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Université de Médéa

Filière Génie civil

Durabilité des Matériaux


Chapitre 3: Durabilité du béton vis-à-vis des agents agressifs

Cours de Master 2
2017

Pr. Debieb
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Les mécanismes fondamentaux d’altération des bétons et leurs effets, sont basés
sur trois réactions importantes : hydrolyse des hydrates de la pâte de ciment
durcie, réactions d’échange entre le milieu agressif et les composés hydratés et
enfin réactions entrainant la formation des produit expansifs. Les processus de
détérioration sont résumés dans la figure suivante:

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Processus de détérioration du béton par les attaques chimiques
Généralités

Les agents agressifs peuvent être classés en quatre catégories :

1- les gaz : le transfert dans le béton se fait par diffusion et dépend fortement de
l’humidité relative du matériau ;

2- les liquides organiques ou inorganiques : le mouvement du liquide dans le


béton se fait soit par gradient de pression hydraulique ou capillarité soit par diffusion
ionique ou moléculaire ;

3- les solides : leurs capacité d’extraction et de passage en solution leur permet de


s’infiltrer dans le béton comme un liquide ;

4- les milieux biologiques : les bactéries contenues dans les eaux d’épuration
libèrent des acides par réactions biologiques et pénètre dans le béton moyennant le
vecteur d’eau comme un liquide.

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1/ Carbonatation du béton

La carbonatation est un phénomène de vieillissement naturel qui concerne tous


les bétons

La carbonatation est un des principaux phénomènes responsable de la corrosion


des armatures et de la dégradation des structures en béton armé

CO2 + Humidité  transformation progressive de la portlandite en calcite


 diminution du pH du béton (vers 9)
 destruction du film passif des aciers  corrosion

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Le mécanisme

Dans l’atmosphère, la fraction volumique du dioxyde de carbone (CO2) est


d’environ 0,035 % (ce pourcentage est une moyenne donnée dans la littérature).

Ce pourcentage peut évoluer en fonction des conditions locales (zones


géographiques, milieu urbain ou non, intérieur ou extérieur d’un bâtiment,
proximité ou non d’un réseau routier…).

Ainsi, la fraction volumique de CO2 dans certaines grandes villes est d’environ
0,3 % et peut atteindre 1 %. Le béton exposé à l’air ambiant est donc
constamment soumis à des phénomènes de carbonatation et donc des risques de
corrosion des armatures dans le cas des bétons armés. 5
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Processus

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Phénomène
 Réactions chimiques

 Effets

 Evolution dans le temps

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En pratique

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Cas pratiques

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L’étude expérimentale de la carbonatation

Artificiel
Naturel
rapide
(réaliste mais long)

D’après des recherches antérieures, un séjour du béton de 50 jours


en enceinte correspond à 410 années de carbonatation à temps réel

Essai de carbonatation accéléré

Éprouvettes = prismatiques (100x100x100 mm3)


Utilisation d’une solution alcoolique 21
(phénophtaléine à 1% dans 70% d’alcool éthylique)
•les éprouvettes en béton sont stockées au laboratoire et
•conditionnées à 21 ± 2 °C et 60 ± 10% HR, jusqu’à poids constant.

•Les éprouvettes sont ensuite entreposées dans une chambre de


carbonatation à l’intérieur de laquelle la teneur en CO2 est régulée précisément
à 1%, la température à 21 ± 2°C et l’humidité relative à 60 ± 10%.
•A échéance donnée (1, 2, 3 ou 6 mois), les éprouvettes d’essais sont sorties du
caisson et sciées perpendiculairement ; une tranche de béton d’au moins 20 mm
d’épaisseur est prélevée sur chaque éprouvette.

Les arrêtes des sections principales de la tranche correspondent aux faces


exposées à la diffusion du CO2.

•La profondeur de carbonatation est mesurée sur la face (sciée) extérieure de


la tranche exposée au CO2 à partir des arrêtes.

•Ce mode est conservé pour toutes les éprouvettes et pour chaque mesure.

•La valeur moyenne de la profondeur du front est donnée pour les quatre
surfaces d’exposition dont deux correspondent à une face moulée et les deux
autres à une face sciée.
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2/ Durabilité du béton dans un environnement acide

Les situations les plus fréquentes dans lesquelles en rencontre des milieux acides
sont les suivantes :
• les eaux naturelles (abaissement possible du pH jusqu’à 4),
• les milieux industriels (différents types d’acides souvent minéraux et organiques),
• les réseaux d’égouts (activité bactérienne).

La plus ou moins grande nocivité des acides dépend du caractère soluble ou


insoluble des sels qu’ils forment par réaction avec les hydrates calciques. En
général, l’action des milieux acides est identique dans son principe à celle des
eaux pures et douces, mais elle est plus intense : la Portlandite est dissoute en
premier, puis les silicates et aluminates de calcium hydratés sont attaqués et
perdent leur calcium. Il en résulte une dégradation progressive de la pâte et, par
conséquent, du béton.

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3/ Durabilité du béton dans un environnement sulfatique

La dégradation des bétons par les sulfates est due principalement à des
phénomènes d’expansion en relation avec la cristallisation d’ettringite, dite
ettringite "secondaire" (figue suivante) qui est différente de l’ettringite
"primaire" obtenue lors de la réaction d’hydratation du ciment portland par
réaction du gypse. La réaction "primaire" ne provoque pas de dégradation du
béton 24
Expansion du béton dû aux sulfates – formation d’ettringite secondaire (a)
et thaumasite (b)

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Ce type d’agression a été observé dès 1887 par Candlot. L’attaque se produit
notamment en présence de gypse, d’eaux séléniteuses ou d’eau de mer et donne
lieu à la cristallisation d’ettringite qui est expansive : ce sont les sels de Candlot,
d’où la fissuration et l’éclatement du béton par effet de coin.

La fissuration accentue la pénétration des sulfates et le front de la dégradation


progresse et s’élargit avec le temps, jusqu’à la destruction plus ou moins complète
du béton.

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Le principe

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Le mécanisme

• L’expansion
• Pertes des propriétés liantes des C-S-H

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Dosage En Ciment et teneur en C3A
Les bétons avec un dosage en ciment plus élevé sont généralement plus
compacts et ont une perméabilité plus faible qui ralentie la pénétration des sulfates
et de l'ion qui leur est associé.

La figure suivante montre l’influence du dosage en ciment et de la teneur en C3A


sur la vitesse de dégradation du béton (16 ans dans Na2SO4 à10%) .

· La résistance aux sulfates augmente avec la teneur en ciment.


· Le taux de dégradation est proportionnel à la quantité de C3A du ciment.

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Ajouts Minéraux

Les ajouts minéraux (particulièrement les laitiers) permettent généralement


d'augmenter la résistance aux sulfates.

• Les ciments contenant 40% ou plus de laitier ont généralement une bonne
résistance aux sulfates comme montrer sur la figure suivante.

• Les ciments avec plus de 20% à 30% de cendres volantes ont une meilleure
résistance aux sulfates figure . L'effet des cendres est variable en fonction de
leur composition chimique.

• Les cendres ayant un contenu en chaux > 20% ne devraient pas être utilisées.
La fumée de silice (7%-10%) améliore très significativement la résistance aux
sulfates.

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-Sulfates présents dans les ciments

-Ciments HSR

- Teneur variables dans les bétons

 Intérêt de comparer les teneurs en sones non dégradées et en zone dégradée.


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Cas particulier : actions de l’eau de mer

L’attaque du béton par l’eau de mer


est le résultat de réactions séparées
mais plus ou moins simultanées entre
les sulfates et chlorures contenus
dans l’eau. Plusieurs mécanismes
entrent en jeu: dissolution-lixiviation,
réactions d’échange et de bases,
précipitation de composés insolubles,
cristallisation de sels expansifs. Les
réactions mises en jeu sont résumées
dans la figure suivante.

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4/ Attaque des bétons par les chlorures

La diffusion d'ions de chlorure dans le béton est le résultat de complexes


mécanismes où l'échange d'ions entre la solution agressive et la solution poreuse
(interstitielle) dans le béton joue un rôle important.

La capacité de fixation des ions Cl- par le ciment dépend de la nature du


ciment, utilisé principalement, et de la quantité d'aluminate C3A présente dans
le clinker.

Source de l'attaque par les ions chlores


Les chlorures présents dans le béton peuvent provenir de deux sources différentes.
Soit ils sont présents au moment du gâchage :
• utilisation d'eau contenant des chlorures,
• agrégats contaminés
•Accélérateurs.
Soit ils proviennent de l'environnement et sont diffusés dans le béton
•atmosphère marine,
• sels de déverglaçage,
•produits chimiques

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Pénétration des ions chlore

Le problème de l'attaque du béton par les chlorures survient habituellement


lorsque des ions chlores pénètrent de l'extérieur.

La pénétration des ions chlore est probablement le phénomène le plus dévastateur


pour les structures en béton armé.

Lorsque les ions chlore pénètrent dans la solution interstitielle, ils réagissent dans
un premier temps avec le C3A non hydraté pour former des monochloroaluminates
(3CaO.Al2O3.CaCl2.10H2O), ce qui représente une modification positive de la
microstructure du béton.

Toutefois, si la pénétration des ions chlore se poursuit, ils exercent surtout une
action dévastatrice au sein du béton lorsqu'ils atteignent les armatures d'acier en
les corrodant très rapidement et en exerçant une pression sur le béton adjacent à
travers le dépôt de rouille, ce qui fait gonfler le béton jusqu'à le faire éclater.

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Relation fissures - chlorures

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Les chlorures existent sous deux formes dans le béton :

• Les chlorures libres qui sont dissous dans la solution interstitielle.


• Les chlorures piégés ou liés qui sont combinés à des hydrates du ciment et à des
agrégats, ou absorbés physiquement sur les parois des pores .

Mesure de prévention et /ou de protection


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Seuil critique de la contamination par chlorures
Le seuil critique est la teneur en chlorure au-delà de laquelle la corrosion des
armatures est importante. Une valeur recommandée est de 0,4% par rapport au
poids de ciment. Cette valeur a été établie comme une limite de dépassivation des
armatures

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Cas pratique

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