BAP [Hu 98]

D’autres auteurs annoncent des retraits équivalents pour les deux types de béton à résistance
mécanique constante [Persson 99, Sakata 98]. D’après ces données, l’ordre de grandeur du
retrait de dessiccation des BAP varie de 550 à 700 µm/m (à 180 jours).

Enfin, d’autres auteurs [Sonebi 99] observent des retraits de séchage des BAP moins
importants (voir figure 1.27) que ceux des bétons vibrés auxquels ils sont comparés (quantité
de ciment et rapport E/C équivalents, volume de pâte différent). Le phénomène est attribué à
l’effet du volume de pâte et au rapport E/L car, d’après [Neville 00], augmenter le volume de
pâte pour une même quantité d’eau et diminuer le rapport E/L conduit à diminuer le retrait de
séchage.

38
Figure 1.27 : Retrait de séchage de deux BAP et du béton vibré correspondant [Sonebi 99]

Comme expliqué précédemment, le retrait de dessiccation provient de l’évaporation de l’eau


contenue dans les pores du béton vers le milieu extérieur. Le dessèchement est d’autant plus
fort que la quantité d’eau initiale dans le matériau est grande et les tensions créées par cette
perte en eau s’amplifient également. Contrairement au retrait endogène, le retrait de
dessiccation décroît donc avec la diminution du rapport E/C et les BAP ne font pas exception
à cette règle (voir figure 1.28).

Figure 1.28 : Retrait de dessiccation des BAP (SCC) et des bétons traditionnels de même rapport E/C [Sakata 98]

Enfin, étant donné sa présence fréquente dans les BAP, il est intéressant de connaître l’effet
du filler calcaire sur le retrait de ces bétons. D’après Van [Van 99], le filler calcaire peut avoir
un effet positif en limitant le retrait de séchage des BAP, s’il est utilisé avec une finesse et une
proportion adéquates. Cependant, la prépondérance de cet effet n’est pas toujours affirmée
[Hasni 99].

39
IV.1.4 Déformations sous charge (fluage)

Les déformations différées d’un ouvrage en béton comportent des déformations libres (retrait
endogène, retrait de dessiccation) et des déformations dues aux diverses charges appliquées.

Les déformations du béton soumis à l'action d'une charge instantanée (charge inférieure à 30 à
50% de la charge de rupture) conduisent à des contraintes réversibles qui suivent la loi de
Hooke : σ = E . ε

avec σ la contrainte appliquée, E le module d'élasticité, ε la déformation.

Lorsque la charge est appliquée pendant un certain temps, la "viscosité" du béton intervient et
la déformation résultante augmente graduellement avec le temps. Il y a fluage du béton qui se
comporte alors comme un corps élasto-visco-plastique. Les déformations de fluage ne sont
pas des grandeurs directement mesurables et nécessitent la connaissance des déformations
sous charge et de retrait pour être déterminées (voir figure 1.29).

déformation

εi(τd) - recouvrance instantanée

εr(t-τd) - retrait
εrecd (t-τd)
recouvrance différée
εsc (t)
fluage déformation
sous charge
εres (t)
déformation résiduelle
εi(τc)
εi(τc)

retrait
temps
τc t τd

Figure 1.29 : Décomposition conventionnelle des déformations différées

L’intensité de ces déformations est influencée par différents paramètres. Certains facteurs sont
relatifs aux propriétés intrinsèques du béton (constituants), d’autres viennent des conditions
extérieures. Le composant d’un tel matériau hétérogène qui subit le fluage est bien entendu la
pâte de ciment. Le dosage en eau d’une formulation de béton est donc un paramètre
important. Plus celui-ci sera élevé, plus le fluage sera important. Les granulats ont quant à eux
pour rôle de gêner les déformations. Cette limitation dépend de la nature, de la taille et de la
répartition des granulats mais elle est d’autant plus forte que leur module d’élasticité est grand
[Neville 00].

40
D’autres facteurs ont une grande influence sur le fluage du béton. Le premier concerne le
temps de chargement : les déformations sous charge constante sont rapides pendant les
premières heures puis suivent une loi en logarithme du temps par la suite. Un deuxième
facteur important est l’humidité relative de l’air ambiant dans lequel est conservé le béton.
Pour un béton donné, plus l’humidité relative est basse, plus le fluage est important
[Neville 00] (figure 1.30).

Figure 1.30 : Fluage de bétons chargés à 28 jours et conservés à différents degrés d’humidité relative
[Neville 00]

Enfin, la température, le taux de chargement (déformations proportionnelles à la charge


appliquée), l'âge du béton au moment du chargement et la résistance du béton influent sur
l’intensité du fluage. Ainsi, l’intensité du fluage varie de manière inverse à l’âge de son
chargement, elle diminue avec l’augmentation de la résistance du béton au moment de la mise
en charge et elle augmente avec le rapport surface/volume de l’élément étudié.

Au lancement de notre étude (2001), les auteurs ayant publié des résultats relatifs au fluage
des BAP étaient rares. Ainsi, en 2000, le groupe AFGC « Bétons Autoplaçants » considère
que les données au sujet du fluage des BAP sont trop peu nombreuses pour être en mesure de
proposer des recommandations. Depuis, plusieurs travaux complets sur ces comportements
différés ont été réalisés [Proust 02] et ont permis de disposer de nouveaux résultats
substantiels.

Au premier abord, le fluage étant directement lié à la déformabilité de la matrice cimentaire,


les volumes de pâte des BAP, généralement supérieurs à ceux des bétons vibrés, doivent
conduire à des déformations plus importantes.

41
En première approximation et à résistance égale, l’effet sera potentiellement équivalent à celui
obtenu sur le module instantané, ce dernier étant communément admis comme indicateur du
fluage et retenu dans les modèles de fluage comme principal paramètre [BAEL 91,
CEB-FIP 90].

D'après les résultats présentés par Proust [Proust 02], les comportements des bétons
autoplaçants peuvent différer d'une formulation à l'autre (voir figure 1.31). Globalement, les
BAP subissent des déformations sous charge équivalentes ou légèrement supérieures à celles
des bétons vibrés correspondants. Les vitesses de développement des déformations diffèrent
peu d’un type de béton à l’autre. Ainsi, l'augmentation des déformations différées attendue en
raison du volume de pâte plus important, ne semble pas avérée. D’après ces données, quel que
soit le mode de conservation, les BAP possèdent des comportements différés sous charge
semblables à ceux des bétons vibrés.

200
déformation (µm/m/MPa)

150

100

50
déformation propre BAP3 déformation totale BAP3
déformation propre BAP4 déformation totale BAP4
déformation propre BHP déformation totale BHP
temps (jours)
0
0 50 100 150 200 250 300

Figure 1.31 : Déformations sous charge unitaire pour des bétons de résistance supérieure à 40 MPa [Proust 02]

Cette concordance des comportements différés sous charge est confirmée par d'autres auteurs
[Mortsell 01, Vieira 03]. De plus, selon certains [Persson 00], le manque de différence
significative entre le fluage des BAP et celui des bétons vibrés est valable pour une gamme de
résistances étendue (figure 1.32).

42
Figure 1.32 : Coefficients de fluage à 180 jours en fonction de la résistance mécanique [Persson 00]

Ces différents résultats concernent des formulations de BAP proches de celles des bétons
vibrés, notamment avec des quantités de ciment équivalentes et des rapports E/C voisins.
L'influence du volume de pâte sur les déformations sous charge des bétons n'est pas
réellement confirmée. Cette éventualité n'est pas exclue mais les comportements différés des
BAP paraissent comparables à ceux des bétons vibrés. L'explication de cette observation n'est
pas pour le moins évidente et appelle encore à quelques interrogations quant aux phénomènes
impliqués dans le fluage du béton. Des études récentes [Acker 03] ont toutefois proposé
certains mécanismes qui expliquent convenablement ce phénomène.

IV.2. PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES ET DURABILITE

La plupart des processus de détérioration touchant les structures en béton, impliquent les
transferts de matière (en particulier d'agents agressifs) à l'intérieur d’un matériau poreux
comme le béton. Il est couramment prétendu que meilleure est la résistance d’un béton à ces
transferts, plus durable sera celui-ci. Les propriétés de transfert du béton sont donc utilisées
progressivement comme critère de sa durabilité. La pénétration de gaz, d’eau ou d’autres
fluides dans le béton s’effectue par l’intermédiaire des pores de la matrice cimentaire et des
interfaces pâte - granulats. Les trois principaux mécanismes des transferts de fluides à
l'intérieur du béton sont la perméation, la diffusion et l’absorption. La perméation concerne le
transfert de matière dû à un gradient de pression. La diffusion est le mécanisme par lequel un
fluide se déplace sous l’action d’un gradient de concentration et l’absorption est le résultat de
différence de tension de surface dans les capillaires.

43
La durabilité en général est relative aux paramètres de composition en terme de compacité et
de nature chimique du liant (et de la minéralogie des granulats pour l’alcali-réaction). Les
règles applicables pour les bétons courants restent donc normalement applicables aux BAP
(norme XP 18-305 maintenant NF EN 206-1, ou fascicule 65A du CCTG).

Là encore, la durabilité est une propriété qui a été relativement peu étudiée pour les BAP
jusqu’à présent. Les données de la littérature dans ce domaine concernent la microstructure
des bétons autoplaçants, la perméabilité (aux gaz), la migration des ions chlore, l’absorption
d’eau, la carbonatation et leur résistance au gel - dégel.

Les caractéristiques microstructurales des BAP sont principalement influencées par :

• un volume de pâte élevé,

• la présence d’additions en quantité importante,

• un réseau de bulles d’air plus ou moins dense.

L’influence des additions sur la matrice cimentaire dépend de la taille des particules, de leurs
compositions chimiques et minéralogiques. Les plus fines d’entre elles permettent d’accroître
la compacité du squelette granulaire et aussi de diminuer l’épaisseur et la porosité des
auréoles de transition (interfaces pâte – granulats, zone plus poreuse avec des pores plus gros
[Ballivy 99]).

En ce qui concerne la densité du réseau de bulles d’air, celle-ci dépend de l’utilisation ou non
d’un entraîneur d’air spécifique mais également de l’effet entraîneur d’air du superplastifiant
et/ou de l’agent de viscosité utilisés. La durée de malaxage est également un facteur
important : un malaxage prolongé peut multiplier par deux le volume d’air occlus.

IV.2.1 Perméabilité aux gaz

a. Généralités

Les transferts de matière à travers le béton sont de même nature que ceux relatifs à d’autres
milieux poreux et peuvent être étudiés à l’aide de différents fluides. Dans le cas de la
perméabilité, les principaux fluides sont l’eau et le gaz. Cependant, étant donné les
interactions possibles entre la matrice cimentaire et l’eau, le passage d’un fluide inerte à
l’intérieur du béton semble préférable. Par conséquent, les méthodes et résultats de mesure
choisis et rapportés ici sont ceux de la perméabilité aux gaz et plus particulièrement à
l’oxygène.

44
Plusieurs paramètres entrant en jeu lors de l'écoulement d'un gaz à travers un milieu poreux
ont une influence sur la perméabilité.

Ainsi, la teneur en eau du béton a un effet marqué sur la majorité de ses propriétés dont la
perméabilité aux gaz, qui est très affectée par la quantité d'eau interstitielle. Dans un matériau
poreux, le solide et l’eau se comportent plus ou moins de la même manière, c’est à dire en
bloquant l'écoulement du gaz. Les échantillons sont donc presque imperméables aux gaz
quelle que soit leur porosité. Il faut alors drainer l'eau interne, partiellement ou entièrement,
avant qu’une mesure de perméabilité aux gaz ne puisse être réalisée. D’autre part, plus le
rapport E/C est grand, plus la perméabilité est forte et moindre est l’influence d’une variation
du taux de saturation sur la perméabilité. L’influence du taux de saturation sur la perméabilité
décroît donc avec l’augmentation du rapport E/C.

Le deuxième facteur qui influe sur la perméabilité est la pression d’essai. Celle-ci est
inversement proportionnelle au libre parcours moyen. Lorsque celui-ci est bien plus petit que
la dimension des pores, l’écoulement est laminaire ou turbulent. En revanche, quand le libre
parcours moyen est proche du diamètre des pores, l’écoulement est alors moléculaire.

Mais la perméabilité peut aussi dépendre des caractéristiques propres au matériau, notamment
de sa microstructure. En effet, le béton possède une gamme très étendue de taille de pores
(voir figure 1.33).

Figure 1.33 : Distribution de la taille des pores de pâtes de ciment à divers E/C [Verbeck 68]

Si l’on observe le réseau poreux vis-à-vis de la perméation et du transport de matière,


l’ensemble des pores peut être classé en trois groupes (voir figure 1.34) :

45
• pores interconnectés ou pores communicants (forment la porosité dite ouverte), qui
permettent un passage continu à travers le réseau poreux et sont disponibles pour
l’écoulement des fluides,

• pores non interconnectés ou isolés (forment la porosité fermée), sans liaison avec le
milieu extérieur,

• pores aveugles ou bras morts, accessibles par une extrémité uniquement. Bien
qu’accessibles de l’extérieur, ils ne peuvent pas contribuer au transport par perméation.

Bras morts Pores


Noeud Pore isolé
ou aveugles communicants

Solide

Figure 1.34 : Représentation schématique d’un solide poreux

La dimension des pores dans le béton est directement liée au rapport E/C de la formulation
étudiée. En effet, lorsque le rapport E/C augmente, la porosité devient plus grande et la
structure poreuse plus grossière. Les transferts de matières de l’extérieur vers l’intérieur du
béton sont alors facilités et la perméabilité du matériau s’amplifie [Perraton 99]. L’importance
du rapport E/C sur cette propriété de transfert est à prendre en compte avec une attention toute
particulière.

Enfin, le béton est un matériau hétérogène dont les constituants (granulats, pâte de ciment) ont
des perméabilités différentes ainsi que la zone qui se forme entre eux, appelée auréole de
transition. Celle-ci est plus perméable que le reste de la matrice cimentaire mais son influence
sur la perméabilité d’un béton dépend surtout du degré d’interconnexion de ces zones
d’interface.

La mesure de la perméabilité aux gaz permet donc de quantifier la mobilité d’un fluide à
travers un béton dans sa globalité. Cependant, le béton est un matériau dont les propriétés
évoluent dans le temps et pour lequel la dessiccation a pour effet de modifier le réseau poreux.

46
Malgré tous ces éléments à prendre en considération, la perméabilité est une propriété de
transfert qui caractérise la durabilité du béton et qui peut être recherchée en tant qu’indicateur
de cette dernière. Ainsi, l’utilisation de la mesure de la perméabilité est largement répandue
pour caractériser la durabilité du béton.

b. Etudes relatives aux BAP

Les spécificités de composition des BAP ne semblent pas permettre de tirer un premier
commentaire quant à une perméabilité différente de celle des bétons vibrés. Le volume de
pâte plus important peut a priori être un handicap pour ces bétons mais l'utilisation d'addition
minérale est susceptible d’améliorer cette propriété : la densification de la matrice cimentaire
qu'elle engendre peut éventuellement diminuer la perméabilité du béton.

Certaines études publiées [Trägårdh 99] ont en effet montré que les additions minérales telles
que le filler calcaire, donnent aux BAP une microstructure plus dense que les bétons vibrés de
même rapport E/C. La porosité de ces BAP, en particulier celle de l'auréole de transition, est
significativement plus faible que celle des bétons vibrés. D’après ces données, il résulte de ces
observations une amélioration des propriétés de transfert mesurées, comme la perméabilité
aux gaz par exemple, et une meilleure durabilité des ces bétons.

D’autres résultats [Zhu 01, De Schutter 03] relatifs à la durabilité des BAP montrent que leur
perméabilité à l’oxygène est moindre que celle des bétons vibrés (voir figure 1.35). Les
compositions étudiées ont des caractéristiques très proches (quantité de ciment, rapport E/C)
et il ressort de ces observations que la diminution de la perméabilité est principalement due à
l’utilisation d’additions minérales dans les BAP. L’influence d’autres paramètres distinguant
les BAP des bétons vibrés n’a pas clairement été élucidée. Le volume de pâte, par exemple,
n’entre pas dans les éléments de comparaison de la perméabilité de deux types de béton.

47
Figure 1.35 : Coefficient de perméabilité à l’oxygène de trois BAP (SCC) et deux bétons vibrés correspondants
[Zhu 01]

IV.2.2 Diffusion des ions chlore

a. Généralités

La diffusion est le résultat d'un transfert de matière, à travers le béton, dû à un gradient de


concentration (diffusion moléculaire). Les mouvements de fluides, liquides ou gaz, qui en
découlent sont très influencés par le taux de saturation du matériau. Comme pour la
perméabilité, l'eau contenue dans les pores ralentit la diffusion des gaz de manière
significative. Cette solution interstitielle véhicule également des ions, dont certains sont de
nature agressive comme les chlorures et les sulfates. De plus, des interactions chimiques
peuvent avoir lieu avec la pâte de ciment à l'intérieur des pores : à la diffusion moléculaire
vient se joindre la diffusion ionique. Celle-ci est plus présente lorsque le matériau est saturé et
joue un rôle important dans l’attaque du béton par ces agents agressifs. La diffusion varie elle
aussi avec le rapport E/C mais l’influence de ce dernier sur la diffusion est bien moindre que
sur la perméabilité.

L’agent agressif extérieur dont la diffusion à travers le béton est particulièrement intéressante
est celle des ions chlore qui peuvent provenir de diverses sources extérieures (sels fondants,
eau de mer, nappe phréatique, eaux industrielles) et pénétrer dans le béton par diffusion (et/ou
absorption). Lorsque ceux-ci se retrouvent en quantité suffisante (concentration minimale)
dans l’eau interstitielle du béton ils engendrent une diminution du pH. Au voisinage des
armatures en acier, cette diminution de pH détruit progressivement la couche protectrice
(basique) des armatures. Il y a dépassivation de l’acier et le phénomène de corrosion peut

48
alors commencer. Dans ce cas de figure, la durabilité du béton armé dépend fortement de la
résistance du béton à la pénétration de ces agents agressifs (même s’ils ne dégradent
pratiquement pas le béton lui-même).

b. Etudes relatives aux BAP

Les différentes comparaisons publiées sur la diffusion des ions chlore entre les BAP et les
bétons ne permettent pas d’en déduire une tendance générale.

Certains auteurs [Tang 99] ont évalué le comportement de bétons autoplaçants et de bétons
vibrés soumis à un essai de migration des ions chlore sous un champ électrique. Malgré un
rapport E/C plus faible (0,4 contre 0,5 pour le béton vibré), le BAP s’est avéré moins résistant
à la migration des ions chlore. Les coefficients de diffusion du BAP, calculés à partir de ces
essais, sont 2 à 3 fois supérieurs à ceux du béton vibré (31 à 56.10-12 m²/s au lieu de 15 à
18.10-12 m²/s, voir figure 1.36). Selon ces auteurs, ces faibles performances pourraient être
attribuées à une mauvaise dispersion de l’addition calcaire.

Figure 1.36 : Comparaison des coefficients de diffusion des ions chlore entre BAP et bétons vibrés [Tang 99]

D’autres auteurs observent expérimentalement que les BAP possèdent des coefficients de
diffusion des ions chlore équivalents [Rougeau 99], sinon meilleurs que les bétons vibrés.

D’après Zhu [Zhu 01], la résistance à la pénétration des ions chlore est très influencée par le
type d’addition minérale employé dans le béton. Les bétons formulés avec (BAP SCC1) ou
sans filler calcaire (BAP SCC3 et béton vibré REF1) présentent des coefficients de migration
des ions chlore similaires, avec une valeur légèrement plus faible pour celui formulé avec un

49
filler calcaire (figure 1.37). Ces auteurs indiquent également que l'emploi de cendres volantes
diminue considérablement le coefficient de migration de ces bétons.

Figure 1.37 : Coefficient de migration des ions chlore de trois BAP (SCC) et de deux bétons vibrés
correspondants [Zhu 01]

Toutefois, les résultats indiquant des comportements équivalents des BAP et des bétons vibrés
vis-à-vis du mécanisme de diffusion sont les plus courants [Mortsell 01, Attiogbe 02,
Audenaert 03 b (figure 1.38), Trägårdh 03].

Figure 1.38 : Coefficients de diffusion de BAP (SCC) et de bétons vibrés (TC) [Audenaert 03 b]

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de la figure 1.38 en prenant le BAP SCC1 comme
référence. La quantité de ciment est moins importante dans le BAP SCC3 ce qui engendre une
augmentation du rapport E/C et conduit à une structure poreuse plus grossière. Ainsi, le
coefficient de diffusion est diminué quel que soit l'âge de l’essai. Dans le BAP SCC4, la
quantité de ciment plus importante a conduit cette fois-ci à un coefficient de diffusion plus

50
faible que le BAP SCC1. Ceci prouve bien l’influence importance du rapport E/C sur le
coefficient de diffusion des bétons.

En ce qui concerne la comparaison BAP - béton vibré, ces résultats montrent que le béton
vibré (TC) possède un coefficient de diffusion équivalent à celui du BAP pris comme
référence. Enfin, le BAP formulé avec des cendres volantes (SCC6) dispose d’un coefficient
de diffusion très faible en raison de sa structure poreuse très dense.

Sur la figure 1.39 [Trägårdh 99], le coefficient de diffusion des ions chlore est porté en
fonction du rapport E/C, pour des bétons vibrés. Le BAP, formulé avec le même type de
ciment et les mêmes granulats, est comparé à cette courbe. A la valeur de son coefficient de
diffusion correspond un rapport E/C d'environ 0,36 alors que celui-ci a été formulé avec un
rapport E/C de 0,4. Ce BAP résiste donc aussi bien, sinon mieux, à la pénétration des ions
chlore qu’un béton vibré correspondant.

Figure 1.39 : Coefficient de diffusion des ions chlore de bétons vibrés en fonction du rapport E/C [Trägårdh 99]

Ces meilleures performances sont, là encore, expliquées par la densification du réseau poreux
du BAP, en raison de la présence d’une quantité importante de filler dans sa formulation.

Comme pour la perméabilité, toutes ces données s’attachent à étudier en grande partie
l’influence des additions minérales dans les BAP sur leurs propriétés de diffusion. Là encore,
d’autres spécificités des BAP (volume de pâte et dosage en superplastifiant importants) ne
semblent pas être prises en considération pour établir ces comparaisons avec les bétons vibrés.

51
IV.2.3 Absorption capillaire

a. Généralités

Le transfert de liquides dans un matériau poreux dû à des tensions de surface dans les
capillaires est appelé l’absorption d’eau. Ce mécanisme de transfert n’est pas seulement lié à
la structure poreuse mais aussi à l’humidité relative du béton. L’absorption d’eau à l’intérieur
du béton sec est connue pour dépendre de deux paramètres majeurs à savoir la porosité
effective du béton et la vitesse d’absorption par remontée capillaire (absorptivité). Etant
donné que le remplissage des capillaires et des vides ont lieu en même temps que la montée
de l’eau durant l’absorption, seule une combinaison de phénomènes est mesurable et donne
une idée de l’absorption d’eau d’un béton.

En pratique, l’absorption se mesure en faisant sécher une éprouvette de béton, à masse


constante, puis en l’immergeant dans l’eau et en mesurant l’augmentation de sa masse
(exprimée en % de la masse sèche, voir tableau 1.1). Une autre méthode pour évaluer
l’absorption d’eau consiste à mesurer le taux d’absorption d’eau par succion capillaire à
l’intérieur d’une éprouvette de béton. Cet essai permet d’exprimer la vitesse d’absorption par
remontée capillaire.

L’équation qui régit le mécanisme de l’absorption d’eau est la suivante :

i = (C +) S t1/2 Équation 1.3

avec i le terme concernant la quantité d'eau absorbée (kg/m²), S l’absorptivité (kg/m².s1/2) et t


le temps écoulé (s). C est l’éventuelle valeur initiale observée par certains chercheurs.

L’absorptivité est influencée en premier lieu par le rapport E/C. D’autre part, plus le taux
d’humidité du béton est élevé, plus la valeur mesurée d’absorptivité est faible. Ceci entraîne la
nécessité d’un conditionnement préalable des échantillons à tester. L’évaluation du
comportement des bétons face à ce troisième mécanisme de transfert permet de compléter et
d’approfondir l’analyse des propriétés caractéristiques de leur durabilité.

b. Etudes relatives aux BAP

Comme pour les propriétés de transfert déjà mentionnées (perméabilité et diffusion), la


formulation particulière des BAP (volume de pâte plus important, additions minérales)
pourrait les entraîner à posséder une absorption d’eau différente de celles des bétons vibrés.

52
Le tableau suivant [Boel 02] dément cette hypothèse. En effet, l’absorption par immersion et
par capillarité des BAP est analogue à celle des bétons vibrés correspondants (SCC1 et TC1).
Ces deux grandeurs augmentent avec le rapport E/C (SCC4 a un rapport E/C de 0,36 et
SCC2-SCC7 de 0,55) par suite de l’augmentation du nombre de pores et de leur taille.
L’influence du filler calcaire est bénéfique pour l’absorption capillaire et néanmoins néfaste
pour l’absorption par immersion (SCC5 et SCC7).

Tableau 1.1 : Absorption d’eau par immersion et par capillarité de sept BAP (SCC) et d’un béton vibré (TC)
[Boel 02]

Cependant, d’autres résultats [Zhu 01] démontrent que l’absorption capillaire des BAP est
inférieure à celle des bétons vibrés (figure 1.40) et elle est d’autant plus faible qu’ils
contiennent des fillers calcaires ou des cendres volantes.

Figure 1.40 : Résultats d’absorption d’eau par capillarité de trois BAP (SCC) et deux bétons vibrés (REF)
[Zhu 01]

53
IV.2.4 Carbonatation

a. Généralités

Bien que généralement supposé inerte vis-à-vis du béton, l'air ambiant contient du dioxyde de
carbone qui peut réagir avec le ciment hydraté. Lorsque le dioxyde de carbone diffuse à
l'intérieur du béton, en présence d’eau, il réagit en premier lieu avec la portlandite (ou chaux
hydratée, Ca(OH)2) pour former du carbonate de calcium (ou calcite, CaCO3) selon la réaction
suivante :

Ca(OH)2 + CO2 + H2O Æ CaCO3 + 2H2O Équation 1.4

L’un des effets de cette réaction est le retrait de carbonatation [Aïtcin 98 b, Neville 00]. En ce
qui concerne la durabilité, l’importance de la carbonatation réside dans le fait que, par suite de
ces transformations, le pH de la solution interstitielle diminue et devient inférieur à dix. Si ce
front de carbonatation progresse jusqu'à la surface des armatures, la couche protectrice de
passivation des aciers (nécessitant un pH élevé) est dissoute et la corrosion des armatures peut
se produire, à condition que l’oxygène et l’humidité nécessaires soient présents. Le dioxyde
de carbone (l’acide carbonique, en fait) réagit aussi avec les autres hydrates tels que les
aluminates et les silicates de calcium hydratés (C-S-H). Autrement dit, les principaux
constituants du ciment sont sujets à la carbonatation (figure 1.41).

p[(CO32-)/(OH-)2]
Le point (a) représente la portlandite Ca(OH)2
dans un milieu exempt de CO2. Lorsque le CO2
-10 PCO2 (pur) = 105 Pa pénètre dans le béton, il se dissout dans la
phase liquide interstitielle et réagit avec la
PCO2 (atm) = 30 Pa
portlandite : on se déplace sur la ligne (ab)
-5
d SH / C-S-H jusqu'à atteindre le point (b) qui correspond à la
précipitation de carbonate de calcium CaCO3.
c On reste sur ce point tant que toute la
CaCO3
0 portlandite n'a pas réagi. Ensuite, le gaz
carbonique dissout peut réagir avec les gels de
b C-S-H suivant la ligne (bc) avec précipitation
5 au point (c) de silice hydratée SiO2.H2O. Quand
tout le C-S-H est consommé, on se déplace
Ca(OH)2
alors sur la ligne (cd) jusqu'à atteindre la
a concentration en gaz carbonique correspondant
15 10 5 p[(Ca2+)(OH-)2] à la pression partielle à l'équilibre.

Figure 1.41 : Diagramme des équilibres thermodynamiques à 20°C des phases hydratées du ciment avec le CO2
[Chaussadent 96]

54
Les produits de la carbonatation interagissent sur la structure poreuse, la perméabilité du
béton et la réactivité chimique de la pâte de ciment. Parmi ces effets positifs ou négatifs, il y a
premièrement la réduction de porosité du béton carbonaté puisque le CaCO3 formé (volume
molaire 37 cm3.mol-1) occupe un volume plus important que le Ca(OH)2 qu’il remplace
(33 cm3.mol-1) [AFPC 97]. De plus, l’eau libérée par la réaction (voir équation 1.4) peut
participer à l’hydratation du ciment anhydre. Ces deux phénomènes ont pour conséquence une
diminution de la perméabilité et une augmentation de la résistance de surface. En revanche, la
résistance aux ions agressifs est affectée par la carbonatation de façon négative. Les ions
chlore chimiquement combinés et physiquement adsorbés sont libérés pendant la progression
de la réaction de carbonatation et leur concentration dans la solution interstitielle se retrouve
augmentée. Cette interaction entre carbonatation et dégradation du béton par les chlorures est
la cause possible de nombreux problèmes de dégradation par corrosion d’ouvrages en béton
armé.

La carbonatation se développe depuis la face extérieure vers le cœur de l'élément en béton. Le


dioxyde de carbone diffuse donc à travers le réseau poreux mais également à travers la zone
de béton déjà carbonatée. La vitesse de carbonatation est contrôlée par la pénétration par
diffusion du dioxyde de carbone dans le réseau poreux. Cette vitesse de diffusion dépend du
taux d’humidité du matériau : trop faible, le CO2 reste à l’état gazeux et ne réagit pas avec la
pâte de ciment hydraté ; trop fort, les pores saturés en eau empêchent la progression du
dioxyde de carbone (diffusion quatre fois plus lente que dans l’air [Neville 00]).

Il est communément admis que le front de carbonatation progresse une fois que tous les
matériaux susceptibles d’être carbonatés ont été transformés. Par conséquent, la vitesse de
carbonatation est régie par les mécanismes de diffusion et le coefficient de diffusion du
dioxyde de carbone dans le béton carbonaté est la caractéristique essentielle de ce transfert.
En considérant que ce coefficient dans la couche carbonatée est constant, la profondeur de
carbonatation peut-être exprimée à partir de la première loi de Fick relative à la diffusion,
appliquée à un milieu poreux (flux d’une espèce ionique fonction du produit du coefficient de
diffusion de cette espèce et de la dérivée partielle de sa concentration selon la position). Cette
relation est la suivante :

x = K t1/2 Équation 1.5

avec x la profondeur de carbonatation (mm) au temps t, t le temps d’essai (jour, par exemple)
et K une constante dépendant de la résistance à la diffusion du béton (mm/jour1/2).

55
Parmi les facteurs influençant la carbonatation et sa vitesse de propagation, certains sont
d’ordre intrinsèque au béton et d’autres relatifs aux conditions environnementales. Citons par
ordre d’importance, le rapport E/C (lié à la microstructure et au réseau poreux), la teneur en
CO2, le taux d’humidité et la température.

b. Etudes relatives aux BAP

Les premiers résultats faisant état d’une comparaison entre BAP et bétons vibrés indiquent
qu’il semble ne pas y avoir de différence notable entre leurs cinétiques de carbonatation
(figure 1.42) [Sakata 98].

Figure 1.42 : Profondeur de carbonatation des BAP (SCC) et des bétons vibrés de même rapport E/C [Sakata 98]

D’autres résultats [Audenaert 03 a] conduisent à des conclusions similaires (tableau 1.2).


L’augmentation de la quantité de ciment, qui implique un rapport E/C plus faible et une
résistance mécanique plus élevée, conduit à une profondeur de carbonatation plus faible
(SCC4, SCC5 et SCC6 contiennent respectivement 300, 400 et 450 kg/m3 de ciment).
L’addition de filler n’a pas une influence claire sur la profondeur de carbonatation (SCC1 et
SCC7 possèdent des quantités identiques de ciment et de filler, mais ce dernier est de type
différent). Enfin, toutes compositions confondues, les BAP ont un comportement identique à
celui des bétons vibrés.

56
Tableau 1.2 : Valeurs expérimentales du coefficient K, en mm.an1/2, pour deux expositions différentes (voir
équation 1.5) [Audenaert 03 a]

Cependant, d’après Rougeau [Rougeau 99], pour des bétons à hautes performances, la
profondeur de carbonatation des BAP est légèrement supérieure à celle des bétons vibrés
(tableau 1.3). Toutefois, les résultats indiquent que la porosité plus importante des BAP
(12,9% et 11,4% pour les BAP3 et BAP5 contre 9,9% pour le béton vibré HPC) n’affecte pas
considérablement leur résistance à la carbonatation.

Tableau 1.3 : Profondeurs de carbonatation de deux BAP et d’un béton vibré à hautes performances (t0=28 jours)
[Rougeau 99]

IV.2.5 Lessivage

a. Généralités

Dans certaines conditions d’utilisation (stockage de déchets par exemple), les matériaux
cimentaires sont potentiellement soumis à l’impact de substances chimiques agressives dont
le vecteur est l’eau. La solution interstitielle du béton a un pH fortement basique (entre 12,5 et
13,5) et se trouve en déséquilibre chimique avec le milieu aqueux extérieur éventuel (eau
issue du milieu géologique, pH neutre ou légèrement acide). Les gradients de concentration de

57
telles solutions agressives avec celle de la solution contenue dans les pores du béton
entraînent la diffusion de différentes espèces chimiques et des réactions chimiques
(précipitation, dissolution).

Dans le cas de solutions aqueuses pures ou acides, la dégradation des matériaux cimentaires
se caractérise par le passage total en solution de la portlandite et par la décalcification
progressive des C-S-H, et, en d’autres proportions, de l’ettringite et du monosulfoaluminate.
Cette dégradation est due à l’effet combiné de la diffusion et de réactions de
dissolution/précipitation. Sa cinétique est donc régie par le phénomène le plus lent, à savoir la
diffusion.

En considérant un processus diffusionnel unidirectionnel dans un milieu semi infini (voir


figure 1.43), l’équation de lixiviation peut être obtenue par la résolution de la deuxième loi de
Fick :

tDi , j
Qi (t ) = − 2S (Ci ,1 − Ci ,0 )φ j Équation 1.6
π

avec Qi le flux (mol/s) de l’espèce i diffusant dans la solution agressive pendant un temps t
(s), S la surface de diffusion (m²), Ci,1 la concentration de l’espèce i dans le matériau poreux
(mol/m3), Ci,0 la concentration de l’espèce i dans la solution agressive (mol/m3), φj la porosité
du matériau j (%) et Di,j le coefficient de diffusion de l’espèce i dans le matériau j (m²/s).

Ci,1
Ci(x,t)
Ci,0

Matériau sain Matériau dégradé poreux Solution agressive


contenant la solution agressive
Figure 1.43 : Profil de concentration d’une espèce ionique diffusant du matériau sain vers la solution agressive

L’équation 1.6 prouve que la dégradation est fonction de la racine carrée du temps. Cette
relation traduit également le fait que pour un matériau donné et une surface de diffusion (soit
Di,j et φj constants), le potentiel agressif d’une solution par une autre est estimable à partir de
la différence de concentration de l’espèce i diffusante.

D’autre part, pour des matériaux différents soumis à la même solution agressive, la différence
éventuelle de cinétique de dégradation sera liée à la différence de porosité et du coefficient de
diffusivité de l’espèce i considérée.

58
La lixiviation simple due à l’action dégradante de l’eau déminéralisée seule sur un matériau
immergé est prise comme référence. Cependant, la lente cinétique de dégradation de cette
réaction pose un problème de durée d’essai. Pour obtenir une attaque plus rapide, sans pour
autant modifier la nature et la hiérarchie des phénomènes à l’origine de la dégradation des
hydrates (ni former des phases expansives qui altéreraient la matrice cimentaire), plusieurs
solutions d'attaque de remplacement ont donc été envisagées. Le nitrate d'ammonium a été
retenu [Carde 97 a] et utilisé pour accélérer les phénomènes de dégradation (cinétique
d’attaque multipliée par 100 par rapport à la lixiviation simple). Ce composé soluble permet
d'obtenir une épaisseur dégradée importante et relativement constante par rapport à
l'hétérogénéité du matériau dans des temps expérimentaux raisonnables.

Le bilan de l’attaque de la pâte de ciment hydraté par le nitrate d’ammonium s’écrit :

2 NH4NO3 + Ca(OH)2 Æ Ca(NO3)2 + 2 NH3 +2 H2O Équation 1.7

Le nitrate d’ammonium réagit tout d’abord avec la pâte de ciment en formant du nitrate de
calcium (Ca(NO3)2) et en dégageant de l’ammoniac sous forme gazeuse. Après avoir ainsi
dissout la portlandite (figure 1.44), il peut former avec les aluminates des phases expansives
telles que les nitroaluminates de calcium (3CaO.Al2O3.Ca(NO3)2.10H2O). Cette formation de
sel expansif dans les pores du béton peut provoquer des tensions internes et l’apparition de
fissures (dans des conditions favorables de cycle humidité – séchage [Carde 97 a]).

Zone 1 : dissolution totale des


C-S-H et autres hydrates
Zone 2 : décalcification gel
gel d’alumine
d’alumine etet de
de silice
silice
progressive des hydrates ettringite,
ettringite,
C-S-H, gel d’alumine
Zone 3 : dissolution de la C-S-H, gel d’alumine
portlandite, frontière béton ettringite,C-S-H
ettringite,
sain/dégradé monosulfoaluminate,
monosulfoaluminate,
C-S-H Attaque radiale
Cœur sain :
Cœur
Ca(OH)sain:
2,
Ca(OH)2,
monosulfoaluminate,
ettringite,
ettringite, .,
monosulfoalu
C-S-H
C-S-H Solution agressive

frontière béton sain/dégradé

Figure 1.44 : Zones d’une éprouvette de béton soumise à une attaque radiale par une solution agressive

La cinétique de cette réaction de dégradation varie directement selon la concentration en


nitrate d’ammonium : elle amplifie les réactions chimiques et augmente ainsi les gradients de

59
concentration qui entraînent des transferts diffusifs plus rapides. Dans la littérature, les
concentrations utilisées expérimentalement varient de 0,5% [Schneider 03] à 48% de nitrate
d’ammonium par litre de solution [Carde 97 b].

Aucune étude disponible sur BAP n’est présentée dans la littérature publiée.

IV.2.6 Autres propriétés de durabilité

Des études comparatives entre BAP et béton vibré se sont intéressées à d’autres mécanismes
liés à la durabilité des bétons, comme la détérioration par le gel. Ce sont plus particulièrement
les cycles de gel-dégel qui engendrent des dégradations progressives dans le béton. Le gel
provoque la migration d’eau contenue dans les pores vers des zones où elle peut geler et créer
des fissures sous l’effet de la formation de glace. Lors du dégel, ces fissures ne se referment
pas et se remplissent d’eau qui est disponible pour un nouveau cycle de gel.

La résistance au gel-dégel du béton dépend de différentes propriétés (résistance à la traction,


fluage, déformabilité), mais elle dépend surtout des caractéristiques et du taux de saturation de
son réseau poreux. Si celui-ci contient de l’air entraîné (avec une quantité et une distribution
convenables), l’expulsion de l’eau excédentaire par la glace, lors du gel, pourra se faire par
l’intermédiaire de ces vides et engendrera moins de désordres [Pigeon 96]. La quantité d’air
entraîné et la répartition des bulles d’air sont donc couramment admises comme facteurs
primordiaux de la résistance au gel-dégel des bétons. Pour des bétons susceptibles de subir de
telles conditions extérieures, il est recommandé d’utiliser un agent entraîneur d’air.

Comme nous l’avons vu précédemment, les formulations de BAP comportent des quantités
importantes de superplastifiants dont les effets secondaires peuvent être l’entraînement d’air
dans le béton. D’autre part, l’utilisation complémentaire d’un agent de viscosité peut avoir
comme effet de stabiliser ce réseau de bulles d’air.

Par conséquent, cette différence de propriétés entre BAP et béton vibré a incité plusieurs
chercheurs à comparer la résistance au gel-dégel des deux types de béton.

Les résultats présents dans la littérature montrent nettement que les BAP, formulés sans
entraîneur d’air, sont plus résistants au gel-dégel que les bétons vibrés (de même rapport E/C,
avec ou sans entraîneur d’air) [Hasni 99, Rougeau 99, Mortsell 01, Brameshuber 03] (voir
tableau 1.4 et figure 1.45).

60
Tableau 1.4 : Résultats d’essais de résistance au gel-dégel d’un BAP (SCC) et d’un béton vibré (essai
d’écaillage)[Mortsell 01]

Figure 1.45 : Perte de masse de deux BAP et d’un béton vibré pendant un test d’écaillage (NF P 18-420)
[Rougeau 99]

61
V CONCLUSIONS

Cette synthèse bibliographique a été menée pour faire le point sur les connaissances relatives
à la durabilité des BAP, bétons de fabrication récente, par rapport à celle des bétons
traditionnels, que l’on peut considérer être connue.

Au début de ce projet de recherche (février 2001), les données disponibles étaient peu
nombreuses, souvent contradictoires, ce qui signifiait clairement qu’un besoin en recherche
était nécessaire dans ce domaine. Depuis, de nombreux travaux de recherche ont été effectués
et publiés sur ce sujet mais certaines interrogations subsistent encore.

Ainsi, les formulations étudiées sont couramment de type B50 où au-delà en raison des
grandes quantités de liant présentes dans ces bétons. Pourtant, les bétons représentant la plus
forte production dans la plupart des pays industriels sont des formulations de résistances
moyennes comprises entre 25 et 40 MPa. L’extension des recherches à de telles formulations
était donc nécessaire pour favoriser le développement de cette nouvelle technologie du béton.

De plus, les possibilités de variation des paramètres d’étude pour de tels bétons sont
nombreuses (utilisation de différentes additions minérales, d’agent de viscosité, de
superplastifiant, variation du volume de pâte, du rapport G/S, du rapport E/C, etc.). Tout ceci
engendre une vision au cas par cas de chaque propriété étudiée et ne permet pas de généraliser
les observations effectuées à une gamme de résistance mécanique étendue. La nécessité
d’études globales sur le thème de la durabilité comparative des BAP par rapport aux bétons
vibrés de squelette granulaire équivalent semblait donc justifiée.

Enfin, si des tendances à une amélioration (perméabilité au gaz) ou à une diminution


(résistance à la carbonatation) de telle ou telle caractéristique des BAP par rapport aux bétons
vibrés ont été établies, il convient pour l’ingénieur de relier simplement les paramètres de
composition à un paramètre beaucoup plus général. La résistance à la compression est
certainement le paramètre le plus indiqué et le plus mesuré qui peut remplir ce rôle. En effet,
lors de la conception d’un ouvrage, il paraît indispensable de prendre simultanément en
considération durabilité et résistance mécanique. Les nouvelles normes européennes de
conception soutiennent cette idée et spécifient des paramètres performantiels pour la
durabilité. Les méthodes de formulation, basées sur les performances pour le respect de la
durabilité, « considèrent quantitativement chacun des mécanismes de détérioration, la durée
de vie de l’élément ou de la structure, et les critères qui définissent la fin de cette durée de
vie » [NF EN 206-1]. A partir de la classe d’exposition de l’ouvrage, le béton est soumis à des

62
exigences qui peuvent être établies en termes de paramètres performantiels relatifs au béton
durci (résistance à la compression, à la traction, à la pénétration d’eau, à la carbonatation,
etc.).

Par conséquent, dans ce projet de recherche, qui a pour but de comparer les BAP aux bétons
vibrés de même résistance, nous nous attacherons à confirmer ou infirmer les tendances
révélées par les résultats bibliographiques pour une gamme de résistance mécanique variant
de 15 à 70 MPa. Pour cela, après la phase de mise au point des formulations, nous étudierons
les propriétés de durabilité (du domaine mécanique et physico-chimique) des différents bétons
en cherchant à comprendre les résultats obtenus.

63
2e. Chapitre : Matériaux et procédures

I INTRODUCTION

Les objectifs de cette étude expérimentale visent à qualifier la durabilité des bétons
autoplaçants en caractérisant leurs performances physiques et mécaniques et leur durabilité.
La caractérisation de ces propriétés a été réalisée expérimentalement afin d’obtenir un ordre
de grandeur dimensionnel, avec pour objectif de les confronter à celles des bétons vibrés.

Pour cela, différentes formules de BAP ont été comparées à des formules de bétons vibrés de
même résistance à la compression. La gamme de résistance étudiée couvre une plage allant
des bétons de bâtiment (15-20 MPa) aux bétons à hautes performances (60 MPa et plus). Les
deux types de béton se scindent en trois classes de résistance mécanique (B20, B40 et B60),
leurs compositions possédant des caractéristiques les plus proches possibles.

Les matériaux utilisés (ciments, granulats) et leurs proportions sont identiques à l’exception
de l’ajout de filler calcaire dans les formulations de BAP. En ce qui concerne les adjuvants,
les BAP contiennent un dosage plus élevé en superplastifiant et certains font appel à un agent
de viscosité pour limiter la ségrégation. La fabrication des BAP a pu être réalisée sans
problème avec des moyens conventionnels. Seule la mise au point des formulations de BAP
de faible résistance mécanique, en ce qui concerne le dosage du couple superplastifiant-agent
de viscosité, a été un peu délicate au départ puis s’est ensuite bien ordonnée.

Tous les essais menés au cours de cette étude ont été effectués sur béton. Les premiers
concernent l’étude des propriétés à l’état frais, en particulier celle des BAP, afin d’estimer
leur fluidité et leur ségrégation dynamique et statique (essais d’étalement au cône, de la boîte
en L et de stabilité au tamis). Ensuite, divers essais relatifs aux domaines mécanique et
physico-chimique ont été réalisés. Plusieurs d’entre eux ont été exécutés à des échéances
précises (résistance mécanique, module d’élasticité, perméabilité à l’oxygène, migration des
ions chlore et absorption) alors que d’autres ont nécessité un suivi au cours du temps (retrait,
fluage, carbonatation et lessivage au nitrate d’ammonium).

Les matériaux employés dans ce projet de recherche ainsi que les compositions étudiées
seront présentés en détail dans la première partie de ce chapitre. Puis les essais mécaniques,
qui ont servi pour déterminer les propriétés mécaniques instantanées et différées, et ceux
utilisés pour estimer les caractéristiques physico-chimiques (durabilité) seront explicités.

64
II MATERIAUX ET FORMULATIONS

II.1. MATERIAUX

II.1.1 Ciments

Deux ciments, dont les caractéristiques chimiques sont présentées dans les tableaux 2.1 et 2.2,
ont été utilisés pour formuler les différentes compositions :

• un CEM I 52,5 N, provenant de l’usine de Gaurain, utilisé pour les bétons d’ouvrage
d’art (RC28 ≈ 40 MPa) et à hautes performances (RC28 ≈ 60 MPa). Il présente une
résistance moyenne en compression à 28 jours de 63 MPa. Sa surface spécifique Blaine
est de 3800 cm²/g et sa masse volumique de 3130 kg/m3.

• un CEM II/A-LL 32,5 R provenant de l’usine d’Airvault, utilisé pour les bétons de
bâtiment (RC28 ≈ 20 MPa). Sa résistance moyenne en compression à 28 jours est de
45 MPa, sa surface Blaine de 4000 cm²/g et sa masse volumique de 3030 kg/m3.

Type de ciment CEM I 52,5 N CEM II/A-LL 32,5 R


Insolubles 0,16 1,55
Perte au feu 0,94 8,43
SiO2 20,40 17,57
Al2O3 4,53 4,07
Fe2O3 2,31 2,87
CaO 63,93 60,31
MgO 2,39 1,25
SO3 3,20 3,15
K2O 0,87 1,31
Na2O 0,18 0,13
Cl- 0,022 0,047
Tableau 2.1 : Caractéristiques chimiques des ciments utilisés

65
Constituants (%) CEM I 52,5 N CEM II/A-LL 32,5 R
C3S 64,6 55,0
C2S 9,3 4,4
C3A 8,1 0,7
C4AF 7,0 12,4
CaSO4 5,4 5,4
CaCO3 2,1 19,2
Tableau 2.2 : Composition de Bogue des deux ciments

II.1.2 Granulats

Les granulats utilisés sont des granulats alluvionnaires siliceux à granulométrie continue
(figures 2.1 et 2.2), provenant des Sablières Palvadeau (situées en Vendée), et un sable
correcteur siliceux éolien, provenant de la carrière Sika de Hosten (Drôme). Les coupures de
ces granulats sont les suivantes :

• un sable 0/4 composé lui-même de quatre coupures différentes (dont les proportions
volumiques sont respectivement 3,70%, 25,6%, 34,3% et 36,4%) :
- un sable Sika HN38 (carrière Hosten),
- un sable 0/0,315 roulé, de masse volumique 2630 kg/m3 et de module de finesse 0,58,
- un sable 0,315/1 roulé, de masse volumique 2630 kg/m3 et de module de finesse 1,22,
- un sable 1/4 roulé, de masse volumique 2600 kg/m3 et de module de finesse 2,45,
• un gravillon 4/8 roulé, de masse volumique 2610 kg/m3,

• un gravillon 8/12 roulé, de masse volumique 2610 kg/m3,

• un gravillon 12,5/20 roulé, de masse volumique 2620 kg/m3.

66
100

80

tamisats cumulés ( % ) 60

sika HN38

40
0/0,315

0,315/1

1/4
20

0
0,01 0,1 1 10
tamis ( mm)

Figure 2.1 : Courbes granulométriques des sables

100

80
tamisats cumulés ( % )

60

40

4/8

20 8/12

12,5/20

0
1 10 100
tamis ( mm)

Figure 2.2 : Courbes granulométriques des gravillons

II.1.3 Addition calcaire

Pour les formulations de bétons autoplaçants, une addition calcaire a été utilisée. Les
caractéristiques physiques de ce filler calcaire sont une masse volumique de 2710 kg/m3, une
surface Blaine de 4060 cm²/g et un indice d’activité (i28) de 0,74 (voir Annexe 6).

II.1.4 Les adjuvants

Les adjuvants employés sont de deux types :

• un superplastifiant haut réducteur d'eau, conforme à la norme NF EN 934-2, le


Cimfluid Adagio 2018 (de la société AXIM, voir Annexe 3). A base de polycarboxylate
modifié, il permet de maintenir l'ouvrabilité des bétons très fluides pendant plus d'une

67
heure et d'obtenir des résistances mécaniques élevées dès le court terme. Sa densité est
de 1,05, sa teneur en ions chlore est inférieure à 0,1% et il possède 20% d'extrait sec.
Son dosage peut varier de 0,2 à 3% de la masse de ciment selon l’effet souhaité,

• un agent de viscosité, le Collaxim L2 (AXIM, voir Annexe 4). C’est une suspension
aqueuse de silice amorphe qui modifie le comportement rhéologique des bétons en leur
conférant un seuil de cisaillement accru. Il permet par conséquent d’obtenir une
meilleure résistance à la ségrégation et au ressuage et une amélioration de la rétention
d’eau. Sa densité est de 1,14, sa surface spécifique développée est de 220 m²/g, son D50
est de 12 nm et il possède 22% d’extrait sec. Son dosage peut varier de 0,5 à 5% de la
masse ciment selon l’effet désiré.

II.2. FORMULATIONS DES BETONS

Le critère de comparaison choisi étant la résistance mécanique en compression, nous avons


travaillé sur trois types de béton de résistance différente :
• une résistance faible, prévue aux alentours de 20 MPa, conduisant à l’obtention de
bétons que l’on peut classer dans la catégorie « bétons de bâtiment »,

• une résistance moyenne, proche de 40 MPa, caractéristique de bétons de type « bétons


d’ouvrage »,

• une résistance élevée, supérieure à 60 MPa, propre aux « bétons à hautes


performances ».

L’expérience du CTG en matière de formulation et de suivi technique nous a permis de retenir


trois compositions de bétons autoplaçants, à partir desquelles ont été formulées celles des
bétons vibrés en conservant des quantités de ciment et des proportions granulaires identiques.

II.2.1 Prise en compte des additions comme liant équivalent

Le rapport eau/liant équivalent (noté E/LEquiv) a été maintenu le plus proche possible pour les
deux types de béton (voir tableau 2.4) en effectuant, dans le cas de certains BAP, la prise en
compte des fillers calcaires en suivant les règles normatives (XP 18-305 et EN 206-1).

Dans ces normes, le liant équivalent est donné par l’équation 2.1 :

LEquiv = C + k.A Équation 2.1

68
avec C la masse de ciment (uniquement si CPA – CEM I)(kg), k le coefficient de prise en
compte de l’addition utilisée et A la masse de l’addition utilisée (kg).

Dans notre cas, le coefficient k des fillers calcaires est égal à 0,25 (i28 > 0,71 selon la norme
NF P 18-508). La teneur maximale d’addition, correspondant au rapport A/(A + C) qui varie
selon la classe d’environnement rencontrée et le type d’addition employée, est fixée à 0,25.

Deux cas peuvent ensuite se présenter :


• A/(A + C) < A/(A + C)MAX (cas du BAP 60) : dans ce cas toute l’addition introduite est
prise en compte,
• A/(A + C) > A/(A + C)MAX (cas du BAP 40) : seulement une partie de l’addition
introduite est prise en compte. Le liant équivalent est calculé à partir de la relation
suivante :
A A
LEquiv = C + [(k.C. ) /(1 − )] Équation 2.2
A + C MAX A + C MAX

II.2.2 Méthode de formulation

La méthode de formulation utilisée pour concevoir les compositions de BAP testées dans
cette étude expérimentale est une méthode empirique basée sur quatre points :

• La formulation du BAP doit répondre aux critères de résistance mécanique (fixés ou


désirés) choisis à partir de la formule de Bolomey (voir équation 2.3) :

f ’c = Rc . G [LEquiv / (Eeff. + Air) - 0,5] Équation 2.3

où f ’C : résistance à la compression du béton (en MPa),


RC : résistance à la compression du ciment (en MPa),
LEquiv : ciment + k . additions minérales (en kg),
Eeff : quantité d’eau efficace (en litre ≤ 200 litres),
Air : volume d’air (en litre),
G: coefficient granulaire.

• Le volume de pâte doit favoriser l’écoulement du béton tout en réduisant le coût en


matières premières de cette formulation.
Pour cela, le volume de pâte (eau efficace + air occlus + ciment + additions + particules
fines des granulats de dimension inférieure à 80 µm) est fixé à 370 litres.

69
• Le dosage en adjuvants est calculé afin de limiter la ségrégation et le ressuage.
Le dosage en superplastifiant est déterminé de manière expérimentale à partir d’essais
sur béton frais pour lequel l’étalement doit être compris entre 60 et 70 cm.
Le dosage en agent de viscosité est fonction du volume de pâte et est donné par
différentes relations selon l’adjuvant concerné. Dans le cas du Collaxim L2, son dosage
en kg/m3 est donné, en pourcentage du volume de pâte, par la relation suivante :
L2 = 18 · (eaueff/fines – 0,35),

où les fines représentent la totalité des éléments de diamètre inférieur à 80 µm (somme


du ciment, filler et éléments fins des granulats).

Cette relation révèle que pour un rapport eaueff/fines inférieur à 0,35, l’utilisation de cet
agent de viscosité ne se justifie pas.

• La constitution du squelette est optimisée afin de réduire la ségrégation et favoriser


l’écoulement. Pour cela, l’analyse granulométrique du béton doit rentrer dans des
fuseaux granulaires prédéterminés par le CTG (logiciel Optibéton, voir figure 2.3).

100

90 20 mm
Tamisats (% volumique)

20 mm ferraillé
80 8 mm
8 mm ferraillé
70

60

50

40

30

20

10

0
0.01 0.1 1 10 100
Tamis (mm)

Figure 2.3 : Exemples d’optimisation du squelette granulaire pour différentes applications

En ce qui concerne la formulation des bétons vibrés correspondants, leurs compositions ont
été soit obtenues à partir de celles des BAP en conservant des quantités de ciment et des
proportions granulaires identiques (bétons des classes B20 et B40), soit à partir de la méthode
de Dreux-Gorisse (béton vibré haute performance) [Dreux 95].

70
Toutes les compositions étudiées au cours de ce projet de recherche sont présentées dans le
tableau 2.3. Les quantités de granulats sont données en masse de matériaux imbibés (granulats
saturés surface sèche) et les dosages en adjuvants sont présentés en masse de produit liquide.

II.2.3 Ajustement des formulations

Les compositions de départ (série 1 du tableau 2.3) ont nécessité quelques modifications :

• Dans une deuxième série de bétons, les modifications portent principalement sur les
deux compositions de BAP qui présentaient initialement une viscosité trop élevée (la
composition BAP 15 n’a pas été reconduite pour cause de résistance mécanique trop
faible et de non-conformité à la norme française XP 18-305).

• Dans une troisième série, les modifications ont été liées à des nouvelles livraisons de
matériaux.

Ces compositions ont un rapport E/LEquiv très proche, excepté la première (BAP 15, obtenue
suite à une erreur sur le dosage en eau) qui a tout de même été conservée comme exemple de
béton autoplaçant à très faible résistance mécanique.

71
Composition
Bétons
(kg/m3)
BAP 15 BAP 20 BV 20 BAP 40 BV 40 BAP 60 BV 60
CEM II/A-LL 32,5 R CEM I 52,5 N
Ciment
315 315 315 350 350 450 450
Filler calcaire 150 150 -- 140 -- 70 --
Liant équivalent 315 315 315 379,2 350 467,5 450
Sable 0/4 900 900 981 888 962 884 751
Gravillon 4/8 281 281 307 204 221 163 228
Gravillon 8/12 149 149 162 587 636 630 860
Gravillon 12,5/20 341 341 372 -- -- -- --

Adagio 2018 Série 1 9,44 1,73 7,06 --


ou Série 2 5,15 6,66 2,01 13,30 8,12 13,50* 5,94*
Adagio 2019* Série 3 8,00 1,40 12,60 6,90
Série 1 9,0 -- 2,0 --
Collaxim L2 Série 2 9,0 -- -- -- -- -- --
Série 3 0,5 -- 0,5 --
Série 1 208,7 204,7 222,6 223,5
Eau totale Série 2 251,0 221,7 202,5 198,9 189,3 201,0 176,7
Série 3 217,2 202,3 203,4 188,5
Série 1 196,5 191,4 210,1 210,0
Eau efficace Série 2 238,9 209,5 189,0 186,5 175,8 189,0 163,8
Série 3 205,0 189,0 191,0 175,0
Tableau 2.3 : Composition des différents bétons (kg/m3)

72
II.3. CARACTERISTIQUES DES FORMULATIONS A L’ETAT FRAIS ET DURCI

II.3.1 Considérations générales

Les caractéristiques des différentes compositions sont présentées dans le tableau 2.4.

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20 BAP 40 BV 40 BAP 60 BV 60
Série 1 0,62 0,61 0,55 0,60
Rapport Eeff/LEquiv Série 2 0,76 0,67 0,60 0,49 0,50 0,40 0,36
Série 3 0,65 0,60 0,50 0,50
Série 1 0,62 0,61 0,60 0,60
Rapport Eeff/C Série 2 0,76 0,67 0,60 0,53 0,50 0,42 0,36
Série 3 0,65 0,60 0,55 0,50
Rapport G/S (en masse) 0,86 0,86 0,86 0,89 0,89 0,90 1,45
Série 1 385 320 388,7 333,4
Volume de pâte (l.) Série 2 423,8 382,7 310,4 366,8 307 376,8 318
Série 3 379,8 316,6 374,4 304,8
Série 1 2296 2292 2316 2311
Masse volumique
Série 2 2249 2303 2313 2347 2346 2356 2406
théorique (kg/m3)
Série 3 2307 2298 2334 2349
Série 1 2318 2209 2337 2280
Masse volumique
Série 2 2207 2302 2228 2337 2297 2347 2380
réelle (kg/m3)
Série 3 2308 2215 2358 2377
Série 1 2344 2303 2391 2356
Masse volumique
Série 2 2254 2342 2315 2381 2374 2377 2426
durcie (kg/m3)
Série 3 2349 2332 2363 2383
Tableau 2.4 : Caractéristiques des différentes compositions (en caractères différents : valeurs anormales)

Plusieurs observations peuvent être faites :

• Les formulations de béton vibré des classes B20 et B40, ayant été obtenues à partir de
celles des BAP en conservant des quantités de ciment et des proportions granulaires
identiques, présentent un faible rapport massique G/S. Pour éviter cet inconvénient et
changer ce paramètre d’étude, les bétons à hautes performances ont été réalisés avec
des formulations « classiques » de béton vibré (G/S égal à 1,45).

73
• Certaines masses volumiques réelles des bétons vibrés, mesurées au moment de la
gâchée, sont faibles. Parallèlement, le pourcentage d’air occlus est anormalement élevé
pour deux des bétons en question (voir tableau 2.5). Un entraînement d’air anormal lié
à l’utilisation du superplastifiant pourrait être évoqué (lié à l’instabilité de l’agent anti-
mousse incorporé dans les polycarboxylates) mais comme toutes les formulations de
BAP contiennent aussi le même superplastifiant et possèdent des teneurs en air occlus
acceptables (de 1,3 à 3,4%), la responsabilité de l’adjuvant peut a priori être écartée.

II.3.2 Caractérisation générale des bétons à l’état frais et à l’état durci

Une liste non exhaustive des essais de caractérisation des propriétés des bétons à l’état frais a
été présentée dans la synthèse bibliographique (voir chapitre 1 § III.2). Cependant, la
caractérisation à l’état frais des bétons s’est limitée aux essais recommandés par l’AFGC
[AFGC 00] : affaissement/étalement au cône, écoulement à la boîte en L et stabilité au tamis.

Les essais ont été effectués selon les procédures décrites par l’AFGC. De plus, pour les essais
d’étalement au cône et d’écoulement à la boîte en L, des temps d’écoulement intermédiaires
ont été mesurés. Pour le premier essai, il s’agit du temps nécessaire pour atteindre un diamètre
d’étalement de 50 cm, noté t50. Pour le second, le temps mesuré (tLBOX) est celui entre
l’ouverture de la trappe et le moment où le béton parvient au fond de la boîte en L.

Les propriétés à l’état frais de chacune des compositions et celles relevées une fois les bétons
durcis sont données dans le tableau 2.5.

Plusieurs observations peuvent être faites sur les formulations de BAP et de bétons vibrés :
• Sur l’étalement des BAP : l’étalement spécifié était respectivement compris entre 66 et
68 cm (BAP 20) et 70 et 72 cm (BAP 40). Le tableau 2.5 montre que cette exigence du
cahier des charges a été convenablement remplie par les différents bétons (à l’exception
du BAP 15 dont l’étalement est trop élevé et du premier BAP 20 dont l’étalement est
un peu faible). Bien qu’aucune limite ne soit donnée pour les temps d’étalement, les
temps mesurés pour atteindre une galette de 50 cm de diamètre (t50) sont proches des
valeurs couramment rencontrées (3 secondes).

• Sur l’auréole de laitance des BAP : pour toutes les compositions de BAP, l’auréole de
laitance à la périphérie des galettes de béton était absente ou très faible (de 1 à 2 mm).
De plus, les gros granulats ont toujours été entraînés correctement par la matrice
cimentaire et ne sont pas restés amoncelés au milieu des galettes de béton.

74
Affaissement /
Taux de Porosité
Etalement Ségrégation % Air RC28
remplissage (état durci)
(cm) (%) Occlus (MPa)
(et tLBOX en s) %
(et t50 en s)
BAP 15 73 -- -- -- 18,1 18,8
Série 1 63 0,39 0,27 3,4 14,9 30,0
BAP 20 Série 2 69 (1,89) 8,17 0,92 (1,29) 2,1 16,2 25,5
Série 3 67 (3,13) 0,56 0,80 (4,13) 2,1 15,2 26,4
Série 1 9 7,8 14,9 25,4
BV 20 Série 2 10 (Aff.) 5,2 15,2 20,0
Série 3 12,5 7,6 14,2 21,8
Série 1 70 3,3 0,89 1,8 13,7 44,3
BAP 40 Série 2 74 (2,62) 13,5 0,94 (4,73) 1,3 12,5 49,3
Série 3 74 (3,34) 7,8 0,92 (3) 2,2 13,6 49,6
Série 1 14 3,6 14,7 34,8
BV 40 Série 2 20 (Aff.) 4,1 11,2 45,2
Série 3 5 4,0 11,7 50,8
BAP 60 70 (3,53) 2,2 0,87 (5,31) 1,6 10,5 69,2
BV 60 14 (Aff.) 1,6 8,9 68,6
Tableau 2.5 : Propriétés à l’état frais et durci des diverses formulations (en italique : valeurs anormales)

• Sur la ségrégation statique des BAP : l’essai de stabilité au tamis permet de calculer un
taux de ségrégation et de déduire si le béton testé possède une stabilité satisfaisante ou
non. Tous les BAP ont un taux de ségrégation inférieur à 15%, synonyme d’une
stabilité correcte. On peut noter que l’absence d’utilisation d’agent de viscosité dans la
deuxième série de BAP a engendré une augmentation du taux de ségrégation par
rapport à celui des premières formulations. La faible quantité d’agent de viscosité
(0,5 kg/m3) ajoutée dans les dernières compositions a permis de diminuer leur taux de
ségrégation (-73% pour le BAP 40). Ceci constitue donc une amélioration pour les
formulations de BAP et confirme l’influence positive de ce produit vis-à-vis de leur
ségrégation statique.

• Sur la ségrégation dynamique des BAP : l’essai de la boîte en L est exploité au travers
du taux de remplissage (rapport des hauteurs de béton en fond et en début de boîte), qui
doit en principe être supérieur à 0,8 [AFGC 00]. Seule la première formulation de
BAP 20 ne respecte pas cette condition. De plus, entre la première et la deuxième série

75
de bétons, le taux de remplissage a été augmenté du fait de la suppression de l’agent de
viscosité, ce qui a constitué une amélioration vis-à-vis de l’écoulement des BAP.

• Sur la consistance des bétons vibrés : aucune condition n’avait été fixée au préalable.
Les classes d’affaissement mesurées vont du béton plastique (de 5 à 9 cm, classe S2
d’après la norme NF EN 206-1) au béton très fluide (affaissement égal à 20 cm, classe
S4) en passant par le béton très plastique (de 10 à 15 cm, classe S3).

Par ailleurs, on a pu noter quelques évolutions curieuses lorsqu’on a été amené à refaire
certaines formulations (séries 2 et 3) :

• La diminution de la quantité de superplastifiant (-30%) dans le BV 20 se traduit


curieusement par une augmentation de l’affaissement (+25%). En revanche, pour le
BV 40, une diminution de 15% de ce même adjuvant a engendré une diminution
significative de l’affaissement (divisé par 4).

• Malgré une augmentation du dosage en superplastifiant pour le BAP 20 (+17%),


l’étalement a légèrement diminué (-2%). Le taux de remplissage du BAP 20 a lui aussi
été diminué (-15%), tout en restant acceptable vis-à-vis des « Recommandations
provisoires AFGC ». Concernant le BAP 40, la faible diminution du dosage en
superplastifiant (-6%) n’a pas eu de conséquences néfastes sur l’écoulement de celui-
ci : son étalement reste identique et son taux de remplissage a diminué de 2%.

Toutes ces observations montrent, pour les deux types de ciment utilisés, que le couple
superplastifiant-agent de viscosité (lorsque ce dernier est utilisé) a une incidence directe sur le
comportement rhéologique des BAP. Le couple ciment-superplastifiant peut également avoir
son importance. Par conséquent, il convient d’attacher une importance toute particulière au
dosage des adjuvants pour atteindre au mieux les propriétés visées d’un BAP à l’état frais.

II.3.3 Vérification de l’absence de ségrégation

Un autre moyen de contrôler la ségrégation statique d’un BAP consiste à scier une (ou deux)
éprouvette (s) de béton durci suivant le sens du coulage et à observer la répartition des
granulats sur la hauteur de l’éprouvette (voir figure 2.4).

Ces photographies illustrent bien le fait que les trois formulations de béton présentées ici
(BAP 15, BAP 20 et BAP 40 de la première série) ne sont pas sujettes à la ségrégation
statique. Les granulats sont en effet régulièrement répartis sur toute la hauteur des

76
échantillons sciés (coulés verticalement depuis le haut). Cette observation a été répétée pour
toutes les compositions de BAP étudiées et a conduit à la même conclusion.

BAP 15 BAP 20 BAP 40


Figure 2.4 : Observation de la répartition des granulats de trois BAP

77
III PROCEDURES EXPERIMENTALES

Les essais expérimentaux de cette étude ont été exclusivement réalisés sur des échantillons de
béton obtenus par coulage dans différents moules même si certains de ces essais peuvent être,
si besoin est, effectués sur des échantillons carottés [AFPC 97].

III.1. FABRICATION DU BETON, MISE EN PLACE ET CONSERVATION INITIALE

Le malaxeur utilisé pour la fabrication des bétons est un malaxeur à axe vertical planétaire
SKAKO COUVROT d'une capacité de 125 litres.

La séquence de malaxage retenue a été la suivante :


• préhumidification des granulats secs pendant 10 minutes (avec 3% de la masse (sèche)
totale des granulats),

• malaxage pendant 30 secondes des constituants granulaires (ciment et granulats),

• introduction de l'eau de gâchage restante (plus une partie éventuelle des adjuvants) puis
malaxage pendant 1 minute 30 secondes,

• introduction de la partie restante des adjuvants et malaxage pendant 2 minutes.

La mise en place a été effectuée dans les différents moules destinés aux échantillons
correspondants aux essais programmés. Les bétons vibrés ont été mis en place par vibration à
l’aide des dispositifs vibratoires traditionnels (principalement aiguille vibrante et table
vibrante). Les bétons autoplaçants n’ont subi aucune vibration, ni autre méthode de
compaction.

Les diverses formes d’échantillons coulées selon les essais envisagés étaient les suivantes :
• cylindres 11,86x23,6 cm : 6 pour la résistance mécanique en compression et le module
d’élasticité, 6 équipés de plots pour le retrait du béton durci (série 2), 6 pour le fluage, 1
pour la diffusion des ions chlore (scié ensuite en 3 disques d’une épaisseur de 3 ou 4
cm), 4 pour le lessivage au nitrate d’ammonium, 1 pour le suivi maturométrique ;

• cylindres 15x5 cm : 5 pour la perméabilité à l’oxygène, 5 pour l’absorption d’eau ;

• prismes 10x10x50 cm : 2 pour le retrait au jeune âge, 6 pour le retrait du béton durci
(série 1) ;

• prismes 7x7x28 cm : 3 pour la carbonatation accélérée.

78
Une fois coulés, les échantillons ont été recouverts d’un film plastique pour éviter
l’évaporation de l’eau. Le démoulage a été effectué à un jour.

III.2. ESSAIS MECANIQUES

III.2.1 Détermination de la résistance mécanique en compression uniaxiale

Les échantillons utilisés pour déterminer la résistance mécanique en compression des


différents bétons étudiés sont des éprouvettes cylindriques de diamètre 11,86 cm et de hauteur
23,6 cm qui ont été conservées après démoulage dans une salle à 20°C et 95 ± 5% d'humidité
relative jusqu’à l’échéance déterminée (7 jours, 28 jours ou plus).

Avant essai, les bases des cylindres ont été rectifiées différemment selon la résistance
mécanique prévue :
• Par enduit au moyen d’un mélange fondu de fleur de soufre et de sable siliceux fin,
pour les bétons de résistance inférieure à 40 MPa ; ce mélange est appliqué par
l’intermédiaire d’un dispositif assurant la planéité des faces et leur perpendicularité par
rapport à la génératrice (norme NF P 18-406),

• Par usinage à la rectifieuse, pour les bétons de résistance supérieure à 40 MPa ; un


dispositif de positionnement des éprouvettes entre les disques en diamant de la machine
assure également la perpendicularité des faces par rapport à la génératrice et leur
planéité.

La presse utilisée est d'une capacité maximale de 3000 kN, asservie en force. La résistance en
compression a été évaluée suivant la norme NF P 18-406 : les essais ont été réalisés sur
l’échelle de force la mieux appropriée (600 ou 1500 kN), avec une vitesse de chargement de
0,5 MPa/s.

III.2.2 Détermination du module d’élasticité longitudinal

Pour évaluer le module d’élasticité en compression, les essais ont été conduits selon les
recommandations CPC8 de la RILEM [RILEM 72], applicables à tout type de bétons (légers,
normaux ou lourds). Ces recommandations préconisent d’effectuer dix cycles de charge et
décharge d’une amplitude égale à 1/3 de la charge de rupture et de déterminer le module à la

79
fin de ces cycles (voir figure 2.5). Dans notre cas, et compte tenu de l’absence d’hystérésis,
nous avons effectué le calcul du module lors du cinquième cycle.

Les déformations ont été obtenues par l’intermédiaire de trois jauges extensométriques, de
base de mesure 60 mm, collées suivant une génératrice sur la surface latérale de l’éprouvette
cylindrique et radialement espacées de 120°. Le chargement mécanique a été effectué de
manière continue avec une vitesse de 0,5 MPa/s. Lors de la mise en charge (et lors de la
décharge) des échantillons destinés à l’essai de fluage, les déformations instantanées mesurées
(capteur LVDT) permettent de donner directement une estimation du module élastique des
bétons chargés.

Figure 2.5 : Paramètres de l’essai de détermination du module d’élasticité [RILEM 72]

Le module d’élasticité est calculé sur la dernière montée en charge à 1/3 de la charge de
rupture suivant la formule suivante :

Ε = ∆ε/∆σ =(σa - σb)/(εa, n - εb, n)

où σa : 1/3 de la résistance moyenne (MPa),


σb : contrainte de base = 0,5 MPa,
εa, n : déformation mesurée pour la contrainte σa pour le cycle n (n = 5),
εb, n : déformation mesurée pour la contrainte σb pour le cycle n (n = 5).

80
III.2.3 Déformations différées sans charge

Les déformations différées que subit le matériau béton, bien que non chargé, débutent dès
l’instant de sa mise en place et continuent tout au long de sa durée de vie. Elles peuvent être
divisées en deux parties :
• La première concerne les déformations du béton au jeune âge, à savoir les phases qui
encadrent la prise (expérimentalement, de 0 à 24 heures après le gâchage).

• La deuxième s’intéresse aux déformations du matériau durci (dans la pratique, au-delà


de 24 heures).

a. Coefficient de dilatation thermique (CdT) aux jeunes âges

La détermination du coefficient de dilatation thermique des bétons aux jeunes âges est
nécessaire pour pouvoir s’affranchir ensuite des variations de température du béton (au cours
de la prise) lors des mesures de retrait.

Le dispositif utilisé pour déterminer le coefficient de dilatation du béton frais est identique à
celui de l’essai de retrait du béton à l’état frais ([Sarkis 02], voir paragraphe suivant). La
procédure est la suivante :
• Les deux moules (10x10x50 cm) sont remplis par une couche de béton de 9 cm
d’épaisseur, provenant d’une même gâchée.

• A l’âge de trois heures (début de prise), les éprouvettes sont recouvertes d’une couche
d’eau (1 cm). Cette eau est portée à une température basse (environ 5°C) sur l’une des
deux éprouvettes définie alors comme éprouvette ‘active’. Dans l’autre moule, où
l’éprouvette est considérée comme témoin, l’eau reste à la température ambiante, soit
20°C.

• Une heure après, l’eau froide présente sur l’éprouvette active est remplacée par de l’eau
chaude (aux alentours de 70°C).

Ces différents cycles sont répétés successivement. Les déformations de retrait sont mesurées
sur une période de 24 heures, durant ces cycles de refroidissement et de chauffage. Grâce à
trois thermocouples, la température au sein de l’éprouvette active est également relevée, en
section médiane de l’éprouvette à trois hauteurs différentes : à 0,5 cm à partir de la surface de
l’échantillon, à mi-hauteur (4,5 cm) et à 0,5 cm de la face inférieure de l’éprouvette. Deux
essais sont réalisés pour chaque formulation de béton.

81
Pour chaque cycle de température imposée à l’éprouvette active, le coefficient de dilatation
thermique (CdT) est calculé. Il exprime la variation de longueur du matériau (∆L/L) par
rapport à la variation de la température (∆T) correspondante (voir figure 2.6).

La prise en compte de ce coefficient dans les mesures de retrait donnera la part de gonflement
due à l’élévation de la température et permettra ainsi de corriger les courbes de retrait au
jeune âge (obtenues au cours de l’essai présenté dans le paragraphe suivant).

Figure 2.6 : Calcul du coefficient de dilatation thermique

b. Retrait du béton à l’état frais (0-24 heures)

L’objectif de cet essai est de suivre, en fonction du temps, la variation de longueur de


l’éprouvette entre l’instant de la mise en place du béton dans le moule et 24 heures. Pour cela,
deux inclusions initialement distantes l’une de l’autre d’une longueur L fixée, prise pour base
de mesure, sont noyées dans la masse du matériau frais. Chacune est reliée, par une tige
métallique lisse, à un capteur (LVDT) situé à l’extérieur du moule. La variation de longueur
du matériau (∆L) sur la base de mesure (L) est déduite des déplacements mesurés de ces deux
inclusions. Il peut s’agir, selon le cas ou le moment, de retrait ou de gonflement.

Le matériel nécessaire à cet essai comporte un dispositif spécifique de mesure (figure 2.7) et
une centrale d’acquisition (interface capteurs/ordinateur, marque LABTECH) placés dans une
salle à atmosphère non saturée, à 50 ± 5% d’humidité relative (H.R.) et 20 ± 1C° de
température, et dans des conditions de vent nul.

Le dispositif comporte les points spécifiques suivants.


• Chaque moule est réalisé en plastique technique (PVC) dont le coefficient de dilatation
est de 0,8.10-4/°C, ce qui est dix fois plus grand que celui du matériau testé.

• Les deux moules prismatiques 10x10x50 cm sont revêtus à leurs extrémités d’un
caoutchouc facilement déformable pour laisser aux éprouvettes la liberté de s’allonger

82
(un gonflement est souvent présent au début). Un film plastique, préalablement bien
huilé, est placé au fond et sur les bords du moule pour limiter les frottements.

• Les deux extrémités du moule sont percées d’un trou de 4 mm de diamètre par lequel
peut facilement passer la tige. L’inclusion est un élément métallique cruciforme. Elle
est collée sur la tige de liaison au capteur de déplacement. Cette tige est maintenue par
une vis pendant la mise en œuvre du béton dans le moule. Une fois le moule en place,
la tige est libérée et son extrémité est collée à la platine fixée sur la touche du capteur
de déplacement. De ce fait, le système inclusion, tige et capteur est monobloc.

• Les capteurs sont tenus sur un bâti en U indépendant des moules (la distance entre les
points de fixation des deux capteurs reste constante dans le temps et peut être
considérée comme une référence). Pour cela, les moules sont posés sur une plaque lisse
en PVC sur laquelle ils peuvent glisser. La plaque de PVC sert aussi de bouclier
thermique (elle est aérée en face inférieure et sa continuité thermique avec le bâti est
coupée).

• Des thermocouples mesurent les températures dans les éprouvettes et de l’ambiance.

• Les capteurs de déplacement et les thermocouples sont liés à une chaîne d’acquisition
(de marque LABTECH) dont le signal est enregistré en continu. La variation de
longueur de l’éprouvette sur la longueur de base L est donnée par l’addition des
déplacements mesurés par les deux capteurs.

83
Tige Vis de blocage de
la tige

Thermocouple
Trou
10cm

10cm
Tige capteur
50cm
colle
graisse LABTECH

Ventilateur

Caoutchouc
capteur 8cm
Platine Vis
Vis

16,5cm

50cm
Bâti de mesure
70cm en U
Plaque PVC

Figure 2.7 : Dispositif de mesure du retrait au jeune âge [Sarkis 02]

Il est à signaler que tant que le matériau est encore capable de s’écouler, les mesures de
variation de longueur sont très incertaines. Sarkis [Sarkis 02] propose de les ignorer en ne
considérant que les variations postérieures au début de prise, repéré par le commencement de
la phase d’augmentation de température. Avec les mélanges courants, celui-ci correspond
environ à 3 heures après le coulage du matériau.

De même, le dispositif d’essai permet de modifier les conditions aux limites : protection de la
face supérieure des échantillons par un produit de cure, cure à l’eau, utilisation de ventilateurs
pour accélérer l’évaporation d’eau...

c. Retrait du béton durci (au-delà de 24 heures)

L’objectif de cet essai est de mesurer, en fonction du temps, la variation de longueur due aux
effets de l’hydratation et de la dessiccation des matériaux cimentaires.

84
Cet essai est réalisé sur matériau durci grâce à un rétractomètre permettant de mesurer les
variations de longueur d’échantillons placés dans une salle climatisée à 20 ± 1C° et à 50 ± 5%
d’humidité relative, selon deux conditions :
• Avec échange hydrique du matériau avec l’ambiance : on obtient le retrait total,

• Sans échange hydrique avec l’ambiance en enveloppant les éprouvettes dans une (ou
deux) feuille (s) de papier aluminium autocollant : on mesure le retrait endogène.

Après démoulage (à 24 heures), les mesures de retrait total et de retrait endogène sont
effectuées à des échéances très courtes au début, la périodicité de mesure augmentant ensuite
avec le temps (les éprouvettes sont disposées de manière à ce que chacune d’elles soit distante
des voisines d’au moins 1 cm, et qu’elle soit entourée d’air sur toutes ses faces). Les mesures
sont faites dans l’axe des éprouvettes, entre deux plots métalliques noyés dans le béton au
coulage (ou collés sur les faces rectifiées des éprouvettes). L’étalonnage du rétractomètre est
effectué à l’aide d’une tige étalon en Invar qui sert de référence de mesure.

Les échantillons testés dans notre étude sont soit prismatiques (de dimensions 10x10x50 cm),
soit cylindriques (de dimensions Ø11,8 x h23,6 cm). Ceci a entraîné l’utilisation de deux
dispositifs de mesure présentés figure 2.8.

Comparateur
Support de
l’éprouvette

Etalon
Eprouvette

Dispositif pour les éprouvettes 11x22 cm

Dispositif pour les éprouvettes 10x10x50cm

Figure 2.8 : Appareils de mesure du retrait (rétractomètres)

L’expression du retrait se traduit par le rapport de la variation de longueur de l’éprouvette


(∆L) sur sa longueur de base (L). Malgré la diminution de longueur des éprouvettes, ce
rapport est généralement exprimé positivement en µm/m et est représenté en fonction du
temps (figure 2.9).

85
déformations (µm/m)
temps (jours)

Figure 2.9 : Expression des résultats de retrait du béton durci

III.2.4 Déformations différées sous charge

L’objectif de cet essai est de mesurer les déformations différées du béton durci sur des
éprouvettes soumises à un effort de compression uniforme maintenu constant sur une longue
période (fluage). Parallèlement, des mesures sont effectuées sur des éprouvettes non chargées
(retrait) afin de pouvoir calculer la part de déformation différée liée uniquement à la charge
(voir principe d’étude figure 2.10).

PRINCIPE D'ETUDE DU COMPORTEMENT DIFFERE


atmosphère régulée
température : 20 ± 1°C + 20.2 °C Centrale d’acquisition
hygrométrie : 50 ± 5 % +0057 120 voies
Stockage
des données
fluage
propre

retrait endogène fluage


30 bâtis indépendants total
montés en parallèle

retrait total

groupe
hydraulique

Figure 2.10 : Dispositif de mesure des déformations différées (d’après [Munoz 00])

L’essai de fluage est réalisé sur matériau durci, le chargement se faisant 7 jours après le
coulage. Quatre échantillons par formulation sont testés et répartis sur deux bâtis. Les essais
sont conduits avec deux éprouvettes (préalablement rectifiées) par bâti : une éprouvette en
mode endogène sans échange hydrique avec l’extérieur et une éprouvette en mode
dessiccation (photographie 2.1). Les premières servent à déterminer le fluage propre et les

86
secondes le fluage total. Les déformations sont obtenues grâce à un capteur central de type
LVDT, préalablement étalonné (photographie 2.2).

Le taux de charge appliqué correspond à 40% de la résistance mécanique en compression


[Rilem 98] des bétons testés au moment du chargement, à savoir 7 jours. Jusqu’à l’échéance
de mise en charge, les échantillons de fluage sont stockés dans des conditions identiques à
celles des échantillons de retrait (salle climatisée à 20 ± 1C° et 50 ± 5% d’humidité relative).

éprouvette en
mode endogène

éprouvette en
mode dessiccation

Photographie 2.1 : Banc de fluage

corps du capteur
rondelle PVC
molleton

étendue de mesure hors


zone de frettage
tige du capteur

molleton fin

Photographie 2.2 : Vue en coupe d’une éprouvette de fluage

87
III.3. ESSAIS PHYSICO-CHIMIQUES

III.3.1 Perméabilité à l’oxygène

L’objectif de cet essai est de mesurer, en fonction de la pression d’essai et de la saturation du


matériau, la perméabilité à l’oxygène des matériaux cimentaires.

Cet essai de perméabilité a été effectué sur béton durci avec des échantillons moulés (il est
également applicable à des corps d’épreuve carottés dans les limites dimensionnelles de
l’appareillage [AFPC 97]). Les échantillons employés dans notre étude sont cylindriques de
diamètre 15 cm et de hauteur 5 cm. Ces éprouvettes sont soumises à une pression constante
d’oxygène (en réalité, trois pressions différentes). La perméabilité du béton testé est
déterminée à partir de la mesure du flux de gaz qui se dégage en régime permanent.

Le démoulage des échantillons est effectué à un jour et les éprouvettes sont ensuite
conservées dans la salle de cure humide (humidité relative 95 ± 5%) à 20°C. De manière à
étudier l’influence de l’environnement, plusieurs cures et temps de cure ont été retenus d’une
série de formulations à l’autre : 28 jours de cure humide pour la première série, un an de cure
humide pour la deuxième série et 60 jours de cure humide suivis d’un an en salle climatisée
(20°C, 50% H.R.) pour la dernière série de formulations. Les éprouvettes sont ensuite
soumises à un préconditionnement en appliquant la procédure suivante (figure 2.11) :
• A la fin de la cure, deux pesées initiales sont effectuées, une pesée hydrostatique et une
pesée dans l’air ; ceci fournit le volume apparent et la masse initiale.

• La périphérie des disques est ensuite couverte d’une bande adhésive en aluminium, afin
de limiter l'évaporation de l'humidité aux deux surfaces planes pendant toutes les
procédures de séchage.

• Les échantillons sont séchés pendant plusieurs jours à 80°C dans une étuve, jusqu'à
atteindre une masse constante finale, correspondant à un taux de saturation nul.

• Les échantillons sont alors sortis de l’étuve puis conservés à 20°C pour les ramener à
température ambiante.

L’essai de perméabilité peut alors avoir lieu. Cet essai est effectué pour trois valeurs de
pression (2, 3 et 4 bars absolus) pour les cinq échantillons. Une moyenne de ces valeurs est
calculée. Les trois échantillons parmi les cinq qui ont une valeur de perméabilité la plus

88
proche de cette moyenne sont sélectionnés. Ils sont considérés comme plus représentatifs du
matériau que les autres [AFPC 97].

étuve à 80°C séchage durée t1


essai de perméabilité

retour aux conditions ambiantes

Figure 2.11 : Etapes de la procédure de préconditionnement

Le dispositif choisi pour déterminer la perméabilité des bétons est le perméamètre


CEMBUREAU qui est l’un des appareils à charge constante les plus utilisés pour les mesures
de perméabilité. Cet appareil permet de mesurer la perméabilité aux gaz en régime permanent.
Il est capable de mesurer des perméabilités entre 10-19 à 10-14 m2. La disposition générale du
dispositif expérimental est représentée sur la photographie suivante (photographie 2.3).

Photographie 2.3 : Perméamètre CEMBUREAU

89
La valeur de la perméabilité est calculée en utilisant la formule de Poiseuille (équation 2.4).

2µ.Q.p1 .L
ka = Équation 2.4
A(p1 − p 0 )
2 2

où Q: débit volumique mesuré à la pression atmosphérique (m3/s),


p0 : pression atmosphérique (Pa),
L: épaisseur d'échantillon (m),
A: section d'échantillon (m²),
p1 : pression appliquée à l’amont (Pa),
µ: viscosité de l’oxygène (2,02.10-5 Pa.s, à 20°C).

Les valeurs de perméabilité calculées sont alors représentées en fonction de l’inverse de la


pression moyenne d'essai. Les valeurs de la perméabilité intrinsèque (ki, ordonnée à l’origine,
voir figure 2.12) et du coefficient de Klinkenberg (β, rapport entre la pente de la courbe et
l’ordonnée à l’origine) sont calculées à partir de cette courbe.

ka

⎡ β ⎤
k a = k i ⎢1 + ⎥
⎣ Pm ⎦
ki

1/Pm = 2/(P1+P2)

Figure 2.12 : Perméabilité en fonction de l’inverse de la pression moyenne d’essai

III.3.2 Diffusion des ions chlore

Le coefficient de diffusion effectif des ions chlore est établi à l'aide d'un essai de migration en
milieu saturé en régime permanent. L'essai consiste à appliquer une différence de potentiel
(12 Volts) à un corps d’épreuve disposé entre deux compartiments (figure 2.13) contenants à
l'amont une solution enrichie en chlorures (solution composée de NaCl (12 g/l), NaOH (1g/l)
et KOH (4,65 g/l)), et à l'aval une solution sans chlorures (solution composée de NaOH (1g/l)

90
et KOH (4,65 g/l)) [Truc 00]. Par dosage titrimétrique, à intervalles de temps réguliers, la
concentration en ions chlore du compartiment amont est dosée. La courbe de variation de la
quantité de chlorures cumulée quittant le compartiment amont est tracée en fonction du
temps : la pente de la droite obtenue permet de déterminer le coefficient de diffusion effectif
(De, up).

La préparation des éprouvettes avant essai est la suivante : après démoulage à 24 heures et
cure en salle humide (20°C, 95 ± 5% d’humidité relative) pendant 28 jours, les échantillons
11,8x23,6 cm sont sciés pour obtenir trois disques d’épaisseur supérieure à deux fois le
diamètre maximal des granulats. Ils sont ensuite saturés sous vide dans un dessiccateur
étanche avec un liquide d'imbibition de même composition que la solution aval
([NaOH] = 1 g/l, [KOH] = 4,65 g/l). Les échantillons sont maintenus sous pression réduite et
dans cette solution pendant 20 ± 1h à 20 ± 2°C.

Différence de potentiel 12 V

Amont

Cathode : Electrode
en acier inoxydable
Echantillon

Anode : Electrode en
acier inoxydable

Aval

bac en plastique
(aval)

Figure 2.13 : Schéma de la cellule de migration (d’après [Truc 00])

Tous les éléments sont ensuite montés dans la cellule d’essai. L'électrode anodique est
introduite dans le bac recevant la solution aval, l'électrode cathodique est installée dans le
compartiment amont. L'alimentation de courant continu stabilisé est branchée et délivre une
tension de 12 ± 0,1 Volts.

A échéance déterminée, une petite quantité (1 ml) de solution amont est prélevée puis
analysée (compte tenu de la dispersion des mesures observée si les dosages sont effectués sur
plusieurs jours, il est conseillé de doser l'ensemble des prélèvements relatifs à un même essai
le même jour). Les dosages doivent être réalisés conformément à la procédure AFPC-AFREM
concernant « L'extraction et dosage des chlorures libres et totaux dans le béton » [AFPC 97].

91
Les échéances des prélèvements sont fonction de la nature du corps d'épreuve. Pour un béton
courant de 3 cm d'épaisseur, les prélèvements sont effectués matin et soir durant 7 jours.

Le calcul du coefficient de diffusion effectif (De, up) d'un corps d'épreuve s’effectue selon la
formule suivante :

RTJ up (t)
De,up (t) = Équation 2.5
Cup FE

avec R: constante des gaz parfaits (8,32J/mol.K),


T: température (K),
Cup : concentration moyenne en chlorures de la solution amont durant l'essai
(mol/m3),
F: constante de Faraday = 96487 C/mol = 2717,9 C/g,
E: champ électrique (V/m),
Jup : flux de chlorures quittant le compartiment amont (mol/m².s), donné par la
relation :
Cup,1V −Cup, 2 V
J up (t) = Équation 2.6
St

avec Cup,1 : concentration de chlorures à l'amont au début de l'essai (mol/m3),


Cup,2 : concentration de chlorures à l'amont à la fin de l'essai (mol/m3),
V: volume de la solution amont (m3),
S: surface du corps d'épreuve exposée à la solution chlorée (m²),
t: durée de l'essai (s).

III.3.3 Absorption d’eau par capillarité

L’essai consiste à mesurer la masse d’eau absorbée par une éprouvette de béton préalablement
conditionnée par un étuvage à 80°C (procédure AFREM [AFPC 97]). Les échantillons testés
sont des disques 15x5 cm (trois échantillons par composition).

Le préconditionnement des échantillons est le suivant :


• Après démoulage, les échantillons sont conservés à 20 ± 2°C dans une salle dont
l’hygrométrie est supérieure ou égale à 95% (norme NF P 18-404). Le temps de cure
humide varie selon les séries de formulations : 28 jours suivis de 500 jours à 20°C et

92
50% H.R. pour la première série, 500 jours pour la deuxième série et 60 jours pour la
dernière série de formulations.

• A l’issue de la période de cure, les échantillons sont conservés dans une étuve ventilée
à 80 ± 2°C. Durant cette période, le suivi de la masse est réalisé à intervalle de temps
régulier, jusqu’à ce que la variation de masse entre deux pesées espacées de 24 heures
soit inférieure à 0,05%. Les éprouvettes sont alors placées dans des sacs étanches puis
remises dans l’étuve ventilée à 80 ± 2°C pendant 10 jours, afin de favoriser l’équilibre
hydrique dans l’échantillon. Le sac est ensuite extrait de l’étuve puis conservé
12 heures à une température de 20 ± 2°C.

• A l’issue de ce retour en température, l’éprouvette est sortie du sac. Sa surface latérale


est alors enduite de résine (ou de papier aluminium autocollant) pour éviter
l’évaporation latérale de l’eau absorbée durant l’essai, puis conservée environ
12 heures dans un dessiccateur à 20 ± 2°C pour permettre le durcissement complet de la
résine.

L’essai d’absorption capillaire est réalisé à la suite de ce préconditionnement. Il consiste à


suivre l’évolution de masse des éprouvettes plongées de 3 mm dans de l’eau (figure 2.14). Les
échéances de mesure sont les suivantes : ¼, ½, 1, 2, 4, 8 et 24 heures.

couvercle
couche de résine eau

éprouvette
régulation du
niveau d'eau
eau

Figure 2.14 : Dispositif expérimental de mesure d’absorption d’eau par capillarité

Le coefficient d’absorption capillaire est défini par l’équation suivante :

Ca = (Mx-M0)/A, en kg/m² Équation 2.7

où Mx : masse de l’éprouvette à une échéance donnée (kg),


M0 : masse initiale de l’éprouvette (kg),
A: section de l’éprouvette (m²).

93
Les valeurs du coefficient d’absorption capillaire à 1 heure, 4 heures, 8 heures et 24 heures
sont fournies.

III.3.4 Essai de carbonatation accélérée

L’objectif de cet essai est de caractériser le comportement d’échantillons de béton vis-à-vis de


la carbonatation. L’essai consiste à suivre l’évolution de l’épaisseur de béton carbonaté
d’échantillons conservés dans une atmosphère riche en dioxyde de carbone. Il a été exécuté
dans notre cas sur des échantillons moulés mais peut aussi être appliqué à des échantillons
carottés de bétons, ainsi qu’à des mortiers et pâtes de ciment durcis [AFPC 97].

Les échantillons testés sont de forme prismatique (7x7x28 cm) mis en oeuvre soit à l’aide de
la table vibrante (BV), soit par gravité (BAP). Trois échantillons subissent l’essai de
carbonatation accéléré : deux sont utilisés pour les mesures des épaisseurs de béton carbonaté
et le dernier est utilisé pour suivre l’évolution de la masse au cours de l’essai.

La procédure de préconditionnement est la suivante :


• Les éprouvettes sont conservées après démoulage en ambiance humide (humidité
relative supérieure à 95%) pendant des durées différentes selon les formulations de
béton : 28 jours pour la première et la dernière série de formulations et 500 jours pour
la deuxième série.

• Avant le démarrage de l’essai de carbonatation accéléré, les échantillons sont placés


durant 48 heures dans une étuve ventilée réglée à une température de 40 ± 2°C (pour
favoriser la carbonatation). Les échantillons sont alors pesés puis disposés dans
l’enceinte de carbonatation (espacés de 2 cm).

L’enceinte de carbonatation accélérée (figure 2.15) est régulée en humidité relative (65%) et
en dioxyde de carbone (50% volumique). Les échéances de mesure de l’épaisseur de béton
carbonaté sont les suivantes : 7, 14, 28, 56 jours et au-delà si possible. A chaque échéance, les
échantillons sont retirés de l’enceinte et les épaisseurs de béton carbonaté ainsi que les masses
sont mesurées. Un morceau de béton (épaisseur 3 ± 1 cm) est prélevé sur chaque éprouvette
par fracturation par fendage. Les corps d’épreuve résiduels sont ensuite replacés
immédiatement dans l’enceinte.

94
électro-
vanne

CO2

Boîtier de
Capteur CO2 : 50%, HR : 65%
commande

Figure 2.15 : Schéma de l’enceinte de carbonatation accélérée

Les mesures de l’épaisseur de béton carbonaté sont réalisées après humidification des surfaces
et pulvérisation d’une solution de phénolphtaléïne. Cette dernière révèle l’interface entre la
zone saine et la zone carbonatée. Les mesures correspondent aux distances (en mm) entre la
surface externe du béton et le front de coloration, en dehors de zones particulières (coins et
interfaces pâte granulat) (figure 2.16).

Front de
carbonatation

Zones de
mesures

Figure 2.16 : Schéma illustrant le principe des mesures

Cinq distances sont déterminées pour chaque face : la distance la plus faible, la distance la
plus importante, la moyenne relative aux trois distances intermédiaires. La valeur d’épaisseur
carbonatée d’un béton à une échéance donnée est la moyenne des quatre faces arrondie au
1/10ème de mm (même si la précision du mm est souvent suffisante) (voir exemple ci-après,
tableau 2.6).

95
Référence de l’échantillon : X
Moyenne des 3 Moyenne sur
5 distances Distance Distance
Faces distances l’échantillon
(mm) mini (mm) maxi (mm)
intermédiaires (mm)
A 5-8-12-7-4 4 12 6,7
B 8-9-12-15-6 6 15 9,7
7,4
C 2-4-8-6-5 2 8 5,0
D 8-9-12-5-7 5 12 8,0
Tableau 2.6 : Calcul de la profondeur de carbonatation (exemple)

III.3.5 Lessivage au nitrate d’ammonium

Cet essai développé par Carde [Carde 97 a] permet de caractériser le comportement


d’échantillons de béton vis-à-vis du lessivage. Le nitrate d’ammonium a été choisi comme
agent agressif pour l’essai accéléré car il permet de simuler un essai de lessivage à l’eau
déminéralisée avec une cinétique multipliée par un facteur 100 (voir chapitre 1 § IV.2.5).

L’essai de lessivage au nitrate d’ammonium consiste à suivre l’évolution de l’épaisseur de


béton lessivé d’échantillons immergés dans une solution saturée en nitrate d’ammonium
(500 g/l). Les échantillons testés sont de forme cylindrique (11,8x23,6 cm). Deux échantillons
(ou quatre pour les premières formulations) sont suivis par formulation.

La procédure d’essai est la suivante :


• Les éprouvettes sont maintenues en ambiance humide (humidité relative à 95 ± 5%)
durant 28 jours.

• A 28 jours, les échantillons sont immergés dans la solution de nitrate d’ammonium


distants les uns des autres d’au moins 2 cm.

• A chaque échéance (7, 14, 28, 56 jours et au-delà), les échantillons sont sortis du bac et
les épaisseurs de béton lessivé sont mesurées. Pour chaque échantillon, une section de
béton (épaisseur 1,5 ± 0,2 cm) est prélevée par sciage sous eau. Les corps d’épreuve
restants sont immédiatement replacés dans la solution de nitrate d’ammonium.
L’épaisseur de béton lessivé est mesurée après pulvérisation d’une solution de
phénolphtaléïne qui permet de révéler l’interface entre la zone saine et la zone lessivée.
Les mesures correspondent aux distances (en mm) entre la surface externe du béton et
le front de coloration (voir figure 2.17). Elles sont effectuées radialement sur le front de

96
coloration en dehors des zones où le front de coloration passe par une interface
granulat-matrice.

Front de
dégradation

Zones de
mesures

Figure 2.17 : Schéma illustrant le principe des mesures de lessivage (au nitrate d’ammonium)

Vingt distances, réparties en quatre groupes, sont déterminées pour chaque morceau de béton
prélevé. Les résultats sont donnés sous forme de tableaux dans lesquels certaines valeurs sont
portées : la distance la plus faible, la distance la plus importante, la moyenne relative aux trois
distances intermédiaires. La valeur correspondante à une échéance donnée est la moyenne de
ces quatre dernières valeurs arrondie au 1/10ème de mm (voir tableau 2.7).

Référence de l’échantillon : X
Moyenne des 3 Moyenne sur
Distance Distance
20 distances (mm) distances l’échantillon
mini (mm) maxi (mm)
intermédiaires (mm)
A 15-18-16-17-17 15 18 16,7
B 19-16-17-15-16 15 19 16,3
16,7
C 16-18-18-16-17 16 18 17,0
D 18-16-17-15-17 15 18 16,7
Tableau 2.7 : Calcul de l’épaisseur de béton lessivé (exemple)

N.B. : En comparaison avec l’essai de carbonatation accélérée, le front de dégradation


observé lors de cet essai est nettement plus régulier. La mesure est plus facile à réaliser et les
écarts entre profondeur dégradée minimale et maximale sont moindres.

97
IV SYNTHESE

Ce projet expérimental a pour objectif de caractériser la durabilité des bétons autoplaçants par
comparaison avec celle des bétons vibrés de résistance mécanique équivalente.

Pour cela, plusieurs formulations de BAP et de BV ont été mises au point, à partir de
matériaux identiques, dans une gamme de résistance variant de 15 à 65 MPa :
• les formulations de BAP ont été établies à partir d’une méthodologie développée
depuis quelques années au CTG, basée sur un volume minimum de pâte et
l’appartenance à un fuseau granulaire.

• les formulations de BV découlent directement de celles des BAP (mêmes proportions


granulaires hormis pour les formulations des bétons à hautes performances).

A quelques rares exceptions près, les compositions de BAP remplissent correctement les
spécifications requises à l’état frais pour de tels bétons (étalement, ségrégation dynamique et
statique, stabilité). En ce qui concerne les résistances à la compression, les résultats obtenus
permettront de comparer les autres propriétés mesurées soit directement (lorsque les résultats
mécaniques des deux types de béton sont proches), soit indirectement (lorsque les résultats
mécaniques sont différents).

Pour qualifier la durabilité des différents bétons, de nombreux essais ont été définis : certains
sont liés au domaine de la mécanique, comme les essais de déformations différées (retrait et
fluage dans des conditions endogène ou de dessiccation), d’autres concernent les domaines
physico-chimiques, avec par exemple les essais de perméabilité, de diffusion des ions chlore,
d’absorption, ou bien encore de carbonatation et de lessivage (au nitrate d’ammonium). Tous
ces essais devraient permettre de déterminer des propriétés révélatrices, directement ou
indirectement, de la durabilité des bétons. La globalité des résultats ainsi obtenus permettra de
donner une réponse claire quant au caractère durable ou non des BAP, comparativement aux
bétons vibrés de résistance similaire.

98
3e. Chapitre : Propriétés mécaniques

I INTRODUCTION

Lors de la conception de toute structure en béton armé, il est nécessaire de connaître les
propriétés mécaniques des matériaux utilisés. En effet, le dimensionnement des éléments de
construction et les prévisions de leur comportement dans le temps ne peuvent se faire qu’à
partir des propriétés mécaniques instantanées et différées des matériaux, et en particulier
celles du béton. De plus, cette conception doit être justifiée par des codes réglementaires
(précédemment BAEL, dorénavant Eurocode 2) dans lesquels plusieurs aspects de la
détermination de l’ouvrage sont abordés. L’une des sections de ces règlements concerne la
définition du matériau béton et notamment ses caractéristiques mécaniques instantanées et
différées.

Les résultats présentés dans la suite de ce chapitre touchent par conséquent à la fois aux
propriétés mécaniques instantanées des bétons étudiés, à savoir la résistance mécanique en
compression (et son évolution dans le temps) et le module d’élasticité en compression, aux
déformations différées libres, autrement dit le retrait du béton frais et du béton durci, et aux
déformations différées sous chargement constant, c’est-à-dire le fluage.

Ces résultats découlent d’essais expérimentaux réalisés sur les différentes formulations de
béton décrites en détail au chapitre 2 (voir § III.2). Plusieurs de ces essais sont exécutés
ponctuellement à des échéances bien précises, comme la résistance mécanique et le module
d’élasticité, alors que d’autres, comme le retrait et le fluage, nécessitent un suivi dans le
temps, parfois même au jeune âge (entre 0 à 24 heures).

Tous ces résultats feront l’objet d’une comparaison systématique BAP - béton vibré (BV) par
famille de béton présentant des résistances mécaniques similaires (béton de bâtiment, béton
d’ouvrage d’art et béton à hautes performances).

99
II PROPRIETES MECANIQUES INSTANTANEES

II.1. EVOLUTION DES RESISTANCES MECANIQUES EN COMPRESSION UNIAXIALE

La résistance mécanique en compression est une caractéristique essentielle du matériau béton


et l’un des paramètres fondamentaux de notre étude. Par conséquent, sa détermination et son
évolution ont été suivies pour toutes les compositions de béton étudiées dans ce projet.

Selon les formulations, cette résistance mécanique a été calculée à différentes échéances (en
conservant une échéance indispensable réglementaire à 28 jours) par la moyenne des
résistances d’une série de trois échantillons cylindriques 11x22 cm rectifiés (voir chapitre 2
§ III.2.1).

Les valeurs des résistances mécaniques moyennes des différents bétons sont données dans le
tableau 3.1.

Bétons
Résistance mécanique
BAP 15 BAP 20 BV 20 BAP 40 BV 40 BAP 60 BV 60
en compression (MPa)
Série 1 25,8* 21,0* 38,5* 33,2*
à 7 jours Série 2 17,4 19,8 15,8 40,6 38,2 55,1 57,8
Série 3 22,3 17,4 42,0 45,2
Série 1 30,0 25,4 44,3 34,8
à 28 jours Série 2 18,8 25,5 20,0 49,3 45,2 69,2 68,6
Série 3 26,4 21,8 49,6 50,8
Série 1 34,6* 27,8* 50,9* 36,9*
à 180 jours Série 2 20,8 29,5* 23,9* 56,1* 53,7* 74,1 73,8
Série 3 32,2 27,0 54,1 56,1
Série 1 37,2 28,4* 54,4 38,3
à 620 jours Série 2 21,8* 32,4 27,0 58,7 57,3 74,7* 74,8*
Série 3 35,2* 30,1* 55,2* 57,7*
Tableau 3.1 : Résistances mécaniques des différentes compositions à diverses échéances
(les valeurs indiquées avec un astérisque sont calculées à partir de lois mathématiques calées sur les valeurs
expérimentales)

100
II.1.1 Bétons de bâtiment

Les résultats spécifiques aux bétons de bâtiment sont présentés figure 3.1.

40

résistance mécanique (MPa)

30

20 BAP 15 BAP 20 I
BV 20 I BAP 20 II
BV 20 II BAP 20 III
BV 20 III
10
0 200 400 600 800
tem ps (jours)

Figure 3.1 : Evolution des résistances mécaniques des bétons de bâtiment

On peut noter sur cette figure que les résistances entre BAP et BV sont assez différentes alors
que l’objectif était de fabriquer des bétons de résistance équivalente. Les raisons de ces écarts
sont diverses.

• Pour la composition référencée BAP 15 (première série de coulage) qui présente une
résistance très faible (18,8 MPa à 28 jours), sa résistance peu élevée est liée à un
important rapport eau/liantéquivalent (noté E/LEquiv) égal à 0,76, consécutif à une erreur de
manipulation (mauvaise prise en compte de l’eau absorbée). Cependant, cette
composition a été conservée car les autres résultats obtenus sur ce béton (comportement
différé et durabilité) ont permis d’étudier le comportement des bétons sur une plus large
gamme de résistance.

• Pour les autres formulations, la différence de rapport E/LEquiv n’est jamais à l’avantage
du BAP (0,62 à 0,67 pour le BAP et aux environs de 0,60 pour le béton vibré). La
quantité de superplastifiant utilisée dans les formulations autoplaçantes est aussi bien
supérieure à celle employée dans les formulations vibrées (respectivement de 6,66 à
9,44 et entre 1,40 et 2,01 kg/m3) et de tels produits peuvent avoir une influence
bénéfique sur la résistance mécanique (voir chapitre 1 § IV.1.1).

• Pour d’autres formulations, la quantité d’air occlus peut être à l’origine des écarts si
tant est que les valeurs mesurées pour le béton vibré soient correctes. En effet, la teneur

101
en air des BV est bien plus élevée que celle des BAP (de 5,2 à 7,8% contre 2,1 à 3,4%),
cette différence pouvant provoquer une chute de résistance du BV d’environ 10%.

• Enfin, la présence d’une quantité importante de filler calcaire comme addition dans les
BAP peut également avoir une action positive sur leur résistance mécanique, compte
tenu de leur activité non prise en compte pour ces bétons du fait de l’utilisation d’un
ciment composé (voir chapitre 1 § IV.1.1).

Au vu de ces disparités, les caractéristiques des formulations ont été ajustées au cours de
l’étude, notamment le rapport E/LEquiv, afin de comparer des bétons aux propriétés
mécaniques les plus proches possibles. Ceci a eu pour conséquence de diminuer sensiblement
les écarts de résistance entre BAP et béton vibré.

Cependant, certaines exigences requises pour les BAP (fluidité à l’état frais) ont nécessité
l’utilisation de superplastifiant en quantité plus importante que pour les bétons vibrés. Cette
différence peut expliquer les légers écarts de résistance subsistants entre les formulations
autoplaçantes et vibrées coulées lors des deuxième et troisième séries.

En tout état de cause, les écarts observés mettent bien en évidence les difficultés de
formulation de BAP de faible résistance mécanique. Il conviendra aussi de faire attention,
dans la suite de cette étude, lors de la comparaison des autres propriétés des bétons sensés être
de même résistance mécanique.

II.1.2 Bétons d’ouvrage

Les résultats spécifiques aux bétons d’ouvrage sont présentés figure 3.2.

60
résistance mécanique (MPa)

50
BAP 40 I BV 40 I
BAP 40 II BV 40 II
BAP 40 III BV 40 III
40

30
0 200 400 600 800
tem ps (jours)

Figure 3.2 : Evolution des résistances mécaniques des bétons d’ouvrage

102
Pour ces bétons d’ouvrage d’art, on constate aussi une disparité dans les résistances obtenues.

Ainsi, un béton vibré (BV 40 I), sensé atteindre 45 MPa à 28 jours, a présenté une résistance
mécanique inférieure de 10 MPa à cette valeur. Cette faible résistance peut s’expliquer par un
rapport E/LEquiv élevé (0,60) et un pourcentage d’air occlus important (3,60%). En effet, à
partir de ces deux paramètres, la formule de Bolomey donne une résistance de 36,5 MPa,
proche de la valeur obtenue expérimentalement. L’écart entre cette résistance et celle du BAP
correspondant (BAP 40 I, rapport E/LEquiv égal à 0,55 et résistance de 44,3 MPa à 28 jours) est
tout de même important (+27%).

Pour cette raison, la formulation du BV a été modifiée en diminuant le rapport E/LEquiv à la


valeur de 0,50 (séries 2 et 3). La conséquence de cette diminution est convaincante puisque le
BV 40 des deuxième et troisième séries de formulations atteint des résistances mécaniques en
compression acceptables (respectivement 45,2 et 50,8 MPa à 28 jours).

En définitive, les BAP de classe moyenne (40 MPa) ont une résistance mécanique très proche
de celle des bétons vibrés. La présence de filler calcaire (140 kg/m3) et le pourcentage d’air
occlus plus faible du BAP (de 1,3 à 2,2%) par rapport au béton vibré (entre 3,6 et 4,1%)
n’entraînent pas de différence significative sur leur résistance mécanique (+3 à +9%). Les
autres propriétés de ces bétons pourront donc être comparées entre elles sans équivoque.

II.1.3 Bétons à hautes performances

Les résultats spécifiques aux bétons à hautes performances sont présentés figure 3.3.

80
résistance m écanique (MPa)

70

BAP 60
60
BV 60

50

40
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.3 : Evolution des résistances mécaniques des bétons à hautes performances

103
On peut noter sur cette figure que les résistances mécaniques des deux bétons sont très
proches (± 3%) et que leur évolution est quasi similaire. Cependant, il convient de rappeler les
différences essentielles de formulation entre ces deux bétons :

• Pour des raisons pratiques, et en particulier l’obtention d’un étalement suffisant (voir
chapitre 2 § II.3.2), le rapport E/LEquiv de la formulation BAP 60 a dû être augmenté par
rapport à celui du béton vibré BV 60 (respectivement 0,40 et 0,36).

• De même, pour obtenir un caractère autoplaçant, le dosage en superplastifiant est bien


supérieur dans les BAP. Cela n’a toutefois pas entraîné de modification sensible de la
cinétique de durcissement.

• D’autre part, le béton vibré formulé selon Dreux-Gorisse [Dreux 95] possède un
rapport gravillon/sable (G/S) bien supérieur à celui du BAP correspondant (1,45 contre
0,90). L’absence de différence entre les résistances de ces deux bétons semble montrer
que les proportions granulaires du BAP ne sont pas défavorables à ses performances
mécaniques.

II.2. MODULE D’ELASTICITE STATIQUE EN COMPRESSION, E

La détermination du module d’élasticité des différents bétons a été effectuée de deux manières
différentes (méthodes de mesure présentées au chapitre 2 § III.2.2) :

• Soit par mesures des déformations réalisées par l’intermédiaire de jauges lors des essais
de compression simple.

• Soit par mesures des déformations réalisées par l’intermédiaire d’un capteur LVDT
lors des essais de fluage, à la mise en charge et au déchargement. En effet, à ces deux
échéances, le module d’élasticité peut être directement relié aux déformations
instantanées mesurées par la contrainte appliquée (E = σ / ε).

Les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 3.2.

104
Bétons
Module d’élasticité en
BAP 20 BV 20 BAP 40 BV 40 BAP 60 BV 60
compression (GPa)
7 jours (capteur) 28,4 25,2 36,4 35,2 38,2 40,7
28 jours (jauges) 36,1 38,9
540 jours (capteur) 31,4 30,6 41,1 40,0
550 jours (jauges) 29,3 31,0 38,1 37,5
7 j. 28,2 26,2 35,8 35,1 39,7 40,3
11000.(fCJ)1/3
28 j. 30,7 28,2 38,2 37,1 42,8 42,7
[BAEL 91]
Calculé 550 j. 33,2 31,2 40,5 40,1
7 j. 27,0 25,3 33,5 32,9 36,7 37,2
22.(fCM/10)0,3
28 j. 29,1 27,1 35,5 34,6 39,3 39,2
[Eurocode 2]
550 j. 31,3 29,6 37,4 37,1
Tableau 3.2 : Modules d’élasticité mesurés et calculés des bétons étudiés (série 2)

II.2.1 Bétons de bâtiment

A partir du tableau 3.2, plusieurs observations peuvent être faites sur les modules de ces
bétons.

• Les modules mesurés des BAP et des BV sont assez proches même s’ils peuvent
différer légèrement d’une méthode de mesure à l’autre.
Ainsi, les modules du BAP mesurés à 7 et à 540 jours à l’aide de capteurs (32,8 et
31,4 GPa) sont supérieurs à ceux du BV (31,9 et 30,6 GPa). Toutefois, les dispersions
sont relativement importantes (± 3 GPa pour les modules des deux types de béton).
Les mesures réalisées avec des jauges (à 550 jours) fournissent quant à elles un module
inférieur pour le BAP (29,3 GPa) par rapport à celui du béton vibré (31,0 GPa), avec
des écarts de mesure très faibles (de ± 0,04 à ± 0,75 GPa).
• Les valeurs de modules obtenues aux échéances de 7 et 550 jours à partir des deux
règlements de calcul sont quantitativement correctes par rapport aux valeurs
expérimentales (-5 à +13%). En revanche, ces valeurs réglementaires, calculées
directement à partir de la résistance en compression à la même échéance (légèrement
supérieure pour le BAP), ne traduisent pas le léger écart de module existant entre les
deux types de béton : la différence de résistance mécanique conduit à une estimation

105
réglementaire du module supérieure pour le BAP, contrairement à ce qui a été
expérimentalement observé.

II.2.2 Bétons d’ouvrage

Pour les bétons d’ouvrage, on peut faire les constatations suivantes.

• Quels que soient les échéances et le type de mesure, le BAP présente un module
d’élasticité légèrement supérieur à celui du béton vibré.
Avec capteur, les valeurs mesurées sont de 41,4 et 41,1 GPa à 7 et à 540 jours, contre
40,3 et 40,0 GPa pour le BV 40. Comme pour les bétons de bâtiment, ces mesures
présentent d’importantes dispersions : de ± 0,3 à ± 4 GPa, pour les modules des deux
types de béton. Les modules déterminés avec des jauges (à 550 jours) montrent
également que le module du BAP est légèrement supérieur (38,1 GPa) à celui du béton
vibré (37,5 GPa). Les écarts de mesure sont bien plus faibles (de ± 0,05 à ± 0,23 GPa)
que pour la mesure réalisée à l’aide de capteurs. Ces valeurs seront prises pour
comparaison aux deux codes de calcul.
• Le règlement BAEL fournit des modules d’élasticité proches de ceux évalués
expérimentalement (-1 à +7%). Pour sa part, l’Eurocode 2 a tendance à sous-estimer
légèrement les modules d’élasticité des deux types de béton indépendamment de leurs
caractéristiques de mise en œuvre (environ -2 à -9%).

II.2.3 Bétons à hautes performances

Pour les bétons à hautes performances, on peut noter quelques différences entre les modules
des BAP et des BV bien que leurs résistances mécaniques en compression soient très proches.

• Le BAP 60 présente un module d’élasticité inférieur de 8% à celui du béton vibré pour


toutes les échéances et les deux types de mesure.
Ainsi, les modules mesurés par capteur à 7 jours sont de 38,2 GPa pour le BAP et de
41,8 GPa pour le BV avec des dispersions de mesure importantes (± 1,2 à ± 2,5 GPa).
Les modules mesurés par jauges à 28 jours sont de 36,1 GPa pour le BAP et de
38,9 GPa pour le BV avec une faible dispersion (± 0,5 GPa).
• A l’inverse des deux autres classes de résistance, le règlement BAEL surestime le
module d’élasticité des deux bétons à hautes performances (+10% pour le BV et +19%

106
pour le BAP). En revanche, les prévisions de l’Eurocode 2 restent convenables même si
on observe un écart de +9% pour le BAP.
De plus, alors que l’observation expérimentale a révélé un module d’élasticité inférieur pour
le BAP par rapport à celui du BV, les deux codes de calcul ne mettent pas en évidence cet
écart étant donné l’équivalence des résistances mécaniques de deux bétons.

II.2.4 Commentaires

Il est établi que le module d’élasticité d’un matériau cimentaire dépend du module de
déformation des granulats et de la fraction volumétrique qu’ils occupent au sein du matériau
(voir chapitre 1 § IV.1.2). Or, hypothèse préliminaire de notre travail, les formulations de
BAP présentées ici, à l’exception des formules à hautes performances, sont élaborées avec les
mêmes granulats et possèdent un rapport granulat/sable (G/S, en volume) identique à celui des
bétons vibrés (0,86 ou 0,89). Ces paramètres ne peuvent par conséquent pas être pris en
compte pour expliquer les éventuelles différences entre les deux premières classes de
résistance.

Par contre, les BAP et les bétons vibrés à hautes performances ne présentent pas le même
rapport G/S. Le béton vibré ayant été formulé à partir de la méthode de Dreux-Gorisse
[Dreux 95], il présente un rapport G/S plus important que celui du BAP (respectivement 1,45
et 0,90). On peut donc aussi associer d’éventuelles différences de rigidité mécanique entre ces
deux types de béton aux proportions différentes de granulats.

Un autre paramètre influant sur les caractéristiques mécaniques est le volume de pâte de
ciment. Celui-ci est d’autant plus important dans les BAP que le pourcentage volumique des
granulats dans ces bétons s’éloigne de celui des bétons vibrés. Ainsi, les trois BAP possèdent
un pourcentage volumique de granulats respectivement égal à 62,5, 63,6 et 63,0% (BAP 20,
BAP 40 et BAP 60), contre 69,2, 69,4 et 68,9% pour les bétons vibrés correspondants (BV 20,
BV 40 et BV 60).

Cet écart entre volumes de pâte pourrait expliquer la légère supériorité des modules des
BV 20 et BV 60 par rapport à ceux du BAP 20 et BAP 60. Néanmoins, cette explication n’est
pas valable pour les bétons de résistance intermédiaire. En effet, pour les bétons d’ouvrage,
les modules d’élasticité des deux types bétons de même résistance mécanique ne présentent
pas de différence significative.

En tout état de cause, à partir de nos résultats et de la précision de mesures, on peut considérer
que les modules de déformation sont équivalents entre BAP et BV. En conséquence, les

107
modèles réglementaires restent applicables bien que leurs prévisions ne soient pas toujours
très justes (cas des bétons à hautes performances).

III DEFORMATIONS DIFFEREES SANS CHARGE

Le béton subit des déformations dimensionnelles dès la fin de sa mise en place dans le
coffrage pour lequel il a été préparé. Ces variations de dimension se développent dans
différentes directions et sont dirigées par divers phénomènes physiques et chimiques
explicités au chapitre 1 (voir § IV.1.3). Elles ont lieu dans un matériau libre de toute
contrainte et à plus forte raison pour un matériau subissant un chargement. En règle générale,
les déformations sans charge sont divisées en deux parties : la première concerne les
déformations du matériau à l’état frais (communément de 0 à 24 heures) et la deuxième
s’intéresse à la continuation de ces premières déformations une fois le matériau durci (au-delà
de 24 heures).

III.1. COEFFICIENT DE DILATATION THERMIQUE LINEAIRE (CDT)

La présentation des résultats de retrait au jeune âge (voir paragraphe suivant) nécessite la
détermination préalable d’une propriété physique intrinsèque du béton. Cette grandeur
s’appelle le coefficient de dilatation thermique (souvent noté CdT et exprimé en 10-6/°C). Ce
coefficient traduit les variations de longueur du matériau en fonction des variations de
température qu’il subit.

D’après la figure 3.4, la relation qui lie gradient de température et déformations (d’un
échantillon de béton dans sa phase plastique) apparaît clairement.

50 27

25
0
déformations (µm/m)

23
température (°C)

-50 21

19
-100 déformations
17
température
-150 15
0 3 7 10
tem ps (heures)

Figure 3.4 : Exemple de résultats d’essai de détermination du CdT

108
L’élévation de la température entraîne le gonflement du béton (représenté négativement sur le
graphique) et inversement, lorsque la température diminue, le béton se rétracte. A partir de
telles courbes, le rapport de la variation de longueur au gradient de température correspondant
fournit le coefficient de dilatation thermique du béton étudié, pour chaque cycle de
température imposé (et en fonction du temps).

La détermination de ce coefficient est essentielle puisqu’il va permettre de connaître les


réactions dimensionnelles d’un élément de béton vis-à-vis de certains gradients de
température. Ainsi, la part de déformation due à l’échauffement qui se produit dans les
premières heures d’hydratation du ciment pourra être quantifiée par l’intermédiaire de cette
grandeur. Pour s’affranchir de l’élévation de température qui a eu lieu dans les échantillons
testés, les déformations mesurées au cours de l’essai de retrait au jeune âge seront corrigées à
l’aide du coefficient de dilatation thermique.

Expérimentalement, ce coefficient est déterminé sur le béton en cours de durcissement en


mesurant les déformations et les températures de deux échantillons de béton qui subissent
plusieurs cycles chaud – froid (voir chapitre 2 § III.2.3.a). Cette grandeur est également
mesurée sur le matériau durci (plus précisément à 24 heures).

Pour des raisons pratiques, ces coefficients n’ont été déterminés que sur les bétons de
bâtiment et les bétons d’ouvrage.

III.1.1 Bétons de bâtiment

Les évolutions des coefficients de dilatation thermique des deux bétons de bâtiment sont
présentées figure 3.5.

109
25

coefficient de dilatation thermique


20

15

(µm/m/°C)
BAP 20
10
BV 20

0
0 2 4 6 8 10
tem ps (heures)

Figure 3.5 : Evolution du coefficient de dilatation thermique des bétons de bâtiment

On constate que les coefficients de dilatation thermique du BAP et du BV de bâtiment


diminuent de la même manière au jeune âge, ce qui traduit le développement progressif de la
résistance mécanique du matériau. A l’état durci (à 24 heures), les CdT sont de 16 µm/m/°C
pour le BV 20 et de 12 µm/m/°C pour le BAP 20.

D’autre part, on observe que les valeurs du CdT sont systématiquement inférieures de 20%
environ pour le BAP par rapport au BV.

III.1.2 Bétons d’ouvrage

La figure 3.6 représente l’évolution des coefficients de dilatation thermique du BAP et du


béton vibré d’ouvrage.

25

BAP 40
coefficient de dilatation thermique

20
BV 40

15
(µm/m/°C)

10

0
0 2 4 6 8 10
tem ps (heures)

Figure 3.6 : Evolution du coefficient de dilatation thermique des bétons d’ouvrage

110
Pour les bétons d’ouvrage, on constate également pour les deux bétons une diminution du
CdT avec le temps liée au développement de la résistance mécanique à l’intérieur du
matériau.

De plus, comme dans le cas des bétons de bâtiment, le BAP 40 possède un coefficient de
dilatation thermique légèrement inférieur à celui du béton vibré (-20%). Cependant, à
24 heures, les coefficients de dilatation thermique sont très proches, 11 µm/m/°C pour le
BV 40 et 10,5 µm/m/°C pour le BAP 40.

Enfin, les bétons d’ouvrage (40 MPa) paraissent moins sensibles (CdT compris entre 8,8 et
10,4.10-6/°C) que les bétons de plus faible résistance (CdT compris entre 16,9 et 23,7 10-6/°C)
aux gradients de température qu’ils subissent.

III.1.3 Commentaires

Le coefficient de dilatation thermique du béton dépend des coefficients de dilatation de ces


deux principaux composants : les granulats et la pâte de ciment. Ainsi, compte tenu du
volume prépondérant occupé par les granulats, le CdT du béton est globalement fonction de la
teneur en granulats et de leur CdT, qui est plus faible que celui du béton [Neville 00]. La
présence de granulats en quantité moins importante dans les BAP serait susceptible
d’engendrer une augmentation de leur CdT par rapport aux bétons vibrés correspondants,
mais les résultats présentés ci-dessus désapprouvent cette hypothèse.

III.2. RETRAIT AU JEUNE AGE (0-24 H)

Ces essais de retrait au jeune âge sont exécutés sur deux éprouvettes prismatiques
10x10x50 cm dans la période 0-48 heures (voir chapitre 2 § III.2.3.b). Deux essais sont
réalisés pour chaque composition de béton (leur répétitivité a confirmé les résultats présentés
dans cette partie).

Concernant l’environnement extérieur aux échantillons testés, deux types de conditions aux
limites ont été imposés pour chacun des bétons étudiés afin de vérifier d’éventuelles
différences entre BAP et bétons vibrés. Les premiers résultats présentés proviennent d’essais
réalisés sur des échantillons dont la surface supérieure était en échange libre avec le milieu
extérieur (20°C, 50% H.R., vitesse maximale des courants d’air de 0,35 m.s-1). La deuxième
série de résultats présentée a été obtenue pour des essais menés sur des échantillons protégés
de cette dessiccation (produit de cure ou eau).

111
Les résultats des essais sont corrigés et exploités à partir du coefficient de dilatation
thermique précédemment déterminé.

III.2.1 Retrait au jeune âge en dessiccation

Les deux grandeurs déformations et température sont tout d’abord représentées en fonction du
temps sur un même graphique (exemple figure 3.7) afin d’observer de probables corrélations.

On constate que dans la partie 0-4 heures, pour tous les bétons, deux phénomènes ont lieu
simultanément : un retrait plastique et un gonflement (représenté négativement sur le
graphique) dû au tassement. Le premier est généralement prépondérant par rapport au
deuxième, ce qui explique l’allure de la courbe expérimentale dans cette zone.

Cependant, pendant les premières heures d’essai (0-3 heures), d’une composition à l’autre, les
observations sont diverses et la prépondérance d’un phénomène sur l’autre (retrait plastique
ou gonflement) varie selon les cas. La détermination correcte des variations dimensionnelles
des éléments étudiés à partir du temps de mise en place n’est pas chose aisée.

600 22,0

500
21,5
tem pérature (°C)
400
retrait (µm /m )

21,0
300
20,5
200
déformations
20,0
100 T° béton
T° ambiante
0 19,5
0 5 10 15 20 25 30 35 40
temps (heure)

Figure 3.7 : Exemple de diagramme déformations-températures

Par conséquent, conformément aux travaux de Sarkis [Sarkis 02], les courbes expérimentales
sont reprises à partir du point t0 = 4 heures (ou 5 heures, suivant les cas, de manière à
supprimer la zone dans laquelle le béton est soumis simultanément à un retrait plastique et à
un tassement) et la comparaison des retraits au jeune âge des divers bétons est donc faite sur
les diagrammes correspondants.

112
a. Bétons de bâtiment

Le retrait en dessiccation et l’évolution de la température des bétons de bâtiment entre 4 et 40


heures (après coulage) sont représentés sur la figure 3.8.

500 22,5

400 BAP 20 (R) 22,0


BV 20 (R)
déform ations (µm /m )

tem pérature (°C)


300 BAP 20 (T°) 21,5
BV 20 (T°)
200 21,0

100 20,5

0 20,0

-100 19,5
4 9 14 19 24 29 34 39
tem ps (heures)

Figure 3.8 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 4 et 40 heures

Ces courbes montrent principalement que le BAP présente un retrait au jeune âge nettement
supérieur à celui du béton vibré (environ 415 µm/m contre 15 µm/m à 10 heures, dispersion
de l’ordre de ± 30 µm/m).

On peut également observer un léger gonflement qui pourrait être corrélé avec l’élévation de
la température. Cependant, si les maximums respectifs se correspondent exactement pour le
BAP (maximum à 18 heures), ce n’est pas le cas pour le béton vibré pour lequel il y a un
décalage de 3 heures (maximum de température à 18 heures et de gonflement à 21 heures).

Au-delà du temps pour lequel a lieu ce gonflement, il n’existe plus de différence significative
entre l’évolution du retrait du BAP et celle du béton vibré, les cinétiques de retrait étant
similaires pour les deux bétons.

b. Bétons d’ouvrage

La figure 3.9 présente l’évolution entre 5 et 40 heures du retrait et de la température des


bétons d’ouvrage (pour des échantillons en échange libre avec l’extérieur).

113
500
25

400
24

déform ations (µm /m )

tem pérature (°C)


300 23

22
200
BAP 40 (R)
21
BV 40 (R)
100
BAP 40 (T°) 20
BV 40 (T°)
0 19
5 10 15 20 25 30 35
tem ps (heures)

Figure 3.9 : Evolution du retrait et de la température des bétons d’ouvrage entre 5 et 40 heures

D’après cette figure, les bétons d’ouvrage ne présentent pas des différences aussi marquées
entre les deux types de béton que celles observées pour les bétons de bâtiment. Ainsi, d’un
point de vue quantitatif, le BAP est légèrement plus sensible au retrait au jeune âge que le
béton vibré (respectivement 340 µm/m contre 205 µm/m à 10 heures, mais avec des
dispersions de mesure de ± 50 µm/m). De plus, les maximums de gonflement de ces deux
bétons, qui correspondent également aux maximums de température, apparaissent avec un
décalage temporel d’environ 2 heures pour des temps inférieurs à ceux des bétons de bâtiment
(respectivement 15 et 17 heures pour le BAP 40 et le BV 40). Au-delà de ce temps,
l’évolution du retrait est équivalente pour le BAP et le béton vibré.

III.2.2 Retrait endogène au jeune âge

Le retrait endogène est déterminé avec le même procédé expérimental mais en empêchant tout
départ de l’eau des bétons fraîchement coulés. Pour cela, deux types de cure ont été appliqués
au cours de cet essai.

• La première cure a été réalisée au moyen d’un produit de cure solvanté (Cimcure, voir
Annexe 5) pulvérisé sur chacun des échantillons testés. Ce produit est appliqué juste
après le coulage du matériau avec un dosage compris entre 100 et 150 g/m². Après
évaporation du solvant, la résine polymérise et forme un film qui empêche
l’évaporation de l’eau de gâchage (masse d’eau évaporée divisée par 6 pour certains
d’entre eux, d’après Turcry [Turcry 04]). Ces produits sont recommandés pour les
éléments dont le rapport surface/volume est élevé, et susceptibles de sécher rapidement.

114
• La deuxième cure est une cure humide qui a été exécutée en appliquant une mince
couche d’eau (de 7 à 10 mm) sur les échantillons étudiés une fois la prise commencée
(soit environ 3 heures après le début de l’essai).

Pour des raisons identiques à celles invoquées pour le retrait en dessiccation, la comparaison
des retraits au jeune âge pour les échantillons protégés des échanges hydriques avec le milieu
extérieur est réalisée dans l’intervalle de temps 4-40 heures.

a. Bétons de bâtiment

L’évolution de la température au sein du matériau et son retrait sont représentés sur la figure
3.10 pour les bétons de faible résistance mécanique.

Par comparaison à la figure 3.8, on peut observer l’influence bénéfique de la cure sur le retrait
au jeune âge des bétons de bâtiment. Ainsi, l’application du produit de cure conduit à
diminuer de manière significative l’amplitude du retrait plastique (-70% à 10 heures pour le
BAP, gonflement pour le BV 20). Par contre, elle ne modifie pas la cinétique du retrait
puisqu’on retrouve les mêmes temps de maximum de gonflement avec les mêmes écarts entre
les deux bétons (3 heures entre BAP et béton vibré).

200 BAP 20 (R) 24


BV 20 (R)
150 BAP 20 (T°)
BV 20 (T°) 23
déform ations (µm /m )

100
tem pérature (°C)

50
22
0

-50
21

-100

-150 20
4 9 14 19 24 29 34 39
tem ps (heures)

Figure 3.10 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 4 et 40 heures,
après application d’un produit de cure

Ces résultats confirment l’efficacité de tels produits, puisque seule l’amplitude du retrait est
diminuée (et non les cinétiques de ces déformations), comme l’a déjà montré Turcry
[Turcry 04]. Cette cure a donc des conséquences bénéfiques quant aux dommages potentiels
dus à la fissuration par retrait plastique, qui peut se développer lorsque la quantité d'eau
évaporée à la surface du béton est supérieure à la quantité d'eau de ressuage [Uno 98].

115
Les résultats de la cure à l’eau pour les bétons de bâtiment sont présentés sur la figure 3.11.

0 25

24
déform ations (µm /m ) -100

tem pérature (°C)


23

-200 22

BAP 20 (R) 21
-300 BV 20 (R)
BAP 20 (T°) 20
BV 20 (T°)
-400 19
3 8 13 18 23 28 33 38
tem ps (heures)

Figure 3.11 : Evolution du retrait et de la température des bétons de bâtiment entre 3 et 40 heures
avec cure à l’eau

Dans ce cas de figure, les déformations subies par les deux bétons dans la période 4-24 heures
ne sont plus des retraits mais des gonflements (signe négatif sur les courbes). Au-delà de
24 heures, les premiers retraits sont observés.

L’eau présente en surface est trop importante pour être évaporée et se retrouve par conséquent
absorbée en partie par la pâte de ciment en cours d’hydratation. La pâte de ciment se dilate
alors et l’expansion qu’elle subit est traduite par les résultats présentés ci-dessus. Une fois la
structuration mécanique de la pâte de ciment établie (à partir de 20 heures), l’absorption d’eau
ne joue plus un rôle prépondérant dans les déformations du matériau qui sont alors contrôlées
par le retrait d’autodessiccation. Ce phénomène, qui est le reflet macroscopique d’une
diminution de volume d’origine chimique, agit en effet dans de telles conditions et génère les
principales contractions du matériau béton.

En comparant les figures 3.10 et 3.11, on constate que la cure humide est la plus efficace pour
supprimer les retraits plastiques pour les deux types de béton.

b. Bétons d’ouvrage

Les déformations et la température des bétons d’ouvrage testés sont portées en fonction du
temps sur la figure 3.12 pour la période 4-40 heures.

116
300 BAP 40 (R) 28
BV 40 (R)
BAP 40 (T°)
BV 40 (T°)

déform ations (µm /m )


26

tem pérature (°C)


200

24

100
22

0 20
4 9 14 19 24 29 34 39
tem ps (heures)

Figure 3.12 : Evolution de la température et du retrait des bétons d’ouvrage entre 4 et 40 heures,
après application d’un produit de cure

Sur cette figure, on constate que les différences de retrait entre BAP et BV sont très faibles
aussi bien en amplitude qu’en cinétique (les maximums de gonflement sont atteints pour des
temps voisins).

En comparant les figures 3.9 et 3.12, on peut noter que l’utilisation d’un produit de cure
diminue sensiblement le retrait au jeune âge des bétons d’ouvrage. Cette réduction du retrait
est du même ordre pour les deux types de béton et similaire à celle observée pour les bétons
de bâtiment (environ –70%, à 10 heures, pour le BAP et le BV). De plus, les cinétiques
restent identiques ce qui signifie que l’effet de ces produits porte uniquement sur l’amplitude
du retrait (diminution, en l’occurrence). Ces résultats sur les bétons d’ouvrage apportent une
preuve supplémentaire quant aux conséquences bénéfiques liées à l’application de tels
produits sur un élément en béton soumis à une dessiccation et à ses dangers éventuels
(fissuration).

Les résultats de l’essai de retrait au jeune âge pour des échantillons auxquels est appliquée
une cure humide sont présentés sur la figure 3.13.

117
0 30
BAP 40 (R)
BV 40 (R) 28

déform ations (µm /m )


-100 BAP 40 (T°)

tem pérature (°C)


BV 40 (T°)
26

-200
24

-300
22

-400 20
3 8 13 18 23 28 33 38
tem ps (heures)

Figure 3.13 : Evolution de la température et du retrait des bétons d’ouvrage entre 3 et 40 heures,
avec une cure à l’eau

Dans ces conditions d’essai, le BAP et béton vibré d’ouvrage présentent un retrait entre 3 et
40 heures identique. Les déformations subies sont du gonflement jusqu’à une échéance proche
de 20 heures, avec une amplitude voisine de celle des bétons de bâtiment (voir figure 3.11).
Suite à cela, le retrait devient le phénomène prépondérant et sa cinétique d’évolution est
analogue pour les deux types de béton.

L’application de ce type de cure entraîne donc une suppression totale du retrait au jeune âge,
et ce de manière identique entre le BAP et le béton vibré.

III.2.3 Commentaires

Dans des conditions d’échange libre avec le milieu extérieur, les observations précédentes
montrent que les BAP présentent un retrait au jeune âge plus important que les bétons vibrés,
et plus particulièrement pour les bétons de faible résistance mécanique. Deux explications
peuvent être proposées.

• La présence moins importante d’eau de ressuage pour les BAP, en comparaison aux
BV, qui entraîne un séchage plus rapide de la surface supérieure des échantillons testés.
Dans cet essai, cette perte d’eau supérieure peut se traduire directement par une
contraction plus importante de l’élément en question.

• La présence d’additions minérales dans les BAP qui conduit ceux-ci à posséder des
pores plus fins que ceux des bétons vibrés. En effet, la pression capillaire étant
inversement proportionnelle au rayon des pores, celle-ci est d’autant plus forte dans les

118
BAP, ce qui engendrerait un retrait plus important dans ces bétons, par comparaison
aux bétons vibrés correspondants.

Les résultats quant à l’application d’une cure (cure humide ou à l’aide d’un produit
spécifique) montrent que les comportements des BAP soumis à de telles cures sont similaires
à ceux des bétons vibrés. L’intérêt de contrôler au mieux les conditions environnantes dans
lequel réside le matériau au moment du coulage (et plusieurs heures après) afin d’éviter des
désordres futurs sur la structure concernée est donc valable pour les BAP comme il l’était
jusqu’ici pour les bétons vibrés.

En conclusion, il apparaît que les BAP sont plus sensibles au retrait plastique que les bétons
vibrés. Or, le retrait au jeune âge est l’un des facteurs essentiels du phénomène de fissuration
qui peut être néfaste et dommageable dans le cas de constructions horizontales (fissures,
faïençage). Les BAP seraient donc défavorisés par rapport aux BV.

Cependant, dans la pratique, la solution couramment employée pour éviter la fissuration est
l’utilisation d’une cure (humide ou à l’aide d’un produit particulier). L’efficacité de la cure
humide a été prouvée sur les BAP qui présentent alors des déformations équivalentes à celles
des bétons vibrés. En revanche, l’application d’un produit de cure spécifique (conditions
d’application identiques) ne permet pas de ramener le retrait du BAP au niveau de celui du
BV, même si elle réduit considérablement l’amplitude du retrait au jeune âge.

119
III.3. RETRAIT DU BETON DURCI (AU-DELA DE 24 H)

Les mesures de retrait total et de retrait endogène ont été conduites pour les deux premières
séries de formulations dont les caractéristiques de composition sont très proches (voir
chapitre 2 § III.2.3.c). Ces mesures ont été effectuées sur six éprouvettes prismatiques
10x10x50 cm pour les premières d’entre elles et sur six éprouvettes cylindriques
Ø11xH22 cm pour les deuxièmes, à partir de un jour.

III.3.1 Retrait total

a. Bétons de bâtiment

Les résultats relatifs au retrait total des bétons de bâtiment sont présentés jusqu’à 600 jours
sur la figure 3.14.

800

600
retrait (µm/m)

400
BAP 15
BAP 20 I
200 BV 20 I
BAP 20 II
BV 20 II

0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.14 : Retrait total des bétons de bâtiment

D’un point de vue quantitatif, les valeurs expérimentales du retrait total des premiers bétons
de bâtiment, à 600 jours, sont les suivantes : 704 µm/m pour le BAP 15, 648 µm/m pour le
BAP 20 I et 616 µm/m pour le BV 20 I.

Les valeurs de retrait total obtenues, à 535 jours, pour les deuxièmes formulations sont en
adéquation avec les précédentes (malgré la différence de forme des échantillons testés) :
598 µm/m pour le BAP 20 II et 664 µm/m pour le BV 20 II.

L’observation de ces données expérimentales révèle des retraits totaux équivalents pour les
deux types de béton : la différence entre le retrait total d’un BAP et celui du béton vibré
correspondant n’est pas significative (étant donné la dispersion de mesures de ± 20 µm/m).

120
b. Bétons d’ouvrage

Le retrait total des deux séries de formulation de bétons d’ouvrage est présenté jusqu’à 600
jours sur la figure 3.15.

1000

800
retrait (µm/m)

600

BAP 40 I
400
BV 40 I
BAP 40 II
200
BV 40 II

0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.15 : Retrait total des bétons d’ouvrage

Le retrait total des premiers bétons d’ouvrage présente les valeurs suivantes à 600 jours :
699 µm/m pour le BAP 40 I et 716 µm/m pour le BV 40 I.

Les deuxièmes formulations possèdent un retrait total légèrement supérieur. A 535 jours, ce
retrait est de l’ordre de 858 µm/m pour le BAP 40 II et 760 µm/m pour le BV 40 II. Cette
augmentation du retrait total, en particulier pour le BAP (+159 µm/m contre +44 µm/m pour
le BV), est contradictoire à la diminution du rapport E/LEquiv (de 0,6 à 0,5) qui a été effectuée
entre la première et la deuxième série de ces bétons de classe moyenne. Le changement de
forme d’éprouvette conduisant à une augmentation du rapport volume/surface a pu jouer un
rôle dans cette augmentation des déformations en échanges libres avec l’extérieur (non
observé pour les bétons de bâtiments).

Malgré cela, comme pour les bétons de bâtiment, BAP et BV d’ouvrage ne présentent pas de
différence significative de leur retrait total (dispersion des mesures de ± 20 µm/m). Les
retraits totaux sont équivalents pour les deux types de béton et également comparables pour
les deux classes de résistance mécanique, à savoir 20 et 40 MPa respectivement.

c.

121
Bétons à hautes performances

La figure 3.16 présente le retrait total des bétons à hautes performances jusqu’à 180 jours.

600

500

400
retrait (µm/m)

300

200 BAP 60

100 BV 60

0
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.16 : Retrait total des bétons à hautes performances

Ces bétons, testés en fin du projet de recherche, présentent des cinétiques de retrait différentes
qui font que les BAP ont à plus longue échéance un retrait total légèrement supérieur à celui
des BV (570 µm/m pour le BAP 60 et 407 µm/m pour le BV 60 à 180 jours, à ± 30 µm/m
près).

Il est possible que cette différence de retrait soit associée aux différences importantes de
formulation (différence de rapport G/S et de volume de pâte).

d. Commentaires

Malgré les différentes dimensions d’éprouvettes testées et les écarts de composition éventuels
(rapport E/LEquiv), le retrait total des BAP ne se différencie pas singulièrement de celui des
BV pour les deux premières classes de résistance mécanique. Pour les bétons à hautes
performances, les différences de squelette granulaire semblent avoir conduit le BAP à des
déformations plus importantes que celles du BV (la cinétique est également plus forte).

III.3.2 Retrait endogène

a. Bétons de bâtiment

Le retrait endogène des bétons de bâtiment est présenté sur la figure 3.17.

122
400

300

retrait (µm/m) 200

100
BAP 15 BAP 20 I
BV 20 I BAP 20 II
BV 20 II
0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.17 : Retrait endogène des bétons de bâtiment

D’après cette figure, l’ordre de grandeur du retrait endogène des premiers bétons de bâtiment
à 600 jours est de 190 µm/m pour le BAP 15, de 209 µm/m pour le BAP 20 I et de 127 µm/m
pour le BV 20 I. Les valeurs obtenues pour les deuxièmes formulations à 535 jours sont
légèrement supérieures à savoir 332 µm/m pour le BAP 20 II et 178 µm/m pour le BV 20 II
(l’augmentation du retrait entre les deux séries de béton pourrait être liée au changement de
type d’éprouvettes et de rapport surface/volume).

A partir de ces résultats, on peut donc considérer que le retrait endogène des BAP est
légèrement supérieur à celui des BV de même résistance.

b. Bétons d’ouvrage

Le retrait endogène des bétons d’ouvrage est présenté sur la figure 3.18.

400

300
retrait (µm/m)

200

BAP 40 I
BV 40 I
100
BAP 40 II
BV 40 II
0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.18 : Retrait endogène des bétons d’ouvrage

123
On constate que le retrait endogène des premières formulations à 600 jours est de 272 µm/m
pour le BAP 40 I et 200 µm/m pour le BV 40 I. Le retrait endogène obtenu pour les
deuxièmes formulations (sur éprouvettes cylindriques Ø11xH22 cm) est légèrement supérieur
au précédent : 362 µm/m pour le BAP 40 II et 309 µm/m pour le BV 40 II, à 535 jours.

Cette augmentation entre les deux séries peut toujours être liée au changement de forme
d’éprouvette mais aussi à la diminution du rapport E/C. En effet, ces formulations de bétons
d’ouvrage ont vu leur rapport E/LEquiv diminué de 0,6 à 0,5 et, contrairement au retrait en
dessiccation, le retrait endogène augmente avec la diminution du rapport E/C.

La conclusion de ces résultats est similaire à celle tirée pour les bétons de bâtiment, à savoir
que les BAP développent à long terme un retrait endogène légèrement supérieur à celui des
BV de même résistance.

c. Bétons à hautes performances

Le retrait endogène des bétons à hautes performances est représenté sur la figure 3.19.

250

200
retrait (µm/m)

150

100

BAP 60
50
BV 60

0
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.19 : Retrait endogène des bétons à hautes performances

D’après cette figure, le BAP présente un retrait systématiquement inférieur à celui du BV.
Cependant, l’écart entre les valeurs expérimentales à 180 jours pour ces deux bétons étant
faible (168 µm/m pour le BAP 60 et 195 µm/m pour le BV 60), compte tenu de la précision
des résultats (à ± 20 µm/m près) on peut considérer que les BAP et les BV à hautes
performances présentent un même retrait endogène.

124
d. Commentaires

En ce qui concerne le retrait endogène, les observations générales sur les trois classes de
résistance sont totalement opposées à celles évoquées pour le retrait total. Le retrait endogène
des bétons de bâtiment et des bétons d’ouvrage devient en effet plus important pour les BAP à
long terme, alors que celui des bétons à hautes performances est similaire pour les deux types
de bétons.

III.3.3 Retrait de dessiccation

A partir des retraits total et endogène mesurés sur les éprouvettes, un troisième retrait peut
être calculé par différence en supposant qu’il y ait indépendance des phénomènes : le retrait
de dessiccation. Ce retrait peut être considéré comme dû uniquement à l’évaporation de l’eau
contenue dans la pâte de ciment hydraté et qui se développe à partir des surfaces exposées à
l’ambiance extérieure.

a. Bétons de bâtiment

Les figures 3.20 présentent l’évolution du retrait de dessiccation des bétons de bâtiment en
fonction du temps (figure 3.20 a) ou de la perte de masse (figure 3.20 b).

600 600
BAP 15
500 500 BAP 20 I
BV 20 I
400 400
BAP 20 II
retrait (µm/m)

retrait (µm/m)

BV 20 II
300 300

200 BAP 15 200


BAP 20 I
100 100
BV 20 I
BAP 20 II
0 0
BV 20 II
-100 -100
0 100 200 300 400 500 600 700 0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7%
tem ps (jours) perte de m asse (%)

(a) (b)
Figure 3.20 : Retrait de dessiccation des bétons de bâtiment en fonction du temps (a) et de la perte de masse (b)

Les valeurs présentées sur la figure 3.20 a) sont stabilisées et permettent de conclure que le
retrait de dessiccation est identique entre BAP et BV de même résistance mécanique (sauf le
BAP 20 II qui présente des valeurs inférieures liées à un retrait endogène fort).

La représentation du retrait de dessiccation en fonction de la perte de masse (voir figure


3.20 b) montre bien l’influence du rapport E/LEquiv : à retrait de dessiccation constant, la perte
de masse du béton augmente avec le rapport E/LEquiv.

125
b. Bétons d’ouvrage

Les figures 3.21 présentent l’évolution du retrait de dessiccation des bétons d’ouvrage en
fonction du temps (figure 3.21 a) ou de la perte de masse (figure 3.21 b).

600 600

500 500

400 400

retrait (µm/m)
retrait (µm/m)

300 300

200 BAP 40 I 200 BAP 40 I


BV 40 I BV 40 I
100 100
BAP 40 II BAP 40 II
0 BV 40 II 0 BV 40 II

-100 -100
0 100 200 300 400 500 600 700 0% 1% 2% 3% 4%
tem ps (jours) perte de m asse (%)

(a) (b)
Figure 3.21 : Retrait de dessiccation des bétons d’ouvrage en fonction du temps (a) et de la perte de masse (b)

Le retrait de dessiccation, calculé par différence entre retrait total et retrait endogène, est
équivalent entre BAP et béton vibré d’ouvrage (voir figure 3.21 a) et est identique à celui des
bétons de bâtiment (voir figure 3.20 a).

La deuxième figure (figure 3.21 b) apporte une preuve supplémentaire de l’influence du


rapport E/LEquiv sur le retrait de dessiccation. En effet, comme pour les bétons de bâtiment, on
constate que le retrait de dessiccation des deuxièmes formulations intervient pour une perte de
masse plus faible que celle des premières formulations, dont le rapport E/ LEquiv est supérieur
(respectivement 0,50 et 0,60).

c. Bétons à hautes performances

Les figures 3.22 présentent l’évolution du retrait de dessiccation des bétons à hautes
performances en fonction du temps (figure 3.22 a) ou de la perte de masse (figure 3.22 b).

On peut tout d’abord constater, figure 3.22 a, que le BAP à hautes performances présente des
valeurs plus importantes de retrait de dessiccation que celles du BV correspondant (très
certainement lié au rapport E/LEquiv légèrement plus élevé pour le BAP). Cependant, le retrait
de dessiccation de ces bétons est plus faible que celui des bétons des classes de résistance
inférieure.

L’expression du retrait de dessiccation en fonction de la perte de masse des bétons à hautes


performances (voir figure 3.22 b) montre une nouvelle fois que l’évolution de cette

126
déformation est très proche pour les types de deux bétons (malgré une légère différence de
rapport E/LEquiv).

500 500

400 400 BAP 60

BV 60
retrait (µm/m)

retrait (µm/m)
300 300

200 200

BAP 60
100 100
BV 60

0 0
0 50 100 150 200 0,0% 0,2% 0,4% 0,6% 0,8% 1,0% 1,2% 1,4%
tem ps (jours) perte de m asse (%)

(a) (b)
Figure 3.22 : Retrait de dessiccation des bétons à hautes performances en fonction du temps (a) et de la perte de
masse (b)

d. Commentaires

Les différentes courbes d’évolution du retrait de dessiccation en fonction de la perte de masse


(figures 3.20 b, 3.21 b et 3.22 b) montrent qu’après un premier départ d’eau sans conséquence
sur le retrait, il existe une deuxième phase où le retrait évolue avec la perte d’eau.

Les figures 3.23, qui reprennent ces résultats pour l’ensemble des bétons (différentes
formulations et différentes formes d’éprouvettes), montrent que les pertes de masse sont bien
distinctes entre les bétons de bâtiment, les bétons d’ouvrage et les BHP mais aussi que
l’évolution du retrait en fonction de la perte de masse peut être considérée comme linéaire.
Ces résultats sont synthétisés tableau 3.3 où figurent les abscisses à l’origine et les
coefficients de proportionnalité (pente des courbes) pour les différents bétons.

500 500

400 400
retrait (µm/m)
retrait (µm/m)

300 300

BAP 20 II
200 BAP 15 200 BV 20 II
BAP 20 I BAP 40 II
BV 20 I BV 40 II
100 100
BAP 40 I BAP 60
BV 40 I BV 60
0 0
0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7% 0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7%
perte de m asse (%) perte de m asse (%)

(a) (b)
Figure 3.23 : Retrait de dessiccation des premières (a, échantillons 10x10x50 cm) et deuxièmes (b, échantillons
Ø 11x22 cm) formulations de béton en fonction de la perte de masse

127
Abscisse à Coefficient de
Pente (%)
l’origine (%) corrélation (R²)
BAP 15 3,47 181,4 0,990
Série 1 1,40 144,7 0,989
BAP 20
Série 2 2,40 145,7 0,982
Série 1 1,81 181,9 0,996
BV 20
Série 2 2,26 295,8 0,976
Série 1 0,37 182,0 0,990
BAP 40
Série 2 0,32 237,7 0,982
Série 1 0,60 205,8 0,995
BV 40
Série 2 0,46 275,2 0,926
BAP 60 0,32 446,9 0,885
BV 60 0,38 383,2 0,958
Tableau 3.3 : Caractéristiques du retrait de dessiccation des différents bétons testés

Ces résultats pourraient s’expliquer de la manière suivante : il existerait deux types d’eau et
deux familles de pores : l’eau contenue dans les gros pores partirait sans provoquer de retrait
alors que celle contenue dans les petits pores engendrerait les contractions du matériau
[Neville 00].

Toutes les formulations de bétons de bâtiment et les premières formulations de bétons


d’ouvrage (BAP 40 et BV 40 série 1) dont le rapport E/LEquiv est voisin de 0,6 ont des pentes
de courbes très proches (entre 14500 et 18200 µm/m.%). Cette équivalence témoigne d’un
comportement identique de ces bétons vis à vis du séchage.

Ensuite, lorsque le rapport E/C diminue, la cinétique du retrait de dessiccation en fonction de


la perte de masse est nettement accélérée : les résultats relatifs aux deuxièmes formulations de
bétons d’ouvrage (rapport E/LEquiv égal à 0,5) mettent bien en évidence cette observation. Les
BHP confirment cette hypothèse puisque qu’ils possèdent le rapport E/LEquiv le plus faible et
les valeurs des pentes de leurs courbes de retrait de séchage sont les plus importantes.

III.3.4 Commentaires

Les différents résultats, obtenus pour des échantillons de forme différente, indiquent
clairement qu’en terme d’amplitude et de cinétique, le retrait total des BAP peut être
considéré comme équivalent à celui des bétons vibrés, au sein d’une même classe de

128
résistance. Cependant, les BHP font exception à cette règle avec un retrait total des BAP
supérieur à celui des BV, qui peut probablement s’expliquer par les différences de
composition (squelette granulaire, volume de pâte, rapport E/C) entre les deux types de béton
et éventuellement une différence de serrage.

En revanche, le retrait endogène des BAP est légèrement plus élevé que celui des BV (ou
équivalent dans le cas des bétons à hautes performances) même si les différences restent
faibles à long terme (moins de 150 µm/m).

Ainsi, l’introduction d’additions minérales et la présence d’une plus grande quantité de pâte
de ciment dans les BAP n’ont eu que peu de conséquences néfastes sur les déformations libres
de ces bétons. L’effet mal connu des adjuvants sur ces déformations a pu jouer un rôle dans
l’équivalence des comportements différés des deux types de béton.

IV DEFORMATIONS DIFFEREES SOUS CHARGE

Le principe des essais de fluage (voir chapitre 2 § III.2.4) est de déterminer les déformations
différées de bétons soumis à des charges constantes pendant une longue période. Tout comme
pour le retrait, les essais de fluage sont divisés en deux parties : l’une sans échange hydrique
avec le milieu extérieur et l’autre en échange libre (20°C, 50% d’humidité relative).

Les déformations différées sont aussi mesurées sur des éprouvettes non chargées (retrait) de
géométrie identique (6 cylindres Ø11xH22 cm) afin de pouvoir obtenir les déformations liées
uniquement à la charge en retranchant aux déformations totales ces déformations de retrait.

Ces essais de déformations sous charge constante (choisie à 40% de la résistance mécanique
au moment du chargement, à savoir 7 jours [Rilem 98]) ont été menés sur les deuxièmes
formulations de béton ainsi que sur les bétons à hautes performances.

IV.1. DEFORMATIONS DIFFEREES

Les représentations qui sont données dans la suite de ce paragraphe pour les trois classes de
béton sont fondées sur le principe de superposition des déformations différées. Un échantillon
de béton chargé est en effet sujet à plusieurs déformations différées au cours du temps : du
retrait, qu’il subit dès le démoulage et tout au long de sa durée de vie, auquel s’ajoutent les
déformations dues au chargement, qui se décomposent en une déformation élastique

129
instantanée au moment du chargement et une déformation viscoélastique fonction du temps de
chargement.

Les courbes présentées par la suite comportent donc la somme de toutes ces déformations.
Ainsi, même si ce principe de superposition ne représente pas parfaitement le phénomène de
fluage [Neville 00], qui demeure encore aujourd’hui mal connu, il demeure une hypothèse de
travail utile pour traiter ces déformations.

IV.1.1 Bétons de bâtiment

Les déformations différées sous charge des bétons de bâtiment sont représentées figure 3.24,
pour les deux modes d’exposition (en dessiccation et endogène).

BAP 20 (dessicc.) BV 20 (dessicc.)

2400 BAP 20 (endo.) BV 20 (endo.)

2000
déformation (µm/m)

1600

1200

800

400

0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.24 : Déformations différées sous charge des bétons de bâtiment (t0 = 24 h., 40% RC7)

a. Déformations en mode dessiccation

Du point de vue des comparaisons entre BAP et BV, plusieurs remarques peuvent être faites.

• Les déformations instantanées élastiques qui ont lieu au moment du chargement des
éprouvettes sont équivalentes (334 µm/m pour le BAP et 307 µm/m pour le BV).

• Les déformations différées totales sous charge du BAP sont plus importantes que celles
du béton vibré. Ces différences atteignent 400 µm/m à 90 jours et 500 µm/m à 535
jours.

• Le retour instantané lors du déchargement est supérieur pour le BAP (254 µm/m) par
rapport au béton vibré (198 µm/m).

130
b. Déformations en mode endogène

De même, en mode endogène, les remarques suivantes peuvent être citées.

• Les déformations instantanées élastiques sont comparables : 238 µm/m pour le BAP 20
et 211 µm/m pour le BV 20.

• Les déformations différées sous charge du BAP affichent des valeurs supérieures à
celles du béton vibré (+109 µm/m à 90 jours et +185 µm/m à 535 jours).

• Le retour instantané lors du déchargement est légèrement plus important pour le BAP
(149 µm/m) que pour le BV (137 µm/m).

IV.1.2 Bétons d’ouvrage

Les déformations différées sous charge des bétons d’ouvrage sont présentées figure 3.25, pour
les deux modes d’exposition (dessiccation et endogène).

3000

2400
déformation (µm/m)

1800

1200

600 BAP 40 (dessicc.) BV 40 (dessicc.)

BAP 40 (endo.) BV 40 (endo.)


0
0 100 200 300 400 500 600 700
tem ps (jours)

Figure 3.25 : Déformations différées sous charge des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7)

a. Déformations en mode dessiccation

Pour ces bétons d’ouvrage en dessiccation, les commentaires sont les suivants.

• Les déformations instantanées élastiques sont équivalentes (398 µm/m pour le BAP et
378 µm/m pour le béton vibré).

• Les déformations différées sous charge sont supérieures pour le BAP (+220 µm/m à 90
jours et +557 µm/m à 535 jours).

131
• Le retour instantané est très proche pour les deux types de béton (395 µm/m et
381 µm/m respectivement pour le BAP et le BV) et identique à leur déformation
instantanée initiale.

b. Déformations en mode endogène

Pour les échantillons en mode endogène, les observations sont semblables.

• Les déformations instantanées initiales et les retours instantanés indiquent que les BAP
et les bétons vibrés sont équivalents (379 et 342 µm/m pour le BAP et 360 et
332 µm/m pour le BV).

• Les déformations différées sous charge sont plus grandes pour les BAP (environ
+400 µm/m après 28 jours et +423 µm/m après 535 jours).

IV.1.3 Bétons à hautes performances

Les déformations différées sous charge des bétons à hautes performances sont présentées
figure 3.26, pour les deux modes d’exposition (dessiccation et endogène).

3000

2500
déform ation (µm /m )

2000

1500

1000

BAP 60 (dessicc.) BV 60 (dessicc.)


500
BAP 60 (endo.) BV 60 (endo.)
0
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.26 : Déformations différées sous charge des bétons à hautes performances (t0 = 24 h., 40% RC7)

a. Déformations en mode dessiccation

Pour ces BHP en mode dessiccation, les remarques suivantes peuvent être faites.

• Du point de vue des déformations instantanées, on observe une différence entre BAP et
BV (685 µm/m pour le BAP et 516 µm/m pour le BV). Comme cela n’a pas été vu pour

132
les autres bétons, il s’agit là probablement d’une conséquence de la différence de
squelette granulaire entre les deux types de bétons.

• Du point de vue des déformations différées, le BAP haute performance est plus
sensible aux déformations sous charge que le béton vibré de même résistance
(+533 µm/m à 90 jours).

b. Déformations en mode endogène

Pour les échantillons scellés, les observations sont en accord avec celles relatives aux résultats
des essais en dessiccation.

• La déformation instantanée du BAP est aussi supérieure (603 µm/m) à celle du béton
vibré (491 µm/m).

• Les déformations différées du BAP sont supérieures à celles du béton vibré


correspondant (+350 µm/m à 90 jours).

IV.1.4 Commentaires

Pour trois classes de résistance étudiées, les déformations différées sous charge que nous
avons mesurées ont montré que les BAP sont plus sensibles à ce type de sollicitation que les
BV correspondants.

De plus, les écarts importants relevés, tant en mode endogène qu’en dessiccation
(respectivement +110 à +420 µm/m et +220 à +530 µm/m à 90 jours) sont valables pour des
BAP possédant un squelette granulaire identique à celui des BV (cas des bétons de bâtiment et
des bétons d’ouvrage) ou non (cas des BHP).

IV.2. DEFORMATIONS SPECIFIQUES ET FLUAGE SPECIFIQUE

Les déformations différées, mesurées sous charge et sans charge, permettent de calculer le
fluage proprement dit. La grandeur mesurée sur les éprouvettes chargées est en effet la somme
de plusieurs déformations différées : le retrait jusqu’au chargement, la déformation
instantanée élastique au moment du chargement et la combinaison du retrait et de la
déformation due à la charge après chargement, pendant tout l’essai.

Cependant, les déformations sous charge examinées au paragraphe précédent sont fonction de
la contrainte appliquée aux échantillons testés pendant l’essai. Le chargement est calculé pour
chaque composition à partir de sa résistance mécanique et les différences observées d’un

133
béton à l’autre justifient pleinement l’intérêt de ramener les déformations sous charge à des
déformations par unité de chargement.

Deux types de comparaison peuvent alors être faits.

• En analysant les déformations spécifiques (exprimées en µm/m/MPa) : les


déformations sous charge sont diminuées de la déformation instantanée et divisées par
la contrainte appliquée (pour prendre en compte les différences de charge).

• En analysant le fluage spécifique (exprimé en µm/m/MPa) : le fluage à proprement


parler est calculé en soustrayant aux déformations différées cumulées la déformation
instantanée ainsi que le retrait correspondant. Cette valeur de fluage, qui dépend aussi
de la charge appliquée aux éprouvettes, est ramenée à une même unité de contrainte.
Cette nouvelle grandeur est nommée fluage spécifique (total ou propre, selon qu’il y a
ou non échange hydrique avec le milieu extérieur).

Cependant, comme le calcul du fluage spécifique est basé sur l’indépendance et la


superposition des phénomènes de fluage et de retrait dans les éprouvettes chargées, qui n’est
pas unanimement reconnu, la première comparaison semble plus pertinente.

IV.2.1 Bétons de bâtiment

a. Déformations spécifiques

La figure 3.27 présente l’évolution des déformations spécifiques en dessiccation et en


endogène des bétons de bâtiment en fonction du temps.

250

200
déformation (µm/m/MPa)

150 BAP 20 (T)


BV 20 (T)
BAP 20 (P)
100
BV 20 (P)

50

0
0 100 200 300 400 500 600
tem ps (jours)

Figure 3.27 : Déformations spécifiques en dessiccation (T) et endogènes (P) des bétons de bâtiment
(t0 = 24 h., 40% RC7)

134
En observant cette figure, on constate que les déformations spécifiques en dessiccation et en
endogène sont équivalentes entre BAP et BV (respectivement 200 et 50 µm/m/MPa à 500
jours).

Ainsi, contrairement aux observations tirées de la figure 3.24, la figure 3.27 montre que les
bétons de bâtiments autoplaçants et vibrés subissent des déformations différées sous charge
comparables en dessiccation et en mode endogène.

b. Fluage spécifique

L’évolution du fluage spécifique en dessiccation et en endogène des bétons de bâtiment est


présentée sur la figure 3.28.

BAP 20 (T)
160 BV 20 (T)
BAP 20 (P)
BV 20 (P)
déformation (µm/m/MPa)

120

80

40

0
0 100 200 300 400 500 600
tem ps (jours)

Figure 3.28 : Fluages spécifiques total (en dessiccation) et propre (mode endogène) des bétons de bâtiment
(t0 = 24 h., 40% RC7)

Du point de vue du fluage spécifique, alors que le BAP et le BV sont équivalents en endogène
(35 µm/m/MPa à 500 jours), le BAP 20 conduit à un fluage spécifique total plus élevé que
celui du béton vibré correspondant (+47 µm/m/MPa à 500 jours, soit +49%). Cependant, les
erreurs dues aux dispersions de mesure (barres verticales sur le graphique, ± 20 µm/m/MPa)
limitent grandement cette observation.

IV.2.2 Bétons d’ouvrage

a. Déformations spécifiques

La figure 3.29 présente l’évolution des déformations spécifiques en dessiccation et en


endogène des bétons d’ouvrage en fonction du temps.

135
160 BAP 40 (T)
BV 40 (T)
BAP 40 (P)
120 BV 40 (P)

déformation (µm/m/MPa) 80

40

0
0 100 200 300 400 500 600
tem ps (jours)

Figure 3.29 : Déformations spécifiques propres et en dessiccation des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7)

D’après cette figure, on constate que les BAP sont plus sensibles à un chargement constant
que les bétons vibrés correspondant, aussi bien en dessiccation (+28 µm/m/MPa à 500 jours,
soit +25%) qu’en endogène (+22 µm/m/MPa à 500 jours, soit +45%).

Pour ces bétons d’ouvrage, la représentation des déformations spécifiques (figure 3.29)
conforte le jugement énoncé pour les déformations sous charge des bétons d’ouvrage (voir
figure 3.25).

b. Fluage spécifique

L’évolution du fluage spécifique en dessiccation et en endogène des bétons d’ouvrage est


présentée sur la figure 3.30.

100

80
déformation (µm/m/MPa)

60

40

BAP 40 (T)
20 BV 40 (T)
BAP 40 (P)
BV 40 (P)
0
0 100 200 300 400 500 600
tem ps (jours)

Figure 3.30 : Fluage spécifique total (T) et propre (P) des bétons d’ouvrage (t0 = 24 h., 40% RC7)

136
On constate que le fluage spécifique total des BAP est supérieur à celui du béton vibré de
22 µm/m/MPa à 500 jours (soit +31%).

De même, en mode endogène, les BAP possèdent un fluage spécifique propre plus important
que celui des bétons vibrés (+19 µm/m/MPa à 500 jours, soit +51%).

Les résultats de fluage spécifique confirment donc les résultats présentés précédemment sur
les déformations différées.

IV.2.3 Bétons à hautes performances

a. Déformations spécifiques

La figure 3.31 présente l’évolution des déformations spécifiques en dessiccation et en


endogène des bétons à hautes performances en fonction du temps.

80 BAP 60 (T)
BV 60 (T)
BAP 60 (P)
BV 60 (P)
déform ation (µm /m /MPa)

60

40

20

0
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.31 : Déformations spécifiques en dessiccation (T) et propres (P) des BHP (t0 = 24 h., 40% RC7)

On constate que pour ces bétons à hautes performances, les BAP présentent des déformations
spécifiques plus élevées que les BV, aussi bien en endogène (+13 µm/m/MPa à 100 jours, soit
+61%) qu’en dessiccation (+21 µm/m/MPa à 100 jours, soit +46%).

b. Fluage spécifique

L’évolution du fluage spécifique en dessiccation et en endogène des bétons à hautes


performances est présentée sur la figure 3.32.

137
60 BAP 60 (T)
BV 60 (T)
BAP 60 (P)
BV 60 (P)

déform ation (µm /m /MPa)


40

20

0
0 50 100 150 200
tem ps (jours)

Figure 3.32 : Fluage spécifique total (T) et propre (P) des bétons à hautes performances (t0 = 24 h., 40% RC7)

Du point de vue du fluage spécifique, les BAP présentent des déformations supérieures à
celles des BV, aussi bien en endogène (+12 µm/m/MPa à 100 jours, soit +59%) qu’en
dessiccation (+13 µm/m/MPa à 100 jours, soit +73%).

IV.2.4 Commentaires

Les déformations élastiques des deux types de béton étant voisines (voir supérieures pour les
BAP à hautes performances) ainsi que les charges appliquées (liées à la résistance mécanique,
prise le plus proche possible entre BAP et BV), les déformations spécifiques des BAP suivent
des tendances similaires aux observations faites pour les déformations sous charge (voir
§ IV.1.4), à savoir que celles-ci sont supérieures à celles des BV (de +25 à +65%). Cependant,
le cas des bétons de bâtiment infirme cette conclusion et indique que, dans cette classe de
résistance, les déformations spécifiques des deux types de béton sont équivalentes.

138
V CONCLUSIONS

Ce chapitre avait pour objectif de comparer plusieurs propriétés mécaniques de bétons


autoplaçants et de bétons vibrés de même gamme de résistance. Ainsi, de nombreux résultats
expérimentaux ont été obtenus sur plusieurs séries d’échantillons, ce qui conforte les
conclusions, relatifs à des bétons de bâtiment (20 MPa), des bétons d’ouvrage (40 MPa) et des
bétons à hautes performances (60 MPa). Les principaux résultats sont les suivants.

• Pour la résistance mécanique en compression

A rapport eau/liantéquivalent similaire, les bétons autoplaçants analysés dans cette étude
ont montré une résistance mécanique en compression légèrement supérieure à celle
des bétons vibrés correspondants. La composition des BAP, et notamment l’utilisation
de fillers calcaires ainsi qu’un dosage en superplastifiant plus élevé que les bétons vibrés,
est la principale explication à cette conclusion.

• Pour le module d’élasticité statique (en compression)

Bétons avec le même rapport granulat/sable (G/S de 0,86 ou 0,89) : le module d’élasticité
des bétons autoplaçants est équivalent à celui des bétons vibrés de référence.

Bétons avec un rapport G/S différent (0,90 pour le BAP, 1,45 pour le BV) : le module
d’élasticité des bétons autoplaçants est inférieur à celui des bétons vibrés auxquels ils
sont comparés. Le volume de pâte, plus important dans les BAP, est très certainement à
l’origine de cette remarque. En effet, le module du béton est fonction des proportions
volumiques de ses constituants et de leur module respectif, et en l’occurrence celui de la
pâte de ciment est bien inférieur à celui des granulats.

• Pour le retrait au jeune âge (0-24 heures)

Coefficient de dilatation thermique : le coefficient de dilatation thermique au jeune âge


(0-24 heures) des deux types de béton est équivalent pour une même classe de
résistance.

Retrait au jeune âge : le retrait au jeune âge en dessiccation des BAP est supérieur à
celui des bétons vibrés, en particulier pour les bétons de faible résistance mécanique.
Lorsqu’une cure (humide ou à l’aide d’un produit spécifique) est mise en œuvre, ce retrait
ne présente alors aucune différence significative d’un type de béton à l’autre.

139
• Pour le retrait du béton durci

En dessiccation : les bétons autoplaçants et les bétons vibrés possèdent un retrait total
équivalent. En revanche, le retrait total des BAP à hautes performances, dont le
squelette granulaire est différent de celui des BV, ne suit pas cette règle et est légèrement
supérieur à celui des BV.

En mode endogène : à 28 jours, les BAP présentent un retrait endogène similaire à


celui des bétons vibrés. Au-delà de un an, le retrait endogène des BAP se révèle être
légèrement supérieur à celui des bétons vibrés (de l’ordre de +20 à +70%, qui peut
s’expliquer par le volume de pâte, siège de ces déformations différées, plus élevé dans les
BAP). Là encore, les BHP diffèrent et présentent un retrait endogène équivalent entre
les deux types de béton.

• Pour les déformations différées sous charge

Quel que soit le mode de conservation des bétons testés (endogène ou dessiccation), les
bétons autoplaçants subissent des déformations différées sous charge plus
importantes que celles des bétons vibrés en comparaison. La proportion volumique de
granulats étant moins importante dans les BAP, ceux-ci laissent une place plus importante
à la pâte de ciment pour se déformer, ce qui peut aisément expliquer ces résultats.

• Pour les déformations spécifiques et le fluage spécifique

Déformations spécifiques : les bétons autoplaçants présentent de déformations


spécifiques propres et totales légèrement supérieures à celles des bétons vibrés, à
l’exception des bétons de bâtiment pour lesquels ces déformations sont identiques.

Fluage spécifique : étant donné le principe de superposition des déformations différées


considéré pour calculer le fluage et l’équivalence avérée des retraits des deux types de
béton, le fluage spécifique des bétons autoplaçants est légèrement supérieur à celui des
bétons vibrés, exception faite des bétons de bâtiment.

Globalement, BAP et bétons vibrés dont les formulations sont concordantes (excepté le
volume de pâte) possèdent des propriétés mécaniques plus ou moins équivalentes. L’addition
de fillers calcaires dans la composition des BAP a d’une part une conséquence bénéfique, à
savoir une légère augmentation de la résistance mécanique. En contrepartie, l’augmentation
du volume de pâte, entraînée par l’ajout de ces fines supplémentaires, conduit logiquement à

140
des déformations différées sous charges plus importantes pour les BAP. Cependant, ces
déformations peuvent être prises en compte au moment de la conception et ne doivent pas
poser par conséquent de problème majeur.

141
4e. Chapitre : Caractéristiques de durabilité
physico-chimique

I INTRODUCTION

Suite aux caractéristiques mécaniques présentées dans le chapitre précédent, d’autres


propriétés des bétons non moins importantes sont abordées dans cette nouvelle partie. En
effet, bien que la résistance mécanique ait été choisie comme critère d’équivalence entre les
divers bétons étudiés, l’aboutissement de ce projet de recherche concerne l’estimation de la
durabilité des bétons autoplaçants. Cette durabilité peut être altérée par diverses actions
physiques ou chimiques néfastes qui font intervenir l’écoulement de fluides (liquides ou gaz)
à travers le béton. Par conséquent, la caractérisation dimensionnelle et la comparaison des
BAP avec les bétons vibrés nécessitent la détermination de certaines propriétés physico-
chimiques.

Ainsi, la perméation, la diffusion et l'absorption sont les trois principaux processus qui
peuvent amener des substances agressives à pénétrer dans le béton et affecter ses qualités
mécaniques et protectrices (à l’égard de la corrosion des armatures principalement). D’autre
part, les trois fluides naturels qui peuvent se déplacer selon les processus mentionnés ci-
dessus et remettre en cause la durabilité du béton sont : l’oxygène, l’eau (contenant ou non
des ions agressifs) et le dioxyde de carbone. La durabilité du béton dépend donc de sa
capacité à résister à la pénétration de ces fluides à l’intérieur du matériau suivant les trois
mécanismes d’écoulement possibles.

Bien que dans la réalité les différents mécanismes de transfert agissent simultanément, ceux-ci
sont examinés (en laboratoire) séparément afin d’apprécier les propriétés fondamentales en
jeu. Différents essais ont donc été réalisés pour quantifier les propriétés révélatrices de ces
processus de dégradation physico-chimique du matériau béton.

La première partie des résultats concerne ceux liés aux propriétés physiques du matériau : la
perméabilité (à l’oxygène), la diffusivité (des ions chlore) et l’absorptivité (succion
capillaire). Les essais expérimentaux réalisés pour déterminer ces grandeurs (décrits au
chapitre 2 § III.3) ont été conduits ponctuellement sur les diverses formulations de béton au
sein de chacune des trois classes de résistance mécanique étudiées (béton de bâtiment, béton
d’ouvrage d’art et béton à hautes performances).

142
Les résultats présentés dans une deuxième partie sont relatifs à des essais faisant intervenir
des espèces chimiques réactives avec la matrice cimentaire du béton : la carbonatation (dans
des conditions « accélérées ») et le lessivage au nitrate d’ammonium. Les réactions chimiques
en question et la dégradation du béton qui en résulte sont fonction du temps ce qui implique
nécessairement un suivi régulier afin d’appréhender au mieux les propriétés étudiées
(cinétique de carbonatation par exemple).

Les BAP et les bétons vibrés, dont les résistances mécaniques ont été élaborées aussi proches
que possible, sont évalués et comparés à travers les résultats de tous ces essais.

II PERMEABILITE A L’OXYGENE

La perméabilité aux gaz est une propriété de transfert qui est fréquemment utilisée pour
caractériser la durabilité du béton. Ainsi, la mesure de la perméabilité à l’oxygène est une
mesure fiable, relativement simple et utilisable pour le simple classement des bétons ou
encore pour une évaluation de leur durabilité potentielle. De ce point de vue, elle peut
constituer un bon indicateur de durabilité qui doit être associé à d’autres indicateurs tels que
ceux qui sont présentés dans la suite de ce chapitre.

Cependant, la mesure de perméabilité à l’oxygène dépend de la pression d’essai et du taux de


saturation de l’échantillon. Pour caractériser un matériau indépendamment du premier facteur,
il est nécessaire d’utiliser une caractéristique appelée perméabilité intrinsèque. Cette grandeur
correspond à l’ordonnée à l’origine de la courbe représentant la perméabilité en fonction de
l’inverse de la pression d’essai. Pour s’affranchir du deuxième facteur (taux de saturation), il
faut évaluer cette caractéristique pour un matériau sec ce qui conduit à étudier la
«perméabilité intrinsèque sèche» de chaque composition. Cet état de saturation du matériau
n’est pas représentatif de la réalité (et donne des perméabilités plus importantes) mais permet
d’étudier une propriété intrinsèque du béton et de la comparer pour différentes formulations.

La deuxième information que l’on peut tirer de l’approche choisie pour exploiter les résultats
expérimentaux s’appelle le coefficient de Klinkenberg (noté β) : il s’agit du rapport entre la
pente des courbes représentatives et leur ordonnée à l’origine (perméabilité intrinsèque). Ce
paramètre traduit la manière dont se produit l’écoulement gazeux à travers le matériau étudié,
à savoir : plus ce coefficient est important et plus l’écoulement de l’oxygène dans
l’échantillon est dit moléculaire, autrement dit le gaz s’infiltre à travers des pores de plus
petites dimensions [Picandet 01]. Par conséquent, cette grandeur caractérise elle aussi le
réseau poreux de l’échantillon testé et donne une indication sur la taille de ses pores.

143
II.1. BETONS DE BATIMENT

Les premiers résultats expérimentaux sur la perméabilité à l’oxygène présentés sont ceux des
bétons de bâtiment effectués pour les trois séries de formulations (figure 4.1).

BAP 20 I
5 BV 20 I
m²)

BAP 20 II
-16

BV 20 II
4
perméabilité à l'oxygène (10

BAP 20 III
BV 20 III
3

0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
inverse de la pression m oyenne d'essai (bar -1)

Figure 4.1 : Perméabilité à l’état sec des bétons de bâtiment (séries 1, 2 et 3)

Sur cette figure, on remarque que pour une pression d’essai donnée, la perméabilité du BAP
est toujours inférieure à celle du béton vibré (différence du simple au double pour certaines
formulations). En ce qui concerne la perméabilité intrinsèque à l’état sec (ordonnée à
l’origine), elle se révèle moins importante pour les BAP que pour les bétons vibrés.

Les valeurs de la perméabilité intrinsèque et du coefficient de Klinkenberg (ainsi que la


porosité accessible à l’eau) de tous ces bétons sont portées dans le tableau 4.1.

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20
Perméabilité Série 1 1,03 2,00
intrinsèque sèche Série 2 1,37 0,47 0,81
(10-16 m²) Série 3 0,35 1,98
Série 1 1,01 0,86
Coefficient de
Série 2 1,57 2,31 1,80
Klinkenberg (bar)
Série 3 2,62 1,57
Série 1 14,9 14,9
Porosité accessible à
Série 2 18,1 16,2 15,2
l’eau (%)
Série 3 15,2 14,2
Tableau 4.1 : Caractéristiques relatives à la perméabilité à l’oxygène des bétons de bâtiment
(échéances d’essai : série 1 = 28 jours cure humide ; série 2 = 1 an cure humide ; série 3 = 60 jours cure humide
et 1 an cure 50% H.R.)

144
En comparant série par série les BAP et les BV, on confirme que systématiquement les BAP
présentent une perméabilité intrinsèque sèche plus faible alors que leur coefficient de
Klinkenberg est plus élevé.

En comparant les séries entre elles, d’autres remarques peuvent être effectuées.

• Sur l’importance de l’âge du béton et du temps de cure (séries 1 et 2) : alors que ces
bétons ont pratiquement le même rapport E/LEquiv, on constate une diminution
importante de leur perméabilité intrinsèque sèche (respectivement –54 et –60% pour le
BAP et le BV) et une augmentation du coefficient de Klinkenberg (+129 et +109%
pour BAP et BV). L’explication provient sûrement de l’hydratation plus importante
bien que l’on note par ailleurs une augmentation de leur porosité accessible à l’eau.

• Sur l’importance du temps de cure (séries 2 et 3) : alors que le rapport E/LEquiv des
troisièmes formulations reste inchangé par rapport aux précédentes, on note une faible
variation de la perméabilité intrinsèque du BAP (-4%) mais une forte augmentation de
celle du BV 20 (+144%) qui atteint une valeur très proche de la première formulation.
Le coefficient de Klinkenberg varie peu entre ces deux séries de bétons de bâtiment :
+13% et -13% respectivement pour le BAP 20 et le BV 20.
On pourrait penser que les BAP seraient moins sensibles à cette cure prolongée que les
BV mais les variations anormales (et inexpliquées) des porosités accessibles à l’eau
entre les deux séries ne permettent pas d’étayer cette conclusion.

En résumé, en considérant les erreurs de dispersion mesurées, la perméabilité à l’état sec des
BAP de bâtiment peut donc être reconnue comme significativement inférieure à celle des
bétons vibrés de même résistance mécanique alors que leur coefficient de Klinkenberg est
supérieur. Leur porosité globale étant équivalente (ou même plus faible pour les BV), on peut
raisonnablement supposer que la porométrie est différente, les BAP ayant des pores plus
petits.

II.2. BETONS D’OUVRAGE

Les résultats des essais de perméabilité à l’oxygène pour les bétons d’ouvrage sont présentés
sur la figure 4.2. Les valeurs de la perméabilité intrinsèque et du coefficient de Klinkenberg
(ainsi que la porosité accessible à l’eau) des différents bétons sont portées dans le tableau 4.2.

145
2,0 BAP 40 I
BV 40 I

m²)
1,6 BAP 40 II

-16
BV 40 II

perméabilité à l'oxygène (10


BAP 40 III
1,2
BV 40 III

0,8

0,4

0,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
inverse de la pression m oyenne d'essai (bar -1)

Figure 4.2 : Perméabilité à l’état sec des bétons d’ouvrage

Caractéristiques Bétons
BAP 40 BV 40
Perméabilité Série 1 0,22 0,64
intrinsèque sèche Série 2 0,12 0,26
(10-16 m²) Série 3 0,15 0,25
Série 1 2,60 2,06
Coefficient de
Série 2 2,97 2,26
Klinkenberg (bar)
Série 3 3,02 2,19
Série 1 13,7 14,7
Porosité accessible
Série 2 12,5 11,2
à l’eau (%)
Série 3 13,6 11,7
Tableau 4.2 : Caractéristiques relatives à la perméabilité à l’oxygène des bétons d’ouvrage
(échéances d’essai : série 1 = 28 jours cure humide ; série 2 = 1 an cure humide ; série 3 = 60 jours cure humide
et 1 an cure 50% H.R.)

En comparant série par série les BAP et les BV de ces bétons d’ouvrage, on constate que la
perméabilité à l’oxygène se révèle deux fois moins importante pour les BAP que pour les
bétons vibrés. La perméabilité intrinsèque à l’état sec est donc également moins importante
pour les BAP que pour les bétons vibrés alors que le coefficient de Klinkenberg est plus élevé
pour les BAP.

En comparant les séries entre elles, d’autres remarques peuvent être formulées.

• Entre les premières et les deuxièmes formulations (rapport E/LEquiv abaissé de 0,60 (ou
0,55 pour le BAP) à 0,50) : la diminution du rapport E/LEquiv, combinée à l’allongement
de la cure humide (un an), entraîne une chute de la perméabilité intrinsèque du BAP et
du béton vibré (-45% pour le BAP et -59% pour le BV), tout en gardant un écart

146
favorable au BAP. Cette amélioration de la perméabilité est d’autant plus grande que la
réduction du rapport E/LEquiv est grande (cas du BV 40).
De même, la baisse du rapport E/LEquiv conduit à augmenter le coefficient de
Klinkenberg des deux types de béton (+14 et +10% pour le BAP et le BV) en gardant
une hiérarchie identique à celle des premiers bétons entre BAP et BV. Cette
augmentation traduit une densification potentielle de la microstructure de ces deux
bétons, qui est également révélée par la diminution de leur porosité ouverte.

• Entre les deuxièmes et troisièmes formulations (même rapport E/LEquiv, durée de cure
différente) : les perméabilités intrinsèques du BAP et du béton vibré d’ouvrage varient
peu (+25% pour le BAP 40 et -4% pour le BV 40), la perméabilité des BAP demeurant
encore inférieure à celle des bétons vibrés. Le coefficient de Klinkenberg est également
très proche entre les deux séries de formulations : +2% et -3% respectivement pour le
BAP 40 et le BV 40.
Ainsi, pour ces bétons d’ouvrage, qu’ils soient autoplaçants ou vibrés, la prolongation
de la cure n’a pratiquement pas d’incidence sur leur perméabilité.

L’observation de ces résultats expérimentaux permet de conclure que les BAP présentent une
perméabilité à l’oxygène (à l’état sec) sensiblement inférieure à celles des bétons vibrés
d’ouvrage et un coefficient de Klinkenberg supérieur. Comme pour les bétons de bâtiment,
une modification de la porométrie des BAP (diminution de la taille des pores) pourrait
expliquer ces améliorations.

II.3. BETONS A HAUTES PERFORMANCES

Les résultats des essais de perméabilité à l’état sec des bétons à hautes performances sont
présentés figure 4.3. Les valeurs de la perméabilité intrinsèque et du coefficient de
Klinkenberg (ainsi que la porosité accessible à l’eau) des différents bétons sont portées dans
le tableau 4.3.

On constate que les résultats obtenus suivent des tendances identiques à celles des bétons des
deux autres classes de résistance : en effet, la formulation de BAP est plus résistante à la
pénétration d’un gaz tel que l’oxygène que la formulation de béton vibré correspondante,
l’écart entre leur perméabilité intrinsèque sèche étant voisin de 62% (cela correspond à l’ordre
de grandeur observé pour les bétons de faible et de moyenne résistance mécanique). De
même, le coefficient de Klinkenberg est supérieur pour le BAP.

147
0,8

m²)
BAP 60

-16
BV 60

perméabilité à l'oxygène (10


0,6

0,4

0,2

0,0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
-1
inverse de la pression m oyenne d'essai (bar )

Figure 4.3 : Perméabilité à l’état sec des formulations de BHP

Caractéristiques Bétons
BAP 60 BV 60
-16
Perméabilité intrinsèque sèche (10 m²) 0,18 0,29
Coefficient de Klinkenberg (bar) 3,11 2,37
Porosité accessible à l’eau (%) 10,5 8,9
Tableau 4.3 : Caractéristiques de la perméabilité à l’oxygène des bétons à hautes performances
(28 jours cure humide)

Ainsi, la perméabilité se révèle légèrement meilleure pour le béton autoplaçant, bien que le
rapport E/LEquiv du BAP à hautes performances soit supérieur à celui du béton vibré à hautes
performances (0,40 pour le BAP contre 0,36 pour le BV).

II.4. ANALYSE COMPLEMENTAIRE

Au-delà des résultats de perméabilité, les éprouvettes destinées à ces essais sont également
utilisées pour déterminer la porosité accessible à l’eau (ou porosité ouverte) du matériau ainsi
que sa masse volumique apparente (voir Annexe 1). La première grandeur est intéressante du
point de vue microstructural car elle est influe sur les propriétés de transfert des bétons.

L’étude de la variation de la perméabilité en fonction de la porosité accessible à l’eau du


matériau (voir figure 4.4) peut donc apporter des informations supplémentaires à celles
obtenues simplement par l’observation brute des résultats préliminaires.

148
2,5

m²)
BAP 15
BAP 20

-16
2,0 BV 20

perméabilité intrinsèque sèche (10


BAP 40
BV 40
1,5 BAP 60
BV 60

1,0

0,5

0,0
8,5% 10,5% 12,5% 14,5% 16,5% 18,5%
porosité ouverte (%)

Figure 4.4 : Perméabilité intrinsèque sèche de divers bétons en fonction de leur porosité accessible à l’eau

A porosité accessible à l’eau égale (voir légèrement supérieure), la perméabilité des BAP est
inférieure (différence du simple au double pour les bétons d’ouvrage) à celle des bétons
vibrés. Ceci tend à montrer que la microstructure des bétons autoplaçants est différente de
celle des bétons vibrés.

D’après les valeurs mesurées (voir tableaux 4.1, 4.2 et 4.3), le coefficient de Klinkenberg des
bétons vibrés est inférieur à celui des BAP pour toutes les classes de béton. Le réseau poreux
des BAP paraît donc plus fin que celui des bétons vibrés étant donné l’écoulement
moléculaire de l’oxygène plus important dont ils font preuve.

D’autre part, l’évolution de la perte de masse, mesurée au cours du séchage (à 80°C) préalable
à l’essai de perméabilité, conforte l’idée selon laquelle les BAP ont une microstructure plus
dense que les bétons vibrés, notamment pour les bétons de bâtiment (voir figure 4.5).

9% 9%

8% 8%

7% 7%

6%
perte de masse (%)

6%
perte de masse (%)

5% 5%

4% BAP 15 4%

BAP 20 I BAP 20 II
3% 3%
BV 20 I BV 20 II
2% 2%
BAP 40 I BAP 40 II
1%
1% BV 40 I BV 40 II
0%
0%
0 5 10 15 20
0 5 10 15 20
tem ps (jours) tem ps (jours)

(a) : Première série de formulations (b) : Deuxième série de formulations


Figure 4.5 : Suivi des pertes de masse de bétons étudiés pour l’essai de perméabilité

149
Ainsi, la perte d’eau par évaporation au sein du BAP 20 atteint une valeur finale identique à
celle du BV 20 mais se déroule de façon moins rapide. En effet, l’eau contenue dans le
matériau s’évacue plus lentement et plus difficilement : une explication potentielle à cette
observation est la présence de pores globalement plus fins dans le BAP que dans le béton
vibré.

Les bétons d’ouvrage (résistance voisine de 40 MPa) prouvent que le rapport E/LEquiv a
également une importance dans la porosité finale du matériau.

• Le premier BV 40 a une perte de masse supérieure à celle du BAP 40 (figure 4.5 a) et


ceci peut se justifier par la différence de leur rapport E/LEquiv (0,60 pour le BV et 0,55
pour le BAP).

• Pour les deuxièmes formulations (figure 4.5 b), le rapport E/LEquiv a été pris identique
et égal à 0,50 pour les deux types de béton. Il en découle une perte de masse identique
pour le BAP et le BV et qui plus est, inférieure à celle des premières formulations.

Tout ceci révèle que la microstructure (réseau poreux, tailles des pores, etc.) des bétons
autoplaçants est différente de celle des bétons vibrés : d’après ces premières observations, elle
semble être à l’avantage des BAP, ce qui devrait être bénéfique pour leur durabilité.

III DIFFUSION DES IONS CHLORE

La diffusivité constitue un second indicateur majeur de la durabilité et la mesure du


coefficient de diffusion des ions chlore est très importante dans la perspective de la prédiction
de la durée de vie des ouvrages en béton armé. L’attaque du béton par les chlorures entraîne
en effet la destruction de la couche de passivation des aciers et la corrosion de ces derniers en
présence d’eau et d’oxygène peut alors avoir lieu. Ces ions chlore peuvent provenir du béton
lui-même (granulats, eau de gâchage) mais l’existence de normes limitatives à cet égard
conduit à s’intéresser aux chlorures venant du milieu extérieur (eau de mer, sels fondants).
Pour cela, il est intéressant de connaître la résistance du béton à la pénétration des ions chlore.

La détermination de la diffusion des ions chlore dans nos formulations de béton a été réalisée
au moyen d’un essai de migration (voir détails chapitre 2 § III.3.2). Cet essai nécessite une
mise en place et un matériel complexes et n’a par conséquent été réalisé que pour les
premières formulations de béton et celles des bétons à hautes performances.

150
Les résultats expérimentaux du coefficient de diffusion effectif obtenus pour les différents
bétons testés sont représentés en fonction de la perte en chlorures pour chacune des familles
de résistance mécanique (20, 40 et 60 MPa)(voir figures 4.6, 4.7 et 4.8).

III.1. BETONS DE BATIMENT

La figure 4.6 présente les valeurs du coefficient de diffusion effectif obtenues lors des essais
de migration réalisés pour les bétons de bâtiment.

1,0E-11
/s)
2
coefficient de diffusion effectif (m

BAP 15
BAP 20

BV 20
1,0E-12
0 10 20 30 40 50
perte en chlorures (%)

Figure 4.6 : Coefficient de diffusion effectif des bétons de bâtiment

Tout d’abord, on constate que le BAP 15, qui possède un rapport E/LEquiv élevé (0,76) et une
porosité accessible à l’eau plus importante que les deux autres bétons de la même classe
(18,1% contre 14,9%), laisse logiquement passer une quantité de chlorures plus grande que le
BV 20 et le BAP 20.

Pour le BAP 20 et le BV 20, dont les caractéristiques sont proches (E/LEquiv, porosité ouverte,
résistance mécanique), leurs coefficients de diffusion effectifs ne diffèrent guère : la valeur
calculée (par régression linéaire de la perte en chlorures) est égale à 3,13.10-12 m²/s pour le
béton vibré et 3,87.10-12 m²/s pour le BAP.

III.2. BETONS D’OUVRAGE

Le coefficient de diffusion effectif des bétons d’ouvrage est représenté sur la figure 4.7 en
fonction de la perte en chlorures au cours de l’essai.

151
1,0E-11

BAP 40

coefficient de diffusion effectif (m 2/s)


BV 40

1,0E-12
0 10 20 30 40 50
perte en chlorures (%)

Figure 4.7 : Coefficient de diffusion effectif des bétons d’ouvrage

L’examen de cette figure révèle que le coefficient de diffusion des BAP est légèrement
inférieur à celui des bétons vibrés (il évolue au cours de l’essai entre 2,1 et 3,9.10-12 m²/s pour
le BAP et entre 2,4 et 4,5.10-12 m²/s pour le béton vibré).

Cet écart observé peut trouver son explication dans les différences de formulation entre les
deux types de béton, à savoir une légère différence de rapport E/LEquiv (0,55 pour le BAP et
0,60 pour le BV) et de porosité ouverte (13,7% pour le BAP et 14,7% pour le BV) à
l’avantage du BAP. Il peut aussi être lié à une différence de microstructure comme cela a déjà
été mentionné lors des mesures de perméabilité.

III.3. BETONS A HAUTES PERFORMANCES

Les coefficients de diffusion effectifs sont représentés sur la figure 4.8 en fonction de la perte
en chlorures.

Ces résultats expérimentaux révèlent que le coefficient de diffusion effectif des bétons à
hautes performances des BAP et des BV est équivalent puisque les valeurs sont de
1,85.10-12 m²/s pour le BAP et 1,76.10-12 m²/s pour le béton vibré.

Ainsi, alors que les deux types de béton diffèrent du point de vue du squelette granulaire, du
rapport E/LEquiv et en conséquence de la porosité ouverte (10,5% pour le BAP contre 8,9%
pour le béton vibré), cela n’a pas affecté leurs performances vis-à-vis des ions chlore. Il n’est
pas interdit de penser qu’un BAP de rapport E/LEquiv identique à celui du BV 60 posséderait
un coefficient de diffusion légèrement inférieur à celui qui a été mesuré ici.

152
1,0E-11

coefficient de diffusion effectif (m 2/s)


BAP 60

BV 60

1,0E-12
10 15 20 25 30
perte en chlorures (%)

Figure 4.8 : Coefficient de diffusion effectif des BHP

III.4. COMMENTAIRES

Tous les résultats expérimentaux précédents prouvent que le coefficient de diffusion effectif
du BAP est semblable à celui du béton vibré, au sein d’une même classe de résistance.

Cette observation ne va pas dans le sens de celle faite pour l’autre propriété de transfert qu’est
la perméabilité : la perméabilité à l’état sec du BAP est inférieure à celle du béton vibré. Cette
contradiction potentielle pourrait venir d’une sensibilité à la microfissuration plus grande des
bétons vibrés lors de la phase de préconditionnement des éprouvettes de perméabilité (étuvage
à 80°C).

D’autre part, les résultats des différentes classes de résistance montrent que la diffusion
ralentit légèrement avec le rapport E/LEquiv mais l’influence de ce paramètre sur la diffusion
est bien moindre que sur la perméabilité [Neville 00].

Quelle que soit la classe de résistance mécanique appréhendée, l’ordre de grandeur de cette
propriété physique se révèle voisin pour les deux types de béton et l’équivalence de leurs
comportements à l’égard de ce processus (qui peut intervenir dans la dépassivation des
armatures en acier) semble avérée.

153
IV ABSORPTION D’EAU PAR CAPILLARITE

Le troisième phénomène physique susceptible de faire pénétrer des substances agressives


extérieures à l’intérieur du béton est l’absorption par capillarité.

Le béton est en effet un matériau qui possède des pores capillaires dont la dimension varie
suivant ses caractéristiques de composition (rapport E/LEquiv, additions minérales, etc.).
Lorsqu’un liquide se retrouve en contact avec ce type de pore, des tensions de surface font
remonter ce liquide à l’intérieur du capillaire. Le liquide monte d’autant plus haut que le
diamètre du capillaire est petit. Les pores capillaires ouverts sur le milieu extérieur vont donc
conduire, dans certaines conditions (principalement d’humidité), à laisser s’infiltrer par
succion des liquides pouvant contenir des espèces chimiques potentiellement préjudiciables
au bon fonctionnement et à la durée de vie d’une construction soumise à ces attaques.

Au cours de l’essai d’absorption, seule la quantité d’eau globale ayant pénétré dans
l’échantillon est mesurée et non la hauteur maximale atteinte par le liquide : bien que l’eau
remonte plus haut dans des bétons ayant des capillaires plus fins, le nombre et le volume de
leurs pores sont moindres que ceux de bétons de rapport E/LEquiv plus grand. La quantité d’eau
absorbée dans cet essai diminue donc avec le rapport E/LEquiv.

L’absorption d’eau par capillarité ainsi que la cinétique de ce phénomène physique sont
examinées pour tous les bétons étudiés et par classe de résistance mécanique.

IV.1. BETONS DE BATIMENT

Les résultats d’absorption capillaire obtenus pour ces bétons sont représentés sur la figure 4.9.

6
BAP 20 I
coefficient d'absorption capillaire (kg/m ²)

BV 20 I
5
BAP 20 II
BV 20 II
4 BAP 20 III
BV 20 III
3

0
0 1 2 3 4 5
racine carrée du temps (heure 1/2)

Figure 4.9 : Absorption d’eau par capillarité des bétons de bâtiment

154
A partir de ces courbes, l’absorption capillaire à un jour et la cinétique de cette absorption ont
été calculées et reportées sur le tableau 4.4 pour faciliter la comparaison entre BAP et BV.

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20
Série 1 7,90 8,54
Absorption capillaire à 24 h
Série 2 10,41 3,05 3,37
(kg/m²)
Série 3 4,45 2,63
Série 1 2,69 2,91
Cinétique d’absorption
Série 2 3,54 1,00 1,09
capillaire (10-2 kg/(m².s1/2))
Série 3 1,52 0,89
Série 1 14,9 14,9
Porosité accessible à l’eau (%) Série 2 18,1 16,2 15,2
Série 3 15,2 14,2
Tableau 4.4 : Données concernant l’absorption d’eau par capillarité des bétons de bâtiment
(série 1 : 28 jours cure humide et 500 jours à 50% H.R. ; série 2 : 500 jours cure humide ; série 3 : 56 jours cure)

On constate tout d’abord que le BAP dont le rapport E/LEquiv est le plus élevé (BAP 15,
rapport E/LEquiv égal à 0,76) présente également l’absorption capillaire la plus grande.

Ensuite, en comparant directement les BAP et les BV d’une même série, on peut noter qu’à
jeune âge (série 3) les BAP présentent une absorption capillaire et une cinétique d’absorption
plus élevée que les BV alors qu’à plus long terme (séries 1 et 2), les BAP ont une absorption
capillaire et une cinétique d’absorption légèrement plus faibles que celles des bétons vibrés. Il
semblerait donc qu’il puisse exister des différences d’évolution de microstructure entre les
deux familles de béton.

On pourrait penser aussi que la présence d’un agent de viscosité dans les BAP, susceptible de
modifier les caractéristiques de surface des capillaires (aspect tensioactif du produit entraînant
une modification des angles de contact), peut être à l’origine de ce comportement, mais rien
ne permet d’étayer cette affirmation. Au contraire, la comparaison des deux BAP (BAP 15 et
BAP 20) prouve que le dosage en agent de viscosité dans la composition du BAP ne semble
pas avoir d’effet aussi prépondérant que celui du rapport E/LEquiv sur l’absorption d’eau : la
quantité en agent de viscosité entre le BAP 15 et le BAP 20 est similaire et l’augmentation de
l’absorption d’eau observée entre ces deux bétons n’est due qu’à la différence de rapport
E/LEquiv (dont l’écart est de 0,12).

En comparant les résultats entre les différentes séries, on peut faire l’analyse suivante.

155
• Bien que les caractéristiques de composition des bétons de bâtiment ne subissent que
très peu d’évolution, leur absorption d’eau change sensiblement d’une série à l’autre.
Cette variation est principalement vraie entre les premières et les deuxièmes
formulations (diminution de l’ordre de 61%). Les différences de cure humide sont
certainement à l’origine de cette différence.

• A même rapport E/LEquiv les deuxièmes et troisièmes séries affichent des absorptions
capillaires voisines mais le classement est inversé : pour la série 2, le béton vibré
absorbe davantage d’eau que le BAP (+10%) et inversement pour la série 3 (-40%). Il
est possible, comme il a été écrit précédemment, que ce résultat soit lié à des
différences d’évolution de microstructure.

IV.2. BETONS D’OUVRAGE

Pour les bétons d’ouvrage, l’absorption d’eau par capillarité est représentée sur la figure 4.10
en fonction de la racine carrée du temps d’essai.

6
BAP 40 I
coefficient d'absorption capillaire (kg/m ²)

BV 40 I
5
BAP 40 II
BV 40 II
4 BAP 40 III
BV 40 III
3

0
0 1 2 3 4 5
racine carrée du temps (heure 1/2)

Figure 4.10 : Absorption d’eau par capillarité des bétons d’ouvrage

Comme dans le cas des bétons de bâtiment, les BAP et bétons vibrés d’ouvrage sont comparés
à partir de leur absorption d’eau à 24 heures ainsi que de leur absorptivité (tableau 4.5).

A partir de ces résultats, les commentaires suivant peuvent être effectués.

• Pour une même série (c'est-à-dire une même condition de cure et un même âge au
moment de l’essai), il n’existe pas une tendance générale sur la variation d’absorption
capillaire ou de cinétique d’absorption entre bétons vibrés et BAP, les valeurs
paraissant assez éloignées malgré une faible dispersion des résultats.

156
• Entre deux séries, on retrouve le même type de résultat que pour les bétons de
bâtiment, avec à jeune âge (série 3) les BAP qui présentent une absorption capillaire et
une cinétique d’absorption plus élevées que les BV alors qu’à plus long terme (séries 1
et 2), les BAP ont une absorption capillaire et une cinétique d’absorption légèrement
plus faibles que celles des bétons vibrés. La même influence de la cure est retrouvée
avec des valeurs d’absorption très élevées pour la cure humide la plus courte (série 1).

Caractéristiques Bétons
BAP 40 BV 40
Série 1 7,56 8,77
Absorption capillaire à 24 h
Série 2 0,68 1,89
(kg/m²)
Série 3 2,64 1,16
Série 1 2,57 2,98
Cinétique d’absorption
Série 2 0,24 0,64
capillaire (10-2 kg/(m².s1/2))
Série 3 0,90 0,39
Série 1 13,7 14,7
Porosité accessible à l’eau
Série 2 12,5 11,2
(%)
Série 3 13,6 11,7
Tableau 4.5 : Données concernant l’absorption d’eau par capillarité des bétons d’ouvrage
(série 1 : 28 jours de cure et 500 jours à 50% H.R. ; série 2 : 500 jours cure humide ; série 3 : 56 jours de cure)

IV.3. BETONS A HAUTES PERFORMANCES

Les résultats expérimentaux obtenus sur les bétons à hautes performances sont présentés sur la
figure 4.11 et le tableau 4.6.

4
coefficient d'absorption capillaire (kg/m²)

BAP 60
3
BV 60

0
0 1 2 3 4 5
racine carrée du temps (heure 1/2)

Figure 4.11 : Absorption d’eau par capillarité des bétons à hautes performances

157
Caractéristiques Bétons
BAP 60 BV 60
Absorption capillaire à 24 h (kg/m²) 2,82 2,60
Cinétique d’absorption capillaire
0,99 0,92
(10-2 kg/(m².s1/2))
Porosité accessible à l’eau (%) 10,5 8,9
Tableau 4.6 : Données relatives à l’absorption d’eau par capillarité des bétons à hautes performances
(28 jours de cure humide)

On constate que pour ce type de béton à hautes performances, les absorptions capillaires et les
cinétiques d’absorption, aux dispersions de mesure près, sont équivalentes entre BAP et BV.

IV.4. COMMENTAIRES

L’ensemble des résultats obtenus sur les différents bétons de bâtiment, d’ouvrages et à haute
performance, ne permet pas de donner une tendance générale sur la variation d’absorption
capillaire ou de cinétique d’absorption entre bétons vibrés et BAP. Cela peut être lié d’une
part à des compétitions entre porosité accessible et taille des capillaires (voir figure 4.12) et,
d’autre part, à des évolutions différentes entre les microstructures des BAP et des BV.

Figure 4.12 : Schématisation des pores d’un béton

Cependant, comme globalement les résultats peuvent être considérés comme proches, on peut
estimer que BAP et BV présentent une même absorption d’eau par capillarité.

158
V CARBONATATION ACCELEREE

Le dioxyde de carbone est l’un des agents agressifs, contenus dans l’air ambiant, qui réagit
avec la pâte de ciment et dont les effets sur la durabilité du béton (armé) peuvent être néfastes.
Cette espèce chimique entre en réaction avec les hydrates renfermés dans la matrice
cimentaire (portlandite Ca(OH)2, et silicates de calcium hydratés C-S-H) pour former
principalement des carbonates de calcium (ou calcite CaCO3).

La carbonatation du matériau béton a un effet important car elle réduit le pH de la solution


interstitielle de la pâte de ciment. La diminution de pH ainsi engendrée peut conduire, dans
des conditions idéales de température et d’humidité, à la dépassivation et à la corrosion des
armatures en acier.

Les bétons autoplaçants et les bétons vibrés de chacune des séries de formulations ont été
soumis à un essai de carbonatation accélérée (voir chapitre 2 § III.3.4). Les profondeurs de
carbonatation ont été relevées périodiquement jusqu’à carbonatation totale des échantillons,
en pulvérisant une solution de phénolphtaléine (voir photographie 4.1, taille réelle).

Photographie 4.1: Exemple d'échantillon carbonaté (7x7x28 cm)

Il est nécessaire de rappeler que la teinte rosée apparaît pour un pH supérieur à 9,5
[AFPC 97]. Or, il y a risque de dépassivation des aciers à partir de pH 11,4 [Parrot 87]. La
dépassivation serait donc possible à l’intérieur de la zone présentée comme « saine » par cet
indicateur coloré. L’interprétation du contour coloré doit donc être faite avec attention.

159
La comparaison BAP-BV s’effectue par famille de béton sur les valeurs moyennes de
profondeur carbonatée (calculées à partir de 20 points de mesure répartis sur les 4 faces de
l’échantillon, voir chapitre 2 § III.3.4) portées sur un graphique en fonction de la racine carrée
du temps (voir par exemple figure 4.13). Les courbes ainsi tracées sont normalement des
droites passant par l’origine qui permettent de définir grâce à leur pente la vitesse de
carbonatation du béton.

V.1. BETONS DE BATIMENT

L’évolution de la profondeur dégradée par carbonatation des bétons de bâtiment est


représentée sur la figure 4.13.

30 BAP 15
BAP 20 I
BV 20 I
25 BAP 20 II
profondeur carbonatée (mm)

BV 20 II
BAP 20 III
20 BV 20 III

15

10

5
2 3 4 5 6 7
racine carrée du tem ps (jour 1/2)

Figure 4.13 : Carbonatation accélérée des bétons de bâtiment

Les profondeurs carbonatées à 28 jours et les cinétiques de carbonatation sont données dans le
tableau 4.7.

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20
Série 1 21,5 18,0
Profondeur carbonatée à
Série 2 24,6 16,3 16,9
28 jours (mm)
Série 3 21,5 19,5
Cinétique de Série 1 4,02 3,70
carbonatation Série 2 4,65 3,02 2,97
(K, en mm/jour1/2) Série 3 4,04 3,57
Tableau 4.7 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons de bâtiment testés
(série 1 et 3 : 28 jours cure humide ; série 2 : 500 jours cure humide)

160
L’analyse suivante de ces résultats peut être faite.

• Le BAP 15, du fait de son fort rapport E/LEquiv de 0,76, se révèle le moins résistant à
l’attaque par dioxyde de carbone. Cette remarque confirme les très faibles
performances obtenues précédemment sur les autres propriétés physico-chimiques.

• Pour les séries 1 et 3 (28 jours de cure humide), compte tenu des dispersions mesurées
(voir figure 4.12), les différences de profondeur de carbonatation entre BAP 20 et
BV 20 ne sont pas significatives (même si le tableau 4.7 indique des profondeurs
dégradées légèrement plus faibles pour le BV 20 (de -10 à -16%, à 28 jours)).
Ce résultat est logique compte tenu du maintien du rapport E/LEquiv à une valeur
constante (aux alentours de 0,60) pour toutes les formulations de béton de bâtiment.

• Pour la série 2 (17 mois de cure humide), les résultats entre BAP et BV sont
équivalents entre eux mais plus faibles que pour les deux autres séries. La plus forte
baisse de profondeur carbonatée est observée pour le BAP (-26%) par rapport au BV
(-6%). Cela confirme l’intérêt du maintien prolongé d’une bonne cure pour améliorer
les performances des bétons et plus particulièrement celles des BAP.

V.2. BETONS D’OUVRAGE

Comme précédemment, la profondeur carbonatée des bétons d’ouvrage est présentée sur la
figure 4.14 en fonction de la racine carrée du temps d’essai. La dégradation de ces bétons est
plus lente que pour les bétons de bâtiment et les limites des échantillons (7x7x28 cm) sont
moins vite atteintes (d’où la présence d’échéances jusqu’à 180 jours).

25
BAP 40 I
BV 40 I
20 BAP 40 II
profondeur carbonatée (mm)

BV 40 II
BAP 40 III
15
BV 40 III

10

0
2 4 6 8 10 12 14
racine carrée du tem ps (jour 1/2)

Figure 4.14 : Carbonatation accélérée des bétons d’ouvrage

161
Les profondeurs carbonatées à 28 jours et les cinétiques de carbonatation sont données dans le
tableau 4.8.

Caractéristiques Bétons
BAP 40 BV 40
Série 1 5,9 6,8
Profondeur carbonatée à 28
Série 2 1,8 1,3
jours (mm)
Série 3 6,5 3,8
Série 1 1,12 1,47
Cinétique de carbonatation
(K, en mm/jour1/2) Série 2 0,53 0,28
Série 3 1,20 0,70
Tableau 4.8 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons d’ouvrage
(série 1 et 3 : 28 jours cure humide ; série 2 : 500 jours cure humide)

A partir de ces résultats, on peut faire les commentaires suivants.

• Pour la première série de bétons d’ouvrage, le BAP possède un rapport E/LEquiv


inférieur à celui du béton vibré (0,55 contre 0,60) et cela agit positivement sur la
profondeur carbonatée (environ -13% à 28 jours). Les cinétiques de carbonatation sont
influencées dans le même sens mais avec un écart plus fort (-24% pour le BAP).

• Pour la troisième série de bétons d’ouvrage, le rapport E/LEquiv a été diminué à 0,50.
Ceci aurait dû entraîner une diminution de la dégradation par carbonatation : le béton
vibré vérifie cette hypothèse (-44%) alors que curieusement le BAP la réfute (+5%). Au
contraire, l’évolution de la carbonatation pour ce dernier béton (BAP 40 III) devient
analogue à celle de la première formulation sans toutefois montrer une tangible (et
attendue) diminution. La cinétique de carbonatation de ce BAP est donc supérieure à
celle du béton vibré correspondant (+71%). Cependant, il faut souligner que même si le
BAP présente la plus forte profondeur carbonatée, les profondeurs dégradées restent
faibles (de l’ordre de 8 mm à 56 jours).

• Pour la deuxième série de bétons d’ouvrage (cure humide de 17 mois), les profondeurs
carbonatées des BAP et des BV, bien plus faibles que celles des autres séries, peuvent
être considérées comme équivalentes. L’hydratation du ciment qui a eu lieu pendant le
temps de cure supplémentaire peut expliquer les profondeurs dégradées et les
cinétiques de carbonatation moindres de ces formulations.

162
V.3. BETONS A HAUTES PERFORMANCES

Les résultats pour les bétons à hautes performances sont présentés figure 4.15 et tableau 4.9.

BAP 60
profondeur carbonatée (m m )
4
BV 60

0
0 2 4 6 8 10 12 14
racine carrée du tem ps (jours 1/2)

Figure 4.15 : Carbonatation accélérée des bétons à hautes performances

Caractéristiques Bétons
BAP 60 BV 60
Profondeur carbonatée à 28 jours (mm) 0,7 0,3
Cinétique de carbonatation (K, en mm/jour1/2) 0,13 0,11
Tableau 4.9 : Résultats de la carbonatation accélérée des bétons à hautes performances

On constate que les bétons à hautes performances vibrés et autoplaçants présentent une très
faible profondeur de carbonatation (entre 0,5 et 1 mm à 56 jours). A toutes les échéances, la
profondeur carbonatée moyenne apparaît plus importante pour le BAP que pour le BV, mais,
compte tenu des dispersions de mesures, il n’est pas possible d’affirmer que le BAP est plus
sensible à la carbonatation que le BV.

Toutefois, cette différence pourrait être imputable à l’écart de rapport E/LEquiv qui existe entre
les deux types de BHP (0,40 pour le BAP et 0,36 pour le BV) et à la différence de porosité
ouverte qui en découle (10,5% pour le BAP contre 8,9% pour le BV).

V.4. COMMENTAIRES

Tous les résultats de carbonatation accélérée montrent que les BAP se carbonatent légèrement
plus vite que les bétons vibrés, pour toutes les classes de résistance mécanique (de 15 à
70 MPa). La porosité (accessible à l’eau), en général plus élevée pour les BAP, pourrait
expliquer cette différence de résistance à la carbonatation.

163
Cependant, d’un point de vue pratique, les profondeurs de carbonatation de ces bétons lors
d’essais accélérés (respectivement de l’ordre de 20 mm, 5 mm et 0,7 mm à 28 jours) sont
acceptables pour de telles classes de résistance (20, 40 et 60 MPa).

164
VI LESSIVAGE (AU NITRATE D’AMMONIUM)

Dans certaines conditions environnementales, la dégradation des matériaux cimentaires peut


être la conséquence d’attaque par des solutions aqueuses pures ou acides. Ce type d’attaque se
caractérise par le passage total en solution de la portlandite et par la décalcification
progressive des C-S-H, et, en d’autres proportions, de l’ettringite et du monosulfoaluminate.

Afin d’obtenir une attaque plus rapide que la lixiviation simple à l'eau déminéralisée (prise
comme référence), la solution d'attaque a été remplacée par du nitrate d’ammonium (cinétique
d’attaque multipliée par 100 par rapport à la lixiviation simple sans modifier la nature et la
hiérarchie des phénomènes à l’origine de la dégradation des hydrates ni former des phases
expansives qui altéreraient la matrice cimentaire [Carde 97 a]).

Des échantillons de béton de différentes formulations ont été conservés dans une solution
saturée en nitrate d’ammonium (voir chapitre 2 § III.3.5) afin de déterminer l’évolution dans
le temps de la profondeur dégradée pour les deux types de béton. Les profondeurs de
lessivage ont été mesurées à diverses échéances après pulvérisation d’une solution de
phénolphtaléïne, qui permet de révéler l’interface entre la zone saine et la zone lessivée (voir
photographie 4.2, taille réelle).

Photographie 4.2: Exemple d’échantillon lessivé au nitrate d’ammonium

D’un point de vue pratique, le front de dégradation dû au lessivage par le nitrate d’ammonium
est nettement plus régulier que celui de l’essai de carbonatation accélérée. La mesure est plus
facile à réaliser et les écarts entre profondeur dégradée minimale et maximale sont moindres.
D’autre part, lorsque le front de dégradation rencontre un granulat, le lessivage n’est pas
accentué au niveau de l’interface pâte-granulat. Autrement dit, cette zone, dont la porosité est

165
plus importante que dans le reste de la pâte de ciment [Neville 00], ne semble pas se dégrader
plus rapidement quand elle est atteinte par cet agent agressif.

L’évolution de la profondeur dégradée par cette attaque est comparée d’un type de béton à
l’autre pour les différentes classes de résistance étudiées (bétons de bâtiment, bétons
d’ouvrage et bétons à hautes performances).

VI.1. BETONS DE BATIMENT

Les évolutions de la profondeur dégradée au nitrate d’ammonium des bétons de bâtiment sont
présentées sur la figure 4.16. Les valeurs caractéristiques sont synthétisées dans le tableau
4.11.

25

20
profondeur dégradée (mm)

15

10 BAP 15

BV 20 I

5 BAP 20 III

BV 20 III

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
racine carré du tem ps (jour 1/2)

Figure 4.16 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons de bâtiment testés

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20
Série 1 -- 10,3
Profondeur lessivée à 30 jours (mm) 10,9
Série 3 9,2 7,8
Série 1 -- 1,76
Cinétique de lessivage (L, en mm/jour1/2) 2,12
Série 3 1,75 1,57
Tableau 4.10 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons de bâtiment

Pour ces bétons de bâtiment, on constate qu’à part le BAP 15 qui présente une profondeur
dégradée plus importante, la profondeur lessivée et la cinétique de dégradation du BAP 20 et
des BV 20 ne présentent pas de différence nette.

Pour cet essai, on peut considérer les deux types de béton équivalents.

166
VI.2. BETONS D’OUVRAGE

Concernant les bétons de résistance mécanique moyenne, la dégradation des deux types de
bétons est présentée sur la figure 4.17, les résultats caractéristiques étant repris tableau 4.12.

25

BV 40 I
20

BAP 40 III
profondeur dégradée (mm)

15
BV 40 III

10

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
racine carré du tem ps (jour 1/2)

Figure 4.17 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons d’ouvrage testés

Caractéristiques Bétons
BAP 40 BV 40
Série 1 -- 7,0
Profondeur lessivée à 30 jours (mm)
Série 3 5,3 5,1
Série 1 -- 1,31
Cinétique de lessivage (L, en mm/jour1/2)
Série 3 1,23 1,02
Tableau 4.11 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons d’ouvrage

On constate que la profondeur dégradée du premier béton vibré (BV 40 I) est plus importante
que celles des deux derniers bétons (BAP 40 III et BV 40 III). Ce béton présente en effet un
rapport E/LEquiv supérieur aux deux autres (0,60 contre 0,50) et les différences de
microstructure engendrées (porosité ouverte plus élevée, par exemple) ont probablement un
rôle dans la dégradation plus élevée dont il fait preuve.

Pour les dernières formulations de béton d’ouvrage (série 3), jusqu’à 56 jours de conservation
dans la solution de nitrate d’ammonium, le BAP et le BV présentent des profondeurs de
lessivage et des cinétiques de dégradation similaires. A partir de cette échéance, la cinétique
d’attaque du BAP devient plus importante que celle du BV et par conséquent un léger écart
entre les profondeurs lessivées des deux bétons apparaît (environ +25% à 180 jours pour le
BAP). De ce fait, la cinétique de dégradation des BAP d’ouvrage est légèrement plus grande
que celle des bétons vibrés (+4% pour le BAP 40).

167
VI.3. BETONS A HAUTES PERFORMANCES

La dégradation par lessivage au nitrate d’ammonium des bétons à hautes performances est
également exprimée en fonction de la racine carrée du temps d’essai sur la figure 4.18 et ces
résultats sont récapitulés dans le tableau 4.13.

25

BAP 60
20
profondeur lessivée (m m )

BV 60

15

10

0
0 2 4 6 8 10 12 14 16
racine carrée du tem ps (jours 1/2)

Figure 4.18 : Lessivage au nitrate d’ammonium des bétons à hautes performances

Caractéristiques Bétons
BAP 60 BV 60
Profondeur lessivée à 30 jours (mm) 4,2 3,0
Cinétique de lessivage (L, en mm/jour1/2) 1,17 1,15
Tableau 4.12 : Résultats du lessivage au nitrate d’ammonium des bétons à hautes performances

Sur la figure 4.18, on constate qu’en moyenne le BAP se dégrade légèrement plus vite que le
béton vibré mais, compte tenu de la dispersion des résultats, on peut considérer que les
dégradations à une échéance donnée sont équivalentes. De même, la légère différence entre
les cinétiques de dégradation des BAP et des BV à hautes performances (+2% pour le
BAP 60) ne peut être raisonnablement considérée.

VI.4. COMMENTAIRES

Tous les résultats de dégradation au nitrate d’ammonium montrent qu’il n’existe pas de
différence significative entre BAP et BV que ce soit pour les bétons de bâtiment comme pour
les bétons d’ouvrage ou ceux à hautes performances.

168
VII RECAPITULATIF

Outre les sollicitations mécaniques extérieures, la durabilité du matériau béton dépend de sa


capacité à résister aux pénétrations de fluides, liquides ou gazeux, à l’intérieur de son réseau
poreux. La nature du réseau poreux à l’intérieur même de la pâte de ciment et à l’interface
pâte - granulat a donc une influence capitale sur la pénétrabilité (perméabilité au sens large du
terme) du béton.

Parmi les fluides susceptibles de pénétrer le béton dans le milieu extérieur, ce chapitre avait
pour but de présenter les résultats d’essais relatifs à trois « fluides agressifs » majeurs :
l’oxygène, le gaz carbonique et l’eau, contenant ou non des ions agressifs (chlorures et nitrate
d’ammonium dans notre cas). Le tableau 4.14 résume tous les résultats expérimentaux
exposés précédemment et analysés au cas par cas.

Caractéristiques Bétons
BAP 15 BAP 20 BV 20 BAP 40 BV 40 BAP 60 BV 60

Série 1 0,62 0,61 0,55 0,60


Rapport Eeff/LEquiv 0,76 0,40 0,36
Série 2 0,67 0,60 0,49 0,50

Série 1 424 385 320 389 333


Volume de pâte (l.)
Série 2 383 310 367 307 377 318

Porosité accessible à Série 1 14,9 14,9 13,7 14,7


l’eau (%) 18,1
Série 2 16,2 15,2 12,5 11,2
Perméabilité Série 1 1,03 2,00 0,22 0,64
intrinsèque sèche 1,37 0,18 0,29
(10-16 m²) Série 2 0,47 0,81 0,12 0,26
Coefficient effectif de
Série 1 4,63 3,87 3,13 2,92 3,16 1,85 1,76
diffusion (10-12 m²/s)
Coefficient
d’absorption capillaire Série 2 3,54 1,00 1,09 0,24 0,64 0,99 0,92
(10-2 kg/(m².s1/2))
Cinétique de
Série 1 4,02 3,70 1,12 1,47
carbonatation 0,13 0,11
accélérée (K, 4,65
Série 2 3,02 2,97 0,53 0,28
mm/jour1/2)
Cinétique de lessivage 1,75 1,23
Série 1 2,12 1,76 1,31 1,17 1,15
(L, mm/jour1/2) (série 3) (série 3)

Tableau 4.13 : Synoptique des propriétés de transfert des bétons étudiés

169
D’après ce tableau, la première constatation concerne le BAP de très faible résistance
(BAP 15) : ce béton possède un rapport E/LEquiv élevé et les caractéristiques microstructurales
qui en résultent l’ont conduit à manifester des résistances à la pénétration de chacun des
fluides étudiés plus faibles que n’importe quel autre béton. Ceci prouve, si besoin était,
l’aspect primordial sur les propriétés de transfert du matériau béton (autoplaçant soit-il) d’un
tel paramètre de composition (rapport E/C).

Deuxièmement, les grandeurs mesurées pour caractériser les propriétés physico-chimiques


des deux types de béton semblent ne pas se distinguer foncièrement au sein de chacune des
trois classes de résistance (à l’exception peut être de la perméabilité à l’oxygène).

Pour comparer au mieux ces propriétés, le ratio des valeurs expérimentales du BAP d’une
classe de résistance à celles du béton vibré correspondant est présenté dans le tableau 4.15.

Propriétés Ratio BAP/BV


BAP20 / BAP40 / BAP60 /
BV20 BV40 BV60
Série 1 1,00 0,93
Porosité accessible à l’eau (%) 1,18
Série 2 1,07 1,12

Perméabilité intrinsèque sèche Série 1 0,52 0,34


0,62
(10-16 m²) Série 2 0,58 0,46
Coefficient effectif de diffusion
Série 1 1,24 0,92 1,05
(10-12 m²/s)
Coefficient d’absorption
Série 2 0,92 0,38 1,08
capillaire (10-2 kg/(m².s1/2))

Cinétique de carbonatation Série 1 1,09 0,76


1,18
accélérée (mm/jour1/2) Série 2 1,02 1,89
Cinétique de lessivage au nitrate
Série 1 1,11 1,21 1,02
d’ammonium (mm/jour1/2)
Tableau 4.14 : Comparaison des propriétés physico-chimiques de tous les bétons étudiés

A ce stade de l’étude, la seule donnée relative au réseau poreux des bétons testés est la
porosité accessible à l’eau.

Pour toutes les formulations dont le rapport E/LEquiv est similaire, les porosités accessibles à
l’eau des bétons autoplaçants sont légèrement plus importantes que celles des bétons vibrés
(jusqu’à +18%).

170
Les cinétiques de dégradation (aussi bien pour la carbonatation accélérée que pour le
lessivage au nitrate d’ammonium) des BAP sont aussi légèrement supérieures à celles des BV.
L’écart entre les dégradations des deux types de béton est proche de celui constaté pour la
porosité accessible à l’eau (de +2 à +21%, sauf pour la carbonatation des BAP 40 égal à
+89%).

• Dans le cas du lessivage au nitrate d’ammonium, la réaction chimique ayant lieu en


immersion totale se trouve majoritairement contrôlée par le phénomène de diffusion.
Le coefficient de diffusion des BAP légèrement supérieur à celui des bétons vibrés peut
donc expliquer la sensibilité plus élevée des BAP à cette attaque chimique.
L’absorption joue également un rôle dans cette réaction et diminue (cas du BAP 20) ou
accentue (cas du BAP 60) l’action de la diffusion selon les cas.

• Pour la carbonatation accélérée, il s’agit d’évaluer la diffusion du gaz carbonique à


l’intérieur d’un milieu partiellement saturé. D’après les résultats de perméabilité à
l’oxygène, le dioxyde de carbone gazeux doit pénétrer moins facilement dans les BAP
que dans les bétons vibrés. Cependant, une fois dissous avec les phases aqueuses
contenues dans la matrice cimentaire, l’acide carbonique va se diffuser lui aussi plus
rapidement dans les BAP que dans les BV. La combinaison d’une meilleure
perméabilité et d’une diffusion plus élevée des BAP par rapport aux bétons vibrés peut
par conséquent justifier l’équivalence des dégradations par carbonatation des deux
types de béton.

Globalement, les caractéristiques relatives à la durabilité des BAP s’éloignent peu de celles
déterminées pour les bétons vibrés de référence. Le cas de la perméabilité à l’oxygène mérite
malgré tout d’être mentionné car quel que soit le BAP testé, celui-ci résiste environ deux fois
plus à la pénétration du gaz que le béton vibré correspondant.

Les équivalences de vieillissement observées entre les deux types de béton ne s’expliquent
donc pas par les différences potentielles entre le réseau poreux des BAP et celui des bétons
vibrés.

171
VIII CONCLUSIONS

Pour conclure ce chapitre, un résumé sur les propriétés caractéristiques de la durabilité


physico-chimique étudiées est énoncé à partir des résultats expérimentaux obtenus dans ce
projet de recherche.

Auparavant, il convient de rappeler que les compositions de BAP présentent un volume de


pâte plus élevé que celui des bétons vibrés. De plus, pour les bétons de bâtiment et les bétons
d’ouvrage, le squelette granulaire est identique entre BAP et BV, contrairement aux BHP pour
lesquels le squelette granulaire est différent.

Les principaux résultats obtenus dans ce chapitre sont les suivants.

• Pour la perméabilité (à l’oxygène)

Pour les trois classes de résistance mécanique (20, 40 et 60 MPa), les bétons autoplaçants
possèdent une perméabilité intrinsèque sèche inférieure à celle des bétons vibrés (et
ceci pour des porosités accessibles à l’eau comparables).

• Pour la diffusion des ions chlore

Les deux types de béton doivent être considérés comme équivalents concernant cette
propriété de transfert pour chacune des classes de résistance.

• Pour l’absorption capillaire

Les coefficients d’absorption capillaire déterminés lors des essais révèlent que le
comportement des bétons autoplaçants est comparable à celui des bétons vibrés
correspondants, à l’égard de ce phénomène physique.

• Pour la carbonatation (accélérée)

L’essai de carbonatation accéléré montre que les BAP se carbonatent avec une cinétique
similaire à celle des BV (à une exception près, correspondant au BV 40 III (–71%)).

• Pour le lessivage au nitrate d’ammonium

La dégradation due à l’attaque par cette solution agressive est analogue pour les bétons
autoplaçants et pour les bétons vibrés.

172
D’autre part, les différents types de cure, préalablement appliqués aux échantillons testés dans
les essais présentés dans ce chapitre, ont permis de mettre en évidence certaines observations.

• Les résultats des essais conduits après des cures humides importantes (un an à un an et
demi) traduisent les propriétés du béton au cœur d’un élément de structure massif. En
l’occurrence, ces résultats révèlent que les BAP et les BV possèdent des propriétés de
transfert (perméabilité à l’oxygène, absorption capillaire et carbonatation accélérée)
équivalentes dans de telles conditions.

• La deuxième cure appliquée, sèche celle-là, dans des temps importants permet d’étudier
des résultats relatifs au béton de peau. Comme pour la cure humide, les résultats des
essais expérimentaux (perméabilité à l’oxygène, absorption capillaire) indiquent des
comportements similaires pour les deux types de béton vis à vis de ces conditions.

Bien que les propriétés physico-chimiques étudiées séparément se révèlent comparables pour
les deux types de béton, il n’est pas évident de généraliser ces résultats à l’ensemble des BAP,
compte tenu des choix de formulation retenus dans cette étude (même squelette granulaire).

Il semble donc nécessaire de confronter ces résultats à ceux d’autres BAP formulés
différemment. En ce sens, ils peuvent être comparés aux données bibliographiques présentées
au premier chapitre et exploités en fonction d’un même paramètre caractéristique du matériau
béton, à savoir la résistance mécanique : c’est l’objet du dernier chapitre de ce mémoire.

173
5e. Chapitre : Exploitation des résultats

I INTRODUCTION

Dans les deux précédents chapitres les résultats expérimentaux relatifs au domaine de la
mécanique et au domaine physico-chimique ont été présentés selon une échelle temporelle (à
l’exception de la perméabilité à l’oxygène et du coefficient de diffusion des ions chlore).
Cette vision des choses a permis de réaliser une première évaluation des caractéristiques des
différents bétons étudiés et de comparer les BAP aux bétons vibrés.

Dans ce chapitre, nous proposons de compléter cette évaluation en intégrant les résultats
présentés dans la synthèse bibliographique (voir chapitre 1) aux résultats obtenus dans notre
étude expérimentale. Toutes ces valeurs, déterminées expérimentalement, seront aussi
comparées avec les prévisions de différents règlements existants ainsi que de modèles
reconnus et associés aux différentes caractéristiques étudiées. Cette mise en commun
permettra éventuellement de donner des lois générales sur l'ensemble des résultats.

D’autre part, il apparaît intéressant de représenter les différentes grandeurs mesurées sous un
angle différent. En effet, l’une des questions initiales de ce projet de recherche concernait la
durabilité des BAP de même résistance que les bétons vibrés. La résistance en compression
sera donc prise comme point de comparaison entre les deux types de béton : les résultats des
divers essais menés dans cette étude ainsi que les résultats issus de la bibliographie seront
représentés en fonction de la résistance mécanique des différents bétons afin de constater si ce
facteur est un paramètre de premier ordre.

II COMPORTEMENT MECANIQUE

II.1. MODULE D’ELASTICITE

L’une des propriétés mécaniques importantes du matériau béton est son module d'élasticité,
utilisé dans des codes de calcul ou, par exemple, pour prévoir les déformations de fluage
[CEB-FIP model code 1990, normes françaises BPEL 99].

II.1.1 Comparaison avec les données bibliographiques

Une des sources fournissant plusieurs modules d’élasticité de BAP comparés à ceux de bétons
vibrés est la thèse de Proust [Proust 02]. Les principaux résultats, obtenus pour des bétons

174
dont la résistance mécanique est la plus proche de celle des bétons étudiés dans notre projet,
sont présentés tableau 5.1.

Bétons
Résistance mécanique
BAP 5 BO BAP 3 BV-CV BAP 1 BHP
en compression (MPa)
à 7 jours 33 29,7 46,8 43,4 56,2 47,9

à 28 jours 40,1 38 58,6 58 63,5 64,1


Module d’élasticité en
compression (GPa)
à 7 jours 28 28,5 29,7 34,5 36,3 32,9

à 28 jours 31,2 32 32,4 36,7 39,4 35,3

Tableau 5.1 : Valeurs des résistances mécaniques et des modules d’élasticité de plusieurs bétons [Proust 02]

Les principaux commentaires sont les suivants.

• En premier lieu, on remarque que les modules d’élasticité de ces bétons sont inférieurs
à ceux des bétons de notre étude (compris entre 29,3 et 38,9 GPa), à résistance
équivalente, voir supérieure. Comme le volume de pâte est voisin de ceux de nos
formulations, ces résultats peuvent éventuellement s’expliquer par la différence dans la
nature minéralogique des granulats utilisés, silico-calcaires (BAP1) ou siliceux roulés
et concassés.

• Deuxièmement, aucune tendance n’est manifeste quant à la supériorité ou l’infériorité


du module de Young des BAP par rapport à celui des bétons vibrés.

La conclusion sur ces données indique qu’il n’existe pas, concernant le module d’élasticité, de
comportements singuliers de la part des BAP par rapport à ceux des bétons vibrés.

Certains auteurs [Vieira 03] présentent aussi des comportements équivalents entre BAP et
béton vibré pour le module d’élasticité (35,6 et 35,5 GPa respectivement). Les deux types de
bétons en question possèdent des résistances similaires (44,5 et 45,1 MPa), mais des volumes
de pâte bien distincts (370 litres pour le BAP et 275 litres pour le BV) et un rapport G/S plus
important pour le béton vibré (1,78) que pour le BAP (1).

Selon d’autres données [Spengler 01], les BAP de résistance mécanique supérieure à celles
des bétons vibrés de référence (59 MPa contre 44 MPa) possèdent des modules d’élasticité
statique inférieurs à ceux de ces bétons vibrés (respectivement 34,5 et 36,6 GPa). Ces BAP
comportent un volume de pâte plus important que celui des bétons vibrés (+44%) mais un

175
rapport G/S voisin. Néanmoins, ils sont formulés avec des cendres volantes contrairement aux
bétons vibrés, ce qui peut expliquer le gain de résistance sans pour autant augmenter le
module d’élasticité.

Enfin, d’aucuns [Fornasier 01, Fava 03] affirment que le module de Young des BAP, de
résistance mécanique semblable ou inférieure (de 45,7 à 48,3 MPa) à celle des bétons vibrés
(entre 48,6 et 50,3 MPa), est inférieur (de 31,4 à 35,4 GPa) à celui des bétons de référence (de
37,4 à 38 GPa). Dans ces études, les BAP possèdent un rapport G/S inférieur (9 à 28%) et un
volume de pâte supérieur (15 à 33%) à ceux des bétons vibrés.

Toutes ces données montrent qu’il n’existe pas de règle générale pour distinguer le module
d’élasticité des BAP de celui des bétons vibrés, à résistance mécanique équivalente : les deux
types de béton ne semblent pas présenter de différence significative au sujet de cette propriété
mécanique instantanée.

II.1.2 Exploitation des résultats

Les différentes données citées ci-dessus sur le module d'élasticité des BAP et des BV sont
présentées en fonction de la résistance mécanique sur la figure 5.1.

50

40
module d'élasticité (GPa)

30

BAP biblio
20 BV biblio
BAP
BV
10 BAEL
Eurocode 2

0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.1 : Module d’élasticité de divers bétons en fonction de leur résistance mécanique

A partir de cette figure, plusieurs commentaires peuvent être effectués.

• Les modules d'élasticité des bétons examinés dans notre étude expérimentale sont
conformes aux autres valeurs issues de la bibliographie pour des niveaux de résistance
supérieurs à 40 MPa. En ce qui concerne les bétons de plus faibles résistances (voisin

176
de 20 MPa), nos résultats sont supérieurs à ceux issus de la littérature (qui sont
toutefois peu nombreux).

• Les courbes représentatives des deux règlements considérés (BAEL et Eurocode 2)


montrent que ces derniers surestiment le module d'élasticité des deux types de béton.
L’Eurocode 2, dont le calcul du module est basé sur la résistance mécanique moyenne
du béton, semble toutefois plus proche que son prédécesseur du BAEL (dont le calcul
du module s’appuie sur la résistance caractéristique du béton).

• A résistance en compression similaire, aucune différence significative ne peut être


signalée entre les deux types de béton. Ainsi, le module d'élasticité des BAP tend à
évoluer avec la résistance mécanique de manière analogue à celui du béton vibré.

Ainsi, alors que l’on aurait pu s’attendre à une différence entre les modules d'élasticité des
deux types de béton compte tenu de l’écart entre le volume de pâte des BAP et celui des BV,
et de la différence de rigidité de ces matériaux, il n’en est rien. On retrouve un des résultats de
notre projet, où, bien que le pourcentage de volume de pâte soit différent (de 36 à 40% pour
les BAP et autour de 31% pour les BV, les matériaux employés dans les deux types de béton
étant identiques), les modules d’élasticité des bétons étudiés ne diffèrent pas
considérablement d’un type de béton à l’autre.

Afin d’obtenir directement le module d’élasticité d’un béton (BAP ou BV) à partir de sa
résistance en compression, Persson [Persson 99] a établi dans ses travaux l'équation suivante
pour le module d'élasticité (E) des deux types de béton :

E(fC) = 3,75.fC1/2, où fC désigne la résistance en compression du béton étudié.

Une équation semblable peut être tirée des résultats exposés ici : E(fC) = 4,64.fC1/2. Cette
relation s'applique aussi bien aux BAP qu’aux bétons vibrés et elle est très proche de
l'équation préconisée par le modèle de l’ACI 318-89 [ACI 92], à savoir E(fC) = 4,73.fC1/2, qui
permet de calculer le module d'élasticité d’un béton à partir de sa résistance mécanique en
compression [Shi 02].

En tout état de cause, d’après tous ces résultats et malgré quelques données contradictoires
[Fornasier 01, Spengler 01], à résistance mécanique similaire, la rigidité des deux types de
béton peut être considérée comme équivalente. De plus, compte tenu de la surestimation du
module des deux types de béton par les règlements, il conviendra, lorsque cela sera possible,
de les déterminer expérimentalement (cette remarque concernant les modules est valable quel
que soit le type de béton considéré).

177
II.2. DEFORMATIONS SANS CHARGE (RETRAIT DU BETON DURCI)

Parmi les comportements différés du béton, les déformations libres (retraits endogène et de
dessiccation) font partie de ceux qui ont été appréhendés dans notre projet de recherche et qui
ont été préalablement présentés au chapitre 3.

II.2.1 Comparaison avec les données bibliographiques

a. Retrait au jeune âge

Les résultats de retrait au jeune âge obtenus pour les bétons testés dans notre étude indiquent
des déformations de l’ordre de 350 à 400 µm/m (à 20 heures) pour les BAP et allant de
quelques µm/m à 200 µm/m pour les BV. Ces déformations, mesurées pour les bétons de
bâtiment et les bétons d’ouvrage, sont en accord avec les quelques données relatives à ce sujet
présentées dans le chapitre 1 (voir § IV.1.3.a).

• L’une des sources [Gram 99] présente des amplitudes de retrait à 20 heures comprises
entre 520 et 650 µm/m pour les BAP et voisines de 220 µm/m pour les BV (les
résistances mécaniques de deux bétons allant de 40 à 70 MPa).

• Le deuxième auteur [Turcry 04] mentionne des valeurs supérieures à celles évoquées
ci-dessus : les BAP (résistance mécanique entre 35 et 50 MPa) étudiés présentent un
retrait à 20 heures de l’ordre de 1100 µm/m et les BV correspondants un retrait à la
même échéance compris entre 130 et 300 µm/m.

b. Retrait endogène

Par comparaison aux données bibliographiques présentées au premier chapitre (voir


§ IV.1.3.b), le retrait endogène des BAP déterminé dans cette étude (de 150 à 320 µm/m à
6 mois) correspond assez bien à ceux cités en référence.

De plus, plusieurs auteurs avancent aussi des données qui révèlent des retraits endogènes
équivalents pour les BAP et les bétons vibrés.

• Persson [Persson 99] présente des BAP dont le retrait endogène à 180 jours varie de 90
à 180 µm/m quand celui des bétons vibrés correspondants est compris entre 120 et
210 µm/m.

• Proust [Proust 02] indique que les BAP étudiés dans ses travaux possèdent un retrait
endogène à 6 mois allant de 170 à 450 µm/m. Les bétons vibrés de cette même étude

178
manifestent un retrait endogène à la même échéance de l’ordre de 200 µm/m à
360 µm/m.

• Enfin, selon Turcry [Turcry 04], le retrait endogène des BAP à 180 jours se situe entre
150 et 215 µm/m et celui des bétons vibrés entre 140 et 185 µm/m.

Ces résultats disponibles fournissent finalement des valeurs du retrait endogène des BAP (à 6
mois) de l’ordre de 90 à 215 µm/m pour les bétons de classe 20 MPa et entre 170 et 450
µm/m pour les classes de résistance 40 à 60 MPa.

Seul Hu [Hu 98] accorde une sensibilité moindre des BAP aux déformations libres sans
échanges hydriques par rapport aux bétons vibrés. Selon lui, les BAP présentent un retrait
endogène à 180 jours de 90 à 190 µm/m alors que celui des bétons vibrés (de résistance
mécanique nettement inférieure, -50%) est voisin de 200 µm/m.

Ainsi, malgré une source en désaccord [Hu 98], les différences entre le retrait endogène des
BAP et celui des bétons vibrés ne sont pas significatives, ces résultats étant concordants avec
ceux obtenus lors de nos essais.

c. Retrait total

L’ordre de grandeur du retrait total mesuré dans notre projet de recherche (retrait à 6 mois
compris entre 520 et 700 µm/m) est proche de celui des données citées dans le premier
chapitre (voir § IV.1.3.c), pour les bétons de faible à haute résistance mécanique.

• Hu [Hu 98] rapporte que des BAP, de résistance en compression de 40 à 55 MPa,


possèdent un retrait total (à 6 mois) compris entre 580 et 850 µm/m contre 690 µm/m
pour le BV étudié (de résistance mécanique 27 MPa).

• Les BAP de bâtiment (30 MPa) testés par Persson [Persson 99] présentent un retrait
total (à 6 mois) voisin de 660 µm/m et les BV correspondants un retrait total compris
entre 700 et 820 µm/m.

• Selon Proust [Proust 02], le retrait total (à 180 jours) des BAP à hautes performances
(résistance mécanique de 60 à 70 MPa) peut aller de 720 à 850 µm/m et celui des BV
correspondants est voisin de 800 µm/m.

• Turcry [Turcry 04] précise que les deux types de béton, de résistance mécanique
moyenne (30 à 50 MPa), ont un retrait total (à 6 mois) comparable et compris entre 580
et 800 µm/m pour les BAP et entre 630 et 710 µm/m pour les BV.

179
Ces données montrent que le retrait total des BAP varie dans des ordres de grandeur similaires
à ceux des bétons vibrés et confirment ainsi les observations faites à partir des résultats
obtenus dans notre étude quant à l’équivalence de ce type de déformations pour les deux types
de béton.

II.2.2 Exploitation des résultats

a. Retrait endogène

Les résultats expérimentaux obtenus dans notre étude sont tout d’abord représentés figure 5.2
en fonction des valeurs calculées à partir des deux règlements de conception d’ouvrages que
sont le BPEL et l’Eurocode 2 (le règlement BPEL ne donne pas de valeur de retrait endogène
pour les bétons de résistance inférieure à 40 MPa mais seulement celle de retrait total).

400 400
retrait endogène expérimental (µm/m)

retrait endogène expérimental (µm/m)

300 300

200 200

BAP 40 BAP 20
BV 20
BV 40 BAP 40
100 100
BAP 60 BV 40
BAP 60
BV 60 BV 60
0 0
0 100 200 300 400 0 100 200 300 400
retrait endogène théorique règlem entaire (µm /m ) retrait endogène théorique règlem entaire (µm /m )

(a - BPEL) (b – Eurocode 2)
Figure 5.2 : Comparaison des retraits endogènes expérimentaux et calculés (à différentes échéances)

On constate que ces deux règles de calcul sous-estiment considérablement le retrait endogène,
aucun des bétons étudiés n’étant compris dans le fuseau de variabilité de ±30% (symbolisé
par les droites en pointillés sur les graphiques). Cette sous-estimation est très nette pour les
deux règlements quel que soit le type de béton (autoplaçant ou vibré) et quelle que soit la
classe de résistance mécanique : environ –85% pour les bétons de bâtiment (concernés
seulement par l’Eurocode 2), de –70% à –80% pour les bétons d’ouvrages et entre –30% et
–50% pour les BHP.

Les résultats des mesures de retrait à six mois effectués dans cette étude expérimentale sont
ensuite aussi présentés sur la figure 5.3, avec les autres données bibliographiques
susmentionnées, en fonction de la résistance mécanique.

180
400 BAP biblio
BV biblio

retrait endogène à 6 m ois (µm /m )


BAP
BV
300
BPEL
Eurocode2

200

100

0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.3 : Retrait endogène à 180 jours de plusieurs BAP et bétons vibrés en fonction de leur résistance en
compression

Plusieurs commentaires peuvent être effectués.

• Les résultats obtenus pour nos bétons se confondent aisément avec les autres résultats
issus de la bibliographie (varient de 90 à 370 µm/m).

• Les courbes de tendance (indiquées en pointillés) indiquent que les retraits endogènes
des BAP et des BV sont comparables, à même résistance mécanique.
Les quantités de granulats plus importantes dans les bétons vibrés ne semblent donc pas
limiter davantage les déformations libres de ces bétons que celles des BAP.

• BAP et bétons vibrés présentent le même développement du retrait endogène en


fonction de la résistance en compression.
L’autodessiccation étant le phénomène principal qui régit le retrait endogène, elle est
d'autant plus influente que la résistance mécanique est élevée : l’augmentation de la
résistance s’accompagne donc d’une élévation du retrait endogène équivalente entre
BAP et BV.

Cependant, la figure 5.3 montre que les résultats de retrait endogène des BAP et des BV
présentent une importante dispersion en fonction de la résistance mécanique, ce qui prouve
que cette déformation du matériau béton ne dépend pas uniquement de cette grandeur. Le
retrait endogène est en effet aussi influencé par d’autres paramètres, tels que le type et la
quantité de ciment utilisés en particulier.

On doit cependant retenir de cette comparaison que, à résistance mécanique comparable, les
BAP ne se distinguent pas des bétons vibrés par leur retrait endogène.

181
b. Retrait total et retrait de dessiccation

Une première représentation graphique du retrait total est présentée sur les figures 5.4 qui
illustrent la comparaison entre les retraits totaux expérimentaux issus de notre étude et les
retraits estimés par les deux codes de calcul.

900 900
retrait total expérimental (µm/m)

retrait total expérimental (µm/m)


700 700

500 500

BAP 20 BAP 20
BV 20 BV 20
300 BAP 40 300 BAP 40
BV 40 BV 40
BAP 60 BAP 60
BV 60 BV 60
100 100
100 300 500 700 900 100 300 500 700 900
retrait total théorique règlem entaire (µm /m ) retrait total théorique règlem entaire (µm /m )

(a – BPEL) (b – Eurocode 2)
Figure 5.4 : Comparaison des retraits totaux expérimentaux et calculés (à différentes échéances)

L’analyse de ces graphes permet de souligner les points suivants.

• Le code de calcul BPEL (figure 5.4 a) sous estime les valeurs expérimentales avec des
écarts relatifs pouvant atteindre 40 à 65%. Ces écarts importants entre règlement et
expérience, déjà cités par d’autres auteurs [Munoz 00, Proust 02], peuvent avoir
plusieurs causes : la nature des constituants (granulats, ciment), les modes opératoires
employés, la taille des éprouvettes ou encore la date de première mesure (paramètre
essentiel).
Il est également important de rappeler que le domaine de validité du BPEL fait
référence à une proportion volumique minimale de granulats de 66%, alors que celle
des BAP de notre étude avoisine les 63%. Cependant, on voit bien que ce n’est pas
cette limite de validité qui est à l’origine des écarts constatés puisque les BAP et les
bétons vibrés, de compositions et de résistance mécanique comparables, possèdent des
comportements équivalents.

• Les valeurs de retrait total calculées à partir de l’Eurocode 2 (figure 5.4 b)


correspondent convenablement aux valeurs expérimentales, toutes les valeurs étant
comprises dans le fuseau de variabilité de ± 30%.

Les retraits totaux des BAP et BV (résultats issus de notre étude et de la bibliographie) sont
aussi portés en fonction de la résistance en compression sur la figure 5.5.

182
1000

retrait total à 6 m ois (µm /m )


800

600

400 BAP biblio


BV biblio
200 BAP
BV
0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.5 : Retrait total à 6 mois de différents bétons en fonction de la résistance mécanique

Ces résultats permettent de faire quelques commentaires :

• Nos résultats ne diffèrent pas des résultats obtenus par les autres auteurs. Ainsi, les
retraits totaux des BAP et des BV peuvent être considérés comme équivalents.

• Il apparaît que, globalement et compte tenu de la dispersion des points expérimentaux,


le retrait total est indépendant de la résistance mécanique.

A partir des retraits totaux et des retraits endogènes, il est possible de calculer le retrait de
dessiccation par simple différence (en appliquant le principe de superposition). Le graphe
représentant le retrait de dessiccation à 6 mois en fonction de la résistance mécanique des
bétons est présenté figure 5.6.

A partir de cette figure, les observations suivantes peuvent être faites :

• Les résultats obtenus dans notre étude coïncident convenablement avec ceux issus de la
bibliographie. Ainsi, les BAP ont un retrait de séchage équivalent à celui des BV
(environ 300 à 550 µm/m à 180 jours), à résistance égale.

• L’évolution du retrait de dessiccation en fonction de la résistance en compression


semble comparable pour les BAP et les BV correspondants.

• Le BPEL, dans son domaine d’application (au-delà de 40 MPa), sous-estime


grandement le retrait de dessiccation alors que l’Eurocode 2, qui prend en compte le
type de ciment utilisé, conduit à des valeurs comparables aux valeurs expérimentales.

183
600
CEM CEM
32,5 R 52,5 N

retrait de dessiccation à 6 mois (µm/m)


500

400

300
BAP biblio
200 BV biblio
BAP
BV
100 BPEL
Eurocode2
0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.6 : Retrait de dessiccation à 6 mois de différents bétons en fonction de la résistance mécanique

D’autre part, contrairement au retrait endogène, on peut noter que les résultats de retrait de
dessiccation sont faiblement dispersés, ce qui révèle bien le caractère prédominant de la
résistance mécanique sur cette déformation différée du béton (autoplaçant ou vibré). En effet,
le retrait de séchage du béton dépend de sa porosité, qui est aussi un des facteurs dont dépend
la résistance en compression. Quand cette résistance est prise constante, le retrait de
dessiccation des BAP ne diffère pas sensiblement de celui des BV.

Pourtant, l'utilisation d'un volume de pâte plus élevé dans les BAP engendre une teneur
inférieure en granulats dont l’un des mérites est de gêner le retrait de la pâte de ciment. Par
conséquent, les déformations du béton, qui se produisent essentiellement dans la pâte de
ciment, devraient diminuer avec la quantité de granulats. L’absence de différence nette entre
le retrait de séchage des deux types de béton (à résistance mécanique équivalente) semble
indiquer que l’influence du volume de pâte sur les déformations libres du béton est minime.

II.2.3 Interprétation des résultats obtenus pour les déformations de retrait

Les résultats qui viennent d’être présentés concernent deux composantes des déformations
différées libres du béton que sont le retrait endogène et le retrait en dessiccation.

Comme nous l’avons déjà mentionné, le retrait endogène est la manifestation macroscopique
de la contraction chimique qui a lieu lors de l’hydratation du ciment. Cette réaction, qui se
poursuit tout au long de l’hydratation, est amenée à consommer l’eau contenue dans les
capillaires. Ceci génère des tensions au sein du matériau qui sont d’autant plus fortes que les
capillaires sont fins, autrement dit que le rapport E/C du béton est faible.

184
Le retrait en dessiccation est lui lié à la migration de l’eau à l’intérieur du matériau qui est en
déséquilibre hydrique avec le milieu extérieur. Ce départ d’eau entraîne peu ou pas de retrait
dans un premier temps car il s’agit d’eau libre ou contenue dans des pores de grande
dimension (voir chapitre 3 § III.3.3). En revanche, lorsque le séchage continue, l’eau qui
s’évapore est plus fortement liée (physiquement ou chimiquement) aux autres constituants de
la matrice cimentaire (hydrates en particulier) et va donc générer une contraction du matériau.

Ces deux formes de retrait sont donc influencées par la quantité d’eau présente dans les
formulations de béton.

Afin de pouvoir juger les différences relatives de la microstructure entre BAP et BV qui sont
susceptibles d’expliquer les résultats obtenus pour le retrait des deux types de béton, nous
avons réalisé des essais de porosimétrie au mercure (voir Annexe 2) sur des échantillons de
béton ayant servi aux essais de retrait endogène (à environ 600 jours, soit la dernière échéance
de mesure de retrait). Les résultats sont présentés par famille de béton étudiée dans les sous-
parties suivantes.

a. Bétons de bâtiment

Les diagrammes issus du porosimètre à mercure pour les bétons de bâtiment sont présentés
figure 5.7.

50 50

40 BAP 20
40 BAP 20
/g)
volume relatif (%)

30 BV 20
volume cumulé (mm

BV 20
30

20
20
10

10
0
0,001-0,0025

0,005-0,0075

10-25
0,01-0,0125

0,075-0,1

0,5-0,75

1-1,25

2,5-5

50-100

500-1000
0,015-0,02

0,025-0,05

0,125-0,25

0
1 10 100 1000 10000
rayon de pore (µm) rayon de pore (nm )

(a) (b)
Figure 5.7 : Diagramme du volume relatif des pores des bétons de bâtiment (a) et courbe de distribution du
volume des pores (b) (âge des bétons : 600 jours)

A partir de ces graphes, on peut remarquer les points suivants.

• Sur le diagramme du volume relatif des pores (figure 5.7 a), on observe une première
valeur remarquable entre les deux types de béton qui est celle des pores capillaires

185
compris entre 0,125 et 0,25 µm. Ces pores représentent un volume relatif de 7,2% pour
le BAP et de 3,8% pour le BV. Une deuxième valeur remarquable concerne les pores
dont la taille est comprise entre 0,025 et 0,05 µm. Leur volume relatif est le plus
important pour les deux types de béton et est égal à 40,9% pour le BAP et 34,5% pour
le BV.

• Sur le diagramme du volume cumulé des pores (figure 5.7 b), on constate une
augmentation importante du volume des pores de petite dimension du BAP par rapport
à celui du BV (en deçà de 40 nm).

Ces deux observations conduisent à penser que, dans le cas du retrait endogène,
l’autodessiccation du BAP engendrée dans ces pores capillaires plus nombreux conduira à un
retrait endogène légèrement plus important pour le BAP que pour le BV. C’est en effet ce qui
a été mesuré expérimentalement et présenté au chapitre 3 (voir § III.3.2.a).

En ce qui concerne le retrait en dessiccation, il convient de s’intéresser à la porosité des


hydrates dont la taille est plus petite encore que celles des pores capillaires, à savoir inférieure
à 0,01 µm. Or, pour cette famille de pores, on constate qu’il n’existe pas de différence
significative entre les BAP et les BV.

b. Bétons d’ouvrage

Les résultats des essais de porosimétrie obtenus pour ces bétons sont présentés figure 5.8.

70 40

60 BAP 40
BAP 40
/g)

50 30
volume relatif (%)

BV 40
BV 40
3
volume cumulé (mm

40

30 20

20

10 10

0
0,01-0,0125

2,5-5
0,001-0,0025

0,005-0,0075

0,015-0,02

0,025-0,05

0,075-0,1

0,125-0,25

0,5-0,75

1-1,25

10-25

50-100

500-1000

0
1 10 100 1000 10000
rayon de pore (µm ) rayon de pore (nm )

(a) (b)
Figure 5.8 : Diagramme du volume relatif des pores des bétons d’ouvrage (a) et courbe de distribution du volume
des pores (b) (âge des bétons : 600 jours)

Quelques commentaires peuvent être effectués.

186
• Sur la figure 5.8 a, on constate tout d’abord des pores compris entre 0,50 et 0,125 µm
uniquement pour le BAP. Leur volume relatif représente 10,1% du volume poreux total
et ceux-ci ont pu avoir un léger impact sur le retrait endogène de ces bétons (malgré
leur taille importante, donc des tensions internes en 1/r plus faibles). En effet, la
conclusion tirée sur ces déformations des bétons d’ouvrage (voir chapitre 3 § III.3.2.b)
était similaire à celle des bétons de bâtiment, à savoir que les BAP développent à long
terme un retrait endogène légèrement plus élevé que les BV.

• En poursuivant l’observation de la figure 5.8 a, on peut noter que le volume relatif des
pores capillaires inférieurs à 0,05 µm est plus grand pour le BV que pour le BAP, et en
particulier pour les pores de 0,025 à 0,05 µm dont le volume relatif est respectivement
de 60,9 et 49,7%.
Une explication possible à ces observations expérimentales serait que
l’autodessiccation ne génère des tensions internes significatives (pour les contractions
macroscopiques mesurées expérimentalement) que dans des capillaires de dimension
inférieure à 0,05 µm.

En ce qui concerne le retrait en dessiccation, les pores les plus petits (<0,01 µm) étant en
proportions équivalentes dans les deux bétons, il ne semble pas exister de différence
significative entre les BAP et les BV.

En revanche, le deuxième graphe (figure 5.8 b) révèle que le volume cumulé des pores du
BAP devient légèrement plus important que celui du BV au fur et à mesure que la taille des
pores décroît. Ceci semble en accord avec les hypothèses précédentes ainsi qu’avec les
résultats de retrait endogène obtenus pour ces bétons.

c. Bétons à hautes performances

Les courbes de porosimétrie mercure des bétons à hautes performances sont présentées sur la
figure 5.9.

187
20 50

16 BAP 60
40 BAP 60

volum e cum ulé (m m 3/g)


volum e relatif (%)

BV 60
12 BV 60
30

8
20
4

10
0
0,001-0,0025

0,005-0,0075

0,01-0,0125

0,075-0,1

0,5-0,75

1-1,25

2,5-5

10-25

50-100

500-1000
0,015-0,02

0,025-0,05

0,125-0,25

0
1 10 100 1000 10000
rayon de pore (µm ) rayon de pore (nm )

(a) (b)
Figure 5.9 : Diagramme du volume relatif des pores (a) et courbe de distribution du volume des pores (b) des
bétons à hautes performances

Ces deux graphiques donnent lieu à différents commentaires.

• Le diagramme du volume relatif des pores (figure 5.9 a) présente une première
différence entre les deux types de béton qui concerne les pores capillaires compris entre
0,125 et 0,75 µm. Seuls les BAP présentent de tels pores, dont le volume relatif est de
5,5%. Ensuite, pour les pores de plus petite dimension, les deux types de béton se
différencient peu : pour les pores dont la taille est comprise entre 0,015 et 0,05 µm, le
volume relatif pour les deux types de béton est égal à 43,0% pour le BAP et 37,7%
pour le BV.
Cette absence de différence significative entre les pores capillaires des deux types de
béton devrait conduire à un retrait endogène équivalent entre BAP et BV. Les résultats
expérimentaux (voir chapitre 3 § III.3.2.c) ont effectivement révélé que le retrait
endogène des BAP est comparable à celui des BV.

Les pores plus petits (inférieurs à 0,01) sont en proportions similaires (respectivement
27,3% et 29,3% pour le BAP et le BV) dans les deux types de béton et sont en
contradiction avec le retrait en dessiccation légèrement plus important pour les BAP
(voir chapitre 3 § III.3.1.c) par rapport à celui des BV.

• Le graphe représentant le volume cumulé des pores (figure 5.9 b) indique que celui-ci
devient identique pour les pores des plus petites dimensions (<0,01 µm) et est en
contradiction avec l’équivalence des retraits totaux mesurés sur les deux types de
bétons à hautes performances.

188
II.3. DEFORMATIONS SOUS CHARGE

Les déformations différées ont également été mesurées pour des échantillons soumis à des
charges constantes. Ces déformations sous charge permettent de calculer, par déduction de la
déformation élastique instantanée et du retrait, le fluage des bétons étudiés.

Pour s’affranchir du niveau de chargement, qui est fonction de la résistance en compression


au moment du chargement, les déformations sous charge sont représentées dans un premier
temps (voir figures 5.10 et 5.11) par le coefficient de fluage (calculé en divisant la
déformation totale subie par le matériau à une échéance donnée par la déformation
instantanée). Ce coefficient est pris comme indicateur du fluage des bétons dans l’Eurocode 2,
tandis que le BPEL fait référence au fluage spécifique (voir figures 5.12 et 5.13) : la
déformation de fluage est ramenée à une même unité de chargement (exprimée en
µm/m/MPa).

II.3.1 Comparaison avec les données bibliographiques

a. Coefficient de fluage

Malgré un nombre peu important de travaux publiés sur l’étude des déformations différées
sous charge des BAP, certains résultats peuvent servir de comparatifs à ceux obtenus pour nos
formulations de béton.

• Vieira [Vieira 03] annonce des déformations sous charge légèrement plus importantes
pour un BAP comparé à un BV de résistance similaire (44,5 et 45,1 MPa
respectivement) et de module d’élasticité identique (35,5 GPa). Les coefficients de
fluage propre et total du BAP (1,74 et 2,52 à 180 jours) sont en effet supérieurs à ceux
du béton vibré (égaux à 1,28 et 2,38) de 36 et 6% respectivement.

• Mortsell [Mortsell 01] a également comparé un BAP et un BV formulés tous deux avec
de la fumée de silice, pour lesquels la résistance mécanique (respectivement 64 et
63 MPa) et le module élastique (25,5 et 27,5 GPa) sont très proches. Les déformations
différées sous charge totales et endogènes sont légèrement plus faibles pour le BAP que
pour le BV (-3 et -13% respectivement). Ce dernier point semble en désaccord avec les
résultats présentés pour nos BHP (voir chapitre 3 § IV.1.3) qui indiquent des
déformations sous charge en dessiccation plus importantes pour le BAP à hautes
performances.

189
• Persson [Persson 99] a également fournit quelques éléments de réponse concernant le
fluage des BAP, les résultats significatifs étant présentés tableau 5.2.

Caractéristiques Bétons (N = béton vibré, S = BAP)

32N 38N 38S 50N 50S 80N 80S

RC28 (MPa) 55 42 86 30 61 28 32

Volume de pâte (l.) 296 282 338 248 310 281 360

Coefficient de
Endogène 3,851 1,667 3,333 1,839 2,701 3,27
fluage à un an
Total 4,425 2,414 2,586 4,08

Tableau 5.2 : Coefficients de fluage de différents bétons (d’après Persson [Persson 99])

D’après ces données, les déformations sous charge des BAP de faible résistance (béton
80S) en mode endogène sont comparables à celles des bétons vibrés auxquels ils
peuvent être comparés (bétons 80N et 50N). En revanche, les BAP de classe moyenne
(50S) présentent des déformations totales sous charge nettement plus faibles que celles
des bétons vibrés de référence (32N). Toutes ces remarques sont contradictoires avec
celles faites à partir des résultats tirés de notre étude expérimentale (voir chapitre 3 §
IV.1) qui mentionnait des déformations sous charge plus importantes pour les BAP.

• Enfin, l’une des sources importantes de données sur le fluage des BAP est la thèse de
Proust [Proust 02] dont les principaux résultats sont donnés tableau 5.3.

Caractéristiques Bétons
BAP BAP BAP BAP BAP BAP BV
BHP BO
1 2 3 4 5 BDF BDF
RC28 (MPa) 63,5 71,2 58,6 67,1 64,1 40,1 38 61,3 63,3

Volume de pâte (l.) 371 368 355 348 344 337 290 357 304
Module d’élasticité
39,3 39 32,4 31,4 35,3 31,2 32 35,5 31,7
(GPa)
Coefficient de Endogène 1,65 0,956 1,056 0,831 0,918 1,759 1,803 1,447 1,247
fluage à 180
jours Total 2,452 1,709 1,768 1,431 1,277 3,016 3,306 2,075 1,988

Tableau 5.3 : Déformations sous charge de plusieurs BAP et bétons vibrés (d’après Proust [Proust 02])

L’analyse globale de ces données révèle que les BAP subissent des déformations différées
sous charge plus importantes que celles des bétons vibrés.

190
Que ce soit en dessiccation ou en mode endogène, la comparaison du BAP et du béton
vibré correspondant (BAP BDF/BV BDF, BAP 1-2-3/BHP) illustre ce fait, à l’exception
du BAP 5 et du BO. Le coefficient de fluage de ces deux derniers bétons avoisine 3,15 en
dessiccation et 1,78 en endogène. Ces valeurs sont inférieures à celles mesurées pour le
BAP 40 de notre étude (coefficients de fluage total et propre égaux à 4,39 et 1,93).
Les autres bétons, de résistance proche de 60 MPa, présentent des coefficients de fluage
compris entre 0,83 et 1,65 pour le fluage propre et entre 1,43 et 2,45 pour le fluage total.
Ces valeurs correspondent à celles observées pour les BHP de notre projet de recherche
(égaux à 1,77 et 2,10 à 6 mois, pour les deux types de béton). D’autre part, les coefficients
de fluage des bétons présentés dans le tableau 5.3 varient plus que les valeurs déterminées
pour nos bétons à hautes performances.

b. Fluage spécifique

Pour le fluage spécifique, utilisé dans le règlement BPEL, les seuls résultats disponibles dans
la bibliographie sont ceux de Proust [Proust 02].

Caractéristiques Bétons
BAP BAP BAP BAP BAP BAP BV
BHP BO
1 2 3 4 5 BDF BDF
RC28 (MPa) 63,5 71,2 58,6 67,1 64,1 40,1 38 61,3 63,3

Volume de pâte (l.) 371 368 355 348 344 337 290 357 304
Module d’élasticité
39,3 39 32,4 31,4 35,3 31,2 32 35,5 31,7
(GPa)
Fluage Endogène 46,5 36,0 49,2 29,6 33,8 75 77 51,4 25,2
spécifique à
180 jours Total 69,7 57,5 89,7 65,9 56,8 116,5 133,8 75,3 50,1
(µm/m/MPa)
Tableau 5.4 : Déformations spécifiques de différents bétons (d’après Proust [Proust 02])

Les fluages spécifiques des bétons BAP 5 et BO, qui sont équivalents en mode endogène
(75 µm/m/MPa) et légèrement inférieur pour le BAP en dessiccation (117 µm/m/MPa pour le
BAP et 134 µm/m/MPa pour le BV), peuvent être comparés avec ceux mesurés pour nos
bétons d’ouvrage. Il s’avère que ces valeurs sont supérieures à celles trouvées dans notre
étude pour des bétons de résistance équivalente, à savoir un fluage spécifique propre voisin de
50 µm/m/MPa pour le BAP et de 30 µm/m/MPa pour le béton vibré et un fluage spécifique
total pour les deux bétons de l’ordre de 70 µm/m/MPa.

191
En revanche, pour les autres bétons présentés dans le tableau 5.4, apparentés à des BHP, ils
possèdent à 6 mois des fluages spécifiques propre (compris entre 30 et 50 µm/m/MPa) et total
(compris entre 60 et 90 µm/m/MPa) comparables à ceux de nos BHP (fluage spécifique
propre de 30 µm/m/MPa pour le BAP 60 et de 20 µm/m/MPa pour le BV 60, fluage
spécifique total de 60 µm/m/MPa pour le BAP 60 et de 45 µm/m/MPa pour le BV 60).

II.3.2 Exploitation des résultats

a. Coefficient de fluage

Les valeurs des coefficients de fluage (propre et total) déterminées expérimentalement sont
portées sur la figure 5.10 en fonction de celles calculées à partir de formules issues de
l’Eurocode 2.

4 7
coefficient de fluage total expérimental
coefficient de fluage propre expérimental

3
5

4
2
3 BAP 20
BAP 20 BV 20
BV 20
2 BAP 40
1 BAP 40
BV 40 BV 40
BAP 60 1 BAP 60
BV 60 BV 60
0 0
0 1 2 3 4 0 1 2 3 4 5 6 7
coefficient de fluage propre règlem entaire coefficient de fluage total théorique règlem entaire

(a) (b)
Figure 5.10 : Comparaison des coefficients de fluage propre (a) et total (b) des bétons étudiés et ceux calculés (à
différentes échéances)

Comme dans le cas du retrait, ce code de calcul donne des valeurs du coefficient de fluage
propre plus faible que celles obtenues expérimentalement (écart de 5 à 70%). Toutefois, le
coefficient de fluage total est mieux estimé par ces formules réglementaires et les différences
entre expérience et règles de calcul sont de l’ordre de 15 à 40%.

On constate également que les coefficients de fluage des BAP sont légèrement plus
importants que ceux des BV et que leurs points représentatifs sont plus éloignés des fuseaux
d’acceptabilité.

D’autre part, ces résultats à l’échéance de 6 mois et les résultats bibliographiques à la même
échéance sont représentés en fonction de la résistance mécanique (voir figure 5.11) afin

192
d’essayer de donner des lois générales concernant l’évolution de ces déformations différées
sous charge des deux types de béton.

2,5 6
BAP biblio
5 BV biblio
2,0
coefficient de fluage propre

BAP

coefficient de fluage total


4 BV
1,5 Eurocode 2
3

1,0 BAP biblio


BV biblio 2
BAP
0,5
BV 1
Eurocode 2
0,0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa) résistance m écanique (MPa)

(a) (b)
Figure 5.11 : Coefficients de fluage propre (a) et total (b) à 6 mois de plusieurs bétons en fonction de la
résistance mécanique

Ces graphes amènent plusieurs commentaires.

• Les points expérimentaux des coefficients de fluage des bétons testés dans notre étude
sont voisins de ceux obtenus dans des travaux de recherche précédents.

• L’Eurocode 2 sous estime le coefficient de fluage propre quelle que soit la résistance
du béton. Concernant l’estimation du coefficient de fluage total, l’Eurocode 2 semble
correct pour les BHP mais il sous estime celui des bétons de résistance inférieure.

• Les courbes de tendance (en pointillés) confirment que les coefficients de fluage propre
et total des BAP et des BV ne présentent pas de différence significative : les deux types
de béton subissent des déformations équivalentes sous charge constante. Ces
coefficients de fluage peuvent ainsi s’exprimer en fonction de la résistance en
compression suivant les relations suivantes :
CFp(fC) = 4,49 – 0,78.ln(fC) et CFT(fC) = 9,95 – 1,87.ln (fC),

où CFp et CFT se réfèrent respectivement aux coefficients de fluage propre et total, ln


au logarithme népérien et fC à la résistance en compression du béton.

Comme pour le retrait, cette équivalence de déformation sous charge entre BAP et BV peut
apparaître surprenante car, normalement, on considère que les déformations sous charge du
béton sont fortement influencées par le volume de pâte de ciment qu’il contient et ce volume
de pâte est généralement plus important dans les BAP que dans les BV. Les coefficients de
fluage propre et total se révélant comparables pour les BAP et les BV, ceci tend à prouver que

193
la différence du volume de pâte entre les deux types de béton influence peu de tels
comportements différés.

b. Fluage spécifique

La première analyse des résultats obtenus pour les bétons testés consiste à comparer les
fluages spécifiques expérimentaux déterminés dans notre étude aux valeurs calculées d’après
le BPEL (voir figure 5.12). Les droites en trait pointillé forment un fuseau de 30%
d’incertitude autour de la droite en trait plein qui symbolise la similitude entre les valeurs
expérimentales et réglementaires.

60
fluage spécifique propre expérimental

fluage spécifique total expérimental (µm/m/MPa)


50
120

40
(µm/m/MPa)

80
30
BAP 20 BAP 20
20 BV 20 BV 20
BAP 40 BAP 40
40
BV 40 BV 40
10 BAP 60 BAP 60
BV 60 BV 60
0
0
0 10 20 30 40 50 60
0 20 40 60 80 100 120 140
fluage spécifique propre règlementaire (µm /m /MPa) fluage s pé cifique total règlem entaire (µm /m /MPa)

(a) (b)
Figure 5.12 : Comparaison des fluages spécifiques propre (a) et total (b) des bétons étudiés et des valeurs
calculées

A partir de ces deux graphes, deux points méritent d’être signalés.

• Pour le fluage spécifique propre, les estimations du modèle peuvent être considérées
comme satisfaisantes pour certains bétons (essentiellement les bétons vibrés) mais elles
restent insuffisantes pour d’autres (essentiellement les BAP avec des écarts variant de
–50% pour les BAP 20 à +90% pour les BAP 40). Cependant, il faut souligner que les
valeurs calculées sont d’autant meilleures qu’elles ont été réalisées avec les propriétés
expérimentales des bétons (module d’élasticité, résistance mécanique à 7 jours) plutôt
qu’avec leurs valeurs caractéristiques. Cette observation conforte ainsi celle de Proust
[Proust 02].

• Pour le fluage spécifique total calculé, le modèle sous-estime systématiquement les


valeurs expérimentales mais cette sous-estimation ne dépasse pas 45%. Conformément
aux observations de Proust, la précision du modèle a été sensiblement améliorée en
intégrant à celui-ci les valeurs expérimentales de retrait à la place de celles estimées
[Proust 02].

194
Enfin, l’examen des résultats de fluage spécifique issus de nos essais et de la bibliographie
peut être fait vis-à-vis de la résistance mécanique du béton (voir figure 5.13).

80 120
fluage spécifique propre (µm/m/MPa)

fluage spécifique total (µm/m/MPa)


60
80

40
BAP biblio
BAP biblio
40 BV biblio
BV biblio
20 BAP
BAP BV
BV BAEL
0 0
0 20 40 60 80 0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa) résistance m écanique (MPa)

(a) (b)
Figure 5.13 : Fluages spécifiques propre (a) et total (b) à 180 jours de divers bétons en fonction de la résistance
mécanique

On constate deux points majeurs :

• Les fluages spécifiques propre et total des bétons étudiés dans notre projet de recherche
ne se distinguent pas foncièrement des autres résultats connus.

• A résistance mécanique similaire, les déformations des BAP se révèlent légèrement


plus importantes que celles des bétons vibrés comme le montrent les courbes de
tendance (en pointillés sur les graphes).

II.3.3 Interprétation des résultats obtenus pour les déformations sous charge

Une étude [Acker 03] a récemment explicité l’hypothèse de la consolidation du matériau au


niveau microscopique concernant les phénomènes de retrait et de fluage. Ainsi, selon son
auteur, les phénomènes de dessiccation (interne ou vers l’extérieur) et ceux du chargement
entraîneraient l’effondrement de la structure en feuillet des C-S-H. D’une part, le départ de
l’eau du gel vers les pores capillaires engendre une pression capillaire uniforme qui comprime
le squelette granulaire. D’autre part, les C-S-H sont les seuls constituants de la matrice
cimentaire à posséder une composante mécanique visqueuse significative et les réponses
élastiques résultants des sollicitations hydriques et mécaniques sont moindres par rapport aux
déformations de type visqueux.

• La première considération permettant d’expliquer les phénomènes mis en jeu dans les
déformations différées des bétons soumis à une charge constante est relative au rôle de

195
l’eau capillaire. Le réseau capillaire du béton est d’autant plus développé que le rapport
E/C est grand (autrement dit, que la classe de résistance mécanique diminue). Ainsi,
dans notre cas, les bétons de bâtiment auront un réseau capillaire plus développé que
celui des bétons d’ouvrage et des bétons à hautes performances.

Pour les éprouvettes en dessiccation, l’eau contenue dans les capillaires s’évapore au fil
du temps ou est utilisée lors du processus d’hydratation. Pour les éprouvettes en mode
endogène, l’eau ne peut pas s’évaporer (protection étanche) et sa diminution partielle
dans les capillaires n’est due qu’à l’hydratation des phases anhydres (dont le nombre
augmente avec la diminution du rapport E/C). La meilleure hydratation qui a lieu pour
les éprouvettes scellées peut se traduire au niveau de la microstructure par des liaisons
plus fortes ou en plus grand nombre.

• Le deuxième facteur à prendre en compte est le chargement stationnaire imposé aux


éprouvettes. Cette contrainte constante dans le temps génère une consolidation du
matériau par tassement et écrasement des vides (visualisée par l’augmentation des
déformations). L’eau, sous l’effet de la pression, a tendance à se déplacer vers des
zones de pression plus faible, soit vers l’extérieur (échantillons non scellés) soit dans
des vides internes (pores capillaires, par exemple).

La charge est donc susceptible de déclencher deux phénomènes : un confinement de la


structure poreuse et une migration de l’eau contenue dans le matériau. La contraction
du béton qui résulte de ces actions sera d’autant plus forte que le réseau poreux est
développé, autrement dit pour un rapport E/C élevé.

De la même manière que cela avait été le cas pour l’étude du retrait, des essais de
porosimétrie au mercure ont été effectués sur des échantillons de béton (provenant d’une
même gâchée) soumis ou non à une charge stationnaire (à l’échéance de dernière mesure du
fluage, soit un an et demi).

a. Bétons de bâtiment

La distribution de la porosité des échantillons de béton de bâtiment soumis à une charge


(fluage) ainsi que ceux libres de toute contrainte externe (retrait) est présentée sur la
figure 5.14.

196
120
BV 20 (Retrait)
BAP 20 (R.)
BV 20 (Fluage)

∆ V/log( ∆ R) (mm 3/g.nm)


80 BAP 20 (F.)

40

0
1 10 100 1000
rayon de pore (nm )

Figure 5.14 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons de bâtiment libres ou soumis à une charge
constante

D’après la figure précédente, plusieurs remarques peuvent être formulées.

• Les diagrammes du BAP présentent des allures identiques (forme et amplitude des
courbes) pour les échantillons de retrait et de fluage. Cependant, on constate que les
deux principaux pics du réseau poreux des BAP sans contrainte extérieure (aux
alentours de 70 nm et de 11 nm) sont déplacés vers des dimensions plus faibles pour les
BAP soumis à un chargement (environ 32 nm et 7 nm).
Ceci peut être interprété de deux façons différentes : soit il y a eu consolidation globale
du matériau (diminution de l’amplitude des courbes) sous l’effet du chargement
stationnaire, soit ce dernier a généré une diminution de la porosité (diminution du rayon
des pores mesuré).

• Pour les bétons vibrés, le réseau poreux des échantillons de retrait présentent deux
familles de pores dominantes : l’une à 25 nm et l’autre proche de 15 nm. Les
échantillons de BV soumis à une charge constante possèdent une gamme de pores dont
les deux pics significatifs sont voisins de 40 nm et de 12 nm.
Pour ces bétons, la question concernant la consolidation du matériau ou la diminution
de la taille des pores pendant la phase de chargement ne semble se poser que dans le
cas du deuxième mode poreux (passage de 15 à 12 nm).

En ce qui concerne l’analyse des déformations différées sous charge et la comparaison des
deux types de béton de bâtiment, le réseau poreux des BAP (sous charge) paraît plus fin que
celui des BV. Ceci peut vouloir dire que la matrice cimentaire des BAP a subi une diminution

197
de la porosité plus importante que pour le BV ce qui expliquerait les déformations plus
élevées mesurées à l’échelle macroscopique pour les BAP (voir chapitre 3 § IV.1.1).

b. Bétons d’ouvrage

Les diagrammes de distribution poreuse des bétons d’ouvrage, sont présentés figure 5.15.

160
BV 40 (Retrait)
BAP 40 (R.)
120
∆ V/log( ∆ R) (mm 3/g.nm)

BV 40 (Fluage)
BAP 40 (F.)
80

40

0
1 10 100
rayon de pore (nm )

Figure 5.15 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons d’ouvrage libres ou soumis à une charge
constante

On constate que ces diagrammes de distribution sont très proches pour les deux types de béton
et les deux sortes de sollicitations subies par les échantillons (retrait ou fluage). Ainsi, BAP et
BV présentent une famille de pores majeure dont le rayon est pour le retrait et le fluage du
BAP respectivement voisin de 36 et 39 nm, et aux alentours de 39 et 29 nm pour les
échantillons correspondants du BV.

Contrairement aux bétons de bâtiment, l’absence de différence entre les dimensions des pores
de ces bétons en retrait et en fluage pourrait démontrer qu’il n’y a pas de diminution sensible
de la taille des pores pour les échantillons de bétons d’ouvrage soumis à une charge (leur plus
faible rapport E/C donc une structure plus dense peut être à l’origine de cette remarque).

En revanche, la diminution de l’amplitude des courbes pourrait se justifier par un tassement et


donc une baisse du volume poreux pour les deux types de béton. Cette chute d’amplitude est
plus forte pour le BAP (-58%, contre –53% pour le BV) mais le faible écart entre les deux
types de béton ne peut justifier à lui seul que les déformations différées sous charge du BAP
se soient montrées plus importantes que celles du BV correspondant (+20 à 25%, voir
chapitre 3 § IV.1.2).

198
III PROPRIETES DE TRANSFERT

III.1. POROSITE ACCESSIBLE A L’EAU

Parmi les propriétés physico-chimiques appréhendées dans notre étude, la première


caractéristique qu'il convient de représenter en fonction de la résistance mécanique est la
porosité accessible à l’eau. En effet, celle-ci est le reflet des caractéristiques intrinsèques du
matériau béton qui découlent de sa composition (en particulier le rapport E/C). Ce paramètre
est donc directement lié à la résistance mécanique du béton.

Pour vérifier cette affirmation, les porosités accessibles à l’eau déterminées pour les bétons
étudiés sont représentées figure 5.16 en fonction de leur résistance en compression.

20%

18% BAP

BV
porosité ouverte (%)

16%

14%

12%

10%

8%
15 25 35 45 55 65 75
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.16 : Porosité ouverte des différents bétons testés en fonction de la résistance mécanique

Cette figure met en évidence plusieurs points.

• Les deux types de béton confirment que leur résistance mécanique est en étroite
relation avec leur porosité accessible à l’eau (la pente des droites de tendance est
identique ainsi que leur coefficient de détermination).

• A résistance mécanique égale, la porosité ouverte des BAP est légèrement plus élevée
que celle des bétons vibrés correspondants (+1% de porosité).

Ces deux observations permettent d’affirmer que la représentation des résultats


expérimentaux, liés à la durabilité physico-chimique, en fonction de la résistance en
compression traduit fidèlement l'expression de ces mêmes résultats selon la porosité ouverte.

199
Par conséquent, toutes les propriétés présentées dans la suite de ce chapitre seront portées
uniquement en fonction de la résistance mécanique des bétons en question.

III.2. PERMEABILITE A L’OXYGENE

III.2.1 Comparaison avec les données bibliographiques

L’évaluation de nos résultats expérimentaux avec d’autres données publiées dans des travaux
précédents est rendue difficile par le nombre d’appareils disponibles pour réaliser cette
mesure ainsi que par les divers paramètres variables possibles (pression d’essai, taux de
saturation, température d’étuvage préalable). Le premier chapitre fait malgré tout référence à
quelques résultats publiés qu’il semble bon de rappeler ici.

• De Schutter [De Schutter 03] a mesuré la perméabilité à l’oxygène de bétons auto-


plaçants sur un dispositif identique à celui utilisé dans notre projet de recherche
(perméamètre Cembureau). La perméabilité a été déterminée pour trois pressions
d’essai de 3, 4 et 5 bars. Les valeurs de perméabilité obtenues sont comprises entre
2,19 et 3,02.10-16 m² pour le béton vibré (de résistance 52 MPa) et entre 0,37 et
0,53.10-16 m² pour le BAP correspondant (résistance mécanique égale à 59 MPa).

• Zhu [Zhu 01, 03] a également réalisé des mesures de perméabilité à l’oxygène sur le
même perméamètre à charge constante Cembureau pour comparer des BAP à des
bétons vibrés. Les résultats qu’il a obtenus sont présentés dans le tableau suivant et
montrent que les BAP sont moins perméables à l’oxygène que les bétons vibrés
correspondants, pour les deux classes de résistance étudiées (autour de 40 MPa et
60 MPa).

Caractéristiques Bétons
Ref. 1 SCC 1 SCC 2 Ref. 2 SCC 3 SCC 4

Rapport E/Fines 0,57 0,33 0,58 0,42 0,3 0,41

RC28 (MPa) 45,5 50,9 41,6 61,8 56,9 66,8

Coefficient de perméabilité à
1,29 0,56 0,84 1,04 0,45 0,73
l’oxygène (10-16 m²)

Tableau 5.5 : Perméabilité à l’oxygène de BAP (notés SCC) et de bétons vibrés correspondants (notés Ref.)
(d’après Zhu [Zhu 01-03])

200
Ces deux auteurs obtiennent ainsi des résultats légèrement supérieurs à ceux obtenus dans
notre étude expérimentale pour les bétons d’ouvrage et les bétons à hautes performances
(compris entre 0,12.10-16 et 0,64.10-16 m², mais avec des pressions et des taux de saturation
différents). Cependant, ils confirment la meilleure résistance des BAP à la pénétration de gaz
dans leur matrice cimentaire.

III.2.2 Exploitation des résultats

Les résultats de perméabilité à l'oxygène issus de notre étude et de la bibliographie présentée


précédemment sont tracés figure 5.17 en fonction de la résistance mécanique du béton.

10,0
m²)

BAP biblio
-16

BV biblio
coefficient de perméabilité (10

BAP
BV

1,0

0,1
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.17 : Perméabilité à l’oxygène en fonction de la résistance en compression de différents bétons

Les principales observations sont les suivantes.

• Les résultats de perméabilité à l’oxygène des bétons testés dans notre étude font partie
du fuseau de résultats disponibles dans la bibliographie à ce jour.

• A résistance constante, la perméabilité à l'oxygène des BAP est systématiquement


inférieure à celle des bétons vibrés même si, raisonnablement, on peut considérer que
les valeurs mesurées pour les deux types de béton sont du même ordre de grandeur
(0,12.10-16 à 2,00.10-16 m²).

Cette dernière observation peut être expliquée par les différences entre la microstructure des
deux types de béton. En effet, l'utilisation d’additifs minéraux (filler calcaire, dans ce projet)
dans les BAP est connue pour leur conférer une microstructure plus dense que celle des BV
[Trägardh 99]. La taille et la distribution des pores dans la matrice cimentaire sont également

201
à l'avantage des BAP, du point de vue de la perméabilité au gaz (en particulier la perméabilité
à l'oxygène) [Rougeau 99].

De plus, on constate que le plus grand volume de pâte utilisé dans les BAP n'augmente pas la
perméabilité à l'oxygène de ces bétons par rapport à celle des BV. Au contraire, la résistance
mécanique se révèle bien être un facteur de premier ordre dans les variations de cette
propriété de transfert qu’est la perméabilité à l’oxygène.

Enfin, si on rapproche ces résultats de perméabilité à l’oxygène (perméabilité plus faible pour
le BAP) de ceux présentés dans le paragraphe précédent sur la porosité accessible à l’eau
(porosité ouverte plus élevée pour les BAP), on peut affirmer que la microstructure des bétons
auto-plaçants est différente de celle des bétons vibrés (différence bénéfique aux BAP).

III.3. DIFFUSION DES IONS CHLORE

III.3.1 Comparaison avec les données bibliographiques

Contrairement à la perméabilité à l’oxygène, le coefficient de diffusion est largement étudié et


de nombreuses études proposent des résultats sur les BAP. Cependant, la mesure de cette
propriété n’est malheureusement pas unique, ce qui peut expliquer d’importantes différences
entre les valeurs expérimentales obtenues d’un chercheur à l’autre.

Les données qui sont rappelées dans la suite concernent des bétons dont les paramètres de
composition (type d’additions minérales, résistance mécanique, etc.) sont les plus proches
possibles de ceux des bétons testés dans notre étude expérimentale.

• Pour Audenaert [Audenaert 03 b], le coefficient de diffusion des ions chlore des BAP
ne se différencie pas singulièrement de celui des bétons vibrés. Les bétons vibrés
étudiés dans ces travaux (RC28 de 52 MPa) présentent un coefficient de diffusion égal à
11,9.10-12 m²/s quand celui des BAP, de résistances équivalentes, varie de 11,6 à
16,6.10-12 m²/s. Une deuxième série de résultats indiquent pour les BAP des valeurs
inférieures (3,3 et 5,3.10-12 m²/s) à celles obtenues pour les bétons vibrés.

• Fornasier [Fornasier 03] indique que deux BAP ont un coefficient de diffusion des ions
chlore plus élevé (6,12 et 9,91.10-12 m²/s) que le béton vibré auquel ils sont comparés
(5,47.10-12 m²/s) et dont la résistance mécanique est légèrement supérieure (55 MPa
contre 47 MPa pour les BAP).

202
• D’autres auteurs [Rougeau 99] révèlent que deux BAP, de résistance mécanique
sensiblement inférieure à celle du béton vibré de comparaison (respectivement 57 et 72
MPa), possèdent un coefficient de diffusion identique à celui du béton de référence (et
égal à 6,2.10-12 m²/s).

• Zhu [Zhu 03] annonce pour sa part que les BAP testés pour la perméabilité à l’oxygène
(voir tableau 5.5, SCC 3 et SCC 4) diffusent plus rapidement les chlorures que le béton
vibré (Réf.2, dans le tableau 5.5). Les coefficients de diffusion respectifs de ces trois
bétons sont égaux à 12,7, 16,6 et 9,4.10-12 m²/s.

Ainsi, il apparaît que tous ces résultats affichent des valeurs du coefficient de diffusion des
ions chlore légèrement supérieures à celles déterminées dans notre projet de recherche
(compris entre 1,76.10-12 et 4,63.10-12 m²/s) tout en demeurant dans le même ordre de
grandeur. Cependant, comme pour la perméabilité à l’oxygène, de nombreux paramètres
(concentrations ioniques, différence de potentiel, etc.) peuvent être modifiés d’un dispositif
expérimental à l’autre et peuvent expliquer les éventuelles différences observées.

Néanmoins, comme cela avait été énoncé dans le premier chapitre, ces données
bibliographiques diffèrent trop pour permettre d’en déduire une tendance forte sur le
comportement relatif BAP/BV à l’égard de cette propriété physique.

III.3.2 Exploitation des résultats

Pour faciliter la comparaison expérimentale des propriétés de durabilité des BAP avec celles
des BV à partir des résultats de l’essai de diffusion aux ions chlore, nos résultats et ceux issus
de la bibliographie précédemment évoquée sont représentées sur la figure 5.18 en fonction de
la résistance mécanique des différents bétons.

203
1E-10
BAP biblio
BV biblio

coefficient de diffusion (m²/s)


BAP
BV

1E-11

1E-12
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.18 : Coefficient effectif de diffusion des ions chlore en fonction de la résistance mécanique des
différents bétons

Cette figure met en évidence les points suivants.

• La mise en commun de tous ces résultats indique que les BAP et les BV ont un
coefficient effectif de diffusion proche.

• Le coefficient de diffusion des ions chlore se développe de manière similaire pour les
BAP et les BV, en fonction de la résistance en compression.

• Les coefficients de diffusion expérimentaux obtenus dans notre étude sont inférieurs à
ceux des autres auteurs : cet écart peut provenir de la méthode d'essai employée. En
revanche, leur évolution en fonction de la résistance mécanique suit une tendance
semblable à celle des autres données présentées (avec de bons facteurs de corrélation).

Ainsi, contrairement à la perméabilité à l’oxygène, le coefficient de diffusion aux ions chlore


des BAP n’est pas différent de celui des bétons vibrés. Les différences potentielles de
microstructure entre BAP et BV ne semblent donc pas influencer significativement cette
propriété matérielle des BAP. De plus, cette absence de différence entre le coefficient de
diffusion des deux types de béton tend à prouver que les différences de composition (en
particulier le volume de pâte et les quantités d’adjuvants plus importants pour les BAP) ne
jouent pas un rôle prépondérant dans ce transfert de fluides à l’intérieur du matériau béton.

D’autre part, les très faibles dispersions sur nos résultats expérimentaux conduisent à conclure
que, à constituants identiques, la résistance mécanique est un paramètre très influent dans
l’appréciation de cette propriété physique du matériau béton.

204
III.4. ABSORPTION CAPILLAIRE

III.4.1 Comparaison avec les données bibliographiques

Les résultats internationaux disponibles sur l’absorption d’eau par capillarité des bétons
donnent le plus souvent la vitesse d’absorption ou absorptivité. Cependant, la plupart des
résultats portent sur la mesure de la hauteur d’eau atteinte par capillarité dans les échantillons
de béton et non la masse d’eau absorbée (contrairement à notre approche).

Différents classements entre BAP et béton vibré sont constatés suivant les auteurs.

• Audenaert [Audenaert 03 a] trouve qu’il n’y a pas de différence notable entre la


cinétique d’absorption par capillarité des BAP et celle des bétons vibrés (voir
tableau 5.6). En outre, il indique que l’absorptivité des BAP, tout comme celle des
bétons vibrés, présente une forte variation malgré des compositions relativement
similaires.

Caractéristiques Bétons
TC 1 SCC 1 SCC 2 TC 2 SCC 5 SCC 6
Rapport E/C 0,46 0,46 0,46 0,41 0,41 0,37
RC28 (MPa) 46 55 63 52 63 68
Absorptivité (mm/h1/2) 2,5 1,8 2,1 0,9 1,4 0,9
Tableau 5.6 : Absorptivité de BAP (notés SCC) et bétons vibrés (notés TC) [Audenaert 03 a]

• Fornasier [Fornasier 03] indique que deux BAP, de résistance mécanique inférieure au
béton vibré de référence (47 MPa et 55 MPa respectivement), possèdent une vitesse
d’absorption d’eau légèrement inférieure à celle de ce même béton vibré (0,41 à
0,43 mm/h1/2 pour les BAP et 0,44 mm/h1/2 pour le BV).

• Rougeau [Rougeau 99] présente des résultats qui vont dans le même sens : deux BAP,
de résistance en compression 57 MPa, absorbent l’eau moins vite (0,80 à 0,82 mm/h1/2)
que le béton vibré de référence (Rc de 72 MPa, absorptivité de 1,04 mm/h1/2).

• Contrairement à eux, Mortsell [Mortsell 01] prouve dans ces travaux que BAP et béton
vibré, de composition équivalente (résistances en compression égales à 63 MPa), ne se
distinguent pas par leur absorptivité (0,35 et 0,34 mm/h1/2 respectivement).

• Zhu [Zhu 03] affirme que les BAP (présentés tableau 5.5, absorptivité comprise entre
1,4 et 1,92 mm/h1/2) ont une absorption d’eau par capillarité moins importante que les
bétons vibrés correspondants (1,03 à 1,41 mm/h1/2).

205
On peut d’ores et déjà remarquer que ces divers résultats sont du même ordre de grandeur que
ceux obtenus pour les formulations de béton testées dans notre étude (absorptivité comprise
entre 0,14 et 1,64 mm/h1/2). De plus, ils laissent généralement à penser que l’absorption d’eau
par capillarité s’effectue dans des proportions analogues pour les deux types de béton.

Ainsi, bien que les BAP semblent posséder un réseau poreux différent de celui des bétons
vibrés, l’impact de celui-ci sur une telle propriété physique n’a pas été formellement
démontré. Les analyses plus approfondies qui ont accompagné cet essai, et en particulier la
mesure de la porosité au mercure, permettront d’examiner ces résultats sous un angle de vue
plus précis.

III.4.2 Exploitation des résultats

Les résultats présentant la cinétique d’absorption (absorptivité) des bétons de notre étude et
des données internationales précédentes sont donnés en fonction de leur résistance mécanique
sur la figure 5.19.

1E-04
)
1/2
coefficient d'absorption capillaire (m/s

1E-05

BAP biblio
BV biblio
BAP
BV
1E-06
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.19 : Absorptivité capillaire de différents bétons en fonction de la résistance en compression

Cette figure amène plusieurs commentaires.

• Les BAP et les BV possèdent des coefficients d’absorption capillaire équivalents dont
l’évolution selon la résistance en compression est semblable pour les deux types de
béton.

• Comme pour le coefficient de diffusion, l’absorptivité des BAP et des BV réalisés par
nos soins est inférieure aux autres valeurs présentées mais elle suit une tendance
semblable selon la résistance mécanique. Aucune explication ne peut être donnée à

206
cette observation indépendamment des différences qui peuvent exister entre les
diverses méthodes expérimentales employées.
On peut aussi noter une forte dispersion de nos résultats expérimentaux qui peut
provenir de certaines particularités de nos bétons comme la forte teneur en air occlus.
En effet, les bulles d’air présents dans le matériau perturbent l’ascension capillaire de
l’eau (changement important de rayon).

On peut donc retenir l’absence de différence significative entre l’absorptivité des BAP et celle
des bétons vibrés qui prouve une nouvelle fois que les différences de composition et de
microstructure qui existent entre les deux types de béton ne sont pas des paramètres de
premier ordre comme peut l’être la résistance mécanique.

III.5. INTERPRETATION DES RESULTATS OBSERVES POUR LES TROIS PROPRIETES


PHYSIQUES APPREHENDEES

La pénétration de deux fluides a été appréhendée et présentée jusqu’ici dans ce chapitre : il


s’agit de l’oxygène et de l’eau, contenant ou non des ions agressifs (chlore dans notre cas).

L’écoulement de ces fluides dans et au travers du réseau poreux du béton a été mesuré, selon
les cas, pour les trois principaux mécanismes de transfert : la perméation (écoulement dû à un
gradient de pression), la diffusion (écoulement dû à un gradient de concentration) et
l’absorption (mouvement capillaire dans les pores ouverts).

Ces transferts de fluides ont lieu dans la pâte de ciment hydraté dont la nature du réseau
poreux va être le facteur déterminant pour de tels phénomènes. Un autre paramètre important
pour que les pores permettent le transport des fluides est leur interconnexion (continuité). De
plus, au sein du réseau poreux, l’interface entre la pâte de ciment et les granulats est une zone
particulière qui peut avoir des conséquences sur les propriétés de transfert des bétons car sa
porosité est connue pour être supérieure à celle du reste de la matrice cimentaire.

III.5.1 Porosimétrie au mercure

Pour évaluer l’influence du réseau poreux sur les différentes propriétés de transfert étudiées,
des essais de porosimétrie au mercure ont été réalisés sur les bétons de chaque famille.

a. Bétons de bâtiment

La figure 5.20 représente la distribution poreuse des bétons de bâtiment.

207
120

BAP 15

∆ V/log( ∆ R) (mm 3/g.nm)


BAP 20
80
BV 20

40

0
1 10 100 1000
rayon de pore (nm )

Figure 5.20 : Courbes de distribution de la porosité des bétons de bâtiment

Plusieurs commentaires peuvent être tirés de l’observation de la figure 5.20.

• Le BAP de très faible résistance (BAP 15) possède trois familles de pores essentielles
centrées sur 130, 40 et 7 nm. Etant donné son fort rapport E/C (0,76), ses pores
capillaires peuvent être considérés comme continus et participent donc activement au
transport des fluides à l’intérieur de sa matrice cimentaire. Il paraît donc justifié que
cette formulation présente les propriétés de transfert (perméabilité à l’oxygène,
diffusion des ions chlore, absorption d’eau) les moins performantes de tous les bétons
étudiés (voir chapitre 4 § II.1, III.1 et IV.1).

• Le BAP 20 présente une distribution de porosité différente de celle du BAP précédent :


il ne présente que deux catégories de pores d’amplitude supérieure, centrés sur des
dimensions de 29 et 7 nm. Ainsi, la catégorie grossière de pores a disparu par rapport
au BAP 15.

• Le béton vibré (BV 20) possède de son côté trois pics de porosité dont les dimensions
sont de 25, 15 et 6 nm, c’est-à-dire légèrement inférieures à celles des BAP 20. De
même, les amplitudes de ces pics sont inférieures à celles des pores caractéristiques du
BAP 20.

Avec un volume de pâte plus faible que le BAP, le BV possède des pores plus fins et en
volume moins important. Ces propriétés devraient logiquement conduire à une meilleure
résistance à l’intrusion ou au déplacement de fluides à l’intérieur du béton vibré par rapport au
BAP. Si on rapproche cette affirmation des résultats des propriétés de transfert, on obtient des
résultats contradictoires.

208
• Le coefficient effectif de diffusion ne confirme pas forcément cette hypothèse puisque
les valeurs mesurées de cette propriété sont équivalentes pour le BV et pour le BAP
(voir chapitre 4 § III.1).

• Les résultats d’absorption d’eau sont également en léger désaccord avec ceci :
l’absorptivité du BV est comparable à celle du BAP (voir chapitre 4 § IV.1). Les
différences de rayons de pore auraient du conduire à des tensions capillaires différentes
et une succion d’eau à l’intérieur du matériau plus forte pour les BAP.

• De plus, la perméabilité à l’oxygène du BV 20 est assurément supérieure à celle du


BAP 20 (et voisine de celle du BAP 15, voir chapitre 4 § II.1), ce qui prouve qu’un
autre facteur entre en jeu dans ce phénomène. Les pores capillaires de ces bétons
pouvant être considérés comme continus au vu de leur rapport E/C élevé, il faut donc se
tourner vers la zone poreuse particulière qu’est l’interface pâte-granulat. En
l’occurrence, ces résultats de perméabilité à l’oxygène indiqueraient que cette zone
d’interface possèderait une structure poreuse plus fine dans les BAP par comparaison
aux BV [Trägårdh 99].

b. Bétons d’ouvrage

Pour les bétons d’ouvrage, les courbes de distribution poreuse sont présentées figure 5.21.

60 BAP 40
V/log( R) (m m 3/g.nm )

BV 40

40

20

0
1 10 100 1000
rayon de pore (nm )

Figure 5.21 : Courbes de distribution de la porosité des bétons d’ouvrage

Ces courbes présentent peu de différences entre les distributions poreuses des deux types de
bétons. En effet, les courbes de distribution de la porosité sont très proches pour le BAP et le
BV tant en ce qui concerne leurs allures que de leurs amplitudes. Les principales familles de

209
pores sont respectivement situées à 5 et 40 nm pour le BAP et 8, 30, et 125 nm pour le BV.
Cette dernière valeur (capillaires de 125 nm uniquement pour le BV) est susceptible
d’engendrer sur les propriétés de transfert des différences à l’avantage du BAP.

La perméabilité à l’oxygène va dans ce sens et s’est révélée inférieure pour le BAP par
rapport au BV (voir chapitre 4 § II.2). Cependant, les résultats sur les bétons de bâtiment ont
prouvé que l’explication à cet écart pouvait également provenir d’autres caractéristiques
intrinsèques au réseau poreux du béton (notamment l’interface pâte-granulats).

Cette analyse se trouve confortée par les résultats de coefficient effectif de diffusion qui ont
conduit à estimer cette propriété légèrement moins performante pour le BV que pour le BAP
(voir chapitre 4 § III.2).

L’absorption d’eau par capillarité est équivalente pour les deux types de béton (voir chapitre 4
§ IV.2), et confirme la présence de pores de plus grandes dimensions dans le BV par rapport
au BAP (également liés au rapport E/C).

c. Bétons à hautes performances

La distribution poreuse des bétons à hautes performances obtenue à partir d’un essai de
porosimétrie au mercure est présentée sur la figure 5.22.

80

BAP 60
V/log( R) (m m 3/g.nm)

60
BV 60

40

20

0
1 10 100 1000
rayon de pore (nm )

Figure 5.22 : Diagrammes de distribution de la porosité des bétons à hautes performances

Les courbes de la distribution poreuse des deux types de bétons à hautes performances
présentent quelques différences.

On remarque un premier pic présent dans le cas du béton vibré pour des pores capillaires de
dimension 90 nm. Malgré leur faible volume, ce type de pore peut avoir une influence néfaste

210
quant aux propriétés de transfert du béton par rapport à celles du BAP correspondant.
Cependant, seuls les résultats de perméabilité à l’oxygène vont dans ce sens et les remarques
évoquées pour les bétons de bâtiment ont montré qu’il s’agissait là de l’influence éventuelle
de la porosité particulière de l’auréole de transition.

Les principaux modes poreux du BAP sont constitués des pores de 19 et 26 nm de ‘rayon’. En
dessous de ces valeurs, la porosité des deux types de béton au niveau microscopique ne
semble pas être clairement différente.

III.5.2 Corrélations entre les propriétés de transfert

Après avoir fait une tentative d’analyse au niveau microscopique, on peut tenter de
représenter les trois propriétés matérielles entre elles afin de déceler certaines corrélations
(voir figure 5.23).

2,5E-16 4E-05

BAP 15
perméabilité intrinsèque (m²)

2,0E-16 BAP 15
BAP 20 3E-05
)

BAP 20
1/2

BV 20
BV 20
absorptivité (m/s

BAP 40
1,5E-16 BAP 40
BV 40 BV 40
BAP 60 2E-05 BAP 60
BV 60 BV 60
1,0E-16

1E-05
5,0E-17

0,0E+00 0E+00
0E+00 1E-12 2E-12 3E-12 4E-12 5E-12 0E+00 1E-12 2E-12 3E-12 4E-12 5E-12
coefficient de diffusion (m ²/s) coefficient de diffusion (m ²/s)

(a) (b)
Figure 5.23 : Diagrammes de relation perméabilité–diffusion (a) et absorption-diffusion (b)

A partir de ces graphes, plusieurs commentaires peuvent être effectués.

• Il n’existe pas de relations évidentes entre les résultats de perméabilité et ceux du


coefficient de diffusion (ou de l’absorption d’eau par capillarité), ni au sein d’une
classe de résistance ni au sein d’un type de béton (voir figure 5.23 a).
En fait, ce résultat paraît logique car la perméabilité à l’oxygène traduit la résistance du
béton à la pénétration d’un gaz alors que les deux autres propriétés concernent
l’intrusion d’un liquide (l’eau). De plus, ce gaz est inerte vis-à-vis de la matrice
cimentaire contrairement au liquide utilisé dans les deux autres essais qui peut avoir des
réactions chimiques avec celle-ci.

211
• Il apparaît une forte corrélation entre l’absorption d’eau et le coefficient de diffusion
des ions chlore (figure 5.23 b). Ces deux résultats traduisent la pénétration d’eau
(contenant des ions agressifs ou non) dans le béton par deux mécanismes de transfert
différents (gradient de concentration et mécanisme capillaire).
Ceci corrobore les remarques déjà mentionnées sur ces deux propriétés à partir des
courbes de distribution poreuse, à savoir que toutes deux sont en lien direct avec la
porosité capillaire du béton (autoplaçant ou vibré) et ne semblent pas influencées par
d’autres paramètres supplémentaires (auréole de transition, en particulier).

212
IV DEGRADATION CHIMIQUE

IV.1. CARBONATATION ACCELEREE

Des essais accélérés de carbonatation ont été réalisés pour comparer les BAP et les BV et
ainsi caractériser la longévité de ces bétons vis-à-vis de la protection de la corrosion des
armatures.

Les résultats de cinétique de carbonatation accélérée obtenue sur nos bétons concordent avec
les résultats issus de la bibliographie (voir chapitre 1 § IV.2.4.b).

• Dans des conditions identiques à celles utilisées dans notre étude, Rougeau
[Rougeau 99] obtient des cinétiques de carbonatation de l’ordre de 8 mm/an1/2 pour un
BV (72 MPa de résistance mécanique) et voisines de 11 mm/an1/2 pour deux BAP
correspondants (résistance en compression proche de 57 MPa).

• Audenaert [Audenaert 03 a], trouve dans des conditions d’essai différentes (10%
volumique de CO2) des taux de carbonatation variant de 16 à 23 mm/an1/2 pour les BAP
testés (résistance en compression comprise entre 60 et 70 MPa) et de l’ordre de
16 mm/an1/2 pour le BV correspondant (résistance mécanique égale à 52 MPa).

Tous ces résultats (bibliographie et étude expérimentale) sont représentés en fonction de la


résistance mécanique sur la figure 5.24.

100

BAP biblio
)
1/2

80
vitesse de carbonatation (mm/an

BV biblio

BAP
60
BV

40

20

0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.24 : Cinétique de carbonatation de divers bétons en fonction de leur résistance mécanique

213
Les principales observations sont les suivantes :

• Les résultats de carbonatation accélérée révèlent qu'à résistance similaire, les BAP
présentent une vitesse de carbonatation légèrement supérieure à celle des BV.
Ainsi, les différences qui caractérisent la composition des BAP, en particulier le
volume de pâte important, et leur microstructure ne semblent pas engendrer d’écart
capital pour leur longévité par rapport à celle de bétons vibrés pris comme référence.

• La cinétique de carbonatation des BAP diminue aussi rapidement que celle des BV
correspondants, en fonction de la résistance mécanique [Rougeau 99]. Plus cette
résistance est élevée et plus faible est la détérioration due à cette attaque chimique.

• La faible dispersion des résultats indique clairement que la carbonatation accélérée des
BAP, tout comme celle des BV, est soumise en majeure partie à l’influence de la
résistance en compression du matériau.

IV.2. LESSIVAGE (AU NITRATE D’AMMONIUM)

Pour compléter cette étude, une évaluation de la durabilité physico-chimique du matériau


béton a été faite par un essai de lessivage au nitrate d'ammonium.

Comme pour la carbonatation accélérée, les résultats expérimentaux sont exprimés en


fonction de la racine carrée du temps. Ceci permet d'obtenir la cinétique de réaction et de
comparer celle-ci entre BAP et BV (voir la figure 5.25) de notre étude et issus de la
bibliographie (peu de résultats sont disponibles dans la littérature)[Schneider 03].

50
BAP biblio
cinétique de lessivage (m m /an1/2)

40 BV biblio
BAP

30 BV

20

10

0
0 20 40 60 80
résistance m écanique (MPa)

Figure 5.25 : Cinétique de lessivage des bétons étudiés en fonction de la résistance mécanique

214
A partir de cette figure, on peut noter :

• Le nitrate d'ammonium dégrade le BAP de manière identique au BV correspondant, à


résistance mécanique égale (différence entre les courbes de tendance non
significatives).

• La dégradation des BAP et des BV diminue lorsque la résistance augmente de manière


comparable.

Ces résultats apportent une preuve évidente de l’importance de la résistance mécanique du


béton dans ses réactions face à l’attaque d’agents extérieurs agressifs, tels que le nitrate
d’ammonium : les cinétiques de dégradation sont en parfaite corrélation avec l’évolution de la
résistance en compression du béton, qu’il soit autoplaçant ou vibré.

D’autre part, cette attaque chimique suit une observation identique à celle faite pour la
carbonatation accélérée des bétons : malgré les différences de composition qui caractérisent
les BAP, ceux-ci résistent de manière similaire à une telle agression chimique que les bétons
vibrés correspondants.

IV.3. INTERPRETATION DES RESULTATS OBSERVES POUR LES DEUX ATTAQUES CHIMIQUES
ABORDEES

IV.3.1 Carbonatation accélérée

L’étude préalable des trois propriétés de transfert que sont la perméabilité à l’oxygène, la
diffusion des ions chlore et l’absorption capillaire permet d’analyser de façon plus fine les
résultats de carbonatation obtenus pour les bétons étudiés.

Dans les conditions d’essai utilisées, la pénétration du gaz carbonique va se faire dans un
premier temps par diffusivité (différence de concentration entre l’enceinte et l’intérieur du
béton) puis, une fois dissous dans la solution interstitielle, l’acide carbonique continue à se
propager par diffusion à l’intérieur du réseau poreux.

Nous ne disposons pas de résultats de diffusivité au gaz carbonique de nos bétons, mais
l’expression de la diffusivité du béton en fonction de la perméabilité intrinsèque au même gaz
sur une échelle log-log se révèle être une droite [Neville 00]. Par conséquent, d’après cette
constatation et à partir des résultats de perméabilité réalisés sur nos bétons, il est concevable
d’avancer que la diffusivité au gaz carbonique des BAP est inférieure à celle des bétons vibrés
correspondants.

215
La représentation des cinétiques de carbonatation accélérée en fonction de la perméabilité
(équivalente à la diffusivité) et du coefficient de diffusion permet donc d’appréhender
l’influence de ces propriétés de transfert sur l’attaque chimique en question (voir figure 5.26).

100 100
)
1/2

BAP 15

)
1/2
BAP 20
cinétique de carbonatation (mm/an

80 80

cinétique de carbonatation (mm/an


BV 20
BAP 40
BV 40
60 60 BAP 60
BV 60
BAP 15
BAP 20
40 40
BV 20
BAP 40
BV 40
20 20
BAP 60
BV 60

0
0
0E+00 5E-17 1E-16 2E-16 2E-16 3E-16
1E-12 2E-12 3E-12 4E-12 5E-12
perm éabilité intrinsèque (m ²) coefficient de diffusion (m ²/s)

(a) (b)
Figure 5.26 : Cinétique de carbonatation accélérée des bétons testés exprimée en fonction de la perméabilité (a) et
du coefficient de diffusion (b)

Les constatations sont les suivantes :

• En ce qui concerne l’impact de la perméabilité, la figure 5.26 a montre que la cinétique


de carbonatation accélérée ne dépend pas fondamentalement de celle-ci. Le
regroupement par classe de résistance semble indiquer malgré tout une légère
corrélation entre les deux grandeurs.

• La carbonatation se révèle très étroitement liée au coefficient de diffusion au sein d’une


même classe de résistance et pour les deux types de béton (voir figure 5.26 b, facteurs
de corrélations voisins de 1). Ceci tend à prouver que, dans nos conditions d’essais,
l’attaque par carbonatation est essentiellement dirigée par le mécanisme de diffusion
des liquides.

Les BAP étudiés possédant un coefficient de diffusion des ions chlore légèrement supérieur à
celui des BV, il paraît donc naturel que leur dégradation par carbonatation soit légèrement
plus grande que celle des BV, sans toutefois être significativement différente (voir chapitre 4
§ V).

IV.3.2 Lessivage au nitrate d’ammonium

Comme pour la carbonatation accélérée, l’attaque agressive par le nitrate ammonium peut être
analysée à partir des propriétés de transfert des bétons évaluées par ailleurs. L’immersion que

216
subissent les bétons tout au long de l’essai nous conduit à étudier la cinétique de dégradation
en fonction de l’absorption capillaire et de la diffusion des liquides (voir figure 5.27).

50 50
)

)
1/2

1/2
40 40 BAP 15
cinétique de lessivage (mm/an

cinétique de lessivage (mm/an


BAP 20
BV 20
30 30 BAP 40
BV 40
BAP 60
BAP 15
20 20 BV 60
BAP 20
BV 20
BAP 40
10 BV 40 10
BAP 60
BV 60
0 0
0E+00 1E-05 2E-05 3E-05 4E-05 0E+00 1E-12 2E-12 3E-12 4E-12 5E-12
1/2
coefficient d'absorption (m /s ) coefficient de diffusion (m ²/s)

(a) (b)
Figure 5.27 : Cinétique de lessivage au nitrate d’ammonium des bétons étudiés exprimée selon l’absorption
capillaire (a) et le coefficient de diffusion (b)

Ces figures mettent en évidence les points suivants :

• L’influence de l’absorption capillaire sur la dégradation au nitrate d’ammonium ne


semble pas prépondérante. Le groupement des résultats par classe de résistance permet
toutefois d’obtenir des corrélations moyennes entre la cinétique de détérioration et le
coefficient d’absorption capillaire. De plus, aucun comportement singulier des BAP
n’est à signaler quant à ces représentations en comparaison à celles des BV.

• Il existe une relation linéaire forte entre la cinétique de dégradation au nitrate


d’ammonium et le coefficient effectif de diffusion des bétons étudiés, qu’ils soient
auto-plaçants ou vibrés. Le gradient de concentration à l’origine de cette attaque est
donc le moteur essentiel de la dégradation du béton. Par conséquent, l’équivalence des
coefficients de diffusion des BAP et des BV conduit à n’observer aucune différence
significative quant à la dégradation des deux types de béton (voir chapitre 4 § VI).

217
V CONCLUSIONS

Tout d'abord, les comportements mécaniques instantanés et différés des bétons autoplaçants et
des bétons vibrés ont été analysés en fonction de la résistance en compression.

• Il ressort de ces premiers résultats sur les caractéristiques mécaniques que, à résistance
mécanique identique, le module d'élasticité, le retrait (endogène et de dessiccation)
des BAP sont équivalents à ceux mesurés sur les BV. Ce résultat conforte les
constatations d’autres auteurs [Persson 99].

Dans le domaine physico-chimique, les résultats des essais expérimentaux (perméabilité à


l’oxygène, diffusion des ions chlore, absorption d'eau, carbonatation accélérée et lessivage au
nitrate d'ammonium) ont été tracés en fonction de la résistance mécanique et ont permis de
montrer que les BAP et les BV sont influencés de la même manière par ce paramètre essentiel
du matériau béton.

• Ainsi, la perméabilité (à l’oxygène) des BAP s’est révélée être inférieure à celle des
BV à résistance mécanique équivalente (mais avec un ordre de grandeur comparable).

• Les BAP et les BV ne diffèrent pas de manière significative par la diffusion des ions
chlore et l'absorption d'eau par capillarité, dont les développements respectifs selon
la résistance du béton suivent des tendances semblables. Les différences de volume de
pâte (et de microstructure) entre les deux types de béton semblent peu influer sur ces
propriétés de transfert.

• Le taux de carbonatation et la cinétique de lessivage au nitrate d'ammonium des


deux types de béton restent comparables à résistance équivalente. Ces résultats
semblent logiques puisque la carbonatation accélérée et le lessivage au nitrate
d’ammonium sont principalement dirigés par le mécanisme de diffusion et d’absorption
et il a été montré que les coefficients de diffusion et d’absorption entre BAP et BV
étaient équivalents.
De plus, ces dégradations d’ordre chimique évoluent avec la résistance en compression
de manière identique pour les BAP et les BV.

Ces résultats sur les propriétés physico-chimiques indiquent clairement que les BAP et les BV
ont des caractéristiques équivalentes de durabilité et que la résistance mécanique a le
même impact sur ces propriétés.

218
Le premier bilan des résultats expérimentaux obtenus dans ce projet et les données
internationales indique deux faits principaux.

• D'une part, à résistance mécanique constante, les propriétés telles que le module
d'élasticité, le retrait, le fluage et les propriétés de transfert semblent être
équivalentes pour les bétons auto-plaçants et vibrés.

• D'autre part, ces propriétés évoluent de la même manière pour les deux types de béton
en fonction de la résistance en compression. Tous ces résultats tendent à montrer que les
BAP suivent des règles identiques à celles des bétons vibrés, du point de vue des
comportements mécaniques (instantanés et différés) et de celui des propriétés physico-
chimiques.

Le deuxième aspect abordé dans ce dernier chapitre concerne l’analyse d’un point de vue
microstructural des différences ou équivalences observées au niveau macroscopique sur toutes
les propriétés des deux types de béton appréhendées.

Les résultats de porométrie mercure que nous avons présentés révèlent plusieurs choses.

• Pour le retrait : les pores capillaires (en deçà de 40 nm) sont plus nombreux dans les BAP
(de bâtiment et d’ouvrage) et l’autodessiccation qui se produit à l’intérieur de ces pores a
conduit à mesurer expérimentalement un retrait endogène légèrement plus élevé pour les
BAP que pour les BV.
Pour le retrait en dessiccation, la porosité des hydrates (taille inférieure à 0,01 µm) ne
présente pas de différence significative (en proportions) entre les BAP et les BV (de
bâtiment et d’ouvrage) et conforte les mesures macroscopiques indiquant un retrait total
équivalent pour les deux types de béton.

• Pour les déformations sous charge : l’application d’une charge constante n’engendre pas
les mêmes conséquences suivant la classe de résistance.

Les bétons de bâtiment subissent en effet une diminution de leur porosité (réduction de la
taille des pores) et une consolidation de leur structure (diminution du volume des pores).
Ces deux phénomènes sont plus marqués dans le cas des BAP que dans celui des BV et
peuvent expliquer en partie les déformations plus élevées mesurées expérimentalement
pour les BAP.

219
La porométrie des bétons d’ouvrage révèle que ceux-ci connaissent seulement une baisse
de leur volume poreux (et non de la taille des pores). Ce tassement est plus fort pour le
BAP mais les écarts de déformations différées sous charge mesurés entre BAP et BV
appellent à une autre source d’explication.

• En ce qui concerne les propriétés de transfert évaluées, les résultats de porosimétrie au


mercure permettent d’expliquer certains résultats et montrent que d’autres paramètres
influent sur les phénomènes de transfert de fluide.
Ainsi, les courbes de porosimétrie des BAP d’ouvrage (et à hautes performances)
confirment, par la finesse et le volume de leurs pores, l’équivalence (coefficient de
diffusion, absorption capillaire) voire la supériorité (perméabilité à l’oxygène) de leurs
propriétés de transfert par rapport à celles des BV.
Cependant, l’absence de différence significative entre les coefficients de diffusion et
l’absorption capillaire des deux types de béton de bâtiment ne reflète pas fidèlement les
différences de porosité observées au niveau microscopique. Les pores plus fins et en
volume moins important du BV (ainsi que le volume de pâte plus faible que le BAP) sont
en contradiction avec leurs performances moindres par rapport à celles du BAP et
prouvent que d’autres facteurs microstructurels (interface pâte-granulat) doivent être pris
en compte.

220
Conclusion générale et Perspectives

Les bétons autoplaçants (BAP) constituent une nouvelle avancée pour la construction en
béton et ils offrent en cela des avantages aussi bien d’ordre économique, technique que
sociaux. L’absence de vibration qui caractérise leur mise en place permet en effet de réduire
les coûts globaux de production, de construire des éléments à géométrie complexe ou
fortement ferraillés et également de réduire les nuisances sonores et la pénibilité du travail
qu’ils nécessitent.

Pourtant, bien que ces avantages soient tangibles et que l’intérêt qu’ils suscitent chez les
industriels soit grandissant, les BAP demeurent en dessous de l’utilisation qui pourrait en être
faite en raison de questions sans réponses posées par de nombreux maîtres d’ouvrage et
maîtres d’oeuvre. Certaines des inconnues qui les concernent nécessitent donc d’apporter des
résultats de recherches probantes quant à leur équivalence avec les bétons vibrés (BV),
notamment en terme de durabilité.

Les objectifs de ce travail de thèse étaient donc de donner des réponses claires à deux
questions majeures. Ainsi, le premier objectif était d’évaluer les conséquences potentielles à
la présence importante de fines dans les compositions de BAP sur leurs déformations différées
par rapport aux bétons vibrés de même résistance. Le deuxième objectif était de chercher à
comparer la durabilité des BAP à celle de bétons vibrés de même résistance.

Les données bibliographiques dont nous disposions au début de ce projet de recherche (2001)
relataient couramment des résultats concernant des formulations de type B50 (ou au-delà) et
pour lesquelles les variations des paramètres d’étude étaient nombreuses (différentes additions
minérales utilisées, présence ou non d’agent de viscosité, quantité de superplastifiant,
variations du volume de pâte, du rapport G/S, du rapport E/C, etc.). De plus, les améliorations
amenées par les BAP quant à certaines propriétés du matériau béton ne semblaient que
ponctuelles et nécessitaient une généralisation sur une gamme de résistance plus large, afin
d’essayer de relier les propriétés de durabilité du béton à sa résistance mécanique.

Par conséquent, notre étude sur la durabilité globale des BAP comparée à celle des BV de
squelette granulaire comparable semblait nécessaire. Pour répondre à ces objectifs, nous
avons commencé par définir les formulations de béton, à partir de matériaux identiques, dans

221
une plage de résistance variant de 15 à 70 MPa. L’expérience acquise par le CTG dans le
domaine de la formulation des BAP (bonne connaissance des constituants et plus
particulièrement des adjuvants) a guidé notre choix sur les compositions de BAP à étudier.
Les formulations de BV correspondantes ont ensuite été formulées avec des proportions
granulaires similaires de manière à obtenir des résistances mécaniques les plus proches
possibles. Cependant, pour obtenir les résistances visées, les bétons à hautes performances ont
du être formulés avec des proportions granulaires différentes d’un type de béton à l’autre.

Les formulations de BAP se distinguent par un volume de pâte plus important (lié à la
méthodologie utilisée), l’emploi de superplastifiants en plus grande quantité et l’utilisation
éventuelle d’un agent de viscosité. Toutes ces formulations ont été ensuite caractérisées à
l’aide d’essais spécifiques pour vérifier leurs aptitudes à remplir le cahier des charges imposé
pour un BAP à l’état frais : l’écoulement, la ségrégation dynamique et statique et la stabilité,
qui se sont révélés corrects pour la quasi-totalité des formulations. Nous avons pu montrer à
cette occasion que les formulations de BAP de faible résistance mécanique (proche de 20
MPa) étaient réalisables, en maîtrisant au mieux le dosage des adjuvants.

Nos premiers résultats expérimentaux ont montré que la résistance mécanique des BAP
étudiés est légèrement supérieure à celle des BV correspondants. Les rapports
Eau/LiantEquivalent des deux types de béton étant similaires, l’utilisation de fillers calcaires et le
dosage en superplastifiants plus élevé dans les BAP sont les principales explications à cette
observation. En ce qui concerne le module d’élasticité, les bétons de même squelette
granulaire (bétons de bâtiment et bétons d’ouvrage) ont prouvé qu’il n’y a pas de différence
sensible entre les deux types de béton. Pour les bétons à hautes performances (rapport G/S
différent entre BAP et BV), le module d’élasticité des BAP s’est révélé inférieur à celui des
BV (-7%). Ces résultats n’étaient pas forcément attendus mais sont favorables aux BAP. En
effet, si l’on considère que les propriétés mécaniques sont fonction des proportions
volumiques des deux phases constitutives du béton (pâte de ciment et granulats), la différence
de volume de pâte entre les deux types de béton était supposée modifier la résistance
mécanique à la compression et le module d’élasticité (statique, en compression) en défaveur
des BAP.

Ensuite, malgré un coefficient de dilatation thermique équivalent entre les deux types de
béton, les BAP présentent un retrait au jeune âge supérieur à celui des BV en dessiccation.
Cependant, les déformations des deux types de béton deviennent équivalentes dès qu’une cure

222
(humide ou à l’aide d’un produit spécifique) est mise en œuvre. Au-delà de 24 heures, le
retrait des BAP étudiés ne présente des différences avec celui des BV qu’à long terme et dans
des conditions endogènes. On peut considérer que les déformations libres des bétons étudiés
n’ont pas révélé d’écart réellement significatif entre BAP et BV. L’écart positif mesuré pour
les BAP peut s’expliquer par le volume de pâte plus important qu’ils contiennent.

En revanche, les déformations sous charge ont globalement montré que les BAP sont plus
sensibles à ce type de sollicitations que les BV correspondants, pour les deux modes de
conservation étudiés (endogène et en dessiccation). Une fois ramenées à des caractéristiques
intrinsèques (déformations spécifiques et fluages spécifiques), ces déformations différées sont
toujours légèrement supérieures pour les BAP par rapport aux BV (+30 à +50%), à
l’exception des bétons de bâtiment pour lesquels il y a équivalence entre les deux types de
béton. Bon nombre de phénomènes impliqués dans les déformations différées du béton sont
directement liés à la matrice cimentaire, les granulats ne constituant qu’une entrave à ces
actions. Par conséquent, les différences en terme de volume de pâte ont pu amener les BAP à
présenter des déformations différées plus importantes que celles des BV.

Ces écarts ne sont pas pour autant gênants du point de vue construction d’ouvrages et
mériteraient simplement d’être pris en compte dès l’étape de la conception et du calcul des
structures. L’addition de fillers calcaires dans les formulations de BAP a donc deux effets
antagonistes pour ces bétons. D’une part, elle permet d’augmenter légèrement leur résistance
mécanique et d’autre part, l’augmentation du volume de pâte qui en résulte entraîne des
déformations différées sous charge plus importantes (en comparaison à des BV
correspondants).

En outre, les caractéristiques mécaniques telles que le module d’élasticité et le retrait des BAP
sont conformes aux mêmes propriétés des BV (à résistance mécanique identique) et sont
évalués de manière comparable par les règlements existants.

De même, notre étude a permis de vérifier si les différences de composition entre BAP et BV
avaient une influence majeure sur certaines propriétés de durabilité physico-chimique. A ce
sujet, les BAP ont prouvé qu’ils possèdent des comportements équivalents à ceux des BV
concernant les différentes propriétés de transfert étudiées (perméabilité à l’oxygène, diffusion
des ions chlores et absorption d’eau par capillarité). Parmi celles-ci, la perméabilité à
l’oxygène des BAP s’est même révélée sensiblement inférieure (-38 à -66%) à celle des BV
correspondants. Les différentes attaques d’agents agressifs envisagées (carbonatation

223
accélérée et lessivage au nitrate d’ammonium) ont également permis de montrer que les BAP
résistent de manière comparable aux BV à ces réactions « dégradantes » du matériau béton.
Des essais menés sur des échantillons ayant subi différents types et durées de cure indiquent
que ces comportements similaires entre BAP et BV sont valables aussi bien pour des bétons
considérés au cœur d’éléments de structures qu’en périphérie de ceux-ci.

Tous ces résultats obtenus pour des bétons au squelette granulaire identique ont été confirmés
par ceux relatifs aux bétons à hautes performances dont le squelette granulaire est différent.
L’absence de différence significative entre les propriétés physico-chimiques étudiées des deux
types de béton indique que leurs différences de composition (notamment le volume de pâte
plus élevé dans les BAP) n’ont pas d’influence véritable sur les indicateurs de durabilité
analysés dans ce projet de recherche.

Les résultats tirés de nos essais expérimentaux montrent également que les BAP ont des
caractéristiques de durabilité équivalentes à celles des BV et que la résistance mécanique a un
impact identique sur les propriétés des deux types de béton.

D’après ces remarques, les BAP peuvent être considérés à partir des mêmes règles qui
s’appliquent aux bétons vibrés, en ce qui concerne leurs comportements mécaniques (excepté
le fluage) et leurs propriétés physico-chimiques.

Notre travail a ainsi donné certaines réponses aux questions qui se posaient au départ de ce
projet sur les BAP. Cependant, les hypothèses choisies au début du projet nous ont conduit à
étudier certains paramètres préférentiellement à d’autres. De nouvelles études pourront faire
suite à ce travail en envisageant de faire varier des paramètres tels que les matériaux
constitutifs des formulations et d’estimer leur influence sur les propriétés mécaniques et
physico-chimiques des BAP. Sont concernés les granulats, et l’influence du diamètre maximal
des granulats (DMAX) ou leur teneur en éléments fins, les additions minérales, qui peuvent être
de différents types, et les adjuvants, notamment l’utilisation unique d’agent de viscosité.

En ce qui concerne les propriétés nécessitant la continuité de recherches, on peut


principalement citer les déformations au jeune âge auxquelles sont liés certains problèmes de
fissuration du béton. Cette fissuration qui peut apparaître dans les premières phases de
durcissement est à l’origine de nombreuses déclarations de sinistres. Bien que notre étude ait
montré que l’application d’une cure rendait les BAP équivalents aux BV pour le retrait au
jeune âge, des essais supplémentaires doivent être menés pour connaître au mieux la

224
susceptibilité des BAP à la fissuration. Ces essais doivent permettre par exemple de mesurer
le retrait empêché que subit un béton lorsqu’il est coulé sur un support adhérent. Une autre
mesure consisterait à déterminer l’apparition des premières fissures à partir d’un essai de
traction lente. Enfin, une étude plus approfondie des caractéristiques microscopiques des BAP
peut être envisageable dans la mesure où des différences observées au niveau macroscopique
sur certaines propriétés matérielles le nécessitent.

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235
Annexes

I ANNEXE 1 : DETERMINATION DE LA POROSITE OUVERTE ET DE LA


MASSE VOLUMIQUE APPARENTE

L’objectif du présent mode opératoire est la détermination de la masse volumique apparente et


de la porosité accessible à l’eau (ou porosité ouverte) de corps d’épreuve de béton durci.

Tout d’abord, quelques définitions sont rappelées ici :

• masse volumique apparente sèche : rapport de la masse sèche d’un échantillon à son
volume apparent (en kg/m3),

• volume apparent : somme de volumes de matière solide, des pores ouverts et des pores
fermés dans un corps poreux,

• pores ouverts : pores qui sont pénétrés par l’eau dans l’essai décrit (en communication
directe avec l’atmosphère ou de proche en proche),

• pores fermés : pores qui ne sont pas pénétrés par le liquide d’immersion dans l’essai
décrit,

• porosité accessible à l’eau : rapport du volume total des pores ouverts d’un corps poreux
à son volume apparent (en % du volume apparent),

• porosité fermée : rapport du volume total des pores fermés dans un corps poreux à son
volume apparent (en % du volume apparent),

• porosité totale : rapport du volume des pores ouverts et fermés au volume apparent du
produit (en %). Par conséquent, la porosité totale est la somme de la porosité ouverte et
de la porosité fermée.

Auparavant, il est nécessaire de déterminer par pesée certains éléments : masse apparente de
l’échantillon de béton après immersion dans un liquide avec lequel il a été imprégné sous
vide, masse dans l’air libre alors qu’il est encore imbibé de liquide et masse de l’échantillon
sec. A partir de ces valeurs, le calcul permet de déterminer la masse volumique apparente, la
porosité ouverte et la porosité totale.

236
Les dimensions des corps d’épreuve recommandées sont au minimum trois fois le diamètre du
plus gros granulat. D’autre part, il est souhaitable de procéder à la mesure sur trois
échantillons pour caractériser un béton.

L’essai dure 24 heures et commence par l’imbibition des échantillons : le corps d’épreuve est
placé dans un dessiccateur dans lequel est maintenu le vide (pression inférieure ou égale à 25
mbars) pendant quatre heures. Une fois les quatre heures écoulées, l’eau d’immersion est
progressivement introduite de façon à ce que le corps d’épreuve soit recouvert d’environ 20
mm d’eau. Pendant le remplissage, aucune entrée d’air ne doit se produire. Pendant 20 heures,
cette pression réduite est conservée dans le dessiccateur.

La détermination de la masse de l’échantillon immergé peut ensuite être réalisée. Le corps


d’épreuve est placé sur un panier de pesée hydrostatique et est totalement immergé sans
contact avec le fond du récipient. Le corps d’épreuve est pesé à 0,01 g près et sa masse
immergée (Meau) est ainsi obtenue. La masse volumique de l’eau d’immersion est donnée en
fonction de sa température (998,2 kg/m3 à 20 °C).

L’échantillon est sorti de l’eau et essuyé rapidement et soigneusement à l’aide d’un linge
humide afin de le débarrasser des gouttelettes et du film superficiel d’eau sans toutefois retirer
l’eau des pores. Le dispositif de pesée hydrostatique est enlevé et l’échantillon est
immédiatement pesé dans l’air, après tarage de la balance. La masse du corps d’épreuve
imbibé (Mair) est ainsi obtenue.

Pour évaluer la masse d’un échantillon sec, il est nécessaire de le sécher 105 ± 5°C jusqu’à
masse constante, autrement dit jusqu’à ce que deux pesées espacées de 24 heures ne diffèrent
pas de plus de 0,05%. Avant chaque pesée, l’éprouvette est mise dans un dessiccateur jusqu’à
ce qu’elle atteigne la température ambiante : une à quatre heures selon la taille de
l’éprouvette. Les pesées doivent être effectuées à 0,05 g près. La masse ainsi déterminée est la
masse de l’éprouvette sèche (Msec).

Les différentes propriétés de l’échantillon sont ensuite exprimables à partir des valeurs
déterminées précédemment.

La masse volumique apparente, ρd, est donnée par l’équation suivante :

M sec M sec
ρd = = × ρ eau ,θ Équation 1
V M air − M eau

237
La masse volumique apparente sera exprimée en kg/m3 avec quatre chiffres significatifs.

La porosité accessible à l’eau, ε, est donnée par l’équation qui suit :

M air − M sec M air − M sec


ε= = × ρ eau ,θ ×100 Équation 2
V M air − M eau

Le rapport d’essai doit mentionner : la date de l’essai, l’identification du ou des opérateurs


réalisant les essais, la référence du matériau testé et des différents échantillons, la pression à
laquelle la chambre de vide a été soumise, la température de l’eau d’immersion, le mode de
prélèvement du béton (carottage) et son repérage dans l’éprouvette, l’état des surfaces du
corps d’épreuve (surface sciée, béton de peau, etc.), les dispositions de conservation adoptées
(mode de stockage, cure des éprouvettes), l’âge des éprouvettes au moment de l’essai.

238
II ANNEXE 2 : DETERMINATION DE LA POROSITE PAR INTRUSION DE
MERCURE

PRINCIPE DU POROSIMETRE A MERCURE

Si on place un solide poreux au contact d’un liquide mouillant, le liquide pénètre dans le
solide : c’est le phénomène d’absorption capillaire. Si le même solide est placé sur un liquide
non mouillant (mercure), le liquide ne pénètre pas dans les pores du solide.

Il est possible de faire pénétrer du mercure dans le solide en exerçant sur le mercure une
pression supérieure à la pression capillaire. Si on modélise les pores du matériau par des
canaux cylindriques, la pression exercée peut être aisément reliée au rayon des cylindres
modèles par la loi de Jurin : c’est le principe du porosimètre à mercure.

Hg

E P+dP
dV
Vide

L’échantillon à analyser de masse m est introduit dans le porte échantillon. L’air est évacué du
porte échantillon puis celui-ci est rempli de mercure. Cette opération est destinée à vider l’air
du fond des pores pour qu’il ne se comprime pas au cours de l’intrusion du mercure à haute
pression.

Le porte échantillon communique avec l’extérieur par un tube calibré par lequel des pressions
croissantes sont exercées. Lorsque la pression s’accroît de P à P+dP, un volume dV de
mercure entre dans les pores du matériau. Ce volume correspond à celui des pores emplis
entre ces deux pressions.

A la pression P, les pores de rayon supérieur à r donné par la relation de Washburn


2σ cos θ
P=− sont emplis de mercure.
r

Entre les pressions P et P+dP, les pores de rayons compris entre r et r-dr sont remplis. Le
volume de mercure dV correspond donc au volume de ces pores.

239
En général, le volume dV est rapporté à l’unité de masse du matériau et la courbe
porométrique cumulative représente la variation du volume injecté par unité de masse du
matériau en fonction de la pression d’injection, donc de la dimension des pores.

CONSTITUTION D’UN POROSIMETRE A MERCURE

De nombreux porosimètres à mercure haute pression ont été construits et ils ont tous des
composants différents, peut être, par leur conception, mais le principe général reste identique.
Ces composants sont :

• Une cellule porte échantillon,

• Un long tube rempli de mercure (parfois appelé dilatomètre, par analogie) et dont la
hauteur varie en fonction de l'intrusion (ces 2 éléments constituent le pénétromètre),

• Un système de remplissage par le vide pour évacuer l'air et transférer le mercure dans
le pénétromètre,

• Un générateur de pression,

• Une chambre haute pression contenant le pénétromètre,

• Un système de mesure de la hauteur de mercure,

• Un fluide hydraulique pour transmettre la pression au pénétromètre.

Le pénétromètre sert à mesurer le volume de l'intrusion et plusieurs méthodes ont été utilisées
pour mesurer le changement dans le niveau de mercure dans la tige du pénétromètre au fur et
à mesure de l'intrusion.

La première méthode (pour référence historique uniquement) implique l'utilisation d'une


résistance de platine (ou un alliage de platine-iridium, il ne s'amalgame pas avec le mercure)
placée de façon coaxiale dans le tube. Au fur et à mesure que le niveau de mercure décroît, la
valeur de la résistance croît, fournissant une tension qui augmente linéairement avec la baisse
du niveau de mercure. Un courant très faible est appliqué pour éviter l'échauffement du
mercure.

La seconde méthode pilote un moteur pas à pas qui suit la baise du niveau avec le contact
électrique sur la surface du mercure.

240
La méthode capacitive est celle la plus utilisée de nos jours : le mercure dans son tube
constitue une électrode de la capacité et un fourreau métallique entourant le tube sert de
seconde électrode. (Le fourreau amovible présente deux avantages sur une métallisation
externe du tube de verre : moins d'effets de bord et préserver la possibilité de contrôler
visuellement le niveau de mercure). La capacité change avec le niveau de mercure ce qui
permet une mesure très précise.

241
III ANNEXE 3 : FICHE PRODUIT DES SUPERPLASTIFIANTS, ADAGIO 2018
ET 2019

Les adjuvants de la gamme Cimfluid Adagio sont des superplastifiants de nouvelle génération
à base de polycarboxylate modifié. Les superplastifiants Cimfluid Adagio appartiennent à la
famille des superplastifiants/hauts réducteurs d’eau. Ils sont conformes à la norme EN 934-2.

Spécialement conçu pour le béton prêt-à-l’emploi, de bâtiments et de génie civil, ils


permettent la confection de béton à hautes performances avec de longs maintiens
d’ouvrabilité. De ce fait, ils sont particulièrement adaptés au béton autoplaçant (BAP). Les
rythmes de décoffrage sont assurés par des résistances mécaniques élevées à 16 heures.

L’incorporation d’un superplastifiant Cimfluid Adagio permet d’obtenir :

• de longs maintiens d’ouvrabilité,

• des bétons à faible rapport E/C,

• de très hautes performances mécaniques à court et long termes,

• des bétons à très haute durabilité,

• des parements de meilleure qualité.

CARACTERISTIQUES

Adagio 2018
• Liquide opaque beige foncé, masse volumique à 20°C : 1,05 kg/dm3 ± 0,02,

• PH : 6,5 ± 1, extrait sec : 20% ± 1 %,

• Cl- : < 0,1 %, Na2O : = 1,2 %,

• Point de congélation : - 4°C environ.

Adagio 2019

• Liquide opaque beige foncé, masse volumique à 20°C : 1,06 kg/dm3 ± 0,02,

• PH : 6,5 ± 1, extrait sec : 20% ± 1,7 %,

• Cl- : < 0,1 %, Na2Oéquivalent : < 1,5 %,

• Point de congélation : - 4°C environ.

242
DOSAGE

Selon l’effet désiré, de 0,2 à 3 kg par 100 kg de ciment. Au dosage maximal, le Cimfluid
Adagio 2018 et le Cimfluid Adagio 2019 peuvent présenter un effet retardateur.

MODE D’EMPLOI

Les superplastifiants Cimfluid Adagio sont introduits de préférence dans le malaxeur en fin de
malaxage pour l’obtention d’un meilleur maintien d’ouvrabilité.

Les dosages en Cimfluid Adagio doivent être préalablement testés et ajustés avant application
industrielle. Ils sont fonction de la formulation du béton, de la nature du ciment, des
caractéristiques recherchées.

Les services techniques d’Axim sont à votre disposition pour vous assister dans cette
démarche.

DOMAINE D’UTILISATION

Les superplastifiants Cimfluid Adagio sont particulièrement adaptés pour la construction de


bâtiments : voiles, fondations, radiers, poteaux, planchers et pour les chantiers de génie civil
tels que les ouvrages d’art, ouvrages d’assainissement et fondations profondes.

Les caractéristiques des superplastifiants Cimfluid Adagio en font des outils incontournables
pour la réalisation de BAN, BAP et BHP.

PRECAUTIONS D’EMPLOI

Sans danger. Rincer à l’eau en cas de projections. Ne pas avaler.

CONDITIONNEMENT

Vrac, cubitainer de 1000 litres, fûts de 200 litres.

STOCKAGE - CONSERVATION

Il est indispensable de stocker ce produit dans un local mis hors gel, à l’abri du soleil et des
fortes chaleurs.

Date de péremption : 1 an à compter de sa date de fabrication.

243
IV ANNEXE 4 : FICHE PRODUIT DE L’AGENT DE VISCOSITE, COLLAXIM
L2

Le Collaxim L2 est une suspension aqueuse de silice amorphe modifiant le comportement


rhéologique des mortiers et bétons en augmentant leur seuil de cisaillement et la viscosité. Par
conséquent, l’incorporation du Collaxim L2 permet d’obtenir :

• une amélioration de la rétention d’eau,

• une meilleure résistance à la ségrégation et au ressuage.

De plus, grâce à la finesse des particules de silice, l’ajout de Collaxim L2 entraîne :

• une réduction de la perméabilité,

• une accélération de la prise du ciment.

CARACTERISTIQUES

• Liquide blanc d’aspect laiteux, masse volumique à 20°C : 1,140 kg/dm3 ± 0,030,

• Extrait sec : 22,0 % ± 1,5 %, pH : 6,0 ± 1,0.

MODE D’EMPLOI

Le Collaxim L2 s’emploie aussi bien dans l’eau de gâchage, qu’en fin de malaxage.

DOMAINES D’UTILISATION

Le Collaxim L2 est indispensable lors de la formulation de mortiers ou de bétons très fluides


et autoplaçants. Les performances du Collaxim L2 peuvent être très différentes selon les
bétons.

Pour en obtenir le rendement optimal nous consulter pour :

• les compositions du béton,

• les dosages à définir en fonction des besoins.

Le Collaxim L2 bénéficie d’un certificat lui permettant d’être utilisé dans les bétons entrant
en contact avec l’eau destinée à la consommation humaine.

244
DOSAGE

Selon l’effet désiré de 0,5 à 5 kg par 100 kg de ciment. Le dosage, adapté à chaque cas, devra
être défini par des essais d’étude et de convenance.

PRECAUTIONS D’EMPLOI

Le Collaxim L2 est un produit légèrement irritant. En cas de contact, rincer abondamment à


l’eau.

CONDITIONNEMENT

Cubitainer de 1 000 litres, fûts de 200 litres, tonnelets de 60 litres.

STOCKAGE – CONSERVATION

ATTENTION : Le Collaxim L2 est un produit gélif. Il doit être impérativement stocké à l’abri
du gel. En cas de gel, le produit ne pourra être utilisé.

Durée de conservation : 6 mois, à compter de sa date de fabrication.

245
V ANNEXE 5 : FICHE PRODUIT DU PRODUIT DE CURE, CIMCURE

Le Cimcure est un produit de cure (en phase solvantée) prêt à l’emploi pour mortiers et
bétons. Cimcure laisse après séchage une pellicule adhérente qui protège la surface de la
dessiccation évitant la fissuration.

La surface traitée avec le Cimcure présente une meilleure résistance à l’abrasion et une dureté
élevée. Cimcure est un produit qui présente en outre les avantages suivants :

• Protection efficace des surfaces permettant une hydratation complète du support,

• Augmentation de la résistance à la compression,

• Faible perméabilité à l’eau,

• L’élimination par ponçage du Cimcure n’est pas nécessaire avant la pose de carrelages
collés.

CARACTERISTIQUES

• Liquide jaunâtre, viscosité : 48 secondes (Coupe ISO de 3 mm à 20°C),

• Point éclair : 48°C, extrait sec : 15,0 %.

MODE D’EMPLOI

Le Cimcure doit être pulvérisé en couche uniforme. Une pulvérisation en deux passes croisées
permet d’optimiser son application.

Le Cimcure doit être pulvérisé sur une surface exempte d’eau de ressuage. Le matériel de
pulvérisation doit être rincé avec un produit solvanté à haut pouvoir diluant.

DOMAINES D’UTILISATION

• Les sols, dalles en béton, les routes, voiries, pistes cyclables…,

• Eléments préfabriqués (poutres, dalles, prédalles),

• Bétons architectoniques, Béton ou grave compacté roulé (BCR ou GCR).

DOSAGE

De 100 à 250 g/m2 suivant les conditions atmosphériques.

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PRECAUTIONS D’EMPLOI

• Ne pas fumer à proximité des conditionnements et lors de l’application,

• Ventiler les enceintes closes lors de l’application,

• La compatibilité avec la colle à carrelage n’est assurée qu’avec des bétons non ressuants.

CONDITIONNEMENT

Palettes de 12 bidons de 20 litres (240 litres), fûts de 200 litres.

STOCKAGE – CONSERVATION

Conserver le Cimcure à l’abri de la chaleur. Par temps froid, il convient d’agiter légèrement le
produit avant utilisation.

Date de péremption : 2 ans à compter de sa date de fabrication.

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VI ANNEXE 6 : FICHE PRODUIT DU FILLER CALCAIRE

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